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LA TRAGÉDIE GREC
avec des personnages qui agissent, et non au moyen d’une narration, et opérant par la
pitié et la terreur la purgation des passions de la même nature.
VI. Maintenant, comme l’imitation a pour objet une action et qu’une action a pour
auteurs des gens qui agissent, lesquels ont nécessairement telle ou telle qualité, quant
au caractère moral et quant à la pensée (car c’est ce qui nous fait dire que les actions
ont tel ou tel caractère), il s’ensuit naturellement que deux causes déterminent les
actions, à savoir : le caractère moral et la pensée ; et c’est d’après ces actions que tout
le monde atteint le but proposé, ou ne l’atteint pas.
Chapitre IX.
XI. Mais comme l’imitation, dans la tragédie, ne porte pas seulement sur une action
parfaite, mais encore sur des faits qui excitent la terreur et la pitié, et que ces
sentiments naissent surtout lorsque les faits arrivent contre toute attente, et mieux
encore lorsqu’ils sont amenés les uns par les autres, car, de cette façon, la surprise est
plus vive que s’ils surviennent à l’improviste et par hasard, attendu que, parmi les
choses fortuites, celle-là semblent les plus surprenantes qui paraissent produites
comme à dessein; il s’ensuit nécessairement que les fables conçues dans cet esprit sont
les plus belles. »
— Aristote, Poétique, extraits, définition de la tragédie
La tragédie commence par un prologue (πρόλογος / prólogos) dans lequel un ou deux
acteurs exposent la situation et où la présentation des personnages est faite.
Le chœur entre alors en scène ; c’est la parodos (πάροδος / párodos). Il prend place
dans l’orchestra qu’il ne quittera plus jusqu’à la fin.
On a ensuite une alternance de dialogues entre deux ou trois acteurs : les épisodes
(ἐπείσοδοι / epeísodoi) et de parties chorales chantées, les stasima (στάσιμα / stásima). Il
y avait en général trois ou quatre épisodes et stasima.
La dernière partie s’appelle l’exodos (ἔξοδος / éxodos). Le chœur quitte alors le théâtre.
La littérature grecque a trois grands auteurs de tragédie : Eschyle, Sophocle et Euripide.
Le théâtre romain ne semble pas avoir assez apprécié la tragédie pour que se
développe une littérature tragique importante. Sénèque, cependant, a adapté
en latin des tragédies grecques comme Phèdre ou Médée.
LA TRAGÉDIE HUMANISTE
Elle est représentée par Étienne Jodelle, Jean de La Péruse, Jacques Grévin, Robert
Garnier et Antoine de Montchrestien.
D’importants auteurs anglais écrivent des tragédies à la fin du XVIe siècle et au début
du XVIIe : Christopher Marlowe, Ben Jonson, Thomas Dekker, Thomas Middleton, John
Fletcher et, surtout, William Shakespeare. Elles reprennent certains traits de la tragédie
antique mais s’en distinguent par l’absence d’unité et par un mélange de tons,
notamment par l’insertion de passages comiques dans le texte.
Déroulementmodifier
Si la division en actes proprement dite est inconnue de la tragédie grecque, celle qui
s'impose à la Renaissance consiste en trois actes, étendus à cinq au siècle suivant :
FONCTIONS DE LA TRAGEDIE
Comme la comédie, la tragédie a un double objectif : plaire et instruire (placere et docere), mais avec
d'autres moyens. La tragédie suscite, selon Aristote, «la pitié et la crainte», la crainte pour soi-même,
la pitié pour autrui.