Vous êtes sur la page 1sur 7

Amphorologie

Amphore du type Dressel 1B


Légende  : 1 : lèvre - 2 : col - 3 : anse - 4 : épaule - 5 : panse - 6 : pilon ou pied

L’amphorologie regroupe l'ensemble des études et techniques d'études des amphores, dans le but


d'améliorer au travers d'elles la connaissance archéologique. En effet, les amphores étaient, d'une
part, très largement utilisées dans l'Antiquité, car c'était « le récipient par excellence pour le
transport des huiles, vins, saumures, poissons et autres préparations ». D'autre part, elles constituent
un témoignage de la vie économique de leur époque, tout en présentant un grand intérêt tant sur le
plan céramologique que chronologique1.

L'analyse et la connaissance de plus en plus poussée que l'on a des « timbres amphoriques », cachets
apposés sur de nombreuses amphores, sans doute dans un but de contrôle officiel, a permis de faire
progresser considérablement l'amphorologie, tant en ce qui concerne l'origine des amphores que
leur datation précise2.

Sommaire

 1Généralités

 2Typologie des amphores

o 2.1Amphores grecques

o 2.2Amphores d’époque romaine

 3Timbres amphoriques

o 3.1Généralités
o 3.2Les timbres amphoriques grecs

 4Amphorologie et connaissance de l’histoire économique

o 4.1Intérêt

o 4.2Limites

 5Voir aussi

o 5.1Bibliographie

o 5.2Articles connexes

o 5.3Liens externes

 6Références

o 6.1Notes

o 6.2Références

Généralités[modifier | modifier le code]

C'est le caractère jetable des amphores qui fait leur valeur archéologique pour l'amphorologie : sauf
réemploi dans une maçonnerie ou exception, une amphore n'était pas réutilisée à une période
différente de celle de sa fabrication et de sa consommation. Objets de céramique, les tessons
d'amphores sont quasiment indestructibles. Par des analyses chimiques, il est possible de retrouver
leur lieu de fabrication. La reconstitution de l'histoire de l'évolution des formes d'amphores a
débouché sur des classements typologiques qui correspondent aussi à une chronologie. À la forme
des amphores, il faut ajouter d'autres éléments de typologie : des sceaux, appelés timbres
amphoriques, imprimés dans l'argile avant cuisson ou des gravures ou encore des marques peintes 2.
Ainsi les amphores portant la marque Sestius furent produites vers Cosa en Étrurie romaine et
exportées vers la Gaule du Sud à l'époque de Cicéron.

La substitution progressive du tonneau aux amphores à partir du iiie siècle de notre ère fit parfois
disparaître une source précieuse pour l'écriture de l'histoire économique de l'Antiquité. Néanmoins
l'usage des amphores fut poursuivi à l'époque tardive, au dernier siècle de l'empire romain et aux
premiers de l'empire byzantin, notamment dans le bassin oriental de la Méditerranée. L'étude de ces
amphores est relativement récente et s'est construite à partir des travaux de John Riley qui a défini,
au début des années 1980, sept types d'amphores romaines tardives : Late Roman Amphoras (LRA1 à
7). Ces amphores tardives ont servi, dans leur grande majorité, à contenir du vin, leur étude attestant
du dynamisme de ce commerce à cette époque et de son organisation autour de Constantinople et
du commerce maritime. Si les zones de production sont de mieux en mieux identifiées et si la
recherche a mis en évidence des phénomènes d'imitation, l'étude des amphores tardives en est
encore largement à ses débuts3.

Typologie des amphores[modifier | modifier le code]

La typologie la plus ancienne et la mieux connue est celle de Dressel, qui date des années 1870 et
classe les amphores de transport antiques : chaque type ou forme d’amphore (il en liste 45 au total)
porte son nom suivi d’un numéro. La table de Dressel4 reste encore aujourd’hui en grande partie
valable, bien que de nombreuses autres nomenclatures complémentaires aient été établies depuis 5,6.
Cette typologie est complétée par une autre série typologique bien connue due au catalan espagnol
Ricardo Pascual Guasch qui étudie les amphores tarragonaises et décrit les « Pascual »7,8,9,10,11.
Amphores grecques[modifier | modifier le code]

Amphore représentant deux femmes et Éros jouant au jeu de l'ephedrismos (vers 330 av. J.-
C.), Musée du Louvre.

Les amphores grecques sont de plusieurs types :

 Amphores de transport : elles ne sont que rarement décorée, et comportent essentiellement


des marques utiles dans le cadre de leur fabrication ou du commerce (timbres, amphoriques,
graffiti, dipinti). Leur pied est étroit, la panse est plus ou moins ovoïde.

 Amphores à col : elles disposent d'un col (plus ou moins haut) avec deux anses latérales. La
panse est arrondie.

 Amphores nicosthéniennes : La panse ovoïde est élancée, le pied est cylindrique et les anses
forment un demi-cercle. Ces amphores ont un décor très épuré, voire inexistant, sauf sur les
anses où est figuré un léger relief. Ce type est le résultat de la rencontre entre art
étrusque et art grec12.

 Amphores panathénaïques : fabriquées à l'occasion des fêtes athéniennes des Panathénées,


elles sont remises aux vainqueurs des épreuves sportives. Issues strictement des
ateliers attiques, elles ont une panse large, un col et un pied étroits ainsi que des anses
resserrées. À noter que le décor est uniquement en céramique à figures noires13.

Amphores d’époque romaine[modifier | modifier le code]

À partir d'un tesson d'amphore un archéologue peut dater, à quelques décennies près souvent mais
parfois bien plus précisément, la couche stratigraphique où le tesson a été retrouvé, ou encore
l'épave du navire qui les contenait. Ainsi les amphores d'époque romaine portent des noms et une
numérotation qui permettent aux archéologues de les retrouver dans la typologie et de les dater. Ces
noms renvoient souvent aux savants qui ont établi la chronologie (Dressel, Pascual) ou à l'origine de
l'amphore (Gauloise). Les amphores Dressel 1 sont typiques des amphores vinaires de la fin de
la république romaine, ainsi que les amphores dites de type Dressel 2-4, qui remontent à la fin de la
République romaine et aux débuts de l'Empire 14. La Gauloise 4 est une amphore à fond plat n 1 qui
correspond à l'essor du commerce du vin gaulois. Les amphores Dressel 20 correspondent à des
amphores à huile.
Timbres amphoriques[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Timbre amphorique.

Généralités[modifier | modifier le code]

Les « timbres amphoriques » sont une marque apposée sur certaines amphores de certaines cités.
Sur ce timbre, on peut trouver différentes informations : la provenance de l'amphore, des noms
propres, symboles ou emblèmes, le mois et l'année, la magistrature 15…

On parle de « timbre », car les timbres amphoriques étaient obtenus grâce à des matrices
(aujourd'hui disparues) apposées sur l'argile crue des amphores, avant leur cuisson. Ils ont fait l'objet
de publications qui les répertorient, selon des normes précises, pour en permettre l'étude 16.

À l'intérieur de l'amphorologie, l'étude des timbres amphoriques constitue de plus en plus une


discipline distincte de l'étude des amphores proprement dite. En effet, cette dernière porte sur des
sources généralement muettes, et cherche essentiellement à rendre compte de la circulation des
marchandises dans le monde antique, ainsi qu'à fournir des éléments de datation. En revanche,
l'étude des timbres amphoriques, qui exploite des documents écrits et figurés, peut parvenir aux
mêmes objectifs avec une précision encore accrue, tout en permettant d'acquérir des connaissances
originales sur l'organisation politique, économique et sociale des cités antiques, voire sur leur vie
religieuse et artistique17.

Un travail fondateur a été réalisé par l'Américaine Virginia R. Grace, qui a rassemblé à l’American
School of Classical Studies at Athens une documentation extrêmement importante, comprenant
quelque 150 000 amphores et fragments d'amphores, la plupart avec leur timbre. Leur entreposage
et leur exploitation a été entrepris par un projet nord-américain, AMPHORAS, animé par C. Koehler,
de l'Université de Maryland, Baltimore, et Ph. Matheson, de l'Université de Toronto 1.

Les timbres amphoriques grecs[modifier | modifier le code]

La collecte de timbres amphoriques grecs a commencé en Mer Noire dès la première moitié


du xixe siècle ; mais ce n'est que peu avant le milieu du xxe siècle que cette étude cesse d'être
l'initiative de quelques érudits pour devenir une véritable spécialité, avec Boris Nikolaevič Grakov et
Virginia Grace18.

En Union des républiques socialistes soviétiques, Boris Grakov réunit, avant 1955, quelque 32 000
timbres amphoriques, alors que l'Américaine Virginia Grace procède à une étude systématique du
timbrage, de ses caractéristiques et de sa finalité. Elle s'attache à la datation des amphores, en
particulier les séries rhodienne, cnidienne et thasienne 18.

Au cours des années 1980, on a pu déterminer qu'entre le ive siècle av. J.-C. et le ier siècle av. J.-C. le
plus souvent, une trentaine de cités grecques eurent coutume de timbrer une partie (et non pas
toutes systématiquement) de leurs amphores, soit sur l'une des anses, soit parfois sur le col
(rarement ailleurs), au moyen d'un cachet. L'étude de plus en plus spécialisée et méthodique de ces
timbres a constitué une source de progrès considérable de la connaissance des amphores grecques.

Les timbres amphoriques grecs, très variables, peuvent comporter toutes sortes d'indications 19 :

 des noms, des abréviations, des monogrammes, des dates, voire la capacité de l'amphore ;

 des motifs variés appelés « emblèmes », dont l'étude s'est aujourd'hui considérablement
développée20.
Les spécialistes de l'amphorologie se sont appliqués, sur ces bases, à établir les lieux de fabrications
des amphores, à comprendre le contenu des inscriptions amphoriques contenues dans les timbres, et
à dater les amphores. Pour ce dernier travail, le nom des fabricants, et le nom des magistrats en
activité à cette date, sont particulièrement précieux, puisqu'ils permettent bien souvent une datation
précise à une dizaine d'années près.

Plus récemment, l'amphorologie grecque a fait des progrès considérables grâce à la recherche des
ateliers à l'origine de la production des amphores, en s'attachant tout particulièrement à l'étude de
leurs « dépotoirs » (les lieux où ils se débarrassaient des rebuts), car ceux-ci permettent d'avoir une
vue exhaustive de leur production. On a pu ainsi compléter la connaissance de la production de
grands centres de production comme Mendè, et constater qu'une bonne cinquantaine de villes
grecques — sensiblement plus qu'on ne le pensait précédemment — produisaient des amphores 21.

L'analyse des timbres amphoriques grecs a fait aujourd'hui des progrès suffisants pour que l'on
puisse avoir une bonne idée de leur finalité : il s'agissait probablement de marques officielles,
apposées sans doute à l'initiative des magistrats des cités grecques, qui permettaient aux
vérificateurs de s'assurer non du contenu, mais du contenant 22. Une partie des amphores seulement
étant timbrées, on peut supposer que cette vérification de capacité des amphores ne s'effectuait pas
sur l'ensemble de la production, mais seulement sur des échantillons prélevés au hasard dans la
chaîne de production. La vérification avant la cuisson avait cependant des inconvénients, dans la
mesure où le passage au four changeait nécessairement le volume de l'amphore. Sans doute cette
réduction de volume était-elle estimée23.

Amphorologie et connaissance de l’histoire économique[modifier | modifier le code]

Intérêt[modifier | modifier le code]

L'un des apports originaux de l'amphorologie est sa contribution à la connaissance et à la


compréhension des flux commerciaux et de l'histoire économique des civilisations et pays concernés.
Cette compréhension est d'ailleurs au cœur des objectifs de l'amphorologie dans son ensemble 24, au
travers de la connaissance des lieux de production et de la circulation des amphores.

Ainsi, reporter les trouvailles du même type d'amphore sur une carte peut alors permettre de
retracer — si les trouvailles sont assez nombreuses — des flux commerciaux 2.

Limites[modifier | modifier le code]

L'amphorologie a cependant comme limite le fait de ne pas être le seul mode de conditionnement
utilisé dans l'Antiquité ; sur des trajets courts l'huile ou le vin pouvaient être transportés dans des
contenants périssables tels que des outres2. Les régions productrices pour une consommation locale
risquent donc d'être manquées par l'amphorologie 2; il s'agit d'un exemple de biais du survivant. De
plus certaines données amphorologiques manquent de cohérence entre elles ; ainsi des amphores
typiques dans de nombreux sites archéologiques terrestres attestent d'un dynamique commerce du
vin de Narbonnaise sur tout le pourtour méditerranéen au ier siècle, mais les épaves contenant les
amphores de Narbonnaise sont quant à elles très rares 25. Ce pourrait être dû à l'utilisation de routes
maritimes loin des côtes, aboutissant à des épaves trop profondes pour être facilement fouillées 25.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

 Anne et Jean-Pierre Joncheray, A la découverte de l’amphore :classification et histoire, Turtel


pro édition, 2013, 116 p.
 [Baudoux 1996] Juliette Baudoux, Les amphores du nord-est de la Gaule (territoire français).
Contribution à l'histoire économique provinciale sous l'Empire romain, Paris, Maison des
Sciences de l'Homme (MSH), coll. « Documents d'archéologie française » (no 52), 1996, 220 p.

 [Empereur & Garlan 1986] Jean-Yves Empereur et Yvon Garlan, École française


d'Athènes, Recherches sur les amphores grecques (actes du colloque international organisé
par le CNRS, l'université de Rennes II et l'École française d'Athènes (Athènes, 10-12
septembre 1984)), De Boccard, 1986, sur books.google.fr (lire en ligne [archive]).

 [Farinas et al. 1977] Luis Farinas del Cerro, Antoinette Hesnard et Wenceslao Fernandez de la


Vega, « Contribution à l'établissement d'une typologie des amphores dites « Dressel 2-4 » »
(Actes du colloque de Rome, 27-29 mai 1974), Publications de l'École Française de
Rome, no 32 « Méthodes classiques et méthodes formelles dans l'étude typologique des
amphores », 1977, p. 179-206 (lire en ligne [archive] [sur persee]).

 [Garlan 1999] Yvon Garlan, Production et commerce des amphores anciennes en Mer


Noire (colloque international organisé à Istanbul, 25-28 mai 1994), Publications de
l'Université de Provence, 1999, 287 p., sur books.google.fr (lire en ligne [archive]).

 [Garlan 2000] Yvon Garlan, Amphores et timbres amphoriques grecs. Entre érudition et


idéologie, Paris, De Boccard, 2000, 210 p..

 [Grace 1979] (en) Virginia R. Grace, Amphoras and the Ancient Wine Trade,


Princeton, 1979, 2e éd., 32 p..

 [Olmer 2010] Fabienne Olmer, « Amphores en Gaule aux iie et ier siècles avant notre ère.


Aspects épigraphiques, quantitatifs et économiques » (Rome 2008 International congress of
classical archaeology Meetings between cultures in the ancient Mediterranean [congrès
international d'archéologie classique, Rome 2008. Rencontres entre cultures dans la
Méditerranée antique]), Bollettino di Archeologia on line, no spécial B / B8 / 5 « Produzione e
circolazione di ceramiche e anfore dall' area tirrenica centro-meridionale (fine IV secolo a.C. –
I secolo d.C.): i dati della ricerca archeologica e archeometrica. Alcuni obiettivi della sessione
e un progetto in corso [archive] », 2010, p. 67-81 (lire en
ligne [archive] [PDF] sur bollettinodiarcheologiaonline.beniculturali.it).

 [Villanueva-Puig 1999] Marie-Christine Villanueva-Puig, Céramique et peinture grecques  :


modes d'emploi, Documentation française, 1999, 503 p., sur books.google.fr (ISBN 978-2-11-
003957-6, lire en ligne [archive]).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

 Amphore

 Céramologie

 Typologie de la céramique antique

Liens externes[modifier | modifier le code]

 « Amphorologie » [archive], sur bcs.fltr.ucl.ac.be, Bibliotheca Classica Selecta (consulté le 15


février 2020). 

 « Amphoreus » [archive], plate-forme électronique du Bulletin Amphorologique,


sur amphoreus.org (consulté le 15 février 2020).
 « Amphores » [archive], liste des typologies d'amphores avec fiches individuelles
succinctes [PDF], sur anticopedie.fr (consulté le 15 février 2020). 

 (en) « Amphora Types According to Dressel » [archive], profils-types des amphores


Dressel avec quelques dates, sur abc.se (consulté le 15 février 2020). 

 « Amphorae ex Hispania » [archive], catalogue d'amphores assez complet avec fiches


descriptives individuelles par ordre alphabétique, sur amphorae.icac.cat (consulté le 14
février 2020). 

 (en) « The Amphoras Project » [archive], sur chass.utoronto.ca (consulté le 15 février 2020).

Vous aimerez peut-être aussi