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Dialogues d'histoire ancienne

Les recherches archéologiques en Albanie durant les trente


dernières années
Monsieur Pierre Cabanes

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Cabanes Pierre. Les recherches archéologiques en Albanie durant les trente dernières années. In: Dialogues d'histoire
ancienne, vol. 4, 1978. pp. 319-345;

doi : https://doi.org/10.3406/dha.1978.2953

https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1978_num_4_1_2953

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LES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES EN ALBANIE
DURANT LES TRENTE DERNIÈRES ANNÉES

Trente ans après la fin de la seconde guerre mondiale et la libération de


l'Albanie des occupants germano -italiens, les travaux des archéologues
albanais sont encore mal connus en France et ailleurs, même dans le monde des
spécialistes, malgré les remarquables efforts accomplis pour la reconnaissance
des sites dignes d'intérêt et pour la diffusion des résultats dans la revue
publiée en langue française depuis 1964 par l'Institut d'Histoire de Tirana,
Studia Albanica (deux fascicules par an) (1)* et dans une série d'ouvrages
spécialisés, notamment Iliria I et II (Tirana 1971 et 1972) sans oublier le très
bel album Shqipëria Arkeologjike (Tirana 1971) mis au point par le secteur
archéologique de l'Institut d'Histoire de Tirana. La récente exposition du
Petit Palais, à Paris, consacrée к L'Art albanais à travers les siècles (décembre
1974 - février 1975) a permis aux nombreux visiteurs de découvrir quelques-
uns des trésors tirés du sol albanais et pour la première fois exposés à
l'étranger.
Ch. Picard (2) avait fait une mise au point intéressante consacrée à la
grande cité d'Apollonia, fouillée avant la guerre par L. Rey, qui dispensera
de revenir longuement sur le site de Pojani, sauf pour signaler les travaux plus
récents. Trois ans plus tard, A. Ducellier, qui avait accompli une mission en
Albanie dans l'été de 1964, publiait un article intitulé «Observations sur
quelques monuments de l'Albanie» (3) qui constitue une intéressante source
d'informations, mais très normalement l'auteur a orienté son étude
essentiellement vers la période médiévale, tout en signalant cependant bien des
sites antiques. A ces deux mises au point, il faut ajouter l'utilisation d'articles
albanais par N.G.L. Hammond dans son Epirus (4) et dans certains correctifs
qu'il y a apportés à la suite des progrès de la recherche archéologique dans
ce pays (5), et également les rubriques très documentées que J. et L. Robert
consacrent régulièrement dans le Bulletin épigraphique aux recherches épigra-
phiques albanaises ; leur connaissance du pays (6) est ici très précieuse.
Le moment paraît venu de présenter un état des recherches
archéologiques en Albanie, de façon à permettre l'intégration de ces résultats à ceux
obtenus dans l'ensemble de la péninsule balkanique, une génération après
le début de ces recherches dans un pays en pleine reconstruction après la
seconde guerre mondiale. Pour la préparation d'une thèse de doctorat sur
L 'Épire, de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine (272-167), il nous a été
donné la possibilité d'effectuer deux séjours en Albanie (7) ; puisse cet
article être pour nous le moyen d'exprimer notre reconnaissance à nos
collègues de l'Institut d'Histoire de Tirana et de son secteur d'Archéologie,
notamment MM. S. Anamali, S. Islami, M. Korkuti, pour toute l'aide qu'ils
nous ont apportée dans nos recherches, et de rendre hommage au zèle avec
lequel ils ont entrepris la tâche immense d'inventorier les richesses
archéologiques de leur pays.
*Voir notes p. 340.
К гите V
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Kè'nete \
\

f- CARTE
DE L'ALBANIE
PREHISTORIQUE
ET PROTOHISTORIQUE

Site a rchèologiqu e — ■
Tumulus — ^Êk.
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 321

Plutôt que de présenter cet état des recherches suivant un plan


géographique, au gré des voyages accomplis de Shkrodra à Bouthrôtos, de Durresi
(Epidamne) à Korça, il est sans doute plus commode pour le lecteur de
retenir quelques grandes étapes dans le passé de ce pays, correspondantes aux
grandes périodes de son histoire, depuis la Préhistoire jusqu'au haut Moyen
Age.

I - LA PRÉHISTOIRE ET LA PROTOHISTOIRE (carte 1)

Les civilisations néolithiques restaient inconnues dans l'Albanie de


l'entre-deux guerres, à l'exception du site de Velça, au Sud de Ploça (Aman-
tia) sur la rive droite de la vallée de la Shushica, où une grotte fouillée par les
Italiens a fourni des résultats qui n'ont encore jamais été publiés. C'est le
mérite de F. Prendi et de ses collègues d'avoir rattrapé ce retard par les
recherches menées dans plusieurs centres d'Albanie du Sud.
Le néolithique ancien n'a fourni actuellement que des traces au village
de Podgori de Korça, à huit kilomètres de Maliq ; en attendant que les fouilles
soient faites et leurs résultats publiés, la céramique peinte paraît ressembler à
celle de Starcevo de la même époque (8). M. Korkuti fait aussi le
rapprochement entre cette céramique et celle de Protosesklo en Thessalie (9), et note
un second site intéressant de la même période, celui de Vashtëmi, au Sud du
précédent.

1. CIVILISATION DE CAKRAN
C'est au Néolithique moyen que se développe la civilisation de Cakran,
qui porte le nom du village proche de Fieri où les premières traces en ont été
observées ; s'y rattache aussi le site de Dunavec, à environ trois kilomètres
au Sud de Maliq (10). Les fouilles menées à Cakran en 1969 et 1970 ont
permis la récolte d'un matériel archéologique assez varié : quelques outils de
travail en silex (couteaux, grattoirs, haches, houes) et en os (poinçons
notamment) ; la céramique comprend des productions aux parois épaisses, de
mauvaise qualité, aux parois extérieures généralement noires ou rouges, mais aussi
d'autres objets ont des parois minces et un petit nombre de tessons révèle
l'existence d'une céramique fine aux faces très polies et aux couleurs claires
(jaune ou ocre). Les formes sont peu nombreuses : coupes de forme bico-
nique, coupes hémisphériques, bols tronconiques, assiettes profondes, vases à
deux anses. Selon les décors, on peut distinguer : la céramique à impression
(le motif le plus courant est celui à grattage d'ongle qui forme des fossettes
plus ou moins profondes, ou au peigne qui forme des stries parallèles ; la
céramique à la barbotine ; la céramique à incision dont le motif de base est le
triangle hachuré ; la céramique à ornements en relief : petits orillons coniques,
cylindriques, en boutons sphériques, en noyau de prune ; la céramique à
gaufrage (lignes parallèles de petits points, remplis de couleur blanche) ; les
onze tessons de céramique à décor peint, trouvés à Cakran, semblent provenir
d'une civilisation différente. On doit classer à part certains objets de culte :
petits vases à quatre pieds (rythons) qui existent sur tout le pourtour
occidental de la péninsule balkanique ; figurines de terre cuite, représentant une
femme en position assise, les pieds croisés. Le site de Dunavec est
particulièrement riche en ce domaine, comme les visiteurs de l'exposition du Petit-Palais
ont pu s'en rendre compte (11).
F. Prendi résume ainsi le trait caractéristique de la civilisation de
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Cakran-Dunavec : c'est «la symbiose des éléments typiques au néolithique


moyen de l'aire adriatico-égéenne (céramique à ornements incisés, peinte en
noir poli en surface, rhytons munis de quatre pieds, etc.) avec de la céramique
imprimée adriatique et barbotine de Starcevo Xe mélange d'éléments
d'origines différentes de civilisation fait esquisser le groupe de Cakran comme une
civilisation mixte, formée de composants néolithiques continentaux, et, dans
une plus grande mesure, de ceux adriatiques» (12). Elle se rattache au
néolithique de la Grèce continentale et aussi à la civilisation Danilo et Kakanj de
Yougoslavie. Les conclusions de M. Korkuti et Z. Andrea sont très
semblables : ils établissent des liens avec le groupe de civilisation de Danilo en
Dalmatie, de Kakanj en Bosnie, au Sud avec les civilisations de Grèce centrale
et méridionale de Corinthe et Élatée ; la civilisation de Cakran-Dunavec offre
également des ressemblances avec la première phase du néolithique moyen
en Italie méridionale, notamment avec celle de Ripoli. Cakran fait connaître
une phase du développement des civilisations des régions occidentales des
Balkans au néolithique moyen, probablement à la transition du néolithique
ancien au néolithique moyen, tandis que la phase Danilo-Kakanj remonterait
au néolithique moyen développé. Aussi, M. Korkuti - Z. Andrea datent la
civilisation de Cakran avant la fin du IVe millénaire avant J.-C. (13).

2. CIVILISATION DE MALIQ
Au Néolithique récent apparaît en Albanie actuelle une nouvelle
civilisation, celle qui porte le nom des sites les plus importants : Maliq, dans
le bassin de Korça, et Kamnik à environ cinquante kilomètres au Sud de
Maliq, dans le cours supérieur de la Lëngarice, affluent de l'Aoos. Cette
nouvelle civilisation est sans lien avec celle de Cakran-Dunavec, ce qui peut militer
en faveur du caractère migratoire de la civilisation de Maliq-Kamnik, dans le
bassin de Korça, au moins tant que ne sont pas trouvées de phases
intermédiaires entre Dunavec et Maliq I .
Le site de Maliq (14), dans le bassin de Korça, a été découvert après
l'assèchement des marais pour l'assainissement de la région et sa mise en
culture, et fouillé à partir de 1961. Cette agglomération très étendue offre,
par l'étude stratigraphique, une série complète des phases de civilisation du
Néolithique récent à la fin de l'âge du bronze :
Maliq I = Néolithique récent

= Bronze ancien

Maliq III с = Bronze moyen
Maliq III d = Bronze récent
Maliq I — Parmi les restes d'une habitation rectangulaire divisée en deux
pièces, aux murs de roseaux enduits de terre glaise, avec plancher en terre
battue reposant sur une plateforme de solives, ont été trouvés peu d'outils
de pierre et d'os mais une poterie variée : poterie peinte avec enduits rouge et
noir, mais aussi décor marron et rouge et motifs oranges sur fond blanc et
gris. La décoration est linéaire (lignes droites, brisées ou courbes) avec
quelques figures géométriques (triangles et losanges) ; les formes les plus connues
sont des coupes, des vases bombés à col conique, des tasses à une anse, des
bols d'aspects divers. Les archéologues albanais soulignent les affinités de
Maliq I avec la civilisation du néolithique de Thessalie, notamment de
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 3 23

l'époque de Dimini, mais d'autres poteries (motifs alternés rouges et blancs)


font penser à celles de Servia en Macédoine. Ils proposent d'admettre que
cette civilisation a pu entrer sur le plateau de Korça à partir du Sud-Est par
la vallée de l'Haliacmon et celle du Devoll, Maliq I commençant à la fin de la
phase de Dimini en Thessalie, vers 2700 avant notre ère. Seulement, alors que
sur le site de Maliq, un changement s'opère pour le passage à Maliq II a, la
civilisation de Maliq I se prolonge à Kamnik sans doute jusque vers 2600,
dans cette région montagneuse du Sud-Est (15).

Maliq II a — Les premières constructions ont été élevées sur pilotis de chêne,
en raison des risques d'inondation ; après un incendie général, les nouvelles
habitations sont édifiées sur le même emplacement, mais non plus sur pilotis ;
elles présentent les mêmes caractères qu'à l'époque néolithique : planimétrie
rectangulaire, murs en roseaux enduits de torchis. Les outils sont plus
nombreux et les premières haches de cuivre apparaissent ; la poterie abondante
présente des formes de l'âge précédent mais aussi des types nouveaux : F.
Prendi retient notamment des couvercles en forme de champignon ou de
panier conique parfaitement identique à ceux de Krivodol en Bulgarie. A
côté de la céramique peinte (ornements en gris ou noir de goudron avec
motifs linéaires géométriques, spirales, ou en pointillés, quelquefois des
motifs cruciformes et végétatifs) s'impose le décor incisé soit avant soit après
la cuisson. D'autres objets de terre cuite sont intéressants : tels les pesons
plats, carrés, rectangulaires, en croissant, comptant de deux à quatre trous,
très abondants et destinés sans doute à des filets de pêche ou à des métiers ;
pesons plus massifs en forme de selle du type de Salkuta en Roumanie
occidentale, cylindres à essieu perforé comme à Dikili-Tasch en Thrace grecque ;
des objets religieux : amulettes, tables en miniature ou autels, figures
anthropomorphes et zoomorphes,p/2û//os.
Le maintien de formes et de motifs décoratifs utilisés dans la céramique
néolithique (Maliq I) durant cette phase de Maliq II prouve que l'ancienne
civilisation n'a pas disparu, mais de nouvelles formes de vases et l'introduction
d'objets de cuivre laissent penser à l'arrivée de nouveaux venus dans le bassin
de Korça. Cette civilisation de Maliq II a a des traits communs avec la
civilisation dite de Larissa en Thessalie, mais aussi avec celles de Macédoine orientale
(Drama, Dikili Tash), centrale et occidentale, et avec des phases de
civilisation balkano-danubienne (groupes de Vinca, de Goulmenitsa roumano-
bulgare, de Salkuta en Roumanie occidentale, de Krivodol en Bulgarie, de
Butmir, Kakanj en Bosnie), et plus loin en Asie Mineure (Troie I et II) . Cette
phase de la civilisation de Maliq a dû débuter vers 2600, mais sa durée a été
plus longue que celle des civilisations similaires de Grèce et de Macédoine
qui ont été rapidement remplacées par la civilisation du bronze ancien.

Maliq II b — C'est par une évolution ininterrompue qu'on passe de la phase II


a à la phase II b de la civilisation de Maliq ; il s'agit seulement du
développement continu de la même civilisation. Les changements apparaissent sur la
céramique de facture plus fine, aux formes élégantes (bols à col, tasses munies
d'une seule anse, parfois celle-ci surmonte les rebords) et aux parois polies
et lustrées ;les cannelures sont fréquentes.

Maliq III a — Après avoir cru pendant un temps à la continuité entre la


couche énéolithique et celle du bronze ancien, c'est-à-dire Maliq III a, les
archéologues albanais ont dû y renoncer et F. Prendi écrit, en 1972 : «Cette
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civilisation énéolithique prend fin par l'apparition à Maliq d'une nouvelle


civilisation, parfaitement distincte du Maliq II a. Il s'agit d'une civilisation
caractérisée par une céramique en général plus grossière comme facture par
rapport à celle de la phase Maliq II a, b et différente comme forme et comme
caractère décoratif. Cette civilisation, qui correspond chronologiquement à la
phase la plus récente du bronze ancien macédonien est rattachée, en toute
certitude, aussi à l'apparition d'un nouvel élément ethnique dans cette
contrée» (16). Certaines formes de vases se maintiennent, mais des formes
nouvelles apparaissent, notamment les vases munis de deux anses surmontant
l'embouchure, qu'on peut rapprocher des vases à anses trouvées en Épire,
Macédoine et Thessalie ; fréquente aussi est une sorte de céramique barbo-
tine : «cette technique de décor, dit F. Prendi (17), consiste à éclabousser
partiellement ou totalement le récipient. Dans quelques cas, à travers cette
superficie éclaboussée, glissent les doigts de la main en diverses directions».
Ce genre de technique se rencontre dans le groupe de Starcevo, également en
Bulgarie et aussi en Crète au Minoen Moyen I. L'étude de la céramique de
Maliq III a, phase la plus ancienne de l'âge du bronze, révèle des liens avec le
monde égéen et l'Anatolie occidentale.

Maliq III b - Tandis que disparaissent ces liens avec le Nord, la céramique se
rapproche de celle des civilisations de l'Épire, de la Macédoine, de la Thessalie
et des autres régions égéennes, dans cette deuxième phase du bronze ancien.
Les anses de formes variées, souvent plus grandes qu'à Maliq III a, sont très
courantes ; la céramique barbotine est absente et de nouvelles formes et de
nouveaux décors se mettent en place.

Maliq III с — Cette phase du bronze moyen se situe entre 1 700 et 1 500 avant
notre ère ; la céramique témoigne de contacts étroits avec l'Est et le Sud-Est,
notamment avec la Macédoine. Sont caractéristiques de cette période les bols
munis de deux anses élevées sur les bords, les aiguières à anses verticales
élevées et bec court, les bols à deux anses horizontales élevées. Parmi les
objets métalliques, il faut noter la présence de deux petite couteaux de bronze
au tranchant arqué et une petite faucille au tranchant assez étroit ; il s'agit là
d'importations venant du monde égéen ; on peut rapprocher les couteaux de
ceux qu'on a trouvés à Mycènes et la faucille d'un exemplaire identique
trouvé à Troie VI (helladique moyen) (18).

Maliq III d — Vers 1500 avant J.-C. commence cette dernière étape de la
civilisation du bronze à Maliq ; elle est marquée par une belle céramique dont
les motifs décoratifs sont géométriques, parfois en damiers, du plus heureux
effet. F. Prendi souligne que ce style de poterie se retrouve également en
Macédoine et en Thessalie, notamment dans le bassin entre le Vardar et
l'Haliacmon.
La vie s'arrête alors dans l'agglomération de Maliq, sans qu'il soit
possible de connaître les motifs de ce départ des habitants du bronze récent ;
F. Prendi a trouvé quelques fragments de vases peints, identiques à ceux de
Maliq III d dans le site fortifié de Symize, à environ 1 500 mètres de
l'agglomération de Maliq et y voit peut-être l'indication d'un établissement mieux
défendu sur les sommets des collines voisines.
A l'Est de Maliq, toujours dans la région de Korça, près du lac de la
Petite-Prespe, le site de Tren a été l'objet de fouilles à partir de 1966 (19).
L'intérêt du site a été surtout de montrer qu'il a été habité de façon continue
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depuis l'époque énéolithique jusqu'au haut Moyen-âge. A 24 kilomètres de


Maliq, on retrouve très naturellement la même civilisation : Tren I correspond
à l'énéolithique récent (Maliq II a et b) et a laissé des traces seulement dans
un habitat de grotte, Tren II a est le bronze ancien (Maliq III a et b), Tren II
b est le bronze moyen et récent puisque Tren III se place déjà à l'âge du fer.
Les archéologues albanais ont voulu tirer de ces recherches fructueuses
sur les périodes néolithique, énéolithique, et sur l'âge du bronze, des
conclusions sur l'ancienneté des Illyriens dans les Balkans et plus précisément dans
le bassin de Korça où seraient leurs racines profondes. Ils ont estimé que
Maliq, Kamnik, Tren démontrent l'autochtonie des Illyriens. Écartant l'idée
d'une origine septentrionale de ces populations illyriennes, ils retiennent la
possibilité d'une origine sud-orientale, en rattachant la civilisation du
Néolithique récent de Maliq à celles de l'ensemble balkano-anatolien, mais en
observant un certain échelonnement chronologique qui va du plus ancien sur
les côtes occidentales de l'Asie mineure au plus récent au fur et à mesure que
cette civilisation gagne vers le Nord ; les habitants néolithiques de Maliq
doivent être arrivés à travers les vallées de l'Haliacmon et du Devoll dans la
première moitié du IIIe millénaire ; leurs rapports avec le Sud-Est se sont
maintenus par la suite. Il convient de faire observer, toutefois, que la
poursuite des recherches archéologiques rend moins simple l'analyse des résultats,
comme l'a bien remarqué F. Prendi dans son article de 1972 (20) : il faut, en
effet, faire une place à la civilisation de Cakran-Dunavec au Néolithique
moyen, et elle est très différente de la civilisation Maliq-Kamnik ;son origine
est difficile à préciser, même si elle a des rapports avec le monde adriatico-
égéjgn et on ne dispose pas, à l'heure actuelle, de chaînons intermédiaires
entre Dunavec et Maliq I ; de plus, Maliq révèle des discontinuités, déjà
signalées :
— Maliq I-Kamnik pourrait résulter d'un mouvement migratoire dans le bassin
de Korça ;
— Maliq II a voit l'arrivée de nouveaux venus porteurs d'objets de cuivre, mais
qui ne font pas disparaître la civilisation Maliq I-Kamnik puisque des objets
gardent les formes antérieures ;
— Maliq III a correspond à l'apparition d'une civilisation nouvelle apportée
par un nouvel élément ethnique.
En somme, la permanence d'une population établie dans le bassin de
Korça paraît établie pour l'âge du bronze, mais dans les périodes antérieures,
il est sûr que ces éléments indigènes ont connu des mouvements migratoires
qui en ont modifié la composition sans détruire naturellement toute
continuité de civilisation, comme la céramique l'atteste.

3. LES NÉCROPOLES TUMULAIRES


Un autre élément d'information sur la préhistoire du territoire de
l'Albanie actuelle est fourni par les nécropoles tumulaires. Elles méritent une
place à part en raison de l'intérêt considérable qu'elles présentent et des
problèmes sérieux qu'elles posent. Il est, en effet, certain que ce mode de
sépulture n'est pas propre au territoire albanais mais qu'il déborde très largement,
pour s'étendre jusqu'à Marathon. C'est cette ampleur même qui fait difficulté,
car, en révélant une communauté de civilisation, elle soulève la question de
sa propagation et plus précisément celle des relations entre le monde
mycénien et les nécropoles de l'Albanie (21). Mais, avant de voir les solutions
proposées, il est indispensable de faire le point des recherches archéologiques sur
ces nécropoles tumulaires en Albanie.
326 P. CABANES

Si on s'en tient, pour cette présentation, à un classement chronologique


conforme aux datations retenues par les archéologues albanais, qui ne sont
pas admises par tous les savants, comme nous le verrons parla suite, on peut
affirmer que ce mode de sépulture a été utilisé à partir de 1 800 avant J .-C .
et jusqu'à l'époque romaine (22). A l'âge du bronze appartiennent, selon les
spécialistes albanais (23), les tumuli de la plaine de Pazhok, situés à 25
kilomètres au Sud-Ouest d'Élbasan, sur la rive droite du Devoll ; on en compte
plus de vingt cinq, de hauteurs différentes, variant entre 0,50 mètre et 5
mètres. Trois d'entre eux ont été ouverts en 1960 et deux sont des tumuli
doubles : une sépulture centrale a été placée dans une fosse creusée dans le sol
vierge, le cadavre est couché sur le bras droit les genoux plies, quelquefois
l'avant -bras replié vers la joue ; sur la sépulture centrale du tumulus I, on a
découvert les os et la tête d'un bœuf sacrifié ; la couverture centrale est
formée d'un amas de terre de 7,70 mètres de diamètre sur lequel repose une
couche de pierres ; ce tertre est limité par un premier cercle de cailloux. Un
second cercle de grands cailloux entoure le second tumulus postérieur où ont
été placées les sépultures latérales : fosses couvertes de pierres et entourées
de plaques ou fosses simples, à différentes profondeurs du tumulus. Le
mobilier est constitué d'objets en bronze : couteaux, poignards, épées, fers de lances
et pincettes, une flèche en silex, un ornement temporal en or en forme de
spirale ; la céramique est constituée de vases à anses élevées et on note la
présence d'un vase mycénien importé. S. Islami et H. Ceka datent les sépultures
centrales de l'Helladique moyen, vers 1800-1700 avant notre ère, en raison
du caractère mycénien de nombreux objets (poignards, fers de lances longues,
pincettes, alors que les tombes du tumulus agrandi (longues épées, fers de
lances, spirale en or et vases y compris le vase mycénien) seraient de
l'Helladique récent (vers 1400 avant J.-C). Pour écarter l'interprétation qui ferait de
ces tumuli un témoignage de l'extension des colonies mycéniennes jusque
dans cette région, les auteurs albanais soulignent la présence de céramique
locale au côté de ces objets de type mycénien (encore que cette céramique de
type illyrien soit rare) (24). Ils concluent que la population qui a élevé ces
tumuli de Pazhok est autochtone, même si les objets métalliques sont
d'importation ou simplement d'imitation mycénienne. Pazhok les conduit donc à
affirmer que Vethnos illyrien est en place dès le début du IIe millénaire, à
l'aube de l'âge de bronze, ce que nous pourrions rapprocher, par comparaison,
de la phase Maliq III a.
Les archéologues albanais classent ensuite, à la fin de l'âge du Bronze,
les deux tumuli de Krume de Kukës, en Albanie septentrionale, à l'Est de la
vallée du Drin, à la latitude de Shkodra, dans une région où d'autres tumuli
plus tardifs ont été recensés (25) ; dans ces deux tumuli, on a employé pour
les sépultures centrales le rite de crémation du corps directement sur le sol ;
dans l'un d'eux (tumulus IV) une couverture pavée de dalles d'un diamètre
de quatre mètres recouvre la tombe centrale ; les sépultures latérales
comportent l'ensevelissement des corps. Ces sépultures ne contiennent pas
d'armes dans le mobilier funéraire, mais seulement de la céramique, dont
aucune description n'est malheureusement fournie.
De la période transitoire entre l'âge de bronze et celui du fer, Z. Andrea
(26) date le tumulus de Barç, situé au voisinage immédiat de Korça : on y a
mis au jour 112 tombes, dont 9 à crémation ; le mobilier est composé d'un
poignard et d'une pointe de lance en bronze, de longues épingles de bronze,
dont une est en forme de 8 que l'auteur compare à un exemplaire trouvé à
Kozan en Macédoine occidentale et un autre en Chalcidique ; la céramique
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 327

est assez semblable à celle du bassin de Korça : vases à deux anses surhaussées,
vases à quatre anses en-dessous du rebord ; le décor peint ou incisé utilise
fréquemment le triangle comme motif ; il faut y ajouter quatre vases importés :
trois ont une forme mycénienne connue de l'Helladique récent IIIc, le
quatrième est de style protogéométrique grec. L'auteur tire de ces importations
la conclusion que les tombes contenant ces vases mycéniens ne peuvent être
postérieures au XIIe siècle avant notre ère ; le poignard de bronze est à placer
entre 1250 et 1150, alors que les fibules en 8 ne peuvent être postérieures au
VIIIe siècle, ce qui laisse penser que le tumulus a pu être utilisé pendant près
de quatre siècles. Quant à la céramique locale, l'auteur la rapproche de celle
trouvée à Maliq et à Tren et la situe au bronze récent.
Les archéologues albanais rattachent ensuite à la première période du
fer, après le début du premier millénaire, bon nombre de nécropoles tumu-
laires : vallée moyenne du Mati, Vajze de Vlora, Vodhine, Kakavi et Bodrisht
de Gjirokastra, Krijegjate de Fieri, Kè'nete de Kukës, Kuç sur le plateau de
Korça, tandis que quelques autres sont datées de la deuxième période du fer,
quelques tombes enfin des premiers siècles de notre ère.
De la première période de fer daterait donc la majeure partie des tumuli
trouvés en Albanie. Les sépultures sont habituellement à inhumation ; malgré
le mauvais état des squelettes, il semble qu'on observe le corps déposé à plat
sur le dos, mais on retrouve aussi la position sur le côté, quelquefois les
genoux plies (à Vajze) ; il existe quelques rares cas de crémation : deux cas à
Vodhine, un à Vajze. De 1952 à 1960, trente cinq tumuli ont été fouillés
dans la vallée moyenne du Mati, le plus septentrional de ce groupe étant
fouillé à Mjéda en 1956. Ils ont une forme régulière, la hauteur variant de
0,70 mètres à 3 mètres, le diamètre de 12 à 39 mètres. Au moins 25 d'entre
eux remontent à la haute époque du fer (N.G.L. Hammond voulant les
remonter à l'âge du bronze) ; le mobilier est abondant : nombreuses armes et
quelques outils : haches bipennes, lances de fer qui ressemblent à celles du
bronze, un coutelas à lame arquée, à tranchant d'un seul côté, épées en
bronze (toutes de type mycénien) semblables à celles de Pazhok, deux
cuirasses en bronze richement ornées, nombreuses fibules arquées et à crochet
carré de type Glasinac ; parmi la céramique, nombreux vases à deux anses
surélevées et vases à embouchure oblique ; le décor est fréquemment composé
de motifs géométriques par incision (27) . Le cercle de pierre est de règle dans
ces tumuli du Mati, comme dans ceux de Vajze, de la vallée du Drino et de
Kukës.
Les tumuli de la vallée du Drino {Vodhine, Kakavi et Bodrisht) au
nombre de quatre, ne diffèrent pas, comme forme extérieure ni comme
dimensions, de ceux des autres régions d'Albanie ; les sépultures, à la différence
de celles du Mati, sont entourées et recouvertes, dans leur totalité, de grands
panneaux en pierre ; les vases de terre cuite sont semblables à ceux de Pazhok
et de la vallée moyenne du Mati et les auteurs albanais en concluent qu'ils
attestent que les constructeurs de ces tumuli sont du même ethnos (non-grec)
que les habitants de Pazhok et du Mati (28) .
Les quatre tumuli de Vajze, à trente kilomètres au Sud-est de Vlora,
se rattachent, pour la forme des sépultures aux tumuli de la vallée du Drino
et les objets qui y ont été trouvés sont analogues à ceux de Pazhok, Mati et
vallée du Drino. Un vase à anse surélevée renforcée au centre par une bande
horizontale, orné de trois orillons sur la panse, ressemble à des vases trouvés
en Italie du Sud, ce qui confirme les liens étroits entre les deux rives de
l'Adriatique méridionale et peut permettre de placer au début de l'âge du fer,
328 P. CABANES

ou antérieurement, la migration des Messapiens et Iapyges, partis de la région


de Vlora pour peupler la côte orientale de l'Italie méridionale (29).
B. Jubani (30) indique que la zone de Kukës est très riche en nécropoles
tumulaires : la plaine de Cinamak est la plus grande nécropole d'Albanie avec
80 tumuli, mais on trouve encore une série de nécropoles distribuées en sept
autres villages. Jusqu'à présent on a fouillé 25 tumuli : 8 à Krume en 1967,
4 à Kënetë en 1968 et 13 à Cinamak en 1969-1971. Leurs dimensions sont
généralement réduites, de 0,50 mètre à 1,50 mètre de hauteur, de 12 mètres
à 25 mètres de diamètre ; ils contiennent de 1 à 80 tombes. Il distingue deux
périodes d'édification : la première aux VIIIe-VIIe siècles, la seconde aux
yie.ye siècles, mais leur utilisation se prolonge jusqu'au haut Moyen-âge. Aux
VIIIe-VIIe siècles les tombes sont à inhumation ou à crémation.
De la même époque, Z. Andrea (31) date le premier tumulus de Kuçi
Zi, dans le bassin de Korça. Le matériel funéraire comprend des armes de fer,
des pendentifs notamment en forme d'oiseau, quelques fibules de bronze ;la
découverte de fibules géométriques et de deux tessons de vaiselle corinthienne
permet une comparaison avec des objets semblables trouvés à Phères de
Thessalie et qui ne sont pas plus anciens que le VIIIe siècle. Le deuxième
tumulus de Kuçi Zi, où l'on a dégagé 18 sépultures construites en pierre, n'a
fourni qu'un fer de lance, mais aussi un cratère de bronze, des bracelets, des
aiguilles doubles, des boucles d'oreille, des vases d'origine grecque de la
période archaïque ou imités de la céramique grecque ; la céramique locale
reste fidèle à certaines formes, en particulier aux vases à deux anses
surhaussées.
Les nécropoles tumulaires continuent à être utilisées, selon les
archéologues albanais, bien au-delà du VIe siècle et certaines même sont édifiées
durant la période hellénistique ou à l'ère chrétienne. On peut les mentionner
ici brièvement, même si elles ne posent pas de difficultés particulières. Dans la
vallée du Mati, cinq tumuli datent de la seconde période du fer, ainsi que le
tumulus de Mjeda. L'inventaire du mobilier permet d'observer la disparition
des épées et lances en bronze et l'abondance des coutelas et lances de fer ; la
céramique grecque hellénistique est aussi courante et contribue à modifier la
production locale ; un des tumuli a livré un casque illyrien trouvé avec un can-
thare du style de Gnathia, du commencement du IIIe siècle (32), ce qui est
intéressant pour l'étude des relations entre les deux rives de l'Adriatique, bien
avant l'intervention romaine, lors de la première guerre d'Illyrie sous le règne
d'Agron et de Teuta (33).
La vallée du Mati compte aussi deux tumuli datés de l'époque romaine,
comme le prouve le mobilier qui est de production locale mais aussi
d'importation romaine. Certaines sépultures sont aussi de cette période dans les
tumuli de Kukës et en Albanie méridionale, mais leur diminution numérique
s'explique par la pratique de plus en plus courante de l'ensevelissement en
fosses, comme le montrent en particulier les fouilles menées dans la nécropole
de Gajtan, sur la colline de Lam (34), dans des tombes des IIIe-IIe siècles
avant notre ère.
Dans cette présentation rapide des travaux conduits depuis trente ans
par les archéologues albanais dans les nécropoles tumulaires de leur pays,
nous avons suivi les datations retenues par ces savants. Il est nécessaire, tout
de même, de faire état aussi des propositions différentes présentées par
certains spécialistes étrangers et notamment par N.G.L. Hammond, dans une
série de travaux rédigés à la suite des publications des résultats de fouilles
par les savants albanais (35). D'une façon générale, il faut dire, d'abord, que
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 3 29

N.G.L. Hammond tient à remonter très sensiblement les datations retenues


par les archéologues albanais pour les nécropoles tumulaires d'Albanie : on
peut observer cette volonté dès la parution de son volume consacré à l'Épire,
publié en 1967, mais dont la rédaction était achevée dès 1964 : il propose, dès
ce moment-là, de dater les premiers tumuli de Vajze et de la haute vallée
du Drino (Vodhine, Kakavi et Bodrisht) de l'Helladique moyen, alors que F.
Prendi et ses collègues les plaçaient à la période de transition entre l'âge de
Bronze et celle du Fer ; il fait sensiblement la même remarque pour les
premiers tumuli de la vallée du Mati. Trois ans plus tard, dans l'article publié
par VABSA de 1967, N.GX. Hammond approuve la datation à l'Helladique
moyen proposée par S. Islami - H. Ceka pour les tumuli de Pazhok et
considère que ceux de Vajze et du Dropull sont leurs contemporains, malgré
quelques différences dans les rites funéraires qui peuvent correspondre aux
usages particuliers de chaque grande tribu ; l'auteur maintient la même
position dans ses deux articles suivants. Dès 1967 aussi, il établit la comparaison
entre les tumuli albanais de l'Helladique moyen et les cercles des tombes В et
A de Mycènes : pour lui, les tumuli albanais, plus primitifs, ont précédé ceux
de Mycènes ; en d'autres termes, les fondateurs de Mycènes sont venus vers
1700 avant notre ère d'Albanie centrale ou méridionale. Hammond propose le
classement chronologique suivant pour l'apparition des différentes formes
de tombes à fosse et de tumuli :
— Servia, en Macédoine du Sud-Ouest, à l'Helladique ancien I ;
— Leucade, plaine de Nidhri, tombes royales I, 16 et 26 С à l'Helladique
ancien II ; à la transition de l'Helladique ancien II à l'Helladique ancien III,
tumulus de Leme ;
- à l'Helladique moyen : Pazhok (vers 1800-1700 et plus tard) ; à Vodhine et
Vajze ; à Leucade ; à Lerne ; à Péristéri près de Pylos ; à Mycènes dans le
premier cercle de tombes (vers 1700-1650), ensuite dans le cercle de tombes
В après 1650 et peut-être à partir de 1620 dans le cercle de tombes A ; à
Papoulia et Kephalovryso près de Pylos ;
- à l'Helladique récent I : à Pazhok ; a Mycènes dans le cercle de tombes В
(с. 1600-1550) et dans le cercle de tombes A (c. 1600-1500) (36).
Pour Hammond, cette pratique d'ensevelissement dans des nécropoles
tumulaires appartient aux populations kourganes arrivant de Russie
méridionale, vers 2500-2000 avant notre ère, pour s'établir en Albanie actuelle et de
là rayonner, par mer et par terre, vers le territoire grec. Refusant de
considérer les tumuli albanais isolément, il veut les mettre en relation avec leurs
semblables de l'Helladique moyen et du début de l'époque mycénienne et
pense que les populations kourganes, porteuses de cette civilisation, sont
venues du Nord ou Nord-Est en se dirigeant vers le Sud, laissant tout au long
de leur itinéraire les tombes de leurs chefs ou des membres de la classe
dirigeante.
Ces observations conduisent nécessairement N.GJL. Hammond à
s'interroger sur la langue que parlaient ces chefs, puisque les fondateurs de Mycènes
parlaient certainement le grec, comme le montre le linéaire B, tandis que ceux
qui restaient fidèles à l'utilisation des nécropoles tumulaires en Albanie
centrale et septentrionale comme en Bulgarie occidentale jusqu'à l'âge du Fer
étaient de langue illyrienne. Pourquoi et comment s'est opéré la séparation, à
l'intérieur de ces populations kourganes, au cours de l'âge du Bronze, entre
ces deux groupes linguistiques ? La réponse n'est pas simple et rappeler que,
à l'époque historique, pendant fort longtemps les populations parlant grec et
celles parlant albanais ont été intimement mêlées dans la partie méridionale
330 P. CABANES

de la péninsule balkanique, n'est pas sans intérêt mais ne résout pas le


problème pour l'âge du Bronze ; Hammond conclut : «Mon opinion personnelle
est que l'Albanie centrale contenait à la fois des chefs parlant illyrien et des
chefs parlant grec à l'âge du Bronze moyen et récent» (37).
Quant au mouvement de populations qui intéresse la deuxième moitié
du XIIe siècle avant notre ère, généralement appelé invasion dorienne,
Hammond y voit le résultat d'une pression exercée par les porteurs de la
civilisation de Lusace sur les populations fidèles à la nécropole tumulaire
demeurées en Albanie et dans les régions voisines ; il propose d'appeler Bryges ces
populations de Lusace qui ont traversé les Balkans, qui chassent devant eux
ces tribus qui parlent le grec sous la forme des dialectes dorien et du Nord-
Ouest (38).
A cette position bien arrêtée de N.G.L. Hammond, qui s'oppose sur
bien des points aux propositions des archéologues albanais, s'ajoutent
plusieurs mises au point, plus ponctuelles mais utiles, de savants étrangers. Dans
une intervention en réponse à la communication de Hammond au deuxième
congrès international sur la préhistoire égéenne (39), G. Mylonas fait observer,
d'abord, que le cercle В de Mycènes n'était pas recouvert d'un tumulus, mais
seulement chaque tombe par un petit tertre ; certes, cette observation ne
supprime pas toute ressemblance entre les tombes à tumulus d'Albanie et
celles de Mycènes, mais il est indispensable de souligner cette différence
notable ; d'autre part, Mylonas est d'avis de ramener la datation des tumuli de
Pazhok de l'Helladique moyen à l'Helladique récent III В ou C, en
contradiction donc avec Hammond comme avec les archéologues albanais. Au cours de
ce même congrès, S. Marinatos (40) a fait un rapprochement intéressant entre
les tumuli albanais et ceux récemment fouillés à Marathon, notamment le
Tumulus I qui est double et que l'auteur date de l'Helladique moyen ; il est
évident que nous avons là un témoignage supplémentaire de cette parenté
entre les populations des deux régions durant cet âge du Bronze. A. F. Harding
(41), au terme d'une étude minutieuse des armes et notamment des épées de
l'âge du Bronze récent, nous paraît aboutir à une conclusion fort sage
lorsqu'il écrit : «The bronze industries of Late Bronze Age Albania correspond
very closely to those of north-west Greece, and to a lesser extent Greece in
general. It is hard to point to a single class of bronze objects that can be
called definitely «Albanian» before the developed Early Iron Age. Most of
the material is inspired from, if not produced, outside Albania. The Myce-
naeans were clearly in close contact with at any rate southern Albania» . II
ajoute que si la céramique ne change pas notablement, celle-ci constitue
l'élément culturel le moins susceptible de changement sur de longues périodes
et termine en disant : «In my view, the Late Bronze Age cultures of Albania
cannot be called IUyrian per se : other considérations must be used if one is
to say that these people were Illyrians» .
Une même prudence caractérise la position de D. Garasanin (42) ;
replaçant les fouilles des nécropoles tumulaires sur le territoire de l'Albanie
actuelle dans un ensemble plus vaste qui couvre la majeure partie de la
péninsule balkanique, elle observe très justement que «le rite d'inhumation sous
tumuli, avec ses manifestations qui l'accompagnent, prouve l'existence d'une
unité spirituelle s'étendant sur la vaste zone des Balkans occidentaux» ; s'in-
terrogeant ensuite sur les origines de ces rites funéraires et leur appartenance
ethnique, elle affirme : «II nous parait hors de doute que le rite en question
doive être rattaché aux mouvements des pasteurs des steppes appartenant à
la souche indoeuropéenne ; (...) il est donc hors de doute que nous nous
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 33 1

trouvons en présence de coutumes introduite dans la péninsule balkanique


par des peuplades indoeuropéennes. Une fois introduit, le rite s'est maintenu
au moins durant deux millénaires» . Le rapprochement avec les tumuli et les
tombes trouvés en Grèce lui paraît nécessaire : «N. Hammond avait déjà
attiré l'attention sur la parenté des tumuli de l'Albanie du Sud avec les
«Schachtgràber» de Mycènes et croyait pouvoir les attribuer aux Grecs. Ceci
paraît devoir être confirmé par les tombes de Marathon. Notons toutefois
que chaque tumulus à caisse ou à ciste n'est pas forcément grec ou illyrien : il
est avant tout indoeuropéen» .
Il est bien évident que l'argumentation de N.G.L. Hammond n'a pas
convaincu les archéologues albanais, mais le dialogue a certainement été
fructueux, comme on peut le constater à la lecture de la communication de M.
Korkuti au premier colloque des Études illyriennes (43), si on la compare à
des positions plus opposées soutenues les années précédentes (44). Il ne peut
être question dans cet article de proposer une solution à ces délicats
problèmes de la préhistoire balkanique, faite de migrations multiples qui ne font
pas disparaître les couches antérieures de populations et dont les directions
mêmes ne sont pas toujours faciles à déterminer avec certitude. Mais l'apport
des recherches archéologiques albanaises depuis trente ans est considérable :
non seulement elles ont fait disparaître cette zone qui restait vierge sur les
cartes des sites préhistoriques dans les Balkans, mais elles ont fourni des
éléments extrêmement importants pour la compréhension de cette
préhistoire balkanique : un site comme Maliq est d'un intérêt capital par la
continuité de son occupation, les nécropoles tumulaires albanaises constituent un
trait d'union précieux entre les tumuli de Yougoslavie et ceux de Grèce. S'il
fallait conclure provisoirement, il conviendrait, semble-t-il surtout, d'insister
sur l'existence d'une communauté de civilisation très large regroupant
l'Albanie, la Grèce du Nord -Ouest et les régions voisines durant la période
préhistorique, communauté qui se retrouve très nettement à la période
hellénistique, comme nous avons déjà eu l'occasion de le souligner (45). Hammond
rappelait un bel exemple de ces liens qui unissaient encore à la fin de
l'archaïsme l'Hellade et l'Albanie actuelle, exemple fourni par l'Iliade (46) dans
le passage où l'aède chantait les funérailles de Patrocle organisées et célébrées
par son ami Achille : alors que le poète raconte des événements qui se sont
déroulés deux cents ans après l'abandon des tumuli comme lieu d'inhumation
dans la Grèce mycénienne, et qu'il vit lui-même six ou sept cents ans après
cette époque, il rapporte ces funérailles exactement comme devaient se
dérouler les inhumations dans ces nécropoles tumulaires : lorsque le corps
a été brûlé sur le bûcher, il recueille soigneusement les os de son compagnon
dans une urne d'or, la place dans la chambre mortuaire ; puis il dessine le
cercle du tombeau et pose les pierres de fondation autour du bûcher, avant de
recouvrir de terre : où le poète a-t-il pu retrouver cette tradition, si ce n'est
là où elle était précisément restée bien vivante, dans cette région du Nord-
Ouest où les nécropoles tumulaires sont utilisées jusqu'au début de notre
ère ? C'est là sans aucun doute qu'il emprunte ces pratiques funéraires depuis
longtemps disparues en Grèce même.

II - LA PÉRIODE CLASSIQUE ET HELLÉNISTIQUE (carte 2)

II convient de préciser tout de suite que le titre placé ci-dessus ne vise


absolument pas à placer les recherches archéologiques d'Albanie dans la
Rosuje

Apollonia

2. CARTE
DE L'ALBANIE
A L'EPOQUE CLASSIQUE
ET HELLENISTIQUE

Principaux Sites
archéologiques - □
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 333

mouvance de l'histoire du monde grec, mais simplement cette datation nous


a paru une référence chronologique commode, qui s'applique naturellement
bien aux cités de colonisation grecque fondées sur la côte albanaise, mais qui
peut permettre aussi une étude particulière de toute une vie et une civilisation
indépendante du phénomène colonial en Albanie centrale et septentrionale.
Les recherches des archéologues albanais, durant les trente dernières
années, ont visé surtout, comme pour la préhistoire, à suivre le problème de
la genèse des Illyriens, leur autochtonie sur le territoire de l'actuelle Albanie ;
s'y ajoute, en second lieu, l'étude du niveau de développement économique,
social et culturel des Illyriens et de leur régime politique, comme le précisait
le Président de l'Académie des Sciences d'Albanie, A. Buda (47).
Concrètement, ces tâches signifiaient la reprise et la poursuite des chantiers de fouilles
ouverts avant la seconde guerre mondiale dans quelques sites de colonisation
grecque, mais aussi et surtout l'établissement d'une carte des sites
archéologiques sur l'ensemble du territoire national, un repérage systématique, une
reconnaissance précise avant que les fouilles puissent avoir lieu. C'est dans
cette double perspective et pour simplifier l'exposé que nous distinguerons
ces deux grandes activités des archéologues albanais durant les trente
dernières années et pour la période qui s'étend des VIIIe-VIie siècles avant notre
ère jusqu'à l'époque romaine.
Parmi les sites déjà connus et fouillés avant la seconde guerre mondiale,
on s'arrêtera surtout aux grandes cités d'Epidamne-Durresi, d'Apollonia, à
Bouthrôtos et à Oricos. Epidamne-Dyrrachion, fondée dès 627, est devenue
rapidement le port le plus important de cette côte orientale de l'Adriatique ;
on pourrait s'attendre, en conséquence, à des fouilles riches qui révèlent la
fortune de cette belle cité. En réalité, les résultats sont modestes, en raison
du maintien de la ville moderne sur le site même de la ville antique : ce sont
des travaux de construction du théâtre moderne qui ont permis de découvrir
une fort belle salle des thermes romains dont le pavage a été soigneusement
conservé au sous-sol du théâtre municipal ; un chantier ouvert depuis
plusieurs années permet de dégager progressivement de toutes les maisons bâties
à son emplacement un vaste amphithéâtre construit vraisemblablement au
IIe siècle avant J.-C. (48) ; une petite chapelle médiévale construite dans les
galeries intérieures a conservé une intéressante mosaïque, mais il reste encore
beaucoup à faire pour achever ce dégagement de l'amphithéâtre. On a pu
suivre aussi les traces d'un aqueduc construit sous le règne d'Hadrien et
restauré par Sévère-Alexandre, qui était alimenté par les eaux de l'Erzen (49).
Finalement, les seuls souvenirs de la cité coloniale sont fournis par les
nécropoles qui entourent la ville et qui ont permis au conservateur du beau musée
de Durresi, V. Toçi, de publier plusieurs études sur l'onomastique de ces
stèles funéraires, où il voit la population utiliser les noms illyriens en
concurrence avec les noms grecs (50), ce qui peut révéler la place de plus en plus
grande tenue par les indigènes dans cette cité, à condition de distinguer
clairement les noms illyriens de ceux qui se rencontrent dans toute cette région
du Nord -Ouest, en Epire, comme en Macédoine et dans les cités grecques
d'Illyrie.
Après les belles fouilles conduites par L. Rey entre les deux guerres,
Apollonia a été l'objet des recherches conduites par des archéologues russes
et albanais, comme le signalait déjà Ch. Picard (51) ; les résultats de cette
collaboration ont été très partiellement publiés (52), mais, après la rupture
entre l'Albanie et l'Union Soviétique, les notes de fouilles se sont trouvées
partagées entre les deux pays et cela rend impossible une publication
334 P. CABANES

complète des dernières campagnes de fouilles. Depuis, les archéologues


albanais s'occupent seuls de ce vaste chantier et ont obtenu des résultats
très remarquables pour une meilleure connaissance du plan d'ensemble de
cette très vaste cité. Dans le quartier monumental dont la découverte revient
à L. Rey, autour de l'Odéon et du beau portique à niches, des travaux ont
été entrepris pour la restauration du Bouleuterion ou monument des Agono-
thètes, dont le portique doit être maintenant relevé. Dans les terrasses à
l'Ouest de la ville, sur le versant tourné vers la mer, plusieurs maisons
hellénistiques ont été dégagées, ornées de belles mosaïques à l'époque romaine
(53) ; une rue principale relie l'entrée occidentale de la ville et le quartier de
l'Odéon et du Bouleuterion, en grimpant directement la pente, tandis que les
vastes maisons s'étagent de part et d'autre sur les terrasses. Un peu plus au
Nord, la partie basse du théâtre vient d'être dégagée, mais il ne semble pas
que les gradins aient été conservés (54) ; au-delà, toujours sur le versant
occidental de la ville, une fontaine monumentale a été découverte et restaurée
(55) ; les archéologues albanais datent ce nymphée des IVe-IIIe siècles avant
notre ère et placent sa destruction par un violent tremblement de terre au
début du premier siècle avant J.-C. Cette fontaine est constituée de quatre
parties : dans la partie la plus haute, un barrage rassemble les eaux de source
et les répartit dans cinq canalisations parallèles qui descendent en escaliers
recouverts ; les eaux se réunissent alors dans une conduite de quarante mètres
de longueur, parallèle au barrage supérieur et se déversent dans le bassin
central, dont la façade extérieure est ornée de cinq colonnes doriques entre deux
pilastres engagés dans les murs latéraux. Au-dessus de cette fontaine, on a
commencé le dégagement du mur d'enceinte de l'acropole (cote 101)
conservé sur une belle hauteur et bâti en huit rangées de gradin dans un secteur
où il sert en même temps de mur de soutènement à la colline (56) ; il serait
souhaitable que celle-ci soit entièrement rendue aux archéologues pour que
les recherches puissent être achevées ; les archéologues albanais estiment que
ce mur est l'un des plus anciens conservés à Apollonie, certainement pas
postérieur au Ve siècle avant J.-C. A l'extérieur de la cité, des travaux ont
permis la fouille de nécropoles : au Sud-Est de la ville, le tumulus I de la
nécropole d'Apollonia (57) paraît avoir été utilisé du VIe au IIe siècle avant
notre ère, la majorité des 136 sépultures étant d'époque hellénistique ; l'étude
de la céramique trouvée dans ces tombes est particulièrement intéressante
pour connaître les relations commerciales de la cité avec le monde extérieur :
la céramique corinthienne est peu abondante, ce qui indique que l'utilisation
du tumulus s'est développée après la fin du VIe siècle, elle est accompagnée
de céramique rhodo -ionienne ; la céramique attique vient ensuite remplacer
ces importations durant tout le Ve siècle, alors que, après la guerre du
Péloponnèse, les importations en provenance d'Athènes diminuent au profit des
produits de Grande-Grèce et de Sicile avant la fin du IVe siècle. Certes, il ne
faut pas se hâter d'en tirer des conclusions trop rapides ; il convient
d'attendre une étude approfondie de toute cette céramique pour en préciser
la datation, mais il est déjà fort intéressant de voir la place que semblent
occuper les relations entre les deux rives de l'Adriatique dès la fin du IVe
siècle ; lorsque Rome, au IIIe siècle, se rend maître de toute l'Italie
méridionale, elle doit naturellement tenir compte de ces liens existants et prendre de
l'intérêt à ce qui se passe sur la rive orientale de l'Adriatique. La production
locale de céramique est fortement influencée par les produits importés et
apparaît là une difficulté supplémentaire pour distinguer la céramique qui
vient d'Italie méridionale et les copies fabriquées sur place.
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 33 5

D'autres trouvailles faites à Apollonia méritent aussi de retenir


l'attention ; nous retiendrons seulement trois secteurs particulièrement dignes
d'intérêt. Le premier touche la numismatique, puisqu'il s'agit d'un trésor de 441
pièces d'argent trouvé au lieu-dit Bakërr, à environ cent mètres de l'enceinte
Nord-Est d'Apollonia (58) ; il offre la particularité de contenir plus de
monnaies du koinon des Epirotes (180) que d'Apollonia même (137) ; s'y
ajoutent des monnaies de Dyrrachion, deux drachmes de Cassopé, quatre
tétradrachmes d'Athènes et trois de Thasos. Outre les observations qui
peuvent être tirées de la composition de ce trésor sur les orientations du
commerce apolloniate, on doit reconnaître aussi la consolidation économique
remarquable du koinon des Epirotes dans les années 200 avant notre ère (59),
tout en admettant que la part des monnaies epirotes est d'ordinaire plus
modeste dans les trouvailles faites dans la région d'Apollonia. A. Mano (60)
a étudié, de son côté, les timbres d'amphores trouvés à Apollonia et Oricos
et souligne la place tenue par le commerce rhodien ; les progrès de la
recherche archéologique permettront certainement d'élargir cette première
analyse des timbres d'amphores. Enfin, la sculpture d'Apollonia s'est enrichie
de trouvailles nouvelles : F. Prendi et H. Ceka ont fait connaître quinze
sculptures de culte et des hermès de l'époque impériale (61) et le musée
installé dans le monastère Sainte-Marie, à Apollonia, présente une galerie
très remarquable de statues, dont certaines ont été exposées à Paris (62).
Le site d'Oricos, au fond du golfe protégé par la presqu'île des Monts
Acrocérauniens, a aussi fait l'objet de fouilles qui ont permis de dégager le
théâtre construit vraisemblablement au Ier siècle après J.-C. et détruit, comme
la ville, par un violent tremblement de terre dès le siècle suivant (6.3).
Plus au Sud, si la ville de Saranda (l'antique Onchesmos) n'a encore livré
que quelques mosaïques de date assez tardive (64), Bouthrôtos a fait l'objet
de travaux d'entretien et de restauration, après les fouilles conduites par les
archéologues italiens ; l'apport le plus intéressant à l'histoire antique est sans
aucun doute la publication des inscriptions gravées sur Yanalemma de la
parodos occidentale du théâtre (65) qui constituent un ensemble
exceptionnel, puisqu'y figurent plus de quatre cents affranchissements d'esclaves et
que, bien souvent, d'une inscription à l'autre, les mêmes communautés de
propriétaires réapparaissent, ce qui permet de découvrir quelques aspects de la
vie économique et sociale de cette région à la fin du IIIe siècle et au IIe
siècle avant notre ère. Il reste encore à publier les parties lisibles des quatorze
inscriptions gravées sur le mur du diazoma, que j'ai pu relever en 1974. Les
archéologues albanais ont dégagé, par ailleurs, une partie de la nécropole
de Bouthrôtos (66) qui contient des tombes hellénistiques et du premier
siècle de notre ère ; D. Budina a, d'autre part, retrouvé les vestiges d'un
aqueduc du IIe siècle après J.-C. (67) ; enfin, des travaux ont permis la
restauration de la porte du Lion, déjà connu par les publications de L.M. Ugolini.
Outre ces sites déjà connus et partiellement fouillés par les archéologues
français et italiens et qui ont été l'objet des recherches décrites ci-dessus
depuis le dernier conflit mondial, l'Albanie compte un très grand nombre de
lieux occupés par l'homme durant cette période qui va des débuts de
l'Histoire à l'occupation romaine. C'est à les recenser, après les avoir identifiés
lorsque c'est possible, que se sont attachés les archéologues albanais et leurs
efforts ont permis de dresser une carte très complète de ces sites
archéologiques, même si les fouilles n'ont pu être encore entreprises partout. Grâce
à ce travail, des cités antiques ont pu enfin recevoir une localisation précise,
qui ne prête plus à discussion : c'est le cas, en particulier, de la cité
336 P. CABANES

ďAntigoneia, qui a été cherchée longtemps à l'emplacement de Tepelen avant


d'être située à Lekel, sur la rive droite du Drino, un peu en amont de son
confluent avec l'Aoos. Il est certain maintenant que l'emplacement réel
d'Antigoneia est la colline de Jerma, près du village de Saraqinisht, à cinq
kilomètres à l'Est de Gjirocastra à vol d'oiseau, sur la rive droite du Drino
(68) ; la découverte de quatorze tessères de bronze portant en toutes lettres
le nom Antigoneôn supprime toute hésitation. Le site, que j'ai pu visiter en
1974 avec S. Anamali, est très étendu ; l'enceinte est bien conservée au Sud
et à l'Ouest, parfois jusqu'à trois mètres de hauteur, et devait mesurer près
de quatre kilomètres de longueur ; huit tours et des portes ont été dégagées.
D. Budina a fouillé déjà plusieurs maisons, dont une possède une cour ornée
d'un péristyle fort élégant à colonnes cannelées à chapiteau dorique (69). Il
est certain maintenant que la ville, en raison de sa localisation, doit son nom
à Pyrrhos qui le lui donna en l'honneur de sa première femme, ce qui ne
signifie pas nécessairement que la ville a été fondée par ce prince ex nihilo ;
l'établissement plus ancien a pu changer de nom au début du IIIe siècle avant
notre ère et recevoir des embellissements en l'honneur de cette reine épirote.
De même, Dimale a pu être localisée à la citadelle de Krotine, à l'Ouest
de Berat, dans cette zone de collines qui domine la route de Fieri à Berat du
côté droit (70). Des timbres de tuiles hellénistiques portant le nom Dimallitan
attestent l'exactitude de cette localisation. Un beau portique à niches, dont
sept ont été dégagées, rappelle tout à fait le portique d'Apollonia et témoigne
de l'influence de cette grande cité sur les régions voisines de l'intérieur.
Le site de Ploça, sur la rive gauche de l'Aoos, à proximité de la route de
Vlora à Tepelen, est retenu sans hésitation par les archéologues albanais et
notamment par S. Anamali (71) pour être porteur des ruines à'Amantia, alors
que N.G1. Hammond cherchait cette cité à Klos, sur l'autre rive de l'Aoos
(72). Si aucun document épigraphique n'apporte de preuve irréfutable comme
dans le cas de Dimale et d'Antigoneia, il faut bien dire que l'abondance des
monnaies des Amantôn ne se retrouve que là, comme j'ai pu le constater en
1971. S. Anamali a bien dégagé le stade, construit à l'extérieur des murs de
l'acropole ; une partie de cette enceinte de la ville haute est connue depuis le
début du siècle ; de beaux murs de soutènement antiques permettaient
d'élargir cette acropole. Au Sud-Est de ce sommet rocheux, à quelques trois
cents mètres en contrebas, un replat, dit l'Aire de Peç, porte les fondations
d'un temple antique qui paraît être celui d'Aphrodite Pandamos, dont le culte
est connu à Ploça par des inscriptions, et qui peut être représentée allongée
sur un fragment de statue encore inédit trouvé précisément sur l'Aire de
Peç ; la nécropole a été aussi localisée et plusieurs tombes ont été ouvertes,
dont quelques-unes monumentales.
Celles-ci peuvent être rapprochées des tombes magnifiques qui ont été
fouillées, à l'Est de l'Albanie, dans la haute vallée du Shkumbi, près d'une
agglomération dite de la Basse-Selce ; les premières fouilles, en 1970 et
1971 ont permis de dégager, d'abord, la sépulture № 1 (73) dont la façade
taillée dans le rocher sur 2,40 mètres de hauteur et 4 mètres de largeur est
percée d'une porte centrale encadrée de deux colonnes engagées à chapiteau
ionique et de deux pilastres, séparés sans doute par des fresques ; la porte
donne accès à un vaste vestibule précédant la chambre mortuaire,
malheureusement pillée dès l'Antiquité ; la sépulture № 3 est plus majestueuse encore,
puisque sa façade en hémicycle prolongé, de chaque côté, par un mur droit
est ornée de huit colonnes ioniques engagées ; de plus, la véritable chambre
mortuaire n'est pas la pièce centrale, peut-être en raison de la fragilité de la
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 337

roche à cet endroit-là ; elle a été creusée en-dessous de la cour et a été


retrouvée intacte avec un très riche mobilier de céramique et de bijoux datés
du IIIe siècle avant J.-C., notamment des boucles d'oreille en or représentant
une tête de noir, et une boucle de ceinture représentant le combat de cavaliers
et d'un fantassin. Il n'est pas impossible, comme le propose N. Ceka, que
cette localité corresponde à l'antique Pélion.
On peut encore citer, avant de voir quelques fouilles plus complètes, les
sites de Byllis et de Klos ; le premier est au lieu-dit Gradishte d'Hékal, près de
Ballsh ; une vaste enceinte, qui a été réduite de près de moitié à l'époque
byzantine, entoure le haut de la colline ; elle est par endroits bien dégagée,
mais les fouilles restent à faire. A faible distance, en contrebas, la colline de
Klos est aussi entourée de murs aux pierres cyclopéennes, en appareil
polygonal, qui était en cours de dégagement en 1974 ; on a proposé de situer à
cet endroit la cité de Nicaia, connue d'Etienne de Byzance et dont l'existence
est confirmée par une inscription de YAmphiaraion d'Oropos, datant du Ier
sicele avant notre ère (74) ; on a parlé, à propos des sites de Byllis et de Klos,
d'une sorte de cité double ; nul doute, en effet, que les liens entre les deux
établissements soient fort étroits, du fait même de leur voisinage.
Ajoutons, enfin, que la reconnaissance des nombreuses forteresses
d'Albanie du Sud, notamment de la Chaonie antique, a permis de mieux
comprendre l'organisation de l'espace politique autour des deux centres
principaux d'Antigoneia et de Phoinicë (75).
Dans quelques cas, cependant, des fouilles plus complètes ont pu être
déjà menées à bien, dans des sites qui n'avaient pratiquement pas fait l'objet
de recherches avant la dernière guerre mondiale. ALissos, en particulier,
d'importants travaux ont permis de dégager et de restaurer la vaste enceinte qui
domine la ville actuelle de Lesh (76). Les archéologues albanais s'efforcent
d'y trouver des arguments en faveur de l'origine illyrienne de cette ville et
rejettent, par conséquent, la tradition de Diodore de Sicile qui attribuait la
fondation à Denys de Syracuse. Sans reprendre, ici, l'analyse de cette
question des origines de la ville, il paraît surtout utile de souligner la difficulté
d'établir une chronologie rigoureuse de ces fortifications en fonction des
styles de construction adoptés : les appareils sont variés (polygonal,
trapézoïdal à Lissos) ; peut -être pourrait-on distinguer des fortifications du début
du IVe siècle comme à Klos et à Amantia, où les tours sont rares, voire
totalement absentes le plus souvent, et celles de la seconde moitié du IVe siècle,
comme à Lissos où des tours viennent renforcer les portes et à Zgè'rdhesh de
Kruja où les tours sont régulièrement espacées tous les trente mètres (77).
La cité de Zgè'rdhesh, au Sud-Ouest de Kruja, peut être l'Albanopolis
antique ; S. Islami (78) est très prudent pour la datation de ces fortifications :
il estime que l'acropole a connu un établissement humain dans la première
période du Fer, et que la couche stratigraphique suivante contient des
matériaux hellénistiques, ce qui demeure imprécis surtout si on considère que
l'élément de datation est constitué par la céramique apulienne de la fin du
IVe - commencement du IIIe siècle.
La forteresse d'Irmaj, sur le massif de Sulove, sur la rive gauche du
cours moyen du Devoll a fait l'objet de fouilles en 1960 (79), encore très
partielles ; là encore, les murs d'enceinte dateraient du IVe siècle, avec une
reprise de la construction à la fin du IIIe siècle et dans la première moitié du
IIe siècle avant notre ère. Il est possible que ces murailles soient celles de la
cité antique de Codrion.
Très normalement, les archéologues albanais se sont intéressés
338 P. CABANES

particulièrement aux sites fortifiés de l'Albanie septentrionale, région où


l'influence grecque est certainement la moins marquée ; l'étude des
fortifications peut permettre de connaître les réalisations des populations locales,
indépendamment de tout apport des cités coloniales côtières ou d'États
méridionaux comme celui des Molosses ou des Macédoniens. La cité de Gajtan, à
cinq kilomètres au Sud-Est de Shkodra, déjà étudiée par Praschniker, a
constitué pour les archéologues albanais un excellent terrain de recherches (80) ;
contrairement à l'archéologue autrichien qui datait la construction de la cité
du IVe siècle avant J.-C., les Albanais estiment, notamment d'après les
trouvailles de céramique, que la cité de Gajtan «a connu une longue existence qui
s'amorce déjà à la fin de l'âge du bronze — commencement du fer pour
arriver jusqu'à la basse-Antiquité» (81). Cette conclusion est un peu hâtive
dans la mesure où il peut s'agir, à l'origine, d'un simple établissement humain
plutôt que d'une cité ;la céramique ne prouve que la présence d'habitants, les
fortifications semblent, d'après les indications des archéologues, se rattacher,
au plus tôt, à la deuxième couche de céramique que B. Jubani date de la
première période du fer (82) ; il s'agit, semble-t-il, d'un gros mur de 3,50 mètres
d'épaisseur, formé d'un remplissage en vrac entre deux parois, extérieure et
intérieure, de pierres brutes ou sommairement taillées, de dimensions
généralement moyennes. Ce serait là le premier témoignage d'une enceinte
construite par les Illy riens, loin de toute présence grecque.
D'un meilleur niveau technique sont les murs d'enceinte de la forteresse
de Xibri, dans le district de Mati (83) ; ces murs de 3 ,50 mètres d'épaisseur
ont des parois en appareil polygonal, avec remplissage central ; S. Islami les
date du IVe siècle avant notre ère et considère que c'est la période où les
fortifications se développent abondamment sur le territoire albanais, à
l'exception de quelques restes plus anciens comme ceux de Gajtan ; il veut rattacher
ce développement des fortifications vers le milieu du IVe siècle au danger
macédonien qui menace l'Illyrie du Sud, au temps de Philippe H. Est -on bien
assuré des relations de cause à effet entre ces deux séries de données ? Il
semble bien imprudent de conclure trop vite par l'affirmative, surtout pour
cette région septentrionale de l'Albanie actueÛe, qui a pu être le théâtre de
guerres dont aucun écho ne nous est parvenu entre populations locales et
dynastes désireux de constituer un État le plus souvent éphémère, sans parler
des possibles effets, à une date voisine, des mouvements des Celtes.
La forteresse de Rosuje, dans le Nord du pays, a fourni des indications
assez voisines de celle de Gajtan (84) : si un tronçon de muraille «construit de
grosses et moyennes pierres posées à sec, utilisées encore dans les phases
postérieures» est attribué à une époque antérieure au Ve siècle avant J.-C, les
autres murs sont de la seconde période (IV^-Iie siècle avant notre ère).
Nous aurions pu, dans cet exposé des recherches archéologiques en
Albanie durant les trente dernières années, multiplier les exemples de ces
travaux sur les fortifications : les beaux murs, dégagés dans la forteresse de
Bérat, l'ancienne Antipatreia, qui n'ont pas encore fait l'objet d'une
publication, mais que j'ai pu voir en 1974, sont extrêmement parlant, mais on peut
objecter naturellement qu'ils sont l'œuvre de techniciens grecs ou
macédoniens. Nous n'avons pas développé, non plus, l'examen des nombreuses
forteresses d'Albanie méridionale, l'ancienne Chaonie, où l'influence épirote et
méridionale a pu être vive (85) ; elles constituent un fort bel ensemble et
contribuent à démontrer l'aptitude des populations locales à concevoir et à
réaliser des moyens de défense puissants, avec ou sans l'aide du monde grec
voisin. L'important, surtout, est d'observer l'activité incessante des
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 339

archéologues albanais qui ont réussi, en une génération, à rattraper le retard


pris par les fouilles dans leur pays et qui ont posé les problèmes du passé de
leur peuple à travers les traces qu'ils ont retrouvées.
♦ * *

En nous limitant à ces deux grandes périodes révélées par les recherches
archéologiques en Albanie, Préhistoire et Protohistoire d'une part, Antiquité
classique et hellénistique d'autre part, nous avons bien conscience de ne pas
tout dire de cet immense travail entrepris avec courage depuis trente ans ; le
haut Moyen-Age a été aussi étudié attentivement, comme le prouvent de
nombreux articles dignes d'intérêt (86) et pourrait faire l'objet d'un examen
au même titre que les périodes antérieures que j'ai essayées de présenter dans
ces quelques pages.
Pour s'en tenir à ce qui a fait l'objet de cet article, il est certain que les
résultats obtenus par la recherche archéologique soulèvent des questions
multiples au fur et à mesure qu'ils enrichissent notre connaissance sur la vie de
ces régions. C'est sans doute même le propre de ces recherches de susciter de
nouvelles interrogations. Leur solution ne paraît possible à long terme que
dans une ouverture sur les résultats obtenus dans une vaste zone périphérique
qui englobe le monde grec continental au même titre que les pays balkaniques
du Nord et de l'Est : on le sent bien pour tout ce qui touche à la préhistoire ;
les origines des civilisations qui se succèdent depuis celle de Cakran-Dunavec
en passant par les différentes phases de celle de Maliq sont inévitablement
liées à tout l'environnement de la péninsule balkanique ;les nécropoles tumu-
laires, si intéressantes et dont l'Albanie constitue maintenant un maillon
essentiel entre celles de Yougoslavie et Marathon, doivent aussi être replacées
dans ce vaste ensemble de témoignages sur ce mode de sépulture qui
caractérise une société durable dans le temps, surtout en Albanie ;leur étude permet
de reposer les problèmes capitaux dans l'histoire européenne des grandes
migrations qui ont perturbé le monde de l'Hellade dans le courant du IIe
millénaire avant notre ère, ceux de leur orientation dans l'espace, des
communications dans la péninsule balkanique, de la différenciation des langues
(grecque et illyrienne au moins).
Dans l'Antiquité classique et hellénistique, les recherches
archéologiques menées en Albanie depuis trente ans enrichissent considérablement
notre information sur des régions souvent peu évoquées par les sources
littéraires ; les travaux sur la numismatique, comme ceux d'Hasan Ceka (87),
comme sur l'épigraphie, révèlent le développement économique de cette
région, son évolution sociale ; l'étude archéologique des villes et des
forteresses montre une progressive urbanisation qui, surtout en Chaonie, autour
d'Antigoneia et de Phoinicé, paraît s'orienter vers l'organisation de cités
comme en Grèce, évolution qu'interrompt brutalement la conquête romaine.
Naturellement, des zones d'ombre demeurent : il paraît, en particulier, très
difficile de fixer une chronologie trop précise des fortifications et il convient
d'être prudent en ce domaine ; il est non moins difficile de déterminer
l'ethnie des constructeurs. Il paraît, en réalité, plus utile de reconnaître
l'existence d'une communauté fort ancienne de civilisation entre tous les habitants
qui peuplent la partie méridionale de la péninsule balkanique, les tumuli le
confirment ; dans cette communauté, les populations vivant sur le territoire
de l'actuelle Albanie ont tenu un rôle non négligeable, tout en développant
quelques aspects propres du fait de la permanence de leur occupation de ce
340 P. CABANES

sol pendant une longue période, comme en témoigne la céramique locale.


Une grande tâche attend encore les archéologues albanais, pour mener à
bien les fouilles de tous les sites repérés ; nul doute qu'ils parviennent
rapidement à la mener à bien quand on sait l'ampleur de leur œuvre depuis la fin de
la seconde guerre mondiale.

Pierre CABANES

*
* *
*

NOTES

(1) Cette revue n'est pas la seule publication régulière de l'Institut d'Histoire de
Tirana : elle a été précédée par le Buletin i Institutu të Studimeve (1947), Buletin
i Institutu të Shkencave (1948-1951), Buletini për Shkencat Shoqërore. (195 2-
1957 n° 2), Buletin i Universitetit Shetëror të Tiranës. Séria Shkencat Shoqërore
(BUSht) (1957-1963) ; depuis 1964, en langue albanaise, paraît aussi la revue
Studíme Historike.
(2) Ch. PICARD, Anciennes et nouvelles fouilles archéologiques en Albanie : Apol-
lonie dillyrie, RA, 1962, II, p. 209-217.
(3) R A, 1965,11, p. 153-207.
(4) N.GJL. HAMMOND, Epirus. The geography, the ancient remains,the history and
the topography of Epirus and adjacent areas, Oxford 1967.
(5) Notamment à propos de la localisation d'Antigonéia : N.G.L. HAMMOND, Anti-
gonea in Epirus, JRS, 61, 1971, p. 112-115.
(6) Cf. J. et L. ROBERT, Annuaire du Collège de France, 66, 1966, p. 405-406 ;leur
collection d'estampages des inscriptions de Yanalemma de la parodos occidentale
du théâtre de Bouthrôtos, généreusement mise à ma disposition, m'a permis
l'édition de ces textes (P. CABANES, Les inscriptions du théâtre de Bouthrôtos,
Actes du colloque 1972 sur l'esclavage, Paris 1974, p. 105-209 et XXX planches).
(7) P. CABANES, L'Êpire, de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine (272-167),
Paris 1976 ; la Direction des Relations culturelles du Ministère des Affaires
étrangères m'a permis de séjourner en Albanie en 1971 et 1974, dans le cadre du
programme d'échanges culturels franco-albanais.
(8) Voir l'article de F. PRENDI, Traits du Néolithique récent en Albanie à la lumière
de nouvelles découvertes, StudAlb, 1972, I, p. 3-13, notamment p. 5 et n. 9.
(9) M. KORKUTI, Préhistoire : du Néolithique au premier âge du fer, dans le
catalogue de l'exposition du Petit Palais, L'Art albanais à travers les âges, Paris 1974.
(10) Dans un premier temps, M. KORKUTI datait les découvertes de Cakran de la
période énéolithique (StudAlb, 1970, 2, p. 43, n. 1) ; cette chronologie basse a
été ensuite abandonnée pour placer cette civilisation de Cakran-Dunavec avant
celle de Maliq, cf. F. PRENDI, Traits du Néolithique récent en Albanie à la
lumière de nouvelles découvertes, StudAlb, 1972, 1, p. 3-14 et M. KORKUTI-
Z. ANDREA, Fouilles 1969-1970 dans l'agglomération néolithique de Cakran
(Fieri), StudAlb, 1972, 1, p. 15-30.
(11) Cf. les numéros 1 à 8 du catalogue de l'exposition L'Art albanais à travers les
âges.
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 341

(12) F. PRENDI, Traits du Néolithique récent en Albanie à la lumière de nouvelles


découvertes, StudAlb, 1972, 1, p. 4-5.
(13) M. KORKUTI - Z. ANDREA, Fouilles 1969-1970 dans l'agglomération
néolithique de Cakran (Fieri), StudAlb, 1972, 1, p. 15-30 et notamment p. 29 ; sur le site
de Dunavec, voir le résumé français de l'article de M. KORKUTI consacré à
l'agglomération néolithique de Dunavec, paru en albanais dans le Bulletin
archéologique de 1971 , résumé publié dans StudAlb, 1972, 1 , p. 173.
(14) On consultera, dans l'ordre chronologique, S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles
données sur l'antiquité illyrienne en Albanie, StudAlb, 1964, 1, p. 91-137 ;
surtout F. PRENDI, La civilisation préhistorique de Maliq, StudAlb, 1966, 1, p. 255-
280 ; du même, sous le même titre, la communication publiée dans les Actes du
premier Congrès international des Études balkaniques et Sud-Est européennes, II,
Sofia 1970, p. 673-685 ; du même, Traits du Néolithique récent en Albanie à la
lumière de nouvelles découvertes, StudAlb, 1972, 1, p. 3-14.
(15) F. PRENDI - S. ALIU, La station néolithique à Kamnik de Kolonje (fouilles de
1970), Iliria, I, p. 13-28 (en albanais) et résumé français p. 29-30 ; S. ALIU,
Nouvelles découvertes de la civilisation illyrienne dans l'arrondissement de Kolonje,
Les Illyriens et la genèse des Albanais, Tirana 1971 , p. 85-88.
(16) F. PRENDI, Traits du Néolithique récent en Albanie à la lumière de nouvelles
découvertes, StudAlb, 1972, 1, p. 13 et n. 16 qui renvoie aux différents articles
albanais antérieurs qui soutenaient la thèse de la continuité ; M. KORKUTI
partage l'avis de F. Prendi, comme il le dit sans son article, A propos de la formation
de l'ethnie illyrienne, StudAlb, 1972, 2, p. 59.
(17) F. PRENDI, La civilisation préhistorique de Maliq, StudAlb, 1966, I, p. 263.
(18) M. KORKUTI, Rapports de civilisations illyro-égéens à l'âge du bronze et
survivances de certains objets de type mycénien à l'âge du fer, StudAlb, 1970, 2, p.
4445.
(19) M. KORKUTI, L'agglomération préhistorique de Tren, Deuxième Conférence des
Études albanologiques, II, Tirana 1970, p. 335-383 ; du même, sous le même
titre, article dans Iliria I, Tirana 1971, p. 31-45 (en albanais), avec résumé
français, p. 46-47 et 17 planches.
(20) F. PRENDI, Traits du Néolithique récent en Albanie à la lumière de nouvelles
découvertes, StudAlb, 1972, 1, p. 3-13, qui marque une évolution dans l'analyse
des résultats des recherches archéologiques, même par rapport à sa
communication sur La civilisation préhistorique de Maliq, Actes du premier Congrès
international des Études balkaniques et Sud-Est européennes, Sofia 1970, II, p. 673-685.
(21) On ne reprendra ici que ce qui peut compléter les pages de N.G.L. HAMMOND,
Epirus ..., 1967, qui n'a eu connaissance de l'article de S. ISLAMI - H. CEKA,
Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie, StudAlb, 1964, 1, p. 91-
137, qu'alors que son livre était déjà sous presse, comme il l'indique p. 311, n. 1.
(22) Une synthèse de ces recherches a été présentée par B. JUBANI, Traits communs
dans les rites d'inhumation chez les Illyriens de la région de l'Albanie, dans Les
Illyriens et la genèse des Albanais, Tirana 1971, p. 89-109.
(23) Sur les tumuli de Pazhok, l'article essentiel reste celui de S. ISLAMI - H. CEKA,
Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie, StudAlb, 1964, 1, p. 91-
137, en particulier p. 95-97.
(24) II est sans doute utile, ici, de rappeler la phrase même de S. ISLAMI - H. CEKA,
StudAlb, 1964, 1, p. 96 : «Rares sont également les récipients en terre cuite de
type illyrien» .
(25) Sur ces deux tumuli de Krume de Kukës, voir B. JUBANI, Traits communs dans
les rites d'inhumation chez les Illyriens de la région de l'Albanie, Les Illyriens et
la genèse des Albanais, Tirana 1971, p. 90-91 ; du même, Aperçu de la civilisation
342 P. CABANES

tumulaire de l'Albanie du Nord-Est (Kukës 1967-1971), StudAlb, 1972, 2, p.


203-214, cet article paraît abaisser ces deux tumuli aux VIIIe-VIIe siècle avant
J.-C.
(26) Z. ANDRÉA, La civilisation des tumuli du bassin de Korce et sa place dans les
Balkans du Sud-Est, StudAlb, 1972, 2, p. 187-202, traite notamment de ce
tumulus de Barç que j'ai vu pendant la campagne de fouilles de 1971.
(27) Les résultats des fouilles ont été publiés dans un article collectif en albanais de
S. ISLAMI, H. CEKA, F. PRENDI et S. ANAMALI, les vestiges de la civilisation
illyrienne venus au jour à Mati, Buletin për Shkencat shoqërore, 1955, 1, p. 110-
138 ; voir aussi S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne
en Albanie, StudAlb, 1964, 1, p. 101-104 et D. KURTI, Premiers résultats des
fouilles du tumulus «Suka e Lepurit» à Burrel, StudAlb, 1972, 1, p. 155-160.
(28) S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie,
StudAlb, 1964,1, p. 105.
(29) Ibid. ; ces liens avec l'Italie du Sud sont également soulignés par Z. ANDREA, La
civilisation des tumuli du bassin de Korçe, StudAlb, 1972, 2, p. 201 ; sur les
tumuli de Vajze et du Dropull supérieur, voir aussi N.G.L. HAMMOND, Epirus,
p. 310.
(30) B. JUBANI, Aperçu de la civilisation tumulaire de l'Albanie du Nord-Est (Kukës
1967-1971), StudAlb, 1972, 2, p. 203-214.
(31) Z. ANDREA, La civilisation des tumuli du bassin de Korçe et sa place dans les
Balkans du Sud-Est, StudAlb, 1972, 2, p. 190-196.
(32) S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie,
StudAlb, 1964, 1, p. 101-104 ; la datation «commencement du IIIe siècle de
notre ère» ne peut être qu'une erreur de traduction de l'albanais en français.
(33) Cf. P. CABANES, Notes sur les origines de l'intervention romaine sur la rive
orientale de la mer Adriatique, communication présentée au colloque de Lecce en
1973 (sous presse).
(34) M. KORKUTI, La nécropole de Gajtan, Iliria, II, p. 451466.
(35) La position de N.G.L. HAMMOND est définie dans :
-Epirus .... 1967, p. 289-363.
- Tumulus-burial in Albania, the grave circles of Mycenae, and the Indo-Europeans,
ABSA, 62, 1967, p. 77-105,
- The coming of the Indo-Europeans to the southwestern Balkans, A eta of the 2nd
international Colloquium on Aegean prehistory, Athènes 1972, p. 104-111,
- Tumulus-Burial in Albania and problems of Ethnogenesis, StudAlb, 1973, 1, p.
169-177.
(36) Nous citons ici un passage de l'article de N.G.L. HAMMOND, Tumulus-Burial in
Albania..., ABSA, 62, 1967, p. 95.
(37) N.G.L. HAMMOND, Tumulus-burial in Albania ... StudAlb, 1973, 1, p. 175-176.
(38) N.G.L. HAMMOND, The coming of the Indo-Europeans to the Southwestern
Balkans, A eta of the 2nd international colloquium on Aegean prehistory, p. 109-
111.
(39) G. MYLONAS, Ada .... p. 111-112.
(40) S. MARINATOS, Prehellenic and proto hellenic discoveries at Marathon, Acta ...,
p. 184-190.
(41) A F. HARDING, Illyrians, Italians and Mycenaeans : Transadriatic contacts during
the late Bronze age, StudAlb, 1972, 2, p. 215-221.
(42) D. GARASANIN, Les tombes tumulaires préhistoriques de la péninsule
balkanique et leur attribution ethnique et chronologique, StudAlb, 1973, 1, p. 179-184.
(43) M. KORKUTI, A propos de la formation de l'ethnie illyrienne, StudAlb, 1972, 2,
p. 55-76.
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 343

(44) S. ANAMALI - M. KORKUTI, Les Illyriens et la genèse des Albanais, Tirana


1971, p. 17-22 ;M. KORKUTI, Rapports de civilisation illyro-égéens à l'âge du
Bronze et survivances de certains objets de type mycénien à l'âge du Fer, StudAlb,
1970, 2, p. 43-59.
(45) P. CABANES, L'Épire.de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine, Paris 1976 ;
voir notamment les quelques pages de conclusion (p. 528-533) où ont été
résumées les principales observations développées dans l'ouvrage.
(46) Iliade, XXIII, 138-257 ; cf. N.G.L. HAMMOND, Tumulus-burial in Albania and
problems of Ethnogenesis, StudAlb, 1973, 1, p. 177.
(47) A. BUDA, Les Illyriens du Sud, un problème de l'historiographie, StudAlb, 1972,
2, p. 31-53.
(48) V. TOCI, L'amphithéâtre de Dyrrah, Monumentet, 2 (article que nous n'avons pas
pu consulter ; mais j'ai pu visiter le chantier de l'amphithéâtre en 1971 comme en
1974).
(49) J. ADAMI, Notes archéologiques, I. Sur les traces de l'aqueduc antique de Dyrrha-
chium, Buletin i Institutu të Shkencave, 1950, 1-2, p. 126-132 (en albanais avec
résumé français).
(50) V. TOCI, Inscriptions et reliefs de la nécropole de Dyrrah (Dyrrhachium),
StudAlb, 1965, 2, p. 49-99 ; - Données sur l'onomastique illyrienne à Dyrrhachium et
dans d'autres centres de l'Albanie, StudAlb, 1969, 2, p. 163-185 ; - Données sur
l'élément illyrien à Dyrrachium, à la lumière des nouveaux témoignages
archéologiques, StudAlb, 1972, 1, p. 77-84. Cf. O. MASSON, Les rapports entre les Grecs
et les Illyriens d'après l'onomastique d'Apollonia dillyrie et de Dyrrachion, A ctes
du Ier congrès intern, des Études balkaniques et Sud-Est européennes, Sofia 1968,
p. 233-239 ; J. et L. ROBERT, Bull épigr. 1970, 351.
(51) Ch. PICARD, Anciennes et nouvelles fouilles archéologiques en Albanie : Apol-
lonie ďlllyrie, RA, 1962, p. 217 n. 1.
(52) V. BLAVATSKI- S. ISLAMI, Fouilles à Apollonie et à Oricum (travaux de
1958), Buletin i Universitetit Shtetëror të Tiranës, Séria shkencat shoqërore,
1960, 1, p. 51-112 (en albanais avec résumé en français, p. 92-112) ; voir aussi
l'album de 44 pages publié sous le titre Apollonia d'Illyrie, en 1959 par
l'Université de Tirana et l'Académie des Sciences d'URSS.
(53) On trouvera des photographies de quelques-unes de ces mosaïques dans l'album
Shqiperia arkeologjike, pi. 78-81.
(54) Les fouilles de ce théâtre que j'ai pu voir en 1974 n'ont encore fait l'objet que
d'une publication provisoire : A. MANO, Les résultats des recherches pour la
découverte du théâtre antique d'Apollonie (fouilles de l'année 1971), Buletin
arkeologjik, Tirana 1971.
(55) Voir la photographie dans l'album Shqiperia arkeologjike pL 72 et l'article de H.
CEKA, La fontaine d'Apollonie, Deuxième conférence des Études albanologiques,
II, p. 503-513.
(56) M. KORKUTI, Fouilles archéologiques 1967-1969 en Albanie, StudAlb, 1971, 1,
p. 146-147.
(57) A. MANO, Le tumulus I de la nécropole d'Apollonie, Iliria, I, p. 103-201 (avec
résumé français, p. 202-207) et 47 planches ;du même auteur, sous le même titre,
StudAlb, 1972, 1, p. 107-120 et 16 planches.
(58) H. CEKA, Le trésor numismatique de Bakërr (Fieri), StudAlb, 1972, 1, p. 49-68
et VI planches.
(59) Cf. P. CABANES, L'Êpire de la mort de Pyrrhos à la conquête romaine, p. 498-
499.
(60) A. MANO, Timbres amphoriques trouvés en Albanie, Buletin i Universitetit
Shtetëror të Tiranës, Séria shkencat shoqërore, 1963, 2, p. 86-123, avec résumé
344 P. CABANES

français.
(61) F. PRENDI - H. CEKA, La sculpture d'Apollonie, Studime historike, 1964, 2,
p. 25-85 ; K. ZHEKU, Sculptures nouvelles découvertes à Apollonie, Buletin
Arkeologjik, Tirana 1971.
(62) Catalogue de l'exposition du Petit Palais, L'Art albanais à travers les siècles, n°
281,282,283.
(63) D. BUDÍNA, Le théâtre antique d'Orik (Orikon), StudAlb, 1965, 1, p. 73-81.
(64) D. BUDÍNA - В. KORKUTI, La mosaïque découverte Rue Ier Mai à Sarande,
Buletin arkeologjik, 1969, p. 81-87.
(65) K. BOZHORI - D. BUDÍNA, De quelques inscriptions inédites du théâtre de
Butrint, Studime Historike, 1966, 2, p. 143-191 ; corrections de H. CEKA dans
Studime Historike, 1967, 3, p. 243-248 ; j'ai repris et complété cette publication
sous le titre Les inscriptions du théâtre de Bouthrôtos, Actes du colloque 1972
sur l'esclavage, Paris 1974, p. 105-209 et 30 pi. ; voir aussi P. CABANES , L'Épire
de la mort dePyrrhos à la conquête romaine, p. 399-444.
(66) D. BUDÍNA, La nécropole de Butrint, Buletin i Universitetit Shtetëror të Tiranës,
Séria shkencat shoqërore, 1959, 2, p. 246-256.
(67) D. BUDÍNA, L'aqueduc de Butrint, Studime Historike, 1967, p. 145-149.
(68) L'article essentiel est celui de D. BUDÍNA, Antigonée, Iliria, II, Tirana 1972, p.
269-378.
(69) Voir les photopaphies 3 et 40 de l'album Shqiperia arkeologjike.
(70) B. DAUTAJ, La cité illyrienne de Dimale, StudAlb, 1965, 1, p. 65-71, repris dans
Iliria, II, p. 149-165.
(71) S. ANAMALI, Amantie, Iliria, II, p. 67-148 fait la synthèse des résultats obtenus.
(72) N.G.L. HAMMOND, Epirus, p. 233 et 698.
(73) N. CEKA, La ville illyrienne de la Basse-Selce, Iliria, II, p. 167-215 ; de bonnes
photographies sont données dans l'album Monumente të Arkitekturës ne Shqipëri,
publié par l'Institut des Monuments culturels, Tirana 1973 (photographie 16 pour
la sépulture № 3, et photographie 17 pour la sépulture № 1) et dans l'album
Shqiperia Arkeologjike (photographie 46 pour la sépulture № 3, et
photographies de la planche 47 pour la boucle de ceinture et les boucles d'oreille à tête de
noir) ; voir aussi dans le catalogue de l'exposition du Petit Palais, L'Art albanais à
travers les siècles, les numéros 189-197.
(74) B. LEONARDOS, AE, 1925-26, p. 26, rfi 140, ligne 11 ; cette identification est
proposée par L. ROBERT, Notes d'épigraphie hellénistique, BCH, 1928, p. 434,
n. 6 et reprise par J. et L. ROBERT, Annuaires du Collège de France, 66, 1966,
p. 406 ; cf. P. CABANES, L'Epire ..., p. 384 et 505.
(75) Cf. D. BUDÍNA, Antigonée, Iliria, II, p. 345 et Résultats des fouilles dans les
agglomérations illyriennes de la Chaonie, 2e conférence des Études albanologiques,
II, p. 391-419 ;P. CABANES, L'Êpire ..., p. 510-515.
(76) Voir l'article de F. PRENDI - K. ZHEKU, La ville illyrienne de Lissus, son origine
et son système de fortifications, Iliria, II, p. 239-268.
(77) Cf. P. CABANES, L'Épire ..., p. 504-507.
(78) S. ISLAMI, La ville illyrienne à Zgërdhesh de Kruje, Iliria, II, p. 217-237.
(79) F. PRENDI - D. BUDÍNA, Fouilles 1960 dans la forteresse dirmaj (Gramsh),
Iliria, II, p. 25-66.
(80) S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie,
StudAlb, 1964, 1, p. 97-101 ; B. JUBANI, La céramique illyrienne de la cité de
Gajtan, Iliria, II, p. 409450 ; M. KORKUTI, La nécropole de Gajtan, Iliria, H,
p. 451466.
(81) S. ISLAMI - H. CEKA, Nouvelles données sur l'antiquité illyrienne en Albanie,
StudAlb, 1964, 1, p. 101.
DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 345

(82) В. JUBANI, La céramique illyrienne de la cité de Gatjan, Iliria, II, p. 409.


(83) S. ISLAMI, La citadelle illyrienne de Xibri, Deuxième Conférence des Études
albanologiques, II, p. 385-390.
(84) B. JUBANI - N. CEKA, Fouilles dans la cité illyrienne de Rosuje (Tropoje),
Iliria, I, p. 49-68 (en albanais, avec résumé français).
(85) Voir, sur ce point, P. CABANES, L'Êpire ..., p. 502-516, et la carte 11, où on a
souligné le développement d'une organisation qui ressemble fort à celui de la
polis.
(86) Voir en particulier S. ANAMALI, Le problème de la civilisation haute-médiévale
albanaise à la lumière des nouvelles découvertes archéologiques, A ctes du premier
congrès international des Études balkaniques et Sud-Est européennes, II, Sofia
1970, p. 547-559 (StudAlb, 1966,1, p. 199-211) ; du même auteur, De la
civilisation haute-médiévale albanaise, Les Illyriens et la genèse des Albanais, Tirana
1971, p. 183-199 ; du même auteur, Les nouvelles découvertes archéologiques
sur les rapports des Albanais avec Byzance dans le haut Moyen-Age, StudAlb,
1972,1, p. 135-141.
(87) Citons au moins son ouvrage intitulé Questions de numismatique illyrienne,
Tirana 1972 (édition française), 199 pages.

Addendum : II importe de signaler la parution, postérieure à la rédaction de


cet article, du numéro III de la revue Iliria.
Iliria III (édition française, Tirana 1975) contient les articles suivants :
- S. ISLAMI, L'État iîlyrien et ses guerres contre Rome, p. 548.
- M. KORKUTI - Z. ANDREA, La station du néolithique moyen à Cakran de
Fieri, p. 49-107.
- F . PRENDI, Un aperçu sur la civilisation de la première période du Fer en
Albanie, p. 109-138.
- N. CEKA, Un tumulus à Dukat, p. 139-161.
- A. MANO, La nécropole d'Apollonie, IIe-IIIe s. de notre ère, p. 163-263.
- D. BUDÍNA, La carte archéologique de la vallée de Drino, p. 355-392 ; et le
point sur les Fouilles archéologiques 1973, p. 393-501.

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