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MOLIÈRE (1622-1673) 

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Dans la longue tradition de la littérature comique, qui naît avec Aristophane et qui n'a cessé de se
développer depuis la Grèce classique jusqu'au xxe siècle, le nom de Molière, de son vrai nom
Jean-Baptiste Poquelin, figure parmi les plus grands. Philosophe du bon sens bourgeois,
moraliste du juste milieu, autant de titres que Molière a acquis aux dépens de son renom
d'homme de théâtre. L'homme du jeu corporel, de la posture, de la grimace, l'héritier des farceurs
et le chef de troupe ont été longtemps négligés par la critique. C'est pourquoi l'homme de théâtre
mérite une particulière attention. Fils d'un tapissier ordinaire du roi, il fit ses études au collège de
Clermont où les jésuites assuraient l'instruction des fils de la noblesse et de la riche bourgeoisie.
Son père le destinait à lui succéder dans sa charge, mais le jeune homme se détourna de la
carrière qui lui était préparée et forma avec quelques amis une troupe de comédiens. Cette troupe
se constitua le 13 juin 1643 et s'appela l'Illustre-Théâtre. Elle loua successivement deux salles.
Dans les deux cas, l'échec fut complet. Elle fit faillite, et le jeune Poquelin fut emprisonné pour
dettes. Libéré après quelques jours, il partit pour la province. La troupe où il entre est signalée en
Gascogne, en Bretagne, en Languedoc et enfin dans la région du Rhône. En 1650, il fut choisi
par ses compagnons pour être leur chef. Il avait pris le nom de Molière.

Repères chronologiques
15 janvier 1622  Baptême de Jean-Baptiste Poquelin en l'église Saint-Eustache à Paris.
1636  Études chez les jésuites au collège de Clermont. Se prépare à devenir avocat.
1643  Molière fonde avec les Béjart la troupe de l'Illustre-Théâtre.
1645  L'Illustre-Théâtre quitte Paris pour des tournées en province.
1658  Monsieur, frère du roi, accorde son patronage à la troupe. Elle se produit devant le roi le
24 octobre et s'installe au théâtre du Petit-Bourbon, qu'elle partage avec les Comédiens-Italiens.
18 novembre 1659  Création des Précieuses ridicules.
1661-1715  Règne de Louis XIV.
20 janvier 1661  La troupe se produit désormais au théâtre du Palais-Royal.
26 décembre 1662  L'École des femmes.
Octobre 1663  Molière reçoit une pension du roi et donne au château de Versailles L'Impromptu
de Versailles.
12 mai 1664  Création de Tartuffe à Versailles. Cabale des dévots, conduite par la reine mère et
le prince de Conti, qui entraîne l'interdiction d'imprimer et de représenter la pièce.
15 février 1665  Création de Dom Juan.
1666  Le Misanthrope. Le Médecin malgré lui.
5 août 1667  Unique représentation de L'Imposteur, nouvelle version de Tartuffe, aussitôt frappée
d'interdiction.
1668  Amphitryon. Georges Dandin. L'Avare.
5 février 1669  Tartuffe est représenté librement.
14 octobre 1670  Création du Bourgeois gentilhomme (comédie-ballet) à Chambord.
1671  Psyché. Les Fourberies de Scapin. La Comtesse d'Escarbagnas.
11 mars 1672  Création des Femmes savantes.
10 février 1673  Création du Malade imaginaire (comédie-ballet).
17 février 1673  Mort de Molière à Paris.
HAUTES (GRANDES) COMEDIES : l’École des Femmes, Tartuffe, Les femmes Savantes, Le
Misanthrope
Notions-clés
A. Farce + Influence de la comédie italienne (Commedia dell’arte)
B. Devise : Castigat ridendo mores
C. LES PRINCIPALES THÈSES DE MOLIÈRE : la préciosité, l’éducation des filles, l’amour et le
mariage, la religion : les faux dévots, l’hypocrisie religieuse, le libertinage
D. Types de comique : comique de gestes, de mots, de situation, de caractère, de mœurs
Molière est capable de bâtir une intrigue attachante, imprévue et bien enchaînée. Mais, dès  L'École des
Femmes, où l’intrigue occupe encore une grande place, il se tourne vers l'étude des mœurs et surtout des
caractères. Dans ses meilleures comédies, Tartuffe, Le Misanthrope, L'Avare, Le Bourgeois Gentilhomme,
Les Femmes Savantes, Le Malade Imaginaire, il est avant tout soucieux de peindre « d'après nature », et
il lui arrive de négliger l'intrigue, ou tout au moins de la subordonner à la vérité de la peinture.

LE SCHÉMA HABITUEL DES INTRIGUES


Si l’on excepte Le Misanthrope, Molière reste fidèle, dans ces pièces, au schéma habituel de la comédie
d'intrigue. Le problème qui recevra sa solution au dénouement est celui d’un mariage contrarié par les
parents de la jeune fille. Mais généralement le personnage qui s’oppose au mariage est un maniaque
aveuglé par ses vices ou ses travers, et l’action a pour objet de mettre en lumière les défauts et les
ridicules de son caractère. Personnages-types : A. monomanes (Orgon – obsédé par Tartuffe,
Harpagon - obsédé par l’argent, Monsieur Jourdain – obsédé par les manières des nobles,
Alceste- obsédé par la sincérité, Argan - hypocondriaque etc.) - Les principaux personnages de
Molière sont en proie à une idée fixe qui se révèle lorsqu’elle se heurte à un obstacle ou, au
contraire, lorsqu’elle trouve un climat favorable. B. meneurs du jeu et raisonneurs (très
souvent /mais pas forcément/ les valets et les soubrettes) etc.
a. Les « héros » de Molière : des monomanes : C’est pour satisfaire une idée fixe que le
personnage central contrarie le mariage de son enfant et veut lui en imposer un autre. Harpagon
veut marier son fils à une riche veuve, et sa fille au seigneur Anselme « qui n’a pas plus de 50 ans
et dont on vante les grands biens ». Orgon donne sa fille au bigot Tartuffe. M. Jourdain refuse
Lucile à Cléante parce qu’il n’est pas gentilhomme : elle sera marquise et même duchesse ! Quant
au « malade imaginaire », sa fille Angélique ne saurait épouser qu’un médecin ! « C'est pour moi
que je lui donne ce médecin, dit-il, et une fille de bon naturel doit être ravie d'épouser ce qui est
utile à la santé de son père. »
b. Les « exploiteurs » : Autour de ces maniaques se trouvent des intrigants qui exploitent leur idée
fixe : coureurs de dot, comme Tartuffe; personnages avides, Minime Béline, qui convoite
l’héritage du « malade imaginaire ». Quant à Dorante, il lui suffit d’être gentilhomme pour vivre
largement aux dépens de M. Jourdain. Ce sont d'habiles hypocrites et leur action persévérante
suppose une connaissance profonde de leur dupe.
c. Le parti du bon sens : Face à cette coalition des parents maniaques et de leurs exploiteurs, voici
d’abord le couple des amoureux menacés. Ils sont généralement très épris mais désarmés, et
heureusement soutenus par des personnes raisonnables, parfois ingénieuses : la franche Mme
Jourdain, le bonhomme Chrysale, les frères ou demi-frères à qui leurs tirades sensées et quelque
peu monotones ont valu le titre de « raisonneurs » : Cléante, Ariste, Béralde. Mais l’opposition
aux maniaques est le plus souvent conduite par des servantes à la langue bien pendue, capables
d’inventer des ruses pour démasquer les hypocrites et faire triompher l’amour. La « suivante »
Dorine voit clair dans le jeu de Tartuffe (I, 2) et soutient la révolte de Mariane contre
l’aveuglement d’Orgon (II, 2). Dans Le Malade Imaginaire, c’est Toinette qui dit son fait à Argan
(I, 5) et démasque par un stratagème l’hypocrite Béline (III, 18).

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