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œuvres

intégrales
BAC

MOLIÈRE

Le Malade
CARRÉS CLASSIQUES

imaginaire
PARCOURS ASSOCIÉ Spectacle et comédie

Comédie

1673

Livre du professeur

Édition présentée par


Florence Renner
Agrégée de lettres modernes

© Nathan 2020 – Carrés Classiques Œuvres intégrales – Molière, Le Malade imaginaire • 1


Sommaire

LIRE…
► ACTE I
Explication de texte 1
Une scène d’exposition de comédie 3
Explication de texte 2
Scène carnavalesque entre maître et servante 4
► ACTE II
Explication de texte 3
Un portrait peu élogieux 6
Explication de texte 4
Un refus ferme mais poli 8
► ACTE III
Explication de texte 5
Raison contre obscurantisme, le grand combat 10
Explication de texte 6
Une consultation médicale mais burlesque 12

LE DOSSIER DU LYCEEN
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Les thèmes
Éclairages 15
• Lectures d’image 16
Groupements de texte
1. La comédie de la mort 17
2. Corps malade contre corps médical : un drôle de combat 18
3. Travestissement et mise en abyme 19

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LIRE…
Explication de texte 1 > p. 24-25
Une scène d’exposition de comédie
Acte I, scène 1, p. 21 à 23

SITUER
1. Le prologue est destiné au roi, « auguste monarque » et « grand prince », Louis XIV. Molière, comme les
dramaturges de son temps, devait solliciter sa bienveillance et son autorisation pour faire jouer ses œuvres. On relève
ainsi « Ce qu’on fait pour LOUIS, on ne le perd jamais. » (v. 130) et « LOUIS est le plus grand des rois » (v. 137).
2. Il n’y a a priori aucun rapport entre le prologue, qui fait appel à des personnages mythologiques, et la scène
d’exposition. Les liens entre intermèdes et pièce seront mieux tissés dans la suite de l’œuvre.

EXPLIQUER
La situation (l. 1 à 28)
3. Au début de la scène d’exposition, Argan se trouve seul en scène. Il est « dans sa chambre assis, une table devant
lui », et il fait ses comptes. Il se parle à lui-même, à voix haute.
4. Les deux champs lexicaux qui se trouvent mêlés dès le début sont celui de la médecine et celui de l’argent. On relève
de nombreux termes liés à chacun de ces thèmes, et des formules qui les unissent, comme « Trente sols un
lavement ! » (l. 10-11). La critique qui se cache derrière cette association est, bien entendu, celle de la vénalité des
médecins à l’époque.
Le personnage d’Argan (l. 29 à 49)
5. Argan répète à trois reprises l’adverbe « Bon » au début de ses phrases. Cette répétition donne du personnage
l’image d’un homme sûr de lui et rigoureux. Mais le paradoxe entre cette assurance et le fond de son propos le tourne
déjà en ridicule.
6. L’un des premiers traits de caractère mis en valeur est l’avarice d’Argan, qui compte chaque sou en revoyant toutes
les factures de ses traitements à la baisse.
Le deuxième est son hypocondrie, annoncée par le titre de la pièce et révélée ici par la liste interminable des
« médecines » qu’on lui donne.
Le troisième, enfin, est son caractère colérique, qui apparaît à la fin de la scène (à partir de la ligne 40), lorsqu’il
s’énerve sur sa clochette en même temps que sur sa servante Toinette. Ces trois traits relèvent du comique de
caractère, et concourent à donner d’Argan l’image d’un homme ridicule.
7. À la fin de la scène, Argan appelle sa servante Toinette. Or, celle-ci n’entend pas (ou plutôt, fait mine de ne pas
entendre) les appels de son maître. Argan s’énerve donc sur sa sonnette, qu’il fait tinter tout en prononçant plusieurs
fois à voix haute l’onomatopée « drelin, drelin, drelin ». Cette redondance est comique, de même que les termes
appartenant au registre familier, voire vulgaire, qu’il emploie à l’attention de Toinette (« Chienne, coquine », l. 45 et
« Carogne, à tous les diables ! », l. 47). La situation du maître mené par le bout du nez par une servante insolente (elle
ne répond pas aux appels d’Argan, malgré les hurlements de celui-ci) annonce la tonalité comique de la pièce.

CONCLURE
8. Cette scène présente plusieurs difficultés de lecture : les termes techniques employés pour désigner les traitements
d’Argan, tout d’abord, puis leur abondance. De plus, il s’agit d’un dialogue dans une tirade, il faut donc faire entendre
les différentes prises de parole, alors même qu’un seul personnage parle sur scène. Enfin, c’est un véritable morceau
de bravoure théâtral, et il faut un vrai souffle et une vraie préparation pour lire l’intégralité de cette scène sans erreur.
9. On peut dire que cette scène remplit les fonctions d’une scène d’exposition, car elle présente le personnage
principal, le « malade imaginaire », Argan, ainsi que le thème de la pièce (son hypocondrie et le thème des médecins).
Les différents comiques mis en scène, ainsi que la mention des deux classes sociales que sont le maître et sa servante,
annoncent également le registre de la comédie. Il manque cependant l’annonce de l’intrigue secondaire, à savoir le
mariage entre Angélique et Cléante.

ÉTUDE DE LA LANGUE
Dans cet extrait, on relève une négation effectuée à l’aide de l’outil adverbial « n’[…] pas » qui encadre un verbe
conjugué dans l’expression « ce n’est pas tout », et le même outil antéposé à un verbe à l’infinitif dans « ne pas
écorcher ».

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Explication de texte 2 > p. 39-40
Scène carnavalesque entre maître et esclave
Acte I, scène 5, p. 34 à 36, l. 85 à161

SITUER
1. Juste avant que ne débute notre extrait, Argan a parlé à sa fille Angélique de son souhait de lui faire épouser un
« grand jeune garçon bien fait » (l. 34). Angélique est persuadée qu’il parle de Cléante, dont elle est effectivement
amoureuse, alors que son père évoque en réalité Thomas Diafoirus, le fils de son médecin.
2. Toinette tient tête à son maître, lui assurant qu’il ne fera pas épouser Thomas Diafoirus à sa fille contre son gré. Elle
lui affirme aussi qu’il a trop d’affection pour sa fille pour la vouloir malheureuse. Cette insolence de la servante rend
bien sûr le maître fou de rage.

EXPLIQUER
La maladie d’Argan (l. 85 à 94)
3. Dans sa première réplique, Toinette acquiesce au mal de son maître, rajoutant : « Oui, vous êtes fort malade, j’en
demeure d’accord, et plus malade que vous ne pensez ». Cette expression « plus malade que vous ne pensez » est
évidemment très moqueuse, Toinette faisant référence au dérèglement « mental » de son maître ; mais l’aveuglement
d’Argan l’empêche de percevoir le sarcasme de sa servante.
4. Toinette assure qu’Angélique « doit épouser un mari pour elle », et ne peut donc se plier au désir de son père de la
voir épouser un médecin car elle-même n’en a aucunement besoin ; à l’inverse, Argan estime qu’« une fille de bon
naturel doit être ravie d’épouser ce qui est utile à la santé de son père » ; il s’agit donc d’un argument égoïste. Les
deux utilisent des formulations déclaratives qui sont sans appel (« doit », « il n’est pas nécessaire »).
Une servante sûre d’elle (l. 95 à 118)
5. L’expression « en amie », dans la bouche de Toinette, est particulièrement drôle car elle ne peut en aucun cas
prétendre agir « en amie » auprès de son maître, à qui elle est censée montré du respect. Or, les amis se trouvent sur
un pied d’égalité en termes de hiérarchie sociale. Par ailleurs, Argan est pour le moins insupporté par l’attitude de
Toinette, qu’il ne considère pas du tout comme une amie.
6. Toinette, plus maline et meilleure oratrice qu’on ne pourrait l’imaginer de la part d’une servante, avance plusieurs
arguments face aux exigences d’Argan : le premier est qu’Angélique va refuser ce mariage (l. 100), le deuxième est
que les raisons avancées par Argan sont suspectes d’un point de vue moral (M. Purgon aurait tué « tué bien des gens,
pour s’être fait si riche », l. 112) ; le dernier relève des dispositions d’Angélique, qui ne serait « point faite pour être
Madame Diafoirus » (l. 118).
Une cène rapide (l. 119 à 145)
7. À partir de la ligne 119, le dialogue prend un nouveau rythme, et s’accélère grâce à une syntaxe plus brève. De
même, l’enchaînement des questions et des réponses rapides (par exemple ligne 131-132 : « TOINETTE. – Vous ? /
ARGAN. – Moi. » contribuent à cet effet d’accélération de la parole. On relève également de nombreuses reprises d’un
interlocuteur à l’autre (« TOINETTE. – Eh fi ! ne dites pas cela. / ARGAN. – Comment, que je ne dise pas cela ? », ou
« TOINETTE. – Elle ne le fera pas, vous dis-je. / ARGAN. – Elle le fera […] »).
8. Le comique de la scène repose principalement sur les répliques de Toinette, qui affirme avec assurance ce que ne
fera pas Argan, comme si elle savait mieux que son maître lui-même ce qu’il souhaitait faire. C’est ce que révèlent tous
les verbes au futur à la forme négative (« elle ne le fera pas », « vous ne la mettrez point dans un couvent », « vous
n’aurez pas ce cœur-là »). Il s’agit donc d’un comique de situation (la servante tient tête à son maître) et de mots.
Un père au cœur tendre ? (l. 146 à 161)
9. Toinette dresse le portrait d’un père aimant, au cœur tendre, facilement amadoué par les cajoleries de sa fille. On
relève ainsi de nombreux termes ou expressions appartenant au champ lexical de la tendresse filiale, comme « la
tendresse paternelle » (l. 150), et toute la réplique des lignes 152 à 154. C’est assez contradictoire par rapport à l’image
qu’Argan donne de lui depuis le début de la pièce.
10. On peut comprendre cet adverbe comme le fait qu’Argan est, par nature, bon. C’est-à-dire qu’il aurait
naturellement, en lui, de la bonté, comme tous les hommes selon certains penseurs de l’époque (voir encadré
« Molière et la nature de l’homme », p. 36).

CONCLURE
11. L’adjectif « carnavalesque » évoque la période du carnaval, qui permettait, le temps d’une journée, d’inverser les
rapports sociaux et hiérarchiques sur un mode ridicule. En ce sens, cette scène relève complètement d’une mascarade
carnavalesque, Toinette la servante jouant les raisonneuses face à son maître, mis dans une position infantilisée.
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ÉTUDE DE LA LANGUE
En interrogative indirecte, cette question devient : « Toinette demanda s’il voulait qu’en amie elle lui donne un
conseil. » On remarque qu’en raison du verbe introducteur « demander », la suite de la phrase prend les
caractéristiques du discours indirectes : il n’y a plus d’inversion du sujet par rapport au verbe, ni de point
d’interrogation final.
« Est-ce que vous voulez qu’en amie je vous donne un conseil ? » : ici, l’inversion du sujet par rapport au verbe est
portée par l’expression initiale « Est-ce que », et le verbe principal et son sujet sont donc remis en syntaxe classique.
En revanche, la phrase demeure une question interrogative directe, et se termine donc par un point d’interrogation.

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Explication de texte 3 > p. 73-74
Un portrait peu élogieux
Acte II, scène 5, p. 71 à 72, l. 87 à 128

SITUER
1. Les Diafoirus sont venus chez Argan présenter leurs compliments en prévision du futur mariage prévu entre Thomas
et Angélique.
2. Le début de la scène a permis de présenter un portrait peu flatteur du jeune Thomas. La didascalie des lignes 36 et
suivantes annoncent ainsi que « Thomas Diafoirus est un grand benêt nouvellement sorti des écoles, qui fait toutes
choses de mauvaise grâce et à contre-temps ». Le rapport qui l’unit à son père, auquel il demande sans cesse de valider
ses gestes et ses actions, est également peu avantageux. Sa méprise enfin, qui lui fait prendre Angélique pour sa mère
(l. 57-60), trahit son peu de jugement. On remarque d’ailleurs que Toinette et Cléante se moquent allègrement de lui
et de son discours, comme le révèlent les répliques ironiques des lignes 80 à 83 (« CLEANTE. – Que Monsieur fait
merveilles, et que s’il est aussi bon médecin qu’il est bon orateur, il y aura plaisir à être de ses malades. TOINETTE. –
Assurément. Ce sera quelque chose d’admirable s’il fait d’aussi belles cures qu’il fait de beaux discours. »).

EXPLIQUER
Un enfant « tardif » (l. 87 à 103)
3. Monsieur Diafoirus, en essayant de faire l’éloge de son fils, révèle en réalité plusieurs défauts : ainsi, les affirmations
« Il n’a jamais eu l’imagination bien vive, ni ce feu d’esprit qu’on remarque dans quelques-uns » ne sera pas rattrapée
par l’argument qui suit, à savoir que ce manque d’imagination et de vivacité d’esprit en fait justement un bon médecin.
L’argument suivant enfonce le clou, puisque le père rappelle que « [l]orsqu’il était petit, il n’a jamais été ce qu’on
appelle mièvre [malicieux] et éveillé », avant de revenir sur ses difficultés dans l’apprentissage de la lecture.
4. On peut relever la litote « il n’a jamais eu l’imagination bien vive », qui s’entend plutôt comme « il a toujours été
très bête ». La portée comique de cette figure de style tient au fait que Monsieur Diafoirus l’emploie sans penser à
mal, alors que le spectateur, avec Toinette, Cléante et Angélique, comprennent bien ce que cela veut dire.
5. Le père essaie de justifier la preuve de l’imbécilité notoire de son fils qui n’apprend à lire qu’à neuf ans passés par
un argument fallacieux et d’autant plus creux qu’il relève de la pensée figée de proverbes : « […] les arbres tardifs sont
ceux qui portent les meilleurs fruits ; on grave sur le marbre bien plus malaisément que sur le sable, mais les choses y
sont conservées bien plus longtemps ». Ces deux métaphores illustrent les difficultés rencontrées par Thomas
Diafoirus pour s’instruire, là où son père préfère y voir l’avantage que les apprentissages, si difficiles soient-ils,
demeurent inscrits durablement dans la tête de son fils.
Un étudiant besognieux (l. 103 à 119)
6. De même qu’il a pensé faire le portrait d’un enfant intelligent, le père Diafoirus dresse de son fils étudiant un portrait
qu’il croit mélioratif, mais qui se révèle lui aussi ridicule. Ainsi, on relève les expressions très dévalorisantes « il trouva
de la peine », « il se raidissait contre les difficultés », « à force de battre le fer », « ne démord jamais de son opinion »,
ou l’adverbe à forte portée ironique « glorieusement » (dans « il en est venu glorieusement à avoir ses licences »),
ainsi que l’adverbe « aveuglément » qui prouve que Thomas Diafoirus n’a aucun jugement.
7. Thomas Diafoirus a l’air de briller en éloquence, dans les disputes universitaires. Mais à entendre les arguments du
père, on peut se demander si le « bruit » que Thomas provoque lors de ses interventions n’est pas avant tout un grand
rire moqueur de la part de ses pairs ; en effet, le portrait fait par monsieur Diafoirus de son fils en train de débattre le
présente surtout comme un jeune homme borné qui « ne démord jamais de son opinion » et argumente avec excès,
sans doute jusqu’au ridicule.
8. Comme son père, Thomas Diafoirus « s’attache aveuglément aux opinions de nos Anciens » et « jamais il n’a voulu
comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle ». On se rend compte
ici que le père et le fils sont attachés à une médecine traditionnelle, pour ne pas dire conservatrice, qui ne s’intéresse
pas au progrès et aux découvertes de son temps, voire qui les renie.
Un portrait en acte (l. 120 à 128)
9. Thomas Diafoirus est fier de présenter une thèse allant contre les avancées scientifiques de son temps. Au-delà de
l’image négative que cette opinion peut véhiculer de lui, il pense que présenter une thèse à sa « promise » sera du
plus bel effet, ce qui n’est évidemment pas le cas, Angélique ne s’intéressant pas le moins du monde aux théories sur
la circulation du sang.
10. Angélique décline poliment mais fermement la proposition de Thomas, en lui faisant part de son désintérêt, tandis
que Toinette, en demandant à prendre la thèse pour en faire une décoration murale, la vide de toute sa « substance »
intellectuelle, ce qui est particulièrement comique.
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CONCLURE
11. Cette scène tend à prouver, derrière une tonalité comique et moqueuse, que les étudiants même les plus idiots
obtiennent leur diplôme de médecine.

ÉTUDE DE LA LANGUE
« Étant donné que cela servira à parer notre chambre, elle est toujours bonne à prendre pour l’image. » ou « Elle est
toujours bonne à prendre pour l’image, parce que cela servira à parer notre chambre. »

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Explication de texte 4 > p. 83-84
Un refus poli mais ferme
Acte II, scène 6, p. 81 à 82, l. 17 à 64

SITUER
1. Béline vient de faire son entrée au début de la scène.
2. La réplique de Toinette est drôle car elle résume de manière ironique, en faisant mine d’avoir trouvé le compliment
louable, tout le propos de Thomas Diafoirus de la scène précédente.

EXPLIQUER
Un engagement difficile (l. 17 à 24)
3. Argan utilise des injonctifs (« Allons […] touchez […] donnez ») afin de donner des ordres à sa fille concernant son
mariage. Il apparaît ici comme un père autoritaire.
4. Angélique ne se laisse pas faire et utilise elle aussi des impératifs : « ne précipitez pas les choses. Donnez-nous […] ».
L’expression « De grâce » qui ouvre sa réplique semble donner à ces impératifs la valeur d’une prière, mais cette
imploration n’est que de façade, Angélique étant déterminée à dire non.
5. Angélique désigne l’amour par la périphrase « cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite », qui
présente le sentiment amoureux comme essentiel au désir de mariage. Son père bien sûr ne l’entend pas du tout de
cette oreille, lui qui ne voit le mariage que comme une union d’intérêts personnels.
Un prétendant peu convaincant (l. 25 à 40)
6. Angélique affirme à Thomas Diafoirus que son « mérite n’a pas encore fait assez d’impression dans [s]on âme », ce
que l’on pourrait traduire par « vous ne me plaisez pas du tout ». Cependant, la litote permet d’adoucir le soufflet, en
particulier grâce aux adverbes « encore » et « assez », qui laissent supposer que les choses pourraient peut-être un
jour changer (même si Angélique sait pertinemment qu’il n’en est rien).
7. Angélique présente le mariage comme « une chaîne où l’on ne doit jamais soumettre un cœur par force ». Cette
image de la « chaîne » peut paraître quelque peu péjorative, mais elle est à entendre au sens assez large
d’engagement. En revanche, il apparaît évident pour la jeune fille que cette union ne doit jamais être contrainte.
8. Thomas Diafoirus fait fi des attentes liées à l’attitude d’un honnête homme, qui devrait normalement laisser sa
liberté de choix à la personne sur laquelle il aurait des vues. Au contraire, pour le jeune médecin, l’un n’empêche pas
l’autre en quelque sorte, et il préfère se soumettre au choix d’Argan, qui l’arrange, qu’à celui d’Angélique qui n’est pas
de son parti.
La querelle des Anciens et des Modernes (l. 41 à 64)
9. Thomas prend exemple sur les Anciens pour justifier la légitimité d’enlever sa belle « par force » afin de l’épouser
contre son gré (l. 41 à 44). À l’inverse, Angélique considère que ce qui était valable du temps des Anciens ne l’est plus
de leurs jours, et qu’il faut suivre l’évolution des mœurs ; on relève ainsi la redondance qui ouvre sa réplique : « Les
Anciens, Monsieur, sont les Anciens, et nous sommes les gens de maintenant. » Le spectateur assiste ici à une petite
querelle des Anciens et des Modernes !
10. Thomas Diafoirus ponctue ses répliques de termes appartenant au lexique des disputes oratoires ou de
l’argumentation. Ces termes sont hors de propos ici, et prouvent bien que le médecin (qui plus est, tout juste sorti de
la faculté) ne sait pas parler, si ce n’est par des formules apprises par cœur. La critique porte donc autant sur l’esprit
étroit du médecin que sur l’enseignement universitaire.
11. La dernière réplique d’Argan peut s’entendre de deux manières : il joue un personnage ridicule aux yeux de sa
famille, car sa fille tourne en dérision son autorité en refusant d’épouser celui qu’il lui destine. On peut également la
lire comme une mise en abyme d’un comédien sur son rôle.

CONCLURE
12. Angélique tente de raisonner son père, en même temps que le jeune médecin, tout en contrant le mauvais esprit
de sa belle-mère. Toinette quant à elle, derrière un masque sarcastique, porte la voix de la critique de l’enseignement
universitaire (l. 58-60). Les deux jeunes femmes font preuve de beaucoup plus d’esprit et de raison que les hommes
présents sur scène.

ÉTUDE DE LA LANGUE
« 1 [si Monsieur est honnête homme], 2 [il ne doit point vouloir accepter une personne] 3 [qui serait à lui par
contrainte] »

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La proposition 1 est une proposition subordonnée circonstancielle de condition, introduite par la conjonction de
subordination « si », qui assume la fonction de complément circonstanciel de condition du verbe de la principale
(« doit »).
La proposition 2 est la proposition principale.
La proposition 3 est une proposition subordonnée relative, complément de l’antécédent « personne ».

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Explication de texte 5 > p. 106-107
Raison contre obscurantisme, le grand combat
Acte III, scène 3, p. 99 à 101, l. 57 à 115

SITUER
1. Béralde vient parler à son frère pour essayer de le convaincre de ne pas forcer Angélique à épouser Thomas
Diafoirus. Il agit à la demande pressante de Toinette (voir scène 2, III).
2. Au début de la scène (l. 1 à 9), Béralde, qui connaît bien le caractère colérique de son frère, lui demande de rester
calme au cours de la discussion, de ne pas se laisser emporter par sa « passion » (sa colère).

EXPLIQUER
Une médecine divine (l. 57 à 73)
3. On relève différents termes qui appartiennent au champ lexical de la religion : « Vous ne croyez donc point à la
médecine », « pour son salut », « nécessaire d’y croire », « révérée ». On remarque qu’Argan présente la médecine
comme une véritable religion, à laquelle il est impossible de ne pas croire, là où Béralde lui oppose un discours
rationaliste.
4. C’est Béralde qui incarne le discours rationnel. Il fait appel au concept de « machine » pour désigner le corps humain,
et à celui de « nature » créatrice, comme le prouve la personnification de la ligne 72 : « la nature nous a mis au-devant
des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose ».
5. Cette expression hyperbolique renvoie au fanatisme, appliquée ici à la médecine, mais qui n’est pas sans évoquer
toute forme d’excès en termes de croyances religieuses.
6. À la question posée par Argan concernant les savoirs des médecins, Béralde répond par une énumération qui met
en valeur les connaissances théoriques des médecins (« Ils savent la plupart de fort belles humanités, savent parler en
beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir, et les diviser »), en même temps que l’effet de
chute dénonce leur incapacité à exercer une médecine efficace grâce à la répétition du verbe « savoir », mais mis ici à
la forme négative (« mais pour ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point du tout »).
7. Argan essaie tant bien que mal de défendre la médecine face à son frère ; il avance ainsi comme premier argument
qu’en terme de guérison, « les médecins en savent plus que les autres », ce à quoi Béralde rétorque que leurs
connaissances dans ce domaine se limite à « un pompeux galimatias », c’est-à-dire à des mots impressionnants mais
sans efficacité. Argan avance alors l’argument que même des personnes sages et éduquées font appel aux médecins,
ce qui, selon Béralde, n’est que la marque « de la faiblesse humaine ». En dernier recours, Argan rappelle à son frère
que les médecins doivent croire « leur art véritable, puisqu’ils s’en servent pour eux-mêmes ». Béralde prend alors
l’exemple par l’absurde de M. Purgon pour prouver que c’est en toute bonne foi que ce médecin est en effet prêt à
tuer ses patients, sa femme et ses enfants, et jusqu’à lui-même s’il le pouvait (« c’est de la meilleure foi du monde
qu’il vous expédiera, et il ne fera, en vous tuant, que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin
il ferait à lui-même »).
8. Béralde attribue notre besoin de consulter des médecins à la faiblesse de notre nature. Les médecins nous rassurent.
9. Dans cette réplique (l. 92 à 105), Béralde construit son argumentation par déduction. Il commence par avancer un
argument général concernant les médecins, avant de passer à l’exemple précis de M. Purgon, qui sert d’illustration à
sa thèse et renforce donc la puissance de son argumentation.
10. À la question d’Argan « Que faire donc quand on est malade ? », Béralde répond d’un laconique « Rien, mon
frère. », dans une phrase averbale qui met en valeur cet adverbe placé en début de phrase et détaché par une virgule.
Le terme est par ailleurs répété dans la réplique suivante d’Argan, sous forme interrogative, et de nouveau sous forme
affirmative par Béralde. Cette réponse peut surprendre car il n’est pas « naturel » aux hommes de ne rien faire
lorsqu’ils se sentent malades ; on a toujours tendance (à l’époque comme aujourd’hui) à chercher un réconfort, soit
dans la médecine, soit dans tout autre démarche de guérison.
11. Le paradoxe qui clôt la réplique de Béralde porte sur le fait qu’il affirme que ce sont les remèdes qui tuent les
hommes, et non pas les maladies, là où l’opinion commune pense évidemment le contraire.

CONCLURE
12. Cette scène est moins ouvertement comique que le reste de la pièce. Il s’agit d’un de ces moments sérieux
récurrents dans les pièces de Molière, dans lesquels il donne la parole à « l’honnête homme » de la distribution. C’est
là l’occasion pour le dramaturge de transmettre ses idées « libertines » (souvent à l’origine même de la censure de ses
pièces) tout en justifiant ses propos.

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ÉTUDE DE LA LANGUE
On relève deux verbes à la forme négative (par encadrement) ici : « je ne vois point » et « je ne vois rien […] que ».
L’adverbe de négation « point » et le pronom indéfini « rien » sont placés après le verbe car il est conjugué à un temps
simple. La première proposition présente une négation totale (« je ne vois point de plus plaisante momerie »), tandis
que la deuxième proposition forme une négation exceptive portant sur le complément d’objet qui la suit : « je ne vois
rien de plus ridicule qu’un homme qui se veut mêler d’en guérir un autre ».

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Explication de texte 6 > p. 119-120
Une consultation médicale burlesque
Acte III, scène 10, p. 115-118, l. 35 à 115

SITUER
1. Toinette est déguisée en médecin car elle veut se jouer de son maître en lui faisant rejeter son « mentor », le docteur
Purgon, afin que le mariage lié en partie à leurs relations soit annulé. Elle explique ainsi dans la scène 2, acte III : « Il
faut absolument empêcher ce mariage extravagant qu’il s’est mis dans la fantaisie, et j’avais songé en moi-même que
ç’aurait été une bonne affaire de pouvoir introduire ici un médecin à notre poste, pour le dégoûter de son Monsieur
Purgon, et lui décrier sa conduite. Mais, comme nous n’avons personne en main pour cela, j’ai résolu de jouer un tour
de ma tête. » (p. 96).
2. Toinette a prouvé l’efficacité de ses remèdes en faisant croire à Argan qu’elle est un médecin âgé de quatre-vingt-
dix ans, alors qu’elle n’en a vraisemblablement pas même trente.

EXPLIQUER
Un médecin convaincant (l. 35 à 43)
3. On peut parler de mise en abyme car une scénette a lieu dans la scène de théâtre elle-même. Toinette, déguisée en
médecin, joue un rôle dans son rôle même de servante, et Béralde endosse la fonction de spectateur.
4. L’injonction « Donnez-moi votre pouls » est tout à fait caractéristique d’une auscultation médicale, et les remarques
que Toinette fait à son sujet rendent cette auscultation d’autant plus crédible.
5. Argan prouve que les médecins ne disent pas la « vérité », car leurs avis sur la soi-disant maladie d’Argan ne sont
pas les mêmes (« Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate. »). Or, il ne peut y avoir deux vérités
exactes à ce sujet.

Une scène comique (l. 44 à 87)


6. Il s’agit du comique de répétition lié aux mots « poumon » et « ignorant », ainsi qu’à l’absurdité des réponses de
Toinette qui rend le poumon responsable de tous les maux et de toutes les situations agréables éprouvés par Argan.
Ainsi, elle accuse le poumon avant même d’avoir posé la première question à son « malade, et son diagnostic semble
incohérent par rapport aux symptômes décrits (« des douleurs de tête », « un voile devant les yeux », « des lassitudes
par tous les membres », etc.). Le comique est aussi lié au caractère péremptoire de ce faux médecin qui, avec son
jargon médical qui cache mal son incompétence, caricature les vrais médecins. La parodie d’une auscultation médicale
(comique de situation) contribue également au comique de la scène. Les conseils en matière de cuisine enfin sont plus
proches de ceux d’une servante que de ceux d’un médecin ; elle conseille en effet à Argan de manger gras et riche.
L’allitération gutturale en [r] (« Il faut boire votre vin pur ; et pour épaissir votre sang qui est trop subtil, il faut manger
de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande, du gruau et du riz, et des marrons ») renforce
l’aspect comique.
7. Des lignes 48 à 57, Argan commence par énumérer la liste de ses douleurs (« de tête », « un voile devant les yeux »,
« maux de cœur », etc.). À chacun de ses maux, Toinette répond qu’il s’agit du « poumon », sans que le lien soit très
évident. Ensuite, des lignes 58 à 69, c’est Toinette-médecin qui pose des questions à Argan, qui répond toujours par
l’affirmative (elle le connaît bien, pour le voir vivre au quotidien !) et là encore, la servante accuse « le poumon ». On
relève ainsi neuf occurrences du mot dans ces quelques lignes, souvent en syntaxe averbale. Plus loin, le même
procédé se retrouve mais avec l’adjectif « ignorant », répété six fois entre les lignes 70 et 78, et qui se voit transformés
en déclinaison latin, fruit de l’invention de Toinette, l’adjectif « Ignorantus, ignoranta, ignorantum » n’existant pas. Le
rythme du dialogue est rapide, les répliques s’enchaînent de manière vive, rajoutant une tonalité comique et légère à
cette scène.
Une tonalité grinçante (l. 88 à 115)
8. À la fin de la scène, Toinette va plus loin dans ses conseils, suggérant à Argan de se faire « couper un bras » ou
« crever un œil ». Argan alors prend peur. D’autant qu’il apprend (l. 105) qu’un des patients de Toinette-médecin serait
mort la veille, ce qui n’a pas pour effet de le rassurer, comme le prouve sa reprise de l’information sous forme de
question (l. 106). La dernière réplique de Toinette est particulièrement acerbe à l’encontre des médecins, puisqu’elle
semble laisser croire que les médecins attendent que leurs patients soient morts pour trouver ce qui aurait pu les
guérir.
9. Toinette fait référence à un verset biblique (au sujet de ces deux injonctions, voir « Comprendre l’œuvre » p. 160),
ce qui prouve qu’elle a de l’instruction.

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10. Argan n’est pas totalement convaincu, même si les conseils gastronomiques du faux médecin ont dû le satisfaire.
Ses dernières recommandations (voir question 8) ne l’ont pas du tout rassuré.

CONCLURE
11. Cette parodie met en scène un médecin présomptueux, jargonnant, sûr de lui, qui donne de mauvais conseils (des
conseils qui vont jusqu’à tuer ses patients) ; Toinette essaie de montrer à Argan qu’il ne faut pas être dupe et ne pas
prendre pour « argent comptant » tout ce que les médecins prescrivent.
12. Cette scène annonce en quelque sorte le dénouement, car l’un des personnages est déguisé en médecin, comme
le sera Argan à la fin de l’œuvre. De plus, elle contribue à éloigner Argan de ses propres mentors (à commencer par
M. Purgon), dont il endossera en quelque sorte le rôle dans le ballet final.

ÉTUDE DE LA LANGUE
« [1] Voilà un bras que je me ferais couper tout à l’heure, [2] si j’étais que de vous. »
La première proposition est la proposition principale, la seconde est une proposition subordonnée circonstancielle
de condition, introduite par la conjonction de subordination « si », qui assume la fonction de complément
circonstancielle de condition du verbe de la principale (« ferais »). La principale est au conditionnel présent et la
subordonnée à l’imparfait, ce qui exprime un irréel du présent.

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LE DOSSIER DU LYCEEN
 Testez votre lecture > p. 152-153
Le cadre spatiotemporel
1. L’action principale se tient dans la chambre d’Argan, dans un appartement parisien.
2. Les monnaies nommées par Argan pour faire se comptes et la situation du maître de maison, qui a une servante,
peuvent être des indices qui inscrivent la pièce dans l’époque de son écriture.
3. Le prologue se situe dans un cadre mythologique ; le premier intermède a lieu dans « une ville », « dans la nuit ».
La figure de Polichinelle date de la commedia dell’arte, qui est née quelques années avant Molière. Cet intermède
n’est pas directement lié à l’intrigue de la pièce, même si Toinette a pris soin de nommer Polichinelle à la fin de la
scène précédente. Le deuxième intermède est directement inscrit dans la pièce, puisque c’est Béralde qui fait venir
sur scène « plusieurs Égyptiens et Égyptiennes, vêtus en Mores ». Il en va de même pour le dernier ballet, composé
des personnages principaux de la pièce, et qui voit l’intronisation burlesque d’Argan a la fonction de médecin.
4. Hormis le prologue et le premier intermède, l’histoire respecte l’unité de temps, tout s’enchaînement de manière
naturelle (le temps de l’action correspond au temps de la scène).

Les intrigues
5. L’intrigue principale repose sur la « maladie » d’Argan, qui souhaite faire épouser le fils d’un médecin à sa fille afin
d’avoir un médecin à sa disposition.
6. L’intrigue secondaire est liée, comme souvent dans les comédies de Molière, au mariage contrarié entre les deux
jeunes gens de la pièce, Angélique et Cléante.
7. Ces deux nœuds sont caractéristiques d’une comédie classique car le premier repose sur un comique de caractère
moqué par le dramaturge, et le second sur une comédie amoureuse.
8. À défaut de faire entrer un médecin dans sa famille, Argan va finalement devenir médecin lui-même, et Angélique
et Cléante vont (évidemment !) obtenir l’autorisation paternelle de se marier.

Les personnages
9. Argan est hypocondriaque. Ce trouble consiste à se croire toujours malade ; il est aussi, au temps de Molière,
rattaché à ce que l’on nommerait de nos jours dépression. En ce sens, ce trouble est comique car il donne lieu à des
scènes très drôles dans lesquelles le personnage se ridiculise, allant jusqu’à des références scatologiques et grossières,
mais il est aussi pathétique car on comprend qu’au-delà de son attitude ridicule, Argan est en réalité terrifié par la
mort (voir « Comprendre l’œuvre », « 3. Quand la peur devient folie », p. 157).
10. Toinette correspond au personnage typique de la servante maline chez Molière. En sont très proches par exemple
le personnage de Dorine dans Le Tartuffe ou celui de Claudine dans George Dandin. Toinette apparaît vive d’esprit et
rusée, au point de mettre en place un stratagème qui amène à la résolution des deux intrigues de la pièce. Caractérisée
par son franc parler, son absence de bienséances, de scrupules et de honte, elle provoque, comme souvent face à ces
valets qui prennent le pas sur leur maître, un vrai sentiment de liberté et de jubilation.
11. Béralde, sorte de parte parole de Molière, incarne l’honnête homme. Il est du côté de la raison, là où Argan est du
côté des passions.
12. Béline et les médecins sont cupides ; ils ont vu en Argan une cible privilégiée pour profiter de son argent.

Une comédie-ballet
13. Les premier intermède, qui voit Polichinelle chanter la sérénade sous les fenêtres d’une vieille femme, n’a pas de
lien véritable avec l’action en cours, si ce n’est que Toinette mentionne le prénom de son ami Polichinelle à la fin de
la dernière scène du premier acte. Le deuxième intermède s’intègre davantage à l’action, puisqu’il s’agit d’un
« divertissement » proposé par Béralde pour amuser Argan. Mais l’action de l’intermède en lui-même n’a pas de lien
direct avec les décors ou l’action de la pièce (il s’agit d’une danse d’Égyptiennes et d’Égyptiens déguisés en Maures).
Seul le dernier intermède, qui voit la consécration d’Argan en médecin, est directement en lien avec la pièce.
14. Ainsi, les deux premiers intermèdes pourraient être supprimés sans que l’intrigue de la pièce s’en voit amputée ;
en revanche, le dernier est essentiel puisqu’il constitue le véritable dénouement.
15. On croise dans le prologue des personnages mythologiques, qui renvoient à l’univers du Roi Soleil (on se souvient
que le prologue constitue un compliment au roi). Polichinelle renvoie à la commedia dell’arte, et au théâtre italien
affectionné par Molière ; les Égyptiennes et les Égyptiens font référence à une forme d’exotisme (notion qui ne sera
mise à la mode que plus tard). Dans le dernier intermède, tous les personnages sont en scène, comme l’exige le
dénouement des comédies classiques.

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 Les thèmes

Éclairages
Mélanie Traversier, Revue d’histoire du théâtre, p. 165
Les risques liés à l’usage d’effets spectaculaires au théâtre sont les incendies que pouvaient déclencher les « petits
feux d’artifice, […] poudre explosive, […] myriades de bougies » utilisés à cet effet dans des lieux majoritairement en
bois.

Anonyme, Lettre sur la comédie de l’Imposteur, p. 169


Les défenseurs de la comédie avancent comme argument que ce genre sert de modèle à ne pas suivre, en mettant
sous les yeux du spectateur des caractères dignes d’être moqués. Le penchant de l’homme étant naturellement bon
et voué à « faire le bien », il fera alors en sorte de ne pas agir comme les comédiens mis en scène.

Louis XIV, Mémoires pour l’instruction du Dauphin, p. 170


Les spectacles, par le plaisir qu’ils procurent aux sujets du roi, lui permettent de tenir « leur esprit et leur cœur ». C’est
une sorte de flatterie du roi envers ses sujets, qui fonctionne parfois mieux pour les « asservir » que « les récompenses
et les bienfaits ».

Pascal, Pensées, p. 173


Selon Pascal, les divertissements sont condamnables car il nous détourne de la pensée de « notre condition faible et
mortelle ». Or, pour le philosophe, il ne faut pas se détourner de ce « tracas », mais, au contraire, savoir l’affronter
sans fuir dans différentes formes de divertissement.

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• Lectures d’image

La Mort de Molière, p. 174


On pourra projeter en classe la gravure, afin de pouvoir l’étudier plus en détail :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/Maurice_Leloir-_Le_Roy_Soleil_-
_La_dernière_représentation_de_Molière.jpg

1. On compte dix personnages sur scène, et quelques spectateurs assis au fond, côté cour de la scène. Ces spectateurs
sont les plus aisés, comme le prouvent leurs accessoires et leurs vêtements.
2. Les comédiens portent principalement des costumes de médecins (robe noire, fraise, chapeau pointu), et les
expressions de leur visage sont exagérées, ce qui indique qu’il s’agit d’une comédie. On peut cependant se demander
s’ils n’observent pas avec une réelle inquiétude le comédien jouant Argan (à savoir Molière lui-même), qui se détourne
du public et tousse dans un mouchoir taché de sang.
3. Le public porte des tenues caractéristiques du XVIIe siècle. Au premier plan de la fosse, on voit des musiciens en
train de jouer de leurs différents instruments (violon, violoncelle, flûte…).
4. Le fait que tous les comédiens soient déguisés en médecins et que l’orchestre joue nous indiquent qu’il s’agit du
dernier intermède, au cours duquel Argan est intronisé médecin. Cette gravure fait par ailleurs référence au moment
où Molière s’effondra sur scène, comme l’indique son titre. On comprend donc qu’il s’agit de la toute fin de la pièce.

Mise en scène de Claude Stratz, p. 175


1. Les costumes des médecins, dans cette mise en scène contemporaine, sont blancs et non plus noirs, renvoyant
davantage à l’imaginaire que l’on se fait aujourd’hui des tenues médicales, même si le costumier a conservé la fraise
et le chapeau pointu qui évoquent la médecine du temps de Molière. Les masques noirs utilisés par certains médecins
renvoient aux masques caractéristiques de la commedia dell’arte (le nez crochu est normalement l’attribut du
personnage de Pantalon).
2. On peut imaginer que c’est Toinette qui est déguisée en Arlequin, personnage typique là aussi de la commedia
dell’arte ; c’est le valet bouffon, rusé, manipulateur. Vu le nombre de personnages présents sur scène, dont la majorité
sont déguisés en médecins, on peut supposer qu’il s’agit là encore du dernier intermède.
3. Argan est maquillé de blanc, ce qui lui donne un air vraiment malade. C’est étonnant, car a priori Argan est u malade
« imaginaire », il est censé avoir plutôt bonne mine en réalité. Ici, ce choix permet de donner un côté plus sombre à la
scène, présentant un personnage qui pourrait être en réalité vraiment malade (comme Molière qui joua ce
personnage).
4. On voit à droite de l’image un personnage qui n’a pas endossé de costume de médecin ; il s’agit de Béralde (joué
par Alain Lenglet ; on peut imaginer que son caractère rationaliste et mesuré a influencé sa décision de ne pas se
grimer lui-même en médecin.
5. Les décors paraissent modernes et plutôt minimalistes. Des chaises en métal, une corde au sol, un mur en briques
apparentes… certains de ces éléments renvoient à notre époque (les chaises par exemple), d’autres sont atemporels,
comme les costumes, ce qui permet d’inscrire la pièce dans un « non-temps ».

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GROUPEMENT DE TEXTES
 La comédie de la mort > p. 176-179
Texte 1 Henrik Ibsen, Une maison de poupée, acte I, 1879 > p. 176
1. Les expressions au présent de vérité générale (lignes 12 et 13) fonctionnent comme des proverbes ; l’aspect de
généralité est d’ailleurs accentué par le « il » impersonnel dans l’expression « il faut » et par le pronom indéfini « on »
dans « on trouve cela… ». Le docteur précise par ailleurs que « c’est une opinion générale ».
2. Le docteur Rank présente le désir de vivre comme la possibilité de « souffrir aussi longtemps que possible » (l. 18),
ce qui est bien sûr ironique.
3. Lorsqu’il rencontre Nora dans les escaliers, le docteur Rank lui demande si elle « venue en ville pour [se] reposer en
courant les fêtes » (l. 8-9), ce qui présente un premier paradoxe. De même, l’affirmation étudiée précédemment (« je
veux absolument souffrir aussi longtemps que possible »), qui répond à la question de Nora sur son désir de vivre,
peut également paraître paradoxale.
4. ÉTUDE DE LA LANGUE « Je me demande si vous n’êtes pas un peu souffrante. » En passant d’une question directe
à une question indirecte, outre les modifications habituelles dues à ce changement de type de discours (présence d’un
verbe de parole à portée interrogative, suppression du point d’interrogation), on peut rajouter une forme négative,
qui permet de poser une question indirecte fermée.

Texte 2 Eugène Ionesco, Le roi se meurt, 1963 > p. 177


1. C’est le sentiment de désespoir qui paraît dominer cette tirade du roi Bérenger. Sentant sa mort inévitable et
proche, le roi se met à énumérer tout ce qu’il voudrait pouvoir faire afin de rester en vie, au moins dans les mémoires ;
on relève ainsi, après l’imploration « Ah, qu’on se souvienne de moi » (l. 3), tous les domaines sur lesquels il souhaite
laisser sa trace : « les manuels d’histoire » (l. 4), « les statues » (l. 8), les photographies officielles (« mon image », l.
9), et jusqu’aux moyens de transports (lignes 11-12). S’engageant jusqu’à l’absurde dans ce désir d’être éternel dans
les mémoires, il exige que l’on apprenne l’alphabet « en épelant [s]on nom » (l. 16-17) ; enfin, il s’imagine en figure
christique, remplaçant Jésus sur les croix des églises. La fin de sa tirade devient plus poétique et plus métaphorique
encore (l. 18-20), le roi devenant fou dans son désespoir.
2. Tout le texte est traversé par l’anaphore de « Que », qui fonctionne comme un indice de prière ou d’imploration.
Elle donne au texte une tonalité assez tragique, car elle permet de faire ressentir au spectateur le désespoir du roi qui
refuse de mourir.
3. La divagation dans laquelle plonge Bérenger Ier finit par avoir un côté comique, lié en partie à l’absurdité de ses
requêtes. Cela met d’ailleurs en valeur la réplique cinglante de Juliette à la fin de la tirade : « C’est le délire, Madame. »,
reprise par un effet d’écho comique par le garde : « Sa Majesté, le Roi délire. »
4. ÉTUDE DE LA LANGUE Les outils qui permettent la négation sont les adverbes « ne » (éludé) et « jamais », un
adverbe de négation temporel. Il s’agit d’une négation totale, qui nie la proposition dans son entier.

Texte 3 Copi, Une visite opportune, 1988 > p. 179


1. Cette affirmation peut paraître paradoxale ; en réalité, pour Hubert, c’est une façon de dire à Cyrille qu’il est en
sécurité dans sa chambre d’hôpital et qu’il n’a pas à craindre d’agressions extérieures. Plus loin, on comprend aussi
que la perspective de mourir bientôt n’aurait pas gêné Hubert, qui s’ennuie déjà sans savoir « que faire de [s]es
journées » (l. 16).
2. Cette jalousie annoncée d’Hubert est comique, car paradoxale et inattendue, mais aussi déplacée car il l’annonce à
quelqu’un qui se sait condamné à une mort prochaine, et qui pourrait être au contraire jaloux de celui qui reste en
vie.
3. ÉTUDE DE LA LANGUE Il s’agit d’une proposition indépendante, coordonnée à la proposition indépendante
précédente par la conjonction de coordination « car » et lié par une virgule, les deux pouvant avoir un effet redondant
(on pourrait supprimer la virgule ou la conjonction, en conservant le même sens à la phrase).

© Nathan 2020 – Carrés Classiques Œuvres intégrales – Molière, Le Malade imaginaire • 17


 Corps malade contre corps médical : un drôle de combat > p. 180-185
Texte 1 Molière, Monsieur de Pourceaugnac, Acte I, scène 8, 1669 > p. 180
1. Les différentes mélancolies sont de trois sortes : première proviendrait « du vice du cerveau » (l. 14), la deuxième
« de tout le sang » (l. 14) et la troisième, « appelée hypocondriaque » (l. 15), provient d’une anomalie dans le « bas-
ventre ».
2. Le comique repose en particulier sur l’abondance de jargon médical, qui rend le passage pratiquement totalement
indigeste (sans jeu de mots !). Les nombreuses énumérations concourent également à donner du médecin l’image
ridicule d’un personnage péremptoire et prétentieux.
3. À la fin de cette tirade interminable dans laquelle le médecin se perd en conjoncture sur l’état de son malade, la
chute a un effet comique car il avoue finalement son incompétence : « Tout ceci supposé » (l. 33), et appuie cette
incompétence sur un aphorisme latin par lequel le médecin se défait de toute responsabilité.
4. ÉTUDE DE LA LANGUE Le mot « incontestable » est composé du préfixe privatif « in », de la racine « contest- » et
du suffixe « -able » qui sert à former les adjectifs. Il signifie donc : ce qui ne peut pas être contesté.

Texte 2 Jules Romain, Knock ou le triomphe de la médecine, 1923 > p. 182


1. L’exposé de Knock est comique car il prend un air très sérieux pour faire un schéma ridicule, traçant « en coupe,
très schématiquement » (l. 5-6) la moelle épinière de sa patiente, accompagné de « flèches de direction » (l. 9) et
employant des termes à mauvais escient comme les « multipolaires » (l. 12).
2. Les arguments qu’il avance à partir de la ligne 15 sont que sa patiente ferait mieux d’attendre pour se faire soigner,
car les soins coûtent cher alors que « les années de vieillesse, on en a toujours bien assez » (l. 20).
3. Sa proposition de mettre la Dame en observation décrédibilise sa fonction de médecin car il reporte sur sa patiente
la responsabilité de la décision de se faire ou non soigner, comme si elle savait mieux que lui quelle décision sera la
plus adaptée à sa situation.
4. ÉTUDE DE LA LANGUE « Ne vaut-il même pas mieux laisser les choses comme elles sont ? ». Pour transformer la
question indirecte en question directe, il faut supprimer le verbe de parole de sens interrogatif (« je me demande »),
puis inverser le verbe et son sujet (« s’il ne vaut » -> « ne vaut-il »). Enfin, on remplace le point final par un point
d’interrogation.

Texte 3 Pierre Desproges, « Dieu n’est pas bien », 12 février 1986 > p. 184
1. Le comique de ce sketch repose principalement sur l’absurdité de la rencontre entre Freud et Dieu.
2. Sigmund Freud (1856-1939) est l’inventeur de la psychanalyse. À la fin d’une séance de psychanalyse, le patient doit
payer son médecin traitant. Ici, Freud demande à Dieu de le payer en « pain quotidien », faisant référence à une phrase
du « Notre Père (« Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »). La réponse de Dieu (« Et deux baguettes bien
cuites pour le docteur Freud », l. 51), est donc très drôle, car le « pain quotidien » de la prière est évidemment
symbolique, alors que la réponse de Dieu est des plus prosaïques.
3. Pour des personnes très respectueuses de l’image de Dieu et de la religion en général, ce texte pourrait ne pas
porter à rire, car il présente Dieu dans une position un peu ridicule (« J’ai l’impression d’être creux et sans contours »,
l. 15-16 par exemple) ; il met même en cause son existence (« je crois que je n’existe pas », l. 18).
4. ÉTUDE DE LA LANGUE « Puisque sans moi pour vous créer, vous l’avez dans le… néant. »
Pour analyser cette proposition, il faut transformer syntaxiquement l’ensemble de la phrase afin de comprendre les
liens qui unissent les différents éléments : « Ni moi ni vous [ne sommes rien du tout] puisque vous l’avez dans le néant
sans moi pour vous créer. » On remarque alors que la proposition proposée à l’étude est une subordonnée conjonctive
circonstancielle, coupée de sa principale située dans la phrase précédente. La conjonction « puisque » est également
séparée par le groupe infinitif « sans moi pour vous créer » de la proposition subordonnée conjonctive de cause qu’elle
introduit.

© Nathan 2020 – Carrés Classiques Œuvres intégrales – Molière, Le Malade imaginaire • 18


 Travestissement et mise en abyme > p. 186-193
Texte 1 William Shakespeare, La Nuit des rois, Acte I, scène 4, 1602 > p. 186
1. Le duc utilise des figures telles que « le livre de mon âme secrète » (l. 6) ou « saute par-dessus toutes les barrières
de la politesse » (l. 13-14) ; lorsqu’il décrit Viola (sans savoir qu’il s’agit d’elle), il emploie aussi des analogies telles que
« la lèvre de Diane n’est pas plus douce et plus rosée que ta lèvre ; ta petite flûte de voix [etc.] » (l. 24-27). Ce langage
permet de faire de lui le portrait d’un personnage sensible.
2. Le début de la dernière tirade du duc est comique car il s’agit d’un quiproquo : il pense s’adresser à un homme en
lui disant qu’elle est belle comme une femme… et pour cause, il s’agit bien d’une femme !
3. La demande du duc est difficile à mettre en œuvre pour Viola car elle est elle-même amoureuse de lui ; or, il lui
demande d’aller quérir pour sa part l’attention de la comtesse Olivia, dont il est fou amoureux.
4. ÉTUDE DE LA LANGUE « si je peux lui parler » (l. 15) est une proposition subordonnée circonstancielle de condition
(hypothétique), qui assume la fonction de complément circonstanciel de condition du verbe « dire » de la principale.
Le futur de la principale indique une action réalisable de l’avenir.
« Si » est une conjonction de subordination qui introduit la proposition subordonnée.

Texte 2 Montfleury, La Femme juge et partie, 1669 > p. 189-190


1. Julie explique que, déguisé sous les traits d’un homme, elle reste anonyme aux yeux de son mari qui la croit morte
et tente de séduire la jeune Constance. Afin de le rendre jaloux, elle feint elle aussi, dans son costume de garçon,
d’être très proche de Constance.
2. Son mari ne l’a pas reconnue car trois ans se sont écoulés depuis le naufrage de sa femme, durant lesquels son teint
a changé, ayant « bruni de telle sorte, / Du hâle et du chagrin que mon sort me causait, / Qu’il faudrait s’étonner s’il
[la] reconnaissait » (v. 5-7).
3. Le dernier vers fonctionne comme un parallélisme, où le pronom « le » du premier segment renvoie au mari de
Julie, et le pronom « m’en » à Constance. Ce vers résume ainsi à lui seul tout le stratagème mis en place par la jeune
fille pour faire enrager son mari infidèle et volage en se faisant aimer de la nouvelle femme qu’il courtise.
4. ÉTUDE DE LA LANGUE « Constance ne hait pas qu’on vante son éclat » (v. 19) est une litote ; il s’agit d’une négation
partielle, qui ne porte que sur l’expression « vante[r] son éclat ». Cette litote signifie qu’en réalité, elle aime beaucoup
cela. Ce procédé met ainsi en valeur l’orgueil de la jeune fille.

Texte 3 Nolant de Fatouville, Isabelle Médecin, 1685 > p. 191


1. On relève dans différentes répliques l’expression de l’amour de Colombine pour celui qu’elle croit être un médecin :
son aparté ligne 8 (« Il lui crève les yeux, et il ne s’en aperçoit pas. »), ainsi que sa réplique ligne 11-12 : « Mes yeux
vous en apprennent bien autant que mon bras. », dans laquelle elle emploie l’image des yeux comme métaphore du
cœur amoureux, et qu’elle poursuit avec la mention de « la langueur de sa voix » (l. 18), avant de pousser quelques
petits soupirs de désirs. À la ligne 37-38, elle demande de manière explicite le médecin en mariage (« Si votre main
produit de si bons effets, souffrez, Monsieur, que je vous la demande avec empressement. « ). Enfin, l’aparté ligne 40
(« Est-ce que je ne parle pas bon français ? ») traduit son impatience à faire comprendre au médecin qu’elle le désire
ardemment.
2. Si l’on devait rajouter des didascalies entre les lignes 12 et 32, il faudrait préciser que le docteur palpe la jeune fille,
en commençant par les côtes (l. 24), avant de remonter (« Plus haut », enjoint Colombine ligne 26) jusqu’au cœur,
c’est-à-dire jusqu’à ce que le médecin touche son sein gauche. D’ailleurs, à ce moment-là Colombine tombe en extase
(« Ah, Monsieur, vous y êtes », l. 31). On comprend alors que cette scène est tout à fait irrévérencieuse, en particulier
pour l’époque.
3. Cette affirmation est drôle car on peut la comprendre à double sens : « j’en dis trop selon ma position de fille »,
mais aussi « j’en dis trop étant donné que je m’adresse à une fille » (ce que Colombine ignore, mais pas le spectateur,
qui peut donc s’amuser de ce double sens).
4. ÉTUDE DE LA LANGUE On peut relever plusieurs propositions subordonnées conjonctives de condition, par
exemple :
« Vous ne me ferez pas ce reproche, si je puis connaître votre mal à fond. » (l. 6-7)
« Si votre main produit de si bons effets, souffrez, Monsieur, que je vous la demande avec empressement. » (l. 37-38)
Les propositions subordonnées de condition assument toujours la fonction de complément circonstanciel de condition
du verbe de la principale.

© Nathan 2020 – Carrés Classiques Œuvres intégrales – Molière, Le Malade imaginaire • 19

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