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Maître du naturalisme (1878-1885)

En 1878, grâce au succès de L'Assommoir, Zola s'offre cette maison de campagne à Médan, qu'il ne
cessera d'embellir.

Observateur des hommes et des faits de son temps dans ses romans, Zola n'a cessé de
s'engager dans des causes sociales, artistiques ou littéraires qui lui semblent justes, sans jamais
faire de politique. Le personnel politique lui semble suspect et, avant l'affaire Dreyfus, il n'aura
pas d'amis dans ce mondeN 15. Républicain convaincu, il s'engage tôt dans un combat contre
l'Empire. Les premiers romans du cycle des Rougon-Macquart ont ainsi une visée à la fois
satirique et politiqueN 16. Aussi, la censure dont il est l'objet dès 1871 avec La Curée, au retour de
la République, le déçoit-elle profondément. Mais il reste fervent républicain, la république étant
pour lui « le seul gouvernement juste et possible32 ».

Caricature de Sapeck (1880) illustrant « l'immoralité perçue du projet littéraire de Zola, son aspiration à


devenir un homme de lettres respecté et son succès dans la corruption d'élèves consentants 33 ».

Cette période, qui marque le début d'une certaine reconnaissance professionnelle, est assombrie
par plusieurs événements dans la vie d'Émile Zola. L'année 1880 est à ce titre une année très
difficile pour l'écrivain. Les décès d'Edmond DurantyN 17, mais surtout de Gustave
Flaubert terrassé par une attaque, atteignent profondément le romancier. Ces disparitions, qui se
conjuguent avec la perte de sa mère à la fin de la même année, plongent durablement Zola dans
la dépression. En 1881, parvenu à l'autonomie financière grâce à la publication régulière
des Rougon-Macquart, il cesse son travail de journaliste. À cette occasion, il publie des
« adieux34 » dans lesquels il dresse un bilan de quinze années de combat dans la presse. Il ne
reprend la plume du journaliste, hormis quelques interventions çà et là, qu'à l'occasion de l'affaire
Dreyfus en 1897, principalement au Figaro et à L'Aurore. Mais il reste reporter dans l'âme :
l'intrigue de Germinal s'inspire des rencontres avec des mineurs et décrit
minutieusement l'envolée des actions minières en Bourse de Lille35.
Médan : Émile Zola à sa table de travail, un « immense cabinet tendu d'immenses tapisseries, encombré de
meubles de tous les temps et de tous les pays »36 (eau forte de Fernand Desmoulin37, 1887).

Un des atouts de Zola consiste en sa force de travail et sa régularité, résumées par sa devise
qu'il a fait peindre sur la cheminée de son cabinet de travail à Médan : « Nulla dies sine lineaN
18
. » Sa vie obéit pendant plus de trente ans à un emploi du temps très strict38, bien que sa forme
ait varié dans le temps, notamment à l'époque où il conjuguait le journalisme avec l'écriture de
romansN 19. En général, à Médan, après un lever à sept heures, une rapide collation et une
promenade d'une demi-heure en bord de Seine avec son chien Pinpin, il enchaîne sa première
séance de travail, qui s'étend sur environ quatre heures, et produit cinq pages N 20. L'après-midi est
consacré à la lecture et à la correspondance, qui tient une large place chez Zola. À la fin de sa
vie, il modifie cet ordre immuable pour consacrer plus de temps à ses enfants, les après-midi,
reportant une partie de ses activités en soirée et dans la nuit.

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