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Séquence: Les Fourberies de Scapin

Séance n°1: Le théâtre


Objectifs: Découvrir l’histoire du théâtre des origines au XVIIème siècle + le lexique du théâtre

Support: deux diaporamas et des exercices

A) L’histoire du théâtre des origines à l’âge classique

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I. Les origines du théâtre


Dans l’Antiquité grec, dès le V ème siècle av. J.C, le théâtre s’apparente à …………………………….. en
hommage à …………………………….., dieu de l’ivresse.
Les thèmes traités sont empruntés à ……………………………… de façon à ce que le théâtre soit aussi
un outil pédagogique pour le ……………………….…
La tragédie. Les héros des tragédies grecques étaient des rois, des princes ou des personnages issus
de la ……………………… et de …………………….…
La comédie représente surtout les conflits …………………..…
Dans la Poétique, ……………………. (384-322 av. J.-C.) définit la tragédie.
Il y définit la mimêsis : il faut que les personnages soient une ……………………….. des passions
humaines aussi vraisemblable que possible.Aristote voit dans la tragédie un moyen pour l’homme de
purifier l’âme de ses passions. Cette purification, ou ……………………….. vient de la pitié et la crainte
qu’éprouvent les spectateurs envers les personnages de la tragédie.

II. Le Moyen âge


Le théâtre du M-A est également lié au culte ……………………….… La représentation se faisait en
……………., le plus souvent dans des ………………….. et les religieux faisaient la plupart du temps
office d’acteurs.
Les « ………………………. » sont des pièces d’inspiration religieuse, qui peuvent se poursuivre jusqu’à
quatre jours. Les textes sont composés en vers que jouent parfois plus de deux cents acteurs.

Les « …………………………. » sont des pièces ……………………….. (non religieuses) qui apparaissent
au XIII°s. Ce sont des pièces écrites pour faire rire le public des villes. Elles mettent en scène des
personnages de la vie quotidienne : bourgeois, marchands, maris cocus, femmes aux mœurs légères.
Elles critiquent les ………………… de l’époque.

III. La Renaissance ( XVI)


Au XVI°s, le théâtre est marqué par les débuts de la tragédie française avec Jodelle.
Le théâtre commence à s’inspirer de la ………………………….., le théâtre …………………….. né à
Bergame au XVI°s. Il s’agit d’un théâtre où ……………………….. prend une grande place (personnages :
Arlequin, Polichinelle, Pantalon…).Elle donne une image de la société dans son ensemble, à travers des
types de personnages traditionnels et …………………….., les ……………… : Polichinelle, Arlequin(les
valets rusés), Pedrolino ou Pierro ( jeune, beau, honnête), Colombine (servante débrouillarde et
malicieuse, fille adoptive de Pantalon, amoureuse d’Arlequin mais que son père veut marier à d’autres
plus riches), Pantalon (le vieillard amoureux), le Docteur Balanzone, professeur, avocat, médecin
(personnage pédant, célèbre par ses discours interminables, remplis de citations latines) ... Les pièces
sont jouées dans les ………………, sur des tréteaux. Les acteurs improvisent des dialogues
……………… et des farces à partir de « ………………….. » (scénario fixé d’avance, très court) ; ils
laissent libre cours à leurs talents d’acrobates et de mimes (genre théâtral, excluant tout recours à la
parole, fondé sur l’expression corporelle) en particulier. Les comédiens jouent masqués : généralement
en cuir, les masques épousent la forme du visage, permettent à la peau de respirer et ne couvrent pas la
bouche. S’inspirant des comédies latines ou des farces du Moyen Âge, c’est un théâtre divertissant,
organisé autour du rire. En 1660, Molière partage la scène du Palais Royal avec une troupe italienne et
on retrouve dans son théâtre des caractéristiques de la commedia dell’arte : personnages « types » et
goût pour la farce.

IV. Le siècle classique


Le XVIIème siècle est le ………………… siècle français du théâtre.
La tragédie classique française est inspirée des tragédies antiques …………………….… Elle respecte
la règle des trois ………………….. (unité d’action, unité de lieu et unité de temps). Elle doit aussi
respecter la ……………………….. et la ……………….… Le dénouement d’une tragédie est
généralement tragique (par exemple la …………………….).
Elle est composée de 5 actes.
La comédie cherche à divertir le spectateur, à le faire rire. Contrairement à la tragédie, dans la
comédie, les personnages sont de condition …………………….. ou modeste, et le dénouement est
…………………..… Molière est le plus illustre représentant du genre, avec des pièces comme Le
Misanthrope, L'Avare, Le Malade imaginaire.

I. Les origines du théâtre


Dans l’Antiquité grec, dès le V ème siècle av. J.C, le théâtre s’apparente à un rite religieux en hommage
à Dionysos, dieu de l’ivresse.
Les thèmes traités sont empruntés à l’actualité de façon à ce que le théâtre soit aussi un outil
pédagogique pour le peuple.
La tragédie. Les héros des tragédies grecques étaient des rois, des princes ou des personnages issus
de la légende et de l’épopée.
La comédie représente surtout les conflits familiaux.
Dans la Poétique, Aristote (384-322 av. J.-C.) définit la tragédie.
Il y définit la mimêsis : il faut que les personnages soient une imitation des passions humaines aussi
vraisemblable que possible.Aristote voit dans la tragédie un moyen pour l’homme de purifier l’âme de ses
passions. Cette purification, ou catharsis vient de la pitié et la crainte qu’éprouvent les spectateurs
envers les personnages de la tragédie.

II. Le Moyen âge


Le théâtre du M-A est également lié au culte religieux. La représentation se faisait en latin, le plus
souvent dans des églises et les religieux faisaient la plupart du temps office d’acteurs.
Les « mystères » sont des pièces d’inspiration religieuse, qui peuvent se poursuivre jusqu’à quatre
jours. Les textes sont composés en vers que jouent parfois plus de deux cents acteurs.

Les « farces » sont des pièces profanes (non religieuses) qui apparaissent au XIII°s. Ce sont des pièces
écrites pour faire rire le public des villes. Elles mettent en scène des personnages de la vie quotidienne :
bourgeois, marchands, maris cocus, femmes aux mœurs légères. Elles critiquent les mœurs de
l’époque.

III. La Renaissance ( XVI)


Au XVI°s, le théâtre est marqué par les débuts de la tragédie française avec Jodelle.
Le théâtre commence à s’inspirer de la commedia dell’arte, le théâtre italien né à Bergame au XVI°s. Il
s’agit d’un théâtre où l’improvisation prend une grande place (personnages : Arlequin, Polichinelle,
Pantalon…).Elle
donne une image de la société dans son ensemble, à travers des types de personnages traditionnels et
caricaturaux, les zanni : Polichinelle, Arlequin(les valets rusés), Pedrolino ou Pierro ( jeune, beau,
honnête), Colombine (servante débrouillarde et malicieuse, fille adoptive de Pantalon, amoureuse
d’Arlequin mais que son père veut marier à d’autres plus riches), Pantalon (le vieillard amoureux), le
Docteur Balanzone, professeur, avocat, médecin (personnage pédant, célèbre par ses discours
interminables, remplis de citations latines) ... Les pièces sont jouées dans les rues, sur des tréteaux. Les
acteurs improvisent des dialogues comiques et des farces à partir de « canevas » (scénario fixé
d’avance, très court) ; ils laissent libre cours à leurs talents d’acrobates et de mimes (genre théâtral,
excluant tout recours à la parole, fondé sur l’expression corporelle) en particulier. Les comédiens jouent
masqués : généralement en cuir, les masques épousent la forme du visage, permettent à la peau de
respirer et ne couvrent pas la bouche. S’inspirant des comédies latines ou des farces du Moyen Âge,
c’est un théâtre divertissant, organisé autour du rire. En 1660, Molière partage la scène du Palais Royal
avec une troupe italienne et on retrouve dans son théâtre des caractéristiques de la commedia dell’arte :
personnages « types » et goût pour la farce.
IV. Le siècle classique
Le XVIIème siècle est le grand siècle français du théâtre.
La tragédie classique française est inspirée des tragédies antiques grecques. Elle respecte la règle
des trois unités (unité d’action, unité de lieu et unité de temps). Elle doit aussi respecter la
vraisemblance et la bienséance. Le dénouement d’une tragédie est généralement tragique (par
exemple la mort).
Elle est composée de 5 actes.
La comédie cherche à divertir le spectateur, à le faire rire. Contrairement à la tragédie, dans la
comédie, les personnages sont de condition moyenne ou modeste, et le dénouement est
heureux. Molière est le plus illustre représentant du genre, avec des pièces comme Le Misanthrope,
L'Avare, Le Malade imaginaire.

Verticale
2. Grande division d’une pièce qui correspond à un moment de l’action présentée.

3. chaque prise de parole, chaque énoncé dit par un personnage aux autres.

5. partie du texte théâtral constituée par tout ce qui n’est pas dit par les acteurs.

6. moment où la pièce s’achève.

7. pièce de théâtre où il est question de vie ou de mort pour émouvoir le spectateur.

9. Première scène d’une pièce.


Horizontale
1. procédé qui consiste à faire dire par un personnage quelque chose qui n’est
pas destiné aux autres personnages, mais que le public entend.
4. longue suite de phrases qu’un acteur dit sans interruption.
6. Auteur de pièce de théâtre.
8. malentendu entre deux personnages qui provoque le rire de spectateurs.
10. combinaison de tous les événements qui forment le sujet d’une pièce.

11. discours qu’un personnage se tient à lui-même, seul en scène.

12. pièce de théâtre qui montre aux spectateurs les aspects ridicules d’une
personne ou d’une société pour amuser mais aussi pour faire réfléchir.
13. subdivision de l’acte, quand un personnage entre et sort.
A retenir: Le nom « théâtre » qui vient du grec theatron qui signifie "regarder, contempler"
D'après son étymologie, ce mot signifie donc " lieu où l'on regarde ".
Le mot est polysémique, c’est-dire qu’il a plusieurs sens. Il désigne le lieu destiné aux représentations
d'œuvres théâtrales, l’art dramatique considéré comme un genre (« faire du théâtre »), l’ensemble des
écrits pour le théâtre ("le théâtre de Molière »); le lieu où se produisent certains faits ("le théâtre des
événements")

A retenir: Le nom « théâtre » qui vient du grec theatron qui signifie "……………………,
……………………"
D'après son ……………………, ce mot signifie donc " lieu où l'on …………………… ".
Le mot est ……………………, c’est-dire qu’il a plusieurs ……………………. Il désigne le
…………………… destiné aux représentations d'œuvres théâtrales, l’art …………………… considéré
comme un genre (« faire du théâtre »), l’ensemble des …………………… pour le théâtre ("le théâtre de
Molière »); le lieu où se …………………… certains faits ("le théâtre des événements")

Phrase n°1: Ecrit pour être représenté, plutôt que pour être lu, le théâtre suppose des acteurs,
des costumes, des décors, un public. La présence du public au théâtre implique une situation
d'énonciation particulière : lorsqu’un personnage s'adresse à un autre personnage sur la scène, il
s’adresse également au public. C’est le principe de la double énonciation.
Séance n°2:Première rencontre avec la pièce

Objectifs: Construire les premières hypothèses de lecture

Support: Le titre et la didascalie initiale

A) Un drôle de titre

A l’aide d’un dictionnaire remplissez la fiche d'identité du mot fourberie

Nature et genre :
Sens donné par le
dictionnaire :
Origine du mot :
Synonymes :

Nature et genre : nom commun, féminin


Sens donné par le
tromperie, disposition à tromper
dictionnaire
formé sur le mot fourbe, trompeur, rusé, malhonnête, utilisé aussi comme adj
qualificatif
Origine du mot : Vient du verbe fourbir :
- nettoyer, préparer soigneusement (ex : fourbir des armes)
- en argot ancien : voler ( c'est de ce mot que viennent fourbe et fourberie)
Synonymes : tromperie, ruse, stratagème, tour

B) La didascalie initiale

ARGANTE, père d'Octave et de Zerbinette.


GÉRONTE, père de Léandre et de Hyacinte.
OCTAVE, fils d'Argante, et amant de Hyacinte.
LÉANDRE, fils de Géronte, et amant de Zerbinette.
ZERBINETTE, crue Égyptienne, et reconnue fille d'Argante, et amante de Léandre. HYACINTE, fille de
Géronte, et amante d'Octave.
SCAPIN, valet de Léandre, et fourbe. SILVESTRE, valet d'Octave.
SILVESTRE, valet d'Octave. NÉRINE, nourrice de Hyacinte. CARLE, fourbe.
DEUX PORTEURS.
La scène est à Naples.

1.Quelles informations apportent la première didascalie de la pièce?


ELLES PRÉSENTENT LES PERSONNAGES ET INDIQUENT LE LIEU OÙ VA SE PASSER LA PIÈCE.
2.A qui sont destinées ces informations?
Elles sont destinées au metteur en scène et au lecteur. Le spectateur n’y a pas accès.
3. A l’aide des informations qu’elle apporte, complétez le schéma ci-dessous.

Phrase n°2: Le titre et l’analyse de la didascalie initiale nous a permis de construire nos
premières hypothèses de lecture: Le mot « Fourberies » nous indique que nous allons assister à
de nombreuse ruses du personnage principal, Scapin. La didascalie initiale met principalement
en avant les relations entre parents- enfants et amoureux.
Séance n° 3 Les pères contre les fils
Objectif : Comprendre la situation des personnages et découvrir les caractéristiques de la scène
d’exposition + le passé simple ( conjugaison et valeur)
Support : Scène 2 de l’acte I

Résumé de la scène 1:Octave, qui s’est marié sans pour autant obtenir le
consentement de son père, est mis au courant, par le biais de Sylvestre, que ce
dernier est revenu et veut le marier à la fille de Géronte. Il commence à craindre le
pire et à avoir peur de perdre sa promise qui est devenue sa femme.

SCAPIN, OCTAVE, SILVESTRE.


SCAPIN.- Qu’est-ce, Seigneur Octave, qu’avez-vous ? Qu’y a-t-il ? Quel désordre est-ce là ? Je vous
vois tout troublé.
OCTAVE.- Ah, mon pauvre Scapin, je suis perdu, je suis désespéré ; je suis le plus infortuné de tous les
hommes.
SCAPIN.- Comment ?
OCTAVE.- N’as-tu rien appris de ce qui me regarde ?
SCAPIN.- Non.
OCTAVE.- Mon père arrive avec le seigneur Géronte, et ils me veulent marier.
SCAPIN.- Hé bien, qu’y a-t-il là de si funeste ?
OCTAVE.- Hélas ! tu ne sais pas la cause de mon inquiétude.
SCAPIN.- Non ; mais il ne tiendra qu’à vous que je la sache bientôt ; et je suis homme consolatif ,
homme à m’intéresser aux affaires des jeunes gens.
OCTAVE.- Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de
la peine où je suis, je croirais t’être redevable de plus que de la vie.
SCAPIN.- À vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je m’en veux
mêler. J’ai sans doute reçu du Ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses
d’esprit, de ces galanteries ingénieuses à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies ; et je puis
dire sans vanité, qu’on n’a guère vu d’homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d’intrigues ; qui ait
acquis plus de gloire que moi dans ce noble métier : mais, ma foi, le mérite est trop maltraité aujourd’hui,
et j’ai renoncé à toutes choses depuis certain chagrin d’une affaire qui m’arriva.
OCTAVE.- Comment ? Quelle affaire, Scapin ?
SCAPIN.- Une aventure où je me brouillai avec la justice.
OCTAVE.- La justice !
SCAPIN.- Oui, nous eûmes un petit démêlé ensemble.
SILVESTRE.- Toi, et la justice ?
SCAPIN.- Oui. Elle en usa fort mal avec moi, et je me dépitai de telle sorte contre l’ingratitude du siècle,
que je résolus de ne plus rien faire. Baste . Ne laissez pas de me conter votre aventure.
OCTAVE.- Tu sais, Scapin, qu’il y a deux mois que le seigneur Géronte, et mon père, s’embarquèrent
ensemble pour un voyage qui regarde certain commerce où leurs intérêts sont mêlés.
SCAPIN.- Je sais cela.
OCTAVE.- Et que Léandre et moi nous fûmes laissés par nos pères ; moi sous la conduite de Silvestre ;
et Léandre sous ta direction.
SCAPIN.- Oui, je me suis fort bien acquitté de ma charge.
OCTAVE.- Quelque temps après, Léandre fit rencontre d’une jeune Égyptienne dont il devint amoureux.
SCAPIN.- Je sais cela encore.
OCTAVE.- Comme nous sommes grands amis, il me fit aussitôt confidence de son amour, et me mena
voir cette fille, que je trouvai belle à la vérité, mais non pas tant qu’il voulait que je la trouvasse. Il ne
m’entretenait que d’elle chaque jour ; m’exagérait à tous moments sa beauté, et sa grâce ; me louait son
esprit, et me parlait avec transport des charmes de son entretien, dont il me rapportait jusqu’aux
moindres paroles, qu’il s’efforçait toujours de me faire trouver les plus spirituelles du monde. Il me
querellait quelquefois de n’être pas assez sensible aux choses qu’il me venait dire, et me blâmait sans
cesse de l’indifférence où j’étais pour les feux de l’amour.
SCAPIN.- Je ne vois pas encore où ceci veut aller.
OCTAVE.- Un jour que je l’accompagnais pour aller chez les gens qui gardent l’objet de ses vœux, nous
entendîmes dans une petite maison d’une rue écartée, quelques plaintes mêlées de beaucoup de
sanglots. Nous demandons ce que c’est. Une femme nous dit en soupirant, que nous pouvions voir là
quelque chose de pitoyable en des personnes étrangères ; et qu’à moins que d’être insensibles, nous en
serions touchés.
SCAPIN.- Où est-ce que cela nous mène ?
OCTAVE.- La curiosité me fit presser Léandre de voir ce que c’était. Nous entrons dans une salle, où
nous voyons une vieille femme mourante, assistée d’une servante qui faisait des regrets, et d’une jeune
fille toute fondante en larmes, la plus belle, et la plus touchante qu’on puisse jamais voir.
SCAPIN.- Ah, ah.
(…)
SILVESTRE.- Si vous n’abrégez ce récit, nous en voilà pour jusqu’à demain. Laissez-le-moi finir en deux
mots. Son cœur prend feu dès ce moment. Il ne saurait plus vivre, qu’il n’aille consoler son aimable
affligée. Ses fréquentes visites sont rejetées de la servante, devenue la gouvernante par le trépas de la
mère ; voilà mon homme au désespoir. Il presse, supplie, conjure ; point d’affaire. On lui dit que la fille,
quoique sans bien, et sans appui, est de famille honnête ; et qu’à moins que de l’épouser, on ne peut
souffrir ses poursuites. Voilà son amour augmenté par les difficultés. Il consulte dans sa tête, agite,
raisonne, balance, prend sa résolution ; le voilà marié avec elle depuis trois jours.
SCAPIN.- J’entends.
SILVESTRE.- Maintenant mets avec cela le retour imprévu du père, qu’on n’attendait que dans deux
mois ; la découverte que l’oncle a faite du secret de notre mariage, et l’autre mariage qu’on veut faire de
lui avec la fille que le seigneur Géronte a eue d’une seconde femme qu’on dit qu’il a épousée à Tarente.
OCTAVE.- Et par-dessus tout cela, mets encore l’indigence où se trouve cette aimable personne, et
l’impuissance où je me vois d’avoir de quoi la secourir.
SCAPIN.- Est-ce là tout ? Vous voilà bien embarrassés tous deux pour une bagatelle. C’est bien là de
quoi se tant alarmer. N’as-tu point de honte, toi, de demeurer court à si peu de chose ? Que diable, te
voilà grand et gros comme père et mère, et tu ne saurais trouver dans ta tête, forger dans ton esprit
quelque ruse galante, quelque honnête petit stratagème, pour ajuster vos affaires ? Fi. Peste soit du
butor. Je voudrais bien que l’on m’eût donné autrefois nos vieillards à duper ; je les aurais joués tous
deux par-dessous la jambe ; et je n’étais pas plus grand que cela, que je me signalais déjà par cent tours
d’adresse jolis.
SILVESTRE.- J’avoue que le Ciel ne m’a pas donné tes talents, et que je n’ai pas l’esprit, comme toi, de
me brouiller avec la justice.
OCTAVE.- Voici mon aimable Hyacinte.
A) Une intrigue de comédie
1) Quels personnages sont présents sur scène?
2) Quel lien les unit?
Octave est le fils du seigneur Argante. Scapin est le valet de Léandre quand Silvestre est celui d’Octave.
3) De qui Octave et Léandre sont-ils aimés?
Octave aime et est aimé de Hyacinte tandis que Léandre s’est épris d’une « jeune Egyptienne ».
4) Où se trouvent les pères de Léandre et Octave?
Ils sont partis en voyage.
5) Quelle est l’intention du père d’Octave?
Il prévoit de l’unir à la fille du seigneur Géronte.
6) Pour quelle raison cette union est-elle impossible?
Octave s’est marié avec Hyacinte sans le consentement paternel.
7) « Je suis perdu. Je suis désespéré, je suis le plus infortuné de tous les hommes. ». La situation
d’Octave mérite-t-elle une telle déclaration? Quel est l’effet recherché par Octave?
Par cette énumération et les adjectifs très forts qui la composent, Octave exagère sa situation.Il se plaint
pour attirer la pitié de Scapin et ainsi obtenir son secours.

B) Scapin, seul rempart à l‘autorité paternel


1) Quel reproches Scapin fait-il à Sylvestre?
Scapin reproche à Silvestre de ne pas être capable de trouver lui-même un stratagème qui puisse
arranger la situation et le renvoie à sa responsabilité. On notera les phrases exclamatives par lesquelles
Scapin exprime son étonnement face au manque d’initiatives de Silvestre.
2) Relevez les expressions employées par Scapin pour désigner les fourberies. Sont-elles mélioratives
ou péjoratives?
Les mots «génie», «fabriques», «ressorts», «intrigues» appartiennent au champ lexical de l’esprit, de
l’imagination créatrice. Ce champ se complète dans la seconde tirade de Scapin : « trouver dans ta
tête », «forger dans ton esprit», «petits stratagèmes», «duper », «joués». Mais un autre champ lexical se
profile, celui de l’amour, de l’affectif : «gentillesses d’esprit», «galanteries ingénieuses», «ruses
galantes», «cent tours d’adresse jolis». Ces expressions confèrent une dimension affectueuse et
esthétique à la fourberie. Scapin utilise un vocabulaire mélioratif, il présente la fourberie comme une
qualité, le fourbe devant être astucieux, dégourdi, malin, imaginatif, posséder un esprit créateur, mais
aussi se considérer comme un artiste, qui aime son art.
3) Comment Scapin se comporte-t-il vis à vis de’Octave? Justifiez votre réponse.
En l’interpellant d’emblée, Scapin montre de l’assurance et de l’autorité vis-à-vis d’Octave, c’est lui qui
mène la conversation. Il emploie les expressions «une bagatelle» et «si peu de chose» pour désigner la
situation d’Octave : il en minimise la gravité. Il se montre hardi, sûr de lui, se vante d’être un valet
particulière- ment habile et un fourbe accompli
4)Comment Scapin compte-t-il aider Octave? Citez le texte pour justifier votre réponse.
Scapin compte aider Octave en se servant de la ruse. Il a dans l’idée d’élaborer une supercherie pour
tromper le père du jeune homme. C’est ce que l’on découvre : « tu ne saurais trouver dans ta tête, forger
dans ton esprit quelque ruse galante, quelque honnête petit stratagème, pour ajuster vos affaires » puis
« Je voudrais bien que l’on m’eût donné autrefois nos vieillards à duper ». Mais pour l’instant, on ignore
encore en quoi consistera le piège tendu par Scapin.

À retenir: Les scènes d’exposition: Lorsque le rideau se lève, l’histoire est déjà commencée. Le
spectateur se trouve directement plongé au cœur de l’intrigue, comme s’il surprenait une conversation.
Or le public a besoin de certains éléments pour comprendre la situation présente. Ces informations lui
seront fournies par les premières scènes, appelées scènes d’exposition : elles exposent, précisent la
situation, présentent les personnages, les problèmes qu’ils rencontrent.
À retenir: Les scènes d’exposition: Lorsque le rideau
se lève, l’histoire est déjà ……………………. Le
spectateur se trouve directement plongé au cœur de
l’……………………, comme s’il surprenait une
……………………. Or le public a besoin de certains
éléments pour …………………… la situation présente.
Ces informations lui seront fournies par les
…………………… scènes, appelées scènes
d’exposition : elles ……………………, précisent la
……………………, présentent les ……………………,
les …………………… qu’ils rencontrent.

Phrase n°3: A la fin de la séance 2, Le spectateur


s’attend à ce que Scapin prenne les choses en main,
trop heureux d’avoir une nouvelle occasion d’exercer
son talent. Le doute quant à sa décision crée un effet
de suspens et prépare la scène suivante.

Séance n°4:Un drôle de père

Objectifs: Comprendre les enchainement argumentatifs des répliques, identifier les procédés
comiques

Support: Scène 7, acte II

Scapin a accepté d’aider Octave et Hyacinte dans leur entreprise amoureuse mais également Léandre,
qui s’est épris d’une jeune égyptienne, Zerbinette, contre les projets de son père Géronte. Zerbinette est
prisonnière de Bohémiens qui l’ont recueillie et elle n’aura sa liberté qu’à condition de pâyer une rançon.
Léandre demande son aide à Scapin. Le valet décide alors de tromper le père de Léandre pour lui
soutirer de l’argent.

SCAPIN.- Monsieur, votre fils...

GÉRONTE.- Hé bien mon fils...

SCAPIN.- Est tombé dans une disgrâce la plus étrange du monde.


GÉRONTE.- Et quelle ?
SCAPIN.- Je l’ai trouvé tantôt, tout triste, de je ne sais quoi que vous lui avez dit, où vous m’avez mêlé
assez mal à propos ; et cherchant à divertir cette tristesse, nous nous sommes allés promener sur le port.
Là, entre autres plusieurs choses, nous avons arrêté nos yeux sur une galère turque assez bien équipée.
Un jeune Turc de bonne mine, nous a invités d’y entrer, et nous a présenté la main. Nous y avons passé ; il
nous a fait mille civilités, nous a donné la collation, où nous avons mangé des fruits les plus excellents qui
se puissent voir, et bu du vin que nous avons trouvé le meilleur du monde.
GÉRONTE.- Qu’y a-t-il de si affligeant en tout cela ?
SCAPIN.- Attendez, Monsieur, nous y voici. Pendant que nous mangions, il a fait mettre la galère en mer, et
se voyant éloigné du port, il m’a fait mettre dans un esquif, et m’envoie vous dire que si vous ne lui
envoyez par moi tout à l’heure  cinq cents écus, il va vous emmener votre fils en Alger.
GÉRONTE.- Comment, diantre, cinq cents écus ?

SCAPIN.- Oui, Monsieur ; et de plus, il ne m’a donné pour cela que deux heures.

GÉRONTE.- Ah le pendard de Turc, m’assassiner de la façon !

SCAPIN.- C’est à vous, Monsieur, d’aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que vous aimez
avec tant de tendresse.

GÉRONTE.- Que diable allait-il faire dans cette galère ?

SCAPIN.- Il ne songeait pas à ce qui est arrivé.

GÉRONTE.- Va-t’en, Scapin, va-t’en vite dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui.

SCAPIN.- La justice en pleine mer ! Vous moquez-vous des gens ?

GÉRONTE.- Que diable allait-il faire dans cette galère ?

SCAPIN.- Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes.

GÉRONTE.- Il faut, Scapin, il faut que tu fasses ici, l’action d’un serviteur fidèle.

SCAPIN.- Quoi, Monsieur ?

GÉRONTE.- Que tu ailles dire à ce Turc, qu’il me renvoie mon fils, et que tu te mets à sa place, jusqu’à ce que
j’aie amassé la somme qu’il demande.

SCAPIN.- Eh, Monsieur, songez-vous à ce que vous dites ? et vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens,
que d’aller recevoir un misérable comme moi, à la place de votre fils ?

GÉRONTE.- Que diable allait-il faire dans cette galère ?

SCAPIN.- Il ne devinait pas ce malheur. Songez, Monsieur, qu’il ne m’a donné que deux heures.

GÉRONTE.- Tu dis qu’il demande...

SCAPIN.- Cinq cents écus.

GÉRONTE.- Cinq cents écus ! N’a-t-il point de conscience ?

SCAPIN.- Vraiment oui, de la conscience à un Turc.

GÉRONTE.- Sait-il bien ce que c’est que cinq cents écus ?

SCAPIN.- Oui, Monsieur, il sait que c’est mille cinq cents livres.

GÉRONTE.- Croit-il, le traître, que mille cinq cents livres se trouvent dans le pas d’un cheval ?

SCAPIN.- Ce sont des gens qui n’entendent point de raison.

GÉRONTE.- Mais que diable allait-il faire à cette galère ?

SCAPIN.- Il est vrai ; mais quoi ! on ne prévoyait pas les choses. De grâce, Monsieur, dépêchez.

GÉRONTE.- Tiens, voilà la clef de mon armoire.

SCAPIN.- Bon.

GÉRONTE.- Tu l’ouvriras.

SCAPIN.- Fort bien.

GÉRONTE.- Tu trouveras une grosse clef du côté gauche, qui est celle de mon grenier.

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE.- Tu iras prendre toutes les hardes qui sont dans cette grande manne, et tu les vendras aux fripiers,
pour aller racheter mon fils.

SCAPIN, en lui rendant la clef.- Eh, Monsieur, rêvez-vous ? Je n’aurais pas cent francs de tout ce que vous
dites ; et de plus, vous savez le peu de temps qu’on m’a donné.

GÉRONTE.- Mais que diable allait-il faire à cette galère ?

SCAPIN.- Oh que de paroles perdues ! Laissez là cette galère, et songez que le temps presse, et que vous
courez risque de perdre votre fils. Hélas ! mon pauvre maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et qu’à
l’heure que je parle on t’emmène esclave en Alger. Mais le Ciel me sera témoin que j’ai fait pour toi tout ce que j’ai
pu ; et que si tu manques à être racheté, il n’en faut accuser que le peu d’amitié d’un père.

GÉRONTE.- Attends, Scapin, je m’en vais quérir cette somme.

SCAPIN.- Dépêchez donc vite, Monsieur, je tremble que l’heure ne sonne.

GÉRONTE.- N’est-ce pas quatre cents écus que tu dis ?

SCAPIN.- Non, cinq cents écus.

GÉRONTE.- Cinq cents écus ?

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE.- Que diable allait-il faire à cette galère ?

SCAPIN.- Vous avez raison, mais hâtez-vous.

GÉRONTE.- N’y avait-il point d’autre promenade ?

SCAPIN.- Cela est vrai. Mais faites promptement.

GÉRONTE.- Ah maudite galère !

SCAPIN.- Cette galère lui tient au cœur.

GÉRONTE.- Tiens, Scapin, je ne me souvenais pas que je viens justement de recevoir cette somme en or, et je ne
croyais pas qu’elle dût m’être si tôt ravie.(Il lui présente sa bourse, qu’il ne laisse pourtant pas aller ; et dans ses
transports il fait aller son bras de côté et d’autre, et Scapin le sien pour avoir la bourse.) Tiens. Va-t’en racheter
mon fils.

SCAPIN.- Oui, Monsieur.

GÉRONTE.- Mais dis à ce Turc que c’est un scélérat.

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE.- Un infâme.

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE.- Un homme sans foi, un voleur.

SCAPIN.- Laissez-moi faire.

GÉRONTE.- Qu’il me tire cinq cents écus contre toute sorte de droit.

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE.- Que je ne les lui donne ni à la mort, ni à la vie  .

SCAPIN.- Fort bien.

GÉRONTE.- Et que si jamais je l’attrape, je saurai me


venger de lui.

SCAPIN.- Oui.

GÉRONTE, remet la bourse dans sa poche, et s’en


va.-
Va,
va
vite

requérir mon fils.

SCAPIN, allant après lui.- Holà, Monsieur.

GÉRONTE.- Quoi ?

SCAPIN.- Où est donc cet argent ?

GÉRONTE.- Ne te l’ai-je pas donné ?

SCAPIN.- Non vraiment, vous l’avez remis dans votre poche.

GÉRONTE.- Ah, c’est la douleur qui me trouble l’esprit.

SCAPIN.- Je le vois bien.

GÉRONTE.- Que diable allait-il faire dans cette galère ? Ah maudite galère ! Traître de Turc à tous les diables !

SCAPIN.- Il ne peut digérer les cinq cents écus que je lui arrache ; mais il n’est pas quitte envers moi, et je veux
qu’il me paye en une autre monnaie, l’imposture qu’il m’a faite auprès de son fils.

A) Un père avare

1) Quelles est la première réaction de Géronte lorsqu’il apprend par Scapin la mésaventure de son fils?

La première réaction de Géronte en apprenant la mésaventure de son fils ne concerne pas, paradoxalement, le
sort de son enfant. Elle porte sur la somme qui lui est réclamée en rançon : « Comment diantre ! cinq cents
écus ? », ligne 20.

On peut d’abord être étonné de cette réaction (un des ressorts du théâtre comique est de jouer sur la surprise du
spectateur), ensuite s’en indigner car il s’agit d’un comportement égoïste qui témoigne d’une avarice prononcée
chez le personnage et enfin en rire.

2) Quelles différentes solutions Géronte propose-t-il pour ne pas payer la rançon?

Géronte propose, dans l’ordre :



- d’envoyer la justice en pleine mer ;

- de remplacer Léandre par un autre otage, Scapin;

- de vendre de vieux vêtements conservés dans une armoire pour réunir la somme demandée.

À chaque fois, Scapin saura trouver les arguments pour mettre en avant l’ineptie de ces propositions.

3) Relevez une réplique de Géronte qui montre qu’il ne pense qu’à lui-même.

« Ah le pendard de Turc, m’assassiner de la façon ! », ligne 23. L’utilisation de la première personne montre que le
vieillard ramène tout à sa personne.

4) Relevez une réplique de Géronte qui montre qu’il n’a aucune considération pour Scapin.

« Que tu ailles dire à ce Turc, qu’il me renvoie mon fils, et que tu te mets à sa place, jusqu’à ce que j’aie amassé
la somme qu’il demande », lignes 38-40. Cette proposition révèle à quel point le personnage est dénué de
scrupules envers le valet.

5) « Mais que diable allait-il faire dans cette galère? ».

a. Combien de fois Géronte prononce-t-il cette phrase?

Géronte prononce cette réplique à cinq reprises.

b. Observez bien la place de cette réplique, dans quelle situation se trouve Géronte à chaque fois qu’il la
prononce?

C’est ce qu’il répond à chaque fois qu’il se sent pris au piège par la situation et qu’il n’a plus de solution de repli à
proposer. La phrase exprime à la fois son agacement et son impuissance.

c. Quel est l’effet produit par cette répétition?

L’effet est évidemment comique car le texte joue sur la répétition et sur l’effet stérile de la réplique, qui ne permet
pas de régler le problème que rencontre le personnage. Elle continue de mettre en lumière les défauts du
personnage et provoque ainsi également un comique de caractère.

B) Scapin, un valet inventif

1) Relisez le passage en gras. Pourquoi Scapin fait-il durer le récit si longtemps?

Scapin ne livre pas ces informations de but en blanc au vieillard. Il fait progressivement monter la tension
dramatique. Il frustre l’attente de son interlocuteur en lui annonçant une « disgrâce la plus étrange du monde »,

mais en n’en révélant la chute qu’à la fin de sa troisième réplique.



En exposant un aussi long récit, il attise la curiosité de son interlocuteur. Il le place dans une situation d’écoute et
d’attente afin qu’il reçoive la mauvaise nouvelle avec une certaine violence.


2) Quels arguments Sapin oppose-t-il à Géronte à chaque fois que celui-ci trouve une façon de ne pas payer la
leçon?

Scapin a réponse à tout.



Lorsque Géronte envisage de lancer la justice après les ravisseurs de son fils, le valet lui rappelle la situation
matérielle : « La justice en pleine mer ! Vous moquez-vous des gens ? ».

Lorsque le barbon propose un échange d’otages, Scapin, loin de s’offusquer, joue la carte de l’humilité : « vous
figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens, que d’aller recevoir un misérable comme moi, à la place de votre fils ?
».

Enfin, lorsque le vieil avare demande à Scapin de vendre des hardes contenues dans une armoire, Scapin met en
avant le délai trop court qu’on lui a donné pour le règle- ment de la rançon ainsi que la somme trop importante
qu’on lui réclame : « je n’aurais pas cent francs de tout ce que vous dites, et de plus, vous savez le peu de temps
qu’on m’a donné ».

3) « Oh que de paroles perdues ! Laissez là cette galère, et songez que le temps presse, et que vous courez
risque de perdre votre fils. Hélas ! mon pauvre maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et qu’à l’heure
que je parle on t’emmène esclave en Alger. Mais le Ciel me sera témoin que j’ai fait pour toi tout ce que j’ai
pu ; et que si tu manques à être racheté, il n’en faut accuser que le peu d’amitié d’un père. ». A qui Scapin
s’adresse-t-il successivement? Quel effet recherche-t-il sur Géronte?

Scapin s’adresse d’abord à Géronte, puis à son maître absent, Léandre.



Par ce moyen, Scapin cherche à raviver le souvenir du fils auprès de son père et à le faire culpabiliser : « si tu
manques à être racheté, il ne faut accuser que le peu d’amitié d’un père »,

4) Relevez les expressions qu’utilise Scapin pour insister sur l’urgence de la situation. Quel est son but?

«tout à l’heure»(l.36);«il ne m’a donné pour cela


que deux heures » (l. 38-39). La rapidité des
répliques montre que Scapin presse Géronte.
La scène est ponctuée par les rappels à
l’urgente nécessité d’intervenir : rappels du
délai de deux heures. Après avoir éveillé son
inquiétude, Scapin accule Géronte pour ne pas
lui laisser le temps de réfléchir.

5) « Il va vous emmener votre fils en Alger ».


Comment Scapin cherche-t-il à impliquer
Géronte?

Par la redondance «vous»,«votre»,Scapin fait


appel à l’amour paternel de Géronte, il cherche
à l’amadouer.

6) «  un fils que vous aimez avec tant de


tendresse ». En quoi cette réplique est-elle
ironique?

Scapin est ironique car Géronte n’a pas


manifesté la moindre tendresse pour son fils.
Les considérations financières passent avant
les considérations affectives. C’est de ce
mélange que naît l’essentiel du comique dans
cette scène.

A Retenir: Les différents types de comique

LE COMIQUE DE MOTS

Il exploite les ressources du langage :


répétitions, jeux de mots, calembours,
déformations.

LE COMIQUE DE GESTES

C'est l'ensemble des jeux de scènes qui


provoquent le rire : coups, gifles, bastonnades,
chutes...

LE COMIQUE DE SITUATION

Rencontres fortuites, quiproquos.

LE COMIQUE DE CARACTERE

Il est fondé sur la psychologie des


personnages qui prêtent à rire (les avares, les
jaloux, les cocus...).

A Retenir: Les différents types de comique

LE COMIQUE DE ……………………

Il exploite les ressources du …………………… : répétitions, jeux de mots, calembours, déformations.

LE COMIQUE DE ……………………

C'est l'ensemble des …………………… de scènes qui provoquent le rire : coups, gifles, bastonnades, chutes...

LE COMIQUE DE ……………………

Rencontres fortuites, …………………….

LE COMIQUE DE ……………………

Il est fondé sur la …………………… des personnages qui prêtent à rire (les avares, les jaloux, les cocus...).

Phrase n°4 Dans la scène 7 de l’acte II, le père apparaît comme une personne facile à duper, puisque Géronte
s’en remet entièrement au récit de Scapin. En proie à la panique, il ne parvient à prendre aucune décision et se
laisse contredire ou guider par le valet. Ainsi, la pièce brosse un portrait peu flatteur du père et dessine une
intrigue dans laquelle on souhaite clairement que le spectateur prenne position pour les fils et les valets.

Séance n°5:Qui mène le jeu?

Objectifs: Etudier le procédé de théâtre dans le théâtre et les procédés comiques.

Support: Scène 2, acte III

A cause de Géronte, Scapin a dû avouer à Léandre quelques mauvais tours qu’il lui avait joués.
Décidé à se venger, Scapin invente un frère à Haycinte et fait croire à Géronte que celui-ci,
accompagné d’hommes armés, le cherche pour le tuer. Il convainc le vieillard dupe de se cacher
dans un grand sac.

SCAPIN.— Cachez-vous. Voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.)
«Quoi? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu'un par charité né m'enseignera
pas où il est?» (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.)
«Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre.» (À Géronte avec son ton naturel.) Ne
vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu'il contrefait, et le reste de
lui.) «Oh, l'homme au sac!» Monsieur. «Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Géronte.»
Vous cherchez le seigneur Géronte? «Oui, mordi! Jé lé cherche.» Et pour quelle affaire,
Monsieur? «Pour quelle affaire?» Oui. «Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de
vaton.» Oh! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est
pas un homme à être traité de la sorte. «Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître?» Le
seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s'il vous plaît,
parler d'autre façon. «Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur?» Je défends, comme je
dois, un homme d'honneur qu'on offense. «Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte?» Oui,
Monsieur, j'en suis. «Ah! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure.» (Il donne plusieurs coups
de bâton sur le sac.) «Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui.» Ah, ah, ah! Ah, Monsieur! Ah, ah,
Monsieur! Tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah! «Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias.» Ah!
diable soit le Gascon! Ah!

En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton.

GÉRONTE, mettant la tête hors du sac.— Ah, Scapin, je n'en puis plus.

SCAPIN.— Ah, Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable.
GÉRONTE.— Comment, c'est sur les miennes qu'il a frappé.

SCAPIN.— Nenni, Monsieur, c'était sur mon dos qu'il frappait.

GÉRONTE.— Que veux-tu dire? J'ai bien senti les coups, et les sens bien encore.

SCAPIN.— Non, vous dis-je, ce n'est que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules.
GÉRONTE.— Tu devais donc te retirer un peu plus loin, pour m'épargner...

SCAPIN lui remet la tête dans le sac.— Prenez garde. En voici un autre qui a la mine d'un
étranger. (Cet endroit est de même celui du Gascon, pour le changement de langage, et le jeu
de théâtre.) «Parti! Moi courir comme une Basque, et moi ne pouvre point troufair de tout le jour
sti tiable de Gironte?» Cachez-vous bien. «Dites-moi un peu fous, monsir l'homme, s'il ve plaist,
fous savoir point où l'est sti Gironte que moi cherchair?» Non, Monsieur, je ne sais point où est
Géronte. «Dites-moi-le vous frenchemente, moi li fouloir pas grande chose à lui. L'est
seulemente pour li donnair un petite régale sur le dos d'un douzaine de coups de bastonne, et
de trois ou quatre petites coups d'épée au trafers de son poitrine.» Je vous assure, Monsieur,
que je ne sais pas où il est. «Il me semble que j'y foi remuair quelque chose dans sti sac.»
Pardonnez-moi, Monsieur. «Li est assurément quelque histoire là tetans.» Point du tout,
Monsieur. «Moi l'avoir enfie de tonner ain coup d'épée dans ste sac.» Ah! Monsieur, gardez-
vous-en bien. «Montre-le-moi un peu fous ce que c'estre là.» Tout beau, Monsieur. «Quement,
tout beau?» Vous n'avez que faire de vouloir voir ce que je porte. «Et moi, je le fouloir foir, moi.»
Vous ne le verrez point. «Ahi que de badinemente!» Ce sont hardes qui m'appartiennent.
«Montre-moi fous, te dis-je.» Je n'en ferai rien. «Toi ne faire rien?» Non. «Moi pailler de ste
bastonne dessus les épaules de toi.» Je me moque de cela. «Ah! toi faire le trole.» Ahi, ahi, ahi;
ah, Monsieur, ah, ah, ah, ah. «Jusqu'au refoir: l'estre là un petit leçon pour li apprendre à toi à
parlair insolentemente.» Ah! peste soit du baragouineux. Ah!

GÉRONTE, sortant sa tête du sac.— Ah! je suis roué.

SCAPIN.— Ah! je suis mort.

GÉRONTE.— Pourquoi diantre faut-il qu'ils frappent sur mon dos?

SCAPIN, lui remettant sa tête dans le sac.— Prenez garde, voici une demi-douzaine de soldats
tout ensemble. (Il contrefait plusieurs personnes ensemble.) «Allons, tâchons à trouver ce
Géronte, cherchons partout. N'épargnons point nos pas. Courons toute la ville. N'oublions
aucun lieu. Visitons tout. Furetons de tous les côtés. Par où irons-nous? Tournons par là. Non,
par Ici. À gauche. À droit. Nenni. Si fait.» Cachez-vous bien. «Ah, camarades, voici son valet.
Allons, coquin, il faut que tu nous enseignes où est ton maître.» Eh, Messieurs, ne me maltraitez
point. «Allons, dis-nous où il est. Parle. Hâte-toi. Expédions. Dépêche vite. Tôt.» Eh, Messieurs,
doucement. (Géronte met doucement la tête hors du sac, et aperçoit la fourberie de Scapin.) «Si
tu ne nous fais trouver ton maître tout à l'heure, nous allons faire pleuvoir sur toi une ondée de
coups de bâton.» J'aime mieux souffrir toute chose que de vous découvrir mon maître. «Nous
allons t'assommer.» Faites tout ce qu'il vous plaira. «Tu as envie d'être battu.» Je ne trahirai
point mon maître. «Ah! tu en veux tâter?» Oh!

Comme il est prêt de frapper, Géronte sort du sac, et Scapin s'enfuit.

GÉRONTE.— Ah infâme! ah traître! ah scélérat! C'est ainsi que tu m'assassines.

A) Le théâtre dans le théâtre

1) Quels sont les différents rôles de Scapin dans cette scène?

Scapin joue tout d’abord le rôle du valet dévoué, cherchant à défendre les intérêts de son
maître. Il endosse ensuite le rôle d’un soldat gascon, puis celui d’un autre soldat à l’accent
étranger. Pour finir, il multiplie les voix en imitant « une demi-douzaine de soldats tout ensemble

2) Comment Scapin s’y prend-il pour incarner les différents personnages? Quel talent cela
révèle-t-il chez ce personnage?

Pour incarner tous ces personnages, Scapin « contrefai[t] sa voix » dès la première ligne. Il
change sa voix et prend des accents différents pour que Géronte ne le reconnaisse pas. Cela
révèle un grand talent de comédien car Scapin ne se contente pas d’imiter ou d’incarner
d’autres personnages, il ne cesse d’alterner entre les différents rôles à une rapidité
extraordinaire.

3) A quel moment cesse-t-il de jouer la comédie? Comment réagit-il alors?

Scapin cesse de jouer la comédie à la fin de la scène, quand il est découvert par Géronte. Pris
en flagrant délit de tromperie et de violence, il prend la fuite.

B) Une scène comique

1) Qu’a de comique pour les spectateurs la situation de Géronte?

On rit essentiellement de la couardise, de la bêtise de Géronte et de la situation dans laquelle il


se trouve. Le fait qu’il soit obligé de s’engouffrer entièrement dans un sac est grotesque et sa
lâcheté finit de le tourner en ridicule. En outre, non seulement il croit naïvement à toute l’histoire
de Scapin mais en plus il se laisse duper par son jeu de comédien, si habile soit-il. Pour finir, les
coups qu’il reçoit et le fait qu’il s’en plaigne, de nombreuses fois, avant de songer à vérifier qui
les lui donne, le confortent dans un rôle de barbon ridicule et bête.

2) Retrouvez, dans cette scène, des exemples de comique de geste, de mot et de situation.

On retrouve le comique de situation puisque Géronte est leurré par Scapin et qu’il en vient à se
cacher de façon grotesque dans un sac.

Le comique de mots est bien évidemment présent grâce au jeu des accents et aux insultes
proférées par Scapin lorsqu’il incarne les différents spadassins.

Enfin, le comique de gestes s’accomplit par la bastonnade.

On peut signaler que le comique de caractère peut aussi être évoqué : en effet, l’at-titude de
Géronte qui se cache et laisse Scapin prendre les coups pour lui (à ce qu’il croit) révèle sa
couardise et son profond égoïsme.

3) Le but de cette scène est-elle de faire rire ou de faire avancer l’intrigue?

Le but de cette scène est clairement de faire rire le spectateur. C’est une vengeance personnelle
de la part de Scapin qui ne sert à aucune des intrigues amoureuses des jeunes gens. Elle n’a
pas d’objectif dramatique mais elle permet un moment de théâtre pur où le personnage de
Scapin se révèle dans toute sa puissance scénique.

Sujet d’écriture: Rédigez le monologue de Géronte alors qu’il se trouve dans le sac

BILAN

Les Fourberies de Scapin est une pièce de théâtre, écrite par Molière, qui est un auteur dramatique du XVIIème
siècle, et qui a vécu en même temps que Jean de La Fontaine et Louis XIV.
Cette pièce est une comédie, car elle cherche
avant tout à faire rire le public. Elle est très

largement inspirée de la comédie


italienne( ou Commedia dell’arte): les
personnages sont typés de la même façon,
et portent des noms identiques ( comme
Scapin

Histoire d’un mot: Scélérat: nom


masculin créé à partir de l’adjectif. Il tire
son origine du latin sceleratus, de
scelus, qui signifiait :crime. Il désigne
quelqu’un coupable ou capable de
grands crimes.

Phrase n°6:La scène « des coups de battons » ne semble pas servir l’intrigue. Le public s’amuse du
châtiment qui vient frapper le maître antipathique et lâche.Il s’agit bien d’une scène de farce, mais elle

est aussi subversive: L’inférieur est en position de supériorité, l’autorité est inversée.
+m

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