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Philosophie en terminale

Le Travail - La Technique

A quoi bon travailler ? Travailler, est-ce s’humaniser ?

==> « Le travail c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver. »


==> Malgré sa pénibilité, le travail permet à l’homme de se libérer des
contraintes de la nature, et de façonner un monde à son image. Les hommes
transforment la nature en vue de produire des biens qui leur sont utiles et de
subvenir à leurs besoins. Le travail permet aussi de transformer la nature
extérieure, le monde, selon notre volonté.
==> Le travail est un droit pour tous. Au fond, la travail, est une occasion
de manifester sa liberté.
==> Le travail permet aussi de se perfectionner dans nos qualités
humaines, qu’elles soient manuelles ou intellectuelles, pratiques ou théoriques.
Le travail permet de modifier notre propre nature en optimisant nos facultés
physiques et intellectuelles.

==> Cependant, le travail semble être un véritable devoir pour les êtres
humains, voire une nécessité. En effet les êtres humains doivent travailler pour
subvenir à leurs besoins, pour se nourrir, se loger, se déplacer, gagner de l’argent.
Nous avons besoin d’argent pour vivre, et subvenir aux besoins primaires et aux
besoins secondaires, comme les voyages, les divertissements, les passions. Mais
si l’argent est nécessaire à la vie de l’homme, et que le travail est le seul moyen
pour gagner sa vie, le travail n’est-il pas finalement une nécessité, un devoir
incontournable, et donc une aliénation de l’homme, une contrainte insupportable ?
Le travail, bien qu’il soit un moyen de se perfectionner, d’augmenter notre
puissance d’agir, de nous réaliser en tant qu’individus, il se peut que, à travers les
conditions de travail parfois extrêmes, le temps de travail, le travail soit finalement
une déshumanisation, une aliénation de l’être humain.

I) Le travail : le destin de l’homme


A) La bible : le travail le résultat de notre imperfection, du péché originel.
B) Kant : L’homme doit travailler
C) Marx : Spécialité du travail humain
II) Le travail peut devenir aliénant et nous ôter notre liberté : le travail nous
empêche-t-il d’être libres ?
A) Aristote, Politiques : vie de loisir, vie contemplative > vie de labeur
B) Arendt, CHM : Animal Laborans / Homo faber
C) Marx : l’aliénation. La question de l’argent et du « salaire minimum »
III) Le travail : la voie vers le perfectionnement humain, la socialisation de l’homme
A) Marx : Capital. Le travail est une réalisation de l’idée dans la matière
B) Hegel : Principes de la Philosophie du Droit : fin de l’égoïsme pour entrer
dans le besoin collectif
C) Platon, La République, division du travail pour la diversité des besoins.
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I) Le travail : le destin de l’homme et ce qui le distingue des autres


animaux

La nature de l’homme semble être destinée au travail. Nature/Culture.


L’homme est un être incomplet, il a pêché et il doit maintenant travailler la terre
pour subvenir a ses besoins. Adam et Eve sont chassés du jardin d’Eden puisqu’ils
ont goûté au fruit défendu.
==> Texte 1 : La Bible

Le travail se présente comme un devoir. Devoir/Droit. Il est vrai que la vie


sans travaille est une vie dénuée de sens, un manque de réalisation pratique et
théorique Pratique/Théorique de l’existence. La différence entre l’homme et les
autres animaux c’est le travail. Alors que les animaux sont dans l’agir et l’instinct,
l’homme est dans le faire, la raison. Agere/Fagere. L’homme doit se tenir loin de
l’oisiveté. La paresse est d’ailleurs mal vue chez les hommes. L’homme doit
dépasser la simple vie pour entrer dans l’existence, s’approprier le monde
extérieur. Vivre/Exister. L’homme soit se perfectionner par le travail.
==> Texte 2 : Kant, Traité de Pédagogie

Le travail humain est un travail bien spécial. La différence entre le travail de


l’homme et celui des autres animaux est celle de la conception intellectuelle. La
différence entre l’abeille et l’architecte c’est que l’architecte à conceptualisé sa
maison avant de la construire. L’abeille ne conceptualise pas, elle agit par instinct.
L’architecte a une conscience préalable de son oeuvre. L’homme en travaillant se
donne une loi, et dirige toute sa volonté vers ce but.
==> Texte 4 : Marx, Le Capital

Transition : Bien que le travail semble être le destin de l’homme. Essentiel à


la réalisation de l’homme, le travail peut aussi rencontrer certaines limites à la
réalisation de l’homme, dans son existence libre et heureuse. En effet, certaines
conditions de travailles, la pénibilité du travail, le temps de travail, peuvent
renverser ce rapport que nous avons avec le travail. Le travail rencontre la peine et
la douleur, la fatigue du corps et de l’esprit (burn-out, dépression, maladies
physiques ou mentales), et peut déshumaniser les êtres humains.

II) Le travail et l’aliénation : le travail nous empêche-t-il d’être libres ?

==> Cf Pagnol, Marius : « A Marseille, il n’y a rien de plus pénible que le


travail. »

Il est naturel de préférer le loisir que le travail. Face aux divertissements, à la


contemplation de la nature lors d‘une randonnée, le travail se présente davantage
comme une tâche pénible, comme une vie laborieuse. Il est préférable de
philosopher et de contempler le monde que de travailler. L’antiquité grecque
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considère le travaille comme une activité servile et indigne des hommes libres.
Ainsi, ce sont les esclaves qui travaillent en Grèce antique, les citoyens libres eux
assument une vie de loisir, de fête et de guerre.
==> Aristote, Les Politiques : « Si, en effet, travail et loisir sont l'un et
l'autre indispensables, le loisir est cependant préférable à la vie active et plus
réellement une fin, de sorte que nous avons à rechercher à quel genre
d'occupations nous devons nous livrer pendant nos loisirs. Ce n'est sûrement pas
au jeu, car alors le jeu serait nécessairement pour nous la fin de la vie. Or si cela
est Inadmissible, et si les amusements doivent plutôt être pratiqués au sein des
occupations sérieuses (car l'homme qui travaille a besoin du délassement, et le jeu
est en vue du délassement, alors que la vie active s'accompagne toujours de
fatigue et de tension), pour cette raison nous ne laisserons les amusements
s'introduire qu'en saisissant le moment opportun d'en faire usage, dans l'idée de les
appliquer à titre de remède, car l'agitation que le jeu produit dans l'âme est une
détente et, en raison du plaisir qui l'accompagne, un délassement. Le loisir, en
revanche, semble contenir en lui-même le plaisir, le bonheur et la félicité de vivre. »

Le travail dans la société de consommation. Le travail moderne fait de la


consommation le seul biais par lequel nous nous rapportons au monde. On
distingue le travail : consommer pour vivre, de l’artisanat qui fabrique des
oeuvres durables. La société de consommation dans sa volonté de produire des
objets de consommation, nous réduit à une quotidienneté dans notre existence,
réduisant celle-ci au besoin. Cf Arendt, Conditions de l’Homme moderne :
« La perpétuité de processus de travail est garantie par le retour perpétuel des
besoins d cela consommation. » Le travail réduit au besoin peut nous réduire à un
stade animal : L’homme dans cette urgence d’engendrer des besoins naturels, se
retrouve dans un état qu’Arendt nomme animal laborans, c’est-à-dire un être qui
est plongé dans les marchandises, et les objets de la consommation quotidienne,
contrairement aux objets de l’art et de la culture qui rentre dans une fondation de la
société humaine. Animal Laborans (abondance) / Homo faber
(permanence, stabilité, durée)

Exemple de méthode de travail : Le taylorisme par exemple, et le fordisme,


son considérés comme des méthodes de travailles mécaniques, hyper-divisé,
réduit à une tâche unique et répétitive. Le travail, sous ces conditions, ne permet
pas de tendre vers une quelconque humanisation. Il s’agit plutôt d’un humanisme
exploité et réduite à la machine.
==> Extrait vidéo de Charlie Chaplin

==> La question de l’aliénation chez Marx. Dans le régime capitaliste le


travail perd sa fonction libératrice et devient un instrument de domination aux mains
des propriétaires des moyens de production. Ce que Marx appelle la société
bourgeoise. Marx souligne que le passage de la manufacture à l’industrialisation
renforce les divisions du travail et augmente le processus d’exploitation et
d’aliénation des prolétaires.
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Analyse de la conception philosophique de l’aliénation = aliud qui veut dire


autre. Donc lorsque l’homme est aliéné dans le travail, il devient autre chose. Il ne
devient pas quelqu’un d’autre, une autre personne, un autre homme, non, il devient
radicalement autre chose, c’est-à-dire une chose, un objet. On parle de réification
de l’homme. L’homme est chosifié, il devient un objet. Comme l’écrit Marx dans Le
Capital : « Dans la manufacture et dans l’artisanat l’ouvrier se sert de l’outil, dans la
fabrique il sert la machine. » Il poursuit : « La machine ne libère pas l’ouvrier du
travail, mais ôte au travail son contenu. » Ainsi les rapports de l’homme et de l’outil
se renversent. L’homme depuis que la machine industrielle existe, devient la
machine elle-même.
L’ouvrier crée des objets industriels. Cf Texte 6 : Marx, Manuscrits de 1844.
On peut dire que son travail se réalise dans ces objets. Son travail devient l’objet
lui-même. Son travail s’extériorise dans l’objet, et l’ouvrier ne peut pas acheter
l’objet qu’il a lui-même produit à cause de son salaire qui est trop bas, qui est un
« salaire minimum. ». La question de l’argent est importante. L’argent est magique
selon Marx, elle est une substance divine qui permet de devenir ce que l’on veut, il
permet la métamorphose de toutes les qualités humaines, de transformer le laid en
attrayant. De plus, l’argent est comme le dit Marx, une « subtance automatique »,
s’engendrant elle-même (Dieu = causa sui). Il y a une automaticité du Capital.
Mais pour le prolétaire, l’argent est compté a minima sur son salaire. Il n’entre pas
dans le jeu du Capital, il n’est qu’un moyen pour augmenter le profit des bourgeois.
L’argent qui n’était qu’un moyen de subvenir aux besoins, devient la fin ultime dans
un modèle capitaliste. Le bourgeois capitaliste, voulant sans arrêt augmenter son
profit entre en lutte avec les ouvrier pour décider du salaire de ce dernier. Le salaire
est décidé par le patron, et le salaire de l’ouvrier est réduit à un salaire minimum,
assurant la vie animale uniquement. Marx écrit : « Le taux minimum du salaire, le
seul tenu pour nécessaire, est celui qui assure la subsistance de l’ouvrier pendant
le travail, lui permet de nourrir une famille, pour que la race des ouvriers ne
s’éteigne pas. » Cela assure aux bourgeois un profit maximal et une classe
asservie et travailleuse bien utile pour leur profit. L’aliénation est là : le travailleur
travaille pour gagner le minimum, il travaille donc pour augmenter sa propre
misère. Voilà l’origine de la lutte des classes et de la révolution prolétaire d’Octobre
1917 en Russie avec Lénine. Le but pour les ouvriers est de changer l’ordre
capitaliste, faire la révolution par la lutte des classes, et donc de transformer le
monde dans ses rapports au travail. Cf Texte 8 : Marx, Thèses sur Feuerbach
==> Extrait d’Un idiot à Paris.

Cf Albert Camus : Le mythe de Sysyphe. La grande question


philosophique c’est le suicide. Face à l’absurdité de la vie, il faut se révolter.
Cette récolte es une révolte de liberté. Le mythe de Sysyphe doit être imaginé
comme un Sysyphe heureux.

Transition : Même si le travail, dans son modèle capitaliste, et dans la


société de consommation, entraîne fatalement une aliénation de l’homme, une
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déshumanisation de ce dernier, le travail est nécessaire à la réalisation de


l’homme. Le travail, s’il est effectué dans des conditions respectant l’essence
humaine, sa liberté et son accès au bonheur, est une voie de réalisation de soi
dans le monde. Le travail est une voie vers la libération de soi vers la libération des
contraintes du monde extérieur. Le travail permet de transformer le monde.

III) Le travail : la voie vers le perfectionnement humain, la socialisation


de l’homme, et la liberté. (Temps libre)

Reprise du texte 4 de Marx : Le travail est la réalisation concrète d’une idée


abstraite. Abstrait/Concret Par le travail l’homme idéalise le monde, et réalise son
idée dans celui-ci, objectivement. Le travail es tua domination de la matière par
l’idée de l’homme. Le travaille transforme le monde selon notre volonté, faisant de
lui un monde humain, un monde perfectionné. C’est l’essence, la nature de
l’homme que de s’approprier le monde. Ainsi le travail c’est s’humaniser.

Le travail est une libération. Cette libération se fait dans un double


mouvement :
- L’homme se libère du besoin naturel et immédiat et réfléchit sa propre activité
dans les objets qu’il produit.
- L’homme se libère de sa particularité égoïste en participant, dans la forme
universelle de la société, (Particulier/Universel) à la satisfaction des besoins de
tous.
Cf Hegel, Principes de la Philosophie du Droit : « Dans cette dépendance et
cette réciprocité du travail et de la satisfaction des besoins, l’égoïsme subjectif se
renverse en contribution à la satisfaction des besoins de tous les autres. » Il y a
donc pour Hegel un mouvement dialectique qui renverse le particulier en universel
par le travail. Bien entendu, la limite reste le salariat dans le monde capitaliste et
fondé sur la société de consommation. Eviter l’aliénation reviendrait à une société
idéale, faite de petits patrons, TPE, PME.

Le travail est nécessaire pour le bon développement d’une cité. En effet, la


diversité des tâches à effectuer dans une société, renvoyant aux divers besoins
que les hommes ont, impose une division du travail. Le travail spécialisé est donc
une nécessité pour subvenir aux besoin de tous et pour entrer dans un rapport
harmonieux avec la société. Cf Platon, La République. La division du travail est
nécessaire à la diversité des besoins. De plus, cette division du travail est positive
pour l’homme, car si l’homme devait tout faire par lui-même, son existence étant
limitée, et son énergie également, il ne pourrait subvenir à ses besoins, et il ne
pourrait pas aussi posséder de temps libre. Le travail spécialisé est la condition
paradoxale pour espérer avoir du repos, du temps libre. Scholé, (σχολή) qui veut
dire temps libre, ou encore loisir. C’est aussi la racine du mot école. Ainsi le travail
est nécessaire pour certains, afin que les jeunes apprennent, aillent à l’école,
s’instruisent et ne travaillent pas, et que les anciens ou les personnes âgés
puissent se reposer, et partir en retraite.

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