Vous êtes sur la page 1sur 4

Parcours : Spectacle et Comédie

 Spectacle :
- ce qui se donne à voir, une comédie doit donc être représentée et mise en
scène pour devenir un spectacle.

 Comédie : genre codifié au XVIIe siècle


- cadre spatio-temporel : se déroule dans un lieu et un temps proches de
ceux du spectateur.
- personnages : la plupart sont des bourgeois aisés accompagnés de leurs
valets.
- intrigue : problèmes du quotidien comme l’amour, l’argent, la santé...
- dénouement : dénouement heureux
- but : la visée et de plaire et d’instruire (placere docere), à la fois faire rire le
public mais aussi de corriger les vices des hommes et les mœurs, d’inviter le
public à prendre conscience de ses défauts en les grossissant et en montrant
le ridicule.

 Les types de comiques :

1) Gestes :

- Argan poursuit Toinette son bâton à la main (Le Malade Imaginaire)


- Toinette fait un jeu de mimiques, elle reste muette en bougeant ses lèvres
- jeu de scène avec l’entrée et la sortie de la servante Juliette (Le Roi se meurt)
- Scapin bastonne son maître à coups de bâtons (Les fourberies de Scapin)
- turcs donnent coups de bâton au Bourgeois lors de la cérémonie (Le Bourgeois
gentilhomme)

2) Mots :

- répétition mots appartenant au domaine de la scatologie, noms de maladies qui


riment en « ie »
- termes pédants par l’apothicaire : « petit clystère », « julep » (Le Malade
Imaginaire)
- Sganarelle faux médecin parle en latin et grec pour paraître savant (Le médecin
malgré lui)
- mélange de langues (français/turc), mots insignifiants « hu la ba ba » (Le
Bourgeois gentilhomme)
- périphrases « soldat d’antichambre », jeux de mots, personnifications pour exprimer
la réalité indirectement (Le jeu de l’amour et du hasard)
3) Situation :

- scène parodique du procès d’Argan car il renvoie le lavement de M.Purgon qui le


maudit et lui souhaite la mort (Le Malade Imaginaire)
- Marguerite fait le compte à rebours de la mort à la seconde près (Le Roi se meurt)
- jeu de travestissement des domestiques en maître (Les Bonnes)
- Sganarelle, le faux médecin qui ausculte une fausse malade, Lucinde (Le médecin
malgré lui)
- Géronte, un maître se retrouve enfermé dans un sac à subir les coups de son valet
qui prend vengeance (Les fourberies de Scapin)
- Pridamant pense que son fils est mort alors qu’il est en réalité comédien (L’Illusion
comique)
- Colvielle se déguise en interprète pour faire croire à M.Jourdain qu’il va devenir
noble en le flattant (Le Bourgeois gentilhomme)
- travestissement social des valets en maîtres et réciproquement qui jouent un rôle
opposé à leur principes/valeurs (Le jeu de l’amour et du hasard)
- stratégie de retardement de l’aveu d’Arlequin alors même que Lisette est un louis
d’or faux (Le jeu de l’amour et du hasard)

4) Caractère : corriger les travers humains par un portrait comique

- Argan : avare, obsédé par la médecine, hypocondriaque, narcissique, manque de


mesure, hystérique, fanatique, naïf (Le Malade Imaginaire)
- Orgueil et tyrannie du roi qui l’empêchent d’accepter l’approche de sa mort =
fonction cathartique (Le Roi se meurt)
- les mères tyranniques, dominantes et même cruelles envers leurs enfants (Art)

5) Mœurs : provoquer le rire par la dénonciation de la société

- vénalité des médecins, charlatanisme/imposture, escroquerie


- le médecin devient bourreau puisqu’il souhaite la mort à son patient et le maudit
- relations maître valet, tyran domestique (Le Malade Imaginaire)
- satire pratiques politiques et mensonge, critique inégalités sociales entre noblesse
et tiers-état (Le mariage de Figaro)
- mépris des classes sociales, dénonciation rapport malsain entre bourgeois et
domestiques = catharsis (Les Bonnes)
- lutte des valets et esclaves face aux maîtres qui renversent le rapport de force
(L’île des esclaves)
- satire d’une société moderne menacée d’être disloquée par l’individualisme (Art)
- dénonciation de la société d’ordres créant l’injustice sociale, bourgeois voulant
s’anoblir à tout prix (Le Bourgeois gentilhomme)
- préjugés sociaux, barrières sociales, critique de l’Ancien régime, « Quel homme
pour un valet ! » (Le jeu de l’amour et du hasard)
 La Farce :

- Molière utilise les ressources de la farce et de la scatologie : il réduit la médecine à


des questions de transit intestinal dans une série de saynètes tirées de la farce : la
scatologie vise à ridiculiser les médecins et leurs malades.
- Fourberies de Scapin : coups de bâton, insultes violentes, Scapin enferme son
maître dans un sac.

 La mise en abyme :

- Molière parle de ses propres comédies lors d’une scène de débat polémique =
objectif de rappeler que ses pièces sont un véritable remède menant à la catharsis
- Les Bonnes : Claire, la domestique, joue le rôle de Madame et devient elle-même
comédienne et Solange joue la domestique alors qu’elle l’est déjà
- Le médecin malgré lui : Sganarelle joue le rôle d’un faux médecin
- Le jeu de l’amour et du hasard : les valets jouent le rôle de leurs maîtres et
inversement, objectif de mieux dénoncer les inégalités entre classes sociales

 Les intermèdes/chant/danse/déguisement :

- le prologue et les 3 intermèdes mettent en scène des univers très différents, de la


pastorale au carnaval en passant par la commedia dell'arte et l'orientalisme.
- musique et la danse produisent une certaine animation
- on imagine assez bien le faste des costumes, des maquillages, des lumières qu'a
pu essayer de reproduire Jean-Marie Villégier dans sa mise en scène au théâtre du
Châtelet en 1990.

 Des pièces destinées à instruire :

- Dénonciation de la société d’ordres de l’Ancien régime/ des privilèges


- Des maitres tyranniques/orgueilleux/violents…
- Des avares
- Des manipulateurs
- Du mariage
- Des Faux dévots (Tartuffe = religieux hypocrite)
- De la médecine : médecins charlatans et menteurs qui ne cherchent pas à soigner
mais seulement à gagner de l’argent, vénalité
- Morale/leçon de sagesse + ils manipulent un jargon (vocabulaire spécialisé et
compliqué en latin) sans rapport direct avec la maladie du patient : ils débitent des
paroles toutes faites
- Les médecins sont incompétents car leur savoir est purement théorique, ils n’ont
aucune connaissance réelle du corps et de son fonctionnement. Les traitements
qu’ils proposent pour guérir sont limités et parfois dangereux
- Les médecins exercent une domination, une emprise morale sur leurs patients,
dont ils veulent contrôler le corps (médecin = religion/ prophète/Dieu qui veut
contrôler son patient)
« Ce ne sont pas les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine », comme
l’affirme Béralde pour dire que Molière ne s’en prend pas à des individus mais plutôt
à une institution, la faculté de médecine, qui diffuse des savoirs archaïques et
cautionne des pratiques douteuses.
- Carnaval / déguisement : n’importe qui peut être médecin il faut juste avoir l’habit, le
déguisement : les médecins sont des imposteurs qui se font passer pour ce qu’ils ne
sont pas.
- Le dernier intermède où la faculté de médecine, jouée par une troupe de théâtre,
vient décerner un diplôme à Argan : Molière use de toutes les ressources de la
comédie-ballet pour désamorcer les faux-semblants et ridiculiser le corps médical, sa
vénalité, son incompétence, les enjeux de pouvoir qui le traversent

 Fonction cathartique du rire :

- Rire comme remède, soigne les illusions


- Rire pour apprivoiser la mort et ne plus la craindre
- Le théâtre a des vertus curatives/ thérapeutiques / purgatives / cathartiques et
même supérieures à celles de la médecine.
- Le théâtre écarte et révèle les importuns, les manipulateurs et les malveillants, pour
célébrer le triomphe de l’amour et de la joie

► Mise en relation des deux termes : (Le malade imaginaire, Molière)


- Se demander ce qui fait que la comédie peut/doit devenir un spectacle : plus
efficace ? plus drôle ? plus satirique ?
- Peut-on estimer que les intermèdes constituent le spectacle ajouté aux dialogues,
qui eux, seraient la comédie ?

Vous aimerez peut-être aussi