Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
MASTER 2
Archéologie Préventive
« Amator civitatis »
Année universitaire
2012-2013
2
Pour ma mère
3
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier madame Françoise Des Boscs, notre directrice de recherche,
pour ses conseils avisés, son aide précieuse (notamment dans le domaine de
l’épigraphie) et sa constante disponibilité.
Nous tenons également à exprimer notre gratitude envers notre tante Marie-Louise
Colosio pour la relecture et les corrections auxquelles elle a aimablement voulu
s’adonner pour notre mémoire.
4
INTRODUCTION
5
Notre travail de cette année porte sur une première approche des notables
municipaux en Numidie par le biais de la documentation épigraphique. Cette étude
s’inscrit dans une approche plus globale de l’histoire des cités, de la vie municipale,
ainsi que de l’économie. Lors du Xème congrès international d’épigraphie grecque et
latine tenu à Nîmes en octobre 1992, C. Lepelley qualifiait l’épigraphie de « discipline
mère pour qui veut étudier l’histoire des cités et de la société »1. Notre travail de
recherche de master 2 porte sur les notables en Numidie romaine du IIème au IVème siècle
ap. J.-C. La première difficulté est de cerner les limites de la province de Numidie.
1
C. Lepelley « Evergétisme et épigraphie dans l’Antiquité tardive : les provinces de langue latine », in
Actes du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine, tenu à Nîmes, du 4 au 9 octobre 1992,
Christol M. et Masson O. (ed.), p. 335-336.
6
7
D’un point de vue purement administratif la Numidie, en tant que province, fut
créée en 193 sous Septime Sévère. Cette Numidie n’a, alors, pas grand-chose à voir
avec le royaume éponyme fondé à la suite des guerres puniques avec la bienveillance de
la République romaine. En 202 av. J.-C. Rome voulait mettre en place un Etat numide
contrebalançant le pouvoir carthaginois. Au fur et à mesure, le royaume numide ne
cessa d’être morcelé. A la mort de Massinissa, le pouvoir fut partagé entre ses trois fils :
Micipsa l’aîné s’occupa de l’administration, Gulussa commanda l’armée et Mastanabal
fut en charge de la Justice. Finalement Micipsa finit par tenir le pouvoir entre ses seules
mains (de 148 av. J.-C. à 118 av. J.-C.). A la mort de Micipsa, ses deux fils ( Adherbal
et Hiempsal) se disputèrent le trône. Entra en scène Jugurtha (neveu de Micipsa et fils
adoptif de celui-ci) soutenu par Scipion Emilien. Le royaume fut alors, selon la volonté
du père, partagé entre les trois prétendants : Cirta à Adherbal, Thirnida à Hiempsal et
Thugga à Jugurtha. Ce dernier fit assassiner Hiempsal et déclencha une guerre contre
l’autre. Rome, dont l’influence sur la région n’était pas négligeable, trancha en faveur
d’un nouveau partage du territoire numide. Mais c’était sans compter sur l’ambition de
Jugurtha qui provoqua une nouvelle agression contre Adherbal. Ce dernier prit la fuite
pour Rome. Les Romains interviennent en 115 sous le commandement de Metellus et
Marius. En 106 av. J.-C. l’ancien allié de Jugurtha, Bocchus roi de Maurétanie, le trahit
et le livra aux Romains. Jugurtha mourut dans les geôles romaines en 104.
8
aggravation de la situation. En conséquence Claude manda Galba (pour deux ans) afin
de rétablir l’ordre et de soumettre les Musulames.
9
En ce qui concerne, la conquête de la Numidie, Rome s’employa tant bien que
mal à contrôler cette région très agitée. En effet, les populations se soulevaient
fréquemment contre l’ordre romain. Les légions eurent grand mal à pacifier la région.
Les Zénètes (populations nomades du Maghreb) se révoltaient souvent au Ier siècle ap.
J.-C. De plus le manque de structures-relais de la romanité telles que les villes ou bien
la morphologie du terrain (zones de montagnes) empêchaient les légions de bien
contrôler ce territoire. On peut dégager trois grandes phases de l’expansion romaine en
territoire numide : tout d’abord une phase de consolidation (création de colonies
militaires), puis une extension (conquête passant nécessairement par la pacification de
l’Aurès-Nemencha), et pour finir le démembrement (constitution des confins sahariens
qui aboutirent à l’amputation d’une partie de la Proconsulaire ; partie qui passa sous
l’autorité du légat d’Auguste propréteur).
10
potentiel économique et stratégique (exemple : Timgad). La création de colonies
militaires a favorisé le processus d’urbanisation. L’objectif premier était de contrôler les
vastes zones frontalières. J. Gascou évoque les conditions principales du développement
du municipal en Afrique 1:
Le règne de Trajan fut celui qui vit une accélération de l’incursion romaine vers
l’Ouest et donc une multiplication des fondations. Ainsi Thelepte, située à 65 km au
Sud-Ouest de Théveste, Timgad, Diana Veteranorum étaient toutes des fondations de
l’époque trajanne. Thelepte obtint son statut de colonie à partir de la moitié du IIème
siècle. Théveste, quant à elle, était une colonie de vétérans. Toutes ces cités devenaient
des municipes sur la base d’une structure urbaine préexistante. Selon J. Gascou « toute
fondation de municipe suppose une maturation antérieure »2. Ainsi il n’y avait pas de
création de municipes ex nihilo. Thubursicu Numidarum fut également créée sous
Trajan et elle accéda au rang de municipe entre 100 et 117. J. Gascou voit plusieurs
raisons à son élévation en municipe : une romanisation due à la proximité de Madauros
et de la Confédération cirtéenne ; une valeur stratégique pour sa position sur la route
entre Hippo Regius et Théveste. Calame (27 km au nord-ouest de Thubursicu
Numidarum), quant à elle, était une vieille ville marquée par l’influence punique (avant
1
Gascou J. La politique municipale de l’Empire Romain en Afrique proconsulaire, de Trajan à Septime-
Sévère, Rome, 1972, p. 32.
2
Ibid. p. 36.
11
sa transformation, elle fut dirigée par des suffètes). Elle semble être devenue un
municipe sous Hadrien (mais ce n’est que la première apparition). Cuicul semble être
une fondation de Nerva ou de Trajan. Ces créations de municipes et ces fondations
doivent être mises en lien avec la politique d’expansion de Trajan. Ce dernier, en effet,
semble poursuivre l’œuvre des Flaviens mais avec une amplification que constate J.
Gascou1. L’exemple de Timgad est le plus frappant, car cette colonie était directement
en contact avec les peuplades insoumises de l’Aurès. On peut constater la création de
ces muncipes dans des régions où la romanisation était en cours. La multiplication des
municipes semblait « obéir à une volonté de sédentarisation et de romanisation »2. Le
but de la politique de Trajan était d’imposer la présence romaine et d’assurer la sécurité
de la province. D’ailleurs, il fut le dernier empereur à établir des colonies militaires en
Afrique.
Par la suite Hadrien appliqua sa politique comme partout ailleurs dans l’Empire,
c’est-à-dire une sécurisation des acquis romains et un arrêt (relatif) de la conquête. En
Afrique, il fut davantage attentif au développement des zones anciennement conquises.
Il oeuvra ainsi pour une égalisation entre les municipalités datant de l’époque césarienne
et augustéenne. Antonin le Pieux ne fit quasiment aucun progrès dans la
municipalisation de l’Afrique proconsulaire et notamment dans la zone de la future
province de Numidie. C’est en cela que le règne de Marc-Aurèle puis de Commode
marque une rupture : il n’a pas l’ampleur, en termes de fondations de nouvelles
colonies, de l’époque d’Hadrien mais il constitue tout de même un renouveau après
l’immobilisme d’Antonin le Pieux. C’est à cette période que Lambèse obtint le statut de
municipe de droit latin. Verecunda devint également, à cette même période, un
municipe. Enfin, sous Septime-Sévère, on constate une grande importance de la
politique municipale menée par l’empereur (nombreuses fondations en Afrique
proconsulaire). Sous son Principat, Lambèse devint la capitale de la nouvelle province
de Numidie. La datation du passage au statut colonial de Lambèse est assez large : entre
197 et 252. J. Gascou pense qu’elle pourrait dater du règne de Septime-Sévère car c’est
à cette période qu’elle devint la capitale de la province. Et donc le passage de municipe
1
Ibid. p. 132.
2
Ibid. p. 154.
12
à colonie honoraire serait une hypothèse envisageable1. Mais la création de la province
de Numidie n’accéléra pas le processus de municipalisation.
Cette identité romaine est au centre des interrogations sur les notables
municipaux. Les conditions de la romanité sont double : la présence de structures
urbaines (vecteur de cette identité) et l’autonomie locale. Cette autonomie est
importante lorsque l’on approche la vie municipale. En effet, le gouvernement d’une
cité manifeste une volonté de préserver cet idéal d’autonomie. Cette préservation est
placée sous la responsabilité d’élites en compétition pour le pouvoir. Ces élites
composent le gouvernement de la cité en Numidie (et plus généralement à l’échelle de
l’Empire).
1
Ibid. p. 196.
2
Ibid. p. 139.
13
Proconsulaire ; on voit se répandre l’usage de l’expression « Numidie proconsulaire »
définissant un diocèse centré sur Hippo Regius. On ne peut donc parler d’UNE Numidie
mais DES Numidies. Dans le cadre de notre travail de Master 2, nous avons jugé
opportun de délimiter notre zone d’étude à la province de Numidie au sens large. Afin
de compléter le tableau, il faut préciser qu’au début du IVème siècle nous avons trois
Numidies (c’est-à-dire Numidie de Lambèse, Numidie Proconsulaire et Confédération
cirtéenne). Mais en 303, Dioclétien modifie le statut et la dénomination de la
Confédération cirtéenne qui devient Numidia Cirtensis et la Numidie de Lambèse prend
le titre de Numidie militaire.
1
S. Gsell Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, vol. VIII, p. 158
2
J. Heurgon, « les origines campaniennes de la confédération cirtéenne », in Libyca, t. V, 1957, p. 8
3
P. Veyne définit le terme contribuere comme « l’action de rattacher une circonscription territoriale,
quelle qu’elle fût, à une autre circonscription, de lui enlever son originalité administrative. »
(« Contributio : Bénévent, Capoue, Cirta in Latomus, t. XVIII, 1959, p. 568). En conséquence, la
dissolution de ce « lien » entraine une individualisation des cités autrefois membres de la Confédération ;
chacune devenant ainsi une respublica à part entière.
14
capacité de chacune des trois autres cités à choisir leurs magistrats ont conduit Cirta à
devenir une cité comme les autres et à perdre sa prédominance. La dissolution de la
Confédération cirtéenne entraîne de facto un agrandissement de la province de Numidie.
1
Berthier A., La Numidie : Rome et le Maghreb, Paris, 1981, p.184.
15
mesure où, durant plus d’un demi-siècle d’historographie française, il fut teinté de
l’idéologie du conquérant (du colonisateur). En effet, depuis 1830, date à laquelle la
conquête de l’Algérie a commencé, les différents savants envoyés sur zone ont voulu
justifier la conquête en soutenant que la France reprenait l’œuvre civilisatrice de Rome
en Afrique. Cette idée est attestée dans les propos du maréchal Soult en 1833, par
exemple1, par lesquels il atteste du rôle de l’armée dans la connaissance du passé.
Les militaires ont donc fourni un travail très important en matière de relevés
topographiques par exemple. Mais, par la suite, les scientifiques et savants français ont
peu à peu pris le relais. En avril 1837 est créée une commission chargée des recherches
scientifiques en Algérie. A partir de ce moment-là, la recherche a pris deux
orientations : l’analyse précise des monuments historiques et la collecte d’inscriptions.
Ainsi L. Renier a multiplié les voyages entre 1850 et 1851 dans la région de Lambèse.
Ses prospections lui ont permis de mettre au jour une grande quantité d’inscriptions : les
inscriptions latines de l’Algérie comptent 4417 textes dont 1409 sont de Lambèse. Les
inscriptions découvertes par L. Rénier ont fourni une bonne base de sources historiques.
Toutefois il n’a pas tenu compte du support contrairement à T. Mommsen qui a donné
la rédaction du volume huit sur l’Afrique à son collègue G. Wilmanns. Un peu plus tard
en 1894 S. Gsell a obtenu une chaire d’Antiquités de l’Algérie et décide de s’intéresser
aux bâtiments publics et lieux de cultes chrétiens.
1
«L’occupation de la Régence d’Alger par les troupes françaises (…) ne doit pas rester sans résultat
pour la science et de son côtéla Science elle-même peut concourir àcette œuvre de civilisation qui
commence en Afrique sous la protection de nos armes. Quelques personnes qui s’occupent avec une
attention éclairée des affaires d’Alger m’ont signalé, et j’ai senti moi même, les avantages que sous ce
double rapport pouvait offrir une bonne géographie de la Maurétanie sous la civilisation antique et une
histoire de la colonisation des Romains dans cette contrée, des institutions qu’ils ont fondées, des
rapports qui s’étaient établis entre eux et les indigènes. Je n’ai pas besoin d’insister sur l’intérêt
scientifique de ces recherches; celui qu’elles auraient pour l’administration n’en est pas moins évident.».
16
La multiplication de ces revues, sociétés et nouveaux postes montrent bien
l’intérêt que porte le gouvernement français d’alors à la conquête romaine et au concept
de romanisation. L’objectif est de savoir où Rome a échoué et où il a réussi afin de
s’inspirer de son exemple en l’imitant ou en ne commettant pas les mêmes erreurs. C’est
en cela que le concept de romanisation est fortement empreint d’une vision colonialiste.
Cette appréciation tend à s’atténuer au fur et à mesure mais garde tout de même quelque
persistance encore aujourd’hui. Ainsi, l’ouvrage de R. Cagnat (paru en 1892) intitulé
l’armée romaine d’Afrique et l’occupation militaire de l’Afrique sous les empereurs
laissait entrevoir une vision très sécuritaire appliquée au territoire africain (et
notamment la Numidie). La vision de R. Cagnat convergeait avec celle de S. Gsell, une
vingtaine d’années plus tard. Dans son Histoire ancienne de l’Afrique du Nord,
composée de huit volumes (parus entre 1913 et 1929), il s’attachait à une
compréhension globale et totale dépourvue de toute comparaison avec l’époque
moderne. En partant des royaumes indigènes et des rois antérieurs au pouvoir romain, il
procéda par comparaison analogique. Il fit également intervenir des notions
d’ethnologie. Mais malgré tout sa vision rejoint celle de R. Cagnat
De l’autre côté de la Méditerranée, les écrits sur ces problématiques portant sur
l’impact de la culture romaine étaient également au centre des travaux de certains
savants. Mais là encore l’idéologie et le besoin de la construction d’une identité ont pris
une part trop importante dans des ouvrages à but scientifique. L’exemple le plus
frappant est celui d’A. Laroui qui juge l’action de Rome en Afrique très négative. Il met
en avant les révoltes contre l’ordre romain afin de soutenir son propos 2. Parallèlement
d’autres ouvrages paraissent et viennent remettre en question la notion d’une
1
COURTOIS C., JULIEN C.-A., Histoire de l’Afrique du Nord, des origines à la conquête arabe, vol.1,
Paris, 1956.
2
LAROUI A., L’Histoire du Maghreb : essai de synthèse, Paris, 1982.
17
romanisation en tant qu’échange unilatéral de Rome vers la province. M. Benabou avec
son livre sur La résistance africaine à la romanisation pose la question de la pertinence
de ce terme pour qualifier l’influence romaine sur les populations africaines1. Cependant
son ouvrage a fait la polémique dans la mesure où il présentait, dans certains aspects de
la résistance à la romanisation, une vision bipolaire. Dans la première partie de son
ouvrage, traitant de la résistance militaire, M. Benabou semblait se délivrer du
manichéisme inhérent à l’école classique (c’est-à-dire une opposition entre Rome et les
indigènes) et il a mis en valeurs les différentes formes de résistances ou d'acceptations.
Mais dans la deuxième partie concernant la résistance religieuse, il semblait se faire le
défenseur d’une culture africaine si longtemps dominée et opprimée par les
envahisseurs. Le travail de M. Benabou a été vivement critiqué par Y. Thébert dans son
article « romanisation et déromanisation en Afrique : histoire décolonisée ou histoire
inversée ? » paru en 19782. Pour Y. Thébert, le prétexte idéologique semblait davantage
dominer dans la seconde partie de M. Benabou. De plus, ce dernier mettait en évidence
la notion de permanence berbère. Là aussi, Y. Thébert le reprend en affirmant qu’il est
dangereux d’user de la résistance comme un concept unificateur débouchant sur une
vision globale des rapports entre Rome et l’Afrique. La thématique du « berbère »
semblait récurrente chez M. Benabou. P. Le Roux a mis l’accent sur cette notion
globalisante car à l’instar d’un concept de romanisation (à portée civilisatrice)
s’inscrivant dans le cadre de la colonisation par les grandes puissances européennes,
cette notion de résistance constante et systématique se place elle-même dans une
période de décolonisation. On présenterait alors l’image d’un indigène uniformisé. A
l’inverse, on opposerait donc à un Romain abstrait, un indigène qui l’est tout autant3.
1
BENABOU M., La résistance africaine à la romanisation, Paris, 1975.
2
THEBERT Y., « Romanisation et déromanisation en Afrique : histoire décolonisée ou histoire
inversée ? » in Annales, économies, sociétés, civilisations, 33, 1, Paris, 1978, p. 64-82.
3
LE ROUX P. La toge et les armes, Rome entre Méditerranée et Océan, Presses universitaires de
Rennes, Rennes, 2011, p. 58.
4
WOOLF G., (Becoming Roman. The Origins of Provincial Civilisation in Gaul, Cambridge university
press, Cambridge, 1998.
18
the Roman Provinces »1. Tous deux prônent le dépassement de ce concept, trop marqué
par l’empreinte du colonisateur, pour dériver vers une terminologie qu’ils estiment plus
neutre et proche de la réalité. J. Webster est le premier à vraiment proposer un nouveau
terme : celui de créolisation. L’usage de ce terme s’insère tout particulièrement bien
dans un mouvement anglo-saxon très en vogue depuis les années quatre-vingts fondé
sur les études anthropologiques. Le terme de créolosation recouvre, à l’origine, les
éléments de syncrétisme issus des croisements entre la religion des indigènes de Cuba et
le christianisme des colons espagnols du XVIIIème siècle. Ce concept adapté à l’époque
antique est sensé mettre en évidence le rôle d’une culture matérielle romanisée à la fois
vectrice d’une nouvelle identité et protectrice des croyances et pratiques pré-romaines.
Cependant, ce nouveau terme est remis en question car il survalorise certaines notions,
certes primordiales à l’époque moderne, mais très secondaires dans l’Antiquité : des
notions telles que la race ou bien le dogme.
Au vue des débats sur la romanisation, il semble que la question n’est pas encore
réglée. Mais il apparaît difficile de se détacher du concept de romanisation et de le
remplacer par autre chose. Pour notre part, nous partons du principe que ce terme définit
plutôt correctement la réalité d’une influence certaine de Rome sur les populations
conquises. La continuation des cultures et pratiques préromaines ne contredit pas, à
notre sens, cette influence d’une Rome proposant son modèle à ses nouvelles provinces.
C’est notamment ce que semble avoir révélé notre travail de M2 où l’on voit une société
1
WEBSTER J. « Creolizing the Roman Provinces » in American journal of archeology, 105, 2001, p.
209-225.
2
TERRENATO N. « A Tale of Three Cities : the romanization of Northern coastal Etruria », in Italy and
the West. Comparative issues in Romanization, Keay S., Terrenato N. (dir.), Oxbow Books, Oxford,
2001, p. 54-67.
19
romanisée et une certaine fierté vis-à-vis de la communauté et de son propre cursus.
Mais il convient de nuancer en disant que nous n’étudions qu’une partie de cette
population, la plus élevée socialement (donc la plus romanisée), et donc la plus basse
numériquement. Par conséquent, notre étude ne peut privilégier ni l’une ni l’autre des
théories puisqu’elle n’est pas totalement représentative de l’ensemble de la société
africaine d’alors.
Notre étude s’étend du IIème siècle au IVème siècle ap. J.-C. Nous tenons à
préciser que ce découpage n’est pas arbitraire et repose d’abord sur un aspect
pragmatique : la majorité des inscriptions datées se trouve entre ces bornes
chronologiques. De plus, au IIème siècle l’empereur Septime-Sévère crée, officiellement,
la province de Numidie. Les inscriptions datées les plus tardives mentionnent le règne
de Théodose (fin IVème siècle). Nous nous sommes donc fondé sur celles-ci pour établir
le terminus post quem de notre sujet.
Un notable appartient, au sein d’une même cité, à une élite sociale. Mais on
peut se demander quelle différence il y a entre un notable et une élite.
Une élite est une personne jouissant d’une position sociale élevée au sein de la
communauté civique (que ce soit celle d’une cité ou l’ensemble des citoyens de
l’Empire). L’origine de sa position est due à sa richesse mais aussi à son pouvoir et une
influence certaine. Dans son introduction aux études consacrées aux élites hispaniques,
A. Tranoy use d’une défintition de Taine, tirée de son ouvrage Origines de la France
contemporaine (1893) : les élites sont « ceux qui ont des lumières, de l’aisance et de la
conscience »1. Ainsi cette élite se caractérise par une culture, une richesse et une
conscience politique. Cette dernière, A. Tranoy en fait un des « critères les plus
1
NAVARRO CABALLERO M., DEMOUGIN S. (éd.), Elites hispaniques, AUSONIUS, Bordeaux,
2001, p. 9.
20
importants pour définir les élites »1. En effet, la participation des élites à la vie
politique et surtout au pouvoir est un maillon important de la Dignitas.
Où se placent, donc, les notables parmi les élites ? Cette élite englobe la grande
majorité des milieux dirigeants c’est-à-dire à la fois les sénateurs, les chevaliers et
l’aristocratie municipale. Ces trois sous-catégories semblent au départ être bien
distinctes mais au fur et à mesure sont liées les unes aux autres : à partir de la fin du
IIème siècle un nombre croissant de nouveaux chevaliers était choisi parmi les rangs des
notables municipaux. Les notables municipaux faisaient partie intégrante de ces élites.
Mais sans rang équestre ou sénatorial leur perspective de carrière ne se bornait qu’à
l’horizon de leur petite patrie. Mais nous y reviendrons plus tard.
1
Ibid. p. 10
2
CHRISTOL M. « En-deçà du monde des notables : la situation en Gaule Narbonnaise », in
Autocélébration des élites locales dans le monde romain : contexte, textes, images (IIème s. av. J.-C. –
IIIème s. ap. J.-C.), CEBEILLAC-GERVASONI M., LAMOINE L., TREMENT F. (dirs.), Clermont-
Ferrand, 2004, p. 59.
3
Ibid. p. 60.
21
Un sujet traitant des notables municipaux renvoie automatiquement à la notion
de notabilité. Peut-être que cette dernière pourrait fournir une nouvelle définition sur les
notables ? Quelles sont les conditions de la notabilité dans l’Empire romain ? En
premier lieu, comment la notabilité peut-elle se définir ?
Donc pour faire suite à ce que nous avons dit, on peut s’interroger sur ce qui
fonde la notabilité ? Tout d’abord elle repose sur une certaine aisance matérielle. Les
notables étaient des personnes riches (fortune individuelle ou familiale). Leur richesse
reposait essentiellement sur la propriété foncière. Mais pas seulement, car à ces élites
terriennes vinrent se greffer des citoyens romains originaires d’Italie ou de plus vieilles
provinces. Il y avait un certain nombre de vétérans et de petits fonctionnaires accédant à
la propriété foncière par donation ou achat des terres. La deuxième condition (la plus
importante) était la dignitas. Cette qualité caractérisait l’élite romaine et donc était un
facteur de notabilité. La richesse seule ne suffisait pas. Ainsi ce qui faisait la dignité
d’un homme, « reposait en effet à Rome comme dans toutes les cités, sur les honneurs,
sur les magistratures revêtues et non sur l’appartenance à une classe socio-
économique »3. Ainsi, la société romaine était une société dite « timocratique » c’est-à-
dire fondée sur le « règne des honneurs ». Sachant cela, on peut dire que c’était
1
« A propos de la vie financière à Pouzzoles : Cluvius et Vestorius », in Bourgeoisies, 1983, Paris, p. 9
2
MOREL J-P, « Elites municipales et manufactures en Italie », in Les élites municipales de l’Italie
péninsulaire, des Gracques à Néron, actes du colloque de Clermont-Ferrand (28-30 novembre 1991),
CEBEILLAC-GERVASONI M. (dir.), Rome, p. 183.
3
Roman D, Roman Y., Rome : de la République à l’Empire, IIIème siècle av. J.-C. – IIIème siècle ap. J.-C.,
Paris, 2006, p. 312.
22
réellement la carrière des honneurs qui constituait la notabilité. Les notables municipaux
constituaient l’épine dorsale de la vie politique au sein de la cité. Ils siégeaient au sénat
local (curie), et formaient le conseil des décurions. Au sein de ces derniers étaient
choisis les magistrats administrant la cité (questeurs, édiles, duumvirs…). D’un point de
vue plus général, il semble que les cités de l’Orient hellénistique possédaient depuis
longtemps des institutions municipales. Rome calqua ainsi ce modèle sur celui des
nouvelles colonies qu’elle fondait. Par conséquent, on assistait donc à l’émergence
d’une certaine homogénéité, d’un modèle1. On avait donc à la base une assemblée des
citoyens de la cité dont le but était d’élire les magistrats, de délibérer et de prendre des
décisions pour la cité. A côté de ces assemblées, il y avait un sénat composé d’une
centaine de membres, conseillant et contrôlant les magistrats. Enfin le dernier niveau
était occupé par les magistrats de la cité. Ces fonctions étaient collégiales. Le cursus des
honneurs municipaux se composait de plusieurs échelons dont la plus haute fonction
était la quinquennalité (rédaction de l’album hiérarchisé des décurions tous les cinq
ans). La notion de notabilité (dignitas) était inextricablement liée aux charges (munus
et/ou honos) dévolues au gouvernement de la respublica.
Cette distinction s’intègre dans un contexte historiographique où, jusque dans les
années cinquante, certains historiens pensaient que durant Bas-Empire, le poids de la
bureaucratie impériale et l’appauvrissement des provinces étaient si forts que les
fonctions municipales, autrefois considérées comme des honneurs, étaient devenues des
charges (munus) et bientôt des fardeaux (onus).
1
Il faut faire attention à ne pas généraliser outre mesure car il y avait des variations au sein de chaque cité
(notamment en ce qui concernait les magistratures municipales).
23
Claude Lepelley dans l’introduction de son volume un sur les cités de l’Afrique
romaine à la basse période résume l’opinion des historiens du XIXème et du début XXème
siècles en trois livres de synthèse parus entre 1926 et 19271. Tout d’abord, M.
Rostovtzeff dans son Histoire économique et sociale de l’Empire Romain (1926)
affirme que l’aristocratie et la bouregoisie urbaine ont été décimées par les empereurs
militaires du IIIème siècle. M. Rostovtzeff rappelle le règne de Dioclétien comme celui
d’une tyrannie bureaucratique à cause de laquelle toute autonomie municipale fut
supprimée. Il va même plus loin en affirmant que les villes étaient devenues de
véritables prisons. La même année paraît un ouvrage de synthèse sur l’administration
municipale de l’Empire romain, écrit par F. Albot et A. Johnson et intitulé Municipal
administration in the Roman Empire. Ici encore, les deux historiens pensent que
l’autorité du gouverneur oppressa les élites municipales à un point tel qu’au IVème siècle
les cités devinrent des villages denués de toute structure politique interne. Dans La fin
du monde antique et le début du Moyen-Age (1927), F. Lot livre un raisonnement
encore plus systématique que les deux précédents. Selon lui, on assiste à une décadence
irrémédiable des cités au IVème siècle, due à un abandon des fonctions municipales de la
part des familles de notables. C.-A. Julien applique cette conception à l’Afrique romaine
tardive, pour affirmer la « banqueroute frauduleuse de la colonisation romaine »2. Les
trois ouvrages évoqués précédemment montrent relativement bien que cette vision
catastrophiste préodominait chez les savants. C. Lepelley explique cette « vision
pessimiste » par une surinterprétation de certains documents comme le Code
Théodosien qui laisserait paraître un contrôle extrême exercé par l’Etat romain3. De
même, des lettrés tels que saint Augustin ou Optat de Milev mentionnent des épisodes
de violentes émeutes en Numidie. Cela aurait ainsi conforté les historiens dans leurs
conclusions.
Ainsi jusque dans les années cinquante, il n’y eut aucune remise en question de
l’historiographie traditionnelle.
Mais à partir des années soixante, une multiplication des études convergentes
oblige à une révision de cet aspect de l’Afrique. On constate, par exemple, que,
1
LEPELLEY C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, vol. 1, Etudes Augustiniennes, Paris,
1979, p. 10.
2
JULIEN C.-A., Histoire de l’Afrique du Nord, Paris, 1931, p. 62.
3
LEPELLEY C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, vol. 1, Etudes Augustiniennes, Paris,
1979, p. 14.
24
paradoxalement, la crise du IIIème siècle a conduit à une multiplication des inscriptions
municipales mentionnant par exemple des travaux d’édification ou de restauration. Dans
son livre intitulé Civilisation de l’Afrique romaine paru en 1959, G. Picard montre que
les provinces de Proconsulaire et de Numidie présentent une assez forte densité urbaine,
ainsi qu’un degré de romanisation relativement élevé. Selon P. Veyne, il apparait que la
vie municipale entre le Haut et le Bas-Empire n’a que peu changé1. Cette thèse, C.
Lepelley la confirme en 1979 dans son travail sur les cités de l’Afrique romaine du Bas-
Empire2. Dans le volume un, il montre les permanences de la vie municipale en Afrique,
caractérisée, semble-t-il, par un fort esprit de conservatisme. F. Jacques, quant à lui,
s’inscrit dans cette tradition en disant, en ce qui concerne les différents aspects de la vie
municipale, qu’il y a « plus de permanence que d’évolution »3.
Ainsi la question de la place de ces élites et leurs rôles dans la vie municipale
des cités de Numidie se pose. En effet, nous avons dit précédemment que ce qui fonde
la notabilité c’est avant tout la pratique de la politique et l’exercice de magistratures
municipales. Notre corpus nous laisse entrevoir un assez large éventail de fonctions
municipales plus ou moins homogènes. Ces dernières posent un certain nombre de
questions et de difficultés. Tout d’abord on peut se demander si le cursus municipal en
Numidie est fixe ou bien s’il varie en fonction des cités ? Qu’en est-il vis-à-vis d’autres
provinces africaines ? De même, la nature de certaines magistratures municipales pose
des problèmes. A quel moment une magistrature peut-elle se définir comme un honor
ou un munus ? Qu’en était-il de la transmission de ces charges ; peut-on réellement
parler comme le dit J. Andreau d’ « aristocratie municipale » ? Les magistratures
demeuraient-elles aux mainx des mêmes familles ? La question d’une mobilité sociale
des élites municipales semble également se poser. Nos inscriptions paraissent également
révéler une importante activité évergétique en Numidie. Qu’en est-il réellement ? Peut-
on dire que cet évergétisme fonde la notabilité et si oui comment se caractérise t-il ? De
plus, on peut s’interroger sur les renseignements que peuvent nous donner ces
inscriptions évergétiques sur des domaines comme l’économie, l’urbanisme mais aussi
des éléments moins concrets tels que le « patriotisme local ». On peut également se
demander si les actes de munificences étaient toujours librement consentis. Et si, par
1
Veyne P., Le pain et le cirque, sociologie historique d’un pluralisme politique, Paris, 1976, p. 51.
2
LEPELLEY C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, 2 vol., Etudes Augustiniennes, Paris,
1979.
3
JACQUES F., Le privilège de la liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les cités de
l’Ocident romain de Marc-Aurèle à Gordien III (161-244), Ecole Française de Rome, Rome, 1984, p. 75.
25
voie de conséquence, il existait une pression, une obligation de donner pour les notables
municipaux ?
26
PREMIERE PARTIE : Corpus épigraphique
27
1.1. Considérations méthodologiques
Notre travail de recherche nous a amené à réfléchir sur la méthode employée pour
le recensement des notables municipaux. Nos sources pour ce travail furent le Corpus
Inscriptionum latinorum, les Inscriptions latines de l’Algérie, et l’Année Epigraphique.
Ces sources ne sont pas les seules qui permettent d’étudier les notables municipaux. Les
textes des auteurs grecs et romains fournissent également une source d’information plus
ou moins abondante. Cependant dans le cadre de notre mémoire nous avons décidé de
donner la priorité aux catalogues épigraphiques. Nous réservons l’emploi des sources
littéraires pour un futur travail de recherche plus approfondi.
1
Lepelley C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, vol. 1, Paris, 1979, p. 197-201.
28
terres. Et une autre loi de Valentinien III (439) fixait un cens à 300 sous d’or soit une
propriété de 150 jugères (environ 38 ha). Cependant, certaines fonctions ou charges
peuvent être relativement ambigües et donc nous avons été amené à faire des choix. Un
des objectifs étaient de trouver des notables originaires de Numidie. Certaines charges
incombaient non point à des membres de l’aristocratie municipale mais à des
fonctionnaires impériaux « parachutés » dans la province. L’exemple le plus flagrant est
celui du curator rei publicae : au départ, envoyé par l’empereur et extérieur à la cité (et
même à la province), il devint, progressivement, un membre de la notabilité
municipale1. Par conséquent, nous avons choisi de les intégrer dans notre corpus. En
revanche, les gouverneurs ne sont pas présents car ils n’appartiennent pas au « monde
municipal ».
1
Ibid. p. 168-193.
29
La présentation de nos inscriptions dans le corpus se divise en six sections (dont
quatre récurrentes) :
1
Lassère J-M, Manuel d’épigraphie romaine, vol.1, Paris, 2011.
30
leurs travaux. Pour d’autres, nous nous sommes fondé sur les
titulatures impériales ou les fastes consulaires.
6- Commentaire. Cette section, à l’instar, de la précédente,
n’est pas constamment présente dans notre présentation,
mais nous la mettons lorsque certaines particularités sont
mentionnées par les historiens.
1
Corbier P., Griesheimer M., L’Afrique romaine, 146 av. J.-C. – 439 ap. J.-C., Paris, 2005, p. 33.
2
CIL VIII, 2403 (= 17824, 17903) (= AE 1948, 118) (= 1949, 133) (1956, 133) (= AE 1978, 891).
3
Chastagnol A., L’Album municipal de Timgad, Bonn, 1987, p. 33.
31
Mention du décurionat dans les
inscriptions
Mentions du décurionat Total des inscriptions
6%
94%
Dans cette sous-partie, faisant office d’introduction méthodologique, nous avons tenté
de montré notre méthode de travail de recherche, mais aussi de recensement et de mise
en forme. Nous avons mis en évidence les choix et les difficultés qui se sont posés dans
ce travail de master 2 ; et les limites qui peuvent en résulter.
Ainsi, nous avons présenté notre corpus en classant les inscriptions par le lieu de
découverte. Pour cela nous avons suivi le classement effectué par G. Wilmanns dans le
volume VIII du CIL.
32
Répartition chronologique des inscritpions
datées
25
20
15
Nombre d'inscriptions par
10 demi-siècle
0
100-150 150-200 200-250 250-300 300-350 350-400
Comme nous l’avons dit le faible nombre d’inscriptions datées ne peut donner
qu’une vue d’ensemble assez limitée (l’absence d’inscriptions de la première moitié du
IVème siècle peut s’expliquer par le fait que nous n’avons pas pu dater des inscriptions
de cette période). Cependant, on peut dégager une tendance globale sur cette répartition.
Tout d’abord, il ne faut pas, à notre sens, voir le vide des années 300-350 comme
un élément révélateur d’une diminution de la pratique épigraphique ou bien d’un
affaiblissement de la notabilité municipale. Le faible nombre d’inscriptions datées ne
nous permet pas de dire si oui ou non ce vide peut s’expliquer, mais on peut y voir un
concours de circonstance malheureux faisant qu’aucune des inscriptions datées ne se
plaçait dans ces années-là. Quoiqu’il en soit, nous constatons une diminution
progressive de la pratique épigraphique à l’aube du IVème siècle. Nous ne disposons pas
d’arguments probants pour expliquer ce phénomène. Cependant une esquisse
d’explication peut se trouver dans les propos de C. Lepelley s’interrogeant sur un
évergétisme tardif1. C. Lepelley constate cette diminution (d’une épigraphie de
l’évergétisme) et semble l’expliquer davantage par un déclin de la pratique de graver
1
cf. LEPELLEY C., « Evergétisme et épigraphie dans l’Antiquité tardive : les provinces de langue
latine », in actes du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine, tenu à Nîmes, du 4 au 9
octobre 1992, Christol M. et Masson O. (éd.), Publication de la Sorbonne, 1997, p. 335-352.
33
que de l’évergétisme en lui-même1. Malheureusement nous ne sommes pas en mesure
de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse (pour la Numidie) dans la mesure où nous ne
disposons que d’un très faible échantillonage d’inscriptions datées.
1
Ibid. p. 338.
34
1.2. LES NOTABLES DE NUMIDIE : CORPUS EPIGRAPHIQUE
Transcription :
MERCURIO
AUG SACR
Q LONGEIUS Q F PAP
QUAM EX HS V PROMISRAT O O
LDDD
35
Restitution :
Traduction :
Commentaire :
AE 1982, 961.
36
Restitution :
Traduction :
Pour le bonheur des temps heureux, Quintus Cassius Taurus, flamine perpétuel de
Leges (Maiorum), en l’honneur du flaminat de son père qui lui a été attribué avec
l’accord du plus splendide ordre, il a restauré, à ses frais, la curie de sa ville ancestrale.
Datation :
Commentaire :
Ligne 4 : le mot cenitatem est certainement fautif. L’éditeur suggère qu’il s’agit peut-
être de la salle de banquet de la curie, mais la construction de la phrase est alors
inexplicable. F. Jacques nous suggère de lire plutôt : genitalem curiam, la curie de sa
ville natale, expression qui figure dans une loi d’Honorius (C. Theod., XII, 1, 161).
Ligne 3 : après la mort de son père décédé soit en étant flamen designatus soit en
charge, son fils Q. Cassius Taurus a été nommé flamine à sa place, probablement à sa
demande même, et accomplit pendant son propre flaminat l’acte énergétique que, selon
toute vraisemblance, son père avait promis auparavant.
37
1.2.2. MASCULA (Krenschela)
Transcription :
D M S
Restitution :
D(is) m(anibus) s(acrum) / [-] [Iul(ius)] M(…) F(ilius) Papir(ia) Nundinarius Aedil(is)
IIvir qui[nquennalis eq(ues)]/ roman(us) L. Iul(io) Crisp[ino] [fa]milia equestri
defunc[to in Hispania]/ a militis Iuliae Honorat(iae) filiae Q(uinto) Iul(io) Rog[ato
38
fil(io) in memo]/riam eorum et demetriae hieae rarissimae fem[inae suas dis]/ manib(us)
sibi [ et filius] suis superstitb Iul(ius) Demetriano E(t) Iul(ius) Sallus[tiano fecit.
Traduction :
Aux sacrés dieux mânes. Iulius Nundinarius, fils de M(arcus ?), de la tribu Papiria, qui
fut édile duumvir quinquennal et chevalier romain de son état, pour L. Iulius Crispinus
de famille de rang équestre, mort en Hispanie. A Diane, de Iulia Honoratus fille de
Quintus, pour Iulius Rogatus fils en leurs mémoire et […] Iulius Demetrianus et Iulius
Sallustianus ont fait.
Transcription :
DIANAE AUG
P . IULIUS LI
BERALIS SACERDOTA
LIS . P . A . II . VIR
39
II . ET . QQ . P . I . D . IN
COL(ONIA) THYS
DRITANA F P NOMINE
FILIARUM SUARUM I
LIARUM DE
DIT IDEMQ
DEDIC . D . D .
Restitution :
Traduction :
40
Localisation : Timgad (Thamugadi). Decouvert dans le fort byzantin.
Description : autel
Dimensions : 120 x 60
Hauteur des lettres : 6 à 4.5
Hederae : 1 (l.2), 4 (l.7), 3 (l.8), 1 (l.9), 2 (l.10), 2 (l.11), 1 (l.12), 3
(l.13), 2 (l.14), 2 (l.15).
Ligatures : TE (l.11)
Transcription :
FORTUNAE
REDUCI AUG
/////////////
/////////////
/////////////
/////////////
AED STATUAM
LICITUS EST EX
HS XVI N POSUIT
LUDIS EDITIS ET
DEDICAVIT
Restitution :
[----|----]
Est ex/ (sestertium) XVI n(ummum) posuit/ ludis editis et/ dedicavit
Traduction :
Monument dédié à Fortune Auguste restauré - - - - Caius Annius Victor, fils de Caius,
de la tribu Papiria, flamine perpétuel et édile qui a posé une statue d’une valeurs de 16
000 sesterces en l’honneur de son édilité et indépendamment de la somme légitime
dont il s’est acquitté, il a organisé des jeux et il a consacré.
Transcription :
GENIO VIRTUTUM
42
MARTI . AUG . CON
SERVATORI GALER
VALERI MAXIMI
ET FORTISSIMI CAES
VALERIUS FLORUS
V P P P NUM . NU
MINI MAIESTA
TIQUE EORUM
DICATISSIMIUS
Restitution :
Traduction :
Au génie Vertueux Mars Auguste conservateur Galère César, Valerius Florus vir
perfectissimus pronvinciae Numidiae, très dévoué, a posé en l’honneur du numen et de
la majesté de ceux-ci, par les soins de Iulius Lambesius curateur de la république.
43
Localisation : Timgad (Thamugadi), près de l’arc de triomphe. Dans la
maçonnerie de la tour du milieu de la face méridionale du fort byzantin,
sur un dé de piédestal.
Description : autel
Dimensions : 110 x 62
Hauteur des lettres : 4.5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
[HER]CULI AUG
CONSERVATORI
D N IMP M AURELI
VALERI M[A]X[IMIA]NI
INV[ICTI AC SEM]
VALERIUS FLORIUS
V P P P NUM
NUM
INI MAIESTATIQUE
FORUM DICATIS
SIMUS POSUIT
CURANTE
IUL LAMBESIO
CURATORE REIP
44
Restitution :
Traduction :
Pour Hercule Auguste conservateur, à notre maître, imperator Marcus Aurelius Valerius
Maximianus, invincible pour toujours, heureux Auguste. Valerius Florus, homme
perfectissime, président de la province de Numidie, très dévoué, au numen et à la
majesté de ceux-ci. Par les soins de Iulius Lambesius, curateur de la république.
Datation :
Transcription :
45
I.O.M
CONSERVA
TORI D N IMP
C. VAL DIOCLETI
ANI CTI ET
VALERIUS FLO
RUS V P P P NUM NU
MINI MAIESTATI
QUE EORUM DI
CATISSIMUS
POSUIT CURAN
TE IUL(IO) LAMBE
Restitution :
Traduction :
46
Datation :
Transcription :
IMP . CAES
T . AELIO
HADRIANO
ANTONINO
AUG . PIO . P . P
M . CAELIUS
M . F . HORATIA
SATURNINUS
OB HONOR QQ
INLATA RP SUM
HONORARIA EX
HS V N POSUIT
47
IDEMQ DED D D
Restitution :
Traduction :
Pour l’imperator caesari T. Aelius Hadrianus Antoninus auguste pieux père de la patrie.
Marcus Caelius Saturninus, fils de Marcus, de la tribu Horatia, en l’honneur de son
quinquennal s’acquitta de la summa honoraria en donnant 5000 sesterces à la
république, il posa cela et dédia, par décret des décurions.
Datation:
48
Transcription :
FL PP OB HONOREM FLAMONI
TUAM MARTIS AD AR
[PTU
Restitution :
Traduction :
Datation :
Elegabal (218-222).
49
Localisation : Timgad (Thamugadi). Sur le forum.
Description : Autel octogonal.
Dimensions : 150 x 45
Hauteur des lettres : 5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
DOMITORI HOSTI
UM INVICTO
IMP INDULGEN
TISSIMO PRINCIPI
DN FL CL IULIANO
INVICTO PIO FE
RESP ET ORDO CO
LONIAE THAMG
CURANTE FL AUILINO FL P
CURATORE REI
CAVITQUE
Restitution :
50
co/loniae Tham(u)g(adi)/ curante Fl(avio) Auilino fl(amine) p(erpetuo) / Curatore
rei/pub(licae) posuit dedi/cavitque
Traduction :
Datation :
Transcription :
51
UOR PORTICUS CAPITOLI SERIAE VETUSTATIS ABSUMPTAS ET USQUE ADIMA
FUNDAMENTA C
Restitution :
Traduction :
Datation :
52
Commentaire :
Transcription :
SERTIO
M PLOTIO FAUSTO
EQ R PRAEF COH
53
CANATHENORUM
PRAEF(ECTO) ALAE I FL
GALLORUM TAU
RIANAE FL P
SACERD URBIS
PLOTIUS THALLUS
ALUMNUS
PATRONO BENI
GNISSIMO
Restitution :
Sertio/ M(arco) Plotio Fausto/ eq(uiti) r(omano) praef(ecto) coh(ortis) / III Ityreaeorum
trib(uno) coh(ortis) I fl(avia ?)/ Canathenorum/ Praef(ecto) alae I fl(avia ?)/ Gallorum
tau/rianae fl(amini) p(erpetui)/ Sacerd(oti) urbis/ Plotius Thallus/ Alumnus/ Patrono
beni/gnissimo
Traduction :
Marcus Plotius Faustus, signum Sertius, chevalier romain, préfet de la cohorte III des
Ityréens, tribun de la cohorte I fl(lavienne ?) des Canathénérins, préfet de l’aile I
fl(lavienne ?) des Gaulois (taurianae), flamine perpétuel, prêtre de la ville, Plotius
Thallus Alumnus, à son patron très béni.
54
Localisation : Timagd (Thamugadi).
Description : idem (cf. supra)
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
SERTIA
CORNELIAE
VLENTINAE
TUCCIANAE
FL PP
M PLOTIUS
FAUSTUS
A. MILIT FL PP
CONIUGI
DESIDERAN
TISSIMAE
Restitution :
Traduction :
55
A Cornelia Valentina Tucciana, signum Sertia, flamine perpétuel, Marcus Plotius
Faustus,a accompli son service militaire, flamine perpétuel, à sa femme très désirable.
Transcription :
CORNELIAE
VALENTINAE
TUCCINAE
FL PP BONAE
MEMORIAE
FEMINAE AD
EXORNATIO
NEM OPERIS
MACELLI QUO
PATRIAE SU
AE FECERUNT
FAUSTUS MARI
TUS POSUIT
56
Restitution :
Traduction :
Transcription :
M PLOTIUS FAU
STUS EQ R A MILI
TIIS III FL PP
SACERDOS UR
BIS AD EXOR
57
NATIONEM OPE
RIS MACELLI
QUOD CUM VA
LENTINA CON
IUGE PATRI
AE SUAE FECIT
SIBI POSUIT
Restitution :
Traduction :
Marcus Plotius Faustus, chevalier romain, a servi dans les trois milices, flamine
perpétuel, prêtre de la ville, a recouvert avec Valentina, sa femme, par les ornements le
marché, pour sa patrie. Il a posé pour elle.
58
Transcription :
POTA
C PONTIO
PIO VERO
NIANO VIC
RI C P
C. PONTI VICTO
RIS VERIANI
V E FL PP AMA
TORIS CIVIUM
FILIO
Q. HAMMONIUS
DONATIANUS
QPID
PATRONO
LDDD
Restitution :
Traduction :
Pour Caius Pontius Ulpius Verus [-]nianus Victor, signum Potamius, enfant clarissime,
fils de Caius Pontius Victor Verianus, uir egregius, flamine perpétuel et ami des
59
citoyens. Quintus Hammonius Donatianus, questeur, praefectus iure dicundo, patron.
Eplacement attribué par décret des décurions.
Commentaire :
Le titre amator civium semble archaïque et peut correspondre avec un titre d’origine
punique.
L’enfant quant à lui porte le titre de clarissimus puer ce qui est étrange dans la mesure
où son père est un chevalier
Datation :
Selon C. Lepelley, le fait que l’on attribue le titre de uir egregius à un honoratus
n’ayant fait aucune carrière équestre et l’absence de mention de la tribu fait remonter la
datation à la seconde moitié du IIIème siècle. De plus, C. Lepelley remarque que ni les
Pontii ni les Hammonii ne sont présents sur l’album de Timgad ce qui le conduit à dater
l’inscription à une période antérieur au règne de Dioclétien. C. Lepelley précise « sa
graphie onciale est caractéristique, à Timgad du IIIème siècle. »
CIL VIII, 2403 (= 17824, 17903) (= AE 1948, 118) (= 1949, 133) (1956, 133) (=
AE 1978, 891)
Album incomplet : brisé en trois parties et chacune se développant sur deux colonnes
soit en tout six colonnes.
Première partie.
Timgad, in foro in basi fracta alta m. 1,10 ; lata in antica a) m. 0,26, b) m. 0,25 ; in
lateribus m. 0,57. Litteris in antica c. 8 ad 5, in lateribus c.2, postica nunquam scripta
fuit.
Deuxième partie.
Six fragments (de b) à f)) découvert par Duthois à l’intérieur de la curie, publiée par A.
Poulle en 1884 puis complété par le fragment a) par J. Schmidt.
60
Troisième partie.
Transcription :
THAMG VV CC
VALERIUS ERENIANUS
SESSIUS PULVERIUS
VALERIUS PORPHYRIUS
CESSIUS TRIGETIUS
CESSIUS ANDANIUS
SACERDOTALES
ANTONIUS VICTOR FL P
CURATOR
OCTAVIUS SOSINIANUS FL P
DUOVIRI
PAPIRIUS VITALIS FL P
61
CORFIDIUS VALENTINIANUS FL P
GRASIDIUS VICTORINUS FL P
ANTONIUS VINDICIANUS FL P
GRASIDIUS SADUNTIUS FL P
CLAUDIUS LICENTIUS FL P
SENTIUS VICTOR FL P
AUFIDIUS OPTATUS FL P
SESSIUS IULIANUS FL P
EGNATIUS FLORENTIUS FL P
PLOTIUS CRESCENTILIANUS FL P
CINCIUS PORPHYRIUS FL P
ELIUS IULIANUS FL P
FLAVIUS PALMINUS FL P
FLAVIUS VINCENTIUS FL P
SULPICIUS INGENNUS FL P
PLOTIUS PRETEXTATUS FL P
AGRIUS PRETEXTATUS FL P
CINCIUS INNOCENTIUS FL P
IULIUS GUBERNIUS FL P
VALLIUS CANDIDUS FL P
FL AQUILINUS FL P
FL FAUSTINIANUS FL P
VIRIUS MANILIANUS FL P
FL DONATIANUS FL P
62
OCTAVIUS FALACER FL P
ANTONIUS PETRONIANUS FL P
ANNIUS VERISSIMUS FL P
ACILIUS CONCESSANUS FL P
GARGILIUS CALVENTIANUS FL P
SESSIUS IANUARIANUS FL P
PONTIFICES
PLOTIUS ROMULUS
ULPIUS PURPURIUS
HORATIUS MAXIMUS
ELIUS BIBIANUS
AUGURES
IULIUS VICTORINIANUS
FL PULLENTIUS
PLOTIUS PAULINIANUS
EDILES
AURELIUS RUFINUS
IUL VALERINUS
QUAESTORES
VETILIUS SATURNINUS
DUOVIRALICI
FLAVIDIUS SUDIANUS
VATERIUS SAPIDUS
FLAVIDIUS PROCILIANUS
POMPEUS RUFINIANUS
ACILIUS VALERIANUS
63
IUL FAUSTUS
VATERIUS DONATUS
LETORIUS LAERTIUS
VALLIUS HOSPES
ULPIUS ISTHEFANUS
FAUSTINIANUS CITHERI
VARIUS VICTOR
VETILIUS CRESCES
CLAUDIUS TICERIU
SEXTUS SIMPLICIU
ANNIUS URC
CLAUDIU IUN
……
……
……
RMINUS MAIOR
DONATUS
S VICTOR
IUS
64
NTIUS
SILVANUS
US QUINTILIANUS
Q NON EXCUSAT
RIUS LIBERALI
US CAMI
CIUS C US
……
UNCTI EXC
……
……
……
……
IV
OSANUS
METIANUS CERI
RICIUS LACTANTIUS
BLICIUS VICTORIN US
CILIUS SILVIUS
MPEUS SEVERIANUS
F AUSTINUS
NNIUS CUBERNIUS
VALLIUS HOSPES
VALLIUS EMILIANUS
VALLIUS ROTASUS
65
VIRIUS ADELFIUS
SESSIUS AMPELIUS
SESSIUS PETRONIANUS
LIUS DONATIANUS
NNIUS FLAVIANUS
NCIUS AVICIUS
DIUS SECUNDIANUS
S US
US DUBITATUS
US VICTORINIANUS
US LEONTIUS
AUSTINIANUS
ALFIUS
US GUBERNIUS
US DULCITIUS
IANUS
N HONORES FUNCTI
NON EXCUSATI
CENSITUS
MINENTIUS
US DOMITIANUS
IANUARIUS
IUS FLAVIANUS
UNIOR
ULIANUS
66
US
PTIUS
……
CALVIN
IUL AGROBIUS
PAPIRIUS ALFIUS
TINTIRIUS SATURUS
ELVIUS A IUS
ELVIU NULUS
CRANIUS MUCRO
MARCIUS MUNATIANUS
CECILIUS GANGALIUS
OCTAVIUS CRESCONIUS
FL PRIMIANUS
GRANIUS OPTANTIUS
PLOTIUS SENECIO
INNOCENTIUS ABASSI
VARIUS IANUARIUS
PULLAENIUS VICTOR
VETILIUS GAIANUS
IULIUS VICTORINIANUS
PONPONIUS EUCROMIUS
ANTONIUS SALONIUS
FL IANUARIUS
67
GAIULUS DATULLI
VITALIS DATULLI
IULIUS LEPORIUS
ANTONIUS DATIANUS
SESSIUS PULVERIUS
FAUSTINIANUS PALMIN
……
PAPIRIUS FELIX
SERTORIUS CROM
IULIUS EUSTRAT
IULLUS E
SERTOR
……
……
……
……
……
……
……
……
……
……
…….
R…
A…
IN
68
IN
AN
SATU
IULIU
ANTO
VICTO
MESSI
AUREL
CAELIUS MATUTINUS
BRUTIUS VIVENTIUS
DUBIDIUS VICTORINUS
SESSIUS CRESCONIUS
ULPIUS VICTOR
……
……
……
……
……
CLERICI
VIRIUS AGROBIUS
IUL(IUS) ZUCCARIUS
OCTAVIUS GALLUS
SALLUSTIUS VICTORINUS
AURELIUS CRESCES
69
C ASEGMEI
IUL BARIC
SEMPRONIUS DONATUS
SEMPRONIUS GERMANUS
SEMPRONIUS GERMANUS
FABRICIUS APULEUS
……
POMPEUS FAUSTINIANUS
SEXTIUS SABINIANUS
SEXTIUS VICTORINIANUS
VARIUS AUGUSTALIS
VIRIUS ARTEMIUS
CAECILIUS CALCEDONIUS
VIRIUS ARTEMIOLUS
SESSIUS INNOCENTIUS
LETORUS POTENTIUS
FLAVIDIUS SUDIANUS
POMPONIUS CRESCONIUS
POMPONIUS MAURENTIUS
POMPEUS SIMPLICIUS
70
POMPONIUS URANIUS
FLAVIDIUS IULIANUS
ACILIUS ACILIANUS
SERTORIUS CROMATIUS
DUBIDIUS IULIANUS
GRANIUS CESONIANUS
CLAUDIUS DISCOLUS
DOMITIUS LAURENTIUS
POMPEUS EUCARPIUS
AVINIUS BASSUS
POMPEUS CRESCONIUS
LUCCEUS LUCCEI
DUBIZIUS
ACILIUS SPERATIANUS
PLOTIUS MACRINUS
VIRIUS CURTIOLUS
ANTONIUS BOTELLICUS
DUBIZIUS CELERINUS
QUI ET QUINTIANUS
CORFIZIUS CREMENTIUS
ANTONIUS FLORUS
CECILIUS RESTUTUS
DUBIZIUS CRESCENTIANUS
GRANIUS AMANTIUS
71
……
……
……
……
……
IN OFFICIO PREFECTI
ANNONE
AVIANIUS DONATUS
AVIANIUS CRESCONIUS
AVIANIUS CONCILIANUS
SEMPRONIUS FILIUS
SECUNDI
CECILIUS FABBIANUS
POMPEUS PASCENTIUS
POSSIDI
SESSIUS CRESCONIUS
CLODIUS ATIANUS
CLAUDIUS FELIX
SALLUSTIUS GERMANUS
IULIUS ZUCCARIUS
AVIANIUS FAUSTINIANUS
ANNIUS CRESCONIUS
FL CRESCENTIANUS
POMPEUS ADELFIUS
POSSIDIUS POMPEUS
SIMPLICIUS GREGORIUS
72
NASIDIUS NASIDIUS
SEMPRONIUS MELIOR
SEMPRONIUS OPTATIANUS
CLODIUS RESTITUTUS
PAPIRIUS AURELIANUS
FL REPENTINUS
……
……
……
……
ROGATIANUS FILIUS
PAULINI ARISSANI
ARISSANI
BINCENTI
IULIUS PLACUNTIUS
ARISSANI
Restitution :
73
Valentinus p(a)tr(onus) / Valerius (H)eren(n)ianus / Sessius Pulverius /
p(erfectissimus) /
sacerdotales /
curator /
duoviri /
74
Aquilinus fl(amen) p(erpetuus) / Fl(avius) Faustinianus fl(amen) p(erpetuus) /
pontifices /
augures /
(a)ediles /
duoviralici /
75
[Claudius Fi]rminus maior / [3] Donatus / [3]s Victor / [3]ius / [3]s /
76
Pulverius / Faustinianus Palmin[us] / [[6]] / Papirius Felix / Sertorius
77
Curtiolus / Antonius Botellicus / Dubizius Celerinus / qui et Quintianus /
78
Transcription :
Q SULPICIUS
LICINIUS L F EQ ROM
FL P IN SPLENDI
DISSIMIS CIVITA
IB DUABUS COL
AMUG ET MU
NICIPI LAMBAE
SITANI IN COL
AUTEUM THAMUG
ETIAM OMNIB
Restitution :
Traduction :
Q. Sulpicius Licinius, fils de L., chevalier romain, flamine perpétuel, servant dans les
deux plus splendides cités la colonie de Timgad et le municipe de Lambèse, ayant non
seulement accompli tous les honneurs. Il est fait patron.
79
CIL VIII, 2409 (= 17909)
Transcription :
M . VIRRIO . M . FIL
THAE . EQ . R . FL . P . P . DECU
RIONI . SPLENDISSI
MAE . COLONIAE
CARTHAGINIENSIUM
GADENSIUM //////
TIALI /////////
N ///////////
////////////
80
////////////
////////////
Restitution :
M(arco) Virrio M(arci) f(ilio)/ Pap(iria) Flavio Iugur/thae eq(uiti) r(omano) fl(amini)
p(er)p(etuo) decu/rioni splendissi/mae coloniae/ carthaginiensium/ curatori reip(ublicae)
tan/tum diserto quan/tum bono splendidis/simus ordo col(oniae) tham[u]/gadensium [---
-]/ tiali [----]/ sus [----] o [----]/ n [----]|-----
Traduction :
A Marcus Virrius Flavius Iugurtha, fils de Marcus, de la tribu Papiria, chevalier romain,
flamine perpétuel, décurion de la très splendide colonie de Carthage, curateur de la
république aussi habile que bon. Le très splendidie ordre de la colonie de Timgad
AE 1968, 647.
Restitution :
81
Genio coloniae Aug(usto) sacrum / [M(arco) Lucceio Tor]q[uato Bassiano leg(ato)]
Aug(usti) [pr(o)pr(aetore) co(n)s(ule) des(ignato) pat(rono)] / [col(oniae)] dedic(ante)
ob honor(em) fl(amoni) perp(etui) M(arci) Publici C(ai) fil(i) Pap(iria) Candidi /
C(aius) Publicius C(ai) f(ilius) P(apiria) Veranus frater eius super (sestertium) X(milia)
legit(imam) promissis / amplius (sestertium) XX(milibus) ampliata pec(unia) ex
(sestertium) LXIIII(milibus) aedem a solo cum statua fec(it)
Traduction :
AE 1979, 670
Restitution :
82
in col(onia) Thys/dritana f(lamen) p(erpetuus) lacum quem super legi/[timam flamoni
summam promiserat ex HS] / XXXII(milibus) CCCXLVIII fecit idemq(ue) dedic(avit)
d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
Commentaire :
AE 1982, 958.
83
Localisation : Timgad (Thamugadi). Trouvée dans le fort byzantin.
Description : base en calcaire blanc. Le texte a) est gravé sur la face
principale, le champs épigraphique est mouluré. Lettres (face a))
présentent des traces rouges. . Les textes b) et c) s trouvent sur les faces
latérales.
Dimensions : 120 x 62 x 52 (dimensions générale), 107 x 25
(dimensions du champs épigraphique a)), 120 x 27 (dimensions des
champs épigraphiques b) et c)).
Hauteur des lettres : 4 (a)), 2.5 à 2 (b) et c))
Hederae :
Ligatures :
Restitution :
84
Aemilius Vict(or) / C(aius) Annius Posianu(s) / L(ucius) Claudius Festiv(u)s /
T(itus) Flavius Cumin(us) / L(ucius) Aemilius Dona(tus) / Q(uintus) Pomponius
Gemin(us) / Q(uintus) Grattius Donat(us) / L(ucius) Blossius Honor(atus) / Q(uintus)
Cornelius Vict(or) / L(ucius) Valerius Felix / Q(uintus) Iulius Fortuna(tus) / P(ublius)
Camerius Fa/ustus / C(aius) Peticius Castus / Q(uintus) Arrius Processus / Stablicus
Datation :
Cette dédicace à Diane Auguste a été faite pro salute de Caracalla et Géta entre le 4
février 211 et le 27 février 212. Après l’assassinat de Géta, les noms des deux
empereurs furent martelés et on regrava, aux lignes 10-12, avec de nombreuses
ligatures, les noms de Septime Sévère et de Caracalla. Pour Iulia Domna, associée à
l’hommage, on martela, à la ligne 17, le orum de Augustorum, et l’on regrava i et sen.
Commentaire :
La curia Commodiana, appelée par erreur Commoda dans le C.I.L, VIII, 2405, était
donc déjà connue à Timagd, avec la curia Marcia (17906).
L’intérêt principal du texte réside dans la liste des 52 curiales dont 20 appartiennent à
des familles de notables connues par leurs libéralités, 16 à des familles peu connues et
16 autres à des familles jusqu’ici absente de la vie politique et sociale de Thamugadi. A
noter que le magister n’est nommé qu’en douzième position, ce qui, semble- t-il,
indique que les membres de la curia sont classés par ordre d’entrée, par ancienneté, non
d’âge, mais d’appartenance à la curie. Enfin, le nombre de 52 pour une curie paraît bien
signifier que les curiales ne représentaient qu’une partie du corps politique des cives,
ceux qui délibèrent ; les autres, la masse (populus) constituant ceux qui votent.
AE 1987, 1072.
85
Localisation : Timgad (Thamugadi). Découverte à l’oued Taga.
Description : base.
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Restitution :
Traduction :
AE 1987, 1073.
86
Restitution :
Imp(eratori) Caes(ari) T(ito) Aelio Hadri/ano Antonino Aug(usto) Pio p(atri) p(atriae) /
M(arcus) Acilius Man(ii) fil(ius) Papir(ia tribu) Concessus aedilis / p(raefectus) i(ure)
d(icundo) ob honorem ae/dilitatis super le/gitima(m) quan/ti pollicitus est / (sestertium)
II n(ummum) ex (sestertium) IIII n(ummum) / posuit idemq(ue) dedicavit / tempore
aedilitatis suae / d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
Datation :
Commentaire :
M. Acilius doit être un ancêtre du flamine Acilius Concessianus qui figure sur l’album
de Timgad (CIL VIII, 2403).
AE 1997, 1728.
87
Localisation : Thamugadi (Timgad). ). Dans l’atrium de la maison des
Corfidii.
Description :
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Restitution :
Traduction :
88
Localisation : Lambèse. Sur la voie septimienne, près de
l’amphithéâtre.
Description :
Dimensions : 130 x 96
Hauteur des lettres : 12 (l.1), 6.5 à 5 (seq.)
Hederae :
Ligatures : DI, VI, AE pour DIVINAE (l.7), MI, NI pour NUMINI
Transcription :
IOM
CONSERVATORI
L. MARIUS CRESCENTI
PECUNIA POSUIT
Restitution :
89
totiusq(ue) Domus divinae/ L(ucius) Marius Crescenti/annus q(uaestor) aedil(is) IIvira/
devot(um) numini eorum a/ram quam devovit sua/ pecunia posuit
Traduction :
Datation :
On peut tenter de dater cette inscription grâce à la mention de Iulia Mammea. Cette
dernière est élevée au rang d’Augusta le 14 mars 222. Le terme de mater peut renvoyer
aux titres de « Mère des Camps » (obtenus sans doute en 224) ou de « Mère du Sénat »
(226). On peut donc tenter de réduire le cadre chronologique entre 224 et 235, date de
l’assassinat de Sévère Alexandre et de sa mère et proclamation de la damnatio
memoriae.
Commentaire :
Nous sommes en présence d’un personnage qui a gravi la majorité des échelons de
l’administration municipale. Il semblait être duumuir au moment où il fit graver cette
dédicace.
90
Localisation : Lambèse.
Description : Pierre
Dimensions : 58 x 99
Hauteur des lettres : 3.5
Hederae : 1 (l.1), 1 (l.3)
Ligatures :
Transcription :
ISIDI AUG
CESSAUERIT UT SALERET
CURAVERUNT
Restitution :
Isidi aug(ustus)/ L(ucius) Figilius Secundus Fl(avius) Crispinus/ aediles lacum quod
annis II II/ cessauerit ut saleret/ Curaverunt.
Traduction :
A Isis auguste, Lucius Figilius Secundus et Flavius Crispinus, édiles, ont remis en état
la fontaine qui avait cessée (de fonctionner) depuis quatre ans.
Datation :
Toujours selon Dupuis on peut dater cette inscription autour de 250-260 sans pouvoir
être davantage précis.
91
Commentaire :
Transcription :
92
REM STATUM ADDITIS LIMIS RESTITUERUNT CURANTIBUS AE
Restitution :
Traduction :
Datation :
93
Localisation : Lambèse. Au nympheum.
Description :
Dimensions : 53 x 120
Hauteur des lettres : 5
Hederae : 1 (l.4), 4 (l.5), 6 (l.6)
Ligatures : NT (l.3), NT (l.4), IAN (l.5)
Transcription :
PP CUR R P
Restitution :
Aquam Titulensem quam ante annos / plurimos Lambaesitana civitas in / terverso ductu
vi torrentis amiserat / perforato monte instituto etiam a / solo novo ductu Severinius
Apronianus v(ir) p(erfectissimus) p(raeses) p(rovinciae) N(umidiae) / pat(ronus)
col(oniae) restituit cur(ante) Aelio Rufo v(iro) e(gregio) fl(amine) p(er)p(etuo)
cur(atore) r(ei) p(ublicae)
Traduction :
94
La cité de Lambèse, depuis un grand nombre d’années, avait perdu dans le tournant
(teruerso) amenant le flux d’eau (ui torrentis) à l’aqua Titulensis il fut reconstruit encore
depuis une nouvelle base, et la montagne fut percée (par un canal). Severinius
Apronianus homme perfectissime, praeses pronvinciae Numidiae, patron de la colonie,
a reconstruit (l’aqueduc), par les bons soins d’Aelius Rufus vir egregius flamine
perpétuel et curateur de la république.
Datation :
A partir des années 276-282, selon M. Janon (« recherches à Lambèse : I. La ville et les
camps, II. » Aquae Lambaesitanae, in antiquités africaines, n°7, 1973, p.226).
Commentaire :
Une crue d’un oued avait endommagé l’aqueduc, et il fut reconstruit aux frais de la cité.
On peut remarquer qu’il est assez rare de voir un curateur flamine perpétuel à une
période « pré-dioclétienne ». Cela montre que la charge de curateur commençait déjà à
être occupée par les curiales.
Transcription :
95
VICTORIAE
AUGUSTAE
C GARGILIUS
FELIX Q Q AE
DILICIUS
DUM
VIRALICIUS
QUINQUEN
NALIS
LDDD
Restitution :
Traduction :
A Victoire Augusta, Caius Gargilius Felix, de la tribu Quirina, ancien questeur, ancien
édile, ancien duumvir quinquennal. Emplacement attribué par décret des décurions.
Commentaire :
Nous en face d’un dédicant dont le cursus municipal semble complet à ceci près qu’il
manque le flaminat perpétuel. Mais il montre qu’il a achevé chacune des fonctions qu’il
a occupées.
96
Localisation : Lambèse.
Description : Sur des fragments de l’attique de l’arc de Commode,
trouvés au pied du monument, du côté ouest. Fragment endommagé
dans sa partie
Dimensions : 50 x 203
Hauteur des lettres : 10 (l.1), 9 (seq.)
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
C. POMPONIUS MAXIMUS EX C
Restitution :
Traduction :
Datation :
Commode (180-192).
97
CIL VIII, 2711.
Transcription :
M AURELIO AN
[S]EXTILIUS SATURNINUS
FL P OB HONOREM FLA
LATI POLLICITUS EX HS V N
NORARIA SUMMA ET EO AM
98
TIS DUPLIS
Restitution :
Traduction :
A l’imperator caesar Marcus Aurelius Antoninus Pieux Auguste, grand pontife, ayant
revêtu la puissance tribunicienne pour la onzième fois, consul pour la troisième fois,
proconsul, fils de notre Auguste Sévère. Sextilius Saturninus, flamine perpétuel avait
promis sur l’honneur pour son flaminat perpetuel une statue de 5000 sesterces, somme
qu’il augmenta. Il posa et consacra. Indépendamment de la summa honoraria s’élevant
à 12000 sesterces qu’il augmenta de 8000 sesterces acquittés envers la république et il
distribua des sportules envers le conseil des décurions ( ?) et le doubla pour ceux ayant
exercé les honneurs.
Datation :
Caracalla est associé au trône en 198, il a revêtu onze fois la puissance tribunicienne.
Donc nous pensons que cette inscription daterait de 208-209..
99
Localisation : Lambèse. Entre les thermes et les petits bains.
Description :
Dimensions : 35 x 37
Hauteur des lettres : 3.5 (l.1-3), 2 (l.4), 1 (seq.)
Hederae : 1 (l.8).
Ligatures :
Transcription :
AU
Restitution :
Imp(eratori) caes(ari) M(arco) Aurelio Se[vero Alexandro]/ Pio felici augusto [et Iuliae
Mamaeae]/ aug(ustae) [matri augusto n(omine) et cast(rorum) et sen(ati) et patriae]/
curiae sabinae seniores q[---] C(aius) Pomponius felix fl(amen) p(er)p(etuus) C(aius)
100
Iulius Fortu[natus]/ C(aius) Valerius Clodianus fl(amen) p(er)p(etuus) C(aius) Fabricius
im()/ L(ucius) Postumius Honoratus f(lamen) p(erpetuus) M(arcus) Asiunius Sagu()/
L(ucius) Licinius felix fl(amen) p(er)p(etuus) C(aius) Pomponius Fe(lix ?)/ C(aius)
Sossius Pulcer im pp C(aius) Valerius Se( ?)/ Sittius Saturian(us) im pp Lucius
Postumius Fil( ?)/ [---]nus im pp / Lucius Licinius Feli[x]
Traduction :
Pour l’imperator caesar Marcus Aurelius Severus Alexander, pieux, heureux Auguste
et à Iulia Mamea, Augusta, mère pour le nom d’Auguste, et mère des camps et du Sénat
et de la Patrie, les seniores des curies sabines [---] Caius Pomponius Felix, flamine
perpétuel, Caius Iulius Fortunatus, Caius Valevius Clodianus flamine perpétuel, Caius
Fabricius im( ?), Lucius Postumius Honoratus flamine perpétuel, Marcus Asiunius
Sagu( ?), Lucius Licinius Felix, flamine perpétuel, Caius Pomponius Felix ( ?), Caius
Sossius Pulcer im pp (flamine perpétuel ?), Caius Valerius Se( ?), Sittius Saturianus, im
pp (flamine perpétuel ?), lucius Postumius Fil( ?) [---nus (flamine perpétuel ?), Lucius
Licinius Felix.
Datation :
Entre 226-235.
Localisation : Lambèse.
Description : Fragment d’architrave muluré en haut et en bas
Dimensions : 42 x 132 x 28
Hauteur des lettres : 6 à 5.
Hederae :
Ligatures :
101
Transcription :
OB DIEM FESTISSIMUM DE
XIMI ///////////
ORNANDAMPLATEAM ARCUS
Restitution :
Traduction :
Pour le jour de grande fête, ---- pour les ornements de la rue et l’arc --- par les soins de
Silicius Silicianus, flamine perpétuel et curateur de la république.
Commentaire :
102
Localisation : Lambèse. Découvert parmi les métériaux du fort
byzantin.
Description : Autel brisé dans sa partie supérieure.
Dimensions : 70 x 56
Hauteur des lettres : 6
Hederae : 1 (l.11)
Ligatures : LI (l.1), IR (l.2), TI (l.4), UM (l.5), HE, VE, TI, NUM, HA,
UM, TI (l.6), NAM, THAMUC, NAM (l.7), AMIL, VI, IR (l.8), VIR,
Transcription :
IUS V E FL PP DUUMVIRA
LICIO D O R P CURATORI
AD FISCI ADVOCATIONES
THEVESTINAM HADRUMETI
IIVIR CONCORDISSIMO
FRATRI
Restitution :
103
mil(itiis) Victorinus / fl(amen) p(er)p(etuus) IIvir et Hor(atius) Paritor a mil(itiis) / IIvir
concordissimo / fratri
Traduction :
A Aelius Rufus Iuanuarius, vir egregius, flamine perpétuel, ancien duumvir, par décret
de l’ordre de la république, curateur perpétuel, nommé avocat du fisc à trois postes
successifs, Théveste, Hadrumète, Timgad, et chargé de l’annone , ayant effectué son
service militaire. Aemilius Victorinus, flamine perpétuel, duumvir, et Horatius Paritor
ayant fait son service militaire, duumvir. Au frère, le plus entendant.
Datation :
Selon J-M David, le titre a militiis remplaçant l’énumération des postes militaires que
doit occuper un chevalier, n’apparaît que sous le règne de Septime-Sévère et disparaît
avec la réforme de Gallien. En conséquent cette inscription date d’avant 260. Pour J-M
David, cette inscription trouverait sa place entre 248-250 et 260.
Commentaire:
Nous sommes en présence d’un cursus inversé. Pour J-M David le lapicide voulait
montrer que les deux fonctions ont été gérées en même temps. Il aurait ainsi préférer les
intégrer toutes les deux en une seule et même formule tout en les distinguant par deux
termes ter numero et perpetuo.
Titre mis en relation avec les réformes des administrations de l’annone et des domaines
en Numidie, pendant les persécutions de Valérien (257-260).
104
Localisation : Lambèse. Parmi les matériaux du fort byzantin.
Description : Autel.
Dimensions : 115 x 38
Hauteur des lettres : 5.5
Hederae : 1 (l.11), 1 (l.12).
Ligatures : NI (l.5)
Transcription :
D.M.S
SEXTO . VERTE
BLASIO . VICT
ORI PRIMO . DU
MVIRO . MUNICI
PII . LAMBESIS . V
SEX . VERTEBLASI
US . VICTOR PR
F . EQUITUM FIL
PATRI RARISSI
MO FECIT
Restitution :
Traduction :
105
Aux sacrés dieux mânes, à Sextus Verteblasius Victor, premier duumvir du municipe de
Lambèse, il vécut quatre-vingt-dix ans. Son fils Sextus Verteblasius Victor, préfet des
cavaliers a fait cette dédicace à son père exceptionnel.
Datation :
Transcription :
PROCESSUS EQ R FL PP SB E PAR
106
Restitution :
Traduction :
Transcription :
DMS
CAELIAE OCTA
VIAE VIX . AN . XL
ERIOSA VIX AN X
ET / / GOGIUS VIX
AN VIII FAUSTINUS
FL PP AED PAR ME
107
RENTISSIMUS FECIT
Restitution :
D(is) m(anibus) s(acrum)/ Caeliae Octa/viae vix(it) an(nis) XL/ et filii eius Vet/eriosa
vix(it) an(nis) X et [---] Gogius vix(it)/an(nis) VIII Faustinus/ fl(amen) p(er)p(etuus)
aed(ilis) par(ens) me/rentissimus fecit
Traduction :
Aux sacrés dieux mânes, à Caelia Octavia qui vécut soixante ans et à son fils Veteriosa
qui vécut dix ans et [---] Gogius qui vécut huit ans. Faustinius flamine perpétuel, édile
parent le plus méritant à fait cette dédicace.
Transcription :
DMS
Q. MALLIUS
DONATUS D
UVIRALICIUS
108
QUI VIXIT AN
V TANNONIA
VALERIA COI
UX MARITO
Restitution :
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Q. Mallius Donatus, ancien duumvir, qui vécut soixante-cinq
ans. Tannonia Valeria, sa femme, à son mari.
Transcription :
DMS
POMPONIUS
NEPOTIANUS
CORNELIA TAE
CUSA CONIUGI
109
KARISSIMO
H.S.E
Restitution :
Traduction :
Transcription :
DMS
SALLUSTIA VIC
TORIA SACERDA
MAGNA V A XCV
MENSIB VII IU
110
LIUS FAUSTINUS
ET IULIA DONATA
MATRI BENEMERENTI
Restitution :
D(is) m(anibus) s(acrum)/ Sallustia vic/toria sacerda/ magna v(ixit) a(nnis) XCV/
mensib(us) VII Iu/lius Faustinus/ et Iulia Donata/ matri benemerenti
Traduction :
Aux sacrés dieux mânes, Sallustia Victoria grande prêtresse vécut quatre-vingt-quinze
années et sept mois. Iulius Faustinus et Iulia Donata, à leur mère bien méritante.
AE 1987, 1064.
Restitution :
---- Aemilianus, ayant effectué son service militaire, flamine perpétuel et Sextus Sinicus
Rufus, flamine perpétuel ----
Datation :
Sextus Sinicius Rufus doit sans doute être identifié à l’advocatus homonyme qui honore
comme son patron le légat consulaire Ti. Iulius Pollienus Auspex, en poste sous
Caracalla. Un autre avocat de Lambèse dans les années 198-200.
AE 1987, 1070.
Restitution :
Traduction :
112
A Mercure Auguste sacré, Publius Aelius Maximus a consacré un autel de bon gré,
comme de juste, qu’il avait promis en l’honneur de Publius Aelius Felix, flamine
perpétuel, il a fait don.
Commentaire :
Transcription :
GENIO
SANCTISSI
MO ORDINIS
C . VALERIUS
113
SECUNDUS
OB HONOREM
FL . PP . AB UNI
VER . ORD . IN
SE CONL . ADDIT
AD LEGITIMA HS II CC CC N QUAE
POLLICITUS
ERAT ET AMPLI
US HS DC N EX
HS V N FACIED
DEDIC . CURAVIT
Restitution :
Traduction :
Au très saint Génie de l’ordre, Caius Valerius en l’honneur de son flaminat perpétuel
qui lui a été conféré par l’ensemble de l’ordre, ajouta à la somme légitime de 2400
sesterces promises et fut augmentée de 600 sesterces, il pris soin de faire faire et de le
dédié pour une valeur de 5000 sesterces.
114
Localisation : Verecunda (Marcouna). Au forum.
Description : Base.
Dimensions : 54 x 35
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures : TI (l.2), TI, IL, IR (l.3), DI, LI (l.4), IR (l.5), TI (l.6).
Transcription :
DEDICAVIT FL PP EQ R EUASI
MULASIUS
Restitution :
Genio patriae Aug(usto) P(ublius) Horatius / P(ubli) Horati Crescentis fil(ius) Quir(ina)
Restitutianus / aedilicius praef(ectus) pro IIIvir(is) IIIvir desig(natus) / col(oniarum)
[I]III Cirtens(ium) aram constituit idemq(ue) / dedicavit fl(amen) p(er)p(etuus) eq(ues)
R(omanus) Euasi / Mulasius
Traduction :
115
Datation :
Commentaire :
Transcription :
GENIO
POPULI
Q. CAECILIUS Q. F
RUFUS OB HONO
116
REM FL PP ADDITIS
AD LEG SUMMAM
HS II N EX HS II II N POL
LICITUS FUERAT
SEMPRONIA PAU
LINA EIUS ET
Q. CAECILIUS CAS
TUS FIL FL PP FA
CIENDUM DEDI
CANDUMQUE CURA
Restitution :
Traduction :
Au Génie du Peuple, Quintus Caecilius Rufus, fils de Quintus, en l’honneur de son titre
de flamine perpétuel, ajouta 2000 sesterces à la somme de 4000 qui fut promise.
Sempronia Paulina et Q. Caecilius Castus fils du flamine perpétuel ont fait faire (cet
autel) et l’on dédié. Ils en prennent soin.
Datation :
117
CIL VIII, 4194 (= 18490) (= ILS 6852).
Transcription :
GEN VICI
AUG
CN BAEBIUS
CN FIL STELLAT
CAEREALIS ORT
FL PP ADIECTIS
AT. LEGITIMAM
FL HS II M N
HS I DCC N
ET AMPLIUS
HS I N
118
POSUIT
IDEMQ
DEDICAVIT
Restitution :
Gen(io) Vici/ aug(usto)/ Cn(eius) Baebius/ Cn(eius) fil(ius) stellat/ Caerealis Ort(a ?)/
Fl(amen) p(er)p(etuus) adiectis/ at. Legitimam/ Fl( ?)( sestertium) (duorum) m(illia)
n(ummum)/ (sestertium) I DCC n(ummum)/ et amplius/ Inlatis rei publicae/ (sestertium)
I n(ummum) Posuit/ idemq(ue)/ dedicavit
Traduction :
Au Génie du Vicus Auguste, Cneius Baebius Caerealis Cae, fils de Cneius, d’Ortus,
flamine peprétuel, ayant ajouté à la somme légitime de 2000 sesterces, 1700 sesterces
de plus, et s’acquitta envers la république d’une augmentation de 1000 sesterces, il posa
et consacra.
119
Transcription :
IOM
CONSERVATORI
L. PROPERTIUS L. F MARTI
FLAMONI PERPETUI AB OR
HS IIII N PROMISERAT AM
DAM DEDICANDAMQUE
CURAVIT
Restitution :
Traduction :
Datation :
213.
121
Transcription :
IUNONI CONCORDIA
SENATUS AC PATRIAE
IN SE CONLATI EX HS IIII
PROMISERAT PROPER
TIUS MARTIALIS VE FL PP
CANDAMQUE CURAVERUNT
Restitution :
Iunoni concordia/ aug(usta) pro salute/ Imp(eratoris) caesar(is) M(arci) Aureli/ Severi
Antonini pii fel/icis aug(usti) parth(ici)/ Max(imi) Brit(annia) max(imi)/ pontif(icis)
122
max(imi) tr(ibunitia) p(otestatis)XV imp(eratoris)/ II co(n)s(ulis) IIII proco(n)s(ulis)
divi/ Severi fil(ii) et Iulia Aug(ustae)/ matris aug(usti) et castror(um) e(t)/ senatus ac
patriae/ quod L(ucius) Propertius L(ucii) f(ilius) Vic/tor vet(eranus) ob honorem
fla/moni perpetui ab ordine/ in se conlati ex HS IIII/ promiserat Proper/tius Martialis
ve(teranus) fl(amoni) p(er)p(etui)/ Frater e(t) Propertius Vic/tor aevocatus filius eius/
ampliata summa faciend(um) dedi/candamque curaverunt.
Traduction :
Datation :
Commentaire :
C. 4196-4197.
Selon François Jacques, les deux bases ont été dédiées à Jupiter et Junon en 212. La
Concorde ramène au règne commun de Caracalla et Géta. Les dédicants sont deux frères
s’étant engagés à la même pollicitatio. La statue de Junon est élevée par augmentation
de la somme par le fils de dédicant et son frère. Pour François Jacques : « L'intervention
du frère, Martialis, peut d'abord s'expliquer par l'absence éventuelle de Propertius Victor
junior » (Jacques F., Le privilège de la liberté, p. 722). Ce dernier est dit en effet
aeuocatus ; on sait que les évocats sont des soldats d'élite, en général ayant fait leur
temps de service dans les cohortes romaines, qui, leur temps fini, se réengagent et se
voient confier des fonctions avant tout administratives.
123
CIL VIII, 4202 (= 18494).
Transcription :
VICTORIAE
GERMANICAE
C. IULIUS . SECUNDINUS
THEVESTINI . ET . SILVANI
FRATRUM . OB . HONO
124
REM . FL . PP INLA
LEGITIMA . HS . II . N . ET . CON
DECURIONIBUS . SPORTU
QUAM EX HS VIIII N
PROMISERAT . FACI
END . DEDICANDAMQ
. CURAVIT .
Restitution :
Traduction :
125
sesterces ; il avait promis de faire faire et de dédier une statue d’une valeur de 90000
sesterces.
Datation :
Elegabal (218-222)
Transcription :
ET IN TORI SUA
COLU NUS PE
TE D LIS ST FECIT
N VA TUAM ET DE
NI ET SYAE VIT
GALLI QUM
126
ENI O
AUG REM
DIL
TA
Restitution :
Traduction :
Datation :
127
Localisation : Verecunda (Marcouna). Dans le jardin d’une ferme.
Description : Inscription en deux fragments.
Dimensions : a) 50 x 76 ; b) 50 x 136
Hauteur des lettres : 5.5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
DMS
Restitution :
D(is) m(anibus) s(acrum)/ Cn(eio) Baebio Cn(eio) f(ilio) [stell(at) cae]reali municipi
Ortanorum/ atque Falert[ensium v]erecundensium incolae/ et flamini per[petuo] et
principi et/ severae inge[nui Se]veri filiae eius pare[ntibus]/ fili vixit [pater anu]s LXXX
mater anni[s][----]
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, à Cneius Baebius, fils de Cneius, du municipe Stellat Caeralis
Ortanorum et de Falerta et Verecunda, incola et flamine perpétuel et princeps et
ingenuus de Sévère et Sévéra sa fille pour ses parents [---
128
1.2.6. LAMBIRIDI (Khirbet-Ulêd-Arîf)
CIL VIII,4418.
Transcription :
L AN IS IUS ANTONINUS
NO SUFFRAGIO ET AMORE
DUMVIRATUM CONTULIS
Restitution :
Traduction :
129
L(ucius) Antistius Antoninus, ancien duumvir du municipe de Lambiridi en l’honneur
de ses citoyens, qui lui ont apporté son vote et son amour et le duumvirat, il avait
promis de faire faire avec son argent et par décret des décurions.
Commentaire :
Nous n’avons pas réussi à déterminé de quel acte d’évergétisme il s’agissait. Masquerat
reste évasif dans sa description et aucune concordance ne fut trouvé ni dans L’Année
Epigraphique ni dans les Inscriptions Latines d’Algérie. Quoiqu’il en soit nous sommes
en présence d’un ancien duumvir, remerciant les citoyens du municipe pour la confiance
qu’ils lui ont apporté lors de son élection au duumvirat. Cette dédicace semble avoir été
promise par ce L. Antistius Antoninus, peut-être s’est- il acquitté de la summa
honoraria qu’il avait promis lors de son élection mais qu’il n’avait pu réaliser.
Transcription :
130
GENIO
POPULI
L. VOLUSSIUS
Q. F PAP SATUR
NINUS VOLUS
IANUS AEDILIS
Restitution :
Traduction :
Transcription :
IOVI
TORI
C. CREP
131
ROMANUS
ONT AEDILI . Q . P
PRAET . LEG . EX . HS . VI .
Restitution :
Traduction :
A sacré Jupiter Victorieux, Caius Creperius Romanus, fils de Caius, de la tribu Papiria,
pontife, édile Q.P. praefectus iure dicundo duumvir en l’honneur de son duumvirat, en
plus de la somme légitime de 6000 sesterces il donna et consacra.
Commentaire :
132
Localisation : Diane (Ain Zama).
Description : autel
Dimensions : 100 x 68
Hauteur des lettres : 7 (l.1), 4 (seq.)
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
SAT AUG
APOLLA AEDILIS
Q IIVIR PRAEF I D
PRO IIVIRIS QQ
OB HONOREM SA
EXPLETO POSUIT
ITEMQ DEDIC
Restitution :
Sat(urno) aug(usto)/ L(ucius) Papius L(ucii) fil(ius) pap(iria)/ Apolla aedilis/ Q(uaestor)
IIviru[um] praef(ectus) i(ure) d(icundo) pro IIviris q(uin)q(uenalis)/ ob honorem
sa/cerdoti sui sta/tuam sibi anno/ expleto posuit/ itemq(ue) dedic(avit)
133
Traduction :
A Saturne Auguste, L. Papius Apolla, fils de L., de la tribu Papiria, édile, questeur,
duumvir, praefectus iure dicundo pro duumviris quinquennalis, en l’honneur de son
sacerdoce, a posé une statue pour la fin de son mandat et l’a dédié.
Transcription :
VICTORIAE
AUGUSTORUM SAC
DEDICANTE
D. FONTEIO FRONTI
EX TESTAMEN
TO M. COSSINI SE
CUNDI FL PP EX HS
II II M N L. SUTORIUS
L. F PAPIRIA FELIX FL PP
134
Restitution :
Traduction :
Pour la Victoire des augustes sacrés, dédié par D. Fonteius Frontinianus legat d’Auguste
pro-préteur par testament de M. Cossinus Secundus flamine perpétuel qui s’est acquitté
de 4000 sesterces. L. Sutorius Felix, fils de L., flamine perpétuel, son héritier, a posé.
Transcription :
ICTORIAE PARTHIC
MP CAESARUM
135
MAX ET M. AURELI ANTONINI AUGUSTOR
…………………………….
T. AURELIUS FORTIS AE
II VIRU OB HONOREM
IIVIRATUS QUAM EX
II II MIL N POLLICITUS
AT AMPLIATA PEC
IA ANNO IIVIRATUS
UE DEDICA
Restitution :
Traduction :
Datation :
197-198.
136
CIL VIII, 4589.
Transcription :
DIVO PIO
PATRI
ANTONINI AUG
ARMENIACI ET
CAESIANUS AEDIL
II VIRR Q FL PP PROMI
DD
Restitution :
Divo pio/ patri/ Imp(eratori) caes(ari) M(arci) Aureli/ Antonini Aug(usti)/ armeniaci et/
imper(atori) caes(aris) L(ucii) Aureli/ Veri aug(usti) Armeniaci/ C(aius) Iulius C(aii)
137
fil(ius) Pap(iria)/ Caesianus aedil(is)/ II vir q(uaestor ?) fl(amen) p(er)p(etuus) promi/sit
praeter legitima (sestertium) X n(ummum)/ posuit idemq(ue) dedic(avit) d(ecreto)
d(ecurionum)
Traduction :
Au divin Père Pieux, imperator caesar Marcus Aurelius Antoninus auguste, Arménien
et pour l’imperator caesar Lucius Aurelius Verus auguste Arménien. C. Iulius
Caesianus, fils de C., de la tribu Papiria, édile, duumvir, questeur, flamine perpétuel
avait promis indépendamment de la somme légitime de 10 000 sesterces. Il posa cela et
l’inaugura par décret des décurions.
Datation :
161-169.
Transcription :
AUG PARTHICO AR
ADIABENICO TR
138
COS C. IULIUS C. F
MONTANIUS FL
MISSUS ANTE TE
EX IN…LGENTIA
NESTA MISSIONE C
ARET //////// P
OB HONOREM FLAMONI
INTULIT EX HS X
AMPLIATA PECU
Restitution :
Traduction :
139
renvoyé prématurément et ayant été excusé par le légat d’Auguste pro-préteur. En
l’honneur de son flaminat perpétuel et en plus de la somme légitime de 10 000 sesterces
qu’il paya l’attention de la république il augmenta la somme de 10 000 sesterces qu’il
augmenta davantage. Il dédia cela (monument) et l’inaugura.
Datation :
197-198.
Transcription :
DIVO
COMMODO FRATRI/
CI ADIABENICI PART
IMP XI COS II P
P PROCOS
140
RUFUS MONTANI
QUINQ FL PP EX HS IIII
SUMMIS HONORARIS
ET FL PP EX HS X MIL
AMPLIATA PECUNIA
CAVIT
Restitution :
Traduction :
141
Datation :
201.
Transcription :
DIVO
COMMODO FRATRI
QQ FL PP STATUAM QUAM
ONOREM FLAMONII PP
ER LEGITIMAM POLLI
142
S EST RESTITUIT IDEM
DEDICAVIT
Restitution :
Divo/ Commodo fratri/ imp(eratori) Caes(ari) L(uci) Septimi Seve/ri pii Pertinacis
Aug(usti)/ part(hici)max(imi) arab(ici)/ Adiab(enici) pontif(icis) max(imi) trib(unicia)
pot(estate)/ VIIII imp(eratori) XI co(n)s(uli) III p(atri) p(atriae) L(ucius) Mucius/
L(ucii) fil(ius) pap(iria) Mucianus q(uaestor) aed(ilis)/ II viru(m) praef(ectus) i(ure)
d(icundo) pro II virs ?/ q(uin)q(uennalis) fl(amen) p(er)p(etuus) statuam quam/ [ob]
[h]onorem flamonii p(er)p(etuis)/ [praet]er legitimam polli/[citu]s est restituit
idem[que]/ dedicavit
Traduction :
Datation :
201
143
CIL VIII, 4600.
Transcription :
MAXIMIANI QQ
SACERDOTALIS FIL
PONT COLONIAE
PETOVIONENSIUM
LEG AUG PR PR C V
PRAESIDI PATRONO
AQUILI RESTUTUS FL
IIVIRIS ET MARCIA
144
IDEMQ DEDIC
Restitution :
Traduction :
Transcription :
CORCHIUIO
145
PAULINO FL PP
ADVOCATO FIL
DELISSIMO REI
PUBLICAE EX DE
CRETOS SPLEN
DISSIMI OR
DINIS DIANEN
SIUM OB MERITA
Restitution :
Traduction :
146
Localisation : Madauros (Mdaurusch).
Description : dé d’autel
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
DMS
T CLODIUS LOUELLA
LAUD AC TITULIS OR
GESSIT STUDIOS ET
PATRIAE P ADMOD
LARGUS MUNIDATOR
ED SATOR IN G SUO
147
DECUS AC NOMEN SUAE
VERSICULORUM
Restitution :
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Titus Clodius Loquella, édile, duumvir, questeur, flamine
perpétuel, prêtre de Liber Pater vécut quarante-neuf ans, il repose ici. Pilier des mœurs
et de la piété, il vécut orné par les louanges et les titres ornés, il était honnête en tout et
cher à tout le monde, il géra studieusement et avec succès pendant presque cinquante
années et il exerça les honneurs de l’ordre, vir egregius, flamine de la patrie, pieux,
admoderator, et généreux munidator [---] dans sa gens, responsable du culte de
Lenaeius Patris et prêtre heureux il ajouta cette distinction pour le nom de sa gens
Claudia, lecteur des vers originels.
ILAlg I, 2049.
148
Localisation : Madauros. Découvert en 1919 au Sud-Est du forum.
Description : autel. Gravure assez frustre.
Dimensions : 117 (hauteur)
Hauteur des lettres : 6-5.5
Hederae : 1 (l.3).
Ligatures :
Transcription :
HERCULI AUG
SAC
M ANTONIUS
MARTIALIS
VALER// // N// //
FL//////////////
/////////////////
Restitution :
Traduction :
A Hercule Auguste sacré, Marcus Antonius Martial Valerianus, flamine perpétuel [---
Commentaire :
ILAlg I, 2056.
149
Localisation : Madauros. Trouvée dans les grands thermes.
Description : Deux morceaux d’une inscription. . Ils se raccordent au
milieu du dernier mot de la l.6. Le fragment de gauche, comprenant le
début des l. 2-5, la majeure partie de la l.6, les l. 7-10, est au musée de
Guelma ; l’autre fragment (fi des l. 1-6) est resté à Mdaourouch.
Dimensions :
Hauteur des lettres : 3.5
Hederae : 2 (l.1), 1 (l.3), 2 (l.4), 1 (l.10)
Ligatures :
Transcription :
AUG SACRUM
M A US MARTIALIS
VALERI S QUEST
AM PRONAUM C OMNIBUS
DEDICAVIT
Restitution :
150
pronaum c[um] omnibus / suis itemque p[a]rietem {VE} / vetustate dil[a]psum
res[ti]/tuit et cum liberis suis l(ibens) an(imo) / dedicavit
Traduction :
Pour ---- Auguste sacré, Marcus Antonius Martial Valerianus, questeur et édile,
duumvir, flamine perpétuel et Viria Pompilla, sa femme, il a restitué le portique d’entrée
avec tous ses ornements, et le vieux mur qui tombait en pièce, il a consacré avec ses
enfants de bon cœur.
Commentaire :
ILAlg I, 2088.
Transcription :
PRO //ALUTE
151
PARTH //AX P ////////////
//////////////////////////////////ULIAE
RU //////////////////////////
/////////////E
Restitution :
Traduction :
Pour le salut des Imperatores Caesares Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax
Auguste Père de la Patrie --- grand Arabique, grand grand Adiabène, grand Partique,
grand pontife et Marcus Aurelius Antoninus Auguste Pieux, Heureux, grand pontife,
princeps iuventitutis, et Publius Septimus Geta, Auguste, princeps iuventutis, et Iulia
Domna Augusta, mère des Augustes, mère des Champs, et Fulvia Plautilla Auguusta,
Caius Iulius Urbanus Priscianus, en l’honneur de son édilité a fait ériger une statue, à
ses frais, par l’acquittement de la somme légitime pour la première république, et l’a
consacré.
152
Datation :
202-205.
ILAlg I, 2089.
Transcription :
PRO SALUTE
IMPERATORUM CAES
PERTINACIS AUG P P
ET M AURELI ANTONI
NI AUG ET P SEPTIMI
AUGUST// MATRI/////////
MATRIS CASTRO////
Q MATTIUS RUSTICUS
FLAV//NUS STATUAM
153
AM//LIUS AD LEGITIMAM
P//MISERAT INLAT/////
US HONORARIA FECI////
VIT
Restitution :
Pro salute / Imperatorum Caes(arum) / L(uci) Septimi Severi Pii / Pertinacis Aug(usti)
p(atris) p(atriae) / et M(arci) Aureli Antoni/ni Aug(usti) et P(ubli) Septimi / Getae
A[ug(usti)] et Iuliae / August[ae] matri[s Augg(ustorum)] / matris castro[rum] /
Q(uintus) Mattius Rusticus / Flav[ia]nus statuam / qu[am p]ro honore aedil(itatis) /
am[p]lius ad legitimam / p[ro]miserat inlat[a pri]/us honoraria feci[t et] / gymnasio dato
dedica/vit
Traduction :
Pour le salut des imperatores caesares Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax
Auguste, Père de la Patrie et Marcus Aurelius Antoninus Auguste et Publius Septimus
Géta Auguste et Iulia Augusta, mère des Augustes, mère des Champs, Quintus Mattius
Rusticus Flavianus avait promis, pour son édilité, l’érection d’une statue dont la somme
légitime fut augmenté en premier pour l’honneur et il donna un gymnase, il consacra.
Datation :
154
ILAlg I, 2101.
Localisation : Madauros.
Description : deux morceaux d’une table. Le principal a été trouvé en
1917 sur le forum, au nord ; l’autre, qui comprend la fin des l. 2-12, en
1919, au nord du théâtre. Ils se raccordent à la l.6.
Dimensions : 61 x 123
Hauteur des lettres : 3
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
ORUM ITA CORRUPTIS UT GRAVIBUS DAMNIS ADFICERENT ////C OMNI IDONITATE CON
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .ILIUS PAULI
155
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ORDINE
Restitution :
Traduction :
Pour la grande sécurité des temps, nos maîtres Valentinien et Valens , perpétuels
Augustes, les thermes d’été, jadis de la très splendide colonie ---- (il est question d’un
fort état de délabrement des murs) ---- par toute l’aptitude construite et le culte
splendide décoré mais et par le poids augmenté de plaques de bronze, toute aptitude de
prévisions, par le proconsulat de Publius Ampelius, homme clarissime, Octavius
Privatianus , homme clarissime, légat de Numidie, Caecilius Pontilius Paulinus flamine
perpétuel, patron de la colonie, curateur de la république, il a achevé par l’argent
publique le portique et les entrées par l’atrium mais et le même pronaos cohérent, les
voyageurs empruntant la voie, par les poutres de bois ---- Pontius Paulinus --- pour
l’ordre
Datation :
156
Localisation : Madauros. Fouille du forum.
Description : base. Brisée en bas.
Dimensions : 56 (largeur).
Hauteur des lettres : 5 (l.1-6), 3 (seq.)
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
IULIO SABINO
VICTORIANO EQ R
FL PP CENTENARIO
VIRO GLORIOSAE
INNOCENTIAE PRO
BATAE FIDEI
Q CALPURNIUS HONORATUS FL PP
// FLAVI// VICTORIANUS
////LAVIU ////////IANUS FL PP
// IULI ////////NUSTUS
////ARENTES LAUDABIL/////////////
. . . . . . . . . . . . . . VO ET ///////////
. . . . . . . . . . /////. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Restitution :
157
[1] Iulio Sabino / Victoriano eq(uiti) R(omano) / fl(amini) p(er)p(etuo) centenario / viro
gloriosae / innocentiae pro/batae fidei / Q(uintus) Calpurnius Honoratus fl(amen)
p(er)p(etuus) / [1 Flavi[us] Victorianus / [1 F]laviu[s 3]ianus fl(amen) p(er)p(etuus) / [1]
Iuli[us 3]nustus / [1] Cornel(ius) Salvius Cha[1]rr[3] / [p]arentes laudabil[es 3] / [3]vo
et [
Traduction :
Pour Iulius Sabinus Victorianus, chevalier romain, flamine perpétuel, homme disposant
de 100 000 sesterces( ?) de glorieuse mœurs irréprochables, digne de foi, Quintus
Honoratus, flamine perpétuel, Flavius Victorianus et Flavius flamine perpétuel, Iulius,
Cornelius Salvius ----, parents louables
ILAlg I, 2130.
Localisation : Madauros.
Description : Quatre morceaux d’une frise haute de 60 cm et encastrée
dans la forteresse. Le morceau a) à l’intérieur au sud et les b), c), d)
dans la muraille est à l’extérieur à droite de l’entrée. Plusieurs lettres
sont à cheval sur deux pierres.
Dimensions : longueur = 68 (a)), 166 (b)), 105 (c)), 78 (d)). Total de
longueur = 510.
Hauteur des lettres : 9 (l.1), 8.5 (seq.)
Hederae : 9 (l.1), 10 (l.2), 3 (l.3), 9 (l.4), 4 (l.5)
Ligatures : LI, IP (l.3), DI (l.4).
Transcription :
158
Q OBSTORUS Q FIL PALATINA HONORATUS VET COH I UR SSI
Restitution :
Traduction :
ILAlg I, 2131.
159
Localisation : Madauros. Trouvée en 1920, à environ 100 m à l’est de la
forteresse , dans un mur de très basse époque.
Description : Table
Dimensions : 44 x 74 x 7
Hauteur des lettres : 5.5
Hederae : 1 (l.1)
Ligatures :
Transcription :
Restitution :
Traduction :
160
ILAlg I, 2145.
Localisation : Madauros.
Description : Quatre morceaux d’une table. . Trois ont été retrouvés
dans un mur de basse époque, à l’intérieur des grands thermes ; ils sont
aujourd’hui au musée de Guelma, où on les a raccordés. Le quatrième,
comprenant le début des l. 1-8, était encastré dans un mauvais mur
antique, à l’ouest des petits thermes.
Dimensions : 103 x 185
Hauteur des lettres : 4.5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
161
DECURIONIBUS ET CURIALIBUS DAT
Restitution :
Traduction :
Commentaire :
le titre de vir honestus ne se rencontre pas avant le IIIème siècle. La mention de la tribu
montre qu’il n’est pas postérieur au premier tiers de ce même siècle. eq(uiti) R(omano)
ex inquisitione allecto est une expression insolite. et frumenti copiam montre qu’il a fait
preuve de libéralité en temps de disette.
Transcription :
IO IULIA
NO ATRONO COL
STANTI E SENATORIAE
DIGNITATIS ORNAMEN
CUIUS PROCONSULATU
PLURIMA CI
PUBLICA FUERIT
TATUAM MARMO
NDAM CLIENS
163
ORDO MA RENSIUM ET
SATURNINUS CRESCENTI
ANUS FL PP P C ET NICANDER
ADVECTAM PROPRIA LI
BERALITATE POSUERUNT
Restitution :
Traduction :
Pour Ceionius Iulianus, homme clarissime, patron de la bonne colonie et ayant reçu
l’ornements de praeses et la dignité sénatoriale, la république et la cité aurait obtenu,
sous son proconsulat, un certain nombre de bénéfices, les clients et l’ordre de Madaure
ont fait poser une statue en marbre, et malgré les inégales faveurs de sa soumission
honorifique, il (l’ordre) aurait décidé, de même que Aurelius Saturninus Crescentianus,
flamine perpétuel, patron de la colonie et, Nicander, flamine perpétuel, patron de la
colonie, ses frères et ils ont fait transporter par leur propre libéralité.
164
ILAlg I, 2194.
Localisation : Madauros.
Description : Deux morceaux d’une même inscription, qui avait
appartenu à un mausolée. Les Byzantins les ont employés dans la
construction de leur forteresse. Le morceau a) (long de 121 cm) est
encastré dans la muraille à l’intérieur, au nord de l’entrée ; b) (121 cm)
dans le couloir de l’entrée.
Dimensions : 50 (hauteur)
Hauteur des lettres : 4.5 (l.1), 5.5 (l.2), 4 (l. 3-4)
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
TRIB MIL LEG III AUG(USTAE) SCR ///// PRAE /////ABR FLAM P//RP
Restitution :
Traduction :
165
Aux dieux mânes sacrés, Tiberius Claudius Hispanus, fils de Tiberius, de la tribu
Quirina, ayant servi dans la légion III Auguste, scriba quaestorius, praefectus fabrum,
flamine perpétuel, pieux, il vécut trente-trois ans (sans doute plus), il repose ici.
ILAlg I, 2206.
Transcription :
DMS
HSE
Restitution :
D(is) M(anibus) s(acrum) / Ti(berius) Claudius Ti(beri) f(ilius) Quir(ina) Lucinus / bis
IIvir flam(en) perp(etuus) / vix(it) ann(os) LXII / h(ic) s(itus) e(st)
Traduction :
166
Aux dieux mânes sacrés, Tiberius Claudius Lucinus, fils de Tiberius, de la tribu
Quirina, duumvir à deux rerises, flamine perpétuel, il vécut soixante-deux ans. Il repose
ici.
Transcription :
POSUERUNT
Restitution :
167
Traduction :
A Jupiter meilleur et grand Stator et Junon Reine Auguste, Marcus Gargilius Syrus, vir
egregius, flamine perpétuel, et Iulia Victoria son épouse pour sa générosité et son
argent. Ils ont posé (cette dédicace).
Transcription :
NEPTUNO
AUG
L FL ANICIUS
PRIVATUS SA
168
CERDOS NEPTUNI AED IIVIR
Restitution :
Traduction :
A Neptune Auguste, Lucius Flavius Anicius Privatus, prêtre de Neptune, édile, duumvir
et duumvir quinquennal a fait poser, à ses frais, une petite niche avec tous ses ornements
et il a consacré.
Transcription :
NEPTUNO
AUG
169
Q NICANIUS
Q NICANI MAX
HONORATUS
AEDIL IIVIR
STATUAM OB HO
NOREM IIVIR
PROMISSAM
HS V N AMPLI
US AD LEGITI
MAM SUM
XXXX POSUIT ET
DEDIC
Restitution :
Traduction :
170
CIL VIII, 5332 (= 17486) (= ILAlg I, 247).
Transcription :
COS FILIO
INVICTI P F AUG P P TR P II P
M AURE////////////////////// NO
MACRINIO SOSSIANO
Restitution :
171
cons(ulis) I[I pro]co(n)s(ulis) fratri / M(arci) Aure[li Numeriani] no/bilissim(i)
Caes(aris) Aug(usti) pr(incipis) iu(ventutis) / res publ(ica) col(oniae) Kal(amensium)
cur(ante) / Macrinio Sossiano / c(larissimo) v(iro) cur(atore) rei publ(icae)
Traduction :
A Marcus Aurelius Carinus, le plus noble caesar auguste, princeps iuventis, consul, fils
de l’imperator caesar Marcus Aurelius Carus, invincible Pieux, heureux auguste, Père
de la Patrie, ayant revêtu pour la deuxième fois la puissance tribunicienne, grand
pontife, consul pour la deuxième fois, pour le frère du proconsul, Marcus Aurelius
Numerianus, le plus noble, caesar auguste, princeps iuventis. La république de la
colonie de Calama, par les soins de Macrinius Sossianus, homme clarissime, curateur de
la république.
Datation :
Commentaire :
172
Localisation : Calame (Gelma).
Description : deux pierres, dont la première a disparu et dont la seconde
se trouve dans le jardin du commandant de la place. A droite, une
troisième pierre devait compléter l'inscription.
Dimensions : 30 (hauteur)
Hauteur des lettres : 6
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
NE V C FABI FABIANI PISCINAM QUAE ANTEA TENUIS AQUE PIGRA FLUENTA CAPIEBAT
NUNC VE
Restitution :
Traduction :
173
Pour les temps heureux de nos maîtres Valentinien et Valens, Augutes perpétuels, sous
le proconsulat du clarissime Iulius Hymetius et la légation du clarissime Fabius
Fabianus, il prennait [---] le bassin qui retenait auparavant les eaux stagnantes qui
maintenant déborde, Quintus Basilius Flaccianus, flamine perpétuel, augure et curateur
[---] et [---] avec Basilius Maximus Aufidianus, son fils, a consacré.
Datation :
364-375.
Commentaire :
L’inscription est très endommagée. Mais elle semble mentionner la réparation d’un
abreuvoir ou d’un bassin qui débordé. Réparation effectuée Quintus Basilius Flaccianus
et son fils Basilius Maximus Aufidianus.
Transcription :
DN
FL VALENTINIA
VICTORI SEMPER
174
PROCONS P AMPELI C V
Q BASILIUS FLAC
CIANUS FL PP
CUM DEVOTISSI
MO ORDINE
POSUIT ET D D
Restitution :
Traduction :
Datation :
Publius Ampelius fut proconsul d’Afrique en 364 (cf Pallu de Lessert,, Fastes des
provinces africaines, II, p. 67-69).
175
Localisation : Calame (Gelma). Au musée désormais, et auparavant
« dans une maison de la place du Marché » (RENIER).
Description : base. Brisée en haut.
Dimensions : 125 (hauteur)
Hauteur des lettres : 7.5 à 6
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
/////////// N //
//////////////ULIAN//
PERPETUI VICTO
SPLENDIDUS CUM
TI[T]UTO SACERDOTALI P A
Restitution :
[D(omini)] n(ostri) / [Fl(avi) Claudi I]uliani / perpetui Victo/ris semper Aug(usti) / ordo
Kalamensis / splendidus cum / Basil(io) Cirreniano Res/ti[t]uto sacerdotali p(rovinciae)
A(fricae) / cur(atore) rei p(ublicae) dedicavit
Traduction :
176
De notre maître Flavius Claudius Iulianus, vainqueur perpétuel, toujours Auguste.
L’ordre splendide de Calame avec Basilius Cirrenianus Restitutus, prêtre de la province
d’Afrique et curateur de la république a consacré.
Datation :
Cette dédicace daterait de 361-363 selon C. Lepelley (les cités, t. II, p.96) qui se calque
sur le règne de Julien. S. Gsell pense avoir reconnu un Basilius Cirrenianus, curateur de
Calame en 373 (IlAlg. I, 272). Ainsi si on le croise avec les dates du règne de Julien
(361-363), on peut penser qu’il aurait été à deux reprises curateurs. Mais entre 364 et
367, le curateur de la colonie était Basilius Flaccianus (IlAlg. I,254 et 250) et sans
doute appartenait il à la même famille. Mais il semble que le curateur de 373 ne
mentionne pas son titre de sacerdotalis provinciae Africae, mais celui de flamine
perpétuel. Ainsi S. Gsell pense qu’il peut s’agir de son père (IlAlg. I, 253, p.28).
Commentaire :
Selon C. Lepelley, la dédicace à Julien montre bien la force du paganisme parmi les
notables municipaux (les cités, t. II, p.96). Le martelage du nom de Julien serait une
réaction chrétienne tardive.
CIL VIII, 5351 (= ILS 343, 1435) (= ILAlg. I 285) (AE 1922, 19).
Transcription :
177
TUO AMMAEDARENSIUM
COMPARANDI IN ANNONA
MUNICI MUNICIPI
Restitution :
T(ito) Flavio T(iti) f(ilio) Quir(ina) Macro / IIvir(o) flamini perpe/tuo Ammaedarensium
/ praef(ecto) gentis Musulamio/rum curatori frumenti / comparandi in annona[m] / urbis
facto a divo Nerva Tra/iano proc(uratori) Aug(usti) praediorum / saltu(u)m
[Hip]poniensis et Thevestini / proc(curatori) Aug(usti) provinciae Siciliae /
munici[pes] municipi(i)
Traduction :
A Titus Flavius Macer, fils de Titus, duumvir, flamine perpétuel, d’Ammaedara, préfet
de la gens des Musulames, curateur chargé par le divin Nerva Trajan de l’achat de blé
pour l’annone, procurateur d’Auguste des domaines impériaux des saltus d’Hippone et
Theveste, procurateur d’Auguste de la province de Sicile. Les citoyens des municipes.
178
Localisation : Calame (Gelma). Au musée
Description : base dont il ne reste que trois fragments comprennant
quelques lettres : l.1-3 ; une partie des l.3-11 et le début des l.12-14.
Dimensions :
Hauteur des lettres : 4.5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
L SUANIO VICTORI
VITELLIANO OMNIBUS
HONORIBUS FUNCTO C V
ET CONSULARI VIRO
GNEM IUSTITIAM ET IN
MENSIUM PECUNIA
PUBLICA DECREVIT
ET POSUIT
Restitution :
179
L(ucio) Suanio Victori / Vitelliano omnibus / honoribus functo c(larissimo) v(iro) / et
consulari viro / curatori rei pub(licae) et pa/trono coloniae ob insi/gnem iustitiam et
in/tegritatem eius erga / rem publicam pari/ter et cives splendi/dissimus ordo
Kala/mensium pecunia / publica decrevit / et posuit
Traduction :
A Lucius Suanius Victor Vitellianus, par tous les honneurs accomplis, homme
clarissime, et consulaire, curateur de la république et patron de la colonie en retour de
l’insigne et de la justice et de son intégrité à l’égard de la république et l’ensemble des
citoyen ; le plus splendide ordre de Calame décida et posa (la statue).
Datation :
Selon S. Gsell l’usage du terme patronus coloniae signifie que l’inscription n’est pas
antérieure à Septime Sévère, car Calame était encore un municipe lors de la mort de
l’empereur. H-G Pfaulm (« Titulature et rang social sous le Haut-Empire », in
Recherches sur les structure sociales de l’Antiquité classique, Nicolet C. (dir.), Paris,
1970, p.174) parvient à être plus précis en la plaçant dans le dernier tiers du IIIème siècle.
Pour cela il argue que le terme consularis vir ne fut utilisé qu’à partir de cette période.
Commentaire :
180
CIL VIII, 5367 (= 17496) (= ILAlg I, 288).
Transcription :
IULIO Q FIL
PAP RUSTICIANO
US ET RUSTICIANUS RESTITU
ET RUSTICIANUS AERE PR
CAVIMUS OBLATION
V E PATRUI II
181
CIR //
VO //
I //LIUS RUSTIC. . . . . . . . . . . .
R P ACCEDENTE AUCTORITATE
PROCONSULUM
Restitution :
[3] Iulio Q(uinti) fil(io) / Pap(iria) Rusticiano / eq(uiti) R(omano) fl(amini) p(er)p(etuo)
IIviral(icio) aedilic(io) inno/centiae grav[it]atis et Vere/cundiae antisti(ti) amatori
stu/diorum fidissimo omnibus ami/co et per omnia vitae laudabil[i] / et spectato patri
Iulii Lucili[a]/[n]us et Rusticianus Restitu/[tus] et Rusticianus aere pr/[oprio
dedi]cavimus oblation[e] / [3] v(iri) e(gregii) patrui II[3] / [3]CIR[3] / [3]VO[3] / [6] /
I[u]lius Rustic[ianus pater] / noster sacerdotii sui [3] / in templo memoriam sta/tuae
Herculis locatione / signaverit firmante v(iro) p(erfectissimo) cur(atore) / r(ei)
p(ublicae) accedente auctoritate / proconsulum
Traduction :
A [---] Iulius Rusticianus, fils de Quintus, de la tribu Papiria, chevalier romain, flamine
perpétuel, ancien duumvir, ancien édile, de mœurs irréprochables, de grande noblesse,
dignitaire de Verecunda, amateur d’études, ami fidèle pour tous et digne d’éloge pour
toute la vie et père estimé des Iulius, Lucilianus et Rusticianus Restitutus et Rusticianus
nous avons dédicacé, par un sacrifice, et par notre propre argent [---] Notre père Iulius
Rusticianus, à la mémoire de son sacerdoce dans le temple, une statue d’Hercule fut
182
disposée par le curateur de la république, homme perfectissime, auquel s’ajoute
l’autorité de proconsul. Il signa.
ILAlg. I, 260.
Transcription :
AUGGG(USTORUM) SEMPER
Restitution :
183
Traduction :
Au retour des temps heureux de nos maîtres, Gratien Valentinien et Théodose, perpétuel
Augustes, toujours [---] proconsulat de Flavius Escinus, homme clarissime, la légation
de Flavius Clodianus, homme clarissime, Iulius Rusticus Vesper, curateur de la
république.
AE 1960, 214.
Restitution :
Traduction :
184
et, entre autre, par l’ensemble de tous les soins, la charge éloignée, il surpassa, à ce
moment-là, les libéralités de ses parents, le peuple de Thabarbusitanus érigea une statue
conséquente d’une valeur de 6661 sesterces, il offrit volontiers une oblation et entrepris
cela avec plaisir, Lappianus, pour restauré son nom, par l’argent, par l’unique honneur,
il consacra aussi par un banquet et une distribution d’huile aux citoyens.
Datation :
Transcription :
DMS
L SITTIUS M F QU
RUFINO E PUBL
EXORNATIO DECU
185
CIRTENSIUM
V A XXVII
HSE
Restitution :
D(is) m(anibus) s(acrum)/ L(ucius) Sittius M(arci) f(ilius) Qu(irina) / Rufino e(ques)
publ[icus]/ exornatio decu(rionis)/ Cirtensium/ V(ixit) a(nnis) XXVII/ H(ic) s(itus)
e(st).
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Lucius Sittius Rufinus, fils de Marcus, de la tribu Quirina,
chevalier publique, ayant revêtu les ornements de décurions de Cirta, il vécut vingt-sept
années. Il repose ici.
AE 1982, 954.
Restitution :
186
Chioni / memoriae / P(ubli) Exoppi P(ubli) fil(ii) Quir(ina) / Nivalis / quaest(oris)
aed(ilis) IIIvir(i) quinq(uennalis) omnibusq(ue) / honoribus IIII coloniar(um) funct(i)
v(ixit) a(nnos) LXXV / Chioni / Exoppia Saturnina patri incomparabili
Traduction :
Datation :
AE 1987, 1085.
Restitution :
187
Traduction :
Caius Iulius Victorinus, fils de Caius, de la tribu Papiria, a fait son service militaire,
flamine perpétuel du municipe de Thubunae, de son vivant et de Aelia Emerita, fille de
Titus, jadis sa très chère et Iulius [---
ILAlg. I, 1228.
Transcription :
HERCULEM
INVICTUM PRO
SALUTE DIOCLE
TIANI ET MAXI
M//// AUGG
ORDO ET POPU
PONENDUM
188
CENSUIT
CURANTE
C UMBRIO TER
TULLO E V CUR
R.P
Restitution :
Traduction :
Datation :
Commentaire :
ILAlg. I, 1236.
189
Localisation : Thubursicu Numidarum. Découverte dans les
substructions de la platea vetus ; aujourd’hui dressée sur cette place.
Description : Base hexagonale. La partie supérieur est taillée en forme
de socle rond.
Dimensions : 190 (hauteur)
Hauteur des lettres : 4.5
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
MINER
AUG . SACR
Q . VETIDIUS . PA
IUVENALIS . Q . VETIDI
FELICIS . F . STATUAM
QUAM OB HONOREM
AEDIL . AMPLIUS . AD .
SUMMAM . HONORA
EX . HS . V . INTRA . AN
POSUIT . INLATIS . A . SE
REI . P . FLAMONI
UM . HS . VI . MIL . OB
DECURIONATUM .
190
HS . IIII . MIL . OB AEDI
LITATEM . HS . IIII .
MIL . DEDICAVIT .
Restitution :
Traduction :
Pour Minerve Augusta sacrée, Quintus Vetidius Iuvenal, de la tribu Papiria, fils de
Quintus Vetidius, s’est acquitté en l’honneur de son édilité de de la summa honoraria
augmentée de 5000 sesterces pour l’érection d’une statue qu’il posa avant l’année de
son honneur, a contribué envers la république d’une somme de 6000 sesterces en
l’honneur de son flaminat, 4000 pour son poste de décurion, et 4000 en l’honneur de
son édilité. Il consacra (la statue).
Commentaire :
Il semble curieux de voir deux sommes différentes pour son poste d’édile. Le terme
amplius semble signifier qu’il augmenta sa summa honoraria de 1000 sesterces. Peut-
être s’agit-il d’un « évergète récalcitrant » : sans doute a-t-il tardé à s’acquitter de la
somme promise et il dû l’augmentée avant l’expiration de son poste (« intra annum
honoris sui »).
191
ILAlg. I, 1256.
Transcription :
Restitution :
Pro salute pro[3]e Impp(eratorum) L(uci) Septimi Sev[er]i [P]ii Pert(inacis) Aug(usti)
Ar[ab(ici) Adiab(enici) Parth(ici) max(imi) pon]t(ificis) max(imi) p(atris) p(atriae) et /
Imp(eratoris) M(arci) Aureli Antonin[i Aug(usti) [[et P(ubli) Septimi Ge]t[ae
Caesaris]]] et Iuliae Domn(a)e Aug(ustae) matr(is) [Augg(ustorum) et castrorum [[et
Fulviae Plautillae]]] / Aug(ustae) arcum at ornamen[tum templi Satur]ni M(arcus)
Fabius Laetus fl(amen) p(er)p(etuus) cum coniuge et [3 fecit] idemq(ue) ded(icavit)
Traduction :
Pour le salut, [---] des imperatores Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax Auguste,
grand Arabique, grand Adiabène, grand Parthique, grand pontife, Père de la Patrie et de
l’imperator Marcus Aurelius Antoninus Auguste et Publius Septimus Geta Caesar et
Iuliae Domna Augusta, mère des Augustes et des Champs et Fulvia Plautilla Augusta.
192
Marcus Fabius Laetus, flamine perpétuel, a fait un arc et les ornements du temple de
Saturne, et l’a consacré.
datation :
ILAlg. I, 1295.
Transcription :
L CA
PAP GUS
TAL ENA
TIS F I//I
IIVIR
PERP
PR AF I
MO O US
193
IN CU RIBU
TUS A TO OB
MERITA DEDIC
Restitution :
Traduction :
Pour Lucius Calpurnius Augustalis, de la tribu Papiria, fils de Asprenas, édile, duumvir,
flamine perpétuel, premier prêtre de la province d’Afrique, l’ordre et le peuple ont
contribué dans les curies par la distribution d’argent, ils ont fait et ont consacré.
Commentaire :
l.6-8, cela signifie qu’avant Calpurnius Augustalis, aucun citoyen de Thubursicu n’était
encore parvenu à la prêtrise du culte impérial célébré par la province d’Afrique.
ILAlg I, 1297.
194
Transcription :
LARCIAE
LAETAE
A LARCI MACRINI
POSUIT DD
Restitution :
Traduction :
Pour Larcia Laeta, de son mari Aulus Larcius Macrinus, princeps de la gens des
Numides et flamine perpétuel, son époux et l’ordre qui décréta la pause d’une statue aux
frais de la république, il posa à ses frais
ILAlg I, 1299.
195
Localisation : Thubursicu Numidarum. Fouilles des grandes citernes au
Nord-Ouest du forum novum.
Description : pierre brisée à droite et en haut (mais l’inscription paraît
avoir commencé à notre l.1).
Dimensions :
Hauteur des lettres : 6
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
C VASIDIUS PAC
FL PP V P CURATOR
SUO
Restitution :
Traduction :
ILAlg I, 1343.
196
Localisation : Thubursicu Numidarum. Près d’Aïn el Youdi, au Nord.
Description : Dé d’autel enterré.
Dimensions :
Hauteur des lettres : 7
Hederae : 3 (l.1), 1 (l.2), 1 (l.5) 1 (l.6), 3 (l.7)
Ligatures :
Transcription :
DMS
M IULIUS .
GALLICUS .
INGENUI . F .
DEC AEDIL .
II . VIR P . V . A .
LXV H S E
Restitution :
Traduction :
Aux dieux Mânes sacrés, Marcus Iulius Gallicus, fils de Ingenuus, décurion, édile,
duumvir, pieux, il vécut soixante-cinq ans, il repose ici.
197
ILAlg I, 1345.
Transcription :
L . IUNIUS .
PAP . FLORUS
AN . XLI . H . S . E
Restitution :
L(ucius) Iunius / Pap(iria) Florus / IIvir pius vix(it) / an(nos) XLI h(ic) s(itus) e(st).
Traduction :
Lucius Iunius Florus, de la tribu Papiria, duumvir, pieux, il vécut quarante-et-un ans, il
repose ici.
ILAlg I, 1346.
198
Localisation : Thubursicu Numidarum. Au Nord d’Aïn el Youdi.
Description : stèle. A la l.2 le F oublié a été gravé ultérieurement mais
peu profondément.
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
M . LABERIUS
L . FQUIR . LARGUS
XLVIII . H . S . E
Restitution :
M(arcus) Laberius / L(uci) f(ilius) Quir(ina) Largus / IIvir vix(it) ann(os) / XLVIII h(ic)
s(itus) e(st)
Traduction :
Marcus Laberius Largus, fils de Lucius, de la tribu Quirina, duumvir, il vécut quarante-
huit ans, il repose ici.
ILAlg I, 1347.
199
Localisation : Thubursicu Numidarum.
Description : stèle trouvée avec n° 1346
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae : 1 (l.1), 1 (l.4), 1 (l.5).
Ligatures :
Transcription :
L . LABERIUS . M . F
QUIR . PRUDENS
SICCA VIX . AN .
LV . H . S . E
Restitution :
L(ucius) Laberius M(arci) f(ilius) / Quir(ina) Prudens / aed(ilis) IIvir col(onia) Iul(ia) /
Sicca vix(it) an(nos) / LV h(ic) s(itus) e(st)
Traduction :
Datation :
200
Selon J.-M. Lassère (Ubique populus, Paris, 1977) cette inscription daterait
probablement du Ier siècle ap. J.-C.
ILAlg I, 1348.
Transcription :
L . LABERIUS . L . F
ANN . XXXIIII
H.S.E.
Restitution :
L(ucius) Laberius L(uci) f(ilius) / Quir(ina) Vibullus aed/ilicius col(onia) Iul(ia) / Cirta
nova vixit / ann(os) XXXIIII / h(ic) s(itus) e(st)
201
Traduction
Datation :
Commentaire :
ILAlg I, 1352.
Transcription :
L SEIUS
L FIL QUI
RINA IU
VENALIS
202
AED IIVIR
KOL SICEN P . V
AN LV H S
Restitution :
Traduction :
Lucius Seius Iuvenalis, fils de Lucius, de la tribu Quirina, édile, duumvir du municipe
de Thubursica, duumvir de la colonie de Sicca, pieux, il vécut cinquante-cinq années, il
repose ici.
Datation :
ILAlg I, 1363.
203
Transcription :
HERACLI
DMS
L VETIDIUS
MATERNUS
VETIDIANUS
EQUES ROM
Q VETIDI IUVENA
LIS QUINQUEN
NALICI FILIUS
UTRAQ LINGUA
ERUDITUS P V A XVIII
MISSU PRAESIDIS A
KARTHAGINE DE STU
HSE
Restitution :
Traduction :
204
A Hercule, aux dieux Mânes sacrés, Lucius Vetidius Maternus Vetidianus, chevalier
romain, fils du quinquennal Quintus Vetidius Iuvenal, érudit en latin et en grec, pieux, il
vécut trente-huit années, quatre mois et vingt-huit jours, ayant reçu la permission du
gouverneur de revenir à Carthage pour y étudier, il repose ici.
ILAlg. I, 1045.
Transcription :
DMS
AELIUS MAR
TIALIS FL PP
PIUS VIXIT
ANNIS LXXV
AELIUS ROGA
TIANUS OM
NIBUS HONO
205
RIBUS FUNC
TUS PIUS VI
XIT AN LXXIII
SACERDOTE
IOVIS
AELIUS MAR
TIALIS VET//
ANUS AVO
ET PATRI
Restitution :
D(is) M(anibus) s(acrum) / Aelius Mar/tialis fl(amen) p(er)p(etuus) / pius vixit / annis
LXXV / Aelius Roga/tianus om/nibus hono/ribus func/tus pius vi/xit an(nos) LXXIII /
sacerdote / Iovi/ Aelius Mar/tialis vet[er]/anus avo / et patri
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Aelius Martial, flamine perpétuel, pieux, il vécut soixante-
quinze années, Aelius Rogatianus Pieux ayant occupé tous les honneurs, il vécut
soixante-treize ans, sacerdoce de Jupiter, Aelius Martial, vétéran, pour son ancêtre et
père.
Commentaire :
sacerdote = sacerdos. Iovis n’est pas à la bonne place peut-être avait-il était omis plus
haut.
206
1.2.16. TIDDIS (Kheneg)
Transcription :
Q . SITTIO
Q . FIL . QUIR
FAUSTO . IIIVIRO
PRAEF . I . D . COL . VE
NERIAE . RUSICADE
ET . COL . MINERVIAE
CHLLU . AEDILI
MUNICIPES . OB
MERITA . EIUS
AERE CONLATO
DD
207
Restitution :
Q(uinto) Sittio / Q(uinti) fil(io) Quir(ina) / Fausto IIIviro / praef(ecto) i(ure) d(icundo)
col(oniae) Ve/neriae Rusicade / et col(oniae) Sarn(iae) Mileu / et col(oniae) Minerviae /
Ch(u)llu aedili / municipes ob / merita eius / aere conlato / d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
A Quintus Sittius Faustus, fils de Quintus, de la tribu Quirina, triumvir, praefectus iure
dicundo de la colonie de Veneria Rusicade, et de la colonie de Sarnia Mileu et de la
colonie de Minerve Chullu, édile, les citoyens, pour ses mérites et sa libéralité. Par
décret des décurions.
Transcription :
DAE CONIUGI
TI PROBATI AB
208
IMPP L SEPTIMIO SEVERO
LDDD
Restitution :
Aproniae Sex(ti) fil(iae) Fi/dae coniugi / Q(uinti) Sitti Q(uinti) fil(ii) Quir(ina) Faus/ti
probati ab / Impp(eratoribus) L(ucio) Septimio Severo / Pio Pertinace Aug(usto) et /
M(arco) Aurelio Antonino Aug(usto) / in quinq(ue) decurias allecti a divo / M(arco)
Antonino Pio flam(inis) perp(etui) / [III]vir(i) quinq(uennalis) IIIvir(i) praef(ecti) i(ure)
d(icundo) / [co]l(oniae) Vener(iae) Rusic(ade) praef(ecti) i(ure) d(icundo) / col(oniae)
Sarn(iae) Mil(eu) et praef(ecti) i(ure) d(icundo) / col(oniae) Minerv(iae) Chullu aedil(is)
/ amici ob merita mariti / [e]ius in se aere conlato / l(ocus) d(atus) d(ecreto)
d(ecurionum)
Traduction :
Pour Apronia Fida, fille de Sextus, épouse Quintus Sittius Faustus, fils de Quintus, de la
tribu Quirina, approuvé par les imperatores Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax
Auguste, le divin Marcus Antoninus Pieux et Marcus Aurelius Antoninus Augustus qui
209
le fit admettre dans les cinq décuries. Flamine perpétuel, triumvir quinquennal, triumvir,
praefectus iure dicundo de la colonie Veneria Rusicade, praefectus iure dicundo de la
colonie de Sarnia Mileu et praefectus iure dicundo de la colonie de Minerve Chullu,
édile. Pour ses services, son mari et ses amis ont participé financièrement. Lieu octroyé
par décret des décurions.
Commentaire :
La carrière de Q. Sittius Faustus fut rédigée dans l’ordre indirect. Sous l’empereur
Marc-Aurèle (169-176) Faustus fait son entrée chez les juges des cinq décuries.
Septime-Sévère et Caracalla l’annoblissent (probatum), il fait donc son entrée dans
l’odre équestre (vraisemblablement à l’âge de soixante-sept ans). On peut s’interroger
sur l’étrange présence des trois préfectures à l’intérieur du cursus cirtéen. Selon H-G
Pfaulm (« les juges des cinq décuries origiaires d’Afrique » in Antiquités Africaines,
T.2, 1968, p.173) ces postes étaient, habituellement, l’apanage d’anciens triumvirs. Or
Q. Sittius Faustus les a revêtus en tant qu’ancien édile.On en conclut que pour obtenir
ce poste, il était juste nécessaire d’être magistrat et le rang de cette fonction ne jouait
pas obligatoirement.
210
Transcription :
DM
Q SITTIUS
C FIL QUIR
URBANUS
AED Q P
QUAESTOR
V A LXXXXII
HSE
Restitution :
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Quintus Sittius Urbanus, fils de Caius, de la tribu Quirina,
aedilis quaestoria potestatis, questeur, il vécut quatre-vingt-douze ans. Il repose ici.
211
Transcription ;
FORTUNAE AUG
SAC
Q SITTIUS
C FIL QUIR
NI CULTU S
P FECIT
IDEMQUE DEDICAVIT
Restitution :
Traduction :
Pour Fortuna Augusta sacré, Quitus Sittius Urbanus, fils de Caius, de la tribu Quirina,
édile, questeur a fait, à ses frais, un temple avec une représentation, depuis la base, tout
le culte, et il l’a consacré.
212
Localisation : castellum tidditanorum.
Description : base en forme d’autel.
Dimensions : 130 x 48 x 46
Hauteur des lettres : 5 à 4.5.
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
L IULIO L FIL
QUIR(INA) CIVILI
IIIVIRIS IIIVIRO
AERE CONLATO
DD
CL FAOM BDP
E HS D N
Restitution :
L(ucio) Iulio L(uci) fil(io) / Quir(ina) Civili / aed(ili) praefecto pro / IIIviris IIIviro /
praef(ecto) iuris dicund(o) / coloniae Sarniae Mileu bis / quinq(uennali) flam(ini)
perpet(uo) / praef(ecto) iuvent(utis) Cirt(ae) / aere conlato / d(ecreto) d(ecurionum) //
CL FAOM BDP / e(x) (sestertium) D n(ummum)
213
Traduction :
Pour Lucius Iulius Civilis, fils de Lucius, de la tribu Quirina, praefectus pro triumviris,
triumvir, praefectus iure dicundo, de la colonie de Sarnia Mileu, deux fois quinquennal,
flamine perpétuel, préfet de la jeunesse de Cirta, a contribué par une distribution
d’argent, par décret des décurions, [---], par 500 000 ( ?) sesterces.
Transcription :
Q VOLTIO
Q F QUIRI
NATALI AED
QUAESTORI
AMICI AERE
CONLATO
MERENTI
POSUERUNT
DD
214
Restitution :
Q(uinto) Voltio / Q(uinti) f(ilio) Quiri(na) / Natali aed(ili) / quaestori / amici aere /
conlato / merenti / posuerunt / d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
A Quintus Voltius Natal, fils de Quintus, de la tribu Quirina, édile, questeur, méritant,
par distribution d’argent, ses amis ont posé, par décret des décurions.
Commentaire :
Transcription :
CONCORDIAE
215
COLONIARUM
CIRTENSIUM
SACRUM
BARBARUS QUAEST
OB HONOREM
AEDILITATIS POLLI
NIA POSUIT
LDDD
Restitution :
Traduction :
Pour la Concorde sacrée des colonies cirtéennes, Caius Iulius Barbarus, fils de Caius, de
la tribu Quirina, questeur, édile, a fait poser une statue, à ses frais, en l’honneur de son
édilité. Emplacement attribué par décret des décurions.
Datation :
Inscription datant de l’année 224 (cf. ILAlg. II 471, p. 42) selon H-G Pflaum.
216
CIL VIII, 6944 (= ILAlg II, 473).
Transcription :
NAE REDUCI
AUG SACRUM
217
EORUM C SITTIUS Q FILI QUIRINA
DDS PP
Restitution :
Traduction :
218
Parthique, le plus fort et le plus heureux princes et pour l’imperator caesar Marcus
Aurelius Antoninus Pieux, Heureux Auguste, et Lucius Septimus Geta le plus noble
caesar, les fils les plus pieux de notre Auguste et Iulia Augusta, mère d’Auguste et de
caesar et des Camps et de toute la maison divine, et d’eux même (ses deux fils
Caracalla et Géta). Caius Sittius Flavianus, fils de Quintus, de la tribu Quirna, édile,
triumvir, préfet des colonies, a dédié et consacré en l’honneur de son triumvirat et s’est
acquitté encore sans délais et au bon moment de 20 000 sesterces pour chacune des
deux summae honrariae et pour la dédicace du grand numen, il (le dédicant) offrit au
peuple des représentations théâtrales. Il posa, à ses frais, par décret des décurions.
Datation :
Commentaire :
Le cursus présenté par C. Sittius Flavianus est ascendant. Le titre de préfet des colonies
se rapporte-t-il sans doute au titre de praefectus iure dicundo. En effet, ces préfets, dans
le cadre de la confédération cirtéenne, exerçaient, au nom des triumvirs, une juridiction
s’étendant sur une ou plusieurs colonies sous l’influence de Cirta.
219
Transcription :
GENIO POPULI
/////////////
///////IMI///
C PONTIUS
T FILI
US QUIR SATUR
NINUS STATUAM
QUAM OB HONOREM
AEDILITATIS PROMI
D CUIUS DEDICATIO
DIDIT L D D D
Restitution :
Genio populi / [6] / [3]imi / C(aius) Pontius / T(iti) fili/us Quir(ina) Satur/ninus statuam
/ quam ob honorem / aedilitatis promi/[s]it sua pecunia posuit / [a]d cuius
dedicatio/[n]em ludos etiam scae/[n]icos cum missilibus / [e]didit l(ocus) d(atus)
d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
Au Génie du Peuple ---- Caius Pontius Saturninus, fils de Titus, de la tribu Quirina, il a
posé une statue, à ses frais, qu’il avait promis en l’honneur de son édilité, il organisa
220
pour la dédicace des représentations théâtrales avec des distributions de présents au
peuple. Emplacement attribué par décret des décurions.
Transcription :
GENIO POPULI
M ROCCIUS FELIX
221
....................
Restitution :
Genio populi / M(arcus) Roccius Felix / M(arci) fil(ius) Quir(ina) eq(uo) publi(ico) /
triumvir sac(erdos) urb(is) fl(amen) divi / M(arci) Antonini statuam quam / ob honorem
triumviratus promisit / ex (sestertium) VI mil(ibus) n(ummum) sua pecunia / posuit ad
cuius dedicationem / sportulas denarios singulos / secundum matricem public(am) /
civibus de suo dedit itemque / ludos scaenicos cum missilibus / [edidit
Traduction :
222
Transcription :
ONO
Q IU
HONO
AUGUR
ADLECTUS I
DECURIAS
POT TRIUMVIR I
PRAE
ARN
Restitution :
Traduction :
Datation :
223
CIL VIII, 6958 (= ILAlg II, 501).
Transcription :
LADI SACRUM
DRATUS BAEBIANUS
RUSICADENSIS CHULLITANAE
Restitution :
224
[Pal]ladi sacrum / [--- Qua]dratus Baebianus / [--- V]index aedil(is) quaest(or) IIIvir /
[praf(ectus) i(ure) d(icundo) col(oniarum)] Rusicadensis Chullitanae / [IIIvir
q(uin)q(uennalis) praete]r diem ludorum floralium / [3 qu]os IIIvir sua pecunia fecit / [--
- et] quod quinquennal(is) publicum / [--- i]tem(?) tumultu Gaetulorum / [---]li fratris
sui centuri[o]/[onis --- p]atris(?) sui eiusdem voluntat/[e ---] rei publicae inlatis
h/[onorariis summis --- cum ad opus] novum (sestertium) C mil(ia) [n(ummum)
pro]mis[issit] / [--- cum simula]cro sua pecunia feci[t]
Traduction :
Transcription :
225
VANO
ACRUM
ONIUS P F QUI
RIALIS AEDI
IIIVIR ACONIU
CONUS EQUES
MANUS MINE
IALIS F C ITEM
CURIUM AERE
TEMPLO AERUC
UA PECUNIA
IT D D D
Restitution :
Traduction :
226
CIL VIII, 6965 (= ILS 3181) (= ILAlg II, 531).
Transcription :
VENERI AUG
L IULIUS L F Q MARTIA
227
Restitution :
Veneri Aug(ustae) / L(ucius) Iulius L(uci) f(ilius) Q(uirina) Martia/lis IIIvir aed(iliciae)
et q(uaestoriae) pot(estatis) si/mulacrum aereum Veneris / cum aede sua et Cupidinibus
/ ex liberalitate L(uci) Iuli Martialis / patris sui super aliam libe/ralitatem Romae
aeternae / quam nomine Victoris fratris / [su]i posuisset dedit dec(reto) dec(urionum)
Traduction :
Pour Vénus Augusta, Lucius Iulius Martial, fils de Lucius, de la tribu Quirina, triumvir
aediliciae et quaestoriae potestatis a donné une représentation en bronze de Vénus avec
son temple et des Cupidons. Par libéralités du père de Lucius Iulius Martial en
remerciement de la générosité de la Rome éternelle au nom de Victor, son frère, a fait
mettre, il donna, par décret des décurions.
Transcription :
228
DIVO PERTINACI
AUG PATRI
L SCANTIUS
L FIL QUIR
IULIANUS EQ PUB
EXORNATUS STATUAM
QUAM PROMISIT
EX REDITIBUS LO
CORUM AMPITHE
QUEM DE LIBERA
LITATE SUA OB HO
NOREM IIIVIRA
Restitution :
Divo Pertinaci / Aug(usti) patri / L(ucius) Scantius L(uci) fil(ius) Quir(ina) / Iulianus
eq(uo) pub(lico) / exornatus statuam / quam promisit / ex reditibus lo/corum
amp(h)ithe/atri diei muneris / quem de libera/litate sua ob ho/norem IIIvira/tus edidit
dedit
Traduction :
Au divin Pertinax Auguste, Père, Lucius Scantius Iulianus, fils de Lucius, de la tribu
Quirina, pour son entrée dans l’ordre équestre avait promit d’embellir la statue. Grâce
aux revennus des places de l’amphithéâtre, il organisa en l’honneur de son triumvirat
une journée de jeux de gladiateurs.
229
CIL VIII, 6996 (= ILAlg II, 562).
Trascription :
I HADRIANI PRONEPOTIS
230
FORTISSIMI NOBILISSIMIQ
QUIR
………………………………………………………
Restitution :
Traduction :
231
A l’indulgence de l’imperator caesar divin Marcus Antoninus Pieux, germanique,
sarmate, fils du frère du divin Commode, petit-fils du divin Antonin le Pieux, arrière-
petit fils du divin Hadrien, arrière-arrière-petit-fils du divin Trajan, parthique, arrière-
arrière-arrière-petit-fils du divin Nerva et de Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax
Auguste, grand arabique, grand adiabène, grand parthique, grand pontife, ayant revêtu
pour la dix-huitième fois la puissance tribunicienne, acclamé onze fois imperator, trois
fois consul, Père de la Patrie, proconsul, et de l’imperator caesar Lucius Septimus
Severus Pieux Pertinax Auguste, grand arabique, grand adiabène, grand parthique, fils
du divin Marcus Antoninus, germanique, sarmate, petit-fils du divin Antonin le Pieux,
arrière-petit-fils du divin Hadrien, arrière-arrière-petit-fils du divin Trajan, parthique, et
du divin Nerva, Marcus Aurelius Antoninus Pieux, heureux auguste, ayant revêtu treize
fois la puissance tribunicienne, acclamé deux fois imperator, trois fois consul, Père de
la Patrie proconsul et l’imperator caesar Lucius Septimus Severus Pieux Pertinax
Auguste, grand arabique, grand adiabène, grand parthique, fils de l’imperator Marcus
Aurelius Antoninus, frère du divin Marcus Antoninus Pieux, petit-fils du divin Antonin
le Pieux, arrière-petit-fils du divin Hadrien, arrière-arrière-petit-fils du divin Trajan,
parthique et du divin Nerva, Publius Septimus Geta, Pieux, Auguste, ayant revêtu deux
fois la puissance tribunicienne, consul à deux reprises, le plus fort et le plus noble.
Marcus Caecilius Natalis, fils de Quintus, de la tribu Quirina, en l’honneur de son
triumvirat s’acquitta, outre, la somme de 40 000 sesterces en l’honneur de son
triumvirat et de son édilité, qu’il versa à la république, il fit édifier une statue Securitatis
Saeculi pour son accession à l’édilité ; il organisa des jeux avec distribution de pain et
des chants.
Datation :
232
Localisation : Cirta (Constantine).
Description : cinq frangments.
Dimensions : 51 (hauteur)
Hauteur des lettres : 6
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
Restitution :
Traduction :
Marcus Caecilius Natalis, fils de Quintus , de la tribu Quirina, édile, triumvir, questueur,
quinquennal, préfet des colonies de Milev, Rusicade et Chullu, indépendamment de la
somme de 60 000 sesterces dont il s’est acquitté envers la république en l’honneur de
son édilité de son triumvirat et de sa quinquennalité, il éleva, en l’honneur de sa
233
quiquennalité, et à ses frais un arc de triomphe avec une statue du la Vertue en bronze
pour notre maître Marcus Antoninus Auguste la même année.
Datation :
Transcription :
LX N QUAE OB HONOREM
AEDILITATIS ET IIIVIR
234
ET QQ REI P INTULIT ET STATUAM AEREAM SECURI
PECUNIA EXTRUXIT
Restitution :
Traduction :
Marcus Caecilius Natalis, fils de Quintus , de la tribu Quirina, édile, triumvir, questueur,
quinquennal, préfet des colonies de Milev, Risicade et Chullu, indépendamment de la
235
somme de 60 000 sesterces dont il s’est acquitté envers la république en l’honneur de
son édilité de son triumvirat et de sa quinquennalité ; et de la statue en bronze de
Securitas Saeculi ainsi qu’une chapelle tétrastyle avec une statue en bronze de
l’Indulgence de notre Maître en l’honneur de son édilité, et du triumvirat ; et des
représentations théâtrales avec distributions de pain qu’il organisa pendant sept jours
pour les quatre colonies ; la même année, comme promis, il érigea à ses frais un arc de
triomphe avec une statue en bronze de la Vertue pour nôtre maître (Marcus) Antoninus
Auguste en l’honneur de sa quinquennalité.
Datation :
Transcription :
D IIIVIR QUAEST
TANAE ET RUSI
236
AETER HS LX N
ATIS ET IIIVIR ET
AM SECURITA
ETRASTYLAM
NTIAE DO
EDILITA
OS SCAENI
MISSLIB PER
NI AUG QUEM
UXIT
Restitution :
Traduction :
Même traduction que CIL VIII 7095. Les inscriptions CIL VIII, 7097 et 7098
reprennent exactement les mêmes propos.
237
CIL VIII 7099 (= ILS 6853) (= ILAlg II, 679).
Transcription :
SUR UN COTE :
CURANTE L SATTIO
L DOMITIO L F
TIRONI AUGURI
DUOMVIR VICENSUMARI
HC
SUR UN COTE :
CURANTE L SATTIO
Restitution :
Curante L(ucio) Sattio // L(ucio) Domitio L(uci) f(ilio) / Tironi auguri / duomvir(o)
vicensumari / h(onoris) c(ausa) // Curante L(ucio) Sattio.
Traduction :
238
Par les soins de Lucius Sattius. Lucius Domitius Tirinus, fils de Lucius, augure,
duumvir du vingtième, en son honneur. Par les soins de Lucius Sattius.
Transcription :
MEMORIAE
HONORIBUS FUNCTUS
I ET FABIAE MONNULAE
V . A . LXXX . H . S
Restitution :
239
Memoriae / L(uci) Fabi Felicis aedi/lis Q(uirina) IIIvir omnibus / honoribus functus /
IIIvir IIII col(oniarum) patri eq(uitum) [R(omanorum)] / [R]ustici Frontonis Seve/[r]i et
Fabiae Monnulae / v(ixit) a(nnos) LXXX h(ic) s(itus)
Traduction :
Pour la mémoire de Lucius Fabius Felix, de la tribu Quirina, triumvir, ayant exercé tout
les honneurs, triumvir des quatre colonies, père des chevaliers romains, Rusticus
Frontinus Severus et Fabia Monnula. Il vécut quatre-vingt ans. Il repose ici.
Transcription :
FIL Q FRONTONI
URBIS AUGURI
EX CONSENSU CIVIUM
240
ENTIAS EIUS BIGAM
RE CONLATO VEL EX
////// CONSTITUERE EX
Restitution :
[M(arco) Fabio L(uci)] fil(io) Q(uirina) Frontoni / [sacerd(oti) sa]c[r(ae)] urbis auguri /
[magistro a]ugurum VII aed(ili) / [IIIvir(o) pr]aef(ecto) i(ure) d(icundo) col(oniarum)
Milevi/[tan(ae) et Rusic(adensis)] ex consensu civium / [ob munific]entias eius bigam /
[quam ex ae]re conlato vel ex / [pecunia publica] constituere ex[po]/[stulaverant
Traduction :
A Marcus Fabius Frontonus, fils de Lucius, prêtre de la ville augure sacré, maître des
augures, (sept fois ?) édiles, triumvir, praefectus iure dicundo des colonies de Mileu et
Risucade, par consensus des citoyens, ils avaient réclamé, en échanges des
magnificences de son bige, que par aere conlato ou par l’argent publique, d’élever (un
monument).
241
Transcription :
Restitution :
Traduction :
Quintus Fulvius Faustus, fils de Quintus, de la tribu Quirina, quinquennal, préfet des
colonies, triumvir, aedilis quaestoriciae potestatis, en l’honneur de son édilité a fait
posé, à ses frais, un arc le même qu’il avait promis et le consacra.
242
Localisation : Cirta (Constantine)
Description :
Dimensions :
Hauteur des lettres :
Hederae :
Ligatures :
Trascription :
Q IUNIUS FIRMI
IIVIR QUAEST FL . PP
V A LXVII H S E
Restitution :
Q(uintus) Iunius Firmi/nus P(ubli) f(ilius) Arnensis aed(ilis) / IIvir quaest(or) fl(amen)
p(er)p(etuus) / v(ixit) a(nnos) LXVII h(ic) s(itus) e(st)
Traduction :
Quintus Iunius Firminus, fils de Publius, de la tribu Arnensis, édile, duumvir, questeur,
flamine perpétuel, il vécut soixante-sept ans. Il repose ici.
243
Localisation : Cirta (Constantine). A la Casbah
Description : Base
Dimensions : 92 x 45
Hauteur des lettres : 6 (l.1-3), 5 (l.4-5), 4.5 (l.6), 4 (seq.)
Hederae :
Ligatures :
Transcription :
L . MAECILI
O . P . F . Q . NEPO
TI . FL . PP . EQ . P
EXORNATO
OMNIBUS HO
FUNCTO
P . PACONIUS . CERI
MO ET MERENTI . S . P . P
L.D.D.D
Restitution :
244
L(ucio) Maecili/o P(ubli) f(ilio) Q(uinti) nepo/ti fl(amini) p(er)p(etuo) eq(uo) publico /
exornato / omnibus ho/noribus in IIII col(oniis) / functo / P(ublius) Paconius Ceri/alis
amico opti/mo et merenti s(ua) p(ecunia) p(osuit) / l(ocus) d(atus) d(ecreto)
d(ecurionum)
Traduction :
Transcription :
P . SITTIUS P . F .
QUAEST . II . FLAM
QUINQ
245
V . A . LX . H . S . E
Restitution :
Traduction :
Publius Sittius Dento ( ?), fils de Publius, édile, duumvir, questeur à deux reprises,
flamine, duumvir quinquennal, il vécut soixante ans. Il repose ici.
Datation :
Commentaire :
246
Localisation : Rusicade. Philippeville. Stora
Description : Découverte dans les fouilles du palais de justice de la pace
Corneille. Marbre blanc de bonne qualité. L’inscription est
partiellement effacée de la l.2 (incluse) à la l. 4 (incluse).
Dimensions : 92 x 163
Hauteur des lettres : 5.5 (l.1), 3.5 (l.6), 2.5 (seq.)
Hederas :
Ligatures :
Transcription :
///////////////////////////////
///////////////////////////////
///////////////////////////////
Transcription :
Victoriae Augustae sacrum / [----]/ L(ucius) Cornelius L(uci) fil(ius) Quir(ina) Fronto
Probianus eq(uo) p(ublico) orn(atus) / dec(urio) IIII col(oniarum) fl(amen)
247
p(er)p(etuus) divi Antonini / statuam cum tetrastylo quam ob honorem flam(onii)
praeter (sestertium) LXXXII(milia) n(ummum) / quae rei p(ublicae) praesentia intulit
promiserat et dec(urionatus) (sestertium) XX (milia) n(ummum) sed et / cetera quae
liberalitate sua patriae contulit ex (sestertium) XXX mil(ibus) n(ummum) dedit /
idemque dedicavit ad cuius dedicationem etiam ludos / scaenicos cum missilibus edidit
Traduction :
A Victoire Auguste sacré … Lucius Cornelius Fronto Probianus, fils de Lucius, ayant
eu l’ornement de chevalier romain, décurion des quatre colonies, flamine perpétuel du
divin Antonius, il promettait en l’honneur de son flaminat, indépendamment des 82 000
sestesterces et des 20 000 pour son poste de décurion, l’érection d’une statue avec
tétrastyle comme présent à la répulique et pour sa liberalité de 30 000 sesterces qu’il
versa à sa patrie entre autres choses. Il donna et consacra cela (la statue) ad
dedicationem, de plus il organisa des représentations théâtrales avec distribution.
248
Transcription :
CLAUDIAE P F
QUIR GALLITTAE
CONIUGI
Q AUSTURNI P F
QUIR LAPPIANI EQ
SORORI
AUGGG PR PR C V CONSUL
INFERIOR ET SUPERIOR
PRAEPOSITI VEXILLATION
ET V MACEDONICAE PIAE
CANDIDATO AUGGG ET
DOTI SEPTEMV//O
EPULONUM // DO
TI LAURENT LAVINAT
Q AUSTURNIUS
249
LAPPIANUS CONIUG RA
RISSIMAE S P P D D
Restitution :
Claudiae P(ubli) f(iliae) / Quir(ina) Gallittae / coniugi / Q(uinti) Austurni P(ubli) f(ilii) /
Quir(ina) Lappiani eq(uo) / p(ublico) exor(nati) aed(ilis) IIIvir(i) IIII col(oniarum) /
praef(ecti) III col(oniarum) duc(enarii) bis / sorori / Ti(beri) Claudi Claudiani leg(ati) /
Auggg(ustorum) pr(o) pr(aetore) c(larissimi) v(iri) consul(aris) / provinc(iarum) et
exerc(ituum) Pann(oniarum) / inferior(is) et superior(is) / praepositi vexillation(um) /
Daci{i}scarum leg(ato) leg(ionum) XIII Gem(inae) / et V Macedonicae Piae /
candidato Auggg(ustorum) et / eis devotiss[im]o prae/tori tutelar[io sacer]/doti
septemv[ir]o / epulonum [sacer]do/ti Laurent(ium) Lavinat(ium) / Q(uintus) Austurnius
/ Lappianus coniug(i) ra/rissimae s(ua) p(ecunia) p(osuit) d(ecreto) d(ecurionum)
Traduction :
Pour son épouse Claudia Gallitae, fille de Publius, de la Tribu Quirina ; Quintus
Austurnius Lappianus, fils de Publius, de la tribu Quirina, ayant revêtu l’ornement de
chevalier romain, édile, triumvir des quatre colonies, préfet des trois colonies, aux
appointements de 200 000 sesterces ( salaire ducénaire), pour sa sœur, Tiberius
Claudius Claudianus légat pro préteur des Augustes, homme clarissime, consulaire des
provinces et des armées des Pannonies inférieure et supérieure, chef des détachements
de vexilliaires daces, légat des légions XIII de Germanie et V de Macédoine « Pieuse »,
candidat des Augustes et leurs très dévoué préteur tutélaire, prêtre du collège des
septemvir epulon, prêtre du des Laurentes Lavinates, Quintus Austurnius Lappianus a
posé, à ses frais,par décret des décurions, pour son épouse très précieuse.
Datation :
Géta est offciellement proclamé Auguste en 209 mais selon H-G Pflaum (ILAlg. II, 29,
p.6) quelques inscriptions africaines mentionneraient cette titulature dès 198.
250
Commentaire :
Praefecti III coloniarum ducenarii bis. Cette expression semble vouloir signifier, pour
H-G Pflaum (Ibid.) qu’il s’agissait d’un procurateur décénaire ayant exercé deux
fonctions de cet échelon.
De plus, on peut en déduire par cet inscription que les praefectus iure dicundo (dont les
émoluments s’élève à 200 000 sesterces provennant du trésor de la république cirtéenne)
étaient d’anciens triumvirs.
CIL VIII, 7986 (= ILS 6862) (= ILAlg. II 36) (= AE 1982, 272 bis).
Localisation : Rusicade.
Description :
Dimensions : 75 x 89
Hauteur des lettres : 5 (l.1), 4 (l.2), 3 (l.3-6), 2 (l.7-9), 3.5 (l.10).
Hederae : 2 (l.1), 2 (l.2), 1 (l.3), 2 (l.4), 1 (l.5), 1 (l.6).
Ligatures :
Transcription :
251
FIL GALLAE ET GALLI ET CORUNCANIAE ET NIGELLINAE TRIBUNAL
ET ROSTRA
S P F C
C CAECILIUS Q GAL
GALLUS S P
Restitution :
Traduction :
Caius Caecilius Gallus, fils de Quintus, de la tribu Galeria, chevalier publique, édile
disposant du droit du questeur propréteur, praefectus pro triumviris à quatre reprises,
praefectus fabrum, deux fois consul et deux fois préteur, ayant reçu les ornements de la
quinquennalité par décret des décurions, juges des trois premières décuries, praefectus
iure dicundo de Rusicade, flamine du divin Jules, en son nom et de Proxinia Procula,
fille de Marcus, sa femme et de ses enfants Galla et Gallus et Coruncania et Nigellina,
les rostres et le tribunal, il supervisa et les fit faire à ses frais, Caius Caecilius Gallus,
fils de Quintus, de la tribu Galeria, par son argent.
252
CIL VIII, 7989 (= ILAlg. II, 38).
Transcription :
Restitution :
M(arcus) Fabius L(uci) fil(ius) Quir(ina) Fronto augur [praef(ectus) i(ure) d(icundo)
ob] / honorem praef(ecturae) [3]m[3]a[3] / dedit praeter oblationem den(ariorum) 3
n(omine)] / fili(i) sui Senecionis ad cultum thea[tri
Traduction :
Marcus Fabius Fronton, fils de Lucius, augure, praefectus iure dicundo, en l’honneur de
praefectura [---] m[ ---]a [---] il donna indépendamment du don d’argent [---] au nom,
de son fils Senecion pour l’ornement du théâtre.
253
CIL VIII, 7990 (= ILS 6861) (= ILAlg II, 42).
Transcription :
SEX . OTACILIUS . M . F
QUIR . RESTITUTUS
M . OTACILI . FRUCTI
PONTIFICIS . FRATER
TORIAE . POTESTATIS
AUGUR . SUPER . HS XX
AEDILITAT . R . P . DEDIT
ET . HS VI . OB . DIEM . LUD
OB . HONO AUGURAT
R . P . INTULIT . ET . AT . HS IIII
254
SER . ADIECTIONE . A . SE . FACTA
DEDICAVITQ . D . D
Restitution :
Traduction :
AE 1967, 558.
255
Localisation : Mileu (Mila). Trouvée en remploi dans le mur byzantin à
l’Est, entre la porte romaine et la porte de Constantine.
Description : base rectangulaire de grès. Mutilée en bas et à gauche.
Dimensions : 138 x 61
Hauteur des lettres : 5
Hederae :
Ligatures :
Restitution :
Traduction :
A Lucius Flavius Crescentius, fils de Titus, de la tribu Quirina, édile, questeur, triumvir,
triumvir quinquennal, préfet de la jeunesse, praefectus iure dicundo de la colonie de
Chullu, par testament de Decimus Haterus Crescentius.
256
Localisation : Cuicul (Djemila)
Description : Basilique Julienne. Base jumelle du ILAlg. II, 7794.
Dimensions : hauteur = 120, largeur = 80.
Hauteur des lettres : 5 (l. 1-5), 3 (l. 6-16).
Hederas :
Ligatures :
Transcription :
XXII . IMP . V . C
CENTIANUS . EQUO MP . EX
EX . HS . III . N . EX LIBERALITATE .
DEDICAVIT
257
Restitution :
Traduction :
Pour l’imperator caesar Marcus Aurelius Antonius Auguste, grand arménique, grand
mèdique, grand parthique, Grand Pontife, ayant revêtu la puissance tribunicienne pour
la vingt-troisième fois, acclamé cinq fois imperator, consul trois fois, Père de la Patrie.
Caius Iulius Crescens Didius Crescentianus, chevalier romain par décoration impériale,
flamine perpétuel des quatre colonies, pontife de Cirta et de Cuicul, s’est acquité de tous
les honneurs dans les cinq colonies, il avait promis le don de 3000 sesterces pour
l’érection d’une statue, la somme fut augmentée, il a construit, à ses frais, depuis la base
dans la basilique Julienne, il a posé cela et l’a consacré.
Datation :
258
Localisation : Cuicul (Djemila)
Description : Basilique Julienne. Sur un piédestal. Base jumelle de
ILAlg. II 7793.
Dimensions : hauteur = 115, largeur = 80
Hauteur des lettres :
Hederas :
Ligatures :
Transcription :
ANTO AUG
QUE . DEDICAVIT
Restitution :
Traduction :
Datation :
AE 1989, 900.
Restitution :
Divo Co[m]modo / divi M(arci) Antonini Pii Germ(anici) / Sarm(atici) filio fratri /
imp(eratoris) Caes(aris) L(uci) Septimi Severi Pii / Pertinacis Aug(usti) Arab(ici)
Adiab(enici) Parth(ici) max(imi) / propagatoris imperi pont(ificis) max(imi)
trib(unicia) / pot(estate) XI imp(eratoris) XI co(n)s(ulis) III p(atris) p(atriae)
proco(n)s(ulis) patris / Imp(eratoris) Caes(aris) M(arci) Aureli Antonini Aug(usti) Pii
felici(s) / trib(unicia) pot(estate) VI co(n)s(ulis) II proco(n)s(ulis) [[et]] / [[P(ubli)
260
Septimi Severi Getae Caesaris]] / M(arcus) Tullius M(arci) f(ilius) Quir(ina) qui et
Pap(iria) Pu/dens statuam quam sup(er) leg(itimam) ho/noris aed(ilitatis) suae
promiserat de/dit curante Scribonio Scribo/niano sororis fil(io)
Traduction :
Datation :
Commentaire :
M. TULLIUS PUDENS, qui a fait ériger cette statue au divin Commode à l’occasion
de son édilité, a tenu à mentionner sa double tribu.
1.2.21. AUTRES
AE 1989, 858.
261
Localisation : Henchir Aïn Oued Ghrouss.
Description : plaque de calcaire gris, brisée droite et en bas
Dimensions : 59 x 37 x 19
Hauteur des lettres : 4.5 à 5.5
Hederae :
Ligatures :
Restitution :
Traduction :
Aux dieux mânes sacrés, Publius Caecilius Martialis, décurion des quatre colonies, il
vécut 90 ans, il repose ici.
Transcription :
262
PRO SALUTE D N …………… CU……M N HOC ……CIPIO N
Restitution :
Pro salute d(ominorum) n(ostrum duorum) [----] [ar]cu[m ex sestertium] [----] m[ilibus]
patriae Paterno e[t] Arcesilao co(n)s(ulibus) hora noc[tis (illa) somno f]essis contigit
Traduction :
Commentaire :
263
Dans le cas présent nous sommes en face d’une dédicace faite par Clodius Victor et
Pomponius Macianus deux duumvirs ayant promis la construction d’un arc à leurs frais.
Cette promesse fait suite au tremblement de terre (terrae motum) qui avait frappé la
ville sous les consulats de Paternus et d’Arcesilaus en 267. Le gouverneur Flavius
Flavianus (286-287) gouverneur et patron de la ville inaugura l’arc ayant été construit
aux frais du fils de Clodius Victor et de Flavius Paulinianus. Monument laissé sous la
responsabilité du curateur de la république et chevalier romain de son état, Cocceius
Donatianus.
C. Lepelley (Les cités, vol. 2, Paris, 1979, p. 71) fait remarquer deux choses. Tout
d’abord il semble que le phénomène municipal se poursuive au Bas-Empire. Mais
surtout on constate que même après un tremblement de terre la crise du IIIème siècle a
plongé l’Empire, du moins la province de Numidie, dans certaines difficultés finacières.
On le voit avec l’écart (vingt ans) entre la promesse faite de construction d’un arc et
l’érection de ce dernier. De plus C. Lepelley remarque que les héritiers sont tenus
d’accomplir les promesses faites ob honorem par leurs disparus.
264
DEUXIEME PARTIE : Les notables, la Numidie
et la cité
265
2.1. Notabilités et épigraphie : la question des fonctions
municipales
Une des premières interrogations que l’on peut avoir relève de l’origine des
notables de Numidie. Lorsque nous parlons d’ « origines » au pluriel nous sous-
entendons l’origine géographique, ethnique mais aussi politique (c’est-à-dire
l’émergence politique du notable dans la cité en Numidie). Ainsi il convient, avant tout,
d’expliquer les modalités de peuplement de certaines cités de Numidie afin d’en
approcher plus précisement ses élites.
Sous les royaumes numides, on trouve des traces d’une sédentarisation des
nomades. J.-M. Lassère avance l’hypothèse de causes fiscales1. Mais G. Camps n’est
pas de cet avis et ne pense pas qu’il y ait eu une politique de sédentarisation menée par
Massinissa : « les tribus possédaient déjà chacune un territoire dont les dimensions
variaient avec leur propre puissance »2. Des concentrations de populations existaient
déjà. Ainsi, chaque tribu disposait d’un ou plusieurs marchés. Certains pouvaient abriter
une population importante comme Calame, Thubursicu Numidarum, Thagaste. Il
existait également des ports assez actifs tels que Rusicade, et sans parler de Cirta
(période postérieure au proconsulat de Salluste). J.-M. Lassère constate ainsi une vitalité
de la population numide au IIème siècle ap. J.-C3. Ainsi, la question de l’importance de la
population en Numidie se pose. Et par voie de conséquence sur l’impact de la conquête
romaine sur des structures urbaines préexistantes. Le constat de J.-M. Lassère semble
1
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 51.
2
GASCOU J., Aux originies de la Berbérie, Massinissa ou les débuts de l’Histoire, Lybica, Paris, t. VIII,
1, 1960, p.42.
3
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 52.
266
alors s’orienter vers une sorte de superposition des différentes influences. Les feuilles
de l’Atlas archéologique de l’Algérie qui correspondent au royaume Numide montrent
que les sites strictement numides sont assez rares, mais que les sites romains ne sont que
« les descendants romanisés des sujets de Massinissa » qui « ont continué à occuper les
mêmes terres »1. Les toponymes romains sont également très rares en Numidie centrale.
De même pour une toponymie phénicienne à l’intérieur des terres.
Qu’en est-il des évolutions de la densité urbaine dans la période pré-coloniale (au
sens romain du terme) ? On a une population nombreuse accoutumée au mode de vie
urbain ou villageois au nord et au centre de la Numidie. Cependant on constate que ces
populations devenaient de plus en plus clairsemées à mesure que l’on s’avançait vers les
limites méridionales et orientales du royaume et vers les confins gétules. D’où
l’importance de l’effort consenti par Rome au IIème siècle dans la région de l’Aurès-
Nemencha.
P. Sittius de Nucerie voyait avec grand intérêt le blé de Numidie. Afin de servir
ses intérêts, il s’entend avec César qui convoitait le royaume. Après avoir commis
l’erreur de rejoindre le parti de Catilina, il part pour l’Espagne. Il se loue, lui et son
armée privée, au roi Bocchus II de Maurétanie. Par la suite Sittius conserve cependant
des liens étroits avec des marchands de blé de Rome qui le mettent en relation avec
1
Ibid. p. 52.
2
KOLENDO J., Le colonat romain en Afrique sous le Haut-Empire, Annales Littéraires de l’Université
de Besançon, Paris, 1991.
267
d’autres négociants italiens à Cirta. Ainsi l’invasion de la province par le roi Juba est
l’occasion pour Sittius d’aider César et d’être récompensé en retour. Ce qui fut le cas.
Dans son étude sur les mobilités et migrations de peuplement en Afrique, J.-M.
Lassère montre bien la présence d’Italiens, Libyens, Thraces, Grecs, Gaulois et
Espagnols et même des Juifs (notamment à Carthage et à Cirta). Selon lui cette
immigration serait en grande partie due au rôle de l’armée qui aurait brassé un grand
nombre de personnes d’origines différentes. Bien que notre étude soit assez différente
de celle effectuée par J.-M. Lassère, nous pouvons cependant dire qu’il est assez
difficile de retrouver des origines étrangères présentes dans l’onomastique. A.
Chastagnol souhaitait notamment percevoir les survivances indigènes dans les curies
par l’étude des cognomina2. Cette étude, compte tenu des objectifs de notre mémoire, ne
peut être développée avec exhaustivité. Cependant, il apparaît que la différenciation
entre un notable d’origine indigène et un notable romain semble difficile à réaliser.
Nous avons, tout de même, pu identifier un notable municipal d’origine italienne :
Cneius Baebius Stellatina Cerealis, originaire de Verecunda3. Mais il fait figure
d’exception dans notre corpus. J.-M. Lassère affirme que les effectifs italiens sont peu
nombreux et qu’il est difficile de les différencier. La raison essentielle en est que les
1
Ibid. p. 28.
2
CHASTAGNOL A., l’album municipal de Timgad, Rudolph Habelt Verlag GmbH, Bonn, 1978, p. 69.
3
C. 4194.
268
Romano-africains ont adopté l’onomastique romaine1. Nous irons même plus loin en
disant qu’étant donné le groupe social que nous étudions, on peut s’attendre à voir une
notabilité municipale alignée sur le modèle romain et donc parfaitement intégrée. Tous
ces questionnements renvoient au débat sur l’amplitude de la romanisation en Afrique et
pour notre cas en Numidie. Mais il nous semble intéressant de voir si cet aspect pourrait
faire l’objet d’un développement plus profond dans un travail ultérieur. Dans l’état
actuel de nos connaissances, nous ne pouvons affirmer s’il existe ou non une volonté
des notables municipaux de conserver un indice de leur origine ethnique ou
géographique. Le fait que nous étudions une strate de la société où le niveau de
romanisation doit être le plus élevé n’aide pas forcément à la résolution de ce problème.
Cependant nous aimerions attirer l’attention sur le cas de T. Flavius Macer2. Selon
J.-M. Lassère, T. Flavius Macer est un Numide né vers le Ier siècle ap. J.-C.3. Il semble
être à la fois citoyen de Calame et d’Ammaedara dont il est duumvir et flamine
perpétuel. Il est également préfet de la tribu des Musulames. Cette préfecture indique
deux choses : la première est que le colonat romain a entrainé une modification des
pratiques des populations nomades ou semi-nomades. Ainsi, l’ingérence des Romains
dans la gestion des terres est matérialisée par le poste de praefecti gentium (surveillance
des tribus) ; mais surtout qu’il apparaît possible que cet homme soit originaire de la
tribu des Musulames. En effet, les autorités romaines pouvaient nommer un préfet
originaire de cette gens afin de mieux la contrôler. Cet exemple montre bien qu’il
apparait difficile de différencier des notables d’origine indigène et d’autres d’origine
romaine. Selon M. Christol, la préfecture des Musulames était une responsabilité
exercée au terme d’une carrière municipale parfaite. A l’inverse, J.-M. Lassère qualifie
cette préfecture « d’administration séquestrée »4. Cette fonction renvoie également à la
question de la romanisation des élites de Numidie et de leur intégration dans le système
institutionnel romain.
1
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 389.
2
C. 5351.
3
op. cit. p. 625.
4
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 625.
269
développer une approche prosopographique afin de reconstituer les déplacements de
certaines familles de notables.
1
Corbier P., Griescheimer M., L’Afrique romaine, 146 av. J.-C. – 439 ap. J.-C., Paris, 2005, p. 377.
2
AE 1982, 958.
3
ILAlg. I 1295, CIL VIII 7103 (à titre d’exemples). La première (Thubursicu Numidarum) fait état d’un
Lucius Calpurnius Augustalis récompensé par l’ordre et le peuple, sans doute par l’érection d’une statue
en marbre. Le deuxième trouvée à Cirta mentionne l’érection ex consensu civium d’un monument à la
gloire de Marcus Fabius Frontonius pour sa générosité.
270
d’une cité à l’autre en fonction de la législation et de la situation économique. Pour le
Haut-Empire, on ne connaît que le cens décurional de la ville de Côme sous Trajan et
s’élevant à 100 000 sesterces1. Pour la période plus tardive, le Code Théodosien évoque
une loi datée du 5 avril 342 dans laquelle Constance répond à Rufinus, comte d’Orient2.
Dans sa lettre, il est dit qu’« on assignera de même à la curie celui qui possède moins de
25 jugères en propre et en cultive une quantité équivalente ou moindre de nos terres ».
Outre ces éléments que nous avons vus, nous pensons qu’il faut également
analyser la façon dont la cité se percevait et par conséquent comment elle percevait ses
notables municipaux. En effet, il nous apparaît qu’une étude sur le vocabulaire de
certaines inscriptions touchant à l’activité publique permettrait de comprendre
davantage les implications politiques induites par l’exercice des magistratures (que nous
verrons plus tard). Pour cela, nous nous sommes inspiré d’un article rédigé par E.
Lyasse et paru dans Le quotidien municipal en Occident5. Dans cet article E. Lyasse
1
Pline Le Jeune, Epitoma, I, 19.
2
Code Théodosien, XII, 1, 33.
3
Les lois de Malaca et Salpensa datent de 82-84 ap. J.-C. Celle d’Irni daterait de 91. Grâce à ces
fragments les historiens disposent des trois quarts de la charte des municipes de Bétique organisés par
Dioclétien.
4
Les cités de l’Occident romain, Paris, 1990, p. 13.
5
LYASSE E., « L’utilisation des termes res publica dans le quotidien institutionnel des cités.
Vocabulaire politique romain et réalités locales » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain,
271
analyse l’emploi du terme res publica dans les inscriptions. Elle constate que c’est une
expression qui apparait fréquemment dans les sources latines touchant à l’activité
publique et que l’emploi de res publica n’est soumis à aucune condition de statut. Ainsi
n’importe quelle cité pouvait user de ce terme pour se définir. La problématique
développée par E. Lyasse recoupe une partie de nos interrogations. En effet, elle
s’interroge : comment cette notion est-elle utilisée dans les inscriptions en rapport avec
le fonctionnement des institutions locales ? Certaines institutions que nous avons
évoquées précédemment telles que l’ordre des décurions ou bien le populus.
1- Res publica dans un contexte évoquant les finances de la cité. Elle peut
apparaître à propos de la somme honoraire pour dire qu’elle lui a été
versée ou qu’un don supplémentaire lui a été fait.
2- Res publica comme justification d’honneurs accordés par une
communauté. Res publica citée pour l’octroi d’un honneur à un
personnage, pour le recompenser pour son attitude envers la cité : usage
de l’expression ob merita ou l’emploi de termes tels que integritas,
iustitia, pietas, munificentia. Dans le cas présent, le sens de res publica
est beaucoup plus abstrait : celui d’un intérêt commun à tous les
membres de la communauté.
3- Res publica comme acteur de l’érection d’un monument. Ce sont (selon
E. Lyasse) les plus nombreuses. La république apparait en tant qu’auteur
de la dédicace.
272
Répartition des inscriptions
(en fonction des trois catégories d'E. Lyasse)
Catégorie 3
15%
Catégorie 2
20%
Catégorie 1
65%
On peut s’interroger sur ce qu’englobe le terme res publica ? Dans la majorité des
cas repertoriés l’expression est employée seule ; par conséquent on peut en déduire que
res publica englobe à la fois le populus et l’ordo decurionum ainsi que les magistrats
municipaux. Son emploi aurait peut être une forme d’ambition unificatrice et serait donc
vecteur d’une identité commune au sein même de la cité. Cependant, E. Lyasse affirme
que le terme de Res publica n’est pas le même partout dans l’Empire. A Corfinum par
exemple la formule est : res publica populusque Corfinensis1. Les deux sont ainsi
dissociés. De notre côté, nous constatons que certaines inscriptions de notre corpus font
cohabiter le terme res publica avec une autre expression. A Timgad, Flavius Aulinus,
flamine perpétuel et curateur de la république de son état, a fait poser un autel en
l’honneur de Julien l’Apostat2. Cette entreprise fut réalisée par la république et l’ordre
de la colonie3. A Calame, le splendidissimus ordo décide, aux frais de la cité, la pose
1
CIL IX, 3308, 3152 et 3162.
2
C. 2387.
3
Resp(ublicae) et ordo coloniae Tham(u)g(adi).
273
d’une statue en l’honneur d’un notable du nom de Lucius Suanis Victor Vitellianus pour
l’honorer des bienfaits dont il a comblé pareillement (pariter) la république et les
citoyens1. Dans les deux cas, l’hypothèse d’une vision englobante du terme paraît peu
crédible. En effet, dans la première inscription, on fait cohabiter la république et l’ordre,
ce qui sous-entendrait que le terme res publica s’appliquerait à l’ensemble des citoyens
de la cité, à l’exception faite des décurions et donc des magistrats. On pourrait avancer
l’hypothèse de tensions entre la classe dirigeante et les citoyens de la colonie. Cette
hypothèse est sujette à caution mais elle peut paraître pertinente si on la replace dans le
contexte du règne mouvementé de Julien l’Apostat. Surtout si l’on tient compte de
l’importance de la population chrétienne en Afrique et de la cohabitation avec les
milieux polythéistes détenteurs de certaines grandes magistratures. Les relations entre
ces notabilités « païennes » et les milieux chrétiens pourraient faire l’objet d’un travail
plus approfondi. Dans la deuxième inscription, c’est l’inverse, la république est
distinguée de l’ensemble des citoyens. A ce constat, on peut tirer deux hypothèses : la
première serait que la république représenterait le populus distingué des citoyens
(notables municipaux compris) ; la deuxième serait plus matérielle, il s’agirait de
distinguer la république en tant qu’ensemble urbain et la communauté civique.
Cependant cette dernière semble peu probable à notre sens dans la mesure où la cité le
récompense pour sa droiture, son sens de la justice et son intégrité. Il n’est pas fait
mention d’actes de générosité (érections de statues, fincancement de constructions
d’édifices publics) mais uniquement de qualités morales. En fin de compte, la première
hypothèse rejoint ce que nous avons dit précédemment c’est-à-dire qu’il y a une
distinction entre populus et membres des curies. E. Lyasse distingue les deux termes res
publica et populus. Son hypothèse la plus plauside serait que ce soit le terme decreto
decurionum qui englobe les termes res publica et populus2. A notre sens, nous pensons
que les faits de ne sont pas si simples : l’usage de l’expression decreto decurionum a
plus un sens formel, qu’une visée « communautaire ». Nous pensons que le terme a une
portée englobante et c’est pour cela que les deux exemples évoqués précédemment
peuvent faire figure d’exceptions. A cela nous ajouterons que le poste de curateur se dit
curator rei publicae. Et comme nous allons le dire ultérieurement, le curateur est en
charge de l’ensemble de la cité populus et ordo. De même, nous pourrions nous
1
C. 5356. Ob insignem iustitiam et integritatem eius erga rem publicam pariter et cives.
2
LYASSE E., « L’utilisation des termes res publica dans le quotidien institutionnel des cités.
Vocabulaire politique romain et réalités locales » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain,
Presses Universitaires Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p. 197.
274
interroger sur l’usage fait par les notables du terme de patria que l’on retrouve dans
trois inscriptions à Timgad, Rusicade1. Mais le terme « patrie » semble plus générique,
plus englobant et n’avoir qu’un sens politique très limité.
Pour conclure partiellement sur l’emploi du terme res publica, E. Lyasse résume
deux hypothèses habituellement avancées : la première affirme que son usage serait le
signe d’une romanisation et la volonté de la manifester ; la deuxième voudrait qu’elle
soit, au contraire, l’expression d’une revendication d’autonomie. Pour E. Lyasse il ne
s’agirait uniquement que d’un terme du vocabulaire politique romain. Cela n’est pas un
indice de romanisation ou d’autonomie politique. Selon nous il convient de ne pas
sureprésenter cette expression mais ne pas la sous-estimer non plus. En effet, E. Lyasse
affirme que l’emploi de cette expression peut varier en fonction des aires
géographiques. Ainsi il est très rare en Gaule mais il reste fréquent en Espagne et en
Afrique. Cette dernière se caractérise d’ailleurs pour un fort esprit de conservatisme et
de traditionalisme en ce qui concerne la vie politique.
La discussion sur cette expression semble éloignée de notre sujet d’étude, mais le
fait est qu’au contraire cette notion de république, de différenciation entre le peuple et
les curies, entre les citoyens et l’ordre des décurions, fonde l’esprit des notables et
caractérise l’exercice de des magistratures que nous allons voir.
Nous souhaiterions, dans la lignée de ce que nous avons dit, nous arrêter
brièvement sur un autre point de vocabulaire : celui des qualités morales exigées des
notables. S. Lefèbvre fournit une étude sur les chevaliers d’Afrique mais en s’attardant
sur le vocabulaire employé dans les hommages publics2. Dans son article, S. Lefèbvre
montre les qualités civiques que la communauté attend de ses citoyens. On constate que
l’intégrité est mise en valeur avec des expressions telles que : innocentia, intergritas,
prudentia. De même d’autres expressions signifiant le lien entre citoyens et magistrats
peuvent être trouvées : fides, insignis. Dans notre cas, nous tenons l’exemple de Lucius
Suanius Victor Vitellanius de Calame remercié ob insignem, iustitiam et integritatem3.
Selon S. Lefèbvre l’usage du terme insignis signifie donc la relation unissant le corps
1
C. 2387 et AE 1977, 1728 pour Timgad et C. 7963 pour Rusicade.
2
LEFEBVRE S., « Donner, recevoir, : les chevaliers dans les hommages publics d’Afrique », in L’ordre
équestre, histoire d’une aristocratie (IIème siècle av. J.-C.- IIIème siècle ap. J.-C.), actes du colloque
international de Bruxelles-Leuven (5-7 octobre 1995), DEMOUGIN S., DEVIJVER H., RAEPSAET-
CHARLIER M.-T. (ed.), Ecole française de Rome, Rome, 1999, p. 513-578.
3
C. 5356
275
des magistrats et les citoyens. Nous avons dit précédemment que, dans cette inscription,
le terme res publica est séparé de cives. Ainsi, à partir de la remarque de S. Lefèbvre on
peut sans doute émettre l’hypothèse que res publica fait référence davantage à l’ordo
decurionum et au corps des magistrats. Mais cette hyptohèse est sujette à caution. De
plus il serait intéressant, pour un travail futur de croiser ce vocabulaire du notable avec
certains textes traitant de la politique et des qualités de l’homme politique (Cicéron par
exemple). Ces qualités sont essentielles pour les citoyens à l’exercice des magistratures.
276
Cursus municipal classique (Numidie non cirtéenne)
FLAMINAT
PERPETUEL
QUINQUENNAL
DUUMVIRAT
EDIILITE/QUESTURE
ORDO DECURIONUM
277
En bas de l’échelle du cursus municipal se trouvait l’édilité et la questure.
L’édilité était un honneur qui impliquait le versement d’une summa honoraria (« ob
honorem aedilitatis »). Un notable accédant à l’édilité devait y rester en poste entre huit
et neuf ans avant de pouvoir accéder au duumvirat. Les édiles s’occupaient des travaux
publics et des marchés et des affaires de police locale. Quoi qu’il en soit les inscriptions
de notre corpus nous montrent que l’édilité était le premier stade du cursus municipal.
Nous avons plusieurs mentions de summa honoraria ou même d’actes d’évergétisme ob
honorem aedilitatis : ces éléments montrent l’importance qu’avait cette magistrature
dite « inférieure » puisque les notables jugeaient utile de la mentionner. On peut se
demander si ce phénomène était identique dans d’autres provinces de l’Occident
romain. La fonction d’édile est présente dans la grande majorité des provinces de
l’Occident romain. Si l’on s’en réfère à la rubrique 19 des lois minicipales flaviennes
(fragments d’Irni), l’édilité en Espagne disposait des mêmes caractéristiques et
prérogatives que celle d’Afrique et donc de Numidie. Cependant J. Gascou éprouve une
certaine difficulté à obtenir des cursus complets1 dans les cités de Gaule narbonnaise. Et
selon lui outre la pauvreté de la documentation épigraphique, il n’est pas rare que, dans
un cursus municipal, l’on néglige la mention d’une fonction inférieure pour ne faire état
que de la fonction la plus prestigieuse2. Les mentions de l’édilité s’étendent sur toute la
durée de notre période d’étude : ce qui sous-entend que l’édilité se place au-delà du
IVème siècle. Le maintien de cette magistrature inférieure est un indice d’un certain
conservatisme municipal dans les cités de Numidie (Confédération cirtéenne incluse) et
plus globalement en Afrique.
1
Cf. GASCOU J. « La carrière des magistrats dans les villes de Gaule narbonnaise » in Splendidissimas
civitas, études d’histoire romaine en hommage à François Jacques, DEMOUGIN S., CHASTAGNOL
A., LEPELLEY C. (ed.), Publications de la Sorbonne Paris, 1996, p. 119-131.
2
Ibid. p. 122.
278
l’argent commun des citoyens de ce municipe, au gré des duumvirs ». Ainsi cette
fonction relevait d’une certaine importance au sein de la cité. Contrairement à ce que dit
P. Corbier, elle n’était pas le moins élevé des honneurs1 : dans les mentions de cursus
municipaux, la place de la questure pouvait varier d’une inscription à l’autre 2. Cette
fonction municipale restait problématique pour les historiens comme l’a montré F.
Jacques dans son article traitant de « La questure municipale en Afrique du Nord »3.
Selon lui il n’y avait pas de place fixe pour la questure (ce que confirment les
inscriptions de notre corpus). La base du problème est de savoir si la questure était un
honor ou un munus. Nous avons dit qu’elle ne faisait pas partie de la carrière des
honneurs, en conséquence elle devait être un munus. Mais F. Jacques pensait qu’elle
n’en était pas un. Il soutenait son propos en affirmant que dans les inscriptions, on ne
mentionnait que les carrières les plus brillantes. Affirmation reprise par J. Gascou
comme nous l’avons vu précédemment. Les notables ne détaillaient pas toutes les étapes
de leur carrière surtout les exercices qui allaient de soi. Donc il n’y avait pas de cursus
type et rigoureux. De même, il évoque des variations en fonction des provinces. Nous
avons relevé en tout dix-huit inscriptions mentionnant la questure. Voici un tableau
récapitulatif :
Position de la
Références Localisation Datation questure dans le
cursus
Deuxième avant la
CIL VIII,
Timgad moitié du IIIème praefectura iure
2400
siècle. dicundo
Après le
AE 1979, duumvirat et la
Timgad
670 praefectura iure
dicundo
CIL VIII, Entre 224
Lambèse Avant l’édilité
2620 et 235
CIL VIII,
Lambèse Avant aedilicius
2677
CIL VIII,
Diane Après l’édilité
4580
1
op. cit. p. 380.
2
Dans ILAlg II 3613, la questure est placée après l’édilité ; dans l’AE 1982 954 elle est présente avant
cette dernière ; et dans CIL VIII 4589, elle prend place après le duumvirat.
3
Jacques F., « La questure municipale en Afrique du Nord » in Bulletin archéologique du C.T.H.S., 17,
1981, p. 211-224.
279
Entre le
CIL VIII,
Diane duumvirat et le
4589
flaminat perpétuel
CIL VIII,
Diane Avant l’édilité
4597
Entre le
CIL VIII,
Madauros duumvirat et le
4681
flaminat perpétuel
ILAlg I, quaestor et
Madauros
2056 aedilis
CIL VIII, Après aedilis
Tiddis
6712 quaestoria potestatis
ILAlg II, Castellum
Après l’édilité
3574 tidditanorum
1
Ibid. p. 214.
280
n’ait pas la même place d’un cursus à l’autre. L’album de Timgad peut nous donner une
autre piste sur ce débat. Comme nous l’avons dit cet album rassemble tous les membres
de l’ordo decurionum avec leurs fonctions (actuelles et anciennes). L’album est daté de
la fin du règne de Julien l’Apostat (vers 364) et pourtant un questeur et trois ou quatre
anciens questeurs (quaestoricii) sont inscrits sur celui-ci. Ils côtoient les fonctions
honoraires telles que les duumvirs, les flamines perpétuels, les édiles. F. Jacques en
conclut donc, qu’à la fin du IVème siècle, la questure était bien au rang des honneurs et
que son exercice contribuait à définir la position des notables dans la curie et dans la
cité. La questure conférait, selon lui, le dignitatis gradus, qui différenciait l’honor du
munus. Etant donné que la majorité de nos inscriptions datait de la fin du IIème siècle et
s’étendait tout au long du IIIème siècle, il nous est impossible de confirmer ou d’infirmer
la conclusion de F. Jacques. Cependant nous attirons l’attention sur les autres fonctions
mentionnées à la fin de l’album : notamment celle de la préfecture de l’annone, de
même que les clericii. En nous basant sur ces deux exemples, on peut dire que cette
préfecture ou bien même les clericii ne sont pas des fonctions municipales et sont
encore moins des honneurs. Par conséquent, nous pouvons, quelque peu, nuancer les
propos de F. Jacques qui conclut en affirmant, cependant, que la « variété des carrières
interdit de conclure à une nivellement conduisant les notables à devenir de simples
fonctionnaires bénévoles »1. En ce qui nous concerne, nous pensons que cette absence
de place fixe dans le cursus peut signifier que cette fonction pouvait être accordée à un
moment ou à un autre de la carrière du notable. En effet, cette fonction impliquait une
gestion financière des caisses de la cité, c’était donc une fonction de confiance. Les
citoyens qui élisaient un notable au poste de questeur attendaient de lui les qualités
morales que nous avons vu précédemment (fides, integritas). Par conséquent, nous
pensons que la questure n’était pas un honor, ni une magistrature mais une fonction
municipale honorifique car les citoyens et l’ordre plaçaient leur confiance en ces
hommes, administrateurs des finances publiques. De plus, l’article 20 de la loi flavienne
montre que le questeur devait rendre des comptes aux duumvirs (« au gré des
duumvirs »). Donc si l’on s’en réfère à cette loi, d’un point de vue strictement
hiérarchique on peut dire que le questeur était subordonné au duumvir. Mais cette loi ne
concerne peut-être que l’Espagne. La place de la questure est peut-être différente en
Numidie : le tableau que nous avons réalisé montre plusieurs cas où la questure se place
1
Ibid. p. 220.
281
après le duumvirat. Et les exemples sont bien trop nombreux pour penser qu’il s’agit
d’une erreur du lapicide. La place de la questure en Numidie pourrait être une question à
développer en la croisant avec d’autres pronvinces (autres que l’Espagne).
1
LYASSE E., « L’utilisation des termes res publica dans le quotidien institutionnel des cités.
Vocabulaire politique romain et réalités locales » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain,
BERRENDONNER C., CEBEILLAC-GERVASONI M., LAMOINE L.(ed.), Presses Universitaires
Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p. 194.
2
C. 2481.
3
C. 2661.
4
C. 2660.
282
constater que les travaux publics ne semblaient pas être une des prérogatives des
duumvirs. Mais E. Lyasse pense que cela peut être le cas ou bien inversement, c’est-à-
dire que cela était la norme (participation des duumvirs aux travaux publics) et donc que
seules les activités des gouverneurs et des curateurs étaient mentionnées car plus
exceptionnelles1. Cet argument a silentio peut être sujet à caution dans la mesure où ce
sont, avant tout, les édiles qui prennent en charges les travaux publics. Mais ces édiles
doivent, sans doute, rendre des comptes aux duumvirs. La rubrique 27 des lois
municipales flaviennes (fragments d’Irni) traite de l’intercessio entre les duumvirs et les
édiles. Ainsi les décisions des édiles pouvaient être cassées par les duumvirs. Du moins,
c’est ce que révèlent les lois espagnoles. La question serait de savoir si cela était
transposable à la Numidie.
On peut également s’interroger sur l’évolution du rôle des duumvirs dans les cités
de Numidie. Selon toute vraisemblance, avec l’essor du curateur au Bas-Empire, on
peut penser que ce dernier eclipsa les duumvirs. Mais les inscriptions montrent que les
duumvirs étaient encore présents au IVème siècle (comme le montre l’album de Timgad).
Cependant les inscriptions sur la remise en état de l’aqueduc de Lambèse que nous
avons vues précédemment ne viennent pas remettre en question la présence des
duumvirs mais peut-être remettre en cause certaines de leurs prérogatives (nous ne
pensons pas à l’activité édilitaire, mais au contrôle des édiles et au droit d’intercessio).
Il faut cependant toute raison garder et s’interroger plutôt sur une évolution du rôle des
duumvirs au sein de la cité. Selon C. Lepelley « le duumvirat eût été toujours la
fonction essentielle de la vie municipale »2 . Nous pensons que cela est vrai mais force
est de constater qu’avec l’autorité du curateur de la république, cette fonction risquait de
devenir plus honorifique que véritablement utile (le développement que nous allons
faire sur le curateur peut éclairer cette question). D’un point de vue plus général, il faut
constater que le duumvirat fait partie intégrante du cursus municipal dans la grande
majorité des cités d’Occident. Cependant dans certaines cités, le duumvirat recouvrait
une particualrité le distinguant de la magistrature municipale classique : ainsi dans la
colonie de Vienne (Narbonnaise) existait la fonction de duumvir du trésor 3. La présence
1
LYASSE E., « L’utilisation des termes res publica dans le quotidien institutionnel des cités.
Vocabulaire politique romain et réalités locales » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain,
BERRENDONNER C., CEBEILLAC-GERVASONI M., LAMOINE L.(ed.), Presses Universitaires
Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p. 193.
2
LEPELLEY C., Les cités de l’Afrique romain au Bas-Empire, vol.1, Paris, 1979, p. 160.
3
ILS 6997.
283
de cette fonction semble insolite dans la mesure où l’on a découvert des inscriptions
mentionnant la questure1. Cette fonction n’apparaît pas en Numidie qui semble
présenter une certaine homogénéité, exception faite de la Confédération cirtéenne.
Mentions de charges
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Questure Edilité Duumvirat Quinquennalité Flaminat
perpétuel
On constate ainsi une nette domination du flaminat dans les inscriptions. Nous
pouvons également observer que plus les fonctions éaient prestigieuses et plus elles
étaient présentes dans les inscriptions. La quinquennalité (que nous allons voir
ultérieurement) ne vient pas contredire ce que nous disons puisqu’en général elle venait
se superposer au duumvirat. Nous tenons à préciser que seules les magistratures les plus
courantes ont été prises en compte : par conséquent, les charges administrées dans la
Confédération cirtéenne sont exclues ; de même que la praefectura iure dicundo (qui
1
ILS 6998.
2
CIL VIII, 4197 et 4594 (à titre d’exemples).
284
fera l’objet d’un développement plus détaillé en deuxième sous-partie). La
prédominance du flaminat perpétuel, dans les inscriptions, est assez flagrante.
Un flamine était élu chaque année et venait s’ajouter à la liste des précédents.
Comme l’indique la titulature de la fonction, le flamine gardait sa charge à vie. Les
flamines avaient la charge d’assurer les cérémonies et rites dédiés au culte impérial au
sein de la cité1. Il leur incombait ainsi tout ce qui touchait aux actes de loyalisme aussi
bien à l’égard de l’empereur vivant qu’envers les princes divinisés. Sur l’album de
Timgad, A. Chastagnol dénombre un total de trentre-six flamines perpétuels2. De plus,
l’album nous révèle que les flamines étaient recrutés parmi les anciens édiles et les
duoviralicii. Parmi ces trente-six flamines perpétuels (« FL P » ou « FL PP ») deux
reçoivent une dénomination supplémentaire : «FL P EXCT » = flamen perpetuus
exactor. Les exactores (choisis parmi les notables les plus riches de la curie) de l’année
étaient chargés de recouvrer les arriérés de l’impôt dans la cité. Selon A. Chastagnol, les
flamines devaient « tourner » pour effectuer cette lourde charge3. Nos inscriptions
montrent relativement bien le haut niveau de fortune personnelle qu’il fallait avoir pour
exercer le flaminat4. Les inscriptions montrent que le flaminat suivait le duumvirat mais
C. Lepelley préfère temporiser en soutenant qu’il n’y avait pas forcément de règle 5. Les
inscriptions de notre corpus dont le cursus municipal est complet montrent que le
flaminat est même supérieur au duumvirat (ne serait-ce que par la dépense ob honorem
qu’il apporte). Mais on peut se poser la question de sa position face à la curatèle de cité.
Sur l’album de Timgad on constate que le curateur Octavius Sosinianus est flamine
perpétuel, de même que dans l’inscription 2723 du CIL6. Mais ces deux inscriptions
sont assez tardives : elles étaient en place au moment où le curateur est devenu un
notable de la cité. Mais une autre inscription mentionne un certain Aelius Rufus qui
cumulait les fonctions de flamine perpétuel et de curateur autour de la fin des années
270 et début 2807. Nous avons donc une preuve, comme le montre M. Janon, que la
charge de curateur commençait déjà à être occupée par des curiales avant le IVème
1
Lepelley C. Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, t.1, Paris, 1979, p. 165-168.
2
Chastagnol A., L’album municipal de Timgad, Bonn, 1978, p. 29.
3
Ibid., p. 30.
4
Les mentions d’actes d’évergétisme dans le corpus laissent entrevoir de très importantes dépenses pour
ce sacerdoce.
5
Lepelley C., Les cités, vol. 1, p. 167.
6
CIL VIII, 2723 (= 18120) (= ILS 5568) (= AE 1987, 1061).
7
C. 2661.
285
siècle1. Les inscriptions 2661, et 2723 posent une question que nous avons déjà
approchée avec le duumvirat, celui de l’activité édilitaire. En effet, dans les deux
inscriptions (que nous prenons à titre d’exemple), le curateur/flamine est en charge de la
réparation de l’aqueduc (C. 2661) et de l’ornementation de la route et de l’arc (C. 2723).
La question sur l’évolution du rôle des flamines en ce qui concerne les cura est posée
par T. Kotula en 1979 dans une étude sur les flamines africains2. T. Kotula remarque
une fréquente conjonction entre le flaminat et la curatelle, mais il révèle aussi une série
d’inscriptions mentionnant des flamines chargés de cura de la construction ou de la
restauration d’un édifice public sans être curator. L’hypothèse de T. Kotula est que les
flamines seraient devenus des sortes de conservateurs des monuments publics. C.
Lepelley, quant à lui, n’est pas d’accord avec cettte thèse. Selon lui, si les flamines
étaient choisis c’est qu’ils appartenaient à l’élite locale et donc qu’ils offraient
davantage de garanties pour cette responsabilité. Ainsi ils agissaient en tant que
dignitaires de la cité et non en tant que flamines3. En ce qui nous concerne, les seuls
exemples que nous avons trouvés sont des inscriptions dans lesquelles le curateur est
également flamine perpétuel. Par conséquent, on peut timidement en déduire que dans le
cas de la Numidie, la fonction de flamine relève davantage d’une fonction honorifique
(lorsqu’elle est cumulée avec celle de curateur) alors que c’est la curatelle qui dispose
de véritables prérogatives sur ces cura. On peut néanmoins s’interroger sur l’évolution
du flaminat au sein des cités et savoir si cette fonction est detenue par certaines familles
de notables au sein d’une même cité. Et si l’influence d’un flamine ne se limite qu’aux
bornes de celle-ci ? Le cas de Quintus Sulpicius Licinius peut apporter quelque lumière
à cette question4. Son inscription est découverte à Timgad mais sur celle-ci on lit que ce
notable a été flamine perpétuel à la fois à Timgad et à Lambèse5. Manifestement, le
flaminat pouvait être exercé dans plusieurs cités par une même personne.
Malheureusement c’est le seul exemple que nous ayons (hors Confédération cirtéenne).
Cette inscription pose la question du lien qu’entretenaient les cités entre elles, ainsi que
de la mobilité et de la dispersion des membres des familles de notables au sein d’une
1
Janon M., « recherches à Lambèse : I. La ville et les camps, II. » Aquae Lambaesitanae, in Antiquités
africaines, 7, 1973, p. 226.
2
KOTULA T., « Epigraphie et histoire : les flamines perpétuels dans les inscriptions latines nord-
africaines du Bas-Empire », in Eos, 67, 1979, p. 131-136.
3
LEPELLEY C., Aspects de l’Afrique romaine, les cités, la vie rurale, le christianisme, Edipuglia, Bari,
2001, p. 116-117.
4
C. 2407.
5
Fl(amen) p(erpetuus) in splendidissimis civita[t]ib[us] duabus col(oniae) [Th]amug(adensium) et
municipi Lambaesitani.
286
même province. La fonction de flamine perpétuel était tellement ancrée dans la vie
municipale qu’elle fut maintenue sous les chrétiens. Ainsi le concile d’Elvire (Grenade)
certifia que le flaminat n’était pas incompatible avec la foi chrétienne sous trois
conditions : interdiction des sacrifices, du port de la couronne et d’organisation des
jeux. La charge perdit de son contenu religieux pour ne devenir, finalement qu’un
honneur. Le flamine perpétuel continua, tout de même, à présider les hommages publics
à la majesté de l’empereur.
Les fonctions que nous venons de voir étaient révélatrices d’une certaine
notabilité et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes fondé sur les cursus
municipaux afin de rassembler les notables.
1
Lepelley C., Les cités, vol. 1, p. 152.
2
Code théodosien, IV, 6, 3 = Code justinien, V, 27, 1.
287
à-vis des schémas traditionnels et notamment en ce qui concerne les charges
municipales. En effet, la Confédération cirtéenne présentait un éventail de fonctions
mêlant à la fois uniformité et exception. Les magistratures de la Confédération ont été
fixées après 16 av. J.-C.
FLAMINAT PERPETUEL
QUINQUENNAL
TRIUMVIRAT
PRAEFECTUS PRO
TRIUMVIRIS
EDILITE / AEDILIS
QUAESTORIAE
POTESTATIS
ORDO DECURIONUM
288
A l’instar des autres cités de Numidie, les débuts de carrière se font avec l’édilité.
Mais la terminologie est différente : à la place d’édilité on trouvait le titre d’aedilis
quaestoriae potestatis1. Il semble qu’il y ait une différence de titre mais pas forcément
de différence d’attributions. Nous pouvons constater que le terme aedilis est toujours
présent dans les inscriptions de la Confédération cirtéenne2. Par conséquent on peut
penser que ce sont, peut être, deux fonctions différentes induisant des champs d’actions
divers. Dans son article sur les magistratures de la Confédération cirtéenne, J. Gascou se
pose la question de l’aedilis quaestoriae potestatis en se demandant à quoi elle
correspond3 ? La première interprétation sur cette fonction nous vient de T. Mommsen
pour qui les élites recouvrant ce titre devaient exercer des pouvoirs juridictionnels
dévolus à l’origine au questeur propréteur de la province d’Afrique. Cela expliquerait
l’emploi de l’expression quaestoria potestatis4. Ainsi, durant le Ier siècle ap. J.-C., les
pouvoirs du questeur propréteur ont glissé vers les édiles cirtéens. J. Gascou, quant à
lui, cherche plutôt une explication dans le contexte politique et notamment cherche un
lien dans la politique menée par les empereurs. Selon lui, il y aurait eu création de cette
magistrature en réaction aux décisions prises par Caligula de transférer les pouvoirs du
proconsul au légat de légion (en 39). La Confédération resta sous l’autorité du
proconsul, du moins pendant un temps. Puis il y eut un changement sous le règne
d’Hadrien et Cirta passa sous l’autorité du légat de la IIIème légion. Afin d’éviter un
conflit de compétence entre le légat et le proconsul, les édiles cirtéens furent dotés des
pouvoirs des questeurs propréteurs d’Afrique. J. Gascou constate ici une volonté de
limiter les pouvoirs juridictionels du proconsul (de rang sénatorial). Il conclut en disant
l’aedilis quaestoria potestatis n’était pas une institution spécifique à la Confédération
cirtéenne et donc qu’il n’existe pas de véritable indépendance de celle-ci vis-à-vis du
pouvoir impérial. Nous ne pouvons pas trancher dans la mesure où nous n’avons trouvé
que peu d’inscriptions mentionnant cette fonction et que la totalité sont circonscrites
aux cités de la Confédération. Le faible nombre de mentions nous interdit toute
conjecture. Dans la continuité, nous faisons remarquer que la questure est également
présente dans les colonies de la Confédération (cf. tableau sur les mentions de la
questure en Numidie).
1
Cf. C. 6962, 7990.
2
CIL VIII, 7110, 7117 (à titre d’exemple)
3
Gascou J. « Les magistratures de la Confédération cirtéenne », in Bulletin archéologique du C.T.H.S.,
17, 1981, p. 326.
4
Mommsen T., Gesammelle Schriften, t. V, p. 490.
289
Après l’exercice de l’édilité vient celui de la praefectura pro triumviris. Nous
n’avons relevé que deux mentions de cette fonction, respectivement à Verecunda et
Castellum Tidditanorum1. Il ne faut pas confondre cette fonction avec la praefectura
iure dicundo (que nous verrons ultérieurement). En général, la praefectura pro
triumviris était exercée avant l’accès au triumvirat. Ces préfets étaient les représentants
directs des triumvirs sur les pagi et castella de la Confédération cirtéenne. Ils
bénéficiaient donc d’un rang supérieur, dans la hiérarchie, au magister pagi.
1
C. 4191 et ILAlg II, 3606.
2
C. 7117.
3
Gascou J., « Les magistratures de la Confédération cirtéenne » in Bulletin arhéologique du C.T.H.S., 17,
1981, p. 323.
4
ILS 6997, 6998.
290
qu’ont partagé Octave, Antoine et Lépide. D’ailleurs c’est peu après 44 av. J.-C.
qu’Octave a fait de Cirta une colonie et lui a conferé un immense territoire. Il se peut
donc que la Confédération ait adopté ce système institutionnel à la faveur de son
expérience passée. Notre hypothèse est fortement sujette à caution cependant nous
pensons qu’elle présente plus de pertinence qu’une éventuelle résurgence de
caractéristiques puniques.
1
C. 8318.
2
C. Q. Sulpicius Licinius était flamine perpétuel à la fois dans le municipe de Lambèse et la colonie de
Timgad. Ainsi, il semble qu’un flamine perpétuel pouvait l’être dans plusieurs cités à la fois.
3
ILAlg. II 3606 ; AE 1967, 58.
4
Petitmengin P., « Inscription de la région de Milev », in Mélanges d’archéologie et d’histoire, 79-1,
1967, p. 181.
291
la protection d’une divinité et s’adonnaient à des sports violents impliquant l’usage
d’armes. Ces iuvenes pouvaient, selon Y. Le Bohec, servir de milice civile en cas de
désordres1. Ainsi en 238, les iuvenes ont soutenu les Gordiens contre le soulèvement des
légionnaires. Mais nous ne pouvons apporter de preuve concrète à ce que nous disons.
Cette fonction reste dans tous les cas assez mystérieuse.
Dans cette sous-partie nous avons tenté d’approcher de façon générale les
différents aspects des charges municipales que nous trouvons sur les inscriptions de
notre corpus. Les problèmes posés par certaines fonctions sont autant de difficultés pour
comprendre le cursus municipal en Numidie : la place de la questure, les compétences
des duumvirs, l’évolution des prérogative des prérogatives des flamines. Ce que l’on
constate de façon générale, c’est que le cursus municipal des cités de Numidie (hors
Confédération cirtéenne) est relativement classique et commun à beaucoup de cités de
l’Occident romain et surtout vis-à-vis de la Proconsulaire. Finalement, l’analyse des ces
magistratures montre bien qu’avant la création de la province de Numidie en 193 une
partie des cités était un prolongement de la province d’Afrique proconsulaire. Dans
notre liste des magistratures, il n’est pas fait mention de fonctions telles que le sufétat
qui constitue la magistrature suprême de la cité pérégrine. Mais l’étude du sufétat nous
placerait pendant la période républicaine. Cependant, il serait intéressant pour un travail
futur d’étudier cette phase de transition de la cité pérégrine (avec une conservation des
institutions préromaines) au muncicipe (avec la mise en place du cursus municipal
classique) sur le territoire de la Numidie. Donc de reculer les bornes de notre
chronologie. Quant au cas de la Confédération cirtéenne, il se distingue avant tout par
son statut si particulier. Son cursus, tout à fait singulier, relève sans doute du fait que
l’histoire de cette confédération de quatre cités remonte aux premiers temps de la guerre
civile. Ainsi dès le Ier siècle av. J.-C., cette aire constituait une enclave romaine dans une
zone (la Numidie) que Rome ne contrôlait pas encore et où elle n’avait pas fermement
pris pied. Mais le fait que, parfois, des cités aient des institutions qui diffèrent de la
norme, peut évoquer soit un statut particulier soit une survivance d’institutions
indigènes.
1
LE BOHEC Y., Histoire de l’Afrique romaine, Picard, Paris, 2005, p. 129.
292
A côté des magistratures que nous avons vues, il existe certaines fonctions
particulières méritant une analyse plus précise car elles ne sont pas considérées comme
des magistratures municipales traditionnelles.
La praefectura iure dicundo était le titre le plus répandu parmi les préfets
municipaux en Afrique romaine. Nous avons dénombré vingt-deux mentions de
praefectus iure dicundo dans notre corpus.
293
Références Localisation Datation
C. 1842 Théveste
C. 2343 Timgad
AE 1987, 1073 Timgad Milieu du IIème s.
C. 2400 Timgad Seconde moitié du IIIème s.
AE 1979, 670 Timgad
C. 4191 Verecunda Première moitié du IIIème s.
C. 4580 Diane
C. 4597 Diane Début du IIIème s.
C. 4600 Diane
C. 6710 Castellum Tidditanorum
C. 6711 Castellum Tidditanorum Début du IIIème siècle
ILAlg. I, 3606 Castellum Tidditanorum
C. 6944 Cirta Fin IIème – début IIIème s.
C. 6950 Cirta IIIème s.
C. 6958 Cirta
C. 7094 Cirta 211-218
C. 7095 Cirta 210
C. 7103 Cirta
C. 7105 Cirta
C. 7978 Rusicade Fin IIème – début IIIème s.
AE 1967, 558 Milev
Quel sens avait cette magistrature? Si l’on prend une définition générale, nous
pouvons dire que le praefectus iure dicundo était une magistrature, assez prestigieuse (si
l’on tient compte du nombre de mentions), dont le détenteur disposait des pouvoirs
juridictionnels des duumvirs ou des triumvirs (dans le cas de la Confédération
cirtéenne) en cas d’incapacité de ces derniers. W. Liebenam, tenant de la théorie
classique, distinguait quatre catégories de praefecti iure dicundo1 :
1
Liebenam W., Städteverwaltung in römischen Kaiserreich, Leipzig, 1900, p. 260-263.
294
1- Celui qui remplaçait (temporairement) l’un des duumvirs iure dicundo (c’est-
à-dire la fonction suprême conférant dans les cités de droit romain toutes les
responsabilités en matière administrative et judiciaire) lorsqu’il quittait la cité
pour une durée supérieure à une journée et que son collègue était déjà absent.
Le préfet était, donc, désigné par le duumvir. Il prenait ainsi le titre de
praefectus a duumviro relictus. Ce dernier disposait alors de toutes les
attributions du duumvir. Néanmoins, il n’avait pas le pouvoir de nommer un
autre préfet et ne pouvait obtenir la citoyenneté romaine per honorem. Ces
règles retiraient toutes les prérogatives essentielles des magistrats municipaux.
Par conséquent, W. Liebenam en a conclu que cette fonction n’était pas un
véritable honor. Au demeurant, la durée (très réduite) du mandat et le mode de
désignation (par le duumvir et non par le peuple) ne conduisait pas au
versement d’une summa honoraria, caractéristique d’un honor.
2- Dans le cas où les deux duumvirs étaient empêchés d’exercer leurs fonctions,
deux praefecti iure dicundo étaient désignés jusqu’à la date des prochaines
élections.
3- Quand une cité nommait duumvir un empereur afin de l’honorer, le princeps
ne pouvait venir dans la cité pour gouverner, alors on nommait un praefectus
iure dicundo. Ce dernier exerçait (sans collègue) la fonction de duumvir au
nom de l’empereur.
4- Lors de circonstances exceptionnelles (une crise par exemple), un praefectus
iure dicundo était désigné avec les duumvirs et coexistait avec eux dans une
relation similaire à celle des consuls avec le dictateur durant la période
républicaine.
Dans son article sur cette charge, J. Gascou confronte la théorie de W. Liebenam
avec la réalité africaine1. Il constate l’inexistence des deuxième et quatrième catégories
sur le territoire de l’Afrique romaine. Selon lui, dans la plupart des inscriptions
africaines, la praefectura iure dicundo précède directement le duumvirat. Cette position
serait révélatrice du prestige de cette fonction2. Nous sommes d’accord avec cette
dernière affirmation : notre corpus semble montrer le haut niveau d’estime que les
notables municipaux avaient pour cette fonction. Cependant, nous souhaiterions revenir
1
Gascou J., « La praefectura iure dicundo dans les cités de l’Afrique romaine », in L’Afrique dans
l’Occident romain (Ier siècle av. J.-C. – IVème siècle ap. J.-C.), Actes du colloque de Rome (3-5 décembre
1987), Ecole française de Rome, 1990, p. 367-380.
2
Ibib. p. 369.
295
sur la position de la praefectura iure dicundo dans les inscriptions en nous fondant sur
notre aire géographique. Nous avons donc réalisé un tableau, à l’intérieur duquel nous
montrons la place du préfet vis-à-vis du duumvirat au sein des inscriptions de notre
corpus épigraphique. Nous tenons à dire que nous excluons, dans ce tableau les cités de
la Confédération cirtéenne.
Le tableau nous montre que, pour la Numidie, le cas est peut être différent de ce
que dit J. Gascou. En effet, il semble que la praefectura iure dicundo était considérée
par les notables de Numidie comme digne d’être mentionnée devant le duumvirat. Mais
attention, notre hypothèse est fortement sujette à caution considérant le très faible
échantillonnage dont nous disposons. Qui plus est, ce tableau met en évidence des
inscriptions « non cirtéennes ». Mais il semble que pour la Confédération, le constat soit
identique à celui-ci, si ce n’est plus (nous le prouverons un peu plus loin).
1
Gascou J. « la praefectura » p. 370-372.
2
CIL VIII, 2403 (= 17824, 17903) (= AE 1948, 118) (= AE 1949, 133) (= AE 1956, 133) (= AE 1978,
891).
296
Il nous semble que la praefectura iure dicundo présente les mêmes problématiques :
place dans le cursus, honor ou munus ? Dans l’album de Timgad, les questeurs sont
présents, alors que ces derniers n’impliquaient pas de paiement de somme honoraire.
Est-ce à dire qu’au IVème siècle à Timgad, la questure était devenue un honneur alors
que la praefectura iure dicundo était reléguée au rang d’un simple munus alors qu’elle
était supérieurement placée dans la hiérarchie municipale ? J. Gascou trouve une
ébauche de réponse dans une inscription de Rusicade (une des trois colonies de la
Confédération) mentionnant une dépense ob honorem praefecturae, effectuée par
Marcus Fabius Fronto, augure, praefectus iure dicundo1. J. Gascou en déduit donc
qu’au sein de la Confédération cirtéenne, la praefectura iure dicundo était un honor
puisqu’elle induisait un acte d’évergétisme ob honorem2. Nous ne devons pourtant pas
généraliser à toute la province pour deux raisons : la première réside dans l’exception
institutionnelle qu’était la Confédération cirtéenne (rappelons l’exemple de l’édilité et
l’aedilis quaestoriae potestatis) ; la seconde est l’absence d’autres preuves
épigraphiques dans l’ensemble de la province de Numidie.
1
CIL VIII 7989 (= ILAlg II, 38).
2
Gascou J., « Les magistratures de la Confédération cirtéenne », in Bulletin archéologique du C.T.H.S.,
17, 1981, p. 332.
297
Références Localisation Avant le Après le
triumvirat triumvirat
CIL VIII, 6710 Castellum X
Tidditanorum
ILAlg I, 3606 Castellum X
Tidditanorum
CIL VIII, 6711 Castellum X
Tidditanorum
CIL VIII, 6944 Cirta X
CIL VIII, 6950 Cirta X
CIL VIII, 6958 Cirta X
CIL VIII, 7094 et Cirta X
7095
CIL VIII, 7103 Cirta X
CIL VIII, 7105 Cirta X
CIL VIII, 7978 Rusicade X
AE 1967, 558 Milev X
1
Lucius Iulius Civilis exerça à Milev (ILAlg. II, 3606) ; un certain ---Quadratus Baebianus----Vindex
était praefectus iure dicundo à Rusicade et à Chullu ; et Q. Sittius Faustus le fut pour Rusicade, Milev et
Chullu.
2
Gascou J., « les magistratures », p. 330.
298
L‘inscription utilisée par J. Gascou, même si l’on doit rester prudent quant à son usage,
éloigne la théorie du munus. Une autre inscription achève de rendre irrecevable
l’assimilation de la praefectura iure dicundo à un munus1. On peut y lire la mention
d’un praefectus III coloniarum ducenarii bis. H-G Pflaum dans son commentaire
pensait qu’il s’agissait d’un procurateur ducénaire qui avait exercé deux fonctions de cet
échelon2. J. Gascou y voit plutôt un praefectus faisant office de fonctionnaire pendant
une durée de deux ans et donc qui percevait un salaire3. Ces émoluments pouvaient être
une sorte de compensation financière pour la lourdeur de la charge. Quoi qu’il en soit, J.
Gascou affirme que s’il y avait rémunération alors la praefectura ne pouvait être un
munus.
Une autre question que pose le tableau est la place de la praefectura iure dicundo
dans le cursus municipal de la Confédération. J. Gascou évoque le caractère autonome
de cette fonction vis-à-vis du triumvirat et de la quinquennalité4. Comme nous l’avons
dit, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la questure. La principale
caractéristique de cette dernière était l’absence de place fixe dans le cursus municipal de
Numidie. Notre tableau nous a dit que la praefectura iure dicundo suivait le triumvirat ;
ce qu’a également constaté J. Gascou. Mais, selon lui, ce n’est pas concluant car elle
tient une place différente dans d’autres inscriptions. C’est effectivement le cas pour
l’inscription du CIL VIII n° 6711. Si cela était effectivement la règle alors il n’y aurait
pas d’exception. Cette absence de règlementation viendrait, selon certains historiens
(comme S. Gsell), du mépris des lapicides pour l’ordre de succession des charges. Cette
explication est irrecevable pour J. Gascou pour qui le sens dans les inscriptions est
respecté. A titre d’exemple, il mentionne les inscriptions n° 6710 et 6711 du CIL VIII :
on y constate que, même si le sens est inversé, l’ordre de succession des charges est
respecté. Et, contrairement, à ce que disait S. Gsell, il n’y avait pas forcément de
survalorisation du triumvirat par les lapicides.
On peut donc conclure en disant que la praefectura iure dicundo n’avait pas (à
l’instar de la questure) de place fixe dans le cursus cirtéen.
1
CIL VIII, 7978 (= ILS 1147) (= ILAlg II, 29).
2
ILAlg. II, 29, p. 6.
3
Gascou J., « les magistratures », p. 334.
4
Ibid. p. 325.
299
La praefectura iure dicundo pose tout de même une question plus générale : celle
de sa signification et de son statut vis-à-vis des autres magistratures et surtout plus
largement des cités. En effet, comme nous l’avons dit, dans la majorité des cas, la
préfecture se plaçait après les hautes fonctions municipales ce qui signifiait qu’elle
pouvait leur être supérieur. Dans son ouvrage intitulé Municipium et civitas sine
suffragio, l’organisation de la conquête jusqu’à la guerre sociale, paru en 1978, M.
Humbert s’attache à faire le lien entre la conquête romaine de l’Italie et l’extension du
corps civique. Selon lui, cette extension fut conduite selon un plan « mûrement
réfléchi »1 : chaque progression tendait soit à protéger l’avance qui venait d’être
réalisée, soit à préparer la suivante. Si l’on s’en réfère à ce que nous avons dit en
introduction de ce mémoire sur la conquête de la Numidie, nous sommes dans un
schéma similaire. Dans son ouvrage M. Humbert laisse une grande part à l’étude de la
praefectura iure dicundo, il s’interroge pour savoir si le praefectus iure dicundo serait
l’indice d’une baisse d’autonomie juridictionnelle d’une cité puisqu’il avait autorité sur
celle-ci ? C’est ce qu’il constate pour des cités comme Arpinum et Anagnia où il y a
effectivement confiscation (début IIIème siècle av. J-C.).La question se pose également
pour la Numidie. On peut s’interroger sur l’origine de cette praefectura iure dicundo.
On peut se demander si elle obéissait aux mêmes stratégies qu’en Italie au IIIème siècle
av. J.-C. Le fait est qu’à l’état actuel de notre travail, il nous paraît difficile de répondre
à la question. Cependant, le cas des trois colonies contribuées à Cirta peut nous éclairer.
M. Humbert prend l’exemple de la cité de Caere qui « accueille » en 272 av. J.-C., un
praefectus iure dicundo qui ne vient pas remettre en question l’existence des institutions
locales2. Cependant cette idée de conservation des magistratures locales lors de l’arrivée
du praefectus iure dicundo peut-être remise en cause. S. Aounallah, dans son étude sur
les cités du Cap Bon, n’a recensé que deux praefecti iure dicundo pour cette zone et
dans ces deux cas ils semblent avoir remplacé l’édilité : praefectura iure dicundo pro
aedilitatis3. Cela vient sans doute s’inscrire dans les deux types de préfectures que M.
Humbert distingue : les préfectures-municipes, c’est-à-dire quand le préfet arrive après
que la cité soit devenue un municipe. A ce moment là, on a un partage entre préfet et
magistrats locaux ce qui exclut toute incompatibilité (à l’une la juridiction, à l’autre
1
HUMBERT M., Municipium et civitas sine suffragio, l’organisation de la conquête jusqu’à la guerre
sociale, Ecole Française de Rome, Rome, 1978, p. 282.
2
Ibid. p. 302.
3
AOUNALLAH S., «Le Cap Bon, jardin de Carthage, recherches d’épigraphies et d’histire romano-
africaines (146 a.C. – 235 p. C.), Ausonius, Bordeaux, 2001, p. 197.
300
l’administration au sens plus large). Cette situation se retrouve plus ou moins dans la
Confédération cirtéenne lorsque des praefecti iure dicundo, représentant les triumvirs de
Cirta, sont envoyés à Rusicade, Chullu ou Milev. La deuxième catégorie est la
préfecture ayant précédé la création du municipe. Dans ce cas, il y a incompatibilité
entre préfecture et municipe. Ce dernier nait donc d’une maturation longue au moment
où le préfet disparaît. Nous ne pensons pas que cette deuxième situation se retrouve en
Numidie. Cependant il conviendrait peut-être de remonter à une plus haute période pour
étudier cette apparition des praefectii iure dicundo. Au final, M. Humbert conclut sur
les rapports entre préfets et magistrats en disant que le « pouvoir des magistrats doit
triompher des rivalités locales alors que le préfet doit réaffirmer l’unité contre les
tendances au fractionnement »1. La situation semble, sans doute, différente en Numidie
mais l’étude de M. Humbert peut nous conduire à à nous interroger sur le lien entre le
statut et les magistrats d’une cité et cette fonction particulière.
Le curateur de cité constitue un cas particulier dans notre analyse des charges
municipales parce qu’il n’en est, justement, pas une. Le curator rei publicae a fait son
apparition dans l’Italie de l’époque trajane. Leur nombre augmenta en Italie entre le
IIème et le IIIème siècle ap. J.-C. Pour l’Afrique du Nord, on ne connaît aucun curateur de
cité antérieur au règne de Septime Sévère. La documentation provient essentiellement
d’Afrique proconsulaire. Le nombre de mentions de curateurs est très limité en
1
Ibid. p. 403
301
Numidie. Pour notre part, nous avons recensé vingt curateurs de cité en Numidie.
Néanmoins l’apport de ces inscriptions n’est pas négligeable. Nous pouvons dire que le
curateur avait un statut assez ambigu, notamment dans le cas de l’Afrique.
Le curateur de cité était, à l’origine, nommé par l’empereur afin de contrôler les
finances d’une cité en crise. Il intervenait lorsque les cités avaient des difficultés à
302
percevoir l’impôt, ou lorsqu’elles contractaient trop de dettes ; de même lorsque la
corruption sévissait à un niveau devenu critique. L’objectif était de rétablir l’équilibre
des finances dans la cité. Sous le Principat et jusqu’au début du Bas-Empire, le curateur
était un émissaire de l’empereur, et par conséquent la fonction n’était absolument pas
une magistrature. Le curateur était soit de rang équestre soit sénatorial ; il était extérieur
à la ville : donc soit originaire de Carthage soit étranger à la province. Dans tous les cas,
il n’était jamais originaire de la cité au sein de laquelle il officiait. Mais à partir de
Constantin, il semble que la fonction ait opéré quelques changements : les curateurs
étaient de plus en plus recrutés parmi les curiales et se placèrent peu à peu à la tête de la
cité. De par sa nomination par le prince on peut considérer que le curateur disposait
d’une position lui permettant d’accéder au sommet de l’Etat. Selon M. Christol, c’était
un intermédiaire tant dans le sens descendant qu’ascendant. En effet, il pouvait devenir
un personnage important pour ses administrés, si ces derniers souhaitaient que
s’adaptent pour leur profit son activité et sa position. Il devint à l’occasion un
« auxiliaire de la vie municipale »1. La curatelle qui, au départ, ne devait durer que le
temps nécessaire pour la remise en ordre des finances, s’installa plus durablement dans
la cité qu’elle gérait. Après la mort de Constantin en 337, le processus était presque
achevé : les curateurs étaient, désormais, recrutés constamment dans l’aristocratie
locale. Le curateur accédait à la tête de la cité par combinaison de l’élection et
confirmation de l’empereur (étape devenant quasiment théorique). La fonction devint
annuelle mais non collégiale. Les curateurs devinrent supérieurs aux autres magistrats
(comme le montre l’album de Timgad2). Le curateur devint un véritable « maire » pour
la cité ayant autorité en matière de police, justice, finances, travaux publics,
administration et rédaction des acta publica. Le curateur devint, dans les faits, un
magistrat. Mais il faut nous abstenir de le considérer comme tel. On voit encore en lui
un agent de l’Etat, héritier de la situation du siècle précédent. A l’inverse des autres
magistratures il n’y avait pas de catégorie d’anciens curateurs, on les cataloguait sans
distinction parmi les honoratii et chez les flamines perpétuels dans les rangs desquels ils
étaient recrutés.
1
CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas des Sénateurs en
Italie », in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C., CEBEILLAC-
GERVASONI M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p.
531.
2
CIL VIII, 2403. Sur l’album, Octavius Sosinianus, curator, est placé avant les duumvirs.
303
Pour le cas de la Numidie, F. Jacques constate que les curateurs furent pris dans
les rangs des notables municipaux à une époque assez haute1. Selon lui, il existait deux
types de curateurs en Afrique2 :
1
Jacques F., Le privilège de la liberté : politique impériale et autonomie municipale dans les cités de
l’Occident romain (161-244), Paris, 1984, p. 239.
2
Ibid. p. 246-247.
3
Ibid. p. 247.
4
Jacques F, « Le privilège de la liberté », p. 280.
304
fonctionnaire. D’où le traitement du curator rei publicae dans notre sous-partie sur les
fonctions particulières.
1
CIL VIII 2660.
2
ILAlg. I, 2101.
3
CIL VIII 5356.
305
Nous approcherons ici, quelques fonctions très faiblement présentes dans notre
corpus, d’où le qualificatif de « marginal ». Certaines fonctions ne faisaient pas partie
intégrante du cursus municipal, d’autres étaient assez spécifiques à une région. Ainsi,
nous mentionnerons les cas des juges des cinq décuries. Nous parlerons également du
patronus civitatis.
Les juges des cinq décuries constituaient une sorte de groupe intermédiaire entre
les domi nobiles (c’est-à-dire les notables de la cité) et les membres de l’ordre équestre.
Les notables pouvaient être inscrits sur la liste des Iudices ex quinque decuriis par
approbation de l’empereur. Les trois premières décuries se composaient en général des
eques, tandis que les dernières étaient réservées aux citoyens dont la fortune n’excédait
pas la moitié du cens équestre (500 000 sesterces). Dans notre corpus nous avons relevé
trois juges :
Nous pouvons faire remarquer que les trois mentions de juges se trouvent dans le
territoire appartenant à la Confédération cirtéenne. Peut-être la Confédération, de par sa
prospérité économique et la richesse de ses élites, était-elle un choix idéal pour les
empereurs en ce qui concernait la province de Numidie ? En effet, comme nous l’avons
dit Rusicade était le port le plus important et le plus grand après celui de Césarée. De
plus, il faut rappeler que Cirta est la plus ancienne enclave romaine sur le territoire
numide.
1
Pflaum H-G, « Les juges des cinq décuries originaires d’Afrique », in Antiquités africaines, t.2, 1968, p.
154.
306
être de Lyon) comme l’indiquerait sa tribu (Galeria). Quoiqu’il en soit, ce personnage
appartenait à la noblesse cirtéenne. Il eut une carrière relativement prestigieuse :
1- Il fut édile investi d’une autorité juridictionnelle sachant que les quatre
colonies ne dépendaient pas de l’autorité du proconsul d’Afrique.
2- Praefectus pro triumviris à quatre reprises.
3- Par la suite, il mit temporairement un terme à sa carrière africaine et partit à
Rome pour occuper la praefectura fabrum. Il semble que Gallus ait eu des
liens dans les hautes sphères.
4- Le sénat cirtéen lui décréta les ornements de la quinquennalité.
5- Promotion parmi les juges des cinq décuries à Rome.
6- Il revint de Rome, et accède réellement au triumvirat quinquennal.
7- Praefectus iure dicundo de la ville de Rusicade et flamine du divin Jules.
La carrière de Q. Sittius Faustus, se divisa en deux parties selon H-G Pflaum1 ;
chacune rédigée dans l’ordre indirect. Il fut agrégé comme juge par l’empereur Marc-
Aurèle et reconnu comme chevalier par les empereurs Septime-Sévère et Caracalla (vers
198). Q. Sittius Faustus est également mentionné sur une autre inscription du Castellum
Tidditanorum2. Cette dernière doit être antérieure à l’inscription 6711 puisque son
cursus s’arrête au triumvirat et à la prafectura iure dicundo des trois colonies.
1
Ibid. p. 173-174.
2
C. 6710
307
pour prétendre à la gestion de postes impériaux. Lorsque N. C.-B. Obiang Nnang parle
des chevaliers africains, il affirme qu’un certain nombre d’entre eux ont été inscrits au
préalable dans les décuries de juges réservées aux citoyens fortunés qui jouissent d’une
fortune d’au moins 200 000 sesterces. Selon N. C.-B. Obiang Nnang, la décision
impériale de coopter un provincial dans les cinq décuries pouvait survenir à tout
moment de la carrière municipale et se transformait, très vite, en une distinction
honorifique permettant aux notables de veiller sur leurs propres intérêts locaux à partir
d’une position de grand prestige, sans pour autant devoir se déplacer à Rome1. Le cas de
C. Caecilius Gallus montre un notable qui a suivi une double carrière à la fois à
Rusicade et à Rome (avec la préfecture des ouvriers). Sa carrière ne se limita pas
uniquement aux bornes de la Confédération. En revanche les deux autres personnages
que nous avons vus viennent confirmer ce que dit N. C.-B. Obiang Nnang, à savoir que
leur carrière s’est limitée à l’exercice de magistratures cirtéennes et qu’à l’inverse de C.
Caecilius Gallus ces notables ne sont pas entrés dans l’ordre équestre. Dans le cas
présent, être juge des cinq décuries relève davantage d’une fonction honorifique, que
d’un tremplin pour une carrière extra-provinciale. Cette adlection, pour un notable,
relève de ce que A.N. Sherwin-White nomme « the imitation of Rome »2. Selon lui,
l’adlection aux juges des cinq décuries est une preuve non pas d’intérêt mais plutôt d’un
sentiment d’admiration et de fierté du notable envers l’Etat romain. Il montre le désir de
gravir les échelons3. En nous fondant sur les propos de N. C.-B. Obiang Nnang et sur
nos propres inscriptions, nous pensons qu’il faut nuancer ces propos. Il y a bien deux
comportements qui découlent de cette adlection : le premier est une volonté de monter
dans la hiérarchie de l’administration impériale et aussi de la société romaine en
général ; le deuxième est une satisfaction du notable qui considère que cette adlection
est un titre honorifique et la marque de la confiance de l’empereur.
Nous souhaitons conclure sur cette fonction en revenant sur ce que nous avons dit
sur l’origine de ces notables et le fait qu’en Numidie, les trois inscriptions mentionnant
les juges des cinq décuries appartiennent toutes au territoire de la Confédération
cirtéenne. Nous pensons, qu’il y a peut être également un lien avec le degré de
romanisation de la région. L’octroi de cette fonction semble être une marque de
1
OBIANG NNANG N. C.-B., Les empereurs romains et les cités d’Afrique, du IIème au IIIème siècle ap. J.-
C., L’Harmattan, Paris, 2011, p. 109.
2
SHERWIN-WHITE A.N., The roman citizenship, Oxford University Press, Londres, 1973, p. 375.
3
Ibid. p. 378.
308
confiance envers le notable cirtéen mais aussi envers la cité et plus généralement la
Confédération (zone la plus anciennement romanisée de Numidie).
Nous terminerons par l’évocation du patronus civitatis. Le patron d’une cité était,
en règle générale, une personne influente et riche (issue de la cité ou non) que la curie
locale choisissait. Le patron conservait son titre à vie. Le patron de cité avait pour
devoir de défendre et protéger celle-ci en cas de procès notamment devant les instances
impériales. Il était l’intermédiaire de la cité face au gouverneur et au princeps. De plus,
il devait se montrer généreux et contribuer financièrement à l’embellissement de
l’espace public (participation aux travaux) en échange de quoi il obtenait soutien
politique, amélioration de son prestige et érection de statues en son honneur. On était
réellement dans le cadre d’un échange de services : le patron apportait son influence et
son prestige et la cité représentée s’attachait à accroître ces deux derniers par l’octroi
d’honneurs. On scellait les contrats sur une table de bronze (dite « table de patronat »
sur laquelle on indiquait la date du contrat). Certes, nous pouvons douter de la place du
patronat dans ce développement sur les fonctions dites « marginales » pour deux
raisons : d’abord nous avons conscience de l’importance du patronat notamment en ce
qui concerne le monde de la cité romaine ; et deuxièmement, il est vrai que nous avons
dénombré dix-huit noms de patroni dans notre corpus dont six sont présents sur l’album
municipal de Timgad1. Cependant, nous arguerons, pour justifier la place du patronat de
cité dans notre raisonnement, qu’il n’était pas considéré comme une charge municipale
et donc pouvait être occupé par des personnalités extérieures à la cité : en général, il
pouvait être originaire de la cité, provenir d’une cité voisine, ou avoir des biens sur le
territoire de celle-ci. Ainsi, Vulcanius Rufinus2 (vir clarissimus) n’était pas, selon A.
Chastagnol, originaire de Timgad, mais un aristocrate de Rome domicilié dans l’Urbs.
Qui plus est, il faut dire qu’au moins un tiers des patrons du corpus était de rang
consulaire. Pour l’Afrique, R. Ganghoffer avait trouvé quatre groupes d’individus
servant de base de recrutement pour les patroni civitatis3 :
1
CIL VIII 2403.
2
Ibid. premier patron à être mentionné sur l’album.
3
Ganghoffer R., L’évolution des institutions municipales en Occident et en Orient au Bas-Empire, Paris,
1963, p.188.
309
Les curatores rei publicae.
Les membres de l’aristocratie municipale.
La dernière catégorie est réellement celle qui nous intéresse, mais il semblerait
que (dans le cas de la Numidie), la majorité des patrons aient été des légats ou bien des
gouverneurs (praeses provinciae Numidiae). Ce constat vient confirmer les dires de R.
Ganghoffer qui soutenait qu’entre le Ier et jusqu’à la moitié du IIIème siècle, beaucoup de
patrons furent choisis parmi les légats de Numidie. Après l’accession de Valentinien Ier
en 364, on ne trouvait plus de patron/gouverneur en Numidie. Il semble, donc, que cette
institution ait évolué et ait été intégrée réellement par la société municipale. Cependant,
les inscriptions nous montrent que le patronat était déjà intégré par les élites
municipales bien avant le IVème siècle. Ainsi, pour contrebalancer l’exemple de
Vulcanius Rufinus évoqué précédemment, nous trouvons Pompeius Deuterius (famille
des Pompeii) et Aelius Amplius qui étaient tous deux originaires de Timgad et dont les
familles se trouvaient bien représentées parmi les corps de magistrats et décurions
municipaux. Le choix du patron reposait moins sur l’origine de celui-ci que sur son
prestige et sa capacité à bien défendre sa cité.
1
Voir CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas des
Sénateurs en Italie » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C.,
CEBEILLAC-GERVASONI M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascla, Clermont-
Ferrand, 2008, p. 523-544.
2
Respectivement C. 5356 et ILAlg. I, 2101.
310
reliée à l’exercice d’une responsabilité impériale1. La conséquence serait une adjonction
du patronat au cours de l’exercice de la curatelle. La véritable question dans le cas
présent est de savoir si le patronat était accordé pendant ou après la curatelle.
Malheureusement, nos inscriptions ne peuvent pas nous aider. Et M. Christol reste
prudent lorsqu’il aborde ce problème. Mais selon lui, la réponse à cette question
conduirait à deux conclusions2 :
- Si le patronat est accordé après la curatelle alors celui-ci doit être considéré
comme une récompense afin de remercier le curateur de sa diligence envers la
cité.
- Si le patronat est accordé pendant la curatelle alors il prend la forme d’une
sorte de procédé de pression afin d’obtenir du curateur une attitude conforme
aux intérêts de la cité (thèse favorisé par Harmand).
La plupart de ces charges se plaçait dans une sorte de nébuleuse, comme le montre
bien l’exemple du curateur de cité qui était une magistrature dans les faits mais sans
l’être vraiment à la différence d’un duumvir par exemple.
1
HARMAND M., Le Patronat sur les collectivités publiques des origines au Bas-Empire, Paris, 1975.
2
CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas des Sénateurs en
Italie » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C., CEBEILLAC-
GERVASONI M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p.
570.
3
JACQUES F., Le privilège de la liberté : politique impériale et autonomie municipale dans les cités de
l’Occident romain (161-244), Ecole française de Rome, Paris, 1984, p. 109-111.
311
étaient, semble-t-il, de nature différente au sein de la Confédération et dans le reste du
territoire de la province. Le curateur de cité ne présente pas les mêmes problématiques.
Mais l’étude sur l’évolution de cette fonction est révélateur des transformations de
l’appareil politique municipal. D’autres fonctions plus spécifiques telles que le patronat
démontrent bien cette diversité et la complexité du classement de ces postes particuliers
dans les cursus municipaux. Jusque-là nous avons étudié les fonctions et les cursus
municipaux en tant que tels. Par la suite, nous allons nous interroger sur la notion
d’hérédité des charges municipales.
L’objectif de cette sous-partie ne sera pas de fournir une étude exhaustive sur
l’onomastique et les liens de filiation entre les familles de notables, mais de tenter
d’approcher plus généralement les dynamiques de reproductions sociales au sein de la
notabilité municipale. Nous ne pouvons nous adonner à une prosopographie complète
de familles de notables car nous ne
nous sommes intéressé qu’aux notables. Ainsi, aucune femme ni aucun enfant ne
sont présents dans notre corpus. En conséquence, cette sous-partie traitera
essentiellement de la question de la transmission des charges à travers les différents
membres d’une même famille. Dans un premier temps, nous aborderons le problème
sous un angle assez général et théorique. Par la suite, nous tenterons d’illustrer notre
propos avec des exemples issus de notre corpus et notamment avec l’album de Timgad.
2.3.1. Généralités
L’élite dirigeante d’une cité ordinaire se composait en grande partie des membres
des familles siégeant au conseil et donc inscrits sur l’album décurional. Cette élite
(comme nous l’avons dit précédemment) rassemblait les plus importants propriétaires
fonciers disposant d’un capital immobilier relativement conséquent. Le cens demandé
variait selon les cités. Malheureusement nous n’avons pas trouvé d’exemple pour la
312
Numidie. Pour être membre de la curie, C. Lepelley évaluait ce cens à environ 50
jugères (= 12,5 ha) ce qui était assez peu selon lui1. Une loi de Constance II établissait
le cens à 25 jugères et la mise en culture d’autant de domaines impériaux. En 439, une
loi de Valentinien III réclamait 300 sous soit une propriété de 150 jugères c’est-à-dire
environ 38 ha.
1
Lepelley C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, vol. 1, Paris, 1979, p. 199.
2
Le Roux P., Le Haut-Empire Romain en Occident : d’Auguste aux Sévères, Paris, 1998, p. 290.
3
Ibid. p. 295.
313
aspect héréditaire de la fonction municipale T. Kotula l’évoque dans un article sur les
fils de décurions et paru en 19971. Selon lui, il y aurait une transmission de la charge de
décurion du père au fils ce qui impliquerait que l’ordre des décurions et les
magistratures municipales étaient dominés par quelques familles puissantes, bénéficiant
de stratégies matrimoniales avantageuses et d’un accroissement de la natalité au sein de
cette famille (ce qui permettait d’occuper plus de postes et donc d’accroître le prestige
de la famille). N. C.-B. Obiang Nnang se place dans la même perspective que T. Kotula
lorsqu’il traite des cités d’Afrique. Il va même jusqu’à dire que l’ « ordre devint
pratiquement héréditaire et dynastique »2. Ainsi, le terme « hérédité » n’est pas d’une
grande justesse mais dans les faits son emploi semble pertinent.
Les jeunes des familles aristocratiques étaient formés précocement à la gestion des
affaires publiques. Une loi de Constantin, datée de 320, obligeait les fils de notables
municipaux à tenir des charges à partir de 18 ans. Cependant, le cas mentionné ici ne
recouvrait que l’Afrique proconsulaire. Il semblerait que les charges se transmettaient
de père en fils. Mais certains éléments constituaient des cas particuliers.
Autant pour des fonctions comme le duumvirat, le fils pouvait succéder à son
père ; autant le cas est différent pour le patronat de cité. En effet, S. Lefebvre affirme
que le patronat de cité était héréditaire : « les liens sont indiqués comme devant être
transmis aux enfants du patron et aux descendants des citoyens. »3. Cependant, si l’on
s’en réfère à A. Chastagnol, dans le cas de la Numidie, il y a une clause spécifique à la
transmission du patronat de cité. Seuls les patrons extérieurs à la cité (surtout ceux
appartenant à la noblesse italienne) pouvaient être désignés à titre héréditaire et ainsi
transmettre leur clientèle à leurs descendants en tant que patroni originales. A l’inverse,
pour un notable local, le lien demeurait personnel. Ainsi, son fils ne pouvait devenir
patron qu’après la conclusion d’un nouveau contrat de patronat4.
1
Voir KOTULA T., « Les fils de décurions : pépinières des élites municipales » in Les élites provinciales
sous le Haut-Empire romain (Antiquas, 22), KOTULA T., LADORMISKI A. (ed.), Wroclaw, 1997, p.
35-43.
2
OBIANG NNANG N. C.-B., Les empereurs romains et les cités d’Afrique, du IIème au IIIème siècle ap. J.-
C., L’Harmattan, Paris, 2011, p. 106.
3
Lefebvre S., L’administration de l’Empire Romain, Paris, 2011, p. 183.
4
Chastagnol A., L’album municipal de Timgad, Bonn, 1978, p. 26.
314
« cursus mixtes »1, c’est-à-dire un cursus équestre prenant le relais d’un municipal.
Cependant le notable ne pouvait ensuite passer au rang sénatorial. « Les mentalités de
l’Antiquité admettaient bien qu’un homme passe d’un stade à un autre, mais pas qu’il
franchisse deux étapes de son vivant. La deuxième étape serait pour son fils »2. Ainsi, le
fils pouvait compléter l’ascension de la famille dans la hiérarchie mais aussi au sein de
la société.
Ainsi, on peut se demander si cette hérédité des postes fut, au fur et à mesure,
l’unique condition sine qua non du renouvellement des décurions et donc des
magistratures municipales ? Certaines inscriptions de notre corpus nous montrent une
situation plus complexe qu’il n’y paraît. Dans notre développement, nous avons abordé
cette question de la transmission des postes municipaux sous l’aspect d’une approche
générale. A la lumière de ce que nous avons dit, il semble qu’avant la loi de 320
l’ « hérédité d’une fonction » n’était pas réellement institutionnalisée. Cependant, dans
les faits, la situation semble différente. Le fait que le système politique romain soit
censitaire et que le nombre de familles de notables au sein d’une même cité soit assez
réduit (une dizaine), on peut penser qu’il y avait une transmission de fait. D’autant plus
que l’évergétisme ob honorem obligeait les notables et leurs descendants à une
1
Le Bohec Y., Naissance, vie et mort de l’Empire Romain, Paris, 2012, p. 293.
2
Ibid.
3
Hugoniot C., Rome en Afrique : de la chute de Carthage aux débuts de la conquête arabe, Paris, 2000,
p. 142.
4
Ganghoffer R., « l’évolution des institutions municipales », Paris, p. 59.
315
surenchère de libéralités inter-générationelles (comme nous l’avons dit : l’obligation de
dépasser son prédécesseur). Dans le développement suivant nous avons pris le cas de
l’album de Timgad et plus généralement de l’ensemble des notables de la cité afin de
voir si certaines grandes familles se maintenaient et accaparaient les postes de décurions
et de magistrats. L’étude des notables de Timgad peut également poser des questions
comme le niveau de romanisation ou bien la mobilité des notables et bien sûr la
transmission des fonctions municipales.
1
AE 1982, 958.
316
commodiana aux membres de l’album de Timgad, on peut constater l’évolution des
noms des individus en Numidie.
Les tria nomina étaient réservés, en règle générale, aux citoyens romains. Le
pérégrin avait le nom unique accolé au lien de filiation avec le père. Mais, à partir de la
Constitution antonine de 212 cette dissociation onomastique ne fut plus pertinente.
Le système du gentilice était né en Italie centrale vers 700 av. J.-C. Le système
onomastique était indissociable de la citoyenneté romaine notamment quand elle fut
élargie aux nouveaux citoyens. Le praenomen quant à lui, était un nom individuel.
Ainsi, il permettait d’identifier un individu au sein d’une même famille (désignée par
son gentilice). Dans certains cas, durant la période impériale, le gentilice fut utilisé
comme prénom ou cognomen. Le praenomen disparaît graduellement au cours des IIème
et IIIème siècles, et ne se retrouve quasiment plus au IVème siècle. Cependant, il semble
qu’en Afrique, du moins, le prénom resta davantage de temps qu’ailleurs dans l’Empire.
Les duo nomina s’imposèrent de plus en plus. Puis, à la fin du IVème et au début du Vème
siècle, le gentilice s’efface également petit à petit. Le cognomen permettait d’identifier
un individu en particulier. L’usage du cognomen triompha dans les premières décennies
de l’Empire. Il était attribué dès la naissance et reflétait souvent une particularité
physique, ou un détail biographique. Le cognomen pouvait également être tiré d’un nom
de métier, d’un nom d’animal ou bien d’un nom de peuple. I. Kajanto recensa environ
deux mille cognomina spécifiquement latins. Avec la disparition du praenomen, le
cognomen dériva de plus en plus du gentilice (exemple : Publius Licinius Licinianus).
317
cognomen présente une situation assez confuse (absence de règle à l’instar du gentilice).
D’un point de vue strictement théorique, le fils aîné prenait le cognomen du père, le
second en formait un calqué sur le gentilice maternel, enfin le cadet avait le cognomen
terminé en « -anus » dérivé de celui du père. Ainsi, en Afrique, la filiation était
exprimée par rapport au cognomen du père.
Maintenant que nous avons tenté de préciser quelques points, qu’en est-il pour les
notables de Timgad ?
D’un point de vue strictement onomastique, A. Chastagnol, dans son étude sur
l’album, a distingué soixante-cinq gentilices différents dont vingt-cinq étaient
représentés par plus de deux individus. Les gentilices les plus nombreux étaient issus de
diverses familles impériales : cinq Aelii, huit Claudii, dix Flavii, seize Iulii. Ce constat
n’était pas propre à la Timgad du IVème siècle : pour les IIème et IIIème siècles, pas moins
de trente-sept Iulii furent mentionnés, pour les Flavii on a dix-neuf mentions avec un
accroissement sous Constantin, et dix-huit pour les Aelii (sous le Haut-Empire). Pour les
cognomina, on constate une extrême dispersion (environ 150 cognomina).
Il est, en général, plus aisé de regrouper des individus ayant le même gentilice (et
donc appartenant à la même famille au sens large du terme) que de reconstituer les
généalogies à l’intérieur de chaque gens. Selon A. Chastagnol, la chose étant même
souvent impossible1. Une des seules indications pourrait être une filiation expressément
signalée. Dans son intervention, lors du colloque international sur l’onomastique latine
qui s’était tenu à Paris en octobre 1975, A. Chastagnol annonçait pouvoir approcher les
liens familiaux par deux biais : soit en analysant les cognomina afin d’intégrer les liens
de filiation, soit en examinant l’ordre d’apparition des personnages dans l’album. Les
personnages de l’album étant cités par ordre d’ancienneté, on pouvait donc, selon A.
Chastagnol, arriver à discerner le fils du père. Mais pour lui, cette approche paraissait
un peu trop approximative. On peut trouver des mentions qui peuvent, tout de même,
nous aiguiller (« iunior » ou « maior »).
Notre objectif ici n’est pas de fournir une analyse onomastique ou une étude
prosopographique exhaustive mais plutôt d’approcher quelques liens familiaux en
montrant la présence d’une « hérédité » des charges, tout en nous interrogeant sur
l’exclusivité de cette pratique. Pour cela, nous avons mis en lien les familles les mieux
1
Chastagnol A., « L’album municipal » p. 70.
318
représentées sur l’album avec les noms des curiales de la curia commodiana1et du reste
des notables municipaux de Timgad que nous avons trouvés.
Nous avons réalisé un tableau fondé sur le modèle comparatif effectué par A.
Chastagnol dans son étude sur l’album municipal. Nous avons pris en compte dix-huit
gentilices. Ces derniers ont été sélectionnés en fonction de leur correspondance avec
ceux des curiales de la curia commodiana (inscription datée du début du IIIème siècle).
La colonne « Autres notables » recense les similitudes de gentilice avec les autres
inscriptions de notre corpus et localisées à Timgad.
1
AE 1982, 958.
319
Antonius Botellicus
Antonius Florus
Antonius Petronianus
Antonius Salonius
Caecilii Caecilius Quintus Caecilius
Calcedonius Ateanus
Caelii Caelius Secundianus Publius Caelius
Caelius Matutinus Saturninus
Caelius Optatus
Claudii Claudius Licentius Tiberius Claudius
Claudius Saturus Victor
Claudius Firminus
Iunior Lucius Claudius
Claudius Ticerius Festivus
Maior
Claudius Ticerius
Iunior
Claudius Firminus
Maior
Claudius Discolus
Claudius Felix
Clodii Clodius Atianus Caius Clodius
Clodius Restitutus Saturninus
Cornelii Cornelius Valentinus Marcus Cornelius
Servandianus
Quintus Cornelius
Victor
Egnatii Egnatius Florentius Lucius Egnatius
Agricola
Flavii Flavius Palminus Titus Flavius
Flavius Vincentius Cuminus
Flavius Aquilinus
Flavius Faustinianus
320
Flavius Donatianus
Flavius Pullentius
Flavius Primianus
Flavius Ianuarius
Flavius Crescentianus
Flavius Repentinus
Helvii Deux personnages Quintus Helvius
mais pas de Muricus
cognomen
Iulii Iulius Gubernius Quintus Iulius Sapa Iulius Lambaesius
Quintus Iulius (C. 2345-2346-
Iulius Victorinianus Mychronius 2347)
Iulius Leporius Lucius Iulius Publius Iulius
Iulius Eustratius Donatus Liberalis
Iulius Zuccarius (x2) Quintus Iulius (C. 2343- AE
Iulius Placuntius Thelemacus 1979, 670)
Iulius Paulus Quintus Iulius
Trigetius Iulius Fortunatus
Valerinus
Iulius Faustus
Iulius Agrobius
Iulius
Victoraninianus
Iulius Baric
Iulius Protasius
Victor
Pomponii Pomponius Quintus Pomponius
Cresconius Geminus
Pomponius
Maurentius
Pomponius Uranius
Pomponius
Eucromius
321
Sallustii Sallustius Victorinus Quintus Sallustius
Sallustius Germanus Candidus
Valerii Valerius Erenianus Lucius Valerius
Valerius Porphyrius Felix
Lucius Valerius
Victor
Ulpii Ulpius Purpurius Marcus Ulpius
Ulpius Isthefanus Felix
Ulpius Victor Marcus Ulpius
Peculiaris
Ce tableau nous montre bien la continuité des gentilices entre le début du IIIème et
la deuxième moitié du IVème siècle. Afin de montrer l’hérédité des charges nous allons
plus particulièrement nous intéresser aux dix gentes les plus représentées.
Les Iulii sont la gens la plus représentée sur l’album mais aussi sur la liste des
curiales de la curia commodiana, ainsi que dans les autres inscriptions de Timgad.
Selon A. Chastagnol, il y aurait certainement plusieurs branches dans cette gens. Etant
donné le nombre important de personnages mentionnés sur l’album de Timgad, il
apparaît difficile d’établir des liens de filiation précis. Cependant, nous pensons que
Iulius Victorinianus (augure) était le père de Iulius Victorininianus (non excusatii). De
plus, il se peut que les deux Iulius Zuccarius soient frères. De même, on peut penser que
les quatre personnages portant le praenomen et le nomen Quintus Iulius étaient peut-être
de la même fratrie. Le cas du curator Iulius Lambaesius est sans doute différent. Son
cognomen peut indiquer son origine géographique (Lambèse) ; ainsi nous pensons qu’il
n’a peut-être rien à voir avec la gens Iulia de Timgad.
Pour le cas des Flavii, nous ne pouvons en tirer d’interprétation probante étant
donné qu’il y avait plusieurs familles du même nom. D’autant que ce gentilice impérial
fut assez usité en Afrique.
Les Pomponii de l’album occupaient tous le même poste et donc semblent avoir
été de la même génération. Le lien avec Quintus Pomponius Geminus n’est pas évident.
322
Quoi qu’il en soit, sur les quatre Pomponii de l’album, trois occupaient des postes
d’officiales, à l’exception de Pomponius Eucromius. Mais, il n’y a aucun personnage
appartenant à la gens Pomponia parmi les magistrats mentionnés en tête de l’album. On
peut donc émettre l’hypothèse que les Pomponii étaient des nouveaux arrivants au sein
de l’ordre des décurions de la cité.
Les Claudii sont plutôt bien représentés dans l’album. Selon A. Chastagnol
Claudius Licentius et Claudius Saturus étaient frères ; Claudius Ticerius Maior et
Claudius Firminus Maior appartenaient à la seconde génération ; Claudius Firminus
Iunior, Claudius Ticerius Iunior, Claudius Discolus et Claudius Felix à la troisième1.
Ces personnages occupent un certain nombre de postes tout au long de l’album
municipal.
L’album de Timgad est un bon indicateur afin savoir si oui ou non il y avait une
hérédité du décurionat. Si l’on s’en tient uniquement aux cinq gentilices que nous avons
commentés, on constate effectivement une hérédité pour la charge de décurion. La curia
commodiana montre également la dominence de certaines familles au sein des curiales.
A. Chastagnol constate une grande continuité avec les gentilices des IIème-IIIème siècles2.
Ce constat nous amène à penser que les mêmes gens se retrouvaient à occuper les postes
de décurions ou de magistrats et cela sur plusieurs générations. Cependant, il convient
de dire que les gentilices les plus courants sont ceux appartenant aux familles impériales
(Iulii, Claudii, Flavii). Il est donc assez complexe de reconstituer précisément des liens
de filiation et donc l’hérédité des charges. En revanche, on peut s’interroger sur la
signification de cette prédominance des gentilices impériaux. C. Nicolet affirme que
« Rome est une société nominaliste : le nom veut dire quelque chose », « le simple
énoncé de l’onomastique se présente comme un véritable état-civil… »3. Donc
l’importance de ces gentilices a une signification. C. Hoët-Van Cauwenberghe a, quant
1
Chastagnol A., « L’album municipal », p. 66.
2
Chastagnol A., « L’onomastique de l’album de Timgad », in L’onomastique latine, actes du colloque
international, tenu à Paris, du 13 au 15 octobre 1975, Paris, 1977, p. 326.
3
NICOLET C., L’onomastique des groupes dirigeants sous la République, CNRS, Paris, 1977, p. 59.
323
à lui, fait le lien entre la multiplication des gentilices impériaux et la diffusion de la
citoyenneté en Laconie et en Messénie1. Bien que son étude ne concerne pas la même
aire géographique, elle peut néanmoins nous donner des pistes de réflexions sur cette
question. Pour ce qui est du mécanisme de diffusion de la citoyenneté le rôle des
empereurs est fondamental. En vertu des pouvoirs censoriaux ils accordent ou non la
citoyenneté romaine. Une fois la citoyenneté romaine obtenue, il est d’usage que le
naturalisé prenne le praenomen et le nomen de l’empereur. Dans le cas de la Laconie et
de la Messénie, C. Hoët-Van Cauwenberghe constate que les gentilices impériaux
représentent environ 75% des nomina. Dans le cas de Timgad, on compte, également,
un grand nombre de gentilices impériaux. C. Hoët-Van Cauwenberghe constate que les
Iulii et les Claudii dominent nettement. Il en conclut la place centrale occupée par les
Julio-claudiens dans la diffusion de la citoyenneté. Dans notre cas aussi, on constate une
grande importance de ces deux gentilices. Pourtant Timgad est une colonie fondée en
100 par Trajan, donc l’importance de la gentilice Julio-Claudienne nous amène à nous
interroger sur la notion de mobilité (mais nous y reviendrons plus tard). C. Hoët-Van
Cauwenberghe observe également une prédominance des Aurelii. Il explique cet état de
fait comme la conséquence directe de l’édit de Caracalla (accès à la citoyenneté romaine
à tous les pérégrins) qui a entrainé une multiplication des Aurelii. Mais,
paradoxalement, on ne dénombre que quatre Aurelii sur l’album de Timgad et aucun
autre dans notre corpus de notables de Timgad. Cette faible part peut s’expliquer par le
fait que les notables de Timgad disposaient de la citoyenneté depuis déjà fort longtemps
(peut-être depuis les Julio-Claudiens) et donc que la constitution antonine n’eut pas
vraiment d’effet sur ces familles. Cependant, il serait intéressant d’étendre ce constat
fait à Timgad à toute la Numidie afin d’étudier le niveau de diffusion de la citoyenneté
dans cette province. Les Antonii (gentilice des Antonins) sont logiquement assez bien
représentées (puisque Trajan était fondateur de la colonie de Timgad) mais pas autant
que les Iulii.
Parallèlement aux gentilices impériaux, on trouve d’autres nomina qui sont assez
bien représentés à Timgad mais aussi dans le reste de la province. Nous pensons
particulièrement aux Sallustii. Deux Sallustii sont présents sur l’album de Timgad et un
1
HOËT-VAN CAUWENBERGHE C., « Diffusion de la citoyenneté romaine : notes sur les gentilices
impériaux en Laconie été en Messénie » in Splendidissimas civitas, études d’histoire romaine en
hommage à François Jacques, DEMOUGIN S., CHASTAGNOL A., LEPELLEY C. (ed.), Publications
de la Sorbonne Paris, 1996, p. 133-149.
324
sur la liste des curiales de la curia commodiana. Ce gentilice se retrouve également à
Cirta, Thibilis, Tiddis, Rusicade, Chullu, Milev et Sigus 1. Selon J.-M. Lassère, les
Sallustii font partie des plus anciennes familles romanisées de Numidie2. Ce constat
nous amène à nous interroger sur la notion de mobilité au sein de la province en nous
basant sur l’exemple de Timgad.
Avant tout il convient de préciser que Timagd était à la base une colonie militaire.
Ce constat explique également le fait que les gentilices des Julio-Claudiens dominent
dans cette cité car parmi les soldats installés à Timgad, certains officiers pouvaient avoir
obtenu la citoyenneté sous les empereurs julio-claudiens. Afin d’étudier les mobilités au
sein d’une même province, J.-M.Lassère prône l’étude des tribus3. Ainsi chaque citoyen
était inscrit dans une tribu et si sa tribu d’origine était différente de celle de la cité où il
vivait, alors il pouvait y avoir migration. Nous avons tenté d’appliquer ce concept à
Timgad. Timgad est inscrite dans la tribu de Trajan qui est la tribu Papiria. Cependant la
tribu Papiria est celle de beaucoup de villes militaires ayant reçu une promotion de
Trajan. Malheureusement, dans le cas de Timgad nous n’avons pas trouvé de notables
d’une tribu autre que celle de la cité. Cependant, nous souhaiterions étendre cette
méthodologie à toute la Numidie pour une future étude.
Une autre question que l’on peut se poser est l’existence d’un lien entre les
notables de Timgad et les premiers légionnaires qui ont occupé la colonie : est-ce-que
les élites de Timgad sont d’anciennes familles de vétérans romains ou des familles
africaines promues à la citoyenneté romaine par des empereurs ? Malheureusement nous
n’avons pas le temps de développer cette problématique dans l’état actuel de notre
mémoire. Cet aspect nous voudrions l’étudier plus en détail dans un prochain travail.
Cependant on peut chercher une ébauche de réponse chez Y. Le Bohec qui pense que
Timgad n’a vraisemblablement pas été une colonie de vétérans 4. De même J.-M.
Lassère ne recense que quatorze vétérans en tout5. Malgré tout, une étude
prosopographique pourrait être faite sur cette question.
1
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 220.
2
LASSERE J-M, « Onomastica africana XVII/XVIII : gentilices romains d’origine africaine », in
Identités et cultures dans l’Algérie antique, Briaud-Ponsard (dir.), Publication des universités de Rouen et
du Havre, 2005, p. 189.
3
Op. cit. p.
4
LE BOHEC Y., Timgad, Paris, 1984, p. 110-111.
5
LASSERE J.-M., Ubique populus, C.N.R.S., Paris, 1977, p. 262.
325
Au final si l’on devait résumer notre sous-partie, nous dirions que l’on constate
que les charges échoyaient à quelques grandes familles. Il faut, pourtant, se garder de
généraliser et penser qu’au IVème siècle, les curies se fermaient aux nouveaux venus.
L’exemple des Pomponii illustre bien ce phénomène. D’ailleurs, la composition de
l’album le montre bien puisque l’on observe des grandes familles, accaparant des postes
depuis plusieurs générations, qui côtoyaient des familles intégrées plus récemment dans
l’ordo. Parallèlement, l’étude des gentilices nous amène à constater l’importance des
nomina impériaux notamment des Julio-Claudiens. Cet état de fait nous incite à penser
que les colons de Timgad avaient la citoyenneté romaine depuis plusieurs générations.
Mais la présence de ces gentilices sur la listes des curiales de la curia commodiana
(début du IIIème siècle) et sur l’album de Timgad que la deuxième moitié du IV ème siècle
sous-entend une sorte de présence permanente de certaines familles de notables au sein
du conseil des décurions. Ainsi, on peut conclure en reprenant la formule de P. Le Roux
qui exprime le principe de transmission des postes en ces termes : « hérédité et
renouvellement des familles assuraient la permanence de la vie politique »1.
Malheureusement notre approche des mobilités des notables de Timgad au travers des
études sur les tribus n’a pas abouti. L’essentiel des notables qui ont metionné leur tribu
est originaire de Timgad et inscrit dans la tribu Papiria. Que peut-on en conclure ? Si
nous devions prendre un risque nous dirions qu’à partir du IIIème siècle, les notables ne
trouvent plus grand intérêt à la mobilité et que sans doute ce phénomène concernerait
des catégories plus modestes. Cependant nous pensons que la pauvreté de la
documetation épigraphique (dans ce domaine à Timgad) ne nous permet pas d’aboutir à
des conclusions tranchées. A notre sens, il conviendrait de développer plus en détail
cette question dans un travail futur et d’étendre la problématique à l’ensemble de la
Numidie.
1
Le Roux P., Le Haut-Empire romain en Occident : d’Auguste aux Sévères, Paris, 1998, p. 290.
326
L’approche des notables municipaux par le biais de l’étude des fonctions
municipales peut sembler limitée. Cependant, nous avons fondé le choix de nos
inscriptions sur les mentions de ces charges. En effet, comme nous l’avons dit
précédemment, une autorité politique induisait forcément une position économique et
sociale dominante. D’autant plus que l’exercice de magistratures fondait la notabilité.
Cela est assez perceptible dans les inscriptions qui mettent en exergue des cursus
souvent complets sans omettre aucune fonction (ou alors très rarement) contrairement à
d’autres provinces. Cette attitude témoigne d’une certaine fierté de ces notables envers
le système municipal instauré par Rome.
Dans un premier temps nous avons donné une approche générale de la vie
municipale dans les cités de Numidie. De même, nous nous sommes interrogé sur les
diverses vagues de peuplement qui arrivèrent en Numidie durant la période préromaine.
Notre volonté serait de poser les fondations d’une réflexion sur les origines préromaines
des notables ou sur une influence des structures politiques ou culturelles puniques,
gecques ou numides sur les cités romaines et donc sur le système politique municipal en
Numidie. L’analyse du rôle des curies dans les cités et sur celui de l’ordo nous conduit
aux origines politiques du pouvoir des notables dont l’élection et le cens sont des piliers
fondamentaux. On constate qu’en Afrique le rôle des curies est resté central dans le
système municipal mais à l’époque tardive (alors qu’il diminuait dans d’autres
provinces). Le questionnement qui découle de cette constatation porte sur les raisons de
cette permanence du rôle des curies. Peut-être faut-il y voir un cas inhérent à l’Afrique ?
Si cela est avéré, qu’elles en sont les raisons ? Qu’en est-il pour la Numidie ? Autant de
questions pour lesquelles nous n’avons pas encore de réponse mais qui posent les bases
d’un développement futur. De même, les interrogations posées par l’usage du terme res
publica dans les inscriptions permettent une approche du concept d’autonomie
municipale et surtout de la notion de corps civique. L’étude du vocabulaire induit un
croisement entre la cité et l’autoreprésentation des notables et des liens qu’ils
entretenaient.
327
difficultés : le sacerdoce se plaçait-il obligatoirement après le duumvirat ou bien sa
place était-elle moins fixe qu’on ne le pensait ? A ce tableau des carrières vient s’ajouter
le cas très particulier de la Confédération cirtéenne. Comme nous l’avons évoqué, les
magistratures au sein de la Confédération étaient différentes de celles du reste de la
Numidie. On constatait qu’à dénomination identique les prérogatives étaient différentes
pour une même charge qu’elle soit dans une cité contribuée à Cirta ou appartenant à la
province de Numidie. Au final, il apparaît, qu’excepté la Confédération critéenne, la
hiérarchie municipale des cités de Numidie suivait le cursus municipal « classique » qui
prévalait en Afrique et dans la plupart des cités de l’Occident romain. Le cas de la
Confédération cirtéenne pose, quant à lui, le problème de l’origine de ses magistratures
si particulières. Etaient-elles issues d’une tradition pré-romaine ou bien relevaient-elles
davantage d’une particularité institutionnelle romaine (due sans-doute à un statut
particulier) comme cela était le cas pour certaines cités (exemple de Vienne en
Narbonaise) ?
Nous avons également tenté d’approcher plus en détail des fonctions que l’on peut
considérer comme particulières. Que ce soit la praefectura iure dicundo, le curator rei
publicae ou bien le patron de cité, ces fonctions permettent toutes le même constat :
selon les historiens elles ne peuvent être qualifiées de magistratures mais dans les faits
elles le sont. Cela est notamment le cas pour le curateur de cité dont l’évolution au Bas-
Empire l’a porté au sommet de la hiérarchie municipale. Malheureusement, il apparaît
difficile de suivre cette évolution au travers de nos inscriptions dans la mesure où la
majorité est assez tardive. Mais il conviendrait sans doute de se pencher davantage sur
cette phase d’intégration au corps des magistrats dont on ignore si elle s’est produite
rapidement ou sur un temps plus long. Le patron quant à lui, bien qu’il soit tenu en
grande estime par la cité, n’était pas forcément originaire de celle-ci ou même
d’Afrique. De plus, dans le cas de la Numidie, les patrons de cité semblent avoir été des
gouverneurs et des légats en majorité. Dans son article M. Christol a fait le lien entre
l’exercice de la curatelle et l’obtention du patronat1. M. Christol cherche avant tout à
savoir à quel moment un curateur devenait patron afin de savoir si le patronat de cité
était une récompense, un remerciement de la communauté pour service rendu ou bien un
1
CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas des Sénateurs en
Italie » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C., CEBEILLAC-
GERVASONI M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascla, Clermont-Ferrand, 2008, p.
523-544.
328
encouragement à adopter l’attitude voulue par la cité. On peut également s’interroger
sur l’utilité de cette fonction conférée au curateur à partir du moment où celui-ci
s’intégrait au corps municipal. A ce moment là, la réponse à cette question nous
conduirait à répondre à celle de M. Christol (dans le cas de la Numidie) : si le curateur
appartenait déjà aux hautes magistratures municipales de la cité, alors l’obtention du
patronat en tant que moyen de pression n’a plus lieu d’être étant donné que, faisant
partie de la cité, le curateur était davantage préoccupé par son intérêt (celui de la cité).
Le patronat pouvait donc être une récompense. La question reste ouverte. En résumé,
ces fonctions forment des cas particuliers venant se « greffer » aux cursus municipaux
dits « classiques » (édilité /questure duumvirat duumvirat quinquennal flaminat
perpétuel).
Nous nous sommes posé la question d’une hérédité des magistratures (du moins
du siège de décurion). Tout d’abord il faut prendre garde lorsque l’on parle d’hérédité. Il
ne s’agit pas d’une hérédité légale mais d’une hérédité de fait induite par le cens et la
nécessité de munificence. La réponse à la question de l’hérédité semble affirmative mais
il faut se garder de négliger un certain renouvellement des curies où des nouveaux
arrivants côtoyaient ainsi les décurions issus de certaines grandes familles de notables.
L’approche de l’onomastique de certains notables de Timgad pouvait également nous
renseigner sur la question des mobilités entre les groupes sociaux mais aussi entre les
cités. Malheureusement la tentative d’étudier les mobilités territoriales ne semble pas
très concluante et il faudrait sans doute élargir le spectre de sélection des inscriptions
afin de réaliser une prosopographie plus complète. Cependant, l’étude des gentilices et
le lien fait avec la diffusion de la citoyenneté nous montre une certaine ancienneté de
son obtention chez les notables de Timgad. Peut-être existe-t-il un lien avec les
légionnaires qui vivaient à Timgad durant ses premières heures ? Quoi qu’il en soit, on
constate une nette domination des gentilices impériaux ce qui donne un indice de
l’action des empereurs sur le territoire de la Numidie.
Au sein du monde grec et romain l’accès à une notabilité obligeait les privilégiés à
une certaine générosité envers la cité et le peuple afin de justifier leur position
dominante. Cette générosité était la pratique évergétique. Cette dernière se retrouve
dans les inscriptions de notre corpus. Ainsi évergétisme et notabilité semblaient
inextricablement liés. Cet aspect, nous allons le voir dans notre dernière grande partie.
Nous nous concentrerons plus particulièrement sur l’évergétisme dit « ob honorem ».
329
Cet évergétisme était une caractéristique de l’accès à une magistrature municipale.
Ainsi, nous tenterons d’entrevoir ce que nous apprennent les inscriptions sur cette
pratique afin de savoir si elle concernait toutes les cités ou si les sommes versées étaient
identiques. Nous poserons également la question d’un éventuel « évergétisme forcé ».
330
TROISIEME PARTIE : L’évergétisme en
Numidie
331
3.1. L’évergétisme ou le devoir de donner
L’évergétisme était un devoir très important dans la carrière d’un notable, car il
permettait à celui-ci d’accroitre son prestige par des libéralités envers la cité et ses
citoyens. L’évergétisme se révéla être un des piliers essentiels de la vie municipale. Par
ailleurs, nous précisons qu’il est assez largement représenté dans notre corpus
épigraphiques. En effet, une grande partie des inscriptions récupérées mentionne des
actes de munificence de la part des notables municipaux. Le graphique suivant illustre
bien notre propos :
Evergétisme
45%
Inscriptions
honorifiques
16%
Dédicaces à une
divinité
5%
332
Comme nous l’avons dit, il semble que cette pratique n’était pas un droit mais un
devoir, implicite. Les notables d’une cité n’étaient pas fondamentalement obligés de
faire preuve de munificence. Mais ils y étaient socialement poussés. Il ne faut pas voir
dans l’évergétisme un acte coercitif dans lequel les citoyens d’une cité et leurs
dirigeants obligeraient les bienfaiteurs à donner. La pratique évergétique se verrait
plutôt comme une convention socialement mais moralement obligatoire1. L’Afrique
romaine n’échappait pas à ce constat. Qu’en était-il réellement pour la province de
Numidie ? Existait-il plusieurs types d’évergétisme ? Nos inscriptions révèlent un
certain nombre d’aspects sur ces notions et ces questions. Et c’est ce que nous allons
voir dans cette sous-partie.
Les bienfaiteurs ont eu un impact croissant dans la vie des cités à partir de la fin
du Vème siècle. A l’époque hellénistique certains rois reçoivaient même ce surnom, tels
que Ptolémée III et Bérénice d’Egypte. Si l’on s’arrête quelques instants sur la
civilisation grecque, on constate qu’il faut distinguer l’évergète (citoyen/bienfaiteur
1
Veyne P., Le pain et le cirque, sociologie historique d’un pluralisme politique, Paris, 1976,
2
Jacques F., « Le privilège de la liberté » p. 688.
3
Boulanger A., Aelius Aristide et la sophistique dans la province d’Asie, 1923, p. 25 ; Marrou H.-I.,
Histoire de l’éducation dans l’Antiquité, 1948, p. 405.
333
d’une cité) du titre officiel décerné par décret et octroyé, au départ, seulement aux
étrangers, en reconnaissance pour des bienfaits publics tels que la distribution gratuite
de céréales, la construction d’un édifice ou une fondation. A partir du IIème siècle av. J.-
C., le titre était également octroyé par la cité à certains riches notables dont les
libéralités subvenaient aux besoins de la communauté. Athènes présentait une
particularité : entre le Vème et le Ier siècle, aucun décret n’accorda à un citoyen le titre
d’évergète. Avec l’Empire romain, il semble que l’évergétisme prit, progressivement,
l’aspect d’une redevance obligatoire ou plutôt un versement dont il convenait de
s’acquitter obligatoirement .
1
Veyne P. Le pain et le cirque, sociologie historique d’un pluralisme politique, Paris, 1976, p. 21-23.
2
Ibid. p. 22.
334
ne faut pas assimiler vie municipale et urbanisme. Selon F. Jacques, l’évolution des
travaux ne reflétait pas la situation globale de la cité et plus particulièrement, la vitalité
de son activité politique1. Ainsi, une diminution des dons ne conduisait pas forcément à
un ralentissement ou une stagnation de l’activité édilitaire. Au sein d’une même cité, les
évergésies n’étaient que le fait d’un petit nombre. L’évergétisme monumental, présent
dans les sources épigraphiques, pouvait donner une image biaisée de la réalité. Il mettait
en évidence une petite élite possédant de grands moyens. La couche sociale concernée
était donc très limitée ; les dépenses se révélèrent moins importantes qu’il n’y paraissait.
Les notables ne prenaient pas obligatoirement en charge l’urbanisme. Par exemple, à
Cuicul, les thermes (élevés sous Commode), le temple (érigé sous les Sévères) et l’arc
(Caracalla) furent construits par la cité (pecunia publica). Il ne faut pas négliger les
moyens financiers de la cité en termes de rentrées fiscales. A titre d’illustration, la
caisse de la Confédération cirtéenne pouvait recevoir 250 000 sesterces par an,
uniquement au titre des sommes honoraires. Par comparaison, Timgad ou Théveste en
recevaient 50 000 HS/an. Ainsi, il faut se garder de croire que les cités et l’ordre des
décurions se retrouvaient, en matière de financement, dans un état contemplatif
attendant la contribution généreuse et providentielle d’un richissime notable.
Cependant, les cités ne rechignaient tout de même pas devant des libéralités liées à
l’urbanisme (érection d’arcs, réparation d’aqueduc, construction de marché…). En effet,
des évergésies importantes permettaient d’éviter un grand investissement pour la cité.
Cette dernière faisait l’économie d’un chantier coûteux et se contentait ainsi d’honorer
le notable par un titre honorifique ou l’érection d’une statue (chose relativement
courante). Dans le cas de l’Afrique du IVème siècle, les permanences l’emportaient sur
les changements, ou pour reprendre la formule de F. Jacques il y aurait « plus de
permanence que d’évolution »2. Mais, il faut prendre garde car l’absence d’actes
d’évergétisme ne prouvait pas la déliquescence du système municipal.
De plus, l’évergétisme mettait en jeu l’honneur des familles de notables dont les
membres devaient se montrer dignes de leurs aïeux voire de les surpasser en libéralités.
Ainsi, ce « devoir » de munificence était une pression sociale à la fois extérieure (le
notable vis-à-vis de la cité et ses citoyens), intérieure (le notable vis-à-vis de sa famille)
1
Jacques F., « Le privilège de la liberté », p. 757.
2
Ibid. p. 765.
335
et intériorisée (autocontrainte du notable qui se devait de faire ce que le peuple et
l’ordre de la cité attendaient de lui, de même que de sa famille).
Mais nous nous devons de faire attention en usant du terme « contrainte ». Un acte
d’évergétisme était bien loin d’en être une. Une libéralité (même ob honorem) n’était
pas un impôt : « l’évergétisme n’est pas un quasi-impôt »1. L’évergétisme qu’il fut
collectif ou individuel pouvait suppléer aux défaillances d’une cité mais il ne remplaçait
pas les revenus publics. Ainsi, si une cité était riche alors les évergètes se montraient
d’autant plus munificents. Mais on ne peut que s’interroger sur cette notion de
contrainte. Car la pratique évergétique dans l’Antiquité induisait une forme d’obligation
mais dans ce cas on aurait pu rapprocher l’évergétisme de l’impôt. Seulement comme
nous l’avons dit précédemment le phénomène était double. L’évergétisme relevait d’un
mélange entre deux notions : contrainte et spontanéité. S’il n’était que contrainte alors
l’évergétisme serait un impôt ; et s’il se caractérisait uniquement par la spontanéité alors
rien ne différencierait l’évergète du mécène. Mais dans tous les cas l’évergétisme ne
saurait être qualifié d’impôt ou de « quasi-impôt ». Pour P. Veyne l’évergétisme fut plus
facile à mettre en place qu’un impôt car les notables avaient un goût prononcé pour le
don d’ostentation2. Mais sans contrainte informelle l’évergétisme ne se résumerait qu’en
des actes de mécénat isolés. Il y avait bien une attente des autres (la cité) et donc par
voie de conséquence une valorisation du don par le notable.
1
Veyne P., « Le pain et le cirque », p. 227.
2
ibid. p. 235.
3
ILAlg. I, 2145.
336
Cette inscription nous montre aussi que l’évergète pouvait parfois venir au secours des
finances publiques lorsque la cité traversait une période difficile. Marcus Cornelius
Frontonus Gabinianus fut remercié pour avoir fait distribuer du blé à ses frais aux
citoyens de la cité en période de disette.
Outre ces généralités sur la pratique évergétique, nous allons nous attarder sur
certaines problématiques posées par les études sur l’évergétisme.
L’évergétisme relevait à la fois d’un calcul politique de la part des élites mais
aussi d’une fierté. Dans son ouvrage P. Veyne pose la question d’un patriotisme
alimentant cette volonté des notables de faire preuve de munificence envers leur
république3. Dans le cas de l’Afrique romaine, cette fierté est visible. L’Afrique
romaine constituait un « îlot de prospérité et de traditionalisme »4. Dans son article, T.
Kotula montrait que la fierté du statut municipal ou colonial était davantage exacerbée
1
Veyne P., « le pain et le cirque », p. 210-217. P. Veyne illustre le thème du patriotisme plus en détail de
la p. 242 à 246.
2
Le Glay M. « Evergétisme et vie religieuse dans l’Afrique romaine », in L’Afrique dans l’Occident
romain (Ier siècle av. J.-C. – IVème siècle ap. J.-C.), actes du colloque de Rome (3-5 décembre 1987),
Ecole Française de Rome, 1990, p. 77-88.
3
op. cit. p. 242-246.
4
Lepelley C. « Evergétisme et épigraphie dans l’Antiquité tardive : les provinces de langue latine », in
Actes du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine (4-9 octobre 1992), Nîmes, Christol
M., Masson O. (éd.), 1997, p. 335-352.
337
en Afrique qu’ailleurs dans l’Empire1. L’inscription honorant Marcus Cornelius
Frontonus Gabinianus, le récompense « ob insignem in se amorem et frumenti
copiam ». Bien qu’il faille toute proportion garder, la mention de son amour et de son
respect de la république de Madauros semble confirmer la thèse d’un patriotisme des
notables débouchant alors sur des actes d’évergétisme par amour de leur « petite
patrie ».
Dans son ouvrage sur les Aspects de l’Afrique romaine, C. Lepelley avance
l’hypothèse que le culte des génies de cité serait une manifestation d’une forme de
patriotisme local. Varron (cité par saint Augustin) définissait un génie comme « un dieu
préposé à tout ce qui doit être engendré, et qui a puissance en ce domaine »2. Ce culte
connut un grand succès notamment en Afrique. Ainsi dans notre corpus huit mentions
du Génie sont toujours placées en début d’inscription :
Références Localisation
C. 4187 Verecunda
C. 4191 Verecunda
C. 4193 Verecunda
C. 4194 Verecunda
C. 4575 Diane
C. 6947 Cirta
C. 6948 Cirta
AE 1968, 647 Timgad
Selon C. Lepelley, le culte des génies était une forme de patriotisme municipal car
« cette divinité était avant tout l’expression sacrée de la collectivité transcendant les
individus et la génération présente, mais limitée aux dimensions de la cité, dont le génie
était, comme pour un individu, le double divin »3. Ainsi, il y avait plusieurs dieux
civiques, de même que pour les allégories (Concorde, Victoire…), mais au sein de la
cité il ne pouvait y avoir qu’un seul génie comme il n’y avait qu’une seule communauté
1
Kotula T., « Snobisme municipal et prospérité relative : recherches sur le statut des villes d’Afrique du
Nord sous le Bas-Empire » in Antiquités africaines, 8, 1974, p. 111-131.
2
Augustin, La cité de Dieu, VII, 13 : « deus … inquit qui praepositus est ac vim habet omnium rerum
gignenderam ».
3
Lepelley C. Aspects de l’Afrique romaine : les cités, la vie rurale, le christianisme, 2001, Bari, p. 40.
338
civique1. Ce culte permettait d’exalter l’unité des citoyens et l’intégrité de la cité. Dans
nos inscriptions, on trouve un certain nombre de dédicaces aux génies effectuées par des
dignitaires en exercice. Les notables en profitaient pour rappeler leur cursus dans le
cadre d’un acte d’évergétisme ou d’une dédicace d’une statue ou d’un autel. Et pour
cause, sur les huit inscriptions répertoriées, six évoquent des libéralités. Sur une
inscription évoquant un acte d’évergétisme de la part de C. Valerius Secundus, on
constate également l’existence d’un génie de l’ordre2 montrant ainsi l’unité du conseil
des décurions. A Verecunda, on trouve quatre mentions de génies dont une évoquant le
génie de l’ordre, une autre le génie du peuple, le génie de la patrie, et le génie du vicus3.
Cette notion d’unité ou de concordia nous l’avons précédemment évoquée sur le
vocabulaire du notable dans les inscriptions.
P. Le Roux semble assez favorable à cette thèse d’un sentiment patriotique chez
les notables et notamment les plus généreux. Selon lui, « patriotisme et évergétisme sont
associés et indissociables »4. Nous avons compté huit inscriptions mentionnant le terme
patria.
1
Ibid.
2
CIL VIII 4187.
3
Respectivement CIL VIII, 4187, 4193, 4191 et 4194.
4
LE ROUX P. La toge et les armes, Rome entre Méditerranée et Océan, Presses universitaires de
Rennes, Rennes, 2011, p. 568.
339
AE 1987 Timgad Inscription Pour remercier
honorifique Corelia Valentina
Tucciana de sa
générosité envers la
patrie
C. 7963 Rusicade Rappel d’un acte Mention d’une
d’évergétisme somme de 30 000
sesterces que
Lucius Cornelius
Fronto Probianus
versa à la patrie
C. 4191 Verecunda Dédicace à une Au Génie Auguste
divinité de la patrie
AE 1997, 1728 Timgad Dédicace de la Maison située « au
maison des Corfidii centre de la
patrie »1
Le terme patria, patriae revêtait plusieurs sens. C’était une notion à la fois
concrète et abstraite. La patrie n’était pas au départ une idée strictement politique mais
se situait davantage du côté de l’affectivité et du sentiment. L’attachement à la patrie
relevait de l’identité. La patriae proprement dite était celle de ses pères, la cité de sa
naissance. Cicéron séparait « patrie selon la nature » (cité locale) et « patrie selon le
droit » (Rome)2. La question d’un double attachement à la fois à la communauté
ancestrale et à la communauté romaine (au sens large) se pose ainsi. Dans le cas de la
Numidie, il semble que le terme patrie n’ait pas été utilisé pour qualifier Rome mais
bien la cité du notable, sa terre natale. P. Le Roux fait un constat identique pour
l’ensemble des cités d’Occident : la patrie commune (Rome) n’est jamais concernée3.
Mais nous nous éloignons de notre sujet initial. La patrie était l’objet d’’un attachement
particulier dont témoignaient les évergésies. Pour l’Afrique et l’Italie, on remarque qu’il
y a l’organisation de jeux, la distribution de sportules et l’organisation de banquets. Ces
éléments sont également visibles dans nos inscriptions mentionant des actes
1
« in umbilico sitam patrie ».
2
Leg. II, 5.
3
Op. cit. p. 568.
340
d’évergétisme. Mais le patriotisme local était également un enjeu de compétition entre
les élites. Cette compétition se retrouvait parallèlement dans la pratique évergétique. Ce
qui nous fait conclure qu’évergétisme et patriotisme sont bien liés comme l’affirme P.
Le Roux. Ce patriotisme reflétait l’estime politique dans laquelle les notables tenaient
leur cité et il entretennait la fierté et l’esprit de compétition entre les notables
municipaux.
1
LE ROUX P. La toge et les armes, Rome entre Méditerranée et Océan, Presses universitaires de
Rennes, Rennes, 2011, p. 566.
2
C. 2400.
3
LEPELLEY C., les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, vol. 2, Etudes Augustiniennes, Paris,
1979, p. 193.
4
Op. cit. p. 578.
341
notabilité municipale comme un onus (un fardeau), un mal nécessaire, nous pensons
qu’il était également la conséquence d’une fierté, d’un « snobisme municipal » pour
reprendre la formule de T. Kotula1. Nous arguons, que sous le Bas-Empire, alors qu’une
crise du système municipal sévissait (notamment en Orient), l’Afrique resta une
véritable « place forte » du modèle municipal classique. Cette province se caractérisa
par un fort esprit de conservatisme et un véritable traditionalisme africain. Nous
pensons que la remarque de P. Veyne cerne tout à fait l’état d’esprit des notables
municipaux : « le patriotisme (grec) est celui d’un bon citoyen, pair parmi ses pairs, qui
ne se distingue des autres que par un dévouement plus grand au bien public »2 Ainsi, il
faut être réaliste mais sans être totalement cynique. La compétition pour les
magistratures municipales obligeait les familles de notables à d’importantes libéralités.
Mais à côté de cela, on constate un patriotisme local qui cimentait la concordia entre le
populus et l’ordo. L’évergétisme était donc un facteur de pacification des rapports entre
les « classes » au sein de la cité.
Nos propos sur le génie de la cité permettent d’introduire une question que se sont
posés P. Veyne puis M. Le Glay (dans son article sur l’évergétisme et la vie religieuse)3.
Existe-t-il un évergétisme religieux ?
En Afrique, les édifices publics étaient généralement érigés, ornés et réparés soit
aux frais de la communauté (pecunia publica), soit grâce aux dons des notables astreints
ob honorem (sua pecunia). Les temples et autres bâtiments religieux étaient toujours
presque dûs à un évergétisme privé. Du moins c’est la théorie de P. Veyne. Selon lui
« l’évergétisme est civique et non religieux alors que, tout au long de l’histoire, c’est
plus souvent en faveur de leurs dieux que les hommes ont fait preuve de quelque
facilité à donner »4. M. Le Glay pense, quant à lui, que l’évergétisme n’était pas
seulement civique, mais relevait du religieux. Tous les honneurs donnaient lieu à des
libéralités « sacrées » au bénéfice de divinités officielles du panthéon gréco-romain en
premier lieu, puis venaient les dieux/patrons des cités, ensuite les abstractions divinisées
1
Kotula T., « Snobisme municipal et prospérité relative : recherches sur le statut des villes d’Afrique du
Nord sous le Bas-Empire » in Antiquités africaines, 8, 1974, p. 111
2
Veyne P. « le pain et le cirque », p. 243.
3
Le Glay M., « Evergétisme et vie religieuse dans l’Afrique romaine », in L’Afrique dans l’Occident
romain, (Ier siècle av. J.-C. – IVème siècle ap. J.-C.), Actes du colloque de Rome (3-5 décembre 1987),
Ecole Française de Rome, 1990, p. 77-88.
4
Veyne P. « le pain et le cirque », p. 29.
342
(Fortune par exemple) et les empereurs (« morts ou vifs »). On peut remarquer que
l’évergétisme impérial a servi de modèle à l’évergétisme privé.
1
op. cit. p. 83.
343
Génie du peuple C. 4193
VERECUNDA Génie du vicus C. 4194
Jupiter C. 4196
Junon Concorde C. 4197
Victoire germanique C. 4202
Génie du peuple C. 4575
Jupiter victorieux C. 4577
DIANE Saturne C. 4580
Victoire C. 4582
Victoire parthique C. 4583
THAGASTE Jupiter/Junon C. 5142
CALAME Neptune C. 5297
Neptune C. 5298
Fortune C. 6944
Génie du peuple C. 6947
Génie du peuple C. 6948
CIRTA Pallas C. 6958
Silvanus C. 6962
Venus C. 6965
Pertinax (divinisé) C. 6995
Indulgence C. 6996
RUSICADE Victoire C. 7963
THUBURSICU Minerve ILAlg. I, 1236
NUMIDARUM
MADAUROS ? ILAlg. I, 2056
CASTELLUM Fortune ILAlg. II, 3574
TIDDITANORUM
344
comme en témoignent, les inscriptions mentionnant le genius. Nous avons dit
précédemment que ce culte servait essentiellement à agréger les citoyens autour de la
thématique de l’unité du corps civique. Ainsi, le genius appartenait au monde du
religieux mais relevait dans notre cas du domaine politique. Cependant, l’un
n’empêchait pas l’autre dans un monde romain où temporel et spirituel entretenaient des
liens assez étroits.
1
Voir JOST M., « Evergétisme et tradition religieuse à Mantinée au Ier siècle av. J.-C. », in
Splendidissimas civitas, études d’histoire romaine en hommage à François Jacques, DEMOUGIN S.,
CHASTAGNOL A., LEPELLEY C. (ed.), Publications de la Sorbonne Paris, 1996, p. 193-200.
345
politique par le religieux). Dans le cadre de la Numidie mais plus généralement sur celui
de la religion civique, cette question d’un évergétisme religieux peut encore faire débat.
1
Respectivement C. 1842 et C. 2372.
2
Respectivement C. 8318-8319 (Cuicul) et C. 7094 (Cirta).
346
aqueduc et mise en place
d’un nouveau canal
Remise en état d’une
Lambèse C. 2631
fontaine
Ornementation de la rue
Lambèse C. 2723
et d’un arc
Restauration d’un bassin Calame C. 5335
Arc Cirta C. 7094
Chapelle tétrastyle avec
Cirta C. 7095-7096
statue de bronze
Arc Cirta C. 7105
Basilique Cuicul C. 8318
Arc et décoration du
Thubursicu Numidarum ILAlg. I, 1256
temple de Saturne
Reconstruction du
portique et réhabilitation Madauros ILAlg. I, 2089
du vieux mur
Arc Madauros ILAlg. I, 2130
Construction d’un temple Madauros ILAlg. I, 2131
Construction d’un temple
Tiddis IlAlg. II, 3574
avec statue
Restauration de la curie Théveste AE 1982, 961
1
CEBEILLAC-GERVASONI M. « autocélébration des élites locales : quelques réflexions autour de la
viabilité » in Autocélébration des élites locales dans le monde romain : contexte, textes, images (IIème s.
347
1- Forum et ponts.
3- Porticus et arcus.
Nous avons dit, plus haut dans notre raisonnement, que la vitalité édilitaire d’une cité
et la générosité des notables n’étaient pas forcément liées dans la mesure où un grand
nombre de travaux étaient réalisés grâce à des fonds publics (pecunia publica). Nous
avons cité F. Jacques pour qui il ne faut pas voir dans les libéralités la source essentielle
de l’activité édilitaire d’une cité. Mais cela n’empêche pas S. Demougin de dire que
l’évergétisme n’est pas seulement à considérer comme un simple bienfait mais comme
un suppléant aux carences de l’Etat (surtout en période troublée). Il affirme ainsi la
av. J.-C. – IIIème s. ap. J.-C.), CEBEILLAC-GERVASONI M., LAMOINE L., TREMENT F. (dirs.),
presses universitaires Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2004, p. 157-169.
1
ILAlg. I, 2101.
2
Op. cit. p. 168.
348
nécessité de la pratique évergétique pour le fonctionnement harmonieux de l’Etat et des
communautés1. Néanmoins, on peut opposer à S. Demougin l’argument de l’utilité des
bâtiments édifiés. En effet, si l’on s’attache à détailler la liste des constructions issues
des actes d’évergétisme monumental, on constate que pour une majorité des cas elles
n’apportent rien au bien commun.
Il apparaît tout de même assez évident que les dotations monumentales faites par
les notables à la cité ont contribué à la diffusion de la romanité et donc à un changement
du statut de la cité (passage de municipe à colonie par exemple). On est donc en droit de
se demander si la principale motivation de ces dotations était l’accession au statut de
colonie et si oui avait-elle une influence sur cet évergétisme monumental après
l’obtention de ce statut ? Ainsi la véritable question est : le statut colonial obtenu, les
1
DEMOUGIN S., « De l’évergétisme en Italie » in Splendidissimas civitas, études d’histoire romaine en
hommage à François Jacques, DEMOUGIN S., CHASTAGNOL A., LEPELLEY C. (ed.), Publications
de la Sorbonne Paris, 1996, p. 49-50.
2
Voir GROS P. « Modèle urbain et gaspillage des ressources dans les programmes édilitaires des villes
de Bithynie au début du IIème siècle ap. J.-C. » in L’origine des richesses dépensées dans la ville antique,
LEVEAU P. (ed.), actes du colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai 1984), Université de Provence,
Aix-en-Provence, 1985, p. 69-87.
3
Digeste, 50, 2, 8.
349
notables municipaux avaient-ils réellement intérêt à réinjecter de l’argent à nouveau
dans ces grandes opérations de travaux publics ? A la première question nous répondons
négativement : l’accession au colonat n’était pas la seule motivation du notable-évergète
(comme nous allons le voir avec l’évergétisme ob honorem). Quant à la deuxième, W.
Ben Akacha y répond négativement pour le cas de Thugga1. Bien au contraire, il
remarque que l’évergétisme édilitaire renaît avec la promotion coloniale. L’exemple de
Dougga démontre une continuité dans le fonctionnement de la vie des cités de
Proconsulaire, et relativise l’impact de la crise du IIIème siècle sur les villes africaines.
Qu’en est-il pour la Numidie ? Nous avons pris comme cité-témoin, Lambèse. Lambèse
obtient le statut de municipe sous l’empereur Marc-Aurèle vraisemblablement entre 183
et 185. En revanche, le passage de municipe à colonie s’opère grosso modo entre 197 et
252 (l’éventail est assez large mais cela n’a pas d’impact sur notre propos). Si on s’en
réfère au tableau précedent, nous avons quatre inscriptions mentionnant une activité
édilitaire. Ces quatre inscriptions se placent toutes, au plus tôt, dans la seconde moitié
du IIIème siècle2. Certes le faible nombre d’échantillon n’est pas probant mais il vient
confirmer ce que dit W. Ben Akacha pour Thugga (en tout cas pour Lambèse).
1
Voir BEN AKACHA W., « Statut institutionnel, évergétisme et urbanisme à Thugga », in Mélanges de
l’Ecole française de Rome, 123-2, Rome, 2011, p. 613-627.
2
C. 2631 = 250-260 ; C. 2660 = 290-293 ; C. 2661 = 276-282 ; C. 2723 = période tardive sans être plus
précis.
350
L’eau pouvait soit être qualifiée d’aqua publica notamment dans le cas des
fleuves de grandes dimensions et surtout les voies navigables, soit pouvait être privée ce
qui est souvent le cas pour les fleuves de moindre importance comme l’aqua ductus
c’est-à-dire l’eau canalisée. C’est notamment le cas pour les aqueducs ; l’expression
aqua ductus se retrouve dans les inscriptions C. 2660 et C. 26611. Dans le cas de nos
inscriptions, on peut se demander si ce sont les notables qui disposaient d’une autorité
sur la propriété de l’eau ou si au travers de ces notables municipaux l’eau appartenait à
la cité ? Le ius aquae est un droit dont dispose les cités d’octroyer l’aduction d’eau à un
particulier et d’en tirer une redevance. Si l’on en croit R. Biundo, dans la plupart des
cas, la gestion de l’eau s’effectue au niveau local. A Venafrum et Urso, la décision
d’accorder une adduction d’eau à un particulier relève de la compétence des dumvirs2.
Cependant Frontin affirme que les magistrats chargés de cette tâche peuvent varier3. En
effet, dans le cas de l’aqueduc Aqua Titulensis il s’agit de deux duumvirs. Seulement la
remise en état des thermes à Madauros est due à un curateur4. Idem pour la réparation
du bassin (ou de l’abreuvoir) à Calame5. Il semble que ces investissements aient été
honéreux pour les cités. Alos on peut se demander quelle est la part de l’évergétisme et
celle de la caisse publique. R. Biundo conclut son article en disant que les dépenses
hydrauliques des cités sont supérieures aux revenus mais que toutefois les cités peuvent
compter sur des initiatives individuelles soit sous la forme d’évergésie soit du
versement des summae honorariae municipales (ce qui fut le cas pour l’Aqua
Titulensis).
1
« aquae ductum » (C. 2660), « ductu ui torrentis » (C. 2661).
2
BIUNDO R. « Aqua Publica : Propriété et gestion de l’eau dans l’économie des cités de l’Empire » in
Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C., CEBEILLAC-GERVASONI
M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2008, p. 368.
3
De aquis urbis Romae, 95.
4
ILAlg. I, 2101, mais l’inscription est assez endommagée.
5
C. 5335.
351
une promesse de libéralité faite lors de la candidature pour une magistrature ou un poste
municipal.
L’évergétisme ob honorem est un cas très particulier car il pose la question d’un
évergétisme forcé ? Comme nous l’avons dit l’évergétisme était un savant mélange
entre contrainte et liberté. Mais le don ob honorem semble, cependant, brouiller cette
définition car il implique la notion d’obligation légale et non plus morale. La promesse
ob honorem constitue une forme d’évergétisme particulièrement intéressante à étudier
car il s’accompagne d’autres actes de munificences (dans les inscriptions) dont les
sommes sont mentionnées. Ainsi, l’étude de ces sommes peut révéler les différences de
fortunes entre les notables de chaque cité et une hiérarchie des cités (en termes de
prospérité) fondée sur le montant des sommes honoraires que les notables doivent
verser lors de leur entrée en fonction. De même, la question de la contrainte se retrouve
dans la formule ampliata pecunia relatant l’augmentation d’une somme. Ce supplément
était-il fait de bon gré ou constituait-il une sorte de pénalité ? L’évergétisme ob
honorem pose, ainsi, un certain nombre de questions que nous allons tenter d’examiner.
100
90
80
70 Dédicaces impériales
60 Inscriptions funéraires
Activité édilitaire
50
Inscriptions honorifiques
40
Promesses ob honorem
30
20
10
0
Inscriptions (CIL VIII)
353
nette domination pouvait révéler une puissance de certaines grandes familles de
notables au sein de cette province.
10
6
promesses ob honorem
4
0
100-150 150-200 200-250 250-300
On constate que le pic de dons a réellement lieu à la fin du IIème et début du IIIème
siècle. Cette croissance s’explique peut-être par l’accession au pouvoir impérial des
empereurs africains, les Sévères. Cette explication est sujette à caution mais on peut y
voir une sorte de fierté africaine, identique à celle évoquée par T. Kotula. Mais
l’explication peut aussi être inverse. L’augmentation du nombre d’inscriptions
mentionnant des dons ob honorem peut sans doute signifier un enrichissement des
notables africains. Cette croissance de l’évergétisme ob honorem pourrait être liée à la
354
politique de promotion municipale menée par l’empereur Septime Sévère. Mais J.
Gascou minimise l’impact de la politique de Septime Sévère sur l’Afrique en affirmant
que la création de la province de Numidie n’accéléra pas le processus de
municipalisation1. Cependant, il faudrait, à titre de comparaison, compléter le graphique
avec une autre courbe issue des promesses ob honorem d’une autre province afin que
l’analyse ait un sens. En prennant en compte plus largement les provinces romaines de
l’Afrique du Nord (Proconsulaire, les deux Maurétanies et la Numidie), R.M. Haywood
constate que le nombre de dédicaces faites ob honorem commence à croître sous
Hadrien pour atteindre son apogée sous les Sévères et par la suite cet évergétisme
décroît fortement2. Dans d’autres provinces le phénomène semble identique (en tout cas
en ce qui concerne les Antonins). P. Gros montre un accroissement de l’activité
édilitaire issue de l’évergétisme au début du IIème siècle dans les cités de Bithynie3. E.
Melchor Gil le constate également dans la province de Bétique. Il met d’ailleurs cet
accroissement de libéralités civiques en corrélation avec le processus de
municipalisation initié sous César puis Auguste mais largement diffusé sous les
Flaviens4. Cette large diffusion du statut municipal sous la dynastie flavienne
expliquerait ce qui se passe en Afrique. L’empereur Hadrien s’attache à consolider les
possessions impériales. Son règne est caractérisé par un très large octroi du statut
municipal notamment en Afrique (mais aussi dans d’autres provinces de l’Empire
comme en Orient). L’évergétisme ob honorem étant lié aux notables municipaux eux-
mêmes en lien avec le statut de leur cité, l’accroissement de cet évergétisme semble
directement corrélé avec la multiplication des municipes.
1
GASCOU J., La politique municipale de l’Empire Romain en Afrique proconsulaire, de Trajan à
Septime Sévère, Ecole Française de Rome, Rome, 1972, p. 196.
2
HAYWOOD R.M., « Roman Africa » in An economic survey of Ancient Rome, Tenney F. (dir.), vol.
IV ; Pageant Books inc., Paterson (New-Jersey), 1959, p. 73-74.
3
Voir GROS P. « Modèle urbain et gaspillage des ressources dans les programmes édilitaires des villes
de Bithynie au début du IIème siècle ap. J.-C. »in L’origine des richesses dépensées dans la ville antique,
LEVEAU P. (ed.), actes du colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai 1984), Université de Provence,
Aix-en-Provence, 1985, p. 69-87.
4
MELCHOR GIL E., « Consideraciones sobre la munificencia civica en la Bética romana » in Elites
hispaniques, NAVARRO-CABALLERO M., DEMOUGIN S. (ed.), Ausonis, Bordeaux, 2001, p. 157-
160.
355
On ne peut que constater la grande proportion des inscriptions mentionnant des
dons ob honorem par rapport aux autres démonstrations de libéralités plus classiques.
Cette forme d’évergétisme semblait alors dominer dans le cas de la province de
Numidie mais il faut faire attention à ne pas généraliser.
Le fait est que dans notre corpus épigraphique, il apparait que la somme honoraire
se confondait fréquemment avec la pollicitatio. On peut en conclure que dans l’esprit
des notables, la pollicitation était bien associée à la somme honoraire. A Timgad, C.
Annius Victor, en plus de la somme honoraire, a organisé des jeux1. Sextilius
Saturninus de Lambèse versa quant à lui une somme honoraire de douze mille sesterces
en l’honneur de son flaminat et indépendamment de cette somme il fit preuve d’une
générosité supplémentaire envers les décurions2. Comme nous l’avons dit, cette dernière
n’est que très rarement mentionnée dans les inscriptions. On peut penser que cela venait
du fait qu’étant donné que cette contribution était obligatoire alors les notables ne
voyaient pas l’intérêt de la préciser3. Cet argument n’est pas totalement valable mais
nous ne voyons pas d’autres raisons expliquant l’absence de mention de la somme
1
C. 2344.
2
C. 2711.
3
On peut faire un parallèle avec la mention du décurionat dans le corpus. Cette charge n’apparaissait que
très rarement car elle était une étape nécessaire et peu prestigieuse du cursus municipal.
356
honoraire dans la mesure où celle-ci était obligatoire. De plus, il n’était pas rare que les
élites romaines ne mentionaient dans leurs inscriptions que des éléments qui les
mettaient en valeurs. J. Gascou use de l’argument a silentio lorsqu’il parle des
magistratures dans les villes de Gaule narbonnaise. Il met en avant le fait que les
notables négligeaient de mentionner une fonction inférieure pour mettre en exergue les
plus prestigieuses1. Ce raisonnement peut-être appliqué à cette situation dans la mesure
où la somme honoraire, étant obligatoire, ne valorisait pas la générosité du notable. Au
fur et à mesure ces promesses ob honorem étaient devenues moralement obligatoires.
Mais la question d’une obligation légale, nous allons la poser ultérieurement avec le
phénomène des ampliationes.
1
GASCOU J. « La carrière des magistrats dans les villes de Gaule narbonnaise » in Splendidissimas
civitas, études d’histoire romaine en hommage à François Jacques, DEMOUGIN S., CHASTAGNOL
A., LEPELLEY C. (ed.), Publications de la Sorbonne Paris, 1996, p. 122.
2
Veyne P. « Le pain et le cirque » p. 218.
357
particulier, est la notion de contrainte. Il semble que cette forme d’évergétisme ait
intégré une plus grande pression morale, sociale mais aussi légale.
Nous allons maintenant nous attarder plus particulièrement sur les summae
honorariae. Les sommes honoraires sont de bons indicateurs lorsque l’on veut étudier
les notables municipaux. Elles permettent parfois d’établir, une hiérarchie entre les cités
mais aussi d’approcher quelques aspects d’histoire économique.
Une summa honoraria était une somme d’argent versée par un notable lors de
l’accession à une charge municipale (dérivatif du terme honor). A charge égale, cette
somme était fixe mais pouvait varier selon les cités. En revanche, il n’existe pas de
preuve que ces sommes honoraires aient varié selon les époques dans une même cité et
pour une même charge. Ce versement était obligatoire et ne devait souffrir d’aucun
retard d’exécution. En Afrique, la somme honoraire était, traditionnellement, versée en
numéraire à la caisse publique de la cité. Mais il arrivait tout de même que ces sommes
soient dévolues parfois aux constructions des monuments par les magistrats pour
l’ornement d’une cité. R. Duncan-Jones situe la plupart des mentions de summae
honorariae africaines entre le IIème et le IIIème siècle1.
En termes d’étude des sommes, on peut constater qu’il existait une très grande
disparité de l’amplitude des summae honorariae. Comme nous l’avons dit
précédemment, la pollicitatio se confondait avec la somme honoraire dans les
inscriptions. La conséquence en est que les montants gravés ne sont pas forcément
représentatifs de ce qui était réellement demandé aux notables municipaux (pour la
summa honorariae uniquement). En effet, les paiements décrits ob honorem se
révélaient un indice incertain pour évaluer les charges fixes pour l’office. Il apparait
1
Duncan-Jones R., The economy of the Roman Empire, Cambridge, 1982, p. 82.
358
complexe de différencier les dépenses faites ob honorem des paiements fixes pour
l’office car ils étaient souvent confondus.
Dans notre corpus nous n’avons trouvé que quinze mentions des summae
honorariae sur les quarante-cinq inscriptions relatant un évergétisme ob honorem.
Comme nous l’avons dit, le fait que la somme honoraire ait été obligatoire ne suscitait
pas un grand intérêt pour les notables ; la contrainte ne valorisant pas la générosité. Le
diagramme suivant nous permet de vérifier ce constat.
summae
honorariae
25%
promesses ob
honorem
75%
359
mentionné et que les dons relevant de la pollicitatio sont distincts. Marcus Caecilius
Natalis, en plus des summae honorariae, fit construire une statue de la Sécurité en
bronze en l’honneur de son édilité1. Il organisa des jeux avec des distributions
publiques. Il fit ériger également un arc de triomphe avec une statue en bronze de la
Vertu2 pour sa quinquennalité. Il donna pour bâtir une chapelle tétrastyle avec une
statue en bronze de l’Indulgence pour son accession au triumvirat3. Et en plus de cela, il
organisa des représentations théâtrales avec distribution pendant sept jours dans les
quatre colonies de la Confédération cirtéenne. On est en présence d’un comportement
évergétique caractéristique du parfait notable. Marcus Caecilius Natalis ne se contentait
pas de la somme honoraire mais faisait preuve d’une munificence supplémentaire et
extrêmement prodigue.
Dans le cas précédent nous avons la chance d’avoir les summae honorariae
différenciées des autres formes d’évergétisme. Mais dans d’autres inscriptions cette
différenciation est plus compliquée. Nous avons cependant tenté de réaliser un tableau
des montants en nous basant sur nos inscriptions, ainsi que sur les travaux de R.M.
Haywood4.
1
C. 6996 et 7095.
2
C. 7094 et 7095.
3
C. 7095
4
Haywood R.M., « Roman Africa » in An economic survey of Ancient Rome, Tenney F. (dir.), vol. VIII,
1959, p. 76-77.
5
En ce qui concerne les deux inscriptions de Timgad (AE 1968, 647 et AE 1987, 1073) les montants des
summae honorariae sont sujets à caution étant donné l’ambiguïté découlant de notre traudction.
360
Duumvirat
Cuicul = 4000
Hippo Regius = 10 000
Triumvirat
Cirta = 20 000 (C. 6944)
Quinquennalité
Cirta = 20 000 (C. 7094)
Hippo Regius = 10 000
Flaminat perpétuel
Diana = 10 000 (C. 4589)
Lambèse = 12 000 (C. 2711)
Thubursicu Numidarum = 6000 (ILAlg. I, 1236)
Timgad = 10 000 (AE 1968, 647)
Verecunda = 2000 (C. 41941)
A la lumière de ces chiffres, on peut constater des écarts assez importants entre les
cités. Cirta, Rusicade, Théveste étaient les trois cités où les dons enregistrés ont été les
plus nombreux et les plus couteux. Mais ces sommes honoraires ne permettent pas de
nous renseigner sur la taille des fortunes individuelles au sein d’une même cité.
Cependant, il est possible de voir le niveau de richesse des notables municipaux en
comparant avec d’autres cités. Donc on peut établir une hiérérachie des cités. Et même
entre les provinces. En Numidie, les montants sont relativement modestes mais toujours
plus élevés que dans certaines cités du Cap Bon comme l’a montré S. Aounallah qui
mentionne deux inscriptions provennant de Vina faites ob honorem sufetats2.A titre
d’indication, il faut dire que le sufétat est la magistrature suprême de la cité pérégrine.
Sachant cela, S. Aounallah fait remarquer les sommes honoraires payées pour le sufétat
s’élèvent à 2400, 2600 sesterces (à peine supérieur à l’exercice de l’édilité à Timgad). S.
Aounallah conclut en disant que comparativement « avec ce qui se passe dans les cités
romano-africaines, la somme de 2400 sesterces est d’un niveau très moyen3. Mais d’un
autre côté, les sommes honoraires des cités de Numidie ne peuvent rivaliser avec
1
Voir aussi C. 4202 où la somme est identique.
2
AOUNALLAH S., Le Cap Bon, jardin de Carthage, recherches d’épigraphies et d’histire romano-
africaines (146 a.C. – 235 p. C.), Ausonius, Bordeaux, 2001, p. 199.
3
Ibid. p. 200.
361
d’autres cités. Même les très honéreuses magistratures de la Confédération cirtéenne ne
sont rien à côté de celle de Carthage. L’exercice du duumvirat dans cette dernière
implique le versement d’une somme honoraire de 200 000 sesterces1 (dix fois plus élevé
que le triumvirat de Cirta et cinquante fois plus cher qu’à Cuicul). Ainsi, une
hiérarchisation du niveau de richesses des notables municipaux peut être effectuée en
comparant les sommes honoraires de chaque cité. La disparité des montants nous
renvoie à la question d’une législation ayant pour objectif de fixer les taux ou bien était-
ce chaque cité qui fixait elle-même les sommes. Ces grandes différences entre chaque
cité nous conduisent à penser qu’en effet chacune d’entre-elles légiférait pour établir
une règle. Mais selon R. Duncan-Jones, il semble que les taux de paiement dérivaient
d’une constitution impériale2. L’empereur Antonin le Pieux décida de fixer le montant
de la summa honoraria, dont devaient s’acquitter les décurions de Macédoine, à 2000
sesterces. R. Duncan-Jones prévient qu’il ne faut pas forcément y voir une volonté du
gouvernement d’évaluer le potentiel économique des classes dominantes des cités. En
revanche, il faut dire que le montant de ces sommes honoraires constitue un reflet de la
santé économique d’une cité.
L’exemple le plus flagrant en est Cirta. Pour chacune des quatre fonctions civiles
(décurion, édile, triumvir, quinquennal), les notables devaient s’acquitter d’une somme
honoraire de 20 000 sesterces. Alors que pour d’autres cités, nous avons d’assez grandes
variations en fonction des charges. De plus, il apparaît également que dans les autres
colonies contribuées à Cirta (Rusicade, Milev et Chullu) les notables payaient le même
montant que ceux de la cité-mère. La somme élevée de 20 000 sesterces (la plus élevée
de Numidie) est une preuve de la grande richesse des familles de notables municipaux
de la Confédération cirtéenne. Une carrière politique complète impliquait un minimum
de 60 000 sesterces (édilité + triumvirat + triumvirat quinquennal)3. On peut penser
également qu’une si grande somme demandée était le signe d’un excès d’élitisme de la
part des notables. Par des montants équivalents pour chacune des charges au sein de la
Confédération, ses dirigeants et son conseil manifestaient une volonté de fermer l’entrée
des charges aux décurions les moins fortunés. Ainsi, peut-être que, jusqu’à la
dissolution de la Confédération cirtéenne (deuxième moitié du IIIème siècle), les curies
ne bénéficiaient pas d’un renouvellement de leurs membres. Comparativement, un
1
ILAfr., 390.
2
op.cit. p. 83.
3
L’inscription C. 7094 mentionne la somme honoraire totale dépensée par Marcus Caecilius Natalis.
362
duumvir de Cuicul devait verser 4000 sesterces, et un édile de Timgad, 2000. P. Corbier
explique cet écart par le biais de l’histoire de la fondation de ces cités. En effet, à
l’origine Timgad et Cuicul étaient des colonies militaires. Ainsi, les colons de ces cités,
tous vétérans, ont reçu des lots de terres relativement égaux. Mais ces dotations
respectaient la hiérarchie sociale. Ainsi les officiers bénéficiaient de lots de terre plus
étendus. Ce constat expliquerait les différences entre Timgad et Cirta par exemple1.
Outre les informations que donne l’étude des summae honorariae, nous allons
nous intéresser désormais au troisième élément du don ob honorem c’est-à-dire
l’ampliato.
Restitution :
Gen(io) Vici/ aug(usto)/ Cn(eius) Baebius/ Cn(eius) fil(ius) stellat/ Caerealis Ort(a ?)/ Fl(amen)
p(er)p(etuus) adiectis/ at. Legitimam/ Fl(?)( sestertium) (duorum) m(illia) n(ummum)/ (sestertium) I DCC
n(ummum)/ et amplius/ Inlatis rei publicae/ (sestertium) I n(ummum) Posuit/ idemq(ue)/ dedicavit
Traduction :
Au Génie du Vicus Auguste, Cneius Baebius Caerealis Cae, fils de Cneius, d’Ortus, flamine
peprétuel, ayant ajouté à la somme légitime de 2000 sesterces, 1700 sesterces de plus, et paya, en plus de
ce qui était déjà prévu, 1000 sesterces pour l’autel qu’il fit faire et dédicacer.
1
Corbier P., Griesheimer M., L’Afrique romaine, 146 av. J.-C. – 439 ap. J.-C., Paris, 2005, p. 85.
363
Nous avons dénombré dans notre corpus, dix-sept inscriptions évoquant une
ampliato (adiecto). Nous les avons rassemblées dans le tableau suivant en indiquant
localisation et références.
Montants de
Localisation Références l’ampliato
(facultatif)
Théveste C. 1842 2000
Lambèse C. 2711 8000
Verecunda C. 4187 600
Verecunda C. 4193 2000
Verecunda C. 4194 1000
Verecunda C. 4196 -
Verecunda C. 4197 -
Diana C. 4583 -
Diana C. 4594 10 000 ( ?)
Diana C. 4596 6000
Calame C. 5298 2340 ( ?)
Rusicade C. 7990 -
Cuicul C. 8318 -
Timgad C. 2344 -
Timgad AE 1968, 647 -
Thubursicu Numidarum ILAlg. I, 1236 5000
Madauros ILAlg. I, 2089 -
364
la Bithynie)1. Certains bouleutes rechignaient à s’acquitter du versement de la somme
honoraire alors Pline (alors gouverneur) décida d’imposer des pénalités en cas de retard
de paiements.
Dans les textes épigraphiques, on constate qu’il était fréquent que la dépense
finale dépasse la somme initiale2. Et parfois la mention de la somme ajoutée était
qualifiée ampliata pecunia ou adiecta pecunia. Le problème est que bien que le souci de
surenchère ait été une constante chez les notables ; la pollicitation était déjà une
libéralité supplémentaire. Donc on peut se demander pourquoi un notable ayant fait
preuve d’une munificence particulièrement généreuse augmentait-il cette somme ?
Dans un premier temps on peut penser qu’étant donné que la pollicitatio était
devenue obligatoire dans les faits, la seule chance pour un notable de faire étalage d’une
générosité plus grande que ses collègues reposait dans l’ampliato c’est-à-dire le
dépassement de ce que l’ordre et la cité attendaient de lui. Ainsi les ampliationes
devenaient les véritables manifestations de l’évergétisme des notables3.
Cette hypothèse se tient ; cependant certaines expressions (que nous allons voir ci-
après) dans notre corpus nous laissent entrevoir plutôt une forme de pénalité. F. Jacques
dans son article parle plutôt de pénalité de retard (dans la réalisation d’un acte
d’évergétisme) pour les « évergètes récalcitrants »4. La preuve de retards d’exécution
est difficile à trouver. Mais le fait que certains évergètes aient cru bon de préciser qu’ils
avaient accompli leur promesse anno suo, durant l’exercice même de leur honneur,
semble prouver que ce n’était pas couramment le cas. Ainsi, à Thubursicu Numidarum
Quintus Vetidius Iuvenal mentionne une pollicitatio effectuée « intra annum honoris
sui » (avant l’expiration de l’année de son honneur)5. A Diane, T. Aurelius Fortis avait
promis une somme de 4000 sesterces pour son accession au duumvirat. Sur son
inscription le notable évoque l’augmentation de cette somme l’année de son duumvirat
1
GROS P. « Modèle urbain et gaspillage des ressources dans les programmes édilitaires des villes de
Bithynie au début du IIème siècle ap. J.-C. »in L’origine des richesses dépensées dans la ville antique,
LEVEAU P. (ed.), actes du colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai 1984), Université de Provence,
Aix-en-Provence, 1985, p. 69-87.
2
Dans le cas de la Numidie, ce constat est quasi-systématique. Avec une surélévation de la somme
honoraire dont devait s’acquitter le notable initialement.
3
F. Jacques évoque cette hypothèse dans son ouvrage le privilège de la liberté, Paris, 1984, p.735.
4
Jacques F., « Ampliato et Mora : évergètes récalcitrants d’Afrique romaine », in Antiquités africaines, 9,
1975, p. 159-180.
5
ILAlg. I, 1236.
365
(« anno IIviratus sui »)1. Si l’on pousse plus loin l’interprétation on peut émettre
l’hypothèse que le fait que T. Aurelius Fortis se croit obligé de préciser que cette
augmentation s’est faite l’année de son duumvirat (sa promesse ob honorem porte sur le
duumvirat) signifierait que le notable n’a pas subi de pénalité pour le retard dans
l’exécution d’une libéralité promise. De plus, des rescrits impériaux pénalisaient les
retards de d’accomplissement de promesses2. La jurisprudence impériale imposait une
exécution des engagements sous certains délais sous peine d’avoir à payer des intérêts
de retard.
A Timgad, C. Annius Victor avait élevé une statue (d’une valeur de 16000
sesterces) en l’honneur de son édilité alors qu’il était flamine perpétuel3. Q. Caecilius
Rufus de Verecunda avait promis une statue d’une valeur de 4000 sesterces pour son
flaminat. Cette somme fut augmentée de 2000 sesterces et ce sont sa femme et son fils
qui élevèrent cette statue4 car le personnage était décédé.
Ainsi se pose la question des taux d’intérêt en cas de retard. Le calcul apparaît très
difficile à faire car pour l’effectuer, selon F. Jacques, il faut remplir trois conditions5 :
en premier lieu, connaître le montant de la promesse initiale et celui de l’adiecto ; puis
savoir à quel moment les promesses ont été faites et réalisées ; et enfin avoir la preuve
d’une intervention contraignant l’évergète à s’acquitter de son dû. Il va sans dire que ces
conditions ne sont jamais réunies dans les inscriptions. De plus, un rappel à l’ordre était
quelque chose de honteux pour les récalcitrants. En conséquence, il n’y a aucune
mention d’une quelconque contrainte. Les inscriptions reflètent plutôt l’image d’un
évergétisme idéal. P. Corbier met en garde contre cette vision : « Grâce au texte
épigraphique, l’historien ne connaît qu’un monde heureux, paisible et ordonné qu’il doit
naturellement critiquer comme il le fait pour un texte littéraire ou historique »6.
1
C. 4583.
2
Un passage d’Ulpien dans le Digeste (L, 12, 1) mentionne un rescrit de Septime-Sévère et Caracalla.
3
C. 2344. La valeur de la statue paraît relativement disproportionnée surtout pour une charge d’édile. R.
Duncan Jones (The economy of the Roman Empire, Cambridge, 1982, p. 78-79) avait montré que le prix
médian d’une statue s’élever à 5000 sesterces.
4
C. 4193.
5
F. Jacques, « Ampliato et Mora », p. 174.
6
Corbier P., Griesheimer M., L’Afrique romaine, 146 av. J.-C. – 439 ap. J.-C., Paris, 2005, p. 33.
7
Digeste, XXII, 22, 17.
366
Selon lui, les taux des pollicitations étaient assez homogènes dans toute l’Afrique du
Nord. Il en déduit donc que les dépassements ne devaient pas être très importants.
Bien qu’une pénalité de retard soit une hypothèse assez plausible, il faut nuancer
en disant que le phénomène d’ampliato était sans doute double. D’un côté, il y avait une
pénalité de retard imposée à des notables rechignant à s’acquitter de leur promesse ob
honorem. Cette adiecto serait donc l’indice d’une victoire de la cité dans un conflit
l’opposant à un aristocrate municipale cherchant à se soustraire à ses obligations
morales, sociales et légales. La notion de pression et de contrainte de la part de la curie
et du peuple de la république remettrait en question le sens même d’ « évergétisme ».
Mais dans certains cas, peut-être, la summa adiecta relevait-elle d’un véritable esprit
somptuaire. Dans ce cas, la mention des sommes n’était que le rappel des engagements
pris, dans un souci de légalisme.
1
Jacques F., « Le privilège de la liberté », p. 750.
2
Veyne P. « Deux inscriptions de Vina » in Karthago, vol. IX, 1958, p. 91.
3
op. cit. p. 743. F. Jacques rejette également toute idée d’une « pression terroriste » sur les notables de la
part de la curie, du peuple ou des autorités impériales.
4
Ibid.
367
Une des problèmatiques qu’on pourrait développer serait notamment la question
de l’origine de la richesse de ces notables. En effet, c’est cette richesse qui influence
l’importance d’un acte d’évergétisme. Une approche régressive serait donc à faire pour
expliquer la quantité d’argent « injectée » dans une libéralité.
Quelles étaient les sources du revenu des notables dans les cités ? Ptolémée en
recense plusieurs : les Themelia (constructions ?), l’agriculture, le commerce maritime,
les charges de régisseur, les prêtrises, les honneurs publics, les cadeaux et legs,
l’éloquence et le commerce1. Dans l’introduction de son traité sur l’agriculture,
Columelle mentionne la guerre, le commerce, le prêt à intérêt, le droit, la politique et
l’agriculture. Cicéron, quant à lui, distingue les « moyens honnêtes » (le commerce et
les publica) des « moyens malhonnêtes »2 (captations d’héritage, corruption électorale,
trafic d’influence, prêts à intérêt illégal dans les provinces, honoraires d’avocats,
pillages des provinces, accaparement des terres). A ces derniers, il ajoute également les
spéculations d’amateurs d’art sur les objets précieux3. Autant chez Ptolémée que chez
Cicéron on constate que les choses publiques sont un moyen pour les notables
d’accumuler des richesses (mais elles ne sont pas les seules). Il ne faut pas négliger
l’importance du politique dans le fonctionnement économique des sociétés antiques. Le
politique joue un rôle important pour détourner les élites des investissements (usage de
capitaux pour en tirer un revenu) et pour les orienter vers des dépenses à caractères
évergétiques afin d’accroître le prestige d’une cité. Une dépense évergétique
débouchant sur la réalisation d’un opus apparaît en toute logique comme une dépense à
but non lucratif (notamment lorsqu’il s’agit d’une statue par exemple), ce n’est pas un
investissement. P. Leveau use de l’expression « pétrification de richesse » pour qualifier
les parures monumentales d’une cité4.
Dans son article, P. Leveau avoue qu’il apparait difficile de connaître l’origine des
fortunes des notables par le biais des dépenses somptuaires visant davantage à
l’accroissement du prestige et du confort qu’au développement économique. Cependant,
il émet l’hypothèse que des constructions évergétiques ont pu servir de couverture à de
1
Tétrabiblos, IV, 2.
2
Paradoxe, VI.
3
ad familiares, VII, 23.
4
LEVEAU P. « Richesses, investissements, dépenses : à la recherche des revenus des aristocraties
municipales de l’Antiquité » in L’origine des richesses dépensées dans la ville antique, LEVEAU P.
(ed.), actes du colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai 1984), Université de Provence, Aix-en-
Provence, 1985, p. 20.
368
rentables opérations (les loyers constituant pour l’aristocratie municipale un revenu on
négligeable). Pour cela, il prend l’exemple du marché de Sertius à Timgad1. P. Leveau
met en avan le caractère évergétique de cette construction mais il pense également
qu’elle a pu servir de couverture à une opération immobilière pour son généreux
donateur. Sertius (Marcus Plotius Faustus) aurait pu ainsi obtenir sa résidence en ville
sur un terrain de l’enceinte. En échange, la ville bénéficierait de la location de stalles et
les corps de métiers auraient pu être emballés par une dépense se transformant en
salaire2.
1
C. 2398 et 2399.
2
Op. cit. p. 21.
369
L’évergétisme qualifié d’ob honorem faisait partie intégrante de la notabilité car il
en était un des facteurs déterminant. Le notable municipal et l’évergète ne faisaient
qu’un. Le monde politique et l’évergétisme étaient inextricablement liés. C’est, en tous
cas, ce que laissait entrevoir cette forme d’évergétisme. Car, en effet, le don ob honorem
n’était qu’une des différentes facettes du phénomène évergétique. On peut même tenter
d’aller plus loin en disant que la munificence ob honorem n’était pas de l’évergétisme.
La libéralité ob honorem semble bien plus complexe et impliquait une contrainte
beaucoup plus forte qu’un acte d’évergétisme classique. L’étude de ces libéralités ob
honorem permet d’établir une hiérarchie entre les différentes cités de Numidie et les
familles de notables municipaux. En effet, les mentions d’évergétisme ob honorem,
contrairement à d’autres, évoquent très fréquemment les sommes engagées par les
notables. Cette « transparence » nous permet d’analyser les coûts de l’évergétisme pour
un notable et les variations d’amplitude de sommes entre chaque cité sont de bons
indices de leur santé économique mais aussi du niveau de vie des notables. Mais on peut
également se poser la question d’un surendettement des notables poussés à des
libéralités de plus en plus honéreuses. Ce constat nous conduit à une réflexion sur une
obligation à l’évergétisme.
370
fonction quelconque on obtient environ 6500 sesterces de somme honoraire en moyenne
par cité (hors Confédération cirtéenne). De plus, une grande partie des sommes
honoraires était investie dans l’érection de statues. Parallèlement à cela, R. Duncan-
Jones a évalué à 5000 sesterces le prix moyen d’une statue en Afrique1. Le prix de la
statue comparé à la somme honoraire moyenne promise par un notable montre que
l’investissement du notable se faisait dans un éventail de prix identique au cours moyen.
Donc les notables des cités de Numidie (hors Confédération) ne se caractérisaient pas
par une générosité excessive, de même que les sommes honoraires demandées pour les
fonctions municipales n’étaient pas outrancières. Mais le cas de la confédération
cirtéenne peut nous conduire à certaines interrogations notamment en matière
d’inflation. Est-ce que les sommes honoraires étaient volontairement ou non indexées
sur les variations des prix ? Et si non on peut se demander si la Confédération cirtéenne
ne constituait pas une sorte de « bulle inflationniste » induisant aux notables cirtéenns
une dépense évergétique importante qui influencerait les coûts d’autres constructions
ailleurs dans la province. L’état actuel de notre documentation ne permet pas de
répondre pour le moment à cette question qui reste en suspend.
1
DUNCAN-JONES R., The economy of the Roman Empire, Cambridge university press, 1982 pour la
présente édition, p. 78-79.
371
origines de la fortune de ces élites. Par une étude des prix, de la nature des évergésies,
des fonctions occupées par les notables et de leurs origines et de la situation
géographique et économique de leur cité ; nous voudrions voir dans quels domaines
d’activités les notables municipaux de Numidie puisaient-ils les revenus leur permettant
ces évergésies ?
372
CONCLUSION
373
Au terme de ce travail, il convient de revenir sur ce que nous avons écrit. Nos
objectifs lors de ce mémoire étaient relativement modestes. Notre but était avant tout de
recenser les notables de la province de Numidie. Les inscriptions rassemblées en
première partie constituent la matière première de notre travail de deuxième année de
Master. Nous avons tant bien que mal tenté de les rassembler avec le plus
d’exhaustivité. Nous les avons traduites et parfois commentées et datées.
Dans un deuxième temps, la vie municipale en Numidie a été étudiée par le biais
de ces inscriptions et notamment l’étude des fonctions municipales. Les cités de
Numidie (à l’instar de celles d’Afrique) se caractérisaient par un certain traditionalisme.
Les curies constituaient le cœur de la cité et alimentaient le sénat (l’ordo). Le système
municipal perdura pendant longtemps en Afrique (et en Numidie). L’ordre des
décurions votait et délibérait. A la tête des cités, les magistrats les dirigeaient,
appliquaient les décisions, présidaient aux constructions, rénovations et
embellissements. Ils rendaient la justice ou faisaient appliquer les lois impériales.
374
Certaines fonctions possédaient des particularités qui les rendaient remarquables
en analysant les inscriptions. La praefectura iure dicundo en faisait partie. Le
praefectus disposait de pouvoirs juridictionnels lui permettant de remplacer, si besoin
était, les duumvirs en cas d’absence ou d’incapacité. Dans la Confédération cirtéenne,
les praefecti semblaient cependant avoir des prérogatives supérieures à ceux du reste de
la Numidie. En effet, les praefecti iure dicundo de la Confédération étaient des
représentants des triumvirs dans les autres colonies (Chullu, Milev, Rusicade). Ainsi, à
titre égal, autorité différente. Le praefectus iure dicundo pouvait également signifier une
perte d’autonomie politique de la part de la cité (comme ce fut le cas dans l’Italie du
IIIème siècle av. J.-C.). Mais dans le cas de la Numidie du IIème siècle, cette analyse
semble difficile à mettre en oeuvre dans la mesure où le préfet est un notable originaire
de la cité. Mais il conviendrait sans-doute de se pencher davantage sur cette question de
l’origine du notable occupant le poste de préfet. De même on peut se demander si les
praefectii iure dicundo apparaissent réellement à partir du début de l’expansion romaine
en Numidie (sous Trajan). Le cas des curateurs de cité pose, quant à lui, des
problématiques différentes. En effet, les inscriptions ont montré la progressive
intégration du curateur dans le monde municipal. Ainsi, à partir du IIIème siècle, ce poste
fut occupé par les notables originaires de la province de Numidie. La fonction devenait
donc municipale mais sans s’intégrer au cursus. Cette ambiguïté se retrouvait également
chez le patron de cité. En effet, le patronat n’était pas une charge municipale ; mais il
revêtait un grand prestige au sein des cités. Cependant, ce patronat ne pouvait être
considéré comme un identifiant d’une élite municipale de Numidie. En effet, un patron
d’une cité n’était pas forcément originaire de celle-ci (ni même de la province). M.
Christol a fait le lien entre ces deux fonctions en posant une question intéressante et à
vrai dire révélatrice des dynamiques qui pouvaient exister entre le curateur et la cité
dans laquelle il était envoyé : le patronat était-il accordé pendant ou à l’expiration de
l’exercice de la curatelle1 ? L’adlection aux juges des cinq décuries n’obéit pas aux
mêmes problématiques. Il semble que cette fonction ait été un tremplin à l’ordre
équestre. Toutefois, pour d’autres, être juges, être juge des cinq décuries constituait
l’aboutissement d’une carrière muninipale brillante et faisait davantage office de
magistrature honoris causa.
1
CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas des Sénateurs en
Italie » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, BERRENDONNER C., CEBEILLAC-
GERVASONI M., LAMOINE L. (ed.), Presses Universitaires Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2008, p.
523-544.
375
Nous avons également évoqué comment les curies et les magistratures se
renouvelaient. En effet, le principe des libéralités ob honorem cumulé à une présence
d’une bureaucratie plus forte a conduit à une diminution du rôle du peuple. Par voie de
conséquence, les curies se fermaient aux nouveaux arrivants et restaient en « circuit
fermé ». Cependant la chose ne semble pas aussi tranchée. En effet, malgré le fait que
certaines grandes familles parviennaient à établir une sorte de quasi-hérédité des
charges ; un renouvellement s’effectua avec une ouverture aux plus modestes. Au IV ème
siècle, on assistait à un élargissement des conseils. L’exemple de l’album municipal de
Timgad montre bien que les curies n’étaient pas dépeuplées et bénéficiaient d’un certain
renouvellement. De même, le principe électif ne fut pas forcément mis à mal mais se
transforma. Ainsi, le peuple avait toujours gardé un rôle important dans la désignation
des magistrats. La nécessité d’une approbation de la part des citoyens d’une république
expliquait donc le maintien d’une pratique évergétique. Ainsi, en Numidie, les curies
électorales conservaient leur rôle premier au moins sous la forme d’acclamation. Mais
la décision incombait au final à l’ordo decurionum. Pour en revenir à la question d’une
hérédité des charges l’étude de la curia commodiana et de l’album de Timgad montre
bien l’ambivalence de la situation. Les curies se voyaient ainsi peuplées de nouveaux
arrivants mais les grandes familles restaient tout de même en tête dans la compétition
aux magistratures et parvenaient à briguer les postes les plus prestigieux. Dans cette
« course » aux honneurs, l’évergétisme tenait une place première dans les cités de
Numidie. L’étude du cas de Timgad nous a permis d’approcher des notions telles que la
citoyenneté et aussi la mobilité. Ainsi il apparaît qu’à Timgad les gentilices des familles
impériales dominent nettement. La large diffusion du gentilice des Julio-Claudiens
montrent que les notables disposent d’une citoyenneté antérieure à la fondation de la
colonie par Trajan. Ce constat renvoie à la question de la mobilité qui malheureusement
reste sans réponse au terme de notre étude. Ainsi nous souhaiterions l’ouvrir à d’autres
cités de Numidie, tout en étudiant les tribus, afin d’approcher la mobilité des familles de
notables plus en détail.
376
prétexte pour valoriser la cité (en est témoin notamment la notion de génie de la cité).
L’évergétisme ob honorem vient confirmer notre hypothèse puisqu’il s’agit d’un
évergétisme essentiellement civique. Nous avons montré que l’évergétisme recouvrait
plusieurs aspects qui le différenciaient du simple mécénat. En effet, il mêlait à la fois
contrainte et liberté de donner. Ce caractère implicite était ce qui définissait
l’évergétisme. Le notable subissait une pression sociale (venant à la fois des citoyens et
des décurions de la cité mais aussi de sa propre famille), morale (nécessité d’une
dépense équivalente à la dignité de son rang) et parfois même légale (notamment dans le
cadre de l’évergétisme dit ob honorem). Nous avons dit que les dons et libéralités
étaient à la fois motivés par des ambitions personnelles mais aussi par un véritable
amour de sa patrie. Les notables de Numidie, et plus généralement africains,
éprouvaient une fierté à l’égard de leur cité et la matérialisait par l’évergétisme. L’étude
du vocabulaire de la patria dans les inscriptions révèle une certaine fierté et un amour
de cette patrie que l’on ne retrouve pas dans d’autres provinces. Mais il faut se garder de
tout idéalisme, le patriotisme n’était pas le seul moteur de cette générosité. La
« course » aux honneurs pouvait constituer une motivation suffisante à l’évergésie. Cet
« évergétisme électoral » a pris un aspect tout à fait singulier qui celui de l’évergétisme
ob honorem.
377
dépassement pouvait également être une sorte de pénalité pour des retards de paiement
ou des réticences des notables à s’acquitter de leurs promesses.
Pour conclure sur notre travail nous dirons que lpremières ébauches de
raisonnements que nous avons posés doivent servir de base de réflexion sur un travail
futur. La question d’une prosopographie des familles de Numidie au travers des études
épigraphiques et littéraires pourra constituer une piste de recherche intéressante. De
même, il apparaitra nécessaire de joindre au corpus épigraphique, une lecture des textes
antiques et notamment législatifs afin peut être d’étudier le rapport entre les notables
municipaux de Numidie et les fonctionnaires impériaux et donc avec le pouvoir
impérial. La question des mobilités à la fois sociale et géographique pourra être
analysée tout en élargissant le cadre chronologique de notre étude. De plus, il
conviendrait d’étudier plus en détail le cas de la confédération cirtéenne afin de trouver
l’origine de son originalité institutionnelle et de sa prospérité économique. Nous
souhaiterions comprendre quelles étaient les prérogatives de la praefectura iuventutis
qui est très faiblement renseignée. La tentative d’analyse des mobilités faites à Timgad
pourrait être élargie à l’ensemble de la Numidie et croisée avec une étude onomastique.
Ainsi une étude des tribus pourrait nous donner d’avantage d’indices sur l’origine de ces
notables. Mais pour ce faire, il conviendra d’élargir chronologiquement notre champs de
recherche.
Nous pensons qu’une étude plus approfondie sur l’évergétisme (et sur ses
différentes facettes) pourrait nous permettre d’envisager plusieurs aspects de la vie
municipale et notamment les moyens financiers des notables municipaux. L’aspect
économique mais aussi urbanistique peut être analysé par le biais de l’étude des sommes
investies par les notables et par la nature de leurs évergésies. Il conviendrait de croiser
ces éléments avec des sources archéologiques et numismatiques pour appréhender la
situation économique des cités de Numidie. De même le cas de la Confédération
cirtéenne devrait être également étudié afin de savoir si les sommes non négligeables
demandées aux notables cirtéens ne faisaient pas de cette confédération une « bulle
inflationniste » qui influencerait les prix. Et si cela est effectivement le cas à quel point
cette influence se faisait-elle sentir ?
378
ANNEXES
379
STATUTS DES CITES DE NUMIDIE
Fondation ou
Cité Municipe Colonie
déduction
Mascula ? ? ?
Verecunda ? 253-260 X
Lambiridi ? ? ?
Diana
Début IIème s. X Début IIème s.
veteranorum
Thagaste ? ? ?
Fin IIIème s. ?
ème
Calame ? Début II s.
(C. 5332)
Thibilis ? ? ?
Sigus ? ? ?
Thubunae ? ? ?
Thubursicu
Début IIème s. 100-117 X
Numidarum
Thagura ? ? ?
Tiddis ? ? ?
380
Milev Idem (Rusicade) X Idem (Rusicade)
Deuxième moitié
Fin Ier – début IIème
Cuicul 96-98 du IIème s. ? (C.
s.
8318)
381
QUANTITE D’INSCRIPTIONS POUR CHAQUE CITE
Théveste 2
Mascula 1
Thamugadi 23
Lambèse 18
Verecunda 9
Lambiridi 1
Diana 11
Madauros 13
Thagaste 1
Calame 11
Thibilis 1
Sigus 2
Thubursicu Numidarum 13
Thagura 1
Tiddis 6
Cirta 20
Rusicade 5
Milev 1
Cuicul 3
382
RECENSEMENT DES ACTES D’EVERGETISME EN NUMIDIE
Evergétisme ob honorem
Cité Evergétisme (références)
(références)
383
BIBLIOGRAPHIE
384
Catalogues épigraphiques :
Inscriptions Latines de l’Algérie, vol. I (Gsell S.), 1922, vol. 2 (Pflaum H-G.), 1974.
Manuels d’épigraphie :
385
Manuels universitaires :
ROMAN D., ROMAN Y. Rome : de la République à l’Empire, IIIème siècle av. J.-C. –
IIIème siècle ap. J.-C., Ellipses, Paris, 2006.
CORBIER P., GRIESHEIMER M., L’Afrique romaine, 146 av. J.-C. – 439 ap. J.-C.,
Ellipses, Paris, 2005.
DECRET F., FANTAR M., L’Afrique du Nord dans l’Antiquité : des origines au Vème
siècle, Payot, Paris, 1981.
DESANGES J., Toujours Afrique apporte fait Nouveau, Scripta Minora, De Boccard,
1999.
386
Ouvrages spécialisés :
DUNCAN-JONES R., The economy of the Roman Empire, Cambridge university press,
1982 pour la présente édition, p.63-114.
387
HUMBERT M., Municipium et civitas sine suffragio, l’organisation de la conquête
jusqu’à la guerre sociale, Ecole Française de Rome, Rome, 1978.
JACQUES F., Les cités de L’Occident romain, traduits et commentés par Jacques F.,
Les Belles Lettres, Paris, 1990.
LEPELLEY C., Aspects de l’Afrique romaine, les cités, la vie rurale, le christianisme,
Edipuglia, Bari, 2001.
LEVEAU P. (ed.), L’origine des richesses dépensées dans la ville antique, actes du
colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai 1984), Université de Provence, Aix-en-
Provence, 1985.
MacMULLEN R., Roman social relations, 50 B.C. to A.D. 284, Yale University Press,
Londres, 1974.
388
OBIANG NNANG N. C.-B., Les empereurs romains et les cités d’Afrique, du IIème au
IIIème siècle ap. J.-C., L’Harmattan, Paris, 2011.
VEYNE P., Le pain et le cirque, sociologie historique d’un pluralisme politique, Seuil,
Paris, 1976.
389
Articles :
BIUNDO R. « Aqua Publica : Propriété et gestion de l’eau dans l’économie des cités de
l’Empire » in Le quotidien municipal dans l’Occident romain, Berrendonner C.,
Cébeillac-Gervasoni M., Lamoine L. (ed.), presse universitaire Blaise-Pascal, Clermont-
Ferrand, 2008, p. 365-374.
390
François Jacques, Demougin S., Chastagnol A., Lepelley C. (ed.), Paris, 1996, p. 27-
37.
CHRISTOL M., « Les cités et les « autorités publiques » : curatelle et patronat. Le cas
des Sénateurs en Italie » Le quotidien municipal dans l’Occident romain, Berrendonner
C., Cébeillac-Gervasoni M., Lamoine L. (ed.), presse universitaire Blaise-Pascal,
Clermont-Ferrand, 2008, p. 523-544.
DEPLACE C., « Les élites municipales et leur rôle dans le développement politique et
économique de la région V Auguste » in Les élites municipales de l’Italie péninsulaire,
des Gracques à Néron, actes du colloque de Clermont-Ferrand (28-30 novembre 1991),
Cébeillac-Gervasoni M. (ed.), Ecole Française de Rome, Rome, 1996, p. 71-79.
391
DUPUIS X., « Constructions publiques et vie municipale en Afrique de 244 à 276 », in
Mélanges de l’Ecole française de Rome, 104, Paris, 1992, p. 233-280.
GASCOU J., « La praefectura iure dicundo dans les cités de l’Afrique romaine », in
L’Afrique dans l’Occident romain (Ier siècle av. J.-C. – IVème siècle ap. J.-C.), actes du
colloque de Rome (3-5 décembre 1987), Publications de l’Ecole Française de Rome,
1990, p. 367-380.
GROS P. « Modèle urbain et gaspillage des ressources dans les programmes édilitaires
des villes de Bithynie au début du IIème siècle ap. J.-C. » in L’origine des richesses
dépensées dans la ville antique, actes du colloque d’Aix-en-Provence (11 et 12 mai
1984), Leveau P. (ed.), Université de Provence, Aix-en-Provence, 1985, p. 69-87.
392
JACQUES F., « La questure municipale en Afrique du Nord », in Bulletin
archéologique du C.T.H.S., 17, 1981, p. 211-224.
Ier
JOST M., « Evergétisme et tradition religieuse à Mantinée au siècle av. J.-C. » in
Splendissima civitas. Etudes d’histoire romaine en hommage à François Jacques,
Demougin S., Chastagnol A., Lepelley C. (ed.), Paris, 1996, p. 193-200.
KOTULA T., « snobisme municipal et prospérité relative : recherches sur le statut des
villes d’Afrique du Nord sous le Bas-Empire », in Antiquités africaines, 8, 1974, p. 111-
131.
LEFEBVRE S., « Donner, recevoir : les chevaliers dans les hommages publics
d’Afrique », in L’ordre équestre, histoire d’une aristocratie (IIème siècle av. J.-C.- IIIème
siècle ap. J.-C.), actes du colloque international de Bruxelles-Leuven (5-7 octobre
1995), DEMOUGIN S., DEVIJVER H., RAEPSAET-CHARLIER M.-T. (ed.), Ecole
française de Rome, Rome, 1999, p. 513-578.
393
LEPELLEY C., « Evergétisme et épigraphie dans l’Antiquité tardive : les provinces de
langue latine », in actes du Xème congrès international d’épigraphie grecque et latine,
tenu à Nîmes, du 4 au 9 octobre 1992, Christol M. et Masson O. (éd.), Publication de la
Sorbonne, 1997, p. 335-352.
LOMAS K., « Urban elites and cultural definition : Romanization in soutern Italy », in
Urban society in Roman Italy, Cornell T.J., Lomas K. (ed.), University College of
London Press, Londres, 1995, p. 107-121.
LYASSE E., « L’utilisation des termes res publica dans le quotidien institutionnel des
cités. Vocabulaire politique romain et réalités locales » in Le quotidien municipal dans
l’Occident romain, Berrendonner C., Cébeillac-Gervasoni M., Lamoine L. (ed.), presse
universitaire Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2008, p. 187-202.
394
PFLAUM H.-G., «Les juges des cinq décuries originaires d’Afrique » in Antiquités
africaines, 2, Paris, 1968, p. 153-195.
395
INTRODUCTION ________________________________________________________ 5
2.3. Les familles de notables : une « hérédité » des charges ? ____________________ 312
396
2.3.1. Généralités_______________________________________________________________ 312
2.3.2. Etude de cas : Timgad _____________________________________________________ 316
397