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LE MAL

De RIMBAUD
Saad

1. Le poème "Le Mal" d’Arthur Rimbaud est un sonnet tiré des Cahiers de
Douai. Ces derniers écrits entre 1869 et 1870, sont une œuvre majeure du
symbolisme français composée de 22 poèmes sur des sujets variés comme la
nature, l'amour, la révolte, la liberté et le mal. Ces poèmes montrent le talent et la
maturité intellectuelle précoces de Rimbaud, et marquent au XIXème siècle ses
débuts remarquables en littérature avec un style unique et innovant. Dans "Le
Mal", le poète examine le concept du mal, le considérant à la fois comme une force
universelle et une expérience personnelle. Nous allons voir en quoi "Le Mal"
reflète-t-il la révolte de Rimbaud contre les conventions sociales et son
désenchantement envers le monde ?

1°Critique acerbe de la guerre


a- Le carnage
Rimbaud utilise des images puissantes pour transmettre la brutalité et le carnage
inhérents à la guerre. Il décrit cette horreur dans le deuxième quatrain, dès le
premier vers, en employant la métaphore "les crachats rouges" afin d’établir
immédiatement le ton du poème. Le placement stratégique du mot "crachat" au
début du vers, renforce son impact. Il évoque le désagrément et le réalisme, tout en
symbolisant le sang par son rouge intense, en contraste avec le bleu du ciel, l'or et
le vert( noter les vers) . Cette métaphore représente aussi le mal à travers les
couleurs du feu, du sang et de la haine. L'enjambement entre les vers 1 et 2
souligne le sifflement du canon, évoquant à la fois des sensations visuelles et
auditives liées à la trajectoire du "crachat" du canon. Quant au terme "rouge" au
vers 1, il est repris et intensifié par "écarlate" au vers 3, accentuant l'aspect
pathétique de la scène. Les sonorités dures sont également présentes tout au long du
poème, avec des allitérations en "r" ("crachat", "raille", "croulent"), en "f"
("infinie", "fumant") et en "sse", renforçant l'impact visuel agressif du "rouge" et
créant une sensation auditive intense.

b- déshumanisation des hommes

La déshumanisation des combattants et la souffrance des mères causée par la


guerre, mettant en lumière un tableau sombre et poignant. Rimbaud présente les
soldats comme une "masse". Cette image illustre cette transformation avec une
brutalité frappante dans le vers "fait des hommes un tas fumant",(citez le vers) où
les hommes sont réduits à des restes calcinés, une métaphore puissante de la mort et
de la déshumanisation. Le choix du verbe "faire" est ironique puisqu’ associé à la
création, il est ici utilisé dans le sens de la destruction.
Dans un contraste émouvant, Rimbaud aborde ensuite la souffrance des mères. Qui
est palpable dans l'expression "Les mères sont ramassées dans l'angoisse",(v ?)
la brutalité de la déshumanisation des soldats et la profondeur de la douleur
maternelle, est mise en parallèle avec la passivité divine face à de telles horreurs.

2°Satire de Dieu et de la Religion

Le poème fait un parallèle entre le rire de Dieu et le raillerie du Roi. Rimbaud ne


manque souligne la simultanéité entre le carnage de la guerre et l'indifférence
amusée de Dieu. Cette juxtaposition crée une antithèse frappante : d'un côté, le
rouge sanglant de la guerre, et de l'autre, le luxe doré des églises, symbolisé par des
objets tels que la "nappe canassée" et le "calice d'or"(v ?). L'attitude anticléricale de
Rimbaud transparaît également dans sa description des mères. Elles sont dépeintes
comme des figures de foi, prêtes à sacrifier leurs maigres biens, symbolisés par "un
gros sous dans un mouchoir" (v ?), pour la protection divine de leurs fils.

3°. La Sérénité de la Nature face au Carnage

Au milieu de cette satire sociale et religieuse, Rimbaud introduit un hommage à la


nature. Évoquée dans les vers 7 et 8, la nature apparaît comme un havre de paix,
une force créatrice de vie et empreint de beauté. Les couleurs verte et bleue de l'été
symbolisent cette sérénité, en opposition flagrante aux horreurs de la guerre et à la
corruption de l'église. Par cette évocation, il suggère que la nature, plutôt que
l'église, incarne la véritable divinité, un refuge de pureté et de valeurs morales.
En somme, dans "Le Mal", Rimbaud se livre à une critique virulente de la guerre,
de la religion, et de l'indifférence divine, tout en célébrant la beauté et la pureté de
la nature. Cette juxtaposition crée un contraste saisissant, révélant les contradictions
et les échecs de la société humaine face à l'innocence de la nature.

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