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Introduction
2. Le dialogue
3. Le monologue
4. La triple énonciation
2. L'actant
3 - Le langage théâtral
1. Le langage paraverbal
2. La structure externe
4. La langue du corps
6 - De la mise en scène
1. Révélation et réinterprétation
2. Antonin Artaud et « le théâtre de la cruauté »
4. De nouvelles pistes
2. La comédie latine
7. Molière (1622-1673)
8. De Molière à Marivaux
9. Marivaux (1688-1763)
8 - La tragédie
1. La tragédie grecque
4. La tragédie humaniste
5. La tragédie classique
7. Tragique et tragédie
9 - Le drame
1. Le drame bourgeois
2. Le drame romantique
3. Le drame naturaliste
4. Le drame symboliste
Bibliographie
© Armand Colin, Paris, 2009.
978-2-200-24694-5
Collection 128 • série lettres
Berthelot Le Roman courtois
Boyer Les Paralittératures
Bozzetto La Science-fiction
Calas Le Roman épistolaire
Claudon Les Grands Mouvements littéraires européens
Claudon / Haddad-Wotling Précis de littérature comparée
Couprie Les Grandes Dates de la littérature française
De Biasi Génétique des textes
Durand / Le Guern Le Roman historique
Durrer Le Dialogue dans le roman
Forestier Introduction à l'analyse des textes classiques
Fourcaut Le Commentaire composé
Fresnault-Deruelle La Bande dessinée
Hugues L'Utopie
Maingueneau La Littérature pornographique
Marcoin / Chelebourg La Littérature de jeunesse
Milhe-Poutingon François Rabelais. Bilan critique
Miraux L'Autobiographie
Mitterand La Littérature française du xxe siècle
Pappe / Roche La Dissertation littéraire
Petitier Littérature et idées politiques au xixe siècle
Prince Le Fantastique
Pruner L'Analyse du texte de théâtre
Reuter Le Roman policier
Reuter L'Analyse du récit
Roger La Critique littéraire
Rohou Jean Racine. Bilan critique
Samoyault L'Intertextualité
Stalloni Les Genres littéraires
Vaillant La Poésie. Introduction à l'analyse des textes poétiques
Valette Le Roman
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Armand Colin Éditeur • 21, rue du Montparnasse • 75006 Paris
Introduction
Dans le livre III de La République, Platon oppose deux modes
d'écriture : la diégésis, ou récit pur dans lequel le poète parle en son
nom ; et la mimésis, ou imitation parfaite dans laquelle ce sont des
personnages qui parlent. Cette bipartition plus que millénaire est
intéressante dans la mesure où elle caractérise et fonde une spécificité des
genres. Elle n'est toutefois pas sans limites ni sans soulever d'objections.
De même que le récit proustien rend plus confuse la distinction entre
diégésis et mimésis, de même le mimodrame moderne ou les muets des
Quatre cubes d'Arrabal (1960) rendent moins absolue la définition du
théâtre comme un art de la mimésis. En ne soufflant mot des conditions
du jeu, Platon se plaçait en outre du seul point de vue du lecteur.
L'essor des sciences humaines, de la linguistique et de la sémiologie
notamment, a depuis permis l'élaboration de nouveaux outils analytiques.
À côté des ouvrages, nombreux et nécessaires, qui exposent les théories
esthétiques des grands dramaturges et la thématique de leurs œuvres,
place doit donc être faite à une étude plus strictement technique, afin de
répondre à cette question simple en apparence, mais d'une complexité
redoutable : « Qu'est-ce qu'un texte de théâtre », indépendamment des
catégories traditionnelles de la tragédie, de la comédie et du drame.
Tel est le premier objectif de ce livre qui se propose de décrire les
procédures et les perspectives méthodologiques permettant d'aborder la
lecture d'une pièce de théâtre.
Tout dire eût certes été une gageure ; du moins reste-t-il possible de
présenter l'essentiel en quelques dizaines de pages. Si les exemples sont
pour la plupart empruntés aux chefs-d'œuvre du répertoire classique
(Corneille, Racine, Molière...) ou devenus « classiques » (Ionesco,
Beckett, Arrabal), certains le sont aussi à la production de ces dernières
décennies. La révolution dramaturgique des années 1950 marque en effet
une évidente rupture avec les conceptions et les pratiques antérieures,
mais elle ne constitue pas la fin de l'histoire du théâtre. Paradoxalement –
mais le théâtre n'est-il pas lui-même un « art du paradoxe1 » ? – la
dramaturgie éclatée du théâtre facilite même, comme a contrario et a
posteriori, la compréhension globale du genre.
Le second objectif est plus diachronique. S'il est légitime et
indispensable de s'interroger sur les structures types de l'univers théâtral
et sur les composantes d'une pièce, on ne peut pour autant ignorer
l'évolution des théories dramatiques ni ce qui distingue une tragédie
classique du drame romantique ou une comédie d'une tragédie.
Pour plus de clarté, la démarche suivie ne mêle pas les aspects
diachroniques et synchroniques. À l'approche du texte théâtral succède
un panorama historique et esthétique. Mais ces deux aspects ne tendent
qu'à un même but : convaincre, contrairement à une affirmation encore
courante, qu'une pièce de théâtre est d'abord faite pour être lue. Comme
l'écrit, non sans provocation, le cofondateur du « Théâtre du quotidien »,
Michel Deutsch (né en 1948) :
Je considère [...] que le meilleur chemin pour venir au théâtre passe
par la lecture. Je crains malheureusement que les autres accès ne soient
hypothéqués par le spectacle. Le spectacle, à mes yeux, si j'ose dire, est
précisément la manifestation flagrante de l'adaptation – donc de la
soumission – du théâtre à la trivialité de la culture (la non-culture) de
masse, de la soumission du théâtre à l'idéologie des loisirs.
(Michel Deutsch, Inventaire après liquidation, L'Arche Éditeur,
1990.)
1 . Anne Ubersfeld, Lire le théâtre, Éditions sociales, 1977, p. 13.
Première partie
Le texte théâtral
Contrairement aux romans qui peuvent se présenter de multiples
façons, un texte de théâtre s'organise de manière (presque) intangible. Il
comporte deux strates distinctes, mais indissociables : le dialogue et les
didascalies.
1. Les didascalies
2. Le dialogue
3. Le monologue
Discours d'un personnage qui est ou qui se croit seul sur scène, le
monologue est aussi ancien que le dialogue. Sa fonction première et
longtemps unique fut de faire connaître un personnage de l'intérieur.
L'artifice du procédé est aussi manifeste que son utilité. Aussi, bien que
les théoriciens classiques aient toujours recommandé d'en limiter l'usage,
les dramaturges y ont-ils souvent recouru, en essayant toutefois d'en
atténuer le caractère conventionnel. Pour le rendre moins
invraisemblable, ils le placent à un moment où l'action plonge le héros
dans un tumulte émotif et passionnel.
4. La triple énonciation
Au théâtre moins qu'ailleurs la parole ne va de soi. Quelles que soient
la forme et la nature de son discours, le personnage est le sujet d'une
triple énonciation. Il parle :
pour s'exprimer en fonction de sa propre situation à la fois
référentielle et actantielle (voir p. 24) ;
pour répliquer (fût-ce à lui-même ou à un personnage absent) en
fonction d'une situation qu'un autre lui impose ;
pour s'adresser en fait au récepteur premier et ultime qu'est le
spectateur ou le lecteur ; dans et derrière toute parole, le
dramaturge s'adresse au public.
Là se manifeste de nouveau l'une des spécificités du texte théâtral : si
le dramaturge délègue la parole à autrui, cette parole n'est pas
constitutive d'autrui. Comme il y a une double énonciation (le personnage
et l'auteur écrivant – à ne pas confondre avec l'individu qu'il est par
ailleurs), il y a un double récepteur : un personnage et le public.
Selon la pragmatique (l'étude des actes de langage), il en résulte trois
modalités d'énonciation qui peuvent naturellement interférer ; elles se
constituent :
d'un acte locutoire (parfois encore appelé expressif et performatif)
qui réside dans tout énoncé objectif ;
d'un acte illocutoire (ou conatif), qui détermine comment l'énoncé
doit être reçu par le récepteur (ordre, menace, promesse...) ;
d'un acte perlocutoire (ou stratégique) qui tend à créer par la parole
un effet sur l'interlocuteur.
On comprend aisément que dans l'univers théâtral où « parler c'est
faire », la combinatoire de ces actes est essentielle.
Voici la fin de la première rencontre d'Agamemnon et de sa fille
Iphigénie. Le spectateur sait que le père vient d'ordonner un sacrifice qui
doit être l'immolation d'Iphigénie, afin de permettre l'appareillage de la
flotte grecque vers les rivages de Troie :
Agamemnon. – Ah ! ma fille !
Iphigénie. – Seigneur, poursuivez.
Agamemnon. – Je ne puis.
Iphigénie. – Périsse le Troyen auteur de nos alarmes !
Agamemnon. – Sa perte à ses vainqueurs coûtera bien des larmes.
Iphigénie. – Les dieux daignent surtout prendre soin de vos jours.
Agamemnon. – Les dieux depuis un temps me sont cruels et sourds.
Iphigénie. – Calchas, dit-on, prépare un pompeux sacrifice ?
Agamemnon. – Puissé-je auparavant fléchir leur injustice !
Iphigénie. – L'offrira-t-on bientôt ?
Agamemnon. – Plus tôt que je ne veux.
Iphigénie. – Me sera-t-il permis de me joindre à vos vœux ?
Verra-t-on à l'autel votre heureuse famille ?
Agamemnon. – Hélas !
Iphigénie. – Vous vous taisez ?
Agamemnon. – Vous y serez, ma fille.
Adieu.
(Racine, Iphigénie, II, 2, v. 567-579.)
La multiplication des déictiques, le jeu des verbes et des modes,
l'alternance des interrogations et des exclamations relèvent de la locution.
Les deux personnages s'expriment en fonction de leur situation
contextuelle, qui n'est pas la même. L'illocution apparaît dans les
demandes bienséantes d'Iphigénie, qui contraint Agamemnon à une
réplique. Mais dans le même temps, la perlocution n'est pas moins
évidente. Iphigénie ignore la réponse véritable qui sera donnée à sa
demande ainsi que le sens du « Hélas ! » paternel et du « Vous y serez,
ma fille ». Sa « naïveté » n'est pas en cause (Iphigénie n'est pas une
personne dotée d'une psyché). Ses paroles sont celles que le dramaturge
lui fait dire pour torturer Agamemnon et au-delà le spectateur. L'effet
perlocutoire est assuré. La « naïveté » d'Iphigénie est soigneusement
calculée par Racine.
Le discours théâtral est donc moins lisse qu'il ne semble. Il soulève
toujours trois questions clés : quelle est la situation contextuelle ? quelles
sont les modalités d'énonciation ? quelles sont les stratégies mises en
œuvre ?
1 . Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas, 1991.
2
Personnage, actant
et « interpersonnage »
On a longtemps défini un texte de théâtre par ses personnages. Une
bonne pièce était et reste encore parfois dans les idées courantes et reçues
une pièce qui fait vivre des personnages ou qui campe des « caractères »,
confusion d'autant plus tentante que bon nombre des œuvres du répertoire
portent pour titre le nom d'un protagoniste (Phèdre, Cromwell, Électre...).
Malheureusement, le personnage en tant que tel n'existe pas.
1. Le personnage en question
2. L'actant
En fait un personnage n'est pas une essence, mais, comme tout être
littéraire, une production : il se définit par ses actions. Il revient à la
poétique moderne d'avoir forgé des instruments d'analyse permettant de
dégager les rapports et les forces dont le personnage est le lieu
géométrique, et, par là même, la structure profonde d'une œuvre.
Le langage théâtral
Lors d'une représentation, tout devient signe : le décor, le bruitage, les
gestes, l'éclairage, la déclamation... Ainsi que l'écrit Ionesco :
Tout est permis au théâtre : incarner des personnages mais aussi
matérialiser des angoisses, des présences intérieures. Il est donc non
seulement permis, mais recommandé de faire jouer les accessoires, faire
revivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles. De
même que la parole est continuée par le geste, le jeu, la pantomime qui,
au moment où la parole devient insuffisante, se substituent à elle, les
éléments scéniques matériels peuvent l'amplifier à leur tour.
(Notes et contre-notes, © éd. Gallimard, 1966.)
Le texte n'est qu'une composante du langage théâtral, et une
composante de plus en plus secondaire dans certaines pièces modernes
(voir p. 11). La représentation, qui ne saurait se réduire à une simple
traduction du texte, mobilise d'autres langages, paraverbaux et non
verbaux.
1. Le langage paraverbal
1.1 La déclamation
Les inflexions, l'intonation, le débit de la voix donnent à l'invariant de
l'énoncé de multiples sens. Parfois, une didascalie délimite un champ de
signification. Dans son Dom Juan (1665), Molière indique comment
jouer et comprendre la scène, en apparence de réconciliation, en fait de
rupture, entre le père et le fils :
Don Louis. – Quoi ? Mon fils, serait-il possible que la bonté du Ciel
eût exaucé mes vœux ? Ce que vous me dites est-il bien vrai ? Ne
m'abusez-vous point d'un faux espoir et puis-je prendre quelque
assurance sur la nouveauté surprenante d'une telle conversion ?
Don Juan, faisant l'hypocrite. – Oui, vous me voyez revenu de toutes
mes erreurs ; je ne suis plus le même d'hier au soir, et le ciel tout à coup
a fait en moi un changement qui va surprendre tout le monde.
(Dom Juan, V, 1.)
À l'acteur de traduire par le ton de sa voix, le cas échéant par sa
physionomie, l'hypocrisie, cette parole masquée qui nie ce qu'elle
affirme. Il dispose de plusieurs possibilités. Du moins toutes s'inscrivent-
elles dans un schéma déterminé par l'auteur.
Il n'en va pas toujours ainsi. L'acteur devient alors libre de la
signification à donner. Comment, pour conserver l'exemple de Dom Juan,
interpréter la dernière scène et les ultimes mots de Sganarelle : « Mes
gages ! Mes gages ! » ? À qui s'adresse-t-il ? À don Juan ? À Dieu ? À
lui-même ? Au spectateur ? D'où vient son cri ? De sa cupidité ? De son
désarroi ? D'une provocation sacrilège ?... Autant de sens contenus dans
le texte et pourtant absents de celui-ci.
Cinna reste un cas célèbre. Auguste pardonne aux conjurés et
prononce ce vers fameux : « Soyons amis, Cinna, c'est moi qui t'en
convie » (v. 1701). D'après Mme de Rémusat qui rapporte l'anecdote
dans ses Mémoires, l'acteur Monvel le disait d'« un ton si habile et si
rusé » que Napoléon ier comprit que « cette action n'était que la feinte d'un
tyran » et qu'il approuva « comme calcul ce qui lui semblait puéril
comme sentiment. Il faut toujours, poursuivait-il, dire ce vers de manière
que, de tous ceux qui l'écoutent, il n'y ait que Cinna de trompé ». Peu
importe ici que l'interprétation soit conforme aux intentions et à la
philosophie de Corneille (il est hautement improbable qu'elle le soit).
Mais l'exemple montre que la déclamation fait sens. Elle est un langage.
Les rires, les cris, les gémissements, les pleurs, les soupirs
appartiennent de même à la sphère paraverbale. Ils colorent le texte d'une
subjectivité élémentaire, à valeur universelle. La plupart du temps, des
didascalies renseignent sur l'existence de ces « gestes vocaux1 ». Mais pas
toujours et, même quand ils sont indiqués, subsiste l'épineux problème de
leur expression ou de leur traduction. Dans L'École des femmes de
Molière (1662), la dernière parole d'Arnolphe, voyant Agnès lui échapper
définitivement, est un « Oh ! ». Que recouvre-t-il exactement ? Selon la
tradition, Molière disait lors des premières représentations : « Ouf ! » Le
sens était plus univoque. Auparavant, Arnolphe avait encouragé Agnès à
l'aimer :
Mon pauvre petit bec, tu le peux, si tu veux. (Il fait un soupir).
Écoute seulement ce soupir amoureux,
Vois ce regard mourant, contemple ma personne,
Et quitte ce morveux et l'amour qu'il te donne.
(L'École des Femmes, V, 4, v. 1586-1589.)
Le « soupir » exprime-t-il sa souffrance ? son ridicule ? Est-il
involontaire, calculé ? De la réponse à ces questions dépend en partie
l'image d'Arnolphe. Encore s'agit-il de réactions physiques expressément
mentionnées par l'auteur. Mais les « classiques » n'en sont guère
prodigues. Rien n'interdit à l'acteur de suppléer à l'absence de notations.
Quels « gestes vocaux » doublent la déclaration de Phèdre à Hippolyte ?
L'évocation de la chute de Troie par Andromaque ? Le hiératisme n'est
qu'une solution parmi d'autres. Choisir, c'est poser un sens.
2.4 La gestuelle
1. La structure interne
1.2 L'exposition
Les fils exposés, il s'agit alors de les nouer pour créer le conflit. Le
nœud est la relation qui s'établit entre la volonté d'un personnage (son
désir, ses passions) et les obstacles qui s'opposent à sa concrétisation.
Sans obstacle, pas de nœud en effet. Comme l'écrit un théoricien du
genre, le nœud « comprend les desseins des principaux personnages et
tous les obstacles propres ou étrangers qui les traversent. Il va
ordinairement jusqu'à la fin du quatrième acte, dure parfois jusqu'à la
dernière scène du dénouement2 ».
L'obstacle peut être extérieur : dans la comédie, l'opposition d'un
parent au projet de mariage de jeunes gens est traditionnelle ; il peut être
aussi intérieur, notamment dans les tragédies.
La péripétie introduit dans le nœud un élément nouveau, dans la
mesure où elle modifie la situation née de la présence de l'obstacle.
Aristote la définissait comme « le retournement de l'action en sens
contraire », et il la plaçait au dénouement avec lequel elle se confondait.
Cette technique de la péripétie unique se maintint longtemps.
Mais elle offrait tant de possibilités de faire rebondir l'action, donc de
tenir le spectateur en haleine, qu'elle cessa vers 1640 d'être unique et de
se trouver au dénouement. Ou bien elle s'étendit sur plusieurs scènes,
voire sur plusieurs actes : tel est le cas dans Andromaque où Pyrrhus
promet à Andromaque de la protéger (acte I), puis décide d'épouser
Hermione (acte II) avant de revenir vers Andromaque (acte III). Ou bien
les péripéties, plus brèves, se multiplient : celles-ci abondent dans les
« comédies d'intrigues » (Les Fourberies de Scapin) et dans les tragédies
de Corneille : Horace, Cinna et Polyeucte en comportent deux ou trois.
1.4 Le dénouement
2. La structure externe
La bienséance externe
Elle relève d'impératifs éthiques et esthétiques. L'indignation d'un
spectateur, heurté dans sa sensibilité, le conduirait à douter de la
bienséance de l'action. La « dignité » de la tragédie exigeait donc qu'on
ne parlât pas de réalités jugées basses ou vulgaires : tout ce qui touchait
au corps, à la nourriture, à la sexualité. Prise au pied de la lettre, cette
règle risquait d'aboutir à une véritable censure. Chimène n'était-elle pas
pour G. de Scudéry une « impudique » et une « prostituée » ? En
pratique, tout était affaire de tact et de langage. Si on ne pouvait pas tout
montrer sur scène, on pouvait tout suggérer car
Il n'est point de serpent, ni de monstres odieux
Qui, par l'art imité, ne puisse plaire aux yeux
(Boileau, Art poétique, 1674, chant III, v. 1-2.)
La bienséance interne
Elle a pour but de garantir la cohérence de la structure. Les caractères
doivent être conformes à l'image traditionnelle (pas forcément véridique)
que l'histoire et les légendes ont laissée d'eux, aux us et coutumes de leur
pays ; et ils doivent évoluer en fonction de leur dynamique propre (d'où
la condamnation progressive d'un deus ex machina pour dénouer
l'action).
La dramaturgie éclatée
du théâtre moderne
La révolution dramaturgique des années 1950 a bouleversé l'écriture et
la pratique de l'art théâtral. Si le mérite en revient à Beckett, à Ionesco, à
Adamov... – bien que leur enrôlement sous la même bannière du « théâtre
de l'absurde » les ait les premiers surpris –, on ne peut figer l'élan qu'ils
ont initié. D'abord parce que leurs œuvres, après avoir suscité
indifférence ou scandale, sont devenues des classiques, ensuite parce
qu'ils ont des successeurs qui s'efforcent de concevoir le théâtre de
l'« après-Beckett » ou de l'« après-Ionesco », comme ceux-ci inventèrent
en leur temps le « nouveau théâtre ». Ces dramaturges contemporains ne
manquent pas : de Michel Deutsch à Jean-Claude Grumberg, d'Armand
Gatti à Daniel Lemahieu et Bernard-Marie Koltès ; pas plus que ne font
défaut les « ateliers d'écriture » et les expériences collectives.
Entre les auteurs des années 1950 et ceux d'après 1968, des différences
existent certes ; et entre ces derniers, elles ne sont pas moins réelles. C'est
aux monographies et aux études particulières de les souligner. Mais,
outre que le théâtre contemporain rencontre, ici et là, la même
incompréhension que l'« anti-théâtre », des lignes de forces se dessinent
de l'un à l'autre. Ce sont les mêmes refus et, à défaut des mêmes
réponses, les mêmes interrogations.
1. La disparition de la « fable »
4. La langue du corps
De la mise en scène
Le rôle croissant du metteur en scène est l'un des traits majeurs de la
pratique théâtrale du xxe siècle. La presse, le grand public ne parlent-ils
pas couramment du « Dom Juan de Vilar », du « Dandin de Planchon »,
du « Tartuffe de Vitez » ou du « Cid de F. Huster » ? Comme si ceux-ci
étaient devenus les co-créateurs, voire les créateurs des pièces
représentées. Et les uns de s'indigner des « libertés prises » avec un texte
qu'ils ne reconnaissent plus ; les autres de s'en féliciter au contraire parce
qu'elles l'éclairent d'une lumière nouvelle. Ces réactions opposées,
parfois plus affectives que culturelles, renvoient, fût-ce implicitement, à
deux conceptions de la mise en scène.
1. Révélation et réinterprétation
Artaud se rebelle contre « une culture qui n'a jamais coïncidé avec la
vie et qui est faite pour régenter la vie » ; de là sa condamnation du
théâtre psychologique et ses efforts pour briser le langage, car « les idées
claires sont, au théâtre comme partout ailleurs, des idées mortes et
terminées ». Aussi préconise-t-il le recours systématique à d'autres
moyens d'expression que la parole : la musique, la danse, la pantomime,
l'éclairage... Le but est d'instaurer un « spectacle total où le théâtre saura
reprendre au cinéma, au music-hall, au cirque et à la vie même ce qui de
tout temps lui aura appartenu ».
C'est qu'Artaud considère le théâtre comme une aventure intellectuelle
et psychique : il est le « double » non pas de la réalité quotidienne dont il
ne serait qu'une vulgaire copie, mais d'une autre réalité, celle des
mythes :
Une vraie pièce de théâtre bouscule le repos des sens, libère
l'inconscient comprimé, pousse à une sorte de révolte virtuelle, impose
aux collectivités rassemblées une attitude héroïque et difficile. Nous
voulons faire du théâtre une réalité à laquelle on puisse croire et qui
contienne pour le cœur et les sens cette espèce de morsure concrète que
comporte toute sensation vraie. De même que nos rêves agissent sur
nous et que la réalité agit sur nos rêves, nous pensons qu'on peut
identifier les images de la pensée à un rêve, qui sera efficace dans la
mesure où il sera jeté avec la violence qu'il faut.
(Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, © Éd. Gallimard, 1938.)
Pour y parvenir, un seul moyen : la cruauté, physique et morale.
Artaud compare le théâtre à la « peste » qui, condamnant l'homme à une
mort imminente, libère pour cette raison les forces, les obsessions, les
fantasmes jusque-là refoulés. L'expérience devient vitale et initiatique.
3.2 La distanciation
Seule la distanciation favorise cette réaction libératrice du public. Elle
commande l'écriture dramatique, la mise en scène et le jeu des acteurs.
L'écriture dramatique
La mise en scène
4. De nouvelles pistes
4.2 Le métathéâtre
Panorama historique
et esthétique
7
La comédie
Comme la tragédie (voir p. 88), la comédie est d'origine grecque.
Aristote la rattache aux processions burlesques – le cômos (d'où dérive le
mot cômodia) en l'honneur du dieu du vin. Ces processions étaient une
sorte de carnaval se déroulant sous l'emblème du phallus.
1. La comédie grecque
2. La comédie latine
Comme l'indiquent parfois les titres des pièces (La Galerie du Palais,
La Place Royale), l'action se déroule dans des lieux de promenade à la
mode sous Louis XIII. Ces comédies, qui ne sont ni franchement réalistes
ni véritablement drôles, relatent des histoires d'amour. Jeunes, sans soucis
financiers ou professionnels, les personnages appartiennent à la
bourgeoisie aisée. Ils forment des couples souvent promis au bonheur,
mais des rivaux multiplient les machinations pour troubler la félicité des
amants. Sauf dans La Place Royale où Alidor refuse d'épouser
Angélique, qu'il aime pourtant, afin de conserver sa liberté, l'amour finit
par triompher.
Les comédies de Corneille se caractérisent par une série de refus :
refus d'une intrigue complexe, des types traditionnels, des procédés
comiques de la farce, d'un langage bas. L'analyse se concentre sur le
caractère et l'évolution psychologique des personnages et, souvent, sur
les jeux de l'amour et de l'argent. La « Suivante », qui donne son nom à
une pièce, reste vieille fille, non parce qu'elle manque de charme ou de
beauté, mais parce qu'elle est une domestique sans dot. Par cette attention
portée aux milieux sociaux, les comédies de Corneille préfigurent la
comédie de mœurs.
Molière n'a rédigé ni traité ni dissertation sur la comédie. Mais, très tôt
critiqué et attaqué, il n'a cessé de répondre à ses détracteurs, de sorte que
les préfaces des Précieuses ridicules et de Tartuffe, l'« Avertissement »
des Fâcheux, La Critique de l'École des femmes et L'Impromptu de
Versailles finissent par constituer un véritable corpus doctrinal.
Depuis l'Antiquité, la comédie fait du ridicule sa matière préférée.
Mais ce ridicule était souvent intemporel : il naissait de la peinture d'un
type, d'un « caractère ». L'innovation et la modernité de Molière résident
dans sa volonté de peindre les hommes de son temps : « Vous n'avez rien
fait si vous n'y faites reconnaître les gens de votre siècle » (La Critique
de l'École des femmes, sc. 6). Les Précieuses ridicules sont ainsi une
satire bouffonne des cercles précieux alors à la mode. L'École des femmes
est la première grande comédie à traiter des problèmes de l'amour et du
mariage, dénonçant à mi-voix l'attitude misogyne de l'Église. Dom Juan
évoque le libertinage de la jeune Cour dans les années 1660. Le
Misanthrope aborde la question de la sincérité dans une société
entièrement soumise à la volonté royale et aux règles de l'« art de
plaire », sans lequel il n'est pas de vie et de position sociales possibles.
Tartuffe stigmatise l'hypocrisie religieuse.
Cette peinture des mœurs du temps doit se faire « d'après nature »,
comme l'explique Dorante dans La Critique de l'École des femmes
(sc. 6). Elle n'en doit pas moins éviter deux écueils : la réduction à la
satire ad hominem et la dilution dans l'écume du circonstanciel. Molière
se refuse à réduire la comédie à une satire personnelle, même si ses
œuvres sont parfois animées d'un esprit satirique évident et si ses
contemporains ont parfois cru identifier les modèles de Tartuffe, de don
Juan ou de Monsieur Jourdain. Ce refus de trop particulariser les vices
permet à Molière d'atteindre au général, conformément à l'idéal classique
de l'universel. Ses personnages ne sont jamais des mécaniques : « Il n'est
pas incompatible qu'une personne soit ridicule en de certaines choses et
honnête en d'autres » (La Critique de l'École des femmes, sc. 6).
L'œuvre de Molière s'inscrit dans la période où triomphe la
dramaturgie classique. Les théoriciens considéraient certes que la
comédie avait ses particularités propres. Contrairement à la tragédie, elle
ne traite que des aventures de gens ordinaires. Comme il est naturel qu'un
événement privé soit inconnu des spectateurs, la vraisemblance y doit
être stricte, et son dénouement doit en principe avoir une « joyeuse
issue ». Pour le reste, la comédie devait se soumettre aux règles de la
tragédie.
Analyser les farces de Molière ou ses comédies-ballets à l'aune de la
stricte orthodoxie n'aurait toutefois guère de sens. Même une « grande »
comédie comme Dom Juan ne respecte pas les unités de lieu, de temps,
de vraisemblance, voire d'action. En revanche Le Misanthrope, L'École
des femmes, Tartuffe ou Les Femmes savantes se plient presque
idéalement aux règles : le lieu est unique, le temps resserré en moins de
vingt-quatre heures, et l'action précise. Mais si Molière ne s'embarrasse
guère de recettes, il va à l'essentiel de la doctrine classique : plaire et être
vraisemblable. C'est pourquoi il peut, par exemple, dans La Critique de
l'École des femmes (sc. 6), se moquer de ses pointilleux censeurs.
Si « la grande règle de toutes les règles » est de plaire, encore faut-il
savoir à qui il convient de plaire : à la Cour ? aux pédants ? au parterre ?
Contre les marquis s'arrogeant le droit exclusif de juger d'une œuvre
littéraire, Molière défend le « bon sens ». En matière d'art, il proclame
l'égalité des hommes, affirme l'inanité de toute hiérarchie sociale (La
Critique de l'École des femmes, sc. 5). Mais, à l'inverse, Dorante, dans la
même pièce, entreprend, contre les pédants, l'éloge de la Cour, tout
comme Clitandre dans Les Femmes savantes (IV, 3, v. 1331-1382). Dans
des circonstances différentes, il s'agit à chaque fois d'affirmer la
supériorité du public, ici contre les gardiens des règles, là contre les
snobismes mondains.
8. De Molière à Marivaux
9. Marivaux (1688-1763)
« J'ai, écrit Marivaux, guetté dans le cœur humain toutes les niches
différentes où peut se cacher l'amour lorsqu'il craint de se montrer, et
chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d'une de ces
niches. » De là vient la ressemblance de ses pièces qui paraissent toutes
construites sur le même schéma. Mais cette impression ne doit pas
masquer la diversité et la vivacité de son théâtre.
Dans les comédies de ses prédécesseurs (y compris celles de Molière),
l'amour n'a jamais à lutter contre lui-même. À peine né, il est fort de ses
certitudes. Il lui faut seulement vaincre l'opposition de parents ou déjouer
les ruses d'un rival déçu. Marivaux rejette ce ressort traditionnel de
l'obstacle extérieur. L'hésitation naît des personnages eux-mêmes ; jouets
de préjugés sociaux, blessés par une précédente expérience sentimentale,
par timidité ou par crainte de n'être pas éternellement aimés pour eux-
mêmes, ils s'étonnent ou s'effraient de leurs sentiments. L'intrigue
s'inscrit dans cette période de trouble et d'évolution psychologique où le
héros qui aime sans encore le savoir, découvre qu'il aime et se résout à
adhérer à l'élan qui le porte. Comme le souligne encore Marivaux,
l'amour « n'est en querelle qu'avec lui seul et finit par être heureux
malgré lui ».
Tout l'intérêt résidant dans la lutte des personnages contre eux-mêmes,
Marivaux dépouille ses intrigues non de romanesque (toutes comportent
des déguisements) mais de coups de théâtre externes. La « surprise » n'est
jamais pour le spectateur qui sait d'emblée que l'amour triomphera. Elle
est pour les héros qui, par un jeu de feintes et d'esquives, retardent le plus
longtemps possible le moment où, avant d'avouer qu'ils aiment, ils
doivent s'avouer qu'ils sont amoureux. La gestuelle, le langage revêtent
dès lors une fonction révélatrice : ils dévoilent, trahissent, anticipent.
Comme le dit Lélio dans La Surprise de l'amour :
Le cœur d'une femme se donne sa secousse à lui-même ; il part sur
un mot qu'on dit, sur un mot qu'on ne dit pas, sur une contenance. Elle a
beau vous avoir dit qu'elle aime ; le répète-t-elle ? vous l'apprenez
toujours, vous ne le saviez pas encore : ici par une impatience, par une
froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant Les yeux,
en les relevant, en sortant de sa place, en y restant [...] ; et le moyen de
ne pas s'enivrer du plaisir que cela donne ? le moyen de se voir adorer
sans que la tête vous tourne ?
(La Surprise de l'amour, I, 2, 1722.)
Souvent un « meneur de jeu » aide à ce passage de l'inconscient au
conscient. Le personnage de Dubois dans Les Fausses Confidences en est
l'exemple le plus achevé. Domestique d'Araminte, jeune veuve fort riche,
il trahit sa maîtresse en introduisant chez elle son ancien maître, Dorante,
jeune homme honnête mais sans fortune, et réussit à le faire aimer
d'Araminte. Cette manipulation des sentiments aurait de quoi inquiéter si
le triomphe de l'amour ne comportait en soi sa propre absolution, si se
faire aimer n'excusait pas après coup toutes les ruses déployées pour y
parvenir.
Au spectateur, Marivaux offre ainsi un plaisir nouveau et subtil : celui
d'assister aux détours qu'emprunte la passion pour se faire reconnaître et
admettre, celui de goûter l'intelligence et les sensibilités d'un langage
dramatique à mi-chemin de l'avoué et de l'inavoué, et de s'amuser des
vaines réticences des personnages.
La tragédie
Comme la comédie, la tragédie est née en Grèce, sans doute de
sacrifices rituels de boucs (le mot tragédie se rattache au grec τραγος qui
signifie le bouc). À l'origine, la cérémonie renvoyait au culte de Dionysos
et comprenait des immolations sanglantes, accompagnées d'un chant
lyrique entonné en l'honneur de la divinité : le dithyrambe. De lui
viendrait, après adaptation et transformation, le genre tragique.
Telle est du moins l'explication avancée par Aristote dans sa Poétique.
Virgile, dans ses Géorgiques, et Horace, dans son Art poétique, la
retiennent également. C'est à elle encore que se réfèrent en février 1553
les membres de la Pléiade quand, pour fêter le succès de la Cléopâtre
captive de Jodelle qui marquait la renaissance de la tragédie en France,
ils organisent, sur le mode burlesque, un simulacre de sacrifice de bouc et
qu'ils célèbrent l'heureux auteur par un péan (hymne en l'honneur
d'Apollon).
D'autres hypothèses ont depuis été émises : on a tour à tour relié la
naissance de la tragédie à des rites funéraires, au culte des héros et à des
mythes agraires. Nietzsche1 y voyait la fusion, opérée par la musique, de
deux courants caractéristiques à ses yeux de l'âme grecque : l'« ivresse
dionysiaque », Dionysos étant le dieu du vin, mais aussi de la nature et
des mystères ; et l'« esprit apollinien », artistique et ludique. Même si ces
interprétations restent sujettes à caution, il semble bien que la tragédie
provienne de pratiques religieuses et musicales.
1. La tragédie grecque
Ce qui est certain, c'est que le genre s'est développé en Grèce dans le
cadre de « festivals » initiés et soutenus par l'État. Chaque année, à
l'occasion des fêtes de Dionysos (vers la fin janvier et la fin mars),
l'« archonte » de la cité autorisait trois auteurs à concourir, chacun d'eux
devant présenter trois tragédies et un drame satyrique. Les citoyens les
plus riches supportaient les frais du spectacle et l'État octroyait aux plus
pauvres une indemnité pour leur permettre d'y assister. Un jury
représentatif de la cité désignait le vainqueur. Institués sous Pisistrate
(600-527), ces « concours tragiques » témoignaient de la puissance de la
ville et de sa civilisation. À l'époque de Périclès (495-429) et de
l'hégémonie d'Athènes, ils constituaient l'une des fêtes les plus brillantes
de la Grèce.
4. La tragédie humaniste
5. La tragédie classique
7. Tragique et tragédie
Le drame
Le drame est une appellation ambiguë. Étymologiquement, δραμα
désigne l'action. En ce sens, le mot englobe aussi bien la tragédie que la
comédie. Ce n'est que dans la seconde moitié du xviiie siècle qu'il se
spécialise pour qualifier un genre et une esthétique particuliers. Le terme,
admis dans le Dictionnaire de l'Académie en 1762, connaîtra dès lors une
grande fortune. Souvent un adjectif l'accompagne pour en préciser le
contenu et l'historicité : « sérieux » et/ou « bourgeois » au xviiie siècle ;
« historique » et/ou « romantique », « symboliste », « naturaliste » au
xix siècle ; « moderne »...
e
1. Le drame bourgeois
2. Le drame romantique
(texte théorique)
Dumas : Antony
Vigny : La Maréchale d'Ancre
Lucrèce Borgia
3. Le drame naturaliste
4. Le drame symboliste
Pour avoir un accès rapide, mais souvent précis, sur les courants
esthétiques, les auteurs et les œuvres, on se reportera à :
Corvin Michel, Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Paris,
Bordas, 1981.
Pavis Patrice, Dictionnaire du Théâtre, Paris, Éditions sociales, 1980
(1 édition).
re
Ouvrages d'ensemble :
Brunet Brigitte, Le Théâtre de boulevard, Paris, Nathan, 2004.
Dufief Anne-Simone, Le Théâtre au xixe siècle. Du symbolisme au
romantisme, Rosny, Bréal, 2001.
Hubert Marie-Claude, Le Théâtre, Paris, Armand Colin, 1988.
Jomaron Jacqueline (sous la direction de), Le Théâtre en France,
Paris, Armand Colin, 1989, 2 vol.
Jouanny Sylvie, La Littérature française au xxe siècle, vol. 2, « Le
théâtre », Paris, Armand Colin, 1999.
Jouanny Sylvie (dir.), Marginalités et théâtres. Pouvoir, spectateur et
dramaturgie, Saint-Genough, Nizet, 2003.
Lioure Michel, Lire le théâtre moderne. De Claudel à Ionesco, Paris,
Dunod, 1998.
Louvat-Molozay Bénédicte, Théâtre et musique. Dramaturgie de
l'insertion musicale dans le théâtre français (1550-1680), Paris, Honoré
Champion, 2002.
Moussinac Pierre, Le Théâtre des origines à nos jours, Paris, Amiot-
Dumont, 1957.
Sarrazac Jean-Pierre (dir.), Lexique du drame moderne et
contemporain, Belval, Circé, 2005.
Viala Alain, Le Théâtre en France des origines à nos jours, Paris, PUF,
1997.
– , Histoire du théâtre, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2005.
À compléter par :
Bayet Jean, La Littérature latine, Paris, Armand Colin, coll. U, 1962.
9. Sur la comédie
Z-Access
https://wikipedia.org/wiki/Z-Library
ffi
fi