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Jean-Pierre LAPORTE
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurdjura,
Africa romana, t. 13, 1, 1998 (2000), p. 687-723.
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Carocci editore
Jean-Pierre Laporte
Exploration archéologique de la Kabylie
du Djurjura (Algerie)
GSELL, Etudes sur l'/îfrique antique, Scripta varia, Université de Lille III, 1981, 301 p. (avec
bibliographie, pp. 19-35).
5. Charles Diehl (1859-1944). Sa bibliographie jusqu'en 1930 se trouve dans le tome 1
des Mélanges Charles Diehl. Pour la suite, cf. Bulletin il'/Jistoire hyzantine, «RH››, 165,
1930; 175, 1935; 184, 1938. Pour nos études, son ouvrage essentiel reste L'Afrique hyzantine
(1896). _
6. Eugène Albertini, (1880-1941). Nécrologie par L. Leschi, dans «RAfr››, 85, 1941, pp.
139-60.
7. Qn trouvera nécrologie et bibliographie de Christian Courtois par P. Salama dans
<<RAfD>, 1957, PP- 435-8-
8. Louis Leschi (1893-1954) a été directeur des Antiquités de l'Algérie de 1932 ã 1954.
9. ]ean Lassus a été directeur des Antiquités de l'Algérie de 1955 à 1964. Pour sa bi-
bliographie archéologique par S. Sempère, cf. Hommage zi ]ean Lassus, <<AntAfr›>, t. 14,
1979, pp- 11-6-
10. La bibliographie de Marcel Le Glay (1920-1992) a été établie par Y. LE BOHEC,
J.-L. VOISIN, I/Afiique, la Gaule, la religion á l'époque romaine, Mélanges a` la mémoire de
Marcel Le Glay, Coll. Latomus 226, 1994, pp. XIX-XXX. Voir aussi A. MASTINO, Ricordo di
Marcel Le Glay, in L'Africa romana X, Sassarí 1994, pp. 53-61.
11. P.-A. Février est mort le 1o avril 1991 à 60 ans. Notices nécrologíques: V. SAXER,
P.-A. Février, <<RAC››, LXVIII, 1991, pp. 435-40. C. VISMARA, Ricardo di P.-A. Février, in
L'Africa romana VIII, cit., pp. 7-10. Voir sa bibliographie complète dans «Gallia››, 48, 1991,
pp. 2-12, et par N. DUVAL, Paul-Alhert Février (1931-1991), «AntAfr››, 27, 1991, pp. 307-12.
Autre bibliographie raisonnée: «BCTI-I›>, 22, B, 1992, pp. 9-33. G. CAIVLPS, Paul-Albert
Février, 1931-1991, «REMM››, 59-60, 1991, pp. 1-2. Une sélection de ses articles a été repu-
bliée dans La Méditerranée de P. -A. Février, t. I-II, Coll. EFR 225, 1996, 2 t., 1261 p.
12. Nous préférons l'expression Kabylie du Djurdjura, réalité géographique et humai-
ne, à Fexpression Grande Kabylie (due à Bugeaud), notion administrative Dans les
faits, l'étude historique de la région dans l'Antiquité amène très souvent à faire référence
également à la vallée de la Soummam, avec Bejaia (Bougie, antique Saldae) et la grande
plaine de Hamza, avec Sour el-Ghozlane (Aumale, antique Auzia), qu'il ne faudra pas s'é-
tonner de voir citer ici ã plusieurs reprises, même si leur exploration archéologique a été réa-
lisée de manière distincte, et parfois assez différente, par d'autres acteurs. La zone qui nous
occupe est couverte par les feuilles 5, 6, 7, 14 et 15 de 1'/ltlas archéologique de l'/llgérie.
13. Faute de place, nous ne citerons ici qu'une sélection tant des acteurs que de la
bibliographie correspondante.
14. La plupart des noms que nous allons citer ici comme auteurs de notes ou d'arti-
Exploration archéologique de la Kabylie du Djuijura (Algerie) 689
cles archéologiques se retrouvent comme auteurs de travaux cités dans la précieuse Biblio-
graphie ethnologique de la Grande Kabylie, par C. LACOSTE, Paris, 1962.
15. Les arrière-plans idéologiques peuvent être approchés commodément dans P.
LUCAS, J.-C. VATIN, L'Algérie des anthropologues, Paris 1975, malgré un choix de textes un
peu partial. Cet ouvrage mériterait aujourd'hui une suite sur l'évolution des idées, notam-
ment dans l'Algérie d”aujourd'hui. Le tout gagnerait en nuances.
16. Lettre de Hebenstreit sur un voyage å Alger, Tunis, Tripoli, apud BERNOUILLI,
Reisebeschreibungen, 1732, pp. 438-44.
17. E. SHAW, Travels or Observations relating to Several Parts of Barbary and the Le-
vant, 1738. Les observations archéologiques précises sur Auzia commencent après l'occu-
pation française du lieu en 1847 et avec la destruction des ruines pour la construction du
fort puis de la ville française d'Aumale, aujourd'hui Sour el-Ghozlane, cf. S. GSELL, Atlas
archéologique de l'Algérie, Alger-Paris 1911, f. XIV, 105. Bien que Sour-el-Ghozlane se trou-
ve à l'extrémité orientale du Titteri, au bord de la plaine de Hamza, dominée au nord-est
par le flanc sud du Djurdjura, son histoire antique est étroitement liée ã celle du Mons
Ferratus, c'est-ã-dire àla Kabylie du Djurdjura.
18. Sur la prise de Bougie, opération fort sanglante, cf. Général-Comte DE CORNU-
LIER-LUCINIÈRE, La prise de Bône et de Bougie d'après des documents inédits (1832-1833), Pa-
ris 1895, pp. 301-72.
19. M. DONDIN-PAYRE, La commission d'exploratzon scientzfique de l'/llgérie, in
L'/lfrica romana VIII, cit., p. 243: deux inscriptions découvertes lors de Yinstallation d'un
blockhaus dans la ville de Bougie le 3 avril 1834. DONDIN-PAYRE, La commission d'explora-
tion, cit., XIV, 1994, p. 69.
690 jean-Pierre Laporte
2o. CH.-B. HASE, Rapport sur quelques inscriptions latines, «]S››, 1837, p. 662, pa-
raphrasé par]. BERGER DE XIVREY, Traces de l'Histoire dans l'Algérie, «Revue de Pa1is››, 1°'
juillet 1838, pp. 35-51 [pour Bougie, pp. 47-8].
21. Lieutenant-Colonel EDOUARD LAPENE, Vingt-six mois a` Bougie, Paris-Toulouse
1839, p. 17 à 24 pour les ruines romaines, planches.
22. Archives de l'Académie des Inscxiptions et Belles Lettres, registre E. 81, séances
des 24 juin, 1er juillet, 3 août 1836. En 1841, l'Académie honora Paul Prieur d'une mention
très honorable pour ses communications sur les ruines de l'Algérie, Registre 82, p. 420,
séance du 30 juillet 1841.
23. Sur la disparition de cette inscription, cf. J.-P. LAPORTE, Notes sur l'aqueduc de
Saldae, in L'Africa romana XI, Ozieri 1996, p. 714.
24. On en connaît une exemple frappant dans la région de Guelma. C. DE VIGNERAL,
Ruines romaines de l'Algérie, Cercle de Guelma, Paris 1867, pp. 89 et pp. 106, fig. XX, à
propos d'une borne milliaire: «Elle était très nette quand les Arabes l'ont déterrée, mais
ils l'ont mutilée à plaisir, d'après cette idée très répandue que, descendants des Roumis,
nous trouverions sur les inscriptions de nouveaux droits de possession du sol››.
25. M. DONDIN-PAYRE, Le capitaine Delamare. La réussite de l'Arché0logie romaine au
Exploration archéologique de la Kabylie du Djuiyura (Algerie) 691
instinctivement lié aux nations civilisées par le lien si puissant de l'am0ur du travail››.
Même idée, pp. 124: <<lorsque des relations amicales auront été établies avec cette popula-
tion laborieuse, et qu'il sera possible d'étudier par soi-même les industries diverses
auxquelles elle se livre>>, il sera possible «de mettre en évidence la grossièreté des
procédés utilisés [par l'artisanat kabylel, de la faire toucher au doigt par les Kabiles eux-
mêmes, et, en les initiant ã nos procédés perfectionnés, de leur ouvrir une source de bien-
être et de grandeur où ils puiseront le respect pour le génie européen et des bénédictions
pour leurs vainqueurs››.
33. Ibid., p. 124.
34. A. BERBRUGGER, Sarcophage romain de Dellys, «RAfr››, 2, 1857-58, pp. 309-17 =
«RA», série 1, 15, 1859, pp. 49-54.
35. J. BARBIER, (Visite å Tigzirt), «journal de la Colonisation» du 3 octobre 1856 (texte
repris par L. RÉNIER, Extrait d'un voyage archéologique dans la Grande Kabylie, «Journal
de l'Instruction publique» du 2 juin 1858. Le texte de Barbier était illustré par une grande
planche gravée donnant une vue générale du site et intitulée: Ruines de l'ancienne Rusu-
curum au Cap Tedlès (Kabylie).
36. P. BOYER, L'Algérie médiane de 1830 a` 1956, Paris 1960, p. 180.
37. Notons toutefois qu'un plan de Dellys dressé en 1844 montre que la rue était déjà
presque droite et flanquée de ruelles perpendiculaires. Elle pourrait avoir conservé le tra-
cé d'une voie antique (probablement le cardo maximus), cf. ].-P. LAPORTE, s.v. Dellys,
dans Encyclopédie berbère, t. XV, Aix-en-Provence 1995, p. 2259.
38. Le vandalisme d'entrepreneurs, civils ou militaires, lors de travaux et/ou de récu-
pération de matériaux, est de tous les lieux et tous les temps. Pour l›Algérie, voir l'article
de N. Benseddik dans le présent volume. Pour la Tunisie et l'Algérie, rappelons égale-
ment un travail un peu oublié de C. DIE!-IL, Les découvertes de l'Archéologie française en
Algérie et en Tunisie, paru en 1892 dans la «Revue Internationale de l'Enseignement”, t.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 693
24, 1892, 39 p., dont le chapitre II (pp. 13-20 du tiré ã part), d'une sévérité rare, s'intitule:
Le vandalisme contemporain dans l'Afn'que du Nord.
39. (BERBRUGGER), Ruines de Tigzirt (Iomnium), «RAfr››, 7, 1863, p. 398.
40. Voir la communication de Monique Dondin-Payre dans le présent volume.
41. Après 1871, Fort-Napoléon devint Fort-National, aujourd'hui Larba-n'ath Iraten.
42. En Grande Kabylie, le seul exemple notable est l'installation de condamnés poli-
tiques ã Ben N'choud, dans la vallée du Sebaou en 1858, cf. P. CARATÉRO, Les centres de
peuplement et de colonisation de la Grande Kabylie, I, Dellys, 1998, p. 250.
43. Le senatus-consulte de 1863 déclara les Arabes propriétaires de toutes les terres
qu'ils occupaient. Le décret du 31 décembre 1864 supprima les concessions gratuites aux
colons européens auxquels les Bureaux arabes étaient de plus en plus hostiles. De 1851 ã
1860, 91 centres de colonisation avaient été créés, le chiffre tomba ã 23 pour la période
1861-1870.
694 jean-Pierre Laporte
44. CI-I.-R. AGERON, La France a-t-elle eu une politique kabyle?, «RH››, avril 1960, pp.
311-52. A. OUERDANE, La question berbère dans le mouvement national algérien (1926-1980),
Québec 1990, pp. 22-3. S. CHAKER, Berbères aujourd'hui, 1989, pp. 83-92: La politique ber-
bère de la France. Cf. également J. MORIZOT, Les Kabyles, propos d'un témoin, 1985, pp.
133-54, ch. X: Politique berbère, politique kabyle.
45. Pour un témoignage contemporain précis, et quelque peu scandalisé, cf. F. CHAR-
VÉRIAT, A travers la Kabylie et les questions kabyles, 1889, pp. 221-5.
46. Sur ces organismes et leur impact, cf. X. YACONO, s. v. Les Bureaux arabes, dans
Encyclopédie berbère, t. X1, Aix-en-Provence 1992, pp. 1657-68.
47. Un panorama de l'action des militaires français au profit de l_'épigraphie et de
Yarchéologie algériennes a été dressé en 1874, précisément au moment où cette phase s'ar-
rêtait. Cf. L.-CI-I. FÉRAUD, Conférences sur les résultats obtenus jusqu'i`ci par les études épi-
graphiques algériennes, faites les 28 mars et 2 avril 1874 á la Réunion des ofliciers d'Alger,
Publication de la Réunion des officiers d'Alger, Alger, p. 7: «La majeure partie des pro-
grès obtenus dans la science épigraphique, depuis que nous sommes en Algérie, est due à
l'initiative et aux labeurs de l'armée et il faut tenir à honneur de ne pas laisser tomber cet
héritage de vos devanciers en des mains étrangères››. Féraud fait ensuite un large déve-
loppement sur les vestiges de toutes les époques, en commençant par les monuments
mégalithiques (où pourtant Fépigraphie était réduite à la portion congrue) jusqu'aux é-
pées traditionnelles, dont les lames, souvent d'origine européenne, portaient parfois des
inscriptions espagnoles, en développant naturellement le passage relatif à l'épigraphie an-
tique.
48. A la page 6 de son exposé cité àla note précédente, Féraud rappelle une maxime
de Napoléon (I°f): «Quand on veut dominer un pays, on ne saurait jamais trop bien con-
naître. son passé, son histoire, ses traditions, ses tendances››.
49. Les découvertes étaient souvent signalées immédiatement par Berbrugger, infati-
gable (et irascible) rédacteur de la «Revue africaine››.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djiiijura (Algerie) 69$
50. Il ne faut toutefois pas oublier que la société kabyle qu'ils décrivent avait été pro-
fondément choquée, et parfois déjà disloquée, par la conquête française; elle ne représen-
tait plus l'état “idéal” de ce qulelle pouvait être auparavant. Cet état en quelque sorte ca-
nonique est d'ailleurs probablement une illusion, dans la mesure où l' “immobilité” de la
société berbère, parfois encore évoquée, est une fiction. Comme les autres, elle a évolué à
travers le temps, même si l'on note d'étonnantes permanences.
51. J.-P. LAPORTE, Datation des stèles libyques figurées de Grande Kabylie, in L'Africa
romana X1, cit., pp. 389-423 avec l'histoire des idées sur ces stèles, pp. 401-10.
52. On note toutefois une véritable route antique fortifiée jalonnée de forts et de for-
tins unissant la vallée du Sebaou et la vallée de la Soummam, entre Bida (Djemaa Saha-
ridj) et Tubusuptu (Tiklat). Nous en préparons la publication. Les villes étaient entourées
d'un rempart (seul celui de Bida, sans doute très enterré, n'est pas encore attesté).
53. Joseph Thomas, né le 20 mars 1812. Promu colonel le 12 juillet 1848. Blessé àla ba-
taille de l'Alma. En 1853, lors de l'affaire des Babors, il commandait la 2° brigade de la di-
vision Mac Mahon. Promu général le 1er janvier 1854. Décédé le 24 octobre 1859. Rensei-
gnements donnés parle Colonel F. REYNIERS, «RAfr›>, 104, 1960, p. 402, n. 6.
54. Général THOMAS, Ruines romaines de Zefloun, <<RAfr››, 2, 1857-58, pp. 400-46.
55. BERBRUGGER, Bas-relief envoyé de Grande Kabylie, <<RAfr››, 2, 1857-58, p. 492, S.
GSELL, Atlas, 1911, f. VI, n. 97.
56. Henri Aucapitaine était issu d'une famille notable du Berry, remontant au XV°
siècle. Né à Saint-Maurice, près de La Rochelle, le 5 novembre 1832, il s'intéressa de bon-
ne heure aux sciences naturelles. A dix-sept ans, il était déjà inscrit àla Société des scien-
696 Jean-Pierre Laporte
capitaine une médaille d`or pour ses travaux sur l”Algérie et l'Orient. L'Académie natio-
nale avait publié nombre de ses travaux sur les sciences naturelles et géographiques et re-
produit entre autres le travail sur l'0asis de Bou Saada paru auparavant dans la «Revue de
l'Orient››, n.s., 11, 1860, p. 224.
61. Nous avons tenté de compléter la liste des principales publications d'Aucapitaine
donnée par L. DE RICHEMOND, Nécrologie, Henri Aucapitaine, 1832-1867, Académie des
Belles Lettres et Arts de La Rochelle, 1866-67, pp. 156-61, en nous limitant cependant aux
articles archéologiques et historiques.
62. Les confins militaires de la Grande-Kabylie sous la domination turque (province
d'Alger), Moquet, 36 p.
63. «Le Correspondant››, 25 juin 1857.
64. «Nouvelles annales des voyages››, 1858.
65. «RAfn>, 2, 1857-58, p. 243.
66. «RAfr>›, 2, 1858, p. 488.
67. Ibid., p. 490.
68. «RAfr››, 3, 1858, pp. 233-5.
69. Ibid., pp. 238-40.
70. Ibid., p. 315 (avec mention de la stèle d'Abizar).
71. «RA››, 1859, 2, p. 499, fig.: partie supérieure d'une stèle funéraire dlépoque romai-
ne représentant un couple = LECLERC, <<RAfr››, 2, 1858, p. 144 (avec description).
72. «RAfr››, 4, 1859-60, pp. 446-58. A propos des Aït Fraoucen, qu'il rattache aux
Fraxinenses, considérations générales sur l'archéol0gie de la région et description de Dje-
maa Saharidj (texte repris par MARTIN, Bida, 1962, pp. 43-4).
73. «Bulletin de la Société de Géographie››, 4€ série, t. 18, 1859, 2€ semestre, pp. 254-
698 Jean-Pierre Laporte
60, 2 fig. Description des ruines antiques du Kef Macouda (identifié à tort avec le Fundus
Petrensis cité par Ammien Marcellin).
74- <<lA>>› 1859-
75. «Revue de l”Orient, de l'Algérie et des colonies, Bulletin de la Société orientale
de France››, n. s., 9, 1859, pp. 389-95.
76. «Revue de l'Orient››, t. X, 1859-60, pp. 471-3.
77. «RAfr››, 4, 1859-60, p. 73.
78. Ibid., p. 237.
79. Ibid., pp. 418-21, pl.
80. Ibid., p. 316: un petit bronze de Constance II trouvé à Djemaa Saharidj.
81. Revue non identifiée.
82. Revue non identifiée.
83. «RAfr››, 4, 1860, p. 237 (entre Auzia et Bouira).
84. <<Mém0ires de la société de Géographie de Genève››, i860, 28 pp. avec carte.
8;. «RAff», 6, 1862, p. 46.
86. «Revue des Sociétés savantes››, 1862.
87. «RAfr», 7,1863, p. 393.
88. «RAfr», 9, 1865, p. 280. et <<RAfr››, 11, 1867, pp. 113, 211, 259, 357.
89. <<RSAC››, t. IX, 1865, p. 92.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 699
90. Louis Hanoteau était né à Decize (Nièvre) le 12 juin 1814, G. VAPEREAU, s.v. Ha-
noteau, dans Dictionnaire universel des contemporains, t. 2, 1891, p. 757. C.-M. DIGNE, s.v.
Hanoteau, dans Dictionnaire de biographie française, t. XV11, 1989, col. 592-593.
91. Sur Letourneux, cf. ci-dessous et G. CAMPS, Monuments et rites funéraires pro-
tohistoriques, Paris, 1961, pp. 16-7.
92. Général A. HANOTEAU, A. LETOURNEUX, La Kabylie et les coutumes kabyles, Paris
1872-73, trois volumes in-8° (seconde édition en 1893). Le tome I et la première partie du
tome H intéressent plutôt l'ethn0l0gie, tandis que la suite traite essentiellement du droit
kabyle. A noter un étonnant compte rendu de ce travail par E. RENAN, Exploration scien-
tifique de l'Algérie. La société berbère, «La Revue des deux m0ndes››; 1er septembre 1873,
réimprimé dans Algérie 1830-1862, coll. Trésors retrouvés de la Revue des deux mondes,
1999,1>1›- 269-87-
93. Larbaa n'ath Iraten, ex-Fort-National.
94. M. EMERIT, Les Saint-Simoniens en Algérie, Alger-Paris 1941, p. 303.
95. Deux volumes de sa correspondance, conservés dans une collection privée, don-
nent quelques détails supplémentaires. J'ai pu les consulter et y trouver quelques détails
sur les fouilles menées en 1857-1858 dans le mausolée d'Aguemmoun Oubekkar, S. GSELL,
Atlas, VI, 1911, f. V1, n. 97.
96. <<RAfr››, 3, 1858, p. 236.
97. «RAfr››, 4, 1859-60, p. 151.
98. «RAfn›, 5, 1861, pp. 174-83.
99. <<RAf1>›, 6, 1862, p. 73 (Fouilles d,Aguemm0un Oubekkar, mines d'Imaïnserene
et d'Iril Tazert).
100. Cf. A. PAPIER, (Notice nécrologique de) A. Letourneux, CRA Hippone, 1890, pp.
XXVIII-XXI.
700 Jean-Pierre Laporte
L'insurrection de 1871
et le développement dela recherche “civile”
112. C. DE VIGNERAL, Observations au sujet des remarques sur les stèles de Takitount,
«RAfr››, 7, 1863, p. 315 (dans les Babors, entre Séfif et Ziama = S. GSELL, Atlas, 1911, f. XVI,
107).
113. C. DE VIGNERAL, Ruines romaines de l'Algérie, subdivision de Bône, cercle de
Guelma, Paris 1867, 107 p.
114. C. DE VIGNERAL, Ruines romaines de l'Algérie, Kabylie du Djuraÿura, Paris 1868,
91 p., 17 pl.
115. L.-CH. FÉRAUD, Histoire des villes de la province de Constantine, «RSAC››, 13,
1869, p. 87 ã 407, Bougie. Un résumé de cet article a été publié dans le Fichier de docu-
mentation berbère en 1952.
116. Le lien entre des difficultés de la France et une possible insurrection locale avait
été pressenti par Mac Mahon, gouverneur de l'Algérie (cf. GASSENMAYER, Le cardinal La-
vigerie, 1888, t. I, p. 162). Il se vérifia en Kabylie de manière précise pendant l'insurrection
de 1871, cf. F. CHARVERIAT, A travers la Kabylie et les coutumes kabyles, 1889, pp. 111-2, 159.
Hanoteau et Letourneux (t. II, p. 105), semblent avoir prévu Pinsurrection de 1871, toute-
fois leur ouvrage n'est paru qu'après celle-ci. C. LACOSTE-DUJARDIN (Opération Ôiseau
bleu, 1997, pp. 224-8) souligne à juste titre que cette faiblesse de la France survenait égale-
ment après plusieurs années de catastrophes naturelles et de famine en Algérie, notam-
ment en Kabylie. Des liens de ce type devraient sans doute être au moins envisagés lor-
sque l'on étudie les insurrections de l'époque romaine.
702 _lean-Pierre Laporte
huit décennies plus tard. Dellys faillit tomber. La répression militaire fut
féroce et meurtrièrem.
L'ampleur de la révolte avait souligné de manière cinglante l'échec de
la politique impériale en Algérie. L'effacement des militaires comme ad-
ministrateurs laissa la place aux intérêts coloniaux. L'administration de la
région fut enlevée à l'Armée et les efforts de rapprochement abandonnés
au profit, de la colonisation agricole. Les tribus furent “cantonnées”. Les
terres de plaine furent confisquées, affamant les montagnards qui les cul-
tivaient et accélérant l°émigration traditionnelle. De manière tout-à-fait
parallèle et significative, se développèrent des tentatives d'évangélisation,
par les Jésuitesng, puis les Pères blancs“9. -
Sur les terres confisquées, on installa des Alsaciens-Lorrains en villa-
ges complets. Dès la fin de 1871, certains furent installés à Bordj Menaïel,
en 1872' à Isserville, Abbo, Rebeval, en 1873 à Ménerville, puis à Bouira.
Des fermiers s'installèrent à Cap Djinet en 1873. Les Alsaciens-Lorrains
qui avaient choisi la France retrouvèrent leurs cigognes, mais aussi des ves-
tiges antiques. Quelques découvertes sporadiques d'objets furent si-
gnalées. De pauvres gens s'épuisèrent à mettre en valeur des terres arra-
chées à de plus pauvres qu'eux. Les lots de colonisation étaient souvent
trop petits ou trop peu fertiles pour nourrir une famille. Nombreux fu-
rent ceuxqui moururent àla tâche ou qui renoncèrent; des centres de co-
lonisation furent même abandonnésm. La colonisation s'essoufla. Il fal-
lut attendre 1881 pour la création du village de Port-Gueydon et 1889 pour
117. Sur la révolte de 1871 et sa répression, cf. les références citées par LACOSTE, Biblio-
grapbie etbnologique de la Grande Kabylie, cit., pp. 42-7, et en dernier lieu C. SICARD, La
Kabylie en feu, Algérie, 1871, Paris 1999, récit cursif avec peu de références mais intéres-
sant par le fait qu'il présente la révolte dans son intégralité géographique, qui a largement
débordé le territoire de la Grande Kabylie proprement dite. _
118. Des Jésuites s'installèrent à Djemaa Saharidj en 1872. L'esprit de leur interven-
tion, tournée vers les conversions, a été largement exposé par l'un d'entre eux: P. JOSEPH
DUGAS, SI, La Kabylie et le peuple kabyle, Paris 1877. Ils abandonnèrent cet établissement
en 1881 au moment des décrets sur les Congrégations. Pour un témoignage laïc contempo-
rain sur leur installation, et celle des Pères Blancs puis des Sœurs blanches, cf. F. CHARVÉ-
RIAT, A travers la Kabylie et les questions kabyles, 1889, pp. 160-5. Plus récemment, cf. MO-
RIZOT, Les Kabyles, cit., pp. 144-7, passim.
119. L'installation des Pères blancs en Grande Kabylie suivit une visite de l'arche-
vêque d'Alger, Mgr Lavigeiie, ã Fort-National en fin 1872. Le premier établissement, très
sommaire, eut lieu aussitôt à Taguemount Azzouz. En 1873, de nouvelles fondations se fi-
rent aux Ouadhias et aux Arifs, cf. Père CUSSAC, des Pères blancs, Un géant de l'apostolat,
le cardinal Lavigerie, 1940, pp. 57-9.
120. P. CARATÉRO, Les centres de peuplement et de colonisation de Grande Kabylie, t.
1, Dellys [et sa région] , 1998, 447 p.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 703
125. Lieutenant-colonel E. MERCIER, Notes sur les ruines et les voies antiques de l'Al-
gérie recueillies par les soins des brigades topographiques, «BCTH››,'1885, pp.344-53 (Tig-
zirt, Taksebt, Azeffoun, Djemaa Saharidj). ID., Notes sur les ruines et les voies antiques de
l'Algérie recueilles par les brigades topographiques, <<BCTH››, 1886, pp. 466-77. ID., Notes
sur les ruines et les voies antiques de l'Algérie recueilles par les brigades topographiques,
«BCTH», 1888, pp. 92-4.
126. H. LACOUR, L. TURCAT, Trouvailles d'objets préhistoriques dans la région de Del-
lys, «BCTI-I››, 1900, p. 513.
127. P. GAVAULT, Antiquités de Dellys, «BCTH››, 1895, pp. 132-41, pp. VI-VII. Inventai-
re de la collection Lacour, mur d'époque maurétanienne.
128. Objets provenant de Tigzirt et de Taksebt attestés dans la collection Lacour. stèle
provenant de Taksebt (mention écrite sur une photographie conservée àla Direction des
Antiquités de l'Algérie), balance antique provenant de Tigzirt, monnaies diverses.
129. P. WUILLEUMER, Musée d'Alger, Supplément, 1928, passim.
130. Camille Viré naquit le 7 juin 1865 à Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne). Comme
son frère, Armand Viré, il fut initié à l'archéologie par son oncle Louis-Achille Viré.
Après des études de droit, il devint avocat au barreau de Paris en 1889. Dès 1891, il partit
en Algérie. Juge de Paix en 1893 à Taher (Petite Kabylie), il s'établit à Bordj Menaïel en
1894. D'abord juge de paix, il devient avocat en 1895 et slinstalla plus tard à Dellys.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 705
Dellys, de 1894 jusqu'à sa mort en 1913, mena autour de ces deux villes des
prospections actives et fructueuses. Il étudia d'abord les implantations
antiques dans le canton de Bordj Menaïelm. En 1898, Il fouilla le mauso-
lée de Blad Guitoun, publié peu après par S. Gsellm et souvent fausse-
ment attribué depuis à Firmus. Collaborateur régulier du Musée d'Alger,
il y envoya en 1902 la stèle libyque d”Agouni Gouranem, et en 1903 celle
des Ouled MoussaI34. Il conservait par devers lui des objets de moindre
importancegï. En 1903, Camille Viré effectua quelques fouilles à Cap Dji-
net; il y trouva un trésor de monnaies de ]uba II et de PtoléméeI36. Peu
avant 1909, il découvrit ã Takdempt, à 4 km ã l'ouest de Dellys les restes
probables d'une allée couverteI37.
Camille Viré mourut à Bordj-Menaïel le 13 décembre 1913 à 48 ansI38.
Vel signale parmi les dernières trouvailles de C.Viré, <<t0ut récemment››,
la fouille de tombes antiques à Bordj Menaïel, avec de beaux objets de
bronze; deux épitaphes datées de 292 et de 307 dans les villages de Félix-
Faure et de Courbet, une inscription bilingue dans un cimetière “indi-
gène” près de Tigzirt. Par ailleurs, Camille Viré laissait «presque entière-
ment achevée une grande histoire de la basse Kabylie et du pays des Is-
sers›› restée inédite et aujourd'hui introuvableI39. Une bibliographie
abondante et d'importants vestiges de sa collection sont complétés main-
tenant parla découverte récente d'une partie de sa correspondance_“'°.
Pierre Gavault, architecte, ami de S. Gsell, effectua de nombreuses
recherches à Algerm, Cherchelm et Tipasa'43, mais aussi à Aïn Tou-
kriamf. En 1893, il obtint du Comité des Travaux Historiques une subven-
131. C. VIRÉ, Archéologie du canton de Bordj Menaïel, <<RSAC››, 1898, t. XXXII, p. 1 à 70.
132. S. GSELL, Le mausolée de Blad Guitoun, <<CRAI››, 1898, pp. 481-99.
133. S. GSELL, «BCTH››, 1900, p. CLIQQUX. P. YWUILLEUMIER, Musée d'Alger, Supplé-
ment, 1928, p. 12, note 6.
134. P. \WUILLEUMIER, Musée d'Alger, Supplément, 1928, p. 12, note 7.
135. L. JACQUOT, Inscriptions relevées en 1910, <<RSAC››, 1910, pp. 346-7 (marques de
potiers de la collection Viré ã Dellys).
136. Ce trésor sera décrit et analysé par S. GSELL, <<BCTH››, 1903, pp. CLX-CLXI.
137. C. VLRÉ, «BSPF››, VI, 10, 1909, pp. 515-6 (33° rapport à la Commission des encein-
tes).
138. La mort de C. Viré est signalée très brièvement dans <<RAfr››, 58, 1914, p. 5. A.
VEL, «RSAC››, t. xrvn, 1913, p. 818. ANONYME, BTSGA Oran, t. 33, 1913, p. 586.
139. Nécrologie de C. Viré, BTSGA Oran, t. 33, 1913, p. 586, par un anonyme qui espérait
que cet ouvrage serait bientôt édité par sa famille.
140. Avec Marc Viré, son arrière-petit-fils, nous préparons une publication à ce sujet.
141. P. GAVAULT, «RAfr››, 38, 1894, pp. 65-78.
142. P. GAVAULT, <<RAfr››, 27, 1883, p. 482.
143. Ibid., pp. 160, 321-3, 400 ã 404, 479-84; t. 28, 1884, p. 74 ã 80.
144. Ibid., p. 231 ã 240.
706 Jean-Pierre Laporte
Puis tout à coup apparaît un autochtone, Si Amar ben Saïd Boulifa, répé-
titeur puis professeur de Berbère à Alger*55. Ce fut un grand précurseur
des études berbères. Au lieu de se cantonner dans des études purement
locales, il explora plusieurs contrées du Maghreb et participa notamment
en 1904-1905 à la mission Segonzac au Maroc, d'où il ramena ses Textes
berbères de l'Atlas, mais aussi le sentiment profond de l'unité du
Maghreb berbère. Ses travaux rencontrèrent à l'époque une certaine mé-
fiance chez les berbérisants officiels français, réticents à la fois à reconnaî-
tre un “indigène” comme un pair et à admettre son engagement berbère.
Ce n'est qu'en 1959 qu'André Basset devait reconnaître son erreur156.
Nous sommes concernés ici plus spécialement par l'intérêt de Boulifa
pour l'histoire et archéologie. Dans ce domaine, il effectua de 1909 à 1912
plusieurs missions en Kabylie, dont le compte rendu fut présenté à l'Aca-
démie des Inscriptions et Belles Lettres par René Basset, avec lequel il
correspondaitI57. En fort peu de temps, Boulifa signala un ensemble de do-
cuments tout à fait remarquables, notamment plusieurs stèles libyques fi-
gurées. Il étudia notamment les inscriptions libyques d'IfighaI58. Avec lui dé-
butait une réappropriation de l'Histoire, qui restait toutefois confinée ã un
petit cercle d'intellectuels algériens. Plus tard, en 1925, il devait publier une
synthèse sur l'histoire du Djurdjura dont nous parlerons plus loin159.
154. Ces trésors semblent bien conservés, mais ne sont pas classés et restent donc en-
core difficilement accessibles. Lettre de la Société Préhistorique de France, 22 rue Saint-
Ambroise, 75011, Paris, du 3 1992.
155. Né vers 1865 à Adeni (Irjen, Grande-Kabylie), Si Amar ben Saïd, dit Boulifa, de-
vint répétiteur puis professeur de Berbère à Alger. Il mourut en 1931. Sur son œuvre, cf. S.
CHAKER, s.v. Boulifa, dans Encyclopédie berbère, t. X, Aix-en-Provence 1991, pp. 1592-4. S.
CHAKER, Documents sur les précurseurs. Deux instituteurs kabyles: A. S. Boulifa, M. A. Le-
chain, «Revue de l'Occident Musulman et de la Méditerranée», 44, 1987, Berbères, une
identité en construction, pp. 102-15: Saïd Boulifa.
156. André Basset, cité par S. CHAKER, «Revue de l'Occident Musulman et du
Maghreb››, t. 44, 1987, pp. 103: «Seule une défiance exagérée vis-à-vis d'Abès et de Boulifa
nous avait empêché d'en rechercher les notations et d”en tenir compte. Il nous a fallu
deux enquêtes personnelles [...] pour en apprécier la valeur››.
157. Nécrologie de R. Basset par G. FERRAND, René Basset (1855-1924), «JA››, CCIV,
192-4› PP- 37'41-
158. S. BOULIFA, Note sur l'inscription libyque d'Ifira, Mission du haut Sebaou, «RA››,
53. 1909, PP~ 387-405-
159. S. BOULIFA, Le Djurdjura å travers l'Histoire, Alger 1925.
708 Jea11-Pierre Laporte
Cette période, tout comme la précédente, avait été faste pour l'ar-
chéologie. Toutes deux furent en quelque sorte couronnées, mais aussi
closes, par les grandes synthèses que constituèrent les Monuments anti-
ques de l'Algérie de S. Gsell en 1901, le suplément au tome VIII du Corpus
Inscriptionum Latinarum pour les Maurétanies par Schmidt et Cagnat en
1904 et, enfin, le monumental Atlas archéologique de l'Algérie publié par
Gsell en 1911.
160. Une partie du ralentissement des trouvailles archéologiques pourrait être liée ã
l'arrêt des défrichements coloniaux autour de 1900, avec même un mouvement de réap-
propriation de la terre par les autochtones. L'ampleur de ces rachats a été signalé en 1906
par Paul Leroy-Beaulieu pour la vallée de la Soummam (cf. Algérie, 1830-1962, Paris, 1999,
p. 377), et en 1909 par Rouire pour la Grande Kabylie (ibid., p. 411). Ce phénomène paraît
notamment sӐtre produit aux alentours d'Haussonvillers (aujourd'hui Naciria).
161. J. CARCOPINO, Mélanges d'épigraphie algérienne, III, Tigzirt et Taksebt, «RAfr››,
58.1914, PP- 343-50-
162. E. ALBERTINI, «BCTH››, 1923, pp. CLVII-CLVIII, et ID., Inscription martyrologique å
Tigzirt, <<CRAI››, 1931, pp. 6-9.
163. J. CARCOPINO, Notes sur les antiquités du Tamgout, «BCTH››, 1919, pp, 75-6 et
172-3. ID., ibid., 1920, pp. cxxin er Lxm-Lxrv, et 1921, pp. cioorvi-Qootvn.
164. AYMARD, La légende de Bellérophon sur un sarcophage du Musée d'Alger,
«MEFR››, 52, 1935, pp. 143-84.
165. E(1tNEsT?) VISBECQ, (Dellys), La Kabylie française, «Journal de Tizi-Ouz0u››, de
septembre 1922 ã février 1923. Série d'articles sur Dellys (repris dans un opuscule paru en
1926).
166. B0UL11=A, Le Djurdjura, cir.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djuijura (Algerie) 709
première fois dans la région, apparaissaient des continuités et non pas les
seules aventures séparées de colonisateurs ou d1occupants successifs.
Mais ceci resta lettre morte. En 1930, la population d'origine eu-
ropéenne fêta le Centenaire de l'Algérie. De manière significative, on ne
précisait pas, le plus souvent, «de l'Algérie française››, un peu comme si
cet immense pays et ses habitants n'avaient pas existé avant 1830. Dans le
même sens, entre les deux guerres, l”expression «les Algériens›› désignait
la population européenne167, tandis que les Algériens de souche étaient
désignés comme <<Indigènes››, ainsi relégués par la parole même dans un
no man's land incertain.
On continuait à construire dans la région, mais il n'y avait plus de té-
moin présent et attentif pour signaler les découvertes fortuites; l'archéo-
logie locale de l'Antiquité s'était comme évanouie. En revanche, les étu-
des et les prospections se développaient pour les époques préhistoriques,
notamment avec celles du docteur Marchand, médecin à Alger, de 1932 à
1940 environ168. On note également une visite de l'abbé Breuil en 1936169,
avant des prospections de Lionel Balout en 194617°.
167. C'est seulement plus tard que les d'origine européenne se sont emparés,
par fierté et par défi, du surnom de Pieds-noirs dont on les avait affublés par dérision.
168. Dr. H. MARCHAND, A. AYME, La station préhistorique des gorges des Palestro,
«Bull. Soc. Hist. Nat. Af. du N0rd››, t. XXIII, 1932, pp. 11-22 (habitat ibéro-maurusien). Dr.
H. MARCHAND, A. AYME, La station préhistorique du plateau de Souanine, «Bull. Soc. Hist.
nat. Af. du Nord››, t. XXIV, 1933, pp. 71-87. Dr. H. MARCHAND, Stations préhistoriques de
Yakouren et de l'Akfadou, «Bull. Soc. Hist. Nat. Af. du Nord>›, t. XXXI, 1940, 2° semestre,
pp. 149-56. Stations ibéro-maurusiennes et atériennes, rocher gravé de Toukhra (pl. III, IV, 5).
169. H. BREUIL, M. REYGASSE, Dr. P. ROFFO, Excursion dans l'Afrique du Nord,
<<Joumal de la Société des Africanistes››, t_. 6. 1936, pp. 163-6, p. XXIII, 2. Quartzites taillés,
coups de poings, entre Azazga et Tamda. (cf. Musée d'Ethnographie du Bardo, Collections
préhistoriques, pl. II).
170. L. BALOUT, Prises de dates, «BSPF››, XLIII, 1946, pp. 222-4. Divers gisements si-
tués sur le littoral entre Alger et Dellys. N. 6: gisement de l'oued Amara, près de cap Dji-
net, industrie moustérienne. Cf. BALOUT, Prises de dates, cit., t. 37, n. 2, p. 23.
710 Jean-Pierre Laporte
Je suis l'Agha Belaïd. J'ai longtemps vécu au Hoggar avec le Père de Foucauld.
Quand j'étais méhariste, il m'a appris à lire le Tamachek. Je sais ce que vous fai-
tes; si vous le voulez, je vous accompagnerai.
174. Sur l'histoire des Pères Blancs en Kabylie, cf. A. PHILIPPE, Missions des Pères
Blancs, Tunisie, Algérie, Kabylie, Sahara, 1930, 146 pp., notamment pp. 64-5. Voir égale-
ment ci-dessous, p. 702.
175. Un survol du contenu du Fichier de documentation berbère (<<FDB››) a été donné
par le Père J. Lanfry en introduction à la Table du Fichier périodiques (1946-1972) parue en
1974. 280 titres sur 380 environ concernent la Grande Kabylie. On note plus de quarante
collaborateurs algériens et une large quinzaine de collaboratrices algériennes, ce qui est
exceptionnel par rapport à la production scientifique française de l'époque.
712 Jean-Pierre Laporte
1954 - 1962
Le premier novembre 1954, éclatait en effet la guerre d'Algérie. Ceux qui
prenaient les armes reprenaient aussi en main leur propre histoire. Mais
cette histoire et l'archéologie qui en est l'auxiliaire posaient problème.
Nous disposons pour cette période, et pour la Kabylie du Djurdjura,
d'un document de première main: un ouvrage de Jean Servier, paru au
quatrième trimestre 1955177, c'est-à-dire un an seulement après le début de
Pinsurrection, dont ni le sens ni l'impact n'apparaissaient encore claire-
ment. Jean Servier, ethnologue, était l°une des rares personnes en capaci-
té d'approcher ce qui se passait dans les esprits “de l'autre côté”. Il se
trouvait à Arris le premier novembre 1954178. Il passa ensuite en Grande
Kabylie. Il donne le témoignage suivant179:
On m'avait sign alé, sur la P lace d'un marché18°, une inscriP tion lib Yque, la très
vieille langue écrite des Berbères › encore en usa8 e chez les Touareg , mais aban-
donnée depuis des siècles dans les montagnes du nord. Des membres du MTLD (le
P arti nationaliste alSérien)181, aPP renant Clue "allais venir our la relever, marte-
lèrent l'inscr1pt1on dans la nuit. lls avaient dit:
- Notre passé berbère est mort, nous voulons être des Arabes.
Le vieil homme qui me transmit le message eut un sourire las.
176. JDALLET, Le verbe kabyle, «FDB››, 1953, 491. Lexique partiel du parler des
Aït Menguellet. P. LANFRY, Monographie sur Ghadamès, «FDB››, 1969, 1970, etc.
177. J. SERVIER, Dans l'Aurès, sur les pas des rebelles, cit., 301 pp. La première partie
du titre est réductrice (l'ouvrage traite largement de la Grande Kabylie, et aborde égale-
ment d'autres régions).
178. Ibid., cit., pp. 7-29.
179. Ibid., pp. 128-9.
180. Il s'agit du marché d'Adekar (renseignement dont je remercie J. Servier); à un
kilomètre au dessus du village, se situe la forteresse romaine de Ksar Kebouch, S. GSELL,
Atlas archéologique de l'Algérie, 1911, f. VI, 115. Cf. SERVIER, Les Berbères (Que-Sais-Je), 3°
éd., Paris 1990, p; 32.
181. Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 713
Ainsi, dès la fin de 1954 et le début de 1955, sont attestés à propos d'une ins-
cription libyque des idées et des contradictions internes, qui sous-ten-
dent une part des difficultés des années 1970-1980182.
L'heure était aux combats. Les fouilles archéologiques à Tigzirt é-
taient terminées. Le site antique fut occupé par des militaires qui le nive-
lèrent en partie, pour installer des baraquements et une piste d'atterrissa-
ge pour hélicoptère. La grande basilique servit de terrain de sport, et
même de parking.
Peu après 1958, on note à Tizi-Ouzou la création du CERK, Centre
d'Etudes régionales de Kabylie, dont la curieuse composition semble res-
sortir tout autant de l'acti0n psychologique militaire183 que de la recher-
che ethnographique pure et simple. On peut cependant glaner quelques
informations archéologiques dans les rares exemplaires connus de son
bulletin, notamment un utile inventaire de collections numismatiques
réunies par des militaires aux alentours de Tigzirt et de Taksebt184 et le si-
gnalement d'une conduite d'aqueduc antique au cours de travaux à Cap
Djinet185.
De son côté, dans le registre scientifique, Gabriel Camps publiait en
1960 une synthèse sur Massinissa, grande fresque couvrant en fait toute la
182. La “question berbère” était en fait posée dès la fondation de l'Etoile Nord-Afri-
caine en 1926. Cf. de manière pratique A. OUERDANE, La question berbère dans le mouve-
ment national algérien (1926-1980), Québec 1990, 254 pp. Voir également S. CHAKER, Ber-
bères au]ourd'hui`, 1989, pp. 24-7, Les "berbéro-nationalistes” (1930-1950) et pp. 27-8 “Ara-
bes/Kabyles” au sein du FLN (1954-1962). L'h0stilité au berbérisme, supposé saper l*unité
nationale, était sans doute en partie une réponse au discours colonial (non officiel, mais
présent dans tous les textes) opposant systématiquement Arabes et Kabyles, ces demiers
étant supposés “assimilables” contrairement aux premiers. Voir la note suivante.
183. Sur une tentative militaire d'utilisati0n de données ethnographiques erronées en
1956, cf. C. LACOSTE-DUJARDIN, Opération Oiseau bleu, des Kabyles, des ethnographes et la
Guerre d'Algérie, Paris 1997. En 1955, Jacques Soustelle avait estimé que «il y a quelque
chose ã faire du côté du berbérisme››, dans une directive du 21 juin 1955, d'après Y. COUR-
RIÈRE, Le temps des léopards, 1969, pp. 179, cité par LACOSTE-DUJARDIN, Opération Oiseau
bleu, cit., p. 21. Sur le terrain, le démenti fut cinglant.
184. A. RUSSINGER, Numismatique de Grande Kabylie, <<Liens, Bulletin des anciens du
CERK››, 16, 1961, 8 pp.
185. A. RUSSINGER, Captage romain de Cap Djinet. Mosaique des thermes de Dellys,
«Libyca, archéologie, épigraphie››, VIII, 2, 1960, pp. 159-61, 4 photographies. Texte repro-
duit dans <<Liens, Bulletin des anciens du CERK››, 16, 1961, p.109.
714 Jean-Pierre Laporte
1962-1972
193, J. MARTIN (des Pères Blancs), Les inscriptions latines du bassin de l'Isser et du Se-
baou (Algérie), Alger 1974, manuscrit inédit, 302 pp.
194. Père A. LAJLY, Extrait du catalogue des Inscriptions latines du bassin de l'Isser et
de l'Oued Sebaou, «BAA››, V11, 1, 1977-79 (1986), pp.7o-85.
195. J. MARTIN, Inventaire des collections monétaires du bassin de l'oued Ysser et de
l'oued Sebaou (Wilaya de Tizi Ouzou). Monographie, 20 octobre 1977.
196. Le père Raphaël Poyto, des Pères blancs, est né le 8 mai 1907 à Pontacq, dans les
Pyrénées atlantiques.
197. Après un an passé en Algérie, en 1927-1928, le Père Poyto séjouma dans plu-
sieurs pays, notamment le Nyassaland, auj0urd'hui Malawi (1932-1937). A son arrivée en
Algérie en 1937, il passa deux ans dans l'école des jeunes Pères blancs située près de Mi-
chelet, puis fut responsable de la maison de Bou Nouh, près de Boghni. Il passa ensuite
huit ans en Petite Kabylie, quatre ans dans le Constantinois. Revenu à Djemaa Saharidj, il
résida de 1963 à 1976 à Tizi Ouzou. Après avoir desservi la paroisse de Nay, dans les Py-
rénées atlantiques, il réside auj0urd'hui (1999) dans la maison de retraite des Pères blancs,
à Billère près de Pau.
1 198. De manière plus générale, il a rédigé un important travail inédit sur le sacré dans
la psychologie maghrébine, avec une étude approfondie. Ce travail explique notamment
la survivance de rituels antéislamiques, souvent constatée, mais rarement expliquée par
les ethnologues.
199. R. POYTO, La porte ornée de Tamezguida, «Libyca, Anthropologie, Préhist0ire››,
16, 1968, pp. 217-20.
200. R POYTO, des Pères Blancs, Contribution a` l'étude des sites préhistoriques en
pays kabyle, Notes d'exploration, 1963-1967, <<FDB››, 1967, 91 pp.
201. R. POYTO, MUSSO, Stèle libyque de Cheuifa (Tigzirt-sur-mer), «Libyca,
Anthropologie, Préhistoire, Ethnographie», 16, 1968, pp. 159-60.
202. J.-C. MUSSO, R. POYTO, Nouvelles stèles libyques de Grande Kabylie, «Libyca,
Anthropologie, Préhistoire, Ethnographie››, 18, 1970, pp. 241-50.
203. R POYTO, A. ANOUNE, Nouvelle peinture rupestre en Grande Kabylie, «Libyca,
Anthropologie, Préhistoire, Ethn0graphie››, t. 21, 1973, pp. 235-7.
204. R POYTO, J.-C. MUSSO, Corpus des peintures et gravures rupestres de Grande Ka-
bylie (= Mémoires du CRAPI-Z), XI, 1969, 124 pp.
716 Jean-Pierre Laporte
nombreuses prospections dans la région. Cet ouvrage fait date pour long-
-temps. Il a révélé tout un pan ignoré de la culture libyque ã travers des di-
zaines d'humbles vestiges dont aucun n'avait jamais attiré l'attent1on ã
l'époque coloniale, ã l'exception du grand ensemble de peintures rupes-
tres libyques d'Ifigha, signalé par Boulifa, donc par un Berbère, en 1909.
Jean-Claude Musso2°5, pharmacien à Tizi-Ouzou, était un Pied-Noir
qui avait choisi de rester en Algérie après l'Indépendance. Passionné
d'ethnographie et d'archéologie, il joua un rôle moteur dans l'archéologie de
la région de 1965 ã 1973: accueillant et guidant les chercheurs de passage,
suscitant en 1969 la création de la Société d'études dont nous parlerons plus
bas et foumissantl'essent1`el des pièces exposées dans son Musée. Il écrivit
un certain nombre d'articles ethnographiques. En 1969, avec le Père Poyto,
il publia le Corpus des peintures et gravures rupestres de Grande Kabylie
que nous venons de citer. En 1970, les Tuiles ornées de Grande Kabylie2°6;
en 1971 une synthèse sur les Dépôts rituels des sanctuaires (traditionnels)
de Grande Kabylie2°7; en 1972, une notice sur les tuiles traditionnelles2°8.
En 1968 et 1969, J.-C. Musso, aidé de son fils Jean-Michel2°9, fouilla
plusieurs allées couvertes à Aït Raouna, sur la côte entre Tigzirt et Azef-
foun. Elles lui livrèrent les vestiges de nombreuses sépultures libyques
avec décharnement et incinération, accompagnées' de tessons apparte-
nant à près de 5oo vases modelés, tournés et campaniens. Tous ces objets
ont disparu; mais les archives et documents retrouvés dans la famille per-
mettront de mettre en lumière tout un pan de la culture locale aux III° et
II° siècles avant J.-C., à la fois particulière et ouverte sur l'extérieur2I°.
L'Algérie des années 196o-197o, était aussi l'Algérie des “coopérants”
français, civils ou jeunes appelés du Service national actif. En 1969, Alain
Le Guen, qui avait séjourné plusieurs années comme instituteur à
205. Jean-Claude Musso naquit le 24 décembre 1914 ã Alger. Il est décédé le 7 février
1978 ã Tizi-Ôuzou. Il avait guidé mes premières recherches en Kabylie en 1969 et m'ac-
cueillit avec amitié jusqu'à sa mort.
206. MUSSO, Tuiles ornées de Grande Kabylie, «FDB››, 1970, 148 pp.
207. MUSSO, Dépôts rituels des sanctuaires de Grande Kabylie (= Mémoires du
CRAPE), XVIII, 1971, 146 pp. Cf. G. CAMPS, s.v. Dépôts rituels, dans Encyclopédie berbère, XV,
Aix-en-Provence, 1995, pp. 2269-76. _
208. J.-C. MUSSO, s.v. Tuiles (Kabylie), dans Encyclopédie berbère, édition provisoire,
cahier 7, 1972.
209. Jean-Michel Musso, devenu en France inspecteur général des Monuments his-
toriques, est décédé le 23 mars 1998. Il avait dessiné la plupart des allées couvertes d'Aît
Raouna et des poteries découvertes.
210. Les fouilles d'Ai`t Raouna sont restées inédites, mais j,ai pu reconstituer un dos-
sier complet grâce ã différentes archives conservées par la famille, et j'en prépare la publi-
cation.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djurjura (Algerie) 717
tions sur certaines de ces villes antiques ont été données dans des articles préparatoires,
notamment Dellys, mosaique de Thésée et du Minotaure, «BCTH››, n.s., 18, B, 1982, [1988],
pp. 131-4. Le statut municipal de Rusuccuru, in L'/lfrica romana X, Sassari 1992, pp. 419-37;
s.v. Cissi, dans Encyclopédie berbère, XIII, Aix-en-Provence 1994, pp. 1977-80. La grande
basilique de Tigzirt, «BSAF››, 1994, pp. 249-70. Tigzirt: Saint Paul contre l'i`nvidus, in Mé-
langes Le Glay = <<Latomus››, 226, 1994, pp. 285-7; s.v. Dellys, dans Encyclopédie berbère,
XV, Aix-en-Provence 1995, pp. 2255-61. Les Thermes de Tubusuctu, «BCTH››, n.s., 18, 1982,
[1988], B, pp. 109-30. Notes sur l'aqueduc de Saldae (Bougie), in L'Africa romana XI, cit.,
pp. 711-62.
217. LAPORTE, Cap Djinet: Une dédicace des Cissiani a .Severe Alexandre et l'iden-
tification des villes de la côte kabyle, «BCTH››, n.s., 9, 1973, pp. 25-37.
218. «Société d'Etudes historiques et humaines de Grande Kabylie, Bulletin›>, 1, Tizi
Ouzou, 1973, p. 1. Editorial du Président, pp. 3-10: Vestiges archéologiques découverts a
Djemaa Saharidj [époque romaine]; pp. 11-22: Le guet-apens de Bordj Sebaou [période tur-
que]; pp. 23-5: Un mariage traditionnel å Ighil Bouzerou [ethnographie et folklore]; autre
pagination, pp. 1-6: La fabrication des tuiles en Kabylie; pp. 29-31: Moussa Ousenirnoun
[folklore]
z19. Sur cette conception présente dès l'0rigine dans le Mouvement national algé-
rien, cf. ci-dessus, note 182. Voir également G. GRANDGUILLAUME, Arabisation et politique
linguistique au Maghreb, 1983, 214 pp.
Exploration archéologique de la Kabylie du Djuijura (Algerie) 719
ment. Ljaction politique se porta abord sur les éléments les plus vulné-
rables. De fortes pressions aboutirent à la disparition en 1973 de la Société
d'études historiques et humaines de Grande Kabylie et àla fermeture de
son Musée, dont les collections disparurent.
En fait, le vrai problème se situait plus sur le terrain linguistique que
sur celui de l'histoire et de l'archéologie qui ne faisaient qu'en subir le
contrecoup. La langue berbère fut rejetée par le Pouvoir de manière de
plus en plus vive et répressive. A Alger, la chaire d'enseignement du Ber-
bère de Mouloud Mammeri fut supprimée en 1973. Par prudence, l'edi-
tion du Fichier de documentation berbère fut transférée de Djemaa Saha-
ridj à Alger. Il prit le titre plus neutre de Fichier périodique. En 1974, le
Père]. Lanfry publia des Tables devenues indispensables”°. Ces tables é-
taient à la fois un bilan et un chant du cygnem. En fin 1976, le Fichier pé-
riodique fut interdit et son stock mis sous scellésm. Nombre de Pères
blancs furent accusés de “Berbérisme” (c'est-à-dire de saper l'unité na-
tionale) et expulsés d'Algérie“3.
La pression croissante devait déboucher sur une forte réaction iden-
titaire, le “Printemps berbère” de 1980. La réaffirmation de l'identité se
cristallisa autour de la défense de la langue, animée par des linguistes uni-
versitaires kabyles“4. Longtemps, la linguistique avait été l'affaire d'Eu-
ropéensm, aujourd'hui elle est devenue celle des Algériens eux-mê-
mesuó. La rencontre du Père Lanfty et de Salem Chaker à Aix-en-Pro-
22o. Fichier Périodique, 124, Tables 1946-1972, par le Père]. LANFRY, 1974.
221. Voir au début des Tables des statistiques, dont nous ne citerons ici que quelques
chiffres: 280 titres sur 380 environ concernant la Grande Kabylie. Parmi les collabora-
teurs de souche algérienne, on note plus de quarante hommes, et une quinzaine de fem-
mes. Les articles sont essentiellement ethnographiques et linguistiques.
222.. «Mais cet arrêt n'est pas moins attristant pour tous ceux qui croient encore àla
possibilité diune recherche largement indépendante de toute politique››, L. GALAND,
Langue et littérature berbères. Vingt-cinq ans d'e'tudes berbères [1954-1978], 1979, p. 163,
qui signale également les premières réactions militantes des linguistes berbères. Malgré l'ar-
rêt des recherches, les matériaux, recueillis à temps, au sein même d'une population qui vi-
vait encore selon ses coutumes, avec ses légendes et ses traditions, restent. La langue la plus
pure est maintenant écrite en caractères latins. La notation actuelle du Kabyle est la dernière
notation du Fichier de documentation berbère. La population kabyle se l'est simplement
appropriée, avec le relais important de grands personnages comme Mouloud Mammeri.
223. Les centres des Pères blancs en Kabylie furent fermés. Aujourd'hui l'action des
Pères blancs en Algérie porte essentiellement sur la tenue de bibliothèques et de centres
de documentation pour les étudiants à Alger, Oran et Tizi Ouzou.
224. Cf. S. CHAKER, Berbères au/`ourd'hui, 1989, 139 pp. Imazighen ass-a, Alger 1990.
225. L. GALAND, Langue et littérature berbères. Vingt-cinq ans d'études berbères [1954-
1978], Paris 1979, 207 p.
226. S. CI-IAKER, Une décennie d'études berbères (1980-1990), Bibliographie critique, Al-
ger 1992. ID., Langue et littérature berbères. Chronique des études, XII et XIII, Inalco CRB.
720 ]ean-Pierre Laporte
1988
231. La construction de ces grandes villas en ciment armé, qui grandissent soudain
d'un étage entier, correspond ã un enrichissement d'une partie de la population locale,
soit à Alger, soit à l'étranger, à une fuite devant la monnaie, mais aussi au développement
des résidences secondaires, dont les jardins sont parfois ornés de stèles antiques récupé-
rées aux alentours.
232. En 1988, de passage à Mechtrass, j'ai pu sauver in extremis Finscription funéraire
d'un ex praefectus signalée par le Père MARTIN (<<BAA››, 1977-79, pp. 81-3, photo, fig. 2 =
<<AE», 1975, 902). Le propriétaire du terrain, qui l'avait récupérée, l'avait disposée parmi
les pierres de soubassement d'un dallage et s'apprêtait à faire couler une chape de ci-
ment. Sensibilisé à Pintérêt de ce document, il a bien voulu déposer la pierre à l' Assem-
blée Populaire Communale (mairie) de Mechtrass.
233. LAPORTE, Fermes, huileries et pressoirs de Grande Kabylie, cit., p. 129, fig. 2.
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Auj0urd'hui et demain