Vous êtes sur la page 1sur 4

LES THEMES ET MOTIFS CENTRAUX DANS LE MALADE IMAGINAIRE

Thème 1 : Le Malade imaginaire, une comédie plaisante


→ Étudier les sources du comique dans la pièce :

Le comique visuel : comique de gestes (cavalcades = courses-poursuites ; bastonnades, etc.) et


déguisements (Cléante en maître de musique, Toinette médecin, carnaval final) = procédés farcesques.

Le comique de langage : jeu sur les noms des personnages (Béline, Purgon, Fleurant, Diafoirus, nom
construit sur “foire”, synonyme de “diarrhée”) ; le comique de mots : le jargon médical et le latin ; le
comique de répétition (“le poumon”), la cacophonie de II,5 (Argan et Diafoirus père parlant en même
temps) ; l’ironie et le sens de la formule (souvent de Toinette).

La prédominance du ridicule : le comique de situation (ex. : le quiproquo (I, 5) ; la 1ere rencontre Thomas
Diafoirus / Angélique ; la déclaration d’amour déguisée dans l'opéra impromptu), etc. ; le comique de
mœurs (satire des médecins) ; le comique de caractère (crédulité d’Argan, bêtise de T. Diafoirus).

→ Étudier les autres sources du plaisir du spectateur :

Plaisir du spectateur dans le genre de la comédie-ballet qui propose une diversité artistique et multiplie
les spectacles : intermèdes entre les actes et scènes de théâtre dans le théâtre à l’intérieur des actes.

Plaisir du spectateur dans le renouvellement de personnages types et de motifs traditionnels (voir fiche
dédiée à ce thème) : le public sait que la comédie du mariage contrarié finira par un mariage heureux, mais
se demande quelles variations le dramaturge va mettre en œuvre dans cette comédie, comment il va
renouveler le motif de la servante auxiliaire des jeunes gens, insolente et malicieuse, par exemple.

Plaisir du spectateur dans la mise en abyme : les allusions aux comédies de Molière que Béralde propose à
son frère d’aller voir (III, 3) permettent un dialogue complice avec le public.

Thème 2 : Le Malade imaginaire, une comédie qui guérit :


Elle guérit car elle corrige les mœurs (ex. : critique de la médecine), révèle les défauts ou le ridicule des
personnages (que ce soit les médecins ou Argan), pousse le spectateur à réfléchir à ses propres
comportements, à ne pas vouloir leur ressembler...

Elle guérit par le rire : diversité des moyens de la satire médicale (portraits en action de médecins -vrais ou
faux-, argumentation de Béralde)

Elle guérit par le plaisir de la variété des spectacles proposés (univers de la pastorale, Commedia dell’arte,
farce + mélange des différents arts)

Elle guérit par le pouvoir de l’illusion, de l’imagination : les scènes de théâtre dans le théâtre permettent
de faire éclater la vérité + le 3e intermède comme remède ultime, qui permet à Argan de mieux vivre avec
sa folie, si elle n’est pas guérie.

→ Démarche critique de la comédie : plaire par le rire sert à instruire, à faire réfléchir et finalement, à
guérir.
Thème 3 : Le Malade imaginaire, une critique de la médecine
Des médecins intéressés et hypocrites (ex. : relation commerciale Purgon / Argan “Je romps tout
commerce avec vous” + présentation de Toinette médecin)

Une prétention ridicule (ex. : éloge de Diafoirus père sur le savoir de son fils ; présentation de Toinette
médecin ; emphase du discours de Purgon ; latin de cuisine du 3e intermède) ; ou : des médecins vaniteux,
imbus de leur fonction (ex. : Fleurant, l’apothicaire).

Des médecins stupides et conservateurs (ex. : les Diafoirus)

→ Ces visages sont tous rassemblés dans le défilé du 3e intermède : le credo clystère-saignée-purge + le
serment du “juro” + le souhait final “qu’il tue”.

Des traitements inutiles ou qui nuisent aux malades (ex. : argumentation de Béralde ; Purgon en médecin
traitant incompétent et mortifère)

Une exploitation des faiblesses humaines (ex. : dépendance d’Argan à ses médecins)

→ La médecine, une imposture, une illusion (Béralde : “le roman de la médecine”)

Thème 4 : Le Malade imaginaire, un spectacle total


Actes de la comédie entrecoupés d’intermèdes : variété des arts mêlés dans la comédie-ballet (théâtre,
musique, chant, danse et éventuellement mime).

Variété des univers présentés dans les spectacles : la pastorale, la commedia dell’arte (Polichinelle),
l’univers réaliste de la bourgeoisie.

Démultiplication du spectacle au sein même de la comédie : nombreuses scènes de théâtre dans le


théâtre (opéra impromptu, scène avec Louison, fausses morts, fausse consultation).

→ Permet un plaisir décuplé et une réflexion sur le pouvoir de l’illusion.

Thème 5 : Le Malade imaginaire, le triomphe de l’illusion, du théâtre :


Une mise en abyme du spectacle par la structure de la comédie-ballet : la comédie est insérée dans un
spectacle plus vaste, qui la prolonge (comédie précédée par un prologue, puis actes entrecoupés
d’intermèdes)

Une mise en abyme dans la comédie elle-même : nombreuses scènes où les personnages deviennent
spectateurs eux-mêmes (ex. : spectacle des compliments de T. Diafoirus ; opéra impromptu ; le carnaval
généralisé du 3e intermède)

Des comédies dans la comédie : les personnages deviennent acteurs eux-mêmes dans des scènes de
théâtre dans le théâtre (ex. : rôle de maître de musique ; Toinette médecin ; Louison ou Argan
contrefaisant le mort) = fictions ou illusions qui permettent paradoxalement de faire éclater la vérité
(ruses, stratagèmes). + dénouement en forme d’éloge du théâtre.
Des personnages qui donnent la comédie : un masque conscient (ex. : Béline l’hypocrite = feint d’être une
épouse aimante) ou inconscient (ex. : Argan donne la comédie à son entourage : il se prétend malade alors
qu’il ne l’est physiquement pas : il l’est en imagination + il se donne la comédie, se donne en spectacle).

Une comédie où la frontière entre réalité et fiction se dissout peu à peu : Béralde en metteur en scène ;
Molière, vrai malade, incarne Argan, malade imaginaire ; dans le 3e intermède, irruption d’une troupe de
théâtre qui joue une fausse cérémonie, à laquelle Argan croit vraiment.

→ Démultiplication des regards de spectateurs + une comédie où le spectacle est toujours présent, de
façon explicite ou par des tromperies ou par le caractère des personnages.

→ Dans la pièce, deux formes de jeu entrent en concurrence, avec des valeurs opposées : à l’opposé de
l’hypocrisie, de la feinte, du mensonge, le jeu (théâtral) permet de dévoiler l’imposture, la manipulation et
faire apparaître les véritables sentiments et les êtres dans leur vérité.

Thème 6 : Le Malade imaginaire, une mise en garde contre la crédulité


Argan, fréquente dupe de son entourage, comme le rappelle Angélique en III, 14 (« se jouer de mon père »).

Toinette, Béralde et Angélique soucieux de sauver Argan des dangers qu’il encourt à cause de sa
crédulité. Personnages qui se servent cependant de sa crédulité pour lui sauver la vie (régime alimentaire
de Toinette en réalité pour son bien-être). Argan est doublement dupé, d’un côté par les vrais médecins qui
menacent sa vie, de l’autre par ses proches qui au contraire veulent le sauver.

Des mises en scène pour ouvrir les yeux du crédule : les scènes de théâtre dans le théâtre (Toinette
médecin, les fausses morts) ont pour but de faire éclater la vérité (l’imposture des médecins ou l’hypocrisie
de Béline).

Parallèle entre la croyance d’Argan en la médecine et d’autres types de croyances (religieuse): III,3,
allusions de Béralde + mise en scène de Stratz : accent mis sur les abus de pouvoir des médecins, leur
attitude inquisitrice. Même parallèle dans la scène de Dom Juan (III, 1)

Une pièce adressée au roi qui subit de nombreux lavements ?

Thème 7 : Le Malade imaginaire, une comédie traditionnelle :


L’intrigue : motifs traditionnels : le mariage contrarié (nœud fréquent des intrigues) ; les stratagèmes
hérités de la commedia dell’arte (déguisements et autres tromperies pour duper le barbon, échapper à
l’autorité paternelle et démasquer les imposteurs) ; structure qui conduit à un dénouement heureux
(mariage + “guérison” d’Argan).

→ Des étapes connues des spectateurs et attendues.

Des personnages types : répartition classique des rôles (2 générations) : le barbon tyrannique + riche
bourgeois ; Béline, l’hypocrite (épouse faussement aimante et femme intéressée) ; Angélique et Cléante,
les enfants qui forment un couple d’amoureux ; Angélique, la fille déterminée qui s’oppose à son père, et
Cléante, le parfait soupirant (par opposition au prétendant indésirable) ; Toinette, la servante effrontée,
spirituelle (sens de la répartie) et rusée ; le personnage obsessionnel et ridicule (Argan et
son obsession de la médecine).

Le respect de la bienséance : esprit du carnaval qui “autorise” une transgression


momentanée, le temps de la comédie : scène finale où chaque personnage reprend sa
place dans le respect de l’autorité paternelle (Angélique et Toinette en particulier : pas
de remise en cause révolutionnaire de la relation maître / valet chez Molière).

Thème 8 : Le Malade imaginaire, une comédie aux accents tragiques


Une réflexion sur la mort : Molière lui-même malade ; question de la mort qui angoisse
Argan : “N’y a-t-il point quelque danger à contrefaire le mort ?” (III, 11) + pièce qui s’ouvre
sur un personnage seul en scène ; nombreuses scènes où Argan conjure la mort : fausses
morts simulées au cours de la pièce (Louison et Argan), et la cérémonie burlesque finale
du 3ème intermède : devenir médecin pour conjurer la mort.

Vie d’Argan/Molière véritablement menacée : mise en scène de Stratz met l’accent sur
les effets de la tyrannie de Purgon sur Argan (Argan au sol, inquiétude réelle de Béralde).
Dans cette scène le rôle de Toinette lui-même n’est pas drôle mais met l’accent sur
l’urgence de la situation. Malédictions de Purgon semblent performatives (rejoint l’idée
de médecins mortifères). Clin d'œil à la malédiction d’Argan envers Molière (“qu’il
crève”,III,3) => ironie du sort, limite de la comédie et du divertissement dont Molière a
pleine conscience?

Vous aimerez peut-être aussi