Vous êtes sur la page 1sur 4

Introduction

On considère Saint Denis comme un évêque missionnaire venu évangéliser la cité des Parisiens. Il y
trouva le martyre vers 250, vraisemblablement sur la colline de Montmartre, avant d’être inhumé à
l’emplacement de l’actuelle basilique. La Vie de sainte Geneviève, rédigée vers 520, présente Denis
comme le premier évêque de Paris, envoyé par le pape Clément I (fin du premier siècle). Les textes
mentionnent ensuite ses deux compagnons, le prêtre Éleuthère et le diacre Rustique. Au Ve siècle,
on attribue à sainte Geneviève l’agrandissement de la basilique qui avait été édifiée à l’emplacement
du tombeau du saint. Dès ce moment, de hauts personnages de l’aristocratie franque s’y firent
inhumer, telle la reine Arégonde (morte entre 580 et 590). Dagobert (629-639) ordonna à nouveau
d’agrandir l’édifice initial et fut le premier roi à choisir d’être inhumé dans la basilique.

C'est en 1959, à l'occasion de ses fouilles à la basilique de Saint-Denis, que Michel Fleury mit au jour
une sépulture féminine d'une richesse exceptionnelle (le sarcophage n° 49) Celle-ci renfermait en
effet des bijoux et accessoires vestimentaires de grande qualité. Le sarcophage de pierre, disposé
depuis toujours dans le sous-sol d'une église (fondée au IVe siècle à l'emplacement de l'actuelle
basilique de Saint-Denis et agrandie par sainte Geneviève à la fin du Ve siècle), avait été préservé des
eaux d'infiltration pluviales, ce qui avait permis la conservation exceptionnelle de nombreuses tes
organiques, qu'il s'agisse des os de la défunte, de ses riches vêtements ou encore du cuir des
accessoires de bufïleterie. Soigneusement prélevés, ces restes organiques furent fouillés et étudiés
par Albert France-Lanord dans son laboratoire de Nancy.

Arégonde est la troisième épouse de Clotaire 1er (511-561) et la mère de Chilpéric 1er (né vers 534
et roi de 561 à 584). Elle est connue grâce à une courte mention écrite de Grégoire de Tours dans son
Histoire des Francs (livre IV, 3). Ce dernier relate en effet dans son Histoire des Francs que la reine
Ingonde, après avoir demandé à son mari, Clotaire Ier, de trouver pour sa sœur Arégonde un époux
digne de son rang, fut répudiée au profit de celle-ci.

Développement

>Les rites funéraire de la nécropole

Considérant l'emplacement privilégié de cette tombe, dans une nécropole qui devait recevoir au VIIe
siècle les tombes du roi Dagobert Ier (628-639) et de son fils Clovis II (639-657), ainsi que le caractère
exceptionnel de son mobilier funéraire, Michel Fleury avait conclu dès 1959 que la bague de la
défunte, avec l'inscription ARNEGVNDIS et très vraisemblablement le monogramme central REGINE ,
permettait de l'identifier à la reine Arégonde,

La documentation sur le mobilier recueilli dans la nécropole mérovingienne provient, pour


l’essentiel, des recherches effectuées par Édouard Salin et Michel Fleury. Les corps des aristocrates
mérovingiens reposaient dans de coûteux sarcophages de pierre, ornés de croix attestant le succès
du christianisme dans le monde mérovingien. Les défunts, ici principalement des femmes se faisaient
enterrer revêtus de somptueux costumes ornés de galons de broderie d’or, de bijoux et d’accessoires
de costume en or et argent. Les bijoux de Saint-Denis sont particulièrement représentatifs de
l’engouement de l’aristocratie franque pour les grenats rouges. De récents travaux en laboratoire ont
montré que la majorité de ces pierres précieuses proviennent d’Inde et de Ceylan.

Le style animalier nordique, introduit dans le monde mérovingien au cours du VIe siècle, est
également bien représenté à Saint-Denis. Il caractérise les décors d’armes ou de bijoux réservés à
l’élite franque. Dans l’univers sacré d’une basilique telle que Saint-Denis, cette iconographie
correspond plus à l’expression sociale, voire politique, de cette minorité d’ascendance germanique
qu’à une survivance de croyances païennes.

> l’orfèvrerie germanique mérovingienne

L’installation du royaume des francs au Nord de la Gaule va entraîner dans ces régions un renouveau
artistique particulièrement important dans le domaine des arts précieux. Si la plupart de ces objets
proviennent de sépultures jusqu’à la disparition de la coutume de l’inhumation habillée, la
conversion de Clovis au christianisme entraînera au VIe siècle la réalisation d’objets destinés au culte
chrétien.

L’orfèvrerie : c’est un art, celui de fabriquer des objets en métaux précieux, essentiellement en or et
argent. Sont considérés comme relevant de l’orfèvrerie les objets destinés par nature à agrémenter
certains aspects de la vie religieuse ou civile (objets de culte, ustensiles de table ou de toilette,
accessoires de l’ameublement …) ainsi, par exemples ; les monnaies et les médailles frappées en or
ou en argent ne peuvent pas être assimilées à l’orfèvrerie.

L’orfèvrerie est l’un des domaines majeurs de l’art tardo-antique et des royaumes germaniques. Elle
est utilisée pour la réalisation de parures destinées à affirmer le statut social de son commanditaire.
Des objets précieux sont également destinés au monde religieux chrétien. C’est dans le domaine des
arts précieux que les royaumes germaniques vont le plus innover, et où leur influence s’établira le
plus durablement. En effet ces peuples, auparavant nomades pour la plupart, amènent avec eux sur
les anciens territoires romains leur savoir-faire technique. Ces traditions s’expriment tout d’abord
dans le domaine de la parure, et vont rapidement fusionner avec l’héritage classique grâce à la
conversion de ces peuples au christianisme, pour créer un art nouveau au service de la foi
chrétienne. On mentionnera donc, ici les aspects les plus caractéristiques de l’orfèvrerie de ses
sépultures féminine aristocratiques pour la plus part de m’époque mérovingienne qui occupent la
Gaule et l’Italie, en sélectionnant des exemples significatifs de parure et d’objets comme ceux de la
reine Arégonde.

> Mobilier de la tombe de la reine Arégonde

Les bijoux faits d’argent, d’or, de grenat et de verre sont conservés au musée des Antiquités
nationales de Saint-Germain en Laye. L’ensemble se compose de 2 épingles pour retenir le voile, 2
boucles d’oreilles, 2 fibules, une grande épingle pour agrafer le manteau, un anneau sur le pouce
gauche, une garniture de ceinture, 2 ferrets de jarretière et des éléments de décor de chaussure.
C’est la bague en or qui permit l’identification la souveraine, une inscription ARNEGUNDIS et le
monogramme « Regine » se trouvent sur le chaton.

Les pièces fonctionnant par paires sont différentes les unes des autres. Un des éléments est moins
abouti que l’autre. Il est donc possible que les beaux bijoux aient été importés et les seconds
répliqués par une personne moins expérimentée.

Les fibules sont des éléments du costume depuis l’antiquité romaine qui servaient à tenir le
vêtement, un peu sur le système des épingles à nourrice. En général, une seule suffisait, ici la reine
en portait deux. Elles sont en orfèvrerie cloisonnée, cette technique consiste à sertir des morceaux
de verre ou des pierres précieuses dans des cloisons de métal. (Le bel exemplaire provient sûrement
d’un atelier la vallée du Rhin ou du sud-ouest de l’Allemagne).
La grande épingle qui servait à faire tenir le manteau est apparemment un objet composite fait
d’éléments de différentes époques, les taux d’or et d’argent sont sensiblement différents d’une
partie à l’autre du bijou.
La garniture de ceinture est faites de deux plaques avec armature en argent avec des tôles d’or à
décors de filigranes et grenats et verroterie disposés en bâte.

La parure de la reine Arégonde est un très bel ensemble mais des traces d’usures sont bien visibles. Il
se pose alors plusieurs questions (est-ce que la reine voulait être inhumée avec des objets qu’elle
aimait, est-ce par souci d’économie de ceux qui l’ensevelirent ou encore est-ce que les changements
politiques changèrent la situation économique de l’entourage d’Arégonde ?)

Sépulture habillé

Elle portait un manteau de soie de Chine teint de pourpre qui indiquait son rang royal, un voile de
soie à motifs jaunes et rouges (un rouge de murex et de garance), des chaussures de cuir de
chevreau rouge en plus des bijoux (plaque-boucle, fibule et épingle) en or et argent ornés de grenats
venus d'Inde, de Ceylan, de Bohême et du Portugal. Elle portait ainsi un costume inspiré du style
byzantin. Deux petites épingles et une grande épingle incrustée de grenats maintenaient son voile de
soie. Ses bas étaient retenus par des jarretières à pendants et les lanières laçant ses chaussures de
cuir étaient dotées de petites plaques-boucles, de contre-plaques et de passe-courroies à motifs
animaliers.

➢ Exemple de comparaison

A titre de comparaison d’autre mobilier de type Orfèvrerie retroiuver dans la sépulture d’une
aristocrate, ce bijou est qui est un unicum, il a été trouvé dans un sarcophage qui se trouvait à Saint-
Pierre de Rome, dans une chapelle destinée à servir de mausolée à la famille impériale théodosienne.
Ce sarcophage abritait la dépouille d’une jeune femme richement vêtue. Et c’est ce bijou qui a
permis de l’identifier comme l’impératrice d’Occident Maria (comme la bague sigillaire de la reine
Arégonde). Cette dernière épouse l’empereur Honorius en 398 et meurt en 407, ce qui donne une
fourchette de datation assez précise pour la réalisation de cet objet qui lui a probablement été offert
en cadeau de mariage. Mais ce bijou n’est pas uniquement décoratif puisqu’il s’agit aussi d’un
reliquaire qui servait à conserver de la terre provenant des lieux saints. Il avait donc aussi une
fonction apotropaïque (qualifie ce qui vise à conjurer le mauvais sort et à détourner les influences
maléfiques).

CONCLUSION

• La sépulture de la reine Arégonde est une sépulture importante pour en quoi consiste
l’orfèvrerie mérovingienne du Vie -VIIe siècles.
• Orfèvrerie colorée ; or cloisonnée, pierre en bâtes, or filigrané …
• Les fondeur mérovingiens moulent avec une grande habilité l’or, l’argent et le bronze.
(moulage, fonte à la cire perdue)
• La tombe de la reine offre un bonne exemple de la mode vestimentaire des femmes, ainsi
que l’établissement du christianisme par des décors et iconographie religieuses.

Bibliographie

➢ Périn, Patrick. « La reconstitution du costume d’Arégonde. Nouvelles Propositions. » Revue


archéologique de Picardie 1.1 (2009): 69-75.
➢ J.-M. LENIAUD & P. PLAGNIEUX, La Basilique Saint-Denis, Éd. du Patrimoine, Paris, 2012.
➢ Perin Patrick, Calligaro Thomas. Anastasis Aregundis regine : nouvelles recherches en
laboratoire sur la tombe d'Arégonde à Saint-Denis. In: Bulletin de la Société Nationale des
Antiquaires de France, 2007, 2009. pp. 283-288.
➢ Périn Patrick. La reconstitution du costume d’Arégonde. Nouvelles propositions. In: Revue
archéologique de Picardie, n°1-2, 2009. L'actualité de l'archéologie du haut Moyen-Âge en
Picardie. Les apports de l'expérimentation à l'archéologie mérovingienne. Actes des XXIXe
journées internationales d’archéologie mérovingiennes. Musée des Temps Barbare, Marle
(Aisne) 26-28 septembre 2008. pp. 69-75.
➢ Philippe PLAGNIEUX, « SAINT-DENIS BASILIQUE DE », Encyclopædia Universalis [en ligne],
consulté le 19 mars 2023. URL : http://www.universalis-
edu.com.faraway.parisnanterre.fr/encyclopedie/basilique-de-saint-denis/

Sitographie

➢ https://archeologie.culture.gouv.fr/saint-denis/fr/reine-aregonde-510520-580590
➢ Arégonde, reine des Francs : enquête anthropologique | Dossier (futura-sciences.com)
➢ https://archeologie.culture.gouv.fr/saint-denis/fr/reine-aregonde-510520-580590
➢ Histoire des fouilles archéologiques de la crypte de Saint-Denis (tourisme93.com)

Vous aimerez peut-être aussi