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Introduction :
[Présentation de l’auteur et de l’œuvre] [La pièce] Le Malade imaginaire, comédie-ballet en
trois actes et en prose, créée le 10 février 1673 par la Troupe du roi au Palais Royal à Paris,
avec une musique de scène de Marc-Antoine Charpentier (le jeune compositeur avait succédé
à Jean-Baptiste Lully, brouillé avec Molière) et des ballets de Pierre Beauchamp, est la
dernière pièce de Molière. La légende veut que le célèbre dramaturge soit mort sur scène en
jouant Argan, personnage principal de cette satire des médecins. En réalité, si Molière
s’évanouit effectivement sur scène alors qu’on fermait les rideaux à l’issue de la quatrième
représentation de la, pièce, il mourut chez lui après avoir été transporté en urgence.
[L’intrigue] La pièce a pour personnage principal Argan, qui passe son temps à consulter son
médecin, M. Purgon. Le « malade imaginaire » a épousé en secondes noces Béline, qui simule
des soins attentionnés, mais n'attend en réalité que la mort de son mari pour hériter.
Angélique, sa fille, aime Cléante et est aimé de lui, mais Argan compte lui faire épouser
Thomas Diafoirus, lui-même médecin. [Situation de l’extrait] Toinette, la servante moqueuse,
a cherché à opposer toute sa logique ou tout son bon sens aux extravagances de son maître,
en contestant franchement son illusion et son obsession de la maladie, mais en vain. Mieux
vaut sans doute une cure par mystification et une feinte adhésion au délire de l’entêté. À la
scène 2 de l’acte III, la servante explique à Béralde qu’elle prépare un « tour » à son maître :
« Pour le dégoûter de son M. Purgon et lui décrier sa conduite […], j’ai résolu de jouer un tour
de ma façon. » Le spectateur découvre le « tour » en question à la scène 8 : déguisée en
« médecin passager », Toinette administre une consultation de son cru à sa dupe de maître.
Notre passage correspond seulement à la fin de la séquence de scènes consacrée à la ruse de
Toinette (scènes 8, 9 et 10 de l’acte III). [Lecture] [Caractérisation] La scène dite « du
poumon » est l’une des grandes scènes de la pièce. Il s’agit d’une scène d’action, avec son
exposition, son intrigue et son dénouement, c’est-à-dire son dynamisme, sa tension qui monte
crescendo vers un sommet (à la manière de la pièce entière aussi bien que de chaque acte). Par
ailleurs, cette scène se caractérise par la mise en scène d’un stratagème fondé sur un
déguisement et un quiproquo farcesque, Toinette dupant son maître en se faisant passer pour
un médecin. [Problématique] En quoi cette scène relève-t-elle de ce qu’on pourrait appeler la
farce médicale, autrement dit d’une alliance entre satire et bouffonnerie, entre (pseudo)
science et comique burlesque ? [Plan du texte] Tout ce qui précède le passage à expliquer
correspond à l’exposition de la scène, au boniment du « médecin passager », sorte de captatio
benevolentiae qui parvient à son but, à savoir mettre Argan dans de bonnes dispositions. Le
premier mouvement (lignes 1 à 48) correspond à l’intrigue de la scène, à la ruse proprement
dite, c’est-à-dire de la consultation médicale visant à discréditer Monsieur Purgon. Le second
mouvement (49 à 73) correspond au dénouement de la scène. Après le succès de la ruse, et
alors que la scène pourrait s’arrêter là, celle-ci se prolonge dans une sorte d’emballement
farcesque, quitte à risquer de compromettre la réussite de l’entreprise.
Deuxième mouvement (lignes 49 à 73) : Après le succès de la ruse, et alors que la scène
pourrait s’arrêter là, celle-ci se prolonge dans une sorte d’emballement farcesque, quitte à
risquer de compromettre la réussite de l’entreprise.
La consultation pourrait s’arrêter là puisque Toinette a atteint son objectif : « Vous
m’obligerez beaucoup. » Or, elle repart de plus belle, dans le grotesque apparemment le plus
gratuit, avec les conseils radicaux qu’adresse Toinette à Argan éberlué : se faire couper un
bras et un œil pour favoriser l’exercice du bras et de l’œil qui resteront (logique implacable). Il
s’agit d’une plaisanterie risquée de la part de Toinette, qui semble s’abandonner à l’ivresse du
jeu. Mais l’on peut également considérer cette partie comme un prolongement de la critique
des diagnostics et ordonnances de M. Purgon. En effet, Toinette parvient en quelque sorte à
mettre le discours d’Argan en contradiction avec lui-même en lui montrant les conséquences
de sa marotte. Voilà ce qui l’attend s’il continue de faire appel à la médecine catégorique des
Purgon et Diafoirus.
• C’est une sorte d’électrochoc pour Argan, qui, outré (« Oui, mais j’ai besoin de mon bras »
l. 55), tente d’abord une manœuvre dilatoire (« Cela n’est pas pressé »), puis une fois
l’inquiétant médecin parti, ose se laisser aller à une réaction de bon sens indignée, voire à une
rébellion contre la Faculté (« La belle opération de me rendre borgne et manchot », l. 72),
rébellion malignement encouragée par Béralde (« Voilà un médecin qui paraît fort habile. […]
Tous les grands médecins sont comme cela. »l. 70)
• Après son coup d’éclat, Toinette conclut son numéro dans un registre assez traditionnel : la
plaisanterie sur la consultation post mortem. Quant à l’infraction commise par Argan sur le
chapitre de la bienséance, elle fait écho à celle de l’entretien avec les Diafoirus (« Argan
mettant la main à son bonnet sans l’ôter »). Autrement dit, elle ramène l’attention sur un
entêtement de maladie encore solidement enraciné. Il faudra continuer à dégoûter Argan de
ses chimères, de son entêtement de la médecine et de son entêtement pour Béline (les deux
vont de pair) au moyen du faux décès.
Conclusion
[Bilan] On voit donc que sur le plan de l’intrigue, il y a encore fort à faire pour les nouveaux
médecins du protagoniste, Toinette et Béralde. La satire médicale continue à puiser toute sa
force dans cette scène qui pourrait à première vue sembler de pure bouffonnerie. [Ouverture]
Au XXe siècle, Jules Romains, avec sa pièce Knock, se situe dans cette tradition de la satire de
la médecine. Knock ou Le Triomphe de la médecine est une comédie de Jules Romains à l’humour
grinçant. Le Docteur Knock reprend la clientèle du docteur Parpalaid et cherche à rendre
celle-ci rentable en développant diverses techniques de manipulation. Un certain nombre de
scènes est consacré aux consultations du médecin et à la manière dont celui-ci parvient à
persuader ses patients qu’ils auront un grand besoin de ses services pendant une fort longue
durée et pour des soins fort coûteux.
Question de grammaire :
Analysez l’interrogation dans la phrase suivante : « Ne voyez-vous pas qu’il tire à soi toute
la nourriture, et qu’il empêche ce côté-là de profiter ? » (l. 53-54). Transformez la phrase
pour en faire une interrogation directe d’un autre type. Transformez ensuite la phrase pour
qu’elle comporte une interrogation indirecte.
• Analyse
- La phrase est une interrogation directe : on note l’inversion sujet-verbe et le point
d’interrogation, qui sont les caractéristiques de cette forme de phrase.
- C’est par ailleurs une interrogation totale puisqu’elle attend une réponse par « oui » ou
« non ».
- En réalité, c’est une question rhétorique, dans la mesure où ce n’est pas une véritable
question, du point de vue du sens de la phrase. La réponse est en quelque sorte contenue
dans la question, qui est en fait l’équivalent d’une assertion, voire d’une exclamation : « Ce
bras-là tire à soi toute la nourriture, et empêche ce côté-là de profiter ! »
• Manipulation syntaxique
a. Interrogation directe.
La phrase reste une interrogation directe si on la formule de la manière suivante :
« Est-ce que vous ne voyez pas qu’il tire à soi toute la nourriture et qu’il empêche ce côté-là de
profiter ? »
On conserve dans ce cas le point d’interrogation, marque obligatoire de l’interrogation
directe, mais on remplace l’inversion sujet-verbe par la formule « est-ce que » sans qu’elle soit
suivie d’une inversion du sujet du verbe.
b. Interrogation indirecte.
Pour transformer la phrase en interrogation indirecte, il faut ajouter plusieurs éléments (dont
un verbe de parole et la conjonction de subordination « si ») et enlever le point
d’interrogation : « Toinette demande à Argan s’il ne voit pas que ce bras-là tire à soi toute la
nourriture et qu’il empêche l’autre côté de profiter. »
• Toinette demande : verbe de parole
• S’ : conjonction de subordination
• Il ne voit pas : pas d’inversion sujet-verbe dans une interrogation indirecte
• Que ce bras-là : on est obligé de préciser car le pronom « il » prêterait à confusion,
dans la mesure où il pourrait renvoyer, dans la phrase, à « Argan »
• tire à soi toute la nourriture et qu’il empêche l’autre côté de profiter.