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Centre National de Recherches Préhistoriques,

Anthropologiques et Historiques

Libyca
Nouvelle série
n° 02

Actes du colloque international


La Numidie, massiNissa
et L’histoire

Coordonnés par
Slimane HACHI et Farid KHERBOUCHE

Constantine Les 14, 15 et 16 mai 2016

CNRPAH 2017

3
Sommaire

Présentation ........................................................................................ 9
Nadia BAHRA & Wahiba ABDELOUHAB
La préhistoire de la région de Constantine ........................................ 13

F. KHERBOUCHE & C. ROUBET


Le territoire de TAZBENT durant l’Holocène (Tébessa, Algérie) ..... 47

Mounir BOUCHENAKI
Contribution à la connaissance de la Numidie avant
la conquête romaine, les sources historiques et archéologiques ....... 79

Jehan DESANGES
Le Masinissa de Strabon ..................................................................... 87

Attilio MASTINO - Stefania FRAU


Jugurtha contre l’impérialisme romain
à la tête de la natio des Numidae ....................................................... 93

Sabine LEFEBVRE
Massinissa et Rome à l’aune des sources littéraires ..........................123

Ouiza AIT AMARA


Le rôle de Massinissa dans la deuxième guerre punique ..................169

Mansour GHAKI
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.) .............203

Jacques ALEXANDROPOULOS
Les monnaies numides de plomb et la guerre de jugurtha................223

M’hamed FANTAR
La politique culturelle de Massinissa .................................................241

Mustapha KHANOUSSI
Le(s ?) maqdes de Massinissa et le culte royal
en Numidie orientale ...........................................................................253

5
Younes REZKALLAH
ArcDZGIS, un SIG de l’Atlas archéologique de l’Algérie ...................269

Yacine Rabah HADJI


Les découvertes archéologiques de Badias .........................................285

Belkacem CHALAL
Portus Magnus, ville de la Maurétanie césarienne............................301
Idir HACHI
Postface : Pour une réédition de « Massinissa ou les debuts de
l’histoire » de Gabriel Camps...............................................................325

6
Questions autour d’un «Siècle numide»
(205 – 105 av. J.C.)

Mansour GHAKI*

Quelques rélexions qui permettront de mieux saisir le propos ;


rappelons dans un souci de précisions, une évidence : le temps et l’espace
donc l’histoire et la géographie sont indissociables pour mieux saisir un
évènement d’où la nécessité de préciser la terminologie utilisée et les
limites chronologiques choisies et la qualiication du siècle de « numide »
doivent être déinies.
- Le siècle 205-105 : il est évident que le royaume numide massyle commence
avant 205 ; il est non moins évident que la défaite de Jugurtha en 105 ne met
pas in au royaume puisque ce dernier ne disparaîtra qu’au lendemain de la
victoire de Jules César dans sa guerre contre Pompée avec la création de la
deuxième province romaine d’Afrique, prouincia Africa noua. Les dates elles-
mêmes qui sont importantes en tant qu’évènements ne signiient pas grand
chose quand il s’agit de la civilisation, de la culture et même du mode de vie
des habitants, appelés à changer ; il faudra remonter beaucoup plus haut que
205 et aller au delà de la date de 105 pour saisir la civilisation numide et son
évolution durant l’antiquité au contact du monde punique, de l’hellénisme, de
la civilisation romaine païenne et pour inir du christianisme.
- Numide ne se limitera pas à la Numidie géographique et nous ne sommes
plus dans une déinition des groupes humains distinguant maures, numides
et libyens, ce dernier terme s’est rétréci pour s’appliquer aux sujets de
Carthage. Les limites géographiques de la Numidie seront franchies par
Massinissa qui ira étendre son pouvoir jusqu’aux Emporia, en Tripolitaine.
Le « siècle numide » correspond aux règnes de Massinissa (jusqu’en 148), de
Micipsa et ses frères, de Micipsa tout seul (jusqu’en 118) et pour inir à la période
qui a vu la division du royaume, l’assassinat d’un des héritiers et la guerre dite
de Jugurtha (défaite de ce dernier en 105). C’est aussi le siècle d’une punicisation
profonde par endroits, supericielle dans d’autres ; et d’une hellénisation de
l’élite. L’exemple le plus parlant de cette situation historique et culturelle étant
le sanctuaire de Baal et de Tanit d’El hofra, à Constantine même 1 .
L’autre aspect de la question touche à deux données importantes et qui
ne nous semblent pas être prises en considération sufisamment :
1. La nécessaire évolution de la terminologie utilisée jusque-là et de la
périodisation2 héritée de lectures « coloniales » qui ignorent souvent les
autochtones en les réduisant au rôle de « sujets » alors qu’ils furent des
« acteurs » et jouèrent souvent un rôle déterminant aussi bien dans les
évènements connus par la région que dans l’adoption et l’adaptation des
civilisations introduites en Afrique antique.
* Institut national du Patrimoine, Tunisie.
1. Berthier-Charlier 1955 ; Bertrandy-Sznycer 1987.
2. Ghaki 2014.

203
Mansour Ghaki

2. Les « indépendances » et déjà la lutte contre le colonialisme générèrent


une lecture le plus souvent limitée aux états nations. Les pouvoirs des
indépendances et certaines élites se rencontrèrent pour « légitimer » les
frontières coloniales, fruits d’un équilibre des forces et de la rivalité entre
les puissances coloniales. « le Maroc antique », « l’Algérie préhistorique »,
« la Tunisie durant l’antiquité » sont autant d’études intéressantes mais
dont l’approche est « restrictive »3 puisqu’elle ne colle pas avec l’Antiquité
aussi bien sur le plan géographique qu’historique.
Les questions autour du siècle numide sont nombreuses et il n’est pas
possible de les traiter toutes dans le cadre d’un article, elles touchent
l’enchainement des évènements que connut cette période relativement
courte mais riche, les acteurs qui y participèrent, les causes qui seraient
à l’origine de faits historiques et les conséquences qui en découlent, etc. ;
la liste de ces questions ne peut pas être exhaustive et les réponses quand
elles sont possibles ne peuvent pas être déinitives.

A. La question des sources littéraires,


épigraphiques et archéologiques
La période 205-105 av. J.C. est relativement bien couverte par les sources
littéraires antiques, une époque marquée par les relations conlictuelles
entre Carthage et Rome et par le rôle qu’y jouèrent les Numides. On
pourrait dire sans risque que les sources littéraires sont relativement
importantes et que nous disposons de sufisamment de données. Le
problème des sources littéraires et de leur traitement par l’historiographie
moderne, coloniale, et contemporaine, celle des indépendances, se pose
pour toute tentative d’études historiques à cause de la nature même de ces
sources. Elles sont partielles et partiales, tout le monde en convient ; ce
constat n’est pas exclusif à l’histoire de l’Afrique antique, il serait même la
règle pour tous ; les anciens en écrivant n’avaient pas à être neutres et ne
pouvaient pas l’être ; leur reprocher de ne pas s’être soucié des « besoins »
des futurs historiens n’a pas de sens. Ces sources partiales proviennent
d’auteurs grecs et de latins traitant d’évènements « africains » dans
lesquels sont impliqués des grecs et des romains ; la question des sources
ne doit pas devenir une excuse pour rejeter le tout ou pour faire un tri qui
lui-même se révèlera « orienté », basé sur les partis-pris idéologiques au
risque de tomber dans le reproche fait aux sources elles-mêmes et d’aboutir
à une lecture aussi partiale. La liste des auteurs grecs et latins qui ont
écrit sur l’Afrique antique est longue ; elle a été à la base du travail de S.
Gsell « Histoire ancienne de l’Afrique du nord » qui bien que datant d’un
bon siècle n’en demeure pas moins une œuvre magistrale. Ces sources sont
parfois discutables ; Salluste, un exemple parmi d’autres, explique que son
but en écrivant « la guerre de Jugurtha » est aussi de régler ses comptes
avec la noblesse : « Je vais raconter, écrit-il dans sa préface, la guerre

3. Il est clair que la géographie antique n’a pas grand-chose à voir avec les frontières
actuelles, la « régionalisation » qui caractérise le nord de l’Afrique est une réalité
depuis les temps préhistoriques et les « frontières » politiques d’aujourd’hui ne
correspondent nullement à la réalité socioculturelle de la région durant l’antiquité.

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Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

que le peuple romain soutint contre Jugurtha, roi des Numides, d’abord
parce qu’elle fut importante, acharnée, et que la victoire y fut disputée,
ensuite parce que, pour la première fois, on résista alors à l’insolence de la
noblesse » 4 . Pour Gsell, « l’œuvre de Salluste apparait comme une lumière
dans l’obscurité qui enveloppe l’Afrique du Nord entre la destruction de
Carthage et la campagne de Jules César, la igure de Jugurtha apparaît,
entourée de l’éclat que lui donne l’œuvre célèbre de Salluste »5 . Le
« Bellum Iugurtinum » sans lequel nous n’aurions pas su grand-chose de
cette guerre, pose malgré tout quelques problèmes à son utilisateur6 . Un
équilibre est donc à rechercher dans l’utilisation des sources littéraires
antiques.
L’historien n’est pas limité à la littérature antique ; l’épigraphie apporte
des réponses à certains questionnements et le siècle qui nous concerne est
riche en inscriptions libyques et puniques/néopuniques ; c’est à ce siècle que
remontent les fameuses bilingues libyque/punique de Dougga. Quelques
textes grecs rappellent que vivaient en Afrique numide des grecs. L’apport
du libyque, bien que limité, n’est pas négligeable ; les inscriptions libyques
en écriture horizontale de Dougga et les quelques milliers de textes
puniques et néopuniques sont importants puisqu’ils nous permettent de
saisir des aspects comme la langue, l’écriture, l’organisation sociale et
politique, l’onomastique, etc. L’apport des stèles votives dédiées à Baal
Hamon est de saisir la punicisation d’une partie de la société numide.
Il y a enin comme outil pour l’historien : l’archéologie ; son apport serait des
plus déterminants, encore faut-il que la recherche dans ce domaine prenne
un meilleur élan. Il est clair que l’archéologie nord-africaine est en retard.
La liste des sites explorés jusqu’aux niveaux autochtones est réduite. Les
monuments appartenant avec certitude au «siècle numide» donnent une idée
sur l’hellénisme numide, sur le syncrétisme qui caractérise la symbolique
en vogue à l’époque, la place de la punicisation est importante; elle ne doit
pas occulter le maintien de la civilisation libyco-numide dans des domaines
aussi importants que les croyances, les rites et les pratiques funéraires ;
les objets propres aux autochtones dont la fabrication et l’utilisation se
maintiennent sont attestés à côté du matériel importé que ce soit du littoral
africain punique, des îles de la Méditerranée ou du monde grec.

B. Questions de géographie
1. Le pays massyle
Camps7 s’est posé la question du « pays d’origine des massyles » en
aboutissant à l’idée qu’il pourrait s’agir de la « Numidie orientale » ; cette
conclusion repose sur deux idées fortes : le choix de l’emplacement du
mausolée d’el Khroub attribué à la famille royale massyle, peut être même
4. Salluste, La guerre de Jugurtha.
5. Gsell HAAN VII, 125.
6. Gsell HAAN VII, 184-185.
7. Camps, Libyca VIII, 176 ; id. Les Berbères, 70.

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Mansour Ghaki

à Massinissa lui-même et la place qu’occuperait Dougga dans l’histoire du


pouvoir numide dont le noyau central est la famille massyle ; selon Camps,
le berceau massyle serait donc la région couvrant l’est constantinois et les
monts de Téboursouk, en gros le Haut Tell, là où se concentre l’épigraphie
libyque, se trouvent les grandes nécropoles mégalithiques et où le
pouvoir royal va « construire » ses monuments commémoratifs, mqdŝ de
Massinissa, monument numide de Chemtou, Kbor Klib, etc.

2. Les frontières du royaume numide


et les territoires des ancêtres
Les informations que nous donnent les sources ne sont pas toujours
précises et ne sont pas souvent exploitables ; il est question d’une division
des numides en Massyles et Masaessyles, sachant que les premiers
vivaient en Numidie orientale - ouest tunisien et est algérien - tandis que
les seconds vivaient entre ce pays massyle et ce qui deviendra le royaume
maure. Ces ethnonymes reposent sur les tribus dominantes et ne doivent
pas occulter une réalité, nombreuses sont les tribus, fractions de tribus
et grandes familles qui composaient la population vivant dans la partie
nord sédentaire ; la partie sud étant aussi occupée par des tribus nomades
souvent dites Gétules. Ces limites devaient être luctuantes. Il s’agit parfois
d’un état de nos connaissances : identiier les lieux cités n’est pas évident,
délimiter avec précision les «territoires » est parfois impossible sachant
que et à propos des territoires des ancêtres revendiqués par Massinissa,
le pays de la Tusca, les grandes plaines, les emporia sont situés mais
dificilement délimitables. La conséquence évidente est que le royaume
numide lui-même demeure dificile à cerner avec précision ; si la frontière
nord, naturelle et la frontière orientale, la fossa regia, sont claires ; les
limites occidentale et méridionale demeurent loues. Il n’est pas dit que le
royaume de Massinissa étendait son pouvoir au delà de la Dorsale.

3. Le mont Bellus :
Asdrubal, dirigeant carthaginois, convainc Syphax, le roi masaessyle,
que le nouveau roi, Massinissa, représentait un danger aussi bien pour
Carthage que pour les Masaessyles ; Syphax occupa un territoire « qu’il
avait disputé auparavant à Gaia » ; Massinissa perd la bataille et se
réfugie au Mont Bellus. Où situer ce mont ?
Dans le courant de 205, Scipion envoya C. Laelius faire des dégâts en
Afrique, avec une partie des vaisseaux de guerre. Les Romains arrivèrent
de nuit près d’Hippo Regius…. Informé de la venue d’une escadre romaine,
Massinissa se rendit auprès de Laealius avec quelques cavaliers …. ».Tite
live8 indique qu’au moment de l’accostage de Laealius à Hippo, Massinissa
se trouvait entre la côte des Syrtes et le pays des Garamantes. Ce qui
est dificilement acceptable ; pour arriver là où se trouvait Laealius,
Massinissa, s’il est du côté des Syrtes devait traverser des territoires
puniques hostiles et il n’avait ni les moyens ni le temps pour le faire, car
8. Tite Live XXIX, 31, 7. (Gsell HAAN III, 193).

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Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

il ne faut pas perdre de vue une réalité, Massinissa n’était pas encore
réellement installé sur le trône. Gsell9 : « nous ignorons l’emplacement
de cette montagne qui était à peu de distance du territoire de Carthage,
non loin de la mer et près de laquelle s’étendaient de vastes plaines, où
coulait un grand leuve. Il semble bien qu’il s’agisse d’un lieu situé dans
le nord-est de l’Algérie ou le nord-ouest de la Tunisie. Peut être le leuve
était-il la Medjerda ; on pourrait supposer que les plaines sont celles de la
dakhla des oulad bou Salem – les grandes plaines des anciens –10 .... ; Le
fait que Massinissa soit arrivé vite pour se rendre auprès de Laealius et sa
faible escorte permettent d’avancer l’idée que Massinissa était « proche »
de Hippo. …. On peut supposer qu’il avait trouvé refuge dans une région
montagneuse, voisine d’Hippone donc du littoral. Le mont Bellus peut très
bien se situer dans les montagnes de la région de Guelma dominant les
plaines traversées par le Seybouse, le leuve auquel fait allusion Tite Live.11

4. La géographie de certains évènements


- Par les guerres menées contre Carthage durant la première moitié du
second siècle, le roi cherchait à « récupérer les territoires de ses ancêtres » ;
il faut retenir de ces faits que les ancêtres de Massinissa sont de la Numidie
orientale - en gros le Haut Tell - et qu’il s’agit de territoires annexés par
Carthage. Il est aussi question de lieux de batailles, de cités attaquées et qui
ne sont toujours pas identiiées ; un exemple : durant la dernière guerre entre
le royaume numide et Carthage, en 150 av. J.C., Oroscopa, une cité punique,
fut prise, elle ne devait pas être très éloignée de Carthage sachant qu’en 146
la frontière entre le royaume numide et la province romaine, Africa, était
la fossa regia. Un autre exemple : Hasdrubal et Massinissa s’affrontent «
dans une grande plaine déserte qu’entouraient de toutes parts des hauteurs
et des escarpements et où l’on ne pouvait se ravitailler » ; « Masinissa, qui
gardait rancœur aux Carthaginois et plaçait sa coniance dans les Romains,
attaqua un vaste territoire carthaginois sous prétexte qu’il lui avait autrefois
appartenu… »12 . Ni la plaine ni le territoire carthaginois autrefois numide
ne sont identiiables avec certitude ; emporté par son élan à «grignoter» le
territoire punique, Massinissa n’hésite pas à avancer à chaque fois le même
argument ; c’est du moins ce que lui font dire les sources.
- Pourquoi l’ultime bataille de la deuxième guerre entre Carthage et Rome
a-t-elle eu lieu à Zama ? Est-ce le hasard ? Les troupes romaines partirent
d’Utique et celles, puniques, du littoral sahélien. Le bataille de Zama s’est
faite en territoire numide et à la limite du territoire punique. La plaine de
Siliana est le lieu de la bataille, elle est au pied de la colline où se situait
Zama ; on a dit «la bataille de Zama» à cause de la proximité immédiate de
cette cité. Des passages de Tite live13 méritent d’être cités. Concernant la
mention de Zama nous la trouvons dans le passage suivant : « (Hannibal)
inquiété par des messages alarmants, car on lui annonçait que tous les
9. Gsell HAAN III, 193.
10. Tissot, Géographie I, 28 situe le mont Bellus au sud du Golfe de Tunis.
11. Tite Live XXIX, 31, 7. (Gsell HAAN III, 193).
12. Appien LXVII, 302.
13. « Les guerres puniques », édition présentée par Claudia Moatti, Editions
Gallimard, Paris 1970, 450-455(Tite Live, livre XXX).

207
Mansour Ghaki

environs de Carthage étaient occupés par les armées romaines, il se dirigea


à marches forcées vers Zama. Zama est à cinq jours de Carthage ». A propos
de l’entrevue d’Hannibal et de Scipion, Tite Live écrit « Scipion s’établit à
peu de distance de la ville de Naraggara dans un endroit commode sous bien
des aspects.... Hannibal vint occuper une éminence à quatre milles de là ».
Deux remarques : la première est relative à la situation militaire punique
« tous les environs de Carthage étaient occupés » ce qui revient à dire que
la route vers Carthage était coupée ; la seconde remarque concerne la
distinction à faire entre le lieu de l’entrevue entre les deux généraux et celui
de la bataille proprement dite même si l’identiication de Naraggara à un
site proche de Sakiet Sidi Youssef nous semble relativement loin de Zama.
L’idée d’associer la bataille de Zama à la construction du monument Kbor
Klib développée par Ross14 ne semble pas à retenir ; le monument est d’un
bloc en trois parties accolées devant lequel, côté ouest, a été édiié un petit
monument qui ferait ofice d’autel ; cette hypothèse de Ross nous semble
dificilement acceptable ; nous en retiendrons deux raisons : d’abord le
monument « regarde » vers l’ouest donc vers la plaine du Sers, vers des
sites importants comme Ellès, Maghraoua, etc. Il tourne donc le dos à la
plaine de Siliana, plaine qui n’est pas visible du site de Kbor Klib ; ensuite,
ce monument a été construit vers 130 av. J.C. durant le règne de Micipsa
et pratiquement au même moment que le «monument numide» de Chemtou
et serait pratiquement contemporain du Mqdš construit en souvenir de
Massinissa à Dougga. Le Kbor Klib symbolise la dynastie numide, peut être
même le royaume unique dirigé par les trois ils de Massinissa. Il y a lieu
d’établir un lien entre les trois parties accolées composant l’édiice et les
trois rois qui se partagèrent le pouvoir en 148. Cette série de constructions
commémoratives, à la gloire de la famille régnante est à mettre à l’actif de
Micipsa.

C. Questions d’histoire
La lecture des évènements, la méconnaissance du terrain, le décalage
parfois très long entre l’évènement et l’écrit ; le fait qu’il s’agit souvent
d’une seule et unique source reprise par d’autres avec des « corrections »,
font que la prudence est de mise.
1. L’enchainement des évènements
Camps a proposé une chronologie des évènements qui devaient aboutir
à la récupération par Massinissa des territoires de ses ancêtres ; chaque
décennie, entre 195 et 150 av. J.-C., aurait été marquée par une crise entre
le roi numide et Carthage qui aboutissait grâce à la bienveillance de Rome
à la récupération d’un territoire ; la dernière guerre menée par les ils
du roi n’a pas permis d’extension territoriale du royaume, elle a eu lieu
presque à la in du règne du roi ; le processus menant à la troisième guerre
donc à la destruction de Carthage engagé depuis déjà quelques années
aboutira en 146 donc après la disparition de Massinissa.

14. Ross 2005: D.Ross, Kbor Klib and the Battle of Zama, BAR.

208
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

2. Les emporia et Massinissa


Quelle fut le territoire réellement annexé ? il y a des contradictions dans
les sources; si Tite live15 nous dit que Massinissa a réussi à conquérir
certaines villes ; Polybe16 précise que le roi n’a pu prendre les villes et
qu’il se contenta d’enlever aux puniques le plat pays intérieur ; la nature
du terrain en Tripolitaine fait que la bande vivable est très étroite; elle
est occupée par les fondations phéniciennes-puniques ; ce plat pays est
semi-aride, peu habité par des nomades, peut être par endroits de semi-
nomades ; son occupation ne devait pas être dificile et Carthage n’avait
plus les moyens pour s’opposer aux avancées du roi.
La date de l’annexion des emporia pose aussi un problème; Tite live
parle de 193, tandis que pour Polybe cela eut lieu en 162-161 av. J.-C. ;
les historiens qui se sont intéressés à la question ne sont pas non plus
d’accord17 . Il faut pourtant admettre que la date avancée par Tite Live est
dificile à retenir; 193 c’est une décennie de règne du roi et le territoire
des emporia était relativement éloigné des limites du royaume et surtout
facilement accessible pour les puniques ; le roi a-t-il obtenu le soutien
des nomades vivant dans l’arrière pays des cités tripolitaines ? Nous n’en
avons pas la preuve. Reste le pourquoi de cette annexion ? Rebuffat avance
une explication et celle-ci collerait avec la date avancée par Polybe (162-
160 av. J.-C.) : « Son ambition ( celle de Massinissa) a été de conquérir de
plus en plus de territoires, en allant vers la richesse sédentaire. On voit
ses ressources en céréales augmenter avec le temps (Camps, Massinissa,
p. 200). Ce déplacement progressif de la richesse économique de son
royaume va de pair avec son ambition de créer un état de type hellénistique
remplaçant les structures tribales anciennes, comme semblent l’indiquer
l’accession à l’économie monétaire, l’apparition du diadème sur les efigies
royales, l’intérêt porté aux cités et sanctuaires helléniques. Le roi semble
donc avoir été attiré vers la façade maritime des Emporia »18 .
3. Massinissa cherchait-il à faire
de Carthage sa capitale ?
Massinissa aurait cherché à conquérir Carthage pour en faire sa capitale
d’où la décision de Rome de la détruire. L’historiographie a durant longtemps
discuté cette idée. Sur quoi repose cette lecture ? Et comment est-elle
devenue une certitude ? C’est un passage d’Appien19 évoquant la rélexion
d’un « un ami de Scipion l’Africain à la in de la deuxième guerre » ; l’idée est
donc romaine ; Gsell : « Appien ne connait qu’une cause de la 3ème guerre :

15. Tite live XXIX, 33, 9


16. Polybe XXXI, 21
17. Gsell, HAAN VII, 9-10 et 289-290; Camps 1960 ; Kotula « L’affaire des emporia :
problème d’histoire et de chronologie (Tite live XXXIV, 62 Polybe XXXI, 21 Africana
( Warsawa) 20, 1974, 47-61 ; J. Desanges « Masinissa et Carthage entre la 2ème et la
3ème guerre punique : un problème de chronologie, Actes IIIème c. des EPP, Tunis,
1995, 352-358.
18. R. Rebuffat “Emporia”, Encyclopédie Berbère 17, 2012, 2621-2627.
19. Appien, Lib. 61.

209
Mansour Ghaki

la guerre faite à Massinissa au mépris du traité de 201 : telle devait être la


vérité. » Gsell conclut « Il fallait se hâter de punir Carthage d’avoir attaqué
Massinissa, avant qu’elle ne le fut par Massinissa »20 . Il ne fallait pas que
Massinissa devienne maître de Carthage. Cela ne signiie nullement que
Massinissa cherchait à occuper la cité punique et voulait en faire sa capitale.
Gsell voit un aboutissement logique aux revendications territoriales de
Massinissa : Carthage ; « Ses empiètements successifs l’amèneraient, un
jour, jusqu’aux portes de Carthage. C’était la capitale qu’il rêvait de donner
à un vaste Etat libyco-punique, couvrant presque toute l’Afrique du nord ....
Ce qui le prouve, c’est le mécontentement profond que lui causa la décision
des romains de détruire Carthage. Peut être espérait-il qu’il n’aurait pas à
la conquérir, que la glorieuse cité assurerait sa durée en se livrant à lui. On
sait qu’un parti, disposé à s’entendre avec Massinissa, se forma à Carthage
quelques temps avant le milieu du second siècle21 . Picard partage ce point
de vue « Ils (les romains) avaient détruit Carthage, impitoyablement, parce
qu’elle les gênait, que Massinissa aurait pu s’en emparer ».22 Ces lectures
gagneraient à être nuancées car elles reposent sur une interprétation des
évènements ; les sources elles-mêmes ne disent nulle part que Massinissa
voulait de Carthage comme capitale d’un « vaste état libyco-punique ». Lancel23
écrit à ce propos : « En fait, il faut probablement élargir le champ de la
vision aux dimensions du monde méditerranéen pour tenter de comprendre
pourquoi Rome, après avoir ménagé Carthage pendant un demi-siècle,
saisit le premier prétexte juridique venu pour mettre brutalement in à la
coexistence..... La in du dernier grand royaume hellénistique marquait ainsi
un véritable tournant dans l’histoire de cette période du monde antique, en
faisant sauter le dernier verrou qui retenait encore l’impérialisme romain.
Dans les années qui suivirent, et jusqu’en 152, les forces de Rome furent
sufisamment occupées par les dures campagnes qui les mobilisèrent en
Espagne contre les Celtibères. Deux ans plus tard, le Sénat avait les mains
libres ».
C.Nicolet24 s’est aussi posé la question : « … on s’est interrogé sur les motifs
qu’eurent les Romains de détruire physiquement pour la première fois un
de leurs ennemis. La meilleure discussion se trouvera dans Astin, 272-281.
Le motif économique, invoqué par Mommsen, est à exclure, puisque les
Romains n’occupèrent pas le site pendant de longues années. La crainte d’un
royaume numide trop puissant après sa victoire sur Carthage, est démentie
par la force réelle de Carthage entre 153 et 149 ; c’est le royaume numide
qui était plutôt menacé de désintégration à la mort de son très vieux roi. En
fait, comme l’ont soutenu Hoffmann, Badian et même Astin, vers les années
150 la politique « modérée » reposant sur les clientèles, adoptée par Rome
un peu partout semblait avoir échoué, et Carthage elle-même pouvait à bon
droit passer à nouveau pour un danger, d’autant que le parti anti romain y
gagnait de l’inluence et qu’en 151 se terminait de l’indemnité de 201 ».
Il semble clair que la discussion entre historiens repose sur des lectures,
des interprétations ; les sources prêtent à un sénateur l’idée qu’il ne faut
20. Gsell, HAAN III, 335.
21. Gsell, HAAN III, 313-314.
22. Picard, G.C., Les religions..., 100.
23. Lancel , S., Carthage, 431-432.
24. Nicolet, C ., Rome et la conquête…. « Les guerres puniques », 626.

210
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

surtout pas laisser Carthage à Massinissa fut-il un allié dès les premières
années qui suivirent la victoire de Zama ; l’idée qu’il fallait détruire
Carthage était devenue une obsession chez certains sénateurs, d’autres
soutenaient l’idée inverse ; il n’est nulle part question d’une ambition du
roi numide ; pour Caton et ceux qui pensaient comme lui, il fallait détruire
cette cité ennemie ne serait-ce qu’à cause des problèmes qu’elle a posés à
Rome et du danger qu’elle constituerait si elle se redressait25 . Rome n’a
pas détruit que Carthage.

L’administration d’un royaume


Le fait même que les royaumes masaessyle et massyle aient porté
des noms de tribus est signiicatif ; la tribu est à l’origine de ces entités
politiques; ces appellations sont dues aux sources mais aussi à la funéraire
de Micipsa où le roi est dit roi des massyles 26 . La composante tribale atténue
un tant soit peu le pouvoir du roi, monarque absolu donc incontestable ; les
conditions d’accession de Massinissa au pouvoir, les successions aussi bien
de ce dernier que de Micipsa permettent de parler de la fragilité du pouvoir
royal. L’idée même de l’existence d’une administration est contestée par
certains historiens : « mais au grand état qu’il avait fondé, Massinissa
n’avait pas donné une armature administrative »27 .
L’épigraphie apporte quelques éclaircissements :
1. le titre de GLD, traduit par le punique par MLK (roi).
2. le magistrat éponyme cité par la bilingue RIL 2 dite de Massinissa.
3. les Baali à l’origine de la construction du MQDŠ dédié à Massinissa
à Dougga
4. la liste des titres et fonctions mentionnés dans les inscriptions libyques en
écriture horizontale mises au jour à Dougga ; on retrouve ces mêmes charges
dans la bilingue RIL 2 dans laquelle la partie punique du texte se contente
soit de traduire soit de transcrire des titres et des fonctions inconnus par le
système et la langue puniques. Il s’agit d’autant d’éléments qui permettent
de parler d’une structure propre aux numides. Le seul titre importé étant
celui de suffète et que le libyque transcrit28 .
J.G. Février a vu dans cette administration une origine autochtone et
une forte inluence punique : « A en juger par leurs noms, spéciiquement
numides, les magistratures mentionnées dans les textes libyques de Dougga
ne sont pas d’origine punique ; elles existaient avant la pénétration punique.
Mais ce n’est pas par hasard, autant qu’on puisse en juger, qu’on trouve au
sommet de la hiérarchie- ou presque – deux magistrats rappelant les suffètes
carthaginois, qu’il existe un conseil des Cent et peut être un système de
pentarchies, que des commissaires responsables sont préposés à l’exécution
des travaux : cela est d’origine punique. A quelle époque a été réalisée cette
25. Limonier, F. : « Rome et la destruction de Carthage : un crime gratuit », Revue
des Etudes Anciennes, t.101, 1999, n. 3-4, 405-411.
26. Février, J.G. 1951
27. Gsell HAAN VI, 284.
28. Ghaki 1993.

211
Mansour Ghaki

adaptation ? La seule chose qu’on puisse afirmer, c’est qu’elle est antérieure
à Micipsa. On est tenté évidemment de songer à Massinissa. Mais il n’est
pas interdit de remonter plus haut encore, à une époque où l’autorité et
le prestige de Carthage étaient mieux assis dans le monde numide ».
L’inluence punique, et dans tous les domaines, ne fait aucun doute, ceci
dit, il faut rappeler que la fonction de suffète est mentionnée explicitement
dans RIL 2 ; Zilalsan, le grand père de Massinissa est dit suffète ; les MWSN
sont effectivement deux mais ils ne sont pas des «suffètes» dans le texte
punique, ils portent le titre de RB M’T (Chefs des cent) et ils sont cités après
la structure des Baali, le roi et le magistrat éponyme.
La troisième remarque concerne la chronologie ; Carthage a occupé puis
perdu une partie de la Numidie orientale, cela s’est fait au cours de la
première guerre entre Rome et Carthage ou immédiatement au lendemain
de celle-ci suite à l’échec de la «révolte des mercenaires et des libyens» (
241-237av. J.-C.) ; c’est durant cette période qui aura duré prés d’un siècle
que certains volets de l’organisation administrative punique ont été adoptés
par les cités autochtones ; l’exemple le plus parlant étant le titre de suffète
que porta Zilalsan, le père du roi Gaia donc le grand père de Massinissa. Il
semble bien que les numides n’ont pas tout adopté, ils ont développé leur
propre système.
Qui a organisé réellement le royaume numide ? Quel fut le rôle de
Massinissa et de Micipsa chargé lors du partage du pouvoir en 148 de
« l’administration » ? La succession de Massinissa atteste que trois secteurs
résumaient la bonne gestion du royaume : les trois princes se chargeant
chacun d’un secteur: l’administration, l’armée et les inances.
il est clair qu’il ne peut s’agir que d’une évolution et que cette organisation
relète l’état du royaume au milieu du IIème siècle.
S.Gsell, parlant de Massinissa écrivait : « rien ne prouve, du reste, qu’il ait
créé une administration assez forte pour maintenir après lui la cohésion
qu’assurait son autorité personnelle. Cette autorité même ne fut pas
toujours respectée. Indisciplinés et turbulents, les Numides se pliaient
avec peine à l’obéissance. Des chefs de tribus et de peuplades regrettaient
le temps où ils étaient libres d’agir chez eux à leur guise… Ce qui semble
clair c’est que Massinissa dont le règne a duré plus d’un demi-siècle, dispose
dès 202 et suite à la récupération du royaume de Syphax certes d’un vaste
territoire, ceci dit il faut attendre 152, soit quatre ans avant le décès du
roi et un demi-siècle de règne pour que le royaume atteigne sa plus grande
extension suite à l’annexion des emporia. Le règne ne fut pas de tout repos :
aux problèmes en rapport avec la récupération des territoires des ancêtres
viennent s’ajouter les troubles internes au royaume ; les sources en ont
retenus quelques uns : il y a eu Thapsus (réprimée par le roi lui-même), il y
a aussi Aphter qui passe carrément chez les grecs de Cyrénaïque et enin les
deux chefs numides « mécontents qui passèrent à l’ennemi » en 152 » 29 . Les
manifestations de contestation du pouvoir de Massinissa ne sont inalement
pas aussi nombreuses ne serait-ce qu’en prenant en considération les années
que passa Massinissa sur le trône.
L’administration numide sous Massinissa ne semble pas reposer sur
un centralisme en rapport avec un pouvoir royal supposé absolu et les «

29. Gsell, HAAN III; Camps, « Aphther », E.B. 6, 1989, 807-808.

212
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

chefs de tribus et des peuplades » qu’évoque S.Gsell sont en fait la base


de l’organisation du pouvoir royal ; la société gardant une organisation
« tribale ». C’est plus tard, avec le partage du pouvoir entre les trois princes
héritiers, que l’on va pouvoir parler de gestion du royaume : l’administration,
les inances, l’armée, les secteurs-clés, sont partagées entre les trois princes.
L’inscription de la borne limite du Massouge 30 mérite qu’on s’y arrête.
Le texte se présente comme suit : TN’T ‘BN Z WLB’H ‘Š `L’RŠT TŠKT BN
‘RS BN DWS BN NRWT BN ZLLSN BM PQDT MKWSN HMMLKT BŠT
`ŠRM W ‘HT LMLKM LMB BN S L HSY W D T BN Z MRSM M TM W RB`M.
La traduction du texte revient à J.G. Février31 « A érigé cette pierre-ci WLBH,
préposé aux territoires de TSKT, ils de Arish ils de DWS ils de Zilalsan
sur ordonnance – par délégation - de Micipsa, le roi dans l’année vingt et
un de son règne ; à partir de la pierre qui est sur le monument et jusqu’à la
signalisation de cette pierre-ci il y a 240 « stades ».
Il est donc question d’un « haut fonctionnaire », Wlbh , parent du roi,,
représentant de ce dernier, responsable des territoires Tuskat « ‘š’l’ršt
t’škt » (littéralement : celui qui est sur les territoires t’škt) ; l’inscription
est datée BŠT `ŠRM W ‘HT LMLKM (l’an 21 de la royauté) donc de
126/127 av. J.-C. Peut-on imaginer un « découpage » de tout le territoire
royal et supposer l’existence d’autant de « responsables » qu’il y a de
« territoires » ? La réponse est dificile. Il est certes question de villes
trésors dès les évènements qui opposèrent Jugurtha à ses frères par
adoption, ce qui revient à dire que ces « villes trésors » remontent au moins
au règne de Micipsa. Il est aussi question de « préfets » représentants du
roi Jugurtha dans les régions, mentionnés par Salluste.32 Tout ceci milite
en faveur d’une « délégation de pouvoir » au niveau local et régional sans
qu’elle ne remette en question le caractère « absolu » du pouvoir royal.
Ce système est en soi une administration avec des fonctionnaires et une
bureaucratie fut-elle sommaire.
La borne limite du Massouge ne parle pas de villes mais des «territoires
tškt», nous avons là la preuve de l’existence d’une entité territoriale
délimitée grâce à un bornage datant du règne de Micipsa. Cette entité
sera identiiée au pagus tuscae attesté à l’époque romaine en même
temps que d’autres pagi et le système dans sa totalité a été attribué à
l’administration punique33 , maintenu par les Numides et récupéré par
l’administration romaine34 . Cette organisation en « régions » nous semble
en contradiction avec le système de la cité-état propre aux phéniciens –
puniques en Méditerranée occidentale.

30. Février, J.G. : « La borne de Micipsa », Cahiers de Byrsa VII, 119-121.


31. Février, J.G. : « La borne de Micipsa », Cahiers de Byrsa VII, 119-121.
32. Salluste, La guerre de Jugurtha.
33. S.F. Bondi “ L’amministrazione del territorio africano”, S. Moscati, I Fenici,
bompiano, Milano 1988, 126-132 : “ .... si basa su une divisione in distretti (
chiamati in punico “ terre” a cui sono preposti funzionari designati dalla Capitale.
Le singole città si governano in modo autonomo ...”.
34. Picard - Mahjoubi - Beschaouch 1963 .

213
Mansour Ghaki

Est-il possible qu’il s’agisse non pas d’une organisation territoriale


punique mais d’une organisation due aux numides, très probablement à
Micipsa ? La question peut être posée car, si ce système était punique,
on devrait le retrouver dans les autres territoires puniques en Afrique
et ailleurs, or et dans l’état actuel de nos connaissances, le cas de WLBH
« ‘š’l’ršt t’škt » est unique.
1. Le pouvoir royal numide et les cités
Les rapports avec d’autres civilisations, dans notre cas il s’agit de la
civilisation phénicienne, et l’installation dans la durée d’un pouvoir « central »
ont certainement favorisé le développement urbain chez les autochtones
dont une partie était déjà sédentaire et chez qui les « centres d’habitats
regroupés », noyaux de futures cités étaient nombreux dès le milieu du
premier millénaire. Les trois civilisations introduites en Afrique du nord
reposaient toutes sur la notion de cité : cité-état phénicienne, cité grecque et
respublica romaine et l’inluence ne pouvait s’exercer que dans ce sens. En
récupérant les territoires de ses ancêtres, Massinissa « hérite » de régions où
les cités ont connu une autonomie, certains diront une « indépendance » ; il
ne semble pas avoir changé cette réalité. Ses héritiers, Micipsa surtout, n’ont
pas eu à le faire non plus ; bien au contraire ils semblent l’avoir consolidé,
c’est au règne de Micipsa que sont attribuées les inscriptions libyques dites
oficielles et qui attestent d’une organisation administrative à Dougga.
2. L’image des rois
C’est là une question qui a son importance; elle se pose déjà dans les
sources ; la ‘‘gloriication’’ de Massinissa par Tite Live n’a d’égal que
l’attitude de Salluste vis à vis de Jugurtha et de la guerre dont il porte le
nom malgré lui. Les sources donnent une « bonne » image de l’allié de Rome
et une mauvaise de son ennemi. L’historiographie ne semble pas avoir eu
une attitude retenue quand est évoqué tel ou tel monarque numide.
L’historiographie reprend certes les sources mais en les interprétant
souvent avec des prises de position favorables ou non à tel ou tel personnage :
Massinissa est certes « un grand agellid» mais n’a-t-il pas favorisé Rome
et contribué à la destruction de la civilisation punique ? Syphax serait un
grand diplomate, n’est-il pas l’organisateur d’une conférence internationale
réunissant les deux puissances ennemies de l’époque, Rome et Carthage ?
Jugurtha, un nationaliste avant la lettre mais aussi : « .... Jugurtha est le héros
berbère typique ; sa personne s’identiie au mythe créé par Jean Amrouche :
celui de « l’éternel Jugurtha » qui a ini par oblitérer le portrait donné par
Salluste et par le remplacer par celui d’un héros qui plonge profondément ses
racines dans la culture berbère mais qui s’écarte de plus en plus de la réalité
historique. Loin d’être le Résistant pur et dur, prêt à sacriier amis, parents et
conseillers, pour obtenir l’alliance de Bocchus ou renforcer les liens qu’il avait
su assembler, dès son séjour en Espagne, avec les membres de la noblesse
sénatoriale romaine, Jugurtha ne s’est jamais battu que pour lui-même»35.

35. G. Camps- S. Chaker « Jugurtha, de la grande à la petite Numidie», E.B 26,


2004, 3975-3979.

214
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

Gsell 36 évoquant Massinissa parle « des aventures d’un chef de bande,


d’un fugitif aux abois ». F. Decret et M. Fantar37 écrivent « …(Massinissa)
trop ambitieux, il ne pouvait attendre, sans impatience, la disparition de
tous ses aînés pour accéder au pouvoir. Proitant de la mort de son père
et constatant que la victoire avait déjà abandonné Carthage, il chercha à
se mettre en contact avec les représentants de la république romaine en
Espagne pour leur proposer une alliance »…. Le prince numide impatient
d’accéder au trône massyle quels que fussent les moyens et en dépit des
vieilles traditions, ayant vu soufler en faveur des romains et ayant perdu
son père, s’empressa d’offrir ses services à ceux qu’il considérait d’ores et
déjà comme les vainqueurs ».
Le silence des sources sur Micipsa38 , nous avons peu de textes le
concernant, a fait que ce grand roi est pratiquement ignoré ou presque
par les historiens ; son règne n’ayant pas fait de vagues, le roi devait être
effacé, ayant peu de caractère., etc.
Son règne correspond pourtant à l’apogée du royaume donc du siècle
qui nous retient ; des monuments importants comme le Mqdš de Dougga,
le monument numide de Chemtou, Kbor Klib, le mausolée du Khroub
illustrent l’architecture de l’hellénisme numide39 ; c’est aussi de son époque
que datent des textes comme la borne-limite du Massouge ou la bilingue
libyco-punique dite de Massinissa de Dougga.

Le monnayage numide
La monnaie est un symbole du pouvoir et les questions que peut poser ce
domaine méritent un peu plus d’attention de la part des historiens. Les plus
anciennes monnaies numides connues sont celles émises par Syphax qui a
régné durant le dernier quart du second siècle, c’est relativement tard, la
monnaie devient une réalité chez les autres peuples voisins durant le IVème et
au tout début du IIIème s. Une autre constatation : nous n’avons pas de monnaies
de Gaia. Ceci nous amène à poser la question relative à la naissance des
royaumes masaessyle et massyle. Le père de Gaia, Zilalsan est dit « suffète »
il n’a donc pas été roi et nous ne savons rien sur le père de Syphax. Que les
numides aient connu une ou plusieurs organisations politiques qui pourraient
avoir été des royaumes au début de la seconde moitié du premier millénaire
av. J.-C. ne semble pas faire de doute, par contre faire remonter à une date
aussi haute les royaumes masaessyle et massyle nous pose problème.
L’absence d’un monnayage numide avant les dernières décennies du
IIème s. av. J.-C. conforte cette idée.
Alexandropoulos40 , le spécialiste du domaine, résume clairement la
situation ‘‘l’analyse de ces monnaies que l’on appelle habituellement « de
36. Gsell HAAN III, 301.
37. Decret-Fantar, 1981, 103-104
38. Ghaki 2010.
39. Coarelli-Thébert 1988.
40. Alexandropoulos 149.

215
Mansour Ghaki

Massinissa et de ses successeurs » soulève de nombreuses dificultés.


D’abord ce sont dans l’ensemble des émissions d’iconographie très peu
différenciée, produites en masses sur une très longue période et sans
indication explicite d’atelier émetteur. Il est donc dificile de les répartir
suivant une chronologie interne et de distinguer ensuite les éventuelles
évolutions pondérales. Quant aux ateliers émetteurs c’est essentiellement,
pour l’instant, par déduction et probabilité que l’on les suggère ».
Le dossier des monnaies numides est vite résumé ; nous avons des
monnaies de Syphax et de Vermina, son ils, des monnaies de Massinissa
et de Micipsa portant clairement le nom complet de l’un ou de l’autre roi
et des monnaies portant des abréviations de noms : MN, ‘L, GN et que l’on
a essayé d’attribuer aux possibles monarques ; ainsi MN, l’initiale et la
inale d’un nom, correspondrait à MSNSN ou à MKWSN ; ‘L évoquerait
Adherbal et GN pourrait soit évoquer GLSN, le ils de Massinissa ou soit
Gauda, roi à partir de 105.
Ce qui nous amène aux constations suivantes :
les monnaies de Massinissa portant son nom complet ont circulé aussi
après son décès ;
les monnaies portant MN et l’efigie de Massinissa peuvent avoir été
frappées après 148 ; la période durant laquelle trois princes se partagent
le pouvoir dans un royaume uni utilise les monnaies portant l’efigie de
Massinissa.
nous n’avons pas de monnaies de Mastanaba’ (c’est ainsi qu’est écrit le
nom du roi sur les inscriptions votives d’El Hofra et c’est la forme correcte ;
Mastanabal attestée dans les sources littéraires est une déformation).
c’est une fois seul roi que Micipsa a frappé une monnaie avec son nom
complet et l’expression hmmlkt ; l’inscription GN apparait sur certaines
monnaies. Alexandropoulos pense que « Certaines monnaies de l’atelier de
Cirta portent la légende GN qui pourrait désigner Gulussa, l’un des frères
de Micipsa, qui régna dans un premier temps avec ce dernier et leur frère
Mastanaba’…. Un autre souverain pourrait être représenté par ces lettres
GN : Gauda, qui régna à la suite de Jugurtha, vraisemblablement à partir
de 105… »41 . Le fait que nous n’ayons pas de monnaies portant le nom de
Mastanaba’ qui a partagé le pouvoir avec Gulussa et Micipsa rend dificile
l’attribution de ces monnaies à Gulussa. On ne comprendrait pas pourquoi
un prince aurait eu droit à une monnaie et pas son frère ;les monnaies
portant les lettres KN demeure sans attribution.
la monnaie portant la légende ‘L serait à attribuer à Adherbal ;
il n’y a pas de monnaie portant le nom de Jugurtha même s’il aura eu
un long règne - 118-105 - certes marqué par des troubles et par la guerre
qui l’opposera à Rome ; Alexandropoulos écrit « On remarquera que nous
n’avons attribué aucune monnaie à Jugurtha. Il n’existe en effet aucun
monnayage que l’on puisse lui reconnaître parmi ceux de la Numidie. Le
41. Alexandropoulos 2000, 155.

216
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

fait paraît étrange et a poussé les numismates à lui attribuer des monnaies
que l’on propose aujourd’hui de reclasser tout autrement…. »42 . L’absence
de monnaies de Jugurtha demeure une énigme de la numismatique
numide.

Conclusion
Nous n’avons évoqué que certains aspects du siècle numide, les sources
littéraires, épigraphiques et archéologiques, les questions relatives à la
géographie et celles relevant de l’histoire. Les sujets soulevés n’attendaient
pas de réponses dans notre esprit car il faut admettre que nous sommes
tributaires de l’état de la recherche relatif à la période. Si au début du siècle,
le royaume est en extension, jouant un rôle parfois clé dans la situation
de l’Afrique du nord, à la in et suite à la défaite de Jugurtha, la situation
est totalement inversée puisqu’on peut considérer que le processus qui
va aboutir à la disparition du royaume et à la création de la deuxième
province romaine en Afrique, la prouincia Africa noua, est enclenché dès
105 av. J.-C. D’autres questions auraient mérité d’être posées car elles
sont aussi importantes : d’abord, le volet économique de ce siècle souvent
présenté comme une « période d’enrichissement et d’apogée » la preuve
retenue pour cette lecture furent les contributions en blé fournies par le
royaume à Rome ; ensuite, l’évolution de la société numide vers l’hellénisme
en vogue à l’époque dans toute la Méditerranée et vers la punicisation qui
aura touché l’élite et une partie des citadins laissant à l’écart le reste de la
population. Nous y reviendrons.

‫ملخص‬
‫ وتتميــز هــذه الفــرة بعاقــات‬.‫يتوافــق القــرن النوميــدي أساســا مــع عهــود ماسينيســا ويوغرطــة وميسيبســا‬
،‫امملكــة النوميديــة مــع قرطــاج ورومــا التــي ميــزت بــدور النوميــد (النوميديــن) ي الحــرب البونيقيــة الثانيــة‬
‫ امجــاورة أول‬،‫وتوســع امملكــة عــى حســاب اأراي البونيقيــة ي عهــد ماسينيســا وموقــف رومــا مــن نوميديــا‬ ّ
‫ تســاؤات ذات‬:‫ـكل متم ّعــن ي اأمــر‬ ّ ‫ ومــن هنــا تبــدأ التســاؤات لـ‬.‫ ومــن يوغرطــة‬،‫ أي إفريقيــا‬،‫مقاطعــة رومانيــة‬
‫ مــع امــدن‬،‫ وحتــى تنظيــم امملكــة نفســها وعاقاتهــا مــع رعاياهــا‬، ‫الصلــة بامصــادر القدمــة والجغرافيــا والتاريــخ‬
‫ إ ّن الدراســات امتعلقــة بهــذه الفــرة ها ّمــة ولــئ‬.‫إلــخ‬...‫واأقاليــم «امســتعادة» مــن الســلطة (الحكــم) البونيقية‬
‫ قســنطينة فرصــة للتفكــر‬/ ‫ وســيكون ملتقــى ســرتا‬.‫ن كانــت تســاؤات الباحثــن ا تجــد دامــا إجابــات مرضيــة‬
.‫معــا ومحاولــة لتح ّكــم أفضــل ي جانــب مــن تاريخنــا امشــرك‬

Résumé
Le siècle numide correspond essentiellement aux règnes de Massinissa,
Micipsa et Jugurtha. Cette période se caractérise par les relations du royaume
numide avec Carthage et Rome, marquées par le rôle des numides dans la
deuxième guerre punique, l’extension du royaume au détriment du territoire
punique durant le règne de Massinissa et l’attitude de Rome vis-à-vis de
la Numidie voisine de la première province romaine, Africa et à l’égard de
Jugurtha. Des questions se posent pour qui s’y intéresse ; elles sont relatives
aux sources antiques, à la géographie et à l’histoire comme elles concernent
42. Alexandropoulos 2000, 156-157.

217
Mansour Ghaki

l’organisation du royaume lui-même, ses relations avec ses sujets, avec les cités
et les territoires « récupérés » du pouvoir punique, etc. Les études relatives
à cette période sont intéressantes même si les questions que se posent les
chercheurs ne trouvent pas toujours des réponses satisfaisantes. La rencontre
de Cirta/Constantine sera une opportunité pour réléchir ensemble et essayer
d’avancer dans une meilleure maitrise d’un volet de notre histoire commune.

Abstract
The Numidian century corresponds essentially to the reigns of Massinissa,
Micipsa and Jugurtha. This period is characterized by the relations of the
Numidian kingdom with Carthage and Rome marked by the role of the
Numides in the second Punic War, the extension of the kingdom to the
detriment of the Punic territory during the reign of Massinissa and the
attitude of Rome towards Numidia neighboring the irst Roman province,
Africa, and towards Jugurtha. Questions arise for those who are interested;
They relate to ancient sources, geography and history as they relate to the
organization of the kingdom itself, its relations with its subjects, with the
cities and territories «recovered» from the Punic power, and so on. The studies
of this period are interesting even if the questions asked by the researchers do
not always ind satisfactory answers. The meeting of Cirta / Constantine will
be an opportunity to relect together and try to advance in a better mastery of
a part of our common history.

218
Questions autour d’un «Siècle numide» (205 – 105 av. J.C.)

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