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Intitulé du parcours
« Emancipations créatrices »
Emancipations :
Créatrices :
Le recueil
Poèmes écrits en septembre et octobre 1870 à Douai après sa fugue à Paris.
Rencontre avec le poète Paul Demeny à qui il laissera ces poèmes.
Deux cahiers : le 1er contient 15 poèmes et le deuxième 7 (des sonnets
exclusivement).
Organisation non chronologique.
Influences diverses :
o Le Parnasse (vocabulaire précieux, références mythologiques, « Ophélie »,
« Soleil et chair »)
o Victor Hugo (textes politiques et satiriques, « Le Forgeron », « L’Eclatante
Victoire de Sarrebrück »)
o Charles Baudelaire (provocation, thèmes de la sensualité et de l’ivresse,
« Vénus anadyomène »)
Unité thématique du 2nd cahier : thème de l’élan lié au bonheur et à la griserie.
Lecture du recueil et choix des poèmes favoris et de celui qui sera appris et présenté.
Poèmes analysés
« Le Mal »
« Au Cabaret-Vert »
« Le Buffet »
Trois sonnets qui illustrent l’émancipation à la fois sociale, politique, personnelle et
poétique.
« Le Mal »
Défaite, fin de l’empire, déclaration de la IIIème République, siège allemand puis finalement
signature d’un armistice en mai 1871 à Francfort.
La Commune 18 mars 1871 : petit groupe de Parisiens qui veulent continuer à lutter.
Nouvelle prop sub circonstancielle de temps introduite par « tandis que ». Simultanéité.
1ère La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle 2023-2024
Dans les deux premiers vers, le spectacle atroce se poursuit. Allitération en « f », champ
lexical de la destruction (« broie », « tas fumant », « morts »). Hyperboles : « folie
épouvantable » (périphrase pour désigner la guerre et montrer du doigt la responsabilité des
rois), « cent milliers ». Rimbaud insiste encore sur les conséquences terribles de la guerre et
marque les esprits par la déshumanisation des soldats « broie », « tas fumant ».
Apostrophe aux victimes et à la Nature, comme un hommage. Adresse directe,
personnification (emploi de la deuxième personne du singulier). Plainte, Rimbaud se désole
et exprime son admiration. Tonalité pathétique créée par l’interjection et les exclamations.
Contraste avec les vers précédents : la nature est associée à un cadre positif, agréable :
énumération « été », « herbe », « joie ».
« ces hommes » : déterminants démonstratifs : tous égaux au départ et l’adverbe
« saintement » soulignent les intentions honorables de la nature qui s’apparente au divin
(« saint »). Alors que la guerre détruit (« broie » au présent) la nature construit (« fis » au
passé). Le choix des temps accentue le pathétique, cette impression d’impuissance et de
non-retour.
Dernier verbe dont Dieu est le sujet implique une réaction de la part de ce dernier « se
réveille ». Prop sub conj circonstancielle de temps introduite par « quand » qui exprime aussi
la simultanéité et explique l’origine de cette réaction. Dieu devient en plus intéressé par
l’argent.
Apparition de nouveaux protagonistes : « des mères » : les soldats deviennent des fils.
Description pathétique des mères, champ lexical de la tristesse : Ces sont des victimes
misérables : caractère modeste de l’offrande « un gros sou lié » (jeu avec les sonorités
« soulier »). Cette chute contraste avec la richesse de l’Eglise par la description des mères et
le lexique antithétique : rime riche « damassées »/ « ramassées », « rit » / « pleurant »,
1ère La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle 2023-2024
Situation, cadre : cc de temps et de lieu (« Depuis huit jours », « aux cailloux des chemins »,
« à Charleroi »). Le lecteur est au courant de la situation dès les deux premiers vers :
Rimbaud est en vadrouille, seul (première personne du singulier), il marche (PQP « j’avais
déchiré mes bottines ») et grandit. Temps du récit au passé : PQP, imparfait, passé simple :
Rimbaud, raconte, nous fait part d’une anecdote qui donne cette impression de journal
intime. La poésie permet de raconter, de partager son expérience et ces sensations de jeune
bohème. Phrases courtes, simplicité du style, vocabulaire courant, enfantin (rime bottines-
tartines), surprenant dans un poème. Réalisme créé par les noms de lieux : Charleroi,
Cabaret-Vert. « Au Cabaret-Vert » en début de vers ce qui marque une certaine importance
du lieu. Enjambement du cc du nom tartines « de beurre et du jambon » : des mots sans
grande importance sont mis en relief par la structure de la strophe. Rimbaud se moque-t-il
de la poésie ? S’amuse-t-il ? Il parait très enfant par ses actes : « déchiré mes bottines »,
« demandai des tartines … qui fût à moitié froid » : prop sub relative qui donne une
information sur sa demande : il désire son jambon tiède, un peu comme un enfant.
Adjectif bienheureux en début de strophe : Rimbaud insiste sur son bien-être, il se délecte
de cette vie de bohème. Contraste avec la première strophe, Rimbaud prend des airs de
jeune homme (émancipation) : « j’allongeai les jambes », « je contemplai les sujets » :
actions qui traduisent une certaine assurance. On retrouve les mêmes caractéristiques qu’au
vers précédent : vocabulaire courant, enjambements surprenants (rejet des expansions du
nom « verte » ou « de la tapisserie »). Cette impression de passage à l’âge adulte est
accentuée par le début de phrase « Et ce fut adorable » : réaction spontanée (conj de coord
« et » en début de phrase) qui rappelle celle qu’un adulte aurait devant une scène qui
l’attendrit (emploi de l’adjectif « adorable »). Il ne semble pas du tout intimidé. Prop sub
conj circons de temps introduite par « quand » en fin de vers, dont la principale se trouve à
la strophe suivante : encore une audace poétique. Description de « la fille » (qui elle aussi se
poursuit à la strophe suivante), qu’on devine être la serveuse, qui traduit ce regard
adolescent qui découvre la sensualité (cc de noms « aux tétons énormes », « aux yeux vifs »).
Réalisme, le lecteur suit son regard : il est d’abord attiré par la poitrine, puis les yeux et
enfin, à la strophe suivante, la bouche (« rieuse »).
La strophe commence par une incise marquée par les tirets. Ce vers participe à donner à ce
poème un caractère de journal intime dans lequel Rimbaud raconte ses réactions sur le
moment. La phrase exclamative traduit son élan, sa spontanéité, son bien-être à ce moment-
là. On sent aussi l’adolescent grandir qui est réceptif à la sensualité de la jeune femme. Le
pronom « démonstratif « celle-là » continue de dresser ce portrait à l’aise, nonchalant du
jeune homme que la fugue rend confiant et fait grandir. Fin de la description de la serveuse :
l’adjectif « rieuse » en début de vers renforce la vivacité, la légèreté et la gaité qui
emplissent cette scène. L’énumération qui suit renforce le caractère trivial du sonnet : « des
tartines de beurre, du jambon tiède » … « du jambon rose et blanc » (ici encore,
enjambement, phrase qui se poursuit à la strophe d’après). On remarque la répétition entre
la première et la troisième strophe : “je demandai” - “elle m’apporta”. On peut y voir une
manière d’insister encore sur ce passage de l’enfant à l’adulte. La précision “dans un plat
colorié” ajoute à la vivacité de la scène et participe au réalisme. Rimbaud observe et prend
conscience de son environnement.
La dernière strophe du sonnet qui commence par « du jambon rose et blanc » quelle audace
mais quel plaisir aussi de rentrer de manière si ludique dans l’intimité de Rimbaud (trivialité
de l’image du jambon mais aussi allusion sensuelle à la cuisse de la jeune femme). Ce sonnet
respire la jeunesse et la modernité. L’adjectif “immense” qui complète la chope, laisse
penser que Rimbaud pose encore un regard d’enfant. L’éveil des sens présent dans tout le
poème atteint son paroxysme dans la dernière strophe : la vue (« rose et blanc »), l’odorat
(« parfumé d’une gousse d’ail »), le gout (« jambon », « ail », « chope »), le toucher (« sa
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mousse », « soleil »). Description réaliste qui donne à voir (et à sentir) cette scène à la fois
anodine et extraordinaire. Le soleil dans le dernier vers semble sublimer cette nature morte :
nature divine, qui sublime, qui inspire, qui veille sur le poète.
Eléments de conclusion : Un poème surprenant par son caractère réaliste et sa forme. Les
nombreux enjambements, le niveau de langue et la description vive et très sensorielle de la
scène donne à ce poème un caractère de journal intime. Rimbaud ici partage un moment à
la fois anodin et d’une grande importance pour lui. Il fait part du bien-être ressenti dans
cette vie de bohème, et, par l’écriture, illustre son évolution de l’enfance à l’âge adulte.
« Le Buffet »
L’intérieur du buffet, il est ouvert, il nous invite à regarder à l’intérieur, il est accueillant il
nous attire et rappelle ceux qui ont vécu (« De femmes ou d’enfants », « de grand-mère »).
Le meuble recèle de nombreux éléments qui confirment cette impression de meuble ancien.
Ce qu’on y trouve relève d’une vie passée. Le mystère chatouille la curiosité du lecteur et
réveille déjà son imaginaire. “Tout plein” : hyperbole. “Fouillis” terme familier + « vieilles
vieilleries » : polyptote qui insiste sur le côté ancien, dépassé de tous ces objets et qui
interroge le lecteur sur le choix de la répétition. Fait-elle allusion à la répétition du temps, les
hommes partent, le buffet reste, intemporel, immuable. Pourquoi tant de simplicité dans le
langage ? (« tout plein », « vieille vieilleries », « fichus de grand-mère ») Pour évoquer la
simplicité du souvenir, ou pour rappeler les personnes âgées qui se répètent et
emmagasinent des choses sans grande utilité pour finalement les oublier. Enumérations de
GN au pluriel, nombreuses expansions du nom, rejet « de chiffons/De femmes » qui étirent
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encore davantage la liste : le fouillis du buffet est rendu par l’écriture. Description sensorielle
(odorat, vue et ouïe) : l’esprit du lecteur s’anime au fil de l’énumération. L’anaphore de “de”
renforce cette impression d’abondance et de désordre. Les allitérations en v et f semblent
imiter le bruit du buffet : la description devient de plus en plus vive ce qui réveille encore
davantage les souvenirs du lecteur.
Après la description de ce qu’on trouve dans ce buffet (présent de l’indicatif employé dans
les deux 1ères strophes), le 1er tercet commence par une tournure impersonnelle au
conditionnel présent « on trouverait » : il ne s’agit plus uniquement du buffet que le poète a
choisi de décrire mais aussi d’un buffet sorti de l’imagination du lecteur. Le buffet devient
alors le recueil des souvenirs, le poète éveille les souvenirs du lecteur. Enumération de noms
pluriels introduits par l’article défini « les ». Impression d’abondance encore et le choix de
l’article renforce cette impression de souvenirs véritables, appartenant à chacun, ou d’objets
incontournables, possédés au cours d’une vie. Cette énumération d’objet peut rappeler un
trésor de femme, des souvenirs d’un amour disparu (médaillons, mèches, portraits, fleurs).
Les sens sont chatouillés par les parfums et l’allitération en « f ». La répétition de « parfum »
et les « fruits » contribue à la douceur du poème. L’allusion à la nature donne une
impression de vie, de renouveau : redonner vie par le souvenir.
Est-ce un buffet qu’il trouve dans un endroit inconnu ou est-ce un retour vers un lieu
familier ?
Les années qui suivirent la Libération furent riches en militantisme comme en création
poétique. Guillevic présenta ainsi cette période : « Je les apprécie [les communistes] sur le
plan humain, sur le plan politique, dans les relations avec les sinistrés. J’ai beaucoup travaillé,
beaucoup appris. Cela coïncidait avec un certain remords que j’avais de n’avoir pas assez "
résisté " et surtout de n’avoir pas consacré davantage ma poésie à la lutte. »
https://books.openedition.org/puv/7306?lang=fr
J.L. (Jacques Lardoux) : « Art poétique » conclut Gagner, comme il concluait Terraqué,
c’est là d’ailleurs un procédé parnassien : « Je ne suis rien/Qu’un peu de vie, beaucoup
d’orgueil. » À la fin, vous parlez de vous à la troisième personne et en vers bien
comptés : « Ne croyez pas entendre en vous/Les mots, la voix de Guillevic. //C’est la
voix du présent allant vers l’avenir/Qui vient de lui sous votre peau. »
E.G. : Ce n’est pas modeste, ça manque un peu d’humour. Autrement dit : le « je » qui
est fermé sur lui n’est rien, mais quand il s’ouvre sur les autres, il s’enrichit, sa
présence s’affirme. À mon avis, il y a encore beaucoup de restes de christianisme dans
tout ça. J’étais emporté à l’intérieur du parti communiste mais je n’étais pas un bon
marxiste !
https://www.youtube.com/watch?v=yRbVaBUPqpM
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"le « je » qui est fermé sur lui n’est rien, mais quand il s’ouvre sur les autres, il
s’enrichit, sa présence s’affirme.” E. Guillevic
Choix du verbe “parler” et non écrire : porte-parole, tout le monde peu l’entendre.
(« qu’ » au lieu de « dont », erreur grammaticale pour garder le vers plus court. Travail sur la
forme. Apparente simplicité mais gros travail sur la forme. Spontanéité, langage parlé)
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Pas de rime, pas de régularité des vers (vers libres) mais mise en page d’un poème. Les
retours à la ligne semblent avoir un sens.
Le poète dit trois fois la même chose. Redondance. Trois négations. Il lui est important que
le lecteur ne confonde pas avec le “je” lyrique. Les trois vers sont de plus en plus longs,
gradation dans la mise en page et dans la fermeté de l’affirmation. Référence à V. Hugo :
« Quand je parle de moi, je parle de vous ».
Les occurrences de la première personne sont nombreuses mais sont niées. Impression qu’il
ressent le besoin de répéter comme lorsqu’on s’adresse à un enfant. Est-ce lui-même qu’il
veut convaincre ? Nuance de sens dans les trois vers.
Pour moi : pour me soulager, pour me faire du bien parce que j’en ai besoin.
En mon nom : je ne tente pas de faire passer mes idées
De moi qu’il s’agit : je ne suis pas le sujet de ma poésie
Suscite la curiosité du lecteur.
Je ne suis rien
Qu'un peu de vie, beaucoup d'orgueil.
Douze syllabes au total : comme un alexandrin brisé, coupé. Rejet de la négation restrictive :
importance de la taille des vers qui est mise au service du sens. Vers très court « Je ne suis
rien ». La négation est mise en suspens pour susciter l’attente du lecteur et créer
l’ambiguïté.
Dans ces deux vers, il parle de lui et fait à la fois preuve d’humilité « un peu de vie » mais
cultive aussi la tradition du poète orgueilleux qui se dit voyant, qui se dit comprendre le
monde. Jeu sur les oppositions « une peu de », « beaucoup de », rythme régulier, deux
hémistiches de 4 syllabes : écriture poétique au service du sens.
Joue sur les contraires, sur les contrastes. Le pronom indéfini « tout » s’oppose au « rien »
de la strophe précédente. Forme affirmative du verbe « parler ». Jeu sur les répétitions et les
oppositions. Le poète insiste à nouveau : « tout ce qui est », « tout ce qui a forme » … Les
contraires renforcent l’idée d’universalité, du monde dans son ensemble. La forme du
poème est à nouveau au service du sens : deuxième vers beaucoup plus long, le poème lui-
même est informe.
Paradis ?
Sujets de dissertation :
En quoi le Cahier de Douai est-il pour le poète Rimbaud une œuvre d’émancipation ?
On dit de Rimbaud qu’il est un poète de la révolte. Comment s’exprime-t-elle dans les
Cahiers de Douai ?
En quoi les poèmes des Cahiers de Douai montre que Rimbaud est sur le chemin de
l’émancipation créatrice ?
Héritage du passé
Transformation de la tradition
La jeunesse du poète, une poésie adolescente
Revendication de la liberté
Destruction des conventions, modernité
La révolte du poète
Provocation
Une vision singulière du monde
https://www.studocu.com/fr/document/lycee-professionnel-felix-le-dantec/francais/
dissertation-rimbaud/82842119
II – La révolte du poète
Ses textes expriment sa révolte contre l’autorité et l’ordre social mais aussi contre les codes
de la poésie.
a- Un regard critique posé sur la société de son temps
b- Une envie de provocation
c- La destruction des conventions, modernité
Idées
On rentre dans l’intimité du poète, on est témoin de son évolution, de son émancipation.
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I- Jeunesse et révolte
Emancipation poétique
Emancipation personnelle
En quoi les poèmes des Cahiers de Douai montre que Rimbaud est sur le chemin de
l’émancipation créatrice ?
I- Evolution constante
a- passage de l’enfance à l’adolescence
b- inspiration tirée des souvenirs et désirs
II- Révolte
a- critique de la guerre et de la religion
b- liberté dans l’écriture poétique
En quoi le Cahier de Douai est-il pour le poète Rimbaud une œuvre d’émancipation ?
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