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ESPACE ARCHÉOLOGIQUE (NIVEAU -1)

ENTREMONT

FICHES D'AIDE À LA PRÉPARATION


DE VOTRE VISITE
LE SITE D’ENTREMONT

L’oppidum celto-ligure d’Entremont est fondé vers 180/170 avant J.-C. en bordure du plateau de
Puyricard au nord d’Aix-en-Provence. En 123 avant J.C. le consul romain Caïus Sextus Calvinus
prend la ville avant de fonder Aquae Sextae Salluviorum en contrebas du plateau. C’est dire que
l’existence d’Entremont fut de courte durée.

La civilisaton celto-ligure se développe entre le VIe et le IIe siècle avant J.-C., dans l’arrière pays
marseillais. Les Ligures, installés en Provence au même ttre que les Étrusques en Italie, ont assimi -
lé les Celtes venus de régions plus septentrionales donnant naissance à une civilisaton établie par
la suite dans des oppida, ou agglomératons fortiées, construits sur des plateaux ou dans des
plaines. Entremont semble être un des oppida les plus importants à coté de ceux du Baou-Roux à
Bouc-Bel-Air, de La Cloche aux Pennes-Mirabeau et de Pierredon à Eguilles et Roquepertuse.

Si les premières découvertes relatves au site d’Entremont remontent à 1817 (des pierres en rem-
ploi dans un cabanon du site), il faut atendre 1946 pour que des fouilles systématques soient en-
gagées. Les allemands qui occupaient le site entre 1942 et 1944 avaient mis au jour par hasard une
grande parte de la statuaire, éveillant alors l’intérêt des archéologues.

La connaissance du site s’est alors


étayée : l’ensemble des découvertes a
révélé l’implantaton d’une commu-
nauté d’agriculteurs et d’artsans,
mais c’est surtout l’exceptonnel en-
semble de sculptures représentant
essentellement l’élite guerrière vic-
torieuse qui témoigne de l’originalité
et du pouvoir de ce peuple de la Gaule
du sud.

La céramique produite localement ou


importée, les objets usuels en métal
(outls, bijoux)) évoquent la vie quot-
dienne et l’actvité commerciale de
cete populaton, à la veille de la ro-
Plan de l’ensemble du plateau d’Entremont manisaton qui intervient à la toute
Relevé A. Carrier complété par P. Arcelin in du IIe siècle avant J.C.
D.A.O. M. Réti et P. Arcelin

L’histoire de la constructon de cet oppidum se décompose en plusieurs étapes. Il convient tout


d’abord d’évoquer l’existence d’un sanctuaire antérieur à l’agglomératon, dont atestent plusieurs
éléments architecturaux utlisés en remploi et datés au moins du VIème siècle avant J.-C. Nous ne
savons malheureusement que très peu de choses au sujet de cet édiice.

Les fouilles menées jusqu’à ce jour ont révélé la présence de deux enceintes successives, délimi-
tant chacune une zone d’occupaton.
La première est datée du début du IIème siècle avant J.-C. et déinit un premier foyer d’occupaton
au plan régulier. Ce dernier prenait la forme d’un parallélogramme d’environ un hectare et le mur
d’enceinte était pourvu de quatre tours sur le côté nord. Des îlots d’habitaton reliés par des élé-
ments de voiries ainsi qu’un espace dévolu à l’artsanat ont ainsi pu être mis en lumière.

La seconde enceinte, mise en œuvre quelques décennies plus tard porte la supericie de l’oppidum
à environ 3,5 hectares. Le caractère défensif du rempart permet aux habitants de se regrouper et
de faire face aux menaces venues de l’arrière-pays et du territoire massaliote.

Les confits avec la colonie grecque de Massalia tout comme la positon stratégique d'Entremont
sur la voie commerciale entre l'Italie et l'Espagne, expliquent l'incursion des troupes romaines et la
destructon partelle d'Entremont en 124 avant Jésus-Christ ; elle aboutra à l'abandon du site aux
alentours de 90 avant J-C au proit de la cité d'Aquae Sextae, nouvellement fondée en 122 avant J-
C par Caïus Sextus Calvinus .

Classé « monument historique » depuis 1980, l'oppidum est ouvert au public et les objets et
sculptures exhumés lors des fouilles sont conservés dans les collectons du musée Granet.

Vue vertcale de la parte fouillée du site d’Entremont.


Cliché C Hussy, S.R.A.-P.A.C.A., 2000
SALLE 1 : TEMOINGNAGES DE LA VIE QUOTIDIENNE

Dans les collectons du musée vous pouvez observer de nombreux objets qui témoignent du
mode de vie des Salyens sur le site d'Entremont et ainsi proposer une vision, loin de l'image de
ces êtres frustres, véhiculée par les Grecs et les Romains.

Des outls agricoles, tels que des serpes ou soc d'araire, témoignent de l'exploitaton des terres
alentours. Une maie, pierre plate entaillée d'une rigole, vient certier la présence d'un pressoir et
la producton par les Salyens d'huile et de vin.

La présence de nombreuses dolia, jarres de stockage de denrées alimentaires, semble également


atester de la culture et de la consommaton de raisin, d'olives et de céréales.

Par ailleurs, certains vestges retrouvés sur le site nous indiquent l'existence de plusieurs méters
d'artsanat. Ainsi, l'oppidum semblait regrouper des ateliers de poters, de forgerons, de tailleurs
de pierre ou de tsserands et l'on y pratquait également le travail du cuir et du verre. Ces décou-
vertes illustrent une grande diversité de méters et de productons au sein de la tribu celto-ligure.

Le commerce faisait parte du quotdien des Salyens, sans doute favorisé par leur positon straté-
gique proche de Massalia ou d'autres tribus gauloises. Des pièces de monnaie étrangère ainsi que
de la vaisselle tournée, importée d'Italie, témoignent bien de ces échanges et d'une actvité com-
merciale ouverte vers l'extérieur.
Toutes ces découvertes permetent de mieux appréhender la vie quotdienne des habitants d'En-
tremont pour qui l'art, l'artsanat, l'agriculture et le commerce faisaient parte intégrante du quot-
dien.

Le fer
Il était travaillé sur place et les nombreux objets et outls retrouvés sur le site témoignent des
actvités quotdiennes des Salyens, telles que l’agriculture, l’artsanat ou même la vie domestque.
Des serpetes (coupe du pett bois et travail du cuir notamment), des serpes ou des faucilles pour
le travail des champs ou du textle et même des faux de plus grandes dimensions ont été mis au
jour.

Le plomb
Des résidus de fonte, des plaques repliées, l’une d’elle pesant presque 100kg, atestent du travail
du plomb sur le site. Seuls un poids, quelques anneaux, de nombreuses agrafes de réparaton pour
les dolia et quelques balles de fronde ont pu être retrouvés.

Le bronze
Comme le fer et le plomb, il est travaillé à Entremont. Néanmoins, certains objets en bronze
comme les simpula (cuillères à long manche pour le service du vin) sont importés d’Italie et plus
partculièrement de Campanie.

Les bijoux
Les bijoux, qu’ils soient en or, argent, bronze ou en fer étaient vraisemblablement fabriqués sur
place. Un dépotoir a révélé plus de 700 perles en verre, en majorité bleues, ainsi que des blocs de
verre brut laissant supposer la présence d’un atelier à proximité. Les archéologues ont pu
retrouver des bagues, des boucles d’oreilles ou des ibules, mais aussi des éléments de parure pour
les chevaux.

La poterie modélée
Les deux ters des tessons trouvés relèvent de la technique ancestrale du modelage. Les formes
fermées dominent et l’on trouve majoritairement des vases ou pots destnés au stockage et à la
cuisson des aliments. La couleur dominante de la terre est le gris, plus rarement des teintes beiges
pour de grands récipients comme les dolia. Quelques exemples de cruches, de jates et de coupes
ont également été mis au jour.

La poterie tournée
La technique du tour se répand peu au-delà des zones côtères et tous les tessons trouvés à
Entremont témoignent d’un commerce qui passait par Marseille. Les formes ouvertes pour la table
et la préparaton hors du feu ainsi que pour la cuisine frite sont en plus grande proporton dans
cete fabricaton. Ces céramiques proviennent essentellement d’Italie, d’Espagne et de Marseille.

ITALIE
Céramiques italiques à vernis noir
Fabriquées en Campanie (Italie méridionale) entre le IIIe et le I° siècle avant J.C., la pâte est
rouge marron ; les pièces sont peu décorées mais d’une grande valeur pour les habitants
d’Entremont qui les réparaient avec des agrafes de plomb, ou les marquaient d’un grafto
Céramiques communes italiques
Produites en Italie du sud, caractérisées par une pâte granuleuse rouge, elles sont repré-
sentées par des plats creux et des morters avec bec verseur et cordon ondulé pour une
meilleure préhension.
Céramiques à parois fnes
Elles apparaissent en Italie au milieu du IIème siècle avant J.-C., certaines portent un décor
de petts points à la barbotne (pâte argileuse servant à ixer les ornements et les partes
rapportées d’une céramique) formant des motfs de spirales ou de vagues.
Les amphores
Les amphores (vases de transport de denrées) d’Entremont proviennent en majorité d’Ita-
lie. Deux cols très caractéristques en trompete atestent d’une provenance carthaginoise.

ESPAGNOLE
Céramiques ibériques
La céramique ibérique est représentée par un kalathos ou sombrero de copa, pett pot
droit décoré de peinture rouge sur le marli (pourtour) ou sur les cotés.

MARSEILLAISE
Céramiques marseillaises à pâte claire
La producton marseillaise imite les céramiques d’Italie ou de Grèce notamment dans les
formes ouvertes des morters, des jates et des coupes. Les cruches ont des contours dont
l’origine est plus typiquement locale.
SALLE 2 : LA STATUAIRE

« La statuaire d’Entremont consttue un ensemble unique d’époque préromaine » écrivait Fernand


Benoît l’initateur des fouilles systématques en 1946. Découverts dans une fosse par l’armée d’oc-
cupaton allemande en 1943, les fragments retrouvés de 18 à 20 statues nous renseignent pré-
cieusement sur ces personnages du second âge du fer méditerranéen dont l’art reste typique-
ment celtque.
L’observaton stylistque indique une réalisaton du début du IIIe siècle au premier quart du IIe
siècle avant J.C., soit avant même la constructon de l’habitat 1(180-170 avant J.C.) ; elles pro-
viennent de plusieurs oppida ou de lieux culturels dans des fermes isolées et furent transportées
dans la ville lorsque les familles s’y regroupèrent ain de mieux se protéger du danger grandissant.
Elles furent certainement détruites à l’issue du premier siège en 123 avant J.C.
Cet ensemble sculpté découvert à Entremont est à ce jour l'ensemble le plus important de toute
l'Europe préromaine. Ces efgies d'hommes, de femmes ou de cavaliers, taillées dans du calcaire
local, quasiment de taille réelle et sur lesquelles subsistent de rares traces de polychromie té-
moignent d'un certain souci de réalisme et de idélité aux modèles. Leur diversité de facture
semble atester de l'interventon de plusieurs artsans.
Ces personnages d’un haut rang social sont représentés en posture de récepton ou d’apparat, au-
près de héros et ancêtres de leur lignée. Si l’on peut observer une grande majorité de statues mas-
culines, il convient cependant de noter l’existence de fragments de statues féminines. Leur pré-
sence aux côtés de héros et de guerriers, témoigne de la place partculière de la femme dans la
société celto-ligure, qu’il s’agisse du cercle familial ou de la vie publique.
Trois ensembles de sculptures exposés dans cete salle, têtes coifées, torses et têtes coupées, per-
metent d’imaginer un modèle de représentaton complet, celui du guerrier assis. Le torse à la
cuirasse « mouchetée », pièce la plus complète, montre le personnage assis, les jambes croisées en
tailleur et le bras féchi ; il devait tenir entre ses jambes ou sur ses genoux une ou plusieurs têtes
coupées.

Statue de guerrier avec six têtes coupées reconsttuton par R. Ambard,


1976 C.N.R.S
Guerrier assis à la cuirasse
« mouchetée »
Pierre calcaire, 87 x 63 x 70 cm
Dépôt de l’Etat, 1946
Photo musée Granet/CPA

Dans cete salle, des têtes détachées sont minuteusement sculptées. Elles sont imberbes, animées
par de grands yeux ouverts, à l’époque redessinés par la polychromie aujourd’hui disparue, et les
coiffures parfois surmontées d'un diadème ou d'un casque, laissent apparaître des oreilles simpli-
iées. Il convient vraisemblablement d'associer ces têtes aux torses, dont huit ont été retrouvés
sur le site. Vêtus d’une cuirasse, ces personnages sont parés d'un torque, collier traditonnel celte,
et portent un fourreau d'épée au ceinturon. Ils partcipaient certainement à la représentaton de
guerriers de haute lignée.
Un troisième ensemble de sculptures mis au jour représentent les têtes coupées aux yeux clos et
à la bouche affaissée. Ces têtes d'ennemis tués lors de combats s'apparentent à des trophées ra-
menés par les guerriers qui s’appropriaient ainsi la puissance des vaincus. Au-delà du fait d’arme
individuel, elles célèbrent le prestge d’un clan, d’une famille, par la valorisaton d’un ancêtre élevé
au rang quasi divin de héros.

Le rapprochement de ces sculptures avec des sources épigraphiques et textuelles met en avant
l’existence d’une société hiérarchisée dans laquelle l’élite guerrière règne sur les autres groupes
sociaux. Selon Jules César, le pouvoir est atribué à de grandes familles aristocratques formant une
classe équestre, le reste de la populaton étant à leur service.

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