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Présentation de l’œuvre « le malade imaginaire »

Dans cette pièce qui est la dernière de son œuvre, Molière écrit probablement son
testament.
Son testament, d'une part, par le fait que des grands thèmes, voire des grandes
celles, mais pas au sens péjoratif du terme, des grands procédés classiques du
Théâtre de Molière se retrouvent, en particulier à la question de l'argent, la
question du mariage, du mariage de la jeune lle, de l'amour empêché, du mariage
arrangé, et puis, évidemment, la thématique des médecins qui a hanté l'œuvre de
Molière dans d'innombrables pièces. Cette œuvre est une espèce de pot pourri
dans le grand procédé comique de Molière.

Par ailleurs, cette pièce a une caractéristique de comédie ballet avec des tableaux
chantés, dansés. On sait que Louis XIV, qui était un grand danseur, aimait
beaucoup participer aux spectacles de Molière et venir danser sur la scène. Il y a
donc un côté œuvre totale dans Le Malade imaginaire, avec des digressions
politiques, avec de la musique, avec de la danse qui donne un caractère total à
l'œuvre.

Mais le grand intérêt de cette œuvre, à mon avis, va nettement plus loin puisque
certes, Le Malade imaginaire est le portrait d'un hypochondriaque Argan qui
commence par compulser frénétiquement ses ordonnances et faire ses comptes
où il traduit sa fascination à la fois de la médecine, des médicaments, de lui même,
enfermé dans une espèce de bulle narcissique ménagée par son hypocondrie.

L'intrigue principale de la pièce va être qu'Argan, qui a épousé une femme


intéressée qui est parfaitement hypocrite et qui donc risque de se faire plumer par
sa femme.
Cet Argan a une grande lle qu'il veut marier à un jeune médecin qui s'appelle
Thomas Diafoirus. Pourquoi ? Dans le seul but d'avoir un gendre qui soit médecin
et qui soit à son service, puisque le malade est imaginaire, mais il a besoin de la
présence constante d'un médecin. Sa famille, en l'occurrence deux personnages
fondamentalement, sa bonne Toinette et son frère Béralde, diversement, veulent lui
faire entendre la voix de la raison, mais comme il est pris, comme de nombreux
personnages de Molière à l'intérieur d'une folie propre, celle en l'occurrence de
l’hypocondrie, de l'angoisse panique de la maladie, il n'entend pas raison et donc
on voit des scènes irrésistibles de visites de médecins qui, tantôt comme Monsieur
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Purgon, le maudissent parce qu'il ne prend mal ses médicaments, tantôt comme
les Diafoirus révèlent leur total archaïsme, incompétence, avec, entre parenthèses,
une thématique très intéressante sur l'opposition entre les circulateurs et les
adversaires de la circulation, autrement dit, sur les tenants de la médecine
moderne et les tenants de la médecine grecque.

On voit toute une espèce de bilan de Molière sur cette thématique de la médecine.
On voit des portraits psychologiques très forts. On voit un amour mis en danger
par la folie du père. Tout ça, encore une fois, ce sont des thématiques qui sont
celles de la grande comédie de Molière.

Là où cette pièce, à mon avis, touche au chef d'œuvre, c'est que Molière ici
s'adresse un dé à lui même. C'est Molière qui sait qu'il est malade, qui sou re du
poumon et qui va écrire une tirade extraordinaire sur le poumon où on voit Argan
découvrir qu'il est malade du poumon, alors qu'il ne l'est pas puisque le médecin
qui le lui dit est un était Toinette déguisé en médecin. On voit Argan en vérité
comme un portrait de Molière et comme une espèce de dé adressé par Molière à
lui même dans lequel il se dit à lui même « Ose te moquer de ta propre angoisse.
Ose te moquer de ta propre fragilité. » C'est ce qui donne d'ailleurs à cette œuvre
tellement nalement, je ne dirais pas autobiographique parce que Molière ne
ressemble sans doute pas à Argan, mais tellement personnel, un côté totalement
universel, parce que nalement, il est très facile d'extrapoler de l'hypocondrie à
toutes les formes d'angoisse et de fragilité humaine.

D'une certaine manière, Argan est notre frère à nous tous. Nous sommes tous des
petits enfants devant la mort. Nous sommes tous des grands narcissiques. Nous
sommes tous des êtres qui sommes obsédés par notre propre peur et notre propre
intérêt en même temps. Cette espèce d'enfant immature, fragile, si touchant et si
égoïste à la fois, c'est ça qui m'a bouleversé dans le malade imaginaire et qui m'a
donné envie de présenter cette œuvre, parce qu'elle est pour moi une œuvre
inoubliable, une œuvre qui rappelle que les hommes sont d'abord et avant tout des
enfants, des êtres vulnérables et qu'il faut avoir le courage d'a ronter comme
Molière cette vérité.
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