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UNIVERSITE SAINT AUGUSTIN-KINSHASA

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Notes du Cours de
DROITS DE L’HOMME
(Graduat : 2ème et 3ème)
par
Willy BONGO-PASI MOKE SANGOL
PhD (Philosophie)
Professeur Ordinaire

Année académique 2019-2020


1

INTRODUCTION

Objectifs : Ce cours a pour objectif principal la formation scientifique et


philosophique d’un haut niveau en matière des droits de l ’homme et du
droit international humanitaire. Il voudrait aussi sensibiliser l ’étudiant
sur la place cardinale assignée aux Droits de l ’Homme dans l ’édification
d’une société démocratique et d’un Etat de droit.

Contenu : Ce cours comportera trois chapitres. Il s’agit de :

CHAPITRE I :
DROIT, DROIT NATUREL ET DROITS DE L'HOMME

1. Notions et origines de droits de l'Homme


2. Protection juridique des droits de l'Homme

CHAPITRE 2 :
UNIVERSALITE DES DROITS DE L’HOMME

1. Respect des droits de l’homme dans les différentes sociétés et


cultures
2. Universalité contestée : l’approche culturelle et économique
3. Universalité acceptée, revendiquée et effective

CHAPITRE 3 :
DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME
1. Définitions
2. Préambule
3. Analyse des articles
2

CHAPITRE Ier :
DROIT, DROIT NATUREL ET DROITS DE L'HOMME

I. QU’EST-CE QUE LE DROIT ?

1. NOTIONS ET ORIGINES DU DROIT

1.1. Définition
Le droit est un ensemble des normes hiérarchisées, générales et impersonnelles,
procédant de la loi, de la coutume, de la jurisprudence et, dans une certaine mesure, de la
doctrine des auteurs, qui a pour vocation de régir la vie sociale, et dont l'autorité est
garantie par la puissance publique détentrice du pouvoir légitime.

Dépendant étroitement des mœurs et des structures de la société dont il est le produit, le
droit positif (compris comme l'ensemble des règles existantes à un moment précis dans
une communauté donnée) se veut, dans tous les cas, tributaire du droit naturel, de la
morale et de la justice, qui fondent sa capacité d'être accepté par tous.

1.2. Étapes de la formation du droit

1° Le Droit naturel

En philosophie, en théologie et en droit, le Droit naturel est un ensemble de principes


immuables et universels, issus de la «nature humaine», que le droit positif et la morale
sont tenus de respecter. Le droit naturel peut être conçu comme un idéal auquel aspire la
société civile ou comme la source dont provient toute régulation juridique et morale. On
oppose le droit naturel au droit positif, aux promulgations de la société civile.

 Théories classiques

Les philosophes grecs de l'Antiquité furent les premiers à élaborer une doctrine du droit
naturel. Au VIe siècle av. J.-C., Héraclite parlait d'une sagesse commune qui pénétrait
l'univers entier, «car toutes les lois humaines sont nourries par une loi unique, la loi
3
divine». Aristote distinguait deux catégories de justice : «est naturelle une règle de
justice qui a la même validité en tout lieu et qui ne dépend ni de notre assentiment ni de
notre désapprobation. Légale (conventionnelle) est avant tout une règle qui peut être
interprétée indifféremment d'une manière ou d'une autre».

Les stoïciens et en particulier le philosophe Chrysippe de Soli élaborèrent une théorie


systématique du droit naturel. Pour le stoïcisme, le cosmos dans sa totalité est ordonné
rationnellement par un principe actif, le logos, indifféremment appelé Dieu, esprit ou
destin. Chaque nature individuelle fait partie intégrante du cosmos. Vivre vertueusement
signifie vivre en accord avec sa propre nature, vivre selon la raison. La passion et
l'émotion étant considérées comme des mouvements irrationnels de l'âme, l'individu
sage cherche à se détacher des passions et à mener sa vie selon la raison.

Cette doctrine fut diffusée chez les Romains par l'orateur du Ier siècle av. J.-C. Cicéron,
qui donna une définition célèbre du droit naturel dans De Republica : «La loi vraie est la
raison juste en accord avec la Nature; elle est d'application universelle, invariable et
éternelle; elle invite au devoir par ses commandements et détourne du mauvais chemin
par ses interdictions, etc. Les lois ne seront pas différentes à Rome ou à Athènes, et elles
ne différeront pas d'un jour à l'autre : une seule loi éternelle et invariable sera valide
pour toutes les nations et en tout temps». Dans le Corpus juris civilis, compilation de
droit civil romain établi au VIe siècle sous l'empereur Justinien Ier, il est fait état d'un
jus naturale, mais on ne trouve ni affirmation de la supériorité du droit naturel sur le
droit positif ni justification des droits de l'individu (l'esclavage, par exemple, était légal).

 Conceptions chrétiennes

Les chrétiens trouvaient la doctrine du droit naturel des stoïciens tout à fait compatible
avec leurs croyances. Saint Paul parlait des païens privés de la loi mosaïque, qui
«accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi» (Épître aux Romains, II, 14).

Le théologien espagnol du VIe siècle saint Isidore de Séville affirmait que le droit
naturel est observé partout par instinct naturel; à titre d'exemple, il citait les lois
4
ordonnant le mariage et la procréation. Les textes de saint Isidore cités au début du
Decretum (v. 1140) par l'érudit italien Gratien, manuel du droit canon au Moyen Âge,
suscitèrent d'intenses discussions chez les scolastiques. L'enseignement de saint Thomas
d'Aquin sur le droit naturel est de loin le mieux connu. Dans sa Somme théologique
(1265-1273), il nomme «loi éternelle» le caractère rationnel de la création par Dieu.

La «loi éternelle» confère à tous les êtres humains l'inclination à entreprendre des actes
et à suivre des buts qui leur sont appropriés. Commandant leurs propres actions et celles
des autres, les créatures rationnelles participent de la raison divine elle-même. «Cette
participation des créatures rationnelles à la loi éternelle est appelée droit naturel» dont
les préceptes correspondent aux inclinations fondamentales de la nature humaine. Aussi
est-il possible, de l'avis de Thomas d'Aquin, de distinguer le bien et le mal au moyen de
la lumière naturelle de la raison.

 Théories modernes

Le juriste hollandais du XVIIe siècle Hugo Grotius est considéré comme le fondateur de
la théorie moderne du droit naturel. Il définit de manière traditionnelle le droit naturel
comme ensemble de règles que l'usage de la raison permet de découvrir; mais en
émettant l'hypothèse que la validité de cette loi demeurerait inchangée même en
l'absence de Dieu ou en l'absence d'intérêt de celui-ci pour les affaires humaines, il
rompit avec les présupposés théologiques, ouvrant ainsi la voie aux théories purement
rationalistes des XVIIe et XVIIIe siècles. Il se démarqua de la sorte de la scolastique,
sinon de sa teneur, du moins de sa méthodologie. La seconde innovation de Grotius fut
de concevoir ce droit comme indépendant de l'expérience : «À l'image des
mathématiciens qui examinent leurs figures comme étant abstraites des corps, j'ai
examiné le droit en soustrayant de mon esprit tout fait particulier» (De jure belli ac
pacis, «Le droit de la guerre et de la paix», 1625).

Le juriste allemand Samuel von Pufendorf, le premier à avoir détenu une chaire de droit
naturel dans une université allemande, développa le concept de droit naturel. Les
philosophes anglais du XVIIe siècle Thomas Hobbes et John Locke avancèrent l'idée
5
d'un état de nature originel d'où surgit un contrat social, et allièrent cette théorie à celle
du droit naturel. La doctrine de Locke, selon laquelle les hommes sont dotés par nature
de certains droits inaliénables qu'aucun gouvernement ne saurait violer, fut incorporée,
en Amérique, à la Déclaration d'indépendance.

Au XIXe siècle, l'esprit critique domina les discussions sur le droit naturel. Affirmant que le
droit naturel ne peut être démontré, les tenants de l'utilitarisme, formulé par le philosophe
anglais Jeremy Bentham, le remplaçaient par le principe du «plus grand bonheur du plus
grand nombre» et les adeptes du positivisme soutenaient que le droit ne repose que sur «la
volonté du législateur» selon la formule du philosophe anglais John Austin.

À la suite des atrocités perpétrées par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre
mondiale, le besoin d'établir des normes universelles pour le droit positif se fit ressentir
à nouveau, comme le souligna Leo Strauss, théoricien contemporain du droit naturel. La
charte des Nations unies (ONU) proclame la « foi » de cette organisation dans les droits
de l'Homme et, le 10 décembre 1948, l'assemblée générale de l'ONU adopta la
Déclaration universelle des droits de l'Homme, qui constitue cependant plus une
déclaration morale qu'un traité légalement applicable.

2° Droit positif

Le droit positif est le droit écrit (jus scriptum) et fait l ’objet de la science du droit. Le
droit est l’ensemble de règles générales et obligatoires posées et sanctionnées par
l’autorité étatique (ou sous son contrôle) en vue d ’organiser la vie sociale. On parle de
droit objectif lorsqu’on l’observe en tant qu’objet. (Droit romain, droit canon )/

Le doit positif tel que le connaissent les sociétés contemporaines, se distingue de


l'ensemble des prescriptions et des interdits d'origine religieuse, qui régissent la vie des
sociétés traditionnelles. Cette observation n'exclut pas, cependant, que certains modèles
juridiques soient étroitement influencés par les préceptes de la religion, comme c'est le
cas, par exemple, dans certains pays appartenant au monde islamique.
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Pour que l'on puisse parler de droit, il faut qu'il existe une société organisée, qui ne soit
pas une simple communauté d'individus, mais une entité ayant une existence autonome
par rapport à celle de chacun de ses membres, et ayant pour fonction la promotion
d'objectifs partagés par tous : la sécurité de la communauté, à l'intérieur comme à
l'extérieur, l'harmonie des relations, tant dans les relations privées que dans celles
qu'entretiennent les individus avec l'institution incarnant la collectivité dans son
ensemble, qui, dès lors qu'elle est revêtue de la souveraineté, prend la forme de l'État,
détenteur, selon la célèbre formule de Max Weber, du «monopole de la contrainte
légitime». Ce modèle vaut quelle que soit la forme de l'État et s'applique aussi bien aux
cités du monde antique qu'aux royaumes du Moyen Âge ou aux démocraties du monde
contemporain.

3° Droit comparé (droit romain, droit germanique, le droit canon et Common law)

Le droit comparé permet de dégager les différentes influences qui ont concouru à la
formation du droit occidental, au sein duquel il est traditionnel d'opposer les pays de
droit romano-germanique aux pays de Common law.

Le droit du Common law. Essentiellement coutumier et jurisprudentiel, ce droit


s'applique dans le monde anglo-saxon. Il s'inscrit dans une conception particulière des
relations de l'individu avec l'État, dans laquelle le droit apparaît comme un ensemble de
normes pratiques, étroitement adaptées à un cas particulier, ce que montre bien l'absence
de distinction opérée entre le droit public et le droit privé.

Le droit romain et le droit germanique. Les pays de tradition romano-germaniques,


telles la France, l'Espagne ou l'Italie, ont fait de nombreux emprunts au droit romain,
appliqué dans l'ensemble des provinces de l'Empire, de la période gallo-romaine, qui
correspond à la conquête de la Gaule par César en 44 av. J.-C. à la chute de l'Empire
romain d'Occident en 476. L'invasion de la Gaule par les Barbares fit en effet disparaître
les structures de l'administration gallo-romaine, et avec elle l'ordonnancement du
système juridique en vigueur.
7
Le droit canon. L'influence du droit romain se combina avec celle du droit canon,
reflétant l'importance du pouvoir de l'Église catholique dans tous les secteurs de la
société, et notamment dans le droit de la famille, puisque c'étaient les règles du droit
canon qui s'appliquaient pour le mariage.

1.3. Codification et unification du droit

Un effort de codification fut entrepris dès le XVIIe siècle, notamment avec Richelieu
par la formulation d'un ensemble de règles (notamment relatives au domaine royal) qui
furent à l'origine du droit public actuel et de plusieurs codes, notamment en matière
civile et criminelle.

D’où l’unification du droit. Elle vient du fait que le droit, alors très morcelé, variait
considérablement en fonction des seigneuries, ce qui constituait un facteur d'instabilité.
Ce phénomène d’unification favorisa l'émergence de la royauté. La Révolution française
viendra ensuite modifier considérablement les caractères du droit français et, avec lui,
celui d'un certain nombre de pays d'Europe sur lesquels elle exerça une influence directe
et indirecte. Rupture politique, la Révolution fut une rupture juridique, annonciatrice des
caractéristiques du droit moderne.

Inscrivant dans le domaine politique le postulat philosophique de l'égalité des hommes,


elle rendit possible l'entreprise de codification et l’unification du droit dont la
caractéristique principale est d'avoir donné le jour, au travers du Code civil et du Code
pénal, à un droit unifié, refusant d'opérer des distinctions territoriales et de pratiquer des
discriminations juridiques en fonction de l'état social. Conférant les mêmes droits à tous,
la codification napoléonienne doubla les droits objectifs (ceux qui sont inscrits de
manière abstraite dans l'ordonnancement juridique) d'un ensemble de droits subjectifs
(ceux qui sont intériorisables par le citoyen, sujet de droit).

1.4. Caractères du droit contemporain


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Le droit des sociétés contemporaines est donc le fruit d'une longue évolution, qui s'est
traduite, aux XIXe et XXe siècles, par la reconnaissance de la notion de société
internationale, entendue comme communauté de l'ensemble des États soumis à un
certain nombre de règles qui doivent permettre leur coexistence ; ce mouvement a donné
lieu à un intense mouvement de codification, concernant aussi bien le droit international
public que le droit international privé.

Les caractères principaux du droit contemporain sont les suivant : effort de codification
et d’unification, spécialisation et démembrement du droit et multiplication de droits
particuliers.

L'unification du droit a favorisé son expansion qui, dans l'ensemble des sociétés
développées, s'est traduite par une hausse très significative du recours au règlement
judiciaire des différends, par une prolifération des règles juridiques et par une
spécialisation du droit.

Alors qu'au début du XIXe siècle les pays de tradition romano-germanique ne


connaissaient que le droit privé (c'est-à-dire le droit civil et le droit pénal) et le droit
public, encore embryonnaire, on dénombre aujourd'hui une multitude de droits
particuliers, comme le droit administratif, démembrement du droit public, ou le droit
du travail, le droit commercial, le droit de la famille, qui constituent des démembrements
du droit privé, s'appliquant à des publics particuliers ou à des secteurs se signalant par
leur technicité (à l'instar du droit aérien, du droit de l'audiovisuel, de la concurrence, de
la consommation, de la construction, ou encore du droit régissant la propriété
intellectuelle ou du droit de l'immigration).

Si cette multiplication de droits particuliers ne remet pas en question le caractère


général et abstrait du droit, elle encourt le reproche de rendre beaucoup moins «lisible»
le régime juridique en vigueur.

1.5. Principes généraux du droit


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Il faut distinguer en droit, les sources et les principes. Les (5) sources du droit sont la loi,
la coutume, la doctrine, l’intuition axiologique et la jurisprudence. On distingue les
sources écrites et les sources non écrites du droit. Les sources écrites du droit
(Constitution, loi, etc.) ne pouvant prévoir toutes les situations auxquelles peut être
confrontée une juridiction, le juge est amené, sous peine de déni de justice, à faire appel
aux sources non écrites. Il tient compte des principes du droit.

 Les principes généraux du droit résultent d’une construction jurisprudentielle, qui


pallie l’absence d’un texte écrit, cette lacune étant comblée au nom d’une équité
destinée à sauvegarder les droits individuels et fondamentaux du citoyen. En ce
sens, les principes généraux du droit sont assimilables à la natural justice que
connaît le droit anglais. Bien qu’il soit malaisé d ’en donner une liste exhaustive, il
est certains domaines du droit dans lesquels ces principes sont à l ’origine de règles
de droit particulièrement importantes. Il en est ainsi, par exemple, du principe des
droits de la défense complété par le respect du principe du contradictoire.
 À l’origine, les principes généraux du droit procèdent d ’une découverte du juge.
Par exemple, le principe général des droits de la défense, consacré par une
abondante jurisprudence, n’est pas posé comme une pure exigence par le juge, ni
comme une règle de «droit naturel». Il procède d’une constatation : de nombreux
textes législatifs ou réglementaires consacrent les droits de la défense dans
diverses hypothèses. Il en est de même pour le principe de continuité du service
public posé par la jurisprudence administrative : le service public est ainsi destiné
à assurer une fonction d’intérêt public et général qui, par définition, ne saurait être
intermittente. L’existence de ce principe explique alors les restrictions au droit de
grève qui est reconnu aux agents de l’État.
 Les principes généraux du droit constituent des normes extérieures au juge, bien
qu’il en soit à l’origine, puisque celui-ci les formule à la suite d ’un travail actif de
« découverte » qui obéit, autant que faire se peut, à une conception objective, qui
laisse de côté les appréciations personnelles, quant à leur valeur pratique d ’équité.
 Quant à la place des principes généraux du droit dans la hiérarchie des normes, on
considère qu’ils ont un rang supérieur à celui des actes administratifs. Certains
de ces principes se sont vus accorder une valeur supérieure à la loi elle-même.
10
 Les principes généraux du droit jouent également un rôle important en droit
privé, particulièrement en droit civil. Ainsi, par exemple, le principe de
l’indisponibilité du corps humain, a servi de fondement juridique à la prohibition
des conventions de mères porteuses.
 Les principes généraux de droit constituent une importante source du droit
international mentionnée dans le statut de la Cour internationale de justice
établie à La Haye. Bien davantage que les traités ou la coutume, ils sont
dépendants de l’activité juridictionnelle. Leur objet consiste, en effet, à fournir au
juge les moyens d’apporter une solution juridique à tous les litiges qui lui sont
soumis, en cas de silence du droit coutumier ou conventionnel.
 Les principes du droit étant non écrits, sont par contre de portée générale et
quasi universelle. Ex. les principes communs aux ordres juridiques des États
civilisés transposés dans les relations internationales. Les principes de l ’autorité de
la chose jugée, le respect des droits acquis, la réparation du dommage causé.
 Les principes généraux du droit international public comportent également ceux
nés de la pratique internationale elle-même. Par exemple, le respect de
l’indépendance des États, ainsi que la primauté des traités sur les lois.
 Les principes généraux du droit communautaire sont directement invocables par
des particuliers lors de litiges devant nos juridictions nationales. Ainsi, certains
juges appliquent le principe dit de «confiance légitime», principe étranger dans
d’autres traditions juridiques.

2. LA PROTECTION JURIDIQUE DES DROITS DE L’HOMME

2.1. Définition des droits de l’homme

Les droits de l'homme sont l’ensemble des droits fondamentaux inhérents à la nature
humaine. Issus des conceptions du droit naturel, qui fondent leur statut philosophique,
les droits de l’Homme ont fait l’objet d’une reconnaissance progressive en droit positif
depuis la proclamation de la Déclaration des droits de l ’Homme et du Citoyen par les
révolutionnaires français en 1789. Cette reconnaissance se traduit aujourd ’hui par une
protection juridictionnelle accrue tant au niveau européen qu ’au niveau national. En
effet, de nombreux États, dont la France, se sont dotés de mécanismes favorisant le
11
recours devant le juge en cas d’atteinte aux droits de l ’Homme tels qu ’ils sont garantis
par les textes de portée internationale.

2.2. Une idée consacrée par la philosophie

1° Origines des droits de l’Homme

Si la conception des droits de l’Homme dérive pour l ’essentiel des théories du droit
naturel, elle emprunte cependant aussi à celles du «droit historique». Fondé par le Traité
du droit de la guerre et de la paix (1625) de Hugo Grotius, développé notamment par la
vision totalitaire du Léviathan (1651) de Thomas Hobbes et par les théories
démocratiques du Contrat social (1762) de Jean-Jacques Rousseau, le droit naturel se
fonde sur la figure abstraite de l’individu à l’état de nature et sur la notion, diversement
interprétée, de «contrat social». Par-delà leurs oppositions, le trait commun à toutes les
conceptions jusnaturalistes, relevé par Pufendorf (1632-1694) dans son étude De Jure
Naturae et Gentium («Du droit naturel et du droit des gens», 1672), est de donner au
pouvoir un fondement rationnel incontestable qui permette aux individus d ’échapper à
l’arbitraire et de trouver des espaces de libertés.

Les théoriciens du droit historique ne concevaient pas l ’État comme une machine, faite
de rouages indépendants, mais plutôt comme un organisme, fait de membres et
d’organes qui ne peuvent exister et se développer que parce qu ’ils sont essentiellement
liés les uns aux autres. Défendue en Allemagne par Savigny (1779-1861), l ’école du
droit historique posait en principe qu’il n’était «aucune existence humaine qui soit
pleinement singulière et parfaitement isolée». Le droit historique ne posait pas les
problèmes en terme de contrat social ou d ’association, mais en terme d ’institution, de
possibilités d’intégration, ou de «droit de résistance» du citoyen à la pression sociale. Il a
apporté aux conceptions des droits de l’Homme l’idée que les institutions procédaient de
la coutume plus souvent que de la réflexion, et que les individus pouvaient exercer une
influence déterminante sur leur évolution.

2° Définition d’une communauté universelle


12
Dans l’histoire, l’idée que l’on s’est faite des droits de chacun a varié selon les époques.
Les Romains instaurèrent certes un ensemble de droits, mais leur jouissance était
exclusivement réservée aux citoyens. L’ordre féodal distingua entre les droits des
seigneurs et ceux des roturiers, organisant une société où les droits que détenait chacun
étaient directement fonction de son état social. Longtemps on limita la reconnaissance
des droits à l’appartenance à un groupe. L’idée que les individus puissent se reconnaître
dans une communauté plus vaste que celle des nations ou des ethnies est relativement
récente. Elle fait écho à la diffusion des récits de voyage et à la découverte d ’autres
peuples, et n’a donné lieu à une prise de conscience qu ’avec la diffusion de l ’esprit des
Lumières.

Dans Fondement de la métaphysique des mœurs (1785), Kant parvint à énoncer le


principe philosophique sur lequel se greffe l’ensemble des droits de l ’Homme.
L’humanité doit toujours être traitée aussi «comme une fin, et jamais simplement comme
un moyen». En s’abstenant de toute référence culturelle ou religieuse, pour ne parler que
de l’homme, la pensée s’est détachée des particularismes pour viser à l ’universalité. Son
apport essentiel consiste, selon les mots de Simone Weil, à repousser, dans les affaires
publiques, la tentation de considérer que «la collectivité soit au-dessus de l ’être humain».

3° Critique des droits de l’Homme

Marx, qui soulignait la différence existant entre libertés formelles et libertés réelles, a
reproché à la notion de droits de l’Homme de se borner à une conception «égoïste» des
intérêts individuels, fondée sur le droit de propriété et sur l ’opposition théorique entre
l’individu et la société. L’évolution des moyens de production et de communication dans
le monde contemporain a renforcé le poids de cette critique en soulignant les inégalités
entre les hommes. Il est à remarquer, toutefois, que la critique marxiste, exprimée
notamment dans la Question juive (1843), ne portait pas sur l’idée même des droits de
l’Homme, mais sur l’interprétation qui en avait été faite dans la Constitution américaine
et dans celles qui se réclament de l’héritage de la Révolution française.

2.3. Un principe juridique positif

1° Fondements de la législation des droits de l’Homme


13

Le grand texte de référence est la Déclaration des droits de l ’Homme et du Citoyen du


27 août 1789, riche de dix-sept articles, qui proclame solennellement un certain nombre
de droits fondamentaux. La Déclaration de 1789 trouve son origine, non seulement dans
les conceptions du droit naturel, mais également dans une certaine tradition du
christianisme, qui fait des Évangiles le fondement d ’une philosophie égalitariste. De
manière très différente, ces deux courants ont cependant permis l ’évolution des
mentalités vers la reconnaissance de droits attachés à la qualité d ’Homme. Plus
directement, les écrits des philosophes des Lumières, tel Jean-Jacques Rousseau,
notamment son célèbre ouvrage intitulé Du contrat social (1762), ainsi que la
Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776, rédigée par Thomas Jefferson, et la
Déclaration des Droits de la Constitution de l ’État de Virginie du 12 juin 1776, ont
constitué l’essentiel de l’inspiration des révolutionnaires de 1789.

La Déclaration de 1789 indique donc quels sont les droits inhérents à la nature humaine,
qui recouvrent à la fois les droits de la personne (voir Libertés publiques), mais aussi les
droits politiques (droit à la participation aux affaires publiques) et, pour certains
analystes, les droits sociaux, sans toutefois garantir juridiquement leur promotion. Ce
dernier point constitue l’une des ambiguïtés de la notion : en effet, les droits de l’Homme
apparaissent comme un idéal à atteindre, et rien ne garantit que l ’ensemble des régimes
politiques les mettent concrètement en œuvre.

En France, cependant, la Constitution de la V e République renouvelle solennellement


dans son préambule «son attachement aux droits de l ’Homme tels qu ’ils sont définis par
la Déclaration de 1789» et donne ainsi une portée constitutionnelle à ces droits. Le droit
positif français confère à la grande majorité d ’entre eux un caractère normatif, et attache
à leur reconnaissance un régime juridique protecteur. Ainsi sont protégés par
l’intermédiaire des différentes branches du droit (droit civil, droit pénal, droit
administratif) le droit à la liberté, la propriété, la sûreté des personnes, le droit de résister
à l’oppression, etc.

Les droits de l’Homme ne correspondent pas exactement à la notion de libertés


publiques, qu’on peut définir comme l’ensemble des normes juridiques qui garantissent
14
l’exercice des droits et des libertés. Le droit des libertés publiques constitue donc une
partie du droit positif des droits de l’Homme, mais il n ’épuise pas la notion, dans la
mesure où tous les droits de l’Homme n’ont pas nécessairement reçu de consécration
juridique.

2° Protection juridictionnelle dans le cadre international

Il n’existe pas de juridiction véritablement internationale regroupant sous sa compétence


l’ensemble des États membres de l’Organisation des Nations unies, qui aurait pour
vocation d’assurer la protection des droits de l’Homme que de nombreuses conventions
proclament (Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, Pactes de 1966). En
revanche, au niveau européen, il a été institué dans le cadre du Conseil de l ’Europe, un
organe chargé directement et exclusivement d ’examiner et de juger les violations par des
États en matière de droits de l’Homme et de libertés publiques, la Cour européenne des
droits de l’Homme.

Le texte de référence qui fonde les recours devant la Cour est la Convention européenne
des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, adoptée en 1950. La Convention
consacre de nombreux droits, qu’ils soient individuels ou collectifs, comme le droit à la
liberté d’expression, à la liberté de conscience, au respect de la vie privée, ou encore le
droit à la liberté de réunion et d’association. La Convention établit une procédure
juridictionnelle complexe permettant soit aux États soit aux individus, si leur État
d’origine a accepté le recours individuel, de porter à la connaissance de la Cour les
violations de la Convention. À l’issue de la procédure, l ’État peut être condamné à verser
des dommages-intérêts à la victime, mais, le plus souvent, une telle condamnation incite
l’État condamné à adopter une nouvelle législation en conformité avec la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales.

Au sein de l’Organisation des États américains (OEA), regroupant trente-trois États de la


zone Amérique, il existe également un tribunal, appelé Cour interaméricaine des droits
de l’Homme, dont le rôle et les missions sont semblables à ceux de la Cour européenne
des droits de l’Homme. De même, l’Organisation de l ’unité africaine a consacré son
attachement aux droits de l’Homme en 1981 en adoptant une Charte africaine des droits
15
de l’Homme et des Peuples et en instaurant une commission chargée également de faire
appliquer les dispositions de a Charte, qui toutefois ne prévoit pas la création d ’un
organe purement juridictionnel.

CHAPITRE 2ème :

UNIVERSALITE DES DROITS DE L’HOMME

1) Le respect des droits de l’homme dans les différentes sociétés et


cultures
16
2) L’universalité contestée : l’approche culturelle et économique
3) L’universalité acceptée, revendiquée et effective

1. La problématique des droits de l'homme dans différentes sociétés et


cultures

Deux approches sont possibles : une approche positive et une approche


critique.

L’approche positive consisterait à se demander tout simplement


comment réaliser le respect des droits de l'homme, à détecter les
obstacles y afférents et les moyens de les surmonter.

L’approche critique ou contestataire incitera à se demander si les droits


de la personne sont universels, s'il est possible, s'il est opportun qu ’ils
en soient universels et ce qu'il convient de faire pour qu'il en soit ainsi
au regard de la diversité culturelle et des différences de niveau de
développement économique et social. Il se pose ainsi la question du
choix entre un universalisme absolu et fin particularisme (ou un
relativisme) exacerbé.

1.1. Les éléments du problème

Les droits de la personne peuvent être définis comme l'ensemble des


principes et des normes fondés sur la reconnaissance de la dignité
inhérente à tous les êtres humains et qui visent à en assurer le respect
universel et effectif. Les droits de la personne sont des droits ou
prérogatives reconnues aux personnes humaines, individuellement, soit
qu'on les considère comme inhérents à la personne humaine, soit qu'ils
apparaissent comme nécessaires ou indispensables à leur
épanouissement dans la dignité.
17
Les droits de la personne sont caractérisés par leur nombre élevé, leur
indivisibilité ou indivisibilité et leur universalité.

La classification la plus usuelle de ces droits, fondée sur l ’histoire,


distingue trois générations.

1. La première génération ou catégorie de droits de la personne


concerne les droits civils et politiques. Ces droits ont été les premiers à
être proclamés au 18ème et au 19ème siècles. Ils sont opposables à l’Etat
à qui il est demandé une attitude d'abstention à l'égard de leurs
titulaires que sont les hommes isolés. Certains auteurs les considèrent
plus simplement comme des libertés publiques.

2. Les droits de la seconde génération appelés droits économiques,


sociaux et culturels datent principalement du début du 20 ème siècle. On
attend de l’Etat, non plus la plus grande abstention possible, mais
plutôt son intervention en matière économique et sociale, afin de réaliser
le bien-être de tous. Ils contribuent à donner plus d’efficacité aux droits
dits de première génération.

3. Les droits de la troisième génération ou droits de solidarité sont de


consécration plus récente. Il s’agit du droit au développement, droit à la
paix, droit à un environnement sain, droit sur le patrimoine commun de
l'humanité et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Leur
réalisation nécessite la conjonction des efforts de tous les participants
de la vie en société : individu, Etats, autres entités publiques et privées,
ainsi qu'une coopération internationale active.

Il faut souligner la difficulté de classement de certains droits dans l'une


ou l'autre de ces catégories.1 Il nous faut donc faire le choix entre d’un

1
FIERENS J., “ La Charte africaine des droits de l'homme et des peuples au regard de la théorie des droits
fondamentaux ”, Revue burkinabé de droit, n° l 8 - juillet 1990, p. 255 et s.
18
côté le relativisme ou le particularisme exacerbé, de l'autre
1'universalismee absolu, à moins qu'il ne soit possible de les concilier.

1.2. Difficile choix entre le particularisme et 1'universalisme

Depuis longtemps, et particulièrement depuis le siècle des Lumières, de


nombreux penseurs se sont intéressés à cette question et se sont
exprimés chacun suivant son penchant en faveur de l'universalisme ou
du particularisme.

Les partisans de l’universalisme2 dont HOBBES, ROUSSEAU, LOCKE et


MONTESQUIEU partent d'une considération fort simple : La nature
humaine est la même sous tous les cieux. Par conséquent, l'homme
peut apprécier de la même manière le bien et le mal. Il aspire au même
bien-être, il bénéficie des mêmes droits et doit faire face à la même
responsabilité. La philosophie des Lumières l'admet pleinement. Il
existe une nature humaine constante et universelle qui se manifeste
aussi bien dans les formes de la pensée et de la connaissance, comme
l'établissement du vrai et du faux, que dans celles du jugement, c'est-à-
dire la recherche du bien et du mal.

Les différences entre les hommes sont considérées comme étant


superficielles. Cette apparente diversité recouvre une profonde unité. Ce
qui est proprement humain, ce n’est évidemment pas tel ou tel trait de
culture. "Les êtres humains sont influencés par le contexte dans lequel ils
viennent au monde, et ce contexte varie dans le temps et dans l'espace.
Ce que chaque être humain a en commun avec tous les autres, c ’est la
capacité de refuser ces déterminations. En termes plus solennels, on dira
que la liberté est le trait distinctif de l'espèce humaine. Il est certain que

2
Les philosophes sont universalistes dans leur très grande majorité.
19
mon milieu me pousse à reproduire les comportements qu'il valorise, mais
la possibilité de m'en affranchir existe aussi, et cela est essentiel".3

L'une des conséquences positives de l'universalisme est de permettre et


de fonder les jugements de valeur. Nulle part l ’esclave, les sacrifices
humains, les mutilations sexuelles ne sont justifiables. Les hommes ont
tous besoin d'être protégés contre la violence arbitraire, de même que leurs
besoins fondamentaux doivent être satisfaits. Inspirée de la philosophie
des Lumières, la Déclaration d'indépendance américaine de 1776 proclame
que "tous les hommes ont été créés égaux" et sont dotés de "droits
inaliénables" parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 énonce,


quant à elle, que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits" et ont des "droits imprescriptibles" qui sont "la liberté, la
propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression". Ces conceptions
animent les instruments contemporains, internationaux, régionaux ou
nationaux de protection des droits de la personne. Le fait de les qualifier
de naturels, de sacrés, d'imprescriptibles, d'inaliénables, etc. pourrait
être discuté. Le plus important reste de savoir s'ils correspondent à une
nécessité fondamentale pour tout homme, si l’homme est "plus homme"
avec ces droits qu'en leur absence.

A l'opposé de l'universalisme, il existe de nombreuses thèses défendant


les particularismes (nationaux, ethniques, culturels). Elles se fondent
sur l’importance de la nation, de la culture, du groupe, de l'ethnie et
viennent en réaction contre l'universalisme qui serait ethnocentriste et
aurait conduit à l'impérialisme colonial. 4. Plusieurs auteurs estiment

3
TODOROV Tzvetan, Nous et les autres, La réflexion française sur la diversité humaine, p. 428.
4
M. T. TODOROV (op. cit., p. 426) conteste une telle thèse. Selon lui, il est 'inadmissible d'affirmer que l'universalisme est
nécessairement un ethnocentrisme... Mais il est également faux, sur un plan historique et non plus théorique, que
l'impérialisme colonial soit intrinsèquement lié à l’idéologie universaliste, La politique coloniale est prête à faire feu de
tout bois...
20
que "l’homme est un mirage" ou "un fantôme zoologique" 5. " Il n'y a point
d'homme dans le monde, dit une formule célèbre de Joseph DE
MAISTRE. J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes. Je
sais même grâce à Montesquieu qu’on peut être Persan ; mais quant à
l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe, c'est bien à
mon insu".6

L'anthropologie contemporaine renforce cette tendance. Après avoir


considéré que les cultures s'équivalaient et que la civilisation se
conjuguait au pluriel, elle a tendance à cultiver le particularisme et à
considérer tout ce qui vient de l'Occident comme étant négatif ou, en
tout cas, non "universalisable". L’anthropologie contemporaine est
cependant déstabilisée lorsqu'elle est appliquée aux droits de la
personne. Elle a, en effet, été fréquemment utilisée pour valoriser les
particularismes et ainsi récuser l'universalisme des droits de la
personne fondant 1a Déclaration de 1948.

Si l’on ne définit l'homme que par sa culture, le relativisme radical le


réduit à son être social, il le dépouille de la raison théorique qui est
identiquement liberté de pensée et d'action, il lui interdit l ’usage de cette
raison-liberté qui le rend capable de prendre ses distances par rapport à
sa culture, pour les critiquer et les transformer.

L'on peut cependant persister à penser qu’il y a quelque chose


d’universel dans le monde sans l'homme, que l'on n'est pas condamné
au relativisme, rien n'étant ni bon ni mauvais en soi. En effet, ce "droit
à la différence" n'est qu'un "droit à l’indifférence, forme atténuée et
hypocrite de comportements discriminatoires". Mais cet universel peut
et doit s'accommoder de l'acceptation d'un certain particularisme,
surtout que l'on considère que la richesse est plurielle. Néanmoins, l'on

5
SPENGLER, Le déclin de l'occident, I, Paris, Gallimard, 1948, p. 33.
6
DE MAISTRE J., Oeuvres complètes, 1, Lyon, Vitte, 1994, p. 230.
21
reconnaîtra que l'universalisme est fortement contesté, non seulement
pour des raisons socioculturelles, mais également pour des raisons
économiques qui, cependant, peuvent être nuancées et même contestées
à leur tour.

3. L'universalisme contesté : l'approche culturelle

L'universalisme est contesté pour deux séries de raisons :


1° d'abord des raisons qui pourraient être considérées comme objectives
: elles tiennent à la naissance et au développement des droits de
l'homme dans un contexte culturel spécifique : celui de la culture gréco-
romaine et judéo-chrétienne de l'Occident,
2° ensuite, la spécificité culturelle des autres parties du monde (Afrique,
Asie, monde arabe, Amérindiens, etc.) qui ont des valeurs différentes
mettant l'accent sur le groupe ou sur l'harmonie de l'univers.

4. L'universalisme contesté : l'approche économique

De nombreux Etats dans le monde, dits Etats du Tiers-monde, sont


sous-développés. Or le respect des droits de l'homme de deuxième
génération semble exiger préalablement le développement. Les droits de
l'homme apparaissent comme un luxe hors de la portée des PSD et
pourraient même constituer un frein au développement, considéré
comme la priorité des priorités. La finalité du développement, c'est
l'homme, le respect des droits de l'homme. Celui-ci en tant
qu'aboutissement ne peut être une réalité en début de processus.

La Déclaration de 1948 considère le respect des droits de l'homme


comme un idéal dont la réalisation semble nécessiter la reconnaissance
du droit au développement.

5. L'universalisme accepté et revendiqué

Cette affirmation est sous-tendue par deux séries d'arguments.


22
1° La première série tend à démontrer que le respect des droits de
l'homme est une condition du succès du processus de développement
ou, tout au moins un élément qui y est favorable.
2° La seconde tient au fait que les autres sociétés, traditions et valeurs,
sous des présentations spécifiques, étaient fondées sur la dignité
humaine. Elles connaissaient les droits de l'homme.

Depuis plusieurs décennies, la reconnaissance et le respect des droits


de l'homme sont partout une revendication des peuples et des citoyens.
Désormais, elle devra s'appuyer sur la participation de plus en plus
active des pays du Tiers-monde à l'élaboration des instruments
internationaux des droits de l'homme, sur l'adoption de déclarations
régionales reconnaissant les mêmes droits ainsi que sur la consécration
constitutionnelle des droits de l'homme.

5. La recherche de l'effectivité de l’universalisme des droits de la


personne

Il est aisé de faire le constat de l'ineffectivité des droits de l'homme dans


de nombreux pays, notamment d'Afrique et d’Asie, alors qu'ils sont
partout acceptés. Pour qu'il en soit différemment, pour que les droits de
l'homme soient effectifs de par le monde, certaines conditions sont à
réunir. Il faut entr’autres une prise en compte des préoccupations du
Tiers-monde, l'enrichissement des droits de l'homme par l'apport des
autres civilisations et l'acceptation d'une certaine relativité telle qu ’on la
ressent avec les instruments régionaux. Mais c'est surtout par des
actions promotionnelles - enseignement, éducation - ainsi que le
développement de garanties efficaces que l'on peut espérer parvenir de
l’universalisme.

Les droits de la personne sont universels parce qu'ils correspondent à


l'exigence d'épanouissement de la nature de l'homme. Mais c'est un
universalisme pluriel en voie de réalisation.
23

L'universalisme des droits de La personne est discuté et contesté,


d'abord pour des raisons culturelles parce qu’ils sont nés et se sont
développés en Occident. Mais c’est surtout leur formulation ou leur
enveloppe qui est occidentale.

Les premières Déclarations avaient une ambition universelle : les


principes énoncés dans les textes n'étaient profondément enracinés
dans aucun des pays où elles avaient été adoptées. Elles visaient à
devenir une réalité dans les pays de leur adoption et dans le reste du
monde. L'universalisme est également contesté par tous ceux qui
prétendent qu’il faudrait un pouvoir volontariste et autoritaire pour
réaliser le développement qui est une condition du respect des droits de
la personne. Le relativisme sans limites pourrait conduire du “droit à la
différence ” au droit à “1’indifférence ”.

En tant que condition requise pour que l'homme soit conforme à sa


nature et puisse, dans la dignité, développer ses virtualités, les droits de
la personne sont universels. Peut-être y a- t-il quelque chose de
contingent dans leur formulation actuelle ? Il se peut que certains
d’entre eux soient cultuels. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'agit pas d'une
universalité absolue et définitive. En effet, elle pourrait être enrichie de
l'apport des différentes cultures sous la poussée du mouvement de
régionalisation comme l’a fait l’Afrique à travers sa charte.

C’est une universalité souple, globale, sachant compter avec le temps,


une universalité qui doit être balisée, “inculturée ” et intégrée aux
préoccupations des sociétés et des individus concernés, que sont le
développement, la démocratie, les devoirs et la responsabilité. C ’est une
universalité qui a besoin pour avancer d’une éducation et d'une
solidarité internationale qui va au-delà des simples exigences du droit.
24
C'est à ce prix que l'on pourra réaliser des progrès vers une civilisation
humaniste, universelle et plurielle.

CHAPITRE 3ème :
ANALYSE DU TEXTE DE LA DECLARATION
UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME

1. Introduction

1.1. Définition

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme est un texte adopté le 10 décembre


1948 par l'Assemblée générale des Nations unies et proclamant inaliénables, pour la
première fois sur le plan international, les droits de l'Homme et les libertés
fondamentales. Votés par l'ensemble des pays représentés aux Nations unies, à
l'exception de l'URSS, de cinq démocraties populaires, de l'Arabie Saoudite et de la
République sud-africaine, qui s'étaient abstenus, les 30 articles de la déclaration
affirment les droits civils, politiques et sociaux dont doivent bénéficier tous les êtres
humains, sans distinction de race, de sexe, de religion ou de nationalité.
25
1.2. Une protection internationale

La Déclaration universelle des droits de l'Homme constituait une protestation contre les
atrocités commises par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale et limitait de
manière novatrice le pouvoir discrétionnaire des États. Elle fut complétée par des
conventions régionales — Convention européenne des droits de l'Homme en 1953,
Convention américaine en 1969 — et par deux pactes des Nations unies, entrés en
vigueur depuis 1976, qui précisent la déclaration de 1948 et instaurent des organes de
protection des droits de l'Homme.

Le pacte international sur les droits civils et politiques, ratifiés par 98 États, reprend les
notions fondamentales : droit à la vie, interdiction de la torture, droit à un procès équitable,
libre circulation des citoyens, liberté de pensée, de conscience, d'opinion et de participation à
la vie politique. Il instaure un Comité des droits de l'Homme des Nations unies.

Le pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ratifié par 102 États,
complète la déclaration, reflétant des préoccupations de cette seconde moitié du
XXe siècle. Il affirme le droit au travail et à l'égalité de traitement dans le travail, la
liberté syndicale et le droit de grève, le droit à la santé et à la sécurité; le droit à
l'éducation et à la gratuité de l'enseignement primaire. Le Conseil économique et social
est chargé de contrôler le respect de ce pacte.

1.3. Les moyens de contrôle

En adoptant la déclaration universelle, la communauté internationale édictait des normes


auxquelles les États devaient obligatoirement se conformer. Mais si les Nations unies, à
travers les pactes, et certaines organisations régionales, se sont dotées d'organes de
protection, ceux-ci ne sont pas nécessairement contraignants pour les États qui ne
respectent pas leurs obligations.

Dès 1946 avait été créée la Commission des droits de l'Homme des Nations unies, qui
constitua des groupes d'enquêtes concernant notamment la politique d'apartheid en Afrique
26
du Sud, la situation dans les territoires occupés du Moyen-Orient ou au Chili. Les
conclusions de ces groupes ont pu servir de base à des résolutions de l'Assemblée générale,
voire à des sanctions décidées par le Conseil de sécurité contre l'Afrique du Sud.

Le Comité des droits de l'Homme, comme le Conseil économique et social exigent des
États parties la présentation de rapports périodiques relatifs aux progrès réalisés par
chacun d'entre eux, mais ces organes n'ont qu'un pouvoir d'examen et de
recommandations. Un État peut, de manière facultative, reconnaître comme autorité
compétente le Comité pour l'examen de plaintes émanant de ses citoyens. Les
conclusions du Comité ne sont cependant pas des décisions judiciaires qui
s'imposeraient à l'État.

Seules deux institutions ont, en matière de droits de l'Homme, compétence pour trancher
des litiges opposant un citoyen à un État : la Cour internationale de La Haye et la Cour
interaméricaine des droits de l'Homme.

2. PRÉAMBULE

Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les


membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables
constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le
monde,

Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme


ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de
l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront
libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été
proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme,
27
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés
par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en
suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression,

Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de


relations amicales entre nations,

Considérant que dans la Charte, les peuples des Nations unies ont
proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme,
dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des
droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à
favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie
dans une liberté plus grande,

Considérant que les États membres se sont engagés à assurer, en


coopération avec l'Organisation des Nations unies, le respect universel
et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales,

Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de


la plus grande importance pour remplir pleinement cet engagement,

L'Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des


droits de l'homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les
peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les
organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit,
s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de
ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives
d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application
universelles et effectives, tant parmi les populations des États membres
eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

2. Analyse des articles de la Déclaration


28

Article premier. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en


dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent
agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Art. II. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les
libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction
aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou
sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique,
juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne
est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous
tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de
souveraineté.
Art. III. Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa
personne.
Art. IV. Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la
traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Art. V. Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants.
Art. VI. Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa
personnalité juridique.
Art. VII. Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à
une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale
contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et
contre toute provocation à une telle discrimination.
Art. VIII. Toute personne a droit à un recours effectif devant les
juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits
fondamentaux qui lui sont reconnus par la Constitution ou par la loi.
Art. IX. Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Art. X. Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit
entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant
29
et impartial, qui décidera soit de ses droits et obligations, soit du bien-
fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Art. XI. 1° Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée
innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au
cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa
défense lui auront été assurées.
2° Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au
moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte
délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera
infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment
où l'acte délictueux a été commis.
Art. XII. Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée,
sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son
honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la
loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Art. XIII. 1° Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir
sa résidence à l'intérieur d'un État.
2° Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de
revenir dans son pays.
Art. XIV. 1° Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher
asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2° Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement
fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements
contraires aux buts et aux principes des Nations unies.
Art. XV. 1° Tout individu a droit à une nationalité.
2° Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de
changer de nationalité.
Art. XVI. 1° À partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune
restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se
marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du
mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
30
2° Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement
des futurs époux.
3° La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit
à la protection de la société et de l'État.
Art. XVII. 1° Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit
à la propriété.
2° Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.
Art. XVIII. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience
et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de
conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction
seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les
pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Art. XIX. Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce
qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui
de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de
frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression
que ce soit.
Art. XX. 1° Toute personne a droit à la liberté de réunion et
d'association pacifiques.
2° Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.
Art. XXI. 1° Toute personne a le droit de prendre part à la direction des
affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire
de représentants librement choisis.
2° Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux
fonctions publiques de son pays.
3° La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs
publics; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui
doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote
secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.
Art. XXII. Toute personne en tant que membre de la société a droit à la
sécurité sociale; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits
économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre
31
développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la
coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des
ressources de chaque pays.
Art. XXIII. 1° Toute personne a droit au travail, au libre choix de son
travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la
protection contre le chômage.
2° Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un
travail égal.
3° Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et
satisfaisante lui assurant, ainsi qu'à sa famille, une existence conforme
à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens
de protection sociale.
4° Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de
s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Art. XXIV. Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment
à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés
périodiques.
Art. XXV. 1° Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour
assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour
l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que
pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de
chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, ou dans les
autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté.
2° La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance
spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors du
mariage, jouissent de la même protection sociale.
Art. XXVI. 1° Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être
gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et
fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire.
L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l'accès
32
aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en
fonction de leur mérite.
2° L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité
humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance
et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou
religieux, ainsi que le développement des activités des Nations unies
pour le maintien de la paix.
3° Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à
donner à leurs enfants.
Art. XXVII. 1° Toute personne a le droit de prendre part librement à la
vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au
progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
2° Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels
découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il
est l'auteur.
Art. XXVIII. Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et
sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés
dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
Art. XXIX. 1° L'individu a des devoirs envers la communauté dans
laquelle, seul le libre et plein développement de sa personnalité est
possible.
2° Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés,
chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement
en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés
d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre
public et du bien-être général dans une société démocratique.
3° Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer
contrairement aux buts et aux principes des Nations unies.
Art. XXX. Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être
interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un
individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir
33
un acte visant à la destruction des droits et des libertés qui y sont
énoncés.

Adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies, réunie à Paris, le


10 décembre 1948.

BIBLIOGRAPHIE
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