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Étymologie et origine

Le substantif féminin[1],[2],[3] tragédie est un emprunt[1],[3] au latin tragoedia[3], substantif


féminin[4] lui-même emprunté[1] au grec τραγῳδία / tragôidía, « chant ou drame héroïque,
tragédie »[4], désignant un genre théâtral né à Athènes et s'y est développé, de la seconde
moitié du VIe au milieu du Ve siècle av. J.-C. par l'adjonction d'un acteur, de deux puis de trois,
à un chœur d'abord seul[3].
La tragédie apparaît à Athènes au Ve siècle av. J.-C. Elle est représentée dans le cadre des
fêtes de Dionysos (les Dionysies) (fin janvier et fin juin).
Le mot τραγῳδία / tragôidía est composé de τράγος / trágos,« bouc » et ᾠδή / ôidế,
« chant » ; il veut originellement dire « chant du bouc ». Les raisons d’un tel vocable ne sont
pas très claires. La tragédie pourrait avoir été d’abord liée au satyre, compagnon de Dionysos,
mi-homme mi-bouc. Cette hypothèse semble étayée par Aristote qui affirme dans
sa Poétique[5] que la tragédie est d’origine satirique et légère[6]. Elle soulève toutefois des
difficultés : le satyre n’est jamais appelé « bouc » dans les textes grecs et bien peu de choses
semblent relier les tragédies grecques conservées et le genre satirique.
Une autre hypothèse a également été formulée : le mot « bouc » viendrait, non du sujet de la
tragédie, mais du sacrifice de cet animal avant la représentation. Les sources antiques ne
permettent pas de confirmer cette hypothèse[7].
Certains voient dans le « chant du bouc » l’expression de la plainte de l’animal mené à l’autel
sacrificiel, mis en parallèle avec la confrontation du héros tragique à son destin lors d’une
lutte qu’il sait être perdue d’avance.
Une autre origine serait la transformation de Dionysos, fils de Zeus et de la mortelle Sémélé,
en chevreau, dans le but d’échapper à la colère d’Héra[8].
Melpomène est la muse de la tragédie. Elle inspire les auteurs de tragédie et les protège, ainsi
que leur troupe.
Jane Ellen Harrison[9] signale que Dionysos dieu du vin (boisson des couches aisées) s'est
substitué tardivement à Dionysos dieu de la bière (boisson des couches populaires)
ou Sabazios, dont l'animal emblématique chez les Crétois était le cheval (ou le centaure). La
bière athénienne était une bière d'épeautre, plante que le grec nomment τράγος par
ressemblance avec le bouc. Ainsi, les « odes à l'épeautre » (tragédies) ont-elles pu être
considérées, par homonymie, comme des « odes aux boucs » (l'animal qui accompagnait le
dieu et associé au vin rouge chez les Crétois ou les Athéniens).

LA TRAGÉDIE GREC

avec des personnages qui agissent, et non au moyen d’une narration, et opérant par la
pitié et la terreur la purgation des passions de la même nature.
VI. Maintenant, comme l’imitation a pour objet une action et qu’une action a pour
auteurs des gens qui agissent, lesquels ont nécessairement telle ou telle qualité, quant
au caractère moral et quant à la pensée (car c’est ce qui nous fait dire que les actions
ont tel ou tel caractère), il s’ensuit naturellement que deux causes déterminent les
actions, à savoir : le caractère moral et la pensée ; et c’est d’après ces actions que tout
le monde atteint le but proposé, ou ne l’atteint pas.
Chapitre IX.
XI. Mais comme l’imitation, dans la tragédie, ne porte pas seulement sur une action
parfaite, mais encore sur des faits qui excitent la terreur et la pitié, et que ces
sentiments naissent surtout lorsque les faits arrivent contre toute attente, et mieux
encore lorsqu’ils sont amenés les uns par les autres, car, de cette façon, la surprise est
plus vive que s’ils surviennent à l’improviste et par hasard, attendu que, parmi les
choses fortuites, celle-là semblent les plus surprenantes qui paraissent produites
comme à dessein; il s’ensuit nécessairement que les fables conçues dans cet esprit sont
les plus belles. »
— Aristote, Poétique, extraits, définition de la tragédie
La tragédie commence par un prologue (πρόλογος / prólogos) dans lequel un ou deux
acteurs exposent la situation et où la présentation des personnages est faite.
Le chœur entre alors en scène ; c’est la parodos (πάροδος / párodos). Il prend place
dans l’orchestra qu’il ne quittera plus jusqu’à la fin.
On a ensuite une alternance de dialogues entre deux ou trois acteurs : les épisodes
(ἐπείσοδοι / epeísodoi) et de parties chorales chantées, les stasima (στάσιμα / stásima). Il
y avait en général trois ou quatre épisodes et stasima.
La dernière partie s’appelle l’exodos (ἔξοδος / éxodos). Le chœur quitte alors le théâtre.
La littérature grecque a trois grands auteurs de tragédie : Eschyle, Sophocle et Euripide.
Le théâtre romain ne semble pas avoir assez apprécié la tragédie pour que se
développe une littérature tragique importante. Sénèque, cependant, a adapté
en latin des tragédies grecques comme Phèdre ou Médée.

LA TRAGÉDIE HUMANISTE

La tragédie humaniste est un genre théâtral du théâtre de la Renaissance. Elle consiste


en une déploration passive d'une catastrophe. Le personnage est une victime, cette
tragédie est essentiellement statique et linéaire, voire pathétique. La tragédie met en
scène des passions nobles et fortes. Elle met très souvent en scène la fureur, que
celle-ci soit « folie furieuse » ou « fureur divine[10] ». Elle part de quelques règles
principales qui sont :
 la division en cinq actes ;
 pas plus de trois personnages parlant en même temps ;
 le début de la pièce doit être le plus près possible du dénouement.

Elle est représentée par Étienne Jodelle, Jean de La Péruse, Jacques Grévin, Robert
Garnier et Antoine de Montchrestien.

Article détaillé : Théâtre élisabéthain.

D’importants auteurs anglais écrivent des tragédies à la fin du XVIe siècle et au début
du XVIIe : Christopher Marlowe, Ben Jonson, Thomas Dekker, Thomas Middleton, John
Fletcher et, surtout, William Shakespeare. Elles reprennent certains traits de la tragédie
antique mais s’en distinguent par l’absence d’unité et par un mélange de tons,
notamment par l’insertion de passages comiques dans le texte.

La tragédie classique françaisemodifier


Délaissé au Moyen Âge, ce genre revit (assez tardivement néanmoins), grâce à la Sophonisbe,
de l’Italien Trissino, qui est la première des tragédies à respecter la règle des unités.
En France, à l'époque classique, les dramaturges les plus importants sont Pierre
Corneille et Jean Racine. Quand la pièce de ce dernier, Bérénice, a été critiquée parce qu’elle
ne contenait pas de dénouement funeste, Racine a répondu en contestant le traitement
« conventionnel » de la tragédie. Corneille pratiquait aussi une tragédie à dénouement non
fatal, ou tragi-comédie (dont le chef-d’œuvre demeure Le Cid), genre apprécié dans la
première moitié du XVIIe siècle mais sorti des mœurs du public sous le règne de Louis XIV. À
la même époque, Jean-Baptiste Lully met au point avec Philippe Quinault une forme de
spectacle hybride, la tragédie en musique ou tragédie lyrique, qui donnera naissance au genre
de l’opéra français. La tragédie française classique se devait de respecter la règle des trois
unités : de lieu, de temps, et d’action, mais aussi celle de la bienséance (pas de combats ou de
sang sur scène - pas de termes pouvant choquer, notamment ceux qui se rapportaient à
différentes parties du corps - pas de rapprochements intimes, comme les baisers…), celle de
la vraisemblance et celle de la grandeur : les personnages sont des rois, des reines ou en tout
cas des personnages de haute lignée.
Ce genre fut d’abord codifié par Aristote, qui soutient que le théâtre doit traiter de caractères
nobles, et par Horace, puis par des doctes du XVIIe siècle tels que l'abbé d'Aubignac en 1657.
Enfin, l’on en retrouve toutes les règles dans l'Art poétique de Boileau.
D’autres auteurs, moins connus aujourd’hui, eurent une grande fortune dans ce genre,
considéré comme l’un des plus nobles, Robert Garnier ou Thomas Corneille par exemple

Déroulementmodifier
Si la division en actes proprement dite est inconnue de la tragédie grecque, celle qui
s'impose à la Renaissance consiste en trois actes, étendus à cinq au siècle suivant :

 le premier acte correspond à l’exposition de la situation des personnages ;


 le deuxième voit apparaître l’élément perturbateur/déclencheur (rupture entre Titus et
Bérénice dans Bérénice, décision du sacrifice d’Iphigénie dans Iphigénie…) ;
 dans le troisième acte, les protagonistes cherchent une solution au drame, tout paraît encore
possible ;
 dans le quatrième acte, l’action se noue définitivement, les personnages n’ont plus aucune
chance d’échapper à leur destin ;
 au cinquième acte, l’action se dénoue, entraînant la mort d’un ou de plusieurs personnages.
Tragédie et modernitémodifier
Dans la littérature plus récente, la tragédie décline comme genre codifié. Le tragique pourtant
semble subsister dans certaines œuvres marquantes : Une maison de poupée (1879)
du Norvégien Henrik Ibsen, Les Mauvais Bergers, tragédie prolétarienne du Français Octave
Mirbeau (1897), ou encore, au XXe siècle, de l’Américain Arthur Miller, Les Sorcières de
Salem et Mort d'un commis voyageur…

FONCTIONS DE LA TRAGEDIE

Comme la comédie, la tragédie a un double objectif : plaire et instruire (placere et docere), mais avec
d'autres moyens. La tragédie suscite, selon Aristote, «la pitié et la crainte», la crainte pour soi-même,
la pitié pour autrui.

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