Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
Ultime création de Molière, Le Malade imaginaire, créée en 1673, est une comédie-ballet mettant en
scène un bourgeois hypocondriaque, Argan, qui veut absolument que sa fille, Angélique, épouse
un médecin. Cette courte scène se situe dans le dernier acte de la pièce. Elle fait suite à la longue
scène entre Argan et Béralde, durant laquelle les deux frères se sont opposés sur la question de la
médecine. Béralde l’a présentée comme une croyance superstitieuse et dangereuse et il a défendu
les comédies de Molière qui en font la critique, mais Argan loin de s’en remettre aux arguments
de son frère, s’est au contraire montré ferme et entêté dans sa dévotion en la médecine et les
médecins. Le sujet semblait clos, les deux hommes revenant à la question du mariage d’Angélique
quand surgit Monsieur Fleurant « une seringue à la main ». Le sujet de la médecine revient donc
sur scène mais cette fois par l’acte en lui-même, comme pour faire l’illustration de ce dont les deux
hommes débattaient à l’instant. Mais surtout à travers une scène d’apparence anodine semble
posée la seule véritable question de la pièce : de quoi souffre Argan ?
Problématiques possibles :
Comment se consolide la critique de la médecine ?
Comment progresse cette scène dans l’éviction de Monsieur Fleurant ?
En quoi cette scène relève-t-elle à la fois du sérieux et du burlesque ?
LECTURE DU TEXTE
BERALDE.- Vous vous moquez. Est-ce que vous ne sauriez être un moment sans lavement
ou sans médecine ? Remettez cela à une autre fois, et demeurez un peu en repos.
Montre la dépendance d’Argan pour la médecine. La modalité injonctive avec l’utilisation de l’impératif montre une
intention de le convaincre, de le persuader, de le raisonner qu’il n’a pas besoin de ces lavements (renforcée par la
négation). Il le conseille fermement. Il insiste et est persuasif, il triomphe provisoirement. Cette réplique souligne
l’agitation provoquée par l’intervention des médecins (renforcée avec l’utilisation du lexique de l’apaisement)
BERALDE.- Allez, Monsieur, on voit bien que vous n’avez pas accoutumé de parler à des
visages.
Ton ironique et moquerie, réplique brève et percutant, B achève le comique, souligne le ridicule de son
interlocuteur, il n’est pas impressionné puisqu’il le réduit à sa fonction d’administrer des lavements. Il ne prend pas
au sérieux les médecins. Il se fait le porte-parole et le double de Molière.
MONSIEUR FLEURANT.- On ne doit point ainsi se jouer des remèdes, et me faire perdre
mon temps. Je ne suis venu ici que sur une bonne ordonnance, et je vais dire à Monsieur
Purgon comme on m’a empêché d’exécuter ses ordres et de faire ma fonction. Vous verrez,
vous verrez…
Il n’est jamais question de la santé d’Argan dans les répliques de Monsieur Fleurant, formules générales = refus
dommageable pour une question d’honneur plus qu’autre chose. Menaces interrompues = il n’a plus d’arguments
réels sur sa médecine, il s’enfuit en ne sachant que dire, il ne maîtrise pas l’art de la répartie.
ARGAN.- Mon Dieu ! mon frère, vous en parlez comme un homme qui se porte bien ;
mais, si vous étiez à ma place, vous changeriez bien de langage. Il est aisé de parler contre
la médecine quand on est en pleine santé.
= A, lui, n’est pas en pleine santé comparé à B, B n’est donc pas en droit de discuter. Tonalité pathétique, surpris par
les propos de B, il veut le faire culpabiliser en s’apitoyant sur son sort = détournement de la question en montrant
l’effet que le propos de B provoque sur lui. Emploi du conditionnel = hypothétique = évite de parler de lui.
ARGAN.- Vous me feriez enrager. Je voudrais que vous l’eussiez mon mal, pour voir si vous
jaseriez tant. Ah ! voici Monsieur Purgon.
Il contourne de nouveau la question, il le maudit d’avoir la même maladie mais sans spécifier de quelle maladie il
s’agit. Interjection Ah ! = est-il soulagé ou est-il inquiet ? M. Fleurant constitue finalement le sujet même de la
scène.