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Dialogues d'histoire ancienne

Il Mar Nero 4. IL MAR NERO. Annales d'archéologie et d'histoire,


Dir. P. Alexandrescu et S Papacostea
Monsieur Pierre Dupont

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Dupont Pierre. Il Mar Nero 4. IL MAR NERO. Annales d'archéologie et d'histoire, Dir. P. Alexandrescu et S Papacostea. In:
Dialogues d'histoire ancienne, vol. 31, n°2, 2005. pp. 236-240;

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pleinement l'hypothèse de l'incorporation de tout, ou d'une grande partie, de ce


territoire à Yager publiais populi Romani. La relative reprise de l'époque impériale
voit l'apparition des premières villae, avec un léger retard par rapport à d'autres
territoires proches d'Italie méridionale, la Lucanie ou le nord du Brnttium par
exemple, où déjà l'implantation des villae semblait décalée d'un siècle, au moins,
par rapport à la Campanie et à certaines régions d'Italie centrale.

Ainsi, à partir d'un va-et-vient continu entre tradition littéraire et données


de terrain, G. Cordiano et S. Accardo nous donnent un bon exemple de l'utilité de
relier la micro-histoire d'un secteur frontalier aux grandes évolutions socio
économiques qu'ont connues les territoires de l'Italie méridionale depuis les
début de la colonisation grecque jusqu'à la fin de la période romaine. Cet ouvrage
ne livrant en avant-première qu'une présentation synthétique des résultats de la
prospection, on attend de la publication annoncée du volume analytique et de la
poursuite des travaux de terrain la confirmation des séduisantes hypothèses
proposées par les auteurs.

Rita Compatangelo-Soussignan
Université du Maine

* * *

C> Il Mar Nero 4

[IL MAR NERO. Annales d'archéologie et d histoire, Dir. P. Alexandrescu et S Papacostea (Bucarest. Roumanie), Edizioni Quasar
di Severino Tognon s.r.l. Rome / Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, ISSN 1125-3878, Vol. IV, 1999-2000
,

[2003], 228 p.]

Il Mar Nero, périodique archéologique italo-roumain consacré à la mer


Noire, poursuit une carrière discrète mais féconde avec ce quatrième volume,
dont le contenu couvre une vaste période allant de l'antiquité à la période
ottomane.
Pour ce qui est de l'Antiquité, qui retiendra plus spécialement notre atten¬
tion ici, quatre articles nous sont proposés. Le premier [pp. 9-42], sous la plume de
M. Treister, spécialiste de la métallurgie en mer Noire, présente une belle série de
pièces de harnachement en argent (phalères, prometopidia, plaques de bride),
provenant du tumulus scythe de Babina Mogila dans la région de Dniepro
petrovsk (Ukraine). Ce très riche mobilier funéraire métallique constitue un des
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fleurons de la toreutique gréco-scythe du IVe s. L'ornementation en relief de


phalères comprend une tête de satyre, une représentation d'Héraklès et du Lio
de Némée et une autre de Scylla ; celle des prometopidia , un Héraklès au repos e
un éphèbe nu ; celle des plaques de bride, un monstre féminin anguipède, un
tête d'Amazone coiffée d'un bonnet phrygien, des têtes de lions et d'Héraklès
ainsi que des gorgoueia. Toutes ces pièces ne forment pas un ensemble unitaire
mais proviennent manifestement de deux ateliers distincts, dont l'un (Babil
Mogila I) très influencé par l'art classique de l'Italie du Sud, et l'autre (Babil
Mogila II), utilisant également un répertoire de l'art grec classique (satyres
Héraklès, Amazones), mais moins habile pour les représentations figurées, moin
soigneux dans le rendu des détails, sans doute influencé par les ateliers de Thrac
et de Macédoine, à en juger d'après sa prédilection pour la technique de la dorur
partielle des reliefs. Les parallèles invoqués par T. lui permettent d'assigner au
pièces de toreutique de Babina Mogila une date aux alentours de 340-330 av. JC.
Vient ensuite une contribution de V. Lungu sur les imitations pontiques d
style de Hadra trouvées à Histria et sur d'autres sites de l'actuelle Dobroudj
roumaine. Longtemps confondus avec des spécimens du style géométrique, ce
matériels font l'objet d'une utile synthèse examinant successivement les techni
ques de fabrication («
White Ground » et « Clay Ground »), le répertoire des forme
(cratères, cruches, lagynoi, œnochoés), les catégories fonctionnelles, le répertoir
des motifs géométriques et végétaux. Les pièces recensées couvrent les ΙΓ-Ι0Γ s. av
J.-C. Point notable, c'est sur la côte septentrionale de la mer Noire que les produc
tions du style de Hadra sont le mieux représentées, alors qu'elles sont beaucou
plus rares dans les régions ouest-pontiques. Dans ces régions, il semblerait qu
l'on ait affaire à des productions histriennes, dont l'aire de diffusion s'est étendu
loin vers l'intérieur. La forme dominante paraît avoir été celle du cratère, d
cratère en cloche notamment, imitée dans certains établissements indigènes. Le
documents du même genre exhumés à Tyras, Nikonion et Olbia suggèren
l'existence d'autres fabriques coloniales pontiques, dont il importera d'identifie
les traits spécifiques par rapport à ceux des productions histriennes.
S. Anghel, lui, fait le point sur les euergetai dans les cités grecques du Pon
Euxin à l'époque hellénistique. Trente-cinq des quarante-deux cas recensé
proviennent de décrets honorifiques des cités du Pont ouest (Mesambria, Callatis
Histria ) et du Pont nord (Olbia et Chersonèse). Des listes détaillées des formule
utilisées dans les motions, des honneurs attribués, ainsi que des hauts faits de
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sacrés ou publics, en mer Noire, il s'agit au contraire de participation financière à


l'édification de fortifications . L'activité diplomatique des euergetai semble avoir
été particulièrement à l'honneur : 5 inscriptions d'Histria mentionnent des
ambassades auprès des barbares. Avec la conquête romaine, l'institution de
l'évergétisme évolue : les honneurs de l'époque précédente se ressentent de
l'influence romaine, en particulier du patronage. Quant aux distributions de
céréales, elles sont mentionnées dans deux inscriptions d'Histria et d'Olbia. À
signaler également, une souscription publique, organisée à Histria à l'occasion de
la « seconde fondation » de la cité, et fournissant une liste impressionnante de
quelque 103 noms à' euergetai, dont 4 de femmes.
Fermant le volet « Antiquité », O. Bounegru se livre à une réflexion
d'ensemble sur l'infrastructure de l'artisanat potier hellénistique à partir
du complexe d'ateliers céramiques pergaméniens de la vallée du Ketios.
B. distingue deux types d'officines pour l'époque hellénistique : les installations
centralisées («
nucleated workshop industry »), orientées vers la production de
masse et où la coopération des ouvriers constituait le principe clé de la produc¬
tion; les installations décentralisées («
dispersed manufactory »), dans laquelle une
partie de la production pouvait être délocaliséee au domicile des ouvriers, le
propriétaire des ateliers n'assurant que la fourniture de la matière première et la
commercialisation des produits. Extrapolant les observations sur la situation à
l'époque romaine, B. est d'avis que la concentration d'ateliers du Ketios témoigne
d'un degré et d'un mode de production assimilables à ceux d'une véritable
manufacture, placée sous le signe de la spécialisation et de la standardisation.
Encore faudrait-il être en mesure de bien pouvoir distinguer archéologiquement
les simples ateliers des manufactures.
La mer Noire byzantine fait l'objet de cinq articles. Le premier, de
A. Savvides, porte sur le terme turc tekfur, d'origine arménienne, utilisé par les
auteurs arabes, perses et turcs de la période seldjoukide et du début de la période
ottomane, pour désigner surtout les seigneurs chrétiens gouverneurs de villes et
de forteresses en Asie Mineure (Bithynie et Pont-Euxin) et Thrace ; très souvent
aussi, il était appliqué aux chefs de guerre chrétiens de la zone frontière entre
Byzance et l'Islam. O. Cristea examine ensuite les tenants et aboutissants de
l'expédition vénitienne de 1261 contre l'île de Daphnousie, un épisode de la
longue série d'affrontements qui ont opposé les Latins de Constantinople aux
Grecs de Nicée tout au long de l'Empire latin. Le but de cette opération a été,
semble-t-il, de s'emparer préventivement d'une position que les Byzantins
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Constantinople. Les spécialistes de la colonisation grecque archaïque trouveront


matière à réflexion dans la contribution de V. Ciocîltan sur la fondation par les
Génois de Caffa de Crimée - l'antique Théodosia -, qui va devenir leur princi¬
pale place de commerce dans l'empire mongol de la Horde d'Or. L'auteur y
réexamine le témoignage de l'historien byzantin Nicéphore Grégoras pour
conclure à l'absence de tout point de départ légal de cet établissement dans la
dernière décennie du XIIIe s., sous la forme de quelque concession octroyée par le
khan tatar, qualifié d' « hégémôn des Scythes » par une étrange survivance. Cette
place prépondérante des Génois en mer Noire sous-tend l'article suivant de
S. Papacostea sur le contrôle des Détroits sous les premiers Paléologues. En effet
dans la clause pontique du traité de Nymphée de 1261, l'Empire byzantin aban¬
donne ses prérogatives traditionnelles en mer Noire au profit des Génois. Dans
les années qui suivirent, les Paléologues n'eurent de cesse, sinon de dénoncer, du
moins d'atténuer les effets de cette clause et de desserrer l'étreinte génoise par
des tentatives de rapprochement avec Venise. Mais finalement, les deux thalasso
craties italiennes s'entendirent sur le dos des Byzantins par la paix de Milan
(1299) pour se partager le commerce pontique, mettant fin aux espoirs des deux
premiers empereurs Paléologues de récupérer leurs prérogatives sur les Détroits
Le volant byzantin de la revue s'achève par la publication de sources notariales
génoises inédites sur Caffa entre le XIVe et le XVe s. : un fragment de carte ; quel¬
ques informations sur la structure urbaine de la cité et sur quelques uns de ses
édifices civils et religieux ; une lettre anonyme du XVe s., adressée au gouverneur
de la république génoise, où Caffa, désignée sous le vocable de « Iaiinensis civitas
in extremo Europe », est décrite comme un grand centre cosmopolite ; enfin, une
série de documents sur des résidents génois de Caffa.
Le dernier volet de la revue est consacré à l'hégémonie ottomane en mer
Noire et sur le Bas Danube. Il s'ouvre sur une mise au point de I. Cândea mettant
fin à une controverse d'historiens sur l'existence d'une forteresse à Braila dès le

règne de Mircea le Vieux (1346-1418) ; s'appuyant sur les données archéologiques


d'une nécropole des XIIIe-XIVe s., sur l'emplacement de la cité élevée par les Turcs
à partir de 1540, l'auteur démontre de façon convaincante que Braila n'était pas
fortifiée avant cette date. Pour finir, T. Hope nous entraîne dans les arcanes de la
politique étrangère britannique, lors de la Crise d'Otchakov (1791). Avant même
l'éclatement de cet épisode du conflit russo-turc, le diplomate anglais J. B. Burges
ne ménagea pas ses efforts au Parlement en faveur d'une politique de fermeté vis
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Le contenu équilibré des périodes embrassées et la qualité d'ensemble de


articles de cette nouvelle livraison de 11 Mar Nero contribuent assurément à fair
de ce périodique une mine d'informations précieuses sur l'histoire et l'archéolo¬
gie du bassin pontique.

Pierre Dupon

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Ο Sur la Mésie et la Thrace à l'époque romaine


[Margarita Tatcheva, Macht und Gesellschaft in den rômischen Provinzen Moesia und Thracia, Sofia, 2004]

Sous le titre Macht und Gesellschaft in den rômischen Provinzen Moesia un


Thracia, Margarita Tatcheva propose une publication en bulgare - avec résumé
en allemand - de textes publiés avant 2000 en bulgare seulement.
Elle inscrit cette publication dans une double commémoration : le 100
anniversaire de la naissance du Prof. Gerov, le 55e de la première cle ses nom¬
breuses études sur la Mésie et la Thrace.
Les textes ici réunis en deux parties, l'une proprement historique, l'autr
épigraphique, font le point sur des éléments connus, qualifient les structure
sociales, et étudient leur développement historique. Mais ils revisitent aussi à l
lumière des acquis récents, des problèmes toujours en discussion, associant étroi
tement informations et interprétation.

Université de Franche -Comté Jacques


- ISTA (EA
Anne4011
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Ο Polanyi aujourd'hui

Colloques
[Autour dedePolanyi,
la Maison
vocabulaires,
René-Ginouvos,
théories
Paris,
et De
modalités
Boccard,des2005,
échanges,
290 p.] Ph Charrier, F. Joannès, P. Rouillard, R Tenu eds, co

Sous le titre Autour de Polanyi la Maison René-Ginouvès publie les Acte


d'une rencontre longuement préparée dans le cadre de ses activités. Des spécia
listes venus de divers horizons relisent interprétations et théories du groupe d

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