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DISSERTATION Molière, Le Malade imaginaire, 1673

Vous rédigerez une seule partie au choix comportant obligatoirement trois arguments distincts et
indiquerez le fil directeur de l’autre ou des deux autres selon le cas : argument, exemple convoqué et
interprétation.
« L’œuvre culmine, en effet, dans la musique et la danse, et aussi dans la farce. La farce est même
omniprésente dans la dernière pièce de Molière, comme dans les premières, et cela ne devrait pas
nous étonner, la farce étant une mise en scène radicale de la condition humaine. »
Michael Edwards, Le Rire de Molière Éditions De Fallois
Partagez-vous cette lecture de la pièce, Le Malade imaginaire que propose Michael Edwards ?

Problématique possible Comment cette ultime comédie de Molière ouvre-t-elle à un questionnement


philosophique ?
Plan possible
I. Une pièce divertissante
A. Instruire et plaire : précepte classique ici plaire ; il s’agit de divertir la cour d’où la variété de
ton de tous les intermèdes (4) avec l’églogue initiale : multitude de personnages et de tonalités
musicales, depuis la pastorale : églogue et deuxième intermède + opéra impromptu
d’Angélique et Cléante, jusqu’à la musique encomiastique de l’églogue.
B. L’églogue initiale doit elle aussi plaire au roi et lui rendre hommage (ici Louis XIV est de retour
des campagnes de Hollande) la musique (telle que représentée au théâtre du Châtelet en 1990
par le grand chef baroque William Christie, répète Louis forte puis piano repris par le chœur et
en écho.)
C. L’ensemble de la pièce de tonalité baroque de ce point de vue mêle des tons très variés,
depuis le tragique Argan en proie à sa névrose obsessionnelle d’hypocondriaque subjugué par
l’autorité des médecins jusqu’à Toinette et Polichinelle qui eux incarnent plutôt la farce (coups
de bâton, duo archers, Polichinelle et même aussi Polichinelle et violons). Polichinelle
hommage à la commedia dell’arte grande source d’inspiration pour Molière qui partageait
l’espace scénique avec la troupe des Italiens.
II. Une pièce comique
A. Faire rire : beaucoup d’effets comiques
 Situation : quiproquo Angélique et Cléante improvisant un « opéra impromptu »
mettant en scène Tircis et Philis dont le mariage est empêché par le père de la
belle. Mise en abyme = révélateur de Vérité.
 Parole : « le poumon ! » Toinette médecin de pacotille diagnostiquant doctement
une affection pulmonaire à Argan qui expliquerait tous ses maux. Comique verbal
de répétition
 De caractère surtout : Argan seul en scène pathétique et tragique, avare et crédule
face aux soins dispendieux occasionnés par M. Purgon et Diafoirus.
B. Le comique de farce : les coups de bâton et poursuites
Toinette et Argan + 1er intermède
C. Polichinelle invraisemblance et outrance d’un comique invraisemblable = une
interrogation humaine
III. Une pièce philosophique
A. Une lecture moderne de l’amour Angélique « féministe » avant l’heure défend une
vision moderne de l’amour qui doit être l’expression de sentiments et favoriser
l’émancipation (Molière visionnaire sur cette question, vision moderne)
B. Béralde, portrait de « l’honnête homme » éloge de la modération, de la tempérance
antique face aux « puissances trompeuses » que sont la crédulité et la foi aveugle en
la médecine
C. Condamnation ferme de toute forme de tyrannie pour l’esprit hymne à la comédie,
autocitation parodique : la comédie soigne et guérit tous les maux : « castigat ridendo
mores » corriger les mœurs en amusant, il s’agit bien de mettre en scène une pièce
qui chante les vertus du spectacle : le deuxième intermède introduit par Béralde fait
explicitement du spectacle des Egyptiens déguisés en maures, une thérapie.
D. Par ailleurs le théâtre est instrument de vérité dans le sens où chaque mise en abyme
révèle une vérité
 Angélique peut déclarer ouvertement son amour à Cléante lors du « petit opéra
impromptu »
 Louison montre à son père qu’elle sait le berner citant même les vertus des Fables
pour échapper aux questions pressantes de son père puis contrefait la morte pour
parer les coups
 Béline révèle sa vraie nature lorsqu’Argan fait le mort
 Angélique fidèle à son père proclame renoncer à son amour si son père est mort
et lui jure ainsi fidélité filiale jusque dans la mort
 Enfin Argan intronisé médecin triomphe de son illusion grâce à cette comédie en
latin de cuisine au fonctionnement sectaire, comme la religion embrigadait les
foules au XVIIe : ce triomphe de l’illusion marque également le triomphe du
théâtre comme divertissement surpassant tout.

Claude Stratz, Mise en scène du Malade imaginaire, Château de Versailles, 2022

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