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LITTÉRATURE
en analysant les textes et les œuvres
Pour le lycée
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Molière,
L'École des
femmes, 1662
L'auteur (1622-1673) à
l'époque de L'École des
femmes
N. Mignard, Molière dans le rôle de César dans
"La mort de Pompée" de Corneille, vers 1650.
Huile sur toile, 75 x 70. Musée Carnavalet,
Paris.
Le contextetraditionnelle
L'image des
femmes
Vers 1600, c’est le règne des contes,
des farces et des fabliaux, genres
littéraires hérités du moyen-âge : l’on
s’y moque des femmes et de leurs
multiples défauts, et des maris
trompés. Cela reflète une société où la
femme est le jouet de l’homme. De
plus pour l’Église, depuis le péché
d’Ève, la femme est un objet de
tentation et elle est vouée à la
perfidie.
Le comique de gestes
On reconnaîtra d'abord le comique né
des gestes, des mouvements, des
mimiques, explicitement signalés
dans les didascalies. Héritage de la
commedia dell'arte, il se manifeste à
travers le jeu bouffon des deux
serviteurs, Georgette et Alain. C'est
notamment le cas des bousculades
entre eux, et des coups reçus à l’acte I,
scène 2, qui suscitent chez eux une
véritable terreur face à leur maître. On
note aussi le comique de répétition,
comme le chapeau ôté de la tête
d'Alain trois fois dans cette scène, ou
la répétition du rejet d’Horace à la
scène 4 de l’acte IV.
:
Les révérences d'Agnès
Le comique de caractère
Le comique de caractère naît toujours
d'un décalage par rapport à la norme
sociale. Chez Arnolphe, l'obsession de
ne pas être "cocu" tourne à la
monomanie, et le rend ridicule, par
exemple quand il tombe dans l'excès
en parodiant le tragique (III, 5). Quant
:
en parodiant le tragique (III, 5). Quant
à Agnès, sa naïveté est tellement
exagérée qu'elle fait sourire,
notamment quand elle fait le récit de
sa rencontre avec Horace, ou qu'elle
prend au sens premier le discours de
la vieille entremetteuse.
Deux caractères comiques
Le comique de situation
Le comique de situation est la base
même de l’intrigue de la pièce, avec
les confidences d'Horace sur ses
projets, dues au quiproquo sur son
double nom. Arnolphe tente en vain de
le combattre : chaque précaution se
retourne contre lui. Mais il est obligé
de garder le silence, face à Horace. Le
public, complice, rit alors des
apartés, par exemple " Ah! je crève..."
quand il écoute le portrait fait de lui (I,
4), ou apprend la ruse d'Agnès (III, 4),
et du ton tragique qu'il adopte alors. Il
en va de même face à Agnès avec le
rôle des apartés quand il écoute le
récit de la rencontre d'Horace et
l'éloge du jeune homme.
Conclusion
Mais Molière s'écarte de la farce par
un emploi du comique plus original :
il le fait intervenir au moment où la
tension dramatique pourrait rendre la
situation des personnages pathétique,
ou bien quand le conflit s'intensifie.
Faire rire est donc le moyen de créer
un mouvement de bascule, en
ramenant le public vers ce qui n'est,
après tout, que du théâtre, fiction,
illusion... Il enrichit ainsi la comédie,
tout en donnant aux metteurs en
scène une totale liberté
L'évolution d'Agnès
La naissance de l'amour
L’acte I a présenté Agnès, sans qu’elle
ne paraisse en scène. Son
« innocence » a été soulignée par
Arnolphe, ainsi que son ignorance :
:
Arnolphe, ainsi que son ignorance :
« la rendre idiote autant qu’il se
pourrait ». La scène 5 de l’acte II
confirme cette présentation à travers
son peu de conversation, par l’aveu
naïf de sa rencontre avec Horace, et la
façon dont elle s’est fait duper par
l’entremetteuse.
La naïveté d'Agnès
Arnolphe amoureux
La distanciation est également
due aux effets comiques produits par
une gestuelle que la didascalie, « Il
fait un soupir », permet d’imaginer :
Arnolphe imite tous les gestes des
galants, mais jusqu’à la caricature.
Ajoutons- y un lexique qui, en mêlant
le langage précieux (« traîtresse »,
« regard mourant », « soupir
amoureux », « cruelle », « te prouver
ma flamme »…) au langage familier
(« mon pauvre petit bec », « ce
morveux », » je te bouchonnerai »),
:
morveux », » je te bouchonnerai »),
rend cette éloquence totalement
ridicule. Les interrogations oratoires à
la fin de sa tirade tombent dans un
excès tel que ce discours amoureux
devient une caricature : « Veux-tu que
je m’arrache un côté de cheveux ? »
La tentative du héros pour se hausser
à la noblesse tragique, pour recourir
au pathétique afin de toucher Agnès,
ne sert en fait qu’à le transformer en
un prétendant ridicule.
Ainsi, son amour est nettement rejeté
par Agnès. Dès le début de la scène,
elle lui marque une absolue
indifférence : « Quel mal cela vous
peut-il faire ? » prouve qu’elle a très
bien compris ce qu’est l’amour
véritable, et n’a reconnu rien de tel
dans les discours d’Arnolphe. Mais
cette première réponse peut encore
passer pour l’effet de son
« innocence ». Elle est déjà nettement
moins « innocente » quand elle le
brave en le comparant ironiquement à
Horace dans les vers 1539-1540. Mais
elle ne l’est plus du tout à la fin de la
scène, quand elle le rejette avec
brutalité. « Innocence » signifie, en
effet, « incapable de nuire », or, ici
elle le blesse en profondeur, et
consciemment.
Mais le spectateur plaindra-t-il
Arnolphe ? Ne reçoit-il pas là le
résultat de son monstrueux égoïsme
?
:
Arnolphe aux pieds d'Agnès : l'inversion des
pouvoirs
CONCLUSION
Ghislaine Cotentin
Professeure agrégée de Lettres classiques
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