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A la difference de 1a romanite occi-
dentale, qt. i a ubi d influ nces ger-
maniques tarabe , mai a mi eux re-
. i te, re tant plu homogene, la roma-
nite ori ntale a du affronterunepre ion
beaucoup plu forte, fai ant pla c des
coloni ations ma i es d'origine g rma-
nic;u , la\ e, magyare ou turque, 'tant
parti llement di loquee t ' mi cttec t
perdant son unite ini tialc. pr ce u
historique a u pour resultat la gen
des peuples et des langu mod rn
de celte partie de l'Europe t il repre-
ente une etape particuli ' r m nt im por-
tan t pour la recherche sci ntifiqu , un
compl xe riche n action t interactio
nom breu es , une entite p' ifique, sou-
vcnt difficile a pour ui re et a xplici-
te r, vu le rn anque d our es d'informa-
tion , mai d'aut ant plus attra tive et
nstru tiv .

ISDN 973-27-0342-3

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LA ROMANITE
DANS
LE SUD-EST DE L'EUROPE

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H. M IH Ă ESC U

LA ROMANITE
DANS
LE SUD-EST DE L'EUROPE

EDITURA ACADEMIEI ROMÂNE


1993

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Traduit du roumain par
Cirenşa Gr<'erseu

ISBN 97 3-27-03"12-3

EDI'lTH..\ ACADEMIEI ROMÂ~E


R - 79717, Bucureşti, Calea \"ictoriei 125

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TABLE DES MATIERES

PREFACE 9

I. INTRODUCTIOX, §§ 1- H 13

]]. LES ELEMENTS LATINS DE LA LANGl.'E AlJIANAISE 24

§§ 15- 19 Historique de la recherche, 24; §§ 20-25 Chronologie et stra-


tigraphie, 27; §§ 26-27 Elements la.tins conser'1es en albanais, en rou-
main et en Occident, 32; § § 28- 31 Elements la tins conserves en
albanais et en Occident, 44; §§ 32-37 Elements )atins consenes en
albanais et en roumain, 51; §§ 38-'10 Elcments !atins conserves seule-
ment en albanais, 58; §§ '11-42 Elements la.tins conserves dans l'ono-
mastique et surtout dans la toponymie, 63; § § '13- '14 Influence latine
sur la structure grammaticale, 65; § § 45 Conclusions sur l'in-
fluence latine en albanais, 66; §§ 46-57 Les ancetres des Albanais
et la culture romaine, 67; §§ 58-69 Opinions sur la patrie primitive
des Albanais, 78; § 70 Elements grecs anciens en albanais, 88; § § 71-
73 Rapports avec les Dalmates et les Slaves, 89; § 74 Conclusions, 90.

III. LA LANtiUE DAJ,MATE 91

§§ 75- 76 Aper'~u historique, 91; § 77 Sources d'information et perio-


disation, 93; §§ 78- 79 Vocalisme, 95; § 80 Consonantisme, 98;
§§ 81-87 Morphologie, 99; § 88 L'ordre des mots, 10'1; §§ 89-90 Le
le:ll:ique: Leş: mots les plus usuels, 105; § 91 lchtyologie, l 08; § 92 Edifices,
for~iHcations, art militaire, routes, 111 ; § § 93- 9'1 Choix des mots, 112;
§ 95 Flore et faune, 115; § 96 Nourritme, instruments de travail, 116; § 97
Vetements, chaussures, logement, eclairage, 117; § 98 Echanges, recipients,
poids et mesures, 119; §§ 99-100 Vie intellectuelle, coutumes, religion,
calendrier, 120; § 101 Elements grecs, 122; § 102 Elements germaniques et
sla ./es, 125: § 103 Rapports linguistiques dalmato-albano-roumains, 126;
§ 104 Rapports avec l'Italie, l'lstrie et les regions alpines, 128.

IV. LA IANGUE LATIJ\E EN ISTIUE, EN SLO\IENJE ET El\" l'A~XOl\IE 131

§§ 105-106 Aper~u historique, 131; § 107 Vocalisme, 133; § 108 Conso-


nantisme, 134; §§ 109- 11'1 ~forphol-Ogie, 136; § 116 Adverbes, pre-
positions, conjonctions, HI; § 116 L'ordre des mots, 142; § 117 Le lexi-
que elementaire, 143; § 118 La flore et la faune, 144; § 119 Les par-
ties du corps, 145; § 120 Agriculture, 146; § 121 Economie domesti-
que, 147; § 122 Parente, relations sociales, 148; § 123 Religion, calen-
drier, 149; § 124 Elements germaniques, 150; § 125 Convergences et

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6

divergences istriano-roumaines, 150; §§ 126-127 La romanite en Slo-


venie et en Pannonie, 152: § 128 La frontiere entre la. Romania ori-
entale et la Romania occidentale, 155.

\r. DU LATIX AU ROUIL\I!\"

§§ 129-133 Aperi;:u historique, 157; §§ 134-135 Phonetique, 162; §§ 1.57


136- 1-45 ~lorphologie, 165: § 146 Le lexique: generalites, 176; §§ 147-
151 ~fonde, ciel, atmosphere, temperature (climat). 177: §§ 152- 155
E;;pa:e, temps. quantite, qualite, 182: §Ş 156- 158 La terre, le relief, les
minerais, les metaux, l'eau, 186; §§ 159-163 Flore (sau·1age). 192; §§
16-l -167 La faune (excc>ptant Ies betes domestiques) 198; §§ 168-171
Les parties du corps humain, 20-i; §§ 172- l "."8 Xaissance, existence,
mort, fonctions ·1itales, 2i'l; §§ 179-181 Sens (fonctions des organes sen-
soriels), sens:itions, couleurs, forme, aspect, 226: §§ 182- 186 Intellect,
sentiments, ·1olonte, langue, c1ractere, 230; § § 187- 189 Nourriture,
br,issons, recipients, 239; §§ 190-192 Vetements; chaussures: paru-
rcs; hygiene, 244; §§ 193- 19i Habitation: chauffage, eclairage, 251 ; §§
195-19) Agriculture, ele·1age 256; §§ 200-201 Vie pastorale; chasse;
apiculture, 266; ;§ 202 M:etiers, 270; §§ 203-204 Familie; pa.rente;
Cducation-instruction,271; § 205 \"ie so;;iale; culture; loisirs, 276: §§ 206-
207 Transports; frhanges commerciaux; economie, 279; §§ 208-209
Administration publique: droit, 284; §§ 210-211 Deîense, armes,
c:-uerre, 290; §§ 212-216 :Magie, religion, fetes, calendrier, 294; § 217
Remarqucs, 303: §§ 218-228 Elements thraco-daces de la langue rou-
maine, JO~; §§ 229-2]) Elc:nents d'origine ill~•ro-epirote, ~recqne
(ancienne), germanique et a·1are dans le latin du Sud-Est de !'Europe,
Jl'J: §§ 23~-2i0 Elements rouma.ins empruntes du vieux sl:ne, 323;
ާ 2-11-24.2 La lan;;ue roumaine apres le xe siecle, 331.

VI. L.\ LlT rEn \TURE D\'Z \ \'Tl~E. sounr:E nE CQ\'\".\ISS.\XCE DU 1..\TIN
\'ULG.\IRE . . • • . . . . . • • . . • • • • . • • • • • • • • • • • • 334

§§243-2i5Historiquedelared1erche, 334; §§246-249 Lalangue latine


et la langue grecque dans le Su,1-Est de l'Europe, 337; §§ 250-252
Prob1emes de methodologie: raccent, 343; §Ş 253-2.56 Vocalisme, 348;
§§ 257-.261 Consonantisme, 352; §§26.2-263 Morphologie, 357; §§
26-4-26.5 L~ lexique: generalitc.-. 359; § 266 Terminologie militaire.
:--lotions generales, 361: §§ 26'.'-.277 Recrutement et cquipement de l'ar-
mec, 363; §§ 278-282 l\loyens de transport, 373: §§ 283-289
Armes, 378; §§ 290-295 Organisation de l'armee, .384: §§ 296-298
Gardes et suneillance, 392; § § 299-300 Promotion, grades, 395; §
301 Drap<!<J.UX ct enseignes, 397; §§ 302-305 Strategie, 399; §§ 306-
307 Recompenses et châtiments, 402; § 308 lnstruments de signalisa-
tion, 405; §§ 309-313 Campement et fortifications, :406; §§ 3H-
316 Routes et voies de communication, 411; ާ 317- 319 Tcrmes de
commandement ou commandes, 414; §§ 320-328 Torna, torna, fratre, 420.

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7

VII. LES ELE:\IEI\"TS LATII\"S DES LAI\"GUES SLA\.ES lfERIDIOl\AlES . . . . 430

§ 329 Les debuts de l'inf!uence latine sur les langucs slaves, 430; § 330
Historique de la recherche, 430; §§ 331-335 La methodologie de la re-
cherche, "'133; §§ 336-351 La tcrmir.ologie chretirnne, "'135; §§ 352-
361 La terminologie des croyances et coutumes populaires, 448; §§
362- 376 La terminologie de la culture materielle, 455; § 377 Termes
latins ou dalmates en serbocroate, 464; § § 378- 384 Generalites sur les
termcs d'origine latine des langues sla·1es meridionales, 465.

VIII. C0'1CLUSIO~S, §§ 385-393 471


A breviations 481
Bibliographie ·. '133
Index:
a) Auteurs modernes '191
b) Formes et mots '194
Listes des cartes . . . . 600

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PREFACE

En 1978, risultat de la collaboration entre les Editions de l'Acadimie


Roumaine et la S ocieti d' edition • Les Belles Lettres », H. 111ihăesw avait la
satisfaction de voir sortir de sous presse, sa-ns le
moindre retard et dans les meil-
leures conditions graphiques, le texte integral de son livre La langue latine dans
le Sud-Est de !'Europe. Il s'agissait d'une nouvelle version, mise a jour et
sensiblement augmentie, surtout par l' adjonction d'im grand chapitre sur
«La diffusion de la langue latine dans le Sud-Est de l' Europe» de son ouvrage
anterieur Limba latină în provinciile dunărene ale Imperiului Ro:rr.an (La
langue latine dans les provinces danubiennes de l' Empire romain), Bucarest,
1960.
L' accueil reservi a cette noitvelle version, ainsi que les donnies et les ma-
tiriaux non utilises auparavant oit nouvellement acquis, les suggeshcns et le
nouveaux points de vue suscites par l' etude de ces donnies et matiriau x on
incite l'auteur de projeter une deuxieme edition franfaise de son livre, revue
et augmentee. J.11ais, son intention etait de poursuivre, au prealable, ce pano-
rama du latin epanoui dans le Sud-Est de l'Europe, en passant des donnies
fournies par les sources antiques (inscriptions, textes littiraires, « itineraria
antiqua »), di ja utilise es dans l' ouvrage susmentionni, a celles offcrtes par les
survivances du latin dans cette partie de notre continent (les deux langues ro-
manes, le dalmate et le roumain, ainsi que les eliments latins de l' albanais, du
grec byzantin et du neo-grec, tout comme ceux du slovene, du serbocroate et du
bulgare). Un tel travail lui permettait d' aboutir a une synthese d' envergure,
unique a sa maniere, englobant certains aspects essentiels pour la comprihension
de l' histoire des langues et de la civilisation d' une zone geographique qu' il con-
sidirait, partant de l' etude de plus de 20 OOO inscriptions latines et de l' hiritage
latin releve dans les langues de cette rigion, comme l'un des quatre principaux
piliirs de la romaniti dans son ensemble.
},falheureusement, le savant ne put mener a bonne fin ce pro jet si pre-
cieux pour la science: la mort est venue le frapper de fafon imprh:isible au
cours du mois de fevrier du nefaste hiver de 1985.
Sur sa table de travail restait inaclzevie une derniere page nzanuscrite:
les lignes finales du deuxieme paragraphe du sous-chapitre sur le lexique,
integre dans le grand chapitre intituli «Du latin au rounzain ». jusqu' a ce mo-
ment-la, ait prix d'efforts assidus, H. J.lfihăescu avait, toutefois, deja ridige
la majeure partie de son ouvrage, c' est-a-dire les chapitres suivants: I. Intro-
duction; II. Les elements latins de la langue albanaise; III. La langue dal-
mate; IV. La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie; VI. La
litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire.
Pour ce qui est du chapitre V. Du latin au roumain, l'auteur en avait
deja redige les sous-chapitres sur la phonetique et la morplwlogie, en entarnant
aussi celui qui se rapportait au lexique. Conformime11t a snn plan de travail,
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10 H. ~li hăc:>~u

les chapitres VII. Les elements latins des langues slaves meridionales et VIII.
Conclusions devaient parachever l'ounage.
Afin que celte remarquable entreprise commencie et mm/c si loin par
H. Jfihăescu ne soit pas perdue; afin qu'u11e sy11tlzese d'une telle i111f1orta11ce
par s.i 11ouvea11ti, son utiliti et ses dimmsio11s, fruit du labenr et de la pensie
de tant de longues a1111ies ne reste pas en fin de compte, bien quc si proche de
so11 p,!racltevement, 11n simple projct ci mettre en amvre on ne sait qzrnnd et oz't;
afin qn' au moi ns arrii 1ies a ce poi:nt-la les choses ne restent pas e11tiereme11t
au gri des circonsta11ces et du desN11, lfs aute11rs de celte Preface, G. Ivănesctt
(l'u11 de ses vieux amis) et Doru .Uihăescu ( son f ils) 011t assmne la tâche dif-
ficile de continuer et achever le travail. Ce pcndcmt que Doru Jf iluiescu a pris
la reki,1e en continuant le sous-chapitre sur le le xique d' origine latine hiriti par
la la11gue roumainc, ainsi qu'en dressa11t /'Index et la Bibliographie de ce livre,
G. Ivănescu a ecrit les sous-chapitres qui traz'.te11t des clbnents autochtones, vieux-
slavcs et d' m.itres origines du roumain, de mcme que le clwpitre portant sitr les
eliments latins des langucs slaves miridionalcs. La redaction du sous-chapitre
sur le lexique d' origine latine en. roumain et celle du chapitre portant sur les
elimmts /atins des langues slaves miridionales reposent sur le matiriel prepari
par l'auteur. D'autre part, G. IvJ11esrn di:sposait deja d'11ne co11tribution qu'il
avait icrite preccdemment sur les iliments /atins et roumains releves dans les
langues slaves miridio11ales, contribution qu'il a reprise ct enrichie grâce aux
matiriaux rcunis par II. Milti'iescu. En outre, s'it1rnt avere impossible de se-
parer lcs eliments lati11s des /clngues slaves mirid1:onales des eliments /atins
entres dans les langues slaves du nord, Mritieres elles aussi d' iliments latins
du S1td-Est europem, il a fallu tenir compte de ce genre d'empruuts, sans qu'on
ait eu a faire mention du phinomene dans le titre meme du cliapitre respectif;
celui-ci est, m effet, demeuri inchange, puisque la grande majoriti du matiriel
etudii SC rapporte a11x langues slavcs miridionales. Pricisons a ce propos que
dans ce cas-la, tout comme en gi1ieral du rcste, les mots des langues apparenties
avec celles directement concernies par cel ouvrage, 1110/s me11tiom1es pour rendre
plus i1itelligible la situation du Sua-Est e1tropcm dans un contexte plus vaste,
ne s'accompagne11t pas toujours d'explications sur leur ancienneti ou leur dis-
tribution dialectale.
Quant aux Conclusions d1t livre, mms avons estime que la meilleure solu-
tion itait de reproduire sous cc.: titre presque integralcment deux contributions
de H. Mihăescu sur la romanite sud-est europeenne, elabories a l'epoque ou
l'crnteur avait deja redige 1me partie du prisent om.•rage, alors que son materiei
etait ent1:eremmt reuni et quc sa vision d'e11scmble etait sansdoute cristallisee. Il
s'agit de ses Remarques sur la romanite du Sud-Est de l'Europe (14Zbornik it
cast Petrzt Skoku »,Zagreb, 1985, p. 325-330) et Romanitatea din Sud-Estul
Europei («Memoriile Secţiei de Ştiinţe Filologice, Literatură şi Arte », seria a
IV-a, t. VI, 7984, Bucureşti:, 7985, p. 725-729).
E n acltevant le travail de H. lvf ihăescu, notts avo ns tâchi de respecter
non seulement son plan general, mais aussi, dans la mesure du possible, ses
idies et conceptions, telles qu'ellcs se degagent du texte deja ridige par lui et
de la documentation reunie par ses soins pour l' ouvrage tout entier, ainsi que
de ses ctudes et articles pnblies auparavant. Le propos des signataires de ces
lignes fut d' affecter le moi ns possible l'unite de l' oztvrage; procider de la sorte
ne leur a pas sembli, d' ailleurs, difficile car ils partagent les theses de l' auteur
et considerent le plan dresse par lui comme parfaitement confu. Ce plan vise
la presentation suivant uii ordre cltronologique des faits, a commencer par les

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Preface 11

eliments ·latins de l' albanais, la langue dalmate et le dialecte istrien et jusqu' aux
eliments latins des langues slaves meridionales, en se rapportant sans cesse a
des aires plus vastes, pour abou(.ir a une meilleure integration deces eliments
dans le temps et dans l'espace. .
Vu l'intention de l'a11tc11r d'ejouter a cc lirre sept cartcs, 1lOUS a-uons
insire dans le volume les cartes que nous avons jugecs les plus aptes a micux
illustrer son con tenu. Trois des cartcs en question sont reproduites d' apres celles
deja pubZiees par H. 1-U ihăcscu, a sa·voir: les cartcs des provinces sud-est euro-
peennes aux 1er-111e sieclcs et aux IVe-Vl' siecles, publiees dans La langue
latine dans le Sud-Est de !'Europe ( p. 43 et 48) et celle du territofre de langue
latine du Sud-Est de l' Europe, parue dans l' ouvrage Limba latină în provinciile
dunărene ale Imperiului Roman (carte n° 3). Dans le cas de cettc derniere carte,
tious nous sommes permis d' a jouter une quatrieme ligne de de11wrcaf1"on mtre
les inscriptions latines et grecques (ligne qui rejlete la situation actuelle et qui
tient cornpte, comme de juste, de la preseance sur des amplcs espaccs de l'une ou
de l' autre des categories d' inscripho11s, sans s' arreter aux situat1'011s partfruheres
du genre des enclaves locales, comme, par exemple, lcs îlots latins de NI aced01"ne
et meme d'Achaie et d'Epire ou les îlots grecs de .iYfropolis ad lstrum, !Yf ar-
cianopolis oit des anciennes colonies grecques du nord du littoral occidrntal de
la Mer Noire (Odessos, Callatis, Tomis, etc., voir H. Nlihăescu, Lg. lat., p.
74-86, 147, 150, 151, 152, 153), ainsi que la frgne delimitant la romanite
occidentale de la romanite sud-est europeenne, telles qu' elles resultent des ouvrages
cites de H. Mihăescu, ainsi que du present ouvrage. Les quatre autres cartes ont
ete dressees par nos soins, en nous fondant sur les cartes et les sources d'injor-
mation mentionnees dans la liste finale.
Il est a supposer que l' auteur aurait aime a 'dedier son livre ( comme il
l' avait fait des deux versions consacrees a la langue latine) a la memoire de son
maître, le professeur Alexandru Philipp1"de de l'Um'i•ersite de I aşi (1859-1933 ).
Ce n'est qu'une supposition, mais de toute fa~on il nous est interdit de le faire
en son norn. Ce que nous pouvons jaire, cn re·uanche, c'est de considirer 11otre
contribution au present 'i.:olume comme un premier et modeste hommage au sou-
venir du, pere excellent, de l' ami d' exception, du distingue et injatigable erudit
qui fut le projesseur Haralambie li1 ihăescu.
fcvrier 1987 G. IVĂNESCU, DORU MIHĂESCU

*
Avant que le texte integral du present ouvrage soit envoyc sous presse,
le projesseur G. Ivănescu s'est etei"nt lui aussi {t Iaşi.
Le destin et les circonstances firent q11e Ies vies des dcux amis, a1l(icns
etudiants et cnsU1.te projesseurs a l' Universdc de I aşi, rcstent a jamais liees,
pendant les beaitx jours prosperes tout comme pendant les lzeurcs desolics, et
cela bicn qu'a un moment donnc, pour des raisons independantesde leur volante,
ils aient developpe leur actit•ite scient(fique da11s d' autres villes roumai"nes, en
tant que representants illustres de la prestigieuse ecole de linguistique do11t
la capitale moldave s' enorguiellissait a l' epoque.
Quelques mots encore pour remercier tous ceux qui par leur travail, leur
pensee ou leur parole ( et parfois de la f aţon la plus originale) nous ont appuye
et encourage au cours de ces annees, guere faciles, consacrees al' achei•ement
de cette entreprise.

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12 H. Mihăescu

N ous avons a cceur de remercier tou,t partiCttli~rement ~M. Andrei Avram,


de l'Institut de Pltonihque et Di"alectolog1:e <(Alexandru Rosetti» de !'Academie
Roumaine qui, avec une rare solliciti.tde, a eu l' obt1:geance de lire la totahte de
ce manuscrit, en nous faisant part de toute tuie serie de suggestio11s et de
remarques com pitentes.

mai 1988 D.1\f.

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I. IXTRODUCTION

1. Dans le territoire romanise du Sud-Est de l'Europe, territoire com-


pris entre la Mer Adriatique, le Danube, le nord de la Dacie, le Pont Euxin
et la J\olacedoine, pres de 21.000 inscriptions latines ont ete decouvertes,
ainsi que de nombreuses autres traces de la culture romaine, d'une richesse
et d'une variete impressionnantes. A quelques exceptions pres, la domination
romaine a dure dans ces regions plus d'un demi-millenaire; puis, dans le
cadre favorable de l'Empire byzantin, la culture romaine a persiste encore
presque miile ans, jusqu'a la conquete de Constantinople par Ies Turcs en
1453 et meme au-dela de ce terme. Le territoire romanise du Sud-Est de l'Eu-
rope formait un ensemble geographique d'environ 500.000 km 2 , comparable
comme superficie a la Gaule et a la Peninsule Iberique, plus vaste que
l'Italie. La langue latine parlee dans cet espace a donne naissance a deux
langues roma nes: le dalmate et le roumain. Elle a puissamment influence
la langue grecque de l'Empire byzantin et a laisse des traces profondes dans
toutes les langues des· Balkans, c'est-a-dire l'albanais, le serbo-croate, le
bulgare, le neo-grec et meme, indirectement, dans la langue turque. Toute
recherche scientifique concernant le Sud-Est de l'Europe est inconcevable
sans la connaissance du latin et, vice versa, l'etude des langues du Sud-Est
europeen aide a une connaissance plus approfondie du latin. Ainsi, pour
connaître la langue latine de cette partie de notre continent, on dispose de
deux categories de sources: 1. Ies 5ources antiques (textcs, inscriptions, iti-
neraires); 2. les langues modernes du Sud-Est de l'Europe.
Nous traiterons brievement des sources antiques, de la romanisation
et du sort de la langue latine dans le Sud-Est de l'Europe jusqu'au debut du
vne siecle, c'est-a-dire jusqu'a la penetration des Slaves dans la Peninsule
Balkanique. Les Romains ont conquis le Sud-Est europeen peu a peu et non
sans grandes difficultes dans un intervallc d'environ trois cents ans, de 200
a.v.n.e. a 106 n.e.; ils y ont organise plusieurs provinces, a savoir - du sud
au nord et de l'ouest a l'est - la Macedoine (aujourd'hui la Grece du nord,
le sud de la Yougoslavie et l'Albanie), la Dalmatie (l'ouest de la. Yougoslavie),
la Pannonie (a.ujourd'hui l'est de l'Autriche et la Hongrie), la Mesie (l'est de
la Y ougoslavie, le nord de la Bulgarie et le sud-est de la Roumanie), la Thrace
(le sud de la Bulgarie et la Turquie d'Europe), la Dacie enfin (l'ouest de la
Roumanie). Cet ensemble geographique etait une zone de liaison et de pas-
sage entre l' Asie Mineure et l'Italic, entre le Pont Euxin et la Germanie,
la Gaule et l'Espagne. Malheureusement, on ne dispose pas d'un expose com-
petent et complet sur la romanisation du Sud-Est de l'Europe, ni d'unc mo-
nographie consistante sur les traces du latin dans les langues sud-est euro-
peennes. Ce fait rend plus difficiles les recherches et nous empeche dans une
certaine mesure d'avoir une image d'ensemble tant soit peu complete de la
romanite orientale.

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il.4 H. Mihăescu

2. On dispose de nombreuses sources ecrites pour la connaissance du


latin du Sud-Est de !'Europe: Ies ceunes litteraires de sept ecrivains locaux
et Ies inscriptions latines. En outre, Ies intineraires antiques renferment un
grand nombre de noms de localites, qui contribuent egalement a la connais-
sance du latin de ces regions. L'etude de ces sources a montre toutefois que
ce latin differait fort peu de la langue des inscriptions ct des tcxtes des au-
tres pro,·inces de l'Empire romain: sur d'immenses espaces - de Bretagne
a l'Euphrate, de. Gen~1z:nie a_ l'Egypte-:- c,e sont presq~e Ies m~mes p~e­
nomenes ou les memes mnovat10ns, sans d1ffercnces essenhelles, qm appara1s-
sent dans les inscriptions et ks textes antiques. II existait par consequent
une relative unite linguistique, qui corrcspondait a l'unite politique de l'Em-
pire romain; aussi ne nous aide-t-clle que dans une faible mesure a cornpren-
dre ct a cxpliqucr la din·rsite extreme des langues et des diakctes romans
d'aujourd'hui. Par consequent, lcs inscriptions et lrs textes latins du Sud-Est
de !'Europe n'offrent quc peu de donnees permettant de detcrrniner la posi-
tion ct Ies caractere:-; du dalmate ct du roumain dans l'ensemble des langues
romancs ...\ un aut re point de n1e cependant, a savoir sous le rapport geo-
graphique ct culturcl, les inscriptions sont d'nne valeur particuliere et con-
trihuent substantiellemcnt a l'etudc de l'ethnogenese des Rounnins, des
.\lbanais et des Slans du sud. Cest pourquoi il est nfressairc que nous expa-
sions brihcnwnt kur diffusion dans ks Etats actucls d' ..\utriche, Hongrie.
Yougoslavic, :\lhani1', Crecc, Bulgarie et Houmanie.
3. Les inscriptions latines se trouvcnt en grand nombrc sur la câte
de l'Adriatiquc et dans la vallec du Danube, de Passau au Pont Euxin. Elles
devicnnent de plus cn plus rares a mesure que l'on se dirige vers le sud.
La frontiere approximatin• cntre Ies inscriptions latines et grecques commen-
c;ait a Apnllonie (;i,ujourd'hui Pojan, pres de Fieri, an sud du port <le Durres =
!Jurazzo, I )~Trachium, m Albanic) et allait n•rs l't·st jusqu'au lac Prespa.
La zone situec au sud de cC'ttc ligne jusqu'aux localites de Vlora (\'alona) et
Kon~a (l\:orica) etait mixte, c'est-a-dire qu'ellc avait des inscriptions latines
et grecques. La lignc de separat ion continuait dcpuis le lac Prespa, Yers }'est.
le long dl·s monts Balbns (Stara Pl<mina), jusqu'a la ville d'Odessus (Vama),
situe•' sur la cote <lu Pont Euxin 1 . Par consequent, c'est le nord seulernent
de la Peninsule Balkanique gui aY(lit des inscriptions latines, alors que le
sud de la peninsuk comptait presque exclusiYcment des inscriptions grec-
ques. Cependant, ]a frontiere entrc Ies inscriptions latines et grecques n'e-
tait pas une frontiere ethnique, mais une ligne de demarcation approxima-
tive entre deux alphalwts et deux cultures. Entre la massc grecque du sud
et la population latinophone du nord il s'est maintenu longternps une mino-
rite thrace, illyrienne ou celte, qui a cmpeche Ies contacts directs entre la
culture grccque du sud ct ia culture romaine du nord de la peninsule. Le
fait que la langue latine n'a pas pu s'cnraciner dans Ies regions de langue
grecque du sud de la Peninsule Balkanique s'expliquc non seulement par la
superiorite de la ci,·ilisation hellenique, mais aussi par la circonstance que
la Grece n'est jamais cleYenue une zone de frontiere, impliquant une concen-
tration continue de troupes romaines. La presence de populations alloglosses

1 A l'exception de la zone mixtC' du ~ud de> l'Albanie et d'une airr. restreinte (un coin)
du sud-ouest <le la Yougosla·1ic, cette frontiere approximati·1e suit la frontiere ele Petar
Skok (voir ci-.dessous § 249).

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Introduction 15

entre le territoire de langue latine du nord et celui de langue grecque du sud


est confirmee, d'une part, par Ies nombrcux noms proprcs d'origine thrace
ou illyrienne des inscriptions tant latines que grecques et, d'autre part, par
le tres petit nombre d'hellenismes existant dans la langue roumaine. Selon
le dictionnaire de W. Meyer-Liibke, dans Ies langues romanes occidentales,
il existe environ 500 hellenismes, alors que dans la langue roumaine il n'en
existe que 50. Sur ces 50 elements grecs du roumain, 40 sont entres par l'in-
termediaire du latin et 10 directement, lesquels n' existent pas dans Ies lan-
gues occidentales. Par consequent, le grec ancien a peu influence le latin
qui est a la base de la langue roumaine. Le fai t s' explique, ainsi que nous
l'avons deja mentionne, par le manque de contacts directs entre Ies deux
domaines linguistiques. Dans la zone du milieu de la Peninsule Balkanique,
c'est-a-dire entre la population romanisee et la population grecque, Ies popu-
lations autochtones se sont maintenues plus longtemps; la masse du peuple
y parlait le thrace, l'illyrien ou le celte, tandis que Ies couches superieures
employaient l'une ou l'autre des grandes langues de culture du temps: le
grec ou le latin. En general, on peut <lire que la ou la romanisation n'a pu
penetrer plus profondement, les langues thrace et illyrienne ont mieux
resiste; elles etaient encore en usage apres l'arrivee des Slaves. L' element
autochtone s'est maintenu jusqu'a ce jour dans la langue albanaise.
4. Le latin s'est repandu petit a petit dans Ies villes comme a la cam-
pagne, alors que le thrace et l'illyrien ont persiste surtout dans Ies regions
isolees et montagneuses. Il nous est possible dans une certaine mesure de
reconstituer la diffusion de la langue latine par l'etude des vestiges archeolo-
giques et des inscriptions. On a decouvert jusqu'a present dans lcs anciennes
provinces romaines du Sud-Est de !'Europe en\'iron 21 OOO inscriptions la-
tines, dont Ies plus nombreuses se trouvent en Dalmatie (8500) et Ies moins
nombreuses en Thrace (environ 200). Sur le tcrritoirc actuel de l'Autriche,
en dehors de l'espace sud-est europeen, on en corupte environ 5000, c'est-a-
dire deux fois plus qu'en Dacie. Le territoire du Sud-Est de !'Europe peut
etre di vise en quatre grandes regions geographiques: a) la Dalmatie occiden-
tale, a\'ec 8000 inscriptions; b) le bassin du Moyen-Danube (Autriche orien-
tale et Hongrie), a \'ec 7200 inscriptions; c) le bassin inf erieur du Danube
(Serbie, Bulgarie et Roumanie), avcc 5000 inscriptions; d) le sud (c'est-a-dire
la Macedoine et la Thrace), avec 800 inscriptions. A noter que le groupe le
plus nombreux se trou\'e en Dalmatie occidentale, suivi dans l'ordre par le
bassin moyen du Danube, le bassin inferieur du meme fleuve et, enfin, par
la Macedoine et la Thrace. Le premier nous revelera Ies sources de la langue
dalmate, le troisieme celles de la langues roumaine, le quatrieme Ies elements
latins de l'albanais.
Le bassin moyen du Danube, qui a line un grand nombre d'inscrip-
tions latines, n' est plus aujourd'hui un territoire roman. Ce fait nous oblige
a etre plus prudents quand nous cssayons de tirer certaines conclusions de
la diffusion des inscriptions la tines: il ne faut pas oublier que la plupart
proviennent des trois premiers siecles de notre ere, c'est-a-dire de l'epoque
d'expansion maximum de l'Empire romain. Elles apparaissent surtout dans
Ies villes et dans Ies centres militaires situes le long du limes romain. La vie
<lcs peuples Hait toutefois en perpetue! mouvement. Apres le IVe siecle, il
s'est produit dans toute !'Europe des modifications ethniques fondamenta-

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16 H. ~Iihăescu

Ies, qui se sont averees decisives pour la naissance des langues romanes. Mal-
heureusement, nous disposons de trop peu de sources tant ecrites que non
ecrites pour l'Europe du sud-est aux Vlle-xe siecles, ce qui explique ~es
difficultes que nous rencontrons dans l'etude de l'ethnogenese des Roumam_s
et des Albanais. C'est pourquoi une monographie d'ensemble sur la romam-
sation et la sun·i\·ance de la langue latine dans ces regions peut suppleer
la carence des sources historiqucs.
5. Tâchons maintenant d'esquisser brievement le processus de roma-
nisation a partir de la diffusion des inscriptions latines. La zone de cOte de
la Dalmatic comprise cntre Tcrgeste (Trieste) et la bouche du Drin a tou-
jours ete en relations etroites a\'ec l'ltalie. Les Alpes Dinariques la separaient
de la partie orientale de la Peninsule Balkanique, cependant que la )fer Adria-
tique la rapprochait du monde grec et de l'Europc centrale. La cOte dalmate
etait toumee \'ers !'Occident el ellc a appartenu pendant un certain temps
a l'Empire d'Occident. Sur Ies pres de 8000 inscriptions qui s'y trou\'ent,
plus de 7000 sont situecs sur la câte et dans Ies iles; le reste a ete decouwrt
dans J'interieur des terres ct sur une bande etroitc le long des montagnes,
mais pourtant non loin de la mer. Les localites a population romanisee de
la câte dalmate etaicnt proches Ies unes des autrcs, sur un territoire relati-
\'cmen t 1imite.
Les pro\'inn·s de :\oriquc C't de Pannonic s'etendaicnt au nord jmqu'au
Danube, tandis qu'au sud elles s'appuyaicnt sur Ies \'allfrs de la San· d de
la Uran', affluents <lu Danube. Les deux proYinccs etairnt comprises dans
le bassin du Danube et ctaicnt en liaison, d'unc part, a\"l'c l'ltalic et l'Europe
centrale, d'autrr part <l\'l'C le bassin du Bas-Danulie et l'Asic :\lincure. Sur
Ies 7200 inscriptions, prt'·s <le 3000 se trouwnt dans la partie sud ct le reste
dans la partie nord, la plupart sur la ri\'e droite du J)anubc. La rC:·partition
geographique des inscriptions est assl'Z homogenc, c'est-a-dirc qu'ellc ne
comportl' ni de ţ..rrandcs agglomerations, ni des \'idcs importants, a l't·xcep-
tion dl's zones pt~riphl'Ti<]lll'S. Les proYinccs de :\orique d de Pannoni•.' con-
\'tT;:•·aicnt n·rs le lbnube, tout ('11 st• trom·ant L'n liaison l'·troitc an·c !'Ita-
lic. Elks ctail'nt eloignecs du mond(· grec l't n'a\'aicnt pas acces a la mer.
Les loc;ilites qui ont line k plus d'inscriptions sL' trom·cnt le plus '."Ouwnt
sur le lhnulw: Aquiw11'.11 10-Buda), Carnutium (Pctroncll) et YinJobona
(\\"irn, a\·,·c \\'i('ncr \l'ustadt). Sur lt' territoire de l' ..\utrich(' on cloit mcn-
tionncr: Virunum (Zollfeld, dans Ic Steicrmark) ct )fatucaium (Trcihach,
au nord-est de Klagenfurt).
Les regions a inscriptions <lu bassin inferit·ur du Danubc compr(·naimt
un territoir~ d'em·iron 300 OOO km 2 , ayant pour axe central le grand fleu-
ve. La :\fes1c Superil'urt· colncidait a\·cc le bassin de la )for:l\"a, affluent du
pam~lw_: dk faisait la liaison cntre la )fer Egec ct la \'allec du Danube. Les
mscnpt1ons de L: :\f esic Supcricurc se repartissent de maniere egale du sud
au nord ct ont lcur centre de gra\'itation sur le Danube. La Mesie Infericure
etait compris~ entn· Ies monts Hacmus ct le Danube jusqu'au Pont Euxin;
elle const1tua1t unt' hande de tcrrain a l'agriculture florissante. Toutes Ies
riviercs de la Dacic C-taient des affluents directs ou indirccts du Danube.
Ainsi, Ies trois pro\'inces romaines de )fesie Superieurc, Mesic Inferieure et
Dacic s'appuyaient sur le Danube. Dans ces regions, le Danubc trtinTsait
un large tcrritoire de langue latine gui, au III" sieclc, s'etcndait de Scupi

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Introduction 17

(Skopje) jusqu'au-dela de Porolissum (Moigrad), dans le nord de la Dacie,


et de Sirmium (Mitrovica), le long du Danube, jusqu'au Pont Euxin. Le
Danube faisait la liaison entre le sud et le nord et n'etait en aucun cas une
barriere infranchissable. La langue roumaine est le produit d'une unite com-
pacte a cheval sur le Danube, dans la sphere des inscriptions latines du Bas-
Danube.
6. A en juger par Ies sources a natre disposition, on constate que la
structure de la langue latine cerite depuis Plaute (env. 220 av.n.e.) jusqu'au
retrait des Romains de Dacie (271), c'cst-a-dire au cours d'une periode de
presque un demi-millenairc, s'est modifiee relativement peu. ~i Ies textes,
assez nombreux, ni Ies inscriptions, decouvertes en grand nombre dans des
regions aussi etendues que lointaines, n'attestent des modifications structu-
rales importantes ou des differences essentielles d'une region a l'autre. D'autre
part, Ies resultats obtenus par l' etude comparative des langucs romanes indi-
quent l'existence d'un point de depart relativement unitaire. On n'a jamais
l'impression de se trouver en presence de modifications structurales fonda-
mentales, meme dans Ies documents Ies plus tardifs. Lie de trop pres aux mo-
deles traditionnels, le latin ecrit n'a pu se maintenir sur le pas du tc>mps
et de l'evolution spontanet. Au IX" siecle, lors de l'apparition des premiers
textfs romans, il a fallu renoncer volontairemcnt aux anciens modeles pour
pouvoir enregistrer le nouvel etat des choses. Etant donne que l'holution
structurale de la langue ecrite a ete entravee, on ne peut savoir au juste,
dans tou·s Ies details, comment s'est developpee la langue parlee dans un
complexe aussi heterogene que l'Empire romain du temps, ou agissaient
concomitamment des facteurs convergents et divergents. En ce qui nous con-
cerne, nOU:s nous effon;:ons de prendre en consideration autant que possible
Ies conditions concretes, c'est-a-dire en premier lieu Ies elements de
« temps » et d'« espace ».
7. Certains specialistes ont parle et parlent aujourd'hui encore d'un
«latin balkanique ». Selon eux, ce latin se serait developpe en tant qu'unite
differente et independante; il pourrait etre reconstitue par une comparaison
entre le dalmate, le roumain, Ies elements }atins de l'albanais, le grec medie-
val et les langues slaves meridionales. En realite, le dalmate differe conside-
rablement du roumain; certains elements la tins de l'albanais ont un caractere
plus archalque que ceux correspondants du roumain; la plupart des elements
latins de l'albanais convergent vers !'Occident. Les langues s1aves meridio-
nales ont assimile des phenomenes tardifs du latin de Ja vallee du
Danube, alors que le grec moderne a herite un Jexique si:;ecif ique par l'inter-
mediaire de la culture byzantine, lexique du en grande partic aux autorites
d'Etat et ~ l'Eglise. 11 resuite de tout ceci que l'on se trouve en prescnce de
phenomertes disparates, appartenant a des epoques e1oignecs: i]s doivent,
certes, f->tre etudies avec attention, mais ne constituent pas cl'Clements de
comparaison adequats. La notion de «latin l1a]kaniqurn est fondee sur une
simple illusion, explicable d'ailleurs, d'optique gfographique. En realite,
Ies rapports mutuels sont bien plus compliques. La langue roumaine conti-
nue la phase de la langue latine parlee aux IF et III" siecles, tandis que Ies
langues romanes occidentales, particulierement celles de l'Italie du nord et
de la Gaule, ont herite de nombreuses innovations plus recentes, qui n'ont
pas pu penetrer jusqu'en Dacic. Entre le latin qui est a la base de la langu('

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18 H. ~lihăescu

roumaine ct celui qui est a la base des langues romanes d'Occiclent il existe
un~ fente, une <li:;continuite nettc, explicable par le fait qu'il s'est infiltre
cntrc cux unc masse <.illoglosse. En echange, le latin des pro\·inces danubien-
nes ct sud-est curopcennes a maintenu le contact aYcc l'Empire byzantin,
qui a utilise le latin commc langue officicllc d'Etat jusqu'au debut du Vllc
sieck La population ronnnisee des regions du Bas-Danube a adopte un chris-
tianisme de forme latiw'. Pt non pas grecque; elle a ete en contact plus etroit
a\"ec l'administration L~:zantine et a employe des mots inconnus en Occi-
dent. Ainsi, co11;.:mtus dL·,·icnt en Occident « couvenl »; en Orient, en rou-
main w<.·i11t <1 mot, discussirm 1>, "n albanais kuvent, kuvr:nd, en neo-grec
zou~EV"t":l <1 conversation, parole, discours, langagc ». La languc roumaine,
qui s'est formee aux confins de l'empirc, a mieux conscITe la tc1minologie
militai re d'origine latine: *a11ta11ms > i11tîi «premier», ;:igilart· > 11egi1ra et
pen:igilare > priveghea <1 veiller, suITeiller », =aba > =a, pl. :ale « cuirasse ».

8. Oa a affirme quc Ies dialectcs italicns meridionaux ont plus d'affi-


nites a\·ec le roumain qu'a\"cc Ies dialectcs italicns septcntrionaux. Les ten-
tatiYes el' expliquer Ies resscmLlances entre le roumain et Ies dialectes ita-
liens meridion:mx par des contacts frequents jusqu'au debut du vue siecle
ou par une relati\•e proximite geographiquc ne sont pas satisfaisantcs: les
recherches archeologiques s'y opposcnt. Ainsi, la carte archeologique de la
Yougoslavic montre unc puissantc diffusion <le la culture romainc sur la
câte dalmate et dans la \"alle de la Save, depuis Aquilcia ct Trieste jusqu'a
Bclgrade, mais en echange n'attesk quc rclativement peu de vcstiges sur
la route la plus courte entre l'Italie du sud et la Dacic, c'est-a-dire de Dyr-
rachium (Durres, Durazzo) ct Scodra (Shkoder) a Viminacium (Kostolac)
et Ratiaria (A.rear), sur le Danube. Les inscriptions latines apparaissent fre-
quemment en Dalmatie, a l'oucst des Monts Dinariques, ainsi quc dans les
bassins de la Savc, de la Drave ct du Danubc, mais tres raremcnt, en echange,
sur la lignc directe reliant Belgrade a l' AlLanic et a l' Italic du sud. Lcur fre-
qucnce a ete determinfr par la fertilitc des hassins de la Save ct de la Dra\"C,
ProLablement qu'a l'epoque ancicnnc cettc re~ion etait plus peuplcc que Ies
regions montagneuses comprises entre Belgradc et Durres (Durazzo), ce qui
a favorise Ies allees ct \'cnues de la population, Ies echanges de marchan-
dises et les liaisons dircctcs entre l'Italie du nord et Ic bassin du Bas-Danube.
D'ailleurs, lcs itineraires antiques ct la Tabula Pcutingeriana montrcnt quc
l'une des artercs Ies plus importantes de l'Empire romain partait du Pont
Euxin, remontait la vallee du Danube, passait ensuitc dans la vallee de la
Savc, arrivait a Aquileia, suivait cnsuite les vallees du Pâ et du Rhone, pour
aboutir dans la Gaule du nord et en Bretagne. C'etait la voie la plus acces-
sible et la plus employee par les troupes, Ies autorites et les commen;ants,
celle aussi par consequent de circulation maximum de la langue latine. Les
similitudes cntre Ies dialectes italiens du sud ct le roumain s'expliquent par
le fait quc Ies deux territoires representaicnt des aires latcralcs: ils ont con-
serve des archa1smes communs, rnais n'ont pas donne naissance a d'inno-
vations p:i.ralleles communes. Une tâche importante pour Ies recherchcs a
vcnir sera de detecter, de decrire et d'cxpliquer de maniere plus detaillee
les rapports entre le roumain, Ies dialectes italiens meridion11.ux et Ies par-
lers rheto-romans.

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Introduction 19

'Ş. A en juger par son etendue et son intensite de vie, il est permis d'af-
firmc"i que la romanite sud-est europeenne constituait, a cote de l'Italie, de
la Gaule ct de l'Espagne, l'un des quatre piliers principaux de la romanite.
C' est par son territoire que passaient Ies grandes routes reliant l' Italie et
l'Europe centrale a l' Asie Minet~re et a la 1\Ier Egee; puis, a un certain mo-
ment de l'histoire, le bassin du Bas-Danube est devenu le centre de gravita-
tion de la defense romaine. Cependant, construit par eiapes, au cours de
plusicurs siecles, !'edifice de cette romanite n'etait pas uniforme, mais com-
premiit au moins six zones differentes qui sont, dans l'ordre chronologique
de leur formation, Ies suivantes: 1. la zone des elements la tins de l'albanais
qui y· ont penetre petit a petit durnnt presque huit siecles, entre la conqnet~
de la :Macedoine et la venue des Slaves; 2. le latin de la cote ct de iles de l' A-
dria'.tique' qui est a la ba se de la langu e dalmate; 3. le latin de la peninsule
d' Istiie et de la Pannonie; 4. le latin de la Mesie et de la Dacie, qui est a
la base de la langue roumaine; 5. la zone d'inflnencc latine du grec byzantin,
ave.t ses echos dans le neo-grec; 6. Ies elements }atins des langues slaves me-
ridionales.
Le territoire actucl de l'Alb:.tnie est tombe sous la domination romaine
a la fin du JIP' sieclc av.n.e. La langue latine y a exerce son influcnce durant
presq~e mille ans, jusqu'au debut du VIII'" sieclc <le n.e. La l\Ier Adriatique
et l'aitere de communication bien connue nommec ·uia Egna!ia, qui reliait
l'Ifa.lie a Byzance et a l'Asie Mineure, ont favorise la circulation aussi bien
des. hommcs que des idees, non sans laisser des traces importantes dans la
lang:ue parlee par Ies ancetres des Albanais. La langue albanaise d'aujourd'hui
compte environ 600 mots d'origine latine, dans tous Ies domaines d'activite,
au point que l'albanais etait considere a un moment donne comme une lan-
gue. mixte, a moitie romane. Mais cette affirmation, par trop categorique, a
ete attenuee par la suite et finalement ecartee; aujourd'hui, I' origine inclo-
europeenne de l'albanais n'est plus contestee par personne. Il n'en reste pas
moiiis que l'influence du latin a ete de longue dun~e, stratifiec en couches
successives qui peuvent etre classees chronologiquement avec une certaine
approximation. Certains elements latins de l'albanais ont un caractere plus
archa1que qu'en toute autre langue romane, d'autres occupent une position
inte.rmediaire entre le dalmate et le roumain; certains d' en tre eux a ttesten t
des rapports avec !'Occident, alors que d'autres (85) ne se sont rnaintenus
que dans la langue albanaise. L'analyse des emprunts au latin montre que
l'influence de la culture romaine s'est exercce sous Ies formes Ies plus variees,
dans fous Ies dornaines du lexiquc, c'cst-a-dire: la naturc ct l'e1H"ironnement,
l'espace et le temps, la metallurgie, la flore d la faune, Ies parties du corps,
l'habitation, le chauffage et l'eclairage, Ies outils, l'agriculture, la peche. la
navigation, Ies poids et mesures, Ies recipicnts, le tissage, l'habillcment, la
chaussure, Ies objcts de parure, Ies armcs, Ies mcdicaments, l'organisation
sociale et politique, l'activite spirituelle, la religion et le calcndrier, rnfin
dans la sphere des substantifs abstraits, des adjectifs, des ,·erbes, des parti-
cules et des suffixes. En general, Ies emprunts c:u latin conserves dans la lan-
gue albanaise sont orientes vers !'Occident ct ne confirrnent pas l'hypothese
formulee autrefois selon laquelle Ies ancetres des Albanais auraicnt vecu a un
moment donne en une etroite symbiosc avec Ies ancetrcs des :Roumains.

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20 H. Mihăescu

10. La langue dalmate, qui a disparu a la fin du XIX" siecle, avait des
traits archaiques tout comme la langue sarde ou certains elements !atins de
l'albanais. Le caractere conservateur du dalmate s'explique en partie par
son isolement relatif, par ses rapports relativement faibles avec l'Italie et
l'interieur du continent. L' Adriatique etait dans l'antiquite et pendant le
haut moyen âge une mer presque ferrnee, donc a faible circulation; quant a
la circulation sur tern'. Ies grandes voies de circulation de l'ernpirc evi-
taient la Dalrnatie, pays montagneux et pauvre. La languc dalmate a laisse
de nornbreuses traces dans la toponymie et le lexique serbo-croatcs. Ces tra-
ces ont ete surtout etudiees par Ies specialistes croates et italien~. comme Pe-
tar Skok, Matteo Bartoli, Mirko Deanovic, Carlo Tagliavini, Zarko Mulja-
cic ct autres. La romani te dalmate a ete nommec u romani te maritime• et
celle du hassin du Bas-Danube « romanite continentale». Elles different beau-
coup l'une de l'autrc: en fait, le dalmate se rapproche du systeme des dia-
lcctes italiens, alors que le roumain reprcsente une entitc en soi.
Le latin a surn~cu dans quelques villages du sud-ouest de la peninsule
d'Istric, dans le dialecte istriote ou istro-roman, pres de la viile de Pola.
Ce dialecte ct le dalmate ont conserve certains caracteres archaiques com-
muns, mais l'istriotc a adopte aussi certaines innovations venues de l'ouest
par l'intcrmediaire des parlers du Frioul; il a eu par consequent des rapports
etroits avec Ies dialcctes italiens et fait partie de leur systeme. L'istriote re-
prescnte l'evolution directe de la languc latine parlec cn Istrie et possede
par ce fait une seric de traits specifiques; longtcmps menacc de disparition
cn raison de l'influencc rnassi\·c du dialecte venitien, ii s'cst maintcnu pour-
tant jusqu'a present dans une aire rcstreinte.
En SlO\·enic ct en Pannonic on a decouvert de nombrcux ,·estigcs ro-
mains et 7200 inscriptions latincs. Cest par la que passaient les grande~ voies
de communication de l'Empire romain rcliant l'Italic, l' Espagne et la
Gaule a l'Asic Mincure et a la Mer Egec. l 'n grand nombre de troupes ro-
maines tcnaient garnison le long du Moycn-Danube et Ies coionies romaines
de la region sont longtcmps demeurecs prospC:·res. Dans cettc aire puissam-
ment romanisfr îl s'cn est fallu de peu que naissc unc langue romane par-
ticuliere, a savoir le pannonien, si Ies conditions de vie creees par la migra-
tion des peupies ne l'avait empeche. Apres le depart des Homains a la fin
du IV" siecle, ccs regions furent occupees par Ies Huns, puis, pendant trois
si~cles, par Ies A.Yars ct Ies Slave~; ct pourtant, en 896, lors de la venuc des
Magyars, iI existait encore une population romane, ainsi que l'affirme le
specialiste hongrois ]. ~Ielich dans un ouvrage fonde sur l'etude des sources
historiques et de la toponymie 2.
11. Le latin qui fut a la base de la langue roumaine etait parle sur un
territoire aussi etendu que l'Italie, represente par Ies provinces romaines de
Dac ie et des dcux Mesies (Inferieure ct Superieurc). Cette a irc conserve de
nombreux vestig1's archeologiques romains et plus de 6000 inscriptions lati-
nes. La population de langue latine disposait a la fois de vallees fertiles pour
sa subsistance, mais aussi de montagnes et de fore~s ou elle pouvait s'abri-
tcr en cas de dangcr. San centre de defcnse etait sans aucun <loute Ies Car-
pates. Elle fut gravement eprouvee par Ies migrations des peuplcs du VII"
2
Ho11foglaldskori 1Uagyarors:dg (La Hongric au tcmps de la colonisation), lludapest.
1925.

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I ntrocluction 21

au IXe siecle, mais elle s'est maintenue a\·ec tenacite et n'a cesse de s'eten-
dre au-dela de son aire initiale: une partie s'est detachee d'elle et s'est de-
placee vers le sud, jusqu'aux Monts du Pindc, en Grece, donnant naissance
au dialecte aroumain ou macedo-rournain; une population rornanisee est
mentionnee par Ies sources byzantines de la fin du xe siecle entre Ies lacs
Prespa et Ohrid; une autre branche de la romanite du Bas-Danube a cons-
titue le point de depart du dialecte megleno-roumain, parle sur le cours infe-
rieur de la riviere Vardar, a la frontiere entre la Yougoslavie et la Grece;
enfin, plus tard, a une epoque indeterminee, une partie de la population rou-
maine a emigre vers l'ouest et s'est etablie dans la peninsule d'Istrie, au nord-
ouest de Rijeka (Fiume), ou elle a constitue le dialecte istro-roumain. Dans
l'ensemblc, la langue roumainc est plus conservatricc au sud, dans Ies dialec-
tes sud-danubiens, ct plus riche en innovations au nord, a rnesure que l'on
se deplace du sud au nord. Ces mouvernents continuels ct ce brassage des
peuples n'ont pas nui a l'unite de la langue roumainc, unite rernarquable,
unique dans le domaine des langucs romancs. L'un des meilleurs speci~listes
de la dialectologie roumaine, auteur d'un ample ouvrage de synthese sur !'ori-
gine des Roumains, soutient que Ies dialcctcs du roumain peuvent etre con-
sideres plutot comme des sous-dialectes que des dialectes proprement dits 3 •
Aujourd'hui, le roumain est parle en tant que languc maternclle par plus de
25 millions de personnes.

12. Les elements latins de la litterature byzantinc et du neo-grec n'ont


pas encore ete etudies jusqu' a present au point de nous offrir une meilleure
connaissance de la romanite sud-est europeenne. Les recherches partielles
effectuees jusqu'ici ont porte principalement sur le lexique et n'ont pas app1i-
que suffisamrnent Ies methodes comparatives pour permettre une meilleure
connaissance des rapports existant entre Ies elements en question, d'une part,
et le latin vulgaire ou Ies langues romanes, de l'autre. Dans nos recherches,
nous ferons une distinction entre Ies mots empruntes directement au latin
ct Ies emprunts posterieurs au XI'" siecle, du temps des croisadcs, emprunts
faits specialement aux idiomes romans en usage en Italic, le midi de la France
et le nord-est de l'Espagne. Ce lexique d'origine romane n'a presque pas etc
etudie, bien qu'il soit d'une grande importance pour la connaissance des cou-
rants commerciaux et culturels de l' Europe medievale. 11 convient d'accor-
der une a ttention speciale a la chronologie des emprunts et surtout aux trans-
forrnations qui ont eu lieu pendant Ies six premicrs sieclcs de notrc ere. Les
emprunts d'origine latine, de provenance savante ou populaire, refletent
assez fidelcment l'etape de developpement du latin au moment de leur pene-
tration dans la langue grecque; ainsi, l'etude de ces emprunts nous aide a
mieux connaîtr2 le latin parle. Voici un scul exemple de changcment phone-
tique: dans le domaine du vocalisme, la voyelle u brcf accentuee s' est con-
servee dans la langue roumaine, tan<lis que dans certains emprunts byzantins
on la rencontre transformec en o, de meme quc dans Ies langues romanes
occidentales; par exemple latin puteus, roumain puţ, mais byzantin 7t6"t"~oc;
(X" sicclc), italien pozzo; latin urna, aroumain 11r11â, mais byzantin ăpvcx (VII"
siecle), italien orna, etc. D'ou il resulte que certains elements latins de la litte-
rature byzantine y ont penetre tard ct attc'>tcnt des rapports plus longs avec
!'Occident que Ies elements latins de la langue roumainc. Ceux-ci ont ete
3
Philippide, OR, II, p. 382.
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22 H. Mihăescu

en general plus tenaccs, parce qnc appartenant a une aire peripherique. et


n'ont pas connu toutes Ies innoYations qui se sont produites en Occident
apres le rve siecle. Par contre, l'Empire byzantin a mieux maintenu le con-
tact aYec l'Occident, a assimile un grand nombre d'elements tardifs, surtout
dans le domaine du lexique, et Ies a consen-es fidelement, si bien que la litte-
rature byzantine peut sen·ir aujourd'hui comme source supplementaire pour
Ia connaissance du latin n1lgain·. :\ souligncr qu\m grand nombre de phone-
tismes, de fonn<:'s hypothetiques et de mots pourn1s d'un asterisquc dans Ies
dictionnaircs etyr:1ologiq:ics clcs langucs rcmancs ~ont attestes dans la litte-
rature byzantine.
13. L' etablissement des Slan·s dans la Peninsule Balkanique et lenr
contact aH·c le mondc romain ont cu pour resultat des emprunts massifs
d'elements latins, principalemrnt dans le domaine du lcxique. Ccs emprunts
ont cu lieu surtout dans le YoctlJulaire de la flore l't de la faune, dl' l'agricul-
ture, de l'architecturc et de la relii:;ion chrt'.-ticnne. Les Sla\"eS <le la regicn
de l'Adriatique ont assimile c.le nombreux cU'mcnts latins Lt romans qui se
sont cnsuitc repandus pcu a pcu n rs I' est et n·rs k ncrd, laissant des traces
profon<lcs dans Ies langucs sloYt·m' ct snLo-croate. li est nai quc la langue
dalmate a succomLe a la fin du XIX'· sicclc, mais eile a influence profonde-
ment le langage des SlaYes parn:nus dans ccs lieu'\. Dans le domaine de la
toponymie, ks elements latins accusent unc continuite de Yie, Ies Sbxes
ayant adopte une part ie de l 'heritagt' autochtonc (thrace, illyrien, celtique.
etc.) ou roman. Par consequent, Ies traces laisst'ts par le latin dans Ies langues
slaves meridionalcs sont particulierement importantcs pour la connaissance
de la structure et du passt; de ces langues. En outre, une contribution digne
d'etre prise en consideration a ete foumie par Ies pâtres et Ies marchand.s
\'laques, qui se sont infiltr~s partout dans le Sud-Est de l'Europe, laissant
dl's traces non seulcmcnt d;ins la ,·ie tant materidle que spiritudle, mais
aussi dans la toponymic d surtout dans k lexique. Les hommes, Ies outils.
Ies coutumes, l'ha billcmrnt, Ies idl>1,'s et ll's religions ont etc soumis a un con-
tinuei brassage, de sortc qul' scuk unl' prise cn considera tion de tous Ies ele-
ments constitutifs pt'Ht aLoutir â. unc juste comprehrnsion de l'ensemblc sud-
est europeen, si inten·::sant sous differmts rapports.
L'Empire Lyzantin s'est considere - et, cn fait, il l'a ete - comme le
continuateur dl' l'Empire romain. La langue latine y est restee la langue
officielk jusqu'au deLut du \"II'· siecle d a laisse comme heritage dans la
liiteraturc byzantine em·iron trois miile mots, dont plus de deux cents ont
sun-ecu dans Je neo-grec. L2. categoril' la plus nombreuse l'St celle des ter-
mes militaires, sui,·is du lexique concernant l'administration et la justice,
la vie de cour, l'actiYite comml'rciale (poids d mcsures cn prcmiC'r lieu), enfin
la flore ct la faune meditcrranecnnes. Autrement dit, Rome a transmis a
Byzancc ce qu'elle aYait de plns specifique et <le plus original: I' art de la
guerre, la technique administratin et juridique, ainsi que certains elements
de basc de la culturc meditcrraneennc. Les Byzantins ont pris a leur compte
cette culture, l'ont protcgfr ou enrichiL' au cours des sit·cles, pour la trans-
mettre au monde cnvironnant â. une etape critique de l'hi5toire <le l'Europe.
IJ y ~- lien, par consequent. de s'attcndre a decounir dans cet heritagc des
elements supplemcnbircs utilcs, cn nwsurc d'rnrichir nos connaissances au
su jet du latin comnwr: de l 'Empirc rornain, qni c st a b base des langues ro-
ma nes.

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Introduction 23

14. A en juger par ks inscriptions ct Ies textes locaux, la langue latine


de cctte p:lrtie de !'Europe etait r-.:lati\·ement unitairc aux ne· - IIF siecles
de n.e., c'est-a-dire a l'epoqth~ d'expansion !J.1a~jmum Je l'Etat romain.
II ne faut toutefois pas oublier que ces monumcnts employaicnt la langue
litteraire de Rome ct que les realites de la langue parlec etaient certainement
hicn plus variees ct plus compliquees. Cctte langue parlee s'est differenciee
pl'u a r~u SUÎ\·ant Ies regions et l<:s courants de civili sa tion, en fonction du
rclicf, des movens de communication, des 1.raditions ct de la cohabitation
a\'C'C differents el~ments alloglosses. Avec le temps îl s'cst forme plusieurs
groupes <le romanites, a sa\·oir en Albanie, en Dalmatic, ,.n Istrie, cn Pan-
non:e et au Das-Danube. En dehors de ccs aires, l'Empire byzantin a pris
a son comptc et a de,·eloppe l'heritage de la Home antique, entretenant par
aillcurs des rapports avec !'Occident. Entre les groupes linguistiques susmen-
tionnes il a existe pendant un certains temps des rapports normaux. Si ceux-
ci a\·aient persiste, le resultat aurait ete l'existence de plusieurs langues et
dialectes romans, avec des passagcs presque insensibles d'un groupe a l'au-
tre, comme c'est le cas cn Europe occidentale.
Dans l'enscmble, on peut formuler la constatation generale suivante:
du latin sont issues trois langucs romanes dans la Peninsule Iberique (l'cs-
pagnol, le portugais ct le catalan), deux, trois ou meme quatre langues ro-
manes en Gaule (le frarn;:ais, le provern;al, evcntuellemcnt le franco-proven-
c;al et le gascon), trois langues romancs cn Italie ct tians Ies Alpes (l'italien,
le sardc et le rheto-roman) et deux langucs r0manes dans k Sud-Est de !'Eu-
rope (le dalmate et le roumain). La troisieme zone romane de l'est de !'Europe,
la Pannonie, a ete perdue pour la romanite. Alors qu'cn Gaule, dans la Pe-
ninsule Ib&rique et en Italie Ies conquerants germaniques relativement peu
nombreux ont ete assimiles avec le temps, Ies Slaves et Ies Hongrois ont
reussi a coloniser de vastes territoires et, par la, a briser la continuite entre la
romanite occidentale et celle orientale. Dans la chaine romane ininterrom-
pue un maillon a ete alors supprime. Ainsi s'explique sans doute la transition
parfois trop brusque de la romanite occidentale a celle du Bas-Danubc.
En realite, la romanite du Sud-Est de l'Europe a\·ait ete jusqu'alors
tout aussi intense et homogene que celle du sud, du centre et de l'ouest d~.
notre continent. C'est ce qui ressortira de maniere eYidente des pages qm
suivent.

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II. LES ELEMENTS LATINS DE LA LANGUE ALBANAISE

Historique de la r<"l'herchC"

15. Depuis l'ounage cla~:;ique de Johann Georg von Hahn, qui re-
presente le premier cssai scientifique sur la languc albanaise 1 , les recherches
consacrees aux elemcnts latins de cette langue ont enregistre, plus d'un siecle
durant, d'insignes progres, sans aboutir encore, toutefois, a des conclusions
d'ensemblc definitives. :\vant rncme de s'mgager dans une minutieuse etude
comparatiH, le jeunc Hugo Schuchardt affirmait. cn 1868, que les ancetrcs
des Albanais avaimt du subir une influence latine prochc du latin qui se
trou\'e a !'origine de la langue roumaine 2 . Par h suite, cettc idee quc les
elements !atins de l'albanais Ctaicnt L;froikmcnt lies a CeUX du roumain al-
lait se genfraliscr sans difficultes, pcrsistant jusqu'a nos jours sous la plume
de maints sa\'ants remarquahles. Les etudes d'un Franz ~Iiklosich devaient
elargir encore plus nos connaissancc'S de l'influence latine sur l'albanais 3 •
On doit a Georg Zippel unc precieusc contribution quant aux commcnce-
ments de la romanisation cn .\lbanie 4 . Emuitc, Gustave )lcyer, partant
des riches documents qu'il avait reunis, put s'adonncr a un examen tres pous-
se du lcxique et de ·ia morphologie de cette languc 5 et publier de la sorte,
cn 1891, Ic premier dictionnairc etymologique de l'albanais 6 . La brhe syn-
these qu'il fit paraitre dans le Gnmdn.ss dcr roma11ischt"n Philologie exagere
ccpcndant de fa<:on evidente l'importancc de !'element latin, allant jusqu'a
considerer l'albanais comme unc languc mixte, <c cine halbromanischc ~Iisch­
sprache 1> 7 , aussi, b deuxi<'>mc l"·dition de cct ounage, datee ele 1904-1906,
n'en faisait-clle plus etat. ~Iais la thl:.~l' du caractere indo-curopeen de l'al-
hanais allait prendrc' corps gracluellcmcnt pour finir par s'imposer tout a
fait a\'cc Ies rcchcrchcs de Holger Pcdcrscn, qui prouve qu'unc bonne partie
de cette prctcndue influencc latine est cn n~alite d'origine autochtone 8 • En
comptant an·c ks parallClismcs alhano-roumains ct en situant la question
dans k cadre plus vaste des langucs indo-europ~cnncs, notre erudit arri\'e
a la conclusion que le latin n'a modifie que dans une petite mesure le sys-
temc linguistiquc des ancetres des .-\lkmais. On y retrom·c scs traccs dans

1
J. G. ·1011 Hahn. Alha11iscl1c Studirn. 1-3. Jena, 185-t.
H. Sd1uchar<lt, Dcr l'okal1s11111s d1s 1'11/gcirla/1111s, Leipzig, t. 3, 1868, p. iG.
3
F. Miklosich. Dic romanise/un Elt111rnt,· im Alhawsischrn. \Yien, 1871 (DA\\", 20).
~ G. Zippel. Die rămischc Hrrrschaft iir lllyrirn l;is a11f A 11g11s/. Leipzig, 1877.
& G . .Meyer, Alba1usisrhc St11dicn, 1-5, \\"ien, 1883-1896 (SA\\", 104. 107, 125, 127.
13-t); Der la/1 i11ische Ei11f/11ss a11f die albanesischc Formrnlchre, dans },fiscclla11ea di filoll>giu
e linguisticu im memoria di .Y. Caix c di U. A. Cat•c/lo, Fircnze. 1886, p. 103 et sui·1.
6
c;. l\l(•yer, EtymoloRisclz.-s Wiir/1 ,-1,uch dtr albanesischm Sprachc. Strasbourg, 1891.
7
G. :!\leyer, Dic lalti11ischt11 Elcmcnle im Albancsischcn, dans Grm1driss. t. I. p. 805.
8
H. Pc·clersen, JJie al/;a11,-sischrn /.J.,,11/c, ZYS . .13 (1893). p ..535-551; Das alban-
sische Nrntnrnr, ZYS, 36 (1898), p. 277-.Hfl; Allwusisclrc Tex/, mii Glossar, Leipzig1895.

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Les elements !atins de la languc albanaise 25

le dornaine cie la forma tion des rnots et notarnment dans le vocabulaire, alors
qu'il n'a guerc affecte ni la rnorphologic, ni la syntaxe 9 .
16. Se fondant sur quclques parallelisrncs des lcxiques albanais, neo-
grec. serbo-croatc et rournain, Gustave Meyer (suivi par vVilhelrn Meyer-
Liibke) ne renon<;a pas a son idee relative a l'existence des traits convergents
du latin « balkanique » 10. Cctte soi-disant unite trouva un partisan cn Matteo
Bartoli, qui lui chercha des rarnifications jusqu'en Italie meridionale et en
Sardaigne 11 . Pousse peut-etre par l'illusion qu'un rapprochement geographi-
que pourrait sen-ir de preuve a unc etroite parente genetique, le savant
italien a souligne les archai:smes comrnuns, sans knir suffisamment compte
des differences qui seţ'.lrent le roumain du dalmate, ni des innovations qui
distinguent le roumain des dialectes i taliens du sud et de la langue sarde.
Cornme la these de l'unite balkanique exigeait unc rnotivation, l'hypothese
forcee est nee que Ies elements !atins du roumain et de l'albanais se seraient
developpes a partir d'un fonds ethnique et linguistique commun 12 . Cette
hypothese fut ralliee entre autres par Gustave \Veigand 13 , Ion Aurcliu (an-
drea u et Petar Skok 1<>.

17. Le premier a tcnter unc statistiquc systematique du lexique alba-


nais d'origine latine fut Alexandre Philippide, ancien professeur a l'Univer-
site de la~i 16 • 11 se servit pour cc faire des dictionnaires ctymologiques de
Gustave Meyer et de 'Wilhelm Meyer-Liibke, mettant aussi a profit Ies con-
tributions de Holger Pedersen ct de Norbert Jokl, sans decouvrir pourtant
qu'un nombre relati,·cment reduit de parallclismes a,·ec la langue roumaine.
Certains de ces parallelismes, consideres tout d'abord comme caracteristi-
ques uniqucment de la latinite orientale, devaient s'averer par la suite com-
me des elements egalement repandus en Occident. Le savant roumain esti-
mait que dans ccrtains domaincs de la grammaire il y a de veritables abî-
mes entre la langue albanaise et la langue roumaine. 11 avanc;ait l'hypothese
que Ies ancetres des Albanais occupaient un territoire situe plus au nord par
rapport a l' Al ban ie actuelle, dans une region relativement peu touchee par
la romanisation et qu'ils ont perdu de honne heurc le contact avec Rome:
« Les Albanais ont ete le rnoins soumis a la rornanisation de tous Ies peuples
de l'Est de !'Europe et de tous ces peuples, c'est sur eux que cesserent tout
d'abord d'influer Ies agcnts romanisateurs »17 .

9
H. Peclersen. KJB, 9, l (1905), p. 212: « Dl'r lateinische Einfluss auf <lie albane-
sische Flexion ist also Null. Dagegen ist <ll'r Einfluss auf rlic Wortbildung 11icht gering ~.
10 G. Meyer, Die lateinischen Elemente im Albanesiscl1rn ncubearbeitet von \V. Meyer-

Liibkc, dans Grnndriss, t. F, 1904- 1906, p. 1039: « Das lakinische Element im Albane-
sischen bilrlct mit rlem Rumanischen auf der eincn, dem ·1egliotischen und elen lateinischen
Elementen des Serbokroatischen und des Nl'ugricchischen auf der anderen Scite clas Os-
tromanische •.
11 M. Bartoli, D, passim.

1
~ Pekmczi, p. 34.
13
G. Weigand, BA. 3 ( 1927), p. 245.
14 Canctrca, p. 136.

15 Slrnk, Osnovi, 1, p. 132.


16 Philippide, OR, 2, p. 571-802.

17 Ibidem, p. 590 et 770.

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26 H. 1\lihăescu

18. D'importantes contributions a l'etude du le:xique albanais d'ori-


gine latine ont ete fournies par ~orbert Jokl 18 , :\lax Vasmer 19 , Theodor
Capidan 20, Henrik Baric 21 , Carlo Tagliavini 22 et surtout par Eqrem <;a-
bej 23. Ce dernier resuma de fa<;on critique Ies resultats obtenus par ses pre-
decesseurs, en leur ajoutant ses propres acquis, pour en tirer des conclu-
sions d'ordre geueral, egalement ut1lcs pour Ies ctudes roumaines d pour
ccllcs de balkanologic. Sclon lui, Ies elemcnts !atins de la langue albanaisc
tiennent une place intermediai re, cntre ccux du roumain et ceux du daln1ate;
Ies ancetrcs des Alb~mais ont eu des rapports aussi bicn 2.vcc l'interieur du
continent qu'avec l'..\driatique et l'influence de Rome s'cst prolongec pen-
dant plus de sept siecks, dcpuis IP II" siecle avant notre ere jusqu'a l'etal:lis-
sement definitif des Slan's dans le Sud-Est de !'Europe.
-=-·-La dunierc contribution cn <late, parue en 1972, est celle de Harold
Haarmann, professcur a l'Lninrsite de Trier 24 . Sans etre inedite, son etude
s'avere utile grâce a un systeme coherent de notions prises dans leur ordre
alphabetiquc, applique d'aLord aux mots !atins et ensuite aux mots alba-
nais. l'nc introduction theorique et des references bibliographiques enrichis-
sent ce bilan dresse an·c soin, facilitant de la sortc une vue d'ensembk du
probleme et assurant un solide appui aux rechcrches futures. Il aurait fallu
cependant quc l'autcur ajoutc Ies toponymes a la serie d'elemcnts latins de
l'albanais enrcgistres par lui. Quant aux noms commum, il lfs range par
compartimcnts, comme suit: k monde inorganique, la matiere (14); la flore
et la faune (258); le tcmps et l'cspace (25); la quantite, la qualite, le nombre
(35); l'cssence, la relation, l'acte (24); le temps (26); la visibilite, la lumiere,
Ia couleur, le son, la tempera turc, le poids, }'odorat, le gout (46); le mouve-
ment (13); la vo1onte, l'action (33); Ies sensations (3); Ies sentiments. Ies
traits de caractere (30); la pensee ( 18); Ies signes, la communication, le Ian-
gage (14); l'ecriturc, la science (9); l'art (5); la societe, la communaute (10);
Ies outils, la technique (11); }'economie (10); le droit, la morale (11); la re-
ligion, l'eschatologic (43). Ccs chiffres donnent une idee de l'intensite et de
la variete de l'influencc cxercec par la culture romaine sur Ies ancetres des
18 N. J ok], St111lie11 i: um alban.-siscl1en Ety1110/,,f!if 1111d 1Vortbildu11g, V."ien, 1911; Bd-

trăge :11r alba11isclz111 Gra111mal1k. IF. ~6 ( 1916), 98- lfr4; 37 i 1917), 90- 122; 1'1tl~iirlatei­
"ischcs i;11 A/1;:111ischt11, ZRPh 41 (1921-1'122). 22S-2.3.3; L"11tumc11.; Balka11olalt111ische
Studim, BA, 4 (1928), 195-217; HIEB. 2 (19.15-1936), ·H-82; Zu dt11 latrinisch.11 Ele-
mentrn dt's al/.;a111>clz111 ll"l·rlschat:u. ,. Glotta •, 35 (1936), 121-134.
19
::\I. \"asmer, St11dirn :11r 11lta11ui!ch<11 1Fc.rtfo1u/11111g, I. •Acta et rGmmentationes
Uni·1ersitatis Dorpatiemis. H. Humaniora ''. 1, 1 ( 1921), 1- 71.
20
Th. Capidan, Rapo1·t11rile alba110-H,11;1Îi;c, DR, 2 ( 1921- 1922), p. 444-554.
21
H. Darie, Alba110-r11111ii11ische Studiw, 1, Saraje·rn. 1919; Arhi·1, 1-i (1923-1926);
O u::ajam11im od11osi111a balkamkih <::ika, 1, llirskoro111a11ska jc::il511a gnipa, BC'ograd, E>37;
Lingvistil!ke sl11dje, Saraje·1u, 1954; Alba11iulr, Romanisclt 1111d R11111ii11isc/1, • Guuifojak
Saraje·10 •. 1 (1957), 1- 17.
2
2 C. Taglia·1ini, L'alba11<.'f di Dalma::ia. Co11trib11ti alia co1wfern:a dtl dialltto ghego
di Borgo Eriz::o presso Zara, Firenze, 1937.
23
E. i;ab~j. Studime 1Tctlz etimologjisi:· se gj11his shqij;c, «Buletin Tirana~. H (19C0)-
17 (1963), StFil, 1964-1966; Z111· Charaklfristik da laltiniulirn L.-Jmworter im All;aw·schrn,
RRL, 7 (1962), 161-199; StGj. 1-2; Alb Bcitr., 365-377.
2
• H. Haarmann, D, r lnt, inische Lc/111wortschatz i111 All'anischrn Buske \"erla·g.
Hamburg, 1972, 174 p. (Hamburger Philologische Studien, 19); ·rnir dernierement une autre
contribution importante' de meme auteuJl, dont. malheurc-u~ement, nous avons pris crJnnais-
sance apres la rcd<1ction cie ce chapitre: BalkaJ;/i11{:!1:istik, voi. 1: Ar((llli11guistik und Le-
xikostatislik des balka11/affi11isclzm H"or/sc/iat~(S (1 \iuingen, :r\arr, 1978, 315 p.).

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Les elements !atins de la langue albanaise 27

Albanais. Le merite de l'auteur reside ju~tement dans le fait d'avoir su sys-


ternatiser ce materie! linguistique, ce qui facilite sensiblement Ies cornparai-
sons avec Ies elements latins des autres langues du Sud-Est europeen: rou-
m3.in, grec byzantin et neogrec, slan·s mericlionales.
19. Les divergences d'opinions cntre Ies savants qui ont etudie Ies
elements latins de l'albanais sont dues a l'insuffisance des materiaux et des
instrumcnts de travail disponibles, ainsi qu'a la connaissance encore incom-
plete du processus de romanisation de,-eloppe sur Ies territoires compris
entre l'Adriatique et le Pont Euxin. Cest ce qui nous incite a reprendre !'e-
xamen de l'ensemble du lexique albanais d'origine latine cn n1e d'un supple-
rnent de precisions dans le domaine de la stratigraphic et apropos de certai-
nes questions de chronologic.
l'ne bonne connaissance du lexiquc albanais d'origine latine pcut ser-
vir non seulcrnent Ies interets de la linguistique, mais tout aussi bien ceux
de l'histoire meme et de l'ethnogenese de ce peuple. Les ancetres des Alba-
nais n'ont pas vecu isoles: ils faisaient partie d'un ensemble geographique
determine, auquel ils s'etaient integres. Quant aux elements latins de cette
lanp1e, ce sont autant di:- reperes pour l'etude du processus de romanisation,
des rapports latino-illyriens, voire latino-grecs et albano-roumains, sans comp-
ter e:n outre leur irnportance pour l'investigation du phenomene d'ethnoge-
nese albanaise. D'autre part, la comparaison des clements !atins de l'albanais
ave:c Ies elem2nb latins du rournain et Ies ernprunL !atins re10,·es dans Ies
langues slaves meridionales ainsi que dans Ies sources byzantines mene a
une meilleure connaissance du latin employe dans le Sud-Est de !'Europe.
Enfin, une telle etude comparee contribue a mieux ccrner Ies aires geogra-
phiques a l'interieur de la romanite, ce qui implique aussi la precision de
l'espace geographique ou s'est de,·eloppe l'albanais et ou s'est formee l'entite
de l' ethnie al banaise.

Chronologie et stratigraphie

20. Le premier a mettre cn lumierc le caractere archa!que de !'element


latin en albanais fut \V. l\Ie,·er-Lubkc. Suivant sa conclusion, cet ele-
ment reflete un stade linguistique anterieur a n'importe laquelle des actuel-
les langues romanes. Par contre, toujours selcn ce specialiste, Ies paralle-
Iismes phonetiques de l'albanais et du rournain sont bicn rnoir.dres qu'on ne
f 2:.-z.it pense, Ies differences entrc- ces dcux langues etJ.nt considerablcs 25 •
En ce qui concerne le vocalismc, on sait que k 2: bref latin rnanifestait
la tendance a se transformer en e long-phenomene sporadique au cours du
pr siecle de notre ere, qui s'est generalise au siecle suivant. En voila donc
un repere, grâce auquel on serait en droit d'affirmer, sans doute avec une cer-
taine approximation, qu'en principe Ies elements latins de l'albanais compor-
tant un i bref sont anterieurs au IF siecle de noi.re ere, alors que ceux en
e long sont posterieurs a ce siecle. Or, ce ne sont que Ies elements de cette se-
conde categorie qui co!ncident avec le roumain, alors que Ies autres appartien-

25 ,V. Mcyer-Liibke, Rumănisch, Romanisch, Albamsisch, «Mi ttcilungcn des ruma-


nischea lnstituts an der Uni-tersităt Wien ~. 1 (1914), p. 1-43.

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28 H. Mihăescu

nent a un stade plus ancien ou bien ils representent des emprunts du latin
litteraire, 11 s'ensuit qu'on y distingue deux etapes: a) }'etape illustree par
quelques exemples comme cicer: qiqer, aroumain ţeaţire; vicia: vigjez, ita-
lien veccia; b) l'etape a\'ec Ies exemples: crista > cresta: kreslzlt;, roumain
creastă; pisccm > pcsccm: peshll, roumain peşte; sig11um > seg11111n: shrnj,
roumain sonn; viridem > verdrni: i 1.•erdlte, roumain vrrde. Ajoutons que la
seconde categorie est plus riche en albanais que la prem1:rc. d'ou la conclu-
sion que la majeure partie des elements en question doi\'ent etre cntres dans
cette langue apres le II'" siecle de notre ere.
La \'oyelle u bref du latin s'est maintenue telle quelle cn albanais com-
me en roumain, c'est-a-dire qu'clle ne s'est pas transformce cn o commc dans
Ies langues de l'Occidcnt - nous a\"ons donc affairc a un trait consen·ateur
commun aux deux langucs. En rcvanche, la \·oyelle u per\ue comme longue
par Ies ancetres dC's Albanais ne dc\'ait a\"oir aucun poids dans le systeme
phonetiquc du latin qui SC trom·e a }a hasc de }a Janguc roumaine, qui ne
faisait guerc de distinction cntrc u bref et u long. Le caractere distinctif
de la quantite \"ocalique de\"ait persister de fa<;on sporadiquc cn latin jus-
qu 'au In·· sieclc; ii en resuite quc le u long rcflete en albanais par le y re-
presente un stadc plus ancicn, autrC'ment dit anterieur au III'' siecle. :\"ous
aurons donc: a) crucon > hyqc, factura > flyr?, scutum > shqyt, face a
h) u > u, comme en roumain: u'i. 111101/us > 1111q, wzchi; bucea> bi:kc;, buo1;
1

furca > j11rllt;, furci'i; putms >pus, pu.ţ. On pcut affirmer par consequcnt
que leu long rcflete cn tant quc 11 brd dans des mots tels: l?hrute (cor1111ta)
et kulwte (uwlla) est un phenomt'·ne de date plus recente.
21. Ll'S \"o~·clks longues ( ct o des elcments }atins de l'albanais
a\'aient la ten<lance <le se frrmcr ct de <le\'enir i l't, rcspecti\"cmcnt, e: a) bestia
> bisM, lcgcm > ligjc, cn roumain lcgt"; b) hora >hac, en roumain OLlră;
11odus > llt", l'n roumain nod; p!opus > p!cp, cn roumain plop. Cc change-
nwnt etait UU a la quantite \"OCa}ique UU latin C't, de CC foit, antericur au
II l'' sieclc, alors quc le latin qui se t roun· a la basc de la langue roum~ine
reprl'·sentc un stad<' plus a\"ancc.
Le mot latin ci11g11/,, « sangk » est entre dans la languc des ance-
trcs des Alhanais a unc epoquc plus anciemw, a\"CC un -11- non syncope (au-
jourd'hui qi11{!.l!t;), alors quc dans Ies bngues romanes s't>st implantee la
forme syncopec ci11g/a et cn roumain b. forme a metathese *cli11ga > clzi11gâ.
Plus frequcnte dans Ies elt·mcnts latins de l'albanais qu'en roumain,
la chutc de la \'O\'elle initiale a- scmlile a\·oir clle aussi un caractere archa'i-
que: abicg11i11s -·1,gp « l>ranchc ele sapin, melt'Ze 1>; accipz"ta > q1ft <c autour,
epen·icr 1>; altariunz, a/t,ll'e > Ita (roumain altar); amicus > mik; arena >
rerc (roumain arinii).
La diphtonguc au du latin aura pour pendant en albanais et, parfois
dans le dialecte macedo-roumain, Ies formes af, m:, cepcnclant quc le cl<cco-
roumain, plus e\·olue quc Ies dialectes rour.ia.ins sud-danubicns, garde tou-
jou~s la forme au (en dcux syllabes): causa > kajshii, foudmi > iavde, rou-
mam la11d1I.
A partir du l''r sieclc de notrc ere, le i consonantique latin sui\'i de la
''.oyelle a dc\'iendra graducllement une mi-occlusi\"e, notee dans Ies inscrip-
t1ons sous la forme di ou gi. En albu.nais, elle prend la forme gj, en roumain
j: eiwzart' .> agjiroj, ajuna; iudicare > gjilwj, judeca; iurare :>
gjcroj, jura.
En alhana1s donc ccs crnprunts sont ulterieurs au l''r siecle de notre ere.

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Les elemcnts latins de la langue albanaise 29

22. Le maintien de la qualite d'occlusives des consonnes smv1es, en


latin, de e, i, dans Ies langues albanaise, dalmate et sarde du centre fut con-
sidere par Max Leopold \Vagner comme une preuve de haute anciennete.
Non que des rapports directs et prolonges aient pu lier ces langues entre elles,
mais en raison de leur developpement dans des regions plutât isolees certains
traits archa1ques, qui n'ont pas subsiste dans d'autres langues romanes, ont
pu se conserver 26 .
Parallelement ala rnodification dont il a ete question ci-des-
sus on constatela correspondance ge, gi: gje, gji dans Ies elements latins. Pour
ce qui est du roumain, Ies choscs se presentcnt comme en italien: a) caelum
> qiell, cer; cepa > qepe, ceapă; circarc > kerkoj, cerea; fascia> Jashke,
jaşă; pacem > paqe, pace; quietu > i qete, încet b) angelus > engjell, î11ger;
argentum > ergjent, argint; gemere > g_icmoj, geme; legem > ligje", lege.
Parfois, le groupe des consonnes cs (x) est devenu ps et ensuite psh,
jsh: coxa > *kopsa > kojslze ~en roumain coxa > coapsă). Dans d'autres
cas, il s'est identific avec le s des le latin ,·uJgaire, devenant slz en albanais
et s en roumain: jraxinus > jraslzer, .frasi11; !axare > lCsho_i, lăsa. Par con-
sequcnt, Ies deux langues ont beneficie d'un heritagc ccmmun.
Plus complexe s'est avere le traitcmcnt subi par le groupe ct:
a) ct > *Pt>jt: coctorium > *lwptor > knjtor (en roumain cuptor), luda>
> *lupta > l11jte (en roumain luptă); b) directus > *dreqtu > dre_it (en
roumain drept), fructu > *jryqt > jryt (en roumain fruct). Consideree comme
Uil developpemcnt regional SOUS }'influencc d'un pcnchant dialectal \'Crs }e
j, qui devait se generaliscr par la suite (comparcz 11gjall « rcssuscitcr »>njal,
ngjome «delicat, moux » > njome), la phase b) s'impose cornrne etant de
date plus recente, pouvant donc servir de critere stratigraphiquc 27 .
Les consonnes d, t, devant un i consonantique voyellc ont subi en +
latin vulgaire un phenomenc d'assibilation a partir du II" siecle, pheno-
mene dont on retrouve Ies traces en albanais et en roumain: cottidiare > ku-
xoj, cuteza; Diana> Zeine, zînâ; puteus >pus, puţ; scortea > shkorse,
scoarţă.11 en resuite que Ies emprunts cffectues par Ies ancetres des Albanais
ne sauraient etre anterieurs au II'' siecle.
23. En albanais, quelques ernprunts latins trahisscnt dans le dornaine
de la morphologie des caracteres archa1ques, egalernent par rapport aux lan-
gues romanes occidentales. Le latin disposait de forrnes paralleles, par exem-
ple: carics, caria <'putredo lignorum, carric, pourriture ». Courante dans Ies
textes litteraires, la premiere forme a survecu en albanais ( qera), alors que
la seconde forme, a peine attestee au Vie siecle ~ 8 • s'est maintenue dans Ies
langues romanes (en roumain caria > carie), qui ne gardent en revanche
aucune trace de caries. Si Ies ancetres des Albanais ont adopte la forme plus
ancienne de facies > jaqc «face» - tout cornrne l'ont foit d'aillcurs certai-
nes langues romanes occidentales - le rournain, pour sa part, a herite de
la forme plus recente, f acia >faţă. Dans certains cas, Ies ancetres des Alba-

zo M. L. Wagner, ~ Literaturblatt filr germanischc und rnmanischc Philologic 1> 39


(1918). p. 120-132; La lingua sarda. Storia, spirito e forma, Jlern, 1951, p. 115.
2 7 :Martin Carnaj, ]otierung des albanischcn gj 1111d q (Zur Schichtung dcr lat1iuischen
Lehnworter im Albanischen). • Actcs du premier Congres international des etudes bal-
kaniques ct su<l-cst europeennes. YI. Linguistiquc I), Sofia, 1968, P· s:n - 840.
ze Oribasius Latinus, Syn. 7, 2, p. 133: caria lig11oru111.

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30 H. Mihă~u

nais et une minorite des langues ou dialectes romans adopterent la forme de


la deuxieme declinaison: salicum (alb. shelg, shelk; gascon saligo; espagnol
saraa), cependant que la grande majori te des locuteurs de langue ou dialecte
ro~an a prefere la troisieme d.§clinaison (en roumain sal ce) 29 • C' est ,Eqrem
<;abej qui a remarque que le neutre latin s'est consen·e en albanais - autre
preU\·e que l'influence latine a du s'exercer de bonne heure, car Ies formes
neutres sont devenues de plus en plus rares dans le latin de basse-epoque, ne
laissant que des traces fort rares dans Ies langues romanes 30 • Le latin cepa
• oignoil» a survecu en albanais (qcpi!.) et dans quelques langues romanes
{en roumain c„:apci}, cependant que d'autres langues romanes prefererent
le deri\·e cc pulia (it. cipolla)' meme quand ces langues etaient parlees dans
des regions reconnues pour lcur consen·a tisme, telles la Sardaigne ou la Dal-
ma tie. 11 scmble <lonc qu..:· Ies ancetres des Albanais aient adopte d,'ordi-
naire des termcs pris au latin litterairc plut6t que ks diminutifs originaires
de la langue nil~airc. Cest cc qui s'cst produit par exemple avec trw1cus
(alb. trwzk «tronc»). face a la forme *tru11rnlus faisant partie de l'hefitage
roumain (tru11c/11) ou cspagnol (tron. ho). L'alLanais a conscn-c certains
termes abstraits de largc diffusion, tcls: fides. liber, ;:aitas, •:oluntas, en alba-
nais: ft', i lirt~ ·dric!?, 'i.'111/ud, alors quc·lc roumain s'est approprie des mots
crees ·a. des da tes rda tivemrnt plus rccmtes: credmtia > credinţă' libert are >
> frrta ~ pardonner 1>, ad de i•a11m > aclLTăr <• \·erite », i•oinfâ « volonte » 31
_.\ux :-\cquis precedents. on pourrait ajoutcr cnc0rc Ies considerations
sui\·antes qui montrcnt que ccrtains elemcnts latins de l'albanais sont ante-
ricurs a leurs equi\·alents du roum;:iin ou des autrcs langues romanes.
::!4. Alors que ccrtains emprunts latins de l'albanais ont a leur base des
formes simplcs, le roumain n'en a consen·e que leurs derin~s. Dans une cer-
taine mesure, ceci denote soit un stade rclativement plus a\·ance, soit un
caractere plutot popubire des elements latins du roumain. Le terme par
• semblable » (piurie! paria (I paire • qui a donne l'albanais parc <( paire • est
anterieur au deri,·e paricula, atteste tardivemcnt par Ies sources latines 32
et dont allait heriter le roumain (părcche), ainsi d'ailleurs que d'autres lan-
gucs romancs. En cc qui concerne le nom rde <( reseau, filet •. l'albanais l'a
conserve sous la forme <le rjet, Ies langues romancs de !'Occident egalement,
mais le terme roumain rcfea tire son origine du deri\'t~ rctella. De meme,
l'albanais sf1pi11t «echine, COS», atteste la SUr\'iYance du latin spina,
qui a smTecu aussi dans le dalmate et dans Ies langues romanes occi-
dentales, alors que le terme roumain (spinare), ainsi que ccux en usage dans
Cl'rtains parlers rheto-romans decoulent du deriYe spi-nalis 33 . L'adjcctif ves-
ws, -a. -um « faible, mal nourri » est rien moins que frequent dans Ies textes
!atins :34 , toutcfois certaines zones de la Peninsule Iberique en heriterent de

~e REW, 7542.
30
E. Cabl'j, H.HL, 7 ( 1962), p. 167.
31
Le mot credentia, atteste a partir du IX.e siecle, cumportc quantitc de parallelismes
en -rntia, comme: maerrntia • fâcherie, mecontentement o, mcrmtia ~merite~. oboedicntia
obsert•antia, ofjerentia, parentia, poe11ite11tia, praevidentia, recredentia, sufjercntia, etc.
Niermeyer, p. 280.
32
~iermeycr, p. 764: da11111s terras ·cultas ... ad diws paricttlos de boves, dans le
sud de la France, vers l'an 1072.
33
' ·cGL, 3, 394, 67 rachis: spinalis.
3
~ DELL, p. 728.

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Les elements !atins de la langue albanaise 31

lui et il a passe aussi chez Ies ancetres des Albanais (veshkem « je me fle-
tris I)), alors que le roumain veşted« fletri, fane» ne s'expliquerait que partant
d'un_ derive hypothetique *vescidus = viscid11s. Les termes tin~s des mots
}atins vetus et vderan11s s'appliquent dans Ies langues romanes actuelles a
la notion de« vieux, ancien », alors qu'en latin l'acception de « vieux» pour
vcteranus (vctranus) est apparuc sur le tard. En albanais c'est l'adjectif vc-
tus, veteris ( i vjder) qui s' est impose, cependant que la langue roumaine,
nee dans le terres frontaliercs de l'Empirc, a garde la forn1e decoulant de
·cetrili_zus (bătrîn « vieux »).
On constate pareillement le caractere archa1que de quelques autres
elements latins de l'albanais par rapport a la majorite des langues romanes.
Le latin capo, -onis a penetre en albanais (kapua <( ccq », determine: kapoi);
on le retrouve en !talie meridionale (kapzmc) comme en Sardaigne (kaboni
« coq i>), autrement dit dans des regions connues pour leur conservatisme,
mais aillcurs ce fut la variante geminec de du. te plus recente qui l'a emporte
(comme plus expressive): *cappo. Si l'albanais garde la forme neutre de ci-
cer · <( pois chiche» ( qiqcr) attestee depuis Plante, la plupart des Jangues ro-
manes. disposent de derives du masculin ciccrc (en dialecte aroumain ţcaţire).
Danii certains territoires relativement isoles, teJs l'Italie meridionale, la
Roumanie et l'Albanie, pour designer le <(faur», c'est le terme latin de coc-
torium qui s'est maintcnu (cuptor, kojtor). Cctte fidelite au terme latin des
regions caracterisees par un esprit conservai..eur s' explique egalement par
certains traits specifiques de la culturc materielle developpee la, alors que
dans'.d'autres zones de la Romania, ou d'autres formes culturelles se sont
epan<:>uics, Ies langues respectives ont retenu tel ou tel terme particulier
s'appliquant a la meme notion 35 . Le vieux terme de manubrium (( poignee,
ma:pcl;ie 1> atteste chez Flaute a survecu en albanais (meru, articule merun)
et d.~ns quelques dialectcs italiens, mais le latin vulgaire, ainsi que la plu-
part des langues romanes ont prefere le terme rustiquc de ma11ica (en rou-
main mînecă) 36 , qui a fini par s'imposer. Pour designer la (( vigne sauvage »,
et le ~ fruit de la vigne sauvage i>, le roumain (lâuruşcă), l'albanais (laruslz-
ke), Ies parlers d'ltalie centrale et de Sardaigne ont conserve la forme la-
brusca, alors que pour le reste de la Romania la forme originaire a ete lam-
bmsca, creation secondaire qui a fini par s'irnposer. II en fut de meme de
pepo1 :pepinis <( sorte de gros melon», conserYe en roumain (pepene) et al-
banais ( pjeper, pjepe11) face au toscan popone et au vieux franc;ais popon,
deriv~s· d'une forme latine plus recente (pepo, -om"s) 37 • Le mot testa a sur-
vecu. en albanais (teshC) avec sa signification antique et originaire d' <( enve-
loppe,: vetement, carapace», quant aux langues romanes, elles heriterent
toutes de son sens plus recent: <( crâne, tetei> 38 . L'adjectif vitricus a per-
siste· en sarde, en albanais (viterk, vitrek) et en roumain (v1:treg), rnais c'est
filiaster qui s'est impose en Occident 39 • En latin, la forme vomis <( soc de
charrue 1> etait anterieure a vomer, refaite sur Ies cas obliques, or c'est cette
forme anterieure qui fut adoptee par Ies ancetres des Albanais (guegue: umb,

35 N. Jokl, BA, 4 (1928), 195-196.


36.. RE\\", 5333.
37 Ibidem, 6395.
·· ..3e Eqrem <;abej, RRL, 7 (1962), p. 197: teine interessante Bedeutungsentwicklung•.
39 C. Taglia·rini, Vitricus, dans Melanges Mario Roques (Parii;, 1952). t. 3, p. 255-264.

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32 H. Mihăescu

uni), cependant que Ies langues romanes n'en gardent guere de traces, ayant
40
herite de la forme plus recente vomer •

2ă. A la difference du roumain, qui a conserve ou developpe selon une


voie indepcndante des composes avec ad-, ex-, in-, Ies elements !atins de
l'albanais nous rem·oient a une phase ancienne de la langue. a savoir a la
langue litterairc de la fin de la Republiquc. Par exemple, le latin colare« glis-
ser » donna en albanais lmlloj, tandis que le roumain straura vient du com-
pose extracolart' ou, peut-etre, de transcolare. Si l'albanais garde le classique
re11m:are ( amoj, renoj), le roumain possedc un derive de l'adjectif 11-01t <
< llOVUS, a Sa\·oir î1111oi. La forme populaire qui:tu pour quictus a persiste en
albanais ( i qct?) et dans toutes Ies langues roma nes, mais en roumain elle
est cntree par la suite dans la categoric des composes avec i11-: încet. On re-
trou,·e en alban;1is le classique r11i11,lTt', alors que le roumain a prefere le
terme populai re et mctaphorique extricart' (strica). Le mot tric,1.e, -arum
(! ricns, vctilles, cmharras, ennuis I) a commencc par etrc L"mploye dans le

langage familicr, quant au verbe extricarc <c tirer d'cmbarras, debarrasser,


<lCgager 1>, ii apparaît tout d'abord chcz Columelle (3, 11, 3), puis dans les
glossaircs 41 . Au classiquc salvare qui a donne l'alhanais shCl/oj, le roumain
offre pour pendant un mot du langagc vulgairc, ignore par la litteraturc:
*excdpp,m· >scăpa. Le nom cappa ~ com·erck, coun·rture, vetemcnt • est
rckvc dans ks tcxks tardifs ct son compos~· *cxcapparc a pris le sens de <i re-
tirer le couverclc, rctircr un vt'·tement l't fuir i>. Pour ce gui est de l'italien,
scap part «fu ir, l'.·chappcr •>, il se trouvc atteste au XIV'' siccle: cc meme verbe
en roumain, sous la forme scâpa, l'St tantât transitif, tantât intransitif. On
retrou,·e en albanais le classique sanare ( sMroj), cependant que le rnumain
de nos jours usc d'un deri\"C'.- tar<lif: sandosus (sănătos, însânătoşi) 42 • Pre-
sent en albanais, le turpis du latin classiquL" (alb. turpc "honte I)). a pour
pendant roumain un deri,·c suppose de roseus « rougc. rougeâtrc •>, a· savoir
*rosionem ( ru!_iÎ11t').

Elt"ment'i latins conserves en albanais,


en roumain et en Occident
2(;. Les eleml•nts latins de l'albanais se rangcnt en quatre categories:
1) rnob !atins de largc diffusion, conscrves en albanais, en roumain et dans
ks langucs romanes occidcntales: 2) elemcnts la tins communs a l'albanais
et aux langucs romancs occidentales: 3) elemcnts la tins conscrves seulc-
ment 1·n albanais et en roumain: 4) clements la tins ayant subsiste cn alba-
nais seulcment.
La premiere categorie est aussi la plus abondank; cllc compte un to-
tal de 300 l-lernents:
aer - aifr. aifr <• air1>: r. aer. a. it. afrc, fr. air; la variante aera,
influencee pa·r l'acc.usatif grec &:l:pcc, est attestee sculement cn albanais ere,
en italien aria, ct cn sarde (log) aera;

·to DELL, p. 752.


11
CGL, ":! •.HO, 6, extricavit pro/ligavii; 4, 382, 2, proslra11i/ pro/ligavii extricavit:
llaxter- Johnson s.I'.
~~ Atteste au \"Ic siecle chez Oriuasius Latinus 421, 6 d. H. l\forland, Dic fa.teini-
schen Oribasius-Vbersel:i111gm, Oslo, 1932, p. 123.

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Les elements latins de la langue albanaise 33

al·shmare - 9moj (-611a, -ziar) « estimer, faire le prix, apprecier » ne


s' est conserve en rournain que dans I' expression pietre nestemate q pierres pre-
cieuses »; en it. stimare;
*aiu11are = ieinnare - agjCroj (-6·va, -uar) « jeîmer »: r. ajuna, it.
(di )giMta1'1~) J
altarimn, altare - ltcr « autd sur lequcl on bnîlait Ies offrandes,» r.
altar, it. altare; la variante albanaise ~iltar est un neologisme;
amilii - emtJ « tante, sreur du pere», r. mătuşă ( am1'ta +-uşă), afr.
ante;
angelus - engjcll <c cnvoye, ange » , r. înger, it. a11gelo;
angustus - ( i, e) ngushte <• etroit, serre », r. îngust, esp. angosto;
a pparare - mbuj (-ta, -tur), mproj, pifroj <« defendre, proteger » r.
apăra, it. apparare 43 ;
A.prilis - prill «le mois d'avril », r. pria, ar. aprir, it. april;
arcus - ark, r. arc, it. arco;
arc'Jta - reriJ «sabie» a. dr., dr. reg. et ar. arinii; it. arena;
ar:;mtum - ergjiJ11t, argjcnd, guegue rgjand, r. argiut, d. ardzant, it.
argmto;
anna - arme <c arme», r. armă, it. arma;
armissarius - harmeshuar, lzannshucr (< etalon», r. armăsar, dans le
parler de 13itti au centre de la Sardaigne armissarizt 44 ; a. it. dial. armes-
saro;
*ascla (assula) - ashM, ashqc <« ais, cojeau, rognurc », r. aşchie, d.
jaslla, log. asa, pg. ac ha 45 ;
asper - (i, e) ashpcr, r. aspru, it. aspro;
Augustus - g usht, r. august, it. agosto;
iwrztni - ar, d. ja1tr, r. aur, it. oro;
avunwlus - unq, 1mgj « onck », r. unchi;
axnngia - ashung, ushu_j « graisse pour essieu, graisse de porc», dr.
osîn:ă, ar. usînd::ă, gr. byz. o~ouyyL, n.gr. ~[yyL it. sugna, log. assundza;
variant•.?s latines: abswigia, assungia, auxunga, exsungia 46 ;
balbus - belb, belbe (i, e) belber <c begue », r. bîlbîit, it. balbo; la forme
roumaine pourrait etre une crea tion interne;
ba pti: :are - page::oj ( ~6·va, -1tar) « baptiser », dr. boteza, ar. pătedzare,
a.it. batteggiare 4 7;
broica - brekC « braies, pantalon», r. bracă, îmbriica <« vetir, habiller »,
dezbrăc.i <~ deYetir, deshabiller gr. ~p&x.oc, it. brache;
b:·1.tma - bryme, brime <« frimas, gclee blanche », r. brumii, it. dial. brn-
ma:·

13
E. <;a.bej. Alb. Beitr„ p. 369.
H !\I.L. Wagner, DES, l, p, 144: •L'esistenza delle forme con r nel centro dell
Isola attesta l'autenticiti~ delia forma•. La forme armessarius apparaît dans Ies textes tar-
difs: Le( Salica, 38, 2; Formulae Bituricenses, 15, p. 175, 17, annecs 764- 765.
•:; Deri·1c de assis (1 ais » - assul.1 ct astula (issu sans <loutc d'u11e prononciation
•assla, d'oi1 *astla, astula), DELL, p. 51.
u Al. Graur, « Romania t, 56, Paris, 1930, p. 105; P. Skok, Byz, 6 (1931), P· 373.
17 E. yabej. StFil, 19 ( 1965), 1, p. 37 pour le mot albanais «il subsiste pourtant
9
des difficultes d'ordre phonetique •; le mot roumain derive d'un b11ttizare atteste au Ill
si~cle dans l' llala et chez Cyprien, cf. ThLL, II, col. 1720, 39-.50.

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S4 H. MihAescu

bubalus - buall «gazelle, tuffle », r. bour, gr. ~ou~a:Aoi:;, gallois bual;


par ailleurs, en Occident, Ies tLrmes respectifs \·iennrnt de bujalus; rn re-
Yanche, }e mot }aissa des traces dans lcs }angues s}aYeS rneridionalcs 48 ;
bulla - bule« germe, bouton, bourgeon 11, r. bulbuc, "bulle d'air for-
tnee en surface », it. bolla;
butt1"s - but • Yase 11, r. bute « tonnelet », gr. ~ou-;a:, it. bote;
caballan·s (-1·us) - kaluar ~ ca\•alier », r. om călare = hcmo caballaris;
gr. byz. x~~a:n<f.pl)i:;; cf. it. cavalla1·0, fr. chevalier;
caballus - kal, kalC • cheYal 11, r. cal, it. cavallo;
caelum - qicll (j ciel », r. cer, d. cil, it. cielo;)
calamus - kallm • roseau I), r. carămi • barreaux de l'echelle, Lciter-
stangen » 40 , it. calmo, log. kalamu;
canib.1, gamba - kcmbe « patte, jarret de cheYal », dr. reg. gimbe::, agîm-
bez <c je suis de pres, j'attrappe, jc prends », it. gamba;
camisia - kemishe «< chcmise I), r. cămeşă, că111caşă, cămaşă, d. ka-
maisa, gr. byz. xa:µ(mov, it dial. camesa;
canis - qc11 • chien », r. cine, cii11c, d. kuo11, it. cam;
cannapis, camiapa - Mrp • channe », r. cinepă, d. ka11uffrl •coale de
chanvre ». it. cana pa;
cantarc - ke11doj (-61:a, -1tar) • chantcr i>' r. cînta, d. kantuor, it. cati-
tarc;
cap1·strum - kepresh, kaprcshC • brides I), r. căpăstru, it. capcstro, fr.
che1:etrc;
capo, -onis - kapua • coq », dr reg. uip1111, it. dial. kap-une, ~arde ka-
boni;
capreolus - kaprna/l, kaproll • cheneuil, chamois», r. căpri1Jr, it. ca-
priolo;
captiarc, *adcaptiare - kajshoj (-61.'a, -1iar) • mordrc, engloutir "· r.
acă/a, agăţa; •prendre, chasser», it. cacciare, fr. chasscr;
caries, ca11·a - qere •carie, pourriturc », r. carie, it. dial. karia;
carrwn (pl. carra) - qcrre • chariot t, r. car, it. carro, sarde karru;
castauca - kCshtenjc, geshtc11je « châtaigne 11, ar. căstîn'e it. castagna;
cashgare - ndeshkoj (-ova, -uar) * punir, châtier • 60 , r. cîşti"ga • ga-
gncr », it. c.istigarc;
castrum - kaster, ar. castru, gr. x<f.1Hpov, sarde grastu;
cepa - qcpe (j oignon », r. ccapii, a. fr. civc;
cerasca, ccresca - (deriYe) qershi •cerise, ccrisier », r. cireaşă, d. kris,,.
it. ct"lfrgia;
cerrus - qarr, quarr • cerre, sorte de chene &, dr. cer, ar. ţer, it. ccrro;
ar/arc - ţartoj (-6va, 1îar), qertoj (j reprirnander, gronder», r. certa.
a. it„ certare, sarde kcrtarc;
charta - karte « lettre, line», r. carte, it. carta« papier »;
ciccr, -cris - qiqer, q1·qre „ pois chiche », ar. ţeaţfre, it. cece;
cimex, -icis - qt:mke, ~imke te punaise », r. cimce, cimcea, d. cimko, it~
cimice, sarde kt"m1"ge;

48
P. Skok, Dubalus, dans lts langucs slaves, dans Festsc11rift ffh Max Vasmcr, Berlin,,.
1956, p. 510-512.
49
S. Puşcariu, DR. 1 ( 1920- 1921), p. 225.
"" E. <;auej, RRL, 7 (1962), p. 168; StFil, 18 (1961), n°. '4, p. 86-87, 110- lll.

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Les elcments !atins de la langue albanaise 35

cingula - qingel • ceinture •. r. chingă, gr. x(yy)vx, it. dnghia, sarde


kinga; -
· circare - kirkoj (-6va, -Uar) • rechercher », r. cerea, it. cercare;
civ1:tas, -atis - qytet (l cite, ville », r. cetate (I ville, château •. d. oititot,
it. citta:
coccum - koki <1 grain de ble, un fruit uniquc, tete», r. coc, it. cocco;
coctorium - kojtor «four, foumaise •. r. cuptor, it. dial. kottora, kuttora,
Judture, cuttuorru 51 ;
cogitare - kujtoj (-6va, -uar) « penser, mediter », r. cugeta, a. it. coi-
tare, sarde kuidare;
cognat1ts - kunat « beau-frere », r. cumnat, d. komnut, it. cognato,
-sarde konnadu;
colare - kulloj (-6va, -itar) <tfiltrer », r. cura, it. colare; cf. en roumain
l'adjectif c1trat «propre, pur, immacule »;
collari: - kular « piece de bois qui fait partie du joug », r. colări, it.
.collare;
colostrum - kulloshter, kulloshtre «premier lait apres la delivrance »,
r. corastă, curastă, coraslă, it. colastro; les variantes roumaines sont nees sous
1' influ encc du suffixc -aster, -astra;
columbus, -a - kullumbri, lmllumri « Schlehe, \Veissdom ( prunus s pi-
1io sa), Turteltaube », r. corombă, cornmbă, it. colombo, a fr. colombe;
communicare, *comminicare - kungoj (!-6va, -Uar) « donner la com-
munion », r. cumineca, it. dial. kominga, cominicar;
consobrinus - kusheri « cousin », ar. cus1rtrin, d. kosobrain, it. dial.
konsubri;
contra - kunder, kundriJ «contre», r. către, it. contra;
coopertorium - kuptyre « couvercle », dr. cărpător, ar. calpitor, ser. llr-
patur, it. copertoio, frioul koverdor 52 ;
co11mtus, -a - kerrute, «bete a cornes » r. cornut, d. karnoit «Horn-
viper », it. cornuto, sarde korrudu;
coron-a - kurore « couronne », r. cunună, it. corona;
corvus - korb « corbeau», r. corb, it. corvo;
cossus - koshi:: « espece de ver qui se forme sur le dos des bovins,
sous la peau », r. coş, i t. cos so;
cotoneum - jtua, jtoj <1 coing », dr. gutuie, gutăie, ar. gntun'e 53 , it. co-
iogno;
cottidiare « venir chaque jour, oser » - guxoj (-6va, -Uar) « oser », r.
cu,teza, istr. kutiza, a. ven. scotezar, sic. kuttiatu <1 effronte, sans vergogne »54 ;
. coxa - kofshe « cuisse, hanche », r. coapsă, it. coscia;
cratis, *gratis - grate « siege, endroit, plafond, clayonne » 55 , r. gratie,
it. grala;

81 Pellegrini, p. 61.
. 5!'E. <;a.bej, Alb. Beitr. p. 369.
53
Al. Gmur, BL, 4 ( 1936), p. 84-87 suppose pour la variante roumainc gutăie une
forme latine •cotanea ou *gutanea.
5·1 Pour cottidiare, cf. cottidie, CGL, 5, 186, 3 cottidianles: assidiiantes; cottizare, gr.

xonl~av • jouer aux des•. CGL, 5. 264, 39; 438, 32.


65 E- <;abej, t Buletin Tirana t, 16 (1962), n° 3, p. 73: • Pourtant, la voie de l'em-

prunt - latin direct ou italien du nord - reste incertaine •·

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36 H. Mihllescu

crista - kreshte <«crete», r. creastă, it. cresta, sarde krista;


crux, crucis - kryq, kryqc « croix », r. crua, d. krauk, it. croa;
cubitum - kut « coude, articulation du bras I), r. cot, it. dial. gov1:to;
.cucurbita - kulte <« calebasse » 56 , dr. cucurbetă, ar. currnbetii;
•mcuta = cicuta - kukute, kokute « cigue I), r. citcutii, fr. dial. kuMido;
en albanais, emprunt tardif;
wlmcn - kulm «< faîte, partie supericurc, sommet », r. culme, it. col-
f'llO;
cuncus - kunj, kuj <c coin a fendrc le bois », r. clt1·, a. it. coguo;
cuppa - kupe <« coupe I), r. cupă, it. coppa;
curare - qeroj (-ova, -1iar) « prcndre soin de, curer, nettoyer 1>, r. cura
«< defricher &, it. curare;
curtis, cort1's - a. alb. k11rt, r. curte, 1·1. corle;
cyma - qime <« enflurc, cangrene, ulcere», r. âumci «peste n, it. ci-
nza;
damnum - dem <i dommagc, pcrte, depcnse ». r. da1111ii, d. damna, it.
dan110;
debitor, -oris - dctuor, dctuar « rcdeYablc », dctorcs <c debikur » 57 , r.
dator, it. dial. dcvetore;
deramare - derm-0.i (-ova, -ziar) « briser, demolir, casser », r. dârfma,
d. dramuor, cngad. sdra1111·, a. fr. dcramcr 58 ;
dcsidcrare - deshiroj (-ova, -?iar) <c desircr », a. dr. deşidera, it. de-
sidcrarc;
Diana - :ane, :.ere <i muse, fee 11, r. ::.iuă, a. it. dial. ja11a;
dircctus -- (i, e) dr!'jtC « droit, direct», r. drept, d. drat., it. diritto,·
doleH - perdcl/cj (-eva, -.11er) <c par<lonner, aYoir pitie »; un compose
dont le primitif *dellej remonte au latin do/ere; r. durea, it. dolae;
dolar, -oris - dullje t douleur (chez Buzuku) 59 , a. dr. durvare, it.
dolorc;
durare - duroj (-6va, -Uar) « soufflcr, tolerer, resiskr », r. dur11, încl1rra,
it. durare;
cricius - iriq <c herisson ", r. aric1', i t. rfrcio;
csca - cshke <« amorce, appat, eche», r. 1·ască <c amadou », it. csca;
el - e « et.. aussi 11 60 , a. dr., ar. c, it. e(d);
excambiarc - sltkemliej (-i·ua, -fler) « changer », r. schimba, it. scambi-
are;
*exclopp11s, scloppus - shkcp, shqjcp « boitcux », r. şcht"op, d. sk.lop,
a. fr. clop;
*excurtus, curtus - (i, e) shkurt « court », r. smrt, it. scurto, corlo;
facies, fada - jaqe <c face I), r. ja(ă, it. }aceia;
factura - fytyre, jytre «face, aspect, fonnc » 61 , r. făptură, it. _fattura;

r.e E. <;abej, StFil, 18 (1964). 1, p. 96: • Emprnnt latin rcste inapcr~n j11~qu'a prlt-
sent: ou d'un •cuculbita pour c11cu1·bita ou d'un *k11rla provcnant de cucurbiia "·
67
Idem, •Buletin Tirana t 15 (1962), 2, p. 72: t Le rcflct direct du mot latin est
cependant detue>r, detuar, dctores represcntant un elargisscment cn -ifs comme dans kalores
„chevalier" face a kal1urr, chez Buzuku kal11or. La forme elargie est cmployee plutC.t en
fonction de substantif, la simple cn fonction d'adjcctif •.
68
Pellegrini, p. 54; constestc par E. \abcj, RRL, 7 (1962), p. 170.
69 E. <;abej, RRL, 7 (1962), p. 168.
eo Idem, StGj, 2, p. 378.
6 1 N. Jokl, AR. 24 (1940), p. 120-121.

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Les l:ll:mcnts latins ·de la languc albanaisc 37.

. familia - jlmije « famille, ·posterite », a. dr. jămeafr, ar. jămeal' e (f fa-


m1lle », dr. femeie (I femme », it. famiglia;
fascia - jashke (I bande, bandclette d'etoffe », r. faşă, it. fascia;
Jasciola - f qolle « filassc de chanvrc qucnouillee », r. f ăşioarâ, occitan
Ja1:sola;
jebruarius - jrirnr, fror « fevricr », r. fău.rar, it. febbraio;
feminus, -a - femer, femin «feminin», dr. famen, ar. jeamin, it. jem-
mina, fr. femme;
fenestra - jenjeshtcr, jenesltter « fenetre », r. fercastrii, it. finestra;
ficus - fik <c figuier, figue >>", ar. hic « figuier », hică <c figue », it. fico;
*filianus - Jijan (< filleul », dr. fi1t, ar. nil'in, d. pil'un, cr. pi!jan, slo-
vene pilun, it. dial. fil'iano, corsejiyano: mot ccclesiastique gui semble avoir
eu comme centre d'irradia tion le diocese d' Aquilec 62 ;
Jiliaster - ( i, e) thjesire « fils ou fillc d'un autre lit », r. fiastnt, it.
figliastro;
Jilum - Jill <c fii», r. fir, it. filo;
jloccus - flok « flocon de laine, duvet », r. floc, it. Jiocco;
fraxinus - frashifr, jraslien <c frene », r. frasin, it. frassino;
jrenuni - fre <c bride de chcval, rnors, frein », dr. frîu, ar. frîn, it. freno;
jricare - ferkoj (-6va, -1.tar) « frotter, frictionner 1>, r. freca, it. jre-
garc;
frigere - Jergoj (-6va, -tear) <c râtir, griller, frire »,. r. frige d. jregur,
it. friggere;
jmctus - fryt « fmit 1>, r. frupt, it. Jrutto;
fund-us - fund <c fond», r. fund, it. jondo;
furca - furke « fourchc », r. furcă, it. forca;
Jurnus - furriJ <c four 1>, ar. furnu, gr. cpoupvoc;, it. jorno 63 ;
galbinus - (i, e) gjelber (I vert pâle », r. galben « jaune »,. afr. y"alne,
fr. jaune;
gallinacea - gelase «< fiante d'oiseau » 64 , r. găinaţ = galli naceum, cat.
gallinasa, esp. gallinaza;
gemere - gjemoj (-6va, -uar) <c gemir», r. geme, it. gemere;
gens, -ntis - gjitide « famille, race, peuple 1>, a. dr. gint, it. gente;
glandula - gjender, gjenderiJ «petite glande de chenc », a. dr. ghindură,
it. ghiandola;
glans, -ndis - tende «glande de chene », r. ghindă, it. ghianda;
gunna - gune <c manteau 1>, ar. gună, gr. yoiJvix, it. gonna 65 ;
gutta - gute « goutte (maladie), dr. reg. gute!, (< goutc d'cau », it.
gotta;
hibernum - (derive) verri, verri « pâturage d'hiver », r. iarnii, d. inviarn,
it. inverno;
hora - heriJ « heure, stagion, epoque », r. oară, d. }aura, it. ora;
Jiostis - (derive) ushtri <c armee », r. oaste, a. it. oste;
ilia - ilje « flancs, partie laterale du ventre», r. ie, a. fr. ille;
in alto - (i, e) nalte, larte <c haut 1>, r. înalt, fr. dial. nault;
62 Battisti, 63: E. <;abcj, e Buletin Tirana 6, 16 (1962), 1, p. 118.
63
N. ]okl, IF, 36 (1916), p. 138.
u H. Pcdcrsen, ZVS, 33 ( 189.5), p. .539.
65 H. M:ihăescu, RESEE, 19 ( 1981). p. 12.5-132.

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38 .H.„Mihă.cscu: ·:.,, ., .; •

incaballirnre - ngalkoj, ngalkoh.c.t (ua, -U.CfY) G.G (( monter a chc\·al I>,


r. încăl!!ca, i t. cavalcare; .·1

1'.ncarrfrare - iigarkoj (-ova, -u.ar) <i charger, embarqucr •. r. încărca,


i t. in ,·arricare;
ingamzarc - a. alb. engenjrj, ngen.fc.f «'iiniter la voix d'autmi, se rnn-
quer de lui, gronder, dupcr •. r. ingîna, it. 1:11gat1nare 67 ;
i11sub1tlum - s/111/ « ensouplc, cnsoupleau· • , r. sul, it. subbio ·
invitart' - ftoj (-ova, -1{ar) « inviter•. a.dr. învit-a, it. invitare;
iorns, 1·oc11. --gjoge <1 fee, fee dansante• 68 , r. joc, _foacii <i jeu, danse &,
it. g10co;
iudicarc - gj1tlwj (-ova, -tlar) o juger •. r. judt'Ca, it. giudicare;
1'.udicium - gjyk « justice, proces, tribunal, jugc » 69 , r. judeţ, it. giu-
di::io; cn Occident, toutes Ies formes ont su bi l'influrncc du latin medieval;
iurare - pergproj (-âva, -uar) <c jurcr •. r. ju.rn, it. gi'.urarc;
iuvenca - gimxltf!/ <i femme dl' mauv3isc vie•> •0 , r. juncii, it. giovc11ca;
l(thrusca - lamshll, /arushkl <( fruit <le vigne sauvagc, lambruche 1>, r.
lci1truşt"1i, it. dial. ahrosco, sanlL· agrustu.; en dalmate, le derive abastrain <1 es-
pece de raisin 11; en Occident, Ies tcrmcs rcspectifs descendent surtout de
lambrusca;
/argus - lcir;: ; loin "· r. larg, el. lu.arg, it. /argo;
/,wdar,· - lh•doj (-6va, -itar) <1 louer, vanter ». r. lâuda, it. lodarc; alb.
la;:d, r. la11dă, it. lode « louangc • sont plutot des formations intcrncs;
laurus - Iar <1 laurier 11, r. laur, it. al/oro, sardc Iaru;
luxart' - /Cshoj (-6va, -ziar) ~ laisscr, liberer •. r. lâsa, a.it. lassare;
lcx. /cgis - ligj. lig_ic <1 loi, religion •. r. leţ;c, it. leg{!.c:
l<'p11s, frporis - [,'/JUr « lievrc », r. iepure, d. li pro, it. dial. lepru;
lt'11is - leii, (i, <') frhtt; <1 legcr. facile•. dr. (derive) uşor ct ar. hşor (levis
+ le suffixe -şnr), it. lict•c;
ligal1tr<1 - lykltyre. lyktyn; <1 lien de paille • 71 , r. legătură, it. legat ura;
li11um - li <1 lin•. dr. in, ar. l'1·n. it. lino:
lueta - luft(; a luttc, combat 11, r. luptă, it. lotta;
lfţ)lfry - fundh, lundrf (I harqtJC a faiblc tirant d'eaU li, f. luntre, it.
dial. limtm;
mat;ister - mjeshter «artiste, maître •. r. măfrstru, it. macstro;
ma/leus - maj o maillet, marteau •. r. mai, it. maglio;
m'1l1ts, -a. -um - mail <1 desir, nostalgic, souffrance 1>, ar. mar, it. malo;
mancus - m~nl? <i manchot, infirme de la main », dr. reg. mîn.c: 72 , it.,
esp., pg. manco;
mancrc - mt7 noJ (-ova, -uar) <i rcstcr, ajourner, rctar<lcr •. r. mînca, a.it.
mane re;
ma11ica - m?11ge <t manche, manchettc •. r. mfoecă, it. manica:
66
E. \,ab<·j, RRL, 7 (1962), p. 169.
67
Le ·.rerbc ingannare manquc dans ThLL, cepcndant VII, l, 1515, 29-"30: ingan-
natura d'aprcs CGL, 2, 582, -4 i11gat1nal1'ra sanna: -4, 359, i.2 lall"at inridit ga11nat: Hetzer,
ReichGI. 38, 129, 523, 6.59 i11ridebit: dr.gannabit.
&a )l'. Jokl. BA, i (1928), p. 216. . .
60
E. <;a.bej. o Buletin Tirana• 16 (l962), J, p. 75: 1Le sens du mot et Ic gcnre neu-
tre consene rlans l'ancienne litterature indiquent comme fonte plutot iudicimn que iudicem •·
70 Ibidem: o Probablcment du latin iuvenca .,jeune gcnisse", avec un developpcment

de sens comme dosif „truic". lope „lou·.re". shal1if „chienne", etc. •.


71 Idem, StFil. 18 ( 1964), 2, p. -42: 1 Emprunt du latin tardif •.
7
z Philippide, OR, 2, p. 6-47.

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Les elements de fa lilngne albanaise 39

margo, ·-inis - margjenuar, margjenor « saillie d'un rocher qm sert


d ' a b n. J) 73 , r. margine,
. •
1t. .
margine;
maritare - martoj (-ova; -uar) (I epouscn, r. mărita, d. martur, i t. mari-
tare, fr. marier;
'marmor - a.: alb. mar:mur « marbre », r. marmură, it. marmore 74 ;
J\;J artis ( dies) - e marU <(mardi», r. marţi, d. mirte, it. martedi;
1Vlartius (mensis/ ~ mars (< mars », a. dr. marţi, ar. marţu, it. marzo;
masculus - mashkull «mâlc », r. mascur, i t. mascltio;
masticare - meshtekoncm (-ova, -Uar) (( eclater de colere », r. niesteca
« mâcher », it. masticare;
matrix, -icis.- metrik « colique de betail », r. mătricc, it. matrice;
·mens, me1Ltis - menti « pensee, raiso11, memoire », r. minte, it. mente;
Mercurii (dies) - e mcrkure « mercredi », r. miercuri, it. nit'lcoledi;
mergere - mergoj (-.o,:a, -ilar) (( cloigner, ecarter », r. merge <( aller », a.
it. mergere, engad. schmerscher (( foire rouler, fendre du bois ». Il n'y a pas un
complet parallelismc. entrc mergere - mergoj <c eloigner » et le roumain merge
<( aller ». Le mot albanais, de meme que l'ancien italien mergere <( abattre,
jeter a terre l) et l'engadin schmerscher (I jeter dans un precipice, abattre des
arbres au sol » sont des vcrbes transitifs, alors que le roumain merge est in-
transitif. Les premiers sont le reflet d'unc phasc anterirnrc du latin, quand
mergere signifiait « couler, noyer », cepcndant que le mot roumain derive du
latin vulgaire mergere (issu de mergi) <• sc couler, sc noyer, aller cn aval ou
au fond». Cette signification est egalement attestec par certains textes latins
d'epoque tardive d'Italie 75.
meridian- merzcj (-eva, -yer) (( fairc la sieste a midi »,dr. reg. mcridza,
ar. amiridzare «se rcposer a l'ombre pendant Ies heures chaudes de la journee
(en parlant des moutons) » 76 , it. meriggiarc, sarde mcryare;
milia - mije <• mille >), r. mie, it. miglia;
milium - mel <• mil, millet » 77 , r. mei, d. meil, it. miglio;
miserere - meshiroj (-ova, -uar) <( avoir pitie », a. dr. miscrcarc <• pitie,
pardon, grâce », a. lomb. meser;
monstrum - moslztre <(monstre» 78 , ar. mostru, it. esp. mostro;
nwrs, mortis - mort «mort», r. moarte, d. muart, it. morte;
mucus, *muccirs - myk <c humeur rnuqucuse, rnucosite », r. muc, it.
mucdo;
musculus- *musl1k, niuslzke;1:, mushkiini <• poumon, viscercs »79 , r. muşchi,
esp. rnuslo;

73 E. <;abej. StGj; 2, r-· 418.


74 Ibidem.
75
Corrip. Ioha~nis 4 .. 768 .• ·a:bsortusque voragine mersit ipse ca<lens >); Thcod. 29
(Itin. Hierosol., ed. Geyer, p. 149, 11-12) • in qua civitate exit et ad capu<l civitatis mer-
git sub terra~ I diplomi di Ugo e di Lotario, di Berrngario II e d'Adalbcrto, ed. Schiaparelli
(Rome, 1924), p. 204 • mergit per campum ... et vadit per locum ~. xc siecle.
78 DDA, p. 94.
77 H. Pedersen. ZVS, 33 ( 1895), p. 539: mel « Hirse ~ ist wohl rnmănisch; aus dem

lateinischen wiirde man * mif ('vgl. femi;'e: familia) ~ erwarten ~. Philippide, OR, 2, P· 687,
repouse l'idee de Pedersen et rlefend l'etymologic latine directe.
78 E. <;abej, StFil, 18 (1964), 3, p. 51: • Emprunt <lu bas-latin, comme le demontre

le reflet inaltere de l'o *·


79 Idem, StGj 2, p. 423: ~ mushkeri, niushkeni f. „pc,1~mo11" scrnhlc :l·1oir designe
jadis aussi, ou e'x:ch.isivei'rieti'c', le foie, et originairement les visceres, Ies eutraillcs du be-
tail abattu•. ,.,„„ · ·

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mustum - musht «vin nouvcau, mout », r. must, it. mosto;
nodus - llt', 11eje <c nceud », r. 11od, it. nodo;
1w11_nus - nun <c parrain (au mariage religicux) •, r. nun, gr. vouvoi:;, it.
nonno, sic. mc.nnu;
*notare - natare - noto} (-{rea, -Uar) « nagcr •. a. dr., dr. rcg. nota, it.
11uotarc 80 ;
· nuntt·rus - 11um.7 r <1 nombrc », r. 1wmilr, it. 11m·cro, sardc numcru;
orbus - (1:, c) verb~; ii avcuglc 1>, r. orb, d. uarb, vuarb, it. orbo;
orplt,rnus- (i, e) c.•arpr <'orphclin», ar. oarjăn, it. orja1w;
p.1g.rnus ,pag.rnirt: - (i. c) pfg,;re «impur, souille » (le mainticn du
-g- inten-ocaliquc l'St la preuvc d'un cmprunt tardif). r. pîngăn: « souiller •;
en roum:i.in. il y a aussi le terme P•Jganus > păgi1r « paicn 1>, de meme que dans
Ies lans-ucs roma nes occidentalcs;
palati1111t - pNlas « palais, maison », a. dr. pâraţ, d. palata, gr. r.cx),cf.TL,
ser. pol,u~il 81 , i t. pa!a:::o;
p,1/umbus - pNlumT> <1 pigcon », r. porumb, it. palombo;
p:m!,·x, pa11ticis - pf,7 1z:l?s « tripcs, panse », r. pin.tccc, it. pancia;
parare - p?roj, mbrnj (-ta, -tur) « parcr, defcndre, protegcr, gardcrt,
a. dr. pcirt1, it. parare;
parms, parm!is - ph1:11t, prind <1 pere I) 8 :!, r. piirintc, it. parenti;
p~1sd1a - pashke <1 pâqucs •. r. pască, it. pcisqua;
pirssus - p11sh (I pa~. mc.;urc de longueur », r. pas, it. ;asso;
jiatirc - p?soj (-ova, -1(ar) « souffrir, supporter •. r. păţi, it. patire;
p:t;·o, pa·uonis - p.1.g1t1l <1 paon », r. piiu11, it. pavone;
pax, pacis - paq, paqt' « paix, tranquillite 11, r., it. pace; alb. pajtoj <'cal-
mer. apaiscr », post\·crbal dl' paq;
p,·ccalum-11u;kal <1pech611, r. păcat, it. pcccato;
pcdica - pmg/, pmg <' l'ntra\'l', abat». r. pi:tdică, it. dial. pedcga;
pmsarc - pmslzoj (-ova, -1iar), ~ pcnscr •. r. im1: pasă, it. mi pesa <1 cela
m'inquit·te, me chagrine, me pressl' •;
pmsum - Pt·shc <1 poids, chargl', fardcau ». r. păs, it. peso;
pcrg11la-pjer:;11ll « avancee, appcntis, balcon 1>, ar. pcrgură ngr. n-€pyou:A.o,
it. pergola;
*pâtia - pjc·sc'. « piecc, portion I), r. pîţă, <l. pr<~a. it. pe;:za;
pigritarc - p?rtoj (-6-ua, -1iar) <c hesitcr, tardcr, Ctrc paresscux », r.
prcgcta. it. pcritarsi;
„,
pila - pilc (I grand fCCÎpicnt p0llf l'huill' f. piuă = lat. pilula (< JnOU-
lin a foulon 1), d. payla, it. dial. pcla;
pi/lila - penele (I plUffiC >), dr_ pană, ar_, dr_ reg. peană, it. penna;
p1:scis - peshll <1 poisson 1>, r. peşte, d. pask, it. pesce, sardc pisllC;
placcre - petqe_i (-eva, -yer) «plairc •. r. plăcea, d. plakar, it. piacere;
plopus = populus - plep « peuplier 11, r. plop, it. pioppo 83 ;
plumbuni - plumb <1 plomb i>, r. plumb, it. piombo;
80
P. Skok, Zum JTulgărlatein, dans Miscellanea linguistica dedicata a Hugo Schu-
chardt (Gcue·.re, 1922), p. 130-- 131.
81
P. Skok, dans: Melangt·s lillg11istiqucs offerls a Albert Dauzat, Paris, 1951, p- 303-
304.
8
~ E. <;abej. LP, 8 (1960). p. 72-73.
83
CGL 3, 428, 67 poplvs; 538, 39 puplu; CTM, 145 plr4ppi; Roblfs, 412, en Calabre
(an 1124) ă.Y.p~ -:Wv otAourr<r>v, dans le. parler grec de Bova pluppo.

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Les elements !atins de la languc aJbauaise

pollicaris - pulqcr (fpoucc i>, ar. pălicar, pulicar, it. dial. polear;
ponium - pemiJ <1 fruit i>, r. poame = po1·~ia, it. pomo;
populus - popull <1 peuplc i>, r. popor, it. popolo;
porrum - porr • poireau », r. por, it. porro;
portri - porte<• portei>, r. poartii, d. puarta, it. porta;
pasare = pausare - pushoj (-ova, -.itar) <1 cesscr, se reposer i>, a. dr.
păsa <• habiter i>, it. posare ,:
*poste= post - posht (f apres », r. poi-, păi-, (\·oir dr. poimfr.ne, ar.
paimîne, păimine) <1 apres-demain i>, it. poi;
praebiter - prijt «prHre i>, r. preot, d. prat, pretro, i t. ·pre te;
praeda - pre <1 proie i>, r. pradii, it. preda;
primm•cra - prendvae, prc1nvere <1 printcmps i>, r. pri111ăvarâ, it. prima-
vera;
jmlla - pute <• poulc i>, r. pulâ i> pcnnis i>, d. puia « pcnnis », it. polla;
pulpa - pulpe <1 cuisse i>, r. pulpă, it. cat. pg. polpa;
pulvis, pulvcris - pluliur <1 }'Oussiere », r. pulbere, <l. pulber, pult:ro, it.
polvere;
*puppa - pupe <• toupct, touffe, houppe, huppe », ar. pupă <1 fillette »,
it. poppa;
putcus-pus <•puitsi>, r. puţ, d. puc, it. po:.::o;
quadragesima - kreshme (t careme l), r. păreshni, it. quarcsima;
quctus = quietus - (i, c) qetl (< cahrc, lent l), r. cct, fncct, frioul, cet;
radia, radius - rreze <1 rayon », r. ra:.;ii, d. re:.:, ruaz <1 eclair », it. raggio;
radicula - rr·ilkii <• radis », r. ridiche, it. radicclzt'o, frioul. radigle;
rnllu.s = rarus - (i, e) rallc <1 rCJrc, isolc » 84 , r. rar, it. raro, sarde raru;
ramus - rem, rremp, rremb <1 brc-mchc, rnrneau » 85 , r. ram, it. ramo;
rapere - rrjep (rropa, rrjepur) <c ecorcer », r. râpi, it. rapire; les formes
romancs vienncnt du Yulga irc rapire;
resina - rreslzine, rreshire <c rcsine i>, r. rclşină, it. dial. rcsina;
rimare - rremoj (-O'i}a, -1iar) « frndrc, sondcr, cxplorer i>, r. rîma, it.
dial. rumarc;
ripa - rripe <c rive », r. ripă, d. raipa, a. it. ripa;
rota - rroU <• roue i>, r. roată, it. ruota;
rubeus, rubea - rrojbc, rrolbe <•plante de coukur muge» (cartharnus
tinctorius), r. roib <« renard ou cheval rouge », it. robbia 66 ;
sabucus - shtok, shtog <c sureau i>, dr. soc, ;:ir. sug, it. dial. sau~o;
sagitta - shegjete, shif,jctC <1 flechc », sliajtoj <1 fru.ppcr d'une fleche i>, r.
săgeată, it. saetta, sarde saiita;
salfre - shellij (-va, -re) <1 saler, mettre du scl », mgl. ansdr, sarde
salire;
salix, salicis, *salicum - slzelg «saulei>, r. salcie, it. salcia;
sanarc - shcroj (-ova, -ilar) <1 soigncr, guerir ,>, ar. asfnedzu <1 je gueris i>,
it. sanare;
sanctus - (i, e) shent, shenjte, r. sînt, sîn, it. santo;
sanitas, sanitatis - shiJnr!et <1 sante », r. sănătate, d. santut, it. sanda:
sanitosus - (i, e) shcndoshe <c sain, bicn portant», r. srlnătos, it. dial.
sanetuse, sarde sanidozu;
84H. Pederscn, ZVS, 33 ( 1895), p. 539.
85Jokl, Untersuch., p. 18. ·
u E. c;abej, StGj, 2, p. 101; Alb. Beit1-.! p. 369-37.0; Pellegrini, p. '45.

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H .. Mihăescu

scabies, *scabia - zgjebe <1 gale,. rogne », r. zgaibă, it. scabbia, frioul.
zgabye;
scala - shkalle « echelle, marche d'escalier •, r. scară, it. scala;
scamnmn - shkamp, shkemb « siege, chaise, tronc», r. scamn, scaun,
it. scanno;
*scantiha, *scantelia, sci11tilla - shkend1je (I etincelle », r. scîntcic, fr.
etincelle;
*Sclavus, Slavus - sltqa «Slave•. r. şcht:au, it. schiavo, it. dial. skavu;
scutmn - s liq yt « bouel ier • . r. scut, fr. e cu;
serra - sharre « scie •. ar. şară, a. it. serra;
signmn - shenj, shenje « signe, signal•. r. sc.mn, it. segno, sarde sinnu;
simt'.larc-sMmbellej (-eva, -yer) «etre semblablc», r. semăna, fr.
semblcr;
socius - sholl (I associe avec, epoux 11, r. soţ «< epoux ». it. soccio, sarde
sottsu;
sorlms - shurbe o sorLc •. r. sorb, it. sorbo;
sors, sortis - short «sort•. r. soartâ, it. sortc;
spatha - shpate « epec •. r. spată, d. sputa, iL spada;
spissus - (i, c) shpcsh « epais •, shpt"sh <( frequemmcnt, souvcnt •, ar.
spes, it. spesso;
*stan;us - shtengu, « le borgnc •, (1:, c) şhtengt;r « borgne •, r. stîng « gau-
che I), a. it. mano stanca « main gauchc •;
*strambus = strabus - shtrhnp, shtrcmb, (i, c) shtrcmber <1 tordu, qui
n'cst pas droit o, r. strîmb, it. stramho;
stratum - slztrat « lit, couchc », r. str11t, a. it. sirato;
strictus, *stri11ctus - (1:, <') slitrmjti~ (( coukux, a\·are I), r. strîmt, a. it.
strimto, fr. etroit;
stringcri'. - shtrengoj (-6ira, -1l1!r) <1 scrrcr, ctreindrc », r. strîngc, d.
strengar, i t. stn:ngcrc;
stuppa - shtuppc <1etouppe11, ;·. stup.;, it. stoppa;
surdus - shurdli, (i, c) s/111rdli!.'r <1 sourd », r. surd, it. sordo;
taurus - tcr (I taurcau 1>, r. taur, it. toro;
*tcmpla = trmpora - tembl, tcmbCI <( tcmpc •. r. timplă, it. dial. teimpya;
ten.da - tende, tende <( toit de roscaux 11, r. tindă, it. tenda;
termen - qcrm "bord, margc, limite I), r. ţc'irm, it. dial. terme, cngad.
tierm;
testa - teshiJ « chosc, instrument, habit 1> 87 , r. ţeastă, fr. tete;
timar, -oris - tmcrr (I peur bleme, epouvante I), ar. tcmoare, it. ti:more;
torta, turta - torte (( objet rond 1>, r. turtă, d. torta, it. torta, fr. tourte;
totus, totum, tottus - dat «du tout, aucuncmcnt », r. tot, it. tutto;
trijofrum - terjoj, te1jop « trefle I), r. trifoi, it. trifoglio;
tristis, tristus - trishtoj (-ova, -uar) <( a ttrister o, r. trist, it. triste, tristo;
tufa - tufe « rameau touffu, feuillage », r. tufă, fr. tuffe;
tumba - tumbe « gerbe, tertre, amas de terre o, ar. tiimbă, it. tomba;
turbare - terboj (-ova. -uar) « troubler, mcttre en desordre 1>, r. turba
o ~tre pris de la rage 1>, esp. turbar;
*turbuJarc - turbulloj (-6va, -Uar) « troubler, agiter », r. tulbura, fr.
troiibler;
81
E. <;abej, RRL ( 1962), p. 197: o eine interessante Bedeutungsentwicklung t.

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Les clcments latins de la languc albanai~c

turma - titrme (I troupc, foule », r. tu111iă <~ troupcau », it. torma;


turtur - turtull <1 tourtourclle », ar. turtură, it. tortora, fr. tourtre;
ululare, *urulare -ulerij (-ta, -tur) (I hurlcr, pousser descris de doulcur »,
r. urla, gr. oupALOC~EL'V, it. urfo·re;
mictura - yndyrc « graisse », r. untura, sardc untura, a. fr. ointure;
1,1,ngere - ngjyej (-eva, -yer) (< oindre, imrnerger», r. unge, it. ungere;
venenum - verer, vrer, venrr « poison », r. venin, it. vcleno;
venire - vij (erdha, ardliur) « vcnir 1>, r. veni, d. vmcr, it. venire;
va, veris - vere« ete t, r. vară, it. dial. vera;
vcrsare - vershoj (-6va, -Uar) « verser, renverscr », r. 1,iârsa, it. ·vcrsare,·
vesi<;a - /sliike, pshike, mesliike <t arnpoulc », r. băşfră <1 vessie », it. vescica,
sarde ln1sika;
vidnus - jqi·nj « voisin », r. vecin, d. vicain, it. vfrino;
virgo, virginis - virgje, (i, e) virgjer <1vierge1>, r. vergură, it. vergine;
virid1:s - (i, e) verdhe « jaune, pâle », r. verde, it. verde;
c.1irtus, -utis - vfrtyt, vertyt « vcrtu 1>, r. vărtutc (1forcc1>, a. it. vcrtu;
vi/imn - ves <1 vice, defaut 1>, r. învăţa <t apprendrc 1> = *t'11v1:t1'are, it.
vez::o;
vitricus - vitrek «beau-pere 1>, r. vitreg, sarde bidrigt,f, 88 .
27. En abordant cettc prcrnierc categoric, on n:marquera que la vari-
ante aer est attestee en albanais ( ajer), cn rournain (aer), en vieux italien
(aire), cn frarn;:ais (air), etc.; quant a la vari<:ntc acra partant de l'accusatif
grec tHpoc elle s'cst irnposee en albanais (ere), en italien (aria) et en sarde
(aera) - par consequent, nous avons des aires paralleles cn Orient et en
Occident. La variante adnll:ssarius dcvait persister en !talie meridionale, ce-
pendant que la variante armissariu.s allait survivre cn albanais ( harmtc;huar),
rournain (armăsar, harmăsar) et dans le centre meme de la Sardaigne (ar-
missariu). On n'y releve <lonc rien <le typique pour la romanite sud-est curo-
peenne sauf l'apparition ultericure <lu h aspire, d'origine locale. La rnerne
rernarque s'applique aux variantes ieiunare et *et'unare ou *aiunarc, dont
la derniere s'est averee vivace dans Ies territoires peripheriques, comrne en
temoignent l'albanais (agjcroj, agjroj), le roumain (ajuna) et l'espagnol
( ayunar). A part la forme axungia, conservee en albanais ( ashung), ainsi
que dans certains langues et <lialectes rornans occidentaux, ont egalEment
circule Ies variantes auxungia et aussungia, presentcs en albanais (ushitj},
roumain (osînză, usîndză) et grec byzantin (0~0uyyL). En alban<iis, baptizare
devait traverser une forme <1hypercorrecte1>, a savoir: *baktt'zare, avant d'abou-
tir a la phase actuelle: paghoj, alors que Ies langues rornanes ont pris pour
point de depart la variante populaire batti::are, attestee au IIIe siecle dans la
Bible dite ]tala ct dans l'reuvre de Cyprianus. La variante lntbalus a survecu
en albanais (buall), roumain (bour), neogrec (~ou~<X.A.oc;), et rnerne chez Ies
Slaves meridionaux et en gallois, autrerncnt dit dans Ies <iires peripheriques,
tandis qu'au centre du dornaine roman ont prevalu Ies formes derivees de
bufalus. Partout en Occident on retrouve la survivance de la variante cortis
du latin vulgaire, de meme qu'en grec byzantin (x6p-r~) et rn dalmate (korte),
alors que la variante curtis etait frequcnte en Gaule, ainsi que dans le Sud-Est

88 E. <;abej, StGj, 1, p. 341; C. Tagliavini, dans Milanges Mario Roques (Paris, 1952),
t. 3, p. 255-264; Pellegrini, p. 60-61.
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H. ~hă.esc;u

de l' Europe, ou elle laissa des traces en. roumain (curte), en grec byzantin
(xo up-r'l)c;), au Chypre et en Crete (xo up-roc). mais sans se generali ser en Albanie
(a. alb. kurt). Le nom latin debitor present cn albanais ( detuor, dct11ar) ne saurait
surprendre, compte tenu de sa large diffosion dans toutes Ies langues roinanes.
Les derives du terme ecclesiastique *filiamis « filleul », en albanais (jijan),
cn corse (jiya1w), dans le dialecte napolitai1i (fiha1w), en croate ( pilijan),
en slovene (pilun), cn roumain (dr.ffo, ar. 1iil'in scmblcnt avoir eu pourcentre
d'irradiation le diocesc d'Aquillec, reste pendant longtemps a l'obedience de
l'Empire byzantin, mais dans un territoire frontalier, a la confluence des cul-
tures byzantine et occidentale. Egalemrnt repandu a l'est comme a l'oucst,
bicn qu'ignore des textes, etait le verbe *inganuarc, conserve en albanais
(ngenjcj), en roumain (fogina) et dans lcs langues romanes occidcntales.
La forme pila, presente en albanais (pillc), dalmate (paila) et dans Ies lan-
gues romancs occidentalcs, a pour pcndant cn roumain le diminutif pilula >
> *pilla > piuc'i. Connue dans le Sud-E~t de l'Europe, cn Italic ct dans d'au-
tres n'.·gions de I'Empirc romain, b variante populairc plop pus (-= populus)
a survccu cn albanais (plop), en roumain (plop), dans la litterature byzantine
(it/,rJu7toc;) ct cn Italic meridionale. Le nom tenda a persiste cn albanais (tende,
tende), dans la litterature byzantinc (-r&v8x) ct dans lcs langues romancs
occidentaks cn tant quc terme militaire avcc le sens de «tente >t, alors qu'en
roumain le mot cst sorti <le la terminologic militairc pour se generaliser avec
le sens d'« cntrec, vestibule, piece d'acces dans Ies maisons paysannes ». De
memc quc dans le cas des langnes occidC'ntalcs, au terme albanais vcs «de-
faut physiquc 1>, derive clu n<1m latin 1.1ili11m. l<~ roumain oppose Ies termes
învăţ, i111•ăţ11 < *inviti,JY: « prl'n<lrc ccrlaincs hal>itudL·s. connaîtrc, apprcndrc ».
II apparait <lonc que sous maints r;~pporb, Ie lai.in qui se trouve a la basc de
la languc roumaine a suivi sa proprc voie.

Elements latins consen·(>s en albanais


et en Occ~iden t

~n. La sccondc c1.te.sori~ d'cl6meat:; latins de l'albanais comporte 164


termes qui n'ont pas donne de dc1in~s roumains, tont en laissant des traces
dans lcs langucs romanes occidenbles. Unc CC'rtaine partie de ccs termcs se
rapportcnt aux caracteristiques du climat ct de la civilisation mediterraneenne,
alors que Ies autres sont soit des inno\'ations, soit des echos tardifs du latin
qui n'ont pas touchc la Dacie ou y furcnt rcmplaces par des creations loc~les:
adorare - adMroj, adlmroj (-6Vtl, -1(ar) (/. adorer », terme du langage
ecclcsiastique; it. adorare;
acra (ace. gr. ă.~p~) - ere « air 1>, it. aria, sarde (log.) aera;
amicus - m1:k <1 ami '" d. amaill, it. amico;
amyndala - mendulle « amande 1>, <l. *mendulu, ser. mjendco (-dela),
occitan amclla;
anguilla - ngjalle « anquille », d. angiola, it. anguilla;
aptnS - (i, C) afte (I habile, meritoire, suffisant I) 89 , it. dial. atfO,"
arca - arke <1 coffre, boîte, caisse 1>, it. arca;

~u E. <;a.bej, StEtim., 2, p. 13.

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Les clements latins de la langue albanaise 45

armat~ - rmate « flotte », gr. byz. &pµ.iX:r(X, it. armata;


b~ilsmnum - b:ilshlf m, ballshlf nt, bal9em « baume », it. balsimo ,·
baraihrum - ballader <1 cascade, chute d'eau », a. tosc. baratro, balatro 90 ;
bcnedicere - bekoj. (-6va, -uar) <1 benir », it. benedire,: .
bestia - bis/te «bete», engad. besa « mouton »; -
bi1urius - binjar « jumeau », id. binair 01 ,
brisa - (derive) bersi, bersi <1 marc de raisin », cat. esp. dial. brisa;
buxus - bitsh <t buis », it. bosso;
calcaria - kelqere (I ChaUX )), it. dial. kalekara, karkare (( four a thaUX I) j
calix, calicis - qelq, qelqe « coupe, vase a boire», d. kauko, sarde kalige;
Cambiare - kembej (- eva, -yer) (I echanger, troquer I), it. Cambiare;
candela - kendelle <1 cierge, chandelle », it. candela;
cannata - Mnatc <1 broc, cruche », gr. byz. Y.(XVVOC"t'oc, it. dial. kannata;
canosa (avis) - kanushe <1cigone », engad. k'anuos <1 gris, blond »92 ;
CanthaYUS - kaitdfJy (I recipient a huile, peint a l'interieur et a l'exte-
rieUr » 9 :1 ; i t. cantero, sarde kantaru;
capreus - qeper, gepe <1 sorte de binette (ainsi nommee a cause de
sa ressemblance avec Ies cornes du chevreuil), frioul. k' abri; ·
castellum - keshtjell <( village, cite, fortification », it. castello, fr. château,,·
causa - kafshe <1 chose, enigme», d. kausa, it. cosa;
centum - qfad, qint <1 cent», d. cant, it. cento, sarde kentu;
cicala - gjinlrnlle <1 cigale », it. cicala;
*cu,plea = clupea - kubet .<1 alose », ser. kobla, ~sp. chopa 94 ;
ccceus - ( i, e) ku,q « roux », it. dial. kuoccr!- (Foggia) <1. sorte de pois-
son» (Trigla corax)95;
computus - kwmt <1 information, communication », it. canto, fr. compte;
concha - kunge <1 abside». konke <1 velum tern.pli », chc;, l~uz'"1ka, au
xv1c siecle; it. canea;
consilium - keshill, keshille <1 conseil », it. consiglio;
cortex, corticis - korqe « ecorce », sarde kortige; quant au reste des
langues occidentales, elles usent de termes descendant de *cortecia > it.
corteccia, etc.;
creare - krijoj ( - 6va, · - uar) <1 crcer, inventer », it. creare;
crispa - kreshpe (l mouton a la laine crepue », it. crespa;
rnlcitra = culcita - kulter ( e). <1 oreiller, coussin », d. colchitra, it. col-
trice, a fr. coutre;
cyprum - qiper, qipre <1 cuivre », a. it. dial. covro;
diabolus - djal <1 diable », ·~mprunt tardif; it. diabolo; .
donare - dheroj dhuroj ( - ovii, - uar) (1 d~mner ,1> I. i t. donare~·
I

draco, draconis - dragita ~ dţagon, animal fabuleux », it .. dragone;


dux, ducis - duq <1 tube, conduit, robinet», d. dauk, sarde tuge, it.
dial. dace, a. fr. doizos;

90
Idem, StGj, 2, p. 349; Pellegrini, p. 68-69.
91 Idem, Alb. Beitr., p. 368-369.
92 Idem, RRL, 7 (1962), p. 173.
93 Idem, StGj, 2, p. 402.

" Idem, StFil, 18 ( 1964), 1, p. 82 et 96.


85 REW, 2007a.
811 Pellegrini, p. 63.

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46 H. Mihăescu

ecclisia - kishe klishe • eglise », it. chiesa; l'albanais rec;ut le mot d'I-
talie mfridionalc 97 , alors que d'autres variantes occidentales derivent d' ec-
clesi";
ervilia - rrillc o petite lentille •. it. dial. arviya;
examen - sheml « essaim d'abeilles •. it. ~ciame;
*jabella - }jale (<parole, recit, discours t, it. javella;
fabrica - jarke <i atelier, forge o, ccit. jarga;
fabulare - }las « parler, <lire t, a. it. javolare, fr. Jabler;
jalco, Jalccmi:s - Jalkua, ~ faucon t, a. it. jalc01ie;
jallere - jejej. jejoj (-ova, - 14.ar) • manquer, crrcr, pechert, a. iL
jallere, a. fr. jai:Jiir;
*jallium - Jaj • erreur, peche •. a. it. jaglia, a. fr. jaille;
jatum - jat « sort, destin t, sarde jadu, esp. Jiado;
jides - je •foi, croyance, religion t, jejoj •fier, confier »; it.jede, Jidare;
*jilicaria - }ier, jjer o fougere o, esp. helguere;
foliata (arbor) - jojletc (nom de plante: Celtis australis) 98 it. jogliat1i„
fr. jem'/Ue;
juscina- juslmje, juzlmje • fourche, trident t, it. Jiocina;
gallus - gjcl • coq •, it. gallo:
gaudium - gaz • joie •. a. fr. joi, esp. go::o;
glis, gliris - lir • loir o, it. ghiro;
gramen - gram • herbc, gazon t, sardc ramcn, esp. pg. grama;
grcx, gregis - grigje • troupcau t, it. gregge;
hastile - shtije, shti=e o lance, bois de lance», it. astile;
hebdomas, hebdomada - javc « semaine », d. yedma, it. edima, engad.
emda;
1'lex, ilicis - dq, ilqe « yeuse, chenc vert t, sarde ilizi; mais pour le
reste des langues occident ales, le terme este originaire d' elcx, elicis: it. elce;
*indictare - dljtoj (- ova, - uar) • montrer, expliquer •• it. i'ndet-
tare;
indulgcre - ndljej, ndjcj (-va, - re) •pardonner, excusero, sarde
indullfri;
injernum - jerr • enfrr », it. injerno;
inimims - armik, amiik o ennemi &, it. nemico, sarde inimig1.1,;
insigm·a - shlnjl • enseigne t, it. insegna;
iunctura - gjymtyre •membre, articulation, lien», it. giuntura, fr,
jointure;
liber - .(i, e) lire <c libre », a. sarde livem, lierit • proprietaire libre »;
lima « lime » - liml « lime », it. lima;
lucerna - luqerrl + chandelier t, d. lukierna, it. lucerna;
lucius - mlysh « brochet » (sorte de poisson: Eso:x lucius) 99 , it. luccio;
lud ere - luaj (- ta, - tur) <c jouer &, a pg. loir • plaisanter, badiner t ;.
maledicere - mallkoj (- ova, - uar) « maudire &, it. maledire;
mane vigil - mnjill « eveille de bon matin »1oo, engad. manval';

n Idem, p. 67.
88 N. ]okl. BA, 4 (1928), p. 211.
81 E. <;abej, StFil, 18 ( 1964), 3, p. 39 et 52.

ioo N. ]okl, JF, 44 (1926}, p. 27.

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Les elements latins de la langue albanaise 47

massa - mashen « station de brebis, etable de betail », pluriel singula-


:rise d'un *mashe 101 , it. massa, fr. masse;
medicare - mekoj (-ova, -uar) (I donner a manger », d. medkuar,
:it. medicare;
medicus - mjck (I medecin », d. medko, it. medico, sarde meigu;
merx, mercis - (derive) mergjur «le prix paye pour l'epouse », it. merce;
miiiistrare - marshtoj (-ova, -uar) « servir, foumir, procurer • 10 2,
it. minestrare;
missa - meshe <t messe », d. masa, maisa, it. messa;
modius - mztz « mesure de capacite pour Ies cereales •. mot atteste
-chez Buzuku au XVIe siecle; it. moggio, fr. mnid;
molaris (lapis) - mullar « pierre de moulin, tas, meule de foin »103 ,
ven. molar;
*molinum - multi (det. mulliri) <1 moulin », d. mlin, it. mulina;
monachus - murk, murg, muneg, mung «moine, religieux », it. monaco,
-engad. muong;
mulits - myll <1 mulet », it. mulo, fr. mule;
niuscus - myshk <1 muse, parfum», it. esp. musca;
oblata - blate, mblate «hostie, offrande », d. bluta, a. fr. oubtee, fr.
cublie;
O}fUla - nojull, nfulle (I mâchoire, mandibule »104 , it. dial. Uejjolo, guoj-
jele, vuejjula;
oleaster - voshter « troene » (Ligustrum vulgare), avec deplacement de
l'accent, effectue dans l'albanais ancien105 ; it. dial. aggyastru, sarde ozastru,
cat. ullastre;
oleum - voj, vaj <1 huile», it. dial. oglio, sarde odzu;
oliva - ulli <1 olive, olivier », d. oleia, it. uliva, sarde alia;
opera - vepre, ve.per <1 reuvre, action, geste », it. opera;
ordo, ordinis - itrthen, urdher « ordre, commande », it. ordine;
pala - palle (I beche a la lame de fer I), it. pala;
panUS - pe (I fi} I) a. Ven. panola;
par - pare <1 paire », it. dial. pare, a. fr. per, fr. paire;
parabola - perralle, pralle (i fable, anecdote», d. palaura, it. parola;
paucus - pak, pakC « peu », d. pauk, it. poco;
pessica - pjeshke <1 peche », it. pesca;
pignus - peng « gage, preuve »106 , it. pegno;
*pipa - pip <1 tube, tuyau », it. pipa;
plaga - plage « coup, plaie », it. piaga;
potestas, potestatis - pushtet «pouvoir », a. it. potesta;
quasillum - kafile, kashile <1 petite panier »107, sarde kaziddu « ruche
-rl'abeilles »;
radix, radicis - rrike « betterave », it. radice;
rapum - rrepe <1 rave », it. rapa;

101 E. <;abej. StGj, 2, p. 418.


1oz N. Jokl, JF, 41 (1921-1922), p. 233.
10 3 J. Hubschmid, RLR, 23 (1959). p. 362-373.
104 E. <;abej, Alb. Beitr„ p. 369, Pellegrini, p. 64.
io& Idem, StGj, 2, p. 495.
100 W. Meyer-Liibke, Arhiv, 3 (1926), p. 205-206.
107 E. <;abej. «Buletin Tiranu, 17 (1962), 2, p. 136.

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4.8 H. Mihăescu

ralia, rationis- arsye « raison, cause », d. rasa-un, it. ragionc;


restis - rrjeslzt « ligue, classe, ordre &, it. resta, sa.rde reste;
* retina - rrete n, rreter, « courroie de sandale, lacet de soulier n108 , gr.
hyz. pET&vcx, it. redine, fr. rene; .
retis - rrjet, rrjete <t filet, rets, reseau I), <l. rai·t, it. rele, a. fr. roit, occit.
rct. csp. red, pg. rede;
rliombus - rrumb « objet de forme circulairc 1), it. rombo;
rfrinus - rriqer, rriqere « teignc, pou de mouton ,,, d. drckno, fr. rou,rnc;
robur - rrc, robul! <- chene rougc », it. ro'l'crc, fr. rouvre;
ruinare - rrcnoj, rrenoj (-ova, -1iar) « detruire, miner», it. ravinare;
*rnsculum - rrushkull • petit-hou..x, fragon epincux 1>, it. ruschiu;
saburra - slzur, ::llltr <c ballast, rcste, or<lures 1>, it. savorra, za••orra, sarde
saurra;
sacrarc - shlkroj (-ova, -uar) 11 consacrer », it. sacrare;
sa„~um - shage (I manteau de fourrure », log. sau, fr. saie;
salvare - shetboj (-ova, -ziar) « sauwr », it. s11lvare;
sanguisuga, *sa11guisu11gia - shuslzunje sangsuc », <l. sansoikc (pl.),
(<

it. sanguisuga;
sarmentum - shcrmend « sarment de Yignc <lcsseche servant a a \tiser
le feu », it. sarmrnlo;
sculca - slzkulkc « garde, C'spion ,,, gr. crxc.::Ji.x.t7., it. dial. scoica;
*se1narc - shi11wj (-O'i..'a, -1tar) (< partager, scparer », it. scmiart";
*scritarc (cf. i11sertare) - sltartoj (-u;•,1, -1iar; <• inoculcr, plantC'r, ar-
roscr »109 , csp. mjertar, pg. c11xcrtar;
servfrc - shCrbcj (-eva, -ya) 1, sen·ir, tra\'ai1ler 1>, sMrbcse « sen•ice »,
sherbetor <c sC'n·iteur I), it. scn·iu;
situla, *sic/a - slrekc, slzcqc « scilk, Larattc, tinettc », it. seccltia;
saca - slwllc « cordc, câble, ceinturc », ~arde saga. a. fr. souc;
sofra, *soia - shollc «plante du pic<l, semelle », it. suola, sar<le soia;
solztm - sl:z:all (det. sholli) «sol», it. s11olo;
spartum - shparU (< cpart I), ('~p .. pg. t'sparto;
spatii/a - s!zpatullt~, shpatul/ <i ep8.ule, omoplate 1>, it. spala;
spcrarc - shpert:i (-c1:a, -ft1') « c~percr », it. sperare;
spina - slzpi11e «echine dorsale, dos, colonnc, vertebrale», it. sp,·na,~
spirilus - s!tpirt <c esprit, pouvoir, vie 1>, it. spiri'to;
sporta - sftjjorte «panier 1>, it. sporta;
squatus - shllatcrr « Engelfisch 1), it. (pcscc) squadro, sarde skuadrit;
sti·va - sti <1 rnanche de chamH' i), it. dial. estiva, sarde 1'stea110 ;
sz:mnws - sl111111e <c bcaucoup, tres 1>, it. sommo;
falca - talle <c Sorghum halcpcnse, torgnon de l'epi du mais, paille
de mai:s, Andropogon ischaemum », it. taglia;
tcgmnen, *tnnm - time11, timer «fii a noucr, jet ele trame», le sens
teclmique est propre a l'albanais, I' i un rdkt d'un pluriel singularise111 ,
it. dial. tfrm, ticmo, tem;
tcg11la - tjcgullt~ «tuile 1>, it. fcf!,ţ1,'1ia, ti'glia;
tcm/J/um - tcmpull «temple», it. tcmpio;
106
N. J okl. RIEB, 3 ( 1936} p. 56- 58.
100
E. <;abej. StGj, 2, p. 129-130.
110
N. Jokl, Untcrsuch„ p. 136.
m E. <;abej. StGj, 2, p. 163- 164, 181 ct 470.

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Les clements latins de la languc albanaisc 49

tcrebdfrts - turjelle, trellc (<instrument a forcr, drillc, tariC:rc »112 , it.


tn:vdlo, it. dial. truelo;
tina - fi.ne, tfre « CU\'C a vin, boutcillc », sardc frna, fr. f1"1ie, OCC., cat.,
esp. frna;
tine a - trn.fe « tcignc », it. tigna;
torculum - tork (< prcs:se a bras, pressoir », it. torchio, fr. trc111"l;
trabs, -b1:s - tra <( grosse poutre de bois, architra,•e », d. trua, it. trave;
tractare - trajtoj (-ova, -ziar) «construire, ajustcr, preparcr », it. trat-
tarc, fr. tra1'ic'r;
tradus - trajte <(forme, aspect, condition », d. tra1'ta, it. tralto, fr. trait;
trafrctorium, *traiectarh.tm - tajtar <( en tonnoir, cornet», it. tratto1'0 113 ;
tructa - lrojte <( truite », sardc trota;
truncus - trit1lţ!. (( ebranchc d'un ar bre». it. tron co, ~;:rdc tr1111lw;
tu,rp1·s -· turp <( pudcur, bonte», csp„ pg. torpc <( laid »;
1,161lerc - vcjcj « valoir, etre utile», d. valar, it. t:alerc;
veritas, -atis -- •-'crtete « verite », it. i·critâ;
vesrns - veshk <( fletrir », c~p. dial. i1frsca <( foret de rnontagnc », cf. r.
vest ed <*i•escidus;
, vestigarc - vcshgoj (-6i•a, -z1ar) (< suine a la trace, cherchcr, decou-
vrir », it. dial. justige;
vetus, veteris - (i, e) vjcter « vicux, antiquc », engad. vcidcr, a. pg. vedro;
via - <'i, vjje <1 ligne, trace, trait », it. via, fr. <Joic;
vicia - 11igjez « n.•scc », it. t•ccct'a;
'i.'isdare - vcslztoj (-6va, -1(ar) « visitcr », a. ven. i·1·s1'dar, a. fr. ·ris1'der;
*vittula - vetull « paupiere superieurc, sourcil >I, it. dial. <'tti11/a <, es-
pece dl' pamre pour la tete»;
voluntas, -atis, - t•ull11et <c Yolonte 1>, it. 'i)olontâ.
29. On peut distinguer cinq groupes dans la categorie des elernents
latins ayant sun1 ecu cn albanais et dans les langucs romanes occidcntales,
a savoir: a) elcments qui proveniennent du langagc culti\'e et pour lesquels
le roumain comporte le plus souvent des termes corrcspondants pris au
latin vuJgaire; b) elements }atins conserves cn aJbanais, ma.Îs dont le IOU-
main en a perdu l'usage; c) termes se rapportant a la flore d a la faune
typiques du climat meditcrraneen qui font defaut au roumain; d) termes
ecclesiastiques, caracteristiques pour !'Occident ca tholique; c) tcrmes entres
par la voie du commerce et de la navigation .maritime, par suite des rela-
tions d'echangcs entre !'Occident et la 11editerranec orientale.
La maniere dont chaque langue . a choisi et gar<le nn ccrtain Jc::jque
se rattache a des facteurs tels: le relief, le climat, Ies principalcs activites
hurnaines, Ies rapports avec le~ voisiris, Ies echange~ marchands ct Ies \'oies
de cornmunications, l'environnemcnt culturel et religieux, la structure de
la fami11e ct celle de la societe, l'heritage de certains penchants spiritucls,
la persistancc de certaines traditions, etc. Au point de vuc methodologique,
nous sommes entierement d'accord ave·c la remarque suivante, fort hcureu-
sement formulee: « Pour pouvoir dresser la liste des tenncs caracteristiques
de certaines regions il faut embrasser le domaine roman tout mtier „ . I1
serait imprudent d'affirmer que telles concorclances de vocalmlaircs sont
112 H. Pcdersen, ZVS, 33 ( 1895), p. 539.
na N. Jokl, IF, 37 (1917), pl 109.

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50 H. Mihăescu

caracteristiques de telles regions. Tant qu'il existe des parlers inexplores ou


insuffisamment etudies, il est premature d'affirmer que tels mots ont survecu
1tniquemcnt dans tclle region. La prudence nous apparaît encore plus de mise
lorsqu'on pense que ccrtains mots ont pu exister en dehors de notre domaine,
mais y ont disparu a des epoques relativement recentes sans qu'aucun docu-
ment nous temoigne de leur survie •114 • 11 y avait a l'epoque un noyau lin-
guistique stable, parallelement a un lexique fluctuant, changeant d'une e-
poque a l'autrc, selon la direction des courants de civilisation et le mouve-
mcnt des biens materiels et spirituels. Un mot actuellement absent pourrait
avoir eu son moment de largc diffusion, puis il a ete remplace par un autre
micux approprie, plus precis ou ayant une force d'expression plus accusee:
il s\:nsuit donc que nos jugcments en ce qui concerne le monde de l'epoque
conccrnee ne sauraicnt utilisscr les arguments a silentio qu'en leur attribuant
une valeur rdative, oricntati,·e et non absolue.
On constatera tout d'abord qu'a une seric de termes albanais d'origine
latine correspondent cn roumain des synonymes populaires <le large dif-
fu~ion dans le doma inc des langues romanes: creare> kr~foj - facere> .face.
don,irc> dheroj, dhuroj - dare> da, fatum> jat - sortem> soartă, gramen >
gram - hcrba > iarbă, ludcre > luaj - iocare > juca, maledicere > mal-
lkoj - blastimare > blestema, sida = situla> shekC - caldaria > căldare, vi-
sitare > veshtoj - vidert" > vedea. Les mots romans qui vicnnent d'etre cites
faisaient partic du noyau de la languc et c'est pourquoi ils ont bien resiste
partout.
Pour d'autres termcs, moins frequents, le roumain a choisi toutefois
unc voie qui lui est propre, parfois d'une grande originalite ct qui lui confere
unc individualite frappantc: indulgert~ > ndcycj - *libertare (derive de li-
b,·rt11s <1 csclave affr.mchi »)>ierta, ope-ră> vc·pre - l:tcmm> lucru, pau-
cus > pak - *putinnus (variante de pussi11nus) >puţin, potcstate > push-
tct - pnterc > putere, solum > slzuall - p,wimmtum > pămîut, vestigare >
1•?sltgoj - circi!ar<" > (l°Ycefa.
30. Digncs d'attcntion sont les elemcnts de l'albanais et des langues
romancs occidentalcs qui ont c.lisparu du roumain. La plupart ont ete rem-
places en roumain par des termes slaves: amiws > mii~. im'micus > armik -
prictm, Juşman; aptus> (i, c) afte - potrivit; calcaria> qelqere - var;
causa> ha/site - pricină; centum> qind, qint - sută; consilium> keshill -
sfat; corticc> korqe - coajă; draconc> dragua - zmeu; duce> ditq -
ţeavă; examen> s!tcme - roi; f.ibella. *jabellare> jjale, }las - vorbă, vorbi;
f allcre > j:Jjej, fcjoj - greşi; gallus > gjcl - cocoş; !tastile > shtije - suliţă;
Ubcr > ( i, e) lire - slobod; medic are> melwj - hrăni; ministrare > marsh-
toj - preg?i.ti; ordine> urdhen - rînduială; parabola> pralle - poveste;
ratione > arsye - socoteală; tercbellus > tztrjelle - sfredel; tine a> tenje -
molie; trabe> tra-bîrnă; tmcta> trojte- păstrăv. En general. l'influence
slave sur le roumain s'est averee plus forte que sur la langue albanaise, ce
qui repr2sente un autre argument a l'appui de la these que Ies ancetres de
ces deux peuples, roumain et albanais, n'ont pas connu une communaute
de vie.

114 c Orbis •. 3 (1954), p„ 128

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Les etements }atins de la langue albanaise 51

Pour certains el~ments !atins de l'albanais, le roumain use d·emprunts


hongrois, alors quc l'influence hongroise sur l'albanais est inexistante: arca>
arke - sicriu; Jalcone > jalkue - şoim; glire > lir - hfrciog.
Quelques elements !atins de l'albanais ont ete rcmplaces en roumain
par des elements de substrat: canosa> kanushe - barză, gaudium> ga:-: -
bucurie. Une autrc serie d'elements !atins de l'albanais ont fait place en rou-
rnain a des emprunts de date plus recente, d'origine grecque byzantine ou
autre, tels: calfre> qelqe - potir, *retina> rrjete - hăţ « rene », rhombtts>
rrumb - buştean « souche », *traicctorium> tajtar - pîlnic « entonnoir », va-
lere > vejej - folosi « utiliser ».
31. Tres instmctifs sont Ies termes se rapportant a la flore, notam-
rnent a la flore d'origine mediterraneenne, attestes en albanais, mais absents
du roumain qui a du soit Ies oublier au fil des âges, soit ne Ies avoir jamais
connus. Ces mots representent un argument en favenr du caractere autoch-
tone des Albanais qui habiterent Ies contrees avoisinantes de la Mediterranec,
alors que le territoire ou s'est developpee la langue roumaine est situe bien a
l'interieur des t~rres: amyndala> mendulle « amande », angitilla> ngjalle
«anguille », buxus > bush « buis 1> (Buxus sempervirens), *cuplea = clu-
pea > kubel « espece de poisson 1>; lucius > mlysh « espece de poisson •> ( Esox
lucius); mulus> 1:nyll « mulet 1> (le mot mul du Yocabulaire aroumain est
emprunte du grec byzantin ou de l'italien); oleaster >voslzter « olivier sau-
vage », oleum> voj, vaj <c huille »; oliva> ulli «olive•>, pessica> pjeshke
„,
<c peche rapum> rrepe <c navet •>, ricinus> rriqcr <c ricin 1>, *rusculum>
rrushkull «un petit arbuste, une espece de lierre 1>, sarmentum> shermend
<c plante grimpante »; spartum >slzparte <c especc de jonc •>; vicia> vigjez
« vesce commune ».
C'est dans ce meme sens que plaident aussi Ies termes entres dans l'al-
banais par la voie du commerce et de la navigation, suite aux relations
nouees entre !'Occident et la Mediterranee orientale, tout en faisant defaut
au roumain: balsamum> balshem, ballshen «baume »; concha> kunge <c un
objet de parure »; culcitra> kulter « coussin 1>, juscina> Jushnje <c fourche
pour la prise des poissons », gunna> gune « manteau fourre J>, lima> lime
(Clime I), lucerna> luqerre « lampe », modius> muz (C mesure pour Ies cere-
ales », quasillum> kashile <c corbeille, panier 1>, soca> shoke « courroie, cein-
ture J>, tina> tine « tonneau 1>.

Elements latins conserves en albanais et en roumain


32. Les elements !atins qui ne se sont conserves qu'en albanais et en
roumain ont une importance majeure pour une connaissance plus nuancee
de la romanite sud-est europeenne et meritent une attention speciale; ils
sont au nombre de 44:
bucea - buke <c pain », r. bucă <c bouche, joue, fesse »,îmbuca <c manger »;
lat. buccata - r. bucată « bouchee 1>, it. boccata; la forme roumaine du plu-
riel (bucate) SÎgnifie (C plat, metS, proViSÎOil S alimentaire, CerealeS l): elle
rappelle le sens du mot albanais: buhe;
calandae, calendae - kullana <c demier jour de l'annee », r. *cărinde
( <calendae), dr. reg. corindă ( <cărinde +
colindă « mntique de Noel J>

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52 H. Mihăescu

descendant du latin calenda par un intenilediaire slave); Ies delLx variantes


circulaien t a vec un sens tres proche;
calendarius - kallnuar, kallnor <c janvier •; r. cărhtdar, dans Ies deux
langues le meme sens;
Gallticttm - ke11ge (I Cbant I), f. CÎnteC ,° la forme albanaise S' explique
miEux par le pluriel cantica, d'ou le roumain dntece;
capitina - kaptine <c tete 1>, dans une certaine mesure synonyme de
koke, r. căpăţină «tete d'animal detachee du corp!:>, caboche »;
chylus {z::Ji.o;) - qull «sauce 1>, r. cir;
cichorezun (Y.LJ..W?$Lo·1), cfrhorium (x.Lf.6pLov) - kore, k6rc « chichoree I),
r. cicoare;
clausura, clisztra - Msltyre, ksltire (I <lefile». ar. clisură. (( La phone-
tique du mot militc ~n faveur plutât d'un emprunt direct au latin clausura
ou clusura qu'a travers le grec moyen ou moderne XA$Lcroupoc ou le serbo-
croate ou bulgare lllisura. Cne couche plus recente est representee par kli-
syrc, ldysur<J, qui remonte a unc de ces sourccs 1>115 .
coma - kom, kome <ccrinierc du cheval », r. coamă <c la criniere du cheval,
cime d'un rocher ou d'une montagne »; en Occident, avec le sens <ccheveux,
chevelure t: it. cltioma, a. csp., pg. coma110 ;
consocer - krztslzk <c parent du marie ou de la mariee », r. cuscru;
con:.1cntus - kuvcnt, kuvm.l « rcncontre, assemblee, discours, rnot »,
r. cuvin!, ngr. xo•J~fv-;z, pcut-etrc d'apres le modele: t'.iµ.L/.b.: <c rcncontre,
parole 1>;
draco, drams - dreq <c diable •>, r. drac; I'c au lieu de l'a de la forme
alba na isc s\·:-.:pliquc>rait par une forme de pluricl qui a ete singularisee;
.f.dx, .f,t/cis, "'j11lcinca - r7lqi11F c, mkhoirc 1>, r. j.zlcâ « m<khoirC' •>, refait
d'apre..; k pluri-.:l _falccs> _fa/cc;
.fussatum - /slut <c ,·illage », r. sat <c villagc 1>, gr. ?01J11oc-r;r,,1, rpo•Jr,a:ro
<c bivonac, camp, campcm·.?nt, armec 1>, attcste aussi en Afriquc 117 ; E. <;abej
n'est pas d'accord avcc cctte dymologie et supposc qu'il s'agit d'une crea-
tion intcrnc 11 s;
g,ilgulns = g..ilbulus - gargull « loriot 1>, dr. grangur, ar. galgur, gan-
gur: cn O:cident, des termes descendant de galbulus;
Hor,~,: « d5(!sses qui presidaient aux changements des saisons 1> - ore
<c demon f cminin 1> ar. ori, orili « demons malfaisants caprices, furies 1>, en
daco-roum'lin dans Ies expressions: a scoate din ori « mettrc hors de soi, ener-
ver 1>, ,i-~i veni în ori, <c se calmer 1>;
*horrirc = horrere - urrcj. . (,-4.va, . -jeT) _« hair », r. urî; en Occident
horror, -oris: it. orrore, fr. horreur;
hospitium, *ltostipitiztm (( hospitalite, logernent reserve a un hote, cham-
l-ire de passage1> - shtepi « maison, habitation, domicile, familie 1>, r. ospăţ
Janquet, festin 1>;

m E. <;abcj, StGj, 2, p. 406. _ · · .


116
Le sens do;: u crinicrc de cheval • est atteste par lcs sources latines depuis le commence-
.1ent de notre ere: 0-ride; Fast., 3, '152;. crcditus hic ( eques Gorgoneus)' caesae gravida cervice
Medusac sanguine respersis·comis {dans· le inanuscrit V= iubis); L~s·Visig., 8, 4, 3, li caballi
aut cuillscum7uc a11inulis coma vei cauda ·turpetur. Le meme sens a si.Jrvecu aussi dans quel-
ques parlcrs romans de Suisse. Meyer-L1ibke, REW, 2071.
117 Pellegrini, p. 52-53._.· __ J. •.
118
E. CaJ?ej" StGj, 1, p. -196:..,,.-198-~-

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Les elemcnts latins de la' langue albanaisc 53

i:mperator - mbret <( empereur », r. împărat, d. imperataur .<impera-


tore.m:
languere - lengoj (-ova, -itar) « etre malade, souffrir », en roumam
lînccd <languidus, lîngoare <languore; en Occident languire, log. lambrire
<cavoir faim, etre affame i>;
linea (tunica) - linje <( chemise », r. ie « chemise de femme »; le sens
de <' chemise » apparaissait aussi dans la langue latine de l'Occident 119 ;
lucmm - luker, lukre <' brebis, troupeau de brebis », r. lucru <( chose,
travail »;
nialitia - (derives) malcoj (-ova, -uar) <( irriter une plaie », ar. mariţire
« s'aggraver » (en parlant d'unC' maladie);
· mania (la position de l'acccnt influencee par µocvEoc) - merimeni « colere,
fureur, haine», r. mînie;
manicare - mengoj (-ova, -1{ar) <(se lever ou partir de bonne heure „,
r. mîneca;
margella - marccl, mcrcel (( mince plaque de metal scn-ant de parure »,
r. mărgea « perle »;
mastichinus - meshtcken, mcshteller <( bouleau », r. mesteacăn (pluriel
mesteceni = mastichini la forme du singulier refaite d'apres le plurie1) 120 ;
*nietdxa - mendafsh, mihidash «soie», r. mătase; on doit supposer en
Orient une variante * metdxa ou *matâxa, influencee par µs"t"ocţiov; en Oc-
cident mcitaxa, metaxa (( fil, echevcaux I);
mirare - merej (-eva, -yer) <( etonner », r. a se mira <( s'etonner »; en
Occident le sens <( regardcr »: i t. mirare, fr. mirer;
noverca - njerke « belle-mcre ». ar. nniarcă;
orare - uroj (-ova, -1tar) « feliciter, cxprimcr un souhait, honorcr la
<lignite», r. ura; cn Occident le sens «prier»;
padule =palude - pyll <cforet », r. pâdure; ce sens est al.teste en Oc-
cident aussi;
pcpo, pepinis - pjepen, pjeper <c melon », r. pepene; en Occident jJe'f;o.
pepom·s;
pcrvigilare - pergjoj (-ova, -uar) « veiller », r. priveghia; en Occident
vigilare;
poenitere - pendohem (-o·va, -uar) <1 se rcpentir », a. dr. pănăta <( souf-
frir, cndurer »; en Occident *repoenitare, it. ripentirsi·:
quod - qe ~ que », r. că; une d1: qe ti je nje njeri i ndersliCm, eu ştiu
că tu eşti un om onest « je sais que tu es un hornme honnete »;
*quodrum = quadrum - kodcr « hauteur, altitude », r. codru « piece,
vieille foret »;
scortea - shkorse <c tapis couvre-lit », r. scoarţă « ecorce, couvert,ure,
tapis »; dans Ies langues romancs occidentales le sens <(sac de peau, peaU:'l!;
sccretus - (i, e) shkrete ;<( desole, desert», r. secret <( mis a l'ecart, :s~­
cret I); on ren contre en Occident seulement le derive segrayer « propti!!,:_
taire unique d'une fon~t isolee »; )

sessus - shesh « plaine, place, aire », r. şes;


spodium - shpuze <( cendre .ohaude », r. spuză;

11 9 Apul. Met. 2, 7 ipsa (Fot1s).linea tunica mundule amicta ... rotabdt iti Girculun;.;
Hieron., Epist., 64, 11; Vitae patrum 7,;. l, 8, vestitum linea tunica perforata.
1 2° L'origine latine a He contesf~e par E. <;abej, StGj, 1, p. 349.

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H. Mihăescu

status - shtat • taille, staturc >'I, r. stat;


stylus, *stulus - stlzylle « cdlonne, pilier», a. dr., dr.rcg., ar. stur;
suljur, suljt"na - squjur « soufre », r. suljină « melilot jaunc ».
33. Ccs elements !atins presentent des aspects Yaries et il est ncces-
saire de les discuter dans le cadre de plusieurs rubriquc~. Tout d'abord, 13
d'entre eux etaient des termes de large circulation, attestes par Ies sources
antiques. Ils ont pu se denlopper independammcnt dans Ies deux langues.
Un mot generalement connu, tel canticum n'a surYfru qu'en aJbanais (kcngi)
et en roumain ( cîntec), mais cette sorte de phenomt'n<'S est fortuite. Le terme
capiti·na, un derive en -i11a de cajmt, -iti·s, est atk~te une seule fois 121 , mais
certainernent populaire cn Occident et cn Orient; le foit qu'il ne s'est con-
serve qu'en albanais (kaptine) ct en roumain (ciipciţinii) ne saurait sur-
prendre. Si le sens specialise de «criniere du cheYal 1> du tC'rme coma qui a
comrnence cn latin par designer Ies • chcYeux t en general apparait dans Ies
sources occidentales au debut de natre ere, il ne s'cst conscr\'e pourL:nt
qu'en aibanais ( kom) ct en roumain (coamă). Au mot galgulus, present fn
albanais ( g,irgull) ct cn roumain (grangur). ne m de din.·rs oiseaux comme
Stumus vulgaris, Mcrops apiaster, Emberiza hortulana, corrcspond dans Ies
langucs occidentales la variante galbulus, bien que ga/6ulus soit egalcrnent
atteste en Occident. Du fait que Ic souvenir des Harac', fillcs de Zeus ct de
Themis qui presidaicnt aux changl'ments des saisons, ne <t·st conscn·c'.· que
chez Ies Albanais (orc) ct Ies Roumains, ii n'y a pas lirn d'induirc qu'il
s'agirait d'une innovation commune, car cc n'est en rt'·alite qu'un trait con-
sen•ateur. Le sens de e< clwmise de lin 1> revetu rar linrn ct con!-cn·e cn al-
banais (h11jl) et en roumain (ic) se trouve attesk cn Occident aussi. Quant
au mot manicart' «se lcver de bonne hcure, partir dl' grand matin 1>, forme
par analogie avec des verbes tcls albicarc, rubicari.:, etc., il ctait surtout utilise
dans les milieux ccclesiastiques: sa pcrsistance scukmrn t 1·11 albanais ( mbz-
goj) ct cn rournain (mfncca) est probablernent duc a un insolemtnt rel;'.tif.
Le terme de margella t mincc plaquc rnetallique circulaire, irnitant une mon-
naie, utilisee comme parure i>, a sun·ecu cn albanais (mar cel) et en rou-
main (mărgea), cn scrbocroatc (merduc) d d;ms la litteraturc byzantine
(µcxpytn~ov), par consequcnt dans unc aire plus largc quc celle ha bi tec par
les ancetrcs des Albanais et des Roumains. Le vcrLe tnirari (mirare en latin
vulgairc) ne devait garder son sens primitif c.l'tc admircr, s'etonner » que dans
Ies langues albanaise ( merej) et roumaine (a se mira), ccpendant que dans
Ies langues romanes occidentales il a pris, le trmps aidant, le sens de <(re-
gardcr, examiner ». Quelque chose d'analogue s'est passe egalemcnt avec le
verbe orare, qui au debut designait ((la recitation d'une formule rit.uelle, une
priere ou un plaidoyer) ; dans Ic latin de bassc-epoquc ct surtout dans la
langue d'eglise, ce verbe prcnd le sens de <( priere adressee au Seigneur)) -
sens qui devait persister dans Ies langues roman<'s occidentales, alors que
l'albanais (uroj) et le roumain (ura) lui ont conserve son sens archaique.
En albanais (pendohem, pendolzem) (( avoir du regret, se repentir 1>), comme
en ancien roumain (pănăta), l'on constate la pcrsistancc du verbe pocni-
tere, or Ies langues romanes occidentales prefererent un compose de ce meme
verbe *repoenitere (it. ripentisi, fr. se repentir, etc.), c'est-a-dire qu'elles ont
innove. Parallelement a vigilare, adopte par toutcs les langues romanes.

121 Testamentum poYcelli, 244: ThLL, 3, p. 348.

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Les elements !atins de la langue albanaise 55

l'albanais (pergjoj) et le roumain (priveghia) ont retenu aussi le terme d'o-


rigine militaire pervigilare <i veiller toute la nuit, garder ».
34. Le deuxieme groupe de 8 mots n'est pas concluant en ce qui con-
cerne la ressemblance entre Ies elements latins de l'albanais et du rownain,
car il presente soit d'importantes differences d'ordre morphologique ou se-
mantique, soit des analogies avec Ies langues romanes occidentales. Le terme
/)ucca > buhe « pain, dejeuner, <lignite lucrative» rappelle le roumain bucate
<i provisions alimentaires, cereales ». Les mots bucea « bouche » et buccata
<< bouchee, morceau » circulaient dans toute l'etendue de l'Empire romain.
Le sens de « pain » pour bucea existait deja en !talie: il n'y a donc pas un
parallelisme unique et obligatoire cntre l'albanais buke et le roumain bucate 122 •
Le phonetisme calandae> kullana « dernier jour de l'annee, veille du Nouvel
An, etrennes, premiere neige » a persiste en rheto-roman, dans l'engadin
chalanda et dans l'irlandais kalaind, mais le roumain colindă repose sur le
phonetisme calendae par l'intermediaire du vieux-slave koleda. Pour cicho-
reum (x~x.~pdo") > korre « chichoree » et rournain cicoare de cichoria,
pluriel de chichorium (x~x.6prnv), la position de l'accent principal montre
que les voics de penetration ont ete differentes. Les parallelismes draco-dreq
<cdiable », r. drac, fr. du sud drac « diable » sont des preuves que le sens de
« diable » est apparu sous l'influence de !'ideologie chretienne et a depasse
l'aire du latin oriental. La variante *hostipitium> shtepi « maison » se dif-
ferencie du ngr. cmln « maison » et du roumain ospăţ «festin», qui ont a
la base la forme normale hospitium. De meme lucrum> luker, lukre « brebis,
troupeau de bre bis » (roumain lucm « travail, chose ») presen te en albanais
un sens plus proche du latin que l'evolution semantique du rnot roumain.
En iatin, palus, -udis « marais » avait aussi des variantes a metathese (pa-
duhs, padulem, padulc, etc.) attestees par Ies sources ecrites et la toponymie:
elles ont laisse des traces en albanais ( pyll), roumain (pădure). toscan (pa-
dule). sarde ( paule, pauli), ancien espagnol et ancien portugais (pa ul).
Ce n'est qu'en albanais et en roumain que l'on rencontre le sens de « foret »,
mais ce-dernier s'est developpe aussi en latin occidental, comme îl resuite
d'un texte tardif tel celui des Vitae patrum, ecrit quelque part en !talie,
probablemcnt au VI 0 siecle: Dedi autem eis securim ... dicens ... adducite vobis
ligna de palude123 • La forme albanaise sqitjur est le resultat du commercea vec
l'Italie, par contre le roumain sulfină appartient a la flore populaire et re-
pase sur unc creation interne de la langue latine (suljur ou suljus +le suf-
fixe -ina )1 24 .
12 2 Epist. imp. Aug., Suet. Aug. 76, duas buccas manducari; Mart., 10, 5, 5 oret caninas
panis improbi buccas; 7, 20, 8 buccis placentae sordidam linit mappam (autres manuscrits:
dulus buccata), ThLL, I, 2226, 27-33.
123 Vitae patrum 6, 3, 2; cf. aussi 3, 195, lignis allatis de palude; 6, 3, 2, sumens folia
palme rum de palude; L. Schiaparelli, Il codice diplomatico Longobardo (Roma, 1929), t. 1, p.
368, padulibus, !talie, Vllle siecle); U. Balzani, Il Chronicon Farfense di Gregorio di Catino
e gli scritti di Ugo Farfa (Roma, 1903), t. 1, p. 309 Padules, p. 329, Padulc, p. 320, cum padu-
libus et piscal'iis, IXe-Xe siecles; d'apres G. Alessio, Dizionario etimologico italiano (Firenze,
1954). 2719 la forme metathetique est attestee en !talie depuis l'an 754 jusqu'au x1e siecle;
P. Aebischcr, La forme metathetique padule dans les langues romanes, dans o Estudis Universi-
taris Catalans •, XX-XXI, p. 161-174
1 4
2 La forme sulfina apparaît dans un texte medical du VII8 siecle comme nom de plante:
unguentum privatissimum ... apii folia et petroselini, eruca, sulfina (ms. Harleianus 5792 du
British Museum, voir chez A. Thomas, Les antidotaires de Londres, ALMA, 5 ( 1930), p. 159.

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56 H. :Mihăcscu

35. Le troisieme groupe est forme de rares hellenismes locaux qui


n'ont point laisse des traces dans Ies langues romanes occidentales. Le mot
grec µCt.vL7. est present en latin (mania, aYec i long). en albanais (meni,
meri) « colere, fureur, haine» et en roumain (nifoic). De mastichc (µrlv-:iz.'1))
ou mastice 11 ar bre dote d'une glu resineuse aroma tiquc i> ( PistaC?·a lcntisrns >
est ne le deri"e mastic"1"1111s ou masticinus, atkste au n·c siecle chez Pu.lla-
dius (4, 9), qui de\'ait donner l'albanais 11lt~shtd?c11 ou m?shteker1 .._5 et le rou-
main mesteacăn, forme refaitc d'apres le pluriel 111estecmi <masticini. De
µoc"rocţa. deYait naitrc la forme latine ntâlaxa (l brin, gcrbe, botte, echl'Yeau »,
consen·t'c aYec le meme sens par Ies langucs romanes occidcntales. L1 Ya-
riante mitaxa (p.e-:et.C:et.), aYcc le sens de « soie brute 1>, qui s'cst fait jour en
latin apres k n·e siecle, n'a guere sun-fru dans lcs langucs romanes occiclen-
tales, ou, pour designer la «soie» s'cst impose le tenne seta. Dans l'Ernpire
byzantin circulaient les formcs [J.ET7. t;oc ct notamrncnt µzTr1..~LCi'J: c ·est
a cettc-dernier<' <]UC l'on doit le chang('ment d'accmt en latin, de 'nlC-
taxa cn mt'fdxa, et la Yariante 111thixa donncra aussi bicn l'albanais 11lt~11dafsh
ou 111t~11dash «soie 1>, quc le roumain mâtasc. La fon1w grecque vn6&t:t: (sg.
a;rl,.~bJ'I) S<"rait a la La:-:.c d'une presumrc forme latin<> spocha, dont resul-
tl'raicnt l'albanais shp11:e (< braise, residu ck charl-.ons puh-erises >) ct le
roumain spu::ă, hicn qu'il mit difficile d'cxpliquer la transformation de l'o
en 11. Le grec G-rii/,o::; (<pilier 1> est cntre dans le latin :-:ud-est europfrn trcs.
tot, an·c la prononciation stulus etil a surYecu rn all:anais (slztyll, sl11'yl/c),
en Yicux roumain ainsi que dans k dialecte aroumain (stur) et en d~lmate
(sto/lo), alors qu'cn Occident a circull· la nri~:nte shl11s.

3G. Pour cc qui est du quatriemc groupe de mots, entre tous le plus
intercssant, il convicnt d'en chcrchl'r ks caust'S dans la pcrsistance de l'Em-
pirc romain d'Orirnt ct dans la crt'-ation d'un enscmble gecgraphiqul' l't cul-
turel depassant la sphere des rapports albano-roumains. Par le truchunent
des armfrs d sous l'influl'ncc des mots grccs r.i.:;:fo~::; « frrmeturc, clCihire »
ct r.kts:w « ou\Tir i>, le mot latin cla11s1 ra c st t~cnm1 clisura, persistant u1
1

grec b~·zantin et neogrec ( xi.zttJeiupoc). en l1ulgarc et serbocroate ( klisura).


aimi quc dans hon nombrc de toponymes sud-danubicns, s211s penetrer tot:tc·-
fois clwz les Houmains Yivant au nord du flem·c. En rc,·anche, l'alLanais-
/ds/zyrc a commc base la forme latine da11$ura. Le latin medieval con·;,y;ztum,
tenne ccclt'.-siastiquc, de,·ait persistcr cn Occident an c l<> sens de « monas-
terc, couYent », ccpendant que dans l'Empirc rcrr:ain d'Orient la forme mas-
culine C011'i.YH(/IS allait circulcr d;ins l'administration laiquc, dcvcnant ropu-
lairC' ct, sous l'influcnce du grec « rcncontrc, di~.cus~ion, discours, parole»,
prcndrc le sens de « mot, accor<l, parole» conserve par 1'2llanais (k11dnt),
le roumain ( cuvi11t), le grec byzantin ( Y.Qv~t„•-:-oc;. xo11.~E'17oc et :x.op.~e·1-:tQV),
le neo-grec (Y.f'j1J~b-ret.), ou s'est egalemed foit jour le wrl:;e (< parlcr, dis-
cuter, discourir i> 126 • L'evolution du sens partant de « a!"scmblee, rencontre >>-
pour aboutir a « ll'Ot, discussion, parole l) a CU lieu dans llll contexte ::ocial
specifique, ou Ies reunions provinciales des citoyens (co11vcntus civium Ro-
tnanorum) tenaient un râle considerable et etaient souvrnt cc.nvoquees. A

1
~ 5 E. (abcj conteste }'origine latine <.lu mot albanais dans LP, 8 (1960), P· 91-92.
1
~ 0 Ph. Meyer, Die Haupturkimden fitr die Gcschicirle dtr Athoskliisttr (Leipzig, 1894)~
P· 224, 13: iir.o (i;i./.crn; xou(31hl"t'CX~~. xvne sicclc; I. Kalitzournakis, Convwlirs - x6µ(3e:11To:; -
xou(3t11•::.:. u Ei:; µ11-fiµ7J11 I:r.. Acxµr.pou •, Athcnes, 1935, p. '470- '474.

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Lc-s clcments latins de la Janguc all>anaise 57

cet aspect, deYait s'ajoutcr par la suite le râle de 61.J.~l.l~ et du slave zbor
« a.ssC'mblee, conversat ion, parole». C)mme on le voit, l' c\·olution du sens
est loin de se trouver limitee aux sculcs rclations albano-roumaincs, s'etant
gen0ralisec dans la totali te de I' espace sud-est europeen127 •
Pour expliquer }'origine ele l'albanais koder « hauteur, colline » et du
· roumain codnt « fon~t. morccau, place publiquc », la plupart des cherchcurs
ont rccours a une forme latine rccon:;tituce *codmm = quadru.tn 1 ':!. 8 • La forme
codra <•place publique, region » est attcstec par un glossaire tardif1 29 • Le sens
des dcux mots (albanais et roumain) ne se recouvrc que p:nticllrment: l'al-
banais lwder signifiant « colline, altitude » et le roumain codru ayant cn plus
·Ies acceptions ele <c forc~t. morccau, place publiquc ». Le sens de <c fon~t » du
mot roumain a ete considere par Pctar Skok, comrnc un decalque linguis-
tiquc <l'apres le slave diJlu <c colline, fon~t »130 . Par aillcurs, Henrik Baric a
conteste !'origine latine du mot albanais131 • II existe par conscqucnt un
doutc au sujet de son origine ct l'on ne constate qu'un parallelisme seman-
tique partiel entrc l'albanais ct le roumain.
Cne chosc reste encorc douteusc, la deriYation ele l'albam1is jslzat «vil-
lage, region » ct du roumain sat « villagc » du latin Jossat11111, tant au point
de vuc de la forme quc sous !'aspect sem::mtique. En roumain, on s'atten-
drait normalcment a un hypothetiquc ~jusat. Le latin fossatum a gar<le jus-
que bicn tard cn plein moycn âge Ies scules acceptions sui\·antcs: « fosse,
canal, digue, rempart, carnp d'armee fortifie, armee, forterrsse cntouree
d'un rempart »132 . Les dcscendants romans de fossatum. en Occident ne connais-
serlt quc Ies sens de <c fosse, tranchec, rempar.t, armcc », de meme Ies emprunts
en grec byzantin et cn neogrec (qiocrm:h·ov, ({lOUO'O'OC"':"O'J, '{)'J'JO'OC70). Les
sources historiques et archeologiqucs montrent que le camp militaire romain
et byzantin etait dresse de reglc dans un cspace restreint. On n'a point de
preuve qu'il ait existe quclque part des fosses defrnsifs autour des villages
-0u que Ies camps aicnt renfcrme aussi entre lcurs fortifications unc popula-
tion civile133 • Eqrem <;abej conteste !'origine latine du terme albanais; quant
a celle du mot roumain, elle a ete plus d'une fois revoquec cn doute 134 • Pour-
tant. a partir du IIJ<' siecle et jusqu'a l'cpoquc des dcrnicres croisadcs, quan-
tite de fortifications, de fosses et de murailles de defcnse se sont conscrves,
leurs noms ayant persiste jusqu'a nos jours: c'etait la quc se rcfugiait en
cas de peril la population civile. 11 s'ensuit donc, du fait de la popularite ct
de la richesse des sens du mot jossatuni, qu'en albanais et en roumain, nous

1~ 7 G. Ivl'tnescu, SCL, 8 ( 1957), p. 509-513.


1 ~8 CGL, 2, 165 quadra = -;orro.:;, 't'oµo:; «!icu, partic >l; J. 218, 4.5fran{!e quadras = x).iicrov
~cu1.1.n•'i:;; J, 461 et 472 quadra G morceau de pain ~ = ~?6µo:;, (3pwµo:;; 5, 652, 49 q11arta pars pa-
nis di,·i!ur quadra.
uo CGL, 3, 183, 46 codra = voµ6:; «place publiquc, rcgion ~­
no P. Skok, AslPh, 37 ( 1920), p. 83-81.
131 H. Baric, Albanornmăniscl1c Studim, Sarajevo, 1919, t. 1, p. 'iO.

n2 Niermeyer, p. '!49-450.
133 R. Grosse. Die romisch-byzantinischen 11Iarschlager vom 4. -10. ]ahrlmndert, BZ,

22 ( 191.1), p. 90-121 et Rămische ivlilitărgcschichte vot1 Gallienm bis zum Beginn der byzantini-
schen Tlicmenverfassung, Berlin, 1920.
. 131 V. Bogrea, DR, 1 ( 1920- 1921). p. 253-257 = fossatum; G. "'Wcigand, BA 3 ( 1927)

P· 213 = *massatum; E. <;al>ej, «Buletin Tirana>l, 16 (1962), 1, p 109-110 = autochtone en


albana.is.

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58 H. Mihăescu

avons affaire a un heritagc romain, profondement enracine dans l'Empire


romain d'abord, byzantin ensuite135.
37. Un groupe de J 1 mots manifeste une grande similitudc, voire une
idcntitc d'evolution des elements !atins en albanais avcc lcurs correspon-
dants roumains. Le mot calcndarius a dheloppe une signification identique
en albanais ( kallnuar, kall11or) et cn roumain (cărindar). Le rnot allianais
krushk « parcnt du rnarie ou de la mariec » et le roumain cuscru avec le rneme
sens rcposent sur le latin co11soct·r, tandis que Ies formes en usagc dans Ies
langues romanes occidentales sont le rcsultat d'unc recomposition (co11~6ar,
cons6cerum): c'est fa une nouvelle prcuve du caractere archalque des ele-
ments !atins de l'albanais. Du latin Jalx,-c1·s « faux » serait ne un prl'sume
*jalci11ca > alb. jalqi11p « mâchoire &, cn roumain _Ialcă (forme <lu singulier
rcconstituee d'apres le pluricl jalet' <lat. jalcc.c;J anc le memc sens. On re-
marqu·e unc evolution anaJoguc dans Ic cas du latin ,·uJgaire horrirc = hor-
rere, cn albanais urrcj « hair i>, en roumain uri. La pcrsistance d'1·111pcraf(I}' en
albanais (mbrct) ct cn roumain (împărat) s'cxpJique par k fait qul' ~eul
l'Empire d'Oricnt avait un cmpcreur, alors qu'cn Occident cc titre ne sera
introduit qu'apres Ic couronncrncnt de Charlcrnagne (cn ]'an 800): dane,
Jes langues rornanes occident ales disposcnt d'un temw sa,·an1. Le mot 1w;·aca
n'a survecu qu'en albanais (11jcr/.:t~) et aroumain (1111iarcâ), rnais iJ dait
egalement connu en Occident. De paga1111s « paien >> comcrn~ cn roumain
(păgfn) et dans Ies langucs romancs occidentaks devaicn1 naîtrc Ies \·arian-
tcs populaires *pm1ga11us «un homrne souille » ct * pa11ţa11frc' (< souilkr i>.
qui n'ont survecu qu'en allianais (i p?gerl) et cn roumain ( pî11gân): ii l'Il
rcsulte que le roumain a adopte le mot pagan11s a dcux {·poques diff t'·rrntes
et avcc des sens difffrcnts, alors que l'alhanais n'a herite que du sens « ~·ouil­
le &. La variante pepo, pt'pi111·s a persiste dans J'aire periphfriC]uc dn Sud-Est
de !'Europe (alb. pjcpc11, p_ft'per, ronm. /1tf>t'11c), cep<'n<lant qu1: la Yariante
pcpo, pepo11is a sun-ccu <'n Occident. Le terme scor/ea a cleveloppc un sens
particulicr, celui de« tapis 1> en albanais (shkorse), roumain (scoarfâ), ains
quc dans Ia littfra turc liyzantinc (11xop:-~ i8tov). L' evolution sl-rnant ique du
rnot scssus (alb. shcsli, r. şes «plai ne, eten<lue de terre hasse ct sa ns denivel-
lements » s'est accompagnee en Occident d'un phenomenc analogue, car
Ies sources tardives mcntionncnt le terme sessus avec Ies sens de « habitation
rurale hassc>, cmplaccrncnt d'un rnoulin a cau i>: pJles suggerent l'idfr cl'un
endroit has ct plat 136 . Enfin, le sens de (< taille, sta ture», consen·t'.· par le rnot
staius, en albanais ( shtat) d en roumain (stat), se retroun· <l~rns Ies sources
occidcntalcs aussi.

Elements latins consen·es seulement en a;banais

38. Les elements latins qui se sont conserves uniquemrnt cn albanais


constituent, d'unc part, un moyen d'approfondir notre connaissance de la
langue latine, d'autre part' des indications sur la region ou la date de l'influ-

136
En faveur de !'origine latine la majorite des romanistes, !"ntrr autrt's P. Skok, ZRPh •
.50 (1920-1921), p. 2.'iJ-257 et A. Rosetti, DL, 10 (1942), p. 88-90.
1 38 Niermeyer, p. 967-968.

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Les elements latins de .la langue albanaise 59

ence de la culturc romaine sur les ancetrcs des Albanais. Ces elements sont
au nombre de 86:
accipitC1 - qijt (( epervier ou faucon, oiseau de proie », gr. 't'O"l(fl't'"fJc; 1 37 ;
en Occident acceptor; d(mc une forme archaique en albanais;
alterare, *antr.rare - nderroj (- 6va, -itar) « changer, modifier »;
amia - ame (det. amja, amcja) une espece de poisson de mer (Sciaena
umbra), mot passe aussi dans le parler serbocroa te de la câte adria tique (cf.
ser. cima (( poisson de mL'f qu'on prend a l'hamec;:on), a Ulcinj et aux Bouches
du Kotor138 ;
apparamoitu.m - parmende « araire, charrue »139 ;
attiacum + mcntum - avlemcnd «ustensile ou instrument en bois ser-
vant a tisser, tapis separant l'habitation de la cour »140 ; variantcs dialectales:
avlt!ment, avlinicnd, aviflment, avlimen, ,wliment;
b.i.ptisma, ~oc7tncrµoc - b:igem «huile, saintc onction » m; la position
de l'accent reflete une influence grecque;
bJlea, *bJla - b)/le «gros sc!"pcnt »;
bubulcus - b11j/l « agricultcur, paysan »;
caltha, calthum « fleur jaune » - (i, e) kalter «bleu azur»;
catta - gatif « heron, oiseau aquatique »; en Occident desccndants de
catirt s « chat »;
chersydrns {z~;icru~poc;) - kulsheder, kur;edre <~dragon, monstre, ser-
pent non venimeux »; en Italic meridionale des variantes correspondantes
issucs dircctement du grec ;142
Christi natale - Kershendelle «Noel»;
'coheres - (deri,·e) kujri « pâturage communal, pâtis, fon~t »143 ;
consolare - ng1tshllloj (-6va, -iiar) « consoler, reconforter »;
contran:um - kundruall, kundrejt «du câte contraire, vis-a-vis»;
contrastarius - lwnderslttar « adversaire, contradicteur, ennemi »;
conucla, colucula - konurkifz « bobine a coudre »144 ; en Occident, it.
conr.·cchia, fr. qucn.ouille;
cova (cf. cavus, *covus « creux ») - kove «broc en bois », kova e pusit
« le seau »;
cunctan: - lm11droj « parler »;
cpiscopus - pcshkep, upeshk, upeshkup, peshkop « eveque »;
evangdium, *rvangelum - imgjill « evangile », cf. it. vangcllo; une
difficulte se presente relativement a l'i du mot albanais face a l'e du latin 14 ă;
*exmulgia (postverbal d'exmulgere « traire jusqu'au bout, tarir ») -
zmo_ile « terrain inculte, jâchcre »; l'ouverture de l'u latin en o provient d'une
evolution interneUG;
187
CGL, 8, 107 accipiter noii acceptor; Pellegrini, p. 48-49.
138
E. <;abcj . .rl.lb. Beitr., p. 368-369; V. Vinja, SRAZ, 33-36 (1972-1973), p. 561:
4 L'airc du mot nous oriente v-ers l'albanais ct c'est la qu'il faut chercher le point d'irradiation t.
139
CIL, 2, 1567 apparamentum; cf. apparare • hcrrichten ~; pour le sens d'!i instrument,
orgar.c t, ''· organum en frioulan et en istriote; Pellegrini, p 43.
140 M. Lambcrtz, ZVS, 53 (1925), p. 304.

m E. <;abej, StGj, 2, p. 348.


u 2 Pcllcgrini, p. 62.
u 3 N. Jokl, \"ox Horn., (j (1941-1942), p. 207-232.
114 E. <;ahcj, RRL, 7 (1962), p. 197.

Hs E. C,:abcj, StGj, 2, p. 484.


146 E. yabej, StGj, 2, p. 327 et 502.

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60 H •. Mibăescu

jamulus - jamull « scrviteur, domestiquc &, tennc ecclesiastique, em-


prunt tardif;
jornix, -fris - (deriYe) furreqi (chez Buzuku, xvre siecle) « fornication,
debauche, lupanar», cf. lat. jornicarc, ancien sarde jorricare;
jrictarium - jerterc, jeltcrc, ful/ere « poCle a frire »; cf. fricta, d. frete
« pâtisscrie, galette »;
*jundarium - guegue jc11er, }mer « cntonnoir »;
*gaudimmtum - ga;;mcnd (I joic, rejouissance >); cf. gaudere, gaua1·11m,
gaudimoni11111, cn ancien albanais le \"erLc ga:.:moj ( ga::cmoj) « rejouir I);
* grui/la - /.:ojrrille, k11rrillc « gruc 1>, cf. it. grullo » sot 1>, esp. ~rulla
« grue »;
ln"bemalia - mt~rrajc « pâturage d'hiYcr 1>, cf. hibernare;
impcrans, -antis « qui commandc, commandant » - (deri\'e) pacndi
« dicu, di\"inite », un mot profane cutre dans le Yocabulairc religieux 147 ;
1·11gr11tus - ( i, e) 11gratf « malhcurcux 1>;
"'im.'idiarc - m.rnj « cnYicr, detcstcr », cf. occ. mvcia, cat. pg. 01?.·cja
« cnvie 1>;
lacdcrt - lcndoj (-ova, -1iar) « lescr, irriter, offcnscr, fairc du r.1al a
unc plaic », a\'cc l'epcnthesc d'un -11-;
lanciarium - /rngicr. lcngjcrc <c grand plat, platcau'&-;
lapathmn - lcpjch~. 1i~pjctt~ <c petite oscilk, purgatin 1>;
laxa (rntis) - llajslzi «crete de coq, huppc 1;;
lutc11111 - lud <chouc 1>; cf. lutu111, consen-c cn roumain ct cn Occident;
machina -- mokrc, moker « moulin, moulin a bras, mcule 1>, par le
truchement du dalmate m11k11a ;it. maci11a « mculc », cf. r. m.icina <c momlre,
bro\"er »•
- * ;11aiari11m (cf. maiahs «porc châtn'.", porc gras 1> - nzahajer <c friche,
jachcrc, tcrrc non cultivce », par le truchcmcnt de la languc dalmate, cf.
it. maggiatfra 148 ;
* 11w11ci1111s ( < mancus) - (i, t') m?11g_ilr « gauchc 1>, cf. it., c~p„ pg.
manco;
ma111111lia - mana/ <1 candelabre». gr. byz. µ'7-vc,uc7.i.L7., terme ccclesias-
tiquc, cmprunt tardif ;
ma1111bri11111-mh1~ (<let. mcruri) «poigncc, manchc »; cf. it. dial. mime-
t•rcl, ma11ivral;
nwritatio - marl<'st; « mariagc, noces r>, cf. r. mărita, d. martur, it. mari-
tarc;
mulricuia - 11drilwll?, 11drilwl/ <c commi-rc, nourricc 1); cn Occident le
sens ck « ma triculc; 1>
* mcdicllsfrr - 1111;ţ:,aslith « saugc des pres »; cf. medfra herba, medi-
camm, mcdicarc; d'originc latine aussi l'autrc nom de cctte plante mi·di-
cinale, slit'rbt'/e <*salvfrlla149 (voir ci-dcssous, p. 61).
mcddari - 11u·_jtoj (-o'i.'a, -1/ar) (< pcnscr, mediter»;
miraculum - mrckull, mrckulli <c mirade, mervcillc I); l'italien miracolo
est un nfologismc;
mortalia - murtap «peste, fleau 1>, cf. lat. mortalitas, it. mortahta;
mulcere - melkoj (-6va, -Uar) « caresser, apaiscr, calmer, consoler »;
147
E. <,~abej. StGj, 2, p. 17-19.
14 8 N. Jokl, Glotta, 2~ (1936), p. 121-122.
u 9 E. <;abej, StGj. 2, p. -420.

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Les elements }atins de- la langue albano.ise 61

*musconea - mushkonje « moustique i>, cf. musca;·


nappa = mappa - nape « toile utilisec pour filtrer le lait ct pour pre-
parer le frornage, nappe, Yoile »;
natura - nat:yre «na ture, caractere»;
* novastcr - noshtcr, 11oshtre «plante, vegetal», cf. 1zovus, novellus,
1iovicius;
olivaster - ullashter « oliv ier sauvage ,>'; cf. i 1.. olivastro;
otus, <f>-roi:; « oiseau de nuit » - hute « chouette »;
pallia - pap « dot, trousseau de la mariee », cf. pallium « rnantcau »,
palholmn «petit voile»;
paradisus - parriz «paradis,>; en Occident, partout des neo1ogisrnes;
* pasturatiwm - pashtrak « droit d'herbagc ou de pâcage ,>, cf. pasto-
ricius, past·ura, pastus; dans la region de Mati poshtrak;
paulus - (derive) palloj (-ova, -11.ar) « se rassasier »;
per intus - brenda, brcnda, nzbrcnde (<a l'interieur )), cf. per 1'nter> r.
pr1'ntre « par:rni, entre »;
* pistarium - shter, slitcre «pile, pi1icr ,>, cf. p1'stare « casscr, briser ,>,
pistillum « pilon ,>, pistor;
* porrimum - purri « poireau », cf. porntm;
praeire - pnj (-va, -re) « aller, preceder ,>;
princeps - prinq « prince ,>, en Occident mots savants;
quarta - lwrte (chez Buzuk, XVI" siecle) « rncsure de blei>, gr. hyz.
xocp-:-·ri; korte «le quart d'une bete (de bouchcric) abattue ,>;
Rosalia - Rreshajc « Pentecote »;
saecidum - shckull « siecle i>, en Occident des rnots saYants;
* salviella - sherbeU « sauge ,>, dans Ies langues romanes descen<lants
de sahia;
Sanctam Trinitatem - Shendertat, Shindn'fat «fete de la Saintc Tri-
nite )) ;
sarcinarius - shclqnuer, shelqeror « râtelier auqucl Ies bergers suspen·
<lent Ies instmments servant a la preparation de Jeurs produits lactes ,>;
Saturni ( dies) - e shtune « samcdi ». cf. l'anglais Saturday et Ie neerl.
Zaterdag;
solanum - shulle (det. shulleri) « Jieu ensoleille, chaleur du soleil l)
cf. solewus «vent de l'cst» et *solinus> ar. surin <(lt'eu rnsoleille,>;
sortilegus «devin, devineur i>, sorWeg1:um « devination i> - (derive) slzer-
regji « ensorce1lemcnt, tromperie ,>iso;
* spleneticum - shpretke, shpemtkc «ratei>, cf. splcn, -is - r. splină,
afr. esplein;
terrae motus - termct « tremblcmcnt de terre i>, cf. engad. tcrratrembel,
occ„ cat. terratremol;
* terraticum - tratk «brll, dîme, taxe pour un terrain cultive i>, cf.
* pasturaticu.m > pashtrak;
testimoniare - deshmoj (-ova, -1tar) « ternoigner ,>, cf. testimo11ium,
pg. testemun ho;
tradcre - truaj (-6va, -uar) <(confieri>;
trijun:us - terjurk « fourche a trois dents l>, cf. tridens;

1ao. E. <;abej. Alb Deitr., P· 369-370.

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62 H. Mihăcscu

* trimensana - tershani, tershere « avoine •, cf. trime.nsis> fr. trem.ois;


tri:mestris > a.it. tremeste;
* vertia - verei « versoir de charrue •, cf. vertore, verticu.lus;
vescere - usqt'} (-ii-a, -yb) « elevcr des animau.:< •;
vigilia - vengji'.l/e, mingjille « veillc "· cf. ·v1'gilare panroman;
virgaril.ts - vergar « mouton ou bouc non châtre, etalon •. cf. virga>.
fr. verge;
* vistulum = viscum - veshlull <1 gui, glue •;
•·omis - um, umb ci charrue •, cf. vomer;

39. Les ancetres des Albanais ont connu les rclations de production du
domaine de l'agriculture romaine et de sa tcchnique; la charruc et ses ele-
mrnts constitutifs portcnt en albanais des noms d'origine latine: appara-
mmtmn - parmmdi~ « araire, charrue •>, bubulcus - bujk « agriculteur, pay-
san '· * exmulgia - :mojfr «sol non laboure, jacherc i>, lit'bernalia - merraje
« pâturagC' d'hiver i>, hibcmum - verri, verri « pâturagc d'hiver i>, machina
- mokre <c moulin a bras, meulc », * nrniarium - mahajir « frichc, jacbere •,
* pasturaticum - pashtrak <c droit d'herbage ou de pâcage •. sarcinarius -
-shdkn11er, shdqt~ror <1 râtdicr auquel Ies bergers suspendent Ies instruments
Sl'!"Yant a la preparat ion de leurs produits lactes I>, stiva - shfi:;c « manche de
charrue 1), *terraticum - tralll (C brii, clime „,
tnjurcus - U~furk (I fourche a
trois dcnts •> *vcrtia - vace <c versoir de la charrue i>, t't'scere - ushqe_i « elever
ck:-; animaux •. vomis - wn, 11mb "charrue •·
La flore est, en bonnepartic, d'origincmeditcrraneenneou bien reflete Ies
realisations de l'horticulture l'll Italic: lapathum - lepjeU, !Cpjete «petite
oiscllc 1>, * medfrasfrr - mc~gashtlr <c saugc des preso, *11ovaster - noslitre
«plante, vegetal», olit.•aslt'r - 11/lashter ~c oli\·icr sauvage ll. *salviella - sher-
bdl « saugc •>, * trimmsana - thshane <1 avoine 11, *vistulum - veshtiell <c gui,
~lue •. La faune comptc dC'S elements qui SC rattachcnt pour beaucoup a la
mer ct aux rcgions humidcs: affip1·1cr - qijt (I oiscau de proie, epervier ou
faucon », bolea, *boia - bolte <c gros scrpent • catla - {!,alte « heron », chersy-
drns - lmlsheder <c dragon•. *gndla - kojrrile, kurrtU <1 grue ll, laxa ( mtis)
- lajslie <c crete de coq. huppe •. *musconea - muslikonje « moustiquc •,
Of/IS - 1t/, /zufe (C ChOUCttC I), 1!irgari1tS - VCrgar (C bOUC, etalon li.
Certains termes qui designent des aspects propres de la nature ou des
parties du corps humain suggercnt la presence d'un relief caracteristique:
lu.teum - lud <c bouc l), solat111m - sliulU « licu ensoleille o, terrae motus -
ti~rmet <c tremblemcnt de tcrre 11.

40. Les noms de ccrtains outils ou produits de l'artisanat denotent un


long contact ou des echangcs commcrciaux entre les ancetres des Albanais
et les Roma ins: aulaeum + - mmtum - avleme11d <c ustensile ou instrument
en bois servant a tisser, tapis separant l'habitation <le la cour »; conucla -
ko11urlle::: <c bobine a coudrc •>; cova - lwvc <• broc en bois »; frictarium -
fiJr/,;,r,;, (C pofle a frire l); · * fundaTiUnt - je1teT, jener (I entOililOÎr l); *manU-
brii.ttn - meru (( poignec, manchc •>: *nappa - nape (c nappe, voile&; pallia -
pap <( \·etements, <lot, trousscau de la mariee i>, * pistarium - shter «pile,
pilier». Cest encore dans le memc sens que plaident des emprunts faits a
la sphere de la parentcle ou a celle de l'organisation sociale et politique:
compater - lrnmter « compere •>, *maritatio - martese « mariage, noces •,
matricula - ndrikullc « commere, nourrice », princeps - prink « prince •

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Les ~Uments latins de la languc alt-anai~c '63

Dans le domaine de !'ideologie religicusc, Ies ancetres des Albanais ont


emprunte des termes payens prechretirns ct, par la suite, ils ont rntrctrnu
des liens ininterrornpus avec l'Eglise occidentale, alors que Ies ancetres
des Rournains se sont orirntes vers Byzancc: CJzristi natale - K.ershcndelle
«Noel», episcopus - peshkep, upeshk, upeslzkup « evequc », evangdium,
* evangelum - ung}ill « cvangile », Mercurii (dies) - e merkurc, mfraculum
- mrekitll « miracle 1>, paganus-i pcgcrc «impur souillc 1>, Rosalia - Rresha}e
« Pentecote 1>, saeculum - shekull <( siecle, monde », Sanctam Trim'taton -
Shendertat «la Sainte Trinite », Saturni (dies) - e shture <( sarnedi ».
Enfin, voici une liste de substantifs, adjectifs, verbcs et particulcs
conserves seulement en albanais lesquels rnontrcnt que Ies emprunts se sont
effectues d'ordinaire du «latin classique », tandis que la langue roumainc a
son point de depart dans «le latin vulgaire »: alterare - 11derroj « alterer,
changer 1>, caltha - i kalth (( bleu-ciel », consclare - uguslzello} <( consoler »,
contrarium - kundruall <(vis-a-vis», cunctari - kundro} (, parler », jornix,
-icis - f'urreqi <( debauche », ingratits -ingrate <( malheureux », mcd1'tari -
me}to} (( penser, rnediter », mulcere - mulkoj (( consolcr », testimo11iare -
deshmo} <( temoigner », tradere - truaj <( conficr ».

Elements latins conserves dans l'onomast1que


et surtout dans la toponymie ro,
41. On peut considerer comme descendant des forrncs latines ks 7 norns
albanais suivants: Andraeas - Ndre, A11to111·us - /\Tdue, Ioannes - G}on,
Iosephus - Zej, Martinus - Merti, Mertfr, Paulus - Pal et Stephanus -
Sht}ejen.
Les rnots la tins conserves dans la toponyrnie sont cn nornbre de 14:
castanetum - Kashnjet, toponyrne present dans diverses regions de
l'Albanie;
cella - Qclza, dans la contree de Dukagjin, a pu se forrner sur le do-
rnaine de la langue albanaise a partir de *q11cl (( cellnle, petite chambre »,
resultant du latin cella151;
cr;1pta, crupta - Groftat e Go}anit, gorge dans la l\Iirdita, est un plu-
riel albanais derive du latin crypta ou crupta (( portique couvert, grotte 1>,
conserve aussi dans certaines langues rornanes occidentales ou dans l'alle-
rnand Grujt 162 ;
cumulus - le mont Kumul de Malesja e Gjakoves dans l'Albanie sep-
tentrionale derive plutât du la6n cumulus« cornblc, tas qui depasse la mesure1>,
que du grec . XOO(J.OUAOi:; (< plein jusqu'au bord I) OU du neogrec XOO[J.C.U),oc
<(tas 1>, d'origine latine cux aussi 1 53;
cxsuctus - le norn du petit ruisseau Sijt dans la Mirdita repose sur
le latin exsuctus «sec, aride 1> (cf. r. supt, d. sot, it. asciuto, esp. enjuto, pg.
enxuto); « le rnot sejte s' emploie dans cette cont rec cornrne norn conunun dans
le sens de petit torrent, de ruisseau qui rassernblc Ies caux de pluie et qui est
a sec la plus grande partie de l'annee J)Ui4;
161
F. Nopcsa, Geographie und Geologie Nordalbanirns, Bu<lape~t. 1929, p. 127.
15 2 N. Jokl, BA, '4(1928), p. 202-203 ct $ S!avia ~ 13 (193-4-1935), p. 287.
ll>:I F. Nopcsa, op. cit., p. 575.
lM Lafe, P· 162.

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64 H. Mihăescu

oraculunt - le village Fralmll dans la Myzcquc, probablement l'ancien


N ymphamm 135 ;
p!anus - Pjan, nom de village dans la Malesja e Gjakoves;
/>ost rij>cim - Postrripa, region pres de Shkoder;
publicii (via) - persiste <lans le toponyme Puka de la region de Duka-
gjin, sur la rouk de Shkoder a Prizren en Yougoslavic, ainsi que dans le
syntagmc 11dhi e puk1 <{ \·oic publiquc 1> en ancien albanais;
ri'i. 111/us - Rrjolli. nom de villagc ct de riviere du district de Shkoder;
s11btara1tcum - Sh11trrija, nom <l'unc ca\"LTnc dans k district de Selita,
entrc :\Iirdita et ~fatiic.a; ·
,•,1llis - Vd!, nom de plusil'urs villages dans le :\"ord (Val, village a
Martancsh; 1'„/as, a Dumre; Valsh, a Shpat) ct dans le Sud (Vafrt. a Golern;
Valth a Ku<;; 1·,,1 a Kallarat; LIC11g'e Falcs, a Bolene) 157 ;
1•illa - Vilt7 ou l"i/,7 :, nom de ,·illage a Kanjc, Lume, Dukagjin et en
Albanic meri<lionalc 1"11;
11i11calis (terra) «tern· a vigne, vignoble », Vinjall, nom de village dans
le region ck· 'fati et de Kurhin.
'.:!. Pour quclq11es noms de licux d'origine latine il existe aussi Ies
appl'llatif s corrcspondants: le toponyme Gushti, ~t la sort ic d'un <lefile de la
vallcc de la Drina (cf. i 11gus'1lt7 « etroit »> = lat. 1mgustus): Kunora, nom
donne ~1 plusicurs chaincs de rnontagnes, repose sur l'appcllatif lwnori! « cou-
ronnc 1>, dulatincoro11a; Shlwrtull nom d'un village de la valleede Faud dans
la ~Iirdita, prO\·ient <lu mot i sitlwrt <i court 1> =lat. * excurtus (cf. r. scurt),
avec changemcnt de 11 en o sur le tcrrain de la langue albanaise; le nom du
villagc Viadha semhle etre unc variank de l'a<ljcctif i verdhc = lat. viridis 159 •
L·· suffix•· -c!um a laissc des traccs <.'.·galement dans quelques noms de
lieux. Unc partic <le ces toponymes se sont formes a partir d'appellatifs exis-
tant dans l'albanais moderne. Le toponymc Kallmati, atteste dans le dis-
trict <le Tirana ct au nord <le la ri,·iere Drina (dans une contree ou l'on a·
decouvcrt un viei! etablisscmcnt romain) provient du latin calametum <1 lieu
plante de roscaux •. ou birn s'cst constituc sur le terrain de la languc alba-
naise a l'aidc <lu suffixc -d, de l'appellatif k:1/lm (kallml, kalem) u roseau i>,
resultant du latin calamus. Le latin calamctum n'a sun'ecu dans aucnne des
langues romancs, mais a pu etre cmprunte par Ies ancetres des Albanais.
Le toponyme Qcrret, nom de trois villages des districts de Lushnja, · Puka ct
Temali, derive soit du latin ccrrctum « foret de rouvrPs 1>, soit de l'appcllatif
qarr <c chene » + le suffixe-ct. Un ,·ieux nom medieval Itycetttm = 'D,uzhov,
atteste en 1258 pres de Durres180, a cte interprete cornme correspondant a
l'albanais ilqct, qui derive soit du latin ilicetum, soit du vocable aJbanais
ilq <c chene » ct du suffixe -el. Le latin ilicetum a laisse des traces en !talie.
Pour la diffusion geographique on peut retenir avec profit Ies conclu-
sions de M. Emil Lafe: <1 Les toponymes d'origine latine sur le territoire alba-
nais actuel apparticnnent pour la plupart a l'Albanie septentrionale, aux

1 :,:;H. Ceka ~Buletin Tirana•. 1957, I, p. 24, note 14.


1
•~N. Jokl, AR, 24 (1920), p. 121; RlED, J (1936). p. 58-71.
la7 La.ie, P· 166.
1 :.s Ibidem.
lf>'J Ibidem.

l~o E. <;al.Jej, LP, 8 ( 1960), p. 118, note 9-t.

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Les elcments !atins de la langue all>anaise 65

regions situees sur la rive droite du Mati, a la partie du pays comprise dans
la province de Prevalitaine. Toutefois, ces toponymes ne manquent pas. non
plus dans le Sud; ils des'tendent jusqu'a Kurvelesh et Himare qui etaient
compris dans la zone d'influence de la culture nellenique. Les toponymes
la.tins sont principalement de~ noms de villages et ele pctites provinces, et
rar2ment des oronymes ou des hydronymes »161 .

lnfluence latine sui· la structure grammaticale

-13. Forte et variee dans le domaine du lexique, l'influence latine sur


ia structure de la langue parlee p~r les ancetres des Albanais fut faible, en
revanche, car elle se reduit a quclqm'S suffixes deri\·atifs OU a qudques pre-
fixes:
-alia: bugaje <1 fon~t de chenes », lugap «fond de vallee, plainc plu- „.
iaff <1 nuage de poussiere »162 ;
- aneus: suffixe latin present en guegue dans Ies toponymcs tcls Bla-
kaj, Bitnjaj, Dednikaj, Gropaj, Lotaj, Lukaj, Nikaj, Rupaj, Salmaj, Zyl-
Jaj, qui representent d'anciens noms ele populations (cf. it. Galvagni, ll1as-
cagn-1)163. Comme le suffixe -aj apparaît aussi dans des noms d' origine aut re
que latine, il faut bien supposer qu'il fut autrefois productif;
-arius: daullar « tambour » (homme), derrar << porcher »;
- etum: kashu_iet « foret de marronniers », slzkorret « foret »; Ies toponymes
Sltko:;et et Shperdhet se sont formes a partir des appellatifs shkoze « hetre •
et sltpartlt « sorte de chene a feuilles larges » et du suffixe productif d'origine
latine -et:
-iaâu:m: ce suffixe latin semhlc avoir persiste dans le toponyme Bisa-
ku, pres d'Oroshi, dans la vallee du Fardi, affluent de droitc de la Mati,
comme le suppose Norbert Jokl, qui le derive du nom antiquc Bit/ms+
-iacium, par exemple Bithiacimn pracdium <(le domaine de Bithns ~ 164 .
Si l'hypothese est juste, on tient la preuve de la continuite des Albanais sur
ce territoire depuis l'antiquite jusqu'a present;
-idiare: kallC.:oj (I montrer, calomnier », kunfri!zoj « maner » (cf. en
roumain cununa), varpe zoj (I enurnerer »;
-imen: ashperi'.m « âprcte », bashkhn <( union »;
-issa: berbcreslte (I femme a barbe », blegatoreshi! (I pastourelle », cf. en
roumain împărăteasă (I imperatrice », preoteasă <( pretresse »;
-tor: gjaket11.ar « assassin », nw:etuar » seductcur „,
44. Un regard d'ensemble sur l'aspect formei de l'influence latine
montre que celle-ci s'est exercee avant tout sur Ies noms et Ies verbes, ensuite
sur I.es adjectifs, alors qu'elle s'est manifestec dans une moindre mesure dans
le domaine des autres parties du discours: celui des numeraux ( centmn >
qint, miha> mije), des adverbes (per intus> bri!nda, postea> posltlc, totum>
dat). des prepositions (contra> kzmder, per> per) et une seule conjonction
( quid > qii). Afin de potffoir nous rendre compte de la variete des formes

161
Lafe, p 166-167
18
2 E. <;abej, LP, 8(1960), p. 76-77.
183
Pekmezi, p. 44.
1 4
G N. Jokl, ZONF, 10(1934). p. 190.

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66 H. l\lihăescu

latines et pour apprcner lcur frequence, procedons a la re\'ue des prefixes


et des suffixes presentes par Ies elements la tins d'emprunt:
.,. acea: gallinacca > g?lase « f iente d' oiseau »;
-alia: lzibemalia > mi:rraje « pâturage d'hiver 1>, mortali a> murtaje
o peste, fleau 1>, Rosa/ia> Rrcshaje « PentecOte 1>;
-ari1ts, -a, -um: * filic,1ria > fjer « fougere 1>, fridarium > }Crtcre <c poele
a frire I), * fzlildariunt> f?l/Cf (< entOI1110ir ~' laJZCiarillnt> leJZgjeYC (C grand
:j<

plat, plah':-.u », * 1111:",?rz:<rm (cf. m'1ialis <c porc gras»)> malzajer « friche, jachere,
sol non culti\·c •1, '~ pisf,1rium> shta, slzta~; <c pilc, pilier 1>, * traiectarium>
tajtar <c entonnoir, cornet», ;:irgarius> ;,,•1..~rg,1r « belier ou bouc non châtre &;
-aster _liliasltr> _ljcsliter, (i, e) tlzjcstri3 <c fils ou fillc d'un autre lit "•
* mcdicastcr > 111.t.~gaslztfr <c sauge des pres 1>, * novaster > 11oshter <c plante,
y(·getalc 1>, olic.·as!t"r > ullas!tth « oli,·icr sam·age 1>;
-aticum: * pasturatirnm > /;aslztra!~ « droit d'herbagc ou de pâcagc »,
* tcrraticum > fri1tk < « clime, taxe pour un terrain cultiYC:· 1>;
-cllum, -dla, -dlus: castdlum> k1..~slztidl <c château 1>, * safridla> slzer-
bdl? CC Sauge 1), f,·rt"bdllfS > f1trjd!e (< inStfUJ11l'I1t a forer, drille I);
. ex-: * exdopjms> shqcp, sliqjcp <c boifrux », t'xcurtus> i slzkurtc « court t,
* cxmulgia> ::..;wJjfr « tcrrain inculte, jacherc 1>;
extra-: slz!Crgjysh <c <!ncetre », slztcrmbesc <c arriere petite-fille 1>, shti!mip
<c arrierc pctit-fils 1>, cf. cn roumain striibun, stră1lt"poatti, sti'ă11epot;
-ia> ia: 11rn111a > mania> m,~ri <c col ere 1>;
-icar<': 11za1ticarf > mhrgoj « se kYcr eh: honnc heurc 1>;
- înus, -i11il, i111tm: capiti11a> lwpti11i5 <c tete 1>, columba+ -i1rns> kullum-
bri (junc cspccc de prunicr », co11sobri11us > lms/zeri <c cousin 1>, hiberninum>
·uhr~ ~ pâturagc J'hinT », * moli111!m > mulii <c moulin I), * porrinum > purri
<c poireau 1>;
-fous, -ina: 11za11ct1111s (cf. 111'/ilCZ:s 1• infirme 1>) > i mi.:11gjfr 41 gauche •,
masticliinus (cf. mastic he <c mastic 1>) > 11lt~shtek 1c boulcau 1>, * retina (cf. rete
41 filet») > rrdc11 « courroic de sandale, lacct de soulicr 1>;
-ia: * maritatio> marfrsc « mariagc, noces 1>;
-mentum: appara111c11t11m > parmrnifr <c charrue 1>, aulat'um + -men-
tum> il<'lt~l/l(/!d (C UStcnsile QU instrument Cn boiS Sen·ant a tisser I), * gaztdi-
11tC/lfUln > giz::mrnt <c joic », sarmmt:1m > slrammd <c sarmcnt de Yigne deseche
Sf-'r\'ant a atti,;er le feu »;
-011t'a: * 11t11swnca > 11rnshlw11ji! <c moustiquc 1>;
per-: * 1'J1Tdolcrt' > phdellcj <c aYoir pitie », pervigilare > plrgjoj ~ ve1-
ller 1>;
-ula: gla11dula > gjc11der <c petit gland de chene 1>, spatula> shpatulle
<c epaule, omoplate 1), * vittula> ·uetull <c paupiere, sourcil 1>;
-ura: cl,zusura> Mslryre <c <lefile 1>,factura > jytyrc «face, aspect,foroe "·
iunctura > gjymtyrc <c membre, articulation, lien 1>, ligatura < likayre « lien t,
unctura > yndyre <c graisse ».

Conclusions sm· l'influence latine en albanais

·15. L'analyse des emprunts d'origine latine en albanais (616 termcs)


montre que l'influence de la culture romtiine s'est exercee sous Ies formes
Ies plus variees et presque dans tous Ies compartiments du lexique, a saYoir

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Les elements latins de la langue albanaise 67

dans le domaine de la nature et du milieu ambiant, de l'espace et du temps;


dans celui des metaux, de la flore et de la faune; dans la terminologie du
corps humain, de l'habitation, du chauffage et de la lumiere; dans le Yocabu-
flaire des outils, de l'agriculture, de la peche, de la navigation, des poids
et mesures; dans le domaine militai re et medic3.l, dans celui de la parente,
de l'organisation sociale et politique. de l'acti,·ite spirituelle, de la religion
et du calendrier; enfin, dans la sphere de l'onomastiquc et surtout de la topo-
nymie, des substantifs abstraits, des adjcctifs, des Yerbes, des particulcs et
des suffixes. Cette influence a commence a se faire sentir de uonnc hcure,
approximatiYemcnt au II" siecle aYant notre ere; elle a dure sans intcrrup-
tion pres d'un millenaire, de sorte qu'il est difficile de nos jours de disccrner
avec precision Ies elements d'origine latine de ccux de pron'nancc italienne.
La plupart des empnmts. {301) sont des mots latins cl'un emploi frequent
et qui ont circule sur toute l'etendu'-' de l'Empire romain, laissant c1L'S traces
sinon dans toutes, du moins dans la majorite des b.ngues romancs. La scconde
categorie renferme, comme importance numeriquc ( 163), des elements com-
mur.s a l'albanais et aux langucs romancs occiclentales. Les clements con-
seITes uniquement en albanais et en roumain sont pcu nombn.'u~ (45): il
existe pour bcaucoup d'entre eux des prcun's qu'ils reprt'.'scntaicnt des
mots latins dont la circulation t'tait plus largc que dans le Sud-Est de l'Empire.
Ceux qui n'ont persiste qu'en albanais (86) com·ergcnt cn une certaine mesurc
vers le monde occidental. L'onomastiquc ct surtout la toponymie d'origine
latine (21) plaident en faycur de l'autochtonie des Albanais. En consequcnce,
Ies preuves qui pennettraient d'affirmcr que lcs elements latins de l'albanais
et du roumain decoulent d'une source commune et unitaire, c'est-a-dire
d'une latinite formee en Dardanie et en l\Iesic, font defaut. En n~alite, l'in-
flue-~Ke de Rome a agi dans le Sud-Est de l'Europc par des Yoies diverses,
dans un espace beaucoup plus largc et durant une periodc de longuc dun~e:
elle n'a pu conduire a des resultats unitaircs et homogenes.

Les ancetres des Albanais et la culture l'OIUa.ne

-1.6. Le lexique d'origine latine de l'alLanais et la toponymie rcnfermcnt


des elements qui plaident en faveur de la thesc que l'influence de la culture
romaine et de la langue latine sur Ies ancetres des Albanais s'cst deroulee
approximativement dans le meme region ou l'on parle albanais de nos jours
aussi: elle se trouvait situee entre le 39° et le 42° paralleles. Au nord-est, la
frontiere partait du rivage de l'Adriatique, un peu au nord du lac de Shko-
der, et arri\·ait jusqu'a proximi te de Kosovopolje, pres de Prishtina; vers
l'est, elle atteignait une ligne rnarquee parlcs localites de Kumanovo, Kacanik,
Tetovo, Skopje. Monastir (Bitolj) et Ohrid; vers le sud, elle passait a c<?te
des lacs d'Ohrid et de Prcspa et des localites de Kastoria, Grammos, Komca
et de Delvina, pour regagner l'Adriatique pres de Saranda (Santi Quaranta)1_65 .
C'est sur ce territoire que vivaient au IIF siccle avant notre ere Ies J\tm-
tanes (' A::-~v'oc'Jc:~, 'ATL'J":"OCVLOL), non loin de la mer Ionienne, entre Onkos
(Pală.okastro) et Chaonia, ainsi qu'entre Apollonie et Dodone. Lors de la
guerre entre Ies Romains et Ies Illyriens en l'an 229 ils s'associerent aux

1&s N. Jokl, RL, t. 1, p. 84-85.

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68 H. )fihileo:cu

Romains et en 205 ils furent englobes dans la )facedoine166 • Les Dassaretes


(~occrcrixp·~-:-Lo~, ~occrcrtY.plj-:oc~) se trouYaient un peu plus au nord, a l'interieur
egalement, entre Antipa tria (Berat) et le lac de Lychnidos (Ohrid), notamment
dans la Yallee de l'Apsos (Semeni); ils constituaient l'une des tribus illyrien-
nes ·Ies plus importantes167 • Les Taulantcs (Tocu/,ci•1-:-LoL) s'etendaient le long
du littoral, entre Dyrrachium (Durres) et Scodra (Shkoder) et, plus au loin,
dans la Yallee du Drin, en fC'montant Yers l'interieur, et Ies Partins, a câte
d'eux, le long de la mer, Ycrs le nord jusqu'au-dela de Lissus (Ljesh) 168 •
Les Penestcs (Il:::·1fo-:-r1.•.) habitaicnt a l'interieur, du câte de la frontiere
de Macedoine, an nord du lac <le Lyclmidos (Ohrid) et ils aYaient pour capi-
tale la loc~i.lite <lTscana, ~ituee a trois iournees de marche Yers l'ouest de
Stuherra 16u. Les Piroustes (Il~pr,::iv-:-:x.~) yj~;aicnt cntre le cours superieur du
Drin ct le Champ du \krlc (Koso\·opolje), sur le territoire de la proYince
romaine de \Iesie Supfrieure 170 . Ces populations ctaient toutes des
tribus illyriennes, aYec un faible melange d'elements celtes au nord et
thraces au sud. 11 semble probable qu'a une epoque plus lointaine Ies Thraces
se soient infiltres vers l'ouest jusqu'a la mer Adriatique, mais par la suite ils
furent disloques par Ies Illyriens et repousses vers l' est 171 . L<:'s frontieres
entre Ies Ill~Tiens et Ies Thraces allaient, sclon certaines opinions, depuis le
Danube (pres de Singidunum, Belgrade), a traYers les vallees de la Morava
et de l'Axios (le Yardar), jusqu'a Scupi (Skopje) et plus loin vers le sud, jus-
qu'a l'oucst de Thcssalonique, plus probablcment, a 100 km daYantage Yers
l'ouest, c'est-a-dirc dcpuis Ic fleuve SaYUS, a l'ouest de Singidunum, puis vers
le sud, sui\·ant unc lih.rnc gui passe par Ies localites modernes de Pri~tina et
de Tetovo, contournc lcs lacs d'Ohri<l ct de Prcspa, atteint Monastir (Bitolj),
s'en allant ensuite wrs le sud-est, dans Ie voisinage de Pella, jusqu'au golfe
Thermalque, a l'oucst de Thcssalonique 17 2.
Le geographe antique Ptolemee, au II" sieele de notre ere, citait Ies
IlOillS de la tribu des '.\i.~'.1.'Jr,l et de la Yille d'.\i.~:x.·1/,:-:0/.~:;. a quelques 600 ID
d'altitudc, queiquc part plus a l'ouest de Dyrracnium (Durres). Le nom a
persiste dans la nomenclature de l'eveche d'Arbanum (Albanon) jusqu'au
XIII" siecle et a ete identifie avec Kruja, dans lcs monts de Skanderbeg,
ou le heros national albanais resista aux Turcs. Johann Georg von Hahn cro-
yait qu':\lbanopolis devait se trom·er sur Ies licux de Zgorzesh, village peu
eloigne de !\.ruja ou subsistent des ruines antiques 173 • Ce nom a pu persister

1 'r, p„Jyl.l' 2 ..\S; 2.11,11; 7,9,.3: Strab. 7,.126; 29,12-t:;; 45,:;0,7; E. Oberhi;mmer,
RE. 2 ( 18%1. 2 lll<•: H. Cc·ka, « Bull"tin Tirana"· 9 ( 1956), I, p. 108-112.
167
•.\. l'hilippson, HE, 4 (1901), 2221-2222.
168
E. Fluss, l~E. 2'" serie, 4 ( 19.\2). 2526-2529.
m Strah. -i.1, 18,5; F. )liltncr. RE, 19 ( 19.)7), 49."i.
1 7o E. Polaschck, RE, 20 11950), 1729-1732.
171
C. Pat~ch, Tlirakis.-lz,· Sp11r111 a11 der A.dria, ]Ll ..\J, 10 (1907), p. 169-174.
17
2 E. Tomaschek, Die altrn Thrakcr. Ei11e etl111ologische r:11terrnclw11{!, ""ien, 18)3-
1894; -G. G. )lateescu, I traci 11fl!c •Pigrnfi di Roma, ED, i (1923), p. 57-290; H. Krahe, Die
a/ten balka11illyriscl1cn gcr1r;rapl1isc'1111 Samrn, Heidelberg, 1925, p. \"II; T.T. Russu, «•.\nuaru]
Institutului de Studii Clasice» (Cluj). 4 (1944), p. 73-146 et SCIV, 13 (1962), p. 230.
173
Ptolem., Gcovaplzica, 3, 12. 20; J. G. ·rnn Hahn, Reise d11rc/1 dic G~l;iete des Drin
u11d Vardar, \\"ien, 1867, p. 14; cf. Praschnikcr-Schc,ber, p. 27-.10.

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Les elements latins de la lauguc albanaise 69

aussi dans l'ethnique. moderne arber « albanais » et Arberi « Albanie », usite


chez Ies Albanais d'Italie meridionale, a la difference de ceux qui habitent
l'Albanie proprement dite, qui l'ont laisse tomber en desuetude et s'appellent
de nos jours shqipetarii 1 74.
Les Grecs-fonderent quelques colonies sur la câte Adriatique (Kerkyra,
Buthrinton, Apollonie, Epidamnos ou Dyrrachium et Lissos), mais ils exer-
cerent une faible influence sur Ies autochtones de l'interieur, tant en ce qui
concerne ceux du littoral de l'Albanie contemporaine, qu'a l'egard ele ceux
vivant plus au nord, jusqu'ala frontiere italo-yougoslave.

47. Les Romains approcherent venant d'Italie par la routc la plus


courte, qui part de Brundisium (Brindisi), devenue coionie romaine en 244
avant notre ere. Sur la câte opposee se trom'aient Ies colonies grecques d'Apol-
lonie et de Byllis, qui entretcnaient, sans cloute de longue date, des relations
commerciales avec le sud de l'Italie. Les indigenes etablis autour des cites
grecques de la câte illyrienne etaient conduits entre Ies annees 240 et 230
par un roi puissant du nom d'Agron, dont la capitale etait a Scodra. Les
Romains allaient profiter en 229 d'un moment de faiblesse du royaume illy-
rien, a la tete duquel se trouvait alors la reine Teu ta: ils s' emparerent des
îles de Kerkyra, Pharos (Hvar), Issa (Yis) et des villes d'Apollonie (Pojani)
et de Dyrrachium (Durres), s'epanchant ensuite vers le nord approxirnati-
vement jusqu'a la riviere :Mati, mais sans penetrer beaucoup a l'interieur du
continent. La paix conclue en 228 obligea la reine Tenta de Scodra a payer
un tribut et a irtterdire a sa flot te commerciale ou ele gucrre de descendre
en-dc<;a de la villc de Lissus (Lesh), a l'embouchure du Drin 175 . L'île de l'-er-
kyra SC trouvait pratiquement a la hautcur de Larissa, Apollonie a celle de
Thessalonique ct Dyrrachium a celle de la ville de Byzance. Situes a unc
distance d'une centaine de kilometres, les ports de Brundisium, d'Apollonie
et de Dyrrachium pouvaient bloquer tout commcrce maritime vers le nord
et constituaient en quelque sorte la clef de l'Adriatique. Ces conquetes demcu-
rerent ephemeres aussi longtemps que Ies Romains eurcnt a affronter les
Carthaginois, conduits par Annibal. De nom·eaux efforts furcnt necessaires
contre le royaume_ de Macedoine et c'est par la paix de Phoenice (non loin ele
Saranda), en l'an 205, qu'ils recouvrerent une etroite langue ele terre le long
du rivage, entre Apollonie et Dyrrachium 176 . Cette situation se modifia petit
a petit apres l'an 199, quand Ies armees romaines comrnencerent a penetrcr pro-
fondemcnt en Macedoine. Apres la bataille de Pydna (168), la Macedoine fut
supprimee cn tant qu'Etat independant. Les tcrritoires c6tiers conquis par
Ies Romains s'etendaient vers le nord jusqu'a Narenta (Neretva) ct ils etaient
di-vises cn trois regions: Je sud jusqu'a la riviere Yojusa, le centre entre la
Vojusa et le Drin, enfin le nord. Les villes gr~cques d'Apollonie et de Dyrra-
chium conservaient une indepcndance formelle. En 146, la Macedoinc cleYint
province romaine. En meme kmps, Rome etait deja maîtrcsse de la Cappa-
doce, du Pont, de la Syrie, de l'Egypte, de la Crete, de l'Afrique du nord et
de l'Espagne, mais n'etait pas encore arrivee au Danube: son ernpire demeu-
rait une « thalasscicratie » et conservait encore un caractere rnediterraneen.

174 H. Pedersen, ZVS, 36 ( 1898), p. 299.


175 Polyb., 2,8-,-12; 12,3; Appian., Illyr., 7; Zippcl., p. 46-54
1 75 Zippel, p. 54-96.

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70 H. Mihăesc:u

48. L'influence de la langue latine s'intensifia durant le II" siecle avant


notre ere, par l'intermediaire des annees et des marchands, surtout le long
des grandes arteres de communication menant vers la Macedoine. La Yallee du
flem·e Shknmbi offrait depuis des temps recules la voie naturelle la plus com-
mode de l'Adriatique vers la Macedoine orientale. Les Romains organise-
rent systematiquement cette route des la seconde moitie du siecle avant ne
notrc ere et l'ameliorerent, en lui donnant le nom de via Egnatia 177 : elle avait
son point de depart aux portes de Dyrrachium (Durres) et d'Apollonie (Pojani)
et :'C dirigrait \ ers l'est. Ses deux bras se rejoignaient a Clodiana (Peqini)
et la route continuait sur. un seul trace en remontant la vallee du Shkumbi.
Passant par Scampa (Elbasan), Claudanon (Qafa Thanes), ellc laissait au
sud Ies lacs d'Ohrid ct de Prespa. atteignait Heraclee Lyncestis (l\Ionastir
ou Bitolj). Pc Ila, Thessalonique, Philippes, Perinthe ct finissait sur la cote,
a la cite ck Bvzance1 78 •
La scconde route en importancc ml'nait de la mer Adriatique au Danube,
VC'rs la Dacie: ellc partait de Lissus (Lcsh). empruntait la vallee du Drin,
qu'dlc remontait par Ies localites de Calametum (Kallmcti), Haimeli, Vigu,
Puka. Qclza. lballja, Ficrza ct Pjani, pour passer ensuite en territoire you-
go:'lavc, par la vallee du Drin Blanc, qu'clle rcmontait; puis elle continuait
par Djuljc, Stimlje, Ulpiana (Lipljan), :\"aissus (~i8), atteignant Ratiaria
(Arbr) sur le Danube, non loin de l'actuelle ville de Vidin.
t'tH. Sous la domination romaine. comme encorc de nos jours, Dyrra-
chium (Durres) etait ll' principal port d'cntrel' des gens, des marchandises
et cles idees Venus <le l'Ouest. ..\m:: <lircs d'une legende, la villc aurait ete fon-
dee par Dyrrachos, fils du dieu Jes mers Poseidon et petit-fils d'Epidamnc·s179 .
Le nom ancicn <le la ville, con nu des sourcc.'> historiqucs grecques, etait Epi-
damnos, colonie etablic par ks Doriens d1..' l'ile de Kcrkyra (Corfu) au VIie
siLlk· a\·ant notre ere, et Dyrrachium ctait probahlenwnt un nom indigene. Les
dL·ux norns continucrcnt de circulcr parallelcmcnt pen<lant longtemps, jus-
qu'a ce qne, sous la domination <le Rom•?, le nom de Dyrrachium s'imposa
clefinitiwmcnt. 11 a sun-ecu, <lu restc, jusqu'a nos jours dans Ies formes alba-
nai~e (Dum:::-;), sla\·e (Drae) et italienne (Durazzo). La viile cntra de bonne-
hcure dans la spherc d'influence romainv ct le nombrc des inscriptions latines
qu'dle nous a conscf\"ecs dcpasse celui fourni de toutc autrc localite de l'Alba-
nie act ud le: ces inscriptions coun·l'nt. presque sans intcrruption, une peri-
od·· de pres de six sieclcs, cntre le- milieu du I<'r sieclc avant notrc <'.·re et le
regnc ele l'cmpcrcur Justinicn 180 . L~ plus ancicnnc de ces inscriptions menti-
177
Th. L.F. Tafel, De via milit,1ri Ro111c111on1111 Egilalia, 1uliingen, 1842; E. Obcrhum-
lll<:r, RE . .'i ( 1905). 1988- 1993.
Ra·1en~lturg, 1888 (Neudruk,Stutt~art,
l<& Strai.>. 7.7,i; K. !\liller, Die P,•11ti11[!crsclre Taf,·!,
1962); J. .\dam. Historia e rrngeve li:" Slrqif'i'rise· (Hist<•ire ues routes d'Albanie), o Buletin Tira-
11a ", 7 (195-!J, I, p. 05.
rn A. Philippsnn, RE, 5 (1905). 1882-18S7.
180
L. Heuzcy, l\fission archiologiq11c de l\Iacidoine, Paris, 1876, p. 349-352; C. Prasch-
nikcr- ..\. Schober, A rclrăologiscl1e Forscl11111gm in Alba11im 1111d P.Ionteriegro, Wien, 1919, p.
32--16; C. Praschnikcr, ]OA!, 21-22 (1922-192'1), B, p. 203-217 et 23 (1926), B, p.
231-2.35; )[. ·1. Schufflay. Stădte m1d Burgm Alba 11iens /ia ;iptsăchlic/1 wăllrend des 11.fittelal-
ters, \\"ien, 192-t, p. 8-12; L. Rcy, ~Albania•, l (1925), p. 26-48; 4 (1932), p. 56-109; 5
(1935), p. 91-91; P.C. Sestieri, Vita pllbblica e monumenti di Duraz::o in cta romana attraverso
le 1:scri:io11i, « Epigraphica * i. ( 1924). p. 127-138; Neshkrime latine tif Shqipnis. Iscrizioni latine
d'.·l'bania, Tirana, 19-13, p. 72-95; S. Anamali-Dh. Budina, «Buletin Tirana•, li (1960), 2,
p. 222-235.

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Les elements latins de la langue albanaise 71

onn=e le nom de Ia d·eesse Diana, qui a survecu jusque dans l'albanais moderne,
dans l'appellatif zdnc «muse, fee» (cf. zf.nii, en roumain) 181 . Les inscriptions
latines comportetit egalement des noms grecs susceptibles de demontrer deux
choses: soit que Ies habitants de langue latine s'affublaient de noms grec·s,
soit 'que ceux de langue gtecque etaient bilingues. Les textcs epigraphiques
montrent toutefois, sans l'ombre d'un doute, que la langue latine avait la
preponderence, ·ce qui semble d'ailleurs naturel pour une localite si proche
d'Italie et un port aussi frequente, situes sur une gande artere de communica-
tion ·de l'Empire· rcimain. Une inscription publiee par C. Patsch parle d'une
me·re appelee Themis et de ses dcux filles, portant Ies noms de Lupa et de
Ursa 182 . Dans 'd'autres inscriptions figurent des noms mixtes greco-la tins:
Terentia Chrysopolis, Valerilis Crotus, Terentius Dionysius, Aelia Aerotis,
Memmius Eupotio, Cassia Eurudica, D. Granius Euschemus, Yalerius Euse-
bes,:'C. Vinicius Eutychus; ·Gra11ia Helpis, P. Clodius Hermadion, Cornelius
Castricius Lycario, D. Gtanius Olympus, Pomponia Nice, Sentia Procope,
Fulvia Stratonice, Aelia Sope, ·L. Caesius Stephanio, Novellia Trophime et
C. Iulius Trygestus. :(ertains nom·s grecs, vraisemblablement des noms d'escla-
ves, ne sont pas sliivis de noms latins: Arethusa, Chrysis, Hennes, Hermionc,
Nice, Nicippides, Nymphodotus. Le nom de Maria est semitique: il appar-
tenait sans douteă une femme professant la religion chretienne183 . Une autre
f emme de l' epoqu~ ·tardive portait le nom de la ville: Iulia Durachina 184 .
Cerfains hahitants etaient originaires d'autres cites: Novia Scodrina (de
Scodra) 185 , Ti. Claudius Epetinus (d'Epetium, localite a l'est de Salona, en
Dalmatie) 186 , Ca~sia Eurydica d'Alta Epyra (Acrocorinthc) 187 , Iulia Berytia
(de· Beryte, en Syrie). Le 30 aout 1941, on a decouvert sur le territoire de
cette ville le plus gtan~ .fresor d'objets precieux et de pieces de monnaies
romai11es d'Albanie: 14 kg d'or et d'argent et 3974 deniers et sesterces s'eche-
lonnant de l'an 65 .ă l'an 180 de notre ereie 8 . La ville appartenait a la tribu
Aeinilia 189 : elle possedait urie bibliotheque 19 0. un aqueduc, plusieurs temples
et un· amphitheâtre 191. . . .

50. A 70 kilometres plus au sud se trouvait la seconde porte d'acces, en


venant de la met , en Albanie antique: c' etait le port d' Apollonie. colonie
dorienne fondee par Ketkyra en l'an 558 avant notre ere. La ville etait situee
entre Ies rivieres Apsos (Semeni) et Aous (Vojusa), sur un groupe de collines
formant un triartgle et representant le demier contre-fort des hauteurs de
Malakastra s'avarn;ant dan·s la plaine. La plus haute de ces collines mesurai t
85 metres et fortnait d'acropole (arx) de l'actuelle Pojani, ou aujourcl'hui se
dresse l'eglise de la Vierge. La ville possedait un gymnase et plmieurs tem-

181 CIL 3 602.


'1 8 2 JO.~I. l3 .(1926), B, p. 212-213.
183 «Albania o ·_5 (1935), p. 91: ~laria Secunda.
84
_1 «Buletin Tirana i>, 1.5 (1961), l, p. 11.
· 1 5 5 Sestieri, n° 70. ·
. 18& «Albania< .5 (193.5), p. 94.
187 CIL, 3, 61.5.

· 188 H. Ceka, t Buletin Tirana o, 12 ( 1958). 1, p. H.5-206.


1.88 CIL, 3, 60.5.
10 ° CIL, 3, 607 L. FI. Getulico patr(ono) col(oriial) in cC>mparat(io11l) soli oţo(i) by-

blio (tlucae).
191
CIL, 3, 709 aquae ductum . .. Durachinis Jactum.

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72 H. Mihăescu

ples; ellc paraissait grande et imposante (magna tabs et gravis )1 92 et avait


parfaitement conserve son caractere grec, avec des professeurs et des philo-
sophes de renom, aupres desquels avait etudie dans sa jeunesse l'empereur
Auguste en personne. Le port etait amenage sur une boucle de la riviere
Aous (Vojusa), pres de l'actuel village de Sop, a 7 kilometres de la mer 193 .
Les vestiges des colonnes antiques subsistent encore de nos jours dans une
petite bourgade des environs, du nom de Shtylasi (en albanais shtyll, slitylle
« colonne », du latin stylus, conserve aussi en roumain - stur). A la diffe-
rence de Dyrrachium. qui etait un grand port marchand, Apollonie demeura
relativemcnt a l'ecart et put mieux resister a l'influence romaine: de ses. appro-
ximati\·cmcnt 40 inscriptions, il n'y en a quc 3 qui soient redigees en latin.
~leme apri·s l'apparition sur ses arrieres de la colonie romaine de Byllis (il
existait encore a A mantia des inscriptions bilingues), Apollonie persista dans
ses traditions de cite hellenique. On ne pcut s'expliquer la chose qu'en te-
nant compte du fait qu' Apollonie n'a jamais joue un role important dans le
commerce de transit et n'est jamais devenue une escale obligatoire de la
Vl.Ll Eg11atia. Bien que l'on y ait ramcne a la lumiere nombre de \'estiges anti-
qucs, a l'~l\'cnir l'exploration systematiquc de la cite s'impose 194 •
ăl. A unc tren tain<.' de kilometr<.'s d' Apollonie, dans la region de Ma-
lakastra, sur la crete d'une collinc qui s'appdlc aujourd'hui Gradishta, derri-
ere laquellc s'etale le panorama des monts Tomor ct qui regardc ,·ers la mer
Adriatiquc et l'îlc <le Sasa\·o, au nord de la riviere Aoos (Vojusa), se dressait
la colonie romaine de Byllis, sur le territoire illyrien des Bylliones (Bu!-A.Lovo:~,
B•JH·J~~~c;). un peu a l'cst du village moderne de Hckalj. En raison
<le son site sur une hauteur, <le ses bonnes communications avcc la mer, ou
cll•· ~n·ait un port librc, la localite etait entree d'abord en contact avec la
culture grccquc, puis clle etait den-nue une colonie romainc appelee a domi-
ncr economiquemcnt la vallee de l'Aoos (Vojusa). qui lui ou\Tait la route
<le l'Epire ct du nord de la Grece. 11 y avait dans la-ditc colonie romaine des
murs du n··· siecle a\·ant natre ere. on v avaiat construit un theâtre et l'on
a\·ait emis des monnaics de bronzc, pendant la periode 230-158, apres quoi
la culture romaine s'y est infiltree pdit ~1 pl'tit. Une inscription latine du II"
siecle de notre ere parle <le la voie puhlique qui tra,·crsait la ville et Astaciae
(via publica quac a colo11ia Byllidt'llsium per Astacia~ ducii), identifice avec
l'actucllc localite de Klos 195 . Une autre picrrc mentionnc un certain Catte-
clius Sccundus, decede i l'âge de 65 ans ct son epousc Heterea Saturnina111s.
On ~- rcmarque un melange de nom~ romains et etrangers, ce qui denote cncore

1
"~ Cicerou, J>/iilippiq11es, 11, 26.
193 Cf. \"eith, p. -42-H.
194 C. Patsch, Das Sandschali Bem/ in A,'baniL'll (Wien. 190-4). p. l.19-163; Praschniker-

SchoJ.er. p. 66-75; C. Praschniker, ]0..\1, 21-22 (1922-192-4), ll, p. UP-191; L. Rcy, Fori-
ilics d' ...Jpollo11ic, «Albania•. 1 (1925), p. 9-25, 2 (1927). p. 13-38, 3 (192S), p. 13-38, 4 (1932),
p. 7-27; 5 (19J5), p. 7-13 ct p. 51-56, 6(1939), p. 5-1-4; B. Pace, Gliscaviarclieologici di
Alh,rnia, H.AL, 6 (1951), p. 325-337; S. 1'.lami Apollo11ie, grande viile de l'Antiquiti, <•L'Alba-
nic );mnelle », 11 ( 195S). 6, p. 1--4; .\. Buda, Re:11/talet e ~crmimeve ne 11elo-opoli11 e Apollo-
nis~· ;iii 1•itri11 1956, «Buletin Tirana•. IJ ( 1959), 2, p. 212-245; V. D. Bla·1atski-S. lslami,
Gi:innimct ni! Apollo11i dlie Orik gjate vitit 1958, «Buletin Tirana•. l-4 (1960). I, p. n- 112;
H. Ceka et S. Anamali «Buletin Tirana• 15 ( 1961), l. p. 106- 107; V. D. Blantsky, Aus-
gra!,imgeu i11 Apollonia in Illyricn (1958), « Klio "· -40 (1962). p. 271-2\11.
195 CIL, 3,600; P.C. Sestieri, Il nome antico di /(/as, RAL, 6 ( 1951), p. -411- -4 JS.

l 9 G «Buletin Tirana"· 15 ( 196 l), 1, p. 107 - 108.

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Les flements ]atins de la langue albanaise 73

un croisement de races. L1ne autre inscription parle d'une femme po!"tant un


nom romain (Caecilia Venusta), alors que son mari porte un nom inhabituel
pour l'Italie (Lartidius Naissus) 19 ;. Dans d'autres inscriptions egalement
apparaissent des noms d'origine locale ou grecque, tels L. Castrenus, Euthius,
Philologus et Epicadus 198 . Ces noms montrent qu'a Byllis Ies indigenes s'y
coudoyaient avec Ies Grecs et les Italiques et que Rome n'y avait guere d'em-
prise, En l'an 43 l, un eveque d'Apollonie et Byllis figurait parmi Ies signa-
taires des Actes du concile d'Ephese. Dans unc lettre de 458 a l'empereur
Leon (457-474) de Constantinople apparaît un eveque de Byllis du nom de
Philocharis199 . A Klos, un peu plus a l'est de Byllis, on a retrouve une autre
inscription latine 200 ; et a Balshi, sur la ri,·iere de Gjanica, en amont de Byllis
et en aval de Visoka, on a decoun·rt, cntre autres. une inscription latine sans
date et une inscription grecque du YF siecle 201 . Byllis ct ses akntours com-
ptent jusqu'a present un total de 7 inscriptions latines et unc greco-latine,
ainsi que d'autres vestiges de civilisation romaine, ce qui attcstc la presence
a l'est d'Apollonie d'une faible enclave romaine, sur la routc qui menait par
la Yallee de l'Aoos (Vojusa) vers la Grece septentrionale.

52~ l~n pcu au-dessous d'Apollonic ct de Byllis, aux picds du mont


Kdesh CMaja Kul<;it). ve·~s l'ouest egalement, dans la vallee de la Yojusa, a
sa jonction avec son affluent Sushica, se dressait .\mantia, sur le territoire
de la tribu des Amants, dans J'actuellc localite de Plo<;e. La ville etait dotee
d'un stade et avait des inscriptions grecques depuis le IF siecle avant notre
ere; ellc disposait d'un port li bre du meme nom dans la baie de Vlore (Yalona),
pres d'Orikon. Une inscription officiclle greco-latine de l'an 200 de notre ere
a sun·ecu timidement, aux cotes d'un assez grand nombre d'inscriptions grec-
ques. lîn eveque d' Amantia a pris part aux travaux du concile reuni en 347
a Serdica (Sofia) 202.
Sur la chaussee moderne qui mene de Durres a Saranda, au sud du
cours inferieur de la Vojusa et a l'oucst de son affluent la Sushica, dans la
plaine, non loin de la mer, sur la territoirc dl' J'antiquc tribu des Taulantes,
il y aYait Aulona (Vlore, it. Valona), mcntionnec par Ptolernt'.·e (' AuAw''· ace.
Au/..&n). LTne inscription latine conservee a Kropisht parle d'nnc
esclave du nom de Pyrame, qui dedie un autel a un frere anonyme, esclan_'
de Q. Coelius Maro. Des eveques de Vlore sont mentionnes en 458, 519 et
553, epoquc a laquelle 1a ville dependait de l'Empirc byzantinrn 3 .
Dans b portion meridionale du golfe de YlorC.;. il y avait dans l'Anti-
qu:te, sur une île, devenuc dcpuis unc prcsqu'îlc, Oricos (Orichum) qui
correspond a l'actuel Paleokastro. On y a trom-0 des inscriptions grecqucs
du II" siecle avant notre ere, gran'.es par des pecheurs, notamrncnt an:c k

1 9; ]6..\I, 21-22 (1922-1924), B, p. 198-199.


1~·s Ibidem, p. 198-201.
m \\". Tomasch(:k, RE, 1 (1897). 1](15-1106; P. Scsticri, p. 61-71.
2 no C. Pat~ch, p. 119- 121.
201 JOAI, 21-22 (1922-1924), B. p. 194.
202 \\". Tomaschek, RE. l (1894). 1724-1725; \"cith, p. -:15-47; S. Anamali, « B1!!tti11

Tirana o, 12 ( 1958). 2, p. 95-108.


203 Ptol., 3, 12, 3; Tomaschek, RE 2 (1896), 241i-24L'i; (1]3uletin Tirai;a "• 15 (1961).

1, p. 12 I.

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74 H. Mihăescu

vo~ux de -;uz::H; « bonne chance •201 . Au fond de la baie, a Dukati, se sont


consen·ees 14 inscriptions grecques et 2 latines du ier siecle.de notre ere:<o".
En contre-bas du golfe de "Vlore, apres a\·oir ·suivi le cap <c Langue »
(Kocpo; PA.w 7 1:a), la cote devenait abrupte, car c'etait Ia que finissait
brusqucmcnt du cote de la mer la chaine Keraunia (KzpocU\ILOC op·!j). qui
montait par endroits a 2020 metres. Quelque part sur ce rivage etait situe le
licu-dit Grammata (<cLcs Lettres 1>).ouse sont consern~es,gravees d~ms le roc,
de nombrcuscs inscriptions grecques d latines cn l'honneur des Dioscures.
L'une des inscriptions latines remonte a l'an 44 a\·ant notre ere et mentionne
un certain Sextus Lucius .\frnopilus 206 ; une autre, de l'an 1 I de notre ere,
livre le nom de P. Sestius .\Iaro 20 i. On y a recueilli 5 inscriptions la tines en
touF 01 .
Sur la Yojusa, cn contre-Las <le sa confluencc a\·ec le Drin, a mi-distance
c11\'Îron de l'Adriatique et de la frontiere orientale de l'Alhanie, au village de
Kali,·a\, pres de Tepelcnc, on a <lecoun:-rt le tomlicau du legionnaire romain
P. 1-frrcnnius <lu Fr siecle de notrc ere. qui appartcnait a la VI„ legion209 •
Piu:-; haut, sur le Drin, a Gori<;c de Dropull, pres dela ville de Gjirokaster, une
picrrc milliairc cn langue latine, du III" siecle, indiquait la dircction et la
distance sur la routc Apollonic-Amantia-Hadrianopolis menant a la Grece,
au nord-onest ~ 10 .
53. A l'cxtremitc su<l-oul'st de l'Allxmic, pres de la mer et de la fron-
tiere grccquc, au sud du lac de Butrint (Liq i Butrintit), devant l'île de Corfou,
existait deja au I\.,. sieclc avant notrc ere la v1lle de Buthroton, avec son
theâtrc, ses temples et autres cdificcs. Elle nous a conserve des monnaies
romaincs de la moitie du Irr siecle de notre ere, plus 13 inscriptions latines.
Dans l'une de celles-ci, Ies parents <l'unc fcmme s'appcllent C. Clodius Zosi-
mus et Iulia Euterpc, k mari T. Pomponius Lupercus et la femme en questi-
on Pot hi ne: il s' agit clonc d 'un ci toyen romain cntre dans unc famille de
Grccs romaniscs 211 . CnL' autrc picrn: n1L'ntionnc un decurion Q. Trebonius
d montre que la citL· etait <le\"C:nuc municipe. Sur une inscription du temps de
l'vmpereur Auguste on lit des noms d'affranchis, Chrysanthus, Epictetus,
Onesimus, Philippus et Tychicus, ce qui met m lumiere la presence de l'ele-
mcnt grec; mais <l'autres noms, ccs-derniers romains, suiYis de la qualite
de decurion, tels ceux de C. Papirius Quartinus et de C. Papi_rius Arruntianus,
<le meme quc la proximi te de l'ltalie, sont !'indice de l'importance de l'influence
romaine 212 .

ZH J.Schmidt, RE, 18 (1939), 10.'i9- 1062; Veith, p. 41-42; V.D. Blavatski-S


l~lami. «Buletin Tirana•, 14 (1960), l. p. 51-112.
~ 05 C. Patsch, p. GO.
2° 8 CIL, 1. 582.
2° 7 C. Patsch, p. 94. n° 13.
~ 08 Sestic·ri, p. 96- 97.
0
2° «IluletinTirana•, 15(1961), l,p. 119.
~ 10 Ibidem, p. 118- 119.
211 CIL, J, 581.
21 2 L.M. Ugolini, Alb·11;i,1 aulica, I: Ricerche archeologiche, Roma, 1927; L'antica Alba-

nia m·lle ricerchc al'cheologiciic italiane, Roma, 1928; ll Cristialiesimo e l'organizzazione eccle-
siaslica a Butrinto, OCP, 2 ( 1936), p. 309-329; A. De Franciscis, Iscrizio11i di Butrinlo, o Rcn-
diconti dell'Accademia d'archeologia di Napoli•, 21 (1941), p. 11-20; B Pace, RAL, 6 (1951),
p. 3.10-332; Dh. Budina, c1Bulctin Tirana•, 13 (1959), 1, p. 246-256.

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Les elements latins de la langue albanaise 75

Plus loin, vers le sud, aux picds de la motagne de Korila, dans la Grece
actuelle, sur la cOte, peut-etre a l'embouchurc de Thyamis (Kalamas), se
trouvait la station dite Ad Dianam, ou l'on a trouve une statuc de la deesse
et une inscription votive posee par un certain Callistus, affranchi de l'cmpe-
reur, ·ct son epouse Claudia Primigenia 213 • De meme que dans d'autres tcxtes
similaires, ici on rcmarque le melange de noms grecs et latins, ce qui indique
le caractere mixte de la population et de sa culture.
5-1. Apres avoir passe en renH' Ies restes de la civilisation romaine au
sud de la via Egnatia, jusqu' au-dela de l'actucllc frontiere greco-albanaise,
nous rcviendrons a }'importante artere de communication qui mcnait a Con-
stantinoplc. AussitOt apres Dyrrachium (Durrcs), dans la modeste locali te
conternporaine d'Arapaj, on a rccueilli une inscription latine du lll' siecle 21 "'.
A Salrnanaj a subsiste unc borne milliaire du temps de l'empereur Diocletirn 215 •
Kavaja a line trois inscriptions latines et unc autrc en grcc 216 • Plus loin, en
remontant la riviere Genusus (Shkurnbi), a peu presa mi-chernin entre Scampa
(Elbasan) et la mer, dans la contree des Taulantes, se trouvait Clodiana
(Peqini), ou la mute d'Apollonie rejoignait celle de Dyrrachium. On ~- a
retrom·.e une inscription latine 217 • Fn peu plus al'oucst d'Elbasan, sur un
petit: :affluent du Shkumbi, la K::isha, unc inscription latine nous a consen-e
le ~9P1 de l'affranchi d'origine illyricnne. :M. Licinius Plator 218 • A Scarnpa
(Elbqsan) ct aux environs on a retroun~ plus de 20 inscriptions latines appar-
tenant: a diverses epoques. Sur l'une d'clles, une mere porte un nom illyrien
(Dona). tandis que la fille a un nom romain (Crescentina) 219 • L"ne inscription
des alentours de l'an 150 de natre ere mmtionnc un veteran rornain etabli
et decede dans cette localite 220 • Sur une autre pierrc figure un pere nornme
Successus, un fils appele Dionysius Et une fille du nom d'Autonoe 221 • Des
noros. grecs et la tins apparaîssent enscrnble egalement sur une inscription
du II''; siecle: Fregania, M. Flavius et Antenor 222 . Le noru de femme Plato
(soror) semble etre autochtone 223 . Parthinus est pareillernent un Illyrien
romanise 224 . Dans la locali te Ad Quintum (Shenjon), pres de Scarnpa (Elba-
san); deux inscriptions latines renfermcnt dts norns d'affranchis du ier sieclc
de natre ere: Lupus, C. Iulius Sakius et Satria Cupta 225 .
.. ~5. Au nord de la riviere Genusus (Shkumbi), sur la riviere Ar~eni
(Erzeni), qui se jette dans la mer Adriatique au-dessus de Dyrrachium (Dur-
res), ,une inscription latine provenant de la petite locali te de Pjeshkeza,

213 A. Philipp:-011, RE, .5 (1905), 388; C. Gnojanni~. WMBH, 8 (1902), p. 204-207.


:H L. Rey .~Albania i>, 4 (1932), p. 99.
21& CIL, 3, 610; L. Rey, ibidem, p. 113.
21& L. Rey, ibidem, p. 111.
217 L. Btirchner, RE, 4 (1901), p. 62; L. Rtj', i"li<hm, p. 112.

2 1 a CIL, 3, 627; L. Rey, ibidem, p. 113-114.


219 C. Praschniker-A. Schober, p . .52-53.

2~0 JOAI, 30 (1936-1937). B. p. 102-10.1.


221 ~Buletin Tiranai>, 15 (1961), 1, p. 121.

22: Ibidem, p. 123.


223 Ibidem, p. 124.
224 ~Revue archeologiquei>, 1955, n..i i7; L. Yidman, ~·Listy Fildngicke», IO (1S62),
p. 57.;.....62.
a& E. Fluss, RE, 2e serie, t. 2 (1923), p. 351; A. Rey, ibidem, p. 110-111; ]OAI, 30
(1936-1937), B. p. 102-103: a Buletin Tirana», 15 (1961) 1, p. 121-126.

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'i6 H. Mihăescu

comporte le nom romain de Coelius 226 • Unc inscription latine de Tirana parle
d'une certainc Fuh·ia Stratonice; dans une autre, decom·ertc a Hershita,
pres de Tirana, une sceur s'appelle Rumnia et son frere Rumnius 227 . A Nder-
fandena, au sud de Lissus (Lesh), sur la ri,·c du l\fati et pres de son cmbou-
chure, on a trou\'e des fragments d'inscriptions et de sculptures romaincs 228 •
Au Yillage de Rrypc, situe dans la Yallee de la ri,·iere Mati, au sud du petit
cours d'eau B;:ilsh, une iu_scription latine des I\''"- VI'" siecles mentionne le
nom d'un fonctionnaire ( co•z,/rasaiptor) qui a construit une basilique sur Ies
ruines d'un temple an tiquc: s ( upcr) cd ( irnlam) liane basil(icam) j11ndm1it 229 .
Enfin, dans le nor<l de l' Al ban ie, sur le Drin superieur, unc troisieme
artere allait de l'Adriatique a Prizren, Pristina, ~is et jusqu'au Danube. A
l'cmbouchurc du Drillon (Drin), se trouYait Lissos (Lissus, Lezhe), colonie
grecque fondee nrs l'an 385 a\·ant notre ere ct capitale du roi illyricn Gen-
tius nrs l'an 169, puis englobee, apres l'an 118, dans la pro\'ince romaine
d'Illvrie 230 • Il v existait en 59 a\'ant notre ere un com·mtus civium Romano-
rnnz231. Dans une inscription du debut de notre ere, il est question d'un digni-
taire qui refait a ses frais la muraille de la cite 232 • line autre inscription line
lcs noms de L. Didius, Eros Didia, Arbuscula et Auca 233 : Eros est un nom
grec, Arbuscula un nom d'affranchi et Auca un nom celte ou illyricn, ou
peut-etre pris du latin n1lgaire. Sur un fragment epigraphique du commence-
mcnt du III'" siecle, on lit des acclamations cn l'honneur de dcux princes,
Septimc Sen~rc et Caracalla 234 • Apres la reforme de Diocletien, la "ille depen-
dit <le la Prae\·alitainc et ulterieurcment de l'Empire romain d'Orient, dans
Ies limites du theme hyzantin de I>yrrachium.
r'.G. Un peu plus haut de Lissus (Lesh, Alessio, Lezhe), sur la rive droite
de la ri\'iere Drin, sur le territoirc de la localite actuelle de Balldrcni, on a
decouvcrt unc brhc inscription latine 235 • Un pcu plus haut, a proximite
de la frontiere albano-yougosla\"c, sur la riw gauchc de la Buna (Bojana),
sont apparus des debris de colonncs romaincs 236 • A Shnanoj. s'est conservee
unc inscription fragmcntaire du debut du II<' siecle 23 i. A l'extremite meridio-
nale du lac appele par Ies Homains Palus Labeatis (aujourd'hui le lac de
Shkoder) se trou\"ait la ville de Scodra (Shkoder, Scutati), colonie romaine
et plus tard capitale de la pro\'ince de Prac\'alis, situee a la confluence des
ri,·ieres Barbana (Buna, Bojana) ct Clausala (Kiri) 238 .' Dans unc inscrip-
tion de l'an 194 on trou\"e mentionne l'empereur L. Septimius Severus Per-
tinax239. Un autrc fragment epigraphiquc de quatre lignes constitue un

221 L. Rey, c·AlLania•. i (19.12), p. 113.


227
L. Rey, «Albania•. 5 ( 193.'i), p. 95.
22
8 L. Rey. cc Albania•. i (1932), p. 95.
:!"lB St. Hist., 24 (1970), p. 171-173, no 3.
230
E. Fluss, RE. L'i (1927), p. 731-736.
231
Caesaris, Bcllum Civile, .1. 29.
232
CIL, .1. 170'4 dec(11rio111m1) drci·(cto) m11r(11m) rcf(icicndum) (wravit).
33
2 C. l'raschniker-A. SchoLer, p. 22.
2a4 j0AI, 10 (1907), B. p. 102.
235
L. Rey, « Albani;t •>, i (19.12), p. 93.
236
Ibidem.
237
Ibidem, p. 97.
238
Th. lppen, Skutari 11nd die nordalba11iscl1e Hi4stenebrne, \\'ien, 1918, passim; E.
Fluss, RE, 2e serie, 2 ( 1923). p. 828-829.
2ae JOAI, 10 ( 1907), p. 10 I.

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Les clcmcnts !atins ele la Janguc albanaisc 77

monument funeraire 240 . Sur unc aut re inscription funerairc apparaît le nom
Saturnaca Castresina'.! 41 et dans la derniere qui y a ete rccueillie on a affaire
a une dedicace funeraire de la part d'unc femme ~t son mari mort a l'âge de
40 ans 242 . Les quatrc inscriptions latines attcstcnt, avec d'autres restes arche-
ologiques, la penetration de l'influcnce romaine, qui s'installa sur un fonds
autochtonc plus ancien (monnaics autonomes entre 211 et 150 avant notre
ere, a caractercs grecs) et qui a eclipse ou evince presque completement le
pres tige de la cultu re grecque 243 . Au sud-est de Shkoder, dans la vallee du
petit cours d'eau appele Gjadri, a sa conflucnce avec la Voma, sur le terri-
toire du village de Vigu, se trotwent Ies ruines d'une forteresse antiquc, quc
le peuple appelle aujourd'hui Kalaja e Kastres, reflexe tres ancien du mot
romain castrmn, lequel a persiste aussi dans le grec byzantin, vestige attarde
mais probablement anterieur au regne de l'cmpereur Justinicn 244 . A Rrenci,
a 3 kibmetres a l'est de Shkoder, s'est conscrYee une inscription latine frag-
mentaire du debut du IIF siecle 245 . Sur la rive gauche du fleuve Drin, la ou
il rejoigne la Gomsiqja, a ete mis au jour un tombeau romain 246 . A Gajtani
on a des restes de poterie romaine 247 . A 12 kilometres au nord-est de Shko-
der, sur la rive gauche de la Clausale (Kiri), a Drivastum (Drishte), on a
trouve une inscription funeraire latine 248 . Au nord de Shkoder, sur la mute
vers Dodea (Podgorica, Titograd), dans la plaine qui borde le lac, dans le
village de Marshejn de la commune de Kopliku, des vestiges romains, des
objets de bronze et une inscription fragmentaire latine ont ete recoltes 249 .
Un peu plus au nord, peut-etre sur le territoire de l'actuelle localite de Helmi,
sur le territoire de la tribu Hotti, il y avait l'etablissement romain de Cinna,
dont se sont consen'es des vestiges importants, objets en bronze, tombes
romaines, statuettes, fibules et monnaies de l'epoque imperiale 250 . A Kusha,
pres de la frontiere albano-yougoslave, on a decom·ert des tombes et autres
vest iges romains2s1 .
57. A l'cst de Shkodcr, cn remontant le Drin, ncn loin de Dushmani,
au villagc actuel d'lballja, il y avait probablcmcnt l'etahlissement romain
d-'lmminacium, avec ses retranchements et scs fosses 252 . En ccntinuant de
remonter le Drin, dans la locali te de Kolesjan (arrondissement de Kukes),
a ete decom·erte une inscription comprenant le nom d'une famille indigene:
la mere s'appelait Aurelia Domitia, l'un des deux fils Aurelius Domitius
et l'autre Tata. Ce dernier nom etait autochtone et le nom cl'Aurclius montre
que la famille a vecu au ne siecle253.

2 10 Sp. 76 (1931), P· 200. no 526; L. Rey, «Albania•), 4 (1932), p. 15.


2n «Buletin Tirana», 15 (1961), 1, p. 126.
2 4 2 Ibidem, p. 127.
43
2 L. Rey, «Albania», 3 (1928), p. 46-49.
2 44 F. Nopcsa, WMBH, 19 ( 1907), p. 1-8; C. Praschniker-A. Schober, p. 12--· l.>
d 54-57.
24 & C. Patsch, JO.AI, 10 (1907), Il. p. 102; L. Rcy, «Albania>), 3 (1928), p. 56.

24 6 L. Rey, «Albania 1), 4 ( 1932), p. 93.


2 47 L. Rey, «Albania•>, 3 (192~). p. 56.

2~ 8 \\'MBR, 10 (1~07), p. li; L. Rey, «Albania~. 3 (1928), p. 58.


24 9 Th. Ippen, WMBH, 8 ( 1902), p. 209-210.
2 &o C. Patsch, RE, 3 (1897) 2562; L. Rey, «Albania~. 3 (1928), p- 57.

2&l L. Rcy, ibidem, p- 57-58.

2&2 L. Rey, ibidem, P· 55.


2 &a H. Ceka-S. Anamali, «Buletin Tirana•, 15 (1961), 1, p. 120.

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78 H. "!\li hăesrn

La Yallee du Drin (anc la Yille de Shkoder) etait tout naturellemrnt


reliee a la Dalmatie ct a la ~Iesie superieure: c'est elle qui a suLi peut-etre
la plus forte influence rornaine de tout le territoire actuel de l'Albc;.nie.
Yer;ait rnsuite, dans l'ordre d'importancc de la romanisation, la Yallee du
Genusus (ShkumLi), qu'empruntait la c.·ia Egnatia. Enfin, en troisieme lieu
Yenairnt la Yallee de J'Aoos (Yojusa) et la cote jusqu'a l'embouchure de la
ri,·ierc Kalamas dans le nord-ouest de la Grece. La romanisation a profon-
dement marque le port de Dyrrachium (Durres) ct certaines localites du
littoral; cllc s'est prolongee Yers l'intericur par les Yallecs des principaux
cours d'eaux d'Albanil", notamment par Ies Yoies de communication mrnant
a Tlwssaloniquc d a Byzancl" (Constantinoplc) ou a Scupi (Skopje), ~2..ÎSSUS
(~is) et Yiminacium (Kostolac) sur le Du.nube, mais sans penetrer forte-
ment a l'intericur du pays: elk n'a presque pas touche la contree de l\Iati,
au creur de l'Albanie contemporaine.
L'influence grecquc fut l.ien plus faible sur tout le territoire albanais
et surtout dans le nord du pays. Au sud, ks noms grccs sont etonnament
sporadiqucs, si l'on songc au Yoisinage immcdiat des Grecs et a la Yitalite
de la culture grecque. La faute cn incoml1e premieremcnt au relief montueux
et au manque de Yoies de communication commodes et, ensuitc, a la pre-
sencc rdati\'Cmrnt maigrc des matdots grccs dans l'Adriatique, ou lcs colo-
nies grccqucs ,·ircnt rapidement kur dcwloppemcnt arrete ct noye par le
torrent impetucux dC' la romanisation qui Yenait non sculcmrnt d'Italie,
mais aussi de Dalmatic ou de la ,·allee inferieure du Danul.e.

Opinions sur la patrie prin1ith·e des Alhanais


58. Qui etaient Ies ancetrcs des Albanais et Oli YÎYaicnt-ils du temps
de la domination romaine: En 1774 dl;j;'t, le sa\·ant Johann Thunrnann upi-
nait quc c'{•taicnt Ies Il1yriens et qn'ils habitaient 2. JJLU prcs les memcs trrri-
toircs quc ks Allianais modernes 254 • L'infatigaLk Yoyageur anglais \\"illiam
~Iartin Ll'akc croyait que la panie primiti\'e des ..\lbanais aurait ete l'Epire
et l'.\llianic meridionale ct centrale: la faiblc influcncc grecque ancienne en
albanais s'cxpliciucrait, sdon lui, par l'isolcment de Cl:s contrecs, par lt's diffi-
cultl'.s du tnrain d <l< s ,·oil's d'acces ct par l'eloigncment de la mer 255 . Ces
argumcnts ne sont pas con\'aincants, car Ies ancetrcs des .-\lbanais etaient
des bergers ct dcsccndaient l'hi,·er dans la plaine jusqu'a de Iongues <listances.
A l'instar des Aroumains d'aujourd'hui, ils auraicnt pu facilcrnent Yenir en
contact aYec Ies (;recs ct subir de leur part unc puissante influcnce linguisti-
que. Le voyageur franc;-~is F.C. Pouquevilk, jugeant d'apres k nom d'Albani,
Ies estimait \'('flllS du Caucase a l' epoque historiquc. en memc tcmps que
Ies Argonautcs; mais a J'tpoque de la domination romaine ils se seraient
trouves Sl!f Ies memes tcrritoires qu'aujourd'hui 2" 8 . J. von Xylander, inYo-
quant des argumcnts de caractere Iinguistique, \'oyaient dans Ies Albanais
Ies continuateurs cn ligne directe des Illyriens ou des Thraces 257 • Johann Georg
2 4
b J. Thnnmann, Fuln s"ch1111g fiber die Geschichte dtr ostlichm curopciiuhrn V i.ilker.
Leipzig. 1774, I, p. 245-2'46.
56
2 \\".M. Lcakc. Rescarcht"s in Greece, London, 1818, p. 237-255.
F.C.H.L. Pouqucville. l (l)'aţ:'I' da11s la G1·ece, Paris, 1820, t. 2, p. 505.
0
56
2
257
J. Yt.n Xylandcr, Die Sprad1c dcr Albanescn oder Schkiptarrn, Frankfurt am Main,
1835, p. 275-292.

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Les elements latins de la langue albanaise 79

von Hahn, le premier albanologue au sens moderne du frrme, les conside-


rait issus des anciens Illyriens et concluait qu'il etait « naturel d'admettre
que les ancetres des anciens Albanais occupaicnt deja du tcmps des Homains
et des Grecs le territoire sur lequel ils se trouYent aujourd'hui »< 58 . Jakob
Philipp Fallmcrayer etait du meme aYis et il assignait pour limites a ce
territoire le golfe Ambracique et le lac de Shkoder, cn allant du sud au nord;
la mer Aclriatique et la mer lonienne ainsi que la chaînc du Pindc, en allant
de l'ouest a l'est 259 . Ccs conclusions partaient de l'actuclle situation ethno-
grciphique ct mettaicnt aYant tout a contribution Ies sourccs historiques,
tout en ignorant presquc cntiercment Ies donnecs linguistiqucs, alors encore
depounrues de force conclusiYc. Chcz K. Kopitar non plus on ne remarque
pas de progres reel, en dchors de l'idfr quc le latin qui est a la basc de la
languc roumaine scrait le meme quc celui qui a inf!ucnce lcs ancetres des
Albanais: ces derniers pourraient etrc Ies dcsccndants des Illyricns ou des
Thraces 2co. Franz Miklosich, linguiste a Yastc horizon, Yoy~it dans Ies Alba-
nais modernes Ies descendants directs des Illyricns, mais lui non plus ne
fondait pas son opinion sur des im·cstigations personndlcs 261 . L'historien
C. Hopf a cu la juste intuition du fait quc Ies Albanais attcstes cn Thessa-
lie Yers l'an 1324 etaient \"CnUS du nord-oucst c'est-a-dire de leur patrie pri-
mitive, qui se trouYait a l'oucst du lac d'Ohrid 262 . Thecdore Mommscn a
defcndu lui aussi la thesc du caractere autochtone et de la desccncbnce des
Albanais des anciens Illyriens 263 • Cette idee est demcuree irrevoca blc aussi
a l'esprit d'un albanologue bicn informe, Gustav Meyer, qui a publie le pre-
mier dictionnaire etymologiquc de la languc albanaise; il declarait catego-
riquement en 1888: <c 11 n'y a aucun motif de Yoir dans la langue albanaise
autre chose qu'une phase plus recente de l'ancicnne langue illyre; ou, micux
dit, de l'un des dialectes du vieil illyre »:! 64 •
59. Les progres de la ·methode comparative et la conf ian ce cn son
<cinfaillibilite » ont determine en linguistique la prise en considerat ion d'argu-
ments nouvcaux. En 1894 C. Pauli affirmait nettcment: <c Die Albanesen
sind keinc Xachkommen dcr alten Illyricr. Dcr Bewcis hicrfiir liegt in ihrcr
Sprache »265 . Hermann Hirt aussi a rallie ce point de vue 266 . La consequence
immediate etait la conclusion que les ancetres des Albanais ne pouvaicnt
etrc tcnus pour autochtones dans Ies territoircs ou l'on parle aujourd'hui
l'albanais, mais devaient etre consideres commc des immigrants vcnus de
l' est. Mais Ies faits analyses etaient trop peu nombreux ct incerta ins pour
remporter l'assentiment d'un cercle plus large de specialistes. Holger Pcder-
.sen, l'albanologue le plus cn vue de son temps, declarait ne pas pot1\'oir adhe-

2 5~ Albal!esisrhe Studirn, Jena, 1854, t. 1, p. 214.


2
59
J. Ph. Fallmeraycr, Das albanische Element in Gricchenland, Mlinchen, 1857, « Abhand-
lungen der Bayerischen Aka<lernic <ler \\"issenschaften. Hislorisd1e IOasse », \"III, 2( 1857),
p. 417-487.
28° K. Kopitar, l<lcine Schriftm, hg. von F. l\Iiklosich, Wien, 1857, p. 239.

2 6 1 F. l\liklosich, D.\""· 12 (1862), p. 8.


26 2 C. Hopf, Geschichte Griechcnla;1ds von Beginn des Mittelaltcrs bis a zrf un sere Zeit, Leip-

zig, 1870, I, p. 422.


263 Th. Mommsen, Rămisclze Gcschichtc, Berlin, 1885, t. 5, p. 181, 185, 229 et 272.
264 G. Meyer, Die lateinischen Elemente im Albanesischen, dans Grundriss, p. 801.
265 C. Pauli, Eine vorgriechischc Inschrifi von Lemnos, Leipzig, 1894, p. 200.
2 ca H. Hirt, Die sprachliche Stcll1~11g drs lllyrischrn, dans Kiepert-Feslschrift, Berlin, 1898,

p. 151.

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80 H. Mihăescu

rer a cette theorie: « Es durfte daher geratcn scin, es ,·orlăufig bei cler G.
Meycrschen Aussicht bewenden zu lassen, wonach die Albanesen in der Tat
die Nachkomrnen cler alten Illyrier sind »267 . La these de leur caractere autoch-
tone est egalernent partagee par le saYant roumain o,·ide Dcnsusiam1:.: 68 •
Cest l'historien Constantin Jirccek qui allait elargir l'horizon de.s re-
chcrchcs pour s' etre a ttentinmcnt penche sur Ies sources antiques et medie-
Yales clu Sud-Est de !'Europe. 11 remarqua s_n dfet quc plus on rechercl1ait
Ies ..\lbanais a unc epoquc reculee du ~Ioycn-Age, plus on lcs Yoyait s'etendre
da,·antagc quc de nos jours n·rs le ~ord; leurprincipal siegc se trouYait dans
le quadrilaterc delimitc par Shkoder, Prizrcn, Ohrid ct \'alona, a,·ec des ra:ni-
fications poussant cncorc plus loin Yers le ~ord 269 . L'impression qui se degage
de ces rcchcrchcs, c'cst que l'cspacc occupe par Ies ancetres des Albanais
etait jadis plus YaSÎt.', mais s'est retreci petit ~petit par suite ele Ja forte con-
currcnce de !'element latin ct sla,·e. Se fondant sur des ;'rguments impres-
sionnistcs, l'historicn J. ?\larquart affirmait quc les ancetres des AIL:~nais
aYaicnt l~te refoulcs Yers l'Oucst <cin die wilclcn Randgebirge des \Yestc:1s 1>
par Ies Slaws, ;1 une epoquc rl'lati,·cmcnt reculce, c'cst-a-clire a la fin du
\'I'" sieclc:.! 70 . L'iJ~L' quc ks ancetrcs des Allxmais aYaient ,·ecu a un moment
donne cn Transyh-anic d furcnt rcfoulcs cnsuite ,·ers l'Occidcnt, jusgl!'a
la mer .-\driatique, sous la prcssion des Slan-s au YP' siecle, est den·loppee
?t forcc d'arguments non com·aincants neanmoins, qu'il allait abandorn:cr
plus tard. par Scxtil Pu~cariu 271 .
GO. Aux rcchcrches des archfologues, des historicns ct des linguistes
<ajouterl'nt aussi ccllcs cks l'tlmologucs. Les foits ont montre quc les realites
historiqm·s ont ete l,icn plus complexes qu'on ne l'aYait penst'· auparaYant
et qu'dks dc,·ail'nt ctrc aliorclees anc prudcnce. C. Patsch deja aYait knte
<lt' rnon t rcr quc h·s prernins immigrant s dans l 'act ud tcrri to irc albanais
ont ete Ies Tlm1ces, qui puussercnt jusqu'a l'Adriatique et qtw les Illyriens
sont n·mi:-; vnsuik com-r;-,nt ks tcrrcs deja occupeL'S par ks Thraccs 272 • Les
ethnologues F. :\"opcsa et E. Fischer concluaicnt que l'on aurait affaire en
realite ;\ lllW popnlation mixte ill~To-thracc (« illyrisch-thrakischc Mischbe-
y(ilkcnmg •>)~ 7 :i. Lt· linguiste Hrnrik Barir se prononc;:;iit de son câte dans
le mcnw scns l"J1 p;ulant d'un « illyrisicrtes (d. h. ilJ~Tisch uhcr-
schichtl't1·s) thrakisch•'S \"olk..::tllln •> 274 • Tcl etait le climat dans kquel cJe,·ait
gL'rmcr l't murir la tht·~·-· du linguiste bicn connu ~orbcrt Jokl. qui concluait
que lcs ancetrcs des Albanais aYaicnt egalenwnt Yecu en Dard;-,nie et qu'ils
parlaicnt un idiome mixte thraco-illyricn 275 • Contre cette these se pronon9a
alors Gustav \V eigand. qui cssaya de grouper ct de classcr systematiqm·m·'nt
l'enscmble des argumcnts a J'appui du point de Yue attribuant une origine

28 7 H. l'«·dersscn, h:JB. Y. I (1902). p. 291.


~ee O. Dl"ll'1:sianu, HLH. I, p. 28- .10.
99
2 C. Jin·(·ck. Dir Romanrn. I. p. 11-12; Geschichlc dcr Sabrn, Gotha, 1911, I, p. 152.
2•
0
J. ~[arquart, Osltwnpiiischr 1111d ostasiatische St1cifzur:c, J.cipzii::. 1903, p. 216.
2• 1 S. Puşcarin. Z11r Rckn11st111ktin11 des l"rr1m1ii11iscl1rn, dans Prin:ipicnfragcn der
rom<J11ischrn :-:prarhwiss1 nschaft. Hallc, 1910, I, p. 61-62.
7
2 2 C. Patsch. J<'.'> ..\I, 10 (1907), p. 169-171.
2• 3 F. :K"opcsa, Beii riir;,· : :tr Vorgcschichte u11d Etl111ologic Xordalba11irns, \\"MBH, 12
(1912), p. 222-225.
27' H. Baric, Alb.·rnm. St., I, p. 104.
2 7& Jokl, RL, 1, p. 92.

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Les elements Iatins de la Iangue albanaise 81

thrace a la langue albanaise. Selon lui, le nombre de ces arguments montait


a douze: 1° Certains noms de lieux d'origine latine du territoire de l'alba-
nais ne se sont pas developpes conformement aux lois phonetiques de l'alba-
nais: Domni, a 16 kilometres au nord-est de Shkoder; Kapra; Oblika; Patosa
en Malakastra; Petrosa et Surella, dans l'arrondissement de Tirana; Falbona,
dans la vallee du Drin. Mais tous ces noms peuvent etre en realite des emprunts
faits a une population romane aujourd'hui disparue, disons albano-romane.
2° La terminologie de la navigation et de la peche est d'origine etrangere,
preuve que Ies Albanais n'ont pas habite pres de la mer. Cest la un argument
ex eilentio non convaincant: le tresar lexical de l'albanais est encore peu
etudie et l'avenir peut nous reserver bien des surprises a cet egard. 3° L'alba-
nais ne comporte la moindre trace d'influence dalmate d'epoque tardive:
a notre avis la cause de cette absence de trace doit etre recherchee dans la
discontinuite linguistigue et dans la faible presence d'une population dalma-
tophone sur le littoral, a proximite des Albanais. 4° Il existe en albanais des
vocables qui sont attestes comme etant d'origine thrace, par exemple le
thracc µ6~ouA.oc, albanais modhulle « pois », roumain tnazăre: on sait toutdois
que la terminologie de la flore passe facilement d'unc langue a l'autre et
circule sur des vastes etendues. 5° l'ne seric de noms de lieux rt de personncs
appartenant au thraco-dace se laissent expliquer a l'aide de la langue albanai-
se, par exemple Burcbista, JJ alvens1:s: entre l'albanais mal « montagnc »
et lvl alvensis = Ripe1zsis il y a effectivement un rapport dont il faut tenir
compte, mais sans qu'il ait trop de force dirimante contn: la these du carac-
tere autochtone des Albanais. 6° Les noms propres albanais n'ont pas de phone-
tisme albanais: cela non plus n' est concluant, car Ies noms propres sont sujets
a des changements frequents sous l'impact de chaque courant culturel. 7°
Les Albanais ne figurent pas dans Ies sources historiques avant l'an 1042:
on sait cependant combien sporadiqucs sont ces sources pour Ies VII" -Xe
siecles. 8° Les rapports albano-roumains a ttestent une syrn biose avec les
Roumains: en reali te, Ies rapports ont ete plutât relâches et ils s'expliquent
de toute fac;on par un relatif voisinage geographique. 9° Certains termes
roumains ont ete vehicules par l'albanais: en fait, ces mots roumains provien-
nent d'un substrat commun ou apparente. 10° Les elements latins de l'alba-
nais et du roumain concordent: cette these est infirmee, nous l'esperons du
moins, par Ies materiaux deja discutcs dans le present ounage. 11° Le folk-
lore albanais denote une analogie avec celui des Roumains, et non a\·ec le
folklore serbe ou bulgare: la parole est aux folkloristes albanais, qui ont reuni
au cours des dernieres decennies quantite de materiaux inedits. 12 Cest
aussi le cas de la musique. En general, les materiaux folkloriques sont encore
relativement peu etudies; certaines ressernblances s'expliquent en part ie par
le geme de vie des peuples du Sud-Est de l'Europe: les Albanais et Ies Rou-
mains ont ete des pasteurs et des agricultcurs, et lcs Slaves notammcnt des
agricultcurs 276 . La theorie de Gusta" vYeigand a etc partagee par St. Mla-
denov, qui l'a enrichie aussi de quelques nom·caux argurnents d'or<lrc linguis-
tique277.

278 G. Weigand, Sind die Alba11Er die Naclzkommm dcr Illyrcr ader da Thraker?, BA,

3 (1927), p. 227-251.
277 St. Mladeno·1, Albanisch 1m1l Thrako-Illyrisc/i. Kritisc 11c Bemcrkw1gcn :a eimr
vermeintlichen Streitfragc, BA, i (1928), p. 180-197.

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82 H. Mihăescu

61. Alexandre Philippide anit l'impression que l'albanais scrait plutOt


une langue illy:il·~me que thrace. ~ eanmoins, il repoussait aussi bien sa, des-
cer.dance dC' l"illyrien quc du thrace et opinait que Ies ancetres des A!l;lanais
dcYa!rnt etre plut6t <lcs Pannonicns dcscendus \"ers le sud-ouest d'une region
faiLlcmcnt romanisc'.·l', <lelimit~e par la ri\"iere Yrbas a l'ouest, Ies ri,·ieres
l~i;Ya, Basna et Prat-a au sud, le ,·ersant ouest de la Drina a l'cst et le lac
Pclso (Babton) au no1·.J~~ 8 . Yoici scs argumcnts: 1° Les ancetres des Alba-
nais n'cnt pn echappcr a t:ne romanisation totale quc dans une r(·gion fai-
blcmcnt touchee par cc prcccssus. 2° Ils ne sont pas originaires du krritoire
actuel de i'Albanie, lcq1~tl, dans l'Antiquite, etait grecise. 3° L'abscncc de
terminologie maritime ct la faible influence linguistiquc du grec ancicn plai-
<lcnt contre le caractere autochtone. En realitc, ccs arguments ne sont pas
com·aincants, car: 1° La pretcnduc lacunl' <lans lcs inscriptions latincs de la
1egion faiLlcmcnt romanisec <l'ou scraicnt descendus Ies PannoniL·ns a\"ait
son centre <le gra,·itL' sur la Sa\"l', par ou passait l'une des principalcs :-1.rteres
de coarnrnnication de l'Empirl· romain, Leaucoup plus fn:quentec que la
;:1·a Egilafi,1. 2° le tcrritoin.· :1ctud de l'albanais n'etait que faiblement gre-
cise dans l':\ntiquitc'.·. 3° L'alJsL·ncc <le terminologie maritime et la faible influ-
encc du grec <:ncicn s'cxpliqm·nt par le gcnrc de \"ie que mmaient Ies ance-
trcs des Albanais, lcsquels etaient a\"ant tout de~ pastcurs et des agricultcurs,
ainsi quc par leur oricntation \"ers de rcgions non habitecs par des Grecs.
D'autrc part, A. Philippidc co;biate de grandes differenccs cntrc l'alLanais
d le roumain: <( Si Cl'rtaines ~imilitudes phonetiqucs nous ont autorises a
{·talJlir un rapprochement gL·netique entre Houmains ct Albanais, des diffe-
renccs bicn plus importantes nous olJligent a separcr ccs dcux peuples ».
<• Parmi lcs mots !atins <le la langue albanaise plus d'un til·rs ne se retrou-
\"ent pas d;!.ns la langue roumaine •· « 11 y a des phenomenes <le cliphtongai-
sm~. d'apophonie (!'Umlaut) et d'accent dans la langue albanaisc, qui repre-
scntent un abîmc cntre cette langue et la langue roumaine »:.:i 9 _
Les paroles sui\"antes de Ion-Aurcliu Candrea s'appliqucnt parfaite-
ment aux ancetrcs des Albanais: « Ccs hal>iLrnts des montagnes ne se son~
jamais soumis a la moindre autorite. Les anciens Grec~ ont occupe uniquc-
ment la cute <l1.· l'AJriatique, car ils curent <lcs \"illes importantts comme
Apollonie et JJyrrachium; Ies Homains laisserent ces tribus independantes;
ni ks empcrcurs de Constantinople, ni Ies maîtrcs <lt: la Rascie ne reussirent
jamais ~l lcs soumettrc a leur administration »280 •
62. Se fondant a\"ant tout sur des arguments a silmtio, comme le man-
quc de terminologic maritime en albanais d le silence des sources histori-
ques du Moyen-Âgc sur Ies Albanciis eux-memes, Petar Skok s'est prononce
pareillement contre lcur caractere autochtone et a estime que les Albanais
etaient originaires <le Dardanic. Ce savant croyait qu'il avait existe deux
sortes de romanite dans le Sud-Est de !'Europe, a savoir unc romanite mari-
time ( pr1"morski) ct une romani te continentale> (lw11ti11entaln1). C'cst depuis
la premiere que se seraicnt <le\"Cloppes Ies dialcctes romains d'Istrie ct la
Jangue dalmate, ct de la secondc Ies elemcnts !atins de> l'albanais et de la
langue roumaine. La premiere, commc la secondc ont cu de bonne heure

278 A. Philippidc, OR. 2, p. 587, 773, 788, 800 c-t 802.


79
2 Ibidem, P· 596, 679, 590.
28 ° Candrea, p. 15.

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Les elements !atins de la languc albanaise 83

des rapports avec Ies Slaves et elles den·lopperent dans leur sein un bilin-
guismc asscz repandu 281 . Petar Skok n'a pas analyse de plus pres Ies elements
la tins; de l'albanais, neanmoins il a soutenu qu'ils derivaient de la meme
source ·que ceux de la langue roumaine 282 • L'erudit romaniste de Zagreb a
evite toute precision quant a la derivation de l'albanais soit de l'illyrien soit
du thrace et il s'est contente de declarer que Ies Albanais etaient Ies descen-
dants des « Illyres ou des Thraces » et quc « leur siege primitif etait a cote
des ancetres des Roumains »283 •
. Le line d'A.1\1. Selisccv 284 a fourni a l'albanologuc Xorbert Jokl l'occa-
sion ·d e..:primer, dans un compte rendu, des idees nouvelles ct de modifier
quclque peu quelques-unes de ses opinions anterieures au sujet de la patrie
prirriiti~-e des Albanais. Cest ainsi qu'il a critique le point de ,-ue de Gustav
\Veig~rid, adopte par A.l\I. Selisce,·, cn montrant que Ies ancetrcs des Alba-
nais ·a,;aient eu des rapports linguistiques avec la population romane de la
câte dalmate, a laquelle ils avaient emprunte des mots comme kcmbone
\I cloche>), rnft (( pretre ». etc. Par ailleurs, une bonnc partie des elements
latins de l'albanais ont unc hautr anciennetc ct il existe aussi, a câtes de ces
derniers, des emprunts au grec ancien: Ies ancetres des Albanais sont, par
consequ.ent, venus de bonne heure en contact avcc la ci,•ilisation greco-ro-
maine.' La pcrsistance de certains noms de lieux antiques a phonetisme alba-
nais et leur adoption par Ies Slaves prouvent que Ies ancetres des Albanais
· occupa,ient ces territoires avant la venue des Slaves. Il resulte implicitement
des reinargues de Norbert Jokl que Ies ancetres des Albanias habitaient un
territoire plus vaste que celui qu'ils occupent a present, territoire qui
s'etetidait a l'est jusque d;;i.ns l'antique Dardanie, ou il touchait a la
periphefie de la vaste zone appartcnant aux ancetres des Roumains, et a
l'ouest:.:jusqu'a la mer Adriatique, ou ils etaient voisins de la population
rom~ne' de Dalmatie2s5.

63. ene analyse poussee de certaines transformations phonetiques du


roumain, du dalmate et de l'albanais a amene Henrik Baric a revoquer en
doute. la pretendue unite de la langue latine du Sud-Est de l'Europe: il a
constate des differences de traitement entre le roumain et le dalmate, ainsi
que des chouches successives dans les emprunts latins de l'albanais. Henrik
Baric en concluait que l'influence de Rome sur Ies ancetres des Albanais
avait eu lieu approximativement dans les limites du territoire habite par Ies
Albanais de nas jours, mais que les-dits ancetres etaient des Thraces venus,
du ternps de la domination romainc, de l'Hacmus et des Rhodopes, et non
point de simples Illyriens: consequemment, l'albanais continuerait un dia-
lecte thrace illyrise 286 • Ce point de vue est quasi-identique a cC'lui soutenu par
Norbert Jokl. Malheureusement la these quc la langue albanaisc provien-
drait du « thrace illyrise » est fondee sur des simples suppositions ou sur des
~ 81 P. Skok, Dolazak, p. 44, 50-51, 126-127.
28
P. Skok, Os11oi•i, I, P· 132: $1\Tbanski latinizmi potjcl:u iz istog nela iz kojcg i ru··
2
munski. jezik ».
. 28a P. Skok, EJ, 1 (1955), P· 164.
2 84 A.M. SeMcev, Slavjanskoe ;wselcnie v Albanii, Sofia, 1931, YIII, 352 pp.
28
5 N. Jokl, e Sla•ria », 13 (1934-1935). P· 286-292.
266
H. Baric, O uzajamniin odnosima balkanskih jezika, I. Ilirsko-roma11ska je::icna grupa
(Belgradc 1937), p. 1-35 (voir aussi le compte rendu de N. Jokl, « Indogermanisches Jahrbuch »,
34, 1940, p. 229-231); Albanisch, Romanisch 11nd Rumăniscll, Godifojak Sarajevo, 1 (1937).
p. 1-17.

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84 H. :.\!ihăescu

constatations do:.:tl'uses: clle n'est guere probable et ne represente nulle-


ment un progres.
Passant en rc,·ue certains faits isoles, mais sans embrasscr l'enscmble
des cmpmnts latins de l'albanais comparativement a ceux correspondants
du roumain, Ion Şiabdci a constate egalement une certaine discontinuite
entre Ies deux langues: il opinait quc Ies ancetre des Albanais et des Roumains
ont vecu câte a cote, rnais sans d'etroits rapports entre eux: «Les differen-
ces des traitements phoni"tiques dans !'element latin de l'albanais et du
roumain commun montrer:t jusqu'a l'e,·idence qu'on na jamais eu la
„symbiose' des Roumains et des Albanais dont parlait Kr. Sandfcld • :!87 .
f.1. Dans ses nombreuses contributions a l'etude de la languc albanaise,
Carlo Tagliavini s'est occupe aussi des elements !atins, de leurs rapports
avec Ies elements !atins du roumain et de la patrie primitive des AlLanais,
qu'il a cherchec dans l'antique Dardanic. L'auteur a affirme l'impossibilite,
dans la phase actuC'lle des recherches, de se prononcer en faveur de la langue
illyricnnc ou de la langue thrace, probleme dont la solution serait de la plus
haute importance pour la connaissance de l'ethnogenesc des Albanais: « In-
fatti la zona ora abitata dagli Albancsi era zona illirica, c solonell'cstremo
sud anche trace. Ora se gli Albancsi sono discendcnti dei Traci, e giocoforza
ammettere che essi siano venuti dai sud al nord et dall'cst all'ovcst &288 •
11 a mis en relief Ies rapports albano-roumains et a montre la partic des ele-
mcnts latins pour l'etude de l'ethnogcncsc, mais sans essaycr d'approfondir
cet aspect rle la qucstion 289 •
Dans un expose clair, vivant et personncl, Georg Stadtmi.ilkr a analyse
diverscs theorics de l'ethnogenesc des Albanais et en a propose une qui lui
est propre, en plaidant en faveur du caractere autochtone et considerant
le territoire de Mati comme le centre de l'espace ou a pu survivrc la vieille
population indo-europeenne qui constituc la basc du peuple albanais moderne.
Bien qu'il n'ait pas pris davantage en consideration l'cnsemble du matericl
linguistique. l'auteur a generalement exprime des idees justes qui attendent
d'etre developpees plus solidemcnt a l'avenir. 11 ne minimise pas la
culture autochtonl', mais distingue bien le caractere des contacts avec la
cult urc romei inc quand ii declare: • Dic C ralbancr dcr romisch-ftufibyzan-
tinischen Zeit lcbtcn als \Vanderhirten in eincr Berglandschaft im Binnen-
landc. lhre Wintcnveideplatze lagen in dcr romanisierten Ebenen. Dort lern-
tcn sie in freundlichen und feindlicher Beri.ihrung mit benachbarter romanis-
chen Sicdlern die stacitliche Organisation und die sesshafter Lebensformen
(Dorf, Staat) kcnnen und i.ibernahmen nebenzahlreichen sonstigen Sachgi.i-
tcrn die Bienenzucht und h6here Formcn des Ackerbaues. Umfang und

~ 87 I. Şiadhei. Albanais ct roumain commu11, RIEil, 3 (1938). p. 446-461 (Ic texte cite
se trmne a la page 460); Sur l'eltfmrnt latin de /'albanais dans: Mflangcs li11g11istiq11es publics
a J'occasion <lu \"lile Congres intcrnational des linguistcs a Oslo, 5-9 aout 1957, Ducarest,
1957, P· 63-69.
288
C. Taglia·1i ni, dans J' Enciclopedia Italiana, 2 ( 1929). p. 124; Le pariate albanesi di
tipo glrcgo 01·ientale ( Dardania e .Uaetdonia nord-occidc11tale), Homa, 1942.
288
C. Taglia·1ini, Gli elemrnti latini in albanesc. «Cultura Neolatina & l ( 1949). p. 90-93,
cf. p. 93: o Lo studio degli elementi latini dcll'albanese e di grande importanza non solo per
l'albanologo, ma anche per ii neolatinista u. On peut consulter aussi avec: profit son ctude: Coi;-
ributi allo studio delia stratificazione de/ lcssico alba11cse. I. Famiglia e parcntela, o Atti dcll'Is-
tituto Veneto &, 106 (1947-1948), P· 194-220.

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Les clcmcnts !atins de la langue albanaisc 85

Starke des lateinischen Einfluss auf <las Albanische setzen cine jahrhunder-
teiange Symbiosc zwischen C ralbanern und Romanen voraus »290 . Affirmer
que Ies ancetres des Albanais etaient uniqucment des pâtres et qu'ils n'habi-
taient pas en permanence Ies plaines c'est ccrtainement cxcessif.
65. Alexandre Rosetti a constate avcc raison que « l'influence du vieux
grec sur l'albanais et sur le roumain s'est cxercee d'une maniere differente
dans chacune de ces langues »291 , mais il a adhere a la these non convaincan te,
qui repose sur !'argument ex silentio que « l'absence de tcrmes du vieux fonds
dans la terminologie de la peche et de fo navigation semblc prouvcr qu'a cette
epoque ancienne Ies Albanais vivaient loin du littoral maritime »292 • L'auteur
a repoussc l'idee de la symbiose par suite du manque de preuvcs et a condu
quc «Ies tcrritoircs habites par Ies ancetres des Albanais ct par Ies ancetres
des Roumains se touchaient seulement a lcurs limitcs cxtremes »293 •
C' est dans un sens analogue que s' est prononce aussi Maximilian Lam-
bertz, un bon connaisscur de la litterature populai re albanaise: «Da die
ciJbanische Sprache Beziehii.ngen sowohl zum alten lllyrischen •vie zum alten
Thrakischen zeigt, lag die balkanische l'rheimat der Albaner wohl auf dem
Grenzgebict, vrn lllyrier und Thraker zusammcnstiesscn, d. h. im Gebiet der
alten Dardaner, auf dem Bodcn des heutigcn Nordalbanien, Montenegro,
Bosnien, Scrbicn »294 • 11 existe cffectivement des contrees elcvees et isolees
ou pouvait se maintenir et sun·ivre une languc tres ancicnne cntree tour a
tour en contact avec Ies Romains, Ies Slaves et Ies Turcs.
Anton lVIaycr a embrasse avec de pctites diff ercnces la these de Nor-
bert Jokl, que Ies ancetres des Albanais vi,·aient approximativement au
nord-est du lac d'Ohrid, jusque dans la vieille Dardanie. Au cours des temps
ils se sont deplaces davantage vers l'ouest, ou ils rccontierent une population
romane: celle ci s'est maintenue jusque tard au Moyen-Age, laissant en alba-
nais des noms de lieux qui n'ont pas le phonetisme albanais 295 .
\Vacla\v Cimochowski a critique la these de l'origine thrace de la langue
albanaise et propose pour point de depart la langue illyriennc. 11 a elargi la
patrie primitive des Albanais au-dela des frontieres actucllcs de l'Albanie,
dans la direction de la vicille ville de ~aissus (:\'i~)29 6 •
66. La these de la descendance de l'illvrien et du caractere autoch-
tonc a ete defendue de fa<;on consequentc et de" maniere convaincante, avec de
nom·caux arguments, par Eqrem <;abej. Selon ce savant Ies Albanais ont vecu
dans lcs regions qu'ils habitent aujourd'hui au moins depuis l'epoque antique.
11 apporte a l'appui de sa these quelques arguments personnels, que l'on
pourrait ranger en cinq categories: 1° l~n ccrtain nombre de toponymes an-
ciens - surtout des noms de montagnes, de cours d'eau et de quelques grandes
villes - marquent une evolution cn accord avec la phonetique <ilbanaise,

2 90 G. Stadtmiiller, Forschzmgen z11r albanisclren Fritligcscliic!itc, 2. Aufl .. \Viesuaden


1966, p. 54.
2 91 Al. Rosetti, Albaiw-Romanica, BL, 10 (19-12), p. IS2.
29 2 Ibidem, p. 78.
293 I/Jidcnz, p. bO.
294 M. Lambertz, Lescbuclz de1· albanisclzcn Spraclre, Leipzig, 1948, t. 1, p. I.
295
A. Maycr, Die Sprache der alten Illyricr, Wien 1957, t. 1, P· 14.
296 y,·. Cimochowski, Prejardhja e gjulies slrqipe, «Buletin Tirana», 12 (1958), 2, p.

J7-53.

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86 H. 1\li hă eseu

par consequent ii ne peut pas s'c;.gir d'emprunts etrangers: 1° Barbana>


Bu1w, Drh•astum> Drisht, D\'rrachium> D11rris, Isamus> lsli111, Lissus >
L(i)csh, .Vaissus> Xis, Scardus> Shar, Scodra> Shkodf!r, Scupi> Shkup;
20 La langue latine a laissee des traces dans la toponymie albanaise: Bithia-
cittm > Bisak, cella> Qcl:a, crypta> Gro/tat, c.rsuctus> Szft, publica> Puka,
subterra11mm> Shutrr1ja, vi11calis> l'ilijall, etc.; 3° Les elements la tins
releYes dans l';ilbanais sont tout autres quc ceux du roumain; orientes en
general wrs l'Occidcnt, ils ont du entrcr donc dans la languc des ancetrt:>s
des Allianais alors qu'ils hal1!hic nt d{ja Ies m0nws terri~orics que Ies ;\llia-
nais de nos jours; 4° La presencc de' ccrtains elements appartenant au grec
ancirn (dont quelqucs-uns d'originc doriquc) montre que Ies ancetres des .-\1-
banais ont du ha biter dans le' oisinage des Grecs: i.OCJ.':1..'10·1 > lakl~r ou lak?n,
W'-i'..'1-.,,.~ > mokt'r, 7'pcfo<,'ll > prt"sh, etc.; dane, l'influencc du grec ancien a
ete plus forte qu'on l'aYait crnc par le passc: 5° Les ancetres des ..\lbanais
ont entrctenu des rapports a\'Cc la population romanisee de 1Jalmatie 297 •
Apres aYoir passe cn rcnw Ies resultats olitcnus jusqu'ici et en se li-
\Tant a une anah-se fouilkc des matrriaux cxistants. Ion Iosif Russu estime
que l'illyrien SC ·classe dans Ic groupe des lan~UL'S Sc!lt'lll, a cote de l'indo-
iranicn, du balto-slaYc et du thracc, sans que l'on puisse parler d'une unite
illyro-thracc dans le sens preconise par :\"orhcrt Jokl. Comme ks noms spe-
cifiques de la langue illyricnne n'apparaissent pas dans Ies sources apres le
IVc siecle, l'auteur considere quc Ies Illyriens auraicnt ete romanises de bonne
heure, de sortc que la these de !'origine illyricnne de la langue albanaise sern-
blerait moins probable quc celle de son origine thracc. !\eanmoim:, il con-
clue que dans ces conditions: «La languC' albanaise de type sa/011 indo-euro-
peen peut-etre mise en rapport aussi bicn a,·ec l'illyrien qu'ayec le thrace,
mais Ies Albanais n'ont herite aucun element de culturC' (noms proprcs, insti-
t utions, etc.) des Thraces ou dPs Illyriens. La qnestion de l'origim· des Albci-
nais et de leur langur attend sa solution d'c\'entudles rccherches a \'cnir »298 •
67. Giintcr Hcichenkron consi<lfrait, sans motifs bicn fon<les, que l'Al
banie actuellc etait dans l'Antiquitc un territoirc grec; par consequent,
Ies ancetres des AlLanais auraient cohabite aYcc Ies ancetres des Roumains
«dans le triangle ~i8-Skopjc-Sofia •> 2wJ. Cct te th(·sc, fonnulee d'abord par
GustaY \\'eigand. est infirmce par le fait que le-dit territoire etait trop exigu
et a laisse fort pcu de wstigcs de la cultur<' romaine pour nous pcrmettre
d'y chercher le noyau de la langue roumaine. 11 ne faut pas perdre de \'Ue
qu'il s'cst consen-e en Daci<', )fesie Inferieure et Mesie Superieure un im-
rnensc materie} archeologique d'origine romainc compren:mt prt·s de 6000
inscriptions latines ct que la collonnc Ycrtebrale de ce Yaste territoire etait
le Danube. L'auteur a surestime Ies parallelismcs des elt·ments la tins du
roumain et de l'albanais, ce qui lui foit penser quc l'on pourrait reconstituer
a partir deces derniercs (C den \\·ortschatz des Ostromanischcn »300 . P2r (C Ost-
2 97 E. <;:abej, Problc111i i Ul4toklollise se SIUJiptcni:'i•ct ni! cfritrn c 111;;,1,·(f fi' i·rndti"c,. Buletin
Tirana 1>, 12 (1958). t. 2, p ..'11-66.
296 I.I. Hussu, St1tdii ilirice, SCL, 8 (1957), p. 27-12; J~sfrd1·ania i• lc.<f na akad. D.

D1·lrv, Sofi:-!, 1958, P· 105-113; Omagi1t lui ConstaJ1ti11 Daicoviâu, Bucarest, 1959, p. 177-
11:15; CL, 3 (1958). P· 89-107.
~uu G. Heichenkron, Das Ost roma11ischc, dans la collection i· olker 111;d K1cll1!rcn Sudost-
rnropas. lfoltm-/1islo1"isclk Bcit1·iigc, Mf111chen, 1959, P· 153- 172.
aoo Ibidem, P· 161.

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Les elemcnts ]atins de la languc albanaise 87

romanisch i1 cntendait unc entite linguistique d'ou aurrait rcsulte Ies lan-
>)

gucs dalmate et roumaine, ainsi qne Ies elements latins de l'albanais. En rea-
lit~. k dalmate se differencie considerablcment du roumain et se tourne
vers l'Occident, de meme que Ies Clements latins ele l'albanais.

68. Vladimir Georgiev a analy~e un nombre cissez limite de noms


proprcs ct d'appclatifs d'origine thracc ou dace et a aYance la theorie que
le dace ne serait pas un simple dialecte du thrace, mais une langue diffe-
rente3u1. 11 a constate d'abor<l en Dacic une grc>ndc frequtnce de l'appelatif
dava «cite», alors qu'cn Thrace cd appelatif serait tout a fait sporadiquc.
L'analysc des noms de plantes daces consen·es par Dioscoride ct de quclques
toponymes situes au nord du Danube lui a pcm1is de degager tm certain
nombre de traits phonetiques particuliers que le saYant de Sofia considere
comme propres a une idiome independant du thracc, nomme par lui daco-
mysien. Cet idiome serait a la hase de l'albanais: cn consequcnce, les Alba-
nais ne pourraient etre des autochtones en Albanic. Les ::i.rguments en fa-
Yeur de cette these sC:'raient Ies sui\·ants: 1° Des toponymes commc Scodra
et Tomor n'ont pas e\·olue selon Ies lois phonetiques de la langue albanaise;
2° La terminologie piscicole ct maritime manqnc cn a1banais; 3° Les Alba-
nais ne sont pas mentionnes dans Ies sourccs historiques medievales avant
le Xlc siecle; 4° Les plus anciens cmprunts du latin cn albanais trahissent
la forme phonetique du latin balkanique de l'Est; 5° Les mots el' origine
autochtonc en roumain ont des correspondanccs en albanais. On peut voir
tout d'a bord que Ies trois premiers arguments sont des arguments ex sitentio,
sans valcur probante s{1rc. Pour le 4e point on pourrait prendre en conside-
ration Ies materiaux discutes dans la presen te etuclc: ces materiaux mon-
trent qne Ies elemcnts latins de l'albanais convergent en grande partie
vers !'Occident. Enfin, Ies parallelismes linguistiques albano-roumains peu-
vcnt s'expliquer par une zone de culture communc et n'entraînent pas obli-
gatoirement la necessite de supposer une etroite symbiose. Le geographe
antiqne Strabon attestait cxplicitement que Ies Daccs, Jcs Getes ct Ies Thra-
ces parlaient la meme langue 302 . ]'estime que Ies faits discutes par l'acade-
micien Vladimir Georgiev restent encore trop restreints ct peu convaincants
et qu'il est preferable de s'en tenir, pour le moment, au terme consacre de
thraco-dace ou thracc de la Dac ie.
G9. Dans son cxcellente synthese des elemcnts latins de la langue
albanaise 303 , l'academicien Eqrem <;abej a mis cn juste lumierc Ies rapports
de ccs elements avec la Romania occidentale. D'autrc part, il a un peu
surcstime la pretenclue unite du «latin balkanique » en cxagerant la porter
des parallelisme- albano-roumains 201 : c6nsocer (alb. kruslzk, r. cuscru) est

301
V. Georgic·1, Bălgarska etimologija i onomastika, Sofia, 1960, p. 151 ct suiv.; Alba-
J1isch-Dakisch-1V!ysisch und Rumănisch, Lil, 2 (1960), p. 1-19; Trnkische und dakisclze Na111en-
.k1111de (A ufsticg 1rnd Niederf{a1!g der Rămischer W elt, Teii II: Prin ci pat, Iland 29.2), Ilcrlin-Ncw
York, 1983, p. 1195- 12 U.
302
Strab., 7,3, 10 (C 303) 7t<Xpa 'rW\J I'ETW'J, oµoy),w-:--:-ou TOÎ:; Op~~l\J tflvou:;; 7,3, 13
{C 304) oµ6y),w-:--rol 8'dcrLV ol Llcxxol -roÎ:; l'E7CH~.
303
E. <;abej, Zur Charakteristik cler lateinischen Lclmwortcr im Albanischcn, HRL, 7
{1962). p. 161-199.
304
E. <;abej. Betrachtungen uber die rumănisch-albanischeu S prachbczieh1111grn, RRL,
10 (1965), P· 101- 115.

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88 H. 1llih:1„scu

un archai:sme commun, gui ci circule aussi en Occident et y a ete remplace


assez tardiYement par cons6ccr; la conserYation de ca11ticum en albanais
(kenge) et en roumain (cî11tec) est tout a fait fortuite, parce que ce mot
etait repandu partout; coma aYait deja dans les textes litteraires la tins le
sens de « criniere » (alb. komt;, r. coama); pacarc au sens original d'« apaiser,
faire la paix ~ s'est conscn·e en albanais (paqoj) et en roumain (impăca),
tandis que les langues romanes occidentales ont conscrYe l'acception deriYee
« achcter la pa ix a prix d'argcnt »; k fait proll\"c sculemcnt le caractere ar-
chalque des elements la tins de l'albanais et du roumain: palus, -udis (alb.
pyll. r. pâd11rc) an sens de «foret •> est attcste aus:-i dans Jcs textes litterai:-es
prO\·enant d'ltalie; po11111s (I arbre a fruits )\ {r. pom J. po111um \( fruit »
(alh. plm?, r. poamă de poma) restcnt sans portee parce que les deux
sens d'" ar bre a fruits 1> et de « pommier » se trouYent par endroits aussi -::n
Occident.

Elements !Jl'ec.-.. aneiens en albanais


70. Les diwrgcnccs d'opinions touchant a la patrie primitiYe des ..\1-
banais sont <lues cn prcmil'r lieu a la mediocre connaissance que l'on a do:>s
langues illyricnnc et thracc: aussi cst-il rccommandablc de ne point trop
insistcr sur ccttc qucstion. mais hien plutât de prl'ndrc cn consideration Ies
elemcnts positifs plus acccssibles. l'nc constatation concrete est que l'al-
banais actuel possede un nombre d<' 3 I mots dont l'originc est grecquc anciemw:
bagt;m << bapteme » - ~ocr.TLrrµ.7., bliH ~ abeilk. ruchc », - µ.E:),Lnoc, bli
« especc de poisson » - ~i.~·10~. draplm <( faucille » - *8p<i7tocvo•1 =
8pbtocvov, <'gjert; « ÎYraic, mauYaisc herhc 1> - iyp~z. .fia « fougere » -
7t7EpLc;, kaudcr « escargot 1> - x<iv&zpr,:;, /;:ma « sourcc » - :v..p·~v·'l
(xpcivix). kum « \'ague, flot » - x::i1.L7., lm111bull «prune 1> - x0xxuµ.-1j:Ar,v,
labrik 11 Joup de mer, espece de poisson •> - i,a~poc;, laki;11 « chou 1> - :t.ci:xocvov,
hqt'll « lac. t'·tang •> - i.zx :b·'l O.:::x ::x:w,v), 111c11p/r « presse. pressoir,
hroie, macqul· » ·- ;.L7..·;y:7.vr~·1, marajt" <•frnouil » - µzpoc&?L0'1„ me-
ri111a(11}ţe « araignee 1> - - µ•'.ip'.J."-;. mnllt' « pomnw » - µii.r,v, mokc'rt; (mo-
ke11) « moulin. moulin a bra!", ml'lllc 1> - µ7.z7.·17.. = W'lz::i:.v·~. oker « espece
de b)('. I) - WX~µ(J\I, />dig (< etang, abime, profondC'Uf >) - T.E),':J..)'W,, prcsh
(< poirl'aU )) - 7:p<ir;r,'I, qashi (<cerise I) - x:::p::i:.dz. shap celeri » - crlp<pLO'J =
I(

= crl:Acp~r,v, shk,1rpc « bois mort, ramilks •> - vx<ipL<po;) (.,-xci:pL9c,v), shkop


~ bâton, sceptre 1> - crxi:-:r,::, shpellc "ca,·erne, grotte •> - v7:~Â:7.Lov, shtamc
(shh;mbc) '' cruche 1> - IJ"77..µvo;, tarog:c ({ casque 1> - &(i,pocxL0v, tepe « fro-
mcnt, triticum monococcum 1> - -;l·,:i·lj. trum:;,' « sarrietti:· 11 - &uµ~poc, vadlze
(<•odhi) « cormier I) - CJL"fl· Parmi Cl'S \"OCablcs. 14 appartienncnt a la flore,
4 a la faune, 5 aux Înstrnmcnts de traYaÎ), 5 au relief OU a la conformatÎon
du terrain, I a la tcrn1inologic militairc, I a la rcligion et I a un autre
domainc. Ces mots montrent l'existence de rapports entre lcs ancetres des
.-\lbanais et ks Grccs, notamment cn matierc de culture materidle et d'E:-
changes commerciaux 305 •
305 A. Thumb, Altgriuhisch<' E/unrnlc dt"S A./l;anischrn, lF. 26 (1910), p. 1-20; N. Jokl,

i:11tcrn1e/z., p. 207-2.12; Altgrit'chisclz rrnd ."\lakcdonisch, IF, +4 (1926). p. 13-29; Philippide,


OH.. 2. P· 774.-775; H. Baric, Codifojak Sar;ijt''"to. I (!_957). p. 261-271; E. \ahej, RRL,
7 (1962). p. 161-199. StAl\1 .. 1 (1964), I. P· Si-87; H. Ulherg. Grieclzisclz-alba11isc/1c Sprach-
lic:i<lzunţrn, dan~ Siria l'irllulo{!irn Arnlp01;ta11a. hg. ·rnn Hohert l\Iuth. Inn~lirukc. 1972, p .
."i.>-64, Ie nwt slr 1~t!li: est ccinsiden:· cl'origine dalmate par P. ~kuk. ZRPh, ."4 (19.34). p. 479.

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Les clements !atins de la langue albanaise 89

Rappo1·ts a\rec Ies Dalmates et Ies Slaves

71 Un indice precicux nous est encore offert par l'etude des rapports
linguistiques existant cntre Ies ancetres des Albanais et la population ro-
manisee de la Dalmatie antique et du littoral de l'Adriatique. Le dalmate
et;:;it parle sur une etroite langue de terre le long de la câte Adriatique ct dans
Ies îles: il a subsiste jusqu'a la fin du XIXe siecle, quand vivait encore le
dernier surYivant de cette populcition Tuone Udaina, de la bouche duquel
le linguiste i talien l\Ia ttco Bartoli a recueilli son ma teri el informa tif. On est
red2vable d'importantes contributions a l'etude de la langue dalmate, ti-
rees principalement du domaine de la toponymie, au romaniste yougoslave
bien connu Petar Skok. Les conclusions de cc savant demeurent convain-
ca:1tes, en ce sens que Ies Slaves sont descendus de bonne heure vers le ri-
vage de l'Adriatique et plus au sud meme de Raguse, des le debut du VII"
siede, isolant de la sorte la population romane de Dalmatie du reste de la
Peninsule balkanique. 11 existe toutefois des preuves que la population ro-
mane de la câte Adriatique a entretenu des rapports avec Ies ancetres des
Albanais qui vivaient dans son voisinage immediat. C'cst ainsi que Ies mots
chretiens bapti::are, crux et presbiter ont penetre cn albanais par le truche-
ment du dalmate (albanais pagewj, kryq et przjt), de meme le dalmate cam-
p11011c - alb. kifmbone « cloche ». Le toponyme Ragusc a pour correspondant
albanais la forme Ruslz. fondee sur Ies lois de la phonetiquc albanaisc;;06 .
72. Enfin, Ies indications Ies plus s{tres sont fournies par Ies Clements la tins
de l'albanais. L'historien Milan von Shufflay a exprime l'opinion que Ies
traces de l'influence latine en albanais suffiraient a attester un ancien ha-
bitat des Albanais sur Ies bords de l'Adriatique 30 ;. Ces elements ont garde
certains caracteres archa1ques qui peuvent remonter dans le temps jusqu'au
ne siecle avant notre ere. Ils ont fort peu de rcssemblances avcc le latin sur
lequel repose la langue roumaine et sont orientes vers !'Occident. Certains
termes du domaine de la flore et de la faune comme amvndala >mmdull «a-
mande », oleaster> voslzti:"r « Reinwcide », oleum> vaj (~1oj) «huile d'olive »,
oh~'a> ullî «olive>), olivaster> ullaslttrZ (( olivier sauvage », tructa> trofte
« tcrelle » manquent en roumain ct indiquent des rapports avec la mer 3'le-
diterranee. La terminologie ecclesi<J stique d' origine latine est egalement o-
rirt:tee autrement qu'en roumain: ecclisia> qislre <c eglisc >), en roumain ba-
siL:"cti> biserică, hcbdomas> javc <( semainc » en roumain septimana> săp­
tăm'11ă, missa > meslzc <( messe », en roumain slujbâ, d'origine slave, mona-
chus > mung (murg) «moine», en roumain călugăr cl'origine byzantine, pa-
raJ:·sus> parri: <(paradis», en roumain rai d'origine slave, etc.
73. L'influencc slave s'est excrcee depuis plusieurs directions: du nord-
oue:.st, le long ele la Dalmat ie; du nord-est, par Ies nllees de la Basna, de la
Mora va et du Vardar; et du sud-est, de Macedoine. Les progres de la colo-
nisa tion slave se laissent SUÎ\Te partiellement grâce a la toponymie. On a
remarque que dans le nord-est de l'Albanie, et notamrnent dans la region
de la riviere Mati, les noms de lieux d'origine sla,·e manquaicnt presque
306 H. Gc:lzer, ZRPh, 37 (1913), p. 257-286; K. Treimer, ZH.Ph, 38 (19H), P· 403-

40-l_; G. Weigan<l, Il.\, 3 (1927). p. 235-236; P. Skok, Dola::ak, et Slavrnstvo, passim.


3 0 7 E. <;abej, «Buletin Tirana~. 12 ( 1958), 2, p. 63.

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90 H. Mihăescu

entieremcnt, alors que dans Ies plaines du centre et du sud-ouest de l'Albanie


ccs noms ctaient rdatin·ment nombn:ux. Dans le nord, lts nc..n;s de lieux
d' originl' slave sont de prownancc croate; dans le sud, de fac ture bulgare.
La conclusion generale decoulant de ces consta tations est quc Ies ancetres
des Albanais ont micux re~istc dans Ies montagncs. ou ils s'adonnairnt a
la vie pastorale, et quc Ies Slaws s'installennt de prefercnce dans Ies pbines
et s'occupaicnt d'agriculture. Durant leur progression, lente mais tenJ.ce,
en direct ion du sud-ouest, Ies Slan's cmbrassercnt comme un eventail le
groupe ctlmique albanais qui avait son centre de resistance dans le norcl-
est de l'Albanie, mais gui se disseminait jusque loin a l'interieur de l'espace
colonise par Ies Slaws. 11 a existe par conscqucnt une symbiose albano-sla\'e
et unc symbiose greco-slave. L'influcncc linguistique slave sur l'albanais
rescscmbk fort a celle ex•_Tcee sur le roumain ct le grec, cc qui demontre le ca-
ractere unitairc de la ci,·ilisation sla,·e. Les ancetres des Roumains et des
Albanais ont ~ppde du mcme nom Ies Slaves, a savoir du latin tardif Sda<·11s:
roumain ::;c!1ia11, pl. ::;chi; albanais sliqa, forme articulee sl!q~w. pl. sllqc. La
separation des ancetrL'S dL'S ..\lbanais <le la population romane de Dalmatie
et de la nlleL' du Danubc par Ies Slan's expliqnl' la circonstance qu'un C<?r-
tain nombre de \'ocal ·le~. la tins a penC"tn'.' en alhanais par l'intnmcdiaire du
slave: rc1lmd,1c, alb. l!olc11dre <c ;\oel i>, ciwapis, alb. ko11op <c carde)), f1;1g,wus,
alb. p1u:,a11,~s « hommc insupportaLlc Ju point de \"Ul' mcral », etc. ~os

Conelusions
i'a. Pour d1;terminer ~rosso modo la patrie prin11t1ve des Albanciis on
disposc <lonc dl'S prl'U\"E'S sui\'antes. Le grec ancien a laisse des traccs uans
la langue parll'T par Ies ancetrcs des Allianais. (elles-ci ne sont pas tres nom-
brcuscs, du fait quc le grec ancien ne depassait pas au nord la limite linp1is-
tiquc act uclle C't qul' Ies fa iblcs colomes du li ttoral <le l' Adria tiquc n 'on t pu
exercer une influcnce profon<lc sur la population aborigene. La culture
romaine a joui d'un grand prestigc pf'ndant longtemp:o: elle s'est prope>gee
notamment a trawrs Ies vallcs du lJrinus (Drin), du Genusus (Shkumbi)
d ele l'Aoos (\"ojuszi). sa ns emlirasser le perimetre montagneux, ou Ies au-
tochtoncs resistercnt aussi bicn ;1 la romanisation qu'a la slavisation. Les
(·mprunts lat ins de la langue alhanai:<L' ont peu de ressemblances a\'ec Ies
elemcnts !atins du roumain et Ies ancetres des Albanais ont emprunte aussi
des elemcnts linguistiqtH'S a )a popu}ation romane de la câte dalmate. Jls
etaicnt par consequcnt voisins, au nord-est, de la population romane de la
\'allee du Danubc et de la Dacic; au sud, ils venaient en contact a\'ec Ies
Grccs; a l'ouest, ils a\'aicnt des rclations an·c Ies mers Ionienne et Adriatique
et avec la population romane du littoral; au nord, enfin, ils arrivaient jusque
aux· cîmes du mont Dunnitor. Cc \'aste espacc n'a jamais pu demeurer jm-
penetrablc aux civilisations et aux populations de l'cxterieur, mais il a in-
dubitablement abrite pcn<lant longtemps une majorite ethnique albanaise.
308
Th. Capidan, DR, 2 (1922), P· 4-H-554; St. :'.\lladeno·1, Bemerk1111gm ilbcr clic Alba-
11e1· mul das Alba11ischc in Sordmukedo11icn 1111d Altst'l"birn, DA 1 (1\125), P· 43-53; Prinos kăm
i:uluane na bălgarsko-albanskite t':ikovi olno.~rnija, clon:. <• Godi~nik na Sofijsl<ija l'niver~itet­
Ist.-Fil. Fakultct », 23 (1927), p. 15-25; A.:!\I. Seli~i:e·1. op. cit., p. 141-330; ~. Jokl, Sud,
slavische JlTortslratigraphic u11d albanischc Lflm1l'orth1111<1't, dans Sbori;ik v lest na prof. L. Jllilttic,
Sofia, 1933, p. 118-120 et ~Slavia&, 13 (1933-193-t), p. 281-325 et 609.-6'45.

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III. LA LANGUE DALMATE

.A.11ert;u historique

75. Les Romains ont occupe en 229 aYant notre ere l'île d'Issa (Lissa)
et Ies possessions continentales de celle-ci; puis, en 218 a\'.n.e., ils ont acquis
l'île de Lessina (Hvar) et ont penetre dans la presqu'île d'Istrie, qu'ils ont
soumise en 177. l\Iais la conquete de la Dalmat ie n'a progresse que lentem<rnt,
a ca usc de 5011 relief accidente et de la resistance de la population locale:
ce n'est qu'en l'an 59 que l'Illyrie fut donn~e a Jules Cesar commc pro\'ince,
anc la Gaule. A partir de 42 elle apparaît sous le nom de Dalmatie, qu'elle
conserva jusqu'a la fin de la domination romainc. Dans l'etude du processus
de romanisation, il faut tenir compte des conditions gfographiques ct des
voies d'acces 'ers l'interieur. Plus de 95% des inscriptions latines se trouvent
a l'ouest des monts Dinariques, pres de la mer, sur la cote ou dans Ies îles;
a l'est des monts Dinariques Ies localites ayant line <les inscriptions latines
sont plus rares et le nombre de celles-ci est beaucoup plus reduit. Alors que
sur la câte et dans Ies îles il existait des colonies et des villes pour\'ues d'une
organisation romaine, le centre et l'est de la Dalmatie n'etaicnt pas encore
sous la domination romaine. La romanisation de la partie occidentale
represente une avance de pres de deux siecles sur la Dac ie, la clerniere en
date des provinccs romaines du Sud-Est de l'Europe.
Sous Diocletien (284-305), la partie sud de la province a ete detachee
de la Dalmatie et est entree dans la composition d'une nouvelle province
( Praevalita11a), englobee dans l'Illyricum oriental. En 379, cette partie
de la Dalmatie fut annexee par l'Empirc cl'Orient, tandis que le reste de la
pro,·ince re,·int a l'Empire d'Occiclent. La frontiere entrc Ies deux empires
allait du golfe de I\.otor (Cattaro) jusqu'a l'ouest ele Belgrade. De 489 a
535, la Dalmatie fut occupee par Ies Ostrogoths, en 585 elle fut envahie par
les Avars, enfin au debut du Vile siecle Ies Sla\'es s'v etablirent d~finiti­
vement. La province est rcstee en rapports etroits a\·ec 1'!talie jusqu'au
de~ ut du Vile siecle; la derniere inscription latine de Salona (Salin) date
de 612. Les inscriptions latines de Dalmatic sont plus nombrcuscs que cclles
des pro,·inces de Pannonie Inferieure, l\lesie Superieure, Mesie Inferieurc et
Dacie reunics.
Pour mieux comprendre le passe il faut retenir Ies impress ions d'un
voyageur moderne le long de la cote dalmate, du nord au sud, dans une mer
ou il y a plus de trois cents îles moyennes, petites ou tres petites: «Le lit-
toral yougoslaYe est constitue en grande partie par une muraille rocheuse
qui s'etend de l'Italie a l'Albanie sur pres de 700 km ... Le sol, picrreux et
sterile, est dcsseche periodiquemcnt par un vent du nord, la bura. Un autre
Yt-nt oragcux ct chaud, nnant du l\iidi, y souffle aussi parfois; c'cst le si-
roko. Cette câte, d'unc curieusc âprete rocheusc, illuminec par un solcil e-

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92 H. Mihăescu

clatant et baignee par Ies flots bleus de l'Adriatique, a quelque chose de gran-
diose qui enchante le Yoyageur. .. Etonnament sinueuse, cette câte est creusee
d'innombrables fjords qui offrent des spectacles admirables. Les iles et Ies
ecueils qui parsemcnt la mer laissent entre eux des chenaux longs et etroits
que Ies bâtcaux empruntent et qui sont, aYec Ies fjords, un des attrciits Ies
plus decisifs du Yoyage »1 . La tempera ture moyenne annuelle est: sur la
cote dt' 13- 17°, dans l'interieur imrnediat S-10°(, sur la haute montagne
0°C. On a clonc en bas un climat mediterraneen, dans l'interieur immediat
un ciirnat continental et sur Ies hauts sommets un climat tres âpre qui ne
permct pas l'etablissement permanent de l'homme. "Cette constitution
physiquc contient cerite toute la dcstinec deces regions. Par elle s'expliquent
la paunde de leur râle historiguc et toutes Ies yj~ issitudes de leur exis-
tencc agitec. Les peuples meditcrranecns gui se sont successivement etablis
sur ces c6tes n'ont pu gue Ies effleurcr et, a\"ec guelquc force qu'ils aient
saisi le riYagc, ont ete impuissants a elcnr }a CÎ\"Î}Îsation jusgu'au SOmmet
de ces montagnes »:!.

7H. Entre l'arriY0c des Slaws au debut du VII" siecle et la dispcirition


du dernier clalmatophone a la fin du XIX" siecle on peut etablir plusio:urs
ph;ises, clcstinc·es a lll1l' meilleure oricntation du proccssus historique. Aux
VIl''-IX" siccles, jusqu';iux comnwnccrnents ck I'Etat croate et dC' l'Etat
bulgan· <le l'ouest. ont existe dt>s rclations etroih's entr0 la pop11btion ro-
mane, Ies SlaYes ct ks BYz;1ntins: les Slan's yj,·aicnt ;\ I'interieur, !".nis
autour dl' l';in s n (( aucun. d'cux n'osait clesccn<lrc sur le littoral l) (ll!t!lus
Scla1 1on1111 aat .11:sus ad 11!(1/'t" dcscmdat"):i. Yers le milieu du X" siecle, dans
son ceu\Te JJ,· ad111i11islra11do imfaii, l'ernpereur byzantin Constantin Por-
phyrogenell' fai..ait un._· distinction nctte entrc Ies Rhomes (' Pc..,µ'.7.~r;~I. ci-
toyens de I'Empirl', et Ies Romans (' Pc..iµivoL) de la câte dalmate gui s'ap-
pl'laicnt ainsi jusqu'a son t<."rnps (p.~z~L :-r)j ,,::;,, 'Pc·l:.LivoL x7./..r;::i'1:-cx~). Ils
hahitaient Ies iles et la cote. culti\'aicnt la vigne (zz0u7~ &µr::::/..w·n:.:;),
payaient des trilmts aux Slaws de l'intericur et \"ÎYaient surtout des res-
sources d e Ia mer ( :t..r:rJ - .-r':T.l.7.r;r,·fJ~)
' ' :-·IJ:; C\c ' · "' . •"l.U
' '~I" s1ec
~~ . t'eren t
. ' Ie, 1·1 s ass1s
aux progrL·s incipil'nts dL· la RcpuhlÎCJlll' ,·cniticnnc, puis, apres t 102, ils
entretinrcnt dc·s rapports a\·ec Ies Hongrois. Ies Vt;niticns et Ies Slaves. jus-
qu'a la chute de l'Etat sc·rbe cn 1389. I>n X\'" siecle jusqu'a 1799, ils connu-
rent la domination Yenitienne, puis la prcscnce autrichienne et turgue au
XIX~ sic·clc. La cite de Ragusc (Dubron1ik) s'eleYa prog-ressi,·ement apres
1272, cllc organisa une flottc, s'empara des îles Lagosta (Lasto,·o), Meleda

1 Luce Desrnsiers, Jacques Legros, i


uHgo.<la<'i1', seconde edition, Paris, Hachette,
0

1959, p. 255.
~ Henri Crons, La prot·i11cc ro111ai11r d<' Dalmatic, Paris, 1882, p. 28; Jo•1an C-.1ijic,
La Pl11111s11fr Balka11iq11c. Gi0grnpliic li11111ai11<. Paris, 1918, p. ":100: <•Les regions Ies ph:' cle-
nudccs snnt celles du littoral a<lriatiqne, de Fiume jusqn'aux Bouches de Cattaro. Elles
appartiennu1t, au point de vue de la coll'n·rture du sol, au type mediterraneen karstique D;
p. 76: <•Le littoral adriatique, de Triesk a Seu tari, est tourne ·1ers l'Enrope occidentale,
surtout ·1ers l'Italie... C'est une contree mediatrice entre le bl(Jc continental de la Pe -
ninsnle ct J'Italie 1>.
3 Thomas Arcidiaconns de Split, au cours du Xlllc siecle, chez Fr. Racki, J11c1m-
111cn/a Sla;;nnrm 111<Tidio11al ium, Zagreli, 1877, t. 7, p. 315.
4 Ed. Gy. ::\fora·1c~ik, 29, 53 (Budapest, 1949), cf. aussi 3, 143: aLrl. 70 d'lcx'. 7J•J
r.opCi'I 7·fi~ ~w'f,~ cxu7wv e% 7·r.~ 9ci;i.cxcrcr71~.

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La langue dalmate 93

(Ml jet); Curzola (Korcula), Lesina (Hvar) et Brattia (Brac), conquît la cote
jusqu'a l'embouchure du fleuve Narenta (Neretva) et <levint Republique
independante entre 1358-1526. Dans l'assemblee de sa capitale, Ies debats
se tenaient en une langue romane locale, mais ils etaient rediges en latin ou
en veniticn: Ies archives ragusaines conticnncnt de nombreux documents
qui peuvent servir a la reconstitution de la langue dalmate. Sur la cote, c'est
l'infh1.ence venitienne qui a predomine; mais a l'interieur, l'influence slave
a gagne progressivernent du terrain jusqu'a l'assimilation complete de l'an-
cien idiome; Ies Byzantins, les Hongrois, les Turcs et Ies Autrichiens ont
laisse trop peu de traces durables.
· Il faut noter que le substrat sur lequel s'est superpose la langue la-
tine et plus tard la langue dalmate n'etait pas homogene: au point de vue
de l'onomastique, il embrassait au moins trois aires distinctes, c'est-a-
dire une aire meridionale, une aire centrale ct une aire septentrionale ou li-
burnique. Cette situation correspondait en genercil a la division tripartite
de l'administration romaine 5 . Vue de l'ouest, la Dalmatie apparaissait com-
me un immense triangle situe entrc Scodra (Shkoder), Tarsatica (Trsat,
Rijeka) et Singidunum (Belgrade), avec trois rcgions distinctes: la câte et
Ies îlcs, unc bande de terrain jusqu'aux cîmes des monts Dinariques et l'in-
terieur jusqu'aux fleuves Save, Danube et :Morave. Sur la câte, Ies localites
et Ies îles Ies plus importantes selon la division romaine etaient Ies suivantes:
a) au sud, Lissus (Lesh, Lezhe, Alessio), Scodra (Shkodtr), Ulcinium (Ul-
cinj), Butua (Budva), Acruvium (Grbej, Kotor) et Risinium (Risan); b)
au centre, Salona (Salin), Aequum (ăitJuk), ~arnna (Vid), Epidaurum !Cav-
tat, ·Ragusa Vecchia) et Brattia (Brac); c) au nord, Jadcr (Zadar, Zara).
Apsorns (Losinj), Curicta (Krk, Veglia), Arba (Rab), Scnia (Senj) et Tar-
satic~ (Trsat, Rijeka).

Sources d'info1·mation et periodisation

77. L'ancien dalmate a ete parle dans Ies iles et sur la câte par une
population aujourd'hui eteinte, mais qui a laisse des traces dans la toponymie
locale et dans le lexique des langues serbocroate et albanaise. Cette langue
comprenait deux ou trois variantes dialectales, peu differentes l'une de l'au-
tre: l'une, parlee autour de la villc de Raguse (Dubrovnik), qui a dure jus-
qu'au xvre siecle, approximativement; une autre, parlee aux environs de
Zadar (Zara); et une troisieme plus au nord, dans la region de l'île ele Krk
(Veglia), ou elle s'est maintenue jusqu'a la fin du XIXe sieclc et a ete etu-
diee par Matteo G. Bartoli, dans un livre publie en 1906. On dispose clonc
a ce ·sujet d'informa tions rela tivement peu nombreuscs: Ies donnecs de la
toponymie, Ies emprunts ·dalmates en croate, Ies noms conserves par Ies
documents medievaux et Ies materiaux recueillis par l\I. Bartoli a Krk (Ve-
glia), de sorte que la connaissance du dalmate est restee incomplete et par-

i; D. Rendic-l\liocevic, Onomastilke studije v territorijc Liburnu. « Zbornik Insti tu ta za

historicke nauke •. Zagreb, 1 ( 1955), p. 125- 144; R. Katicic, Die illyrisclzcn Pcrso11emwmm
im ihren sudostlichen Verbreitungsgebiet, ZA, 12, 1 (1962), p. 95-121; Das clalmatisclze Ge-
biet, ZA, 12, 2 (1963), p. 255-292.

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94 H. Mihăescu

fois incert<3ine. Une determination exacte de la diffusion geographique et


des caracteres dialectaux est presque impossible6 •
Cette langue a ete serieusement concurrencee dans son cxistenc'e non
seulement par Ies parlers slaves, mais aussi et sourtout pcir le dialecte ve-
nitien, notamment a l'epoque de la domination \'enitienne aux x1ne-xvn1e
siecles. Pour l'epoque plus reculee, celle des VII-Xve siecles, l'historien
C. Jirecek a reuni et publie cn 1901-1904 un precieux materie! de textes et
de noms 7 • Pour Ies annees 1343-1363 on dispose de l'excellent ouvrage de
Zarko :\Iuljacic, professeur a l'Uni\·ersite Libre de Berlin 8 . L'auteur a puise
ses informations dans Ies documents ecrits en Yenitien a Raguse (Dubrov-
nik) par des scribes locaux qui y ont glisse, sciemment ou non, des formes
proprcs a leur langue, c'est-a-dire au d~,lmate parle a Ragusc. Afin de pou-
Yoir detcctcr CCS e}cmcnts et afin de lcs classer d'une fa<;on coherente, il s'est
d'abord familiarise aw·c ks rcsultats <le l'ecole phonologique de Prague;
puis, ii a rassemblc soigncusl'mcnt Ies donnees ct lcs infonnations relatives
a la langue dalmate. Celks-ci l;taient sporadiques ct cn partic non conclu-
antcs, remontant notammcnt au grand line ck :\bttco Hartoii ( 1906) et a
Cl' CJUC l'on a ecrit <lcpuis. Cest precisL'ml'llt la quc residait la difficulte
<lC' l'intreprise, a sa,·oir dans k caract~·re partidlement non concluant et
dans la pau\Tete de I' informat ion. Les contributions Ies plus precieuses
parucs llcpuis la puhlication de la monographie de Bartoli sont <lues au ro-
mani.~lL' yougoslan.> Petar Skok (1881-1956) et rcssortrnt du domainc de la
topr1i1~·miL·; mais Ies articks de CL' saYan~ sont dissemines a tran·rs toutes
sort1._·s de rc\·ucs ct de collections souvcnt inacccssibles. M. :\1uljacic a mis
beaucoup de passion et de comprehension <lans l'etude de ce probleme et
il a apporte tmc utile contribution. en cc sens qu'il a reuni, interprete et
rnis cn Yaleur d~•ns un traYail de dense synthesc toutes Ies informations· con-
cernant le systheme phonologiqu<' du dalmate. A son avis, aux prcmiers
sieclcs de son existence, la languc dalmate pcut se rangcr dans la memc ca-
tegorie que le roumain; mais au kndemain de la domination veniticnnc des
annees 1205-1358 elle se separe du roumain ct se range dans unc categorie
a part. f'ntrl' le roumain a l'cst et le rheto-roman <'t l'italiC'n ~t l'ouest. Les
periodL·s ks plus importantcs d<' l'histoirc de la languc dalmate serai~'nt:
J) la periodc dalmato-romane, jusqu'au IX'' siccle; 2) celle de la seconde
diphtongaison romane, aex X"-XII'· siecles; 3) la premiere phasc de lCl. ,·ie
en commun avcc le dialecte ,·eniticn, aux Xlll"-XI\'" siecles et au debut
du XV'' sieclc; 4) la secondc phasc de la vie en commun avec le meme dia-

9
G. l\faver, Parole croate· di origint' italiana o dt1lmatirn. AR 6 ( 1922). p. 2-tl-253;
Pa1«•lt sabocroate o slovene di origine italiana (dalmatica), '' Sla·1i<.t •, 2 ( 192i), p. 32-iJ;
A. Col1,mbi, Elrn1enti t•eglioti mii 'iso/a di Chcrsn-Ossno, _.\R. 21 (1937), p. 243-267; G.
Soglian. ll dalmatiu1 a Cit•itt,11·ccchia di Lesina e s11lle isolc adiacrnti. Cm:trib1to agii studi
sulla diffusione ,. cn11scn•a:io11e dcll'antico idioma neolati110 e dci suoi relitti 11l'lla pariata
sl,11·a c-Jierna, Zara, 1937; ll. Ruscnkranz, Die Gliedcru11g des Dah;atischrn, ZHPh, 7 1, ( 1955),
P· 269-279: Zarko ~luljal:ic, Dalmatico, vene.:iano c slave„ da11s: Vene ia e ii LlVantc fino
al saolo XV, a cura di :\gustino Pertusi, « Atti de! I Ccnnegno intt-rnazionale di sturia
delia ci·1iha vcncziana promosso c organizzato dalia Fondazionc Giorgio Cini "• Ycnczia,
197.J., t. 2, p. 269-28 I.
7
C. Jirc~ek, Die Romanen.
6
Zarku Muljal:ic. Dalmatshi cfrmmti u mletalki pisalli111 dubroval!n'm dokmi1enti111a
li. st· Prilog rag11:<jskoj dijakronoj fv11ologiji i dai 111atsko-mletalkoj konvergenciji, dud Ju-
gu~lo·1enske Akademije Z11an0sti i l'mietnosti •>, Zagreb, 327 ( 1962), p. 237-280.

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La langne dalrnatt 95

lect~;· jusqu'a la fih du xvnrc siecle; 5) la pcriode de l'extinction totale,


au x1xe siecle.
Le probleme n'a rien de simple et l'auteur s'en rend bien compte; aussi
propose-t-il d'c.pprofondir l'etude du dc.lmate cn s'attachant aux objectifs que
vaiei: 1) rcviser la stratification des emprunts dalmates dans Ies dialectes
serbocroates et notamment dans celui de Dubrovnik; 2) entreprendre une
etude exhaustive des materiaux renfermes dans Ies archives de Raguse (Du-
brovnik), afin de determiner s'il existe d'eventuels emprunts repctes; 3) de
delimitcr l'aire de diffusion des phenomenes etudies, d'etablir Ies « hybrides »
dalmatcrvenitirns ou dalmato-toscans, d'enrichir le materie I onomastique;
4) fixer l'aire d'irradiation des vocables etrangers ayant penetre par l'inter-
mediaire de la ville de Raguse (Dubrovnik).
Personne n'est mieux en mesurc que Ies linguistes yougoslaves d'etu-
dier la langue dalmate et, a cet egard, la contribution de Petar Skok et Zarko
:i\Iuljacic est eloquente. Le littoral dalmate a ete une region ou se croiserent
tour a tour des elements illyriens, thraces, celtiqucs, grecs, latins et slaves,
puis albanais, rheto-romans, allemands, valaques et levantins, « eine l\·ahre
\\7ettcrecke dcr Romania » 9 • La mission qui incombe au linguiste s'avere
extremement difficile, m?is elle est qu~lque peu allegec par le fait que Ies
infonnations ecrites heritees du :Moyen Age interviennent en plus grand nom-
bre que dans le cas de la langue roumaine, par exemple. Cne liste d'attesta-
tions dalmates dans Ies documents de Zadar (Z2.ra) des XIIP - XV" siecles
a ete fomnic par Alberto Zainboni 10 .

Vocalisme
78. Les materiaux connus jusqu'en 1906 sont faciles a consulter grâce
a la monographie de Matteo Bartoli; Ies etudes et contributions ulterieurcs
figurent dans la bibliograph1e dressee par Zarko Mulacic 11 . Originaire de
l'Istrie alpine, Matteo Bartoli a fait ses etudes a Vienne, frequentant beal,1-
coup le professeur \V. Meyer-Liibkc, et, avec le concours de I' Academie autri-
chienne des sciences, il a effectue des enquetes minutieuses au courant des
annees J897, 1899 et J901, dans l'île de Krk (Veglia), ou il a rencontre le der-
nier dalmatophone Tuone Udai'.na, dit Burbur, decede le JO jum 1898. Ce
dernier, parfait connaisseur de s~ langue matemelle, a pu communiqucr de
ce fait un materie} relativement abondant et varie. Le dialecte vegliote repre-
sente la derniere phase du dalmate, c'est-a-dire le dernier maillon d'une chaîne
qui, a travers des attestations intermediaires disparatcs, remonte jusqu'au
latin parle sur la câte dalmate et dans Ies îles. Afin de suivre plus facilement
et avec une certaine dose de certitude l'evolution de la langue dalmate, il con-
vient de prendre pour point de depart sa phase ultime et de noter avant tout

9
Alwin Kuhn, Romanische Philologie. I. Tei]: Die roma11ischm Sprachrn, Bem, 1951,
P· 156.
10 Alberto Zamboni, Note linguistiche dalmatiche, o Socida Dalmata di storia patria.
Sezione veneta. Atti dclla tomata di studio nel cinqnante~imo anniverrnrio delia Fonda-
zione in Zara», Yenezia, 1976, p. 9-66.
11 .Zarko Muljacic, Bibliographie de linguistique romane. Domai11c dalmate ci istriate
ai•ec lcs 'zoncs limitrophes (1906-1966), RLiR, 33 (1969), p. lH-167, 356-391; -45 (1981),
p. 158-2H.

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96 H. l!tlihă.escu

les correspondances phonetiques entre elle et Ies langues latine, italienne et


roumaine 12 •
a en sdlabe ouYerte:
spatha - sp1iota - spata (a. it.) - spată
clavis - kluj - clriave - cheie
a en sdlabe fermee:
albus - fua.lb - albo - alb
barba - · buarba - barba - barbă
e long en syllabe OU\'erte:
credo - kraid - credo - cred
sera - saira - sera - seară
e long en syllalw fcrmee:
steJlac - sta!t? - stdfr - stde
dz"rectus - drat - dirctto - drept
l bref en sdlabe ou\·erte:
decem - dik - di,·c1~ - .:ec,·
petra - pitra - pidra - piatrâ
e href en svllabe ferm~e
Jarum - }iar - ·Jaro - .fia
patus - jJiat - pdto - pitpt
i. long en syllabc ouverte:
dico - dai/.· - dfro - :ic
formica - .formaika - formica - jurnfră
i long en sdlabe fem1ee:
.f1·ictac - ;rcft' - f ritft' - .fripte
cinque - ce11k - cinque - cinci
i bref en sdlabe om·erte = e:
bibo - baio - be.vo - beau
1livis - nai - 11eve - nea
o long en syllabe ouverte:
ho;a - jaiir,z - 01-.1 - oară
coda - katida - coda - coadă
o long cn sdlabe fermee:
dom11a - dumna ·_ do1111a - doamnă
o brcf en svllabe ou\'crte:
ffJrns - fuk - fu°"oco - foc
·locus - ·lull - ·luogo - ·loc
o bref en svllabe fermee:
dossum - di"tas :__ dosso - dos
noctem - m'tat - 11ottc - noapte
u long en syllabe ou\"erte:
crudus - llroil - crudo - crud
luna - loina - luna - lună
u bref en syllabe ouverte:
cruam - kraiil~ - cron: - cruce
gula - gaiUa - gala - gurii

u Les matcriaux sont cites d'apres l\Iatteo Bartoli, D, t. 2, p. 329-388 et l't:squisse


de Zarko :Muljatic publiec par P. Bec, 1\fa111ul pratiq11e ele p!iilologie romane, Paris, 1971,
t. 2, p . .39J-il6.

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La Iangue dalmate 91

79. Phenomene caracteristique et tres repandu, la diphtongaison n'est


:pas conditionnee par la voyelle suivante, comme partiellement en roumain:
·vetrana - vetritona - bătrînă, sera- safra - seară, ripa - raipa - rîpă, mor-
;te -=-- muart - nwarte, crudus - kroU - crud. Cette diphtongaison a ete etu-
'<iiee dernierement par Petar Guberina, qui constate a juste titre l'insuffi-
sance de notre documentation au sujet de la langue dalmate en general, ainsi
que du dialecte parle dans l'île de Krk (Veglia) 13 . Dans cette langue, il distin-
gue trois couches: la plus ancienne peut etre reconstituee a l'aide des topony-
mes, des noms propres figurant dans les documents latins et des emprunts
realises par le serbocroate; on peut la placer approximativement a une epoque
allant du vne au xe siecle; la deuxieme apparaît dans certains documents
posterieurs, aux x1e - xvrnc siecles; la troisieme couche est attestee par
·des temoignages du xrxe siecle; le plus recent de ces temoignages nous est
fourni par Tuone Udaina. Selon Petar Guberina, on ne trouverait pas de traces
·de diphtongaison dans la premiere couche. Dans la seconde, on voit apparaître
:au debut Ies phonetismes Pornaiba et Promontour, que l'on retrouve plus tard
sous celles de Porniba et Promontor, ce qui semble prouver qu'a la fin de cette
periode la diphtongaison avait cesse d'etre active. Par contre, dans le vegliote
du XIXe siecle et dans la langue de Tuone Udaina, la diphtongaison est un
phenomene frequent. L'aui.eur attribue cct important changement a une forte
influence des parlers croates de type cakavicn: dans ces parlers, le pheno-
rnene de diphtongaison est de date recente et remonte a peine au xrxe sie-
cle. C'est donc uniquement pendant cette breve et derniere phase que Ies
parlers en question ont pu exercer leur influence sur le dalmate sous le rapport
de la diphtongaison, ce qui amene l'auteur a conclure que (< c'etait avant tout
a cause d'une forte influence des parlers eakaviens, ou la diphtongaison tres
vi,·ante creait des conditions favorables dans le vegliote moderne pour la
diphtongaison de n'importe quelle voyelle et dans n'importe quelle position •
(p. 145).
Cette conclusion ne tient pas entierement compte toutefois des recherches
<le Petar Skok, qui constate l'existence de la diphtongaison anterieurement au
XIXe siecle, attestee par Ies exemples suivants: cannetum « jonchaie » -
- top. Kanajt dans l'île de Krk (Vegli<J), ceresetum « cerisaie » - top. Sara-
kajt dans l'île de Krk (Veglia), lacuna « fosse » - top. Lokafoe dans l'île de
Veli Otok, moretum « lieu plante de muriers » - top. Muraj dans l'île de Krk
(Veglia), termes « branches coupees » - cârma « couche de branches ou de
fleurs » dans la. region de Kotor14 ». Ainsi, la toponymie prouve que la diphton-
gaison est en dalmate un phenomene ancien et original: le fait que Ies attesta-
tions sont rares pour la couche intermediaire ne nous autorise pas a nier l'exis-

13 Petar Guberina, Le probleme de la diphtongaison en vegliote, SRAZ, 9- 10 ( 1960),

T>· 137-148. Dans une importante contribution ulterieure de Pavao Teka·1l:ic, Sul vocalismo
"1te-ilatino nelle coste orientale dell' Adriatica, « Bollettino dell' Atlante Linguistico Mediterraneo•,
13- 15 ( 1971- 1973), p. 57 -92 on peut lire les precisions sui nntcs: <«La di ttongazione dis-
cendente o spontanea e in stretto rapporto con l'accento cspirativo il quale allunga le vo-
cali in sillaba libera e accorcia quelle in sillaba chiusa ... ». «La dittongazione discendente
„attacca", in linea di principia, tutte le vocali accentate; percio i casi di dittongazione di
una o due vocali soltanto sono sempre sospetti di essere importati, non autoctoni & (p. 60.)
• Lo stato odierno delie nostre conoscenze non ci permette ancora una ricostruzionare com-
pleta degli idiomi romanzi lungo la nostra sponda dell' Adriatica, ne delia loro storia lin-
guistica• (p. 91-92).
14 P. Skok, Dolazak, p. 229; Slav i Rom., 1, p. 22, 21-25, 27 ct 260.

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98 H. Mihăescu

tence du phenomene, Ies arguments a silentio reposant sur une base fragile.
Si l'on tient compte en outre des constatations de la linguistique generale„
qui nous apprennent que Ies influences etrangeres portant sur le systeme pho-
netique d'une langue sont toujours faibles ou ne se manifestent qu'aprts une
existence intime et prolongee, l'on est en droit de revoquer en doute la
conclusion de l'auteur, selon laquelle la diphtongaison serait en dalmate l'effet
d'une influence tardive du x1xe siecle.
La fusion des voyelles o et u en o rapproche ce vocalisme du systeme
italien et l'oppose au vocalisme roumain: crncem - krauk - croce - cruce.
nucem - nauk - noce - nucă. En echange, la diphtongue au s'est rnaintenue
en dalmate, en frioulan et en roumain: aurum - yaur - aur - aur.
Les voyelles protoniques et surtout posttoniques ont ete syncopees.
y compris des cas ou elles se sont maintenues en rournain: dicerc - d(kro -
zice(re), pectinem - piakno - pieptene, basilica - basalka - biserică, sa-
11itatem - santut - sănătate.
La chute des voyelles finales atones est en general plus frequenk qu' en
roumain: lactem - luat - lapte (mais dico - daiko - =ic).
Avant de disparaître, la voyelle finale-ia palatalise Ies consonnes den-
tales ou velaires precedentes, comme en roumain: deiztes - diaizts - di11/i.
porci - puarts - porci, qua11ti - kwints - cîţi.
Les voyelles atoncs a et o restent intactes, tandis qu'en roumain elles
ont la tendance de se ferrner: efila - kaiita - ci11ă, cognatus - komnut -
cwmzat.
A la fin du XIX(' siecle, le vocalisme dalmate comptait cinq \·oyelles
(i, e, a, o, u): il s'accordait avec l'italien et le croate. En echange, le roumain
possede sept voyelles (i, c, a, o, ă, î, u).

Consonantisme

80. Les sourdes intcn·ocaliques p, t, k, restent intactcs, comme en ita-


lien et en roumain; elles n'ont pasete affectees par la sonorisation, phenomene
tardif ayant comme point de depart la Gaule; voila donc une phase plus an-
cienne que la phase d'evolution atteinte en franc;ais et en l'espagnol, par e.:-.em-
ple: ripa - raipa - ripa - rîpă, cn franc;ais rive; cog11atus - kommtt - co-
gnata - cumnat, en espagnol cunado; jorns - Juk - juoco - joc, cn espagnol
Juego.
Devant e, a, o, 1t Ies velaires C, g restent des occlusives; devant e, i elles
ont la ten<lance de s'assibiler, surtout dans le nord: cena - kaina - log. kcna -
- it. cenn - r. cină; cera - kaira - log. kera - it. cera - r. ceară; plan-
gere - plu11gre - log. pia11gere - it. piangere - r. plînge(re), ungere - jon-
gar - log. ungere - it. ungere - r. u11ge(re), mais centum - cant - log. ken-
tu - alb. qint; caelum - Cil - log. kelzt - alb. qiell; cimicem - cinko - alb.
qinke. Quant au premier phenomene, le dalmate s'accorde avec le sarde et Ies
elements latins de l'albanais; l'assibilation se retrouve en rheto-roman.
Les sequences latines qui, que, gui, gue perdent leur appendice labio-
velaire et se comportent comme Ies sequences des exemples cites ci-dessus
et comme en roumain: quinque - cmk - cinci; quid - ke - ce, sanguis -
- suang - sînge.

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La langtle dahriate 99

Les groupes consomie + l resisten t mieux qti' en i talien et en roumain:


-clamare - klamuar - chiamare - chema(re); glacia - glas - ghiaccid -:---
- ghiaţă; plenus - plain - pieno - plin; blastimare - blasmitr - biastimare
~ blestema (re). · · ·.
L'evolution du groupe ct a parcouru quatre etapes: a) il a resiste d'abord
( perexsuctus - cr. pfsullat, gen. ptsukta; tracta - cr. trakta) ~· b) il a connu
partiellement le stade ct > pt (octo - guapto, e:x:ra.y~ - aptagi « quittailce
pour une dette, obligation »); c) puis il est devenu fit (jlecta - cr. plaltta) et
enfin d) jt, sous l'influence d'une innovation arrivee de I' Occident (tracta -
cr. tr.ajita). Consideree dans son ensemble, cette evolution n'est pas le
resulta t d'une influence grecque 15•
Frequente en latin vulgaire, la chute de la nasale devant s est attestee
aussi en dalmate, en italien et en roumain: consuere « coudre » - koser -
- cucire - coase, mensis « mois » - mais - mese - ar. mes.
Les traits conservatoires du vocalisme et du consonantisme sont visibles
surtout dans Ies couches meridionales, tandis qu'au nord et dans l'île de Krk
(Veglia) Ies innovations venues de la region alpine et de Gaule sont plus fre-
quentes. Une analyse du systeme phonologique du vegliote, au cours de son
evolu tion historique et al' eta t actuel, a ete entreprise par Roger L. Hadlich 16 ;
mais pour mieux comprendre le passe et Ies rapports avec l'exterieur, il faut
elargir l'horizon et tenir compte aussi de la methode comparative.

Morphologie
81. On ne dispose que de quelques debris pour reconstituer la declinai-
son dalmate. La forme kuomp a cote du pluriel kimp suggere l'opposition cam-
pus - campi, donc l'absence du pluriel en -s: cette suggestion paraît etre
confirmee par l'opposition puark-puarc = porcus- porci. La forme saitr-soror
a cote de seraur-sororem fait penser au parallelisme roumain soră-surori. La
forme dalmate prat repose sur praebyter (comme le r. preot, l'albanais prijt),
mais la variante pretro a eu comme point de depart praebyterum et Ies autres
cas obliques. 11 y a un parallelisme entre jom - homo, jomno - homines et
om - oameni du roumain. Les formes du genitif, Lunae, Martis, Jovis, Ve-
tteris ont ete conservees en dalmate et en roumain: loine-luni, mirte - marţi,
zue - joi, vindre - vineri. Parmi Ies formes synthetiques des adjectifs au
degre comparatif la seule a avoir survecu est maior - mauro (en italien mag-
giore < maiorem), cependant que le roumain ne connaît rien de semblable.
En dalmate, la formation du comparatif s'effectue avec ple, pe - plus (d'apres
te modele italien), en roumain avec mai - magis: ple grev - mai greu.
L'adjectif demonstratif comporte deux degres (iste, ille), comme en
italien et en roumain: kost iuk - questo gioco - acest joc, kosta skol - questa
scuola - această şcoală, kol muneal - quello monticello - acel muncel, kola
basalka - quella chiesa - acea biserică.
15 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 424-427. L'auteur voyait dans l'evolution ct> pt, ft
du dalmate, du roumain. (acto> opt) et de l'albanais (cytoniu> ftua, det. ftoni) une ten-
dance ou un courant (Stromung) determine par la langue grecque: « In der 'Wiedergabe vom
lat. ct. haben sich daher am Balkan verschiedene Stromungen des Neugriechischen bemerk-
bar gemacht •> (p. 427).
18 Roger L. Ha.dlich, The Phonological History of the Vegliote, Chapel Hill, The U-
niversity of North Carolina Press, 1965, p. 57-88.

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100 H. Mihăescu

Un phenomene tres important qui separe le dalmate et l'italien du rou-


main c'est la position de l'article: Ies langues dalmate et italienne ont l'article
prepose, la langue roumaine use de l'article postpose (enclitique); tous 1es
deux derivent de ille, illa. On peut se faire une idee de cette situation en etu-
diant Ies versions italienne et roumaine du texte suivant:
Kun ke }ero el jain tranta, el jultim del jan per venar al praimo, el ju
caput juk toc el palu::. del komisariuot. Luk stua drantc el koniisi·ar, el kas11or. e
jero drante join atudr ... A vas brusut toc: tra di a dorut el fuok (Bartoli, D,
2, 9).
« Quando s'era nell'anno '30, !'ultimo [di] dell'anno per nnir al primo,
piglio fuoco tutto il palazzo del Commissariato. La stavano (dentro) il commis-
sario, il cassiere, e c'era dentro un attuario ... Brucio tutto: tre di duro il
fuoco. I)
« Cind era anul '30 (treizeci), ultima [zi] a anului pentru a veni la prima,
a luat foc tot palatul Comisariatului. Acolo stăteau înăuntru comisarul, casi-
erul, şi era înăuntru un actuar ... A ars tot: trei zile a durat focul».
82. Le paradigme des pronorns personnels dalmates et roumains:
ego - jo, ju - eu
tu - *to - tn
milri, tibi, sibi - me, te, se - mie, ţie, şie
- mi-, - ţi-, - şi -
me, fr, st - me, te, se - mă, te, se
*nie11e - main - 111i11e
110s, 1.•os - no, vo - noi, 'i.'Oi
noi, vor, - ne, 'i. 1 ă
Un trait caracteristique en est la survi\'ance de la forme hypothetique
latine *mciit' pour me, qui persista <lans l'ancien italien, pour disparaître <le
l'italien moderne; cette forme est de\'enue typique pour le roumain et elle
s'est etenduc aussi sur la deuxiemc et la troisieme personne. Le dalmate 11se
plus frequemment de la forme courte me, ce qui montre qu'il s'agit d'un phe-
nomene archaique en train de disparaître: to non sai per main - tu nou sci
per me - tu 11n eşti pe11tru mine, vin kum main - vieni con mc - vino cu
mine; mais aussi kaina kauk kum me - cena qtti con me - cinea::.ă aici cit
mine. Voici cncore un exemple de Dante, a\'ec sa version roumaine: ti sci
ricordato di mme - ţi-ai amintit de mine. Certains specialistes voient dans-
le -ne de mene une paragoguc, c'est-a-dire l'adjonction d'une syllabe a la
fin d'un mot dans le but de lui renforcer la position et son role dans la phras~;
il s'agirait donc d'un -ne paragogique. D'autres specialistes pensent que la
formf' *m1'11e est issue de mm ( et) 1·pswm, toutefois, la premiere hypothese reste
plus probable 17 •
La presence du pronom personnel precedant la forme verbale semble
obligatoire, de meme qu'en frarn;:ais, alors qu'en italien et en roumain cette
presence est facultative: fu ve dikaia - vi dico - vă zic, 110 te potaia takur .' -
non puoi tacere? - nu poţi tăcea? Ce pronom est meme repris quand une pa-
renthese ou une pause intervient: fu kttn toc kuint ju javlua in veklisun - con;
tutti parlavo in veglioto - cu toţi vorbeam în vegliotă.

17 Rohlfs, Gramm, I, §.336, p. 533; 2, §. iii, p. 164; Dante, Comm. fior, 6, 309.

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La langue dalmate 101

Les pronoms possessifs s'accordent plutOt au systeme italien: niena maia


- madre mia - mamă-mea, la tit niena - tua madre - mamă-ta, la maia
mol' er - mia moglie - muierea mea, tu jrutro - tuo jratello - frate-tu, el su
toota - suo padre - tat-sit.
Les pronoms demonstratifs ont a leur base eccum + ille, iste, comme en
italien et en roumain: kosta mofer - questa moglie - această muiere, kola
jamna - quell' anima - acea inimă, kos jultro - quest' altro - acestălalt, el
jultro - l' altro - celălalt.
Pronoms interrogatifs: ki - chi - cine ( < quem), ko - che - ce.
83. Le systeme des numeraux est proche de l'italien, alors que le rou-
mam a choisi par endroits une autre voie:
1 join - ·uno - unu
2 doi - due - doi
3 tra - tre - trei
4 katro - quattro - patru
5 cenk - cinque - cinci
6 si - sei - şase
7 sapto - sette - şapte
8 guapto - otto - opt
9 nu - nove - nouă
10 dik - dieci - :::ece
11 jonko - undici - unsprc:::ece
12 dotko - dodici - doispre:::ece
13 tretko - tredici - treispre:::ece
14 kuatvarko - quattordici - patrusprezece
15 conko - quindici - cincisprezece
16 setko - sedici - şasesprezece
17 dikisapto - diciassette - şaptesprezece
18 dikido pto - diciotto - optsprezece
19 dikin u - diciamiove - nouăsprezece
20 vene - venti - douăzeci
21 vencejoin - ventuno - douăzeci şi unu
22 vencedoi - ventid1te - douăzeci şi doi
30 tranta - trenta - treizeci
40 kuaranta - quaranta - patruzeci
50 conkuanta - cinquanta - cincizeci
60 sesuanta - sessanta - şese:.eci
70 septuanta - settanta - şaptezeci
80 otuonta - ottanta - optzeci
90 nonuanta - novanta - nouăzeci
100 cant - cento - o sută
1000 mel - mille - o mie < milia
84. Comme l'italien et le roumain, la langue dalmate a tres bien con-
serve Ies quatre conjugaisons latines -are, -ere, -ere, -ire:
cantare - kantur - cantare - cînta(re)
clamare - klamur - chiamare - chema(re)
stare - stur - stare - sta (re)
taliare - tal'ur - tagliare - tăia, tăiere

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1-02 H. :Mihăescu l

cadere (voir CGL, IV, 184, 24) - kadar - cadere - cădea,· cădere
habae ____, avar - avere - avea, avere
videre - vedar - vedere - vedea, vedere
*volere - blar - volere - vrea, vrere
bibcre - bar - bere, bea, bere
coquere - kullro - cuocere - coace(re)
crescere - kraskro - crescere - creşte (re)
'i.!eudere - '/.'tandro - venderc - vinde(re)
coperire - lwpcr - coprire - acopcri(re)
dormire - dor mer - dormire - dormi (re)
smtire - senter - sentire - simţi (re)
venire - vmer - venire - veni(re)
On rcmarque dans le paradigme du present l'infixe-ai-qui manque
en roumain: saltaio - salt, saltai - sal(1', saltaia - saltă. La troisieme per-
sonne de l'imparfait etait saltua - sălta, potua - putea, dekaia - zicea, dor-
mua - dormea.
Exceptee la forme isoleejoit <J11it (en roumainju), la langue dalm;:ite
n'a pas conserve le passe simple de l'indicatif. L'indicatif parfait compose
(lzabere +le participe) est normal en dalm;:ite, iblien et roumain: avaite
vedut - avele veduto - aţi văzut. Cette construction apparaît aussi en albanais.
bulgare ct neogrec (kam p,1, imam vidmo, E"J.W i'.oq.i,evo (l j'ai perdu »). En tenant
compte de cette situation, on ne peut etre d'accord avec P. Skok, qui conside-
rait la .Macedoine « als jenes Gebiet ... wo siCh die erste rumănisch-albanisch­
slavische Symbiose gebildet hatte » 18 . En echange, la langue dalmate s'accorde
seulement avcc l'istriote ct le roumain pour utiliser avar < habere comme
verbe auxiliare des intransitifs: jai venoit - a zi vin.'ow - am venit.
Pour former le futur, la langue dalmate s'est servie du futur II latin
( ca11tavero ·_ kantura); et, pour former le conditionnel, elle a utilise le plus
que parfait latin ( cantaveram - kanturc), tandis que l'italien a adopte le
modele infinitif + habae et le roumain le modele infinitif + volere ou volere
+ infinitif. Voici quelques exemples de futur et de conditionnel ayec leurs
correspondants italiens et roumains: ka11d li vedara, in kola kal kredara -
quando li vedro, allora ci credero - cînd îi voi vedea, atunci voi crede; spiata
-un pank cite venara el tuota - aspetta un po' che vc:rra il babbo - aşteaptă un
pic că va veni tata; se _ial me portuose da bar, ju kantuore -se egli mi portasse
da berc, io canterei - dacă el mi-ar da de bâttt, aş cfota; se _fu vedar praima, ju
te dnre sul col - si avessi visto prima, ti avrei sculacciato - dacă aş Ji vâzut
înainte, ţi-aş Ji dat la wr.
Par comparaison avec la situation propre a la langue roumaine, la for-
mation du futur selon le modele volere + l'infinitif s'avere sporadique, pre-
caire et meme incertaine: ju ti bule ligur - io ti voglio legare (ou io ti leg/zero) -
eu te voi lega; krm blaite duorme kosti soldi? - quando volete darmi questi soldi
(ou mi darete)? - cînd -îmi veţi da aceşti bani?: ju blai bar desmun un pauk di
vw - voglio bere (ou bero) do mani un pa· di vino - voi bea mîine un pic de
vin.
3:i. Les fonnes du participe passe s'accordent d'habitude avec ]es for-
mes corrt'spondantes de l'italien et du roumain, mais elles sont en general plus
archaiques: avoit - avuto - avut. bevuto ou bait - bcvitto - băut ou beat,
18 P. Skok, ZRPh, .54 (1934), p. 181.

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La langue dalmate 103

bloit - voluto - vrut, krepuot (mais aussi krepuata < crepita) - crepato -
- crăpat, kitars - corso - curs, kuat - cotto - copt, dait ou dat - detto - zis,
}oit - sans correspondance italienne - fost « ete », juot - jatto - a. dr„ ar.
fapt, r. făcut, naskort - nato - născut, potaie - potuto - putut, prais - pre-
so - prins, piars - perso ou perduto - pierdut, sentait - scntito - simţit,
stras - stretto - strîns, vedoit - veduto - văzut, venait - venuto - venit.
A rctenir les formes isolecs des verbes en -ao: duome - r. dăm, stuonu -
r. stăm. Le present de blar « vouloir » s'accorde avec le roumain: buai -
voi, blai - vrei, blai - vrea, blaime - vrem, blaite - vreţi, blaia - vreau:
Le present du verbe « etre » correspond au subjonctif latin sim, sis, tandis que
l'italien et le roumain sont arrives a une situation en partie differente: sai-
sono - îs ou - s, saut - set" - eşti, sant - e-e ou este, saime - siamo- sîntcm,
saite - siete - sînteţi, sazmt - sona - sînt. Dans le domaine de la morphologie
du verbe, le dalmate possedc en general des traits conservatifs. Les fonnes du
passe simple et du plus-que-parfait s'accordent generalement avec les forrnes
correspondantes de l'it;ilien et du roumain: foit - ju - ju, joimo ou j11rimo-
jummo - jurăm, foit - jurono - Jură, Juas - jossimo - jusem, j11aste- foste -
juseţi. La forme dalmate foste et celle du participe passe )oit offrent des analo-
gies susceptiblrs de faire mieux comprendre et expliquer la naissance du
participe passe roumain fost (( ete >): am )ost (( j 'ai ete », ai )ost (( tu as ete ».

86. Dans le domainc des particules, il y a des prepositions et des adYer-


bes simples, ccnserves en italirn et en roumain: *anq11c - ank ou anka -
anche - încă, bene - bin - bene - bine, cum - kon ou kun - con - cu, foris
ou joras - jure - fuori ou juora - jără, in - en - in - în, magi·s - m11f -
mai - mai, modo - mut - a. it. mo - en roumain acmu, amu < eccunz modo,
quando - kand ou kuand - quando - cînd, sursum - sois - a.it. suso -
sus, subtus - sate - sotto - subt, ubi - jo - ove - ar. iu; il y a aussi des
prepositions ou des adverbes composes, comme ad densum - adias - adesso -
adesea, de inter - drante - dc11tro - dintre, de post - dapu - dopn - după,
eccum sic - kosaik - cosi - ar. acşi ou dr. aşa; ou avec des correspondants
seulement en itahen: in ante - anine - innanzi - en roumain înainte <
< in ab ante, ne indeniante - niente - en roumain nimica < ne mica. Si
l'on tient compte de l'existence du correspondant roumain altmintrc, l'adYerbe
dalmate _iultramfont < altera mente paraît organique ct authentiquc et non
pas le reflexe de l'italien altramente. On peut naturellement citer des exemples
montrant la langue dalmate qui suit sa propre voie: de ipso mane - desmun
ou dismmz (en italien domani < de mane, en roumain dimineaţa < de mane+
-itia), ercum huc - kauk (en italien qui· < eccum hic, en roumain aC1: < eccum
Ilic), illoc - luk (en italien la <mac, en roumain la < illac ad), per quod -
perko (en italien perche <per quid, en roumain pentru ce <per inter quid),
nescio quod - nosko (en roumain nişte <nescit quid), ad modo - jamo (en
roumain acum ou amu < eccum modo).

87. Dans le domaine de la derivation il y a avait des suffixes productifs,


mais aussi des suffixes tombes en desuetude et devenus sans la moindre force
revelatrice:
-aceus: circinaceus - top. Krknas, jocacea - cr. pogaca;
. -arius: Barbari~ - . top. Bribir, cast!llarius .- t.op. Kaslîr, duplarium -
duplir ~ torche », lapularium - top. Labdir, matricaria - materkir, nitcaria _

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104 H. l\Iihăescu

n1tller <1 noyer », sagmarium - samir. Le suffixe existe egalement da-ns Ies
langues albanaise, roumaine, bulgare, neogrecque et serbocroate 19 ;
-atus: Circinata - top. Krknata, jicatum - jikuat ou jiguot (1 foie •.
jro11diata - cr. jrondzata <1 peche au moyen d'un filet particulier »,}urcata -
cr. _trkata « sorte d'ustensile » 20 , acu.lata - ukljata (Dubrovnik), usata (Krk)
<1 espece de poisson », panata - cr. panăta ou panăda « soupe avec du pain •.
rosiata - rosnota « rugiada »;
-ellus: agnellus - a!!,nial <1 agneau », andlus - anial « anneau », campi-
tellum - top. Kantzjâl (Krk). canapcllus - kanapial <1 corde de chanvre •.
codellus - kodlal <1 rect », wltcllus - kortial <1 couteau », monticellus - top.
Mwz.Cal, pontcllus - top. P1mtiale, quadrelluni - kadmal « brique •;
-colzts: areola - arula «petite aire de battage », linteolum - lcnzul
« drap », manuciolus - manzula « bouquet, gerbe », modiolus - me:::ul <1 verre t
puteolus - top. Pizul;
-etum: bruscetwn - top. Bru8kit (Rab), ca1111ctum top. Kanajt, iuncetum
- top. Sumct (Dubrovnik), lauretum - top. Lo·vret (Split. l'an 1030), more-
tum - top. llfuraj (Krk). nucctum - noclzcdo (Kotor, l'an 1331) 21 ;
-orius: jrixoria - prsura, Jreclzsura (Dubro\"nik, l'an 1336) « une sorte
de gâteau », salitorium - sal'atur montec », versori11m - versaur « versoir •;
- 11-cws. -zttius: amaricztlius - markus « legcrement amer •. calamucea -
cr. kalamuca <1 roseau », platlmcws - cr. pladu6 « planche », salttcea > cr.
saloca 22 ;
-lfl/IS." iitg1tlU11t - zag/O (I COU )), spatftztla - spuala (I echine dorsale t, te-
gula - te/da «tuile». tragula - fraga/a (( reseau, filet I);
-ura: pessu1atura - pcslatofra <1 serrurc •. planura - planoira «plaine t.

L'ordre des mots

88. En ce qui concerne l'ordrc des mots, le dcilmate est plus proche de
}·1talien que du roumain, comme on peut s'en rendre compte d'apres Ies deux
textes SUi\"ants, l'un en prose, l'autre en \"CrS populaires chantes a l'eglise:
El sin' aur Tzme A.delman _fero muart diksapto jailt, la nuat dal jultim
di kamevul: el ju balut fenta le dikionko jaure e dapu el ju zai ncl liat e pauki
minuat dapn la misa11uat el jcro muart.
<1 11 Signor Antonio Adelmann e morto 17 anni [fa], la notte dell'ultimo
[di] di carnevale: ballo fino le 11 ore e poi and6 a letto e pochi minuti dopo la
mczzanotte era morto ».
<1 Domnul Tune Adelman a murit [acum] şaptesprezece ani, în noaptea
ultimei zile de carna\"al: a jucat pînă la orele unsprezece, apoi s-a culcat şi
citeva minute după miezul nopţii era mort » (Bartoli, D 1, p. 7, § 8).
(I In kol muncal gara joina basalka/misa kopiarta e m1'.sa diskopiarta./

Ku jera drante? La niena de Di./De nakle noide la pregua Di./ Pazu de luk
zu fel' zantaiko./ - „Afa niena maia, ko vo foite caiko„ ?/ - „A, fel me,
ne du armo, ne vcll' ajo,/ joina raia rivision de voi ja fato/: kui kuini de judei
ke vi o praiso/ i ve menna da Roge Pilato,/ da Roge Pilato fenta le kilanne;/
18 P. Skok. ZRPh, 50 (1930), p. 484-485; 54 (1934), p. 183-191.
20 larko Mulja~ic, • Godifojak Sarajevo•. 4 ( 1936), p. 106.
zi P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 447-448.
zz Ibidem, p. 209.

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La langue dalmate

da le kilaune jenta le periau.ne./ Al lank de la suonta krauk i v-i11kiodua./ La


vestra santa buka da bar la dimandua/ e kol Jiel e kol akait i ve la intoskua".
Kol jiel e· kol akait jero invelenuot el Sin' aur» (Bartoli, D 2, p. 23, § 29).
« In quel monticello [c'J era una chiesa mezza koperta e mezza [di]
scoperta. Chi [c'J era dentro? La l\fadre di Dio. [A] ginocchia nude [la] pre-
gava Dio. Passo di la il Suo Figliuol Santo. - ·Ma, madre mia, che fa te qui?"
- "Ah, figlio mio, ne dormo, ne veglio, un brutto sogno di voi ho fatto: quei
cani di Giudei che vi hanno preso vi menavano da Erode - Pilato, da Erode
- Pilato fino alle colonne, dalle colonne fino ale prigioni. Al legno delfa santa
croce v'inchiodavano. La vostra santa bocea da bere [la] domandava e col
fiele et coll'aceto ve l'attosicavano". Col fiele e coll'aceto fu avvelenato il
Signore ».
«În cel muncel era o biserică jumătate acoperită, jumătate descoperită.
Cine era înăuntru? Mama Domnului. Cu genunchii goi ea se ruga lui Dumne-
zeu. Trece pe acolo sfîntul ei Fiu. „Dar ce faci aici, mamă?" - „Vai, fiul
meu, nici nu dorm, nici nu veghez, rău vis am avut despre tine: acei cîini de
iudei, care te-au prins, te mînau la Irod-Pilat, de la Irod-Pilat la coloane, de
la coloane la închisoare. De lemnul sfintei cruci te pironeau. Gura ta sfîntă
cerea de băut, ei cu fiere şi cu oţet o intoxicau". Cu fiere şi cu oţet era înveninat
Domnul».
Note. Dans le dialogue de la mere avec son fils l'usage du pluriel de poli-
tesse semblerait insolite en roumain: c'est ce qui explique la traduction de
foite par jaci au lieu defaceţi, vi par te au lieu de vă, vestra par ta au lieu de
voastră. A relever Ies correspondances latino-roumaines: eccum ille monticellus
- cel muncel, *di"midietate (= medietate) - jumătate, 1:n ad intro - înăuntru,
per - pe, eccum illoc - aclo, acolo; ad bibere (< a boire I) - de băut, forme du
supin, moyen usuel en roumain pour rendre l'infinitif latin; acetum - oţet
(le mot latin est d'abord passe en slave et du slave en roumain).

Le lexique
Les mots Ies plus usuels

89. Il y avait un lexique stable et resistant, mais il y avait aussi un le-


xique thangeant et caduque, selon Ies exigences de chaque epoque historique.
Le premier formait le fonds lexical principal de la langue, son noyau: il ne
pouvait disparaître qu'avec la mort du dernier dalmatophone. Dans ce fonds
entraient des mots tres usuels, plus de deux cents d'apres Ies debris de nos
informations; ces mots avaient des correspondants dans toutes Ies autres
langues romanes. En voici Ies categories Ies plus importantes:
a) Ies parties du corps: anima - jamna « âme » (en roumain inimă
« cceur »), auricula - orakla « oreille », barba - buarba « barbe », brachium -
braz, bras «bras», bucea - buka «bouche » (en roumain bucă « joue, fesse »),
caput - kup «tete», caro, -nis - kuarne « chair », coda - kuda « queue »,
costa - kuasta « cOte », coxa - kovsa, kopsa <c cuisse », crescere - kraskro « croî-
tre I), CUlUS- COl (<CU!)), dens, -tis-dfante (C dent », digitus-defko (< doigt >), dOS-
SUm - duas <c dos», jicatum - jecuat « foie », genucula - denacle « genoux »,
gula - gaula « gorge, gosier » (en roumain gură « bouche »), lingua - langa
« langue », manus - mun <c main », nasus - nuos « nez », oculus - vaklo <c ceil &,

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106 H. Mihăescu

OSSZtnt - VUaS «OS•, pecten - piakno (I peigne, crete t, petlis - pial (I peau t,
pilus - pail « cheveu, poil t, sanguis - suang « sang t, sudore - suddur «su-
eur •, uiigula - jongla « ongle •, vena - vaina « veine •, ventcr - viantro « ven.-
tre •. vox - b,md, vuas « voix •;
b) actions, mouvements, etats: abscondcre - askondro « cacher, dissimu-
ler •. arare - antr « labourer t, ardere - ardar « bniler », bibere - bar« boire t,
cacare - kakztor « chier •. cadere - kadar « tomber », cantare - ka11t1wr « chan-
ter •. ceiiare - kenztr « diner •. clamare - klamuar « appeler, inviter t, consuere
- kosir «coudre ». cooperire - koper « couvrir », coqucre - kukro - « cuire t,
credere - kredro <1 croire•. crepare - l?repur <1 crcver », currere - kuar «courir t,
dare - duor « donner, remettrc 1>, dolae - dolar « a\·oir mal, resscntir une
douleur •• dormire - dormer (I dormir », cxwtere - skutro (( tirer, oter, faire
sortir », facere - fztr « faire »„ frigere - fregur « r6tir, bniler », habere - avar
<i avoir •, implcrt - cmplar « emplir, remplir », lcvare - levur « lc\·cr • (en rou-
main lua « prendre, enlc\·er •). manducare - m,rncuor « manger », morire -
morer « mourir •, pacare - pakur « payer », pasare - pasl?ro <« paitre •. pcr-
derc - piarder « perdre •. placere - plakar « plairc », plangere - ptwigre «pleu-
r..;r •, prehendere - prmdar <c prcndre •, ridere - redra « rirc •. saltare - saltuar
« sauter », sentire - senter « s·~ntir », siccare - sc.~nor <1sechcr t, sonare - so-
mtor « sonner t, tace re - takur « tai re •, ta/iar,· - tal' uor « tailler •. tenere -
tmar « tenir •. tonare - tonur « tonner •. traherc - truar « tirer, traîner •. ven-
dt'rt' - vandro <1 vcndre •. venire - vener « venir », vestire - vester « vetir », vi-
derc - 1xdar <1 voir »;
c) adjectifs. pronoms, numeraux, adverbes, particules: ad - a « a•,
albus - in..ilb «blanc•, alter - j1tltro <1 autre •. bellus - bial <c beau•. bene -
bin (( hie1i •. cinque - cionco « cinq », crndus - I.roit« cru •. cum - ku1t « avec •.
det«'m - dik (l dix •. diratus - drat « droit •. dulcis - dolk « doux •, du-0 - doi
<c dcux », ego - .iu « je, moi•. Joras (joris) - .f nrt' u dehors », grossus - gros
((gros•. i"nteger - intrill <1 entier •. longus - luang, <( long •. magis - mui «par-
fois, aun momenttdonne •• maturus - matuor (!mur•. ma?'or - mauro (I grand.
meu:; - majo <« mon », miile - mel, mil <r millc », mortuus - muart <«mort•,
11011 - naun ou na <(non», nos - iwi « nous », noster - nuester <« notre t, no-
vmt - nn <( neuf ». novus - nn <« ncuf •. octo - guapto <(huit•. plmus - plain
<t pl~in », qualis - ll,1l <1 quel », quando - k.md <( quand », qua1itus - kont « com-
bien », quattuor - kuatro <( quatrc.· », qui (quem) - li <« qui », quod - ko <« que •,
sa11ct11s - swwt, sut <( saint •. se - se «se», septem - sapto <(sept», sex - si
<1 six », singulus - sanglo <(seul», s11s1mt - sois <c haut, cn haut », tres - tra
< trois », tuus - to « ton », ubi - jo <(ou>), wrns - join <(un », voster - vestro
1

<1 votre », veclus - vie/do <( vieux, ancicn ~. viginti - vene <( vingt », vivus -
vei <1 vivant »;
d) na ture. metaux, temps: annus - jan, jaln «an•. aqua - jakua «eau »,
ar:;mtwn - argant <( argent ~. aztrum - jaur <(or», celztnt - cil <( ciel », cam-
pusl- kuomp « champ >), jerrum - jiar <«fer•. focus - juk <( feu », folia -
fual' « feuilles », glacics - glas « glace », herba-jarba <( herbe », hora - jaura
(I heUfe », loC/tS - luk «lÎeU t, luna - loina (!lune I), 111,QYC - tnUr ((mer I), men-
SiS - mais <1 mois •>, mons, -tis - nmant «mont», nix, nivis - nai « neige •>,
nox, noctis - nuat <( nuit •. petra - pi·tra <i pierre •>, pulvis - pulvro « poussie-
re », putez.ts - puas « puits •. radius - ruaz « rayon •. ripa - raipa <« rive »,
sol - saul <( soleil •>, terra - tjara « terre •, unda - jonda <( onde », ventus -
viant {! vent I);

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La langue dalmate 107

; e) parente, relations sociales: amicus - anzazk « ami », cognatus - kom-


nut « beau-frere », consobrinus - kosobrain « cousin », filius - jeil «fils », jra-
ter -.jrutro, jrietro <1 frere », matrea - matrafa « marâtre », mulier - mul' er
« fomine, epouse », nepta - niapta « niece, petite-fille », nova nupta - ninapta
• mariee », socer - sokro «beau-pere», soror, -oris - saur, serciur <1 sreur »,
tata·_:_· tuota «pere», ·vicinus - vicain « voisin »;
f) autres domaines, divers: aws - fuak « aiguille », anellus - agnfol
»,
« anneau, bague canis - kuon « chien », capra - kiiobra « chevre », casa -
kuosa, ke::a (< maison », cera - kair[J « cire », civi'tas, -atis - cituot (<cite»,
clavis· - kluj «de», crux, ._cis - krauk «croi;.:», jarina - jaraina « farine »,
jel -jiel < fiel », Jormi'ca - jormaika « fourm1 », gallina - galaina « poule »,
1

homo~ jomiio « hornrne », iocus - fitk (( jeu », iugum - zauk (< joug », lacte -
luat <i lait », lana - U-w11a « laine », hg11um - lank <1 bois », mel - mil «miel»,
mensa - maisa «table», mors, -tis - muart «mort», nomcn - nmn « nom »
ov11m __:_ juv « reuf », pam·s - pun« pain ». piscis - pask « poisson », pons, -tis~
puant <c pont», porcus - puark «porc», pulex, -fris - pulko « puce », saccus -
ak « sac», sal - sual « sel », sitis - sait « soif ».
90. Au pole opposc, il y a Ies rares de!'cendants rornans, conserves uni-
quement en dalmate, ou egalement en quelques autres parlers isoles: ils sont
le resultat de certaines conditions typiques au littoral adriatique ou bien le
fait du hasard. Toutefois, ces terrnes peuvent definir dans une certaine mesure
la position de la langue dalmate au sein des autres langues rornanes et digncs,
a ce titre, d'etre pris en discussion:
ad accensum - cr. dokes « peche de nuit, avec une larnpe ou un autre
moyen d'illumination » (Dubrovnik) 23 ;
ad modo - famo <c encore » (en rournain: eccum modo - acmu, amu),
cf. modo - mut ~< maintenant »;
amaricutius - markus <c legerement amer », issu de amarus +-ic-+
+ -utius; l'infixe -ic- est entre dans la composition de quantite de verbes
conserves par le rournain ou d'autres langues romanes: albicare - it. albicare
« blanchir », amaricare - it. amaricare <1 rendre amer », caballicare - r. încă­
leca, it. cavalcare « chevaucher », etc.;
aeramentea - cr. romijenca <c vase d'airain pour conserver l'eau » 24 cf.
pour la derivation bitumen - bitumentum <c asphalte, bitume », *j>Ulmen -
pulmentum «bouillie I), rustum - rusteum « murier >);
amorocus - morauk « amoureux », fem. morauka ou murauka;
brisata - cr. brsata « lie de vin, mucor vini», sens collectif, cf. alb.
berst 25 ;
·constratum - kostrat <c planches » (Bartoli, D, 2, p. 294);
corneolarius - korlir <c cornouiller »: lank de korlir <c bois de cornouillrr 1>,
en roumain lemn de corn;
expetrare - spetrar, spetrur «lever ou Oter des pierres 1>, en roumain
scoate pietre;
extemptare - stentur «travailler », it. stentare, engad. stenter « s'efforcer,
se donner de la peine 1>;

2a. P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 523.


24 P. Skok, Pom.i Yib. te1'm., p. 94.
2& P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 518.

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t08 H. Mihăescu

Jragellum - jrazial, jre::ial <« fleau • consern~ aussi dans les parlers d'Ita-
lie septentrionale;
*hirundina - rondafaa « hirondelle •, en roumain rîttdmtea < *hirun-
dinella;
manuciolttm - man:uol, maw:ula «petit bouquet, gerbe t, r. mănunchi <
< manuculus, a. it. manoccl1io « bouquet, gerbe •;
passerinus - pasarain « oiseau, toute sortc d'oiseaux »;
sub umbrivam - sombreja <c ombrc », cf. a. it. ombria, frioul mnbrie;
*fragina - tragwt « espece de filet », traginale - dreknul « ficelle pour
pecher lcs polypes », cf. r. trăgăna < *traginare <c trainer, tirer en longueur •;
V11lca11us - cr. bulf,can « tapage, desordre •. cf. a. genois borcltan « en-
fer » 26 •
Dans la serie des mots enumeres ci-dcssus. on remarqucra la presence
des suffixcs -arius, -atus, -allum, -inus, -occus, -olu.s et -utius, ainsi que celle
du prefixe ex- et de quelques syntagmes composes avec ad ou avec sub. Nous
a\·ons affaire, par consequent, a des moyens et des procedcs gcneralement cm-
ployes, qui ont conduit cependant a des resultats locaux, relatifs limites,
rnais specifiques quand memc.

Ichtyologie

91. La pcche representait une activite principale pour la population


romane de Dalmatic: il est a presumer donc quc cc domaine d'activitc devait
donner licu a une terminologie relatin·ment riche et originale - depuis long-
tcmps deja l'intc'-ret des specialistcs s'est tourne de ce cote-la . .Malheurcuse-
rnent, la cncorc Ies rcnseignements sont rares, sporadiqucs. La connaissance
des realitl:·s concretcs, considerees sur place, est une condition indispensable
tant pour cc qui est de l'etude des origines, qu'C'n cc qui concerne la situation
actuelle de la terminologie piscicole, car lorsqu'il s'agit de preciser un etyrnon
il convient de compter non seulcmcnt avec lcs sons, mais aussi avec leur signi-
fication. A cet egartl, Kurt lhldinger citait les paroles de Hugo Schuchardt:
« \Vir lăchcln iiber die Etymologicn friihcrer Zeit, welche in Hinsicht auf das
Lautlichc sich jcde Art von Aehnlichkeit als beweiskrăftig gcnilgen lasse;
ahcr wir nrfahren heutzutagc in Hinsicht auf das Bcgriffliche kaum besser t> 27 •
L'application des principes et des methodcs preconises par la revue <« Worter
und Sachen » demeure obliga toi re: c'est a juste titre que l'un de ses dirccteurs-
fondateurs affirmait que sans la science de l'objet, la science du nom est im-
possible (<c ohne Sachwisscnschaft keine Sprachwissenschaft „) 28 •
Le noru tl'une espece de poisson de la famillc des percidae, connu d'abord
par les Grecs (izspvx) et ensuite par les Romains sous les variantes acerna
et acemia (Serra1111s gigas), a laisse des traces dans Ies parlers slaves de la

~ 6 M. Deanovic, BSLP, J9 ( 1938). p. 31.


s7 K. Baldinger, L'itymologie hier et aujourd'liui, e Cahiers de l'Association Interna-
tionale des Etudes Franc;:aises t, 11 ( 1959), chez: Vojmir Vinja, Romanica et Dalmatica dans
le premier diction11aire etymologique croate 011 serbe, SRAZ, 33-36 (1972-1973), p. 547-571,
37 (1974), p. 149-185.
2
~ R. Meringer, IF, 19 ( 1906), p. 457.

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La langue dalmate 109

ctite dalmate:. kiernja (Kotor), ktjema (Dubrovnik, Lopud), kîrnja, kern(j) a


{Split). Puis, le mot passa des Slaves chez Ies Italiens: chierna 29 •
Bon nombre de variantes ont ete leguees par a1tguilla ( Angu,illa vulga-
ris): angula, angulja, jangulja, jegulja, anguja etc. Ce nom est parvenu chez
Ies Slaves par le truchement de la population dalmatophone 30 •
La diphtongaison de l' a constitue unc preuve que Ies variantcs dalmates
Jastog, jastok, jastrog sont nees dans le domaine de la langue dalmate a partir
du latin astacus ( Palinurz4s vulgaris), alors que Ies variantes croates jâstog
(îles de Lopud et de Korcula) et jâstrog (Bofava) ne sont que de simples em-
prunts 31 .
Un poisson dore (Chrysophrys aurata) a laisse des traces dans l'île de
Krk-Veglia (ourata, oruota), ainsi, d'ailleurs, que dans Ies parlers slaves de
la cote dalmate: ovrata (Lopud), obrata, ovratica (Dubro\'11ik) 32 •
Les reflets de cephalus (Mugil chcpltalus) a Krk et Bofava ( 6ijol, gen.
cijla) sont nes par l'intermediaire de la langue dalmate 33 .
Deux variantes latines ( clypea, clipea) ont laisse des traccs cn croate:
kobla et cep( a) ( Alosa vulgaris). Le phonetisme kubiil de l'albanais renvoie a
une forme latine *cuplea. 11 y a, donc, des degres successifs de l'accession du
Sud vers le Nord: deux exemples de conservatisme (la persistance de p et de
u) et deux exemples d'innovations irrad1ees du nord-onest (la sonorisation
de p et la palatisation de c suivi de e) 34 •
On retrouve trois variantes pour l'espece de poisson Muraena conger:
conger. gongrus - it. congro, gongro et grong11s - it. grongo, cr. grftg, gruj.
Cette diversite represente l'un des traits caracteristiques de l'aire linguistique
de l'Adriatique 35. ·
Le poisson « a jabot t ( Atherina moc hon) devait probablement etre
nomme cn latin *gabo, *gabonis, si l'on juge d'apres le croate gavun (gen.
gav1/na), atteste dans l'île de Lopud. A la base du derive latin se trouvait le
mot *gaba, conserve dans certains parlers frarn;ais (gave, gav, gej) 36 .
Generalement connu non seulement en Adriatique, mais dans toute la
Mediterranee aussi, etait le poisson «a moustache » (Smaris vulgaris), le
« breme »: le latin gerros devait persister en croate (gera), venitien et ancien
frarn;ais 37 .
Un derive en -uceus du nom du «porcelet » gobius persista, isole, dans
le parler croate de l'île de Lopud: glâvoe, gen. glav6Ca 38 •
La sonorisation de c intervocalique dans le terme croate oliga (Clupea
papalina, Aetherina mochon), provenant du latin halex, haliâs, avec la trans-
formation du a en o, a du avoir lieu dans la langue qui l'emprunta 39 •
29 M. Bartoli, D, 2, p. 293; P. Skok, Poni.i rib. tenn„ 45; M. Dcanovic, ARID, J

(1954), p. 161.
30 M. Bartoli, D, 2, p. 170 et 287; M. Deano·1ic, ARID, 3 (1954), p. 160.
81 M. Bartoli, D, 2, p. 291; M. Deanovic, ARID, 3 (1954). p. 160.
3 Z M. Bartoli, D, 1, p. 210 et 297; P. Skok, Pom.i rib. term. p. 49; M. Deanovic,
ARID, 3 ( 1954). p. 165.
3 3 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 207.
34 M. Bartoli, D, 2, p. 293.
86 M. Bartoli, D, 2, p. 186 et 291; P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 524; M. Deanovi6,
ARID, 3 (1954), p. 159.
86 REW, 3623; M. Deanovic, ARID, 31 (1954), p. 158.
87 M. Deanovic, ARID 3 (1954), p. 158.
38 Ibidem.
39 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 206.

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1.10 Ji. Mihăescu

Le nom de la perche, que le latin a herite du grec (labrax, [abracis) ~


devait persister dans Ies îles de Lopud (lombrak, gen. lombrdka) et de 1,orcula
(lumbrak, gen. lumbrdka) 40 • ·
Pom lacerta (Scombcr colias), Ies resultats sont differents: cr. lokarcf,a
dans l'ile de Lopud (avec un c velaire) et lacar dans Ie parler dalmate de Krk
(Veglia); meme chose dans le cas du luci11s « brochet »: luc et luc 41 •
Un traitement phonetique particulier se presente aussi dans le cas de
merula (Labms meru/a): a Raguse (DubroYnik), le cr. mijerula, dans l'île
de Krk (Vegli8) miar/a 42 •
Deux ,·ariantes ont ete formees a partir d'oc(u)lat'l (Spams 11ulan•1Tus),
a savoiL ttkljata (DubroYnik) ct usata (Krk, Korcula). Selon Pctar Skok, la
seconde Yariante s' expliquerait par la propension des anciens Dalma tes de
cbangcr le groupe el L'D sse: un hypothetique *osseata aurait donne usata,
tout comme Sanct11s Cassia11us > Sukosan 43 •
Sur Ies trois variantes de perca (Serranus scr1'ba): pjerka (DubroYnik),
perka (Kotor) et ptrka (Split), la demiere est celle qui rdlete le moins l'holu-
tion de la langue dalmate.
Le nom de la Lremc, sargus (Sargus Rondeletii) a laisse des traces dans
le vieux dalmate des XIV"-XVe siecles de Ragusc (sarak, sarag, 5arag),
ainsi que dans l'ile de Lopud: cr. sârak, gen. sdrga, pl. sârgi, sarăga 44 .
Le nom du poisson scrranus, «le poisson scie », a donne licu au mot
sfrun (Dubrovnik). peut-etre sous l'influence du suffixe -one 45 .
Originaire du grec -:~ciyo~ « bouc», le derive latin *tragult!s se trouve
a la base du nom croate trâgaj ou trâgja (Maena vulgaris) 46 .
Le nom du poisson tunnus (Scomber thynnus) deYait persister a Du-
broYnik c:t a Split(tunj). ainsi que dans l'île de Krk ou Veglici (tuna).
La liste de la terminologic piscicole de l'îlc de Lopud dressee par M.
DeanoYic comporte 342 termes: 5 grecs, 47 la tins, 80 Yenitiens et le reste ita-
liens 47 • Bien qu'on ne puisse considerer absolument tous Ies termes de cette
liste comme indiscutables, il convicnt de retenir pour son ensemble tant la
ricbesse de la terminologie, que I influence tres forte de l'italien. C'est que
la coucbe d'originc latine a etc superpose sans ccsse de couches successives
d'influencC's italiennes, a un tel point et avec une si grande variete qu'il de-
vient rien moins que facile de preciser l'ampleur et l'intensite de la culture
romaine dans l'antique Dalmatie. En 1933, Petar Skok affirmait: «Dans au-
cun dornaine de la culture natre terminologie adriatique ne marque une si
forte influcnce romane que dans la terminologie piscicole et m8ritime » 48.
M. Resctar, en rendant compte de l'ouvrage de Skok concluait que Ies Slaves

40 M. Deanovic, AHID, 3 (1954), p. 163.


41 P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 508.
u P. Skok, Pom. i t'ib. tet'm„ p. !50.
43 Ibidem '48; M. Deanovic, AHID, 3 (1954), p. 174.
44 M. Bartoli, D, 2, p. 300; M. Deanovic, AHID, 3 (1954), p. 173.

o P. Skok, ZRPh, 50 (1930), p. 527 •


. u M. :Deanovic, AHID. 3 (1954), p. 173.
47 M. Deanovic, Pomorski i t'ibat'ski nazivi rornanskog porijekla na Lopudu. Nomen~
clatura marinaresca e peschereocia di origine :neolatina all'isola Lopud, AHID, 3 ( 1954), p. 149-
179. .
48 P. Skok, Pom.i rib. term„ p. 89.
,,

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La langue ~lma te 111

une fois entres dans la sphere de la culture mediterraneenne ont rapide-


rnen t re9u et adopte la terminologie creee par Ies Grecs, Ies Romains et Ies
I taliens 49 •

Edifices, fortifications, art militaire, routes

92. La population romanisee de la cote et des îles habitait surtout des


villes, pratiquait la navigation, s'adonnait au commerce et voyageait sur terre
et sur mer. Jusqu'a quel point ces activites ont marque la langue et la topo-
nymie, Ies recherches de Petar Skok le montrent tout particulierement. La
pierre en tant que materie! de construction abondait et le uesoin de s'assurer
un abri contre Ies attaques des pirates devait rendre necessaire l'edification
de fortifications et de citadelles puissantes. A l'epoque antique, !'element
m.ilitaire faisait presque defaut; plus tard, il allait SC borner a la defense des
murailles d'enceinte, a assurer la securite des voies maritimes et a la construc-
tion des arteres routieres par Ies moyens du cru. A la difference de la langue
roumaine, qui s'est developpee dans d'autres circonstanccs concretes, le dal-
mate a conserve Ies traces de mots tels castellum, castellare, cas:ellio. Une
-contree de la Dalmatie actuelle, au nord de Split, porte le nom de Kastella:
elle s'etale vers le nord-ouest sur une longuer de 20 km entrc Kastelanski
Zaljev au sud, Ies collines de Trnoscak {472 m), Labinstica (701 m), Opor
.(602 m) ct Korjak (780 m) au nord et Krban (144 m) a l'ouest, abritant environ
20.000 habitants et comptant sept châteaux antiques (Stafilic, Novi, Stari,
Laksic, Kambelovac, Gomilica et Sucurac). Un village du departement de
Krajina porte le nom de Kostol, dans l'île de Brac on releve un Kostîlo, dans
celle de Hvar, il y a Z.-ikastil 50 • Le toponyme Kosljun-castellionem se retrouve
frequemment sur la câte dalrn;Jte, ainsi que dans Ies îles, par exemple dans
cclles de Krk (Veglia), Pag, Rab et IZ 51 .
Fossatum devait persister avec le sens de «fossc, trou », et non en tant,
que terme militaire, comrne ce fut le cas pour le grec et le roumain: cr. pasat
le « fosse de Pile» a Raguse. De civitas le sens conserve fut celui de « rhâteau-
fort, citadelle », de meme qu'en roumain (cetate), mais aussi celui ele« cite,
uni te administrative >): cituot' top. cavtat < civitatem, toponyme qui s' est
substitue a l'antique nom d'Epidaurus, que Ies Italiens devaient appeler
plus tard Ragusa Vecchia. En revanche, spatlta-spuota ou sputa garda son
sens ancien d'« epee )), alors qu'en roumain le mot a fini, le temps aidant,
par perdre ce sens-Ia, de nos jours n'ayant que le sens de« vVeberblatt » (spată)
et celui d'« omoplate, epaule »(spate). De meme qu'en roumain, punga (ter-
me atteste chez Ies strateges byzantins) sortit de la sphere des activites mili-
taires, pour passer dans celle du commerce: en roumain, il y a un heritage du
latin de bas-epoque par le truchement de Byzance (pungă), cependant qu'en
49 M. Re§etar, IF, 12 (1933), p. 284-287; pour l'enscmble de l'ichtyologie dalmate,
voir surtout V. Vinja. Contribtttions dalmates au REW, RLiR, 21 ( 1957), p. 249-269; Nou-
-velles contributfons au o Romanisches Etym?logischer Worterbuch •de W. Meyer-Labke, SRAZ.
7 (1959), p. 17-34; Notes ichtyologiques dalmates, SRAZ, 9-10 (1960), p. 14.9-161.
io M. Hraste, HDZ, 1 (1956), p. 352 et 370.
61 P. Skok, Slav. i Rom., p. 27, 58 et 70.

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112 H. l\lihăescu

dalmate, au XIVe siecle a Dubrovnik ( ponclza) on releve une influence veni-


tienne 52 •
"Un temoignage de la persistance de la vie urbaine est fourni par la
sun-ivance du terme platea-plasa «place publique », qui en roumain s'est perdu.
Les Croates ont adopte du dalmate leur terme plâca, en tant qu'element de
langue docte, alors que le terme vulgaire de placa vient du latin 53 . Le latin
murus <(mur, paroi» devait se rnaintenir dans l'île de Veglia (mor, mir),
ainsi que dans le dialecte aroumain (mur). II passa aussi chez Ies Slaws.
(cr. mîr, avec Ies deri,·es mîrina, omirje et le top. J1.irca: ce dernier est un dirni-
nutif sbvc de mîr, d'origine latine 54 •
Tous Ies peuples romans, a l'exception des Roumains, ont herite du
mot strat a: son sens etait de «mute pavee, chaussee », contrairernent a ria
«mute ordinaire ». Au terme dalmcite de stniota correspond en roumain le
mot drum, d'origine byzantine (opoµ0<;). Par contre, callis <( scntier » devait
persister aussi bien en dalmate, dans l'ilc de Veglia (kal), qu'en roumain
(calc). En dalmate, le mot a aussi le sens de <( fois »:joina lwl, « une fois •,
kalko !Ml <( quclquefois » 1·11 ko!a kal <( cette fois, alors », tuo11te kal <~ tant de
fois ».
En dalmate, le latin pons, -tis de\·ait garder son sens initial (puant,
punt), cependant qu'cn roumain il a pris le sens de ~ passerelle, petit pont t,
vraisemhlablement a cause des nombreux petits cours d'eau arrosant Ies
contrees habitees par Ies ancetres des Roumains. Le cannot ne rnanquait
pas lui non plus, commc en temoigne le syntagrne a se face luntre şi punte
« faire tout le possiblc, remucr ciel et terre, se mettre en quatre ». Le diminu-
tif pontcllus a persiste dans deux toponymes de I'ile de Krk (Veglia): Punt' ale,
Puncalica 55 •
Pour Ies terrains accidentes du pays dalmate, la bete de traction par
exccllence etait la mule: c'est clle qui portait le bât, sagmarium, terme con-
serve dans tous Ies pays romans (en dalmate, il y avait Ies variantes samurp
samir et somuor). Generalement, le bât etait charge des provisions alimentaires,
destinees a l'homme et a la bete ( merenda), designees par un terme que
toutes Ies langues romanes ont conserve (dans le dalmate de Vegiia: mari-
anda).

Choix des mots


93. Certains termes n'ont survecu ni en dalmate, ni en roumain, etant
remplaccs par des synonymes, des termes de substrat ou des emprunts d'une
date plus recente, d'originc germaniquc dans I'ouest, slave dans I'est. Le
phenomene deborde I'aire linguistique sud-est europeenne pour devenir une
question de linguistique generale. Chaque Iangue romane devait selectionner
a sa maniere son lexique, conformement a ses traditions, a ses besoins et a
ses propres aspirations. II y a des mots gui s'usent avec le temps, ils commen-
cent par perdre des syllabes, sont fortement concurrences par d'autres mots,
62 iarko Mulja~ic, Etimologijske i leksikologijske biljeske, t Godi§njak Sarajevo t, 4 ( 1960),
p. 110.
63 P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 480.
M P. Skok, dans Melanges de linguistique offerts a Albert Dauzal„ Paris, 1951, p. 302.
66 P. Skok, AGllt, 24 ( 1930), p. 42-43.

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La langue dalmate 113'

ils agonisent et finissent par disparaître completement. Le couple semantique


magnus-parvus disparaît en dalmate et en roumain. remplace par mauro <ma-
iorem- pedlo < *picculum, respectivement mare < marem - pic < *pikk ou
mic <mica. Ni le synonyme grandis n'a pas joui d'un sort meilleur dans le
Sud-Est de l'Europe. Pour antiqttus, nous avons vetranus en dalmate (vitrun)
et en roumain (bătrîn). Avi·s « oiseau »est demeure tcut-a-fait isole, etant con-
currence par passer (r. pasăre, d. paserain < passerinus « toute sorte d'oi-
seaux »). Frigidus resista en Occident, mais Ies termes d. ghelut (gheluot) et r.
degerat sont fondes sur des derives de gelu.
Des resultats identiques se retrouvent dans certains cas en d8lmate
et en roumain:
anxia « anxiete, inquietude », d. taima, r. teamă, it. tema, cf. timere;
appellare « appeler », d. klamuor, klamur, r. chema( re), it. chiamare;
aridus «aride, sec», d. sot, r. supt < exsuctus, it. asciutto;
brevis « court », d. kuart < curtus, r. scurt < excurtus, it. (s)corto;
caecus « aveugle », d. uarb, vuarb, r. orb < orbus, it. orbo;
camminus « chemin », d. kal, r. cale < callis, it. calle;
crinis <c cheveu », d. kapi < capilli, pail, r. păr < pilus, it. pelo;
ebrius « ivre », d. bait, r. beat < bibitus, esp. beodo;
ignis <i feu », d. fuk, r. foc <focus, it. fuoco;
lapis <c pierre », d. pitra, r. piatră < petra, it. pietra;
molere <c moudre », d. maknur, r. măcina < machinare, it. macinare;
mus, muris « souri », d. surko, r. şoarece < soricem, it. sorcio;
pater (C pere I), d. tuota, f. tată <tata, Ît. merid. tata, esp. tata;
satulltts <c rassasie », d. satoil, r. sătul, it. satollo;
singulus <c seul», d. sanglo, r. singur, a. fr. saugle;
udus « trempe, mouille, humide », d. joit, r. ud.
A part le dernier exemple donne ci-dessus, pour tous Ies autres nous-
avons cite des termes utilises egalement en Occident: il ne saurait donc etre
question d'une evolution locale, mais bien de phenomenes couvrant un espace
plus vaste. Du reste, udus non plus n'est un mot isole.
Dans quelques cas, Ies lan'gues dalm~te et roumaine ont procede a des
Se}ectiOnS Similaires: albus (C blanc)), d. jualb, f. alb, alOfS que l'italien bia11C0·
represente une innovation germanique qui ne toucha pas la Dalmatie; niensa
<c table», d. maisa, r. masă, mais en espagnol mesa; reus <c debiteur », d. ri,
r. rău« mauvais », en italien aussi rio « mauvais ». La encore on ne peut con-
stater une evolution cornmune uniquement limitee aux langues dalmate et
roumaine. Generalement, le dalmate se montre plus conservateur par rapport,
au roumain qui a innove dans une plus large mesure: cultellus <c couteau »,
d. kortial, it. coltello, r. cuţit < cotitus <c outil aiguise sur la queux »; medius
« moyen », d. mesu < *mesus, r. miez < medius, it. mezzo; nidus <c nid », d.
naid, r. cuib < *cubium « endroit pour la ponte»; obscurits «obscur», d. scor,
r. întunecat < intenebricatus; pes, pedis <c pied », d. pi, pic, r. picior < pecio-
lus; sibilare <c siffler », d. sublar < *subilare, r. şuiera < sibilare; sputum <c cra-
chat, salive», d. spoit, it. sputo, r. stupit < *stupitum; tarde, tardi <c tard », d.
tierc, r. tîrziu < *tardivus.
A lavorare, en dalmate correspond stentur < extemptare, en rournain:
lucra <lucrare <c gagner, tirer profit» ou munci, d'origine slave, avec le sens.
de <c tourmenter, torturer », tout comme le franc;ais travaiiler < *tripaliare,
ne de tripalium (C instrument de torture COnStÎtue par tTOÎS pÎeUX OU poteaUX I);

8-o. 842
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114 H. Mihlescu

Ccrtams termes qui ont persiste en dalmate, se trouvent remplaces en rou-


main par des termes d'origine slave: carus <c cher •, d. ktlor, r. scump ou drag;
„,
nudus «nu d. noid, r. gol. L'adjectif dives « riche t a fait place en dalmate
a un germanisme (rek) et en roumain a un slavisme (bogat). Verbum ne de-
vait pas survivre: le dalmate a choisi parabola ( paraula), cependant que le
roumain a prefere un synonyme d'origine slave (vorbă).
94. Les deux. langues ont conserve basilica. De l'avis de M. Bartoli,
le terme serait anterieur a celui d'ecclesia: il serait ne en Afrique, rayonnant
ensuite en Sardaigne, Albanie, Raguse et Veglia, mais a une epoque relative-
ment tardive. L'histoire de basilica dans le sens d'aedes sacra sera reprise
ulterieurement a partir d'un vaste materiel concluant par P. Aebischer, qui
s'cst appliqye a une etudc approfondie des tex.tes antiques, des documents
du ~Ioyen Age, ainsi que des citlas linguistiques ct de la toponymie, pour
aboutir a unc serie de conclusions comme suit. Le terme basilica dans le sens
d'« eglisc » est atteste tout d'abord en Afrique, en l'an 314, alors qu'ecclesia
est attcstee cn Sicile en l'an 330. Pendant un certain temps, Ies deux mots
ont circule cnsemhle, avec la meme valeur semantique dans la totalite de
l'Empirc romain et avec, pour point de dcpart, la capitale imperiale. Mais
basilica fnt sans cesse concurrcnce par cclesia (vulgaireJ et ecclesia (docte), de
sortc quc le mat ne pourra persister en tant qu'appeUatif dans Ies langues
romanes quc lorsqu'il s'agit des zones peripheriques de l'Empire (Dacie,
Dalmat ie, Rethie et, comme un emprunt du latin, en Irlandc), tout en lais-
sant d·~s traces, neanmoins, dans la toponymic en Italic, Suisse, France
(cxceptant la Provence), Espagne et Portug<il. Eclesia et ecclesia devaient
triomphcr grâce a l'appui de l'autorite centrale de l'Eglise, qui a adopte le
terme d' ccclcsia abandonnant peu a peu basilica, toutefois, ce dernier terme
allait persister dans les documents jusqu'au VIII" siecle en !talie meridionale
et jusqn'au X 0 siecle en !talie du Nord. Alors que dans le sud de l'Italie s'est
impose le mot l'cclcsia, d'origine savante, dans le nord s'est cclesia qui a triom-
phc, empmnt par voie orale du grec. En albanais, venant d'Italie meridionale,
dcvait penetrer la forme ecclisia, dont est ne le terme de klishe, devenu en-
suite llish;J, q1'.she. A l'ouest et au nord-ouest (Espagne, Italic du Nord et Gaule),
c'est la variante vulgaire, eclesia, qui s'est implantee. La persistance de basi-
hca dans lcs dialectes rheto-romans, en dalmate et en roumain a ete mise
sur le compte de l'isolement ou ccs provinces-la se trouverent bient6t par rap-
port a l'organi!'ation ccclesiastique centrale de Rome, cchappant donc de la
sorte a son influcnce directe. Ces conclusions infirment la these de J. Jud,
plaidant pour une priori te d' eccfrsia face a basilica. Cette contribution de
P. Aebischcr est un exemple eloquent de monographie redigee en utilisant
une g~mme variee de moycns: elle tient compte des facteurs espace et temps,
ex.amine unc riche serie de faits concrets ct aYance des conclusions prudentes.
Probablement, la persistance de basilfra en dalmate s'explique par la coupure
de Rome due a l'arrivee des Slaves, alors que Ies termes albanais klishe, qislte
sont un indice que l'organisation ecclesiastique de ce pays a commence de
l'Italie meridionale a une epoque relativement tardive. D'ailleurs, le lexique
albanais d'origine latine compte des analogies beaucoup plus nombreuses
avec l'Italie qu'avec le lexique d'origine latine de la langue roumaine 56 •
68 M. nartoli. Le Tre Dasolehe di Ragusa e la coppia baslllca ed ecclesla, • Zbornik
Re~etar •. Dubrovnik, 1931, t. 2, p. -413-427; P. Aebischer. Ba11Ulca, eclesla, ecclesla. Etude
de stratigraphie linguistique, RLiR, 27 (1963), p. 119-16-4.

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La l;;i.ngue dalmate 115

Pour designer la <~soie», le latin du Sud-Est Europeen a adopte le neo-


logisme metaxis (provenant de µ,t't'Ot~Lc; µe:'t'<i~e:w~), generalise apres le Vl 0
siede et conserve par le roumain (mătase) et l'albanais (mendafsh), mais le
dalmat~, en revanche, a adopte le terme saeta (sa'Ua) ayant cours en Occi-
dent. Par contre, nepotia est un. mot ayant appartenu exclusivement au, Sud-
Est Europeen: d. nepoca, alb. mbese, r. nepoată.

Flore et faune
95. Les materiaux disponibles pour le moment ne permettent que la
restitution d'un inventaire incomplet, de beaucoup inferieur au repertoire
de la population romane de Dalmatie. Parmi Ies cereales, Ies plus frequentes
etaient le ble (grun < granum), l'orge (vuarz < hordeum) et le millet (mail
< milium). La nomenclature des plantrs commestibles de premiere impor-
tance se reduit a quelques noms: i'asperge ( spirac < asparagi)' la bcttc-
rave (cr. bitva < beta), la feve (jua < faba), l'oignon (kapula < cepulla),
le pois chiche (kakar < cicer), la laitue (cr. locika < lactuca) la lentille
(liant< lente), l'ortie (ortaika <ortica), l'haricot (jazuol < phaseolus),
la rave (ruapa, raipa < rapa) et la rue (cr. ruta <ruta). Les termes canna
« roseau » et morum «mures » n'ont persiste que dans fa toponymie (Kanajt
Muraj); iuncus « jonc » s'est conserve seulement en croate (zuk). Cicuta
« cigue » a survecu dans le derive cicutia > kikoza, alors qu'a la base de la
langue roumaine nous avons cucuta > cucută. Le vignoble ne manquait pas
(vinea > vegna, vaina) et la vigne (vitis > vaUa) etait sans doute cultivee;
l'une de ses especes s'appelait duracina > drukne. De meme qu'en !talie, en
Espagne ou en Gaule, le vin (vinum > ven) figurait sur la table des gens
pauvres aussi. Parmi Ies arbres (jirbul, sg. juarbul) il y avait des especes
mediterraneennes, qui ne croissent pas a l'interieur du continent: l'amandicr
( miditl < amygdalus), le fi'guier (faik <ficus) et l' olivier (ole a < oliva);
mais, dans unei aire plus vaste croissaient le buis (bos, bus < buxus), le
châtaignier (cr. kesten < castaneus), Ie cerisier (kris < ceraseus), le tser
(cr. cer < cerrus), le pommier (mail < melus), Ie noyer (nuk < nucus) et le
frene (guarn < ornus). Les plantes nobles ne faisaient point defaut non plus,
representees par le basilic (cr. bosilak < basilicum), la ginestre (ginastra,
ginistra < genistra) et le myrte (cr. mrca, mrta < myrta, murta). Pour
la nomenclature dans ce domaine, le dalmate etait plus proche de l'italien
que du roumain.
En ce qui concerne la basse-cour et Ies animaux domestiques, on peut
y relever entre autres l'oie (iauka < avica, *auca), le breuf (bu < bos, bo-
vis), le veau (buc < buculus, en roumain viţel < vitellus), le cheval ( kavul <
< caballus, r. cal, ::ilb. kal, it. cavallo), le chien (kuon < canis), la chevre
(kuobra <capra), la poule (galaina < gallina), Ie poulet (puol < pullus),
le porc (puark < porcus), l'agneau (sugol < sugalis), la vache (baka <
< vacca) et le belier (berbek < vervex, -cis). Si le terme designant le mou-
ton manque, nous avons en revanche celui de la laine (luona). Les noms de
certains parasites presentent des correspondances plus frequentes en Occi-
dent que dans la langue roumaine: la punaise (cinko < cimex, -ice), it. ci-
mice, r. cimce, cimcea), la chenille (cr. rlkula < erucula, ven. ruzola), Ie pou
( pedoklo < peduculus, it. pidocchio, r. păduche), la puce ( pulko < pulicem,
it. pulce, r. purice), la rique (drekno '< riânus,. fr. rouane) et la sangsue
·_ _. • 'I

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116 H. Mihăescu

( sa11sall?, < sanguisuga). A part quelques terrnes generaux, la nomencla-


turl~ d'autres etres est egalement tournee Yers !'Occident: l'abeille (juop <
< :1 j>is, r. albină - alv1:na), la Yipere a cornes ( karnoit < corni1ta), le cor-
bc:iu ( kuarv - corvus), le cygne (kit/, kup < cygnus) 57 , la fourmi (jormaika
< formfra), l'hirondelle (rondaina < hirundinem, it. ro1idine, ar. arîndură
ou alîndură < *hinmdula, dr. rîndunea < *hirundinella), le lievre (lipro <
lcporem), la souris (surko < soricem) et le Yer (t•larm <vermis). Le ca-·
nard, la dinde, le blaircau, le renard, le loup et l'ours etaient sans doute
tres rares sur la cote et dans Ies îles, mais l'âne et la mule servaient comme
moyen courant de transport.

Nourriture, instruments de travail

96. Les elements Ies plus precieux pour le maintien de la ,·ic etaient
ccrtes l'eau (jakua) et le feu (fuk). Pour ce qui est de l'eau potable, clle
ctait tin~e du puits (puteus < pu6) ou de la fontaine (jontana, forme qui
n'a sur\'ecu que dans son deri\'e fontanclla > nom propre Fontagnalo). Le
nom de la citcrne etait connu aussi bicn a la population romane qu'aux Sla-
vcs de Dalmatic (gustema). Nourri de bois (la11k, pl. lane) ou charbon de
bois, le fru s'allumait a un autre feu, on l'empruntait chez le Yoisin, car l'alu-
mdte modeme n'etait pas cncorc im·cntcc. Cest cc qui explique le sens
d'<1 allumer» = «prendrc» du ronmain (aprindt' - apprclrendere) et du
dalmate (imprandro - imprchcndcre). Toute combustion engendrc la cen-
drc: cinisia - d. ka11a'isa, r. cmuşă. Le phonetisme roumain est issu de ci-
11is1·a a traYers une forme intcrmediaire supposee *cmişă, encadree par la
suite dans la categorie plus large ct plus courante des substantifs aYec suf-
fixe en -uşă: ii s'en suit donc qu'il n'est nul bcsoin de reconstituer un terme
du latin \'Ulgaire: *cinztsia. Le nom du (( copeau, eclat» (ascla) s'est conserve
en dalmate (jaslla), commc cn roumain (aşchie) ct dans d'autres langue·;
romanes. Pour la notion de «foycr 1>, le dalmate a herite du latin caminus >
kamen, kamwin, alors quc le roumain accorda sa preference a un terme
du substrat (vatră). Les tcrmes fondamentaux: ardere, frigere et coquere
ont sun·ecu en dalmate et en roumain (ardar - arde(re), fregur- frige (re),
/wkro - coace( re), a cettc diff erence pres quc Ies dcux prcmiers verbes ont
change de conjugaison. Au deriYe coquina, conscf\"e en dalmate et en ita-
lien (koca'foa - cucina <1 cuisine »} corrcspond en roumain bucătărie, derive
de bucate <1 plats, mets ».
Les cerealcs etaient moissonnecs (salur «faucher »} avec la faucille
(sekla < sicilis). Quant aux graines de ble (gnm) ou d'orge (vuarz), egre-
necs de leur ~pi'ca (( epi », ellcs etaient pilecs :m moyen du moulin a bras ou
d'un rouleau tire par un cheval ou un âne, outil plus evolue appele en latin
mac/tina et en dalmate mukna, d'oit le nom devait passer en albanais aussi
( moker, mokre). Le Ycrbe machinare « moudre » a survecu en roumain (mă­
cina), en dalmate (maknur), ainsi qu'en italien (macinare), alors que plus
a l'ouest ce fut la forme molere (fr. moudrc, esp. moler, pg. moer) qui s'impo-
57 A. \'aillant, RES, 9 (1929), p. 270-271. Les documents ragusains des XVI8 -
XVIIIc si~cles attestent, a c6te de lăbut, lăbud e cygnc t le terme ktlf ou ktlp, provenant
de cygnus (avec la prononciation *cugnus): le groupe consonnantique gn serait devenu fn
ou pn, le n disparaissant avec le temps.

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La langue dalmate 117

sa. Toutes Ies langues romanes ont, en revanche, garde des traces du terme
jarina (d.faraina, r.făină r. dial.Jări11.ă). Elle servait a faire le pain (ancien
ragusain pen, vegliote pun) ou le tourtcau (turta). Du latin offella « morsure,
tranche », l'ancien dalmate herita de fycl, le neogrec de <peA.A.l, d'ou en rou-
main felie. Le vinaigre ( aka'U) et le miel ( mil) ne manquaient pas, ni la
circ (kaira) a multiples usages, dont celui de la fabrication des h1minai-
res.
En ce qui concerne Ies termes pour designer la vaissellc et Ies usten-
siles de cuisine, on constate la survivance de: cratella <c grillc » (cr. gradella) 58 ,
cremaster <c chaudiere » (d. cantastro, cr. komostre), f rixoria « poelc a frire •
(d. forsaura), cultelltts « couteau » (d. kortial, it. coltello) et armariimi «ar-
moire » ( armir). Originaire du latin dux, dttcis, le terme dauk avait proba-
blement le ~ens d'« auge servant d'abrcuvoir, caniveau pour l'ecoulement de
l'eau t>.
Le couple James « faim I) - sitis <c soif » persista en dalmate (fum, saU),
en roumain (foame, sete), de meme que dans d'autres langues romanes. En
roumain, une fusion a eu lieu entre James ct James, ce qui explique le phone-
tisme de foame, ainsi que le semantisme de foamete (( famine I). Les termes
manducare <c manger », prandere « dejeuner 1>, prandium « dejeuncr, repas »,
cenare « dîner »), et merenda (( gouter de l'apres-midi 1> etaient repandus dans
une airc plus vaste que celle dalmato-roumaine: mancur - mînca(re), pra11r
dar - prînzi(re), prin.ts - prînz, kemtr - cina, marfonda - merinde.
Pour Ies termes lavare et *experlavare, que le roumain a conserves (la,
spăla <c laver »), on ne retrouve pas des correspondants dalmates, par contre,
lixivia a laisse des traces cn croate (liksija,lusija), en roumain (leşie) et
en neo-grec (cX),Lcrl~ot). Quant a la notÎon de « puer, empester, sentir mau-
vais 1>, le dalmate a prefere foetere (fit<( il pue »),le roumain putescere, *putire
(puţi <c puer », pute <c il pue 1>, putoare <c puanteur, mauvaise odeur »).

Vetements, ehaussures, logement, eelairage


97. Les termes « semer » ( semenur) et <c tisser » (tesiior) etaicnt con-
nus. Le lin (lafo,) semble avoir ete la plante textile la plus frequente, alors
que le terme designant le chanvre n'est pas atteste, bien qu'on y trouve en
revanche le derive kanap'iel « fii retors de chanvre » ( cannapellus). On ne
saurait preciser si le derive dalmate de spatha <c epee » avait aussi le sens de
<c ros du metier a tisser 1>, comme c'est le cas en roumain (spatii) et en alba-
nais ( sltpate), mais nous sommes enclin a penser plutot que ce role incomba
au derive spatltula, comme en italien (spadola). C'est egalement avec l'ita-
lien (cucire <c coudre 1>) et non avec le roumain (coase <c coudrc 1>) qu'a du mar-
cher de concert le changement de !'accent et de la conjugaison du verbe con-
suere - lwser « coudre „_ Malgre sa taille si petite, l'aiguille (juak) revetait
une importance considerable dans !'economie domestique. En dalmate, ce
fut la variante glomus (glaumo ((pelote 1>) qui survecut, de meme que dans
l'ancien italien litteraire ( gltiomo), cependant que le roumain( ghem) et le
dialecte venitien (gemo) ont adopte le phonetisme vulgaire glemus. Deux aires
.subsistent pour la notion de« soie „: dans le Sud-Est de l'Europe metdxa ou

&! P. Skok, ZRPh, 54 (1934), P• 204.

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118 · ·, , H, Mih.ăescu

metdxis (µ.&„~!;L;, µ.e:.-&.~e:w;), alors qu'en Occident prevalurent sactc1 «mie»


et serica <( serge ». Fort probablement, la differcnce entre ces deux derniers
tennes ne residait que dans leur teinte ou dans leur qualite: en italien et en
dalmate a persiste saeta ( saita ou sat a <1 soie »), en franc;:ais a survecu sada (soie)
et serica (sergc). On ne dispose pas d'attestations pour le tenne bracae «cu-
lotte, pantalon», conserve dans toutes Ies autres langues romanes, en re-
vanche camisia a laisse des traces indeniables, awc cctte clifference qu'en
dalmate on y retrouve a la base un i long ( camisia - kamaisa <( chemi se »),
en roumain un i bref (camisia - cămeşă, cămca~â, ctlmaşă « chcmisc »i. Le
mat rete <( reseau, filet» a persiste en dalmate (rait) et en albanais rrjet,
alors que le roumain a adopte le derive rctclla (reft'ti). Quant a la variante
retia, elle a persiste dans le parlcr croate de Raguse (Dubrovnik) dans le
mot rMa «sac circulaire ct lisse, natte, qui rec;:oit en~orc une fois le marc
d'olives remis mus pIE'ssc » 59 . Le campase retiaculum (rele +
iallilum) est
lui aussi atteste dans le parlcr susmentionne: rceijak (gen. rdijiika) «filet
que l'on bnce pour prendrc du poisson, epen·icr » 60 . Sans doutc populaire
dans le vieux dalmate, le terme eul( ita <( ort:iller, coussin » a laisse des traces
dans les documcnts ragusains du XIVe siccle (cole/titra, colcctra). Coopcr-
torium «Couvcrture de lit » a sun·ecu en dalmate (l<crpatur) et en croate
(krpatur « rembourrage » a1.
II n'y a pas d'attestations pour mlccare « chausser ». Entre lcs dcux
variantes de la notion de <( pieds nus, nu-pieds », diswlcevs (r. dcsrulf, istr.
deskol:e, frioul. diskolts) et disca/C(us (it. discalzo, fr. dicha11x, esp. dcscal::o),
le dalm~te ( diskual=) a choisi de suivre la rncme voie que l'italicn litteraire„
c'est-a-dire le dialecte toscan. De dismlccus, nonnalement, en <lalm;:itc de-
vait resulter *deskul:: 62 • Le terme cahga (( sorte de chaussure)) n'a SUf\'eCU
dans aucune des langues romanes, alors que calUgarius « bottier, cordonnier »
a laisse des traces en Italie centrale et septentrionale, ainsi qu'en rheto-
roman: le derive dalmate kaligir ou kab"ghir reprcsente une continuite et
non pas un emprunt du dialecte venitien (calc ger).
En tant que terme employe en architecture, le mot domus devait s'ano-
blir en italien et se specialiser couvrant la notion de <( la maison de Dieu »
(duomo). Par contre, en Dalmatie, casa (avcc Ies derives casalis et casitta),
mansio et palatimn ont subi une degradation successive de sens, non seule-
ment dans Ies îles et sur la câte, mais aussi loin a l'interieur des terres. Dans
le vieux dalmate de Raguse, la forme latine casa avait pour correspondant
kesa, alors que dans l'ile de Krk (Veglia) la prononciation du XIXe siecle
etait kuosa ou kuoza « maison paysanne ». Originaire de casitta, le d«'.-rive
kuoseta prenait une valeur diminutivale <1 petite maison » et pejorative aus-
si. Le derive casalis a donne la forme kasitol avec le sens d'« etable a porcs »
ou de « maison delabrce ». A une epoque anterieure, circulait egalement le
phonetisme delabree ». A une epoque anterieure, circulait egalement le pho-
netisme kozal, avec une fricative intervocalique sonore sous l'influence ve-
nitienne et avec le sens de « groupe de maisons, petit vi1lage ». En croate,
il y a le mot kosao (gen. kosala) avec le sens de « immondices, ordures ».

68P. Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 211.


80M. Bartoli, D, 2, p. 299; P. Skok, ZRPh, 48 (1928), p. 405-413; M. Deanovic,
ARID, 3 (1954), p. 168.
ei M. Deanovic, BSLP, 39 (1938), p. 38.
81 M. Bartoli, D, 2, p. 415.
..,

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La la.ngue dalmatt: 119

Le terme mansio «lieu d'abri pour la nuit sur une grande artere, halte, auber-
ge • a subi une degradation de sens non seulement en dalmate, mais en Ita-
iie et en Sardaigne egalement. Par contre, il a garde son sens reel de jadis
en Gaule (maison) et dans la Peninsule Iberique (esp. meson « auberge, hO-
tellcrie •). L'ancien dalmate connaît lcs variantes maszma et musuna; le
vegliote du XIXc siecle usait c~u mot musun ou mazon « bergerie •· Pour bâ-
tir une maison, on u tilisai t, la cognee (scor < securis), le bois (lan!?- < li-
gniun), la pierre (pitra) et le chaux (klak < calce, kalCaina < calcina). Son
echafaudage comportait la poutre (trua < trabe). Les poutres etaient fixees
ensemble au moyen des crochets d'assemblage (katafoa < catena). Conserve
en roumain (ungher« coin, angle »), le mot latin angularis a survecu en dal-
mate seulement dans le domaine de la toponymie (iii angularcm > N ang-
lor) 63, dans les documents vcgliotes des annees 1342 et 1518. Le terme de
palatiu:m a laisse des traccs dans le grec byzantin (mxA.cin), en albanai's ( pet-
las) et serbocroate (polaca). Dans l'île de Krk (Vegha) on usait surtout des
phonetismes palas et paluoz «grande maison, palais ». Le mobilier elemen-
taire comportait cn tout premier lieu la table (maisa < niensa), la chaise
(katraida < catliedra) et le lit (l' at < lcctus). De sedere, il y a en dalmate
seduor, en italien le derive sedia « siege, chaise ~. en roumain aşeza( re) <
< *assediare « poser, ranger ». 11 n'y a pas d'attestations pour scamnum > it.
scanno, r. scaun.
On se servait pour l'eclairage (lampare > lapuar <IÎlluminer •. lumi-
nare > luminur (( eclairer ») d~ la cierge (lucerna > lukierna, lueerna). la
lanterne (lantema > linterna), la veilleuse (candela > kandel), la torche
-OU le flambeau (taeda > teda, XlVe siecle) et la double torche ( dupla-
rium > duplir). Pour la notion d' eteindre, le dalmate et certains dialectes
itahens ont conserve une survivance d'*extutare, derive de tHeri « protcger,

defendre > stotuor.

Echanges, recipients, poids et mesures


98. Pour les notions de « changer >) ( cambiztare), « acheter » ( kom-
pruor), « vendre » ( vendro), « nombrer >) ( embruar) et « mesurer >) ( mesuore).
le dalmate a conserve les memes verbes la tins que l'italien et le roumain (cam-
biare, comparare, vendere, numerare, mensurare). Comme en italien ct en
franyais, le verbe pacare « calmer, pacifier », dcvenu pakur, finit par signi-
fi1=r « payer >), alors que le roumain împăca signific « concilier, se reconcilier,
recompenser, satisfaire, contenter >) .. On ne retrouve pas d'attestations pour
-des descendants de negotium et pretium, mais maneta « monnaie >) devait y
survivre (monaita). Du latin ratio allait resulter en vieux dalmate racun et
en vegliote rasaun, terme vulgaire avec le sens de « calcul, comptc >). Pour les
notions courantes des echanges commerciaux, « cher », « faux ». « bonne foi»,
il y a kuor, fieals, jaid provenant de carum, falsus, fides. L'cndroit ou se
tenait le marche portait le nom de plasa «place>), terme decoulant de pla-
tea de meme que l'it. piazza, le ven. platsa et le frioul. platse, mais l'evo-
lution phonetique prouve que le dalmate a suivi sous ce rapport sa propre
voie, represcntant une continuite directe. Sur Ies trois termes !atins desi-

13 P. Skok, AGllt, 24 ( 1930), p. 37.

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120 H. Mihăescu

gnant la « balance » (bilancia, campana et statera), le dalmate prefera le der-


nier (stataira), tout comme la plupart des dialectes italiens, alors que le rou-
mairi. a adopte le slave copona (<lat. campa11a) et l'italien, ainsi que !'Occi-
dent en general, le terme bilancia (fr. bal an ce). Le verbe latin pensare «pe-
ser » a survecu en dalmate ( pesuar) et dans toutes Ies langues romanes. On
se sen·ait pour Ies transport des marchandises (mur, muor, mugro « mou-
voir » du latin movere) du charriot (kuor < carrum, inkarikur < incarn·-
care) ou du dos des betes de somme. On ne dispose pas d'attestations quant
aux descendants dalmates des mots latins barca, lunter et navis.
Les termes ampulla, baucalis, b11ttis et b11tticula ont penetre en dal-
mate par voie detournee, c'est-a-dire par le truchement des dialectes ita-
liens: a.d. aibole « bouteille, carafe», bocitola <c pot», buot <c petit tonneau 1>,
botaile <c bouteille 1>. Par contre, kanba « bistrot, bar 1> est un leg direct du la-
tin canaba.
De modiolus, le vieux dalmate a fait mc:ul, mi: ul ou mo:,ul « coupe »;
de la, le terme passa en croate (zmo, gen. zmufo ou emula) par la voie com-
merciale: le terme laissa des traces en !talie et cn Gaule. Le mot kaldira
« chaudiere 1> n'cst pas un heri1.ag<" direct J.u latin caldaria, mais un emprunt
tardif venu des Alpes et de Gaule. Dans Ies relations commerciales, avec le
temps, le terme latin exagium <• essai 1> a pris le sens de petite mcsure repre-
sentant la sixiemc partie d'unc once, sens consern~ par le vieux dalmate
(aksad', asag), ainsi que par le vieux venitien (sa=o) et le frioulan (sas):
son aire de diffusion ne depasse pas la zone adriatique.

Vie intellectuelle, coutumes, religion, calendrier

99. Certains mots sont bien attcstes: jamna <anima« âme », miant <
< mente « raison 1>, sentcr < se11tire <c sentir 1> et vedar < videre « voir 1>. L'ad-
verbe i11amia11t «par creur 1> correspond au venitien inamente et est origi-
naire de celui-ci: en roumain, il y a l'exprcssion pe de rost <per de rostrum
<c par creur » ou l'expression aducere aminte < adducere ad mentem « souve-
nir ». De memc que le roumain teamă et l'italien tema, le dalmate taima « in-
quietude, peur 1> a pour point de depart le verbe timere ou encore une hypo-
thetique forme du latin vulgaire *tima. Pour la notion de «penser 1>, on
doit partir du latin pensare, qui a cu, initialement, le sens de <1peser1>, avec
ensuite le sens derive et figure de <c tenir en equilibre, estimer, juger, pen-
ser 1> ( pesuor). On ne dispose pas d 'a t testa tions pour intelligere > r. în ţel e-
ge (re), percipere > r. pricepe(re), iudicere > r. judeca(re) et 1·ntendere > fr.
entendre. Interessante s'avere l'histoire du mot vi"timn <1 vice 1>, qui, par le
truchement du derive viti"are, donna en dalmate 1·suar <c instruire 1>. L'evolu-
tion du sens a traverse Ies etapes <c instruire vicieusement » et, en fin de comp-
te, <c instruire normalement, enseigner ». Les composes *advift"are et *t"nvitiare
ont laissee des traces en italien ( avvezzare) et en roumain (învăţa( re)). Mais
le verbe tout simple vitiare devait survivre non seulement en dalmate (t"s11ar),
mais encore dans le vieux franc;:ais (pnticipe passe vitiatus > vo1:sie <c finaud,
ruse»), et en espagnol (vezar <c habituer 1>). De *fabellare se sont developpees
d. faulor « parler, raconter »,alb. /jale« mot, parole 1>, it. favellare, cependant
que le roumain use de nos jours d'un mot slave (vorbi). Des termes apparte-
nant au debut au langage militai re prirent avec le temps un autre sens aussi ~

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La langue dalmate 121

vigilare et pervigilare res:urent aussi le sens de « surveiller les morts »: d. ve-


jur et r. priveghia.
Pour rendre la notion d'« eglise », l'albanais a choisi la variante vul-
gaire eclisia > klishe, qislte, alors que le dalmate et le roumain ont prefere
celui de basilica > basalka, respectivement biserică (voir plus haut § 94).
D'ailleurs, ce n'est que dans une petite mesure que la terminologie de la re-
ligion chretienne soit la meme en dalmate et en roumain: altare - altur -
- altar « autel », angelus - juonzfol - înger « ange », baptizare - batesuar-
- boteza( re) « baptiser », christianus - cristiun - creştin « chretien », crux,
-ds - kraitk - cruce « croix ». Pascha - Pitasll - pască « Pâque », prae-
biter, - pretro - preot « pretre ». Tout le reste differe, entre autres aussi
puisque l'eglise dalmate dependait de Rome, alors que l'Eglise roumaine
dependait de Constantinople. Les termes suivants font defaut au roumain
ou bien leurs correspond<ints sont d'une autre origine: campana - kampuona
« cloche » et kampanaid <~docher, campanile», cerostatus - kerostat (XVIe
siecle, Raguse) «candelabre», episcopus - pasku « eveque », fides - faid
doi», festa - jiasta «fete», missa - masa « messe », sanctulus - sutal
<( saints ». On remarque aussi des differcnces en cc qui concerne le nomdes jours
de la semaine: le dalmate et l'albanais ont prefere Ies termes d'origine grec-
que lzCbdoma - d. jedma, alb., jave (< semtiine », de meme que quelques dia-
lectcs italiens, cependant qu'en roumain persista la forme septimana - săp­
tămînă. De media hebdoma est ne miscdma « mercredi », sui\'ant le procede
des langucs germaniqucs et slaves (Mittwoch « mercredi » = Afitte «milieu'»
+ W oche « semaine », sredin = sreda = « milieu »). Generalement Ies noms
des jours de la scmaine se dev elopperent a partir des formes genitivales: Lunae
- loine, f'vlartis - mirte, Jovis - zue, Veneris - vindre. Le terme de sa-
bata « samedi » est ne dans une zone d'interferences entre la forme du neutre
sabbatum (it. sabato) et la forme du feminin sambata (r. sîmbătă, engad. sam-
da, fr. samedi). Quant au mot dominica «le jour du Scigncur », il a survecu
ou donne lieu a des derives et des composes dans toutcs Ies langues roma-
nes: d. donitenka, domtenkade, domtenkadai « dimanche ».

100. La position dominante de la religion chretienne dans la vie so-


ciale de l'epoque feodale explique la persistance de l'adjectif sanctus « saint •
dans le langage usuel et dans l'onomastique (toponymie et anthroponymie)
chez la population romanisee de Dalmatie (sut), de meme que chez les Albanais
(shen) et chez les Roumains (sîn-, sîm-, su(m)-). En roumain, le terme subira la
concurrence de son synonyme d'origine slave (sjî11t), finissant par etre e-
carte du parler courant, mais il resista fermement jusqu'a nos jours dans le
domaine de l'onomastique: Sanctus Nicolas - Sînnicoară, Sanctus Petrus-
Sîmp(i)etru, etc. Dans le territoire albanais, Ies composes de shcn- sont re-
lativcmcnt nombreux, bien que la majeure partie de la population soit en-
cmite passee a l'islam: Sancta Trinitate - Shendertat, SaHctus Ioannes -
- Slten Gjin, etc. A cote de sanctus - sut, en dalmate devaient survivre
aussi Ies derives sancticus - santaiko, sanctosus - santauso et sanctulus -
- sutal. Notons comme remarquable que le phonetisme dalmate sul a cn-
vahi massivement le territoire slave, ou il a persiste jusqu'a aujourd'hui
dans la toponymie en proportion imposante: c'est la preuve que chez Ies
Croates la diffusion du christianisme eut lieu dans une largc mesure par le
truchement de la population romanisee de la cote et des îles, regions abri-
tant Ies eveches et l'administration ecclesiastique. Grâce a une etude minu-

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122 H. Mihăescu

tieuse de Valentin Putanec, ont ete mis au jour et examines 140 toponymes.
et anthroponymes croates comportant !'element sut-, avec toutes ses varian-
tes au nombre de 24: sut-, sud-, suc-, soc-, suc-, suk-, citk-, cuk-, cite-, !ul-, sun-„
sum-, sat-, st-, st-, c-, S1t-, s-, s-, suto-, sto-, sta-, sta- et sv1"6-. Les variantes
principales sont sut-, sat-, st-, su.-, suto-, sto- et sta-; toutes Ies autres ne sont
que lcs variantes des premieres6-I. En voici quelques exemplcs avec Ies prin-
cipales variantes:
sitt-: sanc/us Ioamzes - Sutivan, Sanctus Cassianus - Sutkasan, Sanc-
tus Jlrlaximus - Sutmaksim, Sanc/us Petrus - Sutpetar, Sanctus Stephanus
- Sutsti"pan, Sancta Barbara - S11tvara;
sat-: sanctus Ioamzcs - Sati1.•a11ac, Sanctus Laurmhus - Satlurrce;
st-: sancta 11/ arin a - Stomari11a, sancta 1"\l art/za - Stomrata;
su-: scmclus Daniel - Sudancfa. sa11cl11s Pancratius - SHpokrac, Sanc-
tus Petrus - Supetar; ·
suto-: sancta 111 aria - S iii omora, Sancta Ire11a - S11tori11a;
sto-: sanct11s Elias - Stolfro, sancta Jf aria - Stomora;
sta-: sanctus Fdice - Sta/ilic, sa11cl11s Elias - StaHvo.
Les rnateriaux deja rasscml.lcs etant loin d'etre complets, l'auteur
insiste sur l'importance des cnquetes microtcponymiques sur le terrain, ne-
cessaires pour la rdcve d'autres toponymcs similaircs susr•·TJtibks d' ;q 1 or-
ter plus de lurniere encore a ce domaine de rccherches.

Elen1ents grecs

101. Les commrnccrncnts de la colonisation grecque de l'Adria 1ique


remontent au ye si(·cle av. n.e. Les Grecs se sont etablis dans Ies îles et sur le
littoral continental aussi, cn \" fondant des colonies, dont, entrc autres, les
importantcs colonics d'Apollonia ct de Dyrrachiurn. Lcur civilisation a lais-
se des traCl'S dans toute la region roti ere, traces YisibJes de nos jours t'DCOre
dans la toponymie, la t crminologic piscicole ct celle de la construction na-
vale. En adoptant la culture grer<p1e, ks Romains l'ont transmise ensuite
a la population romanisee ct aux Sla\"Cs de Dalrnatie. Les contacts directs
ont ete actifs, smtout m mer: ils se sont poursui\·is sans interruption jus-
qu'a la <lisparition du dcrnicr d~lmatophonc 65 .
L'enscrnblc des elemcnts linguistiques d'origine grccque <le la langue
dalmate comporte deux couches: rdle des phenomenes ou mots entres par
la filiere du latin, qui depassent l'cspace adri~tique, et celle de l'influrnce
grecquc directe. La premiere n'en est guerc pertinente, car ellc ne reflete
pas le caractere specifique des realites locales, mais seulernent la vigueur
et la mesure dont l'hellenisme a inflrn~ sur la culture romaine. Pourtant,
son etude, apportant certaines inforrnations complementaircs, s'aYere utile.
C'est dans cette categorie que se range aussi la nomenclature de la flore ou
des fruits vehiculee par le commerce et generalisee dans tonte la Mediter-
ranee, comrne dans le cas de l'amande ( amy11dala - mid~tl. cr. mjrndeo„
14 V. Putanec. Refleksi starndalmatoromamkog pridjei·a i;anctus ii onomastici c.lialne
Hrvatske, e SloYo •. Casopis staroslo·1enskog Instituta Zagreb, 13 ( 1963), p. 137- 176.
116 Grga Kovak, Das griechische Element i11 Dalmatirns SUidten, • Carnuntina », 19.56,
p. 117- 12.5.

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La ·langtie' dalmate

.gen. nijmdela), l'asperge (asparagus.- spirach, cr. .sparog), ·le coing (mela
cotonea - Cf. mrkatunja) le cumin (cymim - cr. cemin, cimin) > le cypres
I

(cypressus - cr. cempres) ct le myrte (myrtea - cr. mrca). De meme, celle


.de la faune aquatique et des pojssons: l'ecrevisse (astacits - cr. jastog).
le cabot (chephalus- cr. cifal, gen. cijla), le poisson dit cantharus (cr. kânţor)
et le loup de mer (labrax - .d. labreks, cr. lombr~k, gen. -dka)6 6 • Le negoce
<ţevait diffuser dans un vaste espace Ies noms de certains produits oti mar-
chandises comme: l'absinthe, boisson alcoolique ( absinthium - cr. osjenac),
le bcurre (butirum - d. butir d'origine venitienne) et le sotifre (suZ{itr -
-cr. s11mp6rin « allumette ») 67 . Enfin, le christianisme de son cote devait ser-
vir de vehicule et contribuer a la diffusion, par la filiere latine; d'un bori"nom-
bre d'hellenismes, dont: baptizare - batesuar « baptiser », basilica - basalka
(( eglise », blastimare - blasmur (( blasphemer », cathedra - katraida (< chaire I)~
episcopus - pasku (( eveque », parabula - paraula ((parole», paradisus -
paradais «paradis», presbyter, praebiter - prat, pretro « pretre ».
L'influence locale directe se reduit a quelques mots, entres, partiel-
lement, en croate aussi:
apuµ.6i; (< foret I) - drmun (XVe siecle, île de Krk), top. Drmuncal,
nom d'une toute petite île pres de l'île de Krk (Veglia) 68 ;
:v.p:::[.Loccr-rpix « cordage d'une ancre » - kamestro, kamest « l'ecorce des
graÎnS, Chutes de paÎlle a terre apreS le battage I);
vixu/...ov «taxe pour Ies transport par eau 1> - naulo, it. nolo.;
r.J...&yLoi; - «încline, penche » - top. Ploi (a. 1654) ou Plui (XIX 8
siecle, Veglia)69;
ar.·~J...ocLo'J « grotte » - spella, spilla, cr. spila, alb. shpelle;
x.xpoc:x.Lo'J - «pilier, pilastre 1> +
suffixe -one - karasaun « grand cram-
pon ou crochet de bois 1> 70 .
L'influence grecque directe sur le dalmate est confirmee egalement
par Ies traces qu'elle a laissees dans Ies parlers croates, c'est-a-dire que cette
sorte d'emprunts revelent un phonetisme dalmate. En effet, Ies Croates
n'etaient pas voisins des Grecs, par consequent ils ne pouvaient rien emprun-
ter directement chez ces demiers. En revanche, la population romanisee
de la câte et des îles etait plus apte a faire siens des grecismes, retransmis
ensuite aux Slaves du voisinage, surtout dans Ies domaines de l'ichtyo-
logie et de la phytonymie. La question a ete amplement debattue par Petar
Skok et Vojmir Vinja 71 ; nous reproduirons ci-apres seulement quelques
elements de la liste dressee par eux, qui nous sernblent plus surs et convain-
cants: 0:1.yLocMi; « rivage, plage », cr. igalo (Bouches du Cataro) «câte ma-
ritime » « la consonne serbocroate g velaire pour le groupe grec - y' - ne

66 M. Deanovic. ARID, 3 (1954), p. 163.


87 M. Deano·1ic, BSLP, 39 (1938). p. 45.
ea P. Skok, RLiR, 19 (1955), P· 229.
u P. Skok, AGllt, 24 (1930), p. 40.
70 Skok, ZRPh, 54 (1934), p. 475-476.

71 P. Skok, Sur l'iUment grec de l'ancien -dalmate, RLiR, 19 {1955), P· 227-230; V.

Vinja, Remarques sur quelques iltfments de l'ancien grec dans la nomenclature ichtyologique
.de l'Adriatique, ZA, 5 (1955), p. 118-126; L'iliment grec dans la phyto1iymie serbocroate
ae l'aire dalmate, <• Godi!lnjak Sarajevo•, 4/2 {1966), p. 93-102; Le grec et le dalmate, ZfBalk,
.5 {1967), P· 203-223; Le roman de Dalmatie, intermidiaire des iliments grecs dans l'icht;•nomi11
yougoslave, • Bullettino dell'Atlante Linguistico Mediterraneo •. 10- 12 ( 1968-1970), P· 77-84.

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H. Mihăescu

saurait etrc expliquee autrement que par l'intermediaire de la prononciation


de l'ancien dalmate ll (P. Skok, p. 228);
~ xe:pvot • nom de poisson », cr. kijerna ou kiernja (Dubrovnik) ; au
groupe grec - xr. - correspond -ke- qui a e,·olue de la meme maniere que
cm are - kenur 11 dîner », cimice - kimak • punaise »;
8Lcir./,c-,uc; O trajet, passage fi, Cr. zaplaj, gen. zaplja; le groupe -di-
est rendu de la meme fa<;on que dans modiolus - zmuo, gen. zmula <« verre •,
cf. aussi diacomts - cr. zakan;
ipycl:r"t)i:; + -ula - argutla • barre <le timon », d'un diminutif latin
*erg atu la ou *arg,itula;
xcxM1woc;, cr. koludar «moine»; a la difference <lu serbe kaludja
emprunte du grec byz.antin, la velaire y est reflechie par la dentale d et
la voyelle ot par o, de la meme fa<;on que lcs plus anciens emprunts croates;
x6A.u~ov, cr. koluba (4 mic he <le grain I), face a koljivo de Serbie (4 gâteau
de ble ct de noix <listribue a la memoire des morts »;
7'Aci.Y.C1., Cf. pfiioka OU pfâka <« pJaque, disquc I), a\'CC }e meme traite-
ment que barba - bziorba « barbe 1>, barca - borka <c barque 1>;
-;pocy0~ + -11/us, cr. fraga/, tragalj, tragaj, <c nom d'un poisson de
la famillc dC's :\lenidl>s ll; l';i<bpt;ition dalmak est Yisiblc dans les deriYes
au moyen de suffixe diminutif roman -ulm;
cpcixe:i.0<;, <c faisceau, botte, fagot>>, cr. pilkal_i «petit banc de poissons n;
cpux"t)~. cr. pika (dans Ies ilcs qui vont <le Dugi a Losinj), le nom du
poisson Labrus bimaculatus.
Par l'intermediaire du dalmate, lcs parlers croates re<;urent quelques
noms de saints, tels: Tryplzon - Trlpu11, Cristopltilus - Krst, Krstul et sancta
Anastasia - Stoăzja.
S'etant attendu a une influcnce plus accusee, Matteo Bartoli consta-
tait qu'il n'en est ricn 72 . Quant a Petar Skok, il considerait anc sympathie
la cult urc hyzantine. cxagerant parfois son importance, sans pouvoir pour
autant ignorer sous le rapport methodologique le râle de la langue dalmate:
« 11 faut donc supposcr pour lcs grecismes des parlers croates de Dalmatic
qu'ils ont du passer par l'interrne<liairc roman <lalmate aYant d'cntrer dans
la bouche croate 1> 73 . A la differencc de Petar Skok, qui admettait l'exer-
cice <lans une plus large mesurc d'une influence grecque directe, Vojmir
Vinja se prononce exclusiYement en fa,·cur de la mediation du dalmate et
conclue comme suit: <c Vu l'absence prcsque complete de contacts directs
hyzantino-slaves dans cette region ou la souverainete byzantine n'et<Jit
que nominale et limitee strictement a quelques agglomerations urbaines,
Ies elements grecs ne pouYaient penetrer par la suite dans la langue des Croa-
tes que par l'entremise des populations romanisees c'est-a-dire par la langue
dalmate 1> 74 .

72 !>L Dartoli, D, 1, p. 234-235: ~ Dn griechische Einfluss, in kultureller und p<;li-


tischer Bczichung, hat sich in Z\\"ci getrcnnten Perioden der Geschichte lllyriens fi.ihlbar
gemacht: in der vorromischen und in der byzantinischen. Man erwartet daher cine Aus-
beute zahlrcicher, alter und neuen, griechischer Lehnworter im Dalmatischen. Es ist aber
dem nicht so».
73 P. Skok, H.LiR, 19 ( 1955), p. 228.

74 V. Vinja, Z!Balk, 5 ( 1967), p. 223.

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La 1 angue dalmate 125

Elements gennaniques et slaves

102. L'influence germanique en Dalmatic a ete plutât faible, en raison


du relatif isolement de cette region, ou laditc influencc s'est introduit a
travers Ies regions alpines et l'Italie septentrionale, d'abord par le truchement
du latin, ensuite par l'intermediaire des dialects italiens et rheto-rornans.
Le mot latin d'origine germanique bruths « belle-soeur » a survecu en friou-
lan (brut), engadin (briU) et frarn;ais (bm); mais le dalmate bertain « belle-
fille » vient de brutene, car il entre ici dans la categorie de la declinaison en
-en, -enis, s'agissant donc d'une continuite locale. Ulterieurement, !'element
germanique d'Occident, puissant cn Gaule et en !talie du nord, allait se
deverser partidlement en Dalmatie aussi. Pour la notion de «blanc», nous
rencontrons donc la un descendant d' albus (jualb), de meme qu' en roumain
(alb)' mais eg~1kmcnt le mot d'originc germanique blank (fem. bla11kt1;, pl.
blanke). Le latin bellum « guerre » a fait place en roumain a un mot slave
(război), dans Ies langues romanes occidentales a un mot d'origine germa-
nique (it. guerra, fr. guerre); en dalmate, le mot (guer) est venu d'Italie,
en perdant la voyelle finale, phenomene caracteristique de la langue en ques-
tion. Pour dives « richc », le roumain a adopte un mot slave (bogat), le dal-
mate un mot d'origine germanique (rek, rik, raik), present en italien aussi
(ricco) et en frarn;ais. Sur Ies descendants du latin lucrare« gagner », Ies ger-
manismes se sont superposes depuis l'Occident jusqu'en Dalmatic (d. gi'ta-
dagnuare, it. guadagnare, fr. gagner), cependant qu'en roumain il y a lu-
cra( re) « travailler ». Le dalmate skaina «epine dorsale» et le venitien skcna
sont le fruit de l'influence germanique, alors que spinare en roumain ,·ient
du latin spinalis, derive de spina. Autres elements germaniques en dalmate:
balka(m « ba1con » (it. ba/cane), boskitar <( taille du bois dans la foret » (it. basco
«foret », fr. bois), gf'tardttr <( garder » (it. gilardare, fr. garder), jardin <(jardin»
(it. giardino) m'taj «petite auge de bois » (frioul. naja), rai'tba «robe de cham-
bre, vetement, chose » (it. roba, occit. rauba), skirp (< bottine, chaussure >)
(it. scarpo), sta1ka <( copeau, eclat de bois » (it. stecca), strunga « barriere
douaniere » (triest. stranga, it. stanga). On assiste a la propagation de cer-
tains gennanismes vers l'Est et a une influence, en grande partie indirecte,
par l'intennediaire des parlers italiens et rheto-romans voisins.
Pour ce qui est de l'infl~ence slave, elle a ete forte et ininterrompue.
Malheuresement, on ne peut l'etudier a cause de l'absence des textcs ct cles
sources plus amples concernant la langue dalmate. Les textes recueillis par
Matteo Bartoli de la bouche de Tuone Udaina Burbur ne comportent que
Ies termes d'origine slave carna « noire », kuca <( maison » et muoiko <(mere».
Mais quantite de remarques utiles et pertinentes relatives aux rapports dal-
mato-slaves appartiennent a Petar Skok (voir surtout sori etude sur Ies ori-
gines de la cite de Raguse). 11 opinait que l'interpenetration dalmato-slave
s'est faite par voie pacifique et que (<le slave fut reserve a la vie de famille
et quotidienne du menu peuple et de la bourgeoisie aussi bien que des nobles,
tandis que le roman, langue de la noblesse d'abord, fut adopte pour langue
officielle des documents, des debats au senat et du commerce » {p. ':193) 75 •

76 P. Skok, Les origines de Raguse. Et11cle ele toponymie et de ling11istique hisloriques,


• Slavia t, 10 (1931), p. 449-498.

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H. Mihăe'!;CU

Un pr9gres remarquable dans ce dom:aine ·de recherches a realise le


profcsseur Zarko Muljacic, surtout dans son excellente etude intitulee
Die slavisch-romanische Symbiose in Dalmatien iit struktureller Sicht 76 • Et
voici sa conclm:ion: « Das Dalmatische erscheint uns heute als eine roma-
nische Sprache, die ihre Individualităt zweifellos serbokroatischen und ve-
nedischen Einfliissen verdankt » (p. 70).

Rapports linguistiques dalmato-albano-roumains

103. Le dalmate ne touchait au territoire de langue albanaisc que dans


une etroite bande de terre le long de la câte, dans le voisinage du lac de Sco-
dra; Ies possibilites d' echangcs restant fort reduites, aussi ne saurait-on s'at-
tendre a des rapports autrement frequents entre Ies deux langues. Les dal-
matophones etaient generalemrnt des marins et des pecheurs, alors que Ies
ancetres des Albanais etaient plutât pasteurs et agriculteurs. Quant · a la
population romanisee du bassin du Bas-Danube, elle vivait separee de l'A-
driatique par de longues chaînes de hautes montagnes, a des distances im-
menses par rapport a la technique des transports si peu developpee a l'e-
poque feodale. Qucls sont Ies traits linguistiques communs a ces peuples?
En vaiei quelques-uns parmi ceux pris le plus souvent en consideration 77 :
Ies velaires k, g + e restees des occlusives en dolmate et dans Ies ele-
ments lei tins de l'albanais, mais non aussi en roumain: cepa, cepulla « oignon »,
d. kap1tola, it. cipolla, alb. qepe, r. ceapă; mais caclum (( ciel », d. cil, it. cielo,
alb. qiell, r. cer - clonc, l'element latin de l'albanais s'avere plus consen'a-
tcur que ll"' dalmate et le roumain;
Ies consonnes intervocaliques p, t, c, conservees et non sonorisees comme
en frarn;:ais et dans Ies autres langues romanes occidentales: ripa « rive », d.
raipa, alb, top. Postripe, r. ripă, mais fr. rive; aurata, d. oorata, cr. ovrata,
it. orala, face a cat. a11rada, esp. dorada, pg. dourada; spatha (( epee », d. sputa,
alb. spathe, r. spată, mais esp. espada; fricare « frotter », d. jrekitor, alb. jer-
koj, r. jreca(re), mais it. jregare;
u long devenu 17(y) en albanais et en partie en dalmate, ce qui n'est
pas arrive dans le latin qui se trouve a la base de la langue roumaine: crucem
« croix », alb. kryq ou kryqe, a. dalm. kruke, cr. kriz, r. cruce;
it bref conserve et non transforme en o comme en Occident: bz-tcca
<( bouche », d. buka, alb. buke, r. bucă <c joue, fesse », mais it. bocea; pulver <c pou-
dre, poussiere », d. pulvro, alb. pluhur, r. pulbere, mais iţ polt·cre;
a dewnu e; tata <c pere», a. dalm. (ragusain) teta; civitatem <c cite»,
cilb. qytd; sa11itatem « sante », alb. shlndet, mais r. tată, cetate, sănătate;
il est diff icile de decider s'il y a un lien dans cette evolution phonetique

76 ZfBalk. 5 ( 1967). p. 51- 70.


77 l\l. G. Bartoli, Dalmazia e Albania, Relazione sul q11inquennio 1905-1910, RDiR,
2 ( 1910), p. 456-490; Dalmatico e alba no-romanico. Relique romanic/ie nel Croato e · nell'
Albancse, dans le volume Italia e Croazia, Roma, 1942, p. 109- 185, cf. p. 168: c 11 dal-
matico· e albano-romanico concordaveno piu profondamente con le due lingue romanze vi-
cine, cioe con l'italiana e la romena, che con le altre lingue figlie di Roma. Non potremo
decidere- con. sicurezza se meglio si accordassero con I' italiana che con la romena o vice-
versa. Solo _del vcglioto, cioc del dalmatico di Veglia, possiamo tranquillamente affermare
che esso e piutosto un dialetto italiano che un dialetto romeno: e una varietă. altretanto
italiana come il sardo •· ··

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La langue dalmate 127

entre le dalmate et l'albanais ou si chacune des deux langues a suivi sa


propre voie; Heinrich Gelzer mettait Ies eventuels parallelismes sur le compte
du substrat illyrien commun 78 , cependant, plus vraisemblable reste l'autre
hypothese;
phonetismes dalmates en albanais: amyndala « amande », d. *mendulu,
cr. mjendeo (gen. mjendela), alb. mendulle; anguilla « anguille », d. angaila,
alb. ngjalle; cimex, -icis (( punaise », d. cimko, alb. cimke (mais aussi qimke);
machina «meule, moulin a bras», d. *m1fokna> mukna, alb. moken, mokCr;
prebyter <1 pretre », a. d. *prievt, alb. pr1jt;
le dalmate et l'albanais ont en comun une terminologie piscicole
de beaucoup plus importante que la terminologie que ces deux langues et
le roumain ont cn commun;
une partie de la terminologic ecclesiastique dalmato-albanaise fait
defaut au roumain: jides (<foi», d.faid, alb.je, r. credinţă; episcopus (< eveque »,
d. pasku, alb. upeshk (le mot roumain episcop est un neologisme); lzebdoma
<1 semaine », d. jedma, alb. ja'l.1e, r. săptă11iină; lucerna «lanterne», d. luki-
erna ou lucerna, cr. lukjerna, alb. luqerre, r. .lumînare; miraculum « miraclc »,
d. mirakul, alb. mrekul, mais r. minune; missa <1 messe », d. masa, alb. mcslze
(r. slujbă, d'origine slave); oblata « oublie », d. bluta, alb. blate (r. prinos, d'ori-
gine slave) 79 .
Les traits communs au dalmate et au roumain sont sporadiques, se
reduisant en general a des elements conservateurs et marginaux dans l'en-
semble des langues romanes considerees comme un tout. Mais quelques-unes
des differences relevees sous ce rapport rapprochent le dalmate de l'Italic
et des regions alpincs:
ajjlare <1 souffler vers un objet », puis « trouver », d. ajlar, r. ajla(re),
esp. hallar; le sens de <1 trouver » s'est developpe tout d'abord chez Ies ri-
verains des mers, car c'etait par la que Ies vents soufflaient et Ies vagues
rejctaient sur Ies plages toutes sortes d'objets que Ies habitants des licux
trouvaient ct rrcueillaient;
callis « voie», d. kal, r. cale, it. calle; le vegliote kal signific aussi
dois »: jofaa kal <1 une fois », in kola kal « cette fois-Ia, alors », kalko kal <1 quel-
que fois », tuonte kal « toutes Ies fois »;
deramare « couper Ies rameaux », d. dramuor « abattre, tuer », r. dări­
ma(re) «demolir»;
gannire « crier », d. ganer, ar. ngînire « pleurnicher, geindre », ma1s r.
îngîna(re) <ingannare « imiter par moquerie la voix d'autrui ».
manducare «manger », d. mancur, r. mînca(re), avrc la meme trans-
formation du groupe consonantique nd en nn et n: manducat, d. manonka,
r. mînîncă « il mange »;
nidus « nid », comme en Occident, mais r. cuib <*cubimn, de cubare
« rester assis »; pour le sens cf. fr. coitver;
passare <1 passer », d. pasuor, mais r. trece(re) <traicere;

78 H. Gelzer, Beitriige zum Dalmatischen und Albanischen, ZRPh, 37 ( 1913), p. 257-


286, cf. p. 286: o lch glaube doch, es in unsern Fall einigermassen sicher gemacht zu haben.
dass die gerneinsame Entwicklung des Vokalismus auf illyrischen Einfluss zuriickgeht ~.
79 C. Treimer, Albanisch 1md Rumiinisch, ZRPh, 38 (1917), p. 385-411, cf. p. 404:
• Die gemeinsamen Ziige des Dalmatischcn und Albanischen sind aber gering, wie von vorn-
herein zu erwarten, da ihr ră.umlicher Zusammenhang bald gestort wurde, denn die dal-
matische Sprache wurde durch die sla·1ische Eroberung auf wenige Puokte am Meer zu-
riickgedrăngt •· ·
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î28 H. Mihăescu

pendere <1 pendre », d. prander, rnais r. spîiizura(re) <*expendiolare,


derive de *pendiolus, it. penwlo « rangee de fruits suspendus »;
precare <1 prier», d. prekur, mais r. ruga( re) <rogare;
reus « coupable, fautif », d. ri, r. rău, it. rfo, partout avec le sens de
« mJuvais », tandis que Ies autres langues romanes ont herite captivus, fr .
.d1et(t, etc.

Rapports 3\'eC l'ltalie, l'lstrie et Ies regions alpines

101. Toute son existence durant, la langue dalmate a eu des liens e-


troits, puissants et inintcrrompus avec l'Italie, a tel point que le dialecte
veniticn a pu rneme l'ecarter par cndroits et il n'a pas rnanque de beau-
coup de la submerger entierement. Les infiltrations linguistiques beneficiaient
d'une large ouwrture du câte du httoral it<Jlien, depuis la Puglia jusqu'a
TriL"ste, voire plus loin meme, jusqu'a la baie de Quarnero, de sortc que de
nos jours elles offrent une infinie complexite. On ne saurait en aborder l'etude
sans la parfaite connaissance de la dialectologie italienne et serbocroate. De
bons resultats dans ce domaine de la recherche ont donne surtout Ies Italiens
(l\Iatteo Bartoli, Clemente Merlo, Carlo Tagliavini, G. B. Pellegrini) et Ies
Yougoslans (Petar Skok, Mirko Deanovic, Zarko :Muljacic, Vojmir Vinja).
Toutefois, pour atteindre Ies objcctifs de la presente monographie, ce qu'il
nous faut plutât ce serait quelques rcperes permettant de preciser Ies prin-
cipales couches linguistiques et de resoudre en tout premier lieu le probleme
sui,·ant: qucls elements sont plus anciens, donc nes en Dalmatie, et quels
sont ceux venus plus tard des regions alpines et de la Gaule.
L'evolution de la langue dalmate montre des traits conservateurs la
rattachant a l'Italie meridionale et centrale jusqu'au voisinage de la ligne
Spczia-Rimini, mais aussi aux elements !atins de l'albanais et du roumain,
ce qui constituait une sorte de chaîne appelee par Matteo Bartoli « apen-
nino-balkanique »80 . Aux câtcs de ces traits conservateurs, l'île de Krk (Ve-
glia) offre quelques innovations aussi, venues des Alpes et d'Italie septen-
trionale. L'etude de ces innovations incita Clemente Merlo a considerer le
dalmate «un anello, uno dei primi anelli, verso occidente, della catena che
a\Tinceva rumeni e ladini »81 • Ce disant, il prenait position contre Matteo
Bartoli, qui, lui, rattachait le roumain au dalmate, aux elements latins de
l'albanais et a l'Italie meridionale et centrale. De la polemiquc ardente nee
entre ccs deux savants il s'ensuit qu'en cc qui concerne Ies elements conser-
vateurs, le dalmate marche avcc Ies dialectcs italiens meridionaux, le sarde,
Ies elements la.tins de l'albanais et du roumain, ce qui ne l'empechera pas,
d'ailleurs, d'adopter pendant toute son evolution historique certaines inno-

80 Matteo Bartoli, L'Italia11ita def dalmatico, del sardo e del ladino, « Atti del IV Con·

gresso nazionale di stu<li romani», Roma, 1938, p. 291-304, cf. p. 301: «La Dalmazia pre-
veneta concorda, nella lingua e nelle arti figurative e nelle consumanze giuridiche, e in altre,
meglio con I'ltalia meridionale e centrale che con la settentrionale e la Rezia, e con qua-
lunque altra regione, compr<'q la Dacia•. p. 304: «La Dalmazia preveneta concorda molto
meglio con }'Italia centrale che con la Dacia •·
81 C. Merlo, Vegliollo e ladino, ~" Rendiconti dell'Istituto Lombardo di Scienze e
Lettere &, '43 (1910), p. 279.

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La langue dalmate 129

vations empruntees des dialectes de l'Italie septentrionale et de la langue


rheto-romane 82 •
Parmi Ies langues romanes, le sarde est le plus conservateur et le fran-
~ais le plus evolue. C'est entre ces dcux pâles que se situcnt Ies autrcs langues
romanes, suivant unc variete et une differcnciation dialectale tres accusees,
mais avec des transitions parfois impcrceptibles d'un parler a l'autre. En
Gaule et en !talie du nord ce fut l'influence germanique qui c{1t preseance,
en Espagne et en !talie meridionale la culture arabe laissa des traces pro-
fond~s, cepcndant que dans le Sud-Est d~ l'Europe !'element slave gagna
du terrain. Mais alors que le roumain, le dalmate, le sarde ct, dans une moin-
dre mesure, Ies dialectes de l'Italie meridionale se trolffaient isoles ayant
des liens relaches entre eux, Ies ~vtrcs langues romancs formaicnt un bloc
dans un espacc sans cassure, un contimtuni dans le cadre duquel Ies cchanges
commerciaux, lt>s rclations politiques, Ies manifestations culturelles et i'ad-
ministration ecclesiastique presentaient maints traits communs et s'influ-
ern;aient mutuellement.
· Au point de vue linguistique, l'evolution la plus rapide a eu lieu en
Gaule; de la, certaines innovations essentielles ont rayonne vers le Sud-Est,
en traversant Ies Alpes jusqu'a Trieste et meme plus loin, ainsi qu'a travers
l'Italie septentrionale jusqu'a la ligne Spezia-Rimini. Voici quelques-uns
des traits importants et, de ce fait, caracteristiques susceptibles de servir
a departager Ies idiomes romans sud-orientaux (Ies dialectes d'Italie meri-
dionale et centrale, le dalmate, le roumain ct Ies elements latins de l'albanais)
des langues romanes occidentales:
a) dans le Sud-Est -i, -e en tant quc signe du pluriel, alors qu'en
Occident c'est -s final: r. doi, d. doi, it. due, frioul. doi, face a: log. duos,
engad. dus, fr. deux, esp. dos, pg. doits; r., it. capre, face a: engad. tse-
vres, a. fr. chievres, esp. cabras. Le dalmate marche a\'ec le Sud-Est: dokic -
it. dncati - r. ducaţi (neologisme); kui11c - it. quanti, r. cîţi; sine - it.
sa11ti - r. sînţi, sîmţî (a. dr., ar.). A quelques exceptions pres, le pluriel en
-s va du câte du Sud-Est jusqu'a la ligne Spezia-Rimini, vers l'est jusqu'a
une ligne imaginaire remontant de Trieste vers le nord jusqu'au Danube 83 ;
b) innovation nee en Occident et propagee ensuite graducllement
vers l'est et le sud-est, la sonorisation des occlusives sourdcs intcrvocali-
ques montre ou et jusqu'a quel point le systeme ancien a pu mieux re-
sister et survi\Te (v. aussi supra § 103). Venant d'Italie septentrionale et
de Gaule, l'innovation n'a pas depassee une ligne imaginaire qui va depuis
Tarsatica (pres de Rijeka ou Fiume) vers le nord jusqu'a Lauriacum (Lorch)
sur le Danube, a l'est de Linz;

83 l\I. Bartoli, ZRPh, 32 (1908), p. 13. Pour la polernique avec Clemente Merlo voir
Ies rnntibutions suivantes: C. l\Ierlo, Dalmatico e lati110. A proposita di una pubblicazione
recente, «Ri-"ista di filologia e istruzione classica», 35 (1907), p. 472-484; Anrora del dal-
matico. Replica al prof. M. Bartoli, « Annali delle l'ni·1ersita Toscane», 30 (1910), p. 1-24;
Note sul posto che spetta al dialetto di Veglia nel sistema delie lingue romanzc. Riposta al
prof. M. G. Bartoli, <• L'Italia dialettale », 5 (1929), p. 285-291; M. G. Bartoli, Note dal-
matiche, ZRPh, 32 (1908), p. 1-16; Dalma::ia e Albania, RDiR, 2 (1910), p. 456-490; Le
parl:ite italiane della l'enezia Gi11lia e delta Dalma::ia. Lettera glotlologica di .'\[. G. Bartoli
a un collega transalpino, «La Geografia», 7 (1919-1920), p. 194-204; Ancora l'cglia cd aree
viei ne, AGllt, 20 ( 1926), p. 132- 139.
3
• \V. ·ron Wartburg, Die Ausgliederung der romanisclzen Sprachrii11111e, Bern, 1950,
p. 61 et carte 3.

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130 H. Mihăescu

c) l'evolution de la velaire c suivie de c, 1: a traverse dans 1'Est Ies


etapes k, k', c et dans l'Ouest Ies etapes, k, k', c, c = ts, s - nous avans
donc en Occident une gamme plus 12 rge, par exemple:
1. lat. cera « cire », d. kaira, log. kera, r. ceară, it. cera; lat. cc pa,
cepulla « oignon », d. kapul, log. kibudda, alb. qepc, r. ceapă, it. cipolla;
lat. caelttm « ciel », <Jlb. qfrll, log. kelu, d. cil, r. cer; lat. cimex, cirnicis
(( punaise », alb. qimke, log. kimigc, d. cimko, it. cimice;
2. lat. cera, engad. cafra, frioul. sere, fr. cirt', esp. pg. ara; lat. ce.pulla,
engad, cig110/a, frioul. St"i'Olc, esp. Ct'bo/la, pg. cebo/a; lat. cacfont, engad. ciel,
frioul. cil, fr. cid, esp. tid~; lat. cimex cimicis, ;) . csp. :;ismc, a. pg. chimse.
li s'cn suit que le s;:irde et Ies elements lat.ins de l':ilbanais sont plus
conservateurs, car ils gardent intacte l'occlusin· c(k) de\'ant e, i, alors que
le dalmate ne la consern· que de\'ant c. En effet, a\'ant i, le dalmate at-
teste une phase de developpcmcnt plus e\'oluee, de meme que l'italien et
le roumain.
d) Instructi\'e s'a\'ere l'c,·olution des \'oyelles latines zt bref et il long,
tous Ies dcux de\'C'nus en sarde et en roumain u; mais le dalmate, Ies ele-
mcnts !atins de l'albanais, l'italien et ks langues romanes occidcntales pre-
sentcnt une situation plus e\·oluee et complexe. Dans le dalmate de l'ile
de Ifrk (Veglia), fi brd du latin de,·icnt au, par rapport a u du roumain:
gula ~ gosier, gorge », d. gazifo, r. gurâ « bouche »; iugum « joug », d. ;;;11tk,
r. jug; im•c11is « jcune », d. jau11, r. j1111c. En re\'anche, u long du latin
qui est a la basc du <lalmak n'etait pas une ,·oyellc \'elaire pure; il a\'ait
une nuancc palatale, heritee par le dalmate de l'ile de l\.rk (Veglia): jructus
cc fruit )), d. /roit, r. jrupt; s11s11 = s11rs11111 « haut, en-haut », d. sots, r. sus;
1mus ~un>), d. joiu, r. un. Cd element palatal a affecte la \'elaire c qui le
precede: wlits «dos, eul», d. 1.~01. r. tur; na 1111us « aucun », d. i;t·ueoin.
r. niciun <11eq11e 1111us; obs(/(rlfs (• oLscur », d. stor, it. scuro; sewris, d.
scor, r. SCClll'C. Les elcml·nts lat.ins de l'albanais, de memc quc le sarde d le
roumain, ont conscrn~ comme /1 le 1( brcf du latin: .furnus (i faur, poele »,
alb. jztrr?, log. _!urru, ar. jl!ntll; i11sub11/11m « roukau du meticr a tissi:r &,
alb. sk11l, log. 1·ssulos, r. sul. Par contre, u long est <le\'Cnu ii (y), tout
comme en frarn;ais: factura <( faiture, forme 1>, alb. jtyre, fr. jaiture, face a:
log. _fattura, r. jăpllmi; swtum « bouclicr », alb. sliqyt, fr. e(/(, face a: log.
iskud1!, r. scut. Y aurait-il un rapport cntre l'e\'olution de u en <Jlbanais,
dalmate d frarn;ais? La mutation u> ii cn frarn;ais, quc certains specia-
listes mettcnt sur le corupte du substrat celtique, a rayonne vers l'est jus-
qu'en engadinois, un dialecte rheto-roman occidental, et \•crs le sud-est jus-
quc dans Ies pro\'inccs italicnncs de Lombardie et d'Emilie. En frioulan,
le dialecte rheto-roman le plns oriental, le phcnomene u> 1'i est absent:
par consequent, il ne s'agit pas d'unc continuite sous ce rapport entre !'Oc-
cident et le Sud-Est de !'Europe. Or, cet etat des choses vient infirm:r la
theoric du substrat ccltiquc, en plaidant plutât en faveur d'un develop-
pement a part et indepcndant, commence a une etape relativement an-
cienne, c'est-a-dire probablement a\·ant le IIF siecle, quand la difference
de qualite cntre Ies voyrlles latines it et u tendait a s'effacer.

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IV. LA LANGUE LATINE EN ISTRIE,
EN SLOVENIE ET EN PANNONIE

Aper«Jn historique

105. La colonie romaine cl'A.quilec fut fondec en l'an 181 av. n.e.
Ensuite, en 179 ce fut la conquete de la presqu'île d'Istrie, reconquise en
129 apres un soulevement populaire. Au debut, la romanisation se deve-
loppa lentement, ne faisant des progres sensible que dans Ies regions câtieres.
Du temps de Cesar, il y avait des colonies romaines a Tergeste (Trieste),
Parentium (Parenzo) et Pola 1 . La population autochtone parlait l'illyrien,
le celte, le "ieux istrien et le venete. Sous Auguste, la peninsule istriote a
ete annexee a l'Italie: elle formciit avec la region venete ce qu'on appelait
la X. Regio Augusta. Le trafic et Ies liens Ies plus rapides etaient ceux as-
sures par la voie maritime, avec point de depart Ancâne, Rimini, Ravenne
ou Aquilee. Ce ne fut qu'apres l'an 79 de n. e. qu'une artere nouvelle, la
via Flavia, relia Tergeste (Trieste) de Pola, cette-derniere localite sise dans
l'ang!e sud-ouest de la peninsule. On allait prolonger plus tard ladite artere
vers le sud-est, afin de faciliter Ies contacts avec la Dalmatic. Son apogee
fut touche, probablement, au VI" siecle, comme scmble l'indiquer la des-
cription enthousiaste du senateur Flavius ~fagnus Aurelis Cassiodorus (Var.
12, 22) de l'an 537. Auparavant, les Huns cnvahirent (m 452) la peninsule,
puis Ies Goths. A partir de 539 et jusqu'a l'arrivee des Francs en 787, celle-ci
devait graviter dans la sphere d'influence de Byzance. Un râle important
dans le processus de romanisation incomba a la colonie romaine d'Aquilee,
port maritime et relais d'une importante artere imperiale qui rattachait
l'Espagne et la Gaule a Constantinople ct a l'Asie Mineure. Ccrtains phe-
nomenes ou innovations linguistiques rayonnant d'Aquilee poussaient ,·ers
le nord jusqu'au Danube, a Castra Regina (Regcnsburg), Ba ta vis (Passau),
Vindobona (\lienne) et Carnuntum (Petronell). Au nord-ert, ils englobaient
Ies localites Emona (Ljubljana), Poetovio (Ptuj), Sa,·aria (Szombathely)
et Scarbantia (Sopron). Leurs echos au sud-est se faissaient entendre en
Dalmatie jusqu'a Scodra (Shkoder) et dans Ies environs de Singidunum
(Belgrade). L'evenement le plus important au VIIc sieclc fut, sans doute,
la colonisation slave. Depuis 787, Istrie devait se tourner petit a petit
vers l'Occident, tont d'abord dans le cadre de l'cmpire franc de Charlemagne,
puis dans l'ombre ou la directe protection de Yenise, qui marquera profon-
dement sa structure sociale et sa langue, notammcnt dans la periode du XV 0
au XVIIIe siecles. Entre Ies annees 1809-1918, l'Istrie a fait corps commun
avec l'Autriche, puis, de 1918 a 1945 avec l'Italie, depuis cctte dcrniere
da te, a vec la Y ougoslavie. Par consequen t, il fa u t s 'a ttendre a relever dans
1
J. Weiss, Histria, RE, 8 (1913), p. 2111-2116.

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132 H. Mibăescu

la peninsule Ies traces de plusieurs couches linguistiques successives. Tout


d'abord, le substrat autochtone, ensuite le latin, le grec byzantin, le slaYe,
des elements germaniques meridionaux, Yenitiens, frioulans, autrichiens et
italiens. Mais le present ounage s'interesse tout specialement au latin, tâchant
de preciser dans quelle mesure cette langue aura persiste et eYolue en Istrie
en tant qu'entite independante, avant d'etre submergee et presque etouffee
par le superstrat venitien ou frioulan.
106. Dans la plaine qui s'etend dans le sud-est de l'Istrie, le long de
la mer, sur une mince bande de terrain d'emiron 35 km de long et d'appro-
ximativement 15 km de Jargc, s' est maintenu un îlot linguistique roman,
menace dcpuis longtemps d' etre eng1ou:i par le dialecte n§nitien. Sa populat ion,
qui s'adonnc a l'agricu]turc, y hahite six Yillages, que IlOUS enumerons du
nord au sud: Ro,·igno-Ro' inj, Yalle-Bale, Dignano-Yodnjan, Gallcsano,
Fasana et Sisano-Sisan. Le parlcr de ces Yillages a ete etudie d'abord par
..\ntonio he 2 , originaire de RoYigno-RO\·inj, puis par Ies Croates Petar Skok,
~lirko DeanoYic et PaYao Tcka,·cic. Ccrtains cherchcurs (Antonio Ive et Cle-
mente Mer1o) ont cssaye de rapprocher ces parlers du dialecte frioulan, d'au-
tres specialistes - du dalmate (Petar Skok 3 et Eberhard Kranzm:o.yer),
d'autres encore - du systeme des dia]ectes nord-est italiens (:M:atteo Bartoli,
Carlo Battisti ct Giu1io Yidossi); quant a ::\lirko DeanoYic, il Ies a proc1a-
mes « une Jangue romane» a part 4 . Le fait que chacun de ces groupes de
cherchcurs ait trml\"e des argumcnts pour appuycr sa propre these denote
quc ks parlers mrntionnes se sont troun~s dans une zone d'interferences
et meritcnt un examrn plus attcntif. On prnt dirc cn general qu'ils ont
conservl; certa ins caractl·rcs archalques communs avec le dalmate; qu'i]s
ont adopte certaincs inno,·ations Ycnucs de l'Ouest p~r l'intermediaire du
dialecte frioulan; qu'ils ont conserYe d'etroits rapports awc Ies dialectes
itaJicns ct qu'ils appartit'l1ncnt a kur systemc, mais qu'ils representent un
dl'.·wloppcmcnt ccrtain ct direct <le la langu1· latine par1ec cn Istric et pos-
s0dent par la des traits caracteristiques qui interesscnt egalcment l'etucit.· de
la languc roumaine, \"U qu'ils constituent un point de frcison entre l'ouest
et l'cst de la Rom:-mia. Bien que l'Istric ait dependu un certain temps de
l'Empire romain d'Orient, clk s'est trom·ec dans la sphere d'influence du
patri<ncat d'Aquilec ct a conscn-e le contact aYcc l'Occicknt meme apres
l'arri\'t'c des Slaws. Ll's innoYations linguistiqucs Ycnues de la Gaule et du

2 Antonio I·1e, Ca11ti fopolari i:tria11i. raccolti a Ro••iţ:no cd a1111otati, Torino, 1877;
Xm1dlinc p0polari rnvig11.si, r<1aoltc , d crnnofafc, \"ienna, 1877; Fiabc popolari rnvig11rsi, rac-
coltc ,-J a11110/alr, \"ienna, 1878; S<1ggi di clialctto 1o:•ig11csc, raccolti fd am1otati, TriC"~tt'", 1888;
I dia/citi ladi110-•·· 11rti drll'Jst1 ia, Stra!>shurg, 1900.
3 Petar Skok, Co11t1·ib11tio11 a l'c't11dc -de l'istriotc pn've11itirn, dans « Melanges Prokop
l\L Hasko'tcc•>, Brno, 1936, p. 310-315, d. p. 311: «Ce sont <lonc Ies noms de lieu ~1a·1es
qui prmnent perPmptoirement que le roman <lcs <leux themes byzantins <le la Do.lmatie
et de l'Istrie etait phonetiquement le memc <lans ses originPs 1>; Co11sideratio11s ginira!u siir
le plus 1111cit11 isl1u-10111a11, dans« Sache, Ort und "'ort Jakob Jud. zum sechzigsten Gelmrts-
tag 1> = «Romanica Herbetica 1>, 20 ( IY-43), p. '472--485. Conclusions: « L'istro-roman de
l'epoquc prefrioulane appartenait a la meme aire du latin oriental que l'ancien dalmate.
Les îles ele Cherso et <l'Ossero (Losinji constituaient J'intermediaire cntre Ic vegliote et l'is-
tro-roman ~.
' Deano-1ic, Avv„ p. 4: <• ••• pariata chc, appartenendo a un'area laterale ed essendo
percio arcaica, si distingue dalle altre pariate neolatine delie coste orientali delL\driatico o;
.AGIIt, 39 (1955), p. 188: « •.. in alcunc di queste voci traspaiano almeno le trace di una
lingua arcaica con una fisionomia ~ua propria e che non si puo far entrare nel siste:1~a di
alcun altro sistema •·

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 133

mare - mar - mur - mare - mare; pacem - paz - pas - pace -


pace; partem - parfo - puart - parte - parte.

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132 H. Mihăescu

1
c
c
1
c
E
I

AGllt, 3Y ( lY.).)j, p. 11S1S: ~ ... 1n a1cune 01 queste voci ua»pd1a11u «u11c11u „, "a."" ,_„ ,..,„
lingua arcaica con una fisionomia ~ua propria e che non si puo far entrare nel siste:l~a di
alcun altro sistema ~-

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 133

nord de l'Italie y. ont penetre facilement et modifie le systeme de la langue


latine qu'on parlait en Istrie; a cette influence plus ancienne est venue s'ajou-
ter ensuite celle du dialecte venitien. En meme temps la Pannonie avait
des rclations plus commodes avec la Dalmatie et la Mesie ou la Dacie. C'est
ainsi que la connaissance detaillee du milieu geographique et des conditions
historiques pcut apporter une importante contribution a la determination
de la frontiere linguistique separant la Romania occidentale de la Romania
orientale. Pour ce faire, nous avons besoin, en premier lieu, de materiaux
linguistiques precis et abondants. C'est ce qui a pousse Mirko Deanovic et
Pavao Tekavcic a decrire en detail le parler des villages de Rovigno-Rovinj
et de Dignano (Vodnjan). L'enquete effectuee sur place remonte aux annees
1950-1954 et 1957-1963; elle a dispose de questionnaires et a et e syste-
matique. Les auteurs ont rassemble aussi des textes et presente Ies systemes
phonetique, morphologique, syntagmatique actuels, condition prealable de
toute etude de la genese, de l'evolution, des bases de developpement et des
interferences romano-slaves de ce dialecte. Les sujets parlants sont bilin-
gues, ou meme trilingues, et leur parler est en voie de disparition. Aussi Ies
auteurs ont-ils soigneusement choisi leurs informatcurs et cherche a sur-
prendre Ies particularites authentiques de ce parler. La transcription est
phonetique et Ies exemples sont traduits en italien ou en scrbocroatc.

Vocalisme

1O7. Au systeme vocalique du latin classique du type i, i, e, e, a,


o, o, i"t; u et du latin vulgaire du type i, e, ~. a, q, o, u correspond en
istrien le sysh:me du type li, i, a, u, cil, dane une distribution plus re-
duite, avec une propension pour la fermeture des voyelles. Pour l'italien,
les correspondances sont: i, e, ie, a, o, i"to, u; pour le roumain: i, t', ic,
a, o, H - donc ici un resultat asymetrique. En vaiei des exemples pris a
l'istrien, au dalmate, a l'italien et au roumain, precedes de leurs proto-
types la tins:
i en syllabe ouverte: dico - deigo - dekaia - dico - zic; scntire -
sintei - sentar - sentire - simti; vinum - vein - ven - vino - 'iJin;
i en syllabe fermee: cin.que - seinquc - cenk - cinquc - ci11ci; dic-
tum - de:Uo - da'U - zis; scriptum - skreito - skrit - scritto - scris;
i = e en syllabe ouverte: bibere - bivi - bar - bere - bea; ni·uis -
nio - nai - neve - nea; sitis - si - sait - sete - sete;
e en syllabe ouverte: habere - avi - avar - avere - avea; sera -
sira - safra - sera - seară; tres - tri - tra - tre - trei;
i> e en syllabe fermee: 11la - gt"la - jala - ella - ca; st rictus -
strento - strat - stretto - strîmt; ·vfridis - virdo - ·viard - ·verde - ·<:erde;
e en syllabe ouverte: caelum - szjl - cil - ci"elo - cer; decem -
gize - dik - dieci - zece; sex - seie - si - sei - şase;
e en sy llabe fermee: jerrum - fi ero - }iar - jerro - fier; pell is -
piel - pial - pelle - piele; terra - tiera - tiara - terra - ţară;
La voyelle a reste en general intacte:
mare - mar - mur - marc - mare; pacem - paz - pas - pace -
pace; partem - parto - puart - parte - parte.

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134 H. Mihăescu

o en svllabe ouverte: modus, modo - mudo - mut - a. it. mo - acmu <


eccum mod~; homo - on - jomno - uomo - om; non - nu - na -
no - nu;
o en syllabe fermee: cornu - ki"torno - kuam - corno - corn; mor-
tem - muorto - muart - morte - moarte; noctem - nuoto - nuat - notte
- noapte;
o= u en svllabe ouverte: hora - ura - jaura - ora - oară; so-
lem - sul - sau{ - sole - soar,;; sudorem - sudur - sudaitr - sudore -
s udoarc; crucem - kru:: - kr auk - ero ce - cruce; iugum - zugo - zauk -
- giogo - /ug (dial. gug); 1Htcem - nu::a - nauk - noce - nucă;
1't en syllabe fermee: bucea - buka - b1tka - bocea - bucă; mppa -
kupa - kuap - coppa - cupă; pulverwn - pulvaro - p1tlvro - polvere -
pulbere; Ies correspondances lat. 1't - u s' expliquent probablement pn la
succession des changements u > o> ou > tt et ne prom·ent pas le main-
tien inaltere de 2't latin comme en dalmate ct en roumain;
ii> ou en syllabe ouverte et fermee: crudus - kr011.do - kroit - cru.do -
crud; luna - lo1'tna - loitia - luna - lună; jructus - jrouto - jro'ît -
jrutto - jrupt.
En istrien, dalmate et italien, la voyelle atone a est plus resistante
qu'en roumain, ou elle tend a se fermer: basiare - baza - bissuor - baci-
arr! - ar. băşearc; sq11ama - sk:11na. - skuom,z - squama - scamă; ta-
ccrr! - ta::i - takur - tacere - tăcea (tăcere).
Pour la voyelle latine c l'istrien a parfois un a; mere11da - marenda -
marfa11da - mcre11:la - m:'ri11iti; scrpes, serpentem - sarpeiito - serpiant-
ser pm!c - .5arpc; s/crn11tare - stranuda - staniutare - stră1rnta 5 •
LL'=' diphtongues ei et ou resultees de i, 1"j sont un phenomene ca-
racteristique, considere commc representatif par Carlo Battisti: «... ei e 014
da i, ii, se non sono inno\·azioni, rapprescntano quanto rimane, in questi

dialetti, di realmente « prevencto cioe di una fase romanica regionale indi-

gena 0 . En dalmate, a ce ph·Snom~ne correspondent les changcments u > oi,
i> :.11, a\•cc une ouverture plus accusee.

Consonantisme

100. Dans le domaine du consonantisme on ne constate pas de traces


archalques, comme dan~ le cas du dalmate, ou c + e, i et g + e, i, sont
den:-nus /? + c, i et g + e, i; en italien et en roumain c + e, i et g + e, i;
en istriL·n s + c, i et =+ e, i, c'est-a-dirc qu'il s'agit d'une phase plus avan-
cee d'om·erture, une irradiation de !'Occident: cena - ka'ina - cena - cină -
sena; cinere, cinisia - kanaisa - cenere- cenusă - sien.ara; decem - dt:k -
dicci - :::ac - gi::a; placere - plakaro - pidcere - plăcere - piazi . .
Au p intervocalique correspond un v comme en frarn;:ais: caput -
kup - capo - cap - kavo; ce,pa, cepulla - kapU.Ola - cipolla - ceapă -
zavula: nepotem - nepaut - nipotc - nepot - nevudo.
Le phenomene de la sonoris:ition est general, de sorte que: ·t > d:
lax,zf,e - lassuota - lasciata - lăsată - lagada; metaxa - matuos - ma-
6 Mirko Deano·lic. Remarques sur le systeme phonologique de l'istro-roman, BSLP,
t. 4S ( 1952), 1. p. 79-83.
u Carlo Battisti, dans l' Enciclopedia Italiana, 19 ( 1949), p. 684.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 135

tassa - mătasă - madassa; potere - polare - potere - putere pudi;


c> g: 'iocare - zaktrnr - giocare - juca - zuga; jormfra -- jormaika -
jormica - furnică--: furmeiga; s> z: mensis - mais - mese - ar. nzes -
miz; peduclosits - ,pedoklaus - pidocchioso - păduclzios - padueoz; s +
i, e + voc. > z'.· cţtmisia - kamaisa - canzi"cia - cămaşă - kamaiza;
ceresea - kri"s - ciliegia - cireaşă - sareza.
Les groupes pl; tl =el, gl sont devenus pi, ki> c, gi> g: placere -
plakaro - piaccre ~plăcere - piazi; plmus - plain - pieno - plin - pien;
clamare - klamuor-:---- chiamare - chema(re) - eamd, masculus - muosclo -
- maschio - mascur-:- masco; glacia - glas - glziaccia - glzeafă- gaso.
En ce qui concerne le consonantisme, on peut clonc etre d'accord aYec
Pavao Tekavcic, qui affirme: <(Le sovrapposiziom linguistiche in questa
parte dell'Istria hanno fortemente alterato il carattere originario dei dia-
letti istroromanzi, avvicinandoli all'area dialettcile italiana settentrionale
e friulana, ma non hanno potuto cancellare completamente i loro tratti au-
toctoni. L'area istroromanza e, quindi, tanto per la sua continuita quanto
per i contatti e gli incroci, una delle regioni piu interessanti della Roma-
nia »7 .
Les essais de deceler des traces plus anciennes dans le domainc de
la toponymie sont 'difficiles en raison de la rarete des temoignages indE·nia-
bles, ainsi que du fait que Ies copistes du moyen-âge avaient une propension
excessîve a latiniser .Ies noms, leur lecture n'apportant clonc point de cer-
titude. Par aillcurs, il convient d'admettre qu'en !talie septentrionale Ies
groupes bl, el, gl, jl, pl ont persiste par endroits longtemps en tant qu'ar-
cha1smes regionaux. Donc Ies exemples istriens tels mons Sablonorum (a.
1040), Clea =cliva (a. 1186), Glcsia = ecclesia (a. 1303), San Flor de Campa
(a. 1387), Plano (a: 1191) ne peuvent guere servir a la restitution de la struc-
ture phonetique de l'istrien du temps. Comme dans semita> Sente il ne s'agi-
ssait pas d'un t intervocalique tel celui ele semitaria >someder, Ies excmples
respectifs ne peuvent pas etre mis sur le meme pied 8 . Pour la plupart des
particularites l'istrien concorde clonc avec !'Occident et non avec l'ancien
dalmate ou la langue rolimaine. Retenons une fois de plus la conclusion de
Pavao Tekavcic: <4 Le dignanais, comme Ies autres dialectes istroromans,
ne connaît pas de groupcs de consonnes en position fjnale. au moins dans le
lexique autochtone. En cela nous voyons une des parallelcs Ies plus impor-
tantes entre Ies dialectes 1stroromans d'une part et le dialecte venitien et
l'italien litteraire de l'autre, car ni l'italien, ni le venitien n'admettent non
plus de groupes consonantiques a la fin du mot; d'autre part ce meme trait
distingue nettemrnt l'istroroman de l'ancien dalmate, qui connaît des groupes
consonantiques finaux: jftalb «blanc» <albus, kuarp <( corps » <corpus,
kuinc <quanti, etc. »9.

7
Pavao Tekavcic U~ tentativo di classificazione struttuH.Zc di u1bi „frngolari" 11dl'
istroromanzo di Dignano, SRAZ, 21-22 (1966), p. 39.
8 Mirko Deanovic, Tracce dell'istrioto nell'antica toponomastica dell'Istria, dam(< YII

Congresso Internazionale di Scienze Onomastiche », Fircnze - Pi~a. 4-8 Aprile 1961, p.


377-384.
8 Pavao Tekavcic, Les groupes conscmantiques dans l'ist101oma11 de Dignano, « Gc<lifo-

jak Sarajevo», 2 ( 1961), p. 129-138, cf. p. 130.

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H. Mihăcscu

Morphologie

109. Nee du systeme de la langue latine, la structure nominale s'est


beaucoup simplifiee. On y distingue une categorie de noms feminins en
-a dont le pluriel est en -e, tout comme pour l'italien et le roumain (dans
cette derniere langue -a inaccentue est devenu -ă): anama - aname, a-
nima - anime, inimă - inime (a. dr., dr. reg., ar.); kaza - kazc, casa -
casc, casă - case. Certains substantifs sont passes de la III 0 declin·ation a
la pe declinaison: cenere - sienera, puppis - poiipa, serpes - sierpa. Une
categorie de substantifs en -o avec le pluriel en -e a ete creee: bulpo « re-
nard » - bui pe, mento« raison » - 11u'11te, m11orto «mort• - muorte.
Les noms masculins en -o ont le pluriel en -i comme dans l'italien:
dento - dc11ti, kuorvo - kuon:i, monto - mo11ti. Toujours comme en italien,
ceux en -a font leur pluriel en -i: papa - papi, poeta - poeti, projicta -
projieti. Les noms termines en -go, -ko, -ga, -ka gardent leur velaire avant la
Yoyelle palatale du pluriel: jai'go - _/aigi, fico - jiâ; lako - laki, lago - lagi,
lac - larnri; furmdga - furmâge, formica - formice, furnică - furnici;
jurk,1 - furke, jarca - fora, _turcă - /urci.
Certains noms sont derives du nominatif latin: jorfex - forje <1 ciseau •.
a. it. jorjicc, r. foarfece: pracbitcr - prictro « pretre •. it. prete, r. preot;
soror - sor (pl. rnrure), r. soră (pl. surori).
De meme qu'cn roumain, quclques noms ont change de gcnre: floreni -
fi11r f., r. floare, mais en it. fiorc m.; lmnm - loilme, r. lume « monde •>. mais
en it. lume « lumiere » m. L'opposition masculin - feminin est o - a, comme
en italicn: fl:jo - feja, figlio - figlia; ·,:ido - viela, vecchio - vecchia.
Suff ixcs deri,·a tif s:
-aceus, -acea: d11011a - duna.rn, leibro - libraso, samicr - saniaraso;
-ari11s, -aria: bicarimn - bi ceri, it. bicclticrc: samarium - samiir;
-cll11s, -clla: bcllus - bel, it. bcllo: rastcllus - rastiel, vitellus - vadiel;
-,·olus, -cola: linteolum - 11i11s0!, it. lew:uolo: *lusciniolus - rusi·nol, it.
usi;:1iolo:
~ -in11s, i11a: m:is:ulus + -inus > m:1sc11lc·i11, *plattus + -inus > piatein;
-ittus, -itta: calcca + -itta > kalsita, camis1·a + -itta > kamizita:
-otfuc;, -ofta: cappa + -ottus > kap17oto, casa+ -ottus > ka:twto, iuve-
11is + -ottus > zu;,•11111/oto.
Le comparatif des adjectifs est forme avcc pi01in (<lat. plus) comme
en dalmate ( ple) et en italien ( piil), a la difference du roumain qui se sert
a cct effct de mai (<lat. m:igis). Quclqucs fonnes synthetiques ont resiste:
maior > maio, minus > meno, pcius > pie:o, comme en italien, alors que
le roumain ne comporte que des formes analytiques. Moins frequemment utilise
qu'en italien s'avere le superlatif en -1'.ssimus (alteisimo,rareisimo),quien
roumain n'apparait que dans Ies nfologismes de date recente.

110. Le systeme des numeraux est identique a celui du dalmate et de


l'italien, mais il differe partiellement du systemc roumain:
oun, ouna - fofo, iofoa - uno, una - unu, una
dui, du - dot, dut - duo, due - doi, două
tri - tra - tre - trei
quatro - quatro - quattro - patru
seillqne - cenq, cinq - cinque - cinci

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 137

seie - si, sis - sei - şase


siete - sapto - sette - şapte
uoto, vi"toto - vapto - otto - opt
nuove - nu - nove - nouă
gize - di"k - dieci - zece
andaze - jonko- - undici - unsprezece
dilda:;;e - dotko - dodici - doisprezece
tridaze - tretko - tredici - treisprezece
quatu6rdaze - quatarko - quattordici - patrusprezece
queindaze - conko - qui"ndfri - cincisprezece
sidaze - setko - sedici - şasesprezece
dizisiete - dikisapto - diciasette - şaptesprezece
diziditoto - dikidapto - diciotto - optsprezece
dizinuove - dikinum - diciannove - nouăsprezece
veinti - vene - vcnti - douăzeci
vcintioi'in - vencjoin - ventuno - douăzeci Şi U11/U
trenta - tranta - trcnta - treizeci
trentaoun - trantajoin - trentuno - trâzcci şi unu
quaranta - kuar{tonta - quaranta - patruzeci
quarantaoun - quarantajoin - quarantuno - patruzeci şi unu
sinquanta - cinquonta - cinquanta - ci"ncizeci
sesanta - sessi'tcmta - sessanta - şasezeci
satanta - sapti"wnta - scttanta - şaptezeci
utanta - otuont - ottanta - optzeci
nunanta - nonuanta - novanta - nouăzeci
sento - ciant - cento - o sută
sento e gize - ci"ant dik - centodieci - o sută zece
duzento - ? - duecento - două sute
trazento - trazfont - trecento - trei sute
meile - mel - millc - o mie
dui meilc - doie mil - duemila - două mii
Les numeraux ordinaux s'accordent eux aussi aYcc le systeme dalmate
et _italien, tandis que Ies numeraux ordinaux roumains ont suiYi leur pro!Ji-=
voie:
preimo - prein - primo - întîi
sagondo - sekuant - scrondo - al doilea
tierso - tfrrat - ter::o - al tredea
quarto - kuart - quarto - al patrulea
queinto - C1:nkto - qm"nto - al cincilea
siesto - si·asto - scsto - al şaselea
sietimo - siaptimo - settimo - al şaptelea
utdvo - ? - ottavo - al optulea
miono - nujto - nono - al nouălea
de::imo - dikto - decimo - al zecelea
vantizimo - ? - vcntesimo - al douăzecilea
trantizimo - ? - trentesimo - al treizecilea
santizimo - ? - centesimo - al sutălea
milizimo - ? - millesimo - al miilea

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138 H. l\lihăescu

111. Les differences entre Ies pronoms personnels accentues et atones


sont rnoins tranchees qu'en roumain: mei, nicio·- eic; mc, ma - mi-, mie,
mă, mine; ti, tei, tcio - ţi-, ţie, te, tine; Zoit, el, gil - el; lu, ga ge - lui, pe el;
1zui - 11oi, '11de, 'nda-11e, nouă, pc noi; vui - 'i.!Oi, ve, va - vă, vouă, pe voi;
lui - ci; li, ga, gc - le, lor, pe ci. Cette sorte de differences se degage nette-
rnent de quelques excmples concrets: cume mei e uu6 ma sor - 1·a-mă pc mine
şi 1111 pc soră-mea « prends moi et non pas ma sreur », ti k11mpanarii lou e mei
1: zaric kun gi·za - tu îl <Jci acompania pc el şi cu 'i}Oi merge rn ea « tu l'accom-
pagneras lui et moi j 'irai avec elle », n11i i im.•itemo t•ui - noi vă invităm pe
t•oi <1 nous vous invitons vous », i·ulime bc11 - neţi-mi binele « veuillez-moi le
bien », i ta ic dcito - eu ţi-am ::is « je t'ai dit fi, lo11 d 11/t 'nda ·vido - el nu ne
vede« il ne nous voit pas», el pare el g'uo dâto - tatăl i-a ::is «le pere lui a dit»,
el ga l' uo pmomisa par s pu::.a - el i-a promis-o de soţie 10 <( il la lui a promise
comme epouse ».
Par rapport a l'italien et au roumain, l'on constate dans le systemc des
pronoms reflechis un phenomene specif iquc a la premiere personne du plu-
riel: 11ic·i i nt!l rapu::o - io mi n·paso - cu mă repaw:e::; tei ti ta rapuzi -
tu li riposi - tu te rcpau::c::i ,' lou el sa rapu::a - egli si riposa - d se repan::cază;
gif a la sa rapu::a - egla s1: riposa - ca se repau:::ea:::ă; mti" i sa rapuzemo -
noi ci riposiamo - 1101: ne repaw:ăm; vui i va rapu::ide - voi vi riposate -
voi vă repauzaţi; lui 1· sa rapw:a - essi si ri:posano - ci se repauzează, gile li
sa rapu::.a - csse si riposa110 - ele se repau::ea::ă.
En revanche, en cc qui concerne la position des pronoms possessifs
l'istrien rcssemble a l'italien et s'ecarte du roumain: mico, miejo, miea - meu,
mea « mien, mienne 1>; tnovo, tn6jo, tuova - tău, ta « tien, tienne »: suovo,
su.ojo, suava - său, sa <c sien, sicnne »;miei, miec - mei", mele <c miens, miennes 1>;
tuovi, luai, tuove - tăi, talc <c tiens, tiennes 1>; suavi, suoi, suave - săi, sale
<c siens, siennes 1>; nostro, -a. -i. -e - nostru, noastră, nostri, noastre« notre,
nâtre, nos, nâtrcs »; vostro, -a, -i. -c - 1•ostr11, <•oastră, v~ştri, voastre « votre,
\'âtrc>, vos, Yâtres »; da luri, da lztrc - a lor, ale lor« leur, leurs ». Ccs ressem-
blances ct, respecti\'emcnt, differences se degagent des rapports syntaxiques:
11it· 11 evo - mia ni pote - al meu nepot ou nepotul meu; la su mare - la sua
1nadre - a sa mamă ou mamă-sa; li tu feja - le tue figlie - ale tale fiice ou
fiicele tale; kuando ke stu fra al vido su marc morta - quando questo fratello
vide sita madrc m'Jrta - cînd acest frate vede pe 11t'.mtif-sa (ou a sa mamă)
moartă; fry !?c ti soy1t la veysta di me oei, al săngo dal me korpo - tu cite sei
la vista dei miei occlti, il sangue del mia corpo - tu can: eşti vederea ochilor mei,
sîngele corpului meu.

112. Pour cc qui est de leurs origine et fonction, Ies pronoms demonstra-
tif s a dcux dcgres sont identiques aux pronoms de l'italien et du roumain:
qHisto, -a, questo, -a, acest, această < cecum iste, -a
quisti, -e, questi, -e, aceşti, acestea < eccum 1:sti, -ae
quil, -a, quello, -a, ~tcel, -a <cecum ille, -a
quili, -e, quelli, -e, acei, acele < eccum illi, -ae
10 Deanovic, Avv„ p. 30-31; Tekav~ic, Vodn., p. 189-191.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 139

L'opposition entre la position proclitique et la pos1tion enclitique est


marquee en istrien par des formes abreviees dans la premiere situation, en
roumain par l' -a paragogique dans la seconde situation:
·stu omo - acest om, mais omul acesta
s.ta duona - această doamnă, mais doamna aceasta
sti omi - acesti oameni, mais oanunii acestia
ste duone - dceste doamne, mais doamnele' acestea
Les formes renforcees sont Ies memes que dans le systeme de l'italien,
alors que le roumain a cree ses propres syntagmes:
l·ustiso - lo stesso - tot acesta
lastisa - la stessa - tot aceasta
niadimo - medesimo - acelaşi, tot acela
madima - medesima - aceeaşi, tot aceea
Les pronoms relatifs et interrogatifs constituent un systeme similaire
au systeme de l'italien, cependant que le roumain a choisi partiellement d'au-
tres moyens:
qual, qualu, pl. quai - care, invariable
qttala, pl. quale
ki < quis - cine < qzwn
ke < quid - ce
Les pronoms indefinis ont a leur base des syntagmes analogues aux
syntag.mes quc l'on retrouve en italien, contrairement a ce qui se passe en
roumam
ninte - niente < ne inde - nimica < 11e mica
qualko - qualclze < quale quid - ceva < quid volet
ningoun < nec unus - nici un < neque unus
ouidoun < omnis wzus - fiecare < fiat qualis
La difference la plus frappante entre l'istrien et l'italien d'une part
et le roumain d'autre part reside dans la position de l'article defini qui pro-
vient de lat. ille; en opposition avec la situation existant dans toutes Ies
autres langues romanes, cet article est enclitique en roumain:
el, al, lu - il, l' - -l, -le
i - i, gli - -i
la - la - -a
le - k -~e
Exemples: el om - l'uomo - omul; fit sul - il sole - soarele; la r;ou-
la - la gala - gura; i omi - gli uomini - oamenii; le goule, le gole - gurile;
duopo 'l kaldo veno 'l jrido - dopa il caldo viene il freddo - după cald ( căl­
dură) vine frig; al siingo dal me korp - il saugue dcl mz'o corpo - sîugclc
corpului meu.
113. De meme que Ies langues dalmate ct roumaine, l'istrien a conserve
le schema des quatre conjugaisons latines. Le final en -re s'est perdu en istrien,
frioulan et roumain, mais cette derniere langue a garde Ies infinitifs en -re,
dits infinitifs longs, ayant valeur de substantif, par exemple scribere > seric
« ecrire », mais scriere « ecriture ». Les differences entre l'istrien, le dalmate,
l'italien et le roumain sous ce rapport sont minimcs:
clamare - cama - klamuar - chiamare - clzcma(re)
dare - dci - duor - dare - da(re)
lzabere - avi - avar - avere - avea (avere)
potere - pudi - potar - potere - putea (putere)

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140 H. Mihăescu

bibere - bivi - bar - bere - bea (bere)


cresccre - krisi - kraskro - crescere - creşte (re)
dormire - duormi - dormer - dormfre - dormi (re)
nwrire - m0ri - morer - morire - muri(re)
La premiere personne de l'indicatif des verbes en -eo, -io semble plus
consen-atrice en istrien qu'en roumain: video - vido - vă::; teneo - tieno -
ţiu; vmio - ·;Jidio - viu (Ies formes roumaines 'l'ăd, ţin, vin sont analogiques).
Quelques traces de l'-s a la deuxieme personne de l'indicatif present
persistent cncore dans Ies formes interrogatives 11 , alors que l'italien et le
roumain I' ont completement perdu: potes !11? - pi'todisto? - puoi tu? - poţi
tu?; voles tu? - ·uoisto? - vuoi tu? - vrâ t11?; ula vasto? - dove vai? -
wide mergi?
Le prcsent du suhjonctif n'offre des differences par rapport a l'indicatif
qu'a la III" personne du singulier et du pluriel des \'c:rbes en -are: clamat -
cama - eh iama - cheamă face a clamet - canto - chiami - cheme; dans le
cas des autres conjugaisons, sa terminaison est toujours en -o.
Le negatif de 1'1mperatif a pour bas<:' le schema latin non+ l'infinitif,
comme cn italien ct en roumain, avec la seule difference pres qu'en istrien
s' est consen·e - trait commun avec certa ins dialectes italicns du nord - Je
syntagme 110 star a + l'infinitif: nu std a bah - 11011 battere - nu bate; nu
sfi a ::ci - 11on andare - 111t mergt'.
Du plus-que-parfait latin du type can!avissem, audi;.Jissem est ne en
istricn l'imparfait du subjonctif lw11Hso, vuldiso, alors qu'cn roumain il a
donne le plus-que-parfait d<:' l'indicatif cintasem, au::z:sem. Le participe pre-
sent latin en -Clls de,·ait persister en istrien et en italien, alors qu'il s'est perdu
en roumain: ardens - ardento - ardente, en!rans - cn!ranto - entrante. Cer-
tains participcs passes sont communs en istrien, italien et roumain: laxatus,
-a - lase, -rida - lasciato, -a - lăsat, -ă; cog11osccrc +
utus, -uta: kwiicesoit -
conosciuto, -a - cunosotl, -ii; factus - fato - fa Ito - fapt (en roumain moderne
1a forme analogiquc: f ărnl).
En istrien, le futur s'cst developpe a partir du syntagme infinitif +
+ habere, en roumain de l'infinitif +
volere ou de volerc +
l'infinitif. Sous se
rapport, l'istricn marchc de concert avec l'italien, le roumam avec 1'2lbanais,
1c bulgare et Ic grec: /u;iarc +
lrabco > hrnarie, valeo !avare > voi la; credere
+ habco > kradari/, <'ofro crcdcre > voi crede ou crede-voi. A la Lase du
conditionncl se trou,·e le schema infinitif + liabui, comme dans certains dia-
lectcs italiens du nord 12 , cependant qu'en roumain il s'est denloppe a partir
du schema infinitif + volebam ou volcbam +
infinitif: sentire habu1: > senti-
nh•i - scn!ire ·uolcbam > simţire-a~ ou ·volebam sentire > a~ simţ1·.
114. Des diffl·rences entre l'i~trien et l'italien d'un câte et le roumain
de l';mtre se laissent egalcmcnt saisir dans la conjugaison des verbcs irregu-
liers. Pour la notion « etrc » le roumain a cumule Ies formes de *esserc et fieri,
chose absolument ignoree dans le cas des deux autrcs langues: sum - son -
sono - îs, -s « jc suis ». mais sim - seio - sia - (să) fiu « que je sois »;
csscrc l1abeo - sarie - sar6, mais voi fi <r je serai». Dans d'autres cas, le rou-
main ganle la troisieme personne du subjonctif present, tout en developpant
11 Deanovic, Avv.. p. 36.
12 Deano·ric, Avv., p. 40.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie

aussi des doublets analogiques innovateurs: dat - dago - dia - (să} dea
(deie) « qu'il donne »; dicat - deigo - dica - (să) zică « qu'il dise », *po-
teat - puoso - possa - (să) poată (*poaţă) « qu'il puisse »; veniat - vieno -
- ·uenga - (să) vie (vină). Du plus-que-parfait de l'indicatif fztisset est nee
en istrien la forme de l'imparfait du subjonctif fuoso et en roumain le parfait
de l'indicatif fuse« il fut »; de celle-ci s'est developpe le participe passe fost,
-ă, foş:i, foste, alors que l'istrien developpa les formes sta, stada, stadi, stadc,
d'apres le systeme italien stato, -a, -i, -e.
Le suffixe -utus a tenu un role important dans la genese du participe
passe en dalmate, istrien, italien et roumain: cognoscere - kumtsut - kunu-
sou - conosciuto - cunoscut; *potere - potait - pusioi'i - potuto - putut; te-
1tere - tenaU - tinou - tenuto - tinut; videre - vedait - vidoit - veduto -
văzut; volere - bloid - vusiou - ~oluto - vrut. En istrien, il a attire a soi
certaines formes qui en dalmate, italien et roumain sont restees fideles aux
formes latines: auditus - vuldoi1 - udito - auzit; senti tus - sentait - sin-
toi't - sentito - simţit. Mais dans d'autres cas, l'istrien a mieux garde ces
f ormes que le roumain: coopertus - kuvierto - coperto - acoperit; dictus -
deito - detto - zis. Bien conserve cn istrien, italien et roumain le gerondi1
latin: habendo - avendo - avînd; currendo - a kurando - correndo - curînd
« bientât, prochainement »; dormiendo - a durmcndo - dormcndo - dormind;
pote11do - a putiando - potendo - p11tînd. La particule a precedant le ge-
rondif istrien est probablemcnt le reflet de la forme latine de l'accusatif:
ad lzabendum, ad wrrendum, ad dormiendwn. etc. Les verbes impersonnels
pyow « il pleut » et lampizia « il eclaire » marchent de concert avcc l'italien
piove ct lampeggia, a la difference du roumain plouă et fulgeră.
Les seuls prefixes verbaux reellement vivants sont des-(dis) - et in-:
*desmontare > dezmuntd «demonter »; de spoliare > dasp!!id « depouiller »;
*dismixcitarc > dasmisid (< reveiller », *disvocitarc > dazbudti (< evacuer)); in-
tardigd « s'attarder », hn•idikd « vanger ».

Adverbes, prepositions, conjonctions

115. Les particulcs ou cc qu'on appelle <1 Ies instruments grammaticaux »


qui exprimcnt des rapports fins ct nuances dans chaquc languc sont en meme
tcmps aussi ses traits caracteristiques face a d'autres langues; par consequcnt,
elles rcndent possiblc la connaissancc du dcgre de parente ct d'intcrpenetra-
tion drs diff eren tes langucs.
La raretc du suffixc ad,·crbial -mente s' cxplique par sa provenancc tar-
dive ct d'originc lincsque: aligrnmcnto, libramento, mi:::erame_vnto, sulamentro,
veramcntro. Les ad\·erbcs lcs plus usucls sont d'habitudc commc en italien,
rnais differents des adn:rbes du roumain: a lai - allato < ad latus - alâ-
turi < ad *latora; avanii < abante - Î>lainte < inabante; alura - allora <
< illa hora - atunci < *adtnncce; duman - domani < de mane - mîine <
< 11iane; invise - invcce < in viccm - în schimb < in + *excambiarc; la <
< illac - acolo < cecum illoc; ma1: < magis - niciodată < ncque una data;
polw -- poco < paucum - puţin < *putinum; poi"'tra - pure < pz;,re - rnral
< curatum; mal - male <male - răii <reuni; puoi <post - apoi < ad
post; sei < sic - aşa < eccum sic; soubato - subita < subita - repede < ra··
pide; stamiteina - stamattina < eccum istu mattutinu - azi dimineaţă < hac

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142 H. ~Iihăescu

die de *ma11itia; tanto < tantum - atît < ad ta11tum; u11kui < hodie - azi <
<hac die; uoni - ogni < omnis - fiecare <fiat +
qualis; 1:isfin - 'i.:iâno<
< vicinum - aproape. < ad prope. Les parallelismes entre l'istrien et le rou-
main sont peu nombreux: ben - bine < bene; dreinto - di11tru < de intro;
·ieri - ieri < heri; indrefo - ·illdii.răt < 1:n de retro; i11iiuri - nicăieri < nec
aliubi.
Les prepositions ad, mm, de, i11, per ont surYecu en istrirn, en italien
et en roumain, mais elles ont cree des composes differents: a turna« autour » -
în jur « autour » < in gyrum; da mie:.a - î11 mia« au milieu» < in mcdium;
de ra:au - în adevăr <( Yrairnent 1> < in ad de rermn; feinte in - pînă la « jus-
qu'a 1> < pat'lle ad iliac; parsiu - pereia <per eac /wc - dt" acaa < de ecce
illa <c c'est pourquoi 1>; a <ca•> - la< iliac ad; a rm:idast· - la re'i.'edcrc «au re\'oir •> •
.\ l'cxpression istrienne a fuga <c cn fuite, rapidement 1> correspondent en rou-
main în hgă, la fugă. On remarque un parallelisme istrioto-roumain dans
l'evolution de la pr~position latine per: a dormci per taa - a dormi pe pămînt
1• donnir sur terre •>; kami11d p11r la kal - a merge pc calea <c cheminer (marcher)
sur la Yoie i>. La prepo::ition sine a laisse des traccs en istrien ( si11a, siina),
mais en roumain on a fărLt (.foras) « sans 1>. Le syntagme latin de post (a. it.
dipoi, r. după) a donne en ancien \'enitien dcspuo, cn istrien despoi; donc,
cn Istric, il s'agit d'influence Yeniticnne.
II y a Jcs differences entre l'istrien et le roumain aussi dans le domaine
des conjonctions: da11k1i < du11c « donc 1> - dui < 1fr q11id; parki <per quiă
« pourquoi 1> - de cc < de quid; sagondo < scrnlldum <( d'apres, selon » -
după < dl· post; kl· IM < qitid q11oad «parce que •> - di:aarae < de lzor,i quid.

L'ordre des mots

I rn. L'ordn· dl':; mots dans la phrase est similaire a celui <le l'italien.
mais diff(·rcnt de l'ordre <les mots en roumain, notamment quand il s'agit
J\·:·:primL·r h·s rapports cntre cc qui est defini et ce qui est inJefini, ainsi que
dans le cas de la sulistitution <l1· l'infinitif par le subjonctif. Pour saisir ces
diff c·rencv-;, la mcilleure mcthock est d'etudier comparatiH•ment un texte
quclconquc avcc ses Ynsions italil'nne et roumaine:
« Cn cierto omo l'o au dui fri. E al piun zm·cno de luri ghe <leito a so
pare: misser pare, dimc la parto ddla roba che menn. E de longo algo divi-
disto a luri la roba. E. daspoi no pochi di, douto ingruma el fejo piiln zuveno
Yia dal pais al ze a largo purasse, e la al vi,·e,·a da skandalus, e l'o consuma
la soa parto. E daspoi che al a\'iva magna douto, a zi Yignu una grand fam
in quil pais, e lu al'o skomezfL a patei. El al ze z1, e al so misso a sen·(·i un
siur de quil pais. E al l'o manda nel so villazo a paskula i porchi. E al bramava
a impini la soa pauza delle skuorze de legumi che magnaYo i porchi, e nin-
gun a no ghene divo. Ma turna a lu, algo deito: quanti famii incasa de me
parei zguazzo de pan, e mejo <;a cripo <le farn! I me le\'are e zare dame pare
e i ghe dire: misscr parc i je pccca inver del cil, e inver de vui. Za mei
i no son digno d' essi chiama Youstro f ejo; fim come uno dei vustri famii » 13 .
<c Un certo uomo an·va due figliuoli. E il piu giovane di loro a detto al
suo padre: padre, dammi la parte <lella roba chemi toca. E subito cgli a diviso
13 Deanovic, Avv„ p. 55.

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Les langue latine en Istrie, en Slo-renie et en Pannonie 143

a 1oro la roba. E dopo pochi giorni, tutto raccoglio il figlio piu giovane, e si
ne e andato via dal paese, assai lontano; e Ia egli viveva da scandaloso, ed
ha consummato la sua parte. E dopo aver mangiato tutto, evenuta una grande
carestia in quel paese, e lui ha cominciato a soffrire. Ed egli e andato e si e
messo a servire un signore di quel paese. E questo l'ha mandata nel suo villag-
gio ~ pascolare i porci. Ed egli bramava di empire la sua pancia delle ghiande
che mangiavano i porci; e nessuno glie ne <lava. Ma rientrato in se stesso,
egli ha detto: quanti mercenari in casa di mio padre hanno dcl pane in abbon-
danza ed io qui mi muoio di fame ! Mi alzero e andro da mio padre e gli di ro:
padre, ho peccato contro del cielo e contro di te. G1a non sono degno di
esser chiamato tuo figlio; trattami come uno de' tuoi mercenari».
«Un om oarecare avea doi fii. Cel mai tînăr dintre ei a zis tată.lui său:
tată, dă-mi partea de avere cc mi se cuvine. Şi repede acesta le-a împărţit
averea. După cîteva zile, fiul cel mai tînăr a strîns tot şi a plecat din ţară,
destul de departe; acolo trăia scandalos şi a consumat partea sa. După ce a
mîncat tot, a venit o foamete mare în ţara aceea, iar el a început a suferi.
Deci <:i mers şi s-a pus să slujească un domn din acea ţară, iar acesta l-a trimis
în satul său să pască porcii. Şi dorea să-şi umple pîntecele cu resturile de le-
gume pe care le mîncau porcii, dar nimeni nu i le da. Şi-a venit în fire şi a zis:
cîţi servitori din casa părintelui meu au prisos de pîine şi eu aici crăp de foame!
Mă voi scula şi voi merge la tatăl meu şi-i voi zice: tată, am păcătuit în faţa
ecrului şi în faţa ta; acum nu mai sînt demn să fiu chemat fiul tău; fă-mă ca
unul dintre servitorii tăi ».

Le lexique
Le lexique elementaire

117. Le lexique elementaire, noyau de la langue, se compose surtout de


verbes, conserves dans tous ou presque tous Ies langues et dialectes romans.
Du fait de la faiblcsse de sa position apres l'accent principal, la tcrmi-
naison en -re de l'infinitif s'est perdue en istrien, frioulan et roumain. Chaque
languc a eu sa propre evolution sous ce rapport, sans que l'influence mutuelle
y ait tenu un râle. En roumain, l'infinitif en -re, dit l'infinitif long, est utilise
de nos jours comme substantif, mais en istrien il n'a guere survecu. Afin d'a-
voir une vue d'ensemble du phenomene, vaiei quelques exemples en latin,
istrien, italien et roumain: adiutare - guda - az:utare - ajuta(re), blasti-
mare - bascama - bestemmiare - blestema(re), circarc - sirkd - cercare -
cerea (re), cadere - kaj - cad ere - cădea, cădere; crepare - kri pa - crepa-
re - crăpa( re), crescere - krisi - crescerc - creşte(re), dare - dd - dare -
da( re), dicere - dei - dirc - zice(re), dormire - diformi - dormi're - dor-
mi( re), facere - fa - fare - face(re), habere - avi - avere - avea, avere;
laxare - lasd - lasciare - lăsa( re), maritare - maridd - maritare - mări­
ta( re) ,potere - pudi - potere - putea, putere; scrivere - skrefoi- scrivere-
-scrie (re), siccare - sekd - sece are - seca (re), stare _ stci - stare- sta( re),
vendere - vendi - vendere - vinde(re), venire - vinei - venire - veni( re),
videre - vidi - vedere - vedea, vedere; volere - vuli - volere - vrea, vrere.
Chaque langue a fait son choix selon ses conditions specifiques ct ses
propres besoins. Parfois, il y avait des double!s, chaque langue retenant celui
qui lui convenait. Dans un espace geographique aussi etendu que celui de

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144 H. ::\Iihăescu

l'Empire romain, des aircs linguistiques se sont formees aYec le temps ci


l'istrien s' est trouve faire partie de l'une d' elles. Pour Ies buts poursufris
par le present ouvragc, ce qui nous importe avant tout ce sont ses rapports
avec le dalm(lte, l'italien et le frioulan, d'un câte, avec le roum;iin d'un autre
câte. Les differences se dessinent tout d'abord dans le domaine de la flore:
cepulla - saula - kapuola - cipolla, mais r. ceapă, alb. qepe < cepa; s:im-
bucus - sambu<L'!!,O - sambucco, mais r. soc < sabums; (UIU!Jts - fond::o, fun-
go, mais r. burete < bolt'lus; imipcrus -- d::a;zic.·ero - gincpro, niais r. }nca-
piin < i1111ipcrus; urtica - urtdga - ortaika - ortica, mais r. urzică < *ur-
dica; radicc - radciga - radailw - radicc, mais r. rădăână < radicina, fr.
racinc. Le terme de b'1silica ne de,·ait survi\Te que dans la topon~·mie (Ba-
::cilika, RoYigno)' ctant concurrence par ales ia > gezia, alors que dans le
latin qui est a la basc de la languc roumainc il s' est genera lise pour dcTenir
le scul viable. En istricn (buka), cn dalmate (buka), en italim (bocea) et
cn frioulan (buk'c), le latin buui! devait garder son sens originaire, cependant
qu'rn roumam (li/leii <c jouc, fcssc i>) il s'est modific cn sens pejoratif. Vetci'ilus
« vieux » a surYl>cu cn istrien ( ;:cdomo « jachere ») et en frioulan ( di::1:1·dri11i
« <ldricher »), sans laisser en rcYanchc des traccs en roumain. Pour la notion
de <c disparaitrc dcrrierc 1"110rizon, se couchcr » (cn parlant des astres), cn istrien
nous avans ks cksccndants de *bonart' (bonast', part. passe bond <c coucher du
soleil »), ::e sul bund <c le solcil se couche », a sul bund <c au coucher du soleil »),
de meme qu'cn frioubn (a scrdli bo11ât <c au coucher du soleil ») 14 ,
alors quc Ic roumain a herite d'appo11crc (socnclc a punt' <c lt? soleil se couchc »)
qui v~ enscmble aHc I(· parler dC's ..\brnz.zes (lu sofr s't' app11111111Nse «le soleil
s'c·st couche i>). Parmi le~ ,·ariantcs *si11gluttiart' et s1:bgl11ttiart' (< ~anglotcr »,
si11gl11tt11s d s1!11;;/11tt1u; ,, hoquct, sanglot i>, l'istricn a retenu la premiere d'entre
elles (sa li.( li SO), k roumain la dernierc (sug hi{). Pour la notion d'<c arc-en-cicl '»
l"l1 Italic l't dans Ies Alpcs. nous avons Ies composes a,·cc arrns (it. arcobalcno,
istr. arc1:111hi/. frioul. 1nkobâido), tanclis qu'enroumain jouele composedecir-
cus, *curc!:s (lltl'dtbe1! I. Ces c;.:emp!C's montn'nt que l'istrien s'est de,·doppe
dans unc region ~l part. 11 "ayant gncre de contacts ctroits avcc k territoire
de fnnnation de la langue roumaine.

La flore et la faune

118. La nomL·nclature de la flore rcflctc ks conditions na turdles dC' I' cxis-


tcncc d'une population agricole m(·diterraneenne, vivant a proximite de la
mer, chez laquellc se rdrom·ent, entre autres, Ies legumcs du potager et Ies
plantes generalcnwnt connues, tcllcs l'oignon (saula), l'ail (ajo), la lcntille
(lento), la mam·c (naiba), le fenouil (marasa) et l'ortic (urteiga), awc !cur
racinc (radci~a). Les cerealcs Ies plus frequentcs sont: le ble (gra), la seigle
(sagala), l'orgc (ord:.o) ct le milkt (1111"0), quant aux plantes textiles: le
chanvre (kanm.'o, ganiepa) et Ic lin (l'iil). Comme arbustes. herbes et vege-
ta tion croissant naturellcment au hasard, notons la fougerc (jilieti, fileti,
fuleti < filidum)' Ic lierre (ilara)' le muricr (mura) le muscadier (mus co) I

et le prunier sauvagc ( galupo) 15 . Panni ks arbres rnediterranecns, deux

u M. Deano·;ic, RadJAZ, 7 (1955), p. 77.


15 M. Deano·;ic, SRAZ, 1 ( 1956), p. 20.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 145

seulemept ont leurs noms attestes en istrien: le cognassier ( pumu kudciio) et


l' oliv ier (jeigo). Pour les arbres fruitiers de nos vergers, le poirier (pi ro,
pe1'o) et le pommier (mclo) sont les plus frequents. Quant aux arbres et
arbustes utilises pour le chauffage et la cuisine, leurs noms figurent dans une
large zone geographique et, par consequent, ces noms ont laisse des traces
dans presque toutes les langues romanes: le sa pin (albi < abiete), l'aune
(drsc11a, drsana < *alsina), le cerisier (saredzo), le fayard (ja(Jier, fa(Jer<
< fagari°tJ,s), le frene (jrasino, fraseno, jrascno), le genievre ( dzanivero, d::a-
nec.h1ro), l' orne ( varno), le pin ( pei11, pin), le sureau ( sambuwgo), le tilleul
( tcil go, tiea, tea) et l' orme (ulm o, olmo) .
On trouve attestes dans la serie des animaux dome~tiques: le chicn
(kan), le poulain (mau::,o, probablcment d'origine alpine ou balkanique),
le veau ('vediel), le porc ( pi'lorko) et 18 truie ( skruva). Pour les parasites:
celui de la vigne, de l'espece des coleopteres, a la taille d'une mouche d'un
vert eclatant (uriol, ur(Jol < aurcolus) 16 , le pou (paduc), la puce (pulizo)
et le vers (viermo). Les betes sauvages: le chevrcuil (km.:riolo), le renard
(bulpo). Autres etres vivant dans la na ture: le corbeau (kuorvo), l'herisson
(reiso), l'hirondcllc (rondula) ct le poisson ( piso). L'agneau ne durant l'hiver,
donc 2,«mt saison, s'appelait primar(Jol ou prhnarol (pri'1nari11s -colus) 17 • +
Les parties du cm·ps

119. La nornenclature des differentes parties du corps est generalement


conservatrice et d'originc ancienne, car elle appartient au lexique le plus
souvent utilise, autrement dit au noyau meme de la langue. On ne s<mrait
donc s'attendre de trouver dans ce domaine des traits specifiques, Ies ter-
mes releves etant egalement attestes dans d'autres langucs et dialectes
romans. Commern;:ons par quelques exemples pris a la region de la tete (ka-
vo): bouche (buka), nez (nas), orcillc (riCa), dent (dcnto), ocil (itofo),
paupieres ( palpeibre, palpiiri), museau ( moii::o), gorge ou gosicr ( gmm),
che,·eu (pi!), os (vasa), chair (karno), sang (sango), peau (piel). Dans
tous ces cas l'istrien suit le meme chemin que l'italien, alors que le roumain
use d'autres tem1es pour designer le museau (bot) et les paupieres (pleoape).
Pour ce qui est du tronc du corps humain, Ies termcs de l'istrien (consern~s
en italien aussi) sont similaires am: termes roumains: brachhmi - brasa -
braţ, manus - man - mînă, digitus - di - deget, pugnus - potmo - pumn,
ungula - ounga - unghie, culus - koltl - rnr. Afin qe rendre l'idee de «des,
echine dorsale», le roumain a pris pour point de depart le latin spatha >
>spate, cependant que l'istrien et l'italicn ont prefere le diminutif spatlzula
> spala, it. spalla. Alors qu'en italien devait survine la variante *gubb11s =
= gibbus > gobbo « bosse » et en istrien la variante *gubba > top. La Goba 18 ,
le roumain a prefere fort probablement la variante *glibbus > glzcb « bosse »,
influencee par *glemus >ghem «pelotei>. A l'istricn zanueo (ven. dzenuco)
correspond en roumain genunchi < genuculum « genou ». Le latin pes, prde
« pied » a survecu en istrien ( peje), dalmate (pi, pic), italien ( piede) et dans
la plupart des langues romanes, mais le roumain (picior) et quelques dialec-

16 M. Deanovic, SRAZ, 1 ( 1956), p. 45.


17 Ibid., p. 39.
18 P. Tekavcic, SRAZ, 11 ( 1961), P· 72.

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146 H. )lihăescu

tes romans appartiennent a une autre aire linguistique, qui a Aadopte pour
forme de base le diminutif peciol11s. :Kous estimons donc que meme dans un
domaine si typiquement roman, l'istrien est plus proche de l'ita~ien litteraire,
des dialectes italiens parles dans le nord-est du pa\·s et du fnoulan que de
la langue roumaine, en depit du fait qu'une arter~ en bon etat ct tres f~e­
quentee facilitait le::, communications entrc l'Itahe du nord-est et la Dacte,
a travers Ies vallees des flem·es Dran', Save et Danube.

Agriculture

120. En cc qui concerne l' agriculturc, la premiere chosc a considerer


est la tcrre (tieril), denommec par un aut re mot qu'en roumain ( pămint <
< pavimentum). Pn;s de la maison, il y a le jardin (/:'tarto, i'forto, varto <
< horiztS)' krrne illustrant l'holution phonetique o> 1(.0 > 1la>va, analogue a
l'evolution qui a cu lieu en dalmate et en frioulan 19 , alors qu'en roumain la
vovelle breve latine 6 a fusionne avec o en donnant o. Le terrain situc dans le
vo1sinagc de la maison et que l'on cultin soigneuscment afin d'obtcnir des
fmits precoces s'appelle tiera ka:ahd.i < casahs +
-ita 20 . L'action de de-
frichcr tire son nom du latin domare « dompter », avcc le resultat dumo <
< domifum (terrenum) « tcrrL· defrichee ». Mais l'idee de rcnouveau, d'evin-
ccmcnt de ce qui est vieux, cxistait elle aussi et elle s'e~t conservec actuelle-
mcnt dans le verbe ::.vcrdo11ri < ex- +
ve.lurno « vicux •>, dans le sens de «de-
fricher », ainsi quc dans le nom „,,,dumo « jachere ». La buche ou la souche
arrachec ct replantee ailleurs avcc de la terrc bechee s'appelle kastradddzo <
< *castraffrius, de castrare « châtrer », terme emprunte de la terminologie
proprc a l'clevage du betail 21 . Pour l'idee de « faucher », il y a Ies vcrbes sfal-
sd < exfalccare ct stra·ualgd < *cxtravaricare (< fairc passer la faux a tra\·er!'>
Ies choscs », ~insi que le verbe reflechi stravalgdse avcc le sens general de « se
deplaccr, changcr <le place». Le nettoyagc des rameaux trop longs d'un ar-
buste afin de l'cmbcllir ou de lui crfrr des conditions de croissancc amelio-
recs s'c,:primc en istricn par spurja, spurgd < *expurgiarc, cn roumain par
tuşina < tonsionarc. Au nom deverbal spnrgadoftra « coupc d'arbres ou de
vi!;nc » corrcspon<l cn roumain curătură < curare +
··ura <c endroit nettoye
d'arbres ct de racines ct prepare pour rcccvoir unc culture ».
Moins riche qu'en roumain, la terminologie pastorale offre ellc aussi
des differences: paskulri <c paître » - paşte(re) < pascere, mulr:are <c pccore da
latte » < *mulgaria - mulzare (dans le parler du Banat) <c des brebis alait» <
< *mulgearia, kurteina <c bergerie » < *curtina = colzortina - curte <c cour » <
< curtis. En revanche, le verbe latin minare = minari <c menacer » a pris le
meme sens de <c mener, conduire Ies animaux avec des menaces en istrien „
(manei), dalmate (menur), frioulan (mcnci) et roumain (mîna, mînare).
Des differences analogues se dessinent aussi dans le domaine de la viti-
culture: a vidica <c piccola vite» < viticula 22 correspond en roumain viţă
<c tige de plante»· magol « cep, pied de vigne destine a etre transplante lors-

19 M. Deano»1ic, SRAZ, 1 ( 1956), p. 46.


20 Jbid., p. 27-28.
21 Jbid„ p. 87.
22 M. Deanovic, AGllt, 39 ( 1955), p. 195.

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La langue latine en Istrie, en Slovcnie et en Pannonie 147

qu'il donnera des racines » < malleolus 23 pourrait se traduire en rournain par
butuc de vie, avec le rneme sens; pour martsdn ou marscin « serpette pour tail-
ler la vigne » < J.11 artianus 24 en roumain on dit cuţit (de tăiat via) « cou teau
(pour tailler la vigne) » < cotitus, derive de cos, coti·s <c queux », donc ~ outil
af~Ute el la queUX I); le terme de tnaSCCf (C Vigne mâle qui ne donne pas de
raisin » < masculus + -arius 25 n'a pas de correspondant roumain.

Economie domestique

121. Le prEmier role dans le cadre <le !'economie domestique est tV·volu
a la fernme, c'est elle qui confectionne, nettoie et lave Ies vetements; c'est
elle qui prepare et conserve Ies alirnents. Il y a des notions et des activites
generales, mais il y a aussi des besoins et des innovations locales, dus a des
circonstances ou des conditions specifiques. L'aiguille, les ciseaux (fuorfe:;e),
le fuseau (j01h) ou l'art de la couture (kou:;i) et du tissage sont generalement
pratiques. Le tem1e pour la notion de chemise ( kamciza) est lui aussi genera-
lement connu, rnais le terme latin de scortca a donne en istrien skusa ou skoi'tsa
<c ecorce », en rournain scoarţă « ccorce » ou encore <c cou\Te-lit, tapis ». En is-
trien, comrne cn general en Occident, on constate la diffusion plus large des
termes vestitus <c vetement » et vestire <« vetir ». Pour ce qui est du roumain,
vu la concurrence des deux termes vestire et inibracare, l'ancien roumain a
connu le verbe înveşti(re), rnais le roumain moderne a fini par opter pour îm-
brăca(re) « vetir », avec pour pendant le verbe dezbrăca( re) <c deshabiller,
devetir ». Le rournain a conserve les derives bracile > brăcire, *bracina > bră­
cină et *bracinarium > brăcinar, mais l'istrien a re~u indirecternent le terme
de bracae, par le truchernent du venitien (brage) et c'est l'onomastique qui
cn g<Jrde Ies traces, par exemple le surnom de Brage-nigre 26 • Le terme latin
bur(r )icus avec le diminutif burriculus, de~ignant une sorte de manteau pay-
san local appele bur ( c) ico, etai t origina irc de Gaule ; il est enregistre plus
tard dans Ies sources ecrites, penetrant aus~i dans la litterature byzantine,
sans laisser pourtant de traces en roumain 27 • Pour la notion d'<c essuie-mains,
serviette », en istrien nous avons un terme (jasulito) derive, de meme que
l'italien fazzoletto, de faciale, alors que le roumain a fait deriver son terme
de extergere > şterge (re), a savoir ştergar. A cote de lavare <c la ver » - a. dr.,
dr. reg. la, ar. lau, lare, le latin se trouvant a la base du roumain a du aussi
comporter le compose *experlavare > spăla (re), terme inconnu en istrien.
Les termes lixivia <c lessive » et caldaria <c chaudiere » ont snrvecu c>n istrien
(lisi, kalder) et en roumain (leşie, căldare), mais des bases difffrentes se re-
trouvent pour Jes tennes de « cendre » et de <c four » en istrien ( sienara <
< cincre, juorn) et en roumain (cenuşă< cinisia, cuptor< coctorinm). On
peut affirmer la m~mc chose cn ce qui concerne buttis (istr. buto, r. bute) et
cuppa (istr. kupa, r. cupă), alors que *calicus, lapideum (vas) et missorimn
n'ont laisse des traccs qu'en istrien: *cahclus > kâligo <c clochctte », lupid,-:
<c une espece de recipient de pierrc », misur <c gamelle, tasse ».

23 M. Deano»ric, SRAZ, 1 (1956), p. 32.


14 lbid., P· 32- 33.
26 lbid., p. 33.
21 P. Tekav~ic, SRAZ, 11 (1962), P· 69 .
~7 M. Deanovic, SRAZ, 1 (1956), p. 18-19.

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148 H. Mihăescu

La situation est analogue dans le domaine de !'industrie alimentaire,


ou certains termes generaux sont identiques en istrien et en roumain: carnem-
kamo - carne, cenarc - sena - cina(re), cernere «bluter, sasser • - tsemi,
tsernei, serni - cerne(re), frigere - freizi - frige(re), unguere - onzi - un-
ge(re). On constate dans l'evolution du verbe latin manăucare l'influence
du frarn;ais manger, en italien ( mangiare), venitien ( mafiar) et istrien (mana),
cependant que l'ancien italien (mand11care), le dalmate (manonca) et le
roumain (mînca, mîncarc) ignorent ce phenomene. 11 y a d'autres differences
encore entre l'istrien et le roumain en ce qui concerne la selection lexicale:
tabula - tuola «table» alors que le roumain use de 11u11sa - masâ; *brustiarc-
bru:d (it. bruciare) « cuir, piquer », rnais ustulare - ustura(re); bulhcarc -
bulif!,d <1 bouillir », mais /avere - fierbc(rt').

Parente, relations sociales

122. Generalement, Ies tcrmes indiquant la parente sont caracterises


par une grande stabilite, cepcndant lcs mariages mixtes representent une
filiere d'infiltration graduelle pour ks termcs allogenes. Unc fois de plus,
dans ce domaine, l'istrien marche ensernble avec 1'1talirn, notarnment avec
le dialecte venitien, alors que le roumain choisit sa propre voie. Pour Ies no-
tions de (!pere I) et (!mere I), l'istrien C'!'t partÎ, par le truchement du Venitien,
<le patrc (pare) et de mat re (maro), tan<lis que le rournain des mots emprun-
tes au langage enfantin tata (tată) et mamma (mamă). La forme istrienne
fra « frere 1>, <le la memc origine que la· forme roumaine frate, a un pluriel
fraday corrcspondant a l'italien frate/li, et non au roumain fraţi. Pour rcndre
la notion de « fils 1> l'istricn use <le feio (cf. ven. fio), mais aussi de la forme
fitwl (cf. i t. figliuo!o), alors que le roumain n 'a quc la forme fiu: ce phenc-
mcnc avec quclques autrcs du memc gcnre tcmoignent de la persistcnce de
plusieurs COUcl1l'S lingui~tiqucs SUCCessi\"l'S, dtll'.'i a l'influcBCL' veniticnnc dans
le cas de l'istricn, ccpC'ndant quc le roumain fait preun.: <l'une continuite
plus soutcnue. On constate le parallelismc des form•.>..; istriennes sor, surure <
< s•;ror, so;·orcs ct roumaines sorei, surori. Un autrc parallclisme se dessine
dans la semantiquc (( frmmc, epouse 1), decoulant de mulier, en istricn (mu-
jt'Y), italim (mag/ic) et roumain (muiere). Les notions de <1 mari» et «ma-
ricr 1> sont rcndues cn istrien par marei'.11, maridarc <1 maricr 1>, maridase «se
maricr », cn dalmate marait «mari 1>, cn italien litterairc marito «mari» et
maritare, alors que le roumain a prefere les formes socius > soţ «mari 1>, bar-
ba! 1ts > bărbat <c homme, mari 1>, homo > om <1 homrne, mari 1> et inuxorare >
iJzsura(re) <1 marier un homme 1> (tout cn usant aussi <le la forme maritare >
> mărita(rc) quand ii s'agit de <c marier une fcmmc I)). Entre les variantes
n11ptiae ct *noptiae, l'istrien (nuse, 1101/nse), k roumain (nuntă), le sarde
(nzmtas) et le dialecte g<>licicn (nzmcii1s) ont choisi la premiere, alors que
l'italien (no:::;e)' le frarn;-ais (11oces) et l'occitan (11osas) ont arrete leur choix
sur la seconde. Au lien de parler d'« airc latcr;ik 1> dans le cas de la premiere
v~riante, il scrJ.it preferable de consiclerer la secondc variante comrne une
innovation ulterieurc qui n'a pu s'imposer p:irtout. La forme roumaine nuntă
est un <1 pluriel singularise »: nuptiac >nunţi > nwztă. L'insertion de -11-
scmble avoir eu pour cause la corrclation a\·ec nzmtiare <c annoncer », rclc,·ec
dans d'autres regions romanes egalement: sarde nuntas, galicien nuncfos,

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La langue latine en Istrie, en Slo·,d:nie et en Pannonie 149

corsican nontsa « cortege nuptial ». L'onomastique d'origine venitienne ne


saurait surprendre: Biepo - Bepo = Giuseppe, Inziepo, J:;epo = josepltus,
Luzita - Lutsieta = Lucia, 111enaga - M enega = Domenica.

Religion, calendl'ier

123. Tournee du câte de la patriarchie d'Aquilee ct vers Rome, la


terminologie ecclesiastique istrienne est diff erente de la terminologie eccle-
siastique roumaine, non tant sous le rapport des moyens d'expression en ce
qui concerne Ies concepts elementaires et fondamcntaux, qu'au point de
vue des mots qui designent la structure du ritucl et Ies manifestations cxte-
rieures de la foi. Par consequcnt on constatera cn istrien des analogies plus
frequentes avcc le dalmate, l'italien et Ies elements latins de l'albanais, fai-
sant partie de la sphere d'influence spirituelle de la papaute, qu'avec le rou-
main, holuant dans le climat culturel byzantino-slan_'. Pour la notion fon-
damentale de «croire», partout on retrouve lcs tcm1cs pron'nant de credere
(istr. llridi, d. kredro, it. crede re, r. crede), mais en ce qui concerne le concept
-de (;foi», iJ y a deux aires (jidcs et crede11fia) ." l'istricn SC situe dans }a meme
aire que l'italien (fede) et non avec le roumain (credinţă). Les choses vont
<le meme cn ce qui concerne la distribution basilica - edesia, dans ce cas-la,
l'istrien n'a conserve la premiere forme, basilica, que dans sa toponymie
(BazeUika), car pour la notion d'<c eglise ». il a opte par le trunchement du
venitien, pour la forme cclesia > gesia et l'albanais pour une forme descen-
<lant de l'Italie meridionale, d'ou le phonetisme eclisia > qishC.
On rctrouve dcux aircs dans le cas de la notion de <c jour »: dies et diur-
n unt, cette derniere representant une inno,·ation de date un peu plus recente.
Le roumain ( ::i), le dalmate (dai) et l'istrien (di) se situent dans l'aire
plus consen·atrice, l'italien (di, giorno) et l'ancien franpis (di) dans une
phas(~ intcrmediaire, cependant que le franc;ais moderne (jour), l'occitan
et le catalan (joru) font partie de l'aire innovatrice. D2..ns le c1s des noms
qui designent les jours de la semainc, il y a un melange d'elemcnts anciens
et plus recents, subissant l'influence des <lialectes veniticn et frioulan: loim-
di, mardi, mirlw, ou niicrkure, z1"'tobia ou zuiba, <,•enare, sabo, dummcga. A no-
ter quc le roumain comporte a la base, dans le cas de cinq jours ele la se-
mainc, ks genitifs la tins (luni, marţi, mierrnri, joi,- <,•f;zeri), alors que l'is-
tricn sc~ulcmcnt pour quatre, car les formes zii,obia, ::niba se sont developpees
a par1 ir <le iovia et offrent des analogies avec Ies formes respectives du dia-
1ectc bolognais (d:obia) et du frioulan (joibl). Quant a la forme istrienne
sabo, ellc fait p:irtic de la meme airc quc le dalmate (sabatu), l'italien (sa-
bato) et le frioulan ( sabide), tandis que le roumain ( sînibătă) va cnsemble
avec le frarn;:ais ( samedi). A remarquer le developpemcnt du terme catltedra
<c chairc, chaise », qui a pris aussi bicn un caractere ecclesiastique (cf. catlui-
drale), qu'un caractere laique avec le sens de <c cuisse, hanche »: istr. karega,
esp. ,~adera. Le verbe deskaregd <c estropier, mutiler » rappelle le mot *disrc-
_nare <c luxer les hanches, ereiner », occ. desrenar, pg. dcrrcar et istr. d~zlombd
+
< dis lumbus <c cuisse, hanche » 28 •
28 Ibid., p. 26.

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150 H. Mihăescu

Elements germaniques

121. Irradies d'Occident, Ies elements germaniques sont plus nombreux


qu'en dalmate: parfois, ils se sont introduits par la filiere \'enitienne, mais
ils ont generalement la meme histoire que Ies elements correspondants de
l'italien. Face a la concurrence de bla11k «blanc» (it. bia11co), l'adjectif latin
albus de\'ait persister longtemps dans la toponymie Cort-alba (a. 1102), VaJ-
di-albi (a. 1472). Le longobard braida (< plainc. rhamp ou\·ert et larg-:· 1> a
sur\'ecu dans certa ins diakctL s d 'Italil' scpten trionale ( lircda 1< largcur, i, en
,·enitien (braida) et en frioulan (braidc <1 domaine compose de plusieurs champs
de labour exploites par une seule ferme paysanne 1>). mais en istrien, il n'a
laisse de traces que dans la toponymie ( Brcidi11a, anc un suffixe d'origine
sla\'e). Du gothique bmts « bouton, bourgeon 1> l'istrien a fait ::brusion, mot
de nos jours presque disparu de l\1sage (bruts--'.-- suffixc -io11L') 29 • Le fran-
ciquc busk « bois » s'cst impost' non seukmc-nt en Caulc t>t cn Espagne, mais.
aussi cn Italie (bosco) et en btrie (busko). l-n sort cncore mcilleur fut celui
de frisk « frais », repan<lu part oul dans la Roman ia occidentale, penetrant
memc cn frioulan (frcsk), italicn (frt'sco) et istrien (frisk, fri5ko). En rou-
main, le latin bdl1tnz (( gU('ffl_• I) a fte COnCllffC'nCC et tltlt finif par Ceder la place
a un element sla\'e (riizboi)' (L'pcndant qu'en Occident, le meme phenomene
a C'll licu au profit d'un element gcrmanique (le franciquc *wcrra). qui dt\·ait
rayonner jusqu'en lstrie (guicra;. De meme pour ce qui est de saurus <1 mar-
ron, brun 1>, mot d'origine germaniquc attcste seulement au Viile siecle et
continue par l'ancicn italicn ( sauro); il denit sun-ine en Istrie dans le de-
ri\'e surci11a « barbe rouss raisin de teintc roussc 1> 30 . Egalement d'origine
1' ,

germanique le terme de sutf ccl « garde, \'igilE· », a tteste en latin a partir du


IV'-' siecle, cn grec (crz.ov:»z:x) dcpuis lL' YI~ siecle; il apparaît en Istrie seule-
mcnt commc topon~·mc (Skolka). D'unc largc diffusion de\·ait jouir wardon
« obscrwr, gar<ll'r 1> qui a laisse <lcs traccs en frarn;ais ( garder), espagnul
(guardar), italicn (.:;uardar(j, de.; cn Istric (';_•ardei) cc terme s'cst intro-
duit par b filiere \'enitiennc (<·,miar). De date plus recente, mais egalement
d'originc germaniquc l'istricn sktiba (< hatonnct confectionne ad lzoc a l'usage
du« jcu des hatonnets tires sur une cible 1> (d:11gti alf skeibc), se rattachant
au« mittclhochdcutsch 1> scf bl° (cf. l'allcmand moderne Sclrcibe <• pointc, ciblc »):
on \'Oit correspondrc a l' i lon;z un d, tout comme dans le cas des elements.
<l'origine latine 31.

Con\·ergences et dive1·gences istriano-romnaines

125. Les com•ergenccs s'expliquent par !'unite culturelle ct linguistique.


heritage d<' la Rome antiquc, cepcndant gue l'cxplication des dinrgences
rcside dans la conjoncture locale. 11 ~- a un fon<ls lexical commun pour tous,
mais cela n'empeche que chaquc region ait procede a son propre choix dans
cc domaine, se traduisant dans un lexique particulier en fonction de ses
bcsoins et aspirations. Une ccrtaine categorie de termes, qui ont persiste cn
istrien, de\·aientfinirpar disparaitre a la longue du roumain, cedant la place

29 M. Dcano1ic, SRAZ, 1 (1956), P· '17.


30 Ibidem, P· '12-'13.
31 Ibidrm, p. 39.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 151

a des synonymes d'origine autochtone, slave, grecque ou turque: bttrricus


burriculus «manteau paysan » - bureUo, buriCo - cojoc; calix, *calicus « ver-
re » - kaligo - pahar; Jovea « fosse, trou» - jofba - groapă; lzortus «jar-
din » - varto, warto, worto - grădină; missorium <1 assiette, plat» - misu,r -
farfurie, strachină; sulcus <1 sillon » - sultsa (avec un changement de geme;
le ts :=;' explique par le pluriel sulei) 32 - brazdă; torculum <1 pressoir » - toreo -
ieasc. Parfois, Ies differences sont seulement de na ture phonetiquc ou rnorpho-
logique, en ce sens que de deux variantes latines l'ist ricn cn a choisi l'une et
le roumain l'autre: *alsinzts « aune » - arse11a: *alm:nus - arin; strigă« sor-
ciere» - strcga: striga - strig ii; tilia « tilleul » - tea: tihus - tei; itrtica
~1 ortie» - u;·telga, urtiga: *urdica - ur::;ică. Rcmarquons que dans tous ces
exemples l'istrien se montre solidaire avec Ies dialectes d'Italie septentrionale
ou avec la b.ngue dalmate, alors que le roumain marche a l'ordinaire avec Ies
dialectes d' I talie meridionale.
Dans la pl upart des cas, l'istricn temoigne de preferences pour d'autres
termes que ceux choisis par le roumain: arc11s bitit <1 le ecrele ou l'arc boit» -
arcunzbie <1 arc-en-ciel »: ârczts = *curczts bi bit - curwbcu; jungus <1 champi-
g non» - jon::;o: bolet11s - burete; rnrti11a <1 cour » - lwrteina: curtis - curte;
+
dis mente + -ic are « oublier » - de::;mcntega: oblitar< - uita(re); *expurgia-
re <1 couper lcs rameaux inutilcs, tondre » - spurga, spurja: tonsionare -
tuşina (re) ; filictum «fougere » - Jileti, juleti: ji"lfre - jcrigă; mittere « en-
voyer I) - mcti: transniitterc - trimite, trimetc; *niulgaria (<bre bis a lait I) -
mulgare: *mulgearia - mulzarc (Banat)· pasculare « paître » - paslmld: pas-
cere - paşte; plorare <1 pleurer » - piurd: plangere - plinge; radica <1 racine » -
radiga, pl. radazga: *radicina - rădăcină; sa11iburns «sureau» - sambuwgo:
sabucus - soc; sa pere <1 savoir » - savi: scfrc - şti (re); *singluttiare - sang-
usa: subgluttiare - sughiţa; terra <1 terre » - tiera: pavimentum - pămînt. On
voit que sous cerapport aussi l'istrien est rest6 solidaire avec le domaine italien.
Mais il y a egalement certaines convergences qui debordent l'aire istri-
ano-roumaine: ce sont Ia des survivances du latin commun et on ne saurait
Ies attribuer a une eYentuelle symbiose ancicnne: *anka <1 cncore, de plus» -
anka - încă; aperirc <1 ouvrir » - averzi - ar. apirirc « lever du jour »;
blasfemare <1 maudire » - bascamd - blestema (re) ; bibitus <1 ivre » - biato -
beat; captare <1 attraper, capturer, concentrer son attention » - katâ <1 trouver »
- căta(re) <1 faire attention »; cernere « bluter, sasser » - tserni - cerne(re);
colare <1 couler, nettoyer » - colare- cura(re); exvolare <1 voler, s'envoler » -
zbuld - zbura(re); hirundula <1 hirondelle » - rondula - ar. arîndură, lîndură;
incruentatus « crispe » - htgrintd - încrztntat; malva <1 mauve » - nalba - nal-
bă; 1n'Jnslrare <1 demontrer » - mustra - mustra (re) <1 admonester » · mor sic arc
~1 rnordre » - morsegd - mztrseca; nuptiae <1 noces 1> - nuse - nunţi (sg. mm-
tă); pacarc « calmer, apaiser » - pakd - împăca( re); pariculare <1 appareil-
ler » - pari·ca - împerechea(re); rancidus <1rance1> - ransedo - rînced; scor-
tea - *skursa, skusa - scoarţă.
"Notons qu'au latin cernere <1 bluter, sasser » correspond en roumain
une forme unique cerne( re), a vec le participe passe *ccrnufzts > cernut, alors
que l'istrien comporte des doublets de rneme que l'ancien italien: cernere >
> tserni et *cernire > tsernei (actuellement scrni), avec Ies participes passes
'*cernutus > tsarnoit (a. it. cernuto) et *cernitus > tsarnei (a.it. cernito) 33 •

as Ibidem, p. 42.
33 Ibidem, p. 44-45.

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152 H. Mihăescu

On constate unc sirnilitude entre l'istrien et le roumain en ce qui concerne


la sun1iYance du suffixe -aceus, dans des mots tcls: arenaceus « champ a\·ec
du graYier » - istr. giratso.fmaceus <c champ de foim - r.fînaţ; grmnus « amas
de terre, monticule 1> + -aceus> top. Grumaso (Istrie) 34 ; linacms « champ de
lin » - r. 1·11aţ. Tous Ies maillons de la chaîne ·vctus - vetcranus - vetcrnus
ont laisse des traces en istrien, alors qu ·en roumain ne deYait sunri\Te que
1,1ctcranus: vetus - top. Drâo i·ier 35 (lstrie), ·1.1etaa1111s, -a - top. Vedra11a
(Istrie) - r. bdtri11 « \ ieux »; •·ctcrnus, *•:clurnus - istr. 1.!eduruo <c jachere •>.
:verdo11d <c defricher •>. De la chaine cnNum <c crible •> - cribellum <c petit cri-
ble 1>, l'istrien a rctenu Ies clcux maillons ( ki·t ibio - kriyd) ::c, tout cornme
d'autrcs langues et dialectes romans des regions centrales, cependant que
IE' roumain n'a conscrYe que le premier maillon (ct'ur), de meme que Ies autres
aircs peripheriques.

La romanite cn SIO\·enie ct en Pannonie

126. L'cxpansion romainc cn Pannonic a commence sous .\ugusfr, cn 27


a\". n. t.„. m;iis au <ll'.·lmt lt>s Homains n'occupercnt qu'tmc etroite bande de
territolfe paralll.·lc a la frontiere de \"oricum, ainsi que la zone comprise entre
la Sa\"(' ct la DraYc. La prO\·inCL' ne fut constituee qu'en l'an 9 de n. e.; puis,
cntrc 103-107, elle fut di\·isL;e L'l1 Pan11011ia Superior et Pamzonia Inferior.
La frontiere de la Pannonic Superieure partait du Danube, a l'oues t
de Vicnne, et se dirigeait \"L'fS Ic sud, puis \"('fS l'oucst, passant a l'ouest d'Emo-
na (Ljubljana); de la, wrs Ic sud-est, passant au nord de Tarsatica (Rijeka)
d ci.u sud de la riYiere SaYus (SaYa), jusqu'a l'est de Ad Fines (Lak~asi);
ensuitc vers le nord, passant par Linrnsa (Sziget\·ar), a l'est du lac Pelso (Ba-
bton) et a l'ouest de Tricciana (SagYar) ct de Gorsium (Tac), jusqu'au Da-
nube, a l'ouest <le Brigctio (Szony). La Pannonic Supericure cnglobait a peu
prcs la partic dl' la HongrÎL' sitnel' au sud-oucst ct a l'oucst du lac Balaton,
la Croatic jusqu'a la riYÎL·rc Kulpa ct 1mt· partic de la SloYenic ct du sud-est
et du nord-est de l'Autrichc. La Pannonie lniericurC' a\·ait pour frontiere au
nord ct a l'est le Danube jusqu'a Singidunum (Beogr~.d). a l'ouest elle t'.-tait
separee de la Pannonie SupfriL·ure par la ligne conn:ntionnclle mcntionnee
plus haut. Ycrs 296 la Pannonie Supi'.·rieure fut di\·isee en Pamzonia Prima
(au nord) ct ]Jaw:o11ia 5;,wi,1 (au ~ud, cntrc la DraYc et la SaYe). La romanisa-
tion de la reg-ion meridionale comnh.'n<;:a de bonne-heurc et fut assez intense.
YL'rs 296, la Pannonic lnfericurc fut <liYisee cn Pa1111011ia T' aleria (le long du
Danube) ct Pa111zo1tia Semnda (\·ers l'interieur). La ProYincc de Pannonie
Supericurc avait unc terre fertile et assurait Ies liaisor.s entre l'Italie et le·
:'.\Ioyen ct le Bas-Danubc. Ccs dcu:x facteurs ont faYorise le processus de roma-
nisation et ont donne naissancc a cinq colonies (Carnuntum, Emana, Pocto-
\'Îo, Savaria et Siscia) et a sept municipes ou oppida (Andautonia, Mursclla,
Xauportus, XeYiodunum, Praetorium Latobicorum, Scarbantia et Vindo-
bona). Dans l'ensembk de la province, ii s'est conserve 3824 inscriptions la-
tines, repartics dans 313 localites.

34 P. Tekav~ic, SRAZ, 11 (1961). p. 73.


3b M. Deano·1ic, Trace (cf. n. 8), p. 38·1.
30 1\1. Deano1ic, SRAZ, 1 ( 1956), p. 29.

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La langue latine en Istrie, en Slovenie et en Pannonie 153

Comprise entre le Danube, le lac Pelso (Balaton) et l'extremite sud de


la vallee de la Save, la Pannonie Inferieure etait une province de frontiere
qui formait une immense forteresse naturelle face a la plaine qui s'etend au
nord-est du Danube. La ville de Sirmium (Sremska Mitrovica) a ete long-
temps la capitale d'un ensemble de provinces denome Illyriciun et a eu une
importance rnilitaire et administrative de premier plan. En general, !'element
militaire a ete predominant dans toute la province. Les centres importants
parvenus au rang de colom:ae se sont developpes sur Ies grandes voies de com-
munication: Sirmium et Bassianae (Petrovce) sur la Save, Mursa (Osijek)
sur la Drave, Aquincum (0-Buda) et Brigetio (Szony) sur le Danube. Les
inscriptions sont apparues surtout le long du limes ct des principales routes:
on en compte environ 2553, provenant de 195 localites. Calculees pour l'en-
semble de la Pannonie Superieure et Inferieure, on a environ 6357 inscriptions
provenant de 508 localites: la dcrniere en date des inscriptions latines (fin
du nre siecle) provient de Vindobona (Vienne). Les mcnnaies romaines devi-
ennent de plus en plus rares ou <lisparaissent completement entre 395 et
405, periode consideree comme marquant la fin de la domination romaine en
Pannonie. Pourtant, l'influence latine ne cesse pas pour autant de se faire
sentir, car des eveques portant des noms latins sont attestes jusqu'au vne
siecle: Patricius (580-590) a Emona (Ljubljana), Constantius (vers 532) et
Videnius (579-590) de Siscia (Sisak), Virgilius (vers 579) de Scarbantia
(Sopron). Apres 424, Ies deux Pannonies furent cedees a l'Empire d'Orfrnt
et administrees par un praefectus praetorio siegeant a Sirmium (Sremska l\Ii-
trovica). La propagation du christianisme sous sa forme latine est attestee,
entre autres, par des noms d'eveques tels que Domnus (325-335), Gcrminus
(351-376) et Cornelius (392-404). a Sirmium, et Valens (335-370). a
Mursa (Osijck).
A en juger d'apres la dun~e de l'occupation romaine d'environ quatre
siecles, d'apres l'abondance des vestiges archeologiques que cette occupation
nous a legues et d'apres le grand nombre des inscriptions latines, le processus
de romanisation de la Pannonie a du etre d'une envergure et d'une intcnsite
pa rticulieres: la langue la tine parlee par la a rec;:u a ,·ec fe temps certains trai ts
caracteristiques, representant le chainon de liaison entre le latin qui se trouve
a la base des dialectes rheto-romans et celui qui se trouve a la base de la langue
roumaine. Cette langue aurait pu clevcnir par la suite un langue romane a
part si Ies colonisations, germaniques d'abord et slaves ensuitc, ne l'a\'aient
paralysec, la presence hongroise a une etape nlterieurc arretant definitivement
son de,·eloppcmcnt. Accepter de prendre en consideration unc langue romane
de Pannonie (« Pannono-Romanisch ») et t>scompter sa restitution ne saurait
etre qu'un pinm desiderium en raison de la carence des moyens d'information
a ce su jet 37 •
127. L'cvenement le plus important de l'histoire de la romanite epa-
nouit en Slovenie et Pannonie fut, sans aucun doute, l'arrivec des Slaves
37 G. Reichcnkron, Das Ostromanische, p. 170: «Viei wichtiger ist die Verbindung zwi-

schen Rumă.nen und Rătoromanen, also wieder die Frage der Grenze der \\'est - und Ost-Roma-
nia. Das Verbindungsglied kann nur in Pannonien, also dem Pannono-Romanischen, gelegen
haben, das aber sicher, sofern es iiberhaupt Zeit hatte, sich zu der Vorstufe einer ostromanischen
Sprache zu entwickeln, schon bald im Slawentum und danach im Madjarentum aufgegangen
ist. Ob diese ostromanische Schicht in Pannouien iiberhaupt einmal zu fassen sein wird, ist
noch sehr die Frage ~.

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154 H. Mihăescu

Vers 580, Ies ancetres des Slovenes occuperent Ies environs des anciennes
villes episcopales de Celeia (Celje), Ernona (Ljubljana) et Virunum (Zollfeld):
entre 587-588, Ies eveques de Celeia et d'Ernona ,·ivaient en exil dans le
Frioul ou en !talie; en 579 on ne parlait plus de l'eveque de Virunum. Des
batailles ont ete linees en 593-594 entre Ies tribus gennaniques d'un câte
et Ies SlaYCs allies aux Avares d'un autre câte. Vers Ies annees 600, les Slaws
etaient en Istrie et dans le voisinage de Tergeste (Trieste), en 611 ils avaient
etabli le contact anc le pouvoir byzantin en Istrie. Les batailles entre tribus
gennaniqucs et slaves devaient se poursui\Te, rnais des Ies annees 623-626
la Slovenic etait devenue un pays slan· 38 . La situation n'etait guere rneilleure
cn territoire autrichien, a cause de la poussee croissante de l'elernent germa-
nique: l' onomastiquc, l' archeologie et l'histoire topographique re,·elcn t que,
sauf a de rarcs exceptions, l'on ne peut pas parler d'une veritable continuite
des etahlisscments rornains de l'occupation en Autriche 39 • En Slo,·enie, la
population romanisee s'est trouvee refoulee vers l'ouest ou bien elle est deve-
nue sporadiquc.
Le n0m donne ultericurement par Ies Slaves aux locutcurs de langue
romane est celui de Vlali, an·c un sens analogue a celui utilise par Ies tribus
gcrmaniqucs (IVallz) : il s'ensuit qu'un rornanophone autochtonc ou venu
de Dalmatic, d'ltalie, de Gaule au de Dacie etait pour Ies Slaves de Slovenie
un Vlair. C~· terme devait trouvcr sa justification a l'epoqec de la t;cnese des
langui:s romanes. donc approximati,·ement apres le \'II'' si~clc 40 . C'etait a
}'origine le nom d'unc tribu celte, qui est arri,·e cn slave a travers la filiere
gennanique ...\u premier siecle avant notrc <.·re, cn Gaulc vivaicnt deux tribus
dites Volcae: Volcat' Tectosagcs, au centre et dans l'est de la Gaule, et, plus
loin vers 1· est, egalement, f>pars au sein des popula tions gennaniques, jusqu 'aux
abords du plateau de Bohemc; l'autrc tribu ctait celle des Volcaf Arclomici,
qui vivaient <lans le ~fidi, au picd dt's Pyrenecs. Leur nom figure dans Ies
ceuvres de (eqr ct de Tite Liw, il est mentionne aussi par l'illustre geographe
grec St rabon 41 . \"raisemulahlc>m"nt, dans Ies langues celtiques le nomina tif
de cc nom etlmique de\';>.it etre Volco-(s); l'ancien allemand l'a adopte sous
la forme *w,1/:<a-, et on le rctronYc dans Ies Iangues gcrmaniques comme suit:
ancien haut alkmand wal/1, w.1foh, val (a)lzisc <1 roman, celte, etrang:-r »,
anglo-saxon wrn/11, wielisc (I celte, etr~ngcr >)" anglais mcdihal Walsh(~ etran-
gcr »; moycn haut allcmand TValclz, ll"i1l!1c « personne de lignee romane, ita-
licn ou frarn;ais », avcc l'adjectif walclzisc/1 ou wăllrisclz. Par consequent, Ies
Gcrmains entendaient par le mot *walxa - tout d'abord un Celte romanise
fixe a demeure dans leur pays, puis un Gaulois romanise en general et, enfin,
un romanophone de n'importe ou 4 :!. Grâce anx Germains, le mot passa tres

38
l\lilko Kos, K porolilr.111 Pa!'la Diako11a ,, Slovencih, <c Casopis za ZgodoYino i ::\'arodo-
pisje ~.
26 (1931), p. 202-216.
3 °
F. )[iltner, Zur Frage d,r J(o11ti1111ităt rămischcr Siedlimgrn in 01sterrtich. « l\Iiscella-
nea G. Galbiati ''· II (• Fontes Ambrosiani "· XXVI), :\lilano, 1951. p. 117-134.
40 :!\lilko Kos, Vlahi i v/ai;ka imena 111cd slovenei, « Glasnik Muzejskega Dru~tva za Slo-

venijo ~. 20 ( 193':J), p. 226-235.


41 Cesar, Bell. Gali„ \"I, 24, 1-3; \'II, 7, 4; \'II, 64, 6; Bell.civ., I, 35, 4; Tite-Live,
XXI, 26, 6; Strabon, IY. 1. 12-13.
42 F. Jellinek, 11-Iittclhochdcutsches Worttrbuch, Heidelberg 1911, sub ·1oce: wala.chisch;

F. l{luge, Etymalogisches lV orlerlnrch des deutschrn Sprache, neu bearbeitet ·ion F. Mitzka, 19.
Aufl., Berlin, 1959, pp. 857 ct 853; :\I. Gy6ni, Les Valachs des Annales de Kiev,• Etudes slaves
et roumaines », 2 (1949), p. 68-69.

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La langue latine en Istrie, en Slmrenie et en Pannonie 155

tât dans le slave commun, etant atteste dans le vieux-slave (vlah'lt..), le serbo-
croate (vloska, loska <(le pays des Vlahs »), le polonais (wloch « Italien *• wo-
loc lt <( Roumain »), l'ukrainien ( voloch), le russe ( voloch), le tcheque ( vlach),
le slovene( tah) « Italien » ) et le bulgare (vlah, vlahinja, vlahinka, vlasce).
Deux aires se laissent saisir dans le domainc slaYe: vla- au sud et vlo-, vol- au
nord et au nord-ouest. Elles sont le resultat de l'evolution phonetique interne
de~ langues slaves, alors que le slave commun ne disposait probablement que
d'une forme unique. Ce nom montre que Ies Slaves etaient entres partout en
contact avec Ies populations romanisees au moment ou, au VIF siecle, commen-
c;ait la differenciation dialect~le du slave commun. Du slave commun, le
mot passa en grec byzantin (~A.ocxo~). ou son sen' s'est retreci, pour ne s'appli-
quer plus qu'au <( Roumain, representant d'une population romanisee des
contrees danubiennes et du Pind ». Le phonetisme Vlaho du vieux-slave est
a la base de l'hongrois oldh « Roumain », alors quc le piuriei •:lasi du serbo-
croate allait donner en hongrois olâs: <( Italien ».

La frontiere entre la Romania ol'ientale


et la Romania occidentale

128. L'unique moyen de connaître la romani te orientale est d' etudier


la toponymie de cette region, c'est-a-dire Ies traces de ladite romanite suscep-
tibles d'etrc: rdevees dans Ies noms des localites, des cours d'eau et des acci-
<lents du relief. Des resultats rcm~rquables sous ce rapport ont ete obtenus
par Petar Skok, personnalite dont nous l).OUS occuperons plus amplement <lan
le chapitre reserve aux elements latins et romans des langues slaves meridi s
nales. En cc qui concerne l'Istrie et notamment Ies territoires limitropho-
de l'Italie, l'ounage de M. Bartoli et G. Vidossi 43 est indispensable. La topcs
nymie d'origine romane de la region comprise entre le Danube et l'Adriatiq o-
a ete etudiee avec succes a partir des documents medievaux par E. E.ranue
mayer 44 • Enfin, des considerations supplementaires relatives a la frontierz-
entre la Romania orientale et la Romania occidentale nous sont fourniee
par A. Grad 45 • C'est sur ces deux derniercs contributions que nous nous pros
pcsons de nous arreter cn cc qui suit.
Vers lcs annees 600, l'espacc compris entre le Danube et l'Adriatique
etait habite par des populations romanes, germaniques et slaves, qui vi\·ail'Ilt
<lans le proche voisinage Ies uncs des autres ou cohabitaient memc dans des
rc..pports d'etroite dependance, s'influenyant mutuellement. Les documents du
moyen-âge comportent environ 200 phonetismes et formes romanes, suscep-
tiLlts de servir jusqu'a un certain point a degager Ies caracteres specifiques
de la latinite de l'endroit et, implicitement, a une delimitation plus nette de
la frontiere separant la romanite orientale de la romanite occidentale. Cdte
region de confluencc reunissait Ies courants venus des Alpes, ou etaient nes
Ies dialectes rheto-romans · de la câte adriatique, berceau du dialecte Yenitien
d du parler istrien, ainsi que de la langue dalmate; de Pannonie, enfin, ou

43 M. G. Bartoli-G. Vidossi, Alle porte orientali d'ltalia, Torino, 1945.


44 Erst Kranzmayer, Fruhromanische 11fundartcn ::wischen Donau und Adria insdeu-
tschrn 1rnd slavischen Ortmamen, ZNF, 15 ( 1939), p. 193-224.
45 Anton Grad, Contribution au probleme de la sonorisation des consonnes intervocaliques

latittes, u Linguistica&, 3 ( 1958), p. 33-40, supplement a la rc•rue uSlavisti~na Revija t de Lju-


bljana.

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156 H. Mihăescu

une langue romane a part etait justement en train de se former. :Mais l'etude
de la toponyrnie de cette region n'est pas facile, car elle suppose une tres bonne
formation de romaniste, germaniste et slavisant. Bien que Ies resultats ne
soient pas toujours absolument surs, le procede merite d'etre retenu.
L'un des traits essentiels permettant la delim1tation des langues roma-
nes orientales de celles occidentales est represente par la sonorisation des
consonnes sourdes intervocaliques latines. 11 s'agit d'une innovation eclose
en Occident, probablement en Gaule, d'ou elle a rayonne vers l'est, sans en-
glober toutefois l'Italie au grand complet, ni passer dans le Sud-Est de l'Eu-
rope. Par exempe: spatlza, d. sputa, alb. slzpate, r. spată face a engad. speda,
esp. pg. espada; frfrare, d. frekur, alb. jerko_j, r. freca(re) face a it. fregart, fr.
frayer, esp. pg. frtgar; ripa, d. ra'ipa, alb. Postripe <post ripam, r. rîpă face
a cngad. ri-.,•u, fr. ri;.,•c, esp., pg. riba; aurata, d. otirata, cr. o<.1rata, it. arata face
au cat. ai"tradLI, esp. dorada, pg. dolirada. Yenue selon toutes probab1lites de
Gaule, a travcrs l'ltalie du nord, l'innovation n'a pas depasse une ligne ima-
ginaire allant de Tarsatica (TrsZlt, pri.·s de Rijeka) nrs le nord par Emona
(Ljubljana) ct Virunum (Zollfcld) jusqu'a Lauriacum (Lorch) sur le Danube,
a l'cst <le Lcntia (Lmz). Cettc ligne su<l-nord est consideree comnw la limite
cntrc ]a romanite occidenta1e ct orientale. L'une des caracteristiques lmgms-
tiqncs vcm1cs <le l'oucst a cte la sonorisation des consonncs sourdcs inten·o-
caliqucs (ou precedfrs de ,·oyellcs ct sui,·ies de r oul) que rt\"t•1mt au:-:si la
toponvmfr: slo,·. l\.obarid (it. Caport'lto) < *caprit11111 (sur la ri,·iere Soca,
it. Isonzo, au nord-est <lTdinc) se trouvc a l'oucst el<' ccttc 1ignc, tandis que
slO\·. Ptu_j < l 1ot'/m•io est a l'est etc. La prO\·inct· de \"oricum (corresponclant
a pcu pres ~l l'actuel1e --\.utriclw) ctait situce pour la plupart a l'ouest ele la
l ignc el snhissait plus facilement Ies influcnccs venant d'ltalie ou de la Gaule,
ta nd1s gne la Pannonie aYait des relat ion p1us t:troites avec ]a D<dmatie et
la ~csie.
l'ne autrc innovation nee en Gaulc et diffusee dans la region alpine,
sans s'etre rl>pandu•_' plus loin Yer~ le sud et vers l'cst, rcsidc dans la transfor-
mation c, g +a><!, g: carmm, it. carro, r. car face a engad. k'ar, fr. char;
Cilftlf S, Ît. /.!,11110, alb. gat? face a LI1gad. [! a/, fr. c/Jat.
1

Le si1.n1c du pluricl dans le sud l'l dans l'cst est represcnte par -i, -e,
alors quc dans i'oucst c'est un -s final: it. duc, d. ct r. doi face a engad.
dus, a. fr. ddts, csp. dos, pg. do11s: it. et r. capre' face a cngad. ts\·vres, a. fr.
chie;.,•rcs, L'Sp. cabras. Le dalmate m;i.rcJ~c aYcc l'est: dokic - it. ducati -r.
ducaţi, k11i11c - it. quan!i - r. cîţi. Le -s. cn tant que signe du pluriel, pousse
au sud-est jusqu'a la ligne Spczia-Himini, VL'rs l'cst jusqu'a une ligne imagi-
nalfe qui Ya de Tricste vers le nord jusqu'au Danubc 46 .
L'Istrie tient aussi bien ele l'cst que de l'ouest, donc l'istrien serait un
parlcr de transition entre le frioulan et le dalmate, comme lcs exemples sui-
vants semblcnt le prouwr: Jlucl.z > *Mug/a > Jfztggia (a 3 km sud de Tn-
estc), avec sonorisation, alors que Petcna > Pican (gen. Picna) reflete t +
+ e en opposition par rapport au phonetisme ita1ien Pedena (la loccilite Pt'-
ean se situe dans la moitie est de la presqu'île, au nord de Labin, dans le
proche voisinage des villagcs istro-roumains d'lstrie); Capris > Kopa (au
sud de Trieste) et *Casicula > Krsikla (au centre de la presqu'île) avec c +
+ a non affectes par l'innovation originaire de Gaule.
46 \Y. ·;on \Vartburg, Die . .J.usgliederung de1' romanischen Sprachriimne, Bern, 1950,
61 et carte 3.

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V. DU LATIN AU ROUMAIN

Aperc;u historique

129. Bien que partiellement occupee des l'an 27 av. n. e. la Mesie


n'a figure sur la liste des provinces romaines qu'apres l'an 15 apr. n. e.
A partir de cette date environ, il y a eu cn Mesie deux legions, dont l'une a
Oescus (Gigen, sur le Danube). En 46, a la suite de la suppression du royaume
thrace, toute forme d'organisation autonome prit fin, la Mesie s'etendant de-
sormais jusqu'au Danube et au Pont-Euxin. En 86, elle fut divisee en Moesia
Superior et Moesia Inferior.
La Mesie Supericure avait pour frontieres: au nord le Danube, depuis
un poirit situe a l'ouest de Singidunum (Bcograd) jusqu'a mi-chcmin entre
Almus (Lom) et Ratiaria (A.rear) ; de la, la frontiere se dirigea1t vers le sud,
en passant a l'est de la localite actuelle l\Iokres, suivait le cours de la riviere
Cibrica, passant par Babin Zub et a l'ouest de Pirat, entre Trn et Crna Rcka,
puis desccndait le cours de la riviere Pcinja jusqu'a sa confluence avec le
Vardar, obliquait vers l'ouest, passait au nord de Kitka et Prasr.a Torba,
contoiunait vers le sud Suva Planina et Sar Planina, pour atteindre la fron-
tiere dalmate a l'ouest de Prizren; a l'ouest, la frontiere partait du versant
sud-ou.est du mont Scardus (f;ar), remontait vers le nord, suivait la ligne de
faîte entre les rivieres Ibar et Lim, franchissait la Morava occidentale pres
de Cacak et atteignait la Save un peu a l'ouest de Belgrade. La region miniere
de Kosmaj, avec Ies localites modernes de Stojnik, Sopot et Guberevac, fai-
sait partie de la Mesie Superieure. Deux legions ont tenu garnison en :Mesie
Superieure, l'une a Singidunum (Beograd), l'autre a Viminacium (Kostolac,
la ou la Mlava se jette dans le Danube, un peu au nord d~ Pofarevac). Les
principa]es voies de diffusion de la vie romaine etaient Ies vallees du Danube,
de la Morava, du Timok et du Vu.rdar. Malgre son relief montagneux, cctte
provincc a ete assez fortement urbanisee et a laisse un plus grand nombre
d'inscriptions latines que toute la Dalmatie orientale, pomtant superieure
comme superficie. Les inscription.;; s'echelonnent de l'an 33 a 287, c'est-a-dire
sur un laps de temps de deux siecles et demi.
130. Dans la Bulgarie du nord, sur la rive du Danubc, des monnaies
romaines datant des trois premiers siecles de notre ere ont ete mises au jour
a A.rear, Lom, Orjahovo et dans d'autres localites. La Mesie Inferieure avait
pour frontieres: a l'ouest, une ligne conventionnelle allant du Danube vers
le sud jusqu'au-dessous de Ciprovci; puis, vers l'est parallelement au mont
Haemus (Stara Planina) jusqu'au Pont-Euxin, au nord de Mesemhria (Ne-
săbăr). Sa frontiere septentrionale etait constituee par le Danube. De 101 a
168, trois legions stationnerent en Mesie Inferieure: la I Italica a Novac (Ste-
klen-Svistov), la XI Claudia a Durostorum (Silistra) et la V Macedonica a

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158 H. Mihăescu

Troesmis (Igliţa). Aux IP et III 0 siecles, la langue ia tine s' est repandue dans
un Yaste territoire compris entre le Danube et le Hacmus (Stara Planina),
y compris la Dobroudja. Les inscriptions <latent de la periode 42-392 et
ensuite du regne de Justinien (527-565).
L'organisation administrative decrite ci-dessus a dure jusqu'a la fin
du Ille siecle. D'importants changements ont eu lieu sous Diocletien (284-
305): la provincc Dacia .\urcliana, creec en 271, a ete diYisee en Dacia Ri-
pensis (le long du Danube) ct Dacia :\Iediterranea; la region comprise entre le
Danubc ct le Pont-Euxin - a peu pres l'actuellc Dobroudja - a ete detachee
de b Mesic Infericure (appelee plus tard Mocsia Prima) ct a rec;u le nom de
Scythia Minor; puis, un peu aYant 386, la Dacia ~Iediterranaea a ete divisee
a son taur en Dacia ~Iediterranaea ou Interior et Dardani;:i. Sous Justinien
(527-565), Ies provinccs "'.'\facedonia Secunda, Dardania, Dacia l\Iediterra-
naea et Dacia Ripensis faisail'nt partie d'un archeveche ayant son siege dans
Ies cnYirons de Scupi (Skopje): le nom latin du premier arche\·equc - A.
Catcllianus - ct le fait qnc le decret de constitution de l'arche\'eche avait
ete redige en 535 cn btin protl\"cnt que b rnajorite de la popnbtion du diocese
parlait cctte languc. La plupart des rnilitaires s'etablissaient, nne fois liberes,
dans Ies proYinces ou ils aYa1cnt accompli !cur stage et y fondaient des familles
durablcs 1 . 11 est hors de doute qne Ies armc·es ont contribue ponr beaucoup
a la diffusion de la languc latine ct au processus de romanisation.
t:JI. La Dacic est r1.?stC·c sons l'occupation romaine de 106 a 271, c'cst-
a-dire 165 ans. Au debut, clle fut organisec en nnc scule pro\·ince; pui.s, Yers
118, ellc fut divisfr en Daci<1 Inferior et Dacia Superior; n·rs 124, enfio, elle
fut diYisec cn trois: Dacia Inferior. })acia Superior ct Dacia Porolissensis.
Dans l'cnsernblc, la prO\·incc imperiale de Dacic comprcnait la partie nord-est
du Banat, l'Oltenie et la Transyh-anie (sans k Mararnure~). ain~i qu'un.e par-
tie ele la Grande Yalachic; sa superficie etait d'em·iron 100 OOO kilometres
carres. Deux legions ont stationne en Dacic: la XIII Gemina a Apulum (Alba
Iulia) et la V Macedonica ~t Porolissurn (:'.\foigra<l). transferec a Trocsmis (Igli-
ţa) sous k regne de l\Iarc-Aurele, wrs 166-168. Outre Ies colons militaires,
de nombrcux ci,·ils, agricultcurs ou rnincur:,, sl' sont ctablis en Dacic 2 . Le
nornbrl' des inscriptions latines "':<' est important: deux sont encore attestees
au rye siccle. L'eyacuation des troupes rom;iines a eu lieu peu a peu et par
etapes; unc partie du pcrsonnel administratif fut cntraine par Ies legions,
mais cellcs-ci n'ont pas eu la possibilite, ni Ies moyens ele det<:>m1iner un exode
genfral de la population de langue latine. Cornrne compensation morale pour
b pertc de la Dacic, l'empereur Aurelien crea au sud du Danube la province
romaine Dacia Aureliana, formee de la rnoitie occidentale ele la :2-.Ic~ie Infe-
rieurc. la moitie orientale <le la Mesie Superieure et du coin nord-ouest de
la Thrace. Par la suite, la Dacie a connu le passage des Goth~ (271-375),
des Huns {375- 453), des Gepides (453-566), des Avarcs (566-799) et
des Sla\·cs. Sous Justinicn (527-565), l'Empirc romain d'Orient devait re-
prendre quelques tetes de pont sur la rive gauche dn Danubc.
Parlee dans Ies provinces Mesie. Superieurc, Mesie Inferieure et Dacic,
le latin qui se trouve a la base de la langue roumaine counait un territoire

l Seneque. Consolat ia ad Heliam, '7, 7: 11bic11mquc vi cit Roma1111s habitat.


2 Europ. 8,6: Traianus t'icta Dacia c x toto orbe Romano i11fi11ilas eo co pi as lra1istulerat
ad agros ct ttrbes colcndas.

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Du latin au roumain 159

d'environ 300 OOO kilometres carres. L'epine dorsale, tenant en meme temps
aussi le role d'un factcur de convergence, de ce Yaste espace etait le Danube.
Cette contree geographique a liYre de nombrrnx vestiges archeologiques
d'origine rcmaine, ainsi que plus de cinq mille inscriptions latines. Aux IVe-
ye sied(s, la population rcmanisee de cette partie du monde etait tournee
vers Constantinople, ou la langue latine deYait continuer d'etrc parlee jusqu'au
commencement du VIP siecle.

132. Les sources pour 1' etude du b tin parle en Dacie et en Mesie sont
representees par Ies inscriptions, Ies textes des ecriYains de ces regions, ainsi
que Ies itineraires, autrement dit la toponymic. II est generalement connu,
cependant, que ces sources ne comportcnt pas de phenomenes linguistiques
specifiques, refletant seulernent dans son ensemble le latin commun de l'Em-
pire romain a l'epoque concernee - ce qu'on appelle le latin vulgaire: par
consequent, ce dernier parler, dans la mesure ou il serait re~titue a partir de
la totalite des sources de l'Ernpire, pourrait sen·ir comme point de depart a
l'histoire de la langue roumainc. Aux JPr - IIF siecles, cctte latinite receYait
des impulsions et des innovations \"enues d'Occident; aux IVe - VIe siecles,
elle <~ regardait » vers Constantinople, la nouvelle capitale de l'Empire d'Ori-
ent; ;iux VIF-IXe siecles, a eu lieu la transition ,·ers la langue roumaine.
Quand certains specialistes parlent de la « naissance » de la langue roumaine,
en tâchant d'en fixer le temps et le moment, ils oublient qu'il s'agit en n~alite
d'un terme impropre, emprunte de la biologie. Tout aussi impropre s'avere
le terme de (I greffe >) (egalement redevable a la biologie), quand on affirme
que I' element ethnique romain a ete « greffe » sur le tronc autochtone thraco-
dace pour « donner naissance » au peuplc roumain. En realite, le langage est
une activite de l'intellect: la langue s'apprend, elle change graduellement d'une
genei:ation a l'autre en meme temps qu'elle se transmet a leurs descendants
respectifs. C' est pourquoi elle reYetirait plutot l'aspect d'un fleuve en mou-
Yement, sans aucune po~sibilite de fixer Ies limites exactes de son parcours
superieur, moyen et inferieur, autrement que de fac;:on tout-a-fait convention-
nelle. Sous le rapport theorique il n'y a pas mensonge, ni exageration que de
pretendre que le roumain actucl est le latin de Dacie et de :Jlesie, y compris
Ies moqifications subies au fil des siecles. Les cumuls quantitatifs determi-
nent a un moment donne le« saut » qualitatif, c'est-a-dire - dans natre cas -
le passage a un systemc linguistique different, a une langue nouvelle. Malheu-
reusement, Ies moyens et Ies sources d'informations en vue de preciser le
degre des cumuls quantitatifs sont beaucoup trop sporadiques, de sorte que
toute delimitation en ce sens demeure de facture subjective. Certains specialis-
tes ont ete d'avis que la langue roumaine «debuta» juste apres !'abandon
de la Dacie par Ies Romains, alors que d'autres ont avance le IVe, le ve ou
le VF siecle, cependant que quelques autres encore ont pense qu'il s'agirait
plutof des VIie, VIIie ou IXe siecles. Un critere approximatif, aucunement
imperatif, certes, serait l'amilogie avec I' Occident: Ies Serments de Strasbourg
prononces en 842 comportent, sous le rapport de lei qualite, une langue diffe-
rente du latin vulgaire. 11 s'en smt que Ies commencements du franc;:ais devraient
etre recherches a une certaine epoque anterieurc au IXe siecle. Si pour
des raisons didactiques il nous faut absolument operer :nrec des dates fixes
et des jalons, alors nous pourrions argumenter comme suit: «Ies lois » ou Ies
corres,p~mdances phonetiques propres a l'element latin et a l'element autoch-

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160 H. Mihăescu

tone appartiennent encore a la phase latine, en revanche, Ies emprunts d'ori-


gine slave de la toute premiere penode n'ont connu cette phase de develop-
pement, par exemple: fontana - fîntînâ, mais le sl. hrana - ar., dr. hrană
« nourriture », « aliments »; le sl. rana - ar. arană, dr. rană « blessure, plaie ».
Donc ces derniers termes sont entres directement en roumain. La colonisation
slave de la Peninsule balkanique 3 eu lieu au Ylle siecle et pour l'assim1l;;i tion
de CL·rtains elements slaves une periode plus ou moins longue de,·ait naturelle-
ment s'ecouler; par consequcnt, on ne saurait dater Ies commencements de
la langue roumaine avant l'an 700.

13.'J. Relativement homogene et unitaire, au debut le latin de Dacie


et <le :'.\Iesie ne pouva1t que se di.>perscr ct se differencicr au fil des âges, en
donnant lieu aux dialccks daco-roumain. macedo-roumain ou aroumain,
mcgleno-roumain ct istro-roumain. La derniere inscription latine est datee
de l'an 612, m:i.is Ies prcmicrs textes daco-roumains sont du XYP s1ecle, Ies
premicrs tcxtes aroumains, du XYIII" sieclc; qt~:mt au megleno-roumain et
a l'istro-roumain. Ies plus ancicns textcs ont ete signales par Ies specialistes
du XIXc si<'.·clc. Si l'on partait de J;i conjoncturc actuellc, quand ces dialectes
roumains sont disperses a <le gr:rn<les distances, unc question legitime s'im-
pos1·ra it: pourquoi et qu~md a eu li cu cdtc dispcrsion? Or. compte tenu de
la rard{· des sources d'information pour l'ohscurc periode concernee, rien de
surpr~·nant a cc qtw Ies reponses a cet te qtll'Stion soient evasi\·es, approxim3-
tin·s. ,·oire contradictoircs. Qu'il nous soit donc permis d'avancer notre pro-
prc hypothl~sc a CL" sujct. Il corn·icnt ele prmdre cn consideration non seule-
mcnt lc:s pl~regrinations d la prL·ssion cxcrcee> par Ies peuples en migration,
mais aussi la situation socio-economique de ccs regions aux VIF - xc
sie-
cles, avant la premiere mentinn des Roumains dans Ies sources historiques.
Lei production reduit(' <le l'agriculture pratiquec surtout de fac;on extensive,
reclamait une mobilite inccssantc: Ies peuplcs rnropeens se depla<;aient lcn-
tement sui\";i.nt un processus de colonisation agricole, aussi discret qu'inces-
sant. La n~ritabl<' demarche historiquc de l'Europ(' cn ces temps-Ia, en realite
UI1l' epopl;l' grandiose. ma Îs a pcu pres ignorec, reside justement dans l'occu-
pation de la tern· et dans son exploitation, ainsi que dans Ies rapports sociaux
engendre: par le processm dl' b product ion agricole. A la suite de la suppression
de la frontiere imperiale <lu fait <le ]'abandon de la Dacie par Ies Romains,
un champ tres \"aste fut otl\"ert a la colonisation se dirigcant vers le nord-
est; puis, l'etablissement des Slaves dans la Peninsule balkanique ct la pres-
sion des pC'uples migrateurs ont refoule la popubtion romanisec de l,a rive
droite du Danube aussi bien ,·ers le nord-est que vers le sud-onest. Cette dis-
persion exigeait par aillcurs l'adaptation ou l'acclimatisation au nouvel envi-
ronnenwnt: dans Ies regions montagneuses ce sera de preference l'elevage
qui SC dewJoppera, a insi C]UC le transport des ffi3. rchandises a dos des betes
de somme, cependant quc ks plaines ct les câteaux s'etalant au pied des Car-
pates vont encourager l'agriculture ct l'ele\"agc. Si l'on \"eut tenir compte
des exigences de> la vie reelle, il ne .saurait etrc question ni de « retraites ~
massives et permancntes dans Ies montagnes ou dans les grandes forets du
pays, afin de sun·ivre aux invasions barbarcs, ni d'une impermeablite ethni-
que relative ou absolue (comme le proclamaient Ies historiens roma.ntiques).
Apres Ies premiers contacts, pacifiques ou sanglants, vainqueurs et vaincus
devaient finir par cohabiter et exercer Ies uns sur Ies autres une influence

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Du latin au roumain 161

mutuelle. Le fait qu'en Dacie, en Gaule, en Espagne et en !talie la popula-


tion romanisee a per~iste jusqu'a nos jours, ayant assimile tour a tour Ies
nouveaux venus vainqueurs, represente en ce qui nous concerne une preuve
peremptoire de cette cohabitation.
Dispersee a de grandes distances au cours des VII 0 - IX0 siecles, la
population de Dacic ct de Mesie dcvait emmener avec elle et conserver jus-
qu'a present quantite de traits linguistiques communs dus a une etroite com-
munaute de vie a une certaine epoque prealable. L'etude comparee des dia-
lectes s'cst aven~c d'unc portee essentielle: quand on releve tel ou tel pheno-
menc dans deux, trois ou tous Ies dialectes, on a le droit d'affirmer que le-dit
phenomene s'etait fait jour ou avait manifeste la tendance de se developper
avant la separation dialectale. Cette phase est appelee celle du roumain commun
ou protoroumain (en allernand: Urrumânisclt). D'autre part, le fait que
toutes ces populations dispcrsees se designent elles-memes par le meme terme
latin ( Romamis - dr. român, ar. armân, ir. rumer) et que toutes Ies sources
medievalcs les englobent toutes sous le generique de Vlaque nous porte a
encadrer ces quatre dialectes dans un systeme linguistiquc unique, appele:
la langue roumaine 3 .
Parle de nos jours en tant que langue maternelle par plus de 25 millions
de personnes, le dialecte daco-roumain est homogene; en revanche, Ies Arou-
mains:: vivent eparpilles a travers la Grece (deux cents mille), la Yougoslavie
(75 OOO) et l'Albanie (65 OOO). Des groupes de villages compacts St' retrouvent
dans le Pind (Metsovon = Aminciu, Avdela, Samarina, Perivoli etc.), aux
alentours de l'Olyrnpe, dans le5 massifs de Gramos, au nord-ouest de la ville
de Bitob en Yougoslavie et dans la plaine de Muzakia du sud de l'Albanie.
Le dialecte megleno-roumain est parle surtout dans huit villages du Meglene,
au nord-ouest de Thessalonique, a proximite de la frontiere greco-yougoslavc
(Birislav, Cupa, Liumniţa, Lundzini, Nînta, Oşini, Ţărnareca) ou yougoslavo-
grecque (Huma). Estime a environ 8 OOO, le nornbre des Megleno-roumains
est en declin. Les Istro-roumains habitent dans quelques villages de l'est de
la peninsule d'Istria, en Yougoslavie: aux environs de l'Ucka Gore (Monte
Magiore) (a Bîrdo, Gradinie, Grabnic, Letai, Noselo (Nova Vas), Sucodru
(Jescnovik), Susnievica) et au nord-ouest du port de Rijeka (Fiume) (a Je-
iăni). Ils comptent environ 1250-1500 âmes (ceux qui parlent encore leur
dial·:cte vivent notamment a J eiăni et susnievica).
Le processus general d'urbanisation des dernieres decennies eut pour
con.:iequence l'etablissernent de nornbreux Rournains sud-danubiens dans des
villes des regions respectives: Thessalonique, Larissa, Skopje, Gevgelija
(cette derniere devenue, apres l'etablissement des habitants de Huma, le
principal centre de la population megleno-rournaine), etc. (voir Carte n° 6a).
Pendant l'entre-deux-guerre~. plusieurs milliers de familles aroumaines
et quelques centaines de familles megleno-roum~ines se sont etablies en Rou-
manie, surtout en Dobroudja, ou, a present, le nombre des Aroumains monte
a rnviron 50 OOO et le nombre des Megleno-roumains a environ 3 OOO.
3 Apres un examen aussi approfondi que competent des quatre dialectes roumains, A.

Philippide concluait comme suit: o Consideres au point de vue des sons, Ies dialectes roumains
se re•relent a tel point similaires, avec de si minimes differences de l'un a l'autre, qu'on hesite
de leur donner le nom de dialectes et non, plutOt, celui de sous-dialectes ~ (OR, 2, p. 565).

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162 H. Mihăescu

Phonetique

134. Le latin de Dacie et de Mesie ci suivi, sous maints aspects, une evo-
lution analogue a celle du latin parle dans le reste de l'Empire: Ies voycllcs
1· ouvert et e ferme ont fusionne donnant le c ferme; la voyelle e ouvert s'cst
diphtonguee en je; I'u ouvert ne s'est pa~ transforme en o, comme en Occident.
rnais il s'est confondu avec l'z: ferme. Xotons a ce propos un commencement
d'individualisation et en meme temps de differenciation par rapport au reste
de l'Empire; toutefois, le meme phenomene a rn I icu egalement en I talie
meridionale. Plus tard, dans ccrtaines conditions specifiques, dans une posi-
tion soit forte, soit atone, on remarque une tendancc generale vers la fenne-
ture des voyelles, a savoir: e devient i, o devient u, alors que l'a se transfonne
en une voyelle plus fermec, actucllemcnt notee ă, voyelle mediane non arron-
die. Cette voyelle apparaît aujourd'hui dans tous lcs dialectes roumains, clle
s'est clonc imposec avant la differenciation de ces derniers. Par la suite. la
nouvclle voyelle ă, notamment sous l'influcnce des nasales, devait conduire
dans certains cas a un phoneme encorc plus ferme, note maintenant par d
ou î. Si, dans le cas de la voyelle ă nous avons affaire a une influence de sub-
strat. si dans le cas de la voyelle â(î) îl s'agit d'une influcnce ~lave ou bien
si Ies deux cas sont le fait d'une holution autonome, la chose est difficilc a
preciser. Pour ma part, j 'mclincrais a rallier le point de vue qui estime ciue
<1 Ies alternanccs vocaliques des langues balkaniqucs sont <lues a un chan-
gement parallele et independant, sous l'influcnce cl'un fort accent d'intensite »4 •
La tcndance inverse, vers I' otn-erture, aura facili te dans ccrtains cas.
specifiques l'apparition des diphtongues ţa, oa: ge11a - geană, pinna - peană
(di<il.), porta - poartă, noctem - noapte.
La voyclle i accentuee ou finale et inaccentuee, ainsi que j ( < i inac-
ccntue suivi d'une autre voyelle) ont donne lieu a quelques phenomenes par-
ticuliers, comrne suit: mouiller le I gui la precede, transformcr en afriquees.
Ies consonnes t, d ct en chuintante la sifflante s, phenomenes qu'on ne retrom·e
guere dans Ies langucs romancs de I' Occident. En voici quelques exemples:
licia - ar. l'iţă - dr. iţă, linum - ar. l'1'n - dr. 1·11, terra - *tierra - 8. dr.
ţeară - ţară, tib1' - ffr, Wia - ţîţă, decem - *dfrce - vr. dzăţi, dr. reg.
d::ăci - zece, dicere - ar. dzîţire, dzfţeare, dr. reg. d::îa(re) - :..frt!(rc), dies-
ar. d::uuă, a. dr. reg. d::uuă, dr. reg. dzîuă - ::1·, reshta - răşină, sibilare :-
şuicra(re).
Plus tard, Ies l<>bialcs p, b,f, v, m, suivies des memes voyellcs, devaicnt
aboutir aux sequences phonetiques fKi, bgi, flîi, mn,
destinees a demeurer
dialecfoles (connues surtout en ar. et dans le parlermoldave du dr.): alvina -
albină - albgină - algină, bene - *biene - bgene-bgine - gine, ficus - ar.
11,ic, fil·um - fir - "/iir, petra - *pietra - pieatră pliatra - lCatră, etc.
"La syncope des voyelles breves interconsonantiques est realisee pour
certains mots, ou le phenomene est ancien et repandu sur l'ensemble du ter-
ritoire de l'Empire: caldus, virdis, genuclttm, ungla, mais elle n'intervient pas

t Al Graur, Coup ă'oeil sur la linguistiql4e balkanique, BL 4 ( 1936), p. 38.

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Du latin au roumain 163

dans beaucoup d'autres mots: fraxinus, hedere. masculus, singulus, etc.» 5 .


No"Qs avons etudie, pour notre part, 50 exemples sinulaires, conserves dans
la langue roumaine. Le rapport entre ces deux categorie: est ele 25: 25. Seuls
quatre mots de la derniere n'ont guere de correspondants en Occident: codo-
battuJa - codobatură « hoche qucue », lingula - lingură « cuillere », masculus-
mascur «porc châtre », *scor!Jula (= *scrobula < scrobis) - scorbură« creux
d'un arbre, anfractuosite ». Par consequent, le latin de Dacie et de Mcsie
refletait en general le stade de cette langue dans l'Empire, ne marquant au-
cun penchant a s'individualiser sous ce rapport.
Quand un mot latin etait ou devenait monosyllabique et la voyelle
~e la syllabe en question changeait cn consonnc, il reclamait un appui voca-
bque. L'appui du nouveau phoneme ă (ensuite î) donne ce que s'appele cn
l'occurrence une voyellc implicite: est - e, i >îi, ăi; mihi - mi, mi> îmi;
illi - i. i > îi.
La diphtongue at" a donne des resultats differents dans lcs deux prin-
cipaux dialcctes: laudo - dr. laud (prononce ld-ud), ar. alavdu; adauge bat
- dr. adiluga (reg. adâttgca), ar. adăvga; audit - dr. aude (prononce a-ude),
ar. dvde. Cette diphtongue a resiste aussi en dalmate, s1cilien, frioulan, oc-
citan et catalan. La maniere tres variec dont la diphtongue att s'est refletee
dans Ies quatre dialcctes et dans leurs parlers prouve que le roumain dans
son ensemble a eu toujours tendance d'eviter cette diphtongue en position
preconsonantique. Ce qui s'est passe pour le dialecte aroumain represente
l'illustration de l'une des multiples possibilites de resoudre le probleme, par
consequcnt, il ne s'agit pas dans ce cas-Ia d'une influence du grec 6 •
13.IJ. Si l'on examine quelques correspondances fortuites entre le
latin de Dacie et de Mesie d'un cote avec le roumain et quelques autres lan-
gues romanes actuelles d'un autre cote, on remarquera qu'au fii des âges
des consonnes nouvelles se sont fait jour, inexistantes dans le latin classique,
par exemple: *altiare - ar. alţare, dr. înălţare, it. alzare, esp. alzar, pg. alrar;
ltordi:um - ar. ordzu, dr. orz, it. orzo, fr. orge; basiare - ar. băşare, it. bacia-
re, fr. baiser, esp. basar; iugum- ar. giug, dr. jug, d. zduk, it. giogo, fr.joug.
L'apparition des nouvelles consonnes ts, g,dz, c, s, z,
attestees en Occident
aussi. a ete interpretee par certains specialistes comme etant redevable a
l'influence du substrat thraco-dace. Parfois, ils ont pousse plus loin encore,
en suggerant la restitution du consonantisme de la langue dace a partir de
ccs innovations. Mais il est evident que ce faisant nous risquons de nous en-
gagcr dans un cercle vicieux qm compliquerait encore plus Ies cho!_;eS. En
realite, il s'agit d'evolutions organiques independante:, aussi bien dans l'est
que dans l'ouest. Certaines disparites prouvent que chaque langue a choisi
une voie propre ou encore que son evolution en ce sens-la s' est arretee a tel
-0u tel degre: brachium - ar. braţu, dr. braţ, it. braccio, esp. brazo, pg. braro;
titionem - ar., dr. tăciune, it. tizzone, esp. tizon, pg. tirăo. Une disparite ana-
logue s~· laisse saisir dans le dornaine de la langue rournaine en ce qui concerne
5 I. Fischer, Traits spicifiques du latin ~ danubien ». «Studii clasice», 21 ( 1983), p. 67-
-91, cf. p. 76. Plus de details dans l'etude de I. Şiadbei, Sur la syncope de la voyelle pt!nultieme
atone du iis l1 s langues roma nes, BL 10 ( 1942), p. 67 - 75. L'auteur concluait comme suit:
o 11 re:>ulte de nos considerations quc les formes syncopees ont coexiste avec celles non-syn-
copees jusqu'au Vle siecle; la syncope depC'nd du „tempo" de la prononciation. Ainsi s'ex-
plique l'existence des formes doubles dans les la.ngues romanes, jusqu'a une epoque avancee •·
e Philippide, OR, 2, p. 26-29.

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164 H. Mihlescu

l'eYolution de c + e, i: cera - dr. ceară, ar. ţeară, it. cera, esp., pg. ara;
cingo - dr. îndng, ar. fingu, it. cingo. Plusieurs explications ont ete proposees.
pour cette disparite. Par exemple, Petar Skok pcnsait que le ts de l'arou-
main pour le cdu daco-roumain serait du a l'influence de la langue grecquc 7
- fait peu probable, car ts ne figure que sporadiquement dans le grec me-
dieval et moderne, presque toujours dans le cas des mots importes d'ailkur5.
Ovid Densusianu, pour sa part, etait d'avis que c etait anterieur a ts.
alors que son disciple, Tache Papahagi, compte tenu du degre plus archai:-
que de l'occitan (avec ts) par rapport au frarn;ais (an·c c) penchait plutOt
Yers l'avis contraire 8 . Les analogies avec !'Occident revelent une situation
complexe, exigeant de la prudence: neanmoins, le parallelisme d:-g-z pourrait
suggerer l'existencc d'un enchaînement parallele ts-c-s. Toutefois, Heinrich
LausbPrg optait cn faveur d<'s degres chronologiques suivants: k-c-i:-ts,
ce qui singnifierait que Ic ts de l'aroumain represente une apparition plus re-
cente 9 .
On remarquera unc similitude plus acc~see awc l'Occi<lent cht'z }..;-
couple dz-g: deorsum > deosum > iosu >dr. gios, jos (prononce zos); ancien
it. gioso, occit. Jos (prononce zos); baptidiare - ar. pâtcd:are, ancicn it. liat-
teggiare, occit. batejar; adiwzgere - ar. agiwtd:.t"re, dr. njungac, it. ll!;'.i!.iiln-
gerc, occit. ajonhcr.
Le couple qu - g11 a evolue vers c-g. mais aussi vers p - b, commc en
Sardaigne: quatuor - dr. patru, sarde battoro; ânquc - ar. {inţi, dr. cin.ci.
sarde kimbc; lingua - dr. limbâ, sarde limba. Cc phenomene s'est devdoppe
independemment dans chacune des deux langucs.
Dans Ies langues romanes, le groupe ct a e\·olue dans le sens xt apres.
des voyclles velaires et dans la direction yl apres des voyclles palatales, en-
suitc vers ft, pt, tt ou t, respectivement jt 10 • Pour Ic Sud-Est de l'Europe.
on rele,·e Ies traces de six etapes differentcs: a) kt: Ir a freto - ser. trakta
« Zugnetz >l dans le voisinage de Cavtat en Dalmatic 11 ; b) ft: coctorium -
- alb. koftor; c) pt: cactus - ar. coptu, dr. copt; /acte - ar., dr. laptr, ptctus
dr. piept, ar. k,ieptu; d) ht: flecta - ser. plahta; e) t: fructus - alb. fryt;
f) _jt: direct11s: alb. i drejte. Parcille variete suppose d'un cote un cspace assez
vaste, d'un autrecote, une e\·olution couvrant plusieurs siecles: elle est instruc-
tive au plus hau t degre quand il s'agit de saisir correctement ce phenomene
dan~ l'ensemble des langues romanes.
Les voyclles accentuees en position nasale sont devenues plus fennees,
alors quc Ies nasales-memes ont quelquefois disparu par la suite: (I > â~
f, o > 1.1,. e > i: cecum tantum - atît, lan a - lînă: montem - munte, 1.om-
prehendo - cuprind; bene - bine, plenus - plin. Un transfert de nasalite
d'un autre ordre a donne lieu au phenomene appele rhotacisme: *canutus -
cărunt, minutus - mărunt, renunculi - rărunchi. Ces deux phenomi-nes.
ainsi •:uc celui de la transformation r > 11 se sont manifestes seulement en
rouma m c-t ils sont particuliers a cette lanb'Ue: corona - c111111nă, f aritrn -
fănină făină, lubricare - lunecare.

7 ZRPh -48 ( 1928), P· i 10.


8 Rosetti, ILR, p. 376-381.
9 Lausberg, 2, p. 10- 11.

lu Ibid., p. 50-51.
11 P. Skok, ZRPh, 5-4 ( 193-4), p. 427.

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Du latin au ronmain 165

Morphologie

Le nom

136. Le conservatisme de la langue rnumaine s'est manifeste notam-


ment dans le domaine de la morphologie. Des cinq declinaisons latincs sont
necs trois ca tegories de formes: a) Ies noms en -ă, pl. -e: casa - casă, casae
- case; domina - doamnii, dominae - doamne; b) Ies masculins et Ies neu-
tres en -'lt et en consonne, pl. -i, -e, -uri; socrus - socru, socri - socri; do-
minus - domn, domini-domni; scamnmn - scaun, scamna - scaune; tem-
pus - timp, tcmpora - timpuri; c) masculins, feminins et neutrcs en -e,
pl. -i, -e: juvenis - june, iuvenes - juni; legem - leage, lege, leges - legi;
nomen - nume, nomina - a. dr. numere. La desinence -ora est devenue
-uri et elle est restee l'unc des c<>racteristiques du neutre: frigora - friguri,
pectora - piepturi, lempora - timpuri. Les pluricls ncutres cn -a sont passes
dans la categorie des feminins en -ae et non pas dans la categorie des noms
masculins en -i: dauna - daune, scamna - scaune. Certains noms ont re-
fait leur forme au singulicr partant du pluriel: glandes - ghinde, sg. ghindă;
grandines - grindine, sg. grindină; mattia - maţe, sg. maţ; nuptiae - nunţi,
sg. nitntă. Mais d'autres noms ont garde aussi bien Ies formes du singulier
que celles du pluriels: caput - cap, capita - capete; homo - om, homines
- oanieni; hospes - oaspe, hospites - oaspeţi; soror - soră, sorores - su-
rori. La forme du genitif singulier a persiste dans quclqucs cas isoles: Lunae
(dies) ou Lunis - luni, Martis - marţi, Mermri - miercuri, Jovis - joi,
V eneris - vineri, S ancti. I oamzis ( dies) - Sîn::iene. La desinence en -e est
aujourd'hui encore un moyen vigoureux d'exprcssion du vocatif: domine -
doamne, vicine - vecine. Les vocatifs latins de deus ct domine deus se
sont transmis en roumain dans la formule de serment zău, lorsqu'il est neces-
saire de renforcer l'affirmation « je jure par dieu », de meme que dans le nom
commun dumnezeu « dieu 1>. Les substantifs feminins en -a ont garde dcux
formes au singulier, l'une pour Ies nominatif - accusatif, l'autre pour Ies
genitif-datif: o ( < ună) casă « une maison » - unei case «a une maison ».
De meme, y ont subsiste Ies formes du type tata, tatani, mama, mamani:
tată, dat. tătîni-meu (< a mon pere >). mamă, dat. (mă )mini-ta (< a ta mere ».
Remarquable egalement la persistance du nominatif dans certains noms de-
signant des etrcs animcs: imperator - împărat, pl. împăraţi; i11dex - jude,
pl. ju::i; presbyter - preot, pl. preofi.
En re\'anche, Ies formes adjectivales du comparatif organique du type
altior,· altissimus, melior, opNmus, etc. ont disparu. Le roumain actucl n'a
garde que des formes analytiques avec mai < ma{!.is et foarte <forte: înalt,
mai înalt, foarte înalt, bun, mai bun, foarte bun.

137. Les formes pronominales ont mieux subsiste quc Ies formes sub-
stantivales ou adjectivales. Les pronoms personnels du latin vu1gaire compor-
taient des degres differents de resistance, selon leur podtion <lan~ la phrase:
Ies formes accentuees se sont mieux conservees que 1cs forrnes atones. La
juste perccption de cc rapport des forccs rendra plus facile I' etude de la ge-
nese et de l'evolution de l'artide en rownain, issu <lu pronom demonstratif
ille.

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166 H. Mihăcscu

Apres Ia chuk du g intcrvocalique, ego, est dcvenn en latin vulgaire


co, et ensuite en roumain eu, icÎ!, io. Les formcs mi:J1i, mi cn position forte
donnercnt mic, îmi·: la Yovclk î <le cette ckrnicrc forme est nec 1elativement
tard, du besoin <le fournii un appui vocaliquc a mi dcvenu mi. Deme, mcne
sont issus: dr. mă, pe mine, ar. mine en position forte, mais aussi dr. mă, ar.
1ni cn position faible. Exemples: mi/zi din:t-dr. îmZ: ::.icc, mais dfr mi.hi-dr.
::i-mi, ar. d:î-n'i; mc battit 1:mlus illu - dr'. mă batr vîntul, ar. mi bate
vim pt11l; a un degre plus aYance d'insistance sur le pronom: me calcavenuit
furi, 11u11 te - dr. pi· mi11,· mel ciilcarâ furh, nu pc tine.
On retrom·c tmc situation similain·. a la deux1c::ne personne: tu - dr.
tu, ar. lu, ti11c; tibi - dr. {i<". i{i, ar. a ţiia, mais en position faible: dr. ţi-,
-ţi, fc', !t"11c - <lr. I<', f<' fiii<", ar. li, pri ti11c, c11 position faible: dr. te, ar. te,
li. Excmpll's: 111111111 111ihi, du as tihi - dr. una mfr, două ţie, ar. una a n'ia,
dJ11â a ţiia; tibi tra11s111ilto - dr. iţi trimit, mais tr,m.snu:tto tibi - tri:mitu-ţi;
te 1:i./,·t - dr. fr <'t'.ic', ou \.'neon· plus marquc: p,· t1:ne te 1.:cdc .
.-\ la troisienw personnc·, il apparait comnw reflcxif, mais suivant un
procC'ssus analogue d'eYolution: sibi - dr. îşi, en position atone şi-, -şi; se,
soie· - dr. S<'. sine, ar. si. Excmples: sibi dicet -- dr. îşi zice, rnais dicrndo
sibi - Jr. ::icîn,l!t-şi; s,· videi - dr. St' udt', mais si~ vede pe si1u ou pi:, sine: n1t
se v,·d,·.
:\011s a\·ons au piuriei: 11os - dr., ar. noi; nobis - dr. nonă, ar. a noauă,
en position atone ar. 111'i, 11c, dr. llt'. Excmplcs: nas nobis ji:mus pecorarh - ar.
1101i 111i hi"mu pirnrari, d. en ancien roumain: toţi 11i:. semn fraţ1: « tous nous
somnws frercs »; ar. a 110,wâ nâ dcadc cir le « ;t nous ils laisserent chcmin libre •.
ar. nâ ;·ihut 11oi, dr. 11c <Jă.:urăţi pc noi« ,·ous nous vîtcs ll. A la dcuxieme per-
so111w: ms - 1•oi, ;•abis - dr. vouă, ar. a vo.1uă cn position atone vă. Exem-
ples: ar. <-'Oi 111t liiţ ca 11oi « vo11s n 'l'·ll's pas commc nous », ar. vă t'id::.ură aseară
« ils \·ous· ,·irent hier soir »: dr. pc l'oi <'â plinţ!.t:ţi, nu pe noi« c'cst vous, pas
nous. q ue \·ous plaignez ».

1:m. En position forte, le pronom dcmonstratif *illu, i:lla, ilh, iliac est
den·nu pronom pcrsonnel: el, ca, â, de; par contre cn position faible, il a
per<lu graducllement son râle de pronom, pour se rattacher de plus en plus
etroitenwnt au nom voisin d se transformcr de la sortc l'Il articlc defini:
*itlu dixit - dr. d _:ise mais ille homo - fr. l' homme, homo *z:/lu - dr. omul,
ar. omlu. En position forte, <le ccce *ill11, ecce-illa, ecce-i:tli, ccce-illae le roumain
a CTL'e son pronom dcmonstratif: dr. aed, acea, acei, aule; ar. aţel', aţea, aţei,
aţ ( c) ,,fr; aţ ( c) ali; cn revanchc, cc ml:me pronom demonstratif en position
faibk c·st de\'enu en roumain art iele proclitique; il est utilise devant Ies ad-
jectifs, les numeraux et Ies prcpositions: cc~·e *illu. bonus - cel bun <c le bon•.
ecce illi daem /romi nes - cei ,:cec oameni <1 Ies dix hommes ~; ecce illa de auro-
cea de „,.,.r «la don~c ». De *illu, illa, ilti, illae en position faiblc est ne l'article
pronominal:· *illu mcus - .1l meu; illa Ina - a ta; i:lli nostri - ai noştri;
i"llac <'ostrae - ale voastre. En position forte, on constate la survivance du
pronom *ipsn, ipsa, ips1:, ijJsae - dr. îns, însă, înşi, înse, ar. nîs, n.îsă, nîşi,
nîsc (a. dr. nus, nztsă, nuşi, nuse). En daco-roumain, vu sa situation precaire,
il a rcc;u le support de la preposition de le precedant: de *ipsu *illu - dînsul,
de ipsii illa - dînsa, de ipsi illi - dînş1:i, de ipsae illae - dînsele. Ce pronom
accusse l'idee d'identite et il a le sens de <1 lui-memc, le seul». Une autre mo-
<lalite de fournir un appui a ins, însă a etc offcrtc par sa fusion avcc Ies for-

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Du latin ·au roumain 167

mes du datif -mi, ţi, -şi, -ne, -vii., -şi: eu însumi, tu însuţi, el însuşi, 1loi înşine,
voi înşivă, ei înşişi. A un dcgrc plus cloigne que acel, acea, acei, acele figurent
Ies formes celălalt, cealaltă, câlalţi, celelalte issue de ecce *illu *illu altcr, etc.
L.c pronorn demonstratif *istu, i'sta, isti, ista,e n'a laisse que de faibks traces
d1alcctales: dr. reg. ăst, ăşti, işti, astă., aste, ar. aist(u), acstu, aişti, aeşti, ai-
stă ( aistî), aestă ( aestî); en revanche ecce *istu ccce ista, ecce isti, ccce istae
ont beneficie d'un sort rneilleur: dr. acest, această, aceşti, aceste, ar. aţestu,
afe~stă, aţeşti, aţeaste. Les pronoms latins hic et is n'ont pas survecu cn rou-
mam.
Les pronoms relatifs, intcrrogatifs et indefinis: qualis - care « quel,
qucllc », quem > *quene - cine « qui », qnid - cc « que, quoi », quantum -
cît « combicn », altcr, -a - alt, -ă <c autre », nenu:nem - ninie(ni) <c personne »,
totus - tot « tout », eccum-tanlits - ar. ah(t)întu, -ă, alz(t)înţî, alz(t)înte,
dr. atît, -ă, atîţi, atîte « tant »; cecum ta/cm - ar. ahtare, dr. atare, cittarl' <c tel,
pareil ». II y a aussi des composes avcc volet: oarecare, oricare, oarecine, ori-
cine « n'importe qui, chacun », oarae, 01ice « n'importe quoi », oarecînd, ori-
cînd « n'importe quand », oriunde <c n'impor1.e ou» et inversement: careva,
dnl'·va « quelqu'un », ceva « quelque chosc », cîndva <c unc fois », undeva <c qucl-
que part 1>; des composes avec velit: dr. vreun, ar. vînzu, vîrnii, mgl. vrin,
vrină <c quclqu'un(e) 1>; composcs avec fiat: fiecare, fiecine « chacun 1>, fiece
« chaque chose 1>, fiecum «de toutc maniere 1>; de~ composes avec nescit: 11c-
scit qualis - niswre, niscai« quclquc(s), certain(s), nescit quantum - ar. nis-
cîntu « peu, quclqne chosc 1>, Hfscit quid - dr. nişte <( peu, quelque chose ».
Le substantif latin mica <c mie, micttc 1> a survecu dans le pronom indefini
nimic, -ă (= ne mica) <c rien 1>; dans Ies substantifs nimic (pl. nimicuri) et
nimică <( chose de peu de valeur, bagatelle 1> et fort probablement dans l'ad-
jectif dr. mic, -ă, ar. nic, -ii(< petit. -e, ffiCnU, -CI).
Les pronorns.et Ies ad1ectifs pronominaux ont herite de ccrtains elements
des diverses formes d'ille: alter, -a - alt, -ă, dat. altui. altâ, dat. pl. altor <
< altrorum alorum; en arournain et en daco-rournain ancicn Ies pronoms
figurent sans articlc defini; neque unus, neque una> ar. niţe 1111, nife unii,
(niţi un, niţi ună) dr. nici un, nici o, avec l'article defini dr. 11ici unul, nici
una, totus, -a > tot, toată, dat. sg. totului, ar. totalui (dans des cxprcssions
isolees tclles: ar. di-cu-totalui, a. dr, dr. reg. cu totului tot (( entierement 1>),
dat. pl. ar.a tutulor, dr. tuturor (dr. reg. tutulor) < totormn illorum; u1ms, -a-
U1l, ună, pl. unii <( Ies uns 1>, unele <c Ies unes 1>, dat. pl. unor.

139. Le systeme du numeral latin s'est rctrouve scnsiblement simplific:


il a garde un nombre rednit d'elements anciens par rapport a }'Occident.
Pour doi", două (ar. doauă) il convient de prendre pour point de depart Ies
forrnes dos, doa, attcstees dans Ies inscriptions locales. Quant a l'explication
des autres numeraux, ellc n'offre pas de d1fficultes: tres - trei, quat(t)uor -
patru, cinque - cinez", sex - şase, septem - şapte, octo - opt (ar. optu), no-
vem - no"ă (ar. noauă), decem - zece (ar. dzaţe). Le procede analytique de
denombrer par addition (imus super decem - unsp1·ezece, dos super decem -
doisprezece, etc.) n'etait pas l'apanage des Slavcs, Roumains et Albanais,
puisque Ies Grecs 12 aussi l'utilisaient. Par consequent, Ic systeme roumain
n'cst pas le resultat <l'une monogcnese, mais plut6t <l'unc polygenesc, autre-

12 Mihli.escu, Lg. lat., p. 230.

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168 H. Mihăcscu

ment <lit, il s'agirait d'un procede surgi indepcndammcnt dans plusieurs


points. Le latin viginti n'a survecu qu'en aroumain (yiyinţ); pour le reste,
tous Ies dialectes ont adopte pour point de depart la forme ::ecc, la traitant
comme un substantif feminin: douăzeci, trâzeci, patrw:.eâ, etc. La forme latine
centum s'cst perdue, Ctant remplacee par le slave sută, du genre feminin, le
compte se poursuivant par două sute, trâ su,tc, etc. Le latin milia est devenu le
feminin singulicr mic (ar. nil'e) dr. două mii:, ar. cloau.â 'iiz'.l'e; <lr. trei mii, ar.
trei ,J,i/'c, etc. L'cxpression mii: de mii (ar. ii1Ti di n'il'i) designe un nombre
infiui. La forme ambi pour anibo est attestec dans k bas-latin 13 : elle n'a sur-
vecu que dans le roumain ancien: imbi. Par contre amb1: du1:, ambae douae
a joui d'un meilleur sort: ar. amindol'i, aniindoauăle, dat. a amiudoilor, a
amindoauălor, dr. amî11dai, amfndouă, dat. amînduror.
Les numeraux ordinaux ont etc formes depuis Ies numeraux cardinaux,
awc <ks derives du pronom demonstratif *illu.: *i:llu. dos *illu > al doilea
1'lla doa ii/a - a doua; *illu tres*1:lln - al treilea, 1:/la tres 1:lla - a treia, etc.
Rcmarquahle et unique phenomene dans le <lomaine des langues romanes
s'av1~n· la pl·rsistance en roumain des formes hypothetiques du latin *antancus,
*a11ta11ca - ar. n.tîiiu, -ne, dr. întîi, det. înti1:ul, fntîia <1 le premier, la premiere».
Les formt'S lat ines pvuvent etre expliquees par ante, (I Oli-ea ete senti comme
une <l<·sincnce supprimable », cf. antarius <1 qui est devant », directe - direc-
tancus, sponfr - spo11ta11cus. Le mot latin s'est probablemcnt manifeste tont
d'alionl dans le langagc des militaires, ou celui placl- ou marchant a la tete
d'une format ion militaire etait aussi k premic-r ou Ic chef de la-di te formation.

Verbes

140. Ll' ~yste1m: des quatre conjugaisons Iatines a rcsiste tres bien,
a\'CC dl'S trasferts <l'unc conjugaison a l'autre, notamment dans le CaS des
II" ct III" conjugaisons: portare - purta(rc), v1:dcrc - vedea, vedere, vcndcre -
vi11Jt" (re), dormire - dormi (re). Les dcponcnts se sont encadres dans le
systl-mc dominant des le latin vulgaire, de mcme, Ies vcrbcs posse et velle:
potere - putea, putere, volerc - vrea, vrere. Les Yerbes inchoatifs ont perdu
kur ,·aleur specifiquc corn portant le sens de <1 commenccr a... »: frzfloresco -
ar. nflurcsm, <lr. hlfloresc. La terminaison d'originc grecquc cn -izare a ete
egalenwnt adoplee par certa ins verbcs en -arc: bapti:zo - ar. păted:::ie, dr.
bot<·:. mais aussi adlacto -ar. aliiptedzi"t, dr. alăptez; angusto-ar. angustedzu,
dr. illgustc:, etc. Les doublcts de typc dr. a11-d ou au::, ar. avdzu < audio, ar.
pot, dr. pot ou pociu <potco, dr. vin ou viii„ ar. vi9~'t < venio ten;ioignent de
la kndance persistante et progressivc ele renouvcllement et d'adaptation au
svstcme. Les formes dau., dai, stau, stai continuent lcs formes latines du
futur dabo, dabis, slabo, stabis: a partir d'elles on a rcconstituc Ies formes
hypolhctiqucs *dao, *dais, *stao, *stais du latin vulgaire.
Les formes a reduplication n'ont pas disparu cntierement: dedi, a. dr.
dedi11. dedu, ar. dedu, a. dr. dedei, mais, cn roumain moderne, plutât dădui.
Les parfaits forts ont diminue progressivemcnt en favcur des parfaits en
-ui: bib1:, ar. biuf, dr. băui; feci, a. dr„ ar. jeciu, dr. moderne făcui; vidi, ar
vidmi. dr. vămi.

13 ThlL, I, 1863- 1866.

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Du latin au rouma:?t1 · 169

A la difference d'autres langues romanes, le roumain organisa son plus-


que-parfait indicatif au moyen des formes du plus-que-parfait subjonctif:
portavisset - purtase, habuisset - avuse, responsisset - râspunsesc, audiv1:s-
set - auzise.
Pour l'organisation des fonnes analytiques du futur, Ic roumain use
du present du verbe volere: dr. voi, vei, va, vom, veţi, vor + l'infinitif; ar.
va+ le prescnt du subjonctif (va s'portu, vas' porţî, va s'poartă, va s'frurtăm,
va s'purtaţ, va s'poartă).
L'aroumain et l'ancien daco-roumain font deriver lcurs fonnes du pre-
sent conditionnel de celles du conjonctif parfait utilisees en latin: intraverim,
intraveris, intraverit, intraverimus, intraveritis-; intraverint -· ancien daco-rou-
main întrare, -ari, -are, -aum, -aret, -are; ar. s'intrarim, s'intrarişi, s'intrari,
s'intrarim, s'intrarit, s'intrari. En revanche, dans le daco-roumain moderne,
certaines forn1cs du conditionnel gardent quelques forn1es isolecs du Ycrbe
volere a l'imparfait: volebam, volebas, volebat, volebamus, volebati's, volebant +
facere - aş, ai, ar, am, aţi, ar+ face.
L'ablatif du gerondif persiste: portando - purtînd, habendo - avînd,
ducendo - ducînd, jugiendo - fugind.
Pour le participe passe cn -atus, -itus, -utus Ies formes correspondantes
sont en -s et -t: laudatus - lă11,idat, exitus - ieşit, habutus - avu.t, absconsus -
ascuns, *franctus - frînt.
Les imperntifs latins ont ete conserves: dic - zi, duc - du, jac - fă.
De meme, pour ce qui est des formes negatives de l'imperatif: non dicerc -
nu zice, <( ne dis pas»; non dicitis - nu ziceţi. « ne dites pas».
141. Les paradigmes du verbe auxilia1re ar. h,ire, dr. fi(re) <fieri
temoignent d'un perpetuei penchant pour la selection, le renouveau et l'or-
ganisation du systeme:
present
latin aroumam ancien dr. dr. actu el
sum, fio niu, eseu sînt; săntu -s îs, sînt
es, jis 1ii, eşti eşti eşti
est, jit easte iaste e, -i, este
sumus, Jimus 1iim sem< simus sîntem
estis, jitis 'liiţ seţi < sitis sînteţi
sunt, jiunt sîntu sînt(u), sănt(u) sînt
passe dejini
jui fui Juiu fui, fusei
juisti }uşi fuseşi fuşi, fuseşi
)uit fu fu fu, fuse-
Juimus fum fumu furăm,juserăm
juistis fut fusetu furăţi, fuserăţi
juerunt jură jură jură, j1tseră

Imparfait: ar. earam ou iream, ancien dr. era, dr. actuel eram; passe
indefini: ar. am jută, dr. am _fost; plus-que-parfait: ar aveam _Iută ou juseasim,
dr. fusesem; fu tur: ar: va s'1i.i~ ou va. s' eseu, _dr. voi ~i; co~ditionnel: present:
ar. si 1iearim, dr. aş Ji; cond1tionnel imparfa1t: ar. si jurim ou vrea earam ou

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170 H. Mihăcscu

encore si-aveamfută, dr. aş Ji fost; imperatif: ar. si liii, si.'Ji,iţ, dr. fii, fiţi;
participe passe: ar. f ută. dr. fost. -ă; gerondif: ar. ninda (lui) et f ttnda (lui),
dr. fiind.
- D~ beaucoup plus unitaire s'avere le paradigme du Yerbe ar. aveare,
dr. avea, avere < habere, a savoir: present: ar., dr. avem < habemus; impar-
fait: ar. a(v)cam, dr. aveam< habebamu,s; passe defini: ar. avum < habu,i-
mus. dr. avurăm; pass~ indefini: ar. avem avută, dr. am avut; plus-que-par-
fait: ar. avuscasim, dr. avusesem; futur: ar. va avem, dr. vom avea; condition-
nel prcscnt: ar. si-avearim, dr. am avea; conditionnel imparfait: ar. si-avu-
rim, dr. am ji avnt; imperatif: ar. si ai, s1: avcţ, dr. ai, aveţi; participe passe:
ar. avută, dr. avut, -ă; gerondif: ar. avînda(lui), dr. avînd.
Il y a plus de similitudes entre ks deux principaux dialectes dans le
cas du paradigme <lu verbe ar. ;.:reare, dr. vrea, vrere < volere, comme suit:
prescnt: ar. vo1: < volco, dr. vreau, voi; imparfait: ar. dr. vream< volebam;
passe lldini: ar., dr. vrui < voliti; plus-que-parfait: dr. vrusem < voluissem,
ar. az•cam vrută; fu tur: ar. i•a s'voi, dr. .voi vrea; conditionnel present: ar.
si vr1·,1rim, <lr. aş c.•rea; conditionncl imparfait: ar. s'vrurim, dr. aş fi vrut;
imperatif: ar. si vr<"i, sz: vrcf, dr. vrâ, vreţi; p::irticipc passe: ar. vrută, dr. vrut,
voit, -J; gcrondif: ar. <•rînda(lui), dr. vrîlid. Les formes de l'indicatif present
des \'erbes /rnbcrc ct vofere. ont ClC <Jffectfrs a Ul1 plus haut degre, par conse-
quent, lcur Yolumc cn est sorti amoindri lorsqu'elles detcnaient une position
faibk. 1nr rapport au \'crbc auxiliaire dr. arc« il a». mais a dat« il a donne »;
vreau. <•rei, vrea. vrem, vrcfi. vreau« je \'cux, tu Yeux, etc.» mais voi, vei, va,
vom, ;·:·ţi, vor+ dd « je <lornwr·:i, tu donneras ». etc.

Adn~rbes

14:!. Comptc tenu de km ro~·:. qui est c··lui d'cxprim .,. des rapports
aussi \'aries qm· complcxL'S du proccssus sans fin de l'acti\·i~ ~· humaine, Ies
adverb ·s simpk-s attin,nt dans l·;ur sphen' d'autrcs aclvcrbcs, puis des prc-
positio!h, des conjonctions, des subsl:mtifs, dl's adjcctifs ou des pronoms.
De kur union avcc ces formcs divcrse's, <l'autrcs moyens d'expression emer-
gent s:rns cessc, dotcs d'une plus gra1A 1' prccision et plus nuances aussi, dans
unc perpetuellc evolution historique. Vaiei un exemple concluant a cet egard:
le la tin t1!m, puis t~mc <turn+ ce, latin vulgaire ad tune, roumain atunci <
< ad+ turn +-cc+ -ce 14 . Cette creatiYite est illustrcc par le tableau suivant:
ab.ute - a. dr. ainte « avant »·
ad-casam - ar., dr. acasă <1 chcz soi, ~t la ma ison »·
<1 l-de-anfe - dr. fCg. adiizt,:, (< tout a l'hCUfC I) 0

a:t-dc-Z:pso - dr. ad ins, dans des cxpressions tcllcs: din ad ins, într-adins
«a desscin, expres J);
ad-de-quod - dr. adecâ, adică <1c'cst-a-dire1>;
ad-dc-vermn - a. dr. adevăr, « vraiment 1>, cf. ar. de-a-veru;
ad-foras - ar. afoarâ, dr. afară;
ad-hac( cc) - ar. aoa(ţe) «ici»;
ad-!teri - ar. aeri « hier »;
ad-indc-horas - dr. adineauri (< tout a l'heure, tantât & ;
ad-minutum - dr. amănunt, amărunt, cn rapport avec les prepositions
14 Plus de details dans mon Hude: Beitrăge zur Kenntnis der tum, tunc-Partikeln, BIFR
4 (1937), P· 1-51.

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Du latin au roumain 171

cu, de, pc« mii:utiuscmcnt, ele fond cn comblc »;


ad-no1ncn - dr. an·wmc (< a nom, a ~avoir' notarnmcnt l);
ad-post - ar., dr. apoi· « cnsuite, apres (quoi) »;
ad-propc - ar., dr. aproape <• tcut pres, proche, ~1 pcu pres, presquc »;
ad-raras-lioras - dr. arareori « rarnntnt »;
ad-vix - dr. abia (<a peine, au rnoins »;
alia-mente - ar. al'·umtua, <lr. aimi11tre <( autrcmcnt 1>;
altera-mente - dr. altminteri <( autnrnent, sinon, sans quoi 1>;
ali-ubi-re - ar. al'urea, dr. aiurea <( ailleurs 1>;
anno-tertio - ar. anţărţu, dr. anţărţ « il y a dcux ans »;
bene - dr. bine, ar. gine « bien 1>;
currendu - ar. cunmdu, dr. curînd, în curfod <(vite, bientOt 1>;
de-ad-supra - dr. deasupra « dessus, au-dessus 1>;
de-ad-unum - ar. dadum, drndum (( enscrnble 1>·
de-de-indc - ar. didinde <(au-dela, de ce câte-la, de l'autrc cote:
dc-ecce-indc - <lr. dec:inde(a) <(de l'autre câte, au-dela»;
de-hora - dr. doar(ă) « b1en que, apres tout, au fond 1>;
de-in-ante - dr. dinai11te <( devant 1>, pe dinainte <(par devant »;
de-inde-retro - dr. dindârăt «(par, de) derrierc 1>;
de-in-illa-hora - ar. deancavra <( depuis pcu, il y a quelques in~tant~.
recemm en t I);
deorsum, iossum - dr. jos <( en bas 1>;
de qu.antum - dr. decit <( que 1>;
de-una-die - dr. deunăzi « l'autre jour »;
de-una-hora - ar. di-ună oară <( aussitât, immediatement 1>;
cccani - dr. iacă « voila, vaiei »;
ecce-hic - ar. atia, dr. aci « ici 1>.;
eccum-hoc - ar.' aco « Ia, y 1>;
eccum-hoc-illoc - dr. acolo « Ia, la-1 as 1>;
cecum-modo - dr. reg., ar. amu, a. dr. acmu <c maintenant »;
eccum-sic - ar. acşi, <lr. aşa « ainsi, comme cela »;
forte - dr. foarte «fort, tres, beaucoup 1>;
heri - ar., dr. ieri <( hier »;
hic-ubi - a. dr. iuo «ou 1>, ar. iu;
2·n-a'/rante - dr. înainte; in-ante - ar. ninte <( avant, devant, aupara-
vant »;
in-ad-intro-ar. năundru, năuntru, dr. înăuntru« dedans, a I'interieur I);
in-ad-post - ar. năpoi, dr. înapoi « cn arriere 1>;
in-contra-ubi - dr. încotro <( {par) ou, de quel câte »;
in-de-retro - dr. îndărăt « derriere, en arriere »;
in-eccum-hoc(ce) - dr. încoa( ce) <(ici, de ce câte-ci 1>;
in-ecwm-illoc - dr. încolo « Ia, de ce câte-la »;
in-illac-1"ntro - dr. înlăuntru, (( a l'interieur, dcdans l);
in-per-gyr'Mm - dr. împrejur <( autoPr 1>;
in-per-unam - ar. mprrnnă, dr. împreună <( ensemble, conjointement »;
ista-die - dr. astăzi « aujourd'hui »;
magis - ar. ma, dr. mai« plus, encore, sans ccsse 1>;
nec-ali-ubi-re - dr. nicăiuri, nicăieri « nulle part »;
non-magis - dr. numai« seulement, uniquement »;
per-tot-inde-re - dr. pretutindeni« partout, en tous lieux 1>;

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172 H. l\lihlescu

post - dr. păi « puis, et puis •;


quando - ar. cîndu, dr. cînd « quand •:
quomodo - ar., dr. cum « commen l „;
sitsu = sursum - ar.. dr. sus (I en haut, dessus •;
u.ltr a-i:nde - a. dr. otrinde (I pour cela , pour cette raison •;
unde - dr. unde <c ou, dans quel lieu ou dans quelle direction •:
de unde - « d'ou •: pe unde «par ou•.

Prepositions, eonjonctions
143. Cette tcndance de fusion avcc d'autrcs particulcs se manifeste
de fat;:on cncore plus accusee dans le domaine des prepositions et des con-
jonctions:
ad - dr., ar. ir. 11 « a •. ad-supra - dr. asupra « sur „;
contra - ar. cătră, dr. către «< vers „;
cum - ar., dr. cu «< avec •;
de - dr. de, ar. di:; de-in - ar., dr. dfrt «de, des, depuis t; de-inter- dr.
dintre <1 entre, d'cntre •; de-intro - ar. dintr', ditru, dr. dintru «de t; de-in-
super - dr. dinspre «du c:Ote de•; de-post - ar., dr. după « apres „; de-super
- dr. despre <1 de, sur, au sujet de•: de-suptus - dr. desupt « au-dessous
de•;
extra - ar. stră <1 au-dessus de •;
for as - ar., dr. fără « sans •;
iliac-ad - ar., dJ. la (I a, ChC'Z I);
1:n - dr. fo, ar. n; inde - dr. îndc « cntre •>: ci îndc ci« cux entre eux •;
i1v-supcr - dr. înspre <1 vers•;
inter - af., dr. ÎJ1.fre," infra - af. itfră, Jli/lfYă, tră (I d·•vant, pour, el,
dans•; intra - ar. tru, dr. î11tru ((dans, a, parmi, sur t;
lun.go -- dr. lingă. ar. nincă. ningă « pres de. aupres <l~, a cote de •;
paenc-ad - dr. pin.ă <1 jusque, jusqu'a cc CJUC' »;
per - dr. pe (a. <lr. pre), ar. pri: ((sur, a, dans•: per-extra - dr. peste
(a. dr. preste), ar. priste <' sur. en tre, au dela de •; per-gyrum - dr. reg. pre-
giur (litt. prejur) « autour de•; per-in - dr., ar. prin «par, parmi, dans•;
per-inter - dr. printre (< parmi, cntrc, a travers 1>; per-intro - ar. printru,
dr. pentru (I par, a travers, pour.; per-super - dr. peste, prestc ((sur, au-dela
de•; per supra - ar. prisupră « (par) dessus •>;
sub - ar. su, dr. su. sub « sous, au-dessous »; subtits - dr. subt « sous •;
super - dr. spre «vers, du cote de 11;
trans - mgl. tri, tră « pour 1>: tră tsi « pourquoi •·
Un nombre plus important de conjonctions sont nees dans la sphere
de la langue roumaine, mais quelques-uncs etaient dejaoperatives en latin
vulgaire:
aut ... aut - dr. au ... au «ou ... ou•;
de-hora - dr. doară, doar « rien que, sculement, apres tout, au fond•;
de-quid - dr.deci (I donc, par consequent.;
de-quod - dr. dacă « puisque, si, suppose que •;
de-sic - dr. deşi « quoique, bien que t;
de-volet-quid - dr. deoarece <1 parce que, vu que •;
ea-re - dr. iar «mais, tandis que, alors que •;
et - ar., a. dr. e ~ et t;

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Du latin au roumain 173

f uerit quod - ar. fure-că <1 si, suppose que »;


in-quantum - dr. încît (I que, de sorte que »;
ipsa - dr. însă t mais, pourtant, toutefois »;
nec. . . nec - ar. ne. . . ne <l ni ... ni & ; neque. . . neque - dr. nici . ..
,nici Q ni ... ni•;
per-quomodo - dr. precum « ainsi que, comrne & ;
quam - ar., dr. ca (I cornrne, presque, a peu pres •;
quia se - dr. ca să (I pour que, afin que »;
quid -dr. ci (I mais •;
si - ar. si « si, suppose que »; si aut - dr. sau (I ou, ou bien •;
sic - ar., dr. şi« et, aussi »;
1tnquam - dr. încă « encore, de plus»;
volet ... volet - dr. oare ... oare, ori ... ori (I soit. .. soit»;

Derivation
141. Par la fusion avec Ies prepositions et Ies prefixcs ab, ad, con-, de,
dis-. ex, extra, in, per, prae, re-, sub et trans, Ies verbes acqueraient des valen-
ccs, des intensites, des degres qualitatifs ou des nuances nouveaux; îl s'en
-suit que la derivation eta1t un procede actif et efficace de l'enrichissement
et de la diversification de la langue. Ces prepositions exprirnaient a peu pres
les notions et Ies idees suivantes: ab « point de depart dans l'espace et dans le
temps »; ad «proximi te dans I' espace et d:ms le ternps »; con- ( com-) <r cou-
plage, concentration »; de <1 origine, cause, bond qualitatif »; dis- « separation,
,detachernent »; ex « sort ie, epuisernent »; extra « intensite, exces»; in <1 des
rapports dans l'espace ou dans le temps, position, mouvement, direction,
etendue »; per (< percement, perfectibili te ou retablissement I); prae - (<pre-
cedent»; re- <crepetition, reprise»; sub «subordination, concordance, suc-
<:cssion >); trans (< passage d'un endroit a l'autre, transformation li. Quelqucs-
·uns de ces derives etaient rares et isoles, rnais il y en avait d'autres (dans le
gcnrc du couple oppose dis - in) avec une sphere d'emploi presque illimitee.
Le rapport nurnerique chez les verbes conserves en roumain est le suivant
(les chiffres indiquent le nombrc total des elements latins ayant des corres-
pondants en rournain):
abbattere - abate (re), ablongare - alunga (re), abstergere - şterge (re)
abscondere - ascunde( re), *aziferire - ar. afirire = 4;
adducere - aduce (re), ad parare - apăra (re), adplicare - apleca (re),
.ad-trahere - atrage (re), etc. = 30;
colligere - culege (re), comprehendere - cuprinde (re), contremolare - cu-
tremura( re), contribulare - cutrciera(re), etc.= 12;
degelare - degera(re), depannare - depăna(re), deponere - depunere,
aeprchendere - deprinde (re), etc. = 28;
discaballicare - descăleca(re), discarricare - descărca(re), discludere -
deschide(re), dis/aciolare - desfăşura(re), etc.= 38;
excadere - scăde(re), exmulgere - smulge(re), *experlavare - spăla(re)
~xtorquere - stoarce (re), etc. = 41;
extracolare - strecura(re). extramutare - strămuta(re), extrapungere -
~trăpunge (re) - 3;
incaballicare - încăleca (re), incarricare - încărca (re), includere - tn-
chide (re), infrenare - înfrîna(re), etc. - 147;

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174 H. Mihăescu

perambultJre - primbla (re), perlinguere - prelinge (re), pertund ere -


pătrunde (re), pervigilare - priv1·ghe (re) - 14;
praecognoscere - ar. pri-cunoaştirc, praeponcre - prepune (re), pracvi-
dere - ar. privideare - 3;
remanere - rămîne(re), rrponere - răpmze(re), resonare - răsuna(rc)„
rcsufflare - răsufla(re), etc. - 10;
subire - sui(re), sufflarc - sufla(rc), subponerc - supunc(re) sus-
pirare - suspina(rc), etc. - 15;
trans-salire - tresări(re), tram-mittere ~ trim1.tc(re) - 2.
Tres active en latin, l'opposition in - dis- a sun·ccu en rournain et
elle s'est a\'en~e productive meme dans le cas des \'erbes d'une autre origine
que le latin. En revanche, le preverbe ex, frequent en latin, bien qu'ayant
laisse de nombreuses traces en roumain, il n'est point devenu caracteristique„
ni productif. On peut mentionner des chaînes a six, quatre et trois rnaillons:
panere - pu11e(re), adpo11erc - apwzc(re), depomre - depune(re), exponere
- spwzc(rc), praeponere - prepune(re), subponerc - supune(re); puhm-
dcrc - prinde(re), adprelzendere - aprinde(re), deprehcndere - depn·ndc(rtt}
şomprehendere - mprinde (re); torquere _ toarce (re), extorquere - stoarce (re) „
intorquere - întoarce (re).
145. La derivation au mown des suffixcs a ete de beaucoup plus fre-
quente et plus agissante: -
- accus: fcnaceus ( campm) - finat <c pre, charnp pour recolter le
foin »; galli11aceum (stercus) - găinaţ « fiente »; *granacea - ar. grinaţă
<c tourkau de farine de ble », etc. - 8;
-alis: battualia - biitafr « lutte, raclee, rixe o; digitale - degetar «de»;
spfnahs - spinare (C echine dorsale etc. - 13;„,
-amen: ar. amărame <c amertume, chagrin »; ar. armâname <c beaucoup
d'Arournains 1>; ar. bărbiitamc - <c grand nombre <l'hommes »; a. dr. voini-
camc « grand nombre de soldats „; suffixe productif surtout en arournain et
en ancien daco-rournain dans le parler du Banat;
-aneus: *antaneus- ar. ntîirn, dr. reg. întîti(u), dr. întî1: «premieri>;
calcaneum - ar. călcfnu, dr. reg. călci1i(u), dr. călcîi «talon»; capitaneum -
ar. capitînu, dr. căpătii <c chevet 1>, etc. - 4;
-anus: fonta na - fîntînă «fon taine»; paganus - ar. pîngîn, dr. păgin
<( paien » veteranus - dr. bătrîn <c vieux, âge », etc. - 8;
-aris: caballaris - călare (( a cheval !) ; pollicarius - ar. pălicar, dr. po-
licar <c pouce • - 2;
- arius: angularius - ungher « coin, recoin, encoignure t; caldari·a -
- căldare « chaudiere; pecorarius _ar. picurar, dr. păcurar « berger 1>, etc.
- 50;
-aster: *albaster - albastru «bleu J>; filiaster - ar. 1W'eastru, dr. fias-
tru « beau-fils (fils d'un autre lit) • ; *iugaster - ar., dr. reg. giugastru, dr.
jugastru • erable champetre • - 3;
-aticus: hibernaticus - ar. arnatic, dr. iernatic « provisions, alirnents
d'hiver J>; lunaticus - lunatic «lunatique •>; silvaticus - sălbatic • sauvage I),
etc. - 5;
-atus: bracchiatum - ar. brăţat «etendue des deux bras, brassee I) r
iudicata - ar. giudicată, dr. judecată « jugement, proces, tribunal t; manuata
- .ar. minată <c poignee, ce que peut contenir la main &, etc. - 18;

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Du latin au roumain 175

-bundus: *chascabundus - căscăun ( d) « badaud, musard „; flamma-


bundus - flămînd «affame „;palpabundus - plăpînd «frele, delicat 3; „-
-ellus: ( agnellus - ar., dr. reg. ·hel, dr. miel « agneau »; porcellus - ar.
purţel, dr. purcel « porcelet »; rctella - reţea «reseau, filet», etc. - 34;
-eolus, -iolus: capriolus - căprior « chevreuih; hordeolus - ar. arcior,
<ir. ulcior « orgelet »'; peciohts - ar., dr. reg. liicior, dr. picior (I pied »,
~te. - 14;
-etum: arboretum - ar. arburet « foret de chenes »; pinetum - ar. lii-
1iet, dr. pi~net «foret de pins, pinede »; pometum - ar. pumet, dr. pomet <1 ver-
ger », etc. - 5;
-w,s: *granuceum - ar. gărnuţu <1 grain, bulbe, tumeur »; pelliceus
- ar. hliţu <1 petite outre contenant du fromage ou du beurre »; *salinea
- ar. sărin'e <1 endroit ou l'on donne aux moutons du sel a !echer», etc. -
-6;
-icare: adlubricare - ar. alunie (are), dr. aluneca (re) <1 glisser »; *mix-
ticare - ar. mistic (are), dr. mesteca (re) «mâcher »; morsicare - ar. mursi-
c (are), dr. murseca(re) «mordre a differentes reprises, mordiller», etc. - 311
-icia, -itia: africia - ar. afreaţă <1 espece de gâteau sacre»; caballari-
cius - ar. călăreţu, dr. călăreţ «cavalier»; *grevitia - ar. dr., mgl. greaţă
- « affadissement, envie de vomir, degout », etc. - 24;
-icus: canticum - cîntec «chanson »; dominica - ar. duminică, dr.
duminică <1 dimanche »; *oestriculus - dr. streche «taon », etc. - 5;
-idus: muccidus - dr. muced <1 moisi »; putridus - ar., mgl. putrid,
dr. putred «pourri », viscidus - dr. veşted <dane», etc. - 11;
-inus: bovinus - ar. buin « (comme) du breuf »: gallina - ar., mgl.
găl'ină, ir. gal'ira. dr. găină« poule »;porcina- ar. purţină <1 viande de porc»,
etc. - 26;
-inits: carpinus - ar. carpin, mgl. carpini, dr. carpen <1 charme »; coc-
cinus - ar. coaţin « (mouton) qui a des tâches rougeâtres sur la tete »; gal-
binus - ar., mgl. galbin, dr. galben <1 jaune, pâle », etc. - 9;
-io, -ionis: inclinationem - ar. ncl'inăciune, dr. închinăciune <1 saluta-
tion i>; intellectionem - înţelepciune « sagesse »; pastionem - păşune «pâtu-
rage 1), etc. - 23;
-itare: circitare - cerceta (re) <1 examiner, chercher »; dormitare - dor-
mita (re) <1 sommeiller »; pigritare - pregeta (re) «hesiter, tarder », etc. - 5;
-itas: bonitatem - bunătate, <1 bonte >); civitatem - ar. ţitate, dr. cetate
~ chateau-fort >); sanitatem - sănătate <1 sante », etc. - 13;
-ivus; hivernivum - ar. arniu <1 quartier d'hiver, hivernage »; *tardi-
1JUS - ar. tîrdzîu, dr. tîrziu «tardif »; *temporivus - ar., mgl. dr. timpuriu
-« precoce, premature » - 3;
-mentum: iuramentum - dr. jurămînt, «serment »; pavimentum - ar.
J>imintu, dr. pămînt <1 terre »; vestimentum - ar. veştimintu, dr. veşmînt «ve-
tement », etc. - 10;
-oneus: ascalonea - dr. reg. scaloi <1 petit oignon »; *puroneum - ar.
pronu, dr. puroi «pus » - 2;
-orius: adiutorium - ar., dr. reg. agiutor, dr. ajutor (I aide I); *serva-
toria - ar., dr. sărbătoare, mgl., dr. reg. sărbătoari <1 fete»; venatoria - dr.
vînătoare <1 chasse », etc. - 26;
-osus: animosus - ar. dr. inimos mgl. inămos «courageux, vif »; mon-
tuosus - ar., dr., mgl. muntos «montagneux »; virtuosus - ar., dr. vîrtos
•solide, robuste », etc. - 44;
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176 H. Mihăescu

-tor: 1:1idicatorius - ar. giudicător, dr. judecător « juge »; negotia/.orem


- dr. neguţător « commen;ant, marchand &; pajforem - dr. păstor <( pâtre 11,
etc. - 12;
-ulus: ungula - ar. imgl' e, dr. unghie « ongle 1>; ·vetulus - ar. <:ecl'u,
dr. ·vechi c vieux »; virgula - a. dr., dr. reg. vergură « vierge », etc. - 50;
-ura: aratura - ar., dr., mgl. arătură «ehamp laboure, labourage »;
ligatura - ar. ligăt11ră, dr. legătură «lien»; u11ctma - ar., dr. untură, etc.
- 36;
-utus: barbuta - ar. bărbută <dilament chevelu du poireau, y compris
sa tete»; canutus - ar. cănut, dr. cărunt «gris, grisonnant » cornutus - ar.
curnut, dr. cornut <( qui a des comes », etc. - 5.

Le lexique

Gl'neralites

146. Etudie par nous en bloc, comme un tout, par groupes de notions
et par spheres d'activites, le lexique d'origine latine des quatre dialectes
rournains offre l'image approximative de l'evolution socio-economique et
spirituell~ du peuple rournain. Tout aussi eloquent s'avere ce que chaque
dialecte a garde pour soi, de sorte qu'on ne le retrouve pas dans Ies autres.
En effet, îl s'agit dans cc cas-la des traits caracteristiques de la collectivite
sociale respective, traits dignes d'etre mis en lumiere. Par ailleurs, il convient
de ne jamais perdre de vue Ies rapports du lexique d'origine latine de la lan-
gue rournaine avec le lexique de la rneme origine conserve par l'albanais,
le dalmate, le grec et par Ies langues slaves rneridionales. Ces rapports
perrnettront l'evaluation des eventuels elements d'unite, de continuite ct de
convergence propres au Sud-Est de !'Europe. Les circonstances ont toujours
change : la situation des rer - rne siecles est toute autre que celle des
rve - VI 0 siecles ou des vne - IXe siecles. Dans la mesure ou le lexique
perrnettra de departager ou d'individualiser ces phases differentes d'evolution,
il pourra devenir une veritable source de la connaissance de l'evolution
historique dans son ensemble, par consequent charge d'une importance toute
particuliere. Et pour cette recherche du lexique, la methode interdisciplinaire
s'impose sans conteste.
Celle-ci depend entierement des moyens disponibles. Les textes rou-
mains du xvre siecle nous fournissent un asscz grand nombre de mots d'ori-
gine latine, tombes de nos jours en desuetude. Malgre leur nature limitee,
due a l'appartenance au domaine religieux, ces textes, traduits du slavon,
ainsi que ceux beaucoup plus varies comme provenance et contenu, du
siecle suivant, peuvent clonc contribuer a l'enrichissement sensible de la
connaissance portant sur !'element latin de la langue roumaine. Une question
a poser serait: comment se presenteraient Ies choses si nous disposions d'un
eventail varie de textes couvrant tous Ies domaines de l'activite humaine et
dates de plusieurs siecles auparavant? L'argument ex silentio apparaît clonc
entache de precarite et sans valeur probatoire. Toutefois, la prudence est
requise notamment quand il s'agit de restituer certaines etapes de la civili-
sation a partir des mots conserves par une langue donnee. Tout syllogisme
dans le genre de I' exemple suivant serait d'une faussete frappante: Ies Rou-

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Du latin au roumain 177

mains usent de mots d'origine latine pour nommer la poule (găină) et l'ceuf
(ou), alors qu'un mot d' origine slave designe le coq (cocoş), par consequent,
avant l'arrivee des Slaves, Ies ancetres des Rownains ne connurent pas l'e-
xistence du coq ( !) En revanche, la force probatoire des cas positifs presentes
par les mots qui ont traverse les siecles en persistant jusqu·a maintenant est
absolument indeniable. Par exemple, Ies Aroumains montagnards, s'adon-
nant surtout a l'elevage et au charroi, ont quand meme garde le terme latin
d' aratrum (ar. arat, aratru), cependant que Ies Roumains nord-danubiens,
dans leur majeure partie agriculteurs, l'ont abandonne avec le temps au
profit du mot d'origine Elave - plitg. La loi du synchronisme a opere avec
plus d'efficacite dans le regions ouvertes et d'acces plus facile, que dans Ies
contrees isolees, ou l'activite en question ne tenait pourtant qu'une place
sccondaire.

Monde, ciel, atmosphere, temperatu1·e (climat)

147. Associee par Ies Grecs antiques avec l'idee d' (( ordre » (xocrµoc;},
l'idee de « monde » (lume) s'est trouvee rattachee a celle de « lwniere » (lu-.
men). Par le mot lume, le peuple roumain entend l' ensemble des etres et des
choses de l'environnement, le soleil et Ies planetes, le ciel et la terre, l'enchaî-
nement des generations (passees et actuelles), la societe prise en bloc ou bien
seulement une partie de celle-ci, mais une partie homogene. La croyance
populaire joint au monde des humains le monde d'au-dela (lumea cealaltă).
On retrouve une association identique dans le cas du terme slave correspon-
dant : svetu, sans qu'il s'agisse de conditionnement reciproque, car chez la
population romanisee de Dacie et de Mesie la naissance de cette idee fut tres
tât declenchee, par le besion de trouver une notion concrete pour remplacer
le terme vague et abstrait de mundus. Simultanement a la genese de la notion
de (( monde l) et, par consequent, de specialisation du terme lumen, devait
eclore le derive * luminina pour exprimer l'idee de (( lumiere l) (lumină)'
auparavant restee decouverte. L'objet qui produisait la lumiere (la lampe,
la torche, l'etoile) portait le nom de luminare (pl. luminaria) >ar. lumi-
nare, dr. lumînare. Y ont persiste dans le champ semantique du terme <(lu-
miere »non seulement le verbe luminare> ar. lu:Ilinedzu, dr. lumina(re) et
l'adjectif luminosus > dr. luminos, ar. luninos, mais aussi des derives de
lux, lucis « lumiere »: *lucire> dr. luci(re), *extralucire> dr. străluci(re)
« briller, scintiller, etinceler, reluire », lucor, -orem> a. dr. lucoare (( lwniere ».
Pour l'explication des formes ar. scînteal' e, dr. scînteie « etincelh~ »,
nous supposons l'existence d'une forme latine *scanttlia resultant de scin-
tilla + excandescere <( s'allumer, devenir blanc»; toutefois, une pareille forme
n'explique pas la presence d'un i bref a la place d'un i long.
L'idee de « lumiere stable, serenite, beau-temps » exprimee par sereniis
et serenitas est reproduite en roumain par: ar. sirin, dr. senin (( serein » et
seninătate <( serenite ». Les formes ar. nsi1inare et dr. înseninare <( rassere-
nement, eclaircie » sont nees sur le terrain de la langue roumaine, sans qu'elles
supposent necessairement la presence d'un eventuel terme latin * inserenare.
De limpidus <( clair, limpide» ont resulte ar. limpide, dr. limpede. Les for-
mes limpidzîre, limpezire <( action de rendre limpide» et limpezime <( limpi-
dite, serenite » sont des derives. L'absence partielle de lumiere, causee par
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178 H. Mihăescu

les corps opaques, etait exprimee C'n latin par le terme umbra pour designer
le phenomene, ainsi que de ses derives: umbrare, adumbrare, umbrosus. Tous
ces mots devaient persister en roumain: dr. umbră, ar. aumbră, ar. attmbrare,
dr. adwmbri(re), ar. aumbros, dr. umbros. Le latin tcnebrae, avec le sens de
« manque de lumiere, tenebres, obscurite », par contre, n'a pas survecu en
roumain, qui a prefere la forme derivee tenebricus > ar. ntuneric, dr. întu-
neric. Pour ce qui est du verbe respectif, il est ne en latin: tenebricare ou intene-
bricare, d'ou est sorti l'ancien dr. întmzcrecare et l'ar. ntuniricare « s'obscurcir,
tomber ks premiers tenebres de la nuit ». On a suggere pour Ies variantes ar.
nuptare, ntu11icarc, dr. înnopta(re), întuneca(re) comme etyma Ies verbes
* innoct (ic) arc, * intonicare « tonncr » et i11tunicare « vetir d'une tunique »,
cepcndant, plus vraisemblable parait sa provenance par haplologie de intene-
bricare.
H.3. Le terme latin c,1d11111 « cid » correspond au grec oupocv6c; et
il est panrom;in. Sa prcscncc, dans le cadre de la langue roumaine est attestee
aussi biC'n dans le dr. cer, quc dans lcs dialcctes roumains du sud du Danube:
ar., mgl. ţer, ir. cer. 11 s'cst rC'trouve sur le terrain du daco-roumain, a la base de
<kux deri\'cs, l'usuel ceresc «celeste» ct l'archalque ceriuresc «du ciel, rela-
tif au cid, qui \"ÎC'Ilt du ciel, divin>) - le dernicr terme etant attcstc de fa<;on
sporadiquC' au xvne siecle.
Sol, salon s'cst maintenu en dr., ar. soare, mgl. soari, ir. sore <1 soleil »;
de meme, il a pu consti tuer le point de depart de deux derin:s hypotheti-
quC's: * solinus et * i11 solinarc, formes rcsti tuees afin d' expliquer l' origine
de ar. surin, mgl. s11ri11, sirin <1 liC'u (cndroit) cxpose au soleil >) et, respecti-
vcment, de ar. 11s11ri11arc « action d'exposer au soleil », nsurinat <1 ensoleille »,
nsurincd.:1( (nsurinare) <1 cnsolciller, exposcr au soleil ». Dans le dialecte
aroumain, 0n a egalcmcnt cnrC'gistrc - commc nom ou commc verbe - une
forme inkrmediaire: nsurin, presentant des sens idcntiques a ceux clC's for-
mcs susmcntionnecs.
Le mot luna <1 lune», proprcmt'nt diL «la Lumineuse », a pour point de
dt'·part cn btin la racinc * liic-/lUc - (< etrc lumincux, eclaircr >); c'est cncore
un mot panroman. On le rctrom·e C'n dr., ar. ct mgl. izmă, ir. !ură. Son derive
lzmatfrus a donnc cn dr., ar. lunatec, rcspectivement lunatic «somnambule,
toque ». LC'S textcs daco-roumains du xvne siecle comportent aussi des
derives sur le tcrrain du roumain, devenus de nos jours archalques: lunătăci
<1 etrc (devrnir) somnambule», luiziittlcie <1 somnambulismc, la maladie du
somn am bu 1e ».
Stc!l,1 « etoile » est lui aussi un terme panroman, qui a persiste en dr.
stea (stcauă), ar. steao, stcau.ă, mgl. steauă, ir.ste. Luc1fer <da planete de Venus,
l'etoile du m::ttin », qui est une forme substantivee de lucifer (= qiwcnp6poc;),
derive a son tour de lux, lucis « lumiere », s'est maintenu en dr. luceafăr et ar.
luţeaffr(e) avec le meme sens. Radia, forme feminine de radi1ts <1 baguette
pointue » (cf. gr. poc~8oc;; poc8oq.Lvl')c; <c baguette; jeune branche »), ensuite
« rayon lumineux », se retrouve en dr. rază (reg. radză) et en ar. aradză, alors
que Ies locuteurs des dialectes megleno-romain et istro-roumain utilisent,
dans la meme acception, Ies termes dzracă, respectivement zrăca, dont !'ori-
gine doit etre recherchee dans Ies ser. zrâk, bg. zrak (zraka) « rayon de soleil,
lumiere &15 • En revanche, le dialecte aroumain comporte aussi le synonyme
16 BER, I, p. 655; SER, III, p. 660-661.

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Du latin au roumain 179

mundă, echo singulier dans la langue roumaine du latin mundus, si frequent


dans Ies langues romanes occidentales (fr. monde, it. nwndo, esp. pg. mundo,
prov., cat. mon, etc.). Afin d'expliquer son evolution semantique, on a evo-
que le slave svetu « monde; lumiere »16 • Mais, n'oublions pas que ce genre de
changement semantique - il est vrai, de sens invers, bien que ne de l'associa-
tion des memes concepts fondamentaux - a pu avoir eu lieu tres tât et de
fac;on independante chez la population romanisec de Dacie et de Mesie, dans
le cas de lumm (cf. ci-dessus, § 147). II s'en suit que mundus a ete soit rem-
place par un terme de sens precis, concret, lumen, soit enrichi lui-meme d'une
pareille signification (cf. l'ar. mundă).
D'un latin *resalire, compose de satire« sauter, bondir »,a pu naître le dr.
răsări(re) «se lever, paraître, poindre », cepen<lant que l'ar et le mgl. apir
« poindre (en parlant du jour) 1> representeraient un denve du verbe aperire
« ouvrir 1>, dont la continuite, non seulement formelle mais semantique aussi,
est mise en lumiere - de meme que dans le cas de mundus -par Ies langues
romanes occidentales (cf. fr. ouvrir, it. aprire, esp. pg. abrir. prov., cat.
obrir, etc.). Une forme comme *altiare a pu conduire a ar. alţu (alţare) «ele-
ver », alors que la forme *inaltiare serait a !'origine de ar. analţu (analţare) et
du dr. înălţa « elever, s'elever, se lever, hausser, monter 1>. Excapitare, forme
attestee dans le latin vulgaire 17 , s'est maintenu en dr. en tant que scăpăta(re),
ar. scăpitare (ascapit) et mgl. scăpitari (scapit) « decliner, se coucher (en
parlant des astres) 1>. Pourtant le terme usuel du daco-roumain pour ce verbe
est apune, descendant du latin apponere <( mettre sur, poser, ajouter 1>, con-
serve egalement en ar. apune are, apunire (apun).
Du latin alba, qui associe au sens de<( blanc 1> prenait aussi celui d'<(aube
(du jour) I), est ne en dr. alba, civec le meme signification que it. alba, fr. aube,
prov. auba, cat., esp. alba, pg. alva. Son derive a/bor, -rem donnera en dr.
alboare <i lueur blanche », it. albore, fr. dial. albor. Un autre derive, albatus.
s'est maintenu en ar. albat «blanc »18 . A câte d' alba, le daco-roumain a adopte
aussi le synonyme, auroră <lat. aurora, neologisme non atteste avant le
xrxe siede19 •
149. Aer, aeris <( air, atmosphere autour de la terre 1>, emprunte dugrec
&~p, &.epoi:;, avec le meme sens; courant chez Flaute il est devenu latin
pour Cicero 20 • Le terme est passe dans toutes Ies langues romanes. On le
retrouve avec la meme signification eR dr. aer, ar. aeră (explique aussi par le
grec &.epoci:; « air, vent 1>), mgl. aer, ir, aer 21 . Egalement du grec vient
encore le lat. aura, ae <( air en mouvement, souffle, brise 1> (a. gr. 0tî)poc, -occ;,
avec le meme sens). 11 s'est conserve tel quel en it. aura (ora) et, a travers
ses derives, en fr. orage, esp. oraje, etc. Aură en dr. <( vent doux, souffle, leger,
brise 1> passe pour un neologisme, alors que ar. avră et mgl. aură appartien-
nent au langage populaire22 •
Ventus <( vent ~' mot panroman, qu'on retrouve en dr. vînt, ar. vintu
(vimtu), mgl., ir. vint. D'un eventuel * exventare a pu resulter le dr. (a)

11 PEW, 1127.
11 Mihăescu, Lg. lat., p. 26.
1e DDA, p. 133.
10 DA, I, 1, p. 369.
'o DELL, p. 11.
21 Pu~cariu, St. istr., III, p. 100.
2 2 DA, I, p. 367; DDA, p. 245; Capidan, Megl., III, p. 29.

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180 H. Mihăescu

zvînta (I secher au vent t, alors qu'un *exve1itulare se trouve a !'origine de l'ar.


azvimtur (azvimturare) avec le meme sens. Caldu.s « chaud t 23 s'est conserve
dans toutes Ies langues romanes; pour ce qui est du rownain, il compte: dr.
cald, ar. caldu, mgl. cald, ir cad, tous avec la meme signif1cation qu'en latin.
Caldura « chaleur t s'cst maintenu en dr. et ar. căldură; mais notons que
le dialecte aroumain comporte aussi le terme căroare, derive de calor, -orem,
qui a donne egalement na1ssance aux: it. calore, fr. chaleur, prov., cat.,esp.
calor, etc. Incalesco. -ere « chauffcr • derive de caleo, -ere o etre chaud • et îl
se trouve a la basc du mgl. ancrcs, idem, synonyme de dr. încălzi, et ar. ncăl­
dzăscu, formes composees a partir de l'adjcctif cald, respectivement caldu.
Le latin rccms, dont le sens atteste par Ies inscriptions Ctait « froid,
frais »2', foit partic de l'heritage du daco-roumain(rcce), ainsi que des dialec-
tes: ar. ara(e, mgl. ra(i et ir. ralc, ră(e, avec dans tous Ies dialcctcs du roumain,
le memc signification fondamr·ntale de « opposc a chaud, froid, frais •. Ce
n'est qu'il y a cm iron unc ccnt;:iine <l'annees qu(' le veri table sens de recens,
-mtis est entrc dans le <laco-roumain grâce au neologisme la tino-roman recent,
av('c le meme signification qnc fr. recent ou it. recente. D'un latin * recor,
-oron « frais i>, forme par ;i.nalogie avec acor, -oris, acror, -on:s, aegror, -oris,
albor, -oris, algor, -~is, amaror, -oris, du/cor, -or1:s, etc. ont pu sortir Ies dr.
răcoare et ;1r. arăcoare avec le memc ~ens. C'cst le meme processus qui de
lttcor (<eclat. (pour etre plus precis, de son accusalif focorcm)devait conduire
a a. dr. lucoare (! lumiere I), ~·ttcstt'.· dans Ies sources des XVI„ 25 ct XVII 28
siecles. Frigus « froid • S('retrou,·cen dr., ar., mgl.frig, alors quc fr.froid, tout
comme it. frcddo, prov. frcg, cat. frct, etc. ont pour point de depart le lat.
frigiJus~ 7 . L~ derive frigorus11s (< froid, fril('UX •. reapparait l'Il dr. ct ar. fri-
guros, avcc de meme sens.
l:iO. Ros (ace. rormt) s'1·st consL·n-(· en dr. rouii. ar. arotmă (('xplique
aussi par un lat. *rm•cm)~ 8 • mgl. rouJ. toujours avcc cc memL· sens; quant a
rorarc cc clrnt<' <le b rosfr *· ii :1 <lonncc cn dr. roura. De bruma «le jour Ic plus
court dl' l'anncc· (k solstirc d'hi\'<'r) », Ies dr., ar., mgl. ont fait brumă <1 gclee
hlanchc, frimas ~-
Le panroman aqua est Jttestc cn dr., ar. apă, mgl. apu, ir. ăpt;_. Le derive
aquosu.s s'est conserve m dr., ar., mgl. apos (voir amsi it. acquoso, a fr. eveux,
pro\·. aigos, csp., pg. aguoso): un derive comme * aquatosus pourrait se trou-
ver a l'origmc du synonymt> dr. archaiquc, reg. apătos <l riche en eau, aqueux •
et des formcs ar., mgl. apătos, idem. Aqualis,-cm «recipient pour conserver
l'eau • s'cst maintcnu en dr. sous la forme apare, avec le memc sens, mais de
nos jours tombc cn desuetude, bien qu'atteste au XVII 0 siecieZ 9 • Udus, derive
d'uveo, -ere « etre humide & est devenu en dr., ar., mgl., ir. u.d <1 mouille, hu-

midc et udare « arroser, baigner, mouiller •. tout en gardant le meme sens,
est dewnu dr. uda, ar. ud, mgl. ::ăud. Mais le daco-roumain a conserve egale-
ment la forme humidus « humide I), dont est ne umed, synonyme de l'it. umido
et du fr. humide.

n Mihăescu, Lg. lat., p. 177.


H Ibidem, p. 275.
z& Densusianu, ILR, p. 788; Rosetti. ILR, P· 593.
u Densusianu, LR sec. XVII, p. 48.
~ 7 REW, 3512.
18
DDA, p. 208.
18 DA, I, 1, p. 183.

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Du latin au roumain 181

Siccus se retrouve en dr., ar. sec, mgl. seac ayant garde le meme sens,
alors que siccitas est devenu en dr. secetă (( secheresse ». Siccare s'est conserve
sous Ies formes dr. seca, ar. sec « secher, se dessecber &. Cependant, le terme
pour l'idee de « faire secher &, a savoir: dr. usca, ar. usuc, mgl. usc, ir. uscd
pourrait representer une evolution du lat. exsuccare *obsiccare. +
Caecia « caligo oculorum (obscurcissement dc5 yeux) » ( <caecus « aveu-
gle •) est un element du latin vulgaire atteste par Ies gloses qui s'est conserve
en dr. sous la forme ceaţă, avec le sens Hchaique et regional de «maladie de
l'reil t, ainsi qu'avec le sens courant de « brouillard, brume ». Cette transition
de son sens etymologique a son sens actuel est facile a saisir, vu leur lien
evident. Comme synonyme de ceaţă, en usage surtout dans la moitie septen-
trionale de la Rournanie, notons le mot negură (<lat. * negitla <nebula),
qui sous la meme forme et avec la meme signification est egalement atteste
en aroumain. lnnegura du daco-roumain, ainsi que nigu.readzd de l'aroumain
«se couvrir de brouillard (de nuages) », tout comrne dr. neguros et ar. nigu-
ros « nebuleux, assombri » pourraient etre des derives internes de negură 30 ,
ou bien Ies descendants de quelques derives la tins, tels *negulare ( < nebulare),
respectivement *negulosus ( <nebulosus) 31 •
151. De nubilum « tcmps couvert » ( <nubes « nuages ») est ne dr. nor
(reg. et arch. nour, nuor, noar, noăr, nuăr, ctc.) 32 • ar. nor (avec Ies variantes
nuor, năor, năur )3 3 et le rngl. nor, tous avec le meme sens de« nuage ».
Nord (noura, noora, nuora, nuăra, etc.) du daco-roumain, nuoreadză de
l'aroum"in et năurează du megleno-roumain, gui signifient «se couvnr de
nauges », s'expliqueraient par le latin du meme sens nubilare. L'aroumain
niureadză presuppose, toutcfois, la presence d'un lat. *nibulare <nubilare 34 ,
quant au dr. înnora (înnoura) pourrait avoir cu pour point de depart le derive
innu bila re.
D'un latin *plavia ( <Pluvia « pluie », qui a rcmplace dans le latin vul-
gaire le terme imber)3 5 devait resulter en dr., ar. ploaie, mgl. ploaiă, ir. ploie
du memc sens. Ploventem « temps pluvieux » s'est maintenu en dr. reg. plointe.
Un derive latin *pluvina pourrait se trouver a la base du synonyme ar. pluină 36 •
De plovere ou, peut-etrc d'un *plovare, on a tire l'cxplication des dr.ploua
« il pleut » et ar. pluarc.,3 7 •
Grando, grandinem «grele» s'est maintcnu avec le sens du latin en dr.
grindină (desuet, reg. grindine, grindene) et en ar. grîndină (grăndine, grin-
dină).
Tonare « toner », mot panroman, tout comme pluvia (*plavia, *ploia),
qui devait conserver son sens cn dr. tuna, ar., mgl. tună, de meme que son
synonyme detonare) dr. detuna, ar. detună (detunare); de tonus « ton» sont
nes probablement l'ar. et l'a. dr. tun « tonnerre & ('-'U la rarete du mot l;:•tin,
1 s'agit plutât des postverbaux de tuna, tună 38 , formes quiont egalementdonne
ieu a des derives synonymes de tun (dr. tunet, mgl. tunit).
30 DA, II, 1, p. 723; VII, 1, p. 249; DDA, p. 889.
31 DDA, p. 889.
3 2 DLR, VII, 1, p. 482-484.
8 3 DDA, p. 915, 916.

H Ibidem, p. 900.
36 Mihăescu, Lg. lat., p. 9.
ae DDA, p. 1001.
37 CADE, p. 1413; DDA, p. 1001.
38
DDA, p. 1203; DLR, XI, 3, p. 709-710.

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182 H. Mibăescu

Du lat. fulgur, -crcm (au licu <le fulgurcm) « eclair, foudrc » est ne ie dr.
fulger avec le rneme sens, alars quc san synonyme araumain sfulgu a du avair
eu pour point de depart un lat. *fulgus 39 • Par ailleurs, le verbe sfulgurâ ~lan­
cer des eclairs »de l'aroumain fait penser aulat.fulgurarc, avec larneme signi-
ficatian, alars que le dr. synanyrne s'est denlappe d'un lat. vulg. *f11lţ,crare
(=fulgurare). L'ar. connait aussi sfu/d:;iră, pour l'explication duquel on
a fait appcl a la forme Ia tine c.'\:fulgerare4°.
Gcltt •gel» est un mat panrornan (si l'an exccptc le partugais), gui se
retrouve en dr. ga et en ar. dzcr, gardant taujaurs son sens initi~1l. II ::;'agit
de meme de san campase verbal clcJ!,clarc e geler li, attcste dans Ies inscriptions41.
gui a danne en dr. dtgfra en ir. dcttră rt l'n ar. d::cad::.ir, sans changer de sens.
Glacia ( = gliicfrs) (C glace •> est a la l>asc <lu dr. gheaţă, ainsi qut• des
formes ar. gl' caţei ct ir. g/' ii{f; quant au mgl. gl' eţ, an a parle d'un et~·man
latin *glacium, taut cornme an l'avait fait precedemment paur l'ar. ;.!'du
- reconsidere par la suite d jug<'.· cammc provcnant du pl. gl'cfuri du :.om
singulier gl' caţă 42 . J)' i11J!./ ac ia re « glaccr, gckr •> l'St ne Ic dr. f 11glzcţa ct I' ar.
ngl'cfu, avcc la mcmc significatian. Uc disglac . .1ri" naus avans le <lr. ch~t:hcţa
et }'ar. di:gl'cţu.
Le panroman nix, 11frcm ~ neige » s'est maintcnu cammc regionalisme
en dr. nea (11eauc1), en usagP natamn11·nt dans Ies parlers du Banat d de
Crişana 43 • On le retrom·c aussi dans ks diakctcs ar„ mgl. 11cii11â et ir. ne. avec
le meme sens. Mais en daco-roumain, le mat a sul>i Ja cancurrcncc se,·ere
des synanymes slan:s: ::.âpadă d omât, Je premier spfrifique du par Ier de
Valachie, et dewnu aussi la forme litt(·r'1ire, le SC'cond, rcpandu surtaut en
MoJdavie. En re\'anchC', 11i11{!.c « neigcr 1> du lat. 11i11gi't, al.isl'nt dans Jes dial·'Ctes
sud-danubiens, est un mot usud du daro-rounl(jin.

Espa(·e, temps, quantite, qualite

l!'i2. Latus (adj.) > dr„ ar. lat (( Jargc •> ct le panraman largus>· dr.
larg, ar. largu,, rngl. larg <c Jarge ». I>e largfre, Ies dialectes roumains ant fait:
dr. lărgi, mgl. lărd::cs (explique aussi camme un derive de larg) et ar. lârd:_cscit
(lărd::irc) • elargir 1>44.
Augustus >dr. illţ;ust, ar. cmgustu « etroit, mince ». D'un *a11gustitia
est ne l'ar. anguslrafă (< etroitesse, dCfiJe, cmbarras I). D'autre part, cwgus-
ta1e s'cst maintenu en dr. îngusta et ar. angustedzu (a11g11stare) «(se) retrecir,
(se) resserrer ». A11g11lus> dr. unghi« angle, cain •>.
Le panrornan longus se retrouve dans Ies dialectes dr., mgl. et ir. saus
la forme lung, ainsi qu'cn ar. lungu « long •>. La forme aroumaine spirlu11.gu
<c allange » renvaie a un lat. expcrlo11gus, cependant que l'ar. pri.lungu, de
meme que son synanyme dr. prelung « aJlange, ohlong, longuement •> rap-
pellent le lat. perlo11gus.

39
DDA, p. 1079.
40 Ibidem.
41 Mihăescu, Lg. lat„ p. 278.
42
Capidan, Megl., III, p. 141; DDA, p. 591.
43
Puşcariu, LR, I, p. 215.
44
DA, II, 2, p. 102-103; Capidan, Megl., III, p. 166; DDA, p. 730.

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Du latin au roumain 183

Un autre panroman, curtus, s'est conserve en dr. scurt, ar. scurtu, formes
qm, a la difference des formes romanes occidentales (litteraires), doi vent
etre expliquees (comme en albanais, voir ci-dessus § 26) par un lat. excur-
tus. Du lat. excurtare sont nes: dr. scitrta, ar. scurtedzu ou şcurtedzu (scurtare,
şcurtare) « ecourter, raccourcir » (pour la variante avec ş- de l'aroumain, il
a ete question d'une influence du verbe albanais shkurtoj <c ecourter, raccourcir,
abreger »; voir aussi alb. (i, e) shk?trt <c court, bref », shkurt <c fevrier - ar.
scurtu cc court, bref », <c fevrier », şcurtu <c fevrier »'1s.
Aduncus (<itneits <c recourbe, crochu »), a travers un *adancus aura
conduit aux: dr., ar. adînc <c profond » et aduncare, par le truchement d'*adan-
care, a une forme de l'a. dr. adînca <c rendre plus profond, approfondir (de
nous jours: adînci) et a l'ar. adîncare « approfondissement ».

Le panroman fundus s'est conserve en dr. fund, ar. fundu, mgl. fund,
ir. fund <c fond, profondeur »; ad_fundare > *a/fundare > dr. afunda, ar. afun-
du (afundare) <c enfoncer, plonger »; un autre derive du terme, *confundare
pourrait representer le point de depart du <lr. cufunda <c plonger, (s')enfoncer ».
*Strinctus (= strictus) a pu evoluer jusqu'a donner Ies dr. strîmt et
ar. strimtu (C etroit, serre ». De meme, *strinctura (<strictura) a pu conduire
aux dr. reg. strîmtură et ar. strimtură <c detile, embarras ».
I naltu,s (il s'agit de la locution adverbiale in alto, in altum faisant fonc-
tion d'adjectif) >dr. înalt, ar. analt(u), mgl. (a)nalt <c haut, eleve». *fnal-
tiare >dr. înălţa, ar. analţu, mgl. nalţ <c (s)'elever, (se) lever, hausser ». D'un
*altiare derive d' altus, autrement dit de la forme heritee par Ies langues ro-
manes occidentales, a pu naître l'ar. alţu ( alţare), synonyme dans son accep-
tion fondamentale d' analţu.
Tendere> a. dr., dr. reg. tinde, ar. tindu (tindire), mgl. tind (tindiri)
« tcndre, s'etendre ».
l;J:J. Le panroman tempus (fr., prov., cat. temps, it., pg., tempo, csp.
tiempo, etc.) > dr. timp, mgl. timp (avcc, dahs certaines locutions, le sens
de (C l'annee prochaine »). Les quatre sc::iisons de l'annee etaicnt designees
dans le parler vulgaire par des substantifs de la premiere declinaison, derives
des formes du pluriel neutre: prim;;ivera, vera, autumna, hiberna; le premier
de ccs noms s'est conserve en dr. primăvară, ar., mgl. primăveară, ir. prima-
vera (voir aussi it., prov., cat., esp., pg. primavera, ainsi que le fr. (bot.) pri-
meverc); le suivant dcnit donner Ies dr. vară, ar., mgl. veară, ir. vera (it.
dial. i•cra, prov. ver, esp. dial. ver); le troisieme nom est a la base des noms
dr., ar., mgl. toamnă, ainsi que de l'ir tomna (fr. automne, it. autunno, v. pg.
atwio. csp. otcno, etc.); enfin, le dcrnier a donne en dr., ar. iarnă, en ir. iarna
(fr. hiver, it. invcrno, proY. ivern, csp. invicrno, pg. inverno, etc.).
Panromans sont aussi Ies noms du jour et de la nuit, avec leurs composes:
dies (it. di, prov. cat., esp., pg. dia, a. fr. di, etc.) - dr. zi, ar. d:::î, dzuuă (de-
suet, regionalisme en dr. aussi, de meme que Ies formes dzîuă, dziuă), mgl.
zuuă, ir. zi; nox, noctem (fr. nuit, it. notte, prov. nuech, cat. nit, esp. noche,
pg. noile, etc.) >dr., ar. noapte, mgl. noapti, ir. nopte. Media die 116 est devenu
en dr. miazăzi, ar. neadză-dzuită (tout comme Ies fr. midi, prov. miegdi, esp.
medio dia, pg. meio dia, etc.); media nocte a donne en dr. miazănoapte <c nord~
-OU, desuet et regionalisme, « minuit », ar. neadză-noapte (C minuit)) (fr. minuit,

45 DDA, p. 1073, 1147, 1148; Capidan, Ar., P· 334.


te Mihăescu, Lg. lat., p. 282.

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184 H. Mibăescu

prov. miâa nucch, it. mczzanoltc, esp. mcd1·a noe/ic, pg. mcia noite, etc.). Le
terme usuel du daco-roumain actud pour mi·nuit est miezul nopţii < lat.
medium noctis. Le derive verbal i111wctarc 47 se retrouve a la base du dr. în-
1wpta « faire nuit, passer la nuit ».
Mane (cf. l'a. fr. main, prov. ma, a. it. mant', frioul. man, etc.) - dr.
mîine (forme littfrairc originaire du parlcr valaquc; dans tous Ies autres et
meme dans ccrtaines zones de la Yalachic, la forme etymologique mîne est
encore usuellc), ar. mî11e, mgl. mo(i)ni, ir. mărt. Du lat. ad manc48 , a tran•rs
un ad,·crbe roumain *amine, est ne le dr. ami11a (ar. amitz) (I retardcr, ajouml'r ».
Post (> pos) +mane> dr. poimiini: (reg. p01:mfoc), ar. paiminc ( pă1.mine,
pîimî11c), mgl. puimo(1)11i (voir cngad. puschmaun, 1t. posdomam) « apres
demain ».
Le panroman hcri (fr. hfrr. it. frri:, prov. rr, cat. ahfr, csp. ayer, a. pg.
eire, etc.) >dr. frri, ar. frri, a(1)cri (cctt<.> d<.>rnierc forme expliquec par le
lat. ad+ lzcri· 49 ), mgl., ir. frri. Du lat. ii/a+ altera+ hai a pu naîtrc la
forme dr. alaltăfrn: et l'ar. aoaltari ( aoartan) (I annt-hier ».
;_\"o<:us. lui aussi un tt.:rme panroman (fr. Ht'u/, it. 111101.•o, prov. nuou,
cat. 11011, csp. 11Ut'VO, pg. 1101.'0, etc.), Se rctrouvc cgalcm<.>nt cn dr. 1lOU, ar.
11011, nău, mgl. 11011, ir. 11-0zc·, nou. Valus (<lat. vctulus) (fr. viâl, it. 1.'ecâ1io.
pro\·. viclh, cat. i•e/l, csp. <•iejo, pg. t•dhQ, etc.) >dr. -..•cehi, ar., rngl. vccl'u
f ancien, vieux ».

1~. J..f11ltus (cf. it. motto, a. fr. nwut, prov., cat. moli, <.>sp. muclzo, pg.
mu1"to) >dr. mult, ar. multu, mgl. mult, ir. munt (mu11d) « beaucoup, tres.
longkmps ~- D'un *putinnus ( < putus (jmsus) 4' petit gan;on »; pusinnus -
*putinnus cxpliquc, au moyen des parallelismes, Ies formes pisinnus-piti11111ts,
atkstees par ll's inscriptions 50 ) >dr. pufin, ar. puţfll (reg. dans le nord ct
l'oucst, ainsi qu'en dr.), mgl. puţpn. ir. puţin• (un) pcu 1>.
lnifger, -gra, -grum (de in + tag-, racine ancienne, presente dans cer-
taincs formcs subjonctives d conditionndl<.>s du verbe tangere « toucher » 51 >
>dr. întreg, ar. (î)ntreg, ir. ăntreg (cf. fr. entier; voir au~si a. csp. intrcgo,
it. di1il. 1"11treg(o); it. intero, csp. e11frrco, pg. i·111eiro, etc.).
Singulus >dr., ar., mgl., singur «scul, unique, sculemcnt >'> (cf. a. fr.
satzgle).
Plcnus (<pico, -ere « emplir »), adjcctif panroman (fr. plân, it. pimo,
pro\-. cat. ple, frioul. plen, esp. lleno, pg. clzcio, etc.) > dr. plin, ar. (m)plin,
mgl. am plin, ir. pl'ir; dcscrtus « abandonne »(part. de descro, -ui)-dr. deşert,
ar. dişcrtu, mgl. dişort, ir. deşprt «vide 1> (fr. desert. a. it. diserta, prov., cat.
desert, csp. desierto,' pg. deserto, etc.). De implere ( in + plcre) - a. dr., dr.
reg. împle(a), dr. umple( a), ar. umplu, mgl. ampl'u, de meme qu'cn fr., prov.
emplfr, prov. cat. umplir, it. cmpi(e)re, etc. Pour expliquer le u intervemt
dans Ies dialcctes roumains, on a evoque l'hypotbesc d'une forme latine *um-
plere 52 . Un autre derive roumain viendrait d'un *implenire - a. dr., dr. reg.
plini, dr. împlini« rcmplir, achever, accomplir » (a. fr., prov. pleni"er, it. dial.

47 Ibidem, p. 28.
48 Ibidem, p. 263.
49 DDA, p. 112.

60 Mihăescu, Lg. lat., p. 28.


51
DELL, p. 676; DA, II, 1, p. 828.
52 DDA, p. 1235.

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Du latin au roumain 185

impini(r), etc.). Desertare 53 se trouYe a la base du dr. deşerta (ar. di'.şertu.,


mgl. dişQrt) « vider, desemplir ».
L'originc des formes dr., ar. mare, mgl. mari, ir. mare « grand » pourrait
s'expliquer, tel que ccrtains specialistes l'ont suggere, par le lat. mas, marem
« mâle », qm avait suivi une evolution semantique originale du fait de cer-
taines conditions et influences specifiques 54 . II se pcut, d'autre part, que
d'un lat. *miccus ( < gr. ;.ux(p)o~) ait derive le dr. mic, ar. nic, mgl., ir. mic
«petit», «(petit) enfant »; mica« miette » pourrait bien Se trou\'er a !'origine
du dr. mică, attcste le plus souvcnt dans la locution într-o mică de ceas «dans
un instant», « rvpidement, sur le champ » (on le retrouve avec le sens propre
au latin dans Ies fr. mic, it. m1·ca, esp. miga, etc.), et le derive micula dans le
mgl. 1ticură « miette ». l"n verbe *micularc serait justific par l'ar. nicured::u
(1zfr11rarc) « amoindrir, diminuer », synonyme d'une autre forme aroumaine,
1'tfrşuredzu et du dr. micşora, Ies deux formes ayant deri,·e clu diminutif
vulgaire micşor (a,·ec palatisation - lticşor); ele meme un *exmiculare se
justifierait par le dr. reg. smicura « emietter, broyer », courant notamment au
Banat et en Oltenie. Avec le meme ~ens de « fragmenter, separer » on a releve
dans le daco-roumain du XVF siecle spărţi, de~cendant d'un lat. *expartirc 55 .
Dcnsus >dr., ar., mgl., des« epais, dru »; *indcnsare (in + densare) >
>dr. îndesa, ar. ndes, mgl. andes « (en) tasscr ».
1Vlinutus (voir le fr. menu, it. minuto, prov., cat. menut esp. menudo,
pg. miudo, etc.) > dr. mărunt, ar., mgl. minut « menu, petit, mince ». D'un
verbe *minutare pourraient dccouler le dr. (reg.) mănunta et l'ar. minutcd::u
(mi11utare) <( amincir, affiner, appauYrir » 56 .
Le panroman pars, partem (voir it., esp., pg. parte, fr., prov., cat. part,
etc.) >dr., ar. parte, mgl. parii, ir. parăt; *particella a pu devenir dr. părticea
(cf. it. particella, fr. parccllc, pro,·. parsela, esp. partecilla); d'impartire, atteste
a cote d'1:mpertire des le ier siecle de n.e. 57 , nom avons le dr. nnpărţi, ar. mpartu
(mpărţîre), mgl. ţtmpăr{QS (ţimpărf[Jrt) « partager, diviser, distribucr, sepa-
rer »; quant a dispartire 58 , il donna Ies dr. despărţi, ar. dispartu ( dispărţîre).
mgl. dispart (dispăr{Qs) (((se) separer, (se) diviser » (it. spartirc, fr. departir,
pro,·., cat., esp„ pg. despartir).
155. Du lat. talis resulterent le dr. tare <(dur, consistant; fort, solide;
violent; vigoureux, encrgique, ferme; vite; beaucoup; tres », etc., mgl. tare
<( tres »,ir. tare<( solide, puissant », ainsi que: it. tale, fr. tel, cat., esp., pg.tal.
L'evolution semantique differente en roumain est plutot due a certaines
causes internes et non a une quelconque influence etrangerc 59 .
Le panroman asper (it. aspro, pro,·., cat. aspre, esp., pg. aspero, fr. âpre,
etc.) donna en dr., ar., mgl. aspru. Quant a mollis > dr., ar. moale, mgl.
moali, ir. moale, et de meme, it. 'ntolle, prov. mol, cat. moll, esp. muello, pg.
molle, etc.; d'un *molliare sont nes Ies dr. muia <( mouiller » et l'ar. mol'u ct

5 3 Mihăescu, Lg. lat., p. 66.


M PEW, 1027; DELR, 1048; voir la discussion dans DER, p. 504.
55 Rosetti, ILR, p. 593.
5& PEW, 1091; DELR, 1063; DDA, p. 803.
57 Mihăescu, Lg. lat., p. 27.
68 Ibidem, p. 66.
9
i DER, p. 825.

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186 H. Mihăescu

*inmolliare a pu donner le dr. i11muia « mouillcr, trcmper, humecter; amolir;


attendrir, flechir », mgl. ţţnmul'ari.
Ad+ similis > assimilis > dr. ascm01ca « semblabk, pan~il. analogue »
et (ad)similare > (as)similare >dr. asfmă11a, semii11a (cf. fr. sembla, prov.
semblar, it. scmbrare, cat. scmblar, sp. scmbrar).
*Grevi·s (de gravis probablcmrnt sous l'influrncc de /t"uis) 60 > dr., ar.,
mgl., greu, ir. grcv, grf( <( lourd, difficilc 1> (cf. it. grn·c, prov. cat. greu, a. esp.
grieve, fr. griefavec une evolution semantiquc differentc); grn•itas, grc1:itato11>
dr. grf1tlate « poids, chargc, difficulte 1>.
Lcvis >dr. 1tşor (d'un a. dr. *!icu+ suff. -şor) 61 , ar. li(c)şor, mgl.
licşor « legcr, facile 1> (cf. it. /ic;·t', a. fr. liij, prov. Im, cat. lleu, csp., pg. lt"<'e.
etc.).
Spissus (d. it. spcsso, fr. /j>ais, pro,·., cat. tsj>t"s, L'Sp. cspcso, pg. <"spcsso.
etc.) s'cst consen·e sculemcnt en ar. spcs tl epais 1> 6 ~ (rappl'lons aussi quc c'est
egalemcnt au sud du Danube quc nous a\·ons rck\"e l'alb. slij>t'slz <( frt'·riuem-
ment, sou\"ent 1> 63 , ce qui \"'.·ut <lire qul' l'aroumain ct l'albanais comp>rtl'nt
chacun l'un des dL"ux sens fondanwntam: de cc terme dans lcs langucs r<imancs
d'Occ1dl'nt). Dms1ts (it. adrsso, a. fr„ pro,· . •1dcs, a. csp. adfrso, etc.) :-;'est
maintenu awc Ies deux significations <le spiss1ts cn dr.dar. des - donc aussi
bicn comme adjcctif qul' commc ach-erlll' - , alors qul' le megleno-romnain
ne l'a consen·e quc comme adjectif (des) 6 ~; d'1'11 + dmsarc <( enta~~··r J> 65 ,
le dr. a fait fndcsa, ]';ir. 11cfrs, le mgl. rţ11cfrs, an'c Ic· memc sens. L'antonyme
rarus (fr. rare, pro\". rar, it., c~p. cat., pg. raro, etc.) est dl'venu cn dr. rar.
ar. arar, rar.
Gross11s (synonynw popubirl', cxprcssif de crassus) >dr., ar„ mgl.,
ir. gros (d<· meme quc Ies fr., prov„ cat. gros, it. grosso, csp. {:!,Yllt'SO, pg . .~rosso,
etc.) ct son contraire, s11btihs >dr. s11b{frc, ;ir. subţire (supţîrc), mgl. !-.Ub(Qri
(subţori), supţfr(c) ((mince, grele, subtil» (cf. it. sottilc, a. fr. sotd;; du
Ycrbc qui lui corn·spond, s11btilic1r,· :>dr. s11bfia, de memc que I'it. sottigli-
art', a. fr. soutillia.
Quetus ( < qufrtus < quics (( rcpos, c<1lmc 1>) >dr. at (desuet, rt'.·g.) >
> Îllcd ((lent, calme; ll'nkm('nt, doucement; peu a pcu I) (cf. it. cliiilo, a.
fr. coi, pro\'., cat. q11ct, l'Sp., pg. qucdo, etc.) ct q11clare> dr. ceia> inrcta
•(se) calmer, s'arretcr, se rl'poser, ccssl'r, disparaître, baisscr, n'en pom,oir
plus, f'tc. & (it. chctarc, pg. q11cd,rr).
Retu11dus (= rot1md11s) 66 se rctrou\"l' dans l'a. dr. rJtu11d (dr. rof1111d)
(I rond, arron<li, spherique 1> (a. it. rito11do, csp„ pg. rt'do11do, prov. rulou).

La terre, le relief, Ies minerais, Ies metaux, l'eau


156. Le mot latin terra (d. it. terra, fr. terre, pro,· .. cat. terra, esp. tfrr-
1a, pg.terra, etc.) dcvait gardcr son sens etymologiquc - herit~ par le~ lan-
gues romanes occidentales - seulcment dans lcs dialcctes roumciins sud-da-
60
REW, 3853; PEW, 73.'i; DELR, 756.
ei Voir la bihliographie de la question dans DER, p. 879.
9
2 DDA, p. 1106; Capidan, Ar„ p. 150.
83 Voir ci-dessus, §. 26.
81
PEW, 50i; DELR, 185; DD ..\, p. i66; Capidan, Megl., III, p. 107.
81 Mihăescu, Lf!. lat., p. 286.
18 Ibidem, p. 180.

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Du la,tin au roumain 187

nubiens, a savoir: ar., mgl. ţară. En daco-roumain, cc sens allait etre repris
par un autrc mot d'origine latine; cn dfet, le tcrmt' dr. pămînt descend du
lat. p,n•imentum « plancher, Estrich », .ilors quc ţară a fini par signifier «pays ».
Neanrnoins, on peut retrouver Ies traces de sa signification initiale dans le
<lr. ţâri11ii « tcrre emiettec, la terrc recom·rant une biere et remplissant la
tombe l) (cl;ms la locution fie-ţi ţârîua uşoarâ = sit tibi terra lev1~s), explique
soit par un derive latin *terri11a, soit commc un derive forme en roumain 6 7,
de rnemc que dans le dr. ţăran (< paysan », derive ronmain adopte egalement
par q1:1elques-unes dC'S langues slan·s VOl~ines 68 et dc\'C'l1ll a son tour le point
<le d•:.part de nombrcux derives. Quel fut le clcveloppement semantique de
pa< imo1t11m ct de terra en daco-roumain n'cst guere difficile a s;iisir, compte
1

tenu d'un contexte de ci\'ilisation nettement nm1lc ct de l'organisation etatique


<le caractere feodal. :\Tous rcvimdrons ci-apres sur quclques cas de ce genre,
ainsi qne sur ccrt<Jins autres qui s'y ajouterons sur le parcours de cette etude.
Pour !'instant, notons seulcment encore quc pavimmtum s'est aussi conserve
dans Ies dicilectes roumains sud-danuhirns, avcc la memc evolution semantique
- voir: ar. pimh1t11' mgl. pimint' ir. pemint (formes egalemcnt atte~tees dan~
des tcxtes daco-roumains des X\'F et XVIF siecles); il s'en suit que l'arou-
main et le megleno-roumain connaissent encore la synonymie ţară -pimint(u),
perdue pour le daco-roumain.
Le panroman lorns (voir: it. luogo, fr. lfru, prov. luec, cat. lloc, a. esp.
luego, pg. logo, etc.) > dr., ar., mgl., ir. loc ci garde dans tous ccs dialectes
son sens fondament;:il « lieu, place, endroit ». De mcdius lows est ne le dr.
mijloc, ar. nolgiuc (nolgic, nolgică), mgl. me_jluc, de meme que: a. it. miluogo,
fr. milit:u, prov. 11iiegluoc, a. pg. mcogoo (avec le memc sens de base).
Sfssus a cu la meme e\·olution semantique cn roumain ct en albanais
(voir: dr. şes, ar. şes, ce dcrnier dans ks toponymcs) 69 , alb. shcsh « plaine,
etenduc de terre basse ct sans denivellement)); ainsi qu'il a ete deja demontre
ci-dessus (§. 37), il ne s'agit pas Ia d'un phenomene isole, car il est atteste
comme revetant Ies memcs fornws par Ies sourcrs tardives occidentales.
Le panroman mons, montem se retrouvc avec le sens etymologique dans
Ies l:mgues romancs occidentales et cn dalmate (voir it. monte, fr., prov.
mont, cat. munt, esp., pg. monte, <l. niuant) en dr., ar., ir. munte, mgl. munti,
et le derive monticellus dans le dr. muncel (voir aussi d. muncal, it. mon (ti)-
cello, fr. monceazt, prov. moncel, csp. montecillo). Du lat. runcus (cf. runc are
« sarcler ») 70 s'est forme le dr. runc «le lien d'une coupe d'arbres <lan!: une fo-
ret; lieu pentu (couvert d'unc fon~t); plateau; colline boisec », utilise notam-
ment dans Ies parlers du nord de hi Moldavic et du Maramureş, ainsi qu'en
ar. ( a)runcu, amngu « partic d'une foret transformec en pâturage ». Pour
<lesignc-r la partie superieure d'unc montagne ou d'unc colline, la langue rou-
maine se sert des synonymes culme ( culmi'i, culmi) et creastă. Culme du daco-
roumain, culmă de l'aroumain ct culmi du megleno-roumain (dans ce demier
dialecte le mot n'a garde que son sens derive de <1 partie superieure de la toi-
ture d'une maison ») sont Ies descendants du lat. culmcn (voir aussi l'it. colme,
a. fr. coume, esp. cu.mbrc, pg. wmc, etc.), terme gui, comme nous l'avons
deja vu (§. 26), a persiste aussi cn alb. k1tlm. De son câte, le mot creastă du

~7 Voir la discussion dans DER, p. 824.


68 Ibidem.
69 DDA, 1149.
70
Mihăescu, Reco11st„ p. 570.

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188 H. Mihăescu

daco-roumain, aroumain et megleno-roumain (dans cc dernier dialecte n'ayant


que le sens de <i crete du coq ») derive du lat. crista, de rnerne que it. cresta,
fr. crete, prov., cat., esp. cresta, pg., sarde crista ou comrne en albanais kushte
(§. 26). Grum1is •tertre » s'est conserve dans Ies a. dr., dr. reg. (en Transylva-
nie) grum <lSommet, cime; tas, amas; foulc, hande & (>dr. reg. grunudeţ,
grumul' eu, f!.YUm·ud' ru etc.; grumm· « arnrnasscr 1>), tandis que le diminutif
grumulus represente Ie point de depart des dr. reg. (toujours en Transylvanie),
ar. grnmur ((tas, amas •. ( > dr. reg. grumura, synonyme dlit grumm); voir
dans Ies autres langues romanes it. gmmo, gmmo/o, frioul, gru111, fr. gru111u1u,
prov. grumo, cat. grumo, grumi, sp. dial. grumo, ţ,rmndo, pg. gru1110, grimwlo 71 .
Ripa <( ri,·e (surtout d'un flcun', plus rarcmcnt de la mer) & se retrouve
dans ]{' daco-roumain ripă (I cscarpernent <l'unc colline, ehoulis d'un tonmt;
rivc, ri\·agc I), ar. ( a)ripti o horei escarpe J>, mgl. r:1ftă, ropi'i, roupă, rapă, ir.
r(ă)pa, ărfitJ. ainsi qu'en ci. raipa, alb. rripl (cf. ~ 26). a. it. ripa(> it. rfra),
fr. ritic, pro,·„ cit., csp., pg. riba, etc. D'un lat. cm.·ul(t, -am (a part ir <le ca<'US,
-a, -11111) est nt'· l'H dr., mgl. gm1ră, ar. gm.•rt'i, mot qui s'lst conserve aus=-i dans
quclqucs dialccks italicns 72 (la forme de l'aroumain a etc mise cn rapport
a\·cc l'alh. gm.•er, -ru, ::ga;·rr. -ra <c crcux d'un arbrc, fossc, cavite », ainsi qu'avec
lf' te. 1:hm·r «fond. profnndeur » 73 • Cne fornw latim· rcstituee, *subrupare
( < ntj>cs), p(Jurrait egakmrnt SC rctrouver a J'origine du dr. surpa (a. dr.
.rnrupaj, ar. s11rp11 74 , mgl. sărup (s11rupari) 75 • I>e la memc fa<;on vont Ies
choscs pour C<' qui C'St clu dr. 11rca « monkr (sur); montcr; cscalader 1>, qu'on a
explique par un lat. *nrfrarc 70 . I.c pan roman t.,•a/lis (it. -;:alfr, fr., prov. ,.,,z,
cat. 1.·all, csp., pg. <'iJ/fr. de.) ':>dr., ar. 1:alc, mgl. •·i1/i, ir. difr « vallee; rivi-
(>r~ •>; son climinutif ;•(1llicdlc1 77 a <lonne cn dr. ;•iilcca (i'ilcca) •petite vallt'.·e;
rmsscau 1>.
De p(t!us, -udis tmarais I) 011 est aniVt', par mt'·tatht~SC, a padulis. pa-
dulr111, padufr. de., form<s utilisees pendant un ccrtain tc-mps avec leur sens
initi;il, puis ayant adopte Ic sens J(' « fort·t •> 78 . l'adufr avcc cc dernicr sens
Sl' rdroun· ;\ l'uriginc dl's fonncs dr., ar. P<iJurc, mgl. păduri. Les variantcs
)atims nt'fS par metath(·se ont Jaisse des traccs, ainsÎ qu'j} a ete montre pre-
ced<'mmcnt (Ş ..'\4), non sl'l!lement cn roumain, mais aus~i cn albanais, dans
Ic dialecte toscan, en sardc, cspagnol et portugais. Mais ce n'cst qu'en rou-
main ct cn albanais quc le terme rcspcctif a gagnc son dcuxieme sens, liien
quc l'evolution semantiqul' cn qucstion ait rn ]icu aussi rn latin occidental.
J)'un latin *codrum= q11adru111, nstitution :1 l'appui de laquel le plaidcnt
des formcs du gl'nre q11odrcrt11s, codra(tus), rndrato, cadra 79 a pu naitre
en dr., ar., mcgl.. ir. codru. ciont Ic sens de <1 foret 1> a etc cxplique par un calque
d'aprt'.·s le slaw (voir ci-dcssus Ş. 36).

71
DDA, p. 599; Ovid Dcnsusianu, Graiul di11 Tara Hafeg11/ui, Bucurt'ţti, 1915, p. 55;
Teofil Teaha, Lat. gru11ms Ît1 româ„ci şi fo limbile romama, CL, XXII, 1977, nr. 2, p. 235-238,
XXIII, 1978, nr. 1, p. 83-85.
72 REW, 1795.
73
DDA, p. 581.
7
' lb1dcm, p. 1138.
7
~ Capidan, Megl., Ill, p. 258.
76 RE\\', 6098; PEW, 1824; TDRG, p. 1688-1689; CADE, p. 1384; DER, p. b'i6;
SDE, p. 449.
77 Mihăcscu, Lj:. lat., p. 238, 276.
78 Ibidem, p. 213, 277.
19 lbidtm, p. 171.

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Du latin au roumain .189

Contremulare (< secouer » EO se trouve a }'origine au dr. cutremura et de


l'ar. cutre( a)m(b)ur, cutrumuredzu 81 «(fain·) trembler »; de contremulus
• tout tremblant » est derive le dr. cutremur et l'ar. cutre( a)mur, cutre( a)m-
bur, cutrem, cutrom « tremblement de terre » 82 • En daco-roumain, ce substcintif
a ete considere aussi comme un post-verbal partant de cutremura 83 •
157. Du latin arena est ne le dr. (arch„ reg) arină (anină,
aririi) 84
et l'ar. arină 85 , de la meme fa<;on qu'on a abouti aux it. ( a)rena, a. fr. areine,
prov., cat., esp. are11a, pg. areia 86 , alb. rhe (voir ci-dessus, § 26). Pulvis,
pulverem « poussiere » >dr. pulbere, ar. pulbire ( pulvire), idem; expult crare 81 1

>dr. spulbera, ar. spulbir(spulbirare) (< eparpillcr ».


Le pan roman petra « rocher, picrrc », ernprunt ancicn au gr. T.i:-rpoc,
idem (d. pitra, it. pietra, fr. pierre, prov. peira, cat. pedra, esp. piedra, pg.
pedra, etc.) se rctrouve dans Ies dr. piatră; ar. lCcatră rt mgl. kiatră (caracterise
comme un mot ar. a Ţărnarcca) 88 . Lutum « boue, fange; argile de potier »
s'est conserve en dr., ar., rngl. lut« terre glaise, terre de potier »; « Loue », de
meme que dans le cas des it. loto, prov. lot, cat. Zlot, esp„ pg. lodo, etc.
Le panroman carbo, -omm « charl:on de bois » (voir it. carbonc, fr. clzar-
bon, prov., cat. carbo, csp. carbo11, pg. can:ii,o) s'rst maintrnu avec l'acception
etymcJcgique rcspfc1ivc dans 1cus ks dialcctcs de la langues roumaine, c'est-
a-dire rn dr., ar. cărbune, mgl. cărbu111', ir. c( a)rbur(i), cărbure 89 . D'un latin
*puteosus, -a, -mn a pu naître le dr. puci"oa.~ă. ncm vuJgaire du sulf, utilise
de nos jours rn tant que tel et dans le daco-roumain des XVl"-XVIII"
siecles egalement dans le synt agme piatră pudoasă (< picrre de sulf».
Le panroman marmor, -orcm, lcqucl est a }'origine des it. marmo(re),
fr. marbre, prov. marmc, cat. marbre, esp. mdrmol, pg. marmore, rcpresrnte
aussi le point de depart pour Ies dr. marmură, marmoră (arch., reg. marmure,
marmore; arch. aussi piatră marmură) ro, ar. marmore, marmură, marmure 91 ,
mgl. *marmură, ce dernier atteste par le derive verbal mănnuriSfs 92 .
Les termes panromans aurum (d. jaur, it. oro, fr. or, a. prov. aur, cat.
or, esp, oro, pg. oro, etc.) et argentum (el. ardzant, it. argento, fr. argent, prov.,
cat. ar{!,en, etc.) se retrouvent dans dr., ir. aur et respectivcment en dr. ar-
gint, ainsi que (comrne nous l'avons releve aillcur~ - §. 26) en alb. ar, res-
pectivement ergje11t, arg_fcnd (gueguc rgjand). De lrnr cOte, ks termes
panromans ferrum (it. jerro, fr. fa, prov, cat. fcrre, esp. hierro, pg. ferro,
etc.) et plumbum (it. piombo, fr. plomb, prov., cat. plom, esp. plomo, pg. chum-

80 Ibidem, p. 66.
81 DDA, p. 125, 126.
82
Ibidem, p. 425.
83 DA, I, 2, p. 1053.
84
Densusianu, ILR, p. 396, 190, 791; Rosetti. ILR, p. 129, .531, .592, .599, 758; Puşcariu,
LR, I, p. 210; Teofil Teaha, Lat. arena în română şi în celelalte limbi romanice, •Anuarul Insti-

tutului de Cercetări Etnologice şi Dialectologice Seria A, 2, Bucureşti, 1980, p. 163-181.
85 DDA, p. 199.
88 REW, 630.
87 Mihăescu, Lg. lat .. p. 26, 275.
88 Capidan, Megl„ III, p. 68.
89
DA, s.v.; DDA, s.v.; Capidan, Megl., III, p. 60; Puşcariu, St. i!tr„ 111, p. 10.5.
90 DLR, VI, s.v.

91 DDA, p. 770.

9 2 Capidan, Megl„ III, p. 183.

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190 H. l\li l:ăescu

bo, etc.) ont des descendants en dr. fier, ar. 1ier, mgl. ier, ir.jl' er, respectivement
en dr. plwnb, ar. plumbu ( pl'z.imbu,), plumbă ( pl'mnbă), dans ce dernier dia-
lecte seulement avcc le sens de date plus recente de «balie de fosil• 93 • En
albanais, nous avans constate l'existence d'une forme identique a celle du
roumain (cf. §. 26).
D'un latin *acrugina (cf. aerugo, -inem <c rouille de cuivrc, vert-de-gris •)
ont pu rcsulter ks dr. ruţ?.ină, ar. arud::.foă <c rouille •. cependant que l'it.
rugginc, idem, renvoie a aemginon. *Aerughia s'est trouvee a la base des
deri,·es acruginare «se rouiller • dont dcvaicnt deriver les dr. (arch., reg.)
rugina 11 .i et ar. and:hud:u « rouilku 95 •
Du lat. aeramen ( < aes, aeris <( cuivre, bronze •) ou plutât d'une vari-
ante vulgairc avcc assimilation, *aranien, sont nes Ies dr., ar, aramă « cuivre,
airain •.de meme que Ies it. Mm::, a. fr. arain, prav. aram, esp. arambre, alam-
bre, pg. arame, etc.
Le bt. pioila, diminutif tardif de pix, picis "poix », est dcvenu en dr.
părnră <1 pt?trole; mazout •. cn ar. pcrnră « Litumc •. de la meme fa'ron qu'ont
evoluc le~ it. pegola, abruzz. pc!mfr, engad. pievla, prav. pegola 96.
15H. Le panroman marc o mc-r • (d. mur, it. mare, fr. mer, prav., cat.,
esp., pg. mar, etc.) se retrom·c dans Ies dr. mare, ar. amare, mgl. ·mari, ir.
mârc, idem.
Pour expliyuer le dr. ftirm trive, rivage, bord•. on a evoque le mot lat.
tamm <1 borne• 97 , qui, ainsi quc nous l'avons deja constate precedemment
(§. 26). s'est conserve, awc des sens similaircs a ceux du dr. cn albanais,
qcrm. De ce memc mot latin ont evoluc Ies it. dial. terme, engad. tierm, pg.
tamo, etc.
Le panroman nnda (vegl. .fonda, it. onda, fr. onde, prav., esp., pg. onda,
etc.) se trouw a !'origine des dr., ar. undă <c onde, flot •. Le derive verbal un-
dare <1 roulcr dL·s vagues; bouillonner sous I 'act ion des flammes • devait consti-
tuer a son taur le point de depart de l'a. dr. unda • faire des vagucs, ondes i>,
atteste au XVIIe siecle chez Dosithee 08 et de l'ar. unded::u (undare) « onduler;
bouillir a gros bouillons » 99 .
Le lat. sp1tma « ecume » est dcvcnu en dr., ar., mgl. spumă, idem; spu-
mare <c ecumcr » >dr. spuma, ar. spumed:u, et in + spumare - dr. înspuma,
mgl. <pispum, idem 100 • Le panroman lacus <1 lac, etang » (vegl. lak, it. lago,
fr. lac (<i. fr. lai), prov. lac. cat. llac, esp. pg. lago, etc.) a donne en dr., ar.,
mgl. lac, ir. lâc ((lac, etang, marc; fossc t.
Flumcii, -inis <c courant, eau qui coule » ( <Jluo, -ere <c couler 11) s'est
conserve en it. fiume, a. fr., prav. flum; dans la langue roumainc, on le re-
trouve en ar. flumin, avec le sens metaphorique de <1 foulc, multitude *· mot,
egalemcnt cxplique par un lat. *jluminum (pl. /lumina (I flcuve, riviere»),

03 DDA, p. 1001, 1002.


Dt DLR, IX, P· 604.
96
DDA, s.·r.
98 REW, 6481; PEW, 1237; DELR, 1300; DDA, p. 967.
e1 REW, 8665; DER, p. 826.
98
PEW, 1811; Dosoftei, Opere, I, edition N. A. Ursu, Bucarest, 1978, p. 143; ms. roum.
3456 BAR (Chronographe), f. 65v.
DD DDA, P· 1237.
ioo Ibidem, p. 1110; Capidan, Aleg!., III, p. 272.

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Du latin au roumain 191

donc par un singulier re~titue, susceptible de justifier Ja prescnce de -n dans


la forme aroumaine 10 1 .
Le panroman rivus (forme vulgaire rius) (it. dial. rio, a. fr. ri, rif, prov.,
cat. riu, esp., pg. rio, etc.) se retrouve dans le dr. rîu «riviere, cours d'eau »;
flot, torrent », en ar. arîu «riviere, fleuve· foule, multitude » (synonyme, par
consequent, dans cette acception figuree, de jlmnin) et en rngl. rou (attcste
seulcment comme toponyrne 102 ). D'un *riuscellus (diminutif de<· rius) ont
pu evoluer le fr. ruisseau 103 et par changement de suffixe son synonyme daco-
roumain rîuşor.
Le lat. alveus (lat. vulg. albea) est dcvenu en dr. albie, fr. auge, tous
Ies deux gardant la signification etymologique de «vase de bois, cuve 1>, par
la suite le roumain ayant acquis egalement le sens de <( lit d'un cours d'cau ».
Le lat. vadmn (( gue, bas-fond(s) I), element panroman (< avec melange
de formcs influencees par le gcrmanique (it. guado, fr. gue, prov. ga, cat.
gual) » 1o.i, a beneficie en daco-roumain d'une evolution phonetiquc normale
( > vad (( gue; lit d'une rivieţe », de meme qu'cn espagnol ( > vad o), portu-
gais ( > vao), dans certains dialectcs italiens, etc. 10 5 •
Le panroman limus <( boue » (it. limo, a. fr. luni, prov. lim, c3t. llim,
esp., pg. limo, etc.) a persiste dans le dr. reg. sous la forme im avec le rneme
sens, dont sont nes de nombreux derives (imâ, imală, imare, imăciune, imător,
etc.), devenus de leur cote des archalsmes ou des regionalismes 106 • Le dr.
reg. imos <(sale» pourrait se ranger dans la meme categorie ou, plut6t, ren-
voyer au derive latin limosus <( boueux », tont comme it. limoso, prov. lintos,
esp., pg. limoso.
Le verbe latin curro, -ere (( courir » etait deja atteste par Ies inscriptions
latines et Ies textes vulgaires avec le sens de <( couler » egalement 107 . II a eu
une evolution normale en dr. cure, ar., mgl. cztr, de rneme qu'il est devenu en
it. correre, fr. courre, courir, prov. corre, cat. correr, esp., pg. correr, etc. En
aroumain et en daco-roumain (rnais dans ce dernier cas seulement quand
il s'agit de regionalismes ou d'archaismes) il a ete enreg1stre aussi avec le
sens de (I courir, fuir, circuler » 108 , cependant que le megleno-roumain n'en
a con nu que la significa tion de <( couler » 109 . Cette ultime signification est
de nos jours courante en daco-roumain (ou, au point de vue de sa forme, le
verbe a commence son evolution a partir des dernieres decennies du xvrre
siecle, pour aboutir a curge par analogie avec merge <(marcher», afin d'eviter
la forme malsonnante cur a la premiere personne du singulier de l'indicatif
present) et en aroumain. Du lat. cursus <( cours, marche » ont evolue le dr.
curs (( course, foite; cours (d'eau, des astres, des evenements, du ternps);
ecoulement 1> et l'ar. cursu <( bruit, grondcment (d'un cours d'eau) » (voir
aussi it. corso, fr. cours, prov., cat. cos, esp. coso, pg. cosso, etc.). Le lat. cursu-
ra <( cours, ecoulement » a donne dr. cursu.ră, un synonyme, a present archai-

101 DDA. p. 557-558.


102 Capidan, Mcgl., III, p. 251.
163 DELL, p. 574.
104 Ibidem, P· 711.
10& REW, 9120 a,
108 DA, II, 1, p. 468; MALR, Serie Nouă, II, h. 648; Teofil Teaha, Elemente de con-

tinuitate în graiurile din Oltmia. •Arhivele Olteniei&, Seria Nouă, 2, 1983, p. 1.57.
107 'Mihăescu, Lg. lat., p. 284.
1oe DA, I, 2, s.v.; DDA, s.v.
100 Capidan, Megl„ III, p. 88.

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192 H. l\li hăescu

quc• et regional, de curs 110 . Cn autre synonyme, lui aussi devenu archaique
et regional, est le dr. cursoare. qui pourrait etre soit un derive interne, soit
un descendant du lat. curson:a. D'excu.rrere a pu resulter le dr. arch., reg.
seu.re « laisser couler *· qui aura evolue jusqu'a l'actuel scurge (( ecouler, egout-
ter •. d'apres le modele eztrt-curge; du lat. excursura > dr. srnrsttră c liquide
qui s'ecoulc. flaque d'eau. fange ». D'1:11currere est ne le dr. încure « faire courir
(un chev<ll); courir », et a la suite d'une evolution interne ou bien a partir
d'un lat. vulg. *i11wrrare scrait nee la forme mieux connue de nos jours, în.-
c1tr'1 m_ Ue perwrrere ou par une dl'.·ri\·ation interne resulta le mgl. pricur
« comnwncer a couler 1>. <l 'ou l 'ad j. prirnrat <1 qui a coule, qm a commence de
coukr » n~.
Du lat. pali11~t'Tt', ou par deriva tion en roumain, on a ;i houti au dr. prelinge,
a l'ar. pri/ingu (t SU inter I) ; S prili11dzirf « act ion de COUJcr, de glisser le long de ...
(en parl;:int d'un liqui<le) » atteste dans 1c dialecte aroumain a pu avoir comme
point dC' depart une forme composee a partir de perli11geu, a savoir ex-per-
li11gi:re n 3 .
Le lat. aggt•slus « action d'C'ntasser; amas de terre, <ligue »ou aggestum

« fortifJCation se rdroun· ;l !'origine du dr. agtst (I terre melangee de pierres
et de troncs d'arbres, charrice par l'eau dont elle entrave la marche; terras-
senwnt. grosse buche~ 114 • krme enrcgistre dans k parler moldave, en Buko-
vi1w et <lans le nord de la Transyh·anie, dont la variante agestru ci ete expliquee
par analogic avec nosl - 11ostm, jaf astă - fcuastrâ n 5 _
C'est prohablement du lat. cxvomere quc derive l'ar. a:;•om ( azvoamire,
a:v1111tt"LZrc)<1sourdre, sourcillcr·, 116 . IYun lat. *vob.n'toria ( < *volvitare) ou
*·uolzttori,1(<volutus) 117 ont :,u (·voluer Ies dr., ar. vîltoareuremous; gouffreri.
II est a presumer que d'un lat. *vivula ( < vivus) resulterait vioară du dr„ 118
mot attcste dans la litteraturc populaire par le syntagme apă vioară « eau
claire, cristalline, Jimpick 1> (cf. le dr. înviora « vivificr; (s')animer; (se) rani-
mcr • explique par un deri\·e vcrLal rest itue *iwvi·vulare et par le syntagme
a<q1ta vivo/,i de l'italien) 11!1_

l<'lore (sau\'age)

159. L'e~pace affecte au chapitre conccrnant le lexique d'origine latine


herite par la languc roumaine nous oblige desormais a unc selection encore
plus rigoureuse du materiei aussi riche que varie dont nous disposons. C'est
pourquoi notre etude ne portera que sur unc partie des mots reunis par la
terminologie annoncee et, dans ses limites, sculcment sur Ies sous-divisions
suivantes: Ginirali!tis; Ies Parties co11stitutives des plantes; Petites plantes
A rb1tstc s; A rbres.

110 DA. I, 2, p. 1023; DLR\', P· 94; DELRO:M, p. 62.


i11 DA, 11, 1, p. 614-615.
11 2Capidan, Megl„ III. p. 88.
113 DDA, p. 1109.
ll4 HEl\l, 1, p. 363-36'4; DELR, 21.
115 DA. I, 1, p. 68.
118 DDA, s.v.
117 REW, 9446; TDRG, p. 1740; DEX. p. 1023; SDE, p. 80.
118 DEX. p. 1020; SDE. p. 75.
m DA, II, 1, p. 872-873.

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Du latin. au roumain 193

Le mat latin planta, -ae « tige, rejeton detache des souche~ ou des troncs
afin d'etre replante », substantif post-verbal de planto, -are « enfoncer avec
le pied », legue a toutes Ies langues romanes occidentales (it. pianta, fr. plante,
prav., cat. planta, esp. llanta, pg. chanta, etc.), ne s'est point conserve en rou-
main ou le mat n'a ete releve qu'au commencement du XIXe siecle en tant que
neologisme latino-roman 120 • En revanche, plantare devait persister en dr.
arch. sous la faime plînta (actuel. împlînta) et en ar. plîntu « planter; enfon-
cer •> 121 .
Le leit. *virdis ( < viridis < vireo « etre vert (en parlant des plantes) »)
se retrouve dans le dr. verde, l'ar. vearde, le mgl. veardi, l'ir. verde; le terme
est egalement present dans les autres langues romanes (it. verde, fr., prav.,
cat. 'uert, esp., pg. verde), ainsi qu'en albanais (verdhii), ou, toutefois, comme
nou::. l'avons vu ( §. 26), il a fini par prendre le sens de« jaune; pâle ». A partir
d'un *virdire a pu evoluer le fr. verdir et de son derive *invirdire le dr. înverzi,
ainsi que Ies it. inverdire, esp., pg. enverdecer. L'antonyme de verde en daco-
roumain et aroumain est veşted, respectivement veaştid « fane, fletri », dont
nous înclinerions a voir le point de depart dans le lat. *viscidzts « poisseaux;
visqueux; gluant », plutât que dans un lat. *vescidus ( < vescus « maigre &) 122 •
Du mat latin de basse-epoque tufa, d'origine germ:mique, « aigrette ou
etendard » 123 , les dr. et ar. ont conserve tufă « buisson » (voir aus~i le derive
mgl. tufcă « bouquet de fleurs »); on retrouve egalement le mot dans les lan-
gues romanes occiden tales 124 , en albanais ( t1ife) et en neo-grec (·rnocptX).
Le panroman arbor (it. albore, fr., prav., cat. arbre, esp. drbol, pg.
arvore, etc.) est devenu en dr. arbore (arbor), ar. arbu,r ( arbure), mgl. arbur,
ir. har bur; le derive arboretum « verger » s' est conserve en ar. ar buret « bois de
chenes ».
Un autre panroman, lignum « bois •>, specialement « bois a bnîler » par
oppos1tion a materies « bois de construction » a donne les dr. lemn, ar. lemnu,
lemn, ir. liJmn(a) «bois; arbre; tronc» (cf. d. lauk, it. legno, a. fr. lein, prav.
lenh, cat. lleny, esp. Zena, pg. lenho, etc.).
160. Le derive latin radicina ( < radix), atteste dans quelques textes
de basse-epoque 125 , s'est conserve en dr. rădăcină et ar. (a) rădăţină, ainsi
qu'en Occident dans le fr. racine et le prav. razina; nous avans vu precedem-
ment que l'albana.is connaît la forme rrike de radix, radicis, ayant dane suivi
la meme voie que l'italien (radice) l'ancien franc;:ais (raiz) le catalan (rel)
I
1
I

l'espagnol (rdiz) et le portugais (raiz).


Trunculus ( < truncus) a persiste en dr. sous la forme trunchi, ainsi
qu'en esp. sous la forme troncho, cependant que dans les autres langues roma-
nes et en albanais les mots respectifs ont eu pour point de depart le terme
initial (it. tronco, sarde trunku, fr., prav., cat. tronc, esp., pg. tronco, alb. trung).
Scortea ( < scortum) se retrouve, tant au point de vue de la forme, que
sous le rapport semantique, dans le dr. scoarţă, de meme qu'en it scurza, fr.
ecorce, prav., cat. escorsa, etc. De la mb1e fac;:on, ramus, qui, pour sa part,

U1l DLR, VIII, 3, p. 762.


121 DA, II, 1, p. 508; DDA, p. 999.
12 2 PEW, 1877; DER, p. 891; SDE, p. 74; DDA, p. 1260.
12a DELL, p. 706.
lzt REW, 8973.
lzi Mihl'i.escu, Lg. lat., p. 29, 277.

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194 H. Mihăescn

est un terme panroman: dr. ram, it. ramo, a. fr. raime, prov., cat. ram, esp.
pg. ramo. Son piuriei ram1m: devait fournir le singulier ramură, atteste en
daco-roumain et en megleno-roumain, explique aussi par un lat. *rama ou
par le diminutif ramulus 126 • Le derive verbal *deramare devait donner le
dr. dărîma et l'ar. dărîm, dont l'eYolution semantique aboutira aux signifi-
cations generales de « ruiner; demolir, detruire ».
Du lat. folia (piuriei de folium, devenu un feminin singulier par l'assi-
milation du neutre, ainsi qu'en temoignent des sources de basse-epoque 127 )>
nous avons le dr. foaie, un presume ar. *foa:' e 128 et l'ir. fol' e (voir aussi Ies
it. foglia, fr. feuille, prov. fuelha, cat. fulla, esp. lroja, pg. follza, etc.). En daco-
roumain, de rneme qu'en franc;ais et en espagnol, le successeur de folia cu-
mule Ies deux sens du lat. folium, a savoir: celui de « feuille I) et « feuille de
papier », derive du premier. Du latin foUosus, ou par deriYation en rou-
main, a pu naître le dr. fofos « feuillu •.
Frondia ( < frons, frondis) <c feuillage • a persiste en dr. frun::â. ar.
frwi( d)::ă, mgl. frw1::ă, ir. frun::a, tout comme en italien (jro1t::a). ~fais en
daco-roumain, aroumain et megleno-roumain le mot a acquis, en plus de son
sens etymologique de « fC'uillC', femllage •, conserve par l'italien aussi, d'au-
tres significations, par exemple celle de t feuille (d'un livre) », connu dans Ies
trois dial<'ctes rournains susmentionnes et s'expliquant par l'influence du
v. sl. listt'"t ou du gr. 9ui.A.ov; ou encore le sens de «fond du creur, replis du
creur » de l'aroumain, sous I'influence grecque qm est evidente 129 . Dans le
cas de la signification anteriC'urC', il faut egalcment prendrc en consid·~ration
un eventuel parallelismc awc folia - foaie.
D'un compose *i11fro11desco, -ere ( < frondcsco «se couvrir de feuilles l))
ont pu naître Ies dr. infr1m::i, ar. 1~fn111d::ăsct1, mgl. mifnm::Qn· «se counir de
feuilles, reverdir 1>.
Le panroman f/os, -orcm, se rdrouve cn it. fiare, fr. flcur, pro,·., cat.
/lor, etc., en dr. floare, ~H. floar,;,, mgl. floari. Du wrbe inflorire, forme tardive
apparue dans le latin parlc du fait de l'utilisation toujours plus frequc-nte du
preverbe hi- 130 , provienncn t lf's dr. înflori: et ar. 1~(/ttrescu ( nflurire) ; dans
Ies langues romanes occidcntalcs, l'evolution du terme a pris pour point de
depart la forme simple f lorire ( < florere), attestee par Ies inscription s 131
(a. it. jlorire, fr. fleurir, prov., cat. florfr, esp. florecer, pg. florcscer.
161. Lat. mal-va > dr., ar., mgl. nalbă (it. dial. nalba, it. litt. mal·va.
fr. maU'l'e, prov., cat., esp., pg. malva, etc.). Un lat. *nig(e)llina ( < nigclla)>
> fr. nielle, a. prov. niela, cat. niella) a pu donner naissance aux dr. neghină,
mgl. migl'ină <c nielle ivraie ». Un rnot restitue *volvula ( < volvo; cf. rnlvu-
lus) 132 a conduit au dr. t•olbură <c liseron I); viola <c violette » > ar. y1·oară>
idem, cepcndant que le synonyme daco-rournain t•iorea est ne d'une forme
derivec du latin ou bien derivee sur le terrain du roumain. Le panrornan

1 9
2 DLR, IX, p. 25; Capidan, Megl., III, p. 245; PEW, 1428; REW, 7034; Graur.
Correcticms REW, p. 111.
127 Mihăescu, Lg. lat., p. 216.
1 2 8 DDA, p. 559.
1 a8 DA, II, 1, p. 181- 182; DDA, p. 564, 566, 567; Capidan, Megl„ III, p. 131;
Puşcariu, St. istr., III, p. 112.
no Mihăescu, Lg. lat„ p. 27.
111 Ibidem, p. 213.

l~ PEW, 1916; DELL, p. 152.

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Du latin au .roumain 195

ruta « rue, sorte de plante amere »>dr. rută, idem (it. ruta, log. ruda, frioul.
rude, fr. rue, prov., cat., esp., a. pg. ritda, pg. arruda); en dr. le mot est
atieste premierement en 1648, dans le Nouveau Testament de Bălgrad (f.84v).
Le panroman plantago, -inem (<::planta« plante du pied », nom donne en
raison de la forme des feuilles de cette plante) 133 a conduit aux it. piantag-
gine, fr. plantain, prov. plantage, esp. llanten, pg. tanchagem, etc. et en rou-
main - dr. pătlagină. Quant au panroman !iedera (it. edera, a . fr. iere, prov.
elra, cat. eura, esp. hiedra, pg. Itera, etc), il est maintenu en dr. iederă, ar.,
mgl. iadiră. L'hellenisme cichoria (pl. de cichoreum (-ium) devenu sing.) >
di. cicoare, ar. ţicoară et, ainsi qu'il a ete deja note (voi § 32), alb. kore.
Lactuca (<lac, lactis), conserve en it. lattuga, fr. laitue, prov. lachuga, cat.
lletuga, esp. lechuga, se retrouve aussi en dr., cir., mgl. lăptucă, ir. la(p)tuk~.
Le singulier feminin fraga« fraise », originaire du pl. fraga, -orum, forme
exclusive d'utilisation du nom fragum, -i 134 , se retrouve a !'origine des dr.
fragă, ar. ( a)frangă, idem (en dr. reg. aussi « m1Îre »), mgl. (seulement comme
toponyme a Nînta) Fragă (voir aussi ven. fraga, engad. freia, gasc. arrage):
le nom de la plante, dr. frag, est un derive regressif du nom du fruit.
D' aureolus ( < aurum) on a abouti au dr. alior « epurge, Euphorbia »,
atteste par Ies textes folkloriques et ethnologiques dans differentes zones
appartenant a plusieurs parlers daco-roumains 135 ; la teinte jaune de cette
espece vegetale pourrait cxpliquer l'evolution semanhque du terme. Capri-
jolinm est devenu en dr. caprifoi ( căprijoi, ca prafoi, etc.), suivant une evo-
lution similaire a celle de l'italien (caprifoglio), du frarn;ais (chevrejeuille),
du proven~al ( cabrifuelh). Cucuta (= cicuta), variante attestee chez Plaute,
ainsi que par les inscriptions de Pompei 136 , a persiste en dr., ar. cucută «ci-
gue », en fr. merid. kukudo, etc. 137 ; le mot dev<Jit passer aussi en albanais
(kukute) et en serbocroate (kukuta). De mandragoras (< gr. µocv~pocy6pocc;)
.(qui a evolue en it. mandragola, fr. mandragore, prov., cat., esp., pg. mandra-
gora, etc.), il est possible qu'une dissimilation precoce ait conduit a une va-
riante *mandragona, -am a partir de laquelle seraient nees Ies formes dr. et
-ar. mătrăgună« mandragore» 138 • Le panroman viscum «gui, glu » (a. it. vesco,
prov. ves, cat. vesc, etc.) >dr. vîsc, ar. vîscu (vescu) «gui»; son derive de
basse-epoque viscosus « visqueux » >dr. vîscos idem (prov. vescos). Le pan-
·roman herba (d. jarba, it. erba, fr. herbe, prov., cat. erba, esp. hierba, pg. herva,
etc.) >dr., ar., mgl. iarbă, ir. iârbe (iârva) « herbe », quant au derive her-
bosus 139 (it. erboso, fr. herbeux, prov~, cat. erbos, esp. herboso, pg. hervoso) >
> dr. ierbos, ar. irbos, mgl. iărbos.

162. Le lat. spinus « epine noire, prunier sauvage » (it. spino, prov.
espin, esp. espino, pg. espinho) >dr. spin, ar. s"/(,in, mgl. spin, ir. spir(u)
(I epine; ronce >); spinosus (it. spinoso, fr. epineux, prov., cat. espinos, esp.

espinoso pg. espinhoso, etc.) >dr. spinos, ar. sl!,inos; (in) *spinare - ar.
s"/(,in, dr. înspina « (se) piquer avec une epine ». Selon toute probabilite du

133 DELL, p. 512.


131 Ibidem, p. 251.
m HEM, I, p. 621-623.
138 Mihăescu, Lg. lat., p. 176.
137 REW, 1909.

m PEW, 1049; SDE, p. 273.


i 3 e Mihăescu, Lg. lat., p. 277.

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196 H. MihăesCtJ

derive latin marrucina <1 espece de paliure, .sorte de ronce & ont evolue "les
dr. mărăcine, ar. mărăţi11e « ronce &. Paliurns « paliure • > ar. păl'ur o paliure,
epine du Christ » (en daco-roumain, comme neologisme, păli'ur 140), qui a
donne naissance a son tour aux derives păl'uret, păl'uriit 141 . De lappa «bar-
dane, gratteron »,etc. et de son derive lappaceus « qui ressemble a la bardane •
sont nes Ies dr., ar lăpuş (derivation en roumain grâce au suffixe -uş), rngl.
lăpu{ş) « fleur de coucou, lampette, amourette des pres & et le dr. lapuc, lă­
puc « bardane » 142 . D'un terme restitue *styphus et subissant l'influence de
tufa a pu resulter le dr. et ar. stuf, (< jonc a balai, roseau I) 143 . Labrztsca (I lam-
bruche, vigne sauvage • s'est conserve en it. dial. abrosco, log. agrustu, le de-
rive d. abastrain, en dr. lăttru.scă, idem 1°", ainsi qu'en alb. larushk, larushkl
(voir ci-dessus §. 26); dans d'autres langues romanes, le terme respectif a
pris pour point de depart la variante lambrusca (it. lambmsca, fr. lamb-ruclze,
cat. llambrusca, etc.) 145 • ]uniperus se retrouve aussi bien quant a la forme
qu'au point de ,·ue semantique en dr. jneapăn, ar. gi'unedpine, mgl. juneapin
(ce dernicr pcrsistant seulement sous la forme d'un toponyme a O~ini I 146 ,
cependant quc ks formes en usage dans Ies langues romanes ont evolue
a partir de la variante du lat. vulg. jeniperus (it. gi11cpro, fr. geni'evre (a. fr.
genoivrc), prov. gcnebre, cat. gi11ebre, esp. enebro, pg. ju{i)mbre( 147 • Laurns
- dr. laur « pomme epineusc » ( Datura stranzonium), plante rappclant d'une
certaine fa<;on le veritable lauricr, qui ne croit pas dans la zone concernee
(toutefois, on retrouve en dr. au~si son ancien sens du latin, mai~ introcluit
sur le tard, au commcncement de~ temps modemes) 148 , ar. lavm « espece de
laurier » 140 (voir aussi it. allorc, sarde laru, prov. laur, cat. /lor, pg. lrruro,
ainsi quc l'alb. Iar). De sabums est ne Ic dr. soc et l'ar. săuc (saugu, sîmbuc,
soc, sug) «sureau» (it. dial. saU.!!.O, a. fr. scu(r), proY. saiuk, cat. sam. pg.
sabugo ct cn alb. slitok, sliloţ;; 1'it. litt. sambuco derive de la variante latine
sambucus). Du latin *abc/lo11a ( = abdlana < Abella, ,·ille de Campanie,
au nord-est de Naples, renornmee pour ses cultures de noyers, egalement
attcste sous Ies variantes ave/la11a, avallatia, aballana, at•olla11a HO) devaient
SC former ks dr., ar. alunii, ir. a/urat noisette », de la meme fa<;on que, de
a<·dlana, ai.'Ollaua, les it. avdla11a, fr. merid. aula11a, cat. {a)-vella11a, esp.
avella11a, pg. ai·dă, etc. 151 • Par analogie a partir du nom de ce fruit est de-
rive le nom de l'arbuste: dr., ar. alun. Morus « murier » >dr. (arch., reg.)
mur, it. moro, idem. Le panroman mora (= morwn) «mure 1> >dr. mură,
ar. ( a)mură «mure de haie, mure sauvage & (en ar. aussi «framboise1>; en dr.
(arch, reg.) «mure I), mgl. ].Jura (cornrnc toponyme a Liurnniţa) (it. mora, 1og.

uo DLR, VIII, 1, p. 257.


14 1 DDA, P· 9.'i5; Capidan, Ar., p. 149.
Hz RE\\·, 400.3, 4904; DLR, II, 2, p. 101; DDA, p. 730; Capidan, Megl., lI!. p.
165- 166; M. Sala, Urmaşi ai latimll11i lnppa fo lim/;a ron;â11ă, 5CL, .31, 1980, p. 62 1- (12"1;
Coteanu-Sala. Etimologia, p. 107 - 108.
143
CADE, P· 1221-1222; DEX, p. rn2; SDE, p. i05; DDA, p. 1126.
lH DA, II, 2, P· 119.
145 REW, 4814.

m DA. II, 2, p . .32; DDA, p. 636; Capidan, Mcgl., III, p. 162.


u 7 REW' 4624.
148 DA, II, 2, p. 119.
149
DDA, p. 726; Capidan, Ar., p. 288.
1
~ Mihăescu, Lg. lat., p. 276.
11 1 REW, 17; Hristea, Probleme, p. 68.

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Du latin au roumain 197

mu11i, engad. amura a. fr. moure, prov., cat., esp. mora, pg. (a)mora; le
nom de l'arbuste, dr. mur, plus prabablement derive regressif du nom du
fruit.
16.1. Fagus >dr., ar., mgl. fag (it. dial. favu, Javo, a. fr. jou, prav.
/au, a. esp. ho, esp. dial. fau, etc.); carpinus, element panraman > dr.
carpen, ar., mgl. carpin (it. carpino, carpine, fr. charme, prav. carpre, esp.,
pg. carpe); fraxinus, panroman lui aussi >dr. frasin, ar. fraps1'.n, mgl. frasin,
ir. frasir (it. frassino, fr. frene, cat. freix. esp. fresno, pg. freixo; dans le Sud-
Est de l'Eurape, l'alb. fraslzer, frashen). Le derive latin fraxi·netum 152 ou
bien un processus de derivation sur le terrain du roumain devait conduire
aux dr. frăsinet, ar. frăpsinet <1 bois de frenes, frenaie » (it. frassinetto, fr. fre-
naie, esp. fresnedo). Les choses se sont passees de la meme fac;on dans Ies
cas de jagetum 153 > dr. făget <1 bois de hetres, hetraie ». Un derive latin *ju-
gaster, -trum ( < jugum) 154 pourrait se trouver a }'origine des formes dr.
jugastru, ar. ghtgastm, mgl. jugastru, ( gugastru) « erable champetre >); }es
autrcs langues romanes semblent ne l'avoir pas conserve; l'evolution se-
mantique du tenne s'explique par l'usage de fabriquer les jougs de cette
sorte de bois. Le panroman 11lmus (it. olnio, fr. orme, prav. olme, cat. o(l)m,
esp., pg. olmo, etc.) se retrouve dans Ies dr. ulm, ar. ulmu, mgl. uolm; cer-
rus <1 cerre, sorte de chene »(ir, cerro) s'est conserve dans Ies Sud-Est de l'Eu-
rope non sculcment en dr. cer, idem, ar. ţer <1 chene », ir. ţer, mais aussi en alb.
qarr,quarr idem (v. §26) ,en bg. cer en ser. cer, et en slovene cer, idem; glans, glandis
<1 gland (du chenc) » (ace. glandem; voir auss1 le feminin atteste sous la forme
glando) 155 , qui devait evoluer en dr. ghindă, ar. mgl. gl'indă, ir. gl'inde (it.
ghianda, fr. gland, prov. glan, a. esp., pg. lande, etc.). Ayant passe du femi-
nin au masculin, tilia est devenu tilius. forme attestee chez Procope de Ce-
saree 156 ; Ies deux variantes ont des dcscendants dans Ies langues romanes:
tilia >a. fr. teille, prov. tellia; lilius >dr. tei, it. tiglio, a. fr. til, prov. telh,
cat. tell, etc. 157 • Masticlzinus «de !entisque » (<mastic (h)e < gr. µ.occr·d:;c'l
« gomme de lentisque »; cf. gr. µ.occrdxLvoc: « fait avec la gomme de lentisque 1>)
devait per~ister seulrment en dr. mesteacăn (măstacăn, mastacăn, etc.) et
en alb. meshteken, meshtekiir, avec le meme sens de <1 bou1eau 1> dans Ies deux
langues 158 ; ploppus ( < populus) <1 peuplier », forme vulgaire de basse-epo-
que 159 , devenue en dr., ar. plop, idem et, ainsi qu'il a ete deja constate prece-
demment en alb. plep, idem, vlors que dans Ies langues romanes occidentales
nous avons: it. p1:oppo, esp. chopo, cat. clop, pg. choupo, etc. A partir d'une
forme dcnvee restituee, *alninus ( < alnus), on est arrive probablement a
dr., ar. arin (anin) mgl. rin <1 aune »HO (dans d'autres langms romanes, ce
processus a pris pour point de depart la forme derivee alnus > fr. aune, a.
esp. alno, etc.). Plat anus ( < gr. n'-&.Tocvoc;) <1 pJatane 1> devait probable-

1 62 l\Hhăescu, Lg. lat., p. 239.


133 Ibidem.
154 DELL, p. 327.
ni; DELL, p. 276.
ne Mihăescu, Lg. lat., p. 277.
m REW 8735.
DLR. VI, p. 427; voir ci-dessus, §. 26.
Jr.li
168 Mihăescu, Lg. lat., p. 277.
ieo REW, 376; HEM, 2, p. 74; PEW, 90; DA, I, 1, p. 170-171; DDA, p. 166, 199;:
Capidan, Megl., III, p. 249.

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198 H. Mihăescu

ment se conserver, a travers une forme vulgaire restituee, * platinus, en dr.


paltin « Acer pseudo-platanus » et ea ar. paltin ( paltăn) «platane & ; malgre
l'abscnce de l'arbrc respectif du territoire couvert par le daco-roumain, son
nom persista quan<l meme, dant attribue a des especes plus ou rnoins ana-
logues; Ies variantes platan de l'aroumain et plătaii du megleno-roum?in
sont d'originc grccque; quant au mot platan «platane» du daco-roumain,
d'origine grecque ou latino-romane, represente une forme d'empnmt neolo-
gique 161 . Sdhx, -iccin, element panroman (\·oir it. salcia, a. fr. saucc, sauz,
prav. sautsc, cat. s.1/'::e, csp. sauce, sau:, etc.), dc,·ait conduire aux dr. salce
et ar. sa/(,'. alors quc le derive salicetum pourrciit rcpresenter le point de de-
part du dr. săicd (cf. it. salceto, fr. saussaic). Castancus « châtaignier» > ar.
căsti11u, mgl. căsto1t, idem et castanca « châtaignc • >ar. căstîlte, găstiiie, rngl.
căstQ1iă, idem (cf. 1t. castagn.1, fr. cliâtaignc, pro\·. castanlza cat. castonya, esp.
cast.1na, pg. castanha, etc.); avant toute chose aussi, on ne saurait oublicr
Ies formrs albanaises kCslttcnjC, gcslttcnje < castanca, ayant le meme sens
qut Ies <lcsccndants romans (\·oir ci-<lcssus § 26); quant au mot castan du
daco-roumain, il n'est qu'un neologisme. Le panroman pimts (it. pino, fr. pin,
pro,·. cat. pi, csp. pino, etc.) >dr. pin, ar. liin, mgl. pin et pinctum « pinede •
>dr. pinct, ar. hnct, i<lcm (cf. it. pincta, a. fr. pi11oic, pro,· .. cat. pfrieda, etc.);
da,·J,l ( < tacda (< espece de pin resineux; branchc <le pin; torche • ) > dr.
::ad,i « Larix dccidua », ar. d::adă <c petit fagot de baguettes de pin en usage
<lan~ la region (<les Lanch·s) pour allum('r le feu; eclat de pin; torc he•. mgl.
zadii, ir. ::eda « torche • (la forme litteraire taeda !'-'est conservee en d. teda,
pro,·. !c::a, cat. tcya, esp. h~a pg. tz:a, cependant que la forme vulgaire, deada
a p~rsiste en it. dial. deda, dela, leda: enfin, un dernier terme, en rapport
<.lvec Ies noms de~ deux conifercs- resina « resine • (fr. dial. rn:-:ina, prov.
rezina, cat. rchina, esp. rcsi1u) >dr. ră~iltă, ar. amşină, idem.

La faune (exceptant Ies betes domestiques)

161. Une fois de plus nous avons affaire a une terminologie amsi riche
que vanec, dont les elements couvrent les sous-groupes suivant~: Insectes;
Rcpti/es, poissons; Oiscaux: Betes sau·uages.
Les panromans pcduc(u)lus ( < pedis) 162 et pulex, -ice (d. pedoklo,
it. pidocchio, fr. pou, prav. pe-:olh, cat. poll, esp. piojo, pg. piolho, etc.; it.
pnlce, fr. pnce, pro,·. piu::c, cat. pussa, esp., pg. pu,lga, etc.) se retrouvent
dans les dr. păduche, ar., mgl. piducl'u, ir. pedu.cl'1t, respectivement Ies dr.
purice, ar., mgl. puric, ir. purec; les derives peduculare 163 , pulicare >dr.
păduchea (C (s') epouiller I), ar. piducl' edzu ( piducl' eare) (I rendre OU etre pleiil
de \'ermine », dr. purica (( epucer I) et pedu.culoszts 164 > dr. păduchios, ar.,
mgl. p1:ducl'os « pouilleux »; lendine ( < lms, leiidis) (it. lendine, fr. dial.
lendma, cat. llemma, esp. liendre, pg. len.lea) >dr., ar., mgl. lindină, ir.
lindfre <1 lente». Du lat. carius «agent de la carie» (voir caries, caria «carie &) 165

161
PEW, 1250; DELR. 1313; DLR, VIII, 1, p. 46-47, 3, p. 772; DDA, P· 993; Ca-
pidan, ,'ifcgl., III, p. 225; DN, p. 834.
182 Mihăescu, Lg. lat., p. 176, 278.
163 Ibidem, p. 278.
lH Ibidem.
ies Ibidem, p. 66, 278.

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Du latin au rournain 199"

est derive le dr. car(iu) (i artison ».Le panroman musca (it., prov., cDt., esp.~
pg. mosca, fr. moitche) >dr., ar., mgl. muscă, ir. musca (musca). Du latin
vulgaire zinzalus, cincialis (> tzintzalario) 166 a pu denver le dr. ţînţar (a. it.
zanzala > zanzara, a. fr. cincelle, etc. sont des derives de la forme feminine,
plus ancienne de cette onomatopee). C'est egalement une variante vulgaire
labo, -onem ( = tabanus) 167 qui se rctrouve a l 'origine des dr., ar., mgl. tăim ( e)
et fr. tao-n, alors que Ies it. dial. tavanu, esp. tabano renvoient a la forme ta-
banus. Le panroman vespa (it. vespa, fr. guepe, prav., cat. vespa esp. a-vispa,
pg. bespa, etc.) a donne des descendants en roumain: dr. viespe, ar. yeaspe
mgl. yiaspi. Le panroman formfra (it. fonnica, fr. fourmi, prov., cat. for-
miga, esp. hormiga, pg.jormiga, etc.) > dr. furnică, furnigă, cir., mgl. furnigă,
furnică, ir. j(u)rniga; ses derivesforniicare (it. formicarc, fr. fourmiller (a. fr.
Jourmier),pg.formigar) >dr. furnica, ar. jnrnicet formicosus >dr. (rare)
Jurnicos (voir aussi esp. hormigoso). Une forme latine restituee *gr_vlliolus
(<gryllus <i gnllon »>it. grillo, prov. grilh, cat. grill, esp. grt"llo 168 ) pourrait se
trouver a}'origine du descendant synonyme roumain greier ( grior( e), grier, greir,
etc.) 169 . Ce fut egalcment depuis une forme restituee, *jlu(c)tulus qu'on
aborde l'explication du dr. flutur( e) « papillon, p;:iillette » (cf.flutura (( Yol-
tiger, flotter » < *jluctulare <fluctuare < fluctus) 170 • A noter la presence
en albanais de flutur aYcc le meme sens 171 .
165. Le i:;anroman vermis (it. ven11c, fr. 7.:er, prov., cat. ·vcrm, esp., pg.
verme, etc.) se retrouve dans tous Ies dialectes de la langue roumciine: dr.
vierme, ar. ·rerm, mgl. yiarmi, ir. gl'erm(i), gl'arme (l'ermu, i·ermu); son
double, vermen s'est trouve, entre autres, a la base du derive vermhzosus, a
partir duquel ont evolue Ies dr. viermănos, ar., mgl. yirminos <( vereux ». Ri-
mare (<rima) «sonder, cxplorer, fouiller », conserve dans l'it. dial. rzmzare,
prov. rimar, rumar, cat., esp. rimar et, comme nous l'avons deja vu (cf.§.26),
en albanais rremoj, a eu les descendants dr. rîma, ar. (a)rîm(are), râm(are),
mgl. rîm. rămari <( creuser, fouiller »; le nom rîmă <( ver de terrc » du daco-
roumain passe pour un post-verbal de rîma 172 . Lumbrirns <( ver intestinal>>-
(it. lombrico, a. fr. lonibri, prov. lcmbrfr, cat. llambric, pg. lombriga, etc.) >
dr. limbric, ar. lîmbric, limbric, idem. De serpis, -em ont evolue Ies dr. şarpe
(arch şearpe), ar. şarpe, şearpe, mgl. şarpi, ir. şarpe, şerp(u) « serpent ». Vi-
pera <4 vipere, serpent » (it. vipera, sarde pibera, prov., cat. vibra, esp., pg.
vibora, etc.) a donne en dr. viperă et en ar. *vipiră (voir n'l'i.pirrdzu (( rendre
ou devenir mechant comme une vipere») 173 ; en daco-roumain, le mot est
atteste dans Ies textes du XVIIe siecle 174 et il represente selon toute proba-
bilite un clement latin herite 175 . D'un lat. *brosca ont pu evoluer les dr., ar.
rngl. broască « grenouille » (en daco-roumain et arournain) et <( tortues » aussi
dans Ies trois dialecte8, mais en daco-roumain ~eulement dans le syntagme

1ee Mihăescu, Lg. lat., p. 278.


187 Ibidem.
1 ee REW, 3900.
119 PEW, 734; DELR, 755; DA, II, 1, p. 304-305; DER, p. 378; SDE, p. 90.
7
1 0 PEW, 627; DELR, 610; REW, 3384; DA, II, 1, P· 145-146; DELRO:M, P· 82.
171 Fjalor i gjiihes se sotme _shqipe, Tirana, 1980, p. i90.
"l?a TDRG, p. 132i; PEW, 1461; REW, 7320; DLR, IX, p. i58.
173 DDA, p. 1266, 919.
'1'4 TDRG, p. 1751.
m PEW, 1904.

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200 H. Mihăcscu

bro;1scă ţestoasă; brothacus ( < gr. ~?6-:oc xo; « grenouille ») a pu devenir


en dr. broatec, brotac, ar., mgl. broatic « rainette »; le mot existe egalement
dans Ies dialcctes italiens meridionaux, mais avec un v initial (vrotiku, vru-
thaco, 1:r6taku)- ils sont de date plus recente que ceux avec b, trammis au
roumain, qui pourraient remonter meme avant le nrc siecle; notons aussi la
pres·?nce d'un corresp::mdant en albanais avec le meme son initial qu'en rou-
main (brd(<;)ll « mâle de la grenouille »), qui s'avere susceptible de suggerer
une possible origine autochton'? de ce mot 176 . Le panroman piscis, -eni (it.
pesce, pro\'. pcis, CJt. peix, esp. pez, pg. pez:xe, etc.) se retrouve tant au point
de \'Ue de la forme, que sous le rapport semantique dans Ies dr. peşte (arch„
reg. peaştc)' ar. peaşte, pescu., mgl. peaşti; piscarius (I poissonnier I) (a. fr.
peschier, f r. di31. peskye « pecheur &, it. pescaia <c endroit pour la peche •. esp.
pesquer,i, pg. p,·squeira « pecherie &, etc.) >dr. pt'scar <1 pecheur », mais auss.i
<c poissonnier, marchand de poisson >1, <1 r. p1:scar « pecheur »; piscosus <1 riche
en poisson >) (it., esp. pescoso) >dr. (arch., reg.) pcscos (păscos) idem. I

1()6. Du lat. \'ulg. passar, -arem (ne de l'assimilation de passer, qui.


durant la basse-epoque, av.iit elargi sa sphcre, ne signifiant plus comme aupa-
ra,·ant seulcment <1 moineau » ou « autruche ». mais aussi « oiseau » en gene-
ral) 177 , atteste dans Ies sourccs latines du lile et du Vle siecles, d'ou i1 de-
vait pass•!r aussi dans la litteraturc byzantine 178 , dcvait ~e developper le
dr. p,isăre avec le sens litteraire d'« ois:?au • ct avcc le sens regional (Transyl-
vanic, Bancit, Bukovine) de <1 moineau •. On rele\'e des desccndants de passar
egalement Cil frioulan (pdsare), catalan (passora), espagnol (p,ijaro), por-
tugais pdssaro, alors que passer a persiste en it. passero, fr. passe, prov. pa-
sei- 179 • D'un latin restitue *exvolare, dont la realite est d'autant plus attcstee
par la presen ce d' advolare lftl, ont pu resulter Ies dr. zbura ct ar. a::boair, (a) ::bor
<c volcr 1> (voir Ies it. votare, cngad. svolcr, frioul. ::vold). Par alapa (cf. ala
(C epaulc, aisellC, aile I); Calabr. a/apa) 181, el traVefS Un *alt'pa (<ala pa) 182 ,
ou par alipes « .iile » , avec des evolutions semantiques plus ou moins com-
183

plexcs. on a argumente l'e\·olution conduisant aux dr. aripă, ar. aripă (avec
la ,·ariante areap1:tă, expliquec a son tour par une influence albanaise) 184 ,
mgl. (i)aripă « aile ~- Pi1ma « plume &, <1 ailc » (it. pemta, frioul. pene, fr.
pcnne, prov. pena, pg. pma, etc.) >dr. pa1tă (arch., reg. peană) (! plume,
aileron (de cert;:iins poissons), nageoires (rarement) •, ar. peană <1 aile, plu-
„,
me mg-I. peană « plume, aile » (a Oşini ou l'on ignore le mot (i)aripă), ir.
P~n~, per <c plumc 1> 185.
D'un lat. vulg. *cubium (<cubare; voir it. dial. kubi, kobi) 188 serait
derfre le dr. cuib, ar. cuib(u) (avec dans Ies deux dialectes le derive synonyme
176
REW, 1331: Mihăcscu, fofl. gr„ p. 59, 185.
17
DELL, p. 486.
;
1 ; 6 l\lihăescu, Lg. lat„ p. 174, 278.
179 REW, 6268.
160
l\lihăcscu, Lg. lat., p. 26.
161
REW, 310; DA, I, 1, p. 254-255.
162 DDA, p. 199.
163
DER, p. 37-38.
184 DDA, p. 195.
185
REW, 6514; DLR, VIII, 1, p. 52-55; Capidan, Megl., III, P· 218-219; Puşcariu,
.St. istr„ III, p. 126. ·
188 PEW, 432; DELR, p. 68; DA, I, 2, p. 958; SDE, p. 215; DDA, p. 397; Gapidao,
.\fegl., III, p. 84.

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Du latin au roumain 201

cuibar), mgl. eul' b, cuib, ir. col'ubu, cul'ibu, cujibu, cuib (bisyllabe) « nid J>; Ies.
formes ·al' du meglenoroumain et de l'istrorourn. in ont ete expliquees par la
meta.these d'un *cubl'u. Le panroman ovum (it. 1t01•u. sarde oit, fr. reuj,prov.'ltOU,
cat. ou,. esp. lzucvo, pg. ovo, etc.) se retrouve aY1·c la meme signification dans
tous Ies dialectes de la langue roumaine: dr., ~r. ou, mgl. uou, ir. ou, ov, uov
(cf. it. uovo) <c ouf ». De pullus «petit d'un animal; poulet », vraisemblable-
ment a travers une forme intermediaire du parler vulgaire *Pulleus 187 sont
sorties Ies formes dr. pu1:, idem, ar. pu(i)l'u, mgl. pul', ir. pul'u « oiseau,pou-
let ».De piulare ont evolue non seulement it. pigolare, fr. piauler, prov„ cat.,
esp. p~ular, etc., mais aussi ar. ~iur(are) <cpiauler(action de piauler) ». Gar-
rire «babiller, bavarder » (a une epoque relativement tardive, employe en
parlant d'animaux, du resi.e divers: chicn, grenouille, oiseaux) ies a persiste.
en ar. gărăscu, gărăcsw. <c gazouiller d'une maniere assourdissante » (cf. it.
garrire, esp. garrir, pg. garrir; dr. gîrîi, gîrăi, gărăi).
Aquila (it. aqmta, a. fr. at'lle, fr. ai1:.~le, prov. aigla, cat. aquila, tsp. dgui-,
la, pg. aguia, etc.) se retrcuve sous le rai;port de la forme, ainsi qu'au point
de vue s€mantique dans: dr. (rarement) aceră, aciră, ar. aţiră 189 ; toutefois,
l'absence d'une confirrnaticn a son sujet dans Ies textes anciens ou verita-
blement populaires laisse place aussi a la supposition qu'il pourrait s'agir
de la simple creation artificielle ·le quelque philologue latinisant du x1xe
siecle, doue d'un sens exceptionnel de la langue uo. Vultur ( < voltur) « vau-
tour » (a. fr. voutre, csp. budre, pg. abutre) >dr., ar. vultur, mgl. văltur, idem
(a. it. avvoltore, fr. vautour, prov„ cat. i·oltor derivent d'un lat. *vultore) 191 .
Le panroman corvus « corbeau » (it. corvo, a. fr., prov. corp, cat. corb, esp.
cuervo, pg. corvo, etc.)> dr. corb, ar. corbit, rngl. corb (corp, cuărb), ir. corb(it),
idem; un autre descendant de ce mot, deja releve precedemment (cf. §. 26)
est l'alb. korb, idem.
Cuc{ c)us (= cuculus « coucou ») (it. cucco, sarde kuk(k)u, frioul. kuk,
fr. coucou, prov. cogul, esp. cuquillo, pg. cuco, etc.) >dr., ar., mgl. cuc, idem;
le panroman merula (vegl. m1·arla, it. merla, merlo, frioul. mierli, fr. merle,
prov., cat. merla, esp. mierla, pg. melro, etc.) > dr. mierlă, ar., mgl. nerlă,
nărlă t merle »; graulus (= graculus) « geai, choucas » (it. dial. raulu, grola,
fr. grole et dial. graulo, cat. graula) >dr. graur « etourneau >)" galgulus (( lo-
riot)) (= *galbulus < galbus ~ vert pâle, jaune ») 192 >dr. reg. grangur, idem,
«merle » (cf. ar. gangur ~ vert fonce, vert-ncir; vert-jaune »). D'un latin vul-
gaire *perturnicula ne de Ia contamination perdix +
*coturnicula (< cotur-
nix = cocturnix) ont pu resulter Ies ar. pitrunfrl'e, pi'turnicl'e, dr. potîr-
tiiche « perdrix & ; du pluriel turdi (de tur dus « grive ») a ete refait le singulier
sturdz(u ) du daco-roumain (regionalisme, dans le nord-ouest de la Moldavie)
et de l'arournain, devenu sturz dans le rournain litteraire, mais tout en conser-
vant son sens; palumbus «pigeon » (it. palombo, prov. palomba, cat. paloma.
esp. palomo, pg. pombo) > dr. porumb, ar. părumbu, purumbu et en alba-
nais pellumb, ayant chaque fois garde son sens etymologique. D'un derive

187 PEW, 1395; DELR, 1454; DLR, VIII, 5, p. 1734-1737; DER, p. 675; SDE,
p. 341..
188 DELL, p. 267.
lB9 HEM, I, p. 144- 145; DA, I, 1, p. 19; DDA, p. 239.
190. PER, P· 4.
191
REW, 9466; PEW, 1923; DDA, p. 1281; Capidan, Megl., III, p. 322.
19 z DELL, p. 266.

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202 H. Mihăescu

du lcitin vulgaire *pervigilatoria ou plutOt par un processus de derivation


dans le champ du roumain de priveghea u veiller • ( < pervigilare) est ne le
dr. privighetoare « rossignol t (oiseau chanteur qui vcille la nuit - cf. l'allem.
Nad1tigall); cn daco-roumain privighetoare designe « une fcmme qui veille,
qui participe a une veillee •• donc a un rituel nocturne.
La forme \1.llgaire striga (= strix, strigis) « grand-duc, oiseau de nuit;

strige ou sorciere 193 (it. dial. striga, a. fr. estric, pg. estria, etc.) lst >dr.
stri;ă <1predatcurdenuit t(oiseau) (Tytoalba guttata);«sorciere» (et par deri-
vation strigoi « re,·enant, fantâme „), ar. strigii « ~trige; sorciere t 195 ; ces for-
mes romJncs supposent un verbe strigare ( < striga) 196 duquel scraient nees
Ies formcs dr. striga, ar. strig( are) <1 crier t (it. strcgare <1 faire des charmes,
sorcl'llcries „); ii s'agit donc de desccndants dont le sens s'avere plus ou moins
proclw de J'originaire, mais de toute e\·idence en relation avcc celui-ci.
D'un hypothetique *cucullius (= curnllus « capuchon t ont pu se de-
vclopper Ies: dr. curni « bosse (au front); bos~dure; pointc; huppe; cime
culminante» (le terme est generalemcnt rcpandu seulement avec son premier
sens; le quatrieme sens, cl'lui qui nous importe ici, il n'a ete relcve qu'en
Transyh"anie ct cn Molda,·ic), ar. cucul'u « huppc; sommct; bout du capu-
chon; cocon t, mgl. meul' « inflammation, bouffissure, renflement; monticu-
le• 197 . Turtur, -mi « tourterelle •est dewnu: dr. (reg.) tu.rtură, ar. turtură,
m.~1. tiirtură, turtuni, idem (voir it. tor/om, a. fr. tourtrc:, prov. tartor, cat. tort-
ril, esp. torto/o, etc.); du diminutif turturella sont nes aussi bicn Ies it. torto-
rd/,1, frioul. tort or de, fr. fo1trlerelle, esp. tortorilla, Ptc. 198 , que Ies dr. turl1trea
et dr „ ar. turturL·auâ (forme rcconstituee d 'apres le singulier art icule -turturea-
ua199. Les choses \'Ont de meme dans le cas de ltirundo, hirundi11em «hirondelle •.
dont sont nes soit directement, soit a part ir d'unc fonne reconstruite *hi-
rwi.11!/,i Ies ar. (a)ri11d11ră (arindurică; alindură, alînduri:şe), it. rottdine,
pro\·. ironda, etc., respectivement *hirundiulla ( < hirundimts). qui a evo-
lu~ en dr. sous Ies fonn~s riniurea (reg.). riltdum:a, rin,dunică (par un change-
ment de suffixe). etc., it. ro1idinella, fr. hirondelle, prov. irondela 200 • Un hypo-
thetique *drepanella ( <drepanis <gr.) « especc d'hirondelle expliquerait le dr. „
drt"pnea, idem (<a. dr. *drepănea) 201 .Le panroman grus, gruem «grue t se retrou-
ve tant au point de vue de la forme que sous le rapport semantique dans le dr.
reg. (dans le nord-ouest du pays) grm:, vuic etc.; voir aussi it. gru, sarde gru, fr.
gru.c, pro,·., cat., esp., pg. grua, etc. 202 ; d'un compose vulgaire restitue *codo-
battula (cf. cauda trenmla; pour battula cf. it. battola t claquet, tarabat t) pour-
raicnt avoir resuite les formes dr. codobatură, codăbatură, cotorbatură, ar. coa-
dăbatură, cudubatură, cutrubată, mgl. coadărăbadără « hoche-queue t (comp.

181Ibidem, p. 656; Mihăescu, Lg. lat., p. 217.


lH REW, 8308.
m DVA, p. 1122.
ae DELL, p. 656; REW, 8310.
187 DELR, il9; DA, I, 2, P· 948; DER, p. 257; SDE, p. 215; DDA, P· 393; Capidan,

Megl„ III, p. 83.


iaa REW, 9010.
198 PEW, 1780; DER, p. 868; DLR, XI, 3, p. 748-749; SDE, p. 440; DDA, p. 1207-

1208; Capidan, Megl., III, p. 291.


1oo REW, 4145, 4146; DELL, p. 296; PEW, 1465; DLR, IX, p. 474-475; DER, p.
700; SDE, p. 364; DDA, p. 137, 202, 1042.
2°1 PEW, 549; DELR, 516; Rosetti, ILR, p. 191; DEX, p. 281; SDE, p. 121.
101 REW, 3896; PEW, 742; DELR, 770; DA, II, l, p. 321.

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Du latin au roumain 203

avec it. codatremola, fr. dial. battequeue 203 ; colur.zbus, -a «pigeon » (it. colom:
bo, -a, fr. co/ombe, prov. colomba, etc.) a persiste aussi en dr. corombă, (s)co-
roambi, corumbă, coroabă, etc., ar. curttbiţu, ir. ccrumbfJ, alb. kullumbri (entre
en aroumain comme synonyme de curubiţu), lmllumri (voir ci-dessus §. 26);
le mot a eu une evolution semantique similaire dans tous Ies idiomes du
Sud-Est europeen, par suite de laquelle ct rn r<:dson d'une association
d'idees fondee sur la cculeur de l'oisrnu a abouti aussi au sens de
<prunelle (Prunus spinosa) » (comp. avec l'it. colombo « Iatroevibriza palma-
ta »); la meme associ<J tion semantique fondee sur la couleur explique aussi le
synonyme daco-roumain porttmbar (<porumb « pigeon ») 204 •
167. Un terme de l'importance de s1'l-va « foret », devenu en it. sefra,
a. fr. seuve, prov., cat., esp., pg. selva, idem, n'a pas cu pourtant de descen-
dants dans la langue roumaine, ni en general chez la romani te sud-est emo-
peenne, ou nous avons rrncontre cn n-Yanche ceux du terme lat. vulg. pa-
dufrm = paludem (dr., ar. pădure, mgl. Pădur(i), alb. pyll) ~ 05 • Par contre,
le derive salvatfrus (doublet tardif et vulgafre de s1'lvati'cus) « qui pousse, ou
qui vit dans Ies cois; sauvage »ms reapparaît aussi bien en it. salvatico, en-
gad. suli adi, frioul. salvadi, fr. rnuvagc, prov. sal·vatge, cat. smt1)atge, esp.
1

salvaje, pg. salvagcm, que dans la forme dr. et mgl. sălbatic, idem. Fera «bete
sauvage I) (it. fiera, prov. jera, pg. jera) s'est conserve egalement en dr. fiară,
idem; la panroman cauda, coda (vegl. kauda, it. coda, frioul. kode, fr. queue,
etc.) >dr., ar., mgl. coadă, ir. code « queue >); le panrornan cornu «come»·
(vegl. kuarno, it. corno, fr. cor, prov.~ cat. corn, esp. cuerno, pg. como, etc.) >
>dr., mgl., ir. corn, ar. cornu, idem; le derive cornutus «cornu» (vegl. kar-
noit, it. cornuto, sarde korrudu fr., cornu, prov. cat. cornut, esp., pg. cornudo
etc.) se retrouve de son cote dans les formcs dr. cornut ct ar. curnut, toute;
Ies deux ayant garde la meme signification originaire de l'etymon fatin, signi-
fication conservee, comme nous l'avons deja vu (§. 26), egalement par le
descendant albanais kerrute; en revanche, le dalmate (vegl.) karnoit a ete
releve avec le sens denve de «vipere cornue » (voir ci-dessus § 95).
Branca « patte » 20 7 (it. branca, fr. branche, prov., cat. branca, esp., a.
pg. branca, etc.) s'est conserve aussi en dr. (arch., reg.) brîncă, idem, qui
a pris aussi parfois le sens de «main » (sens mieux connu seulement par ses
derives, certaines locutions et idiotismes: a îmbrînci «bousculer »; pe (ou în)
brînci «a quatre pattes », a cădea în brînci « tomber sur Ies mains; tomber
de fatigue »; a munci pe brînci « travailler jusqu'a l'epuisement; travailler
d'arrache-pied ». Morsicare ( < morsum) « mordre » (it. morsicare, prov., cat.
mossegar, etc.) >dr. (pop., reg.) murseca, ar. *mursic (cf. mursicare), idem
Sorex, soricem « souris » (vegl. surko, it. sorcio, sarde s6rige, s6rig1t, esp. sorce
etc.) >dr. şoarec(e), şoaric(e), ar., mgl. şoaric, ir. şorece, idem (Ies forme~
des autres langues romanes renvoient a un hypothetique *soricius > frioul.
soris, fr. souris, prov. soritz). Ericius > dr. arici, ar. ariciu, mgl. (dans Ie
village de Huma) ar,t'ci, alb. iriq «herisson » (it. riccio, frioul. rits, prov. cat.

203
DELR, 150; DA, I, 2, p. 631-632; DDA, p. 374, 396, 425; Capidan," Megl., III, p.
V4; DER, p. 217; SDE, p. 189.
204 REW, 2066; PEW, 404; DELR, 398; DA, I, 2, p. 802; DDA, p. 402.
110° Voir ci-dessus, §. 32.
2011 DELL, p. 626; Mihăescu, Lg. lat., P· 174.
20 7 DELL, p. 75; Mihăescu, Lg. lat., p. 280.

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204 H. Mi hăescu

aritz, esp. erizo, pg. ouriyo). Le panroman lepus, -orem (vegl. lipro, it. lepra,
fr. lievre, prov. lebre, cat. llebre, esp. liebre, pg. tebre, etc.) > dr. iepure, iepur
(variante populaire, regionale), ar. l'epure, l'epur, l'epre, mgl. l'epuri, l'epur,
ir. l'epure, l'epur et aussi l'cilb. lepur « lievre 11; rodcre >dr. roade, ar. arod,
mgl. rod « ronger » (it. rodere a. fr. raure, prov. roire, ro::er, esp., pg. roer).
Vu!pis (ace. vulpem) > dr., ar. vulpe « renard • (it. 'i.'olpe, engad. v1wlp, prov.
1:olp). Le panroman lupus (it. lupo, fr. loup, prov. !op, cat. llop, esp., pg. lobo,
etc.) >dr., ar., mgl., ir. lup« loup„; de ululare (>*ur(u)lare) sont nes
Ies dr. urla, ar. ( a)urlu, mgl. urlu « hurler » (it. url,zrt', sarde omlare, urler,
frioul. urlii, fr. hurlcr); par <lerivation cn roumain ou bien d'un lat. *uJulator
on este arrive aux formt:s dr. urlător, ar. a urlător <• qui hurle » (it. u,rlatore,
fr. lz11r!t ur). Le panroman ursns (it. orso, engad. uors, frioul. urs, fr. ours, prov.
ors, cat. os, csp. oso, etc.) se retrouve cn dr. urs, ar. ursu, mgl. ir. urs; <1ours i>;
le feminin ursa (it. orsa, engad. uors.i, fr. oursc, prov. orsa, cat. ossa, esp.
os,i, pg. ursa) dev<iit donner naissance dans hi l.J.ngue roumainc aux formes:
ar., mgl. ursă« ourse •. mais dans Ies deux dialcctcs il y a encore un synonyme
de ce mot: 1trsoan'ă ursoan',:, cree par deiivation locale, de meme que 1trsoaie,
ursoaică du daco-roumain ou ursiţă de l'istro-roumain. Caprt'olus (<caper,
-pri) est devenu en dr., ar. căprior <1 chevrcuil 11 (it. capriolo, fr. chevreuil,
pro,·., cat. caoriol, etc.), cn passant aussi, comme nous l'avons vu aillcurs
( §. 26). m alLanais (kapruall, llaproll, idem). Bubalus > dr. bour« auroch »,
une cspL·ce ayant jadis vecu aussi dans Ies Carpates; I' espece a disparu de-
puis longtemps, mais le mot s'est illustre ct transmis a travers Ies âges en
rai~on de son utilisation a partir du XIV'' siccle d jusque VL·rs le milieu du
XIX'" pour decrire le blason de l<.1 ~foldavit?, qui comporte une tete de «bour t;
le mot a des descendants non sculemcnt cn albanais (bu.ill), mais egalement
en grec (~ou~ocAo~), gallois (bual), dans ll'S langues slavcs meridionales
(bg. bivol 20a, ser. bivol 209 , d 'ou il est rentre en roumain sous la forme bivol

avcc le ~ens de (I buffle :no); dans Ies langues romanes occidentales, se sont
transmi~es Ies variantes bubal!ts (moi ns frequcnte; voir csp. bUbalo) et b1t-
j.1lus (plus frequenh': it. buf11lo, fr. bufjlc, prov., cat. brufol, esp. pg.
bitjalo) 211 .

Les parties du corps humain

168. Une foi:. de plus le materiel lexical s'avere particulierement abon-


dant et varie. Les diHrses notions gui le composent englobent Ies sous-cha-
pitres suivants: GeneraWes; La tete; Les maiiis et les pit:ds; Le tronc. Nous leur
consacrerons, comme a l'ordinaire, un paragraphe a chacun, tout en nons ane-
tant sur Ies termes Ies plus importants et en nous bornant a la seule enumera-
tion des autres.
11 scmblcrait que le lat. corpus, legue a toutes les langues romanes de
!'Occident (it. corpo, sarde corpus, kuerp, frioul. kuarp, fr. corps, prov. cors,
cat. cos, csp. cuerpo, pg. corpo) ne s'etait pas conserve en daco-roumain, ou
il aura subi la forte concurrence du synonyme slave trup ( < v. !:ol. trupu);
208 BER, I, p. 46.
208 SER, 1, p. 164.
210 DA, I, 1. p. 570.
111 REW, 1351.

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Du latin au roumain 205

en effet, Ies prem1eres attestations du dr. corp ne remontent pas plus haut
que la fin du xvnie - le commencement du x1xe
~iede, ce qui a incite
certains specialistes a le considercr comme un neologisme latino-roman 212 •
Mais, la presence de corpu « corps » en aroumain, de corp, idem en megleno-
roumain et en daco-roumain regional, comme termes du parler populaire,
autrement dit fort probablement herites (ce qui jctte un jour nouveau aussi
sur !'origine, estimee obscure, de l'ar. corpu) 213 , ainsi que la prcdilcction,
connue et explicable, dans le contexte culturel du tcmps, de la langue des
sources datees des XVF -XVIIe !>iecles 214 pour Ies synonymes slaves plai-
dent en faveur de la these considerant le dr. corp comme un hcritage du
latin 215 . A l'heure actuelle, en daco-roumain, le mot corp est un terme litte-
raire, usuel, alor!> que son synonyme trup appartient au parler populaire.
Factura «aspect, visage, forme» (it., log. jattura, fr. faiture, prov. facltura,
pg. feitura) >dr., ar. făptură (< creature », alb. fyture, ftyre (cf. ci-dessus
§ 26) «face, aspect; forme 1>.
Le panroman ossum (d. vuas, it. osso, fr., prov., cat. os, csp. /meso,
pg. osso, etc) >dr., ar., mgl., ir. os (prononce 1ws) «os»; (le piuriei daco-
roumain et ciroumain prend le sens d'« os::.ements 1>; du lat. ossuosus (voir
aussi it. ossoso, prov. ossos, fr. osseux, esp. ososo) ou par derivation en rou-
main est ne le dr. osos « osseux ». Fractura (it. frattura, prov. jrachura, cat.
fretura) >dr. frîntură, ar. frîmtitră, mgl. frăntătură « cassure, brisure, rup-
ture» (au point de vuc phonetique, Ies formes roumaines ont ete expliquees
soit par fractura (qui a subi l'influence de frînt), soit par *jranctura (<fractura,
soit,enfin, comme des derivees de frînt, le participe passe de frtnge (ar. /ringu,
mgl. frQng) « casser, rompre » ( <frangere, idem; voir aussi it., sarde fran-
gere, fr. freindre, prov. franher, cat. franyer, esp. dial. francir, pg. franger).
Le pan roman medulla (it. midolla, midollo, fr. moelle (fr. dial. 1nztdelo). prov.
mezola, etc.)> dr. măduvă (măduă, mădultă, etc.), ar, măduy,ă, mgl. miduţ1.ă
« moelle »; d'un *medullarium ou medullaris proviennent dr. mădular « chaque
membre, partie ou organe d'un etre vivant 1>, ar. mădular «occiput; membre•
(ce dernier ~ens existe aussi en a. dr.). Le panroman vena (d. vaina, it ve-
na, frioul. vene, fr. veine, prov., cat., csp. vena, etc.} >dr. vînă, ar., mgl.
vină «veine, artere» (com.rne sens de base); venosus (voir it. venoso, fr. vei-
neu:c, prov., cat. venos, esp. venoso) >dr. vînos, ar. vinos « veineux; fort,
vigoureUX I). 11fUSCUlUS (<mus) (esp. mztslo, pg. bUCftO, log. mUSU) devait
evoluer de la m~me fac;on en dr. muşchi, ar. muşcl'u «musele; filet», mgl.
mu~chi «la chaire de la region lombaire 1>; musculosus «musele»> dr. (reg.)
muşchios (dans la langue litteraire, le neologisme latino-roman 1n!tsculos) I

ar. muşcl'os, idem; nous avons releve ailleurs (§. 26) les descendants alba-
nais de musculus: *mushk, mushkeri, mushkeni.
Le pan.roman sanguis, sanguem, (it. sangne, engad. saung, fr. sang, prov.
cat. sanc, esp. sangre, pg. sangue) >dr. sînge, ar. sîndze, mgl. SQn( d)zi, săn­
zi ir. sănje, sănze « s;ing »; (in)sanguinare (it. sanguinare, log. insambenare,

zt2'DA, I, 2, p. ll07-808; DER, p. 237; DEX, P• 200.


213 DDA, p. 382.
214
Une l<J.ngue, par ailleurs, insuffisamm~nt etudiee dans scs details, puisque Iessources
de cette epoque, et pour etre exacts, surtout celles du xvne siecle (de beaucoup plus nombreu-
ses et plus va.ricas que celles du siecle precedent) n'ont pas ete examinees integralement jusqu'ă.
present sous ce point de vue-Ia.
2 15 PEW, 403; DA, I, 2, p. 803: Puşcariu, LR, I, P· 186, 193; SDE, p. 205.

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H. Mihăescu
206

frioul. (in)sangand, fr. saigner, prov. sangnar, esp. sangrar) >dr. (în)sîn-
gera, ar. sîndzinedzu, mgl. SQnzir, sănzir (voir mgl. sănzirare, sănzirat) <1 sai-
gner; ensanglanter »; sanguinosus (it. sangui1Wso, fr. saigneux, prov. sancnos.
cat. sangonos) > dr. singeros, ar. sîndzinos « sanglant ». Cruentus ( < cmor,
-oris) « sanglant » (it., esp., pg. cruento, engad. criaint) >dr. crunt <1 san-
glant, ensanglante », (arch., reg.) . .<' sa_n~u~naire; terribl.e, menai;an~ »; cr11cn-
tare >dr. (arch., reg.) crunta <1 foire 1a1llu du sang, fa1re une enta1lle »; *in-
crumtare (cf. i1:cruentat11s) > dr. încrunta <1 (arch., reg.) en~anglantcr; pren-
dre un air tcrrifiant, froncer Ies sourcils, s'assombrir » (la forme a prefixe
peut a\"oir ete creee sur le terrciin du roumain) 21 6.
Le panroman caro, carncm (d. kuarne, it. carne, log. karre, cr.gad.,
frioul. ~um, fr. clzair, pro\"., cat. cam, esp., pg. came) >dr. came, ar.
carne, car(r )ă, mgl. c,n11i, ir. câme « chair, viandc ~; camosus (it. camoso,
afr. clzar1lfus, prov., cat. camos, esp., pg. carnoso) >dr., ar., mgl. cămos
<1 charnu •). Le panroman pdhs, pellem (d. pirrl, it. pelle, engad. p,·/, frioul.
piei, fr. peau, prov. pcl, cat. pcll, esp. piel, pg. pde) >dr. piele, ar. kale,
mgl. ~ah <1peau1). Le panroman pilus (d. pai/, it. pdo, log., eng<'d. pilu„
pad, frioul. pc!, fr. pod, proY., cat. pc!, esp. pclo, pg. pelo) >dr. păr, ar.~
rngl., ir. per « poil, chc\·eu •>.
169. Le panroman caput (d. kup, it. capo, Jog. kabu, frioul. 7'aj, fr. chef.
prov., cat. cap, esp., pg. calo)> dr., n., mgl., cap, ir. căj>u <1 tete», «chef•
(atte~te en dr., ar., mgl. a\"cc d'autres sens derives) 217 ; le derive lat. vulg.
capitina <1 tete I) 218 >dr. ciipăţînă, ar. căpiţi11ă, căpăţînă <1 tete, crâne 1>, mgl.
căpă/Qttă <c bulbe d'oignon, tete d'ail » (sens atte~te aussi bien en daco-rou-
main qu'en aroumain) 219 ; le diminutif capitellum a evolue au point de vue
<le la fom1e et sous le rapport scmantique en donnant le dr. căpeţel <1 commen-
cemcnt; chapitcau (arch.); bout » (\"oir aussi l'it. capitcllo « Knopf, Knauf »„
prov. capdcl « Kopfchen; Scbnorkel • ( > fr. cade au <1 initic?le •>). prov .,
cat. capdel <1 maître l), etc.). Le panroman testa (d. tjasta, it., sarde, prov.,
aat., csp., pg. testa, a. fr. teste {> Ute), etc.) >dr. ţeastă <1 tete, crâne, cara-
pace >) (le ~econd sens dans le derive ţestos usuel dans le cas du mot compose
broască /cstoasă <1 tortue »). Le panroman jrons, -ontem (it. jrontc, engad.
jru11t, fr., prov., cat. front, esp. fre11te, pg. /rente) >dr. frunte, ar. frimte,
jru11te, fru11di, mgl. frunti, ir. frunte «front t. *Templa = tempora > dr. tîm-
plă, mgl. timbă <1 tempe • (it. dial. tempia, teimpya, fr. temp(l)e; voir aussi,
ci-dessus, §. 26, l'alb. temU, tembel « tempe ».
LaL \·ulg. ort"cla ( < aurimla) (d. orakla, it. orccclzi"o, frioul. orel'c, fr.
orci"lle, c::it. orella, esp. ort)a, pg. orellza, etc.) >dr. ureche (arch.: itreacl'e„
urecl'c), ar. ureacl'e, mgl. ureacl'ă, ir. urecl'e, urecl'e <1 oreille ». Le panrornan
nasus (d. nuos, it. naso, log. nazu, friou( nas, fr. nez, prov., cat. nas, esp.,
pg. naso) > dr., ar., mgl. nas <1 nez ». ir. nas « museau ». Le panroman nares
<1narines, nez», naris (gen. sing.) <1nez» (a. it. (a)nare, log. nare, prov. nar,
fr. dial. narre, 1tarro, etc.) > dr. nară, nare (reg.) « narine »; <1 nez » (arch.,
reg.); <1 muscau •> (reg.), ar. nare <1 nez » (usuel), <1 narine », mgl. nari <1 museau ».

21e REW. 2343; PEW, 418; DELR, 414-416; DA, I, 2, p. 932-933; II, 1, p. 608-
609; SDE, p. 509.
m REW, 1668; DA, I, 2, p. 88-95; DDA, p. 312-313; Capidan, Megl., III, p. 58;
Puşcariu St. fatr., III, p. 105.
21e Mihăescu, Lg. lat., p. 28, 280.
m DA, I, 2, P· 100; DDA, p. 338, 340; Capidan, Megl., III, p. 58.

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Du latin au roumain 207

Le panroman oculus (lat. vugl. oclu(s) 220 (d. vaklo, it. occhio, fr. oeil,
prov. i-eelh, cat. ull, esp. ojo, pg. olho, etc.) >dr. ochi, ar., ir. ocl'u, mgl. uocl'u
« reil »; *gennae = genae (le singulier est tres rare) <1 joues » 221 a donne dr.
gene (sing. geană) « (arch.) paupieres, cils », ar. dzeane ( dzeană), mgl. zea ne
(zeană)' ir. zane (( sourcils t (voir aussi le prov. gena, qui a garde toutefois le
sens du latin) 222 ; supercilium devait persister en it. sopracciglio et en fr. sour-
cil; le pluriel supercilia s'est conserve en pg. sobrancclha; d'autre part, super-
+
-cilia *genna ou *supercenna ( = *supergenna), conserve en esp. sobreano,
conduiront aux formes dr. sprînceană, sprinceană, ar. sprindzeană « sourcil »;
*subfronticclla ( < frons, -ntis ((front•) est a l'origine des formes dr. (arch.,
reg.) sufruncea 223 et ar. s(u.)jrînţeauă, s(u)jr-îmţeauă, sufrîndzeauă, sufrănd­
zeană (la derniere variante par contamination avec dzeană ou avec sprin-
dzeand) 1lsourcil i> (par consequrnt, synonymes avec sprînceană, sprindzeană)2 24 •
Facia (<facies) 2 ~ 5 >dr., ar., mgl. faţă, ir. fâţa «face, visage » (it.
/aceia. engad. faca, frioul, fatse, fr. face, prov. fasa); precedemment (§. 26),
nous avons deja releve la presence de 1 albanais faq~ <1 face» <facies (voir it.
dial. facce, facci) 226 • Le panrornan bucea <1 bouche, joue» 227 (d. buka, it.
IJocca, sarde bukka,, buokd, fr. baiiche, prov., cat., esp., pg. boca) > dr. bucă
« joue; fe~se » (voir aussi Ies derives bucălat et bucos « joufflu i>, le dernier pou-
vant provenir du reste aussi d.irectement de buccosus,idern) 228 , <ir. bucă «bou-
.chee; joue; cuisse, fesse », mgl, bucă «bief, coursier du moulin » (le sens du
terme rngl. semble deriver de celui de <1 bouche », generalement conserve dans
es langues rornanes occidentales); d'un derive populaire buccata « morceau,
blouchee • 229 est nee la forme dr. et ar. bucată „morceau, bouchee" (voir aussi
it. boccaia, fr. bauchee, prov., cat., esp., pg. bocada) et d'un derive verbal
restitue *imbuccare « introduire dans la bouche i> >dr. îmbuca, ar. ( a)mbuc
cavaler, manger, engloutir ». Le panroman gula <1 partie de la bouche par la-
quelle on avale, gosier, cou et au~si, dans le langage populaire, bouche » 230
(d. ;;aula, it. gala, sarde gula, bula, frioul. gale, fr. gtteule, prov., cat., esp.,
pg. gala) >dr., ar., mgl. gură, ir. guriJ, gura «bouche, gueule » (le sens de
« bouche • du roumain n'apparaît encore que dans quelques d.icilectes fran-
·~ais et provew;aux; le mot est entre aussi en grec byzantin (roo)\oc), avec le
sens de « gorge, gosier t du dalmate, de l'italien, l'espagnol, etc. - 5ens, i1
.nous faut l'ajouter, qui a ete egalement releve sporadiquement dans quel-
·ques anciens textes daco-roumains; le neo-grec, de son câte, a conserve ce

120 Mihăescu, Lg. lat., p. 182.


m DELL, p. 269, REW, 3727.
ll!z REW, 8459; DELL, P· 120; PEW, 1629; TDRG, p. 1476; CADE, p. 1191; DEX
p. 885; SDE, p. 395; DER, 8102; Coteanu-Sala, Etimologia, p. 95. '
sza Attest6 jusqu'?i. present seulement chez Dosithee, dans Viaţa şi petrecerea sfinţilor,
laşi, 1682-1686, 81'. ou on releve aussi le motfruncea 47•, mais sans le sens de e sourcil t qu'a
-l'aroumaiBfrîmţeaud (DDA, P· 564), son sens etant de cfronh (DA, II, 1, p. 180).
Ul DDA, p. 1079, 1130-1131.
2a11 Mih~scu, Lg. lat., p. 227.
m REW, 3130.
217 DELL, p. 77; Mibăescu, Lg. lat., P· 280.
eBI DELL, p. 77.
n 1 Mihlescu, Recond., p. 568.
1 80 DELL, P· 184-285; Mihlescu, Lg. lat., P· 280.

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208 H. Mihăescu

root: you).L « gencive », you).Li1. « gorgee ») 231 ; rostru.m ( < rodo) « ce qui sert
a ronger; museau; bec J>, par la suite il a pris aussi le sens de « bouche; lan-
gage J) (esp. rostro, cat. rostre, rosto, pg. rosto) >dr. rost « bouche » (arch.,
reg.) (m.uel dans des expressions: a şti (a spune, a învăţa) pe de rost« savoir
(dire, apprendre) par creur, reproduire de memoire »); avec aussi le sens de
« parler, voix, langue, langage », ar. arostu, arostru, mgl. rost « bouche 1\ (en
aroumain et en megleno-roumain, le mot a pris aussi la signification de «angle
forme par Ies fils de la chaîne ct dans lequel on lance la navette », sen:. atteste
avec quelques autres er.core deri\·cs de celui originairc, en daco-roum3in ega-
lemcnt); lcs dcscrndants de rostmm dans Ies langucs romanes occidentales
ont pri:- b signif ication de «bec, gueule, face, visage »; dans k dialecte daco-
roumain rost « Louche 1> (resulte donc d'une evolution semantique originale
dans l'cnscmblc <le la langue roumaint') s'cst \'U fortemcnt concurrence par
son synonyme gură, qui a fini par le remplacer presque dans tous Ies cas.
Le panroman dms, -enfrm (d. dia11t(c), it., log. dente, fr., prov .. ccit.
dc11t, esp. dfrntc, pg. dc;ztc) >dr., ar. dinte, mgl. di"nti, ir. di11t(e) <( dmt ».
Le panroman gingiva (it. gi·ngii.•a, engad. gangiva, frioul, d::.ind:::.ie, fr. gmu:ve,
prov. go161·va, cat. grn(y)iva, csp. cnâa, pg. gengi·i·a) >dr. g1:ngie, ar. d~ind­
z1·e, ir. zi11zire «genci,·c 1>. Jif,ai/la <(la mâchoire inferirnre J> (it. mascella. en-
g3d. masu/a, a. fr. 11111issele, pro,·. maisela, esp. mejilla, etc.) >dr. miisea,
măs(e)auă (reg.), ar., rngl. măseauă (măscam'i rcstitue d'apres la forme arii-
culee mifscaua) « molaire •> (l'evolution semantique intervenue en roumain
se retroun seulement dans le sud de la France, par exemple dans le dialecte
lyonais; l'italien, le sarde, l'ancien fran~ais, le proven~al ont garde le sens
latin du mot; en espagnol, en re\·anche, ce terme designe la « joue 1>).
Le panroman falx, falcem • faux; serpe t (it. /alee, log., engad. _/(tlkc,
jauls, frioul, fals, fr. faux, prov. faus, cat. fals, esp. hoz, pg. jouce) >dr.~
ar., rngl. falcă (forme rcstituee d'apres le pluriel) « mâchoire; joue & (evolution
semantique s'expliquant par une ressemblance de forme; nous l'avons con-
statce egalement en albanais (§. 32 ci-dessus) filqinje < *falcinea < falx,
jalcis).
Le panroman lingua (d. lauga, it. lingua, log., engad. limba, leungua,
frioul, lenge, fr. langue, prov. lmga, cat. llengua, esp. lengua, pg. lingoa) >
>dr., ar., mgl. limbă, ir. limb~ dangue t et t langue, langage t; d'un *lingu-
1dus, -a, -mn a du se developper le dr. limbut• grand parleur, bavard, loquace •
(cf. a. it. ling(u)uto, sic., calabr. lingutus, log. limbudu, a. prov. lingut, cat.
llengut). Palatum (contamine avec palatium) >dr. (arch.) păraţ « palais J>.
Le panroman barba (d. buarba, it., sarde barba, frioul., fr. barbe, prov.,
cat., csp., pg. barba) >dr. barbă, ir. Mrb~ t barbe, menton J> (le sens de« men-
ton l) deja atteste en latin se retrouve aussi en frioul., it. dial., sarde, fr. dial.,
esp., pg.), ar., mgl. barbă « barbe &. D'un piuriei *mustacia ( < *mustacium <
<gr. µucrrocx.Lov <µucrn:~ «rnoustache t) ont puse developper Ies dr. must( e)a-
ţă, ar., mgl. mustaţă, idem (cf. it. mostaccio, it. dial. mustazzo, mustazzu) 232 •

170. (H)umerus, >dr. umăr, ar. (a)1iUmir(e), umir, mgl. numi"r, .ir.
umer « epaule & (it. omero, sarde (dial.) ummaru, esp., pg. hombro): armus
2a1 REW, 3910; PEW, 745; DELR, 772; DA, II, 1, p. 326-329; DER, p. 385; S DE,
p. 93; DDA, p. 603-604; Capidan, Megl., III, p. 147; Puşcariu, St. istr., III, p. lH; Sopbo-
cles, I, p. 337.
23ll PEW, 1141; TDRG, P· 10?6; DELR, 1187; DLR, VI, p. 1032-1034; DER, p. 549
-5~0; SDE, p. 269; Mihăescu, Injl. gr., P· .55.

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Du latin au roumam 209

(<epaule » >dr. (arch., reg.) arm (< cuisse; bras; paleron »,ar. armu, (< cuisse;
paleron » (log. armu, it. dial. crmu, fr. ars); dans le~ deux dialectes roumains
qui l'ont garde, ce mot peut se rapporter soit a l'homme, soit a quelque ani-
mal, de preference domestique, ce qui s'accordera1t a la situation attestee
en latin et dans Ies idiomes romans occidentaux; originale, en roumain, s'avere
l'evolution semantique qui conduit depuis le sens d'« epaule I) a celui de «cuis-
se ». Le panroman spatha (tardif spata, spada) ( < gr. 0'7toc6"f)) connaîtra en
roumain une evolution semantique originale, sous l'influence du derive :spa~
tula, deja atteste chez Varron avec le sens d'« epaule (chez une bete)» - c'cst
avec ce sens-la que le mot a ete herite par Ies langues romanes occidentales
(it. spalla, engad. spedla, frioul, spadula, fr. epaule (a. fr. espalle, prov. es-
patla, cat. espatlla, esp. espalda, pg. espadoa); cela explique cornrnent spatlza
(spata), pl. spathae ( spatac) « cattoir, spatule; epee large et longue »Est devenu
en dr., spate(< dos, region dorsale», ar. spată(< epaule », mgl. spată (<dos (du che-
val) cuisse »,ir. spate<( epaule » (neanmcins, ainsi qu'on le verra ci-apres, la lan-
gue roumaine a beri te Ies autres sens aussi). Su bala (sub ala) « aiselle » > +
> dr. (arch.) suoară, ar., mgl. soară, idem (Ies dr. subsuoară et ar. sumsoară,
sunsoară, idem, sont nes du fait d'une nouvelle derivation, cette fois-ci realisee
sur le terrain du rournain, avec sub (<lat. subtus), respectivement de sum,
sun ( < su < lat. sub); mgl. suptăsoară, idem, ce dernier mot a ete explique
comme une cornrosition de subtus +
subala 233 • Le panrcrnan braclzium (d.
braz, bras, it. braccio, frioul., fr. bras, prov. bratz, cat. bras, esp. brazo, pg.
brafo) >dr., ar., rngl. braţ, ir. braţ« bras»; le derive brachiatum <c branchu » >
> ar. brăţat <c etendue des deux bras, brassee ». Le panroman cubitits (it. go-
mito, log. kuidu, fr. coude, prov. coide, cat. colde, esp. codo, pg. covado) >dr.,
ar. tot, ir. cuvatu, alb. kut « coude » (cf. ci-dessus §. 26). Le panroman manus
(d. mun, it. mano, log. manu, engad. maitn, frioul. man, fr. main, prov., cat.
ma, esp. mano, pg. mao) > dr. mînă, ar. mînă, mănă, rngl. mQnă, ir. măr
(art. măra) <c main ». Le panroman palma (it., sarde, cat., esp., pg. palma,
prov. palma (> fr. palme) >dr., ar., mgl. palmă, ir. palm~ <c paume ». Le
panroman pugnus (it. pugno (>log. pundzu), frioul. pu'ii,, fr. poing, prov.
ponh, cat. puny, esp. puno, pg. punho) >dr. pumn, ar. pulmu, mgl. pulm,
ir. pumăn « poign, poignee ». Le panrornan digitus (d. detco, frioul. det, it.
dito, log. didu, fr. doigt, prov. det, cat. d2"t, esp., pg. dedo) > dr. deget, ar.
dzeadzit, dzeadit, deazit, dezet, mgl. zeazit, Îr, lazet, zazet (C doigt »; pollicariS
c d'un ponce» (frioul. polear, engad. pUlger, a. fr. pochier, prov. polgar, esp.
pulgar, pg. pollegar>a.r. pulicar, pălicar, mgl. pulicar, alb. pulqer <c pouce »
(a. dr. policar «mesure d'environ trois centimetres » et dr. policar « pouce »
sont, selon toutes probabilites, des nfologismes). Le panroman ung(u)la
( < unguis) >dr. unghie (pop., reg. unghe), ar., ir, ungl'e, mgl. ungl'ii «on-
gle » (d. yongla, ir. unghia, ugna, leg. unga, frioul, ongle, engad. ung/a, fr. on-
gle, prov. ongla, cat. ungla, esp. una, pg. unha).
Peciolus (petiolus) <c pied; pedoncule, petiole » >dr. pici'or, ar. (ci)cior,
lCilor, rngl. pilor, ir. pilor(u) <c pied » (it. picciolo, a. fr. pefuel, prov. pesol,
esp. pezuelo, pez6n « petiole; pedoncule » ; le sens de <c pied » s' est conserve

28 8REW, 8346; DELL, p• · 19; Mibăescu, Lg. lat., p. 280; PEW, 1667; · DDA, p. 1101,.
1134, 1135.

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210 H. Mihăescu

uniciucment en roumain 234 (en meme temps, pes, pedis, consen·e en dalmate,
istricn et dans Ies langues romanes occidentales (voir plus haut § 93, 119) se
rctrouve en roumain a travers la forme derivee pedester, -tris > a. dr., dr.
(rare) pedestru «pedestre, a pied; fantassin; estropie, infirme, mendiant (ces „
acccptions en dr. reg: Oltenie, Banat, TransylYanie, Maramureş) (voir aussi
a. fr. peestre, fr. pietre). Le panroman coxa (d. kovsa, kopsa, it. coscia, sarde
k0fo, frioul, kuest', fr. wisse, prov. meisa, cat. mxa, pg. coxa) > dr., ar.
coapsă « cuisse „_ Le panroman ge1zu.c(u,)lum (= genicul1tm), diminutif de
genu (d. dmacle, it. ginocchio, frioul. d-:enoli, engad. znuol, fr. genou, prov.
genollz, cat. gmoll, a. csp. lzinojo, pg. geolho, _iocllzo) > dr. gcnachi (arch„
l"~g.), gL'/11t1llhi, af. d::lll/lrl 1f, mgl. ::1:1l1tcl'1t, Îf. Zt'Y1Ulcl U, ;eTitttcl'U (I genOU ));
1 1

i1t~en11c(u)larc 235 (it. i11gi11occl1iarc, log. 1"mbe11uyarsc, frioul. inzenogla, cngad.


1"11g1111lier, prov. cngmolhar) >dr. îngenuchca (arch., reg), îngenunchea (voir
aussi gmu(n)chea (arch., rcg.) < gmuc(u)/,„c (< (s')agenouillcr; mcttre a
g1'noux.; reduirC', Yaincrc, soumettre •). ar. ttd::inud'ed::u, mgl. q,nză-
11ucl' 11. <J.11.:inucl' u <1 (s')agcnouiller •· Le panroman pulpa « maigre de la
Yi;rnde, ch;:iir » (it. polpa, log. pulpa, a. fr. poupc. prov., cat., pg. polpa)>

>dr., ar. pulpei, ir. pup~ (1 mollct (le sens nouvcau du roumain se retrouve
aussi en fr. dial., prov., cat., cepcndant qu'cn it., sardc, a. fr., pg. s'est consen-ee
l'anciennc signification latine; l'albanais, cn rcvanche, ou pulpe indique la
<1 cuisse », comme nous l'avons \'li (§ 26). se range dane dans la categorie des
langues avec le sens de ce mat modifie); du latin pulposus <1 charnu • ou bien
par dfri\'ation dans le champ du roumain resuite la forme dr., ar. pu!,pos « qui
a Of:' gros m0llcts • (voir aussi en it., csp. pulposo, log. prupozu, pg. polposo).
Calcaneum (-1ieus < calx, calcis •talon•) (it. calcagn.o, log. karkandzu, eogad.
clt,ilchait) >dr. călcîi (arch)., reg. călcN(u): reg. călcăi), ar. călcînu, mgl.
călroi't ~ talon •.
D'un h~·pothctique *stancus (= stanticus) c fatigue ~. avec une even-
tuclle variantr *stangus, on a cx.plique le dr. stîng, ar. ( a)stîngu, mgl. stQng
<1 gauchc • (voir aussi: it. stanco, engad. staungel « fatigue "·a. it. mano stanco
<1 main gauche •. a. fr., prov. estanc • faible, debile; epuise, extenue „; c'est,
egalement le cas, de rnentionner ici l'alb. shtengu «le borgne •.deja cite ci-dessus,
§. 26); l'antonyme de ce terme: dr. drept (arch.: dirept, derept), ar. d(i)reptu,
mgl. d(t)rept, vicnt de toute e\·idence du panroman directus, tout comrne, dans
le Sud-Est de l'Europe, Ies d. drat, alb. (i, e) drejte, ou, dans Ies langues roma-
nes occidentalrs, Ies fonnes it. diritto, log. derettu, cngad., frioul, dret, fr. droit,
prav. drech, cat. dret, esp. dereclw, pg. direito 236_
171. Le panrornan pectus (it. pctto, log. pettus, frioul. pyet, a. engad.
pecii, a fr. pi::, prov. peit::, cat. pit, csp. pecho, pg. peito) > dr. piept, ar. "/iept(u),
mgl. K.ept, ir. cl'eptu « poitrinc; sein, rnamelle • (le deuxierne sens rele'\ e en
dr. ct en ar.). Le panroman sinus (it. swo, log. simt,, frioul, sen, engad. sain,
fr. sein, prov., cat. sin, esp. smo, pg. seio) >dr. sin, ar., mgl. sin, ir. sir c sein •;
litia >dr., ar. ţîţă, mgl. fQţă, ir. ţiţ~ « sein, mamelle • (voir aussi nap. tsettsş;
13' DELL, p. 491; Mihă.escu, Lg. lat., p. 280; REW, 6324a; DLRV, p. 137; DELROM,
P· 174; DLR, VIII, 2, p. 536-.Hl; DDA, p. 434, HO, 707; Capida.n, Megl„ III, p. 224-2251
Puşcariu, St. istr., III, p. 127.
131
Mihăescu, Lg. lat., P· 27, 280.
• 18 REW. 2648, 8225; TDRG, p. 1497; DER. p. 793; DEX, P· 894:, DELROM, p.
66; SDE, p. 405; DDA, p. 232, 476, 501, 1118; Capidan, Megl„ III, P· 111, 276.

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Du latin au roumai.n 21f

en revanche, it. tetta, log. titta, frioul. tete, engad. tctta, fr. tettc, prov., cat.,
esp., pg. teta descendent du lat. titta); il convient de mettre en rapport avec
gurgulio, -onis « gosier, oesophage » Ies dr. gurgui, ar gurgul'u « tetin », qui
a revetu aussi le sens de « cou, goulot de cruche » (voire aussi prov. gorgolh,
sarde (reg.) grugurgu « goulot ») 237 .
Dossum ( < dorsum) (forme tardive et pcpulaire d'un mot populaire) >
>dr. dos «dos; derriere; revers; verso» (d. duas, frioul. ducs, it. dosso, log.
dossit, fr., prov., cat. dos). Spinalis (<spina, conserve en d. spaina, alb.
shpine, it. spina, log. ispina, engad. spina, fr. epinc, prov., cat., esp. espina,
pg. espinha; devenu substantif, spinalis devait faire par la suite office de sy-
nonyme de spina) >dr. spinare, df. S7Ci11aYC (~ epine dorsale; echine; dOS I)
(voir aussi engad. spinel, idem) 238 . Catena« chaîne »(sens propre et figure) >cir.
cătină « colonne vertebrale» (d. "Kataina, it. catena, log. kadena, engad. K,ada-
ina, frioul. 7Cadena, fr. chaîne, prov., cat., esp. cadena, pg. cadeia, tous avec le
sens latin). Le p8nroman costa« cete; câte, flanc» (d. kuasta, it., log., engad.
costa, frioul, kueste, fr. Lote, prov., esp. cuesta, pg. costa >dr., ar., mgl. coastâ,
ir. costa, idem. Le panroman anima « âme » (d. jam11a, a. it. alma, arma, a.
frioul. amna, engad. arma, fr. âme (a. fr. arme), prav., cat. arma, esp., pg.
alma) >dr., ar. inimă « cc:eur; poitrine; estomac; ventre», (ci. dr., dr. reg.
tnimă, înemă) mgl. diămă « cc:eur » (seulement dans des idiotismes), ir. irimtJ.
« cc:eur » (rhotacisme rare en daco-roumain, atteste cependant <;a et la, par
exemple dans Ies parlers du Crişana, Maramureş, du Nord de la Transylvanie);
animosus « courageux, ardent» > dr., ar., i'tiimos (a. dr., dr. reg. înimos),
mgl. inămos, idem (le sens du lat. anima conserve en dalmate et dans Ies lan-
gues romanes occidentales, s'est modifie dane, de la meme fa<;on dans tous
Ies dialectes de la langue roumaine; a noter, par ailleurs, outre ce changement
d'ordre general, un autre, commun au daco-roumain et au aroumain, dont
temoigne la presence dans Ies dialectes respectifs egalement du sens « ventre,
estomac »; (voir aussi fr. coeur, gr. xcxp8tif « coeur », « orifice superieur de l'es-
tomac », d'ou « estomac », v. sl. srudice); quant aux descendants roumain!:>
du derive animosus, ils ont herite du sens latin).
Pulmo, -onem « poumon » >dr. plămîn (arch., reg.: plămînă, plămună,
plumîn( ă), plumună, etc.), ar. pulmună, pălmună, plămună, ir. plumărft,
idem (la metathese de l pourrait etre le fait d'un lat. vulg. *plumonem, d'unc
influence du n. gr. 7tAe:µ.6vt, idem (influence evidente dans le cas des formes
aroumaines plimun, ptimună, plimune) ou de quelques causes internes; !'ori-
gine latine de ce mot populaire, atteste tre!:. tot, avec un rhotacisme en istro-
roumain est suffisamment cfaire et el1e a et e argumentee a plu!:.ieurs reprises239;
quant a !'origine grecque 240 , elle n'est a envisager que dans le cas de certaines
formes aroumaines, telles plimun, plimună, pli'mune 241 ; a partir de pulmone
devciient se developper aus~i Ies formes it. polmone, log. prumone, engad.
pulmun, frioul. palmon, fr. poumon, prov. polmon, esp. pulmon, pg. pulmâo)

237
REW, 3922; DA, II, 1, p. 329-330; SDE, p. 93; DDA, p. 604. Le mot ne devait
pas rester etranger aux Megieno-Roumains non plus, dans le dialecte desquels sont attestes
Ies derives gurgul'aş, gurgirl'at « pierre arrondie; rond•> (Capidan, Megl., III, P· 147).
288
DELL, p. 642; Mihăescu, Lg. lat„ p. 237; DDA, p. 1098; REW, 81.51.
239
REW, 6833; TDRG, p. 1181; PEW, 1344; DDA, p. 1027; Mihăescu, lnfl. gr., P·
18; DER, p. 633; DLR, VIII, 3, P· 789; SDE, P· 319.
HO CADE, p. 9.50; DEX, p. 704.
Ul DDA, p. 998.

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212 H. Mihă.escu

Le panroman venter, -trem (d. viantro, it. ventre, log. bentre, engad. ven-
ter, frioul, vintri, fr., prov., cat. ventre, esp. vientre, pg. ventre) >dr. (arch.
reg.) vintre «ventre»; par derivation en roum.ain ou directement du latin
ventricellus est ne le dr. vintricel «petit e!>tomac &. Le panroman pantex, -icem
<i panse » (it. pancia, frioul. pantse, fr. pance, prov. pansa, cat„ panxa, e5p.
pan:a, pg. panfa) >dr. pîntece (pîntice, pîntic arch., etc.), ar. pîntic, pîntică
(formes refaite~ d'apre~ le pluriel pîntiţe) c Ycntre, pan:,e, estomcic, abdomen t
(par extension cn dr. (pop.) <c uter o); en mgl. note seulement dans Ies topo-
nymes: Pentiţi (Oşini); en daco-roumain, le mot, bien que generalement connu,
reste un regionalisme, etant usuel dan:, les parlers de la moitie septentrionale
du territoire, autrement dit dans les parlers de ~Ioldavie, de Maramureş et
dans une bonne partic (septentrionale) du tcrritoire couvert par le parlcr du
Crişana; par derivation interne ou a partir dn lat. vulg. panticosus s'explique
le dr. pîlllccos, ar. pî1itfros « pansu, an'c un gros ventre•; un synonyme de
pintccc et de vintre, dans Ies pcrler!> du Ban::it et de la partie meridionale du
Crişana du daco-roumain, ainsi que dans les dialectes aroumain, megleno-
roumain et i:tro-roumciin, e~t rC'prescnte par des formes developpees a partir
du Iat.follis, -cm« bourse de cuir &: dr., ar.foale, mgl. foali, ir.fale, terme qui
s'cst cons?n·~ neanmoin$ dans la langue roumaine avcc son sens primitif du
latin; enfin, dans les qu::itre dicilcctes roumains il y ~ cncore un autre synonyme
s'inscrivant dans cettc meme serie, qui pourrait s'etre devcloppe d'un lat.
*umbulicus ( = wnbilfrus < umbo), a savoir: dr., ar., mgl. buric, ir. buricu,
bun·iu, mais dans tous le: cas cc mot garde comme premiere signification celle
de <( nombril » de l'etymon latin ct qui !>'est egalement transmis aux langue!>
romanes occidentales (voir it. bellfro. engad. 1mglilt, prov. omhelic, cat. melic,
csp. ombligo, pg. umb1:go, etc.; a fr. lombril, n. fr. 1101nl.mJ, gasc. lumbril, cat.
llombrie.ol, <leveloppes de *mnbiliculus).
Fit-cit um ( < f iws <c f iguc •. sous l' influcnce du grec -~r.o:p auxcu"t"ov « foie
farci de figucs; figue om (d. f<:cuat, ven. figao, campid. figau, friouI,fiyat,
enga<l. fio; dans les autres langucs roman~·s, le developpement du mat a eu
pour point de depart ficatum, fecatum) >dr. ficat, ;:ir. kicat (atteste comme
reg. en dr. ::ius. i), ir. ficat, idem. D'une forme restituee *jele (<fel, fellis «bile,
fjc} ») a pu SC developpcr le dr. fiere!- et le~ ar. neare, mgl. 1iiari (1ieare,
liean:, 2rch. cn dr.), idem (terme panroman: it. f1'elc, log. Jele, engad. feil,
frioul.fcl, fr. fiel, prov., cat./d, esp. hid, pg.fcl). IHritee du latin (de splen,
-mem « ratl: » < gr.; voir aussi n::ip. splene, log. ispyme, a. fr. esplein,
etc.) et non d'originc grecquc moderne ( < cr~l.~n„, idem) 213 est, ~clon
toute probabilite, la forme splină d(:S dr., ar., mgl., de meme que l'ir. splir~
(de meme quc dans le cas precedent de pulmo, on y trouve la preuve dans Ies
cittestcitions precoces de cc mot, ainsi que et surtout dan~ Ies rhotacismes
r~leves dans l'istro-roumain ct en Transylvanie) 2.i.1 . M attia « intestins » >
>dr. 11uţ, ar. maţu, mg!. maţ, ir. ma!e (pl.), idem (\'oir aus:.i le nap. mattsl}
et le log. mattaJ. Ilia (< flancs, partics laterales du ventre l) >dr. (arch., reg.)
ifr, iu (dans le parler du Banat, refait sur le pluriel) «bas-ventre, aine; en-
traillc~ », ar. il'e « fbncs; hanches » (it. diCll. il'a, engad. il'a, a. fr. illes, prov„
ilha, ain~i quc l'alb. iljlJ, idem). Minutalia ( < minutus < minuo) « colifichets;

m DELL, p. 232; Mihăcscu, Lg. lat., p. 280.


t 43TDRG, p. 1472 CADE, p. 1188; DEX, p. 884.
2H REW, 8164; PEW, 1625; DDA, p. 1108; Capidan, Megl„ III, p. 272; DER, p. 7833
. SDE, p. 394.

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Du latin au roumam 213

sorte de plat; entrailles I) 245 (it. mfrtutaglia «petites choses, objets sans im-
portance, bagatellc; plebe; fretin»; a. fr. menuaille <cpetites choses; fretin•)
> dr. măruntai:e « petites choses (arch.); entrailles; le ·ventre de fa femme
(arch); organes genitaux de l'homme (arch.) I), ar. minuţale « eclats de bois;
entrailles; menue monnaie I) - terme explique par un mot restitue *minie-
tialia; la conservation en roumain du sens primitif hitin est plus evidente dans
le cas de I' element originaire minutus «petit, menu I) (~ubstitut populaire de
parvus) > dr. mărunt, mănunt, (arch., pop). ar., mgl. miwut, idem (it. min1t-
to, log. minndu, frioul, niinut, fr. menu,, prov., cCJt. menut, esp. menudo, pg.
miudo).
Renes « reins » > dr. rînă (refait sur le pl. rînc) «Ies musrles de la re-
gion renale; lombes I) (reg.; pl.) « raie, câte partie du corps *; ar. nire « rein I)
(par l'intermediaire d'un hypothetique lat. *rine) (it. raie, engad. rain, fr.
rein, esp. rene); du diminutif rcniculus > dr. rinichi, ar. arnicl'u « rein I)
(campid. arrigu., gasc. arnelh) et du dim. rcnuncitlus > dr. rărunchi « rein I)
(arch., reg.); «ventre, entrailles » (arch., pop.). Le roumain utilise donc sur-
tout des derives avec des suffixes diminutifs (bien que le terme de base ne
fasse pas defaut ni sous le rapport de la forme, ni au point de vue de la signi-
fication). cependant que Ies langues romancs occidentales attestent une nette
domination du terme de base. Le panroman vessica (it. vescica (dial. ln:S1:ka,
IJesiga, bisiga, etc.). log. busika, frioul. vi:sie, fr. vessie, prov. vesiga, cat. vei-
xiga, esp. vejiga, pg. bexiga, ainsi que l'alb. f<>h1'ke, pshike, mesltike cf. ci-dessus
§. 26) >dr. băşică (reg. beşică), ar. bişică, mgl. bişQcă (bişică, a Huma)« ves-
sie, ampoule »; le derive verbal vessicare (voir ? . 1t. vescfrarc, frioul. visid,
esp. avejigar) > <lr. băşica, beşica, ar. biş(i)kedz'iJ, «(se) couvrir <l'ampoules ».
Le panroman (mot populaire) culus (d. col, it. culo, log. kulu, engad. l<iU,
frioul, kul, fr., prov., cat. wl, esp. culo, pg. cuo) >dr. (pop., vulg.), ar., mgl.,
ir. cur «eul» 246 • Pulla « poulette » ( < pullus «petit d'un animal») > dr.
'(pop., vulg.), ar. pulă (forme refaite sur le pl. pule) «pennis » (d. puia, idem,
it. pollo, esp. polla, pg. polha « poussin, poulette », fr. poule: cf. ci-dessus §. 26
l'alb. pule« poule »); mot avec une autre evolution semantique en rournain et
en dcilmate, ou il a perdu son sens primitif, herite par d'autres langues roma-
nes, ainsi que par l'alban<>is; parmi Ies langues romanes, le rhetoroman sem-
ble occuper une po~ition intermediaire a cet egard 247 . A partir d'un hypothe-
tique *putium (regressif de praeputiitm « prepuce I) 248 ) ou a travers des hypo-
thetique~. *putea, *put(u,)la ( < putus «petit gan;on, enfant ») 24 9 a pu !-'ex-
pliquer le synonyme dr. (pop.), ar., mgl. puţă, istr. puf~ 250 , utilise notamment
en se rapportant aux gan;onets et aux petits enfants cn general (en daco-rou-
mciin au moins le mot prend aus~i un caractere pejoratif avec le sens lat.
putus). Explique par un singulier reconstruit *noda (a I' origine le pi. de no-
dwn « artus, membrum ») 251 , le terme dr. (pop.) et ar. noadă designe ce

~ 15 Mihăescu, Lg. lat., p. 237-280; ILR, II, p. 131.


m REW, 2384; PEW, 453; DELR, 450; DA, I, 2, p. 1003-1004; DER, p. 265;
SDE, p. 217; DLRV, p. 93; DELROM, p. 61; DDA, p. 411-412; Capidan, Megl., III, p.
88; Puşcariu, St. istr., III, p. 108.
247
REW. 6828; DELL, P· 544; PEW, 1396 (<lat. pub(Ula); TDRG, P· 1277-1278;
DELR, 1455; DDA, p. 1026.
248 REW, 6881; TDRG, p. 1285; Rosetti, ILR, p. 194; DDA, p. 1037.
249 PEW, 1416.

250 Capidan, Megl., III, p. 243; Puşcariu, St. istr., III, p. 129.
261 DELR, 1236.

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214 H. Mihăescu

qu'on appelle «coccis, ba se de la queue, croupion »; en aroumain seulement,


le terme s'applique aussi au «membre viril & 252 • Colcus «testicule» > dr. coi
(pop., vulg.), ar. col't'u, ir. col', idem (voir aussi a. it. cogla, log. kod:.a, fr.
couille, (a. fr. coi"l), prov. collz, col/za) 253 • Landica <c clitoris» > dr. lindic
(pop., Yulg.), idem (a. fr. lmzdfr) 254 .

N aissance, existence, mort, îonctions vita Ies

L'abondancc des tcrrncs se rangeant dans cc chapitre pcrrnet leur clas-


sif ica tion suiYant Ies sous-divisions que Yoici: /l.'a1·ssa11ce, ex1'stcncc, mort;
Sex, âgc; Santi, maladie; Defauts phys1'q11cs; Fo11dic11s vt'lalcs; lmmobihti ct
mo-uvement.
172. Le panrornan 11ascerc (= nascor) >dr. naşte, ar. nasw, rngl. nasc.
ir. 11(i.şfe <c nciîtrc i> (it. 1iasccri", log. miskcre, mgad. 11a§er, frioul. 11dsi, fr. 11aître.
prov. 11aiser, cat. 11aixcr, esp. 11acer, pg. 11asccr); 11at11s <c enfant » z55 > dr.
(pop. ffg.) 11at (< ptfSOnile, individu, enfant >), af. 1/Qt (I nOU\'('2.U-ne, Il0UrfÎSS0fl,
enfant tout petit» (pro\'. 11at, a. fr. 11cc, etc.) 256 • Fieri« (devenir) etre » (corn.
bine avec smn, csse «etre») > dr.j1:, ar. hiu, mgl. fri, ir.p, idem (a. ven., a.
lomb., a. gen. fir, a. log. jfre) 257 • Le panroman vivcre (it. vivert', log. bt'ere.
engad. viver, frioul. 1.:tv1', fr. vivre, prov., cat. ·ciurc, csp. vi'vir, pg. 'i.Ji·ucr >dr.
(arch.) vie, via, mgl. yiics (yijri) «vine» 258 et i11vivere >dr. im.:1·a (arch.,
reg. ÎllVie), ar. a11yedzU {t'11yearc), rngl. anyifCS (a11yijiri) (C ftSSUSCitrr; faire
re\·Îvre »; le panroman vivus •vivant o > dr. viu, ar., mgl. yiu, ir. <:iju <c vi-
vant, vif » (<l. vei, it. vivo, log. biu, engad., frioul, fr. <:1j, prov., cat. viu, csp.,
pg. vivo); a travers un restitue *vivitia (i·i<.nts + -itia) ont ete e.xpliques
Ies terme!> dr. viaţă, ar. rrn/ă, mgl. yiaţă «vie». Constare « demeurer irnmu-
able, durer, c.xi~ter I) >dr. (arch., reg.) custa. vivrc, exister, etre; ]ai~!>er en
vie» (il a donnc naissancc aussi au derive regrcssif cust «vie» (arch.); de nos
jours cncore rnsta est sporadiquement utilife dans Ies parlers de Mol<lavie
et de Crişana), ar. rnstă <1 avancer, progresser, prospercr, croître, etc.» (le
mot s'est conserve egal(rnent dans Ies langucs romanes occidentales, rnais
en heritant du sens <le t couter »: it., log. costare, engad. kuster, frioul, kostar,
fr. co~ter, prov., cat., esp. costar, pg. custar) 259 • Le panroman crescere >
>dr. creşte, ar. ( a)crescu, mgl. eres, ir. cr~şte « croître » (d. kraskro, it. cres-
cere, log. kreskerc, engad. kreser, frioul. kresi, fr. croitre, prov. creiser, cat.
creixer, esp. crecer, pg. crescer). Le panrornan morire (=mori) >dr. muri,
ar., mgl. mor, ir. muri <c mourir » (d. morer, it. morire, engad. m-urir, frioul.

m DLR. VII, 1, p. 446; DDA, P· 903.


268 REW, 2038; PEW, 394; DELR, 385; DA, I, 2, p. 639-640; DDA, P· 379.
2&4 REW, 4886; TDRG, p. 912; DELR, 995; DER, p. 479-480.
255 Mihăescu, Lg. lat., p. 281.
269 REW, 5851; PEW, 1158; DELR, 1208; DLR, VII, 1, p. 39-40; DDA, p. 851;
Capidan, Ar., p. 153.
n1 REW, 3288; DELL, p. 209; TDRG, p. 621-625; PE'\V, 597; DELR, 581; DA,
II, 1, p. 113; DER. p. 326; SDE, p. 455; DDA, p. 659-660; Capidan, Mcgl„ III, p. 157; Puş­
cariu, St. istr., III, p. 112.
25& Densusianu, ILR, p. 801, 858-859; Rosetti, ILR, p. 593; DA, II, 1, p. 869; DDA,
p. 165; Capidan, Megl„ III, p. 139.
250 REW, 2170; PEW, 465; TDRG, p. 470; Densuşianu, ILR, p. 795; Rosetti, JLR
p. 195; DA, I, 2, p. 1043-1044: DER, p. 270; SDE, p. 219; DDA, p. 422.

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Du latin au roumain 215

.mori. fr. mourir, prov., cat., esp. nwrir, pg. 11wrrer); le panroman mortuus
{d. muarl, it. nwrto, log. mortu, engad. mort, frioul, muart, fr., prov., cat.
.mort, esp. muerto, pg. nwrto) >dr., mgl., ir. mort, ar. mortu« mort I); le pan-
roman mors, mortem (d. muart, it., log. morte, engad. nwrt, frioul. muart, fr.,
prov ., cat. mort, esp. muerte, pg. morte) > dr., ar., moarte, mgl. moarti, ir.
morte «mort I); morticina > dr. mortăciune (arch. morticină, mortăcină), ar.
mu1tuţi:nă, mgl. murtăţuni « charogne; bete morte» (cf. it. lana nwrticina,
.abruzz. kania murtacim;; cat. mortehi, esp. mortecino, pg. mortczinlzo, Ies tro1s
demiers evolues a pcirtir du mcisc. morticinus); d'un leit. vulg. *ammortire
( < *admortfre < ad+ mortuus) ont pu se developper Ies dr. amorţi, ar.
amurţăsm, mgl. q,nmurţQS « engourdir, emousser » (cf. it. ammortire, fr., prov.,
cat. amortir, esp., pg. amortecer, etc.). Repausare «se rcposcr; rnourir &>dr.
.răposa, mgl. ripusez « rnourir » (rare, surtout dam. le langage d'eglise; le ~en~
«se reposer » s'etait maintenu dans le daco-rournain ancien, cn aroumain et
en mcgleno-roumain, ainsi quc dans certaines langues romanes occidentales:
a. dr. răpăosa, ar. arăpas, aripas, arupas, ( a)răpăsed::u, etc. mgl. răpQs, it.
riposare, fr. reposer, prov. repausar) 2 Gt'. Le panroman pcrire (it. perire, engad.
perir, fr. perir, prov., cat. perir, esp„ pg. perecer) > dr. pieri, ar. 1'er, mgl.
per « perir, mourir. disparaîtrc »).

Occidere >dr. ucide « tuer (dans l'ancicn daco-roumain ou cornme reg.
dr. prend aussi le. sens de «se meurtrir; frapper; souiller, profaner », cf. le
mgl. uţid (( (je) frappe, (jc) blesse »), ar. uţid « tuer », ir. ucide «tuer; noyer »
{it. 1-tecidere, log. okkiere, bokkire) 261 • Reponere ( < ponere) « replacer; mettre

bas (Ies armes) > dr. (arch., reg.) răpune « mourir, tuer, se suicider, (se)
perdre, (se) detruire, vaincre, defaire » (cf. it. riporre, a. fr. repondre, prov.,
fr. dial. rebondre, esp. reponer, pg. repor); Ies langues romancs occidentales
ont conserve le sens latin ou bien elles ont suivi une evolution semantique
non significative, en etroitc rclation avec le-dit sens, cependant qu'en daco-

roumain a partir de « replacer, mettre bas allaient se developer graduelle-
ment Ies sens de « jeter bas - faire tomber - vaincre - tuer - mourir t.
Necare, enecare « tuer (surtout sans l'aide d'une arme), etouffer t, puis, en

lat. vulg~ «(se) noyer >dr. îneca (arch., reg. neca) « tucr, occirc, etrangler •
(arch., reg.); (((se) IlOyer I), af. nec (Jtecare) (( IlOyer I), mgl. 1teC (nicari) (( etran-
gler, tuer; noyer » (cf. it. annegare, frioul. (i)ned, fr. 1wyer, prov. negar, cat.,
esp., pg. anegar): ce n'est qu'en roumain et, pour etre precis, notons qu'il
s'agit des dialectes daco-roumain et megleno-roumain, que Ies deux sens se
.sont maintenus, c'est-a-dire le sens ancien, celui du latin cll.lssique, et le sens
recent (selon toutes probabilites) apparu dans le latin vulgaire et herite par
le roumain, ainsi que par Ies langues romanes occidentales 262 •
173. Le panroman homo (( homme, epoux I) (d. jom1w, it. U011W, log.
6mine, engad, um, trioul. em, fr. homme, prov., cat. ome, esp. liombre, pg. ho-
mem) >dr., ar., ir. om. mgl. uom, idem (le sens « epoux conserve en dr. „
z~ REW, 7218; Mihăescu, Lg. lat., p. 282; PEW, 1435; TDRG, p. 1298; DER, p.
<i88; SDE, p. 366; DLR, IX, p. 98-99; DDA, p. 189, 199, 216, etc.; Capidan, Megl., III, P·
246.
t 81 REW, 6030; CADE, p. 1365; Densusianu, ILR, p. 788; Rosetti. ILR, p. 598;
DEX, p. 991; DDA, p. 1250; Capidan, Megl., III, p. 321, Puşcariu, St. istr., III, p. 138.
m REW, 5869; Mihăescu, Lg. lat., p. 281; PEW, 836; DELR, 1212, 1213; TDRG, P·
805; DA, II, 1, p. 720-722; DER, p. 428; SDE, p. 508; Densusianu, ILR, p. 678; ODA.
p. 871; Capidan, Megl .• III, p. 205.

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216 H. Mihăescu

pop. et ~gl.; en. dr. aussi le sens de. <c,personne au service.~~ quelqu'un; rela-
tion sociale, am1, p<irent; personnahte en vue, personne d ehte, etc.»); lz1:111a-
nitas, -alem « hurnanite1> >ar. umi11itate, idem. Barbatus (<barba) <c barbu 1) et
plus tard, pendant la basse-epoque « homme; mari» >dr., ar., rngl. bârbat
« hornme; mari 1>, signification conservee seulement rn roumain, tandis que
Ies langues rornanes occidcnt2les ont consen·e le sens originaire (voir it. bar-
ba/o, a. fr. barbe, prov., cat. barbat, esp., pg. barbado). Le panroman muiier,
-crcm « epouse, femme it (plus frcquent a l epoquc ancienne que fcrm·na, en
revanchc, rare dans Ies inscriptions, sens prob~blemrnt pejoratif) 263 > dr.
(arch., pop., reg.; deprl:ciatif dans la langue li11{r;iirc) 11111icre, ar. m·11l'(arc,
mgl. mul' ari, ir. 11111l'~·~, idem (it. 111oglie (a. it. moglfrra), log. 1111tdzcre, cngad.
mul'cr, frioul. 11111_„,ir, a. fr. mo1'llier, prov. 1110/hcr, cat. mul/a, m6ller, esp. mu-
jer, pg. molhaJ. D'un restitue *fom·m1s ( < _(t-mi11a, par analogie ou par un
accord avec homo) ont pu resultcr Ies dr.fa111ăH (arch.),fc1111m (forrnr restituee
d'apres le pl. fammi) « eunuquc, chatre 1>, ar. feam1'n(ă), lzca111h1(if) « femi-
nin; de sexe feminin; femelk; fcmme » (dr. reg. famrnâ « femme sterile'" ar.
1cami11ă, hc~1111i11(i <famm, ft'am1·11, hcami'n), mgl. fca111i11, fiamin <1 de ~exc
feminin•·
Fetus ((petit d'un animal» d plus tard, cn bt. ,·ulg. <1 cnfant, garc;on » >
>dr. făt « gan;on, cnfant; fretus; petit d'un animcil », ar. fct «petit enfant,
garc;on, fils », ir. jet(u) •petit garc;on & (it. dial. fdu, fetacce « enfant 1>, log.
fedu « descendant, enfant & ; fr. dial. fcdo «petite fille », pg. fedelho <1 petit en-
fant »); d'un *fetioltts ( < fdus) ou par deri,·ation rn roumain (<le făt) rnnt
nes dr. feâor (reg. fidor). ar. fitior (c enfant, garc;on, fi]s, jeune homme »,
mgl. /1.for «bebe, garc;on •. ir. feNor, /efor • garc;on, fils »; le sens de <1 bebe 1> rn
a. dr. et rngl. repond a la qualite diminutive du terme restitue *feti'olus 204 . Fcta
• brebis » (dans la langue rustique) > dr. fată, ar., mgl. feată, ir. fete <c fille,
vierge 1> (le sens du latin rustique, employe par Ies bergers et Ies eleveurs de
betail, disparu de la langue rournaine et de ses dialectes, a ete toutefois encorc
releve dans le plan dialectal en pronn~al, rhetoroman, italien, sarde, fran-
~ais); fetare « faire des petits, pondre » > dr. fata, ar., mgl. Jet 41 mettre bas,
veler, faire des petits, pondre 1>, mais le mot a aussi le sens de « naître » (en
dr. arch., pop., ar., mgl) (it. dial.Jitari. pondre ».jetd.jdar 41 veler »,log.fedare,
friouJ. fedd « agneler •); ii s'en suit que l'evolution semantique des termes fcta,
jetare dans la langue roumaine comporte des elements originaux, qui temoi-
gnent du caractere rustique de la societe respective, une societe pour laquelle
l'elevage des moutons et du betail en general representait une activite fon-
damentale.
Le panroman tener, *tenerus « tendre, delicat, frele » (cf. teneri, -orum,
forme du piuriei attestee a l'epoque imperiale) > dr. tînăr (< jeune I), ar. iinir
• jeune; frais », mgl. tinir <c jeune », ir. tirer, tirţr, « jeune 1> (it. tenero, log. tennc-
ru, engad. tender, frioul. Unar, fr. tendre, prov. tenre, cat. tendre, esp. ticrno,
pg. terno); Ies langues romanes occidentales ont gnde comme significations
de base cellcs du ICJtin, sans etre pourtant tout a fait etrangeres (voir le fran-

DELL, p. 418; Mihăescu,fLg. lat., p. 294.


2 ea

214llEW, 3273; DELL, p. 231; Mihăescu, Lg. lat., p. 295; DA, II, 1, p. 74-75; PEW,
586, 593; DELR, 560, 561; TDRG, P· 611-614; Graur, Etimologii, p. 94; DER, p. 321, 323~
tout comme dans REW et Graur, Etimologii, plus probable la derivation en roumain de făt;
SDE. p. 455, 466; DDA, p. 547; Capidan, Megl„ ·III, p. 127-128; Puşcariu, St. istr., Ill, p.
111-112. .

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Du latin. au roumain 217

·<;ais, l'italien, l'espagnol) a cellesqu'on trouve en roumain, îl est vrai, par aille-
urs, que dans ce demier cas nous avons affaire a des expressions metaphori-
ques, figurecs). Invenis « jeune (homme) » (it. giovane, engad. guven, fr. jeune,
prov., cat. jovc, esp. joven, pg. jovem) >dr. (rare) june, giune (reg.),. gfore
(arch., reg.), idem, ar. gione (forme expliquee par un hypothetique intermedi-
aire lat. *jovenis), idem et aussi « preux, brave; gentil chevalier », mgl. juni
« jeune (rare); fort, puissant, gaillard, preux; marie, jeune marie », ir. jure
« jeune (homme) »; le mot est de beaucoup plus frequent, usuel, dans les dia-
lectes·sud-danubiens, notamment en aroumain et megleno-roumain; en daco-
roumain il s'est trouve remplace dans une large mesure par son synonyme
tînăr qui devait non seulement recevoir comme sens de base celui utilise uni-
quement a titre figure dans Ies langues romancs occidentales, mais s'imposer
aussi dans le dialecte en question, concurren<;ant le synonyme usuel dans Ies
autres dialectes roumains et en Occident. Vet(e)ranus «veteran»; mais aussi
« vieux >) >dr. bătrîn, ar. bitîrnu (rare), mgl. bitQrn, ir. betăr « vieux; vieil;
ancien » (it. dial. vetrano, a. it. dial. vedrano, vitranu, frioul. vedran). Veclus
(pop. pour vetulus « (un)vieux ») > dr. vechi, ar., mgl. vecl'u <c ancien, vieux „
(d. vieklo, it. vecchio, engad. vegl, frioul. vieli, fr. vicil, prov. vielh, cat. vell,
esp. viejo, pg. velho). Si bitîrnu est rare en aroumain, comme nous l'avons
precise ci-dessus, en rcvanche, frequent et element de base pour olusieurs
derives s'avere dans ce dialecte le mot auş1't <c vieux, vieil; vieillcird; a1eul » <
+
<lat. avus <c ci1eul, grand-pere » uşu (voir a. dr. auş <c vieux; vieillard,
grand-pere » et dr.: auşel ( auş +
el), le nom populai re de l 'oiseau Regulus
cristatus - sens figure) 2&5.
174. Le panroman sanus (it. sano, log. sanu, engad. sau11, frioul. san,
fr. sain, prov., cat. sa, esp. sano, pg. săo) >ar. sîn, ir. săr <c sain; bien portant»;
son derive sanitosus <c sain » > dr., ar., mgl. sănătos, idem (it. dial. sanetuse,
sarde dial. sanido.-:u, alb. (i, e) she;idoshe, idem) (il y a donc dans le dialecte
.aroumain les deux termes, en istro-roumain sculement le terme panroman et
en daco-roumain, megleno-roumain et albanais seulcment Ies descendants
de sa forme derivee); sanitas, -atcm > dr., ar. sănătate, mgl. sănătati « sante t
·(d. santut, it. sanita, log. sanidade, engad. sandet, fr. sante, prov. santat et
cilb. aussi shendct, idem); sanare ( < sanus) <c rcndre sain, guerir »>ar. (n)sî-
ned::u <c recouvrer la sante » (it„ log. sanare, engad. saner, frioul. sand, fr. sener,
pro\·., cat., csp. sanar, pg. sarar) (element panroman illustre en roumain
seulement dans le dialecte ?roumain). Vindicare <c liberer, delivrer » (sens pro-
pre et figure) >dr. vindeca, ar. vindic « guerir » (it. vendicare, fr. venger, prov.,
cat. venjar, esp. vengar, pg. vingar) (les langues romanes occidentales ont pris
pour point de depart le sens latin <c venger », sens qu'elles ont garde du reste;
l'aroumain connaît encore les deux termes: sanare (rare) et vindicare, alors
que le daco-roumain ci perdu le premier de ces deux termes, ayant conserve
seulem~nt son concurrent, ne d'une evolution semantique specifique).
Languor, languorem <c langueur, maladie» >dr. lîngoare (arch.), lin-
goare (pop.) <c fievre typho1de »,ar. lîngoare <c langueur, maladie, fiene chaude &,
mgl. lăngoari <c maladie». Par un *necea (febris) (<nex <c mort violente&)
<0n a avance une explication plausible pour le mot ar. neaţă « typhus, fievre

385 REW, 839; PEW, 173; DELR, 122; DDA. p. 242; DELROM, p. 8; DA, "I, 1, p.
369; TDRG, p. 128; DER, p. 49; SDE, p. 41.

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218 H. Mihăescu

typhoide », qui est le meme terme que le dr. tnia/ă (arch., reg.), idem. Languidus.
t languissant • >dr. linced, idem, • malade » (~rch.), ar. lîndzit, idem. laf arci-
dus <1 fane, fletri I) >dr. (reg., au nord du pays)·mîrced, idem, mais aussi •ma-
ladif, affaibli, ramolli • (it. marâdo • pourri •. esp. marchito • fane, fletri; mai-
gre, epuise », etc.). Le panroman tussi·s, -tm >dr., ar. tuse, mgl. tiisi • toux•
(it. tosse, campid. tussi, engad. tuoss, frioul. tos, fr. t011x, prov., cat., esp. tos,_
pg. tosse); le deri,·e Yerbal panroman tussire >dr. tuşi, ar. titşed:;u, tu.şcscu,
mgl. tUŞQS • tousser » (it. tossire, log. tuăire, engad. tussir, frioul. tosi, fr. tous-
ser, prov. tu.sir, cat. lossir, esp. toser, pg.tossir). Un deriYe reconstitue *guttu-
ralium ( < gutt11T « gosicr, gorge 1>) pourrait etre a !'origine des formes dr.
guturai, guturar (arch.). gutunar (reg.) « rhume de cerveau1> 266 . Vomtrf <• Yo-
mir & >dr. c.10,1me (arch., n.'·g.), ar., mgl. vom, idem 267 . Co11forire ( < forfrc <
<foria, -ae, «foire, diarrMi •/' 68 ><lr. (pop.) cufuri, ar. cufurescu, mgl. cujă­
res, căfăres « foirer 1>; un restit ue *conforia > ar. wfoare « diarhee », synonyrne
du derive dr. (pop.) cuf11uală :: 6 '.1.
Frif!,ora, frigorut' « fihr<> 1> > <lr. (pop.) friguri (pl.). frigură (sing. res-
titue d'aprcs le pl.; reg.), mgl. frif!ur (pl. utilise cornme sing.), idem (cf. cam-
pid. frius) 270 : le panrornan ftbris, -em (it. ft'bbre, leg. frea « pcur 1>, en!-'ad.
feivra, frioul.fiac', fr.fih·re, pruv./rnrc, cat.febre, c:-;p. lrfrbre, pg. febre)>
> dr. fiOT t friSSOn I) (pop.); (( emotion, peur l) ( d •OU Î11fioTQ (< frernir, frisrnnt-r I);
ft1fiorător <r cffroyable, epounntabJe 1>; il se pourrait aussi qu'a I' origine de
fi"or se soit troun'-e une forme deriYee *fcbr1"oius), ar. lieavră « fie\Te 1>: jcbrfre
taVOir la fievre I) > af. "liz"1.•r(S(/(, id(ffi: par derivat ion ('Il roumain, OU a part ir
d'un hypothctiquc *febrosus (Yoir aussi it .f<'bbroso, sarde frebbosu, fr. jifrrmx,
pro\·., cat. fcbros, pg. _f,·broso sont nes Je dr. fioros « tcrrible, epOU\"antabJe I>
et l'ar. liivros: Ic dr. ft·brâ est un neologisme latino-roman. 1llucâ (pl.) c mor-
ve t >dr. muci, ar. m11ci, muţi, mgl. muţi (sing. dr., ar., mgl. - muc), idem
(it. 111occ1·0, log. mukku, engad. muol.=, prov. moc, fr. dial. nrn, cat. moc, esp.
moco, pg. 111011co): ;L part ir <le 11111Cos11s « rnon·eux »ou p.ir derivation en rou-
rnain, On a ahouti a )a forme dr., ar., mgl. III/ICOS, idem (cf. it. dial. m1tkkuso,
log. mukko::11): mucor, -orou « moisissure 1> >dr. reg. m11coare, idem, mais
signifiant aussi « mucosite; muqul'ux, morvcux i>, ar. nwcoare « mucosite ».
Hordi'ulus (hordeolum, hordio/11111) ( < hordcum) (< orgelet 1> >dr., ar.
urcior, ulcior (par dissimilation); cn ar. eg<ilcment arâor, idem (it.dial. ur::ol.
ordol, etr., mgad .(a)nmd::ol, a. fr. orj11d, pro\'. or::ol, cat. ursoi, csp. or::u-
clo, pg. tarol, etc.). Pdiţo, -illtlll (I eruption cutanee, dartre I)> dr. pecin-
gellt', ar. pifi11d=i11ă « dartre, herpes•> (d'haLitude, dans Ies autres languts ro-
manes l'e\·olution a commence a part ir de: 1·mpetigo, -imm: it. 1·mpetig1·11e -
m.iis di.ii. pitiggi11e, pitiyina, esp. empci11e. pg. impigen). Aranca «gale» >
> <lr. (pop.) rîie, ar. (a)rîne, rnne, mgl. rline, idem (it. rogna, log. nmdza.
engad. ruogna, pro\'. ro11/ra, cat. ronya, esp. rcna, pg. ro/ma, a partir d'un
lat. *aronea < aranea): d'ara11eos11s ou par derivation sont nes: dr. riios, ar.
ar{nos, mgl. ră1ios (( galeux 1>. Naevus « vcrrue 1> >dr. neg, idem (it. di<il. 11frgo,

268 PEW, 751; CADE, p. 566; DA, II, 1, p. 33i; DEX, p. 388; SDE, p. 93.
287
PEW, 1917; CADE, p. liiO; DER, p. 901; SDE, p. 77; DDA, p. 1277; Capidan.
Megl., III, p. 330.
288 Mihl!.escu, Lg. lat., p. 278.
219
DLR. I, 2, p. 953; P., p. 397; Capidan A!egl., III, p. 83-8i.
a?o Mihăescu, Lg. lat., p. 308; DA, II, 1, p. 175-176; Capidan, Megl., III, p. 103;
REW. 3515.

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Du latin au roumain 219

ueltţ). Pustula « bouton; bulle » >ar. puşcl'e «peste» et, peut-etre, d'un
*pu,st1tlella > dr. puşcheâ, «pustule, furoncle »; pztstulare « couvrir de pustules o
>ar. puşcl'edzit « donner ou avoir la peste» et pustulosus « pustuleux » >
> ar..puşcl'os «pestifere; mechant »: (mais dans ces cas, il se peut aussi qu'il
s'agisse de derives crees en aroumain). *Puronium (<pus, puris <1 pus») >
.>dr. puroi,_ (arch., reg. puron, punoi) ar. pronu, idem. Fort probablement
:e'est a partir d'un *scabia ( < scabies (( asperite, rugosite; gale, lepre, deman-
geaison ») qu'on a abouti a la forme dr., ar. zgaibă, sgaibă (( excoriation, egra-
tignure, rugosite » (it. scabbia, trioul. zgabyc, alb. zgjebc «gale, rogne ,>; (il
s'en suit que le roumain a herite d'un autre sens). *Furuncellus ( <furwzmlus
((petite pousse; furoncle », voir it. dial. frunkyu, log. furunkn, a. tr. fcroncle,
esp. dial.jloronco, pg . .f(o)rnnclw) >dr. pop.jurnicel,jurincel (reg.),juni(n)-
cel (arch.), etc. ar. frinţel, sfîrnuţel, sufrînţcl etc. (variantes <lues a une conta-
minat ion avec d'autres mots, par exemple Ies mots dr., ar. furnică, ar. sfrîn-
ţeauă, sufrînţeauă, etc.) « furoncle ». Sigillum « sceau l> (dim. de s1:gnum),
conscITe cn it. suggella, trioul. siel, tr. sceau, prov. sael, cat. segdl, pg. selo,
idem, se retrouve egalement en dr. (pop.), sugel, sugiu (restitue, dans ce der-
nier cas, d' apres le pl. de la premiere forme sugel, considere comme un dimi-
nu tif; formes qui s'expliqueraient par un phenomenc de contamination, soit
en lat. a vec sugillare, soit en dr. a vec suge « sucer l>) « panaris I).
Cyma « fruit, pousse; sommet, pic» (<::: gr. xuµ.-x, litterakment «ce qui
s'enfle l)) >dr. ciumă « enflure l> (voir aussi cimnă = tăciune de pe poru.mb
<1 verrue de mais »), <1 peste», ar. ciumă «bou ton, enflure; cîme, sommet:
flocon de laine », mgl. ciuniă «flacon de laine; peste l> (avec Ies derives ciumu-
ligă, ciămu(li)gă (( tumeur sur la tete») (alb. qime (( enflure, gangrene, ul-
cere l) - voir ci-dessus §. 26 ;) 'it. cima, log. kima, engad. cima, fr. cime, prov.,
cat., esp., pg. cima, avec l'un ou l'autre des sens du latin cima= cymaJ 271 •
Panuc(u)la (< panus <1 tumeur; abces l>) (it. dial. panoca, idem) >ar. pă­
nucl'e «peste l)(cf. aussi Ies ngr. mx.'1ouxJ..-x, bg. panukla, idem)(il y a donc dans
le cas des deux synonymes mentionnes un lien entre le sens « enflure » et le
sens « peste ») 272 •
175. Le panroman orbus <1 prive de la lumiere, prive de ses yeux l> >
>dr. orb, ar. orbu, mgl. uorb, ir. orb, idem (d. vuarb, ir. orbo, engad. orv, tri-
oul. uarb, a. tr. orb, prov. orp, etc.); d'un *orbicare>dr. (arch., reg.) orbeca,
orbica «marcher comme un aveugle, aller a tâtons ». Le panroman surdus (it.
sord0, log. surdu, engad. suord., fr. sourd, prov. cat., sort., csp. so1'do, pg.
surdo) >dr., mgl., ir. surd, ar. surdu <1 sourde l>; * (ad) surdire > dr. (a)-
sur::i, ar. ( a)surdzăscu, mgl. f!-ltSUrdzgs « assourdir » (it. assordire, fr. assourdir).
Le panroman mutus (it. muto, log. mudu, a. fr. mu, cat. mut, esp., pg. mudo)>
>dr., ar., mgl., ir. mut <1 muet »; mutulits <1 muet l> > mgl. muntur « niais;
taciturne; morose » (it. mutolo); * (ad)mutire > dr. ( a)muţi, ar. ( a)mu-
ţăscu, mgl. f!-nmuf<JS « devenir muet; perdre la parole; se taire » (it. ammutire,
a. fr. (a)muir, prov. (a)mudir). *Excloppus, scloppus (cf. cloppus) >dr.
şchiop, ar. şcl'op, sl'op, mgl. şcl'op, ir. şl'op <1 boiteux » (d. sklop, a. tr., prov.
clop, alb. shqep, shqjep); *excloppare, *scloppare >dr. (reg., arch.) şcht:opa,

m REW, 2438; PEW, 380; DELR, 363; DA, I, 2, p. 503-505; DER, p. 200-
201; SDE, p. 493; DEX, p. 156; DDA, P· 449-450; Capidan, Megl., III, p. 101.
z72 REW, 6209; DELL, p. 480; PEW, 1254; DELR, 1320; DDA, p. 956; Capidan,
A„., p. 149.

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220 H. Mihliescu

schiopa; *excloppitare, *sclopp-itare > dr. şchiopăta, (arch.) schiopăta; *cx-


cloppicare, *scloppicare > ar. şcl'oapic, tous ces verbes etant synonymes et
se traduisant comme de juste par « etrc boiteux » 273 • Manc-us « mutile l) >
>dr. (reg. du Banat, de Crişana et du sud-ouest de la Transylvanie) mine
t manchot, estropie, mutile etc.• sarde, cat. dial. manku, esp., manco • es-
tropieo, alb. mbzk c. manchot „). Fort probablemcnt c'est du lat. *glibbus,
*ghtba, par metathese de *gibb[u]lus, g1"bb[u]la< gibbus, gt"bba (I bossu(c) I>,
quc s'cst developpe le dr. gheb (ght'abă) « bosse » 274 •
176. J1a11duccart I• mangcr gloutonnement, devorer et, depuis Pline
t manger I) >dr. mî11ca, ar. mî(n)c(u), mă(u)c(u), mi11gu, etc., mgl. mă-,
nane, ir. măncli • mangcr, dcvorer •>(dr.),« tuer » (dr., ar.), etc. (d. ma11i11ka,
a. it. ma11d11care, maufrare. log. man(d)igarc, fr. 111a11gcr (> it. 111a11gi1tre,
engad. manga, cat. mmjar). pro\·. ma11jug11, mangar, a. cat. manugar). Le
panrornan muslicar( > dr. mc!:.laa. ar. mastic, măsticarc. misticarc <1 rnâcher &
(it. masticare, log. mastigarc, engaJ. masca, frioul. masra, fr. mâclztr, prov .•
cat. masft'gar, c~p., pg. mas((fr). D'un *drnzicarc (<mica « parccllc, miette,
grain ») >Jr. demica, dimica (arch.). dumfra (pop.), ar. di1iic « mcttrc en
morceaux; emiettter: lacercr; m~~c ht r, mast iqucr » :.< 75 • Saturare ( < satur)
« rassasier » > dr. sătura, ar., mgl. satur, ir. saturti, idem (it. clial. (merid.)
s(1trari, sator.1rţ); sat11Jl11s (dim. farn. de salur (( rassasic •>) > dr., ar., mgl.
sătul, ir. satu (fem. satu/fi) « rassasie 1) (d. satoil, it. satollo, engad. saduol, a.
fr. saoul (n. fr. soul), prov. sadd, cat. sado/I). On a e:xplique par un terme
restitue *satimn ou respectin·mrnt par satis « asst·z 1>, avcc Ic comparatif
salt"us, Ies dr. saţ(iu), ar. sat« s::!tiete » (sa1<le dial sattsu, a. fr. set) 2 ; 6 . Fames,
-em > dr„ ar. foame, ir. fomt' « faim 1> (d. fum, it. fam(, cn~ad„ frioul. fam,
fr. faini, prov., cat. fam); *famm, -1·11011 >a. dr. foa11101e « faim » (log. fâ-
mine, esp. lzambrc', pg. fwze) <:t James, *-1·1cm > dr. foamete, ar. foami·te, foa-
mită (restitue d'apres foamite, ressl'nti commc un pluriel) ec famine; di!'ctte ».
Depuis un deriv(· restitue *fla111malnmd11s ( < flamma; cf. gaud1'lm11di1s, ·palpa-
bund11S), ;\ la suite d'une t'.·Yolution si-mantique n'ayant rien d'impossi1le,
on a pu alJoutir aux dr. flămînd ( < *flămtiu11d, a travers un flă1111111d (arch.,
reg.), mgl. flămzmd, ir. fla111w1d « qui a faim; affame >) m.
Le panroman bibar (d. bar, it. bere, log. tfrre, engad. bâit:er, trioul.
beri, fr. bofrc (a. fr. boivre). proY., cat. bmre, esp., pg. beber) >dr. bea, ar„
mgl. beau (brart', beari), ir. bfi « h0ire »: bibil1ts (I ivrogne I) > dr., mgl. beat,
ir. b~t ,, ivre » (esp. bcado, pg. blbado); bibitor « bunur, ivrogne »>dr. bău­
tor, mgl. bijtor, idem (it. bev1·1ou, log. bt"dore, fr. buvmr, prov„ cat. be·redor,
esp. pg. bcncdor); *bib1.tici11s > dr. (arch .. reg. du Banat) befit 4! buveur, ino-
gne »: *bibith.·us > dr. beţiv (reg.: befiu), idem; bibi'tura • boisson ll >dr. bău­
tură (reg. be11t11ră), mgl. bijăt11ră, b1"juturii, idem (a. fr. boi.ture, fr. dial. by.e-
Uir). Sorbire, sorbere > dr. sorb1·, ar. sorbu, ir. sitrbi (( humer, avaler l) (it.

1173
Mihliescu, Lg. lat., p. 278; PEW, 15-49- 1551, 1555; TDRG, p. 1382-1383; DLR.
iXI, 1, p. -45--47; SDE, p. -499; DDA p. 1100, 11'16.
:m REW, 375-4; PEW, 708; DA, II, 1, p. 251-252; DER. p. 360; DEX, P· 370; SDE,
P· 8-4.
275
REW, 2551; DELL, p. -402; Rosetti, ILR, P· 191; PEW, -499; TDRG, p. ~85;
DER, p. 306; SDE, p. 123; DDA, p. -473.
278 PEW, 1530; DER, p. 726; DEX, p. 828; SDE, p. 373; DDA, p. 10.52.
1177
REW, 3351, 3703, 617-4; DELR, 603; Rosetti, ILR, p. 191; SDE, p. -459; CapidaD,
Megl., III, P· 128; Puşcariu, St. istr., III, p. 112.

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Du latin au roumain 221

sorbire, engad. suerver, prov., cat. sorbir, esp. sorber, pg. sorver). Sugere «su-
cer & >dr. suge, ar., mgl. sug, ir. suze, idem (it. suggere, log. suere). Lingere
«lecher » > dr. linge, ar. ( a)lingu, mgl. ling, ir. linze, idem (it. dial. linciri„
log. lingere, frioul. lendzi). Le panroman sitis (d. sait, it. sete, log. sidis, engad.
sait, frioul. set, fr. soi/ (a. fr. soi), prov., cat. set, esp. scd, pg. sede) >dr.
sete (a. dr. seate, seati), ar. seate, mgl. seati, ir. s,te « soif ».
Le panroman cacare (d. kakuor, it. cacare, log. kagare, engad. lher, fr.
chier, prov., cat., esp., pg. cagar) > dr. (pop.) căca, ar., mgl. cac, ir. cacă
<c chier » 278 • Exprimere « herausdriicken » > dr. screme (par dissimilation ou
par contamination avec excrementum), ar. sprem (suprhnare, spream1't) « s'e-
preindre; faire des efforts pour l) (it. spremere, fr. eprei'11dre, prov., cat. espre-
mer, pg. espromr) 219 . Le panroman (vulg.) mcrda > ar. merdu «excrement>>-
(d. miarda, it., lug., cngad. merda, frioul. mierde, fr. merde, prov., cat. merda,
esp. mierda, pg. 111trda). Stercus « fumier, excrement» > a. dr. şterc « ordure,
paille, impurete » (it. stereo, esp. dial. istiercu, pg. esterco) 260 • Bissire (<vis-
sire) >dr. băşi, beşi, ar. besit, mgl. bes (bişQrt) « peter; vesser » (fr. 1•esser
(a. fr. vessir), prov. ·vissi; cf. it. 1.:escia, frioul. ves(e), fr. vesse, etc.; toutes Ies
formes en usage en Occident ont holueEs a partir de vissire); *bissina ( < *vis-
sina) >dr. (pop.) băşină, beşină, mgl. b1.ŞQnă « pet » (it. dial. Mss1:nu, prov.
vesina; cf. it. dial. vesinar, fr. vener (a. fr. vesner), prov. vezi'nar < *v1'ssi'nare) 281
*Pissiare >dr. (pop.) pişa, ar. bşu (lcişare), mg1. pi·ş (pişan'), ir. pi~a. pişa
« uriner » (it. pisciare, log. pisare, engad. piser, frioul. pisa, fr. pisser, prov.
p1·sar, cat. pixar) 282 • Le panroman (mat vulgaire) fut(u)ere « foutre, avoir
des relations sexuelles avec unc femme ,> > dr. (pop., vulg.) fute, ar., mgl.
fut, ir. fute, idem (it. fcttere, log. futtire, engad. fuoter, frioul. joti, fr. foutre,
prov., cat. fotre, esp. liodcr, pg. fodcr, part.aut avec le memc sens de base et
avec le meme statut) 283 •
177. Le panroman dormire (d. dormer, it., log. dormire, cngad. dormir,
frioul. durmi, tr., prav., cat., esp., pg. dormir) >dr. dormi (arch., reg. durmi),
ar. dormu. (durnire), mgl. dorm (durmiri),ir. durmi, dormi« dormiri>; addor-
mire >dr. adornl1: (arch., reg. adurmi), ar. adormu (adurnire) « (s')endormir l)
(a. it., it. dial. addormire, a. fr. adormir, prov., cat., esp., pg. adormir); dor-
mitare >dr. dormita (arch., reg. durmi(n)ta), mgl. durmi'!ez (> durmitizari =
= durmitari) « sommeiller ,> (a. it. dormentare, dormitare, a. fr. dormier).
*Attepire ( <*adtepire = ad+tepere «faire chaud (tiede) »; tepeo « s'abandon-
ner a la mollesse ,>) > dr. aţipi « assoupir ,> 284 • Le panroman somnus (d.
samno, 1t. so1mo, log. so1111u, cngad. son, frioul, sium, a. fr. somme, prov.
som, cat. son, esp. sutiio, pg. sona) >dr. somn, ar. somnu, mgl. son, ir.
278 REW, 1443; TDRG, p. 251; PEW, 247; DELR, 206; DER, p. 122; DDA, p. 302;.

Capidan, Megl., III, p. 53; Puşcariu, St. istr., III, p. 105.


2711 REW, 3057; TDRG, p. 1391; PEW, 1563; CADE, P· 1123; DER, p. 739; SDE, p.

384; DDA, P· 1108-1109.


2 so REW, 5520, 8245; PEW, 1057, 1642; DLR, XI, 1, P· 196; DER, p. 791; SDE, p.
501; DDA, p. 794.
2 e1 REW, 9380, 9382; TDRG, P· 178, 179; PEW, 186, 190; DELR, 138, 140; DER, p.
VO; DDA, p. 269; Capidan, Megl., III, p 38.
m REW, 6544; RDRG, P· 1172; PEW, 1324; DLR, VIII, 2, p. 651; DDA, p. 718;
Capidan, Megl., III, p. 223; Puşcariu, St. istr., III, p. 128.
283
REW, 3622; PEW, 692; TDRG, p. 658; DELR, 707; DDA, p. 577; Capidan, Megl.„
III, P· 134; Puşcarlu, St. istr., III, p. 113.
~ DELR, 109; Rosetti, JLR, p. 189; DER, p. 47; SDE, p. 42.

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222 H. Mihăescu

somnu « sommeil ». V1:sum « reve » > dr. vis, ar. yis, mgl., ir. vis, idem (cam-
pid. bizu); visare« rever» - dr. visa, ar. (11)yised::u, mgl. visez (g,nvisizes),
ir. v1:sa, idem (log. bizare). Sufflare > dr. sufla, ar., mgl. suflu (suflare, w-
f lari) <( souffler; respirer» (dr. pop.); a partir d'un *resufflare devait naître
le <lr. răsufla« respircr; souffleu (pop.); *su_ffli!us >dr. suflet (reg. suflit),
ar., mgl. suflit « halcine; vie; homme, personne; âme, esprit » (fr. soufflet,
prav. soflet; pour sufflare >dr. sufla(re) voir aussi: it. so/fiare, engad. su-
fla, frioul. sofld, fr. soujfler, prav. soflar, esp. sollar). *Cascare ( < gr. :;:licrxc..>)
>dr. căsca, ar. casw, mgl. casc« bâiller »(log. kaskare, idem) 285 •
Assudarc ( < ad.rndarc) >dr. asuda, ar. asnd (asudare), mgl. (q,n)sztd,
(f}n)s11dari (( suer; transpirer »;le panraman sudor, -orem (( sueur » (d. sudaur,
it. sudorc, engad. siiur, fr. sucur, prav. suzor, cat. sulzor, esp. sudor, pg. suor)
> dr. sudoare, ar. ( a)sudoare, mgl. sudoari, idem 286 • *Scuppire > dr. scitipa
(reg. scuipi, schipi, stupi, stulli, etc.), ar. (a)skuk.iu, stiK-escu, mgl. scup <c cra-
cher 1> (it. dial. stupar, sliupi, a. fr., prav., cat. escopir, esp., pg. escupir) 287 •
*Bab,z >dr. bală (rarcmcnt), bale (pi. < sing. *ba), ar. bală, mgl. bal'ă <c bave »
(le sing. en dr., ar. et mgl. est rcstitue d'apres le pi. bale, respectinment bal'e,
releve dans Ies trais dialcctes, forrnes de Lcaucoup plus frequcment utilisees)
(it. bm:a, log. baa, frioul. bat.•e, a. fr. be·uc, prav., cat. bava, csp., pg. baba.) 288 •
Stemutarc (*stranutarc) >dr. strănuta, ar. (a)ştimuted;;u, sttimut, strănut
SfUrUted;;u (C Cternuer 0 (it. Sfamufare, it. dial. SfrallUfari, log. isturridarC, engad.
staniider, frioul. stamudd, stranudci, fr. etern11er, prav., cat., esp. estornudar).
Subgluttius, su.gglutius ( = siu.gnltus) > dr. sughiţ, ar. sugl'iţu <( hoquet », et
s1tbgl11ttiare (= singultare) >dr. sugh1:ţa, ar. sugl'i:ţu (sugl'iţare), mgl. sitg-
l'iţ (sngl'iţari) « avoir le hoquet • (it. dial. suggyuttsari, esp. sollozar, pg.
·solu far) 289 .

178. Le panroman stare (d. stu.r, it. stare, log. istare, engad, ster, frioul.
sta, a. fr., ester, prav., cat., esp., pg. estar) >dr. sta, ar. stau (stare), mgl.
stau, ir. stt1 <c rester; s'arreter; habiter»; adastare (ad+ astare<adstare<ad +
+ stare) (( anstehcn I) > dr. (arch., reg.) adăsta, ar. adastu (< attendre; etre
dans l'attcnte I) (a. it. adastare (< zogcrn »). Le panraman jacere (( etre gisant
(cnterre); etre etcndu; etrc abattu I) (oppose a stare) >dr. zăcea, ar. d::ace
(d::.ăţeare, d:aţirc), mgl. zac (zăţeari), ir. ztlce, zăle (( etre etendu (parparesse
ou par fatigue); garder le lit; etrc malade; gesiu (it. giaccrc, fr. gesir, prav.
jazer, cat. jaure, esp. jacer, pg. jazer). Le panroman sedere (it. sedere, log. set-
tsae, engad. (se)d::er, fr. seoir, prav. sezer, cat. seure, esp. pg. ser) >dr. şedea,
ar. şed, mgl. 8Qd, ir. §edea « s'asseoir, etre assis, sieger; rester, durer; habiter,
etc. I); *assediare (cf. assidere) >dr. aşeza« (s')asseoir; (se) mettre; se (de)po-
ser; (se) rangcr; (s')etablir, etc.», ar. aşed(::u) <c asseoir » (esp. asear, pg. ase-
285 REW, 1733; M.ihăescu, Infl. gr„ p. 52; PEW, 306; DELR, 282; DA, I, 2, p. 176-

-178; DER, p. 146; SDE, p. 226; DDA, p. 318; Capidan, Megl., III, p. 63.
286
Mihăescu, Lg. lat„ p. 278; REW, 3076 (asuda< lat. exsudare), 8427: PEW, 1672
(voir REW. 3076); DELR, 107; DA, I, 1, p. 334- 335; DER, p. 46; SDE, p. 38; DDA, p. 234,
1129; Capidan, Megl„ III, p. 279.
287 REW, 8014; PEW, 1566; CADE, p. 1126; DER, p. 741; DEX, p. 842; SDE, p. 385;

DDA, p. 223, 1072, 1116; Capidan. Megl„ III, p. 261-262.


288 REW, 853; PEW, 180; DELR, 129; DA, I, 1, p. 455; SDE, p. 44; DDA, p. 254;

Capidan, Megl„ III, p. 32.


288 Mihăescu, Lg. lat., p. 279; REW, 7943; PEW, 1682; TDRG, p. 1528; DER, p. 807J

SDE, P· 407~ DDA, p. 1131; Capi.dan. Megl., III, p. 280.

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Du latin au roumrun 223

iar). Collocare « poser, (de)poser; coucher; enterrer, etc.» > dr. culca, ar.
culcu, mgl. culc, ir. cuca « (se)coucher » (it. collocare, fr. coucher, prov., cat.
esp. colgar). C'est peut-etre a partir d'un .*excub(u)lare (cf. cubare « coucher »)
qu'ont du evoluer Ies formes dr. scula, ar., mgl. scol, ir. scula « (se) reveillcr,
(se) lever, etc.».
Le panroman cadere (d. kadar, it. cadere, frioul. kadcr, fr. cheoir, prov.
cazer, cat. cdurer, esp. caer, pg. cair) > dr. cădea, ar., mgl. cad, ir. cad~ <1 tom-
ber ».Lubricare ( < lubricusj « glisser » > dr. ( a)luneca (reg. ( a)lunica; arch.
reg. (a)lureca, (a)lurfra), ar. alunie (alunicare), mgl. lurec (luricari), idem
(a. fr. lovergier, fr. dial. lurzii). Le panroman ire (d. zer, it. ( g)ire, fr. (futur)
irai, cat. ire, prov., cat., esp., pg. ir) >a. dr. i (1'mu « nllons », voiu i <1 j'irai »,
i-voru (I ils iront »). ar. i (I va!», ir. ii (I aller >) (defectif. de meme que dans Ies
deux autres dialecte!' roumains et tout comme dans toutes Ies langues romanes.
occidentales) 29 0. Lat. vulg. mergere =mergi <1 se couler, se noyer » > dr.
merge, ar. nergu, mgl. merg, ir. m~re « aller, marcher» (a. it. mergere <1 abattre,
jeter a terre », engad. scl11nerscher « jeter dans un precipice, abattre des ar-
bres au sol» et alb. aussi mJrgoj. « cloigner, ecarter », mais toutes ces formcs
ont evolue a partir du lat., plus ancien, mergere <1 couler, noyer » (voir ci-des-
sus §. 26} :.: 91 . Le panroman vadere >dr. va (dans la locution populaire mai
va« il y a encore jusque la-bas; il se passera encore du tcmps jusqu'alors »),
vă, vaţi (vareţi) «marche! marchez!» (imperatif; arch., reg.), ar. ·vai « que
tu marches; marche! », mgl. vm· « marche! » (d. ·uis, it. vado, log. bae, badzi
(imperatif), frioul. voi, fr. vais, prov. vauc, cat. 7.!aig., esp., pg. vado). Le pan-
roman passus <1 pas» > dr., ar. pas, idem (it. passo, log. passu, engad., frioul.,
fr., prov., cat. pas, esp. paso, pg. passo et alb. aussi paslz); *passare (<pas-
sus) > dr. (arch., dg. - notamment a l'imperatif) pasă, păsănz, păsaţi <1 Ya,
allons, 811ez », dr. (pop.) pas(ă) de ... , pas(ă) să ... « essaie un peu de ... ;
va donc (faire) si tu peux ... »,pasă-mi-te (< c'cst que », ir. pasâ (seulement a
l'imperatif) «marcher, llller, partir, s'en aller » (it., log. passare, engad. passer,
frioul. passci, fr. passer, prov. passar, esp. pasar, pg. passar. Ambularc « llllcr,
marcher, deamtulcr » > dr. umbla (reg. îmbla; circh. blare, infinitif; blăni.
(blem), blămaţi(blemaţi), imperatif), ar. imnu(imnare), mgl. amnu ( amnari),
ir. (ă)mna, idem (it. ambiare, frioul. la, fr. aller, ambler, prov., cat., a. csp.
amblar, pg. ambrar) 292 • Perambulare (per+ ambulare) <1 (se) promener » >
>dr. plimba (reg. preumbla, pri·mbla), ar. pri(i)mnu (pri1"n111arc), rngl.
priamnu, idem. Ordinare « mcttre en ordre; ordonner » > rngl. urdin, idem,
dr. (arch., reg.) urdina, ar. urdi·n (urdi'nare) « courir de ci de la, aller sans ccsse
au meme endroit >) (dr.); (< circuler, s'enfiler, se succeder (chemin faisant) I

etre li bre ou accessible a la circula tion etc »; Ies forrnes presentees par Ies
I

autres langues romanes ont eu pour point de depart un terme restitue *ordi-
ni·are; le dialecte megleno-roumain est le seul a avoir conserve le sens latin,
quant aux daco-roumain et aroumain, ils temoignent de l'apparition ulte-
rieure des ciutres sens qui, dans ces deux dialectes, devaient evincer le premier.

280 REW, 4545; PEW, 772; DELR, 812; DA, II, 1, p. 464; [Densusianu, ILR, P· 797 ~
Rosetti, ILR, P· 568; DDA, p. 670; Puşcariu, St. istr., III, p. 313.
281 REW, 5525; Mihăescu, Lg. lat., p. 284; PEW, 1058; DELR, 1080; DER, p. 516;
SDE, p. 255; DDA, p. 924; Capidan, Megl., III, p. 188; Puşcariu, St. istr., III, p. 314.
m REW, 412; PEW, 1797; TDRG, p. 1676; CADE, p. 1370; DER, p. 872; SDE, p.
504; Rosetti, ILR, p. 156, 504, 506; ms. rom. 5484 BAR, 28v (Codicele TodOTescu, mis-
cellan~e religieuse du commencement du X\'IIe siecle); DDA, p. 677; Capidan, Megl., III, p.
12; Puşcariu, St. istr., III, p. 302.
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224·

Le panroman fugire (=/ugere) >dr. fugi, ar., mgl. fug, ir. Juli « fuir,
s'enfuir, courir »; « partir » (ce-demier sens en ar. et mgl.) (it. fuggire, log.
fuire, engad. fugir, frioul, fui, fr. fuir, prov., cat. fugir, esp. huir, pg. fugir);
fuga, -am «foite» - dr. ar., mgl. fugă, ir. fug~. idem, <« depart » (en ar.) (it.
fuga, log. jua, a. fr. fuie; sens plus ou moins prochcs au sens latin). *Allar-
garc ( < ad+ largare, verbe du langage des troupcs, atteste dans un texte du
yc siecle), derive de /argus et signifiant <« rompre Ies rangs au pas de course &
(car le mouvcment en question exigeait de la rapidite) > dr. alerga, ar. alag
( alagare), mgl. lag (lagari) « courir » (Ic sens de base) (it. dial. alargarse, log.
allargarcsc <« s'eloigner »); notons que le dialecte aroumciin comporte, civec le
meme sens de <« courir », egalement le terme adălag ( adălăgare) ( < ad +
+ *allargarc) forme nee d'une nouvelle composition, avec le meme pre-
verbe 293 . Trepidare ( < trepidus) « trepigner, s'agiter, trembler, se hâter,
courir » > dr. (pop.) trepăda «< courir, marcher sans cesse d'un endroit a l'au-
i.rc; s'agiter » (it. dial. trespiggiarc).
Le panroman i11trarc (it. mtrare, log. intrare, engad. intrer, frioul, intrd,
fr. mtrcr, prov., cat., csp., pg. cntrar) >dr. i1itra (pop. întra), ar. intru, (frt-
trare), mgl. eţntm ( Q.11trari) « entrer t. Le panroman exire ( it. usc irc, log. bes-
sire, frioul, i~i. a. fr. cissir, issir, prov. eisir, cat. eixfr, esp. exir) >dr. ieşi,
ar. (i)es(u), (i#re), mgl. ies (işQri), ir. ieşi«< sortirt.
Subirc ( < ire) « s'approcher de; venir sous; (plus tard:) monter t >
>dr. sui, mgl. mi <« monter • (a. esp. sobir, it. dial (contam. avec susum)
s11sir1:, su sire). Descen.dere > a. dr. de.ştinde, dcştinge « descendre » (it. scendere,
fr. descmdre, prov. deisender, a. cat. dexmdre, csp. pg. descender).
Lepanroman venire (d. vener, it. venire, log. bennere, engad. gnir, frioul. vini,
fr .. ~ pro\'. vcnir, cat. v1:ndre, csp. t•mir, pg. ·vir) >dr. veni, ar. yin (vinire,
yincare), mgl. v1:11, ir. veri «venirt. Le derive populaire appropiare (ad+
+ propio < propius, nom. de propior < propc) « rapprocher • >dr. apro-
pia, ar. aprolfo (aprolCeare), mgl. prolCizt (pmkiari) <«(se) rapprocheu (log.
approbiare, fr. aprocher, a. prov. apropchar, cat. apropar) 294 • Adiungere
~ joindre a I)> dr. a_iunge, ar. agiungu (agiund::ire, agiund::care), mgl. jung
(ittW:iri) (C arriver; (se) rejoindre; s'entendre (dr. afCh., reg.); deVCilÎf egal,
etc.» (it. aggiungere, log. ajungere, fr. adjoindre (a. fr. ajoindre), prov., a.
cat. ajonher; Ies sens du roumain se retrouvent en it. (a., dial.) et en fr. dial.).
Plicare <« plier » >dr. pleca, ar. ( a)plec, ( a)plicare, mgl. plec (plicari)
<« pcncher, incliner, se coucher (le soleil), (se) soumettre, etc.; partir » (it.
picgare, engad. player, frioul, pled, fr. plier, player, prov., cat. plegar, esp.
llcgar, pg. Chegar); l'evolution Semarttique de (C plier I) a (C partir >), atteste en
italicn aussi, a du avoir en lieu d'a bord dans le langage des militaires qui, au
moment de quitter un cantonnement devciient plier leurs tentes (cf. le fr.
« plier bagages ») ; ce terme se rnngerait donc sous le meme rubrique que celui
precite: alerga; par contre, en espagnol et en portugais, l'evolution seman-
tique n'a pasete determinee par unc connexion de ce genre, mais bien en fonc-
tion d'une autre, peut-etre plus familiere aux locuteurs respectifs, de sorte
-qu'elle allait conduire de « plier • a <«(se) rapprocher, arriver, venir •: appli-
293 REW, 342; Mihă.escu, Lg. lat., p. 25; TDRG, p. 47; PEW, 61; DELR, 952; Graur.

Etimologii, p. 54 (<lat. *allergare); SDE, p. 24; DD ..\., p. 129; Capidan, Ar., p. 353-35.of;
Idem, Megl., III, p. 164.
2" Mihăescu, Lg. lat., P· 65; DELL, p. 538-539; REW, 557; PEW, 102; DELR, 66;
DER, P· 31; SDE, P· 33; DDA, p. 178; Capidan, Mcgl., III, p. 235.

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Du latin au roumain 225

<:cirt (= adjJlicare) <1 appliquer, mettre contre, approcher, arriver, dresser le


camp » >dr. apleca « (se) pencher, (s')incliner, plier (a)• (it. dial. akkikare,
a. fr. aployer, fr. dial. aplaye, cat. aplegar, esp. allegar, pg. achegar) 295 • *Ex-
cappare ( < cappa) >dr. scăpa, ar. ( a)scap, ( ( a)scapare), mgl. scap (scă­
pari:), ir. scapd « echapper, se sauver; terminer, achever » (en ar.), « s'enfuir,
deguerpir » (en ir.), etc. (it. scappare fr. ichapper, prov., cat., esp., pg. escapar).
*Inobvio, -are > mgl. nuib « je (rne) rencontre » (cf. dr. reg. (dans le parler
d'Oltenie) 1tib, oib « en chemin, en travers le chemin, au-devant de quelqu'un »
< inobvio;it.dial. (andi an) obja «(se rendre a un) rendez-vous») 296 • D'un
*erraticire ( = *erraticare < erraticus < erro, -are) pourrait bien etre ne le
dr. rătăci <1 commettre une faute, pecher (arch.) ; s'egarer, flâner » 297 • Contri-
bulare « parcourir • > dr. cutreiera (reg. cutriera), ar. cutr1:yir ( rntriyirare)
<1 pa rcourir, explorer; flâner ».
Calcare ( < calx, calcis) « talonner, fouler aux pieds •> > dr. călca, ar.
calcu (călcare), mgl. calc (călcari) «mettre le pied (sur), marcher, parcourir,
(rc)passer, fouler aux pieds, etc.; soumettre, oppimcr; passer outre (prendre
le pas sur quelqu'_un d'autre - mgl.), etc.» (it. ca/cart.,·, cngad. /r,yalkyer,
frioul. lial"lia, fr. cocher (a. fr. chauchier, cauclzier), prov., cat., esp., pg. calcar).
Trefrere (= traicere) « conduire (passer) par-dessus, jeter par-dessus » >dr.
trece, ar., mgl. trec (treaţirc, treaţiri), ir. trele <1p2sscr, traverser, etc.» (prov.
tragir, tra::ir, (dial. treize) « herunterschluken •>). Salfre >dr. sări, ar., mgl.
sar <1 sauter » (it. satire, engad, saglir, fr. saillir, prov., cat. sallir, esp. salir,
pg. sair) ; insalire > ar. a ns ar ( ansăreare), idem; transsalire > dr. (arch.,
Teg.) trăsări (litt. tresări d'apreS fressailliT), ar. friisar ( trăsărire) (I treSSCI illir I)
(prov. trasalhir, fr. tressaillir). Le panroman saltare « sauter » > dr. sălta,
ar. saltu (săltare), idem (d. satuar, it. saltare, frioul, saltd, fr. sa-uter, prov.
sautar, cat., esp., pg. saltar); saltus <1 saut •> >dr. salt, idem (it. salto, log.
saltu, prov. saut, esp. seto, pg. so-uto).
La forme populaire *innotare (= innatare) <1 nagcr •> >dr. înota, în-
nota (arch. nota, nuta), ar. (a)not ((anutare), idem (Ies formes de l'a dr.
nota, nuta et de l'ar. not, nutare pourraient s'etre developpees a partir d'un
lat. vulg. *notare - cf. l'alb. notoj, it. nuotare, a. fr. noer, idem) 298 •
Le panroman pre(he)ndere <1 prendre, s:.:iisir » >dr. prinde, idem (d.
prendar, it. prendere, fr. prendre, prov. penre, cat. pendre, esp., pg. prender,
etc.) ; compre(he) ndere <~empoigner, englober; comprendre» > dr. cuprinde
<c sc>.isir, cmbrasser; comprendre, entendre; contenir, renfermer, etc.» (it.
comprendere, fr. comprendre, prov., cat. compendre, esp., pg. comprender);
ar. prindu ( prindire, prindeare) se rapproche sous le rapport semantique aussi
bien de prinde - voir le sens de« se former, naitre, commencer •> revetu ega-
lement par la forme populaire du verbe dr. - que <le cuprinde « comprendre ».
La forme populai re aucupare ( = ca pere) « prendrc, saisir •> don na probable-
men ten dr. apuca, ar. apuc (afrncare), idem 299 • Atti11gere «(se) toucher • >

295 REW, 548, 6601; Mihăescu, Lg. lat., p. 25; HEM, I, P· 148; TDRG, p. 77, ll85-
118fi; PEW, 97, 1324; DELR, 1402, 1403; DA, I, l, P· 194; DER, p. 29, 636; SDE, p. 32,
317; DDA, p. 996-997; Capidan, Megl., III, p. 226.
m Capidan, Megl., III. P· 209; PEW, 1201; DELR. 1255; CADE, p. 1366.
297 TDRG, p. 1309; PEW, 1450; CADE, p. 1049-1050; DEX, p. 780; SDE, p. 368.

zge Mihăescu, Lg. tat., p. 28; REW, 4443; DDA, P· 166; PEW, 868; DELR, 1261, 1262;
TDRG, p. 824; Rosetti, ILR, P· 500; DER, p. 432; SDE. p. 510. .
299
Mihăescu, f-g. lat., P· 66, 301; REW, 776; PEW, 103; DA, I, l, p. 211-215; DEX,
P· 47; SDE, P· 33; DDA, p. 179.

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226 H. Mihăe5cU

>dr. atingt', idem (it. attingcre, idem). A partir d'un *accaptiare (ad+ cap-
tiare ( < captio =capia) ~ chasser ») on a explique le dr. acăţa, agăţa, ar.
acaţu, ( acăţare), mgl. caţ (căţari), ir. (a) caţd « saisir, (sJaccrochcr, (se) pendre,.
etc.» ~oo. *Tragere, trahere « traîncr, tirer » (pour ce qui est de *tragere cf. tra-
if.llm, tragufo) >dr. trage, ar., mgl. trag, ir. fraze, idem (d. truar, it. fr,irrt', log.
traac, frionl, trai, fr. trairc, pro\·. traire, cat. traure, esp. traer, pg. tra:er) ::~ 1 .
Le panroman po1W't' "poser, placcr » (it. pon·i·, iog. p6111w·t", fri01il.
pani, esp. p(l11er, pg. por; it. dial. p611der, frioul. pondi, fr. }!ondrc, pre,·. po11re,.
cat. -pondre) >dr. p1111t', ar., mgl. p1111, ir. p11rt', idem, « mcttre »; depontre
« c}(>poser, mettre a terrc » > ar., mgl. dipun « dCSCL'l1<lre; ak1iSSCT » (dr. ,fr-
p1111c <• conccYoir, portl"r dans ses flancs » - cn parlant d 'une bre bis ou d 'tme
,·ache); le tl'nnc figure J;ins <l'autrcs langucs romancs: it. deporrt', log . .le-
/1n1111ac', frioul, dai'Vlli, pro,·. 1frfo11rt", csp. depo11cr, pg. dt'fâr.
Le pan roman ft'll!'Yt" (d. tmar(e), it. lt'llt'l't", log. tcJ1111~'rt', engad. tg11c1ir,
frioul. tilii, fr., pro,· .. cat. tmir, esp. tmcr, pg. tir) >(Ir. (i11c(a) (reg. ţîne(,1)),
2r. fin ({î11eart"). mgl ('}li (!â11t"cm), ir. fire <• tl'nir i>; *attmac (= attinac
« <t'.·ten<}rl' jusqu'~1. tl'nir a, tonchcr, garder ») >dr. tlfi11c(a) «SC tcnir OU
(.trl' pret (a saisir ou ;l attrapl'r qqch. ou qqn.). guetter (qqn. au pas~age);
etrc aux ;:igucts (pour s'cmparl'r de ... , attrapcr ou capturer qqn.); attendre
an pa~~;:igl'; ten ir Ies clwmins: snivre de pres », mot qui dcj a du tcmps <lu b tin
t:t~ it l'ntn~ de plus en plus d;'ns la tcnninologie militaire, comme cn temoi-
gnent notamment ses scns en daco-roumain (\'oir par a illeurs aussi: it. attoit·rc,
;i. fr. a/mir, a. J1fO\". c1tma, cat. alenirse, esp. at/t'llcrst', pg. ala-se). Le <leriYe

populaire ertmcare ( < rw1co) « sarclcr, jeter •>(=eradicare, t:fJu11dcre) (con-


tamine aYec adruncare = t'Vatere, alienare) >dr. aru11ca, ar. ante, anmcie
(aru(11)care), mgl. ru(11)c (rucari) «(se) jeter; lancer'> (it. Jial. arronrnre,
arro11gci, fr. dial. aro/se ) 30 ~. Efrdcrrr: « jcter au-dehors, rejcter" > dr. (reg., dans
Jes parlersdc Transyh-anif') afrpta <• lancer, projeter; s'elancer, prendre l'essor »
(pg. c11jei/ar « repousser, rejcter, lancer 11); inicctare <• lanccr sur qqch. 1> > dr.
(arch., reg.) Îlliepta (< (s')elanccr, (se) precipitcr; prendre son elan; s'efforcer 1>;
la synonymic an·c afrpta d surtout }'origine transyh-ainc des temoignages
cn cc qui concerne ccttc fortnL' ont suggere l'h~·pothi·se qu'il s'agirait scule-
mcnt dans son cas <l'unc forme ohtcnue par un simple changement de pre-
fixe (voir neanmoins aussi k campid. i11gitlsai) zo 3 •

Sens (fouctions des organes sensoriels),


sensations, eoulem·s, forme, aspeet
179. Le panroman <. idtre (d. vedcir, it. vedere, log. bidere engad. vair,
1

frioul. vyodi, fr. <oir, proY. <!t".::er, cat. veure, csp., pg. ver) >dr. vedea (reg.
1

1)idv, ar., mgl. vd ('vidcart", <1ideari), ir. ved~ <• voir; chcrcher; examiner; ai-
300
PEW, 7; DELR. 6; DA, I, 1, P· 11-12; DEX, p. 17; SDE, p. 18; DDA, p. 101-102;
CapiJan, Mcgl., III, p. 65; Puşcariu. St. istr., III, P· 301.
Joi HE""· 88'11; PEW, 1752; TDRC, p. 1630-163'1; DLR, XI, 3, p. '156-472; DER,
P· 8.'\5; SDE, p. '131; DDA. p. 1189-1190; Capidan, J!egl., III, p. 297-298; Pu~cariu,
St. istr., lll, p. 137.
o;; l\1ihăescu, Lţ. lat„ p. 283; HEM, 2, p. '133; REW, 2908; DELL, p. 582; TDRG, p.
3

99-100; CADE. p. 85; DEX, p. 54; SDE, p. 36 (PEW, 132 et D ..\, I. 1, p. 278 <lat. avcrr11n-
co, -art• o cluigncr, ecarter •).
ao 3 HEW, 28.15; TDRG, p. 818; PE\\T, '12; DELR, 865; CADE, p. 659; DA, I, 1, p-
7G-77; li, 1, p. 70'1; DER, p. H, 431--132.

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Du latin au ronmain 227

<ler, etc. I). Le panroman audire (it. udfre, engad. udfr, a. fr. oir, prov. aiesir,
cat. ohir, oure, esp. oir, pg. ouvir) >dr. au,:i, ar. avdu ( avdzire), mgl. ud,
ir. arzi « oui:r, entendre, etc.». Le panroman ascultare (=auscultare) (it.
ascoltare, log. askultare, askustare, engad. ascoltcr, frioul. slwltâ, fr. ecouter
(a. fr. ascouter), prov. escoutar, cat. escoltar, esp. asmchar, esmchar, pg. escu-
tar) >dr. asculta, ar. aswltu (ascultare), mgl. scztlt, ir. (a)swta «ecouter;
obeir », etc. Gustus >dr. gust, ar. gustu, ir. gust, gust <i golit» (it.gusto, engad.
guost, frioul. gust, fr. gout, prov. gost, cat. gust, pg.gosto); gustare >dr. guşta,
cir. gustu (gustare), mgl. gust (gustari), ir. gusta. gusta «gofi.ter» (it. f_ttsla:-c,
engad. guster, frioul, gusta, fr, gouter, prov. gostar, cat. gustar, esp., pg gos-
tar). Le pan roman acrus, agrus ( = acer) (it. agro, log. a~ru fr. aigre, pro\·.,
cat. agre, esp., pg. agro) > dr„ ?r., mgl. acru « ciigre » 301 . Amarus <i amer »
(sens physique et moral) >dr., ar. amar, mgl. (<ţn)mm', idem (it. amaro,
engad. amer, frioul. mar, fr. amer, prov. amar); amaritia ( < amarus) >dr.
(reg.), ar. amăreaţă « amertume » (it., engad. amare:::a, prov. amarcsaJ. Le
panroman dulcis -em « doux » (sens physiquc et moral) (d. dolk, it. dolcc, log.
dulke, engad. duc, frioul. dolts, fr. doux, prov. dous, cat. dolr, esp. dulce (a.
esp. duz), pg. doce) >dr. dulce, Clf. dulţe, mgl. dutţ1·, ir. d11l'ce, idem; apartir
d'un *indulcire ( = frzdulcere) ou par derivation sur le terrain du roumain
sont n,ees Ies formes dr. îndulci, ar. ( a)ndulţescu ( (a)11dulţirc), mgl. nd11lţes
(ndulţiri) « adoucir » (it. 1·ndolcire, log. indulllirc, a. fr. endoucfr, cat. endolsir,
:a. esp. endulcir); dulcor, -orem ( < dulcis) > dr. (arch. reg.) dulcoare (( dou-
ceur » (fr. douceur, prov. dolsor, esp. dulzor). Du lat. vulg. putire (=putere)
·«puer» ont evolue Ies dr. (pop.) puţi(re), mgl. puţQS (putsQri), idem; de in-
putire ou par derivation en roumain > dr. împuţi·« pourrir, puer, empester ~.
ar. cunput « puer » (it. putfre, log. pudire, fr. pucr (a. fr. puir), prov., cat.,
a. esp. pudir); putor, -orem «puanteur» >dr. (pop.), ar. putoare, mgl. pu-
toari, idem (it. dial. pu(d)or, fr. pueur, prO\ ., C8t., a. esp. pudor); a partir
d'un *puteosus a du probablement se developper le dr. pucios « mauvaise
senteur » (arch.), « nauseabond » (pop.); c'est a part ir <lu premier sens que nous
venons de mentionner que s'est formee la locution dr. (arch.) piatră pucioasâ,
litteralemcnt (( picrre nauseabonde >) et le dr. (pop.) pucioasă, terme designant
le sulf - voir ci-dessus, §. 157 305.
130. Albus <(blanc (mat) » > dr., mgl. alb, ar. albu, ir. ab1t, idcin (d.
jualb, log. alvu, cngad. alj, pg. alv); dc-albus > dr. dalb «blanc» (cf. dealbare
> a. fr. daubcr (( blanchir a la chaux, chaulcr »; deaurare > it. dorare, fr.
dorcr, proL daurar, c2t., csp. dorar, pg. dourar); exalbidus ( < ex albesco <
< albus) <( blanchâtre » >dr. s( c)arbăd, 8r. Slrlbid, sarbid « pâle, bleme »;
+
*albaster ( < albus +-aster) « blanchâtre » >dr., ar. albastru «bleu» (2r.
nalbastru <(gris, poivrc et sel », ce mot du parler des habitants de Grarnuste
semble rappeler le sens initial du derive latin); ments «pur, sans rnelange » >
>dr. (arch., reg., notamment dans Ies parlcrs de Transylvanie) mieru (m11.e-
ru, 1leru) «bleu» (it. dial. mierţ, log. meru, a. fr. mier, cat. mer, csp. me-
ra). Galbinus ( < galbus) « vcrt pâle; jaune » > dr. galben (reg. galbin), ar.,
301 DELL, p. 6; Mi hă.eseu, Lg. lat., p. 228; REW, 92; PEW, 16; DELR, 13; DDA, p.
104; Capiclan, 11/egl., Ul, p. 7. ·
~ 05 Mihăescu, Lg. lat., p. 279; RE'W, 6876, 6883; PE\.Y, 1394, 1414, 1419; TDRG, p.
771, 1275, 1286-1287; CADE, p. 639, 1021, 1033; DA, II, 1, p. 535-536; DLR, VIII, 5,
p. 1721-1722, 1860; DER, p. 681: SDE, p. 343, DDA. p. 150; Capidan, Megl., III, P: 243.

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228 H. Mihăescu

mgl. galbin, ir. găbir « jaune » (fr., pro\'. jaunc (a. fr. jalnc); alb. aussi (i, e)
{!,jdber <c \'ert pâle », cf. ci-dessus § 26). Le panroman niger, -gra, -grum (iL
~iao, engad. 11air, frioul. 11eri, fr. noir, proY., ccit. 11t"gre, esp., pg. negro) >
> dr., ar., mgl., ir. negru • noir I); de 11igritia ( Yoir aussi a. it. negrc::a) ou
par derivation sur le terrain du roumain se sont deYeloppes Ies dr. negreaţii,
mgl. nigrcafă, idem, ct, a partir de la, cn mgl. « prundle - zone noire de l'reil »;
un proccssus analogue dc\"ait sans doute aboutir au terme dr., ar. et mgL
albeaţă (j blanchcur; taie de l'reil.,, ayant Ies memes sms (y compris celui rela-
tif a l'reil) dans lcs trois diakctes roumains; pour cc qui est du sccond terme,
dans le cas duquel la deri,·a t ion cn roumain est la premii·re a en\"isager, il a
pu aussi prcndrc comme point de depart un lat. *albitia (<a/bus). On n'a
rekve qu'cn roumain le mot mul'u, synonymc, des dr. 11t"grfrios et mgl. ni-
.::::ri(os ( < 11(.!:!_Y/l) Cc 110irâtrc; I10iraud li, denfoppe a partÎr du lat. mltllfUS (<de-
COllkllr rouge », conscr\'e au~si cn log. mud::.u. Rosc11s • coukur de la rose „
>dr. roş(u), ar. (a)ro~u. mgl. roş ir. roi§, roiz « rouge »; cn ar. le mot signifie
aussi «blond» (it. dial. rase • rougc I): russus « rougc ~> > dr. (arch., reg.)
ms, ar. (a)ms, mg-I. nts 41 rouge; rougeâtre •; cn ar. egalcment (<blond (rous-
<:.f1trc) I); a propos de cc clcmil'r sens, il com·ient d'cm·isager egalement une
influrnce slan' 3 os; robcus ( < rubms) (I. rougc • >dr. ro1·b, ar. aroibu • chc\"al
alczan * (~. it. robbio, log. ruyu, fr. rouf!e, pro,·. roi, cat. roig, csp. rubio;alb.
:rnssi rrojbe, rrolbc, cf. ci-ckssus §. 26); la consen·ation de cc terme' dans le
langagc stricteml'nt lie a l'ell'\"age rcpresente un trait particulier de la langue
roumaine. l'mdus 'bleu turquoise • (adjectif deri,·e du nom de la \"ille de
\' enisc) > dr. vînăf, ar. vinil, mgl. vină! • \"iolace i>. Le panroman vir ( i) dis
(it. verde, log. birde, engad. i.•erd, frioul., fr., pro\'., cat. "l'Crt, esp., pg. verde)>
> dr. verde, ar. i.•farde, mgl. veardi, ir. ''~rdc • vert o. Camttits ( < rnnus)
• chcnu • > dr. cărunt (reg. că111mt), idem, ar. că11ut «gris (en parlant des
chevcux) •. A partir de virgatus • \'erge • ou par deri\"ation en roumain sont
necs Ies forrnes dr. vărgat, mgl. virgat, idem (it. vergato, a fr. vergii, prov.
vergat).
181. Strambus ( = strabus) • Ies ycux de travcrs, louchc; pervers 11 >
> dr. strimb, ar. strîmbu • tordu: qui n'est pas droit 1> (antonyme de drept{u)
~ droit • ( < directus). mcntionne ci-dessus, (Ş. 170) comme l'oppose de (a)-
stîug(11) • gauche ») (it. strambo, frioul. stramb, pg. cstrambo et aussi cilb. slzt-
remp, shtrcmb, (i, e) slttrcmber, cf. ci-dcssus, §. 26) . •'\t!argo, -i·nem «bord.
margc • > dr. margine, ar. mard:inc (dr. margi11ă, ar. mard:ină sont des for-
mes au singulier rcstituecs d'apres le pluriel), mgl. mar:;ini, idem (d. mrgan,
it. margiue, a. log. margine). Cc fut probablement apartir du lat. mutulus utoute
especc de saillie de picrre ou de bois s'avan~ant au-dela de l'aligncment d'un
mur; mutule, corbeau »>dr. muchie (muche), ar. mucl'e, mgl. mucl'ă «are-
te; bord; sommct » (it. mucclzio, log. muyu, etc., changeant sans cesse de sens);
l'cvolution semantiquc de ce mot dans Ies langucs romanes qui l'ont conserve

aoe REW, 7379, 7-466; TDRG, p. 1339, 13"17 (dr. rus< sl. ru:;1i}; PEW, 1'475, HS7;
C..\DE, p. 1081-1088 (dr. rus< ·1sl. rusu); DLR, IX, p. 560-56-4, 6.30 (dr. rus< bg., ser.
rus); DER, p. 706 (dr. ro,rn, ar. aroş, mg!. roş, ir. roiş <lat. ntss11s ou <le lat. 'l'Oseus), p. 710·
(<lr. rns, ar. arns, mg!. rus< sl. rusu): DDA, p. 209, 217, lOH, 10-46 (artis<:;l.'l.t. n1ssus: :::iour
rus ~blond. roux~. cf. sl. nml, idem); Capidan, .\legi., III, p. 2.51, 25.1 (rus< bg. rus); Puş­
cariu, St. islr., III, p. 131.

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Du latin au roumain 229"

laisse a supposer que le changement du sens initial a du avoir eu lieu tot 307 •
Ang(u}J.us « angle »>dr. unghi, idem (it. dial. aiio, fr., prav., cat. angle).
A partir d'un lat. *cavula ( < cavus « creux ») on a explique Ies formcs dr.
gaură; ar. gav1'ă (cette-derniere mise en relation egalement avec l'alb. ::gaver,
-ra <1 cavite »), mgl. gaură« trau » (it. dial. gavla « l'auget d'une raue de mou-
lin »)::os. Circus « cercle » > dr. cerc, mgl. ţerc, idem (it. cerea, log. kirku, esp.,
pg. ccrco) et, partant du diminutif synonyme circ(u)lus > ar. ţercl'u, idem
~it. cerchio, log. kilC.U., cngad. Cierliel, frioul. scrkli, fr., prav., cat. ecrele). Le
panraman signwn 11 signr; sigm1l )) (it. scgno, log. simiu, engad. sdi, prav.
senh, cat. senya, esp. Sltia, pg. scnha) > dr. semn, ar. snmm, mgl. scnw (a
Liumniţa siămn), ir. sămnu, en alb. aussi slicni, slicnjC), idem; siguare <(mar-
quer d'un signe» >dr. (arch,, rcg.) semna (sămna), ar. semnu, ir. sâmna,
idem; depuis le lat. ntlg. insignare « marquer l>, ou bien par derivation sur
le terrain du raumain, pravienncnt Ies dr. însemna, ar. 11simned::u, idem (quant
aux descendants respectifs des langucs ramanes occidentales, it. i11seg11are,
fr. oiseigner, prav. ensenlwr, cat. cnsenyar, esp. msdiar, lcur evolution Ies a
conduits vers Ies significations: <1 montrer, apprendre a, foire la le<;on aqqn. »).
Formosus (<forma) prapremcnt <( fait au moule », par la suite «Lien
fait, beau)) >dr. frunzos <1 beau)) (a. it. dial. (ven.) formoso, prav., cat. for-
mos, csp. hermoso, pg. formoso); de frumos, par derivation en roumain, ou
a pntir d'un derive verbcil rc!'"titue *informosiare a pu se developper le dr.
(arch. reg.) înfrumuşci (înfrumşa, înfrîmşa) <1 embellir, orner )), cepencbnt que
le p~rticipe *(in)formosiatus aura fourni l'explication des termes en usage
dans Ies dialectes raumains sud-danubiens, au lien du dr. frumos gui leur foit
defaut: ar. muşcat, mgl. (a Ţârnareca) muşat, ir. muşat (en dr., la forme muşat
«beau» - mot câlin adresse a un petit enfant - ne s'est conserve qu'a titre
regional, dans Ies parlers de l'oue. t de la Transylvanie, et dans l'onoma~ti­
que) 309 • En tant qu'antonyme de frumos cn daco-roumain et en aroumain
s'avere d'usagc courant le mot urît (en ar. aussi aurît). representant en foit
le participe du verbe dr. urî, ar. (a)urăscu, (a)urîre <(halr, detester» (<lat.
vulg. *horrire = horrerc); il s'en suivrait donc que Ies formes dr., ar. urît
t laid » traduisent la forme verbale du latin horritus. Le panroman grassus
( < crassus, influence par grossus) >dr., ar., mgl. gras, ir. grâs «gras» (it.
grasso, log. rassu, engad., frioul., fr., prov., cat. gras, esp. graso, pg. graxo);
*ingrassiare > dr. îngrăşa, ar. ngraşu (ngrăşeare), mgl. <ţngraş ( <ţngrăşari)
« engraisser )) (voir aussi fr. engraisser, prov. cngraisar, cat. engreixar). A par-
tir d'un lat. *jragidus ( < fracidus, influence par fragilis) devait apparaître
le dr.fraged<( tendre, frelc )) (istr.fredo, ven.fredo, frioul. /raid) Afttcidus <1 moi-
si )) :'>dr. muced, idem (it. mucido, frioul, milzar). Viscosus ( < viscum, vis-
cus <( gm; glu ») « gluant, collant » >dr. văscos (arch.), vîscos, idem (prav.
vescos).

307 REW, 5797; DELI~. p. "127; ILR, II, p. 154; TDRG, p. 1016; PEW, 1114; DELR,

1159 (< lat. *mutila < mutilus); DLR, VI, p. 943-945 ( < lat. "'mutila = mutulus); Graur,
BL, V, p. 70; DDA, p. 826; Capidan, Megl., III, p. 196.
3 oe REW, 1795; TDRG, p. 166; PEW, 701; DELR, 720; DA, II, 1, p. 238; SDE, p.
84; DDA, p. 581; Capidan, Megl., III, p. 137.
3 oo REW, 3450; DELL, p. 247; PEW, 656; DELR, 655, 656; DDA, II, 1, p. 179, 671,

672; SDE, p. 462; Densusianu, ILR, p. 455, 797; Rosetti, ILR, p. 592; DLRV, p. 102, 126;
DELROl\I, p. 84, 150; DDA, p. 840; Capidan, ;uegl., III, p. 199; Puşcariu, St. ist1·., III, p. 123;
DLR, VI, p. 1042.

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230 H. ~lfihăcscu

Intellect, sentiments, \·olonte, langue, ca1·actere

rn2. Le panroman 11WIS (ace. 11lt'llit:m) (< intelligence, esprit, pensee l)


(it., log. mc11fr, pro,· .. cat. mm/, esp. mitnte, pg. mcnll') >dr., ar. minte! mgl.
mi11ti, idem; tc11crt' mmtc > dr. ţi11t' mi11tc, ar. ţin (a)mintc, mgl. fQn minti
«se r~ppdcr; jc mc rappellc »(nap. tmcrr. mmde). Pcrcij>crc (-:- captrc) ~per­
Ce\·oir » > dr. /m.et"j>t' (~rch. pracpc) <c compren<lrc » (it. paccpirt', ~i. it. dial.
(septen triondl) fo·t"tTt'I'. a. cngad. j>t1rlscl1ci••cr, fr. /)an:voir. pro\·., cat. pcrct"-
01<, csp. pacchir, pg. pcrct'!Jcr). I11tdligcrt' ( < i11laligcrc « lier cntre >) <c obscr-
vcr, rL·marqul'r, comprcndrc 11 >dr. î11ţdc!_!,t', ar. 11ţilt",1!, (11ţilcad:irc) .. mgl.
1ţ11ţifr; ( q.,11(il.-:iri). ir. (a)11ţdc~t' « comprcndrc >) (cn cir., le mot prend aussi
k sL·ns (k « s'L"nkndrc ») (cngad. 1·11dcr); cc s~·110nymc <le pacipac .s'avere
moins liicn rcprescnte dans Ies langues romancs ucciclcntalcs et fort bicn repre-
sentc dans la langue roumainc. ou il figure dans tous scs diakctcs; i11tcllectus
(part. d'i11tdli;:o, -t'l't') >dr. i11/dcpt « connaissL·ur (arch.); raisonnaLle~ sense
(arch.); sagc (prudent. modere, honnctc, etc.)»: i11tdlcctio, -011cm « slgnifica-
tion. L'xplication, connai-,sancc » >dr. i11ţcfrpci1t11t" <c sciC'nCL', connaissance
(arch.); sag('.5Sl'. prudencc $. Iutd/t'Clus «comprc'.·hcnsion, connaissancc:.. '.intel-
ligl'11ce (L·sprit). pl'rccption » >dr. (arch.) î11fc!t·pt « intdlC'ct, intellig'cncC' li
(attcste au X\'lr sit·ck). Co;;itarc « pensl'r, reflfrhir li >dr. CU[:cla, idem (alb.
lwjtoj, idem, ,·oir ci-dl'ssus, Ş. 26); a. it. coiturt', it. dial. lwsitari', ki1ictarc,
etc„ log. lwidarc, a. fr. coidia, mi(d)frr, csp„ p~. rnidar. l'racponerc ( < po-
ncrc) <c mettrc C'll ~l\·ant (en tete, au-dcssus) prCferC'r 11 >dr. prcp1111c'.<1.-Poser,
rndtrc cn a\·ant (arch.); traduirc (arch.); supposcr, soup<;onner, suspectcr >)
(arch., reg.), ar. prip1111 (pripunirc) « proposer; supposcr; soupi;onher.» (it.
prc-porr.-, proY., csp. prcponcr, pg. prepar - partout avcc son sens fondarhcntal
de « poser, nwttrc de,·ant ~). l'arc'rt' « paraitre, apparaitrC' »>dr. păre,a; ar.
p,,,., apar, amj>ar, etc. (p1'irt·,m) <c paraitn" sL·mhler » (it. parcrc, log._pdrrcrc,
cngad. parair, frio111. par/, a. fr. paroir, pro,·. paro'). _Le panroman. co1111os-
ccrc ( = coţ,11osu·re) (it. ca11osca1·, log. lw1111osl~crc, frioul. lwii6Ai. fr. coi11iaitrc,
pro\·. conoisa, co11cisa, cat. 1011hxa, csp. ccnoca, pg. conliaa) >dr. c11-
no<1.~f,·. ar. cunoscu (c11110a.~lirt", m1111şlcarc), mgl. cu11os(c) (amoaştiri). ir.
cu11o~h <c connaitrc': rcconnaitrl' >) (lL· sccond Sl'r.s est rcndu dans le dr:. ·actucl
cgalcmcnt par la forme rt't1111oaşfr < re +
m11oaşfr, cl'apres Ic modele roman
occidental (cf. ks fr. rt'c01111aîlrc'. it. riconosccrc). · Scirt' <c sa\·oir >) > d.r. şti,
ar., mg!. ştiu (ştir<', ştir.i), ir. ~li (sfi) <c saYoir, connaîtrc » (log. iskirc) .. *Ob/i-
tar<· ( < ohlil11s (< oubliet1x; ouhlit'.· ») >cir. uita (arch., xv1r sicclc,· ultar ar.
u/!11 (11/t11re), mgl. 11/'t (u!'lari), ir. (u)utti <c oublicr >) (fr. oublicr (<a. it.
11bhli11re, it. ob(b)liare), pro\'. oblidar, emblidar, cat. oblidar, esp. (.::::;- pg.)
oh•idar). A partir d'un compos~· dl' tvpc .
*ad de 1·cno11 a pu naîtrc le <lr._
'
adc--
1•,ir <~ \Tai(mcnt) (arch.); \'erite », cqwn<lant quc la locution di-a-ver <c 'Tai-
ment », relevee dans Ic dialecte aroumain, peut a\·oir cu commc point <le de-
part un *de ad ·ucrwn (\'oÎr aussi it. dial. addaverţ, it. davvcro, frioul da da-Ni-
ras, cc <lernîer cas intercssant au mcme titre la forme aroumaine ct :c.cllc de
l'a dr. dcad:i•âr <c en verite »). 11lcnlio11cm (= mcrtdaciz:m) <c mensonge 1> >dr.,
ar., mgl. mi11ci11nă, idem (cf. it. dial. (m~rid.) mi1ttsunaru, mintsunam. <1 mcn-
teur ») . .1.Umtirc (= mentior) <c mentir>) >dr. minţi, idem (it. mentire, engad„
fr„ prov„ cat., esp„ pg. mmtir).

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Du latin au roumain 233·

163. Le panroman smtire (d. senter, it. sentirc, log .. sentire, engad. sentir,
frioul, sinti, fr., prov., cat., esp., pg. sentir) >dr. simţi, ar. simtu, sintu (sim-
(îre), mgL s1:nt (sintsQri) « sentir ». Le panroman placere (d. plakar, it. pia-
ce're, log. piâgere, engad. plazair, trioul, pla:::;i, fr. plairc (a. fr. plaisir), prov.
pla::er, .cat. plaure, esp. placcr, pg. pra:::;er) > dr. plăcea, ar. piirc ( plăţcare)
«pia.irc>! (voir aussi l'alb. pelqcj, idem). De siderare> a. dr. (XVI'" siecle) de-
şidcra <(de~ irer, souhaiter viwment », alb. deshiroj <( desircr » (it. dcsidcrare,
fr. des/rer) 310 . Le panroman dolus (=dolar) « <louleur, desir nostalgiquc »
(a ttc~ te avec cc sens-la par Ies in~criptions mists au jour dans diverses pro-
vinces romaines) > dr. dor, ar. dor « desir, nostalgic, de~ir ardent, passion,
amour; ~mal, doulcur », mgl. dor <( douleur » (it. durdo, log. dolu, frioul. d11l,
fr. dcui'l (a. fr. duel), prov., cat. dol, csp. duela, pg. d6); le panrorn;in dolar,
-orl'm, <c-douleur » (it., log. dalare, cngad. d11l11r, fr. dculrnr, prav., cat ., csp.
dolar, pg. dâr) >dr. (arch., rcg.) duroare, alb. (arch.) dullp, idem; le panro-
man dolae (( eprounr de la douleur, avoir mal, souffrir (physiqucmcnt rt
mora~~ment) » (d. dol( ar), it., log. dolcrt', engad. dulafr, frioul. duli, a. fr.
doloir, prov. doler, cat. dolre, esp. doler, pg. doer) >dr. d-ztrea, ar. dor (dure are),
mgl. doari (durari), ir. ditr(l, idem (en ar., il prcnd aussi le sens de <( desirer,
a imer »); c'est probablemcnt partant d'un lat. *doliosus ( <dolium <cdouleur, cha-
grin ») que sont nees Ies formes dr. duios, ar. adil'os (( tcndre; doux; sensible;
melancolique (dr.); (ar.) rnisericordieux >) (it. doglioso) 311 .
Superare « surpasser, depasser, vaincre » >dr. supâra <((se) fâcher; de-
ranger; (s')irriter », ar. şupăr (şupărare) (( railler, se moquer » (a. it. soprare,
prov., cat., esp., pg. sobrar (la langue roumaine est celle qui s'est le plus ecar-
tee du sens latin, alors que Ies autres langues romanes qui utiliscnt ce mot
ont eYo)ue vers des sens derives plus prochcs; pourtant, la liaison semantique
ne saurait s' expliquer difficilement en rournain non plus). Lat. vulg. :i·11terri-
tare <( .c_xciter » >dr. întărîta(re) (arch. înterita, întărita) · <c exciter, irritcr,
mettr,e en colere » (it. dial. nt~rr~t(i)are, a. fr. enterier) Extempcrare <((se)
calmer, s'apaiser, (se) tempercr » > dr. (arch., pop.) stîmpăra, idem; il n'est
pas exclus que la variante actuellement en usage, astîmpăra, soit elle aussi
ancienrie et, tel etant le cas, qu'elle soit due a unc contamination avec attent-
perare · ( < adtemperare) . .1.vl ani a ( < gr. µoc'J Lot ((folie, derncncc », qui devait
influer sur la position de I' accent) <c furie, courroux, folie» > dr. 111înfr, alb.
meri, meni (( colere, fureur, haine» 312 . Orgia ( < gr. opy~ <( agitation interiem;e;
etat d'âme; re~sentiment, colere ») « orgics (rituel~ nocturncs ct secrets en
honneur de Bacchus) » >dr. urgie <( rnallwur, calamite; haine, fureur » (ar.
uryie <~ colere », terme qui temoignc de l'influcncC' grC'cque au point <le vue de
b. forine·et semantiquc) 313 . *Horrirc (= horrcrc; cf. lzorrescere) (C Nrc herisse;
frissonner; avoir horreur de i> > dr. urî, ar. (a)urăscu, ( a)urîre <( ha1r, tletcs-
ter » (voir aussi, ci-dessus, le dr. 1t1'it et l'ar. (a)11rit <( laid »).Lat. vulg. t11rbu-
larc ( < turba <( trouble, agitation, desordre ») <( 1roubler i> > dr. turbura, tttl-

3 10 RE,V, 2593; PE,V, 519; DELR, 490; TDRG, p. 530; SDE, p. 110; Densusianu,
ILR, p. 486; Rosetti, ILR, p. 592.
311 REW, 2721, 2724, 2727; DELL, p. 181, 182; :\lihrtcscu, Lg. lat., p. 307; PE"·· 542,

543, 553, 562; DELR, 525-528; DDA, P· 108, 498; Capiclan, ,1fegl., III, p. 114; Puşcariu,
St. istr., III, p. 309.
31 2 PEW, 1087; CADE, p. 787; DER, p. 526; DEX, p. 558; SDE, p. 271.

313 PE\V, 1831; CADE, p. 1386; DER, p. 877; DEX, p. 558; SDE, p. 449; DDA, P·

1243.

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232 H. Mihăescu

bura, ar. turbur, alb. t11rb11lloj, idem (fr. troubler, pro,·. treblar, esp. dial. trol-
lar) 314. Le derin~ synonyme, plus ancien et mieux connu, turbare « troubler;
mcttrc cn desordrc; agiter » (<turba) est deYenu en dr. turba, ar., turbn (tur-
bare) <1 deYenir enrage, furieux », mgl. Q.11turb ( rţnlurbari:) <1 surexciter », alb.
terboj <1 trouhler, mettrc en de~ordre » (pro,·., cat. torbar, esp. turbar, pg. tor-
·car; log. !nt<'1ll"c, fr. /rou;:cr (> it. lroî.'are), proY. trobar, trovar; esp; dial.
trm•ar) (l'alh<inais hcrite du sens latin ancicn, de m(·me que l'espagnol, le
catalan, le pronrn;al (torbar) et, jusqu'~t un certain point, le portugais).
*Expavoriarc, *t·xpavorerc ( < pavor « prur •) et meme expaverc (<pa-
vcre « aYoir pcur (de)•) >dr. speri·a (reg. spăria), ar. ( a)spar ( aspăreare),
rngl. spar ( spărtari) « (s')effrayer • 315 . On a cxplique, partant d'un hypotheti-
que *c:rpavimm ( < cxpcwcri.: (C ctre cffraye; craindrc fort quelque chose 11) le
dr. Sj>aimă, (j cffroi, <itcrrcur,11 epou\'ante t l't, a tra\'Crs Un deriYe verbal, lui
aussi rcstitue, *cxpll(vt)mentarc, Ic dr. (arch., rcg.) spămfota, spăiminta (pop.),
inspăi111înla <1 (s')dfrayer, (s')cpom·antcr • (sanie (dial.) spamiulâ) 318 • Le
panroman trcmu/arc • trcmbler • (it. /umolarc, log. !remulare, engad. trembler,
frioul. lrimuld, fr. lrembler, pro,·. trcmhld, c~.t. tremo/ar, esp. tronblar, tremolar,
pg. tremo/ar) >dr. tremura, ar. trcam(b)ur (trfrn(b)urare), mgl. tre.amur
(trimurari), ir. /rommi. idem; trmiulus « tremhle • >dr. /r,·mur, ar. tre.nn-
bur, fr,·mur • fremisscment, tremblcment • (lcs formes roumaines pourraiC'nt
representer aussi des derin'.·s regrcssifs). Timcrc <• craindre; a\'oir p~tir • >
>dr. teme, idem (it. tenrcrc, log. timire, frioul. temt:, pro,·. temcr, cat..fe,nibre,
csp., pg. /emcr); timor, -orcm (< limeo, -ere) <tc!'aintc, pcur11 >a. dr. (XVIL'
siede) /cmoarc, alL. /merr, idem (it., log. tim.ore, a. fr. tcmour, pro,·., cat., pg.
/onor) :i11.
Le panroman mirare(= mirari<mirus. -a, -11111) «·s'etonner; admircr »>
>·dr. mira, ar. 1iir (1ifrar1·), mgl. mir (mirare, 1iirari), alb. mbej (it., log.
mirart', engad. mircr, frioul. :mirc1, fr. mi"rer, pro,·., cat., esp., pg. mirar, partout
ayant garde le sens de ha se: « rcgarder ») (il s'('n suit quc le roumain et l'alba-
nais ont consl'r\"t' un autre sens quc celui des langues romanes occidentales;
Yoir ci-<ll'SSUS §. 32); fort probahlement CC fut a partir <lu deri\"e populairc
miri·,1. -onon ( < mims), attl'sh~ a\·cc Ies sens de q monstre; masquc; admira-
kur 1), qu'est ne le dr. minu11c ~ miracle; ffil'f\'cille •.
Le pan roman ~mure (it. .::emcrc, engad. gemer, frioul. d:cmi, fr. geindre
gem ir (a. fr. ~imdrc). pro,·., cat., L'Sp. :.:emir, pg. gcmer) >dr. gone, cir. dzem
(dzcamire, d:;i"meare), alb. gjhnoj <1gemir•; gemi"flts >dr. geamăt (gemăt,
gemet), ar. d:eamit • gemisseml·nt 1> (\·oir aussi it. gemito, pg. gonz'.do).
Le panroman plan{!.CTC (d. pl111tf!.Yc', it., log. pian;tcrc, cngad. plattn.qa,
frioul. pland:i, fr. plai11drc, pru\·. planha, cat. planycr, esp. plafJ.ir, (a. t:sp.
llailcr), a. pg. dial. cltanger) >dr. plill!?t', ar. plîngu (plind:;eari:, plîndziri:),
mgl. plQ11g ( p!Qn:;iri), ir. plinfr, plin:c· <1 plcurer »: un hypothetiqut: *cxpla11-
gcrc a etc evoque Cil tant qu'e\"L•ntud point de depart de l'ar. asplîngu (as-

:n.i l\lihăcscu, 1-g. lat., p. 66; RE\\", 8997; DELL, p. 707-708; TDRG, P· 1664; l'E\\",
1774; CADE, p. 1345; DEH., p. 867; DEX, p. 1000; SDE, P· 450; DDA, p. 1205.
air; TJJH.G, p. 1468; CADE, p. 1184; Graur, Etimologii, P· 1'10-141; DER, p. 781;
SDE, p. JIJJ; DEX, p. 881; DDA. p. 228, 1104; Capirla11, Megl., III, p. 270-271.
316 HE\\", 3035; TDRG, p. 1463; PEW, 1611, 1612; CADE, p. 663; JJER, p. 778; Graur,

Etimologii, p. 140-142; DEX, p. 880; SDE, p. 392, 396.


317
RE\\-, 8737, 87.18; PEW, 1723; D~nsu sianu, ILR, p . .398; Rosetti, ILR, p. 59.1;
DLH, XI, 2, p. 179; SDE, p. 421.

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Du latin au roumain 233

plîndzire) <cetre accable par Ies pleurs». Le panroman lacrima (it. lacn:ma
(lagrima), log. lagrima, cngad. larma, frioul. lagr1·me, fr. larme (a. fr. lainne),
prov. lagrema, cat. llagrema, esp., pg. lagrima) >dr. lacrimă (pop., reg.:
lacremă, lacrămă, lacrîmă). ar. lacrămă, lacr1'mă, mgl. lacrimă «larme»; la-
criniare > dr. lăcrima (t'ă.crema, lăcrăma, lăcrîma), ar. lăcrămedzu (lăcră­
mare), mgl. lăcr1·mez <c verser des larmes » (it. lacrimarc, (lagrimare), log.
lagrimare, engad. larmer, prov. lagremar, cat. llagremar, esp., pg. lagrimar);
de lacrimosus <darmoyant »,ou par derivation sur le terrain du roumain sont nes
en dr. lăcrimos (lăcremos, lăcrămos, etc.), ar. lăcrămos, mgl. lăcrimos, idem
(frioul. larmus, it. lagrinioso (lacrimoso, tout comme lacrima, du reste), a.
fr. larmos, prov. lagremos, cat. llagrimos, esp. lagrimoso (lacrimoso, de meme
que Jacrima). Tristis, lat. vulg. tristus >dr. trist <c triste» (it. tn:ste, tristo,
log. tristu, frioul. trist, prov. tritz, trist, cat. trist, esp., pg. triste; voir aussi alb.
trishtpj (C attrister I), synonyme 3VeC le dr. Înfrista (dr. arch., reg. egalement
trista) <:trist; cf. aussi le lat. vulg. tristare (= tristor) 318 •
Patio, -ire ( = patior) > dr. păţi, ar. pat, păţăscu ( păţîre), mgl. pat.
pafQS (paţQri) <cpâtir; souffrir, endurer» (it. (>log.) patire, a. esp. padir,
esp., pg. padecer; ainsi que l'alb. pesoj <csouffrir, supporter'i>). Le panroman
*sufjerire (= sufferre) >dr. suferi « soufrir » (it. sojfrire (>log. sujfrire),
engad. soffrir, fr. souffrir, prov. sofrir, sufrir, cat., esp. sufrir, pg. soffrer).
Indurare <c durcir; endurer, supportcr »>dr. îndura <c etre insensible, impitoya-
ble, s'endurcir » (e1rch.); <c avoir pitie; se laisser vaincre, ceder, consentir;
endurer » (it. indurare, fr. endurer, prov., cat., esp., pg. endurar); tout comme
Ies langues romanes occidentales, le roumain a herite des deux sens de ce derive
verbal d'epoque imperiale, aussi bien au sens initial, repondant a la signifi-
cation de base du terme durus, -a, -um, que de celui eclos plus tard dans le
lctin vulgaire; qui plus est, il a forge, a partir du premier sens, un autre qui
devait, par ailleurs, le remplacer definitivement 319 .
Felix, -iam « heureux » > dr. ferice « heurenx » (concurrence et remplace
pour une bonne part par le derive fericit <ferici <ferice)« bonheur » (arch.;
voir aussi le derive synonyme fericie (arch.), Ies deux etant remplaces du reste
par fericire, l'infinitif long du verbe ferici); on a releve egalement en dr.,
comme regionalisme, un adjectif ferişcat « chanceux, heureux », c'est-a-dire
le participe d'un verbe disparu ferişca < *fericica < *felicicare (=felicitare)
(s'il ne s'agissait plutot de quelque forme corrompue du dr. arch. ferica ( =
= ferici) <c estimer, rendre heureux », derive deferice ou evolue depuis un leit.
*felicare (comp. infelicare) ; notons, pour finir, que felix, -icem n'a ete herite
que par la langue roumaine, et Ia, de meme que d'autres elements apparte-
nant a ce meme domaine semantique, uniquement par le dialecte daco-rou-
main. Le panroman ridere (d. redro, it. ridere log. riere, cngad. arrir, frioul.
1idi,fr.,prov. rire, cat. riurer, esp. reir, pg. rir) >dr. rîde, ar. (a)rîd (arî-
deare, arîdire), mgl. rQd ( rQdiri), ir. ( ă )rde <c rire »; risus ( < rideo) « rire, ris »-
dr. rîs, ar. arîs, idem (cf. aussi le mgl. zărQs <csourire » (it. riso, log. rizu, fr.
cat. ris, esp., pg. riso).

318 REW, 8918; DELL, p. 703; Mihăescu, Lg. lat., p. 307; PEW, 1764; DA, li, 1, p.

832-833; DLR, XI, 3, P· 623-621; DER, p. 860; SDE, p. 135.


319 REW, 1386; DELL, p. 188-189; Mihăescu, Lg. lat., p. 27, 283; PEW, 835; DELR,

857; DA, li, 1, P· 617-619; DER, P· 128; SDE, p. 508.

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H. Mihăescu

18~. Lat. vulg. volcre (= velle) >dr. vrea (vroz), ar. voz'. (vreare) <i vou-
loir » (d. blairf, it. volcrc, campid. boltiri, engad. vulair, frioul. voli, fr. vouloir,
prov., cat. c.•olcr); dans les deux dialectes roumains ce \·erbe a fini par sen-ir
aussi d'auxiliaire pour le futur de l'indicatif ou le passe du conditionncl (cette
scconde possibilite est un trait particulier unique du daco-roum<Jin archaique
et regional) 3 :!0. Le panroman quaere.re (I chercher; demander I) (it. chicdere,
log. kcrrerc, fr. quirir (a. fr. qucrrc), pro,·. qucrrt', esp., pg. querer) >dr.
cerc <c chercher (a fain·) (arch.) »; « demander (re\·endiquer, demandcr en mci-
riagc; demandcr la pcrmission; demander l'aumonc, etc.», ar., mgl. ţcr (ţea­
rirl·, {irearc) <c demandcr: mcndier » en mgl. aussi « chercher; vouloir »; sous
l'influcncc du radical cer- (fer-). ks formes avec un ş, nees en roumain
a part ir des formes du verbe quacrac qui comportent un s, sui vi de la voyelle
antericurc (\·oirlc parfa it de l'indicati(, le participe). se sont de\'Cloppccs au point
de con<luire ala n;iissance d'un autrc verbe: dr. cerşi <•demander (arch.); mendie[I),
~tr. Cir~csrn (cirşirl·) <• chercher assidument; fouiller »,ir. lcr.~i. ţcrşi <i chercher »:
I'on constate donc que la langue roumaine a herite <lL·s <lc·ux sens de base
du mot latin. tout en n'etant pas etrangere non µlus a celui de u vouloir »
„.
(voir le meglcno-roumciin) et <le la, a celui d'«aimer atteste en cspagnol ct por-
tugais; qui plus est, le roumain aura aussi de,·eloppe, dans le contexte sus-
mentionne, deux formcs ,·crbales.
Le panroman circar,„ (has latin; double de cfrcumco {cirmlo, -arc)
<• fairc le tour, encercler 11) (it. cercare, log. kirkare, cngad. cer.kcr, fr. chere/ier
(a. fr. ccrchicr), pro,· .. cat., esp., pg. cercar) > dr. pop. cerea <1 borncr (une
propricte), rechercher ou vl-rificr Ies liornes (arch.); (rc)chercher, examiner,
explorer; s'infornwr. demander; em·ahir, piller; poursui\Te (arch.); essayer,
eproUVl'r, tcntcr » (ies Sl'nS <c borncr » el (1 Cn\'ahir I) rcpresentent les heritages
des significations initiales du derin'.· ,·erLal latin de circus, significations qui
se retrom·ent encore plus nettes ('n espagnol ct portugais; quant au daco-
roumain, Ies sens Ies plus frequement utilises dcmeurent celui d <i essayer » et
celui de« (re)chcrcher », le second atteste aussi en alLanais (cf. kerkoj) italien,
sardc, rhetoroman, franc;ais, pro,·ern;:al ct catalan; la forme cerea est cntree
cn compctition dans le dialecte daco-roumain a\'ec încerca (forme litteraire)
qui s'cst substituc.'.·e a la premiere. L"n autre derin~ \'erLal avec le nom circus
commc point de depart etait circitare <c tourner autour, agiter, rodcr, crrer »,
qui ne s'est conserve qu'en dr. cerceta <c examincr, etudicr, enqueter, s'infor-
mcr; chercher; visitcr »: pn suite d'unc parente semantique ct de forme est
nee la forme cercăta, attestec dans le <laco-roumain du XVII" siecle. Au moyen
d'un hypothetique lat. pop. *cautarc ( < *cavitare < cavere <1 prendrc garde,
s'occuper de») on a cxplique Ies formes dr. căuta (pop. căia, reg. câpta) « cher-
cher; soigner; regarder; dcmander; etc.», ar. caftu (că/tare) <i chcrcher; de-
mandcr; soigner ». mgl. caft (că/tari) « chercher 11, ir. cavtd « chercher; soigner;
regarder » (d. cai(p)tarc <i regarder, cxaminer, observer », it. di<Jl. ~avitare
<~ garder, preserver », a. pg. cavidarsc «se garder; se proteger »); pour trouvcr
l'cxplication de la forme dr. căta, il a ete foit appel au lat. captare <1 chercher
a prendre >) (it. catfaYC (C obtenir; gagner li, it. dial. katd (I Chercher; troUVef I)
frioul. 1Cata <i trouver 11, esp. catar « essayer; examiner »; dial. <i chercher »; a
la difference de l'italien dialectal (calabrais et lombard), en roumciin Ies deux
320
REW, 9180; Mihăescu, Reconst., p. 571; TDRG, p. 1776-1779; PEW, 1920; CADE,
p. 1446- 1447; DER, P· 905, SDE, p. 79.

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Du latin au roumain 23!>

verbes en question ont fini par se confondre et s'unifier au point de vue se-
mantique .
. Committerc (refl.) << s'exposer, s'aventurer » >dr. cumcta (pop., reg.;
litt. încumeta, forme selon toute probabilite derivee sur le terrain du rou-
main, donc avec le prefixe f11-); pop. reg. aussi (în)cttmeţi « oser, s'enhardir,
se reposer (sur); se decider a» (comp. avec it. conmzettersi «se fier; s'exposcr »).
La forme populaire cottizare « oser » ( < gr. xo-:-·d~e:tv « jeter Ies des, oser »)
> dr. cute:::a, ar. czitedzu ( cutidzare), mgl. cute::, ir. cute:;â, istr. kuti::â, alb.
guxoj; idem (sic. kuttiatu <• Cffronte; sans vergogne ») 321 .
Le panroman facere (d. fur, it. fare, log. fâgae, engad. fer, frioul. fa,
fr., prov. faire, cat. jtr, esp. hacer, pg. fa zer) >dr. face, ar., mgl. fac (Jaţire;
en ar. egalement jăţeare), ir. jdţe (< faire »; le panroman factum (it. fatto, log.
fattu, engad. jet, frioul. jat, fr. fait, prov. fach, cat. jet, esp. lzeclto, pg. feito)
>dr. fapt « action de faire (arch.); action, acte, fait; creature, etre (arch.);
pointe (du jour), aube, tombee (de la nuit); charme, enchantemcnt, sorti-
lege (arch., reg.), etc.», ar. faptu « fait, accompli, ne; charme, sort, sortilege 1>
(avec le sens de « fait, action » voir en ar. faptă </acta (le pluriel de factum
transforme en singulier), usuel en daco-roumain aussi), mgl. fat « fait (dans
le sens de realise, accompli) ».
Le panroman populaire potere (=Posse) (d. potar(e), it. potere, log.
podere, engad. pudair, frioul. pode, fr. pom:oir (a. fr. pooir, pair), prov., cat.,
esp., pg. poder) >dr. putea, ar., mgl. pot (puteare, puteari), ir. put~ «pou-
voir »; a partir de potentia, ou plutât par derivation civec le suffixe -inţă est
ne le :dr. putinţă(< force I) (arch.); (< possibilite, capacite de faire ». Virtus, -utem
( < vir) « force; courage; vertu » > dr. (arch., reg.), ar. vîrtute « force, vi-
gueur, puissance », alb. virtyt, vertyt « vertu »(a. it. vertit, log. virtude, a. engad.
vertieu, fr. vertu,· prov. vertut, a. pg. vertude); virtuosus >dr. vîrtos «fort,
costaud, vigureux; dur (ant. de moli); tres (arch.) 1>, ar. vîrtos «fort, puis-
sant; tres; vigoureusement ».Opus (est) >dr. (arch., reg.) a fi op(u) « etre
utile, opportun », a fi (spre) op(u) (să ... ou a) « devoir (faire), etre neces-
saire (de) » ; cette sorte de locutions ont ete attestees dans des sources daco-
roumaines remontant au xvre siecle (ou l'on a releve aussi la forme opt)
et au xvne siecle; par la suite, le daco-roumain dcvait voir eclore la locu-
tion a avea op (( avoir besoin, manquer de ... », relevee aux xvnrc et xrxe
siecles (d' opus se sont developpees aussi Ies formcs i t. 1topo « besoin, neces-
site », log. obus, ci. fr. a ues, prov. a ops « selon le besoin 1>, cat. ops, a. esp.
huebos) 322 .
Allegere <c adjoindre par choix » > dr. alege, ar. aleg ( aleadzire), mgl.
leg (leaziri) « separer, iso Ier, part ager, distinguer, choisir, elire, prCf erer,
etc.» (a. it. aleggere). Abbatere ( < batterc = battuere) « abattre 1>, derive Yer-
bal populaire atteste au vre siecle > dr. abate (<<levier, (s')abattre », ar. abat
( abatire) « rabattre 1> (it. abbattere, engad. abater, fr. abattre, prov., cat. aba-
tre, esp. abatir, pg. abater). Abscondere <c (se) cacher » >dr. ascunde, ar. as-
cundu (ascundirc), mgl. scundu (scundiri), ir. (a)scunde «(se) cacher; dis-
simuler » (d. ascondro, it. ascondere, frioul. skuindi, a. fr., prav. escondre,
3 21 REW, 2287; Mihăescu, Lţ. lat., p. 66, 239; Idem, Infl. f.!1'., p. 54; PEW, 472; DELR,
"467; DER, p. 271; SDE, p. 220; DDA, p. 424; Capidan, 1\Ieţl., III, p. 91; Pu~cariu, St. istr„
III, p. 307.
322
REW, 6079; TDRG, p. 1089; PEW, 1221; DELR, 1282; Densusianu, JI_R, p.
799; DER, p. 582; SDE, p. 293.

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236 H. Mihăescu

cat., esp., pg. esconder). Le panroman taxare «< etendre, relâche1 • (it. las-
âare (a. it. dial. lassare), log. lassare, engad. lascher, frioul, lasd, fr. laisser,
prov. lai·sar, cat., dexar, esp. dejar (a. esp. lexar, pg. dcixar (a. pg. leixer) >
dr. lăsa (reg., dans le parler de Moldavie, tasa; la forme longue de l'infinitif
est ici lasare, de meme que dans l'a. it., l'it. dial. et le log.), ar. (a)las (a)lă­
sarc), mgl. las (lăsa11), ir. lasâ « lciisser; rcnoncer • (en dr., le verbe prend
aussi Ies sens de (I lâchcr: SC rclâcher: ceder: ordonner, etablir; degager, pro-
du irc; baisser, diminucr; cxclure, etc.•). *Astectare (<*aspectare< adspec-
tare) >dr. aştepta, ar. aşteptu (aşteptare), mgl. ştet (ştitari), ir. (a)stept6,
( a)şteptâ « attendrc: s'attcndre a ... ; accueillir, rcce,·oir • (Ies deux derniers
sens uniquement cn ar.), etc. (it. dial. astittari, asft'ttare, a. it. stettare, log.
iscttarc (a. log. uscttare), frioul. sctâ «< regarder •).
lncipcre cc commenccr •>dr. încept~, ar. nţc/'. idem (sursilv. anieiver).
On a cxpliquc au moyen <l'un hypothetiquc *accasionare ( < *occasionare
< occasio, -011cm « causc, motif ») le dr. câ~1t1t:i « wnir (arrin·r) a l'imprm·iste
s'cn prcndrc a qqn.; accuser sans raison; insister; rcprocher; causcr (un mal-
heur, du dommage a qqn.); venir a l'esprit: etre obsede (it. ( ac)cagione „
<1 motif, pretexte, occasion •. log. akkayonare a. fr. ochaison, achoison, prov.
acai::6, pg. (a)cajăo • malhcur•: it. accagionare, log. akllayonare «< incrimi-
•r
ncr, accuser 123 • Le panroman invitare « inviter • (it. invitare, log. imbidare,
surs~·h-. anz•idd, <.l fr. envier, prov., cat., esp., pg. mvi:dar) >dr. (arch. reg.)
în"l'ita (< pousser a; provoquer, excitcr, forger: s'assemblcr, partir a l'attaque;
provoquer !'apetit• (da~s le dr. litteraire actud invita, sous l'influence la-
tino-romane modeme). A partir d'un *amminadart~ ( < minaciae « menaces »,
forme popul~irc qui supplanta Ic mot minae) est probablement ne le dr.
ameninţa « ordonncr; faire signc, mcntionner (arch.); menacer • (voir aussi
nap. (ammennaccare, sic. ammi11azzari, pro,·., cat. amenassar, esp. amena-
zar, pg. ameafar, idem).
185. Pour cc qui est du langagc, la notion fondamentale est designee
par le panroman lingua (( languc, langage •. terme etudie preccdemment dans
un chapitrc ou il avait sa place de par son sens initial et dominant (ci-d.essus
§. 169). Le panroman <'O.t, vocem (d. baud, istr. bus, it. voce (it. dial boce, .bous,
bozc, boxe, etc.), log. bage, engad. <'usclz, frioul. vas, fr. voix, prov. votz, cat.
vcu, csp., pg. vo.:) >dr. (tcg.) boacc (dr. litt. i'Oec, emprunt moderne latino-
roman du xrxc sicclc (comp. avec le lat. voccm ct l'it. voce). ar. boaţe (( voix I);
Ies langues romancs ont generalcmcnt herite des formes avec un v- ou avec
v- > b-, donc avec ou sans betacisme (phenomenc rele,·e tout d'abord au
II" sieclc, devenu frequent au Ilic siecle ct ayant laisse nombre de traces
dans Ies provinces romaines du Sud-Est de I' Europe); le roumain faisant
partie en l'occurrcncc d'un groupe englobant aussi le dalmate et l'istrien,
outre Ies dialectcs a. ven., a. lomb., log.
Le panroman diccre (d. decro, it. dire, engad. dir, frioul. di, fr., prov.
dirc, cat. dir, esp. decir, pg. dizer) >dr. zice (reg., dans le nord du pays,
dzice, dzîce), ar. dzîc (dzîfire, dzîţeare), mgl. zic, ir. zice, ziţe «<<lire; chanter,

jouer d'un instrument (Ies deux derniers sens cn dr. et ar.), etc. Exponere
<1 exposer 11 >dr. spune <1dire; declarer; exprimer par la chanson (chanter); ex-
poser, relater; consigncr; reveler; expliquer; nommer, sumommer, etc.•. ar.
323
REW, 6029; TDRG, p. 307; PEW, 311; DELR, 285 (<lat. *casionare < *ca-
sio, -ionem < casus); DA, I, 2, p. 187-188; DER, p. 147; SDE, p. 228.

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Dn latin au roumain 237

{a)spun (aspuniri, aspimeare) «<lire; raconter; (se) montrer•, mgl. spu1J


(sp14niri) «<lire; montrer »,ir. spitre «<lire; raconter • (it. exporre, a. fr. espon-
.dre, esp. esponer, pg. espor, partout avec le sens latin comme signification de
base, sens qui existe en roumain aussi, mais a titre secondaire, au premier
rang se plac;ant celui de «<lire». Couventus, -1-mi « reunion » > dr. cuvînt
·« mot; parole; discours; reponse, explicat ion; raison, motif, etc. », alb. kuvent,
kuvend ( > ar. mvendă) « rencontre; assemblee; discours; mot », ngr. xou~ev-roc
« conversation » (a. esp. conviento); l'evolution semantique parallele du terme
dans Ies trois langues sud-est europeennes a ete expliquec par l'influence du
gr. oµLA.(oc « rencontre,' parole, discours ». lnterrogare « interroger » >dr.
întreba, ar. ntreb (ntrebare), mgl. <ţntreb (<ţntribari), ir. ( ă)ntrebd., idem (a. fr .
.enterver, fr. dial. itrive, prov. entervar, csp. dial. entrttgar). Le panroman
respătidere ( = respondere) (( repondre I) > dr. răspunde, ir. respondi, idem
(it. rispondere, log. resp1tndere, engad. respuonder, frioul, respuindi, fr. repon-
.dre, prov. respondre, cat., esp., pg. responder); le terme s'est conserve en
daco-roumain, mais il a ete supplante dans Ies dialectes roumains sud-danu-
biens, sauf dans le cas de l'istro-roumain, qui sous l'emprise de l'influence
italienne a grade des formes entierement ou partiellement italianisees, mal-
gre la forte concurrence du synonyme serbocroate odgovoriti.
Le panroman GlamaYe « crier (apres qqn.); appeler » (d. klamiiar, it .
.chilimare, log. gamare, engad. clamer, frioul. klamd, a. fr. clamer, prov., cat.
clamar, esp. llama.r, pg. chamar) >dr. chema, idem. ar. ( a)cl' em, kem « appe-
ler » (et de la: «convier; inviter; signifier», mgl. cl'em «appeler•, ir. cl'ema,
<1 appeler, s'appeler, demander; crier »; le second sens, atteste en latin vul-
gaire, a ete herite par tout Ies dialectes roumains, alors que le premier n'a
ete releve que dans Ies textes daco-roumains des XVJC et XVIIe siecles et
dans le dialecte istro-roumain. *Strigare (<striga= strix « oiseau nocturne,
strige ») > dr. striga, ar. strig ( srigare) « crier; parler fort ; clamer; gronder;
appeler » (comp. a vcc l' it. dial. strigolare « clamer »; it. strigolo « clameur;
cri »; malgre une diffusion de beaucoup plus restreinte dans l'espace roman,
le terme pris dans son sens de « crier » s'est impose graduellement dans les
deux dialectes roumains susmentionnes, au depens de clamare 324 •
Le panroman nomen, -inem (pl. nomina) «nom, renom » >dr. nume
(arch., reg. numere (pl.); formes dont l'evolution a ete influencce par le root
număr (pl. numere) < ntl.merus, -um), ar. nume, numă, mgl. numi, ir. lume,
idem (d. nam, it. nome, log. Mniene, engad., frioul. fr., prov., cat. nom, esp.
nombre, pg. nome); nominare ( < nomen) « nommer » >dr. număra (arch.,
reg.) (dr. litt. mimi< nume), ar. numer (numirare), idem (it. nominare,
log. lumenare, engad. nomner, fr. nommer, prov. nomar, cat. nomenar, esp.
nombrar, pg. nomear).
Demandare « remettre, confier » et plus tard « demander, interroger » >
>ar. dimîndu ( dimîndare) <1 demander; aviser; ordonner » (it. domandare,
engad, demander, fr. demander, prov. demandar, cat. demanar, esp., pg. de-
mandar; les langues romanes occidentales ont herite du sens plus recent de
ce terme latin) ; a partir de demandatio, -onem <tÎnstruction, ordre; recomman-
dation », ou bien par derivation en roumain, est ne l'ar. dimîndăciune « priere;
souhait ».

324 Mihăescu, Lg. lat., p. 217; PEW, 1656; CADE, P· 1216; DER, p. 800; SDE, p.
-402.

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238 H. Mihăescu

Iniurare ( < iniuria) <1 9ffenser, porter prejudices » >dr. in;ura (reg.
iîlgiitra). ar. a11giur ( angiurare). rngl. (pzjur ( (ţ11juraY1) « injuricr; insulten>-
(son evolution s'est effectuee sous l'ernprise de iurare, ernprise qui transpa-
raît aussi dans le dr. înjura, qui a ete releve egalernent awc le sens de « ju-
rer »). Le panroman iurarc ( < ius, iuris) ~ jurer, preter serment » > dr.
jura (reg. giura). ar. giur (giurare)' rngl. jur, ir. zurij, idem, (it. giurare,
log. yurare, cngad. giirer, frioul. d:;urâ, fr. jurer, pro\'., cat., esp., pg. ju-
rar) ;iurammtum ( < iurare) t scrment, jurement I) >dr. jurămî11t (reg.
giurămînt), mgl. _iurămi11t. jurimi11t, jurumint), idem (it. giuramento, log.
gurammtu, engad. guramaint, frioul. d::urament, fr. jurcmc11t, pro\'. _juramen>
cat. jurammt, esp., pg. juramazto); toutes Ies formes romanes de ce mot pas-
scnt pour saYantes, livrcsqucs; en daccrroumain, par contre. elles sont usuel-
les, dans Ies differcntes zones de son territoire ct avec les tout premiers tex-
tes rediges dans Cl' dialecte; notons aussÎ la presence de iztramentum en meg-
leno-rownain, Ic dialect" gui, avec l'arournain, foumit la prcuvc non scule-
ment de la persistancc de iitrare, mais encore de son derive periurarc « faire
~n faus sermcnt. Sl' parjurer ~ > ar. prigiur ( prigiurare). rngl. prijur «con-
1urcr &.
Le panroman la udare 11 louert dr. > lăuda. ar. alavdu ( alăvdare), idem
(it. lodare, cngad. lodcr, frioul. lauda, fr. loucr, prov. lau:;ar, cat. lloar, esp.
loar, pg. louvar); de laudatio, -onem « eloge li ou par derivation sur le ter-
rain du roumain sont nes Ies dr. (arch.) lăudăciunc, ar. alăvdăciime « louan-
ge &. Certare (i lutter, combattrc 11 >dr. certa «{se) quereller, gronder, châ-
tier (arch., pop.); s'instruirc (arch.) •. ar. nţertu (nţirtare), mgl. (q,n)ţert,
alb. fartoj, qertoj t reprimander, gronder • (a. it. certare, log. kertare). Le pan-
roman monstrarc. t montrer. designer. indiqucr • > dr. mustra <1etre dit
(reg., forme reflechie, impersonnelle); reprimander, gronder; profercr (arch.,
rare); insulter, injurier (arch.); hraver (arch.) o (it. mostrare, log. mustrare,
engad. mitsser, frioul. mostrei, a. fr. mostrer, pro,·., cat., csp., pg. mostrar);
a la difference du roumain (le dialecte dr.). Ies langues romanes occidentales
ont herite des sens du latin. Imputare o fairc grief, rendre qqn. responsable;
attribucr)) >dr. (arch., reg.) împuta • imputer, reprocher; se disputer »;
sous une influence moderne, latino-romane, le dr. litt. a adopte la forme im-
puta, qui tend se substitucr completernent a împuia meme dans Ies diYers
parlcrs roumains. Duplicare • doubler; player; courber & > dr. (arch., XVI" -
- xvn1e siecles) dupleca « faire pencher; decliner; s'ebranlcr; s'ecarter;
courbcr; plier; player» ( > dr. îndupleca (i convaincre, determiner; consen-
tir (a), ceden) (it. dop piare, cngad. dobler, fr. doubler, prov., cat., esp. doblar,
pg. dobrar); petit a petit, ce mat s'est ecarte en dr., tant au point de vue de
la forme, que sous le rapport semantique, de son etymon ainsi que des des-
ccndants de celui-ci dans les autres langucs rornanes 326 •
HlG. Agilis <c rapide» > dr. ager <c vif, alerte, sagace ». Par un restitue
*cascabundus ( < *cascare) a ete explique le dr. pop căscăund, căscăunt <c ni-
gaud, niais, benet », cependant que palpandus ou palpabundits ( < palpare)
ont ete rnentionnes - non sans reserves - cornme susceptibles de represen-
tcr un point de depart pour le dr. plăpînd « frele, debile». Lenus ( = lenis)

3
~5 REW. 2801; PE\V, 834; DELR, 523; DA, II. 1, p. 646-647; Densusianu, ll.R, p.
677, 796: Rn~etti. ILR, p. 592.

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Du latin au roumain 239

-<c doux » >dr. lin « doux, bienveillant, affa ble (arch.); tranquille, calme»
(prov. le, esp. leii): *allcnare (= anhelare) >dr. alina <c (se) calmer, (s')apai-
ser, (s')adoucir » (it., log. alenare, fr. haleiner, prov. alenar); *allei1(i)tare
( < lcnitare <c calmer, apaiser » < lenis) >dr. alinta « apaiser, (se) calmer,
(arch.) ; cnesscr; (se) dorloter; (se) mignarder; gâ ter » (i t., log. allentare, a. fr.
alrntcr, prov. a lent ar).
Blandus <1 flatteur, caressant » >dr. blînd <1 doux, benin, affable » (a. fr.
blant, prov. blan}; a partir de blanditia ( < blandus ou de blînd +
-eţe est ne
le dr. blîndeţe « douceur, bonte, benigni te»; blandulus ( < blandus) > ar.
.blîndur <1 son; melodie câline, cares'Sante » (acception metaphorique); blan-
dire <1 flatter, caresser » >dr. (arch.) blînzi (dr. îmblîn:::1) <1 radoucir; dompter ».
Le panroman bonus <1 bon» ·(d. 'bun, it. buono, log. bonu, engad. bun, frioul.
.buin, fr. bon, prov., cat. bo, esp. bueno, pg. bom) >dr., ar., mgl. bun; ir. bur,
idem; bonitas, -atem <1 bonte »J> dr., ar. bunătate, mgl. bunătati, idem. Rcus
<c le defendeur; l'accuse; le coupable »>dr. rău, ar. (a) râu, mgl. rQU, ir. rev, <anal,
mc.ilheur; beaucoup; mauvais, mechant, etc.» (istr. rvu, d. ri, it. rio,_ avec
des sens identiques ou proches de ceux du roumain). D'une hypothetique
*rosio, -onem ( < roscu.s) ont pu evoluer probablement Ies dr. ruşine, ar. ar-
(u)şine, aruşunc, mgl. ruşQni, ir. ruşire « honte; pudeur ».
Le panroman pensum « poids (de laine a filer distribuc aux servantes);
tâche a faire; obligation I) (it. peso, log. pe::tt, engad. pais, frioul. pas, fr. poids,
-prO\·., cat. pes, esp., pg. peso, toujours avec le sens de <c poids ») >dr. păs
<c poids (generalement une pierre) avec lequel on presse dans leurs recipients
respectifs le fromage, la choucroute » (reg.); <c douleur (spirituelle) difficile
a supporter; souffrance, torture; chagrin, peine ; souci; circonstance diffi-
cile »; il s'en suit que le daco-roumain a herite Ies dc-ux sens, ne conservant
pourtant que comme regionalisme celui usuel dans Ies langues romanes occi-
dentales, cependant que le sens figure connaît une diffusion generale; le
panroman pensare ( = pendere, qu'il a supplante a l'epoque imperiale) est
ne sous l'influence de pensum (it. pesare, log. pezare, engad. pser, fr. peser,
prov. pe::ar, cat., esp., pg. pcsar <c peser », mais aussi (( presser; etre lourd (fâ-
cheux); influencer; se repentir; regretter, etc.») >dr. păsa <c peser, peser
lourdement; peser de tout son poids, se faire prier, appuyer; <;a tombe mal
(pour qqn.); porter prejudice; supporter difficilement (arch., pop.); se sentir
anxieux, soucieux, contrarie; n'etre pas indifferent a; se soucier , en avoir
cure)); meme si la situation n'est pas absolument la meme que dans le cas
precedent, il nous faut noter une fois de plus la propcnsion du daco-rouma in
a perdre le sens propre du terme, de loin micux rcpresmte dans Ies autres
langues romanes.

Nourriture, boissons, recipients

Les paragraphes consacres a cette terminologie seront affectes aux


sous-divisions suivantes: Les repas; Les aliments et les mets, leur preparation;
Les boissons et les recipients.
187. V ictus ( < vivo) « moyens ou fac;:on de vivre; regime; nourriture;

vivres >dr. (arch.) vipt «ce qui sert a la nourriture de l'homme, produits
de la terre, fruitS, Cereales), ar. yiptu (C Cereales (surtout duble, du froment) 1) 1

mgl. yipt « cereales )>, ir. vipt <c le ble en general, nourriture I) (it. vitto ( > d.
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240 H. Mihăescu

vet), esp. vito). *Nutricium (= nittricium) « soins norricicrs; aliment»> dr.


nutreţ 4l nourriture (pour Ies betes) {arch., pop.); fourrage I) {prov. noiritz
, jeune bete t; derive apparente sculement par la forme a celui du dr.) 326
111 erendae (pl.) ( < merea), forme de la langue familiere ou rustique, desi-
gnant Ies • repas de l'apres-midi ou du soin et par la suite aussi Ies «victuail-
les pour le voyage „; le mot s'est conserve avec ce second sens en dr. (pop.)
nierinde et en ar. mirindi; toutefois, en ar. le terme aura conserve aussi quel-
que chose du premier sens puisqu'il designe aussi la « partie de la journee de
4 a 5 heures de l'apres-midi I); mgl. mirindi, le terme a ete releve sculement
avec le second sens de l'aroumain, autrement dit avec le sens initial du la-
tin; en ir. mcrindtJ « dejeuner, repas • (d. marianda, it. merenda, frioul. mi-
rinde, a. fr. marende, prov. mermda, cat. berena, esp. merienda, pg. mcrm-
da); merendare ( < merenda) >dr. merinda • dejeuner; manger vers 4-5
heurcs de l'apres-midi (arch., reg.); faire des provisions, se ravitailler en
aliments », ar. mirindedzu, mirindu, cette seconde forme se retrouve aussi
en mgl. avec le deuxieme sens du dr.; ir. m~rinda, avec le premier sens du
dr. (it. merendare, pro\'. mermJar, cat. berenar, esp., pg. mermdar); notons
que mcrenda tout commc mcrendare se sont conscrves dans Ies langues ro-
mancs occidentalcs seulement avcc le premier sens du latin; l'expansion se-
mantique attcstee deja dans le latin vulgaire se retrouve, par consequcnt,
seulcment dans ll's dcux dialectes roumains mcntionnees (daco-roumain et
aroumain) 3 z7 • Prandiwm • dejeuncr (petit dejeuner et rcpas de mid.i ») > dr.
prînz, ar. prind:11 o rcpas de midi, diner • (d. prints, it. pranzo, log. prand:u);
prandere > •prandfre (awc changement de conjugaison) > dr. prinzi, ar.
prîndzăscu (prîndzîre) «dejcurn.:r & (d. pranddr, log. prdndere). Le panroman
cena 4l dîner, soupcr » (d. kaina, it. cena, log. kma, engad. taina, prov., esp.
cma, pg. cea) >dr. cină, ar., mgl. ţină, ir. cirtJ, ţirtJ, idem; le derive panro-
man cenare (I diner; souper t ( d. kmur, i t. cenare, log. kenare, engad. cner,
a. fr. cener, prov., cat., esp. anar, pg. cear) >dr. cina, ar., mgl. ţin, ir. cira.
ţira, idem.

188. Le panroman farina (d. faraina, it., log., cngad. farina, frioul.,
fr. farine, prov., cat. farina, esp. harina, pg. fari11ha) >dr. făină (reg., dans
fe nord et respectivement l'ouest du pays: fărină; fcfoină; fănină), ar., mgl.
lărină, ir. farirţ_ (( farine I); a partir de farinoszts • farineux J) ou bien par deri-
vat ion en roumain sont nes dr. făinos (jărinos, făninos), ar. fărinos, idem
(voir aussi it. farinoso, log. farinosu, fr. farineux, prov. farinous, cat. farinos,
esp. lzarinoso, pg.jarinlwso). Le panroman cernere (a. it. cernere, log. kerrere,
frioul. serni, a. fr. sadrt', pro\·. ccmcr, cat. cendre, esp. cerner, pg. ccrnir) >dr.
ccme, ar. (n)ţernu, nd::cnm (nd:..earnire, nd:imeare), mgl. ţern « tamiser, blu-
ter, cribler » (pour cc qui est de l'ar. (n)ţernu, ndzcrnu voir le derive latin
synonyme inccrncre). Allevatum ( < ad+ leva) (I levain » > dr., ar. aluat,
aloat, mgl. lQl, ir. aluat « pâte, levain, germent » (frioul alv6, it. dial. alvd,
leva(t), etc., prov. levat, cat. llevat) 328 • Fermentare ( < fermentum «ferment,
328 REW, 6004; DELL, p. 453; Mihăescu, Lg. lat., p. 30; PEW, 1210; DELR, 1261;

DLR, VII, 1, p. 580-581; SDE, p. 281.


317 REW, 5221; DELL, p. 399; Mihăescu, Lg. lat., p. 298; PEW, 1059, 1060; DELR,
1081, 1082; SDE, p. 255; DDA, p. 805; Ca.pidan, Megl„ III, p. 191; Puşcariu, St. istr., III,
p. 314.
m Mihăescu, Lg. lat., p. 290; REW, 360; PEW, 69; DELR, 1008; DA, J, 1, p.
127-128; SDE, p. 25; DDA, p. 138; Capidan, Megl., III, p. 173.

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Du latin au roumain 241

levain ») « lever (a propos des pâtes) » > dr. frămînta, ar. frimintu (frimin-
tare), mgl. frimint (frimintari) « boulanger, petrir, travailler (une pâte) »
(cornµ. campid. fromentu ( <fermentum), log. jermentard:tt <c levain ») 329 •
Le panroman coare(= coquere) (d. kukero, it. cuocere, log. k6gcrc, engad.
kou~er, friouJ. kuai, fr. wire, prov. co:;er, ccit. coure, csp. cocer, pg. cozer) >dr.
coace, ar., mgl. coc ( coaţire, coaţiri), ir. coce « cui re, murir »; coctnra « decoc-
tion » > dr. coptură « gâteau, pâtisscrie » (reg., dans le nord de la Moldavie
et de Transy!Yanie) (it. cottura, a. fr. cuiture, prov. co1'.tura, esp. r:oclzura)
(en dr., sous la forme regionale mptură, Ie mot revet aussi un deuxiemc sens,
a savoir celui de (<pus, abces», a partir de la signification derivee « s'emflam-
mer, murir » (cn parlant d'un abces) de coace; et c'est avec ce second sens
uniqucment qu'on a releve la forme ar. cuptură); *excocere ( =excoquere) >
dr. reg. (dans le parler moldave) scoace <c (se) chauffer par trop; se desse-
cher » (it. dial. scoce, a. fr. cscuit « tout a fait cuit », prov. escoire, esco::er'. csp.
escocer, a. pg. escozer). * (Ad)mixticare ( < misceo) > dr. amesteca (pop.,
reg. mesteca), ar. ( a)meastic, ( a)misticare, mgl. measti"c (misticari) « meler;
melanger » (d. meskuar, a. it. mesticare, misticare, it. dial. ammistţkd). Suba-
~ere (= subigere <sub+ agere) >dr. reg. (Moldavie ct Transylvanie) soage
(I pren,dre dans le petrin de la pâte et la mettre sur le tranchoir pour la petrir

en lui qonnant une forme circulaire » (esp. sobar, pg. sovar «petrir la pâte »).
Le panroman panis, -em (d. frun, it., log. pane, engad. paun, frioul. pan, fr.
pain, prov. pan, cat. pa, esp. pan, pg. pifa) >dr. pîine (reg., dans le nord
et dans l'ouest du pays, pîne), ar. pîne, mgl. PQini, ir. păre, păre <c pain ».
Placenta ( < gr. 7tAotxouc;;, oUVToc;;) «gâteau plat; galette » :>dr. plă­
cintă, ar., mgl. plăţintă <c galette, feuilletage ». La forme populaire turta (= tor-

ta) tourte, tarte» > dr., ar., mgl. turtă, ir. turt~ <c tourteau » (d. turta, frioul.
torte, it.. torta, fr. tourte, prov. torta, esp., pg. torta, formes evoluees a partir
de turta ou de torta); ajricia <c sorte de gâteau »(derive atteste une seule fois) >
> ar. ajreaţă «galet te azyme cui te au four ou, ordinairement, dans Ies cen-
rlres chaudes »; lactaria « avec du lait » > ar. lăptară, lăptare <c galet te faite
avec du lait »; vir(i)diaria (pl. de vir(i)diarium) >dr. (pop., reg.) vărzare
(vărdzare dans le parler de la Moldavie du nord), ar. vărdzare, virdzare <c ga-
Lette avec des feuilles vertes, notamment avec du chou »; en dr. le mot a ete
considere comme un derive de varză « chou ».
Le panroman sal(e), -em >dr., ar. sare, mgl. sari, ir. sare <c sel » (it.,
log. sale, engad. sel, frioul. sal, fr. sel, prov., cat., esp., pg. sal); (in)salare
<c saler » >dr. săra, ar. ansar, mgl. ( (_}n)sar, idem (it. salare, fr. saler, esp.
salar); a partir de salatura (forme derivee du parler vulgaire, de meme que
insalar~) ou par derivation sur le terrain du roumain sont nees Ies formes dr.
sărătură, ar. (an )sărătură « salage; salure; salaison » (pour ce qui est de l'ar.
ansărătură, voir l'ar. an.sar ou un possible lat. vulg. *insalatura, cf. insalare);
*moria (= muria = muries «saumure »; cf. le compose populaire salemoria,
idem, mot qui a travers le ven. salamora, ngr. crot),rtµoopot, ser., bg. salamura,
se retrouve dans le dr. (arch.) et l'ar. salamură, sălămură, idem) >dr. (reg.,
dans la moitie septentrionale du pays) moare « eau de saumure dans laquellc

329 REW, 3254; TDRG, p. 6H; PEW, 641; DELR, 632; CADE, p. 509-510; DA,
II, 1, p. 164-165; DER, p. 340; DEX, p. 351; SDE, p. 463; DDA, p. 563; Capidan, Megl.,
III, p. 131 (l'etymon fermentare chez Tiktin, Puşcariu, Ciorănescu et dans SDE; pour le
reste, *fragmentare<fragmcntnr.); dernierement aussi *frementare < frementum (I. Fischer,
SCL, XXIX, 1978, p. 533).

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242 H. Mihăescu

-on a fait aigrir la choucroute »,ar. moare« chou aigri dans une eau de saumure »
(it. maia, camp. murga, log. murdza, fr. muire) 330 .
Carnaceus, camaceztm ( < caro, camis «de ,·iande ») > dr. pop. cîmaţ
(litt. cîmat, forme restituee d'apres le pl. cimi1ţi) « saucisse » (sic. kamaltszt,
esp. carna:i1, pg. cama:). Le panroman macer, -era, -cru.m « maigre » >dr.,
ar. macru, -ră « maigre, depoun-ue de graisse (apropos de la viande) » (commc
arch .. reg. - notammcnt en Transylvanie - aussi a propos de l'hommc, du
betail ou de certaines parties de leurs corps) (it. magro, engad. meger, fr. nzai-
gre, pro\· .. cat. ni:igre, esp., pg. nugro). Le panroman lardum ( = la;idum)
«lard» >dr. (reg., en Transylvanie et au Banat) lard, ir. lard, idem (it. lardo,
log. lardu. engad., frioul., fr. lard, pro\'. lar/, cat. lla.rt, esp., pg. lardo). Le
mot compose axungia (,.arian tes: abrn11gia. assungia, auxunga, exsungia)
<( graisse pour essicu: graissc de porc») >dr. osin:â, ar. usînd:ă « panne de
porc»> (it. sugna, log. asrnnd:a, cngad. so11ga, mais aussi l'alh. asl11mg. u.slzuj
(cf. ci-dcssus §. 26), gr. byz. 01;o::iyyL, n. gr. !; [yyL}. Le pan roman srbum
« suif, graissc • (it. sego, log. seu, cngad. saif, frioul. st'(, fr. sui( (a. fr. sfo,
s1f), pro\·., cat. sm. esp., pg. st'bo) >dr., ar.; mgl. seu, fr. St'W, St:V, idem (dr.
reg. său).
Fcn.Jlrc (=fi·n·erc) > dr.ficrbt', ar. licrbu (lit·arbire, liirbcare) (toutes
ccs formes de l'aroumain ont pu etrc rclc\·ecs aussi dans l'a. dr. ou dans le
dr. reg.), mgl. frrb (iarbiri) <1 bouillir; cuirc ~ (le dcnxiemc sens, secondairc,
de meme quc d'autres, figures, sculement cn dr. ct ar.) (it. (m~rid.) ffrve(re),
csp. lrcr·uir. pg. fen•cr). Zona ( < gr. ~€µ.~), hcllenismc attcste dans plusicurs
tcxtes de bassc-epoquc d'ltalie et des autres regions de l'Empirc romain > dr.
::t·anui (reg., dans Ic nord ct l'oucst du pays, ::amă; arch., rcg., dans le par-
ler de la ~[olda\'ie du nord, d:amă), ar. d:amă <1 jus; bouillon: soupc » (it.
dial. d::ema) 331 . Le panroman frigere (d. frcr,:ur, it. (n:ggcrt', log. friere, frioul.
fri:i, fr. frirt', pro\'. frir, fregir, cat. frcgir, esp. frcir, pg. frigir) >dr. frige,
ar., mgl. frig (frid:iri. frid:care: fri:iri). alh. ffrgn.f « rotir, grillcr, frire »; Ic
derive populaire de basse-epoque frfrlura « n'.·sultat de la cuisson '> > dr., ar.
fri:ptură «roti it (it. frittura, fr. friture, pro\·„ csp., pg. jritura) 332 • *Gratarimn
(com. l'it. dial. gratar~ « \'anerie, cla~·onnagc ») ou *gratalis (<*gratis=

= cratis) >dr. grătar (( grill: trcillis 333 . Pi(n)sarc <( piler >l >dr. pisa,
ar. ~ised:u (hsarc), idem (it. dial pisari, pisart', cngad. pi:cr, fr. dial. piser,
prov. pi::ar, csp., pg. pisar).
189. Li:- panroman aqua (it. acqua, log. a!Jba. cngad. ova, frioul. age,
fr. ca1t (a. fr. t'VC, cauc), pro\·. aiga, cat. ayg11a, csp. agua, pg. agca) >dr.,
ar. apă, mgl. apu, apâ, ir. ap~ « cau "'· riviere flcuvc '> (a\'cc quantite de sens
derives). Le panroman lacte (=lac) (d. luai, it., log. la/te, cngad. lat, trioul.,
330 RE\\·, 7251; DELL, p. 423; l\lihăescu, Lg. lat„ p. 291; Idem, Reconst., p. 570;

PEW, 110.1, 1524; TDR<~. p. 100 l, 1355, 1365, 1366; DELR. I 151; CADE, p. 10.3.5, 1103;
DER, p . .5.13, 722, 723: SDE, p. 262; 372: Puşcariu. LR; I. p . .3.>7, c. 32; DDA, p. 167, 819,
10.50, 1051-1052, 1055, l0.'i8; Capidan, Jlfegl., III, p. 257: Puşcariu, St. istr., III, p. 132,
324.
331 Mihăcscu, Infl. gr., p. 56; idem, Lg. lat., p. 291; CADE, p. 1459- 1460; DER, p.

913; DEX, p. 1042; SDE, p. 147; DDA, p. 518-520.


m REW, 3508, 3510; Mihăcscu, Lg. lat., p. 291; PEW, 648; DELR, 642, 645; DER,
p. 342; DEX, p. 352, 353; SDE, p. 462; DDA, p. 562, 563; Capidan. Megl., III, p. 130.
333
REW, 2304; Mihăescu, Lg. lat., p. 199; ILR, II, p. 139; PEW, 727; DELR;
753; DA, II, 1, p. 300; DEX, p. 382: SDE, p. 92.

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Du latin au roumam 2'13

fr. lait, proY. lach, cat. llet, csp. /eche, pg. leite)> dr., ar. lapte, mgl. lapti.
ir. lâpte « lait ». Le panroman vimtm (d. ven, it. vino, log. binu, engad., frioul.,
fr. vin, ·prov., cat. vi, esp. vino, pg. vinho) >dr. vin; ar. yiu, mgl. vin, ir.
vir «vin»; le panroman vinaceus ( < vinim1) (it. vhiaccia,log. binatta, sursilv.
vinaca, fr. vinasse, prov. vinasa, cat. vinassa, esp. vina:a, pg. vinlza~a. vin-
lzafo) >dr. (pop.) vinaţ «(variete de) vin» (sans aucune precision quant a
la qualite et le golit du produit, comme c'est le cas pour le terme fr., prov.,
cat., esp., pg.). Le panroman niustum (it. mosto, log. mustu, frioul. mos!, en-
gad. muost, fr. mout, prov. cat. most, esp., pg. mosto) >dr. must, ar. mustu,
mgl. most, alb. musht « moUt » (dr., ar., mgl., alb.), «Yin doux 1> (ar., alb.);
« jus 1> (dr., ar.); «seve» (dr.). Miilsa (aqm1) >dr. mulsă (malsă) (reg.), mur-
să (morsâ) « hydromcl; mo(H »; (arch.) « jus; se\·c » (it. dial. molsa, log.
mussa, fr. mousse, prov., cat. molsa, a. csp. molsa). P11sca (=pasca) <( breu-
vage compose d'un melange de vinaigre, eau et reufs 1> > ar., mgl. puscă
(( vinaigres 1> (it. pasca).
V asum > dr., ar., mgl. vas <(vase, recipient 1>; (ar., mgl.) <c cruche » (it.
vaso, frioul. vas, va::e, fr. dial. va, prov., cat. vas, esp .• pg. vaso). Le derive
caldaria <( chaudron » > dr., ar. căldare, mgl. căldari, idem (it. caldaia, engad.
"/Cudera, frioul. 7Caldfrre, fr. chaudiere, prov. caudera, cat. caldira, esp. caldera,
pg. caldeira). Le derive galleta <( seau » >dr., ar., mgl. găleată, idem (it. dial.
galett~. galeda, etc., engad. galaida, a. fr. jaloie) 334 • Buttis, -em <(petit vase»
(mot du latin de bassc.:.epoque) > dr., ar. bute, mgl. buti, alb. but, -i, gr. byz.
~ouTnc; (n. gr. ~ou•cr!. -ro) « barrique; tonneau 1> (it. bott.e, engad. buot,
a. fr. bo11t, proY. buto (a. prov. bot), cat., esp., pg. bote) 335 • Daga ( < gr. 8ox~
ou 8ox~) <( sortc de Yase: douvc 1> > dr., ar., mgl. doagă <( dom·c 1> (cn ar.
aussi (( grand couvre-lit en laine 1>) (it. doga, log. doa, cngad. dua, frioul. dove,
fr. douve, prov., cat. daga) 336 • Cippus <c potcau, borne 1> >dr., ar. cep, mgl.
CQmp, ir. ţcp <c bondon » (it. ceppo, engad. cep, frioul. tsep, fr. cep, sep, prov .•
cat. cep, csp., pg. cepo avec divers sens pahni lesquels se place aussi celui
que lui donne le ronmain; neanmoins, l'influencc semantique du bg. ou du
ser. cep reste possible et, sous le rapport phonetique dans le cas des formcs
ar. et mgl., ideniable). Uter, utrem <i outre (pour Ies liquidcs) 1> > CJL utre,
(utur) « outrc; bouc (outre remplie d'huile ou de Yin 1> (it. otre, campid. urdi,
engad. uder, prov. oirc, cat., esp., pg. odre). Le panroman cu,ppa (it. coppa,
campid. kuppa, engad. kopa, fr. coupe, prov., cat., esp., pg. copa) >dr.,
ar., mgl. cupă <( coupe (dr., ar.); vase de bois creux utilise pour la traite des
brebis; mesure de capacite ou de poids (dr. pop., reg.; mgl.)», alb. kupe,
bg., ser. kupa <( coupe 1>. Catinus, -'ltm <(petit plat 1> > a. dr. (XVIe siecle, mcn-
tionne une seule fois dans Pali"a d'Orăştie, Transylvanie, 1581-1582), ar.
căţîn(ă) <(plat, ecuelle », mgl. (seulement a Huma) căţQn <(bol de terre 1>, dr.
reg. căţînă (( petrin I) (dans le nord-ouest de la Transylvanie), căţin (Brăila)
(( petit etang gui se desseche pendant l' ete I)' căţîn (( bloc de pierre; pin ram-
pant des montagnes (nord-est de la Transylvanie, nord-ouest de la Molda-

m REW. 3656; DELL, p. 266; Mihăescu, Lg. lat., p. 291; PEW, 697; DELR, 715;
DER, P· 352; DDA, p. 584; Capidan, Megl., III, p. 135,
335 REW, 1427; DELL, p. 79; Mihăescu, Infl. g1·., p. 54; PEW 241; DELR, 202;
DA, I, 1, p. 7JO; DER, p. 118; SDE, p. 64; DDA, p. 299; Capidan, Megl., III, P· 51.
336 REW, 2714; DELL, p. 181; !\1ihăescu, Lg. lat., p. 288; PEW, 536; DELR, 501;
DER, p. 294; SDE, p. 117; DDA, p. 496.

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24.4 H. Mihăescu

vie), etc.• (it. dial. kadin, kain, log. kadinu, frioul. ~adin. pg. caditiho) 337 •
Le panroman olla forme populaire de aulla <1 pot, marmite» (it. dial. ola,
engad. ula, a. fr. ou.le, prov „ cat„ esp. olla, etc.) > dr., ar. oală, mgl. ttală,
ir. oltJ, idem; a travers un derive restitue ollicella, -am a ete explique le dr.
ulcea« petit pot, petite marmite•. qui devait sen;r de modele ou se retrouYe
a la base de plusieurs autres diminutifs tels ulâcă, ulceluşă, ulcel1tţă, etc.
Urceolu,s, 1trceolum ( < urceus <1 vase a anses, pot•) > dr. urcior, ulcior, ar.
ulcior « cruche t (it. orciolo, a. fr. orptel, prov. orsolJ. Testu. testwn, -i « cou-
vcrcle de pot en tcrre; pot en terre • >dr. (reg. du sud-ouest du pays) ţest
(ţăsl) « objct de tern· cuite ou de fonte de la forme d'unc cloche, utilise pour
recouvrir le pain, que l'on fait cuirc dans le four surchauffe ». mgl. ţgst « cou-
verclc; plateau en terrc cui te» (it. dial. tcslţ, tiesto, testu, cngad. fost. a. fr„
pro,·„ cat. test, esp. ticsio, pg. teslo an·c des sens di,·ers, mais tous se ratta-
chant a l'idce de recipient, pot; le plus proche du dr. reg. cn it. dial). Capis-
terium ( < gr. axctq>L'7":"~ptov) «instrument pour tricr Ies graines; auget »
>dr. (reg., au sud du pa~·s, {des Carpathes). căpi:stere (arch. căpestcr), ar.
căpisteare, mgl. căp1:s1e.1ri (cupistcarz) <c maie, huche a farine J) (it. dial. ca-
pisteo, ka p1:Atyere. kapestiere, ka pristcro «tamis, criblc pourles cereales ll}. Caucus
{<gr.z.ctU><l), x.otuxlov) « vase a boire, auget •>dr. (arch., reg. (dans l'ouest du pays)
cauc 6 vase de bois ou de metal avec une manche tel une grande cuiller, des-
tine a prendre et a boire de }'eau t (cat. CaU, <1ffiC'SUfC pour le \ int>, pg. dial.
coco <1 coupc, gobelet de fer-blanc•). Le diminutif lingula ( < hngzta} « cuil-
lcr I) (cf. lingula - li1igo) >dr., ar., mgl. frn~1tră, ir. hngur~. idem.

\'etements; chaussures; parures; hygiene

Le generique cc Vetcments • comporte Ies dcux paragraphes presentant


les noms donnes a des matiercs premieres utilisees pour la confection des ve-
tcmcnts, aux articles vcstirncntaircs, aux operations composant le proces-
sus de leur confection. aux instruments ou part ies composantes de ces instru·
mC'nts dont on se scrt pour les operations respcctives.

190. Le panroman lana (d. luona, it .. log. lana, engad. launa, frioul.
la11t', fr. laine, prov. lana, cat. llana, esp. !ana, p0 . lă) > dr., ar. lînă, mgl.
lQnâ. ir. lăr~ alaine •. Le panroman linmn (it. hno. log. linu. enga<l. l'in, frioul.,
fr .. pro\·. lin, cat. lli, esp. lino, pg. linho) >dr. in .. ar„ mgl., l'in, alb. li« lin».
Le panroman can11apis ( = cannabis), d'origine grecque ( < z.iXv•Jct~Lc;) - et en
grec surcment d'origine orientale - s'est conserve soit dircctcment, soit par
l'intcrmediaire de quclques formcs populaires restituees dans le genre de *ca-
nepis, -em, *canepa, -am, *canapa, -am (it. canapa, ven .. veron. kdnevo, cn-
gad. lianf, fr. chanvre, prov. canebe, carbe, lyon. senevo, esp. cdnamo, pg.
cânhamo), qui dans Ies Sud-Est de !'Europe ont donne: dr. cînepă (cinipă),

337 REW, 1769; DELL, p. 105; PEW, 318; DELR. 288; Densusianu, ILR, p. 725;

Palia de la Orăştie, edition publiee par Ies soins de Viorica Pamfil, Bucarcst, 1968, p. 2j9;
DA. I, 2, p. 198; DER, p. 149; SDE, p. 228; DDA, p. 357; Capidan, Ar, p. 148; Idem, Megl.,
III, p. 66.

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Du latin au roumain 245

.ar. cînipă, mgl. cQnipă, alb. kan(e)p, kerp, bg. konop, ser. k01toplja «chan-
vre • 33e.
*Excarminare ( < carminare) >dr. scărmăna, ar., mgl. scarmin- (scăr­
mi1tare, scărminari) « carder » (esp. escarmenar; it. carminare, log. (k)arme-
nare, esp. carmenar, pg. carmear < carminare). Le panroman floccus (it. fioc-
co, Iog.fiokku, engad. frioul., fr., prov. cat.floc, esp.fl(u)eco, pg.froco) >dr.,
ar., mgl. floc, alb. flok <1 flacon de laine » (en dr. aussi <1 flocon de poils ou de
CheVCUX »); jloCCOSU,S >dr. floCOS, ar. flUCOS (<a longS poilS I) (it. fi0CC0S0, CSp.
jluecosoJ. *Folliolz~s ( <follis) >dr. fuior. ar., mgl. ful'or <1 tortis de filas-
se » (en dr. aussi <1 (filasse de) chanvre »); l'evolution semantique de ce mot
a ete expliquec par une association nee d'une certaine ressemblance entre
Ies formcs des objets respcctifs). Toujours a l'aide de certaincs fonnes popu-
laires restituees, dont il convicndrait de mcntionner *carium ( < caro, -ere
« carder ») ct surtout *caiulus ( < caia, -ac « bâton » - cf. Ies gasc. cay, esp.
cayado, pg. cajado), on a essaye d'expliquer lcs dr. caia, _ar., mgl. cair <1 que-
nouillees » 339 •
Le panroman *torquere ( = torquere) (it. torcere, log. torkere, frioul.
stuardzi, fr. tordrc, prov. t6rser cat., csp., pg. torcer) >dr. toarce, ar.
forcz.t, mgl. torc, ir. torce (I tordre, filer I) (cn dr. arch., reg. egalcment (C tOUr-
ner; (se) retourncr », sens preleves par le derive dr. întoarce). Le panroman
Jusns (d. fois, it. fuso, log. fum, engad. fiis, frioul., a. fr., prov., cat. fus, esp.
huso, pg. fuso) >dr., ar., mgl., ir. fus <1 fuscau ». Tortus « tordu, de tra-
vers • >dr. tort « tordu » (arch., rcg.); <c fil rctors (echeveau, toile) de chan-
vre ou de lin». ar. tortu, mgl. tort <c laine filee>>; en dr., memc s'il rcpresente
une forme archaique, le mot a pu etre releve aussi non encore transforme
en substantif, c'est-a-dire avec une valcur d'adjectif correspondant a sa
position en latin ct dans les autres langues romanes qui l'ont conserve (it.
torto, log. tortu, frioul. tuart, prov. tort, esp. tuerto, pg. torto); chez les Arou-
mains et Ies Megleno-Roumains, ou, du fait de leur environnement, l'elevage
est demeure l'activite essentiellc, le sens note du substantif respcctif se rap-
porte au dornaine du travail de la laine, alors que chez Ies Daco-Roumains,
chez lesquels l'agriculture a pu se developper en se divcrsifiant, le sens de
ce terme s'est elargi de fa<;on a englober aussi le travail de certaines fibres
textiles d'origine vegete1le, a savoir cclles produitcs par le lin et le chanvre.
Le panroman filum (it. filo, log. filn, engad., frioul., fr., prov., cat. fil, esp.
ltilo, pg. fio) >dr. ffr, ar. liir (forme avec la palatalisation de la labia-den-
tale initiale releVe egalcment dans le dr. reg.) (I fil », mgl. ir (C plusieUrS filS
tordus ensemble I), alb. Jill <1 fii 1>.
Depannarc <c dcvider 1>, forme Ycrbalc populaire relevee en Italic aux
ne - nre sieclcs, ayant persiste en dr. depăna, ar., mgl. deaphi (dipinare,
dipiiiari), idem (it. di panare, sardre demanare, a. fr. devende, prov., cat., esp.
devanar, pg. debar) 340 • A partir d'un hypothetiquc terme populai re *ras-
clare a du probablement evoluer le dr. răşchia « devidcr Ies fils sur un travouil
338 REW, 1599; DELL, p. 93; Mihăescu, Lg. lat., p. 34, 171, 276; REW, 368;
DELR, 346; DA, I, 2, p. 79; DELROM, P· 45; DER. p. 182; SDE, p. 221; DDA, p. 360;
Capidan, Megl., III, p. 76.
339 PEW, 251; Giuglea, Cuvinte, p. 226-227; DEX, p. 110; SDE, p. 163; DDA, p.

305; Capidan, Megl., HI, p. 54-55.


310 Mihăescu, Lg. lat., p. 26, 286; REW, 2569; PEW, 492; DELR, 483; DER,
p. 282; SDE, p. 104-105; DDA, p. 464; Capidan, Megl., III, P· 107.

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2-i6 H. l\lihăescu

pour en faire des echevaux » (le dialecte aroumain ne comporte que le deri-
ve ( a)răşcl'itor, răşkitor <1 instrument servant a former Ies echevaux », cor-
respondant au rnot dr. rcişclzitor); des successeurs de la forme verbale res-
tituee, rnais avec d'autres sens, ont ete rcleve en it. raschiare, engad. rascler,
fr. râler, prov., ca t. rasei ar, csp. dial. rac/zar 341 . *I ncolicare ( < calus <c f il de
laine; quenouille avec sa quenouillee 1>) pourrait representer le point de de-
part du dr. încurca <c (s')ernmeler i> (au debut, il s'agissait uniquement du fil
file, des lices, du fii a coudre, ensuite le contenu sernantique du mot s'est
elargi) et *descolicarc > dr. descurca tl demeler I) (pour ce qui est de ce der-
nier cas, a la place d'un derive reconstruit du latin populaire, on serait plu-
t6t enclin de penser a un terme forme en roumain, par le remplacement du
prefixe în- avec le prefixe des- 342 •
Le panroman tl.rert' (it., log. tesscre, engad. tcsser, frioul. tiessi, fr. tis-
ser (a. fr. hstrc). prov. lt'iscr, cat. tcixir, esp. lejer, pg. tccer) >dr. ţese, ar. ţas
(ţasire, ţiis1·are), rngl. fes. ir. fese • tisser 11 (en ar. aussi <c ourdir »). Ordirc (=
=ordin) >dr. ur:.i, ar. urd:.iiscu (urd:.ire), ordu (ord:îre) (mgl. urd:.Qs)
'ourdir » (it., log. ordirc, cngad. 1trdir, frioul. urdi, fr. 01trdir, prov., cat. ordir,
csp .. pg. urdfr); le derive populaire orditura •le rernltat de l'ourdissage,
structure ~ >dr. ur:.iturii, ar. urd:îturâ, mgl. urd:.iitură, idem (it. orditura,
esp., pg. urdidura). Le panroman licium (it. hcc1~0. log. httos, frionJ. lits, fr.
lisse, prov. lisa, cat. llis, csp. li:.os, pg. hţos) >dr. iţ (pop., rare). usuel au
pl. iţt', d'ou est ne un autre sing. 1"ţă plus frequent que iţ, rnais moins que la
forme plurielle iţe), ar., mgl. /'iţă (I lisse 11. Ca111111la ( < camza) <c canne, jonc
mince, plus petit quc le roseau 1> > dr. canură • bourre de lainc 1>, ar. canură
•gros fil de lainc D. Du roumain, le mot devait passer par la suite cn neogrec
(Y.civour-o:) bulgare et serLocroate (ka11ura) 343 • Spatha ( < gr. critcX.6"), tar-
dif spata, spadtl 41 battoir, spatule I) >df., af., mgl. spată (I ros (du rneticr a
tisser) D (log. ispada, it. spado/a, esp. espadilla, pg. t"sj>adcla). (lu)sub(u)lum
( < s11bu!a) >dr., ar., mgl. sul <c cnsouple, ensoupleau » (en ar. et mgl. re-
leve seulcmcnt avcc cc sens cn rapport avcc le rnetier a tisser, alors qu'en
dr. le mot a rc,·etu aussi de sens derivC:·s qui l'ont rendu usuel) (dans d'au-
tn's langues romancs: it. subbio, campid. surbyos, log. 1·ssulos, fr. ensouple,
esp. mjullu), *Fusccll11s, '~fusticdlus, *fustc/lus, ( < fustis) <c petit fuseau » >
dr. fuscel, Juşt"el, fw_;td 11 reglet te, bras (de l'ourdissoir); traverse de la herse;
traverse de la ridelk; piquant; echelon; etc."; (en mgl. on a rdeve avcc le
sens qui nous importe ici le mot fuşt ( i) (pl.) (Ies formes du daco-rouma in
ont lcurs correspondants en it. fuscdlo, a. fr. fuissel, fr. dicil. fise); grâce a
une similitudc de forme a\'Cc divers autrcs objets, le sens du terme a pu s'e-
brgir 344 • Tmdfr(u)la (<tendo) (( perche a etcndre le linge I) >dr. pop.
tindeche (ti11deiclzc, tind cică, tmdeclze, tendâcă, etc.); mgl. tindecl' ă « verge
qui maintient tendtH' la toilc dons le metier a tisser)) (le dr. comporte ega-
lemcnt d'autres sens derives) (it. dial. tindee, frioul. tendele fr. dial. tediyo,
341 REW, 7072; PEW, H41; TDRG, p. 1301; CADE, p. 1049; DLR, IX, p. 159; SDE
p. 368; DDA, p. 190, 1040.
342 REW, 4360; Giuglea, Cuvinte, p. 28-29; DA, li, 1, p. 616-617; Rosetti, ILR,

p. 192; DEX, p. 459; SDE, p. 106, 509.


:i 43 REW, 1607; PEW, 268 (tout comme dans TDRG, p. 277, on prend pour Hymon
11n hypothctiq11e •canila, -am < carn, -f!'c); CADE, p. 212; DA, I, 2, p. 88; DER, p 135;
SDE. p. 172; DDA, p. 312; Murnu, Rumiinische Lelmwortcr, p. 78; BER, II, p. 210; SER, II,
p. 36; Tratai de dialrctolo~ie românească, Craiova, 1984, p. 195.
344
REW, 3615; DELL, p. 264; Mihăescu, Lg. lat., p. 238; PEW, 691; DELR, 705; DER,
p. 349; SDE, p. 465; Capidan, Megl., III, p. 133.

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Du latin au roumam 247

.tedilo, prov. tendiyo). Spatium « espace libre, etendue, distance, intervalle ~>dr.
pop. spaţ, spas, ar. spaţ «espace entre l'ensoupleau et le ros» (a. it. spaz:o,
it. dial spats, spas, a. cat. cspau, avec des sens differents par rapport a celui
du roumain). Le panroman tela ( < texo) « toile, chaîne de la toile », (it„ log.
tela, engad. taila, frioul. tele, fr. toilc, prov„ c<Jt., esp. (> pg.) tela, pg. teia)
>dr. teară « chaîne de la toile » (reg., en l'ouest du pciys), <1 toile » (a. dr.)
.(dans le dialecte aroumain et en Oltenie on a releve la meme forme, c'est a
di re teară, rnais seulement civec des sens derivcs, figures: «creme du lait;
taie de l'oeil, c<Jtaracte »). Le panroman trama « chaîne, trame, tissu » (it„
log. trama, engad. troma, frioul. trame, a. fr. traime, prov„ cat„ esp., pg. tra-
:mci) >dr. (reg„ dans Ies parlers de Banat et Crişanci), ar„ mgl. tramă« tra-
me I) (dans le dialecte daco-roumain, on a releve come reg. quelques sens
derives: <• qucnouillc; eto:upe ». *Pedinus, -um ( < *pcdhrns, -a, -um) < pes,
pedis} >dr. (reg„ surtout au sud des Carpathes) piedin, picJcn, Redin, l~e­
dei!, etc. <1 portion de l'ourdissages au bout de la toilk. que l'on ne tisse pas»,
ar. li ca.din, (li edin), m c;l. ,;, iadin <c la inc bicn f ilec » (sic·. pedinu, trioul. pinic) .
.Squama <• ecaille (sens proprc et figurc ») > dr„ ar. scamă <c charpie » (it.
squama, prov„ cat„ esp„ pg. cscama, CJVec le sens du latin, mais en italien,
par exemple, on rctrouve aussi celui du roumain). Le panroman stuppa ( < gr.
a„,uit(7t)"I)) <• etoup~ » (it. stoppa, log. istuppa, engad. stoppa, frioul. stope, fr.
itoupe, prov„ cat„ esp„ pg. cstopa) > dr„ ar. stupă, alb. shtuppe, gr. biz .
.o-To•Jit7tlX, ngr. o"rou7t(it)l „etoupc" 3 .i:>. ·

191. Aws <c aiguille » > dr„ ar., mgl. ac, ir. âc, d. juak, idem (it. ago,
1og. agit) ; acia <• aiguillec de fil; fil en aiguille » > dr., ar., mgl. aţă, ir. âţ~
(C fii)) (en af. (pl.) aUSSi (I fils d'un CCheveaU)); en mgl. SCUlement dii a COU-

·<lre ») (it. aceia, engad. aca (I echeveaU (de lainc; fil de COtOU, de Soie, CtC. »).
Le panroman coslre (= consulre) (d. koscr, it. cucire, log. kozire, engc>d.
ku:ir, frioul. ku.:i, fr. coltdre, prov. cozer, cat. cosir, esp„ pg. coser) >dr.
coase, ar., mgl. cos (coasi1'e, cuseare; coasiri, ir. cose «coudre ».Le panroman
digitale ( < digitus, -i) <• doigtier », (it. ditaie, frioul. dedal, log. didale fr. de
(a. fr. deel), prov. dedat, didal, cat. didal, esp„ pg. dedal) >dr. degetar (reg .
.degetare), ar. dzidzitar « de » ~ 46 • Forfex,-icem >dr. foarfece, foarfecă, foar-
Jică, etc„ ar. joaijică, mgl. foa1jiţ, foarficd <c ciseaux » (a. it. /orfice, it. dial.
forjeze, foarhcf}, log. Jo1jige, rngad. forsch, frioul. forjes, fr. forces, prov.
fo~/e); Ies formes ohtcnucs en roumain etant rcssentics comme pluriels, Ies
trois di~lectes connaissant ce mot ont procede a la restitution d'un singulicr
a part ir de ces pluriels; le derive verbal f orficare (log; forfi'gare) > dr. for-
je ca (( COUper (aVCC des CiseaUX); briser, broyer; mâcher >) et, ~li figure, (I Se-
~llOllCCr ».

Le p:mroman nodus (it. nodo, log. nodu, engad. nu,f, fr. noeud, prov.
no, cat. nus, esp. nudo, .pg. n6) > dr„ ar„ mgl. nod <c nreud »; nodare > dr.
(arch„ pop.) noda, ar. nod (nodare) « nouer » (a. engad. nujar, fr. nouer, prov.
no:ar, cat. nuar; quant au synonyme innodare >dr. înnoda, mgl. q,nod, idem
(prov. enozar, esp. anu.dar); les deux verbes susmcntionnes peuvent aussi
34 5 REW, 8332; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 33, 290; Idem, Infl. gr„ p. 49; PEW, 1662;

CADE, p. 1222; DER, p. 804; SDE, p. 405; DDA, p. 1127.


346 REW, 2637; PEW, 498; DELR. 473; ILR, II, p. 181; SDE, p. 99; (TDRG, p. 518;

Hristea, Probleme, p. 44; DER, p. 281; DEX, p. 239 estiment plus appropriee la solution d'une
derivation sur le terrain du roumain depuis deget +-ar): DDA, p. 523.

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248 H. Mihăescu

representer le resultat d'une derivation en roumain; d'autre part, en rempla-


<;ant Ie prefixe fo- par des- est ne l'antonyrne dr. dcsnocla, prononce avec le
ternps de::noda. *Glemus ( = glomiis) > dr. ghem, n., mgl. gl' em <« peloton 1>
(v~n. geme, mant. {Jemb); cn ar. aussi la forme gl'om < glomus (voir egale-
ment en a. it. f!,hiomo, prov. gloms) Mi. Pitta ( < gr. 7tl':"TrL « poix » >dr.
pată (I tache 11 (calabr. pitta, engad. peta, awc des sens tout-a-fait differcnts;
pg. peta • tache dans l'ceil d'un cheval »); *fritlula ( < pitta) > dr. păi-ură,
(ICOuverture, plaid 1>,mais aussi • feuille (dcpapier); planche,carre (de legumes ou
de fleurs). pâte feuilletee 11 (pour ce demier sens voir aussi ar. petur) 348 • Pae-
nula • manteau a capuchon I) >dr. pănură (( grosse etoffe tissee a la main,
de laine; bure •. (le mot a ete explique aussi par pannulus, *pannula ou pin-
niila) 349 • • Pandi·a, -ani ( < pandtre) >dr. pîn::ă, ar. pîndză, mgl. fQnzâ,
ir. pânze (I toi le • ~0 .
Le panroman camisi·a. lat. vulg. camisa • chcmise, tunique J> (frioul.
~ameze, a. it. dial. camt'sa, it. camicia, engad. ~amischa, fr. chemise, prov.
cat ., esp .. pg. cami·sa. formcs heritees ou li\Tesques) > dr. cămaşă (reg ., dans
la moitie sept. du pays, câmcaşă, cămeaşe, cămeşă, cămeşe), ar., mgl. cămcaşă,
ir. căme~e. d. kamai·sa, alh. l?Cmishi, gr. byz. xrL1.dcnov (ngr. 7touxrfi..ucrov)

• chemi se 351 • Line a (tunica) ( < hnum) • eh emise de lin » > dr. ie «< che-
mise (blouse) de femme 11, alb. linje • chemise t. Le panroman fascia (it. f as-
cia, log. jaska, cngad. faia, frioul. jase, fr.faissc, prov. faissa, cat. faixa, csp.
faja, pg. faixa) > clr. faşă (jaşt'), ar. faşe, mgl. faşă, ir. jdşe, alb. fashke t ban-
de, ban<lclettc (<l'etoffe, en alb.); maillot •; jasciola >dr. jăşioarâ (I petite
„,
bande, ban<lclctte alb . .fqollt; ~ filasse de chanvre quenouilcc • (it. jasciola,
prov. jaisola); * (in)fasciare ( < Jascia) >dr. făşa (rare, pop., reg.). înfăşa.
ar. njaşu, mgl. <}l~faş • cmmailloter • (it. fasciare, log. jaskare, cngad. ja§er,
fr. fai·sser, pro,·. faisar, cat. faixar); *i11fasâolare ( <fasciola) >dr. hifă­
şura (I (s')cnwloppcr I); a part ir de *disfaciarc, *di"sfaci"olare ou bicn sur le
tcrrain du roumain, par substitution du prefixe, denicnt naitre Ies anto-
nymcs: dr. desfăşa, ar. di~faşu, mgl. disjaş o demailloter » t>t rcspcctivemcnt:
dr. desfăşura $(se) <leployer, (se) derouler 11. Pal/iola ( < palliolum < pallium)
>a. dr. (nord de la Transyl\"anie, nord de la Moldavie), dr. rcg. (nord de la
Transylvanie ct J\faramurc~) păioară, pănioară, peioară, puioară, etc. <i voi-
le; line eul o ( voir plus haut, § 38, alb. pap • <lot, trousse;iu de la mariee 1>

m REW, 3801; PEW, 711; DELR, 734; DER, p. 360; SDE, p. 85; DDA, p. 591,
592; Capidan, Mcgl., III, p. Ml.
3 ' 8 REW, 6516, 65'48; PE\\', 1287; DELR, 1357, 1358; DLR, VIII, 1, p. 346; SDE.

p. 306; DDA, p. 970; Capi<lan, Ar., p. 153.


349
REW, 6203; PEW, 1255; TDRG, p. 1115; DELR, p. 1317; DLR, VIII, 1, p. 271-
-272; DER, p . .598; SDE, p. 316.
350 REW, 6190; PEW, 1323; TDRG, p. 1165-1166; DER, p. 625 (contamination
pannus-braf!drnm); SDE, p. 3H; DDA, p. 989; Capidan, Megl., III, p. 228; Puşcariu, St.
istr., lII, p. 127. Les DLR. VIII, 3, p. 714 et DEX, p. 698 ecartent ces etymologies, sans
offrir pourtant une autre solution. ~osetti, ILR, p. 188, considere le terme d'une autre ori-
gine qnc Ic latin, sans fournir toutefois des argumcnts a cet egard. Par consequcnt, meme si
discutablc, l'origine latine de ce mot se doit d'etre mentionnee puisqu'on le retrouve dans Ies
quatre dialcctes roumains et qu'il est atteste par des textes remontant au XVIIe siecle.
351 REW, 1550; Mihăcscu, Lg. lat., p. 32, 289; PEW, 266; DELR, 235; DA, I, 2
p. 65-66; DER, p. 132, SDE, p. 224; DDA, p. 334; Capidan, Megl., III, p. 57; Puşcariu',
St. ist r „ III, p. 105.

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Du latin au roumain 249

< pallia < pallium « mcinteau; voile linnceul I), forme qui se retrouve aussi
dans quelques langues romanes occidentales: a. fr., prov.).
(In)vestire ( < vestis, -is) >dr. (arch, reg.) înve.şti, înveşte, ar. (în)-
vesm, nvescu, mgl. t]nves, nves, ir. anveşti « vetir 1> (d. vester, it. vestire, log.
bestire, frioul, visti, fr. vetir, prov., cat., esp., pg. vestir); le panroman vesti-
mentnm ( < vestis, -is) (it. vestimento, log. bestimenta, engad. vestimahtt, fr.
vet:me:1t, prov. 'iJestimeilt(a), cat., esp., pg. vestimenta)> dr. veşmînt, veşt­
mint, v,;,stmînt, ar. veştimfritu, mgl. viş(t)mint, anveşmint, anveştimint, anviş­
tămint « vetcment, habit „(en dr., la forme du pluricl s'applique aussi aux
(I vetements saccrdotaux »). Le panroman braca, pl. bracae (I braies, panta-


lon > dr. (reg. rare, dans le parler de la l\foldavie septentrionale) bracă
(le pluriel en est utilise plus frequemment : brace, braci) <1calec;ons I), alb.
breke, gr. byz. ~pcixot <1 braies, pantalon» (it. brache, log. ragas, cngad. bra-
y'as, fr. brai:e, prov„ cat„ esp„ pg. braga) *im.bracare ( < braca) >dr. îm-
brăca « (s'habiller, (se) vetir I) (it. imbracare, fr. em.brayer, prov. cmbragar);
a partir d'un *disbracare ou au moyen d'une substitution de prefixe en rou-
ma in est ne l'antonvme dr. desbrăca, dezbrăca; îmbrăca - dezbrăca et le de-
rive îmbrăcăminte ((- vetement I) sont des formes creees par derivation ·soit
dans le latin vulgaire, soit en roumain meme; ces formes ont concurrence
fortement, cn tranchant meme nettcment en leur faveur dans le dialecte daco-
roumain, ainsi que Ies sources des trois ou quatre dernicrs siecles le mon-
trent, la dispute avec Ies synonymes în.veşti (înveşte) - dezveşti (dezveştc),
veşmint, dont Ies formes correspondantes sont en re,·anche restees courantes
tant dans les dialcctcs roum<1ins sud-danubiens, que dans Ies langues roma-
nes occidentalcs, ou la competition proprement-dite a cet egard n'a pas eu
lieu: bracile ( < braca) <cceinture de moine ou de femme I) > dr. (pop:;. reg.
dans differentes zones du pays: sud-ouest, ouest, nord, etc.) brăcire, brăcile,
brăcele (utilise surtout au pl. brăciri; Ies formes du singulier etant ressc·nties
comme un piuriei, sont restituees ~ partir du pluricl Ies sing. brăciră, bră­
ci11ă, brăcilă « ceinture 1> (a. log. braki'le). Le lat. vulg. *sarfra (cf. sericum, pl.
serica) > dr., ar. sarică, alb. sharke « manteau (d'hivcr) en lainc et a longs
poils » (porte par Ies bergers daco-roumains des zone montagneuses) (c;:ifa br:
sarga, fr. sarge, esp. sarga; en revanche fr. serge, prov., esp. jerga, pg, xerga
<lat. serica). Le panroman manica (< manus, -us), sing. rare, employe
surtout au pluriel manicae (it. manica, log. mâniga. engad. manga, frioul.
manye, fr. manche, prov., c;:it. manega, esp. pg. manga) >dr. mînecă, ar.
mînică, mgl. mQnică, ir. mărecă, alb. menge, gr. byz. [ţocvtxoc (ngr. µotvCzt)
<1 manche 1>.
SubrnWerc ( < mittcre) « mettre sous, c1woyer sous 1> > dr. swmete <i(sc)
retrousser Ies manchcs ou la jupe 1>; «(se) relcver » (it. srmmettere, prov. so-
metre, esp., pg. sometcr, avec le sens plus largc de « mettre sous 1> dane <1 sou-
mettre, assujcttir, subordonner 1>. *Sitffolicarc ( = sub+ follico) >dr. su-
fleca (reg. sufhca, sitfuleca, sujul(i)ca), synonyme de sumete, dont il surpasse
la diffusion ct la frequence 352 . (In)cingcre >dr. încinge (arch., reg. cinge;
forme qui se retrouve a la base du derive ângâtoare « ceinture 1>, usuel dans
352 REW, 8432; PEW, 1677; TDRG, p. 1526; CADE, p. 1228; DER, p. 807 (avcc des

rcsenes au sujet de cctte ctymologic, compte tenu de l'evolution du mot parallelcment a Îll-
juleca, înfulica < infollica.re et la mention de quelques autres solutiom1 proposees jusqu'a prc-
scnt a·1cc pour point commun l'idee de son origine latine; ccpcndant toutes ces solutions pre-
sentent chacunc des inconvenients encore plus grand.s); SDE, p. 411.

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250 H. Mihăescu

le dr. actuel aussi), ar. ţingu (ţind:ire, ţind.:care), mgl: (~)ntsing, ir. ănţin:::c
<c ceindre » (it. (i11)ci11gere, log. k1"11gerc, frioul. sm::.i", fL (en)ceindre), prov.

( cn)cenlzer, cat., c01yir, esp. c€1iir, pg. ci11gir); *chnga forme populaire, me-
tathese ·de ci11g(u)la ( < cingo, -m) >dr. chingă, mgl. cl'hzgii « sangle, cein-
ture »; alb. qi11gll, gr. byz.. ZL'(j'Î.a:, i<lcm < cing(u)la, de meme que Ies it.
cinghia, ·log. /â11ga, fr. sangfr, pro,·. cmglir, cat. siilgla, esp. cine/za, pg. ci/Iza„
cigna. Le pan roman corri!!.ia « lacet <le soulicr; courroic, laniere, fouet » (tosc.
corrcgia, log. /wrri,1, .frioul. kort'ye, fr. courrofr, prov. corcia, cn.t. corrcija,
esp. corrca, pg. corrcia) >dr. curt'cl, ar., mgl. cHrcauă (dans le nord, ar. .-u-
rao)" <ccourroic ».A part ir d'un hypothetique *11as!Hlus (cf. 11astula <c bouton »)
se sont probalilcmcnt de\'doppes Ies dr. 11ast11rt' (reg. 1111st11r). ar. 11t1siHr
~bonton». terme atteste par Ies sourccs daco-roumaincs des Ic XVI" ~iecle
(\·oir aussi l'it. dial. 111îslo/(.i)) 353 . *C/,111/ori:t ( <* claitlits =cla;:atus) >.dr.
(/tcotoart' ( (/zmtoarc. clziotoarl') cc !aed au mo~·en <luqud on serrc la clwmis~
au cou i> (dans le costume p:i.ysan); « li0utonnit•r1_·; jointurc: angle; articula-
t ion, etc.•> 35 -'. Fiita cc ruban ou lian<lclettc scrYant ~l maintenir la che\'clure ·~
>dr. pop. be>t-P (pl.) « ceinture (C-troitc et longue); ccrdon (de taille); bande, poig-
nl't ou col; lisierc ·(de drap de toilc), etc. •>. mgl. betâ < jarretiere 1> (it. ~·t"tta
(dial. i•itta), frioul. t't"fr, a. fr. ;.•etic, pro\'. 1.>c/11, cat., a. esp. h<'ia). Balteus
<• liandricr I) > dr. (n'.·g. dans ll' nord de la Transvlvanie et le nord-oucst de
la Molda\'ie) baiţ• lacet, lacs; \"Oile I), ar. bcilţu. (I sorte de fichu Liane dont se
coiffrnt ks vicillcs frmmcs & (it. bal:.o, frioul. bal::, pro\'. baus, cat. bals, ('SP-
bal::.o, pg. balso awc des sens clifferant du roumain).
192. (lu) calciart" > <lr. Îllcă/ţa' ar. (") ncalţu, Îlll:al/ u. ( (a) 1tcâl/1li'c' r

î11câlţau}, mgl. <Jllca// (~mcJ/(ari), ir. (ă)11((iţa ecchausscr1> (it. (in)ca/:.,ue,


a. L'ngad. cltii::.:::a, frioul. ~altsa, fr. dzausscr (a. fr. mchaucfrr), pro\'. cailsar,.
mculs,„, cat. (m)calsttr, esp. (t'll)cal:.ar; pg. ca/rar (a. pg. fllcalr;ar)); a
partir de Jiscalct·art' ou sur le krrain du roumain, par une suhstitution de
prefixe, sont nes Ies dr. dt"suil/11. ar. discalţu ( dis(Jlţ,1re), mgl. discalţ ~(se)
d<'.·chaussl'r 1> (it. discaf:,trc, fr. dlchaussa, pro\·. dr'scaussar, cat. cfrsca/s,ir,
esp. dt'sc,ll:ar, pg. cfrscalrar); (i11)calciammlwm >dr. (arch.) (în)câtfâ-
111î11t (d'ou le dr. î11călţămi11!t', un pl. transforme en sing.), mgl. q,1icălţâ111î11t
'• chaussur<' » (it. cal::.1111101/o, a. cngad. clzi"i:.amai11ta, a. fr. (m)chausscmrnt„
pro\'. (<'li) rnttssammt (a), ca t. calsamml, mea/cement, pg. calf1mw1to). Lat.
\°ltlg. d ismlcilf I'(' (C dechaUSSl'r I) > <lf. (reg.) diSC11l/a, af. dismlţu (discul/a /"f),
ir. rt'scu(<i, i<lem (it. dial. dt"scol-::ar, frioul. diskol:.J); disculcius ~ picds nus 1>
> cir. Jesmlţ (reg. disrnlf, d1ismlţ), ar. disculţu, mgl. discul/ ( diisculţ), ir..
r.·scuţ, i<ll'm (a. p;id. dfs(o/:o, istr. cfrscolso, log. 1"sk11ltu, a. engad. skuts, frionl.
dislwlts); le roumain a herite clonc tant de d1"scalcic1rc que du discnlciart", le
prl:'micr liim illustre dans k:-; langucs romanes occidcntales, finiss<1nt par
gagncr la dispute pour la premit·re place d'avec le sccond, releve en cc qui
le concerne seukment dans le plan dialectal; par consequent, d'cmhlee a\'ec
3
~J RE\\", 5840 (< 11:.1stilU.); )lihăcscu, Lg. la/., p. 289; PEW, ll.'i6 (par la suite, il
de·1ait pr·ndwr Pll f;nl'ur d'nne orig-inc haut all<'mandl', LR. I, p. 270); DELH, 1209; Rn,dti,
!LU. p. 24."\, 24.'i (orig-im· itali1·nne. p,u J'intC'rmc<liair<' d!'s man:hands, nn latine mcdir~·rnl<');
DEH.. p . .'i.'i8 (it. 11astrn), dr· mcme qP<' chez TDRG, p. lOJS; SDE, p. 276 (orig-inc olisd1rc;
prohahlemcnt hcritag't' latin (*11as/11/11s. 1iasl1'la) ou hien <!'origine haut allemande, tran~mis
par la filiere du latin <lanui>it'n); DLH, YII. 1, p. 31-32; DEX, p. 58.> (ftymolot:"ic inconnuc).
~M TDHG, p. 33.'i; DELR, .326; DA, I, 2, p. 333-334; DEH., p. 173-174; SDE~
p. 180.

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Du latin au roumam 251

une moindre aire de diffusion, mais plus populaire et avec un champ seman--
tique ·plus limite, en raison du sens de « pieds nus » du terme apparente dis-
culcius (lui aussi berite ou peut-etre forge par une derivation · regressive en
roumain; dans ce dernier cas, de meme que dans Ies deux autres, la sollltion
.ayant conduit a la naissance des derives respectifs en roumain ne.·satirait
s'e.xclure, mais dans le contexte de leur attestcition en latin ce sera, cornme de
juste, une solution possible en second lien) 355 . Insolare ( < soia, pl. de so-
lum <• semdle »)>dr. (rcg., dans Ies parles de Transyh'anic) · i11s11r,1 <<• rcmon-
ter des 1.Jottes » (sa rele insolare, frioul. insuler).
Le panroman ancl!its ( < anus) (d. agnial, it. anello, cngad. ane, fr.
anncau, prov. anell, cat. aneJl, esp. am:Uo, pg. elo) >dr. inel (arch. reg. încl,îrel).
ar. nel, mgL nind, ir. aret <( anncau ». Brachiale: ( < brachimn) >dr. brăţară
<1 bracelet » (it. bracciale, a. fr. braciel, p:-ov. l:rasal, csp. bra:::al, pg. bra~al).
Circdlus ( < circus) <c cerceau »>dr. cercel, ar. ţirţel <1 bouclc cl'oreille »: (d.
kercdlu, abruzz. carcclle, esp . .:arcillo, idem; fr. cerceau.,· etc.). l'in·a « sorte
de bracdet d'homme » > ar. veare « bouclc d'orcillc » (.ven., lomb .. vera, a.
eng~d. vafra, a. fr. vcrge, prov. verga <1anncau»). 1Uargella «corail».. >dr.
·mărgea, (art. mărgeaua, d'ou le sing. reg. mă·rgcauă), ar., mgl. măr.dwauă
<1 rassade, perle » (en ar. et en mgl. le mot designe aussi la <•pupillc (de l'.ceil) •).
Le panroman !avare (voir it: lavare, engad. laver, frioul. lavâ, fr. lavcr,
prov., cat., csp., pg. !avar) se retrouve dans Ies a. dr. la, ar. lau <1 fa\·er.» (le
dr. actuel .conserve (pop„ r~g) seulement quelqucs formes isolecs de la para-
<ligme de ce verbe: iau; lai <1 je me lave, tu te la,·es », lâut <1 lave» (surtout cn
parlant des cheveux).; .lavatura <1 eau qui a servi a laver des aliments 04 _des
plaies » > dr., ar. lăt-ură (1.ţtilise surtout au pluriel, lâtnri), idem (iL lavatur.a,
fr. lavure, prov., esp., pg. lavadura). Le concurent synonyme qui <1; re~pla­
~e presque tous Ies desccndants roumains de lavare est .spăla ( aspel e11. a,r.)
(<lat *cxperlavare > *expcllavare, forme composee de lavare c~nscr;vee
seulement .en roumain),; unc autre forme composee excaldare <1 baigp.qi»>
> dr. scălda, ar. ascaldu, idem, mais cette fois il s'agit d,'un mot qu'on-'pcut
retrouver aussi dans Ies. autrcs langues romanes (it. scaldare, engad .. .sl(,f),qer,
frioul sk'alda, fr. echaud:er, prov. escauder, cat., esp., pg. escaldar, surtout a.Yec
le Sens initial de latin (( feChauffer »); lixivia (I lcSSÎ\'C I) > df. leşie, idem (it.
lisciva, engad. a!Civa, frioul. lisia, fr. lessive, cat. llei:·âv~. esp~ leja). et ·dans
le Sud-Est de l'Europe, istr. lisi.. cr. liksija, lusîja, ngr. &1..Lcr(~cx. Lat. p~_cten,
-inem <1 peigne » :>dr. pieptene, ar., mgl. ~eaptine (lhapthie), idem (d.. pfa!?-
no, it. pethne, log. pittene, engad. peten, frioul. pietin, a,fr. pigne, fr. peigne,
pro,·. penche, ccit. pinta, · esp. peine, pg. pentan); pectinărc ( < pccten) > dr.
jie ptăna, ar. l..=eaptin, mgl. liia ptin <1 peigncr » (it. pettinare, log pettenarc,
engad. petner, trioul. petend~ fr. peigner, prov. penclzenar; cat. penti11ar, esp .
.Peinar, pg. pe11tear).
Habitat_ion ; chauîfage ; eclail'age

193. Dalare (I taillcr, equarrir, fac;:onncr le bois, puis la pierrc avcc la


dolabre » > dr. dura « fac;:onncr une piecc de bois; bât1r cn bois; construire;
edificr », mgl. (a Ţ~irnarcca et Huma) dor (di!rari) <c coupcr du bois avec la
355REW, 2662; Mihăescu, Lg. lat„ p. 290; I LR, II, p. 137; PEW, 512; DELR,
226, 227; SDE, p. 106; DDA, p. 480-481; Capidan, Megl„ III, p. 112; Puşcariu, St. istr.,
111, p. lOY.

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2.'i2 H. ?.Iihăcscu

hachettc; tailler » (a. it„ log. dalare, frioul. doli, fr. dala, pro\'., esp. dol.~r) ;·
bien qu'ayant e\'olue vers le sens general de « construire. edifier » - c\'olution
normale compte tenu de l'importance csscntielle du bois pour la construc-
tion .dans l'espace geographiquc rcspectif - le daco-roumain devait cor.ser-
\'cr pendant tres longtemps aussi le sens limite de cc mot cn latin, garde en
revanchc comme signification de k1se par le megleno-roumain, de memc que
par ]es langucs roniancs occidentaks. Le pan roman casa ~ huttc; cabane (de
pâtrc), puis petite frrme: maison » (<l. kuosa, kesa, it. rnsa, cngad. l~c::.a, friouL
ka:=11, pro,· .. cat., esp., pg. c11sL1; fr. chaisc (j domainc »(a. fr. chiesc diw «mai-
son du Sl·ignt:ur ») >dr., ar., mgl. casă, ir. ah~« maison 1> 356 •
A part la tl'rminologil' des notions fondamentaks liecs a l'actiYitt'· de
construction (<lu tra\'ail, de la taille <lu bois) ct a l'icke de • maison 1), tntie-
n·mcnt heritcs du latin sunt c~gakment ks mots donnt'.·s aux materianx prin-
cipaux dl' la construction; ils <leri\'ent de /ig1111111, petra. /11tum - krnws pre-
srntes dans ks precc.'.·dants chapitrcs (cf. ]cs §§. 157, 159). Ll' panroman p,1-
/us (it. palo. log. palu, cnga<l. pd, frioul. pi.li, fr. picu, pau.r, pro\· .. cat. p,d,
1·sp. palo. pg. pao) > <lr., ar., mgl. par, ir. par «picu» Sumdula > dr., <!L
scindurâ, mgl. scQndmii • planc!w ~ (it. dial. skâudola, frioul. s1'a11dule. sarde·
1·sA~ândula, fr. ichandole). *.i...·tulus, -um = st_vlus ( < ~r. oTVAoc; • colonnc ») >dr.
(arch., reg.) st11r. bagudk <le glacc, de suie», ar. stur. pilier o, pilastre., alb.
sht_vlli • colonne, pilit·r ~ 357 .
Le panroman m11rns •mur~ (d'une \'Îll<'. par oposition ;\ paries ~mur
d'une maison o) >ar. mur •mur, murailles • (d. mor, it. muro, log. muru.
engad. mzir, frioul., fr .. pro\'., cat. mur, esp., pg. muro). Le panroman pa-
ries, -{i)ctem >dr. pert'lt' (reg. piirelt') •paroi, mur, murail1c » (it. parrte,
mgad. paraid, frioul. parl'I, fr. paroi, pro\'. parei, csp. paud, pg. parrdc);
murus s'est conserve donc dans le dialecte aroumain, alors que parie.'I s'est
maintrnu ('n daco-roumain, phcnomene du sans doute a leur sens en 1atin,
cn fonction ele la nature du mur, de sa strnch1rc, du materil'l utilise genera-
lf'ment - picrrc chez lcs Aroumains, hois chcz ks Daco-Roumains; c'est
C•' qui expliquc pourquoi 1c premier terme ne s'cst pas conscr\'c dans k clia-
kctc nord-danubien. ou sa place dcvait etrc prise plus tard par un clement
d'originc sla\'c zid, tout jouissant d'une rcnaissance ephemerc comme ter-
me livrcsque au XIX'" siecle. sous une influencc latino-romane; cn re\'anche.
le mot s'est maintenu dans le dialecte sud-danubirn, cn depit de toutc influ-
enc1· Nrangere; Ies formcs pardc, part'd, rclevccs cn istro-roumain s'cxplique-
r~iL1lt plut6t par une influence italicnnc que par un heritage du latin. Cclla-
rium ( < cella) • garde-mangcr, ccl1icr, office~ >dr. (pop., reg.) celar, idem
(a\'cc aussi le sens de ~ chamhrctte; ca\'c »). ar. /ilar « ccl1ier i>. Tenda ~ten­
te 1> > dr. tindâ cc vestibule: corridor, galerie (arch.); tcrrasce m tcrre battue
chcz ]cs maisons paysannes, galerie cxtericure formant balcon, veranda t>.
alb. lt~n:lf, tende ~ toit de roscaux », gr. byz. ·d'ln, TE'18oc (ngr. -:E:vToc)
«tente» (it ., log., cngad., pro\· .. cat. tmda ~tente; ridcau », csp. ticnda, pg.
ft·nda (t tente; kiosque; echoppc 1>).

359
RE\\', 1728; DELL, p. 10.l; :'.\lihă.escu, Lg. lat., p. 285; PEW, 302; DELR. 279;
DEH. p. li6; SDE, p. 177; DDA, p. 318; Capidan, Meţ:l., 111, p. 63; Pn!;'carin, St. istr.,
IJI, p. 106, 306.
m PEW, 166'1; CADE, p. 1222; DER, p. 804; SDE, p. -405; Densusianu, ILR, p. 801~
Rosetti, ILR; p . .'i!J3; :'.\lihăescu, I11fl. gr., p. 61; DDA, p. 1127.

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Du latin au roumarn 2.5.J:

Le panroman porta, -am (it., log., engad. porta, frioul puarte, fr. porte,
prov., cat. porta, esp. puerta, pg. porta) > dr., ar. mgl. poartă «porte co-
chere », d. puarta, alb. porte «porte». Les formes populaires ustium, ustia
(= ostilt1n ostia)> dr. uşă (reg. ttşe), ar. uşe, mgl. uşă, ir. uşe «huis, por-
te 1> (it. uscio, frioul. 1ts, eng::id. us, fr. huis, prov. uis, a. esp. uw); ustiolum
( = ostiolum) > dr. uşor <c montant d('une porte 1>) (engad. u{;ăl, prov. uisol,
pg. ich6). Le derive populai re titina ( < litia) <c biberon 1> > dr. ţîţînă « gond,
bourbillon 1> 3'is. Le panroman fencstra, ._am (it. finestra, log. fronesta, engad.
fnestra, fr. fenetrc, :r-:-ov. fenestra, cat. finestra, a. esp. hiniestrn, pg. frcsta)
> dr. jereastrâ (jerestă), ar. fireastrâ (jireastă), alb. Jenjeslzter, Jeneshter
~c fenetre » (les formes revetues par ce mot en roumain suggercnt la presence
d'un hypothetique *ferestra, ne par l'assimilation du n, ce qui ne saurait
toutefois s'appliquer aux formes albanaises qui s'accordent avec celles rele-
vees. dans les langues romanes occidentales). Le panroman clavis, -eni (it.
chiave, log. gae, engad. klef, frioul. klaf, fr. clef, prov., cat. cla11, csp. llave,
pg. clrnve) >dr. cheie (a. dr. cl'aic), ar. cl'eai(e), mgl. cl'eili (pl.), d. kluf
«def». (In)cludere « (en)fermer; (en)dorc 1> >dr. închide, ar. (î)ncl'id,
cl'id ((î)ncli'deare, (î)clidiri), mgl. (tţn)cl'id, ir. (ă)ncl'ide, idem (it. (in)-
chiudere, a. log. klaudcr, fr. (en)clore, prov. (en)claure, cat. (en)cloitre, a. pg.
CheztVif) ," de discludere (I fermer Separement; Separer I), OU de Închide par Uil
changement de prefixe) devaient se developper: dr. deschide (reg., dans le
parler de Valachie: dăscliide, deşchide, dăşclz1:de), ar. dişcl'id (dişcl'idearc,
dişcl'idire), mgl. dişcl'id (dăşcl'id, dişl'id), en ir. avec un changement de
prefixe: rescl'ide (reşcl'ide, rascl'ide, raşel' ide) « (s')ouvrir » (it. disclziudere,
a. fr. desclore, prov. desclaure, cat. descloure). Le panroman cuneus, -um
~ coin:» (a. it. cogno, sic. kuliu, log. kondzu, engad. ku011, fr. co-in, prov. conh,
cat. ·c:ztny, esp. cuiio, pg. conho) >dr. cui (reg., dans le parler du Banat:
Cit1iti), af., ir. Czt1ilt, alb. kunj, kuj (I COin a fendre le boiS I) (dr. reg., dans le par}er
de Maramureş, et en alb.); « dou; cheville 1>; *incuneare (in + c1meare <c fen-
dre ou serrer avec un coin ») >dr. încuia • fermer a def»; cette evolution
semantique est explicable compte tenu de ce qu'on utilisait primitiwment
un « cuneus », introduit dans un anneau pour ct.ssurer la fermeture d'une
porte; aussi une telle evolution a df1 se produire deja dans le latin vulgaire;
a partir de *discuneare ou de încuia (par un changement de prefixe) est nee
la forme dr. descuia« ouvrir (avec une def) 1> (cf. Ies sarde diskundzare, frioul.
deskonar, a. fr. descoignier) .
"'Traiecta, -am ( < traicere (I jeter au-dela; faire traverser 1>) > dr. treap-
tă <1 marche, echelon 1> 359 • Scala <1 echelle; marche d'escalier » > dr., ar„ mgl.
scară « escalier; echelle », alb. shkalle « echelle; marche d'escalier » (it. scala,
log. iskala, engad. schala, frioul. sciale, fr. echelle, prov., cat„ esp. ( > pg.)
escala). Stratuni (I literie; couche » > dr. strat (arch., reg.), ar. strat, alb. sh-
trat « lit., couche 1> (a. it. strato, idem; prov. estral, esp., pg. estrado) Capita-
neum ( < caput, -itis) > dr. câpătîi (arch., reg. căpătîlii) <c chevet; traver-
sin; oreiller » (le mot a conserve egalcment son sens initial: <c tete, sommet,
comrnencement », m::iis aussi celui de: <c extremite, bont, fin», auxquels s'ajou-
tent encorc d'autrcs sens derives), ar căpitiMu (dans le nord), căpitîMu, că­
pituni.u (dans le sud) <c chevct: oreiller; coussin », mgl. căpitan ( căpitQ11, cu-
3 58
.:Mihriescu, Reco11st„ p. 570; Idem, Lg. lat„ p. 29; DEX, p. 989.
aboPEW, 1756; TDRG, p. 16"10; CADE, p. 1326-1327; DER, p. 857; DEX, p. 9i0;
SDE, p. '438.

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254 H. Mihăcscu

piton) <i orcillcr i> (ii. wpitagna « margc; lisierc; bordure d'un champ_•. log.
kabz"dale « orciller •> J.
*Astruicar<' ( = astrucrc) >dr. astruca (( (se) couvrir (d'une couver-
turc) •> (arch., reg. <lu Banat et d'Oltenie; a part ir de la se sont developpes
Ies sens derin~s: « Sl' ml'ttrc au lit; se coucher; couvrir (avcc de la terre afin
de· cacher), cachcr; cntcrrcr, inhumer » - ce dernicr sens mieux <;:pnserve
pas ks parler du nord ct de l'ouest du pays) 360 • (Ad)sterncre >dr. aşterne,
ar. aştemu ( aşframir.', aştimeart'), mgl. şlem (ştearnfri), ir. ( a)şterne. « eten-
drc, etaler par terrc; foire le lit I) (d. stcm11ti, it. dia.I. sfrrni, stemer, Iog. ister-
rac, sursih·. slianrfr, frioul. styer11i, a. fr. csfrmir, a. pg. cstrcr, avcc des sens
differmts); k particip.· sulistantin~ <le cc wrbe, c'est-:i-dirc cn dr. aştem11t,
ar. a.~timul, mgl. ,-;/z"mut est devenu le terme usuci pour designer la diteric •>.
Par consequent, (ad)~/,·mert' s'est impuse cntrant cn competition avec ~'as­
truicarc. competition qui a <lu se manifcster jadis dans Ies dialectes rou,nains
su<l-danuhicns aussi; <k meme, (ad )sfrmu/11111 dc\·ait concurrencer le mot
stra/11111. Le panroman 11101sa «table• (d. maisa, luc., log, mc:a, cngad. ma1:sa,
fr. 1llf)is1', cat., csp., pg. lllt'sa) >dr. masâ, ar., mgl., measă, idem. Scamnum
<i escabeau, marchepieJ, taliourd, banc• >dr. scau1t (reg„ au Banat scamn),
ar. sca1111111, mgl. sca11d, ir. sc<i11d(u), alb. shllamp, sltkcmb, gr. byz. ~ciµvov
(ngr. crzixµvl) • escahl'au; chaise; puis tronc• (en <lr„ ar., alb., gr. hyz.) o sie-
gl' •1 (en dr., alb., gr. byz.) (it. scannu, log. iska1111u, a. fr. esclzame, pro\·.
escan, esp. csca'l1o, pg. cs(,111/zo, pg. dial., dans le nord, cscano).

19'.. Lat. \'ulg. dcspium· <1 fcndrc •1 >dr. ch~spica, idem ct des(s)ecare
ou dissffarc cc couper 11 >ar. disic ( disicarc) « fcndre t 361 • Ase/a = ( astula)
<i cop1·au I)> <lr. aşchie, ar. aşd'c, mgl. iaşcl'ă Ci eclat (de Lois), copcau I),
alL. ashkl, aslzqc o ais, cojeau, rognure I), d.jaskt', idem (it. dial. (merid.) asc(l)a,
log. a8a, lyon. aklya, pro\'., cat. ase/a, pg. ac/za) 3 o:i. Appreltendere (a.d+pre-
/101dcr1·) <1 s;iisir (par l'esprit), compren<lre, apprendre; s'allumer1> (ce der-
nier sens est atteste par des textes <le base-epoque) >dr. aprinde, ar. a:Prin-
du ( 1.1pri11dcarc, apri11dirc), mgl. pri11d ( pri11diri), ir. ( a)pr1:nde <1_.(i()allu-
mer, prrndrc feu, mettre le fru a, mettre l'n feu, etc. (it. dial. (sept.i .apren-„
da, idem; pour le reste seukment a\'cc ks sens abstraits anterieurs du la-
tin: it. apprmdcre, fr. apprazdrc, pro\'. aprmdcr, cat. apendrcr, esp., pg_. apre11-
dcr); notons donc que le roumain cn general, ele memc quc l'italien dialec-
tal ont hl'·ritl> du sens tardif, concret, du terme. Es.ca ( < edo) <1 nouui~ure;
appât, csclll' •> > dr., ar. mgl. iască, ir. iasca « amadou (Fomcs ig1iari11s „
ou Fomes .fomcntarius), alb. cslzld <c amorcc, appât, csche » (it„ log. ('scp,, fr.
csche, pro,·., cat„ esp., pg. csca a\'ec ks clcux ou bicn a\'ec un seul.des sens
du latin). C'est prohableml?nt de (ad) ma11(u)arimn que sont nees Ies for-
mcs dr. am11ar (rcg. amănar, amînar), ar. amnare, amncar, mc'inarc, mînar,
mgl. mâ11ar <i Lriquet 11 (il est possible qu'en cours d'e,·olution ce term.e ait
aussi subi unc contamination avec ig11ari11s ( < ignis) (( briquct •>, attcste
360
HE\\", 748; PEW, 1.53; DELH., 106; D ..\, I, 1, p. 332; DEl{, p. 46; ~µE, p.
38; Teofil Tcaha. O nouă nuirt11ri~ de continuitate 111 graiurifr româneşti actuale: 1·erb11l astru •. a,
«Studii de <lialectologic t, Timişoara, 1984, p. 325-336. · · ·
3 1
" J{EW, 2600; 2688; .Mihăescu, Lg. lat „ p. 66, 186; PEW, 52i, 535; DELR, 500;
CADE, p. -,105; DIH, p. -,182-483; DEH., p. 287; SDE, p. 107.
3 2
" RE\\", 736; Mihăc:scu, Lg. lat., p. 65, 197, 240-241; PEW, 136; DELR, 94; D ..\,
I, I, p. 289-290; DER, p. i2; SDE. p. 42; DD ..\, p. 235; Capidan; l\lcgl., III, p. 153'.

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Du latin au roumam 255

par le_s.· sources dt> basse-epoque) 363 • Le panroman foms (d. fuk, it. fuoco, log.
{ogu, eng.ad. făg, frioul. fug, fr. jeu, prov. fuec, cat. joc, esp. fuego, pg. Jogo)
>dr., a_r., mgl. ir. foc <( feu ». Le panroman fum11s (it. fu.ma, log. fumu, en-
gad.,.fiim, frioul., fr., prov., cat. fum, esp. humo, pg.fumo) >dr., ar., mgl.,
.fmn <du:rnee »; le panroman fumare > dr. fuma, mgl. fmn (fuma ri) <c fu mer,
degager de la fumee » (en dr. aussi (( incendier »; arch. avec Ies dcux sens),
««fmner .du tabac» (sens moderne, d'apres le franc;ais en dr. et d'apres le dr.
en mgl.) (it., log. fumare, engad. fiimcr, frioul. Jumâ, fr. f111ncr, prov., cat.,
esp., pg. fumar); fmnigare >dr. fumega « fumcr, degagcr de la fumee »,
(esp. hmnear, pg. fumear) (par consequent, un verbe synonyme de fuma dans
l'acccption etymologique de celui-ci; la competition entre Ies dcux synony-
mes s'est achcvee cn fawur de fumega, avantage par la noun'llc acception
acquisc pcir fuma de plus cn plus frequemmcnt utiliset', ce gui dcvait finir
par conferer a cc tem1e son sens special); *affwmare (ad+ fumare) > dr.
ajumarnr. afum (afumare) (( fumer; exposcr a l'action de la fumec >) (it., log.
a/fumare, prov., cat. -afwmar, esp. alrnmar, pg. afumar). Ardere (=ardere)
> dr. -arde, ar. ardu ( ardi:are, ardire), mgl. ard ( ardiri), ir. arde <c bnller;
incendi:er 1>; arsura, -am ( < arwm) > dr. arsură <c bn1lure; chaleur acca-
blantc; vent brulant; feu, incendie, etc. 1> (it., log. arsura, engad. arsiira, a. fr.
arsure„ a. prov., cat. arsura/ .Incendere ( ,< -cando) >dr, încinge (arch. î11cinde,
modifie sous l'influence de încinge <( ceindre » < incingerc, idem) <( (s');illu-
mer, (s')enflammer; bruler, rcndre incandescent; s'echauffer, etc. 1> (it. in-
cendere, prov. cncmdre, cat., esp., pg. encender). Le panroman titio, -onem
(it. tizzone, log. tittone, a. engad. tizzun, frioul. stits6n, fr. tison, prov., cat.
tiz6, esp. tiz6n, pg. tiţcio) >dr., ar. tăciune, mgl. tăeuni, ir. taeurn (et par
metathese, eaturu) (( cherbouille; nielle du ble ou du mais)); *attitiare (ad+
titio) > dr. aţîţa (( attiser, raviver (le feu), (s')allumer (le feu) 1>, d'ou aussi
un sensfigure <( inciter, instiguer; exciter, susciter, etc. 1> (it. attizzare, fr. at-
tiser, prov. atizar, cat. atiar, esp. atizar, pg. atisar). *Scantilia, *cxcantilia,
scantâia ( = scintilla) > dr. scînteie, ar. scînteal' e, alb. shkendje (( etincelle »
(nap. sentell~. fr. etincelle, cat., esp. centella, etc., tout partant de scintilla) 364 •
*Ci1H~sia ( <'ci11zts, cineris, variante vulgaire de cinis, cineris) >dr. cenuşă
( cenuşt~)' ar. cinuşe, mgl. cănuşâ ( Cinuşă)' ir. ceruse, ţeruse (( cendre », (d.
kanaisa, it. cinigia, .frioul. sinize, fr. dial. (est) smis, prov. senizo, esp. ceniza,
pg. cinza,tous partant de *cinisia<cinis) 365 • *Spudia, ( = spodium) >dr., ar.,
mgl. spuză (en mgl. il y a aussi la forme spruză), alb. shpuze <c cendre chaude
(melan~ee a des tisons) » 366 . Pruna <( charbon brulant, tison » >ar. sprwză,
le s- s'expliquant par l'influcnce de *spudia - spuză (a. ven. prona, ccit.
puma <c"etincelle »). Fuligo, -inem <c suie» >dr. funingine (furin{!.ină, (11lin-
gine, etc.), ar. Jurid::.ină (fulid:.ine), idem (it. filiggine, engad. fulin). Facula
(( flambeau >) > dr. (arch., reg., dans le nord du pays) fachie (/achiu) (( torche,

~ 63 REW, .5332; DELL, p. 307-308; l\Iihi'tescu, Lg. lat„ p. 288, HEl\I, 1, p. 75.5-
-756; T.I>Ry, p. 62; PEW, 82; DELR. 1123; DA, I, 1, p. 150-151;_ DER, p. 24; SDE, p.
27; DD.,\, p .. 149, 778, 812; Capi<lan, ,\Jeg!„ Ill, p. 181.
m_ REW, 7720; PEW, 1551; CADE, p. 1117; DER, p. 734; SDE, p. 386.
365
REW, 1930; l\lihăescu, Lg. lat., p. 226; PEW, 332; DELR, 302; DEH, p. 159;
SDE, p. 484; DDA, p. 438-439; Capiclan, Ml'gl„ III, p. 94: Puşrarin, St. istr„ lll, p. 106.
auo RE\\', 8166; TDHG, p, 1479; CADE, p. 1192; DEX, p. 886; SDE, p. 396; DDA,
P· 1111; Capidan, ,lfrg/., III, p. 273.

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256 H. Mihăescu

(la1nbeau (faisceau de paille ou de roseaux secs tortilles qu'on allume la nuit


pour pecher) » (frioul. fale, a. fr. faille, prov. falita, a. esp. faja, pg . .falha);
.,,.jlacmla (=facula) >dr. flacără (j flamID:e • (it. fiaccola) 367 • Le pariroman
flamma (it. fiamma, log., engad. flamma, _fnoul. flame, fr. fli:tmme, p~ov.,_ cat.
jl,mrn, esp. llama, pg. cltamma) >dr. (reg., en Transylvame) flama <t seche-
rL·sse, grande chalcur, chalcur torride •. ar. flamă (I flamme Stinguae, ex- „,
till/!,ltt'Yl' « eteindre • > <lr. stinge'. ar. ( a)slîngu ( astind::eare, astind:ire), mgl.
slin[!, (stin:iri). ir. sti11zc, idem (it. stingere, enga<l. stainscltcr, fr. ctândrc,
pro\·. estmher).

A!Jriculture, elevage

La matit'.·re h'xicalc de ce <lomainc d'acti,·ites est parmi Ies plus riches,


ks plus nrics. l'nc fois de plus on se retrou,·e confronte a un nombre im-
portant dl' termcs <lcsignant Ies realites fondamentales de cet aspect de la
vie et du travail des hommes. A l'interieur de ce vaste champ semantique,
nous avons delimite Ies rinq tcrr<iins suivants, chacun bcneficiant d'un para-
graphL· â part, dont ,·o ici Ies t itrcs: C iri!alcs. p!antes fourrag~res; Lcgumes;
A rbrt'S f mitiers, v1:~m:; Trat!llltX a gricolcs (I' e11droit du travail a~rico/.c; ies
oulils: adii•1'tis et llcmmts a11xiliairt's): A11imaux domesliq11es: volailles.

rn;;. Le panroman gr"""m « grain, graine • (d. grim. it. gra1to, log. ranu.
cngad. gr1rn11, frioul. gran, fr. grai11. pro,· .. cat. grei, esp. grano, pg. grăo, idem;
en d., it., le mot a aussi le sens de • hle •) >dr. griu« ble • (pl. grî1te, griie,
griuri (grî11r1•) (arch.) ocerfalcs it}, ar. gri11 (lblc. (pi. grîne, grînuri ocereales •).
mgl. grQll • hle •. grău o l>lc 11 (pour ce memc sens cf. aussi l'alb. grnrc, gm-
11i); pour la forme du dr. ct ar. grine, cf. Ic lat. vulg. pl.granac (attcste au
gen. gra11amm), nec a la suite du transfert de cc nom du genre neutre au
fr;minin, transfert determine par la confusion cntre la terminaison en -a du
nominatif pluricl au neutre awc la memc terminaison du nominatif singu-
licr au feminin; *gran1ffct1m >dr. t::ră11nf1• (grăl(.nţ, grăunţă; la premiere
l't la troisiemC' formcs sont des restitutions d'apres Ies pluriels grăunţi, rcs-
pectin·mcnt grăunţe), ar. ~rînllfu ( gră11uţ11, giml'.ţu, gămuţu), mgl. gărm1ţ,
găm11ţ « grain, gr::iinc • d'ou cgalemcnt le sens deri,·e en ar. de <c houton,
abces. tumeur i>); ii s'en suit que le sens de gra1111111, conserve par toutes Ies
autrcs langucs romanes. a persiste en roumain grâcc a un mot restitue comme
<leri,·e an'c un suffixl' <liminutif, *gramtccm; Ies formes rclevees en ar. ct
mgl. perml'ttent de saisir l'evolution parcouruc depuis l'hypothetique forme
latine jusqu'a celles que l'on rctrom·e cn dr.; depuis granarium ( < granunz)
« grenic>r »ou par derivation en roumain, sont necs Ies formcs dr. grînar, idem,
ar. grî1t11Y (I ble, cerea Ies I) (\'Oir aussi Ies: it. ~ranaio, engad., frioul. grauer,
fr. grcnicr, prov. granfrr, cal. gra11a, csp. granero); a\·ec le meme sens ou
avec des sens apparentes, le deri\'L' latin s'est trouve attcste aux XV" - XVIe
siecles egalcmcnt dans lrs parlers serbocroates de la câte d::ilmatc. re\;etant
Ies formes: !!,raniir, gra11ar, gronar, etc. - ce sont des formes dont l'existencc
dans rdte zone memc ne saurait ne pas etre mise cn relation avcc la iangue

307
RE\Y, 3137; Mih[\escu, Lg. lat., p. 288; PEW, 567, 620; DELR, 539; DA, II,
l, P· }3-24, 133; DER, p. 315, 332-333; SDE, p. 451, -458.

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Du 1:.tin au r:;umain 257

dalmate, encore parlee a l'epoque, la-bas 368 . Secdle, lat. vulg. secdla >dr.
secară, ar., mgl. sicară, ir. secăre « seigle » (ven., segala, frioul. siale; d'a,utre
part a. it. segola, sic. sigra, lomb. segra, engad. scjel, fr. seigle, pro\'. seguel,
cat. segle <lat. vulg. secala) 369 • Hordeum >dr. orz (arch., reg. ord::), ar.
ordzu., mgl. y,arz, ir. or: « orgc » (d. vuar:, it. or::o, log. ord:::u, a. cngad. uerdi,
frioul. itardi, fr. orge (>a. pg. orjo, orge), pro\·„ cat. ordi). Le panroman
milium (it. miglio, log. mizu, engad. niel', frioul. mei, a. fr. mil, pro\·. melh,
cat. mill, esp. mijo, pg. milho) >dr. mâ, ar. mel'u, mgl., ir. md', d. mail,
alb. mel «mii, millet ». Panicum ( < panus) «panic, sorte de millct » >dr.
păring, părî11c, părinc, păring, paninc, parinc, etc„ idem (it. panico, a. frioul.
pani, fr. panic, lomb. panif;a, \'en. panitso, frioul. panis, prov. panii: ( > fr.
pam:s), cat. panis, esp. panizo, pg. pain~o - ces mots--la ont tous ~t leur o~i­
gine le lat. panîcimn ( < panus), idem). Spicum > dr„ mgl. spic, ar. skic
(( epi)) (frioul. spi, fr. epi, prov. espic); spica> ar. sl.:ică (( epi I) (d. spaika, it.
spiga, log. ispiga, engad. spia, pro\'„ cat., esp„ pg.espiga); spicula ( < spica)
(<petit epi »>ar. shrnră (( epi »; (in)spicare ( < spica) >dr. fospica (arch„
reg. s pica) (( pousser des epis I) (dans le dialecte mgl. on ne rele\'(' que le par-
ticipe adjectinl eţnspicat, quant aux autres langucs romanes, ellcs compor-
tent Ies formes: it. spigarc, (a. it. spicarc), fr. epicr, pro\'„ cat„ esp., pg. l'S-
pigar.
Le panroman fenum (d. fin„ log. fmn, cngad. fain, frioul. fcn, fr. fain,
prov. cat. fe, esp. heno, pg. jeno (a. pg. fcio) >dr. fin, ir. fir « foin »; *ft-
nacium, -a, -um >dr. jînaţ (<pre, prairic, coteau (a foin) » (cat. fenâs, fr.
dicil. fenasse). Le panroman palea (it. paglia, log. padza. engad. pal' a, frioul.
paye, fr. pame. prov. pal/za, cat. palla, esp. paja, pg. palha) >dr. paie (pi.
a partir duqucl a ete forme le singulier pai, et de la un autrc pluriel paiuri
(reg.). etc.), ar.pal'it, mgl. pal'« paille ». Tnfolium <(trefle» > dr„ ir. mfoi, ar.
trijol'u, alb. te~foje, tl!rfoj, idem (it. trijoglio, log. trovod:u, cngad. tr4ol, a.fr. tre-
fem·z. prov. trcjucllz, fr. trefle, cat., esp. trebol, pg. trevo-toutcs ces formes se sont
developpees a partir du latin triphyllon d'origine grccquc). D'autres termes
de ce domaine se retrouvent au chapitre sur la Flore (voir par exemple hcrba,
§ 161) ou encore au chapitre reservea la :Yourrit11re (voir nutricium, § 187).

196. Legumen >dr. legumă (pi. legume) ((legume, fruit» (a partir de la e-


galement le sens de <(mets (cuits); aliment; provendc » (frioul. li11111s, a. fr. leun,
prov. leum, cat. llegum, esp. lcgumbrc, pg. legimte); le mot est attcste dans Ies
textes du daco-roumain des le XVIF siecle. *Virdia (=1Jiridia, -ium( < vireo)
<(Ies plantes \'ertes, places \'ertes, \'erdurcs ») > a. dr. (XVF - XVIF siecles)
veardze, vearze, ·verd.-:e, verze (pl.) <( \'erdures », dr. varzâ (reg. ·vardzâ, arch.
veardză) <( chou », ar. veardză (pl.) <( verdures » (de cdte forme pro\'ient le
singulier ·uerd::u <( chou », qui devait donner lieu a son taur au second pluriel,
verdzuri, ne sans doute surtout du besoin d'e\·iter la confusion entre vcardză
<( verdures » et veardză <( chou »), mgl. veardză (( chou », ir. Vţ}rz~ <( chou », v~r:;e
(pl.) <( choux, verdures » (it. sver.:a, calabr„ ven„ lomh. ·verdza, frioul. verdze,

366
REW, 3839, 3846; DELL, p. 281; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 216; PEW, 730, 737,
740; DELR, 764-766; DER. p. 377, 380; SDE, p. 92; DDA, p. 587, 589, 594, 598; Capidan,
Megl„ III, P· 145-146; Puşcariu, St. istr„ III, p. 114; SER. I, p. 607.
369
REW, 7763; -Mihăescu, Lg. lat„ p. 170; PEW, 1493; TDRG, p. 1404; CADE, p.
1131; DER, p. 745; SDE, p. 374; DDA, p. 1081-1082; Capidan, Megl„ III, p. 264; Puşca­
riu, St. istr „ IIl, p. 133.

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:?.58 H. ~lihăescu

esp. bcr::a, pg. vcrfa, <.'ersa; nap., virdzţ, etc.); de meme que dans d'autres
cas (comme on peut Ic constater dans ce paragraphe meme, celui de grammi,
pl. gra11a > fem. sing. grana) le nEutre pluriel est dc\'enu, a causc de la ter-
m inaison identiquc, un feminin singulier; le sens nou\'eau de la forme nee
de la sorte s'est d'abord manifeste, sans doutc, toujours dans le latin \'ulgaire,
d ·ou il s' est transmis en memc tcmps que l'ancienne forme du neutre piu-
riei et le sens de celle-ci dans Ies langues roumaine et italienne a;o. *Coliculus
(= cauliwlus < t'lllflis, -is, pcndant b bassc-epoque: ca11lus, colus, coles)
<<tige des plante.; 1> d par Ia suitl' <<la plan1 e elle-meme ». C't tout particulie-
remcnt «le chou ') > dr. (reg„ dans la moitie nord du pays) curechi « chou
(notamment prepan\ ccnsen-t'.-. choucroute; (arch.) ,·erdures » - \'oir a ce
prnpos Ic sub initial du mot latin ct surtout cdui de l'a. dr. t'c(a)rd(::;je)
lit. colcccliio) 371 . Ct-p,1 «oignon» >dr. cc,rpci,ar., mgl. ţeapă, alb. cjt"ftc~, idem
(frioul. s1·;x, a. fr. ci<'C << oignon :>, pro\'., cat. Ct'ba); de ccparius ( < cepa) ou
par deri,·ation cn roumain est ne Ic dr. (reg.) apar « marchand d'oignon;
i.ourte aux oi;-!'nOI~s 1>. Le panroman alli11111 (it. aţlio, log. tr:11, engad . •1gl,
frioul. ai, fr. m1. a. pro\'. 1dh. cat. all, esp. ajo. pg. al/10) >dr. (reg., dans 12. moi-
tic nord du pa~·s) ai, ar. al'u, mgl. al'. ir. lî/'(u). idem: dans la moitie meri-
dionak du krritoire daco-roumain h, mot urnl'l actucllcmcnt d usud aussi par
ll' passe cn dr. dcpuis ks XVI'" - XVII'" est l<' s~·110n~·me 11st11roi. explique
commc pron·nant de ust11ra "cuirc, piquer •> (<lat. (ustiUare +oi). un de-
ri\'c connu a l't'.·poqUl' ~·galemrnt dans le nord du pa~·s; ce ne fut que plus
tard ct sous la prL·ssion Jc plus en plus accusl-e de certaines nom1cs litterai-
rcs d'origine meridionale dans leur majcure partie, que cc synonyme a fini
par s'impo..;er pour unc Lemne part dans Ies parlers septentrionaux aussi,
ecartant petit a petit }'element panroman 3i2.
Le panroman ;wp11s <- na\'L't •> (it. 11apa, a fr. nap, pro\'., cat. nap, esp.,
pg. nabo) > dr. uap. ir. 11dp, idem. Lms, /mtcm <1 lcntille » > dr., ar. linte,
mgl. linti. idem (it., log. lente. frioul. lini). Le pJnroman faba, -am (d. fua,
it. fava. log. fac, rnga<l . .fLTll, frioul. fi?i.'C, fr. Ft•c, prov., cat. fam, esp. ha.ba,
pg. fava) > ar. flllui « kntille; few; harricot •>. Cicer. -t'l'(nt « pois chiche t
>ar. fcaţire, idem (sic. fiCiru, nap. cdat', Campid. C1.ziri, C'Sp., pg. c/zicftaro).
Pepo, *-i11t·m ( <Pepo, -011em < gr.) «melon, pasteque »>dr. pepene (pepi11e,
P<'Pm. pepi11. peapin. C'tc.). ar. pt'api11e, alb. pppcn, pjeper, idem (en ar. et
cn alb. h· mot a uniquement le sens de ((melon•>; la. de meme que dans le
parler molda\·e du dialecte daco-roumain, il s'est impose a\'CC le sens de
« pastequ•· » un s~·nonymc d'originc orientale, le turc karpu::. introduit par
le commerce ct adopte par diverses langues: dr. reg. lzarbu:, ar. carpu:. alb.
lwrpu: et aussi; gr. x~pito::J~~. bg. karpu::. ser. karpu::( a). pol. harbuz, ukr.
garbuz. russc arbu:, etc.); quant aux autrcs descendents romans du mot
latin, \'oir tosc. poponc, a. fr. popon, popi11, formes provenant du c1assique
370
REW, 9367; DELL, p. 739; PEW, 1863; TDRG, p. 1717; CADE, p. 1-404; DER,
P· 886; SDE, p. 70; Psaltirea Scheia11ă, ecl. I. .A. Candrea, ·roi. II, Bucarest, 1916, p. 66; Co-
resi, Psaltirra slavo-ro111â11ă (1577) ...• ed. Stela Toma, Bucarest, 1976, p. 161; Palia de la
01·ăştic (1581-1582), ed. cit., pp. 13, 34; ms. roum. 3456 BAR. f. 276V; DDA, p. 1260,
1261; Capidan, J!egl., III, p. 324; Puşcariu, St. istr., III, p. 140.
371
REW, 1777; DELL, p. 107; Mihăescu, Lg. lat., p. 276; PEW, 460; DELR. 456;
D ..\, I, 2, p. 1021; Puşcariu, LR, I, p. 338 (c. 33); DER, p. 267; SDE, p. 218.
372
REW, 366; PEW, 47; DELR, 25; DA, I. 1, p. 78; SDE, p. 21; Puşcariu, LR,
I, P· 332 (c. 27); DDA, p. 140; Capidan, 1Wegl., III, p. 9; Puşcariu, St. str., III, p. 100; TDRG,
P· 1703; CADE, p. 1392; DER, p. 879-880; SDE, p. 450.

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Du latin au roumain 25;}

pepo, -onem an. Cucurbita « courge, gourde » > dr. cucurbe( a)tă, cucu,rbătă,
curcube( a)tă, curcubătă, etc., ar. curcubetâ, idem (avec des sens apparentes,
figures, par exemple « crâne, caboche » en ar.) (prav. cogorda, fr. gourde, esp.
dial. kogorda); en dr. Ies formes sans metathese sont plus rares, archai-
ques; en general dans ce dialecte le terme est populai re, regional.
197. Le panroman ponz11s (I arbrc a fruits >) > dr., ar., mgl. pom, idem
(it. pomo >log. pumu, a. fr., prav. pom, cat. pom, csp., pg. pomo, idc-m et
(ou) « fruit »); ponia (pl. de pomum <1 fruit », pris pour un feminin singulier)
> dr. poamă, idem (dans le parler de Moldavie poame (pl.) <1 fruits », poamă
(sing.) « raisin »); pommn>ar. pom, alb. pcme <1 fruit » (it. pomo <1 fruit », sic.,
calabr. pumu, engad. pom <1 pommc », frioul. pome <1 fruit », fr. pomnze, prav.
pom, cat. pama (avcc le meme sens qu'en franc;ais), a. esp. pama « fruit », pg.
pomo «pomme »); pomctum ( < po11111s) >dr. pomet, pomât, ar. punzd, mgl.
pomet, pumet <1 vcrger » (it. pomdu) 374 . 11f clus, mclum, variantes lat. ntlg. de
malus <1 pommier », malum <1 pomme », ont conduit l n rotimain a dr. măr (pl.
mcn~. respectivem:.>nt mere), ar. mer (pl. meri, meare), mgl. mer (pl. meri,
me"ire; a partir de cctte seconde forme, un fcm. sing. a ete rcs1ituc par la
suite: meară <1 pomme »),ir. mer (pl. mer, mere), idem. (it. mdo <1 pommier »,
mefo «pomme » (commc en mgl.), log. niela, ei1gacl„ mail «pomme; pornmier ») 375 .
Pfrus <1 poirier »>dr. păr, ar., mgl. per, ir. păr, idem (it. pero, log. piru);
piruni, pira (pl. pris pour un fem. sing.) <1 poirc » > dr. pară, ar. peară,
per, mgl. peară, d. paira, idem (it. pcra, log. pira, cngad. pair, frioul per, fr.
pofrt, prav„ cat., csp„ pg. pcra). Pnmus <1 prunier » > dr„ ar„ mgl. prun,
idem (esp. pruno, calabr. bm1111); pmna (pl. de prunztm (<prune» transf arme
en f~m. sing.) > dr„ ar., mgl. pr1111â <1 prunc» (it„ log. pruna, engad. pr.a11a,
fr. pvu1ic', prov„ cat., a. esp. pruna). Pcrsicus <1 pecher » >dr. piersic (arch.,
reg. piersec, piarsec, etc.), ar. l~,·,nsic, mgl. liiarsic, idem (it. persico, pcsco,
log. pessige, campid pressyu, esp. pcjigo): pcrsica (pessica) <1 pechL· »>dr.
piersică (arch„ reg. piersecâ, piarsecă, etc.), ar. K,earsfrâ, mgl. kiarsfrii (it.
pesca, log. pissige, fr. peche, proY. perscga, prcscga, cat. hrcssec, csp. prisco, 1

pg. po:cego). Cercsea, ccresia, cerasca ( < *ccresus, ccrasus) >dr. cirea.~â (reg.
cereaşâ, ciraşă, ceraşâ, etc.), ar. cireaşe, mgl. cireaşă <1 cerise» (d. kris, it. cihe-
g1:a, campid, ccrc-:1:a, engad. circsclw, fr. ccrisi:, prov. ccrici.::a, csp. ccrc.:a, pg.
cereja); *ceresi1ts (<*cere sus = ccrasus) >dr. cireş, ar. cireşu, mgl. (iycş <1 cc-
n:s1:,•r » (cf. it. ecrasa < cerăsus) 376 . *Goto11e11s, *gotancus (= (malu111) coto-
newn < gr. µ~),0'1 Kuâw,no'1 <1 pomme de Kydon-Crete) >dr. gutui (reg„
dans le nord du pays, gutăi, gutii, alors que le parler du Banat connaît la
forme gittîf&u), ar. gutunu, mgl. găduli « cognassier » (it. cotogno, log. k1"dondza,
campid. tidonga); *gotonea, *gotanca ( = (mala) cotonca, pl. neutre pris pour
fem. sing.) >dr. gutuie (reg„ dans le nord du pays gutăic. gutiic et au Banat
gutUie), ar. gutune, mgl. gutună, alb. ftua, ftoj «coing » (it. cotogna, prav. co-
373
RE\V, 6395; DELL, P· 497; PEW, 1298; DELR. 1366; SDE, p. 309; DDA, p. 966;
le mgl. pipori. rappelle nettement le ngr. mm6vL (Capiclan, l\Iegl„ III, P· 222).
374
REW, 6642, 6645; DELL, p. 520; Mihăesc11, Lg. lat„ p. 239; PEW, 1345, 1349,
1350; DELR. 1419, 1420; SDE, p. 320, 324; DDA, p. 1004, 1028; Capidan, Megl„ III, p. 228.
375
REW, 5272; DELL, p. 381; Mihăescu, Lg. lat„ p. 171; PEW. 1023; DELR, 1045;
DER, P: 502; SDE, p. 272; DD:\, p. 794; Capidan, Megl„ III, p. 187-188; Puscariu, St.
istr „ III, p. 121. .
376
REW, 1823, 1824; DELL, p. 114; Mihăescu, Lg. lat„ p. 171; PEW, 338; DELR,
358; DER, P· 193; SDE, p. 488; DDA, p. 442; Capidan, Megl„ I II, p. 98.

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260 H. l\lihăescu

do1ih, cat. codonv; dans ce cas, de meme que Iorsqu'il s'agit du nom donne
aux arbres, Ies formes propres a d'autres langues romanes se sont developpees
a partir de la variante latine awc un c initial); Ies formes relevees en megle-
noroumain accusent l'influence du bulgare (reg.) du11jia, idem, qui, a travers
le v. sl. *kild1111ja (*gdmzja), rc·nvoie au lat. cydo11ea(mala) et, par cette fi-
liere, au meme etymon grec; a part ir du vicux slave, cc mot d'origine grec-
que, rnais emprunte par Ies Slaves par 1e truchement du latin sud-est euro-
pecn, a irradie dans ks differcntes langues slaws (\·oir, a part le bulg2.re, le
serbocroate, le tcheque, le polonais, l'ukrainien, le russt\ etc.) 377 . A partir
du norn du fruit, par dCrivation rcgres:-:in>, ou d'un latin *mtcus (=1wx 'no-
yer ») pro,·i1'nncnt dr.. ar„ mgl., ir. n11c. d. n.111k <• noylT •> (cn mgl. le mot de-
signe aussi le fruit, <1 noix 1>); i/llX, 11/ICdll, l'f meme, pcut-etre *nuca« noix » >
>dr., ar. n11câ, ir. n11k~. i<lcm (il y a cu d'abord une forme unique *nuce,
voir le piuriei (n~g.) mtu, gen., dat. 1111cii (arch. 111tct"i), dcvenuc, par analogie,
1111că) (it. 11ot(, log. 1111g<', cngacl. 1111!. fr. 11oix, fr. dial. (dans le sud) nuga,
prov. 110/:, cat. 110ba, csp. 11ut":;, pg. 110:); 111t(t'f1tm ( < 1111.r, 1111cis) « lieu plante
de no)·crs •>>dr. Jl/l(Cf, idl'm, ;.!L hyz. :'Jw·ro:-:'J (toponynw) (it. nocdc) 378 •
Camus « cornouilkr •> > l!r., mgl. com. ar. corn11, ir. com(u), idem. (cat.
com); cnma (pi. de com11111 "cornouille •> clc\·L·m1 sing. fl~m.) > dr., ar., mgl.
coarnă, idem (p;:i,r analogic de forme, cn dr. ct ar. « sorte de raisin •>). Ficus
« figuicr; figuc •> >ar. lile, mgl. ic« figuin •>. :ilb. fik <• figuier, figue •> (it. fico,
log. figu, a. fr. fi, csp. hi;:o. pg. figo); *fica (pl. de *jicum dewnu sing. f(m.)
>ar. Jiică, mgl. frti, d. failM, istr. jci/!,11, idem (n:?n. figa, abruzz., nap., fika,
pro\'. figa > fr. jigut); ii n'c:-:t pas exclus qul' ccttc fois-ci le nom du fruit
ait deriYe dl' celui de l'arl1rc, a l'instar <lcs c;:i,s ou ii cxistait deja comme n·:u-
trc et cnsuite commc fc'·minin t'n latin.
Le panroman 1.•i11c11 ( < 'i.!i11u111) (<l. c.•cna, it. ,,.,·g11a, log. billd;;a, cngad.
<·(~11a, frioul. vini', fr. ;·i.r,11c, pro,·. ·vi111ia, cat. ;:i11ya, esp. 'i.'ina, pg. vi11lza) >
>dr. i•i1', ar. (a}j-ilii', mgl. ;:i1lti <• plantation de ,·igne; ,·ignc 1>; <'illt"111ius
( < vi11ea) > dr. via <• ,·iticultcur •> (pro,·. ;.•i11icr). l'va « raisin •> > dr. ,mă,
idem (arch., X Vl"-XVII" siecles) <•,·ariete de raisin •> (rl-g. <lu sud-ouest du
pays), ar. a111ii'f <• raisin •>, mgl. wiâ, ll'i.'1i, idem (d. joiva, it. lf'iHl, log. ua, cr.gad.
iiya. frioul. m 1·, csp., pg. 11va). l'itca (fcm. de ;:itcus ( < 'i.!ilis) «de \'ignc 1>) >
1

> dr., mgl. 'i.'i(t'i, ar. ( a)yită (forgee ;:ifin d'e\'itcr la confusion, a part ir de
* (a)yiţâ (sing., pl.), fornw dont l'cxistl'nCl' s'appuie sur le gr. byz. et ngr.
~(Tcroc <• (cep de) vignc 1> (it .dial. <'i.tlse); en ar. (dans le nord du territoire)
on a egalcmcnt relc\'e I~ forme yitc. qui rcpr6sente probablement soit un plu-
ricl, soit un singulicr rcstitue d'apres le pluriel 379 •
19H. Le panroman campus, -11111 <c plaine, tcrrain plat; champ 1> (d. kuomp,
it. campa, log. lrnmp11, engad., frioul. 1.=amp, fr. clzamp, pro,·„ cat. camp, esp.,
pg. campa) >dr. cîmp, ar. cfmpu, mgl. n;m1p <c champ; pays plat, plaine ».
Ager, agrum <• champ •> > dr. (arch., reg., XVl"-XVII(' sieclcs, dans la moi-
377 RE\\', 2436; :'.\lihăPscu, lirfl. gr., p. 54-55, 64, 185; TDRG, p. 711; CADE, p.

566; DER, p. 386; SDE, p. 93; DDA, p. 606, BER, I, p. 469. .


378 REW, 6009; DELL, p. 4.'B; :\lihăescu, Lg. lat., p. 239; PEW, 1197, 1198; DELR,
1252, 1253; HristPa, Probleme, p. 69-71; DDA, p. 914; Capidan, Jvlegl., III, p. 208; Puşca­
riu, St. ist.-., 111, p. 125, 317.
379 REW, 9388, 9394; DELL, p. 741; PEW, 1911, 1925 (ar. yite, yită ( < vitis,-em-);
TDRG, p. 1759-1760; CADE, p. 1480; DER. p. 899-900; SDE, p. 77; DDA, p. 119, 625;
Murnu, Rt1111ă11isclte Lelmworter, p. 75; Capidan, Jfrgl., III, p. 329.

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Du latin au roumain 261

tie occidentale du pays et ensuite notamment dans le sud-ouest), ar., mgl.


agru «champ, terrain laboure •> (bergam. ager a. ven. agro) 380 . Le panroman
arare (it., log. arare, 'engad. arcr, frioul. ara, a. fr. arcr, cat., esp., pg. arar) >
> dr. ara, ar., mgl. 'ar (arare, arari), ir. ara « labourer »; aratura ( < ara) >
> dr., ar., mgl. arătură « champ laboure •> (cn dr. aussi « labour, labourage »)
(it. aratitra, log. aradura, engad. aradiira, a. fr. arcure, cat., esp., pg. aradura);
le panroman aratruni:(it. arato, aratolo, log. aradn, engad. aridcr, a. fr. arere,
prov. araire, cat. aradre, esp., pg. arado) >dr. (arch., reg.) arat, ar. aratru,
arat, mgl. arat « ch'arrue •>. Vomer, -crem <c soc de charrue •> >ar. vomeră,
vomiră, idem (it. vomero, sic. v6mmara, calabr., ·r6mara, tosc. bombero, arag.
g2:iembre). Sappa, -am (( sorte de hoyau I) > dr., ar., mgl. sapă, ir. sape (( pio-
che »(comp. avec: it. ;:,appa, fr. sape, esp. ;:,apa); sappare ( < sappa) <c piocher »
(forme attestee des 1177 dans un texte d'Angleterre) > dr. săpa, ar., mgl.
sap (săpare, săpari), ir. sapa, idem (it. ;:,appare, engad. ;:,appa, fr. saper, esp.
za par) 381 . Seminare > dr. semăna, ar., mgl. se amin ( simi11arc, siminari),
ir. semird <c semer » (it. seminare, log. seminare, engad. seniner, frioul. semcnâ,
fr. semer, prov. semenar, esp. sembrar, pg. semear): seminatura >dr. semă­
nătură, ar., mgl. siminătură <c semaille •> (it. semi1zatura, csp. sembradura, pg.
seme adu ra); sementia <c semen cc •> > dr. sămînţă, ar., mgl. siminţâ, ir. semint~,
idem (it. semenza, frioul. sementse, fr. semwce, prov., cat. semenr-a). Le pan-
roman tali"iire ( < t-alia) <c taillcr, couper » (d. tal'uor, it. tagliare; log. ta:are,
engad. taglier, frioul.- tal'a, fr. tailler, prov. tal/zar, cat. tallar, esp. tajar, pg.
talhar) >dr. tăia, ar. tal'u (tâl'eare), mgl. tal' (tăl'ari), ir. tal'd, idem; un
*extaliare a ete evoque afin d'expliquer l'ar. astal'u (astăl'eare) utilise seule-
ment au figure avec Ies sens« entrecroiser, rencontrer, depasscr, etc.». Sicilis,
-em <c fer de lance; sorte de faucille-1> > dr. seceră (pop. secere), ar. seaţ~"rcl.
seaţere, mgl. seaţiri; seaţări, d. seklu, istr. sizula (ven. sezola, frioul, sczule).
Excotere (= excutere <c secouer, âtcr ») >dr. scoate, ar., mgl. scot (scoatfre,
scuteare; scoatiri), d. skutro <c âtcr, arracher, enlevcr, etc.» (it. scu-
otere, log. iskudere, a. fr. cscourrc, prov. escoire, a. esp. eseztdfr, 2vec des sens
apparcntes au premier sens du latin, que l'on retrouvc aussi en dr. srntura,
ar. ascutur ( ascutware) < lat.* cxcutulare ( = excutere) (voir egalcment
l'it. scotolareJ. Le panroman colligere <1 lier ensemble •> (it. cogfrere, a. cngad.
klir, frioul kuei, fr. cueillir, prav. colhir, cat. cullir, esp. cogcr, pg. colher) >
>dr. culegere, ar. culeg (culead:ire) « cueillir; recueillir•>. Adunare (ad+
+unare < unus, -a, um) « unifier, assembler » > dr. aduna 8r. adun (adu-
nare), mgl. dun ( dunari), ir. adun) <c (r)amasser, recolter, (re)cueillir, (s) assem-
blcr', (se) reunir, etc.•> (it. adunare, a. fr. ăuner, prov. azunar, c;..t. esp., pg.
aunar) 382 . Stringere <c serrer, etreindre; cueillir •> > dr. strînge, ar. stringu
( strind::ire, strind::eare), mgl. string ( strinziri), idem (« cueillir 1> seulement
en dr.) (d. strengar, it. stringere, log. istringere, frioul. strcnd::i, fr. itreinclre,
prov. estrcnlzer, cat. estrenyer, csp. estrenir). Ainsi qu'il fallait s'y attcndrc,

380
REW, 276; PEW, 38; DELR, 22; HEM, 1, 382-383; TDRG, p. 33; CADE, p. 2"1.;
DA, I, 2, P· 73; DER, p. 13; SDE, p. 18; Densusianu, ILR, p. 79"1.; Rosetti, ILR, p. 592;
DDA, p. 116- 117; Capidan, Megl„ III, p. 9.
aei DELL, p. 594; Mihăescu, Reconst., p. 570; PEW, 1511, 1512; TDRG, p. 1362:
CADE, p. 1101; DER, p .. 721; SDE, P· 371, 415; DDA; p. 1051; Capidan, Afegl., III, P· 256-2571
Puşcariu, St. istr., III, p. 131.
3 8!2 REW, 209; DELL, p. 748; Mihăescu, Lg. lat., p. 296; PEW, 31; DA, I, 1, p.
50-51; DER, p. 9; SDE, p. 20; DDA, P· 109-110; Capidan, Mcgl., III, p. 120-121;
Puşc<\riu, St. istr., III, p. 100.

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262 H. Mihăescu

dans le dialecte daco-roumain l'action de « cueillir, rccolter • s'avere la mieux


reprcsentee sous le rapport lexical; notons le fait que le verbe le mieux situe
au point de vue de sa presencc dans Ies dialectes roumains est celui qui, de-
ri,·e d'un numeral latin, a fini par acquerir ce sens dans une societe pour laqu-
elle le travail de la terre tenait une place preponderante dans la vie de l'homme.
Le panroman ligare (it. frgart", log. hare, engad. lier, frioul. led, fr. lier,
pro,·. !iar, cat. lligar, esp., pg. /igar) >dr. lega, ar., mgl. leg (hgare, ligari),
ir. lega « licr •>: Liga/ura> dr. l<·gătură, ~r.. mgl. ligătură «lien, liaison I) (it.
ll·g,1!11ra, fr. hurt, prm·. liadura, cat. lti:gadura): d1:sligare >dr. dc::lcga, ar.,
mgl. di:leg (di:ligart', di::ligari) <1 delier • (it. slegare, engad. slier, frioul. diz-
lcr.i. fr. dNicr, pro,·. deslegar). Ma1111c(u)lus ( = manicu.lus, manipulus) <c poi-

gnee, gcrbc, bottc >dr. mănu11clzi (reg. mân11chi, mînuc/11:, etc.), ar. mănuct'u,
mÎll:tcl'u. idC'm (a. it. 11M11(11)occhio, a. fr. m:inoil, prov. manohl, cat. manoll,
1'sp. manojo, pg. mo/110) 383 . Le panroman furca (it. forca, log. furka, engad.
fourra. frioul. forl,:t', fr. fourchc·, prm·., cat. forca, esp. horea, pg. forca) >dr.
ar., m~l. furcă, ir. fur/1~. alb. furkc7 , bg. furka, hurka o fourche, quenouille t
(en hg. cc nv)t n'cst utilise que dans la sccon<le acception).
L<' panroman arca (aria pc·ndant la basse-epoquc) (it. aia, engad. era.
frioul. arie, fr. aire, cat., csp. era, pg. t'ir,1) > dr. arie, ar. (arch.) arfr, mgl.
ariiă <1 aire I). Tribu/are ( < tribulum (I herse a battre le ble •) « battrc avec la
her.~e » >dr. treiera (reg. triera, triira, trăicrii, etc.), ar. triir (tn:irart') «bat-
tre Ic blc (Ies cereales) I) (it. tribbiare, log. trz"ulart', esp. lri/l,ir, pg. tn:Uiar).
( Ex);xntularc (ex + 'i.'Clltu/arc = t•mti"lcrrc, sous l'influcnce de ventulus
< 'i.'c'll/1ts) >dr. <'Îlltura (arch., reg. ::vÎll/11ra, utilise hcaucoup plus au figure)
~ e,·anter, \'anner I), af. Cl:i.1l11!fztr ( a::vimturarC) (I SCChl'f au \'ent; \'anner.
(en dr., le premier deces dcux sens apparticnt au verbe ::vînta (*exventare),
qui a pu existcr jadis aussi en ar.); ( t'X )"1.'C11fu/art se retrouvc aussi en: it.
(s i;·mtolart' (> enga<l. s<•c11tula) et frioul. ::vi11t11lti. Le panromanmola «meule,
moulin 1> (it., log., rngad. mola (formcs livresques), trioul, nrncle, fr. m.eule,
pro•:., cat. mola, csp. mucla, pg. 1116) >dr., ar., mgl. nwară, ir. mor~ <1 moulin &.
JfaL"(h)i11ar,· ( < machi11a) <1 mou<lrc *>dr. măcina, ar., mgl. maţin (măţi-
1?art·, măţi11.1ri), ir. mâcirâ (d. ma/mur, it. maci11arc, log. maginare).

rn9. A.11im11lia ( < anima (C etrc ,-j·:anl_; ;mimal •) >dr. (reg., notam-
mcnt dans le pcirler du Banat) 1tânuit', ar. 1tămal'u, 1uimal'n, mgl. nămal'
«menu beta ii' betes a laine (bre bis, chenc) I); les formes de l'ar. et du mgl.
pourraient representer des singulicrs restitues d'apres le pluriel, mais elles
pourraient aussi avoir a !'origine (lout comme on l'a suppose dans le cas de la
premiere forme) un lat. hypoth•?tiquc *a11imalium (dans les autres langues
romancs on retrom·e - avcc des st"ns diffcrenb de ccux propres au roumciin
- des formcs cvoluecs depuis le pl. lat.: sursylv. liman:, engad. atmeri, a.
fr. ,wmd, esp. alimaiia, pg. ali1;z~1;zlta ou encorc, e,·oluees depuis le sing.:
pann. nimal, frioul. nemal, a. fr. aumal). Domestfrus ( < domus) <1 <lomestique;
familier; pri,·e; national 1> >dr. (reg.) dumestic, dumestcc, dnrnes(t)nic, (arch.)
dumJtcas(t)nfr, lit. domestic (dumc(a)s(t)nic accuse l'influence des formes
vieux-sl<wes domaSini, domastini « domesticus 1>, ccpendant que domestic, pour
laqucllc lcs temoignages ne remontent pas plus haut que le XIX" siecle, a
ete interpretee tout naturellement comme le resultat d'une influence latino-
383
REW, 5306; DELL, p. 384, 386; Mihiescu, Lg. lat., p. 176, 303; PEW, 1021; DELR,
1125; DER, p. 502; SDE, p. 272; DD.\, p. 779, 815.

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Du latin au roumain 263

romane d'epoque moderne) ~ apprivoise, dompte » (it. doniestico, a. sarde


domestia, engad. domeisti, a. fr. domesche, prov. domesgue).
Le panroman canis, -on (it. cerne, log. kane, engad. raun, frioul. J.fon,
fr. cliien, prov. ca, pg. ciio, etc.) >dr. (reg., dans la moitie nord du pays et
dans l'ouest) cîne (litt. dine; dans l'a. dr. (XVF siecle) seulement dans le
sud-est du pays), ar. cîne, mgl. Cf!(i)ni, ir. căr(', d. kuon, alb. qcn « chien »
(le phenomene d'epenthese de l'i n·a eu donc lieu que dans le parler valaque
et en mgl.) 384 . Catellus, -um >dr. căţel, ar. căţăl, mgl. câff!l <c petit chien »
(a. it. catello, fr. clzeau, prov. cadel, cat. cadell, esp. cadillo, soit avcc le meme
sens, soit avec divers autres sens comme par exemple en esp. « Klettenkraut »„
en it. et en cat. <c partie d'un outil », sens existant aus~i cn dr.; ici et en ar.
aussi <c gousse d'ail 1>); catella, -am > dr. C1f{ea, ar. c('ţao, căţauă, mgl. căţauă
«chiehne 1>, (pg. cadcla). Latrare <c aboycr»> dr. lătra, ar. alatrzt, latm ((a)-
lătrare), mgl. latru (lătrart'), ir. llj.tra, idem (it. latrare, sursilv. ladrcf, prov.
lairar, cat. lladrar, esp., pg. ladrar).
Le panrom<'Jn caballus « cheval (de travail), hongre » (it. ca1•allo, log.
kaij~u, engad. "/Caval', frioul., "/Caval, fr. che1.,•al, prov., cat. ca1.•all, esp. caballo.
pg. cavalo) > dr., ar., mgl. cal, istr. cd (art. calu), alb. kal, kale <c cheval I).
Armissarius ( = admisscwius < admitto) <c etalon•> > dr. armăsar (arch., reg.
cal armăsar, cf. lat. equ11s admissarius <c cnticr (en parlant d'un cheval) »,
idem (a. it. dial. (merid.) am11ic·ssaro, log. ammesard::1!, lcs deux vennant d' ad-
missarius > mnmissarius; cf. alb. lzarmesltar). Equa ( < eq1111s) « jument,
cavale 1> > dr., at., mgl. iapă, ir. iap~. idem (log. ebba, a. engad. i~f11a, a. fr.
ive, prov. ega, cat. egua, esp. yegua, pg. egoa). Coma ( < gr. z6p,"I)) <c chcYelure;
criniere » > dr., ar., mgl. coamă « criniere » (par analogie, rn dr., prcnd aussi
le sens de' <c tignasse »; en mgl. le mot designe aussi <c Ies poils de la queuc du
cheval », prenant par la suite aussi (pour des raisons evidcntcs) le sens d'1c 8.r-
chet de violon ») (it. chioma, fr. dial. kom( a), prov., a. esp., pg. coma).
*Rhonclzi::.are (= poy:x_(~e:Lv; cf. roncare (< ronws = p6yzo<;) «ronfler» >dr.
1'Încheza <c hennir 1> (a. it. roncheggiare, ven., veron., ronkeza(r), ronkiza(r },
frioul. Y01tCt'tl (C fOnfler ») 385.
Le panroman asinus (it. asino, log. ainu, fr. âne, prov., cat. ase, esp.,
pg. asno) >dr. (rare, reg., notamment en Transylvanie) asin, ir. dst'r <c âne 1>.
Jl.iula (fem. de mulus) > dr. mură, ar. anmră <c estomac des ruminants »
(istr. moula <c Blutwurts », fr. mule; cf. alb. multe, avec le memc sens que le
mot roumain).
Le panroman vacca (it. vacca, log. bakka, engad. val~a. fr. ·vaclze, prov.
cat., esp., pg. vaca) >dr., ar., rngl. vacă, ir. 'l'ak<J <c vachc ». Le panroman bos.
bovem, anc la variante populaire bovus, -um (it. bove, bue, log. bac, cngad,
boi~[, frioul. bo, fr. bocuf, prov. buou, cat. bou, esp. buey, pg. boi) > dr„ ar.,
mgl. bou, ir. bo(vu), d. bu <c l:reuf ». Le panroman taurus (it. toro, log. trau,
engad. tor, frioul. taur, a. fr. tor, prov., a. cat. taur, cat., esp. toro, pg. touro) >
> dr. taur, ar. tavru <i taureau l). Vitellus ( < vitulus) <c petit veau » > dr.
viţel, ar. yiţăl, ir. viţe, idem; ce rnot (avec sa forme de feminin vite/la< i•itula
> dr. viţea, ar. yiţauă), qui, fort probablement, deja a l'epoque ou s'epanouis-
384
RE,\', 1592; PEW, 367; DELR, 336; DER, p. 179; SDE, p. 221; Gheţie-1\Iareş,
Graiur.ile, p. 102-104; DDA, p. 360; Capidan, .11Iegl„ III, p. 75; Puşcariu, St. istr„ III,
p. 105.
ass REW, 7293; DELL, p. 577; TDRG, p. 1045; CADE, p. 1072; DLR, IX, p. 462-
-463; SDE, p. 364.

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264 H. Mihăescu

sait dans la zone danubienne le latin vulgaire, passait (en raison de son.as-
pect pretant largement a pareille confusion) pour un dirninutif de vita «< vie»,
de\·ait tenir un role dans l evolution sernantique de son faux terme de base,
dont l'heritier cn dr. et rngl., vită (utilise surtout au piuriei) - a la differencc
de ce qui denit se passcr dans Ies autrcs langues romanes, fideles au sens 1<1tin
initi<11 (Yoir Ies fom1es: it. 1.1ida, log. vida, fr. vif, prov., cat., esp., pg. vida) -
est devenu lenomgeneriqucdugros betaildomcstique (vaches, breufs), cest-a-
dirc qu'il a pris I' accept ion de la forme faussement interpretee; notons, pour
re\"Cnir a •:itdlus, qu'il a persiste aussi cn it. vitcllo. engad. vde, trioul. v1:diel,
fr. •:cau, pro,·. vede/, c2t. vcdcll, idem; notons aussi qu'un *vitulcus ( <vitulus)
scmhlc etn:, selon toutes probabilitcs, le point de depart des dr. (reg., dans
l'oucst <le pays) i•1it11i, ar., mgl. vitul'u( >ar. vitul'can1celui qui fait pc:iître Ies
<'iful'i») « chc\Teau d'un an» (en dr. rcg. aussi « agneau <l'un an 1>, <1 lcvraut »,

etc.) 3811 • lm·mrns, -um <1 bouvillon >dr. junc, ar. giungu, rngl., ir. .fu.ne,
idem (it. gioc.Y11co. fr. dial. yumk); im•rnca, -am <1 genisse • >dr. juncă. idem
(it. [!.io'i-'<'llcu). luni.\·, -icon <1 genissc" > dr. junincă (a vcc la prop<1gation de
la n<is<1lite). a. dr. jzmicc, dr. rt'·g. ju11ică (le sing. cn -e est de nature etymolo-
giquc, cdui en -ă est rcstitue), ar. jzmică, idem (fr. dial. jun.ego, cat. dial. j6-
11t'k,jo11eg,1); endr.,ou Ies dcux ternws sont attcstes, il y a des differcnccs regio-
n2ks quant a leur utilisation: pour le parler de Moldavic, par excmpk, seul
le premier prescntc un caractere usuel. Ubcr, -acm <1mammclle, scin, pis 1> >
>dr. uger, ar. ud::.îrc, ir. u=:m <1 pis •(a. it. uvcro, it. dial. 1iva, engad.1"iver),
frioul. lm.:ri', fr. dial. ii·ac, u(g)ro, (l)ivr. 1\fugirc <1 mugir • >dr. mu.gi, ar.
mu:;, mud:..t'scu (mud:irc). idl'm (it. mughir~'. log. mufre, moyirc, a. fr. mu.irc).
Ragae « rugir 1> (atteste par unc glose) >Jr. rage, idem (fr. raire, rcer) 387 •
Le panroman rumigarc « ruminer » (a. it. dial. rumicarc, \'en. rumegar, log.
rumigare, frioul. rumiti, a. fr. rz111gicr, prov. romiar, c;:it., csp., rum1:ar, pg.
romiar) > dr. rume~a (arch., reg. ( a)rumăga, rcg. rn~uma, forme nee de la
1rn'.·tath(·sc J'unc \·niantc latinv, de memc quc l'it. rugumarc), ar. aroamig
(am111ig<1rc), mgl. ntmig, idem 388 • Stab(u)lum <1 cndroit ou l'on s'arrete;
etape, halte; ClUlJcrgc I) el par b SUÎt':, dJ.n:' Je )angagc rustiqUC, (I etablc I)
(pour toute cspece de betcs) >dr. staul (s/aur) <1 N~·bk; hergcrie 1> (it. stab-
hio, cngad. stevd, frioul. slabii, pro\·. cstah!,„ a. pg. cslabro) 389 • Le L!erive popu-
laire 'L''1CC1ll"lâll (I Ctab}c a \'<JChl'S I) > dr. Văcăreaţu, ar. Văcărcaţă, Vifcăreadză
<1 cndroit ou reposent pendant l'ct~ les vachcs ct les boeufs '> (<1bruzz. vakka-
rcUţ, « pâturagc, hcrbagc des \·aches „) 300 • ,

Le panroman porcus (it. parco, log. porlm, eng;:id. piierlc, fr., prov., cat.
porc, csp. puerco, pg. parco) > dr., mgl., ir. porc, ar. porcu, d. pnark «porc».
Porc,1 « truic 1> >dr. (pop.), c:ir., mgl. poarcă, ir. PQrca, idem (it., prov., cat.
parca, csp. /merca, pg. parca). Sero.fa « truie » >dr. scroafă, idem (it. sero/a,

386
REW, 9JR5, 9406; DELL, p. 742, 74J; PEV.', 1910, 191J; TDRG, p. 1759, 1760;
CADE, p. 1429, 1430; DER. p. 899, 900; DEX, p. 1022; SDE, p. 77; ILR, li, p. 149; TDRG,
p. 195; DDA, p. 635; Capidan, .Megl., III, p. 328, 329.
m REW, 7007; Mihăescu, Lg. lat„ p. 278; PEW, 1427; DLR, IX, p. 18-19; SDE,
p. '.'49. .
388
REW, 74-40; .Mihăcscu, Lg. lat„ p. 278; PEW, 1483; DLR, IX, p. 613; SDE;
P· 362-363; DDA, p. 207-208, 1043; Capidan, Megl„ III, p. 252,
380
RE\\", 8209; DELL, p. 652; Mihăcscu, Lg. lat„ p. 286; PE\'\', 1640; TDRG, p.
1487; CADE, p. 1198; DER, p. 789; SDE, p. 398.
390
Mihăescu, Lg. lat., p. 30; CADE, p. 1396; DDA, p. 1255.

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Du latin au roumain 265

engad. scrua, frioul. skrove); c'est le terme usuel en dr. - par consequent,
le terme s'est impose au depcns de son synonymc, demeure usuel seulemcnt
dans .les dialectes sud-danubirns. Le panroman niasculus (<mas) (it. mas-
chio1 log. masu«. belier », engad. mase/zel, frioul. maskli, fr. mâle, proY. masele
et egalement « vcrrat », cat. masele, esp. maslo, pg. maclzo) >dr. (arch„
reg.) .mascur <c porc châtre », ar. mascur « mâle », rngl. mascur <c mâlc, fort»,
alb. mashkull ~ mâle »; dans le dialecte daco-roumain, le rnot a pris donc un
sens nouYeau, particulier, de meme que dans le dialecte logudoricn ct en pro-
vern;al (qui n'a pas perdu, toutefois, ni son sens initizil, generlll), alors que l'ar.
et le mgl., ciinsi que l'alb„ ont gar<le le sens general du terme, tout comrnc la
majeure partie des autres langues rom~mes. Le p<inroman i•crrcs, -cm <c \·err2t »
(it. veno, log. berre, a. eng2d. 'l'O', zi. fr. va, pro\ „ ezit. Vl'l'l'L', etc.) >dr. 'uicr,
idem; non re leve au sud du Danubc, en fl.'\'anclw plus frcqucnt cn dr. quc
son synonyme mascur, atteste au XVII" siecle dans des sourccs presquc
exclusivement de 1folda\'ie. Porccllus ( = porculus)<cpourceau » > dr. purcel,
ar. purţcl, mgl. pur{Ql, idem (it. porcello, log. porkc<J.(f.11, engad. purschC,
frioul. purtsiel, fr. pourccau, pro\· „ ca t. porscl) ; por cella ( = por cula) > dr.
purcea, ar., mgl. purţcauă <c jcune (petite) truie 1> (it. porcella, rngad. pursclzel-
la, ·pro\'. porecla). Porcarius ~ porcher I) >dr. porcar (arch„ reg. purcar),
ar„ mgl. purcar, idem (it. pcrcaio log. porkard;.u, engad. por/Cer, frioul. j>orki,!r,
fr. porcha, prov. porquicr, cat. porqua, esp. porquero, pg. porqueiro); 1'-Jorcaricia
(forme du neutre pluriel deVCnUe fem. SÎng.) (( elable a porCS I) > dr. (pop.)
porcăreaţă, purcăreaţă, ar. purcăreaţă, purcăread::ă, idem (it. porcareccia, a. fr.
porclzerece, csp. porqueriza); porci11a (caro) > dr. (arch„ reg„ pcir endroits
dans le parler de Moldavie) porcină, ar. purţină, « viande de porc 1) (it. porcina,
friouL purtsine) 3!n. Rimare <cfendre; fouiller1> >dr. rîma <ccreuser, gratter,
fouiller la terre avec le groin (apropos des porcs) 1>, ar. arîm (arîm,rre) <c creu-
ser, fouiller », mgl. rQm(rămari)« fouiller la terre <1vec le groin, ronger, gratter »,
alb. rrihnoj <c fendre, sonder, cxplorer 1> (tosc. rumarc, prov. rimar, rmnar,
cat., esp. rcmar); sous le rapport St'mantique, c'est le verbe albanais qui se
rapproche le plus de l'etyrnon latin. Gr111111i;'c « grogner 1> > ar. grunedzu,
gurnedw, gurnescu (gimlire) (rngl. gurlcz), idem (rn cir. il y a aussi 1a forme
gruneare, expliquee par un *grunniarc = grumzfrc) (a. it. grugnarc, cngad.
gruoner, frioul. rund, fr. grogner).
· Gallina <c poule, geline 1> ( < gall11s <c coq 1>) > dr. găină, ar„ rngl. găl'ină,
ir. gal' ir~, d. galaina, idem (it. gallina, engad. gili;za, frioul. galine, a. fr. gelinc,
prov. galina, cat., esp. gallina, pg. galinha); gallinaceum (stercus) «ficnte d'oi-
seaU>>'>dr. găinaţ, alb. gelase, idem (fr. dial. (merid.) galinaso, cat. gallinasa, esp.
gallinaza, pg. galinhm;:a); a partir de la forme roumaine, consideree comme un
pl., en dr. reg. on a restitue un sing. găin-a-t, unique variante rdevee en ar.
Le panroman crista <c crete (des g<1llinaces 1>) (it. cresta, log. krista, engacl.
krasta, frioul. krestc, fr. crete, prav„ cat„ esp. cresta, pg. crista) > dr„ ar.,
mgl. creastă, alb. kreshte, idem. Le panroman pava, -onem, (it. pavane, log.
paone; ·engad. pavun, frioul. pavon, fr. paon, prov. pa6, cat. pag6, csp. pav6n,
pg. pavao) > dr., ar„ mgl. păun, alb. pagua <' paon 1>.

'
391
REW, 6658, 6659, 6663; Mihăescu, Lg. lat„ p. 30; PEW, 1354 1355· DELR
1428.-1430; DLR, VIII, 4, P· 1058, 1059; SDE, P· 326; DLR\', P· 142; DELROM, 'p. 189-·
-190; DDA, P· 1031, 1033; Capidan, Megl„ III, p. 229.

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266 H. !llihăescu ·

\'ie pastorale; chasse; apiculture

200. Turma « detachcment de cavalerie primitivement compose de


trrnte hommes et trois officiers i;, plus tard «escadron&, par la suite « troupc,
foule ~ ct en fin de compte <1 troupeau • >dr., ar. turmă <1 troupcau 1), alb.
turm! <1 troupe, foulc ». gr. byz. Toupµ,ix <1 grancl\:'. unite militaire comparable
aux di,·ision ct brigade actueles; garnison cl'un district, d'ou le district-meme 1>
(it. forma, log. tn11na, frioul. forme): a !'origine de cctte dh-ersite de sens sont
Ies differcnces d'epoquc et de milieu, influant sur l'acception donnec a ce mot
dans chaquc languc 392 . Le panroman pastor, -orcm ( < pasco) « pâtre, pasteur »
(it., log. pastorc, engad. pas/ur, frioul. pasto;, fr. pâ!rt', prov. pasfre, cat., esp.,
pg. p.isfor) >dr. pâstor, idem. l'ecor11ri11s ( < pccora) <1 celui qui prend des
bcstiaUX a ferffiCS I) > dr. (reg.) păcurar, ar., mgl. picttrar, ir. pccur(îr (I ber-
ger & (it. pecorm:o, cngad. piorar, astur. priguiicro, pg. pcgureiro): cn dr., le
terme sert encorc <lans les parlcrs de Transyl\"aniC': pour ce qui est des pcir-
lers de Moldav ic et de Valachie. le mot a su bi la tri·s forte concurrencc de son
synonyme d'originc turquc, cioban, atteste a partir du milieu du xvne sie-
cle ct qui est arri\"e a le rcmplacer dans unc largc rnesure. Le panroman pasco,
-crc (I nourrir, engraisser, fairc paître • (log. pdskcrc, frioul. pdsi. fr. paître,
pro,·. paiscr, cat. peixcr, peixcrsc, esp. pacer, pg. p11sccr) >dr. paşte, ar. pasm
(paşlire, păşteare), mgl. pasc (paşliri), ir. pa~fc, <l. puoskro « (faire) paître i>;
pastio, -oncm (<pasca) ~ pâturage, pâtun.· • > <lr., ar. piiş1111c, idem (it. pas-
ciona, a. enga<l. pasclwn, frioul. pason, fr. pa1·sson, prov. paison, .astur. pa,,,
ci611). /11 inare ( < m1:nac, -a rum) <1 mcner Ies animaux •. forme verbale eclose
pendant la bassc-epoque dans la langue rustiquc ct populaire >dr. mina,
idem (a partir de la, aussi ks sens « inciter, chasser, envoyer t, etc.), ar. mhi
(minare) • bouger, mouvoir; remuer. mcttre cn branle • (dans le nord du
territoirc amin ( aminare) <1 jcter, lancer; tirer, dechargcr; conduire i>), ir.
mfr4 « mencr, inciter •, <l. mcnuar • conduire • (it. mcnare, log. minare, engad.
mn.er, frioul. mciui, fr. mmcr, prov., cat. mm ar, astur. aminar) 393 • Adaquare
«arroscr; abrcuver•>dr. adăpa, ar. adap (adăpare), mgl. dap (dăpari),
ir. (a)dapâ « abreU\·~r • (en dr. (forme arch., Teg.) ct en ~r.. le mot prend aussi
k sens d <1 arroser i>) (it. adaquare, log. abbarc, a. fr. aever, prov. a::aigar).
Jfcn"diare ( < mcridies) «fain· la sieste• >dr. (reg., dans k nord-ouest du
pays) merid::a, ar. (a) mirid::u ( amiridzart·) (mgl. mirind::) <( reposer a l'om-
brc pcndant les hcures chaudes de la journec (cn parlant des moutons) 1>,
3lh. mirze.f <c faire la sieste a midi • (it. meri~gi:arc, mcriare, log. meryare, frioul.
mirz:d). *Salinea (<sal, salis) >ar. sărdic, mgl. sărin, săr(!it <1 endroit ou
l'on donne aux moutons du sel a lecher I) 394 •
r>vis, -em <1 mouton; brebis • > <lr., ar. oaie, mgl. uaiă, ir. oie <1 brebis »:
ovinus <1 de brebis » > ar. uin <1 de hrebis; ovines; lait nutritif » (ci. engad. uin
f lait de brebis 1>; voir aussi le dr. (arch., rare) oină <1 viandc de mouton 1>
(<lat. ovi1ta); a partir de oviarhts ou par derivation sur le terrain du -rou-
392
REW, 9005; DELL, p. 708; Murnu, Rumii11ische I.ehnworter, p. 92; PEW,. 1777;
TDRG, p. 1666; CADE, p. 1347; DER, p. 867; SDE, p. 440; DLR, XI, 2, p. 736-737; DDA,
p. 1206.
393 REW, 4371, 5585; DELL, p. 403; Mihăescu, Lg. lat„ p. 285; PEW, 830, 1077;

DELR, 1119; DER, P· 524; SDE, P· 270; DDA, p. 146, 798; Puşcariu, St. istr., III, p. 120,
315. .
3
~• PEW, 1526; DDA, p. 1060; Capidan, Megl., III, p. 257; Rosetti, ILR, p. 399.

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Dn latin au roumain 267

main on releve le dr. (arch.) 01:a·riu (>dr. oier), ar. uiar « berger; proprietaire
de moutons » 3!l 5 • 1Vlatrix, -icon ( < mater) » fcmelle pleine ou qui nourrit;
matrice» > dr. (arch., reg.) mătrice, ar. mătrică « brebis laitiere » (a titre de
simple regionalisme du Banat, en dr.; en ar. aussi « (femme) nourrice »; en
a. dr. «matrice 1>, cn dr. (pop.) (( coliqucs 1>, etc.), cilb. mctrik <c colique de 1e-
tail » (it. matrice, log. madrigc, a. fr. niarri::, prov. mairit:::, csp., pg. madri::.);
la sphere semantique de cc terme s'cst retrecie graduellcmrnt jusqu'a ne cou-
'Tir que le domaine qui nous occupc ici, pour cc qui est des dr., ar. et alb.
Pecuina, -am ( < jJCcuinus, -a, -um <(de bctail » < pccu) > dr. (reg.,
dans Ies parlers de Transyh"anie, du Banat, du Maramureş ct du nord-ouest
de la Moldavie) păcuină« brcbis; brrbis laitiere ». Quant a la forme populaire
avec betacisme berbex, -eccm (= -.·oTex), clic allait devmir le point de depart
du dr:. berbece (berbec, sing. restitue d'apres le pl.), ar. birbcaţc (bh bec), mgl.
birbeaţi (birbec), ir. bcrbde «belier» (voir aussi en a. d. bcrlxc(os), log. (b)<tr-
vcge, fr. brebis). Arics, -eifm <c belier •> >dr. (reg., isole dans la moitie ouest
et nord du pays) areie (arch. areale), ar. arcate, mgl. (a)reati, ir. ar~te (( belier;
etalon I) (d. reti, it. dial. arâ, fr. dial. aroi, prov. dial. are) 3 rn. Coccinus, -a,
-U1n ( < coccus < gr.) (C ecarlate l) > dr. (reg., dans Ic parler du Banat) coa-
cin <( (brebis) au museau jaune ou rougeâtre », ar. coaţfrz <c (mouton) qui a des
tâches rougeâtres sur la tete», mgl. coaţină <c rousse (a propos du mouton) •>
(engad. !?6cen <c rouge »). Agncllus ( < agmts) « agnrnu » > dr. miel, ar., mgl.
1tel, ir. ml'el, idem (it. agnello, cngad. agne, frioul. aiie, fr. agneau, prov. anhel,
cat. anyell); *agnclliolus ( < agncll1!s) >dr. (reg.) mior (arch. mieor, mcor)
<i agneau âge de un a trois ans; chevreau (d'un an)•>, ar. ml'or (mil'or, 1iil'or)
<c petit agneau; chevreau 1>, mgl. ml' ior ( mil' or) « abneau de un a deux ans »;
grâce a une nouvelle derivation, toujours avec un suffixe dim., la forme fem.
mioară du dr. est devenue mioriţă, art. mioriţa, mot devenu celebre grâce a
la chanson epique folklorique dont il constituc le titre: c'est la plus belle, la
plus largernmt diffusee et la plus significative des b:.illades roumainr:s, dont
Ies racincs dans le domaine qui fait l'objct des presentes ligncs ne sont guerc
fortuites; pour revenir au domaine strictcment lingui~tique, notons encore
le fait que ce terme devait p;:isser de l'ar. en alb. (m116r, mil6re) et en ngr.
(µT)ALopL, µT)AL6poc) et du dr. rn hongrois (mi6ra) 397 . Annotinus ( < annus)
<c de l'annee precedente 1> > dr. noaten (noatin, arch., reg. noatină, etc.), ar.,
mgl. noatin « agneau d'un cin 1> (en dr. aussi « poulain ») (nap. annutelţ, log.
annodi11u « veau d"un an»). Tcrtia111ts ( < tertius) >dr. (reg.) terţfn (terţin,
terSÎ1t) « agneaU (veau) de Uil a trois anS I); plUS frequentc s'est revelee fa forme
terţiu (terţîu, tărţiu, tărţîu, etc.), rni~e en relation avec tcrtius. Le panrornan
capra (it. capra, log. kraba, cngacl. K,cvra, frioul. "/(,avra, fr. clzevre, prov., cat ..
esp., pg. cabra) > dr., ar., mgl. capră, ir. capre, d. kuobra, « chevre 1>; capn·na
<c de chene 1> > dr. (reg.) căprinâ 1> mouton a<longs poils non-ondules, rude

n REW, 6126, 6127; DELL, p. 471-472; :'.\lihăe~cu, Lg. lat., p. 28; PEW, 1211;
3 5

DELR, 1265, 1266; Densusianu, 11.R, p. 402, 461; DDA, p. 929; 1231, 1266; Capidan, Afegl.,
III, p. 311; Puşcariu, St. istr., III, p. 12.'i, 318.
396
RE\\', 645; HE:M, 2, p. '.\01-303; PEW, 11.'i; DELR, 81; DA, I, 1, p. 238-239;
Puşcariu LR, I, p. 364; DER, p. 75; SDE, p. 34; DDA. p. 19.'i; Capidan, Mcgl., III, p. 27,
249; Puşcariu, St. istr., III, p. 102; Teofil Teaha., Elemente de continuitate în graiurile Jl 11
Oltenia, •Arhivele Olteniei o, ~erie Nouă, 2, 1983. p. 157- 158.
397
REW, 284; DELL, p. 15; PEW, 1070, 1093; DELR, 1100, 1101; SDE; p. 253, 260;,
DDA, p. 798, 818, 923-921; Capida.n, Megl., III, p. 189-190, 193, 210; Puşca.riu, St. istr.
III, p. 123; l\fornu, Rmnănischc Lclmworter, p. 41-42, 82-83.

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268 H. Mihăescu

et reche (analogue aux poils de la chevre) •. ar., mgl. căprinii. (I poil de chevre •

(cf. it. ca.pri110. a. fr. che1iri11. prov. cabri < caprinus). Ha:edus » chevreau » >
>dr., ar., mgl., ir. ied, idem (log. cdu). ·
Le panroman mulgere (=mulgere) <1 traire • (it. m1ingere, log. murgere,
engad. mwzgcr, frioul. m6l::i, a. fr. moudrc, proL mol::er, cat. m1myir, esp.
dial. astur .. nrnliir. arag. muncir. pg. m1uzgir) >dr. ·mnlgc, CIT. mulgu !(mul-
d::irc. nwld::eart'), mgl. mulg (nrnl::iri). idem398 . Vasarc <1 verser •> >dr. vărsa,
ar. versu ('i.•irsarc). alb. vhshoj, idem. cn alb. aussi <crenvcrs·er l)(it. versa re, engad.,
fr. 1_•erscr, prov. vcrsur. cat. 1_•essar <1vcrscr11; csp. <'asar <1degringoler, rouler
(tourner) 1>, pg. <'essar <1 labourer profondement, cultiv.cr la· tcrre 11); en rou-
m::i.in, en albanais et dans les langucs romancs occidentales c'est le sens de
<1 verscr 1> qui domine, atteste deja dans le latin vulgaire de basse-epoque (IVe
siecle). oii ii s'cst <lewloppe partant <lu sens cl;:issique <1 tourner •> 399 . *Ex/raco-
lare (extra+ colare ( <colum) <1 filtrer • >dr. strcmra, ar. strfror (strfrurare)
(< p;:isser; filtrer; s'ecoulcr a tran·rs t. Extorquerc (t"X + torqucre (< toumer,
tordre •>) > dr. stoarce, ar. aslorm ( asloar(irc) <1 tordre, presser •> (it. storccre,
log. islrokilr. a. fr. cslordre. prov .. cat. cstorccr, esp. cslorcer). *Colastra(= co-
lostra <1 premier lait •>) >dr. caras/ii (cclastrii. corast(r)ă, curast(r)ă), ar
cu lastră ( mras/r,i). mgl. rn/,1slră (gui astră). <1 premier lait apres fa deliHcince •>
(it. colostro. log. kolostru. frioul. lwyostrc, esp. calos/ro, pg. cos/ro, tous develop-
pes a part ir de la forme co/ost rum. tout commo dans le c<1s - pour ce qui
est du Sud-Est europern - de l'alb. kullosh/,~r. lmlloshtrl, idem; voir ci-dessus
§. 26). A partir d'un lat. \·ulg. *clagum < *caglum (= coag(u)lum) sont nes
lcs dr. cheag. ar. cl',·ag. mgl. cl'ag « coagulum. presure, c<1illot, caillette •>(it.
ca{!.lio. log. kad::.11. cngad. qu1·f!.l, frioul. lwli, ci. fr. caii. prov. calh. cat. coall,
l'Sp. majo. pg. coallzo, tous developpes a partir de coagulum). Casms <1 fro-
mage»>dr. caş, ar. caşu. mgl. caş. ir ct'i§, idem («fromage a la pie. fromageon»
(d. kt:s, it. cacio, log. ki1::u. fr. dial. J.:as. esp. qucso. pg. queijo); cascaria <1 fro-
magcric 1> > ar. câşa re, idl"rn; <1 parc a lircbis • (it. cacio1·a. a. fr. clicsitre, fr.
ckil. (merid.) lw::.icro, esp. qztcsi'ra, pg. q11<·1jt"ira). Follina (adj.; fem. de
fol!i1ms < follis <1 d'outre, dl· soufflet I)) > ar. ful' inii «sac foit de peau de
mouton. tondue ct rctournee, qui sert a la consef\"ation du fromage •>. Semm
<• petit-lait 1> > ar. şar <1 especl' de petit-lait: fromagt• pro\'mant des monts •>
(it. sicro, frioul. sir, a. csp. sfrro). Le panroman imgerc (= 1t1tguere) (it., log.
1111gtrc, engad. uo11dscl1cr, frioul. 011.dzi. f r. oindrc. pro'. onhcr, esp., cat., pg.
ungir) >dr. unge. ar. (a)1111gu (a1111d-:ire, aund::care), mgl. ung, d. jongar,
alL. 11gj y<j <1 oind re 1>; zmctum <( onguent •> > dr., mgl., ir. 1111!, ar. untu <1beurrc1>
(it. unio « g:-aisse, saindoux; onguent •>. d1ga<l. fit, frioul. ont <1 beurre frit •>,
fr. oing, prov. onch, cat. u.nt, esp., pg. unio).
Tondere (= tondere) >dr. tunde, ar. !!Indu (/undire, tzmdeare). mgl.
trmd (tzmdfri) <1 tondre •>(a. it. tondcre, log. t1fodere, engad. tuonder, fr .. prov ..
cat. tandre, esp. twtdir) 400 . On a e:~plique par un hypothetique derive verbal
*subiharc (sub +ilia, pl.) l'ar. suil'ed::;u (sui/'c~rc) <1 toridre-les moutons sous
398 REW, 5729; Mihăescu, Lg. lat .. p. 232; PE\\', 1122; DELH, 1164; SDE, p.268;

DDA. p. 829; Capidan, Mrgl .. III, p. 197.


ao.9 RE\\", 9242; Mihăcscu, Lg. lal., p. 276; PEW, 1861; TDRG, p. 1715; CADE, p. 1403;
DER, p. 885; SDE, p. 81-82; DDA, P· 1261-1262.
4 oo REW. 8779; Mihăescu, Lg. lat., p. 232; PEW, 1773; TDRG, p. 1662; CADE, p. 1334;

DER, P· 866; SDE, p. 439; DLR, XI, 3, p. 712- 713; DDA, p. 1203; Capidan, Megl., III,
P· 303.

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Du latin au roun-ain 26~

lt; ventre ct sous la queue » 401 . *Ingannare (cf. ingannatura) >dr. îngîna
« murinurer, balbutier; imiter, contrefaire, singcr », ar., mgl. angan ( a11ga-
1tarc", anganari) <1 appeler (Ies chiem, Ies moutons, Ies chevaux » (en .ar.),
« appelcr, appâter (unc bete); trompcr » (cn mgl.) (it. ingamzarc, cngad. inga"-
ner, a. fr. enjaner, pro\·. enganar, cat. e1zga11yar, csp. cnganar, pg. enganarJ;
impliquant l'idee d'<1 imiter »,a partir de laquelle sont nes tous Ies autres sens,
ce mot a fini pcir se rattacher, dans le cas dr Lir. et du mgl., a la terminologie
des bergers -!O:!.

201. * Venare ( = venari) <1 chasser » > dr. vîna, ar. a vin ( avi-
nare) <1 chasscr » (frioul. vinar, fr. vmer, prov., ezit. vmar); vcnatns, -us ( < ve-
nor) «chasse; gibier » > dr. vi nat, idem (cat. vcnatus <1 une especc de chamois»,
esp. ve11ado <1 gros gibier », pg. veado. idem, <1 gibier noir; cerf »); le sens gene-
ral du mot s'est donc conserve seulcmcnt cn dr.; Ies modifications de sens
rele,·ecs autorisent l'idee de quelque derivations indepcndantcs dans Ies dif-
ferentes langues romanes; venaticns <1 de chasse » > ar. avi11alic <1 gihier. chas-
se» (une solution originale pour la memc qucstion); dr. v-înător, ar. avinator
<1 ch:isseur » representcnt des derivations sur le terrain du roumain 4 0 3 _ Le
panroman laqucus «lac, Jacet, nreud coulant » et a partir de ce sens <1 piege,
trappe » (p<ir l'intermediaire d'une variante lat. vulg. *laceus) > dr. laţ, ar.
(a)laţn, mgl. laţ, idem (en ar. prend egalement le sens de« filet, rets; maille »,
ce dernier sens se retrouve aussi en mgl.) (it. laccio, log. lattu, engad. latsc'1,
frioul. lats, fr. lacs, prov. lat:, cat. llas, esp. la:o, pg. laţo). *Retella ( < rctis,
-em <1 rets ») > dr. reţea <1 filet (de chCJsse ou de peclw) » 401 . Pedica ( <Pes,
pedis) « piege (lacets), entraves, fcrs attaches au pied » > dr. piedică, ar.
J.:eadică, mgl. peadică <1 entrave, abot; obstacle, croc en jambe» (en dr. aussi
<1 sabot d'une roue (de ch;niot) », alb. penge, p,11g <1 entrave, sabot» (a. it.
piedica, log. peiga, fr. piege, esp. dial. (scilm., astur.) pielga, pg. pega); impe-
dicare (in + pedica) - dr. împiedica (reg. înkedica), ar. nlt:eadic (1z"l..:idicare),
mgl. <pnpeadic (q,mp1.dicari) <1 entra\·cr; empecher » (a. it. impedicarc, a. it.
dial. (nap.) prdicarl').
Alvina ( < aZ.uc11s) <1 ruche d'abcilles » > dr. albină, ci.r. algină, mgl.
albină, ir. albir~ <1 abeillc ». Le panroman mel, *meletn (it. miele, log. mele,
engad. meil, fricul. mil, fr. miel, prov., cat. mel, esp. miel, pg. mel) >dr.
miere, ar.1'icare (nere, dans le nord), mgl. nari, ir. ml'are, d. mit <1 miel». *Fa-
vulus (<favus) > dr.faf!.ur (fagure) <1 rayon de miel» (a. it.fi·avo, a. pg.favoo),
rare, arch. en dr. aussi fag, idem, provenant de favus, de meme que l'it. /avo,
a. esp. havo, pg.favo, ou bien ce mot dr. representerait un sing. restitue d'apres
le pl. faguri de fagur( e) 405 . Le pan roman cer a (it. ecra, log. kcra, engad. caira,
frioul, sere, fr. cire, prov„ cat., esp., pg. cera) >dr. ceară, ar. ţeară, d. l{aira
<1 cire ». Probablcrnent quc el' un mot du lat. danubicn *stupus ( < gr. crTuTioc;

101 RE"·· 8362a; PE\\', 1686, DDA, p. 1132; Rosetti, ILR, p. 399.
402 REW, 4416; Mihăescu, Lg. lat„ p. 27; PEW, 8.54; DELR, 861; DA, II, 1, p. 682-
683; SDE, p . .507; DDA, P· 161; Capidan, Mer)„ III, P· 18.
403 REW, 9186, 9189; PEW, 1889, 189.5; TDRG, p. 1742-1743, 1744; CADE, p. 1433;

DER, p. 89.5; SDE, p. 80; DDA, p. 244-24.5.


404 REW, 72.55a; TDRG, p. 1320; CADE, p. 1066; DER, p. 697; DLR, IX, p. 374-

375; SDE, P· .158.


405 RE\Y, 3227a, 3228; DELL, p. 222; PEW, 569, 570; DELR, 541; CADE, p. 475-

476; DER, p. 316; SDE, P· 451.

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270 H. Mihăcscu

«tronc, buche 1>) tire son ongmc le terme dr. et ar. stup « ruche; essaim & ;
pour le moment, il s'agit la seulemcnt d'une hypothese, puisque la forme latine
presumec n'cst pas cncort> attestec 406 .

lletiers

:!O:!. Tous ks noms ]atins attrihues aux principales matiercs prem1eres


dont usl· cc <lomainc d'acti,·ite ct hcritcs par le roumain, tds: lig1w111,fcrn111i,
1'Jdlis, litt11111 ont ete dl:·ja pn'.·scntes ci-dcssus. Or, Ies noms des diYcrs metiers
sont dans la plupart des cJs des fonncs deriYecs a partir du nom de la matiere
premiere rcspcctiYe ou liicn a partir du nom donne au produit du tra,·ail dftc-
tue; dans ce dernicr cas, a l'aide du suffixc adj. mase. substantiYe -arius.
II s'agit Ei d'un suffixe particulicrunent fecond en latin, herite et tout aussi
actif dans ll·s languL·s rornancs. Par consrqucnt, lt·s mots deriYes gui en n~sul­
hnt l'11 TOUl11aÎn, de memc quc dans Jcs autl'L'S )angucS n{ol;:iliDL'S, peU\'t.'nt
tont aussi J,irn a\·oir L:·t{· herites tels qucls ou rcprescntcr unc terminologie
Cret'l' par Ja Janguc rcspL'CtÎ\"L'.
Lignarius ( < lig1111111) « clwrpentier; uuchcron •) > dr. lc11111ar, ar., mgl.
lim11ar « charpcnticr >) (en dr.), « lnichcron; marchand de bois >) (cn dr. arch.,
ainsi qu\·n ar. et mgl.) (it. l<g11,1io, l·sp. ltiiao, pg. lmhciro, aYec lcs deux der-
nicrs SL'ns). IJogarius ( <doJ!,a) « tonnclirr » >dr. doţctr, ar. d11;::,ir, idem. En
prenant cc tcnne pour modele, le dr. forgca le deriYe rotar ( < roată< rota)
~ charron >) • .s·auris, -011 ( <suo) (( hachc »>dr. st'Curc, mgl. sit-uri, ir. sccur~.
idem (d. slor, it. scurt", campid. st"guri, engad. sgiir, esp. segur, pg. Mgurc).
Sara« :-cie » >ar. şar1i, alb. sharrt', idem (a. it., log. scrra, frioul. s1·ar.:,pr0\ .,
cat., sar,1. c:-:p. sfrrr,1, pg. sc"rra). Le panroman malfrus « mailll't » >dr. mai,
ar ma/'11. mgl. 111,1'', alb. maj, idem (it. maglio, log. 111,1./:.11, u1gad. mal', frioul.
nz,1i, fr. 111,11"/, pro\'. m,d/i, cat. mail., esp. majo, pg. 111111/1&).
FdJa, -brum« forgcron »>dr. (reg., notammLnt cn Tran:-yh·anic) _r,1ur.
idem. ar. /dc.'rn, fa<:ur, idem (au~si « orfenl' >)) (it. fabbro, log. frcw, a. cngad·
fit,•t'J', frioul., fari, a. f r. /cc11't', pro,-. faurc); fabricare ~ forgcr » > dr. fer< ca
(~nch. fcir1·(1~, rl:·g. _(uit c1) «fnrl'r, cmbatrc I) (de la le st·ns <lerivt'.· « cnchaîncr 1>),
~ plaqucr (un li\'re. une icone, etc. d'or ou d'argent) >) (arch.). ar. fâricarc «fer-
rage >), mgl. fcll'ic (jârium) « frrrer (un chc\'al) >) (it. fabbricart", log. frai;.:,arc,
fr. forgcr (a. fr. favcrgfrr), t'Sp. frc1g1:ar); ainsi qu'il resultc de l'etude des leX-
lt'S ct documcnts du XYII" sieclc, a ccttc cpoque le ternw de faur Ctait encore
generakment utili se.; en dr.: on l'utilisait td qucl ou bien accompagne d'une
precision sur le metal que le forgeron travaillait: faur de' aramă <« forgeron
tra,·aillant le cuinc » ou birn faur de fia« forgcron traYaillant le fer»; au fil
des âgcs, le s~·ntagmc faur ,fr aramă dcvait fin ir par etrc rcmplace par un syno-
nymc: uildâi'ar (deri\'e de căldare <lat. cal(i)daria < cal(i)dus), terme
populaire qui, a cause de !'origine de la plupart des artisans qui pratiquaicnt
ce meticr, allait finir par designer aussi unc ccrtc>ine categorie de Tziganes;
le sccond syntagme susmcntionne a fini lui aussi par cedcr la place au terme
ft'crar <lat. fcrrarius, scn synonyme, (( forgeron I) (voir ci-dessus §. 157), a
l'hcure actuelle, usuel dans ce dialecte; du fait de ce processus, le mot faur

406
REW, 8334; CADE, p. 1222; Mihăescu, I11fl. gr., p. 61, 65; DEX, p. 902; SDE, p.
403; DDA, p. 1127.

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Du latin au roumain 271

est devcnu un regionalisme 407 . Follis, -em « soufflet de forge » > dr. foale
{considere comme un pluriel, il a cngcndre la restitution d'un sing. fo1·, avec
le pl.foi), mgl.foali, ir.fote, idem (log.foijij,e, frioul.fol(e), a. engad.fol, esp.
fucllc, pg. folle). Scoria « scorie » ( < gr. crx.wploc} > dr. (reg., notamment en
Transylvanie) scoare « dechet du fer Lattu (scoric) » (it. scoria, frioul. skurye,
fr. scorie, esp., pg. escoria - ccpendant, tous ccs termes sont des emprunts
livresques).
Subula <1 alene» >dr., ar., mgl. sulă, ir. sule, idem (it. dial. (merid.)
sul'.~, log. sula, engad. sfrula, frioul. sublc). Cos, cotwi <1 pierrc a aiguiser, queux »
>dr. rnte. idem (engad. uil, fr. qucux, prov., cat. cot); *excotirc >dr. as-
cuţi « aiguiser » (cn mgl. sc1tfQti'i part. fem. < *scut, *swţiri); colitus (<*co-
tire< cos, cotis) >dr. wţit, ar. rnţnt (căţut, cîţut), mgl. rn/gt (cuţăt), ir.
culit <1 couteau ».
'. Ollarius ( < olla) « potier » >dr. olar, ar., mgl. ular, idem (prav. olier,
cat. oia, esp. ollero, pg. oleiro). Coctorimn ( < coquo) <1 four » >dr., ar. cup-
tor, alb. koftor « four, fournaise » (it. dial. kottora, kuttora, kutture). Le panra-
man furnus >ar. fumu, idem (it. fomo, log. furru, engad. fuom, frioul. forn,
ir. four, prav., cat. forn, esp. homo, pg. fonzo1: le mot se rctrauve avec le
meme sens en alb. f11rre ct en gr. byz., ngr. r.poupvoi; « boulangerie »; furnarius.
( <fumus) >ar. fumar, gr. byz. r.poupvocpLo~ (> ngr. cpoup'10Cp"l)t;) <1 boulan-
ger » (it. fonzaio, a. fr. fournier, prav. fornier, cat. forner, csp. lzornero, pg.
Jorneira).

Familie ; parente ; education-instruction

203. Familia ( <famulus « serviteur, domestique »; famula <1 servante»)


{1l'ensemble des esclaves et des serviteurs ,·ivant sous le meme toit », plus
tard <1 la maisonnee tout enticrc » ct, apres le deces du pater f amilias <1 le groupe
de ceux naguere sous son autorite » > dr. femeie (pop., reg. fămcie, fomeie,
jumeic, jim<::ic) (I maisOnTICC; famillc I) (arch., Cil dr. du XVI 8 et de la premiere
IDOitie du xvnc Siecle), {I fcmme, epOUSe I), ar. f11meal'e (jâmeal'e) (I famille;
enfants; nornbrc de familles formant, pendant leur transhumance, un cam-
pemcnt », mgl. fămcal'ă (jumcal'ă) <1 enfants »,alb. femije <1 famille, posterite »
(it. famiglia, cngad. fam,1l'a (( pcrsonnel de sen·ice; famille »); a partir de
(( famillc: cnfants I) en ar., on est arri\'e a (< cnfants >) en mgl. et pour finir a
(I femme I) cn dr. nous a \"011S affairc a une C\'Olution semantique facile a saisir;
a noter, toutefois, qu'cllc ne devait s'ache\'Cf qu'cn daco-roumain, entraÎ-
nant, dcpuis la seconde moitie du xvne siecle, l'e,·iction du sens initial,
le seul pourtant ayant pu etre atteste au XVIc siecle; unc fois implante ce
nouvcau sens, il le sera au depens de celui tenu auparavant uniquement par
1e mot m1tiere (muia re) ( < mulier, -erem) (cf. ci-dessus, §. 173); ce dernier
terme, concurrence par le nouveau a fini par prcndre unc nuance populai re,
regionale, voire meme depreciatrice 408 •
407 REW, 3120, 3122; PEW, 590; DELR, 569, 571; DA, II, I, p. 86, 98-99; SDE, p.

-453, 455; DLRV, 99; DELROM, p. 77, Noul Testament, Bălgrad = Alba Iulia, 1648, f. 286v;
Apostol, Bucureşti, 1683, f. 107V; Biblia, Bucureşti, 1688, f. 4•: Dosoftei, Parimii, Iaşi, 1683,
f. 17v, etc.; DDA, p. 541-542, 544; Capidan. Megl„ III, p. 125-126.
408
REW, 3180; DELL, p. 215; PEW, 595; DELR, 575; DA, II, 1, p. 95-96; TDRG,
p. 616; DER, p. 324; SDE, p.454; Densusiar.u, ILR,p. 746; Rosetti, ILR, p. 598; DDA, p. 543,
571; Capidan, Megl„ III, p. 125.

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2i2 H. ~li hăescu

Tata <c papa» (mot rnfantin) > dr., ar., mgl. tată «pere ; papa» (d.
1.uota, it. <lial. (merid.) tata, tatei, tei, csp. tata, tailil, pg. tatâ, taita, idem);
en <lr. il \'a aussi la forme (pop., reg.) tătînc (tătîm), utilisee seulement aYec
un adjectif posscssif (tiitî11c-111c11, tâlî11i-sii11, etc. <( mon pere, son pere»): en
ar., 1c pluricl de tatâ est tâti11i; ces deux aspects tcmoignent d'un point de
depart rcprcscnte par la formr populaire tar.z, -a11is (donc: tatam - late! et
tatamm - tâtî11c), den-loppec cn latin par analogic aYcc Ies noms masculins
ou feminins tcrminl'·s l'n -o, -<Jllis ·10!1. Jlamma <( nourricc, maman; mamclle i> >
>dr., :ir., mgl. mamă <(mere. maman »; dr. (pop., rcg.) 11111mâ (a,·ec le pl.
(arch.) 11111111î1if. plus tard, 11Wll/(,rcfait sur le singulier), ar. mumâ (pl. mum[n'),
mgl. 111111mi (pl. 1111tt11Qll m11111i) (rcfait sur le sing. commc cn dr.); tous c~s
1
,

mots ont a l'ori~inc la forme populairc lllclllla, -a11is, crefr Cll parallele a\"eC
tata, -a11is; l'l1 dr., dans Ic cas ou lcs fornws 111a111â, 11111mâ sont sui,·ies d'un
adj. poss<·ssif, on rcl(·n' aussi la prescncc de la fomw abreYiee mă-ta (r_Jop.,
reg.), îmâ-la (arch.), 111î11c-ta (111î11i-ta), etc. (Yoir aussi comme heriticrs ele la
forme latin\' ma111111a: it. 11u111111za, lomb. 11111md, mumii, 1111ima, fr. mcmz,i;i
(> csp. 11z.1111(i), esp. mami1, pg. mamă(i), etc.) 410 . Le panroman pitrcizs,
-01!m1 c• pt'·rc 1> ou " m<'>re 1> (pl. parmtcs « parcnts 1>) > dr. 1'1âri111t' <(pere 1> (pl.
p1irin(i « parents 1>); <l<' la aussi « Dieu; prL'tre: moinl' 1>, ar. pârinlt' <( pc·re,
papa, pretn· » (pl. părinţi « parents 1>), alb. plri11!, pri11d ((pere 1> (it. parmtc
(( parcnt d1· qqn.; parmts 1> (arch.), log. par01fr, frioul. pari11t « parent de qqn ~.
sursih·. parmt « p(·rc 1>, parmt ,, ,, mere 1>, fr. pa rc11t, pare11ts, proY., ca t. par.::;i,
csp. p<1rimlc, pg. parmlc « parl'nl de qqn: plus ou moins proche 1>).
Ll· panroman filius <( fils 1> >dr. Jiu (rt'g. Jiiu), ar. Jiil'11, m~l. il' (liit'â.
Târnarcc:i.). ir. fii', <l. /d', idem (it. figlio, log. fid:u, enga<l. fii', frioul. fi, fr.
fi1s, Jim, pro\·. fil/1, cat. Jill, esp. lzijo, pg. fillio); filiolus ( <filius) >ar.
}i,i/'or fils en bas {1ge; fils chfri 1> (it. figliuolo, campid. fil'oru « enfant qu'il
(<

faut hâptiser 1>, fr. fii/eul, pro\'. Jilliol, csp. l11j11do); le panroman fi/ia > dr.
ffr (rcg. lii<) (arch., auqud s'rst substituc le deriYc (iioi ;1 l'origine <luqacl
on lt• r\'\rm1\·1·; conscn·c, rn'•anmoins (pop., reg.) qu~ind il est sui,·i par un adj.
poss.: ffr-:c1, ffr-sa, etc.), ar. liil'c, mgl. il'ă (nil'â, :1 Târnzireca), ir. fil'a, ickm
(it. figlic!, log. fid:a, enga<l. fil'a, frioul. fiyc, fr. filfr, pro\·. filha, cat. filla,
esp. !11jc1, pg. fi/ha). 1.e panroman fraia, -/rem<( frere 1> >dr., ar. frate, mgl.
frc1t i, ir. /râle, idem (d. frutro, it. f ra (a. it. frate <( moi1w, f n'-re 1>), cngad. frer,
frioul. frctri, fr. frerc, pro\·. fr,1irt', idem): dr. (pop., reg.) frâfîne, pl. frâţ[ni
est un mot ne de ]'analogic aYec lcllîne, tătîni. Soror, -oris (pl. sorores) « sreur ~ >
>dr. soră (arch. sor; pl. surori), ar. sor, soră (pl. surări), mgl. sorâ, sor (a\·ec
un adj. poss.). ir. sora (dans le sud: sor), d. saur, idem (a. it. sltoro, suora,
piem. sare, calabr. sora, log. sorrc, cngad. sour, frioul. sur, fr. saur, prav.
sorre, idem; it. suora, cat., a. esp., a. pg. sora is nonnc i> (sens restreint comme
dans le cas des a. it. frate, cat. fraire, etc.) 411.

400 HEW, 8596; DELL, p. 677; Mihăescu, LI(. lat., p. 9, 225, 293; PEW, 1718; TDRG,

p. 1566-1567; CADE, p. 1279; DEH, p. 827; SDE, p. 120; DLR, XI, 2, p. 67-69; DDA,
p. 1167; Capidan, .~fegl., III, p. 292.
410 HEW, 5277; DELL, p. 381; l\lihă.cscu, Lg. lat., p. 225, 292; PEW, 1019; DELR,

1011; Densusianu, ILR, p. "191. 502; Rosetti, ILR, p. 539; DER, p. 199; SDE, p. 217; DDA,
p. 766, 832; Capidan, Megl„ III. p. 180, 198.
411 REW, 8102; PEW, 1608; TDRG, p. 1459; CADE, p. 1176-1177; DER, p. 776;
SDE, p. 392; DDA, p. 1103; Capidan, Jfegl., III, p. 270; Puşcariu, St. istr., III, p. 197; Ko-
val:ec, Deset'. istr. aci„ p. 198.

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Du latin au rouma.in 273

Avus « grand-perc »>dr. (arch., rare), ar. auş ( < *att uş) « v1eux, +
vieillard, a1eul » (it. dial. aj, aa.f, ao). Pappus ( < pappa; cf. gr. rroc7ti!oc;)
« vicillard, grand-pere » > ar. pap, idem (cf. fr. papa, it. dial. popa - tous
developpes a part ir de pa ppa) En dr., Ies termes pour grand-pere. grand-niere
sont: bunic, bunică (<bun, bună, idem, arch., pop.) <bonus «bon», deve-
loppes apartir de tată bun, maniă bună(< bon pere, bonne merei> (bun (bună)s'est
aussi conserve dans le compose străbun (străbună) « arriere grc:ind-perc ou
gran<l'merc (c:irch.); a1cul; ancetre, ancestral») 412 . X epos, -otcm « petit-fils;
nevcu » >dr. nepot, ar., mgl. 11ipot, idem (it. 11ipote, log. 11cbodc, frioul. ne-
·uot, (m.) fr. nevm (a. fr. nies); prav. (nc)bot « neveu ~>); la forme feminine
(dr. nepoatâ, ar., mgl. nipoatâ) ;:i. etc forgee en raumain ou bien cmpruntee
du btin populairc 11ipota, que l'on trouvc attcstee dans une inscription de
Dalmatic ·113 .
Avwzculus « onclc (frerc de la mere) 11 >dr. 1111clzi <( oncle (frere ou cou-
sin de la mere ou du pere; mari de la tante) 1>, alb. zmq, ung_j <( onclc », (campid.
kzmk-u, sursylv. auk, fr., prav. oncle, cat. blonko). Partant du lat. amita <( sreur
du pere, tante paternellc » est ncc en tcrrain raumain par l'adjonction du suf-
fixe -uşă la forme du dr. mătuşă <( tante 11 (voir aussi l'alb. cmte <( tante, soeur
du pere.». <Jinsi quc Ies gen., ven. cimea, dmi:a ( > frioul. a1ie), engad. amda,
a. fr. ante; dans tous ces cas c'est la forme simple qui s'cst conscrvee contrai-
rement a ce qui s'est passe en raumain). Consobrinus, (con+ sobrinus <
< soror) <( cousin 11 >ar. cusurin, d. kosobrain, alb. kuslzeri, idem (it. dial.
kuss1,prinu, kundzubrim;. konsubri, etc., engad. kuzdrin, frioul. konsovrin,
fr. cousin, esp. sobrino, pg. sobrinllo <( neveu ») 414 ; ( consobrinus) verus > dr.
văr, ar:., mgl. ver « cousin » (on a releve en ar. et mgl. egalcment fa forme non
abrevi~e cusurin ver <( cousin germain (veritable) » 415 •
Cognatus <( parent de par le sang; beau-frere (sens acquis a partir de la
basse-epoque et atteste par Ies inscriptions) > dr., ar., mgl. cumnat, d. kom-
nut, alb. konat <( beau-frere » (it. cognata, log. konnadu, engad. qm'n6, frioul.
kunat, prav. cunhat, cat. cunyat, esp. cunado, pg. cunhado, idem); le sens de
<( neve\i 11, pris par la forme ir. cumnat - relevee, du reste, seulement chez
Ies locuteurs âges - tient une position isolee dans ce dialecte et partanf sus-
ceptible d'etre due a quelque confusion ou malentendu 41 6. Le panroman
socer, socrus (forme du parler populaire attestee par Ies inscriptions de plu-
sieurs provinces imperiales du Sud-Est eurapeen), sacra <(beau-pere, belle-
mere » > dr., ar., mgl. socru, soacră (en ar. on releve aussi Ies variantes socur,
socără), ir. socr(:, socr~. idem (calabr. sokru ( < socer), it. sztocero ( < socer),
log. sogru, rngad. sor, a. fr. suevre, prav., cat. sogre, esp. suegro, pg. sogro);
412 RE\\', 1206, TDRG, p. 241; PEW, 237; DELR, 195; DA, I, I, p. 691-692; DER,
p. 115 (bun ~ grand-pere t < lat. *av11nus); SDE, p. 63.
413 REW, 5890; Mihăescu, Lg. lat., p. 217, 293; PEW, 1171; DELR, 1225; DER,
P· 562; SDE, p. 278; DLRV, P· 128-129; DELROM, p. 155; DDA, p. 896; Capidan, Megl.,
III, p. 206.
414
REW, 2165; DELL. p. 637; Mihăescu, Lg. lat., p. 242, 292; PEW, 466; DELR, 465;
DDA, p. 423.
m REW, 9262; PEW, 1856; TDRG, p. 1713-1714; CADE, p. 1402; DER, p. 884-
885; SDE, p. 81; DDA, p. 1261; Capidan, Megl., III, p. 325.
416 RE\V, 2029; DELL, p. 430; Mihăescu, Lg. lat., p. 292; PEW, 442; DELR, 438;

DA, I, 2, p. 978; Graur, Etimologii, p. 81-82; SDE, P· 216; DLRV, p. 93; DELROM, p. 61;
DDA, p. 405; Capidan, Megl., III, p. 108; Puşcariu, St. istr., III, p. 108; Kovacec, Descr. istr.
act., p. 198.

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274 H. i\lihăescu

consoccr. co11socrus ( < socer, socrns) « mots designant Ies beaux-parcnts (des
epoux) par rapport Ies uns aux autrcs » >dr., ar., mgl. mscnt, idem, ir. cu.seri
(pl.; rclevc seulemcnt a Jeiăni), id~m (d. couscgro, it. consuocero, engad. kon-
sor, esp. consuegro, pg. consegro) 41 •. Le panroman gma, -aum « gcndre • >
> dr. ginae, ar. d~i11/r,', mgl. ;;iniri, idem (it. gmcro, log. be1ma11, engad.
goidcr, frioul. d::.i11.1r, fr., pro,·., cat. gwdu, esp. _'\'t'n/O, pg. genroJ. Norus
(variante populaire <ll' 111tr1ts attcstee par Ies inscriptions) « bru » >dr. (arch.)
nor (forme consen«?e jusqu'a maintenant quand cllc est sui,·ic d'un adj.
poss. sing.: ;zon1-111,·1.1, 1:oru-ta, noru-sa «(ma, ta, sa) bru 1>), non'l (nuroră,
arch., reg.), sing. restitu:· J'apres le pl. !l1trori, forge suivant le modele offert
par soră, suron), ar. nor', noru, noră, mgl. noră, nor, idem (dans d'autres
langues romancs, le mot s'cst conserve a partir <le son double p-::ipulaire nura
( < 111trus) (log. 11ura) ct surtout <lu douhlL· 11ora de la variante 1111ra (it. nuora,
a. fr. 1111erc, prov., cat. nora, csp. twera, pg. nora) 418 .
Xo<•crca « belle-merc, marâtre • > ar. 11(11),·arcâ, alh. njcrl~?. idem;
ar. nerm «beau-pere• est un terme qui a du se dc\'eloppcr soit d'un lat.
*11o;:ercus, soit plus probablenL·nt comme unc forme analogue au fem. n.earcii,
de memc qul' l'alb. 11/?rk. idem, <l'apre.; le fem. njerkt-419 . Vitriws « beau-pere•
>dr. iiitreg, alb. vzNrk, idem; dans les deux langues, des formes analogues
sont nees pour le feminin a\'cc le sens normal de « belle-mere •: dr. vitregă,
.-ilb. viterkcshi:; il s'cnsuit donc que l'alb„ ayant consen·0 Ies deux tern1t.'S
}atins, fait sous ce rapport le m~mc parcours que le dr. d'un cote et l'ar. de
l'autrc. Le dr. 'i•itrcg devait pr\?ndre aussi des sens deri\'cs: «hostile, adverse 1>.
Ce mot s'est consen•e dans d'autres langues romancs, conforme au lat. dont
il tire ses origines, tant au point de \'Uc de la forme, quc sous le rapport se-
mantique: (calabr. 1.1itrica, log. bidrigu, campid. birdiu). F?°/iaster ( <jr:lius)
(( beau-fils > dr. (arch„ reg.) fiastru (reg. liiastru)' ar. 1W'eastru, alb. thjt's-
I)

ter, idem (it. figliastro, log. j1:d:astr:.t, frioul. fiyastri, fr. fillâtrc, pro,·. filhastre,
csp. l11jastro, pg. fi/hastro); a partir du fem. lat. filiastra ou par un proccssus
d'analogie sont nes Ies dr. fiastră (niastră), ar. liileastră, alb. thiestre « belle
fillc t> (it. figliaslr11, log. fid:;astra, etc). Le maintien de l'acccption du mot
latin peut etrc signale <lans le cas d'un synonym~ de fiastru, le dr. reg. (nord-
cst de la Transylvanie, nord-ouest limitrophc de la Molda,·ie (Bucovinc) et
le Maramureş) sp11r (şpur) « bcau-fils •<lat. spurius, -a, -um, idem (\'oir
dans Ies autres langues romanes: it. spurio, it. dial. (calabr) spuriu, sarde dial.
(campid.) spurra); l'anciennete et la popularitc du terme daco-roumain sont
prouvees par les nombrcusc-s formes <lerivecs: spurean( că), şpurean (că),
spu.roaică, spureaucă, etc.
Filianus ( < filius) > dr. fin (arch. fiin), ar. liilin, alb. fijan <1 filleul „
(sen. figliano, corse fi_vano: voir ci-dessus § 26}; pour le Sud-Est europeen,
d. aussi le cr. (onomast.) Fijan 42°.

417 RE\\', 2166, 8054; DELL, p. 630-6Jl; l\lihăescu, Lg. lat., p. 174, 221, 242,
293; PEW, '464, 1606; TDRG, p. '4'49, H53; CADE, p. 1168, 1171; DER, p. 269, 272; SDE,
P· 219, 389- 390; DDA, p. 121, 1100, 1102; Capidan, J\fegl„ III, p. 90, 269; Puşcariu, St. istr.,
III, p. 108, 133, 325.
ue REW, 6000; DELL, p. 452; Mih11.escu, Lg. lat., p. 217; 293; PEW. 12H; DLR, VII,
1, p. 181--485; DER, p. 566; SDE, p. 280; DDA, p. 905; Capidan, Megl„ III, p. 208.
419 RE\\', 5970; DELL, p. H7; Mihăescu, Lg. lat„ p. 61, 293; PEW, 1199; DELR, 1254;
DDA, p. 870, 872, 915.
420
REW, 3296; DELL, p. 23'4; Mihăescu, Lg. lat„ p. 292; PEW, 611; DELR, 601;
DER, p. 329; SDE, p. 457; DDA, p. 656; SER, II, p. 658.

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Du latilil au rmm:ain 275

20~. Pdirc (= pctcrc) «se diriger vers, gagner; rechercher, solliciter;


demander (en mariage), etc. 1> >dr. peţi « demander en mariage » (abruz.
peti, a. nap. pez::ire, log. pedire, esp., pg., 1-'Jedfr « demander; demander en ma-
riage 1> (le dcuxieme sens en esp. et pg.) 421 . Nuptiae <cnoces» (<nubo), par
le truchement d'une variante popula1re numtiae (attestee en !talie plus tard,
en 848) >dr. (reg.) numtă, dr. nuntă (forme du sing. restituee d'apres le pl.
nunte - arch., reg.), ar. 1111111tă (nuntă), mgl. nuntă <c noce », ir. nunţ(i)
(pl.; art. nunţile <c (les) noces ») (istr. nusc, log. 1rnntas, pg. dial. 111.mâas; it.
no:::::.e, engad. noa::zas, frioul. notsis, fr. 110ces, prov. 11osas, cat. noccs - cette
suite de mots deri\'ent d un lat. *noptiac) 422 . *Inuxorarc ( in uxorarc +
( < uxor) <c prcndre femme; epouscr, se marier »; cf. uxoratus, -a <c marie(e) ») >
>dr. însura, ar. 11sor (nsnrare), mgl. qnsor qnsurari, ir. (a)11surd, (ă)nsura,
idem {calabr., nap., abruzz. nsura (re)) 423 . 1\1. aritarc ( < maritus) <c epouser » >
>dr: măn:ta, ar., mgl. mărit (mărt'tare, 1năritari). ir. mărita (11ieritd, a Jeiăni)
« se marier; marier une fille », el. martur, alb. martoj <c epouser » (it. marii arc,
engad. mar1'dcr, frioul. maridd, fr. marier, prov., cat„ esp„ pg. maridar);
le panroman man't11s «mari» > dL (arch., reg.), ar. mârit, idem; dans l'a.
dr., XVF siecle, le mot prenait aussi le sens de « jeune marie; gendre »; (d.
marait, it. man:to, log. maridu, engad., frioul. marid, fr. mari prov., cat.,
marii, esp„ pg. marido) : le dr. mărit devait tomber cn desuetudc ct se trans-
forrner en arch„ reg., aussi par la suite de Ia forte concurrence subie de la
part du mot soţ (<lat. socius « associe, compagnon, defenseur ») utilise d'a-
bord - aux XVI" - XVIIe siecles - avec son sens usuel en latin, a l'heure
actuelle, toutefois, prenant couramment le sens de <c mari» (son premier sens
conservant seulement un caractere pop., reg.); son derive soţie (soţ+ fr)
qui, a l'epoque, etait Ie synonyme de soţ ou bien signifiait <c comp;: gnie, asso-
ciation, societe » a fini par devenir actuellement le terme usuel pour designer
la femme, l'epouse (ce mot derive s'est impose en erartant le mat soaţă (<lat.
socia), dont l'evolution semantique a ete la meme, tout en ne connaissant
qu'une utilisation de beaucoup moins frequente); dans le dialecte aroumain,
Ies mots sofu, soaţă se sont conserves jusqu'a nos jours avec le sens initial
latin 424 • Casarius ( < casa) <c colon» > dr. (arch.) căsar « qui possede unc
maison; homme etabli; homme marie » (esp. casero, pg. caseiro «proprie-
taire (administrateur) d'une maison »); en suivant cc modele, des derives
sont nes en roumain: dr. (arch.) căsătoriu, ar. căsător <chomme etabli, marie >>,
dr. (arch.) căsaş, căsatnfr, etc.; căsător1:it se retrouve a I' origine du derive ver-
bal căsători <c (se) marier », usuel cn dr.
4 1
2 REW, 644-4; DELL, p. 503; Mihăescu, Lg .. lat., p. 232; PE\Y, 1302; DELR, 1370;
SDE, p. 312.
m REW, 5999; Mihăescu, Lg. lat„ p. 294; PEW, 1208; DELR, 1260; DER. p. 568;
SDE, p. 281; DDA, p. 916; Capidan, M€gl., III, p. 209; Pnşcariu, St. istr„ III, p. 125.
423 REW, 9107; DELL, p. 758; Mihăe~cu, Lg. lat„ p. 294; PEW, 874; DELR, 870,

SDE, p. 510; DDA, P· 907; Capidan, .Mcgl„ III, p. 20; Puşcariu, St. ist1·., III, p. 117, 303,
317; Ko-rnCt:c, Dcscr. istr. act., p. 198.
424 REW, 5361, .5363; DELL, p. 387; Mihiicocn, Lg. lat„ p. 294; PEW, 1032; DELR,

1050, 1051; Densusianu, I LR, p. 789, 798; Rosetti, I LR, p. 593; DLR, \'I, p. 279; Coresi,
Psaltirea slavo-română ( 1577), ect. cit„ p. 747; Palia de la Orăştie ( 1581- 1582), ed cit„ p. 213,
284, 296; Codicele 'Voroneţean (ed. M. Costinescu, Bucarcst, 1981), p. 197, 471; Manuscrisul
de la Irnd (l:d. M. Teodorescu et. I. Gheţie, Bucarest, 1977), p. 135, 202; Învăţcituri preste toate
zilele ... , Cîmpulung (Ţara Românească.). 1642, f. 45'; Varlaam, Carte românească de învătă-
tură .. . , Iaşi, 1643, p. 215, 374 (ed. J. Byck, Bucarest, 1966); Noul Testament, Bălgrad (Aiba
Iulia). 1648, f. 155v; DER, p. 505, 777; SDE, p. 272, 392; DDA, p. 782; Capidan, Megl., III,
p. 183; Puşcariu, St. istr„ III, p. 121.

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276 H. Mihăescu

Les dr. cre~tc. ar. crescu, mgI. eres (<lat. crescere « pousser. croitre »)
ont conser\'e le sens initial latin (cf. ci-dcssus, §. 172), tout en eJargissan.t. leur
sms pour y englober aussi celui d'<i el<.·\'er des enfants 1>, de sorte que Ies dr.
creştne, ar. creaştire, mgI. creaştiri ont fini par prendre aussi le sens d'« edllca-·
tion»; dr. binccrcswt <1bien elevei>. Deprc(lz)rndat' (<Prc(lz)c11derc) <csur-
prendre; decounir (par ]a pcnsee), observer, rcmarquer 1> >dr. deprinde
~ accoutumer, habituer » (~sp. dial. dt'pmdre <i apprcndrL' 1>). A tra,·crs un
terme rcstitue ''dismcrdart' ( < merda) a\·ec le sens initial probablc de <c ebre-
ner (un enfant au rnaillot) », de ]a « cajoler (l'enfant) pour le faire taire.pcn-
dant qu'on l'ebrene », on a explique Ies formcs dr. de::nzicrda., ar. diznerdu
« cajoler, dorlotcr, caresscr 1>. *Ailmarc (= *ad/marc < ,,J +!mare= icni-
re) >dr. ali;za « calmc-r, apaiser, adoucir » (it. alienare); *alloz(i)tarc (=*ad-
lmitarc < ad+ Imitare) >dr. alinta <c caresser, rnignoter, cajoler, dorloter,
gâter (un enfant) » (it., loi;. allmtart' <' affaiblir, attcnucr, calmer, adoucir 1>,
a. fr. alcnta, prO\. almtar <• rakntir ») 4 :i5 _ *Liginarc ( < ligarc.'} >dr. legăna,
ar., mgl. leagăn (ligănart', li!!,âllart) « Lercer 4 :rn. „
\rie soeiale ; culture ; loisiI·s

:!05. Le panroman i•iâ1111s ( < vicus) <c voisin » > dr. c.•cci11, ar. viţiu,
d. viCain, alb. fqin}, idem (it. c.1ici110, log. biginu, frioul. <:i::i11, fr. voisin, prov.

·vc::in, cat. vclzi, csp. t•ecino, pg. c.•i::inlto); 1.'ici11itas, -alem <c voisinagc >dr.
vcciucitafr. ar. viţinătate, idem (it. viciniiti, pro''. vezinctat, esp. vcândad). *Ex-
tra( n) inus ( < cxtraneus) >dr. străin (arch. strâ11, stri(i)n, strciru, strii(n)-
m) « etranger » (tosc. stra1·110, calabr. stra1:nu <c sans maitre (maison) 1>; cf. sic.
iri strainiu <c partir de son pays 11; cat. cstran_v, csp. cxtrano, pg. estran/10,
dircctement dewloppces d'cxtrancus) 427 . Le panroman hospcs, -itcm (it. os-
p1:tc, fr. hote (a. fr. osie), prov., c;:it. osie, csp. lmcspcd, pg. lzospedc) >dr.
ou~-pc, oaspete (sing. n stituc d'apres le pl., tout comme le dr. (arch., reg.)
oaspe!, ar. oaspe, mgl. uaspiţ (un pl. de,·enu :-ing.) <c hote, com·ive, invite 1>
(en ar. cgalcment (I ami 1>); hospitium (( hospitalit(·; logcmcnt reserve a un
hote» >dr. ospăţ (arch., reg. u.spăţ), ar. 11spcţu, mgl. u.spcţ « repas, festin,
banquct, dincr », alb. shtcpi « maison, habitation, dornicile, fami11<' 1>; hos-
p1:tarc (= lzospitari « rc-cevoir l'hospitalite »>) >dr. ospăta, ar. uspiiedzu <(of-
frir l'hospitalite, donner a manger » (reg., cn dr., le mot signifie aussi «man-
ger 1>) (esp., pg. hospcdar). Le panroman salutare <c saluer » >dr. săr?,tta, idem
(arch.) <( baiser (la rnain droite) 1> - ce deuxieme sens est ne Je la coutumc tra-
ditionnelle des gcns de se saluer de cctte maniere (coutume conscrvee par en-
droits de nos jours cncorc); cc m0mc sens figure aussi en mgl.: sărut (sărutari),
tout comme il figurait en a. esp., dans le cas de la forme salztdar, signifiant
a prescnt <c saluc-r i>, de meme que l'it. salutare, log. sal11darc, <'ngad. salii-
dcr, frioul. saludâ, prov., cat. saludar, pg-. saudar et, naturcllemcnt, le fr. sa-
lucr; pour forrnuler ce dernier sens, le dr. actucl se sert de I' element latino-

m REW, 357; DELL, p. 351; Mihăescu, Lg. lat., p. 307; PEW, 62, 64; DELR. 989,
990; DER. p. 20; SDE, p. 24.
426 PEvY, 957; DELR, 973 (<lat. *leviginare < levis + aginare); TIJRG, p. 899-900;

DA, II, 2, p. 137-138; Rosetti, ILR, p. 192; DEX, p. 493; SDE, P· 232; DDA, p. 733; Capi-
dan, Alegi„ III, p. 168.
m PEW, 1651; Densusianu, ILR, p. 468-469, 476; Rosetti, ILR, p. 187; DER, p.
797; SDE, p. 404.

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Du latin au roumain 277

roiilan saluta (XIXe sieclc), <lont l'emprunt devait permettre de conserver


tel quel le terme săruta avec sa signification usuelle de « baiser » 4211 • Basiare
(<basimn) «baiser»>ar. başu (băş(e)are), mgl. baş (a Ţârnareca eţ a
Huma)„ idem (d. bissuor, it. baciare, log. bazare, fr. baiser, prov. bai:::ar, cat.,
esp. besar, pg. beijar). * Puppare ( < puppa) passe poar un eventuel point
de depart du. dr. pupa « baiser » (it. popparf, a. fr. pauper, prov., cat. popar
<1 teter, sucer ») 4 :w. Du foit qu'cn mgl. sont attestees Ies deux formes, sărut
et baş, il ser;iit a presumer quc les dcux synonymes ont du cxister tant en
ar. qu' cn dr.
Adjutorium <1 aide, sccour » > dr. ajlitor (reg. agiutor), ar. agiutor, mgl.
y"utor, idem; le panroman adjutare « aider » > dr. ajuta (reg. agiuta), ar.
agiut ( agiutare), mgl. jut (jutari), ir. ( a)zuta, idem (it. ai11tarc, log. ad::udare,
engad. agiiider, fr. aider (a. fr. aidier), prov., cat. ajudar, esp. ayudar, pg.
ajudar). *Capitare >dr. căpâti? <c obtenir » (arch. Î1Zt âpăta <1 aboutir a, trou-
ver ») (it. capilare <1 arriver a l'improvistc, tomber (bien ou mal); advcnir »,
log. kabidare <1 reunir, cueillir ») 430 . Convenire « venir cnsemble, se reunir;
tomber d'accord »>dr. cuveni <1 convenir, re\·enir a; seoir; ressembler (arch.),
de.» (it. convenire, log. lwmbinnerc, frioul. lwm·ifii, fr. co11vmir, pro\·. covenir,
cat., esp. co11ve11ir, pg. convir); convenicntia <c accord, conformite » > dr.
wviinţă « (qui de) droit (arch.); conn·nance, decence, bienseance,
etc.». *D1ffamiare (= diffamare) « diffamer » >dr. defăima, idem (arch.
egalement (< mepriser »); *d1ffamia (< pertc de la reputation >) > dr. (arch.)
defaimă <1 blâme, diffamation » 431.
lvf os, moreni « usagc, coutume, mceurs » >ar. mor« coutume, habitude »
(fr. mceurs).
Le panroman scribere (it. scriberc, log. iskricre, engad. scrivcr, frioul.
skrivi, fr. ecrire, prov., cat. escriure, esp. escribir, pg. escrever) >dr. scrie,
ar. scriu (seriare) « ecrire » (dans le nord du territoire couvert par le dialecte
aroumain on a releve aussi le synonyme scriir ( scriirare) explique par un
lat. *scribulare ( < scribo). Le panroman charta ( < gr. x.&.pnic;) <( fcuille de
papier, lettre, livre» >dr., ar. carte, mgl. carii (sing. restitue d'apres le pl.
cărţi de *cartă), idem (le dr. a conserve Ies sens (< lettre » (arch., pop.),
«livre» et connaît aussi le sens de <1 document» (;irch.), cependant que le
mg1. a garde Ies deux premicrs sens), alb. lrnrtc <1 lettr.c, livre» (it. carta, log.
k.arta, engad. !~arta, frioul. /,:arte, fr. clzartc, prav., cat., esp., pg. carta, avec Ies
memcs sens sauf celui de <1 livre», qui demeure typique pour Ies dr., ar. et
alb.; ajcutons aussi que dans quelques-unes des langucs roinanes occidentales
le mot prend aussi le sens de <1 chartc »; clzartularius > dr. cărtular, (arch.),
cărturar « scribe (arch.), lcttre, savant, erudit», gr. byz. X°'P'ou'/.,&ptoc; <(ar-
chiviste (en chef) » 432.
4
~8
RE\Y, 7.'i56; PE\\', 1527; Puşcariu, LR, I, p. 107; TDRG, p. 1369; CADE, p. 1105;
Densusianu, ILR, p. 778; Rosetti, ILR, p. 598; DEH., p. 724; SDE. p. 416; Capidan, Megl„
III, p. 258.
429
H.EW, 6854; PE'W, 1403; DELR, 1475; DER, p. 677-678; DEX, p. 762; SDE,
p. 342.
430
RE\V, 1635; PE\'-·. 273; DELR, 241; DA, I, 2, p. 97-98; DER, p. 137; DEX, p.
131; SDE, p. 225-226.
431
REW, 2634; PEW, 495; DELR, 476, 477; TDRG, p. 517; Rosetti, ILR, p. 191 (<lat.
clas. dijfamarc); DER, p. 280 ( < defaimă); DEX, p. 237; SDE, p. 110.
432
REW, 1866; Mihăescn, Infl. gr., p. 52, 64; PEW, 299; DELR, 273; TDRG, p .
.300-301; Densusianu, ILR, p. 736-737; DER, p. 45; DEX, p. 123; SDE, p. 176; DDA, p .
.317-318; Capidan, Megl„ III, p. 62.

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278 H. Mihăescu

Le panroman cantari: (it. ca11tarc, log. kautarc, engad. kanter, frioul.


k,antd, fr. chantcr, prov., cat., esp., pg. ca11tar) >dr. d11ta, ar. cînt-u (cîntar:"},
mgl. cQnt, căni ( căutari), ir. cănta, d. ka11tuor, alb. kc11doj « chanter 1> (en dr.,
ar., ir. il prcnd aussi le sens de « joucr d un instrument 1>; en mgl. celui de <( lire 1>;
enfin, en dr. (arch., pop.) et ar. celui de « pleurer (un mort) 1>, etc.); cantirnm
« chant 1> > dr. cî11tec (reg. cf11tic), ar. cÎlltic, mgl. cgntic, alb. kcngc ( < pL
cantica), idem .Pcrtraicot' (pa--;- traicio < iLlcio) « passcr par, traverser > > 1

> dr. petrece (reg. pitrcu), ar. pitrcc ( pitrt"affre, f>itriftart) « cm·oyer, accom-
pagncr, etc.;>, m;;is aus!'i <· yj,·;·._-, menlr :~on r~j::ilnce 1> ct de la« se di~trai­
re, se delectl'r, foire la nocc •> -' 33 • Cither,i ( = 1ithar<1 < gr.) « cithare 1> > dr.
(reg., dans Ies parlers de Transyh·anie; aux XYI'' (t XYII" siecles, on rcleve
le tt>rmc ef!<1lemcnt dans Ies sourccs litteraires du nord de la Moldavie et mem~
en Valachic) cdcrii (I instrument a cordes; guitare; harpe (arch.). (( violon I)
(it. ataa, a. cngacl. tscliaidra, pro\·., a. esp. cedra) 434 . Le panroman clwrda
( < gr. xo~)0J (d. lwm·d, it .. log., engad. corda, frionl. k11c1rde. fr. ,·arde, proY.,
cat. corda, esp. rnada, pg. corâ,1) >dr., ar. ,oardă (( corde •> (cl'instrument de
musique, mais ayant aus~i des sens clerives) 435 . Buci11a, b11ci1111m <, trompettc 1>
>dr. (arch .. reg.) buci11ci, b11â11 (fornws courantcs dans le dr. des xvi~ d
XYII" sieclcs, den·nucs plus tard bucium probabkmrnt sous l'influcncc ele
bucium (( h1khc •>. mot egalenwnt rl'k\"e ('Jl ar.) (it. b1ici11c" (<filet dC' peche))'
cngad. biiza1. sursih-. bizd « conduit d'eau en bois 1>, a. fr. buisi11c, t'sp. boci11a
cc trompette, clairon •. pg. bu:.io « partie composante de la trompette 1>); en
dr. le sens de ce mot est de (j chalumeC'u, trompe des hergers 1>, « trompette I)
(arch). Le panroman sonare« sonner, chantcr »>dr. swia, ar. as1111 ( asu11arc),
mg!. su11 (su11ari) • sonncr I) (el. s°'111ar, it .. log. so1iar1, cngad. swzcr, frioul.
sonâ, fr. so1111a, prov., cat., esp. so11ar, pg. so,ir); le panroman so11us « son I)>
>dr. (arch., XVI'' siecle) Silii, idem (it. SUOlto, log. SOII/(, cngad. 51111, frioul.,
fr. soit, proY „ cat. sâ, a. esp. sumo, pg. som); so11it11s « son; bruit 1> > dr.
swzd (Ison; hruit; chahut (arch.) 1> 438 • Sibilari", *subilar<" « siffler 1> > dr. şu­
frra, ar., mgl. (a Tărnareca) ş11ir (şuirt1rc, şuirari). idem (d. sub/ar, ven. suby-
ar, frioul. si<.•1'/d, prO\· .. cat. siular, esp. silbar, pg. sih:ar).
Le panroman ioms <1 jl'u, plaisantcrie ~ (it. g,iuoco, log. gogu, engad. go,
frioul. d:.ug, fr. jcu, proY. _ioc, cat. joch, esp. jitc~o. pg. jogo) >dr. joc (reg.
g~x. zoc), ar. (a)gioc, mgl. joc, ir. zor ccjcu, dansc »,alb. gjoge (I fee, fee dan-
sante»; le panroman iocarc (= iocor) (it. giocarc, log. i}Jgare, engad. guc:rr,
frioul. d:uyti, fr. joucr, proY., cat. }ogar, csp. fug(?r, pg. jogar) >dr. juca
(giuca, zuca). ar. (a)gioc ((a)giucarc), mgl. joc tjucari), ir. zuca ((jouer,
danser » (en ir. aussi le sens de « joucr d'un instrumrnt 1>).

433 Mih:'ie~cu, Lg. lat., p. 284; TDRG. p. 11.51-1152; CADE, p. 929; DER, p. 618;

DLH, ,.III, 2, p. 506-511; SDE. p. 312; DDA, p. 985-986.


434 HEW, 1953; Mih[tcscu, Lg. lat., p. 171; PEW, 350; DELH. 323; DA, I, 2, p.
311-312; DER, p. 163; DEX, p. 142; SDE, p. 485.
m REW, 1881; Mihăescu. Infl. g1., p. 52, 64; PE,V, 387; DELR. 380; DA, I, 2
p . .590-.'i95; DER, p. 212; DEX, p. 166; SDE, p. 187; DDA, p. 375; Capidan, Mrgl.
III. p. 74.
43 G RE,\", 8087, 8089, 8090; PE\\', 1694. 1695; TDRG, p. 1533; CADE, p. 1232; Den-
~usiann, ILR, p. 801; DEH, p. 810; SDE, p. 409; DDA, p. 234; Capidan, Megl., III, p. 280.

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Du latin au roumain 279

T1·anspo1·ts; echanges conunel'ciaux; economie

206. Callis, -em «piste des troupcaux, ~.cnticr trace par 1es animaux;
Yoic » > clr., ar. cale, mgl. cali, ir. cale, d. cale <1 chemin, voie, route » (avec
des sens derives, comme celui de « distance » (dr.), « fois • (dr. reg„ ar., d.),
<1 fa<;on, moyen, procede» (dr.), etc.) (it. calle «voie, route, sentier »; calla
« barrage, ecluse; passage; route », cat. call « Bergpfad », esp. calle) 437 • Car-
ra1·ia ( < carrus) « route pour Ies chariots » >dr., ar. ciirare « sentier » (en
dr. egalement <( route, marche, cours, voie; raie ») (it. carraia, a. fr. chariere,
prov. carreira, cat„ esp. carrera, pg. carreira) 438 • Ruga <1 ride(s); pli(s) » >
>ar. ( a)rugă « endroit par ou on fait entrer Ies bre bis dans l'enclos; l'entree
dans un parc a moutons » (a.it., luc., calabr. ruga, campid. arritga, fr. rue);
Ies sens herites par Ies langues et dialectes romans suggcreraient la presence deja
dans le latin vulgaire d'un sens dans le genre de <( ruclle, passage; passage
etroit par lequC'l l'on fait passer Ies brcbis unc a unc pour Ies traire ». Le pan-
roman pons, po1ttem <(pont» >dr. pu11te, ar. punte, mgl. punti, d. puant,
idem (it„ log. ponte, cngad. punt, frioul. puiJtt, fr„ pro,·„ cat. pont, esp. puentc,
ns. ponte).
Le pan roman carrum ( carrus) <1 chariot a quatre roues » > dr„ ar.,
mgl. car, alb. qcrre, idem (en mgl. aussi <1 hroudte ») (it. carro, log. karru, en-
gad„ frioul. l~ar, fr. char, pro,·„ cat. car, csp„ pg. carro); le derive populaire
carrare ( < carrum, rnot populaire lui aussi a I' origine) <1 charrier & > dr. căra
-<( charrier », plus tard <1 transporter » et, prenan t un sens figure dans le langage
<:ourant peu chatie a se căra <1 s'en aller » (log. karrah', <( transporter »); (in)-
carricare <1 charger » >dr. încărca (avec une forme abreviee en usage dans la
poesie populaire cărca), ar. (i11)carm (ncărcare), mgl. rţncarc (q,ncărcari),
ir. ănc(ă)rca, alb. 11garkoj, idem (it. carfrare, engad. K.arger, frioul. lCariâ, fr.
cliarger, prov. cargar, cat. carregar, esp. cargar, pg. carregar); le panroman
discarricare > dr. descărca, ar. discarctt ( di'scărcarc), mgl. discarc ( discăr­
cari) <1 (se) decharger » (it. scaricare, log. izgarrigarc, engad. sleargcr, frioul.
diskariyd, fr. decharger, prov. descargar, cat. descarregar, csp. descargar, pg.
des"/{arregar) 439 . Le panroman rota <1 roue » > dr„ rngl. i'oată, ar. ( a)roată,
alb. rroti!, idem (it. ruota, log. roda, engad. rouda, frioul. arucdc, fr. roite, pro\.,
cat. roda, esp. rueda, pg. roda). ]ugum >dr. jug, ar. giug, mgl., ir. jug<( joug '>
(d. :auk, it. giogo, log. yuu, cngad. guf, frioul. yof, fr. joug, prov. jo, cat. jeit);
jt:bulare (I lien» > dr. reg. (signaie dans le nord et l'ouest de l'Oltenic, Banat
et le sud-ouest de la Transylvanie) fi"ulare <(traverse qui relie la partie supe-
ricnrc a la partie inferieure du joug » (voir aussi it. fibbia, it. dial. fobia, fubia,
pc ba, ~ormes qui descendent de fibula; il paraît qu'un tel descendant serait
aussi l'a. dr. lziulă, hiolă (= fiulă,Jiolă) qu'on rC'trouve utilise dans l'expres-
sion a lua în hi11la calultti, ayant le ~cns figure <1 railler, rnC-priscr »).

437 RE\\', 1520, DELL, p. 87; l\Iihăescu, Lg. lat„ p. 297; PEW, 262; DELR, 234;

TDRG, p. 263-265; Rosetti, ILR, p. 197; DELROM, p. 31; DER. p. 129;, SDE, p. 170;
DDA, p. 307-308; Capidan, Megl„ III, p. 56; Puşcariu, St. istr„ III, p. 105.
438 REW, 1718; DELL, p. 102; Mihăescu, Lg. lat„ p. 297; PEW, 287; DELR, 254;

Rosetti, ILR, p. 197; DLR\", p. 83-84; DELROM, p . .15; DEH, p. 142; SDE, p. 226; DD,\,
p. 342.
430
RE\\', 1719, 1721, 2652; DELL, p. 102; Mihăescu, Lg. lat., p. 66, 285; PEW, 284,
285, 507, 810; DELR, 253, 255-258; SDE, p. 106, 174, 226, 510; DDA, p. 314, 316, 178,
857 -858; Capidan, M cgl„ III, p. 15, 19, 111; Puş.:ari u, St. istr„ III, p. 116.

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280 H. Mi hăC'~cu

Sarcina ( < sarcio) « paquet, bagage 1> >dr. sarâ11ă, ar. sarfină, ir. dîr-
cina, sareira, sdreira (( poids, fardt:au. charge, bagage I) (d'ou. en dr. et ar.
« tâche, mission 1>, etc.) (a. it. sarcina, nap. sddţnf} « botte de bois sec, brin-
dille de bois mort 1>.
( I11)caballfrare << monter a chc\·al '' (deri\'e de caballus pendant la basse-
epoque) >dr. î11călcca, ar. 11calic, mgl. <ţlicalic, idem (d'ou (( che\'aucher »,
fig.) (it. ca1.•alcare, fr. cl1c;.•auclzcr, pro\'., cat. caval§;ar, esp. ,·abalgar, pg. caval-
gar; a part ir d'un hypothetiquc *discaballicarc ou bicn dl' Îllcâltca (par une
substitution dc prefixe) est ne le dr. descăleca. de merne quc Ies ar., mgl. dis-
ca/ic « cksccndrc· dv che\";~l » (\'oir •.n c~p. Jcsu1!1c1!(1l:·, idem); t:;ms Ic dr. des
XVII'' et XYill'' siecks le \'crbc prcnait aussi le sens <le "se iixer dans un
pays, coloniscr, fonder un pays, une pro\·incc •> - sens attcste par Ies chro-
niqucs moldan's et \'alaques; il s'cxpliquc du foit que Ies <• fondateurs » (Ies
prcmil'rs princcs de ccs pays roumains et leurs compagnons) aYaient pris
picd la, l'l1 <lescmdant <lC' kurs montures, qu'ils cheYauchaicnt dC'puis le
:'.\faramuns d la Trans\'h-anic au xn··· siL·clc; cabal/.iris. -ml(< a chc\'al I) (at-
teste dans' Ies inscriptions) > dr„ ar. cii/,zrc idem: c11ba/lari11s, -a, -um > dr.
(arch„ n;g.) călari11 « caYalicr 1> (concurrcnc<; et rt·mplacc cn fin de compte
par uilârt"f - \·oir ci-apn:·s - qui de\·;l.it (>carter aussi le s~·non~·me călcira'.5.
un <leri\·e sur le krrain du roumain qui s'ctait imposc, cn re\'anche, a\'CC le
sens de« soldat ck· ca\'alerie •>),ar. uilar « ft chl'Yal I), mgl. cd/ar« celui qui con-
<luit des chl·\·aux 1>, alb. l•aluar « caYalicr », gr. byz. Koc~oci.i.ocpLo.:; (nom pro-
prc) (it. cavallaro, ca·l'allaio); caba/laritius ( < caballarims > gr. hyz. xoc~oc),­
),ocpLx6c;). a\'ec le fem. caballaricia, rdeYe dans un document de l'an 812, ce
terme l'St <le\'cnu en dr. ciiliir,·ţ <ca che\'al (adj, arch.); ca\'alier 1>, ar. călăreţii
« ca\'alicr » (esp. caballcri::.o, pg. cavalarico « paldrcnier, \'alet d'ecurie 1>) 440 •
Le panroman sella ( < scdco) e< siege, chaisc, sellc, etc. 1> >dr. şa (reg. •
dans le centre du tcrritoire couwrt par k· parler \'alaque şea); art. şaua (reg-
ştima), ar. şcauii, şa11t1, şao, mgl. şauă, .~,w « sdlc •> (it. sdla, log. seijiJa, engad-
sclla, frioul. sidt, fr. sdlc, pro\"., cat. sdla, c~p. si/l,1, pg. sdl,!). Frrnmn << mors
frein I) >dr. fYÎlt (a. <lr. frÎl!â, Sing. restitUC a partir du pl_ fYÎllC), dr. pop.
frîucţ (/rî11 + cţ). ar. frî11, mgl. fr'!n, alb. frt «bride, frl'in 1> (en alb. aussi
« mors •>) (it. frmo, cnga<l. f ra1·11. fr. f râ11. pro\'., cat. f re, esp. /rozo, pg. freio);
1·11/rrnar<· « brider ll > dr. infri11a « mettrl' le frein, brider 1>, d'ou (fig.) « maî-
triser, temperer » (it. infrt'llarc, a. fr. o~frc11a, pro\'., cat., esp. e11frenar, pg.
c1~frmar); de înfrîna, par substitution de prefixe ou de disfrcnare provient
le dr. desfrî11a « cnlcwr Ies mors d'un chc\'al; perdre. jeter Ies guides 1>; fig.
« perdre tout frein, toute mesurc, mener une \'ie de debauche » (it. disfre-
11are, a. fr. dcsfrmer, pro\'., cat., esp. de~frmar) 441 • Le panroman capistru.m
« harnais de tete, museliere, licou, lien, courroie 1> > dr. căpăstru (arch.
căpestru), ar.. mgl. căpestru « licou 1> (cn ar. aussi « harnais de tete pour
Ies che\'aux ou autres betcs destinfrs a bri<ler et conduire 1>), alb. kepresh,
kepreslze, gr. byz. xoc7tlcr•pL0•1, ngr. :.<.:ud11-:pL <•bride 1> (it. capestro, log.
krabistu. a. engad. liavaistre, frioul. /(avestri, fr. chevetrc (a. fr. clze1;oistre), prav „
cat. cabestrc, esp. cabestro, pg. cabresto). *Stimularia ( < stimulus « aiguil-
440
RE\\", 1439; DELL, p. 80; ~Iihăescu, Lg. lat„ p. 29, .102; PE\\', 253, 805; DELH,
210-214; DA, I, 2, p. 32-.13, .H, II, I, p 560-561; SDE, p. 106, 223, 224, 509; DDA,
p. 327. 328, 478, 857; Capidan, .\legi., III, p. 14, 15, 111.
rn HE\\', Ji96, ii 11: DELL, p. 2.53; ~lihaescu, Lg. hi., p. 26; PE\V, 655, 843; DELR,
652, 65i; DA. II, I, p. 172, 668-669; DER, p. 3i3; SDE, :). !08. 163, 513.

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Du latin au roumain 281

lon ») >dr. pop. strămurarc, ar. str1~murare (strimburare, strimburare, formes


crees sous l'influence de strîmbu (I tordu »), rngl. (seulernent a Nînta) strămulari
« bâton pointu, houssine, gaule munic d'une pointe de fer utilisee pour diriger
les creufs dans leur rnarche)) 442 •
Lunter, -trem (I barque a faible tirant d'eau)) > dr. luntre, alb. lunder,
tundre, idem (sic.(l)untru).
Ducere« tirer hors de, (em)mener, (ern)porter, s'en aller, conduire, etc.»>
>dr. duce <1 (em)portcr, (ern)mener, conduire », ar. duc (duţire, duţeare)
<1 (s'en) aller, conduire », rngl. duc ( duţiri) <1 (s'en) aller », 1r. duce <1 (em)por-
ter » (a. it. ducere, a. log. d1igere, fr. duire, prov. dw:ir, dufre, cat. dur, esp.
duzi); add11cere <1 tirer a soi, amener » > dr. aduce, ar. aduc ( aduţire, aduţeare),
rngl. duc, ir. aduce <1 apporter, (r)amener » (it. addurre, log. batture, frioul.
adu:::i, a. fr. aduirc, c<it. adur, csp. aducfr, pg. adu:::ir). Le panroman mutare
<1 changcr de place, deplacer » >dr. muta, ar. mut (m(u)tare), mgl. mut
(mutari), idem (it. mutare, log. mudare, frioul. mitdti, a. fr. muer, prov. mudar
<( mausern », esp., pg. mudar); par clerivation en roumain ou a partir d'un
*extramularc ( = transmutare) > dr. strămuta, ar. strămut (strămutare) <1 de-
placcr, p~rmuter, transferer » (frioul. stramudâ, it. dial. (gen.) stramua, pg.
diai. stremudar). Lat. vulg. traginare <1 traîner » ( < tragina « orniere ») >dr.
tărăgăna (reg. trăgăna) <1 traîner, tirer cn longueur; tergiverser; tircr son ori-
gine (arch.); chanter, modulcr une melodie cn soufflant dans une kuille d'ar-
bre (reg., dans les parlcrs de I\faramnrcş ct de Transylvanie) etc.» (it.(s) tra-
sciilare, esp. tra_ji:nar, fr. traîncr <1 tirer, traîner, charrier ») 443 . Tramittere( <mit-
tere) (I envoyer I) > dr. frimi/C (arch. trămifC; ZtrCh., reg. fYi11lCfC), mgl. frimef,
ir. t;-enu~te, idem (a. it. tramettere, pro\·., cat. trametre). Procedere <1 s'avancer,
progresser » (pro + cedcre <1 ciller, marcher, cirriver ») > dr. (pop.) purcer!e
«se rnettre en route, partir ».
Le panroman tornare ( < tornus <1 trepan, tour ») « fai;onner au tour, tour-
ner, (se) retourner, rcbrousscr chemin » > dr. turna <1 (se) retourner, revenir
(2.rch.; sens adopte et consen-e par le derive inturna (pop., reg. du parler de
Moidavie par exemple, ou il prend aussi le sens de <1 restituer »), <1 rebrousser
ch.c-min (arch.); renverser, abattre (reg.); faire couler », ar. tornu (tamare)
« tourner, retourner, revenir; rebrousser chcmin; rcstituer; incliner, chavirer,
rem·erser etc.», rngl. torn (tumari) <1 se retourner; restituer; refuser (en fai-
sant qqn. se retourner, partir) », ir. turna <1 se retourncr, restitucr » (voir le
dr. pop., reg. inturna). Parmi tous les sens attcstes en latin, celui de « (se)
rdourner » demcurc present dans tous Ies clialectcs roumains, tout comme
d2.i1s Ies autres langues romanes en general (\·oir; it. tonzare, log. torrare, cngad.
tu;·1w', fr. tourner, pro\·., cat., esp., pg. tornar). Avec ce meme sens, le mot
dc\·2.it passer du latin, ou il avait egalemcnt penetrl- dans la terminologie mi-
lit2.ire, en grec byzantin, 01'.1 l'imperatif torna (Topvoc), avec le sens de« retourne,
doni-tour », est atteste comme un terme de commandement (appartenant
a toute unc gamme d'emprunts du latin de ce meme type en usage au cours
des trois premieres decennics du VIF siecle) chez Maurice et Theophylacte
Simocatta, ce dernier ecrivain ayant represente aussi la source de Theopha-
112 PE\\', 1652; TDRG, p. 1508; CADE, p. 1212; DER, p. 798; DEX, p. 897; SDE, p.
404; DDA. p. 1122, 1123, 1125; Capidan, 1Wegl., III, p. 276 .
.u 3 HEW, 8837; Mihrtescn, Lg. lat .. p. 284; PEW, 1753; TDRG, p. 1559-1560; CADE,
p. 1319; DER, p. 855 (derive en roumain de trage); SDE, p. 444 (Ies deux cxplications, en pre-
mier lieu celle de DER); DLR, XI, 2, p. 116-117 (cf. trage).

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282 H. Mihăescu

nes Ic Confesscur rn 810-814; cf. ci-apres, §Ş. 320-328. Dans le dialecte daco-
roumain, le mot s'ecartera peu a peu de son sens initial, cedant le pas deYant
Ia significcition de « fairl' couler, Yerser » (aussi, afin d'eYitcr l'homonymie.
a turna pris dans le premier sens allait se substituer le deriYc î11lurna); il
s'ensuit quc Ie dr. dcYait parcourir dans rnn cas unc eYolution ~ernantique :ma-
logue a cclie SUÎYil' par k latin 'i.'<"YS<lh" (cf. ci-Jl'SSUS, §. 200) ~.u.
207. Le panroman ;,•mdcrc wendrc 1> >dr. 1.•i11de, ar. vi11d1t (;:i1Llirc',
viudcrt'), mgl. vind (vindiri, 1:i11deari), ir. i•i11dc, idem (d. 1.•m;dro, it. vcndae.
log. bendac, cngad. i•mda, frioul. ;·mdi, fr., proY., cat. rmdre, esp., pg. ;·en-
dcr). Le panroman comfararc (<paro)<( achctlf »>dr. rnmpâra, ar. (a)ucm-
pcir (acl!mb1ir, acumpru) (ac11mpârar1'), mgl. rnmpfir (rnmpi!rari), ir. cum-
parii (it. co111p(c)r1Jrc, log. kompor11u, cnga<l. comprcr, frioul. komjmi, a. fr.
compcrcr, pro,·., cat., t'Sp., pg. comprar) . .Ycgoti11m <1 affaire »>dr. 11cgoţ
'( commercl'; (arch. aff aire; marchandi:-e) 1>, proY. llt"ot:; '~11cgoh11rc ( = ll(;;o-
tiari) > rlr. (~1rch., pop.) 1icţ;11(11 negocicr, faire du comrnerce ,,; le deriYe
(<

populaire 11cgoti.Jtnr (( marchand », athste par les inscriptions >dr. (arch .•


reg.) ll(!f.1t(1itor (arch. 11t'!!,1t(itor) (>dr. nt'g1tstor), idem. Prcti11111 <· prix 1> >
>dr. prt'f, idl'm (it. pr,·:.,::.o, pro,-. prt'l:., cat. pr(/:). *Dcbitoril!s, dtliitur, -oron
(< dclxo) >dr. dator (influcnce par.dat, le participe <le da «<lorn~r1>) <1rc-
dl'\·able, oblige 1> (ard~. I( clt·liitenr •): "du•>), alli. dduor, dduar « ndC\·ablc 1>,
dt"torh (( debitl'ur 1> (a. it. dial. dt<'tfori', a. fr. dâat', dt"tour, pro\". dcc'(li't', dnt-
dor, cat. dmtur. esp. dmdor, pg. dt'C.'t'dor); Cl' mot <lC'\·ait constitucr le point
de depart <lcs formes <leri\'l~es d'1lor1? « dt•\·oir •>, îndatora <( obligcr 1> (cn dr.)
ct 11dăturcd:11 (11dăt1mrrc) <• contractcr des obligations •) {l'n ar.), ou bien fau-
<..lrait-il \'Oir a leur origine un lat. \"ltlg. *(ill)cfrbitarc?
Ll' panroman pa dac (el. pi11 rd (a). i t.. log. pa dat', engad. pcrdd', frioul.
/ncrdi, fr., pro,· .. cit., pcrdrc, e:-p„ pg. pada) -- dr. piadc (reg. perde, 1.=adc.
etc.), ar. 1.=crd 11 ( kcard irc, hrdt 1rrc), mgl. pcrd ( pi"ard iri). ir. pl' ad e « pcrdrc »
(awc quantite <lt' !'ignifications dfri\'ecs, rdc\'ecs aussi bil'n en dr. qu'.:n
ar. et rcprt·sentant des heritages du latin tclll's: «miner, detruire, tucr, etc. 1>).
Castigare ( < cast11s) <1 ri-primandcr, cnrrigcr, châticr 1> >dr. cî.~tiga (c gagncr »
(arch., reg., cn Transyh'anie lt au Banat <( cll'n'r (ks cnfant~). soigncr, se
soucil'r, se preparl'r; !'l' plain<lre 1>; <]llclquc~-m~s <le ces sens, C]lli dans leur
C'nscmblc pern1l'ttent ele rnieux saisir l\'.H1lntion semantiquc du terme en daco-
roumain, se rctrou\'!·nt dans le dialecte aroumain: d:;;tiycd::.11 (cîştigare) <1 etre
l'B e\'cil; soigner; tra\'ailkr ,, (dans d'autrcs langttL'S rornancs: it. castigc1r,;.
campid. kastiai, fr. clriîtia (a. fr. cltastia, cltastofrr), esp., pg. castigar, aYec
des sens dinrs, mais cn general plus proches de celui du latin ; la plus proche
analogic aYec ks sens rde,·es cn dr. reg. se rctrouYe dans le dialecte carnpid.,
ou le mot prrnd aussi le ~rns de <~ surYcillcr ; garder ; observer 1>). A ugmm! :1re
<ca ugmenter » >ar. amintu ( ami11tare) (I gagner » (« accoucher, naître, etc. 1>)
(esp. dial. emendatu). Excambiarc (( changer 1> (ex+ canzbiare <c echangcr, tro-
quer )) ; fo1me composec attestee a une epoque tardin>, en l'an 824, rn Gaule)
>dr. schimba, mgl. schimb (sclzimbari) <c (e)changer, troquer, permuter,

444 RE\\', 8794; DELL, p. 69.'i-696; ~Iihăesrn, Lg. lat., p. 284; PEW. 1784, TDRG.

p. 1666-1667; CADE, p. 1347-1.'48; DER, p. S68; SDE, p, 440, 512; DLR, XI, 3. p. 738-
740; DDA, p. 1188; Capidan, J'\ftgl., III, p. 296; Pu~cariu, St. istr., III, p. 137; Sophocles.
p. 1086; Maur, p. 108.

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Du latin au roumain 283

etc.» 445 • Pemli1tnt (I petite part du troupeau laisse en propre a l'esclave qui
le gardait >) >dr. reg. picui, păcUi (I petite île, CÎffie l), af. picUl'U (I argent Serre,
ffiiS en reserVe l) (pg. dial. pegulho (I recompense GU berger »).
Le lat. *punga (cf. le lat. med. punga (I la bourse de la selle »), cmprunt
fait du haut allemand ou peut-etr~ meme une forme creec en latin a partir
de pungere « fourrer, mettrc dans 1>, devait passer en gr. byz. ot\ l'on releve,
en fait, sa plus ancienne attestation, a travcrs le derive r.ouyy(ov <1 bourse 1>,
figurant chcz Mauricius (donc des les deux-trois premieres decennies du VIF
siecle); puis, en neo-grec (a travers le memc derive avec le suffixe hypocoris-
tique ou bien trl quel - cf. Ies ngr. dial. r.c,uyy"-, 1oOU'(XC1., idem); le mot dcvait
pci.sser aussi E-11 vieux sl2 ve ( P<igva <1 corym be 1>). On le ret rcuve cn dr. sous la
forme pungă « bourse 1> (par ;:malogie, <1 orgu.ncs du corps humain, des betes
OU de VegetaUX, dont la forme rappelle UnC bOUfSe )), (I bOUfSOUflUfe de la peau
sous la paupiere inferieure, etc. 1>), cn ar. jntngâ <1 bour~e 1> (par analogie aussi :
<1 puche; testiculcs (pl.) 1>, de memc qu'en it. dial. (H.icti) ponga « cnflure 1>,
ven. poilga <1 poche (des oiscaux) », log. punga <1 amukttc ». Qu'il s'agisse d'un
emprunt du haut allemand ou d'un terme forge sur le tcrrain du latin, îl est
hors du doute que ce fut grâce a cette dcrniere langnc qu'il s'est generalise;
le foit qu'] est cntre tant cn grec byzantin, que dans k vieux slave represente
une preuve de -;a prcsmcc dans le latin danubien, ce qui autorise l'hypothese
suivant laquelle r. pungă est herite du latin; par la mite, le mot roumain a
pu. comme de juste, subir l'influcncc, pour ce qui est de son evolution seman-
tiquc, des termes respectifs <lu grec byzantin ou <lu nfo-grec, tirant leur ori-
gir:e de la meir..c source. S'il est \Tai qu'on le trouve atteste en dr. a unc epo-
quc tardive (sculement vers le milieu de xvne siecle), le contexte ne suggere
guere qu'il s'agirait d'un neologisme, le faisant apparaître comme un mot
pcpulaire, ancien, usuel 44 G.
Dare <1 donner 1> > dr. da, ar. dau (dare, dădcore), mgl. datt ( dan),
ir. da. idem (d. duor, it., log. dare, engad. dar, frioul. da, pro\·., cat., esp., pg.
dai'). Impro11111tare ( < in + promutuor <muto) « empruntcr » >dr. împru-
tnuta, ar. niprumut (mpmmutare), idem (it. impro11tare, fr. emprunter, prov.
cmprumtar) 447 . Levarc <1 lcver, prendre »>dr. lua, ar. l'eau (loare), mgl.
lcau (tari), ir. la, d. ler11r <1 prendre 1> (it. le1.•are, log. lcarc, engad. alver, frioul.
lcre, fr. levcr, prov. levar, cat. llevar <1 (se) kvcr 1>, esp. llcvar, pg. levar «porter,
prendre 1>) ; le sens « prendrc », herite cn roumain, dalmate, cspagnol et porlu-
gci. îs, figure a ussi dans Ies dialcctes de l'. ltal!e meridionale 418 • J.1! accllarius

m REW. 2949; l\lihăescu, Lg. lat., p. 298; PE\\", 1543; TDH.G, p. l38l;CADE, p.1115;
DER, p. 734; SDE, p. 382; Capidan, llfegl„ III, p. 260.
rn REW, 6849; :Mihăescu, Lg. lat„ p. 32, 305; Maill', p. 50; TDRG, p. 1280 (comp.
gr. J,yz. 7touyy"I), lat. med. punga, ven. ponga, vs!. ppgva); CADE, p. 1025- 1026 (idem);
DER, p. 677 (ii. partir du gr. byz. 7touyy·lj); DEX. p. 762 (etymologie inconnue); SDE; p. 311
( prc.bable1r.ent un emprunt du gr. i>yz. 7touyy"I) • bourse 11 on du ngr. 7touyy~ « bourse »); DLR,
YIIJ. 5, p. 1775- 1778 (gr. byz. rco•)yy~. lat. med. p1!11ga, vs!. pţigva); Rosetti, ILR, p. 316,
321 (a partir du vs!. pogva); DDA, p. 1029 (cf. gr. rco•Jyyt « bourse 11 et vs!. p~gva « corymbe»);
DELROM, p. 196.
m RE\\", 4319; DELL, p. 426; Mihăescn, Lg. lat., p. 27; PEV\·, 794; DELR, 827;
SDE, p. 505; DDA, p. 824.
448
REW, .5000; Mihăescu, Lg. lat., p. 288 (pour le sens « prendre »); PEW, 760; DELR.
1007; SDE, p. 240; DDA, p. 758- 759; Capidan, Z\1egl., III, p. 168; Puşcarin, St. istr., III,
p. 119.

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284 H. Mi hă eseu ·

« marchand de comestibles, boucher I) ( < macellum <( marche (aux viandes),


boucheric ») >dr. mâcelar « boucher 1> (it. macellaio, a. fr. maiselier, prov.
ma::dicr).

Administration publique ; droit

::!OlJ. Fossatum ( < fodio, foderc, fodi, foss1w1 « fouir, fouilicr, creuser
pcrcer 1>) <( fossc 1> (dans le bngagc des arpenkurs ct des militaires, comme .-.·al-
la/11111), par la suite, le latin populaire lui a confere aussi le sens de « camp.
fortification 1> >dr. sat (arch. /sat, au XVI" siecle, dans Ies sourccs manuscri-
tcs de la moitie nord du pays: Psaltirea Sclzfia11â (cn\"iron trente attestations),
Codicclt' 1"oro1tt"(t't111 (unc seule attl'station), alb. fsliat <( Yillage 1>, gr. byz.
r.porrnii7o'J, 9o•Jr;r;i7ov « camp fortific, corps cxpcditionnairc, armfr 1> (attcste
a partir du \"I'' siecll'), 11.~r. 9c.ur;i70 (( armee I) (sursyh·. fusau (( :MistgruLe »,
fr. josst;, pro\". fosa/, a. l'Sp. fo11sacfo, a. pg. fossado \( fortification annee 1>);
du grec t i re aussi son origine l' ar. fu s,1{( (pl.), f sat <( fosse, t ranchec, rem part »,
expliqu& aussi par l'it. fo.~sa!o ~ fosse ». Terme rcntre dans le domainc civil
des langu1·s roumairn· d albanaisc, avcc un sens hcaucoup plus important
quc celui qu'il cll·tenait a\"ant d'etrc adopte par la terminologic militair1:.',
fossatum rcpr(·scnte un temoignagc precicux sur la naturc ele la colonisation
romai1w d sur son en1lution 44 !1.
Ci<·itas, -talon ( < (1't 1is -is) "cite, viile 1> >dr. ct'fatc «place-forte, cite
(arch.), fortercssc 1>, ar. fif,1/t' ((cite. fortl'rcssc •>. mgl. ţitalc (nom de localite
a Huma). ir. ,~ctlt!t' ((cite, fortlTl'SSl' •),alb. qytct, d. f.i!uut <ccite, \"ill(' » (it. citta,
engad. Cift'd, fr. cit/, pro\'„ cat. â1tfal, csp. 1 iudad, pg. cidade); par suite de
conjoncturcs difft~rcntes au point dl' n1c geographiquc, aussi bien que mus
Ic rapport historiquc, m roumain dl'\'ait s'imposer ct se maintenir jusqu'a
nas jours le stns cit- (I forteressc I), alors qu'en a!Lanais et l'll dalmate, de meme
quc dans Ies langucs romanes occidcntaks, s'cst imposc Ic sens <( \'ille 1>. En
cff et, quand un proccssus olijcct if commcnc;a de re\·italisation de la \'ie ur-
baine de cd k socicte isoll-l· du mondc roman, on a du emprunter ct s'appro-
pricr au fur d a mesure Ies tcmws t raduisant cc proccssus; ces cmprunts se
sont faits au grt'.· dl' diff<'.·rmtcs influences noun·llcs, \'oirc ineditrs. C'est cette
sorte d'influences qui cxpliquent p~r c•xcmpk des mots commc Ies cir. tîrg
(( l'cndroit ou (periodiqucmcnt sinon chaquc jour meme) s'effcctucnt des echan-
gcs commerciaux (hetail, grains, hois, produits agricoles ou de !'industrie
domestique et artisanale, etc.); petite \'Îllc 1> < \'. sl. triigzi «place publique,
marche, foire 1>; ortlş «\'ilic 1> ( < hongr. vtiros (arch. vtiras) « \'ille; forte-
n·sst\ citadclle •> < ·v,îr « fortcrcsse, citaddle 1>); ce sont des tennes qui ayant
COl1Cl11Tt•nce le dr. ct'lalr: (( \'ilic 1>, Însuffisamment etaye par des facteurs inter-
nL"S et depour\·u de l'appui de la moindre influence <lu dehors, allaient f inir
par le rcmplaccr 450 •
m HE\\·, 3461; DELL, p. 243; :'llihăl'scu, Lg. lat., p. 304-30.'i; CADE, p. 1105; Den-
snsiann, ILR, p. 407; -483; Rosetti, ILR, p._196, 537; Puşcariu, LR, I, p. 356; DEX, p. 827;
SDE, p. 372: DD.-\, p . .'i67; 577; T. Bnjan, 111 legătură c11 sfera srnrn11tică a vuhiului românesc
fsnt, CL, XI\", 1969, n° I, p~. 63- 75.
150
· HEW, 195\.1; DELL, p. 124; l\lihăl"scu, Lg. lat., p. 300; PE\\', 349; DELR, 322; DA,
I. 2, P· 310; D1·11susianu, ll.R, p. 856-8.57; TDHG, p. 330; DER, p. 163; SDE, p. 485; DLRV,
P· 85; DELl{OM, p. J9; DD:\, p. 1224; Capidan, l\J.gl., III, p. 309; Puşcariu, St. istr., III,
p· 106.

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Du latin' :au· roumain 285

Terra « pays » >dr. ţară, idem; nous avons deja note ailleurs (cf. §.
156) que Ie sens principal de « terre » appartenant au terme latin terra s'est
consenre dans Ies langues rornanes occidentales ct dans Ies dialectes roumains
sud-danubiens; en daco-roumain, on ne le releve plus que dans quelques
derives, tels ţărină « terre pulverisec; terre remplissant Ies tombes ~ et ţă­
ran ~ paysan 1>; cepcndant, l'acception de « pays » que lui donne le daco-rou-
main ct qu'on releve aussi dans le meglenc-roumain, se retrom·c en occident
egalement: fr. terre, esp. tierra, pg. terra, etc.; par consequent, dans le dialecte
megleno-rournain se sont conserves Ies deux sens, tont cornme dans la plu-
'part des langues rornancs occidentales, alors qu'en aroumain et en daco-rou-
mairi (dans son c<Js, si l'on ne compte pas avec Ies derives) ne devait se main-
tenit que l'un ou l'autre de ces deux sens.
Le panroman ge11s, ge11tcm (<geno) «clan, famille, desccndance, race,
nation, 'peuple » > dr. (arch.) gint (cette forme gint ct non pas ginte pourrait
etre le resultat d'un changemcnt de declinaison en latin, ou representer un
sing. restitue en roumain d'apres le pl.; le mot est atteste dans quatre manu-
scrits .du XVI" sieclc originaires de la moitie nord du territoire daco-rou-
mafo, avcc Ies sens de: « peuple, population, foule » dans: Codicele Vorone-
ţean, Psaltirea Scheia11ă, Psaltirea Himnuzaki et Codex Sturdzanus (clonc,
dans .tous Ies quatre) et avcc le sens de « parente, lignee, famille, generation »
dans, fsaltirea Scheia11ă ct dans Codex Sturdzanus), alb. gjindc « farnille,
race, peuple » (it., log. genic, cngad. gcnt, frioul. zint, fr. gent, prov. goz, cat.
gc11t, a. csp. yc11te, pg. gente) 451 . Le panroman populus « peuple, ensemble des
citcyens » > dr. popor «la tot<Jlite des fideles d un culte unique d'un pays,
d'une region, d'une paroisse (par rapport a leur clerge); paroissien l) (avec cc
deq1ier. sens - de nos jours arch. - le rnot a ete rclcve jusqu'a present aux
abords de l'an 1525, voir DELROM, p. 189) et « peuple », sens avec lequel
il figure dans un Psauticr irnprime a Bălgrad-Alba Iulia et remontant a l'an
1651; si cctte signification du tcrmeest devenue actucllement usueJle, cou-
rante, c'est sans doute en raison du developpement considerablc de la portee
de ce. concept par la suite, processus ayant pris source justement dans la
zone et pendant la periode d'cxpansion de l'influence latino-romane; p<'r
ailkurs, cette influence devait contribucr aussi a la naissancc de quclqucs
v<Jriatj,tes particulieres dans le geme de: popul (lat.), popol (it.), attestees
durant Ies decennies du milieu du XIX" siecle; toutefois, ces v<Jriantes ne
se s<;>~.t pas generalisecs, cc qui fit qu'elles sont tombecs en desuetude, ce-
pendant que la forme popor a persiste; alb. popull « peuple » (it. papalo, engad.
păvel;'fr. peuple, prav., cat. poble, esp. pueblo, pg. pava).
*Falcaria «la familie des ouvriers gui fabriqucnt (portent) des faux,
des faucilles » (comp. falcarius « porteur (fabricant) de faux, de faucillcs ») >
> ar. Jălcare, <1 Ies familles se trouvant sous la dependance d'un proprietaire
de troupeaux (appele celnic); l' ensernble d'une familie unie par le lien de pa-
rente; la toison toute entiere d'un mouton » (comp. fr. faucher, a. it. falcare
< *falcare); de l'aroumain, le mat passa en neogrec (9oc:A.x.&p) 452 .
4
5t REW, 3735; DELL, p. 271; PEW, 722; DELR, 747; DA, II, 1, p. 268; Densusianu,
ILR, p. 512, 700, 797, 857; Rosetti, ILR, p. 592; Codicele Vol'0111frn11, ed. 1\1. Costinescu, Bu-
caresţ, ·1981, p. 177.
· b 2 DELR, 547; DDA, p. 542; M~1rnu, Rumiinische Lehnwiirter, p. 94; RE\Y, 3153; DELL,
4

p. 2H.

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286 H. Mihăescu

Le panrornan donmus (= dorninus) <i rnaître de maison » >dr, lWmn


(( Dieu; prince, seigneur (arch.); monsieur », ar. domnu <1 Dieu; seigneur., sou-
nrain; rnaitre, patron; Turc», rngl. domn(u) <( Dieu »,ir. domnu, idem (a. it.
don110, a. log. domnu, engad. dom, don, a. fr. dam, proY. don, esp. dudw, pg.
dono); au point de Yue sernantique (Yoir par exemple, « monsieur », le mot
peut se rattach•:r au gr. byz. x•.Jpto.; ou au \". sl. gospodi, a son tour influence
par le mot grec; Ies sens: « maitrc, seigncur, sotl\"erain, prince, Dicu • sont
rapproches Ies uns aux autres par lcur idee cornrnune dl' <' maître •, il est
donc facile de saisir I' accent mis sur l'un ou l'autre de ces significa tions au
fil de temps d sclon ks circonstanccs du moment; l'acception de <i Turc•
que lui donne en plus l'aroumain se rapporte sans doute a la pcriode de la
Turcocratie ct traduit unc pression piu,; marquee de celle-ci; le panroman
do11111a (=domina) <• maitrl'sse (<le maison) » >dr., ar. doa11111â i• maitresse,
scuYL'raine, principl's~1·; dame.'•> (it do11n11, ;i. log. do11111a, engad. duona, a.
frioul. d11mb/,', fr. d,1111,„ pro\·. cfc.11111a, cat. dona, esp. dudi,a, dC'na, pg. dona);
la forme frminine foit <lel~•.ut en mgl. d rn ir. ou celle du masculin est -- com-
lllL' nous n·nu:1s dl' lt· \·oir - utilisfr seul"mcnt dans l'acccption de<- Dieu • '15 3 _
/Jirigfl't' « aligner, traCL'f }a \"Oie a, dirigcr, reglcr I) > dr. (pop.) drege
(arch.; reg. dl' la moitil- nord du pays, aussi dilt'gc, dacg,·) « dirigl'r (arch.);
arrangL·r, rt'"gler (reg.); rar:commmkr, reparn, retablir; accommo<lcr (un
alin11·nt); farckr •>, ar. 11drt'g ( 11drc'c1d:ir,·, ndrid:c·cirt"} « arranger; preparer,
laCC(JJ11J110dcr; equiper; parer; tombL·r d'acconl; rngagcr1>, mgl. f!-'1-dirt'g
(~11:.lir<"cLiri) 1• conduirl', mdtrc l'l1 n\gfr. faire k menage „
(~ursilv. deda
(• richkn •> (<l'apn:-s l'all('mand). frioul. dirl:d:.i, pro\·. der.:a « aufrichtcn 1>,
csp. dial. dergut'r « aufstehen, aufhcbcn 1>, tous tirant leur origine de
dt"rl_!!.(1'1' (1dirii:,;\T11; ll1 dr„ }e n•rhe SC rl'troU\·C a la baSC dll derive dregă­
for (arch. dir:·g,i.'vr) (1 <lignitaiJ"l' a la COUr princil:rl' I), qui devait represcntcf
l'un des termes principaux du langagc proprl' a l'administration medievale
(connu l't utilise actul'lkmcnt t·ncore an·c tinl' valcur st~·listique).
Imperator <( empereur » >dr. împărat, mgl. fJmpirat, alb. mbret,
idl'm; lcs forml's dL·s langues roma nes occidl'ntalcs sont li,Tcsques; si le
mot l'st rvstC· ustll·l dans l'airl' de la romanitt'.· sud-est europe nm· c'cst sans 0

doutl' gr:1cL· ~t la sun·i\·anre prnlongec de l'Empin· romain d•_' ByZ<ince;


par contn·, dans ll' <lialcctl' aroumain, le concept ainsi designe n'a pas dis-
paru, maÎS Jes circonstanc,•s historiqUL'S Ollt fini par imposcr a }a place du mot
latin un tcrnw d origine turqu~ .1111ir1i, amiră11 (<te. amyr « chd, comman-
<lant •> (<arabe <lmir), par l'intcrmediairc du gr. ~.:J.~pii::;), terme qui au
:XYII'' sierk e:'t cntre cn <lr. aussi, par la filiere de qul'lqucs traductions du
Fl"l'C (notamnwnt d'apres Ies Chronographcs). sans pourtant se generaliser
au point de dcn·nir usud.
l11rtis, -cm (= co/Jors, -tem) <1 cours d'une ferme >1 >dr. curte (l·cour;
châtl'au, palais, residl'nce princiere; cour d'un som·era in; gardc personnelle
d'un souwrain; (dr.) cour (d'appel, d<' cassation), etc.11, ar. curll!, a:· alb.
lmrt <1 cour », g-.-. l:y:c:. x/2-;ll ( <c(h)ors, -tis = col:ors,-tis) <t tente <lu com-
mandant; cour, palais imperial 1>, ngr. (aux XII" - XVII'' sieclcs). x,oup-n
« palais (imptTial); triLunal »; la Yariantc plus ancirnne, hfri',cc par le grec
hyzantin, est aus:::i cdlc qui passa dans Ies langues romancs occidcntal.~s (it.

~:; 3 RE\\', 2733, 2741; DELL, p. 183; Mihăescu, Lg. lat„ p. 296; PE\V, 537; 541;
DELH. 505; DLR\', p. 96; DELROl\I, p. 69; DD.\, p. 497-498; Capidan, Megl., III, p. 115;
Puşcariu, St. istr„ III, p. 110.

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Du latin au roumain 287

carte, a. log. korle, engad. kuort, fr. court, prov., cat. cort, esp. pg. carte); la
diversification semantique relevee en dr. par rapport a l'ar. est le reflet d'une
autre structure sociale, plus complexe ct, naturellement, d'une organisation
etatique comportant ses propres elements; a rctenir, par ailleurs, que quelques-
unes deces realites (« palais; tribunal») scnt communes au dr. et au ngr. 454 •
1\t/iser, -a, -um « malheureux, miserable » >dr. (arch.) me( a)scr (( pau-
vre, miserable » (a. it. dial. (lomu.) mescr, a. fr. m.ezrc); inusite de nos jours,
le mot est pourtant atteste dans Ies sources des XVIe - XIX" siecles; au
XVII" siecle, par exemple, on le rcleve dans Ies textes imprimes ou manu-
scrits d'un \'aste espace, en differents parlers; misi.:rcrc <( plaindre, s'apitoyer
sur, prendre en pitie » >dr. (arch.) meserc(a)re <( pitie, misericordc » (note
avec ce sens-la aux XVF - X Vile siecks). alb. mi;slziroj <( avoir pitie » (l'al-
banais a conserve le verbe en tant que tel, ccpcndant que le dr. a substantive
l'infinitif); miscllus ( < miser) >dr. mişel <( paune, miserable, malheureux;
malade (arch., reg.). leprcux (arch.); lâchc, vil» (a. it. miscllo <( rnala<le; le-
prcux >), a. fr., a prov. mcscl <( leprcux l), cat. mesell « malade », a. esp. nusicl-
lo, a. pg. mcsello); notons que Ies sens de (( malade, lcprcux l) attestes dans
l'a. dr. et dans le dr. reg. se retrouvent dans Ies langues romanes occident<1-
les, ou il representent egalL nwnt plut6t des archa1smes ; le mot a poursuivi
en roumain une evolution semantique originale, pour finir par garder ks
acceptions d'origine plus recente. lliiser ct ses derives, herites ou developpes
sur le terrain du roumain (voir Ies dr. arch. mescri « devcnir pau\Te », mese-
rătate (( paunctc ») s'oppc~aient a lwbcre > dr. avea (( avoir (etre riche) »,
dont le participe avut est devenu le synonyme de <( riche; fortune l> 455 •
:: Servus, serva<( csclave » > dr. şerb, şcarbă (( esclav, serf, serviteur (arch.);
paysan feodal, lie a la tcrre d'un grand proprietaire foncier, et qui dependait
avec sa pcrsonne et ses biens de celui-ci» (it. sen:o, -a, engad. serv( a); frioul.
sierj(a), fr. serf, serve, prov. scr(ve), esp. siervo, -a, pg. servo, -a); servire
« ette esclave » > dr. şerbi <( sen·ir de serf, etre asservi a qqn; se clcvouer, se
consacter (arch.) » (it., log. servire, engad. sc1"vir, frioul. se1vi, fr., prov., cat.,
esp„ pg. servir). Calator ( < calo) « messager, hcraut; esclave » > ar. cără­
tor <l trieur de nuit ». Sclavtts (=Slavus) >dr. (arch.) şclzeau ((Slave (notam-
ment·Bulgare) »,ar. şcl'eau <( domestique »,alb. shqa, gr. byz. ~xJ,iX~o~ (atteste
des le Vie siecle) <(Slave» (it. sclziavo (> d. skluav, fr. esclave, prov., cat.
escla'lt, esp. esclavo, pg. escravo), it. dial. (calabr.) schiau <( esclave »); comme
d'habitude dans des circonstances simil2ires, la forme revetue par ce mat en
aromnain est celle d'une phase plus cincienne du dr.; son sens est le meme
qu' en italien 456 •
Romanus « Romain »>dr. rumân (arch., reg.), român « RoumCJin;
pays~ :(pop.); homme, epoux (reg., en Valachie ct dans le sud de la :Molda-

tr.4 REW, 2032; DELL. p. 131; Mihăescu, Lg. lat„ p. 286; PEW, 462; DELR, 464;
DA, I, 2, p. 1034-1035; SDE, p. 219; DDA, p. 420.
m REW, 5607, 5608a; DELL, p. 407; PEV,', 1055, 1097; DELR, 1076, 1078; DLR, VI,
p. 337; 423, 424, 631-632; TDRG, p. 969-970; DER, p. 517; SDE, p. 255; Densusianu,
ILR, p. 428, 429; Rosetti, ILR, p. 593; Mihail Moxa, Cronograful, Monastere de Bistriţa (Olte-
nie), 1620_. p. 382, ed. B. P. Hasdeu, Cuvinte din bătrî11i I, Bucarest, 1878; Evanghelie învăţă­
toare · .. , Go·rnra, 1642, p. 130, 233; Dosoftei, Psaltirea de-nţăfrs ... , Iaşi, 1680, f. M8'; idem,
Parimiile preste a 11 •• „ Iaşi, 1683, 5"; Biblia, adecă Dumnezeiasca scriptură ... , Bucarest,
1688 ,' p. 385, 592, etc.
ou REW, 8003a; Mihacscu, Lg. Lat„ p. 197; PEW, 1547; CADE, p. 1246; DER, p.
733; DLR, XI, I, P· 44; SDE, p. 497; DLRV, p. 162; DELROM, p. 229.

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288 H. Mihăescu

vie); chretien (orthodoxe) (pop.) (a l'epoque feodale, en Valachie, le mot ru-


mân avait aussi l'acception arch. de şerb (d. ci-dessus). acception qui, en Mol-
da vie, devait etre prise par le mot vecin ( < ·uicinus « voisin »); la variante
român, attestee des le XVI'" siecle, revient plus frequemment dans d€s sour-
ces datees des XYII'" - XYIII'" siecles, surtout en Moldavic, m;:iis genera-
lement avec une moindre frequcnce quc la forme rumân (en ce qui cqnceme
le dr. actuel, on a pu constater une aire compacte de la variante avec o au
centre de la ::\Ioldavie ct unc autre, presque compacte, de la variante avec u
en Oltenie, Ban<1t, Transyh"anie, Crişana et ~Iaramurcş, cep~'ndant que dans
le restc du pays Ies dcux variantcs se partagent le territoire a\·ec, toutefois,
la prcseance de la variante en o); n. râmăll, rrc'imă11, rumăn, rr(it}măn (chcz
Ies Aroum~1ins vivant dans le nord <lu Pind ct en Albanic, surtout chez Ies
Farj:;eriotes). 11r111â11 « :\ronmain. c'cst-a-din· Roumain de ::\facedoine, du
Pinde, de Tlwssalie, d'AlL:rniL'1>, ir. mmâr « Roum<1in 1> (des formes de rhota-
cisnw. tcllcs rumiiri, m111â11ri ont cte rdn·t'.· aussi en dr., dans le parler de Scă­
ri~oara. dans le: :\lonts Apuseni), .~r. l1yz. Pwµ:x~c.~ « Romain 1> (pg. romă <i gre-
nade 1>; cf. rhcto-roman ro111011tsch. ru 11v,11fsch ( < romanice) « pc-uple (langue)
rh(·toroman(L') 11). Le roumain l st la scule languc rom~nc ayant garde ro-
117,11111s comme non dhniqu~" chosl' rendue possiblc par la coupurc d'avcc le
mondl' roman, de son isolcmL'nt (par l'intcrposition des pcuplcs non latins)
et ('11 ml-nw tcmps par son existl'net· dans le voisinagc l't memc a l'intericur
(pour Ies Ifoumains sud-<l:rnuhi··ns) de l'Empirc byzantin, le continuatcur
eh· l'Empirc romain, dont le titre officicl ctait Poµ:t.'ILoc ( = Romania)
d dont le citoyen. qudqu'l'n ait ct!'.· son origine, s'intitulait Pwµocfo;
( = roma1111s); d cd EmpÎn' dL·•:ait prolonger son existence longucmcnt,
jusqu'au milil'u du X\"c sieclc, et excrcer une forte influmce, complexe, dans
h· Sud-Est europeen -1 5 ;_
Graecus (I Grec I) > dr .. ar. grt'c. ir. grc~u. idem; cn mgl. le mot n'a ete
relcvc quc comme topon~·mt· (<;,caca, â Cup;1) ou dans d~s mots derin~s;
dans d'autn·s langues roma nes: it. ţ!,rt'co, a. fr., prov. gricu, csp. gn:ego, pg.
grcgo.
Fr,111cus <1 Franc» >dr. (arch.) /rine <1 europeen occidental d'o.rigine
latinl' 1>, ar. /rforn <1 Fran\ais: Europ!'.·en; Occidl'lltal 1>, gr. byz. cppocyxo;
(I Franc I) (attcstc a partir dl'S ru·· - n··· siecks); au point de VUl' de la forme,
le mot roumain s'explique mic·ux par le latin qu'a travcrs le vieux-slave,
le grec l1yzantin (ou la forme latine a\'ait penet re tres t6t) ou l'italien; quant
a son ernlution semantiquc, elk s'est deroulee selon Ies realites et Ies .influ-
ences du moment <t:>e.

:!09. Le pan roman lt'x. /cgem « loi, croyance » > dr. lege, idem, ar. lead-
:;c (;'1 Ohrid) <1loi 1>, alb. ligj, ligje<1 loi, rcligion 1> (it. tegge, engad. alaig <c mariage •.
fr. !oi, aussi rr:ligion 1>, prov. Ici, cat. llcy, esp. it'y aussi <c religion, croyan-
(I

n 7
RE\\', 7371; :\lihăescu, Lg. lat., p ..101; PE\\", 1474; TDRG, p. 13.15-1.136; CADE,
p. 1078-1079; DER. p. 705; SDE, p. 351; Palia de la Oră~tie, C:·d. citl-e, p. I, 10, 11; P., p.
205, 1039; \". Aninte, Româ11, româ11esc, România (Studiu filologic), llucnre~ti. 1983, p.
3.5-96. .
158
· Sophocles, p. 11.51, TDHG, p. 648 (<lat. meci. Fra11c11s); CADE. p. 511 (< ·1sl.
fi<..i~11J: D ..\, ll, I, p. 166 (idem); DL}{\', p. 101-102; DELROM, p. 84; DEH, p. 34i (< it.
fra11r11, gr. hyz. <;>;iii.yxo~); DEX. p ..1.53 (<lat. franrns); SDE, p. "162 (gr. byz. cpp:iyxoc; ou lat.
fra11cus); ODA, p. 564 (<te. j ryn/I} ; mg!. frmc «• Frani;ais; Occidental » - mot qui a cte expli-
que a son taur par le te. frenk (Capidan, Megl., III, p. 129).

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Du latin au roumain 289


ce pg. lei). Liganientum (<ligo) «lien, bande de pansement » >dr. legă­
mînt «lien; pacte, engagement, obligation », ar. ligămintu « pacte, obliga-

tion (it. ligamento «lien; groupe »,a. pg. liamento).
Le panroman iudex, -frem ( <: ius, 1:uris) « juge »>dr. jztdec(e), jude.
idem (arch.); «maire, membre du conseil municipal (arch.); paysan affranchi
(arch., en Valachie) » (it. giudice, log. yuige, engad. giidisclz, frioul. d:::ndis, fr.
juge, prov., cat. jntge, esp. jue:::, pg. juiz); le panroman iudicart· « juger > „
dr. judeca, idem (de la aussi « reflechir; estimer; decider (arch.), etc.•>), ar.
giudfr ( giudicare) « juger; administrer la justice; reflechir; scrmonner •>),
mgl. judec (judicari), alb. gjykoj « juger •> (it. gindicare (>log. d.:11digare),
a. engad. giidger, fr. jnger, prov., cat. jutjar, csp. jw:gar, pg. julgar); iudicium
(( juge:nent, tribunal I)> dr. jztdCf, idem (arch„ reg. (le premier SCI1S), dans
le p8r!er de Moldavie septentrionale) ; (C juge (arch., reg. dans le nord dn pays);
chef, gouverneur, prince, seigneur (arch.); maire (arch.; voir aussi jude, ju-
dec (sing. restitue d'apres le pl. judeci, judece); district, departcment (dans
l'a:1cienne organisation administrative de la Yalachie (alors qu'en Moldavie
on se servait du mot ţinut < ţine <lat. tmere) et dans la Roumanie actuel-
le) •>,ar. giu.deţi't, mgl. judeţ <c jugement, tribunal•>, alb. gjyk <c justicc, proces,
tribunal, juge •>; dans Ies langues romanes occidentales, le terme est livres-
que; iudicata (pl. de 1:udicatmn substantin~ et pris pour un fem. sing.) >dr.
judecată (~ jugement, proces; reflexion, raison •>, ar. giudicată, mgl. judicată
« jugement, proces; tribunal•>; c'est un synonyme de judeţ de beaucoup
mieux conserve si l'on pense au dr. et cela probablement du fait que
dans cette langue judeţ s'est speci?lise de plus en plus comme nom attribue
a des unites administrativcs-territoriales.
Les variantes popula ires martor, -o rem, martur, -urem ( = martyr < gr.
µocpTu~,-upo:;), <c temoin, martyr •> se sont conserYees en dr. marLuY (arch.,
reg.), martor, idem (le deuxieme sens, archa1que, atteste aux XVI" - XVIIIe
siecles), ar. martur « temoin »; en italien, catalan et sarde logoudoricn, ou
il persiste encore, le terme est considere linesque, de meme quc le dr. martir
( < fr. martyrJ 459 .
Le panroman damnwn <c dommage, perte, depense •> (it. danno, log.
da1'm1t, engad. dan, frioul. dan, a. fr. clamme, prov. dan, cat. dany, esp. dano,
pg. dano) s'est conserve dans le Sud-Est de }'Europe dans Ies langucs d.
damno, alb. dem et probablement dans le dr. daună (sing. rcstitue d'apres
le pl. daune d'un a. dr. *daunft), idem; l'evolution de la forme et du sens ne
pose guere de problemes et le contexte plus vaste de la romanite sud-est euro-
peenne est favorable a cctte hypothese; l'uniquc objection pour le moment
a cette hypothese est l'absence des temoignages dans Ies dialectes roumains
sud-danubiens et surtout le caractere tardif de ceux releves en dr. (XIXe
siecle); a mentionner aussi le fait que le dr. connaît aussi le derive verbal
dăuna <c prejudicier; nuire •>, herite du lat. damnare ( < damnum) (voir aussi
it. dannare; le mot est livresque en fr., prov., cat., esp., pg.) 46°.
459
REW, 5385; DELL, p. 388; Mihăescu, Lg. lat„ p. 181, 183, 311; Idem, lnfl. gr.,
p. 47 -'48; PEW, 1036; DELR. 1057; TDRG, p. 956; DLR. VI, p. 148-149; DER, p.506-
-507; SDE, p. 250; DLRV, p. 119; DELROM, p. 134; DDA, p. 771.
460
REW, 2467, 2468; DELL, p. 163; PEW, 488, 489 (herites du latin daimă tout com-
me dă1111a); TDRG, p. 509 (neologisme a partir du latin damnum, suivant le modele de scaun
scamnum): CADE, p. 384 (idem); DER, p. 278 (doutes quant a son caractere de neolo-
gisme forge artificiellement d'apres un modele); DEX, p. 229 (a partir du lat. damnum); SDE,
p. 98 (herite du lat. damna, pi. de damnum, considere comme un sing. fem.).

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290 H. Mihăescu

Le derive verbal victimarc ( < victima) « offrir comme victime, sacri-


fier •>. > dr. (pop.) vătăma « prejudicier la sante; prejudicier l'integrite cor-
pora.Ie (en provoquant des maladies ou des blessures); porter prejudices de-
gats; dommages; toucher, leser (moralement); (arch. aussi) (s')ecarter, (se)
detoumer », ar. vatăm (vătămare) « tuer; leser, nuire; (se) torturer, tour-
mentcr, se mcttre martel cn tete», mgl. vatăm (vătămari) « tuer •> 461 .
Le derive wrbal populairc liber/are ( <libertus <liber) « affranchir de
I'esclavagc, pardonner » > dr. ierta <c pardonner, absoudre, permettre ~ (Ies
deux dcrniers sens arch .. rl;g.), ar. l'crtu (/'ir/arc) <c pardonner, mourir •>, mgl.
!'~rt (l'irtari, l'c!rt<1ri) (c par<lonner » ·16 ~.
Fllr, -ris (c Yoleur •> > <lr. (arch.). ar., mgl. fllr, idem (it. fura, a. fr. fur.
idem; arag. f11ro <c timide»; ,·en.f11ro <c avide»); le mot etait encore courant
J;rns le <li~lcctc dr. au XYll" sieclc; f11rc1rc (= f1m1ri <fur) « voler •> > dr.
fura, ar., mgl.f.tr (f11rart',f1trari). ir.fura, idem (it., log.furare, a. fr.furer.
prov. fur,1r); f1rrtum ( < f11r) « vol » >dr., mgl. f11rt, ar. flirtu, idem (it. fur-
to, a. fr., prov., cat. f;trt, csp. lrmto, pg. f11rto); l'ancicnnete de ce mot cn dr.
est prouvt'.·c par ks attcstations du derive f11rtişag (juri +-i0ag, avcc un suf-
fixc ·d'orii;-inl' hongroisc), idem (suivant ll· modele hongrais /o/i).rjsâg, id-:>m).
gui rcmontcnt au X\'I" sieclf'.

Defense, ai·mes, guerre


:!10. LL' panroman /><1x, ftl(t"Jll paix » > dr. paa, alb. p,rq, paqc, idem
(c

(it. pace, log. pagt', cngad. pcs, fr. p.1ix, prav. pat::., cat. pau, csp., pg. p,1;);
(im)p11c1m· (< pi1x, f'c1cis) <c pacifier » > dr. împăca (arch., rare păca, atteste
unc fois au comnwnccnwnt du X\·n·· sieclc) «(s')apaiser, (se) reconcilicr, rac-
corder, calmer, contcntcr » (<l. p,1kur, it. />,lf.!.ar<·, engad. pay,·r, frioul. payâ.
fr. paycr, pro,·., cat., esp., pg. p,1gar); au point de n1e scmantiquc, le rou-
main est <ll'mf'ure plus prachc du terme <ll' IK1sc ct du derive verbal dulci-
tin; quant aux languL·s rumancs occidL·ntales, ellcs ont evolue d1_·puis <c apai-
ser, rcconcilicr, satisfairL' » jusqu'a <c paycr •> 4 63 •
Parare «(se) preparcr, se pracurcr » > dr. (arch.) pâra <<se defen<lre »
(it. parllrt', a. fr. para, pro,·. par,1r, csp., pg. p,mll'; le sens le -plus frequent est
celui <le (l(se) parer •>); appararc ( < parart) cc (se) preparcr » >dr. ap(fra. ar.
apăr (apâr,m'), ir. ,1pa1a «(se) <lefcn<lrc, proteger, gardcr »(it. ap,pararr:, a. fr.
aparcr, prov., csp. aparar, pg., apparar awc le sens que lui donnait lL· latin).
Le panrnman lueta ( < luctor) > dr. lnptă, ar. ( a)lmntă, luptă, alb.
luft? (>ar. l'iuftă) « lutte, combat•> (it. lotta, cngad. luata, fr. lutte (a. fr.
foite), prav. loc/ia, cat. llttyta, esp. luclia, pg. Iuta); le panroman luctare ( =
= !rtctari) >dr. ll!pta, ar. (a)l1tmf1t, (a)lupt1t almntarc: aluptar<') <c lutter.
461 DELL, p. 732; l\lihăescu. Lg. lat., p. 309; PE\\", 1865; Graur, Corrections REW,

P· 116; DER. p. 887; DEX, p. 1010; SDE, p. 82; DDA, p. 1254-1255 (>lat. *mtimare =
= victimal'c + vatcs}: Capidan, Me,::l., III, p. 324; Dcnsusianu, ILR, p. 790.
m HE,Y, 5014; DELL, p. 355; )lihăescu, Lg. lat., p. 297; PEW, 769; DELR. 811;
DA, II, 1, p. 455-456; DER, p. 415; SDE, p. 135; DDA, p. 759-760; Capidan, JUegl., III, p.
176.
m RE,V, 6132, 6317; DELL, p. 472; :Mihăescu, Reconst., p. 569; PEW, 782, 1235;
DELR, 1297, 1298; DA, II, 1, p. 489-490; DLR, YIII, 1, p. 216; DER. p. 419, 590; SDE.
p J07, 505.

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Du latin au roumain 291

combattre & (it. lottare, engad. luter, fr. ltttter, prov. luchar, cat. llu,_vtar, esp.
luchar, pg. luitar). Hostis, -em, « etranger, hote; (ensuite, pendant la periode
imperiale) ennemi; (et, plus tard, dans le latin vulgaire) aimee » >dr., ar.
oaste, mgl. uasti, ir. (seulement a ]eiăni) aste « armee » (cf. alb. 1tshtri, dr.
oştire, idem) (a. it. aste, engad. oast, a. fr., pro,·., cat. ost, csp. l11testc, pg.
hoste, idem); en ir. et cn dr. arch., le mot prcncl aussi le si:·ns de « guerrc » 464 •
Le panroman arma, -am (au licu de arma, armorztm, durant la basse-
epoque) « orme » > dr., ar. armii, alb. arme:, idem (en ar„ le mot revet aussi
le sens de « parure; ornement ») (it., log., engad. arma, frioul., fr. arme, prov.,
cat., esp., pg. anna); armare >dr. (arch., pop.) arma «(s')zmncr » (remplace
par le compose înarma, idem) (it. armr!rc, log. armare, engad. armcr~ frioul.
armei, fr. armer, prov., cat., esp., pg. armar). Le panroman f11stis, -cm «bâ-
ton I) >dr. (arch., reg.) f11şit!, idem (arch.) (< jan.'lot, lance (arch.); ba1onnette
(arch., reg.); tige d'oignon >) (arch., reg.)' ar. fuşft! (pl.) dans le syr:tagme bă­
taie C!t fnşte (< bastonnade, correction a coups de bâton », mgl. f11şt (pl.) (<ba-
guettes des lisses, baguettes de la chaîne d'un metier a tisser >) (cn dr. fl{şccl
- voir ci-dessus § 190}; dans des autrcs langues romancs Ies correspondants
de /uşte sont: it. fusto« tronc, tige »;log. Juste, sursyh·. fist, fr.fzît, pro\·., cat.
just, pg. fuste); dans l'ancienne terminologic militairc daco-roumaine .fuşte
avec le sens de « javclot, lance» etait usucl et generalement utilisc; a partir
du nom de cette arme a\·ait ete forme un <leri,·e pour designer le soldat ainsi
equipe: fuştaş (justaş) (< lancier », solcbt qni fai~ait aussi partie de la garcle
des princes de Molda vie et de Valachi1' 465 . *Jf attcuca (cf. *mattia « sorte ele
javelot », atteste seulement par le compose mattiobarbulus ct le deriYe mat-
(t) i:.1rius) >dr., ar., mgl. măducâ <1 massue » (fr. massw; avec un aut re
st:ffixe: ven. matsoka, engad. matsiik, csp. ma:::.oclzo) 466 . Le panroman ar-
cus «arc» >dr. arc, ar. arcu, alb. lzark <1 arc», mgl. arc <1 le bois de. l'in-
strr:.ment avec lequel on tisse le coton » (it. arco, log. arlw, cr.gad. mL, frioul.,
fr„ prov., cat. arc, csp .. pg. arco). Le pJ.nroman sagilta <1flech~1> > dr. sâ-
geată, ar. săd-:cată, alb. shegjete, shigjeti.:, idem (it. saeth!, log. saz'tta, cngad.
sekta « eclair », a. fr. saete, prov. sacta, cat. sageta, esp. sada, pg. sdla); sagit-
tare >dr. săgeta, ar. sădzitedzzt (sădzitare) « tirer, frapper d'unc fleche •> (cf.
alb. shajtoj, idem) (it. saettare, sursilv. siici). Le panroman spatlza(tardif spata,
spada) (< gr. crTioc8·1J) «epee » (pour d'autres sens, voir ci-dcssus §§. 170,
190) >dr. (arch.), ar., mgl. spatii, d. sputa, alb. s!tpat::, idem (it. spada, log.
ispada, cngzid. speda, frioul. spade, fr. ej>L~e. prav. cspa:a, cat. cspasa, csp.,
pg. cspada) 467 . Theea <1 e.tui, gaine, boîtc » ( < gr. 8~z.1J) >dr., ar., mgl. teacă
(I etui, foUffCaU, gaine >) (abruzz. feke, it. fega, log. ff(r)ga (!teacă, COSSe,
gousse », engad. taya, fr. taie (a. fr. tcie/ prav. feea, <c fourreau, gziine, cosse »)468 .

40 REW, 4201; DELL, p. 301; l\Iihăescu, Lg. lat., p. 301; PEW, 1216; DELR, 1278;
DLR, VII, 2, p. 16-17; Rosetti, ILR, p. 598; DER, p. 572; SDE, p. 285; DDA, p. 932; Ca-
pidan, Megl., III, p. 311; Puşcariu, St. istr., III, p. 125.
465
RE"·· 3618; PEW, 690; DELR, 704; TDRG, p. 657-658; DA, II, 1, p. 202; Den-
sus i.anu, ILR, p. 797; Rosetti, ILR, p. 592; DER, p. 349; SDE, p. 465; DDA, p. 577; Ca-
pidan, Mcgl .. III, p. 133.
466 RE'W, 5126; DELL, p. 390; PEW, 1011; TDRG, p. 937; DELR, 1036; DLR,VI,
p. 211; DEX, P· 529; SDE, P· 273; DDA, p. 774; Capidan, Megl., III, p. 186 .

46
; RE\\", 8128; DELL, p. 638; Mihăescu, LR. lat., p. 305; Idem, Injl. gr., p. 46;
PE\\, 1616; TDRG, P· 1466-1467; CADE, p. 1182; DE}{, p. 779-780; SDE, p. 393; DDA,
p. 1104; Capidan, Afegl., III, p. 271.
· as REV;, 8699; DELL, p. 690; l\lihăescu, fofl. g;·., p. 46; PE\'\", 1722, TDRG, p. 1570;
4

CADE, p. 1282; DER, p. 829; SDE, P· 444; DDA, p. 1174; Capi~an, Megl., III, p. 292.

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292 H. 1\lihăescu

Scutum <1 grand bouclier oblong» (different du clipcus) > dr. scut, alb. shqyt.
ngr. crxou·d « bouclier » (log. iskudu, engad. shit, frioul. skut, fr. ecu, prov.
eseul(> it. scztdo), cat. tscut, esp., pg. cswdo) 469 .
Zava ( = lorica) « maille » (atteste dans Ies gloses et par la suite, au
debut du VII" siecle, deja frequent chez Mauricius) >dr. :::a (art. z.ma).
idem, gr. byz. ~i~oc « cuirasse, cotte de mailles », ngr. ~oc~oc « cuirasse ,>(>alb.
:::ave « bouclc. agrafe», ar. ::;,ruă (< agrafe faite d'un fil de fer») 4;o. A partir
de coft'a (I coiffe I) (atteste dans Ic latin de hasse-epoquc) est probablement ne
le dr. coif, idem (it. (s)u~fjia, fr. coifjc (a. fr. t'sco1jt"). pro,·. coifa, esp. (cs)-
cofia, pg. co1j.1) ; cn dr., le mot est attcsh;, depuis l'an 1643 sous la forme
coiuj; 011 k troun' eg;ikmcnt dans d'autrcs sources ulterieures du xvne
siecle, mais sous la forme coif; l'etymologie suggeree suppose un change-
mcnt de gcnrc par k transfcrt du mot latin cn roumain 4 ; 1 .
*Ad.!cpositum (ad+ dt'jiositum < dcpo110: utilise dans une expression
possible du gL"IlfL' duco ad dt·positum « jc porte quelquc chosc dans un endroit
slÎr ,> (dans Ic langagc dl's militaircs « jc deposc une part de Ia solde 1>) > dr.
.idei post « ahri »; consL·n·C:- Sl ulcment dans Ic dialecte daco-roumain, cc mot
aurait ete forgc et vt'.·hicule par Ies militairL'S de mcme quc *.?llargari: (.1d +
largare < /argus) > dr. ,daga « courir 1> (mais cc-dcrnicr terme atteste et
conserve L'Il roumain, cn italicn dialectal ct dans Ic Jialectelogoudurien - cf.
ci-dl'S~US, § 178) 4 ; 2 • •

:!li. Cn hypotht'.·tiquc lat. n1Ig. *,11~fcrir,· (= tmfart') «mener, prendrt>.


ecartcr » a scn·i d\·xplication au dr. fai <t fetcr, rcspcctcr, se soumet7re a
(arch., reg.); (~c) dckndrl', s'frartl'r, se dctourncr, se gardcr, proteger, con-
scrYer, cacher, respcctcr, de. 1), ar. (11)fircscu (a}jirirc <c garder, (se) mettre
en garde 1>, mgl. firo> (jiriri) «se gardcr, eYiter » 473 . Un derive verLal res-
titue *infro11tarc ( <frmts, fro11tis) a cte mentionne comme point de depart
du dr. î11fru11ta <c rl'prochl'r, lancer au 'isagc, fairc des rl'proches, offrnser;
avoir hontc, rougir (arch.); affronhr, l>raYcr 1> (sens moderne d'apres le' fr.
11_fjro1Lta <*affro11ft1Yt' <*a1Uro11tc1r,· <fro11s, -11/is); mais cc' ,·crbc a pu tout
aussi hicn [·trc forgt'.· par dcriYation L'n roumain 4 i 4 • De *impalai'c (in pa- +
larc "tuteurcr b Yignc ,>) ou par <lt'.·ri,·ation en roumain (de par)> dr. (arch.,
reg.) împâra « plantcr <ll's piquds; piquer; (s')empalcr (se) piqucr ,>, ar. ,zmpar
( ampilrarc) (mgl. <Jlllpar) <c L'nconwr 1> 4 ;;,. ( J11)jigcrc <c ficher (dans), enfoncer,

(t;u HE\\", 77."i9; DELL, p. 607; ~lih;"1csc11, Lg. lat., p. 32; PE\\', 1568; TDRG, p.
1398; CADE, p. 1128; DER, p. 742; SDE. p. 385.
470 HE\\", 9.'i84; ~1:ihăescu, Lg. lat., p. 32, 305; Idem, Infl. gr., p. 115-116; TDRG,

p. 1784; CADE, p. 1453; DEH, p. 907; SDE, p. 147; DDA, p. 1289.


m HE\\", 2024; DELL. p. 131; PE\\", 393; D ..\, I, 2. p. 638; DER, p. 213; SDE,
p. 190; Varlaam, Caric 1omâ11cască de î11văţăt11ră, ed. J. Byck, Bucarest, 1966, p. 56,; Mar-
daric Co::ia11ul. Lt"xico11 s/(li'V·YOlllâ11 şi lîlruirea lllllllclor din 16-:19, ed. Gr. Creţu. Bucarest, 1900,
P· 194.
472
HEl\I, I, p. 214-215 (<lat. opposilum < adpositum); PE\V. 21; TDRG, p 18;
DELH.. 15 (<lat. ad-oppos(i)lum); DA, I, 1, p. 34-35; DER, p. 7; SDE, p. 20.
m REW, 9642; CADE, p. 487; SDE. p. 455; DA, II, 1, p. 102; Puşcariu, LR, I, p.
211-212 (<lat. fairc <1feter un anni·1ersaire ou un certain e·1enement•- cf.feriac •jours
feries dedics a certai ns offices cultuels 11); Rosetti. I LR, p. 191; DER, p. 325 ( < lat. ferire ue-
garder, obscner •>, chez Ciceron); DD„.\, p. 113, 551; Capidan, ,Ue~l., III, p. 127.
474 TDRG, p. 810; DELR, 661; DA, II, 1, p. 672-673; DER, p. 343-344; DEX,
p. 463; SDE, p. 513. ·
m REW, 784; DELR, 1325; DA, II, 1, p. 494; DD ..\, p. 149; Capidan, Megl.,JIJ,
p. 12.

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Du latin au roumain 293

fixer l) >dr. înfige, (arch., dans la poesie populaire, fige. reg. înfinge), ar,
( n) hig, (n) hid:.eare), idem (it. ( in)jiggcre). ( lm)pwrgcrc <i piquefl) > dr.
împunge (et rarement: pu11ge), mgl. pung (ţund2fri), idEm (it., log.pu11gcre
frioul. spândzi, a. fr. poindrc, prov. ponher, cat. punyir); *extrapungere (=
= transpimgerc) >dr. străpunge, ar. striipungu (străp1111d:.ire) <i percer.
transpercer » 4 i6. Impingere <i pousser » >dr. împinge, idem (pop. egalement
pinge, du fait d'un processus d'apheres, de meme que dans le cas de l'ar.
pingu (pindzire, pindzeare), idem (it. impingcrc, a. fr. cmpeindrt:, prov.
empenher, cat. i:nipcnyer). Pertundere ( <tundere) <i percer > dr. pătrunde,
ar. pitrundu (pitrwzd(e)are, pitrundirt:) <ipercer, penetrcr» (log. pertwz-
gere « transperccr, trouer, perforcr »).
Cruentarc <i ensanglanter » ( <crntntus (i rnnglant »> dr. cr1111t (i sang-
lant (arch), cruel », engad. kriaint) >dr. (arch.) crunta, idem, devenu (par
d'adjonction du prefixe în-) încrunta, idem (arch.), rnais aussi <i prrndre un
air terrifiant, froncer Ies sourcils, s'assombrir ». Les formes rcstituees *dis-
vacuare, *devacuare (<dis-, de- +
vamare <ivider, evacuer, desemplir)» ont
ete utilisee pour cssayer d'expliquer ks formes du dr. (reg., dans le parler
de la Moldavie du nord) dilzoca, dchoca, devoca, de:.i•oca «cauper, mettre en
pieces; rosser qqn.; <;1-neantir; (s')echinen. ar. di::.voc (di:.vucare) <i dechirer »
(comp. avec cat. divacare (i vider, desemplir, verser ») 477 . *Complire (= ccm-
plere) > dr. (arch.: atteste aux XVF-XVIF siecles) wmpli « achever, de-
truire, exterminer; disparaître, finir » (it. compierc, log. lâmpere « ankommen »,
fr. accomplir (a. fr. complir), prov., cat. complir, pg. wmprir); wmpht «dur,
cruel, atroce», le participe de ce verbe devenu adjectif, est demeure usuel
en dr. 478
*Impressoriare (cf. pressori11m <1 presse, pressoir ») > dr. împr,'sura
(i peser sur, presser (arch.); mvahir, assieger (arch.); entourer, cnvironner;

opprimer (arch.) »479 . Infrangcrc ( <frangere « briser, abattre ») > dr. în-
fringe <i briser, cauper, abattre, extirper; flechir, convaincre; vaincre » (le
dernier deces sens et le plus connu, usuel) (it. infrangere, fr. cnjrcindre (a.
fr. e1~fraindre), prov. cnfranher). * ( In) vin cerc (i vaincre » (pan roman sous la
forme vincere) >dr. în:uhige (arch. vence, vincc, vingc au XVF siecle, în1.:inci,
învînci au XVIF siecle), ar. învingu (învind:ire, învind:;care), mg!. CJ.ll'i:ing
(nving, ving) <i vaincre » (it. vincere, log. binkere, engad. vaindsclzer, fr.
vaincre, prov. venser, cat., esp., pg. 7)mcer); *exvincere> ar. asvi11gu (a:::-
vingu, dans le nord) <i (lutter pour) vaincre »; Ies formes dotees du prefixe
în- seraient plutât derivees sur le terrain du roumain que devcloppees a par-
tir de que1que derive latin hypothetique, avec le prefixe in-; au cours du xvie
siecle, elles altcmaicnt cncore en dr. avec cclles toutcs simples, qu'elles ne
devaient ecartcr, a ce qu'il paraît, qu'au siecle suivant; dans un petit dia-
lecte .isole, de caractere conservateur, comrne le dialecte megleno-roumain,

476
RE\\', 6850; DELL, p. 5"15-5"16; 1\Ehăescn, Lg. lat., p. 27; PEW, 795; [DELR,
H69, H70, 1473; DDA, p. 1120; Capidan, 1vlegl., III, p. 241.
471 CADE, p. 413; SDE, p. 117; DDA, p. 494.

m REW, 2101; PEW, 445; DELR, 445; TDRG, p. 457; DA, I, 2, p. S:S"i-985; Den-
susianu, ILR, p. 795; Rosetti, ILR, p. 592; DER, p. 263; SDE, p. 216.
4 9
; PEW, 792; TDRG, p. 768 et DA, I, 2, P· 984-985 (<lat. *press11rnre < ţres­
sura); DELR, 825; Densusianu, ILR, p. 7"19; DER, P· 420-421 (<lat. pnsrns); DE:X, p.
-451; SDE, p. 505.

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294 H. l\lihă.escu

la premiere formule a pu Ctre relevee encore beaucoup plus tard480 • Snpponere


(<Panere) «soumettre, assujettir » (sens fig. derive de celui de <1 poser en-des-
sous ») >dr. supune, idem (« poscr cn-dessous, cacher » arch.) (a. it. sopporre.
*Conq11acrire ( = co11q11ircre) <1 rechercher, recrutcr; requisitionner » >
dr. cuceri «se soumettre, s'humilier, prier humblement, supplier;· rendre,
liner »; mais tous ces srns ::ont aujourd'hui archaiques ou tout au plus
des rC·gioinlisnL·s: grâce ~L b lan~u·: ck l'Eglise, des d~ri\·~s plus prochcs de
notn· compr.~h•'nsiun se sont consen·es ~v:tudlcmcm. tels cu cc mic « humble,
resp.·ctU'U..:, de\·ot )), ,·11t,·rn/,·il « humilite, devotion »; quant a Ja disparition
de ses ancil'ns SL'ns, dlL· est do.I'..' a kur substitut ion par celui de <c conquerir ».
cmprunte du franc;ais au XIX.·· siecll.' ct attrihu·~ :'t la forme roumainc qui
lui correspond (fr. co1111tfrir (a. fr. co11q11iart'), pro,· .. a. cat. conquerrc, cat.,
a. bp. cunq11air}" 81 • *R,1pire ( = rapac <1 ra\·ir, emporter violcmment, prcndre
de force ») > dr. râpi, ar. ,iraJ.=u (mil.:irt') (ar.ip, arapfre <ra pere), mgl.
râpcs (r.ipiri). idem, alb. rrf.-p (rrop,i, rrj<'pur) <c ecorccr • (it. rapi'ri:., fr.
r,tc•ir )482.
Prat·d,i <c proie, butin ~>dr.. 8r. ,IJradă, alb. pre, idem (it. preda, a.
campi<l. pr,·a <c gage, nantissemC'nt, otagl' 1>, engad. pra.ya <1 amorce, appât »,
fr. proic, prov. pre:;a, a. esp. prea: praedare <1 piller •>dr. prăda, ar. prad
( prâdarc) (imprad, mprad, dans le nord), i<lem (it. predare. log. prea re. <1 met-
trL· L'l1 gagc 1>, a. fr. prcer, pg. prl·ar); prat'ciatio, -onem <1 pillage »>dr. (pop.)
prâd1ici1111c, ar. pridtici1111,·. idem: pr,1,·cftrfori1•s "pillard I)> dr. prădător, idem
(comp. avcc I'it. predatorc", prov. prt"::ador <Prcdator): le ,·erhe, de meme
que Ies dcux deriv~·s rcspectib ont pu tout aussi bien s'etre <leveloppes sur le
terrain du roumain. Despoliare ( <spol1:are<sPolium) » depouiller, spolier »>dr
despuia, ar. dispol'u ( dispul' ea re), mgl. dispol (dispul'ari). idem {cf. ir. respul'a,
idem, avec un changement de prefixe) (it. spogliare, log. ispodzare enga<l. spo-
glio·. fr. depouiller, pro\'. despolliar, cat. despttllar, esp. (pg.) despojar).
Magie, religion, fetes, calendrie1·
212. Un hyp:.>th,~tique d~riv~ wroal <lu latin vulgaire *a:lm:igire (cf.
m 1~11s <gr. µiyo~ <1 mi..~e. sorcicr t, entr~ <>n l~_tin dej?t avant Ciceron et de-
\'enu a\·ec le temps pipubirc; m1~ia <~r. !uydx <·magie, sorcelleri~ », at-
tcstC- au <lcuxiem: sieck, mai:; sans dDuL· cxistant auparavant) pourrait se
trou\·er a l'originc du dr. tim.i~i (( fair.: d:s signes cabali5tiques an:c.la IÎ1ain
(arch.), cj1arm.T, c:iptiVL'r, s~duire, tro:np.'r 1> (comp. avec: calabr., sic. am-
11t.l:.;ttri, log. ,wz:n.zj.i;-,· <c L'IlS'.lrCdL·r », cat„ e:;p. iim:igar <c m~nacer; promettre
et Ih~ pas donn'-'r 1> )4 83. .
* p,'Ial'Jlt.lL'ltJn ( <gr. <p:1.?iJ.::l.~'J I (t plante ffi~dicinale, rcmedC, p0ÎS011 »,
par la suite, du fait qui: Ies r:med,:; ~Llicnt sou\'ent a~lministres accompagnes
d'unc incantat ion magiquc, ll? t~rm: d1~signa cctte <1incantation1~) ?'" dr.
fmwc (arch. farm:'it', pl. farnti:· ·, firm.ici). piu;; tzml fann?cc (pl. d'apres
480
REW, 9338; PE\\", 901; TDRG, p. 848; CADE, p. 672: DA, II, 1, p. 870-872;
DER, p. 438: SDE, p. 506; Densusianu, I LR. p. 433, 551, 679, 801; Eva11ghelîa _tnvăţă­
to(11<, Go·rnra, 1642, p. 143; Biblia, Bucarest, 1688, p. 205, etc.; DDA, p. 235, 250, 693 ;·Capi-
dan, _,fc~l., III, p. 24. ·
m H.EW, 21.'H; DELL, p. 550; PEW, 425; DELL, 318; Densusianu, ILR, P• 740;
DER, p. 257; DEX, P· 215; SDE, p. 220. ,
482 REW, 7049; PEW, 1434; TDRG, p. 1297; CADE, p. 1043; DER, p. 688; DLR,
IX, p. 95-96; DEX, p. 776; SDE, p. 366; DDA, p. 183; Capidan, :1.fcgl .. III, p. 216,
tsa Mihăcscu, lnfl. gr., p. 54; idem. Lg. lat .. p. 71, 308; DELR, 52; DA,), 1, p.
131-132; DER, p. 22; SDE, p. 28. . .

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Du latin au roumain 295

lequel fut restitue le sing. j armec) «sortilege, malefice, enchantcment, charme;


fonnule·rnagique; channe, attrait » (ar. fărmac «venin, poison » et de la« a-
mertume, chagrin », j armac (releve seulement avec la seconde signification)
ont ete expliques par le ngr. tptXp(.LcXXL, idem); *plzarmacare ( < *pharmac11m) >
dr. fermeca (arch., reg. f ănnăca, fărmeca) (( empoisonner (arch.); enchan-
ter, ensorceler; charrner, ravir » (sens moderne, de meme que dans le cas de
farmec, probablcment d'apres le fr. charme, charmer), ar.farmăc (njarmăc)
(fărmăcare) <( (s')cmpoisonner, envcnimer; remplir d'amertume »; dans le
cas du verbe, a la place de l'hypothetiquc derive latin, il faut avoir plutât
en vue la possibilite d'une deri,·ation dans le champ du roumain 484 . Depuis
un lat. *discantare ( <cantare; comp. i11ca11tare, exarntart) ont pu se <le-
velopper Ies dr. descînta, ar. discîntu ( discî11tare), mgl. discgnt ( discăntari)
(( detourner des enchanternents, faire guerir au moycn des sortileges » (ci.
fr. deschanter <( desenchanter, rompre un enchantemcnt, <letourner par une
sorte d'enchantement »).
Le panroman sors, sortcm «sort, destinee »> dr. soarte (arch., pop.).
soartă (sing. restitue d'apres le pl. soarte), ar. soarte, idem (en rngl. attcste
seulernent le pl. sorţ de soarte (ferme nee seulcment afin d' eviter l'hornony-
mie sing. soarte- pl. soarte) ; dans le syntagme a trage la sorţi <( tircr au sort »),
alb. short <(sort» (it., log. sorte, engad. sort, frioul. suart, fr„ prov. cat. sort,
esp. suerte, pg. sorte); le dr. (arch„ reg.) soartă ct l'ar. soarte ont ete notes
aussi avec le sens de <(placenta, naissance »; Ies avis sont partages: ou bien
il s'agira:it du meme mot, ou bicn, ce qui nous scmble plus plausible, <]ue
nous avions affaire a un mot developpe a partir du lat. exorta (le participe
feminin du verbe e."<oriri « naître, paraître ») 4 85.
Diana, le nom de la decsse de la lune, de la chasse et des charmes de
Ia nuiC se trouve a I' origine des forrnes dr. zînă (arch„ reg. dzfnă), ar. d::î11ă,
mgl. 2Qnă, alb. za.ne, :ere<( muse, fee» (voir aussi Ies a. tosc. ja11a, log. yana
<( magicienne »;a. fr. gene, a. prov. jana, astur. sa11a <( diablotin, esprit malin 1>):
dianatiCus ( <Diana; atteste srnlcment au ve siecle) allait prohablcment
dcvenir le dr. zănatic (zănatec) (( insense, toque, etourdi 1), s'il ne s'agirait
pas peut-etre d'une derivation en roumain, suivant le modele de noapfr-
noptatec, vară-văratec, iarnă-frrnatec, etc. 4 86 •
Pagamts ( <Pagus «borne fichee en terrc 1>, d'ou « tcrritoire rural de-
limite par des bornes, district») <( habitant du pagus; paysan »; dans le lan-
gage militaire, a partir du Ier siecle ((civil I) ct dans le langage de l'Eglise -
« pa1en » (Ies pa{!.i etant demcures longtemps rebelles a la christianisation) >
dr. păgîn, ar. pîngî11, rngl. păngQn <• pai:en 1> (a partir de ce srns rnnt ners Ies
acceptions dr., ar. de (< mecreant 1), mgl. de (( souille 1), ar. de (( mechant 1),
etc.) (it. pago.no, engad. payawi, fr. paien, prav. cat. pagâ, e~p. pagano,
pg. pagao); paganus, paf!..anirc > alb. (i, e)pcgcl'l-; «impur, ~ouille 1>; Ies for-
mes vcrbales du roumain: dr. păgfoi <( devenir pai:rn 1>, pi11gări (pi11gâ11i)
<( profaner, souiller 1>, ar. pî11gînescu ( pingînfre) « devenir pai:rn; (se) souil-

484
REW, 6462; Mihăescu, lnfl. gr., p. 51; PEW, 583, 584; DELR, 551, 552; DA, II,
1, p. 64- 65, 104- 105; SDE, p. 453, 455; Graur, Etimologii, p. 93; DDA, p. 540, 544. 672 .
485
. REW, 8107; PEW, 1603; TDRG, p. 1450; DER, p. 771; SDE. p. 389; DDA, p.
1101; Capidan, Mcgl„ III, p. 389; Giu~lea, Cuvinte, p. 37.
486
REW, 2624; DELL, p. 171-172; Mihăescu, Lg. lat., p. 309; PEW, 1942; TDRG;
P· 1792, 1822; CADE, p. 1456, 1465; DER, p. 915-916; SDE, p. 153, 154; DDA, p. 525;
Capidari, Megl„ III, P· 340.

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296 H. Mihăescu

Ier», mgl. pâ11gă11cs <i Yioler le jeunc cn mangeant gras & ont ete conside
rees comme deriYees intcrnes, bien qu'il ne soit pas exclu que paganire, con-
sen-e dans le cas de l'albanais, ait dcmeure aussi dans l'aire de la langue rou-
maine; paganitas -taton « paiennete • > dr. păgî11ătate <i paganisme (arch.);
peche, faute grave, infamie, ignominie, turpitude (arch.); foule de paiens •.
ar. pî11~î11âtalc· «excrement» (a. fr. paimcti); l'hypothese de la derivation
en roumain reste elle aussi ,·alable -1. 97

:213. Le panroman credcre «croire (terme religieux a l'origine, mais
utilise le plus sou,·cnt dans l'acception profane deja dans le latin ancien
ct cncorc plus frcqucmment au fur ct a mesure de la preseance de plus en
piu:- marqu(·e de la culture materidle mediterraneennc et <le la disparition
des dernieres traccs de l'ancicnne culture indo-curopeennc: mais ce tern1e
de,·ait retrouwr sa signification premiere grâce au christianisme, ctant co-
opt~ par la terminologie latine fondamentale pour traduirc le gr. mcr-r~uw)
>dr. crccfr, ar. cred (crt'ildirt", cridcart'), ir. credt', idem (sens profane et re-
ligicux) (<l. crt'dro, istr. cridi, it. cr,·dac, log. krc/rt', cngad. kraier, frioul. krodi,
fr. L 1'01.l't", prO\. crcfrt', CYt':;t'Y, C::Jt. Crt'ltrt', L"Sp. O'tt'r, pg. CYCCr) ," cYt'dCJttia (1 Cro-
yanCC •• (deriYe populairc, attcste seulement au IX'' siecle, mais qui a du
Sall:- dCJUk CXÎStef deja aupafa\·ant) > dr. (/'t'di11ţă (I crorarcc, foi, rcligiOil,
etc." (dans san acceptian rdigieuse attcste dans quclqucs-uns des plus \·ieux
kxll's du XVI'' siecle) (it. crt'drn::a, fr. crca11a, crnya11cc, esp. crecncia, pg.
CY<'ll\'1); en <lr., k mat se retroU\·L· a la basc des deriYes \"erbaux credinţa
(arch .. rc·g.) « confirmcr; con fier; crediter; christianiser » ct i11cr,·din(a «(se)
canfi1·r; assur('r, Cl'ftificr »488 .
LL· panroman l"/'/IX, cruam « croix •>dr. cruce, ar. cruţe, mgl. cruţi,
alb. l.:ryq, kryq<', <l. lm11d:, idem (it. croCl', log. mgc, engad. km§, friaul. kros,
fr. aoix, pro,·. croi:, cat. crm: comme terme li\Tcsque: esp., pg. cr1t:). Al-
taril'lll (rcstitu(· d'apn~·s le pi. 11/tariu, -ibus), a/t,m· (sing. rare ct tardif) «au-
td »>dr. altar, ar. altar, allill'<' (formcs inusit!'.·es aujaurd'hui), mgl. altar
« autel », alb. Ita « autd sur kqud an brulait Ies affrandes •> (it. altare, engad.
11lt'r, fr . .iutd (a. fr. a11tcr), pro,·. a11tar, cat ., L'sp., pg. alt111); le mat se re-
troun· aussi cn \". sl. o/littlri, <l'ou ks lig. o/ten, russc oltari, mais aussi le dr.
(arch., pop.) olt111', susceptible d'etre appcl~ un <(terme d'epaque » (XVIe-
XYII'' ...,i&cles, anc quclquC's sun·i,·anccs tardi\'es), du natammcnt a l'in-
flucncL' des textes sla,·ons avant St'!Ti <le Lao.;e a certaincs \'Crsians roumaines
des lin-cs cultucls, a la differmct· du mat altar, usuel, avcc unc cantinuite
d'existance dcpuis le latin jusqu'au roumain actud 489 .
Domi11t· cfrus ( <Domi11us deus <i Dicu (natre Seigneur) » > dr. Dum-
ne::t11, D11m11c:.i11, Dumni:ău, Dumm~d::iiu, D111n11ă:ă11, etc„ ar. Dumnidză(tt)
(I DiL·U l) (it. Domi11r:ddio, a. fr. Dam1tcdm, Dam!,·dieu); dans le dialecte me-

1
' ' HEW, 6 HI: DELL, p. 475: Mih'tescu. Lf!. lat., p. 312; PEW, 124-4, 1245; DELR,
130S. 1309; DLR, \'III, I, p. 235-236, 237, \'III, 2, p. 707; SDE, p. 345; DDA, p. 990;
Capidan ..1fr:?,/., III. p. 214.
N REW, 2107; DELL, p. 148: l\lihăescu. Lf!. lat., p. 238, 311; PEW, 411, 412; DELR,
404, 405; D.\, I. 2, p. 886-889, 891-89.1, II, I, p. 604-605; SDE, p. 209, 210; Densu-
sianu, ILR, p. 426, 442, 502; Rosetti, ILR, p. 506-507; Codicele Voroneţean, (Cd. cit.),
p. 418, etc.
m REW, 381; DELL, p. 24: Mihăescu, Lg. lat., p. 34; PEW, 68; DELR. 49; DA,
1, 1, p. 124, \'II, 2, p. 193-194; DER, p. 21; SDE, p. 25; DDA, p. 138; Capidan, Megl,.
III, p. 11. .

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Du· latin au roumain 297

gleno-roumain a ete atteste le deriYe dumn1·::es « diYin », auquel on a attri-


bue pour point de depart la forme *Dumni::Q ; la, tout comme en istro-rou-
main, pour le sens de « Dieu », sc sont conservees seulement Ies formcs de-
veloppees a partir du latin dominus; du fait que cctte sorte de formcs sont
egalement utilisees par le dr. et l'ar. (cf. ci-dessus, §. 208), il s'ensuit que
Ies dialectes respectifs ont ete au courant des deux possibilites de forrnula-
tion de ce concept; il y aYait, dans l'a. dr. aussi la fonne :.eu (::ău, d:.cu,
dzău) « Dieu » deYeloppee depuis le panroman dms (it. dio, log. dcus, cngad.
dieu, frioul. go, fr. dfru, cat. deu, esp. dios, pg. drns), conservee jusqu'a
nos jours par l'interjection di11 ! <( je jure sur Dieu! sur ma foi~ »4!l0 .
Inclinare (in + clinare) <c incliner, inflechir, flechir »>dr. închina,
ar. ncl'in (ncl'inarc) (rngl. rţ11cl'i11) « (s')incliner; fairc sa pricre, sc pros-
terncr; sc soumettre, etc. » (en mgl. le mot ne rc\"t~t quc son accept ion reli-
gieusc) (it. 1·11chi11arc, a. fr. mclina, prov., cat. mcli1wr <c s'inclincr, pencher,
saluer, etc. l>, sans le sens religieux, den·loppe sculement u1 roumain, ou
il finira par den'nir l'acception principale et en rnemc tcmps la micux con-
servee de ce mot); a partir du deriYe latin i11clinatz'o, -Olll'nl, OU par deri-
Vction en roumain sont nees ks formes: dr. î11clii11ââ1111c, ar. ncl'iilââunc
(ncl'inăciună, sing. restituc a partir du pl.), rngl. rpicl'inăcimi (pl.) « incli-
nation, salutation 1> (2rch. en dr., le mot a aussi le sens de « cleYotion 1>,
<ctoast»).
21~. Bapti"::.arc ( <gr. ~IZ7t•L~cu)) <c laYrr, immerger 1>, puis <c baptiser 1>
> dr. boteza, ar. pătedzu ( pătid::are), mgl, batiz (bâh::ari), 2 lb. page::.oj « bap-
tiser )) (it. battez::are (a. it. batteggiare), campid. battiai, engacl. bata:.a, a.
fr. batoyer, prov., cat. batcjar) 4!l 1. Clzristianus ( < Clzristus = XpLr;-roc;)
« chretien 1> (frequent chez Auxence de Durostorum, Nicetas de Remesiana
et Iordanes) > dr. creştin, ar., mgl. crişti11, idem (cf. it. cristiano. log. kris-
tianu, engad. cristiawi, fr. clzrctim, proY., cat. crestid, csp. cristiano, pg. chris-
tăo, toutcs ces formcs sont livresques) 4!l 2 • Le panroman a11gelus ( <gr. :J.yyz)..o:,)
« envoye (chez Ies paiens); ange 1> (le sens chreticn dcnit sc generaliser apres
le urc Siecle) >dr. ÎllgCJ' (Cange I), alb. (Jlgjcll '<c em·oye, ange I) (it. a11gdo,
engad. aungcl, fr. angc, prav. augel, esp. a11jcl} 493 . Basilica ( <gr ~IZuLi.Lxli
G't"OOC) (l basilique, edifice latque et lieu ele renCOJ1tre »; puiS (C eglise)) (attcste
dans cette demiere acception seulerncnt apres l'an 315, cn Occident de
meme qu'en Orient) >dr. biserică (arch. băsearecă, besearecă), ar. bâsca-
rică, băsearcă (dans le nord aussi bisearfră), rngl. băsearică (bisearică, bise-
rică)' ir. bes<Jrica, beS<JYCCa, baSfJYica, d. basalka « eglise 1), istr. Ba:::eilika (to-
ponyme) (a. ven. baselega, a. log. 7Xfhiliga, engad. baselgia, fr. basoche); en

00 REW, 2610, 2734; Mihăesrn, Lţt. lat., p. 310; I'EW, 558, 1920; TDRG, p. 586-

587, 1798, 1811; C.\DE, p. 442-443, 1459, 1461; DER, p. 306, 912: SDE, p. 123, 151,
155; Densusianu, ILR, p. 856; DDA, p. 507-508.
491
RE\\", 999; DELL, p. 66; l\iihăescu, Lr:;. lat., P· J 10; Idem. Infl. gr., p. 56;
PEW, 212; DELR, 168; DA, I, 1, p. 629-630; DER, p. 100; SDE, p. 57; DDA, p. 964;
Capidan, Megl., III. p. 36.
492 REW, 188„; DELL, p. 118; 1\lihi:icscu, Lg. lat., p. 311; Idem, Infl. gr., p . .57;
PEW, 415; DELR, 409; DA, I, 2, p. 902-903; DER, p. 251; SDE, p. 210; DDA, p. 388;
Capidan, Megl., III, p. 81.
403 REW, 458a; DELL, p. 32; Mihăcscu, Lg. lat., p. 310; Idem, lnfl. gr., p. 56;
PEW, 851; DELR, 859; DA, 11, 1, p. 685; DER, p. 431; SDE, p. 508.

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298 H. Mihăescu

revanche, cn alb. kisliC, qui s'est dheloppe a partir de la variante latine


ecclisia (voir ci-dessus § 28) 4 9-1 •
Lex. ltgem « loi, croyance it> dr. lege, idem, ar. lead:e « loi », etc. (\·oir
ci-dessus §. 209). Le panroman pacatum « fautc, crreur » dans le sens ge-
neral, puis « peche » sclon l'acception quc lui a donne la religion chretiennc
> dr. păcat « peche 1>; « ,·ice; depit 11, ar. picat <1 peche; dommage 1>, mgl.
picat « pitie 1>; (rare) <(peche 1>, ir. ptcăt, alb. mNwt « peche » (it. pacato, log.
pcklrnd11, engad. pfo. frioul. pd~ad, fr. ph!ti, pro,·., cat. pccat, csp., pg. pt'-
cado)495. *A.iunart' ( = friwzart'} >dr. ajuna, ar. 11g1.1t11 ( agi1111art'), alb.
agjt.'roj <1 jcuner, faire maign· 1> (cn aroumain le premier sens <1 etre affame »)
(comp. csp. aywzar, idcm) 4 ~ 6 • Le panrom:m f;"11d11s <1 produit(s) de la terre,
des arbrc, d'un animal I)> dr. (pop.) _f;-11pt « bitagc (de brcbis, de vache);
gras li (l'e\·olution semantiquc <lu mot Cil daco-roumain ternoignc de J'im-
portancc acquisc par l'clevage dans l'acti,·ite des locutcurs de cc dialecte;
alb. fr_vt <( fruit 1> (it. frulto, log. fmtt1:, cnga<l. friit, fr. fruit, pro,·. fruclz, cat.
fruyt, a. csp. fr11c/10, pg. fntto, a. pg. fruito). Camt·(m)-liga(t) >dr. (pop.)
cînzelcagă <1 mardi gras; periodl' durant laqucllc on s'abstient, on fait \'<EU
de ne point manger de la viandc 11; <(carnaval•. ar. cirfragă « careme; periode
d notammcnt le jour particulicr ou l'on fait vreu de ne plus rnanger de la
viande » (cf. it. cam.c11afr <came lcvarc; a son antonyme camelasciart: (dans
le dialecte vicentin: car"1ss.rrc), le roumain repond par le syntagme lăsare
de camt'}. Casm(m}-liga(t) (cf. lat. med. caslm <1 mensis Novernbcr 1>)
> dr. cişlegi (pl.) <1 jours gras; carnaval•>, ar. cîşl,·agii <1 careme; la periode
et notamment le jour particulier du vreu de ne plus rnanger du fromage
jusqu'aux Pâques »; singuli1'r, forml' que le dr. a du, certcs, lui aussi uti-
liscr jadis, mais qu'il ;:>.fini par perdrc (elle etant rcmplacee par le plurid),
alors quc le di~lecte aroumain cn use cncorc, tout cn se servant aussi des
formes au pluriel cişlrd:i, ci~frad:e.
Pracbitcr, -ter111n ( < praesbytcr < gr. rrpzr,~•hepo~ <1 plus age; pre-
trc 1>; lC' latin cornmmce ;1 l'ntiliser ~1 partir du Illc siedc, en Occident aussi
him quc dans la Peninsul„ halkanique) >dr. preot (arch., reg. prcut, reg.
priot, prhtf, etc.), ar. pre/tu, ir. prc1·t, alb. pnft, d. prat, prctro (it. prete, log.
prcidc, frioul. prcdi, a. fr. prcuoirc, proY. prt·(v)t'ire, cat. privcre, pribere:
fr. pretrc, prov. p(r)cstrc, c;~t., esp., pg. prestc <Praesbyter) 497 . *Commi-
11icarc ( = commwiicarc) <1 donner le repas du soir 1> > dr. cumineca, ar. cu-
minic (c)um(i)11icarc, alb. lw11goj «< donner la comrnunion 1> (gen., a. pad.
knmingd, cominicar, a. fr. comcngfrr, pro,·. com01egar, cat. combregar, esp.
di;il. comingar) 498 •

494 REW, 972; ~:lihăescu, I-~· lat., p. 172, 310, 311: Idem, fofl. gr., p. 56-57; PEW,

204; DELR. 161; DA, I, 1, p. 568-569; DER, p. 85; SDE, p. 52; DDA, p. 265; Capidan,
Mcgl., Ill, p. 35; Puşcariu, St. istr., III, p. 104; J\:ovacec, Descr. istr. act., p. 201.
m REW, 6323; l\lihă.escu, Lg. lat., p . .112; PEW, 1234; DELR, 1296; DLR, VIII, 1,
p. 216-219; DER. p. 590; SDE, p. 845; DDA, p. 971; Capidan, .'11cgl., III, p. 220; Puşca­
riu, St. isll'„ III. p. 126.
496 REW, i581; TDRG, p. 35 (<lat. jcj1111a1·e); PEW, 49 (<lat. (j)ejmiare); DELR,

31 ( < lat. *ajuaare = ejunart• + jaju11ar1) ; DA, I, I, p. 80; CADE, p. 27 ( < lat. *ajimare
< *ejunare); DER, p. 15; SDE, p. 20; DDA, p. 123.
497 REW, 6740; DELL, P· 534; Mihă.cscu, Lg. lat .. p. 312; Idem, Infl. gr., p. 58;

PE\V, 137.i; DELR. 1'141: DLR, \'III, 4, p. 1320; DER. p. 662; SDE, p. 331; DELROl\l,
p. 193; DDA, p. 1009; Puşcariu, St. istr., III, p. 322.
498 REW, 2090; DELL. p. 421-422; PEW, i41; DELR, i35; DER, p. 262; SDE,

p. 216.

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Du latin au roumain 299

~15. Scrvare « prcserver, gardcr, sauvcr, assurer le salut ou la conser-


vation, etc.»> dr. serba (arch., reg. sărba) « feter » (it. serbare, log. sen:arc,
prov., cat., a. esp. scrvar, avec des sens conforrnes a ceux du latin); en rou-
main ce verbe· devait constituer le point de depart du derive sărbătoare « f &te
(religieuse) » atteste en dr., ainsi qu'au sud du Danube, en ar. et mgl. (ex-
plique aussi par un hypothetique deriYe latin *,,crraton·a )4119 •
Quadragcsimus, -a, -mn « quarantiemc » ct a partir du IVe siecle, le
latin d'Eglise utilisa le feminin q11adragtsi111a ( dics) <(le quarantiemc jour
avant Pâques » (attcste cgalement aYcc Ic sens de « quarantiemc jour aprt-s
Pâques; l' Ascension »); cctte forme du feminin rt:YehlL' ele sa nounlle accep-
t ion religieuse, chreticnne (ii s'agit du premier sens qui s'cst impose en de-
venant usuel) rtprescnte Ic point de depart du dr. pâru.i111i (pi.) (arch. pâ-
reasimi, rarcment au sing. părcasimă), ainsi quc des ar. pârcast'ni (pi.), alb.
kreslznzc (< ccireme)) et des formes it. quarcsima, engad. qztal'tl1°S11la, fr. carcme,
prov. carcsma, cat. coi'csnza, csp. cuarcsma, pg. quarcsnza 500 •
Sa11ctus ( = &yLo<;) > dr. (pop.) sfnt ( sîn, sîmt, suni), ar. sîmtu
( simtu, sintu, si11tu, sî11, sum), mgl. sgmt ( s,im, său) (formes utilisees sur-
tout pour nommer certaincs fetes ou bien entrant dans la composition du
nom d'un saint: dr. (reg.) Sîmti <(fete du 9 mars, des 40 martyrs », (pop.)
Sfota (Sîmta); ces formcs sont prononcecs parfois: s~ita, s111ta, ,-oi re sta;
S(î)ntă-.Jfări,i, S(i)tâ-.Mărfr, etc., ar. Stî-JUâric (Stă-}.lăric), mgl. Stă­
iVJ ăria « Saintc Marie; la f etc du I S Aout et celle du 8 Septembre » (avec
ou sans l'adjonction des adj . .Marc <i Grande» pour la premiere, J'\1ică «Pe-
tite» pour la sccondc, Ies fetes de l'Assomption ct rcspectivcmcnt de la nais-
sancc de la Vierge) ( <SC!ncta Maria); dr. (reg.) Sîll-Gior(d);; (Sîm-Gior(d);;)
«St. Georges, fete Ic 23 Avril » ( <Sanctus Georgius); dr. (reg.) Sînzicne
« Naissance de St. Jean-Baptiste, fetee le 24 Juin » ( <Sanctus Ioamzcs)-
dr. (pop.) Sîmcdru (Sumcdru, arch. Sămetru), ar. Sî1:mul111 (S1mcd1u, Sa
medru, Szwicdru) <( St. Demetre - le 26 Oct obre•> ( <Sanrtus Di mctr1·us),
dr. (pop.) Sîn(n)icoară (Sînr(11)froarii) «St. ~icolas - Ic 6 Decembre •>
( <Sanctus *Nicolas), dr. (pop.) Sîmpctnt (reg., ar. Sîmrctru, Sum!Cctr1t}
<(St. Pierre - le 29 Juin » ( <Sandus Pctrus), dr. (reg.) Sîntoader « St.
Theodore - le 17 fevrier » ( <Sanctus Theodorus) etc.), alb. (1·, e) sliC11t,
slzenjte « S8int » (it. san(to), log. santu, engad. smch, frioul. sa11t, sent, fr.,
prov. saint, cat. sa11t, esp., pg. santo, esp. sa11, pg. sao)s 01 •
Le panroman corona ( < gr. xoFWV"fJ) <( couronnc l) > dr. rn111mă (rt'g.
curună, corună, arch., reg. curură), a1„ mgl. curunâ, alb. kurore <( couronne •>
(it., log. corontl, cngad. koruna, fr. wun1111e, pro,·., cat., esp. corona, pg. co-
roa); coronare> dr. rnn1t1rn (rnru11a, cuntra, etc.), ar., mgl. curzm (rnn:-
narc, curunari) (d rar deriva tion cn roumain: dr. î11c1t11u11 a, ar. ncu rn 11.
mgl. q,ncurun ~ couronncr » ct, a partir de la , <i marier •> (le dr. connaît Ies
deux sens: le premier surtout pour la forme deriYec, le dcuxieme pour la fomic
cununa; en ar. et mgl. sclil le deuxicme sens a cours) (it. coronare, fr. cou-

m REW, 7872; DELL, p. 619-620; PEW, l.~22; TDRG, I" 1365; CADE, p. 1102-
-1103, 1138, DER, p. 749; SDE, p . .3'76; DDA, p. 1058; Capidan, llicgl„ III, p. 2.57.
5 oo REW, 6911; DELL, p. 533-534; l\lihăescu, Lg. lat„ p. 53. 312; I'EW, 1267; DELR,

1333; TDRG, p. 1123; DER, p. 603; DLR, \'III, 1, p. 297; DDA, p. 959.
501 REW, 7569; Mihăescu, lnjl. gr„ p. 58, 65; FE\V, 1598; TDRG, p. 1432; CADE,
p. 1158-1159; DER, p. 761; DDA, p. 1094, 1095, 1117-1118, 1133, 1134; Capidan, Megl„
III, p. 270.

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300 H. l\lihăescu

ronner, pro\·., cat. esp. corollar, pg. coroar) .•Vonnns «moine» (lat. ecclesi-
astiqae); « nourricier 1> (mot enfantin dans Ies inscriptions de basse~epoque)
>dr., ar., mgl.. alb. nw1, ngr. ·1ov(v)6~ "parrain (dans le maria.ge reli-

gieux de confession orientale) (it. nonno <c grand-pere», it. dial. (apui.) mm-
nn, a. sarde 110111111 « parrain •) •.
LL· panroman pascha (pl. pasc!ult") ( < gr. IHcrzx) « Pâques » >dr., ar.
paşti, paşte, mgl. paşt ( paştn) ir. păsti, alb. paslikl.:, idem (en dr. il y a
aussi la forme pa seci (( grande brioche au fromage (ou a la creme) preparee
pour les Pâques; pain beni distribue aux fidelcs a Pâques; pain azyme I) (it.
pasq11a. log. ftLiskLl, cngad. pasqua, frioul.pc1sk,·, fr. pâq11e, pro\·. pasca, cat.,
esp. pasq11a. pg. pascoaJ 50 :!.
Crt'alio, -011c111 < naissance, procreation ~>dr. Crâciwt <c Noel», ar. Cră­
1

li1111 (CiJ<'!i1111) «.\oei; Luchc (de ~ocl) », mgl. Crâh'1m (Ci!rCi1111) <c Noel»;
du latin halkaniquc, ce terme passa aussi ('11 \·. sl., persistant en hg. (reg.)
/{rLlc1111 «fete pa~·sannc lors du solstice d'hiwr ou d'de », en ser. (mais seu-
lement comm~· anthroponyme ou toponymc). en sloYaque krahm, ukrciinien
lnac1111, kcrd1111, krd1m <c "N'oel 1>, russe lwrohm <c k solstice d'hiYer: le 12
J)t'.·ceml1rc (sdon le calendrier julien) 11, etc. 503
Rosa/ia ( < ros a) " la fek des rost·s. ct'.·r(·monic annuclle au cours de
laquclk on couronnait de roses Ies tomlws 11 > <lr.R:1s,1lii(pl.; reg. Rusale), ar.
Arusalt' ( I<usalt, pl.) « Prntec6te 11; le mot passa du btin balkanique
cn grec liyzantin (po•Jcrocl.LCJ. <c Feti: de la Trinite ») d L'n \·ieux slave (v. sl.,
bg. msalija <c Pentccote 11) d de J;t cn roumain ct dans d'autres langues
(cf. a. ser., a. russc l'ltSLllija (d'ou rusallM), idem, etc.) 504 •
Comm,1111/arc (= commmdarc) « recommander (qqn.), confier, en-
terrer 11 >dr. (arch., rt'.·g., p<1r cndroits dans le parkr de ::\IoldaYic) comînda
(arch. m111i111fo), ar. cu111i11d11 (rn111î11darc) <· donner un rcpas en honneur
d'un mort: soignn un mort; n·ndre k:; lkrnit"rs ckYoirs 11; u1 dr. (arch. -
- XY1·· sicclc) aussi <c s;•crificr 1> (a. campid. cu111i11diarc <• chargcr, dele-
gucr ll, a. l'Sp., pg. (01/lt'lldcff (I porter (mener) a tra\'l'l"S, passer; rCCOffimander,
promcttre 11); <tUX X\'I" - X\'11'' sieclcs, le mot t'.·tait connu aussi dans le
parln Yalaquc, cqwndant. hs temoignagcs des sourccs daco-roumaincs de
la rnoit ie nord du p<1ys sont plus nombrcux; an·c le sens initial cn latin de
<• n·commander 1>, dans son acccption religit'use scukmcnt cn roumain, il
refletc une rt'.·minisct'nct· Lk l'antiquL· culte palL·n sdon lcquel Ies defunts
se· dc\·aient d'etrc « recomrnandes » aux cliYinit&s au movcn des s<•crificcs
cffcctucs a lcur intcntion 50 ". -
Le lat. mon11mrnt11m ( = scp11!a111n) ou 1;1011i111enl11111 (forme attcstec par
Ies inscriptions) s'est maintcnu t·n dr. mormin! (arch. m11rmîn!, mărmînt),
ar. 11ntrmi11t11 (11!i1rmi11!11, m11rmi11d(11), mîrmi11du, 11111r111inte - sing. res-
502
RE\\', 6264; DELL. p. 486; J\lihă.escu, Infl. f!.r .. p. 58; PE\\', 1283; DELR. 1352;
TDRG, p. 1131; Rosetti, JLU, p. 139; DER, p. 607; DDA, p. 950; Capidan, Megl., III,
P· 217; l'uşcariu. St. ist1· .. III, p. 127.
5
oa Densusianu, ILR, p. 2.'il-252; PE\\', 407; DA, I, 2, p. 866-867; Rosetti, ILR,
p. 618-624; Graur, Etimo/,,~1/, p. 78-80; DLRV, p. 91; DELROM, p. 57; DER, p. 246;
SDE, p 2 H; DDA, p. 363, J84; Capidan, Mcgl., III, p. 80.
504 HE\\', 7376; DELL, p. 577; Mihftescu, Lg. lat.„p. 35, 237, 309; Yasmer., III,
p. 520; Rosetti, JLR, p. 622; DER, p. 710; SDE, p. ,163; DDA, p. 217.
505
HE\\', 2087, DELL, p. 382; Mihăescu, Lg. lat., p. 313; TDRG, p. 395; PEW, 440;
DELR, 286; DA, I, 2, p. 674-675; DER, p. 224; SDE, p. 195; DDA, p. 405.

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Du latin au roumain 301

titue d'apres le pl.), mgl. m1mnint « tombc, tombeau » (a. it. dial. (gen.)
muni·mcnto, prov. morimen) 506 . Le panroman tumba= -ruµ~o~ « tombe » >
> ar., mgl. tumbă, cilb. tumbe<( tertre, amas de terre » (en ar. le mot prend
aussi le sens de « tombc, tombeau », cependant qu'en alb. celui de « gerbe »)
(it. tonzba, log. tumba, engad. tomba, trioul. tumbe, tr. tombe, prov., cat.
tomba, esp., pg. twnba) 507 .
Draco, drams ( < gr. 8pcX.:v..wv) <(dragon, serpcnt; etenclard; diable •> >
> dr., ar., mgl. drac, ir. drac, alb. dreq <( diable » (tr. dial. (merid.) drac,
idem; pour ce qui est des premiers sens du mot, voir it. dragonc, tr. dragon,
prov. drago, cat. trago, esp. dragon, pg. dragao) 508 .
21G. Le panroman amzits <( annec » > dr., ar., mgl. an, ir. an, el. Jan,
idem (it. anno, log. amin, rngad., frioul., fr., prov. an, cat. any, esp. ana, pg.
ann.o). Le panroman mcnsis, -em <( mois » > ar„ mgl. mes, d. mtiis, idem (it.
mese, log. mezc, engad. mais, trioul. mes, tr. mois, prov., cat., esp. mes, pg.
mes). En rev2nche, izma'<( mois •> se rctrouve seulement en dr. ct ar. lunâ,
idem; dans ce dernier dialecte, le seul usant des deux termes cn qucstion
comme synonymes (l'aroumain foit de nouveau prcuve d'un point de conver-
gence entre !'Occident qui connaît des formes derivees de mensis et le daco-
roumain qui a garde la forme luna (voir ci-dessus le cas de tumba et monu-
mentwn (monimcnlum), le mot lunâ est rare et concurrence pcir mes; par ail-
leurs, nous avons deja constate (ci-dessus, §. 148) que luna <(lune•>, mot
dans cette acception panraman, s'est maintenu dans Ies quatre dialectes
de la langue roumaine 509 •
Scptimana ( = liebdomas) (en bas-latin) >dr. săptâmînă (pcp., reg. stii-
mînă, stîmînă), ar. siptămînă (slămînâ, stîmînă), mgl. săptâmQnă (~ăptămână,
s( ă)mQIZă) <( semaine » (it. settimana, trioul. sctcnzane, fr. semaine, prav.,
cat. sctmana, esp., pg. semana) 510 . (Dies)dominica <(le jour de Dieu, diman-
che »>dr. duminică, ar. duminicâ (duminică, dans le nord), mgl. duminică
( dumănică, a Ţărnareca)' ir. dumirekfJ, istr. dumenega (( dimanche •> (it.
dome1zica, log. dominiga, engad. dumenga, trioul. domenie; fr. dimanche (a.
fr. dienianclze), prov. dimengue, cat. diumenge, esp., pg. domingo; Ies formes
romanes occidcntales supposent parfois aussi la presence du nom dies, mas-
culin ou feminin, en fonction duquel l'adjectif prendra, comme de juste,
soit la forme domenicus, soit la forme domenica. Lunis ( dies) ( < lunae dies
d'apres illunis ou d'apres martis dies) >dr., ar., mgl. luni, ir. lur « lundi »
(istr. loundi, it. lunedi, log. lunis, engad. liindczdi, trioul. lunis, fr. lundi (a.
fr. lwzsdi), prav. (di)luns, cat. dilluns, esp. lunes). l\1artis (dies) >dr.
marţi, ar. marţ( ă), marţî, rngl. marţ, d. mirte, alb. e marte <(mardi» (it. mar-

506 REW, 5672; Mihăescu, Lg. lat., p. 182, 215, 313, 314; PEW, 1109; DELR, 1153;
0LR, VI, p. 874-875; DER, p. 538; SDE, p. 265; DDA, p. 783, 816, 836; Capidan, Megl.,
III, p. 199.
507 REW, 8977; Mihăescu, Lg. lat„ p. 315; PEW, 1770; DDA, p. 1202; Capidan, Megl.,

III, p. 303.
sos REW, 2759; DELL, p. 184; Mihăescu, Lg. lat., p. 309, 311; Idem, Infl. gr,., P·
57; PE\\', 547; DELR, 511; SDE, p. 120; DDA, p. 499-500; Capidan, Mcgl., III, p. 116;
Puşcariu, St. istr., III, p. 110.
509
REW, 5163; DELL, p. 373; Mihăescu, Lg. lat., p. 282; PEW, 995; DELR, 1018;
DER, p. 489; SDE, p. 241; DLRV, p. 117; DELROM, p. 128.
510 REW, 7834; DELL, p. 615; Mihăescu, Lg. lat„ p. 282; PEW, 1513; TDRG, p. 1363;

CADE, p. 1101; DER, p. 721; SDE, p. 415; DDA, p. 1090, 1113, 1118; Capidan, Megl .•
III, p. 257.

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302 H. Mihăescu

tedi, log. martis, engad. mard'i, frioul. nzarlts, mâters, fr. mardi, proY. di martz
cat. di mars, esp. martcs). Jlacuri(i) (pop. macuris) (dics) >dr. m-;'cr-
curi (reg., 1micrcun', 1iarnri etc.), ar. 1/crwri, mgl. 1icrc11r, ir. micrknre, alb.
e mirkzm; « mercre<li » (it. macoltdi ( > cngad. makuldi), log. m/rk11ris, frioul.
mierlws, fr. mcrcredi, proY. dimacres, cat. dimecrcs, esp. 1111'/r(oles). Jovis
(dies) > dr. joi (reg. gioi), ar. gioi, rngl. joi, el. d:;ue « jeudi » (it. gio<:cdi, fr.
jmdi, proY. (di) jo:1s, cat. d1jo11s, csp. j11ct.·cs). Vmt'ris (dfrs) >dr. 1. int"ri, 1

ar. c. i1iiri, rngl. 1.·i11iri, ir. c.•irtr (~culemcnt a Jeiăni), d. 'i~i11dre, istr. c.·cnare
1

(< ,·endrc<li » (it. c.·madt., rngad. ;_·mdcrdi, frioul. c.·i11as, fr. 1..'L'J1.ircdi, proY .,
cat. dic_'t 11rt's, (·:op. 'i.'?°r1'1tt's). Lat. YUl/,;. sa111bat11 « samcdi » (attcste ciu IP~
sieclc) ( < gr. crci.~~7.'7'J'1) > <lr„ ar. sî111bâtâ, ir. stimbat~ « samcdi » (cf. d. s1iba-
ta, istr. sab6, cngad. samda, fr. s11111t'di; it. sab,1to, log. sap.1d11, pro,·„ cat.
dissaptc, csp„ pg. s1ibado, il s'agit de formcs deYC'loppees de sabb<lf1tm ou de
sambatum) 511 .
Ca/01darius. -.r, -11111 «tenu aux calcndcs 1> > dr. (circh., pop.) cări11d,1r,
vlh. k,1!h11.1r, ki?!lnur « janYi•.'r •> (<'.·,·olution ~l'rnantique dm· ,·raiscmblahl-:'-
nwnt au fait de la confusion c·ntre la frte palL·mw clcs call'ndes et Ies fetes
dl.' ~oei, cdcbrecs au moi" de j~m·icr) (engad. skalillldra «le debut du prin-
ternps », f r. di~l. (ml-rid.) t"ctl01dit~ « bl1chc de ~oe)», prm·. t"alt11dar < le
dc:rnicr rnois de l'anni·c I), c11lmdor <c ~oei I)). Le panroman fcbr(u)nrius
(moisis) « rnois de purifications 1> (dl'rnin mois de l'ancicnne annee romvincl >
> <lr. (pop.) fâ11r11r (la forme, dlc aussi populairc, fa11r est n&C' de la co:i1-
fusion a\"t'C f11i11' IC forgcron 1) (\·oir CÎ-dC'S<:US §. 202), CC' <)Ui ::l COnduit a l'idt'D-
tification de « feYricr 1> anc fâ11rar <c forgcron 1>, ;1lb. (mar. (ror '< feYricr »
(it. fcbbr11in, log. frcard:11, t·1igad. fa·cri·r, frioul. fn•rar: fr. fh·i·frr, pro\". fcu-
ria, cat. f<'bra, t'~'P· fd1rcro, pg. fn.•crciro). Le panroman 11icirfii1s (mmsis)
« mois de \!ars 1> >dr. (arch., pop). mart, ar. mar/11, alb. m~irs "mars 11 (it.
111ar::o. log. mc!rf11. cngad., frioul„ marts, fr. mars, pro,·. mart:;. cc<. mars, csp.
111.n~n. p~. lllill'f(l). L· p.rnroman a/m'lis 1. axril »>dr. (arch„ pop.) pria,
ar. (a)f'rir, alb. prill (mgl. prii'), ickm (it. ciprilc-, log. ai;·.:h, rngad. m:ril,
fri0111., fr. ,1;:ril, pro,· .. cal., 1<:p., pg. abril). Le p;mroman 1111ius «mai1> >
>dr. mai, ar. maili, ir. mai. idem (it. m.1f!E:,io, carnpid. may11, cngad. mcg,
frioul. mai, fr., pro,·. mai, cat. mai.:;. csp. mayo, pg. m11iu): toutefois, il
n 'c<:t pas cxclu 'lu';\ l'ori~irn· du mot roumain se soit trouYe le , .. sl. nia_i. Le
panrOin;:'cll a (11)ţ;11Sf!IS « aolÎ.t I) > dr. (pop.) agusf (arch. ago:,f, reg. gztsi),
alb. guslzt, idl'm (it. agosto, log. aust11, rngad. 1n•1wst, frioul. c1~·ost, fr. arnî!,
pro,·., cat. agost, esp., pg. agosto).
De *manitia (cf. lat. dt mailc «des le matin ») > <lr. di111'11caţă (arch.
donînt'aţâ, dmii(11)1't'ilfli, ar. di111(i)11eaţă, mgl. di"tnineatsa (dimi11easta), ir.
damarcte « matin », mais il est tout aussi possibh, qne Ic rnot romnain ait eu
pour po1nt de depart le lat. dt' mane, aYec unc deriYation ulterirnre sur le
tt'n~in du roum:::.in a\"ec ll' suffixc -cafă; ma11icarc (<man~) (latin d'Eglisc)
(c se lever ou partir de bonne heure 1> > dr. (arch., pop.) mîncca (en mgl. ci
ete attcstfr uniqucmcnt la forme mă11ic,1t, utili::ec cornmc un adYerbe an·c
le Sl'l1S de «de bonne hcure 1>), alb. 111ingoj, idem 51 i. Serei (< tardif; tard(iYe-

511 RE\Y, 7479; DELL, p . .'i85; ~fihăescu, Lg. lat„ p. 66; TDRG, p. 142.'i- H26; DER,
p. 757; SDE, p. 414; DDA, p. 104; Puşcariu, St. istT., III, p. 131.
612 REW, 2548, 5301; DELL. p. 38J; Mihăescu, Lg. lat., p. 26.'i; PE\\", 1083; DELR,
1116- 1118; DLR, VI, p. 686-6.S7; SDE, p. 270; Densusianu, I LR, p. 443, 473; DDA,
p. 470, 471; Capidan, .Megl., III, p. 109, 181; Puşcariu, St. istr., III, p. 110.

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Du latin au ruumain 303

mrnt) 1> > dr. s.:ară (reg., dans Ici moitie septentrioncilc et d~ms l'oucst du
pay::, sarâ), ar., mgl. scară, ir. s~ra (sâra) \( soir » (d. saira, it. sera, engad.
saira, frioul. sere, proY. dial. (dans l'est) sera; autrcs langues romancs par-
tent de sero « tard 1>: log. sero, fr. soir, prov. ser). Le panroman hora « heure,
division du jour » >dr. oară (arch., pop.) « fois 1>, ar. oară « heure, montre;
temps, instant; duree; fois, etc. 1>, mgl. 1uară « fois », alb. here « heure, saison,
epoque » (d. jaura, it., log. ora, engad. ura, frioul. ore, fr. lzeure, prov., cat.
ora, esp., pg. hora). Le panroman *tardivus ( < tardus) > dr. tîrzi"u, ar. tîr-
dzîu (( tard » (it. tardivo, log. tardiu, esp., pg. tardio). *Temporivits ( < tempus,
-oris) (<a temps >) >dr., ar., mgl. timpim:tt (<premature>) (gen. tempuivu,
lomb. temporij, ven. temporivo, engad., tempriv, frioul. temprij) 513 •

Remarques

217. Xous venons d'cxamincr dans lcs paragraphes ci-<lessus, groupes


par concepts et par spheres d'activite, la majrnrc partie et, de loin, la plus
importante des termes du lexique d'origine latine herites par Ies quatrc
dialectes de la langue roumaine. La. clelimitation de ce fonds lexical repose,
comme ele juste, avant tout sur lt:s dcux dictionnaircs etymologiqucs qui
lui ont ete consacres exclusivement, a savoir: PEW, comportant Ies etymo-
logies de 1947 mots consideres comme faisant partic de cette categoric, et
DELR, malhcureusement incomplet, clont le dernier mot pris en considera-
tion est le verbe putea<( pouYoir », figur8nt sous le numero d'ordE' 1491. Pu-
blies en 1905 et respectivemcnt 191-1, il est regret table de consta tcr qu'c.1pres
em·iron trois quarts de siecle, ces dictionnaires sont encore Ies seuls <lont ont
puisse disposer. Or. malgre lcur materiel csscntiel, si l'on Ycut obtenir un
tableau aussi circonstancie et aussi juste que possiblc, il faudra necessaire- '
ment Ies completer et Ies corriger a l'aide d'autres dictionnaires, d'autres
ounages specialises publies dcpuis et qui refletent Ies progres enregistres
<l;rns l'etude du latin nilgaire, de l'etymologic, dans l'etude de la languc rou-
mainc dans ~;on cnscmblc. Ce procede, applique au cours des dernieres annees,
a rnrichi le fon<ls lexic;t} en qucstion jusqu'a un montant de 2188 mots 514 ,
soit 241 mots nouveaux, ~mtrement dit plus de 12,5% par rapport a
ce qu'il etait du ternps ou Sextil Puşcariu redigeait son dictionnaire ety-
mologique. Toutefois, selon nous, ce chiffre ne saurait etre qu'approximatif,
compte tenu, d'un câte du fait que l'etymologic attribuee a certain's termes
de base est encore sujet a caution, vu, d'un autre câte, Ies difficultes et
Ies doutes portant sur le moment exact ou certains derives ont pu naître
(dans le latin vulgaire ou sur le terrain du roumain). Par ailleurs, cette eva-
luation ne saurait beneficier que d'une validite temporaire, puisque, pour
!'instant, une recherche minutieuse dans ce domaine de la langue n'a porte
qu'uniquement sur le xv1e siecle, relativement de maigre rapport en ce

613
REW, 8632; DELL, p. 682; PEW, 1732; TDRG, p. 1592; CADE, p. 1298; Gra-
ur, Corrections REW, p. 115 (derive en rournain de timp); DER, p. 839, SDE, p. 425; DLR,
XI, 2, p. 265-266; DDA, p. 1180; Capidan, 1Uegl., III, p. 294.
614
Romulus Todoran, Elementul latin în lexicul dialectelor româneşti, dans le volume
Conttibuţii de dialectologie română, Bucarest, 1984, p. 137.

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304 H. !'llihăescn

qui concerne lcs rnurccs (cn cffet, c'est a ccttc periode que remontentpour
autant quc nous le sachions, les textcs ro.umains - dcco-roumains - les
plus ancims connus jusqu'a present). De CL' point de \'Ue-la, Ies xvne
et XVIII'" siL·cles sont de heaucoup plus riches; ils comptent quantite de
sourccs (nombre d'actcs et doruments, din:-rs manuscrits de caracteri:.· reli-
gicux, historiquc, encyclopC:dique, etc„ Yoire quelques te~:tcs imprimes)
inutilist'·cs pourtant par la bihliographie des diwrs dictionnaircs (TDRG,
D ..\, DLR, etc.) ou par ll's ounagcs et ks etudes sur l'histoire de la lant,'11e
roumaine rediges jusqu'a present. II s'agit donc d'un \'aste materiei lingui!"tique
non encorl' dc·pouille, alors que la connaissance des parlers roumains aYance
et ne cesscra <l'a\'anccr au fur et a mcsurL' de la rcdaction des atlas linguistiques
Tdlcs etant ks choses, nous a\'ons mis a profit, en fonction des exi-
genccs de notrc etudc et afin de completer k fonds lexical qui rcpresenh· l'he-
ritage latin, difffrents autrcs dictionnaires de la languc roumainc, dont nous
citcrons ici quelques-uns. Pour le dialecte daco-roumain, tout d'abord 1.: DA
et le DLR ensuite Ies: HE~I. TDRG, CADE. DEX. DER, SDE (ccs deux-
dernicrs OU\Tagcs mcntionnlnt cgakment des forn1L'S proprcs aux dialectes
roumains sud-danubicns, le premier des trois dialectes, le second de l'arou-
main), DELH.V, DELRO~L Pour Ic dialecte aroumain, mcntionnons le mo-
numental dictionnaire de Tache Papahagi, celui <le Th. Capidan pour ce qui
est du megleno-roumain d, t·n cc qui concerne le dialecte istro-roumain,
Ies donnees fournies par Sl'xt îl Puşcariu dans Studii istroromâne, ainsi que
par la monographie, d'une date de Leaucoup plus recente, d'August Ko\'aeec.
Nous avans utilise aussi quelques editions moderncs des Yieux textes roumains
et mcme quelqucs-uns de ces tcxtes directemcnt, ainsi que diYers autres
OU\'fagcs, monographics Oll etudes reJati\'CS a J'histoirc de la }angue
roum;1 i ne, Yni r(' ;\ la languc roumainL' act ul'lle, etc. Ccpcndan t, afin d" ne
point chargL·r par trop Ies nott's du prt'·scnt om-ragL'. nous a\·ons rcnonc~ de
rl'nvoyn ;\ <'l'S sourct·s charun dl's mots considc-r(·.,.,, jngcant opportun d·' ne
k fain· '!li'' dans ks ras 01'.1 kl ou tt-1 mot prt'·sl'nt;iit cl<'s prohll·nws particuliers
(t>t>·rnnn latin n·stitu\· ou ifkntifi0 clernicrenwnt. t'·tymologit· contrO\·eF~·e,
\·,·nlnt ion Sl~mant iqut· originak dans la langue roum;i. inc ou dan-; scs dif LrPnts
diakcks, cararti'·rc archalqul' ou populai rect ainsi dt· suitr·).
~11m·ent. Ies form•·s roumai1ws susmcntionnl'.Ts sont suivics de kurs
corrc."'pondants cks idirnm s snd-1·,;t 1·tiropc'.·L·ns discutes aux chapitrcs prece-
<lcnts, c\·st-~t-din· de kurs corrcspondants allianais. dalmatl' ct istrit:-n, par-
fois aussi, dans quclques rares cas, <le lcurs corrL·spondants en g-rec b>·za.r.tin.
neo-gr1_·c, lmlgarc et serbocroatl', qui feront l'objet des chapitres sui\'ants.
Ccttc succession dl'S formes citc'.·es cxigcait, d'autrc part, la mention de celles
qui sont propres a ccrtains dialectcs italiens, a l'italien iitterairc ct au dialecte
frioulan. Comptc tenu de cela ct dans le desir de fournir toujours une i~age
complete, une vuc d'enscmble utile ct eloquentc cn mi avant tout, nous
avans adopte l'idec de mentionncr C:·galcmcnt Ies formes correspondantes des
autres langues ct dialcctes romans (et, lorsqu'il s'agit <le termes panromans,
de la totalite des langues romanes, le plus souwnt). Quan<l l'evolution se-
mantique d\m terme le justifiait, nous avans mentionne Ies diverses accep-
tions des formes respectiws; formes et acceptions tirees presque chaquc fois
du dictionnaire de 'vV. ~Ieyer-Liibke.

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Du latin au roumain 305

Classe par nous dans 21 champs semantiques 515 , que nous avons trai-
tes dans un nombre egal de sous-chapitres distincts, le vocabulaire herite
du latin par la langue roumaine s'est avere d'une grande richesse et tres
varie, en counant les domaines principaux de la vie et des activites humai-
nes: univers, espacc, trmps, quantite, qualite, terre, eau, flore, faune, parties
du corps humain, vie, fonctions vitales, sens, sensc:itions, sentiments, intel-
lect, nourriture, vetement, chaussures, parures, hygiene, logis, agriculture,
elevage, activite pastorale, metiers, transports, echanges commerciaux, fa-
mille, vie sociale, administration publiquc, droit, armee, magie, religion, ca-
lendrier. Bon nombre des notions essenticlles de ces domaines, dans des pro-
portions souvcnt frappantes, sont designees, ainsi que nous l'avons constate
dans Ies pagcs precedentcs, par des mots herites du latin. Les calculs ont
montre qu'environ 827 termes de cette categorie, soit plus de 36,3% sur le
total· evalue ci-dessus, font partie du \'OCabulaire fondamental de la languc
roumaine litteraire, estime a un montant qui varie de 964 a 1419 mots 516 .
En realite, une bonne partie de ccs termes se sont conserves dans tou-
tes Ies langues romanes. On a calcule que le fond lexical panroman se chiffre
a presque 500 mots. En voici Uilt' seric d'exemples: aer, ager, albus, altare.
angelus, anima, allnus, aqua, arbor, arcus, arma, audire, ausrnltare, barba,
bene, bibtrc:, bonus, bos, caballus, cado, caelum, camisia, cainpus, capra,
caput, casa. cena, cognoscae. comparare, com praelwzdere. crede re, crescere,
dicere, dies, digitus, dolere, domnus, dormire, dulcis, ducere, facere, falx, fames,
farina, fenestra, fen1t1n, fihus, focus, fontana, frater, frigere, frons, fructus,
fugire, fumus, gemere, genucul111n, gingiva, granum, grossus, gustus, habere,
herba, heri, homo, lzospes, 1:nteger, iocare, iocus, ingmn, iitvenis, lacrima, lacus,
lana, largus, laudare, lavare, laxare, lev,?re, lex, ligare, lignum, lingua, locus, lon-
gus, litmen, mane, manus, mare, masculus, masticare, mens, mensa, mensura, mons,
morire, mutare, mutus, nares, nascere, nasus, nigcr, nix, nomen, novits, nox,
oculus, orare, ovum, palma, palus, pan1·s, parens, parere, parfrs, pars, passer,
passus, pax, peccatum, pectus, pellis, pctra, pilus, piscis, placere, plangere,
plenus, pomus, panere, pons, populus, porcus, portare, praehendere, pretfrtm,
primus, pugnus, pulpa, putcus, quacrere, radere, ramus, recens, respondere,
ridere, rivus, radere, rota, rotunius, rumperc, salutare, sanctus, sanguis, scri-
bere, sedere, sentire, signum, sitis, somnus, soror, sors, spargere, stella, stare,
sudor, sufflare, sum, surdus, talis, tempus, tendere, tcner, tenere, terra, texere,
tonare, tremulare, vena, 1,1cndere, venire, ventus, vestimcntum, vetulus, vicimts,
videre, vindicarc, vinum, viri'dis, v1:ta, vivus, etc.

515
Cette operation n'a ete abordee qu'aprcs l'examen des classifications semantiques
precedentes, dans le genre de celles faites par \.\"alter Domaschke, Der lateinisclun W orts-
cliatz des Runiănischm, dans 'WJb, XXI-XXV, 1919, p. 65-173 (etudc reposant sur le fonds
lexical englobe dans le dictionnaire etymologique de Sextil Puşcariu) et par I. Fischer, Cla-
sificarea sema1itică a lexicului latinei dunărrne, dans ILR, II, p. 129- 173, ou, ainsi que le titre
respectif le montre, sont mentionnees d'habitude seulemcnt Ies formcs latines (suivies tou-
tefois dans chaque cas de sigles indiquant Ies langues romanes qui en ont herite); nous avons
examine egalement des schcmas du vocabulaire d'uue langue <lonnee ou du vocabulaire gene-
al. par exemple, les schemas realises par Franz Dornseiff, Dcr deutsche Wortschatz nach Sach-
gruppen (5eect.. Berlin, 1959) ou par Rudolf Hallig-Walter ·ion Wartburg, Begriffsystcm als
Grundlage fur die Lr:r:icographie. Vcrsucl1 eincs Ordnitngsschemas. 2„ neu bearbeitete und er-
weiterte Auflage, Berlin, 1963.
516
AI. Graur. Î11cercare asupra fondului principal lexical al limbii române, Bucarest,
1954, pp. 55, 59.

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306 H. Mihăescu

D'autrc part, le Yocabulaire herite du latin par toutes Ies autres lan-
gue~ romanes a l'cxnption du roumain ne compren<l que 214 mots, tcls:
aet11s, i1marc, amplus, ancora, arca, argilla, ars, a·varus, ba/lama, ballarc, color,
crnst:i, dcbere, crrarc, fallae, fi11dcre, fons, gaudium, gra11dis, lwnos, ltort11s,
1"11fans, infcrn11m, laborarc, lanCfa, lectus, lmtus, httera, mata, n1t·111brum, me-
morare, 11zo;wclz11s, 1110-..·at', 11a1111s, 11t1tis, nidus, obsc11r11s, opera, ornare, para-
bola, pater, pauper, pa:,n11a, pcs, planta, «plante», planta «plante du pied »,
pla1111s, plorare, port11s, fn.1t"starc, purgare, ra11a, regula, rmws, restis, n:gore,
rostl, saliva, sapac, sequor, so/ere, tabula, textum, timar, turris, vafrrc. 1.•mws,
1·ia, -..·illtl, etc., tandis que J'heritage du roumain a lui scul depassc a peinc,
C('nt mots. En Yoici quelques exemples: *addcpositum, adi11tori111n, adsternere,
ajrfria, agilis, Ctll·cia, cillllicum, circitare, crcatio, des/Jicarc, dissecarc, fclix,
horr'.·sc,'l'c, hospiti:um, 1·mpcrator, i11dici1111t, l„rnguidus, languor, li(11)g1!la, ma-
11ictirt', marcidus, margdla, noi·aca, ordinare, o·vis, pali11rus, jJerninir, peram-
bulare,pharmamm, placc11ta, procdac, putridus, schema, scoria, trepidare, victi-
mar,„ •:ornat", etc. 51 '.
Il com·ient de noter, dane, que de par leur nomLrc, autant d surtout
quc de par limportance des concepts qu'ils <lesigncnt, Ies mots de cct heri-
tage latin off rcnt la prcu\·c tout a fait claire quc dans ce <lomaine aussi Ies
elemcnts d'unite dans le plan roman sont ncttcmcnt dominant par rapport
aux elemcnts divers 51 8 .
La disparition ou l'eYolution semantique, dans un contexte historico-
g-eographique donne, de Ccrtains tcnncs classiqucs Qtti SC rapportaicnt a
la Yic citadine ( cfritas, forum, 11101111mentmn, plate a, strat a, 1trbs), ont fait
naîtrc l'idee <le '' ruralisation » de la langul' latine <lu Sud-Est curopeen 519 ,
phenomcnc gui, compk tenu <lcs donnecs prescntecs par l'alhanais
et le dalmate, a affecte notamment le latin se trouvant a la hase du roumain.
A n·marquer, dans le memc ordrc d'idees, d'unc part la richcsse de la termi-
nol0giC' roumainc d'orig;ne latine dans le domainc de l'eleYage du betail,
terminologie heritfr tdll' qucllc du btin n1lg;iirc ou bicn mtreedans cc do-
maine a la suite d'mw evolntion semantiquc originale ('11 roumciin 520 (voir:
*faicaria, fibularc, 1111trici11m, ruga, etc.); d'autrc part, la relatiYe pauvrcte
de la terminologie cultnrclle, dont Ies elemcnts fondarncntaux restent charta
et scribcrt' (le premier, comme nons l'aYons deja vu, emprunte au grec par
le latin du Sud-Est dC' l'Europc).
Ce sont rncorc Ies fackurs historiqucs ct geographiques qui cxpliqucnt
pourquoi le roumain n'a pas heritc de tennes !atins relatifs a la navigation
maritime ou aux poissons \'Î\'ant dans la mer (situation qui, comme de juste,
est radicalcmcnt autre qu'en dalmate). Ce sont ces factcurs qui expliquent
egalcmcnt le fait quc des termes tcls co11ventus ou fossatum ont parcouru
une evolution semantique originale en alLanais ct en roumain; que Ies deux
langucs cn question ont herite du mot imperator. Ce sont toujours cux qui
cxpliquent le fait qu'entrc touks Ies langucs romancs, le roumain scul a

51 7 Voir ILR. II, p. 110-128.


518
I. Fischer, Latina dunăreană, Ducarcst, 1985, p. 153.
519
Puşcariu,
LR, I, p. 354-355; Ivăncscu, ILR, p. 240-241.
620
D'autrcs termes !atins aussi ont fait l'objet de de·1cloppements ou de legs origi-
naux en roumain, tcls albaster, anima, barbutus, bucea, co11s/are, fibularia, follis, fossatum,
imputare, i11signare, intcndere, nutricimn, talis, tcnenon, venter, vindica1·e, virtus, etc.; voir Ro-
setti, ILR, p. 195- 197.

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Du latin au roumai.n 307

herite de Romanus en tant que nom ethnique. Et nous n'aYons pas epuise
ainsi la liste des remarques a faire en ce sens.
Par ailleurs, Ies memes circonstances historiques et geographiques parti-
culieres sont a l'origine des differences relevees dans le cadre du roumain
pour ce qui est du lexique herite de la langue latine par le dialecte daco-rou-
main d'un cote et par Ies dialectes sud-danubiens d'un autre cote. Il y a
donc, comme nous l'aYons deja Yu, du re!'tc, des elemcnts latins (leur nom-
bre total est d'enYiron 80) dont les desccndants roumains ont ete attestes
seulement au sud du Danube. Yoir, par exemple, a ce propos: a.fricia > ar.
afre aţă; allcctus > ar. alcpt 1t; a peri re> ar. a pir (a pirire), mgl. a pir ( piriri);
arborehtm > <Jr. arburd; augmc11tare > ar. ami11tu ( amintare); aura >
>ar. lF.nă, mgl. aură; barbutus, -a >ar. bărbută, basiart >ar. baştt (băşcart');
blandulus > ar. blî11dur; calor, -orcm > ar. ciiloare ( căroare), mgl.
căloari; castanws, castane a > ar. căstînu, căstî1le, mgl. câsfQ1l11, câstQită;
ci cer, -crem > ar. ţeaţirc; circztlus > ar. ţercl' u; consobri11 us > ar. cusuri11;
demandare > ar. dimî11dn ( dimîndarc); displicare > ar. displec ( displc-
care); dissecare > ar. dis ic ( disicare); fabricare > mgl. f arfr; ficus >ar.
liic, mgl. ic; florus >ar. flor; *flmninu11i (sing. restitui d'apres pl. flumina
de flumm, -inis) >ar. flumin; follina >ar. fd'ină; *fulg1ts (= fulgur) >
>ar. sfulgu; furnus > ar. fzmzu; galbus >ir. gdbu; lzibernivum >ar. ar-
nilt; lactaria >ar. lăptară, lăptare; mensis >ar., mgl. mes; micula> mgl.
1lirnrâ; murus > <ir. mur; novcrca >ar. 1z1tcarcă, Hearcâ; nutricare >ar.
11tric (ntrfrare); orphan1ts >ar. oarfăn; paliurus >ar. păl' ur; pruna spo-+
dium > ar. sprună; pupus, pupa> ar. pup, p1tpă; pu sca ( = posca) >ar., mgl.
puscă; rnga>ar. ( a)rugă; rumhtare >ar. arumin ( aruminare); *salinea >ar.
sărifie; sanare > ar. sînedw, nsîncdzu ( sînare, nsinare); smz us > ar. sîn,
ir. săr; sarwlare ><Jr. sârcl'ed::u (sărcl'eare); serra >ar. şară; scrum>
>ar. şar; *solinus >ar., mgl. sz.m:n; spissits >ar. spes; string(it)la>
>ar. stringl'e; stroppns >ar. strop; *sub1:tiare >ar. suil'ed::n (suil'earc);
tumba >ar. tumbă; uter, -trem >ar. utre; vanitas, -atem >ar. vînătate
(dans la focntion în vînătate « en V<Jin »); vomer, -erem > ar. vomeră, vomiră,
etc. s21
Il convient de noter que parmi les elements }atins que le daco-roumain
actuel ignore (ou qui, tout au plus, n'y sont attestes que comme regionalis-
mes), il y a des mots qui ont une large diffusion. Cependant, ces elements
sont attestes ou ils ont eu une plus large diffusion dans le daco-roumain des
xv1e - xvne siecles. C'est par exemple le cas des termes: a{!,er, agrum >a.
dr., ar., mgl., agru; animalia>a. dr., dr. reg. nămaie, ar. nămal'e, mgl. nămal';
aratrum >a. dr., dr. reg. arat, ar. aratru, mgl. arat; arena >a. dr., dr.
reg., ar. arină; aries, -etem >a. dr., dr. reg. arcte, ar. arete, mgl. reati, ir.
artJ~e; armus >dr. reg. arm, <Jr. armu; asinus >a. dr. asin, ir. dsir; avus >
>a. dr. auş, ar. auşu; *capisteria (= cap1:stcrt'lmi) >dr. reg. căpistere, ar.
căpisteare, mgl. căpisteari; *casatorius > a. dr. câsătorin, ar. căsător;
catinum >a. dr., dr. reg. ccfffn(ă), ar. căţîn, mgl. căfQn; catta + ttşă >ci.
dr., dr. reg. cătuşă, ar. cătnşc «chat»; cellariztm > a. dr., dr. reg. celar, ar.
/ilar; cocci11us, -a, -um >a. dr., dr. reg. coacin(ă), ar. coaţin(ă), mgl. coa-

521
Pour un complement d'information voir ci-dessus §. 146 et suiv., ainsi que Ies listes
chez Capidan, Ar., p. 145-153, Rosetti, ILR, p. 397-399, N. Saramandu et P. Atanasov,
Tratat de dialectologie românească, Craio·ra, 1984, p. 466-467, 546.

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308 H. ::\lihăescu

ti11â; constarc >a. dr., dr. reg. wsta, ar. rnstă(custare); cucurbita >dr.
~eg., ar. curcubctă; curare> a. dr., dr. reg. cura, ar. rnr(curare); disvcstire>
>a. dr. de;veşte, ar. diz'i.1escu (dizviaştire, di::-uiştcare); fur> a. dr.fur, ar.
(a)jur, rngl. fur; f11stis, -em >a. dr., ar. fuştf, rngl. fuşt; judicium >a.
dr. judeţ (giudeţ), ar. giudcţu «jugernent1>; marit11s >a. dr., dr. reg., ar.
mărit ; misccre > a. dr. mcşlt:, ar. mesw ( meaştire, mişte arc) ; navis, -em >
> a. dr., dr. reg., ar. 1zafr, etc. (pour d'autres exemples, , .. ci-dessus § 146
et suiv.). Telles etant les choses, il est a presumer que d'autres elements
!atins herites par Ies dialcctcs roumains sud-danubiens ont pu survivre un
certain tcmps cn d;:ico-roumain, sans qu'on ;:iit pu Ies attestcr du fait de la
penurie des sources ecritl's en ce dialecte aYant le XYie siecle. Cettc remar-
<]UL' rcste egalcment ,·alabk pour ce qui scrait de la situation inYcrse, c'est-
a-<lirc celle <les knnes latins <lu daco-roumain non attcstes au sud du
Danube.
Si l'on considere a la lumiere <le ses donnees essentiellcs le Yocabulaire
latin hfrite par la languc roumaine, on constatera qu'il offrc l'image d'un
rapprochcment etonnant cntre Ies diwrs dialectes de ccttc langue, malgre
Ies <listances qui Ies sepan:nt.. Le fait dcYient plus frappant encore lorsqu'on
place la composante rournainc dans le contexte de la romanite sud-est euro-
pecnnc cn general et qu'on prcn<l l'n consideration aussi ks rcnseigncmcnts
fournis par l'histoire du dialcctL' daco-roumain au cours des quatre-cinq dcr-
niers sicclcs.

Elements thraco-daces de la langue roumaine

~18. Panni Ies influences qui se sont cxcrcecs sur le latin vulgJire,
dont Ies di,·erses modifications ont donnc naissance a la languc roumaine,
la plus importante l'TI raison du nomhrl' important d'elt'.·menb lexicaux four-
nis restc cell<· <le la population thraco-<lacc, c'est-a-dirc <le la population
de substrat. :'\lais. i<lentifo·r l'n roumain Ies elemcnts <l'origine thraco-
<lacc suppose I~ connaiss~nce prealaLle, du moi ns dans une certa ine me-
surc, de la langue thraco-dacc. Or, comme on le sait, Ies rcnscigncmcnts
a cc su jet. <lont nous <lisposons grâce aux ecri\·ains et aux documcnts epi-
graphiques de l'Antiquite, documents li\Tes par le territoire thraco-dace,
sont insuffisants. Tclks etant ks chOSL'S, Ies l'Ssais d'cxplication ety-
mologique <les mots rournains d'originc thraco-dacc offrcnt un carac-
tere incertain ct som·ent ils aboutisscnt a des interpretations tout-a-fait
<lifferentes. Ces diffL·rcnces <l'interpret ation etymologique ont memc con-
duit a des thfories tres di\"(?rSCS quant aux particu}arites phonetiques de
la }angue thraco-dzicc el a SCS SOUs-diYisions tl'rritoria}es 522 •

522 Des points de •rue a cet egar<l ont ete a·1ances entrc autres par: ,,._ Tomaschek, Die

altm Thraker, I, 11/ l-2, S.\ W, 128, !JO, 1J I, 1893- 189-l; D. Dcce·1, Charakteristik dcr
trakischc11 Spraclu, Sofia. 1952 (reedition <lans Li11g11istiq11e balka11iq11e, II, Sofia, 1960); \"1.
Gcorgie·1, Trakijskijat e::ik, Sofia, 1957, Introdu::ione alia studio delie lingue iudoeuropee, Homa,
1966, Trahite i tel111ijat ezik, Sofia, 1977; I. I. Russu, Limba traco-dacilor, Bucarest, 1959
(cdition re·rut" corrigec ct completec, Bucarest, 1967, ·1ersion allemande, Die Sprache der Thra-
ko-Daker, Bucarest. 1969), Elemente autohtone Îll Ii mba română. Substratul comun româ110-alb11-
11ez, Bucarest, 1970, Etnogeneza românilor (Fondul autohton traco-dacic şi componenta lr!tino-
rnmanică), Buc., 1981, p. 37 - 70; I. Duridanov', Ezikăt na trahite, Sofia, 1967, etc.

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Du latin au roumam 309

219. N ous pensons que Ies elements daco-mesiens consen-es en roumain


ct daco-mesiens en general ne sont pas si differents de leu1:s correspondants
thraces en general que le croit V. Georgiev, le premier a voir dans Ies deux
variantes dialectales, nord- et sud-danubienne, de la langue thraco-dace deux
langues differentes 523 ; c'est pourquoi, le terme de tl1raco-duce ne nous sem-
ble guere errone. Cela ne nous empechera certes pas de parler souvent d'ele-
ments daco-mesiens en roumain, puisque, en effet, seules Ies tribus daco-me-
siennes devaient constiturr la population autochtone soumise au processus
<le romanisation. Sans doute, la population thrace du nord-ouest de la
province romaine Thracia, c'est-a-dire Ies Sardi (qui ont donne lrur nom
a la ville de Sadica; mais le suffixe-fra serait-il thracc?), est-elle aussientree
dans le melange dont sont sortis ensuitc Ies Roumains. Cnc partie de la popu-
lation constituant le substrat Ju peuplc roumain, a savoir la population \'i-
vant a l'est et au sud des Carp<ites, portait le nom de Getes. Toutefois, on ne
saurait nommcr - a l'instar dr Y. Georgiev - « Daco-mesiens ,> tous Ies
Thraces qui ont habite le territoirc qui fut le berccau du peuplc roumain.
Compte tenu de la prescnce d'un certai ns nom bre de Thraces dans le substrat
roun:ain, comptc tenu ciussi de l'ctroit voisinage de son territoire a\·ec Ies
regions hahitees par les Thraces en general, il est fort \Taisemblahle que la
langue roumaine a it hcrite de qudqurs elements thraces ?.u sens restreint
<lu terme.
220. Telles etant Ies choscs, il va de soi que l'identification des ele-
ments d'origine <laco-mesienne de la languc roumaine se heurte a de grosses
difficultes. Cepcndant, bon nombre de ces legs daco-mesiens au roumain se
laissent saisir par divers moyens. Pour cc faire, une premiere methode a
:Suivre est de comparer Ies mots roumains aux mots daces transmis par les
·ecrivains antiqucs, c'est-a-dire de les compner avec les rares gloses daco-me-
siennes disponibles; on lcur ajoutera aussi la liste des norns de plantes laissee
par Dioscoridc. Certai ns chercheurs dans ce domainc se sont penches sur cettc
sourcc de renscigncments pour depister Ies elements <laco-rnesicns du rou-
main. Mais les mots consideres comme tels par Hasdeu sc rctrom·ent egalement
en albanais: a. mac. &p·rsA.Âr1., cimm. &pyLÂ),r1., r. argea « meticr ~t tisser, plan-
-chette de cc meticr (siege de celui gui tisse). b<iraque de bois abritant le me-
tier cn ete, combk, faîtagc, tra\·erse (cl'un radeau) ,>; alb. guegue ragal, gr.
pO(.L'.fJ'J..Lr1., r. rimf <1 cspecc d'hcrbe ( Aristoloclzia clematilis) », alb. rrufe). Les
maigrcs resultats de cette methode sont dus a la rarete des informations anti-
qucs a cc c;ujct. Citons toutefois dans ce meme ordre d'idees le mot dace sluir-
dia, qui designait une plante medicinale, car on le rctrouve s2.ns aucun doute
a la base du terme roumziin scradă <1 sarte d'hcrbe particulierement agrec
par les mouton:-; ».
Plus richc en resultats s'est <iveree l'etude comparee du roumain en
tant que langue represcntant le claco-mesicn avec la langue thrace cn general
et avec les autrcs langucs in<lo-curopeennes. Les specialistes ont pris cn consi-

523
These formulee dans scs dcux ou·Frages consacres a la langue des Thraces, mention-
nes dans la note precedente; pour les details en ce qui concerne notre propre point de vue,
voir nos contributions: Teoria lui Vladimir Georgiev despre limba traco-dacă, AUT, II, 1964,
P· 255-258, Traca şi daco-mezica, dans le volume Antichitatea şi moştenirea ei spirituală (Actele
Sesiunii de Comunicări ale Societăţii de studii clasice din R.S.R„ 30 mai - 1 iunie 1980).
Bucureşti, p. 1- 15.

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310 H. :!\fihăescu

deration d'abord l'albanais, considere tantât comme l'heritier de l'illnien


(these que nous partageons <1u~si), tantât commc le successeur du daco-me-
sien meme, par consequcnt la langue la plus apte a rhelcr Ies legs daco-me-
siens du roumain. Dans ce domaine aussi, le premier a adopter comme pro-
gramme de traYail pour toute une Yie l'ctude des elements communs au rou-
main et a l'albanais fut l'historicn et le linguiste roumain B. P. Hasdeu (1836-
- 1907). D'autrcs lingui:-:tes ont ceunt'.· dans le champ de l'etude comparee
du roumain ct des langm·s indo-curopeennes, sans negliger pour autant l'al-
banais. L'identificaticin (;,_ s 1raits ph0nl-tiqucs particuliers c'.u daco-m-?sien
represcntc mw prt·miert· t·tapc l:ans celte sortc d'etudcs comparees.
:!21. Lls caractercs phonet iques de la langue thraco-dacc ct surtout
des p~rlcrs claco-mcsicns ont pu etrc degages notamment a partir des de-
mcnts daco-mesiLns du rournain. l"nc tdle uperation impliquait, a\·ant tont,
~'iclcntification dl's mots rnurn2-Îns cl'originc daco-rnesirnnc. Certcs, comme il
fallait s'y attcndre, Ct'rtains ~iit:·cialistcs nwttrnt rn dcull' l'orig-inc d~co-me­
sicnne des mots roumains consillt'.·rt'·:; comrne tds. Tontdois, k critere quc nous
a\'ons adopte (ainsi, du rLstc-. qu._. cLrntrl's specialiste~). c'est-a-dirc celui de
la prl'·scnce du terme roumain n·;opcctif - pri-roman dans J'autrcs langut·s
indo-curopel'nncs gue l'albanais (ll's langucs gcrmaniqucs. lialtcs d sla,·es,
le grec, Ies langucs in<lo-iranirnnt's, etc.). est tout ~a1ssi justifie que celui re-
posant sur la prcscncl' du terme vn albanias.
P;irtant de ccs crit~res, Ies <linrs cherchcurs identifierent nombre d'ele-
ments d'origine thraco-dacc dans la langue roumainc 524 • Franz Miklosich 525
et, comme nous l'aYons deja Yu ci-dessus, B.P. Hasdeu 526 marquerent Ies
debuts dans ccttc \'Oie. La relC\"(' deYait etrc prise par :\. Philippide 527 , O.
Dcnsusianu 528 , Th. Capi<lan 529 , S. Pu~cariu 530 , G. Pascu 531 , G. G. Giuglea 532

52 ' Des aperi; ns conccrnant Ies rechei;chC's realisees jusqu 'a present chez: A. Yraciu.

Limba daco-geţilor, Ti111i~oara, 1980, p. i'i-.'1.~; I. I. Russu, Et11nge11,:a românilor ... ; G. lv:'.-
nescu, Lucrdri lingvistice rcccnt•· "' pr:1·irc la origi11rn rnmâ11ilor şi a /1111bii române,• Academia
Republicii Socialiste Romfmia, Memoriile Secţiei de Ştiint<' filologic<', literatură ~i artă o, n·e
serie, t. \', 1983- 1984, p. 149- 170.
52 & Dic sfovischm Elcmmtt: 1111 Ruma11ischrn, • Denkschriftc.-n uer Akademie \\'ien, phi

los.-hist. Klasse •. XII, 1862, p. 170.


&28 Les termes d'nrigine dace tro11·1es par Hasdt'u ont ete enrc·gistres par Al. Phillippide,
lsforia limbii româ11c, I. Principii de istc-ria limbii, laşi, 1894, p. 290-302; O. Densusianu,
ILR. I, p. 56-59; I.I. Russu, Etlwgwc:a rnmânilor .... p. 44-45.
ş 27 Philippidt', OR, t. II, p. 694- 760.
&2 ti Densusianu, ILR. I, p. 329-332; l'auteur fait mention d'un certain numbre d'o ele-
ments albanais • du roumain. qu'il n'attribue pourtant pas au substrat, en soutenant que:
• C'est des Macedo-roumains etablis dans la region des Carpathes que Ies Daco-roumains ont
rei;u Ies formes albanaises que nous ·n·nons d'etudier • ( p. 357).
529 RtJporturile altat10-rn111âne, DR, II, p. 44i-554; Romanitatea balcanică, Academie

Roumaine; Discours de reception, 67, 1936, p. 35- 37.


i.ao Puşcariu, LR, I. p. 167- 17 !.
&
31
Etimolugii româneşti, la~i. 1910, passim.
~ 32
Crfmpeie de limbă şi 1·iaţă stră1·ffht' românească. Elemrntc autohtor.c (prcromanc)
guco-latine, 1'. germane, uans George Giuglca, Cuvinte ro111â11cşti şi romanice. Studii de istoria
limbii. etimologic, toponimic, Bucarest, 198.3, p. 120-139 (publie rl'abord dans DR. III, 1923,
p. 561-628): Ura/te Schichtm 111ul E11twicklu11gsst11ftt1 in der Struktttr du- da/.cn1111ii11ischcn
Sprachc, Sibiu, 19-H. p. 7 ct sui·1.

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Du latin au roumam 311

A. Rosetti 533 , I.I. Russu 534 , Y. Gcorgiev 535 , G. Reichcnkron 5 ~ 6 , Eqrem <;a-
lJcj 537 , J.-G. Hubschmid 538 , G. lvănescu 539 , Grigore Brâncuş 540 , A. Vra-
. 541 , 11,1
c1u A
n . rL Ga b"ins k""542
IJ , l\·,-'l. l\i
~· . R~d ·, .1""l. • .J:l"
a u l eseu 54·3,.. '-Iza ă.J.4 , et c.
Ci-apres, nous donnons la liste des mots roum::iins d'origine - ccrtaine
ou probable - dace, classes suivant lenr presence en albanais ou dans d'au-
trts langues indo-europeennes, a part l'albanais. Pour des raisons eviclentes,
nous ne pourrons pas donner chaque fois le nom de celui qui a mis cn lumiere
Ies analogics d'un certain terme avec d'antrcs langues indo-europeennes, ni
meme le nom de ccux ayant identific un terme avec celui en usage dans une
ou plusieurs langues indo-curopeennes.
222. 11 y a d'abord la categorie des mots roumains d'origine daco-me-
sienne qui co1ncidcnt avec des noms daco-mesiens ou thraces communiques
par les ecrivains antiqucs. 11 s'agit d'cnviron 7 ou 8 noms, a savoir: argea <
<a. mac. ocpy:::/,"f...IX, cimm. iX.pyLAJ.IX; brusfztYC < ribor.ista, nom de plante donne
par Dioscoride; carimb(ă) «tige de botte » (cf. la glose cl'Hesychius. x.ocpoq.1.~&.i;
p&~aov 7tOL[.LZVLx. -~v) 545 ; rîmf; glose: po[.Lcpdoc; scradâ < crx.&.paLtx, nom de
plante fourni par le meme Dioscoride; z1:mbru < ~6[.L~poi;,. glose de Photius;
zîmă « tue-chien (Solanmn nigrum) » (cf. (7tpo)S(opv"', nom de plante enre-
gistrc par Dioscoride et tirant son origine du nom dace *d::ărnă ou *d::orna
« noir », dont le roumain en a herite : oaie :.ii mă «bre bis noire »; de la derive
a.ussi le verbe zărni <1 noi re ir »).
223. Mots roumains qui se retrom·cnt cn illyrien et en albanais et qm
sont d'origin~ certaine ou fort probable claco-mesienne:
abzti'(e) ( < *âbztlus, alb. a-c llll) <• vapi:ur »; argt·a ( < ~'argella, alb. gue-
1

gue ragal); aj11mit11l, ajmnita (alb. gjttme) <1 sornrneil »


baci <c maître-bcrger, fromager »(alb. bac, bay); bală« monstre immonde »
( < *balla, cilb. bolte); bau! (onomatopee; il doit provenir du mot precedent,
car *balla devait donner en roumain *bauă; fo forme balii est une reconstruc-
533 Rosetti, ILR, pp. 219-229, 266-283.
534 Op. cit., voir ci-dcssus les notes 522, 524.
635 Op. cit. (cf. n. 522); Sur l'ethnogenese des peuples balkaniques. Le dace, l'albanais ct
le 1'011main, StCl, III, p. 23-27.
5 3 0 Das Dakische (rckonstruiert aus dem Rumănischcn), Heidelberg, 1966.
537 Unele probleme ale istoriei limbii albanc::c, SCL, X, 1959, X, p. 530; Der Beitrag des

Albanischen zum Balkansprachcund, ProblLgBalk„ p. 47-64.


538 Die Erforschung sprachlicher Substrate, besonde1·s im R11mănischc11, ACIT III, p.

61-66.
5 19
: C 11vi11te ro111â1uşti de origiue traco-dacă, AUT II, 1964, p. 258-264; voir aussi les ti-
tres prccites notes 523, 524.
5 4 o Elemente autulmtone în limba română, Bucarest, 1983.
541
Voir l'ml'lrage precitc note 524, ainsi qc1e Mysli o polozenii getodakijskogo jazyka v
krzrgrt indoevropeijskich jazykov (Opyt sinteza) et O trako-dakijskich elementach rumynskogo
jazyka (ce dernicr ounage cn collaboration a·1ec Y. Rimsza), les cleux ayant paru dans ACIT
III, pp. 155-160, 161-191.
M 2 Plusicurs articles, dont nous mentionnerons: Etimologii - 83, <•Limba şi literatura
moldovenească», XXVII, Chişinău. 1984, 2, p. 64-69.
54
~ Rom'lnian substratum words, llucarest, 1976; Three substratum clrnients, RESEE XIV,
1976, 1, p. 135-141; Contrib11tions to tize Study of the Roman ian Substratuni, ACIT III, p. 95-
-98.
544
Concordances lexicales entre eliments roumains anciens et elt!mcnts des aircs iranienne
€t caucasienne, SAO, VIII, 1976, p. 29-45.
646 Cf. Th. Capi<lan, LL II, 1943, p. 226.

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312 H. Mihăescu

tion d'apres le pluricl bafr; ba (u )bau {resultat de la repetition de b;m);


balaur (*ba/lauru-, 2lb. bui/ar); baligă << crottc, fiente, crottin, bousc •> (alb.
baig1;·, bagC/1', etc.); en•ntucllC111Cl1t CIUSSi le Yerbc bălega I) bOUSeT, fient•?r I);
baltă <c marais •> (<tlb. balic); <ir. bard::11 <<blanc•> (dicil.), barzâ « cigognc •> ( <
< *bard::11, alb. i bardlzt'}; bascâ <<la bine quc porte un mouton 1> (alb. bashkc);
băga << introduire, fourrer, mcttrc •> (alb. badj); bit uşă « touloupe 1> (alb. bish-
ti':e); bîca << (ad,·.) «foire unc chutC' 1> (alb. hika << crains, redoutc 1>): tîlc «bour-
bier, marc, flaquc » (alb. 1'Jd/~. pd!.·); hîr << interj. du bergl·r s'aclressant :iux
brebis 1> et hirci << brel>is •> (*bar-, ;ilh. har); bîrsâ << largc morccau de frr plante
a gauCht' dl' l'âgC' de t• C]]~~rrtl\' •I f:tlh. ('t'J'S): b(ll//li,! 11 )i (( bougonl1C'T, gf01J1l11e-
1

ler » (<tlb. &11111fm/it « il lornw ''I: l,r.rf "t:ros n·ntrc l<lcs frmmes cnceint·:s) 1>
d son deriYe hn;·ţns (' \"Cntru, p:m~u I) (*barts- an·c le Yocz.lisrne o a la p1ace
d'un a: alb. 111b,1rs.', barsi'); br,1d « sapin •> ( < br,1d:, alb. brfdh, art. brdhi);
brî11că <• lnflurc cin cou •> ( < *hr11i/(t1, alb. brmg/); bri11:.â « from;:ige •> (alb.
r1'1uh's); brî11 << c1·inturc •> ( < *lirt1111 alh. brt":, fJrmţ ct obrmj, brcs, ;:irt. brc-
::.i < *bren:-); brustur,· « hard:in·· » (alh. br11slit11/I, -11); t11a et abua « dodo 1>-
(Jlh. b11j); lmc (n'·g.) c· l'D un clin d'oeil, du coup •> (alb. byk); bucşi (( t::i-.;sET,
hourrcr •> (alh. b11slz, mbush); b11o~ra •(se) rC-jouir •> (*lmkur «beau» >an-
throp. B11rn r; d. aussi b1101 rii· 1• ioic •>: alh. buk11 ro ( 11 )j, i, c l;uk11r) ; bui::. <·. mott(»
j,ouk, lioulcttC' •> (alb. b11/,':.', /111/l:): fm11gct (derin?) <• taillis, fourre, Yieille
foret, hois tOUffll I) ( <*b1tll_!:.!. (< ChCDC I ) + -t'f; Jlh. b/11/.~, art. bltll_[!,lf," a l'origine-
dC c1's deu\'. termcs Sl' tmun· l'i.l'.c. *bl11tg6s « hetre, chene 1>): bură« bruine 1>-
(alh. bort~); b11rd11f « outre •> (alb. burdhc); butuc « agncau d'un an (?) 11 (alb.
b11tuk « helier d'un an 11); bu::.ii ,, leYre » (alh. bu::.l);
uiciulti « honnet dl· fourrurc •>(alb. kt;suln; călbca::â, gtilb(e)a:â « claYe-
lec; hepatiqtH.' dl's fontaines, m;:irchantie (.llarclrn11tia polimorpha) •> (alb.
kNbazt;, gi'lba::.c); câpuşă "tique (Rici1rns (011wrn11is); bourgeron de YÎgne >>-
(alh. kt;pushc;}; (ăputâ « empl'igne •> (alb. kt'put?); cătun « h2meau •> (alb. ka-
tu11d); ccafâ « nuque » (alb. qc~fc'), cca ni «dos, cou » (alh. slza/C); cioară <(cor-
11l'Îlle 1> ( < *fiorr11 < i.c.c. */,:onra; Jlb. sorrc' < *ţf6rrt'); cioc <(bec» falb.
rol~). ciocan ~ martcau 1> est un cll·riY<.'.· de (ioc; *u'oc- dans le nom roumain
ele l'aloucttc ciodrlfr = cioc+ -idei _c_ -fr (donc -ir/ic) (le suffixc -îrlă figure
egalcment dans codirlâ (C hayon, fourragere I) ct dans şopîrlă ((lezard•>): l iucc'i
dJns l'idiot1snw ,, fi <i11ca băt1iilor <c sen-ir de tete de Turc ll (alb. ţuke, p~fkc,
xhufl1c); ciump «bont, chicot, moignon 1> (alb. tlzump); ciung <· manchot >>
(alb. cwzg); ciup <c bec•>, ciupi <( pincer » (~lb. ţ-upit, ~upis, qt'p, sqfp); ciut,
şut «ecorn<.'.· 1> (;:ilb. slllft, shutc'); coacă:ă « groseille » (alb. lwke::i); cobli:::an,
lobfr:.an (pej.) « pillard, costau<l, flandrin •> ( < *copie:.-, *coblc::- +-an); copac
<c arbre » (alb. Impar); copil ct copil <c cnfant, rejeton, rcpousse 1> (alb. kopil);
Cl'Cţ (c CfepU, frise I) (alb. f.'rcc); O'Uţel (C t·pargner, TI1Cnager)) (alb. kUYSt!j, ku,r,·(j);
mlbcc <c escargot •> (alb. ketlzmill, k?rmill, katshmill); curm <c attache », curmei
cc bout de cordc; attache 1> (*curme::.- <le cunnc::.iş « obliqucmcnt, de (en) tra-
,·ers ») (alb. k1mn; d. aussi ~r. Y.'J?fL~~), curma <c coupcr, (se) fendre » (alb.
kurmoj); rnrpân « sarment •> (alb. lmrpcn et ses Y<iri<mtes); cursâ <c trappe 1>
(alb. kurtlz(c));
daltă « ciseau » (alb. dalie); daş cc 2gneau d'un an» (alb. dash); dârîma
<c clemolir » (;:ilb. dc~mw(11).i); dâr~ti11ă, dirştină <c chemisc de toile grossiere
portl·c cn !-:igne de dcnil ou d'cxpiation » (alb. drashte); dîrstă <c foulon 1> (alb.
d,~;·stilc, tri7 stilC); droaf,· ,, foulc, bande 1> (alb. dro_jc); drui, dructe <( morccau.
de hois court ct gros» (alb. dm. drutn;

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Du latin au roumain 313

fârÎntă (< miette, fragment», ftlYÎma (I emietter, briser I) (alb. thifrrime,


flrrime, tlterrnwj); fluier et fluiâră <1 flute » (alb. flojire et ses variantes);
fluture « papillon » (alb. fluture) et flutura <1 papillonner, voltiger, agiter »
(alb. fluturoj) ;
gard «cioture, baie» (alb. gardh, gard); gardinâ <1 jable » (alb. garditc,
garditill}; gata (I fini, pret I) (alb. gat(i), gadi); ghimpe (< epine I) (alb. gje:mp,
gjemb. glemp, gtimb); ghioagă <c massue, gourdin, masse d'arme » (alb. Moke,
kel6ke, gegi); ghiuj « vicillard, barbon » (alb. gjyslz); gîdili, gîdila <1 ch~touil­
ler » (alb. gudulis); gogii <c noix decortiquee » (cf. alb. gogc) et gogă <c stryge,
goulc » (alb. goge <: rc\·enant, vampire ») (d'ou le derive gogoriţă <1 croquemi-
taine. ogrc, loup-garou »); grapă <1 herse» (alb. grep); gresie « gre, queux 1>(alb.
geresf"); groapâ « fosse 1> (alb. grope); Rl'111'1lll': <cCOU » (alb. gurmas, gurma:);
grun:: « grumeau 1> (alb. grzmde); guşâ « jabot. poche (des oiseaux); diff. cspe-
ces bot.; goîtrc doubk-menton 1> (alb. guslze);
*lzamcs, lzamcş <1 glouton, gourmand 1> (cf. hămesi: « avoir tres faim 1>)
(alb. lwmes); hud1:ţă <c ruelle 1> (alb. hude, ud/ie); lmtutui <c bete, toque 1> (alb.
hutcj};
_jumătate <1moitie1> (alb. gjmnes, gjumt~s1");
!ai <1 noir, pie (noir et blanc) » (alb. lli1jC, laj); lehăi <1 jabote1, j<icasser »
(alh. frh); fete (I loisir, tranquillite, quietude I), dans }e COmpose Îndelete (I a
loisir, commodemcnt 1> (alb. i /elzte, lchCte); lcmdâ «plante avcc des flcurs blan-
ches et sentant l'ail (Allium ursinum) » (alb. huderi!, lzurdhif, lzurdi;, lertli);
mal «bord, rivage, berge, ravin 1> (8lb. mal); ma::.ărc « pois (petit pois) »
(alb. modlzulle); mâgură, mâgiiră <c colline isolee, t'.·minence, mamelon~> (alb.
ma!!,uliJ; etymologie egalement suggeree par le V. sl. niogyla < *ma{!.flla);
*măr- dans mărat <1 mcilheureux, pauvre, infortune, pietre» (alb. mjere); mâ-
rar <1 ftnouil, aneth 1> (alb. meraje., maraj( e)) ; mârăcinc <1 ronce 1> (alb. mi'r-
sltine); mătură <1 balai 1> (alb. netull, 11etell); melc <ccolimac;:on » (alb. kftshamitl,
kets.11n1ill); mfrc, mfr « jcunc marie 1> (alb. mire «bon 1>: mais lcs dcux tcrmes
derivent d'un thr. ill. *milus « cher », cf. v. sl. 111il11) 546 ; mîn::: « poulain 1>
(alb. mes); molid, molzft <1 epicea » (alb. n1âlc11je, mâe::.e, molike); moş « grand-
pere Vieillard I), f em. 11t0aŞcf
(C grand'meL"e; Vicillf' fcll1Il1C; sagC-fcffiffiC I) (alb.

motshe, moshl) ; <c bourgeon 1> (alb. mugull) ; mură <c estomac des rumi-
nHtf!JtrC
mmts et des oiscaux » (alb. mulle ,, estomac 1>); nmrg <1 crepuscule; bai (eh.:-
,, al) 1> (alb. murg); murză <'intestin gros 1> (2lb. nwlle::., -a <1 dernierc cavite
de l'estomac des ruminants: estomac de l'agneau utilisc pour foire cailler le
lait; suc ou baignc la mura 1>); muşc, mî.~c <1 mulct 1> (se rctrotn-e aussi dans Ies
mots muşcai, mîşco1:, idem) (alb. niuslzk);
11a « tiens; voila; prend »(alb. na) (cn retrouvc ce terme dans ccrtaincs
lan.;ucs sla\·es, cn allemand, en franc;:ais et en neogrec); nan <c parrain », nană
<1 marraine » (alb. et ser. nana <1 mere 1>, ngr. vocvw1. <c tante 1>); năpîrcă <1 orvet,
lezarc1> (alb. ncperlle, nepcrtk,~) ; *11oi- dans noian «grande quantite, immcnsite,
multitudc » (alb. ujanc};
oacăr <1 tachete de noir autour des yeux et du muscau (en pC1rlant de
moutons) » (alb. vaker);
pat <1 lit » (<ilb. pat, pate); păstaie <1 cosse, gousse 1> (alb. pislztaje); păstra
<1 conscrver, soigner, garder (en bon etat) 1> (alb. pastroj); păstttră <1 serviettc
pour cnvclopper les aliments 1>, ar. plăstură <1 le ventre avec tont ce qui s'y

5 te Le mot albanais est un emprunt du roumain, cf. G. Ivănescu, ILR, p. 259-260.

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314 H. l\lihăescu

trouve 1> (alb. bushture); petfră ii piece, chiffon, haillon, loque 1> (alb. pâke);
pielm (( farine de ble OU d'autres cerea}es; pâte (de farinc), JeYain)) (alb. P_ia/m);
pîrîu, pîriiu, părâu « ruisseau » (alb. pcrrua, art. perroi); pupâ::.ii (I huppe
(oiseau) I) (alb. pupc:t~, pup(s); purnmi (( toujours, etcrnellernent, a tout ja-
rnais » (alb. perlzerc);
raţei<' cane, canard J> (alb. ros,T rimf (voir ci-dcssus, Ş. 220) (;ilb. rn(fl);
1'În::ă <' gesier, panse 1> (alb. rmcit;s);
scâpiira (( battre le briquet, foire jaillir des ctincclles, Iuire I) (alb.
shkrep); scrum <' cendrc (fine)» (alb. shkrumb, shkmmp, sltkr11m); sf111bure
<' noyau, p.'.·pin » (alb. tl11tmb11/l(c)); spî11:: <' clkborc 1> (alb. shpmdl.'r); stt-rp
«sterile 1> (alb. shtcrp?); strafr « ,·etcrnrnt. costume 1> (alb. straid); str(ptde
((mite du frornzige, CÎfOn I) (alh. SlitYt'P); SfY1t11f;ii ii parc a brcbis I) (zilb. shtrz111ge);
susai <' l~iteron •> (alb. susa/C);
şalt· <' lornbes » (alh. slM!? « cuisse »); *şap-, *şop- dans şopîrlâ <'lezard•
(alb. s!tap); ştiră <' sterill' •> (alb. i slitir,;, awc scs variantcs);
t1„?i.\fâ <' hesacc 1> (:ilh. trajsf,;); ţap <' bouc 1> (;ilb. c!lp, L:jap, sqap); ţarc
<' cnclos •> (alb. !har!.·); ft'dftci, «pal, broche, aiguillon, frhardc •>, Î11ţr:p « je
piquc)) (al li. tlit'p, tfz,;pi~); */idâ de {ichiu (I crek d'unc montagne, pi(' aiguillc))
(alb. < !1>N<;); ţipâ « pcau fine, memLrane •> (alb. cip,"); firă <' logne •>, o ţiră
«un peu, un brin » (alli. t"Crrr, -ja);
mJâ <' sortc de fromagc » (alb. 11dlz6s); ( lz)ută, ( '1)11!/tr,· <' hiboux •> (alb.
lzutc) ;
;•,1trc1 « atn', foyer •>. <'<ilrai <' atti:-:soir. tisonnier •> (deri,·e dacr ou roumain)
(alh. rutr?, t.•o/rt;-}; t•1iilt1 «se lanll·nter ~ (alb. c'11jtoj); <•âpaic « flambee, feu,
chaleur, ardem· I) (deri\'e dace ou roumain de *vapă; cf. alb. vap?); 1:ic":ure
<' blaircau 1> (alh. <'Jt·dl111ll (t")); t.•îrî « fourrcr, intro<luire » (alb. ·u,;rt; <' trou l>};
::cic,1ş <' rancunier •> (a1b. xlzakas); :arii « hahcurre » (alb. dlwlU); ::,biera
(dans la rcgion des ~Ionts Apuseni bicrtl) (( cricr, \'Ociferer 1) (alb. ,.,;-rr.1s);
:.par dă « collier (de chicn). laisse •> (;1 lb. slzkard M) ; :gă 11 « bas-\'cntre (<les ani-
maux), matrice, uterus » (alb. ::.gjuj?, :.;:juja1).

224. Le scul materid indo-europern ne saurait expliguer absolument


tous Jcs mots quc nous \'cnons d'<~nmnfrer (~u total 180 ternws). II yen a, en
effct, glii sont certaincmmt preindc-l'llrnprrns. C'cst le cas, par exemple, de
mi ou cncore <le dttş, att1'stc aussi dans unc languc du Caucase, le tchetchene
(cf. aussi l'etr. dasi « beliL·r •>) 5 ~ 7 • IJ'autrl's mots, enfin, s'ils ont un caractere
onomatopeiquc, ils ont etl- cn~es cn tant que tcls deja en thraco-dace ou en
illyricn, sinon dans quelgue autrc languc encore plus ancicnnc. Cette remar-
que s'appliquerait egalemcnt a des termes comme 11a11, 11a11ă, gui ont comm.:-nce
par fa irc partic du langage enfantin, cn thraco-dace, illyricn ou quelque autrc
langue anteriLtue aux dcux prcmiercs.

22ii. D'autre part, la comparziison a\·ec d'autres langucs indo-l.'lnopeen-


nes est susceptible de donncr des resultats interessants:

M 7 Cf. G. I·1ănescu, Le role des ]apMtitcs dans la formatio11 des ţrnplcs ci des cullures
antiques, SAO, I, 1957, p. -15.

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Du latin au· roumain 315

ar. addr « faire » a cornparer avec gr. 8poccu « (je) fais » 548 ; arţar« plane,
faux sycomore, faux platane, erable I) < thraco-dace *arţar (cf. allem. A (l)-
ltorn) 549 ;

ar. bal'u « rnouchcte 1> (cf. gr. cpoc'AL6c; ct ~ct'AL6c;, ce-dernier d'origine
thraco-dace); beregată <( larynx, gosier, gorgc 1> < *bereg- (racine que l'on re-
trouve en a. gr. cpoc;ny~)+-ată (suffixe vraiscmblablcment thraco-dace); hoarc
<( brise, souffle, ;:ir6me » (cf. gr. ~o::>fo.:c;, v. sl. burja, voire le latin aura, l'tt
correspcndant ~u b de boart·); b:trd11f (thraco-dace *burd-, derive de .*blzcro
« (jl') porte 1> + -111z); biirlă <( n·ntre » ( < i.c.c. *blirta <( fardc8u 1>, part. passe
pa:::-if <( portee 1> ele * blw o) ;
cioactl <1 chassoir (cf. a. ind. (:akha <( branche »); cimpoi <(cornemuse»
( < thraco-c.lace *ţiumpo11io11; cf. gr. cruµi:pw.1[~ et surtout a. ath. ~uµcpovtct);
curm (vb.), czmni:i, *rnrmc:;- (exige pci.r l'existcnce du mot curmeziş) ( <i.e.c.
*kpn-, cf. gr. xop11-6::; <( l'action de coupcr 11, derive de la racine ( s)!?er'- « cou-
per 1> (v. ci-dessus, §. 223);
di, interjection pour inciter Ies chevaux ( < *id/zi <( va»; cf. gr. . Hh);
dimb <( colline, talus» ( < i.e.c. *dh·T["bos, cf. a. gr. Toccpoc; et TU!J.~o::;); doină,
d1!in.ă « compl8intc populaire » 550 ( < i.e.c. *dliaina; cf. lit. dain,/, fJVcc le
meme sens que Ies forme:; roumaines dt!ini, doini <1 chanter (jouer de la fh'.l.te)
des compla intcs papub ires ») ;
gaucă, gheucă, găucă « trou dans la terre ou orifice d'une pierrc meuliere 1>;
găoace« coquille, coque » ( < *g~iu- +-ace); găoa:::ă <1 trou » ( < *ga11- +
-ează);
ghiară <1griffe; scrrL"s» (< i.c.c. *gradla; cl.aussi l'alkm. I\.rallc); gît,<1cou,
gorge » (cf. lat. guttur, v. sl. gli1tft);
ismă <1 menthe » ( < thraco-dace *eusma < *euso « (jc) brule »; Yoir le
latin ura; cf. le dace note par Dioscoride 8Lfoz11-x < dif.:s 11suma) ;
mîn-::arc (mîn:;ară) et mirzare (mir:::arâ) <1 brebis de 2 ou 3 ans ayant
mis baset donnant du lait » (adj. fem. de la racinc i.e.c. *nielg- « traire.1> +
+-ar-) 551;
snimră, :meură <( framboise »; smîntînă <(creme 1> (cf. tcheque smetana,
pol. smietana) 552 ; siînâ <1 bergerie » (cf. ~. ind. stl1a11a; l'alb. st an est un em-
prunt du bulgare ou du :'icrbe intcffenu probablement apres l'an 1000; .quant
au "· sl. sfani"t, il n'entrc que sccondairement dans la serie comparatiye, s'in-
tegrant dans la declinaison en -11; stîncă ct slei<( rocher 1> (cf. "· sl. stlna <cmur,
paroi 1>); strop <( goutte >), eYcntucllcment aussi sfrojJi <1 asperger, arroser, ccla-
bousser » (cf. l'allem. Tropfc11, tropfcln); strugure <1 raisin » (cf. gep. strn~eiio,
m. h. allem. Trubcl) ; :•
ţarcă<• pie » ( < i.e.c. *k6rka; cf. aussi v. sl. s1.•raka); ţîmburuş ·<,petite
protuberance circulaire d'un objet » ( < *ţîmb- (cf. gr. x6µ~o:;) + -untŞ);
ndmă et uimă <( adenopathie 1> (d. gr. oi'.8µ:t, derive de la rcicine. i.e.c.
*o:·d-<1 (s')rnflf'r »); ....
vai intcrj. <(malhenr; helas, oh1>, dememe que: au, văleu, aul eu avecleineme
sens (cf. goth.· u;ai, etc.); vipie <( chaleur, ardem· du fcu ou du soleil » (cf: lith.

548 Cf. Th. Capidan, LL, 3, 194.4, p. 95- 100.


M Cf. G. I·1inescu, Le mot ro11main d'origine thraco-dace arţar <1 tfrable •> et le traitemrnt
9

de l'oul11sfoe palatale *IE dans le thraco-dace, dans (< Thraco-Dacica. Recueil d'etud(:S a l'occasion
du ne Congres International de Thracologie I) (Bucarest, 4-10 Septembre 1976), P· 327,--328.
050 Notons qu'il s'agit d'un genre litteraire (lyrique) et non pas musical.

as1 Cf. G. Giuglea, G. bănescu, SCL X, 1959, p. 105- 112.


65 2 Cf. Eric Hamp, RRL XII, 1%7, p. 523-524.

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316 H. llihăescu

kvepia; d'autre part. le lithuanicn connait aussi le mot kvapas "'Yaprnr J>r
comparable au lat. vapor et au roum. *vapă de văpaie);
zâr <c petit-lait » (cf. sl. :.dm}j <c Yert » <*:A-< i.e.c. *gl1clo- 55 3 ; cL
aussi lat. serum); :.gripţor (( oiseau geant fabuleux, a deux tetes I) et ::gripţu­
roaică (fem.) <c sorciere, megere, harpie» (cf. gr. yp•j~); ::g11d11i <c sccouer, ebran-
lcr I) (cf. :l. SaX. skuddztlll (( tremb}er, ebranler I), <J. h. allcm. Skllffrn (< ~eCOUer,
agiter battre des ~iles •>); :.imbru cc aurochs (Bos 11rus) (cf. , .. sl. :.Qbni, ainsi
quc 1e germanique wisambris, idem).
226. ~Iots figurant dans mw, deux, Yoire trois langues slaYes, mais gui
sont d'origine roumaine: brî11d11şâ <c safran •> (ser. bra11du!;a, bg. brmduska);
brei • chou du chien, foirolle (Jfrrcurialis pam11is) •> (cf. bg. brt'i); bruş
~ motte de terre, sarolle, boule de poknta » (cf. ser. bru!;); cocâ j( petit enfant »
(ser. koka <• jeune ;inima}•>); gorun( •rom-re•> (bg., ser. ~onm); stai ~ chardon,
hard;mc •> (ser. {kt?/j); sli)ar (l>g. sit'Za); stropşi <c rudoycr •> (pol. slrops::yc);
ŞfÎ1tbfi°, 4C TUCbl', tronc d'arhrl' eYidc I) ( < *Şfi1tb-, cf. }'ukr. Slz.tb}.
Sous cctte menw rubrique pourraient SC ranger egalement quelgues
mots d' origine roumainl', rch·,·cs en neogrec et en hongrois: berbînf â ( bâr-
binf ti) • haratte; tineth' •> (hang. bo·bmCt'); coconar «pin doux, pignon » (ngr.
:%.'J'J xr,uvocpL).

On serai t enclin de conclure. aprL'S ks a ,·oir compar<'·s a des termcs !1011


indo-curop•:ens, qul' ks mob suiYants sont d'origine thraco-dacc: .~n:ele
(l'accent?) (j>/urafr f1111lu111, art icule aYcc -le ou non defini) <• fruit du pin•>
(cf. k theme nH;<lit. *11r,1t·-): cuui <c hautc collinc isolfr; haut bonnet de fourru-
rc •> ( < thraco-dace */wlw « poinh', pir. sommct •>, <lont un derive thraco-
-dacc S(' 1l"Oll\"(' a l'originl' dl' l'ar. (1((1(/zcf/t (< cC>nl' de S<Jpin I) Ct d'un autre
dfrivl'.· thraco-dace, le dr. mmru: cone de sapin »; cf. aussi le dr. cucui
(<

(• hossr D ct l'ar. rnml'11 « huppe; somnwt » ( < *kuk-+ -11M) (le mot turc
lwka avcc ce mt~ml' sens est prohablemcnt emprunte du roumain) 55 ·1 ; ide
(plurale ta11lum) "dfes •> ( < thraco-dacc *dlc ou *dlai, d'origine preindo-
-l'uropC-ennc; cf. Ies danois ellenkonge «roi des clfcs •> > allm. Elfmkii11ig,
sl. 11ila, te. yd « n·nt •>): /,·spt'dt" « dalk •> ( <ml;dit. *lespede, *laspedc; cf. lat.
/,1pis, -iths ct a. gr. /..z:-roc~. -ci~'l~); :i111hru et :umlmt « unc espece de pin
( l'imts cambra)» ( < m<'.·<lit. *.!:.imru ou *gimru) 555.
227. Parmi Ies mots sans et~·mologie precisee, il yen a assuremrnt guel-
ques-uns d'originc thraco-dac1·: bâf "bi'1ton, baguctte •>; berc ((a la queue tres
courte; anourc •>; bit1! ct bot1!1i <c gour<lin, triquc •>; bîtcâ <(petit pic montagneu
isole I); bordt'i <• huttc, cabane•>; !riţ<( houll'tk, pelote I); bulgăr« motte, boule,
11loc »; bui «cuisse, quarticr (<le Yiandc), gigot •>; butaş « marco1.te, uou:ure »;
liutuc « lnkhc, souchc, cep de \"Îf.!JW »; lmturti << trorn;on: tronc d'arbre crcux »;
buturugii <c souchc, chicot •>; cart1bâ « f1{1te primitiYc; fhîte principale pour accor-
der Ies notes de l<i cornemuse •>; chiti <( reflechir, mediter, projeter, combiner,
plier, parer, viser »; cinfr:â « pinson frmelle »; fofr:a:ă « hattant d'une porte;
aÎ}e du mou}in a \"t'Ilt; chn·illcttc du de\·idoir 1) ( < *jojă-)," ju/g (C flacon, cJu-

55 3 Cf. G. Giuglea, Ural te Schiclrtrn ... , p. 11- 15.


554 P. Nauton. Dialectologic el topo11y111ic, discipli11es cornplcxcs, RLiR, XXII, 1958,
p. 57, parle d'une raci ne *tsukko- <•le sommet du crâne; mont, munticule; tertre ~ en Gaule.
555 Ponr tous ces mots voir B. Gerola, Corre11ti linguistici e dialetti neolatini nell'ar ta

Hlica, Rome, 1939, et G. Caragaţă, BIFH I\', 1937, p. 276-280.

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Du latin au roumain 317

vet »; găteje « brindille, broutille, rnmille »; gorgoa;:;ă <c menus fruits vanes »;
(h)oarii CI volailles »; lujer <c tige, rejeton, rejet»; mişca <c (se) mouvoir », avec
la variante vîşca (en usage dans la zone septentrionale du territoire daco-rou-
m'1in) (notons qu'en i. e.c., dans certains cas, ':''!." est devenu m, afors qu'en
daco-mesien il est devenu v); negară et nagară <c ivraie »; piti <c cacher, dissi-
muler »; presurii <c bruant femelle »; răbda (( endurer, su bir»; scruntar <c terrain
sablonneux, pierreux »; smirdar <crose des montagnes »; ştează « auge pour le
foulage des tissus de laine l); ştiulete (( epi de mais I); ţigai (( de premier choix
(en p.irlant de la faine)»; ţugui <c cîme, sommet, pic, faîte, pointe »; zourda
<c gambader, folâtrer ».
On pourrait egalement admett.re une origine thraco-dace pour Ies mots
suivants consideres en tant que tels par I. I. Russu et pour lesquels Ies expli-
cations anterieures ne sont pas entierement satisfaisantes, bien que ses pro-
pres explications s'averent pour !'instant insuffisantes ou meme erronees 556 :
adia <c souffler legerement (le vent); flotter dans l'air (un parfum) »; andrea,
avec sa variante undrea, <c aiguille a tricoter; carrelct »; anina <c accrocher »;
baieră « cordonnet, ganse »; băiat <c gan;on »; buiestru « amble »; burlan <c tuyau,
conduit » ( < *burl-); caţă « long bâton des bergers se terminant par un cro-
chet; chipie, pimbeche i); cîrlan « agneau, che\'fC:aU sevre, poulain » ( < *cîrl-);
deretica (< ranger, nettoyer, faire le menage »; de;:;băra <c (se) debarrasser, (se)
defaire 1>; genune <c abîme » (<*gen-); îngur::i <c froncer; ratatincr; racornir »
( < *gurd- ou *gur:::-); întîmpla <c arriver, sun-enir, se produire »; întrema <1 se
remettre, se retablir, guerir »;lepăda« lâcher, jder, âter, avorter, se defaire »;
leşi11a (< s'evanouir, se trouver mal, defaillir »; mistreţ « sanglier »; mişca <1 bou-
ger, remucr, se mouvoir »; modru (mase.) <1 mode, sorte, genre »; nionnan
<1 monceau, tas, amas » ( < *morm-); munună « couronnc d'epousee; point;
pic»; păstra« soigner. garder, conserver »;prunc« nourrisson, bebe, marmot »;
ra::;cm <• appui », răzinia <1 (s')appuyer, s'<iccouder, soutenir »; răbda « souffrir 1>;
străgheaţă <1 lait coagule »; şoric ou şoriciu « couennc »; ţarină « champ laboure;
gueret »; ţăruş <1 piquet, pieu »; zburda « gambader, folâtrer » ( < *burd-).
D'hypothetique origine 1 thraco-dace seraient aussi Ies mots suivants
consideres comme tels par Reichenkron 557 , bien quc Ies etymologies proposees
par lui soit insatisfaisantes (nous enregistrons dans cette meme liste aussi des
mots auxquels d'autres chercheurs ont attribue une origine thraco-dacc:):
cioi <c plat, terrinC', bol, jatte, gamelle »; ciondăni<c (se) disputer, (se) chamail-
ler »; ciuf(i huppe, chat-huant »;ciul <c avec depetites oreilles »; ciup <c huppc »;
cocîrlă <i hois recourbe, ~rbre tordu i>; doică (daică) <c nourricc »; dupac <c coup »;
feri <c proteger; presen·er, eviter '>; ferie <c seau »; găsi <c trouver »; habă « veil-
lee »; hălpi <c verser i>; hău <c abîrne '>; he aţă <c verge '>; hercte <c autour; faucon »;
lzinag (i espece de roncc »; hîlbe (plurale tantum) <1 l.ivures, r~tatouille, lavasse »;
hîrglzfe CI mot avec un sens vague de quelque chose de mal, de mauvais, utili se
aussi commc un terme pejoratif '>; lzîrşie « peau de mouton i>; hîţă <1 troupeau;
petit traineau »; hîţîna <c balancer, osciller )>; horcâi, hîrcîi <c râkr, ronfler )>;
lzoroi (ornith.) «<c pici>; horţi <c deplacer qqch. sans en changer la position '>;
horţiş (ide travers )>; hot <1 trompe en ecorce de saulei>; hoţ <c voleur )>; hudă
(< trou: maison '>; lehamite (< degout; ennui '>; lehăi <c jacasser, jabouter '>; lihni

(< affamer 1>; mînji <c salir 1>; mînziili <c salir »; naiba (fem.) <c diable )) ; om1"dă

ti 66 Op. cit.
667 op. cit.

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318 H. Mihăescu

« chcnille" polzîrlă « chien »: postrungă «variete d'esturgeon •: rină (rîlă)


«câte, flanc»: (s)căfîrlie <(tete, caboche 11; scilcia <( tourner, eculer (les chaus-
sur.:s), estropier (Ies mots) »; scociorî <fouillcr, farfouillcr, tisonner (le feu) »;
scofdi « amasser, obtenir qqch. avcc bcaucoup de peinc »; scotoci « fouiller,
fureter »; soi « sorte, variete, espece, race: crasse »; şovăi (( hesiter »; ştiob
« recipient de bois de formC'S diverSC'S destine a recevoir les eaux sales fi;
ştio.: (ornith.) <( espece de hibou (Asioflammeztsflammcus; Oius scops scops) »;
ştiolbfr <c plouf. floc»; tămi11ji <c ~alir, souiller, crotter »; tăujcr « bâton pour
rernuer lC' pdit-lait »: l1iî•ă/i «(se) roukr ";teafăr <1 bien portant, sain et sauf »;
te,1r_(â (tir_lâ. variante non mentionnec par l'auteur) (i catin »; tcrpd (r.eg. se
rapportant au verbe donner) <( faire le tour, tournee 1>; lu pila, tlipili « ccicher »:
fip11 «jcter; crier»; ţipar <canguille»; fiu «petitehache; ciseaude feri>; ţol,
(0<1/(; "bâche: tapis 1>; (11ic1i « qul'tschc; eau-de-vie de prunes 11; ţurloi <1 tuyau;
tihi~t: gla<;'.on »; ;·iscol <c tcnpete (i<Jurmente) de neige 1>; :garbură « chaussure •;
:gii 1braqul'r (ecarquiller) ks ~·L·ux; faire lL·s gros Yf'UX »: :gilţîi (::giţ·fr; :gir-
(îi) ,, secouer 11; ::1!.'111hoi11 <c braquer Ies ~·eux; faire Ies gros yeux »: zgîndări
« attiser, ravin·r, irriter »: :~ront11ros « grumeleux »: :guni « scorie 1>; ::mîngâli
(( l 1~\rhouilkr, gribouilkr ,, : :oafr <( eau sale•>.
:.?:!U. S0uwnt <liakctaux. Ies mots roumains d'origine thraco-dace se
r;itt~,chcnt a. divers domaines de la vie huma inc, par consequent a des domai-
lll'S =-eman1 iquc<; ,·aril.'.·s. Tout cn adoptant le latin, la pîpulation thrnco-<lace
dc,·ait garder de sa la.ngue vcrnaculaire Ies termes s'appliquant aux
realitl.'.·:- peu (ou pas du tout} COl111lll'S par ks citadins de langue latine. Us'agit,
gl-neralenwnt. dL· mots rattaches aux realites de la na ture (etrangeres c.iux
habitants des viJlt•s) OU a des actiYites rusti<]Ues: J'agricultur-:, l'ekvage, la
peclw dans ks l'aux rapides des montagnes, l'apiculture. Le roumain a herite
aussi de rnots d'origine thraco-dace designant Cl·rtaincs part ies du corps humain
ou animal, des qualites physiqucs et moraks, de certains etats d!âme, de
maladirs, etc. On retrou,·e fgalement de ces kgs thraco-daces dans la termi-
nolo~ie \"( :'l imcntaire f't dans celle du logis, des objets du menage, des outils
d instrun1l'nb, instruments de musique primitifs y compris. Moim .bien re-
prt·st ntt' sous ce rapport <an~rl' le domaine de la \'iL· sociale, phenom.enc qui
s'explique compte tenu <le cc que la structurc sociale thraco-dace a ete rem-
pbcec par la structure sociale romainc, de sorte que, exception faitc de quel-
quL·s h·rmcs lies J. Ja Yie familiale (ghi11j « vieillard, barbon 1>, mire «.marie•>,
11w.~ "grand-pere, grand-oncle, vieillard 1>, moaşă « sagc-frmrne », 1:an(â) ·«par-
rain (marr<.•ine) 1>, il n'en reste prcsque rien de la tcnninologic soci;;;k, ţn effet,
le mot ui/1111 <1 hame::m 11 represL·ntc peut-etrc l'unique exnnple dans ce.domaine.
L'introduction des structures sociales romaines dans le monde thraco-dace
expliqu e egalcmrnt l'abscnce des tcrn1es d'origine thr;:~co-dace se rattachant
C.lUX divers metierS (bardt'f (( COglleC I) ct daltă (t CiSeaU I) ~Ont dCS lTIOtS qu}/appli-

qu:._•n t a des outils d'un usagc courant, elementaire, qu'on rctrom·..: .. de nos
jours rncore dans la maison de n'importe quel paysan roumain). En rev.anche,
quclques tcrn1es eYcquant des etres mythiques ou fantastiqms se sont con-
sen-t·s (bală ((monstre immonde 1>, balaur <t dragon», iele <1 elfrs 1>), de meme
quc le nom donne a une cornplainte populcire typiquement rownaine·: doină.

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Du latin au rournain 319

Elements d'origine illy1·0-epirote, grecque (ancienne), germanique


et avare dans le latin du Sud-Est de l'Eu1·ope
229. II 5c peut qu'un certain nombrc d'elements du lcxique roumain que
nous venous de mentionner parmi ceux d'origine thraco-dace - il s'agit de
ceux egalement attestes en albanais - soient en realite d'origine illyrienne.
:Mais au stade actuel de la rcchcrche linguistique in<lo-europecnne, il serait
difficile de Ies identifier. D'originc surcment illyriennc est le suffixe aroumain
-at, pl. -aţi:, utilise dans la formation des patronymes 558 ; il represente, en effet,
le suffixe illyrien (pl.) -ales, que l'on retrouYe dans les noms de certaines tri-
bus: Autariates, Oseriates, etc. Un mot susceptible d'etre d'origine illyricnne,
mais aussi bien d'origine epirote est l'ar. taur, pl. ta11rc (< montagne; la zone
la plus haute d'une montagne » 559 . En illyricn ou en epirote ou encore dans
quelque autre langue preindo-europeenne il y aYait le terme *!auro-, que l'on
saisit dans certains noms de montagnes : Taurus, AnWaurus et se retrom·e
egalcment dans le noru d'unc tribu des Celtes de Norique, les Taurisci. Sous
le forme ·*-daurum, il figurc, cn outre, dans le nom de la Yile d'Epidaurum
« sur le rocher; sur la montagne » (le t est deYenu d dans ce nom probablement
du fait de sa position inten-ocalique). Le fatin bcilkanique de\'ait, assure-
le
ment, prononcer *taur1ts et non pas *tay,rus, car dans ce dernier cas il serait
devenu tavru a l'instar du lat. taurus.
230. Le latin du Sud-Est de l'Europe a egalement subi l'influence du
grec 3ncicn, manifestee notamment dans l'interYc>.lle des Jrr - YF siecles de
notre.he. Mais alors que le latin des textes litter;:iires, rares dans ccttecontrec,
posterieurs aux Inc siecle, a englobe bon nom bre de mots grecs 560 , Ies choses
ne se ~ont guere passees de la mcme fa<;on pour ce qui est du latin Yulgaire
parle dans le Sud-Est rnrop·een a la meme epoque, a en juger d'apres le nom-
bre reduit des termes grecs anciens conserYes en roumain jusqu' a nos jours 561 •
Ci-api::es, nous donnerons leur liste proba blc. Les difficultes auxquelles nous
nous sommes heurtes lors de l'etude des elements thraco-daces du roumain
se retrou-.;·ent egalement a l'etude des elements d'origine grccque ancicnne.
Selon toutes probabilites, quclques-uns des elemcnts consideres par cectains
specialistes comme originaires du grec ancien sont, en n~alite, d'origine thraco-
dace. Nous aYons, du reste, inclus dans Ies listes des pages precedentes des
elements thraco-daces herites par le roumain des termes dont beaucoup de
specialistes penscnt qu'ils seraient plutât provenus du grec ancien. Comme on
ne saurait preciser en toute certitude si leur origine remonte au thraco-dace
ou au gr~c ancien, nous allons Ies inclure aussi dans la liste des termes grecs
anciens du roumain.
11 y a toute une serie de termes du grec ancien entres dans la langue de
la population romanisee viYant dans la region du Moyen et du Bas-Danube.

558
Cf. G. Caragiani, Studii asupra românilor din Peninsula balcanică, Bucarest, 1929,
p. 20-:--26 ..
9
'" Cf. DDA, p. 1022, ou le rnot figure toutefois sans aucune etyrnologie.
680Malgre la rarete de ces textes, ce sont eux qtJi fournirent la plupart des environ 130
hellenisrnes enregistres par Ies sources ecrites des provinces danubiennes de l'Ernpire romain;
cela autorise la supposition que ces <i hellenisrnes etaient plus nombreux et refletaient une situ-
ation analogue a celle de l'Occident de l'Europe » (cf. Mihăescu, Infl. gr., p. 40).
~u Ibidem, p 46-65.

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320 H. Mihăescu

Ces termes lui sont parwnus par Yoie detournee a travers le latin vulgaire
parle en !talie, en :Macedoine, en Grece et en AsieMineure. C'est, par exemple,
la cas du mot purpură « pourpre » ( < gr. 1.op<pupcc). Peut-etre aussi est-ce
encore le cas de p11ti"nâ <1 baril, tinette; baignoire I) ( < gr. 1.uTLv"lj). mais on
lui a egalement attriLue une origine thraco-dace; du thraco-dacc il serait
entre en grec ancien, ainsi qu'en gcrmanique. Present dans toutes Ies langues
romancs, lc roumain stupii« etoupc, bourre » ( < gr. cr•ur.lj. idem) est sans doute
lui aussi un emprunt par le truchemcnt du latin vulgairc (de stupa on a pense
faire deriYcr le latin *stop(j>)arc, qui se retroun~ a la base des tcrmes roum.
astupa <1 bouchcr, fermcr, Larrer, obstruer », it. stoppare, fr. itouper, etc.;
ccs mots-la prescnknt un 11 pour le gr. (;inc.) u. c'est-a-dire une prononciation
proprc aux Grccs (doril'IbJ d"Italic rneridiona!e). Toujours par l'intcrmediaire
du latin vulgairc s'est impuse lL· terme pâri11gă « pcrche, gaule » (<lat. Yulg.
pal,111ca <1 pnchc. l•arn·. barr._·au » < gr. 9oci.:zy;.-ocyy0~ « tigc, arbre, pcrche,
harrc », introduit l·n latin par la terminologie des matclots, qui s'en servaient
pour designer le k\·ier an·c kqud ils soulc\·aicnt kurs bâtcaux). ne meme,
c'cst par l'intermediaire du latin YulgairL' que le roumain a dfrcloppe Ies ter-
111L's sui\·ants: măcina« mou<lrc 11, coardâ « cordc, sarnwnt », j1tr avec ses com-
pos<·s iii jur d i111pr«j11r "autour. aux ahords 1; ( < gr. yu20~. lat. vulg. 15ynrs,
pa gyrum); notons qul' le latin guL· l'on trouvc a la base du roumain emprunta
k: ~rec ·r)-;,r,~ awc la pronunciation tu. qui ctait cl'lle <lu grec ionien et athe-
1111'11.

2:11. Les tl'rnws grccs ancicns L"mpnmtes directcmcnt par la popula-


tion dl' langul' latine des n~gions du Bas-Danulw portaient notamment sur
<lcs realites sociall's. Ouant a l'c1wironncmcnt naturel, cctte meme source
Sl' rctroun· a l'origirn:- des moi:,;: j>a/fill « sycomore (faux platane) t ( < gr.
1.i.ci-:a.v0~; "· ci-dcssus, ~- 163); 111cslt'acci11 <t bouleau •> ( < gr. 1..1.-x~-:tx~'10:;},
mat qui s'est imposc par ks relations comm~·rciales cntre le tL:rritoire roma-
nise- et le monde grec: l'n grec ancil'n, il dcsignait le suc obtenu de la gomme
<le kntisque si lionnl' a mâcher ([.L:Y.v-:lz·'l « gomme de lcntisque „). dans la
rcgion du Bas-Danulw. il designait le goudron de houleau (cn roumain dohot
de 1nt'Sfc11Cil11·) l't, le tcmps aidant, il s'appliqua a l'arbrc memc; Îl s'agit clonc
d'un mot proYenant de Ja tl'rminologil' hoteliere el Îl SL'rJit a prCSUilll:l" que
lcs Grecs achct;i icnt le suc <le boukau des contrC-L's danubiennes; papură
<' jonc. rnassettrl' •> ( < gr. r.ocr:•;pr,;) est un mat a ce qu'il semble cntre directc-
lllLnt du grl'c l'n latin clanuhien, car le caractere grec u y est rendu paru,
autrement dit selon la prononcicition du dialecte eolicn; le mat roumain pro-
Yient assurement du plurid - ;:oc1.upC1. transforme cn singulier; au debut, ce
mat reprcscntait ll' nom de la plante ciont on tirait ce qui sen-ait de support
a l'ecriture, mais il n'a pu. ccrtcs, penetrcr en tant quc tel dans lcs milicux
bas-c\anulJiens de caractere plut6t rustique; comme la plante respective four-
nissait aussi Ies fibres dont etaient tressees Ies nattcs ct pcut-etre aussi les
re,·etements de certains rccipients, son noma sui,·i unc evolution semantique
devant aboutir au nom du jonc des regions danubiennes.
Ce sont toujours Ies echanges commerciaux qui introduisirent dans le
latin danubien lcs noms de quelques fruits et arbrcs fruitiers, a savoir: r.
mâr « pommicr; pomme » < *melum ( < gr. µ=ijAov; lat. class. malum, emprunte
du dorien µCiAov, cependant que le latin qui se trouve a la base du roumain
l'a emprunte du grec ionien) ;r. gutui «cognassier » (voir ci-dessus § 197). Le rou-

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Du latin au rournain 321

main cfroare <1 chicoree » (<lat. cichoria, pl. de cichorium < gr. :x.Lx.oprnv)
est sans doute entre dans la langue comme nom de la denree alimentaire bien
COnriUe. Quant a l'adj. proaspăt (I fraÎS, de fraîche date>) ( < gr. 7tp0ulţl'l..'t"O~) il
est entre en rournain probablerncnt grâce au cornrnerce des fruits ct denrees
meridionales.
Les transports tcrrestres et rn:iritimcs sont peut-etrc ccux qui ont in-
troduit le rnot bute « tonneau », qui cn roumain ne s'est pas developpe directe-
rnent a partir du grec ~OUHL~, rnais a travers une forme latine intcrmediaire
buttis, que d'autres langucs romanes ont egalcment consen-ec; le mot s'est
conserve aussi en gr. byz., ngr. ct vlb. (cf. ci-dessus, §. 189); commc la Grece
antique ignorait Ies fUts et barils en bois, J. Hubschmid pense quc le terme
grec, ainsi que le mot latin tirent lcur origine de quelqucs contrc'e alpine, se
rattachant au domainc linguistiquc gallo-illyrien 562 . Le charroi sur ks anci-
ennes voies romaines sillonnant la Peninsule balkanique devait legucr au
rournain le verbe rinclze::a « hennir » ( < gr. poyx. (~(!) « ronfler »), cepcndant
que Ies auberges grecques des relais fournissaient aux voyageurs affames
la <1 soupe », d'ou le roum. :;camă ( < gr. ~E(..l.cx.).
Les contacts de la population de langue latine des abords du Danube
avcc les Grecs ont sans doute contribue aussi a enrichir ses connaissanccs
rnedicales, ce qui aura valu au rournain des terrnes comme: căsca « bailler »
(<lat. vulg. *chascare (cascare) < gr. x.cicrx(!)); ciumă« bouton, abces; peste»
( < gr. :X.U(..l.OC (1 enflure; vaguc, pointe », a partir duquel se sont egalement deve-
loppees Ies formcs alb. qime, qiime); farmec <1 charme; sortilege » ( < qicip(..l.'.Xx.ov
« remede, medicament, poison »; Ies inscriptions grecques antiques usent aussi
de ce mot dans le sens d' <1 incantation, sortilege », par consequent, le mot pou-
va it appartenir aussi a la terminologic des pra tiques magiqucs). La penetra-
tion des pratiques rnagiques du monde grec dans le tcrritoire btin arrose
par le Danube explique aussi le verbe roumain amăgi <1 tromper, dupcr, leur-
rer, abuser, seduire, embobiner l) (les formes lat. *admagire, *admagarc, *ad-
magiarc temoignent de ce que le latin qui se trouve a la base du roumain a
emprunte ce rnot directcrncnt du grec). C'cst au langage magiquc que remonte
aussi !'origine du verbe roum2in mîngîia « caresser; rcconforter )) (<lat.
vulg. *mangancarc < gr. (..l.Glyycx.vzu(!) « jcter des sorts, faire des sortilcges »).
Le terme roumain pour salamandre, sălămîndră (au Banat et dans le depar-
tement de Mehedinţi) ou sălămîzdră (dans le reste du pays) ,·icnt du grec
croc),oc[.Lci'18poc, avec le 8 grec prononce soit comme un d, soit comrne un d:: et
il nous faut admettre aussi que le l intef\'ocalique s'est transforme en r, puis,
a la suite d'un processus de dissimila tion, il est rede,·enu un l, donc, cc terme
est entre dans le latin danubien toujours en suiYant lei voie des pratiques,
magiques. Ce fut aussi le cas de mătrăg1111â «mandragore» (gr. µocv8pcx.y6pocd,
qui sen-ait sans doute a la preparation de certaines substances censees avoir
des effets magiqucs. 11 se peut, enfin, que le terme rournain sterp <1 sterile»,
au cas ou il serait d'origine grecque {cr·n:pLqio~), ait penetre dans la langue
grâce a la terminologie medicale; neanmoins, il se peut tout aussi bien qu'il
s'agisse d'un mot thraco-dcice propre au langage des bergers et eleveurs.
Le jcu des des est a !'origine du verbe rournain cuteza rnser » ( <xon(~cu).
11 sernble que lcs Grecs accord;:iicnt une certainc importance aux soins de leur
vis2.ge, enrichissant de quelqucs mots liees a de tels soins le latin danubicn,
582
Schl ăuclie 1111d F ăsser, H. ort 11nd sachgcschichtliche U11ters11chi111gcn • •• , Berne, 1955,
p. 38-60.

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322 H. l\lihăescu

d'ou ils sont passes en roumain: m11si(e)a{ă «moustachel) (< gr. µucr-rcbcLov
«petite moustache »); peut-etre aussi le mot roumain spin ~glabre, imberbei>
( < gr. cr7toc'16~). Pa rrni Ies marchandiscs grecques, Ies objets de paru re avaient
leur phice: r. mărgea(uă) <(perle I) ( < gr. µcipy:x:pov, µocpyocpt-r"t);. dont est
derive, a l'aidc du suffixe-cl/a, le lat. ,·ulg. margdla). Le roum. şteam,'ită •vi-
sage, figure, monstre, fantome 1> semble etre Yenu avcc le latin vulgciire d'Oc-
cidcnt (voir le lat. sclzemata <gr. crx~wx-r:x:, pl. de rrxljµoc). Quant au mot stup
(( ruche 1>, il est probable que son origine ne soit pas le gr. <fiu1rn; «tronc d'cir-
brc 1>, mais plut6t un rnot thraco-dacc.
II y a cL· for1C'" prol>;',bilites ciuc le latin danuliien ait (ldopte a partir
du III'' si·~clc de n .L·. k tl'rmc g; cc ~ci~z <(cot 1l' <le maillc; cuirasse 1> ( < p>?rs.
ţ}<"bc); ii s'agis~;:i.it <l\1111..· inno,·ation wnuc d'Oricnt et dcstinee a proteger
le corps du guerricr r··ndant le corn Lat. Le r. murl11r (( temoin I) ( < gr. µcipTU~,
-'JprJ~) faiqit d'~b01d partic de la 11..-rminologie juridique, puis le christi~.nisme
a contrilmt'· a sa gC·ner;:ilis~tion. Comme ks cdifices grecs a colonnes etaient
familiers ~1 la population d;:inuliienne de langue latine, notamment grâce
aux temples l'l k.siliqucs, II n 'y a ricn de singulier dans I' cm prun t el 'un
mot commc le 1at. st11lus ( < gr. a-:-ij),o~ <( colonne »), de,·enu cn roumain stur
(( glac;-on, chanc.Hlc <le glace •>. En re,·anche, il e~t difficile cl'expliquer par
quelle voie sont llllrcs en roumain quelqucs mots d"originc grecqlll.: exprimant
des t.'·bts d f1mc: .fricci (( cPinh' •> ( < gr. ):lpLoi) et tm(1i anc son derive tru-
fi<· <1 arrogance, superbe, pre-"'omption •> ( < gr. -:p'J?~) en latin vulgaire englo-
bcc dans la premiere <ll'.dinaison (c:n -a).
Le christianisme d1Yait a son tour introJuire en roum2in quelques
termcs typiques <l'originc grecquc: !11drt"a \( Andre 1>, illga <( ange •>, boteza
(\ bapiiscr I), b/SC/'ltci (( eg)iSl' >l, UlcSfOlld \( mau<lirc, jetCf l'anathCffi(' I), pască
<( azymc », l'tl~li « Pf1qm·s 1>, si111bâtci <( samcdi •>. Bien qu'ayant d'abord appar-
tcnu a la Iangue cl'c·glis(', clonc a la languc culti\'ee, ces mots sont entres dans
le hingage <lu pcuplc, cc qui Ies rattachcnt a la liste des mots enregistres ci-
dcssus 563 •
232. Les clements ,.il·ux germaniques <lu roum::iin tircnt leur ongme
<lu gothiquc ct du gepi<liquc. Vu Ies di\·1 rgenccs cl'opinions a cc sujet, il est
difficilc de Ies idcntifier. Voici quclqu,'s mots el origine ccrtaine ou fort pro-
bablc gC"nnanique: bule(! (( cruchc: •> (cf. ;i. angl., a. h. allem. bolla «vase, tas-
S1..' ». Ic suffixc -câ reste s~ns modificat ion): filmtl (~u Banat) <1 ffr •> ( < *filma,
a tkste au d::i tif en gothiqm· :fi/mir) :fară (dans le departcmcnt de Haţeg et chez
ks Aroumains <le Frasheri en Albanie) (( lignee 1> (cf. lomb. f.1ra): targâ <1 pie-
ces de bois bonlant un lit; litiere•> (cf. a. h. allem. Zarga « cnclos I)); turr:a(t)că
<( tige de l;:- botti- •> (cf. <'. h. ~llem. t11cohproclz, diolzprnoch <1 pantalons I)). Ev.:-n-
tuellement aussi rapăn <( crasse •>, (reg.) rapi11, rapură, etc. ( < goth„ gep.
*rappo11s: cf. ?ussi m.h. allem. rapfe < g~le •>). Comme on peut le constater,
1

ces quelques elements vicux gerrn;iniques refletcnt le contact entre Ies auto-
chtones et Ies popuh1 tions germaniques allogenes entrees en Dacie apres
que Ies Romains aient cede cette province aux Goths. Les termes respectifs

&ea Cf. pour des precisions concernant les hellenisrnes du latin danubien, d'autres mots
grecs anciens du roumain, ainsi que pour des details supplernentaires au sujet des mots etudies
ici ou dans les chapitres precedents consacres au vocabulaire latin beri te par la langue roumaine,
Mihă.escu, lnfl. gr., p. 34-65.

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Du latin au roumain 323

evoquent soit des ustensiles de menage, des pieces vestimentciires ou des mo-
yens de transport, soit l'organisation sociale ou des etres mythiques.
233. Les Huns et Ies Avars, qui dominerent en Dacie a partir de
l'an 376 et respectivemcnt 555, devaicnt legncr cux aussi ciux autochtones
quelques mots. Cest le c~s des mots commc anm~g (dr. reg. Banat) «etalon»
(cf. le tchagateen ar aniaq, idem); jupîn « maître, messire, patron, chef~ (le
V. sl. zupan vien t de la meme popula tion turque d origine a va re). Ainsi qu'il
fallait s'v attendre, ce sont des termes lies a l'elevage des chevaux (la bete
par exceilence de la steppe) et a l'organisation sociale.

Elements 1·oumains en1p1·untes du vieux slave

234. l-ne fois differenciee du latin, la langue roumaine a subi comme pre-
miere influence de grande portee celle de la bngue des tribus slaves, a utre-
ment dit du vieux slC1ve. En quittant lcur terrc d'origine, situee au nord des
Carpates, entre Ies bassins de la Vistula, de l'Oder et du Dniepr superieur,
Ies tribus slaves se sont deplacees vers les tcrres qui constitu2ient le berceau
du peuple roumain et Ies contrees voisines. Quelques-unes de ces tribus se
sont fixecs a jC1rnais, cepcndant que d'autres rameaux sla,·es, apres un se-
jour tcmporaire au nord du Danube, <levaient traverser le fletffe et prendre
pied dans la Peninsule balkmique. Celles dont Ies p2rlers etaient de type bul-
gare ont emigre vers le milieu du YF siecle, cn suivant Ies cours du Siret et
du Prut pour aboutir rn V~lachie. Les sourccs byzantines du tcrnps Ies men-
tionnent la, avec leurs chefs respcctifs, Arddgastos (' Apaocyct.u-ro:;) ct Pird-
gastos (Ile:tpocy:rn-ro:;), norns que le vieux slave de type bulgare, le scrbccroate
et merne le slavon oriental pronorn;aicnt Radogosti et Pirogosti. Les fouilles
archfologiques des dernieres dizaines d'annees pratiquees cn Ronmanit attes-
tent la presence des tribus slaves rnt. YraiscrnblablE:mcnt, cl.'autres tribus
slaves sont entrees cn Transyh-anie au courant du siecle sui·•ant. Toujours
cornme Ies fouilles archeologiques en ternoigncnt, Ies Slaves habitant a 1 epo-
quc le tenitoire rcumain ccrnmencerent kurs incursions dans l<' Peninsule
ba}kaniquc vers }a fin du VJe siecle, sans arriYcr nfanmoins a ~C fixer dans
l'Ernpirc avant l'an 602. On ne :aurait pretendre qu'C"bsolument toutes Ies
tribus ~laves abandonnerent a cette epoque le territoire roumain, mais celles

su A·,rant 1948, les archeologues roumains ont concentre leur attention notamment aux
civilisations prehistoriques et d'epoque romaine, jusqu'au !Ye ou Yle siecles de n.e., en laissant
presque entierement de c6te celles de l'epoque medievale. Le chercheur de Cluj, Kurt Horedt
{Ceramica slavă din Transilvania, SCIV II, 1952, 2, p. 189-232) devait attribuer pendant
plusieurs annees aux Slaves une culture materielle attestee dans l'intervalle des Ylle - xne
siecles en bon nombre d'entroits du territoire de la Transyl'fanie et qui rcvelait des analogies
avec d'autres cultures contemporaines de l'espace compris entre la Baltique et l'Egee. Mais
apres plusieurs annees de recherches archeologiques pratiquees dans divers points de la Roumanie.
une autre culture materielle a ete mise au jour a Sărata Monteoru, appartenant a une populaticr.
f,u vne siecle; partant de ses trai ts caracteristiques, cette cultu re a ete attribuee aux Slave&,
avec la precision qu'elle s'etait de·1eloppee avant leur melange avec les autochtones. Le merite
de cette decouverte archeologiquc ct de son interpretation historique revient au savant archeo-
logue roumain I. !\estor (cf. SCIV IV, 1954, p. 83-86). Quant a la culture materielle attribuee
par K. Horedt aux Slaves, il s'est avere qu'ainsi que l'avaient consideree auparavant les arche-
ologues, elle etait bien une culture materielle roumaine, slavo-rournaine pour ce qui est de ses
phases ulterieures.

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321 H. :\Iihăescu

gui y resterent devaient finir par perdre leur propre langue avec le temps,
assimilees dans la masse roumaine. Comme la toponymie roumaine d'origine
slave le montrc, ces tribus ont du s'infiltrer aussi dans Ies regions montagneu-
ses (cf. Bistriţa, Slănic. Girda, etc.). Les elements vieux slcives du roumain
(il s'agit du dialecte daco-roumain) sont un heritagc de ccs tribus, re<;u par
des co~tacts directs, d2ns le domaine economigue et politigue, mais aussi
un rcsult<it du processus <l'assimilation gui <en est sui\·i.
Pour {migrcr au sud du D;mube, Ies Slavcs traverserent le fleuve dans
plusicurs points. Les Byzantins Ies appcbicnt LXAOC~"lj'IOL (Sclavini), alors
gu'cux-m<'.'mc·s <app<:>laient S!od11: on Slad11c; guant aux tribus habitant
le tlfritoirc roum;1 in, J..s sourccs li~·zantincs Ies ont cnregistrees sous le nom
"A,rrz:; (A11hs). Dans l'inkrvallc de guclgues dizaines <l'annees, Ies Slaves
se sont cmpares <le la Bulgaric <ictuelk s'install~nt dans la vallee de 12 ::\Iorava
d cn ::\facL·<loinc. Anparav2nt, un aut re lot de trilms sla\"Cs, differentes de
cdks gui anicnt tran·rse Ies prcmiercs Ies Carpatcs scptentrionales, et avec
un parkr de typl' SlTbocroak <lcv~icnt se fixcr, .-ipres 602, dans 1"2ctuelle
Yongoslavil·. Enfin, guelqtH'S groupcs au parlcr de type bulgare 2boutirent
rn Hongric, apres avoir trawrsc a kur tour Ies Carpatcs septcntriomtles: la
languc slovenl' <'st sans <loutc l'heritier(' <le leur parlcr. Pour cc gui est des
1rilius qni donnL·n·nt naissancc a la langul' m2ceclonicnnl', on ne peut pas
preciscr si pour parn·nir dans Cl' clcrnicr pays dlcs ont tra\·erse lei ::\Ioldavie
d la Yalachie ou liil·n b Hongrie.

2:1:;. Dt~Ft d::ms l(·1ir pa~·s d'origine ccs trilms sla\·es parlaient des dialec-
ks <liffl·rl'nts. II est t:l'.·nL·raknwnt admis quc, memc a cctte cpogue revolue,
lcttr distrilmtion dialectale ctait Cl'lll' <]U'on lcur connaÎt dcpuis le debut de
h·ur ere historique l't qui est rcstec la ml:·mc jusqu'a nas jours. II est egalement
admis que chaqUL' langul' sla,·c tirc son origine d'un di<ilecte commun.
C'est dans cl'tk pa tril· primitiw qu'adu a\·oir cu lîcu 12 separationd'ungrou-
pe <le <liakcks occiclcntaux (ll' tcht·quc, k s]o,·aquc, le sorabc, le pobbe.
le polonais, Ic kachuhv) <lu grou1w diakctal oriental (Ic russe). gui cnglobait
aussi l'ukrainicn l't k liielorussl', ain:-;i quc du groupc meridional (aYec },.:' slo-
ve1w, k Sl'rbocroatl', le mad<lonil·n. le Lulgare).
Pourtant. toutl' Ul1l' sCril· <le faits s'oppOSL'nt a ccttl' tht·sc. Par CXl.:'!llple:
le serbocroak offrl' dl's pheno111L·1ws cnmmuns a\"cc le tchequc, le slovaque
d k soral>L· (tel Q > 11); le polonais s'ecartc du typc occidental pour se rap-
prochcr du sloYenc d du mac6donien ou Q > n, om; le russe '>e rcipproche du
snbocroak, <lu tcht·que, du sloYaque, du sorabe (Q > 11). Comme de juste,
ii faut adnwt1rc gue la <lenasalisation ck la vo~·ellc Q a du avoir eu lien sur
le tard, apres la colonisation slan· de la Peninsule balkanîgue. Or, cette cate-
goric <le faits conduisl'Ilt a la conclusion quc la distribution dialectale du slave
commun, <lans sa phasc initialc, dcnit etrc autre guc celle presumee 565 :
Ies dialectcs sla' cs primitifs gui sont a la base du serbocroate, du tchegue,
du slo\'aque, du sorabc ct du russc (y compris l'ukrainien et le bielorusse)
dcvaicnt se situcr dans Ies regions occidentale, septentrionale et orientale
du territoire slave, a}ors gue les dialcctes a part ir desguc]s SC sont developpes
le slovene. le polonais, le macedonicn occupaient Ic centre et le sud de ce meme
t crritoirc.

585 Cf. G. Ivănescu, Diferenţierea dialectală a slavei primitive, ALIL, XXIX, Iaşi, 1983-
- 1984, pl 115- 137.

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Du latin au roumain 325

236. D' apres certains specialistes, l' influence du vicux slave mr la langue
roumaine se serait manifcstee des Ies premiers contacts entre Ies H.oumains (ou
leurs ancetres) et Ies Slaves, par consequent des le VJC ou Vlle siecle, pcut-
etre meme des le ve sieclc. Unc autre opinion fait debuter Ies premiercs in-
fluences slC'vcs sur le roumain aux IXe et xe siecles. La premiere these a ete
soutenue par: Fr. Miklosich 566 , O. Densusianu 567 , A. Rosetti 568 et l'auteur
de ces pages 569 , ccpendant que la sccondc a ete illustree par Ilie Bărbulescu 570
et, dernierement, p<1r I. Pătruţ 571 . Celui-ci prend appui sur unc theorie de
V. Georgiev, qui s'inspirc, de son .câte, de quelqucs rcmarqucs faites par :M.
Vasmer. Sclon cctte thesc l' a bref du slave commun ne scrait dcvenu o qu'aux
VIIF - IXe siecles 5 i 2 . A l'appui de sa theorie, V. Georgicv evoquc le fait
que Ies noms slaves des sources byzantincs, de memc que Ies mots grecs em-
pruntes du slave (Ies toponymes y compris), offrcnt un a bref, donc unc voy-
elle qui n'etait pas (encore) devcnuc le o que l'on retrouvc dans Ies langucs
slaves .actuelles, ainsi que dans Ies elements vieux slaves du roumain et <lu
hongrois (parmi ces noms figurent aussi: Scla1m10i, Ardagastos, Pfragastos).
Mais commc les elemcnts vieux slaves du roumain presentent le a court du
slave commun comme un o (r. osie « essieu » < , .. sl. osi, ct non pas *asi,
etc.), il s'en suivrait, d'apres Georgie,·, que ccs elemcnts vicux slan·s ont ete
empruntes par le roumain apres le moment ou la-ditc voyclle s'etait transfor-
mee en o, ce gui nous conduit au VIIJC ct meme au IXe siecle.
Pour notrc part, il nous scmble que cette these ne s'accordc pas a la
realite. En effct, ainsi que nous l'avons deja demontre dans l'article precite 513 ,
· il est dif.ficilc de pcnser qu'absolument tous Ies dialcctes slaves clcs VIIIe
et IX" sieclcs - depuis b Baltique jusqu'cn l\facedo~ne ct Tlmicc, dcpuis
le cours de l'Elbe, la Boheme et l'Adriatique jusqu'a la Volga ct a la ::\'Ier
;foire, auraicnt change cn memc temps, c'cst-a-dire dans 1 inten allc d'en-
vircn deux siecles, leur a bref en o. 11 nous semble plus plausible de penscr
qu'un ou plusieurs des anciens dialectes slan.·s communs n'anient pas encorc
procede a une telle transformation, alors que d'autres dialectes l'avaient deja
effectuec dans la patrie primitive des Slaves. Nous venons de voir ci-dcssus
que Ies noms des chefs slaves de Valachie, de rneme que certains mots ct noms
slaves de la langue grecque, gardent un a bref intact. Du fait que Ies lar.gues
serbocroate, macedonicnne et bulgare presentent un o a la pbce ele l'ancien
a bref il s'en suit que la conservation de cct a brcf tel quel etait un trait par-
ticulicr aux Slaves de Valachie, qui ont emigre au Vlle siecle dans la Penin-
sule balkaniquc. Cc rnnt lrs Sfoves qui allaient se fixer en Grece, en legant
3UX Grecs quelqucs mots et qudqufs tcfrnyrncs. Ce ~cnt ces mcn;cs Slaves

see Die slavischrn Elimrnlc im Ru11iii.nischrn, DAW, XII, "Wien, lf62, p. 237-257.
S67 Densusianu, ILR, p. 233-234.

ses Rosetti, ILR, p. 296-297.


see hănescu, ILR, pp. 267-269, 270.
s7o Individualitatea limbii române şi clementele slave wchi, Bucarest, 1929, passim.
571
Vechimea relaţiilo1- lingvistice slavo-române, «Studii de liml::a română ~i slavistică»,
Cluj, 1974, p. 101-103; referitor la cronologia elementelor de origine sud-slavă ale limbii ro-
mâne, CL, X.II, 1967, p. 31-37.
672
Cf. VI. Georgiev, Problemes phonetiques du slave conmzun, RES, XLIV, 1965, p. 7-
17 (le chapitre sur Le systemc vocalique .;lave conmwn, p. 7-12), ainsi que d'autres etudes.
r. 7a Voir ci-dessus, note 565.

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326 H. Mihăescu

qui, entres plus tard en contact a\·ec Ies Byzantins, re~urent un a bref a la
place du o bref ulterieur dans l'ortographe de leurs noms: :Exii.~~'1)'Jo!. (Scla-
'iJini); transmis aux Italiens, ils en firent: Schiavi, Schiavoni, ciao (ce demier
mat italien d'origine venitienne equivalait la formule de politesse (( votre ser-
viteur »). Compte tenu de ce que la Romagne est demeuree, comme on le
sait, sous domination byzantine, la transmission du nom donne par Ies By-
zantins am: Slaves s'explique dans le cas des Italiens de Romagne, d'ou
ce nom s'cst generalise en Italie. Du rcste, n'oublions pas que l'Italie meridio-
nale elle aussi est rcstee longtemps sous la domination byzantine (jusqu'a
la fondation de l'Etat normand de Sicile et d'Italie du sud).
Il r5sulte de ce que nous vcnons d'exposer quc le slave commun (proto-
slan) dc,·ait presenter un nombre plus grand de differcnciations dialectales
que celui cnvisage par Ies recherchl'S jusqu'a present.
:237. La languc roumaine l~tait parlee a\·ec toutes ses form"s regionales,
si l'on exc<:>pte, pcut-etre, les parlers morlacs qui SC trom·ent a la base de l'is-
tro-roumain, dans l'espacc territorial occupe par Ies tribus slaves aux parlers
de typc bulgare. Seuls Ies ancetres des Istro-roumains ont habite un territoire
ou devaient s'implanter par la suite des tribus sla\·es avec des parlers de type
serliocroate. Toutefois, pour ma p:1rt, je pense que la vallee de la ~forava a
pu etre colonisee au debut par les Sl;l\·es parlant un idiome de type bulgarc 574 ,
car ks clements slaves les plus ancicns de l'istro-roumain - dialecte qui a
du etre parle pour commencer justemcnt dans la vallce de la Morava- s'ave-
rent ele type bulgC1rc. Sclon ccrtains specialistes, la frontiere occidentale du
territoire de formation du p\?uplc roumain colnciderait avec l'actuelle ligne
de demarcat ion entrc le serbocroate et le bulgare; par consequent, ils ont iden-
tifi·: le vieux slave qui a influe sur le roum;:iin comme etant de type bulgare,
sud-danubien. Mais, en realitl:, l'espace de formation du p~uple roumain de-
passait vers l'ouest cette soi-disante frontiere, s'etendant jusque vers le bas-
sin de la Drina. 11 semLlerait dane que le vi~ux slave qni a influence le rou-
main n'etait pas de type bulgare uniquement, mais aussi de type serbocroate.
Cest l'\"Îdent qu~ l•:s elem"nts sla\'CS dn r'1U'l1,in s'cxpliqu~nt tout aussi bien
par le vicux slave de Dacic, que par celui de Bulgarie et du territoire serbo-
croatc (ou plutât du territoire serb,:), que l'influence des Slaves de Bulgarie
s'etait excrcee sur les Roumains du royaume bulgare medieval apres le xa
sieclc C't qtE' J'influencc du serbocroJte s'etait exercee toujours ~pres le xe
si(de sur Ies Morlacs.
233. Le lcxique vieux slan· de la langue roumaine a une double origine
1) sa majeure partie provicnt des parlers populaircs et elle est entree dans
Ies parkrs p::>pulaires roum:iins; 2) unc tres mince couche des elements slaves
releves dans Ies pJ.rlers popubires roumains provient du vicux-slave litte-
raire. c~r il est probablc que Ies voh·odats slaves fondes en territoire daco-rou-
main (au Bamt et en Transykanie) aux x:e ct Xle siecles aient adopte le
Yicux slave comme langue de culte et de chancellerie, î de meme d'ailleurs
que Ies voh·odats roumains de l'epoque. Apres le Xle siecle, la langue rou-
074
Ivănescu, ILR, p. 274.-275, 355- 357.

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Du latin au rournain 327

mame englobera aussi des elements slaves d'origine bulgare, serbocroate,


macedonienne (ces-derniers cntres seulement dans Ies dialectes aroum2in
et megleno-roumain), ukrainienne, polonaise et meme slovaque. Nous nous
proposons de fournir ci-apres une liste partielle d'elements vieux slaves d'ori-
gine populaire et cultivee. Ils seront mentionnes par domaines (secteurs,
strcites) rottaches a la n~alite a laquelle ils se rapportent, autrement dit par
domaines semantiques. Nous commencerons par Ies elements d'origine popu-
laire, pour aborder cnsuite le sccteur cultive (Ies elements prov enant de la
langue de culte et de chancellerie).
239. La nature, ses propriitcs ct scs proccssus. Beznă « tenebres », bolo-
van <4 grosse picrre », bură « bruinc », crivăţ « vent du nor<l, bise, aquilon 1>,
crîng « bocagc 1>, dumbravă <4 taillis, petit bois 1>, gfrlă «petit cours d'eau »,
iaz «lac artificiel, etang, chenal », iezer «lac alpin», izvor « rnurce 1>, jar
« braise », lapov1:ţif « giboulee », luncă «pre, prairie, herbage », matcă (a apei)
« lit (d'un cours d'eau) », ni'fnut (ou nămeţi, plurale tantum) « congeres », nisip
<4 sabie», omăt « neige », ostrov «ilot 1>, peşteră « grotte », ponor <4 esc;:irpement,
ravin 1>, potop « deluge », praf « poussiere, poudrc ,>, prăpastie « abîme, pre-
cipice », prund « gravier, greve, cailloutis ,>, puvoi « torrent, r<l,·ine », roi 1 ină
« fondriere ,>, sloată <4 giboulee, neige a moitie fondue ,>, şipot « source; gont-
tiere », tină «bone, fange ,>, trâs11i <c foudroyer, fr2pper de la fouare 1>, trîmbă
« piece de toile; tourbillon ,>, ·v1fcr « orage, tourmcnte ,>, vîrcolac « loup-garou,
stryge, poisson artificiel sen-ant d'amorce », vîrf « sommet, cîme, pointc ,>,
vlagă « forcc, vigueur ,>, zare « horizon », zt'iMtj « c;micule ,>, zvon ~· rumcur ,>.
ilI etaux â minerais. Cositor (< et;:iin )), cremene (C silex», otel (! acicr I)
smoală <c goudron, bitume, poix », var « chaux ,>. '
Etres vivants: poissons, oiscaux, ma11umferes, i11scctes. Bivol <c buffle »,
cireadă <c troupeau de gros betail ,>, cîrstci <c crex des prcs », cîrtiţă « taupe »,
colun <4 onagre », conopiştirif ă « taupe-grillon, courtilliere ,>, gî11dac <c gcne-
rique de diverses insectes ,>, gînsac <c jars ,>. gîscă (gînscă) « oie ,>, guşter <c le-
zard \ert », jivină <1 bete sauvag~. fauve », lăstun <c m;ntinet de muraille 1>,
lin <i tanche », matcă (apiculture) <i reine dea abeilles ,>, molie «mite», nei·ăs-
tuică .<c belette », ogar «levrier», paianjcn (paing) (avec toutes leurs vari-
aintes) (i araignee 1>, păstrăv « truite ,>, pinten <c eperon, ergot, avancec du ter-
rain », pintenog « balzan », ploşniţă <i punaise », prepeliţă <c caille ,>, rac <i ecre-
visse, ccincer 1>, rîs « lynx ,>, rudă <c gaule, perche ,>, sobol « taupe, martre 1>,
stelniţă <i punaise 1>, stîncă <c rocher ,>. veven"ţă <c ecureuil 1>, vidră <c loutrc 1>, vra-
bie « moineau 1>, zimbru <c bison d'Europe 1>.
Plantes. Bob <i feve 1>, cocean <c tige du ma!s, rciflc, trognon de chou,
cceur d'une pcmme ,>, cracă « branche, rameau », creangă <c branchc, ramcau ,>,
gulie <1 chou-rave 1>, hamei <i houblon ,>, hrean <i raif ort, cranrnn », jfr <c faine ,>,
lobodă (I bonne dame (chou d'amours, follette) ,>. molotru <c melilot jaune »,
morcov <i carotte 1>, omeag <i plante venencuse ( Aconitum napellus), ca::que
de Jupiter, char de Venus», ovăz <i avoine 1>, pelin <i absinthe ,>, praz <c poi-
reau », rapi'ţă (< colza », răchită <c osier », rod <i fruit, moisson 1>, rogoz <c carex
des rives 1>, sfeclă Ci betterave 1>, sovîrj <c marjolaine sauvage, origan ,>, ştir
<c amarante 1>, troscot « traîna~!'.e (berce a ccchon) 1>, tulpi'nă (truţi11ă) (i tige 1>.

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328 H. ~lihăescu

Les parties dn corps animal et lmmain. Circă« epaule, dos•. cosiţă« natte,
tresse », costeliv « efflanque, etique, decharne •. crac «jambe de pantalon,
<lent d'une fourche », gîrb (< bosse, gibbosite », gîrbot• (I voute, courbe, casse ••
glc:11ă <( che,·ille », obra:: <( joue, Yisage, face», stfrv <! charogne, cadavre»,
stomac „ estomac », trup « corps ».
Logis, me11agc, co11structio11. Bdâttg (( anneau de metal, anel », blană
(( planchc », boltă « Youte », colibă <( chaumiere, hutte, cabane•. coş «chemi-
nee, tuyau de cheminee », coteţ (< poulailler, niche (a chien), soue (etable a
porcs) ». ţriidi11ă (( jardin », grajd <• (·curic, etablc », greblă (I râteciu I), gn:ndă
<( poutrc, :-;olin•, madricr », frsl<· « creche, mangcoirc », jar « braise, brasier »,
fras1i « chyon, claie», ogr1ldii « cour, enclos, basse-cour, verger », p1:v11iţă
<( can· », pod « grenier, cambie, g~letas 1>, poliţâ « tablette suspcndue, rayon,
Ctagerl' I), j>r11g (( SCUi} I), prispă « tcrr~SSl' l'l1 terre battue des maisOnS pay-
Sal1!1('S 1>, sticlă (( Yerre 1>, stîlj> « pilil'r, poteau. pilastre, colonne », temei <1 fon-
dation, base. fondcment », fcat•1i « tnbL-, tm·au. conduit •. zăbrea <1 barreau
d'um· grille 1>, :::ă'l·nr <( ,·crro{i, targl'ttc 1>, ::itl «mur 1>, dddr 'J ma<;on ».
T~a,mcnts. Ccrgi"i « com·erture, housse. bâche •. cojoc « touloupe i>. copCti
<1 agrafr, boucle, fcrmoir ». cn~m.i <1 bonnl't d"' fourrure •. 1:::m::ină (surtout
i:111c·11c-. plurale tantum) <( c;-ih-<;on 1>. nâdrti::,i <1 pantalon, chausse I), poal/t
« pa:1, basquc », pestelcii <1 tablier•. rufă <1 linge*· sum:in <1 bure, sarreau 1>,
ş11b,i (( pelissc fourrce 1>.
Objcts d'usll!;•-' co1trt111I. Blid « krrinc, assicttc •. âocan « martcau 1>,
cf,·>t: « tenaille ». cosor "serpc 1>, coşciug « cercucil, Lierc •. co~11iţă <1 corbillon,
cabas 1>, lan( "ch~·inc ». lopatii « pelle 1>, 11ic()j:11lă « enclumc •. perie (( brosse 1>,
P<·n:1i " or('ilkr, coussin 1>, pilc'i « lime I), plutei <1 radcau; liegc „,
ră::boi (de (ernt)
« mL·tier a tisscr 1>, rognjinc'i « paillasson, natte de roscau •. sl!1tic « train<>au »,
sfo,1ră « ficcllc, carde 1>, silii «sas, tamis I), stidâ <( bouteillc i>, strună « corde
d'tm instrument, cordc d'un arc, gourmcttc I), tocilă (l pierre a aiguiser I),
tni,ig <1 bâton, Yergc, bourdon », topor « hache I), < 0 adră « mcsure de capacite;
scau 1>, 'l't'ri~1i (( anncau, maillon, virole•>.
S!ntdurc sociafr el (,1milia/,·. B,dii'i <• ,·ic·ille kmme 1>, heicnic <1 exode devant
l'l'nncmi •>.boier<( boiard. ». circadti «troupe;iu de gros betaih·. coţcar (sens initial:
«flamlJL'ur; charlatan •>)«filau, escroc 1>. iscâli <( signer 1>,jupîn (pcut-etrc s'agit-
il d'un mot cmprnnte directcment a l'a,·arc) <• maître, messire, scigneur, patron,
chef 1>, m.1icâ ((mere, p2tite-mere, nonnc •. m:istcltă <• marâtre •. maşteră, idem,
lltll'i/1' (< YiC .'; Comportemcnt 1), ll(i.';1Sftl (( epOUSC I), llOl'Od (l peuple, popu};:>tion I),
ou~t(i}t' « collcctiYite 1>, obict'i <1 habitude, us. coutume », oân.ă « hoarie (terre
heriti~c ». pricim « ami ». rudii 11 p:i.rent », tâlnic1d <1 interprete, traducteur,
commcnta teur •>. ucenic « apprcnti », voievod <1 prince regnant; commandant
en chd •>. ::lăt:1r 1< orpailleur, bohemien nomade executant des ounagcs d'or-
fe,Tcric 1>.
Etats d' âme . q1talites m9r,1les. Blajin <• bfoin, affable, doux I),· âudă
<1 d~pit, cnvic, rage», destoinic « capable, adroit ». dîrz <1 temeraire, impe-

tueux, alticr •>. drag <1 aime, cher 1>, gîng~zv <1 begue •>. hî.tru «jovial, plaisant,
fu te 1>, :;rz}ă <1 souci 1>, groa::ă « terreur •>, gro::av « terrible; remarquablement •,
jalt- <• desolation 1>, lacom « gourmand I), lene « paresse ». milă <1 pitie, charite »,
milostiv « pitoyable, charitable •>, mîndru «fier, altier, beau, magnifique I),

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Du latin au roumain 329

nădejde « esp01r », nătîng <(borne, sot, empote », nâuc « ahuri », nă:::dri'fran


<( doue d'une puissance surnaturelle, extraordinaire, merveilleux », năduh
« chcileur accablante, chagrin », neca:::<( ennui, deboire, chagrin », nerod<( niais,
sot », pi::mă <( envie, depit, jalomie », poftă « desir », pribeag « errant », prost
(( depourvu d'instruction », rîv11ă ((zele, ardeur », scîrbă (( degout, ecceure-
ment », tilmâ <c calme, paix ». tîmp <c idiot», trea::: <c eveille », vi11ă <( culpabi-
lite », vinovat (( coupablc », ·;)rcd11ic <c applique, diligent».
Particularitis physiques des objets, du terrain, des persoJ111cs hunzai11es
et des aninzauY. Băl (bal, bel) <c blond, entiercment blanc ou seulement la
tete blanche (chez Ies betcs) 1>, bccis11it' « faibk; iml>ecilc, ni::iis 1>, cîm <c camns 1>,
gîrbov <c bossu», gol «nu: vide», grie• <c bigarre, 1ariole », gro:::av <c terrible,
remarquable », pag <c pie », /xstrit <c 1Jig2.rre, bariole », rumân <c vermeil, rubi-
cond», smead «brun, mat. pâle »,ştirb« edcnte », ~·î1f <c sommct, cime, pointc »,
vîrstâ <c âge », ::dravăn <c vigoureux, robuste», ( s<') ::;bîrci <c (se) ridcr, se rat<:-
tiner », :::globiu <c vif, cspieglc i>.
JJ al ad ies et traitcmwts. Boală <c maladiei>, boli <c etrc malade i>, bolnav
<(mala.de i>, bubă <c bonton, abces, fistule», gîlcă <c inflcimmation i>, leac «re-
mede )), Obloji (C panSef, SOigner I), OtraVct (~poiSOn )), pojar (< rugeole l), J'Llilif
<c blessure, plaie i>, trînji « hemorroi:des », vraci <c guerisseur, rebouteur, mc-
decin, sorcier ».

240. Orga11isation militairc. Ccatâ <•bande, groupe, troupe », gloirtâ


<c masse, cohuc; troupc, armee i>, râ::;bci <c guerre, batciille 1>, rînd <c rang, rangee »,
sabie <( epee », steag <c drapeau; unite militaire », strajă <c garde, surveillance »,
suliţă <(lance i>, trîmbifă <c trompette, clairon », 1.:oi11ic <c (a !'origine) guerrier,
(par la suite) vaillant i>.
Commerce. Plâti <c payer », precupeţ <( mcirchand des quatre sa1sons »,
tîrg <c bourg, marche, foire; marchandage ».
Agriculture, jardinage, apiculture. Bra::;dă (C sillon, carre de legumes 1),
coasă <c faux », cos1: <c faucher 1>, ogor « champ laboure, glebe i>, ota1:â « regain
(d'herbes) », pla:: <c patin, glissiere de 12 charruc i>, pleavă <c balle de blei>, plug
~ charrue », prisacă <c ruchcr, rndroit recemment deboise i>, rarifâ <c buttoir,
binot», săd1: (( planter )), snop <c gerbe i>, stog « meule (de fain, ble, etc.) i>.
Peche. Crap « Gupe i>, mreajă <c rnrte de filet de peche 1>, 11ă:l'od <c filet
de peche geme epcrvier »,somn <1 silun:-chat », şiitrcă « brochet », mzdiţâ <c ligne
a pecher >>, vîrşă « nasse, verveux >>.
Transports, narigaticn. Brod ((bac>>, cîrmă <c gouvernail; gouverne-
ment )), cîrmi (drm) « tourner, virer, changer de direction », corabie <c navin»
bateau, vaisseau, nef )), pod <c pont>>, uliţă « ruellc », vîslă (( aviron i>.
Alimentation. Colac « gimblette 1>, dospi <clever (Ies pâtes), fcrmenter 1>,
drob <c bloc de sel; plat de vise eres d'agneau i>, drojdie <c lic, marc, levure i>,
hrană <c nourriturc i1, hrăni <c nourrir i>, icre <c ceufs de pois~cn », ofet <c \'Înai-
gre 1> •
. Croyances, folk/ore, wutumes ct distractions Jolkloriques. Barni <c conte i>,
colindă « noel, cantique 1>, liorâ <c ronde paysanne i>, iad <c enfer i>, mor( oi)
« revenant, fantomei>, paparudă <c jeune fEmme accoutree de fa<;on parti-
culier-e parcourant Ies routes et Ies champs pendant Ies periodes de seche-

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H. l\lihăescu
330

resse en appelc•nt la pluie (ordinairement, il s'agit de bohemicnnes) &, poveste


(<conte, recit fantastique I), rai (<paradis I), 'o.'Îh.'ă (< bruit, eclat, pompe, fee,
stryge, 1>, vrajă « charme, sortilege 1>, ::mm <(dragon; cerf-volant 1>.
Conditions psyclzologiques et soci.rlcs. Ispită <( tentati~n », 1it·voii: « b_e-
soin, difficuJte 1>, năpastă <( calamite », pacosfr ·<( malheur, tmle 1>, ponos « d1f-
famation 1>, primejdie <( danger 1>, slobod <( lil>re, affranchi ».
A..ctions. Beli (( ecorchcr; depouiller >), ca::1117 (( tortnrc I), căzni (<(se)
torturer, s'efforcer 1>, clădi «construire , cdificr 1>, croi « tailler, frapper 1>,
dărni <( fairc un don, donncr », dobîndi "gagner », dovedi « prouver i>, glas
« voix 1>, e,lâs11i <c p~rlcr 1>, goni « chasscr, courir 1>, grăi <c parler 1>, lzolzotz: « s'es-
claffer; s'anglotcr 1>, ispră1:i <( achcn·r », iubi« aimer, cherir i>, 1"zbăvi <( sauver,
delivrcr 1>, 1·:bi <( frappcr, hcurter t, i::.bî11di « triomphcr 1>, izgoni « chasser 1>,
indrăzni <c oscr 1>, îngrozi « tC'rrifil'r *· î11;•di « l"nn·lopper i>, învîrti « tourner,
tournoycr », lipi (( coller •. logodi <((se) fianccr », logodnă <( fiarn;ailles 1>,
lo1:i <c cogner, frapper 1>, nuji « poindrt>, pointer, paraitre, cligner des yeux »,
mî11ji « ~ouill<>r 1>, muncii (1 travail, labcur li, mzmci « travaillcr t, năvăli «se
ruci-, foncer 1>, nimeri <( touchcr (unc cibk), tombcr clwz qqn. », obosi <(fa-
tiguer li, od1:/111i «(se) rcposc:r •, oglindi « refleter, mirer », omori <( tuer », opri
« arretcr 1>, osteni «se fatigucr t, otră1.•i « cmpoisonnl'r 1>, păzi <( gnder, sun•eil-
ler 11, p1:păi <(palpa 1>, pîndi <• guettcr », f>irli « flambcr, roussir, bronzer 1>,
plcscă1· « cJapper, clapokr •. pofti « desi1 L'r », porwzt 1: (< disposer, ordonncr,
commander 1>, povîmi « inclincr •. prâpădi <( pcrdrc, detruire, gaspiller t, prii.-
văii <c degringolcr, dhalcr •. primeni « mettrc du linge frais, renouveler 1>,
primi <c rece\•oir, accucillir •. prfri <( regar<lcr •, propti « ctayer, etarn;onner &,
risipi « gaspiller », sminti <( deplaccr, deranger, (refi.) perdre la raison »,
smu(n)ci o arracher hrusquement, secouer avec force •. spoi « blanchir a la
chaux, badigconner, harhouillcr •. strădui « s'appliqucr, s'cfforcer li, tăvăli
(< roulcr, \·autrcr 11, firi « traincr •. tocmi < marchan<lcr, s'engager t, topi «fon-
1

drc )), trăi: (<vine I>, treabă (< afairc, tra\"ail I>, /rea:: (( e\"eille )), trudi (( peiner,
torturer, trimcr », veste « nou\"elle 11, ::ăbavă « retard 11, ::ăbovi (< s'attarder 1>,
::ări <( apercevoir 1>, ::drobi <c briser, fracasser, broyer li, ::gîrci « (se) crisper,
lesiner 11.
Realites m:itc5rielfrs. Dungă « raic, pli t, griimadă <( amas, rnultitude,
grande quantitc li, sprijin «a ide, soutien •. stavilă <( obstacle, traverse, bar-
rcige &, vraf «tas, monceau, pilc•.
Mesures du temps et des quantites. Ceas <• heure, montre t, răstimp « in-
tcrvcille de temps, repit •. sfert <( quart •. sută «cent t, veac « siecle &, vreme
(< temps 1>.

Realites economiques. Pagubă <1 pertc, dommage », soroc « echeance,


terme», spor <(profit 1>, tain « ration, subside 1>, zălog « gage, nantisf!.ement;
otage ».
Rapports humai11s. Dar <(don i>, obidă (bidă) « affliction, chagrin, de-
trcs5e &, sfadă <c querelle, dispute 1>, sfat <c conseil », sfetnic <c conseiller (n.) 1>,
vină «faute, culpabili te, delit », vino·uat <1fautif, coupable, delinquent &, vrajbă
« desaccord, zizanie», (în) zadar « en vain (avec le sens initial change) ».

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Du latin au roumain 331

Qualites des actions et processus. Iute «rapide, vif ».


Terminolog1:e clzretienne ct ecclesi·astiquc vraisemblablemcm e11trec cn
roumain avan! le XP' s1'ecle. Căi (pocăi) «se rcpentir », bo(g)daproste <( Dieu
merei», cazam·c f sennon, homelie; sennologe », ceaslo·u «livre d'heures, bre-
viairc, lectionnaire », colivă (< gâteau de blc distribue a la memoire des de-
funts », cristelniţă « fonts bz.ptismaux », d11hor1dc <( confesseur », Hn'sfo<;
(( Christ », I (i)sus ~ Jesus », ispăşi <( e:-;pier », 1·sp1'tâ « trntation », _io~(ă
«sacrifice», maslit (pl. masle) <c messe officiee pour un grand malad~-- », mo-
liftă <c absoute », odăjdii (( vetements «sacerdotaux », pomană (( aurnone, cha-
rite », popă (( pope », post (( jcune; careme », potir (<calice», prapur (<ban-
niere d'eglise », /Jra·vilă <c loi (chretiennc) », pra:11ic <c agape, festin d'annivt'r-
saire, j-our ferie », sclzit <c ennitage », · .~(î11t <c saint », smirnâ <c myrrhc », stareţ
«prieur, superieur d'un convent», strană «st;illc d't~glise », taiilâ «sacremmt»,
tămîfr <c encens », troită <c croix votive, sorte de cal\·airc au hord des routcs,
triptique », utrenie «;na tines », 1.·cccmic <c ,·epres 1>.
T erminologfr de l' ccrd-urc. Buche <( alphabct 1>, cerni <c teindre en noir 1>,
de Ia le roumain cerneală « encre », n'ti <(lire 1>, slm•â <c lettre, caractere gra-
phique », tipic « habitudc, regk, norme 1>, tilc <c signification, explication ».

La langue roumaine apres Ie xe sieele


241. A p~rtir du X" siecle, le roumain abordc une 8Utre peri ode de son
developpemrnt. Des populations oricntales (Hongrois, Petchenegues, Cumans)
s'installent dans le voisinage du territoire roumain primitif, cependant
que la population slave du terntoire daco-rournain est assimilee. Au sud
du Danube, vers ]a meme epoque, Ies Slaves constituaient une majorite t't,
suivant un processus im,erse d'assimilation, i]s donnaient naissance aux
peuples bulgare et serba-croate. La, Ies tribus slaves assimilerent la popu-
Iation thrace et illyrienne (albanaisc), romo.msec ct non-romamsec;
Ies Bulgares et Ies 'Macedoniens assimilc·rcnt la popula tion de langue grec-
que de Thrace et de Macedoine. Les Roumains sud-danubiens scront m;.iin-
tenant en contact etroit avec Ies peuplcs nouvcaux, auxquels ils empnm-
teront certains elements de lexiquc qui raycnncront cnsuite dans tout
leur tcrritoire. Dans Ies Carpates scptentrionalcs, au nord du cours du Tche-
remouch, ainsi qu'a l'est du Dniester, Ies tribus des Slaves de l'est dcvaient
donner naissancc aux Ukrainiens, <:.uxquels Ies Rournains tmpruntcront
toutc une seric de mots. L 1:~s Daco-roumains essciirncrent, par ;:iilleurs, cn
Hongrie aussi, de meme qu'cn Slovaquic et Ukraine, rnais avec le temps ils
allaient se confondre dans b masse hongroise, respectivcment slov<cque ct
ukrainienne.
Dispersee dcins tout l'espc..ce bulgare, rnacedonien et serbo-cro~k. en
Thessalie et dans le Pinde, la popula tion roumainc sud-danubirnnc dev;:i it
former pcndant tout un millenaire encore des groupes assez pnissants:
ce sont Ies ancetres des Aroumains, des Megleno-roumains ct des Istro-rou-
mains actuels (a present Ies derniers vestiges des Roumains sud-danubiens).
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3J2 H. Mihăescu

AYant le xn·,. sieclc, ils avaient fondc dans ces contrees des unites politi-
qucs supericures a celles des Daco-roumains <le la 1!1ei:ne epo9~e, qui ne ccn~p­
taicnt <Jlors quc de petits voi\"odats, a\·cc un terntoire limite. Les Roumams
des Balkans ont pris part a la creation de l'Empire roumano-bulgarc. Ceux
de la region <lu Pindc ct de Thessalie, territoirL'S qui au XIV'' siecle portaient
cncorc le nom de l\le:y(il-"I). B:Aocx_b:, d'Etoile ou d'Akarnanie ou se trom·ait
la ~hzpcX; B:Aocz~x. ancetres indiscutaLles des Aroumains actuels, sont par-
wnus a s'assurer une place a part au sein de l'Empirc byzantin. Enfin, dans
l'cspacc croate, lcs Morlacs ( < Mocupl,~i.~zoL) knaient ele \·astes terri-
toires (cf. celui <lenome Roma11(fr), sans qu'ils aicnt fonde pour autant une
organisa tion politiquc indi,·idudlc .
.:\ part ir <lu XIP sieclc, le pcupk roumain et sa langue connaitront
au nord du Danu Le un dl'.·\·cloppeml'nt supericur.
:242. Les cherchcurs specialises dans I' etudL· du roumain ont delimite
plusicurs phascs de denloppL·ment de ccttc languc, a sa\·oir. 1) une phasc au
cours de laquelle, les clialcctcs daco-roumain, aroumain, rnegkno-roumain
d istro-roumain beneficiant d 'unc cont iguite territoriale ct d'un contact
direct entre cux, la lang-ue prescntait unc grande unite: c'est la phase
du roumai11 co1111111111 011 pri111it1f (des origi111·s au x·· si(·cle); 2) unc phase pen-
dant laqul'lk se sont dC'ssint's ks traits caracteristiques clu dialecte daco-
roumain, qui <le son cote offrait um· granck unite linguistique, tout en se
distinguant nl'itemcnt des cliall'cks su<l-danuliicns; c'cst la phase du daco-
rr111111,1i11 ro1111111111 011 j>ri111it1f (X''-X\''' siccks): 3) la phasc de la differen-
ciation dialectale ( = territoriale) du daco-roumain (a part ir du XV" sieclc).
Bim qu'aucun des spfrialistes qui s'e11 sont occupes 11c l'affirrne de fa<;on
l'Xplicill'. il l'st e\·idl'nt qul' pour eux lcs phzises n·spl'cti\"cs de la langue rou-
maine comportl'11t d(' ndtes diffl·rcnccs d'ordrl' structural.
Pour ma part, j'ai ahouti ;L la co11clusion qul· b clifferL·nciation dialec-
tale du l"OUl11ai11 l"l'l11011tl' ;L :'011 epC>t}UC' tk fornntion 111eilll', c'cst-a-clire qu'on
pourrait la sit11L·r aux VIIl"-lX" ::-it·clcs, epoque ou cdte differcnciation
L··tait dl' lwaucoup plus ma11ikstl' qu'on le p·,·nsc gC·nl-ralemcnt 575 • Jc cro1s
donc c1ue la langue roumai111..· a\·ait subi, notamml'nt a\·ant le X" siecle, de
110•11lll"l'Uscs cliffen:11ci;1tions diall'ctales ct qu1' certains sous-dialcctcs daco-
rommins prl'.·sl'ntairnt <lC·ja ;L la <litc l'.·poqul' bon nomhrc de faits communs
a,·,_·c Ies <lialccks sud-<lanubiL·ns. J'ajoutcrais aussi que la separation cntre
le:-; Daco-roumains l't Ies Roumains su<l-<lanubiens, qui cut lieu par la
sla,·isation <le ccs-<l:rniers ou p~Lr un changL·m_·nt J.'habitat (un mouvement-
m•.'.-tanastasiqu_·), ph·~·nomenl' se situ:rnt \"ers la fin du moyen-âgc et Ies de-
buts des tcmps m')d•511L's, ne rcp:·esl'nte que l'une clL·s causes de la <liffercn-
cizition territoriale du roumain, um· des cau:;L·s <le la differenciation intcr-
nnuc ;t l 'epoquc moderne. Or. la perio<le <ll· la grande di\'ision linguistique
cntrc les Roumains nord- et ks Roumains sud-danubiens coincide en fait
a\'cc celle Je la fondation <lcs Etab roumains de Valachie et de Molda\'ie,
e\'enement capital pour le <lenloppL'ment ultericur du peuple roumain et

m Ibidem, p. 285-329.

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Du latin au rc,umain 333

de sa langue. Quant aux Roumains habitant a l'interieur de l'arc carpa-


tique, le Maramureş ct la Crişana, ou au Banat, ils aYaicnt fonde des unites
politiques des le xe et le XP' siecles, cntrees tout en jouissant d'une certaine
autonomie, dans le cadre du royaume hongrois. 11 s'agit des Yo!vodats de
TransylYanie et du Maramureş qui, toutefois, n'ont pas ete a meme de pro-
mouYoir leur propre culture que depuis les XIYl'-XVc siecles, autrement
dit, depuis le moment ou ils ont fini par obtenir unc organisation eccl<:'·sias-
tique supcrieure. Cne fois de plus, nous Yoila confrontes a une optique struc-
turaliste, mais les din'rses structurcs trouYent leur explication dans la di-
versite rlc<s {~venements historiques de l'epoque.

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VI. LA LITTERATURE B YZANTINE, SO URCE
DE CO:\INAISSANCE DU LATLV VULGAIRE

Histm·ic1ue de la 1·eehel'(•be

2.Jj:J, La sur;i\'ancc de la langue latine dans la litteraturc byzantine et


cn neo-grec n'a pas ete etudiee methodiqueml'nt et exhaustiwment, de ma-
niere a fournir un apport important a la connaissance du latin dans le Sud-
Est de !'Europe. Les rccherches partielles entreprises jusqu'a present ont
porte le plus souvent sur les problemes du lcxique et n'ont pas applique dans
unc mcsurc suffisante la methode comparatin', susceptible de mieux montrer
les rapports qui existent entre ces elemcnts et le latin ndgaire ou Ies langues
romanes. Byzance a herite <le la culture romaine, l'a prise sous sa pro-
tection, l'a enrichie pcndant des siecles et l'a transmise autour d'dle a une
etape critique de l'histoire de l'humanitr, de sorte qu'il faut s'attendre a trou-
ver dans Cl t hfritagc maints elemcnts supplemcntaires propres a enrichir
nos connaissanccs sur le latin commun <le l'Empire romain, dont ont procede
Ies langu('s romanes. :\ous fcrons une distinct ion dans cet te etude entre Ies
elemC'nts herites dircctemcnt du latin et Ies emprunts faits aux langues ro-
mancs apres le xe siecle, au temps drs croisades et plus tard, notamment
d'ltalie, de Gaule ct du nord-est de l'Espagne. Crtte delimitation, faite habi-
tuellemcnt sr-lon des criteres aussi bien de forme quc de fonds n'est pas tou-
jours facik, ain~i qu'il rcssort de l'ounagc partid de D. C. Hesscling 1 . Une
aick prfrieu~c a cd egard nous est fournie par J,· Dictiolllrairc di: la la11gue
~rt'c1111c pojmlairt' du moye11 1igc d1' Emmanouil I~riaras.
Les principalcs sourccs :-:ont Ies inscriptions, Ies manuscrits sur papyrus,
Ies ll'xtcs lit terairl's, lrs actes ct Ies <locuments officiels ou prin~s. les ouvrages
lexicographiqucs, ks C:·l·~·;ncnts !atins du neo-grec et <les langues romanes.
Toutes ccs donnees <loiwnt faire l'objet d'etudes comparati\'es, afin d'etre
confrontees, complrtees et utilisees en fonction de l'cspacc et du temps. 11
COn\'Îent d'accorder unc attention particuliere a la chronologie, notamment
a celle des six premiers siecles de notre ere' lorsque la plupart des elements
latins ont penetre dans la langue grecque. Ces emprunts pou\'aient etre d'o-
rigine soit savante, soit populaire. De toute fa<;on, ils refletent assez fidele-
ment le stadc de la langue latine au moment ou ils ont eu lieu. Nos connais-
sances du latin peuvent sen·ir ainsi de critere de datation lorsque la date a
laquelle tel ou tel emprunt a ete fait n'est pas connue. D'autre part, dans un
grand nombre de cas, la forme prise par ceux-ci en grec nous permet de de-
celer des aspects grammaticaux ou lcxicaux mal connus de la langue latine,
tant litteraire que parlee.
1 Les mots mal'itimes emprimtes par le grec au.ir langucs ronurnes, o Yerhandelingcn der

K. Akademie ·.ran \\'etenschapen te Amsterdam, Afdeiling Letterkundc o\', 2, 1903. p. 1-38,


cf. BZ, 12, 1903, p. 654-655.

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La litterature byzantine, sonrce de connaissance du latin vnlgaire 335

244. Les premieres recherches sur Ies elements latins du grec sont dues
aux lexicographes. Des 1601, Nicolaus Rigault enregistrait dans son Diction-
naire de terminologie militaire byzantine un certain nombre de termes de pro-
venance latine ou barbare, inconnus jusqu'alors en Occident 2 • Un progres
decisif fut realise ensuite par le celebre lexicographe franc;:ais Du Cange, dans
son Glossarimn ad scriptores mediae et injimae graecitatis (Lyon, 1688). Par la
suite, E. A. Sophocles a considerablement amplifie la base etablie par Du
Cange, surtout en ce qui concerne la litterature anterieure au Xle siecle (Bos-
ton, 1870). D'autre part, la publication methodique des inscriptions grec-
ques, qui comprenaient de nombreux elements latins - analyses par l'epi-
graphiste W. Dittenberger en 1872 3 - ouvrait des perspectives nouvelles.
Vingt ans plus tard, un auteur du nom de Microyannis (probablement un
pseudonyme de Jean Psichari) faisait dans la revue athenienne 'Ecr-doc. 4 une
timide tentative d'information, plutât dans des buts de vulgarisation. Dans
le volume de Jean Psichari publie a Paris en 1892 5 on a inelu l'etude de L.
Lafoscade intitulee lnjluence du latin sur le grec, qm comprend Ies chapitres
suivants: contacts militaires, contacts officiels, la contagion du latin de Cons-
tantin a Justinien et causes de la resistance du grec; mais cette etude repre-
·sentait plutot un historique des rapports latino-grecs qu'une analysc de mate-
riaux concrets 6 • Dans ce meme volume de Jean Psichari a paru egalement
une contribution de C. C. Triandaphylidis, Le lexique des mots latins dans
Tlteophile et les Novelles de ]ustinien; etant juriste, et non linguiste, l'au-
teur s'occupait specialement du contenu juridique des empnmts 7 .
Des precisions d'ordre linguistique ont ete fournies par Ies inscriptions,
ainsi que le montre l'ouvrage de Th. Eckinger 8 , et par Ies traces laissees dans
le neo-grec, phenomene etudie par Gustav Meyer 9 • Notons encore une ten-
tative peu reussie, faite en 1896 par Gustav Korting 10 , d'esquisser lcs rap-
ports entre le neo-grec et Ies langues romanes; mais il etait difficile a cette
etape des recherches d'avoir une vision juste a ce sujet. Des decouvertes et
des materiaux nouveaux dans le domaine des elements latins de la littera-
ture byzantine ont ete fournis surtout par Paul Kretschmer 11 et par Karl
Dieterich 12 . Une liste importante des mots latins rencontres dans Ies manu-

2
Nicolai Rigaltii Glossarium Tixx·nxov µ~~o~&.p~ixpov. De verborum significatione, quae
ad novellas imperatorum qui in Orientc post I ustinianum rcgnavcrimt de re militari constitutiones
pertinent, Paris, 1601. ·
3 Romisclze Namen in gricclzischen Inschriften, « Hermes», 6, 1972, p. 129 - 155,
281-313.
4 Tome 2, 1891, p. 49-52, 65-68.
5 Etudes de philologie nio-grccque. Recherclzes wr le diveloppement historique du grec,

'Paris, 1892 (Bibliotheque de l'Ecole des Hautes Etudes, 92).


G Ibidem, p. 83- 158.
7
Ibidem, p. 159-254.
8
Die Orthographie lateinischer W orter in griechischcn Insclzriften, Miinchen, 1892.
9
Die lateinischen Lelmwortcr im Neugriechischen, SAW, 132, 1895, p. 1-84.
10
Neugriechisch und Romanisch. Ein Beitrag zur Sprachvergleichung, Berlin, 1896. Ou-
vrage c~itiq~e par O. Dens~sianu. dans la revue « Romania •, 26, 1897 •. p. 284-290 et par
Karl D1etench, <c Kuhns Ze1tschnft », 37, 19 li, p. 422, note 1: « allerdmgs ein ganz ober-
flă.chlisches Buch ».
11 Lateinische und roman?sche Lehnwărter im Neugriechischen, BZ, 7 1898, p. 398-405.
12
Zu dcn lateinisch-romanischen Lehnwortern im Neugriechischen, BZ, 10, 1901, p. 587-
596; 11, 1902, p. 500-504; Neugriechisches und Romanisches, «Kuhns Zeitschro 37 1904
p. 407-423; 39, 1906, p. 81-136. Rărner, Romaer, Romanen, •Neue Jahrbiiche'r ffrr da~
ldassische Altertum, Geschichte und deutsche Literatur •, 19, 1907, p. 482-499.

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336 H. :'llihăescu

scrits grecs sur papyrus d'Egypte,Tutile aussi par ses_ indic~ti?ns_ d:ordre chr~­
n?logique' _a. ete ofţerte par ,c. "· e~sely 1_3 . L~ terrnmolo~IC )Und1que et :eh-
g1eusc d'ongme latme dans 1 admm1strahon d Et~t d~pu!~ 1 epoq_u: cl~ss1q~e
jusqu'a Justinicn, puisec da~s Ies textes ,et Ies m~cnI?hons, a ete _presentee
methodiquement p~r I?· }lag1~ d~ns ~on etud,e 14 s~ utile cn _ce qm concerne
l'ancienncte et l'h1sto1re des mst1tut1ons de 1 Empire byzantm. Les ounages
de M. A. Triandaphylidis 15 et de St. \'. Psaltis 16 , quoique incomplets, sont
bien faits et indispcnsables.
:M<l. l-n progres Yi:;ibk a ete realise apres la Premiere Guerre mondiale
par ]a participation d'une seric d'erudits de Ya}eur dans des domaines \"aries
de la recherche: c·pigraphie, papyrologic, philologie classique et byzantine,
linguistique romant' t't slaw, histoire dl'S institutions et de la culture. Par
l'ounagc de Ch. Dottling li, la papyrologie a fourni des precisions au sujet
de la morphologic du latin. Le lcxique des manuscrits sur papyrus a commence
a etre enrcgistrc methodiquement dans le dictionnaire de Friedrich Preisig-
kc ct Emil E.icssling, instrument de traYail indispensablc pour l'etude des
elements latins du grec ancien ct mCdihal. Des complements utiles a cet
ounagc ont ete apportc's par B. l\Ieincrsmann 18 , Ad. \Yilhclm 19 , A. Came-
ron 2o et R Cawnaille 21 . Cc dernier fait une obscrYation tres juste: « Bien
loin de Yoir dans Ies cmprunts ]atins une sorte de deshellenisation du grec
d'Egyptc, il faut considercr quc, grâcc aux empmnts ]atins, le grec est reste
unc langue de communication Yraiment unin·rscllc, mieux adaptee encore
a sa fonction de langue administrative de l'Empirc d'Oricnt I) 22 .
)ks resultats rcmarquables ont ete obtenus par l'application de la
methodc interdisciplinaire, faisant appel aux connaissances de philologie
byzantine, de linguistique romane et sla\'c, d'albanologie, de toponymie, de
geographic linguistique et d'histoire de la culturc. Petar Skok (1881-1956)
a analysc un grand nombrc de faits et a ou\'ert des perspectiYes nouvelles 23 •
Gerhard Rohlfs a etudic cn dctail Ies îlots linguistiques grecs de l'ltalie me-
13 ])i,· Talci11ifrh<11 E/111;111f,· in 1.'1r Gră:ităl dcr ăr:yfti~<hrn l1afy111s11rk1mdrn, \VSt

24, 1902, 1'· 99- L')J: 2.'i, 190.'l, p. 40- 77.


1
~ J>c Ha1111111or11111 i111is p11b!it-i se11riq111· ;•,icabulis sollc11111il,11s i11 graccum scr111011011 con-
1•asi.', Leipzig. llJO.'i.
1 5 _<.;1u.lirn -" drn l.tlr11;,•Jrt,n: ,J,1· 111itl<IJ!riuhisclu11 l'1tlgărlit,·rat11r. :'lltinchener Disser-
tation, Marl111rg, 1909; Dit' Lcl111worf,1· du· 111i1tdgriccl1isclrm l'11lgărli1tra/11r, Strasbourg, 1909,
cf. K. Dieterich, BZ, 19, 1910, p. lX5- lSS. •
16 Grammatik d„,. by:a11ti11isrht'll Chro11ikc11, Gottingcn, 1913 (Forschungcn zur griechi-
schen und lateinischen Grammatik hg. ·ion Paul Kretschmer und Jakob \\'ackernagc:l, 2).
17 Dic Flexio11sfor111rn latânisch, 1· So111i11a in drn griccl1isd1111 Papyri m1d lnschriften,

Basci, 1920.
n Die lateinischc11 li' urltr 1md J\'amcn in drn grieclrisclrm Papyri, Leipzig, 1927.
19 Latci11isclre H'orta 1n fi:rirclrischm lnscliriftrn, \\.St, 46, 1928, p. 227-232.
20
Lulin Words i11 tlre Grak l11scriptions of Asia .Ui11or, •American Journal of Philology •.
52, 1931, p. 232-262.
21
lnflurnce luti11e Sllr fr vocabulaire gra d'Egypte, oChronique d'Egypte &, 36, 1951, n° 52.
p. 391 - 404; QuclqHcs aspec/s de l'appo1l li11gllistique du grec ou latin d'Egypte, • Aegyptus •.
32, 19.'il, p. 192-203.
2 2 <• Aegyptus •, 32, 1952, p. 203.
23
Ortrna mrnst udicn .::11 De admlnlslrando Im perlo des Kaisers Constantin Porphyrogcnnetos,
•Zei tschrift ftir Ortsnarnenfor~clrnng », "1, 1928, p. 203-2 H; By::ance comme cc11lre d'irradiation
pour les mots latins des lang11cs balkaniqucs, Byz., 6, 1931, p. 371-378; De l'importance des
lis.tes .topo11y11~iq11es de Procope po11r la co1111aissa11ce de la latinite balkanique. Remarq11es prili-
nimaircs, RIE13, 3, 1936, p. 47-511.

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La litterature byzantine. source de co!rnaissancc du latin ·rnlgaire 337

ridionale et a indique avec preci~ion le role des elements latins 24 • Henrik


Zilliacus a essaye d' elaborer une synthese des emprunts la tins du grec; il
n'a atteint son but que partiellement, vu Ies proportions du domaine aborde,
mais il a obtenu des succes indiscutables en cc qui concerne l'hagiographie 25 •
Pour l'etude des elements latins du Nouveau Testament, de la litterature
patristique et du grec populaire, Ies ounagcs lexicographiques de vV. Bauer,
de G. \V. H. Lampe et de :Nicolas Andriotis sont fort utilcs. Le lexique d'o-
rigine latine des manuscrits egyptiens sur papyrus a fait l'objet d'une pre-
sentation et d'une discussion d'ensemble de la part de Giovanni Nencioni 26
et de Sergio Daris 27 . Enfin, Ies elements d'origine latine du neo-grec ont ete
analyses en comparaison avec le latin danubien par I. Şiadbci, qui est par-
venu aux conclusions suivantes: « Le latin oriental a eu deux aires d'innova-
tions: l'une meridionale, qui se rapproche de l' idiome de l' I talie du Sud,
l'autre septentrionale, danubienne; des echanges se sont produits entrc ccs
deux aires; Ies deux aires du latin oriental etaient en outre circonscrites par
des differences de vocabulaire qui indiqucnt non seulement une circulation
differente des mots, mais encore des informations differentes » 28 • On ne dis-
pose pas jusqu'a ce jour d'une monographie exhaustive montrant la pene-
tration progressive des elements latins, leur place ct leur role dans le cadre
de la langue grecque, leurs spheres de circulation, leurs valeurs stylistiques,
leur diffusion geographique, leurs rapports avec Ies langues romanes et leurs
survivances dans le neo-grec.

La langue latine et la langue grecque


dans le Sud-Est de l'Etn·gpe

246. Pour mieux faire comprendre Ies choses, nous exposerons succin-
ctement Ies rapports exterieurs entre Ies deux grandcs langues de culture:
le grec et le latin. Pendant plus de sept siecles de coexistence dans l'Empire
romain, Ies deux grandes langues de culture de l'Antiquite ont exerce une
influence reciproque et ont contribue a la creation de la terminologie scien-
tifique, litteraire et artistique. Par l'intermediaire de l'administration ro-
maine, Ies productions spirituelles des Grecs ont acquis une nouvelle valence
et se sont etendues sur une aire imrnense, en constituant ainsi Ies fonde-
rnents de la culture moderne. A son tour, le grec a emprunte environ trois
mille mots d'origine latine dont la grande majorite a survecu dans la littera-
ture byzantine, tandis que plus de deux cents continuent de vivre en neo-
grec. La categorie la plus nombrcuse est constituee par la terminologie mi-
24
G7iechcn und Romanen in Unteritalien, Gcn1be, 1924; Scavi linguistici nella ."\lagna
Graecia, Halle- Roma, 1933; Neue Bcitrăge zur Kenntnis dcr unteritalicnischcn G7iizitiit, (l\liin-
chcn, 1962.
25
Zum Kampj der Weltsprachen im Ostrămischen Rcich, Helsinki, 1935 (reimprime: Am-
sterdam, 1965); Das lateinische Lehnwort in dcr gricchisrlun Hagiographie. Ein Bcitrag zur Ge-
schichte dcr klassizistisclzrn Bestnlungrnim X. jahrhundcrt, EZ, 37, 1937, p. 302-344.
26
La lingua latina nell'antico Egitto, dans le volume Egillo modtrno c antico, l\lilano,
1941, p. 303-329.
27
Il lessico latino nel greco d' Egitto, Barcelona, 1971 (Papyrologia Castroctaviana. Studi
et textus, 3).
28
Contribuţii la studiul latinei orientale. Asupra elementului latin în ncogreacă, SCL, 12
1961, p. 495-513.

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338 H. :Mihărscu

litaire, suivie par la terminologie de l'administration publique, de la jus-


tice, de l'habillement, Ia religion, le calendrier, Ies poids et mE>sures, la flore
et la faune, la vie <l·.:- cour et d'autres domaines d'activite. Beaucoup parmi
ces mots sont ensuite passes des Byzantins aux peuples du Sud-Est euro-
peen et sont devenus partie integrante de leurs langues.
A partir du ne si~cle av. n. e„ Ies deux grandes langucs se sont de-
veloppees dans le cadre de la meme unite politique, cn concurrence ou en se
completant mutuellemen~. Des ecrivains grecs importants, comme Polybe
(200-120), Denys d'Halicarnassc (env. 80-8), Strabon (64 a\·. n.e. - 23
de n.e.), Appien (100-160), Plutarquc (120-200), Dion Cassius (150-230)
ont vecu longtemps a Rome et ont appris le latin. Le prestige de cette
langue etait indiscut:ibll·: sous le regnc de Constantin le Grand (.306-337)
toutc l'rpigraphic officicllc des provinccs etait latine.
La sphere de l'intelligibilite cntrc Ies pcuples s'cst cnrichie, <lans le
cadre de la grande unite politique qu'etait l'Empirc romain, de deux lan-
gucs de culture, le grL·c et le latin. 11 y a cu intcrpenetration cntre ces deux
langues surtout dans le Sud-Est de !'Europe, et a un tel point quc de nos
jours il n'cst guerc possiblc <l'etudicr cdtc partie de notre continent sans
connaitre l'heritage legue par Ies deux langues respecti\·l·s. Le grec fut le
premier habit du christianisme d son vehicule le plus commode dans la Me-
ditcrranec Orientale: il de\·ait assurer la transmission du patrimoine de la
culture greco-romaine et influencer dirl'ctement toutcs Ies langues du voi-
sinage. Quant au latin, il engendra dans cette region deux langues romanes
(le dalmate et le roumain), cn laissant aussi des traccs dans touks Ies lan-
gues du Sud-Est de !'Europe, c'est-ă.-dire cn albanais, bulgare, grec byzan-
tin, neo-grec, serbocroate, slovene et (par voie indirecte) en turc. Pour une
meilleure comprehension de la civilisation byzantine, il nous faut etudier
et approfondir au micux l'aspect linguistique, c'est-ă.-dire la place qui re-
a
\'ient l'interieur <le cette civilisation aux <leux langues <le large circulation
en question.

247. Le Sud-Es' c !'Europe a ete - et ii reste encore - un point


de contact entre l'01H:ot et !'Occident, entre le Sud et le Nord. A partir
du IV 0 siecle, le monde grec a gravite autour de Byzance: cette tendance
\'a s'accuser apres la chute de l'Empirc romain d'Occident; la langue la-
tine continua a etre utilisee dans l'Empirc d'Orient, notamment dans l'ad-
ministration, l'armee, Ies tribunaux, Ies eglises, etc., jusqu'au seuil du VII 8
siecle. Ulfila, l'eveque des Goths du Bas-Danube dans l'intervalle des annees
341-348, parlait et prechait en trois langues: grec, latin et gothique 29 ;
Photeinos, originaire d'Ancyre et eveque de .Sirmium (Sremska Mitrovica),
entre Ies annees 343-351, parlait, ecrivait et prechait en grec et en latin ao.
Apres 397, Ies sentences emises en justice etaient redigecs soit en latin, soit

29 Fr. Kaufmann, A11s der Sc/1ul6 des W11lfila: Auxeolll Dorostorensls Eplstula de flde,
,·Ita et obllu \Vullllae im Zusammenhang mit der Dlssertatlo Maxlmlol ron tra Ambroslum,
Stra.ssburg, 1899, p. 74: Graecam et latinam ct goticam linguam sine i11termissiv11e in una et sola
ecclesia Christi pracdicavit.
ao Vicenti Lerinensis Commonitorimn, c. 11; Socrates II, 29; Sozomenos IV, 6, 7 et 16;
O. Bardenhewer, Geschichte der altchristlichm Liteiatur, Freiburg, 1912, vol. III, p. 123; J. Zeil-
ler, Les origines chretiennes dans les provinces danubiennes de l' Empire romain, Paris, 1918, p.
293.

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La litterature byzantine, source de connaissancc du latin ·rnlgaue 339

en grec 31 • A l'ecole superieure de Constantinople, fondee en l'an 425, la


rnoitie des professeurs enseignaient en latin. Les actes testamentaires re-
diges en grec sont devenus valables aux yeux de l'administration apres l'an
439 32 • En 441, le pra~/ectus praetorio Cyrus d'Egypte essaie de generaliser
l'usage de la langue grecque, avec un succes particl 33 • Lors de la ceremonie
de l'avenernent de l'empereur Leon le Jcune en 474, la population cons-
tantinopolitaine acclama en grec et l'armee en latin 34 . L'empereur Justinien
(527-565) considerait le latin comme sa langue maternelle ( patemus ser-
mo, r.ciTpLo~ cpc.uv·~) et s'excusait quand pour des raisons d'ordre pratique
il lui fallait se servir du grec 35 . C'est sous son regne que l'on a publie en la~
tin la legislation romaine et que Priscianus a ecrit, toujours en latin, son
vaste traite intitule Institutiones grammaticae. En l'an 540, le haut digni-
taire Ioannes de Cappadoce devait tenter d'imposcr la langue grecque dans
les zones europeenncs de l'Empire, sans obtenir qu'une reussite partiellc,
car Ies habitants de ces contrees, meme si Grecs pour la plupart, parlaient
le latin as, surtout ceux ayant des fonctions publiqucs. Pourtant, l'usage du
latin dans la capitale de l'Empire romain d'Orient allait decliner: envoye
en mission speciale a Constantinople vers la fin du Vle siecle, le futur pape
Gregoire le Grand parle dans l'unc de ses lettres du fait qu'il n'a pas trouve
des interlocuteurs connaissant bien le latin; par ailleurs, lui-meme, apres
six annees passees a Byzance, n'a pas appris le grec 37 • Jusqu'au regne d'He-
raclius (610-64ţ), Ies monnaies portaient des legendes latines, ce n'est qu'a-
pres ce moment que les derniers temoignages juridiques de cette langue vont
s'effacer. Du reste, depuis l'an 562, Ies missions diplomatiques utiliserent
de plus en plus le grec 38 . Le titre meme de l' empereur (imperator) demeura
latin jusqu'en 629, lorsqu'on le rempla~a par le terme grec de ~occrL/,zu;.
Aussi, est-on en droit d'affirmer que Ies debuts de l'Empire byzantin, dans
l'acception restreinte du terme, se situent vers le commencement du VII 0
siecle.
Selon une idee dominante a l'epoque, Rome et la Grece se comple-
taient mutuellement: Ies hommes de lettres et Ies gouvernants etaient censes
maîtriser suffisall1:ment Ies deux langues s'ils voulaient accomplir avec suc-
ces leurs tâches sociales. C'etait particulierement meritoire de s'adresser en
grec a un public grec et parler latin a un auditoire latin. En effet, les sour-
ces font etat avec une certaine admiration du fait qu'au concile de Nicee,

31 Cod. Just. VII, -45, 12: Judices tam Latina quam Graeca lingtta scntentias proferrc pos-
sunt.
32
Cod. Just. V, 28, 8: Tutores etiam Graecis vcrbis licet in testamentis relinquere; VI, 23,
21: lllttd etiam hi1ic lfgi perspeximus inserend11m, ut ctiam Graece onmibm liceal teslari; VII, 2,
H: Directas libertates Graecis verbis liceat in testamc11tis rclinquere ...
33
Ioannis Lydi, De magistratibus, II, 2; III, "12.
34
Constantini Porphyrogeniti De cerimoniis I, 9"1: xcd txpix~ov, o µb 8·[.µoc; 'EH"l)vtcr-
·d„. o[ cr•pix-;twTIXt 'PcuµafoTL
30 Novella VII, 1.
30
loannis Lydi, De magistratibm III, 68, p. 159 (Wuensch): Tei. .fi~ 7te:pl -r~v EupW7t1JV
7tpixn6µe:vix 7tiiv-;cc ·~v iipxcct6,·r,•cc 8te:~u/.ix1;e:v E:1; chiiyx"l)c;, 8tcY. To -;o•:..:; ccu•"ijc; otx ~wpixc;,
xixl7te:p "E:>.J.71vixc; h -;o1 7ti.dovo:; 0'J'7!X~, -;·~ -rwv 'I7ct:Awv cpGtyys:crDctt qicuv'ij, xixl µiii.~o--rix
-rouc; 87]µocm;uovTixc;.
37
Gregarii I Papae, Registrum Epistolarum, edd. P. Ewald et L.M. Hartmann, Berlin,
1891-1893, VII, 27, p. 474: hodie in Constantinopolitana civitate, qui de latino in graeco dictata
bene transferant n~ sunt; VIII, 29, p. 476: quamvis graecae li11g11ae nescius; XI, 55, p. 330 nam
nos nec graecae novinms . ..
38
W. Schubert, Justinian und Theodora, Miinchen, 1943, p. 2H.

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340 H. :.\Iihf,escu

en 325, l'empereur s'cst adresse en latin a des eveques de langue grecque


dans leur majeure partie 39 . II semblait anormal que l'empereur Valens et
Ies chefs militaires, tels Rufinus et Festus, ne connaissaient pas le grec 40
En revanche, un dignitaire cultive, par exemple Musonianus en 354, jouis-
sait d'une grande estime justement en raison de sa parfaite connaissance
des deux langues en qucstion 41 . De meme, Pulcherie, la fille de l'empereur
Arcadius (395-408), est mentionnee avec admiration parce qu'elle savait
lire et ecrire correctement aussi bien le grec que la latin42 . Combien forts etaient
a l'epoque le prestige et l'attraction exerces par la culture romaine et la
langue latine, qui passait pour etre (<la langue du pays I), resuite nettement
aussi du fait quc des expressions tclles: ET.LZW?Lr,:; y),(;y-:-::C1. ~la langue du
pays 1'1, zT.LZoJptr,:; «dans la langue du pays », T.rl.-::pt0:; 9w'J·ij <1 la langue ma-
terncllc » restent en usagc jusqu'au \'II" siecle 43 et meme longtemps apres,
jusqu'au x•· siecle, puisqu'on Ies reti·om·c chez des ecrivains comme Theophi-
lacte Simocatta (wrs 630), Theophanes le Confesseur (,·ers 810) et Constan-
tin Porphyrogenetc (wrs Q50) u. Or, parcil etat des choses serait inconce-
vable s'il y avait concurrcncc achamee et prolongee mtre Ies deux grandes
langues <le culturc de l'Empire byzantin.
On a pretendu qu'unc lutte implacable confrontait Ies langues latine
et grccque a l'interieur de l'Empirc romain d'Orient dam l'intervalle com-
pris entre le nrc et le \'le siecles, lutte achevee au VII 0 sieclc par la complete
defaite infligec au latin 45 . Les partisans de cette thforie l'ont adoptee sous
}'impact dl' la conccption moderne, nfr au x1xc sieck, a l'epoque de l'eveil
des nationalites combattant pour kurs langues nmaculaires et lcurs droits
politiqucs. Or, pour ce qui est du rcmplacemcnt de la languc latine par
le grec, il s'agit Ia d'un proccssus historique de vaste cnvergure ct de lon-
guc haleine propre aux conditions specifiques caractcris.ant l' Empire byzan-
tin a" l'epoquc 46 • Le latin etait la langue officiclle de l'Etat, utilisec notam-
mcnt par l'armee, l'administration et la 1ustice, alors que le grec ctait la
languc d'une culturc prl'stigicuse ct dk ctait profondeml·nt implantee, surtout
en tant que languc de l'Eglise oril'ntak. En rcvanclll', cn Afriquc du :\ord-li,

"
9
Eu~c·l1ii, l"ita Co11s/c111ti11i, l\", 13 ct 35.
10
· Thl'mist. Or,1/. IX. 126 b; Liban. Epist. ti65 et 1106; Urni. I, 156 .
.u .-\mmian. l\larcdl. X\", 13, l: Jac1111di scn11,111is 11t1·i14sqm cf,irus, 1111de s11blimi11s quam
sf'aabatur du xii.
~~ Sozum. IX, 1, 5.
43 Diu Cassius 3S, 13: 7~ fociq:t;..ci %c.i.i.·i;ytci btzw;:.i<.d:; %'.XÎ.c.•)µe:n; 49, 36: i:; 7tcivvo•J~
imz<..,;,[w:; :.:wc; %et-:-ci-:-i(J.llV1-:-e::;; luliani i111p. M1sopog1111 ed. F. Hartlein, Leipzig 1875, I, 476,
21: 11u•1 µup(c.·J~, 0-,:; imz<:,;:~011 io-:-t i.c.t7:"C.11 (,11oµii.~e:t11 1..1.c.Blo•J:;; loann. Lyd., .Mag. I, 7: -:-011
at 9;;611011 cr6i,to11 bnzw;:[«,:; ~,11lµa~e:11 &.11-:-i 7c.'j crEi.i.~011.
H Thcophyl. Sim. I, I, 3: 70U7011 rntzwpL<.:1 'l'w1..1.etfot yw11·r. &.7:0%ClÎ.oucrt XUClLcrTopet;
II, li, 4: ~et~c.•Ji.<'11-:e: 8~ %et11cii.to11 ... e:mxwp(<.:1 7t;:.'1cr"fjyc.p(q. -:-t11l; li, 4, 1: -:-·~11 &.itocrxe:u·~11
ize:t;:.<.:icr:x-:-o, ·(;, a•'.i11r,8e:~ 'l'wµo:(ot; -:-·fi ir.tzwpl<.:1 <pw11·(. -:-c.'ji.8011 q;fle:yyo1..1.e:11c.~; Theophan. p. 258,
16: -:r;'J ~e:crrtr~:--~'-'· .. -;:~uO"ywve:l --:0v q:i0~-:0'J. civc..~ DW'7:xl -:·(, :--=:c:~W~ ~w'r{, --:l~vl:J., -:-lpvo:, q:>~&:-;pe:;
C"nst. Porphyr. lJc thcm., 1, 24-25 (l'crtusi): 1.iai.u:i-:-et zi.i:r,•1[~r,•1-:-e::;, %eti -:-·~11 mi-:-pto11 %eti
pw1..1.:x·tx7)·1 yi.w-:--:-r:t.•1 D.;ro ~eti.l11-:e::;.
~ 5 L. Hahn, Z11111 Sfrachrnkampf im romischc11 Rcich bis a11f dic Zeii ]11stinia11us, « PJ.u-
lologus •>, Snpplementband 10, 1907, p. 675- 798; H. Zilliacus, Zum }{ampf dcr Weltspracheu
i111 ostromisrht11 Rciclr Hdsinki, 1935.
48
G. Dagron. Aux origines de la civilisatio11 by::a11tine: la11g11e de cu/ture el la11gue d'itat,
<• H.c·111e histnriquc •>, 91, t. 241 ( 1969), p. 24: « La mutation linguistique prcnd plus de deux sie-
cles. Partir de !'idee d'une ri·1a1ite entre le latin ct le grec c'est partir d'un mau·1ais pas. Le grec
ue l'emporte pas sur le latin, il 5(' su!.:stitue a lui,._
47
Procop., Hist. arc. 20, 17.

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La litlcrature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 341

ainsi que dans Ies provinces danubiennes, la langue latine devait se mam-
tenir bien mieux.
248. Priscus Panites, l'ambassadeur byzantin ă, la cour d' Attila en
Pannonie, allait constater en l'an 448 qu'on y parlait trois langues: le hu-
nique, le gothique et «la langue des Aussones », c'est-a-dire le latin, cepen-
<lant que le grec n'etait compris que par les prisonniers de guerre originaires
<le Thrace et de l'Illyrie 48 . L'ambassadeur avait pu s'cntretenir en latin
avec l'un des hâtes de la cour 49 • Se produisant devant lcs convivcs, l'ac-
teur Zerkon, originaire de Mauritanie, parlait un melange de hunique, go-
thique et latin, afin d'obtenir des effets comiques 50 • Un des secretaires d' At-
tila, Rusticius, venait de Mesie Superieure ct un autre de ses secretaires,
Constance, faisait partie des Romains d'Occi<lcnt et avait ete cede au roi
par le general Aetius. Fort probablement, ces secretaires redigeaient Ies do-
cuments de chancellerie en latin, car (c'est Priscus qui le dit) « il n'est guere
facile pour quelqu'un de parlcr le grec » 51 . Selon Procope de Cesaree, un
prisonnier originaire du territoire de la Roumanie actuelle, connaissait en
545 la langue latine 52 . Le fait que Ies nom·cllcs lois ( 11ovcllac) promulguees
sous le regne de Justinien (527-565) etaicnt redigecs cn latin pour Ies pro-
vinces danubicnnes ct l' Afrique du ~ord, rnais cn grec pour le reste de
l'Empire atteste la preponderancc de cette derniere languc 53 .
On constate aussi un changement graduel quant a la maniere dont
sont designees les deux langues. Avant la di,·ision de l'Empire le grec etait
appele « la langue hellene ou hellenique » (" El.i.·IJ'' ţ;(•)V -~. 'Ei.i.-IJ'' [i; i>c.u'r~,
'E/,).·IJvLx.~ "'(1.waact., 'Ei,/,-~'J(o)'J cpwv·fi); « parler le grec» s'exprimait par
'El.l.·IJ'!L~w,, 'E/,i.'IJ''Lx.w; ou 'E/.i;IJ·ncr•t 5 ~. A cette epoque, le latin etait
<1 la langue des Romains » (' Pwwdw ţic.u'r~ ou yi.0rncrct.) et <1 parler le latin»
1'

se traduisait par 'Pwµ.ct."t~siv, 'Pwµct.b<.wc; ou 'P(•Jµct.·1~1)7[ 55 . 11 y avait, par


consequent, l'opposition Hellenes (''Ei."A·IJvs;) - Romani (' Pwµct.~m) et
l'opposition 'Ei,l.'IJ·' t~sL'' -- 'Pwµoct~sLv. Mais, au point <le vuc juridique,
le terme de Romanus (' Pwµocfo;) s'appliquait a tout citoyen romain,
quelque ait ete sa province d'origine ou sa langue maternclle. Des confusions
naissaient de cct etat des choses, qu'il a fallu ecarter. C'est pourquoi, apres
la division de l'Empire, Ies citoyens vivant dans l' est ont ete designes
pendant un certain temps par le nom de <1 Rornains d'Orient » {s<}ioL
'P(u[.L'l..foL) et ceux de l'ouest par le nom de <1 Romains de 1'0-::cident »
(E:c:-:±?LvL 'P(u[.Lr:t.foL). Dans des buts de clarte, lcs locuteurs de langue
grecquc ont prefere en fin de compte Ies expressions <1 languc latine» (l.ocnvtc;

48
Excerpta dr !rgatio11ilms, ed. C. de Door, Derlin, 1903, p. 135: ~-~/.o':icrt'1 ·i) '~v Ouvvwv
Yi ··tiv ro,f}(oJIJ1i z:d -;·r,v AucrQVWV .••
49
Op. cit „ p. 145: l 7'X?ctzc.c&·IJµe:vo::; ~ii?~cx;io:; cru'1Ld:; -;·?,::; A •JGOVtC.JV c;iwv·r,::; ...
50
Op. cit„ p. 145: •·ii yap A•)croviwv -:-·iJv -:-& 11 O•:lv·1wv xo:t -;·fiv 1'6·d>wv 7tixpo:µLyu::;
y/...w7-;w1.
Op. cit„ p. 135: ou po:~'ltw::; -:-L::; E:H"t)'J[~e:\ -;fi ?Wv·fi.
51
52
Procop., Bell. 7, 14, 36: ,-r,v -;e: „'\.1X-:-tvov cicpLElj71X 9wv·(,v.
5
:1 L. \\"agner, Dic Quetlen des i·omischrn Rechts, \\"ien, 1953, p. 660: I< Wenn so cler Latein-

gebrauch bei No·1ellen einer l\fofr1ierung bcdi.irftig scheint, zeigt schon diese Tatsache, class
die alte ri.imische Staatssprachc clic .Ausnahme im byzantinischen Reiche trotz aller Romantik
Justinians geworden ist».
01
· Xcn„ Cyr. 2, 3; A11ab. 7, 3, 25; 7, 6, 8; Thuc. 2,68; Acta Apos/. 21, 37.
55
FI. Joseph„ Bell. lud. 2, 20, 3 (562); App. Ha1111. 41; Cels. Orig. I, 1573 Migne; P!ut.
-Crass. 27.

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342 H. l\liMescu

v),wcrua:) <1 langue des La tins» (AC1.·dvwv c;:.w·1+,), « langue des Italiques t
('1:-a:i.c7l·/ rriw•rfi) 56 , ou « langue des Aussones & (A ·:Jcro·1 iw·1 9cuv -~, _.\ ·:Ju0vLc;
8Loci,s:x.:-oc;) s;_ Cette derniere expression est attestee pour la premiere
fois avec ce sens-la au ye siecle. C'est de cette fa<;on que le temps aidant de-
vait naître l'opposition 'Pwµ.7.~0~ (avec l'acception de « citoyens de l'Em-
pire byzantin 1>) - '1:-::i.i.r,!. ou A::J~l·1~r,L (avec_ l'ac~:ption,, d~ <1 _habitants de
l'Italie ou locuteurs de langue latme 1>) ••.\u Xlle s1ecle, I ecnvam Anne Com-
nene entendait par ~c..);..i.::r.·~~sw la langue officielk de l'Empire byzantin de
son epoque, c\·~t-a-dire la ]angne grecque 5 ~.

V..9. Dans Je nord <le ]a PL·ninrn1e balkanique on parlait de pref erence


la langue latint', tandis que dans !'a moitie meridionale c'etait le grec qui pre-
va]ait. La frontiere approximative entre les dl'UX langues a ete precisee grâce
aux inscription:,, tont cl'abord par Constantin Jirecek, ancien profcsseur
a l'L'niversite de Vienne. SeJon ce sa,·ant, la ligne de demarcation partait
de la câte aclriatique, d'un point situe clevant la ,·ille de Lissus (Lesh, Lezhe,
Alessio), pour se dirigcr wrs l' est, cn longeant les frontieres qui separaient
la Dalmatie de la ::\facL·doine, la ::\[esie Supericurc de la :'.\Iacedoine et de la
Thrace et la :'.\ICsic lnferiL"Ure ck la Thrace, jusqu'a proximite du Pont-
Euxin, ou clle atteignait le territoirc des ,·ilks grccques d'Odcssos (\'arna).
Dionysopolis (13aU·ik), Callatis (Mangalia), Tomis (Constanţa) et Histria,
jusqu'aux bouches <lu DanuLe 5 ' 1 • Par consequent, sui,·ant l'a,·is de cc meme
savant, Ies pro,·inces de l\Iacedoine et de Thrace tombaient dans la sphere
d'influence de la langue grccque, cependant que la Dalmatic, la Pannonie,
la .l\Iesie et la Dacic etaient englobees dans celle de la langue latine. Cette
frontiere devait etre modififr en part ie selon lcs precisions d' Alexandru Phi-
lippide, ancien profcsseur a l'Univcrsite de laşi (Roumanie), qui affirmait
que le territoire nord-occidental de la Thrace etait bilingue 60 • Petar Skok,
ancien professeur a l'Univrrsite de Zagreb, poussera cette ligne de demarca-
tion un pcu plus au sud. En cffet, sdon lui, elle prenait pour point de depart
un point de la cute adriatique sis a proximite de la ville d'Apollonia (Pojan,
prcs de Fieri), pour remonter le coms de Scampinus (Shkumbini) jusqu'a
touchrr le bord nord-ouest du lac <l'Ohrid, continuait Yers l'est a proximite
de Praesidium, au sud <le Scupi (Skopje), puis vers le nord-est, a l'ouest de
Serdica et sur le versant nord du mont Haemus (Stara-Planina), jusqu'au
Pont-Euxin, qu'elle atteignait a Odessos (Vama). Pour lui donc, la moitie

68 Lit.. 01. 1, 256; 2. H; 49, 29; Ep. 2.38, 2; 363, 1; 951, 1; Sozom„ 1, 9, 2
(o[ lTci).~XL 'Pwµ'Xfot); 2, 3, 6 (r,[ i:·1 T:-cti.h 'Pwµctfot); 7, 9, 3 (o[ r.~e:cr~1j7e;;:ot 'PwµIXioL);
Procop„ Brll. 6, 3, 11; 7,14., .36; An. 6, 1.'i; De atd. 4, 1. 19; 4, 5, 11; 4,6.16;Ioann. Lyd.
De mag. 3, 68. p. 159, .'\; 3, 73, p. 166, 5; Theophyl. Simoc. Hist. 1, 5; Nicephori Opuse.
hist„ ed. C. De Boor. Leipzig, 1880, p. 49.
57 Priscus, p. 135 et H5 (De Boor); Ignatii Diaconi l"ita Siaphori ed. C. De Boor, Leip-

zig, 18SO, p. 144. 9; Const. Porphyr. De cerim. II, 18, p. 606, 12; Ioannis Tzetzae Historiac, rec.
P. Leone, Napoli, 1968, 1, 727; 3, 105; 5, 566.
58 Ann. Comn„ 7, 8, 3, p. 111, 19 Leib: ol SE: i:•170:; To:jpxot fle::mxµe:voL TO ye:yovo:; xlXl

i:yvwxc'.i-:-c~, C:,c; cX'l\/7tlcr':'IX70l 71XL~ C.pµ1Xî:; ol • PwµIXLoL dcrtv, d:; ti.e:o'I -;f,\I 'rW\I al'!'cI'l'TWV-
El't'e:z.cti.ou\l':'O z.•j;:tov pwµctt~0v-:e:~.
59
C. Jirecck, <• Archi·1 fiir !'la·1isrhc Philologie •. 15, 1893, p. 98; Die Romanen in dtn
Stădtrn Dalmaliens wăhl't11d des l1litttlaltos, \\'icn, 1901, ·rnl. I, p. 13; Gcschichtc der Scrbrn,
Wien. 1911, ·101. 1, p. 38.
eo OR, t. 1, p. 70- 72.

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La littfaature byzantine, ~ource de connals~ance du latin vulgaire 343

septentrionale de l' Al ban ie actuellc devait rentrer dans la sphere d' influence
du latin 61 .
Puis, avec le temps, on s'est rendu compte que la question de cettc
frontiere linguistiquc s'averait plus complexe que prevu, car on a constate
la presence de plusieurs îlots de langue latine, de Philippi jusqu'a Patras et
Corinth, des zones mixtes a l'est de Scupi, entre Mihailovgrad (l'ancien Mon-
tana ou 1\Iunicipium Montancnsium), Pleven et Teteven, entre Nicopolis
ad Istrum et Marcianopolis, etc.; d'autre part, les inscriptions grecques com-
portaient un grand nombre de noms romains, cependant que parfois aussi
les toponymes de la region comprise dans la sphere d'influence grecque
etaient d'originc latine. Enfin le rapport entre le deux langues n'est pas reste
le meme a chaque epoque 62 . Afin de micux souligner la limite entre les in-
scriptions grecques et cdles latines, l't~minent savant autrichien Carl Patsch
suggera en 1932 de dresser le repertoirc complet des localitcs ayant livre des
inscriptions latines et des inscriptions grecques comportant des noms latins,
dans le but de saisir plus facilement la diffusion de la langue latine a l'aide
des cartes 63 . Nous avons tâche de repondre a cet appel, au moyen des artic-
les que nous avons publies dans Ies numeros de la « H.evue des etudes sud-
est curopeennes » des annees 1971-1973, ainsi que par notre livre intitule
La langue latine dans le Sud-Est de i' Europe ( 1978). La limite entre les deux
domaines d'inscriptions ne saurait d'aillcurs etre consideree comme une fron-
tiere linguistique ou ethnique, mais comme une ligne ideale de separation de
deux cultures (la grecque et la romaine), montrant jusqu'ou arrivaient leurs
influences respectives; entre les deux langues îl existait une bande de ter-
rain ou l'on parlait l'illyrien et le thrace, de sorte que le grec ct le latin ne
.se trouvaient pas en contact direct. C'est sans doute ce qui expliqt.e le nom-
bre reduit d'emprunts faits au grec par le latin danubien, qui est a la base
du roumain.

Problemes de methodologie : l'accent

250. Afin de ''aloriser avec succes Ies textes bvzantins, il est neces-
saire d'etablir une serie de criteres et de normes, car· partout l'on se heurte
a des difficultes de nature formelle tels l'orthographe et l'accent des mots
d'origine latine: ni les manuscrits, ni les editions plus anciennes ou meme
moderncs n'offrent aucune uniformi te dans ce domaine; c'est pourquoi il
com·icnt de chercher d'autres points d'appl1i pour arriver a plus de certi-
tude et pour proceder dans un esprit de suite plus marque.
Les elements empruntes au latin se sont integres au systeme de la lan-
gue grecque et ont suivi ses voies de developpemen.t. Jusqu'au 1ve siecle a

61
P. Skok, Byz., 6, 1931, p. 371; ZRPh, 54, 1934, p. 179.
62
B. Gero·r, La romanisation entre le Dan11be et les Balkans, « Annuaire de l'l.;niversite
<ie Sofia o, 48, 1951-1952, p. 326-331; n. Rubin, Das Zeitaltcr justi11ia11s, Berlin, 1960, t.
1, p. 83; Die lateinisch - griechische S prnchgrrnze a11f de1' Balkanhalbinsel, B J, Band 40, 1980,
P· 147-165; Mihăescu, Infl gr., p. 31; V. Beiievliev Unterrnchungen iiber den Personennamen
.bei den Thraken, Amsterdam, 1970, p. 92-124.
63
C. Patsch, Die Verbreit11ng des Riimer-imd Romanentunrs in l>Iazedonien SA V.'
214, 19?~· p. 160: « Es bedarf einer besonderen, eindringenderen Behandlung mit kart~graphi~
-scher F1z1erung der Fundorte lateinischer Inschriften und der griechischen mit lateinischen Na-
men •·

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314 H. )li hăescu

peu pres, l'accent des mots.-: en ~rec et e~ latin.-:- dependait de la quan~ite


des vowlles et ne preceda1t 1ama1s Ies tro1s dem1eres syllabes: en grec, 1 ac-
cent p'ri~cipal portait .s~r l'une de .~dles-ci ( :l.·;x9-6:;,. u"flp.::fo·J, i~&p<:>:-:?:;).
en fonct10n de la quantite de la dermere syllabe; en latm, il tomba1t genera-
lement sur la penultieme ( si clle ctait longue, par exemple cari11a) ou se de-
pla<;ait sur l'antepenultiemc (si la penultiemc etait courte, par exemple m~-
11'ica). Lorsqu'un mot latin penetrait dans la langue grccque il s'adapta1t
au systemc de cctte lanp1e ct modifiait pariois la position de l'accent, par
exemple: latin ,·ulgaire ac ia (roumain 11fâ) - :1.z ~7.. -~ (cgus/us - . \ ·~yr,·Jt;:-r,:::,
jamilicr -;i:r.:1.0.G:. p.u.:,1/1111.<: - :-:'.l.·.·7:1:,=.. fri1,jatus - -:-::z [90.:(:-r,=.. A
partir du l\"" sieclc em·iron. la quantitc dl·s Yoyelles a cesse d'etrc determi-
nante pour la position de l'acccnt; c'est pot1rquoi, au cours des sieclcs sui-
vants, lcs cmprunts faits au latin par Yoie orale ont conserYe cn general
l'accent original: jossa/11111 - ?·,-;t;f:-r,·J, 1111111da/11m - µ:r.voci:-r..•J, manfca -
i1.'l.·JLY.7., etc. La position de }'accent peut ainsi sen-ir. jusqu'a un certain
point, de critt·re pour dcterminer l'anciennete cks empnmts, constituant
un element po<;itif dans l'int•'fpretat10n des difffrcntes graphies de la tra-
dition manuscrite et apportant une aide a l'etude de la ~tratigraphie lexi-
cale 64 .
Les eleml·nts latins du S'fr11fr~ikoil de ~Iauricius des prcm1eres decades
du VII'' siecle se chiffrent a 190, dont 171 noms ou adjcctifs et 19 verbes 65 •
La plupart de ccs noms ont consl·n-e tel qucl !'accent: ce serait la un indice
qu'ils ont penetre en grec suivant une voie orale, apres le I\"" siecle. S'agis-
sant d'unc terminologie militairc, doma inc ou ks Grecs n' etaient guere crea-
teurs a l'epoquc, puisqu'ils ne disposaient pas d'une organisation rnilitaire
leur appartenant en proprc, on est en droit de supposer que lcsdits tennes.
sont entres dans la langue grecque par le truchcment des militaires ou des
specialistes travaillant dans ks cadres de l'armfr romainc. Afin d'avoir une
vuc d'ensernble, prcnons Sl'ulernent quelques categories d'emprunts:
a) les substantifs gardent l'n general leur gcnre ct leur accent: a11tcllina
- civ-:o:).),[vx, ar111a111rntum - :i.:;;µ7.µ~·J:-r,-J, buccdlatum - ~IJ'Jzzi,).oc:-r,v, buc-
cula - ~0•JxX0'JÎ,7., camfti - z:iµ:-:t:JL, illlfC{US -- zµ;:z7r,:;, opsidcs - ~·~L8zc;~
L) dans d'autrcs cas, ils gardcnt lcurs accents tout en changeant de
genrc ct de declina ison: ag,gt'sfus - ciyfo:-:x, commeatus - xoµµ~ci-:-ov, vc-
ruta - ~l)pu:-:x~;
c) certains autres ont l'accent du latin parle: armistationcs - cX?!.LOC-
cr-:oc-:Lwvo.c;, dtje11siOllCS - o·fjl'.flE'lluL(";)'JE:;, dt'PztlatiOllCS - 8°1);";'070C7LWVE:;, legio-
1lt'S - ),o.r~c7ivc::;, or1frnalt"o11cs - '~F~L·1x :-L<-;;vo.:;, pa pillioncs - n:x m/.Lwvo.c;, re-
parationes - po.7t:xp:xnwvo::;, ;.icxillatio11cs - ~E~L).i.oc:-Lwvo.~;
d) Ies adjectifs et Ies participes passes gardcnt kur accent: armatus
- &pµ:x:roc;, de puiafUS - a·fj:-tv70C7'':;, St'CH1ldUS - G"EY.0ij•10oc;, ultimi - OU/..:rL[.LOL;
e) les verbes se rangent dans les categories a\'ec l'infinitif en - dzLv
(13 \'erbes), en - o:::;v (4 \'erbes), en - oc~zLv (1 verbe) et avec l'infinitif
en - (~c:Lv ( 1 \'erbe): ad11ominare - &8·JtJ'J(J.Li~o.L'J, ambitare - ă.µ.~L't'E'.'.mv,

64
M.G. Bartoli, Roman iac 'Pc..i;.i.:zvi:x, rlans So·il(i varii di crudi::ionc c di criCica in onort
di Rodolfo Rcnie1·, Torino, 1912, p. 981-999.
6
~ H. Mihăescu, Les cl1'm~11cs !atins des „ Tactica-Strategica" de llfauria-Urbicius el /eur
ceho rn iiiv-g1.c, dans RESEE, 6, 1961'>. p. -483--498; 7, 1969, p. 155-166, 267-280.

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La litteraturc byzantine, source de connaissancc du latm 'lulgaire 345

caballicare - x:c.~:c.)),Lx:::ow.1, pediculare - .::::8LxAo::iv, pulpitare- -;:ouÂm-rou·1,


publicare - ~ou~),Lxl~:::L'J, vigilare - ~Ly),c:u:::Lv.
La conservation de l'accent est une regle presque generale.

251. Il existe pourtant des cas ou Ies copistes des manuscrits font preuve
d'inconsequence. Prenons par exemple le mot &afo-:-p'.Y.":O'J (pl. «~fo-rp0'.70'.),
terme militaire que Ies soldats pronorn;aient tres probablement &a:::1J7p&.-:-o''
(&a:::cr-:-p&.,oc). fOmme en latin. Ce terme apparaît dans le Strategfron de Mauri-
cius, dans le Chronfron Paschalc (rediges l'un et l'autre vers 630) et dans Ies
ouvrages de strategie de l'empereur Leon YI le Philosophe (ecrits au debut
du xc siecle), mais il n'existe pas en neo-grec. Les dictionnaires de Du Cange
et de E.A. Sophocles expliquent l'etymon du mot par l'expression latine ad
dextram. Le verbe addextrare, absent dans Ies sources antiques est atteste
tardivement, apres l'an 1000, avec le sens de « conduire a pied un cavalier
par la bride, tenir la bride d'un cavalier en marchant a sa droite » 66 • Le parti-
cipe dextratits ne se rencontre que rarement et est parfois confondu avec des-
tratus (de desternere). Les derives de dextcr etaient en general peu nombreux
et plus sporadiques encore etaient Ies formes du parfait ( destravi) et du par-
ticipe ~destratits) du verbe destemcre. Ce fait impose une analyse plus detaillee
des rares attestations dont on dispose, afin d'obtenir un point de depart pour
la comprehension du terme technique de la litterature byzantine.
Dexter avait les sens suivants: 1. « droit » (oppose a sinister) 2. « qui
vient du câte, droit, fa,·orablc, de bon augure »; 3. «celui qui sait se servir
de sa main droite, ha bile, capable ». Ses derives etaient: dcxtella, dexteritas,
dextralis (semris), dextrale, dextraliolwn, dextrorsmn, dextratus, dextrator et
dextratio. Pour le premier sens, dexter se trouvait en concurrence avcc directns
(cf. r. drept, it. diretto, fr. droit) et a ete supplante par celui-ci dans la langue
parlee, tout en se maintenant par-ci par-la, avec certaines significations, dans
les langues romanes. Dare dextram ou dextras signifiait « donner la main, con-
clure un accord, un contrat »: le mot roumain zestre « dot » est facile a expli-
quer par le pluriel dextrae. Le verbe roumain a înzestra « doter » pourrait nous
inciter a reconstituer un hypothetique verbe latin iudextrare, mais pas neces-
sairement, car a înzestra a tres bien pu se former dans le cadre de la langue
roumaine, a partir du substantif zestre. Chez le poete Claudien (24, 7; 25, 128),
on lit les vers: dextram complexa viri dextramqite pitellae tradit et. . . sancit
conubia. Le pluriel dextrae avait aussi le sens de « auxilia, copiae »:acâpe de-
1.10tas extema in proelia dextras (Lucain 3, 311), ·i:idet pugnaeque avidas accedere
dcxtras (Silius, 12, 351), proque omnibus armis dextrisque recentibus (Silius
16, 18). Le participe passe dextratns se rencontre dans Ies ecrits d'arpentage:
ager dextratm (274, 4), pars dextrata (291, 7), in dextrato agro (290, 18) 67 • Le
derive dextrator (< qui rebrousse le chemin ou s'enfuit a droite, habile)) apparaît
une seule fois, en tant que terme militaire, dans le discours tenu par l' empereur
Hadrien devant les troupes de Carnbaesis (Afrique): Difficile est cohortales
eqttites etiam per se placere, dtfficilius post alarem exercitationem non displicere:
alia spatia cam pi, alius iacitlantium numerus, freqitens dextra tor, C antabricus
densus, equormn forma, annormn cult11s, pro stipend1·0 modo 68 . Le participe

66 Xiermeyer, p. 17.
67
Gramatici 1:ctens, ed. C. Lachn;ann, Berlin, 1848, t. 1, p. 27'1, 290, 291.
68
Oratio H[1driani ad exercitum, CIL, \"III, 18042, fragment l, 6-7.

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346 H. l\lihăescu

dextrat1ts dans le sens de <c droit, habile » est atteste dans une imprecation
magique ecrite en grec a l'intention d'un cavalier et de son cheval nomme
Aureus:
.
'O!.u•.c:~r,•1 [x·fi1V .
A •):i~o·1
[ -r -
• .J ] "J . ~ '
--„i'J'""l''J
'"'..;.;. - · J
'.'\.
. I
»,-r,--,..-rJ'J
u .... ..J "'..,;"'-„
G''··

Terme technique a !'origine, cmploye dans le b.nga6C des militaires


et des courses de chars, le mot dextratus a acquis avcc le temps le sens figure
de <c rapide, agile, vif », ainsi qu'il ressort d'une inscription decounrte a To-
mis (Constanţa): D.M. l.Jlpiat' .-lurdiac J"alcriae 1.,•irgini dcxtratc annis III,
mcnsibus J"JJJ, d XVII, /ilicte .-lurdi Hcrcula11i 1:i c. ducrnan 70 . \"aici
comment Theodor ~Iommsen commentait ce terme: <c Puella dicitur virgo
dextra ta appellatione au tem non reperta; significatur fortasse locum eam
in processione ::ollemni tenuisse honorationem dextrorsum ». Cette explica-
tion n'est guere convaincante, car on ne comprend pas pourquoi on aurait
accorde a une cnfant de trois ans cet honneur insigne. En revanche, le sens
de <c rapide, agile, vif, alerte•> est approprie a unc enfant qui laisse apres sa
mort des regrcts biens naturels.
LkYlrat11s se confondait facilemcnt avec dcstratus (de desta11-cre). Ad-
slfrncre a donne en roumain aşfrmc; dt·scanere, ll' verbe deşft'mc . .\. cote de
stcmac il existait un intensif l'11 -cz- dans des compost'.·s cornme constenure
et extanarc, et pour expliqucr }'origine de ccrtains deri,·es romans il faut
partir des formcs latines telles que prostrcll'e - prosira:11111 ct s11bstrarc· -
- substratum. Il existait atissi un H·rbe stro, strc1re, stravi, stratum, atteste
dans l'ceune <l'lsidore <le Se,·ille 1Uri.e.. 19, 2615). La presencc des Yerbes
intensifs comme adstrare et des/rare dans le latin parlc paraît dane probable,
meme en l'absence d'attestations dans ce sens. Pour le Yerbc cfrstrare nous
n'a\'ons que dcux exemples, avec la signification « enlever le fardeau d'un
cheval, <lecharger •>: dcstratis cquis (\"egece, Epitoma rei milit. 3, 10), des-
travit camelos (Yulgate, Gm., 23, 33).
C'est le moment de nous demander: lequel des deux participes la tins
-dcxtratum OU dt'strai11m- a-t-il donne le mat grec oc~fo-:p'.'1..70'1 OU &~:::11-:F&To'1?
Ce terme rnilitaire apparait a cote de -:r,::ii.ao·1 ou -:r,;'j).ar,~, mais il ressort <lu
con t ex t e qu , 1·1 n ' aYa1t . pas un sc·ns 1"<l L'nt1que: . ' o~
-:'.'!.. "' ixoe::r,-:pz-:o:
"', xxL' -ro''
'
-:-o')),~r1•1 i~;:d}::•1 ~:-:'(,j,(·r'-'J -:Ji; 7:'.'1..?'.'1..7%;s:(•l; ;:r,Ls:~ Olaur. XI, 1, p. 264, 19);
Leon, Problem. XI, 11). Par -:r,;'ji.<3•,·1 on -:r,::ii.~•,; on entcndait « objets, ani-
maux ou esclaYes qui accompagnaiL·nt ll's militaires combattants ». Le mot
ctait probablcment d'origine latine (de toltus, tultus, tuldus, participe passe
de jCYO, C'est-a-dire (C ObjetS pris a l'ennt>ffii 1)) Ct apparait frequemment dans
1cs OU\Tages d e s t ra t eg1e. , . E• n revanc h e, ixt')s:t;-:?'.'1..-:x
"" '" '
ou cxos:cr-:FCX.7'.'1.. d'.
es1gna1t.
Ies armes, l'equipement et Ies YÎ\Tes qui etaient a la disposition des soldats.
Comme sens, le mot correspond plutot a un hypothetique *addcxtrata <c choses
9ue l'~n a_ a sa portee, tenues de la rnain droite •>. Bien que non_ att,este jusqt.'a ce
]Our, 1 ex1stence de cemot semble hors de doute; elle est conf1rmee par de nom-
breux compos(·s en ad- du bas-latin, herites en bonne part ie par Ies langues roma-
nes: adaquare (r. adăpa, it. adacquare), *adjrontare (it. ajfrontare, fr. affronter),
*ad/undare (r. afunda, it. '1jfo11dare), adlactare (r. alăpta, it. allattare), ad parare
69
D1fixio1111111 tabdlat' qrrc-tqrrot i1111otucr1111t ... collegit Aug. Audollent, Paris, IS:O'i,
n° 161, p. 63-64.
7
° CIL, III, 6155.

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La. li tterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 347

(r. apăra, it. apparare), adp10piare (r. apropia, fr. approcher), *adripare (calabr.
arripare, fr. arriver), *attitiare (r. aţîţa, it. attizzare), etc. Conune nous l'avons
dejamentionne, Ies formes de participe empruntees tardivement ont conserve
leur accent: armatus - ci .)!LOC"t"o.;, jossatuni - r.;:iocruoc-;-ov, zavatus - ~oc~oc"t"o.;. Cette
circonstance nous fait supposer que le terme enregistre par Ies manuscrits
du xe siecle et par Ies auteurs modernes avec l'accent sur l'antepenultieme
(&.1sa"rpx-roc) etait en fait prononce par Ies militaires avec !'accent sur la pe-
.'
nu lt ieme ( ocoo:cr:-pocn:
," ' ).

252. Cette supposition est confirrnee par la situation du terme applic-


tum (pl. applicta). qui dans certains manuscrits grecs est rendu par la va-
riante &;:l.-IJ:V.-r<Jv et ctans a'autres par Ies variantes &,;i:),~:v.:-ov ou &,;i:),·~x.To''·
Le verbe plicare « plier » a donne en roumain pleca « partir » (cf. fr. plier ba-
gases); c'etait sans aucun doute, a l'origine, un terme militaire signifiant
<c plier Ies tentes et partir ». Le compose applicare signifiait « arriver quelque
part, s'arreter, s'etablir ». Applicata ou applicta (se. castra) signifiait le
camp militaire. Le mot applicium (enregistre avec asterisque par ,V. Meyer-
Liibke) s'est consen-e dans certa:ns dialectes italiens (nap. akkftte <c tas, re-
serves, provisions &; hirpin akkitte «mobilier») ;Oills. Le byzantin &.rr/,[x-ro''
a survecu dans certains parlers grecs d'Italie meridionale: aplicto « demeure
basse a une seule piece » (dans le dialecte ancien de la reg;on de Bari) et
akkito <c riparo » (dans le dialecte de la zone de Gargano, province de Fog-
gia) 71 • Ces sunivances montrent que la position de l'accent dans le grec
byzantin etait &.1./,[:v.:-0•1, et non pas &1.l.-'lx.-:-0•1, ăr:J,Lx."':0'1. Du rcste, dans
son edition de l'reu\Te de Constantin Porphyrogenete (De administrando
imperio), Gy 1\foravcsik ecrit cX7t),[z-;oc (44, 128) et &.r.'/,[x.TO"J (45, 86), alors que
A. Pertusi, dans son edition du De thematibus du meme ecrivain, enregistrc
&r:J.."l)x.Toc. Les copistes des manuscrits du Strategicon de Mauricius ne pro-
cedent pas de fa~on consequente et accentuent tantât cb:Î:l)Y.":'(I., tantât
&:rrA~~~-r<Y..
On releve Ies memes fluctuations en matiere d'accent dans Ies emprunts
grecs provenant du mot latin centunculus, diminutif de cento <c couverture
ou vetEmEnt fait de differentes pieces cousues ensemble ». Le latin centun-
citlus (ou ce11tunclus). qui est atteste a partir de Tite-Live, apparaît dans
l'tdit de Diccletirn (7, 52 et 53) mus la forme centumclum. Dans une ver-
~!cne grecque de ce documrnt epigraphique, decouvert a l'etat fragmen-
taire a Argos, l'editeur Jean Bingen a lu Y.E'J":'uUY..).r,v; mais dans l'inscrip-
tion qui est ecritc en majuscule, !'accent n'cst pas note, de sorte que la tran-
~cription de Bingen n'est pas probante 72 . Dans l'ou\Tage De materia niedica
de Pedanius Dioscorides, on lit: ot 'Pwµ:zfoL xe:v:-r:iufJ.x).'lUfL (3, 17) 73 . En latin,
!'accent portait certaincment sur la penultieme et s'est consen·e dans ses
derives romans: it. centocclzio, abruz. cenducce, bolzan. ::aintuc 7•1 . Eu re-
vanche, dans Ies sources grecques de basse epoque, l'accent est mis tantât
sur l'antepenultieme (x.e'"oux/,i:t., Maur. I, 2, p. 52, 24, ms. A; Const. Por-

70 bis
W. l\leyer-Lubke, REW, n° 549.
71
G. R·Jhlfs, LGII, p. 44.
72
Fragment argim de l'Edit de Afaximum, BCH, 77, 1953, p. 647-659.
73
L'edition de Max Wellmann, B~rlin, 1906-1913.
74
C. Sal'lioni, Postillc italiane e latine al vocabolario roma11:0, « Revue de dialectologie
romane•, 5, 1913, p. 183.

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348 H. Mihăescu

phyr. De cerim. 460. 3; xE·1-:wx/,:x, Souidas sx.), tantot sur la penultieme


{xe:v8o1hh, Leon,. Probl., p .. 104; x:::v-:o;:)xJ...0•1, autres c:iuYrages) ·, Dans la
Iitterature populai re byzantme, on rencontre Ies Yanantes xe:·1-:r:.iux),ov,
xe:neiux),:x et x:::·1-:·"x.).:x 75 •
La question qui se pose maintenant est: comment tombait reellement
}'accent a l'epoque byzantine ct commcnt faut-il le mettre dans nos edi-
• . . , :\, '" , ~·î „ . , ' î
t10ns cnt1ques: 17.oe:tJ-:;:i:x-::x ou :xo:::cr-:;;:x-::x, :x:-:r.~x-::x ou :x:-:1.~x-::x, xe:·1-:0ux/\x
ou xz·1-:r,•)xl.:1.? La reponse partielle a ces questions est fournie par Ies em-
prunts latins du grec antique et byzantin ayant sun-ecu en neo-grec. On y
rencontrc par Ia deux couches de mots: l'une plus ancicnne a\'cc l'accent
change et adapte au systeme d'accent proprc a la langue grecque antique,
qui etait fonde sur la quantite des Yoydles; l'autre plus recente, aYec !'ac-
cent inchange, non soumis a l'inten·cntion de la quantite Yocalique. De la
premiere categoric font partic ks cmprunts assimiles aYant le lVe siecle, Ce-
pendant quc la scconde categoric est celle des elemcnts entres dans la lan-
gue apres cdte date.
Quclques exempks de la premiere categorie: . \ 'J'Y'''J1J-:o~ - ngr.
"A1r,•Jr;-:r,:, .:/.r,•Jr,-;r,: d 7.r,r,-:r,: (dans Ies Iles), iigusto ct ciusto dans les parlers
grecs <l' I talie meridionale'; z0:z: i,t.r,v (dans les papyri <lu 11·· sieclc )-kiinaddo,
l~1i11call11. kcm(c'llu, kc111cillu (dans Ies parlers grccs <l'Italic meridionale);
"(Eµ:::i,i.r,:-ngr. ·rt:i.:i.i.r,; (Chios, Thera), ·:E!i.:::i.i.'.I'. (Siphnos), jondi11 (Re~gio),
_itimedd,1 (Bo\·a); :-:t8LziH1 - ngr. ;-:z<)Lx.i.'" (Lcucos, Samo:-:) pleti/;:o, pfrlt'ko,
blldcgo (Utrante).
Et qul'lques L'Xcmpll'S ck la <ll'uxicmc categoric: ~r,•hL·1r,·1-ngr. ~v'JY.L'1~;
zxpt·n. - ngr. zz2hz "l'cpinc dorsall' <lu poisson » (BoYa), kariHa
• ossaturc des oiseaux » (Sicik): µ:1.~ti.i.:1. - ma:;:;fda (Bo\·a); ;::1.•1(zr,u),o;
- p1111ilwlo (Bo\'a), p,mfkulu « mals » (Rcggio, Catanzaro); •;ir.1r,r;oc-:r;·1 - ngr.
r,pr,1,)tîfîoc-:r, (( armfr I). F ossato ou Fuss;1t li, Yillagc <lu \"Crsan t meridional de
l'Aspromonk (Jfr~gio) 76 .
Cet te <li\'L'rsite l'St signc <le diglossie. consequcnce <le la discordance
cntre la tradition clas~iquc L'1 le langagc parle. En cc qui concerne Ies emprunts
qui se sont maintcnus jusquc dans k nC·o-grec, ccux-ci offrent un critere sur
pour <letcrmincr la position dl' !'accent dans lcs textcs ct les inscnptions de
l'epoquc Lyzantinc. Pour lcs autres, on 1w pcut qu'essayer d'etablir appro-
ximati\'emcnt la date <le leur pt-nl'.·tration dans la languc grccquc. Lt's co-
pistes n'l'.·taient pas fixes lorsqu'il s'agissait <le termcs rares ou incomrns:
dans ces cas ils se gnidail·nt gt'.·nerakmcnt sur lcs principrs qu'ils a\'aient
appris a l'ecole; cn echangL', Îls notaient a\'L'C cxactitude }a position de }'ac-
cent dans les mots usuds du temps.

\iocalisme

25:). Bil·n des phenomencs phonetiques qui distingucnt le grec actuel


de la langue grccque antiquc SOI1t attcstes au rer siecle de notre ere: 7.L = e,
EL= i, 'JL = i, u = i. w =o, ·Z'J et ;;;u = av ct ev, ;:. = ·u, -Lr.1~ et -~r:.i·1= -L~
et -Lv; l'art;clc 7.t = r,[; le fu ture exprime par le present; }a dispari-
75
)I. Triandaphyllil!i!', Di<' Ltli11worta, pp. 72, 75 et 121.
76
G. Hohlfs, LGII, p. 68, 10-:1, 192- l!i.3, 215, 317, 391, .5-!4.

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La litterature byzantine, source de conna.issance du latin vulgaire 349

tion du parfait. Au ne siecle, on rencontre des formes


abregees comme µE =
= fLC:'t'cl, 't'p(oc,r;oc = 't'p(ocxov-;oc; -:::c; a
l'accusatif pluriel au lieu de -occ;, ou
bien l'on constate la e1.isparition de l'optatif. Aux Ill 6 et rve siecles on ren-
contre "I) = t; le genitif pour le datif; la confusion des prepositions tv et
d:;, de dµ( et EVt, ainsi que d'importantes innovations lexicales. Aux ve
et vre siecles s'est produite la sonorisation des occlusives apres nasales dans
des groupes comme yx.> ng, µ-;r >mb, v-; > ng. Apres le vre siecle, il s'est
produit des changements importants dans le domaine de la derivation et du
lexique: certains suffixes d' origine latine sont alors devenus tres feconds et
ie contact avec la langue latine, puis avec Ies langues romanes et balkaniques
mit en circulation de nombreux vocables qui enrichirent le tresor du lexique.
La langue grecque emprunta notamment au latin des substantifs et des suf-
fixes derivatifs et a l'italien surtout des verbes.
Depuis la conquete de la Grece par Ies Romains jusqu'au regne de
Justinien, ulus de sept siecles se sont ecoules. Au cours de ce long intervalle,
le vocalisme de la langue latine n'a cesse d'evoluer. 11 faut clonc s'attendre
a ce que certains de ces changements se retrouvent dans Ies emprunts faits
au latin par la langue grecque. Ces emprunts etaient de provenance soit sa-
vante, soit populairc. Les changements Ies plus importants ont ete: la trans-
formation de i en e ct celle de it en 6, qui se dcssine vers le IIJC siecle pour
se generaliser peu a peu par la suite. La languc latine qui a servi de base a
la langue roumaine n'a connu que le premier de ces phenomenes.
Dans Ies emprunts latins, la voyelle a s'est generalement conservee:
arcula - rJ..px/,x, cappa - xocit-;rx, tabula - -;c/..~/,x, jossatmn - 9ocrcr&,0v.
La voyelle c long, notee par 'I), a eu tendance a se fermer et s'est con-
fondue finalement avec le i: catena - x'-<:'~'JX, esca - ·~crxx, regem-{r~yr:1.c;.
On constate qu'clle apparaissait transformee en i meme dans Ies inscriptions
latines, par exemple ecclisia, phonetismc conserve en albanais (kishe).
La voyelle e bref s'est bien maintenuc et n'apparaît jamais diphton-
guee en ie: cella - x.f:.J.J,7., laccrta - i.xxep-:-C1.. Le phonetisme carcar pour
carcer « enclos », present dans Ies inscriptions et Ies textes populaires, se ren-
contre aussi dans Ies sources byzantines: xocpxr:1.po:; opuyµ7. x.C1.-:-ocy:::to'J ~r:1.~u
(Sophronios 638, chez Photios, Bibl. 381b,34); xocpx.7.pot ... o:::r;wn; xc/..pxxpx„.
E'JtoL Ta-:; µ0-.'J8pu.c; (Lexique d'Hesychios).
La voyelle i long a bien resiste: cortina - xop-:-tn, milia - µ[/,Lov,
strigla - cr-;pty/,7.. En revanche, i bref a connu deux phases: l'une plus
ancienne, ou t = i (crista - xpta-:-x, maxilla - µc1.~LAA'l:, vigla - ~[·rh)
et une phase plus recente ou i = e ( circus - z.zpx'l:;, impetus - i:.L-;r:::-rn:;,
virga-=-- ~epyr:1.). Plutarque rendait circus par xtpxo:; 77 , cependant qu'au ye
siecle l'une des portes de la capitale faisant partie du mur de Theodose s'ap-
pelait Kc:px6itop-rtY., c'cst„a-dire la Porte du Cirque 78 • Le derive circensis appa-
raissait au ne sieclc, chez Epictete, sous la forme XLpx.·~uL'J:; 79 et dans le
Chronicon Paschale (Vlle siecle) sous la forme xc:px.ecr~o'J 80 . Au VIIIe siecle,
Jean Damascene notait par xepx.Loc; le nom d'un vent violent, circius s1.

77Aem. Paul. 32, 2. ·


78
R. Janin, Constantinople byzantine. DeveloppemeJZt urbain et repertoire topographique,
Paris, 1950, p. 264.
79
Opern ed. H. Schenkel, Leipzig, 1894, p. 4, 10, 21.
so PG 92, col. 292 B.
81
PG 96, col. 900 D.

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350 H. Mihăescu

Le terme militaire EfJ.1tZ-:O~ <(impetus). atteste a peine au vne siecle, chez


Mauricius (274, 26; 368, 29), semble avoir penetre dans la langue grecque
apres le nre siecle. Un autre terme militaire (x€px::"t'o'1) que l'on rencontre
assez souvent dans Ies ounages de strategie, renvoie au latin circ-u.itus 82 ,
avec changement d'accent et transformation de i en e. Le latin v'irga « bran-
che souple et flexible, verge, baguettc », apparaît dans la langue grecque
apres le Vie siecle sous Ies formes: ~€py:x, ~::p·rf.0·1 et ~::pyl~w. La transforma-
tion de i latin en e nous porte a croire que l'emprunt date d'apres le nre
siecle.
254. 11 y a eu un parallelisme dans l'e\·olution des voyelles o et e.
dans le srns que o avait aussi tcndance a se fcrmer: dans Ies textcs byzan-
tins on rencontre des doublets a,·ec (!)ou ,,., et dans le neo-grec ce sont Ies
variantes anc r,·; qui ont triomphc. Certaim de ces doublets (par exemple
cortis-rnrtis « cour », 110111m - 111tmen « nom „) se retrouvent dans le latin
commun. La variante :~6?-:-"lj:; t·st attestfr dans ks ounages de strategie et
dans Ies documents de l'administration. Le chef d'etat major qui veillait
au ravitaillcmcnt ct a l'execution des ordrcs portait le titre de x/;µ"f)~ -:-lj~
z/,2-:·r,~ (ou, sous une forme abregee, Z'-(.L"'l~ - Z'~?-=-·r,~) 83 . Pourtant a Chypre,
en 1435, apparaît aussi la variante :v..r,1'.i:;-:·'i s.i. qui s'est consen-ee jusqu'a
nas jours en Crete 85 . Le btin forum « courroic, laniere de cuir » apparaît
en grec dans Ies variantes iJ7)pr,~ t't i.·,~pr,::.: cclles en - ou - . attestees dans
Ies ecrits de caractere populaire ont surn:cu partiellement en neo-grec. Dans
l'epopec de Digenis Akrites du xe siecle, un vetement militaire porte par-
dessus la cotte de mailles s'appebit c:-:Li.r,uptxr,v, cependant que Ies soldats
porteurs de cotks de mailles etaient nommes E:;wi.r,•'.i?LxoL 86 , De ad n.omen
est ne le terme militairc H·1r,•'.i1.LLr,v <c appel, passagc en revue, inspection t,
aYec Ies <lerin~s ci~·""J!.LLoc~z~·'· cio·101;;..i,e:uo:L"1, i~·''''J!.LLixc;-:·lj; «celui qui enre-

gistre ct cio·Jr,•;µLc:1..-:-·'l~ «celui gui est enregistn::„ soldat o.
La voyclle o bref apparaît comme o (jamais diphtongue en 1..10):
cord..i - :1./,~rh. roxa - :1.l;:1..
La \·oydlc '/I long- est restee gencralcmcnt intacte: tfi.ja <( aigrcttc, eten-
dard. - 7r,::ir,:i:r.. Dans le mot vcrutus (( jawlot I), a en juger par la graphie,
elle est dcwnue i: ~·l);;·'.i-:-:n, dans les traites de strategie posterieurs au Vl 0
sieclc 87 •
En echange, 1t bref - de meme que t - a connu deux phases, savoir a
la phase u = u (lJUlla - ~:jr,ijj,/,:t., bzttlis - f:j·;•'.i-:-:L;, must1mi - µoucr"t'o~),
comme en roumain; et la phase u = 6, comme en Occident (lrurr~cll!Us -
f.:1/,?zr,~. drungus - opl·("(".J~. putei - î!l-:~r,L, uma - 0?'1'7.). Tous ces ter-
mes ctaicnt repandus chez Ies militaires. Le premier signifie «petit cheval t
et est atteste au X" siecle dans l'epopee Digenis Akrites sous Ies formes ~opz.o~i

8
~ Const. l'orph., Df urim. 1 app., p. 474: d: -:;, xz;;z~-:-r,•1 Â:x11::oc·1e:•. 9::t-:i,(.x; Incert
~uctoris b~:zantini sac:culi X l~ber pe re milftat'i ed.R. Vari, Leipzig, 1901, p. 10, 9: n:e:?L "?UAocxwv
r,:-o~ Y.e;:zt'!"wv; p. 10, 20 •::t xe:pxt:-:x yt·1w·1•oct.
, .
83
Arme Comuene, Alex. i, 8, i: -:c-;:i t; '.c\;iF-civ~' ~.:.;i.c..,1i.i·JC,i XO(J."ljO"l~/,;:;-:·r, ••• 8\::typciµµ::t•ct
u;:o~e:µe:vo;.
st Leontios )lac:hairas, Chroniquc de Chypre, ed. E. l\Iiller-C. Sathas, Paris, 1882, t.
1, p. 68: X!Xl Eo--:ocff1Jv d; -:~v xr,•jp'"fl" -:-·~; • Pwwr,~ EIL7t,:ocrf>e:v -:o'j n:il;r:x.
05
<I>. Ko·,xr,ui.i, Il-J~xv-:tvwv f3lo; X!Xl 7to).\-:~cr:i.l~ (Vie et civilisation byzantine), Athenes,
1952, t. 5, p. 522.
86
Digenis Akrites, ed. E. Trapp, Wien, 1971, Z 1171 et E 1212.
~ 7 Maur., 314, 22; 316, 12; 326, 5; 3H, 5; 348, 12; Leon, Tact. ed. Vâri, 6, 26.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 351

et ~p6xo.;8 8 . Le deuxieme etait frequent dans la terminologie administrative


de l'Empire byzantin, mais en conservant son u: opouyyo~. opouyycfpLo~,
opouyyocpLx6.;, opouyyocpLxoµ"t).;, opouyyocp(oc, opou1yocpix:ro.;, opouyyLa"t'L Par
contre, dans un ecrit de caractere populaire comme le poeme de la Chraniqtte
de Maree, redigee vers 1330, on trouve le phonetisme op6yyo.; 89 , qui denote
un phenomene de diglossie a I' epoque et ne doit pas etre considere comme un
phenomene isole. Le phonetisme -;r6-:~0L = putei est atteste au xe siecle 90 .
255. La syncope des Yoyelles i et u se reflete souvent dans la littera-
ture byzantine: damna - oC.µ·JtY., domnus - o0µvo.;, ·vigt'lia - ~(y:AtY. (avec
ses derives ~Ly:Ae:usLv, ~Lyl.(~sL·' et ~Ly:A&-rc.up), arcla - rl.px.AtY., baculum
- ~ocx.:Aov, stabulum - cr-r&~:Ao.;, tabula - -rt:X~/,oc, titulus - -rl-r:Ao.;, etc. De
caldus ~ chaud » est ne le derive caldarius, qui a penetre dans la langue grec-
que et est atteste au xe siecle: xocf.MpLoL « cenx qui chauffent Ies chambres
du palais imperial, chauffeur »91 • Cingula « ceinture » apparaît au xe siecle
sous la forme x(1yA'l. (xLyy:Aw·J:::LV « ceindre »J 92 , alors que le roumain chingă
suppose l'cxistence de la Yariante *clinga. Fax, jacis « torche, flambeau » a
donne le diminutif jacula, entre dans la langue grecque et atteste dans un
grand nombre de sources (c.p&x./.oc, (jltY.Xt.bv ou cpoc-:ALO'J). Au xe siecle, il y
avait <1 une danse aux flambeaux » (9ocxhptoc), qui avait lieu au palais impe-
rial de Constantinople 93 • La syncope de u se rencontre au IF siecle chez
le medecin Galenos: cptY.7.XA7.- jaecula, diminutif de jaex, jaecis (< lie de vin
ou de !'huile, residu, tartre » 94 . Le latin navicula (pop. naucula) « barque »
apparaît syncope dans l'emprunt grec present dans l'ouvrage de strategie
de Mauricius, qui date du debut du vne siecle (•Jocux./,et.L) 95 . On rencontre
frequemment dans Ies traites de strategie le rnot (j'QU~AOC (<petit epieu l) (di-
minutif crou~/,(0•J), qui est un emprunt du latin (subula, pop. subla, r. sulă).
Le phenomene de la syncope de it n'etait cependant ni general, ni complet,
Ies variantes syncopees c1rculant parfois aux câtes de celles non syncopees.
De lingula (conserve dans le roumain lingură) est nee la variante lingla qui
a penetre dans la langue grecque et s'est conservee dans Ies manuscrits sur
papyms. posterieurs au ve siecle (:A(yy:Aoc); or, on y rencontre aussi le mot
/,LyyoupLo'', ayant a sa base la variante latine lingula 96 . De scapula <1 es-
pece de montant ou de soutien » on a en grec crxcor:A&pLov <1 couverture pour
la tete & 97 , rnais aussi crx.tY.r.ou/,Lov ou x0t;:ooALov « manteau » 98 • Dans la lan-
gue parlee, c'est la variante syncopee qui a resiste le mieux (ngr. /..iXT:l.oc) 99.
Les debuts de la syncope vocale dans la penultieme atone <latent du ne siecle.
Les formes syncopees et non syncopees ont coexiste en fonction du degre

u Dig. Akr. A 3586; Z 1764, 3487.


69
Chron. Mor„ ed. Schmitt, les versets 1759, 1918, 2993, 3032.
9
° Const. Porph. De
91
cerim., 1 app., p. 463, 2: 8ta 70U~ rr6-:-~ou~.
Const. Porph. De arirn. 2, 52 et 55.
82 Dig. Akr., G 1328.
~. 3 _Const. Porph., De cerim. 2, 71.
94
Galenos, ed. C. G. Kiihn, Leipzig, 1825, t. 13, p. 355 B.
9& Maur. 224, 17.
98
Preisigke-Kiessling, W iM€rbucl1, IV, Suppl., p. 162.
97 lbid„ p. 251.
98
Pseudo-Kodinos, Traiti des ojfices, ed. ]. Verpeaux, p. 49, 15 c;n:poucrix E:-: ''1,(1','>
crY.IX7tOUÂLov; Triandaphyllidis, Lehnwărtcr, p. 121.
n G. Meyer, Die lat. Lehnwărter, p. 26.
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352 H. Mihăescu

de culture et du milieu social du locuteur; la syncope dei;endait auss1 du


tempo de la prononciation 100.
256. Les success10ns 1ia, ile, 11i, 11o tendaient a se transformer en a,
e, i, o. Parallelemcnt a cette tendance, on note Ies transformations qua - ka,
que - kc, qui - hi, quo - lw, gui se sont generalisees au cours _des deux
premiers siecles de notre ere. Elles ont laisse des traces dans la htteratur·~
byzantine: '.\z:::„01.Jz7r,•J - Aq1tdt'ductu 101 . La Yoydle a dans Ies _syllabes
atones deYcnait parfois o: quadrantem - zr,op:X.'17·/j:; <i especc de petite mon-
naie » 102 , quadrigat' - zo7p~·:7-L 103 . L'adjectif quadrus, -a, -um (i carre • com-
portait aussi la Yariante populaire quodrns, -a, -um, consen·ee en roumam
(codru), albanais (kodrn ct dans la littfrature byzantine: z6o?t0v <i boîte
carn~e pour l' ar,:.:-rn t 1> 10 ~ d z{,,) !7. « quart ier urbain » 105 .
Les cmprunts saYants ct ks emprunts populaircs different aussi par
la maniere dont se rdletc Ic suffixc latin -io, -io11is. Dans Ies emprunts livres-
ques, !'accent porte sur l'antepenultiem•_· (z:::'1-:r:,•;p[<•)'1::::; - centuriones,
l-::-:'.(•)'1:::r;-optio11cs). c'est-a-dire selon Ies regles du grec de l'cpoquc classique,
tan<l1s quc ks cmprunb populaires rcspecknt la position <le !'accent du la-
tin parlc: :Y.p[.L:>:lj'-:x-:t<-;)'1::::; - armistati011t·s,,)·r,·Ţ1:::'1ct<-;)'1::::;-dt:/msio11cs, kyLwv::::;
-fr!!. io11 cs, ;, p/;L •n.-:L<:J·1::: =- ordi11 al io11c s, 7:'l. -::L/,L~Jn:; - p11 pil ioncs, ~e;7'CtFc:t"t'Lc7Jve;~
- r,·paratio11es. Cctt1· maniere d'accentucr a pL'rsistt~ jusque dans Ies parkrs
neo-grccs: :i(.L-:7.ZÎ.tc:)'I'.>'.:, ~'l.7t<-;N:>::;, tl7.?VL[J'IY.'.;~ z:>:p'JOLW'I'.>:'.;, 7:Î.'.>'.7C1.VLW'llO:c; lOS
En condusion, on constate qul' <lans le domaine du Yocalisme, Ies ele-
ments latins cil' la litterature b\"zantinc attestent dl's licns de plus longue
duree awc l'Occitknt que ccux ~]Io la languc roumaine. Cette demiere a ete
en general plus consL·n-atrice ct n'a pas connu cl'rtains phenomencs qui ont
eu lieu en Occi<len t apres le I II" sieclc.

ConsonantÎ!-illW

. :!<l7. Les L·mpnmts latins du grec moycn l't moderne montrent que des
d1wrgenccs scmblablcs ont existe dans le consonantisme egalement. Ainsi,
l'occlusin· c sui\"ie des Yoydles palatall's c d i s'cst consL·n-ee dans la plu-
part des ras, notamment dans Ies emprunts d'origine savante, par exc:mple:
cella, - zf..i.i.:>: (~limim~tif z:::i.i.[rJ'I, r.. chilie), c!·11g11la - x.[·,--rl.7., etc.
11 existe neanmoms des except1ons, que 1 on rcleve chcz ccrtaincs cou-
ches sociaks a unc epoque relati\'Cmcnt tardi\·e; on \" voit l'occlusive latine
c transformee cn affriquee (notec par 7~ ou -:cr). Dans le De tltcmatibus (XI
7,' 9) .<le ~'cmpcr.eur Constantin Porphyrogenetc, datant du X'' siecle, on lit
I exphcat1on sun·ante: 7·~·1 ~E. iivoc7oµ·Îj·1 7~iilj'7.L zxi..-i::ir;L'J r,~ 'Pwµ:>:'foL
"O 1.l'~'J
c. Z'.>'.t' 'f"' -
-,:1.v;:;.:;:. . 0
' n. 1) oLOC
Z7:W'J'<.LC1.0'1.T "' ' '"'l'J
' ' '
r:cn-:r,!.L"lj'J (i L('S Rhomecs appelent'

I. Şia<lbci, Sur la sy11cope de la i·,1yelfr pc1wltii:mc atone dans frs langues l'Omancs
100

« Bulletin Jinguisticpie "· 10, l!H2, p. 67- 7.'i. '


101
Theophanis, Chro11ographia, ed. C. De Boor, p. 500. 16.
10
~ Nouv. T,·st„ .llc„ 12, 12; lift„ 5, 26; Le., 12, 59; Plut., Ciceron 29, 5.
103
Ioannis Malalae Clzronographia, ed. L. Dindorf, Bonn 1831, p. 307, 7 et 11.
l·J~ Kyrillos ·ion Skytopolis, ed. Ed. Schwartz, Leipzig, 1939, p. 69, 99.
Chronico11 Pasclzah, ed. L. Dindorf, Bonn. 1832, p. 724, 12 b:-:\cre ... -:~v 1e68p.:xv %.CCL
105

~(J.Z?\<Je•1 -:·~v mSi.~·1 (YII" siecle); P. Skok, As!Ph, 37, 1918, 83-92.
100
N. Andriotis, Le xikon, p. 266, no 2633.

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La litterature byzantine, source ele connaissance du latin vulgaire 353

la coupure cesa, c'est pourquoi le nom de Cesar vient de cesa « coupure »,


c'est-a-dire enfant mis au monde par incision. Certains manuscrits offrent
Ies le<;ons T~foe: et K'Xî:mxp, au lieu de -r~ctÎ:!;'cH et de T~1î:mxp. Les le<;ons -r~1î:crr1.~
et -r~foe: doivent etre mises en liaison avec la forme du participe caesa (de cae-
dere « tailler ») ou anc le substantif caesia « taille d'arbres ». \Y. Meyer-Li.ibke
reconstitue et note d'un asterisque Ies formes latines *caesa « haie taillee »
et *cesare « tailler Ies arbres », afin d'expliquer par la certains derives des
langues romanes occidentales 107 • L'existence de l'affriquee est confirmee
egalement par Ies reflets dans Ies langues slaves du mot latin Caesar (bg.,
ukr. car, ser. caret russe cari) 108 . Le nom d'une espece de vautour que l'on
rencontre dans Ies dialectes neo-grecs de Crete et des îles de la Mer Egee,
avec Ies variantes ~L-:cr()..).-x, yL-:crD.).c~. ~(-:crL),),-xc; et ~L-:cn).ALtX derive d'un
hypothetique latin *albicilla 109 . L'existence de ce mot en latin est confirmee
par la variante *albicellus, conservee dans le parler italien de Lucqucs (ar-
bugello « olivier blanc») 110 • L'adjectif latin cibarius (deri,·e de cibus <1 nour-
riture I) ) apparaît dans quelques ecrits medicaux anonymcs de l'epoque by-
zantine, le plus souYent sous la forme du pluriel neutre: Y.L~cl.:w1.. 111 ; cette
forme a survecu dans quelques parlers grecs du Peloponnese parle rnot -:cr [~o.pCl
« son, rebut, residu de la mouture I) 112 •
Dans tous ces exemples, la consonne c smv1e de e, i s'est assibilee,
phenomene parallele a celui qui a eu lieu dans la plupart des langues roma-
nes. Dans quelle mesure ce changement s'cst produit dans le domaine du
latin ou du grec, nous l'ignorons. De toute fa<;on, il convient de remarquer
que Ies exemples cites proYiennent de sources populaires tardives ou de dia-
lectes et attestent une continuite ininterrompue, ce qui prouYc qne l'assi-
bilation de la consonne c suivic de e' i etait un fait accompli aux vne et
VIIF siecles, lorsque Ies contacts entre la population romanisec et Ies Sla-
ves commencent a s'intensifier.
258. Les transformations t e, i+ +
voyelle > ts Yoyclle ct d +e, +
i + voyelle > dz + voyelle ont eu licu vers le IIIc et le n·e siecle. On Ies
retrouve dans Ies emprunts latins du grec byzantin. Ainsi vitea «de vigne »
(d'ou le roumain viţă) apparaît dans le traite de strategic de Mauricius du
VIie siecle, dans le mot ~t-:~"l.. «lien»: .&·1JxcX.pLix cl.7to ~t-:-~.zc; E),o:i:ppCi..c; (54, 29);
cf. ngr. ~h-~CJ.., ~-~,~"l.., ~(crcrll... Parmi Ies derives de caput (r. cap), on connaît
bien capitellum (r. căpeţel) et capitium (it. capezza « licol »). Or, au X'' siecle,
on rencontre chez Constantin Porphyrogenete un derive non attcste dans
Ies sources latines: x.C1..m-:~cX.l.Lo: (*capitealia, r. căpeţeală) avec le sens de
<1 partie de la bride qui passe par-dessus la tete (frontal) et le museau (muse-
rolle) du cheval et a la part ie inferieure de laquelle est fixe le mors » 113 . D'un

101 REW, 1471, 147 3.


108 Gy. Moravcsik, Zur Gesclziclzte des Herrsc.lzertitels "Caesai' l,\apb" « Zbornik Radova
Vizantiloskog Instituta », (Beograd), YIII, 1, 1963, p. 229-236. Conclusion ele l'autcur: « Das
\Vort n;ecapb> l,\aph ist eine unmittelbare Obernahme aus dem lateinischen Caesar». Les Sla-
ves ont pris le mot de la population romanisee du Sud-Est ele !'Europe.
100 K. Andriotis, Lexikon, p. 83, n° 292.
110
W. Meyer-Li.ibke, REW, n° 322,
111
Anon. Med., 255, 269; Anonym. Ideler, 262, 6, apud Sophocles s.v.
112
N. Andriotis, Lexikon, p, 315, no 3290.
113
Const. Porph., De cerim., l app., p. 436, 6 R xoc.mT~ci).toc. iin-Aii lin-o ,&v (3upcroc.plwv.

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354 H. Mihăescu

hypothetique *mattca ou *mattia « sorte de javelot »: non atteste iso~ement.


sont nes Ies derives mattiarhts « soldat arme de ce 1avelot » et mattiabarbu-
lus « sorte d'arme ». Ce dcrnier apparait dans Ies sources byzantines avec
l'assibilation du t: [.L7.p7~v~ciF~ry;/,c,•J 114 . 11 en va de meme pour Ies mots putei
_ 7'l.-~vL et scor/ea (r. scoarţă) - uzvp7~t0w.) 115 . Parallelemcnt a ce phe-
nomene, a eu lieu la transformation de d e, i + +
voyelle, attestee dans Ies
variantes opLVT~f7v'J, ??S'J7~7_7r,v et ?:;.r. . •n7~oc7v'J « frondaison, bouque-
teau o ns; eilcs supposent l'cxistcnce cn latin Cl'un denve de jrondia « feuil-
le » - *Jrondiatum, inconnn dans Ies sources occidentales.
Le phoneti:--mc 1.:::7~q.Lt.'-'77., -;::::7~:.Ls·17:x (impedimmtil) 117 a proba-
blement etc pris <lu latin <lanubicn, ou d+i long est devenu dz: dico - r.
:.ic, dies - r. ::i. Le latin sappa ct le gr. 7~:f..;:'.f. provienncnt d'un emprunt
commun, mais qui s'est reflete differemmcnt dans Ies deux langues (illyrien
;;i1pp - ?). Dans Ies sourccs byzantincs on rencontre 7~'l..1.:1.., 7~:xdr:.i'J ct -;-~<X­
;:C.:r10J. Le phom'.·tismc <s?~~r. . ·)i.~7. 118 doit-il etre rapporte au fait que dans
le latin danuLien s + t. bref est dewnu 8 + e (servus - r. şerb) ou rcpre-
sente-t-il une e\·olution independante dans le cadre de la langue grecque?
De memc, Ic latin scwris apparait en roumain avec un c long (secure) et
CTI grec a\"t'C Ul1 t" bref (7rJSZ'..i'J~L~): faut-iJ attrihuer CeS differC11CC'S a deUX
pha!"CS de la languc latine ou a dcux aires gfographiqucs distinctes? Ou bien.
s'agit-il ici encore d'un phrnomene propre a la Jangue grecque?

259. La syncope d·· la voyelle 11 dans des mots tels capitulum - *ca-
pitlmn ct -.·ctulus - *•:t'llus a cu pour consequcncc la formation du groupe
consonantique tl. Crlui-ci etait insolite m latin L't tendit, a partir du ne sie-
clc, a SC transformer ('Il d: *caftit/um > capiclum (it. capeccJiio « etoupe t),
*vctlus > ·vcclus (r. 1.'('(/;i, it. 1_iccc/iio), de. Les groupes tl, el ont longttmps
coexiste ct ils ont laissc des traces dans Ies litteratures byzantine ct neo-
grecque, par exemple: ]a YariantC' r;[7/,:1.. (sitla- situla« seău ») apparaît aux
VI", vnc et xe siecles 119 , ccpcndant que la \"ariante O'LXJ.7. est attestee au Vl 8
siecle ct cn nfo-grec. d'ou cl1e est passec dans la langue turque 120 • Un fait
intercssant est qu'en grec cxistait aussi le phenomenc contraire, c'est-a-dire
la transformation de el en tl: bztccula - bucda « mentonniere de casque et
tout objet cn forme <le jouc » - ~'J'J7Î.x, ~'J'J7i,C.:J'Jw 121 ; specula "canal cou-

m :'.\faur., 314, 22; .118, 4; 226, .'i; 332, 4; .HO, 25; 344, 4; Leon., Tact„ 1, 3, p. 138.
n 5 Cnmt. Porph., De a„im., 1 app., p. 463, 2, 17.
na C<onst. Porph., De cr„im., 2, 87, p. 175, i et 7; Le 1·0111,w de Callimaq11e el de Chry-
sorrhot', ed. 1\1. Pichard, Paris 1956, ·1crs 11S69, 1870, 1881, 1896, 1947, 2350, 2204. Le roman a
ete ecrit entre IJ 10 et 1340.
117
Const. Porph., De coim., 1 app., p. 47i, 3; Dt adm. imp., 956 (7tE"r~Lf.1.Ell'Ta); Nicephori
Praccepta 1111lita1·ia, cd. ]. l\:ulaku·1skij, « )[emoires de ]'Academie des Scienc<:s de St. PHers-
bourg », YIII, 1908, p. 5, 26 (Xe siccle).
118 Niccphoris Prncccpta militaria, p. 1, 23.

119
Alexander Trallianus, ed. Th. Puschmann, 'Yien 1879, p. 7i; Sergia Constantinopo-
litana, Olympiadis translatio, 1, dans: « Analecta Bollandiana t, 16, 1897, p. 47, 21 cr[-:i.~'J '?)
e::i:L;,:u-:"l)v (YIIe siecle); fjlo; 0e:o8wpo·J, 42, dans: 1\l•rr,µe:h :iywi.oyLxoc •1uv r.;:w-:-o'J h8L8oµevoc
ur.o ie:po8LIXX6vou 0e:ocpli.o•J 'Iwci.•1vo•J, Yenise, 1884, P· 400: cbto cr(-:-).oc:; -:Lv6c; (Vlle siecle);
Const. Porph. De cerim. 1 app., p. 468, 4: crL-:i.oib~ocvcr. cipyupi (Xe siecle).
120
Theod. Lect., PG 86, col. 221 A; Ch. Symeonidis, Der Vokalisnms der griechischen
Ielmwortcr im Tiirkischen, Thessaloniki, 1976, p. 37: ngr. cr(x).oc, te. sikle, sigle, siyle, sile.
21
1 E. Kriaras, Ae:;Lxo, t. 4, p. 179.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 355

vert d'un aqueduc » - cr7thl..ix 122 ; facula, facla « torche, flambeau • -


~IXTA~OV 123

Le groupe sl a ete renforce par l'insertion d'une consonne de passage:
assula - assla - *ascla <(petit ais », r. aşchie, d. jasca, it. merid. ascea, alb
ashke, etc.; pessulum - *pesslum - pescluni « verrou, pene», it. dial pe-
schio. Dans cette categorie entre aussi Slavus > Sclat•us, r. şelliau, alb. shqa.
Le phonetisme ~x./,oc[3oi:; est atteste dans la litterature byzantine depuis le
vie Siecle 124. Mais a câte on releve souvent ~x./..cxf3·1J'JOi:; ou ~x.),cr.~~·1oi:;, ainsi
que Ies verbes crx.A.et..[30G·1 ou crx.),oc~W'JZ~'' « asservir ». Outre ces formcs cepen-
dant, appara1ssent egalement Ies variantes en tlzl pour el: ~&A.cx[3r,m&voi:; et
<r-3-AIX~NVCU au xe siecle, ~&/..ex~ ivoi:; et ~x.),oc~~voi:; du xie au XIVl' siecle 125.
Cette situation etait heritee du latin et maintenue en vertu de la fidelite au
classicisme et du desir des scribcs de copier scrupuleusement Ies manuscrits
Ies plus anciens. II est a supposer qu'il existait des differcnces de prononcia-
tion dans la langue parlee suivant le degre d'instruction et la provenance
sociale du locuteur. La diglossie avait des vieilles racines et n'a jamais dis-
paru au cours de I' epoque byzantine.
260. Le groupe consonantique -ln- etait rare en latin et avait tendance
adisparaître (cf. latin ancien *tolno> tollo). Lepeuple pronorn;ait ba11cum ou
bannemn pour balneum, ainsi qu'il ressort des formes en usage dans Ies lan-
gues romanes occidentales: it. bagno, fr. bain, pg. bmzlio, etc. L'existence
d'un derive baneariztm est confirme par le terme grec ~e<·ncX.p~ov, prescnt au
X 0 siecle dans l'ceuvre de Constantin P0rphyrogenete 126 • Le participe passe
baneatus du verbe baneare « baigner » a ete considere par O. Densusianu corn-
me la base du rnot rourna,n băiat «petit enfant, gan;on » i:::sbis.
Le groupe consonantique net avait tendance a s~ simplifier (net > nt)
dans la langue parlee des avant notre ere; de meme' le premier element des
groupes ne, nd, ns, faiblement articule, a\·ait tendance a disparaître. En cffet,
dans Ies inscriptions latines du Sud-Est de l'Europe on rcleve Ies phonetis-
mes eitntis = eunctis, dejwzte = defunctae, nantus = 11a11ct11s, santus = sanc-
tus (cf. r. sînt, it. santo, fr. saint, esp., pg. santo, etc). Dans la litterature by-
zantine, une expression qui revenait souYent dans Ies ovations en l'honneur
de l'empereur etait -rou~Lxi:1.c; = tu vineas 127.
La prononciation du d dans le groupe nd est refletee par zc.o(µsv7o'J =
- condimentum, atteste au VF, au xe ou xue siecle et en neo-grec 128
\
122
Basilicae, ed. Heimbach, Leipzig 1833- 1850, chap. 54, 6, 6; <D. I\oux.ou),e, op.
cit„ t. 2, 1, p. 212.
123
Preisigke-Kiessling, W ărtcrbucll, IV Suppl. 283 (VIII" siecle); Const. Porph. De cerim .
.349, 15; Theophan. Cont. ed. Imm. Bekker, Bonn, 1838, p. 172, 19; 254, 2; 373, 3.
124
Malal., 18, p. 490, 7; Agath„ ed. R. Keydell, p. 249, 3; Theophau„ 360, 559; Leon.,
Tact. 18, 102.
125
Theophan. Cont. 474, 14; 481, 6 ::Efl-).1JC(3'1JO"lU'ICt)V; Niceph. Bryenn. PG 127, col.
145 C, ~&i.::.c~l·1wv; Ioannes Staurakios, dans: l'lfo; 'FHri-,oµ,ri;[.LWV 15, 1921, p. 199, 18; Acta
ct diplomata Gracca medii aevi saci-a ci profana edd. F. l\liklosich et J. Mi.iller, 'Wien, 1890, t. 6,
p. 187: 3oui.m x.ixt ~-:-1.ii(3ot (l'an 1220).
126 Const. Porph., De cerim. 1, 36, p. 142, 22.
1~6 b1s 11 Romania » 39, 1904, p. 273.
127
Chronicon Pasc hale ed. L. Dindorf, p. 626, 7 -8 (VIie siecle); Theophan. Cont., 182,
1; 249, 28 (annees 810-814); Const. Porph„ De cerim. 2, 85 (Xe siecle).
128
Greg. Magn„ Dial. 3, 1 = PL 77, 219 A; Gcoponica sive Cassiani Bassi Scholastici
De re rustica cclogae, recensuit H. l3eckh, Leipzig, 1895, p. 2, 1, 2; Prodr. IV, 81 (Ph. Legrand,
Bibliotheque grecq11e v11lgaire, Paris, 1880, t. 1); K. Andriotis, Lcxikon, p. 321, no 3368.

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356 H. :!\li hăescu

La consonne n avant s s'est assimilee et a disparu, allongeant ou nasa-


lisant la voyelle precedente, des le debut de notre ere. Le phenomene se
reflete dans Ies langues romanes: mensa, r. masă; d. maisa; sard. me:::a; esp.
pg. mesa etc. II se reflete egalement dans Ies emprunts latins de la litterature
grecque a partir du ne siecle: accipensis « poisson rare » - iix~r:"l)O"LO~, CaS-
trensis - x:xcr-:p~crLo~. injans « enfant » - 1'.µcpoc~, miliarensis <c une mon-
naie » - µ~/.LC1.p~crL0'1, PlziUppwsis - <l>~i.~;:;:~GLo~. etc. 129 )fais on note
aussi des ecritures inverses - a savoir 11S pour S - dues a l'attrait du
classicisme: antccessor - rh-::::x·~'llJ(•);;, missiori1t1n - fL~'IGWpLO'I, proceSSllS -
;:p6xe:vr;o::. S/tCCCSSllS - r;r,1)z:;;'1t;rJ::. Comrnent ces mots etaient-ils prononces
dans le Iangagc parle? Probablemcnt aYec s (et non pas 11s). II ne serait
toutefois pas exclu que la graph1e ait dans certains cas influence la pronon-
ciation, cn maintcnant ainsi le groupe consonantiquc ns.
261. Le groupc cs s'est transfom1c peu a peu rn ss par assimilation
des le IIF s1eclc a\·.n.e. Le phenomene s'est manifeste d'abord isolement,
puis il s'est generalise et repandu dans toutcs les provinccs de l'Empire ro-
main, non sans laisscr des traces dans les langues romanes: coxa, it. coscia,
fr. cuissc; dt".rit, r. ::ise, it. dt.ssc. Le fait est confirme egalement par Ies
ernprunts ]atins <lu grec: dcxtralis (sa11ris): <c outil du charpenticr, hacbe,
. 1> - 6L'7-:Fo:.l,L'JV,
d oI01rc " ,. p1 ('hr,-:;;7.t.~'.1..
" , 130 ; cxce pt or « secre't a1re
. 1> - :::t;X"'l)i'rT(up.
. ,
En echange, on ne rencontre pas la voyellc e avant s + consonne
dans des mots cornme cspo11sa = sponsa - fr. epouse, espiritum = spfritmn -
- fr. esprit. Le phenornene etait frequent en Occident, mais cn Orient il etait
inconnu: c"xccptorium <c recipient, rt;sen·oir I) - t;x:;;;:-:-o•)pL'I (Vie siecle) 131 ;
exculcator <c gardicn I) - r,zr,'Ji,zoc-:r,p 132 . Les nombreux composes en ex- he-
ritrs par Ic roumain n'ont pas conserve eux non plus le e- initial: exbattere
- ::bate, *cxbdarc" - ::hicr11, cxcaldarc - scălda, excarminare - scărmăna, ex-
curtus - scurt, cxpo11crc - sp1111c, t'Xlagac - ştagc, etc.
Le groupc ct etait parfois rcn<lu <lans les inscriptions par tt ou par t:
lattuca = lactuca (l'an 301, Dalmatie), autor= auctor (Afrique et Gaule).
De cxauctorare <c cxernpter, libt'·rer de l'annfr. mcttrc en cange» est nee la
forme i:ţC1.-:-0p["- <c exempt ion, cange», qui n'est pas attcstec dans les sources
latines 133.
Dans le groupe gm, g est Yocali~e cn ~l par un relâchement de l'oc-
clusion de cct element implosif et par une action simultanee des levres (anti-
cipation de\·ant m) » 134 ; siigma - sauma, jragmentum - jraumentum. Seg-
mmtum a donne d'abord scummtum, puis semc11t111n <c bande taillee, chamar-
rure 1>: G"'l)fLE'1-:-r,'1 (pi. r.·l)µt'J-:'.l:) au xc siecle chez Constantin Porphyroge-
nete 135 . Le meme auteur connaissait aussi le derive a·l)µ:::v-:-:::~0·1 <i bandeau de
simple pourpre 1> et l'adjcctif a·l)µz:'1-:t·r:""c; 13s.

120
Nov. Tt'st., Plzilipp. 4, 15; A.thrn. 7, 44 et 294.
13
° Const. Porph., De cerim. 1, 10, p. 66, 11; 1, 26, p. 92, 12; Scholia in Homeri
lliadem, ed. I. Bekkcr, Berlin, 1825, p. 23, 856.
131
Kyrillos de Skytopolis (ed. Ed. Schwartz), p. 187, 7 et 10.
13 2 :.\laur., 30, 10; 58, 4, 5; 72, 15; 88, 27; 180, 17.
133 Leon., Tact., 20, 71.

134
V. Văă.nănen, Introduction au latin vulgaire, 2c ed. Paris, 1967, p. 68.
135
Const. Porph., De cerim., 2, p. 589, 6; De adm. imp. 6, 8.
138
Const. Porph., De cerim., 2, p. 85, 1; 1 app., p. 500, 18.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 357

On constate ainsi que, dans le dornaine de la phonetique, un grand


nombre de phenornenes du latin parle ont persiste d~ns la litterature byza~­
tine: ils confirment et cornpletent Ies donnees fourmes par Ies sources occ1-
dentale s et rneritent d'etre pris en consideration.

Mm·phologie

262. Dans le latin vulgaire, le neutre avait tendance a disparaître et


a etre rernplace par le masculin. Cette tendance apparaît aussi dans Ies em-
prunts latins du grec, ou l'on rencontre souvent des masculins au lieu des
neutres du latin classique: scamnum « tabouret, banc » - crxocµ.'Joc; (IIJ 0
siecle) 137 ; stabulum <c endroit ou l'on s'arrete, etable »-cr'oc~/1oc; (IV" siecle) 138 ;
jorum <c place du rnarche » - cp6poc; (V 0 siecle) 139 ; baculum <c bâton, can-
ne 1> - ~ocx/,oc; (Vl 0 siecle) 140 ; lardum <c lard.» - :Acl.pooc; (IX 0 siecle) 141 ;
mustum <c vin nouveau, vin doux, mout » - µ.'.lurr,oc; (Xe siecle) 142 . Ce phe-
nomene avait lieu dans Ies emprunts populaires et non dans ceux d'origine
livresque.
Dans le processus d'adaptation au systeme de la langue grecque, Ies
elements d'origine latine subissaient certains changements, particulierement
dans le domaine de la morphologie nominale et verbale. Les substantifs de
la 1ve declinaison latine s'encadraient d'habitude dans la ne cleclinaison
grecque, ceux de la ve declinaison latine dans la ier~ declinaison grecque.
En meme temps, le suffixe grec - Lcraoc a penetre dans la langue latine et a
sunecu en roumain dans des mots comme împărăteasă « imperatrice », pre-
oteasă <c la femme du pretre », etc. (cf. împărat « empereur » < i·mperator,
preot <c pretre » < presbyter, etc). Les termes d'origine latine en - LGaoc sont
extremement nombreux: Tiet.TpwvLcrcroc «la femme du patron» (Ilc siecle),
;::Aouµ.ocpLcraoc «la femme du plumarius » (IVc siecle) 143 , ~EGTLocpLaaet. «la fem-
me du vestiarius 1>, ~e:crTL7wpLacret. <c la femme du vestitor», xcxwocp~crcret. «la
femme du Cesar I), xoupet.70pLcrart.. «la femme du curator», ooµ.e:G'rLXLG"G'O'. (I la
femme du domesticus », etc. Constantin Porphyrogenete enumere a un mo-
ment donne Ies titres suivants: ~EcrTLTOpLacr:xc;, ooµ.e:crTLXLcrcro:c;, XO'..'J0LOCX7LG"G'cxc;,
I I '\.' f <:- "\ f (.J f
xo µ.1)TLcrcro:c;' xuo:LcrcrT<.U p LG'O"et.c;' µ.cxvo O:'t'O p Lcrcro:c;' . o LAEVTLCX p LcrGo:c;' G' x.p Lr-<.UV Lacro:c;'
Gitat&:xpoxo:'JOLOOCTLcrcrocc;, crTpet.-r<.UpLacrcxc;, -roupµ.ocpx.lcrcrocc;, -rpL~ouv(crcret.c; 144 .
Les verbes latins pouvaient entrer dans Ies categories aux infi~itils
en - &.~e:LV, - e:Oe:Lv, - (~e:Lv et - ouv. par exemple: adnominare « appe-
ler ,> - &ovouµ.Loc~e:LV, caballicare <c chevaucher » - xcx~et./,:ALx:::oe:Lv, publfrare
« publier » - Tiou~:ALxl~e:Lv, pul pi tare <c plancheier » - Tiou).m,ouv. La plu-
part etaient formes d'apres le modele des participes passes, qui etaient plus
frequents en latin et donc plus faciles a retenir: adimere - ademptus - &oe:-
µ.TITE:UELV, adiudicare - adiudicatus - &ornuoLxocTe:Oe:Lv, adire - aditi1s -

137
Preisigke-l{iessling, Lexikon, t. 4, Suppl„ p. 251.
138 lbid., p. 253.
1 39 Epiphan., 2, PG 91, 757.
140 1\1alal., 186, 24.

ui Theophan., p. 230, 24.


uz lbid., p. 53, 7.
143 R. Cavenaille, « Aegyptus », 22, 1952, p. 195.
14 4 Const. Porph., De Clrim. 1, 9, p. 61, 20-26.

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358 H. Mihăescu

_ &(k;e:uw1, adsignare - adsignatus -1oc8tnyvoc,e:ue:tv, ambire - ambitu.s -


_ cf.1.L~t,;:;u:;:t'J, deportare - deportatu.s - 8z7topT:xTe:u<:tv, deputare - deputa-
tus ~ 8"1]r:077.7<:•.J:o:w, designare - designatus - 8"1]<nyvot're:ue:tv, di'ctare
dictatus - 8tx7x7:o:uzt'J, exereditare - exereditatu.s - ii;e:pt8ocTe:u:o:t'J, excu-
sarc:: - CXCUSalltS - z;X')1Jl:J:.C7Z•.J:O:t'J (mais aussi: z;xc.ucrcre:ue:tv), COHjirmare -
- conjinnatus - xoupt?[.L:t.7:o:ust·1, noi•are - novatus - vo~ocTe:•.Jst'J, petere -
pe!ilum - ;:z7t7dst·1, practerire - praeteri:tus - r:p:xt7:;:it•:o:ue:tv, relegare
- relegatus - psi.:::·rx7:0:•.Jst·1, repetae - repetitus - pe:r.e:,tTe:u:t'J, repu.diare
- rep11diat11s - p:::;:o'J•~t:x•z•.J:t·1, taxare - taxatus - -;oc~ocTe:uztv, tradere -
- traditus - 7p::1.8t7su:t'1, trans/are - translatus - TPoc\lcrAa:rzu:::tv 145 . Ces
verbes appartenaient a la terminologie juridique et etaient d' origine li-
nesquc. Les emprunts populaires s'integra1l:'nt a la langue grecque d'une ma-
niere plu::; liLrc et plus d1Yersifiee.
263. Dans le domaine de la phonetique, l'etude des elements latins
du grec met en lumiere comme plus importants Ies phenomenes suivants:
1. e > i, o> 11; 2. i > l', ii.> o; 3. la syncope de i et de 1t atones; 4.
d + c, i-+-- ,·oyellc> > dz; 5. c + c, i + ,·oyelle > ts; 6. c + e, 1:.>ts, dans
certains cas; 7. tl >el et im·ersement: 8. sl > scl: 9. ln> n; 10. ns> s;
11. ct > tt; 12. gm >!."''·A l'exception de l'assibilation dec+ e, 1·, attestee
par Ies sonrces medievaks ou cn neo-grec, donc peu concluantc, tous Ies
autres phenomenes mentionnes sont egalement connus grâce a d'autr<'s sour-
ces encore, sur tout le territoire de l'Empirc romain. Par comparaison a l'aire
de la latinite qui est a la Lase de la langue roumaine, Ies elements latins du
grec comportent aussi quclqu<'s phcnomenes tardifs (par exemple: 1/, > o),
inconnus au roumain. Cest donc qu'il s'agit de phenomencs generaux qui
!'oe :-ont refletes dans la lit tera ture Lyzantine jusqu'au moment ou le contact
awc l'Occidcnt s'cst rompu, alors quc l'aire de la latinite qui se trouvait a
la bas<' du roumain est restec circonscrite geographiquement. en ignorant
certains phenomenes d'ongine occidentale intcn-enus apres le IV" s1ecle.
Un autre indice pc>nnettant de parler d'emprunts tardifs reside dans le main-
tien de la voyelle oc au genitif et au datif singuliers dans Ies formes comme:
-;~~ ~[y/.oc~, -:?j ~f:yi.:r-: 7~~ ;:0?T7.~, "Yi ;:r,?-:~; 7"1]~ r,ocyt-r';oc~, -r'fj crocyt•Tq.,
7~~ -:b7::t.~, 7?j TE'J7~. Mais, parlcr dl':' cl.~mrnts }atins du grec comme appar-
tenant a une aire meridionale de la latinite balkanique par opposition a l'aire
~L'}Hl·ntrionale qui a servi de bas<' a la langue roumame, comme le fa1t I.
ŞiadLei (\·01r plus haut § 245), est impropre pour plusieurs raisons. D'abord,
parce que nous n'a,·ons pas affaire a deux unites homogenes et dane qualita-
tiwmrnt comparables, mais a deux langues differrntes: le latin et le grec.
L'airt.· de la latinite qui a ete a la Lase de la langue roumaine evoluait se-
lon ses lois propres et dans certaines limitcs gfographiques, tandis que Ies
elements latins du grec, qui y ont penetre a des epoques differentes et dans
le cadre d'un vaste espace geographique, s'adaptaient au systeme de la lan-
gue grecque et obeissaient a ses lois. Le roumain nous offrc un cas de conti-
nuite locale ininterrompue, exactcment comme le dalmate ou Ies parlers
romans du sud-ouest de l'lstrie. Au contraire, les elements latins du grec re-
presentent des emprunts de provenance et de date fort differentes, c'est-a-
dire des couches lexicales successives, plus d'une fois sans liaison organique

u:; Thcophili Antece3soris, P.ir.1pl1rasis Graec:i f;i;tit 1t!io1rnm C:gsarearum, ed. W. D.


R·~itz, t. I-II, H1gue, 1751. L'origin1l date de 1'1aa~e 537.

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La litterature byzantine, so11rce de connaissancc du latin ·rnlgaire 359

entre elles. Dans quelle mesurc ces emprunts ont eu des rapports avec l'aire
de la latinite qui est a la base de la langue roumaine, nous tâcherons de le
montrer dans la suite de cet expose, apres une analyse detaillee du lexique.
De toute fa<;on, ils sont d'une grande utilite pour une connaissance plus ap-
profondie de la latinite sud-est europeenne et meritcnt donc toute l'atten-
tion des romanistes.

Le Jexique : 9cneralites

264. Le nombre des elements latins de la litterature byzantine mon-


terait a 3000 termes approximativ~ment, dont environ 200 ont survecu en
grec moderne. La categorie la plus riche est ceile des termes militaires (785,
par rapport a 30 en neo-grec.) y font suite les termes se rapportan_t a l'ad-
ministration publique (385 termes; 14 en neo-grec), l'activite juridique
(350; 2 en neo-grec), la flore et la faune ( t 50; 10 en neo-grec), la terminologie
vestimenta1re (145; 12 en neo-grec), la religion et le calendrier(120; 18 en
neo-grec), les poids et mesures (77; 10 en neo-grec), la vie de cour (68; 4
en neo-grec) et divers autres domaines (920; 100 cn neo-grec). Les elements
latins ont penetre petit a petit en grec durant plus d'un millenaire. Leur af-
flux a commence bien avan t la conquete de la Grece par les Romains; il a
augmente au II(.' siecle de not re ere, pour toucher a son apogee au VI" siecle
et connaître le declin aux VII" et VIIIe siecles.
On a affirme que la principale raison de ces emprunts et de leur sur-
Yivance en neo-grec residerait dans la nette superiorite des Romains sur Ies
Grecs dans certaines spheres d'activite: «Fi.ir eine grosse Zahl von Kultur-
begriffen kann der heutige Grieche nur lateinische \V'orter anwenden, die
ihm natiirlich nicht mehr als fremde erscbeinen, und es ist lehrreich zu ver-
folgen, welchen Kulturgebieten diese angehoren. Man findet nămlich die
meisten lateinischen Bezeichnungen im Heer- und Verwaltungs\vesen sowie
im Handwerk und in der Technik, also gerade auf den Gebieten, in denen
die Griechen ebcnsoweit zuri.ick wie die Romer voraus waren » 146 • La reali te
est, en fait, plus complexe qu'il paraîtrait a premiere vue et que ne la presen-
tent Ies mots ci-dessus: Ies Grecs ont precede Ies Romains dans certaines
inventions tecbniques .et, parfois, ils Ies ont depasses. Leur organisation
militaire remontait a une bau te antiquite. Ils disposaient d'une terminologie
propre aussi bien dans le domaine de l'art militaire, que dans celui de l'admi-
nistration publique. Mais apres la realisation de l'unite politique au sein de
l'Ernpire romain, Ies anciennes barrieres tomberent et bon nornbre des ener-
gies locales ont pu <lire leur mot dans l'une des deux grandes langues de cul-
ture de l'epoque, le latin et le grec. L'unite politique devait determiner
au fur et a mesure l'interpenetration et la fusion dans le domaine des
moyens d'expression.
Pendant longtemps, l'Ernpire byzantin s'est considere le continuateur
de l'Empire romain. Les dirigeants et Ies petites gens, tout comme Ies Grecs
du x1xe siecle, s'appelaient (( Romains » ('Pwµr:.c'i:oL, 'Pwµ.rn(,, 'PW[L"l)OL), leur
langue etant <4 la langue romaine » (' Pwwx.·~x.oc). Les elements latins apparais-
sent · en particulier dans Ies textes byzantins d'origine populaire, a nreuve
146
K. Dieterich, •Neue Jahrbiicher fiir das klassische Alfortum », 19, 1907, p. 484.

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360 H. l\lihăescu

qu'ils faisaient partie de la langue usuelle. Pour des raisons de style, cer-
tains ecrivains cultives Ies evitaient, en Ies remplac;:ant par des termes propres
a l'ancienne litterature grecque. C'est de cette fac;:on que Ies elements la-
tins constituent un excellent moyen d'etude en ce qui concerne les ressour-
ces stylistiques et Ies courants d'opinion chez Ies ecrivains byzantins.
Aussi, s'an~:re-t-il indispensable de connaitre a fond Ies situations de
fait afin de se rendre compte de combien de temps et dans quelles spheres
d'acti,·ite humaine Ies elements !atins ont persiste dans la litterature byzan-
tine, ce qui permcttra de comprendre pourquoi seulement certains d'entre
eux ont stir\·ecu en grec moderne.
Les sources byzantines ne laissent planer aucunc ombre de doute au
sujet de la vitalite et de l'opportunite des emprunts d'origine latine . .:'\falheu-
reusemcnt nous disposons de bien peu d'instruments lexicographiques pour
e\·alucr le \"eritable etat des choscs et rctracer l'histoirc de chaque terme en
particulicr. N"ous avons en rc,·anchc certaines indications de na ture formelle
qui nous aident a determiner plus e xactement Ies critercs a meme de nous
pl'rmcttre de reconnaître l'epoque de lrur penetration en grec. Ce faisant,
nous obtenons d'autres points d'appui cn vue d'une ebauche de stratigra-
phic en cc qui Ies concerne. 11 est tres important de fixcr la chronologie des
elements la tins pour la critiquc d cs tcxks ct pour l'etablissement des edi-
tions sa,·antcs. Cela permet de suine l'epoque jusqu'a laquelle se sont pro-
longes ccs echos de la culturc classiquc de l'Antiquite, ainsi que le niveau de
I' enseignement. C' est aussi une tâche indispcnsaLle pour Ies historiens de la
lan,;_'Ul' grccque de l'cpoquc byzantine.
:!6:>. La continuite ininterrompue de la culture romainc dans le monde
bynntin ressort le plus clairement du lexique d'origine latine. La terminolo-
gie ct l'art d'exposition de la theologie chretienne ont eu pour base la plulo-
sophie et la litterature hellenes, alors que la technique militaire, l'adminis-
tration de l' Etat et la pratique juridiquc ont adopte et developpe Ies acquisi-
tions faites dans le cadre de l' Empire romain; une honnc part ie de cet he-
ritage a cte transmise a\·ec le temps aux pL'uplcs voisins de l'Empire byzan-
tin ou a smTecu dans la culturc grl'cqul· moderne. L'etude du lexique nous
p1'rnwt (le suivre Ies phases de dewloppement <le la terminologie militaire,
administratiw et juridique, ainsi que la fac;:on dont C'lle s'C'st adaptee aux
circonstanccs historiques, s'est renouvelec ou a disparu petit a petit, rempla-
ct:e par une terminologie nouvelk. On rclen· dans la litterature byzantine,
d'une part, le maintien de la tradition du classicisml' antique et de ses mode-
les et, d'autre part, la naissance <les formes et ideals nouveaux, notamment
dans la litteraturc populaire. Les tcndances classiques etaient defendues par
une Clite cultivee ct fidele, mais pl'u nombreuse, tandis que l'administration
publique, l'armee et la justice, qui venaient en contact avcc Ies masses popu-
laires, etaient influencees par celles-ci. C'est pourquoi la terminologie mili-
tairc ct juridiquc, qui etait en grande mcsure d'origine latine, est dcvenue
populaire ct a laisse des traces en neo-grec. En revanche, la tradition clas-
sique dans la litterature a sounnt entrave la penetration des elements popu-
laires et empeche l'enregistrement fidele des progres linguistiques. La dua-
lite tradition classique - developpement spontane a ete l'un des facteurs
qui ont faYorise la diglossie, car Ies traditionalistes imitaient exagerement
Ies classiques et choisissaient leurs expressions avec severite, cependant que
la langue du p~uple se developpait en liberte, assimilant aisement Ies ele-

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La litterature byzantine, rnurce de connaisrnnce du latin vulgaire 361

ments etrangers et employant Ies mots en fonction des besoins du moment,


sans se soucier de leur origine. Par consequent, la presence ou l'absence du
lexique d'origine latine dans un ouvrage donne montre dans quelle mesure
celui-ci depend de la langue du peuple ou des modeles classiques et peut servir
de critere d'appreciation de son style ou indiquer la provenance de son au-
teur. L'etude comparative du Strategicon de Mauricius et de l'reuvre de Pro-
cope de Cesaree, ou celles de ecrits hagiographiques anterieurs au xe siecle
et de Symeon Metaphraste, est revelatrice a cet egard. La litterature popu-
laire reflete plus fidelement la richesse et la variete de la culture materielle
et caracterise mieux une serie d'aspects de la spiritualite byzantine.

Te1minologie 1nilitaire. l\' oti ons gl'nerales

266. Dans l'armec, l'influence de la langue latine touchc a son point


culminant au debut du 1ve siecle, quand chaque militaire devait obligatoi-
rement connaître cette langue (' Pwµ'X.[~ j'AW7'r?J 't"oui:; Ticl'noci:; /.E'{sLv) 147 .
L'ouvrage connu sous le titre de Strategicon de Mauricius nous a conserve un
nombre considerable de mots d'origine latine et de termes de commandc-
ment en latin. Son auteur a vecu au debut du VI re siecle: il a connu de
pres la vie des camps et s'est propose de rediger un manuel pratique reve-
tant une forme adequate, non alteree par des fleurs de rhetorique, en usant
des moyens lexicaux ordinaires, en grande partie d'origine latine, comrne il a
pris du reste soin de le proclamer lui-meme dans sa preface: « ]'ai employe
le plus souvent des mots romains et des termes connus par les soldats, en
vue d'une meilleure comprehension des faits relates » (' Pw(J.!Y.·t:v.ocii:; T.oA/,ocx.L::;
xocL' "')
OCA ,ocLi:;
Ev
' -
cr't"pocnw-:~zn C\. '
cruv·IJ„ZV~ -:-s-rpLµµs•1ocLi:;
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XP"'ltJ·S'17X ) •E;:::cn
'.,. \' '
oLoc
7~'' crcup!/j -.wv EV't"EU~oµz•10•1 X'l..70CÎ."IJ~Lv) 148 .
Riche et precise, la terminologie militaire grecque s'est maintenue
meme apres la conquetc romaine, encore qu'elle ait su bi une forte influencc
de la part de la langue latine et n'ait survecu que partiellement a l'epoque
byzantine. Les Romains possedaient deja une organisation militaire propre
avant d'entrer en contact direct avec Ies Grecs et c'est petit a petit qu'ils
enrichirent cette experience, pendant plusieurs siecles, avant de la trans-
mettre a la civilisation de Byzance. La recherche scientifique devrait as-
sumer l'obligation importante de suivre attentivement les deux courants de
culture et d' etablir une distinct ion entre eux; mais la chose n' est pas tou-
ours aisee dans le domaine de l'art militaire, car certains strategistes grecs
de basse epoque utilisaient frequemment une terminologie archaisante et
livresque, rneme lorsqu'ils decrivaient une organisation militaire recente, de
provenance grecque. Nous avons donc l'obligation de bine connaître Ies
procedes des strategistes de cabinet a tendances archaisantes et de Ies con-
troler continuellement grâce aux donnees fournies par Ies gens de metier,
comme c'est le cas de Maurice.
Par miles, les Rornains entendaient le soldat d'infanterie, par opposi-
tion au cavalier ( eques). Le mot militia pouvait signifier <~service rnilitaire »
ou ~ armee », avec Ies termes paralleles grecs a-:-poc-:-doc et a-rpoc-.[o:. L'adjectif
militaris a pfoetre rn grec avant le V 0 siecle, pom designer une grande ar-
147
Eusebii Vita Conslantini 4, 19 (ed. Ed. Schwartz).
148
Ed. H. Mihăescu, Bucarest, 1970, p. 44, 6-8.

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362 H. ::\lihăescu

tere servant au transport des troupes (µ~l.L•ocpL7. oa6c;) USbls. Exercitus signi-
fiait soit « cxercice », soit <( armee d'infanterie &, par opposition a equitatus
«cavalerie & et a classis « flotte &. Dans le sens d'« armee d'infanterie », le
terme s;E:pxs-:-oc; apparait en ~rec a partir du vc ~iede, dans de~ ecr~ts hagio-
uraphiques, des textes de 101s et chez le chromqueur Georg10s hedrenos;
~ependant le terme ne s'est pas generalise et n'a pas survecu en neo-grec 149 •
Le mot paganus signifiait initialement <( habitant a'un pagus », autre-
ment dit « villageois, paysan •. a la difference d' urbanus 150 . Aux premiers
siecles de notre ere on remarque toutefois l'opposition paganus « habitant de
la campagne et en general ci,·il • - mifrs « soldat » 151 . En tant qu'habitant
de l'unite administrative ditc pagus, un paganus differait fondamentalement
du soldat faisant partic de l'armee, <lu fonctionnaire d'Etat, ainsi que de
l'adepte de la religion chreticnne, ce-dernicr appartenant a la militia Christi;
sous cc rapport, le militant chretien s'opposait au villageois ( paganus) qui
n'cmbrassait pas la nouvelle foi 152 . Par ailleurs, lcs representants de l'an-
tique religion romaine s'organisaient cn colleges distincts, appeles collegia
paganorum, pour entretcnir le culte <les Lares et <les empereurs. Ces pagani
entrerent cn conflit a\·cc les chretiens et donnerent ainsi pretexte a l'appa-
rition d'une opposition net te cntn: Ies termcs P1zga111ts et christianus 153 •
Le \·ocable paganus au sens de <i ci,·il, non-militaire ·» a persiste dans la le-
gislation imperiale pendant longtemps apres a\·oir pris l'acception religieu-
se de « paien » ct elle est pasL·e ensuite dans la litterature byzantine. C'est
ainsi que, cn grec, 1.rJ._yct.'11.Jc; a acquis a\·ec le temps deux sens: 1. «civil,
en opposition avec militai re•; 2. « paien, en opposition avec chretien ».Dans
le sens de « paien •. 7'XY'.l."6c; avait pour concurents "Ei.A°1)'1, rpoc·txoc; et ~3-vL:v.lc;;
en revanche, le meme mot dans le sl'ns de <( ci\·il, nonmilitaire s'est „
developpe librement et est arrive a une grande extension. Avec son sens ini-
tial de <(unite administrative•. itcXY'JC: est atteste frequemment dans Ies papyri
grecs du llI 0 au Vl 0 siecle, avec ses composes -:i:U.·rx?X.'Jc;, ;rocyocpz[oc, mxyocpzw,
mxycX.p:z:IJc; et 7:7."f:X.Pf.Lx.6c; lM. Cl' sens <lcvait perdre sans cesse du terrain, au
fur ct a mesure que l'administratJon civile Sl' militarisait au COUfS du VIie
siecle , car apres la fondation des themes byzantins la fonction de pagarque
s'cst fondue dans celle de commandant rnilitaire d'un m:l.yoc; 155 • 11 est interes-
sant de remarquer que le copiste du manuscrit A du Strategicon de Mauricius,
au Xl 0 siecle, ne saisissait plus assez correctement le sens de ce terme et

U&bls Thcoph. Ant<>ccss. i. 3. 66.


m Daniel Stylites (I'an 49i), An. Boll. 32, 1913, p. 175; No-1. L. praef. (l'an 537); Chro11.
Pasc11. 566, 5: 592, 18; Geor!-:". Kedr. 678, 7.
1
~° CIL, 3, 13750 47 : wm ini11ria et co11tumelia pag,1110rum co111it(it11r), l'an 186, Cherso-
nesus Taurica.
161
Tacitus, Hist. 1, 53: inter paga11os corruptior 111iles; Plin. Epist. 10, 86B (18): et mili-
tcs et pagani. Veget. 2, 23: Si doctrina ccsset annorr11n, nihil paganus distal a 111ilite; J. Zeiller,
Pagan11s. Etude de terminologie historiq1tl', FriLourg-Paris, 1917; B. Altaner, Paganus. Eine
bedeut11ngsgeschichtliche Untcrsuclmng, o Zeitschrift fiir Kirchengcschichte », 1939, p. 130-111.
152
M. Rollin, Remarques sur le terme paganus, o Dullctin de la Societe Nationale des Anti-
quaires de France•, 1950- 1951, p. i0-41; Chr. !\fohrmann, E11core w1e Jais PB!IBDUS, o Vigiliae
Christianae », 6, 1952, p. 109- 121.
153
E. Bickel, Pagani. K1iseranbeter in den Larc11kappellcn der pagi 11rba11i, oRheinisches
Muscum fiir Philologie o 97, 1954, p. 1-47.
154
Preisigke-Kiessling, W ărterbucli, t. 3, p. 139; t. 4, p. 207 et 378.
551
III. Gelzer, Studien zur byzantinisc11en Verwalt1mg Âgypten, Leipzig, 1909, p. 97:
a Die Pagarchie ist also ·1ereinigt mit milită.rischem Kommando t.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 363

qu'il s'est cru oblige d'y ajouter une glose maladroite: we, 1.ocyocv6e, ~ToL
cr-:poc7LW:-"I); J..Vi·oe, ;rocpoc8o3 ·~cre:-rocL « ii sera livre comme ;cocyocv6; ou simple
soldat».
Par contre, le sens de <(civil», ne au ne siecle, s'est developpe libre-
ment, acquerant aussi Ies sens de <( homme du commun » (en opposition avec
« noble »), ou de <( personne prin~e » (en opposition avec <( fonctionnaire d'E-
tat »). Les vetements portes dans le prive par le fonctionnaire d'Etat ou le
pretre, ,·etements designes sous le nom de ;:'Y.'(':J..'JJ.., devaient etre enleves lors-
que la personne respective exen;ait sa fonction en tant que tel. Aussi l'acte
de devetir quelqu'un de son costume officiel en le fon;ant a reprendre ses
habits civils a pris le nom de 1.c;:yoc'J(.,0'J, terme qm se tra<luit en langage mo-
derne par <( destituer » 156 • On appelait egalemrnt -::'Y.yxv·)~ le dignitaire sans
fonction ou bien le fonctionnaire sans titre 157 • Cet aspect des realites montre
le caractere avant tout militariste de l'Etat byzantin. L'adjectif T.':1..(0C'nxoe,
s'opposait a Y..OCG't'p·~GLOC, ( casir€1lsis) et }'adverbe ;rocyoc'JL>~c':'>e, etait employe
en opposition avec G7pocnw7LY.0)e,. Pour fairc une distinction entre le sens
de <( civil, non noble et prive » pris par -:-:.ocy".'J6e, et le sens de <c pa!en » corres-
pondant au latin paganus, Anne Comnene utilisait ce terme en changeant
son accent: 1rr:1..ycboe, 158 . Nous ne saurions <lire dans quelle mesure il s'agit d'une
realite contemporaine, d'une influence docte ou d'un itali~nisme.

Ree1·utement et equipement de l'armee

:::.67. Le n:crutt:mrnt et l'rntretirn d'tme armee deprndaient des res-


sources du tresar publique: aerarium, un derive d'aes, aeris <c cuivre, bron-
ze ». Le grec classique employait en ce sens &"l)cr':l..up6e, et 7ocµc:fov. La premiere
attestation de oclpocpLO'J se trouve dans Ies sources grecques du n° siecle 159 •
Les monnaies de bronze, d'argent ou d'or etaient gardees dans des bourses
ou des sacs, d'ou la diffusion rapide et generale du terme sacws et de sa
famille ( sacculus, saccellus, saccellarius, sacccllare et saccclio j. Passes du
latin en grec, Ies termes c;ocxc:J..J..z, crocxtA.l."fl, crocxt/,J..Lov et crocxouJ..Lov signifi-
aient autant la caisse de l'Etat que celle d'une unite administrative moins
importante, par exemple, celle d'une legion ou d'un diocese. Au IVe siecle,
Gregoire de Naziance faisait allusion au peche de <( l'adoration du tresar &
(;rpocrxwc:î:v -ro crocxtJ..J..Lov) 160 . Le dictionnaire d'Hesychios renferme une
indicat ion precise: (JCI.. xt/,")..oc 07tOU •o z.pucr LOV "r t.&zcrL crocxt/,J..Lov oµo L(oC,. Dans
Ies papyri du VIIl 0 siecle, crocxfi·,/vx a le sens de« tresar, tresar de l'Etat »161 .
Un traite de strategie du xe siecle disait que Ies soldats recevaient leur solde
en numeraire du c0txtl.J.L(.,'1 162 • 11 existait trois grandes c;ocxEÂAocL la banque

i& 5 Leon, Tact., ed. Vari, p. 7~0. 2-4; Ioann. Skylitz. continuai.us, ed. E. Th. Tsolakis,
Thessalonique, 1968, p. 17: 7tOÂi.ol..::; y ...:p cxe:i:'>lo::; r.a:~·a:\·c:.icra: ci86~oup l~ iv86~ov xcd ii-Tlµo1)::;
e~ iv·dµwv cl7tE~EL~e:v.
1 '- 7 R. Guilland, RcclnHhes rnr l1s 11Js/ituticns ly:antines, Berlin, 1967, t. 1 p. 155.
158 Anne Comnene, Alex. 12, 1, 2: U, 12, 2.

H9 Dionis Chryrnstomi Oţua, eci. ,\. Rei~ke, Leipzig, 1898, fig. 57, 71.
160 Pg 32, 70.5 B.

IH Preisigke-Kiessling, W 0rftrl11ch, t. 2, col. 22.5.

HZ Leontis VI Sapientis Probltmata, ed. A. Dain, Paris, 1935, II, 8: €1.!Xµpa:'>lov


voµ(crµa:-i:a: v7tep µi.cr.flu &.r.o "rou oa:xe:Â/.lou.

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364 H. )lihăescu

centrale de l'Etat ou caisse de depots de toute sorte (~:t:cn),L><"~ crocxe),J.oc), la


cassette du patriarche (·~ r:oc-rpLocp)'..Lx·~ crocx.€),h) et l'argent de la ville {'ro
Gocx.u),Lov -r1j.:; itoÂ;:w;) 163 . Le mot a conserve son sens initial, qu'on retrouve
aussi dans le dictionnaire de Suidas (crocxei.ÂLov = µocpcroumov); il a ete uti-
lise dans cette acceptlon par Ies chroniques medievales byzantines sous Ies
formes crocxe/.Mo'1, crocyx€/,/,Lov et r,ocyxvuÂL0·1, mais c'est seulement cette
dernicre qui a survecu en neo-grec (crocx.xr,:::;),L «sac, besace •. crocx.ou/.Loc~w « je
remplis mon sac, j'cnsache, j'empoche, j'embourse »). Le prepose a un crocx€i.-
i.Lov, G::t.Y.EÎ.Î.1) OU crxx.€),J.oc etait le crocx;:),iA.pLv; OU (_, croc x:::).),(o'll «le treso-
rier &. Le grand crocxc:/.Î.tX.pLv.:; de l'Etat depcn<lait directement de l'empe-
reur; celui du Patriarcat portait un titre identique, mais il avait aussi d'au-
tres obligations, a savoir: il administrait le tresor ecclesiastique, surveillait
Ies monasteres et maintenait la discipline spirituelle. Outre Ies sens susmen-
tionnes, saccus et certains de ses derives, diff uses par Ies commerc;ants et le
personnel des finances publiques, ont trouve une application dans !'industrie
domestique, par exemple: saccus « sorte de panier ou de crible en osier dans
lequcl O!l passait lP. vin pour le clarifier •· saccare <~ f iltrer •. bisaccium « be-
sace •. A saccare correspondait <lans Ies sources byzantines crocxd,J.t~c:Lv 164,
dont on pcut induirc l'existencc d'un latin * sacccllarc, mot atteste en Occi-
dent. Les substantifs crocxc:)J,Laµ6; et crocxo:i.i.Lr,:-·~pw1 avaient des sens iden-
tiques ou proches du grec ·i;S.i.L:,.:; <• passoirc, crible ». On peut en deduire que
le terme a eu son point de depart cn Orient, dans une languc semite; de lă.,
il aurait passe cn grec, du grec en latin et du latin, de nouvcau, en grec par
le truchement de quelqucs derin~s dans le cadre de l'unite de l'Empire ro-
main et, plus tard, de l'Empire byzantin.
268. L'argent et Ies dfcts de commerce pouvaient egalement etre con-
serves dans des boîtes nommees arcae ( ipx:u). Le terme apparaît frequem-
ment dans Ies inscriptions avec le sens de <• cercucil, tombe » 165 : il a sun•ecu
en neo-grec, en Crete 166 . Les <lerives arcarius (i;:.x.:r.p[r.i;) <•fabricant de boî-
tes, caissier, tresoricr » et ipxocpLx.6; «de tresorier & sont attestes couram-
ment dans Ies papyri et Ies traites de strategic. Le diminutif arcula ou arcla
(ipx.i.x) avait le sens de «boite, caisse, chaumiere, sarcophage, bureau •. Les
secretaires charges de la consen"ation des archives dans certaines boîtes ou
armoircs portaient le nom de vo:-ocpLoL ou x_ocp-rouJ.ocpLoL -rw'1 ocpx.J.wv. Chez
le poete Theodore Prodromos, au XIF siecle, apparaît aussi le diminutif a
suffixe slave cl.pxi.[:-~oc 167 . Le derive ocpx/.t0'1, qui n'est pas atteste par Ies
sources antiques et medievales, a sun•ecu dans Ies parlers grecs d'Italie meri-
dionale 168 • Isolement on rencontre chez Iulius Africanus, au Ilic siecle, le
terme ipx.).ocpt:r. avec Ies sens mentionnes pour &px/,:r. 169.

183 Theophan. Cont. p. 377, 11; 691, 1.3; 757, 13; Theud. Balsam. PG 138 col. 1040 D:
cr::t1<0uhov '..: -;-cr.-:.:n:xpx.~x. ;, crxx:fJ-),ij, 2c moi tie du xne siccle; J. Darrouzes, Recherches SllY les
ltiq>lx:~::r; de l'Eglise by:antine, Paris, 1970, p. 62.
lGi loannis Tzetzae Historiae cd. l'. A. 1\:1. Leune, Napoli, 1968, livre XIII, 425: TO
crxx:•).[cr;x~ T~ cr.'°•'t"O x::xt E:x.zxfl-ii?::tt oIJrw.
185 IG, XIV, 2325, 2327, 2328, 2334, etc.

18 8 N. Andriotis, Lexikon, p. l.J3, no 1163.

187 Prodr., IV, 31 = Legrand, Bibi. Gr. l'ulg., l.

18s G. Roh!fs, LGII 55.

18J PG, 10, col. 100 A E:11 Tcr.~; IYpx)cr.p(cr.t:; •.•

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La litterature byzantine, sourcc de con•aissance du latin vulgaire 365

D' argentum « argent, argenterie, objet d'argent » :sont nes Ies 'derives
argentare, argentosits et argentarius (< relatif a l'argent ou banquier, frappeur
d'argent ». Argentaria ( &p(s'JTocp [oc) signifiait « coffret pour y conserver l'ar-
gent • ou «mine d'argent ».
Le fonctionnaire civil ou militaire charge de conserver des docu-
ments (acta), de faire des comptes et de proceder a des paicments s'appe-
lait actuarius ou actarius (&x.,&2rnc;)_. terme attcste sans interruption jus-
qu'a la chute de l'Empire byzantin. A l'occasion d'evenements importants,
Ies soldats recevaient des gratifications en numeraire dites donativa_ (oovoc-
,(~oc), a l'oppose de congiaria « dons faits a des personnes civiles ». A toute
personne engagee dans l'armee on faisait une matricule (matrfrula, matrix)
ou figuraient Ies coordonnees respectives (noms des parents, date et lieu de
naissance, langue maternelle etc.). Les termes designant ce livret ont sur-
vecu dans l'Empire byzantin: µ.OC-rpd;, [J.!:.<"rp b<.Lov et µ~crp (xouA.oc. Le fonc-
tionnaire qui dressait ou conservait ces documents s'appelait µix-:ptxou),ocptoc;.
Avec le temps, le procede se generalisa, passant dans l'administration civile
et ecclesiastique 170.
2ri9. Le substantif roga « distribution d'argent, solde militaire », fre-
quemment atteste dans Ies sources occidentales depuis le Vle siecle, s'est
forme a partir du verbe rogare, exactement comme pugna a partir de pugnare
ou comme, en roumain, rugă« priere »a partir du verbe ruga« prier». Le com-
pose erogare signif iai.t « demander ou solliciter au peuple des moyens financi-
ers pour Ies depenses publiques, payer, depenser, distribuer de l'argent »,
ayant pour parallele le substantif crogatio « depense publique, dishibution
de vivres faite au depens du tresor d' Etat ». Entre de bonne heure dans la
langue grecque, le mot p6yrx a eu un destin exceptionnel dans la litterature
byzantine, ou on le retrouve dans toutes sortes de sources, y compris Ies
sources ecclesiastiques. On entendait par la «la paye en numeraire des trou-
pes, recompense, liberalite, remuneration pour une prestation de travail,
salaire ». Les expressions p6yrxv oto6·Jcx.t « recompenser » et p6yoc'' A.ocµ~ocvzt'J
« etre recompense» circulaient couramment dans l'Empire byzantin. Tout
fonctionnaire d'Etat recevait un salaire (p6yoc) ou plusieurs salaires, car il
a.vait le droit de cumuler Ies titres 171 . Le verbe poysust'J, frequemment at-
teste aussi, signifiait « payer, recompenser, distribuer de l'argent, faire l'au-
mone ». Le salaire etait appele b poysu6µ;;'Joc; ou b poysµevoc; 172 . Le terme a
survecu en neo-gec: poy(occrµx « paiement, solde, salaire », poytoc~w et pouyt-
oc~ouµ~ « je paye » (Chypre et Crete), poytocaµ!X « paiement du travail
preste par le berger » (Epire) et rogeggo-poysuw (dans le district de Bova, en
!talie meridionale) 173 . 'Pwycl.:rwp etait celui qui reclamait une solde, ou bien
le militaire paye (6 poyoc7wp a-;pocTLW1'"1)c;) 174 . Cette vitalite implique un elar-

170
No·r. 13, 5, µoc·q:irx&pwL; Photius, PG, 10 I, col. 528 A µnpLxouMpLo::; = xnocA6yov
<put.oc;; Theod. Balsam. PG, 138, eol. 400 D: µoc-:p [xLoc -~youv chcoypoccpocl -r&v 8w;ipe:p6v-rwv
-rocî::; hi,"IJO"LocL::;.
171 Paul Lemerle, « Roga » et rente d'Etat aux xe - XJe sieclcs, « Revue des etudes byzan·

tines » 25, 1967, p. 77 - 100.


172
Leontios Machairas, Chronique de Chypre, ed. Miller-Sathas, Paris, 1882, p. 340.
173 N. Andriotis, Lexikon, p. 310; Rohlfs, LGII, p. 440.
174
Pseudo-Kodinos, Traiti des Offices. lntroduction, texte et traduction par Jean Ver-
peaux, Paris, 1966, p. 251, 14 (vers 1380); Cronaca dei Tocea di Cefalonia, ed. G. Schir6, Rome,
1977, Ies vers 201 et 825, ecrits dans l'intervalle 1412-1425.

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366 H. :\lihaescu

gisssement precoce du sens. En effet, on rencontre au VIF siecle la forme


~zcrLi.Lzz~ p6yz~. 175, dans l'acception de « dons imperiaux destines ~la popu-
Iation civile». Chez Leontios de ~eapolis (vers l'an 650) ?0y:::·):::~·1 a le sens
de « distribuer des aum6nes » 1i6; chez Constantin Porphyrogenete, Ies ter-
mes F-0 1 z, 60y:::u:::~·1 avaient depasse Ies limitcs de l'activite militaire et pris
I' accept ion 'generale de « paiemcnt, salaire, recompense, distribution de pre_
sents ». Le dewloppemcnt des derives conune poy::l.7(·.ip, pr,yc/..70:;, pc.yzu:::Lv
ri.;;l·r:::·;7',:;, p0·r:::µLf'j'·~h:; <1 stipcndarius & est encore une preuve de la popula-•
rite du ternw de base.
PLndant Ic Bas-Empire romain, le militaire ne rece\·ait qut: la moitie
de ses droits de salairc, l'autre moitie etait deposee ad depositmn, c'est-a-dire
a la <1 caissc de consen-ation 1>, qui devait lui restituer ce dep6t au moment
de sa liberation. 11 est interessant de notcr quc, seule entre toutes Ies langues
romanes, le roumain a herite de cc tern1c (ad dcpositum >adăpost « abri »).
ce qui denote la preponderance de l'elemcnt militairc dans le Sud-Est de
l'Europe. Le latin dcpositum a penetre dans la langue grecque au ne s1ecle,
etant 110tC par lcs \"arÎantcs .);:;:-;r'.,f'j'~7r,·1 et ~·r,:-.:0f'j'L70"J lii .
.-\ part la solde courantc cn numerairc, nommce rog a (?6·t:t.), chaque
militaire rL'CC\'aÎt aussi llile Îndemnisation l'l1 aliments, cereales, vin, etc.
(im11011a). Son nom, deri\·c du substantif amrns <1 an, annee 1> signifiait au
debut <1 recolte ou ravitaillement cn ble d'une annee 11. Le verbe an11011are
pcut SL' traduire par <1 nourrir ». Le mot â'.·1·1C:.,·1:1. ou '3.·1•1r>r.1.. a tteste par Ies
sources grecques a partir du IF siecle, pcrsiskra jusqu'a la chutc de Constan-
tinople et, dans certaines regions du nord de la Grece, il se maintiendra jus-
qu'a nos jours, dans la sphL·rc militaire, ains1 quc dans celle de l'administra-
tion civile et ccclesiastiquc 178 . Puis, sur le terrain du grec parurent Ies de-
ri\·es ri.·nw"H7.x6:;, i·r1w·1Lr.0:; ct Z'l'IW'J::1kc&:H (I etre recompense, rece\·oir
une ration alimcntaire • 1 i 9 • La ration d'unc joumee, nommee diarium
(otrf..p~r,';). se trotl\"C' attcstfr chcz Kyrillos de Skythopolis (en l'an 556) l80,
de menw que par un1.· inscription de la scconde moitie du \'II" sieclc 18 1 et
d~Jb plusiL·urs parlers neo-grccs du Pont (y compris le deri\·e '~~7.? L~ZL'J (( dis-
tnbuer » 182 .

:!iO. Quand un ci,·i] cntrc dans l'annec, il faut tout d'abord l'habiller
et l'~quiper. Le costumt' ci\'il d le costume militaire etaient sujets aux fluc-
tuahons: cn passant facilemcnt d'un peuple a l'autre. Pour desirrner les diffe-
rentcs ~1eces du c?stume, I:s Romains usaient de termes d'ori~ine celtique,
germamque ou. onentale. :'.\ombrc de ces vocables allaient etre empruntes
~ar les Byzant.1,ns, pour p~sser ensuite dans certains idiomes du Sud-Est de
1 Europe. La p1ece la plus importante de l'habillemc ~ ilitaire etait la cami-
17
~ Chro11. Pasclr., p. 706, 10.
176
Lenna.rt Rrden, r;as L,turn.dcs lrcilr°f:,rn N,a„na t•r.1, Leontios t•on .\"capolis, Stockholm,
1963, .P· H.6. 9; T,p..,:t7o 7tlXVTIX Fore:•Je:Lv ":'Oti; ixvDpw1t0t;; p. 146, li: 7oîi; crwetoe:Arpo~ xcxl -:-oîi;
T

AOL7tOLi; ·r,'J Fr,ye:ucrix;. „


Preisigke-Kiessling, t. i, p. 506; Theod. Balsam., PG, 138, col. 1332 TOV ~)'.OVTCX
177
"' ,
oe:l't'OO"L-:ov (l'an 1190). ·
178
N. Andriotis, Lcxik('11, p. Iii n° 688.
179
Preisigke-Kiessling, t. i suppi., p. 391 (l\"e siecle) · Const. Porph. De cerim 1 86
16
181
° Cf. l'edition d'Edouard Schwartz, Leipzig, 1939, p.' 90, 2i. ' · • ·
IG, X, 2, n° 2i, li (l'an 6.88).
162
K ..\ndriotis, Lexiko11, p. 207, no 1839.

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La litteraturc byzantine, source de connaissancc du latin vulgaire 367

sia {x.cq.1.f.GLOV), mot de provenance Înconnue atteste en grec a partÎr du ve


siecle. 11 comporte deux variantes: xcxµ [crL ,, 183 et x.ocµo(O'oc; ou xcl..[.1.et.crov 184 ;
en latin, il faut supposer egalement l'existence de deux variantes ( camisia,
camisia), a en juger d'apres ses descendants romans: r. căme( a)şă ou cămaşă,
vegl. kamaisa, frioul. kameze, a l'oppose de l'it. camice et de l'a. fr. chain-
se 185 . Dans Ies sources byzantines, Ies variantes avec et. sont xocµcxcroc;,
x&.µ:xcrov et xo:µoccrLo'J 186 , ccpendant que celles avec L sont plus nombreuses:
xcq1.~1nov (tres frequente), i'.moxocµwr,v 187 , chtoxo.µ.Lcrov 188 , r.c.x.cf.µ.Lcrov ou
7tOUXOC(.LLGCiV !s9 ou {r,--:oxet.µ.L::;l~pC( WJV 190 et OLO"l)poxocµLcrov 191 . En neo-grec ont
sun·ecu seulement Ies variantes avec L: ;roul<ifµ.Lco partout, xciµvrn en
Crete rn 2 et xcxµ.[rav dans le dialecte pontique 193 . C'est ainsi qu'on rcleve
dans l'c:euvre de Ioannes Kitros (XIIF siecle) le derive xC{µ.Lcrcicoc;« employe
inferieur, domestique patriarcal » 194 • qui implique l' existence prealable d'un
latin *camisatus, non atteste jusqu'a present.
Le terme bracae, -amm ou braces, -uni <( braies », d'origine celtique,
s'est repandu au loin, en particulier chez Ies militaires, y compris Ies derives
b1·acarius, bracatus, *imbracare et Ies descendants romans, ainsi que bracile
<1 ceinture de moine ou de femme ». L'existence prealable d'un derive *bra-
cella, non atteste en Occident, peut se deduire de la forme grecque ~pcxxEAAcx,
presente dans Ies papyri de l'Egypte 195 . Dans la litterature byzantine on
rencontre ~pcf.x.Ct., ppC{:.dov, ~pet.x.ocpLoc; 196 , ~pet.xcixL, ~pet.xo~w,n, ~pcrnoAoupL 197
et s-:;G:<oup~r.iu~pet.x.et. 198 . Le lexique d'Hesychios, qui remonte au V 0 ou au
vre siecle, note le mot avec consonne geminee: ~pcf.xx"'L et.'lywH âLcp3-€pcH
ncxpci :.d:),·rn.Lc;. La forme &rrCf.'Jw~pcX.:<L ou TICf.'JW~pocxL a donne en turc pane-
vrek ou benevrek et en roumain bernevcci <( pantalons paysans de laine blan-
chc »199 .
Pour le vetement plus epais, destine a proteger le corps contre le froid,
il y avait plusieurs termes: abolla <( manteau de laine grossiere », caracalla
ou caracallis « sorte de vetement sans manches et a capuchon », sagum ((sa-
yon », sortc de manteau en laine grossiere, et gunna « peau, fourrure ll. Le
premier etait d'origine sicilienne, Ies deux autrcs de provenance celtique et
le dernier d'origine asiatique. Le terme abolla est reste isole et n'apparaît
pas dans Ies textes byzantins. On retrouve xcxpa:xci),),Cf. dans l'edit de Diode-
3
H Ioann. Mosch., PG, 86, col. 2917 C et 3064 B (Vle sieclc); Meinersmann, p. 62.
184
Greg. Theol., PG, 37, col. 393; loann. Zonarae Lexikon, ed. I.A.H. Tittmann, Leip-
zig, 1808, p. 1150.
185 W. l\Ieyer-Liibke, REW, n° 1550.
186 Ioann . .Mosch„ PG, 87, col. 2988 B.
187 Theod. Stud„ PG, 99. col. 1728A.
188 Chez Leontios Machairas ele Chypre au xve siecle.
189
'O Ilou),oA6yo::;. ed. St. Krawczynski, Berlin, 1960, lcs vers 122 et 137.
190 Theod. Prodr. I, 41 = Bybl. Gr. Vulg„ I.
191
Miracula Sancti Georgii, ed. J.B. Althauser, Leipzig, 1913, p. 11, 5.
192 «I>. KouxouAE:, op. cit. t. 6, p. 279.
193
N. Andriotis, Lcxikon, p. 293, n° 3012.
194
J. Darrouzes, p. 175 et 539.
ins Meinersmann, p. 12.
198
L. Hauton, Lexique explicatif du rccucil des inscriptions grecqzres chrtfticnnes d' A sie
J'.1ineure, Byz. 4, 1927-1928, p. 70-71.
197 Em. Kriaras, Ae:~ix6, t. 4, p. 184- 185.
198
Actes de Xiropotamou, ed. J. Bompaire, Paris, 1964, n° 9 A 36, 9 B 54.
199
Ch. Symeonidis, Der Vokalismus der griechischen Lelmworfrr im Turkischen, Thessa-
lonique, 1976, p. 45.

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368 H. :'.\lihăcscu

tien (lile siecle) 200, r.;:1..c':J. r..r:1..1.1.tov dans H istoria Lausiaca de Palladius (de-
but du yc siecle 201. Ei{ revanche, yo~·rn, atteste tres frequemment dans
les papyri, Ies inscriptions et Ies documents tout au Iong de l'histoire byzan-
tine, a survecu jusque dans le neo-grec. De sagum ou sagus <( sayon, manteau
de soldat », sont nes Ies derin?s sagarius, sagatus, sagulum, sagularis et sa-
aularius. En grec, on rencontre crocyv1 au lile siecle 2" 2 , crocyo; au ve siecie 203
~t voc·rto'1 presque sans interruption, autant chez Ies militaires que chez Ies
ci,·ils 204. Le terme a SUffeCU cn neo-grec: G':J.."{L'J (Chios), v':J..ytoc (Chypre) et
voc·;v..µz dans le dialecte tsakonien 20 ".

271. Le mot latin 111,~11icac <( manches, manchettes » a penetre en grec


sous Ies formes µ-:btz:::; 206 et [.Li·1t;c1.L 207 , d'ou est ne ensuite le diminutif
µ:1.'1txL7., atteste tout le tcmps et consen·e cn neo-grec 208 • Le compose :z:::Lpo-
µrbtxz chez Mauricius (I, 2, remplace dans le manuscrit A par z.:::Lp6 ·i:::l,/..rt)
est explique comme suit dans Ic traite de strategie attribue a Leon le Sage
'
(6 , 3) : zsL;..r,µocvLZ7., -:"' -/.S"('Jµ:'l':J..
' '• · "fi,, f..SLpO' '-(SJ./.7..
[.L':J..'JL'/..E:r,/.7. ' - - L' au t CUr d U tCX t e
cite affirmc quc Ic terme [.L7.'1t~di./.tc,·1 etait populaire: z:::L;;r'.. ·~:::iJ.':J.. ... -:oc
'
[.L:'I ;:zt' ;J.'Z'IL'/..E/./.'.(
'- • ";77.?Gt' -:r,"J- ;;;1.-,,..,.;u.;
• ' n. -. • -
Y.'7..F.l.','J'J7':J..L "OU
- ~
• ~a <l"1f f us1on
. s ' es t pro-
bablem< nt produite par l'entrcmise des militaires. La fonnc byzantine [.L7.VL-
zzi.i.7. implique l'existcnce cn latin d'un diminutif *111a11ia/la, non atteste
jusqu'ici, m<iis cxige par dcux mots romans: fr. ma11cdtc <( Kummenhalter
am Pfcrdegcschirr » ct waadtlandois mâsala (( Haken zur Verbindung von
Schlittcn und Dl'ichsd I). Par consequent, I' exemple byzantin µ:1.'nr..tl,i.7.
pourrait nous autoriser a cffacer l'astfrisquc qui accompagne le mot *mani-
at/a dans le dictionnaire l'.·tymologiquc de \V. ~Ieyer-Liibke 210 .
Par lcs troupes d'origine germanique s'est rcpandu le ,·etement nom-
me armilau.sa ou armilausi,1, quc l'on portait generalement sous la cuirasse,
une sorte de sou brcYestc que portait aussi le personnel du palais imperial
au xe sieclc (7.pµ:::i.7.U'7L7.) 211 . Cette piece rcsscmblait a la jupe de prove-
nancc aralll' atte~tfr par Ies sourccs byzantines (~r~·'.1;;:7.) et occi<lL·ntales ( ::.up-
pa), mais repanduc a peine apres le \'II" siecle par la ,·oic du commerce.
Au commenccment du \'II" siecle, Ies mots d'originc latine ou Yehi-
culcs par k latin ct qui appartiL·nncnt au domaine wstimcntaire ou a l'equi-
peml'l1t militairc dans Ic .-,·1rategico11 <le ~fauricius sont: :ip1.Lsi.:z ·)crt'Y.. ( armi-
lausi,1), i~±-:~:1. ou f~[-:~7. (1:itca), ·rr,v•Jxi.ocpLr..·1 ( gen11cul11m + yl'1u +-ari-
um), yo';jn (gwma), ~oc~fa (zaba), ~r;·):-:v: (zuppa), ~w·1ocpLov (~C:.ni + -arium)„
~wcr-:ocpL0•1 ( zostari11 m) zoc:-::-: 7. (cap pa), xoccrcr L; ( cassis), :r.$•1-:r,u-x/..ov ( cen-
tuculus), xLALxLov ( cilicium), J..wr- (0•1 (lorum), poccrov ( rasmn), u7."( i.ov
(sagum), c;xoc:-:/..(rJv, (scapulac), cr-:o•Jdo·1, (stuppa), -:ou(ţ(ov (tuja) et "J.SL-

2oo Edict. Diod., G 17, 80 et 95 (CIL III).


201 PG, Ji, col. 1225 C.
202 IG, YII, 27..
203
Hicroc!is et Philagrii grammaticorum <l>LAoytl.w;, ed. J. F. Doissonacle, Paris, 18-48.
p. 31.
204 Const. Porph., Adm. 13, ii.
205 N ...\ndriotis, Lexiko11, p. -485, n° 5282.
206 C. Wessely, WSt, 2i, 1902, p. 138.
207
Ioannis Lydi De mag., ed. R. ""uensch, p. 21, 22.
2os G. Rohlfs, LGII, p. 315.
209 Syll. Tact., ed. A. Dain, p. JO, 2 (Xe siecle).
210 REW, n° 5302 a. ·
211
:Maur., JH, 22; Const. Porph., De cerim. 2, 80.

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La litterature byzantine, source de connaissance dn latin ·1ulgaire 369

poµcX.vLxc~ (xdp +
manica). Certains d'entre eux etaient empruntes aux
populations occidentales et quclques autres sont venus d'Orient, mais y
ont ete vehicules auparavant par la langue latine qui a constitue un facteur
essentiel d'unification dans Ies limites de l'Empire romain au cours des six
premiers sieclcs de notre ere.

272. Un mot qui a fait une brillante carriere est cappa « chape, cou-
verture, couvrrcle, manteau l), atteste apres le vie siecle avec ses derives
cappella et cappcllus, mais qui a du exister bien auparavant dans une vaste
aire, a en juger par le compose *excapparc « s'echapper de sous couvercle,
s'enfuir, se sam·er », qui a laisse des desccndants dans toutes Ies langues ro-
manes: r. scăpa, it. scappare, fr. echapper, prov., cat., esp., pg. cscapar.
Employe surtout dans Ies cercles militaires et ecclesiastiques, le terme x.&rrr:!X
« manteau a capuchon » est devenu populaire en grec byzantin et a survecu
en neo-grec, d' ou il est passe en albanais ( ka pc), dans le dialecte aroumain
(capa) et en turc ( kepe, kebc). En revanche, x.rx:-:o o~•.o•J « capuchon », men-
tionne vers 1380, est un emprunt d' origine italienne ( cappuccio) 212 .
De quelque part au sud-est de l'Empire, peut-etre des regions habitees
par Ies Illyriens, s'est repandu le terme cucullus <c capuchon », avec ses de-
rives cucullio «petit capuchon », cuculliunculus, cucullatits et *cuculliata
« alouette huppee », qui s'est conserve dans ccrtains descendants romans.
A en juger par deux variantes cucullatus et *cuculliata (cf. cucullio, cucitlliun-
culus) on peut supposer que, a câte de cucullus, il y avait aussi dans la lan-
gue parlee la variante *cucullius ou *cucullium, a partir de laquelle s'est de-
veloppe le mot roumain citcui <c bosse ». A ces formes doubles du latin, corres-
pondaient en grec les formes x.ouxou'AA.ov et xouxou'AA.Lov, la premiere attestee
dans un texte hagiographique de l'an 494 (ospµoxouxou/,A.ov) 213 , dans le
poeme populaire Poulologos datant du debut du XIVe siecle 214 et en neo-
grec, la seconde, courante dans Ies sources medievales pour designer le ca-
puchon monacal, « bonnet noir qui couvrait toute la tete et descendait par
derriere, jusqu'au milieu du dos; il etait retenu par devant au moyen de
deux bandes etroitcs que l'on nouait sous le menton, de fac;on a laisser pendre
leurs extremites sur la poitrine » 21s.
273. La chaussure la plus repandue dans l'armee etait la caliga, avec
ses derives caligula, caligarius « cordonnier » et caligatus. Dans Ies sources
byzantines on retrouve xoc'Alyoc, xoc'ALyoc"t'oc;, xoc'AlyLov (Ies plus frequemment),
xoc'ALyouv, xoc'A~ywµ~ncx et xocA.~yw'JWJ « ferrer un cheval » 216 : ces exemples
sont une preuve de continuite dans le domaine de l'art militaire. L'une des
portes de Constantinople se nommait Koc'ALyocpLoc (aujourd'hui Egrikap1),
d'apres une manufacture de chaussures militaires situee dans les alentours 217 •
En latin, les termes Ies plus populaires pour la notion de chaussure
etaient calceus et calceamentum. A partir d'un hypothetique latin vulgaire
*calcea se sont developpes Ies descendants romans: it. calza, a. fr. chausse,

212 Pseudo-Kodinos, ed. ]. Verpeaux, p. 236, 9 et 28.


213 Daniel Stylites, ed. H. Delahaye, An. Boll. 32, 1913, p. 143, 144 et 170.
214 D'apres l'cdition de D. Krawczynski, le vers 475.
215 L. Petit, Le monastere de Notre-Dame-dePitie, IRAIK, 6, 1900, p. 109.
216 Digenis Akrites, ed. E. Trapp, Z 307 et 1800.
211 R. ]anin, op. cit., p. 265.

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370 H. ~Iih:icscu

esp. calza pg. cal~·a « chaussette ». La forme latine vulgaire *calcea avait pour
correspondant en grec byzantin zcf..i."r~J.. (pl XOCÎ:,~xL), forme attestee a partir
du xne siecle 218, sans qu'on puisse preciser s'il s'agit d'un heritage du latin
ou d'un emprunt plus recent de l'italien.
Le mot campag11s <1 sortc de chaussure ou brodequin militaire • s'est
specialise aYCc le temp:; ct est arrive a designer uniqucment la chaussure en
pourpre des cmpereu~-s ~1yz~ntins (x,y.-;:~"'(~_Ct.). 9D:i « jusgu'a la fin de l'eml?i~e
reste un des signcs d1stmct1fs de la d1gmte imperiale, meme e11 dehors des cere-
monies • 219 •
27-'.. L'equipcmcnt <lu militairc comprenait necessaircment, awc diffe-
rcnts emplois, la courroic ou la lanierc de cuir connue cn latin sous le nom
de lornm, ayant l(s sens sccon<laircs de « rencs laissc, fouet,ccinturc I). Le
terme apparaît sous la forme du masculin foms au ier siecle chez Petrone
(57, 8) et au ne sieclc dans le roman d'Apulee {3, 14). Lorarius etait le fa-
bricant dL: fora, ou bien l'csclave charge d'infliger le châtiment du fouct.
L'adjcctif lor,1tus « lic par des courroies » suppose l'cxistence prealablc d'un
verbe *forare, non attcste. Le:-; clerives larea <(de courroie », *foramen et lora-
mc11tum <1 lien de courroies » etaicnt populaircs et ont survecu dans certaines
langues romancs. Par Ies milit~-.ires, le mot a penetre de bonne heure en grec,
ou l'on releve la forme neutre (/.c71p0•1) :!:!O autant que la forme masculine
(i.c7'?'-'~) 221 . Cctte dcrniere etait plus repandue et indique la tendance du
neutre a disparaitre de la langue latine de basse epoque. Cependant, on ren-
contre bien plus frequemment lcs variantes i.w?[0•1 et ),'JupLO'J, a partir de
celle-ci s'est forme le verbe i,01;pL~<:Lv (• fouctter e, atteste au Vl siecle 222. 0

Le mot pouvait entrer dans des composes, comme ).c.1p6ur„x:x.r,·1 « sorte de


lasso de cuir pour la sclle » 223 , i.wp0-:-0µ:r·1 <1 tailler dans le cuir, couvrir de
cuir I) 224 ct i.wp0-:-6w,~ <(gui taille du cuir, ouvrier en cuir 1>. 11 a survecu sous
differentes formcs dans les parlers neo-grecs: i.oijpr,~, i,oup[, ~·Jyr,/..c71pov ou
~·Jyr,Aw;m <( cuir de joug t (Pont) et i.wp[-:-~~-, <1 petite courroie » (Pont) 225 .
Le mot grec ac:ip:x~ de l'epoque classiquc a pour correspondant dans le
latin de basse epoque lorica « cuirasse, corsckt, cottc de mailles i>, avec. ses
deri,·es loriwla, foricart', loricarius, loricatio et loricat1ts. En grec byzantin,
il Y a Î.W;,lX"IJ 228 et bicn plus frequemment Î.W?lX~')J OU Î,r,uplXVi'J, a partir
du lile sieck 227 • De cette demiere forme est ne le verbe Aoup~x~oc~o:cr.S.:t.~ « etre
revetu d'une cotte de mailles • 228 , cependant que i.wpLxoc-ro~ reproduisait
218 M iracula Sa1uti Georgii, ed. ]. B. Althauser, p. 11, 5; Pscudo-Kodinos, ed. J. Vcrpe-
aux, p. 143, 7; 147, 16; 149, 5; 181, 19.
2 19 Ioann. Maial., Clu-011. ed. L. Dindorf, p. 322, 10; Cliro11. Pascli., p. 530, 6; Const. Porph„
De cerim. 1, 91et96; 2, 53 ct 69; L. Brehier, Les institutio11s de l'Empire byzantin, Paris, 1970,
p. 19.
220 Etym . .Magii„ p. 432, 17 7Jvl12: ÂW?IX
2 2 1 Procop., Aed., 1, 1, 68; Theophan. Chron., p. 378, 10; Const. Porph., De cerim., 1, 1;
Etym. Magn., p. 110, 37; 177, 39; 591, 35; Ps. Korlin., 181, 30.
222 Leontios de Neapolis, ed. L. Ryden, p. 156, 14.
22a Maur., 52, 16; Leon, Tact. 6, 10.
224 Sclwlia in Aristophanis Eq11ites, 167; Hesychios, s.v.

m N. Andriotis, Lexikon, p. 362 et 572, no 3846 et 6228.


22
8 B[o~ 0s:o8w;iou, 28 = l\1v·IJµe:h ii:yto/.oyt~OC vuv 7tpw-rov Ex.0~80µ1ba: un:ote:po8ta:x6vou
0e:oip0„01J lwixwou, \'enise, 1884, p. 387; Ecloga privata aucta, dans: Ius Graecoromanum, ed.
C.E. Zachariae von Lingenthal, Leipzig, 1865, t. 4, p. 21.
~ 27 R. Ca-.renaille, ~ Chronique d'Egypte », 26, 1951, n° 52, p. 398.
m Dig. Akr„ E 936 et 1160.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·rulgaire 371

le latin loricatus 229 • 'EmAOU?LXO'J etait un vetement que l'on portait par-des-
sus Ia cotte de mailles 230 ; par z;t•)Aou?tzot on designait en general Ies sol-
dats revetus de cottes de mailles 231 •

275. Une certaine câtte de maillcs s'appelait x/..l.~17.'JO''· Le terme x/..L-


~ocvocp~0c; est atteste dans Ies papyri a partir du ve siecle 232 . :Mais Ies traites
de strategie et la litterature populaire usent plus souvent des termes zr;xvtux-
ÂL~7..VO'-'. r;oc%)xÎ,l.~oc·Jo'' ou cb:tY..'J(o)z/..(~e1.'J(;'' 233 • Toutefois, la forme la plus
frequente etait x/,t~cbt0v. Dans l'epopee Digmis Akrites apparaît le com-
pose zpucrr,z).t~IX'Jcl":Ol 234 , qui implique l'existence Cll latin, a c?te de cliva-
narii, de la forme cli'vanati., non attestee dans Ies sources occ1dentales. Le
tenrie s'est repandu dans le Sud-Est de l'Europe par l'intermediaire de l'ar-
mee.
La situation est a peu pres la meme pour zaba (~oc~oc) « cuirasse », ab-
sent dans Ies sources occidentales anterieures au vne siecle, mais present
dans Ies S ovelles de Justinien 235 , dans la chronique de Malalas 236 , dans Ies
ouvrages de strategie et dans l'hagiographie. Ce vocale fut emprunte quel-
que part en Orient: la langue roumaine (za, pl. zale) l'a herite du latin.
C'est par l'intermediaire de l'armee qu'il est parvenu en neo-grec (~&~o: ou
~oc~toc), d'ou il fut emprunte par l'albanais (za<1e), par le dialecte aroumain
( zavă) et par le turc ( gebe). Le soldat revetu d' une cotte de mailles s' appe-
lait ~tY..~oc-roc; (en latin zabatus = loricatus) 237 : le terme a survecu dans Ies
parlers grecs de Bova, en !talie meridionale, dans le verbe zzavatteggo ou
zzavatteo „je suis constamment occupe 238 • Par ~oc~:::fov ou ~oc~ocpe:'i:o'' on
entendait le lieu de fabrication ou de conservation des cottes de mailles 239.
L'officier ou le dignitaire charge de ces besognes portait le titre de ~oc~ocpzt­
w•"l)c; 240.

276. Du latin ocreae « jambieres », peut-etre suivant le modele de cas-


sis, -idis - )~occrcrl.otoc, est ne le grec oxpl.otr1.., avec le meme sens, atteste une
seule fois dans le traite de strategie de Mauricius du vne siecle 241 • A la cour
imperiale de Constantinople on portait une espece de jambieres nommees
xocµ.r.6-rou~oc (campus « champ, terrain d'exercice ou champ de bataille & +
+tuba, tubus «tube, tuyau ») 242 • L'appellation populaire pour Ies jambieres
dans l'armee etait cependant genucularia « genouilleres &, comme il appert
de la forme grecque (O'IUXOUAOCpLIX, creee par J'etymologie populaire d'apres

~ 29 Leon, Tact. 15, 9 (PG 107, col. 888 D): /.cupLx1houc;; xcd xc.:-:-ixcpprixrou:;.
230 Leon, Tact.6,i;Dig.Akr.,G.1066,E 1162,Z 117l;Ps.Kodin, 159, l; 160,5; 161, 26.
2 3 1 Dig. Akr., E 1212.
232 Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 213; t. 4 suppl., p. 389.
233
Syll. Tact. 39, 1; 'Ei.):IJ'ILXO'I 7tOL1Jµct m:?L ·6j~ µ&:z"IJ~ •i;:; B&:?""IJ:;, ed. Gy. 1'10-
ravcsik, Budapest, 1935, K 177; C 184 (l'an 1456).
234 Dig. Akr„ Z 3175.
235 Nov„ 85, 4 (l'an 539).
236 }.falal., 332, 19 (l'an 570).
237 Maur., 50, 19; 52, 2 et 26; 54, 11; Leon, Tact. 6, 2 et 3.

23e G. Rohlfs, LGII, p. 164.


239 Suidae Lexicon, ed. A. Adler, Leipzig 1928-1931, s.v.; Ioann. Zonar., Lexicon, p.

950-951.
z4o Ioann. Tzetzae, Hist. IV, 477, ed. Leone.
241 Maur., 314, 16: Xp7Jm8(cuv 7J oxpt8lcuv.
24 2 Const. Porph., De cerim. 2, 52-53.

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372 H. ::\fi hăcscu

y6'Ju « genou » et atkstee dans quelques traites de strategie anterieurs au


xe siecle 243 •

Le latin cassis, -idis « casque de metal• est a la base des formes grec-
ques z:i:crn[:;, -(8oc; ct z::i:crdo~o·1: la premiere se rencontre a partir du vre
siecle 244 et a survecu dans le dialecte neo-grec du Pont ( Y.OCG"O" (h) 245 ; la se-
conde apparaît au Yllc ~iede chez Mauricius 246 , puis dans differents trai-
tes de strategie, dans la Chronique de Moree 247 et dans d'autres sources.
L'equipement militaire comprenait obligatoirement un petit vase a
boire, une ecuelle nommce z::i:µE:i.i.:i: ou cpi.ocr;z:i:. Le premier terme, atteste en
latin sous la forme came/la, de proYenance inconnue, a surYecu en espagnol
(gamella), d'ou il est passe dans le frarn;ais (gamclle) et dans l'italien (ga-
mella). En grec, il est enregistre par le dictionnaire de Pollux du IF siecle 248
et par l'historien Georgios Kedrl'nos, au XF siecle 249 • Le second terme etait
d'origine germanique C't a\'ait ete ,·eh icule par le latin; il a survecu dans Ies
langues romanes (it . .fiesca, a. fr. jlasche) ct a passe dans la litteraturc byzan-
tine sous la forme o),a:crxlo•1 C't dans les sources occidentales du vnc siecle
sous la forme jlasca :!so. Les glossairc-s latins ont enregistre aussi la \'ariante
pilasca 251 , qui est a la base du grec moderne 7:Mr;z:i:, comme du bulgare et
du serbocroate ploska. Au Xlle siecle, Ioannes Tzetzes appelait quelqu'un,
par derision, ?l.occrxrJri.:i:, c'est-a-dire «petit tonneau t 252 ; a cette forme, cor-
respond dans Ies sources latines jlasco, -onis 253 , parallelisme et point de de-
part de la forme grecque. Le terme ?ih;zoc a survecu en neo-grec (q>Aoccrx:i:,
<Phcrxt). La terminologie militaire latine, conservee par la litterature byzan-
tine de ce genre, est devenue indispensable.
277. Pour la notion de « tente t, Ies sources byzantines nous offrent
cinq termes d'origine latine. La grande tente, nommee Xu\17(J1J~E:p'HOV (con-
tubemium = con+ taberna « habitation en planches ») pouvait abritcr une
equipe de dix soldats; le terme est atteste par Ies papyri grecs, de meme que
son derive Y.u'J7(;1J~E:O'lci.i.~u:; ou xov-:ougs::.wiovJ:' a part ir du IP siecle 254;
usuci dans Ies trait~s de strategie, il n'~ si'.irY~CU pourtant ni en neo-grec,
ni dans Ies langues romanes. En revanche, -rE:v•oc ou ,E:•18oc (en Occident,
tenta ou tenda, de tendere « etendre o) etait frequent dans Ies textes populai-
res :! 55 , avec des deri\ es comme Te:v•wve:L'I « restcr sous la tente» et E:x-r<::'rr-
wve:w « sortir de la tente» 258 , et il s'est maintenu en neo-grec. Le daco-rou-
main tinda <c wstibule » derive du latin tenda, tandis que l'aroumain tendă

243 Maur., 330, 23; Leon, Pl'Obl. 12, 29.


!U N ov., 85, 4: 7te:;.txe:cp(li.'.:.d(lc; ·~-:-ot Y.(lcrcr(8(lc;; Thcophan. Chron., 319, 17.
245
N. Andriotis, Lexihon, p. 299, n° 3084.
248 Maur., 316, 3; 344, 1; 364, 14.
247
Clrron. :Mor., cd. Schmitt, ·1crs 1157.
248
Po!lncis Lcxico11, Cd. E. Bethc, Leipzig, 1900-1939, livre X, p. 110.
248 Georg. l\:e,Jren., t. 1, p. 297, 14.
250
Ioann. l\losch., PG 88, col. 3029 D; Maur., 88, 11; 172, 9; Leon, Tact., 12, 52 et 123;
13, 12; Clrron. ,1Ior., 8209.
~ 5 1 CGL, t. 5, p. 606, 49.
252
Ioann. Tzctzac Hist., 13, 637.
253
Niermeyer, p. 437.
251
Prcisigke-Kiessling, t. 3, p. 214; t. 4 suppl., p. 389.
255 Dig. Akr., G 66, F 60; Clrron. Toce., 310, 2491, 2821.

2 59 Chron. Mor„ 1771, 3303, 9018 (vers l'annee 1330).

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La litterature byzantine, source de connaissancc du latin 'lulgaire 373

est un emprunt grec de -.bw., -.f:voct.. Le mot latin d'origine celtique attegia
(i hutte, cabane en terre », a persiste sous la forme tegia et a,·ec le meme sens,

dans certains parlers romans. On le rencontre une seule fois dans Ies sources
byzantines, au xe siecle, avec Ies variantes ci:reywx 257 et ci;-;-eysLov 258 . C'est
toujours de Gaule que provenait le mot papilio, -onis « papillon », qui a l'e-
poque imperiale signifiait aussi « tente, pavillon » (a cause de la ressemblance
des rideaux dont elle etait fermee avec Ies ailes d'un papillon) 259 . Dans Ies
sources byzantines, le terme est atteste sous Ies formes populaires ;rtX;ru/..Ewv,
7tll.T.1J),swvoc;, avec le sens de (<tente, pavillon I) a partir du 111° siecle,
dans Ies papyri d'Egypte 260 , chez Procope de Cesaree et Malalas
a.u vie siecle 261 , dans Chronicon Pasc/zale au Vile siecle 262 , chez
Theophanes le Confesseur au IXe siecle 263 , chez Constantin Porphyrogenete
dans le sens de «tente imperiale» 264 , chez Kekaumenos au XII 0 siecle 265 ,
etc. Gustav Meyer etablissait une liaison entre le latin papilionem et le ngr.
7tspr.Epouvct., sans insister sur Ies difficultes d' ordre phonetique de cette de-
rivation 266 • Nicolas Andriotis, dans son dictionnaire etymologique 267 , con-
siderait le mot grec comme d' origine aroumaine, tandis que Tache Papa-
hagi estimait que c'etait le terme aroumain pirpirunâ qui derivait du grec
1.spn-spou·m 268 . Toutefois, compte tenu de la diffusion et de la popularite
du mot latin dans le Sud-Est de l'Europe, il nous semble plus probable que
l'aroumain pirpirună representc un pluricl singularise derive d'un hypo-
thetique latin *papilones.
Le terme xtXµocpov.. «tente», enregistre seulement par Ies strategistes
Mauricius et Leon le Sage 269 , etait probablement un emprunt du latin ca-
merata ou *camarata « toiture voUtee », participe passe du verbe camerare
ou *camarare « construire en voute » 270 • Le mot persiste aujourd'hui encore
dans Ies parlers grecs du sud de l' !talie 211.

Moyens de transport

278. A l'epoque de la migration des peuples, de l'expansion arabe, des


combats pour la defense de l'Empire byzantin et des conquetes effectuees
par Ies tribus germaniques en Europe occidentale, un role decisif dans l'his-
toire des guerres a ete tenu par le cheval. Le terme latin caballus « cheval de

~ 57 Leon, Tact. 5, 9.
258 Const. Porph., De cerim. 671, 17.
259
Ernout-Meillet, p. 480; Y. Martin, « Archi·r fiir Papyrus-Forschung » 9, 1928, p.
218-221.
260
R. Cnenaillc, « Chronique d'Egypte », 26, 1951, n° 52, p. 399.
261
Procop., Bell. II, 21, 3; 1\lalal,. 101, 21; 114, 2; 160, 2; 307, 20; 332, 20; 333, 2.
26 2 Chron. Pasch., 551, 5 et 17.
26 3 Theophan., 220, 24; 322, 9.
264
Const. Porph., De cerim. 413, 1 et 4- 7.
265 Cecaum. Strat., p. 23, 1.
266
Dans Neugr. St. II, SA\\', t. 132, 1894, p. 278.
267 N. Andriotis, Ae:C:tx6, p. 278.
268 DDA, p. 979.
269
Maur., 154, 3: ·dv8av ~-:-ot xixµcip8ixv ~x.e:tv; Leon, Tact. 19, 12.
27
° Cf. camera non camara, dans l' Appendix Probi du Ille siecle, GL, ed. H. Keil, Leip-
zig, 1858, t. 2, p. 58, 23.
211 G. Rohlfs, LGII, p. 203.

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374 H. :'.\[ih;iescu

travail, cheval hongre I) s'est rapiclement generalise au clepens d' equus; mais
le feminin caballa n'a pu supplanter entierement t"qua, qui a sun·ecu dans
certains langues ou parlers romans. Caballus et ses derives caballaris. cabal-
lariits, caballio et caballfrare ont laisse des descendants dans les langues ro-
manes et ont penetre de bonne heure dans la litterature byzantine, ou ils
ont donne naissance a d'autres derives d'une grande vitalite. Ainsi, xz~:x.:A­
i,if?Lo::; et x:t.~:zi.i.:i?·'i::; se retrouwnt sans interruption du n·e au X.Ve siecle
('t poursuivent leur existence en neo-grec 2i 2 • A caballfrarc correspondait
xz~:t.i.i.~z:·):~·, an'c scs dfri,·e:' z7_~,:r.i.i.'.z:•;;.L·: < course de cheval » et
1

.„,.,r:i,.,,·
,_.„_j.J·..r. -, , .„.,.,;-·;,~
~ .~,-.- ,~ •• . . . que Je.;; compose"
<c cl1cvalicr »~;;i , "·1in.;;i ~
.;-, .,.,o„,·
.J r.„,.„.,.u'
.;.rJ""•• '•
"'·'• J~ • __ .,.,.,
-„ 27 -1 ou
EY.Z'l.~oci,i.•.z:•)::::L'J \( descendre de che\·al I) zis. De meme, un terme tres repandu
etait l'adjectif zzi)et.Î.Î.7.pLr.o::; (C gui appartient a un cavalier l), Au xe siecle,
l'influence latine persistait encore dans r.:x.?:t.i.i.~n <c stercus equinum » 276 •
Dans la litteraturc populaire du xve sieclc. le terme x7.~x/.i.:z etait cou-
rant zi 7 •
Encorc plus abondantc etait la terminologic concernant la sclle, au-
tant en latin (sdla) qu'en grl'c (di.i.7.). Le chc,·al sdle se nommait r;:/,i.:ipLo'
ou r;c:i.i.7.?Lw-:-·'i::; 278 • Le deri,·e r;:i.i.[,,.,, qui correspon<l au grec ancien ~9l;-::-:Lo'1,
se rencontrc souvent dans ks traites de strategie et etait sans doute
populaire. Le verbe r;:i.i.w·,:L'J signifiait <c mettrc cn scllc, seller » 279 , tandis
que µ:-:-\f.cr:/.i.l~:L'' voulait <lire « mettre la selle sur un autre cheval, chan-
ger de cheval t 280 • Dans la litterature populai re ont circule egalement, jouis-
sant d'une large diffusiOn, lcS C0Illp0SfS l'jzÎ,Î.07':0'J'('([r,•J (C bOUfSe attachee a
la. Selle 1), r;z_j,/,01._.!r..),wr,•1 (I frcin, ffiOrS, lien I), Z7':LG€Î.Î.~O'I (C COUVerture pOUr
recom-rir la selle I), cr\)'Jr;:i./.r,-:, « avec selle, selle I) 281 et i;:i.i.(·.ixrd,wcuµevoc;
<c pourvu d'une selle et d'une bride &
282 . Au lieu de E::-:~cre:Ai.~z. le manuscrit
P de l'ouvrage de Mauricius presente la Yariante z:-:Lczi.l.loLrt..
L'adjectif curvus, -a, -11m <c courbe » designait d'abord en latin la cour-
bure de la selle (curva se/lat'), ensuite le terme est passe dans le grec (xou2~oc.
-:-'lj:; aLl,/,:x.:; ou :.w;p~hv -:-'lj:; d/,i,:x.~) 283 au yc siecle ct a donne naissance aux
composes E:µ;:pf,a~hxr,•'.i;;~7. ou zµ:-:p0r,&0x.r,up~L0v <c partie courbe anterieure &284
et o-;rtcr&:n~oup~oc ou b:-:~tr&or.01'.i;;~w1 ~ partie courbe posterieure &285 . On trouve
comme explicat ion dans Ies glossaires: ·d ~'JAL'JOC Tljc; cr€ ?.i.occ; xouc ~Loc.
I O
Ae:yov-:-e:c; 288.
La courroie qui liait la selle ou le bât a l'encolure du cheval, afin que
la charge ne glisse pas en arriere, s'appelait a11tclla ou antelana • avant-selle.

2•2Frisk, t. 1, p. 7-49- 7 50.


2 73
Chron. Toce., 2587.
274 Symeonis Magistri Amialcs, ed. I. Bckker, Bonn, 1838, p. 613, 13.
275 Dans le roman de Lybistros et de Rodanne, chez \\". \\"agner, Trois poi:mcs grecs du

moycn âgc, Berlin, 1881, vers 2588.


2 76 Leon. Gramm. Chron., p. 199, 6.
2 77 Dans le roman d'Imberios, III, 23 = Legrand, Bibl. Gr. Vulg. 1.
2• 8 Preisigke-Kiessling, t. i Suppl., p. 380.
279
Leontios Machairas, Chrcmiqtte de Chypre, Index.
2eo Di[!. Akr., G. 3050.
2 61 Dig. Akr., Z 3121, 3572.
2
~~ Dig. Akr., E 1065, Z 1150, G 1742.
~~~ Daniel Sty!ites, i9 =An Boli., 32, 1913, p. 167.
2s1 Dig. Ah., F 905, 932.
205
Maur., 88, 8 ct 10; 56, I.
296
Du Cange, 737.

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La litt·.'.:raturc byzanti11c, :-uurce de connaissance du latin ·.rulgaire 375

poitrail »; la courroie qui liait la selle ou le bât a la croupe de l'animal s'appe-


lait postella ou postelana « croupiere ». Ces termes ont ete rendus en grec par
des calques partiels, qui temoignent d'une dependance etroite des originaux
latins: f.(.!.i.pocr:-f),J..oc 287 , zµ1.po~1"z),['JOC 288 , &.v,s),['JL/.. 289 , Oî.Lcr.&zf..cx 290 et
orw:;.&zf..[voc 291 . On voit donc que la terminologie du hamachcment est pour
une bonne part d'origine latine. D'origine latine est egalement le terme x[yf..oc
(cingula) <1 ceinture sangle », avec son derive :;uyf..wvsLv <1 ceindre » 292 .
Deux sacoches etaient accrochees de part et d'autre de la selle pour
Ies aliments ou autres objets necessaires. Le mot d'origine germanique punga,
vehicule par la langue latine a de grandes distances, mais mentionne deux
fois seulemrnt par Ies sources occidentales postericures au vuc sţecle 29 3 ,
a persiste cn roumain (pungă), en sarde ( pwzga), dans certains dialectes
du nord de l' Italic ( po11ga), dans le grec byzantin 291 , dans Ies textes paleo-
slaves 295 et dans certains parlers neo-grecs de Chypre et du Peloponnese
(7touyy'l., 1.ouy:~1X) 6; en revanche, le derive î.CJlJ"(YÎo'J apparaît couramment
29

dans Ies litteratures byzantine et neo-grecque.


A partir du traite de strategie de Mauricius, ecrit vers 630, on rencon-
t re 1, express1on
. . , ) ),a. -:·'l:;
crY..oc, ~ I"').!X •L7:7'LX"IJI 208 . L' a dop t.ion d e
I) ) ,oc:; 297 ou cY.a.A
cre:,
l'etrier permcttait unc plus grande liberte et stlfete des mouvements du ca-
valier, favorisant ainsi le maniement des armes; c' etait donc une innovation
technique remarquable 299 • L'expression z'i::; -:·~'1 crz&./,ry.v chx~a.LvsLv «mettre
le pied a l' etrier pour monter a cheval » etait populaire au xc siecle 300 • Au
Sens de <1 lieu a jeter }'ancre, echelle pour bâteaUX >) GzfJ.J,oc figure dans }e dic-
tionnaire de Pollux ( 1, 93) et est general en grec moderne 301 • Le verbe crxoc-
AW'JWJ « debarquer sur le rivage » se rencontre au xe siecle chez Constantin
Porphyrogenete ( Adm. 9, 31): G'XOCAhlVOUG'L'J &.i.cxV1"r:J. :::'i::; '~') Y'l-i'J op&6itl..wpoc.
Dans tous ces cas-la, on a affaire a des termes techniques et le maintien
du latin scala (crxocl..1X) a câte du mot grec :1..J..'i:µ1:J.1; est parfaitement explicable.
Du grec byzantin, le terme crxocf..a. <1echelle pour bâtcaux » passa en turc pour
revenir ensuite au grec sous la forme crxf),L.
279. Par manque de routes carrossables et de moyens de transport
adequats pour les marchandises, armes, equipements militaires, nourri-
ture, etc., la plupart des transports se faisaient a dos de cheval ou de mulet.
Le bât etait un dispositif tres ancien, utilise en terrain accidente ou plat.

2 57 Chron. 11for., 5299.


28 5 Dig. Akr., G 1328.
28 !1 Maur., 52, 1.
2
~0 Chron. J11 or., 5299.
29l Maur., 52, 1 et 19.
2 9 2 Dig. Akr., G 1328.
293
Niermcycr, p. 872.
294
Dans Ic poeme Lamentations sur la ville de Constantinople, chez A. Ellissen, Analck-
ten der mit tel - und neugriechischen Litera tur, Leipzig, 1855, t. 2, p. 118.
29
5 Vasmer, t. 2, p. 459-460.
296
N. Andriotis, Lexikon, p. 462, no 5014.
297
~ur„ 52, 16; 88, 6 et 10; 250, 28; Leon, Tact. 6, 10; Sym. Mag., p. 287, 20.
.
298
KovGTO(v-:lvou 'Epµovtct:v.o;:j l\k-:ciip:,:;ctatc; -;~c; 'li.tci8o~ 't'OU 'Oµ-~pou, dans Legrand,
Bibl. Gr. Vulg., t. 5, p. 244.
299
D.M. Pippidi, Ceva despre data tratatului de artă militară al lui Mauricius <•Studii
Clasice 11, 13, 1971, p. 171- 178. '
300
Dig. Akr., E 798.
301
P. Kretschmer, BZ, 7, 1898, p. 400.

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3i6 H. :'.\lihiie~cn

Du grec uocyµo:. ~bât, harnais de bete de somme » ont pris naissance et cir-
cule durant Ies premiers siecles de notre ere Ies derives uocy1„d.-:~c..·1 «petit bât»,
mxywx::-[~s~-1 et Go:.yµo:.-:0'.j•1 « charger 1>. Passe dans le_ latin, ce terme a donne
Ies derives sagmarc, sagmatus et sagmari11s <( somnuer 1> ou sagmariurn ((char-
ges mises sur le bât 1>. Ce dernicr terme a penetre ensuite en grec; il est de-
venu populaire dans le cadre de l'Empire romain et a survecu dans la cul-
ture byzantine et neo-grecque, d' ou il pas sa dans le dialecte aroumain (să­
mar), en albanais (samar) et en turc (samar). L' existence dans Ies sources
byzantincs du deri\·e -;rrµ:z-:i?~r,:; (se. ~:-::-:0:;) « cheval de bât » 302 , implique
un derin; latin prealablc, *scu.:11rnf'1riw:, non attc:-;te jm:qu'a present en Oc-
cident. Le terme -;o:.yµr,Gzi.i.~r,·1 :Jo 3 scmblc a\·oir ete fort proche au point d~
vue de son sens de G:z-;'µip~',''·
2UO. La continuite massiYe ct inintcrrompue entre Ies cultures romaine
et byzantinc apparaît on ne peut plus clairl'mcnt dans l'art militaire, ou le
cheval jouait alors un role primordial. Pour la notion de (( renes », le latin
a fourni au grec byzantin trois tcrmes: !1t1ba11at' <lerin~ du Ycrbe lzabcrc « avoir.
maîtriser, conduire », ('n grec i~~~n~. attcstt'.· a part ir du \"I'" siecle 304 ; sali-
<'ariwn. de sa/il.•a <1sa)i\"C, ban•», l'n grec r;oci.~~X?WJ, attcste a partir du ve
siecle 305 ; enfin, rt'li11a, forme jusqn' a cc jour inconnue dans Ies sources oc-
cident ales. Pour expliqucr Ies descendants romans, comme l'it. red1"11e, le
fr. 1·e11c, l'esp. rimd,i, Ic pg. l't'dt''7, \\'". ~Icyer-Liibkc reconstituait un hypothe-
tiqul" *retina, considere comme un post-wrbal, a part ir de rt'l1„zac (( retenir.
dompter, maîtriser », ou comme une forn1ation regrcssin· a partir de reti-
nawlum <1 ce qui sert a rctenir, renes » 308 . Cettc fonne a asterisque est con-
firrnee par Ies sources byzantines, ou l'on rctroU\·e au xe
siecle (•0t) p&-:Lvoc
ou ph::.·1oc 307 . Elle apparaît de nounau vers 1435, chez Leontios de Chyp-
re 308 , puis en 1456 dans le poeme sur la bataille de \'arna 309 .
Le mot capistrum « harnais de tete, muscliere, licol 1>, conserve dans
touks Ies langucs romant's, a sur\"l~cu aussi cn grec, ou il apparaît sous Ies
formes xocmr;-:o,,,, chez Theodore de Svkeon a la fin du VI" siecle 310 , xocdcr-
-rpLc..'' 311 et X:>:~Lu-:pocz.LC..'1 312 . La forme ·1a plus repandue etait Y.7.7'Lcr-:pLC..V, gui
a passe en grec moderne (xz:-:[r;-:pL).
281. L'une des pieces Ies plus necessaires du harnais etait la bride, ou
plutOt la partie de la bride faite de courroîes passees par-dessus la tete et le
museau du cheval et a la partie inferieure de laquelle s'attache le mors. La
forme roumaine căpeţea est nee du feminin latin capitella par un processus

302
l\taur., 316. 23; Leon, Tact. 6, 2S.
303
lJe i·ditatio11r bdlica .\.iceplwri A.11g11sti, ed. C.D.Hasc, Donn, 1828, p. 226, 16 (dans
k menw volume quc l'ceune de Leo Diaconus Calocnsis).
30
~ Leont. ~cap., ed. Ry<lcn, p. 151, 7; Theophan., 367, 20.
305
AJ('xander Salaminus, PG, 88, col. 4064 B; Homanus Melodes, ed. Grosdidier de
Matons, 39, 22 (\"le sieclc).
306 RE\\",n°7261.
307
Const. Porph., De cerim. 46, 3; Dig. Akr., E 74, 954, 1007: -:-:l pc-;e:vor. yupl~oucrtv.
308
Ed. :'.\liller-Sathas, Index: pc-;tvov, &.;:;c-:-tvov.
300
Ed. Gy. Mora·1csik, C 300, h'. 303; -;ci: {.c-;e:vx -;ou mcbe~.
310
H. Zilliacus, DZ, 37, 1937, p. 336.
311
Const. Porph., De cerim. 1 app., 480, 2; Etym. Magn., 139, 34; 798, 31; Suid s.v.;
Chro11. 11lor., 3351 (·1crs J'an 1335).
312
Const. Porph., De cerim. 2, 79; 1'43, 15.

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La. litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 377

d'evolution analogue a celui qui explique la transformation de stella en steaua,


stea. Le latin capitellum a donne en roumain căpeţel « extremite d'une cbose,
marge, limite»; de la forme du pluriel capitella sont nes Ies noms a. dr. căpe­
ţeale, dr. căpeţele, tres procbes de la forme byzantine xrlm-r~ocl..Loc du xc siecle
(sg. x.ocm-r~ocl..Lo'J) 313 , qui semble etre un reflet du latin qui se trouve a la base
du roumain.
En latin pedica designait toute espece de piege ou de trebucbet pour
prendre par la jambe ou la patte Ies animaux, quelquefois aussi il signifiait
« entraves, fers attacbes au pied ». Alors que Ies langues romanes, y compris
le roumain, n'ont herite que de pedica « entrave pour Ies chevaux qui pais-
sent », pedicare et impedicare. Ies sources byzantines enregistrent le diminu-
tif *pedicula, non atteste dans Ies sources d'Occident: „E:aLxl..ov (pl. r:E:aLxA.oc) 314 ,
r.zar.").oiJ'J=OEG(J.:::°!:'J 315 ou 7tEOLXAW'J:::w 316 . Toutes ces formes ont survecu cn
neo-grec et constituent une caracteristique du latin du Sud-Est de l'Eu-
rope.
Tardivement et sporadiquement on rencontre en Occident le terme
curmma, -ac « museliere, filet pour empecber Ies chevaux de mordre »; il est
passe en grec sous la forme xoupx.ouµo'J, sans devenir pour autant populaire 317•
De flagritm « sorte de fouet » est ne le diminutif flagellum, avec Ies deri-
ves flagellare et flagellatio. 11 a passe de bonne heure en grec et se retrouve
frequemment a partir du rer siecle dans le Nouveau Testament, dans les
papyri d'Egypte. dans Ies ecrits hagiographiques anterieurs au xc siecle,
ainsi que dans d'autres sources, sous les formes rpp&ys/,),ov. cpp(;(yE:J.../,Lo'J, q:>pocyEl..-
),ou'J, <ppocyz),J.l~ELV ct cppocy:::A.A.h·"IJ:; ((celui qui flagelle »318 . En neo-grec se sont
maintenues Ies formes q;ip\/.yE:/,A.Lo'J <1 fouet » et q:>p<J..yc:/,),w•J:::w <1 fouetter, battre
avec des verges ». La frequence du terme est une preuve de la frequence avec
laquelle ce châtiment etait administre jadis, sous le regime de l'esclavage ct
de l'asservissement a la glebe.
282. En rapport avec le harnais, il convient de mcntionner cncore les
termes stuppa, cento, jiltrum et &.aE:cr-rpoc-;<J... Apres son entree en latin par le
truchement du dialecte dorique, le mot cr-ru-;:r:·'l s'est generalise avec Ies pho-
nE:tismes stuppa et stupa <1 etoupe », survivant dans Ies langues romanes et
penetrant a nouveau en grec sous les formes G70U7r7:0C, a-roumdo·J, uTOU7t7tW'JZ•.'J
et cr":"our.d~sL'J 319 . L'objet et l'action designes par ce terme revenaient sou-
vent dans la vie des militaires, notamment des cavaliers; d'ou sa popula-
ri te et sa persistance en neo-grec : crTou-. f. <1 etoupe » crTouit f.~:::w « se coton-
ner », crTOUitW'JEL'J <1 tamponner » et cr-rouitL'Joc; <1 d'etoupc ».
Un mot qui a connu une tres large diffusion par l'intermediaire des
militaires est cento, -onis <1 couverture ou vetement fait de differentes pieces
cousues ensemble », avec ses derives centonarius «fabriquant de couvertu-

313
lbid„ 1 app„ 4.63, 6: xocm-;~tik;: cmH CtTtO -:wv ~u.~crx:;ilwv.
314
l\laur., 52, 17; Leon, Tact. 5, 3; 6, 10; 11, 45; 18, 54.
315
Maur., 270, 11; 360, 29; Leon, Tact. 11, 45.
31 6 Clzron. },for., 5076 P.
317 Maial., 395, 17; Hesychios, s.v.
318
Notn. Test„ l\lathieu 27, 26; Marc 15, 15 9pxyz),),o\j'J; Jean 2, 15 cppocyt),),rnv; Prei-
sigke-Kiessling, t. IV, Suppl., 285 cppcxyi:AJ.oc (le' siecle); Chron. Pasch„ 713, 1 cp),cxytn~ov;
Ioann. Mosch = PG 87, col. 2904 C ippixy<:AALTl)c;; Georg. Kedren„ t. I, p. 481, 3 '?).otyl)AAWl>îjvix~;
Basilica 60, 51, 10 cp),(;(y<:Hl~<:w.
319
Maur„ 260, 2; C. Wessely, WSt, 24, 1902, p. 142; Du Cange s.·1.

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378 H. Mi hf1cscu

res » et centunculus «vetemen t d'arlequin, housse de cheval, cotonniere i>.


Tous ces mots sont passes ' en grec sous 1es f ormes x:::'J7W'J"I) 3'>0 I
- ou x:::rrov11
I

« manteau fait de pieces » , r.:::'J7W'JL(J'J <c lambeaux servant a recouvrir I) 322 ,


321

r.:::v·rnv6..0L(J'I(; vetcm1.:nts rapieces I) 323 , et Surtout r.&J70'JY..AO'J OU XS'J7Q;:)XAOV


<1 housse' de cheval »324 ct l'adjcctif r.:::'J70'Jxih:·J0:; 325 . Le substantif x:::'J7o::>xA.ov
a sun·ecu dans certains parlers neo-grccs sous la forme du pluricl x:::v-:0ux/...oc
« bagages de voyageur » 326 •
Dans Ies glossaires la tins antericurs au xe siecle f igure le pluriel .filtra
avec le sens de cento11es 327 ; ce terme d'origine gem1anique a survecu en it.
jeltro, fr. }cutre et pg. jeltro, arrivant ainsi jmqu'cn grec byzantin, ou il est
atteste' au .~ s1ec
,~c . ' 1e: !7.f'<:l.:::7p0v
, ,_ - , Î... 3~8
7-'l:; r,e: „,:z.:; - .
On retrouve souvent dans Ies traites de strategic et dans d'autres ou-
\Tagcs le pluricl :i..Sfo-:-p:z.77. ou ::i.o:::r,7p~7:z. (<le ad+ dextram) signifiant
« chosc a port L'C de la mai 11, bagages lransportes a dos de cheval OU de mulet
a la suite des troupes »3211 , a\'C'C k derive ocofo7p7..7r:.:; OU 7.,.)::;c;-;poc7r:.:; « habile,
adroit, vif I) 330 •

Am1es

::w:J. La continuite de l'art militaire romain dans l'Empire Lyzantin


est particulieremcnt visiblc dans la nomcnclature richc et variee <les armes,
tant <l'attaque que de <lefcnse; clle s'cst cnrichic au V" ct au VI" siecles, mais
dans ccrtains cas ellc est rcstC·e etrangerc aux sourccs occidentales. Pour la
notion generale d'<c arme 1> le temw arma, -amm ( ocpµ:z., ocpµz77..) a persiste,
etant souvcnt atteste dans la litterature bvzantine avec le sens de <c arme,
annec, art militairl', combat», d'ou ii est păsse cn neo-grec. Le derive arma-
mcntum (&pµzµ.b7r,•1), present cn grec des le ier sieclc de n.e .. signifiait «de-
p6t d'armes, arsenal I) ou (<Ies armes d'une am1ee I) 331 ; a proximi te du palais
imperial de Byzance se trouvait un arsenal et <lep6t d'am1es •:\pµ7..(J.~VTov.
Le substantif armamentarium <( lieu <le fabrication <les armes, arsenal 1> a per-
siste dans le nom du quartier <le Constant inople -rcX '. \;;µ7..µ:::·J77..pe7..:;, situe sur le
versant ouest de la colli1w ou se <lressc aujourd'hui Ic modeme Hazkoy. Tres
populaire ct herite par le neo-grec, le terme 'l.pµ:I.?~'"''' <c armoire 1> a donne nais-
sance au deri\'e ci.pµ7..pt-r"I):; «la personne chargee de la caisse 1>, atteste au
VIie siecle 332 . Le substantif :1.pµ7..-:01J;;!Y. avait le sens abstrait de <c exercice,
entraînement a\'cc Ies annes 1> 333 , mais aussi celui concret de <c soldat, mili-
3 0
~ Xiii .\ncyrani De 111011astica „x,rcilati.mc, 65 = PG 79, cui. 797 D (Ye siecle).
321
Yita Danidi, ed. L. Chygnct. ~ Re·rne <le !'Orient Chrctien •t, 5, 1900, p. 52, 25.
322 Nili .\ncyrani Oratio i11 Albian11m = PG, 79, col. 708 B; Epist. 3, 137 = PG, 79, col.
448 B.
323 Apophtcgmata Patrum = PG, 65, col. 269 B.
324 ~laur., 52, 13; 270, 5; Leon, Tact. 5, 3; 6, 13; Zonar. Lcx 1548
3 5
~ Const. Porph., De cai111. 2, 8.
326 N. Andriotis, Lexikon, p. 311, n° 3241.
327 CGIL, t. 5, p. 584. 5.
328
Leon, Tact. 6, 8, cf. aliem. Fi!::, angl. filt.
329
Maur., 34, 5; 56, 3; 68, 23; Leon, Tact., 10, 11: ci:Sfo-:?::Y.-::t ·i;you•1 aotyµriptoc.
33
° Chro11. Pasch., 731, 6 µe:-::L .. i'.r.TCwv ii8ta';'Fri-:wv ae:i,Aetplwv (Yllesiecle).
331
„Yov., 85, 3; ~laur., 316, 28; Leon, Tact. 5, 7; 6, 28.
332
Blo; 0e:o8wpou, 42 = ::'.lv"l)µe:i:::Y., 400 (·1oir la note 226).
333
Ioann. Lydi Jlag. 1, 46: iipµ::Y.';'OV?!X TC;;w-:·r, = or;Aoµe:i.E":"I) Tt'r,;W';'"I).

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 379

taire » 334. Le participe futur armaturus apparaît en grec sous la forme &pµoc-
Tolîpo:;, avec le sens general de armator=o1./...ta-r~:; 335 • Le substantif armato-
rium, absent dans les sources occidentales, est reflete dans la litterature by-
zantine par les variantes &pµoc,ou;nov 336 ou &pµoc,wpwv = armamentum 337 •
Da11s Ies traites de strategie, pour la notion de « militaire en armes » on re-
trouve souYent le terme &?µ&-:-o:; 338 . Les verbes &pµ'.X-:-wve:w <carmer » 339 et
&p[Ut.TW'Jscr·lht « reprendre les armes » 340 sont frequents dans la litterature
populaire, notamment sous la forme du participe passe &pµoc,wµe'10:; 341 • Le
substantif abstrait &pµil.-:wcra exprimait l'action de s'armer, alors que &pµa-
-:-cud("/. signifiait <c l'er.semble des armes »342 • Le militaire charge de la surveil-
lance des armes s'appelait armicustos = o;ri.o<;?o),r1.~. terme rendu en grec a
partir du rre siecle par ci..pµ j:X,QUJ"7CUp 343 • Le substantif armistati'o manque dans
le Tlzesaurus li11guae Latinae, mais il figure dans Ies traites byzantins de stra-
tegie sous Ies formes ci..pµt:;-'17.'~(:)v, 'l.pµtcr-:-a-:twvo:; <c passage en revue », cons-
pectus armorum 344 • La ferme d'accusatif a-:-oc-:-twvo:=stationem apparaît dans
un papyrus du IF siecle 345 • On peut conclure de tous ces faits que l'etude
de l'heritage byzantin s'impose avec evidence lorsqu'il s'agit d'approfondir
la connaissance de la culture occidentale.
28'1. Des echanges actifs ont eu lieu entre !'Occident et l'Orient dans
le domaine de l'art militaire. Le mot d'origine grecque spatlza <c battoire, spa-
tule, epee large et longue » a laisse des descendants dans toutes Ies langues
romancs. Absrnts des sources occident ales anterieurcs au VIII" siecle, Ies
derives spatharius <c celui qui porte l'epee » et spathatus <carme d'une epee ~
sont attestes dans l'Empire d'Orient a partir du IIF sieclc 346 , L'un des corps
de garde du palais imperial etait forme de cr;:a.IM.ptot et leur chef portait le
titre de ;:p(J)-;0cr1:oc3-ocpto:;. A l'occasion des cerernonies. ils portaient sur l'e-
paule une sorte de hallebarde enrichie de pierreries, appelee cr7ra.3-o~ocx/...toc
(spatha+ bacula <c bâton, canne ») 347 • Par la suite, le titre et devenu courant
dans l'Empire byzantin, etant egalement adopte par bon nombre des peu-
ples du Sud-Est de l'Europe.
Pour la notion de «baudrier, bande de cuir portee en echarpe pour
soutenir .l'epee ou un sabre », il y avait en latin le terme balteus ou balteum,
que toutes Ies langues romanes ont herite; il apparaît en grec a partir du
nr~ siecle, sous Ies formes ~&A:n'' 348 ou ~a/,-;Lato'1 34 s. Le mot latin pugillmn

334 Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 204: ~e:::·'lvoc; &01.io:-:-ou::ix e'.yp:c t;iix.


335 l\laur., 318, 4. ' '' '
336 Leo Gramm., 170, 18; Const. Porph., De cerim. 2, 78.
337 Georg. Cedrcn., 1, 785, 14.
338 Maur., 56, 24; 84. 22; 86, 3; 308, 16; Const. Porph., De co·im. 1, 87; Leont. Mach.,
7; Chon. Min., ed. P. Schreiner, n° 9, 50, p. 99 (l'an 1448).
339
Nic. Chon., Hist., ed. Bekkems, p. 90, 26; Chro11. Toce., 594.
340 Le .-oman de Callimaque ct de Chrysorrlwi, ed. M. Pichard, Paris, 1956, vers 169.
3
n Dig. Akr., E 1701, Z 2020; Chrn11. Toce., 346, 2887.
3 t 2 Acta, ed. l\liklosich-Mi.iller, t. 3, p. 82.
343
Preisigke-Kiessling, t. IV Suppl., p. 387.
3H Maur., 84, 31 EV •ixîc; cir,;µixcr't"IXT~wcrLv; 88, 15 de; &pµixcr":":Y.•Lwn; Chron. Pasch., 718,
20 iipµixcr"t"ix't"~wvo:; ye:voµtvlJ:;.
345 Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 220.
348
Iul. Afr. Cest., 72, p. 313; Mala!., 332, 23; 343, 6; 359, 5; 476, 4.
3 7
t Const. Porph., De cerim. 1, 10; 1, 26; 2, 73.
3 te Preisigke-Kiessling, t. 4, p. 339.
349 Leon, Tact., 95, 17 (l'an 899).

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380 H. Mih:'.iescu

« poignee, poignard »_ a ete emprunte s~us la fo_rme ~o::J·(/,~·,, attestee seule-


ment au vre siecle 3" 11 • La bac he pouva1 t de'\ emr une arme rcdoutable, sous
trois aspects differents: asei a (7.-:-?;~oc) « espece de cognee ou d'herminette 1> 351 ,
sccuris « bache » (c~xr,u?~o·, ou -:-?;~xoup~o·J) 352 , herite par le neo-grec {-:t::xoU?L
ou •?:•.xo•'.i?~) et dcxtralis <1 hache que l'on portait sur l'epaule droite •
(~:::cnpc0,~ 0 ·,) 3 53. Le mat dextralis etait un derive de dexter <1 droit, par oppo-
sition a gauchc »; ce dcmie1 terme a laisse tn grec byzantin Ic mot otc-:-pwv
« sortc de massue de fer quc l'on portait sur l'epaule droite » 354 .
L'outil agricole jalx, -cis <1 faux, ~crpe » a serYi de modele pour une
arme similaire. Son application dans Ic domainc de 1'art miJitaire debute
avec le char de combat a faux ( wrrus rnm jalcibus). puis il y a cu Ies « faux
muraks » (jalccs m11rafrs). En grec. le terme a donnc naissance aux formes
suivantcs: ?fi.xr,~ « faux, scrpe » 355 , ?il.x7.. «char de combat pourn1 de
faux » 356 , '.;dl.xv,•, (<petite faux » 35 i, i:;n./,xwv~rJ'J ou 9zi.x0u·1Lo'' <( machine de
guerrc a faucilles l) 358 ct ?:tl.xt~~(J'J (I scrpe l) 359 . La forme grecque ?OCAXOC
indique l'existencc probablc d'unc fom1c latine Jalea, qui est a la base du
mot roumain f alcâ « mâchoirc ».
::!U:i. Suivant le modL·lc ar11111 « a1mc J> - armatus « arme 1>, sont nes
arcus «arc» - arcatus <( muni <l'un arc», co11t11s «epicu 1> - contatus <1 muni
d'un epicu 1>. Les derivt'.·s arcatus d contatus manque du T/icsanrus li11guae
Latina,', mais ont ccrtai1wnwnt existe dans la langue parlee ct sont confir-
rnes indircctcment par Ies formcs grccques ocpzoc7r,c; 360 l't Xv'J":'Z":'oc; 301 . Cc aer-
nicr tcm1e a sun·ecu dans ccrtains parlers neo-grccs des iles, du Peloponnese,
de Tlwssalic et de Macedoinc 36 :!.
Les tcrmes en -:f..-:-,J~, commc ocpxoc-:-rJ:; (arcatus, arcuatus, arquatus).
&pµcx:-:r,'.; ( armatus). OlJ~',-:-oc-:-r,~ (de putatus), :;w17z70:; ( contatus), rJ;t:-LµxToc;
( optimatus), cx;,•J-::1..-:-rJ:; ( scutatus) ct '-?'J~OEPoc:-c,~ (focderat11s) sont indu bita-
blcment d'originc latine, mais ccrtains d'entre eux manquent dans Ies sources
occidcntales: c'est ainsi quC' l'on aboutit a cettc constatation que certains
termes !atins de basse-epoquC' n'ont pas ete enregistres par Ies sources lati-
ncs, mais ont laisse des traces indirecks dans la litterature bvzantine. Cha-
cun des termcs mcntionnes plus haut fl'\'etait unc acccption technique pre-
cise et particuliere chez 2\fauricius; 7.pxoc-:-o~ <c archer barbare l), ocp[..1.XTOi;
<1 compagnon d'anncs d'un soldat d'elite, defcnseur », OlJT.0":'oc7oc; <c amhu-
lancier' celui qui prenai t soin des lill'sses l)' XfJ'J":'OC":'O:; (( arme d'un xr,v-r6c;,

3 5° :\laia!., -1.93, 19 et 21.


351 Chro11. Toce., 617 et 619.
3
•~ Leon, Tact. I, 84 (crt/.r,,j?tr,•J) ; 5, 3; 6, 11 (-:-~t/.o,);ao'J)
3 :. 3 Const. Porph., De cai111. I, 10; l, 26.
3 r.t Theophyl. Sim .. Hi st. 8, 4, 13.
355
Chro11. Moi-., 47i9 H: ou-:-w:; icr9&;oc•1 -:-ou; 'Pwµoclo•J; (:Jc; cpcii.xo:; -;o i.t~ci8t (vers l'an
1330).
306
Ioann. Kanan .• ed. I. Bekker, P· 496, 18 tqii::pov ... µciztµ:x o::-i.:x 8pE:7tlX117J<jl6?1X µe:TcX
xo11~k<p lw11 µo:xpfoJ11 -:-ci E7:'1X110µ:x~0µe:wx qici/.xocc;; p. 37 3, 9 µL. -:-<ic; 9cii,/.:x; hcd'Jocc;, p. 47 5, 6
µe:Tci -r"ijc; cpcil.xoc:; (vers l'an H25).
3 5 7 Syll. Tact., 38, 12.
358
Ioann. Kanan., p. 462, 16: 'f:XÎ.xo·j11toc br<wficroc•1-;o x:xt ze:i.C:1•1oc:;.
35
~ 1\laur., 316, 20; Leon, Tact. 5, 4.
360
Maur., 86, 13.
361 :'.\laur., 74, 24; 84, 4; 86, 11; 186, 7; 192, 12; 206, 27; 264, 21.
382 N ...\ndriotis, Le xico11, p. 153, no 1165.

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La litterature byzantinC', source de connaissancc du latin vulgaire 381

c'est-a-aire d'une lance d'un certain type &, oit-:Lµ.iX:roc:; «soldat d'elite 1>, crxou-
-:choc;. soldat pesamment arme d'un bouclier I) <pOL~s:pchoc; « soldat allie ». Se-
lon Constantin Porphyrogenete l' &.pµ.oc-:oc; etait un soldat etranger engage
dans l'armee byzantine 363 • Du temps 3e Leon le Sage (886-912), le terme
~'l)no-:ocToc; semble vieillir: on le remplac;ait par crx.pt~cxv ou crxpt~wv 364 • Kov-
't'OCToc; (derive de x.0'1T6c:;)etait concurrence par xov-;ccp&:rnc; (derive de xov-.ocpLov)
et crxouToc·roc:; ayant asa base le mot crx.ouTov, rarement atteste chez Mauricius,
qui, en revanche, faisait un frequent usage du derive crxouTocpLov. Par conse-
quent, pour bien comprendre l'evolution de l'art militaire, il est necessaire
d'examiner attentivement l'histoire de chaque vocable.

286. Le mot sagitta et ses derives sagitiare, sagittarius et sagittator ont


laisse Ies traces suivantes dans la litterature byzantine: crcxyh·-.ix ou crcxhTix
(ngr. cixtnix), crocyL-:-.s uzLv (ngr. crixhs:us:Lv), crocyLT't'ocpLoc;365 , crocyL-;-.occ; <c archer & 366 ,
croc1 LTTocTw;:. 367 , crocyL•-.o~~i. ~ <c decochement d'une fleche »368 crocyLT-ro~6A.ov <c me-
sure equivalente a la trajectoire d'une fleche >) 360 et O"OC"(L":TOl"rmoc; (C fabricant
de fleches » 370 • Chez Mauricius il y a Ies variantes &.px_LcrC1..yvr-roc-rc..)p (M) et
&.v-:-tGetyL-r•oc-rwp (NPV), qui reposent sur le latin sagittator <c archer ». Pour la
variante at.tesagittator, c'est le premier editeurdeMauricius, J. Scheffer (1664)
qui se prononce, mais cette forme n' est pas enregistree par le T hesaurus lin-
guae Latinae et semble peu probable. Leon le Sage presente une glose qui
nous facili te le choix de la lec;on la plus adequate dans le texte de Mauricius:
' „J\S:yoµzvov oc 'JTLcro:~(L T-roc-:-opoc "IJ"(OU'J ocp X. vro c,O'!"IJ'' 371 . L e mo t oc' PX LcrocyL,_
-;ov I ' I ,, ' ?:'I

-roc-rwp etait par consequent un calque linguistique sur le modele du grec


&.p:x.~-.E>~6-r·1Jc:;. Leon le Philosophe connaissait egalement la variante &px_wix-
yL•Tocnuv, -w'1oc:; <c chef des archers » 372 •
De uncinus ou uncinus <c crac, crochet » est ne le derive uncinarium,
consen e dans le terme byzantin &.yx.LvocpL <c pointe de fer de la fleche » 373 •
Par l'intermediaire du latin, la forme d'origine germanique xouY.oupov
<ccarquois » s'est largement repandue: on la retrouve en roumain (cucură) et
albanais ( kukuri:) 374.

287. La terminologie des armes de jet est bien representee dans la litte-
rature byzantine et s'est enrichie d'influences occidentales jusque tard, en
plein moyen âge. Le mat lancea <c lance», d'origine probablement celtique, a
donne naissance en latin aux derives lanceare <c lancer », lancearius ou lanci-
arius « lancier » et lanceola <c petite lance», en grec A.ocyx.b: 375 , A.ocyxLocpoc; 376,

383 De cerim., 1, 87, p. 394, 15-17.


3H Leon, Tact. 4, 17.
355
Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 219; t. 4 Suppl., p. 390.
319 Acta Miklosich-Miiller, t. 1, n° 20, p. 38 (l'an 1315).
a&7 :Maur., 312, 13; 314, 23; 318, 18; 324, 25; Leon, Tact. 4, 60.
38 8 Theophan., p. 490, 17.
369
Leont. Neap., ed. Ryden, p. 163, 22; Maur., 80, 14; 90, 16; 92,2; 104,3; 108,5.
:t1Cl Maur., 318, 5; Leon, Tact. 450.
371 Leon, Tact. 4, 71.
37
' lbid., 4, 68.
373
E. Kriaras, Ae:~tx6, t. 1, p. 44; BZ 30, 1930, p. 134.
374
Maur., 50, 24; 316,9 et 11; Leon, Tact. 5, 2; 6,2; Chro11. Mor., 5062.
375
Const. Porph. De cerim. 1, 91.
m Preisigke-Kiessling, t. 4 suppl., p. 389, Ilie siecle; Malal., p. 330, 3.

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382 H. 1\lihăescu

),17.yzo:uw' 377 et ),17.yx[oto'' «petite lance• 378 • Le latin lzasta «lance, pique t
avec hastatus <( muni d'une lance» et lzastile « bois d'une lance» ont donne en
grec ocr;-:17. 379, &r;-;r/.-;oc; 39 0 et occr-:[/,to''• a partir du ne siecle381 • Le nom du ja-
velot lourd d'origine celtique gaesmn est atteste en grec (yoc7.r.oc;) des le
ne siecle av.n.e. 382 : Ies mercenaires gaulois armes du gaesm11 s'appelaient gaesati.
Dans la litterature byzantine, y:x'.r;c.~ n'apparait que dans Ies ounages lexi-
cographiques et il n'etait, probablement, pas populaire 383 . En revanche, le
rnot 1:erutum <1 petit javelot » a laisse des traces dans Ies traites de strategie
(~"t)pu-;-;r1.) 384 , a\·ant de subir la concurrence de mathobarbu./nm ou martzo-
barbulmn <( sorte de <lard plombe a son extremite ». Ce terme aurait eu a sa
basc un hypothetiquc *mattea «massuc, massed'armes »du latin vulgaire,qui,
s'il manque dans Ies source:; antiques, s'est consen•e neanmoins dans certains
parlcrs romans 385 . Ses derives 111attearills ou mattiarius <1 soldat muni de cette
arme» et matteola <1 bâton, manchc de la houe » confirmcnt l'existcnce du terme
latin primitif. En grec, on rencontre Ies formes µ.:x-;-;tci?toc; 386 et W·t?•t·J~cl.p­
~wi.r,•1387. Le terme 111art1"obarb11llls <(petit <lard plombe a la pointe » (on releve
dans .certains manuscrits Ies formcs mattiol;,_rbulllm et matl1iobarb11lum) ap-
parait d'abord chez \'egese durant la premiere moitie du ye siecle 388 • En grec, il
prend aussi Ies formes !.LX?•?:-,~~ci?~~·,•Ji.''"" 1.t:xp-:-?:r,11.:X1.tr:.1JÎ.'•'' ct fL'l.?T~·-,!i.&)0u),ov 389 •
On appelait cn latin 111art1"obarb11l11s le militaire charge de lanccrl'arme di te mar-
tio!J,1rb11l11s, dont on ignore l'originc. De la meme famillc egalcment est *matte-
11ea, avcc des dcscendants dans ks langucs romancs (r. m:iciucă, fr. massue) 390
et des attestations dans lrs sources byzantincs: µ.:x•?:-i>x:x <( sorte de massue • 391 ,
(.L'l.7~Wzoc-:-r,c; (( rnilitaire arme d'une massue » 392 et (.L'.Y.7~•JUKLr,'1 «petite mas-
sue » 393. Ce tem1c, <l'originr inconnuc, a ete \'ehicule par Ies militaircs, a
tra,·ers le latin, dans une tres vaste airc.
De trahere-tractus (I trainrr ,·iolemment >) est ne le verbe ":'?CLX't'EVWJ
(I tirer a l'arc, jeter la lance •. Le latin venabulum (I epicu de chasse$ apparaît

en grec au I\'" siecle (r~-~'1:X'JÎ.'J'1) 39", ou au Y1c· siecle 305 , puis au cours des
377
Maur., SS, 16.
c,;, )faur„ .116. 13; )laia!., p. 458, 2; Thcophan .. p. 24i, 3 I.
3 9
' Theophan., p. 366, li; 560, H; Const. P.irph„ D, c,ri111. 1, 92.
3
Ro Polyh„ 6, 21. 7; 6, 23, 1; Ioann. Lyd . .llag., 15S, 8.
351
:\laur., 338, 19; Lt'.·on, Tact., H, 79.
382
Sept11agi11ta, Jos., 8, IS; lud„ 9, 7; Polyb„ 6, 39, 3; 18, 1, 4.
383
Suid. s.·1.; Etym. Jlag11„ 223, 26; Lcxiques grccs i11idits publics par Emm. Miller,
~ Ammairc <le L\ssociation pour l'encouragemcnt des ctudl:s grecqucs en France•, t. 8, 1874,
p. 25~. le •1ers 121.
"" 1\lanr„ 3li, 22 ct 26; 316, 12; 326, 5; 332, 1; 340, 25; 314, 1; Leon, Tact„ 7, J.
385
\\". Meycr-Li.ibke, RE\\', 5426.
386
1\lalat., p. 330, 4; Const. Porphyr„ De ce1·im„ 1, 91.
:;c;; 1\laur., 314, 22; 316, i et 20; 326, 5; 332, 4; 340, 25; 344, 4; Leon, Tnct., 1, 3.
388
\"eget., Jfil., 1, 17: pl11111batar11111 quoque tXffcitatio, quvs 111arlit'f1arlmlos vocant; 3, 14:
qui al,1aitcs vcnl/is ci martiobar/.mlis, quas pl11m/Jatis no111i11c111/, dimin111t.
3 9
~ Du Cange, p. XS I.
390
\\". Meyer-Li.ibke, RE\\", 5126.
391
Theophan. Contin., ed. I. Bekker, p. 393, 13, x_e sicclc; Theod. Prodr., VI, 227 =
= Legrand, Bibi. Gr. Vulg., t. 1, p. 38-124, Xlle siecle; Ps. Kodin, 163, 33.
392
Actes de Lavra, cd. G. Rouillard-P. Collomp, t. 1, n°• 41,51; 44, 29; 48,40'(l'annee
1082).
393
Leon, Tact., 6,27; 7,67.
~9 ~ Lampe, p. 296.
~~ 5 :Maial., p. 163.

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La li terature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 383

siecles suivants, sous Ies formes µifvorn:Aov, µe:votuALO'J 396 et µsvotu:A&:roc; 397 •
Le terme cuspis, -idis « pointe de lance» et ses derives cuspidare « aiguiser »
et mspidatint (<de forme pointue I) ont laisse des traces au siecle (Y.oucr;dov xe
(( lance aiguisee I)) 398 ct dans certains parlers neo-grecs de Chypre ( xr1Ul'J''i! lv
<(pal»), de l'île de Karpathos (xouG1d~e:Lv <( empaler ») et de Thrace (xoucrTiocv
« irriter, torturer») 399 . Cn terme tardif, probablement d'origine germanique:
xou~tov (piuriei zou~toc <( fusees incendiaires ») est atteste uniquement chez
Mauricius et Leon le Sage 4oo.
Comme on le voit, certains noms d'armes ont penetre a une epoque
tardive en latin et en grec, apres avoir ete empruntes des peuplades migra-
toires; c'est le cas de µ'.Xp7~')~cf.p~o·J),r,'J (<petit <lard plombe a la pointe » et
:x_ou~toc • fusees incendiaires ». Comme ces noms ne figurent pas dans d'au-
tres textec:;, il est a supposer que Ies annes respectiYes n'ont pas ete freque-
mment utilisees et que leur diffusion n'a pas du couvrir de trop vastes terri-
toires.
283. Atteste deja chez Flaute, le terme ballista, emprunt technique a
un derive de ~ocA.1.t~sL'J (cf. ~rl..1\1,sL'J «lancer »), est devenu par la suite popu-
laire sous la forme ballistra (cf. it. balestra). d'ou est ne le derive ballistrarius
«celui qui lance», reintroduit en grec par la plume de Mauricius sous la forme
~otALcrTpocpLoc; 401 .
te mat xon6c; (( perche, bâton, bois de lance, javelot, epieu l) a ete em-
prunte du latin (contus) ou il est atteste du temps de Varro; la langue espag-
nole (cuento <( poutre de soutenement ») en a herite. Le deriYe contaritts ((porte-
lance » apparaît dans Ies inscriptions latines a câte de co11tat1ts, avec la meme
signification a partir du IF siecle 402 . Ce dernier terme se retrouve egalement
chcz Mauricius et c'est du latin contarius que s'est forme xov-rcf.pLov «lance 1>,
atteste chez le meme ecrivain; de la s' est developpe par la suite le derive
xov-rocp1ho:; « soldat arme d'un xo'J-:-&pLo'J » 403 . Ces exemples montrent que
l'interpenetration des deux grandes langucs de la civifoation antique allait
si loiri qu'il est parfois impossible de distinguer sur lequel des deux terrains
en question ont eu lieu Ies transformations enregistrees. L'alene pouvait scrYir
tout a la fois d'instrument de travail et d'arme; le tire-point ou le poinc;on:
le latin subula, conserve dans le roumain sulă, est atteste en grec a partir du
IVe sieclc (Gou~Aet., Go·;~/,[o'J, crou~At~sL·J) et a survecu en neo-grec (crou~i,oc,
crouyArJ.., Gouy/,~, OGU"(Alcf.) 4o4.

289. Une importante arme defensive etait le bouclier: du latin scutimi,


Mauricius et d'autres textes byzantins ont fait crxou-ro•J ou crxou"rocpLo'J
• bouclier », crx.ou-re:uwJ <( proteger avec le bouclier » et crucxou-:-o'J <( action de

31111
Theophan., p. 221, 3; Const. Porph., De adnz. imp, 26,33.
397
• Syll. Tact. 47, 15 et 23.
Nicephori Praecepta militaria, ed. J. Kulakovskij, (< Memoires de I' Academie des Sci-
388

ences·?e. Saint-Petersbourg, classe historico-philologique », t. 8, 11° 9, 1908, p. 2, 6: -riX /;LtpcX?LCC •••


xod. 7Cf. xoucrrr(cc.
399
N. Andriotis, Lcxikon, p. 332, n° 3501.
~
, 400 ...J.J1aur. ', 2.J-0 , 27.. <re:µrre:LV
' ' „ . - ~ '
XO:l olel 't"WV l\EyoµEVWV
Y'' • l ~6~ ' ' -
;(OU-.LNV IX7tU 7tE:7?01'"' l\WV XO:l CXUTtuV
7rupoc; 7te:7tA7JpNµe:vc.>V; Leon, Probl., IO, 6.
401
Plaute, Poen., 201-202; Maur., 316, 22.
402
ThJL, IV, 631; Yegct., 3,6 et 17; 4,17.
403
:Maur., 74,24; 84,4; 86,11, etc.
404
G. Rohlfs, Lexikon, p. 471.

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384 H. n1ihăescu

rapprocher Ies boucli~rs de fa~on a former_une sorte de_ r~mpart de boucliers !·


Le mot Gxou-:ov ne f1gure qu une seule fo1s chez Mauncms ( 100, 8- 11), ma1s
il etait indubitablement populaire en grec byzantin, car le grec modeme l'a
conserve egalement (r;x,Q•J-:[). Le verbe G"Y.0U"':Ztmv signifiait « proteger a
l'aide du bouclier I) et la forme passi\·e crx:ou-:zu;:cr.S.::H (< etrc protege ». Lorsque
Ies soldats reunissaient lcurs bouclicrs pour s'en faire un rempart on disait
qu'ils formaient un GUuXOU"':O'J 405 . Ce terme hybride, cree a l'aide de la pre-
position grecque r;u·1 « avec, cnsemble 1> et le mot crxo;:;:-0•1 d'origine latine
apparaît sculemL·nt chez 1Iauricius et dans l'ecrit anonyme pul>lie par A. Dain
sous le titre Sylloge Tacticor11111 406 •
Le derive b11ccula (de bucea <l bouche ri, pl. buccac <( joues ») signifie «men-
tonnierc de casque et tout objet L'll forme de joue, boucle, bosse de bouclier,
tringle de catapulte» 40 ~. En partant de cc sens connu par la langue latine,
on saisit plus facilemcnt la signification de l'expression d:; -:a. ~oux:oui.G(
chez ~Iauricius: dlc se traduirait approximati\-ement par<( vers le centre d'une
renflure, vers le nombril, au milieu du \·isagc »: z~:; -:<X ~,,.jzr,•;/.x cHJ,~/.oL:;
Z"("1'i:_r,•)(1L'J ••• Z'J7.T.()'.'J(.J'l7Z.'.: d::: -:d: r1r,•.ixrJ'JÎ.7.. "';(~') ~!.L7:~'JfJ3'.::·1(330, 15 et 27).
. . ' ' '

Organisation de l'armee

290. Le mode d'organisation de l'armee dcvait tenir un role decisif


pour la structure de l'Etat byzantin et acquerir avec le temps une importance
majeurc du foit de b militarisation progressive de l'appareil ad.ministratif.
II a egalemcnt i11flut; sur Ies secteur::. voisins, notamment sur le corpt; eccle-
siastiquc, ct ii a fini par dennir un modele sui,·i par Ies peuples voisins, de-
pcndants ou rivaux. C'cst dans l'ounage du X'" sieclc De ceremoniis, de l'em-
pereur Constantin Porphyrogenete, que l'intcrpenetration cntre l'element mi-
litaire et I' element administratif se dessinc le plus nettcmcnt: il cn ressort
en dfet quc la tenninologic de l'appareil d'Etat, en sa majeure partie d'ori-
ginc latine, etait de pronnancc militairc. La pcrsistance remarquable de
ccttc terminologie attcstc, d'unc part, la force de conser\'ation ct, d'une autre
part, la stagnat ion et l'isolcment relatifs de Byzancc, c'est-a-dire son incapacite
d'assimiler organiquemcnt unc seric de transfonnations structurales d'un
mondc environnant en pcrpctucl mom·cmcnt.
Ccttc prcdilcction pour l'organisation et la systcmatisation cxplique
le grand nombre des derives du mot ordo, -inis « ordre des fils dans la trame,
rang, rangee, ordrc »: ordhzabilis <( qui peut etre ordonne », ordi11alis <( qui
montn· de l'ordre », ordinare <( mettre en ordre, gom·cn1cr », o;·dinarius <(sur-
veillant qui donne des ordrcs », ordinate et ordi11atim <( en ordre », ordinatio =
=-:x~\:; <(mise cn ordre », ordinator, -trix, ordinativus, inordillatus= ocTocx.•o:;.
Par l'intcrmediair<:> de l'armee, certains de ces mots sont entres dans la
litterature byzantine et y ont fait une brillante carrierc, parvenant jusqu'au
neo-grec. Ainsi, OiJOLVo:; (( etablissemcnt I) (-:&;L:;). u ligne I) (r,:-izo:;), (! ligne
de bataille » (ocz~7..) apparaît couramment dans Ies tcxtes de strategie: o

to~ Maur., 378, 32: LO'Triv a•)axou-:-o:.


tOfiSyll. Tact .. 43, 7: CV 1i.6v·r, SE: c'.ipa. Tjj 7T,<; : zc:i.wvr,i:; zo:).ouµtv·r, 7t'O:VL7cl:~e:t, 6 8~ xo:t
O'VO'ZO'J70V T, 8"1jµ68-,j:; ovoµcl:~e:~ ~·lV"~.
to• Ernout-1\leillet, p. 77.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·rulgaire 385

1tp<7>Toi:; Tou crTlx_ou ~yon 1-ou op8(vou TWV &xLwv ~yo1J'J TWV „. opo(vwv, "Q:;
&:xloci:;, ~yoU'I •oui:; ăpo(voi:;; dze: oe ăp8lvoui:; TO 'rct:yµoc 8e:xiX.e:~ 408 • Les
expressions XClT'op8LVOV'° 9 (( a tour de role» et EV op8(vcp 4 lO «Cn ordret,
frequentes elles aussi, se sont integrees le temps aidant dans le systeme de la
langue grecque et sont devenues des adjectifs ou des adverbes: xocTop8(voi:; 411
€.vopawoi:; 412 et €.vop8 Lvwi:; 413 • Le langage juridique employait I' adverbe
€.!;Tpocop~Hvwi:; « exceptionnellement t 414 • Le mot ăp8L'1oi:; (diminutif ăp8lvLov)
a survecu dans certains parlers neo...grecs de Crete et d'Italie meridionale 415 •
Le verbe ordinare « mettre en ordre, etablir » a penetre dans la langue
grecque des le Ile siecle, avec le sens de « disposer, ordonner » (opoLve: ue:w) 416 •
Dans Ies traites de strategie militaire, il revetait le sens concret de« organiser,
mettre en ordre une unite militaire »417 , avec le compose d'ailleurs unique
7tpoopoLve:ue:Lv (( disposer prealablement, preorganiser I) 418 • Le substantif opoL-
W/.'t"L<JllJ (ordinatio = 1ci!;Li:; «mise en ordre, etablissement t) s'associait gene-
ralement aux verbes 7toLe:~v « faire » et ylve:a3':u « devenir », pour donner
naissance aux expressions opoLvot't'LO\lot itOLe:~v et opOLVCULCa>\I y(ve:cr&ct.L 419 •
Le titre ordinarius (opoLviipLOi:;) etait porte par le centurion de la premiere
cohorte de chaque legion, etant atteste dans Ies papyri grecs d'Egypte du
IV0 au VII 0 siecle, ainsi que dans d'autres sources 420 • 11 etait synonyme, sem-
ble-t-il, d' ordinatus centurio, qui se reflete dans Ies inscriptions grecques sous
Ies formcs opOL\IOC't'Oi:; XE:\l't'OUpLCa>\I ou EXCl't'O\l't'IXpX,oi:; opOL\IOC't'Oi:; 421 •
Certains derives romans d'Occident, comme le sarde ordindzare « exe-
cuter », l'esp. ordefiar et le pg. ordenhar, supposent l'existence en latin, a
câte d' ordinare, de la forme *ordiniare. La presence de cette forme dans le
latin vulgaire est confirmee par Ies sources byzantines, notamment par la
litterature populaire (op8LvLci~e:w) 422 , ainsi que par certaines survivances
dans Ies parlers neo-grecs ( cX:vopo Lvtor.crToi:;, Crete; apo L\ILOCO''t'O<'.;, N axos;
&:oup8[v!or.cr·rni:;, Macedoine) 423 • Le substantif ăpoLvdoc signifiait « rangement, or-
dre • et s'associait d'habitude avec le verbe 7toLe:fo3'xL dans l'expression
ăpowe:Locv 7toLe:fo&ixL 424 • Celle-ci apparaît dans la litterature populaire et dans
les chroniques mineures, le plus souvent dans la variante op8LvLci; elle a connu

' 08 Syll. Tact., p. 32, 1.


40 9 Maur., 148, l; 356, 9; Leon, Tact„ 11,17; De re mil., 21,31.
410 Maur., 342, 11.
411
Euxologium, ed. J. Goar, Venise 1730, p. 429-430.
n 2 Theophan., p. 364, 7.
na Leont. Neap., ed. L. Ryden, p. 163, 10 et 13; Doctrina Iacobi nuper baptizati, ed.
N. Bowetsch, Berlin 1910, p. 69, 23; 73, 12; Syll. Tact., 22, 5; Leon, Tact., 19, 26; Actes de Xero-
potamou, ed. J. Bompaire, Paris, 1964, n° 19,9; Actes de Dionysiou, ed. N. Oikono"mides, Paris,
1968, n° 20, 28 l'an 1421.
414
jus Graecoromanum, ed. C.E. Zachariae von Lingenthal, Leipzig, 1956, t. 2, p. 90.
ns G. Rohlfs, Lexikon, p. 367.
418
Acta Aspostolorum Apocrypha, ed. R.A. Lipsius et M. Bonnct, Leipzig, 1891, t. 1,
p. 186, 9.
m Maur., 60,17; 62,2; 108,23; 320,4; 322,13; Leon, Tact. 4, 35; 4, 67; 4,71.
418
Maur., 286, 27: 7rpoop8tve:ue:tv 81!: 'Tcl !3cX.v8cx ll'TOt "t"cl.yµ.cx'Tcx.
ue Ma.ur., 60,22; 312,20.
420 Prcisigke-Kiessling, t. 3, p. 138 et 216.

m IGBulg, 983 et 1127; IG, t. 10, n° 546


m Dig. Akr., E 1361; Leont. Mach., pp. 61, 69, 94, (l'an 1435).
<12 3 N. Andriotis, Lexikon, p. 115, no 699.

o• Leon, Taci„ 4, 37.


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386 H. Mihăescu

une large diffusion 425 : dans tous ces cas, leur point de depart etait l'arinee
bviantine.
291. Tout jeune soldat (tira) etait astreint a. une periode prealable
d'instruction (tirocinium). Le terme -dpwv ou -;·~pov present dans Ies sources.
grecqucs du ne au xe siecle, cornme en ternoignent lcs papyri, les ecrits hagio-
graphiques et Ies ouvrages historiques 426 , exigeait une explication du diction-
naire, ce qui prouve son rnanque de popularite 427 • Le substantif tironaius
« apprentissage, corps de recrues • devait penetrer dans la langue gr('cque
des le ne siecle, etant atteste dans Ies ecrits hagiographiques {-:-~pwvi-:-o.;)
jm:qu'au vnc siecle 428 • La taxe de paiement ou de rachat d'une recrue, norn-
mec tironicitm, est connue au IVe siecle par la correspondance de Syncsios
sous la fonne ·n~w11Lz.6v 429 .
A la jeunc recrue qui personnifiait le debut de la carriere militairc fai..,.
sait pendant, a la fin de celle-ci, le veteran: les variantes latines 1.Jclcranus
et vetranus se retrouvent en grec sous Ies formes oue:-rFo:v6c; 430 , ~e:Te:~iivoc; 431
et ~e:":'pCivoc; 432 . La position de !'accent etait en general conservec ce qui
montrc qu'il s'agit d'ernprunts faits par voie orale. Un terme bien att.este
dans Ies sources byzantines est le rnot xiµit(,c; (campus), pour lequel le dic-
tionnaire de Sophocles offre dcux sens: tt champ t = 7'E~Lov et « camp & =
== G'7CC.:"rl7'e:~(,'). Cc vocablc apparaît dans Ies papyri a partir du II" ~iede;
chcz Mauricius, ~a signification est de Khamp ouvcrt ct plat». Le rnot pro-
longc !"on existcncc jusqu'rn neo-grec, ou il apparait au!'si bien dans le nord,
qu'cn Italic meridionale.
L'instruction avait Iicu sur le camp (campus, xci.µ.;:1;~) et l'instructcur
etait appcle campi ductor (xixµ;:LOOUX":'wp). En grec, on retrouve egalt:ment
la forme zix11.moc..ux-rwpL0'1 «le drapeau de l'instructcur » 433 , qui n'a pas de
correspondant <lans les sourccs occidcntaks. Le mot xciµTioc; est attestl- de
maniere ininterrompue dans toutes sortcs de sources byzantines jusqu'en
neo-grec; il etait souvent utilise aussi dans la toponymic.
Les recrues etaient distribuees par groupes, gcneralement d'une dizaine
d'hommes, qui se partagcaient la meme tente. Entrc l'organisation milita-
ire grecquc a l'epoquc classique et l'organisation romainc il y avait une
affinitc, voir une continuitc, car les termcs acies ou acia « ligne de bataillc ».
co11tube111ium et dccurt·a correspondaient par leur sens aux mots Mzoc, c-r\;~r,c;
et ik:v.O'.pJ'..LO'.. Le derive contubernalis «camarade de tente» existe daps Ies.
rnurces grccques avec Ies variantes xc.\ITou~e:pv!l)„Loc; ou xc.nou~Epv&Fv.c;
des le II(' siecle 434 • Les traites de strategie des VIIe-xc siecles cmployaient

425 'O Ilou).o1.6yoc;, vers 11° 518 (vers 1300); Emm. Gcorgillas, 'la-:o;:t%·~ t~·ijyT)atc·rrcpt
Be:hcrcx~lou, , dans Ca„m .. Gr. m<d. aet•., p. 322-3"17, vers n° 6~; Chrcm. Mi11., t. I, n° 68,22.
P· 52"1: hcxµe: r:oD.E:c; op8L\l(e:c; xcxi -:ci~o:tc; (!'an 157"1).
~2 8 Preisigke-Kicssling, t. 3, p. 223-22"1; t. i suppl., p. 391; Theophan.·, 297, 15 i :H. Dcla-
haye, Les Ugendes grccqucs des sai11ts militaircs, Paris, 1909, p. 12î, 8. . .
42 7 Suid. s.v.; loann. Zonar„ Le xi coti, p. 1727: -:~FW\I o
vfoc; a·tpt-rtt~)-:r,~ ·r, vclAcx-:oi;
cr-:cai:-:6c:.
· 42 e Act. sanct., t. 6, p. iOi; ]. Hardouin, Acta co11ciliorum, Paris, 1714, t. 1, p. 90.
4 20 Syncsii Epistulac, 79 = PG, 66, col. Hi5A.
4Jo Preisigke-Kicssling, t. 3, p. 216, ne - IVc siecles.
4 31 Athanasii .Alexandrini Ser1110 maior de fide, 1 = PG, 26, col. 1265 A, n·e sit:Lle.
4 :1~ Ioann. Zonar., Lexicon, p. 383.

• 33 Const. Porph., De cerem., p. 11,21; 575, 19.


m Prcisigke-Kiessling, t. 3, p. 214; t. IV suppl., p. 389.

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La litterature byza.ntine, source de connaissance dn latin vnlgalre 887"

couramn1ent le terme xovTou~epvLO'' «unite ·militaire groupee autour d'une


tente» 435 •
Un terme qui a connu une large diffusion, tant en Occident qu'en Orient,
est le mot d'origine ge1manique bandum (~civ8ov} « drapeau, etendard ». 11
designait aussi la troupe groupee autour d'un meme etendard, c'est-a-dire
une unite militaire determinee et il correspondait au mot grec O'"l)(J.E:'i:ov 436
-On lit dans une inscription d'Odessos (Vama), du vie siecle, 8exocprnq;
f3cX.v~ou 43 i. Le te1me est atteste jusqu'au xve et le lexique de Zonaras l'explique.
par le synonyrne <pA.oc.µ.ouA.Lov 438 . Parallelernent, il y a aussi le cornpose
.{3ri.vao<p6poc; « signifer », <c porte-drapeau » 4 39 •
292. Les terrncs designant une unite militaire de cent homrnes ou cen-
turia (x<:vTouploc.) et son commandant centurio (xevTouplov} sont attestes
en gTec a partir du ier siecle de n.e., dans Ies papyri, Ies inscriptions et Ies
ecrits hagiographiques 440 • Par leurs propres rnoyens, a part ir du numeral
latin. centum, Ies Grecs ont cree ensuite Ies cornposes x<:vToc.p;x,loc. 441 et xevToc.p::x,oc;
ou XEV'TOCPX."I)~ 442 , presents dans Ies sources grecques jusqu'au xie siecle.
Deux. centuries formaient un manipulus, rnais cette unite n'a pas joue
de role tactique, aussi le terme ne figure-t-il pas dans Ies sources byzantines.
Au ne siecle, Plutarquc parlait des termes (J.OC.VL7tAOC. (manipula) et µoc.vmAocpLOL
(manipularii) comme n'existant qu'en latin 443 • Le rnot manipulus, manu-
pulu.s ou manunculus «ce que l'on peut tenir en main, poignee », qui au plu-
ricl devenait de genre neutre (nianipula, manupula, manuncula) a survecu
en. roumain (mănunchi) avec son sens prirnitif et non pas avec son sens mili-
taire. En revanche, la cohorte, unite militaire de 600 hommes = 6 centuries
= 3 manipuli, a tenu un role tactiquc des plus irnportants. Le rnot latin
cohors, -tis (ecrit aussi chors, -tis, cors, -tis, curs, -tis) a laisse des traces dans
toutes Ies langues romanes et a penetre dans la langue grecque, avec ses de-
rives cohortianus (xopTLCt..v6c;) et coho_rtalinus (xQp-roc.Alvoc;) 444 , notammcnt
sous la forme x6p-rlJ 445 <c tente du commandant, cour », alors qu'a la base du
m6t rournain curte se trouve la variante curs, curtis (voir l'acc. curtem). Celle-
ci a penetre egalement dans la langue grecque, suivant la voie orale: on la
retrotffc dans le parIer actu el de Crete (xoupToc) 446 •

u.; Maur., 192, 9-10; Leon, Tact„ 4,2; Pracc. mil., 1,2; 12,13; 18,25; 20,17.
436
R. Grosse, Romische Militărgeschichte von Gallienus bis zum Beginn der byzantini-
.shen Thnnmverfassung, Berlin, 1920, p. 310.
07
V. Be§e·11iev, Spătgriec!Jische und spătlateinische Inschriften aus Bulgarien, Berlin.
196-t, li<) 89,3.
. ns Procop„ Bell„ 4,2,1; l\falal„ 461,11; 464,3; 468, 21; Teophyl. Sim., Hist.', 3,4;41
3,6;t; 7,3,3; Ioann. Zonar„ l.rxicon, p. 375 ·
m Maur., 56,24; 60,21; Leon, Tact„ 4, 7 et 16.
Ho Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 212; Act. Apost. Apocr, t. 1, p. 112,5 116,5; Ioann. Zonar„
Lexiom. p. 1183: xe:vTouplwv 1j":OL n:y1.Lx-rci,:ix·1J:; zX'.XTOVTciSo:;.
111
Leon, Tact., 16,4.
41
~ ] . Viteau, Passions des saints Ecaterine et Pierre d' Alexandrie, Barbara et Anysia,
Paris, l->97, p. 99 (llle siecle); Theophan„ 287, 7; Leon, Tact„ 4,13; xE:v-:ixpxo:; SE: ecrT~'J o
EV.C(":O'I 1.v8pC:lv ă.nwv i)-:oL E:xo:-rov-:cipx7J:;; Acta Miklosich-Miiller, t. 6, p. 21 (l'an 1073):
u 3 Plut., Rom., 8,7.
. . . ~u Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 214 (IVe siecle); Act. conc. oecum., ed. Ed. Schwartz,
t. .Z, !l· 133, 30 xri;miA.Lvo::; (l'an 457); Theod .. llalsam., Pg 88, col. 11936: ex yE:vciu:; v.opTix),[vw•1
(l'au 11')0). ·
u 5 Theophan„ 462., 12; 468,7; Leon, Tact., ll,20: e:t:; -rl]v x6p-:-7Jv Tou a-rpixTLyov; Theo-'
phan. Contin. 236,2: ,-~:; "o ~xaLAE:w:; o:•JAC(b:; ·~-roL x6r,r•7J:;. · · ·
· · , u~ <P. Ko·;~out.i::, op. cit„ t. 5, p. 323.

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388 H. Mihăescu

Composee d'environ 60 centur!es .o"! 600~ ~o~es, la le~ion. (legio„


:AqEw\I) a ete pendant longternps 1 umte adnumstrahve et operahonnelle
par excellence, ce qui expli9~e la frequence du te~e d~ns. la litterature by:
zantine. Atteste de fac;:on mmterrompue dans Ies mscnphons et Ies papyn
des le Ier siecle (;>„e:yL6v, i..e:ye:wv, i..e:yL(i)Vcifnoc;) 447 , le terme devait acquerir
avec le temps un sens general de « foule grande et innombrable », ensuite,
il entra dans la langue slave ancienne (legeonu) et en roumain (lighioa11ă
«bete sauvage et repugnante&). L'expression i..e:ye:wv ocxL(.Lov[wv « legion ou
grand nombre de diables & apparait au VIie siecle chez Sophronios, patri-
arche de Jerusalem (634-638) 448 , cependant que son parallele :Ae:ye:wv
?t.yyf>..wv <c legion ou grand nombre d'anges & apparait dans l'ouvrage du
XIIe siecle Les Jf iracles de Saint Georges 449 .

293. La formation de bataille en coin ( cuneus) decrite par Arnmien


Marcellin (14,2; 17,13) et Vegetius (1,26; 3, 17-19) figurc dans le traite de
!-trategie de Mauricius sous la forme xouv[ov 400 .
Une autre formation en rangs serres, attestee chez 1\lauricius sous la
forme <poui..xov {<poui..xc:.> 7te:pmoc-;-e:rv« marcher en rangs serres » 328, 9; 338, 21)
a ete rapprochee du latin furca. formation de bataille cn forme de fourche 4 s1 • „
Leon le Sage explique ce terme de la maniere suivante: t Par cette marche
en rangs serres {<poui..xcp 7te:pL7tocnrv) nous entcndons le moment ou Ies lignes
de cornbattants (la nâtre et celle des ennemis) se rapprochent et s'appreteut
a lancer lcurs javclots et quand ceux du premier rang ne portent ni cottes,
ni armes » (7, 66). Le terme a la merne sign if ica t ion dans la C hronique de
Theophanc, ecri te vers l'an 812: (X u-;-oc; mxpE1'ciţe:-ro 1'ELO'L <poui..xoLc; XIXL XOCTOC
"rc.u ~ocmi..&wc; ixwp"fjcrEv (318, 16). Sous la plume du continuateur anonyme
<le Theophane, au xc sieclc, le mot est atteste au piuriei: 7tocpcx-rciţe:Lc; xoct
ouvoc(.LzLc; xocl. -rQ: ipouÂ.xoc "ou ă.3'e:6u x.cx1.1.~oii (468, 6). Le traite De re militari
d'un anonyme du Xe siecle, public par R. Vari, entend par ipoui..xcx certaines
unites combattantes qui ont pour mission de proteger Ies soldats qui font
paîtrc lcurs montures ou qui rapportcnt du fourrage (41, 10; 41, 16; 42, 20).
Ouatre autres attestations se retrouvcnt dans De velitationc bellica, du X 0
;)ecle: -rii <poui..xcx 't"OUTO';'c; ipul.ciTTo\ITCX {198, 13); d o& XOCL <poui..xov ••. (204,
2); (.LETii TOU ipou),xov cruvci9cxL 7!0AE(.LOV (204, 6); q>OUAXO\I E~W nu ipocrcr&.-rw
-rwv 7tOAE(.Llwv i:cr-rciµe:vov (210, 10-11). Aucune confusion n'est possible entre
le terme ipoui..xov du genrc neutre avec le terme feminin ipoupxcx (furca).
puisquc ce dernicr n'appartenait guere a la terminologie militairc. L'empmnt
grec cpoupxoc avait le sens <le <c fourche de torture & et le verbe correspondant
cpoupx(~e:Lv (orthographie aussi cpouA.xt~e:Lv) celui de t torturer ou faire perir au
moyen des fourches~ ' 52 . Pour expliquer ipoui..xov il serait raisonnable a notre a Yis

m Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 214.
•4& PG, 87, col. 3664 B.
m Miracu/a S. Georgii ed. I. B. Althauser, p. 131, 9.
450
Maur„ 304, 16: m:1:wv xc..uvlci.

01
Zilliacus. p. 144: 1 Dem cuneus entsprach ungefăhr die keilfi:irmigc Anfallsformation
fPOu).xov ... Auch dieses Wort diirfte lateinischer Herkunft sein: furca kommt jedoch in der
romischen Militărtcrminologie nicht vor•.

02
Maial„ 431, 12: t<pou).xLl;;e:v ciu•6\I; Theophan., 283,3: o[ 8e Mo Em:crci\I ix •t"~c;
<poupxci~; Theophan. Contin., 303, 17: <po•'.ipxcic; crTij\lciL 7tpocrho:t;e: ... cive:crxoA67tLO"e:v: Ps. Kodin.,
o
8.'i, 2: âve:axoA67tLO"e:v txa:foe: ciuTouc; fiyouv EfPOUAxL<JEV ~" xo:l T67toc; tx>.~STI ~ou>.x6A7j<JToc;.

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de reprendre le point de vue de Ducange (p._ 1694). et de le considerer d'origine


germanique (a. aliem. *julka, a. h. aliem_. }ole, ·angl. jolk, allem. Volk, qui
ont tous le sens general de <1 tas, masse, foule, agglomeration »).
Le train, c'est-a-dirc l'cnsemble des non-combattants avec le materiei
necessaire aux soldats, tel que valets, betes de sommc et autres animaux,
portait ordinairement le nom de oc7tocrxe:u~ (C bag_ages I). Apres le vre siecle
devait se substituer a ce terme celui de -rouA.8oc; ou -rouA.~o'll, d'origine germa-
nique selon Paul Collinet (cf. a. allemand Tuld et bavarois moderne Dult
«foire») ou, plus probablement, d'origine latine (cf. bas-latin toltus, tuldits.
de tollere « prendre, emporter »), suivan t Alphonse Dain 453 • Quelle qu' en
soit !'origine de ce mot, il est entre sur le tard en latin comme terme mili-
taire, pour passer ulterieurement dans la litteraturc byzantine. Atteste en
grec du vnc au XIV 0 siecle, ce mot represente une nouvelle prcuvc de la
continuite dans le monde byzantin de la culturc antique 454 •

294. Les noms portcs par certaines unites romaincs de l'epoquc clas-
sique se sont maintenus dans la nomenclature militaire byzantine - par
exemple: acies (&xloc), cuneus (x..ou'llLo'll), legio (t..e:ye:w'll, A.qLwv), numerus
('llouµe:p::ic;, 'llOU[J.e:pov) et vexillatio (~d;e:AAIX't'LW'll). D'autres termcs du meme
genre devaient penetrer sur le tard dans la terminologie dC' l'armee byzantine
comme emprunts faits des divers peuples avec lesquels Ies Romains entre-
rent en contact, pour etre ensuite transmis a la civilisation byzantine: ban-
dum (~cb~~v) d'origine germanique et drungus (8p:.uyyoc;) d'origine celtique
ou germamque.
Jusqu'au nre siecle, !'unite de cavalerie la plus importante, compor-
tant environ 500 ( quingenaria) ou 1000 (milliaria) hommes, commandee
par un praejectus, etait I' ala (oct..oc): en grec, ce terme figure surtout dans Ies
inscriptions et Ies papyri d'Egypte. Par la suite, en raison des changements
qui eurent lieu et surtout du role de plus en plus important assigne a la cava-
lerie, d'autres termes se sont imposes, le mot ala tombant en desuetude et
disparaissant des sources byzantines.
Par turma, au IVc siecle l'on entendait une unite de cavaliers d'environ
350 a 500 hommes. En grec, le terme (-roupµ.oc, -roupµl)) figure dans Ies papyri
du rer au Vle siecles, sans interruption 455. Le traite de strategie de l'empereur
Leon le Sage (886-912) l'explique par ~pouyyoc; ou µ~poc;, c'est-a-dire une
grande unite de cavalerie, ayant son propre drapeau 456 . Le commandant d'une
't'OUp(J.OC etait DOmme 't'OUp[J.ocpJ.l)s 457 , SOil epouse s'appe}ait -roupµocp;(LO'O'IX 458 ,

453
P. Colii net, Sur l'expression ot iv -:-oi:'i; -rou:A8oti; • ceux qui portcnt dans lcs bagages t
(Ecloga, cliap. XVIII), dans Mt!Zrmgcs Charles Deihl, I: Histoire, Paris, 1930, p. i9-5i; A.
Dain, • Touldos • et •Touldon » dans les traites militaires, dans: Ilcxy>'apm:tcx Mt!langcs Remi
Grt!goire, II, • Annuaire de !'Institut de philologie ct d'histoirc oricn1alcs ct slaves ~. 10, 1950,
p. 161-169.
4 M Tres frequent chez Jvlauricius et Theophanes; Leon, Tact„ i,30; Praec. mil„ 10.9;
13,11; 14,23; 17,18; De velitatione bellica, ed. C.B.Hase, p. 182,8; 205,13; 226,6 ct 10; Nicepho-
ri Bryenni, Opera, ed. A. Meineke, Bonn, 1836, p. 139, 11; Cecaumeni Strntegicon, ed. B. Vassi-
lievsky - V. Jernstatlt, p. 22,12.
ns Preisigke-Kiessling, t. 3, p. 22i; t. '4 suppl„ p. 391.
4 se Leon, Tact„ -4,11; 6,18-19; 12,7.
467
Const. Porph., De adm. imp„ i5,81; i6,78; Leon, Tact. -4,10.
468
Theod. Stud„ Epist„ 2, 1-45 = PG 99, col. H53 C (vers l'an 80"l).

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3!10 I-L" Mi hă.>·-'>c11

cepd1dant quc la <lignite du nupµocpxîJ~ s'cxprimait par le. substantif


„oupµ:x.p zii-:ov i;; 9 _ Le terme ctai t C"ncorc 1:n usage au XII" sieclr 4 •m.
L'un des tcrnws nouvcaux, destine par la suite a un sort briliant, fut
celui ,Ii_. dru11g11s un dronr;us. II apparaît d'abord au cours de la scconde moi-
tie du rve siecle, dans la corrrspondance de Ioanncs Chrysostomos, avec le
sens gl·neral d non specialise de « groupc ou fonic de moincs » (8pouyyoi:;
µr.i•1r1.~r',·1-:w1) m _ l"n sie::le plus tard, Rcnatus Vcgetius :illait l'cmployer com-
mc ll·rnw militaire, qu'il traduisit par le latin globus ou ·cagans glob11s «forma-
tion on fol1lc dmsc t"i cn;mi<~ » 462 . Au dehut du VII'' siecle, le t1ait{~ de stra-
tegiL· d1_· .Jiauricius cntendait par cc terme un« ra~scmbkmc:nt, agglomL~ration »:
&8-?r,'.r;µ:x. ou un (.L$?',~ «part ie d'unc am1ec », dune unc unite militaire d'en-
Yirun millc ;t trois millc hommc~ ·163 . Par l'ad\'crbc ~pr:i•;yyLr;-:(. îl exprimait
b mr,dalitt'.· LiL' constituticn, <lr· mis<' 1·n marchr et d':iction 1k c·tte unite 464 •
Au >:_·· sicclc, ];! ~raite de strat{·gfr de Lfon le Sage prcrisait qu'il fa.Hait cn-
tcndr·· par 8~r,·J·r·r~r;-:-~ « 111~ mou\'UTI('nt en rangs serrcs » (-::Tz:J<7>:;), ccnccntre
(fJ(.L',:; I 46''. Par con:J·qucnt' k terme 8pr.iij·nr,:; ct ~;cs derives et~icnt le resnltat
d'm••· innoYation <le caracti~rc tactiqnc, cxprimec clairemcnt, sans le moindre
eqnin)quc - raisons ayant :1s.;;urc k succes du mot et de sa famille. Le com-
man<lant <l'un 8?r)rnr):;, appd{· 8pouy·rocpLoi:;, s'assirnibit au :x,t),(o:p:x,oc; «chef
d'-' milk hommt•s », tennc utilisl- aupara\·ant, d avcc le tcmps il allait gagner
cn i:1flnencc dans l'Empin.: (']l tanl que commarnlant cn chef Ll'une grar.de
unitL· militair•· (8po•rrrocpLo:; Tc.ij ă.pL&µr):I), d'unc pro\'incc (8povyyocFLoi:;
,,,ij 3-z!.L7.":'J:;). de la ganll' imp(~rialc (8pwyyoc?L(J:; -:lj:; ~(yi-.1):;) ou de la flotte
(o;:.r,·;·:··ti;w):; -:rii r;-:-~i,·,·J). La flottc l-t.ait plan~c au Xllr sieclc sous Ies ordres
d'un ,1rcngaire, qui portait le titre de µ~yo:c; il?'.Ju·rrocpLoi:; 46a. L'office du dron-
gair.„ l'xprimc cn grec par le substantif aprHyyo:pCiT0'1, atteste au siccle467 , xc
suppo.;1· l'cxistence cn latin du terme drun{!.aratus «cc qui concerne le dron-
gairt· », qui cst attcstc au XII'" sicclc dans la voc:~sie de Theodore Prodromos 468 •
Un c1·rtain nombrc de troupc-s placfrs sous le commandcmcnt d'un drongaire
s'appl'lait 8povyy~ 469 . Lr titre de 8pr,uyy17.p0x6t.LlJ; <lesigr.ait probablcment
l'ecuy1·r (x6µ-I):;) au sc1Ticc <l'un drongaire 470 •
Le tcrmr militaire de numcrus apparait des le I"r sieclc, d'abord ·avec
le se-ns d'<• un CL·rtain nombrc de soldats non-citoycns romains puis avec „,
celui Li'« unc ccrtainr unite militaire, unc unite mixte d'importance non deter-
min:'.·l-, qui opfrait le cas echeant de concert a\·ec l'armee rcguliere 1>. Le nu-
merus clcsignait donc une categoric de soldats qui <lisposaicnt de leur propre

1.;,,C1111st. l'orph., J)„ aJ;n. irn/• . .10, L'l9.


HO Ioa1111. Zo11ar„ H1st., el!. M. l'incllT, Uonn, 1897, 15, 19, 12.
I•;! Ioann. Chrys„stom,· E.pist., cd. ll. tlc Mo11fa11r.:011, l'aris, 1835, t. 3, P· 596 c.
1
''~ Ycgct, J!1l„ 3.16 ct 19.
1"a Maur„ 56.lfi;. 71.16; 7':,20; 126,11; 344,28.
164
• • 1\laur.. .32 ,22: O,j0U"("(VT7L ·;ti.. ;t;ELV; 108. 9: o,:l', iyytr.-:-t 0;.iµa:v; I JO. 26 6po•J·(ytrr7L
E'it~.: Zۥ1':)~!..
' · 1•;;; Leon, Tact„ 12,79·.
R. Guilland, R1·chrrchcs sur lcs instit11tions l1y;,mli11cs, lkrli11 1967, t. I, p. 562-587.
HG
167
Thcophan. Cont .. p. 371. .
·l•;B Tht'odoros Protlromc.s, Historischc Gedic/1/c hg. ·iun \Volfram Hărandncr, \Yien, 1974,
pol:m"' Ll\", 192. ' .
.,„y Ps. Kodin, 188, 16-18.
170
Actes <fr Lat'ra, cil. G. Rouillard-1'. Collomp, Paris, 1937, t. 1, n° 28, 93 (l'an 1060);
~1° 30,30 (l'an 107-l); Art:z Miklosich-Miillef, t. I, 11° 6, p. 21 (l'an 1073); J. Kulako·rskij„Drnng
i drni:~ 1rij, \'\', !.>, 1902, j"i. 1- 30. · · ·

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La li tteraturc byza.ntine, s.c:iur:cţ, ,d.t;. co~naissa.nce du latin vulgaire 391

organisation et s'acquittaient de missions speciales, Le mot a.survecu, mais


dans une faÎble mcsure, avec scs derives. numerariies {vouµr::pocpLoc;) et super-
numerarius {crou7tr::pvouµr::pocprnc;). Au xe sjecle, il persistait encore dans le titre
de ~oµfo·nxoc; -rwv vouµepov 471 , ainsi que dans Ies tcrmes de vouµe:pocpLoc; ct de
O'ou;;:r::pvouµe:pocpLoc;, encore en usage 412.).
295. Certains titrcs dev3:ient disparaître apres le VIe sieclc, par exemple:
beneficiarii {~s'1e:<pLxtci:ALoL, ~e:'1e:cptxLcipLot) <c soldats liberes mis au service
des officiers superieurs », expe~iti {EE,7te:of.Tot) <c soldats adroits et bien entraî-
nes au combat », ferentarii (cpe:pe:v-;cipLo:L) <c troupes auxiliaircs », junditores
( cpou\l~krope:c;) <c frondcurs », mctatores (µ YJT<l..Tope:c;) « arpcntcurs », scwtores
{cre:xou't'opsc;) < accompagnatcurs », tcsscrarii ('t'e:crcre:pcX.pLoL, -;e:crcro:p&pLoL) «sol-
1

dats charges de transmettn~ le moi. d'crdrc ». D'autres krmes ont continue


de servir, Ctant Certainrrnrnt llSUelS jmqu'au XJie siccle: barbati {~o:p~choL)
« soldats a barbe » 473 , comvti (xop'1oth0L) « rnilitaires coiffes d'un casqpc rnuni
d'une come» 474 , cristati (x~tuT&.7oL) « soldats coiffes d'un panaclw » 475 ,
deputati (~YJ7to•&.'t'oL) «ambulanciers 1> 476 , e xplcti (EE,n :A YJ x-;oL) <c militaires adroits
ct prets a combattre 1> 477 . Crprndant, dans cctic categoric, le terme qui
s'est le rnicux maintcnu c~t Celui <le bucccllarii (~r,u:x.x.:::)J,&.pLo~) « soldats
misa la disposition des officicrs supetieurs, qu'ils habillaic::.nt ct nourrissairnt»:
le titre de buccellari1:s « mangcur de buccella (pctits pains, biscuits) 1> exprimait
ironiqucmcnt cettc dcper,dance 478 ; il figure dans Ies sources grccqucs a partir
du ye sieclc 419 . Plus tard, Ies lmcccllarii" (~oux.xE/.:A&.pLot) dcvaient etrc enca-
dres dans }'arrnfr regu}iere el etabJis juste a }a suite des cr;w&<X.pLOL. IJs ont
continue d'etre affectes a la securite des commandants en chef et, pour cctte
raison, ils ont gagne petit a petit une situation priviJegiee. L'un des themes
rnicrasiatiques, situe entre Ies rivieres Sangarios (Sakarya) ct Halys (Kisil
Irmak), au sud de la Paphlagonie t't au nord de la Cappadocc, allait rcccvoir
le nom de &$µix TWV ~ouxe:J...:AocpL(l)\I. Cette popularite du terme etait due a
l'cxcellente situation du mot /nuca et de sa famillc dans la languc latine. En
effet, /yz.tCCa (C bOUChe l) etait largernent repandu et aVait des deriVCS VÎgOUfCllX,
dont plusieuts devaient survivre· dans Ies langues romanes: buccalc <• sorte
de Vase I), bUCCaTe (C bavarder l), *bitccafa (I bOUChec l), mtCCCa (C bOUChe I), OU.C-
cella (C petit pain I); mtCCCllariUS (l.ffiangC\lf de petit pain l), bUCCellatU11l (C biS-
CUit, pain de ffiUnÎfÎOTI », mtCCO, -onis <c grande bouchc, bavard 1), b'ltCCOS1fS et
bucculentus <c joufflu 1>, mtccula « joue, mmtonniere de casque ct de tont objet
en forme de joue, bonele, bosse de bouclier 1>, bucculari: <c sori.c ele vase))' *im-
buccare (Cavalet I). Parrni ccs. mots, bi.tcca (~ouxo:). (I pain l) apparaît au xue
sieclc, dans l'ceuvre du poete Thtodoros Prodromos 480 et bucceae (~ouxLo:L)
dans ,Ies papyri d'Egypte 481 . De ~01'.ixoc est ne le diminutif ~oux(ov <1 petit

471 Const. Porph., Df' ceum., l, 1;··1·,27; Symeonis l\Iagistri Am:alt5, C-cl. !mm. Br:kker,

Bonn, 1838, p. 655, 11.


472 Const. Porph., De cerem., 1,86; 2,56„
' 73 Chron. Pn.sch„ 340; Consţ. Por.ph„.i:>e CCl'em., 1,10; 1,27.
~ 7 ~ Philostorg„ 7, 7, p. 86,6; Chron: .fa,sciz„ 549.
476 Georg. Cedren., 794, 10. .
478 Maur., 30,8; 56,29; 72,13; 86,15; 88,5;.152,9; 192,16.

4 7 7 Maur„ 86,18; 154,22; 172,19; 226„13; 234,l. .


478 O. Seeck, RE, 3, 1896, p. 934:._:93'8; ,k, Grossc, ·op. ~ii„ p. 2&3-291.
470
Dani.el Stylites, 60 = Anal. lfoll„ 32, .1913, p. 179.
490
Emm. Kriaras, Ae:l;tx6, t. 4, p. 162 ..
481 B. Mcinersmann, p. 12.

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392 H. Mihăcscu

pain, Liscuit », atteste a partir du V0 siecle 482 • Les termes ~ouxe:n.cipLoc;


et ~ouxe:/,A.a:rnv se retrouvent de fai;on inintcrrompue du V0 au XIl 0 siecle 483 •
L'adjectif ~ouxd..Acxptx6c; figure au VII" siccle dans le traite de strategic de
Mauricius 484 • Au xe siecle, l'empereur Constantin Porphyrogenete expliquait
le suLstantif ~ouxe:J..J..oc; par xptxe:J...Aoe:t8b; ~wµtov «petit pain rond• 485 .
Ihtccula a donne en grec le substantif neutre ~ouxo•J),ov (pl. ~ouxou),oc) « bosse
de bouclicr •. Le phorn!tisme buccla pour buccula est atteste indirectcmcnt au
JVe siccle (bftcclatiim)4 86 ; il est a la base des formes ~OU't'ÂWVe:tv et ~OU't'OUÂWVe:tv
de la litterature populaire byzantine, apres la transformation prealable du
groupe consonantique el en tl dans le latin vulgaire.
Pendant Ies Ctapes, la nourriture des soldats devait etre simple et le-
gere: biscuit fbucccllatum), pain ( pa11i:s), mouture de ble ( p1:stum), vin
(uinum), lard (laridu,m) ct viande fumec de mouton (carovervecina) 487 •
ia popularit{· de ce-s termcs resulte aussi du fait qu'ils se sont maintenus dans
Ies languc-s romanc-s. Le biscuit (bucccl/atmn) ctait utilise aussi par Ies rnoines
„.
ou Ies chrcticns picux 48 P1:stum est le participe passe de pin.sere u piler le
grain »; le doublet pinsarc, lui aussi un mot populairc, s'est conserve dans
toutes ks lanb'lws romancs. Les mots bu-ccellatum et pistum ont subsiste aussi
dans la terminologic militaire dr? Byzancc.

Gardes et sur\'eillance

:!HG. L'influcnce latine a penetr{~ aussi dans l'organisation intericure


du camp byzantin, ainsi que dans la vie privcc des soldats. II ne s'agissait
pas d'autre eh osc, cn fait, que d'unc continuite, sous unc forme grecque rnais
aHc de rnultipks intcrfercnccs latincs, de l'organisation militaire romaine,
tellc qu'elle s'ctait constitucc jusqu'a la fin du VI 0 siecle. La terminologie
d'origine latine est aussi richc que varice pour Ies notions de c garde, surveil-
lance », nous offrant cinq terrnl's differents: vigilia, custodia, sculca, cxcubitus
et scn~bo. Chacun de ces tcrmes avait un sens precis et bicn defini, cc qui
cxplique la pc-rsistance, la diffusion ct la dun~c de ces mots.
Du latin vigil, -ilis « bien vivant, dispos, Lien eveille • se sont formes
lcs dcrivcs vi:gilia <c veille • et vigilarc « veiller •. avec une survivancc en rou-
main (veghea) el dans d'autres langues romanes. L'adjectif vigil pouvait en-
core scn·ir <le substantif avec le sens de 1,1 veilleur, sc:ntinelle •: dans la langue
parlee on le pronon<;ait vigil, gen. viglis, ace. viglem ou vegil, veglis, veglem,
d'ou cn roumain veghe <1 veille •. Le substantif roumain veghe pcut etre consi-
dere aussi commc un post-verbal de veghe.a 1,1 veiller •. mais sa derivation directe
du latin vcglem est egalement plausible. Le verbe latin vigilare ou viglare a
donnc cn grec ~tyAe:uzLv 489 , ~tyAouv 4110 ct ~ty>..t~e:~v; ce dernier terme appa-

u~ Apophtcgmala Patrum = PG, 75, col. 88A; Dorothcus Abhas, Doctrinae diversae =
= PG, 88, col. 1745 A; Anastasins Sinaita = PG, 89, col. 57 A.
483
Paladii Hist. I.aus. = PG, 31, col. 1051 D.
48
' Maur.. 68 ,23: f:lotJXe:AAttpLXcl f:liiv8tt.
na De thcm., 6,6.
480
Amm. Marcell., 17, 8, 2: bucclatum, "' vulgo appellant.
487
Cod. Thcod., 7, 4, 6 (l'an 360); Cod. lust., 12, 37, l.
488 Paulin. Nol., Epist. 7, J, p. 45,2: de buccellalo Christia11ae expeditionis.

m Maur., 18, lJ (A); Leon, Tact., 12,56.


00
Emm. Kria.ras, Ae:~LK6, t. 1, p. 116.

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La. littera.ture by2&D:ti.D.,.. a>un.ti tle-·001Jnaissancc du latin vulgaire 393

raît surtout dans Ies textes populaires et s'est conserve jusqu' a cc jour dans
l'île de Karpathos 491.
De ~Ly:A(~e:Lv sont nes, sur le terrain de la langue grecquc, les substantifs
~f.y:Aurn;, cbro~(y:ALO"Lt; « veillc, surveillance & 492 ; ~Lj'ALO"T-ljt; «celui qui veil-
le » 493 et ~Ly:Acx.TLx6v « impot pour l'activite de veille ou de suncillance » 494 •
La forme la plus repandue etait sans doute ~(y:Acx. = XCX.TCX.O'X07t~ « garde,
surveillance I), derivee d'un hypothetique latin vigla, un post-verbal ne de
viglare, tout comme pugna de pug.iare. Attestee sans interruption, la forme
~ly:Acx. a survecu dans le neo-grec, d'ou elle est passee en turc 496 • La popularite
du mot ~f.y:Acx et de ses derives est incontestable: ~Ly:A(~w implique une forme
correspondante latine *viglizo, d'ou s'est developpee la forme roumaine veghez
« je veille ». 11 y avait des gardes interieures (fow~Ly:Acx.} et exterieures
(E~6~Ly:Acx.) 496 , des gardes de jour (~µe:po~(y:A1XL) 497 et de nuit (vuxTe:pLvcxl.l~(y:AcxL} 498 ,
la surveillance contre le feu (~(y:Acx •.• ~ 8Lci Tou nupot; cpu:Axcx~) 499 , Ies gardes
des foyers (xotµLvo~f.y:Acx., xotµLvo~(y:ALcx.} 600 et Ies gardes imperiales (~otO"LALxotl.
~f.y:AotL) 501 . Le commandant d'une garde importante s'appelait 8pouyyocpLot; T~t;
~(y:Acxt; ou ~f.y:A"lt; 502 . Du latin viglator, non atteste en Occident, est ne le
terme ~Ly:AocTwp, quc l'on retrouve frequemment dans Ies traites de strategie
du xe siecle 503 .
Le terme x.ouO"Tw8f.oc (custodia) « garde, prison &, figurant en grec tout
d'abord dans le Nouveau Testament 604 , est toujours usuel au rvc siecle, au
ye siecle 505 et meme au xe siecle 606 . Le fait qu'il figure encore dans l'reuvre
de Theadaros Prodromos 507 , vers l'an 1166, confirme la popularite de ce mat,
employe sans interruption jusqu'a ce jour. Son derive xoUO"Tcu8LocpLot; ( cus-
todiarius) <c gardien de prison » est cite par l'empereur Constantin Porphyro-
genete au xc siecle 5os.
297. Le terme e:~n:AopocTcup (explorator) est accole par Mauricius au mot
xocTocO"xoTCot;, qui sert aussi a l'explication du mot plus recent O"xou:AxocTcup 509 •
Le fait que deux termes distincts, empruntes au latin, soient traduits par un
seul mat grec est la preuve d'un manque de ressources et montre que la ter-
minologie grecque de l'epaque classique ne repondait pas en entier aux besoins
de la basse-epaque. Les exploratores et sculcatores ou exculcatores etaient
491 N. Andriotis, Lexikon, p. 248, no 2395.
492 Acta Miklosich-Miiller, t. 5, p. 83.
49 3 Emm. Kriaras, Ae:!;Lx6, t. 1, p. 116.
494
Acta Miklosich-Miiller, t. 5, p. 166, no 4 (l'an 1317).
405 Ch. Symeonidis, op. cit., pp. 36 et 41.
496
Const. Porph„ De cerem., 1, p. 490, 4; De re mii., 11,17; 12, 2-4; Vel bell., 202,41
225, 10; 226,6.
m Ps. Kodin., 249, 13-15.
oe Maur., 356,18; Leon, Tact., 11, 2e.
49 9 Etym. Magn., 801, 27 (Xe siecle).
500 Vel. beli., 188, 5,9; 194, 20.
601 Theopha.n., 491,1.2
502
Theopha.n., 466,5; Const. Porph„ De adm. imp., 51,29; Ioann. Scylitz„ 3,4; 112, 16.
603
Leon, Tact., 14,16; De re mil., 41,21; Vel. bell., 186, 17; 187,2; 222,1, 225, 13; 236,6.
604 Nouv. Test„ Mth„ 27, 6.5-66; 28,11.
606
Ioann. Cbrysost. Hom. 89,l = PG, 7, col. 832 B; Pa.lla.d. Hist. Laus. 38 = PG, 34,
col. 1193 A.
608
Alexandri Sala.mini De inventione crncis = PG, 87, col. 4036 C.
5o 7 Hist. Gedichte, ed. W. Horă.ndner, 17, 9.
r.oe Const. Porph., De cerem., 2, 78.
r.oe Maur„ 33, 13; 222,8; 240,17; 246,8.

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394 H. Mihăescu

deux categories distinctes de soldats: Ies premiers rcconnaissaient le terrain,


s'informaient, puis rapportaient; Ies autrcs avarn;:aient sous forme de petites
unites homogenes, etablissaient le contact avec l'enncmi ct le harcelaiePt ou
l'engageaicnt dans des combats isoles. Le mot sculca « garde militaire, unite
chargfr d'inf iltrations en territoire enncmi •. considere d'habitude comme
d'origine germanique ct mis en liaison avec l'anglais medieval skulken « guet-
ter • ct avec le vieil alkmand du nord skolke « questionner habilement t 510 , appa-
raît plutât comme une creation interne de la languc latine. Du verbe calcare
« fouler aux pieds • sont nes les derives cxmlcare « sortir des rangs pour fouler
aux picds I) et proculcarc « avancer et foulcr aux pieds I). La notion generale
etait de (C guettcr OU harcelcr I), aÎilSÎ qu'il rCSSOrt egalement du terme exeitl-
catOI', synonymc de antecursor <c qui harcelc •. Exculcare - prononce aussi
scu/,.:ilre par lcs soldats - a donne le substantif postverbal exculca ou scitlca,
cxactcment commc frugnare a donne p1tg11a C't ·uigi:larc - vigla. Le substantif
scutea apparait tardivernent en latin: chcz Mauricius crxou)..xoc est parfois
accok au tC'nnc plus ancicn Ev&8poc « harcelcmcnt, pcnetration ». Le verbe
axo•Ji.Y.e:ue:Lv n'a pas de parallelisrnc attcste cn latin, iandis quc le substantif
axoui,xa:rwp rcpond a la forme latine sculcator ou exmlcator, attestee chez
Vcgecc {2, 15 t:'t 17). Vers l'an 425, Ies sculcatorcs = exmlcatores etaient Ies
sol<l:i.ts de l'infantcric legere qui SC trouvai~·nt a proximite des grandcs unites
militaires d(' provinces 511 • En grec, le terme crxou)..x::u::Lv = xoc't'occrxom:'i:v
(« surwillcr, harcdcr I) apparait d'abord dans la premiere moitie du vie sie-
cle ri1~. puis surtout dans lcs traites de s~rategie d~s sieclcs suivants 613 • Le
sub:c~antif crx0u)..xoc,, tra<luit p;::.~ Theophylactc Simocatta avcc 8Locq>poup&
<i surnillance, garde • 614 , expri:7lait pourtant une action ou unc marchc vers
l'cnncmi 516 . C'cst ainsi quc s' cxpliqu1· la :la i::,sanc· du compo5e 7tpocrx.ou)..xe:uzw 516 ,
qui ~.upposc l'existcnc1..~ prcabl l•: ll'un n·rlw latin /Jl'osmlcarc, non attcste
1

dan:-, lcs sources occidcntales. L"s :.;ubstantifs a~'J'JAY.~:-w~ c' :tp".lcrxou)..xoc't'wo


etaic·nt usuels dans l'intcrvall<' compris entr•· k VI" ...t l~ x·· si~clc 517 . Che~
Mauricius fi;.;un.· unc s·:uk fois c;xo'JAx.cho~ <c l'action consistant a guctter et
a se ruc~r t> 516 , qui a a sa basc un suhstantif latin smlcatus, absent lui aussi
dans ks sourccs d'OccidL.ll.
:!9U. Pour de.:;igncr la gard2 <lu palais ou d'un edifice public, on se ser-
vait surtout <l1~s deriv~s de exmbare « dormir hor.:; de la maison, veiller, sur-
veilll·r o, tcls: cx:::ubia~ <« g::i.rde d·~ nuit », cxcubitor « gardien », exwbitu,s « l'ac-
tion de gardcr •. de. Q'.Idqu~:;-un:; de ccs dcrives sont cntres dans la langue
grecquc pour y el.re c:mployes ju:;;qu'au XIP sie::l\?. co;nmc Eţxou~('t'wp 519
LIO w. r~foyl!r-Liibke, REW, 11° 7753 a.
51 1 Not. d•gn„ cd. O. S(!'.!:k.
'•lt 1\fa.rtyrium Aret/nr., chez J. B ,jssona.d·~. Anecd'Jta Gr-ieca, PJ.ris, 1833, t. 5, p. 53.
613 Maur., 90,3; 180,5; 186, 20; 344,16; L·~on, Tact., 9,60.
614 Theopi1yl. Sim., 6, 9, 14 dl~f>.JJJ,;i:i ... , ~J crxouA.<:.t•1 cruv"IJl}z; "TI 7rX't'PLt:' cpwvjj
'Pw(.LIXtot; cXlTOX'.lA::"i°v.
6 16 Maur., 186, 12 crXO'JA;(W'I 7r?Oc:.E;e:,;xo1.L~V()'I.
818 Maur., 146, 3: Tou; e:l-; i1:·1topcxv cX7re:,;xot.L~vou; 7r;:io::rxouAxe:uetv. 244, 31: crJte:u1le:tv
7rpocrx:>uA.x.e:ue:Lv.
m Ma.lal., 330,2; Maur., 30, 10; 58, 4; 88, 27: crxouJ...-.ci :-wp = xcxTi:icrxo7ro;; Leon,
Tact., 4,26; Const. Proph., De adm. imp., 53, 57.
618
Ml.ur., 244, 22: 6 E:v rrzbix crxo'JÂXcX'!'WV.
019
Malal., 371,23: 394,20: 4l0,5; Theophyl. Sim., 4,11,4; 7,15,7; Anastasius Sina.iticus,
tOriens Christianus t 2, 1902, p. 53; Const. Porph., De cerem„ 1,93; Theod. Balsam., PG, 88.
col. 1048 D, l'au 1190.

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L:i litteraturc byzantinc snurcc <le conn;i.issancc tlu latin 1ul~airc 395

d ii;xou~L•o~ 5 ~ 0 •
Le terme Ei;xou~LTapLo~ = E:!;xr,u~l·rcup, cite dans le cadre
des dcbats du Concile recumeniquc de Nicec (789), rnpposc l'c:xistrncc pre-
alablc du latin exwbitari'.us, ab::;.cnt des rnuccs occi<lcntaks. La <lignit~ de
ă.p"J.W'J, z;ixpz.ot; ou XO(J.7)~ ŢW'J iţxou~L'r(J)'J (I chef des gardrs imperialcs)) a
ete detenue pcndant un certain tcmps par uri Vlaqu·c de Thcs~alic 521 .
Le terme de protector, utilise a !'origine dans l'annec, dcvait s'etendre
par la mite a la vie civile a causc de la militari.sation de l'appareil cl'Etat:
il est atteste de fa<;on qunsi-inintcnom1me dans ks sourccs grccques dcpuis
le IYl' imqu'au XII" sieclc, awc ks grapbics: npr.-rix-rCtlp, T:poT~X7(t}p ou
npo-rl.x:r(t}p 522 . Pcndant Ies carnpagnes, le sccre1airc protfgeait lcs comman-
dants ou l\n-:.pcreur, d'oi1, probablement, Ic sens de <« gardc du corps acquis „
par ax.pl~wv=oopucp6p:i~ a part ir du VI<' sieclc. Comidcrc d'originc latine par
Theophylacte Simccatta, le mot crxpl~wv supposc une forme pn'.·alable
scrilo, -onis, non attcstee dans les rnurccs occidentak:s 523 .
On retrcUVl' dans ccrtains textcs des ixc - xnc
sieclcs, notamment
dans des tcxtes de caractere hagiogr~phiquc, le termt' x.u.mx.ÂocpLo«; = OZGµo-
CflUAIXi; <« gardirn de prison »524 .11 y avait aussi le titre ou la dignitc ccclesiastique
de xo:mx/,ocpLcc:; (( gardien des clds l) 5 ~ 5 . Le mot drvait etrc, a ce qu'il
semblc, le prcduit d'unc contarninaifrn rnire cla'iimla (avcc ~es doublets
vulgaires cabfrola, cabicla) <«petite def, Joquet 1> et caput <«tete>>, qui a donne
naissance a un hypothetiqut:: *cap1·da, consnvC:· dai~s le sarde lwbiya <c clou,
!'OC » 5~6.

Promotion, grades

299. Lrs grades, dans l'armeC', etaient en foncticn de la place occupee


par le militairc dans l'ordre de bataille: par txcmpk, dans le grcupc 6e six
hommt:s places sur le flanc, l'un d'rnx, le p:·€mier, avait k titre ou le [~rade
de p:-imtts (r.pî'.µoc:;) = r.p{;)-roc:; TCU opotvou = ·7.pCu"ruGTOC'"i)c; = A.oxr:1..y6r, 5:.i 7,
Dans l'ancirnne armec romaine p~destre, Jc pnmicr C-tait arme d'un javelot
( pilmn), aussi 1'2ppelait-on egalcmrnt primipi'l·us (r.ptv.bn/,oc;) ou primipi-
laris (7tpLµL7tLJd1.pLO«;J, rnais CC'S lÎtrcS C(SSCrrnt d'etre USliclS apres le Vie
siecle. Le premier portait aussi le nom de prhniccn·1f.s (7tpL(.LLx. ·~pLo~) parce
qu'il etait note en premier ~ur la table1te de circ (ecra ou tabula cernta) des
archivcs militaires. Avec le tcmp5., ce titre pa5sa dans l'administration civile
byzantine. Le dcuxieme soldat du groupe portait le nom de secuudu.s (cre:xou·100~)
= emcrTOC"r"I)~. atteste comme terme tcchnique militaire jusqu'au Xe

52
° Const. Porph„ De ct11m·., 1,1; Theu:pl~an. Cent., H2, î.1; 383,3; .?t.9,4; Annc Ccn~n.,
Alex., 4,4,3.
s2 1 Cccaum. Strnt., p. 96.
522
Pallad. Hist. Lai!s. = PG, 34, col. 1171 D; V. Brse·:li<v. n° 224,12; Agr.1h. Hist.
3, 14,5: d.; ... C"or:··cy6;:wv, li.; c-Tj cxp([:Ct,,vc:c G\t(.-i:~(.,l.CL"J Thupl.<.n., 1E4, 20; Zon<:.r., Hist.,
13,6,1.
523
Thcophyl. Sim„ Hi st., 1, 4, 7; 7, 3, 8; 8, 5, JO; ct\C"Fe< -;{;;v cro:µcnoq:iuMx"'" -reu
~ixcn).tfo~<; ... Cv crxp l[3wvC< „ . xc:-;c,vr,!J.â~o,~crl".
524
PG, 100, col. 1161 A; O. Gcbhardt, Acta tr.art}n1m scltcta, Leipzig, IS02, p. 173,
24; Michael .G!yc. Ann, cd. I. Bckker, Bor.n, 11:136, p. 249.
6 2 s ]. Darrouzcs, op. cit., p. 548.
626
W. Meyer-LiilJkc, RE\\/, 11° 1979.
527
Maur„ 304, 19; 322,4; 332,8; Leon, Tult„ 4;17 et 19; 7,70.

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396 H. Mihăescu

siecle, puis, 1usqu'a bien plus tard, comme titre dans l'administration civile 528 •
La promotion d'un grade a l'autre se faisait en passant d'une place en arriere
a celle de devant et celui qui accomplissait ce mouvement ( promotio, 7tpoµw-
·dov) s'appelait promotus (7tp:iµwToc;). Quand un militaire avans;ait de quel-
ques rangs, il devenait prior (7tplwp) par rapport a celui qu'il avait laisse en
arriere; quand il arrivait au premier rang, il obtenait le grade le plus eleve,
celui de proxim1ts (7tp6!;tµ.oc;). Ce titre existait encore au
530
xe
siecle 529 • Les
soldats retrogrades devenaient ultimi (ouATL!J.OL) • Chez Mauricius, Ies ter-
mes anciens, d'origine grecque se marient aux termes nouveaux empruntes
au latin. Dans l'usage quotidien, Ies vocables modernes, avec un sens techni-
que precis, etaient pris davantage en consideration, comme la preface de l'au-
teur nous en avertit. Les ecrivains byzantins ont du reste soin d'expliqucr un
terme par un autre: A.ox.a:ywv ~Tot 7tplµwv (Maur. 314, 19); A.ox.cxyo~ Mye:TcxL •••
xcx l. ot 7tp'i:µot i!;epcrTocT7)c; (Leon, Tact. 4, 17); ot cre:xouv8ot foTcxvTocL xoct ot
7tp'i:µot i!;epx.ovTcxL (Maur. 332, 28); ouA.Tlµouc; ye:vea3'cxt ~youv {mox.s:tplouc;
(Maur. 66, 16).
300. Le militaire qui rccevait double solde s'appelait duplicarius (8ou-
7tAL>tciptoc;), titre qui n'est plus atteste apres le Vl 0 siecle. Celui honore d'une
distinction portait un orncment de la forme d'une come ( corniculum) sur le
casqur c:t s'appelait cornicularius (xopvtx.ouA.cl.ptoc;), mot atteste jusqu'au
VI" siecle. Au xc siecle, l'ornement nomme xopvlxALOV faisait partie, a cote
du blason, de l'apanage de l'cmpereur 531 •
Le terme cantator signifiait a la fois (I chanteur, recitateur, enchanteur,
magicien ct orateur &. Cette dernien~ acccption a p~netre cgalement dans Ies
rangs de l'armee romaine, d'ou elle est passec cnsuite dans la litterature
byzantine. Chez Mauricius xa.vToc•wp s'appelait le militairc qui haranguait
Ies troupes avant d'en venir aux mains et qui les exhortait au combat (58,5).
A la diffcrence de cc terme, le mot latin centuria fut traduit cn grec: son corres-
pondant grec, E:xcxTov-:cipx.7)~. est cn fait un calque d'apres le latin centuria.
Le latin comes « compagnon, camarade de combat est atteste dans Ies papyri „
grecs a partir du IVe siecle; le terme dcvirnt ensuite de plus en plus frequent
dans la litterature byzantinc, pour entrer dans Ies langues slaves et en rou-
main et persistcr jusqu'au debut du XIXc siecle. Le mot x6µ11c; est utilise
chez Mauricius pour designer le chef d'une unite militaire d'environ 300 hom-
mes, appclee Tocyµa. ou ~civ8ov (56, 13-14): il correspond au latin tribunus.
Le latin dux, ducis a connu une fortu ne particulierement heureuse:
sous la forme grecque 8ou!;, 8oux6c; il avait au Vl 0 siecle le sens de <• dirigeant
de l'unite militaire dite µo'i:pa. I'), dont l'effectif s'elevait a un millicr d'hom-
mes. Mauricius emploie ordinaircment le mot ancien µ0Lpcipx.11c;. mais il donne
a entendre que de son tcmps le terme moderne 8ou!; etait en reali te le voca-
ble usite chez Ies militaires: cette supposition est confirmee par le fait que
c'est le seul qui se soit impose a la culture byzantine. Dans l'administration

iZe Anal. Boll., 14, 1895, 375-395 (111 8 siecle); Maur., 322, 4-8; 332, 20 et 27; Leon,
Tact., 4,20; 7, 69; Darrouzes, p. 611.
ue Stephanus Diaconus = PG, 100, col. 1169 C (l'an 808); Const. Porph., De cerem.,
394; 599,11; De re mil. 5, 26.
• 0 Maur., 66, 16: ouATlµou~ ylve:cr.&a:t.
3

Al Const. Porph., De cerem., l, l: Tii xo?vlxAtcx, &7te:p Tii ~ixcr(Ae:tot lv8o&e:v 7tE:iHtpepwaL
O"TtµµotTIX.

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La litt~rature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 397

militaire, apres l'institution des themes, le terme 800~ designait le chef d'une
ville ou d'une region (o 8ou~ Ne:ix7t6A.e:wc;, o 8ou~ Be:ve:·dixc;).
Les militaires preposes aux bagages (t'ouA.8oc; ou O'IX"(fl.cXpLix), ainsi que
leurs chevaux portaient l'epithete de ot O'IX"(fl.IXTocprnL. Le suffixe-ocpLo~.
d'origine latine, apparaît aussi dans le cas d'un autre terme herite des Ro-
mains: 0'7tix&&.pLoc; « porte-glaive » (Maur. 68, 24). Ce dernier mot garde aussi
son sens etymologique original: il s'appliquait d'abord a une modeste cate-
gorie de militaires. On p~ut <lire la meme chose de O'Tp1hwp « ecuyer >) (Maur.
B24, 18). L'ceuvre de Mauricius constitue une source de premiere main pour
l'etude de l'histoire de ces termes, qui devaient connaître ensuite un briliant
destin dans l'administration byzantine. TpL~ouvoc; (tribunus) est egalement
un grade militaire, plutât modeste pour commencer, designant le commandant
d'une unite militaire (~&.v8ov, Tocyµ.ix) qui comptait environ 300 hommes.
Chez Mauricius, il porte aussi le nom de x6µ. ~c; ( comes).
'Le titre optio (o7tTlwv) «adjutant choisi par le centurion», qui revient
sporadiquement apres le vie siecle, etait probablement une simple reminis-
cence 532 • En revanche, le nom du commandant d'une unite de cent hommes
( centurio, xe:vTouplwv) apparaissait plus souvent, jusqu'au xe siecle, surtout
dans la litterature hagiographique 533 • Les titres de comes (x6µ'Y)c;), tribunus
(-rpL~ouvoc;) et de dux (800~). attribues aux commandants des grandes unites
et en usage aussi dans l'administration civile, jouissaient d'une large diffusion.
Au xe siecle, le commandant d'une armee etait nomme, egalement fl.IXO'Tpoµ.(A.'Yjc;
( magister militum) 534.
Les troupes d'elite singulares (GLyyouA.&.pLoL) ne sont plus attestees
apres le vre siecle. En revanche, Ies optimates (o7tTLfl.cXTOL) 535 , Ies spatharii
(cr:c1X3'ctr.iLoL) et Ies joederati (q>oL8e:p:hoL) apparaissent frequemment dans
Ies sources. Au xe siecle, Ies spathaires, protecteurs de l'empereur, portaient
une sorte de bâtons ou de cannes distinctifs, nommes crm;c&o~fxf.~cx: (du lat.
bacu.la) 536 •

Drapeaux et enseignes

301. Vegece nous apprend qu'il y avait dans l'armee romaine trois
sortes de drapeaux importants: l' aquila (dont le porteur s'appelait aquilijer),
Ies im:igines «Ies images de l'empereur » (leurs porteurs etaient nommes
imaginarii) et Ies signa ou dracones (dont les porteurs repondaient aux appel-
lations de signijeri ou de draconarii) 537 • Le drapeau dit draco apparaît au
Il 0 siecle: il devait connaître une grande expansion aux IVe et ye siecles;
le terme de draconarius est atteste souvent dans Ies textes et Ies inscriptions
et il a survecu dans la litterature byzantine 538 • Ce terme avait remplace au
V0 siecle celui plus ancien de signijier comme l'affirme categoriquement

saa Proc., Bell., 4,20, 12; Theophan., 206, 18.


6 33 Nouv. Test., Mc 15, 39; Anal. Boll., 2, 1883, p. 2.
534 Const. Porph., De adm. imp., 27, 6,9; De cerem., p. 69, 20.
535
Maur., 58,27; 84,20; 86,3; 114,19; Theophan., 447,21; 473,30; Const. Porph., D6
Jhem., 5,1 et 8; 17-8; 27.
&ae Const. Porph., De cerem., 1,10; 1,26; 2., 73.
637 Veget., 1,20; 2,7; 2,13.
r.aa R. Grosse, « Klio t, 15, 1918, 135-136; E. Stein, Byz., 8, 1933, 379-387.

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398 H. Mibăescu

Vegece (2, Î): sigmjeri qui signa portant, qi!os mm< dracona~ios voca.nt. Mau-
ricius, qui cite le vieux mot ~cxvooc:p6poc; {318, 3), sent le besom de Im accoler
sur le charnp le terme nouveau opcxxovciptoc;.
Aux drapeaux et enseignes l'on peut ajouter aussi: vexillunt « etendard »,
Jlammula « banniere », tufa « aigrette » et phma « plumeau ». Apres le IV(' sie-
cle, l'aigle et le dragon ont ete PfU a peu remplaces par l'insigne chretien de
Constantin le Grand, le labarum, et par le bandw1t, nom d'origine germanique.
Le mot pinna n'a pas sun·ecu dans Ies sources byzantincs. Les termcs s(r;,num
<crlyvov} et vexi·llmn (~~~Li,l.ov} ne se sont maintenus que jusqu'au debut du
vne siecle 539 . Le derive ?.'exmati"o (~lJ~L),),o:·rlw·1) (< corps de vexillaires)) ap-
paraît encore sporadiqmmrnt dans Ies traitcs de strategie ulterieurs, mais
commc unt' simple reminiscrnce. En revanche. le nom opcxxoviXptoc; «porte-
drapeau » etait encore usuel au xe sieclc 540. Le terme nouveau de labarum
(M.~ixp~v}, lance sur l'initiatiYc de Constantin le Grand, ne s'est pas ger.fra-
lise et n'est pas dcvenu populaire, car îl s'cst ~pecialise avec le tcmps, pour
designer seulcrnent le drapcau de l'Empereur ct de rn suite 541 . Ceux qui por-
taicnt le labarum s'appclairnt /,ix~ixpfi(TLOL 542 ou Âcx~c-,up~oLoL 543 , formcs pro-
wnant du latin vulgairc ( labarcscs = Labarrnses, lalmrcses = laburrnscs;.
Le terme d'origine germanique ~&.voc.v (bandunz) est reste usuel pcn-
dant longtemps dans l'Empirc byzantin pour designer un drapcau militaire
ou une unite ayant son drapcau. Le dfploiemcnt ou la consecration de celui-ci
constituait un evencrncnt de grande importancc 54·1 : Ies porte-drapeau (~ixv­
Oo<:p6poL) etaicnt dcfendus soigncuscmcnt cn cas de peril et mcntionnes en
tcrrnes Clogicux. Vehicule par le latin, Ir rnot etait parfois masculin (~ci·100c;}.
probablcment deja dans k latin vulgairc (ba11dus) f:.1 5 • II a subi constammcnt
'a concurrence du terme c:pi..ciµou/,ov, qui a firii par le supplantcr. Celui-ci a\'ait
a la basc le latin jlamnzula «petite flarnrne ou bannierc de couleur janne »
rt etait largcmrnt r{pandu aprcs le vie siccle, avec Ies derives c:p/.1Xµ0u:Atov.
(f>b:µr,u/Jcrx.Lov ~petite banniere », c:p/.1>:µ1;u/.ocpLoc; d c:p/...ixµou/,l~&Lv « tcnir le
drapcau eleve» 546 • Dans les tcxtcs populaires on r~trouYe gcneralrmcnt les
Yariantcs cpi..ocµc-,upfj'J, cpi..ixµc.upL(J'1, c:pi.o:µoupLifpLoc; ct cp/.ixµ~upLocp'I); 547 , parti-
culicrcrncnt conscrvecs rn neo-grec (c:pi.ixµoupt) ct albanais (jlamur)' alors
qu'cn roumain )lamură derive dircctcmrnt du latin.
Attcstec en latin chcz Vegec<> (3, 5) ct dans la litterature byzantin<' a
partir du VI(' sieck, un drapcau d'une c~pece a part, fait de plurnes etanalo-
guc a la 1"11ba (< aigrcttc, panachc J), portait le nom de tufa {'rouc:pix}; il s'agis5~ait
d'unf' ~crte de parnrc des rnldats Lt de kurs montures lors Cies combats. ou

s:rn Macario~. PG, .34, col. CCO D et 724 D (!'an .390); Gclasios, PG, 85, col. 1205 B (l'an
475); Maial., 126,5; 14.'.\, 12; 316, 12; 330,5 (!'an 560); Ioann. Mosch., PG, 87, col. 2925 C (!'an
610).
640
Ioan. Mosch., PG, 87, col. 2868 A; Maur., 318,4; Const. Porph., De cerem, 1,1; Leon,
Taci., 113,.3; 159,4; 173,14; 181,29; 191,5; 209,2.
641
Sc,zomcni Damaskenos, PG, 94, col. 1359 A; Germanos de Constantinople, PG, 97,
col. 149 A; Const. Porph. De urrn1. 1,1; 2,49.
54
~ Cc,w.t. Porph., Dl' ctrcm., 1,89.
3
M Leon, Tact .. 159,15; 173, 29.
r.1 Maur., 34,21: O:yui~ELv -ra ~riv8a:: 96, 28 ~riv8a:: civop.Souv.
4
640 Theophyl. Sim., 3,4,4; 7,3,3; Praec. mil., 14,33: &xa::cnoc; ~iXv8oc;.
646 Gcorg. Cedr., 1, p. 772,23: id <p).o:µou/,[ou; L6on, Tact., 5,4; Syll. Tact., 20,3;.39,l:
<p).1Y.µou).(aY.LO'.; Mich. Glyc., A nr.al, p. 351 (l'an 11.50).
, m Chron. Mor., 125 et 923: ~Î.O'(JOUptrip"ljc;: 1175: «pAO'µoupt'*pLot; Chron. Toce., 772:
cp).r.qmoupov: 2534: cp/,ciµoupct.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 399

<les exercices 54&.·Le mot a ete probablement emprunte des Germains et trans-
mis par le latin aux langues romanes et par le grec byzantin au grec modeme.
Chez Mauricius, il prend un sens technique: 't"oucpEov « plumet », « Helmbiis-
chel t. Dans les ouvrages de strategie anterieurs au Xle siecle, le terme appa•
raît d'habitude sous la forme 't'oucpEov 549 ; la forme tufa ('"t"oucpix} a survecu
en neo-grec ('t"oucpix), albanais (tufe) et en roumain (tufă).

Strategie

302. Une fois recrutee, equipee et instruite, l'armee etait mise en etat
de combattre et d'entreprendre une expedition ( exp~ditio) contre l'ennemi.
Les troupcs rnises sur pied pour une intervention ( cupiae ex_peditae) etaient
rassemblees dans un camp (ev 't'o'Li; xoccr'"t"poL<;) ou au licu du depart {Ev '"t"ci>
i;m:8L't'<j>) 55o, c'est-a-dire qu'elles etaient rnises ou tenues en etat d'alarme
{ in expedito positae' in expedito habitae) ; a l' expression latine in expedito
.correspondait en grec, avec le meme sens, ev e~7te:oE't'cp 551 . Mais en grec il y a
aussi le substantif e1;7teoL•ov (ou peut-etre e~7te:OL't'ov, car la position de !'ac-
.cent n'est pas sure), avec le sens de <( lieu pour une expedition, camp, armee.
expedition >) 552 . Ce terme s'opposait a cr&8e:'"C'OV (( lieu de cantonnement pou,r
se refaire », alors que e;7teoLTov designait l'endroit ou une troupe s'assemblait
pour partir au combat 553 •
11 y a donc dans quelques textes byzantins rediges durant la periode des
Vf 0-Xe siecles le terme crtOE:'t'OV (pl. creoe:Tix) avec le sens de « camp perma-
nent, lieu ou l'on demeure ». C'est ainsi que dans le Codex ]ustiniani 1, 4, 18
unc ordonnance de l'empereur Anastase JCr (481-518) parle des ot ucpe:crTw•e:i;
xocl TTI 7tocpixcpuA.ocx7i 7tpocrxixpTe:pouv't'e:<; cr•p1X't'LW1"1XL ev •o'L<; cre:ohoL<; « soldats
..qui attendent et veillent dans des stations ». On peut lire dans Ies glos-
saires, de meme que dans le lexique Suidas l'explication SUÎVJ.ntc: d0s't'OV
-.o cpocrcrchov 554 . Les lois militaires du Vllle siecle (Rufus) comportent les
mots: u't'plX't'LW't'"IJ<; EV 7t1Xpocxe:Lµ.oco(cp ~ xixt mxpooov ~ e:l<; 1"cX crtOE:'t'IX •. Theophile
(De testamento militari, 2, 11, 3) se rend bien compte qu'il s'agit d'un mot
rare, car il eprouve le besoin de l'expliquer: ev o!<; xp6voL<; ev e•tpoL<; oLixTpE~ouO'L
"t'07toL<; ~ ev 't'o'L<; A.e:yoµ.&voL<; ocu•o'L<; cre:o&ToL<;, 't"ouTeO'•Lv €v3'ix oLocye:Lv ixu•ouc;
.&.vocyx"I) •wv cr't'poc•Lwnxwv ev 't"cj} oLoc't"(3'~0'3'ocL 7tpovoµ.Ewv oux &:7toAoc ucroucrL
<< durant ces periodes ils pourront passer leur temps en d'autres endroits ou
dans ce qu'ils appellent stations, c'est-a-dire qu'il est necessaire qu'ils restent
la-bas.ou ils ne pourront pas jouir des privileges militaires ».Le vocable crsoe:-

548 Cosm Indicopl., PG, 88, col. 444 A; Leo Gra.mm., 227,3; Const. Porph., De,cere~.l
.t,46.
:>-1. 9
Syll. Tact., 38,5; 39,l; Leon, Tact., 6,2.
s50 Theop. Anteccss., 2,261; 2,316 (l'an 537).
551 Leon, Tact., 7,8; 11,6; Ducas, p. 75,10.
552 Malal., 309, 6: x.e:!-;;u::ro:::; Tljl l:ţrtdHTc:>; 336, 8: 8t:xcrw:;:u •.. Toc l:!;Tt"e:8[To::· 478 1·
&:ve:~wpljcrct\I ŢQ: &:µqi6Te:po:: l:ţrte8LTO::; Leon, Tact.' 4, 1: ~V Ţ,ii> l:ţ7te:8~c:> ~y.ouv ev .Ţii crwo:~wy1j 'ŢQci
4J>Ocra.-.ou; Theod. Bilsam., PG, 88, col. 1101 A: o::[ TWll e:x."A'l):nw~ Y.T'l)O"E:L<; urt6x.e:LvTcH 8ouvo::L
<kyy:xp(o::<; x:xt ocµc:t;o:::; e'J TO::Î<; [3xcrLALX:XÎ<; l:rtt TcX e!;Tt"e8LTO:: rt:xp68ot:; (l'an 1190).
3
65 Ecloga privata aucta, dans: Ius Graeco-Romanum, 4,20: e:fre: l:v l:ţ7te:8lTOL<; il ev
<re:8E't°OL<; iSVTe::; (OL O"TpctnwŢe::;), !Xe siecle.
64
5 F. Dolger, Zur Ableitung des byzantinische Verwaltungstcrminus -3-eµoc, dans: Fest-
schrift W. Ensslin =«Historiat, 4, 1955, p. 193, n. 7, reproduit dans: Paraspora, Ettal, 1961,
p. 193, n. 7. · · ·

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400 H. Mihăescu

-rov a ete mis en rapport avec sedere et sedes. Precisons toutefois qu'e? lati!l
une forme sedctum n'est pas attestee, mais !'origine latine du mot est mdub1-
table. Nous pensons pouvoir expliquer comme suit le terme ~ec. 11 fa~t
supposer qu'a cote de sedeo, sedere, sedi, sessum en latin vulga1re se sera1t
forme un schema sur le modele de moneo, monere, monui, monitum; placeo,
placere, plawi, placitum; taceo, tacere, tacui, tacitum. Consequemment, la
forme classique scssum, qui etait isolee, aurait ete remplacee par la forme ana-
logique *seditum (prononcee sedetum) qui se trouve a la basc du terme by-
I

zantin a&oe:Tov. Le mot apparait aussi chez Mauricius (64, 13), au debut du
vnc siecle: E\I 7tClf'OCJ:.e:Lµ.cxol~) ~ de; '" O'tOETCl (j dans le camp d'hiver o:u dans
<les stations ». Par consequent, Ies sources grecques confirment l'ex1stence
des termes latins expcditum (de expedirc) et scdetum (de sedcre), absents des
sources occidC'ntales.
303. Les soldats qui couraient en tete de l'armee, en eclaireurs des lieux
et des routes, etablissaient le premier contact avec l'ennemi et assuraient la
protection de la colonne principale; ils s'appelaient antccessores, antecursores
ou praewrsores; par la suite, ils allaient porter aussi Ies noms de exculcatores
et proculcatores. Le premier de ces termes est frequent dans la litteraturc by-
zantine jusqu'au xcsiecle, sous deux variantes: civTLxfoaope:c; et civ-rLxE:v-
aope:c; 555. Ceux charges de l'espionnage et de la recolte d'informations s'appc-
laient spcculatores (a7te:xouf..ciTope:c;), mentionnes tout particulierement par
ks ecrits hagiographiques en tant qu'enqueteurs contre Ies chretiens 5M.
Ceux qui cherchaicnt des informations ou Ies cspions (xcxTciaxo7toL) etaient
connus sous le nom de €~7ti.opci-:-ope:c; 557 • L'expression praeparator viae ou
c:iarum apparait des le Ilic siecle chez Ies ecrivains chretiens, tels Tertullien
et Augustin; sous leurs plumes elles semblent etre d'originc militaire 558 •
Chez Mauricius (90, 8), une seule fois Ies manuscrits presentent une glose inte-
ressan t e.. (l\17LXEO'O'Opcxc;
' f ol f > I
''iTOL 7tpC1L7tOCTopocc; .•. -rouc; o<pe:L/\OVTOCc; f'\ (.I.
7tp0/\Cll.l-t"'Cl\IELV '\ f

XOCL T!ic; ooouc; itPCJYLVWO'XEL\I XOCL E7tL Tcl ~7tA"IJXTIX OOl)ye:'i:v TO\I O'TpOCTOV
«Ies precurseurs ou preparateurs ... qui ont le devoir de passer devant, d'ex-
plorer Ies routes et de conduire l'armee au camp 1>. Nous sommes en droit de
proposer une conjecture et d'introduire dans le texte de Mauricius la forme
7tpOCL7tOCpclTOpOCc; a }a place des VarÎantes 7tpOCL7tclTOpocc; OU 7tpE7tclTOpocc; offerteS
par Ies manuscrits. Les eclaireurs nommes civnxfoaope:c; ou 7tpocmcxpoc"t'ope:c;
avans;aient en memc temps que Ies arpenteurs (µ."1jva6pe:c;) et recherchaient
le meilleur endroit pour faire camper l'armee. Les tcrmes mensores, mensura-
tores et metatores chez Vegece (2, 7) sont attestes aussi par Ies papyri grecs
chez Ies Byzantins sous Ies variantes µ.-fivaope:c;, µ.lvaope:c;, µ.Lvaop&.Tope:c; et
7tpoµ.&TpcxL 559 • C'est encore la litterature byzantine qui nous permet de tirer
la conclusion que le mot deputare « envoyer en mission, deleguer 1>, y compris
ses derives deputatio et deputatus, etaient repandus durant la basse-epoque,
bien que Ies sources latines Ies enregistrent rarement ou meme Ies ignorent.
Chez Mauricius, le terme O"lj1t0-:-ciToc; « ambulancier • est frequent, alors que
666:Maur., 30,11; 58,11;'68,15; 72,16; 90,5; 192,20; 234,13; Leon, Tact., 4,25; 9,8.
666Athanasii Apologia contra Arianos, 8 = PG, 25, col. 261 D (IVe siecle); MapTupiov
BlxTwpoc; xcd Btxe:vT(ou„ dans Mvl)µe:îa, p. 308; Theodoros, PG, 120, col. 172 B (l'an 1005).
667 :Maur., 38,13; 156,10; 168,13; 222,8; 240,17; 244,1; 246,8; 358,15· L~on Tact. 17 97.
6b8 . ~ J ' J
Nouv. Test. Marc„ 4,32: praeparatOY viarum; Aug, Bapt, 5, 10, 12: praeparat01' viae;
Aug., Scrm., 531,2: praecursor et praeparator viae.
668 C. Wessely, WSt, 24, 1902, p. 138.

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La littfaature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 401

81ptoTcxTEUELV (232, 21 et 26} et 87)7tOTtn(<i>'ll (232, 18) sont illustres par trois
exemples.
Certains cavaliers avaient pour mission de se deplacer aux alentours
( circare-xLpXEUEt'll} 560 , de proceder ades recherches ( circitare-xtpxtTEUEt'11) 581
ou de faire des rondes (7tot&'i:'ll xtpxe-rcx) 662 ; on Ies appelait circitores
(xLpx(-ropec; ou xepxf.-ropec;}. Le terme xepxe-rov « recherche, ronde» avait
a la basc la forme latine cfrcuitus (prononce kirketus en latin vulgaire) 583 •
304. Le pillage fortuit, individuel ou collectif, etait exprime en gene-
ral par le terme expilare (€ţ7t"l)AEU&t'11), avec le derive expilator (eţ7t7)Achop),
encore en usage au xc siecle 584 • Le pillage organise est tres frequemment
mentionne: Ies termes praeda et praedare ont survecu dans toutes Ies langues
romanes; 7tpcx'i:8cx et 7tpcxt8eu&t'll apparaissent sans interruption jusque dans
le neo-grec 566 •
Les incursions, soit dans des buts tactiques, soit en vue du pillage
(cursus, cursura, cursare, cursarius, cursator, cursor) ont tenu un role de pre-
mier plan et donne lieu a de nombreux emprunts: xoupcrop, 7tpcu-roxoupcr<Up 566 ,
xoupcr&U&tv, XCX't'CXXOUpcr&UEL\I et OC7tOXOUpcr&UEL'\I 567 , xoupcroc; ou xoupO'O\I,
7tp6xoupcro'll 668 , xoupcrchcup, 7tpoxoupcroc-r<Up 669 et, a partir du xc siecle et sur-
tout dans la litterature populaire, xoupO'&.ptoc;, xoupcrocpDc; et xoupO'cxptx6c; 670 •
Ces derniers termes representent eux aussi une continuite directe et ne sont
pas d'emprunts de l'italien. Dans l'ensemble, cette continuite persiste en
neo-grec (xoupO'EUEt'll, xoupO'o<;, xoupO'ocpoc;, xoupcrcxptxoc;).
Le terme ~(.l.7t&-roc; ( impetus) « attaque » est atteste une seule fois 571 .
En revanche, pour les notions de <c defense, defenseur » ( dejendere, defensio,
defensor) Ies textes de strategie ou consacres a la theorie du droit comportent
I

Ies exemples suivants: 8lJ<p&v~kuetv, 87)<pt'll8eucrtc;, 8lJ<p&v8(cu'll et 87)cptvO'<Up 572 .


Une mission une fois accomplie etait suivie d'une missa ([.Llcracx, µlvcrcx).
Le latin missa signifiait d'abord <c remise», puis « congediernent, renvoi 1> et,
finalement, «messe, celebration de l'office divin». Le sens religieux decoule
de l'expression missa catechitmenorum « renvoi des catechumenes » (apres les

Const. Porph„ De cerem., 1 app„ p. 481, 6 et 489, 21: xe:pxeue:LV.


560
De re mil., 12, 15.
561
562 Praec. mil., 11,12; 20,7.
563 Nicephore, patriarche de Constantinople (806-815), Blo~ ocylou 'Av8pdou 't"Ou I:aJ.ou,
PG 101, col. 648 C, 649 B: x€pxe:'t"ov 7} ~lyJ.a; De re mil., 10,9: cpuAaxwv lJ't"OL xe:pxl't"wv; 10,20:
-ra xepxe:'t"a y(VWV't"IXL.
564 Vel. bell., 188,11; 197,8: ~~7t7JAct'twp; 215,8; 215,12; 2H,8; E~7t7JAEUe:Lv.

56
5
Maial., 312,22: /.ix~ov•e:~ TtoAl.·~v rrpixi:8av; Maur., 38, 11: 7tpat8e:ue:Lv; Const. Porph.,
De adm. imp., 29,35: eupov rrpixi:8ixv; Ducas, 117,13: 7tpai:8ixv 7tOLE:Î'tlXL (l'an 1462).
586 Maial., 352,3: rrpw-roxoupcrwp; Maur., 1 H,2: µ€poc; xoupcr6pwv.
567
Maial., 189, 13: xoupcre:ucriiµe:vo~ 't"1]V t8lixv xwµ7JV; Theophan. Contin .• 821, 12:
·xa:T' OA(ywc; xoupae:Uov't'e:<;; Const. Porph., De adm. imp., 1,27: xoupcre:Ue:tv xccl A1)L~e:cr-3-o:L.
568
Maur., 152,11: ev µ€v 't"OÎ:~ xoupcrOL~ fi <JXOUAXIXL~: Leon, Tact., 10,8: EV µ€v 't"OLc;
XOUpcrOLc; i') 't"IXÎ~ ilC/.AaLc; tcpo80L~.
669
Leon, Tact., 12,27: xoupcrii-.ope:~; P.raec. mil., 6,7; 7,1; 12,30; 13,5; 16,1: 7tpoxoupcr~­
't"Ope:~.
Ph. Meyer, Die Haupturkunde 1aa,. die Geschiclite der Athoskloster, Leipzig, 1894, p.
570

· 181,11: cX.rro8exov't"aL 't"OU~ xoupmipou~ (XI siecle); Actes de Lavra, 62, 15: 8Lii 't"O\I cp6pov 't"WV
cX.&ewv xouocriipwv (l'an 1153); Acta Miklosich-Miiller, t. 3, n° 10, p. 48: xii..e:riyci xoupcrapLxii
(l'an 1201).
671 Leon, Probl .• 11,26: !µrre:-.oL µe:„· l:.J.arr(a~.
571
Maur., 96,17: 87Jcpe:v8[wv; 74,31: 87Jcpe:v8e:ue:Lv; 30,2: 87Jcpevrrwp; Actes de Kutlumus,
~d. P. Lemerle, Paris, 1946, n° 65, 12: 8e:cpev8e:urrL~ (l'an 1623).

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40:::? H. Mihăescu·

premieres prieres et le sermor.), qui ensuite s' est etendue a 1' office tout entier.
Chez Mauricius, toutefois, on retrouve le sens original laique, atteste dans
la legislation romaine. De cette forme ou du participe passe missus sont nes
en grec Ies derives µLacrs:us:Lv <c rcnvoyer, laisser libre • et µiacre:µ'X « renvoi •
attestes jusqu'au xve siecle 573.

305. Le terme CX.ovouµLov (ad nomen) designait l'appel nominal des


soldats pour verif ier leur nombre: de tels appels se faissaient parfois joumel-
lement (~µe:peaLoc ocovouµLoc). Cc terme a depasse la sphere de l'activite mili-
taire pour penetrer dans l'administration civile et ecclesiastique, laissant des
traces dans la litterature populairc. En meme tcmps que cette action de de-
nombrement (cX.ovouµLcX.~e:Lv) avait lieu parfois la paie de la solde (p6yoc} ou
bien la benediction des troupes aYant le combat (ocyLcX.~e:w ~cX.vooc). Celui „a
qui avait (·te payc et beni portait le nom de cX.ovo•JµLcX.·t"1)c; ou ciovouµLoco"t"f)c;.
Le controk nominal des hommes ct celui des gestions etaient exprime au VllI 0
siecle par le verbe cX.ovou 1.Ls:us:Lv 57-I.
Pour la notion de « ordre, disposition •. le terme maizdatmn (µocvocX.Tov
s' est impose cn grec des Ic V" !'iede au li eu du classique 7tocpcX.yyz).µ-:x: il etai t
prescnt dans Ies chroniqucs byzantines ct s'est transmis au neo-grec. Le mot
µocvocX.Tov apparaît tres souYent, parfois meme aYec Ies verbes oLo6vocL, 7teµ-
7t'e:Lv ou itpocrcpwve:'i:v. Le militaire qui transmettait Ies ordres s'appclait ma1i-
dator (µ-xvo(hwp}, de mcme le courricr de l'armee ou aupres de la pcrsonne de
1' empcreur (r.pw't'oµxvohw? ou µxvoocToq>6p )c;), avec Ies derives wx:vooc't'ocpope:i:v
« notificr • et µxvoocToq>oploc « notification » 575 • Au vie siecle est attestee la
forme [.L'X'J0!7.';0CpLoc;, heritee par Ies parlcrs nco-grecs d'Italie meridionale 576.
La litterature populaire a prdcre le verbe µocvooc"t'e:ue:Lv <c annoncer, transmettre
un message »cm.

Recompenses el châtiments
30G. L'mL~ d·.?s recomp:ns,.?.> d~.:::"2rnccs aux militaires lors de leur libe-
ration s'appelait adorea (ciow?h); celui qui cn beneficiait portait le titre de
ciowp<ho?= ocit6µixxoc; 578 ; la tem:~ qu'il reccvait en usufruit ( CX.o&pa:Loc} <leve-

~• 3 Ma.nr., 192, 8: :.L~-:-i ,;, i1::~.-:-·1r,y /.~L -:-i; µ.:nz;; 3.56, 16 1.u:-:-i ·d; b-;i-;:?LYci; µlaaa.i;;
Chroii. P.iscli., 624,2 ~Jw/.:1 .. . µhn;; Tl1cophan, 237, 20 ;i-,):;, -:-u) µL:r:reucrxL; Const. Porph.,
De cerem., 1, 21 "(L"J'lv:-u iLl1crx\; 1, 30 8l8;iv-;xL µ.L1crxL; C!iro;i. Mor., 1.530 ~µlcraeljixv 't'ct
cpp:xyxL/.;i 'fl'.l'J::r;.i;x; le ·1crs 8607: -:-) µ[JJ;:;.u; C!iron. To:c„ 1.51 ~µlacreljix·1 (l'an 1425).
574 ~\faur., .5-1,3 :(.)Y'.lJ,.L~wY; 1'5~.5 HnJj.LLX~5:n; Prcisigke-Kiessling, t. i, p. 46 ci8vouµ.eue:tY;

Leon., T.ict., 6,15: -;;·1 ;~>/..t~.):j) -:-~; :-,;; ~orx; :1.:xl •'.l·j cBvou,.i.lo·J; Di re mil. 9,9:,Q: ljµe:p~ata.
&..~you,.LLx; Georg. C·..!Jrcn., t. 2, p. 62..5,13: ~p'i<ci:r:n yl.) -~ ..Len, c.l.)10·'.iµrnv rrl.-xu6µi::vo;; Dig.
Akr., G 19: :BnJ;.t~i:-x; .. . poy;;·hz;; Acta :\liklosich-Miiller, t. 1, n° 77, p. 177: ~7txpxo:; 't'WV
µ.eyciAwY i310<JiJ.LX<Jt'WI (l'an 1333).
575 D.iniel Stylit..:s, Anna.I. B1ll., 32, 1913, p. 191: &.7!lHi:LAXL µxv3cin:, l'an 494; Nov.,
4, 1-2: ~YP"IJ•~·1 -~ µ.xdci:l,n, l'an .53.5; Ma.la.I., 178,4; 474,12; 47.5, 14; Maur., 28,11: µxv81h·a.
~M6nt; 245, 29: a:;ui:n:,:1.:x [.L:.('13ci;x; 246,27: µ:x·181hx <p•JAcirrc:t·1; Theophan., 243,.5; 249,26:
eJte:µ~i;; µxY3&. :-x; Leon., Tact., 4, 18: (.LXY8ci•o?c:i;; Theophan. Contin„ 166,2: 7tpw·c-oµxv8iiTw? ;
Chron. ;'1,for., 300: 1nv8x•o:;>6;>0;; Chroa. Toce., 704: µxv8:.n-oqio,nu;av; Leont. Mach., 93:
µxYa:no<p':l? lx.
67 u Preisigkc-Kiessling, t. 3, p. 133; Rohlfs, Lexicon, p. 314: mandatari o ambasciatore

d'amore, Brautwerber •. Otranto.


677 Dig. Akr. E 304.
678 Lydi De m:ig., 158, 33; 1.59, 1-2.

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La litterature byzantinc sonrce de connaissancc du latin vulgaire 403

nait au bout de 30 ans sa propriete pcrsonnelle. Une autre distinction etait


celle nommee anteparatitra ( ocv-;L7tocpcnoupoc) «preparat ion prealable », terme
qui suppose l'existence d'un verbe latin antepara1'e" non atteste dans les sour-
ces occidentalcs, mais herite par Ies langues romanes (cf. fr. s'emparer) 679 •
De l'adjectif privus, -a, -wm « pris isolement, singulier, particulier » et
du substantif lex, legis « loi » s'est fom1e le compose privilegium «.loi ou mesure
prise en faveur d'un particulier, p1ivilege ». Le mot a d'abord ete un terme
juridique: il a circule dans des syntagmes comme pri·vilegiu.m dare, pri·vilegium
!tabere, mais il n'est pas drYenu populairc ct n'a pas survecu dans lcs langues
romanes. Les at trstations connues se rapportent surtout aux militaires, car
ils jouissairnt plus souvcnt que d'autres de privileges speciaux. Le mut arparaît
sporadiquernent dans la litterature byzantinc a part ir du vie siecle, mais
continue a demeurer un terme technique d'usage restreint; il est absent du
neo-grec. Chez Mauricius, il ne figurc qu'une scule fois dans le syntagmc
7tpL~LJ..eyLov fxe:L'' (88, 1).
Le militaire beneficiant d'une permission ou d'un cange aYait bcsoin
d'un billet appcle dimissoria (8L[J.LcrcrwpLO'.) 580 • Le latin ccmmeatus (de conmieare
<(se mettre en marche, Yoyager, se rendrc a») signifiait initialement <( action
de transporter, transport», puis dans le langage rnilitaire <( ordrc de marche
ou de transport» ( dies commeatus), d'ou <(titre de pe1mission, conge ». C'est
avec ce sens tcchnique quc le terme apparaît frequC'mmcnt dans la legislation
militaire de l'epoquc imperiale 581 • Le sens technique du latin s'cst conserve
Ch ez ,..I .. ,, " I ' ( . ) . " \ - 't'OV
l\ aUflClUS '. EL •rn; 't'Or.(J. "t)O'E:L 1-'a.r.E:UO'O'.L U7te:p
. , '/.POVOV
'' 't'OU- XO(J.(J.E:OC";'OU
,
(62, 12) ; EL 't'Lc:; ••. Stxrx. xoµµe:&:rnu v't'pOCTLWT"t)V &.7to:AucrocL To"AµYicre:L (64, 16);
e:v
' xa.tpcp
- ~' e:Lp"l)V"t)i;
oe: ' ' xa.•oc' TO' oLOCO"T"tJ(.J·°'
li' ' T"l)i;
- e:nocpx.toci;
' ' TOC' xoµµe:oc't'a.
' ••• yLvi:;crvw
L C\.

(64, 18). Le manuscrit A, qui ordinairement remplacc ou expliquc Ies tcrmes


d'origine latine par Ies te1mcs authentiquement grrcs, renfcmv.:- la glose sui-
vantc: -;ou xo[J.µe:ocTou Ti't'oL Tou xa.Tcrn-rol.(ou (62, 12). Le mot x0'.-:-a.cr-r6:A~ov
n'rst point atteste dans ks vieux tcxtes grecs, mais on le rencontre plusieurs
fois dans le De ceremoniis de Constantin Porphyrogenetc. Le sens de xocToc-
G't'OÂLov est proche de celui originairc du niot xet:TO:crTo ~ <( act ion de rctenir,
de contenir, d'arreter ».Le conge etait considere comme un arret ou une inter-
ruption survenue dans une activite normale. Le terme xoµµe:oc't'ov n'apparaît
plus dans d'autres textes byzantins: il a ete substitue par un autrc mot, peut-
etre par XOC't'O:O''t'O),LOV. .
Le latin reparatio est attcste en grec au vc siecle avec le sens concret
de «reparation, restauration » (p:mocpcx-r(cuv), a propos des bateaux 5s 2. Le
langage militaire a enregistre l'introduction de l'expression reparatio virium
avec le sens de<( refection de la forcc de frappe, repos, repit » 583 • Les militaires
appartenant au prcmiers rangs etd.ient liberes de leurs obligations et ren-
voyes a l'arrierc pour recuperer. Les tcxtes grecs rendent d'habikdc le terme
579
580
Suid, s. ·r.;
Ernout-Meillet, p. 484.
Meinersmann, 14.
581
Cod. Theod., 7,12,1, a. 323: Ne cui liceal ... disccdrndi commcatum dare; 7,12,2, a.
379: Sex mensum spatium supra diem comme.1tus; 7, 12, 3, a. 395: Si quis post exactum
commeatus diem ... ; Amm. Marcell. 27,8,W: Per diversa libero commeato dispcrsos: Vegct. 2, 19:
Quando quis commeatum accepcrit vcl quot dierum, adnotat11r in brevibus; Pallad. Hist. Laus.,
PG, 34, col. 1134 A; wxtpo~ xoµtci•ou; Leon, Tact., 8,4: xoµe:1hou.
082 Preisigke-Kiessling, t. 2, p. 441.
083
Vcget., 3,14: Si quid wim primis ordinii.ms accidisset, de horum viribus reparaiicnis
spes tota pendebat.

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404 H. Mihăescu

de reparatio pris dans ce contexte par le mot &:7t6A.ucnc;, mais Mauricius retient
l'expression latine telle quelle, et dit: E'L ·ne; A.:xµ.~&.vov pe:7to:po:Tf.ovo:, TWV E:ctuToiJ
o7t"Awv ite:ptcppov~c;e:L •••. crwcppovt~fo&wcro:v. <1 Si quelqu'un, prenant du repos
pour recuperer, neglige ses armes ... qu'il soit châtie • (64, 7-8). C'est l'uni-
que attestation de ce genre dans la litterature byzantine. Le manuscrit A
ajoute une glose (prno:pocnwvo: ~Tot cptAoTtµ.f.o:v), d'ou il ressort que le copiste
du Xlc siecle, ne comprenant plus le vrai sens du mot pe:7to:po:"t'Lc..>v, le traduit
approximativement par« amour des hommes, ambition •.
307. Vadrouiller, sans billet de permission (vagari, ~:xye:ue:tv) c'etait
interdit ct severement puni. Le latin vagari « errer, aller a l'aventure • appa-
raît chez Mauricius sous la forme ~o:ye:ue:Lv dans I' exemple suivant: d Ttc;
":"OA(..lo ~cre:L ~ocye:ucro:L u7t&p "t'OV J:pOV ov "t'OU xoµµ.;:cl.Tou, x:xl. "t' ~c; O'Tpo:nf.o:c;
hrj/,l)S-îj x:xl. wc; 7tOC"(OCVOt; "rO~c; itOAL'.-LXo~c; ocpxoucrL itOCpoc8o&d7J (I Si quelqu'un
osait vagaLonder en-dehors des limites du temps accorde par la permission,
il scrait chasse de l'armec ct livre comme non-militairc cntre Ies mains des
dirigeants des cites I) (62, 12-13). Le verbe ~o:ye:ue:Lv SC retrouve egalement
chez Constantin Porphyrogenete (Adm. 51, 61), Leon (Tact. 8, 82), dans
le lexiquc dit de Souidas (qui l'explique par 7tA7JTe:u:::tv) et dans certaines
chroniques byzantincs 584 ; il a survecu isolement dans Ies îles de Melos et de
Naxos, jusqu'a notre epoque 5s5.
Le terme dcsertor {o7Jcr&p•oop) n'apparaît plus apres le VI" siecle. De
rejugium u refuge, asile •. devaient se formcr pendant la basse-cpoque rejuga
<c fugitif, deserteur • et l'adjectif rejugus; ce demier avait dans la terminologie
militairc le sens de /1 celui qui se retire, qui s'cnfuit •, par opposition a instans
«celui qui insiste, qui rcsiste • (Tacite, A.im. 12, 40). Le point de depart du
devcloppcment du sms a partir de la notion de «celui qui s'enfuit devant
l'ennemi» jusqu'a celle de <de•erkur, refugie politique» se trouve dans le
domaine de l'activite militaire. Le term·~ de rcjugus est passe aussi dans la
languc grecque, ou on le rencontre une s~ule fois, chcz Mauricius: Touc; 8E:
/\e:yoµ.e:'Jouc; p:::cpouyo•;; l)TOL 7tpo!lcp•;yo•J; ... cr•p1nocc; oe:txvu:::w <1 ceux qu on
'\ I t I ~ I f ~ I I

appdle Ies refugies ot1 ~uyards ... montrent Ies chemins & (284, 17). Le
fait que l'auteur utilise l'explication « ceux qu'on appelle • et ajoute la
glose (I fuyards I) ffiOntre quc le terffi~ p&cpouyot; Ctait p~U COnnU OU memC
ignore par le grec du temp.~. Le vocablc 7tp6crcp•Jyoc; (ace. pl. 7tpocrcpuyau;) est
lui-meme un calque du latin projugus <1 fugit.if &, puisque en grec n'existe que
la forme 7t?6crcpu~ (ace. pl. 7tp-lcrip·Jy.x.c;). Dans D~ a.lministrando imperio de
Constantin Porphyrogenete Ies deux formes apparaissent: 7tp6crcpuye:c; (31,9)
et 7tp6crq>'Jyoc; (50, 138). Le mot peipouyoc; est toutefois reste entierement isole
et n'a pas survecu en neo-grec.
En revanche, tumultzts «revolte t a laisse des traces jusqu'au xe
siecle:
lLOUATo; <1 revolte t, (..lo'lUATe:U<:LV <1 se revolter &, (J.OUATLC&>'J <1 J'action de se
revolter I) 588 .
La flagellation a coups de verges constitua pendant longtemps un pro-
cede courant. Le manuel de Mauricius recommande que durant la periode
d'initiation au maniement des armes, Ies recrues se servent pour leurs exer-
cices d'un bâton de bois appele ~zpyf.ov a .Ia place du sabre. Ce mot derive
684 Triandaphyllidis, p. 123.
685 Andriotis, Lexicon, p. 170, no 140 l.
86
" Theophan„ 474, 16: µouATwv x:xt cn1hewv qipovwrdi:;; Theophan. Contin., 479, 14:
µoiJJ.-rov µeJ.nijacn; Leo Gramm„ 340,9: µouJ.nua2v-re:;; Genesios, p. 25,8: µouJ.-rtwv.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 405

de ~Epyoc (virga, en latin vulgaire verga) y compris le verbe ~epy(~eLv « fouet-


ter t. Le syntagme ~epyoctc; "t'U7t"t'€tv signifiait « fouetter, battre avec des ver-

ges 587. Le mot latin devait penetrer de bonne heure dans Ies parlers grecs
d'Italie meridionale, a une epoque ou i n'etait pas encore devenu e (a Bova:
virga «timone dell'aratro » et virguli « fuscello »); plus tard, il sera present
dans Ies textes byzantins sous la forme ~epyoc, conservee par le neo-grec 588 •
Les divergences formelles et semantiques entre ~(pyoc d'Italie du Sud et ~epyoc
de Grece s'expliquent non seulement par le fait quc le mot latin est penetre a
des epoques differentes, mais aussi en raison de ce que l'Italie a subi une in-
fluence populaire directe, alors qu'en Grece le mot latin devait penetrer a
titre d'emprunt d'ordre technique militaire.
Du latin vitis « vigne » est ne le derive vitea, d'ou le roumain viţă «cep
de vigne ». Le mot devait passer chez Ies Byzantins (~E„~oc) et chez Ies Slaves
(vica), puis en grec moderne: ~h~oc « baguette mince ». Les gloses arabo-
latines expliquent bissa par corrigia, cependant que Ies textes byzantins utili-
sent ~E„~oc avec le sens de «verge mince, fouet fait de lanieres tressees » 589 •
Sous la plume de Mauricius, le vocable connaît deux variantes: ~h?:oc et
~E~ot (54, 29). Le manuscrit A !'evite et remplace 3'"1)x.cfptoc oc7to ~e„~occ; E:A.occppocc;
par 3 "l)X.cfptoc EX. 8epµcf"t'CUV 7tpo~ll:rcuv ••• EAotq>pocc;. II en resulte que le terme ~E"t'~ot
signifiait une « mince laniere de peau » et etait populaire, puisque le manuscrit
A reagit ordinairement aux elements populaires d'origine latine, en Ies rem-
plat;ant par des termes correspondants du grec ancien.
Le mot µocyx.A.cf~tov (manuclavium) « sorte de fouet employe comme
instrument d'intimidation ou de punition I) par des fonctionnaires nommes
(l.ot)'KAOC~Î:"t'ott, ainsi que le Verbe µocyx.Aoc~(~etv, figurent egalement en neo-
grec 590.

Instruments de signalisation
308. Les principaux instruments de signalisation utilises par l'armee
romaine etaient Ies bucina, cornu et tuba. Le premier et le deuxieme, d'origine
pastorale, etaient faits d'une come, le troisieme etait en metal 591 • Les instru-
ments de signalisation, d'appel a l'ordre et d'encouragement au combat e-
taient donc: la trompette droite (tuba), destinee aux militaires individuels,
la come (cornu) employee pour diriger Ies mouvements des troupes et Ies
manoeuvres et le buccin ou la trompette courbe (bucina), mise ala disposition
du commandant en chef pour donner le signal du commencement du combat.
Parmi Ies noms de ces instruments, cornu n'a pas laisse de traces dans Ies
sources byzantines, et le terme "t'ou~oc avec son derive "t'ou~&:rcup n'apparaît

687
Stephanus Diaconus, PG , 100, col. 1137 D: ţ3E:pyorn; ·rou-rov e-ruit-rov (l'an 808);
Georg. Cedren., t. 1, p. 693, 1: ţ3epylcp orii a1hou y6vo:-ro: itEpLxo:pil.!;o:cro:v.
688 Andriotis, Lexikon, p. 175, no 1456.
689 Du Cange, p. 205.
690
Asterios d'Amassia, PG, 40, col. 449: 1i.ixyx),:xţ3lnic; (l'an 430) Const. Porph., De cerem.,
l,l: µo:yxMţ3Lv; Theophan. Contin., 174, 23: ihucp&TJ µo:yxA&.ţ3Lo:; Ps. Kodin., 181,31: A.wpoL,
oflc; xo:l..oucrLv µo:yx.Mţ3Lo: (l'an 1380); Andriotis, Lexikon, p. 362, no 3850.
591
Hieron. In Os., 5,8: bucina pastoralis est et cornu recurvo efficitur; Veget., 3,5: tuba
quae directa est appellatur, bucinaquae in semet aereo circulo flectitur; Quint. lnst. or. l, 18, 14:
quid autem aliud in nostris legionibus cornua ac tubae faciunt quorum concentus quanto est vehe-
rnentior, tantum Romana in bellis gloria ceteris praestati' ·

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-406 H. Mihăcscu

que dans Ies traites de strategic antericurs au xc siecle 592 • Le son du cor s'2.fpc-
lait bucinum, vocable conserve en roumain (bucium); en grec le mot ~ouxL%'1 n'a
jarnais cesse d'etre usuel et a survecu en neo-grec an~c Ies derives ~ouxcvi?:EL'>
et ~oux(wrµoc 593 • Celui qui jouait de cet instrument ou qui le portait s'arpe-
lait ordinairemcnt ~OUXLVcXTWp, ~OUXLVciT'Yjc; ou parfois ~C.IJXL'ILT'Yjc; 594 • 11ans
l'epopee D(t?,mis Akritcs figure la variante ~ouxcivocc; 595 •
Le militairc charge d'incitcr Ies soldats au combat s'appelait canf, for 7

(xocV•(XTWp). mot atteste jusqu'au xe şiecle 596 • Le tnme praeco {npocLX(•). )=


x·~pu~ (( heraut » cn usagc jusqu'au vic··sieclc 597 n'a pas sun•ecu dans la '.:~te­
rature byzantine.
L'adjectif latin publicus (1.0..J~ALxoc;) apparaît ('Il grec a partir <lli VI'"
siecle awc le srns ele ~ljfLOO'Loc;. a cote du nrbe 7.0U~l.LXt~~LV (( publier, Ltirc
savoir, decomTir, dfrulguer ». Les attcstations sont rarcs et apparticnncm a
la terminologic juridique ou militair<'. On ne trouve qu'unc scule fois chi_·z
Mauricius l'ad1ectif ;ro·.J~/.t:v.oc (110, 2) et six fois le verbe itOU~i.Lx(~:r,&zL
(70, 21; 110. 7; 156, 13; 160, 6 ct 18; 182, 27). Lf' mannscrit A evite le terme
7'ou~i.t::d~~cr&xL et le rcmplacc par ?OCVEp0v y(vEcr&xL (70, 21) ou par cpoc/.(~'l..c&:xL
xocl. ~t:xywwcr:v.Ec&zt (110, 7), prcnvc qu'au XF sieclc IC' mot n'etait pas
populairc. Dans le traite de strategic de l'empcrcrnr Leon le Sagc (7. ·Ei. le
compose 7'po:-rou~i,t;d~e:cr&xt est remplace dans k manuscrit ..-\ par ;::•, ·~u.­
i.(~Ecr&.7.t Y..:XL z:x•ocO"IJl.!X YL\IEG&.7.t. Aux 1vc. vc ct vie siecll's, le mot -;~-:i,oc;
(tit11lz:s) apparaît dans lt>s sourccs avcc Ies sens suivants: 1. b:typ:x9·fi, titre.
inscription; 2. titre ele line ou de chapitre; 3. titre d'irnpot, sorte de gi·oupe
d'impot; 4. fondcment juri<lique. Cornpk tenu de ccs acceptions. c·n pLnt
mieux saisir le sens du passage ele ~fauricius ou le voca ble -r(-:-/,oi:; prcr··.l b.
signification numere quatrc: 'E·1 -r<7> z0'.tp0 -:-1j::; zpljG':'tY.'=tjc; p6yu.c; ... ci:;·;r,yFi:l-
(;n:c&:lt .•. ''.i1:€:p r.r:..ic..>v -:-L./.wv •:xu•·'lv i.0:1.Lfjoc•1c.ucrLV. «Au moment ele la distriL11~ion
de la rnlde ecrivons sclon le registre quels sont Ies fontl1 rncnts juridiqtH :> de
cetk solde» (54, 5).

Campem~nt et fortifications

309. Lorsque l'armec etait Cil marc he' quelqucs hommC'S prenaicnt
le devant, afin de choisir l'cndroit apprcprie pour y instaJkr k camp: ils
s'appdaicnt metatores (µ'YjToc-ropEc;), a la tlifferrnce des mensorcs (µ"f)vclpEc;}
ou mmsuratores (µl)vcroupocTopEc;). charges ele mesurer lts distanets a l'inte-
rieur du camp, de montrer ou devaicnt etre drcssfrs Ies trntes, de jalc_.nner
Ies routes et chcmins d'acces et de fixcr sur Ies lieux tous lEs dltails de l'ii;stal-
lation. Dcpuis le moment ou l'crnplacemcnt avait He choisi par Ies metdores
(µ"1jToc-ropEc;) et jusqu'a celui du depart de !'unite militairc, le tnrain ltait
considere comme requisitionne cn favcur de l'Etat ct ne pouvait scf\"ir a
d'autrcs buts: c'est pourquoi metaiunz (i borne, delimite » e~t arrive avu le

6D~ Maur., 106,9; 180,21; 348,8: q>W'J~ -:-T,.; 70\,~o:c;; 356,23: -rouf,1:hwp; Leon, Tact .•
V,26.
593 Andriotis, Le xi con, p. 182, n° 1555.
694 Maur., 100,5: f3ouxwli-rl)t;; 318,4; 352,11; 356,12 f3ouxtvci-:-wp; Leon, Tact„ 4,7.
695 Dig. Akr. E 1024.

m Maur„ 30,18; 58,5; 72,23; 96,11; Leon, Tact„ 4,7; 12,70.


~V? Act. Apost. Apocr., 1,1; Preisigke-Kies~liP.g, 1.. 3, p. 143; t. 4 suppl. 309.

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La litterature byzantine source de connaissance du latin vulgaire 407

temps a prendre aussi une signification de «requisitionne » et le verbe µ:ri't'cx't'eu-


eLv a acquis le sens de « requisitionner I) 598 • Le terme !l"l)'t'OC't'OV designait egale-
ment un quartier requisitionne ou l'impât paye pour lui 590 : de tels quartiers,
reserves aux marchands etrangers, ont existe a Constantinople, dans la Come
d'Or, jusqu'a la chute de l'empire 60 0. Par !J.~'t'oc't'6.ipLov on entendait la place
reservee au diacre dans une eglise ou bien la piece ou il enlevait ses habits
de ville ('t'a 7tocycxvcX.} pour revetir lcs vetements sacerdotaux ou d'apparat 601 •
Entre Ies termes mensor (µ.~vcrwp} et mensurator (µ."l)vcroupoc't'wp}, c'est ce
demier le plus usuel et le mieux rcpresente dans Ies textes jusqu'au X 0 sie-
cle 602.
Pour le terme ancien crTpcx't'6m:8ov « camp », il y a deux termes d'origine
latine: &:7t/..:Yjx't'ov et rpocrcrcx:rov, qui connaissent un bref moment d'eclat dans
la litterature byzantine. Le verbe t~pplicare «se diriger vers, aborder, atteindre
un li~u, s'arreter a un endroit », avec le participe passe applicitum ou applic-
tum, est atteste en grec a partir du rve siecle, avec Ies formes OC7tA"l)XEUE:LV,
&:7tt..f.xLTov et la variante &:7tA.f.x•ov ou oc7tf..ljx't'ov603 .Lapopularite de cX7tA"l)xe:ui::Lv
confirmee par ses composes µ.i::•oc7tA"l)xi::ui::Lv et cruvoc7tf.."l)xi::u::Lv 604 , a depasse
la sphere de l'activite militaire, de sorte que ce verbe a acquis trois sens dif-
ferents: 1. « dresser le camp, arreter l'armee »; 2. « faire halte et, en general,
s'arreter »; 3. « accorder l'hospitalite, heberger, accueillir chez soi un etranger ».
Lors des marches a longues distances, l'armee avarn;ait sur Ies routes par sta-
tions ou etapes (cr't'ot&µ.f.oc ~ToL cX7tAljx't'oc}, en general bien connues, qui consti-
tuaient un moyen d'orientation geographique 605 • Entre Ies exemptions que
l'empereur accordait par decret special il y avait aussi celle dite &7tA.ljx't'ov,
c'est-a-dire la dispense a l'obligation de recevoir des troupes sur sa propriete606 •
Dans la litterature populairc Pt dans la pratique juridique, des le X 0 siecle,
apparaît la forme cX7tALXLov ou &nt..f.xLv « mJ.ison, abri », dont devaient heri-
ter Ies parlers grecs d'Italie meridionale 607 • En revanche, le derive oc7tALxL-
"t'ocpLoi:; ou cX7tA"l):K't'ocpLoi:; n'est plus mentionne apres le Vlc siecle 608 •
598
Marei Diaconi Vita Porphyrii Gazensis, ed. H. Gregoire ct M.A. Kugencr, Paris, 1910,
p. 50, 6-7; E:µ-IJT'he:ucrocv ~z -rou; ofao•J; Twv cp·Jy6vtwv (VII0 siecle); Photii Nomocanon, 12,2,
PG, 104, col. 869 D: -rc:t:; cruvocywyiX; (Tc7>V'fo.J8xlwv )... µ 1J µ~ -re:ue:cril-x~.
599
Theophan, 72,21; Const. Porph., De cerem., 1,37; 1,87; Synopsis Basilicormn M,
XIII, 4 = lzts Graecoromanum, t. 5, p. 491: µ-~ E:xhwmxv l:~xo•JcrcrxT(ovoc (.LLT(XTWV; Acta Miklo-
sich-Miiller, t. 6, p. 2: E:~xo•Jcrcre:u&~crovTC.CL oc7tL. µt-r&.tou (l'an 1073); Theodor. Balsam., PG,
138, col. 1208 B: l:v ni:i; cruvocywyocri; -rwv 'Iou8oc(wv ou 8d 7to~e:rv (.LLTcLTIX (l'an 1190).
600 H. W. Haussig, Kulturgeschichte von Byzan>., Stuttgart, 1959, p. 71.
001
Arethae Scripta minora, t. 2, p. 109,25: -r67to:; -r"iji; CX.ywvb::; 'o
le:pov µt-rctTwptov (l'an
907); Theophan. Contin., 370, 20.
Gn Leon, Tact .• 4,24: (.LL\IO"Wpc.::; ...• ou:; (.LL\lcroupchopoci; v"ijv XIXAOi:icrw; Const. Porph .•
Cerem., 2,57; De re mil. 2,25; 3,10; 13,24; Vel. bcll., 218, 13.
903
Preissigke-Kiessling, t. 4, p. 216; Malal., 358, 19; Maur., 58,3: cX7tA"ÎjY.TIX ~TOL cpocrcrchct.,
3 60, 12 cXît"A"ÎjXTIX µe:-rpe:i:v.
oo1 Vel. bell., 200,7; 220,4.
805
J. Kulakovskij, Vizantijskij lager' konca X veka, VV, 10,1903, 63-90; J.B. Burg,
The ctTt"A'l)XTIX of Asia Minor, « Bu~IX\ITLVLi; &, 2, 191l-1912, p. 216-224; G. Kolias, Ile:pl
â.Tt"A-ljXTOU, EEB:E, 17, 1941.
606
Act. Lavr., 1, n° 41, 33-34: E:~xouae:Ue:a&.x~ 8e -ro e:lp·l)µEvov :;(wplov ..•... iiTt"A~X't'WV
i1 µecrocTt"AlJXTcuv xpt-rwv ••• xocl -r"iji; U7tep -rwv ciTt"AlJXTcuv xop'l)yljcre:wi; xpe:twv (l'an 1086).
807
Dig. Akr., Z 937: -r!X cXTt"ALx~oc, 'Acrl~ctL -roi> f3occrt:Ae:lou -rwv 'Ie:pocro:AUµou x!XL -roi>
Ku1tpou, chez K. Sathas, Me:cr!XWl\ILK~ f3~f3A.~w&ljx'I), Paris, 1877, t. 6, P· 5: ciyupcX.~e:~ \la.V e
ciTt:Aljx~v: p. 6: vc:t Ttxp'ii crn:ljTt\I ~ ci1tA'l)XW; Lcont. Mach„ p. 358: e:ti; -ro oc1tA.lxt'J 't'Oi> 10upyou
(l'an 1435}; Andriotis, Lexikon, p. 129, no 873: OC7tALTcrt.
608
Preisigke-Kiessling, t. 3, P· 94; Etym. Magn., 527, 28.

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.tos H. Mi hăescu

310. Le camp nomme cX7tAbtTOV etait depourvu de fortifications, tan-


dis que celui dit jossa_tum etait muni de fosses d.e defense (jos~ae)' qui ]ui
conferaient un caractere durable. De jodere, fodi, jossum (I fomllcr, percer.
creuser » s'est d'abord developpe le substantif jossa • fosse •. atteste a partir
du ne siecle av.n.e., puisjossarc etjossatum (surtout dans le langage des arpen-
teurs et des militaires, cf. ·vallatum) • fosse I), atteste depuis le n~e sieck de
notre ere. Fossa et jossatum ont sun•ecu dans ccrtaines langues et certains.
dialectes romans et ils etaient indubitablement popu1aires. La persistance de
jossatum en roumain (}sat, sat « village •} et en albanais (jshat (I vi11age 1>) a
ete revoquee en doute par certains chercheurs pour des raisons d'ordre pho-
netique, mais eBe est quand meme tres probable. En grec, il y a ks formes
rp6amx • fosse • et rpoaaciTov « fosse, camp mi1itaire, armfr », conservees toutes
Ies deux par le neo-grec, ainsi que cpocrcrEUELV, rpocrcro:'t'EUELV et rpocrcro:TLXt';lc;.
Le terme rpocraciTov a acquis avec le temps trois sens differrnts, a savoir <c camp
fortifie 11, « corps expeditionnaire, armee ri et (I fosse, fortification ». Present
dans ]a langue grecque a part ir du IV 0 siec1e. avec ses derives cpoaao:TEUELv.
cpocrao:nx6c; et rpocrcro:TLxwc;, Je mot a joui d'une popularite particu]iere et a
SUTVeCU dans le neo-grec q:>OUO'OCTO 41 armee I) 609 .
A la difference de jossalum • fortificat ion foite de grav ier, bois et terre '»
sudatum etait un fosse pourvu de pieux ou de palis, c'est-a-dire une pa1issade.
Ce terme avait a sa base le substantif sudis <1 picu l). Du latin su.dis atteste a
partir du Fr siec1c av.n.e„ s'est forme le verbe sudare « renforcrr 1>, dont a
pris naissance la forme sudatmn « fortification, palissade ». L'action de cons-
truire une pa1issadc portait sans doute le nom de sudare, rattache par l'ety-
mologie populairc a sudare <i suer, se donner la peine, se fatiguer ». Du verbe
sudare ((construire des palissades & est nec la formation post-verbale suda,
tout commc praeda est nee de praedarc et pug11a de pugnare. Cc suda signifi-
ait (< retranchemcnt' fosse de defcnse amenage a grande peine au moycn des
palis »; inexistant dans Ies sources Jat ines, il passa m grec, ou il apparait a
partir du VIF siede. On a avance l'idec que le lr·xiquc <lu X" sieck, dit ele
Suidas, ne serait en fait appcle ainsi que symboliqucment, d'apres aouo~
• ounage palissade, fait avec bcaucoup de sueur 1> 610 . Le terme crouoo: est
reste populai re jusque dans le neo-grec 611 • En revanche, le terme aouo&:: 0v
• fortification faite de fosses et de palissades » est beaucoup plus rare et n'appa-
raît plus apres le vne siecle: il appartenait ala categorie des substantifs en
-OCTOV assez USÎtec cn medio-grec (exemples: ooµ.EG'TLXCf.ov, opouyyo:pciTov
oouxciTOV, µ.ocyLcrTpchov, µ.o:vociTov, PYIYOCTOV, <j)OO'a<hov), ecrits tantot avec un,
accent aigu, tantot avec un circonflexe 61 2.

800
Maur„ HO.li; 186,10; 190,17; Mala!„ 304,2; 316,8; Thcophan., 337,8; 395,20; Stc-
phanus Diaconus, PG, 100, col. 1125 B: t<pouache:ucrev •ii s'est mis cn marche avec l'armec,
ii a fait une cxpl:dition »(!'an 808); Const. Porph., De adm. imp. 30,45; De re mii. 19,11: Tc:U;
<pO<JOIX't'Ll<cl<; t<p68ouc;.
81 ° F. Dolgcr, Dcr Titel des sog Suidaslexikon, t Sitzungsberichte des Bayerischen Aka-

demie des \Vissenschaftcn. Phil.-Hist. Abt. t, 1936, Heft 6, p. 1-37; H. Gregoire, compte-
rendu de l'etudc de Dolger, t Byzantion •. 11, 1936, p. 774- 783; 12, 1937, p. 295-300; A. Dain,
:Eoullix dans Ies traites militaires • Annuaire de l'Institut de philologie et d'histoire orientales et
slaves » 5, 1937, p. 233-241; F. Dolger, Zur :Eou8ix -Frage, BZ, 38, 1938, p. 36-57.
811 Chron. Pasch., 725,2: aou8ixv ... rno(7Jae:v; Theophan., 491, 27; Const. Porph„ De
adm. imp„ 42,80 et 83; Praec. mil„ 19,25; Ekt/1esis chronica, ed. Sp. Lambros, London, 1902,
p. 17,10; Ioann. Kanan., p. 461,17; 462, 2 et 15; 470,14 (l'an 1422).
612
Maur., 370,25: <pooaciTwv ~ aou8ciTwv tpyixalixc;; Chron. Pasch„ 725,4: l!xixuaev 't'~
oou8chov IXU't'Ou.

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La li ttera.ture byzantine, source de connaissance rlu latin vulgaire 409

311. Dans le domaine des constructions et de la technique, les Grecs


avaient fait des progres remarquables: et pourtant, on n'en retrouve pas
moins dans les sources byzantines bon nombre de vocables techniques d'ori-
gine latine. Le terme &.yscr•oc apparaît chez Procope au feminin et suivi d'une
explication, cc qui montre qu'il ne devait pas etre intelligible a tout le monde:
T~V OC~O''rOCV ... oih(a) yocp TO 7tOLOU[J.E:VOV •ii AIXTLVWV cpwv7j ex&.A.ouv •p(a)[J.OCÎ:OL
(Bell., 2, 26, 29). Un peu plus tard, Euagrios s'effor9ait aussi de commenter
le mot 613 . Dans l'reuvre de Mauricius, ce terme est traite comme generale-
ment connu et il est range a cOte de ~Lopuy~ 814 • Le lexique de Suidas du X 0
siecle comporte une explication plus precise: &.ye:cr•oc, 7toAe:µ.Lxov f.l.'rJX&.V"l)f.1.0C
Ell i..(&wv xocl ~uÂov xocl xou Eye:Lp6µ.e:vov « construction de guerre consistant
en une accumulation de pierres, de bois et de terre ». Le meilleur moyen pour
saisir la signification du terme reside dans l'etude de son etymologie. Le latin
dispose de la famille de mots: agger, -eris « materiaux apportes ou entesses,
amas de terre, rempart », aggerere « entasser », aggestum « rcmpart, digue »,
aggesti6s, -u,s <( action d'entasser I), aggestus, -a, -um « entasse ». On releve chez
Quinte-Curce (6, 5, 20) et chez Pline l'Ancien (Nat. his . 17, 27) les syntagmes
adgesta humu,s et adgesta terra avec le sens de « remblai de terre, rempart ».
L'cxpression elliptique adgesta ou aggesta, attestee chez Ammicn Marcellin
(19, 8, 1: ex adgestis erectis i'.ntrinsecus ... nostri ... resistebant), s'est imposee
dans le langage des camps. Cet aggesta a survecu en grec medieval, sans dcvenir
populaire: il ne s'est pas conserve en neo-grec.
11 y a peu de mots qui soient si repandus en grec medieval que lcs ter·
mcs teclmiques castrum et castellum. Les mots x&.cr•p::>V « rctranchement, lieu
fortifie », avec le diminutif xixcr•plov ont laisse des traces abondantes dans
la toponymie et ont survecu en neo-grec. Le mot xoccr•p-~<noc; ( castrensis),
atteste a partir du ne siecle, designait au debut l'officier de service, puis !'ad-
jutant imperial qui logeait pres de l'empereur dans le palais nomme xa.cr•p"l)-
cna.x.6v et s'occupait du ravitaillement et du ceremonial de la cour 61 5. Ce
dignitaire etait egalement connu sous le nom de xoccr•p"l)crLa.v6c; 618 • Notons
parmi Ies composes de x&.cr•pov: Exxa.cr•pl~e:Lv = EX7top&o:î:v « saccager, de-
truire • 617 , Ep"l)(J.Oxoccr•pov, xoccr•poxTLcrloc, xoccr•poxncr•~c;, xoccr•pO(J.OC:Xloc,
xoccr•pocpui..ocxe:î:v, xoccr•pocpuÂoc~, ve:6xoccrTpov, 7ta.Âa.L6xoccrTpov etc. Le diminutif de
ea$trum, le substantif castellum, a laisse des derives comme castellamentum,
castellanus, castellarius et castellatum; cn grec sont nees le formes x&.cr•s:ÂÂ.ov
ou x&.cr•e: Â.Âoc; 618 , xoccrTe:ÂA lov, xoccr't'e: Â.Âouv 619 , xoccrn:A:Arhoc; « fortifie & 620 ,
xoccne:ÂÂ.Locvo l « mili tes castellis imposi ti »821 , xoccrTsAi..wµ.°' 622 , 7topyoxoccrTe: Â.Âoc; 8 23.

_
613
Euagrius, Tlu ecclesiastical History, ed. J. Bidez-L. Parmcnticr, London, 1958, p.
17J, 1 et 22; 176,2.
GH Jo.laur,. 250,31: 8Lopuyljv -fi ci.yicrTa.v y(vi;;cr~L.
615
Preisigke-Kiessling, t. 4 suppl., 389; Daniel Stylites, 32, Annal. Boll., 32, 1913, 151:
ra>.&:crLoc; o )(!XO"Tp Î)O"LO~ TOuJ3ocmAewc; (l'an 494); Bloc; 8eo8wpou, 93 =MV7jµsîa:, 446: l<GtO"TpLOLo<;
Tou ii-.ytwTci't"Ou na:TpLcipxou (Vlle siecle), Const. Porph„ De cert1m., 1,41.
818 Maial., 430 ,5.
17
8 Nic. Chon. Hist., ed. I. Bekker, Bonn 1835, p. 340, 25, ms. D.
818
Epiphanios, Adv. haereses, PG, 92, col. 37 C (l'an 403).
619
Maur., 352, 15: ><IXaTeAAwaaL; 298, 16: Tt"Aw'ta: xa:aTsJ..>.wµeva.
82
° Constantini Pogonati Epistula sacra, 1, PL, 87, col. 1154 B.
• 21 Basil ic., 57.
62 2 Const. Porph., De cerem., 672,5.

eu Chron. Pas eh., 72.5, 3.

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H. Mihăescu

Le derin~ :v.cxcr•e:),/..civo~. atteste a peinc au XVe siecle, serait plutât un empnmt


de l'italien 624 •
312. Un element indisprnsable des fortifications ctait la citerne. Le
'latin cisterna (un deri\'e cn -erna de et"sta e< panier d'osicr ») a laisse des traccs
dans Ies textcs byzantins, sous la forme de :v.Lvcr-r&pvcx {:x.Lvcr-rcipvct chez Procopc,
Aed., 4, 4): clle a sun-ecu en neo-grec {crn~pvcx).
Le mot r.u)."I), a\'ec Ic sens general de« porte, passage », eta1t populaire
et repandu, mais Ies sources byzantines usaicnt aussi du terme d'originc !;-,tine
'-OP•cx, dans l'acception particulierc dr «porte d'un camp ou d'une forterc~se »„
lequel deYait survivre en neo-grec. Citons Ies cxcmpks de Mauricius: -r=ijc;
7top7cx~ i~e:i,&zi:v {94, 30), 7Q:; ;:op•cx~ 70u cp0crcrci7c.u 9u/..oc-r7dv {ISO. 5);
;:pur.ctpcxcr:v.e:ucicrcxL .•. ;:6p7cxc; :v.cxi. µciyycx'JCX -rdx.c.u; (256, 22), xa& h.cicrT"I)''
r.6p-rcxv ·r,TCJL 7tu),"l)Y (356, 2). €~w3'e:•J '7W\I 7tOpTw'J :x.cxl. '7WY opuyµci•wv '7CJU <p0'7-
crch0u (362, 13), crnvoz.wpe:i:cr~cxL E'J ":'ai:~ 7top-:-cxLc; (362, 17J. En grec classiq11e l'on
constate atkste le deriYe 7tcr.pcr.-.ui,(c;, -(00c; «petite porte câte d'une grande»: a
ks tcxtes Lyzantins utilisent le terme 7tcr.pa<tu/..Lc.v, awc la meme signification.
C'cst sur le modele de cc T.ocpcxr.ui.L0v qu'cst ne Ic terme <tcxpcx7tlp•Lov, at teste
au:.si bicn chez l\Iauricius, que dans d'autres sources byzantines, par exemple:
mxpoc7t6pncx„.Ev 70t~ •oLou-:-0~; 7tUpy0L:; .•. cb0(ye:a3'c>:L (254, 19), t)'..e:Lv ••• •foc;cxpctc;
µE:v 7t0p't'O'.~·. ·7tCXpcr.;:op•La o~ (.LL:v.pcl: T.),dovcx (356, I). Le bas-latin dcvait
fairc la voguc du <lC:riYc portar'iUs, qui prit pcu a peu la place du mat plus
ancien ianitor. Le ,·ocablc portari11S (7top-:-cipLc.;) a penetrc en mcdio-ţ.,'Tcc
am:si, rnais il n'a pas ::-Uf'\'lTU cn neo-grec. Le terme r.op-:-h~a = j.LLXpcl: nui,"1j.
atfrste cn Epirc, est indubitablcmcnt un cmprunt fait aux Valaquc~ v:t5.
l~n autrc Yocal>lc d'origine latine, attcstc scukment chez :M:auricius,
est calea/ura« pas, trace laisse rar le pic<l l>: OU'JCT.•O:L ••• crTOX,clO'cxu3'aL ••• Ex ... T·~:;
:x.o: /..xo:-roupcx~ •.• •wv 'i'.Tir.wv :x.cx i. '7W'J cl.v3-pw-;-:c.v (244, 25). Rare dans les
sourccs latines, le mot calmtura ttait sans doute populairc; le roumain cn
a herite ( călrâtură). Le latin pedat11ra signifiait: 1. unc mesure de pied, mesure
prise avcc le pas (7toOLcrµ6~); 2. un ccrtain espace mesure aYcc le pi(d; 3.
unite militaire affcctee a la sur\'eillance d'unc zone donnfr. Les rnurcc-s tyzan-
tincs offrcnt plusieurs variantes <le cc tenne: 1.e:8cr.7oupcx, r.e:8L-rc.upcx, 7te:8"1)-roupoc
et r.cr.Loa•oupo: 6 i 6 •
Le latin clausura « clâturc, cnclos &, pcut-etre sous l'influcnce de xi:de:L'>
« fcrmer, cl6re 1> a sur\·ecu dans la littfrature byzantine avcc le phoneti~me
xi,e:Lcr0upa « passagc etroit et licu defcndu, <lefile», attcste sans interruption
ct conscn·e cn neo-grec. II a donne naissance aux composes x/..e:Lcroupcip X1Jţ 627 ,
:x.i.o:Lr,oup6•c.7t0c; 628 et :x.).e:Lc;c.upr:.cpu/..cx1; 6 ~ 9 . Le terme x/..e:Lcroupcx a lais~e de
nombreuscs traces dans la toponymic sud-est europecnne.
Unc tactique frequemmcnt utilisec jusqu'â la Renaissance par !'infan-
terie en peril consistait a chcrcher un abri derrier~ Ies charrettes de transport
disposees en cercle. Ce rcrnpart de chariots (saepes carrorum) s'appe]ait en
6~ 4 Chmn. Tocr., 96, 207, J15, 922.
6
~~ DDA, p. b97; H.G. Georgiuu, To y/.cucrcrLxo t.Bi(Uµa TiFµct KctO''t'OF!txc;, 1lies~aJon:r1ue,
1962, p. 190.
826 Maial., 351,8; Maur., 254,28; Leon, Tact., 15,56; Cunst. Porpb., De cerem., I ;,pp.,

p. 482, 8; 2,78. .
627 Const. Porph., De adnr. imp., 50, 144 et lti3.
826 '1L f,y71atc; €~ctipe't'oc; BeA~~v8Fou -:-ou 'P(Uµct!CJu chez L<·grand, Bibi. Gr. Vulg., !. I,

le vers 220.
• 2 9 Theophan., 535, 10.

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latin rnrrago, d'apres un terme d'origine germanique attcste d'abord chez


Ammicn Marcellin 6 3°. On rctrouve le mot chez Ies stra tegistes byzan tins sous
Ies ·formes xctp'.Xyoc; ct xocpocy6v, avec la rneme signification 631 •
;ua. Le mot palu.s <c piel,, pal, poteau » a pris un sens techniquc dans
le Li::gage des camps: ad palum cxi:rceri signifiait « s'escrimer sur un poteau I),
L'z..<!jectif palaris <c de picu, de poteau » et le substantif lusio formaicnt ensem-
1Jll.'· l·· ~yntagme palaris lusio = n.pl. palaria « escrimc contre un poteau •
(cf. Vcget. 1'.!il. 1, 11; 2, 23). L'emploi frequcnt du terme palus, quand il
s'agi:;sait de toutes sortcs de fortifications ou de constrnctions militaires,
explique pourquoi ce vocablc passa des le IF siecle cn grec et survecut ensuite
en neo-grec (r.ocA.ou:;, r.oc/,ouxL) 632 • 11 est atteste chez Mauricius (142, 27) 7toc/,wv
oţEW'J Y.OC"t'OC7'ELpoµ.evcu'J et chcz Leon le Sagc ( 11, 5) E:x.ov•oc:; 7tOCAou:; EVTO<;
7tE:'7t"fl'.':1.tvouc;. Chez Theophanc (p. 759 12), il designe un « pieu en fer»
{Ev rnâ1Jp~ 7tocAcp). Dans la vcrsion de Ste pltanites et I chnelatcs, redigec vers
1080. 7:&.A.oc; prend l'acception de <c clou de bois, cheville »: /,eyz•cu ycfp w:;
-;d&~; ·ne; Lawv TEX.Tovoc ţuA.oc cr•tx.0'1Toc 7tocAoLc; 633 . D'autre part, dans le
Syllogc T acticoriim, redige vers le nilieu du xe
siecle, ou releve le derive
1.ocA.~crzov (22, 6). La popularite de r.ocA.oc; en grec medieval est, par consequent,
certai·.'e; mais on ne saurait en <lire autant de 7tocAALov = pallium « rnrtc de
vekment », terme ~avant qui ne s'e-t pas maintenu en neo-grec. En mcntion-
11a:it ie mot ;-;aA.A.tcuvz:;, attcste chez Mauricius (254, 11) ct chez Leon le
Sag (11, 15), Ducange faisait un rapprochcment de nature formelle avec
7tocA/y.v et disait: « Sunt ego 7tocA.A.tcuve:c; testudines, quibus veluti pallio mili-
tes proteguntur » (p. 1086). Quelques papyri grecs fournissent des attestati-
ons ci,· 7tocALov et le dictionnairc de Preisigke-Kiessling remarque a cette occa-
sion: « Ein nicht năher bckannter bautcchnischer Ausdruck » (t. 2, p. 225).
Voi:::i maintenant le passage de Mauricius: 7tpoc; -rou~ x.pwuc; O:vTtx.e:LvT<XL
I'\ ' I I '' \ ,I, I l ~\ I '\'\I '1
't'UAW. ·Y.CU O'OCXX.L<X, (E:fLOV't'OC OC:;(Upoc XIXL 't'otµµov, 7tpuc; oe: •ou:; 7t0CAAL<UVOCc; "l)'t'OL
E:tJ.~o)„r,uc; -rouc; itpocrocyoµevou:; &p7t<Xj'ct~, 7tLcrcroc xctt 7tup x.oct H&ot ~otpe:'i:~
xoc•~;<.zv•p:n. <c pour se proteger des beliers on pend des matelas et des sacs
remplis de paille et de sable; pour SC proteger des poutres OU des eperons misa
l'avau.t (il y a) des grapins en fer, de la poix, du feu et de lourdes pierres
munÎ'S de pointes ». Le mot 7toc/.../,tcuvzc; est explique par l'auteur comme suit:
E:(L~'Jt.')L (( eperons ». 11 resulte du contexte que Ies 7t<XAAL<Uvz:; etaient une
anrn: offensivc et non defensive: un rapprochement se justific donc avec palus,
mais il ne se justifie plus avec pallium. Faute d'autres attcstations, il n'y a
ritn a ajouter pour le moment au sujet du terme ;-;ocA.) tcuvzc;.

Routes et voies de conmmnication


:114. Les tcrmes utilises dans l'Empire romain pour designer Ies routes
et ll''.i voies de communication variaient sclon le relief et le mode de vie deve-
loppe dans Ies diverses regions: le vocabulaire des voies de communication
uo Amm. :Marc:::ll„ 31, 7,7: Gothi v.?Statorias munus, quae ad cnrraginem, quam ita ipsi
appc·!'·:nt, rcgressae. . . · · .
m Maur., 318,8; 310)7; 360,19; 362,9 et 21; 366,21; Leon, Tact„ 4,55-56; 11,44;
H.'E d 86; Dain, Extrait, p. 90.
· ~ 3 ~ E.A. Bonga, Ta y'ACi>crcr~xrt t8[euµa:-:o:, -:)ic; 'Erc-dpou, Ioannina, 1964, t. 1, p. 289.
33
'' L.O. Sjoberg, Stcphanites u11d I clmelates. Uberliefernngsgeschichte und Text, Uppsala/
1962, p. 154, 3(1,8).

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412 H. Mihăescu

reflete aussi un aspect de l'histoire economique. Des terrnes cornme semita,


i•ia, vicus etaient surtout frequents chez Ies populations paysannes; angi·
portus, platca chez Ies habitants des villes; callis, trames parrni Ies gens pra-
tiquant la transhurnance et dans la bouche des montagnards. Ruga, r-upta,
strata sont des innovations relativement tardives, apparues a I' epoque de
maximum epanouissement et expansion de la civilisation romaine 634 . II est
interessant de constater que, de ces tennes ceux qui ont survecu sont callis
en roumain, strata cn medio-grec et ruga cn albanais. L'Empire byzantin
devait heriter des Romains unc riche cxperience en ce qui concernait Ies
transports a longuc distancc. Le mot strata ne penetra qu'assez tard cn RfCC,
c'est-a-dire seulemcnt a partir du Vle sieclc. Quand il cmploie cc mot, Pro-
cope se rend bien compte qu'il s'agit d'un nouveau vocable technique, aussi
eprouvc-t-il le bcsoin de I' expliquer: cr-rp~TCX ycip -~ EcrTpwµ.lv"1j oooc; T?)
AcxT(vwv xcx}.cx'L-rcxL cpwvn 4C car s/rata signifie dans la langue des Romains voie
pavee ». Chcz Mauricius (284, 18), il s'agit de routes nord-danubiennes, dans la
region meridionale de la Roumanie actuelle: d'apres cc quc l'on sait, ces routes
n'etaicnt pas, a coup sur, des voies pavees ou empierrees. Le terme O'Tpci-ror.=
lcr-rpwµiv"1j o06c; est devenu vite populaire, persistant jusque dans le neo-
grec d'ou il est passe dans d'autrcs langues du Sud-Est de l'Europe. Le point
de rencontre de dCUX TOUt<'S s'appelait OLcr•pcx•O'll 63!>; le diminutif cr't'pcn(T~OC
est mentionne en 1342, dans un document du Mont Athos 636 • Le verbe oLpLydmv
ou 0"1jpLye:ue:L'J (dirigerr) « conduire o 637 ct le substantifs crcipxwcx (sarciHa)
(I paquet, bagage 9
638 et 7!E't'~Lµ.t\l't'CX ( int pedinzenf a) (I bagages Jourds port CS

par des betes de sommc • ont sun-ecu jusqu'au xc sieclc 63 9.


315. L'art de construire Ies ponts etait chez Ies Byzantins non seule-
ml'nt tributaire pour beaucoup dC' la tcchniquC' mise au point par la Grece
antique, mais aussi de celle de Rome memc. Les diverscs parties compo:'an-
tes d'un pont jcte a travers une riviere ou un flem·e etaient d'ordinairc (j pre-
fabriquees » et transportees sur des chariots; au besoin, on Ies fixait entre
elles pour faciliter le passage rapide de l'armce d'une rive a l'autrc. 11 est bon
de retenir en cc sens la rcmarque d'un connaisseur avcrti: <i Des equipages
de ponts accornpagnait·nt lcs armees romaines en marche; ils consistaient
en petites cmbarcations legeres (monoxyli), qu'on transportait sur des chariots
avcc des planches, des cordages et tous Ies instrumcnts de metal necessaires
pour Ies attacher Ies uns aux autres (Vegct. 3,7); un bas-relief de la colonne
Antoninc· rC'presente (fig. 3983) des chariots avec lcur chargement de bar-
ques » 640.
On apprcnd gracc a Mauricius qu'il y avait dcux sortes de ponts: des
ponts de batcaux (7tov•oyicpupcxL) et des ponts de bois disposes sur des plan-
ches appeles pulpi·ta. Les ponts sur pilotis etaicnt plus frequents; l'action de

e3 • J. Andre Les noms du chn11i11 el d1· la ruc, • Revm· des Ctucles latines t, 28, 19.'.10, p.
104- 134.
m Act. Xirop., n°8 5,22; 23,1.'i"I (l'an 1036).
888
Actes de Zographo11 publies par VI'. Re'gcl, E. Knrtz ct D. J{orablcv, Saint-Petersliourg
1907, no 35, p. 8.'.I, 67.
831
Mala.I., 322, 10; Chrcm. Pasch., .'.130,5; Const. Porph., De cerem., 1,9 et 10.
138
Maur., 254,8; Lfon, Tact., 15,48.
838
Const. Porph., De 11dm. imp., 9,-'6; De cerm1., 1 app., p. 474,3; Pracc. tnil., :'i,26:
cpuM~tv TcX n: 11:>,oya X!l:L TcX nc'ri;tµC\lra auTw\I.
No K. Cichorius, Die Relfrfs des Trajansâule, Berlin, 1896, pi. 120 A.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 413

Ies construire portait le nom de 7tou/.-m-rouv et l'autre etait appelee ye:cpupouv 641 •
Il n'est pas sans interet de constater que la terminologie du pont etait en
bonne partie d'origine latine: ceci montre que la technique constructive etait
elle aussi le fruit de l'experience seculaire de l'armee romaine. Les petites
embarcations qui soutenaient Ies ponts s'appelaient vo:ux/.-cu (naviculae),
vcxuxtAL<X (navicellae), ~pxA.o:t (arculae) ou ocpxA.(o: 642 . Les principaux rnanu-
scrits de l'ouvrage de Mauricius renferment Ies termes vo:ux/.-o:t et vo:uxtA.to:,
mais le manuscrit A du xe siecle comporte la glose ocpxA.(o:: VO:\JXtALO: ...
7tAOÎ:<X ~ 't'tX 7to:p' ~µî:v ocpxA.(o: Ae:y6µe:v<X (352, 4). Cette glose 11 ontre quc le
mot ocpx/.-(ov etait alors plus connu que vcxuxtAtov. De meme VCXUXAO: par
rapport a ocpxA.lov (muni d'un asterisque chez G. Rohlfs) qui ont laisse des
traces dans certains parlers grecs, tandis que vcxuxeA.tov n'a pas survecu 643 •
Une autre prcuve de la caducite du vocable vcxuxeA.tcx est aussi le fait que
Leon le Sage, au xe siecle, le remplace par µov6~uA.o:. Pour exprimcr l'idee
de« faire un pont», il y a rncore, chez Mauricius, (254, 18) le verbe 7tov-rtcxwcro:t
et pour celle de« materiaux servant a la construction d'un pont» Ies substan-
tifs 7tov-rtA.o: et 7tov-r(A.to: 644 • Ces deux vocables avaient pour point de depart
le latin pons, -tis, dont s'est forme l'adjectif pontilis, -c, cf. Ioann. Lyd„ De
mensibus 3, 21: r.6vniv yiip ot 'Pcuµcxî:ot -r~v yeq)\)pxv xcx/.-oucrt, xcxl 7tov-r(A.to:
-roc ye:cpupto: !;uA.ot. Le verbe 7tou/.-m-rouv repasc sur le latin pulpitare «plan-
cheier » derive de pulpitum « treteau, estrade»; il n'cst pas atteste ailleurs
que chez Mauricius (282, 1).
316. Un aut re terme rare atteste chez Mauricius est 7tA.cu-rcx t: ye:cpupw-
' I ~ , L
(..l.O:'t'<UV XCX't'CXO'XE\Jcxc;, e:~ ouVcx-;ov, 't'txi; /\Eyoµi:;vcxi; 1t/\WTO:i;, <UO''t'&: O:O'X07t<Ui;
j_ "I "I I "
-rcxi;
' I '

8te:/.-e:ucre:ti; -rwv r.o-ro:µwv y(vecr.S-cxt « preparons ce qni est necessaire pour


soutenir Ies ponts, si cela est possible, ce qu'on appelle Ies radeaux, afin que
le passage a travers Ies rivieres se fasse inobserve )) (280 29). On a suggere I

pour le mot 7tA.cu-r ~ une etymologie slave a savoir Ic terme *plutu « radeau $
du slave commun (cf. en rournain plută) 2 restitue d'apres le letton pluts, le
vieux-tcheque plet', le slovaque plt', le polonais plet (gen. plta) 645 • L'origine
slave du terme 7tA.cu-rcx(, atteste avec cette signification des la premiere
moitie du vc siecle 646 , est invraisemblable au point de vue chronologique,
puisque Ies rapports des Byzantins avec Ies Slaves ne se sont guere deve-
loppes avant le Vie siecle. Donc, pour expliquer I' origine de ce vocable il faut
s'adresser tout d'abord a la langue grecque elle-meme. Le verbe 7tACUTEUO!J.O:t
avait egalement le sens de 7tA.ot~oµo:t (Polybe l6, 29, 11) et signifiait
« flotter sur l'eau ». Les îles ~-rpocp&8e:i; s'appelaient aussi 11/.-cu-ro:(, c'est-a-dire
« les Îles Flottantes •. Par consequent, les 7tA<UTO:L (se. vlje:i;) etaient precise-
ment Ies bateaux « flottants »sur lesquels on batissait les ponts.

841
Maur., 282, 1; 35-4,8; Fr. Lammert, Pons, RE, 21, 1952, 2-437-2-452.
142
Maur„ 22-4,17; 33-4,9; vo:uxl.c:u; 352,4: vo:uxil.Let; Leon.Tact., 5,8: vo:uxcho: ~youv7t'Âo'Lcx
µLxp&..
843
Roblfs, Lexicon, p. 56; Andriotis, Lexikon, p. 389, n° -418-4.
844
Maur., 254,9; 35-4, 11: r.6vTLl-cx; 352,5: 'lt'OVTll.to:; Leon, Tact., 15,-48: 7r6v<ti.o: tjToL
~UACX XpEµ6.µEvcx.
eu J. Kulakovskij, Slavjanskoe slovo „plot" v zapisi Vizantijcev, VV, 7, 1900, p. 107-
112, cf. Vasmer, t. 2, p. 37-4.
148
Socratis, Hist. cccles. 7,37 = PG, 67, col. 828: vcxuc; &:x,f>ocp6poc; .„ 7L"A<i>'t'lJV o:0•1Jv
~voµ&.!';ouaL (l'an -439).

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H. Mihăcscu

Un terme bien represente dans Ies textes byzantins dans l'intervalle


compris cntrc le Vie ct le XVe sieclc est celui de ~ocpxcx (barca) ou ~ciAXCt. «pe-
tite embarcation, barquc », prcscnt surtout dans la litterature populaire et
largement rcpandu. La popularite de cc mot dans la litteraturc byzantine
nous porte a croire quc le roumain barcă deriverait plutot du latin (barca)
que de l'italicn, conformement a l'etymologie qui lui est attribuce d'habi-
tude u.n.
Du latin, jJalus, paludis <( marais • a pris naissance le terme ;;cxA.oMLov
<1marais1>, atteste uniquement sous la plume de Mauricius (142, 1 ct 3-4;
286, 11). Dans certai ns tcxtcs grccs medicvaux apparaît aussi le phonetisme
r.cxor,1.'.ik>: (( marais » 618 , rcsultant de la formr~ latine a metathesc padulcm,
attcstee dans les sourccs littcraires occidentalcs de bassc-epoquc et conscrYce
en roumain (ptid11rt' <( foret •).

Termes de l'ommandement ou eonunandes

:117. Ix trai te ele stra~ egic de Mauricius, date du debut du \rilc siccle,
rcconunandait aux officiL"rs <l'appn:ndre le latin; cd ou\Tagc a conserve
plus de quarantc krnws de commandcment cn latin. Ils rcpresentent unc
sourc·,· importante pour la connai,;sancc du latin parle au cours de la basse-
epoquc. On constate grâcc ~l 1.'UX combien puissante etait cncore a l'cpoque la
traclition militaire romainc dans l' Empirc byzantin. C'est aussi tm tcmoignage
du fait que dans la mosaique <ll's langucs parlecs par Ies soldats rccrutes chez
Ies pcuplcs les plus diwrs, la languc latine representait cncorc un factcur <l't?rli-
tc ct dl'. rapprochcmcnt. L.:s tcrmcs en qucstion avaicnt ete empruntes par
lcs Byzantins au latin parlc d non pas au latin classique; on les utilisait par-
tout i travcrs l' Empire Lyzantin. Cc sont Ies manuscrits des et XIe xe
siecles qui nous ks ont transmis; cn crs tcmps-la lcs copistc:s nc connaissaient plus
le latin ct ils Ies transcrivaicnt automatiqucment, aussi des errcurs ou des
omissions se sont-cllcs faufil~cs dans la transmission de ccs fonnules. Pour
facilitcr le contrâle de ccs tenucs de commandcment, il est tout aussi utile
de rccourir aux !'trategistes grccs antericurs a .Mauricius (surtout Asclepio-
dotc du Jcr siecle av.n.e. et Arril·n du 11° sieclc de n.e.), ainsi qu'au traite de
strategic de l'cmpcrcur Leon Ic Sage, notamment, redigc au X 0 siecle et qui
traduit cn grec Ies tcrm·~S de commandcment en question &1 9 •
Par tcrmes de corrimandement militaires le strategiste Asclepiodote
entendait «Ies mots utiliscs par lcs commandants afin de synchroniE=er les
mouvcmcnts des troupes • (10,1). Un ordre comportait generalcmcnt deux
part ies: l'une destince a attircr l'attention des soldats pour les preparcr a
l'cxecution de cc qu'on leur commandait, l'autre marquant le mome:nt-me-
mc de l'execution ele l'ordrc re~u. La premiere pouvait etrc ph1:s lon-

rn Ioann. Lytl. Mag., 2,14: ~&.?xz:; a:u-r&.:; ă:v-rl -ro~8p6µ:.lva::;mr:-:plwc;(=Latinc) h~AE:aa:v


ol ~'Xh\07e:,;o~; fus Gr. Rom., t.2 P· 184: ax&.'P7J'I -~yo'J\I "t"~\I xoww:; >.e:yoµev7JV ·~a.).,xa:v; Ioann.
Scylitz., 8,66: (*,;xxv; Nicet. Chon., Hist., 324,26; 711.26; 721, 25; ~1:1..Y.z; Cliron. Mr:n<, 539,
2210; Chron. Toce., 1457, 2458, 2900: r~&.?x:.t.
618
Triandaphyllidis, p. 119. .
OlO Asc!epiodotos, ed. W.A. Oltlfathcr, wi th an English Translation by men1bors 9f the
Illinois Grcek _Club, London-Cambridge (Massacl1usctts 1962); F!a·1ii Arriani, _Sţ;ripta minora
et fragmwta, ed. A.G. Roos-G. Wirth, Leipzig, 1968; F. Aussaresses, L'armee_ by~aP1ti11e a la
fin du l'Ic siJclc d'apres le Strateulron de l'cmpereur Maurice, Bordeaux, 1909. . ...

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La litterature byzantinc, sourcc de connaissance du latin vuigaire 415

gue; la st:conde: etait breve ct energique. En voici deux excmples: bd Mpu


x:Ai:vo1 « tourne-toi vers la lance» (Arrien 31, 2), c'est-a-dire «a droite »;
o oupocyoc; -Tov- Mxov &m;u&uveTw « que le commandant de J'arriere-garde re-
dresse son groupe » (Ascl. 10, 11). Dans ces deux formules, Ies mots x:Ai:vov
et oc1t'e:u..&uvE:Tw marquent le moment de l'execution de l'ordre -donne. La ter-
minologie militaire etait soigneuscment memorisee par Ies soldats illcttres;
et par cux elle se trouvait dans certains cas diffusee au loin, penetrant au
sein des masses. L'unc des questions que nous nous proposons de traiter
consiste dans l'etude en de1.ail de la survivance dans Ies langut:s romancs des
termts. de commandement.

318. Nous allons discutcr ci-apres Ies ordres cn languc latine de l'ou-
vrage de Mauricius en mcntionnant Ies le~ons de tous Ies manuscrits et en
mettant plus specialement en lumi ere Ies particularites du latin vulgaire:
acia in acia, acia acia «file dans file» (336, 1). A cct ordre, l'unite mili-
taire dite acfrs ou acia (rn grec ancicn lvwµoTloc), formee d'cnviron scize
soldats cn file indienne devait se rapprocher d'une autre unite du meme genre
et fusionner avec elle. La forme classiquc acies a survecu en ancien espagnol
et en ancien portugais ( az) avec le sens de« unite militaire, ligne de combat »;
la variante acia est passee en grec byzantin (ocxloc) d a ete heritee par le
rouinain {aţă « fil »), par le dialecte napolitain (acea) et par certains dialec-
tes sardcs (alta, aUa) avec le sens de «pointr, tranchant, precipice ».Les
exemples fournis par Mauricius nous autorisent a supprimer l'asterisque de-
vant la forme *acia du dictionnaire etymologique de \V. Meyer-Uibke. La
forme acia, imposee s·ur le modele des substantifs de la premiere declinaison,
ne doit pas s'interpreter toujours comme une forme plus « recente »: acies
d acia etaient des formes paralleles, mais appartenant a des styles distincts,
dansJe cadre. de la meme epoque ou de la meme classe sociale.
ad ambas partes largia «au large vers Ies 'liles » (334, 17; 366,14). Le
manuscrit A traduit cet ordie en grec: de; TOC ouo µE:p"I) 7tAocTuvsw « elargir
Ies rangs· vers Ies deux flancs ». En latin classique l'on d'it dit: ad utramque
partem .Zargfre. Les variantes ·populaires ambi, ambae ont survecu dans Ies
langu_es romanes, alors qu'uterque n'a laisse de trace nulle part. L'adjectif
largus a forme en latin Ies derives largire, largiare et largare, tout comme en
roumain lărgi« elargir »est derive de larg« large » et cn italien largire « donner i>
et largare « elargir » viennent de largo « large ». Largare « elargir » n'est pas
atteste avant le vc siecle. Largi"are s'est forme de largu,s ou a partir du com-
paratif largiifs, sur. le modele de largare. Il n'existait pas de· difffa-ence de
sens essentielle entre largare et largiare. Comme tout mouvement s'execu-
tait au pas de course, largare ou largiare signifiait dans la bouche des soldats
« elargir Ies _rangs en courant », autrement dit « courir ». A l'epoque tardive,
·ies coirtposes a l'aide du preverbf' ad- prirent une grande extension et c'est de
la sorte · qu'est nee la forme *allargare, heritee par Ies langues romanes. Le
sens de <1 courir », conserve en roumain (alerga) a pris naissance probablement
dans le moride des camps. · ·
( . ,ad cânto clina (<a lâ larice, oblique », c'est-a-dirc (<a droitc)) (334, 3).
Atteste drpuis Varron, contus (du grec xovT6c;) « perche, gaffe » se <listfogu'ait
de lancea «lance», mais etait un terme populaire: l'espagnol en a herite (cu-
. ento «pont d'appui »): ce verbe clinare a·passe dans Ies lang11es romanes, mais
. I" n'est pas atteste par Ies texte·s a l'etat simple pour ains~ <lire; il est d~Ti~~·

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416 H. Mihăcscu

peut-etre, pendant la basse-epoque des verbes composes; inclinare « incliner,


inflechir, flechir » a survecu en roumain (închina « dedier, consacrer t). Cet
ordre latin correspond au cornmandement grec bd 36pu xA.~vov (Ascl. 12, 11;
Arrien 31,2).
ad decarchas «vers Ies decarques &, d<; 3e:xcip:;(tt<; (106, 13). Quand reten-
tissait cet ordre, Ies soldats des unites de dix hommes (3e:xtXp;:(ru) se dirige-
aicnt vers leurs chefs, appeles tiecarchae (3e:xcip:;(ttL).
ad diphalangiam exitis <<i la double ligne sortez• (332, 20) ou ad dipha-
langiam partitis <1 a la double ligne partagez-vous • (332, 17-18). On s'atten-
drait a y trouver l'imperatif exite ou partite: en reali te, Ies formes d'impe-
ratif ieşiţi «sortez» et împărţiţi (I partagez » du roumain derivent des formes
latines exitis et partitis, non de exite et partite. Certaines formes de l'indica-
tif prescnt avcc une valeur imperative apparaisscnt egalement dans d'autres
fonnules de commandement.
ad l,itus stringe (j par Ic flanc, serrez •. e:i.~ 7tA.ciyLov aq:ity;ov (102,13;
106, 12). Chacun <le ccs tennes a survecu dans Ies langues romanes. En qualite
<le formule construite a\"L'l: le genitif, ad latus revient dans certains textes
tardifs et s'est maintcnu en italicn (allato), tandis que pour Ic roumain ală­
turi ~a cote de I) il faut supposer l'existcnce d'un hypothetique ad *latora,
issu du fait de la tcndance <le faire passer Ies noms de la categorie en -1ts,
-eris dans la categorie des noms cn -us, -oris (cf. aussi Ic roumain delături <
< de *latora) 650 •
ad acto• par huit 11 (330,3; 332, 17). Cet ordrc formule, Ic groupc de seize
hommes se divisait cn deux groupcs de huit. La preposition ad a cote des nu-
meraux avait Ic sens de « circiter, ferme• (cf. ad duo milia liominmn et quin-
gmti, Li\'. 3, 155). Ici, ad a la signification d'une particule distributive corres-
pondant a par de la languc fran<;aise (par huit).
ad pentarchas, e:i.~ 1.0:'1-;iip;(tt~ « \'crs Ies pentarques • (106, 13). Quand
ils mtendaient cct ordrc, Ies soldats des unites de cinq hommes (7te:v-rocp:;(LtXL)
se dirigeaicnt vers lcurs chcfs appeles pen.tarchae (m:v-rcip:;(ttL).
ad pliu/co (oujulco), E:7tt -:ljv 7ttt?OCTtX"(~v u cn format ion de lutte compacte t
(330. 23-24), cf. a. al.km. *Jale, a. angl. jolk, allP.m. Vulk « foule, pcuple •,
v. sl. pluki'i, (de *pulku) <t groupc », albanais plogu o tas, masse » 6 " 1
ad sculo clina o au bouclicr •. c'cst-a-dire o a gauchc •. e:7t' ci.a7tL3tt (334,5).
II resultc des excmples ad conta, ad phulco, ad scuto que m final n'etait plus
pcr<;u dans la langue parler ct quc it (notamment dans les commandements
militaires) etait prononce d'unc maniere plus ouvcrtc et note par o.
ad tetrarchas, e:i.~ nTpiipx_tt~ <i vers Ies tetrarques • ( 106, 13). Quand
cet ordre rctentissait, Ies soldats des unites de quatrc hommcs (-re:-rpa:p;:(ttL)
se dirigeaicnt vers leurs chefs appeles tetrarchae (-r~-rp<ip:;(ttL).
ad iuta, ~o~S.zL « a l'aide, au secours • (332, 1; 366,4). II n'est pas eton-
nant que, parmi Ies verbes iuvare (conserve en italien et en sarde), adiuvare
(absent des langucs romanes) et adiutare ( pamoman), le dernier ftît usuel
dans Ies rangs des soldats.
aequaliter ambla, E:v 7to(q: YTI 7te:pmci-re:L « alignes, marche » (106, 11).
Cornme nous l'apprend Vegece (1,9; 1,27; 2,23), vers le milieu du V 0 siecle
ambutare signifiait <1 marcher, aller •. La marche pouvait etre «en cadence •

sr.o A. Graur, Les noms lati1u eii -u11. -0rls, • Revue de philologie •. 11, 19J7, p. 265-279.
ur.i F. Kluge, Etymologisches W orterbuch der deutscllen Sprac/18, 19. Aufl. bea.rbeitot von
W. Mitzka, Berilu, 196J, p. 825.

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La li ttera.turc byzantinc, sourcc de connaissance du latin ·rulgaire 417

( aequ.aliter ambu,lare), « au pas accelere » ( celeriter ambulare) ou « au pas de


course ~ ( grandtt plenu ambulare vel currare). L' adverbe aequaliter n' a pas
survecu dans Ies langues romancs (a la difference de aequalis et *aequaliare),
mais ambulare ( prononce mnblare) est panroman.
ami julea « eloigne-toi en masse ou en formation de luttc en rangs ser-
res >) (366,2); ami = abi, de abire, cf. ocitoJ(Wp€'i:'J (Ascl. 12, 11). Le verbe abire
ne s'cst pas conserve dans lcs langues romanes. La prononciation de m est
tres proche de celle de b, donc la confusion graphique devenait possiblc.
cede, u7tox<dp€L «recule» ( 108,4). Le verbe cedere « ceder » s'est maintcnu
en sarde et dans certains dialectes italiens et rhetoromans. Dans le langage
militaire cedere etait utilise en opposition avec stare « demeurer de pied ferme~
et signifiait «se retirer, ceder le pas a quelqu'un » (cf. abscedere = cX7tOXW?€'f:V
<i s'cn allcr, s'eloigner », decedere «se retirer » et recedere « faire marche arriere,
battre en retraite »).
clina dextra OU simplcment dextra, 8€;Loc (< a droite l) ( 108, 14; 334, 13;
366, 8 et 12). L'adjcctif dexter s'est conserve en Romania occidentale (a cote
de direct1ts), tandis que le roumain n'a garde que directus.
clina senestra OU clina SC1tCXtra, ocpLO"T€pOC «a gauche >) (108, 14; 334, 12;
366, 7 et 13). Pour senextra, influence par dextra, cf. aussi sinixtra (Isid.
Orig. 1, 1, 68). Les deux ide sinistra etaient brefs, donc en latin vulgairc e.
En Occident, la variante sinextra a seule survecu, mais en-roumain c'est un
autre terme qui a persiste: stancus> stîng.
cum ordine seque, (.l.ETiX Toc~€wc; &xo'Aou.&c:L « suis en bon ordre » (108,1).
L'emploi de la preposition citm dans des syntagmes du type cum ordine=
= classique ordine, citm silentio = classique silentio denote que la tcrminai-
son a ellc seule n'etait plus suffisante: dans Ies langues rornanes ce sont Ies
constructions a l'aide de la preposition qui ont triomphe. L'irnperatif seque
pour sequere est encore un exemple de la caducite de la conjugaison depo-
nente:.
cum silentio « en silence » (364,21). Le mot silentittm est passe en grec
(crL).hrnov), OU il est atteste jusqu'au xe
siecle.
curso mina, t'Aa « cours, va vite» (106, 30). L'ablatif curso pour cursu
montre qu'il s'est produit un deplacement de la categorie des substantifs
<le la IVc declinaison vers la ne. Le verbe minari avait le sens general de
« menacer », mais en latin vulgaire apparaît une forme active minare qui a
le s~ns de « mener Ies animaux, le conducteur Ies mena<;:ant de ses cris et de
son fouct »; cette forme a survecu dans toutes Ies langues romanes.
depone, despone, &~~. (L~'t"oc&c:c; « deboîtez a droite ou a gauche » (108, 14;
334, 12; 366, 12-13). Les verbes deponere « deposer, transporter, abattre t
et disponere « disposer, organiser, arranger » avaient des significations tres
rapprochees: il etait donc facile de Ies confondre entre eux. L'un et l'autre
ont ete herites par Ies langues romanes: deponere est atteste depuis Plaute et
dispon.:re depuis Caton, c'est-a-dire a partir du ne siecle avant notre ere.
derige jrontem, dirige jrontem {330, 10; 364, 27), d<; ăp&o\I &7t6aoi;
«alignez, front», c'est-a-dire « alignez le front» ((.l.hw7tov) de l'unite militaire
en qucstion. Deux verbes distincts a l'origine, derigere et dfrigere etaient
constamrnent confondus et avaient en general le sens de « faire aller droit,
redresser, diriger ». Le verbe &.7t€u.&uv€LV (Ascl. 10, 11; Arrien 32, 1) leur
correspondait en grec. Scule la variante derigere a survecu dans Ies langues
rornanes.
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418 H. Mihăescu

exi a stema (330,3 rt 6), exites ad di'.phalangiam «de !'unite, sortez»


(332,20; 366,7), &r:o;::::Lpd•w Tlj; <pocAocyyoc; (Ascl. 12, 11), &ithw oc;:o T-Yji:;.
<pocA1Xyyoc; (Arrien 32, l). Stema (oTeµ.µ.oc « couronne, guirla.nde ») est consideree
cornme une forme de la ire declina.ison et a, ici, le sens de «format ion mili-
taire ». La forme exites = exitis.
intra, daeA..&::: <( entrcz » (334, 23-24; 366, 16). Panrornan.
iungo julco, aqd.!;ov « serrez » (104,5; 106,20; 330,14; 366,1). Le \'erbe
i"zmgcrc a sun-ecu dans certaines langues roma.nes, mais en roumain on a le
campase adiungerc et des derives de i"ztgmn: iugart, iugularc.
largiter ambla « au large, marchez » (I 00, 19). Oppose a aequaliter ambla,
cct ordre pcut egalcrnent significr ((\'a a grands pas».
medii parlitis ad dif>lzalmzgiam (( ccux du milirn <liviscz, a la double
ligne » (332, 17). Le \"Crbc partire <( diviscr I) a pour corre~pondant cn grec
µ::p(~:::~·J, xoc7ocy.e:p(~:::w ou xocTocl.oz.[~e:w (Ascl. 2, I; 2,8; 2, 10): il est atttste
depuis Ennius et a donne naissancc a <le nombrcux composes. Le roumain
împărţi « diviscr » a pu avoir comme point de depart le verbe latin partire,
a moins qu'iJ DC SC soit forme sur le tcrrain memc <le la }angue roumaine a
partir du substantif parte (pl. părţi) « partic ». L'adjcctif mcdius est pa.nroman.
mo<.•c, XL'J"1)crov ~ marche » (106, 8; 334, 3-5; 366, 9). Le verbe movcre
a ete herite par Ies langues romanes ~auf le roumain.
muta locum <( changez de place» (336,6). Panroman.
p,zrati, 7tpocreze:•e: « atkntion » (332,1). Le ,·erbc parare a sun-ecu dans
touks Ies langues roma.nes, en roumain appararc > apăra.
percutc, c;x:::7toccrocL « frappcz, tirez 1> ( 106, 22). Le verbe prrrnfrre !''est
maintrnu <lans la Romania occidentale, tandis qu'on a en roumain des dfrives
de pungcre: imfmngere ct *cxtrajnmgcre.
primi states, semndi ad diphalan~iam cxites <(Ies premicrs, halte; Ies
secon<ls a la double ligne • (332,20). L'adjectif primus <( qui •st tout ~l fait
cn avant, le premier t> s'opposait a postrcmus, commc prior a postcri·or. Un
derive de primus etait pri·nza1111s (( de la premiere lignc I), terme technique du
langagc militaire. Un autrc derive, prinzarius <c de premier rang, de premier
ordre », a survecu dans toutes Ies langucs romancs. Tous ces mots etaient
des terrnes militaires. On n'a pu trouvcr jusqu'ici une attcstation de *anta-
neus (terme militaire lui aussi), a part ir duquel s'cst developpe le roumain
întîi «premier 1>. Les formes statr.s = statis ct exites = exitis au lieu de state
et exite sont a }a basc des formes roumaines d'imperatif staţi (( arrctcZ-VOUS I>
et ieşiţi <( sortez 1>.
redi, rcdc, btocvL.&L « reviens 1> (334,4; 590,20; 366, 11). Le verbe redire
n'a pas laisse de trace dans Ies langues romanes actuelles.
reverie, uitocrTp:::cpe: « reviens » (332,25). Le verbe revertere ne s'est pas
conserve, mais certa.ins dialectes italiens impliqucnt l'cxistcnce en latin d'un
derive *rcvcrlicl1re, non atteste.
sta <(halte 1> (106,7). Panroman.
suscipe <c soutien, defrnd 1> {122, 19). Le verbe suscipere a laisse une
descendance dans certaines regions de la Romania centrale et en !talie
meridionale.
terna <c retourne, dcmi-tour », (108, 5), panroman.
transjorma, transjurma, µ.:::ucrx.+,µ.ocTLO'o'1 « changez la figure 1> ( 108, 19;
636,10; 336,17). La confusion entre o et u accentues est a.ncienne dans Ies

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insci;iptions et s'est repandue a travers une zone immense: citntra =Contra,


,defensu.ri = defensori, jmnte = fronte, punere = ponere, 1tstiitm = ostium 652 •
transmttta, µe'C'ocAÂix~ov « changez de position » (108,22; 136,4). Le verbe
-transmutare s'est conserve cn sarde et en roumain.
undique servate, undiques servates «partout, gardez>) (366, 10). Pour Ies
<loublets servate-servatcs =servatis, cf. exite-exitis, partitis, statis. L'adverbe
un.dique n'a pas laisse de traces dans les langues romancs, servare s'est con-
serve en Occident ct en Orient.
Silention. Alandala captate. Non vos turbatis. Ordi11em servate. Bando
~eq uitt:. Nemo deniittat bandum et inimicus seque. « Silence. Ecoutez Ies com-
mandements. Ne vous troublez pas. A vos rangs. Sui\·ez le drapeau. Que nul
ne l'abandonne et suivez Ies cnnemis » (328,2-4). Pour mandata captare com-
parer Ies citations suivantes: captandust horum clanculum sermo mihi (Plaute,
Cas., -l44); hoc modo sermonem captans (Terent„ Phorm. 869); captato
sermone (Ovide, 1\1etam. 3, 279); inter pocula sermo captatur (Claudien, De
cons. Stilfrh. 2, 163). Au sens de « ecouter attentivement, examiner >) captare
.a egalement survecu dans Ies langues romanes: dr. reg. căta, it. cattare, esp.
pg. catar. Compte tenu de ces faits, on peut donner une interpretation plus
exacte de la graphie xa7tÂ.oc1'z de Constantin Porphyrogenete (De cerem.
1, 10): KaitAoc'!e, 86µ."t)vL. L'editeur A. Vogt traduit « Avancez, Seigneurs >)
et fait la rcmarque suivante: « Caplate, quoiqu'on en ait dit, vient peut-etre,
-et du rcste tres philologiquement, de ambulate, amblate, aplate. Le k initial
est un phenomene dont nous avons, par ailleurs, de nombreux exemples >) 653 .
En realite, les graphies xcm:Aoc7e chez Constantin Porphyrogenete et xixµ.7tAoc'C'e
ou x~7ti,iX:rz~ chez Mauricius repondent aux formes latines captate ou capta-
tis, avec le sens de « faites attention, regardez». L'imperatif negatif de type
1ion vos turbatis a survecu en roumain: mt vă tulburaţi. Les formcs bando pour
bandum, inimicus pour inimicos, seque pour sequere et sequite pour sequimini
sont attestees egalement par d'autres sources redigees cn latin vulgaire 654 •
Sile1dion. Nemo demittat, nemo anteceda bandum ... Serva, milix, ordi-
nem ... Non jorte minare, ut nec sparges tu suum ordinem « Silence. Que nul
n'abandonne, que nul ne depasse le drapeau ... Respecte l'ordrc, soldat ...
Ne va pas vite, pour ne pas deranger l'ordre >) (104, 21; 106, 2-4). L'impe-
ratif negatif de type non minare s'est conserve en roumain (nu mîna).
319. En totalisant ccs termes de commandement on observe que la
forme la plus resistante par rapport au latin classique est celle de l'imperatif
singulier: adiuta, ambla, ami=abi, capta, clina, cede, depone ou despone,
derige ou dirige, exi, intra, iunge, largia, mina, move, muta, percute, redi, re-
verte, seque=sequere, serva, sta, stringe, siiscipe, torna, transforma, trans~
muta. Cette forme d'imperatif s'est mieux conservee dans Ies langues romanes,
comparer en roumain: ajută, îmblă, cată, închină, depune, drege, ieşi, intră,
ajunge, mînă, strămută, toarnă.
Il y a deux procedes pour l'imperatif present singulicr de negation (non
+ infinitif et nemo +
subjonctif): non minare, nemo antecedat, nemo de.mittat.
L'un et l'autre ont survecu en roumain: nu mîna, nime să nu ajute, nime să
6 0
· MihăC'scu,
Lg. lat., p. 178-179.
i:. 1, p. 66-67, n. 2.
ec.a Son edition,
804
G. Reichenkron Zur rămischen Kommandosprache bei byzantinischen Schriftstellern,
EZ, 54, 1961, p. 25-26.

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H. Mihăescu

flit. zicr!. Le premier procede etait inconnu au latin classique: c'est a piene
s'il est atteste au commencement du\ re siecle 655 • Son maintien en roumain
plaide toutefois pour une apparition plus ancienne.
Pour exprimer l'imperatif present pluriel il y a des formes doubles, c'est-
a-dire des formes classiques d'irnperatif et des formes d'indicatif present a
Yaleur imperative: captate, exites, parti"tis, scrvate, servates, states. Ces doublets.
etaient reels et ne constituaient pas de simples grapbies, comme il ressort
des langucs romanes: Ies formes d'imperatif pluriel en italien reposcnt sur
des formes corrc-pondantes en latin, tandis que Ies formes d'irnperatif plurieI
du frarn;ais et du roumain deriwnt des formes de l'indicatif present (it. me-
1wtc, fr. menez, dr. minaţi).
L'imperatif pluriel de negat ion non vos turbatis a survecu en roumain:
mt vâ tulburaţi. Ce procede etait inusite en latin classique, mais il apparaît
dam certains textes a partir du Vllle siecle de notre ere 656 • Son maintien
rn roumain denote que c'etait la un procede populaire plus ancien et repandu.

Torna, torna, fratre

320. En 586 l'armee byzantine descendait des rnonts Haemus (Bal-


kans, Stara Planina) vers la plaine de Thrace, en direction d'Aquac Caiidae
(Miroljubovo). a l'ouest du golfe de Burgas, afin d'affronter Ies Avars. Elle
avait dcpasse Ies hauteurs de Calvomuntis et de Libidurgon, situees a pro-
ximite de la ville moderne d'Aitos, lorsquc, ~L un moment donne, « l'armee
apen;ut k khan bivouaque non loin de la, car il avait dresse ses tentrs en
toute quietude a 4 km distancc et avait permis a sa horde de se disperser a
travers la Thrace. Sur ce, le commandant <le l'armee byzantine Comcntiolus.
rangca celle-ci en ordrc de batailk, sur une scule ligne, et lui ordonna d'avan-
ccr vers l'est, de renforccr Ies gardcs pendant la nuit et, le lendemain, de fon-
dre comme un torrrnt sur lC' khan, passant tout au fil dC' l'epee. Mais un eve-
ncment imprevu vint troubkr la balance de la strategie ct, telle unc guepe
importune dans une ruche d'abei11es ordonners, sema le desarroi dans les.
plans sagement echafaudes par le commandant. En effet, apres que le solcil
eut tourne sa face et fut entre dans la nuit noirc, que !'eclat de l'astre splen-
dide et lumineux fut eteint sous la puissance de l'obscurite, l'une des betes.
de somrne desequilibra et jeta de cote son fardeau. Or, celui qui avait la charge
de la bete marc hait devant. Alors ceux qui suivaient, voyant quc l'equipe-
rncnt de la bete etait traine en desordre, criercnt a CC' soldat de rewnir cn
arriere afin de rajuster la chargc. Mais ce mouvement provoqua un grand de-
sordre et une fuite generale, car le mot qui avait cte prononce se repandit dans
la foule, mais compris de travers, dans le sens d'une incitation (mot d'ordre)
a la fuite, cornrne si un grand nombre d'ennernis etait apparu et avait declen-
che une attaque par smprise. L'n vacarrne indcscriptible se produisit au sein
de la troupe, sui\"i de panique: tous braillaient et se commandaient Ies uns
aux autres dans la langue du pays (hn:x,cup(9 TTI y),wn71) de rebrousser che-
min, criant a tue-tete torna, torna (< demi-tour, demi-tour », croyant qu'ils

656
Leena Lofstcdt, Les expressions du commcndemmt et de la difc11se en latin d leur
survie dans Ies langues romanes, Helsinki, 1966, p. 64-65.
11:>& llidcn1, p. 183-185.

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etaient tombes dans une ernbuscade nocturne. Toute la bonne ordonnance de


l'armee s'envola, comme l'harmonie depuis Ies cordes d'une lyre: c'est ainsi
que le khan echappa pour la seconde fois a un grand peril; il quitta en bâte
Ies routes frequentees et dressa son carnp ailleurs, apres ce sauvetage encore
plus inattendu que le precedent. Cependant, l'armee romaine s'enfoyait de
son câte et sa retraite etait tout aussi precipitee que la foite de l'ennemi, car
elle avait ete bouleversee et ebranlee par la frayeur sans fondement d'un
danger imaginai re » 657.
321. Rapporte probablement par quclque temoin oculaire et consigne
par Theophylacte Simocatta dans son Histoire vers 630, cet incident a ete relate
a nouveau par Theophanes le Confesseur dans Ies annecs 810- 814, comme
suit: « D'abord le commandant romain Commentiolus se cacha dans Ies forets
de l'Haemus, puis il appamt accompagne de Martinus et prit le khan a l'im-
proviste, au moment ou la multitude des barbares s'etait dispe1see a travers
la Thrace. II avarn;a contre le khan a la premiere releve des gardes de nuit et
il avait toutes Ies chances de vaincre, s'il n'avait ete arrete dans son entre-
prise par un evenement imprevu. Une bete de somme desequilibra son far-
deau et quelqu'un cria a celui qui en avait la charge de venir rajuster celui-ci,
lui disant dans sa langue ancestrale (mnplc:l cpw,rn): torna, torn a, jratre « dcmi-
tour, demi-tour, frere ». Le soldat en question n'entendit pas ces paroles, mais
d'autres Ies entendirent. Ils se crurent attaques par l'ennemi et prirent la
foite, criant a tue-tete: torna, torna. De son cote, le khan fot saisi d'une grande
frayeur et s'rnfoit d'une seule traite, de sorte que l'on pouvait voir Avars et
Romains s'enfuir a qui micux, mieux, sans etre poursuiYis par personne » 658 •
Mentionnons que le texte de Theophanes est un peu plus court, mais qu'il
comprend en plus le mot jratre (ou dans certains manuscrits jrater), cepen-
dant que torna apparaît dans certains manuscrits sous la forme rctorna. Tous
ces mots d'origine latine ont laisse leur empreinte dans Ies langucs romanes:
jrater et tornare dans toutes Ies langues neolatines, retornare en fr. retourner
et it. ritornare. Derive de tomits (gr. Topvoi;) «trepan, tour, vrille, retourne-
ment », le mot tornare etait un terme technique passe avec le temps dans le
vocabulaire militaire. Frater avait aussi un sens figure, plus large que celui
compris dans la notion de <( parente de sang ».

322. Consideres comrne un tout, Ies textcs que nous venons de citer
ont donne lieu a une longue controverse scientifique, parfois melee de scnti-
ments etrangers a l'esprit de la veritable recherche, ou l'on pcut deceler au
moi ns trois tendances ou· courants d'opinion. Les historiens ct philologues
d'autrefois ont cru que ces textes attestent la romanisation de la Thrace,
la prescnce de la population romanisee locale dans l'armec et Ies debuts <le
la langue roumaine. Ainsi, l'historien Johannes Thunmann affirmait en 1774:
<( Gegen das Ende des sechsten Jahrhunderts sprach man schon in Thracien
walachisch » 669 • Quelques annees plus tard, en 1781, Franz Joseph Sulzer,
adoptant cette idee, parlait <le soldats roumains (walachischen Solda ten),
qui se comprenaient entre eux en langue roumaine et non pas en latin vui-

ss1 Theophyl. Sim., Hist., 2, 15, 3-11.


&seTheophan., p. 257, 25 - 29.
ne J .· Thunmann, Untersucl1t111gen iiber die Geschiclite dlr ăstliclzen curopăischm V ol-
kcr, Leipzig, 1774, p. 341.

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--
4 ')'l H. Mil1f1escu

gairc (nicht in walschcr, son<km walachischer Sprachc) 660 • Au debut du XIX&


sieck, l'eru<lit transylvain GLeorghe Şincai cnglobait l'evenernent dans l'his-
toirc dL·s Roumains 661 • Sui\'ant Wilhc:lm Tornaschck, Ies mots torna, toma,
jratrc faisaient part ic <lu langage de l'armec locale (Sprach~ einer cinheimischen
Miliz) d constituaicnt unc prcu\'c percmptoire de la presencc de la langue
roumaine (cin :\lustrrbcispiel . . . dcr . . . lingua mstica Romanisca) 662 •
Robert Rocslerpcnsait y trou\'cr un argument cn faveur de sa these, a savoir
que la rl-gion cn C]lll'St ion ctait pleine de Roumains (Anwohner der Gcgend,
wcklw ab ('În•_· nm Ylach,·n crfUlltc ... erschcint) 663 • D'autres chcrcheurs,
tels: J.L. Pic:. J. Jung, A.. Budinszky ct D. Onciul, etaicnt plus resen-es et
('stimai1·nt qu'il s'~s-i-;sait de la langue latine, et non de la langue roumaine 664 •
En L\·anclw, A. D. Xrnopol soutcnait categoriqucrncnt que « ces mots sont
sans cont(':ote \'abqth s » ..t r·:prescntent <1 un commcncemcnt de changement
c~u btin nilgaire cn bn,'.,;'UL' roumainc d'aujourd'hui " 665 . Pour sa part, B. P.
Jfas•ku y d·!counait tm ~rgumcnt a l'appui de la romanisat ion des Tbraces
C'1 C: s cor.mh nn·m1·nts du P"Uph· roumain G6 6 .
1

:t!:J. Le premier qui Sl' ~oit ecarte de la COllC<'ption plus ou moins admise
jt?:-qu'alors fut Con ..;tantin .Jirec:>;ek, un bon connaisseur du Sud-Est europeen.
En I S76, ii a\·ait affirmt', a l'instar de Sl'S predC:-ccsscurs, quc Ies cclebres
paroll':'; rcpresi'ntcnt « die cr~.tc Spur <les H.umănischen I), mais par la suite il
de\·ait l"ll1UIICLT a Cdll' opiniun: ('11 1893, il soutcnait quc /orna, lama, jratre
n'ctaient que ck· simpks ilrmes de comman<lc cmpruntes a la languc latine
par k~ Byzantins ct q1:'ils n~ sauraient, par consequent, attcster la romani-
sat ion LlL' la Thracc, ni la presencc d'unC' populat ion locale romanisee, ni Ies
comn111Kcmcnts de la langue roumaine 1167 • En dfrt, le traite de strategie de
Mauriciu~. dat!'.· <lu debut du vue sieclc, rccommandait que ks officiers sacbcnt
le latin ou k grec l't h·s cumm.anJcs soicnt lancces cn latin, ce qui montre
comLiLll puissantl' etait l'lll'Ufe a Cl'l te epoquc la tradition militai re romaine
dans l'Empirc byzantin.

"·" F. J. S11Jz„r, G,·<,·h:'cht.' rler lra11salpi11isch<11 1Ja..-i<11s, das ist dcr H'alacl1cy, ]'lfvldau
wrâ JJ, s.«1111vi111s, \\ rL·11, 17iil, t. 2, p. 22.
CGI <;. ~incai, ll1011i.-,1 r„11;1Î;1il1Jr ,q· u 111<1i 11111/i„r 1:rn11111ri ÎliCÎI au J.1st ialc a,<a de a111eslt:-
cat, «U ; ·111;,i1;ii. <Îl lrrcrl!ri/,, i1:ti .• 1J lările şi faptele rwor.:i fără de ale alioru 1:11 se pr>t scrie pc în-
ţ.11 s, la~i. IM.'\,t. 1,p ..H5.
or~ \\". TomasL hl'k. C 1„ r !Jr11malia 1111d Rosa/;,, 11cbst llcmal11111gc11 ii/Jcr dic Bt"ssisclren
1'oli:ss:.i111111c, S ..\\\', 60, 11\69. p. -100; o Zcitschrift fiir osterrcichischcn Gynmasicn e 28, 1877,
r· H-:" --151; Z:tr K1111.lr d. 1· H.1,.11;1s Hallii;sd, SA\\·, 7 J, 11\82, p. i7.S-498; Dic altm Thrnl:cr,
S,\ W, 12/S, IS9.3, I). 7h--; J.
uo:i ll. H(lc~ler, R11111J11i;,/;, St11di1n. l"ntcl's11ch1111ge11 ;11r ălltri11 Gtsclrichte Romănic11s,
Leipzig, l.'\71, p. 106-107; !Jana u11d Rumii11rn, Sitzung~L., \\'ien, 86, 1886, p. 55-56.
''"
1
J.L.Pic, C"b,„ dic .-ll>sl11111111111:g d1r R11mă11m, Leipzig 1880, p. 5i; J. Jung, Die
ro111a111scli<n La11ds„lwft111 d,·s l'01111schcn H.-iclr, s, Innsbruck, 1881, p. 377- 378 et '180; A. Budin-
szky, JJi,· . .J.11sbrcit ung dcr latcinisch<'n Sţrachc abcr ltal1n1 imd dic Provinzcn des Homisclren
lfr1,-ht5, Berlin, 181-il, p. 223; V. Onciul, Teoria lui Rocslcr, a Convorbiri literare• (Ilucarest)
19, 1SS5, p. -132-iJJ.
,,.;> ..\. D. Xenupol, t'11c h:'gme historiq1:,„ Les Roumaius au 11foye11 Âge, Paris, 1885,
p. 40; lh~·:n:ri- d1·s H011111ai11s, Paris, 1896, t. 1, p. 2i2.
""'' Il.P. Ha~deu, Strat ;si rnbstrat. Ge11calogia /'opoarclor balcanice, « •.\nnalcs de I' Acade-
mie. :\kmoin:s de la Section Litteraire », li, 1892, p. 230.
Gu 7 C. Jirc~ek, Gcschic/i/,· d, r BulgarPn, Prag, 1876, p. 112; Die Hcc1·strasse von Belgrad
11ach /(,.msta11tinopcl, l'rag, IS77, p. 67; Ober die Vlaclien von Moglcna, AsJPh 15, 1893, p. 98-
9\1; Di,· R.m1anm i11 d,·n Stc'i.llm Dalmatie11s wii.hrend des Ahttelalters, \\'icn, 1901, t. 1, p. 18.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin ·•ulgaire 423

La these de C. Jirecek fut adoptec par Ov. Densusianu, N. Iorga (dans


scs ouvrages de jeunesse) ct D. Russo 668 , tandis quc la grande majorite des
philologues et historiens roumains continuerent a soutcnir quc Ies mots torna,
torna, jratre depassaient la sphere de la terminologie militaire et etaicnt corn-
pris par la population locale romanisee, qui fournissait des soldats au:x armees
byzantines, ou la langue officielle continuait a etre le latin. C'est dans cc sens
que s'est prononce notammcnt A. Philippide: il a critique la these de C. Ji-
recek, qu'il considerait comme etroite, car elle etait incapable d'cxpliqucr
Ies expressions lmxwpLoc; y"AwTTOC <c la languc du pays, la langue du lieu » et
7tchpLcuc; cpcuv-Yj <c la langue ancestrale» et qu'elle ne tenait pas corupte du mot
Jratre, qui ne pouvait etrc un terme de commande 610 . Cctte opinion a cte
suivie par N. Iorga (dans l'ouvrage fondamental de son âgc mur), G. Popa-
Lisseanu, R. Vulpe, C. C. Giurescu, G. I. Brătianu, Al. Rosetti, ainsi quc par
Ies auteurs du chapitre respectif de I' Histoire de la Roumanie dans l'edition
de }'Academie de la Republique Socialiste de Roumanic 670 . Parmi Ies Ctran-
gers, H. Zilliacus a souscrit a ccttc these 671 . Pericle Papagahi a tente de de-
montrer que Ies celebres paroles pourraient mieux s'cxpliqu('r par le dialecte
macedo-roumain 672 • En revanche, l'opinion de C. Jirreek, selon laquclle
torna, torna, jratre seraient de simples tcrmes de commandc ct ricn de plus,
a ete adoptee partout par les etr::mgers et tout particulierl'ment par lcs histo-
rirns, tels P. MutafCief et F. Lot 67a.
3:M. Une breche profondc dans l'ancienne conccption s'est produite
en 1938, quand le specialiste grec G. Kolias a demontre quc par lm:x,wpLoc;
yAW'r'rOC «la langue du pays, la langue du lieu » et par mx:rpLoc; cpcuv~ <c la langue
ancestrale», les Byzantins entcndaient de fait Ia langue officiclle de l'Empire,
c'est-a-dire la langue latine en general, et non la languc du pays ou de la re-
gion ou se trouvait en 586 l'armee byzantine, c'cst-a-dire la langue latine ou
romane de Thrace 674 . C'est un fait connu que l'Empire romain d'Oricnt a
conserve le latin comme langue officielle jusqu'au debut du VIF siecle et
que pendant plusieurs siecles, a partir du regne de Constantin le Grand, le
grec a gagne progressivemcnt clu terrain, mais sans ra·•ir sa primaute au latin.

688
0·<. Densusianu, HLR, t. 1, p. 390; N. Iorga, Gcsclzichlc drs ru111ii11ischm Vulk,s im
Rahmen seiner Staatsbildungoi, Gotha, 1905, t. 1, p. 106; ~ Bulletin 1le !'Institut pour l'etude de
l'Europe sud-orientale•>, 2, 1915, p. 116-117; D. Russo, Elrni;·1n11l În Româ11ia, Bncarest,
1912, p. 20, n. 1.
669
A. Philippide, OR, t. 1, p. 507-508; Ştiri despre lin;ba n1111â,;iască pîw:. în orcolul
al XIV-lea, etnde inedite publiee a·1ec notes par D. Găzdaru, BIFR, 2, 1935, p. 5- 7.
870
N. Iorga, Histoire des Romnains et de la romaniti orirntale, Ducarest, 1937. t. 2, p.
305; G. Popa-Lisseanu, Linzba 1·omâ11ă în izvoarele istorice medievale, « Academie R•~11n~<1 ine.
Memoires de la Section Litteraire I), t. 9, 1938, p. 262-305; R. Vulpl·, Histoirt' ancio;nr de la
Dobroudja, Bucarest, 1938, p. 378; G. I. Brătianu, Une enigme et un miraclt' h;'storique: le peuple
romnain, Bucarest, 1942, p. 91-92; Al. Rosetti, Despre torna. toma, fratre, dans: Omagiu lui
Constanti11 Daicoviciu, Bucarest, 1960, p. 467 - 468; G. Ştefan - I. Barnea, dans Istoria
României, t. 1, Bucarest, 1960, p. 605.
871 Zilliacus, p. 130.

872 P. Papahagi, Qurlq11cs i11flucnccs byzantines sur [„ 111au'do-rou111,1in ou aromnain,

« Revue historique du Sud-Est europeen 1>, 2, 1925, p. 187 - I '.J2.


873 P. Mutafcicf, Bulgarcs ct Roumains dans l' histoirt· d, ~ ţays ''anul;icns, Sofia, 1932,

p. 150; F. Lot, La langue de commandement dar.s les armt!es romaincs ct le cri de gucrrc f raw;ais
au }1loycn Âge, dans: Memoires didiis a la memoire de Felix Grat, Paris, 1946, t. 1, p. 203-209.
674 G. Ifo!ias, T6pvcx, lmx6ipLoc; yJ.waoa EEB:E, 14, 1938, p. 294-299.

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424

C'cst sculcmcnt apres la colonisation des Slaves qu'une rnpture s'est produite
entre Byzance ct la population romanisec du Bas-Danubc et de l'Europe occi-
dmtalc. Durant toute cette periode, ct memc longtemps apres, le latin etait
considere comme «la langue du pays, la langue du licu 11 (bnx_wptoc; y'Awnoc)
ou «la languc ancestrale» (mx:rptoc; q>wvlj). Et G. Kolias de conclure: torna
etait un terme de commande cntre dans la languc grecque (tel, cn roumain,
mar.~= fr. marc/te ou stop == angl. stop); jratre (ou jrater) a ete insere par
Ies copistcs ulteric:urs; quant aux expressions Em;:wpLoc; ·(Aw,,oc «la langue
du pays »ou 1.ii:-pLoc; i:pwv·~ «la languc ancestrale 1>, ks deux chroniques byzan-
ti1ws ne faisairnt qu'indiqurr par la la provcnance latine <le toma, toma. fra-
tr1', ricn de plus. D'ou il rt'-sultc que Ies passagcs rcspectifs de Theophylacte
Simocatta l"l de Tlwophanes ne <;ont pa~ une prl'uvc de la prcscnce d'une popu-
lat ion romanisee m Thracc ou dans l'armec byzantine, ni lrs premieres mani-
frs1 at ions de la langur roumainc. A cet te conclu~ion ont souscrit aYec de
legerL'S modification;-; Ies historicns M. Gy6ni (Bu<laprst) et V. BdeYliev
(Sofia). L•' prl'micr a ajoutc quc lrs le<;ons retorn.a (pour tom a) ct jratre (pour
}rllf,-,.) sont proLablement des fornws altert'·es d <lonc non authentiques,
qu'il com·icndrait d'ecartl'r 11i 5 ; l<' sPconcl a adepte !'argument du premier,
opinant quc }rata Ctait present dans le grec byzantin, cn tant qu'emprunt
du latin an·c le sens de «camarade, compagnon <l'armcs » et quc par conse-
qtll·nt !C's mots tom,,, torna, jratrc etaicnt courammcnt cmployes Pn grec dans
to11t l'Empirc byzantin, ne prou\'ant ni la romanisation de la Thracc, ni la
pn"s1·nn· cl'unc populat ion romanisee dam l'arml-e byzantine, ni le<; commen-
Cl'l11L'nts <le la languc roumainc 076 . Ainsi, apres presquc deux siecles de
contron·rs('s, on a\'ait abouti a unc conclusion opposec a la premierr, con-
cl11sion deniant aux mots toma, lorna,jratrc toutc signification historiquc.
Les cxemplcs cites par G. Kolias ne \'ont quc jusqu'au Vie sicclc, mais
il l·st facile <le Ies completcr par lh·s 1.emoignagc·s ultericurs, gui persistent
j11squ'aux xc sieclc:
.
I) Ion cass1us
. 38 , 13 : ":'Gt\ e:-r:xtpDCX
• \ xoD,·ri-r~'.1..
, . '
Ei'C"L)'..WpLW'.; , .1.. (< 1es
W'.1..AOU(..l.ZV'
a:c.sociations nommees dans la languc du pays colleg1·a »: 49 ,36: -roui; "J.L7w•1xc;
\ ~ ' ',.. • I - • I ' I \ I
''J'Jc; )'..ZL~Low-:ovc; e:; L(..l.'Y..TL(o)V 7LVC.l'J e:i; 7tOCVVO'J'.; E7tLX,WpLwi; 7twc; XOCL XOC,OC7e;µ-
WJ'J7Z:'.; x:zt irpOITOC"'(OpEUOV7E'.; auppr:bt-roUut <1 a
part ir de Ccrtain~ VCtcmcnts,
ii:-: coupcnt ct ajustcnt Ies manteaux a manclws quc, dans la langue du pays, ils
nommcnt pan ni» (entrc 220 ct 230);
luliani l\ILcrOî.W'(W'I, ed. Fr. Hcrtlein, Leipzig, lins. t. I, p. 276,21 (369
] ) ) ,
J . r
o!\'.'' OCWl..AW":"O
C:.J'.;
' I-.
X:7.L '70U70, 7tpO't"e:pov (..1.$'1 )'.t/\tOuc;, Eît't"Gtxtc; X.t .toU'.; o~' U0'7e:pov,
\ - I \ "), I rl ' I ) I

I~ ~I
EL":"~. ·w·1 µupLou'.;, O'J'.; 1 e:1nxwpt'J'J e:u":t /\Ot7tO'J ovoµix-,e:Lv
I I I '
T - I(\ " j,
µooLoui;, ocvct' ).Lcrxov
\ ' '

a[:-rJu, 7tocnoc~ oi'.xo&zv exwv « apres avoir reuni cela aussi, ils ont fait main
basse d'abord sur mille, puis sur sept millc et finalement sur dix mille
boisscaux de ble, nommes dans la langue du pays modii, et ils ont tout em-
portc chcz cux » (vers 362);
Hieronymi Epist., p. 107 externis vitiis sermo patriu..s (mhpLoi; <pcuv~)
sor.lidatur (\'crs 400);

6 5
' M. Gy6ni, A: dllitolagos lcgrigibb roman nyelvemleh, ~ Egyctcmcs Philologiai Ki:iz-
IOny •, 66, 1942, p. 1-11.
G V. Bc~e·tlie·r, tJbcr m::mche iiltere
67
Theoricn von dcr Romanisicrung dcr Tlffakcr,
~ Etudes Balkaniques •. l, 1964, p. 147- 158; Untersuclnmgen uber dic Pcrsonemiamen bei den
Thr"hmr, .\mstenfam, 1970, p. 100- 103.

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La litternture byzantine, rnurce ele connais~ancc <lu latin vulgairc 425

Priscus Panites, p. 131 (de Boor): o µ.&~oe; E:mx_(uplwc; xaf...ouµ.:voc; « nom-


me dans la langue du pays mcdus » (l'an 448}, cf. lsid. Etym. 20, 3, 13;
Justinicn, Novella 7, 1: x.al. ou 't"lj mxTpf.cp q;ov"fi -ro•J voµ.0•1 cruve:ypocljiaµ.e:v,
, \ 'rOtU't'"{)
u..),J...r1. , '\'.- \ T7}- X'.lL\17). . Te: xcu\ (Ei.~
Ol) I~
• /\/\OtOL, f/ fi ' 'Ţ
wcrTe: rl.7tOtG'LV OtU't'O\I e:tVOtL I
")'VW?LfJ.0\1
~La TO 1.p6x_e:Lpov -r"ljc; E:pµ.l)ve: lac; (< ils n'ont pas ecrit la Joi dans la langue
ancestrale, mais en grec commun, afin qu'elle soit connue par tous, puis-
qu'elle est accessible a l'entendement » (l'an 535); NO'i.J. 140, pr.: xcd bona
gratia "~" o U't'W 7tp :i"(oucrOtV Aucnv 't'W'J y&µ.wv "TI mx.-rp Lcp XOt AOUVTtXc; <pWVTI (< et
ceux qui, dans la langue du pays, nomment cettc forme de dissolution du
mariage bona gratia» (l'an 566);
loann. Lyd. Alag. 1,7, p. 13,20 (\Vuensch): 't'OV ae: &povov CiOALOV bnx_wplwc;
wv6µ.oc~ov &v-:l. TOU CJEAALOV (< pour chaise, ils disaient dans la languc du pays
solium au licu de selliitm »; 1,32, p. 33,9: (J.OC7tnocv XCY.L qiocxloJ...~v E:mx_wp[wc;
wv6µ.CY.c;ocv <( pour scrviette, ils discnt aussi dans la langue du pays jacialis »;
2,14, P· 70, 19-20 ~ocpx.0tc; CY.u-r!Xc; &v':'l. TOU 3p6(J.WV0tc; 7t0tTplwc; EXciAe:cr0t•J ot
7tr1.A0tL6-re:o::n « les hommes d'autrefois Ies ont nommees dans leur langue an-
cestrale barques (barcas) au lien de bateaux » (vers 550-570};
Theophyl. Sim. Hist. 1,2,3: Tou-rov (~E: 'lwcX.vl)v) E:mx_wpl.cp 'PwµocfoL
cpwv?j &nox0tf...oucrLv xualcr-ropoc (( cet loannes, Ies Romains le nomment dans la
langue du pays quaestor»; 2,4, l T~v -r::: Ile:pcrLx~v &7tocrx.e:u~v E:x.e:Lpwcroc-ro,
ljv cru'J"l)&e:c; 'Pwµ.aloLc; -r7j E:mxwpf.cp qxuv?j Touf...~ov &.7toxocA.e:"iv « ils ont mis la
main sur les bagages des Perses, generalcment nommes par Ies Rornains,
dans la langue du pays, tuldus >); 2, 11, 4: ~oc~ouMne: ae: KtXvciALO\I o TOitOc;
wv6µ.ocu-r0tt smxwpf.cp npocr"l)yopf.q. nvl. (( l'endroit s'appellc, d'apres un mot de
la langue du pays, Sabulente Canalion » (vers 630);
Const. Porph. Cerem., p. 23-25: de; µ.Lxpci Tl•1oc µ.&p"I) XCY.7hE(.J.OV -:·~v
eau-rwv &px.~v xocl. TIX TW'J crTpocTLwTwv TciyµocT0t, µ.cif...LcrToc EAAl)vl~o'rre:c;
xal -r~v mh·pLov xocl pwµ.oc·tx~v yf...wTTOtv &no~ocMne:c; « ils ont partage le
pouvoir et les unites militaires en petites unites, ils Ies ont hellenises encore
davantage et ils ont abandonne leur langue romaine ancestrale» (vers 930);
JHirawlae S. Georgii, ed. J. B. Aufhauser, Leipzig 1913, p. 33, 1-2:
To -roti &e:pµou &yye:î:ov ă7te:p e:'l<i.>&e:v li E:mxwpLoc; 8Lcif...e:x-roc; x0tf...e:î:v x.ouxouµLov
«le recipient pour le bain habitucllement nomme dans la languc du pays
cummium » (Xe siecle).
325. Une tentative de concilier ces theses contradictoires a ete
faite par P. Ş. Năsturel, qui a commente Ies passages en question des auteurs
byzantins, combine les argumcnts des historiens et des philologues et
essaye d'arriver a un compromis. Voici comment il s'y est pris. Le mot torna
faisait partie du latin parle tout en etant en meme temps un terme militaire
entre dans le grec byzantin. La variante retorna, qui n'apparaît que dans Ies
manuscrits tardifs, a probablcmcnt ete introduite au XV" ou XVIe siecle, sous
l'influence du verbe italien ritornare ou frarn;:ais retourner. Des le<;ons jratre et
jrater, c'est la premiere, plus insolite (lectio dijjicilior), qui semble etre celle
originale. Le mat jratre, ajoute par Theophanes, s'explique par le fait que
cet auteur a utilise un manuscrit autre que ceux dont se sont servis Ies edi-
teurs modemes de Theophylacte Symocatta. Le soldat de Comentiolos a
interpele son compagnon d'armes en latin, c'est donc qu'il y avait dans cette
armee des autochtones parlant cette langue. En conclusion, torna, torna, jratre
sont des mots de la langue latine orientale, constituant la premiere manifes-
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426 H. Mihăe~cu

tation connue de la langue roumaine 677 • Giinter Reichenkron, d'autre part,


a souligne que dans le domainc de la terminologie rnilitaire il existait une
grande unite et que des commandes entr~cs dans la langue grecque circulaient
depuis plusicurs siecles dans tout l'Ernpirc romain. C'est pourquoi Ies rnots
torna, !orna, jratre, h(rites aussi par Ies langues rornanes occidentales, consti-
tuent un probleme qui <lemande a etre exa.mine dans un cadre plus large 678 •
:\ujourd'hui, ce qu'on peut affirmer en premier licu, c'est que Ies rnots
en question ne rcprcsentent pas une prcuve de la prescnce cn Thrace d'une
population romanisec. Cette province se trouvait dans la sphere d'influence
de la cnlture grecquc et nous a transmis un nombrc bien plus grand d'inscrip-
tions grecques que latines. Ainsi, ricn quc dans l'aire correspondant a l'actu-
elle Buli;arie du Sud, il s'est conserve en\'iron 1645 inscriptions grecques 679 ,
contre srnlcment 200 inscriptions latines. La romanisation a fait de grandes
progres dans Ies pro,·inces de Dalmatic, Pannonie, Mcsie et Dacie, rnais elle
n'a pent'.-tn~ quc ~poradiquement en Thracc et cn Macedoine. La, Ies popu-
lations :i.utochtones se sont maintcnues durant plu.sieurs siecles et n'ont ete
comp!ctcmrnt assimilecs qu'apres la colonisation des Slaves. Dans la f\face-
doinl· occidentale, leur languc s'cst dcvdoppee sans interruption jusqu'a nos
jours <lonnant naissance a l'albanais.
3:!G. D ·s co;ninandes militaircs de typc toma, des mises en garde, des
vceux ou des formulcs de politessc cl'originc latine passes dans le grec by-
zantin ~:ont attcstes jusquc vers la fin du x·· siccle d parfois meme plus tard.
De tcls C-1'.:m.·nts pcrsistaient surtout au scin de l'annec, mais ils existaient
aussi d;rns l'cnseigncm··nt, ou ks <lcux grandes langucs de culture - le grec
et k latin - se maintcnaicnt cote ~l câte oso. Le vceux tu vincas ou tu vicas
« sois \'ainqucur I), adrcsse aux cmpcreurs, est atkste <.lu VII 0 au X" siecle 681 •
L'·cmp··;·.ur Ba:-::ilc Ier (867-880) s'habillait a b romain1' ct p1rlait latin 682 •
Dans le ccn'.·monial de la cour imperiale du xe
siedc, td que le decrit
Const:rntin Porphyrogenctc, il cxistait maintcs rcminisccnces de l'histoire mili-
tair(· d·~ Rom1.: ou du protocole de cour des emper,·urs romains de l'epoque clas-
siqut·. P:u ('X<'mpk, on adrcssait a l\mprn·ur cc.,; vceux traditionncls en la-
tin: µ0u/.:ro:; oc·r1,~ = multos annos «< longue vie I), rctu~ctc; = gaitdeas <1 rejouis-
toi 1>, cpe:AL x. ~'J"L(.L::, q>:A.~x ~<nµ::, q>EAL x ~'7Lµ:: = jelicissime, jelicissime, jeli-
cissz:tn, (<o bienh,_·urcux, bienhcurcux, bienhcurcux I), ~LX't"Wp q>OCT~LC( creµm:p =
victor,~m jacias -;cm pa « que tu soi:; toujours vainqueur 1> 683 • L'imperatrice
etait accucillie par Ies mots: ~xi: vs, ~oci:ve:, ~ Auyoucr-rct = bene, bene, Augitsta
« sois la bienvL~nu•:, sois la bienvcnue, Maîtressc I) 68 ~. Avant le banquet officiel,

677 T.mu, for:1..i, f.',1!rc. O pr.1'J!emi de i;t-Jn"c şi J; Lnguistică, 11 StuJii şi cercetări de isto-
rie medie •. 7, D5.:i, :1. 17 J- 183: Q ,_·/r,~s r1111 >de: p!a; '' fJro/n; d ~ o Ionu, tonu t de Thlophylacte
rt de o t:im.1, t.1r•11, fr.-,.!r~ t rle Thhplunc, ~ Byz:i.ntinobalg.:i.rica t, 2, 1966, p. 217-222.
678 G. Reichenkron, BZ, 54, 1961, p. 18-27.

878
IGBulg, t. 1 ct 3, Sofia, 1961-1973.
HO Synopsi s B:isi!icorum A 68,3 = lits graccorom.1.num, t. 5, P· 113; ol yp:xµµ:x't"LXOl a~
xetl ol p ~-ro?et; ibtut;ixi; JTX~8deti;, 't"OU't"ta't"L 't"'ijt; n: ti,) 71vLx'iji; xxl pwµ:xcx·~i; .••
6'n Chro:i. P.1sch., 62.6, 7-8: A•J(OJO"t".:: 'Io·nn1n:x~t. "t"o:j (3[yl(xi; (vers 630); Theophan.
249, 28: 'A.1xo--:xcr[x A:'.iyohu, t"o·)p\xx; ('l"i!rs 812.); Con~t. Porpa. D~ cerem. 2,85 't"ouµ(3Lxet«;.
882 Theophan. Contin., 308, 13-14: 'Pwµai:x'ij O"t"OA'ij l(etl y)..waan xpwµevov.

oe:i Const. Porph., De cerem., l, 9; 2,84; 2,92.


OBt fbid., 2,50.

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La litteraturc byzantinc, sourcc de connais~a11cc <lu latin ·111lţ::airc 427

on souhaitai t aux empt~rcurs: ~" yocu8 LCJ.> 7tp'1~d-:::: = in ga 11d1~0 j>rcmdite


« banquetez avec joie » 685 • Celui qui attendait un orclre de l'empercur disait:
~lT = dicite « ordonnez » G86 . Lorsque, au cours d'une Yisite dans un edifice
officid, Ies souverains avaient a monter ou a dcsccndrc unc marchc, on atti-
rait leur attention par ces mots: xa.Tt",che:, ~61-'·"fl'JL = captate, Domini <( prcnez
garde, nos Maîtres » 687 • Des formules solcnndks de meme nature etaicnt
prononcees lors de l'installation des grands e1.igni1aires. Le corteg<:> se mcttait
en marche au mot d'ordre Tt"cxpchoc; = paratos « soycz prets » et il pr<:>nait a
droite ou a gauche a la commande -rpcivcrqie:p = lrmtsja (( changcz de dircc-
tion » 688 . A''ant d'etre installe, le prefet de la capitale (ou cparqut} etait con-
duit vers la salle ou il excrcerait desonnais ses fonctions administratin's, la-
quelle etait separee du reste de I' edifice par un ridcau; le lc\•cr solcnnel du
rideau symbolisait son entree cn fonction et ne pouvait l>tre realisc que par
l'eparque lui-meme; au moment ou celui-ci arrivait dcYant le ridcau, le cortege
s, a d ressa1t
. a' 1u1. par Ia f ormu Ie consacrce:
, 'I/\,e:r'a.,
' (.I
e:1:apx:::.
,,
r.pocpe:x.,wp. /,wz. = I '

leva, eparche projector. loc (1 leve le rideau, heurcux cparquc' et prcnds place »689 •
Remarquons encore que ce genre de commandes ou <le \'ceux comprcnncnt
des elements de la langue latine parlee, tels: jratre pour jrater, vicas pour
vincas, jatzi'a pour jaciat, gait:::as pour gaudeas, dit pour dicz'.te, prandile (cf.
dr. prînziţi) pour prandete. Le Ycrbe captare, avcc le sens <le (( faire attcntion,
prendre garde », a sunrecu dans toutes Ies bn~u<:>s romanes, sauf le fr;i_rn;ais.

327. Pour mieux comprendre le sens de tonza, lama, fralre, c'r~;t tont
particulierement la signification du mot jrater ql·i doit etrc prfrisee. Ce tc1me
aYait en premier lieu le sens fondamental et concret de <( frerc de sang 1>, puis
un sens derive, metaphorique ou affectif, de: « etre cher, ami, confrere d'ac-
tivite, compatriote, collegue d'association (laîque ou religicusc) ». Dam ~on
sens initial, le mot jrater n'a jamais pu cntrcr dans la langue grccquc, ou le
mot &~e:J...cp6c; dominait absolument. En revanche, dans le sens affcct if du
terme, surtout au vocatif ou dans des formulrs de politc~sc toutcs faitcs,
trater a pu se glisser facilement dans le langage de tous Ies jours ou dans le
style epistolaire pour marquer une nuance d'cxpression, an"c unc Yaleur
stylistique. Ainsi, au 1ve ou V 0 siecle, le poete Palladas SC moquait dans ces
Jermes de la versatili te des personnes peu reconnaissantcs: ~" o cp (/...oe; -n A.&.~ 71
(( 36µ.L'VE: cppci-re:p >) e:u&uc; ~ypoc ~zv, ~') o rp (A.oe; ~·J ~· oc\5 µ ~ 7L /,cX.~·ri, TO (( ? Foc-:e:p I)
d?te: µ6vov <( Si cet ami avait quoi te prendre, il t'ecrirait amsitât t'appelant
domine jrater (honore frere); mais s'il n'avait pas quoi prcndre, il sc contcn-
terait de jrater (frere ») 611 0.

885 Ibid„ 2,84.


686 Ibid„ 1,9; 1,32.
687 Ibid., 1,10; 1,36; 1,37.
688 Ibid., 1, p. 407; 2, p. 699.
8 80 Jbid., 2,61; J. Roscnblum, Ot 'Pc.wa:'iot. S1.r !a rcns(ici;cr qtct l1s Byzanli11s c11t cue

el gardtfe d'etre l'Empire ron1ain, ~ Bullctin de l'A~sociation Guillam11c Dude•>, 1969, p. JOl-313.
6Do Antlwl. Palat. 10,441; F. Dolgcr, Dic „Familii" da Konigf im lliittclaltO', ~Histori­
sches ]ahrbuch », 1940, p. 397-420 = Dyzanz 1md dic: t'7rropăisclze Staal<~:wclt. Au.<r,cwăhlte
Vortriige 1111d Aufsătze, EtaJI, 1953, p. 34- 69.

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428 H. Mihăescu

Une disposition officielle interdisait aux magistrats d'employer le mot


jrat.c.r dans Ies formules finales de leurs correspondance avec Ies organes supb-
rieurs 69 1 . Dans Ies inscriptions latines de Pannonie, erigees par des militaires
a la memoirc de leurs compagnons d'armes morts a la guerre, on retrouve
souvent le mot jrater, avec le sens de « compagnon d'armes, camarade», ce
qui semble indiquer qu'au sens figure le mot circulait dans l'armee 692 • Par
contre, Ies mots jrater et ă:8e:/...qio; ne figurcnt nulle part dans Ies sources an-
tiques avcc le sens technique generalise de «camarade, compagnon d'armes ~.
depourvu de sa valeur affective. Des lors, nous devons mettre en doute le
bien-fonde de l'opinion selon laquelle Ies rnots torna, torna, jratre etaient des
tennes de commande et rien de plus693 • De fait, c'etaient des mots du langage
parle, mais torna - et seulemcnt torna - est devcnu aussi, avec le temps, un
terme de commande.

328. II est bien connu que l'Empire byzantin s'est toujours considere -
ct etait de fait - le continuateur de l'Empire romain et de sa cullure. Comme
nous l'avons deja dit (voir ci-dcssus § 246) la litterature byzantine comporte
plus de trois milles mots d'origine latine, dont plus de deux cents ont survecu
en grec modeme. Ces demiers revetcnt unc importance majeure, car ils nous
aident a connaître Ies aspects de la culture romaine qui ont penetre en pro-
fondcur, sont dcvenus populaires et se sont maintenus jusqu'a notre epoque.
Par la suite, ccrtains d'entre eux se sont transmis a d'autres peuples du Sud-
Est de !'Europe ct se sont diffuses sur unc aire tres etcndue. Plus de la moitie
des elemmts latins conserves cn neo-grec sont des termes militaires, un quart
appartiennrnt a la vie commerciale ct un quart cornprend des termes de flore,
de faune, ainsi qu'appartcnant aux domaines du hâtiment ct de l'administra-
tion. Nulle part, apres Theophancs, c'est-a-dirc depuis 815 jusqu'au grec
modeme, n'apparaisscnt plus Ies mots toma, toma, jratrc, circonstance qui
renforcc leur individualitc ct nous incite a Ies considerer comme originaux,
comme une formule a ia portee des gcns parlant le latin, ct non pas comme des
emprunts du latin entres dans la langue grecquc. D'ailleurs, ce serait enfoncer
des portes ouvertcs que d'affirmer qu'au vie siecle le latin etait la langue offi-
cielle de l'armee byzantine, ou il y avait des soldats parlant cette langue. Ces
mots, cn revanche, ne prouvcnt en rien la romanisation de la Thracc, car l'ar-
mcc ctait sans ccssc cn mouvement.
Les motc; torna, torna, jratre sont-ils le plus ancien document de langue
roumaine? Voir dans deux ou trois mots latins un commencernent de langue
romane serait assurement temeraire. Le fait serait, en premier lieu, a deplorer,
puisque dans Ies plus de 20 OOO inscriptions latines du Sud-Est de !'Europe
allant jusqu'au vre siecle on trouve de nombreux autres exemples de latin
vulgaire, qui constituent un prelude beaucoup plus juste du roumain. Et

•n Cod. Iust., 1,48,2.


euz A. M6csy, Die Bevolkerung von Pannonien bis zu den Markomannenkriegen, Budapest,
1959, p. 87.
893
Sur la signification deces mots, ainsi que du contexte dans lequel ils ont ete pronon-
ces, voir, dernierement, Eugenio Coseriu, Theophylactus, II, 15. Ein Beitrag zur Deutung von
TOpw1, T6pva:, cppchpe, •Analele ştiinţifice ale Universităţii „Al. I. Cuza" din Iaşi t, secţia a III-a.
Lingvistică, tom. XXVIII/XXIX, 1982/1983, p. 21-27.

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La litterature byzantine, source de connaissance du latin vulgaire 429

puis, l'on sait que, des le ure siecle avant natre ere, il s'est produit dans la
langue latine des changements de structure qui se sont accentues peu a peu
et, au bout d'un millenaire, c'est-a-dire probablement au vure et au rx•
siecles de natre ere, ont abouti a un bond qualitatif, en donnant naissance
.aux langues romanes. Dans cet ocean de changements ininterrompus, les
mots toriia, torna, jratre ne represente~t qu'un simple accident: ils sont toute-
fois significatifs et p~uvent acquerir une valeur symbolique, dans le sens d'une
mise en garde pour Ies cherchcurs, d'un appel a la prudence.

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VII. LES ELEMENTS LATINS DES LA..~GUES SIAVES
MERIDIONALES

Les debuts de l'influence latine


sur Ies langues sla\;es

329. Lorsque Ies Slans qui parlaicnt des dialcctes du typc bulgari:- ou
macedonien se sont installes au VI° siedc cn l\loldavie. en VaJachie et en
Pannonie, ils entrercnt, au courant d<' ce meme sieclc. en contact avec la po-
pulat ion romanisec de Dacic et de Pannonic, de memc qu'anc Ies popu-
lations panonnienne, dace et illyrienne non romanisecs. Bien que Ies Slaves
aicnt fait de nombreuses incursions dans l'Empire, la colonisation slaw de
la Peninsule balkanique ne devait debutrr qu'rn l'an 602, pour s'achever
vers le milieu du vnc siecle. C'est pour quoi ii convient d'ecarter l'h~·po­
these d'une influence directe du latin sur Ies SlaHs a l\~poque imperiale avant
le Vie sieclc. A,·ant ce moment, l'influcnce <lu latin des classes instrnites ou
du latin parle par le peuple sur Ies populations slaws etait certainement nulle
ou tres faible 1 . Apres le Vie siecle, cet te influcnce s' est exercee sur Ies dialec-
tes slaves des tribus fi.xees dans la Peninsule Lalkaniquc ou, en general, dans
le Sud-Est de !'Europe ct, par lcur entrcmisc, dans le reste de l'espacc ~lave.
Donc, tout cc quc l'on pcut admettre a cct egard est une influence latino-
romanc, a partir du VI° sieclc, c'est-a-dire apres la prise de contact des Sla-
ves avec la population romane du Danube moycn et infericur, des Carpates
et des Alpcs orientaJes, de la Peninsule halkanique aussi, et surtout apres
l'etahlissement des Sla\'CS dans ces rcgions. La population de languc latine
qui vivait dans ccs territoires ne s'etait pas encorc differenciee nettement
sous le rapport linguistiquc, ausJJ ne saurait-on pas parlcr pour cette epoquc de
Rhetoromans, de Dalmates et de Roumains: au sud du Danube, cette popu-
lation se composait non sculemcnt d'agriculteurs ct de pasteurs, mais aussi
de citadins et elle a exerce une forte int1uence sur Ies Slaves, influence mani-
fcstee aussi dans le domainc de la langue. 11 est certain quc tout le territoire
mentionne a connu ce phenomene.

Histori<1ne de la recherche

330. Les elcmcnts d'origine latine des langues slavcs meridionales ont
ete etudies par bon nombre de chercheurs. Cornme quelques-uns de ces Cle-
ments se retrouvent dans Ies langues slaves du nord, leur etude ne pourrait
etre faitc qu'rn prenant cn consideraticn Ies elements latins de l'ensemble du
1 Au rnjet du terrr.e ~1a·1e Tiojanil, d'origine latir:e, considere par L. Nietlerle comme em-
prunte au ne sil:cle par Ies Slaves aux Romains, voir ci-apres, §. 359.

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Les elements latins de9 langues slaves meridionalcs 431

territoire slave. Le premier a s' etre occupe du reperage des elements d' ori-
gine latine ou romane (dalmate et roumaine) dans les langues serbocroatc
et bulgare a ete l'historien tcheque C. Jirecek, auteur de plusieurs etudes
celebres rclatives a l'histoirc des Bulgares et des Serbocroatcs 2 • Ce n'est
pas toujours facile de distinguer ce que les langues slaves meridionales ont
directement re9u du latin ou des phases anciennes du roumain ct du dalmate,
de ce qu'elles doivent sous ce rapport aux langues grecque et albanaise
(il s'agit, en l'occurrence, des elements latins re<;us par le canal du grec an-
cien ou byzantin et de l'albanais); ou encore des elements empruntes pen-
dant le Moyen-Âge aux langues fran9aise, italienne, catalane et frioulane.
On relcve chez les chercheurs des premiers temps cette sorte de confusions, par
exemple dans le cas de St. Romanski 3 , qui s'est borne a l'etude des elements
latins et roumains du bulgare.
Apres la premiere guerre mondiale, la recherch(' des elements emprun-
tes par Ies langues slaves meridionales au latin balkanique et au roumain
a ete reprise par Giorge Pascu, professeur a l'Universite de Jassy 4 , ainsi
quc par Theodor Capidan, d'abord professeur a l'Universite de Cluj, puis a
celle de Bucarest 5 , qui ont consacre, par ailleurs, d'autres ouvrages fort com-
]Jetents a l'etude des relations linguistiques entre les langues balkaniques ct
Ies dialectes roumains. Ils ont rcleve dans leurs etudes un grand nombre
d'elements lexicaux des langues slaves meridionales, tirant leur origine soit
du latin vulgaire balkanique, soit du roumain, mais sans distinguer entre
Ies diverses periodes de ces emprunts.
D. Scheludko 6 s'est occupe de corriger Ies erreurs de tous ces ouvra-
ges. Mais il se refuse d'cxpliquer par le latin balkanique et le roumain toute
une serie d'elements latins du bulgare provenant de ces deux langues; dans
,certains cas, il explique des faits de langue roumaine uniquement par le la-
tin balkanique 7 • Scheludko essaie d' expliquer parfois certains termes slavcs
empruntes au latin balkanique ou au roumain par une influence italienne
qui se scrait excrcee depuis le vie siecle dans le territoirc bulgatc cu C..:ans les
territoires tcheque et polonais. Meme G. Weigand, le directeur de la revue
ou Schcludko publiait ses articles, deniait l'originc roumaine a certains ter-
mes qu'il considerait comme provenir du latin balkanique. Qui plus est, îl
accoutumait d'expliquer comme des emprunts au bulgare toute une serie
d' elements d' origine latine communs aux deux langues en question, bien que
leur explication par le roumain reponde vraiment a la realite 8 . Quant a St.

~ Nous ne citerons ici quc les ounages suivants: Gcschichtc der Serbcn, Gotha, 1911;
Geschiclite der Bulg.i.ren, Praguc. 1976; et Die Romanen in den Stadten Dalmatiens, wăhrend des
Mittelalters, I-III, Wien, 1901-1904 (DAW, 48-49).
3 Lehnworter lateinischcn Urspnmgs im Bu!garischen, "\VJb, XV, Leipzig, 1909, p. 89-

-134.
~ 11 s'agit de son ou'rrage Rumănische Elemente in dcn Balkansprachen, Geneve, 1924,
qui traite de fait aussi de l'influence du roumain sur les langues grecque, albanaise et turque.
5 Raporturile lingvistice slavo-române, I. Influenţa română asupra limbii bulgare. DR, III,

1923, p. 129-238.
6 Lateinische und rumănische Elemente im Bulgarischen, BA, III, 1927, p. 252-289.
7 Voir ci-apres, note 26.
8 L'auteur a rallie la position injuste de Weigand envers les membres de l'ecole linguisti-
.que de Iaşi, fondee par A. Philippide. (Celui-ci avait fait paraître une critique severe de l'activite
<le Weigand dans le domaine de la linguistique roumaine). Scheludko ecrit (p. 275) apropos de
l'ouvrage precite de Pascu: $ Die Arbeit von Pascu enthălt so viele Fehler, daD sie dadurch un-
·brauchbar wird i>. Or, c'est le contraire qui est vrai: l'ouvrage respectif est fort utile tant par
la richesse du materiel, que par les etymologies nouvelles qu'il propose.

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432 H. Mihăescu

Mladenov s, il expliquait certains mots d'origine roumaine comme provenant


directement du latin.
Un point de vue novateur dans l'etude des Clements !atins des langues
slaves a ete avance par le linguiste croate Petar Skok. Parfait connaisseur
de Ia linguistique romane, Skok etait a rneme de constater que toute une
serie d' elements linguistiques slaves de la terminologie chretiennc tiraicnt
Ieur origine non pas du gothiquc, ni du haut allemand, comme l'avaient pen-
se tous Ies specialistes avant lui, mais des faits de langue latine ou de la
phase initiale des langues romanes (dans certains cas, il a constate aussi que
Ies langues slan·s ont emprunte directement au grec des faits de langue que
Ies Goths et Ies Allemands avaient de lcur cote empruntes auparavant au
grec} 10. C'cst la un changemcnt absolu de l'angle de vuc, du a ce chercheur
perspicace. Vers 1910, Petar Skok commern;a un travail d'identificatio:i des
elements d'origine latine et roumaine dans Ies langucs slovene et serbocroate,
prcoccupations qu'il ne clevait jamais abandonner de toute 5a vie. Aussi, son
activite dans ce domaine sera-t-elle couronnec par une reuvre monumentale:
Ett'Jnolog1jski rjelnik hrvatskoga iii srpskoga ji:::ika 11 .
)Jais le point de vue novateur que nous venons d'evoquer s'etait deja
ebauche auparavant, a\·ec 1\1. Bartoli. Le savant italien s'etait rendu compte,
en dfct, que certains mots lat ins des langues slavrs ne representaient pas
un hcritage direct clu latin, mais qu'ils wnaient a trawrs le dialecte venete
de la langue italienne, alors que dans cl'autres cas ils tiraient leur origine de
la langue dalmate. Cette idee sera reprise et largemcnt developpee dans plu-
sieurs articles par Skok, qui en fera l'idee-maitresse <le ses contributions (en
l'appliquant aussi a d'autres mots); il devait s'occuper aussi, en egale mc-
sure, de la terminologie latine d'originc balkaniquc. Du reste, la rcchcrche
des elements d'origine latine des langues slaves n'a pu cnregistrer de verita-
bles progres qu'a partir de la parution <le l'reune d'importance capitale de
Bartoli, Das Dalmatisclze, qui allait donner unc i<lec nette, pour la premiere
fois, des particularites de la langue dalmate ct de son evolution a travers Ies
âges. Grâce a ce travail, on pouvait proceder a la distinction entre ce qui
appartenait au latin ct ce qui appartcnait au clalmate dans la toponymie et
la languc serbocroate. Et, pour cette raison, Bartoli doit compter comme le
premier a avoir pase le probleme clairement ct de fac;on bien-fondee 12.
Apres la secondc guerre mondiale, le savant bulgare VI. Georgiev de-
vait proced-:r au renouwllement des recherches sur le lexique d'origine latine
du bulgare, rcnouvellemrnt du aussi bien a sa position objective face aux
realites rcspectives, qu'a la richesse des faits et des idees de ses contribu-

9 Etii;iolcgifcski i prat•opism rclnik na bălgarskija k11ifovcn czik, Sufia, 1940.


lO Parmi Ies nombreuses ctudes qu'il a publiees a cc su jet dans divcrscs revues, nous men-
tionnerons ici seulement quelques-unes plus anciennes, parues dans ZRPh: Zur Kunde des
ronianischrn Elcmrnts in der scrliokroatischm Sprachc, 36, 1912, p. 641-656; Nette Beitrăge
2t1r Kiir.dc des romanischrn Efrmcnts in der scrbokroatischm Spraclu, 38, 1914, p. 543-553.

11 Voir J'edition en quatre volumes, Zagreb, 1971-1974, redigee par Mirko Deano·ii6
et Ljudevit J onke, avec la collaboration de Valentin Putanec.
1 2 In D ,2, passim et l'artiLle Riflcssi slavi di vocali roma11e e romanze, grcche e germanic/ie,
o Zl 1 rrik u ~!avu \'atro~lava Jagifa •, Berlin, 1908, p. 30-60.

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Les clements latius des langues slaves meridionales 433

tions la. D'autres chercheurs bulgares des jeunes generations l'ont su ivi dans
cette voie 14 •
11 ne s'agit guere dans le present chapitre de notre ouvragc de donner
l'expose exhaustif et minutieux des faits, ce qui exigerait un espace de beau-
coup plus important que celui dont nous disposons, mais de montrer lcs d~­
maines d'existcnce dont relevent les emprunts, en n'entrant dans le deta1l
que dans la mesure ou la solution des problemes respectifs l'exige.

Methodologie de la 1·echerC'be

331. Un point de vue egalement novateur dans la recherchc des ele-


mcnts d'origine latine des langues slaves est introduit de notre temps par
Andre de Vincenz, qui traite notarnment de l'aspcct methodologique. Il
suggere de prendre en consideration le principe structural (de l'integration
dans un tout des faits de langue etuclies), de distinguer cntre emprunt lexi-
cal, calque linguistique (« Lehnschopfung ») et traduction (« Lehniiberset-
zung», autrement dit Ies termes represcntant de pures traductions) et de
tenir compte, pour la datation des emprunts, des aires linguistiques ou ces
emprunts sont attestes, donc du critere geographique. Ainsi qu'il en decoule
du titre meme de sa contribution 15 , l'auteur envisage aussi l'etude de l'in-
fluence slave sur Ies langues romanes. Son intervention s'avere pertinente,
car il rnontre avec clarte la nature des faits intervenant dans la creation d'une
quelconque terminologie a partir de la terminologie propre a une langue etran-
gere.
332. Tout d'abord, de Vincenz souligne qu'il ne peut pas s'agir tou-
jours strictement de choses, selon la methode dite « \Vorter und Sachen »,car,
dans certains cas, tel celui de la terminologie religieuse, nous sornmes con-
frontes a des systenies jermes de notions, systemcs deja existant en grec et
en latin, mais absents dans les langues slaves. De sorte que, a l'interieur d'un
champ semantique slave de petites dimensions, comme ceux de: « enfer»,
(< purgatoire », (<paradis l) le mot cistiliste (< purgatoire l) des langues slaves
meridionales represente un calque linguistique (« Lehnschopfung » ) rnorpho-
semantique, par derivation de cistiti, d'apres le modele latin (tout cornme le
lat. purgatorium est un derive du lat. purgare, cistiliste est un derive de cis-
titi)' nebo, de meme que peklo sont de simples traductions, a l'exemple du
latin balkanique 16 • Le fait que le vieux-slave pikulu « Teer » et « Pech »,
3
1 Voir notamment ses ouvrages: Văprosi na bălgarskata etimologija, Sofia, 1958, et
Bălgarska ctimologija i onomastika, Sofia, 1960.
14 Voir notamment Ies contributions d'lvan Petkanov, Les eUments romans dans les
langues balkaniques, « Actes du xe Congres International de Linguistique et Philolngie Romanes,
Strasbourg 1962 •>, Paris, 1965, p. 1159-1176, passim et Intorno ad alcuni elcmrnti lcssicali del
latino ignoti al (daco) - ronuno, ACILFR, I, Bucarest, 1970, p. 1025-1030.
15 Methodisches zur Frage der fruhcsten Bczie/mngen zwischen den slavischen und den roma-

nischen Sprachcn, dans Das ostlichc Mittelrnropa in Gesc/1ichte imd Gegenwart, «Acta Congressus
Historiae Slavicae Salisburgensis, in rnemoriarn SS. Cyrilli et Methodii anno 1963 celebrati &,
Wiesbaden, 1966, p. 118-122.
16
Op. cit., p. 118-119. De Vincenz releve dans sa note 1 que listili.lite represente un cal-
que linguistique absolu: la racine verbale listi- + le suffixe du participe -l- + le suffixe nominal
-iste, alors que l'ancien tcheque listec et le croate olistnik forges plus tard proccdent a une îmi·
tation plus relâchee de leur modele latin.

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434 H. !Iii h.'iescu

originaire du lat. vulg. piculum, a pris par la suite aussi le sens d'(I enfer »
est cxplique par de Vinccnz comme partant de l'exemplc (« Vorbild ») offert
par le latin balkaniquc; car l'ancicn roumain comportait le mat păcură ( < lat.
picula) avec les deux sens, a savoir: « poix » et « enfer • 17 •
333. Le meme chercheur montrc ensuite que la structure du champ
semantique peut varier d'une langue a l'autre. Par exemple, si dans Ies lan-
gucs slan.'s nous avans un meme nom pour designer «le fruit» et « l'arbre »,
dans lr;s langucs romancs le nom de l'arbrc derive du nom donne au fruit.
l\Iais, a l'intericur de ce meme champ semantique, on distingue dans lcs lan-
gues scrbocroate, bulgare, roumaine, albanaise et grecque deux notions: celle
de <1 cerise aigrc, griotte >1, r. vişină (cf. bg. vifma) et celle de <1 cerise douce •,
r. cireaşă (cf. bg. ccre8a). Cette particularite des langucs balkaniques (en rea-
li te, sud-est europeennes) separe ccs langucs ncttement des langues romanes
occidcntaks, cn fait aussi des langucs gcrmaniques, chez lcsquelles la griotte
ou cerise aigre ne representc qu'une variete de la cerise clouce (allem. Sauer-
kirschl~ ~t Szi(Jkirsche). Selon notre autcur, l'un des noms balkaniqucs tire
son origine du mat lat. vulg. ct a.r. fere8a, conserve tel qucl par le bul-
gart.· et rcmplace dans lcs autrcs langues slaves par son derive cerdmja. La
forme a\'Cc suffixe s'applique, toujours suivant l'auteur, en raison de l'in-
flucnce du mat v1:foa, vifoja qui serait l'."galemrnt d'origine roumaine, repre-
sentant en roumain un heritagc soit du latin balkanique, soit du grec (=neo-
grec), ~ucraL ·10. Cette ori3ine rouma inc du mat est suggerec par le fait que s
sui\·i de i devient cn roumain un 8, phenomenc qui ne se produit pas dans Ies
langucs slaves 18 • Ccpcndant, unc fois cntre dans les langues slaves, le mat
*visi11a cntre en collision (homonymic insupportable) avcc le mat viHna, de-
ri\·c de <:i~ « jonc, Sumpfgra~. Schilf • a l'aide du suffixe -in, -ina; c'est du
bcsoin d'nn~ diff t'.·rcnciation phonctiquc entre ces deux rnots que devait re-
sultcr la transfo1mation de la finale -na Ol' vi§ina en -nja; ct, d'apres le mo-
dele fourni par visinja, si intimcment lie dans la pens~e des hommes au mat
dcsignant Ia cerise, le t·~rme ccrc!;(l allait ~cvcnir ccrcfoa, ccrcfmja. Le pheno-
menc a cu lien dans Ies langncs slavcs ele la Peninsule balkaniquc, alors que
ses resultats ont etc, par la suite, adoptes par Ies autres langucs slavcs ega-
lcmmt. Cc n'est qu'cn Bulgarie que se sont conservces les ancicnnes formes
cerc8a et vifoa. Toutefois, dans la region <le Tarnovo, la collision entre le
mot vifoa dcsignant le fruit ct le mot vi{ma derive de vis s'est averee si per-
cutante, qu'elle entraîna la complete disparition de vi{; « Schilf & et l'adop-
tion d'un -ui.~ avec le sens de <1 cerise aigre » et <1 cerisicr & 19 •
On ponrrait concevoir aussi un autre enchaînement des faits que celui
envisage par de Vincenz, a savoir qu'en Bulgarie centrale le substantif visu

17 Ibidem, note 3, ou l'auteur rele·re le fait que l'a.h. allem. pi.h possede lui aussi les deux
sens.
18 Se fondant sur le fait que dans aucun mot d'origine grecque des langues slaves le s
ne dc·.rient pas -~. Vasme1·, I, p. 208, conteste I' origine grecque <iu mot respectif, en admettant son
origine slave. Mais compte tenu de ce que s est dcvenu ~ en roumain quand un i lui faisait suite,
de Vincenz refute (op. cit., p. 120) l'origine slave du mot proposee par Vasmer, admettant a
juste titre son origine grecque par la filiere roumaine, donc, en derniere instance, une origine
roumaine. Le mot roumain represente un heritage du latin vulgaire qui l'avait emprunte
au grec, selon notre a·ris, au cours des premiers siecles de notre ere. On le pronon~it en lat.
vulg. lcresia ( < lat. ceresea, un derive de *ceresus t cerisier •; en latin classique, cerasus < gr.
>ti:p;cro~).
1
' Vl. Georgic·r, B:i!g.irsk.:z etimologij a i onomastika, p. 12.

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Les elemcnts latins des langues slavcs mcridionalcs 435

et l'adjectif viSini't,-ina, tous les deux d'origine vieux-slave, avaient disparu


du dialecte slave implante pendant la premiere moitie du vne siecle dans les
environs de Tarnovo et quc, pour cettc raison, Ia-bas s'est conserve sans mo-
dification le mot d'origine roumainc visina, interprete de fac;on crronee par
les locuteurs respectifs comme un derive de visu « griottier ». J'ajouterais
encore a cet egard quc si la forme *visina (< griotte. est nec en latin vulgaire,
c'est parce quc, a quelques cxccptions pres (malum, melum, par exemple),
le nom de l'arbre fruitier en general s'exprimait en lat. vulg. par un theme
de la ne declinaison masculine, alors que le nom du fruit memc utilisait le
theme feminin de la Ir 11 declinaison de la memc racine. De sorte quc, partant
du lat. vulg. *vissinus ( < gr. *~lcrcrwo~). le substantif *vissina « griotte » est
ne et s'est transmis ensuitc aux langucs slaves, avec la modification roumaine:
+
s i = s.
~- A. de Vincenz voit egalement unc autre infhH'nce du latin sur Ies
langues slaves dans le cas de derivation du nom donne a l'olivier, maslin,
comme suit: v. sl. mas- du mot maslo « huile d' olive, huile »; car ce n' est qu' en
lat. vulg. que le nom de l'arbre apparaît comme un derive du terme desi-
gnant l'huile: *olium ( < oleum), oliva.

335. En ce qui concerne le critere geographique de la datation des mots


latins entres dans Ies langues slaves, il corrige l'crrcur de V. Kiparski 20 , qui
deniait la source latine balkanique de certains elemcnts d'origine latine pre-
sents en sorabe, polabe et polonais et celle de Vasmer dans le cas du russe
Koro(fttn et du slovaque Kracim. Selon notre auteur, Vasmer 21 se trompe en
pensant que la presence de ce mot a Novgorod au XIIe siecle nous oblige
d'exclure l'idee qu'il serait d'origine latine; A. de Vincenz conclue: « Ein bal-
kanslavisches vVort romanischen Ursprungs konnte in Novgorod ebcnso gut
im 12. Jahrhundert erschcinen, wie jeden eine kirchcnslavisches \iVort, wie
zum Beispiel koljada, altkirchenslavischen kol~da „Neujahr", ein \Vort das
zum selbcn scmantischen Felae der christlichcn Feicrtagc gehort und wel-
ches auch nach vasmer aus dem Vulg~inatein ftammt » 22 •

La tel'minologie cm·etiennc

336. Comme Petar Skok l'a prouve 23 , la terminologie chretienne slave


d'origine latine provient non seulement de l'Empire byzantin, mais aussi
d'Aquilec, ou il y avait un siege patriarcal. Le fait s"explique: c'est dans la
region voisine d'Aquilee qu'a eu lieu le contact direct, des le Vlle siecle, entre
Ies Slaves et une Eglise bien organisee, dont ils pouvaient recevoir une ter-
minologie religieuse. Dans Ies regions septentrionales de la Peninsule balka-
nique, la migration slave elle-meme a eu comme suite une desorganisation
de l'Eglise et, de ce fait, dans ces regions l'influence latine sur Ies Slaves ne

2o Die goneinslavischen W ortt·r aus dem Gtrmanisclicn, Helsinki, 1934, p. 215-216.


21 Vasmcr, I, p. 633.
22 Op. cit., p. 122.
23 Voir Arhiv, I, pp. 12 et 25; La scmaine slave, RES, V, 1925, p. 14-23; La tei·minologie

clzriticnnc m slave: l'tfglise, lcs pretres c! lcs fidi!lcs, RES, YII, 1927, fasc. 3-4, p. 177- 198, etc.

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436 H. Mihăescu

pom ait provenir que du peuple. Cette intluence etrangere au christianisme


de la population balkanique a pu s'exercer dans l'ensemble du territoire ou
Ies Slaves sont entres en contact avec Ies Romains. Quant a l'influence exer-
cee sur les Slaves par le siege patriarcal d'Aquilee, elle se reconnaît a la pre-
sence de certains traits phonetiqucs venetes des mots slaves d'emprunt et,
quclquefois, par le caractere venete de ces mots. Selon Ivan Popovic 24 , cette
influence ne presen te que des caracteres de type frioulan; Skok lui-meme,
en contradiction avec sa these, explique nombre de mots religieux slaves
par le frioulan. L'on doit dane admettre que la penetration chez Ies Slaves
de certains tcrmes chretiens s'est rea1isee ega1ement par l'intermediaire des
Friomiens. (Il y a, du reste, des indices qu'a l'origine Ies Friouliens habi-
taicnt une aire situee plus au nord, dane dans Ies Alpes). Les termes imposes
par la patriarchic d' Aquilee se trouvent cn territoire croate (catholique) et,
parfois aussi, dans le Montenegro (Cma Gara); mais une partie de ces ter-
mes allaient se generaliser chcz l'ensemble des Siavcs. Nous cnrcgistrerons
ici seulement un certain nombre: v. sl. krizi, kryzi « croix »(ser. kfîz, tch.
kFiz, pol. kr::yz, rus. kryz. etc.) < *croge ou *croge <lat. croce 25 ; sl. eccl.
„,
kaldi « Kdch, calice bg. de Vinga (Banat) kalez; Ies autres languc~ slaves

usent d'emprunts faits a l'allemand « Kelch (lat. calice). ( < *calige <lat.
calice): ser. sit!- «saint• (<lat. sanctus; cf. it. santo), utiliseseulement
pour Ies toponymes; ser. suth. sufla« comperc, commere • (et, peut-etre aussi,
« parrain, marraine» < santu1us, santula; cf. it. santalo, saniola). II nous
faut mentionner un autrc mot slave dont l'etymon presente dans tout le
monde roman un phonetisme de caractere italicn septentrional gallo-romain:
ser. korizma «le grand Careme" < *qitaresma <lat. quadragesinia (cf. fr.
carem~. r. păresimi, it. quaresimalc, etc.). Ce terme ne figure ni en bulgare,
ni dans l<'s langucs slaves du nord. L'influence de la population romanisee
de la PeniP.sulc balkaniquc l't m~me celle de la population habitant la region
Venete SC sont CXCrcees egakm~nt dans des domaines autres que }a rcligion.
Mais, c'cst tres diffirilc de distingucr Ies mots cmpruntes par Ies Slaves a
l'epoquc primitive, c'cst-a-dirc avant l'an 1000, de ceux qu'ils ont emprun-
tes ultcrieurcmcnt a cette date 28

24
Voir Gcschicl1tc dcr serb(lkro:ilisclicn Sprachc, Wiesbaden, 1960, p. 587.
25
a
Tout comme en Italie de nord, est de·rcnu o dans ce mot-la, mais se trou·rant place
dans une sylla.b'.! ou·rerte, c'est un o long (de meme que dans l'ensemble du territoire frani;:ais
et franco-pro1cn<;l.l). !>his, puisque le phenomene de transformation dans Ies syllabes ouvertes
des voyelles bn!·rcs cn voy.::lles longues se retrouve en rlalmate aussi, ii se peut que le terme en
question represente un cmprunt des S1:1:res a la population dalmate.
26 En discutant Ies mots slans k'llei, p:ipe:., et kry:, Mikkola aboutit de son câte â. l'idee

qu'ils doi"ICnt tirer !cur origine de quelque rlialectc du nord-ouest de l'Italie (cf. • Memoires de
la Societc N~ophilologique de Helsinki•. 1924, p. 277). L'idee a ete contestee par D. Scheludko
(art. cit., p. 273); ii range ces mots dans le lexiquc religieux d'origine latine des langues slaves,
qu'il considere emprunte a l'epuque des traductions religieuses du grec et du latin (son argumen-
tation repose sur Ic fait que Ies Fcuilles de Kiev et Ies Feuilles de Prague sont des traductions
directes du latin). S::heludko poursuit: ~ Die Wi:irter wurden aus der lat. mittelalterlichen Sprache
entnommen, in dcr die lat. ce-, ci- als tse-, tsi- gesprochen werden. Ihren Ursprung in irgend-
welcher romanischen Volkssprache zu suchcn ist ilberfliiOig, weil die Trăgerin der christlichen
Kultur und d~s Kultus, nicht die Volksmasse, sondern die Korporation der Geistlichen war,
die sich offiziell der lateinischen Sprache bediente t. Nous ne sommes pas d'accord avec l'au-
teur. Les pretres et autres dignitaires ecclesiastiques d'Europe occidentale ne prononyaient pas
le latin de la meme fai;:on, mais bien chacun a sa. maniere, de sorte que la prononciation variait
d'un peuple a l'autre et, au sein d'un seul et meme peuple, suivant le dialecte ou groupe dialectal
respectif. C'est ce qu'advient encore de nos jours aux langues litteraires des pays europeens:

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Les ele1nents latins des langues slaves mcridionales 437

337. Selon Petar Skok 27 , Ies Germains (Goths, etc.) ne pouvaient avoir
rei;u de ceux qui Ies avaient christianises le terme dont se servait le latin
vulgaire pour designer le bâtiment de l'eglise, a savoir: basilica, puisque le
terme grec ~OCCrLALX.-lj qui se trouve a sa base designait le palais du basilee;
de meme, ils ne pouvaient utiliser non plus le terme latin ecclesia, provenant
du grec ex.x:Al)cr(oc,, car celui-ci s'appliquait a la communaute chretienne. 11
leur fallait donc recourir a un autre terme, qui ne pouvait etre que le grec
x.LpL(oc) x."fi « maison du Seigneur », mot ne risquant guere s'interpreter com-
me designant «la maison de l'empereur », ni «la communaute chretienne t.
Cest aiP.si que serait ne le gothique *kirko, allem. Kirclze, ang. cliurch, etc.
D'apres Skok, ce meme processus s'est produit egalement au IX0 siecle, quand
Ies Grecs christianiserent Ies Slaves: une fois de plus, le terme approprie
pour designer l'edifice de l'eglise proviendra de xLpL(oc)x."fi. De Ia, la conclu-
sion que le V. sl. cruky,-ttve (< eglise)) n'est pas un emprunt fait par Ies Slaves
aux Germains et que la premiere influence qui s'est exercee !=Ur Ies dialectes
slaves a ete l'iP.fluence latine. Ses considerations, particulierement interes-
santes, semblent se justifier, en depit de ce que le v .sl. cruky, -uve, indique-
rait plutât comme etymon le gothique *kirko (car seul un o pouvait devenir
en slave un y, passant par la forme intermediaire *u) 28 • A l'appui de ce point
de vue on pourrait alleguer le fait que le premier terme dont le latin vulgaire
et Ies langues romanes a leur debut ont dispose pour designer l'eglise etait
basilica, mot cree par Ies populations de langue latine qui vivaient dans Ies
provinces orientales de l'Empire romain et concurrence en Occident par le
mot ecclesia, ecclisia; ce premier terme aurait penetre dans la langue des
Slaves du Sud apres le V0 siecle, mais il s'etait trouve ecarte aux IX0 - xe
siecles par celui introduit par Cyrille et Methode.
338. Le meme phenomene s'est produit, suivant Skok 29 , avec Ies mots
designant le pretre dans Ies langues slaves: pqpg. et P<lP'!!; il ne s' agit pas d'un
emprunt a l'allemand (allem. comm. P<!!PQ), mais d'une ressemblancc due
au fait que Ies apâtres des Germains et ceux des Slaves, se sont in!=pires pour
le nom donne au pretre partant du v. gr. 7tcimtocc; « pretre mineur », mot qui
est une variante du v. gr. mX.7t7toc; « ancetre » (terme qui, suivant Skok. se
trouve aussi a la base de l'aroumain papi"t). Probablement qu'une fois de plus
Ies Slaves etablis dans la Peninsule balkanique avaient d'abord emprunte
un terme courant, *pre(s)bitu, qu'ils ont abandonne aux IXc et X 0 siecles.
D'apres Meillet et Bartoli, le derive tcheque P<!!Pfl..Z provient du lat. vulg.
*papice, qui revetait dans le dialecte venete la forme papege ou papeze et

elles varient leur prononciation d'une rcgion a l'autre, par l'emprunt de certains faits phoneti-
ques aux parlers vulgaires; or, le meme processus a dli se developper s1Îrement aussi dans le
cas de la langue latine en tant qne langue d'eglise, de chancellerie, de la science et de la philo-
sophie.
27 La terminologie chretienne en slave: l'eglise, les pretres et les fideles, p. 180.

28 On ne devrait pas exclure l'hypothese que Ies Slaves aient rec;:u ce terme des Goths,

sur la frontiere nord de la Moldavie, vers le milieu du IVe siecle, le siecle de la christianisation
des Goths. Le terme respectif pou·rait donc avoir ete emprunte sans quc pour autant Ies Slaves
se soient convertis au christianisme a l'epoque concernee. C'est un terme presentant une variabili te
phonetique d'adaptation toute particuliere d'une langue slave a une autre, et meme d'un lot
de dialectes appartenant a la meme langue a un autre (voir ses formes chez A. l\foillet, Le slav~
commun, seconde edition, Paris, 1934, p. 78-79).
20 Voir art. cit„ p. 184-188.

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438 H. Mihiiescu

c'est a juste titre que Skok a adopte cc point de vuc 30 • Mais du fait q1;e le
lat. -icc prend en slave la forme -d, lesdits tennes pourraient proveni:- du
frioulan, comme le pensait I. Popovic.
Quelques autres termes latins ont etc cmpruntes par Ies Slaves du Sud
a la langue latine en usage dans le diocese d'Aquilec, a savoir: prvad <lat.
vulg. *prebitu et archipn•ad <lat. n1lg. *archiprfb1:tu (tous Ies deux attcstes
par Ies textcs glagolitiqucs) 31 , awc la sonorisation du t intervocaliquc en
-d-, de rneme quc dans Ies dialcctes du nord de l' !talie; podreka (lat. < pa-
triarcha), atteste par un document d'Istrie date de 1275; dum (Ragus•:) et
dwi (Cattaro) • religieux 1t <lat. do1111•us; duvna ou d111m1a (Raguse, Stagno„
Cattaro) (i religieuse » < lat. do11111a (Ies c.ieux mots ont su bi la transformation
dalmate du Q cn 11. ce qui tcmoigne de leur filiere dalmate; ailleur!'. ils
ont etc remplac<'.·s par des tcrrncs d'originc grccque). Dans le lot de mots-
serbocroatcs pronnant des regions voisincs, Skok introduit aussi Ies ter-
rnes: zakă11, zaka11 (<le ckrc cn general. <lat. diaconus, lat. vulg. *gakam:( s)„
âak, kajkavicn {ak < *di,1rns. lat. vulg. *gaku(s) (cf. egalcrnent tch. zak„
d'ou pol. !d). Cl'pcndant, ii n'cxplique pas t·e mot par l'influcnce de la
patriarchic d'Aq1;ilfr, mais par celle des Eglises de Sim1ium, Salona et Doclee„
car le mot ne prescnte pas la transforrnation du c intcn-ocalique en g, comme
cn Italic du ;\ord. A sa place, dans le tcrritoirc cakaYien s'installe le mot
djal~. impose par Ies apâtrcs des Slans (ct Ies choses se sont passees de ml''me
avcc lehongr. dcâk;cf. ci-dcssus l'cxplication donnc'-c au v. sl. popi1,popa).
Le mot dak, zak tt'.·moigne de la transforrnation du lat. djti - en (J. phenomene
qui se rctrom•c dans cC"rtains 1oponymcs serbocroatcs d'origine antique„
ainsi quc dans quelqucs mots sc·rbocroates d'originc latine 32 •

:J:JH. Parmi ks tcrmcs rdigicux d'origine latine de la langut' scrbocroate~


Skok comptait aussi, a juste raison, Ic mot piskupii ou biskupu (slan- d'e-
glisc) ( < lat. episcopus) (son explicat ion par l'allemand s'y trouve re:fl~t ee
au moyen d'argumcnts bicn fondes) 33 • Tous Ies Slaws catholiques a l'exccp-
tion des Slo\'encs appellcnt l'en~quc pislwp ou biskttp, en tenitoire kaika-
vicn bi{;k11p (le Sa\'ant crnatl' ecarte egakrnent dans CC cas J'hypofoese
de !'origine allemande deja proposee pour cc tcm1c par Miklosich) 34 • Skok
acce'pte une !'origine allemande sculcmcnt pour le !'lo\·ene §kof avec -}-, im-
possible a expliquer autrcmcnt 3 5.
340. C'est toujours Skok qui a prouve quc le sl. kritstt'"i <c bapteme 1> et
• croix 1>, ainsi que le sl. lmist~ianimi (avec leurs variantes) ne sont pas d'ori-
gine gerrnaniquc, comme on le supposait auparavant. Selon ce savant, le
mot slave kriistijanini"t vicnt du latin christianus, auquel s'etait ajoute un
-im!, de meme quc dans le cas du sl. poga11im't < lat. paganus 3 0. Les Slaves
3
~Ibidem, p. 187 et note 18.
31 Ibidem, p. 188- 190.
3
~ En roumain, dia devicnt :a (cj.a); dune Ic mut ne provicut pas du tcrritoire l:ltino-
rhone qui se trouve a la base du roumain.
33
\'oir art. cit., p. 190- 192.
3 ·1 Ibidfln.
35 Ibidem.
36
Ibidem, p. 192-196; Skok remarque qt;c Ie latin ·1ulgaire de·mit a·rnir en !talie un
-ssi- au !icu de -sfi- (cf. it. angoscia < lat. a11gustia ct S11l:oji.~an < Sanctus Cassianus) ct il
explique Ic -st- conser·1c dans Ic mot slave par Ie lien ctroit, dans Ic pcnsce des fidcles, cntrc Ie
derive ct le mot <le base Cristus.

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Les elements latins des langues s1a·rcs meridionales 439

orthodoxes de nos jours usent de la forme hristijaninu, avec un h a la place


du k, ce qui suggere l'influence du grec byzantin XPLO''t'L(Xvo~. Mais Ies Slaves
ont pris la terminaison - }aninu pour un suffixe (le suffixe slave -}aninu,
quc l'on ajoutait aux noms ethniques et d'agents; conformement a cette inter-
pretation le terme en question serait forme de krusti1 -janinu), en confe- +
rant au terme krustu le double sens de «bapteme » et de « croix ». 11 s'ensuit
que krustu ne derive pas du v .h.allem. Crist, Christ, comme on le pensait gene-
ralement. Par la suite, de krustu devait deriver krustiti « baptiser ». Toujours
selon Skok, le sens de «bapteme » du root krustu s'etait d'abord developpe
dans la sphere d'influence de la patriarchie d'Aquilee, cependant ce mot a
revetu aussi le sens de « croix » et aussi celui d'« homme », en Slovenie, sous
la forme krst, comme l'affirmcnt d'autres cherchcurs mcntionnes par Skok;
enfin, chez Ies Macedoniens de Bosnie, le mot a pris le sens de« chretien », mais
avec une teinte pejorative. Pour ce qui est de son sens « homme », qu'il a pris
en Slovenie, Skok pense a jusk titre, qu'il doit provenir de celui de « chre-
tien ». Des phenomenes identiques se sont produits en roumain et en rhetor
ron1an 37 •
341. Skok etait d'avis que le latin balkanique se servait pour designe-
le parrain ct la marrainc d'un enfant (ses parents spirituels et garants de sa
fidelite de chretien) des tennes c6mpater (cf. alb. kumpter, kunder; cf. aussi
quclques inscriptions de Salone et de Siscia) et commater (cf. Ies sl. kumotri't
et kumotra) 38 • Le fait de l'unification du theme en faveur de la forme avec un
m, intervenu aussi bien dans Ies langues slaves qu'en roumain, est explique
par le savant croate de la fa<;on suivante: Ies Roumains ou leurs ance-
tres, n'ayant pas conserve, comme Ies peuples romans de !'Occident, Ies mots
pater et mater, qu'ils ont remplaces par tatd «papa» et mamă « maman » du
langage enfantin, ont fini par oublicr !'origine des dcux mots designant lcs
parcnts spiritu,~ls dans la langue classique.

342. Skok admettait que le latin balkanique avait cree Ies formes
*c6mpetru, *c6mpetra, *c6mnietru, *c6mmetra 39 , mais qu'en fin de compte
seulcment quelques-unes de ces formes allaient etre selectionnees. Les langues
slaves meridionales, a l'exception de quelques parlers slovenes, presentent Ies
formcs: 1. kumu, kuma, provenant de commater, reconstitue d'apres c6mpa-
ter. Ces formes se retrouvent aussi chez Ies Slaves de Pannonie (cf. hong.
(kereszt)koma), Ies Polonais, Ies Ukrainiens, ainsi quc chez le~ Russes (Skok
admct qu'en ukrainien et en russe kum, kuma sont d'origine slave meridio-
nale; il sous-entend probablemcnt qu'ils se seraient transmis par l'interme-
diaire de la langue d'Eglise); en polonais et en russe, elles sont entrees en
competition avec ki1motru, kumotra, alors qu'elles n'apparaissent pas en tche-
que et en sorabe. 2. Kumotru, l~umotra, dont Ies descendants sont attestes
en tcheque, sorabe, polonais, slovaque, ukrainien et russe (tch. km6tr, km6tra;
slovaque km6tor (seulernent la forme masculine), pol. km6tr, km6tra; haut
sorabe km6tr, km6tra; a. russe km6tru). Le vieux slave se caracterise par
kumotra, alors que ces formes n'apparaissent pas en serbocroate, ni en bul-

31 L'on cite Densusianu, HLR, I, p. 230.


38
Voir La terminologie chritienne en slave: le parrain, la marraine et le fi/leul, RES, X.
1930, p. 186-202; le fait en question est etudie pp. 187-189 et 191-201.
39
Ibidem, p. 191- 192.

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440 H. Mihăescu

gare. Les Slaves ont cree les formes hypocoristiques kmntt, kuma, par l'abre-
viation de *câmpater et câmmater (tout comme dans le cas de M i:le, a partir de
JJilos, Milan, etc.). Les langucs slaves du :Nord qui, comme nouS-
l'avons deja vu, possedent des forn1cs nees de kumotrii, kumotra, se sont, elles
aussi, forgees des formes hypocoristiques: tch. kmoch, kmocha, kmoska: pol.
kmos, kmoclza, kmochna, kmosia, knwszka; bas-sorabc kmots, kmot8a (I fie-
vre ~- Unc fonne kupctra «cognata; belle-sceur » apparait dans la Vie de Saint
Afithodc, I 1. D'autres formes hypocoristiqucs furcnt crees par les langues
slaves meridionales a partir des hypocoristiques kumit et kuma, a l'aide des.
suffixcs diminutifs: slav., ser., tchakavien, bg. kumica; le bulgare dispose
aussi <le la forme kuma8i11, deri\·ec au rnoyen du suffixe -as(+ -inu, -a), que
l'on rctrouvc en roumain aussi: t1ă11aş « parrain » (a part ir duquel s'est forme
naş, idem). Yoici la conclusion de Skok a ce su jet 40 : <c Nous avans entre kmn(c
et ki/motri'J, la mcmc scparation qu'cntre S<jbOia et sobota 41 , la premiere forme
remontant au latin balkanique: Mmbata - câmpater, la secondc au latin de
l'Eglise d'Aquillee: sabatta - commciter ... Or, c'cst justcment l'accent latin
de com111ătcr qui tranchc Ia qucstion. La Rornania occidentale ne connaît
pas cct accent. II cxpliquc ccpendant parfaitement le couple slave kn.motrn.
knmotra. Le o latin inaccentue passc a n.: Bo11on.ia > Br..dini.., Corinium„
> *K n.rin > h.arin; le ă passe a o: cana ba > konoba, camara > komora
Cattamm > Kotor, etc. J>.
343. 11 a ete demontre dcpuis longtemps deja (par exemple, par
\V. l\kycr-Liibkc) 4 :: quc Ies formcs roumains cmnătru et cumătrâ ne saurait'nt
s'expliquer par les formcs lat. c6mmater et commcitcr, car c6mmater aurait du
donner en roumain nimătru ct commdter - cumdtru. :!'\-Ieycr-Liibke saYait
(sans doutc, d'apres Cihac ct Tiktin) quc l'ancicn roumain comportait aussi
des formes avcc )'accent tombant sur rn-. 11 admcttait que cc fut a partir de
cumălm qu'cst nfr la forme cumătră (qui rcmplac;a la forme *cmndtrâ). de
memc qu'etait ne Cil albanais le feminin kumptra partant de kwnpter. Le
savant allemand se rendait bicn compte de la complexite du probleme, car
il sa,·ait quc le vieux slave possedait unc forme kupetra, au sujet de laquclle
il acccptait, a juste raison, l'idee (probablement d'apres Bcrneker, bien qt:' ;1
ne Ic mentionne pas) d'unc forme *k1-4pctru prealable ct que lesdites formes
prcsentaient un e impossiblc a expliquer par Ies rnoyens slaves. Tiktin, dans
son Vokalismus dt's Rumănisclzcn 43 , pcnsait que Ies mots cztmătru, cihnâtră·
sont, tout comme wtâ, des emprunts slaves (cntendons, le slave primitif),
d'une epoque ou la voyelle u, notee en slave 'h, n'avait pas encore disparu
et avait conserve la valeur d'un u (u, bref) non acccntuc (cf. sl. kumotn~) ,.
alors que u (bref) tonique s'etait transforme en o.
On trouve chez Skok une explication des fonnes rournaines cumâlru,
cumătră. Tout comme Meyer-Liibke, Skok savait que l'ancien roumain pos-
sedait Ies forrnes c1imetru, cumetră, ainsi que les formes citmătm, cumătră,
que le latin expliquait dircctement. II pensait, toutefois, que Ies forrnes rou-

40 !bidon, p. 194.
41 V. §. 348, ci-apres.
42 !tfitteilungen des runiiinischcn Institiits an der Universităt Wicn, I, Heidelberg, 1914,
p. 4.
4 3 ZRPh, XII, 1889, p. 230 et suiv. et Rmniinisches Elcmcntarbuch, Heidelberg, 1905.
p. 44; voir aussi TDRG, p. 454-455.

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Les d~mcnts !atins des langucs sla·1es mcridionalcs 441

maines etaient accentuees sur l'avant-derniere syllabe, par consequcnt cumil-


tw, cumfttră. Aussi, dans sa pcnsee, le e des mots roumains avec un accent
sur c1f-- devait-il etre originaire, provenant d'un a atonr, comme le e du rou-
main cînepâ « chanvre », qui derive du latin canapa; d'autre part, le ă proce-
dait d'un c precede de labiales. D'apres Skok, Ies fonnes avec ă avaient cte
creees a partir des derives cumetrie, cumetrenie, a se (in)cumetri, termes ap-
pliques aux liens spirituels nes du parrainage. Skok connaissait (d'apres Tik-
tin) la variante cn usage au Banat: cumâtră, qu'il expliquait par la diphton-
gaison de c cn ea (phenomenc qui se produit lorsque la syllabe suivante com-
porte un -e, -ă): Quand s'est effrctue le choix des differenk::; forn1es connues,
Ies locuteurs de cettc region ont prefere le lat. commătcr.
Un processus de triage similaire s'cst deroule en slan· aussi, qui com-
porte des fonnes nees de c6mmiiter et d'autres derivecs de commâter. Cepcn-
dant, S. Puşcariu et Ies auteurs du Dictionnaire de la langue roumaine n'ac-
ceptent qu'en partie Ies explicaticns de Skok 44 • Puşcariu montrc que Ies
formes avec cu- acccntue ne sont pas l'apanage exclusif de la langue ancienne
(fait deja releve par Tiktin). puisqu'on Ies retrouve de nos jours aussi, en ajou-
tant que la forn1e c1t1nâtrâ est egalcment attestee dans la region des Alpes
tr~.nsylvaines (Arie~eni) et non sculemcnt au Banat. C'est sans doute a juste
titre qu'il affinnc quc lcs cleux formrs cn qucstion remontent au latin. C' est
pourquoi l'on considere la forme cmnătră, de meme que Ies slaves ki"tmotrit,
kumotra. comme provenant du lat. c01~imater, qui caracterisait aussi, avec la
fonne compdter, la H.omania occidentale. Les formes roumaines avec la syllabe
initiale accentuec sont considerees par le DLR comme ayant a leur origine
des formes latines elles aussi avcc la prt'miere syllabe accentuee. Leur pre-
sence dans la Peninsule balkanique est prouvee, ainsi que Bemcker, Meyer-
Liibkc, Skck et le DLR l'ont releve, par les formes alb. kumptt!r, kunder (<lat.
c6mpater et le lat. c6nsocer, d'apres lesquellcs fut forgee *commater). A l'ap-
pui du changement de a en c dars czlmetm, Skok evoque aussi la forme kupe-
tra (voir aussi ci dessus, Ş 342), dont l'accent tombait, selon l'hypothese des
chercheurs, sur 1t. Ccttc idee est acceptee par Vasmer 45 , ce qui ne l'cmpeche
pa.~ de mentionncr aussi la forme en usage dans Ies textes glagolitiques, ku-
potrit, descendant directemcnt du lat. compater, par un changcment courant
en slave de a en o. Donc, la forme kupotri"t representerait Ies modifications
a.pportees au lat. c6mpater par Ies Slaves sud-danubiens, alors que la forme
cu}':'tra scrait forgce par Ies Roumains et adoptee par d'autres Slavcs sud-da-
nubiens 46 .
344. Quelques savants (Cihac, Tiktin, :Meyer-Liibke dans RE\V, Candrea
dans CADE) ont ete d'avis que Ies termes roumains viendraient du slave.
Mais, du fait que Ies elements slaves releves en roumain ne comportent aucune
trace de u slave et corupte tenu de cc que le roumain a conserve en tant que
o le o vieux-sla"e, cette etymologie des mots roumains se trouve infirmcc.
D'apres Petar Skok, Sextil Puşcariu pense egalement que Ies formes roumai-
nes (dans le cas de Skok il s'agit de celles avec c6m-) remontent au latin,
cepmdant que Ies Slaves. ont du emprunter les termes respectifs au latin

H DR, III, 1922-1923, 1924, pp. 395, 822; DA, I, 2, p. 975-976; ALR, I, 547; II, 192.
45 Vasmer, I, p. 578.
' 8 Ku- de kupotru, *kitpdni s'cxplique probaulement par le serbe: ~ > u.

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442 H. Mihăcscu

balkanique et au latin d'eglisc, d'Aquilee. II n'cn reste pas moins qu'il y a


de tres grandes similitudes entre Ies formes roumaines et slaves, de so.rte qn'el-
les se constituent cn bloc face aux termes des langues rornanes occ1denta.J.es.
Soulignons tout d'abord la predilection marquee aussi bicn par le roumain
que par Ies langues slaws I?our le femi~~n du. terme latin, dont le tht.·m•_' de-
vient un theme du masculm. En deux1l'rne heu, constatons quc Ies t•. nnes
roumains et Ies termes slavcs offrent les dcux typcs accentuels du latin,
par consequcnt, la population de languc latine du Sud-Est de !'Europe posse-
dait ces dcux typcs: Ies forrnl'S roumaincs avcc la pruni ere syllabe acc('ntuee
ont une memc origine qne les fornws slovencs, Sl rbocroates, macedoniennes
ct bulgarcs: quant aux formcs roumaincs dont l'acnnt tombe sur l'aYant-
derniere svllabc, cllcs on1. la meme origine quc cdlcs des langucs slo\'aquc,
tchequc, polonaisc, l1krainirnne ct russc. (Lls trxtls anciens rcproduisent,
certcs, ks faits de langul' du tcrri1.oirc pannonicn et mora\'e.) Citons rn troi-
siemc lieu le foit quc kc; mob roumains, de mcme que Ies mots sla' cs, ~e sont
forgt'S lcurs propres morpht'.-mcs pour chaque geme des declinaisons latines
I ct 11 avcc des corrcspondants dans ks langucs sla\'es aussi: Ies fom1• s en
-i.t sont le pcPdant de cdhs de la dcuxiemc dedinaison latine ct celle rn -a
des forrncs ele la premiere <leclinaison latine. Le foit d'a\'oir renonce am for-
mcs *c6mpatcr - compâfrr a l'U pour const'.·qucncc l'impossibilite ele <listin-
guc-r Ies dcux gcnrcs, masculin et feminin, l'un de l'autrc, a partir du theme
rcspectif, comme c'c'.,tait le cas aupara,·ant. C'est pourquoi c6m111ata, g&n.
-matris ct co1111111iltr, gl-n. -mtitris ont etc rcmplades par c6mmdcr, gt'.·n. -tri.
co1111neffr, gen. -tri, modlkcs par analogic avcc soccr, -cri, liber, libri. pucr,
puai, dont dcvairnt decoukr t nsuitc Ies formcs genfrales ele tous Ies cas de
*c6111matm, commdtm, ainsi que ll's fonncs feminincs c6mmatra, comn;,ifra.
Mais le latin sud-est europecn a conscn·l:· pendant un certain tcmps
egalcment des fonncs nC.es de *compatcr, *compcitcr, gui furent Clll'S aussi
frartecs au benefice des forrnl'S proprcs a }a cJcuxieme li a }a prcmil-rc de-
cJinaison: *.-6mpatru, compcitm. II est nai que le slave aussi a pu aYoir cte
forge a part ir des forml'S ancimnes *compatri ( < Jat. *compatrc), COIJi»lafri
(<lat. C011l11Uitu) des forrnes en -U ct C'Il -a (cf. le V. ~J. oceii <lat. aci:1/e).
Mais on ne saurait denier au latin vulgaire gui se trouve a la base <lu rom-:iain,
ni au roumain-m~mc la possihilite d'avoir crce Ies fonnes en -11- et -.:. Et,
telles etant Ies chosl's, il l'St naiscmlilablc quc Ies Slaw·s aicnt cmpamte
a la population romane <lu Su<l-Est de l'Emc.pe ks formcs du mot cn qlHstion
dc'.·ja differrncit'cs par gcnrcs. L'cxplication fournie par Skok au fait ql;e le
roumain pr~srntc des formcs anc -mc- (c1lmrtm, c1imetră) s'averc juste,
bicn quc k changement du a latin inacccntue (post-toniquc) cn e, dans ,·ine-
pă, soit un phenomenc sporadique ct non general (corrc~pondant a une Joi
phonetique). Ce phfoomenc se manifrste am-si dans le cas de *citera ( < ci-
/ara) continue par le r. cetcră <• Yiolon ». Mais Ies formcs avec ă (cumă/rit,
cumătră) attestees dans le nord-est ct dans le sud du territoire daco-roumain
pcuvrnt s'expliquer aussi d'une autre fa<;on que celle proposee par P. Skok
(en tant que creations analogigues et regressives depuis wmetrie, cmnEfrrnie,
a se inc11meiri ct cumătrfr, a se inwmâtri). La forme en usage au Banat et
dans le Crişana: rnmâtrâ, que Puşcariu c:t le DLR expliqucnt par cu1Htatră
ct que l'on rctrouve aussi a Braşov et cn Valachic, rcprcscnte plutât la forme
originaire de l'ouest, du centre d du sud du tcrritoire daco-roumain, hfritee
dircctement du latin. Son rcmplaccment, de meme que celui d'un eH ntuel

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Les elcmcn ts la tins des langncs sla•1es mcridionalcs 443

*cu,mâtru par Ies formcs actuclles, C'/.t.matru - cumatră, est <lifficiie a expli-
quer. ~ous venons de voir que Skok semblc pcncher vers l'idce que dans
Ies formrs rnmătru-wmătră il s'agirait de la transfonnation du e precede
de labialcs en ă. Mais Ies fonnes avcc e, qui en n~alite sont des formcs du plu-
riel, pcuvcnt elles aussi s'cxpliquer par lcur tenninaison au pluriel, en -i,
-e. C\,st par analogic avcc fcit, pl. _feţi' « fils, gar~on, gars » ( < jetus), jată,
pl. fete dille »,}aţă, pl. jcţe dace, \ isagc » ( < jacia < jacies), spată, pl. spete
(C ros du metier a tÎSSef; OffiOplatC, epaulc; reg. dOSSiCr I), spaft: ancien piuriel

( < spatlra), etc. que wmâtrn-cumâtrâ ont fait leur pluricl avcc -me- (cf. aussi
măr (( pommier », pl. meri)

:H::>. D'autrcs contributions a l'cxplication de !'aspect phonetiquc <lcs


mots cn qucstion ont ete apportecs par A. Rosetti 4 i ct S. Puşcariu 48 .
Rosetti accepte l'i<lec que Ies formcs avec -ml'- sont nees des formes du
pluri.:'l, tout commc dans le cas de fete ct de spete. Cepcndant, Puşcariu 49
prouve que du pluriel cmneatre devait resultcr cn roumain non pas cmnătrâ,
mais toujours l'ancien wmcitrâ, a travcrs la phasc intem1ediaire cumeatrâ.
Par consequent, l'explication de Rosetti n~ saurait etre valablc que pour Ies
formes masculincs.
Sextil Puşcariu explique 50 l'expansion du themc feminin du mot dans
le latin sud-est europeen en evoquant le râle plus important de la femme par
rapport a celui de l'homme dans !'acte du bapteme (par lcqucl le nouvcau-ne
entr·~ dans la communaute chreticnne). 11 rallie la these de Skok, suivant Ia-
quell~ le roumain ă des dcux mots en question viendrait de e de compater,
devcnu cn latin sud-est europecn *compctru, *competra. Tout comme nous
l'avons fait ci-dessus, il objcctc a Skok que la transformation de a atone cn
e n'L·st pas une loi phonetique et qu'elle s'est effcctuee seulemrnt dans le cas
de certains mots etrangers (notammcnt grecs). Sclon lui, a non accentue
deva~t se transformer dans le cas de compater cn ă, tout commc dans le cas
de compara > cu.:nipilr (! j'achete 1), âpparo > apâr (! jc dcfends I). Ensuitc, il
cite 51 l'istro-roumain cmnatru, qu'iI considere commc provenant de cunui.-
tru (car l'istroroumain a conserve intact e precede de labiaks ct il a transforme
l'ancicn a cn d). Ainsi qu'il l'avait demontre auparavant, Puşcariu soutient
que Ies fonnes avec -ma- continuent celles avec -mă.., non accentue, mais
avec le transfert de l'accent sur la deuxieme syllabe 52 • Ce genre de transfcrt
de i'accent aurait eu pour modeles Ies mots a oscillation accentuellc: bolnav
et boind~·. « maladc », cetină et cetină « branche de sapin 1>, dusman et duşmân
« ennemi 1>, d{hor et dilz6r « putois 1>, lâcât et lăcat( ă) « cade~as », mtrşav et
mîrşdv <c ir.fâme, ignoble », năzbttie ct năzbîtie « facetie », nazdrâvan et năzdră-
vân <c doue de forces magiques; rnerveillcux; espieglc 1>, obirşie et obirşie « ori-
gine, source », ostrov et ostrov« îlot »,etc.

u BL, VIII, 1940, p. 161.


10
L'articlc Biata cumătră e departe, « Langue et littcraturc •>, II, 1943, 1-2, p. 5- 19
{en a;lemand). reproduit en version roumainc dans Sextil Pnşcarin, Cercetări şi studii, e<litio11
soigr~ee par Ilic Dan, Bucarcst, 1974, p. 477 -487; ·mir aussi p. 480-486.
~ 9 Art. cit„ p. 482.
50 Ibidem, p. 485.

51 Ibidem, p. 481-482.

•~ Voir ci-dcssus, note 44. ct Puşcariu, LH, t. I, p. 178-179.

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444 H. Mihăescn

346. En cc qm concerne d'autres aspects du developpement phoneti-


que, il reste encore a dire que: c6m- a donne en roumain cum- et cu- (cf. com-
paro > cumpăr, comptus> cu-mpăt « contenance '>, *con.socru > *cwzsitcru >
> cuscru); en ce qui concerne le developpement de con- non accentue, cf.
conventus > cu<.•înt « rnot, parole», convenii > cuvine « com'ient ». Les !=laves
kumi'i, kuma ont subi probablement la transforrnation de om en u, comme ce
fut le cas en serbocroate, tcheque, sorabe, slovaqut. La voyelle u de kumo-
tru, kilmotra provient, sclon toute probabilite. de 11 roumain, ne d'un o ~uivi
de n. La transfonnation de ă en o dans kzlmotra surprend, car normalement,
le ii aurait du se consener tel qucl. Vraisemblabkment, dans le latin sud-est
europecn le mat *commalra prcnait lm il bref, par analogie avec *compatru.

347. La prescnce du mot _Nlianus « fillcul, filleule (enfant spirituel du


parrain ») dans le latin sud-est curopeen est prouvec par Ies mots: dr. .fin,
jină, ar. liil'in, liil'i11ă, alb. guegue jija11. On lui trouve des successcurs dans
ks langucs slavcs meridionalcs; par exemple, cn slovene d en serbe tch<lka-
vicn (Camiole inffricure) nous avons Ic mot pilwz ct Ies derives pil111zcc, pil-
jiiJt (dans l'ilc de Veglia), pijzm (cn !stric). Skok voyait juste en affim1ant
que le ser. tchakav. pjljtw ne provient pas de _ft"lia11us. mais il faisait erreur
cn pensant que cette variante, de meme quc les autres citees ici, s'expliquent
mi('UX par jiliolus 53 ; cn cffet, nous obtcnons leur parfaite explicat ion en ad-
mcttant qu'il s'agit de formcs empnmtecs au dalmate, ou -a11us devient
-un: i•ctra11us > bdnm 54 • Seuls Ic s parlers serhocroates, qui ont su bi un phe-
nomene analoguc a celui qui s'est produit cn dalmate, ont pu rfaliser inde-
pcndammrnt de cette dcrnicre langue le phonetisme m question. Du n·ste,
memc Skok indinc a un moment donnc ~1 attribuer unc origine dalmate aux
mots rcspectifs, tout cn la deniant <·neon· mw fois quand il s'agit de termcs
en usage dans des rcgions plus eloi~frs de l'ile ele Veglia. Or. il comient de
ne point oublier qur Ic <lalmate n'etait pas parlc dans ccttf' ile uniqucnwnt,
mais tout au long de la c6te de l'Adriatiquc aussi (cn Dalmat ie). Chcz Ies
catholiques de iumLerak, Skok a relcve la forme pil1j11, heritage direct du
latin vulgaire, dont le phonftism<" presente, toujours sclon lui, des difficultes.
348. Pour Ies tcrmes slans sobo/a et s9bota, :Miklosich a propose (·ga-
lcment une etymologie a.h.all. sambalz, ou, plutot, la forme qui se trou\'e a
sa basc: *sambat. Mais, comme P. Skok l'a demontre 55 , cette etymologie
est crronfr, Ies Slaws usant de mots qui ne pcuvent s'cxpliquer partant du
terme vieux-haut-allemand. Par exemple, le slovene, le tcheque et le sorabe
expriment le concept de « samedi 1> par le mot sobota, le polonais par ~ob6ta
et les catholiques de Zumbcrak, qui habitrnt au voisinage des Slovenes par
sobOta et subOla. II cn resulte quc les langucs slaves des tcrritoires situes a
proximite de l'espace allcmand possedent des terrnes avec so-, et non pas avec
SQ-, ce qui laisse a supposer une forme originaire sans m, dans le genre du latin
sabbatum. Du restc, le rnot allemand n'explique ni le genre feminin du terme
slave, quc l'on retrouve en roumain (sîmbătă), vegliote (sabata), frioulan

53
La frrminologic chreticn11e Cil slnve: le parrain, la 111arrnine ct lt' filleul, pp. 190, 197;
SEH, II, p. 6.58.
M Le veniticn presente la forme fiolo11, expliqufr par Skok (RES, X, 1930, p. 19.5)
par Jiliolll + -one.
a~ La scmaine slau, p. 19-20.

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Les elements !atins des langues slaves mfridionales 445

56
(sabide), rhetoroman tyrol. (dolomitique - saboda) et engad. (samda) •
Miklosich considere le mot roumain comme un emprunt du slave, mais Skok
a demontre qu'il s'agit en fait d'un heritage du latin au meme titre que Ies
autres noms des jours de la semaine donnes en roumain. Tout comme dans
le cas des autres formes romanes feminines, ce mot represente la forme carac-
teristique du latin vulgaire en usage dans le Sud-Est de l'Europe et dans le
territoire rhetique. Les Slaves possedent aussi la forme lat. vulg. sambata.
Pour Petar Skok, Ies formes feminines du latin vulgaire (en -a) n:presentent
le pluricl de sabbatum. 11 nous semble plus vraiscmblable de Ies expliquer par
l'influence de *di« jour », au feminin en latin balkanique (cf. aussi le dalmate
dai et le roumain zi, egalcment des feminins). En Occidrnt, lrs noms des
jours de la semaine sont au masculin: it. di, g2·orno, fr. jo11r, esp. dia. Skok
estimait possible une «hesitation slave» ayant condu.it a la creation du sub-
stantif feminin; mais il faut exclure cctte possibilite. Quant a la forme avec
-m-, il s'agissait, selon lui, d'un phenomene idrntique a l'apparition <le m
dans le lat. sambucus, devenu ensuite dans le latin sud-danubien sabtcus
(cf. roum. soc «sureau») (un m apparaît dcvant. b aussi dans strabus, devenu
en lat. vulg. *strambus qui est a la base dur. strîmb «deforme, courbe»). Skok
refute la these de Meyer-Liibke qui pretend que Ies for,.nes comportant le -m-
seraient d'origine orientale, car il considere fOUr sa part que le mot en question
faisait partie de la terminologie chreticnne balkanique, d'originc byzantine.
Selon Skok, et a juste raiscn, la forme sabbata, qui SC retrouvc a la base
des termes rhetoromans et a la base des langues slovene, tchequc sora be et J

polonaise, s' explique par le latin ecclesiastique d' Aquilee (forme sans -m-).
Comme nous l'avons vu ci-dcssus (cf. §. 342), Skok est d'avis que l'airc des
noms du sixieme jour de la semaine, samedi, dans Ies langues slaves se div ise
en deux autres qui coi:ncident avcc les deux aires de ki1motrit: l'aire slovene/
et slave septentrionale, influencee par la terminologie d' Aquilee, et l' aire
balkanique, influrncee par la terminologie balkanique et plus particuJierc-
ment par la terminologie de Byzance. En realite, pourtant, la co1ncidencc <le
ces deux aires n'est que partielle, ainsi qu'en temoigne le roumain qui se rat-
tache, potu ce qui est du second mot, a l'aire slovene et slave septentrionale,
alors que pour ce qui est du mot qui nous importe ici el appartient a l'aire
balkanique (autrement dit, du serbocroate et du bulgare).
La forme sabbata est attestee en latin des le regne d' Auguste (Horace
et Trogue-Pompee rn usaient) 57 , mais sculcment au singulier feminin. Et
l'on peut admettre qu'a sa base se trouve l'aramecn sabbata (cf. le syriaque
orien1 al 8abta; le syriaque occidental possedait la forme sabto 58 ; le heb. §ab-
bath ctait <lu genre masculin et raremcnt du feminin). Quant a la forme avec
un m, elle pourrait etre d'origine orirntale (cf. ethicp. sanbat, neo-pers. 8an-
bad) 59 • La distance separant ces langues de la romanite sud-est europeenne
ne representait guerc une difficult e, puisque le territoire de l'Empire romain
couvert par la langue grecque s'etendait jusqu'aux frontieres du Royaume
perse. Par contre, la difficulte residait dans le fait quc le grec, bicn quc par-

be REW, 74.79.
s7 Ed. Schwyzer, KZ, 62, 1934., Altes und Neurs zu (hcbr.-) gricchische aci~~et.Tcx, (griech.-)
lat. sabbata u.s.w., p. 2 (l'article complet p. 1-16).
ee Voir Schwyzer, p. 8.
f>ll Ibidem, p. 9.

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4-i6 H. :\li hăcscu

le dans l'cspacc qui a\"ait appartcnu auparavant a l'aramecn, ne prit pas pour
point de depart la forme aramecnnc ou hebrai:que sans tii, en creant ce mot.
En cffot, apart ir de la forme aramecnnc, le grec aurait du forgi.:r un *Gci~S-q ou
*crcir.-r-q, voire *croc'?e"l•iO. C'est p~ur cette raison que Schwyzer considere l'in-
troduction du m commc un phenomenc grec, d'autant plus que le grec tarentin
connaissait la fonnc samba ( < *crcffL~et•) l't le grec micrasiatiquc la forme sam-
bas 61 . Sui,·ant Schwyzer 6 ~, ll' grec crci~~na:, attcste memc dans la Bible, ne
tirc pas son origine du plurid crci~~:x.-ov, mais il rcprcscntc une forme nee du
besoin de donnt"f unc krminaison grLcque au mot hebrai:quc {;abbat/t.

arn. Ll' latin samb,1/d, ew·ntuelkmcnt sambatus, s'cst propage le long


du Danubc jusqu'cn Gauk-, ou la population romaniscc l'a adopte a son tour
(cf. f r. samrdi). De la populat ion romanise~· de Norriquc, Allemagnc sud-occi-
dentale et Gaule, le mat a t'.·te cmpruntc par lcs Gcrmains, avant quc se fut
procluit k phenomene ele mutation consonantique du haut alkmand; son
genrc masculin s'cxpliquc <li.! fait qul' l'alkm. Tag (J. l'epoqnc conc1.·rnee
*daga) t'.·tait <lu gl'IUL' masculin. Le Yieux-haut-allcmand possedait un
samba:.(ta;;); le gothiqt1l' sabbato daga fut ecarte. Du latin sud-est europeen,
sambata dt·Yait passer clwz lc.5 Slan·s du Sud aussi, qui pronorn;aicnt au de-
but Ct' mat *sQbota, d'ou ks ser. subota, bg. s,ibota, russc subbota. L'Eglise
d'Aquilec, qui modl'bit sa terminologic rdigieusc sur Home, clevait sen-ir
de h"nnc J,_. depart au tchcqul', au ~arabe, au slovaque ct au polonais, pour
la fonnc s11bc1la, en'ntudlcment sabbat11, qui, cn slan', <lcvait transformcr l'a
toniquc ou atone <"n o. Le slo\·a<JlH' sabota pcut pro\·cnir tont aussi bicn de
SQhof,l, que de sab(b)alcr.

:J:JO. Toutc urn~ seril' d1· termcs chrcti(·ns, dont quclques-uns de tres
grande import ancc, ont <.'.·te empruntes par Ies langucs slavcs a la terminologie
latine de l'Eglise J'Aquilfr dt·s Vie - IX'-' sieclcs, utilisec dans Ies regions
Veni tÎC'l111l' ct frioulanc. ~ OllS a \·ons <lej a l'Brcgist re CCS termes (cf. CÎ-dCSSUS
§..136). Vaiei maintcnant un aut re lot de termcs cntres dans Ies langucs slavcs,
soit par le latin d' Aquilee, soit par l'intcrmediairc de Byzancc; cc sont des
tcrmes qui se rctrounnt aussi dans Ic vicux slave de Cyrillc ct Methode:
oltari « autd » (<lat. altare, altariu.m); lwmullati « comrnunicr • (<lat.
communico, -arc); poganii, <1 pai:en » ( < lat. paga1rns); rnsaUa (Ic slave eccle-
siastiquc posse<lait aussi la forme msalzj"a « Pcntecote » (cf. bg. rusalja, pl.
rnsali <• groupe de jcunes gens qui depuis Noel jusqu'aux prcmicrs jours de
janvicr vont de maison Pn maison pour chantcr des cantiqucs » et ser. rusalje,
pl. rusalji) (<lat. Rosatia) 63 •
351. Bon nombrc de chcrcheurs n'ont jamais doute que le terme daco-
roumain Crâciw1, ar. Cîrci1m, Crîciwz, mgl. Cărci1m <c Noel & est d'origine
latine. Plusieurs ctymologics latincs ont ete proposecs pour ce mot: calatio I

-onis, Creatio, -onis ct meme Clzristi jejunium, mais la seule acceptable, parce
que sans pos•:r des problemes d'ordrc phonetiquc ou semantique, est Crcatio.

60 Jbid,·n1.
61 Ibidem, p. 11.
0
~ Ibidem, p. 10- 11.
oa Voir han Popo·1ic, op. cit, p. 591; Th. Capidan, DR, III, pp. 141- 142, 184- 185;
Petar Skok, Zum BalkanlatLÎll, ZH.Ph, XLVIII, 1928, p. 398-413; L. Niedcdc, .Manuel de
l'anliq11itcf sl.1ve, II, Paris, 1926, pp. 55, 132, 166.

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Les l:lements ]atins des langucs slavcs mcridionales 447

Nous avons deja developpe ailleurs l'hypothese 64 selon laquclle Crcatio .fut
choisi comme nom de la fete du 25 Decembre partant de l'idec quc la creation
du mondc s'est effectuec justement a cette date; par consequent ,le sens initial
du mot Hait lie a l'idee de (( creation du monde I) ct non a celle de (C naissance
du Christ 1>. Un argument a l'appui me semblait le fait que, deja dans l' Anti-
quite, l'on faisait debuter l'annee le tl'r Janvier, c'est-a-dire a une date tres
rapprochee du 25 Decembre, tres rapproche de son câte de la date du solstice
d'hivcr. Toutdois, il est pcu vraisemblable quc la fete de Ia naissance du Christ
porte un norn rattache a la creation du rnondc plutât qn'a cctte naissance
memc. Aussi, le choix d'un tel norn pour cd te fete a-t-il eu lieu, peut-etrc, sous
l'irnpacte de l'arianisrnc 65 , qui pretend que le Christ n'cst pas ne cn tant
que Dicu, mais qu'il a ete cree (<c fait 1>) cn tant quc tel (cf. avcc le passage
<lu Credo de Nicec: <c vrai Dicu de \Tai Dieu, cngrndre ct non fait 1>, adopte
par l'Eglise officiclle). Nous avons cn slovaque Kracwi <c Noel», en bulgare
KraC.un <c jour a la veille de Noel et le 8 Juin _», cn russe l\.orocwi <c jour non
cncore precise du rnois de Novcmbre ou de Deccmbrc (pcut-etre Ie 12 Decem-
bre), mais pas la fete dr Noel». La qucstion ~.c pasc de savoir sile rnot slave
reprcscntc un ernprunt au rournain et s'il faut cherclwr une etyrnologie a ce
root slave? Ou bicn le rournain est-îl un ernprunt au slave ct, si td etait le
cas, ks etymologies latines susmentionnees scraient-dks fausses? Pour un
certain nombre de linguistes, le mot slave est un rmpnmt au roumain ,alors
qu'une autre categorie de cherchrnrs considerent Ic mot rournain comme em-
prunte au slave, ou îl represcnterait un heritage du slave comrnun. Suivant
quelques linguistcs ce rnot rournain ne saurait etre separe des termes slovaque
et bulgare, alors que le mat russe scrait un mat a part. Ce-dernier represrnte-
rait un heritage du slave primitif, ou îl aurait ete cree soit par derivation a
partir de *kort1~ku <c court 1>, krasti, krastQ <c ecourter, abregcr, racourcir » (îl
s'agit du jour Ie plus court de l'annee) 66 , soit de *koracati, *lwraceti «marcher,
rntrer ,depasser » (sous-entendant le jour qui nous fait depasser le solsticc) 67 •
De toute evidence, ces etymologies, notamrnent Ia derniere, manquent de
credibili te; aussi, en fin de compte, a-t-on propose une nouvclle etymologie,
tant pour le mat roumain que potu le mot s]ave: l'alb. guegue kerei7, -uni
<c buche, souche 1> 63 . On retronve la rnot en serbocroate kracun « barre de
bois pour fermer la porte (de l'etab!e) 1>. Cette buche serait en rapport avec la
tadition de la <c buche de Noel>>; mais cettc etymologie ne saurait convcnir
elle non plus.

64 Dans ILR, p. 242.


«>b Renseignement personncl de Traian Diaconescu, charge de cours a l'Vni·1crsite de
Iaşi.

Cl8 Al. Rosetti, Etudes linguistiques, Dncarcst-La H<!.ye, 1973, p. 204-206, et notarnment
p. 145.
67
Vasrner, p. 633; de son cote, Wcigand (BA, III, Leipzig, 1927, p. 98- 11-4), pretend
en se fondant sur le sens du mot russe, que le terme ne saurait s'expliquer par le roumain, con-
testant de la sorte l'etymologie roumaine du mot slave.
.
88
Voir Eq:er.n <;abej,_ ~CL, xp.
1961, ~-. ~13-317. L'icler a He acceptce par Joseph
Schutz, Der R~m~nismus Craciun „W_eilmaclzten im Slavischrns, cc Beitrăge zur Sud-Ost-Europa
Forschung anla~hch des I. In~crn.at1_oi:ialen Ba!~ank?ngresses i~ Sofia», Mi.inchen, 1966, p.
35-10. Selon lui, le mot roumarn d ongrne albana1se s est transmis par la suite aux langues sla-
ves. Etil fournit des argumcnts a l'appui de l'iclee que Ies termes slavcs sont d'origine roumaine.

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443 H. l\Iihăescu

On pl'Ut admettrc, a\·cc Rosetti 69 , quc le terme slave tirc so11 ongme
du latin balkanique ct quc Ies Roumains l'emprunterent a leur tour, ainsi
que colindă « cantiquc de Noel»; mais encore plus vraisemblable s'avere
l'hypothese ~:e !'origine latine du terme roumain, a jamais conserve rar cette
langue. La perte de l'-e dans le cas du terme roumain n'empeche d'imaginer
quc Ies H.oumains n'avaicnt pas oublie l'ancien *Creciunc. *Crăciune, car le
latin crcatiunc pom·ait fort bii.'11 dev.:.·nir Crâciwi dans le cadre du roumain:
*Crăcinnc, considc·rl'· commc un vocatif, devait mcncr par analogie a un nomi-
natif Crâciw1.

La terminulouie des croyanees et coutun1es populaires

:J:i2. Dans prcsquc tontl's les langues slavcs on rctrouve le mot luna,
a\'L'C dinTSL'S Variantes d'unc }angue a l'autrc rappelant le frrme latin /1t11a,
tant par l'ickntite ou la ressemblancc phonetiquc, quc par le sens qu'on lui
dOnt1l', puisquc Ccrtainl'S de CL'S lan_;-Uf'S lui attribucnt l'Xactement la meme
signification qu\:n latin. Ainsi: \'.sl. luna (C lune», russe luna (dial. (C eclair
non sui,·i de la foudrc ou du tonnc>rre; lucur faible dans le ciel »). ukr. lu.na« re-
flct luminl'UX; ceho l), Lg. /111111 (<lune; grain de beau te», ser. lttna (C lune»,
tch. l111ta <•rayon; rcflct cit- la lumiere», autrefois aussi <lunci>, pol. lu11a
(t flamrnc, bra:~icr, eclat du lf'll, lumiere du fru; rouge ardent I), jadis egalcment

<•lune 1>, polabe lrl.11a <•lune i> 70 . Et lL·s langues slan·s comportcnt aussi dP.-.
dfri,·es de cc mot.
3:-„1. Deja Miklosich 71
faisait deriwr le mot slave de la racine litk-
<c Iuire, brillcr 1> ct le considerait, donc, comme appartcnant au vieux fonds
indo-curopeen, c'est-a-<lirc comme un heritage de l'indo-europeen commun.
Mais le grand sla,·isant s'averc plus circonspcct cn ecrivant dans son «Diction-
nairc etyrnologiquc i>: «Man pflegt luna auf lukna zuriickgehcn 1> 72 • On re-
trouvc le point de vuc de I\Iiklosich, etaye au moyen de matcriaux compara-
tifs plus riches ct a\·cc la restitution plus exacte de !'aspect phonetique et
morphologique initial du mot chcz Ies indo-europeisants 73 qui s'en sont occu-
pes (ils restituaient une fom1e *loulmza, ou apparaît aussi le suffixe -s). Cela
re\'Îent a <lire qu'il faut considerer le sens de <c lune» comme appartenant au
slave primitif.
Qudqucs slavisants sont neanmoins d'un autre avis. Cet avis semble
avoir ete formule pour la premiere fois par Bemeker 74 • Tout comme ses de-

69 Arnpr.1 rnm. Cnfrirm, 1lans Ic •rnlumc În amintirea lui Coiista11tin Giurescu, Ducarest,

19-H, p. 435-HO (·;oir la. ·1crsion fra.nr;:aisc <la.ns BL, XI, 1943, p. 56-61, reimprime dans Me-
lang,·s d,· li11;;~1istiq11e ct d, plrilolugic, Copcnhague-llucarest, 1947, p. 324- JJJ); Roum. Crăciun,
• Romanosla.1ica. •, 1 V, 1960, p. 65- 70.
1o Voir Bt:rncker, SEW, I, p. 745.
71 L,·xit<•n. palaeosloue11ico-graeco-lati11um, Vicnne, 1862-1865, p. 344.
7
~ Etymologischcs lV orterbuch der slaviscl1cn Sprachrn, Vicnnc, 1886, p. 176.
<a P. Kretschmcr. Ei11leit1111g iii dic Gescliichte da gricchischrn Sprache, Gottingen, 1896,
p. 151; K. Brugrna.nn, Gr1111driD dcr vcrglcichendcn Grarmnatik dcr indogerma11iscl1en Sprachen,
I, Stra.sslmrg, 1886, p. J-i5; A. l\billct, Etudes sur l'etymologie et le vocabulaire du viciu slave,
Paris, 1902, 1905, pp. 130, Hi; A. Walde- J. Pokorny, Vergleichendes W orterbucli der indoger-
manischen S prachen, II, Leipzig, 1927, p. 408-409 et J. Pokorny, Iudogermanisches etymolo-
gischcs W iirtcrbuch, I, Bern-Miinchcn, 1959, p. 688, etc.
H SEW, loc. cit.

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Les elcments !atins des langues slaves meridionales 4t9

vanciers, qu'il ne se fait pas faute de citer, il considerait ce mot comme un


heritage du slave commun, qui, de son cote, l'aurait herite de l'indo-europeen
commun. Il restituait donc un mot slave primitif *loukchna, *luclma, tire
de l'indo-europeen primitif *louk-s-na (de la racine *leuk-). Ce faisant, il
n'omettait pas d'evoquer Ies correspondances relevees avant lui, a savoir:
av. raoxsna « lumiere I) ( que \Valde et Pokorny traduisent par « brillant &) ,
lat. z,miLl (prenestin Losna) (<lune», a. irl. lu,an, lon <1 lune I} et a. pr. lauxnos
«astre, etoile, constellation ». En affirmant que « das slav. \Vort ist gewiB
nicht aus lat. luna entlehnt », il ajoutait: «<loch kănnte da, wo die Bed. « Mond »
nicht ader nicht mehr volkstiimlich ist, <las lat. luna diese gehalten oder bee-
int1u13t haben ». Par consequent, îl met en doute le fait que le sens «lune»
serait herite du slave commun par toutes Ies langues slaves et admet comme
possiblc unc influencc latine Ia ou ce sens s'est conserve ou bien ou il aurait
existe jaais. Mais cela revient a admettre comme probable une influence latine
sur Ies langues polabe, tcheque, polonaise, russe, serbe et bulgare, c'est-a-
dirc sur presque toutes Ies langues slaves.
En se rapportant seulement au polonais, Bruckner a admis comme cer-
taine l' influence du latin en ce qui concerne le sens « lune» du mot en question 75 •
Le savant polonais considerait, de meme que Berneker, que le polonais litna
est d'originc slave commune (et cela signifie qu'il attribuait la meme origine
aux mots correspondants des autres langues slaves). Mais, contrairement a
Berncker, qui ne repoussait pas completement la possibilite que le sens« lune•
ait existe des le debut dans Ies langues slaves, il pensait que ce mot avait
en slave commun le sens unique de <1 lumiere, eclat», qui se retrouve en polo-
nais, tcheque, russe et ukrainien. Il apportait encore d'autres precisions: le
mot luna ayant le sens de «lune & dans l'ancien polonais (« entre le XIV•
et le XVF siecle, a partir de l'epoque du Psautier Florianus jusqu'a Paprocky &)
representerait (I un cmprunt a demi litteraire. du latin, meme si le vieux
slave possedait ce mot qui s'est conserve jusqu'a present chez Ies Russes,
les Serbes et Ies Bulgares, La theorie de Bnickner pouvait tout aussi bien
couvrir l'ancien tcheque, ou le sens de «lune i>, maintenant disparu, existait
egalement. Il est evident que le savant polonais songeait a une influence du
latin medieval et de la Renaissance.

354. La these d'une influence latine litteraire devait faire fortune surtout
quand il s'agissait du rnot russe, car dans cette langue le rnot respectif a
toujours signifie et signifie aussi «lune•, l'influence latine vulgaire ou romane
populaire paraissait donc impossible. Uăakov 76 admet !'origine latine litte-
raire du mot russe. Autrement dit, il nous faudrait admettre que l'influence
latine s'etait exercee dans le cas du russe non a travers la Peninsule balkanique
par la filiere populaire, par consequent entre Ies Vl 8 et IX8 siecles, mais plus
tard et par la voie litteraire avec l'intermediaire du latin medieval ou par celui
de la Renaissance et des xvne - XVIll 8 siecles. Comme Usăkov ne s'occupe
que du mot russe, nous ne saurons affirmer si ce qu'il en dit s'applique, selon
lui, egalement aux correspondants de ce mot des autres langues slaves. Toute-
fois, sa thesc ne pourrait s'etendre qu'au polonais et au theheque anciens,
ainsi qu'au polabe ct non aux autres langues slaves, par exemple a cclles des

7
" Slownik etymologiczny j~zyka polsl1iego, 2e edition Warszawa, 1974, p. 314.
7
i Tolkovy;" russkii slovar', II, Moskva, 1935, p. 95.

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450 H. Mibăescu

Slaves meridionaux qui n'ont pas vecu dans la sphere d'influence de la ·civili-
sation latine ou catholique. La presence du mot luna «<lune» dans Ies langues
slaves meridionales, et justcment dans Ies parlers populaires (le mot se trou-
vait deja dans le vicux-slavc liturgique) montre que l'influence latine, si
influence il y a eu, s'est dewloppee a une epoque anterieure a celle dik du
bulgare ancien et qu'elle s'est cxerce sur la langue du peuple. Tcl etant le cas,
pourquoi ne pas adrnettrc quc dans Ies langues slaves septentrionales egalement
(celles de l'ouest et celles de !'est) et a une epoque tout aussi ancienne,
ce mot ait pu representer egalement un mot populairc? D'ailleurs, a l'cncon-
tre des allegations d'U~akov, le mot est populaire en russe et, certainernent,
aussi en polonais. Serait-il, clonc, encore necessaire d'rnvisagcr une )nfluence
du latin litterairc sur le polonais, le tcheque et le russe au Moyen-Age, ou a
quelque epoque plus recente, jusqu'au XVIIIe siecle? La reponse evidente a
une telle qucstion est non.

3:55. Le probleme se pose pourtant de la fa<;on suivante : le sens de


<•lune» appartient-il au slave commun, commc l'admettait .Miklosich. ou
bien ce mot n'avait-il en slave commun que le sens de « lumiere, rayon •.
cornme le supposait Briickncr? Le sens de «lune 1> s'expliqucrait-il .alors par
l'influence du latin \'1.tlgaire ou de ccrtaines langucs romancs sur Ies parkrs
slaves populaircs?
Vasmcr 77 a rallie l'opinion de :Miklosich. Aprcs avoir nie la pn:scnce
des elemf'nts bulgares dans Ies dialcctes ukrainiens carpatiqucs, il ajou t ait:
« Schlie1.llich ist nicht zu vergt·ssm, da13 es auch partielle ilbcreinstimmungcn
zwischcn nicht benachbarthen idg. Sprache gibt, wie etwa lat. luna unde russ.
ltma „!\fond" ... • 78 II admet, cn cc qui concerne ce mot, une evolution pho-
netique et semantique indepcndantc du latin et des langues sla\'CS 'i9. L' evolu-
tion phonetiquc parallelc est inc:ontestable dans Ic cas present, alors que
l'evolution semantiquc parallele est difficile a acccptcr. :Nous avons plutât
affaire a une evolution semantique du type indo-curopeen commun, rlus
cxactcmcnt a une e\'olution ayant eu lieu dans ccrtaines regions de la langue
indo-europeenne commune, dont le latin et Ies langucs slaves cn ont herite.
l\Iais il est plus probable que ce soit dans la langue italo-ccltique commune-
que le sens de <•lune I) ait arrin~· a s'imposer, de sortc que nous sommes con-
frontes a une influence du latin sur le slave. Personncllemcnt, nous scrions
dispose donc de reprcndre la these d'Ufako\', mais aVl'C unc modificat ion
csscntielle: le mot lu11a dans le sens de «lune» est bien d'originc lat inc, tol<t
cn n'etant pas un rnot de date recente et ce n'est pas par la voie litteraire
qu'il a penetre dans la langue. C'cst un mot ancien, diffuse par la filiere popu-
laire, c'est-a-dire par l'intermediaire de la population romane du Bas-Empire.
Ccpcndant, ii est certain que cc mot s'est superpose a un mot autochtoni:- du
memc aspect phonctique ct qui signifiait (I lumierc, eclat)), de sorte qu'en
rfalite notre thcse serait plutât une reprise de celles avancecs par Bemeker

;; ZS!Ph, X\"II, 19-41, p . .51.


78
L'artick anteriC"ur clC' MC"iJIC't, I.cs dcux 110111s slat'es dr ln l!111e, me~ecf rt luna 1~ztJirnik
Zachocloznanst·1a •. I\:lrnrkov-EiC'·1, II, p. 211-212) nous a etc inaccessiblC'. Le lingui~te fran-
cţais CVIA.jlle, dans RES \"I, P· "10, contre J'oriRine latine du mot le fait que Ic mot slave ne rre-
sente pa:, Ic traitcment y ele ii latin, ainsi quc cela se produit dans d'autres cas de mots slaves
d'origine latine. Cc-pendant, plusieurs mots sJa·1es d'origine latine conservent tel quel le ii latin-
19 Voir aussi Vasmer, II, p. 69.

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Les 6lements latins des la.ngues slaves meridionales 451

-et par Bri.ickner, et non de celle proposee par Usakov. De toute evidence, si
l'on admet l'emprunt latin, la grande diffusion de ce mot (on le retrouve sur
tout le tenitoire slave) et son caractere populaire nous empechent de le con-
-siderer comme recent.
L'influencc du latin vulgaire doit etrc admise meme au cas ou elle ne
scrait fondee que sur la seule consideration de l'evolution du sens « lumiere,
rl"flet • jusqu'a celui de «lune I) du terme indo-europeen commun qu'on rc-
trouvc dans tant de langues indo-europeennes: une pareille evolution ne pou-
vait se produire qnc difficilemcnt de fa9on independante cn latin, celtique
et sla\·e. L'apparition de ce sens cn latin et en celtique peut s'cxpliquer par
ce qu'on a appcle le stade ou la languc italo-celtique. Mais, comme d'autres
langues indo-enropecnnes (germanique commun, vcnete, illyrien) s'inter-
posent cntrc l'italo-celtiquc et le slave commnn, celui-ci n'a pu subir l'in-
fluence du premier, pas plus qu'il n'a pn suivre une evolution semantique com-
JilUile avec l'italo-ccltique. Une influence latine s'excr9ant au debut du 1\foyen-
Age devrait etre d'autant plus admise que certaines langucs slaves (le russe
et le serbocroatc) possedent egalement le mot lundtik «lunatique, somnam-
bule)>, qui tirc de fa9on certaine son origine du lat. lunaticits, utilise dans le
memc sens 80 • Le fait que cc mot se rctrouve cn russe aussi ne saurait etre
fortuit. Nous sommes cn presence des clcrniers vestigcs d'unc ai re plus vaste,
·qui englobait jadis egalcment Ies territoires slaves intcrmediaircs: tcheque,
slcvaque, polonais ct ukrainim. En tout cas, la presence du lunatill dans Ies
parlcrs russes, ou clle ne saurait s'expliquer par l'italien, nous incite a croire
quc l'cxplication donnee au mot russe sera tout aussi valable pour le mot
serbocroate.
L'influencc latine sur Ies langues slaves en ce qui concerne Ies termes
-qui font l'objct de notre discussion est fort probablc. 11 nous restc a nous de-
mandcr si une tellc influcnce a-t-elle jone directement ou bien a travers lcs
1angues romanes; dans le cas ou cctte influence etait de source litteraire, s'est-
elle exercec par l'intcrmediaire du latin medieval ou par celui des langucs
littfraircs romanes; s'il s'agissait, par ailleurs, d'une influcncc de caractere
populaire, d'ou tirait-elle son origine: de la latinite ou de la romanite balka-
niqui.:'? Jusqu'a ce jour, la rccherche n'est pas encorc arrivee a donner des
reponscs convenables a ces questions. Nous venons de voir ci-dcssus qu'il
.convient d'ecarter l'eventualite d'une influcnce latine medievale. Pour Ies
memes raisons, il nous faut ecarter aussi l'hypothese d'une influence directe
du latin a l'epoque du Bas-Empire, avant le VF siecle de notre ere, influence
qui se serait exercee sur le slave commun.

356. Les termes ctudies ici se rattachent a des croyances religicuses


d'o:.-igine pa:ienne, voire a certaines pratiques de magic ou de medecine popu-
laire. L'un de ces tcrmes, lundtik «somnambule», le montre clairement. Selon
une croyance populaire tres ancienne, Ies somnambules subissent l'influence
<le la lune. Cela s'explique evidemrnent par le fait que dans leur marche incon-
sciente et notamment quand ils montent sur Ies toits des maisons ou a la
faîte des arbres, ils semblent subir une tres forte attirance de la lune. D'ai-
lleurs l' Antiquite considerait la lune commc une divini te, que Ies Romains
honoraient soc1s le nom de Diane. L'identite de Diane an.:c la lune est attcs-

80 Pour Ic mot scrbocroate. voir SER, II, p. 331,

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<452 H. Mibăescn

tee par nombre d'inscriptions latines. Cette identitc explique le synonyme


latin <le ce terme qui designait le «somnambule I), a savoir: dianaticus, d'ou
devait tirer son origine le rnot roumain zănatfr « fou, debile rnentalerncnt 1>;
di·anaticus est, ainsi qu'on l'a affirme depuis longtemps deja, un derive du
latin D1'.a11a et le mot roumain zănatic en est le continuateur evident et non
pas un derive du rourn. zfnă <c fee & ( comme le pensent certains linguistes).
Si le mot roumain zînă provient de Diana, il est hident aussi que zănatic
a ete cree d'apres le modele deja existant fourni par luna - lttnatfr11s d que
le phcnomene a du se produire alors que Dianc etait encore identifiec awc
la lune. Par consequent, le terme l1111d!i"k a penet re chez Ies Slaws grâce a
cct cnsfmble de circonstanccs, et il en est certaincment de rneme avec le
terme luna. Ce geme d'influcnce cxercee sur Ies Slaves par Ies populations
rcmanrs ,·ivant dans le bassin du ~foyen et du Bas-Danube et dans la Pe-
nimule balkanique n'a ricn d'inrnlite. Le savant roumain Vasile PârYan 81
a demontre le role tenu par Dianc dans la religion de la population romanisce
du Bas-Danube, ou son culte a du supcrposcr (toujours selon Pârvan) un
culte anterieur, celui de la Grande Deesse (la Terre-Merc). Certa.ines croyances
populaires des Rournains comportent cncore qudqucs vestiges de ce culte,
vestigcs qui se laissent surtout saisir dans ccrtains chants populaircs 01'.1 la
deesse antique f igurc sous le nom de Sora Soarelui « Sreur du Sole ii "ou en-
corc dans Ies contcs populaires qui cn parlcnt cn la nommant Jana oul/cana
(Co)si11zia11a (voir a ce sujct N. Densuşianu 82 , G. Co~buc 83 , \'. Pân·an 84 ).
II est ccrtain d'ailkurs que -ziana de Si1lzia11a continue l'antique nom de
Dia11a, avcc une m0dification phoneti quc d'apres lli:ana (Helene); Sin- pour-
rait nprescnter Ic latin sancta-, ccpcndant quc I a11a vicnt <lu memc nom Diana,
mais suivant un phonetismc grec ou slan. l'nc divinite aussi populairl' dans
la region du Bas-Danubc, unc <li\·inite qui provoquait, sclon Ies croyances <le
l'epoquc, des manifcstations aussi etrangcs quc le somnambulismc par exem-
ple:, ne pouvait guerc demcurer ignorec par Ies Slaves; c'est la scule e~;plica­
tion quc l'on puisse donner a la penetrat ion des tcnncs l1mâ ct lwuitik dans
Ies dialcctcs slavcs.
357. En realite, dans le cas du mot luna, il ne s'agit pas cffectivement
d'unc penetration du terme cn slave. Comme nous venons de le voir t n discn-
tant Ies theses de Berneker, ce mot dcvait deja cxister dans Ies langues
slavrs, herite du slave commun, mais avec un autre sens, apparente toutdois
en quclque sorte: celui de <i lumierc, reflet lumineux &. 11 est evident cependant
que le terme slave a du revetir une nouvclle signification sous l'influence du mot
roman deja mentionne. Cela explique d'ailleurs pourquoi le terme slav(· <!'ori-
gine latine prend le mcmc accent que celuii du vicux ~la\'C (mais dans unl' bonne
partie du territoire serbocroate le terme slave prcnait ct prcnd encore l'accrnt
sur la meme syllabe qu'en latin). Nous nous trouvons confrontes ici a un cas
particulierernent interessant de mot d'origine multiple (slave et latine tont
a la fois), dans le geme de ceux discutes a plusieurs repriscs deja par A. Graur85 •
81
Contribuţii epigrafice la vechimea crcşti11ism11lui daco-rnman, Ducart"!>t, 1911, p. 122-
124 et Getica. O protoistorie a Daciei, Ducarest, 1926, pp. 163, 640, 739, 74.i et 803.
82
Dacia preistorică, Bucarcst, 1913, pp. 111, 113- 119.
83
Elementele literaturii popora11e, o Noua Revistă Română•, I, Dncarest, 1900, p. 160-
164.
81
Contribuţii epigrafice . .. , p. 123.
ba Etimologie multiplă, SCL, I, p. 22-23 et dans Studii de lingvistică generală, l3ucarest,
1955, p. 26- 35.

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Les elements ]atins des iangoes slaves meridionales· 453

Le nouveau sens, celui d'origine latine, devait prendrc une si grande place
dans la conscience des locuteurs de certaines langues slaves qu'il en a efface
l'ancien, alors que dans le cas d'autres langues slaves cc nouveau sens n'est
jamais arrive a remplacer le premier, etant tout au plus relegue au second
rang et destine a disparaître avec le temps. En revanche, le mot luncitik est
d'origine exclusivement latine: il n'existait pas auparavant dans Ies langues
slaves.
35U. Toujours dans le domaine de la terminologie des croyances popu-
laires, une autre influence exercec par la population romane de la Peninsule
balkanique sur la population slave est mise en evi<lence par le terme slave
Rusalii (pl.). C' est le nom donne a une fete dediee aux morts et qui se trouve
deja mcntionnee dans la Chronique de Kiev (1068) (<lat. rosalia; cf. aussi
v. sl. rusalija, bg. rusalja, ser. rnsalje, rus. rusalja nedelja) 86 • Cette fete por-
tait aussi le nom de radunica ( < gr. po~cuvl(X), atteste dans la quatrieme Chro-
nique de Novgorod ( 1372) 87 , ce qui prouve qu'elle etait originaire de la region
orientale de la Peninsule balkanique, region dominee par lcs Grccs. Bien que
Ies Slaves aient du certaim'ment avoir eux aussi une fete semblablc, l'influence
greco-romaine dans son cas est, ainsi que le remarquc Niederle 88 , incontes-
table. Mais Ies Slaves donnerent au mot rusalja un autre sens aussi, celui de
e< fee», sens adopte egalcment par Ies Roumains au moment ou il emprnn-
terent cette fete aux Slaves 89 . Le point de depart d'unc telle evolution seman-
tique reside, comme A.N. Veselovskij l'a demontre 00 , dans le fait que la
celebration de cette fete s'accompagnait de danses rituclles, probablement de
tradition bacchique, executees par des personnages feminins qui re<;urent
le nom de rusalky; a partir de la, la sphere de signification du mot s'est elar-
gie jusqu'a comprendre Ies fecs, ainsi que Ies âmes des enfants et jeunes fem-
mes decedes.
359. Un autre temoignagc de l'influcnce exercec par le monde romain
paien sur Ies Sla-ves est represente, ainsi qu'on l'a, du reste, souvcnt reconnu,
par la presence des termes slaves koleda, koleda, koljada, continuateurs du
nom de la principale fete hivernale des Romains, Ies Calcndac, ct Trojanu,
devenu le nom d'une divinite qui apparaît chez Ies Russes au XIIe siecle,
dans le Slovo o polku lgoreve; ce dernier mot penetra chez Ies Slaves des la
conquete de la Dacie par Trajan 91 , la renommee du vainqueur ayant par-
venu jusque dans leur patrie primitive. Les Slaves ont donc deifie l'empereur;
on sait, du reste, que Ies Romains avaient couturne de deifier leurs empereurs.
Mais, certains faits nous font pcnser a un emprunt de date tardive .Tont d'abord,
on ne saurait separer cc mot du terme roumain troian « vallum, fosse avec
repli de terrain », d'ou troian de zăpadă 02 <( amas de neige, congere », qui est

86
Cf. Th. Capida.n, DR, III, pp. Hl- H2, 184-185.
87
Cf. L. Niederle, Manuel de l'a11tiqi1ite slave, II, p. 55.
8 8 Op. cit., II, p. 166-167.
89
Cf. Lazăr Şăincanu, Studii folclorice, Bucarest, 1896, p. 139, qni pense que cette fete
existait deja chez les Roumains avant l'arrivee-des Slaves, qui n'ont pas eu donc a l'y intn,duire.
90
Razyskanija, XIV, p. 270-280, ~ Sbornik otdelenija russkogo jazyka i slovernosti •,
1890; chez Niederle, op. cit„ II, p. 132-133.
91 Ibidem, II, p. H6.

1> Dans certaines regions., cga.lement ~ chemin, ruc » (d. Philippide, OR, t. 1, p. 725-
2

- 726 ct V. Bogrea, DR, III, p. -421-422), d'oil il pourrait meme avoir tirc le S('ns de t fosse
avec vallum •.

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454

d'origine slaYe. Or, ce dernier sens n'a pu etrc connu par Ies Slaves qu'au
moment de leur arrivcc a proximite des frontieres de l'Empire, donc au Vl 8
siede. L'origine de cctte cvolution semantique doit sans doutc resider dans
!'idee quc le Yallum romain etait l'reunc de Trajan, celui qui a\·ait conquis
la Dacic ct augucl on attribuait d'aillcurs a l'epoguc toutes Ies constructions
d'unc ccrtainc importance de la Peninsule balkaniquc !l:i. En deuxieme lieu,
scul un personnage romain deja pare d'attrilmts divins par la population
romanisel' de la Peninsule balkanique pom·ait fairc figurc de dieu chez Ies
Slaws, et c'ctait justement le cas dl~ Trajan. 11 sC'mblc difficile d'imagnier
awc L. ~icderlc guc Trajan a\"ait pris des dimcnsions mythigues au-dela
des frontiercs dL· I' Empire romain, panni ks pcupks de son Yoisinage imme-
diat, Dan·s liurcs et Slaws. En Cl' gui concerne ces derni~rs, ils n'ont pu ap-
pren<lrc son cxistt·ncr· gu'unc fois nouc~·s d'etroitcs rclaticms avec la popu-
lat ion romaniste <lH ~Toycn ct du Bas-Danube, par con<:equcnt au vie siecle.
C'l'st \'Crs cette memc C-por1uc l}lll' furent attribues a Trajan Ies vallums ro-
rnains ele Cl'S n'.·gicn;;. Au fil dL·s âg.·s, le nom de l'empcrcur ne devait plus
dt'.·~i;::-nC'r la pnsoirnl' qui a\"ait ordonnt'.· l'amenagl'mcnt des vallums, mais
Ic~·· \'allums-m&mcs. Quant a l'a<:pcct phonctiquc du mot dans le cadre de
cf'ft h~·pothe:-c, il ne posl' gHl.·rc c!C' prohlenws, car il pcut n'etre pas un em-
1•

prunt au latin Yulgairc (qui Ic pronrmi;ait *Tr,1:1rn11 ou Traganu) 94 , mais


plutât un emprunt au mon<le grt'c du littoral pontique et de la Peninsule
balkaniqtw. II y a, <l'ailleurs, la possibilitc que la population balkaniguc de
langue latim· n'ait pas <lonnc au nom Tra1·a11us la fo1mc supposee par son
c\·olution phonctique, carlagranJ,: popularitc'.· dont l'l'mptwur jouissait parmi
Ies fouks rl'n<la i t possi i1lc <lans son cas um· influcncr Ii tteraire sur sa pronon-
ciat ion. Par la suih-, J1•s Roumains preten·nt cettc divinitc aux Slaves. De
nos jrmrs (·ncorr, cette di' initc figurc comnw personnag-e central, sous le nom
de bâdic11 Traian («perl' Trajan *) dans tme sortl' de recitatif traditionnel
le juur dl' l'an, quand des groupcs tk la jl·uncssc paysanne vont de maison
en maison u1 pou:-sant unt· petite cbarruc par~l' l'l ("11 rt'.·~itant des vers qui
C\"uquent l'hi:-:toire du travail <lu champ d1:puis la mis·~ cn tcrre de la graine
ct jusqu'a l'oMention du pain; Vl'rs ct coutumc sont connus sous le nom
dr: l'luguşor (diminutif de plug « chamH' 11). Le poete \'asile Alecsandri, gui
fut le premier a recucillir ces vrrs, n'a c1~rtcs pas invrntc le personnage de
Trajan, il n'a fait que « rclatiniscr i> au point de 'ue phonetique son nom.

:u;o. \"raiscmblahlcment. Ies mots polonais str-:vga ct strzygon « vam-


pirc, rewnant ••. qui se n·troun:nt egalcment chcz Ies Slovaques et chez Ies
Slovinccs du nord de la Polog1w, rcpn;scntcnt cux aussi un emprunt fait vers
la menw epoque aux peuples romans 95 • :Mais tout aussi possible a ce propos
serait unt· inflrrnce tardi,·e des pâtres ronmains qui ont parcouru de vastes
espaccs; c'cst cc dont cn temoigne cncorl' plus clairemcnt le mot strzyg01~.
ainsi guC' toute la tl'nninologie pastorale d'originc roumaine drs langues sla-
ves scph n t rionales.

361. 11 resnltc que l'influence de la population romanisee de la Penin-


sule balkanigue sur Ies Sla' es a etc particulierement forte a cettc epoque
93
Cf. C. Jirccek, Gr.schicl1te dcr Sl'rben, I, p. 51-58 et \". Bogrea, art. cit., p. 420-421.
»·• Cf. Philippidc, OR, 1, p. 726 el 2, p. 205-206, notes.
vs Cf. Briickncr, op. cit., p. 523, Ic premier ii. cxpliqucr ces emprunts par le latin st„iga.

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Les elements la.tins des langues slaves mericlionales 455

ancienne, notamment dans Ies domaines des croyances populaires, des fetes
et des pratiques de magic. Ces exemples ·de transmission de certains faits
ethnographiques et linguistiques greco-romains jusque dans Ies territoires de
languc russe intcrvenue aprcs l'etablissement des Slaves dans la Peninsule
balkanique viennent a l'appui de la these de la diffusion du mot l·untilik parmi
Ies Slaves orientaux, tout en rendant plausible aus!'i l'idee que le mot slave
lunâ a gagne un sens nouvcau sous l'influence du monde roman. Ce qui parais-
sait impossible ou ne pouva-it passcr que pour influencc litteraire tardive
quand on considerait le fait isolemcnt, apparaît comme tres naturel si l'on
envisage l'ensemble du proccssns de l'influence greco-romane sur Ies langues
slaves, juste apres le contact cies Slavcs a\·ec cc mondc meridional.

La te1'n1inologie de la culture materielle


362. Vers la meme epoque, toute une serie de tennes lies a certains
aspects de la culture materielle commcncerent" a pcnetrer dans Ies dialectes
slaves meridionaux. Quclqucs-uns s'appliquaient a des realites caracterisant
la civilisation du temps et '· parmi cux, notons en premier li cu ccux apppar-
tcnant a la terminologic de l'architccturc citadine et a celle de la clefcnse mi-
litaire.
Le lat. palatium et sa fonnc vulgaire *palatum 96 sont tous Ies dcux
entres dans Ies langues slaves meridionaks, en passant au feminin: ser. (bos-
nien) polaca, polata « palais »; bg. polata « palais » (cf. Cod. S1tprasl.), (de nos
jours) <1 vestibule de l' etage superi cur d 'une ma ison rustiquc » ; on retrouve le
mot en russe aussi, polata 97 • Les tcrmes tch. palâc <i palais », pol. palac, idem
ont ete adoptes par l'intrnnediaire de l'allemand, ou Palast presupose un
*palaz (= *palats).
Le lat. balneum, dcvenu probablement cn latin vulgaire '~bannium,
*bannia (< etablissement de bain, bain publique; sallc de bain a l'interieur
d'une maison » devait entrcr dans tous les parlcrs slaves meridionaux: v. sl.
banja, bana, bg. banja (= ban:i), ser. banja 98 , ayant aussi servi de point de
depart pour plusieurs derives. Quant au mot dr. baie « bain; mine». ar, bane,
idem, il prouve que pcndant longtemps sa prononciation a du Ctre *bm~na,
car la prononciation ?Jana aurait corduit a *bîie; il est possiblc pourtant qu'une
forme bana se soit pcrduc cn roumain et a ete ensuite empruntec aux Slaves.
Le lat. porta «porte» (cf. r. poartâ, mediogr., ngr. 7top·w:, alb. porte,
tous avec le meme sens) fut adopte aussi par le ser. et le bg. (porta, porta).
De meme, le lat. scala <i cscalier 1>, consene cn roumain (scară <i escalier,
echelle I)), neo-grec (crxoc),oc) et albanais ( shkalC), se retrom e en scrbocroate
ct en bulgare; en russe aussi, mais dans ce demier cas il peut s'agir d'un cm-
prunt tardif au neo-grec. Apres les devastations des regions dace ct mesique,

96
W. Meyer-Liibke, p. 505 n'.enregistre pas la forme *palatmn, qni ~e trouve a la base
des formes slaves meridionales a·1cc t, du raguzain palata, du log. f•alatu et cln cat. palau. Le
latin vulgaire considerai t Ies classiques palu.ti1m et pa lut iuw comrne des ·1ariantes phonetiques
d'un seul et meme mot.
97
Vasmer, II, p. 391, supposc a tort unc origine uyzantine <lu nH.t (mx:l.~nov). ll a pro-
bablement pense devoir l'admettre compte tenu du fait que le mot ne comporte pas un ţ( =
= ts), mais unt. Toutefois, le latin vulgaire usait aussi de la forme avee t.
98 Voir Romanski, op. cit., p. 92-93 et I. Popovic, op. cit., p. 589.

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(56 H. Mihăc!'cu

Ies chftteaux n'ont subsistc quc dans la zone dalmate. C'cst pourquoi, le lat.
castcllu.m ne s' c~t conserve qu' en serbocroate ( llasfcl) ct albanais ( kashtell).
Le lat. cisterna « citernc; resenroir d'cau des -villcs ct cites •. perdu pour le
rnumain cn raison des devastations susmentionnees, de\· ait laisser des traces
dans Ies langues slavcs meridionales; on le retrouvc dans le vieux-slave:
gistailia, ainsi que dans le ser. gustijema, b1:st1jcrna, provcnant du dalmate
ancien gusterna 99 • Les formes serbocroatcs sont a la basc du mot bulgare
sten1a « citcrnc • ct des formcs slo\.enes st(}ma, sl(}rnja « Zichhnmnen, Schopf-
brunncn •. dont le {;- pourrait trouver une cxplication dans le fait que le
point de depart des termes rcspectifs comportait une affriquec initiale: *cis-
ten1c1.
Le lat. p!alt'a (egalemcnt pcrdu en roumain) «place d'une villc • se
rctrom·c dans le ser. ploea « dalle de pierrc; Plattc; platcau •.

:JG:J. Cnc autre scrie de tcrmcs latins s'appliquaicnt a des realites com-
mu1ws dl' la villc et du villagc (la cncore quclqucs-uns se sont perdus en rou-
main1: lat. cocton·um > hg. Implor, lwptor, alb. lwftor, r. wptoriu (et cup-
tior; 100 , <l'une part, le lat. jumu.s (I four, llackufkn • > bg. juma, vurna,
lmm,1,jurnja,jămja, conserve aussi cn ar.junm, gr. q>oupvoi;, alb. jun (mase.),
jurr,·; (fem.), d'autre part. Lat. ca11u:nus >ser. lwmin « Hcrd, Kiichc, Rauch-
fang 11, slavon kumi11i, l.:umrnf <1 âtrc, Hcrd 11, bg. lromi11, tch. k6min, kamna
<i po~le 11, pol. komin « Rauchfang 1>, russc komh1; Ies bg. /;;amin, russe kamin,
k.m1i11a, alb. /;;amine (( poelc. vicnncnt du neo-grec XCX.(J.LVO~. :X.Cl(J.LVCl. Le pho-
neti;-;nw du mot albanais lmmi11e s'cxpliquc par la forme serLocroate avec
UII u.
Le latin hortus s' L'st conscn'c cn scrbocroatc: vN. L:- ser. skudla provient
<lu latin scandttla, gardant la ml-mc signification; l'allemand a cmprunte
lui aussi ce mot (cf. Sch1~ndd). L<' latin canaba (ca1maba, canapa) «tente, ba-
raque; caLarct • a donne Ic scrbocroatc lwnoba (les mots ser. llosao (gen.
ko.rn fo) <1 ma ison dcrnolic • 101 , alb. kasollc, /;;1~ solie. (I chaumierc • provicnnen t
du lrnlgarc ou du neo-grec et la prcsencc du s prouvc quc Ic terme est nouveau,
d'une date posterieurc au X 0 sicclc).

:JG'.. Il convi<'nt de notcr aussi Ies noms d'origine latine donnes a des
objc·ts d'utilite courante dans le mcnagc: bg. mesdl, mjasdl, misâl « piece de
toi!., <lestinee â couvrir la pâtc dont on faisait le pain; piecc de toile de gran-
de~ 1limcnsions pour rccouvrir des objets; nappe, Tischtuch <lat. me- „
die\·al ma11salc, mensalis, Iat. vulg. *1ne,sdle, cntrc cn grec aussi: µ.s:crocA.L, µ.::crocA.Lo''
« nappe; Tuch zum Zudecken des Brotcgcs •. [.L:xvcrocALov, µ.r.vcrcl.A.Lov, ainsi
qu't·n alb. mesa/le <c langcs; napperon; schmallC's Tischtuch, Tisch Gastmahl •.
Le slave ecclesiastique slwmimi, bg. sk6men « chaisc • < lat. scamnum, idem
(cf. ar. scanmu, gr. byz. crxiiµ.vov, crx.ocµ.v[ov, ngr. crxiiµ.voi;, crx.zµ.v[i;). Le lat.
camp,ma <1 balance romainc, peson; cloche » > sl. eccl. kQpona, kQponu, bg.
kăp6ni (plurale tantum); Ies formcs bulgares kăpăiii, kăpani, lwpani viennent
probablcmcnt du ngr. x.cx.µ.r.ocvoi; (I balance •.

9
Des a.ttesta.tions en serbo::roa.te che7. C. J irc~k. D ie Romanm, I, p. 90.
~
100
Voir I. Pctka.nov, Origine, signification el diffusion du mot koptor {kofttJT) dans le$
lu11g11,s ballwniques, « Izvestija lnstituta.. za bălga.rski c7.ilc •, III, 1954, p. 296-303.
101
Yoir P. Skok, ZH.Ph, L, 1930, p. 448.

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Les elCrnents Jati11s. des Jangnes- sla·;-es- meridionales 457

365. Unc autre categoric de noms d'objets provenant du latin s'appli-


quent aux divers recipients. Le bg. băkăl, băkal «recipient de bois destine
a contenir de l'eau », băkli, băklica ((recipient de bois destine a contenir du
vin » (= ploska), "IYukla, buklja, idem; ser. buklija, dim. buklica; on retrouve
ce mot en grec aussi: µ~ouxJ..oc, µ~ouxAt-rm:x. «recipient de bois pour le Yin »
et en aroumain (ou il est d'origine grecque): Melă, lrucliţă, toujours avec le
sens de «recipient de bois pour l'eau et pour le vin», enfin, l'albanais lmklî
• aiguere de bois; pot a eau de bois l) pourrait nprescnter un derive du grec
en -f.ov, -Ei:ov. A l'origine, le mot provient du latin buccula, bucula « sorte
de vase; Spangle; Kochfefa.13 ». Le bulgare konata «pot a vin d'argile; cru-
che d'argile » vicnt du latin medieval cannata, qui caracterisait, probablement,
aussi le latin vulgaire, avec la meme signification; le ser. k6nata, idem (cf.
aussi sic., cal. abr. cannata <c pot d'argile, coupe, bouteille »; gr. xocvvcY.::-oc;
alb. kenate); en latin, le mot est un derive de canna <c pot; Kanne ». Le bg.
kupa, ave~ ses dim. kupica, ki'tpicka « assiette creuse; tiefer Teller », ser.
kupa, slov., tcheque kupa, alb. kitpe, idem <lat. cuppa (C Becher l) et cupa
•grand vase en bois, tonncau; Kufe» (deux mots differents avec des sens
differents, que le latin balkanique finira par confondre en un seul mot) (c f.
dr., ar., ir. mpâ <c Becher; Holzgefă.13 »; ngr. xourroc «Becher»; alb. kupe
({ Trinkschale »).

366. Certains mots appartenant a la terminologie vestimentaire du latin


vulgaire se sont imposes dans une aire relativcment vaste de la region balka-
nique. Le lat. vg. calcea (atteste au VIIie siecle) 102 se trouve ala base du serbe
oriental klasnja <c pantalons 1> 103 ct du bulgare occidental klasnja <c sorte d'etof-
fe grossiere de laine ». Le slovene presente la variante lzlata, deja signalee
par Skok 104 , qui n'a pu expliqucr son phonetisme; celui-ci provient assure-
rnent d'un dialecte roman (comme E. Kranzmeyer l'a admis, tout en parlant
d'une <c langue romane »), ou c s' etait transforme en h 105 ; le derive bg. klas-
11ik, klasenik comporte des sens rapproches: « veternent sans rnanches; sans
rnanches en laine grossierc; long vetement a manches a l'usage des hornmes;
vetement de femme, a manches courtes et retroussees » (cf. aussi le bg. occid.
dans le compose vlac'i-klasno, avec une formation similaire au roumain tfriie-
brîu, Ies deux avec le meme sens de <c traîne savate » (trad. litt. du bg. <( qui
laisse traîner ses braies »); on y constate que le lat. -cia a donne la un s ( < c?)
au lieu d'un ţ. Quant au bg. kalcuni, kalCini, il semble un emprunt tardif
fait au roumain, qui a du connaître une forme călCune, conservee en Macedoine
(călciim(e); c'est un emprunt certainement tardif, car s'il etait ancien, le
mot contiendrait la sequence -la- au lieu de -al-; de meme, le bg. kalcuni est
un emprunt tardif a l'italien calzone; en dr. le mot s'est perdu, le regionalisme
colţun <c bas, chaussette » semblant lui aussi un emprunt tardif a l'italien cal-
zone.
Le bg. kacula « Kapatzc, Haube, Schupf; bonnet de fourrure », ainsi
que la forme kacul (qui sert egalement a designer la plante Polygonum convol-
vulits et l'alouette ou Alauda cristata) a pour correspondants en dr. căâulă,

102 Voir Cororninas, s.v., Lite par Fetlwr.c,v, ACILFR, p. 1026.


1oa Voir I. Popovic, op. rit., p. 587.
10 4 ZRPb, L, 1930, p. 448; SER, I, p. 670.
105
Fruhromanische Afundartcn zwisch<n Donau und Adria in. devtschen unei slavischen
Ortsnamen, ZNF, 15 ( 1939), p. 193.

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458 H. MiMescu

ar., mgl., căciulă, căciuă « bonnet de fourrure »;alb. kacul (et le fem. kacule);
ngr. xoc-rcrouÂ.oc « Miitze, Haube, Kapuze; capuchon •. Suivant certains cher-
cheurs, le mot viendrait du latin, mais olus probablement il s'agit d'un mot
d'origine thraco-dace; cn albanais, le mot n'est pas originaire, car au debut
il remplissait une fonction metaphorique.
Le bg. kapa « bonnet », ser. kii,pa figure aussi dans d'autres langues sla-
vcs; on le retrouve cn alb. kape « mantcau, cape •. ngr. xoc7t7toc, idem, ar. capă
<t mantcau en poil de chevrc • 10 6 ; ce mot n'cxiste plus en daco-roumain.
Les bg. guna « fourrure •. gunja <! manteau en poil de chevre t, ser.
gunj « sortc de survetcment •. slov. gunj, gw~ia « couverture, robe (en laine)
grossiere ». tch. hcnmt, pol. gunja, ukr. lmnja, russe guna, gunja «robe usagee;
haillons "; alb. gune « cape en peaux de chevre », ~un « vetement qui descend
aux genoux»; gr. byz., ngr. youvoc, youwoc (cf.aussi hong. gunya «Biindel;
robL' l) et lith. gunc « mauvaisc houssc de- chcval »). cependant que le mot est
disparu du daco-roumain; notons la difficultc <l'expliquer la variante avec
-ja remplac;:ant l'-a.
Le bg. Ja.fo «bande de cu ir, courroie en cu irc»; r. faşă <c bandage, bande,
langcs»; alb. jasltqe <cbandage, langcs», Jizshke «Wickelband; lange»; ngr,
qioccrxLoc, idem; ks tennes roum. et alb. (jashkc) continuent le lat. fascia.
quant a l'alb. JashC, de mcm" quc Ic bg. jafa Cf' sont des emprunts au roumain.
cepL'ndant qu~ le tennn neo-grec acte cmpruntc soit au latin, soit a l'albanais,
U \'. Sl. kaliga lO? (( Semnlle t < lat. Caliga (C Ch<lUSSUre a lacetS; SOrte
de brodequin porte surtout par Ies simplcs soldats; sc-melle 1>.
Le bg. ld1t:!Ytl (< cch~VC!:lll P'">Ur l'ourdissagc des tapis. 108 ; ser. kditura
(I echcv. ·au de coton • lO!l; ll,ST. XOC'J'J1llp:X 1 -:o G'7'1)fL:,'JL TWV &.q>IXG"fLOCTWV l) < dr.
<

caiiură, ar. cm1tră, ciinoară « ICtm:nh1.'.,:"C'; abats de' Iai ne cardee; blousse »;
le mot ronmain SC'rait d'apre:; C•'rtains chc-rc~1curs 1111 derive du lat. caro <1 Kam-
peln •> cr~c avec I,.. suffixe -ul.1: ;;,.clrul:! ct, par di.~similation, *canura no,
mais p:)ur notr•: p:ut, nrms l'stimons qu'il s'agit plntt.>t d'un terme d'origine
thracr>-dacc·: *c,mn1tla, *cannolu.
:JG7. Les Slavcs ;n '·ridionaux ont con nu k savon et la lcssivc a l'epo-
que de leurs premi'.TS contacts avcc la !ang:.1c latine du Sud-Est de l'Europe:
lat. sapo, -oni-; > bg., ser., d. saprm, ngr. cr:x;:o{rn « savon •: selon Scheludko 111 ,
a la basc des tl'nill'S relevcs dans lcs lan~ues slaves meridionales doit se trou-
ver la forme italienne sapone, a part ir dr: laqucllc vicnnent aussi le terme grec
ct le roumain s.ipnn. Il arg-nmente sa thesc comme suit: <c Das Wort verbrei-
tete sich mit die Sache, und dass cs nicht die Rum:mcn warcn, dic im Mittelal-
tcr die Balkanhalbinscl mit Seife versahi~n. dafi.ir sind keine Kommentare
notig ». Mais le probleme n'est pas de savoir si le savon s'etait generalise
dans la Peninsule halkanique au Moyen-Âgc grâce aux Roumains. Le fait
est que cc produit etait deja connu par Ia population de langue latine de tout
l'Empire (il s'agit d'unc invcntion des Celtes ou des Germains), introduit dans

108
D'aprc:; G. Meyer, Etymologischcs Wărterbzcch dcr albrmesischen Sprache, s.v„ le mot
albanais vient de l'italien.
107 Voir Scheludko, op, cit., p. 274.
108 IlER, II, p. 210.
109 SER, II, p. 36.
110 TDRG, p. 277.
m Op. cit„ p, 231.

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Les l>lcmcnts latins des Iangnes slaves meridinn;tles 459

la Peninsule balkanique a l'ipoque de la domination romainr. Donc, une fois


arrives sur Ies lirux Ies Slavcs cn prirent connaissance cux aussi. 11 St'rait
difficile de pretendre que Ies Roumains ont oublie par la suite ce produit,
pourn'cn reprendre connaissance que plus tard, par l'intermediaire des Italirns,
des Serbes ou des Bulgares, V. GeorgicY accepte potu le mot bulgare l'ety-
mologie roumaine 112 , mais Popovic 113 s'y refuse, en ralliant la position de
Schedulko potu Ies memes raisons tcnant de l'histoirc de la ciYilisation ct qui
denient aux Roumains l'acccssion a une civilisation superieure au l\foyen-
Âge; c'est pourquoi il propose pour Ies tcrmes bulgare et serbocroate une ety-
mologie latine. Ce fai<;ant, il rcconnaît implicitemcnt ce qu'iJ contestait aupa-
ravant, puisque Ies Latins qni vivaient au Vle siecle dans la Peninsule balka-
nique sont justement Ies ancetres des Dalmates et des Roumains. D'ailleurs,
rien ne s'oppose J. l'idee que le roumain săpun ait pour origine le latin sapo,
-onis; cela d'autant plus que toute une serie de mots d'originc latine termi-
nes en -e, cărbune (( charbon » ( < carboneni)' tăciune (( tison » ( < titionem),
etc. coexistent avec d'autrcs mots presentant deux formcs quant a leur termi-
naison: avec et sans un -e, soit: berbece-berbec <c belicr »,şoarece-şoarec <csouris »,
pîntece-pîntec « panse », anine-arin <c aune », etc. ce qui temoignc du fait que
la forn;e săpun, sans la tcrminai-;on en -e, est nee elle aussi sur le terrain du
roumam.
Le lat. lexi<:a <c lessive », conserve rn roumain (leşie), a et6 cmprunte
par Ies Serbes sous la forme lusija, liksija, ct par Ies Bulgares sous la forme
lesija, liks~ia aux ancetres des Rournains, preuves en etant Ies transformations
de ss ou x en 8, respectivement ks. Schedulko fait clonc erreur en affirmant:
«Rum. leşie betrachtete ich nur als Parallele, nicht als Quelle der slavischen
Formen ». Les Grecs ont emprunte eux au::si ce terme latin, sous la forme
&A.La-(~~; de Ia, le bg. lisiva; mais le bulgare comporte aussi la fom1e lisida
que Schedulko explique commc <c eine \Veiterbildung mit Hilfe des aus dcm
griechischen stammenden Suffixes ».
368. Les Slaves du Sud dcvaient emprunter cgalcment au latin balka-
nique la terminologie metallurgique, que le roumain a perdue cn partie. La
technologie du fer etait a l'epoque presque generalem('Ilt connue en Europe,
depuis le premier âge du fer, cependant que l'acier represcntait une invention
de date plus recente, probabkment du temps de l'tpanouisscment de l'Em-
pire romain. C'est pourquoi, le lat. aciale <c acier » a etc empmnte par le vieux-
slave, ou ce mot apparaît sous Ies fcrmes oci!li, ocelit, alors que le roumain,
ayant perdu un hypothetique *aţare, a pris au slave le terme devenu oţel,
idem. En revanche, le roumain a conserve le latin scoria, devenu scoare <c sco-
rie », bien qu'il use plus frequemment du terme zgură, qui semble d'origine
albanaise (cf. sgyre et a une phase anterieure *sgure); la transformation du
o de la forme grecque a-xwplet. qui se trouve a la basc du mot latin est exccp-
tionnelle pour l'albanais et elle n'apparaît pas en roumain.
Le mot bulgare spuza <c cendre chaude, avec quclques restes de tisons »
vient du lat. vulg. *spirdzia, *spudza < spodia; le roumain (dr. spitză) et
l'albanais (guegue shpuze) l'ont egalement conserve. Tout comme dans le
cas du mat precedent (scoria), le latin l'a emprunte au grec a-n6aLOv, pl.
crn6aLet..

11 2 Văprosi na bălgarskatc fl:mnfr:.g1'ja, Sofia, 1958, p. 51.


113 Op. cit., p. 589.

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460 H. Mihăcscu

369. Termes designant quelques boissons ct quelques epices specifiques du


Sud-Est europeen: v .sl., bg. ,etc. vi1w (mot commun a toutes Ies Iangues slaves)
< lat. vinum (cf. r. vin); ce rnot y a penetre soit par l'intermediaire du gothi-
que 114 , soit directernent 115 ; ": sl: mustu« mout •, bg. măst, ser. mâst, tcheque
me-st, russe mest <lat. mustum, idem; le terme se retrouve en roumain aussi
avec le meme sens (dr. must, ar. mustu), de meme neo-grec µoua"ro<; (cf. gr.
byz. µoucrTov, [.L~ucrTo:;) et en albanais musht.
Le ". sl. ocitu « vinaigre », bg. oced, ocel, etc. (le rnot existe dans toutes
Ies langues slaves} <lat. aatum, idem. Tout comrne vino, le mot a ete consi-
dere comme un emprunt au gothique ( akeit = akit) 116 , rnais Jireeek 117
I' estime comme emprunte directement au latin; si tel etait le cas, il serait
difficile d'e>..-pliquer lejer palatal rempla~ant le latin e, bien que le lat. Grae-
cus soit devenu en v. sl. grziku.
Les fonncs bg. lwlestra, kulastra « erste Milch nach dcm Weifen; petit
lait », avec Ies correspondants dr. colastră, colastă, curastă, coraslă, ar. culas-
tră, mgl. gulastră, ngr. xouA(crTpoc « Bicstmilch », youALcXO"Tfl<X « lait d'accou-
chee 1>, xALoccrTpoc o lait pauvrc de bete; premier lait de la chevre • <lat. vg.
*colastra au licu de colostra et colostrum, modifie peut-etre sous l'influence du
suff ixe -aster; Ies formes du ngr. xoMcrTpoc, xA6crTpoc viennent du terme latin
forrn0 av1?c -lo-. Quant aux termcs ukr. lmrastra, slovaque korastva, ils sont
emprnntes au roumain.

:no. Les Slaves ont l:mpruntc au latin une partie ele lcur terminologie
ichtyologiquc:
V. sl. *jt;.g1tla, *}t;_gulja, *jQgula, *cg1i!a <1 anguille », bg. egula, rnaced.
angitl.i, dg11lja, jQgula, jagula, je11gdja, ser. jcgdja, slov. Jcgiilja <lat. an-
guill..i; v. sl. nzilriJna <1 barbeau, Cyprinus barbus », hg. mr{nd, mrenka, ser.
mrena, slo\'. mrcna, tchequc mfcnka, pol. mrzana. brzaita < lat. murena <
< gr. ancicn [.Lupcu•1oc; le roumain mrcimă est un cmprunt au vicux slave 118 •
371. Le latin devait fournir aux Slaves un~ partie de leur terminologie
s'appliquant a la faune et a la flore typiquc du Sud-Est de !'Europe, comme
suit:
Lat. pava, -onis> bg. pau11, pav1'tn, fcm. pa1mica « paon t, ser. paun
(cf. aussi l~s formcs dr., ar., rngl. piiun).
Lat. vulg. *buvalztsou bFijalzts<lat. bubalus <1buffle l)>bg. bivol, fem. bivo-
lica 11 bufflc 1>, bivol, bivola <1 (bot.) Datura stramonium », ser. bivo, gen. bivola,
slov. bivol, a. russe byvol, russe, ukr., a. pol. bujol. Cc mot, d'origine grecque
(~ou~ocAo<;} s'appliquait auclebut a la gazellc d'Afrique, mais, a partir du Vl 8
siecle, quand le buffle apparaît en Europe, on lui donnera ce rneme norn;
aussi, le latin occidental a-t-il toujours designe le buffle par le rnot bubalus.
On ne saurait preciser quant au roumain, qui a herite de bubalus dans le sens
d't aurochs », s'il a donne a cette bete son nom en partant de l'idee de <c buffle»
114 Co:nm'.! l'ont soutenu Uhlenbeck, ASIPh, XV, p. 432 et Hirt, P.B. Deitrăge, XXIII,
p. 338; cf. goth. Wein, 1:1in (·mir a.ussi o Vierteljahrsschrift f. Soz. und Wirtschafts Geselschafts •,
III, p. 278.
116 C. Jire~ek, Die Romanen, I, p. 36.
118 Voir Uhlenbeck, art. cit., p. 489 et Hirt, art. cit., p. 338 et 341; cf. aussi M. Bartoli.
Zbornik u slavu Vatroslava ]agi~a. p. 37.
117 Op. cit., I, p. 36.
ne DLR, VI, p. 931.

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Les 616ments latiru; des langues slaves meridionales

ou bicn si des le debut le terme designa l'aurochs. Pour ce qui est des lan-
gucs slaves, les formes ou le u est remplace par y et pari sont originaires du
latin parle dans la region du patriarchat d' Aquilee, alors que celles en u
viennent de la Peninsule balkanique.
Lat. turma « attroupement » > bg. turma, ser. turma, slov., pol., ukr.
turma (cf. aussi dr., ar., ir. turmă« troupeau » 119 , alb. turme« multitude, attrou-
pemcnt, troupeau )), gr. byz. Toupµ.oc «grande unite militaire »); pour ce qui
est de l' ukr. et du pol., le mot respectif peut provenir du roumain.
Lat. maturus «mlir; adulte» > bg. mcitor et Ies derives mdtoren, ma-
torist « vieux, âge »; mtitor est aussi le nom donne au « bouc de plus de 3 ans »
et a la plante T hymus serpylum; cf. aussi (o), (za) matorejam 11 vieillir, pren-
dre de l'âge », :::cr. mator; Ies autres langues slaves connaissent egalement ce
mot 120 , auquel il convient d'ajouter encore Ies formes du v.sl. matoru,
zamatoreti 121 •
Lat. mulus >ser. mul (slov. mula) bg. mule i! mulet •, haut sorabe
mul, pol. mul, ukr., russe mul; cf. aussi alb. myll, gr. µ.oul..oc;, µ.oul..oc. Ce mot
a du exister aussi en roumain; dans cette demiere langue son phonetisme de-
vai t etrc *mur, *mură, ce qui conduisait a une homophonie avec mur, mură
« murier, mure» (<lat. morus, momm) 122 et avec le mot d'origine thraco-
dace mură « caillette; Labmagen » 123 (cf. alb. multe <' estomac, caillette »).
Dans Ies langues slaves du nord, le terme s'est propage a travers le germani-
que, de l'avis des specialistes, mais il n'est pas impossible qu'il se soit repandu
aussi par l'intcrmediaire du roumain. Pour ce qui est des territoires balkani-
que et roumain, il devait finir par ceder la place au terme d'origine grecque
yoµ.&.pL (r. măgar, alb. magar, bg. magare, etc.).

372. La terminologie d'origine latine appliquee aux plantes et aux


arbres:
Lat. basilicum > v. sl. *basiUku « buis, basilic », bg. bosilck, bosiljak,
ser. bosilllc, bosiljak, slov. bosîljak (la langue d'eglise, car le terme qui se rat-
tache au rituel orthodoxe, a conserve l'i; Ies formes bg. bosilj6k, ser. b6siok,
slov. bosîljak, alb. bosil6k, dr. reg. bosiioc, idem, offrent la transformation
de e ou je cn o, respectivcment jo, qui semble avoir intervenu dans la zone
ouest de la Peninsule balkanique, autrement dit en serbo-croate et slovene
(on retrouve le phenomenc egalement en venitien et en frioulan) 124 ).
Lat. jaseolus > bg . .fasul, jasutj (derives: jasulece, jasulice) « haricot »,
ser. jasulj, pasulj, idem; ngr. cpoccroUl..L (Ies variantes slaves en -j ou -lj s'ex-
pliquent justement par le grec) (cf. aussi alb. jasulJ); la forme roumaine
jasolă, pl. .fasole vient du grec (gr. cpoccr6A.L cn usage en Grece centrale, gr.
<poccro1)A.L en usage dans le nord du pays).
Lat. cerrus > bg. cer <c variete de chene », cer6vo, cerovina, ser. cer «Zer-
reiche », slov. cer, tcheque cer, idem (cf. dr. cer « chene chevelu, Zerreiche »,
ar. ţer, ir. tser; l'hongrois cser, malgre son sens identique au mot serbo-croate
-est pourtant un emprunt au roumain); alb. qar. qaar, qierr 125.

llo V o ir ci-dessus, §. 200.


1 20 Voir Miklosich, Etym. W ărterbuch, p. 184.
121 C. Jirecek, Die Romanen, I, p. 36.

12 2 Voir DLR, VI, p. 999, 1001-1002.


123 Voir ci-dessus, §. 223.
m Voir M. B:i.rtoli, Zbornik ... , p. 40.
126
Voir C. Jireeek, Die Romanen, I, p. 36; voir aussi §. 163 ci-dessus.

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462 H. Mibăescu

Lat. castammi "">- sl. cccl. kastanu, kostani"t, bg. k6stcn, kdstm, kestcn„
kiosten, kostan, ser. kostanj, sloY. Mstanj; gr. xcicrTcx'1ov (cf. ar. căstînu « châ-
taignier J>, câstîne, găstă9le « châtaigne », mgl. căstQnu, căstpnă, alb. kestcnje,._
geshtenje <lat. castaneus, -a). • • • . . _ . T

Lat. Yg. c(e)resia > "· sl. cersa, cersinJa « censc; Sullkirsche, \ogel-
kirsche », bg. bc§a, leresa, cercsna, ecrefoja, a. ser. crc{;illja aujourd'hui eres-·
nja, tresnja (le ragusain krijefo, kriesva, atteste des le xvre
siecle, est d'origine
dalmate), slav. ere{;nja, tch. tfef;e, tfe§ne, pol. tr:e811ja (cf. aussi l'allemand
Kirsche); le phonetisme des variantes slaves avec ir-, kr- est lui aussi d'origine
dalmate (kn·s « cerisil-r»).
Quelqucs plantcs typiqucs des regions mcditerraneennes, commesti--
blcs ou non, commencent a etre connues par Ies Slaves, qui Ies nomment
d'apres Ieurs noms latins: lat. cmmapis « chanvre » >ser. kanap (cf. r. cîne-
pă, alb. kanip, kamp, kfrp); lat. ccpdla « oignon »>ser. lwp1i.la (r. ceapă);
lat. lactuca <( laitue »'ser. lostika, lo<Hka (r. Uptucă); lat. cztcuia « cigue » >
> ser. kukuta (cf. alb. kukute, r. cucută).
~otons aussi le bg. tufa «petite bot te d'oignon » < r. tujă « buisson;
Strauch; Gtbiisch »; (cf. aussi alb. tujJ (C touffu; belaubte Zwcig; bouquet;
berccau de feuillagc; amas; Menge, Haufe »; ngr. -rou9oc «petit bouquet;
dichtes Bundbrrass; Hochmut ») 126 •

373. La terminologie commerciale a egalcmcnt influe sur Ies langucs


slaves meridionales. Retenons, par exemple, le semantisme typique du latin
balkaniquc presen te par Ic mot latin rati"one: passc cn serbocroate sous la
forme racii11, il garda son sens initial (ratio <i compte, calcul, livre de comptes~
registre, chiffre, somme 1>) ct non pas celui philosophique de <( raison ». Comme
P. Skok l'a remarque a ju~k titre 127 , la diffusion de ce terme s'explique par
la Yie commerciale de la Peninsule balkanique. Toujours a propos de l'acti-
Yite commerciale, Skok evoquc un autre mot serbocroate 128 , a savoir: sta-
cun (I boutique 1> < lat. statio, -om·s <1 Standort; station 1>, mais aussi <( licu
d'asilc, port, licu de campeme::nt, bureau du fi!'c, douane, logement, demeure,
factorie»; le sens pris par Ic mot cn scrbocroate sc retrouve seulement en
italien ancicn, en venitien, ainsi quc dans ccrtains dialectes rhetoromans
(le sursylvain, par exC'mple).
A cettc meme terminologie commerciale se rattachc encorc un autre
rnot slave et toutc sa famille: v. sl. *ceia, dans k compose cetoimistvo <c Un-
zucht ( < Gcldnahme); prostitution pour de l'argent »,a. ser. cela <(petite mon-
naie, petite piecc de monnaic &, tch. ccta <(petite monnaie, piece de monnaie
de petiks dimcnsions; Tand 1> (cf. aussi tch. cctka « paillettes, cliquetis »„
pol. cf'lka <(petit morceau cn tâlc de diverses couleurs 1> (a. pol.), ((petite
tache ~. rus. câta <(aureole, nimbe des saints sur Ies icâncs I), ukr. cdta, cdt
« peu », c,itlrn <1 tache; Tiipfel; Punkt 1>. Le mot vicnt du latin quinta (( mon-
naie de la valeur d'un cinquieme de !'unite monetaire ». Du terme vieux-
slave *cr'fa vicnt le roumain ţ1:11tă ((tete de clou, clou a grosse tete; petite tache
blanche <sur le chanfrcin du cheval ou du gros betail; cible ».

126 Voir ci-dessus, §. 159; pour Ies formes roumaines et romanes evoluees a partir du lat.
castamus, -11, ccrcsia, cannapis, lactuca, cuc11ta, voir §§. 163, 197, 190, 161, 159.
127 ZRPh, LI, 1931, p. 468.
128 Ibidem.

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Les elements latins des Iangues slave& m6ridionales .463

374. Le contact des Slaves avcc la civilisation citadine des bords de la


.Mediterranee a eu aussi des consequences malefiques: c'est ainsi qu'ils appri-
rent a connaître la peste, maladie probablement ignoree par eux auparavant
·et dont les epidemies finirent par gagner meme lcur territoire ancestral. Le
lat. balkaniquc cyma ( < gr. xuµ.oc) > *kuma, *kjuma (I peste.> bg. cuma.
ser. cuma, pol. dzuma, rus, cuma, ukr. cuma, gitma (en roumain le meme latin
balkaniquc donna ciumă) 1 20.
375. Les noms des villes principales et des divers peuples de l'Empire
romain ont ete empruntes par lcs Slaves et modifies suivant leur propre
phonetismc. Tout naturdlemcnt, le nom de Rome etait appele a s'imposer
des les premicrs contacts avec son monde: v.sl. Rimu, ser. Rîm, bg. Rim,
pol. Rim, ukr. Rym, et ces formes ne sauraient provenir ni du a.h. allem.
Ruma, ni du gothique Ruma 130. Le phonetisme des formes en question atteste
leur provenance du latin parle dans la region du patriarcat d' Aquilee, ayant
subi toute une serie de modifications: 6 est devenu o.
cnsuite ii, approxime
par Ies Slaves comme y, devenu plus tard i. Quant au transfert de la decli-
naison cn -a, feminine, a la declinaison en -u, masculine, il s'explique par
le fait que le mot slave pour designer le concept de ville appartient a la de-
dinaison en -i"t-, comparable a la 11° declinaison latine: gradu. Les villes de
la Cote Dalmate offrent une illustration du phenomene: ]adera >Zadar,
N01ta > Nin, Salona > Solin, Scardona > Skradin.
Un autre mot emprunte par Ies Slaves au latin de la zone d' Aquilee,
avec son phonetisme deja modifie: lat. vulg. gudeo (<lat. judaeus) « habi-
tant de Judee» (cf. it. giitdeo «juif»), qui a subi la transformation venete
-0u dalmate de i1 en u et ensuite, dans Ies langues slaves, la transformation du
gen z: v.sl. *zydi'i, a. bg. zid avec Ies derives zidovinu, zidovintt, ser. ztd,
tc'.1equc, slovaque zid, pol. zyd, bas-sorabe zyd, ukr. zid, a. russe zid (cf. aussi
.Z1:din, zidovin), russe mod. zid. Bohic 131 lui suppose une filiere rhetoromane.
Le lat. graccns se retrouve a la base des mots a. bg. grz"tku, bg. gărk,
.ser. grk, c:;lov. grk, pol. grek, rus. grek, ukr. hrek.
Enfin, le contact avec des races presentant des traits caracteristiques
differcnts devait favoriser la diffusion parmi Ies Slaves du mot latin russus
„,
·((blond Le mot se retrouve aVcC le mem~ sens dans lcs langues slaves meri-
dionales: bg. rus, ser. r1is; il figure, du reste, aussi en neogrec.

376. Les Slaves emprunterent egalemcnt aux populations de l'Empire


romain d'Orient la terminologie propre a la hierarchie etatique, le nom du
:souverain-meme et celui de certain!= objets symbolisant son pouvoir:
Le lat. Caesar (gr. Kixî'.crocp) > lat. vulg. Kesar >a. bg. cifsari, ce-
sart, devenu plus tard cari. Pour expliquer le deplacement de l'accent, qui
en latin vulgairc tombait sur le -e de la premiere syilabe, alors qu'en slave
tombe sur le -a de la deuxieme syllabe, Ies specialistes 132 ont eu recours au
lat. cacsareus (gr. KocLmxpe:Loc), en acceptant deux possibilites: ou bien carl
represente le resultat de l'assimilation du s a c (= ts) de la premiere syllabe,
ou bien il c:;'agit d'une forme abregee du mot, d'usage courant. II y a aussi

120 Voir ci-dessus, §. 174.


° Comme
13 l'admet Vasmer, II, p. 522.
1at • Listy Filologiczne », 35, p. 436 et suiv.
132 Dejă. chez Miklosich, Etym. Worterbucli, p. 28-29; Skok, ZRPh XLVI, 1926 (paru
eo 1927), p. 394.

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-464 H. Mihăc!'cu

certains specialistcs 133 qui attribuent ce deplacement de l'acccnt a l'influence


du suffixe -arju. Les deux explications sont egalemcnt plausibles; de toute
fa<;on, il serait errone d•estimer que l'entree ~e ce term~ dans les langues sla-
ves ait eu lieu par le truchement du germamque. En fm de comptc, le mot
cari devait designer le souverain bulgare et aussi, a l'epoque moderne, le
souveram russc.
Lat. corona > bg. koro11a.

Termes latins ou dalmates en serboeroate

377. II y a en serbocroatc tout un lot de termes d•origine latiiie, dont


la frequcncc est surtout scnsiblc sur la cote dalmate. La plupart de ces ter-
mes ont ete empruntes au cours de l'intervalle delirnite par le VIJC ct le xe
siecle 13 '1 •
T crminologie de la peche et de la navigation: ser. rekesa <c reflux » (en
Dalmatie) <lat. recessus (maris) t retraite de la mer, reflux (cf. l'it. reces- „
so, avcc c); ser. galatina u plat prepare avec de la chair de poisson » < d.
*gclati11e (cf. fr. galanUne; it. gelatina, avec (j); ser. surgati « lever l'ancre (en
Ualmatie) » <lat. surgcre (cf. it. sorgcre); ser. trakta "espece de nassc I) <
lat. vg. *tracta (de traherc <c tirer », au part. passe); ser. jmzâta <c ustensile de
peche a ramifications >) < *jroitdzata < jrondiata (< fcuillee >) (de jrond1'a « fe-
uillage »); ser. sigljar «halise pour marqul'r l'entlroit ou l'on a jete les filets
de peche » < s1~g1'1al ou *signar < s1'g11ale <t gui sert de signe » (cf. it. signale,
qui est a la basc du ser. de Cma Gora sazaj « signe »); ser. jarbol « mât, ar-
brc de souche »< d. yuarbul [ < lat. arbor « ar bre; bois »; ser. otijemna <t voile

(du navirc) < lat. antcnna; a ceci s•ajoute toute unc serie de noms de pois-
sons: rub < rlzombus; givra < gerres; kîr1la < k7jcmtt < aclien a ( <gr. cX.xE:p-
w1.); liga11, ol1'gc7.n < bolligo.
Tcrmi11ologic du b,î/ime11t: mfr « mur, paroi 1> < lat. m1trus; kclomn
« colonne » <lat. columna; podumi/enta « Unterlage; support de base » <
lat. jundammtum, jundatnenta; skudla (1 Schindd; lat te I) <lat. scandula.
Terminologie de l'elcvagc: gi11g1:11a (cn !stric) < d. *gingina « gencive •
(cf. aussi Ies fom1cs dr. (reg. <lu nor<l du pays) gingină, ir. zi11zir~) <lat.
gi11gi1:a; pi'kat « foic 1) < lat. jicatum (avec !'accent tornbant sur l' a de la
deuxiernc syllabe commc cn roumain, contrairerncnt a l'it. jegado).
Terminologic vestimcntairc: kima (cn Dalmatie) « partie superieure,
pointe d'un bonnct » < d. *kima <lat. cyma; lli"klo <t pli (en Dalmatie) » <
< d. *kerlde <lat. circulus; Ies dialectes scrbocroatcs usent aussi du mot
cerko <lat. vg. *cercus 135 •
Terminologic commerciale: ajikt<ivati « louer 1> <lat. ad jictum; aksa{J
(atteste aU xve SÎecle) (< balanCC I) <lat. sagitttn (cf. aUSSÎ Ven. SaZ, it. Silg-
gio, idem).
Terminologie des objets usuels de mbzagc: lancun, lencun « Bettuch » <
< *lanwl <lat. linteolum; Mpatur <c sorte de couverture; Deckc 1> <lat.
co(o)pcrtorimn (cf. aussi dr. reg. cîrpător); kup(i)jerta <c couverture; Decke,

i 33 Derneker, SEW, p. 126-127.


134
Nous prcnons pour point de depart la liste d'Ivan Popovic, op. cit., p. 588-590.
135
Ce mot ne vient pas de l'italien cerchio, commc l'affirme Ivan Popovic, op. cit„ p. 588
(ralliant probablcment le point de vue d'autres chcrcheurs).

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Les elemenh latins des Jangues slaves mcridionales 465

Bettdecke » < coperta (probablement italien), · temie utilise en Daimatie et


cn Crna Gora; flMta « couverturc; Decke » < lat. jlecta, derive immediat
de jlecto, -ere « courber, ployer, plier, tourner ».
T crminologie coulinaire: frigati ( prigati) <c fri re » <lat. jrigere, idem;
prsura, prosulja, sisura, cura(< poele l) <lat. jrixorium «poele a frire, a faire
du râti ».
Terminologie religieuse: zezin(j)ati (en Dalmatic et Bosnie croate)
<c fete » < lat. jcjwiare. ·
Terminologie diverse: lOtar <c larron » < lat. latro (cf. le r. lotru) ; neput
« ncvcu » <lat. nepote (cf. croate istrien nevod( o) < ven. nevodo), rusa <crose»
(a Dubrovnik) <lat. rosa (cf. Ies formes ser. ruza, slov. roza < ven. rosa).
Certains mots d'origine dalmate ont ete enregistres assez loin des bords
de la mer, en Crna Gora et Herzegovine: le montenegr. konavăo), konaval (j)
(Herzegovine), konâvo <c canal 1> < lat. canabula. Quelques autres termes n'ont
cour qu'en Crna Gora: luki(j)erna (C sorte de lampe a gaz l) <lat. lucerna (dans
d'autres dialectcs il y a le mot lukarna, a ne point confondrc avec Ies bg. et
SCf. lu./~eTna (C lucarne; petite fenetre d'une eglise l), dont }'origine ignoree
jusqu'a present est le fr. litcarne (a. fr. lucanne < francique *l1tkina), mot
emprunte par Ies Bulgares et Ies Serbes aux Frarn;ais de l'Empire latin de
Byzance ou, peut-etre, aux chcvaliers fran~ais installes en Grece a la meme
epoque); despet, despet, despet « entetement, obstination; Trotz » <lat. des-
pectus « regard de haut en bas, mepris »; p1jena 1t amende; Geldbu13e >> <
< *p1:ena <lat. poena <c peine, amende »; klâk <c chaux >> <lat. calx, ac.
calcem; munitva (Herzegovine) <c monnaie 1> <lat. moneta; unea <c once » <
lat. u.ncia; peca <c piece » < lat. *pettia <c piece; Stilck »; konastra <c chaîne;
Kette >> <lat. cremaster.

Genfa·alites sur Ies termes d'origine latine


des langues slaves meridionales

378. Comme on peut le constater, bon nombre des tennes latins rele-
ves cn slovene, serbocroate et bulgare (voire dans Ies autres langues slaves
aussi) se rattachent a la vie citadine, aux edifices imposants, a l'exercice
specialise du culte, a la vie quotidiennc du menage (certains ustensiles, par
exemple), etc., qui, du fait qu'au sud du Danube la vie citadine s'est poursuivie
tant bien que mal, Ies termes respectifs s'y sont conserves jusqu· a l'epoque
moderne. Ainsi, Ies Serbocroates et Ies Bulgares ont-ils conserve un certain
nombre de termes perdus pour Ies Dacoroumains. Il s'ensuit que Ies mots
latins des langues slaves meridionales, de meme que Ies mots latins du grec,
fournissent un complement a l'image du latin parlc par la population du
Sud-Est europeen.
La vie citadine devait se maintenir surtout en Dalmatie, ce qui expli-
que comment Ies Croates ont pu conserver un nombre plus important de
termes citadins (dans le genre de ploca). Les Serbocroates ont garde aussi
la terminologie de la peche du latin vulgaire, qu'ils avaient empruntee a
la popu1ation romanisee de Da1matie, fait susceptible d'etre utilise pour la
restitution de ce parler latin vulgaire. Habitant loin de la mer, cette termi-
nologie specialisee s'est perdue chez Ies Roumains, les Serbes et Ies Bulgares.
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466 H. Mihliescu

Par ailleurs, Ies Slaves disposaient eux-memes d'une terminologie de la peche


tres developpee, qui allait influer par la suite sur le vocabulaire du roumain.
379. Ivan Petkanov s'est propose de dresscr la liste des elements du
latin vulgairc parlc dans la Peninsule balkaniquc que le roumain, du moins
le dacoroumain, n'a pas conserves 136 . De sa liste, on ne saurait garder que
Ies mots suivants: aranea « toile d'araignee • (bg. occ. ralja, problematique);

buccula (( sorte de recipient:' gourdc (ser. bukllja, bg. occ. bukla, bukol,
dans le reste de la Bulgarie băklica); calcea, *calceoni (slov. hlaea, ser. kla.S-
11ja, bg. occ. klasnja); camtula (bg. occ. kanula); coccula, cocwlus (ser. ku-
kol', kukOl', bg. occ. kokol, kukol', bg. or. kăkăl); *directiare (bg. occ. dricam);
graculus (bg. occ. grakol), jaculari <( jeter » (bg. occ. gakoli"m), posmla, derive
tardif du lat. pasca (bg. occ. posku1a; a moin. qu'il ne s'agisse du roum. pres-
curti); pupulus, puppulus (bg. occ. pupuljc, pupoljc, pupwnka, pujnmkja);
ratio, -onis (ser. racun <( compte », dont deriYc le scrbc occ. rafonar, avcc le
ml:mc sens).
Pour notre part, nous a\·ons ecarte de cettc liste *blavus et }ara, mots
d'origine germaniquc cntn'.·s sur le tard dans le latin danubicn; cu.ba.re (qui,
Sf'lon Pct kanov' scrait a la basc du bg. occ. kjuvcja (( maigrir, perdre Ies for-
CLS, etrc malade »); gutur (qui nous scmble unc abrcviation slaYc d'un *gutu-
raliam (cf. r. guturai), ainsi quc quelquc~ mots qui existent cffectivement en
roumain: altare (bg. occ. altare), mela cotonca (qui a du exister aussi cn rou-
main, mais comme masculin ct qui existe encore sous unc forme abreviee:
gutui); coccinus (dr. coacin, ar., mgl. coaţin); su!plmr (dr. sttlj, sulfină, ar.
şct'1jur).

:JBO. Les <lonnes foJ1·.1ic.; p tr lcs languc; slavcs mSridionales sur Ies
phonetismes du latin \'Ulgairc d·~ la P~ninsule balkaniquc re.rnltent de
l\·xam_n des top:)llymes halkaniques anciens, conscrves par les Slovenes,
ks Scrbocroates et ks Bulgar,·s, ainsi que de l'etudc des mots d'origine
lat inc des languf's rcspxtiv~s. En g ~neral, les changem?nts imposes
par les bngues sla\'CS a l'epoquc aux top'.Jnymcs et aUX diff er•~nts mots etran-
gcrs d'cmprunt sont connus. Aussi, en ccartant ces chang~m~nts, arrivc-t-on
a restituer Ic phon~tism? qui dcvait ctrc celui du latin balkanique, ou du
dalmate et du roumain des pr,'mif'rs temps (c'cst-3.-dire de l'epoquc de leur
formation ct notammcnt des debuts d? cettc epoqu·?). Toutcfois, ce procede
ne mene pas a des resultats absolumcnt surs: souvent les faits se contredisent
ou cncorc l'inccrtitude se glissc dans l'interpretation meme des changements
phonetiqucs intervcnus au niveau des top'.Jnymes ct des mots usuels. Dans
cc dernicr cas surtout il faut rep)ndre a h <1ucstion: sont-ils vraimcnt des
elements du latin balkanique ou bien ils s'expliquent par l'adaptation des
toponymes et autres mots !atins au system'.:! phonetiquc slave?
331. Le vocalisme pose lui aussi des problemes difficiles a resoudre.
Nous avons vu P. Skok (§ 343) avancer l'hypothese de la transformation de
1' a non accentue en e dans le cas des mots compater, commater, tout comme
dans le roumain cînepă < can.1pis. Le bg. kăponi «balance » offre le chan-
gcment d + n +
voyelle >o; il n'est pas exclu que ce changement soit du
136
Communication au xue Congres Intcrnational de Linguistique et Philologie Romanes.
Bucarcst, 1968: Intorno ad alwni elcmenti lessicali del latino balcanico ignoti al {daco)romeno
(voir ci-dcssus, la note 14).

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Les clements !atins des langues slaves meridionales 467

a l'albanais ou a l'ancetre de cette langue, l'illyrien, ou bien au dalmate.


Etant donne que la terminologie d'origine latine commence a penetrer dans
Ies langues slaves aux Vlc-vnc siecles, cette terminologie est propre au
latin a l'epoque de sa transformation en langues romanes, presentant clonc
certains traits phonetiques des futures langues romancs qui s'ebauchent
dans le cadre du latin vulgaire approximativement des le ne siecle de notre
ere (par exemple, la sonorisation des consonnes intervocaliques). C'est a
rause de ce processus qu'au nord-ouest de la Peninsule balkanique on
aura un y a la place du o (transforme auparavant cn o). 11 est generalement
admis quc le slave conunun a transforme Ies o et 1{, en y 137 • Mais ainsi que
nous l'avons deja fait ci-dessus, cette transformation ne doit etre envisagee
qu' en ce qui concerne Ies dialectes romans de la region du patriarcat d' Aqui-
lee (venete' frioulan)' eventue1lement de la region de l'albanais et de la IJal-
matie septentrionale, qui firent des i5 et u des o et il (dans le cas du venele,
le phenomene ne s'est pas generalise). Pour cc qui est des espaces serbc et
bulgare, i5 est dcvenu u se maintenant comrne tel: S alona (Ie nom donne par
le latin vuJgaire a la ville de Salonique) "'> Solunu (ct non pas Salin, comme
en Dalmatic); rationem > rafon; stationem >stacun, Creationem > Kracun 138 •
Le -un- de ccs mots n'est pas conunc le ronmain -un originaire, aux xc -
xre siecles, de -one, mais le resultat de la transformation dans l'espace
slave d'un o. Nous sonuncs dane confrontes a un phenomene slave d'adap-
tation phonetiquc.

382. Le consonantismc se prete lui auss1 a quclques constatations.


Tout d'abord, l'assibilation de certaines consonnes du latin vulgaire sui-
vies d'un i +
voyelle accentuee ou non n'offie pas de traitement unitaire.
Le roumain presente une phase du latin vulgaire transformant les t et d +
+ + + +
i a accentue, de meme que Ies c et g j a accentue en ts, dz, alors
que Ies toponyrnes des langues slaves rneridionales et Ies elernents latins de
ces langues presentent dans ces cas-la tantât des formes avec ts, dz, tantot
des formes avec c, g: Castellaceum > Kostolac; faciale >ser. peculica 139 ;
RaUaria > Ratsjarja > Arcer <A rear; Cebrus et Ciabron < Cibra, Cibrica
et Gt;brica (incertain, car son point de depart a pu etre ce- et non pas cia-);
calceae > slov. hlâle; Dyrrachium >Drac. De meme, l'on constate un dou-
ble traitement dans le cas des consonnes indiquees ci-dessus quand elles
sont suivies de j +
·u non accentue: certains mots presentent un ţ (= ts) ou
ij,( = dz), conune en roumain, cependant que dans d'autres mots on rencon-
tre Ies consonnes c, g, comme dans certains dialectes italiens du centre.
En rnontrant que les velaires c et g e, i et +
j sont rendues dans cer-+
tains mots des langues slaves, a l'exception des dialectes dalrnates, par c
et z, cependant que dans d'autres rnots elles sont rendues par c(= ts), res-
pectivernent dz, Petar Skok 140 (qui dans Ies exemples respectifs fait suivre
z
le d'un signe d'interrogation) pense que ces changernents ont eu lieu non

137
Cf. par exemple, Yondrak, Vergleichcnde Grammatik der slavischen Sprachcn, I, 1908,
p. 110.
138
Crcatione pour Natale (Christi) ne pcut aYoir ete forge cn Dalmatie, car Ies Goths
n'y ont ete les maîtres que tres brievemcnt (ic terme roumain est d'origine ariennc).
130
Petar Skok, Zitr Chronologie der Palatalisierung von c, g, qu, gu, vor e, i, y, i im Bal-
kanlatein, ZRPh, XLVI, 1926, p. 398. &

HO Ibidem, p. 387-399.

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468 H. 1\-lihăescu

pas en latin vulgaire, mais dans Ies langues slaves, conformement aux lois
des deux palatalisations des velaires dans le slave commun. L'hypothese ne
semble pas plausible, bien que dans Ies elements latins du serbocroate et du
bulgare, comme on l'a deja vu, on constate l'assibilation des c et g + e,
i et j en c et z, rneme dans Ies cas ou le roumain et le dalmate presentent la
velaire suivie d'un i +
d, a l'interieur du mot, ou la velaire suivie
de i + d, o, 1t en position inaccentuee, a la fin du mot, c'est-a-dire
dans Ies cas ou le latin danubien n'm:ait pas de c et g, mais de ţ, rj,. En
dalmate, Ies tf: et cj du latin sont devenus ţ( = ts), 4( = dz), reduits ePsuite
a s, z: d. rasaun <lat. ratioiiem, stasa1tn <lat. stationem, platsa <lat.
platea, glas < lat. glade < glacies, bras <lat. bracchiuni, sudza (nom d'un
poisson) < sugia 141 . 11 y a, neanmoins, une exception: d. pus < lat. puteu,s;
le phCnomene est difficile a expliquer (en l'occurrence, le roumain realisa
le traitement ţ: puţ) Comme ccs assibilations avaient eu lieu en latin
vulgaire longtemps auparavant, Ies Slaves ont du emprunter des termes
la tins comportant deja Ies affriquces ţ( = ts) et rj,( = dz). Et, commc da[IS
le latin ,·ulgaire des regions concernees Ies assibilations susmentionnees
n'ont pas produit Ies sons c, g (sauf pour le roumain ou ţ ct rJ, j 6 11 + + +
sont devenus c, respectivem~nt g), Ies langues slaves remplacerent dans beau-
coup de cas le ţ par c et le iJ par g. Toutefois, pour !'instant nous ne pouvons
pas e\."J>liquer le phenomene 142 • D~ja Philippide 143 avait compris que Ies
assibilations respective~ se sont produites en latin vulgaire, avant l'arri-
vec des Slavcs dans la zone danubienne et quc ces d!.!rniers avaient re<;:u la
toponymie et les mots usucls du latin cornportant les sons ţ et ~l. Nons venons
de voir dans le cadre d·~ ce m~me paragraphe que le dalmate, de meme que
le roumain, presente aussi Lien l'assibilation de t et d f, que celle de c +
et ;; + f. Par consequcnt. ks faits U·? C•'s deux langucs ne sauraient servir
a preciser si Ies deux serics d'assibilations, celle des d::ntalcs et celle des
velaircs, eurent li eu ~-n m}mc temps ou a des periodes diff erentc". Mais la
chosc J.evicnt possiLI~ grâce aux faits presentes par l'albanais, qui a trans-
forme t +
i en ts, <levcnu s apres le X" siecle, et g i en z, dz; ccpmdant c +
et g + i se transfonnent en /~. q( = k') et gj ( = g'): mars « (mois de) rnars I) <
<lat. J.\fartius (nwisis); P~las <lat. palatiitm; pjese <lat. l*Pettia, pi's <
<lat. putens 1.u; guxoj< lat. cotidiare; zane, zere< lat. Diana; mcrzoj <lat.
meridiare; rreze <lat. radia (cf. d. rez, ruaz); kuq « roux I) <lat. coceus;
shoq, sholl <lat. socius; jaqe <lat. facies: gjyk <lat. judiâmn; ashung,
1ishuj <lat. axzmgia (cf. r. osînză). 11 y a, toutefois, une exception: gelase<
< *getatse <lat. gallinaceus (cf. r. găinaţ). De toute evidcnce, Ies ancetres
des Albanais ont subi l'influcnce du latin avant que le latin vulgaire ait connu
l'assibilation de c et g +
i: c'est a peine que des rnots tcls gallinaceus
avaicnt eu la possibilite a cette epoque d'entrer dans la langue des Illyriens
qui SC trouve a la basc de l'albanais.
m Voir Bartoli, D, 2, p. 366-379.
142
L'id:!e de P.!tar SkJ;.: que 1~5 Sl ir~; 'J:lt .!uic-m'!.n!.'> r.!J.li~·S l'a.ssibilation en question
a etc comb:ittue a jn>te titre p:i.r Giovanni M:i:rer, L'1- pran1in:ia delta ci hlin'1- nei riflessi slavi
meridioiiali, AG!It, s~zione neolatina, XXIV, 1939, p. 2-18.
143
OR, I, p. 453-455, passim.
144
En alb. kejshoj < captiare, le ţ du latin vulgaire est devenu saune periode anterieure
au ţ des autres mots mentionnes ici (c'est-â-dire avant le X 8 siecle), car autremcnt le s ne serait
pas devenu un ~ ( = sh).

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Les elemcnts latins des langues slaves meridionalcs 469

383. Selon Petar Skok: 1. au moment ou Ies Slaves ont pris pied dans
la Peninsule balkanique, la population romanisee de l'endroit n'avait pas
encore subi Ies phenomenes de palatalisation et d'assibilation des sons c
et z (qui provenaient tant des c et g latins, que des qu (= ktt) et g?ţ latins)
-+- e, i, i; 2. Ies villes de la cote dalmate ont maintenu le caractere velaire
des sons c et g suivis de e, i, j; 3. Ies Slaves, se conformant aux anciennes lois
<l'assibilation de leur propre langue, devaient realiser dans la zone rustique
l'assibilation en ~. c(= ts), respectivement en g, f/,(= dz); 4. la population
agricole et pastorale romanisee, qui vivait dans le nord de la Peninsule balka-
nique, la ou Ies villes (depuis Celeia et Poetovio jusqu'aux bouches du Danube)
avaient ete detruites, devait subir le meme phenomene plus tard et indepen-
damment de la population romane de l'Occident 145.
Or, a notre avis, il faut d'abord separer l'affricatisation de c et g e, i +
de celle dec et g +
j. Leur separation est necessaire, parce qu'il s'agit de
phenomenes phonetiques distincts, dates de periodes differentes et nes de
causes diff erentes.

384. Si l'assibilation ne se manifeste pas - comme Skok le remarque -


dans les mots d'origine latine des dialectes slaves en usagc sur la cote
dalmate (a quelques exceptions pres), le fait est du assurement a ce que la
population autochtone romanisee n'avait pas subi le phenomene au moment
de l'arrivee des Slaves. Aussi, ces demiers, entrant en contact avec ladite
population, soit durant leur installation dans la region, soit plus tard, n'ont-
ils trouve a emprunter que des mots qui avaient conserve intacts leurs c et
g suivis de e et i. De tels faits de langue du serbocroate ne sauraient passer
pour dalmates, de meme que Ies faits de langue releves dans une partie du
territoire serbo-croate, en Macedoine et en Bulgarie ne c:;auraient etre considere~
comme des elements roumains dans Ies langucs respectives. Generalement, il
est admis que la langue dalmate n'a subi que l'assibilation de c d g i. +
Pourtant, ce n'est pas une regie absolue, car il arrive qu'un e declenche le
phenomene (cf. d. cenk < cinque <lat vulg. *kenkue <lat. qitinque; d.
cil <lat. coelum) tout commc dans Ies cas de la prescnce d'un i (d. radieaina
<lat. radicina; vicain < lat. vicinus, -a; d. cinko <lat. cimicem; d. puarc <
<lat. porci; d. tic< lat. taci), alorc:; que dans d'autres cas il n'y a pas d'assi-
bilation (cf. d. kaina <lat. cena; d. akait <lat. aceti~m; d. dekro <lat. di-
cere, etc.). 11 nous faut convenir que d'un câte nous avons affaire a un emprunt
de certains elements a, c, g appartenant aux dialectes italiens du centre ou
du sud ou bien au roumain, cepen<lant que d'un autre cote devait s'etre pro-
duit le phenomene d'assibilation des c et g +
i, devenus c, g a une periode
posterieure au latin vulgaire. Cette demiere hypothese se trouve etayee du
fait que meme quand îl precede un u (qui etait devenu o, en passant par la
phase ii), k est devenu c: culus > col; neque unus > *nec unus > nencoin;
obsmrus > scor 146 ; securis > se cofra « hache » 147 ; seul naskoit < *nascutus
(cf. r. născut) «ne» represente une exception a 1'assibilation du k antcrieur,

115 Zur Chr"nrilogie der P.Jia.talisiernng .. . , p. 385-410 (cf. surtout Ies pages 408-410).
148 Bartoli, D, 2, col. 389-390.
u 7 Ibidem, col. 378.

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470 H. Mihăcscu

exception due assurement a la rNection analogiquc de k sur le modele des


autres formcs verbales (*m'faskro, *nuask), comme le pense Bartoli 148 •
Le fait reste que Ia ou la vie citadine s'cst maintenue, donc cn Dalmatie
romaine, il n'y a pas eu de modifications pour c et g +
c ct i, l'assibilation
se manifestant seulement dans la region de l'est, c'est-a-dire dans le territoire
de formation de la langue roumaine. Mais cela ne veut point <lire qu'il faut
etablir une relation entre la conserYation intacte des velaires et la vie citadine
de Dalmat ie d'une part, entre l'assibilation en question ct la vie rustique
developpec dans le restc de la Peninsule balkaniquc ct m Dacie d'autre part.
En effet, la vie citadine devait se poursuine egalcmrnt dans la Peninsule·
iberique, en Gaulc et rn Rhetic sans unpechcr pour autant ·le phenomene
dont nous parlons. C'est pourquoi nous pensons que la consenation des velai-
res suivies de e, i ou lcur assibilation, non scukmrnt dans Ies territoires de
l'Empire romain, mais partout ou la qucstion se posnait, se rattache aux
particularites d'articulation des populations rcspectin·s qui font repomser
ou realiscr ledit phenomenc. L'a~sibilation des velaircs c ct g e et i, tout+
commc n'in.portc qucl autrr phenomenc prop1 c au latin n1lgaire de basse-
epoquc, s'expJiql:e par lcs tendances phonetiqucs des populations-substrat
de l'Empirc: en Dalmatic, la tendance a l'assibilation des vClaires suivies de
e, i ne s'est pas manifestLe, alors qu'clJc nprescnte un trait particulier sur le
tcrritoirc de formation de la langue roumaine. Aussi, ne s.aurait-on considerer
que le phenomene d'assibilation ait irradie de kl ou tel crntre important
dans la presque totalite de l'Empire (sauf la Sardaigne, la Dalmatie ct le terri-
toire albanais primitif). II s'agit en realite d'un phenomene propre a chaque
region, tenant notamment des impulsions du substrat rcspectif, avec de rares
emprunts d'une region a l'autre.

148 lhido11.

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VIII. CONCLUSIONS

385. La frontiere entre la romanite occidentale et la romanite du Sud-Est


de l'Europe suit une ligne imaginaire qui prend pour point de depart au nord,
l'embouchure de la riviere Ra8a en Istrie et va en amant vers les localites
Postojna, Vrhnika, Kranj et Klagenfurt, arrivant sur le Danube a Lorch,
entre Vienne et Linz. En ce qui concerne la province romaine de Noricum
.alors que sa partie orientale avcc toute la Pannonie se rattache a la romanite
orientale, sa partie occidentale, de beaucoup plu<: grande, ainsi que la moitie
occidentale d'Istrie, est liee a la romanite occidentale. II s'ensuit que les six
villages romans situes dans le sud-ouest de la presqu' ile Istrie, qui parlent
le dialecte istrien ou istroroman et se sont toumes vers l'ouest, font partie
du systeme linguistique italien, ccpendant que les villages sis au pied du mas-
sif d'Ucka ou du Monte Maggiore, en Istrie du sud-est, dans le voisinage du
port de Rijeka (Fiume), ou persiste encore un dialecte roumain, representent
une fondation des colons venus de l'est. Si l'on tient compte de ce qu'a l'est
de cette frontiere imaginaire deux langues romanes sont nees (le dalmate et
le roumain), de ce que la Pannonie a ete profondement romanisee et qu'ellc
nous a legue environ 8000 inscriptions latines, de ce que les elements latins
de l'albanais se montent a plus de 600, que ceux du grec medieval montent a
plus de 3000 et que le latin a laisse des traces profondes et nombreuses dans
Ies langues slavcs meridionales, on peut affirmer que la romanite dominait
dans le Sud-Est de l'Europe, dans un espace de plus de 500 OOO km 2 , compa-
rable au point de vue de ses dimensions avec la Gaule et la Peninsule iberique,
mais plus vaste que l'Italie. Cette entite gfographique constituait l'un des
quatre principaux piliers de toute la romanite.
A la difference de la romanite occidentale, qui a subi l'influence germa-
niquc et arabe en leur resistant et en demeurant plus homogene, la romanite
orientale s' est confrontee a unc pression de beaucoup plus forte; elle a d lÎ
faire place ades colonisations massives d'origine germanique, slave, hongroise
ou turque; elle a ete partiellement disloquee ou morcelee, en y perdant son
unite initiale. Ce processus historique devait avoir pour effet la genese des
peuples et des langues modemcs de cette partie de natre continent et il repre-
sente une etape particulierement importante pour la recherche scientifique,
c'est-a-dire qu'il s'agit d'un cnsemble complexe, riche en quantite d'actions
et interactions, une entite specifique, parfois difficile a suivre et a expliquer
en raison de la carence des sources d'information, mais d'autant plus attachante
et instructive pour des chercheurs qui sachent collaborer en tenant compte
des points de vue propres a chaque partie et en usant de methodes et d'argu-
ments effectivement scientifiques.
386. Consideree temporellement, dans son developpemrnt historique,
cette romanite s'est edifiee lentement, tout au long de plus d'un demi-mille-
naire, entre la conquete et la transformation de la Macedoine en province

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472 H. ::\Iihil.cscu

romainc cn !'an 146 av. n.e. et la colonisation massivc des Slavcs au VIIc siecle
de n.e. La toute premiere couchc linguistique se composc de certains elements
latins de la langue albanaise, susceptibles d'etre dates du Jer siecle av.n.e.,
Ies commencements du dalmate remontent au Jer siecle de n.e., le latin
qui se trouve a la basc du roumain rend compte de son degre de developpe-
ment aux IP _ Ilic siecles, Ies elemcnts !atins du grec y ont penetre surtout
dans l'intcrvalle des nre - VI" sieclcs et ceux des langues slaves meridionaks
durant ks \'II" - VIIF siecks. Par consequent, a part Ies differenciat ions
territoriaks, n<:'>cs dans des circonstances et des conditions specifiquesde l'exis-
tence de chaque region geographique, s'est developpee aussi une stratificat ion
progrcssin, avec Ies differences mentionnees gui dc,·aient freiner !'unite et
l'homogeneite impliquees par le connpt de "latin halkanique ou orient al».
En fait, nos conccpts sont detcrmines par Ies sources utilisees a un certain
moment: Ies tcxtes, Ies inscriptions et Ies itinfraircs locaux ont fourni aux
chercheurs <les faits de langue releve<; egakment dans d'autres provinces de
l'Ernpire romain, c"cst pourquoi ils ont pu parlcr a un mommt donne d'une
unite rdatin~ aussi bicn dans I' Europe du Sud-Est quc partout ailleurs dans
l'Ernpirl'. Celte unite linguistique relative, autument dit le soi-disant latin
commun, populaire ou vulgaire, correspondait a !'unite economique, politigue,
administrative et culturclle de l'Ernpire, rcprcsentant son instrnment le plus
cfficacc d'approche et d'entente. ~ous savons que la majorite des inscriptions
sont des ne_ Ilic siecles, donc de I' etape de maximum d'expansion de l'Em-
pire et la languc dont cllcs se scrn·nt rcfletc Ies kndances convcrgent<'s de
cetk t:'.·tapc. ~Iais si nous pl'nsons aux difficultes de communication, a la pre-
seance prise par l'agriculture et a J'immcnsite de l'Empire, il dcvicnt evidL'nt
que Jc proCCSSUS de di\·ersification SC trouvait dans SOll clement et quc rien
ne pouvait l'arretcr. Pctar Skok distingue dans le Sud-Est de l'Europe une
romanite maritime, celle de languc dalmate, d une romanite continentale,
celle de languc roumaine, mais unc tclle imagc s'averc partielle et incomplete,
car la reali te est bien plus riche C't plus complexe. Quclqul's rcmarques, d<·.c:<-
gees surtout des etudes de toponymil' ont donne lieu a l'hypothese qu'en Pan-
nonic commeP<;ait a s'ebauchcr une romanite locale avec des traits particu-
lius, aYant rin'ils ne rnicnt effaccs par la colonisation slave d'abord, hongruise
cnsuitc: cc commcncemcnt de romani te rcprescniait l'un des chaînons liant
la romani te occidentale a la romani te orientale 1 •
:J87. II convimt par ailleurs de compter aussi avec ks facteurs immobi-
litc et mounment, notions opposecs qui, dam Ies circonstances specifiques
a l'agriculture de l'etape initiale de la feodalite, sont dcvcnues complementaires
ct ont forme une unite dialcctiquc. Pour des raisons justifiees par le besoin
de se proteger et de survivre, l'hommc de l'epoque nourrissait le sentiment
profond quc la terre sur laquellc il marchait et qu'il travaillait lui appartcnait
depuis toujours et a jamais. Mais Ies memcs raisons imperieuses brisaicnt a
chaque generation cet immobilisme, car l'agriculture extensive offrait trop
peu tout en reclamant une ctendue de plus en plus large, la croissance demo-
graphique imposant elle aussi de fac;:on pressante le mouvement. Les Grecs
et Ies Dalmates preferaient la mer avec scs richesses piscicoles et Ies echanges
1 E. l\:ranzmayer, al't. cit.; G. Reichenkron, Das Ostromanischc, dans VOlker und Kullii-
rrn Sit.dostcuropas. J(u/turhistorische Beitl'ăge, Munchen, 1959, p. 170: « Das Yerbindungsglied
kann nur in Pannonien, also dcm Pannono-Romanischen, gelegen haben, das aber sicher, so-
fern es iiberhaupt Zeit hatte, sich zu der Vorstufe einer ostromanischen Sprache zu entwickeln,
schon bald im Slawentum und danach im Madjarentum augegangen ist t.

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Conclusions 473

marchands, ne se risquant quc rarcment vers l'interieur des terre~, Ies Alba-
nais, en revanche, ne cessaient de penduler entre la montagne et la plaine,
dans Ies limites d'un amphitheâtre geant ouvert du cote de la mer, ce qui cx-
pliquc en partie la structure de la languc albanaise, avec un dialecte dans le
sud du pays ct un autre dans le nord et avec leurs massifs debordements au-
dcla des frontieres actuelles. Les Croates et Ies Serbes, pour leur part, se sont
tournes d'abord vers l'Adriatique, pour essaimer ensuitc petit a petit vers l'est,
par vagues successivcs, que le savant yougoslave Jovan Cvijic appelle des
« mouvements metanastiqucs » 2 ; ce n'cst que sur le tard qu'ils ont rejoint
Ies Bulgares, ayant assimile auparavant une population romane intermcdiaire.
Organises dans un Etat dynamique, Ies Bulgares se sont tournes tout d'abord
vers Constantinople, mais ils se sont heurtes a un systeme de defense reposant
sur des murailles a toutc epreuve, ce qui Ies fit <levier leur marche vers l'ouest,
jusqu'a l'Adriatique, commc en temoigne la toponymie slave du sud de l'Alba-
nie. Quant a la population romanisee du Bas-Danube ct de Dacic, clle devait
sui\Tc dans ses mouvements deux dircctions: l'une al ant vers le sud ou le
sud-ouest, l'autre vers le nord ct le nord-est. En suivant la premiere direction,
elle s'avera, pendant un certain temps, dotee d'un dynamisme qui lui fit tenir
un role politique dans le second Royaume bulgare, ainsi que dans l'Empire
byzantin, en Thessalie, pour se nplier ensuite de plus en plus vers Ies monta-
gnes. tout cn survivant jusqu'a nos jours sous la forme d'enclaves, parfois consi-
<lerables, en Grece, Yougoslavie et Albanie. Le mouvement cn direction nord et
nord-est, debuta juste apres la conquete romaine de la Dacie, pour se poursui-
vre dans des circonstances particulierement difficiles. C'est ce mouvcment, et
non d'autres causes, qui explique de la fat;:on la plus plausible !'unite de la
langue roumaine, la plus importante du Sud-Est de !'Europe. Arrivcs en Pan-
nonie sur la fin du IXe siecle, lcs Hongrois se sont d'abord diriges vers l'ouest,
entreprenant des razzias spectaculaircs en Autriche, en Allemagne, en France
d en !talie; leurs ambitions de ce cOte-Ia unc fois freinees, ils se sont tournes
vers l'est, ou ils trouverent la population roumaine. Si l'on corupte avec l'ex-
perience historique de !'Europe a cette epoque et avec le fait que la Pannonie
avait ete profondement romanisee, puis partiellement slavisec, il semble au-
jourd'hui presque miraculeux que les Hongrois aient survecu, sans se dis-
soudre dans la masse allogene et alloglosse, comme ce fUt le cas des Huns, des
Ava.res, des Petchenegues et des Cumans.

388. La structure et l'evolution de la romanite sud-est europeenne se


laissent mieux saisir si l'on prend en consideration Ies interactions entre Ies
<lifferentes parties et leurs moyens d'adaptation ou d'assimilation. Cette struc-
ture comporte un lexique mobile et peripherique, suivant Ies exigences de
chaque etape historique, mais elle comporte aussi un noyau solide et stable:
notons qu'un syntagme tel ille se d1tcit _ el se di,ce n'a pas change par trop
depuis Plante a nos )OUrs, c'est-a-dire durant un laps de temps de plus deux
mille ans.
Les environ six cents elements latins de l'albanais revelent des differen-
.ces c-ntre eux, <lues soit au grand espace de temps ecoule depuis leur adoption,
soit a l' etendue relativement ·vaste couverte par ce processus: aussi, Ies uns
sont-ils vieux, peut-etre les plus vieux du Sud-Est de l'Europe, alors que d'au-
tres semblent d'un demi-millenaire plus jcunes; bon nombre sont orientes

! La Peninsule Balkaiiique. G.tfograpl1ie lmmaine, Paris, 1918, p. 112- 137.


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4/4 H. Mihăesrn

du câte de !'Occident, ils comportent des noms donnes a la flore ct a la faune


mediterraneennes ou bien ils proviennent de la langue dalmate, il yen a aussi
quelques-uns presentant des similitudes evidentes avec Ies elements !atins
du roumain et qui, selon toute probabilite, ont du prendre racine tout d'abord
a l'interieur du continent.
A une phase ancienne, la voyelle breve i se rcfletc en i (jamilia, jem1je).
a une autre phase, ultericure, en e (crista, kresltte; piscis, peshk), alors que
le latin qui se trouvc a la base du roumain devait homologuer avec le temps
Ies voyelles i, e avec, partout, pour resultat c, diphtongue ensuite dans cer-
taines conditions en fa ( crcastă,jmzeie, peşte). Adoptee a une phase plus ancien-
nc, la voyelle u a eu pour correspondant albanais y (ii), et dans unc phase
plus recente 1t: bruma, brymc; cmcem, kryq; m11rns, m.yk; padulem, pyll,·
smtu.m, shqyt; il y a cu aussi, rn revanche: cornutu, llirrute; scule a, slzkitlkl;
tuja, tuje. L'occlusi\•e c suivic de e ou ia resiste m albanais et en dalmate, mais
elle s'est assibilee en roumain: coelum, qicll, cer; cepa, qcpi~. ceapă; cfritatcm.
qytet, cetate. Le groupe de consonnes ct est <levenu cn albanais - sui\•ant deux
aires geographiques differcntcs ou, peut-etre, dans des mots appartenant a
<leux couches successives - jt ou jt, alors que ses resultats en roumain sont
hornogenes: lueta, l11jt1~. luptă; coctorimn, kojtor, wptor: jructus, jryjt, frupt;
directus, dr(il, drept. La consonne d + i --1- voyelle de la phase plns ancienne
apparaît en albanais comrnc z (Diana, ::aue; gaudium, gaz); il s'cnsuit donc
que djal < diabolus est un emprunt de dat<' plus recente ou peut-etre un italie-
nisme. La transformation du grot1pc de consonncs nt en nd, frequcnte cn grec
ct albanais ( apparamt'ld1tm, permand; cant arc, keudoj), sporadique en dal-
mate (planta, plânda; monlt'm Daniel, Jfu11danijc) 3 , n'a guere de corrcspon-
clant en roumain.
Pour ce qui est du domainc du lexiqnc, notons unc a irc mediterraneenne
(jicus,jik: iau.ms, lar; oleaslcr, voshtir;olmm, ·uaj;ofrua,111/i; olivastcr, ullash-
tir; ou cncor<' des dalmatismcs: am'\ 11dala, mmdull?, d. 111e11d11.o, -11la, ser.
0

mjendula: a11g111'/la, 11gjalc, el. angi'o/a; 111aclzi11a, 111oke11, d. m1tk11a) et unc autre
con1inmtale (*aiu11art', agproj, aj1111a; ax11-11gia. 1tslmj, osînză, u~ov"{YL; bii-
balus, !mail, buăr > bour, ~ou~ixi..oc;; convcntmn, k11.ve11d, cuvi11t, rou()tv~oc;
jossatum, jshat, sat, q;ouaocTo, <;cr. posat 4 ; imperator, mbret (mais d. impera!Ji'i,r
< hn peratorem) ; 111a11ia. 111ir1". mînt"e, :.1,CT.vioc; 11omms -..... *mtm11ts, alb., r.
mm, vouvoc;; *qnodrum, koder, codm; sessus, slzcslz, srs). L'albanais a mieux
conscn·<'.· qnc le roumain la terminologie rcclesiastiquc de bassc-epoque:
bmedicere, bekoj; C Jm'sfi11atale, Ki!rs/ze11ddlC; ep1·scopus, u.peslzk; evangeliimi.
wzg_iill: missa, meshe; mo11achns, murg; obiala, blate; paradisus, parriz; Sanc-
tam Tri111"tatcm, S!te11dcrtat. En roumain. la meme terminolo~ie est d'origine
uyzantine, cntree par la filiere slave, ou meme <l'origine slave.
Au point de vue chronologique, Ies cU:-ments la tins de l'albanais peuwnt
etre classes en trois straks successives: 1. Jer siecle av.n.e. - Jer siecle de
notrc ere, avec des reflets e1onnants de cc qu'on appelle a present le btin
classiqm·; 2. IP - JIP siecles, avcc des similitudes ou des identites par rap-
port au latin qui se trouvc a la base du roumain; 3. lP- \'I" siecles, de nctte
orientation occidental<:>. Je pense ne point trop simplifier Ies choses en disant
que, durant la premiere phase, Ies contacts ont eu lieu avec l'Italie meridio-
nale le long des arteres via Appi·a et 'i.'ia Egnal?'.a; qu'au cours de la deuxieme
3 P. Skok, ZRPh, 54, 1934, p. 432.

' P. Skok, t Slavia t, 10, 1931, p. 496.

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Conclusions 475

phase il y avait deja une romanite relativement homogene au Bas-Danube


et en Dardanie; que pendant la troisieme phase les·liens ont ete coupes entre
Ies ancetres des Albanais et ccux des Roumains. La conclusion d'ordre gene-
ral qui s'en degage est quc Ies elements latins de l'albanais plaident avec forcc
en faveur de la qualite d'autochtones des Albanais: leurs ancetres se sont
trouves cians le voisinage de la romanite bas-danubienne, mais non en etroitc
cohabitation avcc elle. L'expression « clemcnts latins de l'albanais », est im-
propre, car en realite ces elements sont entres dans la langue pendant la phase
pre-albanaise, vraisemblablement illyrienne.
389. Parlee sur unc etroite langue de terre du littoral adriatique ct
eteinte a la fin du x1xe sieclc, la langue dalmate n'a pas eu de contacts etroits
avec l'albanais, mais ellc a subi sans cesse une forte influence sla\.e et elle a
risque pendant }ongtemps de SC voir mise a l'ecart par }c dialecte venitien.
Avcc le roumain, dle n'a de commun que quelques archa1smes et aucune inno-
vation; en revanche, elle a re<;u quclques echos tardifs de Gaulc et des regions
alpines. Au point de vue de sa structure, le dalmate demeura conservateur
dans ses lignes generales, bien que sous certains rapports il innovât plus que
l'italien, cc qui lui confere une position a part dans Ies rangs des langues ro-
manes. II va sans <lire que le dalmate s'est tourne presque toujours vers }'Occi-
dent, car il y a entre cette langue et le roumain des differences essentielles.
Grâce a quelqucs rares ct disparates rcnseignements anterieurs au XIXe
siecle, grâce, en outre, aux textcs de Matteo Bartoli, recueillis directement de
Tiione Udaina, le dernier dalmatophone, decede en 1898 dans l'île de Veglia,
nous savons que le dalmate comportait des traits caracteristiques et qu'il a
laisse des traces profondes et nombreuses dans Ies parlers croates du voisinage,
surtout en ce qui concerne la toponymie. Cette langue represente donc un
maillon entre l'Occident et l'Orient, un maillon reliant le roumain a l'Italie
meridionale, plutot qu'a l'Italie septentrionale et a la Gaule, mais seulement
eu cgard aux archa1smes. Ceci laisse toujours ouverte la question : pourquoi
Ies innovations ulterieures au IIF siecle, venues de Gaule, n'ont-ellcs jamais
abouti en Dacic?
Les vcstigcs du dalmate ont etc ctudies surtout parles Italims (M. Bartoli,
A. Colombis, G. Soglian) et par Ies Yougoslaves (P. Skok, .Z. Muljacic,
V. Yinja). Ce sont des fragments d'une grande variete, avec des stratifications
de differentes epoques. Les strates conservatrices offrent des similiiudes avec
Ies elements latins de l'albanais et de la langue sarde; quant aux couches no-
vatrices, elles font la transition vers Ies dialectes istroroman, frioulan et ve-
nitien. De l'a\'is d'un savant roumain 5 , il y a un gouffre entre le dalmate et
la langue roumaine. Ce qui frappe le plus c'est l'abondance des diphtongucs,
ainsi que Ies archa1smes et la terminologie maritime du dalmate. II n'cn reste
pas moins vrai qu'une etude comparee exhaustive entre le dalmate et le rou-
main serait susceptible de mettre au jour beaucoup d'elements communs, aussi
une telle etude meriterait-elle d'etre entreprise. Les deux langues couvraient
de:> zones laterales soumises a de fortes influences byzantine et slave. D'autre
part, la persistance du latin albus cn dalmate (fualb) et en roumain (alb)
temoigne de ce que Ies deux langues se trouvaient en-dchors de la sphere d'in-
fluence germanique, qui s'est exercee surtout sur Ies langues romanes occiden-
tales. Contrairement au traitcment normal e > ai dans cena > kaf.na, on
5 A. Philippide, OR, II, Iaşi, 1928, p. 789.

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H. Mihăescu

peut relever en dalmate la meme correspondance e - i qu'en roumain (arena.


arină): ar?.nac dans l'ile de Korcula « herbe marine qui croit sur un fond sab-
lonncux &; jar1na dans i'île de Prvic « c6te sablonneuse »; jari'na dans l'île
de Susak « melange de cailloux et de sabie», tout comme dans de nomLreux
toponymes Rina le long du littoral yougoslaYe 8 . Le traitement rubms, roib
du roumain fait penser a celui de rujba « engclurc » dans le sud de la Dalmatie 7 •
Caracteristiques pour Ies deux langues sont Ies correspondances lixivia, losaja,
leşie ct pluvia, pluoja, ploaie. Pour la forme pronominale m1·11e du roumain
(opposec a mă < me) on a envisagc unc influcnce autochtone thrace, malheu-
reuscmcnt impossiblc a demontrer. Mais Yoici le dalmate nous foumissant
une forme parallele maj11, nec du latin *mi'nc, qui a laisse des traces egalement
dans le sud de l'ltalie 8 . Le dalmate et le roumain usent du verbe <( aYoir »
commc auxiliairc des intransitifs: jay stu·ot, am stat<( je suis reste »;jay m1.cart.
am m·urit <( je suis mort »; jay <:moit, am venit « je suis vcnu ». Des parallelis-
mes cn quantite offre le domaine du lexique, par exemple: bas1"lica, basalka.
b1:sericâ (( eglisc »: blasfemare, blasmftar, blestema (( maudire »; cap1"stri:m. ka-
p.fastro, căpăstru «bride»: *molliare, 11111ia « mouiller, amollir », en dalmate
nmjiira <(fond sablonneux 1>, mujarfo «sabie employe aux construct ions •>,
mujaea, m11jâla (Koreula) ((baril pour la salaison I) 9 : ntontfrellus, Muncâl
(Krk). M1111(el (Iz), 11mncel «petite montagne 1>: scamiula, sMtdla 10, scîndură
«plane he»: *tragina, trag1·na (l'ilc de Lastovo) <( corde assez grosse pour la
peche des congres 1> 11 , r. trăgă11a <( tirer (traincr) en longueur 1>. La difffrrnce
la plus frappante entrc Ies dcux langucs rcside dans l'antcposition de l'article
en dalmate ct sa postposition en roumain; dans Ies deux langues cct article
provicnt de illii, t'lla d precede le determinant: el mi twota, tatăl mm « mon
pere »: dal su patrau:11, la patro1111l său « chcz son patron 1>.
390. Le diakctc roman du sud-ouest de l'btric, etudie par A. he. P.
Skok, M. Dcanovie, et P. Tekavt-il-, n'a pas eu des contacts avec le dialecte
istroroumain dewloppe dans le sud-e!"t de la peninsule d'lstrie, decrit demi-
ercment par A. Koval:cc: k premier est l'illustration d'une continuite sans
hiatus du latin, superposc d'influcnCC'S da}mates, friou}ancs et Veniticnncs.
alors que le second s'cst implantc plus tard, comme une branche de la langue
roumainc, dont il a garde bon nombre de traits archaiqucs. Les elements rnm-
muns qui relirnt l'istroroman au dalmate sont cn general conscrvatcurs et ils font
partic, pour ainsi <lire, du systt·mc de la langue latine propre au Sud-Est de
l'Eurcpe, C(pcndant CJUl' Ies elcmcnts communs a\CC le frioulan et le venitien
sont plus evolues d se rattachent a la H.omania des Alpes et de Gaule. Dans
la peninsule d'lstrie et dans scs larges cnvirons se sont cotoyes et ont cohabite
dl·S parlers appartcnant a trois gran<les famillcs Jinguistiqucs: romane, ~lave
ct gcrmanique; c'cst egakment la qu'il com·irnt de chercher au moyen de la
toponymic la frontiere approximative cntrc la H.omania occidentale et la
Romania orientale, ainsi que Ies cventucls indices de la transition \'(fS le
latin qui est a la base du roumain. De toutc fac;:on, Ies differences entre l'istri-
ote, Ic dalmate, Ies Clements latins de l'albanais et ccux du roumain sont en
6
V. Vinja, RLiR, 21, 1957, p. 251.
7
Ibidem, p. 265.
8
z. Muljal:i~. Dalmate, dans P. Bc:c, l1fa1nul pratiq11c de philologie romanB, t. II, Paris„
1971, p. 408; H.ohlfs, Gt'amm., t. II, p. 164-165.
9
V. Vinja, RLiR, 21, 1957, p. 261.
10
Ibidem, p. 266.
11 Ibidem, p. 269.

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Conclusions 477

quantite, mais il y a aussi des elements communs, a l'ordinairc conservatcurs:


allnts, basilica, blastemare, padulis ont laisse des traces C'n istriote egalement.
En revanchc, au rcflet qishe _ ecclisia de l'albanais, l'istriotc donne pour
correspondant Glesia, qui vient d' ecclesia. Le latin malva dcvait laisser des
traces d'etonnante similitude en istriotc (nabba), dalmate (nitlba) ct roumain
(nalbă). Mais le trait le plus nettement distinct entre !'Occident et l'Orient
est marque par la position de l'article, corupte tenu meme d'un seul exemple
de l'istriote ct du roumain: le kude de towti i porki _ cozile titturor porcilor
«Ies queux de tous Ies porcs ».
Un criterc precis pour fixer la frontiere linguisiique est celui de la sono-
risation des occlusives, phenomene qui s'est produit seulement dans l'oucst;
a cote de toponymes tels Cedad - civitate, Nadda - 1Vatiso, Videm - Ul-
tinit, un peu plus a l'est il y a Solkan - *Silicanu, Logatec - Longaticum,
Ptuj _ Poetovio.

391. A la basc du roumain, il y a le latin des dcux Mesies, Supericure


et Inferieure, ct de Dacie, couvrant un cnsemble geographique d'environ
300 OOO km 2 , ou se sont conscrvees pour le moins 5000 inscriptions latines,
mais par rapport a la Pannonie ou a la Dalmatic occidentale, cet ensemble
geographiquc d'une aire plus vaste s'est avere, par contre, moins richc en
inscriptions. Une fois la scission intervenue, il s'est integre comme partie de
l'Empire romain d'Orient, ses regards toumes vers Byzance. Par la suite, la
colonisation slave devait, toutefois, couper ses liens aussi bien avcc Constan-
tinople, qu'avec l'Occident. II est a supposer que des raisons imperatives, liees
a la vie agricole du temps, ont pousse, apres le nre siecle, la population ro-
manisee qui l'habitait a marquer une tendance de deplacement vers le nord-
est. Quant au mouvement vers le sud et sud-ouest, il a du se declencher pro-
bablement au vne siecle, demarrant en meme temps que l'installation des
Slaves dans la Peninsule balkanique, en y laissant partout des traces. Mais au
point de vue linguistique, onest a meme de remarquer une unite relative dans
~ de vastes espaces: Alexandre Philippide a abouti a la conclusion que le daco-
roumain, le meglenoroumain, l'aroumain et l'istro-roumain representent plutât
des sous-dialectes et non des dialectes du roumain, en ce sens que, abstraction
faite, dans unc certaine mesure, du vocabulaire, nous avans affaire aune struc-
ture tres unitaire 12 . Generalement, Ies dialectes sud-danubiens comportent
un nombrc plus ele\. e d'archa1smes (voir ci-dessus § 217, Ies remarques sur
le fonds lexical hcrite du latin).
Le trait le plus typique de la langue roumaine par rapport aux autres
langues romanes si l'on excepte l'italien, consiste dans son caractere conser-
vateur pour ce qui est du domaine de la morphologie. Par exemple, elle a
garde deux formes pour le singulier de certains noms feminins (casă, case)
et le vocatif en e pour Ies norns masculins (doamne= domine), de meme que
des formes du genitif (Lunae, Lunis-luni, Martis-marţi, Mercuri - miercuri,
etc.), ainsi que des formes diversifiees au singulier et au pluriel (om-oameni,
noră-nurori); elle a transmis fidelement des tormes pronominales (ego-eu,
mihi-mie, mi-, me-mă, *mene-mi·ne); elle a laisse parfois intacte la structure

12 A. Philippide, OR, II, p. 382: ~ En l'occurrence, la question n'est plus [de savoir]

si les dialectes roumains sont des dialectes, et non, par hasard, des langues differentes, mais
s'ils sont Ivraiment} des dialectes, et non, par hasard, des sous-dialectes ».

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4711 H. !\lihăescu

du verbe (jac, }«ci, j,ice, jaccm, .faceţi, jac, au subjonctif: facă, a l'impe-
ratif: fă, faceţi, au participe passe: fapt= jactus), etc.
11 ne faudrait pas surestimer l'importance du substrat autochtone:
presentc en roumain, bulgare et albanais, la postposition de l'article est le
resultat du developpcmcnt interne propre a chacune de ces langues. Les for-
mcs pronominales miuc, Iinc, sine, cine, avec des correspondances en dalmate
et cn italien, ne sont pas <lues a l'influcnce du substrat. Quant aux numeraux
formes avcc spre <c vers» (w1spre::.cce, doispre::;ae, etc.), ils presentcnt des ana-
logies avec l'albanais ct Ies langues slaves, analogics qui peuvent egalement
etrc faites a\'CC le grec byzantin, anterieur a la colonisation slave. Cela Sllp-
pose, par consequent. l'cxistence <l'un procede popu1aire analytique assez
fn:qurnt ct non pas <l'un phenomehe de monogenese. 11 convient d'ajouter
au:;si que le roumain, l'albanais et le grec byzantin comportent tout un lot
de frrm<'s specifiques, gui font defaut au dalmate et a l'italien, en suggerant
mw certaine communaute economiquc, politiquc et culturelle.
:192. Les prcsquc trois mille elemcnts latins consern~s par la litterature
byzantinc ne sont ni homogencs, ni contemporains, appartenant a des cou-
rant~ dl' civilisation dinrs ou a des conjonctures historiques differrntes: Ies
uns virnncnt <les milicux instruits, alors que d'autrcs elements ont ete intro-
duits par la voie orale et ils rcpresentent une sourcc importante pour l'etude
du latin vulgaire. L'evolution df' la voyelle bre\c i a parcouru deux pha.ses:
l'm11: plus ancienne, ou i href du latin a pour correspon<lant grec uni ( crista -
xpÎ.r;-;:1., maxilla _ µ~!;î.i.l.z), l'autre plus recente ou i brcf se reflete comme
e (circus - x&px.o:;. t•irgo - ~&pycr.). A unc phasc plus anciennc 1'l bre{ est
rcslc H, de memc qu'en roumain, mais dans unc phase ulterieure ii est devenu
o. commc cn Occident (b1trricl111s - ~6p;:o:;. puici - r.6T~oL). On constate
donc quc Ies el<.'-ments latins de la littcrature byzantine attestent des liens
awc_· !'Occident d'une plus grand1_• <luree quc ceux dl' la languc roumaine. Plus
constTYatcurs, cf's-demil'rs n'ont pas connu ccrtains phcnomenes qui curent
licu en Occident aprcs le Ilic siecle. Des divcrgcnces semblablcs ont existe
dans le consonantisme, par exemple: cella - xe)./,x, cing11la - xlyyA.oc. mais
il y a aussi: *albiei/la - ~LwÎ.ÂÂ~. Caesar_ T~xfoxp. cibarla - TO"L~ocpoc.
Quand ks mots cmpruntcs \'Îenncnt des milieux instrnits, la consonnc t +
-;- 1'. i + voyclle rcstc intacte, alors que dans l<' cas des mots du parlcr popu-

lain· il arrive parfois qu'dl,, (·volue commc m roumain: *ca pitea/ia - xoc-
r.L-:-~ocALoc _ căpeţeală; 1:itca - ~[,~ry:-v1:ţă. Cn phenomene parallele s'avere la
transformat ion de d + t', i + ,·oycllc, attcstec dans Ies variantes byzantines
cppL'J-:-~ocTov, <ppe:v"t"~i-;ov, <ppouvT~hov « frondaison, bouqueteau »; cette trans-
forrnation supposc la presence en latin d'un derive de jrond1:a « feuille » -
*jroizdiatum, inconnu dans Ies sourccs occidcntalcs.
Le latin qui SC trouvc a la basc du roumain n'a dispose quc de la plus
pditc ct la plus breve ouwrturc du cote de !'Occident, ccpendant que le
grec devait beneficier de la plus large et la plus longuc, puisqu'il est rcste
en contact etroit avec lC' latin durant presqu'un millenaire et qu'il a re9u
sans CC:sse des mots, des formes, des suffixes, voire des sons latins, dont bon
nombrc etaient d'origine populairc; leur survivance dans la litterature byzan-
tine a Cte a tclle point, que celle-ci est devenue unc source principale d'etude
du latin vulgaire. Ces elements etaient prcsents partout, dans la terminologie
administrative, dans celle de l'armee, de la technique agricole, dans des domai-
nes comme celui de la confection vestimentaire et de la mode, de !'art culinaire

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Conclusions 479

et des echanges commerciaux. Ils figuraicnt cn abondancc dans la litterature


populaire, mais la litterature docte, oricntee vers l'hellenisme classique, lcs
evitait. Leur nombre dans le grec litteraire actuel est ass<'z modeste: en rc-
vanche, Ies parlcrs populaires Ies ont conserves dans une mesure de beaucoup
plus grande. Leur importance pour Ies etudes romancs reside dans le fait qu'ils
offrent des criteres pour I' etablissement de la chronologie des premiers siecles de
notre ere (Ier - VIIIe), ainsi qu'un ricbc repertoire de phonetismes, de formes
ou de mots, parfois non attcstes en Occident. II y a aussi des cas ou certai ns
elements !atins sont passes par le grec avant d'aboutir au roumain, au dalmate,
a l'albanais ou aux langucs slaves meridionales.
393. Au cours des vnc et vine siecles, Ies SlaYeS du Sud devaicnt cm-
prunter, pour les garder jusqu'a maintenant, unc quantite appreciable de lati-
nismes, notammcnt des mots appartenant aux dornaines de la flore ct de la
faune, de la technologie du travail, de l'arcbitccture d de la rdigion chreticnnc.
Quelques toponymes d'origine latine prescntrnt a l'heure actuelle un phone-
tisme slave et ils donnent la preuve d'une continuitc de vie dans les contref's
respectivcs. Mais l'influence du latin ne s'est guere bornee au lexique et a la
toponymic: elle a penetre profondement la structurc meme <le la langue, de
sorte que l'etude des langucs slaves meridionales, de l'albanais et du grec d'epo-
que byzantine ne saurait etrc irnaginee sans une connaissance approfon<lie
de la rornanite.
Dans leur marche vers le Sud, Ies Slaves prirent d'abord connaissance
de la faune et de la flore des abords de la Mediterranee, en empruntant au
latin des mots dans le geme de: bubalus, cana pa, cepulla, reresea, cerr·. s, cimcx,
cotonea, cucuta, hortus, iuncus, lactuca, laurus, menta, persica, rapa. Ils trouve-
rent cn ces parages une civilisation typique et ils assimilerent une partie de
sa terminologie du travail, de l'art du bâtimcnt et du mode de vie, concrctisee
dans des mots tels: *aciale, acetum, armarhtm, camara, canalis, coctorimn,
cucu.llus, furca, missorium, molinum, *Pilar (<pila) 13 , sappa, taruba, urcc1ts.
etc. Entin, ils sont entres en contact avec !'ideologie chre 1 icnne, a laquelle
ils se sont convertis et ils ont emprunte a la population romane de l'Adriatiquc,
des Alpes et du basin du Moyen-Danube et du Bas-Danube Ja terminologie
ecclesiastiquc latine, entrc autres, Ies mots: altare, calendae, C lzristus. C lzri-
stianu.s, communicare, cmx, diaconus, cpiscopus, Jilianus, friitni'um, missa,
nonnus, pagamts, papa, quadragcsiniae, Rosalia, sa11ctits, etc. Quelqucs-uns
de ces tcrmcs sont passes du latin aux Slaves, qui Ies ont passes a leur tour
a la population romanisee du bassin bas-danubicn, par exemple: acetmn _
oţet, *aciale - oţel, calendae - colinde, papa - popâ, Rosalia - Rusalii. B•.·au-
coup de toponymes cmpruntes aux latinophoncs ont ete assimiles de fac;:on
organiquc ct ils representent la preuve d'une continuite sans hiatus. La topo-
nyrnie mineure, avcc des phonetismcs dalmates ou roumains, reste une source
de la recherche portant sur Ies rapports etbniqucs. Les emprunts au lexique
de la population romanisec faits par Ies Slaves ont eu lieu pendant un long
laps de ternps, dans differentes regions et dans des circonstances historiques
variecs: c'est ce qui cxplique la cornplexite des phenomenes et la richcssc ou
13 Valentin Putanec, Etimolo§ki p,-inosi: 1. blkla, 2. fllorka (plljarlra), o Raspra·1e

Zavoda za Jezik •, 13 (1987), p. 79-91.

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480 H. Mihăescu

la variete <le la romanite sud-est curopeenne. Cettc variete comporte une


unite relatiw: celle-ci se degagc au fur ct a mesure qu'avance l'etude de la
romanitc orientale dans son cnsemble. Il sera it, toutefois, excessif de parler
d'une union linguistique balkanique, car ses soi-disant <i structures compo-
santes • ont chacune gar<lc une nette individuali te; neanmoins, une certaine
convcrgencc a existe sans aucun doute: c'est elle qui a forge une unite dan;;
la cliYcrsite et, dans le domainc de la romanite orientale, dlc a cree toute une
serie d'elements specifiques qui la font differente de la romanite occidentale.

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A B REVIATIONS

a. = ancien irl. = irlandais


abruzz. = abruzzain istr. = istrien (istriote)
ace. = accusatif it. = italien
adj. = adjectif lat. =latin
a.h. allem. = ancien haut allemand lat. clas!'. = latin classique
allem. = allemand lat. ·1ulg. = latin vulgaire
angl. = anglais lith. = li thuanien
a pul. = apulien litt. = litteraire
ar. = aroumain log. = logoudorien
arag. = aragonais lomb. =lombard
arch. = archaique luc. = lucanien
art. = articule lyon. = lyonais
astur. = asturien mect. =medieval
BAR = Bibliotheque de l' Academie mg!. = megleno-roumain
Roumaine ins. = manuscrit
bergam. = bergamasque nap. = napolitain
bg. =bulgare ngr. =neo-grec
c. =carte nom. = nominatif
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Slrtetiror te Tiranes (Scrie Shkencat Shoqerore).
St. Hist. Studime Historike, Tirane, 1947-; (a·,ec ce titre depuis 1964).
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INDEX
(Les chiffres renvoient aux paragraphes)

a) AUTEURS MODERNES
Adam, J. i8 Buda, A. 50
Adler, A. 275 Budina, Dh. 49, 53
Aebischer, P. 3i, 9i Budinszky, A. 322
Alessio, G. 3i Burg, J. B. 309
Altaner, B. 266 Bi.irchner, L. 5i
Althauser, J. B. 270, Byck, ] . 204
273, 292
Anamali, S. i9, 50, Carnaj, M. 22
52, 57 Cameron, A. 245
Andre, ]. 31'i Candrea, I. A. 16, 61, 3H
Andriotis, N. 2i5, 256, 257, 260, 269, 270, Capidan, Th. 18, 73, 157, 158, 160, 162, 191,
27i, 285, 287' 307, 308 196, 217, 221, 223, 225, 330, 350
Arvinte, V. 208 Caragaţă, G. 226
Audollent, A. 251 Caragiani, G. 229
Aussaresses, F. 317 Cavenaille, R. 245, 262, 277
Ceka, H. 41, 46, i9, 50, 57
Baldinger, K. 91 Chygnet, L. 282
Balzani, lJ. 3i Cichorius, K. 315
Bardenhewer, O. 2i7 Cihac, A. de 3i3, 3i4
Baric, H. 18, 36, 60, 63 Cimochowski, \\'. 65
Bartoli, M. 10, 16, 71, 77, 78, 91, 9i, 97, Collinet, P. 293
101, 102, 103, lOi, 106, 128, 250, 330, Collomp, P. 287
338, 369, 382, 38i, 389 Colombis, A. 77, 389
Battisti, C. 26, 106, 107 Cons, H. 75
Bauer, W. 2i5. Costinescu, M. 204
Bărbulescu, I. 236 Coşbuc, G. 356
Bec, P. 78, 389 Coteanu, I. 162, 169
Beckh, H. 260 Creţu, Gr. 210
Bekker, I. 261, 278, 28i, 29i Cvijic, ] . 75, 387
Berneker, E. 3i3, 352, 353, 355, 357, 376 <;:abej, E. 18, 23, 24, 26, 28, 32, 35, 36, 38,
Be!ievlie·1, V. 2i9, 291, 298, 324 41, 43, 66, 69, 70, 72, 221, 351
Bethe, E. 276
. Bickel, E. 266 Dagron, G. 247
Bidez, ]. 311 Dain, A. 267, 271, 293, 310
Bingen, ]. 252 Daris, S. 245
Blavatski, V. D. .~O. 52 Darrouzes, ]. 267, 270, 298, 299
Bogrea, Y. 36, 359 Deano·1ic, ~1. 10, S'O, 91, 97, 101, 104, 106,
Bojan, T. 208 108, 111, 113, 116, 117, 118, 120, 121, 123,
Boissonade, J. F. 270, 297 124, 125, 390
Bompaire, J. 290 Decev, D. 218
Bonga, E. A. 313 Delahaye, H. 291
Bonnet, M. 290 Densuşia11u, K 356
Boor, Carolus de 247, 2i8 Densusianu, O. 59, 135, 156, 157, 172, 178,
Bowetsch, N. 290 189' 193, 198, 200, 203, 204, 205, 208, 209,
Brătianu, G. I. 323 210, 211, 213, 215, 221, 236, 244, 260,
Brehier, L. 273 323, 340
Brâncuş, G. 221 Desrosiers, L. 75
Brugmann, K. 353 Diaconescu, T. 351
Bri.ickner, A. 353, 355, 360 Diete rich K. 244, 264

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492 H. Mihăescu

Dindorf. L. 256, 260, 273 Iorga, N. 323


Dittenberger, "·· 244 Ippen, Th. 56
Domaschke, W. 217 lslami. S. 50, 52
Dornseiff, Fr. 217 lvăncscu, G. 36, 217, 221, 223, 224, 225, 235,
Di:ilgcr, F. 302, 310, 327 242
Di:ittling, Ch. 245 lvc, A. 106, 390
Du Cange, 2H, 287, 307
Duridanov, I. 218 ]anin, R. 253, 273
J ellinck, F. 127
Eckinger, Th. 2H Jirel:ek, C. 59, 77, 249, 323, 330, 359, 362,
Ellissen, A. 278 · 369, 371, 372
Ewald, P. 247 Jokl, N. 17, 18, 24, 26, 28, 38, 41, 43, 46, 60,
62, 6.1, 65, 66, 70
Fallmerayer, J. Ph. 58 Jud, J. 94
Fischer, I. 61, 134, 188, 217 ]ung, J. 322
Fluss, E. 46, 54, 55, 56
Kalitzoumakis, I. 36
Gabinskij, M. A. 221 Katil:ic. R. 76
Gebhardt, O. 298 Kaufmann, Fr. 247
Gclzer, H. 71, 266 Keil, H. 277
Georgic·1, \". 6!S, 218, 219, 221, 236, 330, Kiessling, E. 245, 255
.167 l{iparski, Y. 334
Gcorgillas, Emm. 290 Klugc, F. 127, 318
Gcorgiou, H. G. 312 Kolias, (;. 309, 324
Gerojannis, C. 53 Kopitar K 58
Gerola, B. 226 I<orable·1, H. 3 14
Gero·.r, ll. 249 Kos, M. 127
Ghcţic, I. 199, 204 Kova~cc, A. 203, 204, 214, 217, 390
Giuglea, G. 190, 212, 221, 225 Ki:irtling, G. 244
Giurescu, C. C. 323 Krahe, H. 46
Goar, J. 290 Kranzmaycr, E. 106, 128, 366, 386
Grad, A. 128 Krawczynski, St. 270, 272
Graur, A. 26, 134, 160, 173, 178, 181, 203, Kretschmcr, P. 244, 278, 353
212, 215, 216, 217, 318, 357 J{riaras, E. 243, 259, 270, 286, 295, 296
Grecu, Y. 302 ){ugcner, M. A. 309
Gregoire, H. 309, J lO J~uhn, A. 77
Grnsse, H. 36, 291, 295, 301 J{ulako·1skij, J. 258, 287, 294, 309, 316
Gubcrina, P. 79 J<urtz, E. 314
Guilland, R. 266, 294 Kiihn, C. G. 255
Gy6ni, M. 127, 324
Lachmann, C. 251
Haarmann, H. 18 Lafc, E. 41, 42
Hacllich, R. L. SO Lafoscadc, L. 244
Ha!m, J. G.v. 15, 46, 58, 247 Lambcrtz, M. 38, 65
Hallig, R. 217 Lambros, Sp. 3 lO
Hamp, E. 225 Lammcrt, Fr. 315
Hardouin, J. 291 Lampe, G. W. A. 245
Hartlcin, F. 247 Lambcrg, H. 135
Hartmann, L. M. 247 Lcakc, "". M. 58
Hasdeu, B. P. 208, 220, 221, 293, 322 Legrand, E. 268
Hasc, c. n. 279, 293 Legros, J. 75
Haury, J. 247, 248 Lt-mcrle, P. 269, 304
Haussig, H. \V. 309 Lt-onc, P. A. M. 267
Hauton, L. 270 Lipsius, R. A. 290
Hesseling, D. C. 243 Lot, F. 323
Heuzey, L. 49 Li:ifstedt, L. 319
Hirt, H. 59, 369
Hopf, C. 58 Magic, D. 244
Horedt, K. 234 Mareş, A. 199
Hi:irandner, W. 294, 296 Marquart, J. 59
Hraste, M. 92 Martin, Y. 277
Hristea, Th. 162, 191, 197 Mateescu, G. G. 46
Hubschmid, ] . 28, 221, 231 Matons, G. de 280

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Index 493

Maver, G. 77, 382 Petkano•J, I. 330, 363, 366, 379


Mayer, A. 65 Philippide, A. 11, 17, 26, 61, 70, 133, 134,
Meillet, A. 337, 338, 353, 355 221, 248, 323, 330, 359, 382, 389, 391
Meineke, A. 293 Philippson, A. 46, 49, 53
Meinersmann, B. 245, 270, 295 Pic, J. L. 322
Melich, ] . 10 Pinder, M. 294
Meringer, R. 91 Pippidi, D. M. 278
Merlo, C. 104, 106 Pokorny, ] . 353
Meyer, G. 15, 16, 17, 58, 59, 244, 255, 366 Polaschek, E. 46
Me\"er, Ph. 36, 304 Popa-Lisseanu, G. 323
Me)'er-Li.ibke, W. 3, 16, 17, 20, 28, 78, 217, PopMic I. 336, 338, 350, 362, 366, 367, 377
252, 257, 270, 280, 298, 318, 344, 362 Pouqueville, F. C. 58
Mihăescu, H. 26, 148, 151, 153-156, 158, Pânan, V. 356
160-167, 169-175, 177-179, 187-200, Praschniker, C. 49, 50, 54, 55, 56
203-216, 230-231, 249-250, 254, 266, Preisigke, Fr. 245, 255
318 Psaltis, St. V. 24.4
Miklosich, Fr. 15, 58, 221, 236, 259, 339, 348, Psichari, J. 244
353, 355, 371, 372, 376 Puschmann, Th. 258
Miller, E. 254, 287 Puşcariu, S. 26, 59, 157, 160, 168, 174, 176,
Miller, K. 48 191, 196, 200, 203, 208, 211, 217, 221, 343-
Miltner, F. 46, 127 345
Mladeno-1, St. 60, 73, 330
Putancc, V. 100, 393
M6csy, A. 327
Mohrmann, Chr. 266
Racki, Fr. 76
Mommsen, Th. 58
Rădulescu, M. M. 221
Monfaucon, B. de 294
Regel, W. 314
Mora·1csik, Gy. 76, 252, 257, 275
Reichenkron, G. 67, 126, 221, 318, 325, 386
Morland, H. 25
Muljacic, z. 10, 77, 78, 87, 92, 102, 104, Reiske, .\. 267
Reitz, W. D. 262
389
Murnu, G. 190, 197, 200, 208 Rendic - Miocevic, D. 76
Re~etar, M. 91
l.\fotafciev, P. 323
Rev, L. 49, 50, 54, 55, 56, 57
Mi.iller, J. 259
Rigault, N. 244
Riza, A. 221
Nauton, P. 226
Roesler, R. 322
Năsturel, P. Ş. 325
Rohlfs, G. 82, 245, 252, 268, 269, 271, 275
Nencioni, G. 245
Rollin, M. 266
Nestor, I. 234
Niederle, L. 329, 350, 358, 359 Romanski, St. 330, 362
Roos, A. G. 317
Niermeyer, I. F. 36, 276
Nopcsa, F. 41, 56, 60 Rosenblum, J. 326
Rosenkranz, B. 77
Novak, G. 101
Rosetti, A. 36, 65, 135, 157, 166, 172, 176,
Oberhummcr, E. 46, 48 177, 178, 191, 193, 198, 200, 204, 205,
Oikonomides, K. 290 206, 208, 210, 211, 213, 215, 217, 221
Oldfather, W. A. 317 236, 323, 345, 351
Onciul, D. 322 Rouillard, G. 287
Olberg, H. 70 Rubin, B. 249
Russo, D. 323
Pace, B. 50, 53 Russu, I. I. 46, 66, 218, 221, 269, 2H
Pamfil, V. 189
Papahagi, P. 323 Sala, M. 162, 169
Papahagi, T. 26, 135, 217, 312 Salvioni, C. 252
Parmentier, L. 311 Sandfeld, Kr. 63
Pascu, G. 221, 330 Sathas, C. 254, 309
Patsch, C. 46, 49, 50, 51, 52, 56, 60, 249 Scheludko, D. 330, 366, 367
Pauli, C. 59 · Schenkel, H. 253
Pătruţ, I. 236 Schiaparelli, L. 34
Pederscn, H. 15, 17, 26, 28, 46, 59 Schir6, G. 269
Pckmezi, Dr. 16, 43 Schober, A. -49, 54, 55, 56
Pellegrini, G. B. 26, 28, 32, 38, 104 Schreiner, P. 283
Pertusi, A. 252 Schubert, W. 247
Petit, L. 272 Schuchardt, H. 15, 91

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494 H. Mihăescn

Schiitz, J. 351 l"golini, L. M. 53


Schwartz, Ed. 256, 261, 292 l'~ako·r, N. 354, 355
Schwyzer, E. 348
Seeck, O. 295, 297 Yăânănen, Y. 261
SeliH:e·r, :\. :M. 62, 73 Vaillant, A. 95, 334
Sestieri, P. C. '19, 51, 52 Vari, R. 253, 293
Sji:iberg, L. O. 313 Yasmer, M. 18, 236, 333, 334, 351, 355, 362,
Skok, P. 3, 10, 16, 26, 62, 70, 71, 77, 79, 80, 375 .
S4. S7, 90, 91, 92, 96, 97, 101, 102, 104, Verpeaux J. 255, 269, 272, 27J
106, 128, 13."i, 245, 248, 256, 330, 335- \'eselo·1skij, A. N. 358
345, 347, 3'18, 350, 363, 366, 373, 376, Yidman, L. 5i
381-383, 386, 388-390 Vi<lossi, G. 106, 128
Soglian, G. 77, 389 Yincenz, A. de 331, 332, 333, 334, 335
Sophocles, E. A. 244 Yinja, Y. 38, 91, 101, 104, 389
Stadtmiiller, G. 64 Yiteau, J. 292
Stein, E. 301 Yondrak, ''"· 381
Symeonidis, Ch. 259, 270, 296 Yraciu, .\. 221
Yulpe, R. 323
Şăincanu. L. 358
Şia<lbei, I. 63, 215, 255 Wagner, M. L. 22, 26, 248
Şincai, G. 322 Wagner, W. 278, 290
Waldc, A. 353
Wartburg, W ..„_ 104, 128, 217
Tag1ia·1ini, C. 10, 18, 2.of, 64, 104 WeigamJ, G. 16, 36, 60, 62, 67, 71, 330, 351
Teaha, T. 156-158, 193, 200 Weiss, J. 105
Teka·1cic. P. 79, 106, 108, 111, 119, 121, Wellmann, M. 252
125, 390 Wesse!Y, C. 244, 271, 303
Teo<lurescu, ~1. 204 Wilheh.n, A.t. 245
Thomas, A. 34 Wirth, G. 247, 218, 317
Thumb, A. 10 Wuensch, R. 247, 271
Thunma1111, ]. 58, 322
Tiktin, H. 343, 344, 366 Xenopol, A. D. 322
Tittmann, I. A. H. 270 Xylander, ]. ·1. 58
To<loran, R. 217
Tomaschek, E. -16, 51, 52, 218, 322 Zamboni, :\. 77
Trapp, E. 2.'ii, 273 Zeiller, ]. 2i7, 266
TreinH'r, C. 71, 103 Zi!Jiacus, H. 21.'i, 247. 280, 293, 323
Triandaphylidis, .M. A. 244, 252, 255, 307 Zippel. G. 1.'i, i7

b) FORMES ET MOTS
ALllANAIS
adheroj, a<lhuroj 28 ashperim 43 belb 26
afte 28, 30 ashung 26, 27, 188, 382 belbe 26
agjeroj 26, 27, 214, 388 a·1Jemend 38, 40, H belber 26
agjiroj 21 a·1ull 223 berbcreshe 43
ajir 26 berr 223
ajer 26. 27 bac 223 bersi, bersi 28, 90
ame (amja, ameja} 38 ba~ 223 binjar 28
ar 26, 157 badj 223 Bisak(u) 43, 66
arber 46 bagele 223 bishe 21, 28
Arberi 46 bagem 38, 70 hishteze 223
argjen<I, ergjent 26, 157 bajge 223 Blakaj (guegue) 43
ark 26 ballader 28 blate 103, 388
arke 28, 30 halte 223 blegatoreshe -13
arme 210 bal(I)shem, bellshen, bal~cm biete 70
armik, annik 28, 30 28, 31 bolle 38, 39, 223
arnoj 25 bardhe 223 bore 223
arsye 28, 30 barse 223 bosil6k 372
ashke 26, 191, 259 bashke 223 bredh 223
ashqe 26, 194 bashkim 43 breke 26, 191
ashper 26 bekoj 28, 388 brenge 223

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Index 495.

bres 223 dullje (a. alb.) 26, 183 ftoj 27, 197
bret(e)k 165 duq 28, 30 ftua 26, 197
brez 223 duroj 26 ftyre 20, 104, 168
brenda, brenda mbrend~ 38, dhalle 223 fund 26
44 • dheroj, dhuroj 28, 29 furke 20, 26, 198
brirne 26 furr 363
bryme 26, 388 furre 26, 104, 202
e 26
brushtull 223 furreqi (a. alb.) 38, 40
egjer 70
buall 26, 27, 167, 388 fushnje, fuzhnje 28, 31
emte 26, 20~
bugaje 43 fytyre 26, 44, 168
engjell 22, 26, 2 H
buj 223
ere 26, 27, 28
bujk 38, 39
eshke 26, 194 gacli 223
buke 20, 32, 34, 103
gardh 223
bukur 223
gardhe 223
bukuri 223 faj 28 gardhen 223
bukuro(n)j 223 famull 38
gargull 32, 33
bule 26 faqe 23, 169, 382
gate 38, 39, 128
bulCz 223 farke 28
bullar 223 gat(i) 223
fasule 372 gaver 156
Bunjaj (guegue) 43 fashe 366
burdhe 223 gaz 28, 30, 388
fashke 22, 26, 191, 366
bush 28, 31, 223 gaz(e)moj (a. alb.) 38
fat 28, 29
but 26, 189 gazmend 38, 44
fe 23, 28, 103
buze 223 gege 223
fejoj 28
byk 223 gelase 26, 44, 199, 382
femer, femen 26
gelbaze 223
ferr 28
gerrese 323
cap 223 fojej. fejoj 28, 30
geshtenje 26, 163, 372
cike!e 223 felqinje 32, 37, 169
glemp, gljimp 223
cipe 223 femije 26, 203, 388
goge 223
cjap 223 fe~':;'· fener (guegue) 38, 40, gram 28, 29
cucute 161 grate 26
cung 223 fen(j)eshter 26, 193 grep 223
'Yartoj 26, 185 fergoj 26, 188 grigje 28
'Yimke 26, 103 ferkoj 26, 103, 104, 128 Gropaj (guegue) 43
'YIDOj 26 ferrime 223 grope 223
fiok 223 fertere, feltere, fultere 38 •40 grunde 223
'Yuke 223 44 •
grure 195
'Yupit (iyupis) 223 gudulis 223
fijan (guegue) 26, 27, 20l,
347 gune 26, 31, 366
dalte 223 gurmaz 223
dash 223 fier, fjer 28, 70 gushe 223
daullar 43 fik 26, 197, 388 gusht 26, 216
Dednikoj (guegue) 43 fiii 26, 190 Gushti 42
derrar 43 fjalC 28, Jo, 99 gute 26
detores 26, 207 fjer 44 guxoj 26, 184, 382
detuor, detuar 26, 27, 207 fjeshter, thjestre 44 gjaketuar 43
deftoj 28 flamur 301 gjel 28, 30
•dellej 26 flas 28, 30
gjelber 26, 180
dem 26, 209 flojere 223 gjender(e) 26, 44
dermoj 26, 223 flok 26, 190
gjemb, gjemp 223
derstite 223 flutur 164, 223
gjemoj 22, 26, 183
deshiroj 26, 183 fluturoj 223 gjykoj 21
deshmoj 38, 40 fojlete 28
gjinde 26, 208
djal 28, 388 fqinj 26, 205 gjinkalle 28
dose 26 fqolle 26, 191 gjoge 26, 205
<lot 26, 44 Frakull 41 Gjon 41
dragua 28, 30 frasher, frashen 22, 26, 163 gjuvenge 26
drapem 70 fre 26, 206 gjiume 223
drejt 22, 388 fruar, fror 26, 216 gjyk 26, 209, 382
drejte 26 fryt 22, 26, 135, 214, 388
gjykoj 26, 209
dreq 32, 34, 215 fshat 32, 36, 208, 310 388
droje 223 f~hike, psihke, meshik~ 26 gjymtyre 28, 44
dru 223 171 • gjysh 223

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496 H. l'l'1ihăescu

hames 223 kermi li 223 kundersbtar 38


hannesh(u)ar 26, 27 kerp 26, l~O. 372 kundrejt 38
here 21, 26, 216 kershendelle 38, 40 388 kundroj 38, 40
hudhcre 223 kcrrute 20, 26, 167, 388 kundr>mll 38, 40
hudher 223 kesuk 223 kunerezoj 43
hurd(h)e 223 keshill(e) 28, 30 kunge 28, 31
hutc 38, 39, 223 keshtenjc 26, 163, 372 kungoj 26, 214
hutoj 223 keshtjell 28, 44 ku(n)j 26, 193
keshyri.' H kunora i2
ilje 26. 171 ketsh(a)mill 223 kunore 42
ilq(e) 28, "12 klishc, kishe, qishe 28. 72, kupac; 223
ilqet '12 94, 99, 123, 214, 253, 390 kupe 26, 189, 365
iriq 26, 167 klisvri.'. klvsur(' 32 kuptyrc 26
kodfr J2, -36, 256, 388 kuq 28, 382
javc 28, 72, 99, 103 kofshe 22, 26 kurm 223
koftor 22, 26, 135, 202, 363, kurmoj 223
38S kurore 26, 215
kac;ilc, kashile 28 kursej 223
katul 366 kojrrille, kurrille 38, 39
kokc 26, 32 kurt (a. alb.) 26, 27, 208
kafshe 2 I. 28. 30 •kurta 26
kafshoj 26 kolC'rnlri.' 7 3
kom(e) .'2, 33, 69 kurth(t·) 223
kal(C:·) 26, !J5, 199 kushhi 26, 44, 203
kalori•s 26 konke (a. alb.) 28
konop 73 kut 26, 170
kalti'r 3S, 40 ku·1ent, ku·1end 7, 32
konurki.'z 3S, 40 36,
kaluar 26, 206 Hi5, 388
kaluor (a. alb.) 26 kopil 223
korb 26, 166 kuxuj 22
kallezoj 43
kallm 26, i2 kore, kore 32, 31, 161
kallmati 42 korqC', 2S, 30 laj 223
kallnuar, kallnor, 32, 37, 216 kortc 38 lakl'r, laken 66, 70
kamine 363 koshez 26 Iar 26, 162, 3SS
kamp 372 kme 3S, 40 larg 26
kander 2S, 70 krC'c 223 larushk(e) 2i, 26, 162
kan(i.')p 190, 372 kreshme 26, 215 lavd 26
kannshe 28, 30 kreshpc 28 Ja·1dc 21
kape 272, 366 kresbte 20, 26, 156, 199 388 )eh 26, 223
kaţreshe 26
krijoj 2S, 29 lehte 26, 22.)
kaproll, kapruall 26, 167 krua 70 kngjer(<') 3S, 4i
kaptine .U, 33, ·H krushk 32, 37, 69 lepjete, JCpjPte 38, 39
kap11a 2i kryq(e) 20, 26, 71, 103, 213, lt'pur 26, 167
karp111. 196 iSS lerth 22.)
karti' 26, 205 kuhl'I 2S, 31, 91 kndc 26
kasol11· .l6) kujri 31' !i'ndoj 38
kastt'f 26 kujtnj 26, 182 !Cngoj 32
kashilc :; I kukuri' 2S6 !Cshoj 22, 26
kashnjct 41 kukute, kokute, 20, 26, 372 kvdoj 26
kashtt'il 362 kular 26 li 26, 190
kashuj<'t '43 kulm 26, 156 ligj 209
katund 223 kulshi.'dt'r, kuc;edre 38, 39 ligje 21, 22, 26, 209
kelbaze 223 kulte 26 Jiketyre H
kelqerc 28 kulter(e) 28, 31 lime 28, 31
kembej 28 knllana 32, 34 linje 32, 33, 191
kembe 26 kulloj 25, 26 liqen 70
kcmbone 62, 71 kulloshter 26, 200 lir 28, JO
kemishe 26 kullum(b)ri 26, 41, 166 lire 23, 28, 30
kenate 28, 365 kum 70 lope 26
kendelle 28 kumbull 70 Lotaj (guegue) 43
kendoj 26, 205, 388 kumpter 341, 343 lter 2 1, 26. 213
kenge 32, 33, 205 kumt 28 luaj 28, 29
keprcsh(e) 26, 206 kumter 40 luce 38, 39
kepushe 223 kumul 41 lufte 22, 26, 210, 388
kepute 223 kunat 26 lugaje 43
ker~o. -uni (guegue) 351 kunder, kun<lre 26, 44, 341, Lukaj (guegue) 43
kerkvj 22, 26, 184 3'43 luker, lukre 32, 34

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Index

lunder, lundre 26, 206 rneshtek 44 ngjall 22


luqerre 28, 31, 103 meshteken, meshteker 32, ngjome 22
lyk(e)tyre 26 35, 163 Nikaj (guegue) 43
llafshe 38, 39 meshtekonem 26 nofull, nfulle 28
llaje 223 metrik 26, 200 noshter, noshtre 38, 39,
mije 26, 44 H
mik 21, 28, 30 notoj 26, 178
mahajer 38, 39, 44 milor 200 numer 26
maj 26, 202 milore 200 nun 26, 215, 388
mal 60, 223 mire 223 njal 22
rnalcoj 28, 29, 32 mjek 28 njerk 203
mall 26 mjerc 223 njerke 32, 37, 203
maroj(e) 70, 223 mjeshter 26 njome 22
marcel, rnercel 32, 33 mlysh 31
rnarg1enuar, rnargjenor 26 mnjill 28
marmur (a. alb.) 26 oker 70
modhulle 60, 223 orc 32, 33
rnars 26, 216, 382 moker 38, 39, 66, 96, 103,
rnarshtoj 28, 30 388
rnartese 38, 40, 44 molike 223 pagezoj 26, 27, 71, 214
rnarte 26, 216 moile 70 pagua 26, 199
rnartoj 26, 204 mort 26 paje 38, 40, 191
*mashe 28 moshtre 26 pajtoj 26
rnashen 28 mo(t)she 223 pak(eJ 28
rnashkull 26, 199 mproj 26 Pal 41
mbarse 223 mrekull, mrekulli 38, 40 palle 28
mbese 94 rnugull 223 palloj 38
(m)blate 28 mullar 28 paq(e) 22, 26, 210
mbret 32, 37, 208, 388 mulle 199, 223, 371 paqoj 69
mbroj 26 mullez 223 pare 24, 28
mbruj 26 mulli 28, 44 parmende 38, 39, 44
mbush 223 murg 28, 72, 223, 388 parriz 38, 72, 388
mejtoj 38, 40 murtaje 38, 44 pastroj 223
mel 26, 195 mushk 168, 223 pash 26, 178
mendull 72 musbkeri, mushkeni 26, 168 pashke 26, 215
mendulle 28, 31, 103, 388 mushkonje 38, 39, 44 pashtrak 38, 39, 44
mente 26 rnusht 26, 189, 369 pat 223
mergjur 28 muz (a. alb.) 28 pate 223
merima(n)ge 70 mxoj 38 pe 28
meshe 28, 72, 103, 388 myk 26, 388 pelk 223
megashter 38, 39, 44 myll 28, 31, 371 pellg 70, 223
mekat 26, 214 perne 26, 197
mekoj 28, 30 pende 26
melkoj 38, 40 na 223 pendohem 32, 33
mellenije 223 nalte, !arte 26 peng 28
menda(f)sh 32, 35, 94 nape 38, 40 peng(e) 26, 201
menge 26, 191 natyrc 38 penshoj 26
menger 70 nazetuar 43 perendi 38
mengjer 38, 44 ndejej. ndjej 28, 29 peshe 26
mengoj 32, 33, 44, 216 nderroj 38, 40 peshk 20, 26, 388
meni 183 ndeshkoj 26 peshkep, upeshk, upeshkup,
menk 26, 175 Ndre 41 peshkop 38, 40, 103, 388
menoj 26 ndrikull(e) 38, 40 pegcre 26, 37, 40, 212
rnerej 32, 33, 183 Ndue 41 pelqej 26
mergoj 26, 178 ne, neje 26 pellas 26, 97, 382
rneri 32, 35, 44, 183, 388 neperke 223 pellumb 26, 166
merkure 26, 40, 216 netull 223 perne 69
mershine 223 ngalkoj, ngalkohet 26 per H
Merti, Merti r 4 1 ngarkoj 26, 206 perdellej 26, 44
meru 24, 38, 40 (e)ngenjej (a. alb.) 26, 27 pergjeroj 26
merzej 26, 200, 382 ngijej 26, 200 pergjoj 32, 33, 44
merraje 38, 39, 44, 223 ngrate 38, 40 perhere 223
rnes 223 ngushelloj 38, 40 perint, prind 26, 203
mesalle 364 ngushte 26, 42 pertoj 26
meshiroj 26, 208 ngjale 28, 31, 103, 388 p(er)ralle 28

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408 H. Mihăescu

perroi 223 qete 22, 25, 26 shale 223


pesoj 26, 18 3 qe 32, H shap 223
pik 26 qelqere 30 sharke 191
pille 27 qeroj 26 shartoj 28
pip 28 qertoj 26, 185 sharre 26, 202
pjalm 223 qicll 22, 26, 80, 103, 104 sheke, shcqe 28
Pjan 41 qift 21, 38, 39 shekull 38
pjeper, pjepen 24, 32, 3-;-, qime 26, 174, 231 shelg 23, 26
196 qiqcr 26 shelqnuer, shelqeror 38, 39
pjergull 26 qind, qint 28, 30, 44, 80 shcme 28, 30
pjcse 26, 382 qingel 26, 191 shcnj(c) 26, 181
pjcshke 28. 31 qiqer 20 sherbele 38
plagc 28 q11arr 26, 163 shermend 28, 31, H
plep 21, 26 *quel 41 sherp 70
pICndes 26 qull 32 sherregji 38
pluhaje 43 qytet 26, 103, 208, 388 shesh 32, 37, 156, 388
pluhur 26, 103 shcgjete 26, 210
plumb 26 regal (guegue) 220, 223 shelboj 28
popull 26, 208 rcndes 223 shellij 26
porte 26, 193, 362 rem, rremp, rremb 26 :-hembcllej 26
porr 26 renoj 25 ~hemoj 28
Postripa 41 rere 2 I, 26, 157 Shendertat, Shendertat,
Postripe 103, 104, 128 rgjand (guegue) 26, 157 Shindriut 38, 40, 100, 388
poshte H rjet 24 shendet 26, 103, 174
rmatc 28 shendoshe 26, 174
poshtrak (alb. reg., Mati) 38 rosc 22-1 Shen Gjin 100
pralle 30 Hupaj (guegue) 43 shent 26, 215
pran·1erc, prend·1ere 26 rre 28 sherbe(l)Ie 38, 39, H
pre 26, 211 rrept: 28, 31 sherbej 28
presh 66, 70 rreten, rreter 28, 44 sherbese 28
prift 26, 62, 71, 81, 103, 2 li rrezc 26, 382 sht'rbetor 28
prij 31:! rremoj 26, 165, 199 sheroj 25, 26
prill 26, 216 rrenoj, rrenoj 28 sh.igjete 26, 210
prind 203 Rreshaje 38, 40, H shkale 362
prinq 38, 40 rreshine, rreshire 26 shkalle 26
puganes 73 rrike 28, 160 shkamb, shkcmb 26, 193
Puka 41, 66 rrille 28 shkardhe 223
pule 26, 171 rril.ke 26 shkarpe 70
pulpe 26, 170 rripe 26, 156 shkaterr 28
pulqcr 26, 170 rriqer(c) 28, 31 shkembej 26
pupe 26 rrjep (rropa, rrjcpur) 26 shkcndijc 26, 194
pupeze 223 rrjesht 28 shkep, shqjep 26, 175
purri' 38, 44 rrjet(e) 28, 30, 97 shkop 70
pus 20, 22, 26, 382 Rrjolli 41 shkorse 22, 32, 37
pushoj 26 rrojbe, rrolbe 26, 180 Shkortull 42
pushtct 28, 29 rrote 26, 206 shkorret 43
pyll 32, 34, 69, 167, 388 rrufe 220, 223 Shkozet 43
rrumb 28, 30 shkoze 43
qare 22J rrushkull 28, 31 shkrep 223
qar 372 shkrete 32
qarr 26, 42, 163 Salmaj (guegue) 43 shkrum(b) 223
qelq(e) 28, 30 samar 279 shkulke 28, 388
Qelza 41, 66 sefte 41 shkurt 26, 42
qen 26, 199 Sift 41, 66 shkurtoj 152
qcpe 22, 23, 26, 103, 104, 117, sorre 223 shok 26, 382
196, 388 sqap 223 shoke 28, 31
sqep 223 shollc 28
qepe(r) 28
qere 26 squfur 32 shoq 382
qerm 26, 158 stan 225 short 26, 212
qershi 26, 70 strajce 223 shparte 28, 31
shage 28 shpate 26, 97, 104, 128, 210
qerre 26, 206
shajtoj 26, 210 shpatull(e) 28, H
Qerret 42 shake 26 shpelle 70, 101

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h1dex

shpender 223 tende, tende 26, 27, 193 Valas 41


Shperdhet 43 terboj 26, 183 Valet 41
shpesh 26, 155 terfoj(e) 26, 195 Valsh 41
shperej 28 terfurk 38, 39 Valth 41
shpine 24, 28, 171 termet 38, 39 vape 223
shpirt 28 tershane, tershere, 38, 39 varfer 26
shporte 28 tine, tire 28, 31 varpezoj 43
shpretke, shpenetke 38 tjegulle 28 vatre 223
shpuze 32, 35, 194, 368 tmerr 26, 183 ·1epre, veper 28, 29
shqa 26, 73, 208, 25!!1 tork 28 verber 26
shq(j)ep 44, 175 torte 26 ·1erce 38, 39
shqipeta.re 46 tra 28, 30 verdhe (i, e) 20, 26, 42, 1.î9
shqyt 20, 26, 104, 210, 388 trajte 28 vere 26
shtat 32, 37 trajtoj 28 verri 44
shter(e) 38, 40, 44 tratk 38, 39, 44 ves 26, 27
shterpe 223 trestile 223 veshk 28
shtenger 26 trishtoj 26, 183 vcshtoj 28, 29
shtengu 26, 170 trofte 28, 30, 72 veshtull 38, 39
shtepi .32, 34, 205 truaj 38, 40 ·1etull 28, 44
shtergjysh 44 trumze 70 vejej 28, 30
shtermbesc 44 trung 28, 160 verer. vrer. vener 26
shternip H tufe 26, 159, 301, 372, 388 vere 223
shtije, shtize 28, 30 tumbe 26, 215 vergar 38, 39, 44
shtire 223 turbulloj 26, 183 vers 223
shtize 39 turjelle 28, 30, H ·1ershoj 26, 200
Shtjefen 41 turme 26, 200, 371 ·1ertete 23, 28
shtok, shtog 26, 162 turp 28 verras 223
shtrat 26, 193 turtull 26 verri, ·1erri 26, 39
shtremb 26, 181 thark 223 veshgoj 28, 29
shtrember 26, 181 thep 223 ·1gje 21
shtrep 223 thepis 223 vi, vije 28
shtrengoj 26 therrime 223 vigjez 20, 28, 31
shtrunge 223 tberrmoj 223 vij (erdha, ardhur) 26
shtune 38, 40 thjestre 26, 203 Viie(z) 41
shtup(p)e 26, 190 thumbull(e) 223 Vinjall 41, 66
shtylle 32, 35, 193 thump 223 virgjer 26
shuall (sholle) 28, 29 virtyt, ·1ertyt 26, 184
shul 26, 104 udhos 223 'literk, vitrek 24, 26, 20)
shulle (shulleri) 38, 39 ujane 223 viterkeshe 203
shume 28 ulerij 26 vjedhull(e) 223
shur, zhur 28 ullas(h)ter 38, 39, 44, 388 Vjerdha 42
shurbe 26 ulli 28, 31, 72, 388 vjeter 24, 28
shurdh 26 um, umb 24, 38, 39 voshter 28, 31, 72, 388
shurdher 26 ungj 26, 203 vullnet 23, 28
shut 223 ungjill 38, 40, 388
shushunje 28 unq 20, 26, 203 xhakas 223
Shutrrija 41, 66 urdher 28 xhufke 223
uroj 32, 33
taftar 28, 30, 44 urrej 32, 37 yndyre 26, 44
talle 28 usqej 38, 39
tarogze 70 ushtri 26, 210 zane 26, 49, 212, 382, 388
tempull 28 ushuj 26, 27, 188, 382, 388 zave 210, 275
tende 193 zef 41
tenje 28, 30 vadhe (vodhe) 70 zere 26, 212. 382
tepe 70 vaj (voj) 28, 31, 72, 388 zgaver 156, 181
ter 26 ·1ajtoj 223 zgjebe 26, 174
teshe 24, 26 vaker 223 zmojle 38, 39, 44
temb(e)l 26, 169 Val 41 Zylfay (guegue) 43

llULGARE

altare (bg. occ.) 379 banja 362 băkăl 365


Arear 382 băkal 365 băkle 365

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500 H. Mihăescu

băklica 365, 379 kalez (bg. dial.) 336 mesâl 36i


bivol 167, 371 kamin 363 misâl 36i
bosilek 372 kanula (bg. occ.) 379 rnrena 370
bosiljak 372 kanura 190, 366 mrenka 370
bosiljok 372 kapa 366 mula 371
brei 226 kapani 36i mule 371
brenduska 226 karpuz 196
bukla (bg. occ.) 365, 379 kastcn 172 oced 369
bukljâ 365 kăkăl (bg. or.) 379 occt 369
bukol (bg. occ.) 379 kăpani 36i oltar 213
kăpăni 36i
car 257 kl puni 364. 381 panukla lH
cari (a. bg.) 376 kl"sten 372 paunica 371
cer 163, 372 kiosten 312 paim 371
cern·1ina 372 kju·1eea (bg. occ.) 379 pavun 371
cer6·rn 372 kla5cnik (bg. dial.) 366 ploska 276, 365
cep 189 kla.Snik (bg. dial.) 366 polata 362
cereSa 333, 372 klasnja (bg. occ.) 366, 379 porta 362
ceresna 372 klisura 32, 36 poskura (bg. occ.) 379
ecresnja 372 kokol (Lg. occ.) 379 pupolje (bg. occ.) 379
ereSa 372 kolestra 369 pupulje (bg. occ.) 379
cuma 37i komin 363 pupu1ik(j)a (bg. occ) 379
konata 365
dricam (bg. occ.) 379 konop 190 ralja (bg. occ.) 379
dunja (bg. reg.) 197 koptor 363 Rim 375
korona 376 rus 180, 375
egula 370 kostan 372 rusalija 215, 350, 358
kosten 372
fasul 372 Krafon 351, 381
fa.<;Ulece 372 Krăciun (bg. dial.) 215
salarnura 188
fasulict· 372 k.riz 336 sapun 367
săuota 3i9
fasulj 372 kukol' (bg. occ.) 379
fafa 366 kulastra 369 sk6men 36i
furka 198 kumasin 3i2 Solunu 381
furna 363 kumica 3i2 spuza 368
fornja 363 kupa 189, 365 stezer 226
kupica 365 stcrna 362
gărk 375 kupicka 365
gorun 226 kuptor 363 tufa 372
grakol (bg. occ.) 379 turma 371
gruki:i (a. bg.) 375 ldija 367
guna 366 liksija 367 ·1ino 369
gunja 366 vi~ 333
lisida 367
gakolim (bg. occ.) 379 lisiva 367 visna 333
lukerna 377 vlah 127
lunâ 352 vlahinja 127
hurka 198 vlahinka 127
hurna 363 vlasce 127
mâtor 371 vurna 363
kacul 366 matorejam 3i 1
kaeula 366 mâtorem 371
kalcum 366 matorist 371 zrak li8
kalcin 366 măst 369 zid (a. Lg.) 375
kaleun 366 measal 36i zidovinu. zidovinu (a. bg.) 375

CATALAN
abatre 18i ahir 153 amblar 178
abril 216 ajonher (a. cat.) 178 amcnassar 18i
adormir 177 ajudar 205 amortir 172
adur 206 alba 148 anegar 172
afumar 19i altar 213 anell 192
agost 216 all 196 angle 181
agre 179 amagar212 any 216

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Index 501

anvell 200 cantar 205 eul 171


ap~ndrer 194 cap 169 cullir 198
aplegar 178 capdcl 169 cuny 193
apropar 17S car 206 cunyat 203
aquila 166 carbo 157 cuxa 170
aradre 198 caresma 215
aradura 198 cam 168 dany 209
arar 198 carnos 168 dar 207
arbre 159 carregar 206 demanar 185
arc 210 carrera 206 descalsar 192
arena 157 carta 205 descarrcgar 206
argen 157 casa 193 descloure 193
aritz 167 castonya 163 desert 154
arma 171. 210 căurer 178 desfrenar 206
armar 210 cav~lgar 206 dcspartir 154
arsura 194 cavall 199 dcspullar 211
ascla 194 ceba 196 clcu 213
ase 199 cenar 187 dcnt 169
aspre 155 cendre 188 deutor 207
atenirse 178 centella 194 de·.ranar 190
atiar 194 cenyir 191 dexar 184
aunar 198 cep 189 dcxendre (a. cat.) 178
aurada 104, 128 ecra 201 dczirer (a. cat.) 183
(a)vellana 162 cercar 184 dia 153
aver 153 ecrele 181 elidai 191
aygua 189 cima 174 dijous 216
ciutat 208 di lluus 216
bals 191 clamar 185 dimccres 216
barba 169 clau 193 dir 185
barbat 173 clop 163 dissapte 2 16
batejar 214 coall 200 dit 170
bava 177 co<lony 197 diumenge 216
berena 187 colde 170 divacare 211
berenar 187 colgar 178 divenres 216
besar 205 combregar 214 doblar 185
beta 191 compendre 178 doga 189
beurc 176 complir 211 dol 183
bevedor 176 comprar 207 dol~ 179
blonko 203 coneixcr 182 dolor 1'83
bo 186 conquerir 211 dolre 183
boca 169 conquerre (a. cat.) 211 dona 208
bocada 169 convenir 205 dorar 180
bote 189 copa 189 dormir 177
bou 199 corb 166 dos 171
braga 191 carda 205 dret 170
branca 167 corn 167, 197 dur 206
bras 170 cornut 167
brisa 28 corona 215
brufol 167 coronar 215 egua 199
correr 158 eixir 178
corretja 191 empenyer 211
cabestre 206 cort 208 (en)calsar 192
cabra 200 encalcemcnt 192
cos 158
cabriol 167 encender 194
cosir 191
cadell 199 costar 172 enclinar 213
cadena 171 endolsir 179
cot 202
cagar 176 endurar 183
calcar 178 coure 188 enfrenar 206
caldira 189 creixcr 172 enganyar 200
calor 149 cresta 156, 199 engreixar 181
calsamcnt 192 ensenyar 181
crestiă 214
call 206 entrar 178
camisa 191 creu 213 enveja 38
camp 198 creure 213 envidar 184

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502 H. Mihăescu

era 198 lotre 176 liana 190


erba 161 franyer 168 nart 188
erbos 161 fre 206 llas 201
esca 19i fregir 188 llebre 167
escala 193 freix 163 llegun 196
escaldar 192 fret 149 lleixiva 192
escama 190 fretura 168 llemena 16-4
escapar 178, 272 front 169 llengua 169
esclau 208 fruyt 2 li llengut 169
escoltar 179 fngir 178 lleny 159
escondir 18i fulia 160 llet IS9
escopir 177 fum 19-i lletuga 161
escorsa 160 fumar 19i Ileu 155
escriure 205 furt 209 llenr 207
escut 210 fus 190 llevat 188
espasa 210 fust 210 lley 209
espa tlla 170 Iii 190
espau 190 lli,::adura 198
gallina 199 lliin 158
espes 155
gallinasa. 26, 199
espiga 195 lli s 190
gemir 183
espigar 195 Boar 185
gendre 203
espina 171 lloc 156
i:cnoll 170 Jlon; Lrigol 171
espinos 162
gc·nt 208 llop 167
espremer 176
gen(y)iva 169
estar 178 Jlor 162
gineLrc 162
estopa 190 Ilot 157
gola 169 lluyta 210
estorcer 200
gra 195
estornudar 177 lluytar 210
graner 195
estrany 205
gras 181
estrenyer 198
graula 166 ma 170
eura 161
greu 155 magre 188
grill 16i maig 216
faixa 191 gros 155 malva 161
faixar 191 grua 166 mall 202
fals 169 gual 158 mane 175
fam 176 gust 179 mancidgora 161
farga 28 gustar 179 manega 191
farina 188 manoll 198
farinos 188 ir 178 manugar (a. cat.) 176
fava 196 ire 178 mar 158
fe 195 marbre 157
febre 17i maridar 204
jaure 178
febrer 216 marit 20i
jcu 206
fcbros 17i mars 216
joch 205
kl 171 masele 199
junega (cat. dial.) 199
fenas 195 ma!"tegar 176
jonek (cat. dial.) 199
fer 18i mel 201
joru 123
fcrre 157 melic 171
jo·1c 17 3
fet 18i mcnar 200
jurament 185
fii 190 menjar 176
jurar 185
fill 203 mcnt 182
jutge 209
filla 203 mentir 182
jutjar 209 menut 154, 171
finestra 193
flama 19i mer 180
floc 190 lefto 159 merda 176
fler 160 llac 158 merla 166
florir 160 lladrar 199 mes 216
foc 194 llagrema 183 mesa 193
forca 198 llagrcmar 183 mesall 208
formiga 16'1 llagrimos 183 mirar 183
formos 181 llamar 185 moc 174
forn 202 llambric 165 mola 198
forner 202 Jlambrusca 162 molsa 189

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Index 503

molt 154 panxa 171 ram 160


moll 155 paren 203 raro 155
mon 148 part 154 rasclar 190
mora 162 pas 178 rehina 163
morir 172 pasqua 215 rel 160
mort 172 passora 166 remar 199
mortehi 172 pastor 200 responder 185
mosca 164 pau 210 riba 156
mossegar 167 pecat 214 rimar 165
rnost 189 pedra 157 ris 183
mostrar 185 peix 165 riu 158
mudo 175 peixcr (se) 200 riurer 183
munt 156 pel 168 roda 206
munyir 200 pell 168 roig 180
mur 193 pendre 178 ronya 174
pera 197 rosto 169
naixer 172 percebre 182 rostre 169
nap 196 perdre 207 ruda 161
nas 169 perir 172 rumiar 199
negre 180 pes 186
niella 161 pesar 186
pi 163 sa lH
nit 153
pineda 163 s~doll 176
noces 204 sageta 210
noga 197 pinta 192
pit 171 sal 188
nom 185 saltar 178
nomenar 185 piular 166
pixar 176 saludar 205
nora 203 salze 163
nou 153 planta 159
planyer 183 sallir 178
nuar 191 sanar 174
nus 191 plaure 183
ple 154 sanc 168
plegar 178 sangonos 168
oblidar 182 plom 157 sant 215
obrir 148 poble 208 sauc 162
odre 189 poder 184 sauvatge 167
ohir 179 polpa 26, 170 segell lH
oler 202 poll 164 segle 195
o(l)m 163 pom 197 selva 167
olla 189 poma 197 sella 206
ome 173 pondre 178 semblar 155
ops 184 pont 206 semeni;:a 198
or 157 popar 205 sentir 183
ora 216 porc 199 senya 181
ordi 195 porca 199 serra 202
ordir 190 porquer 199 servar 215
orella 169 porsel 199 servir 208
os 167, 168 porta 193 set 176
ossa 167 prebere 214 setmana 216
ost 210 pressec 197 seu 188
oste 205 preste 214 seure 178
ou 166 preu 207 sin 171
oure 179 prevere 214 singla 191
primavera 153 siular 205
pruna 197 s6 205
pa 188 sobrar 183
pagar 210 pudir 17"
sogre 203
page 212 pudor 179
son 177
pag6 199 puny 170 sonar 205
pal 193 punyir 211 sora 203
palau 362 sorbir 176
palma 170 purna 194
sort 175, 212
paloma 166 pussa 164 sotil 155
palla 195 sufrir 183
panis 195 quet 155 suhor 177

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504 H. Mihăescu

tal 155 tossir 174 venar 201


tallar 198 trago 215 ·1enatus 201
taur (a. cat.) 199 trama 190 vencer 211
teixir 190 trametre 206 vendre 207
tela 190 traure 178 venjar 174
teii 163 tremolar 183 ventre 171
tembre 183 trist 183 verm 165
temor 183 tronc 160 ·1erre 199
temps 153 vcrt 1.59, 180
temla 193 ·iese 161
ull 169
tendre 173 •1espa 164
ullastre 28
tenir 17S vess.:.r 200
1111~ p li i" l.'i4
terra 156 vestimenta 191
ungir 200
terratremol 38 vestir 191
ungla 170
test 189 "/('li 185
unt 200
testa 169 veure 179
ursoi 174
teta 171 vi 189
teya 163 vibra 165
tina 28 vaca 199 vida 19Y
tizo 194 ·1aig 1"7S ·1inassa 189
tomba 215 ·1all J.'i6 ·1i11<lre 178
tondre 200 ·1a.<; 1~9 vinya 197
torbar 1113 ·1<"del 199 viu 172
torcer 190 vehl· 20.'i
viure 172
tornar 206 Vl'ixiga 171
tortra 166 vell 15."\, 173 ·rnler 184
tos 174 Vl'na 168 voitor 166
• DALMATE
a 89 batesuar 99, 101 c'ant 28, 80, 83, 110
albastrain 26, 162 baud 89, 185 c'enk 78, 80, 83, 107, 110, 384
adias 86 berbec(os) (a.d.) 200 ci 89
aflar 103 hertain 102 cil 26, 80. 89, 103, 104, 107, 384
agnial 87, 89, 192 betrun 347 c'imko 26, 103, 104
aibole (a.d.) 98 hin 86, 89 c'inko SO, 95, 384
akait 96, 384 bissuor 107, 205 cinkto 110
aksacl'. a.~ (a.d.) 98 blai S.'i tinquonta 110
altur 99 biaia S.'i cituot 26, 89, 92, 208
amaik 28, 89 hlaime S5 c'oJ 89, 104, 171, 384
angaila 103 hlaitc- S5 colchitra 28, 97
angiola 28, 388 biar S5 fonko 83, 89, 110
anial 87 hlasmur 101, 389 l'onkuanta 83
anine 86 blastimur 80 consegro 203
ank(a) 86 hioid 111 credro 213
aptagi 80 bloit 85 cristiun 99
ardar 89, 96 hluta 28, 103 cun 89
ardfant 26, 89, 157 bos, bus 95
argutla 101 boskuar 102 dai 123 3'18
armir 96 botaile 98 daik 7R, 79
arur 89 braz, bras 89, 170, 382 clait f.5, 107
askondro 89, 184 bu 95, 199 clamnu 26, 209
a"lar 84, 89, 107, 113 buai 85 dauk 28, 96
a·1oit 85 buarba 78, 89, 101, 169 dekaia 84, 107
buka 89, 103, 107, 117, 169 dekro 79, 185, 384
baio 78 bun 186 denacle 89, 170
bait 85, 93 buot 98 *deskulz 97
baka 95 butir 101 detko 89, 170
balkaun 102 diant(e) 89, 169
bar 84, 89, 107, 113, 176 cale 206 dik 78, 83, 89, 107, 108, 110
basalka 79, 81, 99, 101, 214, camastro 96 dikidapto 83, 110
389 campuone 71 dikinu(m) 83, 110

* Les mots et Ies formes appartiennent generalement au dialecte vegliote.

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Index 505

dikisapto 83, 110 furimo 85 kampuona 99


dikto 110 fyel (a.d.) 96 kanaisa 96, 108, 194
diskualz 97 kanapiel 87, 97
dismun 86 galaina 89, 95, 199 kand 89
doi 83, 89, 104, 110, 128 ganer 103 kandel 97
dolar 89, 183 gaula 78, 89, 104, 169 kantuor 26, 89, 205
dolk 89, 179 *gelatine 377 kantur 84
domienka 99 gelu(o)t 93 kantura 84
domienkade, domienkadai 99 ginastra, ginistra 95 kanture 84
dormer 84, 89, 113, 177 *gingina 377 kanupiel 26
dormua 84 glas 80, 89, 108, 382 kapjastro 389
dotko 83, 110 grun 95, 96, 195 kapul 104
dramuor 26, 103 guapto 80, 83, 89 kapuola 103, 108, 117
drat 26, 78, 89 gusterna (a.d.) 96, 362 karnoit 95, 167
drekno 28, 95 kasuol 97
dreknul 90 imperataur 32, 388 kataina 97, 171
drot 170 inamiant 99 katraida 97, 101
drukne 95 intrik 89 katro 83
du2.s 78, 89, 171 înviam 26 kauda 78, 167
dumna 78 kauk 86
duome 85 ja(i)n 89 kausa 28
duor 89, 113, 207 jala 107 ke 80
duplir 87, 97 jamna 82, 89, 99, 171 kenur 89, 96, 101
dzue 216 jamo 86, 90 *kcrlcle 377
jaqua 89 kerostat (a.d.) 99
el 82 jarba 89, 161 kerpatur 97
embruar 98 jarina 389 kcsa 97, 193
emplar 89 jaska 26, 96, 259 *kima 377
eu 86 jast(r)og, jastok 91 kimak 101
jaur 26, 79, 89, 157 kis 200
faid 98, 99, 103 jaura 26, 78, 89, 107, 216 klamar 185
faika 197 j edma 28, 99, 103, klamuar 80, 89, 113
faraina 89, 96, 188 jo, ju 82, 86, 89 klamu(o)r 84, 93, 108
fat:lar 99 join 83, 89, 104, 110 kluf 78, 89, 193
fazuol 95 jomno 81, 89, 107, 173 ko 82, 89
fekuat 89, 171 jonda 89, 158 koeaina 96
fel' 203 jongar 80, 200 kol 81
fia.r 78, 89, 107 jongla 89, 170 kola 81, 82
fiasta 99 jonko 83, 110 komnut 26, 79, 80, 89, 203
fikuat ~7 juak 89, 97, 191 kompror 98
fin 195 jualb (a.d.) 78, 89, 93, 102, kont 89
fit <J6 108, 180, 389 koper 84, 89
foimo 85 juarhul 95, 377 kopsa 89, 170
fois 190 juk 89 korlir 90
foit 84., 85 jultramiant 86 korte 27
foite 88 jultro 89 kortial 87, 93, 96
formaika 78, 89, 95, 108 juonziol 99 koser 80, 89, l:J7, 191
for:aura 96 juop 95 kosobrain 26, 89, 203
frazial, frezia! 90 juv 89 kost 81
frec:-ur 26, 89, 96, 188 kosta 81, 82
freimr 104, 128 kadar 84, 89, 178 kostrat 90
frete 38, 78 kadrual 87 kovsa, kopsa 89, 170
froit 104, 107 kaina 79, 80, 108, 187, 384, kraskro 84, 89, 113, 172
frutro 82, 89, 203 389 krauk 26, 78, 79, 89, 99, 107,
fua 95, 196 kaira 80, 89, 96, 104, 201 213
fuals 98 kakar 95 kredro 89, 123
fual' 89 kakuor 89, 176 krepuata 85
fuas 85 kal 89, 92, 93, 103 krepuot 85
fuaste 85 kaleaina 97 krepur 89
fuk 78, 80, 89, 93, 96, 194 kamaisa 26, 97, 108, 191, 270 kris 26, 95, 108, 197
fum 96, 176 kamen, kamain 96 kroit 78, 79, 89, 107
fur 89, 184 kamest (ro) 10 1 kriike (a.d.) 103
fure 86, 89 kampanaid 99 kuamp 198

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506 H. Mihăescu

k(u)and 86 masu na, musuna (a.d.) 97 nuk 95


kuap 107 matraja 89 nuker 87
kuaranta 83 matuor 89 nulba 390
kuard 205 matuos 108 nuos 89, 169
kuarn 107 mauro 81, 89, 93
kuarne 89, 168 medko 28
kuarno 167 medkuor 28 olea 95
kuarp (a.d.) 108 meii 26 orakla 59, 169
kuart 93, 110 mel s:;, 89, 110 ortaika 95, 117
kuaruonta 110 •mendulu 28, 103 oruota 91
kuar1 95 menuar 200 otuont 110
kuasta 89, 171 menur 120 otuonta 83
kuatro 89 meskuar 188 ourata 91, 104, 128
kuat'/arko 83 mesu 93
pail 89, 93, 168
kuinc (a.d.) 10~. 108, 128 mesuorc 98
paila 27
kukro 8-4, 89, 96 mezul, mizul, mozul (a.d.) 87,
paira 197
kuobra 89, 95, 200 98
pakur 89, 98, 210
kucmp 81, 89 miarda 176
palas, paluoz 97
kuon 26, 89, 95, 199 miarla 91, 166
pala.ta 26, 362
kuor 93, 98 mid11l 95, 101
palaura 28
kuosa 89, 97, 193 mii 89, 96, 20 1
paradais 101
kuoscta 97 mirte 26, 81, 99, 216
parau la 93, 101
kup 1:\9, 108, 169 miscdma 99
pasarain 90
mlin 2S
paserain 93
mol'er 82
labrcks 101 pask 26, li9
monaita 98
lal:ar 91 paskro S9
mor, mir 92, 193
lai n 9i pasku 'J9, 101, JO]
morer 89, 113, 172
lak 158 pauk 28
muant X9, 156
langa S9, 169 pedlo 93
muart 26. 79, 89, 107, 172
lank 89, 96, 97 pcdoklaus 108
1'at 97 mui 86, 89
pe<loklo 95, 164
mukna 38, 96, 103, 388
lauk 159 piakno 79, 89, 192
mul'er 89
lcnzul 87 piai 89, 107, 168
mun 89, 170
lc·1Ur 89, 207 piander 103
munca] 81, 156
!interna 97 piar<ler 89, 207
muo~do 108
lipro 26, 95, 167 pil'un 26
mur 1)9, 107, 158
loina 78, 89, 107 pitra 78, 89, 93, 97, 157
mut 86, 90, 107
loine 81, 99 plain, 80, 89, 108
luang 89 plakar 26, 89, 183
luarg 26 1•a 107 plakaro 108
luat 79, 89, 189 nai -:-~. S9, 107 planoira 87
luk 78, 86, 89 naid 93 plasa 92, 98
lukicrna 28, 97, 103 nam 89 ple 81, 109
luminur 97 11a~k"i t 85, 3S4 plungre 80, 89, 183
luona 89, 95, 190 nauk 79, 107, 197 potait 85, 114
naulu 101 potar 113, 184
11au11, na 89 prandar 96, 187
mail 95, 195
nenl'.·ciin 104, 384 prat 26, 81, 101, 214
maine 82
nepa11t 108 pretro 26, 101
mais 80, 89, 108, 216
nepuea (a.d.) 94 prekur 103
maisa 28, 89, 93, 97, 193, 260
niapta 89 prendar 89, 178
maknur 93, 96, 198
niena 82 pretro 81, 99, 214
manfuor 89
ninapta 89 *prie·1t (a.d.) 103
manfor 96, 103
llO 82 prints 96, 187
maninka 176
noi 82, 89 Promontour 79
manonka 103, 121
noid 93 puant 89, 92, 206
manzula 87, 90
nonuanta 83, 110 puark 81, 89, 95, 199
marait 122, 204 nosko 86 puarta 26, 193
marianda 92, 96, 107, 187 nu 83, 89, 110 puia 26, 171
markus 87, 90 nuaf 102 pulko 89, 95
nuaskro 384 pulno 26, 89, 103, 107
martur 26, 38, 204 nuat 78, 89, 107 pun 89, 96, 188
masa 99, 103 nuester 89 puoskro 200

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Index 507

quatarko 110 septuanta 83 tjasta 169


quatro 110 seraur 81 to 89
serpiant 107 tonur 89
sessuanta 110 tra 89, 107, 110
radaika 117 setko 83, 110 tragala 87
radi faina 384 si 83, 89, 107, 110 tragun 90
raipa 26, 79, 80, 89, 103, 104, siaptimo 110 tranta 83, 110
128, 156 siasto 110 traziant 110
rait 28, 97 skaina 102 tretko 83, 110
rasaun 28, 98, 382 sklop 26, 175 trua 28, 97
redro 89, 183 skluav 208 truar 89, 178
rek 93, 102 skutre 198 tu 82
rez 26, 382 skutro 89 tuota 82, 89, 93, 203
ri 93, 103, 186 sois 86, 89, 104 turta 96, 188
rondaina 90, 95 sokro 89
ruapa 95 sombreja 90 uarb 26, 93
ruaz 26, 89, 382 sonuar 89, 205
sot 41, 93 vaina 89, 95, 168
spaika 195 vaita 95
sabata 99, 216, 34d spaina 171
sai 85 vaklo 89, 169
spetrar, spetrur 90 valar 28
saime 85 spiral: 95, 10 l
saira 78, 79, 107, 216 vandro 89
spoit 93 vedait 85, l 14
sait 89, 96, 107, 176 sputa 26, 92, 103, 104, 128, vedar 84., 89, 9~ 179
saita 94, 97 210
saite 85 vei 89, 172
stale 78 ven 95, 107, 189
sal'atur 87 stasaun 382
salta.i 84 veiia 197
stataira 98 venait 85
saltaia 84. stentur 90, 93
saltaio 84. ven c 83, 89, 110
sternut 193 vendro 98, 207
saltua 84. stollo 35
saltuar 89 vener 26, 84, 89, 178
stotuor 97 ·1ersaur 87
samir 87 stras 85
samur, samir, somuor 92 vester 89, 191
strat 107 vestro 89
samno 177 strengar 26, 198 vet 187
sanglo 89, 93 strunga 102 vetrun 93
sansaik 95 stuome 85 vetruona 79
sansoike (pl.) 28 stur 84, 178 vi 88
sant 85 su 82 viant 89
santaiko 100 sual 89 viantro 89, 171
santauso 100 suang 80, 89 viard 107
santut 26, 79, 174. suant, sut 89 viarne 95
sapto 83, 86, 110 sublar 93, 205 vifuin 89, 205, 384
saptuonta 110 sudaur 89, 107, 177 vicklo 89, 173
sapun 367 sugol 95 vindre 81, 99, 216
sarak, sarag, liarag 91 surko 93, 95, 167 vis 178
satoil 93, 176 vo 82
satuar 178 taima 93, 99 voi 82
saul 89, 107 takur 89, 107 vuarb 26, 93, 175
saur 81, 89, 203 tal'uor 89, 198 ·rnarz 95, 96, 195
scor93, 97, 104,202, 384 tal'ur 84. vuas 89, 168
se 82, 89 teda 97, 163
seeoira 384 tenait 114
sekla 96, 198 tenar 89, 178 zakuar 108
sekuor 89 tesuor 97 zauk 89, 104, 107, 135, 206
semenur 97 teta (a.d. ragusain) 103 zer 178
sentait 85, 114 tiara, tjara 89, 107 foglo 87
senter 84, 89, 99, 183 tierc 93 zue 81, 99

ESPAGNOL
abatir 184 adieso (a. esp.) 155 agosto 216
abril 216 adormir 177 agro 179
abrir 148 aducir 206 agua 189
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508 H. l\lihăescu

aguila 166 brisa (esp. dial.) 28 colgar 178


aguoso 150 bUbalo 167 coma (a. esp.) 32, 199
ahumar 194 bueno 186 comendar (a. esp.) 215
ajar 196 buey 199 comingar (esp. dial.) 214
alambre 157 bufalo 167 comprar 207
alba 148 buitre 166 comprender 178
alimafia 199 conocer 182
alma 17 1 conqueri r (a. esp.) 211
cabalgar 206
alno (a. esp.) 163 cunsue~ro 203
caballerizo 206
altar 213 con·1enir 205
cal·allo 199 con·1iento (a. esp.) 185
alzar 135
cahestro 206
allegar 178 copa 189
cabo 169
amagar 212 cornudo 167
cabra 200
amblar (a. esp.) 178 corona 215
cabras (pi.) 104, 128
amcnazar 184 coronar 215
cadena 171
aminar (astur) 200 correa 191
cadillo 199
amortecer 172 correr 158
anegar 172 caer 178 corte 208
cagar 176
angosto 26 coser 191
calcar 178
anillo 192 coso 158
aiio 216 caldera 189
costar 172
aii ud ar 191 calor 1'19
crecncia 2 13
ralza 273
aparar 210 creer 213
aprt"11<lcr 194 calle 206 cresta 156, 199
arado 198 cami sa 191 cristiano 214
aradura 198 campo 198
cruento 168
aramhre J.'i7 cantar 20.'i
cruz 21.1
arar 198 d1i\amo 190
cuaresma 2 15
ârbol 159 carbon 157
cuento 288, 318
arco 210 caq;ar 206
cuercla 205
arena 157 carnaza 188 cuerna 167
carne 168
arma 210 CUl·rpo 168
ascuchar 179 carnosr1 168 Cll{T/0 (66
asear 178 carpe 163 cuesta li 1
asno 199 carrera 206
cuidar 182
aspcro 155 carro 206
culo 171
atizar 194 carta 205 cumbre 156
annar 198 casa 193 cui1aclo 80, 203
avellana 162 ca.sero 204
cufto 193
avispa 164 castana J<i3
cuquillo 166
ayudar 205 Lastigar 207
chicharo 196
ayunar 214 catar 18"'1, 318
chopa 28
cayado 190
a:.i: (a. csp.) 318 chnpo 163
cel>olla !Oi
ccdra (a. l"Sp.) 205
baba 177 cena 187 da1io 209
halzo 191 cenar 187 dar 207
barba 169 ceniza 194 decir 185
barhado 173 centdla 194 dedal 191
basar 135 ceflir 191 dedo 170
bebedor 176 cepo 189 dejar 184
beber 176 ecra 10-l, 135, 20 l demandar 185
beodo 93 cercar 184 dcpendre (esp. dial.) 204
berza 196 cerco 181 deponer 178
besar 20.'i cereza 197 derecho 170
beta (a. esp.) 191 cerner 188 derguer (esp. dial.) 208
boca 169 cielo 104 descabalgar 206
bocada 169 cima 174 descalzar 192
bocina 205 cincha 191 descalzo 97
bote 189 ciudad 208 descargar 206
braga 191 cocer 188
branca 167 descender 178
cochura 188
brazal 192 codo 170 desierto 154
brazu 135, 170 coger 198 despartir 154

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Index 509

despojar 211 esparto 28 hambre 176


deudor 207 espeso 155 harina 188
devanar 190 espiga 195 harinoso 188
dia 153, 348 espigar 195 havo (a. esp.) 201
diente 169 espina 171 hecho 184
dios 213 espino 162 helguera 28
doblar 185 espinoso 162 heno 195
doler 183 estar 178 berboso 161
dolor 183 estopa 190 hermoso 181
domingo 216 estorcer 200 hervir 188
doiia 208 estornudar 177 hiebre 174
dorada 104, 128 estrado 193 hiedra 161
dorar 180 estreiiir 198 hiel 171
dormir 177 extraiio 205 hierba 161
dos 104, 128 hierro 157
dragon 215 higo 197
ducir 206 faja 191 hija 203
duelo 183 faja (a. esp.) 194 hijastro 203
dueiia 208 fau (esp. dial.) 163 hijo 203
dueiio 208 febrero 216 hijuelo 203
dulce 179 florecer 160 hilo 190
dulzor 179 floronco (esp. dial.) 174 hiniestra (a. esp.) 193
duz (a. esp.) 179 fl(u)eco 190 ho (a. esp.) 163
fonsado (a. esp.) 208 hoder 176
fraguar 202 hoja 160
emendatu (esp. dial.) 207
francir (esp. dial.) 168 hombre 173
empeine 174
fregar 104, 128 hombro 170
(en)calzar 192
freir 188 hora 216
encender 194
freno 206 horea 198
encia 169
frente 169 hormiga 164
endulcir (a. esp.) 179
fresno 163 hormigoso 164
endurar 183
fritura 188 hornero 202
enebro 162
frucho (a. esp.) 214 homo 202
enfrenar 206 fuego 80, 194 hospedar 205
engaiiar 200
fuelle 202 hoz 169
enjertar 28 fumar 194 huebos (a. esp.) 184
enjullo 190 fu ro (arag.) 209 hueso 168
enjuto 41
huesped 205
enseiiar 181
hueste 210
enterco 154 gallina 199 huevo 166
entrar 178 gallinaza 26, 199 huir 178
entrugar (astur.) 185 gamella 276 humear 194
envidar 184 gemir 183 humo 194
era 198 gola 169 hunoje (a. esp.) 170
erizo 167 gostar 179 hurto 209
esca 194 gozo 28
escala 193 huso 190
grama 28
escaldar 192 granero 195
escama 190 grano 19.5 intrego (a. esp.) 154
escaiio 193 graso 181 invierno 153
escapar 178, 272 griego 208 ir 178
(es)carmenar 190 grieve (a. esp.) 155 istiercu (esp. dial.) 176
esclavo 208 grillo 164
escocer 188 grua 166 j erga 191
esconder 184 grueso 155 joven 173
escoria 202 grulla 38 juego 205
escribir 205 guardar 124 jueves 216
escuchar l 79 giiembre (arag.) 198 juez 209
escudir (a. esp.) 198 jugar 205
escudo 210 juramento 185
escupir 177 baba 196 jurar 185
hacer 184 juzgar 209
espada 103, 104, 128, 210 hado 28
espalda 170 hallar 103 kogorda (esp. dial. ) 196

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510 H. llihăescu

ladrar 199 rnayo 216 onda. 158


lago 158 rnazocho 210 oraje 149
lagrirna 183 rnejilla 169 ordeiiar 290
lagrirnar 183 mentir 182 oreja 169
lagrirnoso 183 rnenudo 15i, 171 oro 157
Iana 190 rnerendar 187 orzuelo lH
lande (a. esp.) 163 rnerienda 187 osa 167
lardo 188 rnes 216 050 167
lavadura 192 mesa 93, 193, 260 ososo 168
Ianr 192 mesiello (a. esp.) 208 otoilo 153
lazo 201 meson 97
leche 189 rnit·l 20 l
pacer 200
lechuga 161 miente 182
paci6n (astur.) 200
legumbre 196 miereoles 216
padecer 183
leja 192 rnierda 176
padir (a. esp.) 183
len 186 miţ?a 154
pagano 212
lengua 169 111irar lX.1
pagar 210
leflero 202 moco 171
paja 195
Ie·1e 155 moler 96
pâjaro 166
lexar (a. esp.) 18i molsa (a. esp.) 189
palma 170
lev 209 monte 156
palo 193
li~bre 167 montl'ci Uo 156
palomo 166
liendr~ 164 mora 162
pan 188
ligar 198 morir 172
panizo 195
limo 158 mortecino 172
panza 171
li moso 158 mosca 161.
parar 210
lino 190 mosto 189
parrd 193
lizos 190 mustrar 185
parieute 203
loar 185 mostro 26
parte l5i
lobo 167 mucho 15i
partecilla 154
lo<lo 157 muciar 206
pa.sar 178
lucha 210 mu<lo 17.'i
pasqua 215
luchar 210 muela 198
pastor 200
luego (a. esp.) 156 muelle 155
pa.ul (a. esp.) 34
lunes 216 muerte 172
pa·1611 199
llama 19i muerto 172
paz 210
Hanta. 159 muucir (arag.) 200
pecado 214
lianten 161 rnundo li8
pecho 171
llafler (a. esp.) 183 muflir (astur.) 200
pedir 201.
1Ia·1e 19 i muro 193
peine 192
llegar 178 musco 28
pejego 197
lle110 154 muslo 26, 168
pclo 168
]]e·1ar 207 pera 197
nalia 196 perder 207
madriz 200 nact"r 172 perecer 172
mag'ro 19:-\ naso 169 pesar 186
majo 202 noche 153 pescoso 165
malva 16 l nombrar 185 peso 186
marna 203 nombre 185 pcsquera 165
manco 26, 38, 175 nuera 203 pez 165
mandragora 161 nuc·10 153 pez6n 170
manga 191 nuez 197 pezuelo 170
mano 170 nuncias (galicien) 122 piedra 157
manojo 198 iiudo 191 piei 168
mar 158 pielga (astur.) 201
marchito 174 odre 189 pino 163
mari<lar 204 oir 179 piojo 164
marido 204 olmo 163 uisar 188
mârmol 15i olvidar 182 piular 166
martes 216 placer 183
olla 189 plai\ir 183
marzo 216
mascar 176 ollero 202 plomo 157
maslo 199 ombligo 171 podcr 184

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index 511

polla 171 saludar (a. esp.) 205 tierra 156, 208


porna (a. esp.) 197 salvaje 167 tiesto 189
porno 197 san 215 tina 28
poner 178 fana (astur.) 212 tiz6n 135, 194
porqueriza 199 sanar 174 torcer 190
porquero 199 sangrar 168 tomar 206
prea (a. esp.) 211 sangre 168 toro 199
prender 178 sano 174 torpe 28
preponer 182 santo 215, 260 torta 188
preste 214 sarga 23, 191 t6rtolo 166
priguliero (as tur.) 200 sauce 163 tortolilla 166
prirnavera 153 sebo 188 tos 174
pruna (a. esp.) 197 sed 176 toser 174
pruno 197 segur 202 traer 178
pudir (a. esp.) 179 selva 167 trajinar 206
pudor (a. esp.) 179 sernana 216 trama 190
pueblo 208 sembradura 198 trebol 195
puente 206 sernbrar 155, 198 tremolar 183
puerca 199 seno 171 trillar 198
puerco 199 sentir 183 triste 183
puerta 193 sefla 181 troblar (esp. dial.) 183
pulga 164 senar (a. esp.) 215 tronco 160
pulgar 170 servir 208 troncho 23, 160
pulmon 171 seto 178 tro·rnr (esp. dial.) 183
pulposo 170 siero (a. esp.) 200 tuerto 190
puflo 170 sierra 202 tumba 215
siervo 208 tundir 200
quedo 155 silbar 205 turbar 26, 183
querer 184 silla 206
quesera 200 sobar 188 ungir 200
queso 200 sobir (a. esp.) 178 uiia 170
sobrar 183 unto 200
rachar (esp. dial.) 190 sobreceflo 169 urdidura 190
raiz 160 sobrino 203 urdir 190
ramo 160 sollar 177 u·1a 197
raro 155 sollozar 177 uzo (a. esp.) 193
red 28 sorneter 191
redondo 155 sonar 205
sora (a. esp.) 203 vaca 199
reir 183 ·1ado 158, 178
rernar 199 sorber 176
sordo 175 valle 156
rene 171 vaso 189
reponer 172 sudor 177
suegro 203 vecindad 205
resina 163 vecino 205
responder 185 sueno (a.esp.) 205
suei\o 177 vejiga 171
riba 104, 128, 156 vena 168
rienda 280 suerte 212
sufrir 183 venado 201
rirnar 165 vencer 211
rio 158 vender 207
riso 183 tabano 164 vengar 174
roer 167 tajar 198 venir 178
rofla 174 tardio 216 ·1enoso 168
rostro 169 tata 93, 203 ver (esp. dial.) 153
rubio 180 teja 163 ver 179
ruda 161 tejer 190 verde 159, 180
rueda 206 teta 190 versar 200
rurniar 199 temer 183 vestirnenta 191
tener 178 vestir 191
sabado 216 testa 169 vezar 99
saeta 210 teta 171 vibora 165
sal 188 vida 199
tiernpo 153
salar 188 '1iejo 153, 173
salir 178 tienda 193 vientre 171
saltar 178 tierno 173 viernes 216

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512 H. Mihl.escu

viesca (esp. dial.) 28 vivo 172 yerno 203


vinaza 189 voz 185
vino 189 zapa 198
viiia 197 zapar 198
vito 187 yegua 199 zarcillo 192
vi·hr 172 yen te (a. esp.) 208 ziome (a. esp.) 104

FRA~c;.us

abattre 184 arsu re (a. fr.) 194 cerise 197


accomplir 211 ascouter (a. fr.) 179 chaîne 171
achaison (a. fr.) 184 assourdir 175 chainsc (a. fr.) 270
ades (a. fr.) 1.5.5 atcnir (a. fr.) 178 chaîr 168
adjoindre 178 attiser 194 chaise 193
arlormir (a. fr.) 177 auhe 148 chaleur 149
aduirc (a. fr.) 206 auge 1.58 champ 198
aner Ia. fr.) 200 at\lana (fr. merid.) 162 chanter 205
affronter 211, 2.51 aumaillc (a. fr.) 199 channe 190
agncau 200 aumel (a. fr.) 199 char 128, 206
airler 20.5 aune J(lJ charbon 157
ai<lier (a. fr.) 20.5 autel 213 charger 206
aigle 166 autc-r (a. fr.) 213 charicre (a. fr.) 206
aign· 179 automne 153 charme 163
ai I 1..r. aiiner (a. fr.) 198 charneus (a. fr.) 168
aille (;,.. fr.) 166 anii 216 charte 205
air 26. 27 chasser 26
ain· IY~ uain 260 cha~tier (a. fr.) 207
ajoindrc (a. fr.) 178 haiser 1.'\5, 20.5 chastoier (a. fr.) 207
aklya (lyon.) 194 Lalancc 98 chat 128
alrnte; (a. fr.) 186, 204 barbe 169 châtaigne 163
allcr 178 harhe (a. fr.) 173 château 28
amLler (a.fr.) 178 hasochc 2 li châtier 207
func 17 batoyer (a. fr.) 214 cbauchicr (a. fr.) 178
amer 179 he·1e (a. fr.) 177 chaudicre 189
amortir 172 blan1: (a. fr.) 186 chau~sc (a. fr.) 273
(a)muir (a. fr.) 17.5 boenf 199 chausscr 192
an 216 buire 176 cheau 199
âne 199 bois 102 chef 169
ange 2M boiturc (a. fr.) 176 chcmisc 191
an.~k· J;)l cheoir l7S
hoine (a. fr.) 176
anne<•ll 192 bon 186 chercher 184
ante (a.fr.) 26, 203 houche 169 cherchicr (a. fr.) 184
aotit 216 lioud1l-1· 169 chesierc (a. fr.) 200
ap<tre,· (a. fr.) 210 bout (a. fr.) 189 chetif 103
aplaye ( lyon.) 178 braci el (a. fr.) 192 che·1al 199
aployer (a. fr.) 178 hraie 191 che·1alicr 26
apprt>ndre 194 branche 167 chc·t<mcher 206
appruchl·r 178, 2.51 bras 170 chc·1etre 26, 206
âpre 15.5 brcbis 200 che·rnistre (a. fr.) 20i
arain (a. fr.) 1.57 bru 102 chbrc 200
arbrc 1.59 buetiir (fr. dial.) 176 chb rdeni lle 16 l
arc 210 Lufflc 167 che·1reui l 167
arcim· la. fr.) 157 liuisinc (a. fr.) 205 ebenin (a. fr.) 200
arer (a. fr.) 198 Ltneur 176 chien 199
arcre (a. fr.) 198 chier 176
arcu re (a. fr.) 198 chiNres (a. fr.; pi.) 104,
argent 157 cadeau 169 128
arme (a. fr.) 171 caii (a. fr.) 200
chrCtien 214
arme 210 calendie (fr. merid.) 216
ciel 104
armer 210 careme 215, 336 cime 174
aroi (fr. dial.) 200 cauchicr (a. fr.) 178 cincellc (a. fr.) 164
cener (a. fr.) 187
arotse (fr. dial.) 178 cep 189 ci re 104, 20 l
arri-1er 251 aerele 181 cite 208

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Index 513

cive (a. fr.) 26, 196 de 191 emplir 154


cla.mer (a. fr.) 185 decharger 206 emprunter 207
clef 193 dechausser 192 (en)ceindre 191
clop (a. fr.) 26, 175 dcel (a. fr.) 191 enchaucier (a. fr.) 192
coaher 178 delier 198 (en)chaussement 192
coeur 171 demander 185 encliner (a. fr.) 213
coi (a. fr.) 155 dent 169 (en)clore 193
coidier (a. fr.) 182 departir 154 endoucir (a. fr.) 179
coiffe 210 depouillcr 211 endurer 183
coil (a. fr.) 171 deramer (a. fr.) 26 enfraindre (a. fr.) 211
coin 193 descendre 178 enfreindre 211
colombe 26, 166 desclore (a. fr.) 193 enfrener (a. fr.) 206
comengier (a. fr.) 214 descoignier (a. fr.) 193 engraisser 181
comperer (a. fr.) 207 desc han ter (a. fr.) 212 enjaner (a. fr.) 200
cornplir (a. fr.) 211 desert 154 enseigner 181
cornprendre 178 desfrener (a. fr.) 206 ensouple 190
compte 28 desirer 183 entendre 99
connaître 182 detere (a. fr.) 207 enterier (a. fr.) 183
conquerir 211 detour (a. fr.) 207 enterver (a. fr.) 185
conq uierre (a. fr.) 211 deuil 183 entier 154
comrenir 205 deus (a. fr.) 128 entrer 178
cor 167 deux 104 envier (a. fr.) 184
corde 205 dcvende (a. fr.) 190 epais 155
cornu 167 di (a. fr.) 123, 153 epaule 170
corp (a. fr.) 166 diemanche (a. fr.) 216 epee 104, 210
corps 168 . dieu 213 epi 195
câte 171 dimanche 216 epier 195
coucou 166 dire 185 epine 171
coucher 178 doigt 170 epineux 162
coude 170 doiz (a. fr.) 28 epouse 261
coudre 191 doloir (a. fr.) 183 epreindre 176
couille 171 domesche (a. fr.) 199 escharne (a. fr.) 193
courne (a. fr.) 156 dorer 180 esclave 208
coupe 189 dormier (a. fr.) 177 escoife (a. fr.) 210
courir 158 donnir 177 escondre (a. fr.) 184
couronne 215 dos 171 escopir (a. fr.) 177
couronner 215 doubler 185 escourre (a. fr.) 198
courroie 191 douceur 179 escuit (a. fr.) 188
cours 158 douleur 183 espalle (a. fr.) 170
court 208 douve 189 esplein (a. fr.) 38, 171
cousin 203 doux 179 espondre (a. fr.) 185
couter 172 drac (fr. merid.) 34 ' 215 esprit 261
coutre (a. fr.) 28 dragon 215 estanc (a. fr.) 170
cou·1er 103 droit 170, 251 ester (a. fr.) 178
creance 213 duel (a. fr.) 183 esternir (a. fr.) 193
crete 156, 199 duire (a.fr.) 206 estordre (a. fr.) 200
croire 213 estrie (a. fr.) 166
croître 172 eau 189 eteindre 194
croix 213 eternuer 177
eaue (a. fr.) 189
croyance 213 etincelle 26, 194
echandole 193
cueillir 198 etoupe 190
echapper 178, 272
cui(d)i~r (a. fr.) 182 etouper 230
echauder 192
cuire 188 cchelle 193 etreindre 198
cuisse 1~o. 261 etrive (fr. dial.) 185
cuiture (a. fr.) 188 eoorce 160 etroit 26
eul 171 ecouter 179 eve (a. fr.) 189
ecrire 205 eveux (a. fr.) 150
dam (a. fr.) 208 ecu 26, 104, 210
Darnbledieu (a. fr.) 213 (e)issir (a. fr.) 178 fabler 28
da.rne 208 face 169
damme (a. fr.) 209 embrayer 191
faille (a. fr.) 28, 194
Damnedeu (a. fr.) 213 emparer 306 faillir (a. fr.) 28
dauber (a. fr.) 180 . empeindre (a. fr.) 211 faim 176

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514 H. Mihăescu

faire 18-t fuir 178 jalne (a. fr.) 26, 180


faisse 191 fuissel (a. fr.) 190 jaloie (a. fr.) 189
fai~ser 191 fum 194 jaune 26, 180
fait 18-t fumer 194 jeu 205
faiture 104, 168 fur 209 jeudi 216
farine 188 furer (a. fr.) 209 jeune 173
farineux 188 furt (a. fr.) 209 joi (a. fr.) 28
faucher 208 fus (a. fr.) 190 jointure 28
faux 169 filt 210 jouer 205
favergier (a. fr.) 202 joug 135, 206
fed6 (lyon.) 173 gagner 102 jour 123, 318
femme 26 galantine 377 juge 209
fenasse (fr. dial.) 195 galinaso (fr. merid.) 199 juger 209
fenetre 193 gamelle 276 junego (fr. merid.) 199
fer 157 garder 102, 124 j urcment 185
feronclc (a. fr.) 174 ga·1(e), gef (fr. dial.) 91 jurer 185
feu 194 gcindre 183
fcuille 160 geline (a. fr.) 199 kaziero (fr. merid.) 200
feuillee 28 gemir 183 kom(a) (fr. dial.) 199
fentre 282 gencive 169 kukiido (fr. merid.) 26, 161
fe·1e 196 gendre 203
fe"ae (a. fr.) 202 gene (a. fr.) 212
fenier 216 genievre 162 lac 1.58
fid 171 genoivre (a. fr.) 162 la.cs 20 1
fii:·1rc 174 genou 170 lai (a. fr.) 158
fihrcnx 174 gent 208 lainc 190
figue 197 gesir 178 lairme (a. fr.) 183
fi (a. fr.) 197 giendre (a. fr.) 183 laisser 184
fii 190 gland 163 lait 189
fillâtre 203 gourde 196 laitue 161
fille 203 gout 179 lambruche 162
fillcul 203 gouter 179 landie (a. fr.) 171
fils 203 grain 195 langue 169
fise (fr. dial.) 190 gras 181 lard 188
flam m e 194 graulo (fr. merid.) 166 larme 183
flasc he (a. fr.) 276 grenier 195 larmos (a. fr.) '183
flenr 160 grief 155 laver 192
fit-uri r 160 Grieu (a. fr.) 208 lavurc 192
flum (a. fr.) 1.58 grogner 199 lein (a. fr.) 159
foin 195 gros 1.5.5 lcndena (fr. dial.) 164
forger 202 groc 166 lessi·1e 192
fo!'~c 208 gue 1.58 leun (a. fr.) 196
fou (a. fr.) 163 guepe 164 lever 207
four 202 guerre 102 licf (a. fr.) 155
fourche 198 gueule 169 licr 198
fourmi 164 lien 156
fourmier (a. fr.) 164 haleiner 186 lievre 167
fonrmille.r 164 herbc 161 lin 190
fournier (a. fr.) 202 hcrbeux 161 lisse 190
foutre 176 heure 216 bure 198
fraycr 104, 128 hier 153 (l)ivr (fr. dial.) 199
frein 206 hirondelle 166 loi 209
freindre 168 hiver 1.53 lombri (a. fr.) 165
fr8naie 163 homme 173 lombril (a. fr.) 171
frene 163 horreur 32 loner 185
frere 203 h6te 205 lovergier (a. fr.) 178
huis 1.53
frire 188 humide 1.50 loup 167
friture 188 hurler 167 lucanne (a. fr.) 377
froid H9 hurleur 167 lucarne 377
Iuite (a. fr.) 210
front 169 lum (a. fr.) 1.58
icre (a. fr.) 161
fruit 2H illes (a. fr.) 26, 171 lundi 216
fuie (a. fr.)_178 ivc (a. fr.) 199 lunscli (a. fr.) 216

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111.dcx 51.S

lurzi6 (fr. dial.) 178 moult (a. fr.) 154 oule (a.fr.) 189
lutte 210 moure (a. fr.) 162 ourdir 190
lutter 210 mourir 172 ourli 167
mousse 189 onrse 167
mâcher 176 mo1it 189 ouvrir 148
mai 216 mu (fr. m6rid.) 174
maigre 188 mu (a. fr.) 175
mudelo (fr. merid.) 168 paien 212
mail 202 paienete 2 12
rnain 170 muer (a. fr.) 206
muid 28 paille 195
rnain (a. fr.) 153 pa.în 188
muire 188
maiselier (a. fr.) 207 paire 28
rnaisoR 97 muire (a. fr.) 199
mule 28, 199 paisson 200
maissele (a.fr.) 169 paître 200
mâle 199 mur 193
paix 210
ma.man 203 palme 170
mane (a. fr.) 175 naître 172
nap (a. fr.) 196 panis 195
mancelle 271 paon 199
manche 191 narre (fr. dial.) 169
narro (fr. merid.) 169 papa 203
rnanger 121, 176 Pâques 215
neuf 153
ma.noii (a. fr.) 198 par 318
rnarbre 157 neveu 20J
nez 169 parcelle 154
marche 324 parent 203
nielle 161
mardi 216 parents (pi.) 203
marende (a. fr.) 187 nies (a. fr.) 203
noces 122, 204 parer 210
mari 204 paroi 193
marier 26, 204 noer (a. fr.) 178
noeud 191 paroir (a.fr.) 182
marriz (a. fr.) 200 part 154
mars 216 noir 180
noix 197 pas 17&
rnartyr 209 passe 166
rnasse 28 nom 185
nombril 171 passcr 178
mass11e 210, 287 pâtre 200
mauve 161 nommer 185
nouer 191 payer 210
mener 200 peau 168
mentir 182 noyer 172
nuere (a. fr.) 203 peche 197
menu 15i, 171 peche 214
menuai lle (a. fr.) 171 nuga (fr. dial.) 197
nuit 153 peiyuel (a.fr.) 170
mer 1.58 peestre (a.fr.) 170
mercredi 216 peigne 192
rnerde 176 ochaison (a. fr.) 184 penne 166
mede 166 ceil 169 per (a.fr.) 28
mesei (a. fr.) 208 ceuf 166 percevoir 182
meule 198 oindre 200 perdrc 207
mezre (a. fr.) 208 ointure (a. fr.) 26 perir 172
midi 153 oir (a. fr.) 179 peschier (a.fr.) 165
mie 154 oncle 203
peser 186
miel 201 onde 158
pcuple 208
mier (a. fr.) 180 ongle 170 piauler 166
milieu 156 or 157 piege 201
minuit 153 orage 149 pierre 157
mirer 32, 183 orb (a. fr.) 175 pietre 170
moelle 168 ori;:uel (a.fr.) 189 pieu 193
moeurs 205 oreille 169 pigne (a.fr.) 192
moillier (a. fr.) 173 orge 135, 195 pin 163
mois 216 orjuel (a.fr.) 174 pinoie (a.fr.) 163
moise 193 orme 163 pisser 176
monceau 156 os 168 piz (a.fr.) 171
monde 148 osseux 168
plaindre 183
mont 156 ost (a.fr.) 210 plaire 183
mort 172 oste (a.fr.) 205 plaisir (a.fr.) 183
mostrer (a. fr.) 185 pl.antain 161
mouche 164 oublee (a.fr.) 28
plante 159
moudre 96 oubli 28 plein 1.54
moudre (a. fr.) 200 oublier 182 plenier (a.fr.) 154

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616 H. Mihlescu

plier 171! roit (a.fr.) 28 souffrir 183


plomb 157 rouane 28, 95 sotl 176
ployer 178 roue 206 sourcil 169
pochier (a.fr.) 170 rouge 180 sourd 175
poids 186 rouvre 28 souris 167
poil 168 rue 161, 206 soutillier (a.fr.) 155
poindre 211 ruisseau 158 sueur 177
poing 170 rungicr (a.fr.) 199 suevre (a.fr.) 203
poire 197 ruzina (fr. mfrid.) 163 suif 188
pom (a.fr.) 197 somme 177
pomme 197 sacte (a. fr.) 210
pondre 178 saie 28 taie 210
pont 206 saigner 168 tailler 198
popon (a.fr.) 24, 196 saigneux 168 taon 164
porc 199 saillir 178 tel 155
porcher 199 sain 174 t<:muur (a.fr.) 183
porcherece (a.fr.) 199 saint 215, 260 temp(l)e 169
porte 193 saler 188 tcmps 153
pou 164 salucr 205 tendre 173
poule 171 samedi 99, 123, 216, 3-19 tcnir 178
poumon 171 sang 168 terre 156, 208
poupe (a.fr.) 170 sangle 191 test (a.fr.) 189
pourceau 199 sangle (a.fr.) 9.3, 154 tete 26, 169
pouvoir 184 sante 174 tette 171
prt"C'r (a.fr.) 211 sape 198 til (a.fr.) 163
prendrc 178 saper 198 tilleul 163
pretre 214 sarge 191 tine 28
prPvoire (a.fr.) 214 saucc (a.fr.) 163 tison 194
pri mc·1cre 153 saus~ic 163 tisser 190
proie 211 sauter · 178 tistre (a.fr.) 190
prune 197 sauvage 167 taie (a.fr.) 210
pucc 164 sauz (a.fr.) 163 toile 190
pul·r 179 secau 174 tombc 215
puc·ur 179 scorie 202 tondre 200 .. ,
puir (a.fr.) 179 scigle 195 tor (a.fr.) 199
sein 171 tordre 190
qupnouille 38 sel 188 tourner 206
qu~·rir 184 selle 206 tourte 26, 188
qucrre (a.fr.) 184 scmaine 216 tourterelle 166
queue 167 semblcr 26, 155 tourtre 26, 166
qucux 202 semence 198 tonsser 174
scmcr 198 toux 174
racine 117, 160 scner (a.fr.) 174 traime (a.fr.) 190
raime (a.fr.) 160 scntir 183 traîner 206
rairc 199 seoir 178 traire 178
raiz (a.fr.) 160 scrdre (a.fr.) 188 trait 28
râler 190 serf 208 traitcr 28
rare 155 serge 97, 191 travailler 93
ravir 211 serve 208 trefeuil (a.fr.) 195
rebondre (fr. dial.) 172 servir 208 trefle 195
recent 149 set (a.fr.) 176 trembler 183
reconnaître 182 seuve (a.fr.) 167 tremois 38
rein 171 soeur 203 tressaillir 178
rene 28, 280 soie 97 treuil 28
repentir 32 soif 176 tronc 160
repondre (a.fr.) 172 soir 216 troubler 26, 183
repondre 185 son 205 trouver 183
reposcr 172 sonner 205
retourner 321, 325 sort 212 flvre (fr. dial.) 199
ri(f) (a.fr.) 158 sotil (a.fr.) 155
rirc 183 soue (a.fr.) 28 va (Ir.dial.) 189
ris 183 souffler 177 vache 199
rive 80, 103, 104, 128, 156 soufflet 177 vaincre 211

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Index 517

vais 178 verge 38 ·· vieil 153, 173


val 156 . verge (a.fr.) 192 vif 172
vautou:r· ·t66 vergie (a:fr.) 180 vigne 197
veau 199 verser 200 · vin 189
veine 168 vert 159, 180 vinasse 189
veineux 168 vertu 184 visider (a.fr.) 28
vendre 207 vesner (a.fr.) 17°6; · vivre 172
vendredi 216 vesse 176 voie 28
vener 176, 201 vesser 176 voir 179
venger 174 vessie 171 voisie (a.fr.) 99
venir 178 vessir (a.fr.) 176 voisin 205
ventre 171 vetemcnt 191 voix 185
ver 165 vetir· 191 vouloir 18-4
ver (a.fr.) 199 vette (a.fr.) 191
verdir 159 vie 199 yuenk (fr.dial.) 199

GREC
ciţ37jvcn 280 &.vop8tv1.cta-roc; 290 cipxcr:p(o:; 268
ciyix.&6c; 250 civvwva. 269 cipxihoc; 285
Ciyyd.oc; 214 ă:vvwve:Ue:a&ttL 269 cXpXÂIX 253, 255, 268
ciyfo-;a. 250, 311 civvwvtctx6c; 269 ClOXAIXL 315
.iyLoc; 215 clV\IWVLxoc; 269 cipxAixptix 268
ciy;mcXpL 286 civ-re:x -fivcrop 260 &:.px/,[ix 315
CiypLIX 70 civ1"e:A(l.)Lva. 250, 278 &:pxA.[o'J 268, 315
"Ayoucr-roc; 252 "Ane:c; 234 apxJ.(-c-~IX 268
~e:/,cp6c; 327 clV1"txivcrope:c; 303 &pµa. 283
ci8e:µit'tEUELV 262 clV1"LXEcraope:c; 303 apµctµiV1"0V 250, 283
ci8fo-;poc-ra 251, 252', 282 cl\ITL7t1Xp1X't0Uptt 306 apµcXpLOV 283
ci8e:cr-rpcXTOC 251, 252, 282 civ-n.crctyL 't'tcXTWP 286 &:pµixp l-nic; 283
ci8fo-rpcx-roc; 282 Ciocr-roc; 252 ci.pµixcr-rixnwve:c; 256
ci8e:cr-rpci-roc; 282 cioup8tVLIX'tOc; 290 &:pµcX-rix 28
~fo'tpiX'tOV 251 &oucr,oc; 252 &pµct1"1X 283
ci8e:cr'tcX'tElV 251 ( cl)7t1XVW(3pcXY.L 270 &:pµci·ro:; 250, 251, 283, 285
ci8L 'tEUELV 262 oc7tctvwxA.(ţ3ixvov 275 &:pµixTwµ€voc; 283
&.8Lou8Lxa.-re:ue:Lv 262 clîtA 1JX&ue:LV 309 ctpµctTWVELV 283
&.8vouµe:ue:LV 254, 305 cX7t'A1JX't1X 252 cipµct1"WVe:a&cr:L 283
ci8vouµL&~e:tv 250, 254, 262, OC7tA1jXTcXpLOc; 309 cipµix-rwp [ix 283
305 cl7tAljXTIX 252 &:pµix-rwptov 283
&.8vouµLctcrdic; 254, 305 OC7t'A 1JXY.'tOV 252 ctpµcX1"CtlGL<; 283
&:8vouµLci-r7Jc; 254, 305 &.7tA. -fix-rov 252 apµIXTOUpiX 283
ci8vouµLov 254, 305 clît "ijx-rov 252, 309 ă:.pµ1X1"0UpLov 283
&.8crLyva:-re:ue:LV 262 ocîtÂtXLTcXpLoc; .309 ci.pµix-roi:ipoc; 283
a8wpcXTOp 306 OCitALXLV 309 cipµe:J.ixucrtix 271
~wpfo 306 OCîtALXLOV 309 ă.pµLcrTIXTLWV 283
a8wpe:LX 306 cl7t'ÂLXL'tOV 309 cipµLaTIX'tLWVe:c; 250
citpct 26, 28 dt7tÂLY.'tlX 252 . &.pµoxoucr-rcup 283
&:.ipctc; 14 9 cXTt'ALXTIX 252 &.p6ye:u1"oc; 269
&.ipoc; 149 cXîtALX'tOV 252 &.pxLcr1XyL1"1"cXTWV 286
ci-fip 149 cl7t'ÂLX'tOV 252, 309 ă.pXL<J1X(L't1"cX't0p 286
ă.&potcrµct 294 1Xîtoţ3lyA.LaLc; 296 cipxtT0!;6n1:; 286
Atyta:Mc; 1 Ol cb-rnxixţ31XAALXEUELV 278 &a-rix 287
cdpciptov 267 aîtOXcXµLaOV 270 : cia-r<hoc; 287
'Axe:8oux-rou 256 &:îtoxoupcre:utv 304 cl<J'ttALOV 287
cixla. 250, 290, 294, 318 ciîtol.ucrtc; 306 ăTIXX'tO<; 290
iixm7JcrLoc; 260 &.ît6µctxoc; 306 a-reye:LIX 277
cix-rciptoc; 268 ci7tocrxe:u-fi. 293 c_h(ye:LOV 277
cil.tcr[ţ3ix 96, 192, 367 Cl't~LX 284
&:.µ(3t-re:ue:tv 250 cb:oxwpe:i:v 318 Ai>youaToc; 250, 252
ciµtpiic; 208 cipye:v-mp [ix 268 &upc.: 149
ciµ7te:),Lwvctc; 256 cipta.-e:pci 318 Ai:ia6vtot 248
ăv&por.oc; 250 CipXIXL 268· cicptAe:-rpov 282
iivvC.vcr: 269 &:pxctptx6c; 268 &xe:pvlX 91, 101

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518 H. Mi hăcsru

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{3onc:i.h;;txo; 29 5 8l)7tOTIXTLWV 303 eXTeVTWVE:LV 277

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Index 519

"EAA.7)V 266 +,0-µ6'; 267 XCX7tlcrTpt 206, 280


"EU~ 248 -Jiµe:po!HyAcxL 296 XCX7t(GTpLOV 206, 280
i:U'l')vLtw 248 fiaxa 253 XCX7tLcrTpOv 280
EAA'l')VLX(;)i; 248 XCXmTr:ciAtCX 258, 281, 392
EAA'l')YLO'Tl 248 .O'fix7l 210 XCX7tLT~<iALOV 281
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E:µ7t'poa~xoupf3cx 278 xchrna 253, 271 272, 366
E:µ7tpoaa.oxoup~tov 278 WL 225 xcxpixy6i; 312 '
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ivwµoTlcx 318 xcxpLva. 252
xcx(ja.),J,cx 27 8
i~nopLa. 261 xcxpl't'our:t 196
i:~ipxe~ 266
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xcx[3a.HcxpLx6i; 206 278 XapT'I') 38
E:~e:pL8cx-reue:w 262 xcxpu8twvcxi; 256
E:~xoufknxpLoc; 298
XO'.f3cxHciptoc; 278 '
xcx~U„txe:ue:Lv 250 262, 278 xaaaL8a 276
i:~xoufkt'wp 298 xaaaL8ta 276
xcxf3cxAAlxe:uµcx 278'
E~XOU~LT~ 298 xcxao[8Lov 276
xcx[3cxHLxe:uT·~c; 278
E~XQl)CJCXttUE:LV 262 xciacr(c; 271, 276
i~xouae:ue:Lv 262
xcxf3cxHL'va. 278
xăcrTClVOV 3 72
i~6(3tyAcx 296
x&.yxe:Uov 252
Ifofocxp 257, 376 xcxcrttAJ.ivoi; 311
i~m8L'Tot 295 XIX<JTe:AAciToc; 311
E~7t'l~8LTOV 302
I\cxta(be:tcx 376
xcxtll"ciptacrcx 262 xcxcrTt:AAtov 311
i~m8LTOv 302 xacrTEAAoµcx 311
i:ţrt'l')Achop 304
xcx:A8:XpLOL 255
XIXAlyo: 273 xfoTe:AAOv 311
i~rt'l')Ae:•.'.ie:tv 30,l xăcrTe:AAoc; 311
!~7t'A'l')XTOt 295
XClALy&.Toc; 273
XIXALYLOV 273 xcxcrTe:),/..ouv 311
E:;dopchwp 297 XClcrTp7)!HrXX6v 311
xcxĂLyouv 273
t~7t'AopaTOpe:c; 303 XCXcrTp7)0tCXV6<; 311
XCXALY<~µo:TIX 273
t~Tpcxop8lvt.>i; 290 xcxcrTpi)crtoc; 260, 266, 31 l
i:ţwAoupLXOL 254, 27 4 xcx),Lywve:Lv 273
xcxA6y7)poi; 101 XIXOTplov 311
t7tcxvwxAlf)ctvov 275 XCX<HpOXTLcrla 311
xoch~a 2 7 3
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rnLO'EAALct 278 x:X114crov 2 70
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E:mae::UL3Lcx 278
XCltllvcx 363 %1XO"t"pO!p ii AIX ~ 311
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xcxµtvo(3lyAtCl 296 XCXTIXO'X07t'etV 297
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xcxµLcrttTO<; 270 XIXTOCO'X07t'Oc; 297
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iaxi)7n'tilp 261 xcxµl•nv 270
xciµlcrtov 26, 191 270 XIXTCl<JTQA -~ 306
icrw(3tyAcx 296 XIXTClcrT6ALO'J 306
i:crwxoupr:ou~cxxct 270
Xcl(ltO'O 270 '
XCXT-~VCl 25:i
ttpt7t7t'LOV 278 xcxµml.yLcx 273
XQ:µ7to:v6c; 364 xcxTOp8(voi; 290
xcxµ7tt8ooxtwp 291 XClTO'OU).it 366
~afXi 210, 231, 271, 275 xcxµm8ouxTC:>ptov 291 XClUX'l') 189
~cxf3cxpdov 275 xcxµ7tĂ&.TC: 318
xcxuxlov 189
~cxf3cxpetwT7J<; 275 Y..cXjl7t0t 250 xfncx 253, 257, 392
XOCJl7tO:; 291 xe:H(ov 257
~Cl~cXTO<; 251, 275
xcxµ;rliTOu!3cx 276 xe:v8oux):x 252
~ixf3e:îov 275 XE:VT«flX7J<; 292
xii.vvcx{3tc; 190
~ci~(L)IX 275 XCX'.IVOCTa 28, 365 xe:VTcxpx La 292
~i114 231 xcxv8t8&.TLOO'IX 262 xt•.17o:pxoc; 292
XEVT"~XAO: 252
~wvciptov 271 x&v.fl cxpoi; 70 xe:vtov&.p~ov 282
~(l)O'Ttlp LOV 2 71 xocvoupcx 1 90 XEV't"OUXJ.(l 252
r:uyo:AwpLv 274 XCXVTOCTCi>p 300, 308 Y.EV'IOUXÎ,cx 252
r:uyo)..ropov 274 XIX7t'LKAclpLO<; 29~ XEVTOUXAEl:voc; 282

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520 H. Mihăescu

xb.rro•Jâ,ov 252, 271, 282 XOV70•Jf3e:pvctpLG:; 277, 291 .. Ac:ye:wv 292, 294
Y...::VTOUX).ov 252, 282 XOVTOUţ3tpvLO'I : 277, 291 ).s:ye:wve::; 256
X&VTO'JP (:i. 292 XO~IX 25·1 J..e:yt<dv 292, 294 ·
XE:VTO'J?LWV 292, 300 xop&i 254 J..e:ytwve:c; 250
Y..e'ITO'JP [cuve::; 256 xopµo:; 223, 225 i.e:yi.wvci:;ao:; 292
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XE?m:; 253, 3U2 ZO'F Îy!XL 2âG i.oxcxyo:; 299
X i;p'J; 308 zo-:-:[~e:Lv 26, 184, 231 1.oxo; 2111
XL~OC;.•.z 257 XOU~EV'°!X 7, 32, 36, 185 J.WpLXct70-:; 27·1
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ZLYÎ.W'IO:LV 255, 278 xc.uxou).i.ov 272 i.wp[XLOV 274
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x).e:•.i;cnpocr•)Acx~ 312 xoupn;:; 27 µiiJ.ov 70, 231
XALcX7-:L-X 369 xoucrrtiiv 287 (LOCV81XTctptoc; :105
x ).t(32vcipto:; 27 5 xoucm[~e:Lv 287 µixv81XTE:UE:LV 305
xi.[~2vov 275 XOU01tL'I 287 µxv80CTOV 250, 305, 310
xAîµx; 278 xoucrrr[ov 287 µocv8ciTop[crcrix:; 262
xi.6.,.-::;x 369 XOUaTw8lix 29G wxv8ix7ocpope:i:v 305
xo(3±-18x 388 xoucr,o8tcipto:; 296 µix•18cxT0'11CJ?LOC 305
xo8lµe:v-:ov 260 xoucpLpµ7.-.e:ue:t v 262 µocv8ocTOcp6po:; 305
x6~.:'.Y. 25li xpe:µcicrTplX 1O1 µav8«Twp 305
xo8p:b-:1'):; 256 xp~V1') (xpcivcx) 70 µixv8pay6pix:; 161, 231
x68ptr.iv 256 xp(crT':l. 253, :192 µixvlix 32, 35, 183, 388
XOY.Y.'Jµ'IJÎ.ov 70 xptcr7ci.-:ot 295 µcXvtXCl 191, 250, 271
xoA6cr-:p!X 369 XUIXtln'C.lp [craci 262 (LOCVLxtnoc 271
x6i.u(3r,v 101 xuµa 70, 174, 231, 374 µocv(:v.t 191
xoµ~o:; 225 xupto:; 208 µrLVLXLIX 271
x6µ71:; 294, 300 µav(rrAIX 292
xoµ-1]-:lcrcrci:; 262 i.ci(3ixpov 301 µixvmMptoL 292
xoµµe:ci,ov 306 J..cif)oup fia tot 301 µavouctAtlX 38
xov(3tv•o:;, xoµ(3tvTo:;, xoµ- i.cif)pci~ 70 . µavcrctAtOV 364
f)tv7LOV 36 J..ixyxe:ue:tv 287 (.LCX~[Hcx 252, 253, 392
hyx(ix 287 µixpycxph1'):; 231
XOV7ocpci-:o:; 285, 288
J..ixyxtcipo:; 287 µapii&ptov 70
xonii,:.tov 285, 288 µiipycxpov 231
J..cxyx(8tov 287
XOVTct70c; 285 J..cxxl:pTcx 253 · µixpyl:Htov 33
xov-:~ 285, 288 Acip8o:; 262'. µa:p~o[3«pf)o•JAOV 258, 287
xov-ro•J(3e:pvctALo:; 277, 291 Mxixvov 66, 70 µa:pT~oµci[3ouA.ov 287 ..

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Index 5::!1

µixp-r~oµ.ciµ.ou/..ov 287 · µupiXL\llX 370 7tocyixpxoc; 266


µixp-r~ufjcipfjou/..ov 28 7 µupµcx!; 70 7tcxycipzcu 266
µlipnH; 209, 231 µucr't'OCXLO\I 169, 231 miyoc; '266
µaa":'l;c1J 35, 163, 231 µ UO't'IX 1; 169 7tcxoou:Aix 316
WXcr't'LXLVoc; 163, 231 7tlXLOIXTOUp1X 312
µcxcr-rpoµD.-l)c; 300 rrcx),cxL6xcxcr-.pov 311
Vct\l\llX 223
µix-r~OUXIX 287 7tcx/,cin 26, 97
VIXUXeALO\I 315
µix-r~ouxch·ec; 287 '/t'IXActTLO\I 362
vcxuXAIX 315
µn~OUXLOV 287 'lt'IXALcrXOV 313
'lllXUXACXL 255, 315
µcx-rp LXLOV 268 7.ctALO\I 313
ve:6xcxcr-rpov 311
µix-rplxou),cx 268 7t0CAALOV 313
vof3cx-re:ue:w 262
µ~'t'pLXOUAOCpLoc; 268 l't'IXAAlwve:c; 313
vovv6c; 215
(Ul":'pL!; 268 7toc/..oc; 313
\IO't'OCpLOL 268
µcxHLcipLoc; 287 'lt'IXAOUOLOV 316
vouµe:piipLoc; 29·i
µfjouxj,cx 365 'lt'IXAOUXL 313
vouµepoc; 294
µfjouXALWIX 365 7tocAouc; 313
vouvoc; 26, 388
µi:AL't'":'IX 70 7tlX\l LXOUAOc; 252
Nwye:rn 197
µt:V!WAct70c; 287 'lt'IX\IOUXAIX 17 4
µt:VIXUALO\I 287 rtixvwx/..lfjcxvov 275
µevixu:Aov 28 7 ~iµcx 188 l't'~m/,Lwve:c; 250, 256
µe:pl~e:LV 318 ~[yyL 26, 188 7tlX7tl't'IXc; 338
µ€pac; 294 mbmoc; 203, 338
µe:croci,L 364 OÎO[.LIX 225 7t'IX'/t'UAEWV 277
µecrii/..tov 364 ot·lj iO 7tctirupcxc; 231
µe-rai.Aix!;ov 318 oxptoLcx 276 7t1Xpiiyye::Aµcx 305
µe-rcX.!;tov 32, 35 ?µLALIX 32, 36, 185 l't'ixpix rt6pnov 312
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https://biblioteca-digitala.ro / https://www.acadsudest.ro
522
H. Mibăescu

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7tOu><ciµtaov, 7toxciµtaov 270 poyla:aµ:x, poytciaµ:x 269 O"EA1jVLa:x6c; 148
7to•Jh:"LTouv 262, 315 poytcir;w 269 O"EA1jV07tA1jXTOc; 148
npa.'Loa: 304 po&Jvv.t :-158 ai:AJ.a: 278
7tpa.t8e:.Jetv 304 pouytcir;o•Jµt 269 ae:Al..ci.pto:; 278
rr~[;.o..wv 308 fionl~w 231 ae:A.Act:ptWT1jc; 278
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523
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aou(31.!~Elv 288 Te:oo~pciptot, Te:aor.<piiptot 295 <p!Xpµ11;-.ov 212, 231
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amx &ex 1 \) u -r~e:xoupt 28,1 c.l>tl.mn„~ato.; 2GO
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orro:~ciptoi; 300 -r~cpf3ouJ..ix 258 q:iJ..o:µou).(~e:tv 301
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O"T.'cX~CX 170, 210 T~txo1)pt 284 <pAo:µo•JA[crxtov 301
a:-t:x&o(3rb:i,Lcx 28·1, 300 T~txouptov 284 <pAaµouAov 301
G7tet:v6:; 2:~1 TljpO\I J91 <pAocµoupC( 301
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art7J>.cxto'J 70, 101 -:tpwvtx6v 291 <pJ..:xµouptcipto:; 301
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G7t"A 7Jvcx 1 71 ·dcp·'l 70 <pi.ciµo•Jpov :rn 1
a7t68Lov 368 •opw;: 206 qil.ciµrtoupov 301
aT&(31.oi; 255, 262 -:6pvoi; 321 <p/.ticrxcx 276
an.<.1.J.voi; 70 •ouţ3cx 308 <pAC(crKl 276
a•tr.Lµa :n 8 TOu(3cXT<.i.lp 308 <pl.c:tcrx(ov 276
a•tpt<poi; 2:11 Tou/.8ov 251, 293 <pAaoxoµcx 276
aTtpvix :n2 TO~J..80:; 251, 293, 300 cpot8epchot 300
a•lxo:; 290, 2g1 TO'Jpµr.< 200, 294, 371 <pot8e:pchoi; 285
GTOU7t7tCX 190 "TO~pµ!XpXăTOV 294 cp6po:; 262
GTOU7t'( 190, 282 -roupµUf:-XlJi; 294 cpoomx 310
a;oumvo.; 282 •o~pµcipxtocrix 262, 294 9ocrcro:TE:ue:tv :Ho
O"TOU7t(~e:LV 282 Toupµ7j 294 <pocrcrr.<n:.<6:; 310
OTOU7t7tcx 282 TOUŢ-0[ 159, 301 q:ocrcrr.<nxwi; 31 O
O"TOU7t7t[o•1 2 71, 28 2 TOV t;l'X 254, 301, 37 2 irocrcrciTov 32, 250, 252, 253,
GTOU7t7t(t:e:w 282 -roucp(ov 271, 301 309, 310
G>OU7t7tC:lVELV 282 Tpctyo:; 9 1, 101 <pocroc.hov 208
O">paT!X 314 •pa8t•e:u:tv 262 <pocrcre: Ue:t V 31 0
aTpcxn:(cz 266 TpC.OtTe:ue:tv 287 <pocrq>6poi; 14 8
0"7p!XTLCX 266 Tpr.<vcr/,a:,e:ue:tv 262 <pOUAKOV 293
O"Tp!XTlCal':"tX wc;; 266 7pctVtJ"<pe:p 326 <poupxex 293
aTpa:Th~cx 314 Tptţ3ouv(crcrr.< 262 <poupx~~<:tv, 9ouJ..xl~e:t\I 293
GTpcxT6rte:8tov 291 Tpt~ouvoc; 300 <poupva:pto:; 202
7pp-fi 231 q:ioupva:pti; 202
GTpot-r6n-e:8ov 30Q
Tcrlf3expa: 257, 392
<poupvoc;; 20, 202, 363
https://biblioteca-digitala.ro / https://www.acadsudest.ro
,524 H. Mihăescu

cpoucrcho 32, 208, 252, 310, cppLV't"~cXTOV 258, 392 !:(tpmi~po:;.. 3.8
388 cppouv-r~ci-rov 258, 392. XLl..l11pxo; 294
cpoucrcra:rov 36 cpux'l)c; 101 XPL<JTL1%VO<; 340
cpo•;crcrii't'Ov 208 cpuAJ..ov 160. xop8lj 205
cppcr;ye:).J..[~e:LV 281 xou-r~l11 287
cppcr;yt AALOV 281 X~LOV 101 xou~(ov 287
cpp11ye:Al..l'1Jc; 281 xcip-r1J 231 )(pLCJ"t'T.1%V~ 340
cppli-ţe:i..J..ov 281 xcip-r1Jc; 205 Xptcr-r6c; 214
cpp~Al..wve:Lv 281 )(ll:p't"OUAcipLoc; 205
)(cXO"X&LV 231 xuJ..oc; 32
cpptiyxoc; 208
cppe:vT~crrov 258, 392 )(ELpOµh:vLX!X 271 wxtµov 70
cpp(X'I) 231 xe:Lpoife:J..kt 211 6>-ro; 38

HONGROIS
berbence 226 kereszt (korna) 342 tolvajsâg 209
cser 372 mi6ra 200 văr 208
deAk 338 olih 127 viras (a. hongr.) 208
glinya 366 olisz 127 văros 208

ISTRO-ROMAN
(istriote, istrien)
a 115 farnâ 108, l lJ entranto 111
ajo 11.'I Clea (a. istr.) 108
al 112 colare 125 fa 117
albl l lS cridi 213 fa~(i)er 118
aligramento 115 faigi 109
alteisimo 109 faigo 109
alura 115 di 113, 117
dago I H fasulito 121
anama 109 fato 113
aname 109 dasmisiâ 114
daspuii 1 li fedc 123
anka 125 feiga 197
arcumuie 117, 125 da.zbudi 114
dei 117 feigo 118
ardento 113 fcja 109
ârsena 118, 125 deigo 107, 114
<leito 107, 1 H fcjo 109
avanti 115 fico 109
avendo 114 <lento 109, 119
deskaregi 123 fiero 107
averzi 125 figlio 109
avl 107, 113, 117 deskolze 97
despoi 115 fil(i)eti, fulcti 118, 125
dezirno 110 fiuol 122
ba!~i 117, 125 fiur 109
baza 107 dczlombi 123
dezmentegi 125 foiba 125
Bazeilika 117, 123, 214 fondzo 117, 125
dezmuntâ 114
bel 109 forfe 109
di 119, 123
beu 115 fous 121
biato 125 diziduoto 110
dizinuove 110 fra 122
bi~ri 109 frasino, fraseno,
bivi 107, 113 donka 115
dreinto 115 fra.ăeno 118
blank 124 freizi 121
braso 119 dudaze 110
dui, du 110 friedo 181
bruza 121 frisk(o) 124
buka 107, 117, 119 duman 115
buligâ 121 durnenega 123, 216 frouto 107
bulpe 109 dumo 120 fuleti 125
bulpo 109, 118 dunasa 109
duona 109 fuorfeze 121
bureifo 121, 125 fuorn 121
buriro 125 duorrni 113, 117
bus 185 duzento 110 fuoso 114
busko 124 dzanivero 117, 118 furka 109
buto 121 dzisiete 110 furmeiga 108, 109

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. Index 5'.15.

ga 111 la 112 misur 121, 125


galupo 118 ta 115 mizerameynto 115
, ganiepa 118 lagada 108 monto 109
gaso 108 lako 109 m6ri 113
gesia. 123 lampizia lH morsega 125
gezia. 117 lasă 117 moula 199
gil 111 la.sada 113 mouzo 119
gila. 107 lase 113 mudo 107
giratso 125 la.varie 113 mujer 122
giza. 107, 108 le 112 mulgare 120, U5
Glesia (a. istr.) 108, 390 leibro 109 muorte 109
gra 118 lento 118 muorto 107 109
grum 119 li 111 mura 118 '
Grumaso 125 libramento 115 musfo 118
guda. 117 libraso 109 mustra 125
guiera 124 l'in 118
lisi 121, 192 nalba 118, 125
loume 109 nas 119
i 112 louna 107 nevudo 108
ieri 115 loundi 123, 216 ningoun 112
ilara. 118 li 111. 112 nins61 109
indreio 115 lui 111 Iiinte 112
ingrinta 125 lupidz 121 nio 107
intardiga 114 nostra 111
invidikă 114 nostre 111
învise 115 ma 111
nostri 111
madassa 108
nostro 111
madima 112
kalder 12 l nu 107
madimo 112
kăligo 121, U5 nui 111
ma.gol 120
kalsita 109 nunanta 110
mai 115
kamaiza 108 nuono 110
maio 109
kamciza 121 nuoto 107
mal 115
kamizita 109 nuove 110
man 119
ka.ntiso 113 nuse 122, 125, 204
mana 120
kanuvo 118 mafta. 121
kapuoto 109 mar 107 on 107
kart'.·ga 123 ma.rasa. 118 6ndaze 110
karno 119, 121 mardi 123 onzi 121
kastradeidzo 120 marein 122 ordzo 118
kavo 108, 119 marenda 107 ouidoun 112
kavriolo 118 maridă 117 oun, ouna 110
kaza 109 maridare 122 ounga 119
kazalida 120 ma.ridase 122
kazuoto 109 mar6 122 pa.du~ 118
ke 112, 115 mar(t)san 120 padueoz 108
ki 112 maseo 108 pakă 125
koul 119 masfulein 109 palpeibre 119
kouzi 121 me 111 papa 109
kradarie 113 mei 111 pare 122
kridi 123 meile 110 parifa 125
krigel 125 meio 111 parki 115
kripa 117 rnelo 118 parto 107
krisi 113, 117 meno 109 paskula 120 125
kroudo 107 mente 109 paz 107 '
kruz 107 mento 109 p(e)in 118
kuiieesou 113 meti 125 piatein 109
kudusou 114 miea 111 pia.zi 108
kuorno 107 miee 111 pi el 107, 119
kuorvo 109, 118 miei 111
kupa 107, 121 pien 108
mie(j)o 111
kurteina 120, 125 rnierkure 123 piezo 109
kutiza 184 mio 118 pil 119
kuvierto 114 mirko 123 piro, pero 118

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625 H. )fibăescu

piso 118 santizimo 110 su6jo 111


piurâ 125 saretlzo 118 !IUOVa111
Plano (a. istr.) 108 sarie 114 suove 111
poeta 109 sarpento 107 snovi lll
poko 115 satanta 110 suovo 111
pouno 119 saula 117, 118 snreina 124
poupa 109 SlVi 125 snrnre 109. 122
poura 115 sei 115
preimo 110 seie 107, 110 tanto 115
prietro 109 seii;aa 11-' tea 125
primaigol, primaro} 118 seinque 107, 110 tei 111
profieta 109 seio 114 teio 111
pudi 108, 113, 117 sena 108, 121 teilgo, t(i)ea 118
pulizo 118 sente 108 ti 111
pulvaro 167 sentirâ·.ri 113 ticflo 113
pumu kudofto 118 sento 110 tiera 167, 120, 125
puoi 115 semi 121 ticrso 110
puorko 118 scsanta 110 tor«i 125
puoso 1 H sczula 198 trantizimo 110
pusion 1 H sfalsa 120 tFazento 110
si 107 trenta 110
qnai 112 sidâze 110 trentaoun 110
quala 112 sienara. 108, 121 tri 107, 110
quale 112 sierpa 109 trldaze 110
qnalko 112 siesto 110 tsarnei 125
qual(u) 112 siete 110 tsarnou 125
qnatro 110 sietimo 110 tscrnef 121, 125
quatu6rdaze 110 sina 115 tscrni 121, 125
queindaze 110 sinquanta 110 tuoi 111
qucinto 110 sintei 107 tuojo 111
quil 112 sintou 114 tnola 121
quila 112 sira. 107 tuova 111
qnile 112 sirkă 117 tuove 111
quili 112 skarna 107 tuovi 111
qnaranta 110 skeiba 124 tuovo 111
quarantaoun 110 Skolka 124
sk(o)usa 121 uarto 120
quarto 110
quista 112 skreito 107 uimo, olmo 118
skreivi 117 unkui 115
quisto 112
quistc 112 i;kruva 118 uo«i 119
quisti 11'2 •skursa 125 nofii 115
skusa. 125 uorto 120
someder 108 uoto, vuoto 110
radaiga 125 ura 107
son 114
radeiga 117, 118 urid, urgol 118
sor 109, 122
radiga 125 urteiga 117, 118, 125
soubato 115
ran!ll"rlo 125 urtiga 125
spurgă 120, 125
rareisimo 109 utanta llO
spuq}adoura 120
rasticl 109 utăvo 110
spurja 120, 125
reiso 118
stâ l H. 117
riea 119 va 111
stada 114
rondula 118, 125 vadicl 109
stade 114
rusiiiol 109 stadi lli vantiziillo 110
(Mons) Sablonorum (a. istr.) varda 124
stamiteina 115
108 vamo 118
stranuda 107
sab6 123, 216 varto 120, 12S
stravalgâ 120
saga.la 118 vasa 119
stravalgâse 120
sagondo 110, 115 ve 111
strega 125
samaraso 109 vecchia 10g
strento 107
sarnbuwigo 117, 118, 125 veccbio 109
sudur 107
samier 109 vcdiel 118
sul 107
sango 119 vedomo 117
sanguso 117 sulamentro 115 Vedrana 12.5
san{:usa 125 suoi 111 vedumo 12.5

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Index 527

vein l07 1iermo 118 zanu~ 119


veinti l 10 ·1irdo 107 zavula 108
veintioun 110 '"isein 115 zbrusion 124
venare 123, 216 vostra 111 zbulâ 125
vendi 117 vostre 111
veramentro 115 vostri 111 zuga 108
vidi 117 vostro 111 zugo 107
vidita. 120 vui 111 zuiba 123
vido 113 vuli 117
zuobia 123
vi era 109 vuldiso 113
vie&> 109 vuldou 114 zuvanuoto 109
viei o 113, 114 vusiou 114 zverdonâ UO, 125

ITALIEN

abbattere 184 altare 26, 213 arri pare (calabr.) 251


abrosco (tosc.) 26, 162 altramente 86 arroncare (it. dial.) 178
afta (nap.) 318 alvâ (it.dial.) 188 arrongâ (it. dial.) 178
(ac)cagione 184 alzare 135 arsura 194
.accagionare 184 amare 179 arviya (it.dial.) 28
aceia. 191 amarezza 179 asciutto 41, 93
.acquoso 150 amaricare 90 ascoltare 179
adacquare 200, 251 ambiare 178 ascondere 184
ad.asta.re (a.it.) 178 âmea (gen.) 203 asino 199
addavere (it.dial.) 182 âmia (ven.) 203 aspro 26, 155
addonnire (a.it., it.dial.) 17"/ amico 28 astettare (it. dial.) 184
addurre 206 ammagari (calabr „ sic.) 212 astile 28
adesso 86, 155 ammennai!Ca.re (nap.) 184 astittari (it.dial.) 184
adorare 28 ammessaro (it. merid.) 199 attenere 178
aduuare 198 amminazzari (sic.) 184 attingere 178
affondare 251 ammistekâ (it. diat.)· 188 attizzare 194, 251
affrontare 251 ammortire 172 atto 28
affumare 194 ammutire 175 aura 149
ager (bergam.) 198 (a)nare (a.it.) 169 autunno 153
aggiungere 135, 178 anche 86 avellana 162
ag6')'astru (i t.dial.) 28 anello 192 avere 84, 107, 113, 117
aglio 196 angelo 26, 214 avvezzare 99
agncllo 200 anguilla 28
ago 190 anima 82, 109 baciare 107, 135, 205
agosto 26, 216 annegare 172 bagno 260
agro 179 anno 216 halbo 26
agro (a..ven.) 198 annut~l~ (nap.) 200 balcone 102
aia 198 apparare 26, 210, 251 balestra 288
aire (a.it.) 26, 27 apprendere 194 balzo 191
aiutare 117, 205 aprender (it.dial.) 194 baratro, balatro (a. tosc.) 28
akkikare (calabr.) 178 aprile 26, 216 barba 78, 169
akkitt~ (nap.) 252
0
aprire 148 barbato 173
ala. pa calabr.) 166
( aquila 166 baselega (a.ven.) 214
alargarse (it.dial.) 178 arare 198 batteggiare (a.it.) 26, 135, 214
alba 148 aratura 198 battezzare 214
albicare 90 arbugello (i t.dial.) 257 battola 166
albo 78 arca 28 bava 177
alborc 148, 159 arco 26, 210 bellico 171
aleggere (a.it.) 184 arcobaleno 117 bello 109
alenare 186 ardente 113 bene 86
aUato 115, 318 arena 26, 157 benedire 28
aUattare 251 argento 26, 157 bere 84, 107, 113, 176
alienare 204 aria 26, 27, 28 be!!iga (it. dial.) 171
allentare 186, 204 arma 210 bestemmiare 117
arma (a.it.) 171 bevitore 176
allora 115 armare 210 bevo 78
alloro 26 armata 28 bevuto 85
alma (a.it.) 171 armessaro (a.it. dial.) 26 bianco 93, 124

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S28 H. Mihăescu

bicchierc 109 capriolo 26, 167 ciBquanta 83, 110


bii!liga (it.dial.) 171 carbone 157 cinque 78, 83, 107, 110
bi~ika (it. dial.) 171 rareelle (abruz.) 192 cipolla 23, 103, 104, 108, 117
bissinu. (it.dial.) 176 caricare 206 citta 26, 208
bocea 103, 107, 117, 169 carla.ssare (a.it.dial.) 214 cocco 26
boccata 32, 169 carminare 190 coda 78, 167
boce (it. dial.) 185 carne 168 codatremola 166
bolla 26 carnela.sciare 214 cogliere 198
bosco 102, 124 carnevale 214 cogla (a.it.) 171·
bosso 28 carnoso 168 cognato 26, 80, 203
botte 189 carpine 163 r.ogiio (a.it.) 26, 193
bo·;e 199 carraia 206 coita.re (a.it.) 26, 182
bracciale 192 carro 26, 128, 206 cola.re 26
braccio 135, 170 carta. 26, 205 colecchio 196
brache 26, 191 casa 109, 193 colia.re 26
braida. (ven.) 124 ca.stagna 26, 163 rnllocare 178
branca 167 caste Ho 2 8 colmo 26, 156
bruciare 121 castigare 26, 207 colombo 26, 166
bruma 26 catcllo (a..it.) 199 colostro 26, 200
brunu (calabr.) 197 catena 171 coltello 93, 96
bucine' 205 cattare (a.it.) 184, 318 coltricc 28
l1UC' 199 cavalcarc 26, 90, 206 cominicar (a.pad.) 26, 214
bufalo 167 ca·;a!laio 26, 206 commettersi 184
buono ll)6 canilare (a.it.) 206 comp(e)rare 207
ca.vailo 26, 95, 199 cornpiere 211
cacarc 176 cece 26 comprandere 178
cacciarc 26 teter~ (nap.) 196 con 86
ca.cioia 200 cena 80, 108, 187 conca 28
cacio 200 cencrc 108 congro, gongro 91
cadcrc 84, 117, 178 ccntesimo 110 conocchia 38
caglio 200 ccnto 28, 83, 110 COn06CCrC 182
calcagno 170 ccppg 189 conosciuto 113, 114
calcare 178 ecra 80, 104, 135, 20 l consiglio 28
c<i.ldaia 189 ecra.so 197 ccmsuocero 203
calc ger (ven.) 97 cerea.re 26, 117, 184 conto 28
c~lla 206 ccrchio 181, 377 contra 26
calle 93, 11'3, 206 <crco 181 convenire 2e5
calmo 26 cernere (a.. i t.) 188 coperto 114
calore 149 cernito (a.it.) 125 copertoio 26
calza 273 cerro 26 coppa 26, 107, 189
ca.lza.m11nto 192 certare (a..it.) 26, 185 coprire 84
calzonc 366 cctera (a.it.) 205 corda. 205
cambia.re 28 che 82 como 107, 167
camesa. (a.. it.dia.1.) 26, 191 cheta.re 155 cornuto 26, 167
camice 270 chi 82 corona 26, 215
camicia. 108, 191 chiama 113 corona.re 215
campo 198 chiamare 80, 84, 93, 108, 113, corpo 168
ca.na.pa 26, 190 185 corregia (tosc.) 191
candela 28 chiave 78, 193 correre 158
cane 26, 199 corso 85, 158
chiedere 184
cantarc 26, 84, 205 corte 26, 208
chierna 91
ca.peccbio 259 chicsa 28, 81 corteccia 28
capcstro 26, 206 chioma 32, 199 corto 26
capitagna 193 corvo 26, 166
ciao 236
capitare 205 cica.la 28 cosa 28
capitcllo 169 coscia 170, 261
~i~iru (sic.) 196
capo 108, 169 cielo 26, 103, 107 cosi 86
Caporetto 128 ciliegia 26, 108, 197 cosso 26
cappuccio 272 costa 171
capra 200 cima 26, 174 costare 172
capre 104, 128 cimice 26, 95, 104 cotogna 197
caprifoglio 161 cinghia 26, 191 cotogno 2.6, 197, 231
caprino 200 cinigia 194 cotto 85

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Index 529

cottura 188 dolere 26, 183 favclla 28


covr~ (a.it.dial.) 28 dolore 26, 183 favellare 99
creare 28 domandare 185 favo 201
credenza 213 domani 86, 115 favolare (a.it.) 28
credere 123, 213 domenica 216 fazzoletto 121
crede 78 domestico 199 fdă.r (it.dial.) 173
crepare 117 derma 78, 208 febbraio 26, 216
crepato 85 donno (a.it.) 208 febbre 174
crescere 84, 113, 117, 172 <lopo 86 fede 28
crespa 28 doppiare 185 frltro 282
cresta 26, 156, 199 dorare 180 fcmmina 26
cristiano 214 dormentare (a.it.) 177 ferro 78, 107, 157
croce 26, 78, 79, 107, 213 dormire 8'1, 113, 117, 177 ferve(re) (it. merid.) 188
crudo 78, 107 dormitare (a.it.) 177 fota (it. dial.) 173
cruento 168 dosso 78, 171 fetacee (it. dial.) 173
cucco 166 dragone 28, 215 fiaccola 19'1
cucina 96 ducere (a.it.) 206 fiamma 194
cucire 80, 97, 191 due 83, 104, 110, 128 fiavo (a.it.) 201
culo 171 dualo 183 fibbia 206
cuocere 84, 188 duorno97 fico 26, 197
curare 26 durare 26 fidare 28
dzema (it. dial.) 188 fiele 171
dzenufo (ven.) 119 fiera 167
dannare 209 dzobia (bolognais) 123 figa (ven.) 197
danno 26, 209 figao (ven.) 171
dare 113, 117, 207
e(d) 26 figlia 203
davvero 182
figliastro 26, 203
decimo 110 edera 161
figlio 203
d~la (it.dial.) 163 edima (a.it.) 28
fika (abruz„ nap.) 197
dente 169 elce 28
filiano (nap.) 26, 27
dentro 86 ella 107
filiggine 19'1
deporre 178 ernpire 154
filo 26, 190
descolzar (it.dial.) 192 entrante 113
finestra 26, 193
descolzo (a.pad.) 192 entrare 178
fio (ven.) 122
desiderare 26, 183 erba 161
fiocina 28
despuo (a.ven.) 115 erboso 161
fiocco 26, 190
detto 85, 114 ermu (it. dial.) 170
esca 26, 194 fioccoso 190
devetore (a. i t.dial.) 26, 207
dl 123, 153, 348 esporre 185 fiere 109, 160
dia 114 estiva (it.dial.) 28 fir (a.ven., a.lomb., a. gen.)
diabolo 28 172
diciannove 83, 110 fitari (sic.) 173
fabbricare 202 fiume 158
diciassette 83, 110 fabbro 202
diciotto 83, 110 fiyano (corse) 26, 27, 203
faccia 26, 169 florire (a.it.) 160
dieci 78, 83, 108, 110
facce (it.dial.) 169 fobia, fiibia, fioba (it. dial.)
(di)giuna.re 26
faglia (a.it.) 28 206
dio 213 falcare (a.it.) 208
clipanare 190 falce 169 foga 178
dipoi 115 falcone (a.it.) 28 foglia 160
dire 117, 185 fogliata 28
faliere (a.it.) 28
diretto 78, 251 fondo 26
fame 176
diritto 26, 170 forca 26, 109, 198
famiglia 26, 203
cliscalzare 192 fara {lom b.) 232 forfece (it. dial.) 191
dischiudere 193 fare 117, 184 forf~z~ (i t.dial.) 191
diserto (a.it.) 154 farina 188 forfice (a.it.) 109, 191 ·
disfrenare 206 fa.rinoso 188 formica 78, 108, · 109, 164
clitale 191 formicare 164
dito 170 fascia 26, 191
formoso (a.vfo.) 181 ·
doce (it.dial.) 28 fasciare 191 forno 26, 202
dedici 83, 110 fasciola 191 fossato 208
doga 189 fottere 176
doglioso 183 fatto, 85, 113, 18'1
fra 203
dolare (a.it.) 193 fattura 26, 168 fraga (ven.) 161
dolce 179 fava 196 franco 208

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530 H. Mihăescu

frangcre 168 giomo 123, 348 insegnare 181


frassino 26, 163 gioso (a.it.) 135 intero 154
frassine tto 163 giovane 173 întreg( o) (it.dial.) 154
frate (a.it.) 203 giovedl 216 invece 115
fratello 82 giovenca 26, 199 inverdire 159
frattura 168 giovenco 199 inverno 26, 153
freddo 14.9 giudicare 26, 209 invitare 26, 184
fredo (a. ven.) 181 giudice 209
fregare 26, 103, 104, 128 giudizio 26 jana (a.it.dial.) 26, 212
freno 26, 206 giuntura 28
fresco lH giuoco 205 ka(d)in (it.dial.) 183
friggere 26, 188 giuramento 185 kalekara, karkare (it. dial.) 28
fritte 78 giurare 26, 185 kanevo (ven., veron.) 190
frittura 188 gobbo 119 kannata (it. dial.) 28
fronte 169 gola 78, 169 kapestiere (it. dial.) 189
frunkyu (it.dial.) 174 gomito 170 kapi§tyere (it. dial.) 189
frutto 26, 107, 214 gonna 26 kapristero ( i t. dial.) 189
fuga 178 gotta 26 kapunc (it. dial.) 24, 26
fuggire 178 granaio 195 karia (it. dial.) 26
fumm:J 85 grano 195 karnattsu (sic.) 188
fumo 85, 194 grasso 181 kata (it. dial.) 184
fungo 117 grata 26 kobi (it. dial.) 166
fuoco 78, 80, 93, 194 gratar~ (it.dial.) 188 kominga (gen.) 26, 214
fuora 86 groco 208 konsubri (it. dial.) 26, 203
fuori 86 gregge 28 kottora (it. dial.) 26, 202
forare 209 grc·.rc 155 kubi (it. dial.) 166
furto 209 grillo 16-l kundzubrine (it. dial.) 203
fuscello 190 grola (it.dial.) 166 kunu (sic.) 193
fuso 190 grongo 91 kuo~~ (it. dial.) 28
fustige (piem.) 28 grosso 155 kuăi tare (i t. dial.) 182
fusto 206, 209 gru 166 kussuprinu (it. dial.) 203
grugnarc (a.it.) 199 kuttiatu (sic.) 26, 184
grullo 38 kuttora (it. dial.) 26, 202
galc<la ( i t.dial.) 189
guadagnare 102 kuttur~ (it. dial.) 26, 202
galett~ lit.dial.) 189
guado 158
galli na 199
guardare 102, 124
gallo 28 lâ, 86
guerra 102
gamba. 26 laccio 201
guoffP.le (nap.) 28
gamclla 276 lago 109, 158
garrire 166 gust;r; 179
lagrima, lacrima 183
gatto 128 gusto 179
lambrusca. 162
gavitare (a.it.dial.) 184 lampeggia 114
gavla (it.dial.) 181 ieri 153 lana 190
gelatina 377 imbracare 191 lardo 188
gemb (mant.) 191 impedicare 200 largare 318
gemere 26, 183 i mprontare 207 largire 318
gemito 183 in 86 largo 26, 318
gemo (·„en.) 97 inamente (vfo.) 99 lasciare 117, 184
genero 203 (in)calzare 192 lasciata 108, 113
gente 26, 208 incaricare 26 lassare (a.it.) 26, 184
ghiaccia 80, 108 i ncendere 194 latrare 199
ghian<la 26, 163 închinare 213 lattc 189
ghiandola 26 (in)chiudere 193 lattuga 161
ghiomo (a.it.) 97, 191 in)cingere 191 lavare 192
ghiro 28 indettare 28 lavatura 192
giacere 178 indolcire 179 leda (it.dial.) 163
giardino 102 indurare 183 legare 198
ginepro 117, 162 inferno 28 lega.tura 26, 198
gingiva 169 i nfrangere 211 legge 26, 209
ginocchio 170 infrenare 206 legno 159
giocare 108, 205 lendine 164
ingannare 200
lente 196
gioco 26, 81 inginocchiare 170 lenzuolo 109
giogo 107, 135, 206 insegna 28 lepra 167

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ln<lex 631

levare 207 maschio 26, 108, 199 morire 113, 172


liccio 190 111assa 28 moro 162
lieve 26, 155 masticare 26, 176 morsicare 167
ligamento 209 matassa 108 mortalita 38
lima 28 matrice 26, 200 morte. 26, 107, 172
limo 158 matsoka (vim.) 210 morto 172
limoso 158 matts~ (nap.) 171 mosca 164
linCiri {it.dial.) 176 medesimo 112 mostaccio 169
lingua 169 medicare 28 mosto 26
lino 26, 190 medico 28 mostrare 185
lisciva 192 mela 197 mostro 26
lodare 26, 185 melo 197 mucchio 181
lode 26 menare 200 mucido 181
lotn l.'57 mente 26, 182 muggire 199
lotta 26, 210 mentire 182 mukkuso {it.dial.) 174
lottare 210 mcrce 28 mulino 28
luccio 28 mercolcdl 26, 216 mulo 28
lucerna 28 merda 176 mumâ (it.dial.) 203
lume 109 merenda 107, 187 mungere 200
luna 78, 107 merendare 187 munimcnto (a.gen.) 215
lunedl 216 mergere (a.it.) 26, 178 muro 193
(l)untru (sic.) 26, 206 meriggiare 26, 200 musco 28
luogo 78, 156 merla 166 mmitazzo (it. dial.) 169
lupo 167 merlo 166 mustazzu (it.dial.) 169
mese 80, 108, 216 mutare 206
meser (a.lomb.) 26, 208 muto 175
macellaio 207
mcssa 28 mutolo 175
macina 38
macinare 93, 96, 198 mcsticare (a.it.) 188
madre 82 mezzanotte 153 nalba (it.dial.) 161
maestro 26 mezzo 93 nascere 172
maggiatica 38 mica 154 naso 169
maggio 216 midolla 168 nastol(a) (it.dial.) 191
maggiore 81 midollo 168 nastro 191
maglio 26, 202 miele 201 nato 85
magro 188 mier~ (it.dial.) 180 negrezza (a. it.) 180
mai 86 miglio 26, 195 nemico 28
male 115 miile 83, 110 n11ro 180
maledire 28 millesimo 110 neve 78, 107
malo 26 miluogo (a.it.) 156 nevodo (ven.) 377
malva 161 mincstrare 28 niego (it.dial.) 174
mamma 2-03 mintsuiie.ru (it. merid.) 182 niente 86, 112
mance 26, 38 minutaglia 171 nipote 108, 203
mandragola 161 minuto 154, 171 no 107
manducare {a.it.) 121, 176 miracolo 38 nocc 79, 107, 197
mane {a.it.) 153 mirare 32, 183 noccto 197
manere (a.it.) 2.6 mi!ello (a.it.) 208 nodo 26, 191
manevre}, manivral (it.dial.) misticare (a.it.) 188 nolo 101
38 mo (a.it.) 86, 107 nome 185
mangiare 121, 176 moccio 174 nomina.re 185
manica 26, 191 moggio 28 nonno 26, 215
manicare (a.it.) 176 moglie 82, 122, 173 nontsa (corse) 122
mano 170 mogliera (a.it.) 173 notte 78, 107, 153
manocc'hio (a.it.) 90, 198 moia 188 novanta 83, 110
marcido 174 !nola 198 nove 83, 110
mare 107, 158 molar {ven.) 28 nozze 122, 204
margine 26, 181 molle 155 nsura(rc) (apul., calabr., nap.,
maritare, 26, 38, 117, 122, molsa (a.it.) 189 abruz.) 204
204 molto 154 nt~w:;tare (nap.) 183
marito 122, 204 monaco 28 nurucro 26
marmo(re) 26, 157 mondo 148 nunnu (sic.) 26, 215
martedl 26, 216 monte 156 nuora 203
marzo 26, 216 monticello 81, 156 nuotare 26, 178
mascella 169 mora 162 nuovo 153

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532 H. ]ili.hlescu

ob(b)liare 182 passare 178 p1sc1are 17 6


occhio 169 passero 166 pitiggine (luc.) 174
oglio (it. dial.) 28 passo 26, 178 pitiyina (calabr.) 174
ogni 115 pastore 200 pitta (calabr.) 191
oia (it. dial.) 189 patire 26, 183 piu 109
oliva.stro 38 pa.vone 26, 199 platsa (ven.) 98
olmo 163 peccato 26, 214 poco 28, 115
ombria. (a. it.) 90 pecoraio 200 poi 26
omero 170 pedega (i t. dial.) 26 polla 26
onda 158 pedicare (a. nap.) 201 polmone 171
opera. 28 pedinu (sic.) 190 pollo 171
ora. 26, 78, 107, 149, 216 pegno 28 polpa 26, 170
ora.ta. 104, 128 pegola 157 pol•.rere 26, 103, 107
orbo 26. 93, 175 pela. (i t. dial.) 26 pometo 197
ordine 28 pelle 107, 168 porno 26, 197
ordire 190 pelo 93. 168 ponga (it. dial.) 207, 278
orditura 190 penna 26, 166 ponte 206
ordol (it. dial.) 174 penzolo 103 popa (it. dial.} 203
orecchio 169 pera 197 popolo 26, 208
orfano 26 percepire 182 popone 24, 196
orma 12 perce„rer (a. i t. dial.) 182 poppa 26
oro 26, 157 perche 85 poppare 205
orrorc 32 percio 115 porca 199
orsa 167 perdere 207 porcaio 199
orso 167 perduto 85 porcareccia 199
ortica 117 pergola 26 porcella 199
orzo 135, 195 perire 172 porcello 199
ospite 205 peri ta.rsi 26 porcina 199
osso 168 pero 197 porre 178
ostc (a. it.) 26, 210 persico 197 porro 26
otre 189 pesare 186 porta. 26, 193
otta.nta 83, 110 pesca 28, 197 posare 26
otta·rn 110 pescaia 165 posca 189
otto 83, 110 pescc 26, 165 posdomani 153
0·1c 86 pt:schio (it. dial.) 259 possa 114
pcsco 197 potcndo 114
pace 2G, 107, 210 pcscoso 165 potere 108, 113, 117, 184
padrc 82 peso 26, 186 potestâ. (a. it.) 21:1
padule 34 pettine 19.2. potuto 85, 114
pagauo 212 petto 78, 171 pozzo 12, 26
pagarc 210 pc:zza 26 pranzo 187
paglia 195 pezzire (nap.) 204 preda 26, 211
pala 28 pia.cere 26, 108, 183 predare 211
palazzo 26 piaga 28 preda.torc 211
palma 170 piangere 80, 183 preporre 182
palo 193 pianta 159 preso 85
pa.lombo 26, 166 piantaggina 161 prete 26, 109, 214
pancia 26, 171 piazza 98 prezzo 207
pane 188 picciolo 170 primavera 26, 153
panico 195 pidocchio 95, 164 primo 110
paniSa. (lomb.) 195 pidocchioso 108 prona (·.ren.) 194
panitso (ven.) 195 piede 119 pugno 170
panola (a. ven.) 28 piedica (a. it.) 201 pulce 95, 164
parare 26, 210 piegare 178 pumu (sic„ calabr.) 197
parente 203 pieno 80, 108, 154 pungere 211
parere 182 pietra 78, 93, 157 pure 115
pa.rete 193 pigolare 166 putire 179
parola 28 pineta. 163
pino 163
parte 107, 154 piombo 26, 157 qualche 112
particella 154 pioppo 26, 163 quando 86
pasciona 200 pipa 28 quanti 104, 128
Pasqua 26, 215 pisare (it. dial.) 188 quara.nta 83, llO

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IndelC 533

quaresima 26, 215 ruggine 157 scotolare 198


quaresimale 336 rugumare (a. it.) 199 . scritto 107
quarto 110 rumare (a. it., it., dial.) 26, 165, scrivere 117
quattordici 83, 110 199 scrofa 199
quattco 83, 110 rurnegar (·.ren.) 199 (s)cuffia 210
quella 81, 82, 112 ruota 26, 206 scuola 81
quelle 112 ruschio 28 scuotere 198
quelli 112 ruta 161 scupar (it. dial.) 171
quello 81, 112 ruzola (ven.) 95 scure 202
ques;ta 81, 82, 112 scuro 104
queste 112 seccare 117
sabato 99, 133, 216
questi. 112 secchia 28
quesoto 81, 112 sacrare28
secondo 110
saetta 26, 210
qui 86 sedere 178
saettare 2 10
quindici 83, 110 sedia 97
saggio 377
quinto 110 sedici 83, 110
sala.mora (ven.) 188
segala 195
sa.lare 188
segno 26
radice 28, 117, 160 sa.lceto 163
sego 188
radicchio 26 salcio 26, 163
segra (lomb.) 195
raggio 26 salire 178
sei 83, 85, 107, 110
ragione 28 salt.are 178
seUa.206
rame 157 salto 178
selva 167
ramo 26, 160 salutare 205
sem brare 155
rapa. 28 salvare 28
sernenza 198
rapire 26, 211 salvatico 167
raro 26, 155 seminare 198
sambucco 117, 162
raschiare 190 seminatura 198
sa.nare 26, 174
raulu (it. dial.) 166 seno 171
sanetuse (it. dial.) 26, 174
§entell~ (nap.) 194
recente 149 sangue 168
recesso 377 sanguinoso 168 sentire 84, 107, 183
redine 28, 280 sanguisuga 28 sentito 85, 114
rene 171 sanita 174 sera 78, 107,216
resina 26 sa.no 174 serbare 215
resta 28 santo 26, 215, 260, 336 serpente 107
rete 28 santolo 336 serra (a. it.) 26, 202
riccio 26, 167 sapone 367 servire 28, 208
ricco 102 sârc~n~ (a.pul., nap.) 206 servo 208
riconoscere 182 sessanta 83, 110
sarcina (a. it.) 206 sete 107, 176
ridere 183 sarga (calabr.) 191
ripa (a. it.) 26, 80, 104, 156 settanta 83, 110
sarmento 28 sette 83, llO
ripentirsi 32, 33
satollo 93, 176 settimana 216
riporre 172
satorare lit. merid.) 176 settimo 110
riposare 172
riso 183 satrari (it. merid.) 176 sezola (ven.) 198
rispondere 185 saugo (it. dial.) 26, 162 sia 114
ritondo (a. it.) 155 sauro (a. it.) 124 siamo 85
ri tornare 32 1, 325 savorra, zavorra 28 siero 200
riva. 104, 156 sazo (a. ven.) 98 siete 85
roba 102 scabbia 26, 174 sigra (it. dial.) 195
robbia. 26 scala 26, 193 skândola (it. dial.) 193
robbio 180 scaldare 192 skavu (it. dial.) 26
rodere 167 scambiare 26 skena (ven.) 102
rogna 174 scanno 26, 97, 193 slegare 198
rombo 28 scappare 25, 178, 272 soccio 26
roncheggiare (a. i t.) 199 scaricare 206 soffîare 177
rondine 95, 166 scemare 28 soffrire 183
rondinella 166 scendere 178 sokru (calabr.) 203
ronkeza.(r) (it. dial.) 199 schiavo 26, 208 sole 107
ron.kiza(r) (it. dial.) 199 schiavoni (pl.) 236 sornmettere 191
sciame 28 somrno 28
ros~ (abruz.) 180 scolca (it. dial.) 28 sonare 205
rovere 28 scoria 202 sonno 177
ravinare 28 scotezar (a. ven.) 26 sono 85, 114

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534 H. Mihăescu

sopporre (a. it.) 211 strigolo 185 torchio 28


sopracciglio 169 stringcrc 26, 198 torma 26, 200
soprare (a. it.) 183 subbio 26, 190 tornare 206
sorbire 176 subito 115 toro 26, 199
sorbo 26 subyar (vc'.'n.) 205 1nr ta 26, 188
sorcio 93, 167 sudorc 107, 177 torto 190
sordo 26, 175 suggcre 176 tortora 26, 166
sorgere 377 suggyuttsari (sic.) 177 tortorella 166
sorte 26, 2 12 sugna 26, 188 tosse 174
sottigliare 155 !-.'Ul'a (it. merid.) 202 tossirc 174
sottile 155 !.'UO 82 tra S3
svtto 86 suocero 203 trama 190
spada 26, 104, 210 !'mola 28 tramcttere (a. it.) 206
spadola (it. dial.) 97, 190 suolo 28 trarrc 178
spalla 28, 119, 170 suono 205 trattare 28
spartirc 154 su ora (a. it.) 203 tratto 28
spata (a. it.) 78 susiri (it. dial.) 178 travc 28
spazzo (a. it.) 190 ~'USO (a. it.) 86 tre 83, 107, 110
sperare 28 ( s )·1cntclare 198 trecf'nto 110
spesso 26, 155 s·1crza 196 1'rroici 83, 110
spiga 195 treH1estc (a. i t.) 38
spina 28, 171 trcmolare 183
spillo 162 ta (it. dial.) 203
trcnta 83, 110
spinoso 162 taccre 107
trcntcsimo 110
spirito 28 taglia 28
trespiggiare (it. dial.) 17&
splene (:i. nap.) 171 tagliarc 84
t ribbiarc 198
spogliarc 211 talc 155
trifoglio 26, 195
tanto 1 L'i
sporta 28 triste 26, 183
spremere 176 tardi ·10 216
tristo 26, 183
spurio, spuriu (it. dial.) 203 tata (it. rlial.) 93, 203 trivl'llo 2/:i
sputo 93 t.wanu (it. dial.) 161 t ronco 28, 160
(pcscl') ~quadro 28 tega 210
-.rovarc 183
i.quama 107, 190 tl'impya (it. dial.) 26, 169 truelo (it. dial.) 28
stabbio 199 teke (abruz.) 210 tsl'tt!'c (nap.) 171
stamattina 115 tt:la 190 t11a 82
stanco 170 tema 93, 99 1110 82
stanga 102 temere 183 tutto 26
stare 84, 117, 178 tempo 153
starnutare 107, 177 'temporif (Jomh.) 216
tempori·10 (·1cn.) 216 ul1bliarc (a. it.) 182
stato 114
tcmpuivu (gen.) 216 m·cidere 172
stecca 102
stclle (pi.) 78 tenda 26, 193 udire 179
tcncrc 178 11dito I H
stcntare 90
tenero 173 ueffolo (it. dial.) 28
stereo 176
tenuto 114 ugna 170
st~rni (it. dial.) 193
stcrni (it. dial.) 193 terme (it. dial.) 26, 158 uliva 28
terra 107, 156 umido l.'50
stettarc (a. it.) 184
terzo 110 undici 83, 110
stimare 26
tesscrc 190 ungere 26, 80, 200
stingere 194
testa 169 unghia 170
stoppa 26, 190
uno 83, 110
stoppare 230 test~ (it. dial.) 189
unto 200
s~rcere 200 testu (it. dial.) 189
strai no (tosc.) 205 uomo 107, 173
tetta 171 uopo 184
strainu (calabr.) 205 ticm, tiemo, tem (it. dial.) uo·10 166
st ram bo 26, 181 28 urlare 26, 167
stramua (gen.) 206 'tiglio 163 urlatore 167
stranutari (it. dial.) 177 tigna 28 urzol (it. dial.) 174
(S)trascinare 206 timore 26, 183 uscio 193
tinde~ (it. dial.) 190 uscire 178
strato (a. it.) 26, 193 tizzone 135, 194 usignolo 109
stregare 166 tomba 26, 215 uva 197
stretto 85, 107 tondere (a. it.) 200 uver (it. dial.) 199
strigolare (it. dial.) 185 torcere 190 uvero (a. it.) 199

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Index 535

vacc.a 19Y verga.to 180 vipera 165


vado L78 vergine 26 visidar (a. ven.) 28
va.kka.cefte (abruz:.) 199 veritâ. 28 vita 199
vaiere 28 verme 165 vitello 199
valle 156 verro 199 vitranu (a. it. dial.) 173
vangello 38 versa.re 26, 200 vitrica (calabr.) 203
vaso 189 vertu (a. it.) 26, 184 vitta (it. dial.) 191
veccia 20, 28 vescia 176 vittsa (it. dial.) 197
vecchio 153, 173, 259 vescica 26, 171 vivere 172
vedere 84, 117, 179 vescicare (a. it.) 171 vivo 172
vedrano (a. it. dial.) 173 vesco (a. it.) 161 voce 185
veduto 85, 114 vesinar (it. dial.) 176 volare 166
veleno 26 vespa 164 volere 84, 117, 184
vena. 168 vestimento 191 volontâ. 28
vendere 84, 117, 207 vestire 191 volpe 167
vendica.re 174 vetrano (it. dial.) 173 voluto 85, 114
venerdl 216 vetta 191 v6mara (calabr.) 198
venire 26. 84, 117. 178 vettula (it. dial.) 28 vomero 198
venoso 168 vezz:o 26 v6mmara (sic.) 198
ventesimo 110 via 28 vr6taku (it. merid.) 165
venti 83, 110 vicinită 205 vrotiku (it. merid.) 165
ventre 171 vicino 26, 115, 205
ventuno 83, 110 vigna 197 zanzala (a. it.) 164
venuto 85 vina.ceia 189 z:anzara 164
verde 26, 159, 180
verdza (calabr., ven., lomb.) vincere 211 zappa 198
196 vino 107, 189 zappare 198

LANGUES GERMANIQUES

akeit = akit (goth.) 369 Kirsche (aliem.) 372 Tag (allem.) 349
A(l)horo (a.llem.) 225 Kralle (aliem.) 225 theohproch (a.h. allem.) 232
tropfeln (allem.) 225
bolla (a. angl.) 232 *lukina (francique) 377 Tropfen (allem.) 225
bolla (a.h. aliem.) 232 trubel (m.h. aliem.) 225
bruts (goth.) 124 Nachtigall (aliem.) 166
tuld (a. allem.) 293
C(h)rist (a.h. allem.) 340 Pala.st (allem.) 362
church (angl.) 337 peh (a.h. allem.) 332 Volk (aliem.) 293, 318

'"daga (goth.) 349 rapfc (m.h. allem.) 232 wăi (goth.) 225
diohpruoch (a.h. allem.) 232 *rappons (goth., gep.) 232 walah (a.h. allem.) 127
Dult {allem. dial.) 293 Ruma (a.h. allem.) 375 wal(a)hisc (a.h. allem.) 127
Ruma (goth.) 375 walch (m.h. allem.) 127
Elfenkonig (allem.) 226 walchisch (m.b.allem.) 127
ellenkonge (danois) 226 sabbato daga (goth.) 349 wălchisch (m.h. allem.) 127
felt (angl.) 282 sambatz (a.h. allem.) 348 walh (a.h. allem.) 127
filmir (goth.) 232 sambatz:tag (a.h. allem.) 349 walhe (m.h. aliem.) 127
Fil.z (allem.) 282 Saturday (angl.) 38 walsh (angl. med.) 127
folk (a. angl.) 293, 318 Scheibe (allem.) 124 •walxa (a. allem.) 127
folc (a.h. allem.) 293, 318 Schindel (allem.) 363 wardon (germ.) 124
frisk (francique) 124 scîbe (m.h. allem.) 124 wein, uin (goth.) 369
*fulka (a. allem.) 293 skolke (a.h. allem.) 297 •werra (francique) 124
skuddian (a. sax.) 225 wisambris (germ.) 225
Gruft (allem.) 41 skulken (angl. med.) 297
Kirche (aliem.) 337 skutten (a.h. allem.) 225 zarga (a.h. aliem.) 232
*kiriko (goth.) 337 stop (angl.) 324 Zaterdag (holl.) 38

LATIN

ab 144 *abellona (= abellana) 162 abolla 270


abante 115, 142 abiegnius 21 abscedere 318
abbattere 144, 184 ablongare 144 abscondere 89, 144, 184

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536 H. Mihăescu

absconsus 140 adponere 144 albus 78, 89, 93, 102, 108,"
absinthium 101 ad post 115, 142 124, 180, 217, 389, 390
abstergere 144 adprchcndere 144 alg-0r 149
absungia 26 ad prope 115, 142 alia-mente 142
•accaptiare 178 adpropiare 251 alienare 178
acceptor 38 "adripare 251 *alipa ( = alapa) 166
accipiter 21, 38, 39 adruncare 178 alipes 166
acerna, acernia 91 (ad)sternere 193, 217, 251 aliubi-re 142
acetum 88, 369, 384, 393 ad-similis 155 "allargare 178, 210, 318
acia 191, 250, 291, 318 ad-supra 143 allcctus 217
•aciale 344, 368, 393 ad tantum 115 allegere 184
acies 291, 294, 318 adtunc 142 "alienare 186, 204
acor 149 "adtunccc 115 "allen(i)tare 186, 204
acqua 18j;l adumbrare 147 • allcrgare l 7S
acror 149 adunare 198 al1C'·1atum 188
acrus, agrus (= acer) 179 aduncare 152 alninus 125, 163
acta 268 aduncus 152 alnus 163
act(u)arius 268 •ad·1itiare 99 "alsina 118
acus 89, 191 ad-·1ix 142 "alsinus 125
ad 89, 115, 142, 143, 141, 318 acbolarc 166 alt~!e ~~ 2~. 99, 213, 217,
ad-accensum 90 ae,::r<.r 149 .>JO, -"9, .>93
•adancarc 152 • a<·qualiarc 318 altaria (pi.) 213
•adancus 152 acqualis 318 altari11m 21,26,213,350
adaquare 200, 251 acqualiter 318 alter 89, 138
adastarc 178 aer 26, 27, 149, 217 altera-mente 86, 142
•adcaptiare 26 acra 26,27,28 alterare, •antcrare 38, 40
ad-de-ante 142 acramcn 157 "altiarc 135, H8, 152
ad-dc-ipso 142. acramentca 90 altior 136
•ad-depositum 210, 217 acrarium 267 altissimus 136
ad-de-quod 142 •aerugina 157 altus 152
ad-de-vcrum 23, 142, 182 ac rugi nare 157 al·1cus 158, 201
•addcxtrata 251 aerugo 157 alvi11a 95, 134, 201
adduccre 144, 206 aC'~ 157, 266 amare 217
addormire 117 acstimare 26 amaricarc 90
ademptus 262 aetas 217 amaricutius 87, 90
ad-foras 142 afflare 103 amari tia 179
•adfrontarc 211, 251 • affrontare 2 11 amaror 149
ad-hac(ce) 142 •affumare 194 amarus 90, 179
ad-beri 142, 153 •affundare 152 ambire 262
adimcre 262 africia 145, 188, 217 ambitare 250
ad-in<le-horas 142 agC'r 198, 217 ambitus 262
aditus 262 agere 188 amb(u)lare 318
adiudicare 262 aggcr 311 amicus 21, 28, 30, 89
adiungere 135, 178, 318 aggercre 311 amita 26, 203
adiutare 117, 318 aggestum 158, 311 •amminaciare 184
adiutorium 145, 205, 217 aggestus 158, 250, 311 •ammortire 172
adiuvare 318 agilis 186, 217 amplus 217
adlactare 251 aginare 204 ampulla 98
adlacto HO '"agnelliolus ( < agnellus) 200 amyndala 28, 31, 72, 101, 103,
ad 0 latora 115, 318 agncllus 87, 145, 200 388
ad latus 115, 318 agnus 200 ancora 217
•admagare 231 '"ajunare ( = ejunare + jajuna- anellus 87, 89, 192
•admagiare 23 l re) 26, 214, 388 angelus 22, 26, 99, 214, 211
•admagire 212, 231 ala 166, 170 angiportus 313
ad mane 153 alapa 166 anguilla 28, 31, 91, 103, 370,
admissarius 27 '"albaster 145, 180, 217 388
ad modo 86, 90 albatus 148 angularis 97
•(ad)mutire 175
albesco 180 ang(u)lus 152, 181
adnominare 250, 262
adorare 28 albicare 33, 90 angustare 152
adorea 306 •albicellus 257 •angustitia 152
adparare 144, 251 •albicilla 257, 392 angustus 26, '42, 152
adplicare 144 albor 148, 149 anima 89, 99, 171, 199, 211

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Index 537

animalia 199, 217 argilla 217 aurum 26, 79, 89, 157, 161
•animalium 199 aria ( = arca) 198 auscultare 217
animosus 145, 171 aridus 93 aut 143
annona 269 aries 200, 217 antumna 153
anno-tertio 142 arma, -am ( = anna, -orum) auxungia, aussungia 26, 27
annotinus 200 210, 217, 283, 285 ava.rus 217
annus 89, 200, 216, 217, 269 armamentum 250, 283 avellana. 162
*antaneus 7, 139, 145, 318 armamentarium 283 averrunco 178
antarius 139 armare 210 avis 93
ante 139 armarium 96, 393 a·1ollana 162
ante~essor 260 armata 28 avunculus 20, 26, 203
antecursor 297 armator 283 *a•1unus 203
antenna 377 armatorium 283 a·rns 173, 203, 217
anteparare 306 armaturus 283 axnngia 26, 27, 188, l82, 388
anteparatura 306 arn1atus 250, 251, 285
antiquus 93 armilaus(i)a 271 *baba 177
Antonius 41 armissarius ( = admissarius) liacula 284, 300
anus 192 26, 27, 199 baculum 255, 262
anxia 93 armistatio 283 *baktizare = baptizare 27
aperire 125, 148, 217 armistationes (pl.) 250, 256 balaena 217
apis 95 armus 170, 217 balbus 26
apparamentum 38, 39, 44, 388 *aronea ( = ara.nea) 174 balia.re 217
apparare 26, 38, 210, 318 ars 217 ballista 288
appellare 93 arsura 194 ballistra 288
applicare (= adplicare) 178, ascalonea 145 ballistrarius 288
252, 309 ascia 284 balneum 260, 362
ascla (= astula) 26, 96, 194, balsamum 28, 31
applictum 252, 309
259 balteum 284
apponere 117, 148
balteus 191, 284
apprehendere 96, 194 ascultare ( = auscultare) 179
a.sinus 199, 217 bandum 291, 294, 301, 318
appropria.re 178
•bannea 362
Aprilis 26, 216 asparagus 10 l
*banneum 260, 362
aptus 28, 30 aspcr 26, 155
aqua 89, 150, 189, 217 baptisma 38
*assediare 97, 178
Aquaeductu 256 assidere 178 baptizare 26, 71, 99, 101, 214
barathrum 28
aqualis 150 assiduantes 26
*aquatosus 150 barba 78, 89, 101, 169, 173,
(as)similare 155
217
aquila. 166, 301 assimilis 155
aquilifer 30 l assis 26 Barbaria 87
*assla 26, 259 barbatus 122, 173, 217
aquosu:s 150
*aramen 157 barca 98, 101, 316
assula, astula 26, 259
aranea 174, 379 assungia 26 basiare 107, 135, 205, 217
arancosus 174 astacus 91, 101 basilica 72, 79, 94, 99, 101,
aratrum 146, 198, 217 *astla, astula 26 117, 123, 214, 337, 389, 390
aratura 145, 198 basilicum 95, 372
astruicare ( = astruere) 193
arbor 159, 217, 377 attegia 277 basium 205
arboretum 145, 159, 217 battere ( = battuere) 184
attemperare ( = adtemperare)
arca 28, 30, 217 183 battizare 26, 27
arcari us 268 battualia 145
*attenere (= attinere) 178 battula 166
arcatus 285 attingere 178
arcuatus 285 bellum 102, 124
*attitiare 194, 251 bellus 89
arc(u\la 253, 155, 268 auctor 261
arcus 26, 117, 210, 217, 285 bene 86, 89, 115, 134, 135,
aucupare ( = ca.pere) 178 142, 217
arde!]S 113 audire 179, 217
ardere 89, 96 benedicere 28, 388
auditus 114 beneficiarii (pl.) 295
ardere ( = ardere) 194 *auferire (= auferre) 144, 211
arena 21, 26, 157, 217, 389 berbex (= vervex) 200
augmentare 207, 217 bestia 21, 28
arenaceus 125 Augustus 26, 250 beta 95
areoia87 aulaeum + -mentum 38, 40, 44 bibere 84, 89, 107, 113, 176,
argentare 268 aura 149, 217, 225
argentaria 268 217
aurata 104, 128
argentarius 268 aureolus 118, 161 *bibiticius 176
argentosus 268 auricula 89 *biliiti'.rus 176
argentum 22, 26, 89, 157, 268 aurora H8 bibitor 176

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538 H. Mihăescn

bibitura 176 buculus 95 camelia 276


bibitus 93, 125, 176 bufalus 26, 27, 167, 371 caminus 96, 363
bilancia 98 bulla 26, 2.54 "camisatus 270
binarius 28 burrichus 2.54, 392 camisa 191
bisaccium 267 burriculus 121, 125 camisia 26, 97, 108, 191, 217.
•bissina 176 bur(r)icus 121, 125 270
bissire (= vissire) 176 butticula 98 campus 81, 89, 198, 217, 276,
Bithiacium 43, 66 buttis 26, 98, 121, 189, 231, 291
bitumen 90 254 can(n)aba 98, 363
bitumentum 90 buxus 28, 31, 95 canabula 377
blandirc 186 canapa 190, 343, 363, 393
blanditia 186 canapis 73, 381
caballa 278
blandulus 186, 217 candela 28, 97
cabal!aricius 145, 206
blandus 186
blastemare 125, 389, 390 caballaris 26, 145, 206, 278 •canepa 190
cabal!arius 206, 278 •canepis 190
blastimare 29, 80, 101, 117
*blavus 379 caballicare 90, 250, 262, 278 canis 26, 89, 95, 199
cabal!io 278 canna 95, 190, 365
bolc.'.l, •boia 38, 39
baletus 117, 125 cabal!us 26, 95, 199, 206, 217, cannapa 26
278 cannapis (=Cannabis) 2(i, 190.
bonitas 186 372
bonus 186, 203, 217 cacare 89, 176
bos 95, 199, 217 cadl!rc 84, 89, 117 cannata 28, 365
cadlre 178 cannctum 79, 87
bo'lus ( = bos) 199
hraca 26, 191 caccia 150, 217 cannula 190, 379
Lracae (pi.) 97, 121, 191, 270 caecus 93, 150 canosa (avis) 28, 30
bracari us 270 caedere 257 cantare 26, 84, 89, 205, 212,
bracatus 270 caclum 22, 26, 80, 89, 103, 388
brachiale 192 104, 107, 148, 217 cantator 300, 308
brachiatum 170 caesa 257 cantharus 28, 101
brachium 89, 119, 135, 170, Cal'sar 257, 376, 392 canticum 32, 33, 69, 145, 205.
192 •caiulus 190 217
l1racilc 121, 191, 270 calametum 42 canutus 135, H5, 180
*bracina 121 calamus 26, i.2 caper 167
*bracinarium 121 calandae ( = calcnda.e) 32, 34 •capistcria ( = capisterium)
branca 167 calatio 351 217
hn„1is 93 calator 208
calcant>um 145, 170 capistcrium 189
bri>w:l 28 capistrum 26, 206, 280, 389
*brosca 165 calcare 178, 297
calcaria 28, 30 *capitare 205
brothacus 165 capitt'l!nm 169, 258, 2tsl
bruma 26, 150, 388 calcatura 312
calceamentum 27 3 capitina 32, 33, 4-4, 169
bruscetum 87 capitium 258
*brustiare 121 calcearc 97
cakeus 273 capitulum 259
bubalus 26, 27, 167, 371,
388, 393 caldaria 29, 98, 121, 145, 189 capo 24, 26
caklarius 255 cappa 25, 271, 272
bulmkns 38, 39 cappella 272
bucea 20, 32, 34, 89, 103, 107, caldus 13i, 149, 2."\5
calcndae 73, 359, 393 cappellus 272
117, 169,217,289,295 capra 89, 95, 200, 217
call'ndarius 32, 37, 216
bnccalc 295 caleo 149 caprcolus 26, 167
buccarc 295 *calicus 121, 125 capreus 28
buccata 32, 3-1, 169, 295 caliga 97, 273, 366 caprifoii um 161
buccea 29.5 caligarius 273 caprinus 200
buccel!a 295 caligatus 27 3 •capritum 128
buccel!arius 295 caligula 27 3 captare 125, 184, 318, 326
buccellatum 250, 295 calix 28, 125, 336 captiarc 26, 178, 382
buccla 259, 295 cal!is 92, 93, 103, 206, 313 captivus 103
bucclatum 295 calo 208 caput 89, 108, 136, 169, 193.
bucco 295 calor 149, 217 217, 258, 298
buccula 250, 259, 295, 365, caltha, calthum 38, 40 caracal!a, caracallis 270
379 calx 170, 178, 377 carbo 157
buccularc 295 camara 393 carccr 253
bucculentus 295 *camararc, *camerare 277 caria 23, 26
bucina 205, 308 *camarata, *camerata 277 carics 23, 26
bucinum 205, 308 cambiare 28, 98, 207 carnc(m )-liga(t) 2 H.

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Indei:: 539

carina 250 centuria 292 circulo 184


carnaceum 188 centurio 292, 300 circ(u)lus 181, 217, J77
carnosus 168 centuriones (pl.) 256 circumeo 184
caro, carnis 89, 168, 188 cepa 22, 2.l, 26, 103, 104, 108, circus 117, 181, 184, 192, 2.5J,
caru'tl"rvecina. 295 117, 196, 388 J92
carne-lc:1arc 2 H ccpa.rius 196 cista 312
carpinus 145, 163 cepulla 23, 95, 103, 104, 108, cisterna J 12, J62
carrngo 312 117, 372, 39J cithera (= cithara) 205
carraria 206 cera. 80, 89, 104, 135, 201, 299 civis 208
carrum 26, 98, 128 ccrasea ( = cerasium) 26, 197 civitas 26, 89, 92, 208, 217
•carula 190, 366 cerasus 33J civita.tem 92, lOJ, 14.5, 388
carrus 206 ccresca 26, 108, 197, 333, 393 clamare 80, 84, 89, 108, llJ,
casa 97, 136, 193, 204, 217 ccresia 333, 372 185
casalis 97, 120 "'ceresius ( < •ceresus = ecra.- classis 266
"'casatorius 217 sus) 197 clausura 32, J6, 44, J 12
"'cascabundus 186 "'ceresus 333 clavicula 298
"'cascare 177, 186, 2Jl cernere 12 l, 125, 188 da.vis 78, 89, 193
casearia 200 •cernire 125 clina.re 213, 318
caseu(m)-liga.(t) 214 •cernitus 125 "'clinga 21, 191, 255
caseus 200 *ccrnutus 125 clipeus 210
cassis, -idis 271, 276 cerostatus 99 cliva 108
castanea 26, 163 cerretum 42 clivanarii (pl.) 275
castanetum 4 l ccrrus 26, 95, 163, 372, 393 clivanati 275
ca.staneus 95, 163, 217, J72 certare 26, 185 cloppus 175
Castellaceum J82 charta. 26, 20.5, 217, 231 coagulum 200
castellamentum 311 cha.ftularius 20.5 coccinus 145, 200, 217, 3-79
castellanus 311 chcphalus 101 coccula 379
castellarius 87, Jll chersydrus 38, 39 cocculus 379
castellum 28, 44, 92, J 11. 362
chorda 205 coccum 26, 200
castigare 26, 207 c(h)ors ( = cohors) 208, 292 cocere ( = coquere) 188
castrare 120 christianus 99, 214, 266, 340, coceus 28, 382
"'castraticius 120 J93 coctorium 22, 26, 121, 135,
castrensis 260, 266 Christi natale 38, 4.0, 388 202, 363, 388, J93
castrum 26, Jll Christus 214, 393 coctura 188
castus 207 chylus 32 cactus 135
catell<t 199 ciba.ria 392 coda 78, 89
cateUus 199 cibarius 257 codellus 87
catena 97, 171, 253 cibus 257 •codobattula 134, 166
ca.thedra. 97, 10 l, 123, 128
cicer 20, 26, 95, 196, 217 codra 36, 1.56
ca.tiuum 217 cichoreum, cichorium 32, 34, cadrato 156
catinus 189 231 codra(tus) 156
ca.tta J8, 39, 217 *codrum ( =quadrum) 156
cattus J8, 128 cichoria. (pl.) 34, 231
cicuta 26, 95 cogitare 26, 182
caucus 189 cognatus 26, 79, 80, 89, 20J
cilicium 271
cauda (coda) 167
cimex 26, 103, 104, 384, 39J cognoscere 114, 217
caulus ( = caulis) 196 coheres J8
cincia.lis 164
causa. 21, 28, JO co(ho)rs 292
cinere 108, 121
"'cautare 184 cohorta.linus 292
cingo 135
"'cavula 156, 181
cingula. 21, 26, 2.55, 257, J92 cohortianus 292
ca.vus 156
cedere 206, Jl8 *cinisia ( < cinis) 96, 108, cohortina. 120
121, 194 colare 2.5, 26, 200
cella H, 66, 193, 253, 257,
cinque 78, 107, 135, 139 "'colastra. ( = colastra) 200, 369
J92 coleus 171
"'cinusia. 96, 194
cellarium l9J, 217 cippus 189 coliculus ( = cauliculus) 196
cena 79, 80, 108, 187, 217, circare 22, 26, 117, 184, JOJ colligere 144, 198
J84, 389 circellus 192 collocare 178
cena.re 89, 96, 10 l, 121 circensis 253 color 217
cento 252, 282 circinaceus 87 colostrum 26, 200, 369
centona.rius 282 Circina.ta. 87 colum 200
centones (pl.) 282 circitare 29, 14.5, 184, 217, 30J columba 44
centum 28, 30, 44, 80, 139, circitores (pi.) JOJ columbus 26, 166
292 circius 25J columna. 377
centunculus 252, 271, 282 circuitus 2.5J, 303 calus 190

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coma 32, 33, 69, 199 coopertorium 26, 97, 377 •cuculbita 26
comes 300 coquere 84, 89, 96 cucullatus 272
commandare ( = commendare) coquina 96 "cnculliata 272
215 coma ( = cornum) 197 cucullio 272
commater 341, 342, 343, 3H, corneolari us 90 cuculliunculus 272
381 cornicularius 300 •cucullius ( = cncullus) -
*c6mmatra, commitra 344, corniculum 300 166, 272
346 cornu 107, 167, 308 cucullus 272, 393
cornus 197 cucurbita 26, 196, 217
*c6mm atru, commitru 344
cornuta 20, 95 cucuta ( = cicuta) 20, 26, 95.
commeare 306 cornutus 26, 145, 167 161, 372, 393
commeatus 250, 306
corona 26, 42, 135, 215, 376 culcita 28, 97
*c6mmeter - •comml:ter 344,
coronare 215 culmen 26, 156
•commetra 342
corpus 108, 168 cultellus 87, 93, 96
•commetru 342
corrigia 191, 307 culus 89, 104, 119, 171, 384
•comminicare ( = communi-
•cortecia 28 cun1 86, 89, 115, 143
care) 26, 2H
cortex 28 cumulus 41
committere 184 cortina 253 cunctari 38, 40
communicare 26, 350 cortis = curtis 26, 27, 254 cuneus 26, 193, 293, 29-1
comparare 98, 207, 217 corvus 26, 95, 166 cuntis ( = cunctis) 260
compater 40, 341, 342, 3-1.3, cos 120, 202 cuntra = contra 318
3H, 381 costa 89, 171 cupa 365
•c6mpatru, compitru 3H, 346 •cotanea, •gutanea 26 *cuplca clupea 28, '31,
•competra 342, 345 cotidiare 382 91
•competru 342, 345 •cotire 202 cuppa 26, 107, 121, 189.
•complire ( = complere) 211 coti tus 93, 120, 202 365
compre(he)ndere 144, 178, 217 cotonea 393 curare 26. 120, 217
computus 2X, 346 cotoneum 26 curator 262
concha 28, 31 cottidiare 22, 26 curcuma 281
condimentum 260 cottidie 26 currcndo 114, 142
confirmare 262 cottizare 26, 184 currcrc 89
confirmatus 262 •coturnicula 166 curro 158
•conforia 174 coturnix = (cncturnix) 166 cursare 304
confurire 174 coxa 22, 26, Ml, 170, 254, cu~arius 304
conger 91 261 cursator 304
connoscC'Te ( = rognosrne) 182 cras~us 155 cursor 304
•conquaerire ( = cnnquirere) cratella 96 cur~oria 158
211 cratis 26 cursura 158, 304
consilium 28, .30 creare 28, 29 CUrSU6 158, 304

consobrinns 26, ·H, 89, IJ5, creatio 215, 217, 351 curtis 26, 120, 125, 208, 2-'4,
203,217 credentia 23, 123, 213 292
crcdere 89, 123, 213, 217 curtus 26, 93, 152
consocer 32, 37, 69, 34.3
crcn1aster 96, 377 cur·1us 278
consocrus (= consocer) 203
crcparc 89, 117 cuspidare 287
consolare 38, 40
crcpita 85 cuspis 287
constare 172,217
crescere 84, 89, 113, 117, li2, custodia 296
consternare 2.'i 1
204, 217 cutremulus 156
constratum 90
crib~llum 125 cygnus 95
consuere 80, 89, 97
crinis 93 cyma 26, 174, 374, 377
contatus 285, 288
crispa 28 cyminum 101
contra 26, 44, 143
crista 20, 26, 156, 199, 25.3, l)'pressus 101
contrarium 38, 40
388, 392 cyprum 28
contrastarius 38
contremulare 156 crucem 20, 78, 79, 103, 107,
contribulare 144, 178 213, 388 daeda ( = taeda) 163
contubernalis 291 crudus 78, 79, 89, 107 damnum 26, 209
contubernium 277, 291 crucntare 168, 211 •dao (=do) HO
contus 285, .288, 318 cruentus 168, 211 dare 29, 89, 113, 117,-207
conucla, colucula 38, 40 crusta 217 de 115, 143, 144
convenientia 205 crux 26, 71, 89, 99, 213, 393 dealbare 180
convenire 205 crypta, crupta 41, 66 de-albus 180
conventus 7, 32, 36, 185, 217, cubare 103, 178, 379 deaurare 180
346 cubitus, cubitum 26, 170 debcre 217
co(o)perire 84, 89 *cubium 93, 103, 166 debitor 26, 27

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·Index 541
•debiforius (= debîtor) 2{)7 'de-super 143 *disfaciare 191
decedare 318 de~suptus 143 disfrepare 206
decern 78, 89, 108, 134, 139 detonare 151 *dismixcitare 111
dei::uria ·291 de-una-die 142 dispartire 1.54
de-de-inde l42 de-una-hora 142 displicare 217
de-ecce-illa 115 deus 136, 213 disponere 318
de-ecce-inde l42 *devacuare 211 *disrenare 123
defendMe 304 de-volet-quid 143 dissecare 194, 217
defensio 304 dextella 251 *disvacuare 211
defensor 304 dexter 251, 284, 318 *disvocitare 114
defensuri defensori 318 dexteritas 251 diurnum 123
degetare l44, 151 dextra 318 dives 93, 102
de-hora l42, l43 dextralis 284 dixit 261
de-in 143 dextrae (pl.) 251 doa ( = dua) 139
de-în-ante 142 dexhale 251 <loga 189, 202
de-inde-retro 142 dextraliolum 251 dogarius 202
de-in-illa-hora 142 dextralis (securis) 251 dalare 193
de-in-super 143 dextratio 251 dolere 26, 89, 183, 217
de-inter 86, 143 dex1rator 251 dolor 26, 183
de-intro 115, 143 dextratus 251 dolus ( = dolor) 183
de-ipsa-illa 138 dextrorsum 251 domare 120
de-ipso-mane 86 diabolus 28, 388 domesticus 199, 262
de-*ipsu-*illu 138 diaconus 101, 388, 393 domina 136
de *latora 318 *diacus 338 domine deus 136
demandarc 185, 217 Diana 22, 26, 212, 356, 382, dominica 99, 145, 216
demandatio 185 388 dom(i)nus 136, 208, 213, 217,
de mane 86, 115, 216 255, 338
de *manitia 216 dianaticus 212, 356 domitum: (terrenum) 120
*demicaie 176 diarium 269
domna ( = domina) 78, 208,
dens 89, 169 dicere 79, 117, 134, 185, 217, 255, 388
densar.e 155 384 domus 97, 199
densus 154, 155 dico 78, 79, 107, 258 donare 28, 29
deorsum 135, 142 dictare 262 donativa 268
depannare 144, 190 dictatus 262 dorrriiendo 114
deponere 144, 178, 318 dictum 107 dormire 84, 89, 113, 117, 140,
deportare 262 dictus 114 177, 217
deportatus 262 dies 123, 134, 153, 216, 217, dormitare 145, 177
depositum 210, 269 258 dos ( = duos) 139
de post 86, 115, 143 *diffamia 205 dossum (= dorsum) 78, 79,
deprehendere 144, 204 *diffamiare ( = diffamare) 205 171
deputare 262, 303 digitale 145, 191 draco 28, 32, 34, 215
deputatio 303 digitus 89, 119, 170, 191, draconari us 30 1
deputatus 250, 262, .285, 303 217 dracus 32, 215
de-quantum 142 *drepanella 166
de-quid 115, 143 *dimidietate ( = medietate) 88 drepanis 166
de-quod 143 dimissoria 306 drungaratus 294
*deramare 26, 103, 160 directandus 139 drungus 254, 294
descendere 178 directe 139 ducere 206, 217
*descolicare 190 *directiare 379 dulcis 89, 179, 217
desertare 154 directus 22, 26, 78, 89, 135, dulcor 149, 179
desertor 307 170, 251, 318, 388 dune 115
desertus 154 dirigere 208, 314, 318 duplarium 87, 97
des(s)ecare 194 dis- 144 duplicare 185
de-sic 143 *disbracare 191 duplicarius 300
desiderare 26, 183 discaballicare 144, 206 duracina 95
designare 262 discalceare 192 durare 26
designatus 262 discalceus 97 durus 183·
*desmontare 114 *discantare 212 dux 28, 96, 300
despectus 377 discarricare 144, 206
despicare 194, 217
despoliare 114, 211 discludere 144, 193 ebrius 93
disculciare 192 eccam 142
desternere 25 1 disculcius 97, 192 ecce-illa, ecce illae 138
destrare 251 *discuneare 193 ecce - *illu, ecce elli 138

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542 H. Mihăescu

ecce - hic 142 '"cxcocere ( = excoquere) 188 •e.xtracolue 25, 144, 200
eccc i!'ta, ccc-e i!ltae 138 cxcotere ( = excutere) 198 •extralucire 147
ecc-c *istu, ccce isti 138 *excotire 202
•extramuta.ce ( = transmutare)
e(c)desia 28, 9-4, 108, 117, excrcmenturu 176
123, 337. 390 exc 11 barc 2 98 lH, 206
e(c)disia 28, 72, 99, 214, 253, excnhiae 298 *extra(n)iuus ( < extraneu!!)
337, 390 excubitarius 298 205
eccu111 hic 86 excubitor 298 •extrapungere ( = transpun-
eccum hoc 142 excubitus 298 gcre) 144, 211, 318
eccum hoc illoc 142 *excub(u)lare 178 •cxtravaricare 120
eccum illa, cecum illae 112 cxculca. 297 extricare 25
cecum illi 112 cxculca.rc 297 •extutare 97
eccum illoc 88, 115 exculcator 261, 297 •cxventare 149, 198
cecum ista, cecum istac 112 cxculca torcs (pi.) 2 97, 303 •cxvcntulare 149, 198
cecum istc, cecum isti 112 cxcurrarc, cxcursura 158 *cxvinccre 211
cecum modo 86, 90, 107, 142 cxcurtarc 152 •cx·1olare 125, 166
eccum sic 86, 115, 142 •cxcurtus 26, -tl, 44, 93, 152,
eccum talem 138 261
faba 95, 196
cecum tautum 135 cxcusarc, cxcusatus 262
fabclla 28, 30
edus ( = hacdus) 200 excutere 89
'"fabcllarc 30, 99
cffunderc 178 •cxcutulare ( = excutere) 198
fabcr 202
ego 82, 89, 137 t-xercitns 266
fabrica 28
eiectarc 178 eXcredi tare, cxcredi tatus 262
fabricare 202, 217
ei unare 2 I cxirc 178
fabulare 28
enecare 172 cXitcs = exitis 318 fa.cerc 29, 89, 117, 140, 184,
eo (=ego) 137 e:i.:itus 140
episcopus 38, 40, 99, 10 I,
217
•cxmicularc 154
facia 23, 26, 169, 344
103, 339, 388, 393 exmulgcrc 38, 144
faciale 121, 382
equa 199, 278 •cxmulgia 38, 39, H facies 23, 26, 169, 344, 382
eques .?.66 •cxpartirc 154
factum 184
equi tatus 266 cxpa·1crc 183 factura 20, 26, H, 104, 168
equus 278 •cxpa·1imen 183
factus 113
eradicare 178 •expa(·1i)mentare 183 facula 194, 255, 259
•crgatula t •argatula) 101 •cxpa·1orerc 183
faecula 255
ericius 26, 167 •cxpa·10riare 183
faex 255
erogare 269 cxpedirc 302 fagctum 163
erogatio 269 cxpcditio 302 fagus 163
errare 217 •expendiolarc 103 •falcare 208
•erraticire ( = •crraticare) 178 •expcrlavare 96, 121, lH, •fatcaria 208, 217
erraticus 178 192 falcarius 208,
erucula 95 cxpilarc, expilator 304 •fatcinea 32, 37, 169
eruncarc 178 falco 28, 30
esca 26, 194, 253 •explangcre 183
fallcre 28, 30, 217
esponsa 261 exploratores (pi.) 297 *fallium 28
et 26, 143 cxponere lH, 185, 261 falsus 98
evangclium, •e·1angclum 28, falx .32, 37, 169, 217, 284
exprimerc 176
40, 388 fames 96, 176, 217 •
evertere 178 expul·1erare 157
familia 26, 203, 250, 388
ex 144 •expurgiarc 120, 125 famula 203
exalbidus 180 cxsuccare 150
examen 28, 30 famulus 38, 203
exauctorare 261 exsuctus 41, 66, 93 farina 89, 96, 135, 188, 217
excaldare 192, 261 exsudare 177 farinosus 188
excambiare 26, 207 fascia 22, 26, 366
exsungia 26
excantarc 212 fasciola 26, 191
•extaliare 198 fatum 28, 29
excapi tare 148
•excappare 25, 178, 272 cxtumperare 183 *favulus 201
excarminare 190, 261 extemptare 90, 93 favus 201
fax 255
exccptor 261 extergere 121, 2 61
•febriolus 17-t
•exclopp(ic)are 175 extingucre 194 febrire 174
*excloppitare 175 exto rquere 144, 200 fel>ris 174
•excloppus 26, H, 175 extra 143. 144 •febrosus lH

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Index 543

februarius 26, 216 flamma 176, 194 fraga (= fragum) 161


fel 89 flammabundus 145, 176 fragellum 90
•fele 171 flammula 301 fragilis 181
•felicare, *feliei care (=feliei- flasca 276 *fragmentare 188
tare) 183 flecta 80, 135, 377 fragmentJJm 261
felicissime 326 flectere 377 frangere, *franctus, *franctura
felix 183, 217 168
femina 17 3 floccosus 190 Francus 208
feminus 26, 173 floccus 26, 190 frater 89, 203, 217, 321, 324,
fenaceus (campus) 125, H5 florire ( = florere) 160 325, 327
fratre 321, 324, 325, 326
fenestra 26, 193, 217 flos 160 fraxinetum 163
• fenacium 195 fluctuare, *fluctulare 164 fraxinus 22, 26, 134, 163
fenum 195, 217 fluctus, *flu(c)tulus 164 *frementare 188
frenum 26, 206
fera 167 flumen 158, 217 fricare 26, 103, 104, 128
ferentarii (pl.) 295 flumina (pl.) 158, 217 fricta 38
feriae (pl.) 211 *fluminum (= flumen) 158, frictarium 38, 40, 44
ferire 211 217 frictura 188
frigere 26, 89, 96, 121, 188,
fermentare 188 fluo 158 217, 377
fermentum 188 focacea 87 frigidus 93, 149
fero 251 focus 78, 80, 89, 93, 194, frigora (pi.) 136, 174
frigorosus 149
ferrarius 202 217
frigus 149
ferrum 78, 89, 107, 157, fodio 208 frixoria (pl.) 87, 96
202 foederatus 285 frixorium 377
fervt!re ( = fervere) 121, 188 foetere 96 frondesco 160
frondia 160, 258, 377, 3!12
fetare 173 folia (= folium) 89,~ 160 frondiata 87, 377
· •fetiolus 173 foliosus 160 •frondiatum 258, 392
fetus 173 follina 200, 217 frons 160, 169, 217
fibula 206 *folliolus 190 fructus 26, 104, 107, 135,
214, 217, 388
fibulare 206, 217 follis 171, 200, 202, 217 frunte = fronte 318
fibularia 217 fomes 96 fuga 178
ifcatum 87, 89, 171, 377 fons 217 fugire (=fugere) 17&, 21
ficus 26, 95, 134, 171, 197. fontana 96, 132, 145, 217 "fulgerare (=fulgu rare) 151
fulgur 151
217, 388 fontanella 96 fuligo 194
fides 23, 28, 98, 99, 103, foras 86, 89, 115, 143 *fulgus ( = fulgur) 217
123 foris 86, 89 fumare 194
fumigare 194
fieri 114, 141, 172 forfex 109, 191 fumus 194, 217
filia 203 foria 174 fundamentum 377
*filianus 26, 27, 203, 347, formica 78, 89, 95, 108, 164 fundarium 44
393 formicare 164 fundus 26J 152
filiaster 24, 26, 44, 145, 203 formicosus 164 fungus 117, 125
fur 209, 217
filiastra 203 forrnosus 181 furare (furari) 209
•filicaria 28, H fornicare 38 furca 20, 26, 198, 293, 393
filictum 118, 125 fornix 38, 40 furcata 87
filiolus 203, 347 forte 136, H2 furnarius 202
furnus 26, 104, 202, 217,
filius 89, 203, 217 forum 217, 262 363
filum 26, 134, 190 fossa 310 furtum 209
findere 217 fossare blO •furuncellus ( = funmculus)
•flaccula ( = facula) 194 fossaturn 32, 36, 92, 208, 174
flagellare 281 217, 250, 251, 253, 310, fuscina 28, 31
flagellatio 281 388 •fustellus, *fusticellus 190
fustis 210, 217
flagellurn 281 fovea 125 fusus 190
flagrum 281 fractura 168 fut(u)ere 176

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544 H. l\lihăescu

gaesati (pl.) 287 grassus ( = crassus) 181 horror 32


gaesum 287 •gratalis, *gratarium 18& hortus 125, 217, 36.3, .393
galbinus 26, H5, 180 •gratis ( = cratis) 26, 188 hospes 136, 205, 217
galbus 166, 217 graulus l = graculus) 166 hospi tare ( = hospi tari) 205
galgulus ( = galbulus) 32, gra·.ris, •grevis 155 hospitium 32, 205, 217
3.3, 166 gre•.ritas 155 hostis 26, 210
gallcta 189 *grc·.ritia 145 humanitas 173
gallina 89, 95, H5, 199 grex 28 (h)umerus 170
gallinacea 26, 44 gros sus 89. 155, 181, 217 humidus 150
gallinaccum 26, 145, 199 gruilla 38, 39
galii naceus .382 grumulus 156
ianitor 312
gallus 2.~ . .30, 199 grumus 125, 156
gamba 26 "'grunniare (= grunnire) 199 ieiunare 26, 27, 214, 377
gannire 10.3 grus 166 ieiunium 393
garrire 166 •grylliolus 164 ieniperus ( = iuniperus) 117.
gaudeas 326 grvllus 164 162
gaudcre .38 •g-ubbus 119 ignis 93, 194
gaudi bun dus 176 guta 78, 1!9, 104, 169 ilex 28
•gaudimentum 38, 44 gunna 26, 31, 270 ilia (pl.) 26, 171
gaudium 28, 217, 388 gurgulio 171 ilicetum 42
gelu 9.3, 151 gustare 179 illa 107, 138
gemere 22, 26, 183, 217 gustus 179, 217 illac 86, 115
gemitus 183 •gutaneus 231 illac-ad 86, 115, 143
gena, g-enae 134, 169 gutta 26 ille 81, 112, 137, 138
gener 203 guttur 225, 379 *illu 138, 139
gens 26, 208 •gutturalium 174, 379 imaginarii (pi.) 301
genu 170 gyrus 230 irnbcr 151
genuc(u)lare 170 *imbracare 121, 191, 270
genucularia 276 *imbuccare 169, 295
genue( u)lum ( = gcniculurn) hal>ere 84, 89, 107, 113, 117, (im)pacare 210
119, 1.34, 170, 217, 2"71 141, 208, 217, 280 *impalare 211
gcnes 377 hac die 115 impedicare 20 l, 281
gibba 175 hal<:x 91 impcdimenta (pi.) 258, 314
giLlrns 119, 175 hasta 287 impcrans 38
gingin 169, 217, 377 hastatus 287 imperator 32, 37, 136, 208,
glacia ( = glacies) 80, 108, hastile 28, 30, 287 217, 247, 262, 388
151 hcbdomada 28 impertire, impartirct 154
hebdomas 28, 72 impetigo 174.
glacics 89, 382
hedera 134, 161 impetus 250, 253, 304
glando 163
hcrba 29, 89, 161, 217 impingere 211
glandula 26, H
glans 26, 163 hcrbosus 161 *implenire 154
hcri 115, 142, 153, 217 implcre 89, 154
•gtcmus (= glomus) 97, 119,
191 hiberna 153 imprehendcre 96
hibernalia 38, 39, 44 *impressorare 211
•glibba 175 hiberni·.rum 145, 217
•glibbus 119, 175 impromutare 207
hibernum 26, 39 (im)pungere 211, 318
glis 28 hic 138
globus 294 imputare 185, 217
hic-ubi 142 in 86, 115, 143, 144
glomus 97, 191 *hirundina 90 in-ab-ante 86, 115, 142
gobius 91 *hirundinella 90, 95, 166 in-ad-intro 88, 142
gongrus, grongus 91 hirundo 166 în-ad-post 142
*gotanea, *gotonea 197 *hirundula 95, 125, 166 •inaltiare 148, 152
*gotancus, •gotoneus 197 hodie 115
graculus 379 inaltus 152
homo 81, 89, 107, 122, 136, în-ante 86, 142
Graecus 208, 369, 315 173, 217
gramen 28, 29 incaballicare 26, 144, 206
hora 21, 26, 78; 89, 107, (in)calciamentum 192
grana ( = granum) 196
*granacea 144
216 (in)calciare 191
Horae 32, 33 incantare 212
granae (pl.) 195
hordeolus 145, 174 incarricare 26, 98, 144, 206
granarium 195
hordeum 135, 174., 195 iucendere 194
grandis 93, 217
grando 151 horrescere 183, 217 incernere 188
*granuceum 145, 195 *horrire ( = horrere) 32, 37 • încingere 191, 194
granum 95, 195, 217 181. 183 incipere 184

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Index 545

inclinare 213, 318 (in)spicare 195 *Iaceus ( = laqueus) 201


inclinatio 213 instans J07 lacrima 183, 217
inclinationem 145 insubu!um 26, 104, 190 lacrimare 183
includere 144, 193 in-super 143 lactaria 188, 217
*incolicare 190 integer 89, 154, 217 !acte (=lac) 89, 135, 189
in-contra-ubi 142 intellectio 182 lactuca 95, 161, 261, 372,
· *incrucntare 168 intelligere 99, 182 393
incruentatus 125, 168 intenderc 99, 217 lacuna 79
*incuneare 193 i ntenchricare 14 7 lacus 158, 217
*incurrare ( = incurrere) 158 i ntenebricatus 93 lacderc 38
inde 143 inter 14J lambrusca 24, 26
*(in)debitarc 207 interritare 183 !ana 89, 190, 217
*indensare 154 interrogare 185 lancea 217, 287, 318
i n-de-retro 115, 142 *intonicarc 147 lanceare 287
*indextrarc 251 intorquere 144 lancearius, lanciarius 287
*indictare 28 intra 14J, 318 lanceola 287
*indu lei re ( = indulcere) 179 intrare 178 *lanciariurn 38, 44
indulgere 28, 29 intro 143 landica 171
indurare 183 *inuxorare 122, 204 languidus 32, 174, 217
in-eccum-hoc(ce) 142 (i11)·1cstire 191 languerc, langui re 32
i n-ecc u m-i lloc 142 *in·1idiare J8 languor 174., 217
infans 217, 260 *(in)vinccre 211 lanterna 97
*infasciare, *infasciolare 191 *in·1irdirc 159 lapathum 38, 39
infelicarc 183 in·1itare 26, 184 lapidarium 87
infernum 28, 217 *invitiare 26, 27, 99 lapideum 121
(in)figere 211 *invivulare 158 lapis 93, 226
inflorcsco 140 iocare 29, 108, 205, 217 lappa 162
înflorire 160 iocus 26, 89, 205, 217 lappaceus 162
infollicare 191 io«1is (dies) 216 lardum ( = laridum)
*informosiare 181 ire 178 188, 262, 295
*(in)formosiatus 181 ista-die 142 largare 178, 210, 318
infrangere 211 iuba 301 largiarc 318
infrenare 144., 206 i uclcx 136, 209 largire 151, 318
*infrontare 211 indicare 21, 26, 209 largi us 3 18
*ingannare 26, 27, 103, 200 iudicata ( = iudicatum) 145, !argus 26, 1.51, 178, 210, 217,
ingannatura ~6. 200 209 318
ingenue( u)lare 170 i udicatorcm 145
inglaciare 151 iudicium 26, 209, 217, 382 latrare 199
*ingra.ssiare 181 iugare 318 latus 151
ingratus 38, 40 *iugaster 145, 163 laudare 26, 185, 217
iniectare 178 iugulare 318 laudatio 185
in-illac-intro 142 iugulum 87 laudatus 140
inimicus 28, 30, 318 iugum 89, 104, 107, 135, lauretum 87
iniurare 185 163, 206, 217, 318 laurus 26, 162, 388, 393
iniuria 185 iuncetum 87 !avare 96, 121, 192, 217
*inmolliare 155 iunctura 28, 44 lavatura 192
innoctare 153 iuncus 95, 393 lavorare 93
*innocticare 147 iungere 318 laxa(cutis) 38, 39
innodare 191 iunipcrus 117, 162 !axare 22, 26, 117, 184, 217
*innotare ( = innatare) 178 iunix 199 laxatus 113
innubilare 151 iuramentum 145, 185 lectus 97, 217
*inobvio 178 iurare 21, 26, 185 legem 21, 22, 136, 209, 214
inordinatus 290 ius 185, 209 leges ( pl.) 136
in-per-gyrum 142 iuvenca 26, 199 legio 292, 294
in-per-unam 142 iuvencus 199 legiones ( pl.) 250, 256
in-quantum 143 iuvenis 104, 136, 173, 217 !egumen 196
lenare ( = lenire) 204
insalare, *insalatura 188 lenitare 204
*inserenare 147 laborare 2 17 lens, lendis 164
insignare 181, 217 labarum 301 lens, lentis 196
labrax 91, 101 lentus 217
insignia 28
labrusca 24, 26, 162 lenus ( = lenis) 186
insolare 192 lac 161 lepus 26, 167
*insolinare 148 lacerta 91, 253 levare 89, 207, 217

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546 H. Mih;).cscu

*le·1iginare 204 *luminina 147 margella 32, 33, 192, 217, 231
le·1is 26, 155, 204 luminosus 147 margo 26, 181
lex 26, 209, 2H, 217, 306 luna 78, 89, 107, H8, 216, maritare 26, 117, 122, 204
liber (adj.) 23, 28, 30, 309, 353, 355, 356 *maritatio 38, 40, H
3H lunae dies 136, 216 maritus 204, 217
libertare. 23, 29, 209 lunaticus 145, 148, 355, 356 marmor 26, 157
libertus 29, 209 lunis(die~) 216 marrucina 162
licium 190 lunter 26. 98, 206 martiobarbulus 287
ligamcn tum 209 lupus 167 martis (dies) 26, 216
ligarc 198, 2 li lusio 313 martius (mensis) 26, 216, 382
ligatura 26, 44, H5, 198 lutcum .38, 39 martor, martur ( = martyr) 209
•liginarc 204 lutum 3S, 157, 193, 202 mas 15"1
lignarius· 202 lux 147, 148 masculus 26, 108, 120, 131,
lignum 89, 97, 159, 193, 202, macellarius 207 199, 217
217 ' macellum 207 massa 28
lima 28, 31 maccr 188 •masrntum 36
limosus 158 machina 38, 39, 96, 103, 198, masticare 26, 176, 217
limpi<lqs . H7 388 mastice, mastiche 35, ·H 163
limus 158 machinare 93, 96, 198 mastichinus 32, 35, 44, i63
linaceus 125 maerentia 23 mater 200, 217, 341
li nea (I unica) 32, 33, 191 magia 212 matcries 159
lingere 176 ma.~is 81, 86, 89, J09, 115, 136, matricaria 87
lin,::ua 89, 135, 169, 185, 142 matricula 38, 40, 268
217 magistcr 26 matrix 26, 200, 268
mattca 258, 287
lingula 134. 189, 217, 255 magnus 9~. 212
maialis, 38, H mattearius 287
*linguutus 169
•maiarium 38, 39, H matteola 287
linteolum 87, 377
maior 81, 89, 109 •mattcuca 2 JO, 287
linum 26, 134, 190, 191
maius 216 mattia (pl.) 136, 171
littera 217
male 115 •mattia 210, 258
lixin 12 1
lixi·Jia 96, 192, 389 maledicere 28, 29 mat(t)iarius 210, 258, 287
locus 78, 89, 156, 217 ma litia 32 mattiobarbulns 210, 258, 287
mallcolus 120 maturus 89, 371
longus 89, l.'i2, 217
mallC'us 26, 202 maxilla 169, 253, 392
lorame11\11111 274
111alum 2J I mc 82, 137, 3/ol9
•Jorare 27"1
malus 26 lll(·clia di(' 15J
l11rarius 274
mal·1a 125, 161, 390 media hebduma 99
lor;1 rns 2 7"1
mamma 122, 203 media noctc 153
lnrea 274
•mancinus 38, 44 meditare 28, 30
lorica 274
mancus 26, H, 175 *nJC(licastcr 38, 39, H
loricare 27"1
111andator J05 medicus 28
lrorilarius 2'.'4
mandatum 250, 305 meditari 38. 40
loricatio 274
ma11draguras 161 mcdius 93, 318
loricatus 274
loricu'la 274 manducarc 89, 96, 103, 121 mcdius locus 156
176 • medulla 168
lorum 254, 271, 2H
mane 115, 153, 216, 217 medullaris 168
lubricare 135, 178
mancre 26 •mcdullarium 168
lucerna 28, 31, 97, J03
•ma11ganeare 231 mel 89, 201
lucifer H8
mania 32, 35, H, 183, 388 mela cotonea 101, 379
*lucire 147
lucius 28, 31, 91 ma11ica 24, 26, 191, 250, 271 melior 136
lucor H7, H9 manicare 32, 33, 44, 216, 217 melum ( = malum) 197
•manicella 271 melus ( = malus) 95, 197
lucrare 93, 102
manipularii (pi.) 292 membrum 217
lucrun1 29, 32, 34
manipulus 292 memorare 2 17
lueta ·22, 26, 210, 388
mansio 97 mens 26, 182, 217
luctarc ( = luctari) 2 JO
manualia 38 mensa 89, 93, 97, 121, 193.
ludere 28, 29
manuata 145 217, 260
lumbricus 165
lumbus 123 manubrium 24, 38, 40 mensalis 364
lumen J09, 147, 148, 217 manuciolum 90 mensis 80, 89, 108, 216, 217
manuculus 90, 198, 292 mensor 309
luminare 97, 147
manus /ol9, 119, 170, 191, 211 mensores (pl.) 303, 309
luminare (verbe) 147 marcidus 174, 217 mensura 217
luminaria (pl.) 147 mare 89, 158, 217 mensurare 98

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Index 547

rnensurator 309 monachus 28, 72, 217, 388 naevus 174


rnensuratores (pi.) 303, 309 monere 302 nan(c)tus 260
menta 393 moneta 98, 377 nanus 217
rnentio ('= mendacium) 182 monimentum ( = sepulcrnm) nappa = mappa 38, 40
rnentire ( = mentior) 182 215 napns 196
mercuri(i) (dies) 26, „O. 216 monoxyli (pi.) 315 nares (pi.) 169, 217
rnerda 176 mons 89, 156, 217 nascere ( = nascor) 172, 217
rnerenda 92, 96, 107, 1.87 monstrare 125, 185 *nascutus 384
merendae ( pl.) 187 monstrum 26 nastula, *nastulus 191
rnerendare 187 monticellus 87 156 389 nasus 89, 169, 217
merentia 23 montuosus 1'15' ' natare 26
rnereo 187 monumentum ( = sepulcrurn) natis 217
mergere 26, 178 215, 217 natura 38
meridiare 26, 200, 382 mora ( = rnorum) 162 natus 172
meridies ·200 moretum 79, 87 naucula 255
merula 91, 166 *moria ( = muria = muries) na·.dcellae (pl.) 315
merus 180 188 ' navicula 255
merx 28 morire = mori 89 113, 172, navis 98, 217
*mesus 93 217 . • nebula 150
metatores (pi.) 295, 303, 309 ncbulare 150
mors 26, 89, 172
meta.xa 32, 35, 97, ţ08 nebulosus 150
IT!orsicare i25, H5, 167
mica 93, 138 154 176 nec 143
*miccus 154 ' ' morsum 167
nec-aliubi 115
m orfalia 38, 44
micula 154, 217 nec-aliubi-re 142
mortalitas 38
*miculare 154 necare 172
mortem 107, 172
miles 266 *necea(febris) 174
morticinus 172
milia (pi.) 26, 44, 83, 139, 253 nec-unus 104, 112
mortuus 89, 172
miliarensis 260 *negotiare ( = negotiari) 207
morum 95, 371
militaris 266 negotiator 145, 207
morus 162, 371
rnilitia 266 negotium 98, 207
mos 205
rnilium 26, 95, 195 *neguJa .150
movere 98, 217 318
mille 89 ne inde 86, 112
mucci (pi.) 174'
milliaria 294 ne mica 86, 112
muccosus 174
minare = minari 120 200 318 neminem 138
ministrarc 28, 30 ' ' muc(c)us 26, 388
nepos 203
mucidus 181
minuo 171 nepotem 108
mucor 174
minutalia 171 nepotia 94
mugire 199
*minutialia 171 nepta 89
mula 199
*minutare 154 ncque 143
mulcere 38, 40
minutus 135, 154, 171 neque una 138
miraculum 38, 40, 103 *mulgaria, "mulgearia 120, 125
mulgere ( =; mulgere) 200 neque una data 115
mirare ( = ·mirari) 32, 33, 183 neque unus 104 112, .1.3 8 , 384
mulier 89, 122, 173, 203
mirio 183 nescio quod 86•
mulleus 180
miscere 188, 217 nescit 138
misellus .208 mulsa (aqua) 189
multus 154 nescit qualis 138
miser 208 nescit quantum 138
miserere 26, 208 mulus. 28, 31, 199 371
mundus 1'17, H8 ' n~scit quid 86, 138
missa 28, 72, 99, 103, 30'f, mdus 93, 103 217
rnurena 370
388, 393
murus 92, 193, 217, 377 nigella, *nig(~)llina lGl
missorium 121, 125, 260, 393 niger 180, 217
missus 304 mus 93, 168
mmrn 38, 164 nigritia 180
mittere 125, 206 ningit 151
''mixticare 1'15 *musconea 38, 39, 44
musculosus 168 nivem 151
modiolus 87, 98, 101 nivis 78, 89, 107
modius 28, 31 musculus 26, 168
musc1;s 28 nix 89, 151, 217
modo ·86, 90, 107 nobis 137
modus 107 *mustacium, *mu~tacia 169
n;ustum 26, 189, 254, 369 noctem 78, 107, 134, 153
mola 198
molaris (lapis) 28 mutare 206, 217 *noda 171
molere 93, 96 *mutila ( = mutulus) 181 nodare 191
*molinum 28, 44 mutulus 175, 181
mutus 175, 217 nodus 21,26, 191
*molliare 155, 389 myrta, murta 95 nom~n 89, 136, 185, 217, 254
mollis 155 myrtea 101 nomma (pl.) 136, 185

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H. Mihăescu

no mi nare I S.'i olla ( = aulla) 189, 202 pa Ilia (pi.) J8. iO


non 89, 107 ollarius 202 palliota 19 l
non - magis 142 ollucdla 189 palliolum 38, 191
nonnus 26. 215, 388, 393 0111IliS 115 pallium 38. 191, 313
*noptiac ( = nuptiae) 204 nmnis unus 112 palma 170. 217
nora ('' nura) 203 opera 28, 217 palpabundus 145, 176, 186
norus ( = nu rus) 203 opti mates (pi.) 300 palpandus 186
JIOS 82. 89, IJ7 opti matus 285 palpan.· 186
11"~ ter 89 optimus 136 palumhns 26, 166
*notarl' ( = na tare) 26. 178, optio JOO palus, -i 19.1
217 optiones (pi.) 256 palus, -u<lis J4, 69, 156, 217,
opus 184 31J. 316
1w·1a nupta 1\9
oraculum 41 *panclia 191
110·1are 262
orare .'\2, 33. 89, 217 panicum 195
•no-1aster .18, J9
•orhicare 175 pauis 89, 18X. · 217, 295
no·1atus 262
orhus 26, 93, 175 *pannula 191
llO'IC'llUs 38
ordinalis 290 pannulus 191
110'/('(TI 89. 1.19
ordinare 178, 217, 290 pautex 26, 171
110"1l'rca .12, J7, 203. 217
onlinarius 290 panticosus 171
• 11n·1ercus 20 .1
Jl()'/jcj US .18 onlinatim 290 panuc(u)Ia 174
no·rns 2.'i, .18, 89, 153, 217 ordinativus 290 pauus 28, 171, 195
nox 89. l.'i.1, 217 ordinatio 290 papa 393
ordinationes (pi.} 250, 256 papilio 277
nuhes l.'il
ordinator 290 papil(l)iones (pi.) 250, 2."6
nuhilare !.'ii
ordinP JO, 318 •papiloncs (pl.) 277
11uhiltm1 l.'il
*orcliniarc> 178, 290 pappa 20.l
nubo 204
•nuca 197 ordire (== ordiri) 190 pappus 203
onlitura 190 par 24, 28
nncaria 87
or<lo 28, 290 parabola 2X. JO, 93, 217
nucem 79, 107, 197
orgia 18] paraclisus 38, 72, lOt, l&8
nucdum 87. 197
*oricarl· 156 parare 26, 210, 217, 318
•nucus ( ·~ nux )95, 197
nudus 9.l orirla = auricula 169 para tos ( pl.) 326
ornare 217 parens 26, 203, 217
numen 254
orphanua 26, 217 parcre 182
numerare 98
numerarius 294 *osseata 91 paricularc 125
numc·rus 26, 185, 294 ossum 89, 168 paries 193, 217
ossuosus 16X pars 154, 217
numtiae ( = nuptiae) 20'4.
otns 38, 39 par tem 107, !.'ii
•nunnus -- nonnus 388
nnntiarc 122 O'tiarius 200 *particella 154
1111ptiac (pi.) 122, 125, D6 ovinus, ovina 200 partire 318
0·1is 200, 217 parvus 93, 171
nura 203
O'llllTI 89, 166, 217 pascere 89, 120, 125
nntricare 217
nntricinm 187, 195, 217 I 'ase ha 99, 215
pascularc 125
pacare 69, 89, 98, 125 passar ( = passer) 166
oblata 28, 103, 388 pacem 22. 107, 210 * passan.· 17 8
*obli ta.re 125, 182 pa<lulem ( ~· paludcm) 32, 34, passer 93, 217'
ohoedientia 23 156, 167, 316, 388 passerinus 90, 93
obscurus 93, 104, 217, 384 paene-ad 143 passus 26, 178, 217
observantia 23 paenc-ad iliac 115 pastio 200
occi<lerc> 172 paenula 191 pastioncm 145
ocrcac (pi.) 276 paganirc 26, 212 pastor 200
oct o 80, 89, 139 paganitas 212 pastorcm 145
oculata 87, 91 paganus 26, 37, 40, 73, 145, pastoricius 38
oculus 89, 169, 217 212, 250, 266, 340, 350, 393 pastura 38
*oestriculus 145 pagus 212, 266 *pasturaticum 38, 39, H
offella 96 •panganirc> 37 pastus 38
offcrentia 23 *panganus 37 pater 93, 217, 341
offula 28 pala 28 patirc (= patior) 26, 181
oleaster 28, 3 l, 72, 388 palare 211 paucus 28, 29
palaris 313 paulus 38
oleum 28, 31, 72, 333, 388 palatium 26, 97, 169, 362, 382
oliva 28, 3 I, 72, 95, 333, 388 palca 195 pauper 217
olinstcr 38, 39, 44, 72, 388 paliurus 162, 217 pavcre 183

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lridex 54~

pavimentum 29, 120, 125, H5, per - quomodo 143 platanus, *platinus 163
156 persica (= pcrsicum) 197, 393 platea 92, 98, 217, 313, 362
pavo 26, 199, 371 persicus 197 382
pax 26, 2 10, 217 persona 217 plcnus 80, 89, 108, 154, 217
peccaturn 26, 214, 217 per - super 143 plicare 178, 252
peciolus, petiolus 93, 119, H.5, pertraicere 205 plop(p)us ( = populus) 21, 26,
170 pertundere 144, 211 27, 16.I
*perturnicula 166 plorare 125, 217
pecora (pi.) 200 pervigilarc 7, 32, 33, H, 99, "'plovare 151
pecorarius 145, 200 144, 166 *plavia 151
pecten 89, 192 *pervigilatoria 166 plnmbum 26, 157
pectinarc 192 pcs 93, 119, 170, 201, 217 plnmmarins 262
pectinem 79, 192 pessica 28, 31 plus 81, 109
pectus78, 135, 171,217 pessulatura 87 pluvia 151, 389
pecu 200 pessulum, *pesslum, pesclum *phnina 151
pecuina 200, 217 259 poena 377
peculi um 207 petirc ( = petere) 204, 262 pocnitentia 2.1
pedatura .112 petitum 262 poenitere 32, 33
pedester 170 petra 78, 89, 93, 131, 157,193, pollicaris 26, 170
pedica 26, 20 1, 281 217 poma (= pomum) 26, 197
pedicarc 281 *pettia 26, 3?7, 382 pometum 145, 197
*pedicula 281 *pharmacare 212 pomum 26, 69, 197
pediculare 250 pharmacum 212, 217 pomus 69, 197, 217
*pedinus 190 phaseolus 95 punere lH, 172, 178, 211,
pedis 164, 201 *picculum 9.1 217
pednculare 164 picuia 157, 332 pons 89, 92, 206, 217, 315
peduc(u)losus 108, 161 pignus 28 pontellus 87, 92
peclnc(u)lus 95, 16'1 pigritare ( = pigritari) 26, 145 pontilis 315
pelliccus 145 pila 26, 27, 393 populus, poplns, puplu, pluppi
pellis 89, 107, 168, 202, 217 *pilar 393 26, 217
pendere 103 *pilla 27 porca 199
*pendiolus 103 pilula 26, 27 porcaricia 199
pensare 26, 98, 99, 186 pilum 299 porcarius 199
pensum 26, 186 pilus 89, 93, 168, 217 porcella ( = porcu la) 199
pepo, -onis, pepo, -inis 2-4, 32, pinetum 145, 163 porcellus 145, 199
37, 196, pin na 26, 134, 166, 301 porcina 145, 199
per H, 88, 115, 143, Hi pinnnla 191 porcus 81, 89, 95 199, 217
perambulare lH, 178, 217 pin sare 188, 295 *porrinum 38, 4.4
perca 91 pinns 163 porrum 26, 38
percipere 99, 182 *pipa 28 porta 26, 134, 193, 362
percurrere 158 pira ( = pi rum) 197 portare HO, 2 17
percute 318, 319 pirus 197 portari us 3 12
percuterc 318 piscarius 165 portus 217
perdere 89, 207 piscem 20 pasare = pausare 26
perclix 166 piscis 26, 89, 165, 217, 388 post 115, 142
*perdolcre 44 piscosns 165 *poste = post 26
per ecce hoc 115 pisi nnus 154 postea 4.4
perexsanctus 80 *pissiare 176 postclana 278
per - extra 14.) pistare 38 postella 278
pergula 26 *pistarium 38, 40, H posterior 318
per - gyrum 143 pistillnm 38 post - mane 153
per - in 143 pinlarc 166 postremus 318
per inter .18, 143 pix 157 post ripam 4. 1
per inter q nid 86 placcEta 188, 217 potentia 184
per - intro 143 placere 26, 89, 108, 183, 217, potNc29, 108, 113, 117, MO,
per intus 38, H 302 184
perirc 172 plaga 28 potestas 28
periurart• 185 prae 144
plangere 80, 89, 125, 183, 217
perling(u)ere lH, 158 planta 159; 161, 217, 388 praebiter, praebytcr, prebyter
26, 81, 99, 101, 103, 109,
perlongus 152 plantago 161 214
per quid 86, 115 plantare 159 praeco 308
per quod 86 planus '11, 217 praecognoscere 144

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550 H. Mibăescu

praecursores (pl.) 303 pulia 26, 171 1


q·uem 82, 112, 138 , ·
praeda 26, 211, 304, 310 pullus 95, 166, 171 quetus = quietus 26, 155
praedare 211, 304, 310 "'pulmen 90 qui (quem) 89
praedatio 211 pulmentum 90 quia se 143
praedatorius 211 pulmo 171 quid 44, 80, 112, 138
praefectus 250, 294 pulpa 26, 170, 217 quid quoad 115
praeire 3b pulpitare 250, 262, 315 quid volet 112
praeponere 144, 182 pulpitum 315 quies 155
prae1mtium 171 pulposus 170 quietus 22, 25, 155
praestare 217 puber 103 quingenaria 294
praet~ri re 262 pul·1erem 157 quinque 80, 384
praeteritus 262 pu!-rerum 107 quinta 373
prae·ridentia 23 pulvis 26, 89, 157 quis 112
prae·ridere Hi punere = ponere 318 quod 32, 89
prandere 96 punga 92, 207, 278 Quodratus 156
•prandire ( = prandere) 187 pungere 207, 318 •quodrum (•cadr11n1) = qua-
prandi te 326 pupa 217 drum 32, 36, 388
prandium 96, 187 •puppa 26 quomodo 142
prehendere 89, H4, 178, 194, •puppare 205
204, 217 puppis lOY
pup(p)ulus 379 rarlere 217
presbyter, praesbyter 101, 136,
radia 26, 118, 382
214, 262 pupus 217
radicina. 117, 125, 160, 384
pres.<ori um 211 pure 115
radicula 26
"'pre~~urare 211 purgare 217, 332
•puronium 145, lH radius 26, 89, 148
prcS>"US 211
radix 28, 160
pretium 98, 207, 217 pusca ( = posca) 189, 217
pri manus 318 pustula lH ragere 199
pri mari us 118, 318 •pustulalla 174 rallus = rarus 26
pustularc 174 ramulus 160
prima·rera 26, 153
pustulosus 171 ramus 26, 160, 217
primicerius 299
pusus 15-1 rana 217
primipilaris 299
primipilus 299 •putea 171 rancidus 125
putci (pi.) 251, 258, 392 rapa 95, 393
primt1> 217, 298, 318
princc-ps 38, 40 puteolus 87 rapere 26
•puteosus 157, 179 rapide 115
prinr 299, 318
pri ;ilegium 306 putescere 96 •rapire ( = rapere) 26, 211
pri·rus 306 puteus 12, 20, 22, 26, 89, 96, rapum 28. 31
217, 382 rarus 155
proc(·dere 206, 217
rasum 270
proC<e:'>US 260 •putinnus = pusinnus 29, 154 Ra.tiaria 382
proculcare 297 putire ( = putere) 96, 179 ratio 28, 98, 373, 379, 381
proculcatores (pi.) 303 •putium 171
profugus 307 re 144
putor 179
promotiu 299 putridus H.'i, 217 recedcre 318
prulll(•tus 299 •put(u)la 17 1 recens 119, 217
prosculcare 297 putus 154, 171 recessus (maris) 377
prostrare 251 •recor 119
prostratum 251 recredentia 23
protector 298 quadra 35 refuga 307
proximus 299 quadragesi ma 26, 215, 336, 393 refugium 307
pruna 194, 217 quadragesimus 215 refugus 307
pruna ( = prunum) 197 quadrantem ;!56 regula 217
prunus 197 quadrellum 87 relegare 262
publica (·rial 41, 66 quadrigae 256 remanere 144
publicare 250, 262 quadrus, quodrus 256 remus 217
pub!icus 308 quaerere 184, 217 renes 171
puer 344 quale quid 112 reniculus, renunculus 171
qualis 89, 138 renovare 25
pugillum 284 quam 143 reparatio 306
pugna 269, 296, 297, 310 quando 86, 89, 142 reparationes (pi.) 250, 256
pugnare 269, 296, 297, 310 quanti 79, 108 repausare 172
pugnus 119, 170, 217 quantus 89 repetere 262
quarta 38 repeti tus 262
pulex 89, 164 quasillum 28, 31 •repoenitare 32, 33
pulicem 95 quattuor 89, 139 reponere 144, 172

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Index 551.

repudiare 262 runcus 156 Sancta Martha 100


repudiatus 262 *rusculum 28, 31 Sancta(m) Trinitate(m) 38, 40,
•resalire 148 russus 180, 375 100, 388
resina 26, 134, 163 rusteum, rustum 90 sancticus 100
resonare 144 ruta 95, 161 sanctosus 100
respoudfae ( = respondere) sanctulus, santulus, 99, 100,
185,217 136
sabbata, sambata 99, 216, 342,
restis 28, 217 sanctus, santus 26, 89, 100,
3':18, 3':19
•resufflare lH, 177 sabbatum, sambatum 99, 216,
215, 217, 260, 336, 393
rete, retis 24, 28, 44, 97 348 Sanctus Cassianus 91, 100
•retella 24, 97, 145, 201 sabucus, sambucus 26, 117, Sanctus Daniel 100
retia 97 125, 162, 348 Sanctus De metri us 215
retiaculum 97 saburra 28 Sanctus Elias 100
•retina 28, 30, H, 280 saccare 267 Sanctus Felice 100
retinaculum 280 *saccellare 267 Sanctus Georgius 215
retinere 280 saccellarius 267 Sancti Ioannis (dies) 136
retorna 321, 324, 325 saccelio 267 Sanctus Ioannes 100, 215
retornare 321 saccellus 267 Sanctus Laurenti us 100
retuP.dus ( = rotundus) 155 sacculus 267 Sanctus Maximus 100
reus 93, 103, 186 saccus 89, 267 Sanctus Nicolas 100, 215
reverte 318, 319 sacrare 28 Sanctus Pancratius 100
revertere 318 saeculum 38 Sanctus Petrus 100, 215
•reverticare 318 saeta 94, 97 Sanctus Stephanus 100
rhombus 28, 30, 377 sagarius 270 Sanctus Theodorus 215
*rhonchizare 199 sagatus 270 sanguinosus 168
ricinus 28, 31, 95 sagitta 26, 210, 286 sanguis 80, 89, 168, 217
ridere 89, 183, 217 sagittare 210, 286 sanguisuga 28, 95
rima 165 sagi ttari us 286 sanitas 26, 174
rimare 26, 165, 199 sagi tta tor 286 sanitatem 79, 103, 145
ripa f6, 79, 80, 89, 103, 104, sagma 261 sanitosus 25, 26, L74
128, 156 sagmare 279 sanus 174, 217
nsus L83 sagmarium 87, 92, 279 sapere 125, 217
rius ( = ri·rus) 158 sagmarius 279 sapo 367
*riuscellus 158 •sagmatarius 279 sappa 198, 258, 393
ri vulus 41 sagmatus 279 sappare 198
rivus 158, 217 sagularis, sagularius 270 sarcina 206, 314
robeus ( = rubeus) 180 sagulum 270 sarcinarius 38, 39
robur 28 sagum 28, 270, 271 sarcire 206
rodere 167, 217 sarculare 217
sagus 270 sargus 91
rogare 103, 269 sal 89
Romani 248 *sarica 191
salicetum 163 sarmentum 28, 31, 44.
Romar:ia 208
*salicum 23, 26 satis 176
Romanus 133, 208, 217, 248
*salinca 1':15, 200, 217 *satium 176
rorare 150 salire 26, 148, 178
ros 150 rntullus 93, 176
salitorium 87 satur 176
rosa 215, 217, 377
saliva 217, 280 saturare 176
Rosalia 38, 40, H, 215, 350,
sali·rnrium 280 Saturni (dies) 38, 40
358, 393
salix 26, 163 sauma 261
roseus 25, 180 Salona 375, 381
rosiata 87 sanrus 124
saltare 89, 178 *scabia 26, 174
*rosionem 25, 186 saltus 178
rostrum 169 scabies 26
salutare 205, 217 scala 26, 193, 278, 362
rota 26, 202, 206, 217 salvare ( = servare) 25, 28
ro tu ndus 217 scamnum 26, 97, 136, 193,
salvaticus ( = silvaticus) 167 209, 262, 364
rubeus 26, 389
salvia 38 scanula 193, 363, 377, 389
rubicare 33
*salviella 38, 39, 44 *scantilia, *scantelia, scintil-
ruga 206, 217, 314
sanare 25, 26, 174, 217 la 26, 147, 194
ruinare 25, 28
Sancta Anastasia 101
rumigare 199 scapula 255
Sancta Barbara 100
ruminare 217 Sancta Irena 100 scapulae 271
rumpere 217 Sancta !\'!aria 100, 215 Scardona 375
runco 178 Sancta Marina 100 schema 217

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55'2. H. Mihăescu

scire 125, 182 *senatoria 145, 215 sortilegus 38


Scla·1ini (pi.) 23'1, 236 sef'lire 28, 208 spargere 2 17
Scla·rns ( = Sla·rns) 26, 7 3, SCf"/US 208, 258 spartum 28, 31
208, 259 sessus 32, 37, 156, 388 spatha, spata, spada 26, 78,
• ~cloppare, • scloppicare, • sclop-sex 89, 107, 139 92, 97, 103, 104, 119, 128,
pi tare 175 si 143 170, 190, 210, 284, 344
si aut 143 spatharius 284, 300
scluppus 26, 17 5 sihi 82, 137
scoria 202, 217, 368 spathatus 284
sihilare 93, 13'1, 205 spathula, spatula 28, 44, 87,
scortea 22, 32, 37, 121, 12.'i, sic 115, 14J
160, 258 97, 119, 170
siccarC' 89, 117, 150 spatium 190
scortum 160 sicci tas· 150 specula 259
scriuerc li.I, 205, 217 siccus L'iO speculatores (pi.) 303
scriho, -onis 298 sicilis 96, 198 sperare 28
•seri lmlarc 20.'i •sida = situla 28, 29 spica, spicum 195
seri ptum 107 sigilium 17-4 spina 2'1, 28, 102, 171
scrohis 134 signan· IX I spinalis 24, 102, 145, 171
scrofa 199 signi fer JO I spino!>us 162
sculca 28, 12'1, JSS signum 20, 26, 17'1, 181, 217, spinus 162
sculcare, sculcator 297 JO I spiritus 28, 261
•scuppire 177
sikntio, silentium .'H8 spissus 26, 155, 217
scutatus 2N5
siba 167 splen 38, 171
scutum 20, 26, I0-1, 210 · 289 · sibaticus H5 •spleneticum 38
JXX similar(' 26 •spodia 35
Sl' 82, 1!9, L\7 sint· 11.'i spoclium 32, 217
secala ( '~ sei.:ale) 195 sinextra, siuixtra 318 spoliare 2 11
SC'CO 202 *si11gl11ttian· ( .~ singultarc) spolium 211
secrdus .12 117, 12.'i sponsa 261
secunrlum I L'i spontc Li9
si11gl11ttus 117
SC'Clllldus 2.'iO. 299 sporta 28
si 11g11larcs (pi.) JOO
SC'Curis 97, 10'1, 202, 258, 2M, •spudia ( = spodium) 191, 368
si11g11l11s 89, 9.1, 134, 154
JX4 sinus 171 spuma 158
SC'CUtor('S ( pJ.) 29.'i sitis X9, 96, 107, 176, 217 spumare 158
se<lere 97, 178, 206, 217, 302 sit(u)la 28. 259 spurius 203
scd('s .102 su uri llUS 2(J.l sput11111 9.3
SC'de\ 11111, * Sl'd i t 11111 302 'oca 28, .>I squama 107, 190
segnwntum 261 soct•r X9, .H-1 stahulum 199, 25.5, 262
sella 206, 27S socia 20-1. •stais 140
•semare 28 socius 26, 122, 20'1, 382 •sta11c11s ( = stanticus) 26, 170,
SC'llll'lltia 198 !'locra 20.1 318
Sl'lllelltlllll 261 suc rus ( = socer) 1.'l6, 203 stao ( = sto) 110
SC'minar(', seminatura 198 sol 89, HS stare 84, 117, 178, 217, 318
semita JOS, 314 solanum 38, J<J statera 98
semi taria 108 solea, *soia 28 states (=statis) 318
sene c= sine Li7 solem 107, 148 statio .JX l
sentin· X4, 89, 99, 107, 183, solt•re 217 statiolll'lll 382
217 *solinus 38, 141~. 217 status 32, 37
sentitus l H solum 28, 29, 192 stella 148, 217, 281
septem 89, 139 SOlllllUS 177, 217 stellac (pi.) 78
septimana 72, 99, 216 sonare 89, 20.5 stercus 176
sequor 217 sonitus 205 stcrnere 251
sera 78, 79, 107, 216 SOllUS 20.5 sternu tare, •stranutare 107,
se reni tas 14 7 sorherc 176 177
serenus 147 sorbus 26 stilus 35
serica 97, 191 sorex 167 •stimularia 206
*seritarc 28 soricem 93, 95 stinguere 194
serpis 165 *sori ci us 167 stiva 28, 39
serra 26, 202, 217 soror 81, 89, 109, 122, 136, 203, •stop(p)are 230
serranus 91 217 strabus 348
serum 200, 217, 225 sorores (pi.) 122, 136, 203 strambus (= strabus) 26, 181,
Sl·r·1a 208 sors 26, 212, 217 3'18
senare 215, 318 sortem 29, 212 strata 92, 217, 314,
senate(s) = senatis 318, 319 sortilegium 38 stratum 26, 193

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Index 553

strictura 1.52 susu(m) (= sursum) 89, 104, tina 28, 31


stri ctus 26, 107, 1.52 142, 78 tinea 28, 30
striga ( = strix) 12.5, 166 tiro 291
strigare 166 taberna 277 tirocinium 291
*striuctus, *strinctura 26, 1.52 tabo ( = tabanus) 164 tironatus 291
stringere 26, 198 tabula 121, 217, 253, 255 tironicum 291
stroppus .217 tacere 89, 107, 302 titia, titina 134, 171, 193
*stulus ( = stylus) 32, 3.5, 193, taeda 97 titio 194
231 talea 28 titionem 13.5, 367
*stupitum 93 taliare 84, 89, 198 titulus 2.55
stuppa, stupa 26, 190, 230, talis 155, 217 tollerc 293
271, 282 tangere 154 *tolno 260
*stupus 201 tantum 115 toltus 251, 293
sub 143, 144, 170 tarde, tanli 93 tonare 89, 151, 217
subagere '= subigere) 188 *tardi·1us 93, 145, 216 tondere ( = tondcre) 200
subala 170 tata 89, 93, 103, 122, 136, 203 tonsionare 120, 125
*subfronticella 169 tatanem 203 tonus 151 ·
*suh~luttiare ( = singultare) tatani 136 torculum 28, 125
117, t.25, 177 tanrus 26, 199, 229 torna 206, 318, 319, 321,
subglnttins, sugglutius (=sin- taxare 262 324, 325, 327
gultus) 177 taxatus 262 tornare 321
te 82, 137 tornus 206, 321
*suhilare 93, 205
tectum 217 torquere 144, 190, 200
*suhiliare 200, 217
tegia 277 torta, turta 26, 188
subire 144, 178 tegula 28, 87 tortus 190
submittere 191 tegumen, *temen 28 totus, totum, tottus 26, 44, 138
su bportere 144 tela 190 trabs 28, 30, 97
*suurupare 156
*tempfa = tempora 26, 169 tracta 80, 377
su bstrare 251
templum 28 tractare 28
suustratum 251
*tempori·rns 145, 2i 6 tractus 28, 287
su bterraneum 41, 66 tempus 136, 153, 217
subtiliare 155 tradere 38, 40, 262
tenda 26, 27, 193 ,277 *tragere ( = trahere) 178
subtilis 155 tendere 152, 217, 277
subtus 86, 143, 170 *tragina 90, 206, 389
tendic(u)la 190 *traginare 90, 206
subula 190, 202, 255, 288
te ne brae (pi.) tene bricare, tenc- tragula 87, 178
succesus 260 bri cu s 147
suda, sudare, sudatum 310 *tragulus 91
sudis 310 teneo 113 tragum 178
sudor 177, 217 tener 173, 217 trahcre 89, 287, 377
sudorem 107 tenere 89, 114, 178, 217 Traianus 359
sufferentia 23 tepere 171 traicere 103, 193
*sufferire ( = sufferre) 183 terebellus 28, 30, 44 *traiecta 193
sufflare 144, 177, 217 termen 26, 158 *traiectorium, *traiectarium
*sufflitus 177 termes 79 28, 30, H
*suffolicare 191 terra 89, 107, 125, n1. 156, trama 190
sugere 176 208, 217 trames 313
sugia 382 terrae motus 38, 39 tramitterc 206
sugillare 174 *terraticum 38, 39, 44 trans 143, 144
sulcus 125 *terrina 156 transcolare 25
sulfina 32 tertianus 200 transferre 262
sulfur 32, 34, 10 I, 379 tertius 200 transforma 318, 319
sulfus 34 tesserarii (pi.) 295 translatus 262
sum 114 .. 141, 172, 217 testa24, 26, 169 transmi tterc 125, 144
sungluttus ( = singultus) 117 testimoniare 38, 40 transmuta 318, 319
super 143 testimonium 38 transmutare 318
superare 183 testu, testum 189 transsalire 144, 178
supercilium 169 tetrarchae (pi.) 3 18 treicere ( = trai cere) 178
supernumcrarius 294 texere 190, 217 trcmulare 183, 217
supponere 211 theca 21 tremnlus 183
surdus 26, 176, 217 tibi 82, 134, 137 trepidare 178, 217
surgere 377 tilia, tilius 125, 163
trepidus 178
sursum.86 *tima 99
suscipere 318, 319 timere 93, 99, 183 tres 89, 107, 139
suspirare 144 timor, 26, 183, 217 tri bulare 198

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H. Mihăescu
554

tribulum 198 urbanus 266 vescus 24, 159


tribunus 300 urbs 217 vespa 164
tricae (pl.) 25 urceolus, urceus 189, 393 ves(s)ica 26, 171
trifolium 26, 195 urna 12, 254 vessicare 171
trifurcus 38, 39 ursus, ursa 167 vesti ari us 262
•trimensana 38, 39 urtica, •urdica 117 125 vestigare 28, 29
trimestris 38 ust!olum ( = ostiol~m) 193 vestimentum 145 191, 217
*tripaliare 93 ushum ( = ostium) 193, 318 vestire 89, 121 '
tripalium 93 ustulare 121, 196 vestis 191
tristare ( = tristor) 183 uter 189, 217 vestitor 262
tristis, tristus 26, 183 u·1a 197 vestitus 121
tructa 28, 30, 72 uxor, uxorare, uxoratus 204 vet(e)ranus 24, 93, 125, 145,
trunculus 23, 160 173, 291, 347
truncus 23, 28, 160 veternus 117, 125
vacca 95, 199
tu 82, 137 ·1etulus 145, 153 217, 259
•raccaricia 199 •veturnus 125 '
tuba 276, 308 ·1ac11are 2 11
tueri 97 vetus 24, 28, 125
·rndere 17S
tufa 26, 159, 162, 254, 271, vexillatio 294, 301
·rndum l."iS
301, 388 vexillationes (pl.) 250
·1al!ari 307
tuldus, tultus 251, 29.3 vexillum 30 I .
vaiere 2S 30 217
tum 142 ·1allatu111 '208' 310 ·1ia28, 92, 217, 313
tumba 26, 215, 217 nllicclla 156° ·1icia 20, 28, 31
tumultus 307 vicine 136
nlli s 4 1. I 56
tune 142 ·1anitas 217 vicinitas 205
tu n<lere 2 11 ·1a11us 217
·1icinum 115
turbare 26, 183 ·1icinus 26, IS9, 205, 208, 217
·1apor 225
turlnilare 26, 183 ·1ictima 209
·1asum 189
turd11s ]66 ·âctimare 209, 217
·1eclus ~9. 173, 259
turma 26, 200, 294, 3 71 victus 187
·1ellt.: 140
turpis 25, 28 vicus 205, 313
·1ena 89, 168. 217
turris 217 ·1idere 29, 84, 89, 99, ll4, ll7,
venabulum 287
tnrtur 26, 166 HO, 179,217
•turturella 166
tussire 174
t11ssis 174
·1cnare ( = ·1enari) 20 l
·1enaticus 20 I
venatoria 145
venatus 20 I
·1igil, ·1e!?il 296
. .
vigilare -7, 32, 38 99 250
296, 297
.
tuus 89 ·1endere 8'4, 89, 98, 117, HO, ·1igilia 38, 255, 296
uber 199 207, 217 ·1iginti 89, 139
ubi 86, 89 ·ligla 253, 297
vcnenum 26
udare 150 viglem, viglis 296
Yencris 81, 99, 136
urlus 93, 150 villa 41. 217
ve1wris (dies) 216
ulmus 163 vinaceus 189
venetus 180
ultin1i (pi.) 250, 299 vincas 326
venire 26, 84, 89, 117, 178,
ultra - inde 142 vincerc 2 11
217
ulularc' •urulare 26 167 ·1inclicare 174, 217
·1enosus 168
llll~~~a, umbrare, 'umbrosus ventl'f 89, 171, 217 vinea 95, 197
vincalis '41, 66
ventulare ( = ventilare) 198 vineari us 197
*umbnlicus ( = umbilicus) 17 l
ventulus 198 vinum 95, 107, 189, 217, 295,
unare 198
ventus 89, 149, 198, 217 369
uncia 377
ver, veris 26
uncinarium 286 viola 161
verbum 93
unctum 200 vipera 165
veritas 23, 28 0

unctura 26 H 145 '"virdia ( = viridia) 196


uncus 152' ' verminosus 165 *virdire 159 ·
vermis 95, 165
unda 89, 158 ·1irco 159
verres 199 virga 38, 253, 30.7 <
undare 158
versare 26, 200, 206
unde 142 virgarius 38. 39, 44
*vertia 38, 39
undique 318 virgatus 180
veruta 250
ungere, unguere 26 80 J? J virgo 26, 392
200 ' . - • verutum 287 virgula 145
verutus 254
unguis 170 vir(i)diari um 188
ung11la 89, 119, 134, 145, 170 vervex 95 viridis 26, 42, 107, '180, 217
unquam 143 vescere 38, 39 virtuosus 145, 184'
unus 89, 104, 138, 198 •vescidus 24, 28, 159 virtus 26, 184, 217;

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Index· 555

viscosus 161, 181 vitula 199 vos 82, 137


visitare 28, 29 *vituleus 199 voster 89
*vissinare 176 vivere 172 vox 89, 185
*vissinus 333 *vivitia 172 Vulcanus 90
*vistulum = viscum 38, 39 *vivula 158 vulpis 167
visum 177 vivus 89, 158, 172, 217 vultur ( = voltur) 166
vita 199, 217 vobis 137
vitea 197, 258, 271, 307, 392 vocem 185
vitella 199 volere 84, 113, 114, 117, 140, zaba 271, 275
vitellus 95, 199 141, 184 zabatus = loricatus 275
viteus 197 voluntas 23, 28 zava (=lorica) 210
vitiare, vitiatus 99 *vol··iitare, *volvitoria 158 za·rntus 251
viticula 120 volvo 161 zema 188
vitis 95, 307 vol'lulus, volvula 161 zinzalus 164
vitium 26, 27, 99 vomer 24, 38, 198, 217
vitricus 24, 26, 203 vomere 174, 217 zostarium 271
vitta 191 vomis 24, 38, 39 zuppa 271

PORTUGAIS

az (a. pg.) 183 câo 199


abril 216
abrir 148 baba 177 carmear 190
(a)cajâo 184 balsa 191 carnaz 188
acha 26, 194 banho 260 carne 168
achegar 178 barba 169 carnoso 168
adorrnir 177 barbado 173 carpe 163
aduzir 206 tebaclo 176 carregar 206
afumar 194 bebedor 176 carreira 206
agosto 216 beber 176 carro 206
agro 179 beijar 205 carta 205
aguia 166 canăo 157
bespa 164
aguoso 150 bexiga 171 casa 193
ajudar 205 boca 169 casciro 204
al<;ar 135 bocado 169 castanha 163
alho 196 boi 199 castigar 207
alma 171 bom 186 catar 318
altar 213 bote 189 cavalarii;:o 206
alva 148 bra9al 192 cavalgar 206
amea<yar 184 brai;:o 135, 170 cavalo 199
(a)m0ra 162 braga 191 cavidarse (a. pg.) 184
amortecer 172 branca (a. pg.) 167 cea 187
ancgar 172 bucho 168 cear 187
an(n)o 216 bufaro 167 ccbola 104
apparar 210 buzio _205 cepo 189
aprender 194 cera 104, 135, 201
ar<J.do 198 cabo 169 cercar 184
aradura 198 cabra 200 cerco 181
arame 157 cabresto 206 cereja 197
arar 198 cadeia 171 chamar 185
arco 210 cadinho 189 chamma 194
areia 157 cagar 176 changer (a. pg. dial.) 183
arma 210 cair 178 chanta 159
armar 210 cajado 190 chave 193
arruda 161 cali;:a 273 chegar 178
arvore 159 cali;:amento 192 cheio 154
asno 199 calcar 178 cheuvir (a. pg.) 193
aspero 155 cali;:ar 192 chicharo 196
ater-se 178 caldeira 1&9 chimse (a. pg.) 104
atuno (a.pg.) 153 camisa 191 choupo 163
campo 198 christăo 214
aunar 198 cânhamo 190 chumbo 157
ave(l)Jâ 162 cantar 205 cidade 208

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556 lL Mihăesru

cilha 191 dobrar 185 farinha 188


cima 174 doce 179 farinhoso 188
cinza 194 doer 183 fava 196
coalho 200 <lomingo 216 fa·10 201
coco (pg. dial.) 189 dona 208 favoo (a. pg. ) 201
coifa 210 dono 208 fazer 184
colher 198 dor 183 febre 174
coma 32, 199 dormir 177 febroso 174
comenclar 215 dourada 104, 128 fedelho 173
comprar 207 <iourar 180 feito 184
compreender 178 dragăo 215 feitura 168
conhccer 182 fel 171
c<mho 193 egoa 199 feno 195
COll"li r 205 eira 198 fera 167
copa 189 eire (a. pg.) 153 ferm l.'i7
corela 205 elo 192 ferver 188
coroa 215 encal„ar (a. pg. ) 152 fetro 282
cornar 215 l'llCl'll<kr 194 ie·1erei ro 216
c<>rno 167 1·mlurar 183 figo 197
cornudo 167 t-nfrear 206 filha 203
corpo 16X 1·nganar 200 filhastro 203
corn·ia 191 enjcitar 178 filho 203
correr l.'i8 t-ntrar 17S fin 190
curte 20X en·1eja 3S florescer 160
COf"IO 166 en"fl·rdccn 159 f()(ler 176
coser 191 t-inidar 1114 fogo 194
costa 171 l'llXertar 28 folha 160
c0"1aclo 170 enxutn 4 1 foile 202
coxa 170 escal<lar 192 fome 176
cozer IXS escama 190 forca 198
cr1·1u,:a 213 1·scan(h)o 193 formiga 164
Crl'SCl'r 172 e~capar l 7X, 272 formigar 164
crista 156, 199 „sconder 1X4 formoso 181
cruento 168 escoria 202 forno 202
LrllZ 21:\ escozer (a. pg.) 188 f(0)runcho 174
cuco 166 l'SCra·rn 208 fossaclo (a. pg.) 208
cuidar 182 escre·1n 205 fouce 169
Cllllll' J.'i6 t·,cudo 210 fragoar 202
~umprir 211 t:SCUpir 177 franger 168
;:unhado 203 e,;cutar 179 fn·gar 104, 128
custar 172 espada 104, 128, 210 freio 206
espadcla 190 freixu 163
espa<lua 170 frenk 169
dano 209
1·,;parto 28 fresta 193
dar 20?
espt'.·sso 155 frigir 188
dehar 190
espiga 195 fri tura 18il
dedal 191
1·spigar 195 froco 190
dedo 170
e"pi nha 17 1 fruito (a. pg.) 214
deixar JIM
espinho 162 fruto 214
dcmandar 18.5
espinhoso 162 fugir 178
dente 169
espremer 176 fumar 194
depor 178
estabro (a. pg.) 199 fum ear 194
derrear 123
t'Star 178 fumo 194
clescah,:ar 192
esterco 176 turto 209
descarregar 206
t'Stopa 190 fuso 190
descem.ler 178
estrado 193 fuste 210
deserto 154
estrambo 181
despartir 154
estranho 205
Deus 213 gali :1ha 199
estrt'r (a. pg.) 193
de·1cdor 207 galinha~a 199
<lia 153 t-stria 166
garrir 166
direito 170 gemer 183
dizer 185 faixa 191 gemi<lo 183
d6 183 falha 194 gengi·1a Hi9

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Index 557

genro 203 logo 156 n6 191


gente 208 loir (a. pg. ) 28 noitc 153
gola 169 lombriga 165 nome 185
gostar 179 louro 162 nomcar 185
gosto 179 louvar 185 nora 203
grama 28 luitar 210 llOVO 153
grăo 195 luta210 noz 197
graxo 181 numias (pg. dial.) 201
grego 208
grosso 155 macho 199
grua 166 madriz 200
magro 188 odre 189
maio 216 oleiro 202
hera 161
malho 202 olho 169
herva 161
maba 161 olmo 163
her·1oso 161
mamă( i) 203
ol·1idar 182
hombro 170
manco 26, 38, 175 onda 158
homcm 173
mandragora 161 orclenhar 290
hora 216
hospedc 205 manga 191 ordha 169
mangar 176 orge (a. pg.) 195
hospcdar 205
măo 170 orjo (a. pg.) 195
hoste 210
mar 158 osso 168
inteiro 154 mari;:o 216 ouro 157
invcrno 153 maridar 204 ouvir 179
O'/O 166
ir 178 marido 204
marmore 157
jazer 178 meia-noi te 153
joclho 170 meiu-dia 153 padcccr 183
jogar 205 md 201 pagăo 212
jogo 205 melro 166 pagar 210
jovem 173 mente 182 paini;:o 195
juiz 209 mentir 182 palha 195
julgar 209 mcogoo (a. pg.) 156 palma 170
juramento 185 mcrda 176 pani;:a 171
jurar 185 mcrenda 187 păo 188, 191
merendar 187 parar 210
lă 190 mes 216 parede 193
lai;:o 201 mesa 193, 260 pare11te 203
ladrar 199 mcscllo (a„ pg.) 208 parte 154
lago 158 mirar 183 pasccr 200
lagrima 183 miudo 154, 171 Pascoa 215
lagrimar 183 m6 198 passar 178
lande 163 moer 96 passaro 166
lardn 188 molho 198 passo 178
lavaclura 192 mOllCO 174 pastor 200
!avar 192 monte l.'56 paul 34
lebre 167 morrer 172 pavăo 199
legume 196 morte 172 paz 210
lei 2.09 mortezinho 172 pecadn 214.
lei te 189 morto 172 pecego 197
leixer (a. pg.) 184 mosca 164 pedir 204
lendea 164 mosto 189 pedra 157
lenheiro 202 mostrar 185 pega 201
lenho 159 mudar 206 pegulho ( pg. dial.) 207
levar 207 mudo 175 pcgurciro 200
leve l.'55 mui to 154 peito 171
liamcnto (a. pg.) 209 mundo 148 peixc 165
Iigar 198 mungir 200 pelo 168
limo 158 muro 193 pena 166
limoso 158 pentem 192
lingua 169 nabo 196 pera 197
linho 190 nascer 172 pcrceber 182
lobo 167 naso 169 perder 207
lodo 157 negro 180 perecer 172

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558 H.· l\:lihăescu

pesar 186 saltar 178 testo 189


peso 186 sabagem 167 teta 171
pesqueira 165 sangue 168 tia 163
peta 191 santo 215, 260 ti~o 135, 194
piolho 164 săo 174, 215 torcer 190
pisar 188 sarar 174 tornar 206
poder 184 saudar 205 torpe 28
polha 171 sebo l~S torta 188
pollegar 170 sede 176 torto 190
polpa 26, 170 segure 202 torvar 183
polposo 170 ,,_-1„ I~ I tosse 174
pombo 166 sdo l':'-i tuuro 199
porno 197 sdn 167 trama 190
ponte 206 semana 216 tra:aer 178
por 178 semeadura 198 tremular 183
porca 199 semcar 198 trevo 195
porco 199 senha 181 trilhar 198
porqueiro 199 sentir 18.1 triste 183
porta 193 ser 17S tronco 160
PO'l'O 208 serra 202 tumba 215
prazer 183 senir 208
prear 211 servo 208 ur.1 bigo 171
prender 178 setta 210 ungir 200
prepor 182 sil·1ar 205 unha 170
preste 214 s<,ar 205 unto 200
primavera 153 suurancdha 169 urdidura 190
pulga 164 sobrar 183 urdir 190
pulmăo 171 sobrinho 203 ursa 167
punho 170 sofrer 183 uva 197
sogru 203
vaca 199
solu~r 177
quaresma 215 vado 178
sum 205
quedar 155 vale 156
sumeter 191
văo 158
quedo 155 so(m)no 177
qucijeiro 200 vaso 189
sorte 212
veado 201
queijo 200 soner 176
qucrcr 184 vedru (a. pg.) 28
souto 17S
velho 153, 173
so·1ar 1S8
vencer 211
strt:mudar {pg. dial.) 206
vender 207
raiz 160 suor 177
ventre 171
ramo 160 surdo 17.5
Vt:r 179
raro.155 verde 159, 180
rMe 28 verme 165
tal 155
redea 280 vertude (a. pg.) 184
talhar 19~
rcdondo 155 vestimenta 191
tanchagem 161
n·por 172 vestir 191
tardio 216
rcsponder 185
tata 203 vibora 165
riba 104, 128, 156
tecer l!JO vida 199
rio 158
teia 190
rir 183 vingar 174
riso 183 temer 183
vinha 197
roda 206 temor 183
roer 167 vinha"a 189
tempo 153
romă 208 vinha'ro 189
romiar 199 tenda 193
·1inho 189
ronha 174 ter 178
vir 178
rosto 169 ter"ol 174
ruda (a. pg.) 161 viver 172
termu 158
vivo 172
terno 173
sahado 216 vizinho 205
terra 156, 208
sabugo 162 "IOZ 185
~air 178 testa 169
„al 188 testemunha 38 xerga 191

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Index 559

PROVEN<;AL
abatre 184 beure 176 ciutat 208
abril 216 bevedor 176 clamar 185
acaiz6 184 blan 186 clau 193
ades 155 bo 186 clop 175
adormit" 177 boca 169 codonh 197
afumar 194 bocada 169 cogorda 196
agost 216 bot (a. prov.) 189 cogul 166
agre 179 braga 191 coide 170
aiga 189 branca 167 coifa 210
aigla 166 brasai 192 coitura 188
aigos 150 bratz 170 colgar 178
ajonher 135, 178 brufol 167 colh(a) 171
ajudar 205 buou 199 colhir 198
alenar 186 coma 199
alentar 186, 204 comenegar 214
alh (a. prov.) 196 ca 199 compendre 178
amar 179 cabestre 206 complir 211
amaresa 179 cabra 200 comprar 207
amblar 178 cabri 200 conh 193
amella 28 cabrifuelh 161 con oi ser, coneiser 182
amenassar 184 cabriol 167 conquerre 211
amortir 172 cadel 199 copa 189
(a)mudir 175 cadena 171 corda 205
an 216 cagar 176 coreia 191
anell 192 calcar 178 corn, cornut 167
angel 214 calendar 216 corona, coronar 215
angle 181 calor 149 corp 166
anhel 200 camisa 191 corre 158
apara.r 210 camp 198 cors 168
aprender 194 canebe 190 cort 208
apropchar (a. pro-,,.) 178 cantar 205 cos 158
araire 198 cap 169 costar 172
aram 157 capdel 169 cot 202
arbre 159 car 206 covenir 205
arc 210 carbe 190 cozer 188, 191
are (prov. dial.) 200 carbo 157 creire 213
arena 157 cargar 206 creiser 172
argen 157 caresma 215 cresta 156, 199
aritz 167 cam 168 crestiâ 214
arma 171.' 210 carnas 168 crezer 213
armar 210 carpre 163 crotz 213
arnelh (gasc.) 171 carreira 206 cuesta 171
arrage (gasc.) 161 carta 205 eul 171
arsura (a. pro•r.) 194 casa 193 cunhat 203
ascla 194 castanha 163
ase 199 caudera 189
aspre 155 causa.r 192 dan 209
atener (a. prov.) 178 caYalgar 206 dar 207
atizar 194 cavall 199 daurar 180
auba 1-48 cay (gasc.) 190 dedal, didal 191
aur (a. prov.) 157 cazer 178 deisender 178
autar 213 ceba 196 demandar 185
auzir 179 cedra 205 tlcnt 169
azaigar 200 cena 187 deponre 178
azunar 198 cenar 187 derzer 208
cep 189 dcscargar 206
cera 201 descaussar 192
baizar 205 cercar 184 desert 154
barba 169 cercle 181 desfrenar 206
batejar 135, 214 cerieiza 197 deslegar 198
baus 191 cerner 188 despartir 154
hava 177 cima 174 despolhar 211

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H. Mihăcscu

ciesrcnar 12 3 escapar 178, 272 fosat 208


dct 170 escauclar 192 fotre 176
clcudor 207 csclau 208 frachura 168
de·1anar 190 escoire 198 frairc 203
dia 153 escondre 181 franher 168
(cli)jous 216 e!->copir 177 fre 206
(di)luns 216 escorsa 160 freg H9
di mcngue 216 escou tar 179 fn·gir 188
di mercres 216 escozer 188 frir, fritura 188
dirc 185 e'cri urC' 205 frCJnt 169
<lissapte 216 <·scut 2 IO fruch 211
di·1enres 216 <·,patla 170 fuelha 160
rloblar 185 e'paza 210 fugir 178
doga 1119 espes 155 fum. fumar 191
dCJI 183 l'Spic 195 furar, furt 209
dolar 19.1 espiga, espigar 195 f US 190
doler HD espin, espinos 162 fust 210
clolor 18.1 espina 171
dolsor 179 l·sp6ner 185 galina 199
domesgue 199 espremer 176 gemir 18.l
clomna 208 estalile 199 gendre 203
clon 208 estanc 170 gencbre 162
dormi r 177 estar 178 gengi·1a 169
dos 171 estenher 191 genolh 170
clous 179 t'Stornudar 177 glan 163
drago 2 15 estrat 193 gloms (a. pr0"1.) 191
drcch 170 estrenher 198 gola 169
cluzir, duire 206 gorgolh 171
fabre 202 gost, gostar 179
ega 199 fach 181 gra 195
eisir 178 fachura 168 granicr 195
elra 161 faire 181 gras 181
emhlidar 182 greu 155
faisar 191
embragar 191 faisola 26, 191 grieu 208
empenhl·r 211 faisar 191 grilh 161
emplir 151 falha 191 gros 155
empruntar 207 fam 176 grua 166
encalsar 192 farina 188
e11ca11tar 212 Casa 169 ilha 171
(cn)caussamcnt(a) 192 fau 163 ir 178
encenclre 191 fa·rn 196 ironda, irondela 166
(en)cenher 191 fe 195 i·1ern 153
(rn)claure 19.1 fel 17 I
encli nar 2 L\ fenestra 193 jana (a. prov.) 212
enclurar 183 fera 167 jazer 178
enfranher 211 fer re 157 jo 206
enfrenar 206 feure 171 joc, jogar 205
enganar 200 feurier 216 jos 135
engenolhar 170 figa 197 jove 173
engraisar 181 fii 190 jurar 185
enozar 191 filh. filha 203 jutge 209
ensenhar 181 filhastrc 203 jutjar 209
entcnar 185 filhol 203
en trar 178 flama 191 lac 158
en-1eia 38 floc 190 lach 189
e11"1iclar 181 fior, florir 160 lachuga 161
er 153 flum 158 lagrema, lagremar 183
erha, crbos 161 forca 198 lairar 199
esca 191 forfe 191 laissar 181
formiga 164 lana 190
escala 193
formos 181
escama 190 forn 202 ]art 188
escan 139 fornier 202 latz 20 l

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Indei:: 661

taur 162 molt 154 panitz 195


lauzar 185 molzer 200 pansa 171
llavadura 192 mon 148 pa6 199
Ia·rnr 192 moncel 156 parar 210
le 186 mont 156 paren 203
lcbre 167 mora 162 parer 182
lei 209 morimen 215 paret 193
lenga 169 morir, mort 172 parsela 154
leuh 159 mosca 164 part 154
leu 155 mossegar 167 pas 178
leum 196 most 189 pasca 213
levar 207 mostrar 185 paser 166
levat 188 mudar 206 passar 178
liar, liadura 19~ mut 175 pastre 200
lim, limos 158 mur 193 patz 210
lin 190 pecat 214
lingut (a. prov.) 169 naiser 172 pegola 157
lisa 190 nap 196 peira 157
locha 210 nar 169 peis 165
lombric 165 nas 169 peitz 171
lop 167 nat 172 pel 168
lot 157 (ne)bot 203 pena 166
luchar 210 negar 172 penche 192
luec 156 negre 180 penre 178
lumbril (gasc.) 171 neotz 207 pera. 197
niela (a. prov.) 161 percebre 182
no 191 perdre 207
ma 153, 170 noiritz 181 perir 172
magre 188 nom, nomar 185 persega 197
mai 216 nora 203 pes 186
mairitz 200 nosas 122, 204 peskye (gasc.) 16.5
maisela 169 notz 197 pezar 186
malh 202 nozar 191 pi 163
malva 161 nuech 153 pineda 163
mane 175 nuou 153 pisar 176
mandragora 161 piular 166
manega 191 oblidar 182 piuze 164
manolh 198 obrir 148 pizar 188
mar 158 oire 189 planher 183
maridar, marit 204 olier 202 planta 159
marme 157 olla 189 plantage 161
martz 216 olme 163 plazer 183
masele 199 ombelic 171 ple 154
mastegar 176 ome 173 plegar 178
mazelier 207 oncle 203 plom 157
mel 201 onda 158 poble 208
menar 200 ongla. 170 poder 184
ment, mentir 182 ora 216 polgar 170
rnenut 154, 171 ordi 195 polmon 171
merda 176 ordir 190 polpa 170
merenda, merendar 187 orp 175 pom 197
merla 166 ors, orsa. 167 ponh 170
mes 216 orzol 174 ponher 211
mesel (a. prov.) 208 os, ossos 168 ponre 178
mezola 168 ost 210 pont 206
miegdi 153 oste 205 popar 205
miegluoc 156 porc, porca 199
mieia nuech 153 pagar 210 porquier 199
mirar 183 paiser 200
pal 193 porsel 199
moc 174
mol 155 palha 195 porta 193
mola 198 palma 170 preponer 182
molher 173 palomba 166 prcsega 197
molsa 189 pan 188 p(r)estrc l H
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a:. Mih§.escti

pre(v)eire 214 ser 216 trama 190


pretz 207 sera 216 trametre 206
preza, prezador 211 serra 202 treblar 183
primavera 153 servar 215 trefuelh 195
pruna 197 ser(ve) 208 tremblar 183
pud.ir 179 servir 208 trist 183
pudor 179 set 176 trobar, trovar 183
setmana 216 tronc 160
querre 184 seu 188 tusir 174
quet 155 sezer 178
siular 205 uelh 169
ram 160 so 205 uis 193
rar 155 sobrar 183 uisol 193
rasclar 190 soflar 177 umplir 154
rauba 102 soflet 177 uou 166
razina 160 sofrir 183
rebondre 172 sogre 203 vaca 199
redon 155 som 177 val 156
repausar 172 sometre 191 vas 189
respondre 185 sonar 205 vauc 178
ret 28 sorbir 176 vedel 199
rezina 163 soritz 167 vena, venos 16 8
riba 156 sorre 203 ·1enar 20 l
rimar 165, 199 sort 175, 212 veudre 207
rire 183 sufrir 183 venir 178
ris 183 suzor 177 venser 211
riu 158 ventre 171
roda 206 talhar 19S ver 153
roi 180 taur 199 verga 192
roire 167 tcca 210 vergat 180
romiar 199 tciser 190 ·1erm 165
ronha 174 tela 190 verre 199
rozer 167 telli 163 versar 200
ruda 161 temcr 183 vert 159, 180
rumar 165, 199 temor 183 vertut 18-i
tcmps 153 ves 161
sa 174 tenda 193 vescos 181
sadol 176 tendiyo 190 vesiga 171
sael 174 tenir 178 vcsina 176
saeta 210 tenre 17 3 vespa 164
saint 215 terra 156 vestiment(a) 191
sal 188 terra.tremol 38 veta 191
sallir 178 test 189 vczcr 179
saludar 205 testa 169 vezin, vezinetat 205
salvatge 167 teta. 171 vi 189
sanar 174 teza 163 vibra 165
sanc, sancnos 168 tina. 28 vida 199
sangnar 168 tiz6 194 vielh 153, 173
santat 174 tomba 215
vinasa 189
saut, sautar 178 tondre 200
vinha 197
sautse Hl3 torbar 183
seguel 195 torna.r 206 vinier 197
sela 206 torser 190 viu 172
selva 167 tort 190 viure 172
semblar 155 torta 188 volcr 181
semenar, semenira 198 tortor 166 volp 167
senh 181 tos 174 voitor 166
sentir 183 traire 178 votz 185

RHETO-ROMAN
abater (engad.) 184 age (frioul.) 189 aAiider (engad.) 205
ab. (engad.) 191 agl (engad.) 196 ai (frioul.) 196
aduzi (frioul.) 206 agne (engad.) 200 alaiA (engad.) 209

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Index 663

alfiva (engad.) 192 chiizzer, chiizzamainta fafa (engad.) 169


alf (engad.) 180 (a. engad.) 192 fain (engad.) 195
almeri (engad.) 199 ci el (engad.) 104 fa ne (frioul.) 194
alver (cngad.) 207 cierliel (engad). 181 fals (frioul.) 169
amarez~a (engad.) 179 ciguola (engad.) 104 fam (engad., frioul.) 176
amda (engad.) 203 cil (frioul.) 104 famal'a (engad.) 203
amer (engad.) 179 cima (engad.) 174 fari (frioul.) 202
amna (a. frioul.) 171 cirescha (engad.) 197 farina (engad.) 188
amura (engad.) 162 cited (engad.) 208 farine (frioul.) 188
an (engad. frioul.) 216 clamer (engad.) 185 fasa (engarl.) 191
ane (engad.) 192 cner (engad.) 187 fase (frioul.) 191
a fie (friou 1.) 200, 230 comprer (engad.) 207 faser (engad.) 191
ansei·1er (sursylv.) 184 corda (engad.) 205 fat (frioul.) 184
anvida (sursylv.) 184 costa (engad.) 171 fatse (frioul.) 169
ara (friou 1.) 198 cristiaun (engad.) 214 faulS (engad.) 169
aradiira (cngad.) 198 fave (frioul.) 196
arc (friuol.) 210 da (frioul.) 207 faver (a. engad.) 202
areder (engad.) 198 dan (engad., frioul.) 209 favrer (engad.) 216
arer (engarl.) 198 dav6ni (frioul.) 178 fcdâ (frioul.) 17 3
ari~ (frioul.) 198 dedal (frioul.) 191 fcil (engad.) 171
arK. (engad.) 210 demander (engad.) 185 feivra (engad.) 174
arkobeudo (frioul.) 117 der (engad.) 207 fel (frioul.) 171
arma (engad.) 210 der!er (sursylv.) 208 fen (frioul.) 195
arme (frioul.) 210 di (frioul.) 185 fer (engad.) 184
armer (engad.) 210 dir (engad.) 185 fet (engad.) 184
arrir (engad.) 183 diredzi (frioul.) 208 feva (engad.) 196
arsiira (engad.) 194 disliariya (frioul.) 206 fevrar (frioul.) 216
aruede (frioul.) 206 diskolts (frioul.) 97, 192 fi (frioul.) 203
(a)rundzol (engad.) 174 diskolza (frioul.) 192 fiere (frioul.) 174
ascoltcr (engad.) 179 dizlea (frioul.) 198 fil (engad., frioul.) 190
auk (sursylv.) 203 dizvidrii\i (frioul.) 117 fil' (engad.) 203
aungcl (engad.) 214 dobler (engad.) 185 fil'a (engad.) 203
aur (frioul.) 79 doi (frioul.) 104 fi6 (engad.) 171
avost (frioul.) 216 dola (frioul.) 193 fiSt (sursylv.) 210
anil (frioul„ engad.) 216 dolts (frioul.) 179 fiyastri (frioul.) 203
a·rnost (engad.) 216 dom (engad.) 208 fiyat (frioul.) 171
domeisti (engad.) 199 fiye (frioul.) 203
domenie (frioul.) 216 flame (frioul.) 194
baiver (engad.) 176 don (engad.) 208 flamma (engad.) 194
balz (frioul.) 191 dormir (engad.) 177 flok (engad., frioul.) 190
barbe (frioul.) 169 dret (engad., frioul.) 170 fnestra (engad.) 193
baselgia (engad.) 214 dua (engad.) 189 făg (engad.) 194
besa (engad.) 28 duc (engad.) 179 fol (a. engad.) 202
bifol ( sursylv.) 205 dul, dulair, dulur (engad.) fol(e) (frioul.) 202
bo (frioul.) 199 183 forfes (frioul.) 191
bouf (engad.) 199 dumble (a. frioul.) 208 forlfo (frioul.) 198
braide (frioul.) 124 dumen~a (engad.) 216 forn (trioul.) 202
brajas (engad.) 191 duona (engad.) 208 forsch (engad. 191
bras (frioul.) 170 durmu (frioul.) 177 f6ti (frioul.) ) 176
brut (frioul.) 102 durmir (engad.) 177 fourlfa (engad.) 198
briit (engad.) 102 dus (engad.) 104, 128 fraid (frioul. )) 181
buin (frioul.) 186 dzemi (frioul.) 183 frain ( engad. 206
bulfo (frioul.) 117 dzenoli (frioul.) 170 frari (frioul.) 203
bun (engad.) 186 dzinar (frioul.) 203 freia (engad.) 161
buot (engad.) 189 dzindzie (frioul.) 169 frer (engad.) 203
biizen (engad.) 205 dzudis (frioul.) 209 fresk (ftioul.) 124
dzug (frioul.) 205 frizi (frioul.) 188
dzura (frioul.) 185 frunt (engad.) 169
caina (engad.) 187 dzurament (frioul.) 185 friit (engad.) 214
eaira (engad.) 104, 201 dzuva (frioul.) 205 fug (frioul.) 194
cep (cngad.) 189
ffu~ir (engad.) 178
cerlfor (engad.) 184
cet (trioul.) 26 emda (engad.) 28 fui (frioul.) 178
chalandra (engad.) 34 era (engad.) 198 fulin (engad.) 194
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564 H. Mihll.eseu

fum, fuma (frioul.) 194 Ifarger ( engad.) 206 larma, larmer, larmus ( engad.)
fiim, fiimer (engad.) 194 Y.ariâ ( frioul.) 206 183
fuorn (engad.) 202 Y.arn ( engad„ frioul.) 168 1asâ ( frioul.) 184
fus (frioul.) 190 Y.arta (engad.) 205 lascher ( engad.) 184
fiis (engad.) 190 lfarte (frioul.) 205 lat ( engad.) 189
fusau (sursylv.) 208 lCata (frioul.) 184 lats ( frioul.) 201
fuster (engad.) 176 )faun ( engad.) 199 latsch ( engad.) 201
Jfavaj§tre (engad.) 206 laudâ (frioul.) 185
Y.aval (frioul.) 199 launa ( engad.) 190
galaida (engad.) 189
~ani' (engad.) 199 Java ( frioul.) 192
gali ne ( frioul.) 199
Jia·1estri ( frioul.) 206 leâ (frioul.) 198
gangiva (engad.) 169
lia·,,.ra ( frioul.) 200 lendzi (frioul.) 176
gat (engad.) 128
!faza (trioul.) 193 Jenge ( frioul.) 169
ge (engad.) 205 KC'Ha ( engad.) 200 leungua ( engad.) 169
gemer (engad.) 183
~eza (engad.) 193 leva ( frioul.) 207
{:(ender (engad.) 203
Jiier (engad.) 176 Jier (engad.) 198
gent (engad.) 208
klaf ( frioul.) 193 li mari (sursyJ•1.) 199
gilina (engad.) 199
klamâ (trioul.) 185 lin (frioul.) 190
gnir (cngad.) 178
klcf ( engad.) 193 l'in (engad.) 190
gole (trioul.) 169
){Ji r (a. engwl.) 198 lint ( frioul.) 196
gran (frioul.) 195
k6fcn ( engad.) 200 li ts ( frioul.) 190
grancr (engad„ frioul.) 195
gras (engad., frioul.) 181 kode ( frioul.) 167 liums (frioul.) 196
komprâ (trioul.) 207 loder (engad.) 185
graU11 (engad.) 195
konsor(engad.) 203 liindefdf (engad.) 216
gruoi\er (cngad.) 199
gudger (a. engad.) 209 konsoYrin (frioul.) 203 lunis (frioul.) 216
glidisch (engad.) 209 kon-1ifl.i (f rioul.) 205 luata (engad.) 210
guost (engad.) 179 kopa ( cnga<l.) 189 luter ( engad.) 210
gU.rer, gliramaint (engad.) 185 korcye ( frioul.) 191 luvri ( frioul.) 199
gust, gustă (frioul.) 179 koruna (engad.) 215
guster (engad.) 179 kostâr ( frionl.) 172
koufer ( engad.) 188 mai (trioul.) 202, 216
guven (engad.) 173 mail (engad.) 197
koyostre (trioul.) 200
koverdor ( frioul.) 26 mais (engad.) 216
icfna (a. cngad.) 199 kraier (engad.) 213 maisa (engad.) 193
il'a (cngad.) 171 krdcr (engad.) 172 mal' (engad.) 202
(i)neâ (frioul.) 172 krcste (friouJ.) 199 man (frioul.) 153, 170
ingancr lengad.) 200 kriaint (engad.) 211 manga (engad.) 191
ingunul'ier (engad.) 170 krodi (frioul.) 213 manf:cr (engad.) 176
(in)sanganâ (frioul.) 168 kros (trioul.) 213 man•1al' ( engad.) 28
intra (frioul.) 178 ieru§ (engad.) 213 mar ( frioul.) 179
intrer (engad.) 178 kuarp (frioul.) 168 mard'i (engad.) 216
inzenoglâ (frioul.) 170 liiidera ( engad.) 189 marid (engad., frioul.) 204
i~i (frioul.) 178 kuei (frioul.) 198 maridâ (frioul.) 204
kuese (frioul.) 170 marider (engad.) 204
kueste (trioul.) 171 martes (frioul.) 216
kăbri (frioul.) 28 marts (engad., frioul.) 216
kuk ( frioul.) 166
lfadaina ( engad.) 171 masfer (engad.) 176
kul (trioul.) 171
k'.adena (frioul.) 171 JHU (engad.) 171 maschel ( engad.) 199
Y.ader (frioul.) 178 kunat ( frioul.) 203 ma§ela (engad.) 169
1'.adin (frioul.) 189 kuoft ( engad.) 193 maslfa ( frioul.) 176
Y.af ( frioul.) 169 kuort ( engad.) 208 maskli (frioul.) 199
lia.ldiere (f rioul.) 189 ku~ter (engad.) 172 matsiik (engad.) 210
li.alY.a (frioul.) 178 kuzdrin (engad.) 203 maun (engad.) 170
1'.allfafl. ( engad.) 170 kuzi ( frioul.) 191 meg ( engad.) 216
li.altsa. (frioul.) 192 kuzir (engad.) 191 meger (engad.) 188
Y.ameze (frioul.) 191, 270 mei (frioul.) 195
k'.amischa ( engad.) 191 meil (engad.) 20 1
Jfamp ( engad., frioul.) 198 la ( frioul.) 178 mel' (engad.) 195
)fan (frioul.) 199 Jadrâ ( sursyl·1.) 199 menă (frioul.) 120, 200
li.anf (engad.) 190 Jăgrime (frioul.) 183 mentir (engad.) 182
)fantă (frioul.) 205 merda ( engad.) 176
Y.antar ( engad.) 205 lait (frioul.) 189
merkuld.1 (engad.) 2 lb
Y.anuos (engad.) 28 lane ( frioul.) 190 mes (frioul.) 216
)far (engad.) lard (engad., frioul.) 188 mierde (frioul.) 176

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Indes 585

mierkus (frioul.) 216 pantse (f rioul.) 171 porta (engad.) 193


mierli (frioul.) 166 paraid (engad.) 193 povel (engad.) 208
mil (frioul.) 201 parair (engad.) 182 praya ( engad.) 211
minut (trioul.) 171 pare (trioul.) 182 pruna ( engad.) 197
mirer (engad.) 183 parent, parenta (sursylv.) 203 pser ( engad.) 186
miriâ ( frioul.) 200 paret (frioul.) 193 puarte (frioul.) 193
mirinde (frioul.) 187 parint (frioul.) 293 pudair (engad.) 184
mner ( engad.) 200 partscheiver (a. engad.) 182 piierk (engad.) 199
mola ( engad.) 198 pas (engad.), frioul.) 178 puint (frioul.) 206
m6lzi (trioul.) 200 pas (frioul.) 186 piilger (engad.) 170
more (trioul.) 172 pâsare (frioul.) 166 pulmun (engad.) 171
mort (engad.) 172 paschun (a. engad.) 200 pufi (frioul.) 170
mort (engad.) 172 pasi (frioul.) 200 punt (engad.) 206
most (trioul.) 189 paske (frioul.) 215 purschC, purschella ( cngad.)
mostra (frioul.) 185 pason (frioul.) 200 199
muart (trioul.) 172 Pasqua (engad.) 215 purtsiel, purtsine ( frioul.) 199
mudâ (frioul.) 206 passe (frioul.) 178 puschmaun (engad.) 153
muele (trioul.) 198 passer (engad.) 178
mul'P-r (engad.) 173 pastor (frioul.) 200 quaraisma ( engad.) 215
munger (engad.) 200 pastur (engad.) 200 quegl (engad.) 200
muok (engad.) 174 pa un ( engad.) 188 quin6 (engad.) 203
muong ( engad.) 28 pav6n (trioul.) 199
muost ( engad.) 189 pavun ( engad.) 199 radigle (frioul.) 26
mur (frioul.) 193 payâ (frioul.) 210 rain ( engad.) 171
miir (engad.) 193 payaun (engad.) 212 rascler ( engad.) 190
murir (engad.) 172 paye (frioul.) 195 respuindi (frioul.) 185
musser (engad.) 185 payer (engad.) 210 respuonder (engad.) 185
muycr (frioul.) 173 pech (a. engad.) 171 ridi (frioul.) 183
muzar (frioul.} 181 pelCad (frioul.) 214 ri ts (frioul.) 167
pel ( engad.) 168, 193 ri va (engad.) 128
pel ( frioul.) 168 romontsch. rumontsch 208
nafa (frioul.) 102 pene (frioul.) 166 ron l\eâ (frioul.) 199
nair (engad.) 180 per (frioul.) 197 rouda (engad.) 206
nas (frioul.) 169 perder (engad.) 207 rumiâ (frioul.) 199
naSer (engad.) 172 perir (cngad.) 172 rufiâ (trioul.) 199
nâsi (frioul.) 172 pes ( engad.) 210 ruogna (engad.) 174
nemal (frioul.) 199 peta (cngad.) 191
neri (fri oul.) 180 pe ten (engad.) 192 sabide (frioul.) 123, 348
nevot (frioul.) 203 pi el (frioul.) 168 saduol (cngad.) 176
noazzas (engad.) 204 pierdi (trioul.) 207 sagli r (engad.) 17 8
nom (engad., frioul.) 185 pietin (trioul.) 192 saif (engad.) 188
nomner (engad., 185 pievla (engad.) 157 sain (engad.) 171
flotsi s (trioul. 1 204 pinie (frioul.) 190 saira (engad.) 216
nuf (engad. 1 191 piorar (engad.) 200 sait (engad.) 176
nufar (a. engad. J 191 pisâ (frioul.) 176 sal (frioul.) 188
nuz (engad.) 197 piser (engad.) 176 saltâ (frioul.) 178
pizer (engad.) 188 saludâ (frioul.) 205
oast (engad.) 210 plfo (engad.) 214 saliider (engad.) 205
om (frioul.} 173 plandzi ( frioul.) 183 salvadi (frioul.) 167
ore (frioul.) 216 platse (frioul.) 98 samda (engad.) 99, 216, 348
orel'e (frioul.) 169 plaunger ( engad.) 183 san, sanâ (frioul.} 174
or ma ( engad.) 171 player (engad.) 178 sandet (engad.) 174
orv (engad.) 175 plaZair (engad.) 183 saner (engad.) 174
ova ( engad.) 189 plazi (frioul.) 183 sant, sent (frioul.) 215
pleâ (frioul.) 178 sas (frioul.} 98
pode (frioul.) 184 saun (engad.) 174
pai l (engad.) 168 polear ( frioul.) 170 saung (engad.) 168
pair (engad.) 197 pom (engad.) 197 schmerscher (engad.) 26, 178
pai s (engad.) 186 pome (frioul.) 197 scriver (engad.) 205
pal' a (engad.) 195 l pondi (frioul.) 178 scrua (engad.) 199
palmon (frioul.) 171 sdrami (engad.) 26
pan (frioul.) 188 po:lii (frioul.) 178
sedzer (engad.) 178
pani (a. frioul.) 195 porl~ar (frioul.) 199 sef (frioul.) 188
panis (frioul.) 195 porKer (engad.) 199 s6jel (engad.) 195
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H. llihle!eu

sekta ( engad.) 210 spia ( engad.) 19.5 trame ( frioul.) 190


sel ( engad.) 188 spina (engad.) 171 trembler (engad:) 183
sella ( engad.) 206 spinel ( engad.) 171 trimula ( frioul.) 183
semene (frioul) 198 spoglier ( engad.) 211 trist ( engad„ frioul.) 183
sementse (frioul.) 198 spondzi (frioul.) 211 tschaidra (engad.) 205
semner ( engad. 198 sta (f rioul.) 178 tsep ( frioul.) 189
sen ( frioul.) 171 stabli (frioul.) 199 tsevres ( engad.) 104, 128
sen (engad.) 181 stainscher (engad.) 194 tuart (friouJ.) 190
sench (engad.) 215 starnudă (frioul.) 177 tumbe ( frioul.) 215
sentir (engad.) 183 staungel ( engad.) 170 tuonder {engad.) 200
senzi (frioul.) 191 stenter ( engad.) 90 turner ( engad.) 206
sere (frioul.) 104, 201, 216 ster (engad.) 178 tuoss, tussir (engad.) 174
serkli (friouJ.) 181 sterniider ( engad.) 177
serni ( frioul.) 188 stevel (engad.) 199 uarb (friuuJ.) 17 5
seni ( frioul.) 208 §tierner ( snsyl·1.) 193 uardi (frioul.) 195
senir (engad.) 208 stope ( frioul.) 190 uder (engad.) 189
serv(o) (engad.) 208 stoppa (engad.) 190 uclir (engad.) 179
set ( frioul.) 17t> stramb (f rioul.) 181 uerdi (a. engad.) 195
seta ( frioul.) 184 stramuda (frioul.) 206 uin (a. engad.) 200
setemane (frioul.) 216 ~t ranuda ( frioul.) 177 ula (engad.) 189
sevole ( frioul.) 104 strendzi ( frioul.) 198 um (engad.) 173
sezule (frioul.) 198 styerni (frioul.) 193 umbrie (frioul.) 90
sgiir (engad.) 202 suart (frioul.) 212 ungla (engad.) 170
siale ( frioul.) 195 su ble (f rioul.) 202 unglih (engad.) 171
siare ( frioul.) 202 suerver (engad.) 176 uondscher (engad.) 200
siel ( frioul.) 174 sufler (engad.) 177 uorsa (engad.) 167
siele (frioul.) 206 sul·1edi ( engad.) 167 ura (engad.) 216
sierf (frioul.) 208 sun, suner (cngad.) 205 unii (frioul.) 190
sinize (frioul.) 194 suord ( engad.) 17 5 unlir (engad.) 190
sintl (frioul.) 183 sur (frioul.) 203 urlă (trioul.) 167
sir ( frioul.) 200 sfiur ( engad.) 177 urs (friouJ.) 167
siU (sursyl·1.) 210 sfivla ( engad.) 202 us (frioul.) 193
sive (frioul.) 196 sventuler ( rngad.) 198 u§, u§ol (engad.) 193
sivila (frioul.) 205 s·1olcr ( engad.) l6b uter (engad.) 213
slfala (engad.) 193 u·1e (trioul.) 197
slfalandrer (engad.) 216 taglier (engad.) 198 Qver (engad.) 199
slfalda ( frioul.) 192 tal'a ( frioul.) 198 uya (engad.) 197
slfandule ( frioul.) 193 taur ( frioul.) 199
sKarger ( engad.) 206 taya (engad.) 210
sKoder ( engad.) 192 tele ( frioul.) 190 vaindscher (eugad.) 211
skolta ( frioul.) 179 teme ( frioul.) 183 vair (engad.) 179
skrivi (frioul.) 205 temprif (f riouJ.) 216 vaira (a. engad.) 192
skrove (frioul.) 199 tempriv ( engad.) 216 valia (engad.) 199
skuindi ( frioul.) 184 tenar ( frioul.) 17 3 vas (trioul.) 189
skurye (frioul.) 202 tenda ( engad.) 193 vde (engad.) 199
skut (f rioul). 210 tendele (frioul.) 190 vedran (frioul.) .173
slint ( engad.) 210 tender ( engad.) 17 3 vegl (engad.) 173
skuts (a. engad.) 192 terratrembel ( engad.) 38 veider (cngad.) 28
slier ( engad.) 198 tesi ( frioul.) 190 vender (engad. )207
sofla ( frioul.) 177 tesser (engad.) 190 venderdi (engad.) 216
soffrir (engad.) 183 tete ( frioul.) 171 vendi (frioul.) 207
son (frioul.) 205 tgnair ( engad.) 17 8 vene (frioul.) 168
son (engad.) 177 tiem (engad.) 26, 158 venter (engad.) 171
sona ( frioul.) 205 tiessi (frioul.) 190 ver (a. engad.) 199
son~a ( engad.) 188 tiiii (trioul.) 178 verd (engad.) 180
sor ( engad.) 203 tizzun (a. engad.) 194 verdze (frioul.) 196
sort (engad.) 212 tomba {engad.) 215 verser (engad.) 200
sour ( engad.) 203 tor ( engad.) 199 vert (frioul.) 180
spade (frioul.) 104, 210 torme (frioul.) 200 vertieu (engad.) 184
spadula ( frioul.) 170 torte (fcioul.) 188 vestimaint (cngad.) 191
tortarele ( frioul.) 166 vete (frioul.) 191
speda (engad.) 104, 128, 210 tos, tosi (frioul.) 174 vidiel (frioul.) 199
spedla (engad.) 170 tost (en gad.) 189 vieli (frioul.) 17 3
spi (frioul.) 195 trafol (engad.) 195 vif (engad , frioul.) 172

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tudex 567
vigna (engad.) 197 visia (frioul.) l'il vuo~p ( engad.) 167
vin (engad., frioul.) 189 visie (frioul.) 171 vusch (engad.) 185
vina~ (sursylv.) 189 visti (frioul.) 191 vyodi (frioul.) 179
vinar (frioul.) 201 viver (engad.) 172
viiie ( frioul.) 197 vizin (frioul.) 205 zgabye (frioul.) 26, 174
viners {frioul.) 216 voli (frioul.) 184 inuol' (engad.) 170
vi fii {frioul.) 178 vos (frioul.) 185 zvintulâ {frioul.) 198
vintri {frioul.) 171 vulair (engad.) 184 zvolâ (frioul.) 166

ROUMAIN

a 143 adil'os (ar.) 183 ainte (a. dr.) 142


abat (ar.) 184 adineauri 142 aist(u), aistă (aistî),
abate 144, 184 adins 142 aişti, aiste (ar.) 138
abia 142 adinte (dr. reg.) 142 aiurea 142
âbu (ir.) 180 adînc 152 ajumitul, ajumita (dr. reg.) 223
abua 223 adînca (a. dr.) 152 ajuna 21, 26, 27, 214, 388
abur(e) 223 adîncare (ar.) 152 ajunge 178
ac 191 adînci 152 ajuta 117
acasă 142 adormi 177 ajutor 145, 205
(a)caţl (ir.) 1'18 adormu (ar.) 177 al' (mgl.) 196
acaţu (ar.) 178 aduce 144, 206 alag (ar.) 178
acăţa 26, 178 adumbrire 147 alaltăieri 153
acea 81, 82, 112, 138 adun (ar.) 198 (a)las (ar.) 184
acei 112, 138 aduna 198 alatru (ar.) 199
acel 81, 112, 138 adurâ (ir.) 198 (a)laţu (ar.) 201
acele 112, 138 adurmi (a.dr., dr. reg.) 177 alavdu (ar.) 134, 18.5
acelaşi, aceeaşi 112 aer 26, 27, 149 alăpta 251
aceră, aciră 166 aeră (ar.) 149 alăptedzu (ar.) 140
această 81, 82, 112, 138 aeri (ar.) 142 alături 115, 318
acest 81, 112, 138 aestu, aestă (acstî), alăvdăciune (ar.) 185
acestălalt 82 aeşti (ar.) 138 alb 78, 93, 102, 180, 389
aceste 112, 138 afară 142 albat (ar.) 148
aceşti 112, 138, (a)firescu (ar.) 211 albie 158
aci 86, 142 afirire (ar.) 144 albină 95, 134, 201
afla 103 albgină (dr. reg.) 13i
(a)cl'am (ar.) 185 afoară (ar.) 142 algină (dr. reg., ar.) 134, 201
acmu (a.dr.) 86, 107, 142 (a)frangă (ar.) 161 albire (ir.) 201
ac6 (ar.) 142 afreaţă (ar.) 145, 188, 217 albastru 145, 180
acolo 88, 115, 142 afum (ar.) 194 albeaţă 180
acoperi 84 afuma 194
(a)crescu (ar.) 172 albu (ar.) 180
afunda 152, 251 aleg (ar.) 184
acru 179
afundu (ar.) 152 alege 184
acşi (ar.) 86, 142
(a)fur (ar.) 217 aleptu (ar.) 217
acum 8G agăţa 26, 178 alerga 178, 210, 318
(a)cumpăr (ar.) 207
ager 186 alina 186, 204
adălag (ar.) 178 agest, agestru (dr. reg.) 158 (a)lingu (ar.) 176
adap (ar.) 200 (a)gine (ar.) 197 alinta 186, 204
adapâ (ir.) 200 (a)~ioc (ar.) 205 alior lGl
adăpa 200, 251 (a)gi.tă (ar.) 197 alt, altă 138
adăpost 210, 269 (agi.un (ar.) 214 altar 21, 26, 99, 213
adâr (ar.) 225 a~iundzeare (ar.) 178 altare (ar.) 213
adastu (ar.) 178 a~iundzire (ar.) 135, 178 altmintre 86
adăsta (a. dr., dr. reg.) 178 agiungu (ar.) 178 altminteri 142
adăuga 134 agiutor (ar., dr. reg.) 145, 205 alţare (ar.) 135, 148, 152
adăugea (dr. reg.) 134 agost (a. dr.) 216 alţu (ar.) 148, 152
adăvga (ar.) 134 agru (a. dr., ar., mgl.) 198, 217 al'u (ar.) 196
adecă (a. dr., dr. reg.) 142 ahtare (ar.) 138 Al'(u) (ir.) 196
adesea 86 ah(t)întu, ah(t)întă, aluat, aloat 188
adevăr (adv.; a. dr.) 142 ah(t)înţî, ah(t)înte (ar.) 138 aluât (ir.) 188
adevăr (subst.) 182 ai (dr. reg.) 196 (a)lumtă (ar.) 210
adia 227 aiepta (dr. reg.) 178 al'umtrea (ar.) H2
adică 142 a(i)eri (ar.) 153 la)lumtu (ar). 210
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S68 H. l\Uh111"SCTI

alun, alună 162 ancarc (mgl.) 206 apăr (ar.) 210


(a)luneca 145, 178 âncălţămînt (mgl.) 192 apăra 26, 144, 210, 251, J 18
alunie (ar.) 178 âncl'id (mgl.) 193 apătos (a. dr., dr. reg., ar..
(a)lunica (dr. reg.)178 ancl'in (mgl.) 213 mgl.) 150
alunicare (ar.) 145 ancl'inăciun (mgl.) 213 Apţ (ir.) 150, 189
alunga 144 ancres (mgJ.) 149 apir (ar., mgl.) 148, 217
(a)luptu (ar.) 210 ancurun (mg!.) 215 apfrire (ar.) 125
al'urea (ar.) 142 :Îndes (mgl.) 154, 155 (a)plec (ar.) 178
(a)lureca (a. dr., dr. reg.) 178 andireg (mgl.) 208 apleca 144, 178
am 140 andrea 227 (a)plicare (ar.) 178
amar 179 (a)ndulţescu (ar.) 179 apoi 115, 142
amare (ar.) 158 anfaş (mgl.) 191 apos 150
amăgi 212, 231 :Înfrunzori (mgl.) 160 aprinde 96, 144, 194
amănar (dr. rcg.) 194 angan (ar., mgl.) 200 (a)prinde (ir.) 194
amănunt 142 an~edzu, an~eare (ar.) 172 aprindu (ar.) 194
amărame (ar.) 115 an~ies, an~iari (mgl.) 172 (a)prir (ar.) 26, 216
amăreaţă (ar. dr. reg.) 179 anAiur (ar.) A185 aproape 115, 142
amărunt 112 ~ngraş, ~n~răşari (mgl.) 181 aproliu (ar.) 178
(a)mbuc (ar.) 169 angusteaţă (ar.) 152 apropia 178, 251
ameninţa 184 angustedzu (ar.) 140, 152 apu (mgl.) 150, 189
(a)meastic (ar.) 188 angustu (ar.) 152 apuc (ar.) 178
amesteca 188 anin (dr. reg., ar.) 163 apuca 178
(a)min (ar.) 200 anina 227 apun (ar.) 148
amindoanăle (ar.) 139 anină (a. dr., dr. reg.) 157 apune 144, 148
amindol' (ar.) 139 ~njur (mgl.) 185 apuneare, apunire (ar) 148
amintu (ar.) 207, 217 (an)mar (mgl.) 179 ar (ar., mgl.) 198
amiră(u) (ar.) 208 anmul'ari (mgl.) 155 ara 198
amiridz.are (ar.) 26 ânmutQs (mgl.) 175 arA (ir.) 198
(a)miridzu (ar.) 200 anod (mgl.) 191
0 aradză (ar.) 148
amin (ar.) 153 ( a)not (ar.) 178 aralfo (ar.) 211
amina 153 ansar (ar.) 178, 181! aramă 157
aminar (dr. reg.) 194 (an)sar (mgl.) 26, 188 arană (ar.) 132
amindoi, amindouă 139 (an)săr!itură (ar.) 188 arap (ar.) 211
amînduror 139 ansor (mg!.) 204 arar (ar.) 155
(ă)mnA (ir) 178 ~nspicat (mgl.) 195 arareori 142
amnar 194 ~nspum (mgl.) 158 arat (a. dr., dr. rcg., ar., mgl.)
amnare, amnear (ar.) 194 (an)sud (mgl.) 177
amnari (mgl.) 178 (a)nsurA, (ă)nsurâ (ir.) 204 146, 198, 217
4mnu (mgl.) 178 ansurdZQS (mgl.) 175 aratru (ar.) 146, 198, 217
amorţi 172 antrari (mgJ.) 178 araţe (ar.) 149
ampar (ar.) 182, 211 :Întreb (mgl.) 185 arăcoare (ar.) 149
'!-mpar (mgl.) 211 antru (mg!.) 178 (a)rădăţină (ar.) 160
ampărţos (mgl.) 154 ânturb (mgl.) 183 arăpas (ar.) 172
ampeadic (mgl.) 201 anţărţ (dr. reg.) 142 (a)răpăsedzu (ar.) 172
'!-mpirat (mg!.) 208 anţărţu (ar.) 142 (a)răşcl'itor (ar.) 190
'!-mplin (mgl.) 154 ~nţileg (mgJ.) 182 arătură 145, 198
ampl'u (mgl.) 154 (a)nţing (mgl.) 191 (a)rău (ar.) 186
amput (ar.) 179 anume 142 arbor(e) (dr.) 159
amu (ar., dr. reg.) 86, 90, 142 (a)numir(e) (ar.) 170 arbur (mgl.) 159
(a)mură (ar.) 162, 199, ~71 (a)nutare (ar.) 178 arbur(e) (ar.) 159
amurţăscu (ar.) 172 (a)nves (mgl.) 191 arburet (ar.) 145, 159, 217
amurţos (mgl.) 172 a'nves(ti)mint (mgl.) 191 arc (dr., mgl.) 26, 210
(a)muţăscu (ar.) 175 (an)visez (mgl.) 177 arfior (ar.) 145, 174
(a)muţi 175 anzănucl'u, şnzinucl'u (mgl.) arcu (ar.) 210
an 216 . 170 ard (mgl.) 194
~n (ir.) 216 aoaltari, aoartari (ar.) 153 arde 96, 194
(a)nalt (mgl.) 152 Arde, (ă)rde (ir.) 183
aoa(ţe) (ar.) 142
analt(u) (ar.) 152 ardu (ar.) 194
analţare (ar.) 148 aodzu (ar.) 140 areapită. (ar.) 166
analţu (ar.) 148, 152 (a)par (ar. ) 182 areate (ar., a. dr. 200
'!-ncalic ( mgl.) 206 aparA (ir.) 210 ar\'l (ir.) 192
~ncalţ (mgl.) 192 apare (a. dr.) 150 arete (a. dr., dr. reg., ar.) 200,
(a)ncalţu (ar.) 192 apă 150, 189 217

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Index 569

ar~te (ir.) 200, 217 ascundu (ar.) 184 aumbră, aumbrare,


argea 217, 222 ascuns 140 aumbros (ar.) 147
argint 22, 26, 157 ascutur (ar.) 198 (a)ungu (ar.) 200
arici 26, 167 ascuţi 202 aur 26, 79, 157
ariciu (ar.) 167 asemăna 155 aură (dr., mgl.) 149, 217
arie (dr., a. ar.) 198 asin (a. dr .• dr. reg.) 199, 217 (a)urăscu (ar.) 181, 183
ariiă (mgl.) 198 âsir (ir.) 199, 217 aurit (ar.) 181, 183
arin 125, 16], 367 asînedzu (ar.) 26 aurlător (ar.) 167
arină (ar., a. dr., dr reg.) 21, (a)spar (ar.) 183 (a)urlu (ar.) 167
26, 157, 217, 389 aspel (ar.) 192 auş (ar., a. dr.) 173, 203, 217
aripas (ar.) 172 asplingu (ar.) 183 auşel 173
(a)ripă (ar.) 156 aspru 26, 155 auşu (ar.) 217
aripă 166 (a)spun (ar.) 185 avde (ar.) 134
ariră (a. dr., dr. reg.) 157 astă, aste (dr. reg.) 138 avdu (ar.) 179
(a)rîd (ar.) 183 astal'u (ar.) 198 avea 84, 107, 113, 117, 141, 208
(a)rim (ar.) 16.5, 199 astăzi 142 a·1earc(ar.) 141
arindură, alindură (ar.) 95, 125,(a)steptâ (ir.) 184 avere (dr.) 141
16<> astimpăra 183 a•1in (ar.) 201
(a)stîngu (ar.) 170, 194 avinatic (ar.) 201
arindurică (ar.) 166
astorcu (ar.) 200 avinător (ar.) 201
(a)rîile, arîi1os (ar.) 174
astruca (a. dr .. dr. reg.) 193 avînd 114, 140, 141
arîs (ar.) 183
astupa 230 a·1înda(lui) (ar.) H 1
ariu (ar. ) 158
asud (ar.) 177 ană (ar.) 149, 217
arm (a. dr., dr. reg.) 170, 217
asuda (dr.) 177 an1m (ar.) 141
arma 210
(a)sudoare (ar.) 177 a•mrăm 141
armi 210
asun (ar.) 205 avuse 140
armăsar 26, 199
asupra 143 a·mseasim (ar.) 141
armig (dr. reg.) 233
(a)surdzăscu (ar.) 175 a ·1usesem (dr.) 141
armân (ar.) 133, 208
(a)surzi 175 a·,rut 85, 140, 141, 208
armâname (ar.) 145
asvingu (ar.) 211 ani (ir.) 179
armu (ar.) 170, 217
aşa (dr.) 86, 115, 142 azboair, (a)zbor (ar). 166
arnatic (ar.) 145
aşchie 26, 96, 194 259 azi 115
amicl'u (ar.) 171
aşcl'e (ar.) 194 ' azvimtur (ar.) 149, 198
arniu (ar.) 145, 217
aşed(zu) (ar.) 178 az·1ingu (ar.) 211
aroamig (ar.) 199
aşeza 97, 178 azvom (ar.) 158
(a)roată (ar.) 206
aştepta 184
aroauă (ar.) 150 (ă)ncâţa (ir.) 192
(a)şteptâ (ir.) 184
arod (ar.) 167 ănc(ă)rcâ (ir.) 206
aşteptu (ar.) 184
aroibu (ar.) 180 · (ă)ncl'ide (ir.) 193
aşterne 193, 25 1
arost(r)u (ar.) 169 (ă.)n~-reabâ (ir.) 185
(a)şterne (ir.) 193
(a)roşu (ar.) 180
aşternu (ar.) 193 ăntreg (ir.) 154
arsură 194
aşternut 193 ănţinze (ir.) 191
arţar 225
aştirnut (ar.) 193 ănvcşti (ir.) 191
arudzină, arudzinedzu (ar.) 157
(a)ştirnutedzu (ar.) 177 ărpe (ir.) 156
(a) rugă. (?.r.) 206, 217 ăst, ăşti (dr. reg.) 138
(a)rumăga (a. dr., dr. reg.) 199
atare 138
arumin (ar.) 217 atinge 178
babă 239
arunca. 178 atît, atîtă 115, 135, 138
atîţi, atîte 138
baci 223
aru(n)care (ar.) 178 baie 260, 362
(a)runcu (ar.) 156, 178 atunci 115, 142
baieră 227
*aţare 368
arungu (ar.) 156 balaur 223, 228
aţă 191, 250, 318
arupas (ar.) 172 bală. 177, 223 228
aţţi (ir.) 191
(a) rus (ar.) 180 bal'ă (mgl.) 177
Arusale (ar.; pi.) 215 aţel,. aţea, aţel', aţei, aţeale,
aţeah (ar.) 138
baliga 223
aruşină. (ar.) 163 baltă 223
aţestu, aţeastă, aţeşti,
aruşine, amşune (ar.) 186 balţ (dr. reg.) 191
aţeaste (ar.) 138
arvele 226 baiţu (ar.) 191
aţine 178
ascaldu (ar.) 192 ba!'u (ar.) 225
aţipi 177
(a)scap (ar.) 178 bane (ar.) 362
aţiră (ar.) 166
ascapit (ar.) 148 barbă. 78, 169
aţîţa 194, 251
asculta (dr.) 179 bârbf (ir.) 169
ascultu (ar.) 179 auri (a. dr., dr. reg., ar.) 197
barcă 316
(a)scutâ (ir.) 179 august 26 bardzu (ar.) 223
ascunde 144, 184 auleu 225 barză 30, 223

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570 H •. Mihăescu

bască 223 bine 86, 115, 135, 142 brazdă 125, 2-10
baserica (ir.) 214 bir beaţi ( mgl.) 200 brăcilă, brăcile (dr. reg.) 191
bas~1 2'10 birbeaţe (ar.) 200 brăcină, brăcinar 121
baş (mgl.) 205 birbec (ar., mgl.) 200 brăciră, brăcire (dr. reg.) 121.
başu (ar.) 205, 217 bisearică (ar., mgl., a. dr.) 214 191
bată (dr.) 191 biserică. 72, 79, 81, 99, 231, brăţară 192
batiz (mgl.) 214 389 brăţat (ar.) 145, 170
bau 223 hi şi că (ar., mgl. J 171 brei 225
"bauă 223 biş(i)keclzu (ar) 171 hrincă (a. dr., dr. reg.) 167,
băga 223 bisocă(mgl.) 171 223
băiat 227, 260 hi~;mă (mi::I.) 176 brinduşă 225, 226
Ml (bal, b,·J) 239 bi tÎrnu (ar.) 17 3 hrinză 223
bălega 223 bitorn (mg!.) 173 hriu 223
bărbat 122, 173 hit~şă 223 broască 165
bărbătame (ar.) H5 bi'tol 167, 239 broatec 165
hărhinţă 226 hica 223 hroatic (ar., mgl., dr. reg.) 165
harbută (ar.) H5, 217 hilbiit 26 brod 2-10
băscarciL (ar.) 2M bile 223 brotac (dr.) 165
bf1scarecă (a. dr.) 214 bir 223 brumă 26, 150
liăsearică (ar., mg!., a. dr.) liirfl 223 brusture 222, 223
214 hînlan 239 bruş 226
băş(c)arc (ar.) lOi, 135 liirnă 30 bua 223
bflŞi 176 birsă 223 bubă 239
liăsica 171 bită. 227 huf1r (a. dr.) 388
hfl~ică 26, 171 l>itcă 227 buc 223
bă~i nii 176 lilaji 11 239 bucată 32, 169
Mtaie 1-15 blană 239 bucate (pi.) 32, 34, 96
Mtrin 24, 93, 125, 1'15, 173 blarc (a. dr.) 178 hncft 20, 32, 89, 103, 107, 117.
bătrînă 79 blf1m ( hlcm) (a. cir.) 178 169
băţ 227 l>lr1111aţi (blemaţi) (a. dr.) 178 bucălat (dr.) 169
băut 85, 88 l·Iestl'ma 29, SO, 117, 125, 231, huci!. tărie 96
băutor 176 389 buche 2-10
băutnr;\ 176 hlid 239 bucin, bucină (a. dr., dr. reg.)
b~ (ir.) 176 blin<I, hlimleţe 186 205
bea R-1. 107, 113, 176 lilin<lur (ar.) 186, 217 bucium 205, 308
beat X.'i, 93, 125, 176 blinzi (a. cir.) 186 buclă, burliţă (ar.) 365
beau (ar., mg!.) 176 lmacc (dr. rl'.·g.) 185 bucos 169
becisnic 239 boală 2.'\9 bucsi 223
bejenii· 239
belci11!-! 239
boare 225 b11c~1ra 223
hoată 227 bucurie 30, 223
beli 2-10 hoaţe (ar.) 185 buil'stru 227
berbec(e) 200, 367 boli 239
berbinţ:L 226
buin (ar.) H5
bogat 93, 102 bulbuc 26
berc 227 ho(g)daproste 2-10 hukă 232
bernc·1eci 270 boier 239 lmlgăr 227
lws (mg!.) 176 holi 239 bulz 223
bcseareC:i, hesearică (a. dr.) 2 H l>ulna·1 239, 345
hun 136, 186, 203
bes~rcca, hl's~rica (ir.) 214 bolo·1an 239 bunătate (dr., ar.) H5, 186
liesu (ar.) 176 boltă 239 bunătati (mgl., dr. reg.) 186
beşi 176 bombă(n)i 223 bunget 223
beşica (dr. reg.) 171 hordei 227
beşică (dr. reg.) 171
bunic, bunică 203
borţ, borţos 223 bur (ir.) 186
beşi nă 176
bosiioc (dr. reg.) 372 bura 239
b~t (ir.) 176 bot 119 bură 239
b~tă (mg!.) 191 boteza 26, 99, 214, 231
betăr (ir.) 173
burduf 223, 225
hoţ 227 burete 117, 125
beţit (a. dr., dr. reg.) 176 bou 199
beţiv- 176
buric 171
bour 26, 27, 167, 388 buricu, burigu (ir.) 171
beţîu (dr. reg.) 176 bracă (dr. reg.) 26, 191
beutură (dr. reg.) 176
burlan 227
brad 223 burtă 225
beznft 239 braţ 119, 135, 1 70 buştean 30
bgine (dr. reg.) 13'1 lm\ţ (ir.) 170 but 227
biiătură, biiutură (mgl.) 176 braţu (ar.) 135 butaş 227

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Index 571

bute 26, 121, 189, 231 caznă 240 că.prină (ar., mgl., dr. i:eg.) 200
buti (mgl., dr. reg.) 189 că 32 căprior 26, 145, 167
butuc 223, 227 căca 176 că(p)ta (dr. reg.) 184
butură 227 căciuă (ar., mgl.) 366 căpun (dr. reg.) 26
buturugă 227 căciulă 223, 366 căpuşă 223
buză 223 cădea 84, 117, 178 căpută 223
căfăres ( mgl.) 174 căra, cărare 206
căi 240 cărător (ar.) 208
ca 143 călar (ar., mgl.) 206 cărbune 157, 367
el (ir.) 199 călare 145 cărbuni ( mgl„ dr. reg.) 157
cac (ar., mgl.) 176 călariu (a. dr., dr. reg.) 206 cărbure (ir.) 157
cad\ (ir.) 176 călăras 206 Căr~iun (mgl.) 215, 35(
cad (ar., mgl.) 178 călăret 145, 206 căre (ir.) 199
căd (ir.) 149 ..:ălăreţu (ar.) H5, 206 cărindar (a. dr„ dr. reg.) 32,
cadţ (ir.) 178 călbează 223 37, 216
caft (mgl.) 184 călca 178 căroare (ar.) 149, 217
caftu (ar.) 184 călcâi (dr. rcg.) 170 cărtular (a. dr.) 205
caier 190 călcătură 312 cărturar 205
cair (ar., mgl.) 190 călciun(e) (ar.) 366 cărunt 135, 145, 180
cal 26, 95, 199 călcîi (dr.) 145, 170 căsar, căsaş, căsatnic (a. dr.)
calc (mgl.) 178 călcî11(u) (a. dr., dr.reg.) 204
calcu (ar.) 178 145, 170 dtsător (ar.) 204, 217
cald 149
călcînu (ar.) 145, 170 căsători 204
caldu (ar.) 149
călcQil ( mgl.) 170 dsătoriu (a. cir.) 204, 217
cale 92, 93, 103, 206
căldare 29, 121, 145, 189, 202 căsca 177, 231
căle (ir.) 206
căldari (mgl„ dr. reg.) 189 căscăun(d) (dr. reg.) 145, 186
caii (mgl.) 206
căldărar 202 căstîne (ar.) 26, 163, 217, 372
canură 190, 366
căldură 149 căstî1iu (ar.) 163, 217, 372
cap lOS, 136, 169, 258
căloare (ar.) 217 căstonă (mgl.) 163, 217, 372
capră. 200
d'tloari (mgl.) 217 căst9n(u) (mgl.) 163, 217, 372
clprţ' (ir.) 200
călugiir 72 căşare (ar.) 200
capre 104, 128
cămaşă 26, 97, 108, 191, 270 căşuna 184
ca pri foi 161
cămeaşă (ar., mgl., dr. reg.) căta (dr. reg.) 125, 318
căpu (ir.) 169
26, 97, 170 ciitină (ar.) 171
car 26, 128, 206
căme(a)şe (dr. reg.) 191 cătră (ar., dr. reg.) 14j
carabă 227
cămeşă (cir. reg.) 26, 97, 191, către 26, 143
c(a)rbur(i) (ir.) 157
270 cătun 223, 228
care 112, 138
cămţşţ (ir.) 191 cătuşă (a. clr., dr. reg.) 217
careva 138
cănoară (ar.) 366 ciituşc (ar.) 217
carie 23, 26
cănunt (dr. reg.) 180 căţa, căţaua (<Ir. reg.) 199
car(iu) 164
cănt (mg!.) 205 căţao (ar.) 199
carîmb(ă) 222
din tă (ir.) 205 căţari (mg!.) 178
carne. 121, 168
cănuşă (mg!.) 194 crtţauă (ar „ mg!.) 199
cârne (ir.) 168
cănut (ar.) 1'15, 180 căţăl (ar., dr. reg.) 199
carni (mg!., dr. reg.) 168
căpăstru 26, 206, 389 dtţel, căţea, căţeaua 199
carpen H5, 163
căpăta 205 căŢill (dr. reg.) 189
car pin (ar., mgl.) 145, 163
căpătîi H5, 193 căţîn(ă) (ar., a. dr .• dr. reg.)
carpuz (ar.) 196
car(r)ă (ar.) 168 căpătînu (a. dr„ dr. reg.) 193 189, 217
carte 26, 205, 231 căpăţînri 32, 33, 169 căţ9l (mg!.) 199
carti (mgl„ dr. reg.) 205 căpăţc,mă (mgl.) 169 căţ~m (mg!.) 189, 217
casă 109, 136, 193 căpcstru 206 căţut (ar.) 202
casc ( mgl.) 177 căpeţea 281 căuta 184
cascu (ar. ) 177 căpeţeală 258, 392 căzni 240
căsţ (ir.) 193 căpeţel 169, 258, 291 ce 80, 82, 112, 138
case 109, 136 căpistearc (ar.) 189, 217 ceafă 223
castan 163 căpistcari (mgl.) 189, 217 ceapă 22, 23, 26, IOJ, 104,
castru (ar.) 26 căpester (a. dr.) 189 108, 117, 196, 372, 388
caş 200 căpistere (dr. reg.) 189, 217 ceară 80, 104, 135, 201, 223
c㧠(ir.) 200 ceas 240
căpitinu, căpitîl'm, căpitunu
caşu (ar.) 200 ceaslov 240
caţă 227
(ar.) 193
ceată 240
cauc (a. dr., dr. reg.) 189 căpitan (mgl.) 193 ceaţă 150
cazanie 240 căpiţină (ar.) 169 ielar (a. dr„ dr. reg.) 193, 217

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572 H. Mihăcscu

celălalt 82, 138 ciocîrlie 223 cl'eptu (it.) 171


*ceni!;'ă 96 cioi 227 cleşte 239
cenuşă 96, 108, 121, 19-4 ciondăni 227 el' id (ar.) 193
cep 189 cir 32 cl'ingă (mgl.) 191
cepar (dr. reg.) 196 cin\ (ir.) 187 clisură (ar.) 32
cer 22, 26, 103, 104, 107, 148, c~răş, ciraşă (dr. reg.) 197 coacăză 223
163, 372, 388 cireadă 239 coace 84, 96, 188
c!reaşă 26, 108, 197, 333 coacin(ă) (a. dr., dr. reg.) 200
cerc 181
cerea (dr. reg.) 22, 26, 117, cirea.o;;e (ar.) 197 217, 379
cireş 197 coadă 78, 167
184
cireşu (ar.) 197 coadă ba tură (ar.) 166
cercăta (a. dr.) !Si
cir!;'CSCll (ar.) 184 coa~_ărăbadără (mgl.) 166
cercel 192 citi 2·i0
cerceta. 29, 14."i, 184 coa1a 30
ciucă 223
cere 184 coamă 32, 33, 69, 199
cerăş, cereş (dr. rcg.) 197 ciudă 239 coapsă 22, 26, 170
cer(e)aşă (dr. reg.) 197 ciuf 227 coardă 205, 230
ceresc 148 ciul 227 coarnă 197
cergă 239 c~umă 26, 17-4, 231, 37-4 coasă 2-40
ceriuresc (a. dr.) 1-48 ciump 223 coase 80 97 191
cerneală 2-40 c!umulii.:11. (mgJ.) 17-4 coastă 171 '
cerne 121, 125, 188 ciung 223 coaţin(ă) (ar., mgJ.) H5, 200.
cerni 2-40 ciup 223, 227 217, 379
cernut 125 ciupi 223 cuhlezan, coblizan 223
cerşi (dr., ir.) lSi ciur 125 coc (ar., mg!.) 188
certa 26, 185 ciut (şut) 223 cucă 226
cet, cela (a. dr., dr rcg.) 155 ciine 26. 199 COCt"an 239
cetate 26, 92, 103 1'15, 208 , cimp 198 cocîrlă 227
3SS ' cimpu (ar.) 198
coconar 226
tetâte (ir.) 208 cind 116, 1'12 cocoş 30, H6
cetcră (<Ir. re:;.) 205, 3H cir.du (ar., a. dr.) li2 codă ba tură (dr. reg.) 166
ce·1a 112, 13S cin<ba 138 cod~ (ir.) 167
cheag 200 cine (ar .. dr. reg.) 26, 199 codirlă 223
cheit: 78, 193 cinepă 26, 190, 3-43 3-4-4 372 codobatură 134, 166
"0 3"1
0 • • •
c h ema o codru 32, 36, 156, 256
185 • 8-4 • 93, 108, 113, c~nipă (ar., dr. reg.) 190
coi 171
cheutoare, cheotoare (dr.) 191 crnta 26, 8-4, 205 coif 210
chilie 257 c~ntec 32. 33, 69, li.5, 205 c9(i)ni (mg!.) 199
chingii 21, 26, 191, 255 c~ntic (ar., dr. reg.) 205 coiuf (a. dr.) 210
chiti 227 cmtu (ar.) 205 cojoc 125, 239
ci li3 circă 239 col'(ir.) 171
c!ămu(li)gă (mgl.) 17-4 c.irciun, Criciun (ar.) 215 351
c1rlan 227 ' colac 2·!0
c~coare 32, 34, 161, 2 31
c1mce(a) 26, 5 cirleagă (ar.) 2 H colastră (dr. reg.) 200, 369
9
cina 96, 121, 187 cirmă, cirmi 240 colibă 239
cină, 79, 80, JOS, 187 cirn 239 colindă 32, 34, 2-40 351 393
cinci 78, 80, 83, 107 110 135 c~rnat, cirnaţ, cirnaţi (dr.) 188 coli-tă 2-40 '
139 ' • • c1rneleagă 214 colţun (dr. reg.) 366
c~rpă~or (dr. reg.) 26, 3i7
col'u (ar.) 171
cincisprezece 83 110 c1rste1 239 col'ubu (ir.) 166
cincizeci 83, 110 cîrtiţă 239
colun 239
cine 82, 112 138 cişleagă (ar.) 214
comînda (a. dr .• dr. reg.) 215
cine·1a 138 ' cişlegi 214
c9mp (mg!.) 189, 198
cingătoare 191 cîştiga 26, 207
cc,mipă (mgl.) 190
c!nge ~a. dr .• dr. reg.) 135, 191 cit 138 conopiştiriţă 239
cinteza 227 ciţi 79, 104, 128
CQnt, CQntic (mg!.) 205
cinuşă (mg!.) 194 ciţut (ar.) 202
copac 223
cinuşe (ar.) 194 cl'ag (mg!.) 200
copcă 239
cioacă 225 cl'aie (a. cir.) 193
copt 85, 135
cioară 223 cl'am (mgJ.) 185
coptu (ar., a. dr.) 135
cioareci 227 clădi 240
coptură 188
cioban 200 cl'eag (ar.) 200
cl'eai(e) (ar.) 193 corabie 240
cioc 223 cl'eili (pi.; mgl.) 193 coraslă 26, 200, 369
ciocan 223, 239 • cl'emâ (ir.) 185 corarst(r)ă (dr. reg.) 26, 200

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·Index· 573

corb 26, 166 cucă (ir.) 178 cunoaşte 182


corbu (ar„ ir.) 166' cucă 226 cunos( c) ( mgl.) 182
corindă. (dr. reg.) 32 cuceri, cucernic, cucernicie 211 cunoscu (ar.) 182
corn 107, 167, 197 cucui 166, 226, 272 cunoscut 113, 114
cornu (ar.) 167, 197 cucul' ( mgl.) 166 cunoşte (ir.) 182
corn(u) (ir.) 197 cuculiciii (ar.) 226 curiu (ar., ir., dr. reg.) 193
cornut 26, 145, 167 · cucul'u (ar.) 166, 226 cununa i3, 215
co roabă. (dr. reg.) 166 cucură 286 cunună 26, 135, 215
corombă, corumbă. (dr. reg.) cucurbetă, cucurbătă (dr. reg.) cupă 26, 107, 121, 189, 365
26, 166 26, 196 cupisteari (mgl.) 189
corp 168 cucuruz 226 cuprinde Hi, 178
cucută 26, 95, 161, 372 cuptor 22, 26, 121, 202, 363,
corpu (ar.) 168
corumb~ (ir.) 166 cudubatură (ar.) 166 388
corună, (dr. reg.) 215 . cufăres (mgl.) 174 cuptură (ar., dr. reg.) 188
cos (ar., mgl.) 191 cufunda 152 cur 104, 119, 158, 171
cose (ir.) 191 cufureală, cufoare (dr. reg.) cur (ar.) 217
cosi 2i0 174 cura (a. dr., dr. reg.) 26, 125,
cositor ~39 cufurescu (ar.) 174 217
cosiţă. 239
cufuri 174
cu~eta 26, 182
curao (ar.) 191
cosor 239 curastă (dr. reg.) 26, 200
costeliv 239 cui 26, 193
curai;tră (ar., dr. reg.) 200
coş 26, 239 cuib 93, 103, 166
cuibar 166 curat 26, 115
coşciug 239 cură.tură 120
coşniţtt 239 cuibu (ar.) 166
curcubătă (dr. reg.) 196
cot 26, 170 culastră (ar. mgl.) 200, 369
curcubetă (ar., dr. reg.) 26,
coteţ 239 . cul'b (mgl.) 166
culbec 223 196, 217
cotorbatură (dr. reg:J.166
coţcar 239 ·· cul'bu (ir.) 166 curcubeu 117, 125
crac, cracă. 239 culc (mgl ) 178 cure (a. dr., dr. reg.) 158
crap 2-iQ culca 178. curea 191
culcu (ar.) 178 cur(e)auă (ar., mgl.) 191
Crăciun 215, 351 .
„Crăciune, *Creciune ·(a,r.) 351 culeg (ar.) 198 curechi (dr. reg.) 196
crăpa 117 culege Hi, 198 curge 158
crăpat 85 culmă (ar.) 156 curind 114, H2
creangă 239 culme 26, 156 curm, curma, curn1ei,
culmi (mgl.. dr. reg.) 156 curmeziş 223, 225
creastă .2Q, 26, 156, ' 199, 388
cred (ar.) 213 cum H2 curnut (ar.) 145, 167
cumatră (dr. reg.) 343, 344 curpăn 223
crede 123, 213
credinţa (a. dr., dr. reg.J 213 cumatru (ir.) 345 curs 85, 158
cumătră 343, 344, 345 cursură 158
credinţă 23, 103, 123, 213
cremene 239 cumătră (a. dr.) 343 curte 26, 27, 120, 125, 208,
eres (ttigl.) 172, 204 cumătrie (dr. reg.) 344 292
cumătru 343, 34.i, 345 curubiţu (ar.) 166
crescu. (ar.) 204
cr~şte 84, 113, 117, 172, 204 cumătru (a. dr.) 343 curun (ar., mgl.) 215
cr~şte (ir.) 172 cumeatră (a. dr., dr. reg.) 344 curuna (dr. reg.) 215
cumeta (dr. reg.) 184 curună (ar., mgl., dr. reg.) 215
creştin 99, 214
creţ 2,23 cumetră (a. dr.) 3i3, 34.i curundu (ar.) 142
cristelniţă 240 cumetrenie, cumetrie 343, 344 curura (a. dr.) 215
cumetru (a. dr.) 343, 34i curură (a. dr.. dr. reg.) 215
criştin (ar., mgl.) 214
crivăţ 239 cumineca 26, 214 cuscru 32, 37, 69, 203, 346
crîng 239 cumînda (a. dr.) 215 cuscri (ir.; pl.) 203
croi 240 cust (a. dr., dr. reg.) 172
cum indu (ar.) 215 custa (a. dr.' dr. reg.) 172, 217
cruce 26,, 78, 79, 99, 103, 107,
213 ' cumînic (ar.) 214 custă (ar.) 172, 217
cumnat 26, 79, 80, 203 cusurin (ar.) 26, 135, 203, 217
crud 78, 79, 107 cuşmă 239
crunt 168, 211 cumnât (ir.) 203
cutare 139
crunta (a. dr., dr. reg.) ' cumparâ (ir.) 207 cutedzu (ar. ) 184
168, 211 cumpăr (ar., mgl.) 207 cutez (mgl.) 184
cruţu 223 cumpăra 207 cuteza 22, 26, 184, 231
cruţe (ar.) 213 cutezâ (ir.) 18i
cumpăt 3i6
cruţi (mgl.) 213 cutre(a)m(b)ur (ar.) 156
cu 86, H2, 143 cumpli (a. dr.) 211 cutreiera Hi, 178
cuc 66, cumplit 211 cutrem, cutrom (ar.) 156
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574 H. Mihăescu

cutremur 156 deschide 144, 193 disca.ccu (ar.) ~Oo


cutremura 144, 156 descînta 212 discintu (ar.) 212
cutrubată (ar.) 166 descuia 193 disc9nt (mg!.) 212
cutrumuredzu (ar.) 156 desculţ 97, 192 disculţ (mgl., dr. reg.) 192
cuţăt, coţ9t (mg!.) 202 desculţa (dr. reg.) 192 disculţu (ar.) 192
cuţit 93, 202 descurca 190 disfaş (mgl.) 191
cuţut (ar.) 202 desfăşura lH, 191 disfaşu (ar.) 191
cu·1endă. (ar.) 185 desfrina 206 di sic (ar.) 194, 217-
cu·1eni 205, 346 despărţi 154 dispart (mgl.) 154
cu·1j i nţă 205 despica 194 dispartu (ar.) 154
cu·tint 7, 32, 36, 185, 346, 388 despre 143 displec (ar.) 217
despuia 21"1 dispol' ( mgl.) 211
destoinic 239 clispol'u (ar.) 211
da (·rcrbel 113, 117, 141, 207
deşert, dc!'erta 154 dişertu (ar.) 151
dă (ir.) 207
deşi 143 · dişcl'id (ar., mgl.) 191
dacl 14.3
deşidera (a. dr.) 26, 183 diş9rt (mgl.) 154
dalb 180
deşterne 251 ditru (ar.) 143
daltă 223, 228
c\eştindc, rleştingc (a. dr.) 178 dizgl'cţu (ar.) 151
damarfţf (ir.) 216
detuna 151 di zici:;- (ar., mgl.) 198
dap (mg!.) 200
detună (ar.) 151 diz11erdu (ar.) 204
daş 223
deunăzi H2 dizvescu (ar.) 217
dator 26, 207
dezbăra 2::!7 dizvoc (ar.) 211
datora 207
dezbrăca 26, 191 dimb 225
dau (ar., mg!.) 207
claună 26, 209
deferA (ir.) 151 dînsul, dinsa, dînşii, dînsele
*da11nu (a. dr.) 209 dezct (ar.) 170 (dr.) 138
dezi;:-heţa 15 l dirstă 22J
clărim (ar.) 160
dă.rima (cir.) 26, 103, 160, 223
dezlega 198 dirz 239
dezmierda 20-t doagă 189
dărui 2-40
cl(•Z"feşte (a. dr.) 191, 217 doamnă 71\. 136, 208
dlsculţ (mg!., dr. reg.) 192
deZ"leŞti (a. dr.) 191 doar. doară 143 · ·
dăuna 209
de(z)·1oca (dr. reg.) 211 c1,,auă (ar., a. dr.) 139
de 1-12. 113
di (ar., dr. reg.) 143 dobindi HO
deacin[1r far., a. cir.) 182
dearlum (ar.) 1-12 di - a - ·1c·r (ar.) 182 dogar 202
didind•_· (ar.) 112 doi 8.1, !Oi, 110, 128, 139
deaneanora (ar.) 142
<lihnea, dehoca (dr. reg.) 211 doică (daid1) 227
dl'ajiin (ar., mg!.) 190
dtmica (a. dr., dr. reg). 17<> doilea 110, 1.39 ,
deasupra 142
dimi1wasta (mgl.) 216 cloi nă, dai 11ă 225, 228
de - a - ·ieru (ar.) 142
dimineaţa 86, 216 doini, dăi11i 225
rleazit (ar.) 170
deci 115, 113 dimîndare, 1limimlăciune (ar.) doi!.prezccc 83, 110, 139
decinde 142
185 domest"ic 199
<lecit 112 dimîwlu (ar.) 185, 217 d1111111 IJ6' 208
dimneaţi\ (ar.) 216 domnu (a. dr., ar., mgl., ir.)
ded"i (cir. reg.) HO
rl1·di11 (a. cir.) MO din 143 208
dinainte 14::! dor (dr., ar„ mg!.) 183
dedu (a. dr., ar.) 140
dindărăt H2 dor (ar.) 183
defaimă (a. dr.) 205
defăima 205
di1lic (ar.) 176 dor (mgl.) 193
1\egera 11-i, 151 di ns pre 14 ."i dorm ( mgl.) 17 7
degt>t 119, 170 di ntc 169 dormi 81, 113, 117, HO, 177
dint(e) (ir.) 169 dormi ta .145, 177
degetar 1-45, 191
dinti (mg!., <Ir. reg.) 169 dormu (ar.) 177
dcmica (a. dr., dr. reg.) 176
dintre 86, 113 dos 78, 171
demîncaţ{1, dcmî(n)reaţă (a.
dr.) 216 dintru 115, 143 do!>pi 210
dipun (ar., mg!.) 178 două 110, 139
deoarece 115, 143
dircgator (a. dr.) 208 douăzeci 83, 110, 139
depfina 144, 190
direge (a. dr„ dr. reg.) 208 do·1edi 240
deprinde 144, 204
dirept (a. dr.) 170 drac 32, 34, 215
depune 114, 178
d(i)rept (mg!.) 170 dnk (ir.) 215
derege (a. dr., dr. reg.) 208
d(i)reptu (ar.) 170 drag 9j; 239
dercpt (a. dr.) 170
deretica 227 di rimare (ar.) 26 drege, dregător 208
discalic (ar„ mg!., dr. reg.) 206 *drepănea (a. dr.), drepnea 166
des 154, 155
descăleca 14-4, 206 discalţ (mg!.) 192 drept 22, 26, 78, 170, 251, 388
descălţa 192 di scalţu (ar.) 192 droaie 223
descărca Hi, 206 disca.rc (mg!.) 206 drob 210

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Index 575

drojdie 240 dzînă (a. dr.. dr. reg.. ar.) fărinos (ar .• dr. reg.) 188
druete 223 212 fărîma, fărîmă 223
drui 223 dzîţire, dzîţeare (ar.) 134 fărmăca, fărmeca (a. dr., dr.
drum §li dzîuă (a. dr„ dr. reg.) 134 reg.) 212
duc (ar., mgl.) 206 dzracă· (mgl.) 148 făşa (dr. reg.) 191
ducaţi 10'1, 128 dzuuă (ar., a. dr.) 134, 153 fâşioară 26, 191
duce 20,6 făt 173, 344
dugar (ar.) 202 H'tta 173
e (a. dr., ar.) 26, 143
duhovnic 240 făurar 26, 216
ea 107, 138 feamin (ar., mgl.) 26, 173
duios 183
el, ei 111, 138 feată (ar„ mgl.) 173
dulce 179
episcop 103, 345 febră 174
dulcoare (a. dr., dr. reg.) 179
era (a. dr.) 141 fecior (dr„ ir.) 173
dulţe (ar. ) 179
eseu (ar.) 141 feciu (a. dr„ ar.) 140
dulţi ( i:ngl.) 179
eşti 85. 141
dumăriică (mgl.) 216 felie 96
eu 82, 111, 137
dume(a)s(t)nic, dumestec (dr. femeie 26, 203, 388
reg.) 199 fereastră 26, 193
dumica 76 fac (ar., mgl.) 184 fereca 202
duminică 1'15, 216 face 29, 117, 184 feri 211, 227
dumire)iţ (ir.) 216 fachie, fachiu (a. dr., dr. reg. ferice (=ferici) (a. dr.) 183
duminică (ar.) 145, 216 19'4 ferice (dr.) 183
Dumnăză.u, Dumnezău, Dum- fag (dr., ar., mgl.) 163 ferici 183
nizău (dr. reg.) 213 fag (a. dr„ dr. reg.) 201 *fericica (a. fir.) 183
Dumnezeu 213 fagur(e) 201 fericie (a. dr.) 183
Dumnitlzău (ar., dr. reg.) 213 falcă 32, 37, 169, 284 fericire, fericit 183
Dumnizo, dumnizes (n1gl.) 213 famăn (a. dr.) 173 ferie 227
dungă 2'10 famen 26, 173 ferigă 125
dupac 227 fapt (a. (dr„ ar.) 85, 113 ferişca, ferişcat (dr. reg.) 183
după (fir., ar.) 86, 115, 1'13 fapt, faptri (dr., ar.) 184 fermeca 212
dupleca (a. dr.) 185 faptu (ar.) 18'4 fet (ar „ mgl.) 17 3
dura 193 fară (dr. reg„ ar.) 232 fet(u), f~t9 (ir.) 173
durari ( m gl.) 183 farfurie 125 feţor (ir.) 173
'durţ (ir.) 183 faric (mgl.) 202, 217 fi (dr„ ir.) 172
durea 26, 183 · farirţ (ir.) 188 fiamin (mgl.) 173
dureare (ar.) 183 farmac, fărmac (ar.) 212 fiară 167
durmi (a: dr., dr. reg., ir.) 177 farmăc, farmăce, fiastră (a. dr., dr. reg.) 203
durmi(n)ta (a. dr., dr. reg.) 177 farmăci (a. dr.) 212 fiastru (a dr„ dr. reg.) 26,
durmitez (mgl.) 177 farmec, f.armece 212, 231 145, 203
duroare (a. dr., dr. reg.) 26, fasolă 372 ficat 171
183 faşă 22, 26, 191, 366 ficât (ir.) 171
duşman 30, 345 faşe (dr. reg., ar.) 191 ficior (ar., dr. reg.) 173
dzace (ar., a. dr., dr. reg.) 178 făşe (ir.) 191 fiecare 112, 115, 138
dzadă (ar .• dr. reg.) 163 fot (rngl.) 184 fiece, fitcir.e, fitn m 138
dzamli (ar .• dr. reg.)' 188 fată 173, 3H
fier 78, 107, 157
dzaţe {D:r.) 139 faţă 23, 26, 169, 3H
fierbe 121, 188
dzăci ,dr. reg.) 134, 139 fană (ar.) 196
fiere 171
dzăţi (ar.) 134 faur (dr. reg.) 202, 216 fige (a. dL) 211
dzeace (a. dr.) 139 favru, favur (ar.) 202 fii că 203
dzeadzir (ar.) 151 făcut 85, 113
fiin (a. dr.) 203
dzead(z)i t (ar.) 170 făget 163
fii', fil'a (ir.) 203
dzeamit (ar.) 183 făină 96, 135, 188
filmă (dr. reg.) 232
dzeanc (ar.) 169 făinos 188
fimeie (dr ri-g.) 203
dzem (ar.) 183 fălcare (ar.) 208
fin 26, 27, 203, 347
flzer (ar.) 151 fămeaie (a. dr.) 26
fior, fioros 17'4
(d)zeu, (d)zău (a. dr.) 213 fămeal'ă (mgl.) 203
fir 26, 134, ISO
fămeal'e (ar.) 26, 203
dzidzitar (ar.) 191 firest(r)ă (ar.) 193
fămeie (dr. reg.) 203
dzindzie (ar.) 169 fănină, fănină (dr. reg.) 188 fires (mgl.) 211
dzinire (ar.) 203 făptură 26, 104, 168 fiţor (mgl.) 173

dzinucl'u (ar.) 170 fără 86, 115, 143 fiu (subst.) 203
făreca (a. <lr.) 202 fiulare (dr. reg.) 206
dzî (ar.) 153 fin 195
făricare (ar.) 202
dzîc (ar .• dr. reg.) 185 fărină (ar., mgl„ dr. reg.) fînaţ 125, 145, 195
dzîce (di. reg.) 134 96, 135, 188 fîntînă 132, 145

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576 H. Mihăescu

flacără. 194 frimintu (ar.) 188 fumar (ar.) 202


flamă (ar .• dr. reg.) 194 frinţel (ar.) 174 furnic (ar.) 164
flam•md (ir.) 176 friptură (dr„ ar.) 188 furnica 164
flamură 301 frînc (a. dr.) 208 fumicll. 78, 108, 109, 164,
flămind 145, 176 frîncu (ar., a. dr.) 208 174
flămund (a. dr., dr. reg., mgl.) frînge 168 f(u)rniga (ir.) 164
176 frîngu (ar.) 168 furnigă. (ar., mgl., dr.) 164,
fi' er (ir.) 157 frîmte (ar.) 169 fumu (ar.) 26, 104, 202, 217,
floare (dr., ar.) 109, 160 frîmturft (ar.) 168 363
floari (mgl., dr. reg.) 160 frin (ar.) 26, 206 furt (dr., mgl.) 209 ·
floc 26, 190 frină (a. dr.) 206 furtişag 209
flocc•s 190 frint 110 fus 190
fior (ar.) 217 frîntură 168 fusate (ar.; pi.) 208
flucos (ar.) 190 friu 26, 206 fuscel, fuşcel (dr. reg.) 190
fluier 223 fn,rn (mgl.) 206 fuseasem (a. dr.) 141
flumin (ar.) 158, 217 fr9ng (mgl.) 168 fuseasim (ar.) 141
flutur(e), flutura 164, 223 frumos 181 fusetu (a. dr.) 141
foaie 160 frun(d)ză (ar.) 160 fuşt (mgl.) 217
foale (dr., ar.) 171, 202 frunte (dr„ ar„ ir.) 169 fuşta.-:: (a. dr.) 210
fual'e (ar.) 160 fru11ti (mgl„ dr. reg.) 169 fuşte (a. dr„ dr. reg.) 210
foali (mg!., dr. reg.) 171, 202 frunz[:. 160 fuşte (ar., mgl.; pl.) 210
foame, foamete 96, 176 frup~ 22, 26, 104, 107, 214, fuştel {dL reg.) 190
foamene (a. dr.) 176 388 fuşt(i) (mgl.) 190
foamită, foamite (ar.) 176 fsat (a. dr„ ar.) 208, 310 fut (ar.) 141
foarfecă, foarfece 191 fu (dr., ar.) 84, 85, 111 fut (ar., mg!.) 176
foarfică (ar., mgl., dr. reg.) fug (ar .. rngl ) 178 fu tă (ar.) 141
191 fug[t 115, 17S fute (dr„ ir.) 176
foarfiţ (mgl.) 191 fugi lîli
foarte B6, 142 fui (dr., ar.) 111
gâbir (ir.) 180
foc iS, 80, 93, 191 fui11r 190
găbu (ir.) 217
fofeaz:1 227 tuiu (a. d~.) lil
galben 26, 115, 180
foi 202 fulg 227
galbin (ar., mgl„ dr. reg.)
foic•" 160 fulger 151
145, 180
fole (ir.) 171, 202 fulgera 11-i
galgur, gangur (ar.) 32, 166
fol.c· (ir.) 160 fulidzine (ar.) 194
gal'ira (ir.) 145, lQ9
folo>i 30 ful'ini1 (ar.) 200, 217
gard, gan.lină. 223
fome (ir.) 176 fulingine (dr. reg.) 194
garmi {mgl.) 165
fomcie (dr. reg.) 203 fuJ'or (ar„ mgl.) 190
gata 223
forfeca 191 fum (ar.) li 1
gaucă 225
fost, fostă 85, 111, 141 fum (dr., ar., mgl.) 194
gaură (dr„ mgl.) .156, 181
frag 161 fuma 194
ga·rră (ar.) 156, 181
fragă (dr., mg!.) 16 1 fumeal'ă ( mgl.) 203
gădun (mgl.) 197
fragL"<l 181 fumeal'e (ar.) 203
găinat (ar„ <ir. reg.) 199
frapsin, fră.psinet (ar.) 163 fumeie (dr. rcg.) 203 găinaţ 26, 145, 199, 382
frasin, frăsinet (dr., mg!.) 22, fumega 194 găină ~45, 146, 199
26, 163 fumu (a. dr.) lil
gălbează 223
frâsir (ir.) 163 fund 26, 152
găleată. 189
frate S2, 122, 203 funda(lui) (ar.) 141
găl'ină (ar., mgl.) 145, 199
frâte (ir.) 203 fundu (ar.) 152
găoace 225
frati (mgl., dr. reg.) 203 funi(n)cel (a. dr., dr. reg.)
găoază 225
frămînta 188 lH gără(e)scu (ar.) 166
frănt:ltură (mgl.) 168 funingine 194 gărnuţ (mgl.) 195
freca 26, 103, 101, 128 fur (ar„ mgl.) 209 gărnuţu (ar.) 145, 195
frenc ( mgl.) 208 fur (a. dr., ar„ mg!.) 209 gărunţ (mgl.) 195
frică 231 fur (a. dr„ mgl.) 217 găsi 227
frig (dr., ar., mgl.) 149, 188 fura 209 gă.stîne (ar.) 163
frige 26, 96, 121, 188 furâ (ir.) 209 găteje (pi.) 227
frigur (mgl.) 174 furcă 20, 26, 109, 198 găucă 225
fure-că. (ar.) 143 ge(a)măt (dr.) 183
frigură (dr. reg.) 174
furidzină (ar.) 194 geană 134
friguri (pl.) 136, lH furincel (dr. reg.) 174 geaspc (ar.) 164
friguros (dr., ar.) 149 furingină (dr. reg.) 194 geaspi (rogi.) 164
frimint (mgl.) 188 furk~ (ir.) 198 geme 22, 26, 169, 18l.

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Index 577

genuchi, genu(n)chea gorun 226 gurgui 171


(a. dr., dr. reg.) 170. grajd 239 gurgul'u (ar.) 171
genunchi 119, 170 grangur (dr. reg.) 32, 33, gurlez (mg!.) 199
genune 227 166 gurft.edzr, gurnescu (ar.) 199
ger l.H grapă 223 gust 179
germ (~r.) 165 gras 181 gust (dr. reg.) 216
gheaţă .80, 108, 151 grâs (ir.) 181 gust (mg!.) 179
gheb 119, 175 gratie 26 gust (ir.) 179
ghem 97, 119, 191 graur 166 gusta (dr.) 179
gheucă 225 grădină 125, 239, 345 gustă (ir.) 179
ghiară 225 grăi 240 gustă (ir.) 179
ghimpe 223 grămadă. 240 gustu (ar.) 179
ghindă 2b, 136, 163 grăndine (ar.) 151 guşă 223
ghindură (a. dr.) 26 grănuţu (ar.) 195 guşter 239
ghiogă 223 grătar 188 gută (dr. rcg.) 26
ghiuj 223, 228 grău (ir.) 195 gutăi' gutăie (dr. reg.) 26,
gine (dr. reg., ar.) 134, 142 grăunte 195 197, 231
ginere 203 grăunţ(ă) (dr. reg.) 195 gutîi, gutiie (dr. reg.) 197
gingie 169 greaţă 145 gutînu, gutîft.e (dr. reg.) 197
gingină (dr. reg.) 377 greblă 239 gutui, gutuie 26, 197, 231,
gint (a. dr.) 26, 208 grec 208 379
gioi (ar., dr. reg.) 216 gregu (ir.) 208 gutunar (a. dr., dr. reg.) 174
gione (ar.) 173 greier 164 gutuft.ă (mgl.) 197
gios (dr. reg.) 135 grcir, grier, grior(e) (dr. reg.) gutmiu, gutuft.e (ar.) 26, 197
giudeţu (ar.) 209, 217 16'1 guturai 174, 379
giudic (ar.) 209 gresie 223
giudicată, giudicător (ar., greşi 30 yeaţă (ar.) 172
dr. reg.) 145 greu, greutate 81, 155 yiaţă (mg!.) 172
giug (ar., dr. reg.) 135, 206 grijă 239 yiyinţ (ar.) 139
giune (dr. reg.) 173 grindă 239 yiies, yiiiri (mgl.) 172
giuneâpine (ar.) 162 grindina (dr.) 151 yin (ar.f 189
giungu (ar.) 199 grindină 136, 151 yin, yineare (ar.) 178
giur (ar.) 185 grindine, grindene (a. dr., yioară (ar.) 161
gîure ·(a.dr., dr. reg.) 173 dr. reg.) 151 yipt(u) (ar.) 187
gidila, gîdili 223 yis (ar.) 177
grindineadză (ar.) 151
gilcă 239 yită, yite (ar.) 197
griv 239
gîndac 239 yiţauă (ar.) 199
griie (pi.; dr. reg.) 195
gingav 239 yiţăl (ar., dr. reg.) 199
grîn (ar.) 195
ginsac 239 yiu (ar., mg!.) 172
grinar (dr., ar.) 195
gîrb, gîrbov 239
grinaţă (ar.) H5
girîi, gîrăi (dr.) 166
grîndină (ar.) 151 habă 227
girlă 239
grîne (pi.; dr., ar.) 195 hamei 239
girnuţu (ar.) 195
griu 195 · hameş 223
giscă (gînscă) 239
grîuri (grîure) (pi.; a. dr.) har bur (ir.) 159
git 225
gl'arme, gl'erm(i) (ir.) 165 195 harbuz (dr. reg.) 196
glas, glăsui 240 grinuri (pi.; ar.) 195 (h)armasar, (h)armăsar (dr.
gl'ate (ir.) 151 grinuţu (ar.) 195 reg.) 27, 199
gl'eaţă, gl'eţu (ar.) 151 groapă 125, 223 hălpi 227
gl'em (ar., mgl.) 191 groază 239 hămesi 223
gn;m ( 111 gl.) 195 băţ 30
gl'eţ (mgl.) 151
gros 155 hău 227
gleznă 239 groza·1 239 neamin (ar.) 173
gl'indă (ar., mgl.) 163 grui(c) (dr. reg.) 166 lieare (ar., mgl., a. dr.) 141
gl'inde (ir.) 163 grumaz 223 heaţă 227
grumul'cu (dr. reg.) 156 lieavră (ar.) 174
gloată 240
grunrnr (ar.) 156 ner (ar., a. dr., dr. reg.)
gl'om (ar.) 191 grn1ic·dzu (ar.) 199 157
gogă 223 grunz 22.1 Iierbu (ar.) 188
gogoriţă 223 gulastră (mgl.) 200, 369 berete 227
gulie 239 ni (ar.) l'll
gol 93, 239
gună (ar.)26 liiari (mgl., a. dr.) 171
goni 210 gură 78, 89, 104, 112, 169 niastru, liiastră (a. dr. reg.)
gorgoază 227 gur~ (ir.) 169 203

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578 H. Mihăescu

Jiic (ar.) 26, 134, 197, 217 iele 226 îmbrăcăntiilte 191
liicat (ar., dr. reg.) 171 iepure 26, 167 îmbrinci '167
liică (ar.) 26, 197 ier ( mgl.) 157 îmbuca 32, 169
liie (dr. reg.) 203 ierb (mg!.) 188 îmi 137
liil'e (ar.) 203 ieri 115, 112, 153 împăca 69, 98, 125, 210
liil'eastră (ar.) 203 iernatec. iernatic 115, 212 împăra (a. dr„ dr. reg.) 211
liil'eastru (ar.) 145, 200 ierta 23, 29, 209 împărat 32, 37, 136, 208,
l:iil'in (ar.) 26, 27, 230 ies (mg!.) 178 262
llil"or (ar.) 203 iesle 239 împărăteasă 43, 262
liil'u (ar.) 203 (i)es(u) (ar.) 178 împărţi 154, 318
liim, nit (ar.) 141 ieşi, ieşit 110, 178 împerechea 125
hinag 227 ieşi, ieşiţi 318, 319 împiedica 201
liir (ar .. dr. reg.) 134, 190 iezt·r 239 împinge 211
liiull, li iolă ( = Ciulă, fiolă) ii (ir.) 178 împle(a) (dr. reg.) 154
(a. dr.) 206 iie (a. <lr .. dr. reg.) 171 împlini 154
liiu (ar.) 111, 172 I(i)sus HO împlînta 159
l:ii-Trescu, liivros (ar.) 174 ii', il'ă (mg!.) 203 (î).mpra(l (ar.) 211
hilb:! 227 il'e (ar.) 171 împrejur 112, 230
hirciog 30 im. ima, imală, imare, imă­ împresura 211
bircii 227 ciun0, imător, imos (dr. reg.) împreună 142
hir.ghil' 227 158 împrumuta 207
hirşie 227 imnu, imnarc (ar.) 178 împunge 211
hitru 239 imputa 185 imputa (a. dr„ dr. reg.) 185
hiţă 227 in (dr.) 26. 13-1, 190 împuţi 179
hiţina 227 inaţ (dr. reg.) 125 in 86
(h)oară 227 ilir1mă, i11ămos (mg!.) 171 înainte 86, 115, 112
hohoti 210 inel 192 înalt 26, 136, 152
horă 240 inimă 82, 89, 109, 171 înapoi 142
horcăi 227 inime (a. dr., dr., reg„ ar.) înarma· 210
horoi 227 109 înălţa 148, 1.52
horţi, horţiş 227 inimos (dr„ ar.) 115, 171 înăuntru 88, 142
hoţ 227 intra 178 încalţu (ar.) 192
hrană (dr„ ar.) 132, 240 intru, intrare (ar.) 178 încă 86, 125, 143
hrăni 30. 240 invita 181 îndi.leca: 26, 90, lH, 206
hrean 239 io 137 încălţa 192
Hristos 240 ir (mg!.) 190 încălţăminte (<le.) 192
hudă 227 iri (mg!.) 172 (in)căJţămint (a. dr.) 192
(h)ut[L 223 irimf (ir.) 171 înd1lzi 119
(h)utură 223 i~căli 239 încă.păta (a. dr.) 205
hututui 223 ismă 225 încărca 26, 111, 206
ispăşi 210 începe 184
ispită 210 încerca 181
i (ar„ a. dr.) 178 încet 22, 25, 26, 155
ispră·1i 210
-i (art.) 112, 111 înceta 155
işire (ar.) 178
iacă 112 închide 111, 193
iş9ri (mg!.) 178
iad 240 închina "i 13, 318
işti (dr. reg.) 138
ia.liră (ar., mg!.) 161 închinăciune 145, 213
iţ (dr. rcg.) 190
iapă 199 încindc (a. dr.) 194
iţă, iţe 131, 190
iăp!! (ir.) 199 încinge" 191, 194
iu (ar„ dr. reg.) 86, 112, 171
iar 113 incit 113 ·
iubi 210
iarb1 29, 161 (î)ncl'id (ar.) 193
iuo (a. dr.) 112
iărbţ (ir.) 161 încoa(ce) 142
iute 210
(i)aripă (mgl.) 166 încolo 142
izb;l:Ji 240
iărna. (ir.) 153 încotro 142
izbi 240
iarnă 26, 153, 212 încredinţa 213
izbîndi 240
iască 26, 194 încrunta 168, 211
izgoni 240
iaste (a. dr.) 111
izmană 239 încuia 193
iaşcl'ă (mgl.) 191
ÎZ"ICJr 239
iaz 239 încumătri, (în)cumctri
ic, ică (mgl.) 197, 217 îmă-ta (a.dr.) 203 (dr. reg.) 343, 344
icre 240 îmbă (a. dr.) 139 încumeta 184
ie 26, 32, 33, 191 îmbia (dr. reg.) 178
ied 200 îmblinzi 186 (în)cumeţi (dr. reg.) 184
iederă. 161 îmbrăca 26, 121 încununa 215

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Index 579

în cura, incu re (a. dr.' dr. reg.) întra (a. dr„ dr. reg.) 178 jumătate 88, 223
158 întrare, intrari, întrarem, în- junc 199
încurca· 190 traret (a. dr.) HO juncă 26, 199
îndărăt 115, 142 între H3 june toi, 136, 173
înde i43 întreba 185 juneapin (mgl.) 162
îndelete 223 întreg 154 jung (mg!.) 178
îndesa 154, 155 (i)ntreg (ar.) 154 junică (ar„ dr. reg.) 199
îndrăzni 240 întrema 227 junice (a. dr.) 199
îndulci 179 întrista 183 junincă 199
îndupleca 185 întru 1"13 jupin 233, 239
îndura 26, 183 întuneca, întuneric 117 jur 115, 230
îneca 172 intunerecare (a. dr.) 147 jur (mgl.) 185
inel (a. dr.) 192 înturna (dr. reg.) 206 jura 21, 26, 185
inemă, înemos (a. dr.) 171 înţelege 99, 182 jurămint (mgl„ dr. reg.) 185
înfăşa, irifăşura 191 inţelepciune H5, 182 jurămînt 145, 185
înfige 211 înţelept (subst.; a. dr.) 182 juri mint (mgl.) 185
întinge (dr. reg.) 211 înţelept (adj.) 182 jutor (mgl.) 205
înfiora, înfiorător 174 înţep 223
înflori 160 îw1ăţa 26, 27, 99 lfali ( mgl.) 168
infrîmşa (a. dr.) 181 îw1eli 240 Keadică (ar.) 201
infrina lH, 206 înverzi · 159. Ke(a)din (ar.) 1510
înfrînge 211 (în)vescu (ar.) 191 Keale (ar.) 168
înfrum(u)şa (a. dr., dr. reg.) în·1cşte (a. dr„ dr. reg.) 191 lieaptene (ar.) 192
181 Îll"leŞti (a. dr„ dr. reg.) 121, Iicaptin (ar.) 192
înfrunta. 211 191 Iiearsic, Kearsică (ar.) 19"1
înfrunzi 160 îir1ia 172 Keatră (ar.) 157
înfuleca (înfulica) 191 învie (a. dr„ dr. reg.) 172 Kept(u) (ar.) 135, 171
îngenu<;l'\ea (a. dr .• dr. reg.). iminei, iminei (a. dr.) 211 Kept (mgl.) 171
îngenunchea 170 învinge 211 1'er (ar.) 172
înger 22, 26, 99, 21-i, 231 în•1ingu (ar.) 211 Kerdu (ar.) 207
îngheţa 151 înviora 158 l~iadin (mgl.) 190
îngîna 26, 27, 103, 200 învita (a. dr„ dr. reg.) 26, Kiarsic, kiarsică (mgl.) 197
îngrăşa 181 184 Kiatră (ar., dr. reg.) 13-1, 157
îngrozi 2-10 în·1irti 2i0 .i{i<'!ior (arc„ dr. reg.) 145,
îngurzi 227 (în)zadar 2-10 170
îngust 26', · 152 înzestra 251 liiliţu (ar.) 145
îngusta 152 irel (a. dr„ dr. reg.) 192 liin (ar.) 163
îniepta (a. dr., dr. reg.) 178 is 85, 114, 141 Kinet (ar.) 145, 163
înjura 185 lŞl 137 Kisedzu (ar.) 188
iţi 137
înlăuntru 1"12 KiŞ°u (ar.) 176
îmuia l}§ Kiur, Kiurare (ar.) 166
înnegura 150
înnoda 191 jale 239
înnopta H7, 153 jar 239 -1 (art.) 112
jertfă 240 la (prep.) 86, 115
innoura (dr. reg.), înnora l.~l
înota 178 jir 239 la (a. dr., dr. reg.) 96, 121,
ji·1ină 239 192
ins, însă inşi înse 138
jneapăn 117, 162 IA (ir.) 207
însă (conj.) 113
joacă 26 Jac 109, 158
însănătoşi 25
însemna 181 joc (dr„ mgl„ ir.) 26, 81, lâc (ir.) 158
{în)sîngera 168 205 lacom 239
înspăimînta 183
joi RI, 123, L'l6, 216 lacrămă (ar„ dr. reg.) 183
înspica 195 jos 135, 142 lacrimă (dr„ ar„ mgl.) 183
înspuma 158 juca 29, 108, 205 Jag (mg!.) 178
însura 122, 204 jude (a. dr.) 136, 209 lai (dr. reg.) 192
însura (rlr. reg.) 192 judec (mgl.) 209 lanţ 239

întărita .183
judeca 21, 26, 99, 209 lapmi ţă 239
jude:cată 145, 209 lapte 79, 135, 189
în teri ta, întărita (a. dr.) 183 judcct1 tor 145 lăpte (ir.) 189
întîi 7, 110, 139, 1"15, 318 judec(c) (a. dr.) 209 lapti (mgl., dr. rcg.) 189
intîmpla -:l.27 judeţ (dr„ mgl.) 26, 209
judeţ (a. dr.) 217 la( p) tuke (ir.) 161
intîn(u) (dr. reg.) 1"15 jug 104, 107, 135, 206 lapuc, lăpuc (dr. reg.) 162
întoarce 14-1, 190 jugastru 145, 163 lard (dr. reg.) 188

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580 H. Mihăescu

lărd (ir.) 188 l'epur(e) (ar„ ir.) 167 lun~tic -.{ar., dr. reg.) 145,
larg 26, 318 l'epur(i) (mgl.) 167 148
las (mgl.) 184 l'crt (mgl.), l'ertu (ar.) 209 lună.tăci, lunătăcie (a. dr.)
lasă (ir.) 184 lespede 226 148
lătra (ir.) 199 leşie 96, 121, 192, 367, 389 lună (dr., ar., mg!.) 148, 216
latru (ar„ mgl.) 199 leşina 227 luncă 239
laţ 201 leurdă 223 lung 152
lau (dr. reg„ ar.) 192 licşor (mg!.). li(c)şor
(ar.) 155 lungu (ar.) 152
laudă 21, 26 ligătură (ar„ mgl.)145, 198 luni 81, 123, 136, 216
laur 26, 162 lighioană 292 lmi.inedzu, luninare, lui1inos
la·1ru (ar.) 162 lihni 227 (ar.) 117
lăcrămedzu (ar.) 183 limbă 135, 169 luntre 26, 206
lacrămos (dr„ ar.) 183 liml.ie (ir.) 169 lup 167
lăcrima 183 limbric (dr„ ar.) 165 lupta 21P
lăcrimez ( mgl.) 183 limbut 169 luptă 22, 26, 210, 388
lăcrimos (dr„ mgl.) 183 limnar (ar„ mgl.) 202 lur (ir.) 216
lăngoari (mgl.) 17-4 limpede, limpezi(re) 117 !ură (ir.) 148
lăptară (ar.) 188, 217 limpide (ar.) 147 !uree (mg\.) 178
lăptucă 161, 372 limpidzirc (ar.) 147 lut 157
lăpuş (dr. reg„ ar.), lăpu(s) lin 186 luţeafir(e) (ar.) 148
(mg!.) 162 l'in (ar„ mg!.) 26, 131, 190
lăre (ir. l 190 li ndi nă 164
lărgi 311) lindire (ir.) 161 ma (ar.) 142
lăsa 22, 26, 117, 184 ling (mgl.) 176 mA.CirA (ir.) 198
lăsat(ă) 108, 113 linge 176 macru {dr„ ar.) 188
lăstun 239 lingoare (dr., ar.) 174 mai „maillct" 26, 202
lătra 199 lingură 134, 189 mai „mai" 216
lătură (dr„ ar.) 192 lingure (ir.) 189 măi (ir.) 216
lăuda 26, 185 linti (mgl„ <lr. reg.) 196 mai (ad·.1.) 81, 86, 109, 136,
lăudăciunc: (a. dr.) 185 lipi 210 142
lăuruscă, lăuruşcă (dr. reg.) lişor (ar.) 26 maică 239
24, 162 !'iţă (ar„ mg!.) 134, 190 maiu (ar.) 216
lăut (dr. pop .• reg.) 192 limbric (ar.) 165 mal 223· ·
-le (art. mase. sing.) 112 lină (dr„ ar.) 190 mal' (mgl.) 202
-Ic (art. fem. pi.) 112 liuced 32, 174 mal'u {ar.) 202
le (pron.) 111 !îndură (ar.) 125 mamă 82, 122, 136, 203,
leac 239 lindzit (ar.) 17-4 341
leadze (ar.) 209, 214 lingă HJ r.~ar (ar.) 26
leagăn (ar„ mgl.) 201 lingoare (a. dr.) 32, 171 mardziriă, mardzine (ar.)
kage (a. dr.) 136 lobodă. 239 181
!Pasa 239 luc 78, 156 marc (subst.) 107, 158
leau (mg!.) 207 logodi, logodnă 240 mâre (ir.) 158
l'eau (ar.) 207 19nf1 (mg!.) 190 mare (adj.) 93, 154
leg ( mgl.) 184 lopată 239 măre (ir.) 154
leg (ar„ mg!.) 198 lor 111 margine 26, 181
lega 198 Ii.it (mg!.) 188 mariţirc (ar.) 32
lc:gă (ir.) 198 lotru 377 marmore: (ar.) 157
lcgămintu (ar.) 209 10·1i 240 marmură, marmoră 26, 157
lcgămîn t 209 lua 89, 207 marmure (ar„ a. dr„ dr. reg.)
legăna 204 luceafăr 148 157
legătură 26, 145, 198 luci (dr.) 147
marş 32-4
lege 21, 22, 26, 136 209, 214 lucoare (a. dr.) 147, 149 martor 209
legumă 196 lucra 93, 102
martur (a. dr„ dr. reg., ar.)
lehamite 227 lucru 29, 32, 34
209, 231
lehăi 223, 227' l'uftă (ar.) 210
lui 111 marţ (ar„ mg!.. dr. reg.) 216
lemn 159
lujer 227 marţă (ar.) 216
l~mn(a) (ir.) 159 marţ(i) (a. dr.) 26, 216
lume 147
lemnar 202 luminare (ar.) 147 marţi 26, 81, 123, 136, 216
lemnu (ar.) 159 lumină, lumina(re) 147 marţu (ar.) 26, 216
marzini (mgl.) 181
lene 239 luminos 147
masă 93, 121, 193, 260
lepăda 227 luminare 103, 147 mascur (ar„ mgl., a. dr., dr.
l'epre (ar.) 167 lunatec 148 reg.) 26, 108, 134, 199

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Index 581

maslu 240 mătrică (ar.) 200 mil'ur (ar.) 200


mastacăn, măstacăn (dr. reg.) mătrice (a. dr„ dr. reg.) 26, milostiv 239
163 200 minciună 182
mastic (ar.) 176 mătură 223 mine 82, 111, 137
maştehă, maşteră 239 mătuşă 26, 203 mine (ar.) 137
matcă. 239 mhl'ior (ar.) 200 minte 26, 182
maţ 136, 171 meară (mg!.) 197 minti (mg!„ dr. reg.) 182
maţe (pi.) 136 meare (pi.; ar„ mg!.) 197 minţi 182
mâţe (pi.; ir.) 171 measă (ar„ mg!.) 193 minune 103, 183
maţin (ar„ mg!.) 198 me 1a)ser (a. dr.) 208 minut (ar„ mg!.) 154, 171
maţu (ar.) 171 meastic (mgl.) 188 minutale (ar.) 171
mazăre 60, 223 mei 26 minutare (ar.) 154
mă 82, 111, 137, 389 mejluc (mg!.) 156 minutedz (ar.) 154
măcelar 207 mel' (mgl„ ir.) 195 mioară, mioriţă (dr.) 200
măcina 38, 93, 96, 198, 230 melc 223 mior (dr. reg.) 200
măciucă 210, 287 mel'u (ar.) 195 mir (mgl.) 183
mădular (dr„ ar.) 168 mer (ar„ mg!. ir.) 197 mira 32, 33, 183
mădul)ă (ar.) 168 merdu (ar.) 176 miră (ir.) 200
mădu·ră 168 mer(pl.;ir.) 197 mire 223, 228
măgar 371 m~re (ir„ dr. reg.) 178 mirindedzu, mirindu (ar., mg!.)
măgură 223 merg (mg!.) 178 187
maiestru 26 merge 26, 158, 178 mirindi (ar., mgl.) 187
(mă)mîni-ta 136 meri (pi.; dr„ ar., mgl.) 197, mirindz (mg!.) 200
mă.nane (mg!.) 176 344 misereare (a. dr.) 26
mănar (mg!.) 194 meridza (cir. reg.) 26, 200 misticare (ar.) 145, 176
mă.nare (ar.) 194 merinda 187 mistreţ 227
mănă (ar„ a. dr.) 170 merindă (ir.) 187 mişca 227
măncâ (ir.) 176 merindă 107 mişel (dr.) 208
mă(n)c(u) (ar.) 176 merinde (dr., ir.) 96, 187 mîine 115, 153
mănicat (mg!.) 216 merită (ir.) 204 mîna 120, 200, 319
mănuchi (dr. reg.) 198 mes (ar„ mg!.) 80, 108, 21 6, mînar (ar.) 194
rnănucl'u (ar.) 198 217 minatft (ar.) 145
mănunchi 90, 198, 292 mînă 119, 170
mcscu (ar.) 217
mănunt (a. dr., dr. reg.) 17 1 . ( mînc (dr. reg.) 26, 175
mănunta (dr. reg.) 154 mesen, mesere a)re, meseră- mînca 96, 103, 121, 176
măr 197, 231, 344 tate (a. dr.) 208 mî(n)c(u) (ar.) 176
măr(a) (ir.) 170 mesteacăn 32, 35, 163, 231 mîndru 239
mesteca 26, 176
mă.rar 223 mîne (ar" dr. reg.) 153
mărat 223 mesteca (dr. reg.) 188 mînea (a. dr., dr. reg.) 26
meşte (a. dr.) 217
mărăcine 162, 223 111 mîneca (a. dr., dr. reg.) 32,
mă.ră.ţine (ar.) 162 meu, mea, mei, mele 33, 216
mărdzeauă (ar„ mgl.) 192 :~(ar~~ 1 137 mînecă 24, 26, 191 .
mă.re (ir.) 153 mîngîia 231
mă.recă (ir.) 191 miaţă (a. dr., dr. reg.) 174 mîngu (ar.) 176
miază.noapte 153
mărgea 32 , 3 3, 192 , 231 miază.zi (dr.) 153 minie 32, 35, 183, 388
mărit (a. dr., dr. reg., ar.) mic 93, 138, 154 mini-ta (dr. pop., reg.) 203
204, 217 minji 227, 240
mărit (ar., mgl.) 204 m!că (sub s~.; dr.) 154
15 minucl'u (ar.) 198
micşora -r minz 223
mărita 26, 38, 122, 204 miduyă (mg!.) 168
mărită (ir.) 204 mie (pron.) 82, 137 minzare, minzară, mîrzare,
mirzară 225
mărmindu, rnîrmindu (ar.) 215 mie (num.) 26, 110, 139
mărmînt (a. dr.) 215 miel 145, 200 minzăli 227
mărmurises (mgl.) 157 m(i)eor (a. dr.) 200 mîrced (dr. reg.) 174
mărunt 135, 154, 171 miercuri 26, 123, 136, 216 mişc, mîşcoi, muşc muşcoi
măruntaie 171 miere 201 223
măsea 169 mierlă 166 ml'ăre (ir.) 201
mă~~uă (ar„ mgl., dr. reg.) mieru (a. dr., dr. reg.) 180 ml'el (ir.) 200
miez 93, 115 ml'ior (ar„ mg!.) 200
măsticare (ar.) 176 migl'ină (mgl.) 161 mnercuri (dr. reg.) 216
măsurător 309 miji 240 nuieru (a. dr., dr. reg.) 180
mă-ta (dr. pop., reg.) 203 mijloc 156 moale 155
mătase 32, 35, 94, 108 milă 239 moali (mgl„ dr. reg.) 155
mătrăgună 161, 231 mil'or (ar., mg!.) 200 moară 198

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H. Mihăescu
582
mumm (ar.: pi.) 203 nare (ar., dr. reg.) 169
moare (llr. reg., ar.) 188 nari (mg!.) 169
moarte 26, 79, 107, 172 mumini (a. dr.: pi.) 203
mun~Qti (mg!.; pi.) 203 nas 169
moarti (mg!., dr. reg.) 172 nâs (ir.) 169
muncă 2'10
mna.~ă 223, 228 nasc (mg!.) 172
modru 227 muncel 81, 156, 389
munci 93, 2'10 nascu (ar.) 172
mo(i)ni (mg!.) 153 nastur (ar., <lr. reg.) 191
molid 223 munci (ir.) 15'1
mnn<lă (ar.) l'IS nasture 191
moliP 30, 239 naş 3'12
moliftă 2i0
munt (ir.) L'i4
munte (dr., ar., ir.) 1.56 naşte 172
molotrn 239 11âşte (ir.) 172
mol'u (ar.) 155 munti (mg!.. dr. reg.) 1.56
muntos !'1.5 nat (ar., dr. reg.) 172
mr,rnă (mg!.) 170
muntur (mg!.) 175 nă (ar.) 137
m?nic[L (mg!.) 191 nădejdP 239
mor (verbe; ar., mg!.) 172 mnnună 227
mur (ar.) 92, 193, 217 nădragi 239
mor (subst.; ar.) 205
mur 162 11r1<luh 239
mc•rCO"I 239
mur (a. dr„ dr. rcg.) 162 nămaie (a. dr„ dr. reg.) 199,
mor~ (ir.) 198
mură 162, 199, 223, 371 217
mornian 227 n:.rnal' (mg!.) 199, 217
morniint 21.5 murg 223
muri 113, 172 nămal'e (ar.) 217
mor(oi) 2i0 nf1mal'u (ar.) 199
mort (rlr .. ar., mg!.) 172 murmindu, murmintu
(ar.) 21.5 nămdi (ril.) 239
mort?°Lciune (dr.) 172 nănaş 3-42
mnrtăcină, morticină (a. dr.) murmint (mg!.) 215
murmint (a. dr.) 21.5 năpastă 2'10
172 n;ipircă 223
mursă, morsă, mulsă, mol să
morte (ir.) 172 năpoi (ar.) 142
mortu (ar.) 172 (dr. reg.) IX9
murseca (dr. rt-g.) 12.'i, H.5, 11ăra·1 239
most (mg!.) 189 născut 8.5, 384
mostru (ar.) 26 167
• mursic, mursicare (ar.) H.5, nătini;: 239
moş 22."\, 228
167 nău (ar.) 1.53
mpartu (;1r.) 154
murtăţuni (mg!.) 172 năuc 239
(m)pli11 (ar.) l.'H năundru (ar.) 1'12
mprcu11;\ (ar.) 142 murtnţină (ar.) 172
murză 223 năor, năur, nuor (ar.) 151
mreajă 2:40
muscă 16'1 năun·ază (mg!.) 1.51
mreană .'\70
must 26, 1S9, 369 nă·nili 2'10
lllllC 26, 17i
must(e)ală 169. 2] I 11ă·1od 2-fO
mm·Pll li.i, ISl
mustra 12.5, 185 11ăzdră·1.•11 2.'W
much(i)l' (dr.) llH 11calic (ar.) 206
JllllCi (pi.) 174
mustu (ar.) 189, 369
muşat (mgl., rlr. reg.) 181 11câl<lz[1sc11 (ar.) 149
mucl'ă (mgl.) 181
mu!;'ăt (ir.) ISI nd'in (ar.) 213
mucl'1· (ar.) 181 ncl'inăciune (ar.) 1'15, 2-JJ
muc„arl' (ar., dr. reg.) 17-f muşchi (ctr., mg!.) 26, 168
muşchi„~ (dr. rcg.) 168 ncurun (ar.) 215
lll 'll"O' J7 'f
muşd'os (ar.) 168 ndăturedzu (ar.) 207
mudzescn (ar ) 199 ndes (ar.) 1.5'1, 155
mug (ar.) 199 muşcl'u (ar.) 168
muşcat (ar.) 181 ndreg (ar.) 208
mugi 199 ndulţes (mg!.) 179
mugure 223 mut 17.5
mut (ar„ mg!.) 206 ndzernu (ar.) 188
muia 155, 389 ndzinucl'edzu (ar.) 170
muiare (a. dr„ d. reg.) 203 muta (dr.) 206 ne (pron.; rlr., ar.) 82, 111, 137
muiere 82, 122, 173, 203
n~ (ir.) 1.51
mul (ar., dr. reg.) 31, 371
11 (ar.) 143 nea 78, 107, 151
mul'ari (mg!.) 173 neadză-dzuuă (ar.) 153
na 223
mul'~re (ar.) 173
nagară 227 Jieadză-noapte (ar.) 153
mul'er~ (ir.) 173
naiba 227 Jicare, Jiere (ar.) 20 l
mulg (mg!.) 200 naie (a. dr., dr. reg., ar.) 217 neaţă (ar.) 174
mulge 200 nalbastru (ar.) 180 neauă. (ar.) mg!.) 151
mulgu (ar.) 200
nalbă 125, 161, 390 nec (ar., mgl.) 172
mult 15'1 nalţ ( mgl.) 152 neca (a. dr„ dr. reg.) 172
multu (ar.) 154 nan 223, 228 necaz 239
mul'u (ar.) 180 nană 223, 228 neg 174
mulzare (dr. reg.) 120, 125 nap 196 negară 227
mumă (ar„ mg!„ a. dr., dr. nâp (ir.) 196 neghină 161
reg.) 203 nară 169 negoţ 207

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Index 583
negreaţă 180
negru 180 noa;. noăr, noara (a. dr., dr. :mmi (subst.; dr. reg„ mgl.)
reg.) 151 185
negură, neguros 150
negustor 207 noatin (ar .. mg!., a. dr., dr. numir (mg!.) 170
reg.) 200 numtă (ar .. dr. reg.) 204
neguţa (a. dr .• dr. reg.) 207
neguţător, neguţitor (a. dr., noatină (a. dr., dr. reg.) 200 nun 26, 21.î, 388
noauă (ar., a. dr.) 139 nuntă 122, 125, 1J6, 204
dr. reg.) 145, 207
nod (subst.) 21, 26, 191 nunţi (pi.) 122. 125, 136
nel (ar.) 192
nod (verbe; ar.) 191 nunţ(i) (pi.; ir., dr. reg.) 204
nel (ar., mg!.. dr. reg.) 145, nuoreadză (ar.) 151
200 noda (a. dr., dr. reg.) 191
noi 82, 111, 137 nuptare (ar.) 147
nepot, nepoată 108, 203 noian 223 nuroră (a. dr .. dr. reg.) 203
nercu (ar.) 203 nolguc (ar.) 156 11us. nusă, nuşi, nuse (a. dr.)
i1ercur (mgl.) 216 nopte (ir.) 153 138
tiercuri (ar .. dr. reg.) 216 nor 151 nutreţ 187
li ergu (ar.) 178 n·1escu (ar.) 191
nor (a. dr., ar., mg!.) 203
nerlă, nărlă (ar., mgl.) 166 noră 203 nvi pi redzu (ar.) 165
nerod 239 norod 239
neru (a. dr., dr. reg.) 180 noru (ar.) 203
nevastă 239 oacăr 223
nostru, noastrit, noştri, noas- oaie 200
nevăstuică 239
tre 111
nc"roie 210 oală 189
(n)farmăc (ar.) 212 not (ar.) 217 oameni (pi.) 112, 136
nfaşu (ar.) 191- nota, nuta (a. dr., dr. reg.) 26, oară (a. dr„ dr. reg„ ar.) 2 I,
nflurescu (ar.) 140, 160 178, 217 26, 78, 107, 216
nfrundzăscu (ar.) 160 nou 25, 153 oare 143
ngl'eţu (ar.) 151 nouă 83, 110, 111, 137, 139 oarecare, oarece 138
ngraşu (ar.) 181 nouăsprezece 83, 110 oarecine, oricine 138
(n)hig- (ar.) 211 nouăzeci 110 oarecînd, oricînd 138
li.ic (ar .. dr. reg.) 138, 154 nour, noura (dr. reg.) 151 oarlă11 (ar.) 26, 217
nicari (mgl.) 172 nprumut (ar.) 207 oaspe 136, 205
nicăieri 115, 142 nsimncdzu (ar.) 181 oaspet (dr. reg.) 205
ni.:ăiuri (a. dr., dr. re15.) 142 nsirinare (ar.) 147 oaspete 205
nici 143 (n)sînedzu (ar.) 174, 217 oaste 26, 210
niciodată 115 nsor (ar.) 204 obicei 239
nici un 112, 138 nsurinedzu, nsurin, obidă 210
nici una 138 nsurinare, nsurinat (ar.) 148 obloji 239
nicovală 239 ntînu, ntîne (ar.) 139 obosi 210
i1icşuredzu (ar.) 154 ntră (ar.) 113 obraz 239
nicură (mgl.) 154, 217 ntreb (ar.) 185 obşt(i)e 239
li.icuredzu (ar.) 154 ntric (ar.) 217 ochi 169
nigureadză (ar.) 150 ntuneric (ar.) 147 ocină. 239
niguros (ar.) 150 ntunicare, ntuniricare (ar.) 147 ocl'u (ar., ir.) 169
nigreaţă (mgl.) 180 nţep (ar.) 184 odăjdii 240
nil'or (ar.) 200 (n)ţernu (ar.) 188 odihni 240
nime(ni) 138 nţertu (ar.) 185 ogar 239
nimeri 240 nţileg (ar.) 182 oglindi 240
nimic(a) 86, 112, 138 nu 107 ogor 240
ninel (mgl.) 192 nuăr, nuor, nuăra ogradă 239
ningă, ningă, nincă (ar.) H3 nuora (a. dr., d;. reg.) 151 oiariu (a. dr.) 200
ninge 151 nuc 197 oib (dr. reg.) 178
nintră (ar.) 143 nucă 79, 107, 197 oie (ir.) 200
ni pot, ni poată (ar., mgl.) 203 nucet 197 oier 200
niscai, niscare 138 n(u)carcă (ar) 32, 37, 203, 217 oină (a. dr., dr. reg.) 200
niscîntu (ar.) 138 nuib (mgl.) 178 olar 202
nisip 239 numai 142 olţ (ir) 189
nişte 86, 138 numal'u (ar.) 199 c,Itar (a. dr.) 213
niţi un(ă), niţe un(ă) (ar.) 138 număr 26, 185 om 81, 107, 112, 122, 136
niureadză (ar.) 151 nume 136, 185 omăt 151, 239
nînte (ar.) 142 numer (ar.) 185 omeag 239
nîs, nîsă, nîşi, nîse (ar.) 138 numere (pi.; a. dr., dr. reg.) omidă 227
nli.cadic (ar.) 20 l 136, 185 omorî 240
noapte 78, 107, 134, 153, 212 opri 240
numere (pi.: dr.) 185 opt 83, 110, 139
noapti (mgl., dr. reg.) 153 numi (verbe) 185 optsprezece 83, 110
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H. MihăC'!'CU
584

optzeci 8-3, 110 pas 26, 178 părumlm (ar.) lb6


oraş 208 pasli (ir.) 178 păs 26, 186
orb 26, 93, 175 pasă (a. dr„ dr. reg.) 178
păsa (a. dr.) 26
orbeca, orbica (a. dr„ dr. reg.) pasăre 93, 166
p;.i-;c (mgl.) 200 păsa (dr.) 186
175
orbu (ar.) 175 pc..ocă 26, 99, 215, 231 păsăm, păsaţi (a. dr„ dr. reg.)
urdu (ar.) 190 pascu (ar.) 200 178
ordz (dr. reg.) 195 paste (ir.) 200 păscos (a. dr„ dr. reg.) 165
ordzu (ar.) 135, 195 pa~te 120, 125, 200
păstaie 223
ori, ori li (ar.) 32 Pa~te (dr„ ar.) 215 pi1stor 145, 200
oricare, orice 138 Paşti (dr„ ar., ir.) 215, 231
păstra 223, 227
oriunde 138 Paşt(u) (mg!.) 215
păstră·1 30, 239
orz 135, 195 pat (·1erbe; ar., mg!.) 183 păstură 223
os 168 pat (subst.) 223 păşune (dr„ ar.) 145, 200
osie 236 pată 191 pătedzare \ar.) 26, 135
osindză, usindză (dr. reg.) 27 patru 83, 110, 1.15, 139 p:J.tedzu (ar.) 140, 214
osinză 26, 188, 382, 388 patrulea (al) 110 pătlagină 161
osos 168 patrusprC'ZC'Ce 83, I JO pătrunde Hi, 211
ospăta 205 patruzC'ci 83, 110, 139 pătură 191
ospăţ 32, 34, 205 paţQs (mgl.) 183
păţă~cu (ar.) 183
„ste (ir.) 210 păca (a. dr.) 210
păţi 26, 183
păcat 26, 214
osteni 240 păun 26, 199, 371
ostro·1 239 păcui. picui (dr. reg.) 207
păzi 240
oşti re 210 păcuin[l (dr. rcg.) 200
pe 88, 142, 143
ota'li'i 240 păcurar (dr. reg. ~ 145, 200
pcadică (mgl.) 201
otra·1ă 239 pacură l.'i7, 332
p<'ană (a. dr„ dr. reg., ar.,
otrilvi 240 păd1 chc 95, 164
mg!.) 26, 134, 166
otrinde (a. dr.) 142 păduchea 164
păduchios 108, 164 peapine (ar.) 196
oţel 239, 368, 393
pădure (dr., ar.) 32, 34, 69, peară (ar., mgl.) 197
oţet 88, 240, 393
156, 167, 316 pea~k (ar„ a. dr.) 165
ou 146, 166
păduri (mgl„ dr. reg.) 156, 167 pea!'.'ti (mgl.) 165
0·1ăz 2.19
păgin 26, 37, 145, 212 pecAt (ir.) 214
păginătate, păgini 212 pecingine 174
pace 22, 26, 107, 210 păi 142 pc-curAr (ir.) 200
pacoste 2-lO păioară (a. cir„ dr. reg.) 191 pe1le„tru (a. dr., dr. - rare)
pag 2."\9 pălicar, pulicar (ar.) 26, 145, 170
pa~ul>il 240 170 pC'cură (ar.) 1.57
pahar 12.5 păliur (dr. reg.) 162 peduC'l'u (ir.) 164
pai 19.'i pălmună(ar.) 171 peioar[L (dr. reg.) 191
paia11j1·11 239 păl'ur (ar.) 162, 217 pelin 239
paimint·. piliminc (ar.) 26, 15.l p•'1J'urct. pi1J'uriu (ar.) 162 pcrnint (ir.) 1.56
paing 2.19 părniut 29, 120, 125, 1-15, 156 p~nţ! (ir.) 166
pai uri (pi.; dr. reg.) 195 pănăta (a. dr.) 32, 33
pentru 86, 143
pal' (mg!.) 195 păngănes (mgl.) 212
pepen, pc-pin(e) (dr. reg.) 196
palancă 230 p\ngQn (mgl,) 212
palmă 170 pt'lnioară (a. dr„ dr. reg.) 191 prpene 24, 32, 37, 196
paltin (dr., ar.) 163 pănucl'e (ar.) 174 per (ar., mgJ.) 197
pal'u (ar.) 195 pănură 191 per (ar„ mgl„ ir.) 168
pană 26, 166 pănze (ir.) 191 per (mgl.) 172
paninc (dr. reg.) 195 păr 93, 168, 197 peni (mgl.) 207
pap (ar.) 203 para (a. dr.) 26, 210 perde (dr. reg.) 207
paparudă HO păraţ (a. dr.) 26, 169 perrte 193
papu (ar.) 338 părea 182 pcrgură (ar.) 26
papură 231 păreare (ar.) 182 perie 239
par 193 păreasimă, păreasimi (a. dr.) pernă 239
pâr (ir.) 193 215 pescar 165
pară 197 păreasini (pl.; ar.) 215 pescos (a. dr„ dr. reg.) 165
pârăt (ir.) 154 păreche (dr. reg.) 24 pescu (ar.) 165
pared, parete (ir.) 193 păresimi (pl.) 26, 215, 336 peste 143
păre te (dr. rcg.) 193 pestelcă 239
parinc (dr. reg.) 195 părinte 26, 203
parte 107, 154, 318 pestriţ 239
părîng, păring (dr. reg.J 1'5
parti (mgl„ dr. reg.) 154 părticea 154 peşte 20, 26, 165, 388

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Index 585

peşţeră ~~9 pindi 2-40 pl'umbu (ar.) 157


petică 2;23 · pîndză (ar.) 191 plumîn(i'i), plumun(ă) (a. dr.,
petrece· 205 pine (dr. reg„ ar.) 188
dr. reg.) 171
petur (ar.) 191 pîngăni (dr. reg.) 212
plută 239, 316 ·
peţi 204 pîngări 26, 37, 212
poală 239
piatră 78, 93, 157 pîngîn, pîngînătate,
poamă 69, 197
pic 93 pîngînescu (ar.) 212
poarcă (ar., mgl., dr. reg.) 199
picat (ar., mgl.) 214 pîntec(e) 26, 171, 367
poartă 26, 13-4, 193, 362
picior 93, 119, 145, 170 pîntecos 171
picoru (ir.) 170 pîntic (ar„ a. dr„ dr. reg.) 171 pocăi 2-4J
picul'u (ar.) 207 pod 239. 2-40
pîntică (ar.) 171
poftă 239
picurar ·(ar., mgl.) 145 , 200 pintice (dr. reg.) 171
piducl'elizu (ar.) 164 pînticos (ar„ dr. reg.) 171 pofti 2-40
pohîrlă 227
piducl'u, '.piducl'os (ar., mgl.) pînză (dr.) 191
164 . pîrîu, pîrău, părău 223 poi-, păi- 26
piedică 26, 201
poimîne (dr. reg.)
pîrli 2-40
piedin (dr. reg.) 190 poimîine 2C, 153
pîţă 26
piele 107, 168 plac (ar.) 183 p9ini (mg!.) 188
pielm ·2~3 :' platan (dr„ ar.) 163 pojar 239
piept 78, 135, 171 policar 1-45, 170
plaz 2-40 poliţă 239
pieptăna 192
plăcea 26. 183 pom 69, 197
pieptene 79, 192
plăcere 108 pomană 2-40
pierde 207
plăcintă (dr.) 188 pomet 145, 197
pieri 172
plămin 171 ponor 239
piersic 197
piarsec, pi~rsec (a. dr., dr. plă.mună (ar., a. dr., dr. reg.) ponos 2-40
171 pQnză (mgl.) 191
reg.) 191
plăpînd 145, 186 popă 2-40, 393
piersică 197
plăstură (ar.) 223 popol, popul (a. dr.) 208
piarsecă, piersecă (a. dr., dr.
plătan (rogi.) 163 popor 26, 208
reg.) 197
plăti 2-40 por 26
pilă 239
plăţeare (ar.) 183 porc 79, 199
pi mint (mgl.) 156
plăţintă (ar., mgl.) 188 parca (ir.) 199
pimintu (ar.) H5, 156,
pin 163 pleavă 2-40 porcar, porcăreaţă (dr.) 199
pinet 145, 163 plec (mgl.) 178 porcu (ar.) 199
pinge (dr. reg, pop.) 211 pleca 178, 252 porumh 26, 166
pingu (ar.) 211 pleoape 119 porunci 2-40
pinten 239 pl'erde (ir.) 207 post 2-40
plescăi 2-40 postrungă 22 7
pintenog 239
pipăi 2-40
plicari (mgl.) 178 pot (ar., mgl.) 140, 184
pi pon (mgl.) 196 plimba 178 potir, 30, 2-10
plimun(ă), plimun(e) (ar.) 171
pirpirună (ar.) 277 potîrniche 166
pisa 188 plin 80, 108, 15-4 potop 239
piscar (ar.) 165 plini (dr. reg.) 15-4 potrivit 30
piş (mgl.) 176
plir (ir.) 15-4 pa-ieste 30, 2-10
pişa 176
plînge 80, 125, 183 povîrni 2-40
pişai (ir.) 176
plîngu (ar.) 183
plinta (a. c.r.) 159 prad (ar.) 211
piti 227
pitrec (ar.) 205 plîntu (ar.) 159 pradă 26, 2 11
pitrece (dr. reg.) 205 plînze (ir.) 183 praf 239
ploaiă ( mgl.) 151 prag 239
pitrundu (ar.) 211
pitrunicl'e, piturnicl'e (ar.) 166 ploaie 151, 389 prapur 2-40
piţindzină (ar.) 17-4 ploie (ir.) 151 pra·1ilă 2-40
piuă 26, 27
plointe (dr. reg.) 151
praz 239
pivniţă. 239
pl9ng (mgl.) 183
plop 21, 26, 27, 163 praznic 2-40
pizmă 239
ploşniţă 239 prăda, prădăciune,
plfatră (dr. reg.) 13-4
ploua 151 prădător 211
(p)lferde (dr. reg.) 207
pîimîne (ar.) 153 pluare (ar.) 151 prăpastie 239
plug 2-40, 359 prăpădi 2-40
pîine 188 pluină (ar.) 151
pîlnie 30 prăvăli 2-40
plumăr~ (ir.) 171
pinâ 1-43 plumb 26, 157 pre la. dr.) 143
pinii. la 115 plumbă., pl'umbă, plumbu, precepe (a. dr.) 182

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586 H. l\Iihăescu

precum 143 prindzăsrn (ar.) 187 puscă (ar., mgl.) 18!;1, 217
precupeţ 2-10 prîndzu (ar.) 187 puşche (dr. reg.), puşchea (dr.)
preftu (ar.) 214 prinz, prinzi 96, 187 17-4
pregăti JO prinziţi 326 puşcl'e, puşcl'edzu,
i:regeta 26, H5 proaspăt 231 puşcl'os (ar.) 17-4
pregiur (c.lr. reg.) proKu, prolfari (mgl.) 178 put~ (ir.) 18-4
prejur HJ pronu (ar.) H5, 17'1 putea 8-1, 113, HO, 184
prelinge lH, 158 propti 240 putere 29, 108, 110
prelung 152 pru:;t 239 putină 230
preot 26, 81, 99, 109, 136, prun, prună 197 putoare 9fi, 179
2H, 262 J•runc 227 putoari (mgl., dr reg.) 179
prn11<l 239 putred H5
preotea.~ă 43. 262
pucios, pucioasă 157, 179 putrid (ar., mgl.) H5
prepeliţă 239
pui 166 puţ 12, 20, 12, 26, 382
prep11ne (a. dr., dr. rcg.) H-1,
pu(i)l'u (ar.) 166 puţă 171
Jk2
puimo(i)ni(mgl.) 153 puţi 96, 179
prescură 3 79 pul' (mg).) 166 puţin 29, 115, 15-4
preste (a. <lr.) H3 pulă 26, I 71 puţin (ar.. dr. reg.) 15-4
presur[1 227 pulbere 26, 103, l 07, 157 puţi,in (mgl.) 151
pretuti n<leni H2 pulhirl· (ar.) 157 puţ9s (mgl.) 179
prl't 207 pulie ar (mg).) 170 pu·rni 239
preumbla (<Ir. reg.) 178 puim (mg).) 170
preut (a. dr., dr. reg.) 2 H pulmu (ar.) 170
pn.··1t (ir.) 2 H pulmună (ar.) 17 l rac 239
pri (ar.) IJ7, H3 pulpă, pulpos 170 n\ce (ir.) H9
priamnu (mgl.) 178 pul'u (ir.) 166 radză (dr. reg.) 118
pribeag 239 pnl·li re (ar.) 157 rage 199
priLepe 99, 182 pumăn (ir.) 170 rai 72, 2-10
priciuă 30 pumet (ar., mg).) H5, 197 ram 26, 160
pri-cunoaştirc (ar.) 114 pumn 119, 170 ramurl'I. ramuri 160
pricur, pricurat (mgl.) 158 pun (ar., mgl.) 178 ran[1 132, 239
pridăciunc (ar.) 211 pune 141, 178 rane (mgl.) 171
prier (a. <lr., <lr. pop.) 26, 216 pung (mgl.) 21 l rapă (mg!.) 156
prieten 30, 239 pungă 92, 207, 278 rapăn 232
prigiur (ar.) 1X5 punoi (dr. reg.) 17-4 rapiţă 239
pri(i)mnu (ar.) 178 punte 206 rapnră (dr. reg.) 2J2
prijur (mgl.) 185 punti (mgl., dr. reg.) 206 rar 26, 155
prii' (mg!.) 216 pup (ar.) 217 rAriţă 2-10
prilingu (ar.) 158 pupa 20.'i raţă 223
pri lungu (ar.) 152 pupă (ar.) 26, 217 rAţ<' (ir.) H9
prima·1era (ir.) 153 pupăză 223 raţi (mgl.) li9
primă·1ară 26, 153 pup\! (ir.) 170 rază 26, 118
prim[l"leară (ar., mgl.) 153 purcar (a. dr .. dr. reg .. ar., razem 227
primbla lH, 178 mg!.) 199 răbda 227
primejdie 2-10 răchită 239
purcăreadză (ar.) 199
primeni 2-10 răcoare H9
purcăreaţă (ar .• dr. rcg.) 199
primi 2-10 rădăcină 117, 125, 160
prin H3 purcea 199
rămine H1
purcede (dr. pop.) 206
prind (mg!.) 19'1 răilos (mgl.) 17-4
prinde lH, 17X purcel H5, 199
r(ă)pa (ir.) 156
pure (ir.) 178
prindu (ar.) 178 răpăosa (a. dr.) 172
prinos 103 purec (ir.) 16-4
răpes ( mgl.) 2 l l
printre 38, H.> puric (ar., mgl.) 16-4
răpi 26, 211
printru (ar.) H.> purice 95, 16-4
ra pQS (mg).) 172
priot, priut (dr. rcg.) 21'1 puroi H5, 171
răposa 172
pripun (ar.) 182 puroÎl (c.lr. rcg.) 17-4
răpune 11-4, 172
purpură 230
prisacă HO rarunchi (pi.; a. dr., dr. rcg.)
prispă 239
purta HO
135, 171
purţeauă (ar., mgl.) 199
priste (ar.) lfl răsări MS
purţel (ar.) 1-15, 199
prisupră (ar.) 1'13
răspunde 185
priveghea 7, 32, 33, 99, 166 purţină (ar.) H5, 199
purţQl ( mgl.) 199 răstimp 240
privi 2-10
privideare (ar.) Hi purumbu (ar.) 166 răsufla 144, 177
privighetoare 166 pururea 223 răsuna lH

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Index 587

răşchia, răşchitor (dr., ar., 190 roura 150 sălămîndră,


sălămizdră (dr.
răşină 26. D-4, 163 ro·rină 239 reg.) 231
rătăci 118 (r)rămăn, rr(u)măn (ar.) 208 sălbatic 167
rătund (a. dr„ dr. reg.) 155 rucari (mgl.) 178 sălcet 163
rău 93; . 103, 115, 186 rudă 239 sălta 84, 178
război 102, 121, 240 rufă 239 sămar (ar.) 279
răzima 227 ruga 103, 269 sămbatţi (ir.) 216
reati (mgl.) 200, 217 1 ugă 269 sămînţă 198
rece 149 rugina (a. dr„ dr. reg.) 157 s(ă)m9nă (mgl.) 216
recunoaşte 182 ruginii 157 săn, săm (mgl.) 215
reperle 115 ruguma (dr. reg.) 199 sănătate 26, 79, 103, H5,
rescl'idc (ir.) 193 rumâ(n)ri (dr. reg.) 208 174
rescută (ir) 192 rumăn (ar.) 20S sănătati, (mgl., dr. reg.) 174
respondi (ir.) 185 rumân (a. t.r .. dr. reg.) 208 sănătos 25, 26, 174
rescuţ (ir.) 192 rumăr (ir.) 208 sănzi, sănzir (mgl.) 168
respul'â (ir.) 211 rumega 199 săpa 198
reţea 24, 97, H5, 201 rumen 239 săptărnănă, săptăm9nă (mgl.)
rev (ir.) 186 rumer (ir.) 133 216
ridiche 26 rumig (mgl.) 199 săptămînă 72, 99, 103, 216
rin (mgl.) 163 runc 156 săpun 367
rinichi 17 L ru(n)c (mgl.) 178 săr (ir.) 174, 217
ripusez (II\gl.) 172 rus (a. dr„ dr. reg., mgl.) 180 săra, sărătură 188
risipi 240 Rusale (pi.; ar„ dr. reg.) 215 sărba (dr. reg.) 215
rîde 183 Rusalii (pi.) 215, 393 sărbătoare (dr„ ar.) H5, 215
riie, rîios 174 ruşine 25, 186 sărMtoari (mgl., dr. reg.) H5,
rîm (mgl_.) 165 rută (dr.) 161 215
rîma 26, '165, 199 sărcl'edzu (ar.) 217
rimare (ar.) 165 sări 178
rimă 165 ·. -s 114, 141 sărin, săr9n (mgl.) 200
rîmf 220, 222, 223 sabie 240 sărine (ar.) 145, 200, 217
rînă 171, 227 salamură, sălămură (a. dr„ dr. sărup (mgl.) 156
rînced 125 reg„ ar.) 188 sărut (mgl.) 205
rincheza 199, 231 sake 23, 163 săruta 205
rind 240 salt 84, 178 sătul 93, 176
rînduială 30 saltu (ar.) 178 sătura 176
rindunea, rîndunică 90, 95, 166 salţe (ar.) 163 său, sa, săi, sale 111
rîndurea (dr. reg.) 166 saluta 205 săuc (ar.) 162
rinză 223 sanie 239 scai 226
rîpă 26, 79, 80, 103, 104, 128, sap(ar„ mgl.) 198 scaloi (dr. reg.) 145
156 sapă (ir.) 198 scamă 107, 190
rîs 183 sapă 198 scamn (dr. reg.) 26, 193
riu 158 sApc: (ir.) 198 scanmu (ar.) 193, 364
rîvnă 239 sar (ar„ mgl.) 178 scand (mgl., ir.) 193
roade 167 sara (ir.) 216 scând(u) (ir.) 193
roată 26, 202, 206 sară (dr. reg.) 216 scap (mgl.) 178
rod 239 salbid ,sarbid (ar.) 180 scapA (ir.) 178
rod (mgl.) 167 sarcină 206 scapit (mgl.) 148
r9d (mgl.) 183 sâr~ina, Sârcira (ir.) 206 scară 26, 193, 362
rogojină 239 sare 188 sca.rmin (ar„ mgl.) 190
rogoz 239 sâre (ir.) 188 scaun 97, 136, 193, 209
roi 30 sari (mg!., dr. reg.) 188 >.călda 192, 261
roib 26, 180, 389 sarică 191 scăpa 25, 178, 272
rois, roi! (ir.) 180 sarţină (ar.) 206 scăpari (mgl., rlr. reg.) 178
rom (mgl.) 199 sat 32, 176, 208, 310, 388 scăpăra 223
r~mân 133, 208 sat\1 (ir.) 176 scăpăta 148
ropă, rQpă (mgl.) 156 satur (ar„ mgl.) 176 sdipitari (mgl.) 148
rost 169 satură (ir.) 176 scărmăna 190, 261
roş(u) 180 saţ(iu) 176 schimb (mgl.) 207
rotar 202 sau 143 schimba 26, 207
rotund 155 sădi 240 schiopa (a. dr., dr. reg.) 175
rc;m (mgl.) 158, 186 sădzeatii, sădzitedzu (ar.) 210 schiopăta (a. dr.) 175
rouă 150 săgeată 26, 210 schit 240
roupă (mg).) 156 săgeta 210 scîlcia 227

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588 H. Mihăescu

scindură 193, 389 semn 20, 26, lSl Sintoader (dr. reg.) 215
scînteal'e (ar.) 147, 194 semna (a dr„ dr. reg.) 181 sin(tu), simtu (ar.) 215
scînteie 26, ii7, 19-i semnu (ar.) 181 Sinziene (dr. reg.) lJu, 2 15
sciruă 239 senin, seninătate 117 sl~ic, sKică, sKicură (ar.) 195
scoace (dr. reg.) 188 s~ra (ir.) 216 sliin, sliinos (ar., dr. reg.) 162
scoare (dr. reg.) 202, 3tiS serba 215 sliinare (ar„ dr. reg., 171
scoarţă 22, 32, 37, 121, 12.'i, sete 96 107, 176 slobod 30, 240
160, 258 sete (ir.) 176 slovă 240
scoate 198 S~\l 188 slujbă 72, 103
scofeli 227 sraJă 210 smead 239
scol (ar., mgl.) 178 ~fat 30, 210 smicura (dr. reg.) 154
SCQndură (mgl.) 193 sft·dă 239 sminti 240
scorbură 13i sfl'rt 2-iO smirdar 227
(s)coroambă (dr. reg.) 166 sfetnic 2-iO smirnă 240
scot (ar„ mgl.) 198 sfint 100, 240 smin tină 22 5
scotoci 227 sfirnuţel (ar.) 171 smoală 239
scradă 220, 22.2. sfoară 239 smulge lH
screme 176 ~fredel 30 smu(n)ci 240
scrie 113, 117. 205 sfuldzir:'L 151 snop 240
scriir (ar.) 205 sfulgu (ar.) 151, 217 soacră 203
scris 107 sfulgură (ar.) 151 soagc (dr. rcg.) 188
scriu (ar.) 205 si (ar.) 137, H3 soară (ar„ mgl.) 170
scroafă 199 siămn ( mgl.) 181 soare 107, 112, 118
scrum 223 sicară (ar„ mgl.) 195 soari (mgl., dr. reg.) 118
scruntar 227 sicriu 30 soartă 26, 29, 212
scuipa 177 sicuri ( mgl.) 202 soarte (a. dr„ dr. pop„ ar„
scuipi, schipi (dr. rcg.) 177 simini'itură (ar„ rngl.) 198 mgl.) 212
scula 178 siminţă (ar., mgl.) 198 soaţă (a. dr„ dr. reg„ ar.) 204
sculă (ir.) 178 simţi 84, 107, HD sobol 239
scult (mgl.) 179 simţit 85, 1 li soc 26, 117, 125, 162, 348
scump 93 sin (ar„ mgl.) 171 socără (ar.) 203
scundu (mgl.) 18'1 sine 137 socoteală 30
scup (mg!.) 177 singur 93, 154 socr~ (ir.) 203
scure (a. dr„ dr. reg.) 158 sint ( mgl.) 183 socru 136, 203
scurge, scursură 158 sintu, simtu (ar.) 183, 215 socur (ar.) 203
scurt 26, 12, 93, 152, 261 siptămină (ar.) 2 16 soi 227
scurta 152 sir (ir.) 171 somn 177
scurtu, scurte<lzu (ar.) 152 sirin (ar„ mgl.) HS somnu (ar„ ir.) 177
scut 26, 104, 210 sită 239 s9mt (mgl.) 215
scutura 198 simbătă 99, 123, 216, 231, s9n(<l)zi, SQnzir (mgl.) 168
scuţ9tă (mgl.) 202 348 sor (a. dr„ ar„ mgl., ir.) 203
SC 137 simbuc (ar.) 162 soră 81, 109, 122, 136, 203
seac (mg!.) 150 simbure 223 sorbi 176
sea111in (ar„ mgl.) 198 Sîmlietru, Sumlfotru (ar„ dr. sorbu (ar.) 176
seară 78, 79, 107, 216 reg.)215 sorc (ir.) 148
s(e)arl>ăd 180 Simpetru (a. dr„ dr. pop.) 100, soroc 240
seate (ar„ a. dr.) 176 215 soţ 26, 122, 204
seati (mgl„ a. dr. reg.) 176 sin-, sîm-, su(m)- 100, 170, soţie 204
seaţări, seaţiri ( mgl.) 198 171, 174, 215, 217 soţu (ar.) 204
seaţere, seaţiră (ar.) 198 sîndze, sindzinedzu, sovîrf 239
sec 150 sîndzinos (ar.) 168 spaimă 183
sec (ar.; verbe ) 150 sînge 80, 168 spar ( mgl.) 183
seca 117, 150 Sîn-Gior(d)z, Sîm-Gior(d)z (dr. spas 190
secară 195 reg.) 215 spată 26, 78, 92, 97, 103, 104,
sccâr~ (ir.) 195 Sinmedru, Samedru (ar.) 215 128, 170, 190, 210, 344
secere, seceră (dr.) 198 Sărnetru (a. dr.) 215
secetă 150
spate (pl.) 92, 119, 170, 34.4
Sîmedru, Sumedru (ar„ dr. spăte (ir.) 170
secure !Oi, 202, 258 rcg.) 215 spaţ (dr „ ar.) 190
secur\) (ir.) 202
Sin(n)icoară, Sim(n)icoară (dr. spă(i)mînta (a. dr„ dr. reg.)
sem, seţi (a. dr.) Hl
reg.) 100, 215 183
semăna 26, 155, 198
sîn(t), sîm(t) (dr. reg.) 26, 215 spăla 96, 121, lH, 192
semănătură 198
Sîntă Mărie (dr. reg.) 215 spăreari (mgl.) 183
semirâ (ir.) 198 sînt, sintem, siuteţi 85, 111 spă.ria (dr. reg.) 183 .

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Index 589

spărţi (a. dr.) 154 stîmp5.1a (a. dr., dr. reg.) 183 stur (ar., a. dr., dr. reg.) 32.,
speria 183 ~tînă 225 35, 193, 231
spes (ar.) 26, 155, 217 stîndt 225, 239 sturdz(u) (dr. reg., ar.) 166
spic 195 stîng 26, 170, 318 sturrutedzu (ar.) 177
spica (a. dr., dr. reg.) 195 stîn 239 sturz 166
spin, spinos 162 stoarce 144, 200 su (dr., ar.) 143
spinare 24, 102, 145, 171 stog 240 sub 143, 170
spirlungu (ar.) 152 stomac 239 subsuoară 170
spir(u) (ir.) 162 s~9ng (mgl.) 170 subt 86, 143
spin 231 stop 324 subţia, subţire (dr.) 155
spînz 223 st rac hi nft 125 subţîre, supţîre (ar., dr. reg.)
spînzura 103 straie 223 155
splină 38, 171 strajă 240 subţori, subţQri (mgl.) 155
splirţ '(ir.) 171 strană 240 sudoare 107, 177
spoi 240 strat 26, 193 sudoari (mgl., dr. reg.) 177
spor 240 stră (ar.) 143 suferi 183
spre 14·3 străbun 44, 203 sufla 144, 177
sprem (ar.) 176 strădui 240 sufleca 191
sprijin 240 străgheaţ[t 225 suflet 177
sprinceană, sprînceană (dr.) 169 străin 205 sufuleca, suful(i)ca (dr. reg.)
s pri ndzeană (ar.) 169 străluci 147 191
sprună (ar.) 194, 217 strămulari (mgl.) 206
suflit (ar., mgl., dr. reg.) 177
spruză (mgl.) 194 strămurarc (dr. pop.) 206
suflu (ar., mgl.) 177
spulbda 157 std'tmut (ar.) 206
sufrăndzeană, sufrîndzeauă,
spulbir (ar.) 157 strămuta 144, 206
s(u)frînţeauă, s(u)frîmţeauă
spumă, spuma 158 strănepot 44
(ar.) 169
spumedzu (ar.) 158 strănuta 107, 177
străpunge 144, 211 sufrînţel (ar.) 174
spun (mgl.) 185
străpungu (ar.) 211 .sufruncea (a. dr., dr. reg.) 169
spune lH, 185, 261
streche l45 sug (ar., mgl.) 26, 176
spur (dr. reg.) 203
strecura 25, 144, 200 suge 174, 176
spurc (ir.) 185
strein ,stri(i)n (a. dr .• dr. reg.) suge! 174
spurean(că), spureaucă (dr. sughiţ 117, 177
205
reg.) 203 sughiţa 125, 177
streiru, strii(n)ru (a. dr.) 205
spuză 32, 35, 194, 368 sugl'iţ (mgl.) ,sugl'iţu (ar.) 177
strepede 223
sta 84, 117, 140, 178 sugl'iţu (ar.; verbe) 177
strica 25
stil (ir.) 178 imi 144, 178
stricor (ar.) 200
star('t 240 suil'edzu (ar.) 200, 217
strig (ar.) 166, 185
stat J2, 37 sul 26, 104, 190
striga 166, 185
stau (ar., mgl.) 178 sulă 202, 255, 288
strigă 125, 166
staul 199 sulţ (ir.) 202
strigoi 166
stavilă 240 sulf 379
strim(b)urare, strimburare (ar.
Stă.-1\lărie (mgl., dr. reg.) 215 206 sulfină 32, 379
Stă-l\lăria ar., dr. reg.) 215 strimtu, strimtură (ar.) 152 suliţă 30, 2-40
stămînă (ar., dr. pop. reg.) 216 string (mg!.) 198 sum, sun (ar.; prep.) 170
stărnut, strănut (ar.) 177 stringl'e (ar.) 217 suman 239
stţ (ir.') H8 · stringu (ar.) 198 sumete 191
stea 1'18. 281 strîmb 26, 181 sumsoară, sunsoară (ar.) 170
steag 240 strîmbu (ar.) 181, 206 sun (a. dr.) 205
steao (ar.) 148 strîmt 26, 107, 152 sun (ar.; verbe) 141
steauă (dr., ar., mgl.) l48 strîmtură (dr. reg.) 152 sun (mgl.) 205
stei 225 strînge 26, 198 suna, sunet 205
stejar 226 strop (ar.) 217 su oară (a. dr.) 170
stelniţă 239 strop, stropi 225 supăra 183
sterp 223 stropşi 226 supt 41, 93
sticlă 239 strugure 225 suptăsoară (mgl.) 170
stikescu (ar.) 177 supţir(e) (ir.) 155
strună 239
supune 144, 211
sting (mgl.) 194 stnmgft 223 sur bi (ir.) 176
stinge 194 stuf 162 surd 26, 175
stinte (ir.) 194 surdu (ar.) 175
stîlp 239 stup 201, 231
surin (ar., mgl.) 38, 148, 217
stîmînă (ar., dr. pop., re~.) stupă 26, 190, 230 surori (pl.) 109, 122, 136, 203
216 stupi (dr. reg.) 177 surpa 156

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H. Mihăcscu

surpu (ar.) 156 sterc 176 terţin, terţiu 1dr. reg.) 200
surupa (a. dr.) 156 Şterge 121, Hi, 261 ti (ar.) 137
surupari (mgl.) 156 ştern (mgl.) 193 tihnă 239
sus 86, IOi, li2 ştet (mr::I.) 18i timbă (mgl.) 169
susai 223 5ti 12.5, 182 timp 136, 153, 216
suspina Iii ;tiob 227 timpuriu li.5, 216
sută 30, 83, 110, 139, 2i0, ~tioi 227 tină 239
3i3 ~tiolbic 227 tind (mgl.) 152
suie (ir.) 176 ştir 239 tindă 26, 193, 277
~tiră 22.1 tinde (a. dr., dr. reg.) 152
şa 206 ştir1• 2.19 ti:1deică. tin<le(i)che,
şale 223 ~tirnnt 1111gl.) 1~3 tendeche (dr. reg.) 190
şao (ar., mgl.) 206 ~tin (ar., mgl.) 182 tindecJ'[1 (mgl.) 190
şapte 83, 110, 139 ştiutei 226 ti ndu (ar. ) 152
şapkka (al) 110 ~iucă 2i0 tine 111, 137
faptesp~l·zece 83, 110 ştiulete 227 tinir (ar., mgl.) 173
şaptezeci 83, 110 şubă 239 tipic 2-10
şar (ar.) 200, 217 şuiera 93, 13i, 205 tircr. tirfr (ir.) 173
şară (ar.) 26, 202. 217 şuir (ar., mgl.) 205 tilc 240
şarpe (dr., ar.) 107, 165 ş11p[1r (ar.) 183 timp 239
şArpe (ir.) 165 timplă 26, 169
şarpi (mgl., <lr. rcg.) 165 ta 82, ~8. 111 tînăr 173
şase 83, 110, 139 tal'nni (ir.) 19i tirclzin (ar.) 145, 216
şaselea (al) 110 tain 2-10 tirg 208, 2'10
şasesprczece 83, 110 taini'1 2i0 t iri 2'10
şasezeci 110 tal' (n11~1.) 198 tirziu 93, H5, 216
şaua (dr. art., ar.) 206 tal'A (ir.) 198 toamnă 153
şauă ( mgl.) 206 tal'u (ar.) 198 toarce Iii, 190
şchian, şchcau (a. dr.) 26, 73, tare 155 tocilă 239
208, 259 tArr (ir.) 155 tocmi 240
şchiop 26, 175 targă 232 toiag 239
şchiopa (a. dr., dr. reg.) 175 tatani (ar.; pi.) 203 tomna (ir.) 153
!;'chiopăta 175 tată 82, 93, 103, 122, 136, topi 240
şcl'eau (ar.) 208 203, 3i 1 topor 239
şclifnr (ar.) 379 taur 26, 199 torc (mgl.) 190
şcl'oapic (ar.) 175 ta·1ru (ar.) 199 tor cc (ir.) 190
şcl'op (ar„ mgl.) 175 ttln·a 107 torrn (ar.) 190
şcoală 81 ti'u"inne 135, 19i, 367 torn (mgl.) 206
şcurtu, şcurtedzu (ar.) 1.52 t~11'uni (mt::I.) 19i tomu (ar.) 206
şea (dr. reg.) 206 tăia 8i, 198 tort 190
şearpe (ar., a. dr.) 16.5 tălmaci 239 tr,rtu (ar.) 190
şeauă (ar.) 206 tămiie 2i0 tot, toată 26, 138
şed (ar.) 178 tăminji 227 trag (ar., mgl.) 178
şedea 178 tărăgăna 206 trage 178, 206
şerb 208, 258 Urt ură ( mgl.) 166 traistă 223
şerbi 208 tă.tine, tătîni (<lr. reg.) 136, 203 traic (ir.) 178
şerp(u) (ir.) 165 ti'1u,tăi,tale 111 tramă iar., mgl„ dr. reg.) 190
şes 32, 37, 1.56, 388 tăujer 227 tră (ar., mgl.) 143
şi (dr., ar.; conj.) li3 tăun(e) 16i trăgăna (dr. reg.) 90, 206, 389
şi-, -şi, -şi- (pron.) 82, 137 tă"tăli 227, 240 trăi 2"10
şic 82 tă·1ăsi 227 trăiera, triera, triira (dr. rtg.)
şipot 239 te 1\2, 88, 111, 137 19S
şl'op (ar., ir.) 175 teacă 210 trămite (a. <lr.) 206
şoarece 93, 167 tearfă 227 trăsar (ar.) 17S
Şoaric (ar.. mgl.. dr. reg.) 167 teamă 93, 99 trăsări (a. dr.. <lr. reg.) 178
rnd (mgl.) 178 teară 190 trăsni 239
şoim 30 tearfă 227 treabă 240
şopîrlă 223 teasc 125 tream(b)ur (ar.) 183
Şoric(iu) 227 tt?i 125, 163 treamur (mgl.) 183
şo·1ăi 272 teme 183 treaptă 193
şpur (<Ir. reg.) 203 temei 239 treaz 239, 240
şpurean(că) (dr. reg.) 203 tcmoare (a. dr.) 26, 183 tn·c (ar., rngl.) 17S
şteamătă 231 terpd 227 trece 103, 178
ştează 227 ter~in (dr. reg.) 200 trei 83, 107, 110, 139

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Index 59t

treilea (al) 110, 139 ţap 223 \)ară (mg!.) 216


treiera 198 ţară 107, 134, 156, 2011 1,,1arz (mg!.) 195
treisprezece 83, 110 ţară (ar., mg!.) 156 l,,laspit (n:gl.) 20.5
treizeci 83, I JO, 139 ţarc 223 1,,1asti ( m gl.) 210
treizecilea (al) 110 ţarcă 22.5 ucenic 239
tre11'.~te (ir.) 206 ţas (ar.) 190 ucide 172
tremur, tremura 183 ţăran 156, 208 ud 93, 150
trepăda 178 ţărină 156, 208 ud (ar.; verue) 1.50
tresări 144, 178 ţărm 26, 158 ud (mg!.; verbe) 179
tri (mg!.) 1'13 ţăruş 227 uda 150
trifoi 26, 19.5 ţeapă (ar., mg!.) 196 udmă 225
trifol'u (ar.) 195 ţeară (a. dr.) 134 udzire (ar.) 199
triir (ar.) 198 ţearii (ar.) 13.5, 20 l uger 199
trimet (mg!.) 206 ţeastă 26, 169 uiar (ar.) 200
tri mete (dr. reg.) 206 ţeaţire (ar.) 20, 26, 196, 217 uib (dr. reg.) 178
trimite 125, 144, 206 ţea·1ă 30, 239 uimă 225
trist 26, 183 ţep (ir.) 189 ui n (ar.) 200
trista (a. dr., dr. reg.) 183 ţC'r (ar .. mg!.) 26, 148, 372 uita 12.5, 182
trîmbă 239 ţC'r (ar., ir. ) 163 ular (ar., mg!.) 202
trîmuiţă 240 ţer (ar., mg!.) 184 ulcea, ulcică, ulceluşă,
trinji 239 ţerc (mg!.) 181 ulceluţă 189
troian 3.59 ţercl'u Hi 1, 217 ulcior (ar., dr. reg.) 145, 174,
troiţă 240 ţern (mg!.) 188 189
troscr,t 239 ţeruse (ir.) 194 uliţă 240
tru (ar., mg!.) 143 ţ~s (mgl.) 190 ulm 163
trudi 240 ţese 190 ul't (mg!.) 182
trufă, trufie 231 ţ~se (ir.) 190 uita (a. dr.) 182
trunchi 23, 160 ţest (dr. rcg.) 18~ ultu (ar.) 182
trup 168, 239 ţestos 169 umăr 170
tu 82, 137 ţi-, -ţi, -ţi- 82, ll 1, 137 urn bla 178
tu (ar.; prep.) 137 ţiclău 223 umbră, umbros 147
tufă 26, 1.59, 301, 372 ţicoară (ar.) 161 umed 150
tufcă (mg!.) 1.59 ţie 82, 111, 134, 137 UmC'r (ir.) 170
tulbura 26, 183 ţigai 227 uminitate (ar.) 173
tulpină (trupină) 239 ţilar (ar.) 193, 217 umir (ar.) 170
tumbă (ar., mg!.) 26, 21.5, 217 ţin (ar., mg!.) 187 umple(a) 154
tun (a. dr., ar.) 151 ţine(a) 178 umplu (ar.) 154
tuna 151 · ţingu (ar.) 135, 191 un 104, 138
tună (ar., mg!.) 151 ţintă 373 unchi 20, 26, 203
tund 200 ţin ţi (ar.) 135 unda (a. dr.) 158
tunde 200 ţipa 227 und~i 158
tundu (ar.) 200 ţipar 227 unde 142
tunet 151 ţirâ. ţire (ir.) 187 undcdzu (ar.) 158
tunit (mg!., dr. reg.) 151 ţir~ (ir.) 178 undeva 138
tupila, tupili 227 ţirţel (ar.) 192 undiţă 240
turua 26, 183 ţitate (ar„ mg!.) 145, 208 undrea 227
turhu, turhur (ar.) 183 ţiţe (ir.) 171 ung (mgl.) 200
turln1ra HM ţîmburuş 225 unge 26, 80, 121, 200
tun~a( t)că 232 ţin (ar.) 178 unghe (dr. reg.) 170
turmă 26, 200, 371 ţînţar (dr.) 164 ungher 97, 145
turna (a. dr,) 206 ţîră 223 unghi 152, 181
turnă (ir.) 206 ţiţă 134, 171 unghie 119, 145, 170
turtă 26, 188 ţiţînă 193 ungl'ă (mgl.) 170
turt~ (ir.) 188 ţol, ţoală, 227 ungl'e (ar.) 145
turtură (dr. reg., ar., mg!.) 26, ţc,.111 (mgl.) 178 ungl'c (ar., ir.) 170
166 ţ9st (mg!.) 189 unsprt>zcce 83, l IO, 139·
turturea 166 ţyţă (mg!.) 171
unt 200
turtureauă (ar.) 166 ţugui 227
untură 26, 145
tuse 174 ţuică 227
tusi (mg!.) 174 ţurloi 227 unii, unele 138
tuşedzu, tuşescu (ar.) 174 unu, una 83, 1 IO
tuşi 174 1,.)aiă (mg!.) 200 l,,locl'u (mg!.) 169
tuş9s (mg!.) 174 \)ală (mg!.) 189 yolm (mgl.) 163

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592 H. Mihăcscu

\tom (mgl.) 173 vali (mg!., dr. reg.) 156 ve·1cri ţă 239
vorb (mg!.) 1Î5 var 30, 239 via (verbe; a. dr.) 172
vos (mg!., ir.) 168 vară 26, 153, 212 viaţă 172
uov (mg!.) 166 varză 188, 196 vidră 239
(u)o·r (ir.) 106 ·1as 189 vie (verbe; a. dr.) 171
ura 32, 33 vatăm (ar., mg!.) 209 vier (dr. reg.) 197, 199
urca 156 vatră 96, 223 ·Jierme, ·1iermănos 165
urcior 17-4, 189 ·1ă 82, 88, 111, 137 ·1iespe 16-4
urdă 223 ·1ă (dr.; ·rerbe) 178 ·.riezure 223
urdin (ar., mg!.) 178 ·1ăcărcadză (ar.) 199 vifor 239
urdina (a. dr., dr. reg.) 178 ·1;,l,-n,·aţ;I (dr., ar.) 199 ·:imtu (ar.) H9
urdzăscu, urdzitură (ar.) 190 ·1ăita 223 ·.rin (·1erbe; mg!.) 178
urdz9s urdzătură (mgl.) 190 ·d1ltur (mg!.) 166 ·Jin (suust.; dr„ mgl.) 189,
ureacl'ă ( mgJ.) 169 văpaie 223, 225 369
un:acl'e (a. dr., ar.) 169 văr 203 vinaţ 189
ureche 169 văratec 212 vină (ar., mg!.) 168
urecl'e, ur(cl'c (a. dr., ir.) 169 vărdzarc (dr. reg., ar.) 188 ·rină (mg!.) 197
mgie 183 ·d1rsa 2ti, 200 ·/j 11[1 239. 2-40
uryie (ar.) 183 ·1ărzarc 188 ·rj 11[1 t (III gl. ) 180
uri 32, 37, 181, 183 ·1i1ti1111a 209 ·1ince, ·1('11ce, vinge (a. dr.)
urit (dr., ar.) 181, 183 ·.ri1trai 223 211
urla 26, 167 ·.rătui (dr. reg.) 199 ·rinei (mgl.) 207
urlu (mg!.) 167 ·d1zut 85, I H ·findc Si, 117, 110, 207
urnă (ar.) 12 veac 2'10 ·1indeca Iii
urs 167 vear:I. (ar., mg!.) 153 ·1indic (ar.) 17-4
ursă (ar., mg!.) 167 ·1eanle (ar., a. dr.) 159, 180 ·Jindu (ar.) 207
ursiţă (ir.) 167 veardi (mgl., a. dr. reg.) 159, vineri S I, 123, 136, 216
ur~oaică, ursoaie 167 ISO viniri (ar.) 216
ursoallă (mg!.) 167 veardză (mg!., a. dr„ dr. reg.) viniri (mgl.) 216
ursoane (ar.) 16 7 196 vino·.rat 239, 2'10
ursu (ar.) 167 veardza (ar.; pi.) 196 ·fint (rngl., ir.) 1-49
urzi, urzitură 190 ·1e(a)rdze (a. dr.; pi.) 196 ·Jintre (a. dr., dr. reg.) 171
urzică 117, 125 veare (ar.) 192 ·.rintu (ar.) 1-49
usc (mg!., dr. reg.) 150 ve(a)rze (a. dr.: pi.) 196 vioară (dr.; adj.) 158
usca 150 vea.spă. ·1easpe (dr. reg.) 164 •liorea 161
USl·â (ir.) 150 ·1eaştid (ar.) 159 viperă 165
11si11dză (ar.) 26, 18S vecernie 2i0 ·ripie 22.5
uspăţ (a. dr„ dr. rl:g.) 205 vechi H.5, 15>, 173, 259 vipt (a. dr., ir.) 187
uspet (mg!.) 205 Vt·cin 26, 205, 208 vir (ir.) 189
uspctu, uspitcdzu (ar.) 205 ·1ecl'u (ar„ mgl.) 115, 153, 173 ·Jirdzare (ar.) 188
ustura 121, 196 vcd (ar„ mg!.) 179 virer (ir.) 216
usturoi 196 vedt (ir.) lî9 ·rirgat (mgl.) 180
usuc (ar.) 150 vedea 29, ·s-4, 117, HO, lî9 vis, visa 177
uşă (dr., mg!.) 193 veghe 296 viscol 227
ll~e (ar., ir., dr. reg.) 193 vq;hea 7, 296 vis(t)mint (mg!.) 191
u~or 26, 155, Hl3 veni 26, 8-4, 117, 178 vişină 333
utre (ar.) 189, 217 vrnin 26 vită 199
utrenie 2'10 ver (ar., mgl.) 203 vitreg 2-4, 26, 203
utur (ar.) 189 vera (ir.) 153 vitul'u (ar., mg!.),
uţid (ar., mg!.) 172 verde 20, 26, 107, 159, 180 vitul'ear (ar.) 199
u1,.1ă, u·1ă (mg!.) 197 Vfrde (ir., dr. reg.) 150 viţă 120, 197, 258, 307, 392
uferu (ir.) 199 venim (ar.) 196 ·.riţel 95, 199
vergură (a. dr., dr. reg.) 26, vi ţin, ·1iţinătate (ar.) 205
145 ·riu (dr.; adj.) 172
va 178 verigă 239 viu (dr.; verbe) 1-40
·iacă 199 versu (ar.) 200 vilcea 156
·rad 158 v~rze, v~rz~ (ir.) 196 viitoare 158
vadră 239 'leSCU (ar.) 161 vibă 2-40
·1ai (ar., mg!.) 178 ·ieste 2-40 vina 201
vâkf (ir.) 199 ves( t)mint 191 vină 168
·1ale 156 veşted 2-4, 28, 1-45, 159 vinăt 180
·1âle (ir.) 156 ve!Ştimintu (ar.) 1-45, 191 vînătate (ar.) 217
·.raleu 225 veş(t)mînt 1-45, 191 vinător, vinătoare (dr.) 145

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Index 593

vînt 1'19 vrin, „rină. (mgl.) 138 zecelea (al) 110


vîntura 198 vulpe 167 zeda (ir.) 163
vîrcolac 239 vultur 166 zeruncl'u, zeruncl'u (ir.) 170
vîrf 239 zestre 251
vîrî 223 za 7, 210, 275 zgaibă 26, lH
vîrnu, vîrnă (ar.) 138 zac (rngl., dr.) 178 zgarbură 227
virstă. 239 zâ~e. Uce (ir.) 178 zgardă 223
virşă. 2'10 zadă 163 zgău 223
virtos 1'15, 18'1 zâne (ir.) 169 zgii 227
virtute (a. dr., dr. reg., ar.) zară 223 zgî(l)ţii 227
26, 184 zare 239 zgîmboia 227
vise 161 zavă (ar.) 210, 275 zgîndări 227
v'iscu (ar.) 161 Zâzet, fazet (ir.) 170 zgîrci 240
vislă. 240 zăba·ră, zftbmri 240 zglobiu 239
vîsca 227 zăbrea 239 zgremţuros 227
vl~gă 239 zăcea ln zgudui 225
voame (a. dr., dr. reg.) 174 zăduf 239 zgură 227, 368
voi (pron.) 82, 85, 111, 137 zălog 240 zi 123, 134, 153, 258, 348
voi, 'Tei, va, vom, veţi, zănatec, zănatic 212, 356 zic 78, 79, 107, 185, 258
vor 140, 141 zăpadă 151 zice 79, 117, 134, 185
voie·;-od 239 zăr 225 zid, zidar, 239
voinic 240 zări 240 zimbru 222, 225, 239
volbură 161 zărni 222 ziniri (mgl.) 203
vom (ar., mgl.) lH zăr9s (mgl.) 183 zinucl'u (mgl.) 170
vomeră, vomiră (ar.) 198, 217 zău 213 zinzic (ir.) 169
vortă. 30, 93 zăud ( mgl.) 150 zînă 22, 26, 49, 212, 356
vorbi 30, 99 ză„or 239 zirnă 222
vostru, voastră, „aştri, zbiera 223, 261 zU"ltar 239
vc•as tre 111 zbîrci 239 zloată 239
vrabie 239 zbura 125, 166 zmeu 30, 240
vraci 239 zburda 227 zmîngăli 227
vraf 240 zdra·răn 239 zoaie 227
vrajă 240 zdrobi 240 ZQnă (mgl.) 212
vrajuă 240 zeamă 188, 231 zuuă (mgl.) 153
vrea 84, 85, ll"i, 140, 141, 184 zeane (mgl.) 169
vrednic 239 zeazi t ( mgl.) 170 zvinta 149, 198
vreme 240 zece 78, 83, 107, 108, 110, 134, zvîntura (a. dr., dr. reg.) 198
vreun 138 · 139 zvon 239

SARDE
abh1 (log.) 189 aradu, aradura, arare (log.) 198 bazare (log.) 205
abbare (log.) 2GO arku (log.) 210 bendere (log.) 207
abrile (log.) 216 arma, armare (log.) 210 bennere (log.) 178
acea 318 armissariu (sarde dial.) 26, 27 benneru (log.) 203
adzudare (log.) 205 armu (log. ) 170 bentre (log.) 171
aera (log.) 26, 27, 28 arrigu (campid.) 171 benuju (log.) 170
aJfumare (log.) 194 arruga ( campid.) 206 berre (log.) 199
agru (log.) 179 asa (log.) 26, 194 bessire (log.) 178
agrustu (log.) 26, 162 askultare (log.) 179 bestire, bestimenta (log.) 191
agu (log.) 191 assundza (log.) 26, 188 bidere (log.) 179
ai nu (log.) 199 atta 318 bidore (log.) 176
ajungere (log.) 178 austu (log.) 216 bidrigu (log.) 26, 203
akkayonare (log.) 184 azu (log.) 196 biere (log.) 172
alenare (log.) 186 biere (log.) 176
allargarese (log.) 178 baa (log.) 177 biginu (log.) 205
allentare (log.) 186, 204 bae, badzi (imp.; log.) 178 binatta (log.) 189
al·Tu (log.) 180 bakka (log.) 199 bi ndza (log.) 197
amma.jare (k,g. i 212 barba (log.) lb9 bi nkere (log.) 211
arnnu„o:ardzu (log.) 199 (b)arvege (log. 1 200 binu (log.) 189
anr.6dinu (log.) 200 battiai (campid.) 21'1 birde (log.) 180
annu (log., 216 Mttoro (log.) 135 birdiu ( campid.) 203
approbiare (log.) 178 batture (log.) 206 biu (log.) 172
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594 H. Mihăcscu

bizare (log.) 177 forfige, forfigare (log.) 191 kabidalc (log.) 193
bizu (campid.) 177 forricare (a. log.) 38 kabidare (lng.) 205
boe (log.) 199 fraigare (log.) 202 kabiyu 298
boge (log.) 185 frangere 168 kaboni (campid.) 24, 26
b61Jiri ( campid.) 184 frau (log.) 202 kabu (log.) 169
bonu (log.) 186 frea (Jug.) 17-4 ka«;ii;lu (log.) 199
brakile (a. log.) 191 frl'ardrn (log. l 216 karlcna (log.) 171
bukka (log.) 169 friere (log.) 18S ka<iinu (J<.g.) 11\9
bula 169 fri us (cam pi el.) 17-4 kaclzu (log.) 200
uusika (log.) 26, 171 fromentu (campid.) 188 kagarc (lng.) 176
fronesta (log.) 193 kalamu (l<,g.) 26
ferezia ( campicl.) 197 fruttu (log.) 2H kalige (log.) 28
ciziri (campid.) 196 iua, fuire (log.) 178 kampu (log.) 198
fumu, fumare (log.) 194 kane (log.) 199
<lare (log.) 207 furare (log.) 209 kantare (lr •.g.) 205
dan11u (lot:.) 209 furka ( log„ ra1i;pid.) 198 kantaru 21S
demanarc 190 furru (Jng.) 10-4, 202 karkandzu (log.) 170
dente (log.) 169 funmku llog.) 174 (k)armcnare (log.) 190
deponnere (log-.) 17 8 fuste ( H~-) 210 karrare (log.) 206
derettu (log.) l'O futtire (log.) 176 karrc (log.) 168
<!idale (lng.) 191 furn (log.) 190 karrn (log.) 26, 206
diJu (log.) 170 karta (log.) 20.'i
doa (log.) 1S9 ~ae (log.) 19.> ka.~kare (log.) 177
dnlare ( lo.r.:. ) 19 .> gen te (log.) 208 kastiai ( campid.) 207
clolu, clolorl', dolere (log.) 1S3 gogu, gogare (log.) 205 ka.zi «;ii;Iu ( campid.) 28
<lomestia (a. sanie) 199 grastu (campi<I.) 26 kazu (log. ) 200
<lominiga (log.) 216 grugurgu 17 1 kelu (log.) 80, l<H
domnu, domna (a. log.) 208 ;'.!uf (t'n;.:acl.) 206 kena (log.) SO, 187
dormire (log.) 177 guramc·ntu (lng.) 1S5 kenare (log.) 187
dossu (log.) 171 ken tu (log.) 28, /iO
dugerc (a. log. l 206 ilifi (campid.) 2S kl'ra (log.) 10-1, 201
dnlke (log.) 179 imbenuyar'c~ (log.) 170 kl'rrl're (log.) I S4
duos (lug.) 104 i lll bi <l<>re (log. ) 184 kerrl're (log.) 188
dzudigarc (log.) 209 indulliri (campid.) 28 kertare 26, 18.'i
ingittsai (campicl.) 178 ki huc;lc;la (log.) 104
inimigu (log.) 28 kiclondza (log.) 197
ehba (log.) 199 i nsam henare (log.) 168 kill'.:u (log.) llH
t·du (log.) 200 i n~olare 192 kima (log.) 17-4
eska (log.) 19-4 intrare (log.) 178 kimbc 135
i settare (log.) l:Ovi kimige (log.) 26, 10-4
iskala (log.) 19.> kin~a (log.) 26, 191
fac]u (log.) 2S iskan<l11la ( su.rde .Jial.) 193 kingcre (log.) 191
fae (log.) 196 iskannu (log.) 193 kirkare (log.) 18-4
fâgere (kg.) 184 iskire (Jr,g.) IS2 kirku (log.) 181
falke (log.) 169 iskriere (log.) 20.'i klauder (a. log.) 193
famine (log.) 176 iski1dcre (log.) 19S kodza (log.) 171
farina, farinosu (log.) 188 isknclu (log.) 10-1, 210 k6gere (log.) 188
faska, faskare (log.) 191 i!>kultu (log.) 192 kolostru (log.) 200
fattu (log.) 184 ispada (log.) 190, 210 komin<liare (a. campid) 2 J."j
fattura (log.) 10-4, 168 i ~piga (log.) 195 komporare (log.) 207
fedu, feclare (log.) 17 3 ispina (log.) 171 kondzu (log.) 193
fele (log.) 171 konnadu (log.) 26, 203
fenu (log.) 195 ispodzare (log.) 211
konnoskcrl' (log.) 182
formentardzu (log.) 188 i spyenc (log.) 171 kor<la (log.) 205
ficlzu, fidza, fidzastru, issulos (log.) 10-4, 190 korona (log.) 21.'i
fi<lzastra (log.) 203 istare (log.) 178 korria (log.) 191
figau (campicl.) 171 korrudu (log.) 26, 167
figu (log.) 197 isterrere (log.) 193
korte (a. log.) 208
filn (log.) 190 istringere (log.) 198 kortige 28
fiokku (log.) 190 i stroki re (log.) 200 kosa 170
fire (a. log.) 172
istuppa (log.) 190 kosta (log.) 171
flamma (log.) 19-4
foi;l<Je (log.) 202 istm-ridare (log.) 177 kozire (log.) 191
fogu (log.) 194 izgarrigare (log.) 206 kraba (10g.) 200

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Index 595

krabistu (log.) 206 morte (log.) 172 pCttene (log.) 192


kreere (log.) 213 mortu (log.) 172 pettus (log.) 17 l
kreskere (log.) 172 mudare (log.) 206 pezu, pezare (log.) 186
krista (log.) 26, 199 mudu (log.) 175 piâgere (log.) 183
kristianu (log.) 214 mudzere (log.) 173 piangere (log.) 80, 183
kuidare (log.) 26, 182 muire (log.) 199 pibera (log.) 165
kuidu (log.) 170 mukku, rnukkozu (log) l7i pilu (log.) 168
kuk(k)u (log.) 166 mura (log.) 162 pira, piru (log.) 197
kulu (log.) 171 murdza (log.) lSS pisare (log.) 176
kumbennere (log.) 205 murga (campid.) 188 piske (log.) 26
kunku ( campid.) 203 mt'.1rgere (log.) 200 podere (log.) 184
kuppa (campid.) 189 muru (log.) 193 p6nnere (log.) 178
mussa (log.) 189 ponte (log.) 206
mustrare (log.) 185 porku, porkardzu,
la.grima, lagrimare (log.) 183 mustu (log.) 189 porke<;h;lu (log.) 199
lambrire (log.) 32 musu (log.) lb8 porta (log.) 193
lana (log.) 190 muyu (log.) 181 prandzu, prandere (log.) 187
lardu (log.) 188 prea (a. campid.) 211
Iaru (log.) 26, 162 preare (log.) 211
Iassare (log.) 184 nare (log.) 169 preide (log.) 214
latte (log.) 189 naskere (log.) 172 pressyu ( campid.) 197
Iattu (log.) 20 l nazu (log.) 169 prumone (log.) 171
leare (log.) 207 nebode (log.) 203 pruna (log.) 197
liare (log.) 198 nodu (log.) 191 prupozu (log.) liO
limba (log.) 135, 169 nonnu (log.) 215 pudire (log.) 179
limbuctu (log.) 169 nuge (log.) 197 pulpa (log.) 170
lingere (log.) 176 numeru (log.) 26 pumu (log.) 197
linu (log.) 190 nuntas (log.) 12?., 204 pu ndzu ( l<ig.) 170
littcs (log.) 190 punga (log.) 20i, 278
li( 11)eru (a. sarde) 28 pungerc (log.) 211
16mpere (log.) 210 obus (log.) 184
lumene, lumenare (log.) 185 odzu (log.) 28
lunis (log.) 216 ragas (log.) 19 l
okkiere, bokkire (log.) 172
ranu (log.) 195
olia (log.) 28
ramine (log.) 28
6mine (log.) 173
madrige (log.) 200 raru (log.) 2G
ora (log.) 216
madzu (log.) 202 rassu (log.) 18 l
ordindzare (log.) 290
maginare (log.) 198 ordire (log.) 190 respumlere (leg.) 185
man( d) igare (log.) 176 reste (log.) 28
ordzu (log.) 195
man~ga (log.) 191 riere (log.) 183
urulare (log.) 167
manu (log.) 170 011 (log.) 166
rizu (log.) 183
margine (a. log.) 181 roda (log.) 206
o!astru (log.) 28
ma.ridu (log.) 204 ruda (leg.) 161
martis (log.) 21G rngc (log.) 213
martu (log.) 216 padza (log.) 195 rumigarc (log.) 199
mastigare (log.) 176 page (log.) 2 lO rundza (log.) 174
ma5u (log.) 199 palatu (log.) 362 ruyu (log.) 180
mat ta (log.) 17 l palu (log.) 193
m;i.yu ( campid.) 216 paone (log.) 199 saitta (log.) 26, 210
rnc:i;u 28 parente (J,.g.) 203 sale (log.) 188
mda (log.) 197 pane (log.) 188 salirc (log.) 26
mde (log.) 201 pârrere (log.) 182 saltu (log.) 178
mente (log.) 182 paska (log.) 215 saludare (log.) 205
merda (log.) 176 pâskere (log.) 200 sanu, sanare, sanidade (log.)
merkuris (log.) 216 passu, passare (log.) 178 174
meru (log.) 180 pastore (log.) 200 saniclozu (campid.) 26, 174
meryc.re (log.) 26, 200 patire (log.) 183 santu (log.) 215
meza (log.) 193, 260 paule, panii (log.) 34 sapadu (log.) 216
meze (log.) 216 pedire (log.) 204 sau (log.) 28
minare (log.) 200 peiga (log.) 201 saurra (log.) 28
minudu (log.) 17 l pekkaclu (log.) 2 14 sec,l<la (log.) 206
mi rare (log.) 183 perdere (log.) 207 scguri l campid.) 202
rnizu (log.) 195 pertungere (log.) 2 lO seminare (log.) 198
mola (log.) 198 pessige (log.) 197 sentire (log.) 183

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596 H. Mihăescu

sero (log.) 216 tardiu (log.) 216 trunku (log.) 28, 160
serra (log.) 202 tazare (log.) 198 truvare (log.) 183
senare (log.) 215 tela (log.) 190 tumba (leg.) 215
sen'ire (log.) 208 tenda (log.) 193 tundere (log.) 200
seu (log.) 188 tennere (log.) 178 tusire (log.) 174
sidis (log.) 176 tenneru (log.) 17.3 tussi (ean1pid.) 174
sinnu (log.) 26, 181 te(r)ga (log.) 210
sinu (log.) 171 tessere (log.) 190 ua \log.) 197
soga. (log.) 28 tidonga ( campid.) 197 ummaru (sarcle dial.) 170
sogru (log.) 203 timorc (log.) 183 unga (log.) 170
soia (log.) 28 tina (log.) 28 ungere (log.) SO, 200
sonare (log.) 205 titta (log.) 171 untura \log.) 26
sonnu (log.) 177 tittone (log.) 19-f uors ( engad.) 167
sonu {log.) 205 torkcre (log.) 190 urdi ( campid.) 189
s6rige (log.) 167 torrare (log.) 206 ursu (log.) 167
sorre (log.) 203 tortu (log.) 190 usettare (a. ]c,g.) 184
sortc (log.) 212 triere (log.) 178
suttsu (campid.) 2fi trama (log.) 190 vethiliga (a. log.) 214
spaminta (sarde dial.) 183 tremulare (log.) 18.3 ·1ida (log.) 199
spurra ( campid.) 203 tristu (log.) 183 ·1irtude (log.) 184
stiere (lug-.) 176 tri ulare (log.) 198
suffrire (log.) 183 yana (log.) 2 12
trota (log.) 28
sula \log.) 202 ytiige (log.) 209
suruyos (campiJ.) 190 tro·1odzu (1<„g.) 195 yurare (log.) 185
surJu (log.) 17 5 truma (log.) 200 yuu (log.) 206

SERBOCRO..\TE

afikt•bati 377 Fijan 203 kârpuz(a) 196


a.ksag 377 flekta (Dubrovnik) 377 kâ.stel, kastel 362
ama .38 frigati (prigati) (kaika·1ien) 377 l~stella (er.) 92
frkata (cr.) 87 kesten 95
frondfata (cr.) S7 kijerna, kiernja, kern(j)a, kirn-
banja .362
frulâta 377 ja (cr.) 91, 101, 377
biskup (kaika·1ie11) .339
klak (ser. clial.) 377
bit·1a (cr.) 95 galii.tina 377 klasnja 366, 379
bi·10 371 giwum ( cr.) 91 kllsura 32, 36
bi·rnl 167 ~era (cr.) 91 k6ka 226
bOsil(j)ak 95, .372 gingina (ser. dial.) 377
koljho 101
brandusa 226 gina .; 77
koluba (er.) 101
brustulati 3 77 glil·1ol: (.:r.) 91
koludar (er.) 101
buklija 36.'i, 379 gbriin 226
komln 363
bulik-:in (cr.) 90 gradella (cr.) 9li
komostre (cr.) 96
Grk 375 konastra (ser. dial.) 377
car 257 grug-, gruj (cr.) 91 konâ.·1al(j), konavao,
Ca·1tat 92 konâ·10 (ser. dial.) 377
~emin, ~imin (cr.) 101 konoba 363
l::ep(a), kobla (cr.) 91, 189 igalo (cr.) 101 konoplja 190
cer 95, 163, 372 lfoper ( er.) 128
~ifal 91, 101 jârbol 377 kbrizma 336
jastog, jâstrog ( cr.) 91, 101 kosao ( er.) 97, 363
fresnja 372
jegulja, jegulja, angula, an- kostanj (ser. dial) 3i2
!'.'.urna 374 gulja, jangu(l)ja 91, 370 Kostolae ( er.) 382
cura 377 Kostol ( er.) 92
kalâ.mufa (cr.) 87 Kosljun (er.) 92
despet, despet, despet (ser. kâ.luder 101
Kostilo (er.) 92
dial.) 377 Kanâjt (er.) 79, 87, 95
Kraeun 351, 381
djak ( tchaka·1ien) 338 kâ.năp 372
dbkes (Dubro-mik) 90, 377 kântor, kântar (er.) 101 kriesva, krijesa (ser. dial.)
drmun (Krk) 401 kanura 190, 366 372
dum, dun, dumna (Dubro·rnik) kapa 366 krîz (er.) 103, 336
338 kapula 372 krklo (ser. dial.) 377

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·· Index 597

Krknas (er..) 87 ovrata, obrata, ovratica (er.) sisura 377


Krknata (cr.) 87 91, 104, 128 Skradin ( er.) 375
krpatur (er.) 26, 97, 377 skudla 363, 377
Krsikla (er.) 128 sobota 348
pakalj ( er.) 101
kUkolj, kiikolj (ser. dial.) 379 Solln (er.) 375, 381
panăda, panăta (er.) 87
kukuta 161, 372 SOliin 381
pasiilj 372
kumiea 342 sparog (cr.) 101
paun 371
kupa 189, 365
peea (ser. dial.) 377 spila (cr.) 101
kupijerta 3 77
Pifan (cr.) 128
pijena (ser. dial.) 377 staeun 373, 381
laneun, leneun (ser. dial.) 377 pika (cr.) 101 Stafili c ( cr.) 100
liganj 377 plkat 377 Sta\ivo, Stolivo (er.) 100
pilijan 26, 27 subota 348, 349
liksija (er.) 96, 192, 367
locika (er.) 95, 372 piljiin, pi jun (er.) 347 Sukmasin (er.) 100
lokărda ( er.) 91 placa (er.) 92 Snko5an ( er.) 91
lombrăk, lumbrăk (er.) 91, pladuc (er.) 87 sump6rin (er.) 101
101 plahta (cr.) 80, 135 Supetar (cr.) 100
loska lZ'l pl6ea (cr.) 92, 362, 378 Supokrac (er.) 100
Iostika 372 ploska 276 sil.rgati 377
lotar 377 pl(u)oka, ploka (cr.) 101 sut- (cr.) lOu, 336
Lovret (er.) 87 podumijenta 377 sutal (cr.) 99, 100
lue (er.) 91 pogaea (er.) 87 Sutivan (er.) 100
lnki(j)erna (ser. dial.) 103, polaea 26, 97, 362 Sutomore (cr.) 100
. 377 porta 362 Su(t)stipan (cr.) 100
posat (er. )92, 388 Sutvara ( er.) 100
luna 352
prosulja 377 slriin (cr.) 91
Iunatik 355
prsura (cr.) 87, 377
Iu(k)sîja (ser. dial.) 192, 367
puc (cr.) 26, 96
Punealica (cr.) 92 tragal, traga{l)j,
mâst 369 trag(l)ja (er.) 91, 101
rnator 371 ra<'.'0.n 373, 379, 381 tragina (cr.) 389
mir (er.) 92, 377 ra<'.'unăr (ser. dial.) 379 trakta (cr.) 80, 135, 377
mîrina (er.) 92 reca (Dubrovnik) 97 tresnja 372
rnjendeo 28, 101, 103 re<'.'ijak (er.) 97 tun, tuna, tunj (er.) 91
rnjendula 388 rekesa, rekeSa (er.) 3 77 turma 371
rikula (er.) 95
rnrena 370 Rîm 375
rnrkatunja (er.) 101
romijenea (cr.) 90 unea (ser. dial.) 377
rnrta, rnrfa (er.) 95 ukljata (cr.) 87, 91
rub 377
Mundanje (er.) 388
rujba. (er.) 389 u5ata (er.) 87, 91
rnunitva (ser. dial.) 377
rus 180, 375
l:luraj (er.) 79, 87, 95
rusa (ser. dial.) 3 77 Y!asi (pl.) 127
rnuraja, mujara (er.) 389
rusalija (a. ser.) 215 vrt 363
ril.salje 350, 358
nana 223 ruta (er.) 95
neput 377
nevod(o) (ser. dial.) 377
rufa 377 Zadar (er.) 375
Zaka5til (er.) 92
Nîn 375 sală.mura 188 fakan (er.) 101, 338
salofa (cr.) 87 faplaj (er.) 101
ocistnik (er.) 332 să.pun 367 zezin(j)ati (ser. dial.) 377
odgovor~ti 185 sarak ( er. ) 91 zid 375
oliga, oliganj (er.) 91, 377 Sarakajt (er.) 79 zmo (er.) 98
omirje (er.) 92 Sativanae (er.) 100 zrâk 148
osjenac (_cr.) 101 Satlone c (er. ) 100 fok (er.) 95

SLOVENE

bivol 371 grk 375 jegulja 370


bosîljak 372 gunj, gunja 366
Kobarid 128
cer 163, 372 hlafa 366, 379 k6stanj 372
tresnja 372 hlace (pl.) 382 kumica 3-42
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598 H. Mihăescu

kupa 365 pilun 26, 27, 347 sob6ta, sabota 348


pilunec 347 skof 339
Iah 127 Ptuj 128 stem(j)a 362
mrena 370 roZa. 377 turma 371

VIEl"X SLAVE

banja 260, 362 krasti 351 pluku 318


*basi liku 3 72 krifi 336
bi~kupu 339 krustl1. krustiti. p1uu 316
burja 225 krustijaninu 340 yoganinu 3'40
*kudunja ( •gctunja) 197 poganu 350
cerăa, cersinja 372 kumotra 3-41.. 342, 346 pQg"la 207
Cţ!ta 373 •kumotru 341, .H2, 343, 346, popu 338
C\!toimist·10 373 J'lS
rana 132
l•Qp<.>tra. kupetra 3-43
M1u 36 Rimu 375
*kupetru 343
domasini, domastinl 199 rusalija 215, 350, 358
rusu 180
•egula 370 kg(·fJnu 292
li~tu JCO ~knm i Li! 364
fr:,ingu 208 luna _:;52 ~Qhota .349
!>rudice 171
stanu 225
gi stc-rina 31.l2 maj216 suto 343
gliit u 225 maturu 371 s1cru 147. 148
gradl1 375 111iJl1 22."\ ~naka 225
grukl1 3m IJlOJ:!\')a 22.1
gospod i 208 111\1r~·11a 3'70 Trojanu 329
mustu 369 triigu 208
mytarj 373 trupu 168
*j\!gul(j 1a, *jvgula 370
myto 373
vino 369
kalezi 336 vlaxu 127
kolfda 34, 359 ocell .Hi. 368
kumini, kumenl .363 ocelu 368 zamatoreti 371
komukati 350 ocitu .369 z9bru 225
kQpona 364 olutari, oltari 213, 350
*koraeati, •koraeeti 351 osi 236 xrana 132

Al"I"RES LAXGl"ES SLA \'ES

arbuz (rus.) 196 harbuz (pol.) 196 Korofon (rus.) 215-, 335, 351
houne (tcheq.) 366 Krafon (~lonque) 215, 334,
brzana (pol.) 370 hunja (ukr.) 366 351
bpolu, bi·10iu, byboiI (a. rus.) Kraeun, Kerecun,Krec:lun(ukr.
371 kamin (rus.) 363 dial.) 215
kamna ( tcheq.) 363 ki"if ( tcheq.) 336
car (ukr.) 257
cari {rus.) 257 kmoch, kmocha (tcheq.) 342 kryz (rus.) 336
km6tor ( slovaque) 342 krzyz (pol.) 336
cjat, cjata, cjatka (ukr.) 373
kmotr, kmotra, kmocha, kupa (tcheq.) 365
ceta, cdka (tcheq.) 373
km6s, kmoszka (pol.) 342 kurastra ( ukr. dial.) 369
c-:tka (a. pol.) 373
kmotr, kmotra, kmoch,
~stcc (a. tcheq.) 332
cuma (rus.) 37-4 kmoska (tcheq.) 342.
luna (pol.) 352, 353
foma, dfoma (ukr.) 374 kmotr, kmotra ( haut-sorabe) luna (rus. dial.) 352, 353
342 luna ( tcheq.) 352
d!uma (pol.) 374 kmotru (a. rus.) 342 luna (ukr.) 352
kmotS, kmot5a (bas-sorabe)
lunatik (rus.) 355
garbuz ( ukr.) 196 342
grek (pol., rus„ ukr.) 375 komin (pol.) 363
gun( 11 \a (rus.) 366 komin (rus.) 363 mest (rus.) 369
gnnja (rus.) 366 komin (tcheq.) 363 mfenka (tchl:q.) 370.
gu nia (pol.) 366 korastva (slo·rnque) 369 nu-zanka, brzan(k)a (pol.) 370

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·IndelL ,''
599

mul (rus.) 371 rad unica (a. rus.) 358 ttesne ( tcheq.) 3 72
mul (haut-sorabe) 371 rusalka (rus.} 215 tr;ze5nja (pol.) 372
mul (ukr.) 371 rusalija (a. rus.) 215 turma (pol„ ukr.} 371
mul (pol.) 371
Rym (ukr.) 375
vlach (tcheq.) 127
o ltari (rus.) 213 voloch (rus„ ukr.) 127
smetana ( tcbeq.) 225
sobota (pol„ tcheq., slovaque, wloch, woloch (pol.) 127
palac (pol. ) 362
haut-sorabe) 348, 349
palâc ( tcbeq.) 362 zak (pol„ tcbeq.) 338
strzyga, strzygori ( pol„ slo-
papez (tcheq.) 338 zid (rus„ slovaque, ukr„ haut-
vaque) 360
plet (por) 316 sorabe) 375
subbota (rus.). subota (a. rus.) zidin, Udo-.rin (a. rus.) 375
plet' (a: · tcbeq.) 316 349 iyd (pol.) 375
polata (fVS·) 362 ~mietana (pol.) 225 zyd (bas-sorabe) 375

AUTRES LANGVES

amir (arabe) 208 frynk (turc) 208 *louq-s-na ( i.e.c.) 353


âmyr (fure) 208 lu an (a. i rl.) 353
*bh eră { i.e.c.) 225 gebe (persan) 231

.
bhn g6s (i.e.c.) 223
'
*gradlă (i.e.c.) 225
gune (Iith.) 366
*milus (thr. iii.) 223
µ6~ouA~ (thrace) 60.
.
*bhrta (i.e.c.) 225
binair ( i~l.) 28 *idhi ( i.e.c.) 225
pane·.rrek, benevrek (turc) 270
bual (gallois )26 pluts ( letton) 316
*burd- ( thraco-dace) 225
kalaind ( irl.) 34
karpuz (turc.) 196 raoksna (avestique) 353
dai na (I\th.) 225
kebe, kepe (turc) 272 ri borasta ( thraco-dace) 222
dava (thraco-dace) 68
*dhaina ( i.e.c.) 225 *korkă (i.e.c.) 225
*dhmbos (,i.e.c„) 225 *kărna (i.e.c.) 223 samar (turc) 279
*krm (i.e.c.) 225 skârdia (dace) 220, 222
*dză;na.,· *dzornă (dace) 222
kuka (turc) 226 sthană (a. ind.) 225
*elle, *e:Ua.i (thraco-dace) 226 *kuka (thraco-dace} 226 struwilo (gep.) 225
*eusma <:. "'euso (thraco-dace} k.rapas (lith.) 225
225 ' kvi;pia (Iiih.) 225 yel (turc) 22b

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LISTE D~ CARTES

1. Le territoire habite par les tribus thraco-daces, macedoniennes


et illyriennes (d'apres H. Kiepert et I. I. Russu) (page 80).
2. Les provinces sud-est europeennes du 1er au nre siecle (page 92).
3. Les provinces sud-est europeennes du n·e au Vl 8 siecle (page 132).
4. Le territoire <le langue latine du Sud-Est de l'Europe (d'apres
C. Jire(:ek, Al Philippide, P. Skok, H. Mihăescu) (page 156).
5. La repartition dialectale du daco-roumain (d'apres E. Petrovici,
Repartiţia .t::raiurilor dacoromâne pe ba:a Atlasului lingvistic ro-
mân, «Limba romfmă », III, 1954, nr. 5, p. 14 et Atlasu.Z lin-
g1:istic moldot•cnesc, vol. I, partea a doua, Chişinău, 1968, c. 357)
(page 162).
6. Les dialectcs roumains sud-danubiens et l'istro-roman (page 1701.
A L'aroumain et le megleno-roumain (d'apres N. Saramandu, SCL
:XX.."\:IX, 1988, p. 225-245).
B. L'istro-romr.ain et l'istro-roman (d'apres S. Puşcariu et M. Dea-
novi(:).
7. Les sous-divisions territoriales des langues slaves meridionales
(d'apres I. Popovic, S. Stoikov, P. Ivic)* (page 444).

•sans modifications en ce qui concerne l'ex-Yougoslavie, vu les nombreuses refcrence1


dans le texte.

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https://biblioteca-digitala.ro / https://www.acadsudest.ro
L'intention de l'auteur ~tait de pour-
suivre dans cet ouvrage le panorama
du latin epanoui dans le Sud-Est de
l'Europe, en passan t des donnees fo:unies
par Ies sources antiques(in"icription :, tex-
tes litteraires, <citineraria antiqua >) deja
1

utilisees dans son livre La langue latine


dans le Sud-Est de l' Euro pe (Bucarest-
Paris, 1978), a celles oftertes par Ies
survivances du latin dans cette partie
de notre continent. Si l'on tient com pte du
fait que sur ]e territoire situe a l'est de
la ligne imaginaire de demarcation
entre la romaniteoccidentaleetla roma-
nite orientale sont nees deux langues
romanes (le dalmate et le roumain), que
la Pannonie a ete fortem ent romanisee
et qu'elle nous a transmis environ 8000
inscriptions latines, que l'albanais
compte plus de 600 elements !atins, le
grec medieval pl US de 3000 et que le latin
a laisse de r.om breuses traces dans Ies
langues slaves meridionales, on peut
affirmer que dans le Sud-Est de
l'Europe la romanite etait dominante,
couvrant un espace de plus de 500 OOO
km 2, surface comparable a la Gaule et
a la Peninsule Iberique et plus vaste
que l'Italie; cette entite geographi que
constituait l'un des quatre piliers de la
romanite toute entiere.

LEI 1000

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