Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Éditions de la Sorbonne
DOI : 10.4000/books.psorbonne.24052
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Lieu d'édition : Éditions de la Sorbonne
Année d'édition : 1997
Date de mise en ligne : 25 juin 2019
Collection : Histoire ancienne et médiévale
ISBN électronique : 9791035102289
http://books.openedition.org
Référence électronique
LEPELLEY, Claude. Évergétisme et épigraphie dans l'Antiquité tardive : les provinces de langue latine In :
Actes du Xe congrès international d’épigraphie grecque et latine : Nîmes, 4-9 octobre 1992 [en ligne]. Paris :
Éditions de la Sorbonne, 1997 (généré le 16 mars 2020). Disponible sur Internet : <http://
books.openedition.org/psorbonne/24052>. ISBN : 9791035102289. DOI : https://doi.org/10.4000/
books.psorbonne.24052.
Ce document a été généré automatiquement le 16 mars 2020. Il est issu d'une numérisation par
reconnaissance optique de caractères.
Évergétisme et épigraphie dans l'Antiquité tardive : les provinces de langue ... 1
1 Dans l'introduction de son très remarquable livre sur les inscriptions d'Aphrodisias
postérieures à 250, Charlotte Roueché note qu'elle a pu recenser quelque 230 textes
datables entre 250 et 550, alors qu'on évalue le nombre des inscriptions aphrodisiennes
du Haut-Empire à environ 1500. D'où ce jugement, auquel on ne peut que souscrire :
« This reflects the fundamental change in the nature and function of incriptions that
took place in the later third century : the number of texts which were inscribed
dropped dramatically. This is true of all kinds of inscribed texts, but more particularly
of formal, public inscriptions, honouring rulers or benefactors, recording decrees, or
dedicated buildings »1. Et pourtant, remarque Charlotte Roueché, Aphrodisias fait
partie, avec Ephèse, du très petit groupe de cités d'Asie mineure où l'on peut constater
un maintien de l'activité épigraphique à l'époque romaine tardive, et ce jusqu'au milieu
du VIe siècle. Certes, le recueil d'Aphrodisias nous révèle des textes tardifs de très
grand intérêt : ainsi ceux qui transmettent les acclamations du peuple, ou encore des
inscriptions métriques en l'honneur de bienfaiteurs, dont Louis Robert avait révélé dès
1948 la date et l'intérêt2. Pourtant, la diminution du nombre des inscriptions amène à
poser une question de fond : l'épigraphie est la discipline reine pour qui veut étudier
l'histoire des cités et de la société du Haut-Empire, donc l'histoire de l'évergétisme ;
serait-elle un apport mineur et presque accessoire pour l'histoire des villes du Bas-
Empire, brillamment éclairée en revanche par les documents juridiques et de
nombreuses sources littéraires, païennes ou patristiques ? Le quasi-silence
épigraphique constaté en Asie se retrouve en Espagne, autre région ayant fourni une
moisson majeure d'inscriptions du Haut-Empire3. L'explication traditionnelle de ce
phénomène était le déclin de la cité classique, la disparition de ses structures
institutionnelles, sociales et culturelles, la fuite des curiales, leur refus de charges qui
n'auraient plus été que des contraintes imposées par l'autorité impériale ; en bref la
semble, de fait, très improbable qu'Aphrodisias et les autres grandes cités asiates aient
connu aux IVe et Ve siècles, un déclin radical de la vie municipale traditionnelle, dont la
vitalité en Orient est attestée par des témoignages littéraires fort explicites.
5 A titre d'exemples, nous examinerons d'abord trois inscriptions évergétiques tardives,
trouvées respectivement en Italie, en Afrique et en Gaule. Le document italien, une
inscription provenant d'Hispellum, en Ombrie, mérite d'être cité en premier, car il
manifeste avec éclat comment, en certains cas, la continuité avec le Haut-Empire paraît
évidente. De fait, le rédacteur de ce texte a montré une volonté délibérée de
traditionalisme en se conformant strictement au formulaire épigraphique ancien.
6 Hispellum (Spello) - CIL, XI, 5283 (ILS, 6623)
C(aio) Matrinio Aurelio / C(aii) f(ilio), Lem(onia), Antonino, u(iro) p(erfectissimo), / coronato
Tusc(iae) et Umb(riae), / pont(ifici) gentis Flauiae, / abundantissimi muneris sed et /
praecipuae laetitiae theatralis edi[t]o[r]i, / aedili, quaestori, duumuiro/iterum
q(uin)q(uennali) i(ure) d(icundo) huius splendidissimae / coloniae, curatori r(ei) p(ublicae)
eiusdem / colon(iae) et primo principali, ob meritum / beneuolentiae eius erga se, / [ple]bs
omnis urbana Flauiae / Constantis patrono/dignissimo.
7 On voit dès le début le parti pris de fidélité aux modèles du Haut-Empire, par la
mention du prénom, et surtout de la filiation et de la tribu du personnage - C(aii) f(ilio),
Lem(onia tribu) -, archaïsme unique au milieu du IV e siècle13. La cité est appelée
slendidissima colonia, alors qu'à l'époque le mot ciuitas se substituait de plus en plus en
Italie (sinon en Afrique) aux appellations de municipium et de colonia. La formule i(ure)
d(icundo) accolée à la mention du double duumvirat, ou l'adjectif urbana, qui qualifie la
plèbe, constituent d'autres archaïsmes. Pourtant, l'inscription exprime très exactement
les étapes d'une carrière municipale du IVe siècle : après les magistratures
traditionnelles, désormais fonctions de début (édilité, questure, duumvirat,
quinquennalat), le personnage a été curateur de la république (cette fonction étant
désormais intégrée dans la carrière locale), puis principalis 14. Il avait été coronatus, c'est-
à-dire prêtre du culte impérial pour la province de Tuscie-Ombrie, et pontife de la
famille constantinienne, la gens Flauia, donc prêtre du culte impérial créé par
Constantin pour l'Ombrie à Hispellum, désormais appelée Flavia Constans, selon un
célèbre rescrit connu par une autre inscription d'Hispellum datable des années
333-33515. Notre texte est évidemment postérieur à ce rescrit. Les évergésies qui avaient
suscité l'érection de la statue et la gravure de l'inscription étaient un spectacle théâtral
et un munus, probablement gladiatorien comme il était prévu dans le rescrit.
8 Notre second exemple est africain et il fait partie d'une série d'inscriptions de Lepcis
Magna que l'on date de l'époque de la dynastie constantinienne 16.
9 Lepcis Magna (Tripolitaine) - IRT, 567
Uno eodemque anno / du(u)muiro Lepcimagn(ensium) / et sacerdoti prou(inciae)
Trip(o)l(itanae), / innocentissimo uiro, / principali integerrimo, / amatori patriae ac ci/
uium suorum, T(ito) Flauio / Vibiano, u(iro) p(erfectissimo), fl(amini) p(er)p(etuo) et
pont(ifici), / cu(atori) rei pub(licae) Lepcimagn(ensis), / sac(erdoti) Lau(entium)
Lab(inatium) et sac(erdoti) M(atris) D(eum), / praef(ecto) omnium sacr(orum), ob
diuersarum volup/tatum exhibitionem/et libycarum ferarum (decem), ex populi suf(f)ragio
et ordin(is) d(ecreto).
10 Vibianus possédait le rang équestre de perfectisime. Il fut duumvir et prêtre provincial,
principalis et curateur de la république. Il reçut en tout six sacerdoces : deux du culte
impérial (le sacerdoce provincial et le flaminat perpétuel municipal) ; deux d'ordre
local (le pontificat et la préfecture omnium sacrorum, fonction propre à Lepcis) ; deux
27 On peut noter dans ce texte deux allusions à la pratique épigraphique : la gravure des
tablettes de patronat en bronze, échangées entre le patron et la cité cliente (municipales
tabulae te non ciuium tantum sed etiam uicinorum patronum aere signarent) ; l'érection de
statues à l'évergète, qui impliquait, bien entendu, la gravure d'inscriptions sur les
socles. On retrouve également ici ce que L. Robert avait signalé en Orient : la reprise
dans un texte littéraire de mots ou de formules épigraphiques ; ainsi pour les spectacles
jamais vus auparavant (nunquam ibi antea uiso spectacula), ou pour les épithètes
laudatives de la fin du texte, retrouvées sur les inscriptions tardives et correspondant
aux acclamations populaires rituelles (in ore clientiwn, in ore ciuium, in ore denique
populorum, humanissimus, liberalissimus, mundissimus, fortunatus ut fuisse iactareris). Dans
cette page fort rhétorique, Augustin a fait un pastiche à la fois des éloges oratoires des
évergètes et des formules des inscriptions32.
28 Si les témoignages d'Augustin ne font, en Afrique, que s'ajouter à une substantielle
série d'inscriptions, un texte concernant l'Espagne manifeste que le silence
épigraphique ne signifie pas nécessairement la disparition des pratiques évergétiques.
Il s'agit d'une lettre adressée par le pape Innocent Ier aux évêques espagnols réunis en
concile à Tolède en 40033, lettre qui fut, en fait, remise à des délégués du concile assez
longtemps après sa tenue, soit entre 402 et 407 selon Charles Pietri 34. Le pape déplorait
que fussent devenus clercs et même évêques de nombreux anciens curiales qui avaient
offert au peuple des spectacles jugés immoraux par l'Eglise : Quantos qui uoluptates et
editiones populo celebrauerunt, ad honorem summi sacerdotii peruenisse ! Le summum
sacerdotium était évidemment l'épiscopat. Certains, après le baptême, étaient devenus
coronati, c'est-à-dire prêtres provinciaux du culte impérial : ils avaient donc obtenu le
« prétendu sacerdoce » (uel coronati fuerint, uel sacerdotium quod dicitur sustinuerint) ; à
cette occasion, ils devaient offrir des spectacles (editiones publicas celebrauerint). Le pape
n'exigeait pas que fussent destitués ceux qui étaient en fonction dans le clergé, mais il
ordonnait de ne plus recruter à l'avenir des clercs parmi ces dignitaires évergètes.
Cette lettre présente donc comme une pratique courante les dons évergétiques de
spectacles, en particulier de la part des prêtres provinciaux, en Espagne au début du V e
siècle35. Il ne s'agissait pas de considérations générales abstraites, puisque la lettre
était une réponse à des questions précises posées par les évêques espagnols et
concernant la situation locale. Ce document révèle aussi que les dirigeants provinciaux
recherchaient à cette époque les honneurs ecclésiastiques et briguaient l'épiscopat, qui
leur semblait un couronnement enviable de leur cursus honorum. Il ne faut donc pas
imaginer deux sociétés opposées et totalement distinctes ; Paul-Albert Février a
remarqué qu'à Cuicul, en Numidie, on trouve sur la dédicace de la basilique civile datée
de 364-36736 les noms des flamines perpétuels Pomponius Pudentianus et Tullius
Praestantius, et sur les mosaïques d'une basilique chrétienne datable de la première
moitié du Ve siècle, les noms du sacerdotalis Tullius Adeodatus et du uir honestus
Pomponius Rusticus37. « Intéressant exemple, note Février, de la richesse, à la fin du
ive siècle, de quelques familles qui apportent autant de zèle à élever des bâtiments
profanes qu'à bâtir des sanctuaires chrétiens »38. Un autre exemple du même état
d'esprit se retrouve en Italie, sur l'épitaphe de Maecius Paternus, trouvée dans les
ruines d'une église des Volsinies. Sa veuve lui souhaitait « la paix avec les saints », mais
cette bonne chrétienne n'oubliait pas de mentionner dans l'inscription que son époux
avait été curator rei publicae et patron de sa cité, et qu'il avait restauré des thermes
publics39.
que les membres de familles dirigeantes promus à l'épiscopat pouvaient conserver les
comportements les plus traditionnels : le goût du pouvoir et de la popularité, l'étalage
du faste, la gloriole et, indissociablement, la générosité et de dévouement au service de
la collectivité ; en bref tous les traits de la philotimia la plus classique, alors que les Pères
de l'Eglise avaient pourtant fermement condamné la recherche de la « vaine gloire »
par les honneurs et les évergésies jugées frivoles49. Cependant, l'insistance, dans les
documents chrétiens, sur le souci, chez ces mêmes évêques, de venir en aide aux
pauvres et de leur fournir la nourriture, marquait une nette différence avec les
évergètes donateurs de spectacles. Augustin disait fort pertinemment que les
distributions de nourriture apportaient moins de prestige qu'un spectacle, que ce
n'était pas un « usage glorieux de l'or » (non est decus auri) 50. On doit reconnaître que,
pour les évêques Alexandre de Tipasa et Cresconius de Cuicul, les constructions qu'ils
avaient financées étaient bel et bien un decus auri.
33 Cet état d'esprit se maintint chez les évêques qui dominèrent les cités gauloises aux V e
et VIe siècles, et dont Martin Heinzelmann a établi la prosopographie 51 : ils exaltaient
volontiers leur noble origine, voire leur rang sénatorial romain, aussi bien que les
constructions d'églises qui immortalisaient leur nom. Ainsi ce Panthagathus de Vienne,
ancien questeur du Palais des derniers rois burgondes, qui devint ensuite évêque et
siégea en 538 au concile d'Orléans. Son inscription funéraire, transmise par un
manuscrit du IXe siècle52 le loue en ces termes :
... Hoc igitur sancti conduntur membra sepulchro / Pantagati patris pontificisque pii, /
cuius uita fuit gemino sublimis honore : / fascibus insignis, religione potens. / Arbitrio
regum quaesturae cingula sumpsit, / stemmata praecipuus, plus probitate cluens, / dans
epulum primis, et largo munere gazas / pauperibusque dedit, caelica regna petens...
« C'est donc en ce sépulcre que sont contenus les membres du saint Pantagathus,
pieux père et pontife, dont la vie fut sublime par un double honneur : il fut illustre
par les faisceaux et puissant par la religion ; par le jugement des rois, il reçut le
cei »turon de la questure ; insigne par sa lignée, plus éminent encore par sa probité,
offrant des banquets aux grands, il donna par une large munificence des trésors aux
pauvres, cherchant les royaumes célestes... ».
34 Françoise Prévot a donné, lors du présent congrès, un excellent exemple de cet état
d'esprit. L'épitaphe de Sidoine Apollinaire était connue par des copies médiévales, et
son authenticité fut parfois mise en doute. Or un important fragment de l'inscription
originelle a été récemment découvert à Clermont ; on y lit distinctement le début des
neuf premiers vers. Cette épitaphe exalte la noblesse de Sidoine, sa carrière, son rang
d'illustris, le pouvoir qu'il détint en tant que iudex (allusion à sa préfecture urbaine), son
rôle pacificateur dans les rapports aves les barbares, sa glorieuse oeuvre littéraire.
L'épiscopat est ensuite rapidement évoqué en deux vers, comme une honorable
retraite : « Siégeant sur la chaire du pontife suprême, il se déchargea des affaires du
monde sur sa descendance »53. Il n'est pas question d'évergétisme stricto sensu dans ce
texte, mais s'y exprime un maintien évident de l'éthique aristocratique romaine, qui est
en parfaite consonance avec l'exaltation des générosités financières d'autres évêques.
35 La naissance de la cité épiscopale fut assurément une mutation radicale, une rupture
évidente avec la cité classique. Toutefois, on constate que ces évêques issus de
l'ancienne couche dirigeante ont, pour une large part, transposé dans leur fonction les
usages et les mentalités de leurs ancêtres, notamment dans la pratique de
l'évergétisme. L'historiographie traditionnelle imaginait un vide, entre une cité
classique dont elle situait la disparition tôt dans l'histoire impériale romaine, et la cité
épiscopale du haut Moyen Age. Nous devons, en fait, constater que la cité chrétienne
fut l'héritière directe d'une cité classique dont la vitalité se maintint, en particulier
sous la forme de l'évergétisme, jusqu'à l'époque des invasions. C'est assurément ce
maintien tardif de la cité traditionnelle, avec la pratique ancestrale de l'évergétisme,
qui rendit possible la transmission de nombreux éléments de son système de valeurs à
la cité épiscopale médiévale.
36 L'étude de l'évergétisme au Bas-Empire se révèle donc très féconde, à condition de
dépasser les cloisonnements qui fractionnent nos études et mutilent la réalité
historique : entre le Haut et le Bas-Empire, entre l'Orient grec et l'Occident latin, entre
les documents païens et les documents chrétiens, entre les sources épigraphiques et les
sources littéraires. Ainsi, de nombreuses permanences exigent de prendre en compte la
documentation antérieure, celle du Haut-Empire et même celle de l'âge hellénistique.
C'est, de fait, dans la longue durée qu'il convient d'appréhender la pratique de
l'évergétisme. Son maintien dans l'Antiquité tardive est une découverte de la recherche
récente, qui a su, en particulier, mettre en lumière un dossier épigraphique méconnu et
bien plus abondant qu'on ne le croyait. Il reste cependant beaucoup à faire pour que
l'inventaire et l'exploitation de sources multiformes soient achevés. Il faut souhaiter
que notre rencontre suscite, sur ce terrain, de nouvelles et nécessaires recherches *.
NOTES
1. Charlotte ROUECHÉ, Aphrodisias in Late Antiquity, Journal of Roman Studies Monographs, 5, Londres,
1989, p. XIX-XX.
2. L. ROBERT, Hellenica, IV, 1946, p. 115-133. Pour les acclamations, voir infra, n. 8.
3. Sur l'Espagne, voir infra, p. 341.
4. L. ROBERT, « Tropheus et aristeus », dans Hellenica, XI-XII, 1960, p. 569-576.
5. S. Basile, Homélie sur la richesse, éd. Y. CORTONNE, Paris, 1935, p. 14-37.
6. S. Jean Chrysostome, Sur la vaine gloire et l’éducation des enfants, éd. A.-M. MALINGREY, SC, 188,
p. 14-37.
7. L. ROBERT, loc. cit., p. 570-571 (et η. 1, p. 571).
8. C. ROUECHÉ, Aphrodisias, op. cit., n o 59 ; 78-80 ; 83-84. Cf. C. ROUECHÉ, « Acclamations in the Later
Roman Empire : new evidences from Aphrodisias », JRS, 74, 1984, p. 181-199.
9. C. LEPELLEY, Les cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire, t. I, Paris, 1979 ; t. Π, Paris, 1981.
10. Approche rapide de l'abondante épigraphie municipale tardive de l'Italie péninsulaire dans C.
LEPELLEY, « Permanences de la cité classique et archaïsmes municipaux en Italie au Bas-Empire »,
dans Institutions, société et vie politique dans l'empire romain au IV e siècle ap. J.-C. (Mélanges André
Chastagnol), Coll. Ec.Fr. de Rome, 159, Rome, 1992, p. 353-371.
11. C. LEPELLEY, Cités, t. I, p. 149 ; 163 ; 165 ; 195.
12. R. MAC MULLEN, Corruption and the Decline of Rome, Yale, 1988 ; trad. franç. Le déclin de Rome et la
corruption du pouvoir, Paris, 1991, p. 55-58 et 34. R. MAC MULLEN (ibid., p. 58-62) évoque à juste titre
une autre région où l’on dénote une évidente prospérité tardive, la Syrie et la Palestine.
13. Cf. G. FORNI, « La più recente menzione di tribù romana », dans Atti dellAccademia Romanistica
Constantiniana, 3 conv. intern, Pérouse, 1977 (1979), p. 223-237 ; hormis la présente inscription,
remarque G. Forni, les mentions les plus récentes de tribus romaines sur des inscriptions ou des
papyrus sont antérieures à 254. Le rédacteur du texte d'Hispellum avait assurément sous les yeux
des inscriptions du Haut-Empire dont il a délibérément fait le pastiche, tout en mentionnant avec
une scrupuleuse exactitude les institutions de son temps.
14. Sur ce cursus du Bas-Empire, cf. C. LEPELLEY, « La carrière municipale dans l'Afrique romaine
sous l'empire tardif », Ktèma, 6, 1981, p. 333-347.
15. CIL, XI, 5265 (ILS, 705). Cf. Jacques GASCOU, « Le rescrit d'Hispellum », MEFR, 1967, p. 609-659.
16. Outre le présent texte (IRT, 567), voir aussi IRT, 564 ; 568 ; 578 ; 595.
17. J.-M. PAILLER, « L'énigme Nymfius », dans Gallia, 44, 1986, p. 151-165. Sur la date médiévale
tardive des croix (déjà signalée par G. FOUET, dans Gallia, 1984, p. 153-173) voir p. 157-159.
18. Cicéron, De Republica, VI, 26.
19. Lettre de Nectarius à Augustin, parmi les lettres d'Augustin, 203, éd. GOLDBACHER, CSEL, 34, 2,
p. 578-581 ; ainsi, § 2, p. 579-580 : « ... de qua (patria) bene meritis uiris doctissimi homines ferunt
post obitum corporis in caelo domicilium praeparari, ut promotio quaedam ad supernam
praestetur his hominibus qui bene de genitalibus urbibus meruerunt, et hi magis cum deo
habitent, qui sa »utem dedisse aut consiliis aut operibus patriae doceantur... ».
20. J.-M. PAILLER, loc. cit., p. 160-165.
21. J.-U. KRAUSE, « Das spätantike Städtpatronat », dans Chiron, 17, 1987, p. 1-80.
22. C. LEPELLEY, Cités, t. I, p. 304-318
23. N. FERCHIOU, « Un témoignage de la vie municipale d'Abthugni au Bas-Empire », dans L'Africa
Romana, VII convegno, 1989. a cura di A. MASTINO, Sassari, 1990, p. 753-761 (A.E., 1991, 1641-1644).
Texte de la base 3 (les bases 1 et 2 donnent un texte identique mais mutilé) : Conpellente tem/
porum felicitate / ddd(ominorum) nnn(ostrorum Valentis / Gratiani ac Valenti/niani inuictissimo/rum
semper Auggg(ustorum) / Publicius Felix Hortensias fl(amen) p(er)p(etuus) cur(ator) r(ei) p(ublicae) /
rosira ad ornatum patriae in meliorem/statum redducxi [sic] / idemquededicaui.
Texte de la base 4 : Temporum fe/licitate conpellen/te ddd(ominorum) nnnfostrorum) / Valentis
Gratiani/ac Valentiniani in/uictissimorum sem/per Auggg(ustorum) aeternam/urbem Romam Publi/cius
Felix Hortensi/us fl(amen) per)p(etuus) cur(ator) r(ei) p(ublicae) cum ordineposui.
L'absence de mention du gouverneur de province implique que les frais de l'opération ont été
assumés entièrement par l’évergète : le gouverneur n'avait pas à intervenir pour autoriser la
dépense, comme il l'aurait fait pour des travaux effectués aux frais de la pecunia publica
municipale.
24. J. MARCILLET-JAUBERT, Epigraphica, 41, 1979, p. 66-72 et F. JACQUES, ZPE, 59, 1985, p. 146-150 = AE.,
1982, 961 : Pro felicitate temporum beatorum / Quintus Cassius Taurus, fl(amen)p(er)pfetuus) Legalis, / ob
honorem flamoni(i)paterni con/sensu splendidissimi ordinis sibi con/locati, cenitatem [sic] curiam
sum(p)tu proprio/repparauit[sic].
A la ligne 4, cenitatem curiam doit être lu genitalem curiam, comme F. Jacques l'a démontré. Ce
texte, qu'on doit dater de la seconde moitié du IV e siècle, montre la persistance de l'évergésie ob
honorem (la curie est restaurée pour l'honneur du flaminat du père, attribué également au fils par
l'ordo), ainsi qu'une fière exaltation de l'hérédité des honneurs municipaux, nullement présentée
comme une contrainte.
25. Ammien Marcellin, Histoires, XXVIII, 6, 1-30. Sur ces événements et sur leur chronologie, se
reporter à A. DEMANDT, « Die Tripolitanischen Wirren unter Valentinian I », dans Byzantion, 3,
1968, p. 333-363.
26. Ammien Marcellin, Histoires, XVIII, 6, 26-29.
27. IRT, 475 (à Nicomaque Flavien vicaire d'Afrique en 377) ; IRT, 526 (à Decimius Hilarianus
Hesperius, proconsul d’Afrique en 376-377) ; IRT, 570 + PBSR, 23, 1955, p. 130-131 = AK, 1957, 236 (à
Flavius Victorianus, comte d'Afrique en 375/378) ; IRT, 571 et J. GUEY, dans RFA, 1953, p. 346 (à
Flavius Vivius Benedictus, praeses de Tripolitaine en 378).
28. L' emendatio proposant à la place d' optionorim iustitiae, ob tenorem iustitiae (soit « pour le
déroulement de la justice ») est due à Joyce REYNOLDS (IRT, loc. cit.). Julien GUEY (« Encore l'affaire
Romanus et le scandale de Lepcis Magna sous Valentinien », dans RFA, 1953 p. 45), propose de
corriger en ob honorem iustitiae, ce qui n’est guère satisfaisant. Voir planche I.
29. Citons une découverte récente, qui exprime bien l'esprit évergétique. A. Ennabli a fouillé les
bains privés d'une très vaste demeure sise à Sidi-Ghrib, près de l'antique Sicilibba, à une
quarantaine de kms au sud-ouest de Carthage. (A. ENNABLI, « Les thermes du thiase marin de Sidi-
Ghrib — Tunisie- », dans Monuments et Mémoires publiés par l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres (Monuments Piot), t. 68, 1986, p. 1-59. Ces bains sont décorés de magnifiques mosaïques de
sol. Sur celle qui orne la contremarche d'un degré séparant la salle principale des thermes d'un
bassin, on peut lire une inscription mosaïquée : Plus feci quam potui, minus quant uolui, si placet
commune est, si displicet nostrum est... (« j'ai fait le plus que j’ai pu, moins que j'aurais voulu ; si celà
plaît, c'est à tous, si celà déplaît, c'est à nous... »). La fin du texte, non citée ici, est obscure. La
formule implique que le propriétaire mettait généreusement ses bains privés à la disposition du
voisinage, (cf. loc. cit., p. 7, et note sur cette inscription par Liliane ENNABLI, ibid, p. 56-57 ; AE, 1987,
1006). L'ensemble (bâtiments, mosaïques et inscription) est datable d'après les trouvailles de
céramique des dernières années du IVe siècle ou du début du Ve siècle.
30. A.E. 1989, 422 (E. SERRANO RAMOS, P. RODRIGUEZ OLIVA, dans Baetica, Π, 1988, p. 252-256). Marcos
MAYER, « El paganismo civico en la Hispania Citerior », dans Cité et la communauté civique en
Hispanie aux IIe· et IIIe siècles ap. J.-C., colloque réuni à la Casa de Velasquez, Madrid, 25-27 janvier
1990, coll. de la Casa de Velasquez, 40, Madrid, 1993, p. 170.
31. Augustin, Contra Academicos, I, 2, éd. JOLIVET, Bibl. Aug., 4, p. 16-19 : « An uero si edentem te
munera ursorum et numquam ibi antea uisa spectacula ciuibus nostris, theatricus plausus
semper prosperrimus accepisset, si stultorum hominum quorum immensa turba est conflatis et
consentientibus uocibus ferreris ad caelum ; si nemo t »bi auderet esse inimicus ; si municipales
tabulae te non solum ciuium sed etiam uicinorum patronum aere signarent ; collocarentur
statuae, influerent honores, adderentur etiam potestates quae municipalem habitum
supercrescerent ; [...] ; in ore clientium, in ore ciuium, in ore denique populorum, humanissimus,
liberalissimus, mundissimus, fortunatus ut fuisse iactareris... ».
32. Sur ce texte, cf. C. LEPELLEY, Les cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire, t. I, p. 298-300 ; 319 ; 325 ;
t. II, p. 178-181.
33. Innocent Ier, epist. 3, PL, 20, 485-494 (§ 4, loc. cit. col. 491 ; § 5, loc. cit., col. 492).
34. C. PIETRI, Roma Christiana, Rome, 1976, p. 1062-1066.
35. Rapelons qu'au début du IV e siècle (dans les années 305-314), soit à une époque où les
témoignages épigraphiques sont déjà fort rares en Espagne, les actes du concile d'Elvire (Illiberis,
aujourd'hui Grenade) évoquent les dons de spectacles d'amphithéâtre par des flamines du culte
impérial (PL, 84, 301-310)
36. AE, 1946, 107.
37. CIL, VIII, 837 ; 8348.
38. P.-A. FÉVRIER, « Inscriptions chrétiennes de Djemila (Cuicul) », dans Bull, d'archéol. Algérienne, I,
1962-1965, p. 211-212.
39. CIL, XI, 7298 ; meilleure lecture dans Inscr. Christ. Ital., Volsinii, 18.
40. Cf. A. MANDOUZE (et aliï), Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, I, Afrique, Paris, 1982, p. 53-56.
41. Cf. PLRE, II, p. 1048-1050.
42. Cf. PLRE, II, p. 115-118.
43. AE, 1922, 25 (BACTH, 1922, p. XX). Cette inscription de Cuicul (Djemila) présente fort peu de
différences avec son homologue de Tipasa. Le document de Cuicul est étudié (avec une
rectification de lecture) par P.-A. FÉVRIER, « Le développement urbain en Afrique du Nord : les
exemples comparés de Djemila et de Sétif », dans Cahiers Archéologiques, 14,1964, p. 15-19.
Cresconius siégea parmi les évêques catholiques à la conférence de Carthage en 411. L'attribution
de l'inscription à un évêque homonyme, dans A. MANDOUZE, Prosopographie, op. cit., p. 240, apparaît
non fondée. L'évêque Alexandre de Tipasa n'est connu que par l'inscription évoquée ici, et deux
autres trouvées au même endroit (CIL, VIII, 20904 et 20905 ; A. MANDOUZE, Prosopographie, p. 52).
44. Sur la basilique de l’évêque Alexandre, se reporter à L. LESCHI, « Fouilles à Tipasa dans l'église
d'Alexandre », BACTH, 1938-1939, p. 422-431 ; ibid ; 1941-1942, p. 355-370 = Etudes d'épigraphie,
d'archéologie et d'histoire africaines, Paris, 1957, p. 377-388. L'inscription se trouve au musée
archéologique d'Alger.
45. Le terme de rector prouinciae est habituel (avec celui de iudex prouinciae ) dans les textes
juridiques du Bas-Empire pour désigner les gouverneurs sans distinction de grade, de préférence
à celui de praeses, qui désigne plutôt les gouverneurs de rang inférieur aux consulares.
46. On peut citer un exemple récemment publié : une inscription d'Hippone relatant la
restauration d'un marché sous le règne de Valentinien et de Valens (364-367) après un abandon
dû à une longa incuria, ainsi qu'à une discissio, une division, due assurément à des querelles dans
l'ordre des décurions (texte édité par P. CORBIER d'après les papiers d’E. MAREC, dans ZPE, 43, 1981,
p. 89-95 = AE, 1982, 943). On peut encore évoquer la curie de Lambèse (Numidie), qui fut restaurée
dans les années 379-383, alors qu'elle était tombée en ruines par suite de l'incuria ueterum (ILS,
5520).
47. Augustin, sermon 32, 20, CCL, 41, p. 407 ; en. in ps. CIII, serm.3, 12, CCL, 40, p. 1511 ; en. inps. LXXX,
CCL, 39, p. 1123 ; en inps. CXLIX, 10, CCL,, 41, p. 2184.
48. Une formule comparable, exprimant le même état d'esprit, se retrouve dans l'inscription
rédigée par le pape Damase (336-384) pour l'église urbaine de Saint-Laurent in Damaso (ILCV, 970
— d'après un manuscrit médiéval —) : Archibus his fateor uolui noua condere tecta / addere praeterea
dextra leuaque columnas, / quae Damasi teneant proprium per saecula nomen (« à ces palais, je l'avoue,
j'ai voulu donner un nouveau toit, ajouter en outre à droite et à gauche des colonnes, qui
puissent de Damase garder le nom intact au long des siècles »). Face aux arrogants sénateurs
païens, le pape affirmait sa gloire de bâtisseur (référence aimablement communiquée par Jean
Guyon).
49. La critique la plus brillante de la « vaine gloire » de l'évergète se lit dans le traité Sur la vaine
gloire et l'éducation des enfants de s. Jean Chrysostome (éd. A.-M. MALINGREY, SC, 188, p. 14-37).
50. Augustin, sermon 21, 10, CCL, 41, p. 285-286 (« edit pompaticos ludos, insana munera, donat
histrionibus, pauperibus non donat ; non est decus auri »).
51. M. HEINZELMANN, Bischofsherrschaft im Gallien. Soziale, prosopographische und bildungsgeschichtliche
Aspekte der Kontinuität romischer Führungsschichten von IV bis VII Jahrundert (Beiheft der Francia, 5),
Munich, 1976 ; ID., Gallische Prosopographie 260-527 (Francia, Sonderdruck 10), Munich, 1983. Voir
aussi K.F. STROHEKER, Der Senatoren - Adel im spät antiken Gallien, Tübingen, 1948.
52. Cf. F. DESCOMBES, RICG, xv, 95 ; LE BLANT, 429.
53. L'épitaphe est reproduite d'après les manuscrits dans E. LE BLANT, Inscriptions chrétiennes de la
Gaule, Paris, 1856, 562 ; dans E. DIEHL, ILCV, 1067 ; dans MGH, AA, 8, p. VI. L'inscription récemment
découverte à Clermont, qui établit définitivement l'authenticité du texte transmis par les
manuscrits, a été publiée par Françoise PRÉVOT dans Antiquité tardive, t. I, 1993, p. 223-229.
NOTES DE FIN
*. Addendum. Il convient de signaler la publication récente de l'importante thèse de Jean - Pierre
Caillet, L'évergétisme monumental chrétien en Italie et à ses marges, Coll, de l'Ecole Française de Rome,
175, Rome, 1993, 502 pages. On y trouvera un corpus exhaustif pour le domaine géographique
envisagé (Rome étant exclue) des inscriptions mentionnant des dons.