Vous êtes sur la page 1sur 24

THEME 2.

FAIRE LA GUERRE, FAIRE LA PAIX : FORMES DE


CONFLITS ET MODES DE REVOLUTION.
Introduction
Le terme conflit vient du latin conflictus, qui signifie un choc, une lutte, une attaque. Deux
géographes, Annaël CATTARUZZA et Pierre SINTES dans Géographie des conflits paru en 2001,
définissent le conflit comme «  une situation relationnelle structurée autour d’un antagonisme  » et
le caractérisent par «  la présence de forces opposées, […] un désaccord, […] une rivalité ou une
inimité  ». Les auteurs rappellent aussi que «  les conflits peuvent avoir différentes formes et être
considérés selon leur degré de gravité ou selon la profondeur des dissensions entre les différents
acteurs  ».

Différence entre conflit et guerre : une guerre est armée, alors qu’un conflit ne l’est pas forcément.
La guerre est donc un conflit armé.

La guerre n’est pas un phénomène nouveau puisqu’elle est une des actions humaines les plus
anciennes. Cependant elle a connu une évolution importante au cours du 20 ème siècle puisque la
guerre dite « classique » conduite au moyen d’armée qui s’affronte en face à face est apparue trop
couteuse en vie humaine et en ressources. Une nouvelle guerre dite « moderne » est apparue.

I. Un panorama des conflits armés actuels.


Carte page 103, document 2 page 104 et document 4 page 103.

Quelles sont les différentes formes de guerre ? (Deux groupes avec 5 formes de guerre)
Les formes de la guerre ont évolué du 17 ème à nos jours :

A. Les guerres conventionnelles

L’Europe moderne voit l’émergence des états-nations, dont la prééminence est actée par les traités
de Westphalie (1648). Désormais les états sont souverains de leur propre territoire et sont les
acteurs principaux de la guerre. Le triomphe des états-nations explique l’essor des guerres
interétatiques, qui opposent des états entre eux, parfois dans le cadre d’alliances ou de coalitions.
Ces guerres sont décrites par le militaire et théoricien Carl VON CLAUSEWITZ et dont l’exemple type
sont les guerres napoléoniennes. Le 20ème siècle voit l’émergence de guerres totales, au cours
desquelles tous les moyens disponibles sont mis en œuvre par les états pour parvenir à la victoire
(civil, économie, mentalité…). Ces guerres se rarifient aujourd’hui, notamment du fait de la
marginalisation des frontières (exemple : la région du Cachemire qui oppose l’Inde et le Pakistan). Ils
demeurent cependant des conflits interétatique inactifs (exemple : Corée du Nord et Corée du Sud
depuis l’armistice en 1953, ou conflit israélo-palestinien).

Après la Seconde Guerre Mondiale, un nouveau type de conflit émerge, et ce notamment avec
l’essor de la mondialisation. Ce sont les guerres intraétatiques, aussi appelées guerres civiles. Ces
dernières sont très souvent mortifères et se multiplient (exemple : génocide Tutsi au Rwanda en
1994 ; Irlande du Nord de 1960 à 2000 entre protestants et catholiques).
D’où viennent ces guerres ?
Le géographe ARJUN APPADURAI, dans Géographie de la colère (2007), identifie deux processus qui
mènent à des guerres intraétatiques.
 Un processus territorialisé : le renforcement des ethno-nationalismes a pour but d’ancrer
une communauté sur un territoire pour y fonder un état (exemple : Daesh).

1
 Un processus déterritorialisé : ne cherche pas à fonder un état mais plutôt à défendre une
idéologie communautaire à l’échelle internationale, souvent par le moyen du terrorisme
(exemple : Al-Qaïda).

B. Les guerres non-conventionnelles

On remarque dernièrement l’essor de conflits asymétriques qui n’opposent pas des armées
régulières mais un Etat à un groupe armé avec des capacités moindres qui utilise souvent la guérilla
ou le terrorisme (exemple : la guerre d’Algérie entre le FLN contre l’armée française ; guerre du
Vietnam entre le Vietminh et l’armée américaine).

Le terrorisme dont deux formes sont mises en valeur par la juriste RUMU SARKAR :

 Le terrorisme territorial indépendantiste : qui est utilisé sur un territoire restreint pour
obtenir la création d’un état (exemple : l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) qui
veut la création d’un état palestinien à part entière ; l’ETA pour l’autonomie du Pays basque
espagnol).
 Le terrorisme global : qui défend des idéologies à l’échelle internationale (exemple : Al-
Qaïda, qui est trop faible pour déstabiliser les pays occidentaux et s’attaque aux civils pour
générer une peur au sein des puissances occidentales).

C. Des conflits mais pour quelles causes ?

Pour des rivalités de puissances (pour les guerres interétatiques) lors de la période du 17 ème au
20ème siècle, mais il y a un renouveau potentiel avec l’essor de la Chine et le renouveau de la Russie.

Pour des revendications d’indépendance/décolonisation

Pour des revendications idéologiques (exemple : Guerre Froide)

L’islamisme et les ethno-nationalismes (le PKK kurde contre le gouvernement turc).

D. Une diversité d’acteurs

ACTEURS
Etats

Organisations internationales ou coalition.


Exemple : l’ONU ou OTAN
Acteurs conventionnels
Sociétés militaires privées (entreprises privées qui louent leurs services à des
états pour faire la guerre à leur place ou à leurs côtés).
Exemple : société Blackwateur  Academi, qui a signé un contrat avec la CIA
pour traquer les responsables d’Al-Qaïda.
Les groupes rebelles : combattants non affiliés à un état qui conteste le
contrôle d’un territoire par un état ou par des groupes d’occupation
Acteurs non-conventionnels étrangères.
Exemple : les FARC en Colombie
Groupe criminels et terroristes : recourent à la violence à des fins
d’enrichissement ou de domination.
Exemple : les pirates

2
II. Les moyens de construire la paix
Pages 108-109 : Quatre façons de faire la paix

 Intervention d’acteurs extérieurs/organisation internationales


 Accord/traités de paix  diplomatie
 Amnistie (pas de condamnation lors d’une guerre civile) mais risque d’épuration

On dénombre quatre modalités pour parvenir à la paix :

Les traités de Westphalie érigent les traités entre Etats et la diplomatie. C’est un moyen
couramment utilisé pour mettre fin au conflit. Exemple : 1979 et les accords de Camp David entre
l’Egypte et Israël. Néanmoins, certains traités portent en eux les germes d’un nouveau conflit.
Exemple : traité de Versailles.

Les états essaient de créer des organisations supranationales qui doivent travailler à la
construction de la paix. Exemple : en 1920, création de la Société des Nations mais celle-ci est
dépourvue de moyens d’action donc rapidement plus opérationnelle. Elle est remplacée en 1945 par
l’ONU qui elle dispose d’une force d’intervention appelée Casques Bleus, mais elle est fortement
paralysée pendant la Guerre Froide car le droit de véto est très utilisé par l’URSS, l’ONU est aussi
parfois impuissante à régler certains conflits, comme en Yougoslavie.

Dans la pensée politique chez les puissances occidentales : le libre échange est un facteur de
paix. C’est l’idée que le commerce va favoriser la paix. Cette idée est prise dès la Seconde Guerre
Mondiale car en 1945, il y a la création du FMI (Fond Mondial International), et en 1947 il y a la
création des accords du GATT (General Agrement on Tarifs and Trade). Dans cette même pensée, on
retrouve la construction européenne puisque la coopération économique peut être un moyen de
réconcilier la France et l’Allemagne. C’est pour cela que Robert Schuman (ministre des Affaires
étrangère) va proposer en 1951 la création de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de
l’Acier), et celle-ci devient en 1957 la CEE (Communauté Economique Européenne).

Avec l’essor des guerre civiles, la question de la paix se pose différemment, puisqu’elle ne
doit plus se faire entre des états ennemis mais entre populations vivant ensemble au sein d’un même
état. On peut alors employer l’amnistie (gracier tout le monde sans peine ni condamnation) pour
favoriser l’oubli, mais elle suppose l‘impunité et donc l’injustice. Au contraire, la revanche ou
l’épuration implique le risque d’un recommencement du conflit. Exemple : en Afrique du Sud, suite à
l’Apartheid (ségrégation des populations noires) a trouvé une solution originale avec la Commission
de la Vérité et de la Réconciliation (1995). Cette commission peut prononcer des amnisties, mais sous
condition d’aveux complets. C’est donc une situation intermédiaire entre vengeance et oubli. Cette
commission a entendu 22 000 victimes.

Néanmoins, rares sont les résolutions de conflits qui conduisent à une situation totalement pacifiée,
ce qu’on appelle une paix positive. C’est une situation entre acteurs caractérisée par la
reconnaissance mutuelle, la sécurité, la coopération et la résolution non violente de conflit.
Exemple : France et Allemagne après la 2nde Guerre Mondiale. On aboutit souvent à ce qu’on appelle
des paix négatives. C’est une absence de guerre ou de conflit direct, ne signifiant pas pour autant que
les tensions parfois fortes n’existent pas entre les acteurs concernés. Exemple : les deux Corées.

Aujourd’hui, l’ONU joue un rôle de plus en plus important dans la résolution des conflits ou dans le
maintien de la paix, et au nom du principe de sécurité collective, elle souhaite maintenir un degré de
violence le plus bas possible et permettre le règlement de conflit pacifiquement.

3
 Comment les façons de penser, de faire et de sortir de la guerre ont-elles évoluées depuis
le 17ème siècle ?

Axe 1. La dimension politique de la guerre : des conflits


interétatiques aux enjeux transnationaux.
L’historien et le polémologue (spécialiste de la guerre) Martin VON CREVELD publie La
transformation de la guerre en 1991, et dans cet ouvrage, il met en évidence que les guerres
d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que celles d’hier, et que les guerres conventionnelles (guerres
interétatiques) sont en voies de disparition.

Ces deux idées s’opposent à la pensée dominante en occident qui sont issues des thèses de
CLAUSEWITZ qui ont été formulée au 19 ème siècle. Dans son ouvrage, Von Knege (« De la guerre »),
Clausewitz définit la guerre comme « un acte de violence dont l’objectif est de contraindre
l’adversaire a exécuté notre volonté », et pour ce en se fondant sur des armées régulières. D’autre
part, la guerre n’est pas un acte isolé, un acte décorrélé de la pratique politique, mais son extension.
Cela signifie que la conduite de la guerre et la conduite de la politique doivent échoir à une même
personne, qu’il appelle « le général homme d’état » (exemple : Attila ou Napoléon).

Pour VON CREVELD, le modèle émis par CLAUSEWITZ n’est pas LA guerre, mais une forme
historiquement minoritaire de conflit, qui n‘existait pas avant le 18 ème siècle, et qui est totalement
remis en cause par des conflits actuels (comme le terrorisme).

Aujourd’hui, la dimension politique de la guerre est discutée.

 Comment les Etats ont-ils fait évoluer leur façon de penser et de faire la guerre depuis le
milieu du 18ème ?

Jalon 1. La guerre, «  continuation de la politique par d’autres moyens  », Clausewitz : de la


Guerre de Sept Ans aux guerres napoléoniennes.
Comprendre en quoi la guerre de Sept Ans correspond au modèle de « guerre réelle » définie par
Clausewitz. Comprendre le concept clausewitzien de « guerre absolue ».

Citation de Karl CLAUSEWITZ, dans De la guerre :

«  La guerre n’est qu’un duel sur une grande échelle  »

Clausewitz veut comprendre ce qu’est la guerre, pourquoi elle a pris une telle ampleur (notamment
durant les périodes révolutionnaires et napoléonienne), et surtout il veut comprendre pourquoi les
armées françaises ont été si efficace.

Point sur CLAUSEWITZ :

Question 1 page 121 :

« La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre
volonté » et « La guerre n’est rien d’autre qu’une continuation des relations politiques par
l’immixtion d’autres moyens ».

Question 3 page 121 :

Clausewitz fait principalement l’analyse des guerres conventionnelles, et plus précisément des
guerres interétatiques menées à grande échelles et qui utilisent des moyens conventionnels. Il
s’intéresse particulièrement aux guerres napoléoniennes, car c’est un des acteurs de ces combats et

4
qu’il a perdu contre la France. Il souhaite donc comprendre comment un seul homme, Napoléon, et
les armées françaises ont gagné et conquit la majorité de l’Europe.

L’idée forte chez Clausewitz, c’est que la guerre ne constitue pas une fin en soi, mais qu’elle est un
moyen. En tant que tel, elle doit se soumettre totalement à sa finalité qui est toujours politique.

«  La guerre comme continuation de la politique  »,


Clausewitz, De la guerre, Livre VIII.

Clausewitz considère que la guerre possède une dimension politique pour trois raisons :

La guerre est un instrument politique, et donc un moyen d’action pour des acteurs politiques.
La guerre est donc au service de l’intérêt national. Elle est entre les mains d’une communauté qui
peut décider de s’en servir pour promouvoir ses intérêts à l’extérieur du territoire national.

La guerre est une situation qui nait forcément d’une interaction bilatérale entre deux
groupes organisé/structuré. Elle cesse quand l’un des deux acteurs ne recourt plus à la violence. C’est
un point important car pour lui, il est impossible de « gagner une guerre ». On ne peut que gagner
une relation interétatique, c’est-à-dire dominer temporairement le rapport de force.

La guerre est un phénomène qui oppose deux armées.

«  La guerre comme moyen de faire la politique  »


Clausewitz, De la guerre, Livre VIII

Clausewitz perçoit la politique comme une relation entre deux acteurs, relation rendue possible par
l’existence de différents moyens d’entretenir et de faire évoluer la relation selon le rapport de force.
La guerre n’est que l’une des formes possibles que peuvent prendre les relations :

Le recours à la violence armée est indispensable pour passer d’une relation de paix à une
relation de guerre.

La guerre est un phénomène relationnel dans lequel coexistent des relations traditionnelles,
c’est-à-dire la diplomatie, mais aussi des moyens exceptionnels, la violence armée. En conséquence,
Clausewitz différencie l’art militaire (façon de se battre, d’utiliser la violence) et l’art de la guerre (la
capacité a utilisé l’ensemble des moyens pour peser sur la relation). Le « général homme d’état » est
celui qui réussit à allier les deux.

I. La guerre de Sept Ans, une guerre limitée ?


 Dossier page 116-117 

Point sur la Guerre de Sept Ans :

La Guerre de Sept Ans dure de 1756 à 1763 et oppose deux coalitions : la Grande Bretagne et la
Prusse (monarchies parlementaires progressistes) face à la France, l’Autriche et la Russie
(monarchies absolues).

Les raisons du conflit sont multiples et s’inscrivent en Europe, mais également dans les colonies
françaises et britanniques (on se bat sur tous les continents donc c’est géographiquement une guerre
mondiale). En Europe, le grand animateur de la guerre est Frederic II de Prusse, et son objectif est la
conservation de la riche province de Silésie qui est convoitée aussi par l’Autriche.

5
Sur les quatre premières années, Frederic II gagne massivement. A partir de 1761, le territoire de la
Prusse est envahi, et il opte pour une stratégie défensive afin d’épuiser les troupes adverses. En
1762, Lazarrine meurt. Son successeur, Pierre II, est un admirateur de Frederic II, et ils signent la paix
avec la Prusse. La Prusse renoue alors avec les victoires. En conséquence, la France et l’Autriche
doivent négocier la paix en 1763.

Il y a trois conséquences à cette paix : la France renonce à son empire colonial au Québec, la Grande-
Bretagne devient la première puissance mondiale avec la maitrise des mers, la Prusse s’affirme
comme puissance en Europe.

En quoi la Guerre de Sept Ans illustre-t-elle la citation de Clausewitz « continuation de la


politique par d’autres moyens » ? (Causes, déroulement, conséquences)

Les causes de la Guerre de Sept Ans :


Le conflit est le fruit d’un renversement d’alliances traditionnelles puisque la France et l’Autriche ont
longtemps été ennemies. Leur alliance s’explique par le contexte politique, car elles ont un ennemi
commun : la Prusse.
Cette continuation politique par la guerre relève aussi des ambitions politique des différents états,
avec les espoirs de conquêtes en Europe (province de Silésie), mais aussi dans le monde colonial :
lutte entre la France et la Grande Bretagne.

Le déroulement de la Guerre de Sept Ans  :


Ici, le conflit est soumis aux politiques, puisque ce sont les souverains qui l’encadrent et qui décident
de ce renversement des alliances. De même pour la Russie, où le tsar Pierre II décide de se retirer et
de faire la paix avec la Prusse alors qu’ils étaient ennemis.
On est dans une sorte de duel à grande échelle entre des adversaires de taille comparable.
Les moyens employés sont proportionnés aux objectifs politiques, et si besoin, il y a la stratégie
défensive comme l’a fait la Prusse.

Les conséquences de la Guerre de Sept Ans :


Des négociations de paix sont demandées par les belligérants qui n’ont pas concrètement perdus
mais qui estiment la continuation du conflit trop couteuse. Il n’y a donc pas de « montée aux
extrêmes ».

Néanmoins, lors de la guerre de Sept Ans, quels signes annoncent la « montée aux
extrêmes » caractéristiques des guerres futures ?

Dans cette guerre de Sept Ans, on a pu constater un léger début de « montée aux extrêmes ».

La première, c’est Frederic II qui est souverain et chef de guerre, et seul sa volonté à lui personnelle
explique la continuation du conflit, notamment au moment des défaites.

La seconde, ce sont les prémices de la Révolution Industrielle qui décuple la puissance des artilleries,
en particulier les armées anglaises et prussiennes. En conséquence, en comparaison avec les guerres
antérieures, la Guerre de Sept Ans est bien plus meurtrière, puisqu’on a dénombré 700  000 soldats
morts.

6
II. Les guerres napoléoniennes, des « guerres absolues » ?
 Dossier pages 118 et 119

L’ouvrage de Clausewitz a été en grande partie rédigé en réaction aux guerres napoléoniennes, dont
il est vétéran. Il veut comprendre les mécanismes qui pourraient permettre à son pays de battre la
France à nouveau.

Point sur les guerres napoléoniennes :

Les guerres napoléoniennes sont les héritières immédiates des guerres de la Révolution française (de
1792, une coalition de monarchie extérieure qui se battent contre les idées révolutionnaires de la
France et pour réinstaller un roi sur le trône). La France est alors assiégée de toute part et elle
change sa manière de faire la guerre.

Premier changement : elle a recours à des civils volontaires et non plus à une armée de
professionnels. On va, auprès de ces civils volontaires, exalter le sentiment national du peuple.

Deuxième changement : le recours à des civils enrôlés par la conscription. On instaure le service
militaire obligatoire en France.

Au final, la France va disposer d’une armée massive, passionnée et qui va repousser ces monarchies
coalisées. Ces guerres vont durer jusqu’en 1802, et c’est Napoléon qui y mettra fin avec la Paix
d’Amiens. A partir de 1802, on passe dans ce qu’on appelle les guerres napoléoniennes, que l’on peut
découper en deux phases :

 De 1805 à 1807, la France est dans une phase offensive, puisque la France est à nouveau
attaquée par une coalition européenne, et Napoléon en sort vainqueur.
 A partir de 1808, la France passe dans une phase défensive, puisque dans son rêve de
propager son modèle français dans toute l’Europe, la France agresse ses anciens alliés
(Espagne en 1808 et Russie en 1812). Ces agressions provoquent des insurrections dans les
pays occupés. En 1815, le congrès de Viennes divise les conquêtes napoléoniennes entre les
vainqueurs.

En quoi les guerres napoléoniennes marquent-elles un tournant dans l’histoire de la guerre ?

Ces guerres, de 1792 à 1815, ont certes un objectif territorial, mais surtout pour objectif d’instaurer
la république et une idéologie. Les moyens utilisés aussi sont nouveaux, puisque les armées,
notamment françaises, sont beaucoup plus grandes grâce à la conscription obligatoire qui a été
instaurée. On voit donc l’apparition d’une « montée aux extrêmes ». D’après les dires de Clausewitz,
on entre alors dans un type de « guerre absolue », qui est différent des « guerres réelles » qui avaient
lieu avant.

L’état de guerre permanent dans lequel se trouve l’Europe entre 1792 et 1815 fait qu’on se
rapproche du concept de « guerre absolue » selon Clausewitz. De plus, on remarque ce que
Clausewitz appelle une « montée aux extrêmes » du fait que ces guerres rompent avec les codes et
pratiques militaire de l’ancien régime. Les guerres sont plus longues et plus couteuses. Il y a un
engagement avec des effectifs considérables. Les bilans humains sont terribles (1 million de morts
pour les guerres révolutionnaires et 2 millions pour les guerres napoléoniennes).

7
Ces guerres cherchent à détruire l’adversaire, à renverser le régime politique en place. Parfois, on
recourt même au massacre de populations civiles.

En conséquence, le conflit semble échapper à la politique et suit sa propre logique. Ce n’est plus
l’intérêt politique qui guide l’effort de guerre, et les moyens employés sont disproportionnés par
rapport aux objectifs recherchés. C’est ça qu’on appelle la « montée aux extrêmes ». Celle-ci
s’explique : ce n’est plus l’état qui fait la guerre mais la « nation en armes ». Cette guerre se retrouve
alors traversée par une liesse de passion populaires. De plus, l’affirmation du sentiment national par
rapport à l’occupant. Cette passion spontanée déborde l’aspect politique. Enfin, la volonté du chef,
du « général homme d’état », cette fonction se confond, et on voit dans Napoléon une soif de
conquête dépasse la raison politique.

Néanmoins, il faut nuancer cette idée d’une rupture totale : la guerre, qui est poursuivie à des fins
politiques, reste un instrument (Napoléon garde son ambition d’étendre le modèle politique
français). Les soldats sont plus nombreux, mais les moyens employés restent similaires (armes) et les
grandes évolutions dans l’armement restent limitées. La guerre est soumise à ce que Clausewitz
appelle le « brouillard de guerre », c’est-à-dire une incertitude qui règne en matière de combat,
notamment en ce qui concerne les conditions matérielles, et en plus comme la guerre dure, le
sentiment national et l’ardeur des soldats diminue.

Jalon 2. Le modèle de Clausewitz à l’épreuve des «  guerres irrégulières » d’Al-Qaïda et de


Daech.
Connaitre et comprendre les modalités d’une guerre irrégulière.

«  La guerre est un acte de violence à l’emploi de laquelle il n’existe pas de limites  », Clausewitz.

Avec le recul des guerres interétatique, le modèle de Clausewitz est fortement fragilisé. Ces
nouveaux conflits, que ce soient des guerres asymétrique ou irrégulières, échappant à la pensée de
Clausewitz s’expliquent par le développement de nouveaux facteurs :

 Le nationalisme : on assiste à des guerres entre communauté avec des épurations ethniques
 Il y a des acteurs socio-économiques : la grande pauvreté fait émerger de la piraterie
modernes (Afrique et Asie), et de cartels de drogues (Amérique latine)
 Le religieux : dans les années 70, l’émergence de l’islamisme

I. Les guerres irrégulières d’Al-Qaïda et Daech


 Carte page 125 et dossier page 126-127 (q1 à 5).

Question 1 page 127 :

Al-Qaïda et l’Etat islamique sont deux organisations terroristes islamistes qi sont structurée avec un
commandement et un projet idéologique. Les deux sont à l’origine le même groupe (jusqu’en 2006)
et considèrent comme ennemis les Occidentaux. Ces deux groupes ont aussi des moyens similaires
en termes d’arme et de militants, qui sont des armées irrégulières (composées de civils). Les deux
ont une volonté de propagation de leur religion/idéologie par la force. Leurs modes opératoires sont
similaires, avec les actes terroristes.

Question 2 page 127 :

La scission entre Al-Qaïda et l’Etat islamique de 2006 s’explique car leurs objectifs sont différents. En
effet, Al-Qaïda ne veut aucune guerre entre musulmans alors que l’Etat islamique considère que les
chiites sont leurs ennemis. De plus, l’Etat islamique souhaite la création d’un état, en revendiquant

8
des territoires et proclamant un califat, alors qu’Al-Qaïda agit à l’international dans d’autres conflits.
L’Etat Islamique est donc une sorte de terrorisme territorial indépendantiste là où Al-Qaïda est une
forme de terrorisme global.

Question 3 page 127 :

Les espaces les plus touchés par le terrorisme islamiste sont les pays occidentaux d’Europe et
d’Amérique du Nord (attentat du 11 septembre), mais aussi le Nigeria, l’Afghanistan et l’Irak. Après le
début de la guerre civile en Syrie, on voit un pic du nombre de victimes dans tous les territoires.

Question 4 page 127 :

Ce sont des guerres irrégulières car contrairement aux guerres conventionnelles décrites par
Clausewitz, elles n’utilisent pas d’armées régulière mais recrutent tous les combattants possibles
(militaires ou civils), utilisent des actes terroristes, souhaitent déstabiliser les états et mobilisent
idéologiquement les soldats par la religion.

Question 5 page 127 :

Leurs buts sont de semer la terreur chez les états considérés ennemis et de combattre les
occidentaux et leurs modes de vie, mais aussi pour suivre leur interprétation des textes sacrés. Pour
Daesh, ils ont aussi pour objectif de s’affirmer comme état.

Le terme de guerre irrégulière ou guerre asymétrique s’est imposée avec l’émergence de nouveaux
acteurs tels que des groupes armés terroristes qui imposent une « guerre sans front et sans
frontières ». Ces guerres n’opposent plus des armées régulières d’états, cependant le terrorisme
poursuit un but politique, néanmoins le terrorisme en lui-même s’éloigne de la pensée de Clausewitz.

A. Al-Qaïda (« la base »)

C’est une organisation terroriste fondée en 1987 en Afghanistan par Oussama Ban Laden. Son
ambition est de mener le djihad contre un ennemi proche, à savoir l’Arabie saoudite ou l’Egypte, et
contre un ennemi lointain, à savoir les Etats-Unis et l’Occident.

Dans les années 2000, on a une internalisation de l’organisation, avec la création d’AQMI (Al-Qaïda
au Maghreb islamique). Al-Qaida devient un acteur transnational.

B. Daesh (acronyme arabe de « Etat Islamique »)

C’est une organisation terroriste fondée en 2006 en Irak par Abou Bakr Al Baghdadi. C’est une
émanation d’Al-Qaida, et la rupture est actée à partir de 2013. L’objectif premier, c’est la création
d’un état islamique au Moyen-Orient. Suite à des conquêtes en Irak et en Syrie, on voit la
constitution d’un califat en 2014. C’est ce qu’on appelle un « pseudo-état » (il n’est pas reconnu par
la communauté internationale). Al Baghdadi en sera le calife jusqu’à sa mort en 2019. En parallèle
Daesh va obtenir le ralliement d’autres groupes terroristes comme Boko Haram (basé au Nigeria),
mais à partir de 2014, le mouvement reprend des méthodes opératoires d’Al-Qaida pour punir les
occidentaux (attentats).

II. La riposte au terrorisme une nouvelle forme de guerre ?


Grand oral : Émilie du Chatelet (spé math et géopo thème 6)

 Dossier page 128-129

9
Question 1 page 129 :

Le terrorisme est considéré comme un nouveau type de guerre asymétrique. Par conséquent, les
attentats du 13 novembre 2015 sont considérés comme des actes de guerre contre lesquels l'Etat se
doit de réagir. La une de l'Est Républicain retranscrit cette situation de conflit entre les occidentaux
et Daesh après les attentats. Les occidentaux sont aussi en guerre pour défendre la population et le
territoire ainsi que leurs valeurs, à savoir les libertés individuelles. De plus on voit la potentialité
d'une riposte armée de la part des états ainsi que l'utilisation d'un registre de langue guerrier.

Question 2 page 129 :

Les acteurs de la lutte des pays occidentaux contre le terrorisme sont les coalitions internationales,
comme la coalition « occidentalo-arabe », qui réunit 22 pays du monde entier et les États
individuellement même si chacun d'entre eux possède des objectifs différents (on peut notamment
citer les États-Unis qui font partie de ces 2 catégories). Il y a également les populations des états car
elles sont attentives à la prévention des attentats. Il y a également les forces armées, les médias,
l'enseignement. Les modalités de la lutte contre le terrorisme sont les lois antiterroristes (avec la
législation), les armées et missions à l'étranger pour éliminer la menace durant lesquelles il est
possible d'employer des drones et enfin la capture des terroristes qui sont considérés comme des
combattants illégaux.

Question 3 page 129 :

On peut dire que la guerre contre le terrorisme et une guerre hybride entre guerre régulière et
guerre irrégulière car les moyens utilisés (armée commando et cetera) sont les mêmes que pour une
guerre régulière. Mais les affrontements sont entre des États et des groupes terroristes armés, ce qui
est une caractéristique d'une guerre irrégulière. De plus, les États en viennent parfois à utiliser les
mêmes méthodes que les terroristes. Enfin, le statut des terroristes capturés n'est pas celui de
prisonniers de guerre, mais celui de combattants illégaux. Ce qui montre que les conflits ne sont pas
considérés comme réguliers.

Question 4, page 129.

Les démocraties, combattre le terrorisme, notamment pour défendre leurs valeurs, ce qui, au travers
des attentats. Sont attaqués. Pour lutter contre le terrorisme, des mesures sont mises en place. Aux
États-Unis la question se pose de comment considérer les terroristes ? Obama a déclaré que les
États-Unis n'auraient pas recours à la torture dans la lutte contre le terrorisme, ce qui montre qu'il
s'efforce de garder les valeurs démocratiques, même face au terrorisme. En France, le terrorisme a
engendré la nécessité de nouvelles lois. En conséquence, le droit pénal est amoindri, ce qui est peut
être un risque pour les valeurs françaises. On a par exemple les lois colons. Grâce à ces moyens, le
but des États est de protéger la population.

A. Contre Al-Qaïda.

Les Etats victimes, notamment des Etats occidentaux, utilisent un vocabulaire guerrier pour mobiliser
leur population face au terrorisme. D’ailleurs G.W. Bush parle de “faire la guerre au terrorisme”. Pour
ce faire, une coalition internationale s’est constituée. Les interventions de cette coalition ont pu
sembler relever de guerres classiques. On a vu des armées régulières et des objectifs militaires
précis. Mais il ne s’agit en aucune façon de guerre d'État contre un autre État. D’autre part, des
techniques de guérilla ont été employées, ce qui correspond aux guerres asymétriques. Les
occidentaux ont employé des techniques irrégulières, par exemple, il n’y a pas eu de déclaration de

10
guerre car Al-Qaida n’est pas un État. On a aussi eu l’usage de drones, d’unités spéciales comme les
sociétés privés et l’usage de la torture sur les prisonniers terroristes.

B. Contre Daesh

La lutte contre Daech interroge aussi sur la validité du modèle Clausewitzien. Plus qu’une guerre
asymétrique, la lutte contre Daech s’apparente à une guerre hybride. C’est une guerre qui mêle des
opérations de guerre non conventionnelle, une guerre asymétrique (guérillas, attentats) et la
cyberguerre. Ainsi, l’historien Stéphane Mantoux dit que «  militairement, Daech est un objet
inclassable, hybride pour les spécialistes : ni guérilla, ni insurrection, ni armée régulière mais une
tactique qui se situe entre les deux  ». A partir de 2015, la riposte de Daech face aux attaques
occidentales s’internationalise et cette guerre devient de plus en plus irrégulière. Là aussi, les
occidentaux vont utiliser des moyens peu réguliers comme les drones et la cyberguerre. Cette forme
de combat échappe totalement à l’analyse de Clausewitz. La “fin” de ce conflit fragilise la citation de
Clausewitz quant à la finalité politique de la guerre puisque même s’il y a eu une réelle victoire
militaire (il n’y a plus de Califat) celle-ci ne se transforme pas pour autant en succès politique. Daech
continue de terroriser le monde entier que ce soit avec ses propres hommes ou d’autres acteurs.
Dans ce cas de lutte face au terrorisme, la qualification même de guerre peut être discutable.
Certains éléments clausewitziens sont quand même valables. Les objectifs politiques sont bien là car
le but est d’imposer la démocratie. Un deuxième élément de Clausewitz est validé, c’est la montée
aux extrêmes car du côté des deux camps, il y a volonté d’éradiquer totalement l’ennemi. 

 
Le terrorisme n’est donc pas une guerre conventionnelle clausewitzienne car la violence n’est pas
normée, encadrée, codifiée par l’Etat. Pire, c’est une dérégulation de la guerre puisque le terroriste
ne tue pas par nécessité mais il ne cherche pas non plus à préserver la vie. Néanmoins des armées
étatiques mènent des guerres contre le terrorisme et relèvent donc d’objet politique. On peut dire
que finalement le terrorisme ne remet pas en cause le modèle clausewitzien, il rappelle juste que la
guerre est un caméléon, c’est-à-dire qu’il est multiforme et qu’il évolue, et qu’il est une mutation de
la guerre.

Axe 2. Le défi de la construction de la paix.

«  Il est plus facile de faire la guerre que la paix  », G. Clemenceau lors du discours de Verdun du 14
juillet 1919.

Depuis l’Antiquité, les Etats ont toujours envisagé des règles pour pacifier leurs relations. Dans
l’histoire de ces règles, on distingue trois périodes : 

- La première est née dans l’Antiquité sous la plume de Cicéron et elle sera reprise par l’Eglise à
l’époque médiévale. C’est ce qu’on appelle le concept de la guerre juste, c’est-à-dire que la
guerre est un mal nécessaire avec un usage limité de la violence à la défense d’une cause juste.
On est parfois obligé d’employer la violence avec notamment la guerre. 

- La deuxième période commence au XVIIe siècle, c’est ce que l’on nomme “l’ordre juridique
westphalien” qui se fonde sur la souveraineté et l’interdépendance des Etats. L'ordre tente
surtout de garantir l’équilibre des puissances et il rejette l’idée d’un contrôle hégémonique par
un Etat. 

11
- La troisième période se met en place avec la SDN puis l’ONU. On a alors la construction d’une
paix internationale grâce à une paix collective (principe selon lequel les Etats choisissent de
répondre collectivement aux menaces contre la paix).

Jalon 1. Faire la paix par les traités : les traités de Westphalie (1648)
Comprendre le rôle des traités dans l’établissement de la paix. Comprendre l’émergence d’un droit
international.

Récapitulatif sur la guerre de Trente Ans.

Selon l’historienne Claire GANTET, la guerre de Trente Ans (1618-1648) est « une symbiose politique
et religieuse ».

Cette guerre débute à l’intérieur du Saint-Empire romain-germaniste avec les princes protestants de
Bohème qui refusent la politique d’unification entreprise par les Habsbourg d’Autriche. Très
rapidement, le conflit s’étend au reste du continent et implique les plus grandes puissances
européennes du 17ème siècle (France, Suède, Provinces Unies). Ces princes protestants vont chercher
du soutien à l’international en présentant leur soulèvement contre les Habsbourg comme une lutte
contre le « danger catholique ». Mais au-delà de cette dimension religieuse, un double enjeu est
visible. Le premier enjeu, c’est celui de l’équilibre européen, c’est-à-dire lutter contre la
prépondérance de la maison d’Autriche en Europe (cf. carte page 129). Le deuxième enjeu, c’est
l’opposition entre deux conceptions de l’Europe, une Europe catholique impériale (Habsbourg) face à
une Europe des Etats avec un équilibre politique (Royaume de France).

George PAGES : « première paix d’un caractère européen »

Jean COMBACHAN et Serge SUR : « première amorce de grandes conventions multilatérales »

Ces deux citations sont en lien avec les traités de Westphalie qui mettent fin à la Guerre de Trente
Ans. Ils se soldent par l’émiettement du Saint-Empire germanique et par la consécration de la Suède
qui devient la principale puissance de la mer Baltique et de la France. La conférence de Westphalie a
un caractère inédit car c’est la première fois que les grands états d’Europe se retrouve autour d’une
table de négociation, et c’est aussi la première fois que sont définis les relations entre les états et ce
dans le respect de la souveraineté de chacun. Il s’agit donc bien du premier congrès multilatéral, avec
deux objectifs fondamentaux : régler les questions politiques et religieuses et régler les relations
entre les puissances.

I. L’avènement d’une Europe politique de la paix par l’équilibre


 Dossier page 140-141

Le premier traité est signé le 6 aout 1648 à Osnabrück entre l’Empereur, la Suède et les autres
puissances protestantes.

Le deuxième traité est signé le 8 septembre 1648 à Munster entre l’Empereur, la France et les autres
puissances catholiques.

Question 1 page 141 :

Les objectifs des traités de Westphalie sont de mettre en place une paix entre les différentes
branches du christianisme et entre les différents Etats, ainsi que de limiter l’étendue du Sainte-
Empire et de redéfinir la délimitation des Etats en accordant aux autres Etats (France, Suède, Bavière,

12
Brandebourg et Palatinat) des territoires du Sainte-Empire et en accordant l’indépendance aux
Provinces-Unies et à la Suisse, dans le but d’avoir un meilleur équilibre entre les Etats.

Question 5 page 141 :

Les territoires du Saint-Empire ne sont pas devenus entièrement des Etats souverains, car bien qu’ils
aient accrus leur souveraineté, ils ne peuvent pas agir comme ils le souhaitent. En effet, ils sont
soumis à l’obligation de ne pas user des relations internationales contre l’empereur et l’Empire ou
contre la paix publique, et doivent respecter des obligations féodales.

Les traités de Westphalie procèdent à une réorganisation des frontières politiques de l’Europe, et ce
en tenant compte des gains et des acquis de chacun durant ces trente années de conflit. Ces traités
consacrent l’affaiblissement et la fragmentation du Saint-Empire germanique en différents royaumes.
Tous ces royaumes ont maintenant le droit de participer à la Diète de Francfort (assemblée où se
réunissaient les princes catholiques) et l’Empereur ne peut prendre aucunes décisions sans l’accord
de cette assemblée. Cela signifie que l’empereur n’a plus qu’une autorité symbolique.

Les limites de l’Empire germanique reculent nettement. En effet, la Suisse et les Provinces-Unies
accèdent à l’indépendance, la France récupère l’Alsace (sans Strasbourg jusqu’en 1681 ni Mulhouse
jusqu’en 1787) et les trois évêchés (Metz, Toul et Verdun), et la Suède obtient la Poméranie
occidentale et les évêchés de Wismar, Brême et Verden.

A partir de 1648, l’Allemagne est privée de tout rôle politique, jusqu’à l’arrivée de Bismarck.

Question 4 page 141 :

Les traités de Westphalie sont une réponse à la dimension religieuse de la guerre de Trente Ans car
ils instaurent une paix « chrétienne » : au sein du Saint-Empire, chaque Etat peut décider de sa
religion, et surtout les différends religieux sont mis de coté car la paix reconnait les trois confessions
chrétiennes pour instaurer la confiance entre les Etats. Cette paix s’applique à tous les Etats et est
donc célébrée par tous également.

Ces traités doivent faire «  une paix Chrétienne, universelle et perpétuelle, et une amitié vraie et
sincère  ». Il faut donc rompre avec les origines de la guerre et mettre fin à l’idée d’une Chrétienté
une et indivisible. Ces traités consacrent donc la division religieuse de l’Allemagne et on reconnait à
part entière le catholicisme, le luthéranisme et le calvinisme. Les princes peuvent par ailleurs imposer
leur religion selon le principe « cujus regio, ejus religio », qui signifie « tel souverain, telle religion ».

Les traités prévoient aussi les modalités auxquels les états doivent se soumettre en cas d’irrespect ou
de violation. Pour ce faire, il est préconisé un règlement pacifique afin d’éviter le recours à l’usage de
la violence. Néanmoins, le recours à la force est possible à condition que la guerre soit juste et
légitime (mise en avant de la diplomatie pour favoriser la souveraineté).

Les traités de Westphalie marquent le triomphe de l’Etat de raison (prendre conscience qu’il y a un
phénomène à endiguer), autant que celui de la raison d’état (prise de conscience de l’obligation à
prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène). Ils empêchent toutes tentatives
hégémoniques.

13
II. Le « système westphalien » ou l’ordre européen par la garantie de
l’équilibre de la puissance.
Question 1 page 143 :

Malgré la signature des traités de Westphalie, les différents Etats restent en conflit. En effet, ils
gardent une « attitude de guerre » malgré la paix. De plus, suite aux traités, certaines guerres ont
quand même eu lieu : c’est notamment le cas de la France qui connait des conflits avec l’Espagne et
l’Angleterre. Ainsi, la paix qui a été instaurée par les traités de Westphalie n’est pas durable car elle
est facilement fragilisée. Les traités de Westphalie mettent en place une paix négative car tensions et
rivalité, les Etats continuent de se prémunir contre et pour la guerre

Question 3 page 143 :

Le rôle de l’Etat dans l’Europe post-westphalienne connait des mutations. En effet, dans l’Europe
post-westphalienne, l’Etat doit se préparer à la guerre en temps de paix pour protéger sa
souveraineté qui peut être menacée par des puissances étrangères. Il doit donc développer une
armée puissante et fortifier ses frontières comme c’est le cas de Louis XIV qui met en places de
nombreuses réformes dans ce but et fait évoluer le rôle et l’importance de l’armée. De plus, après les
traités, chaque Etat a un pouvoir de souveraineté sur son peuple et son territoire, ce qui leur permet
de mobiliser toutes les ressources en cas de conflit. On voit alors apparaitre la notion d’Etat-nation,
c’est à dire que la population forme une unité dont est garant l’Etat.

Question 4 page 143 :

Pour remplir ce nouveau rôle, l’Etat dispose d’une armée plus grande et plus efficace. De plus, les
frontières se fortifient car elles sont devenues des enjeux majeurs de puissance. Enfin, la position
d’Etat-nation lui permet de mobiliser les ressources de son territoire pour les utiliser à l’extérieur.
L’Etat joue donc un rôle d’acteur géopolitique et est soutenu par sa population (grâce au sentiment
patriotique) par rapport à sa politique extérieure impérialiste.

Les relations internationales connaissent trois modes de gestion des rapports de force :

 « L’ordre par l’empire » : repose sur une ambition hégémonique et impérialiste qui tend vers
une domination universelle (exemple : Saint-Empire des Habsbourg).
 « L’ordre par l’équilibre » : se fonde sur la concertation des compromis et a pour but
d’empêcher toute hégémonie (exemple : traités de Westphalie).
 « L’ordre par la sécurité collective » : garantie réciproque de l’ensemble des acteurs.

On peut dire que les traités de Westphalie sont une rupture par rapport au premier ordre, par
rapport à l’ordre par l’empire. C’est pour cela que l’on va parler d’un « tournant westphalien », car
l’Europe doit s’assurer de trois choses :

 Prévenir et neutraliser toute volonté de conquête par un état ou un groupe d’états.


 Protéger les équilibres régionaux.
 Maintenir des institutions indispensables à l’ordre comme la diplomatie ou le droit
international.

14
Néanmoins, deux menaces pèsent sur ce tournant westphalien :

 La volonté hégémonique d’un Etat (c’est notamment le cas de Louis XIV qui va dominer
l’échiquier géopolitique européen du milieu de 17 ème siècle).
 Les envies d’une puissance de taille moyenne à devenir une grande puissance européenne
affirmée.

Ce système d’ordre westphalien (équilibre des puissances) est à son apogée au milieu du XVIIIème
mais on observe progressivement des remises en cause.

Il est rétabli au congrès de Viennes en 1815 mais il ne parvient pas à endiguer la montée des
nationalismes européens. Il sera totalement balayé par la Première Guerre Mondiale.

Les traités de Westphalie marquent une étape historique à l’échelle européenne puisqu’ils
permettent d’apporter des solutions plus ou moins durables à des problèmes politiques et religieux,
sur la base de principes qui régissent encore de nos jours les relations internationales. Pour la
première fois, les Etats européens ont la volonté de choisir un destin commun au-delà de leurs
différends. Aujourd’hui, héritier de ces traités, le droit international se fonde sur ces principes de
coopération entre Etats pour stabiliser la géopolitique internationale.

Jalon 2. Faire la paix par la sécurité collective : les actions de l’ONU sous les mandats de Kofi
Annan (1997-2006)
Connaitre les moyens de l’ONU pour imposer la paix dans les zones de conflits.

Cf. Devoir maison sur Kofi Annan

La sécurité collective, expression dont l'usage s'est développé dans les années 1930, constitue une
tentative de réponse au déchaînement de violence des deux guerres mondiales au XXe siècle. Aux
antipodes de la sécurité par l'équilibre des puissances qui avait marqué le système international du
XIXe siècle, la sécurité collective repose sur le « déséquilibre des forces » selon Marie-Claude Smouts
et Guillaume Devin, c’est-à-dire, celles rassemblées par l'ensemble des Etats-membres contre tout
Etat agresseur. Ce système a d'abord été institutionnalisé, au lendemain de la Grande Guerre, par la
Société des Nations, puis repris en 1945 par l'Organisation des Nations Unies. Loin d'avoir les
résultats que ses promoteurs avaient placés en lui, il marque néanmoins un tournant dans l'histoire
des relations internationales.

Créée le 26 juin 1945, dans un objectif de paix et de sécurité internationale définie autour des
principes des Droits de l'Homme, l'ONU tire sa légitimité de l'adhésion de 193 Etats-membres, ainsi
que de l'implication de grandes puissances disposant de prérogatives fortes. Pour maintenir la paix,
l'ONU dispose de plusieurs moyens d'action : médiation, pourparlers sous l'égide d'un médiateur,
démantèlement d'armes sur le terrain, opérations d'observation. A cela s'ajoute l'envoi d'une force
armée, les Casques bleus, créée en 1956 lors de la Crise de Suez.

Kofi Annan arrive à la tête de l'ONU à un moment de crises de missions d'observation et


d'interposition. En effet, le respect du principe de souveraineté étatique limite le champ d'actions
des forces onusiennes d'interposition dans le cadre d'une guerre civile, conduisant au scandale sur
l'absence de réponses onusiennes face aux « nettoyages ethniques » au Rwanda (juillet 1994) et à
Srebrenica (juillet 1995). En outre, les opérations sont de plus en plus coûteuses en moyens humains
et financiers (les contributeurs renâclent face à l'effort). Ainsi face à l'échec de mesures coercitives

15
dans les conflits intra étatiques et asymétriques, l'action de Kofi Annan évolue au profit de modes de
résolution plus consensuels, en partenariat avec des acteurs régionaux (OTAN, UE, Alliance africaine.)
ou mondiaux (ONG, Banque mondiale, acteurs privés...).

Juger les responsables :

Suite aux conflits rwandais et bosniaque, deux tribunaux pénaux internationaux sont créés en 1993.
Sur le modèle de la Commission sud-africaine de la vérité et de la réconciliation (CVR) mise sur pied
par Nelson Mandela en 1995, les TPI ont pour objectif de libérer la société civile de la responsabilité
collective des guerres civiles génocidaires et de contribuer à la conciliation. Dès lors, Kofi Annan
soutient l'établissement de la Cour Pénale Internationale (CPI), juridiction universelle permanente
chargée de juger les personnes accusées de génocides, de crime contre l'humanité, de crime de
guerre. Par le statut de Rome, la CPI est créée en 1998 et entre en vigueur en 2002, malgré les
réticences des Etats-Unis, de la Russie qui n'ont pas ratifié le texte, comme la Chine. Par la suite, Kofi
Annan renforce la responsabilité pénale individuelle des fauteurs de troubles.

Travailler la médiation :

Irak (1998) : Alors que les Etats-Unis veulent bombarder l'Irak qui refuse les inspections des Nations
Unies sur certains de leurs sites, Kofi Annan parvient à faire accepter à Saddam Hussein la reprise des
visites par des émissaires des Nations Unies, désamorçant ainsi la crise.

Irak (2003) : Depuis 2002, le président américain George W.Bush veut obtenir l'autorisation de l'ONU
d'envahir l'Irak au motif de connexion entre Saddam Hussein et Al Qaida. En mars 2002, le Conseil de
sécurité adopte à l'unanimité la résolution 1441, exigeant que l'Irak réadmette les inspecteurs de
l'Agence internationale de l'énergie atomique. Kofi Annan cherche par tous les moyens à éviter la
guerre en Irak, exhortant les Etats-Unis et le Royaume-Uni à ne pas envahir le pays sans l'aval de
l'ONU. Mais malgré l'échec du secrétaire américain Colin Powell à convaincre le Conseil de sécurité
de l'existence d'armes de destruction massive, les Etats-Unis envahissent le pays sans l'aval de l'ONU.
Kofi Annan envoie alors une mission onusienne, mais en août 2003 une voiture piégée explose au
siège de l'ONU à Bagdad faisant des morts. C'est un traumatisme pour l'organisation. Kofi Annan
rappelle dès lors tout le personnel onusien d'Irak. Dans une interview à la BBC en 2004, il a le
courage de qualifier la guerre américaine en Irak d'”illégale”. Ses prises de position lui valent l'estime
de nombreux pays. Kofi Annan parlera par la suite de cette période comme de son “plus mauvais
moment” à la tête de l'organisation.

Irak (2004) : Kofi Annan envoie Lakhdar Brahimi pour des consultations en vue de mettre en place un
gouvernement provisoire dans le pays.

Consolider la paix (par des moyens non exclusivement militaires)  :

Lors du Sommet mondial organisé par l'ONU en 2005, Kofi Annan fait reconnaître le principe de la
“responsabilité de protéger” aux chefs d'Etats et de gouvernement : si un Etat manque d'assurer la
protection de ses citoyens, il revient à la communauté internationale de la faire.  C'est l'idée d'un
élargissement des mandats de l'ONU, une sorte de “droit d'ingérence humanitaire de l'organisation”.

En 2005, Kofi Annan suscite la création de la Commission de consolidation de la Paix (Peacebuilding).


Cette décision part du constat qu'environ la moitié des pays qui sortent d'une guerre sombrent à
nouveau dans la violence dans les cinq ans qui suivent. Il apparaît donc nécessaire d'accompagner les
opérations de la paix par un suivi sur le long terme. Il faut reconstruire la paix et la démocratie
(élections). Cependant, cette “paix imposée de l'extérieur” provoque parfois des frustrations et des
résistances locales plus ou moins momentanées.

16
Face à la désastreuse opération militaire en Irak, Kofi Annan (lors de son second mandat) repense les
opérations d'interception onusiennes, en veillant à porter assistance aux populations. Cette
“approche à empreinte discrète” souhaite renforcer les capacités politiques endogènes tant au
niveau gouvernemental que non gouvernemental. Il s'agit d'établir des relations et des relais locaux à
l'action internationale.
 
Lutter contre de nouvelles formes d'exactions :

Face à la prolifération du terrorisme international, l'Onu renforce la concertation des mesures anti-
terroristes à l'échelle mondiale avec la création de listes des organisations terroristes et des individus
impliqués dans l'exécution d'actes terroristes. Mais aussi avec l’obligation des Etats-membres à
contrôler les activités des réseaux terroristes et à appliquer une législation anti-terroriste.
 

En conclusion, les défis de l'ONU portent aujourd'hui sur la responsabilité d'un maintien de la
paix multidimensionnel à mener à bien dans des contextes aussi variables que politiquement
complexes. Il ne s'agit pas seulement de constituer une force d'interposition mais souvent d'assurer
une transition démocratique, de veiller au désarmement, à la démobilisation et la réintégration
d'anciens combattants ou d'enfants soldats, de reconstruire des services administratifs voire de
réparer un tissu social déchiré par un conflit aux racines multiples (ethniques, religieux,
économique…).
Plus largement, durant ses deux mandats, KOFI ANNAN s'est efforcé de rapprocher les Nations Unies
des peuples, et a tenté d'œuvrer pour une mondialisation plus juste affirmant “Un des plus grands
défis que la communauté internationale doit relever est de faire en sorte que tout le monde puisse
partager les gains potentiels de la mondialisation”.

Objet de travail conclusif. Le Moyen-Orient : conflits régionaux et


tentatives de paix impliquant des acteurs internationaux.

L’Orient, par opposition à l’Occident qui désigne l’Ouest, désigne l’Est. D’un point de vue
géographique par rapport à l’éloignement de l’Occident, on distingue le Proche Orient (de l’Egypte à
l’Israël) et le Moyen Orient (de l’Iran et l’Irak à l’Afghanistan). Cette terminologie entre Proche et
moyen orient et obsolète puisque cette idée de proche orient (expression française) a été absorbée
par le moyen orient (expression anglophone).

Aujourd’hui, le Moyen Orient s’étire de l’Afrique du Nord jusqu’à l’Afghanistan et Pakistan à l’Est. Il
englobe 16 Etats : Turquie, Egypte, Israël, Palestine, Jordanie, Iran, Syrie, Irak, Arabie Saoudite,
Emirats Arabes Unis et Yémen.

Toute cette région du Moyen-Orient est qualifiée « d’arc de crise ».

 Comment expliquer la persistance des conflits et la difficulté à instaurer la paix au Moyen-


Orient ?

17
Jalon 1. Du conflit israélo-arabe au conflit israélo-palestinien : les tentatives de résolution, de la
création d’Israël à nos jours.
Comprendre les enjeux des conflits israélo-arabes et israélo-palestiniens. Comprendre le tournant
représenté par l’intifada.

Cf. Frise chronologique. Vidéo : « Expliquez-moi… Le conflit israélo-palestinien », Pascal Boniface

I. L’origine des conflits israélo-arabes


Le 29 novembre 1947, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine. Ce plan de partage est
combattu par les palestinien, qui refusent de voir leur territoire partagé, et par les juifs, qui eux
veulent assurer et sécuriser la zone qui leur est attribuée, et veulent donc l’expulsion des populations
arabes en dehors de leur territoire.

Le 14 mai 1948, Ben Gourion proclamation unilatérale de proclamer la naissance de l’état d’Israël.
Cette décision est le détonateur des cinq guerres israélo-arabes à venir. Ces guerres vont se nourrir
des rivalités religieuses et nationales (entre le sionisme, le panarabisme et le nationalisme
palestinien). Au cœur de toute ces guerres, se pose la question de l’existence même d’Israël. Pour les
sionistes, la Palestine est le berceau de leur civilisation. A l’inverse, les palestinien justifie que la terre
doit revenir au dernier occupant.

Question 3 page 161 :

Le grand vainqueur de l’évolution historique qu’a connue a région depuis 1948 est Israël. En effet,
après le plan de partage de l’ONU, on voit la création d’un Etat juif qui entraine une première guerre
israélo-arabe en 1948. Suite à cette guerre, Israël gagne plus de territoire et occupe la majorité de la
région. Cela entraine la migration de nombreux palestiniens, et la Palestine ne contrôle plus qu’une
partie de la Cisjordanie.

Israël réussi à s’imposer lors de chaque guerre grâce à son armée Tsahal et grâce à ses partenaires :
la France jusque dans les années 60 puis les Etats-Unis. Israël emporte aussi une victoire face à ses
voisins, qui sont alliés à l’URSS (en pleine guerre froide).

En conséquence, on voit une extension territoriale d’Israël : elle conquiert la région de la Palestine, le
plateau du Golan, une partie de la Cisjordanie, Jérusalem Est, la bande de Gaza et le désert du Sinaï.

Cela entraine donc évidemment une augmentation des tensions.

 Cf. tableau à compléter.

II. Le conflit israélo-palestinien, entre terrorisme et « guerre des


pierres »
Suite à la création d’Israël le 14 mai 1948, on voit un exode des Palestiniens vers Gaza, la Cisjordanie
et le Liban. C’est ce qu’on appelle la Nakba (ou Naqba) qui signifie « la catastrophe ». Les Palestiniens
vivent alors dans des conditions miséreuses dans des camps de réfugiés. L’ONU vient en aide aux
réfugiés à travers le programme UNRWA (Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour la

18
Palestine) en 1949. Les réfugiés palestiniens sont souvent mal accueillis par les pays arabes, certains
vont alors se ranger derrière une grande figure palestinienne, Arafat, au sein du Fatah (créé en 1959)
qui deviendra ensuite OLP (Organisation de Libération de la Palestine, 1964). Ce sont des
organisations militaires qui vont faire le choix d’actions parfois terroristes. Leur but est de détruire
« l’identité sioniste » et de créer un Etat palestinien.

En 1972, lors des JO de Munich, le groupe septembre noir (groupe terroriste palestinien) va prendre
en otage des athlètes israélien, et cela va se terminer en bain de sang.

Israël gagne la guerre (1982) contre l’OLP (qui est à l’époque installée au Liban). A ce moment-là, le
pays (Israël-Palestine) est en proie à une guerre intraétatique plus asymétrique.

On voir ensuite le développement de l’intifada (« la guerre des pierre ») entre 1987-1993 et entre
2000-2006. On a donc le soulèvement de la population palestinienne mais également des
organisations politiques (notamment l’OLP et le Hamas, qui est une branche de l’OLP plus radicale).

Tsahal mène une répression féroce qui dégrade son image (ex : il tire sur les adolescents palestiniens
de l’intifada).

En 1993, les accords d’Oslo sont signés entre Arafat et Rabin qui mettent fin à la première intifada.

Question 1 page 165 :

Les accords d’Oslo ont atteint leur objectif, mais seulement pour un cours laps de temps. En effet,
grâce à ces accords, la première intifada est stoppée, l’OLP reconnait l’Etat d’Israël et l’Autorité
palestinienne est créée. Néanmoins Israël ne reconnait pas la Palestine en tant qu’Etat et 1995, Rabin
est assassiné par un juif. Cela entraine un retour de violences et de tensions de manière régulière,
avec notamment en 2000 une deuxième intifada et avec l’opération « plombdurci », qui est une
offensive israélienne sur la bande de Gaza gouvernée par le Hamas. On voit alors un durcissement,
une radicalisation des deux.

III. Une paix impossible à trouver… pour le moment.


De nombreux plans de paix ont été proposés pour tenter d’apaiser les relations entre Israël et le
Etats voisins mais également avec la Palestine.

On a d’abord essayé les cessez le feu :

En 1956 et en 1967 sous l’égide de l’ONU mais qui ne sont pas des traités de paix.

On a aussi essayé des conventions d’armistice :

En 1949, après la première guerre, il y a eu les négociations de Rhodes qui ont entrainé 4 armistices
séparés entre Israël et l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la Syrie. Cela a permis d’apaiser les tensions
pur un temps.

Il y a eu des conférences de conciliation :

19
En 1949, la conférence de Lausanne (Suisse), pour régler la question des réfugiés. C’est néanmoins
un échec car Israël refuse.

Il y a eu des accords de paix :

En 1978, les accords de Camp David qui entraine la paix entre Israël (Begin) et l’Égypte (Sadate) sous
couvert des Etats-Unis (Carter). Cependant, ces accords sont rejetés par les Etats arabes voisins en
1979.

En 1993, les accords d’Oslo. Ces accords prévoient qu’Israël doivent évacuer 70% de la bande de
Gaza et la ville de Jéricho. Cela permet le retour d’exil d’Arafat. Il créé ensuite l’Autorité
Palestinienne.

A partir de 1973, on sort d’un règlement multilatéral pour entrer dans des négociations bilatérales.

En 2003, il y a la Réunion du Quartet sur le Proche orient (Etats-Unis, Russie, l’Union Européenne et
l’ONU). Ce quartet tente de relancer le processus de paix, avec une feuille de route (programme) qui
prévoie la création d’un Etat palestinien d’ici 2005, en échange de la fin de toute violences liées à
l’intifada et d’un gel de toute colonisation juive. C’est un échec car en 2008, Israël lance une offensive
sur la bande de Gaza et elle continue la colonisation des territoires palestinien. En conséquence,
l’Autorité Palestinienne se retire de toutes négociations et le dialogue est coupé.

En 2013, le secrétaire américain John Kerry annonce la reprise des négociations mais Israël le
suspend après l’annonce d’une réconciliation entre les deux groupes terroriste palestinien, le Fatah
et le Hamas.

En six décennies, les conflits interétatiques motivés par du nationalisme (panarabisme et sionisme)
ont progressivement muté en de multiples conflits imbriqués les uns dans les autres. Mais surtout, le
Moyen Orient est le théâtre d’une lutte d’influence entre les puissances (pas que des acteurs
régionaux), et ce à différentes échelles.

A l’échelle régionale : lutte entre Israël, Iran, Arabie Saoudite, Turquie.

A l’échelle mondiale : les Etats-Unis demeurent l’acteur incontournable de la région, et ce du fait de


son réseau d’alliés (Arabie Saoudite, Israël et Turquie). A noter : le retour de la Russie dans
l’échiquier géopolitique de la région.

Ces différents conflits n’ont pas abouti jusque-là à une paix positive car ils excluent à chaque fois les
extrémistes de chaque bords (exemples : les ultranationalistes israéliens, le Hamas, les nationalistes
extrémistes arabes)  tous les protagonistes ne sont pas conviés (même si ce sont pour certains des
groupes terroristes).

Jalon 2. Les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements  : d’une guerre
interétatique à un conflit asymétrique.
Comprendre en quoi l’Irak est l’épicentre des conflits moyen-orientaux depuis les années 1990.

20
Dominique de Villepin, ministre français des Affaires Etrangères, lors de son discours au Conseil de
Sécurité de l’ONU le 4 février 2003 :

«  L’usage de la force ne se justifie pas aujourd’hui. Il y a une alternative à la guerre  : désarmer


l’Irak par les inspections. De plus, un retour prématuré à l’option militaire serait lourd de
conséquences.  »

I. La guerre du Golfe (1990-1991) : une « guerre réelle » ?


On appelle guerre du Golfe le conflit qui oppose l’Irak, qui à l’époque était dirigé par Saddam
Hussein, à une coalition de 34 états menée par les Etats-Unis. C’est donc un conflit interétatique sous
mandat de l’ONU.

Question 1 page 167 :

Après l’annexion du Koweït par l’Irak, l’ONU prend la résolution de mettre un embargo commercial
sur l’Irak puis d’autoriser la coalition à lancer une offensive. C’est donc l’Irak sous Saddam Hussein
qui déclenche cette guerre.

Question 1 page 169 :

La principale raison de la décision d’annexion du Koweït est financière. En effet, celui-ci refuse
d’effacer les dettes de l’Irak, et participe à la baisse des prix du cours du pétrole car il ne respecte pas
les quotas. De plus, l’Irak ne considère pas le Koweït pas comme un Etats ais comme le prolongement
de son territoire, qui lui revient donc de droit. Enfin, le Koweït empêche l’accès complet au Golfe
persique.

Dans la nuit du 1er au 2 aout 1990 (deux ans après la fin de la guerre entre l’Iran et l’Irak), le dirigeant
irakiens Saddam Hussein donne l’ordre d’envahir le Koweït, qui est un petit pays mais riche en
pétrole et jouissant d’une position stratégique sur le Golfe persique.

Les trois grandes motivations :

 L’Irak revendique le Koweït comme étant un territoire appartenant à son territoire,


 Problème économico-financier : l’Irak est fortement endetté auprès du Koweït après la
guerre et une baisse de revenus conséquent puisque le Koweït vend plus de pétrole, ce qui
fait baisser le cours du pétrole,
 L’Irak met en cause la complaisance du Koweït envers Israël et les Etats-Unis.

L’ONU condamne cette annexion, et sous tutelle américaine permet une mobilisation et l’envoi de
troupes internationales.

Deux grandes périodes :

 D’aout 1990 à janvier 1990 : opération « Bouclier de désert ». C’est un soutien à l’Arabie
Saoudite (protection).

21
 De janvier à février 1991 : opération « tempête du désert ». Les Etats-Unis attaquent et
combattent le régime de Bagdad (les Etats-Unis sont dans leur rôle de gendarme du monde,
dans un monde unipolaire)

Réplique de Saddam Hussein qui tente plusieurs manœuvres pour empêcher l’arrivée des troupes de
la coalition : marée noire pour empêcher l’arrivée de bateau, incendie de puits de pétroles.

Néanmoins, un cessez-le-feu est demandé le 28 février 1991 : la première guerre du Golfe s’arrête.

Question 2 page 167 :

2000 morts pour les coalisés, 100 000 pour les soldats irakiens ; adoption de frontière entre l’Irak et
le Koweït en 1994 (évacuation et indépendance du Koweït) + les troupes irakiennes incendient les
installations pétrolières et désorganisent la production ; embargo économique qui dure jusqu’en
2003 qui entraine une crise et la mort de 500 000 irakiens ; création de la capitale du gouvernement
régional du Kurdistan Erbil en 1992 mais massacre.

Il y a trois grandes conséquences :

 D’ordre territorial : le Koweït retrouve son indépendance


 D’ordre économique : embargo économique sur l’Irak
 D’ordre religieux et social : massacre des Chiites et des Kurdes qui se révoltent contre le
gouvernement de Hussein qui est sunnite. Deux millions de Kurdes doivent s’exiler vers la
Turquie ou l’Iran.

Il y a une autre conséquence : on voit apparaitre ce que les médecins appellent le « syndrome de la
guerre du Golfe ». On voit pour la première des missions de télévision en direct du front. On a même
à un moment employer le terme de « guerre du jeu vidéo ».

Cette première guerre du golfe n’est ni plus ni moins la démonstration de force de l’hyperpuissance
américaine. Mais elle nous apprend deux autres choses : on n’a pas pour autant la fin du régime de
Saddam Hussein, et on entrevoit un nouvel ordre mondial qui est en opposition avec l’ordre
westphalien.

II. La Guerre en Irak (2003), une « guerre absolue » ?


Hans Blix, inspecteur de la commission de l’ONU chargé d’inspecter l’Irak à propos de l’existence de
ses armes de destruction massive :

«  Dans le cas de l’Irak, il y a eu une tentative de la part de certains pays d’éradiquer des armes de
destruction massive qui n’existaient pas.  »

Rechercher les raisons de cette guerre : (carte page 167 et dossier page 170-171)

Le choc des attentats du 11 septembre 2001 pousse les Etats-Unis à accuser l’Irak de posséder des
armes de destruction massive et d’être en lien avec Al-Qaïda. Ils considèrent en effet que la fin du
régime de Saddam Hussein est nécessaire et obligatoire à la lutte contre le terrorisme. Ils demandent

22
à l’ONU un accord pour attaquer l’Irak, mais faute de preuves, celle-ci refuse. Les Etats-Unis vont
alors prendre la décision d’attaquer d’eux même, avec l’aide d’une trentaine de pays qui les
soutiennent dans le cadre d’une coalition. L’ONU sera alors obligée de participer à cette guerre et
enverra des troupes en Irak. De plus, les Etats-Unis veulent intuitivement avoir la main sur le pétrole.

G. W. Bush, le lendemain des attentats du 11 septembre, pose la question d’une éventuelle


implication de Saddam Hussein. Sa conseillère Condoleeza Rice en ce qui concerne la sécurité,
répond négativement : il n’y a aucun lien entre Al-Qaida et Hussein. Mais cette réponse par la
négative n’empêche pas la continuité des spéculations. Dans son discours sur l’état de l’Union en
janvier 2002, Bush définit ce qu’il appelle « l’axe du mal », qui est un parallèle à ce que Ronald
Reagan a appelé « l’Epire du Mal » lors de la Guerre froide, pour définir les terroristes. Durant sa
tournée diplomatique suivant le discours, le vice-président Dick Cheney martèle que Saddam Hussein
développe des armes de destruction massive. Il arrive à rallier le premier ministre britannique Tony
Blair.

En parallèle, Kofi Annan parvient à décider Hussein de réautoriser les inspections des armements.
Aucunes preuves de possession n’est trouvée. Devant ces tensions croissantes, Jacques Chirac, lors
des veux de janvier 2003, rappelle que «  le recours à la force est toujours un constat d’échec et la
pire des solutions  ». Le 5 février 2003, le secrétaire américain Colin Powell tente de convaincre le
Conseil de Sécurité de l’ONU de la légitimité d’une intervention militaire en Irak. La France,
l’Allemagne, la Russie puis la Chine demandent plutôt de poursuivre les inspections. Le 20 mars 2003
est lancée l’opération « Irak Freedom » sans l’aval des Nations Unies.

C’est une intervention unilatérale. Cette guerre est une guerre éclaire qui aboutie à la chute du
régime de Saddam Hussein en quelques jours. En décembre 2003, il sera débusqué de sa cachette,
son village natal de Tikrīt. Il sera par la suite jugé et exécuté par pendaison un an après.

Le pays est dès lors plongé dans un chaos qui semble sans fin, car les conséquences de cette chute
sont la multiplication d’attentats (à la voiture piégée), d’assassinats, de prises d’otages (exemple : la
journaliste française Florence Aubenas) contre les forces d’occupations et les civils proaméricains. Il y
a aussi des velléités indépendantistes du peuple kurde, qui revendiquent leur état, mais également
des violences religieuses entre sunnites et chiites. Enfin, cette instabilité a permis la montée de
l’islamisme (Al-Qaida puis Daesh).

Cela signifie que l’on passe d’un conflit interétatique à un conflit asymétrique, et on peut voir que ce
conflit asymétrique fait preuve d’une violence et d’une cruauté importante. Par exemple, on assiste à
la mise en direct sur Internet de la décapitation d’un civil américain. D’un autre côté, les Américains
tortures dans leurs prisons les terroristes. C’est sur l’Iraq et la Syrie que le califat de Daesh s’installe
plus tard. Cela montre que les Etats-Unis ont été incapables d’installer une paix positive et d’imposer
leur idée du monde, leurs lois, dans un monde qui est devenu multipolaire, voir apolaire.

CONCLUSION DU THEME

Le Moyen-Orient constitue un cas emblématique pour penser la guerre ainsi que la paix au tournant
du XX et XXIème siècle. Les conflits qui secouent la région depuis 1948 revêtent de nombreuses
formes lisibles à travers l’œuvre de Clausewitz. Aux guerres interétatiques (Israël et ses voisins) ont

23
succédées des guerres civiles (intifada) ainsi que des intervention internationales (guerres en Irak) et
aussi des conflits asymétriques (lutte contre le terrorisme). Les tentatives de paix depuis le milieu du
20ème mettent en jeu de nombreux acteurs et révèlent différentes formes de négociations
multilatérales comme unilatérales. Néanmoins, la région est toujours soumise à un chaos plus ou
moins permanent.

24

Vous aimerez peut-être aussi