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Le Malade imaginaire

Présentation

I. Molière

Né à Paris en 1622, Jean-Baptiste Poquelin a passé sa jeunesse dans un milieu de bourgeoisie aisée. Son
père, tapissier du roi, le met au collège de Clermont où il reçoit l’éducation soignée des « honnêtes gens ». Il
était prédestiné à marcher dans les pas de son père mais en 1643, au mépris des préjugés de son temps (les
acteurs étaient excommuniés), il décide de se faire comédien. Il prend assez vite le nom de Molière et fonde
avec l’actrice Madeleine Béjart, la troupe de l’Illustre Théâtre. Ils jouent des tragdies à la mode mais ne
parviennent pas à se faire un nom. Molière décide donc de tenter la fortune en province où il y passe douze
années d’apprentissage et devient acteur et auteur comique.

Molière écrit alors de nombreuses pièces de théâtre et principalement des farces1 . Ces grands succès sont Les
Précieuses Ridicules (1659), L’École des Femmes (1662), Le Tartuffe (1669), Le Misanthrope (1666)…

Molière devient alors le pourvoyeur des divertissements royaux. Ses dernières pièces seront influencées par
le goût de Louis XIV pour les ballets et la musique.

La fin de sa vie est est assombrie par la maladie, la mort de son fils et de son amie Madeleine Béjart ainsi
que par des difficultés matérielles. En 1673, il est pris d’une défaillance au cours d’une représentation du
Malade Imaginaire, quelques heures plus tard il meurt.

II. La doctrine littéraire de Molière

Pour lui, les règles ne sont pas des lois mystérieuses mais de simples observations du bon sens que chacun
peut faire à son tour. En réalité, « la grande règle de toutes les règles » est de plaire au public. Il considère
également que « le public est juge absolu ». Il ne faudrait donc pas juger une pièce d’après les règles mais
d’après « l’effet qu’elle fait sur nous ». Ce souci de plaire à des publics variés explique en partie la diversité
du théâtre de Molière : « c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ».

Molière revient à maintes reprises sur son dessein de peindre la nature humaine : il veut « entrer comme il
faut dans le ridicule des hommes. ».

« Si l’emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes, je ne vois pas par quelle raison il y en
aurait de privilégiés » (Préface du Tartuffe).

III. Les différents types de comique

Le procédé comique Définition


Le comique de situation Quand les personnages se retrouvent dans des situations improbables et
drôles. Il peut y avoir des malentendus (quiproquo), des circonstances
inhabituelles ainsi que des renversements de situation.
Le comique de mots Ce comique repose sur les jeux de mots, le mélange des registres de langue
(familier, courant soutenu), un défaut de prononciation…
Le comique de geste Ce comique vient des expressions, de la gestuelle et des mouvements des
personnages. Lorsqu’on lit un texte on se réfère aux didascalies pour savoir
s’il en contient.
Le comique de caractère On s’appuie sur un trait de personnalité ou un caractère d’un personnage
qui est tourné au ridicule
Le comique de moeurs On critique les travers d’une classe sociale, d’une époque, d’une catégorie
professionnelle, en la présentant de manière caricaturale ou ironique.
Le comique de répétition C’est la répétition de mêmes procédés, on répète plusieurs fois les mêmes
expressions, les mêmes situations, les mêmes gestes, cela créé un effet
d’attente chez le spectateur / lecteur

Le Malade imaginaire
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IV. La farce

Définition selon le CNRTL : Pièce de théâtre d'inspiration bouffonne mettant en scène des personnages
souvent grotesques et présentant généralement un comique de mots, de gestes ou de situation(s).

Dans la farce, l’auteur n’a pour but que de nous faire rire. Il recourt aux procédés les plus faciles, les plus
éprouvés, c’est-à-dire les plus gros, qui portent sur tous les publics. Si Molière a puisé dans les procédés
comiques de la vieille farce, il n’a pas manqué de la renouveler par son génie de l’observation et de la vie.

Molière fait systématiquement intervenir la farce pour dissiper la gravité de certaines situations. Mais d’une
façon, elle devient un moyen de peindre les caractères ou d’exprimer les idées.
La farce peut donc être conçue come un moyen de rendre matériellement sensible au spectateur une vérité
morale ou une idée. Ce caractère symbolique est un des traits dominants du théâtre de Molière. Molière a su,
des médiocres procédés de la farce, faire jaillir une peinture plus riche et plus profonde de l’âme humaine.

V. Le Malade Imaginaire

A) L’œuvre en général

Le Malade Imaginaire est une comédie-ballet (qui mêle chant, danse et théâtre). Elle est divisée en trois actes
et écrite en prose en 1673.

B) Les personnages

• Argan : le personnage principal, un homme hypocondriaque et avare qui se croit gravement malade.
• Béline : la seconde épouse d’Argan, qui cherche à le manipuler pour obtenir sa fortune. Elle est
souvent en con it avec Angélique.
• Angélique : la lle d’Argan, amoureuse de Cléante mais contrainte d’épouser Thomas Diafoirus par
son père.
• Béralde : le frère d’Argan, qui est l’un des seuls personnages à ne pas se laisser berner par les faux
médecins.
• Toinette : la servante d’Argan, qui est débrouillarde et intelligente. Elle cherche souvent à déjouer
les plans de Béline et des faux médecins.
• Monsieur Diafoirus : un médecin prétentieux et pédant, père de Thomas Diafoirus et prétendant à la
main d’Angélique.
• Monsieur Purgon : un autre médecin qui travaille pour Argan et qui est également prétentieux.
• Monsieur Fleurant : l’apothicaire qui fournit des remèdes à Argan, souvent inutiles ou dangereux.
• Thomas Diafoirus : le ls de Monsieur Diafoirus, un jeune homme maladroit et ennuyeux qui
courtise Angélique.
• Louison : la servante de Toinette, qui est souvent témoin des plans et des intrigues de sa maîtresse

C) Le résumé de l’œuvre

ACTE I : Argan, le malade imaginaire, annonce à sa fille Angélique qu'il veut la marier à Thomas Diafoirus,
fils de médecin. Mais Angélique aime Cléante, qu'elle a rencontré quelques jours plus tôt. Aidé de la servante
Toinette, elle s'oppose à ce mariage.

ACTE II : Cléante (l'amant d'Angélique) entre dans la maison du malade imaginaire en se faisant passer
pour le remplaçant du professeur de musique d'Angélique pour pouvoir voir celle-ci. Les Diafoirus, père et
fils, arrivent (le fils est celui qu'Argan veut faire épouser à sa fille). Thomas Diafoirus apparaît maladroit et
peu intelligent et Angélique annonce qu'elle ne veut pas l'épouser.


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Le Malade imaginaire
Présentation
ACTE III : Monsieur Purgon, le médecin d'Argan déclare qu'il ne veut plus être son médecin, car Argan n'a
pas pris un lavement qu'il lui avait prescrit (Béralde, le frère d'Argan, s'y était opposé). Béralde annonce à
Argan qu'il va lui trouver un autre médecin, et c'est la servante Toinette (alliée à Béralde pour dissuader
Argan de forcer sa fille à se marier) qui réapparaît déguisée en médecin. Toinette ausculte Argan en
exagérant largement les traits pour monter à Argan le ridicule de ses médecins. Puis Toinette veut montrer à
Argan que sa femme Béline ne l'aime pas. Argan fait semblant d'être mort, et Béline voyant cela est heureuse
car elle pourra toucher l'héritage d'Argan. C'est alors qu'Argan se lève brutalement ; Béline s'enfuit. Plus tard,
Cléante, implore Argan de le laisser épouser sa fille. Argan accepte… à condition que Cléante devienne
médecin. Finalement, Béralde parvient à convaincre son frère Argan de se faire lui-même médecin.

D) Les thèmes majeurs

→ Les médecins

Dans sa pièce, Molière dresse une satire féroce de la médecine. Cette dernière passe par les caractères des
médecins, qualifiés de prétentieux et ridicules, dissimulant leur ignorance derrière des mots savants et un
latin de cuisine. Leurs pratiques remontent à l’antiquité et sont dans l’incapacité de guérir. A contrario, elles
précipitent la mort.

De plus, les noms donnés aux différents personnages issus du milieu médical ne sont pas choisis au hasard :

❖ Le nom Diafoirus qui est formé du radical « foire » qui désigne la diarrhée ;
❖ Le nom Purgon qui désigne une méthode médicale qui vise à évacuer les substances jugées nocives dans
le corps du patient ;
❖ Le nom Fleurant est forgé à partir du verbe «  eurer » qui signi e « sentir ».

Enfin, pour Molière, le médecin n’impressionne que par son habit et ses discours savants. C’est ainsi
qu’Argan se fait introniser médecin lors du troisième intermède de la pièce. Pour ce faire, Argan revêtit la
tunique de médecin et se dit médecin. Cet événement va permettre de guérir une partie de la folie
hypocondriaque de ce dernier.

→ Le mariage
Dans la pièce, il existe quatre types de mariages différents :
❖ Le mariage de raison : Angélique et Thomas Diafoirus ;
❖ Le mariage d’intérêt : Béline et Argan ;
❖ Le mariage avec Dieu : la menace du couvent ;
❖ Le mariage d’amour : Angélique et Cléante.

Molière met en lumière les différents mariages envisageables et, conscient de l’injustice dont sont victimes
les femmes, défend une conception du mariage dans lequel les femmes sont entendues, leur avis est pris en
compte.

Encore une fois, le dramaturge se moque de ce qui existe dans la société et tourne en ridicule ses
personnages.

E) La satire

La satire est le discours qui s'attaque à quelque chose ou à quelqu'un en s'en moquant. Ce sont les médecins
qui sont plus particulièrement visés par la satire dans le Malade imaginaire : ce sont des personnages
intéressés (Monsieur Purgon) ou pédants et prétentieux (Monsieur Diafoirus et son ls). Molière se moque
aussi de la médecine, art de l'incompétence qui se dissimule derrière de grands mots savants

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Le Malade imaginaire
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(« bradysepsie », « dyspepsie », etc.) : Toinette et même Argan se révèlent être de meilleurs médecins que les
professionnels !

F) Le théâtre dans le théâtre

On peut noter que cette oeuvre est une pièce de théâtre dans une pièce de théâtre. Cette mise en abîme se
manifeste par les apparitions de Toinette, la domestique qui orchestre un certain nombre de situations. Elle
fait notamment simuler la mort d’Argan pour permettre de démasquer le caractère vénal de sa femme Béline
et ainsi révéler la loyauté de sa lle Angélique.

Béralde joue également un rôle d’organisateur de spectacles, comme s’il était lui-même metteur en scène.
Pour cela il introduit les danseurs auprès d’Argan lorsqu’il fait face à un épisode de colère en annonçant :
« Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera votre chagrin. »

Ce procédé de mise en abîme permet de souligner les défauts de l’homme en accentuant le comique. Celui-ci
permet de conférer davantage de légèreté, dédramatiser par le mécanisme « placere, docere » = « plaire et
instruire ».

G) Citations

• « Presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies. » Acte III, scène
3.
• « Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine. » Acte III, scène 3.
• « Je ne vois rien de plus ridicule, qu’un homme qui veut se mêler d’en guérir un autre » Acte III,
scène 3.
• « Il en est comme de ces beaux songes qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir
crus. » Acte III, scène 3.

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