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DISSERTATIONS ou COMMENTAIRE

Rédiger une partie de l’un de ces trois sujets (8 pts)


Sujet 1 Molière, Le Malade imaginaire, 1673
Un cri(que écrit à propos de la pièce : « Fin virevoltante, sans doute, que celle du Malade, mais
profondément pessimiste sur la nature humaine soumise au règne des puissances trompeuses ».
Que pensez-vous de ce7e analyse de la pièce ?
Vous traiterez ce sujet en vous appuyant sur votre connaissance de l’œuvre et des textes étudiés dans
le cadre du parcours associé.
I. Analyse du sujet
 « Fin virevoltante » Un dénouement joyeux et léger, dynamique
 « Sans doute » une supposition, peut-être
 « Profondément pessimiste » une pièce sombre, triste, voire tragique, antonyme optimiste
 « La nature humaine » : la mort, la maladie, les conflits intrafamiliaux, ce qui l’homme,
l’humanité
 « Les puissances trompeuses » : superstitions, croyances, dogmatisme, imagination, crédulité
II. Problématique « Le Malade imaginaire n’est-il qu’une pièce sur les
pouvoirs délétères de l’illusion ? »
Plan possible
I. Le Malade imaginaire, d’abord hymne au théâtre et au spectacle à l’image de son
dénouement
A. L’esthétique baroque du divertissement : prologue et intermèdes
Ex. 1er intermède Polichinelle, éloge du pouvoir royal et églogue beauté de la danse
(plutôt esthétique classique)
B. Les multiples mises en abyme : le théâtre, un outil de vérité
Ex. « Opéra impromptu », II, 5 ; Louison, II, 8 ; Angélique et Béline, III, 12 et 13 ;
Toinette déguisée en médecin, III, 10
C. Un dénouement festif pourquoi ?
Le triomphe de l’illusion ! 3e intermède Latin de cuisine/ comique ; joie collective mais
aussi réflexion : Argan ne sera pas médecin pour autant, comment se délivrer de ses
illusions ?
« Castigat ridendo mores »= instruire en amusant, « Instruire et plaire ». Double
fonction pédagogique et ludique du théâtre.
II. Le Malade imaginaire, une interrogation universelle sur l’homme et ses faiblesses
A. La question de l’amour sujet traditionnel de comédie
Discours novateur sur la liberté féminine Angélique, II, 6
B. La maladie et la mort : quelle vision de l’homme dans la dernière pièce de Molière ?
La peur de la mort omniprésente « contrefaire le mort » ; l’obsession d’A. pour les
soins cf. monologue d’exposition.
C. L’homme victime de son imagination : comment soigner l’homme ?
Eloge de la modération, de la réflexion et de l’esprit critique : avec Béralde III, 3 ; le
théâtre = le meilleur remède cf. le 2e intermède.
D. Soigner le mal par le mal : Argan conforté dans ses illusions mais maître de lui-même
une fin en forme de pirouette ?

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Sujet 2
Le me7eur en scène Claude Stratz a écrit : « La dernière pièce de Molière commence dans les teintes
d’une journée finissante. C’est une comédie crépusculaire. » Partagez-vous ce7e vision du Malade
imaginaire ?
I. Analyse du sujet
 « Teintes » : couleurs ; fin de vie ; début déjà sombre ?
 « Journée finissante » une pièce triste immédiatement
 « Crépusculaire » : métaphore ; coucher du soleil ; fin de vie ; tristesse, tragique ; maladie
II. Problématisation
« La pièce de Molière est-elle triste ? »

III. Plan
I. Une pièce sombre ?
A. Une pièce sur la maladie
Ex. Monologue d’exposition
Un personnage hanté par ses obsessions la maladie et l’argent que cela lui coûte
B. Des amours empêchées ou intéressées
1) Ex. Béline, un personnage intéressé, I, 8
Le notaire, les questions d’héritage
2) Une jeune fille qui revendique sa liberté
Ex. II, 6 Angélique
Pour un amour et mari librement choisis et consentis
C. Une foi inquiétante en la médecine
Ex. A. privé de soins panique III, 4
Un personnage dépendant, égaré par ses illusions.
II. Le triomphe du théâtre comme outil de vérité : rire pour apprendre
A. La farce y domine : le modèle de la commedia dell’arte
Ex. Polichinelle 1er intermède
Le jeu avec les violons ou les gardes, coups de bâton et ivresse stéréotypes du théâtre
masqué italien un jeu pour rire mais aussi interroger sur les faiblesses de l’homme
B. Le goût royal des divertissements
Ex. Eglogue initiale
Louange du pouvoir royal et de la joie que le roi dispense à ses sujets (registre
encomiastique)
C. La jubilation des mises en abyme comme instruments de révélations
Ex. II, 5 « opéra impromptu » Comment se libérer des carcans sociaux ?
Ex. Louison II, 8 Jubilation du théâtre dans le théâtre
Ex. Béline et Angélique la fausse mort d’Argan comme révélateur de vérité
Ex. Toinette déguisée en médecin, III, 8 le mensonge à son comble ; comique de
répétition verbal = Le poumon
Ex. Le divertissement final. Triomphe de l’illusion latin de cuisine et comiques à
profusion ; condamnation de l’obscurantisme et de la crédulité sous toutes ses
formes !

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LECTURE LINEAIRE vers le commentaire
G. FEYDEAU, La Puce à l’oreille, II, 7, 1907
Dans ce vaudeville, (pièce légère, comique, qui exploite par des rebondissements le comique de
situa!on, notamment, tout ce qui tourne autour de l’adultère bourgeois), écrit par Georges Feydeau
(1862-1921), le deuxième acte se déroule à l’hôtel du Minet-Galant, un établissement où se retrouvent
des couples adultères. Le patron de l’hôtel a fait installer un disposi!f visant à éviter à ces couples le
flagrant délit. Derrière le lit d’une des chambres se trouve un autre lit, dissimulé par une cloison, dans
lequel est couché, Bap!s!n, un vieillard. Un bouton à côté du lit ac!onne, la « tourne4e », disposi!f
perme4ant de faire pivoter le lit et la cloison de manière à ce que le couple illégi!me puisse disparaître
et faire apparaître Bap!s!n, à leur place, si besoin. Raymonde, épouse de M. Chandebise, un riche
bourgeois, s’est rendue à l’hôtel afin de surprendre son mari, qu’elle croit infidèle. Elle se retrouve par
un concours de circonstances dans ce4e chambre avec M. Tournel, un ami de son mari qui lui fait des
avances. Comme il se montre très insistant, elle ac!onne le bouton, croyant qu’il permet d’appeler du
personnel. Elle déclenche en réalité la « tourne4e ». Tournel, qui est de dos à ce moment, et n’a rien vu,
se je4e sur le lit, et, croyant embrasser Raymonde, se met à embrasser Bap!s!n.

Scène VII
TOURNEL, BAPTISTIN, puis RUGBY, puis POCHE.
TOURNEL, sautant hors du lit, à la vue de Bap!s!n. Ah ! Affolé, ahuri, ne comprenant rien à ce qui lui
arrive, pendant un bon moment il va, vient comme un écureuil en cage avec des regards effarés, à
droite, à gauche, au lit, au public, comme un homme qui a li4éralement perdu le nord.
BAPTISTIN, entonnant son refrain coutumier 1. Oh ! mes rhuma(smes !
TOURNEL, retrouvant sa salive. Qu’est-ce que c’est que ça ?
BAPTISTIN. Mes pauvres rhuma(smes !
TOURNEL, à Bap!s!n. Qu’est-ce que vous faites là, vous ? D’où sortez-vous ? Par où êtes-vous entré ?
BAPTISTIN, se redressant sur son séant 2 et l’air bien abru!. Hein ?
TOURNEL. Et Raymonde ?… Raymonde, où est-elle ? (Courant ouvrir la porte donnant sur le hall. À
part.) Personne ! (il réintègre la chambre dont il laisse la porte ouverte et tout en gagnant le cabinet de
toile4e, appelant.) Raymonde… Raymonde ! Il disparaît dans le cabinet de toile4e.
RAYMONDE, sortant comme une folle de la chambre du fond droit où la tourne4e l’a transportée.
Qu’est-ce qui s’est passé ?… Où suis-je ?… Oh mon Dieu ! (Appelant.) Tournel ! Tournel ! (Au public.) Oh
non ! assez ! assez de cet hôtel ! filons ! filons ! Elle se précipite dans l’escalier ; à peine a-t-elle disparu,
que Rugby fait irrup!on hors de sa chambre.
RUGBY. Alloh, boy 3! (Ne trouvant personne à qui parler) No body here ! (Il est arrivé à la cage de
l’escalier, appelant en se penchant par-dessus la rampe.) Boy ! Boy !
RAYMONDE, surgissant dans l’escalier dont elle a regrimpé les marches quatre à quatre. Ciel ! mon
mari !… Mon mari dans l’escalier 4! Voyant la porte de Rugby ouverte elle se précipite dans la chambre.
RUGBY, la regarde un instant ahuri, puis sa figure prend un air émous!llé 5et s’élançant à sa suite. Ah !
that’s a darling, hurrah ! 6… Il traverse la scène à grandes enjambées et pénètre dans la chambre dont
la porte se referme sur lui.
POCHE, de l’escalier, descendant en scène. Je suis bête ! Je ne trouve pas le vermouth ! pas étonnant !
Je l’ai donné hier à Bap(s(n. (Appelant en se dirigeant vers la chambre fond droit.) Bap(s(n ! Eh !

1
Baptistin, payé par le patron de l’hôtel, a pour mission de jouer le vieillard malade dès que la « tournette » est
actionnée, pour duper ceux qui viendraient prendre leur conjoint en flagrant délit d’adultère.
2
S’asseyant.
3
Rugby appelle Poche qui doit lui apporter du vermouth (vin aromatisé).
4
Raymonde vient en réalité d’apercevoir Poche, qui est le garçon de l’hôtel, et, par ailleurs, le sosie de son
mari (les deux rôles sont joués par le même acteur.)
5
Excité, titillé.
6
Ah ! C’est une petite chérie, hourrah !

3
COMMENTAIRE
G. FEYDEAU, La Puce à l’oreille, II, 7, 1907

Probléma(que : comment le dynamisme de ce théâtre s’exprime-t-il ?


I. Un théâtre très rythmé
A. Une situation de quiproquos en chaine
 Analyse des didascalies des décors signifiants
 Verbes d’action : des déplacements constants
B. Des répliques très rythmées
 Taille des phrases ; ponctuation très expressive beaucoup d’émotions intenses sont
exprimées
II. Un comique grinçant satire de la bourgeoisie
A. La bourgeoisie en question
 Des adultères croisés ; comiques de situation ; double énonciation jeu avec le public
complice
B. Des personnages très décalés
 Personnages en perte de repères ; des types sociaux : comique de mots et de gestes

Lilo Baur, La Puce à l’oreille de Georges Feydeau , Comédie française, 2019

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