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: analyse linéaire
commentairecompose.fr/le-malade-imaginaire-acte-3-scene-10/
Il excelle dans la farce puis dans la comédie de mœurs, plus subtile, qui
dénonce les vices et passions excessives, contraires à l’idéal de l’honnête
homme du XVIIème siècle.
Elle annonce à Argan l’arrivée d’un médecin qui est joué par elle-même.
Elle va ainsi, dans l’acte III scène 10, véritable scène de théâtre dans le
théâtre, procéder à une auscultation d’Argan.
ARGAN.- Je vous suis obligé, Monsieur, des bontés que vous avez
pour moi.
TOINETTE.- Cet homme-là n’est point écrit sur mes tablettes entre les
grands médecins. De quoi, dit-il, que vous êtes malade ?
ARGAN.- Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.
ARGAN.- Du poumon ?
TOINETTE.- Le poumon.
TOINETTE.- Le poumon.
TOINETTE.- Ignorant.
ARGAN.- De la volaille.
TOINETTE.- Ignorant.
ARGAN.- Du veau.
TOINETTE.- Ignorant.
TOINETTE.- Ignorant.
TOINETTE.- Ignorant.
TOINETTE.- Ignorant.
Problématique
Plan linéaire
Dans un premier temps, de « "je suis médecin passager" » à « "c’est du
poumon que vous êtes malade"« , Toinette déguisée donne une image
satirique du médecin.
Dans un deuxième temps, de « "du poumon ?" » à « "de boire mon vin fort
trempé"« , Toinette fait un diagnostic parodique.
(De « "Je suis médecin passager » à « c’est du poumon que vous êtes
malade" » )
La tirade de Toinette est particulièrement comique car elle repose sur une
inversion du rapport traditionnel médecin/ patient. Alors que le médecin
est censé venir au secours du malade, pour le rétablir, le médecin incarné
par Toinette refuse de s’occuper du patient souffrant de « maladies
ordinaires » .
Par une inversion comique, c’est donc le malade qui doit se montrer
« digne » d’être soigné. Le malade n’est en effet qu’un faire-valoir qui
permet au médecin « "d’exercer les grands et beau secrets" » de la
médecine.
La médecine est donc vidée de son sens : il ne s’agit plus pour le médecin
de soigner mais de se mettre en valeur et satisfaire son égo.
Toinette balaie ces errances par l’hyperbole « "Ce sont tous des
ignorants" ».
Or il s’agit d’un comique de situation car le spectateur, lui, sait que Toinette
n’est pas médecin. Le comique est renforcé par le fait qu’anatomiquement,
le poumon n’a rien à voir avec le foie ni la rate.
Mais cette investigation n’interroge Argan que sur des gestes banals
(manger, boire un peu de vin, dormir) ce qui crée un comique de situation
car la conclusion n’est en réalité pas la conclusion d’un protocole médical
rigoureux.
L’effet comique est ici assuré par le décalage : alors que l’on s’attendrait à
une énumération de médicaments, les répliques d’Argan sont saturées par
le champ lexical de la restauration : « "potage », « volaille », « veau » ,
« des bouillons », « des œufs frais », « des petits pruneaux », « vin fort
trempé" ».
Cette dimension satirique est accentuée par l’ordre rigoureux des plats
énoncés par Argan qui dresse la liste des mets servis dans un banquet.
Elle complète la satire des médecins déjà très présente dans l’acte II scène
5 (la présentation de Thomas Diafoirus) et l’acte III scène 5 (l’indignation de
Monsieur Purgon).