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EL 2 – MOLIERE

Le Malade Imaginaire (1673) est la dernière œuvre de Molière. Elle contribue à la légende se
son auteur puisqu’il meurt le soir le la 4e représentation après un malaise sur scène.
Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est un homme de théâ tre
du 17e célèbre pour ses comédies de mœurs.
Dans cette comédie-ballet en 3 actes écrite en prose, Molière fait la satire de la médecine,
thématique fréquente chez lui.

Le personnage principal, Argan, est un hypocondriaque, obsédé par la médecine. Il souhaite


marier sa fille Angélique avec le fils d’un médecin, Diafoirus, mais celle-ci est amoureuse d’un
autre, Cléante.

Ce texte se situe Acte II scène 5.


Il fait apparaître sur scène pour la 1ère fois les Diafoirus père et fils, 2 médecins, sous l’œil de
Cléante, grand rival du fils Diafoirus qui lui est sur scène depuis le début de l’acte II. Thomas
apparaît tout de suite « comme un grand benêt, nouvellement sorti des écoles » qui fait tout
de travers et qui est plutô t un charlatan qu’un honnête homme comme Cléante.

Comment la médecine est-elle ridiculisée à travers les Diafoirus ?


En quoi cette scène met-elle en avant le ridicule des personnages ?

Ce texte peut se découper en 2 mouvements :


Le 1er, de « Il tire une grande thèse roulée » à « bien conditionnés » (lignes 1 à 12) dévoile le
ridicule de Thomas Diafoirus.
Ensuite, de « N’est-ce pas votre intention » à « traiter les gens dans les formes » (lignes 13 à
23), Molière nous fait la satire d’une médecine rétrograde et inefficace.

I/ LIGNE 1 A 12 : IL TIRE UNE GRANDE THESE ROULÉE  BIEN CONDITIONNÉS


LE RIDICULE DE THOMAS DIAFOIRUS .

Dans ce 1er mouvement, Thomas Diafoirus vient se présenter à Angélique mais sa façon
d’aborder la demoiselle ne fait que le ridiculiser.
Dès son entrée, Thomas Diafoirus apparaît comme un être pompeux, ridicule et pédant à
travers l’adjectif GRANDE dans la didascalie mais aussi à travers la longueur de sa phrase.
Thomas reprend formellement des tournures galantes AVEC LA PERMISSION, OSER,
COMME UN HOMMAGE, DOIT mais les appliques à la présentation de sa thèse ce qui est de
nouveau pédant mais en aussi obséquieux.
De plus, présenter sa thèse comme un cadeau est loin des galanteries attendues.
Angélique commence par répondre poliment avec l’apostrophe MONSIEUR mais souligne le
caractère inapproprié de Thomas en renvoyant la thèse à un simple objet sans considération
avec le présentatif MEUBLE INUTILE, la négation totale JE NE CONNAIS PAS et l’adverbe
péjoratif LÀ.
Ce mépris est aussi une façon de rejeter son prétendant et de mettre la médecine à distance.
Toinette qui prétend être du cô té d’Argan pour le flatter depuis la fin de l’acte I, accepte le
cadeau et entre dans le stratagème. Mais la répétition de l’impératif DONNEZ, DONNEZ
souligne l’ironie de Toinette et le groupe infinitif PARER NOTRE CHAMBRE met en avant le
comique de mettre une thèse dans une chambre nuptiale. Elle renvoie également la thèse à
son inutilité avec le CC de But POUR L’IMAGE.
Thomas reste à contretemps et ne saisit pas l’ironie des jeunes femmes.
L’allitération en V et le rapprochement DIVERTIR/DISSECTION font ressortir l’absurdité de
l’invitation de Thomas. Le CC de But POUR VOUS DIVERTIR est en total décalage avec cette
proposition et provoque le rire du spectateur. Le CDN D’UNE FEMME est totalement
inapproprié et ridiculise Thomas un peu plus.
A l’inverse de Thomas, Toinette manie la langue avec subtilité et manipule habilement les 3
hommes.
L’antiphrase LE DIVERTISSEMENT SERA AGRÉABLE crée un comique de situation
puisqu’elle rebondit sur la réplique de Thomas et permet une complicité avec le public et
avec les 2 amants.
En faisant le parallèle entre DONNER LA COMÉDIE et DONNER UNE DISSECTION, Toinette
suscite de nouveau le rire et se moque de Thomas.
M. Diafoirus intervient et clô t le simulacre de séduction galante avec la locution adverbiale
AU RESTE.
La juxtaposition, la multiplicité des subordonnées, la répétition des mêmes idées dans les
complétives, l’utilisation de synonymes (engendrer et procréer) montre qu’il parle pour ne
rien dire.
Les 2 médecins emploient le même langage ampoulé et vide ce qui crée un comique de
mœurs.
M.Diafoirus manque totalement de pudeur lorsqu’il parle des fonctions sexuelles de son fils.
Il enrobe ce manque de pudeur en utilisant le champ lexical de la médecine (PROPAGATION,
REGLES DE NOS DOCTEURS, VERTU PROLEFIQUE, TEMPERAMENT, ENGENDRER ET PROCREER) ce qui
le rend lui aussi ridicule.

 Ce passage exprime toute l’idiotie de Thomas qui ne se rend même pas compte
qu’Angélique l’ignore totalement et que Toinette se moque de lui.
 Son père, en tentant de louer son fils, le ridiculise d’avantage et se ridiculise lui-même.
 En faisant intervenir la médecine dans le discours de séduction amoureuse, les
Diafoirus ridiculisent en plus la médecine.

II/ LIGNE 13 À LIGNE 23


N’EST-CE PAS VOTRE INTENTION  TRAITER LES GENS DANS LES
FORMES.
LA SATIRE D’UNE MEDECINE RETROGRADE ET INEFFICACE.
D’ailleurs, dans le 2e mouvement, Diafoirus père fait des révélations plutô t surprenantes sur
la médecine.

Argan intervient pour revenir à sa 1ere préoccupation qui est d’avoir pour gendre un
médecin. L’interrogative fermée qu’il utilise verbalise son inquiétude à ce sujet.
On remarque bien qu’Argan relègue Thomas à un rô le d’objet avec le possessif VOTRE, le COI
POUR LUI et le COD LE.
Diafoirus fait une longue réponse à la question d’Argan alors que celle-ci n’appelait qu’un oui
ou un non.
Il commence par justifier son manque d’ambition à la cour par le profit généré auprès des
bourgeois. Une opposition entre le médecin de cour et le médecin de ville est systématique :
AUPRES DES GRANDS s’oppose à DEMEURER AU PUBLIC et NE…JAMAIS s’oppose à
TOUJOURS.
L’attribut du sujet AGREABLE donne une fausse raison à sa réticence mais la complétive
QU’IL VALAIT MIEUX exprime la véritable raison : c’est par confort et par valeur financière,
VALOIR ayant un double sens.
Diafoirus présente ensuite les avantages à être médecin de ville avec la tournure attributive
LE PUBLIC EST COMMODE et la négation VOUS N’AVEZ A REPONDRE DE VOS ACTIONS A
PERSONNE. Il révèle par là à Argan qu’il l’arnaque mais ce dernier ne l’entend pas, et se
moque aussi de la bourgeoisie qui constitue des patients idéaux permettant aux médecins
d’agir en toute impunité.
La PSC de Condition POURVU QUE L’ON SUIVE LE COURANT DES REGLES DE L’ART met
en avant l’immobilité d’une médecine qui reste entièrement théorique et vide de contenu
pratique.
La négation totale qui suit et le verbe de possibilité montre de nouveau une absence de
résultat de la médecine.
La conjonction de coordination MAIS annonce une opposition. Diafoirus explique en effet,
qu’à la cour, ils ne se laissent pas berner et attendent des résultats. C’est une louange
discrète de Molière faites à la cour.
L’emphase par extraction CE QUI EST FACHEUX renvoie à NE M’A JAMAIS PARU
AGREABLE et met en avant le ridicule de Diafoirus qui trouve désagréable d’être un bon
médecin.
L’adverbe ABSOLUMENT marque le comique de ses propos car les grands seraient
particulièrement exigeants d’attendre d’un médecin qu’il fasse son métier.
Cette phrase est drô le pour le public car Diafoirus ne se rend pas compte de ce qu’il est en
train de révéler.
Toinette réplique de nouveau dans l’ironie et fait semblant d’aller dans le sens de Diafoirus
en reprenant ses arguments.
La tournure attributive CELA EST PLAISANT est à la fois antiphrase et ironie de Toinette et à
la fois clin d’œil au public qui se moque avec elle des médecins.
Le complément du présentatif C’EST A EUX DE GUERIR S’ILS PEUVENT émet l’hypothèse
que les traitements sont inefficaces.
La tournure attributive CELA EST VRAI dans la réplique de Diafoirus marque un aveu total
de ce dernier sans que cela ne fasse réagir Argan.
La négation restrictive sur le verbe OBLIGER permet à nouveau à Diafoirus de se dédouaner
de toute obligation de guérison et montre que les médecins n’ont aucune considération pour
le patient.

 Diafoirus est tellement stupide qu’il ne se rend même pas compte de ce qu’il est en
train d’avouer.
 Il discrédite totalement la profession sous les yeux d’Argan qui ne réagit même pas.

CONCLUSION
Ainsi, ce texte met en avant le ridicule des 2 médecins et de la médecine.
Le 1er en faisant la cour maladroitement à Angélique et le second en avouant sans s’en rendre
compte que la médecine ne sert à rien et ne lui sert qu’à s’enrichir.

Le ridicule est présent à tous les niveaux.


L’insistance sur le fait que la médecine apparaît comme une profession détachée des objectifs
qui devraient être les siens la rend ridicule.
Le comique de mots avec une syntaxe exagérée des Diafoirus, un pédantisme excessif et mal
placé entrainent un comique de mœurs qui permet la satire de la médecine.
Cette satire va être soulignée par une Toinette surplombante.
Enfin, le comique de situation lorsque Argan ne réagit pas aux aveux de Diafoirus le ridiculise
particulièrement et à travers lui la médecine.
Les Diafoirus sont également ridiculisés : le père, sous le vernis du discours pédant et du
spécialiste apparaît comme un homme grossier et bassement attaché à son propre profit.
Le fils se montre totalement maladroit en essayant d’appliquer les règles galantes. Son
discours galant est aussi vide que sa thèse et que l’exercice de sa profession.

OUVERTURE

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