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& Contemporains
Classiques

Molière
Dom Juan

TEXTE INTÉGRAL
LY C É E
2
Classiques & Contemporains

Molière
Dom Juan

Présentation, notes, questions et après-texte établis par


PIERRE BRUNEL
professeur à la Sorbonne
CLAUDIA JULLIEN
professeur de lettres en classes préparatoires
Sommaire
PRÉSENTATION
Molière, ou la comédie de tous les dangers . . . . . . . . . . . . 5
Contexte historique et culturel de Dom Juan . . . . . . . . . . 7
Résumé de Dom Juan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

DOM JUAN
Texte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Après-texte

POUR COMPRENDRE
Étapes 1 à 10 (questions) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

GROUPEMENT DE TEXTES
Dom Juan refait et défait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

INFORMATION / DOCUMENTATION
Bibliographie, filmographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
Présentation 5

MOLIÈRE, OU LA COMÉDIE DE TOUS LES DANGERS

Molière a quarante-trois ans quand il présente sur la scène du


Palais-Royal, le 15 février 1665, sa nouvelle comédie, Dom Juan
ou le Festin de Pierre. Il est un auteur de théâtre chevronné, dou-
blé d’un acteur qui est considéré comme l’un des tout premiers de
son temps. Il est aussi un auteur engagé, dont la pièce précédente,
Tartuffe, a été interdite. Ce sont autant de lumières, autant
d’ombres qui entourent Dom Juan.
Il a commencé sa carrière en montant sur les planches. Fils d’un
tapissier parisien, Jean-Baptiste Poquelin a délaissé et la décora-
tion et le barreau auquel il s’était formé pour obéir à une vocation
qui est née dans la rue, à contempler avec son grand-père les bate-
leurs et les bonimenteurs, les farceurs du Pont-Neuf, les comé-
diens italiens improvisant devant un public ébaubi, puis les pièces
plus sérieuses jouées à l’Hôtel de Bourgogne. La rencontre d’une
actrice a fait le reste : Madeleine Béjart, dont il épousera la jeune
sœur (à moins qu’elle ne soit sa fille), Armande, en 1662. Elle fait
partie d’une troupe familiale et, avec les Béjart, il fonde l’Illustre-
Théâtre, prenant lui-même le nom de Molière. Leurs tribulations,
en province, dignes de celles du capitaine Fracasse, se soldent par
des échecs. Placée heureusement sous la protection de Monsieur,
le frère du roi, la troupe peut rentrer à Paris. Elle a son répertoire
propre, la farce. Le roi rit à la représentation d’un certain Docteur
amoureux, et accorde à Molière de partager avec les comédiens ita-
liens la salle du Petit-Bourbon, près du Louvre. Chef de troupe,
Molière triomphe dans les rôles à forte charge comique : il est plu-
6 Présentation

sieurs fois Sganarelle, le paysan mal dégrossi, tour à tour berné et


roublard ; il le sera encore dans Dom Juan, où il apparaîtra, dès la
première scène, en valet d’un « grand seigneur méchant homme ».
Pour sa troupe, et donc pour lui-même, Molière auteur a mul-
tiplié les pièces. Le succès des Précieuses ridicules a été décisif en
1659. La comédie satirique lui réussit mieux que la comédie
héroïque, mais il ne tarde pas à l’élever au rang de grande comé-
die, en cinq actes et en vers : c’est L’École des femmes, en 1662,
avec, en Agnès, une fausse ingénue qui n’est pas sans rappeler
Armande ; c’est, en 1664, Tartuffe : mais il suffit des trois pre-
miers actes, joués le 12 mai à Versailles, pour que la pièce soit
interdite à Paris. Le Misanthrope, en 1665, sera construit sur le
même modèle. Entre-temps, Dom Juan constitue une anomalie :
la comédie est bien en cinq actes, mais en prose. L’auteur n’a-t-il
pas eu le temps de la versifier ? Thomas Corneille, le frère du
grand Corneille, s’en chargera plus tard, en l’édulcorant.
Car Molière depuis quelque temps est suspect. Il l’est déjà
comme simple comédien, à une époque où l’Église refuse aux
gens de la profession, quel que soit leur talent, la sépulture en
terre chrétienne. Il l’est plus encore comme auteur. En avril 1664,
la Compagnie du Saint-Sacrement (voir p. 157) a sonné l’alarme
et, quoique dissoute, a persuadé le parti dévot qu’il y avait un
grand danger à représenter le spectacle d’un hypocrite qui use de
la religion à des fins intéressées. Dom Juan, qui à l’acte V « fait
l’hypocrite » et feint la conversion, n’est-il pas un autre Tartuffe,
et ne présente-t-il pas les mêmes dangers, en les aggravant ?
Présentation 7

CONTEXTE HISTORIQUE ET CULTUREL


DE DOM JUAN

Le libertinage et les libertins


L’esthétique de Molière, dans la grande maturité de son art, est
inséparable de son éthique : le respect de la nature. Comme La
Fontaine, il pense qu’« il ne faut pas/Quitter la nature d’un pas ». La
société de son temps lui proposait des tartuffes, des don juans, en
tout cas des faux dévots et des libertins. Aussi les historiens ont-ils
pensé à plusieurs de ses contemporains. Parmi eux, un prince
d’Orange qui, interrogé sur ses croyances, aurait répondu : « Nous
autres, mathématiciens, croyons que deux et deux font quatre, et
quatre et quatre font huit. » Ou encore le chevalier de Roquelaure,
impie célèbre qui, rencontrant un pauvre qui blasphémait, l’en
remercia et le gratifia de cinq sols, ajoutant que, s’il voulait recom-
mencer, il lui donnerait davantage. Quant à Henri de Guise, il avait
séduit la jeune Anne de Gonzague, destinée à la vie religieuse et cloî-
trée dans le couvent d’Avenay. Ce sont autant de sources pour telle
réplique de Dom Juan (acte III, scène 1, p. 76, l. 75-76), pour telle
scène (la scène « du Pauvre », acte III, scène 2, p. 78-81), pour telle
situation (Gusman, l’écuyer d’Elvire, s’étonne que le séducteur ait
pu « forcer, dans sa passion, l’obstacle sacré d’un couvent, pour [la]
mettre en sa puissance », acte I, scène 1, p. 17, l. 45-46).
La figure majeure reste celle du prince de Conti, frère du grand
Condé. Molière l’aurait eu comme condisciple chez les jésuites et,
plus tard, il a bénéficié pour sa troupe de sa protection. Mais
Conti s’était converti brusquement à un catholicisme austère. Il
8 Présentation

avait rompu avec le libertinage de mœurs en même temps qu’avec


le libertinage d’esprit, sans se contenter de faire semblant comme
Dom Juan dans l’acte V de la pièce.
Il était trop facile de reporter un tel libertinage sur Molière lui-
même. Selon les uns, il aurait eu « un fort penchant pour le sexe »,
séduisant l’une puis l’autre des sœurs Béjart. Et on imagina même
pour lui cette épitaphe, alors qu’il fut sans doute un chrétien sincère :
« Apprends, athée, apprends, impie,
À mieux parler de Dieu, de l’homme et de sa mort,
De crainte qu’imitant Molière dans sa vie
Tu ne l’imites dans sa mort. »
La réalité était tout autre, et on ne saurait faire le jeu des enne-
mis d’un homme injustement décrié.

L’espoir dans le nouveau roi


Louis XIV ne mérite pas davantage d’être compté parmi les
modèles de Dom Juan, malgré sa liaison avec Mlle de la Vallière et
les frasques qu’on lui prête avec les chambrières. Sur scène, il est
vrai, le séducteur passera d’une aristocrate, Elvire, à des roturières,
Charlotte et Mathurine. Mais la jeunesse du souverain, qui avait
vingt-deux ans quand il a accédé effectivement au trône, en 1661,
comparable à celle de Dom Juan (La Grange, le créateur du rôle, en
avait vingt-six en 1665), son goût des plaisirs, de la danse ne consti-
tuent que des points de rapprochement superficiels. Et l’infante
espagnole Marie-Thérèse dont il a fait la reine n’est pas cynique-
ment délaissée.
Présentation 9

En revanche, que Molière ait eu confiance en lui, au point d’al-


ler trop loin dans ses audaces, est indéniable. Après les deux car-
dinaux qui ont tour à tour exercé le pouvoir, Richelieu et Mazarin,
et malgré la présence de la reine mère Anne d’Autriche, le nou-
veau roi apparaît comme un souverain moderne et, sinon libéral,
du moins ouvert. Le culte de l’étiquette, le cérémonial de la Cour,
le goût du pouvoir personnel auraient dû constituer pour un
observateur plus attentif des mises en garde.
Mais le climat est paisible. Le temps de la Fronde est passé, le
traité des Pyrénées a mis fin en 1659 à la guerre d’Espagne. La
politique économique de Colbert commence à porter ses fruits
dans une France qui avait été considérablement appauvrie.
Molière n’a pas mis en scène le roi, ni ce roi, comme l’avait
fait son prédécesseur espagnol, l’auteur du premier Don Juan
connu, Tirso de Molina (voir p. 145). Mais le père du libertin,
Don Louis, le présente comme le garant suprême après Dieu des
valeurs morales : lui-même est las de se voir réduit, « à toutes
heures, à lasser les bontés du Souverain » en intervenant en faveur
de son fils (acte IV, scène 4, p. 110, l. 19-20). L’éloge, discrète-
ment introduit dans le texte de la comédie, ne doit pas être consi-
déré comme de la flagornerie. Mais c’était bien, pour l’auteur, une
manière de se placer, contrairement à Dom Juan, du côté du roi.

L’idéal de l’honnête homme


« Non, non, la naissance n’est rien où la vertu n’est pas » (ibid.,
l. 27-28) : Don Louis édicte le principe de l’honnêteté, qui
d’ailleurs à l’époque n’est pas seulement une des vertus, mais un
10 Présentation

idéal en société. La « bassesse » morale de Dom Juan, l’« amas » de


ses « actions indignes », sa manière de vivre en « infâme » se situent
aux antipodes d’un tel idéal, et ils contreviennent à une règle qui,
pour n’être pas fixée, n’en est pas moins intangible.
Cette notion d’honnête homme est infiniment complexe,
comme le souligne Gaston Cayrou dans son utile Dictionnaire du
français classique1. C’est le gentilhomme qui joint à la « naissance »
aristocratique les dons du corps, la souplesse et la grâce, la culture
de l’esprit, le désir d’être « passablement imbu de plusieurs
sciences » plutôt que « solidement profond en une seule », le goût
des vers, la connaissance des langues, – enfin les « dons […] et
ornements de l’âme », le courage, la probité, la noblesse naturelle
des manières, et, couronnant le tout, les vertus chrétiennes.
Dom Juan est loin du compte. Il a le charme physique. Il ne
manque pas de courage. C’est même l’une de ses qualités majeures,
dues à sa naissance et à la manière qu’il a de concevoir le sens de
l’honneur. Il faudra, il est vrai, que la Statue de pierre, traitée avec
une désinvolture et une légèreté qu’on ne pouvait élever à la hauteur
d’un héroïsme, souligne dans la scène finale qu’il a manqué à sa
parole : elle a dû venir jusqu’à lui, dans la rue dérobée où il se
cachait, pour lui rappeler qu’il lui avait donné sa parole de venir
manger avec elle. Certes, la faute majeure de Dom Juan est « l’en-
durcissement au péché » (voir p. 136, l. 6) : elle est sa faute dans
l’ordre spirituel. Dans le code de la morale aristocratique, il n’a pas
su respecter jusqu’au bout la valeur essentielle de l’honneur.

1. Klincksieck, deuxième édition, 1924, réédité en « Livre de Poche » n° 4663, 2000, p. 421.
Molière
Dom Juan
ou Le Festin de Pierre

Comédie représentée pour la première fois le 15 février 1665


sur le théâtre de la salle du Palais-Royal
par la troupe de Monsieur, frère unique du roi.
PERSONNAGES

DOM JUAN, fils de Don Louis.


SGANARELLE, valet de Dom Juan.
ELVIRE, femme de Dom Juan.
GUSMAN, écuyer d’Elvire.
DON CARLOS
DON ALONSE
} frères d’Elvire.
DON LOUIS, père de Dom Juan.
CHARLOTTE
MATHURINE
} paysannes.
PIERROT,paysan.
LA STATUE du Commandeur.
LA VIOLETTE
RAGOTIN
} laquais de Dom Juan.
Monsieur DIMANCHE, marchand.
LA RAMÉE, spadassin.
FRANCISQUE, pauvre.
SUITE de Dom Juan.
SUITE de Don Carlos et Don Alonse.
UN SPECTRE.
Acte I, scène 1 15

La scène est en Sicile.

ACTE I
SCÈNE 1
SGANARELLE, GUSMAN

SGANARELLE,
tenant une tabatière.
Quoi que puisse dire Aristote et toute la Philosophie, il n’est
rien d’égal au tabac1 : c’est la passion des honnêtes gens, et qui
vit sans tabac n’est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit
et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes
5 à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme.
Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière
obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi
d’en donner à droit2 et à gauche, partout où l’on se trouve ? On
n’attend pas même qu’on en demande, et l’on court au-devant
10 du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sen-
timents d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent.
Mais c’est assez de cette matière. Reprenons un peu notre dis-
cours. Si bien donc, cher Gusman, que Done3 Elvire, ta maî-
tresse, surprise de notre départ, s’est mise en campagne après
15 nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop forte-
ment, n’a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici. Veux-tu

1. Il était en usage en France depuis un siècle environ, mais Louis XIII en avait interdit la vente. Les
dévots s’en disaient les adversaires.
2. Emploi masculin, courant à l’époque.
3. Calque en français de Donna (« Dame ») en italien ; c’est le correspondant féminin de Don, que
Molière orthographie « Dom » pour le rattacher à l’étymologie latine : dominus = « seigneur ».
16 Dom Juan

qu’entre nous je te dise ma pensée ? J’ai peur qu’elle ne soit mal


payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu
de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là.

GUSMAN
20 Et la raison encore ? Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui1 peut
t’inspirer une peur d’un si mauvais augure ? Ton maître t’a-t-il
ouvert son cœur là-dessus, et t’a-t-il dit qu’il eût pour nous
quelque froideur qui l’ait obligé à partir ?

SGANARELLE
Non pas ; mais, à vue de pays2, je connais à peu près le train
25 des choses ; et, sans qu’il m’ait encore rien dit, je gagerais
presque que l’affaire va là3. Je pourrais peut-être me tromper ;
mais enfin, sur de tels sujets, l’expérience m’a pu donner
quelques lumières.

GUSMAN
Quoi ! ce départ si peu prévu serait une infidélité de Dom
30 Juan ? Il pourrait faire cette injure aux chastes feux de Done
Elvire ?

SGANARELLE
Non, c’est qu’il est jeune encore, et qu’il n’a pas le courage…
1. Qu’est-ce qui ?
2. D’après ce que je vois, avec la vue limitée qui est la mienne (on n’est pas très loin de « à vue de nez »).
3. Tend à cela.
Acte I, scène 1 17

GUSMAN
Un homme de sa qualité ferait une action si lâche ?

SGANARELLE
Eh oui, sa qualité ! La raison en est belle, et c’est par là qu’il
35 s’empêcherait des choses1.

GUSMAN
Mais les saints nœuds du mariage le tiennent engagé.

SGANARELLE
Eh ! mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore,
crois-moi, quel homme est Dom Juan.

GUSMAN
Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s’il faut qu’il
40 nous2 ait fait cette perfidie ; et je ne comprends point comme
après tant d’amour et tant d’impatience témoignée, tant
d’hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant
de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments
réitérés, tant de transports enfin et tant d’emportements qu’il a
45 fait paraître, jusqu’à forcer, dans sa passion, l’obstacle sacré d’un
convent3, pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne com-

1. Qu’il s’abstiendrait d’agir de cette façon.


2. Gusman prend le parti d’Elvire et s’en juge indissociable.
3. Orthographe conforme à l’étymologie, qui restera en usage jusqu’à la fin du XVIIe siècle, comme
le prouve le Dictionnaire de l’Académie. Mais la forme « couvent » est déjà entrée en usage.
18 Dom Juan

prends pas, dis-je, comme, après tout cela, il aurait le cœur de


pouvoir manquer à sa parole.

SGANARELLE
50 Je n’ai pas grande peine à le comprendre, moi ; et si tu
connaissais le pèlerin1, tu trouverais la chose assez facile pour
lui. Je ne dis pas qu’il ait changé de sentiments pour Done
Elvire, je n’en ai point de certitude encore : tu sais que, par son
ordre, je partis avant lui, et depuis son arrivée il ne m’a point
55 entretenu ; mais par précaution je t’apprends, inter nos 2, que tu
vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que la
terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un Turc,
un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou3, qui
passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d’Épicure4,
60 un vrai Sardanapale5, qui ferme l’oreille à toutes les remon-
trances qu’on lui peut faire et traite de billevesées tout ce que
nous croyons. Tu me dis qu’il a épousé ta maîtresse : crois qu’il
aurait plus fait pour sa passion, et qu’avec elle il aurait encore
épousé toi, son chien et son chat. Un mariage ne lui coûte rien
65 à contracter ; il ne se sert point d’autres pièges pour attraper les
belles, et c’est un épouseur à toutes mains6. Dame, demoiselle,
bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud ni de trop

1. L’individu. Le mot est péjoratif.


2. Entre nous (en latin élémentaire).
3. Animal fantastique, redouté dans les superstitions populaires à la campagne.
4. Calque du poète latin Horace (Épîtres, I, 4). La doctrine du philosophe grec Épicure n’avait pour-
tant rien de grossier.
5. Roi débauché d’Assyrie. Son nom est resté attaché au festin de Sardanapale.
6. Promettant à toutes le mariage.
Après-texte
POUR COMPRENDRE
Étape 1 Vue d’ensemble de la comédie ................................. 140
Étape 2 Ouverture et exposition ....................................................... 142
Étape 3 Dom Juan, homme-théâtre ............................................ 144
Étape 4 L’idylle troublée ................................................................................ 146
Étape 5 L’ombre du Quémandeur ................................................. 148
Étape 6 La provocation inutile ............................................................ 150
Étape 7 La galerie des fâcheux ............................................................. 152
Étape 8 Invitation et contre-invitation ................................... 154
Étape 9 Dom Juan tartuffe ........................................................................ 156
Étape 10 Le triomphe du surnaturel .............................................. 158

GROUPEMENT DE TEXTES
Dom Juan refait et défait ................................................................................................ 160

INFORMATION/DOCUMENTATION
Bibliographie, Filmographie ....................................................................................... 174
140 VUE D’ENSEMBLE DE LA COMÉDIE

Lire son père, des frères d’Elvire et d’Elvire


elle-même.
1 Expliquez le double titre. A-t-on le 7 Dans quelle mesure le prolonge-
droit de le réduire à Dom Juan ? Faut-
POUR COMPRENDRE

ment est-il assuré par le surnaturel ?


il corriger « Pierre » en « pierre » ? À Peut-on définir sa fonction comme
quelle intention de Molière corres- compensatoire ? La vraisemblance
pond ce double intitulé ? vous semble-t-elle respectée ?
2 Comment se justifie le choix du lieu
d’ensemble (la Sicile) ? Comment
Molière a-t-il su modifier ce lieu au fil
Écrire
de l’action sans contrevenir à la règle Écrit d’invention
de l’unité de lieu ? 8 Molière adolescent assiste, dans la
3 Avez-vous été gêné(e) par l’unité rue, à une comédie improvisée par
de temps ? Montrez que l’action va des Italiens sur les aventures de Don
d’un jour à l’autre, d’un matin à un Juan. Il décide de réinventer le traite-
soir (acte I–acte III) puis d’un soir à un ment du sujet. Imaginez les circons-
soir (acte III–acte V), ou d’un souper à tances, sa décision et les consé-
l’autre. quences de ses choix.
4 L’action vous semble-t-elle mul-
tiple ? Pouvez-vous en démêler les Écrit d’argumentation
fils ? Qu’est-ce qui assure la conver-
9 Du traitement italien de Don Juan,
gence des différents plans du drame ?
Molière a gardé un certain nombre
5 Y a-t-il des éléments que Molière d’éléments. Essayez de montrer la
aurait pu exploiter et dont il a préféré logique de sa démarche à cet égard,
se passer ? Interrogez-vous en parti- du lieu scénique (la Sicile) à la reprise
culier sur la mère de Dom Juan, sur le de Pietro, devenu Pierre. Quel effet
fait que le roi est absent de la scène produit le nom de Pierrot donné
(contrairement à ce qui se passe entre-temps à un simple paysan aux
dans la comédie espagnole ; voir allures de comparse ?
p. 145).
6 Peut-on définir la stratégie défen-
sive de Dom Juan comme une tactique Chercher
du suspense ? Analysez à cet égard 10 Est-il historiquement inconce-
sa conduite vis-à-vis des deux pay- vable de transporter en Sicile un per-
sannes, de Monsieur Dimanche, de sonnage dont l’origine est en principe
PAGES 15 À 137 141
ACTES I À V

espagnole ? Molière est-il un nova- Bernant monsieur Dimanche, et


teur absolu à ce sujet ? disant à son père
Qu’il serait mieux assis pour lui faire

Oral

POUR COMPRENDRE
un sermon,
C’est l’ombre d’un roué qui ne vaut
11 Alfred de Musset a réduit, dans pas Valmont. »
Namouna, le Dom Juan de Molière à
un simple roué : Pour préparer un débat à ce sujet,
« Quant au roué Français, au don Juan vous ferez la part de ce qui est pré-
ordinaire, sent dans le texte de Molière et de ce
qui ne l’est pas, vous présenterez des
Ivre, riche, joyeux, raillant l’homme
objections à une telle réduction, vous
de pierre,
vous interrogerez sur la validité de la
Ne demandant partout qu’à trouver le comparaison avec le personnage des
vin bon, Liaisons dangereuses de Laclos.
À SAVOIR

LES DÉCORS
Un mémoire de l’époque, dû à un nommé Mahelot, et ayant trait à la mise
en scène de l’adaptation en vers de la comédie de Molière par Thomas
Corneille (voir p. 167), fournit des renseignements sur les décors qui
étaient utilisés pour les cinq actes de Dom Juan :
Premier acte : il faut un palais (c’est-à-dire une demeure noble).
Deuxième acte : une chambre (une simple maison, une cabane même), une mer.
Troisième acte : un bois, un tombeau.
Quatrième acte : une chambre (somptueuse, cette fois), un festin.
Cinquième acte : le tombeau paraît ; il faut une trappe, de l’arcanson (résine
jaunâtre, pour les effets de feu), deux fauteuils, un tabouret.
Un autre document, retrouvé au Minutier central, à la suite d’un marché passé
par la troupe de Molière avec deux peintres pour les décors de Dom Juan
décrit six décors, le décor surnuméraire étant prévu pour le IIIe acte, avec
deux tableaux représentant successivement l’extérieur et l’intérieur d’un
même lieu, à savoir le tombeau, « superbe édifice ».
Vous pouvez consulter sur ce point l’étude de Christian Delmas dans
Mythologie et mythe dans le théâtre français, 1650-1676, p. 104-123.
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Molière Dom Juan


Quelque part en Sicile, Dom Juan, cherche à échapper à Elvire et
aux figures de son passé, notamment un commandeur qu’il a tué.
Peut-être leur échapperait-il et pourrait-il aller plus loin dans sa
carrière de libertin s’il respectait la statue du défunt...

Outre l’étude de l’écriture théâtrale, Dom Juan permet d’abor-


der l’argumentation à travers les échanges entre le maître et
son valet. L’appareil pédagogique propose également un tra-
vail sur les réécritures, celle effectuée par Molière et celles
que son texte a connues.

LYCÉE : recommandé pour les classes de seconde (enseignement général)


et première (toutes séries).

Dom Juan figure dans les documents d’accompagnement


des programmes officiels de l’Éducation nationale.

Deux Dom Juan


un classique, un contemporain
à étudier en parallèle

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ISBN 978-2-210-75472-0
du professeur de Dom Juan, tapez

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