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Sujet 2
Le me7eur en scène Claude Stratz a écrit : « La dernière pièce de Molière commence dans les teintes
d’une journée finissante. C’est une comédie crépusculaire. » Partagez-vous ce7e vision du Malade
imaginaire ?
I. Analyse du sujet
« Teintes » : couleurs ; fin de vie ; début déjà sombre ?
« Journée finissante » une pièce triste immédiatement
« Crépusculaire » : métaphore ; coucher du soleil ; fin de vie ; tristesse, tragique ; maladie
II. Problématisation
« La pièce de Molière est-elle triste ? »
III. Plan
I. Une pièce sombre ?
A. Une pièce sur la maladie
Ex. Monologue d’exposition
Un personnage hanté par ses obsessions la maladie et l’argent que cela lui coûte
B. Des amours empêchées ou intéressées
1) Ex. Béline, un personnage intéressé, I, 8
Le notaire, les questions d’héritage
2) Une jeune fille qui revendique sa liberté
Ex. II, 6 Angélique
Pour un amour et mari librement choisis et consentis
C. Une foi inquiétante en la médecine
Ex. A. privé de soins panique III, 4
Un personnage dépendant, égaré par ses illusions.
II. Le triomphe du théâtre comme outil de vérité : rire pour apprendre
A. La farce y domine : le modèle de la commedia dell’arte
Ex. Polichinelle 1er intermède
Le jeu avec les violons ou les gardes, coups de bâton et ivresse stéréotypes du théâtre
masqué italien un jeu pour rire mais aussi interroger sur les faiblesses de l’homme
B. Le goût royal des divertissements
Ex. Eglogue initiale
Louange du pouvoir royal et de la joie que le roi dispense à ses sujets (registre
encomiastique)
C. La jubilation des mises en abyme comme instruments de révélations
Ex. II, 5 « opéra impromptu » Comment se libérer des carcans sociaux ?
Ex. Louison II, 8 Jubilation du théâtre dans le théâtre
Ex. Béline et Angélique la fausse mort d’Argan comme révélateur de vérité
Ex. Toinette déguisée en médecin, III, 8 le mensonge à son comble ; comique de
répétition verbal = Le poumon
Ex. Le divertissement final. Triomphe de l’illusion latin de cuisine et comiques à
profusion ; condamnation de l’obscurantisme et de la crédulité sous toutes ses
formes !
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LECTURE LINEAIRE vers le commentaire
G. FEYDEAU, La Puce à l’oreille, II, 7, 1907
Dans ce vaudeville, (pièce légère, comique, qui exploite par des rebondissements le comique de
situa!on, notamment, tout ce qui tourne autour de l’adultère bourgeois), écrit par Georges Feydeau
(1862-1921), le deuxième acte se déroule à l’hôtel du Minet-Galant, un établissement où se retrouvent
des couples adultères. Le patron de l’hôtel a fait installer un disposi!f visant à éviter à ces couples le
flagrant délit. Derrière le lit d’une des chambres se trouve un autre lit, dissimulé par une cloison, dans
lequel est couché, Bap!s!n, un vieillard. Un bouton à côté du lit ac!onne, la « tourne4e », disposi!f
perme4ant de faire pivoter le lit et la cloison de manière à ce que le couple illégi!me puisse disparaître
et faire apparaître Bap!s!n, à leur place, si besoin. Raymonde, épouse de M. Chandebise, un riche
bourgeois, s’est rendue à l’hôtel afin de surprendre son mari, qu’elle croit infidèle. Elle se retrouve par
un concours de circonstances dans ce4e chambre avec M. Tournel, un ami de son mari qui lui fait des
avances. Comme il se montre très insistant, elle ac!onne le bouton, croyant qu’il permet d’appeler du
personnel. Elle déclenche en réalité la « tourne4e ». Tournel, qui est de dos à ce moment, et n’a rien vu,
se je4e sur le lit, et, croyant embrasser Raymonde, se met à embrasser Bap!s!n.
Scène VII
TOURNEL, BAPTISTIN, puis RUGBY, puis POCHE.
TOURNEL, sautant hors du lit, à la vue de Bap!s!n. Ah ! Affolé, ahuri, ne comprenant rien à ce qui lui
arrive, pendant un bon moment il va, vient comme un écureuil en cage avec des regards effarés, à
droite, à gauche, au lit, au public, comme un homme qui a li4éralement perdu le nord.
BAPTISTIN, entonnant son refrain coutumier 1. Oh ! mes rhuma(smes !
TOURNEL, retrouvant sa salive. Qu’est-ce que c’est que ça ?
BAPTISTIN. Mes pauvres rhuma(smes !
TOURNEL, à Bap!s!n. Qu’est-ce que vous faites là, vous ? D’où sortez-vous ? Par où êtes-vous entré ?
BAPTISTIN, se redressant sur son séant 2 et l’air bien abru!. Hein ?
TOURNEL. Et Raymonde ?… Raymonde, où est-elle ? (Courant ouvrir la porte donnant sur le hall. À
part.) Personne ! (il réintègre la chambre dont il laisse la porte ouverte et tout en gagnant le cabinet de
toile4e, appelant.) Raymonde… Raymonde ! Il disparaît dans le cabinet de toile4e.
RAYMONDE, sortant comme une folle de la chambre du fond droit où la tourne4e l’a transportée.
Qu’est-ce qui s’est passé ?… Où suis-je ?… Oh mon Dieu ! (Appelant.) Tournel ! Tournel ! (Au public.) Oh
non ! assez ! assez de cet hôtel ! filons ! filons ! Elle se précipite dans l’escalier ; à peine a-t-elle disparu,
que Rugby fait irrup!on hors de sa chambre.
RUGBY. Alloh, boy 3! (Ne trouvant personne à qui parler) No body here ! (Il est arrivé à la cage de
l’escalier, appelant en se penchant par-dessus la rampe.) Boy ! Boy !
RAYMONDE, surgissant dans l’escalier dont elle a regrimpé les marches quatre à quatre. Ciel ! mon
mari !… Mon mari dans l’escalier 4! Voyant la porte de Rugby ouverte elle se précipite dans la chambre.
RUGBY, la regarde un instant ahuri, puis sa figure prend un air émous!llé 5et s’élançant à sa suite. Ah !
that’s a darling, hurrah ! 6… Il traverse la scène à grandes enjambées et pénètre dans la chambre dont
la porte se referme sur lui.
POCHE, de l’escalier, descendant en scène. Je suis bête ! Je ne trouve pas le vermouth ! pas étonnant !
Je l’ai donné hier à Bap(s(n. (Appelant en se dirigeant vers la chambre fond droit.) Bap(s(n ! Eh !
1
Baptistin, payé par le patron de l’hôtel, a pour mission de jouer le vieillard malade dès que la « tournette » est
actionnée, pour duper ceux qui viendraient prendre leur conjoint en flagrant délit d’adultère.
2
S’asseyant.
3
Rugby appelle Poche qui doit lui apporter du vermouth (vin aromatisé).
4
Raymonde vient en réalité d’apercevoir Poche, qui est le garçon de l’hôtel, et, par ailleurs, le sosie de son
mari (les deux rôles sont joués par le même acteur.)
5
Excité, titillé.
6
Ah ! C’est une petite chérie, hourrah !
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COMMENTAIRE
G. FEYDEAU, La Puce à l’oreille, II, 7, 1907