Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Touchefeu-Meynier Odette. De quand date la Sirène-poisson ?. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres
d'humanité, n°21, décembre 1962. pp. 452-459;
doi : https://doi.org/10.3406/bude.1962.4210
https://www.persee.fr/doc/bude_1247-6862_1962_num_21_4_4210
lorsqu'
Lorsque
enfinlaelle
Sirène
se pose
quitte
directement
son île pour
surnaviguer
les flots 2,sur
ou un
prend
radeau
place
1,
dans le cortège de Poséidon 3, on peut penser qu'il ne lui reste
rien, dans l'esprit de l'artiste, de sa valeur originelle.
Cependant, même dans ce dernier cas elle est encore une
femme-oiseau ; c'est alors qu'intervient plus particulièrement
l'influence du type iconographique de Scylla, ou de Tritons et de
Tritonesses. Comme elle s'est peu à peu dépouillée de sa
véritable signification, la Sirène peut alors quitter son apparence
première pour devenir, totalement, un être de la mer.
A l'attirance exercée par les formes de divers monstres et qui
a pu être renforcée par l'étonnement 'parfois provoqué chez les
marins, sur certaines côtes, par la rencontre de « lamemis, » ont pu
s'ajouter l'influence d'autres interprétations du Mythe (le chant
des sirènes, bruit du ressac sur les récifs ; les sirènes, démons de
midi frappant d'insolation les marins exposés aux réverbérations
de 1?. mer), et, surtout, l'influence de légendes annexes. L'on
raconte 4 que, de dépit, les sirènes se jetterent dans la mer ; sans
doute s'y noyèrent-elles. Il faut noter pourtant cette rencontre des
sirènes et de la mer : les trois cadavres dérivèrent un temps, puis
furent recueillis et ensevelis ; celui de Parthénopé échoua dans
le golfe de Cumes, où sa mémoire fut honorée par des Cuméens
émigrés qui fondèrent, du nom de la Sirène, la ville de
Parthénopé. Or un indice donne à penser que certaines versions de la
légende faisaient accoster au rivage une Parthénopé non pas à
l'état de cadavre, mais bel et bien vivante ; en effet une monnaie
de la ville de Parthénopé montre, aux pieds d'une femme assise,
un personnage féminin s' approchant du rivage et dont seul le
buste émerge des flots : notre sirène, assurément 5. Or elle n'a
rien d'un oiseau ; pour sortir de la mer, vivante, après un long
voyage il fallait qu'elle fût femme, ou, mieux encore, poisson.
L'artiste supposait-il réellement à son personnage une queue de
poisson ? il serait peut-être hasardeux de l'affirmer ; mais ceux
qui contemplaient la monnaie ne pouvaient faire autrement que
de prolonger ainsi ce corps à demi-caché par les vagues. Art et
folklore sont, là, intimement mêlés.
A quelle date peut se placer le moment décisif de l'histoire de
la Sirène ? C'est-à-dire à quel moment, ayant depuis longtemps,
et peu à peu, perdu son essence première, a-t-clle adopté un