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CHAPITRE 11 : LA VIOLENCE

Problématique : Quelles sont les sources et la transcendance de la violence ?

Objectifs pédagogique terminal : L’élève sera capable d’établir le respect de la justice, de


la liberté d’égalité constituent la solution au problème de la violence.

Durée : 06 heures

INTRODUCTION
Le mot violence vient du latin « vis » qui désigne une force impétueuse. Dans
son sens général c’est l’usage de la force ou la menace pour contraindre un groupe ou un
individu à agir indépendamment de sa volonté. C’est le fait de perturber, déstabiliser et
de détruire l’intégrité physique, psychique ou morale d’un individu et d’un groupe. Quelque
soit la forme de la violence, elle est destructrice et revêt une connotation péjorative.
Paradoxalement, la violence a toujours été sollicitée. Les romains diront : « qui veut la
paix prépare la guerre » et Mao Tsé Toung qui déclare : « la liberté est au bout du fusil ».
Alors quelles sont les sources de la violence et que vaut-elle dans l’existence des hommes ?

I- GENESE DE LA VIOLENCE

a- La violence dans la nature

L’homme a conscience que la violence lui vient d’ailleurs. Elle est le produit de la
nature sans la participation de l’homme. L’homme est impuissant face aux cataclysmes, aux
calamités atrocités et maladies provenant de la nature. L’homme voit la violence ici
comme un mauvais coup de la nature qui veut punir l’homme en permanence. Albert
Einstein observe dans La conception de l’univers que « la nature ne pardonne pas :
elle agit et punit, voilà pourquoi l’homme doit lutter contre cette violence.» L’homme ne se
sent pas en sécurité dans la nature.il a peur de ce qui tombe du ciel de ce qui vient de la
foret de ce qui sort du sol et de ce qui émerge des eaux.

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b- L’homme comme source de la violence.

La violence semble être consubstantielle à l’homme ; autrement dit, la violence


est innée en l’individu. Pour Freud le « Thanatos » (impulsion de mort) qui une fois
somatisé présiderait au comportement des hommes et conduirait à l’autodestruction.
Bref l’homme renferme les germes belligènes, criminogènes et d’agressivité que Hegel
nomme « la violence ontologique ». Dans Malaise dans la civilisation Freud dit : « l’homme
est un être qui porte au compte de ses données instinctives, une bonne dose d’agressivité ».
Dans le même sens, Thomas Hobbes dit que « l’homme est un loup pour l’homme », pour
traduire cette nature agressive des humains qui représentent un danger pour eux-mêmes.
L’homme représente aussi un danger pour l’environnement par son gout à la destruction.
Joseph de Maistre déclare : « L’homme donc la main destructrice n’épargne rien de ce qui
vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il
tue pour se défendre, il tue pour s’instruire, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer : roi
superbe et terrible, il a besoin de tout et rien ne lui résiste. »

c- La violence dans la société et dans l’histoire.

La violence s’accentue dans la société parce que c’est le milieu de vie des
hommes. Les rapports intersubjectifs suscitent des confrontations qui instaurent la
violence. On peut convenir avec Rousseau qu’ « il n’y a point de perversité originelle dans le
cœur de l’homme (…) l’homme nait bon, c’est la société qui le transforme. »La société
se construit sur des conflits permanents qui influencent l’histoire.

d- Les nouvelles formes de violence

1. La violence idéologique et morale : elle s’attaque à l’intégrité psychique et


spirituelle de l’homme. Elle vise à ébranler notre personnalité et notre force intérieure
pour faire allégeance à autrui. C’est pour nous affaiblir et nous disposer à la
manipulation extérieure.
2. La violence économique : Elle provient de la publicité et de l’incitation à la
consommation et à des dépenses démesurées pour entretenir les empires industriels.
3. L’Impérialisme et le terrorisme : Elle vise la domination des Etats forts et puissants
sur les nations faibles et à l’imposition de la logique de gestion de ces nations. Le
terrorisme détruit les biens et tue les innocents pour revendique des droits religieux ou
civils.

II- VALEUR DE LA VIOLENCE


En affirmant que « le mal est le moteur du bien », Hegel voulait simplement montrer
les vertus de la violence.

a- L’approche instructive et pédagogique

Toute éducation et instruction passe par la violence. C’est elle qui nous arrache de
l’ignorance et de la bestialité. Platon disait pou cet effet : « philosopher c’est apprendre à

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mourir ». Il faut pouvoir soumettre douloureusement notre instinct pour accepter d’acquérir
le savoir que nous ne possédons pas.

b- L’approche politique

L’Etat ne peut fonctionner et maintenir la paix et la sécurité que grâce à l’expression


d’une violence contrôler à travers les instruments coercitifs de l’état à savoir l’armée la police
et la gendarmerie. Car, l’homme est d’une sauvagerie dont les conséquences peuvent s’avérer
préjudiciables à la stabilité de la cité. Machiavel enseigne dans le prince que « quiconque
veut fonder un Etat et lui donner des lois, doit supposer d’avance les hommes méchants. »

a- L’approche historique

Il est observé qu’après des révoltes des insurrections et des guerres, il y a toujours
une innovation et une amélioration des conditions de vie des peuples. La violence peut donc
être une initiative créatrice et révolutionnaire et non destructrice. Karl Marx convient avec
nous lorsqu’il dit : « la violence joue un rôle dans l’histoire, un rôle révolutionnaire ; elle est
accoucheuse de toute vielle société qui emporte une dans ses flancs » 1 . En ce moment la
violence devient légitime et utile pour le progrès des sociétés et de l’histoire. Hegel dit :
« seule la guerre peut ébranler une société et lui faire prendre conscience d’elle-même. »
Ernest Renan conclut : « la guerre est une des conditions du progrès, le coup de fouet
qui empêche une nation de s’endormir. »

III- LA CONDAMNATION DE LA VIOLENCE : LA NON-


VIOLENCE
a- L’irrationalité de la violence

La violence vide l’homme de la moindre rationalité. Pour agir avec violence, il faut
bafouer la raison et le bon sens. La raison et la conscience nous disposent au dialogue et au
compromis pour parvenir à un accord. Même sur le plan politique, les peuples peuvent
s’attacher à un dirigeant lorsqu’il les écoute et œuvre en leur profit. Thomas Moore
le reconnait dans L’Utopie (1516) : « un roi qui serait hait et méprisé de son peuple au
point de ne pouvoir tenir ses sujets en respect que par des extorsions et des confiscations,
n’est pas un roi mais un gardien de prison. ». Sur le plan moral nous devons respecter
l’intégrité d’autrui et le considérer comme valeur tel que le préconise Kant.

b- La non-violence

L’absence de la violence est synonyme du calme, la candeur et la tranquillité protégé


par la légalité et la justice dans la société. C’est aussi l’équilibre et l’absence de trouble
intérieur. Enfin la coopération et les accords dans les rapports entre nations. La non-violence
est une philosophie de lutte et de revendication qui n’emprunte pas la voie des armes et la

1
Karl Marx, Idéologie allemande

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brutalité physique. Elle a pour ténors : Martin Luther King ; Mahamat Gandhi et Nelson
Mandela. Le non violent dispose de la force de l’esprit et de l’âme à la force brutale. À la
force des armes opposez la force de l’esprit pour vaincre tel est l’enseignement de Nelson
Mandela qui ajoute à cela le pardon à ses oppresseurs. M. Luther King dans la force d’aimer
affirme : « la violence est aussi inefficace qu’immorale (…) elle détruit la communion et rend
impossible la fraternité. » La violence est l’expression de la dégradation de l’homme.
Gandhi conclut : « la plus grande force dont dispose l’humanité est la non-violence »

CONCLUSION
En définitive, la violence fait partir de l’expérience de la vie humaine. Qu’elle
provienne de la nature, de l’homme, ou de la société, la violence est effrayante et
destructrice. Elle a néanmoins participé à la construction d’un monde nouveau. Mais la non-
violence est le gage de l’expression du bon sens et du respect des valeurs humaines. Il faut
donc une bonne dose de moralité et de justice pour éviter la violence destructrice.

Questions d’évaluation :

La violence a-t-elle un rôle dans l’histoire ?

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