Argan veut marier sa fille à un médecin pour être sûr d’être soigné : il
évoque un « gendre tel qu’il lui faut » . Il ne parle pas d’un mari pour elle
mais bien d’un gendre pour lui : comportement égoïste qui fait réagir
Béralde qui affirme que le choix du mari d’Angélique la concerne elle.
Argan est même prêt à marier Louison à un apothicaire.
Les deux frères en début de scène échangent des stichomythies qui
témoignent d’une certaine tension dans leur rapport.
La remise en question de la médecine par Béralde : Angélique a refusé
d’épouser Thomas Diafoirus. Son père veut la faire entrer au couvent et
Toinette a demandé à Béralde d’intervenir le temps qu’elle prépare une
« imagination burlesque » pour guérir Argan de son obsession de la
médecine. Cette tentative de Béralde ne va pas aboutir, il faudra la
cérémonie finale pour cela. En effet la maladie d’Argan est une maladie
de l’imagination, qui ne peut donc être guérie que par l’illusion, la mise
en scène joyeusement mensongère que constitue la cérémonie
carnavalesque et burlesque du dernier intermède. Béralde a beau
combattre par la logique et le bon sens les craintes superstitieuses que
lui inspire la médecine , Toinette a beau se déguiser en médecin pour lui
prouver qu’il croirait n’importe quel charlatan, l’hypocondrie d’Argan ne
cède qu’à l’illusion théâtrale.
Argan conçoit la médecine comme une religion . C’est ce qu’indique
l’emploi du verbe « croire » et des mots comme « croyance » ou « foi ».
M . Purgon ainsi exige « une obéissance » religieuse III, 6 et Argan attend
de son médecin « qu’il le gouverne » III, 6 comme le ferait un directeur
de conscience. La pièce ainsi soutient une réflexion libertine sur le mal
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Enfin les ordres que Toinette donne à argan de se faire couper un bras ou
crever un œil , en III, 10 ne sont pas sans évoquer un passage célèbre des
versets bibliques : « Et si ta main est pour toi un sujet de scandale,
coupe-la … Et si ton œil est pour toi un objet de scandale, arrache-le » ce
caractère religieux attribué aux médecins est enfin mis en valeur dans
l’intermède final, où le monde entier doit les regarder « comme des
dieux »