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MASTER : ETUDES INTERNATIONALES ET DROIT INTERNATIONA

Module : DROIT HUMANITAIRE INTERNATIONAL

LES FONDEMENTS DU
DROIT HUMANITAIRE INTERNATIONAL
Exposé

Soumis à l’appréciation de :


Pr. ELCADI LATIFA

Réalisé par :
Mme Sofia FARABI
M. Younes NASRI

2022/2023
INTRODUCTION

Le droit humanitaire est cette portion considérable du droit international public qui s'inspire
du sentiment d'humanité et qui est centrée sur la protection de la personne en cas de guerre. 1

Le droit international humanitaire a pour but de réglementer les hostilités, afin d'en atténuer
les rigueurs.

Cet humanisme qui s’étend, même, à des situations de conflit a, certainement, une importante
valeur creusée dans la conscience collective des êtres humaines, qui s’impose aussi en temps de
guerre comme en temps de paix, d’où il est apparu dans l’ordre juridique international, un droit dit
humanitaire international.

L'expression « droit humanitaire » semble, au premier abord, juxtaposer deux notions de


caractère différent, l'une d'ordre juridique, l'autre d'ordre moral 2. Cependant dans l’analyse du D.H.I
nous trouvons qu’il y a une transposition dans le droit public des préoccupations morales.

Ces préoccupations morales humanistes ne sont que le cumul des valeurs et des principes
humanitaires hérités des temps anciens influencés par les idées religieuses et philosophiques qui, par
conséquent, ont donné naissance au D.H.I dans le but de réglementer les hostilités, afin d'en atténuer
les rigueurs.

Humanitaire fait référence à l'humanité dans la double acceptation de ce terme 3, à savoir d'une
part la généralité complète ou universalité indiscriminée du genre humain, d'autre part un
comportement conforme à la dignité de l'Homme, une bienveillance, une hospitalité, une attitude
fraternelle d'homme à homme que l'on considère comme le produit et la marque de la civilisation.

L’analyse de la composante « Humain » des civilisations anciennes nous permet de percevoir


que la coutume humanitaire a trouvé sa place dans des relations entre les tribus sur la base des notions
humanistes tels que : La trêve de Dieu, le droit d’asile, le servage, la guerre juste ...etc.

La coutume humanitaire a pu s’installer au fur et à mesure quand l’Humain tendait à devenir


une préoccupation centrale de l’ETAT, alors que cette dernière a, aussi, subit des changements et a
accepté d’adoucir sa conception de la souveraineté et de de s’immerger dans une société
internationale régie par un droit international consenti dont le droit humanitaire fait une partie.

L’intérêt :

L’estimation de l’impact des valeurs morales dans le fondement juridique du droit


humanitaire international.

1
Jean PICTET, Développement et principes du Droit International Humanitaire, A. PEDONE, Paris,1983
2
Coursier Henri, Définition du droit humanitaire, In: Annuaire français de droit international, volume 1, 1955.
pp. 223
3
Coursier Henri, Définition du droit humanitaire, Op.cit. p 223

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La problématique :

La dialectique entre la violence et l’humanisme en temps de guerre nous incite à réfléchir


autour de la question suivante : dans quelle mesure la société internationale a pu fonder un droit pour
humaniser la guerre ?

Pour répondre à cette problématique, nous devons analyser le fondement de la composante


humanitaire à travers le temps : Tout d’abord, nous tenons à analyser la formation de la conscience
collective humanitaire (I), puis d’étudier la mise en œuvre du D.H.I (II).

Nous proposons le plan suivant :

I – LA FORMATION DE LA CONSCIENCE HUMANITAIRE


A- Les notions humanitaires coutumières
B- Les sources conventionnelles du D.H.I
II – L’EBAUCHE DU DROIT HUMANITAIRE INTERNATIONAL
A- Les instruments conventionnels du D.H.I
B- Les principes fondamentaux du D.H.I

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I. LA FORMATION DE LA CONSCIENCE HUMANITAIRE

Dans cet essai nous allons étudier les différentes notions essentielles qui ont marqué
la conscience humanitaire, ces notions sont principalement en provenance, soit des religions :
la chrétienté et l’Islam, soit des pensés philosophiques.

Henri Coursier 4 pense que le fait que la « Chrétienté » a vécu un grand


épanouissement à partir de l'effondrement de l'Empire romain à la fin du moyen Age, est un
facteur essentiel de prédire que les notions et principes humanitaires sont, généralement, issus
de la religion Chrétienne dont « L’Eglise qui, lors des Grandes Invasions(barbares), avait
sauvé la civilisation, […] C'est par elle que les idées humanitaires ont été préservés » 5.

Rachid Ahmed auteur du livre « L’Islam et le droit des gens »6 écrit : « Avant
Mahomet, à l'exception de quelques tribus juives ou chrétiennes, la masse de la nation arabe
était grossièrement idolâtre et se trouvait attachée aux coutumes sauvages et barbares » .

Cependant, la pensée moderne des sociétés civilisées a dégagé cette notion de la


dignité humaine, centre et raison d'être de tout droit humanitaire en dehors de la pensée
religieuse mais ne prétendait fonder ces principes que sur « la nature des choses » et la «
raison ».

L'adhésion de toutes les Puissances sans exception montre que ces principes,
conformes à la pensée religieuse, se trouvent aussi en profond accord avec tous les autres
ordres de pensée, quelles que soient les religions ou les coutumes, les croyances ou
l'incroyance. Ainsi, la dignité humaine forme, d'un consentement unanime, l'idée maîtresse
du droit humanitaire.

A. Les notions humanitaires coutumières

Le droit d'asile, qui remonte lui aussi aux nuits des temps, est le premier projet du droit
humanitaire. Dans la Grèce antique, le mot refuge signifiait : un lieu qui n'est pas violable. Tels
étaient les temples et les sanctuaires sacrés. Les hommes qui s'y cachaient ne pouvaient pas non plus
être traînés par la force. Il jouissait d'une protection absolue par respect pour la divinité.

La dignité humaine a profité de la double considération, d’abord elle est « sacrée » aux yeux
des chrétiens en le justifiant par le fait que l’Homme est la créature du Dieu d'où cette notion de la
dignité de l'homme, que la loi chrétienne prescrit d'aimer comme soi-même.

4
Membre du Service juridique du Comité international de la Croix-Rouge en 1946
5
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, International Review of the Red Cross , Volume
34 , Issue 403 , July 1952 , p. 558
6
Rachid, Ahmed, “L’Islam et le droit des gens (Volume 60)”, in: Collected Courses of the Hague Academy of
International Law. Consulté en ligne le 05 Mars 2023 <http://dx.doi.org/10.1163/1875
8096_pplrdc_A9789028609723_04>

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Et pour bien marquer qu'il s'agit là d'un principe de portée absolument générale concernant
tous les hommes sans aucune distinction, libres et esclaves, croyants et incroyants, les paraboles de
l'Evangile ont soin de placer ce respect de l'humain au-dessus des rites mêmes de la religion 7.

La guerre juste

La tradition de la guerre juste se forge en Europe au cours du Moyen Âge, mais puise ses
origines dans l'Antiquité gréco-romaine8. Elle accompagne le développement du droit canon9, mais
s'appuie plus profondément sur une combinaison subtile d'éléments théologiques, juridiques et
politiques empruntés à l'expérience romaine et à la proposition chrétienne.

Ainsi on peut trouver dans la doctrine de la guerre juste, le discours de Saint Augustin « Si
l'ennemi qui combat doit périr, que ce soit par nécessite, non par ta volonté. Si la rébellion et la
résistance appellent la violence, le vaincu ou le captif ont droit à la compassion, surtout quand la
clémence ne saurait compromettre les intérêts de la paix » 10 Telle est en quelques traits cette doctrine
de la guerre et de la paix, si soucieuse des droits de la personne humaine.

« La fin de la guerre étant la destruction de l’Etat » 11 ainsi écrit par Jean-Jacques
Rousseau pour exprimer l’objectif final de mener une guerre contre un Etat, il a ensuite
enchainé dans son œuvre le contrat social, « un Prince juste s’empare bien en pays ennemi
de tout ce qui appartient au public ; mais il respecte la personne et les biens des
particuliers  »12 ceci dit qu’une guerre peut ne pas être juste quand « Le Prince » ne respecte
pas la personne et ses biens civils, la justesse de la guerre était mesurée au seuil du respect de
l’Humain.

Combattant et non-combattant :

En 989, l’archevêque de Bordeaux avait fait proclamer la Paix de Dieu : « Etaient frappés


d'anathème tous ceux qui, au cours d'une guerre privée, envahissaient les églises ou les monastères,
volaient les biens des pauvres ou maltraitaient les clercs » 13. D’autres proclamations dans le même
sens ont suivi le même sens et elles étendirent l'immunité aux marchands, aux pèlerins, aux
agriculteurs et à leur famille, ainsi qu'aux animaux de labour et aux moulins.

Ces crimes étaient passibles de l'excommunication, châtiment terrible au Moyen Âge ; un être
isolé littéralement, coupé de la vie sociale comme une peste.

Les lois de la guerre selon l'islam sont résumées dans les instructions données par Abou Bakr,
premier successeur de Mohammed (SAWS), aux généraux charges des conquêtes : « Souvenez-vous,
disait-il, que vous êtes toujours sous les regards de Dieu et à la veille de la mort, que vous rendrez
compte au dernier jour. Lorsque vous combattez pour la gloire de Dieu, conduisez-vous comme des
7
Coursier Henri, Définition du droit humanitaire, Op.cit. pp. 224
8
Brunstetter, Daniel R, et Jean-Vincent Holeindre. « La guerre juste au prisme de la théorie politique », Raisons
politiques, vol. 45, no. 1, 2012, pp. 5-18.
9
C’est l’ensemble des lois et des règlements adoptés ou acceptés par les autorités catholiques pour le
gouvernement de l’église et de ses fidèles
10
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 560
11
Jean-Jacques Rousseau « DU CONTRAT SOCIAL, OU PRINCIPES DU DROIT POLITIQUE », in Collection complète
des œuvres, Genève, 1780-1789, vol. 1, in-4° , p 9
12
Ibidem
13
Ibid. 568

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hommes, sans tourner le dos, mais que le sang des femmes, des enfants et des vieillards ne souille pas
votre victoire. Ne détruisez pas les palmiers, ne brulez pas les habitations, les champs de blé,
n'abattez jamais les arbres fruitiers et ne tuez le bétail que lorsque vous serez contraints de le
manger » 14.

Comme il y a, dans toute guerre, des soldats « combattants », il y a aussi des


personnes civils « non-combattant ». La différence matérielle entre les deux c’est le port
d’arme, J-J Rousseau se justifie d’avoir droit de tuer les défenseurs de l’Etat « ennemi » tant
qu’ils ont les armes à la main, mais sitôt qu’ils les posent et se rendent, cessant d’être
ennemis ou instruments de l’ennemi, ils redeviennent simplement hommes et l’on n’a plus de
droit sur leur vie.15

La trêve :

L'institution de la Paix de Dieu s'accompagna de la Trêve de Dieu établie d'abord par


la chrétienté en 1027, selon laquelle il était interdit d'attaquer ses ennemis entre trois heures
de l'après-midi et six heures du matin le samedi. Le lundi « afin que chacun accomplisse
dimanche ce qu'il doit à Dieu ». La trêve de Dieu s'est ensuite étendue à l'Avent et au
Carême, ainsi qu'à Noël et à Pâques, soit deux fois par an pendant cinq semaines
consécutives.

Dans l’Islam, également, le sacré Coran a interdit tout acte de guerre pendant des
mois « Harram » précis dans l’année Hégire16. De même la « polémologie 17» de Mohammad
se compose de trois états : la paix, la guerre et la trêve18 : Le premier se présente sous la
forme d’une représentation idéale de société dont la réalisation dépend de l’établissement du
culte monothéiste authentique. Cependant la guerre peut être évitée au moyen d’une trêve
qui, en suspendant les hostilités et permet la poursuite de la prédication, citons comme
exemple la trêve « d'Al-Houdaybiya » 19.

Nous n’avons cité que les plus célèbres et importantes notions et doctrines humanitaires qui
ont marqué les temps anciens et même étaient portées par les penseurs depuis l’antiquité Grecque
jusqu’aux temps modernes.

Ces notions ont formé ce que l’on appelle la coutume humanitaire internationale qui demeure non
écrite jusqu’au 1864, date à laquelle une première fois la société internationale dispose d’un texte du
droit humanitaire.

14
Rachid, Ahmed, “L’Islam et le droit des gens (Volume 60)”, Op.cit. p.399
15
Jean-Jacques Rousseau « DU CONTRAT SOCIAL, OU PRINCIPES DU DROIT POLITIQUE, Op.cit. p 10
ٍ ‫ َيسْ َألُو َنكَ عَ ِن ال َّشه ِْر ْالحَ رَ ِام قِ َت‬ »
Le verset coranique 217 du Sourate Albaqara : « ‫ال فِي ِه قُ ْل قِ َتا ٌل فِي ِه َك ِبي ٌر‬
16

17
Science de la guerre.
18
Jason Dean, L’islam comme mouvement Guerre, paix et trêve dans la pensée islamique, Revue des Sciences
Religieuses, N° 86/4,2012, p. 413-453, https://doi.org/10.4000/rsr.1369 , consulté le 05/03/2023 à 15h20 .
19
Le traité d'al-Houdaybiya a eu lieu à l'époque du Prophète Mohamed saws au 7ème siècle soit à l'an 6 de
l'hégire en Arabie. C'est une étape importante pour les musulmans. Ce traité entre Mohamed saws, chef d'État
de Médine, et la tribu des Quraysh de La Mecque s'est fait en janvier 628 soit au mois de Dhou al-Qi'dah. Ce
pacte a permis d'atténuer les tensions entre les deux cités rivales. L'accord a posé le principe d'une paix pour
une période de 10 ans entre les 2 parties. Les musulmans ont pu revenir l'année suivante pour accomplir le
pèlerinage pacifiquement. Il s'agit de la omra, le petit pèlerinage.

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B. L’ébauche d’un droit humanitaire internationalLes sources
conventionnelles du D.H.I

Le Covenant de Sempach (1393)

En droit international, l'ère des conventions entre Etats et des déclarations sur les lois de la
guerre, est ouverte20 au XIVème et XV ème. L'un des premiers pactes que l’on puisse citer est le
Covenant de Sempach (1393) 21 par lequel les cantons de Schwytz, Uri, Unterwald, Glaris, Zoug,
Zurich, Berne, Lucerne et Soleure formulent certaines clauses sur la fidélité à la parole donnée, le
pillage, le respect des femmes et des blesses.

Ce texte est aussi appelé « Frauenbrief 22» parce qu'il déclare que les femmes doivent être tenues en
dehors de la guerre. Quant aux blessés, le texte ajoute : « On les laissera donc intacts dans leur
personne et dans leurs biens ».23

Convention de Genève le 22 aout 1864

Au cours du XIX ème siècle et après la Révolution française les conflits internationaux étaient
beaucoup meurtriers, ce caractère de la guerre ne fit que s'accentuer, sans que le service de santé des
armées se développât à la mesure de ces évènements. 24

La bataille de Solférino a eu lieu le 24 juin 1859 durant la campagne d'Italie. Elle s'est déroulée en
Lombardie, dans la province de Mantoue. Il s'agit d'une victoire des armées françaises de Napoléon
III et sarde sur l'armée autrichienne de l'empereur François-Joseph.

Cette bataille qui a mis en confrontation des soldats de l’Europe a été équipée des armes et logistiques
les plus modernes à cette époque et aussi elle a été la plus sanglante de son histoire.

Sur ce champ de bataille, le Genevois Henry Dunant conçut l'idée de la Croix-Rouge. Principal
animateur des groupes d'infirmiers volontaires et de paysannes qui relevèrent, pansèrent et assistèrent
de leur mieux cette foule de blesses, il fut profondément touché du geste humain des femmes
lombardes qui soignaient indistinctement compatriotes, alliés et ennemis, en disant simplement qu'ils
étaient tous frères : « tutti fratelli». Une notion fondamentale s'en fortifia dans son esprit, à savoir
que, sans armes, le soldat blessé redevient un homme et que les autres hommes lui doivent respect et
assistance, quel que soit son uniforme.

Cette notion, Dunant l'exprima de façon pathétique dans son livre célèbre « Un Souvenir de Solferino
», publie en 1862, ou il suggéra de « formuler quelque principe international, conventionnel et sacré,
lequel une fois agrée et ratifié, servirait de base à des Sociétés de secours pour les blessés dans les
divers pays d’Europe »25

20
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 575
21
Bernhard Stettler : " Convenant de Sempach", in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du
22.11.2011, traduit de l’allemand. Online : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/009804/2011-11-22/, consulté le
05.03.2023
22
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 575
23
Bernhard Stettler : " Convenant de Sempach”, op. cit
24
Du Camp, Maxime. Souvenirs d'un demi-siècle: Au temps de Louis-Philippe et de Napoléon III-1830-1870.
BnF collection ebooks, 2015.
25
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 552

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Dunant avait une conviction passionnée, forte d'une action vécue sur le champ de bataille, servie par
une ardeur infatigable et des démarches incessantes auprès de publicistes, d'hommes d'Etat, de
princes, de souverains.

L'éclat littéraire d’ « Un Souvenir de Solferino », cette description magistrale et terrible d'une


sanglante bataille a déterminé le choc psychologique indispensable à la réussite de l'idée de la Croix-
Rouge26.

Cet éclat assura le succès de la Conférence de la première Convention de Genève le 22 aout 1864
pour adopter un programme contenant la substance de textes si importants pour la révolution du droit
humanitaire.

La principale caractéristique de la Convention de Genève c’est qu’elle pose un principe général,


valable pour tous les hommes et pour tous les temps et non seulement comme un postulat moral mais
comme une loi vivante.

C'est à ce titre qu'elle entre dans le droit international positif, la ratification des Puissances ou leur
adhésion ayant pour effet de l'incorporer à la législation propre à chaque pays.

En même temps, la première Conférence d'octobre 1863, prit le nom de « Comité international » telle
est l'origine du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui continue de siéger à Genève.

La Conférence de Saint-Pétersbourg (1868)

La Russie a pris une position de leader dans le mouvement sous l'influence du bienveillant Tsar
Alexandre II. Déjà en 1868, ce souverain a convoqué une conférence internationale à Pétersbourg
pour interdire l'utilisation de balles explosives.

Cette conférence a abouti à des engagements concrets et à une déclaration selon laquelle "le progrès
de la civilisation doit avoir le moins d'accidents de guerre possible" 27. Ce texte oblige également les
signataires à se consulter lorsque des développements scientifiques peuvent contribuer à la cruauté des
armes.

Les Conférences de la Haye (1899 à 1907)


Encouragé par ce premier succès, le Tsar propose en 1874 qu'une conférence soit convoquée à
Bruxelles pour codifier les "lois de la guerre". Ce projet était basé sur l'idée que pendant la guerre et
donc la violence est permise, toute violence inutile est injuste et doit être évitée.
L'invitation conviait les autorités à rédiger un traité dont l'objet serait d'établir des règles que toutes
les nations civilisées accepteraient d'un commun accord et qui réduiraient autant que possible les
accidents résultant des conflits internationaux en définissant leurs droits et obligations.
Gouvernements et armées en temps de guerre.
Cependant, l'entreprise n'a pas réussi dès le départ. Des opinions contradictoires ont été exprimées
lors de la conférence.

26
La Croix-Rouge, revue mensuelle de la Croix-Rouge suisse, aout 1937, p. 225. Traduction d'un article du
professeur Cesar BADUEL paru dans la revue La Croix-Rouge italienne, en 1927.
27
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 567

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La conférence a échoué parce que les intentions des participants étaient modérées par le désir
d'inciter à des guerres d'attaque et de paralyser la résistance patriotique de la nation envahie 28.
En 1898, le Cabinet de Saint-Pétersbourg reprenait l'initiative des travaux dont il avait été l'initiateur
vingt-cinq ans plus tôt et suggérait une nouvelle réunion des Puissances pour « le maintien de la paix
générale et une réduction possible des armements excessifs » 29.
La Conférence eut lieu à La Haye l'année suivante. Elle aboutit, entre autres résolutions, a
l'établissement d'un Règlement des lois et usages de la guerre sur terre. Ce texte, toutefois, n'engageait
pas formellement les Puissances signataires de l'Acte final de la Conférence. 30
En 1904, le Président des Etats-Unis proposa la réunion, à La Haye, d'une seconde Conférence de la
Paix. La guerre Russo- japonaise lui" fit ajourner son projet. Mais, la guerre terminée, l'Empereur de
Russie, fidèle à sa ligne de conduite antérieure, pria le Gouvernement des Pays-Bas de convoquer
cette Conférence et ce fut la seconde Conférence de La Haye 31qui, en 1907, aboutit, cette fois, à une
série de conventions internationales de caractère exécutoire.
Les conventions de Genève en 1864 et les conférences de la Haye de 1898 à 1907 sont considérées
comme les bases et le fondement du Droit Humanitaire International.

II. LES BASES FONDAMENTALESL’ébauche du Droit


Humanitaire International

Si la Convention de Genève du 22 août 1864 pour l’amélioration du sort des militaires blessés dans
les armées de campagne peut être considérée comme l’acte de naissance officiel du droit international
humanitaire moderne, ses origines demeurent étroitement liées au mouvement de codification des lois
et coutumes de la guerre initié à la fin du XIXe siècle. 32
Le droit international humanitaire fut ainsi l’une des premières branches du droit international public
à être codifiée par voie de traités multilatéraux et demeure aujourd’hui encore l’une des plus
codifiées.
Le droit international humanitaire a connu deux grandes vagues de codification qui coïncident avec la
distinction désormais classique entre « droit de La Haye » et « droit de Genève » appelés « droit de la
violence » et « droit de l’assistance » 33.
Le premier, issu des Conventions de La Haye de 1899 et 1907, réglemente la conduite des hostilités,
tandis que le second est associé aux quatre Conventions de Genève adoptées en 1949 afin de protéger
les victimes des conflits armés tombées au pouvoir de la partie adverse. La distinction entre le droit de
La Haye et le droit de Genève a toutefois perdu de sa pertinence depuis l’adoption des deux
Protocoles additionnels de 1977 qui règlementent les deux faces du droit international humanitaire.
L'appellation semble donc adéquate. C'est d'ailleurs parce que ce droit est si étroitement lié à l'homme
qu'il prend ses véritables dimensions ; c'est de cette partie du droit et pas d'une autre que peuvent
28
Lettre de Lord Derby à l'ambassadeur d'Angleterre à St-Pétersbourg — 20 Janvier 1875. Cité. Par la Revue
des Deux Mondes, Edition du 15 mars 1875. p. 465.
29
Henri Coursier, Études sur la formation du droit humanitaire, Op. cit. p 552
30
Ibidem
31
Ibidem
32
S.E. Nahlik, « Droit dit ‘de Genève’ et droit dit ‘de La Haye’: Unicité ou dualité? », AFDI, vol. XXIV, 1978, pp. 1-
27
33
E. David, Principes de droit des conflits armés, Bruxelles, Bruylant, 5e éd., 2012, p 5

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dépendre la vie et la liberté d'innombrables êtres humains, si, par malheur, la guerre vient étendre son
ombre sinistre sur le monde.

A. Les instruments conventionnels du D.H.I

L’ensemble du droit international humanitaire est concrétisé par les quatre Conventions de Genève de
1949, que viennent de compléter les deux Protocoles additionnels de 1977, formant ainsi un
monument juridique impressionnant, de quelque 600 articles, qui codifie les normes protégeant la
personne en cas de conflit armé. Offrant un caractère spécifiquement humanitaire, élément primordial
de civilisation et de paix, le droit de Genève incarne l'idéal même de la Croix-Rouge. C'est d'ailleurs
le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui l'a inspiré et suscité dès l'origine.
En retour, l'institution de Genève, organe neutre de la Croix-Rouge en temps de conflit, y trouve les
bases juridiques nécessaires à son action de protection et d'assistance.
Les textes de Genève ont été élaborés au seul profit des victimes : ils ne donnent pas aux Etats de
droits contre les individus, à la différence des textes de La Haye.
A Genève, s'est ouverte une ère qui donne la primauté à l'homme et aux principes d'humanité.
Dans les quatre Conventions de Genève de 1949, les règles existantes pour la protection du personnel
militaire blessé et malade sur terre et sur mer, ainsi que pour les prisonniers de guerre, ont été
améliorées et regroupées dans une seule Convention.
La protection des civils lors d’un conflit armé est pour la première fois prévue dans une quatrième
Convention de Genève. En particulier, la troisième et la quatrième Conventions contiennent des
garanties des droits humains détaillées au profit des prisonniers de guerre et de la population civile.
Avec l’exception de l’article 3 commun aux quatre Conventions qui contient des droits de l’homme
fondamentaux, les Conventions de Genève s’appliquent seulement lors d’un conflit armé
international.
La première Convention de Genève :34

Elle protège les soldats blessés ou malades sur terre en temps de guerre.
La Convention de Genève pour l'amélioration du sort des blessés et des malades a été mise à jour
quatre fois. La protection des blessés et des malades, ainsi que du personnel sanitaire et religieux, des
formations sanitaires et des moyens de transport, est assurée par cette Convention. Elle reconnaît les
emblèmes. L'utilisation correcte du droit international humanitaire est importante. Un modèle de carte
d'identité pour les membres du personnel sanitaire et religieux et un projet d'accord relatif aux zones
de santé y sont inclus.

La deuxième Convention de Genève35 :

Elle protège les militaires blessés, malades ou naufragés en mer en temps de guerre.
Cette convention vient pour succéder à la Convention de La Haye de 1907 sur l’adoption des
principes des Conventions de Genève à la guerre navale. Elle suit strictement les dispositions de la
première Convention de Genève dans sa structure et son contenu. Disposant de 63 articles traitant
34
Le site web du Comité International de la Croix Rouge , https://www.icrc.org consulté le 05/03/2023 à 15h30
35
Ibidem

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spécifiquement de la guerre en mer, comme la protection des navires-hôpitaux. Elle contient une
annexe, à savoir un modèle de carte d'identité pour le personnel médical et religieux servant en mer
dans les forces armées.

La troisième Convention de Genève36

Elle s'applique aux prisonniers de guerre.


Cette convention a succédé à la Convention sur les prisonniers de guerre de 1929. Elle compte 143
articles, contre seulement 97 dans la Convention de 1929. Les catégories de personnes éligibles au
statut de prisonnier de guerre ont été élargies en vertu des Conventions I et II.
Les conditions et le régime d'incarcération sont définis en détail, notamment en ce qui concerne le
travail des prisonniers de guerre, leurs finances, les secours qui leur sont adressés et les poursuites
judiciaires à leur encontre.
La convention établit le principe selon lequel les prisonniers de guerre doivent être libérés et rapatriés
sans délai après la fin des hostilités actives. La convention comporte cinq annexes, qui contiennent
divers modèles de réglementation ainsi que des cartes d'identité et d'autres formulaires.

La quatrième Convention de Genève 37

Elle assure la protection des civils, notamment en territoire occupé.


Les Conventions de Genève adoptées avant 1949 ne s'appliquaient qu'aux combattants, pas aux civils.
Les événements de la Seconde Guerre mondiale ont montré à quel point l'absence d'une convention
internationale sur la protection des civils en temps de guerre est déplorable.
Adoptée en 1949, le congrès tient compte des expériences de la seconde guerre mondiale. Son texte se
compose de 159 articles et contient une courte section traitant de la protection générale de la
population contre certaines conséquences de la guerre, mais il ne concerne pas les hostilités en tant
que telles ce point est traité séparément dans les Protocoles additionnels de 1977.
La Convention traite essentiellement du statut et du traitement des personnes protégées, et fait la
distinction entre la situation des ressortissants étrangers sur le territoire d'une des parties au conflit et
celle des civils en territoire occupé.
Elle définit les obligations de la Puissance occupante vis-à-vis de la population civile et contient des
dispositions détaillées sur les secours humanitaires en faveur des populations en territoire occupé. Elle
décrit également un régime spécifique pour le traitement des internés civils.
La Convention compte trois annexes comprenant un accord-type relatif aux zones sanitaires et de
sécurité, un règlement-type concernant les secours humanitaires et des modèles de cartes.

Les protocoles additionnels :


Pour s’adapter aux conflits contemporains, et notamment comme suite aux luttes de décolonisation,
elles ont été complétées par des protocoles additionnels. En 1977, les protocoles I et II renforcent la
protection octroyée aux victimes des conflits armés internationaux et non internationaux.

36
Ibidem
37
Le site web du Comité International de la Croix Rouge, https://www.icrc.org consulté le 05/03/2023 à 15h30

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En 2005, le protocole III ajoute à la croix et au croissant rouges un nouvel emblème, le cristal rouge,
supposé plus universel pour les sociétés nationales. La Cour pénale internationale (CPI) précise quant
à elle dans ses statuts qu’elle juge des crimes de guerre tels que définis dans les conventions de
Genève de 1949.

Les autres conventions38 :


Outre les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels, d'autres ententes interdisent
l'utilisation de certains types d'armes ou de tactiques militaires et protègent certaines catégories de
personnes et de biens ; notamment :

 La Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés et ses
deux protocoles ;
 La Convention de 1972 sur les armes biologiques ;
 La Convention de 1980 sur les armes classiques et ses quatre protocoles ;
 La Convention de 1993 sur les armes chimiques ;
 La Convention d'Ottawa de 1997 sur l'interdiction des mines antipersonnel ;
 Le Protocole facultatif de 2000 se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant,
concernant l’implication d'enfants dans les conflits armés.

B. Les principes fondamentaux du D.H.I

Il faut en réalité distinguer deux catégories de principes. Il y a d’abord les principes du droit
international humanitaire proprement dit que nous traiterons dans un premier paragraphe et qu’il faut
distinguer des principes du mouvement international de la Croix-Rouge et Croissant-Rouge, objet du
2nd paragraphe.

Les principes du droit international humanitaire

Les Conventions internationales sont faites d’une multitude de règles qui énoncent, en termes précis,
les obligations des États. Mais, au-dessus de ces dispositions particulières, il existe un certain nombre
de principes, qui inspirent l’ensemble de la matière. Parfois on les trouve expressément formulés dans
les Conventions, parfois on en chercherait en vain le libellé, car ils sont implicites et expriment la
substance de la matière. Parfois même ils découlent de la coutume.
Comme exemple édifiant, nous prenons le cas de la clause, dite de Martens, qui figure dans le
préambule au Règlement de La Haye. Elle se réfère aux « principes du droit des gens ». Plusieurs
articles des Conventions de Genève de 1949 se reportent également à de tels principes, qui, dans le
droit humanitaire comme dans tout autre domaine juridique, ont une importance capitale. Ils sont
comme l’ossature du corps vivant, ils servent de lignes directrices dans les cas non prévus, ils
constituent un sommaire facile à assimiler, indispensable à la diffusion
Les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées » 39 peuvent tout d’abord s’entendre
comme étant ces principes de droit interne communs à tous les ordres juridiques. Au regard du grand
nombre d’États et de la diversité de leurs systèmes juridiques, très peu de ces principes peuvent être
formulés de manière suffisamment précise pour être opérationnels. Toutefois, ces principes – telles
que la bonne foi et la proportionnalité – qui font également partie du droit coutumier et qui ont été
38
Ibidem
39
Marco Sassòli, Antoine A. Bouvier, Anne Quintin, UN DROIT DAN SLA GUERRE ?,VOL 1,Revue International de la
CICR,2012,P 84

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codifiés, s’appliquent aussi dans les conflits armés et s’avèrent utiles pour compléter et mettre en
œuvre le droit international humanitaire (DIH).
D’autres principes peuvent être considérés comme intrinsèques à l’idée même du droit et basés sur la
logique plutôt que sur une règle juridique. Ainsi, s’il est interdit d’attaquer les civils, ce n’est pas le
droit, mais bien la logique qui prescrit qu’une attaque dirigée contre un objectif militaire doit être
interrompue s’il apparaît que cette cible est en fait (exclusivement) civile 40.
Les principes les plus importants pour le DIH sont néanmoins ses propres principes généraux, tels que
le principe de distinction (entre les civils et les combattants, entre les biens de caractère civil et les
objectifs militaires), le principe de nécessité 41 , et l’interdiction de causer des maux superflus. Ces
principes généraux du DIH ne sont cependant pas issus d’une source distincte de droit international,
mais des traités, de la coutume et des principes généraux de droit. D’une part, ils peuvent, et doivent,
dériver des règles existantes – c’est le cas le plus fréquent – et en exprimer la substance et le sens.
D’autre part, ils inspirent les règles existantes, les soutiennent, les rendent compréhensibles et doivent
être pris en compte lorsqu’elles sont interprétées.
Les « considérations élémentaires d’humanité »42 et la « clause de Martens » marquent la
reconnaissance expresse de l’existence des principes généraux de DIH et en sont des exemples
particulièrement importants. Elles énoncent, dans les cas non prévus par les traités (et le droit
international coutumier traditionnel), que « les personnes civiles et les combattants restent sous la
sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils résultent des usages établis des
principes de l’humanité et des exigences de la conscience publique » 43.
En résumé Le DIH est fondé sur les principes suivants : 44

 Principe d’humanité :
Ce principe couvre les notions de respect de l’adversaire et de protection du faible contre l’oppression
par le fort. Il a été résumé comme suit par Fyodor Martens en 1899 : « les personnes civiles et les
combattants restent sous la sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils
résultent des usages établis, des principes de l’humanité et des exigences de la conscience publique.»
Cette « Clause de Martens » qui avait déjà valeur de norme coutumière, a été reprise à l’article 1(§2)
du Protocole additionnel I de 1977 : « … les personnes civiles et les combattants restent sous la
sauvegarde et sous l’empire des principes du droit des gens, tels qu’ils résultent des usages établis, des
principes de l’humanité et des exigences de la conscience publique. »

 Principes de distinction, de nécessité militaire et d’interdiction des maux superflus :


En application de ces principes, tels que formulés dans la Déclaration de Saint-Pétersbourg de 1868,
le seul but légitime des Etats en guerre est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi et ce but
serait dépassé par l’emploi d’armes qui aggraveraient inutilement les souffrances des hommes hors
combat ou rendraient leur mort inévitable. Les Protocoles additionnels de 1977 ont réaffirmé et
précisé ces principes, notamment celui de la distinction : « … les parties au conflit doivent en tout
temps faire la distinction entre la population civile et les combattants ainsi qu’entre les biens de

40
Cela a été codifié au Protocole Additionnel I, art. 57(2)(b).
41
En tant que limite à l’action militaire, codifié, par exemple, au PA I, art. 57(3)
42
’abord reconnues à Nuremberg dans le Jugement des grands criminels de guerre nazis (voir Procès des grands criminels
de guerre devant le Tribunal militaire international : Nuremberg 14 novembre 1945 – 1er octobre 1946, Tome XXII. Débats,
27 août 1946 – 1er octobre 1946, édité à Nuremberg, 1949, p. 500) ; la Cour internationale de Justice a invoqué ces «
considérations » pour la première fois dans l’Affaire du Détroit de Corfou, 9 avril 1949, Recueil des arrêts, avis consultatifs
et ordonnances, 1949, p. 22
43
Marco Sassòli, Antoine A. Bouvier, Anne Quintin, UN DROIT DAN SLA GUERRE ?,OP.cit p86
44
CICR, Droit international humanitaire. Réponses à vos questions, Genève, février 2004.

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caractère civil et les objectifs militaires et, par conséquent, ne diriger leurs opérations que contre des
objectifs militaires. »45

 Principes de proportionnalité et de précaution :


Ces principes sous-jacents aux principes précédents visent à trouver un équilibre entre deux intérêts
divergents, l’un dicté par les considérations de nécessité militaire et l’autre par les exigences
d’humanité. Ainsi, le DIH admet que lors d’opérations militaires, des pertes civiles sont parfois
inévitables.
Toutefois, il oblige les combattants à s’abstenir de lancer une attaque dont on peut attendre qu’elle
cause incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes
civiles ou des dommages aux biens civils qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire
concret et direct attendu. (Principe de proportionnalité).
De plus, toutes les précautions doivent être prises en vue d’éviter et, en tout cas, de réduire au
maximum les pertes en vies humaines dans la population civile, les blessures aux personnes civiles et
les dommages aux biens de caractère civil qui pourraient être causés incidemment. Ainsi, si une
attaque est susceptible d’affecter la population civile, l’attaquant doit donner un avertissement en
temps utile et par des moyens efficaces. Les parties au conflit doivent également prendre toutes les
mesures possibles pour éloigner les personnes et les biens civils du voisinage des objectifs militaires.
(Principe de précaution).

Les principes du mouvement international de la Croix-Rouge :

Il faut distinguer deux familles de principes : les principes d’action et les principes identitaires.
Les principes d’action sont constitués du bénévolat, de l’unité, de l’universalité. La Croix-Rouge est
une institution de secours volontaire et désintéressée. Les personnels de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge sont des volontaires qui doivent consacrer leur temps à des activités humanitaires et
ne doivent exiger rien en retour en termes de rémunération.
Le principe d’unité contient une double signification : La première, Il ne saurait exister qu’une dans
un État, plus d’une société de la Croix-Rouge. La seconde, est que cette société doit être disponible
pour tous ceux qui ont besoin d’aide sur l’ensemble du territoire considéré.
L’universalité suppose que toutes les sociétés nationales sont au même pied d’égalité de droit et de
devoir qu’elles ont l’obligation de s’entraider.
Les principes identitaires comportent :
L’indépendance qui signifie que les organismes de secours aux blessés ou victimes des conflits
armés ne doivent pas dépendre de considérations philosophiques, religieuses ou politiques. Cette mise
à distance est très nécessaire et sa non observation pollue la sincérité du principe d’humanité et
fragilise la crédibilité de l’action humanitaire.
Les principes neutralité et d’impartialité apparaissent comme les prolongements du principe
d’indépendance. Ces deux principes sont souvent confondus, pourtant elles sont différentes. En
d’autres termes, le principe d’impartialité interdit de prendre parti pour l’un des belligérants alors que
le principe de neutralité s’attache à combattre les interventions discriminées.

45
PA I art.48, voir aussi PA II art.13

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Conclusion:

Les dispositions qui constituent le Droit Humanitaire International sont, précisément, une
transposition dans le droit international de préoccupations d'ordre moral et, plus spécialement, d'ordre
humanitaire. C’est grâce à cette composante morale qui met l’humain au centre du débat que le Droit
Humanitaire a pu se confirmer pour humaniser la guerre.

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Table des matières
INTRODUCTION...............................................................................................................................1
I. LA FORMATION DE LA CONSCIENCE HUMANITAIRE......................................................................3
A. Les notions humanitaires coutumières......................................................................................3
B. Les sources conventionnelle du D.H.I........................................................................................6
Le Covenant de Sempach (1393)...................................................................................................6
Convention de Genève le 22 aout 1864.........................................................................................6
La Conférence de Saint-Pétersbourg (1868)..................................................................................7
Les Conferences de la Haye (1899 à 1907)....................................................................................7
II. L’ébauche du Droit Humanitaire International..............................................................................9
A. Les instruments conventionnels du D.H.I..................................................................................9
La première Convention de Genève :...........................................................................................10
La deuxième Convention de Genève :.........................................................................................10
La troisième Convention de Genève............................................................................................10
La quatrième Convention de Genève ..........................................................................................10
Les protocoles additionnels :.......................................................................................................11
Les autres conventions :...............................................................................................................11
B. Les principes fondamentaux du D.H.I......................................................................................11
Les principes du droit international humanitaire..........................................................................12
Les principes du mouvement international de la Croix-Rouge :..................................................13
Conclusion :.........................................................................................................................................14
Bibliographie.......................................................................................................................................16

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Bibliographie
Brunstetter, Daniel R, et Jean-Vincent Holeindre. La guerre juste au prisme de la théorie politique.
Vol. 45, no. 1. Raisons politiques, 2012.

Coste, Frédéric. Bouthoul et la polémologie : l’étude des causes profondes de la guerre. Vol. 12. Paris,
2002.

Coursier, Henri. Études sur la formation du droit humanitaire. Vol. Volume 34 , Issue 403. Paris:
International Review of the Red Cross, 1952.

David, E. Principes de droit des conflits armés. Bruxelles: Bruylant,, 2012.

Dean, Jason. «L’islam comme mouvement Guerre, paix et trêve dans la pensée islamique.» Revue
des Sciences Religieuses 12 2012: 413-453.

Henri, Coursier. Définition du droit humanitaire. Vol. volume 1. Paris: Annuaire français de droit
international, 1955.

PICTET, Jean. Développement et principes du Droit International Humanitaire. Paris: A.PEDONE,


1983.

Rousseau, Jean-Jacques. DU CONTRAT SOCIAL, OU PRINCIPES DU DROIT POLITIQUE. Vol. vol. 1, in-4°.
Genève: Collection complète des oeuvres, 1780-1789. édition en ligne
www.rousseauonline.ch_version du 7 octobre 2012. 04 03 2023.
<http://www.rousseauonline.ch/Text/du-contrat-social-ou-principes-du-droit-
politique.php>.

Stettler, Bernhard. «https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/009804/2011-11-22/, consulté le 05.03.2023.»


22 11 2011. hls-dhs-dss. En ligne. 05 03 2023.

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