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no 203 2020
b u l l e t i n d e l a s o c i é t é f r a n ç a i s e d ’é g y p t o l o g i e
no 203 25,00 €
ISSN : 0037-9379
i – Nouvelles de la Société 2
I – NOUVELLES DE LA SOCIÉTÉ
Comptes 2019
COMPTE DE RÉSULTAT
C harges Produits
2018 2019 2018 2019
Cotisations de l’année
Impression BSFE 12 379 13 093 1 055 3 990
antérieure
Cotisations de l’année
38 149 43 836
en cours
Loyer, assurance,
0 0 Vente RdE 280 270
redevance Collège
Frais postaux,
800 1 039 Dons 500 235
communications
Dotation amortissement 0 0
Total des charges 42 251 47 783 Total des produits 40 255 50 575
Excédent 2 792 Perte 1 996
BILAN
A ctif Passif
Cotisations reçues
Caisse 105 15 16 137 8 488
par avance
Le compte de résultat
Le compte de résultat qui se traduit donc par un excédent de 2 792 euros peut se
résumer de la façon suivante :
– les cotisations de l’année en cours augmentent de 22 % par rapport à 2018,
avec un total de 47 826 euros dont 3 990 euros d’arriérés de cotisations. En 2018, le
total des cotisations encaissées était de 39 204 euros. Ces cotisations représentent
95 % de nos produits ;
– le total de nos charges, d’un montant de 46 612 euros, augmente de 13 %
par rapport à 2018. Ces charges se caractérisent par une stabilité de la plupart
des postes en dehors des frais liés aux réunions qui passent de 3 313 euros à
Le bilan
La situation nette de l’association est de 15 448 euros au 31 décembre 2019. Cette
situation nette représente notre patrimoine net. Il se décompose de la manière
suivante :
– l’actif est uniquement composé de nos disponibilités, essentiellement le
compte courant du Crédit Agricole, pour un montant global de 24 358 euros ;
– au passif les cotisations 2019 perçues d’avance sont en retrait par rapport
à celles encaissées en 2018 au titre de 2019 : soit 8 488 euros contre 16 137 euros.
Toujours au passif, les charges sociales du quatrième trimestre figurent pour un
montant de 422 euros.
La différence entre les postes d’actif et de passif, précédemment décrits,
constitue notre situation nette de 15 448 euros.
Conclusion
Au terme du précédent exercice nous nous montrions relativement inquiets en
raison de la baisse significative des cotisations encaissées (environ 6 000 euros).
Or c’est plus de 8 000 euros d’encaissements supplémentaires que nous consta-
tons en 2019. Cette augmentation permet de dégager près de 3 000 euros
d’excédent. »
Les comptes 2019 ont été approuvés à l’unanimité des votes exprimés
par retour de courrier.
Point publications
Les publications de la SFE ne sont pas trop impactées par le contexte général :
la parution de la RdE 70 (2020) – dont l’impression en Belgique a été repoussée
en raison du contexte – est pour bientôt. Par ailleurs, puisqu’il n’a pas été
possible de recevoir de conférenciers depuis la réunion de février 2020, la SFE
s’est proposé d’accueillir dans le Bulletin les communications du colloque de
Grenoble dont elle avait été partenaire en janvier 2019 et auquel de nombreux
membres avaient pu assister ; ce numéro 203 regroupant la première partie
des communications du colloque se présente donc sous une forme un peu
différente des BSFE habituels et, exceptionnellement, comprend un article
en anglais.
Les interventions de notre réunion zoom du 1er décembre – de Mme Julie
Porchet-Stauder d’une part, MM. Vincent Morel et Jean-Guillaume Olette-
Pelletier d’autre part – seront comme d’habitude publiées dans un prochain
BSFE.
Nouveaux membres
sous la direction de
Florence Gombert-Meurice
et Frédéric Payraudeau
Avant-propos
Le colloque Cultes et clergés thébains des Libyens aux Saïtes, qui s’est déroulé
les 11 et 12 janvier 2019 au musée de Grenoble a constitué le second volet
de l’exposition Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et prêtres
d’Amon à Thèbes, organisée dans ce même musée en collaboration avec le
Louvre, du 25 octobre 2018 au 27 janvier 2019. Dans l’exposition, les cercueils
thébains de la XXIe dynastie rapportés à Grenoble par le comte de Saint-
Ferriol ont été le point de départ de la mise en valeur du milieu sacerdotal
thébain de la Troisième Période intermédiaire. Le colloque a proposé quant à
lui de poursuivre la réflexion sur la société thébaine des xie - viie siècles avant
J.-C., tournée vers le culte d’Amon, avec des communications traitant des
divers aspects et parfois des spécificités des cultes thébains, de leurs rapports
avec les élites ou le pouvoir royal souvent lointain durant cette période de
partition politique.
Les communications ont porté sur les prêtres et les agents des structures
politiques ou administratives, leurs pratiques cultuelles ou funéraires et
leur expression artistique. L’édition de documents inédits a été favorisée,
combinant approches traditionnelles – documentaire et prosopographique –
et avancées de l’anthropologie sociale. Ces études ont été regroupées en deux
thèmes principaux qui témoignent autant des évolutions de la recherche
égyptologique que des spécificités de la période.
Dans ce premier volume, l’importance de la nécropole thébaine comme
réceptacle des pratiques textuelles des clergés thébains et lieu privilégié de
leur représentation est mise en évidence. Le décor élaboré des cercueils des
membres des clergés thébains dès la XXIe dynastie marque le soin accordé au
matériel funéraire qui prend alors le relais du décor de la tombe (A. Niwiński).
La réapparition de grandes tombes décorées pendant la XXVe dynastie et la
complexité des processus de réappropriation des grands textes funéraires
soulignent de manière symétrique le rôle des lettrés dans cette « renaissance »
(S. Einaudi, E. Graefe, E. Pischikova), tandis que l’image du défunt sur le mobi-
lier funéraire fournit des indices archéologiques et stylistiques susceptibles
d’éclairer le statut des divers membres de l’élite (Fr. Tiradritti, R. Meffre).
Un second volume rassemblera les communications évoquant la place
du clergé dans la société thébaine de l’époque – dont le cadre politique est
souvent défini comme l’État divin d’Amon – à travers son autoreprésentation
et ses activités dans le temple. Les différents processus d’identification à une
catégorie socioprofessionnelle sont éclairés par les données généalogiques
(A. Wütrich, Fr. Jamen), la production littéraire (V. Desclaux) et la statuaire de
Frédéric Payraudeau
Maître de conférences à Sorbonne Université
Centre de recherches égyptologiques de la Sorbonne
Florence G ombert-Meurice
Conservateur en chef au musée du Louvre
Département des Antiquités égyptiennes
1. Ils sont particulièrement redevables à Laetitia Gallet et aux éditions Khéops, qui ont assuré avec un
sérieux et une bonne humeur jamais démentis la relecture et la mise en page du manuscrit.
This paper, based on the results of a doctoral thesis, investigates social promotion in
the context of a society where hereditary transmission had nearly always become the
rule. To this end, focus will be brought on the professional careers of individuals in
charge of offices in the estate of Amun, in the institution of the Tomb at the beginning
of Dynasty XXI, and in the Army.
The question is to decide whether the Theban society shows cases of exceptional
social success, with the help of a systematic analysis of scattered data gathered,
together with additional texts and archaeological data, into a prosopographic
corpus. Were careers limited to the sphere of Theban temples within the hegemonic
frame of Amun’s estate, or could other prospects of change – in the Army or central
Government – be emphasised ?
Expressing filiation has been relatively codified ever since the first written sources,
thus highlighting the biological link between mother and child, whereas the paternal
relationship is related to a social standard. However, documentation from the Third
Intermediate Period, both private and royal, testifies to a widening range of genea-
logical expressions.
This paper will therefore focus on studying the patterns of filiation, in order to
seek if their formulations show a systematic aspect. We shall also examine the social
bearing of such observations and try to identify the ideological significance of that
new form of expression.
souvent distingués par la pratique des dédicaces durant la période des xie-
viie s. L’appel est alors utilisé jusqu’au plus haut niveau de la cour thébaine,
des divines adoratrices et quatrièmes prophètes d’Amon.
Pour mener à bien cette analyse et en percevoir les nuances, nous nous
attacherons plus particulièrement à quelques études de cas sélectionnés en
fonction des bénéficiaires des appels et de leur place dans la société thébaine
de l’époque.
The Call to the living illustrates a kind of staging of the (self)-representation and
commemoration of the upper-class, in a rhetorical form that may look stereotyped but
is nevertheless anchored in a « Sitz im Leben » renewing itself along its time. It this
gathers matters of survival, memory, cults and ideological values within a multiple
relational network asserting itself from the moment the Call is issued to expected
interlocutors and actors. The solicitation of the latter sheds light on the relation to
divine power and the involvement or non-involvement of the royal referent in the
speaker’s future. The medium used for the inscription provides information on ano-
ther network surrounding both speaker and sponsor of the artefact, themselves often
distinguishable through dedications practiced between the 11th and 7th centuries.
The Call is then in use even among upper levels of the Theban Court, divine Votaresses
and Fourth prophets of Amun.
To achieve that analysis and perceive its various shades, we shall especially focus
on a few case studies, selected according to the beneficiaries of the Calls and their
places in Theban society at the time.
Harwa lived between the end of the 8th and the beginning of the 8th centuries BC. Even
though we know eight statues of him, information on his life is rather scarce. More
telling is the cenotaph he prepared for himself: digged in the esplanade of Asasif in
front of Hatshepsut temple, its vastness shows that Harwa must have had significant
economic resources. Such impression seems confirmed by the quality of decorations
in the monument, to be attributed – for a large part at least – to artists of Memphite
origin. The discovery in 1997, by the Italian Archaeological Mission in Luxor, of a
shabti belonging to Harwa holding the insignia of Pharaonic royalty led to consider
him as possibly the real holder of administrative control over South-Egyt on behalf
of the kings of Dynasty XXV. Subsequent research suggested a special mechanism of
power in existence at Thebes, set up by the rulers of the Libyan dynasty, functioning
for at least one and a half century, different from what was thought so far and accor-
ding to which at the top of government was the divine Votaress of Amun.
structure and display on the one hand and on correlating the representation
of the individual in the list with those known from other sources. The pre-
sentation will summarize the main results of this analysis considering that a
narrow focus on specific details may reveal a further layer of information of
a well-known text that might lead to a deeper understanding of the internal
relations of the Theban clergy.
Patjenfy, maire de la ville, fut une figure marquante à Thèbes au milieu du viie siècle
av. J.-C. La présentation de sa famille dans sa tombe de Cheikh Abd el-Qourna (TT 128)
montre qu’il avait les ressources et le statut nécessaires pour faire accepter deux de ses
filles comme chanteuses dans le cortège de l’épouse divine d’Amon à Karnak. Bien que
son arrière-grand-père ait eu des titres thébains, ses ancêtres les plus immédiats étaient
prêtres à Edfou et ses descendants furent également des membres importants de l’élite.
L’étude cherche à mieux appréhender cette famille élargie à travers une analyse des
stèles, des cercueils et d’autres éléments de matériel funéraire qui ne sont que partiel-
lement publiés ou qui n’ont pas été étudiés du tout. Elle identifie un certain nombre de
caractéristiques épigraphiques qui distinguent les pratiques des scribes et sculpteurs
d’Edfou à la XXVIe dynastie de celles de la Thèbes contemporaine, avec à la clef une
meilleure compréhension des interconnexions et une plus grande précision dans la
datation.
des adoratrices d’Amon. De même, rien ne prouve qu’elle ait jamais été
couronnée de deux plumes. Ainsi, libérée de l’emprise esthétique de la statue,
l’analyse de plusieurs éléments saillants de l’iconographie, du texte et de la
technique de cette pièce permet de mieux la rendre à son contexte perdu
et même d’avancer l’hypothèse qu’elle aurait été dédiée par le directeur du
Trésor et chef des chambellans de l’adoratrice Iaentefnakht pour la chapelle
d’Osiris Khenemmaât à Karnak.
The statue of Karomama, the Votaress of Amun in Karnak, was never precisely
and exclusively published. Also, as archaeological object, Karomama still remained
neglected, a fact obviously due to a scarcity of data concerning its discovery, to the
difficult interpretation of its inscription, and to its extraordinary beauty which makes
of it an emblematical work of art. Evertheless, a mere description of the statue brings
out details that sheds light on its original context, provided one does not take those
details for granted and escapes the trap of Karomama having become the image of
Amun’s Adoratress par excellence. For instance, her dress wrapped in the wings of a
hawk has never been questioned although it does not belong to the usual wardrobe
of a Votaress of Amun. Likewise, there is no evidence that she was ever crowned with
two feathers. Thus freed from the aesthetic grip of the statue, an analysis of a few
elements of its iconography, text and technique allows us to some extent to place it
back to its lost context and even suggests its possible dedication by the Adoratress’s
treasurer Iaentefnakht to the chapel of Osiris Khenemmaat in Karnak.
Dans les collections égyptologiques tant muséales que privées, les égides-
menit en bronze appartiennent à la catégorie des œuvres relativement
courantes. Néanmoins, les pièces à épigraphe préservées des attaques du
temps restent rares. Celle-ci, encore inédite, à l’effigie de la déesse Mout
coiffée du pschent, se place sans doute parmi les exemplaires les plus remar-
quables : outre ses indéniables qualités plastiques et la conservation d’une
grande partie de ses dorures, elle comporte une inscription dédicatoire au
nom d’une chanteuse (šmʿy.t) d’Amon et suivante (šmsy.t) « distinguée » de
Mout dénommée Ânmesout. Sans parallèle exact, l’instrument peut néan-
moins être mis en relation avec une série de miroirs en bronze d’origine
memphite dédiés par d’autres suivantes de la déesse ; mais la pièce elle-
même, les titres, les données épigraphiques et l’onomastique ainsi que le lieu
During the New Kingdom and Third Intermediate Period, we note a remarkable
increase in the use of oracles with Amun still as main actor, and texts as well as
representations echoing the success and growing diversity of oracular practices. Such
testimonies then became scarcer, which brings us to wonder what happened with
those practices. However, the information we can gather on the Thebans involved in
organising the oracles allows an answer to the question.
Formerly kept within the « makhzan » of Tomb TT 33, a royal stela in the name
of Shabaka shows the king presenting offerings to Amun and Renenutet (Inventory
register CSA 29/1, no 93). The object is fragmentary and therefore hardly mentioned
in egyptological literature. This presentation provides the opportunity to offer a first
edition and full study of the document.
Discussion about the Montu priestly families and the cults of Amun and Osiris
in Twenty-fifth Dynasty Thebes, including the female members of the Montu
priestly families, especially the ḥsyt n ẖnw n Ỉmn.
Discussion sur les familles des prêtres de Montou et les cultes d’Amon et d’Osiris dans
la Thèbes de la XXVe dynastie, ainsi que sur les femmes membres de ces familles, en
particulier les ḥsyt n ẖnw n Ỉmn.
In the monumental Theban tombs of the Kushite and Saitic periods, an analysis of the
relationship between texts and images on the one hand, and architecture on the other,
often enables us to illustrate on which religious beliefs were the decorative programs
based, and what kind of worshipping practices or funeral rites were celebrated to
the benefit of the deceased. Moreover, some textual, iconographical and architec-
tural elements refer to monuments or even model documents, of very ancient origin,
that testify to a learned and thorough research, mainly carried out on manuscripts
preserved in the archives of the time. In such matters the Asasif necropolis, showing
many interchanges between the tombs, offers a dynamic place of experimentation and
interaction where knowledge was shared, transmitted and spread.
Les deux rituels sont des compositions différentes, comme démontré par
Kenneth Griffin, et l’on sait maintenant que ces rituels connus par un bon
nombre de tombes privées de la Basse Époque se trouvent aussi sur les cer-
cueils de type qrsw. On a régulièrement eu affaire à des cercueils dont les
couvercles voûtés étaient décorés à l’intérieur ou à l’extérieur avec des séries
de déesses de l’heure pour les heures du jour et de la nuit et avec de courtes
légendes (avec ou sans le compte des heures et les noms des heures) ; mais
ce n’est qu’en 2010 que des cercueils comportant des extraits textuels des
Rituels des heures ont été publiés. La question se pose alors de savoir, pour les
cercueils sans textes – c’est-à-dire seulement avec les déesses horaires – s’il
s’agit d’une version abrégée des Rituels des heures pour les propriétaires de
ces cercueils. Un examen plus approfondi de ces cas montre que ce ne peut
être vrai dans toutes les représentations des déesses des heures et que l’ar-
rière-plan mental de ces représentations est extraordinairement divers. Des
premiers indices sont donnés par la position des déesses des heures, debout
ou agenouillées, et par celle de leurs bras : le long du corps ou avec les mains
levées en adoration. Seule la première version de représentation est cohé-
rente avec le texte des rituels, puisqu’il est dit que les déesses sont les incar-
nations du dieu protecteur respectif de chaque heure, pour lequel « Elles se
lèvent, elles sont debout » (ʿḥʿ). D’autres figurations de divinités horaires des
tombes et des cercueils/sarcophages, qui appartiennent à d’autres contextes
tels que la « Création du disque solaire », seront évoquées.
These two rituals are differently composed, as proved by Kenneth Griffin, and we are
now aware that both rituals known from a number of private tombs in the Late Period
are also found on coffins of qrsw-type. Already well known were coffins whose arched
lids are decorated inside and outside with series of Hour-Goddesses for day and night
hours, including short legends (with or without the numbers and names of hours). As
late as 2010 a few coffins were published, also inscribed with textual extracts of hourly
rituals. That led to wonder whether the textless coffins, i.e. with Hour-Goddesses
only, could be considered as a shorter version of hourly rituals in honour of the tomb
owners. However, a deeper scrutiny shows that it cannot be the case of all representa-
tions of Hour-Goddesses and that the mental background of such representations may
vary considerably. To begin with, we notice the position of those goddesses : either
standing or kneeling, arms hanging along their bodies or hands raised in worshipping
attitude. Only the first way of presenting them is coherent with the text of the rituals,
which says the goddesses incarnate the god protecting each hour respectively, for
whom « They stand up, they are standing » (ʿḥʿ). Furthermore, other representations
of hourly divinities in tombs and coffins/sarcophagi, belonging to different contexts,
such as the « Creation of the Sun-disc », will be discussed.
After some general information about the typology and new dating criteria for the
21st Dynasty coffins, a broad spectrum of the iconographic subjects found on those
coffins will be presented, illustrated with scenes from the coffins so far documented,
and finally a general picture of the planned works.
The South Asasif Conservation Project has been working in the tomb of
Irtieru (TT 390) since 2006. Clearing and conservation of the false door, two
pillared halls and two burial chambers have provided a mine of information
on the little-known owner of the tomb. This paper will discuss the repre-
sentations of Irtieru throughout the tomb, their iconography, artistry and
theological context. The corpus of Irtieru’s images and their contextual rela-
tionship with the architecture of the tomb, as well as the tomb’s location in
the ritual landscape of the South Asasif necropolis, may add to the discussion
on the role of Chief Attendants to Godwives of Amun and on female influence
during the 26th Dynasty.
Silvia Einaudi
École pratique des hautes études, Paris
1. Voir S. Einaudi, « La rhétorique des tombes monumentales tardives (XXVe-XXVIe dynasties).
Une vue d’ensemble de leurs architectures et de leurs programmes décoratifs », à paraître.
2. Le défunt peut également « sortir au jour » dans la chambre funéraire (cf. infra).
3. S. Einaudi, « Aspects solaires et osiriens des tombes monumentales tardives de l’Asasif », dans
K.A. Kothay (éd.), Burial and Mortuary Practices in Late-Period and Graeco-Roman Egypt. Proceedings of the
International Conference held at Museum of Fine Arts, Budapest, 17–19 July 2014, 2017, p. 105-112.
4. La présence de stèles en façade, décorées avec scènes d’adoration solaire, scènes d’Ouverture de la
bouche et hymnes, remonte à la fin de la XVIIIe dynastie. Aux époques post-amarnienne et ramesside,
stèles et passages d’entrée des tombes thébaines sont souvent consacrés à Rê et Osiris : Fr. Kampp, Die
Thebanische Nekropole. Zum Wandel des Grabgedankens von der XVIII. bis zur XX. Dynastie, I-II (Theben 13), I,
1996, p. 75-77 ; J. Assmann, Sonnenhymnen in thebanischen Gräbern (Theben 1), 1983, p. XIV-XV.
5. D. Eigner , Die monumentalen Grabbauten der Spätzeit in der Thebanischen Nekropole (DÖAW 8), 1984,
p. 191-192. Dans les cours de Haroua et Karabaskeni/Padibastet une seule stèle est présente, avec
un hymne au dieu-soleil (LdM 15b et 2e heure du jour du Rituel des heures, respectivement). Dans
le cas de Padibastet, cet hymne est suivi d’une brève litanie à Osiris (E. Graefe, « Preliminary Report
on the Usurpation of the Tomb of Karabasken [TT 391] by the High Steward of the God’s Adoratrix,
Padibastet », dans E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin [éd.], Thebes in the First Millennium BC. Art and
Archaeology of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 107). Chez Haroua, on peut envisager, à l’origine,
la présence d’une autre stèle, consacrée à Osiris, à droite du porche d’entrée, qui ensuite aurait été
détruite par l’usurpateur Akhimenrou.
6. J. Assmann, op. cit., p. XV ; J. Assmann – A. Kucharek (éd.), Ägyptische Religion: Totenliteratur, 2008, p. 813.
7. Chez Padihorresnet, ce décor figure sur les piliers de la cour, du fait que la première salle souter-
raine n’est pas hypostyle. Les Rituels des heures du jour et de la nuit sont également attestés dans les
tombes thébaines de Karakhamon et Chéchonq, mais dans ce dernier cas la disposition et l’orientation
des heures est inversée : heures du jour à gauche et heures de la nuit à droite.
8. À ce propos, J. Assmann considère la cour comme « the place of transition and initiation, purification
and consecration. The rites in the court prepare the deceased to enter the tomb as a sacred place in
complete purity. » (J. Assmann, « The Ramesside tomb and the construction of sacred space », dans
N. Strudwick – J.H. Taylor [éd.], The Theban Necropolis: Past, Present and Future, 2003, p. 51).
9. R.A. Parker et al., The Edifice of Taharqa by the Sacred Lake of Karnak (BES VIII), 1979, p. 82-83.
10. Ibid., p. 82-83 ; Cl. Traunecker et al., La chapelle d’Achôris à Karnak, II, 1981, p. 56-61, 129, 138, 145.
11. R.A. Parker et al., op. cit., p. 30-31, 33-35, pl. 12, 14, 15.
F : chambre funéraire
D N Sur la base de leur plan et de
A : antichambre leur décor, presque entièrement
S : serdab V
C : couloir consacré aux Textes des Pyramides,
V : vestibule
D : descenderie
les salles III et IV évoquent une partie
des pyramides à textes (fig. 3). La
salle III comporte des formules sur-
tout relatives à l’ascension céleste du
défunt et à son intégration au monde
divin (TdP 245, 246, 317, 318, 319, 320,
267, 268, 269, 270, 271, 272, 302, 303,
304), formules qui figurent habituel-
lement dans les pièces précédant la
chambre funéraire des pyramides
C
(passage, antichambre et couloir).
Quant à la salle IV, elle a comme objet
la consécration des onguents pour le
A
A’ F F-A x A-S S défunt (TdP 72-76), partie d’un long
rituel d’offrande normalement ins-
crit sur la paroi nord de la chambre
funéraire des pyramides, ainsi que la
Fig. 3 Plan-type d’une pyramide à textes
(d’après B. Mathieu, dans Studies in Ancient
transfiguration – voire la résurrec-
Egyptian Funerary Literature tion – du défunt (TdP 213-219) évo-
[OLA 257], 2017, fig. 1) quée dans des formules gravées sur
la paroi sud de la même chambre. Par
conséquent, chez Padiaménopé, les salles III et IV reproduisent, dans leur
décor comme dans leur disposition réciproque, le passage/antichambre/
couloir (salle III) et la chambre funéraire des pyramides (salle IV) 12.
Or, si on applique à ce secteur de la tombe la « lecture spatialisée » qui se
base sur la théorie cosmographique de J.P. Allen pour les pyramides inscrites 13
(théorie reprise, entre autres, par B. Mathieu), il s’ensuit que, à l’instar du roi,
Padiaménopé aurait dû sortir de la salle IV, image de la partie orientale de la
chambre funéraire royale/Douat, après avoir reçu les offrandes nécessaires
à sa survie et s’être réveillé. Il pouvait alors passer dans la salle III, emblème
12. Pour une analyse de ces différentes pièces des pyramides par rapport à leur programme d’inscrip-
tion : J.P. Allen, « Reading a Pyramid », dans C. Berger et al. (éd.), Hommages à Jean Leclant. I. Études pha-
raoniques (BdE 106/1), 1994, p. 5-28 ; B. Mathieu, « Re-reading the Pyramids. Repères pour une lecture
spatialisée des Textes des Pyramides », dans S. Bickel – L. Díaz-Iglesias (éd.), Studies in Ancient Egyptian
Funerary Literature (OLA 257), 2017, p. 376-462 ; Cl. Traunecker et al., « TT 33 – Tombe de Padiaménopé
(Thèbes-ouest) », BAEFE, 2020, p. 5.
13. J.P. Allen, op. cit., surtout p. 23-28, fig. 5.
14. Il s’agit de la « Sequence H » de Allen (op. cit., p. 9, 17) ou du « Group K – Apotropaia » de H.M. Hays,
The Organization of the Pyramid Texts. Typology and Disposition (PdÄ 31), 2012, p. 107-108. À l’époque tardive,
cette série est attestée également dans les tombes de Montouemhat et Bakenrenef. Pour ces formules de
protection ou conjuratoires : Chr. Leitz , « Die Schlangensprüche in den Pyramidentexten », Or 65 (1996),
p. 392-411 ; B. Mathieu, « Les formules conjuratoires dans les pyramides à textes : quelques réflexions »,
dans Y. Koenig (éd.), La magie en Égypte : à la recherche d’une définition. Actes du colloque organisé par le musée
du Louvre, les 29-30 septembre 2000, 2002, p. 189-197.
15. J.P. Allen, op. cit., p. 23-25.
16. H. Altenmüller , Die Texte zum Begräbnisritual in den Pyramiden des Alten Reiches, 1972, p. 49-50 ;
J. Kahl , Steh auf, gib Horus deine Hand. Die Überlieferungsgeschichte von Altenmüllers Pyramidentext–
Spruchfolge D (GOF IV, 32), 1996.
17. Pour une liste des sources ayant les formules de la « Spruchfolge D » : J. Kahl , op. cit., p. 16-21. Les pre-
mières attestations de cette séquence remontent au Moyen Empire : cf. le mastaba de Sésostrisânkh à
Licht de la XIIe dynastie (W.C. Hayes, The texts in the mastabeh of Se’n-Wosret-’Ankh at Lish, 1937, p. 3, fig. 1 ;
15 ; J.P. Allen, op. cit., p. 9 : « Sequence K »). À l’époque tardive, à part Padiaménopé, la « Spruchfolge D »
figure seulement dans la tombe de Psammétique à Saqqara (Sq13Sq) (XXVIe dynastie) : L. Gestermann,
Die Überlieferung ausgewählter Texte altägyptischer Totenliteratur („Sargtexte“) in spätzeitlichen Grabanlagen
(ÄA 68), I, 2005, p. 97.
18. Cl. Traunecker , « La tombe du prêtre Padiamenopé (TT 33) : éclairages nouveaux. I. Le cahier des
charges de Padiamenopé », BSFE 193-194 (2016), p. 62.
représenterait l’étape finale, avec l’arrivée dans un caveau fictif, d’un des
parcours funéraires qui caractérisent la tombe de Padiaménopé.
D’autre part, le vrai caveau de la tombe (salle XXII), tout comme celui
de Montouemhat, montre, lui aussi, une connexion étroite entre textes et
images d’un côté, et architecture de l’autre. Il suffira d’ailleurs d’évoquer le
fait que les parois latérales de ces deux chambres funéraires comportent les
images de trente-six génies-gardiens voués à la protection du défunt, gravés
entre quatorze niches qui auraient dû contenir des statuettes protectrices.
La présence de ces trente-six génies-gardiens, normalement figurés à côté
d’Osiris dans la fameuse scène de son réveil 19, laisse entendre que le sarco-
phage du défunt, placé à l’origine au centre de la salle, devait symboliser le lit
funéraire du dieu d’où celui-ci se lève après la mort. Le caveau peut donc être
considéré comme une sorte de reproduction tridimensionnelle de ce tableau,
qui montre concrètement l’association du défunt avec Osiris.
Ce ne sont que quelques-uns des cas où la « lecture spatialisée » des
textes – ou plus largement du décor – dans l’espace architectural des tombes
de l’Assassif a donné des résultats intéressants pour la compréhension des
monuments.
De cette analyse, il ressort par ailleurs que le programme décoratif de ces
hypogées, intégré dans un cadre architectural riche d’allusions et d’évoca-
tions anciennes 20, est le fruit d’un processus d’élaboration particulièrement
complexe, conçu par des savants qui avaient certainement recours à des
sources textuelles et figuratives anciennes (conservées dans des biblio-
thèques), mais qui devaient aussi avoir une connaissance précise (et dans
quelques cas directe) des monuments employés comme modèles.
19. Cf., entre autres, la scène dans la dernière salle de l’Osiréion d’Abydos : H. Frankfort, The Cenotaph
of Seti I at Abydos, I-II (EES Memoir 39), 1933, I, p. 68 et II, pl. LXXIV ; et la scène dans la salle du sarcophage
de Moutirdis : J. Assmann, Grabung im Asasif 1963-1970, VI: Das Grab der Mutirdis (AV 13), 1977, p. 90-93 :
S 45. Pour cette scène et le tableau dont elle fait normalement partie : J.A. Roberson, The Awakening of
Osiris and the Transit of the Solar Barques: Royal Apotheosis in a Most Concise Book of the Underworld and Sky
(OBO 262), 2013.
20. Sur le phénomène de l’archaïsme à l’époque tardive, cf. l’analyse récente d’Olivier Perdu, avec
bibliographie antérieure : O. Perdu, « La tendance archaïsante en Égypte aux époques tardives : art
de la copie ou de l’imitation ? », dans H. Gaber et al. (éd.), Imitations, copies et faux dans les domaines
pharaoniques et de l’Orient ancien : Actes du colloque Collège de France - Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, Paris, 14-15 janvier 2016, 2018, p. 198-273.
renvoient à une série d’édifices qui ont servi d’inspiration (d’une manière plus
ou moins directe). J. Kahl a par exemple montré que le plafond du porche d’en-
trée de Padiaménopé était une réplique de celui de la tombe de Djefaihapy à
Assiout (règne de Sésostris Ier) (Siut I). Il postule l’existence d’un papyrus-mo-
dèle (ou d’un rouleau de cuir), avec une ébauche du schéma iconographique du
plafond, qui aurait été transféré d’Assiout à Thèbes entre la XIIe et la XVIIIe dy-
nastie et utilisé, à l’époque tardive, pour la tombe du prêtre-lecteur 21.
À cette connexion avec Assiout, on peut en ajouter une autre : j’ai pu en
fait constater que l’appel aux vivants de la TT 33, dans lequel Padiaménopé
s’adresse aux générations futures qui visiteront son monument 22, s’inspire de
l’appel aux vivants inscrit dans la tombe d’Itibi (IXe-Xe dynasties) (Siut III) 23.
Dans les deux cas, les sources d’Assiout ont été reproduites d’une manière
assez fidèle ; néanmoins, on observe l’introduction de changements dans le
schéma décoratif du plafond et dans le texte. Ces modifications peuvent s’ex-
pliquer, d’un côté par la nécessité d’adapter l’iconographie à la surface réduite
du plafond de Padiaménopé 24, et de l’autre par la volonté de personnaliser –
on pourrait dire « de thébaniser » – l’appel aux vivants, en introduisant, par
exemple, l’allusion aux suivants du dieu thébain Montou (au lieu des suivants
d’Oupouaout, le dieu d’Assiout) 25. Il ne s’agit pas, en substance, d’une copie
exacte, mais plutôt d’une inspiration, d’une imitation créative (une sorte
21. J. Kahl , Ornamente in Bewegung. Die Deckendekoration der Großen Querhalle im Grab von Djefai-Hapi I. in
Assiut, 2016, p. 34-38.
22. Cl. Traunecker , « Abydenian Pilgrimage, Immortal Stars and Theban Liturgies in the Tomb of
Padiamenope (TT 33) », dans E. Pischikova et al. (éd.), Thebes in the First Millennium BC. Art and Archaeology
of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 136-137.
23. F.Ll. Griffith, Inscriptions of Siût and Dêr Rîfeh, 1899, pl. 11 (ligne en haut) ; H. Brunner , Die Texte
aus den Gräbern der Herakleopolitenzeit von Siut mit Übersetzung und Erläuterungen, 1937, p. 17 (1), 42 (1) ;
M. Lichtheim, Maat in Egyptian Autobiographies and Related Studies (OBO 120), 1992, p. 160-161.
24. J. Kahl , op. cit., p. 35.
25. Cette adaptation du texte original d’Assiout au milieu religieux thébain, on la retrouve éga
lement dans la tombe d’Ibi, où est inscrit un « appel aux vivants » très proche de celui-ci. Cependant,
Ibi remplace le nom d’Oupouaout par celui d’Amon ; K.P. Kuhlmann – W. Schenkel, Das Grab des Ibi,
Obergutsverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches Grab Nr. 36) (AV 15), 1983, p. 209 et
pl. 70 ; S. Einaudi, « “Assiout-Thèbes”. Un nouveau témoignage des liens entre les deux villes », dans
Fr. Payraudeau – R. Meffre (éd.), Mélanges à paraître. Le/les auteur(s) de ces modifications et le moment
où ils ont été introduits dans le texte d’Assiout restent inconnus : on peut attribuer la révision de l’ins-
cription du Moyen Empire à Padiaménopé et Ibi eux-mêmes, voire aux prêtres et scribes responsables
du transfert du manuscrit-modèle d’Assiout à Thèbes, ou chargés de sa conservation et de sa copie
dans une bibliothèque thébaine. De manière plus générale, pour ce qui est de la période à laquelle les
manuscrits-modèles ont été transférés d’Assiout à Thèbes (entre le règne d’Amenemhat Ier et celui
d’Hatchepsout), ainsi que des responsables de ce transfert aux diverses époques et des motivations
qui en sont à l’origine : J. Kahl , Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13),
1999, p. 299-348.
33. W. Schenkel, en se basant sur l’analyse comparée des formules TdP 204, 205, 207, 209, 210, 211, 212
qui font partie des tableaux d’Hatchepsout, Ibi et Pabasa, avance l’hypothèse que les versions de ces
formules chez Ibi et Pabasa remontent à un texte-modèle (Vorlage) qui avait été rédigé pour le temple
de la reine à Deir el-Bahari et qui aurait pu se trouver dans une bibliothèque thébaine. Il exclut donc
une copie directe des inscriptions de la salle des offrandes (W. Schenkel , « Zur Frage der Vorlagen
Spätzeitlicher „Kopien“ », dans J. Assmann et al. [éd.], Fragen an die altägyptische Literatur. Studien zum
Gedenken Eberhard Otto, 1977, p. 417-444).
34. Comme j’ai pu le montrer, les versions de ce grand tableau chez Ibi et Pabasa omettent certains
détails faisant partie du décor originel d’Hatchepsout (registres d’offrandes dans la partie supérieure
des murs : É. Naville , op. cit., pl. CIX), qui sont en revanche présents dans les versions de Padiaménopé
et Montouemhat (S. Einaudi, op. cit.). Il s’ensuit que le modèle d’origine de ce tableau aurait été partiel-
lement modifié et simplifié pour la tombe d’Ibi, et qu’ensuite Pabasa aurait copié fidèlement le schéma
iconographique de son prédécesseur (Ibi), ou bien son même modèle.
35. P. Der Manuelian, Living in the Past. Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994,
p. 409 ; J. Kahl , op. cit., p. 283-286 et 318.
Erhart Graefe
Université de Münster
1. Luc Limme a très aimablement accepté de corriger mon manuscrit et de reformuler des phrases
maladroites.
Fig. 2 Cercueil-qrkw de Nespaqachouty, Louqsor, intérieur du couvercle, détail (photo courtoisie CS)
hymnes du réveil 2. Les hymnes du réveil ne sont pas encore présents chez
Hatchepsout et manquent également dans certaines tombes de la Basse
Époque. Le fait qu’il s’agisse de deux compositions rituelles différentes pour
le jour et pour la nuit est dissimulé par la représentation symétrique des
vignettes chez Hatchepsout. Dans les tombes à piliers, du côté du jour, le roi
ou le propriétaire de la tombe sont figurés agenouillés, en adoration devant
le dieu-soleil debout. Celui-ci est toujours suivi du dieu gardien de l’heure en
question. Côté nuit, aux heures 2 à 12, les déesses de l’heure se trouvent au
milieu entre deux divinités, à la première heure le propriétaire de la tombe
debout vénère le dieu-soleil, suivi de la déesse de l’heure. Cette inégalité de
la structure des vignettes du côté nocturne entre la première heure et les
suivantes semble être canonique, du moins dans la version du rituel de la
XXVe dynastie, parce que dans les tombes privées à piliers ultérieures elle
est exactement la même. On observe une autre différence entre la version
d’Hatchepsout et les versions des rituels dans les tombes privées : dans le
temple de la reine, les heures du jour se trouvent au sud, dans les tombes, elles
sont au nord. Je reviendrai sur ce fait à la fin de mon exposé.
Avant la communication que C.M. Sheikholeslami publia en 2010, on igno-
rait que des extraits des hymnes des deux rituels figuraient aussi à l’intérieur
de certaines voûtes de cercueils de Basse Époque du type qrśw 3 (fig. 1). Il s’agit
de trois cercueils provenant d’une tombe de famille, à puits, située devant la
chapelle funéraire d’Hatchepsout. Faite en 1932 par Baraize, cette découverte
n’était connue, jusqu’à la parution de la contribution de Sheikholeslami, que
par une notice accompagnée de quelques photographies publiées par Bruyère
en 1956 4 (fig. 2). Dans le cas de ces cercueils, la vignette des deux côtés repré-
sente une déesse de l’heure debout, seule, les bras pendant le long du corps,
intégrée dans le champ du texte. Il est évident qu’ici l’espace beaucoup plus
restreint que sur les piliers a conduit à la réduction et à la standardisation
des vignettes.
On connaît par ailleurs, depuis longtemps, une série de cercueils du type
qrśw de la Basse Époque et des cercueils anthropomorphes qui montrent sur
l’intérieur des couvercles, aux côtés d’une représentation de la déesse du
ciel Nout, deux fois douze compartiments avec des déesses des heures du
2. K. Griffin, « Toward a Better Understanding of the Ritual of the Hours of the Night (Stundenritual) »,
dans E. Pischikova (éd.), Tombs of the South Asasif Necropolis: New Discoveries and Research 2012-14, 2017,
p. 97-134.
3. C.M. Sheikholeslami, « The night and day hours in twenty-fifth dynasty sarcophagi from Thebes »,
dans L. Bares – F. Coppens – K. Smoláriková (éd.), Egypt in Transition. Social and Religious Development of
Egypt in the First Millenium BCE, 2010, p. 376-395.
4. B. Bruyère , ASAE 54 (1956), p. 11-33. Concernant la famille et la datation, voir J.P. Elias, Coffin
Inscription in Egypt after the New Kingdom, 1993 et C.M. Sheikholeslami, loc. cit.
11. Cercueil Leyde, RMO AMM + 5e : M. Raven, De dodencultus van het Oude Egypte, 1992, p. 61. https://
www.rmo.nl/collectie/collectiezoeker/collectiestuk/?object=AMM+5-e.
12. Cercueil Bruxelles, MRAH E 586 : M.P. Vanlathem, « Cercueils et momies de l’Égypte ancienne »,
dans Guides du Département Égyptien 5, 1983, couverture ; L. Delvaux – I. Therasse , Sarcophages sous les
Étoiles de Nout, 2015, p. 135.
13. C. Teotino, Die Tages- und Nachtstunden im Tempel von Athribis: zum Stundenritual und den
Stundenbezeichnungen in den griechisch-römischen Tempelkomplexen Ägyptens (SSR 17), 2017, p. 486, Liste B.
14. Présenté par Anthony Leahy lors de son intervention à Grenoble. Je dois à ce dernier la référence à
D. Manacorda – Fr. F. Mancini, Museo della città in Palazzo Eroli a Narni Catalogo regionale dei beni culturali
dell’Umbria, 2012, p. 183-185 (Edda Bresciani).
15. E. Graefe , « Die Stundentexte zu Seiten der Nut auf der Innenseite des Deckels des inneren Sarges
Milano E 0.9.40147 eines Pȝ=f-čȝw-(m)-ʿwwỉ-ȝśt Peftjau(em)auuiaset », ZÄS 145 (2018), p. 111-135 ;
L. Miatello, ENiM 11 (2018), p. 41-133.
16. S.K. Doll , « The Day Hour Texts on the Sarcophagi of Anlamani and Aspelta », dans W.K. Simpson –
W.M. Davis (éd.), Studies in Ancient Egypt, the Aegean, and the Sudan. Essays in honor of Dows Dunham on the
occasion of his 90th birthday, June 1, 1980, 1981, p. 43-55 ; id., Texts and decoration on the Napatan sarcophagi of
Anlamani and Aspelta, 1981, p. 31 et suiv. ; G. Soukiassian, « Une version des veillées horaires d’Osiris »,
BIFAO 82 (1982), p. 333-348.
étoile sur la tête, s’agenouille, mais le texte commence par le nom d’un dieu
tutélaire, suivi d’une salutation sous un nom qui change à chaque fois. Il ne
s’agit pas du nom de l’heure, mais de celui de la porte du monde souterrain
atteinte à chaque heure de la nuit. L’heure est comptée après le mot śbḫ.t
« porte », et les textes ne commencent pas par un nom d’heure féminin, mais
par celui d’une divinité masculine – bien que les heures soient représentées
comme des femmes comme sur le côté du jour. À la fin de cette salutation, le
cercueil milanais fait référence à une libation et à des graisses ou à des huiles,
les textes des heures nocturnes étant ainsi placés dans un contexte rituel.
Du côté du jour, un tel contexte n’est pas aussi clairement reconnaissable.
Le musée Allard Pierson d’Amsterdam17 possède cinq fragments appa-
rentés du couvercle d’un sarcophage du type qrśw qui représentent environ
un quart de sa taille originale, c’est-à-dire environ la moitié d’un côté, avec
six champs au lieu des douze champs originaux figurant des déesses du jour
debout (la sixième colonne de texte n’est plus suivie de sa déesse) : cette fois
les déesses ont les bras levés en signe d’adoration. À l’extrémité droite, la pro-
priétaire du cercueil se tient debout, un bras levé pour saluer, l’autre pendant
le long du corps. Une colonne de texte devant chacune des déesses commence
par leurs noms, vient ensuite le nombre ordinal de l’heure (construit en
mḥ(t) + chiffres), suivi de « Osiris » et des noms de la propriétaire du cercueil
et de sa mère. Les noms des heures ne sont pas ceux du Rituel des heures 18.
Je dois à M. Van Haarlem la référence à une pièce semblable, complète,
conservée depuis quelque temps à la Nelson Atkins Gallery de Kansas City.
Il en existe seulement une photo sur internet 19. Le cercueil a été montré au
public lors d’une exposition à Hildesheim en 1997, mais il n’a été ni reproduit
ni mentionné dans le catalogue.
Dans le passage vers la porte nord de la colonnade orientale du temple de
Philae, les déesses de la nuit debout sont représentées sans être dénombrées,
mais avec leurs noms. Kockelmann et Winter les considèrent comme des divi-
nités protectrices en raison de leur emplacement dans un passage de porte 20.
Il en sera de même dans le temple d’Athribis. À l’origine, les noms des heures
étaient écrits sur les parois des passages des trois portes de l’axe central 21.
17. W. Van Haarlem, Allard Pierson Museum Amsterdam, fasc. IV (CAA), 1998, p. 50-52.
18. C. Teotino, op. cit., p. 486, Liste B.
19. Http://art.nelson-atkins.org/objects/53671/outer-coffin-of-meretites.
20. H. Kockelmann – E. Winter , Philae III. Die zweite Ostkolonade des Tempels der Isis in Philae (CO II und
CO II K), 2016, no 62, note 2.
21. Chr. Leitz – D. Mendel – Y. Masry, Athribis II. Der Tempel Ptolemaios XII. Die Inschriften und Reliefs der
Opfersäle, des Umgangs und der Sanktuarräume (Athribis 2), 2010, I, XXVI - XXVII ; XXX ; XXXIV ; II, p. 436,
II, p. 476 ; III, p. 58, 117 ; C. Teotino, op.cit., p. 473-491.
Nuit (4 + 8)
Jour (3 + 9)
Fig. 3 Reconstruction des figures des heures sur CG 29306 d’après la description de Maspero (EG)
22. Chr. Leitz , Der Sarg des Panehemisis in Wien (SSR 3), 2011, § 22.
23. Tombe secondaire (dans TT 36) d’un certain Psammétique de la famille du Grand majordome Ibi.
Elle sera publiée prochainement par Mareike Wagner ; voir M. Wagner , « New Research in the Tomb
of Ibi (TT 36) », dans E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin (éd.), Thebes in the First Millennium BC: Art and
Archaeology of the Kushite Period and Beyond (GHP Egyptology 27), 2018, p. 177-189.
24. Publié par A.H. Pries, Das nächtliche Stundenritual zum Schutz des Königs und verwandte Kompositionen.
Der Papyrus Kairo 58027 und die Textvariante in den Geburtshäusern von Dendara und Edfu (SAGA 27), 2009.
25. H. Junker , Die Stundenwachen in den Osirismysterien nach den Inschriften von Dendera, Edfu und Philae,
1910 ; A.H. Pries, Die Stundenwachen im Osiriskult. Eine Studie zur Tradition und späten Rezeption von Ritualen
im Alten Ägypten (SSR 2), 2011.
26. J.Fr. Quack , « Anrufungen an Osiris als nächtlichen Sonnengott im Rahmen eines Königsrituals
(Pap. Berlin P. 23026) », dans V.M. Lepper (éd.), Forschung in der Papyrussammlung Eine Festgabe für das
Neue Museum, 2012, p. 64-65.
27. G. Maspero, Sarcophages des époques persane et ptolémaïque Nos 29301-29306 (CGC), 1914, p. 238-239.
28. A. Piankoff, The Tomb of Ramesses VI (BollSer 40, 1-2), 1954, I, fig. 139 ; II, p. 178-180. Manassa
considère les figures à tort comme appartenant au même texte que celui de CG 29306 (C. Manassa, The
Late Egyptian Underworld: Sarcophagi and Related Texts from the Nectanebid Period [ÄAT 72], 2007, I, p. 397-
403 ; 293-294), mais ils appartiennent aux textes étudiés par J.C. Darnell , The Enigmatic Netherworld
Books of the Solar-Osirian Unity. Cryptographic Compositions in the Tombs of Tutankhamun, Ramesses VI and
Ramesses IX (OBO 198), 2004 (voir note 30).
Couloir G de la tombe de Ramsès VI ; les deux fois douze figures représentant les heures :
Nuit, Jour,
dans le texte : dans le texte :
« déesses » « dieux »
29. C. Manassa, op. cit., II, pl. 113. 116 ; I, p. 332 ; A. Piankoff, La création du disque solaire (BdE 19), 1953,
p. 10. 32, texte IV. X, pl. A ; J.A. Roberson, The Ancient Egyptian Books of the Earth, 2012, p. 442-446 ;
Annexe 3, pl. 8 ; 21-22.
30. J.C. Darnell op. cit., p. 176-188, 212-223 ; pl. 21.24.
e:
Fig. 6 Schéma de séquence des heures du jour et de la nuit dans les temples, tombes, et cercueils (EG)
le tympan à gauche (au sud) (fig. 6). Cela signifie que le lever du soleil à la
première heure commence du côté sud à l’est et que la course nocturne
du soleil commence du côté nord à l’ouest pour se terminer avec la dou-
zième heure de la nuit à l’est. On a donc l’impression que la course du soleil
dans la chapelle funéraire est orientée vers le lever du soleil et que celui-ci
se déplace d’ouest en est (fig. 7). En 1986, S. El-Naggar 31 a reconstruit la
séquence de la voûte du tombeau du vizir Bakenrenef à Saqqara, dont les
blocs avaient été dispersés au cours du xixe siècle. En se basant sur LD III, il
a placé les heures du jour du mauvais côté en négligeant la notice de Nestor
l’Hôte (publiée par El-Naggar lui-même) qui avait noté que les heures du
jour étaient du côté gauche, i.e. au sud, comme on lit aussi dans LD I, Text.
Dans LD III, les dessins avaient été montés dans le mauvais sens. Le montage
de la voûte d’Hatchepsout par El-Naggar répète cette erreur. D’ailleurs, la
reconstitution des reliefs de la chapelle funéraire de Thoutmosis III par Ricke
met aussi les heures du jour à droite et non à gauche 32. Ainsi, les voûtes de
Thoutmosis III et de Bakenrenef montraient les heures disposées en principe
31. S. El-Naggar , « Étude préliminaire d’un ciel voûté de l’hypogée de Bakenrenef (L.24) à Saqqara »,
EVO 9 (1986), p. 15-38.
32. H. Ricke , Der Totentempel Thutmoses’ III. (BÄBA 3), 1939, pl. 9.
Fig. 7 Distribution des séquences des heures du jour et de la nuit dans la tombe de Bakenrenef
à Saqqara (EG)
comme chez Hatchepsout, mais avec la différence que chez Bakenrenef, les
deux séries commençaient toutes les deux à l’est. Dans les tombes privées
tardives à piliers, les heures du jour sont à droite, celles de la nuit à gauche.
La première heure du jour est à droite à l’est, la première heure de la nuit
à gauche à l’ouest. Ici, le mouvement du soleil est donc orienté de l’exté-
rieur vers l’intérieur, d’est en ouest. Sur les cercueils, les premières heures
commencent chaque fois à la hauteur de la tête de Nout, contrairement au fait
qu’en raison de la représentation de la naissance du soleil entre les jambes
de la déesse, les premières heures de la journée auraient logiquement dû
commencer à ce niveau-là, « en bas », et non à la tête, « au-dessus ». S’il y
avait eu à l’origine, sous Hatchepsout, l’idée d’une indication de la direction
de la course du soleil, il s’agissait évidemment du lever du soleil tel qu’évoqué
dans les temples des dieux du Nouvel Empire : la porte du (premier) pylône
était l’endroit théorique du lever du soleil 33. Avec les tombes à piliers de la
Basse Époque, il est plutôt fait allusion à l’illumination de l’au-delà par le
soleil, parce que la course du soleil a lieu dans le sens est-ouest, et vice versa.
Ce n’est probablement pas un hasard si la niche centrale au bout de l’axe cen-
tral de la tombe TT 196 contenait une statue d’Osiris. Chez Bakenrenef l’idée
d’indiquer la course du soleil est-ouest-est est abandonnée. Les cercueils de
la Basse Époque sont schématiquement symétriques, peut-être parce qu’un
cadre architectural leur fait défaut.
Addendum
J’ai remarqué après la rédaction de mon intervention que le cercueil du musée
de Narni présenté par Anthony Leahy pendant le colloque a été déjà traité som-
mairement par E. Bresciani et al., Egitto e Vicino Oriente 26 (2003), p. 41-53. Il est dit
(p. 42), comme je l’ai fait aussi ici, que la déesse Nout du cercueil de Narni avale
et met au monde le soleil. Cependant, Alexandra von Lieven me signale que sur
les cercueils de Narni, Bruxelles, Leyde et Milan c’est la lune (disque rouge avec
croissant jaune ou disque complet en jaune) qui est représentée entre les jambes.
Ainsi, les disques solaire et lunaire forment un cycle intégral avec les heures du
jour et de la nuit.
33. Voir E. Graefe , OLP 14 (1983), p. 55-79 ; voir les remarques concernant le linteau de Karnak dans
https://www.uni-muenster.de/IAEK/forschen/aeg/proj/laufend/stundenritual.html, „Einleitung“.
Raphaële Meffre
CNRS - UMR 8167 Orient & Méditerranée
a. Montouemhat et Chépénoupet II
Parmi les productions thébaines du règne de Psammétique Ier, il faut
replacer plusieurs troupes de statuettes en pierre qui se situent dans la lignée
de la production de la XXVe dynastie. Ici comme ailleurs, le changement
de dynastie n’a pas été le déclencheur d’un changement de style. Ainsi,
pour ne citer que deux exemples bien connus 2, Montouemhat 3 (fig. 1) et
Chépénoupet II 4 (fig. 2) ont bénéficié de troupes d’ouchebtis en pierre 5 alors
1. Les fouilles de la nécropole thébaine ont livré, notamment dans le secteur de l’Assassif, mais
souvent hors contexte, de petites statuettes d’époque tardive dont les propriétaires n’ont pu être
rattachés à une période précise. Nous n’avons de ce fait pas retenu ces statuettes dans notre étude.
Pour ce matériel, voir par exemple E. Graefe, Das Grab des Ibi, Obervermögenverwalters der Gottesgemahlin
des Amun (Thebanisches Grab Nr. 36): Beschreibung und Rekonstruktionsversuche des Oberbaus Funde aus
dem Oberbau, 1990, p. 62-63, fig. 57g-h et pl. 32-33, nos 38-43 ainsi que id., Das Grab des Padihorresnet,
Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, p. 187
et pl. 107, no 403, p. 188-192 et pl. 109-110, nos 410-436.
2. Par contre, la statuette Londres, UC 38079 attribuée par G.P.F. Broekman – à la suite de
H.D. Schneider – à Nesptah B n’appartient pas à ce personnage puisqu’il y est présenté comme le fils
d’une dame Chépensopdet alors que Nesptah B est fils de Neskhonsou. De plus, la statuette n’est pas en
pierre, mais en faïence. Voir G.P.F. Broekman, « On the Administration of the Thebaid during the Twenty-
Sixth Dynasty », SAK 41 (2012), p. 133.
3. Voir par exemple la statuette Paris, Louvre E 3512, présentée par J.-L. Bovot, « Ouchebti de
Montouemhat, 4e prophète d’Amon et gouverneur de Thèbes », dans Fl. Gombert-Meurice –
Fr. Payraudeau (éd.), Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes
(cat. d’exp. Grenoble, 25 octobre 2018-27 janvier 2019), 2018, p. 164, no 83.
4. Voir U. Hölscher , The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, pl. 21,
D-E ; J.-L. Bovot, Les serviteurs funéraires royaux et princiers de l’Ancienne Égypte, Catalogue du musée du
Louvre, département des Antiquités égyptiennes, 2003, p. 340-341, no 166 ; id., « Ouchebti de Chépénoupet II,
adoratrice du dieu et fille du roi Piânkhy », dans Fl. Gombert-Meurice – Fr. Payraudeau (éd.), op. cit.,
p. 286, no 138.
5. Une série de petites statuettes (H. 8 cm) en faïence siliceuse à dos plat et sans mains au nom
d’une épouse du dieu et divine adoratrice Chépénoupet a également été attribuée à Chépénoupet II :
U. Hölscher , op. cit., p. 27 et pl. 21, G ; cette attribution a depuis été reprise sans questionnement, ainsi
C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen”: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im theba-
b. Nespaqachouty D
La troupe trouvée dans la tombe de Nespaqachouty D (TT 312) est compo-
sée de 377 statuettes funéraires anépigraphes. Leur découverte au bas du
couloir d’accès à la chambre funéraire plaide en faveur de leur attribution
à ce personnage. Nespaqachouty D est connu par plusieurs monuments au
nombre desquels se trouve le papyrus oraculaire de Brooklyn daté de l’an 14
de Psammétique Ier 7. À cette date, lui et son frère 8 sont tous deux installés
dans leurs postes, ce qui laisse penser qu’ils ont effectué la totalité de leur
carrière sous ce règne.
Ces statuettes de petite taille (H. 8,5 cm) sont de facture maladroite, cer-
taines étant même difformes (fig. 3). Toutes disposent d’une base et d’un appui
dorsal peu saillant qui monte en s’élargissant jusqu’à atteindre la largeur du
pan arrière de la perruque dont il se démarque par une incision horizontale ;
leurs outils ne sont pas classiques puisqu’ils se composent de deux houes et
d’un sac. Malgré leur manque d’uniformité, ces statuettes présentent comme
caractéristiques un buste assez large aux coudes bien marqués, des avant-
bras qui ne sont pas représentés en relief et qui paraissent inexistants, ainsi
que des mains qui sortent de la gaine de façon non naturaliste.
nischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 98, no 9. Parmi la vingtaine de statuettes
de cette série, encadrée par celle d’un contremaître anépigraphe et dans l’attitude de la marche, on
dénombre les statuettes Chicago, OIM 15615, 15617, 15618, 15620 et 15635. Concernant leur attribution
à Chépénoupet Ire, et non à Chépénoupet II, voir R. Meffre , « Chépénoupet Ire à Médinet Habou », à
paraître dans un volume de mélanges.
6. On a aussi émis l’hypothèse que ce modius était destiné à recevoir une couronne rapportée, une
hypothèse qui reste à prouver. Ainsi J.-L. Bovot, Les serviteurs funéraires royaux et princiers de l’Ancienne
Égypte, 2003, p. 340-341, no 166, qui évoque « une couronne amovible, sans doute en métal précieux »,
tout en soulignant que ce détail est tout à fait inhabituel sur les serviteurs funéraires.
7. Il est en effet le 4e témoin du papyrus : K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit (= ci-après JWIS) IV,
2014, I, p. 220, B.11-12.
8. Djedonourisiouefânkh est le 42e témoin du papyrus : JWIS IV, I, p. 229, L.12.
a. Padihorresnet B
Quelques rares statuettes de la troupe de Padihorresnet B 9, propriétaire
de la TT 196 décédé sous le règne de Psammétique II, ont été trouvées dans sa
tombe 10 (fig. 4). Elles devaient avoisiner les 10 cm de haut et présentent des
particularités remarquables. D’abord, elles n’ont pas d’appui dorsal. Le texte
inscrit en lignes est délimité par des incisions ; dans le dos, deux incisions
verticales ménagent une bande vierge entre le premier et le dernier hiéro-
glyphe de chaque ligne. Ensuite, la vue de profil montre que ces statuettes
présentent un réel relief, le torse étant bombé, les fesses haut placées et bien
marquées et le pan postérieur de la perruque présentant une épaisseur cer-
taine. Enfin, les outils se limitent à une houe à droite et à la corde d’un sac à
gauche 11. Le texte du chapitre 6 du Livre des Morts présente des spécificités
observables sur d’autres statuettes d’origine thébaine (voir infra, § 3).
9. À propos de ce personnage, voir E. Graefe , Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution
der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), I, 1981, p. 77-82, p. 211
et la synthèse récente de G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 119-120, § 2.3
10. E. Graefe , Das Grab des Padihorresnet, Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches
Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, p. 184-186 et pl. 103-104, nos 386-401. Certains exemplaires sont apparus
sur le marché de l’art, ainsi une partie supérieure de statuette vendue à Paris, Drouot (Th. de Maigret),
le 24/10/2012, no 100. Je remercie D. Lebeurrier de m’avoir fourni le cliché reproduit ici.
11. Il semble que cette disposition des instruments aratoires (un outil à droite et seulement un sac à
gauche) soit typique de la production d’ouchebtis du milieu de la XXVIe dynastie provenant des tombes
thébaines. Sur ce point, voir Gl. Janes , Shabtis, a Private View: Ancient Egyptian Funerary Statuettes in
European Private Collections, 2002, p. 155 et G.P.F. Broekman, op. cit., p. 133.
b. Ânkhhor
De nombreuses statuettes d’Ânkhhor 12, propriétaire de la TT 414, décédé
sous le règne d’Apriès, sont connues 13 (fig. 5). Elles montrent une taille
et des caractéristiques similaires à celles de Padihorresnet, avec un torse
de forme trapézoïdale plus bombé encore et le regard dirigé vers le haut.
Sur la plupart des statuettes d’Ânkhhor, le texte, écrit en lignes de petits
hiéroglyphes, occupe un maximum d’espace en débutant à l’arrière de la
perruque. Comme sur les statuettes de Padihorresnet, le texte butte à l’arrière
des jambes contre une fine bande vierge.
c. Nitocris
Nitocris, décédée en l’an 4 d’Apriès, possède des ouchebtis nettement plus
grands que ceux de Padihorresnet et d’Ânkhhor (H. 15 cm). Ils sont pourvus
d’une base et d’un appui dorsal ; sur certains exemples, cet appui dorsal est
disposé sous le pan postérieur de la perruque (Chicago, OIM E 14094 et E 14107)
12. À propos de ce personnage, voir E. Graefe , Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der
Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), I, 1981,
p. 51-52, 90 et la synthèse récente de G.P.F. Broekman, op. cit., p. 120-121, § 2.4
13. Les statuettes d’Ânkhhor sont particulièrement nombreuses dans les musées et collections parti-
culières. Voir M. Bietak – E. Reiser-Haslauer , Das Grab des ’Anch-Hor, Obersthofmeister der Gottesgemahlin
Nitokris (DÖAW 7), II, 1982, p. 175-176 et pl. 97-116.
Fig. 6 Statuette de Nitocris, Chicago, OIM E14094 (d’après F.D. Scalf [éd.], Book of the Dead: Becoming
God in Ancient Egypt, cat. d’exp. Chicago, 3 octobre 2017-31 mars 2018 [OIMP 39], p. 321, no 25)
a. Padineith A
Padineith A, le majordome d’Ânkhnesneferibrê inhumé dans la TT 197 17,
est originaire de Basse Égypte et a été missionné à Thèbes sous le règne
d’Amasis. Ses nombreux ouchebtis, à première vue assez dissemblables, se
divisent en fait en deux séries distinctes.
La première série (fig. 7) est constituée de statuettes de belle facture réali-
sées dans une faïence siliceuse très brillante (H. 13 à 15,5 cm) 18. Elle présente
plusieurs caractéristiques typiquement memphites : la perruque striée au
pan arrière presque plat, l’incision horizontale au bas des pans de la per-
ruque, le sac au décor finement détaillé présentant des bandes horizontales
alternées avec de petits carrés. Sur ces statuettes, le modelé des avant-bras
est visible sous la gaine et les mains qui en émergent sont élégamment dis-
posées sur le torse. Ces statuettes se distinguent néanmoins de la production
memphite de la fin de la XXVIe dynastie par leurs joues et leurs maxillaires
aux formes exagérément rondes et par leurs proportions peu harmonieuses.
Le texte, inscrit en hiéroglyphes clairement gravés, comporte une variante
spécifique : la clause mk wỉ kȝ.tn « “Me voici !’’ direz-vous » est écrite avec la
leçon , qui inclut le pronom dépendant 3e personne
du singulier sw.
16. G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 134 et n. 90.
17. À propos de ce personnage, voir E. Graefe , op. cit., I, p. 74-76, p1. 80 et la synthèse récente de
G.P.F. Broekman, op. cit., p. 122-123, § 2.6.
18. Voir par exemple H.D. Schneider , Shabtis. An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary
Statuettes with a Catalogue of the Collection of Shabtis in the National Museum of Antiquities at Leiden, I, 1977,
5.3.1.120 ; H.A. Schlögl – A. Brodbeck , Ägyptische Totenfiguren aus öffentlichen und privaten Sammlungen
der Schweiz (OBO 7), 1990, p. 251, no 175 ; J.-Fr. Aubert – L. Aubert, Statuettes égyptiennes : Chaouabtis,
ouchebtis, 1974, pl. 61, fig. 145 ; Gl. Janes, op. cit., p. 169-170, no 88.
19. Voir par exemple H.D. Schneider , op. cit., I, 5.3.1.122 et 5.3.1.123 ; J.-Fr. Aubert – L. Aubert, op. cit.,
pl. 61, fig. 146.
20. Je remercie A. Eberwein de m’avoir autorisée à reproduire les photographies de la fig. 8.
Fig. 8 Deux statuettes de la deuxième série de la troupe de Padineith repérées sur le marché de l’art parisien
(A. vue de face © Studio Sebert ; vues de profil et de dos © R. Meffre ; B. © A. Eberwein)
23. À propos des statuettes de cette princesse, voir R. Meffre , RdE 67 (2016), p. 200-203. Une statuette
de cette troupe a rejoint les collections du Vatican (MGE 55132), voir J.-Cl. Grenier , Les statuettes funé-
raires du Museo Gregoriano Egizio, 1996, p. 75 et pl. XLVI, no 111.
24. Voir D. Randall MacIver – A.C. Mace, El Amrah and Abydos 1899-1901, 1902, pl. XXXIX ; W.M.Fl. Petrie ,
Shabtis illustrated by the Egyptian collection in University College, London, with catalogue of figures from many
other sources (BSAE 57), 1935, pl. XLII, no 531 ; H.D. Schneider , op. cit., I, p. 226.
Un dénommé Horsaiset fils de Taditaset est connu par plus d’une cin-
quantaine d’ouchebtis, dont cinq au musée du Louvre (fig. 10). Ces statuettes,
d’une hauteur de 9 à 10 cm, n’ont pas le dos entièrement plat mais présentent
un appui dorsal, utilisé comme support d’un texte qui court depuis le sommet
de la tête jusqu’aux talons. Le signalement du propriétaire précise que
celui-ci exerce les charges de serviteur de la lumière (ḥm wn) et de scribe-tja
du domaine d’Amon (sš ṯȝ pr Ỉmn), deux titres qui, associés, le relient au temple
de Karnak : .
C’est sans doute au tournant des XXVe et XXVIe dynasties qu’il faut replacer
ces ouchebtis, et non à la XXXe dynastie ou à l’époque ptolémaïque comme
cela a été proposé jusqu’à présent 25. En effet, le signalement de leur proprié-
taire peut être rapproché d’une titulature inscrite sur un coffret à ouchebtis
du musée de Turin (ME 2439) 26 dont le propriétaire est présenté comme :
32. E. Graefe , Das Grab des Padihorresnet, Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches
Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, I, p. 26, 186-187 et II, p. 351-352, pl. 105-106 (P71 403, cat. 402).
33. Voir R. Meffre , « Les ouchebtis », dans M. Wagner (éd.), Das Grab des Ibi, Obergutsverwalters der
Gottesgemahlin des Amun (thebanisches Grab Nr. 36). Band II (ArchVer), sous presse.
34. A. Gasse , Les papyrus hiératiques et hiéroglyphiques du Museo Gregoriano Egizio, 1993, p. 39-42 et
pl. XXXIII, no 26 (datation époque saïto-perse ou ive siècle avant notre ère) ; JWIS IV, II, p. 1083, no 613.
35. Cette troupe a été signalée par J.-Fr. Aubert – L. Aubert, op. cit., p. 218 sous le nom « Peniou né
de Païset ».
36. Gl. Janes, The Shabti Collections 1: West Park Museum, Macclesfield, 2010, p. 25, no 18.
Fig. 15 Statuette mise au jour à Karnak, secteur des chapelles osiriennes, fouilles de la chapelle
d’Osiris Neb-djéfaou, no 132 (© cfeetk/ifao/Mission Sanctuaires osiriens de Karnak)
39. Fouilles de la chapelle d’Osiris Neb-djéfaou, no 132. Je remercie L. Coulon qui m’a autorisée à publier
cette statuette.
40. C’est d’ailleurs dans cette zone que se trouve le trésor de Chabaka, en usage à la XXVe dynastie
et dans la première moitié de la XXVIe, lieu de fabrication et de stockage de mobilier liturgique.
Concernant cet édifice, voir dernièrement N. Licitra , BSFE 199 (2018), p. 38-56 et plus particuliè-
rement p. 44, fig. 3 pour la localisation des divers bâtiments du secteur par rapport au tracé de
l’enceinte d’Amon du Nouvel Empire.
ỉs.tw ḥw sḏb ỉm
« alors la contrainte te sera infligée là-bas »
devient
mk wỉ kȝ.tn
« “Me voici !” direz-vous »
est rendue
mk<.tn> sw
« Le voici ! » 41.
41. Le changement de pronom personnel dans cette séquence sur les statuettes thébaines a déjà été
remarqué par H.D. Schneider , op. cit., I, p. 119.
aurait confondu le signe , qui entre parfois dans la graphie du verbe ḥwỉ 42,
avec le signe de la tête de vautour , qui présente également une partie
oblique (le cou) et une partie horizontale (la tête et le bec).
Si elles présentent l’habituelle version VIIa du chapitre 6 du Livre des
Morts, les statuettes de la troupe d’Ânkhhor comportent néanmoins la
graphie pour le verbe ḥwỉ, ce qui les rapproche des statuettes de
Padihorresnet B, de Padimahès et de Nitocris.
On notera également que le bâton sḏb, habituellement écrit , est systé-
matiquement dessiné avec la fourche vers le haut . Cette graphie se trouve
également sur les statuettes de la troupe d’Ânkhhor.
42. Ce signe, qui représente la ceinture et l’arrière d’un pagne, est dérivé du signe hiératique qui rend
le hiéroglyphe , généralement utilisé comme déterminatif du verbe ḥwỉ. À ce propos, voir D. Meeks,
Les architraves du temple d’Esna (PalHier 1), 2004, p. 229, § 622.
43. Copie d’après L. Speleers, Les figurines funéraires égyptiennes, 1923, p. 149.
44. M. Mogensen, Inscriptions hiéroglyphiques du Musée national de Copenhague, 1918, p. 77.
45. Voir L. Speleers, op. cit., p. 149 ; H.D. Schneider , op. cit., I, p. 146 ; S. Aufrère , GM 73 (1984), p. 62.
46. Voir J.-L. Chappaz , op. cit., p. 96 et E. Graefe , op. cit., I, p. 184-185.
Padihorresnet B
Padimahès
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Nitocris
Les ateliers abydéniens ont produit des éléments de mobilier funéraire qui
empruntent certaines caractéristiques des ateliers thébains, de sorte qu’on
peut parler d’une influence des ateliers thébains sur ceux d’Abydos. En ce
qui concerne les serviteurs funéraires, les caractéristiques que nous avons
pu mettre en évidence pour un groupe d’ouchebtis thébains du milieu de la
XXVIe dynastie se retrouvent sur certaines statuettes originaires d’Abydos.
Fig. 16 Statuettes de Montouhotep mises au jour à Abydos, Liverpool, World Museum 24.9.00.115,
47.28.30 et 56.21.50 (d’après Gl. Janes, The Shabti Collections 6: A Selection from World Museum,
Liverpool, 2016, p. 444-445, no 231)
48. Voir D.A. Aston, Burial Assemblages of Dynasty 21-25: Chronology – Typology – Developments (DÖAW 54),
2009, p. 145, no TG579.
49. Ainsi les statuettes Liverpool, World Museum 24.9.00.115, 47.28.30 et 56.21.50, voir Gl. Janes, The
Shabti Collections 6: A Selection from World Museum, Liverpool, 2016, p. 444-445, no 231.
Fig. 17 Statuettes de Montouhotep mises au jour à Abydos, Manchester Museum 3263 et 5595
(© Manchester Museum, University of Manchester)
Les autres statuettes 50 (fig. 17) présentent une silhouette semblable mais sont
dotées d’une base et d’un appui dorsal qui monte en s’élargissant jusqu’au
pan postérieur de la perruque dont il se démarque par une incision horizon-
tale. La série sans appui dorsal ni base est très proche de celle des statuettes
thébaines du milieu de la XXVIe dynastie mises au jour dans l’Assassif ; elle
se différencie de ces productions thébaines par une facture plus grossière,
« provinciale », et par sa matière, de moins belle qualité et moins brillante
que les exemplaires thébains.
4.2. Le prophète des Deux Lions et directeur des prophètes de Haute Égypte
Tjanéfer fils d’Herefnounéfer et de Tachéritenaset
Des statuettes funéraires de provenance inconnue mesurant 11 à 13 cm de
haut sont inscrites en une colonne à l’avant au nom du
« prophète des Deux Lions et directeur des prophètes Tjanéfer, en bonne
santé » (fig. 18). Certaines statuettes de cette troupe ont pu être datées de
l’époque ptolémaïque 51, mais leur silhouette au torse bombé, leur regard
dirigé vers le haut et leurs outils non standards nous amènent à privilégier
une datation d’époque saïte. La mention d’un titre de prêtrise des Deux Lions,
Chou et Tefnout, permet d’envisager que le propriétaire de ces statuettes
est originaire d’une ville où ces divinités sont vénérées, les principales étant
Sébennytos dans le Delta et This en Haute Égypte.
50. Ainsi les statuettes Manchester Museum 3263 et 5595, voir Gl. Janes, Shabtis, a Private View: Ancient
Egyptian Funerary Statuettes in European Private Collections, 2012, p. 380-381, no 210. Je remercie C. Price de
m’avoir fourni et autorisée à publier les photographies de ces statuettes reproduites ici.
51. Ainsi, H.A. Schlögl – A. Brodbeck , op. cit., p. 322-323, no 241 (statuette Neuchâtel ME Eg. 306).
« L’Osiris prophète des Deux Lions Tjanéfer fils du détenteur des mêmes
titres Herefnounéfer, juste-de-voix, et né de la maîtresse de maison
Tachéritenaset ».
Sur une autre titulature inscrite sur le même cercueil, il est présenté
comme :
« L’Osiris directeur des prophètes de Haute Égypte Tjanéfer fils du déten-
teur des mêmes titres Herefou, juste-de-voix ».
Le rapprochement du propriétaire des ouchebtis avec celui du cercueil
est assuré par l’identité des titres : prophète des Deux Lions et directeur des
prophètes sur les ouchebtis et prophète des Deux Lions et directeur des pro-
phètes de Haute Égypte sur le cercueil. À l’appui de cette identification, on
peut ajouter que les statuettes sont arrivées au Louvre en 1826 avec la col-
lection Salt alors que le cercueil est très vraisemblablement entré dans les
collections impériales russes en 1827 avec deux cercueils thébains offerts au
tsar Nicolas Ier par Anastasios Avéroff 53 – ce qui laisse penser que la tombe de
Tjanéfer a été mise au jour à la fin du premier quart du xixe siècle et que ses
objets ont été rapidement dispersés.
Le type de décor du cercueil est bien connu en Haute Égypte, notamment
dans la région thébaine, à la XXVIe dynastie (modèle 3.C) 54. Deux éléments
aident à préciser sa datation : sur les côtés des jambes se trouve un défilé de
vingt divinités et l’image de Nout ailée sur la poitrine porte une coiffure qui
ne se superpose pas au collier-ousekh. Le nombre élevé de divinités dans le
défilé et la non-superposition de la coiffure de Nout et du collier-ousekh sont
autant de caractéristiques des productions du viie et du début du vie siècle
avant notre ère, donc du milieu de l’époque saïte.
Dans le contexte de la Haute Égypte, le titre de prophète des Deux Lions
porté par Tjanéfer renvoie au culte de Chou et Tefnout à This, à proximité
d’Abydos. Or, de nombreux représentants du clergé de This ont été inhumés
à Abydos, ce qui permet d’envisager que c’est dans une nécropole de cette
ville que la tombe de Tjanéfer a été découverte. À l’appui de cette hypothèse,
on soulignera que les ouchebtis de Tjanéfer ont une silhouette et des dimen-
sions très similaires à celles de la série munie d’un appui dorsal de la troupe
de Montouhotep ; on peut ajouter que le texte des ouchebtis de Tjanéfer ne
donne que les nom et titres du défunt, sans mention de sa qualité d’Osiris,
exactement comme certaines statuettes de Montouhotep.
53. À propos de ce don, voir R. Meffre – A. N. Nikolaev, ZÄS 143 (2016), p. 77. Les deux autres cercueils,
accompagnés de leurs momies, sont le cartonnage de momie au nom de la dame Nairis et un lot de trois
sarcophages emboîtés au nom de Padiaset fils de Hor et de Chepenoun.
54. Voir à ce propos J.H. Taylor , « Theban Coffins from the Twenty-second to the Twenty-sixth
Dynasty: Dating and Synthesis of Development », dans N. Strudwick – J.H. Taylor (éd.), The Theban
Necropolis: Past, Present and Future, 2003, p. 115 et R. Meffre , Monuments Piot 94 (2015), p. 51, fig. 45, et
p. 52-53.
55. Gl. Janes, op. cit., p. 458, no 231. Je remercie C. Price de m’avoir fourni et autorisée à publier les photo-
graphies de cette statuette.
Conclusion
Les ouchebtis fabriqués dans la région thébaine précisément datés de l’époque
saïte présentent donc des formes diverses et, au moins jusqu’au milieu de la
dynastie, assez éloignées des standards memphites : l’appui dorsal et la base
ne sont pas systématiquement de mise et les outils présentent des formes
variables et non standardisées. Si les statuettes précisément datées restent
peu nombreuses et ne permettent sans doute pas d’appréhender la totalité de
la production des ateliers thébains à l’époque saïte, on remarque néanmoins
qu’un groupe se démarque par son style très spécifique. Ces statuettes sont
caractérisées par leur petite taille (autour de 10 cm de haut), par leur sil-
houette au torse trapézoïdal bombé et aux fesses haut placées ainsi que par un
texte en lignes rédigé en petits hiéroglyphes hâtivement tracés qui occupe un
Cette recherche a été menée au sein du projet geshaem qui a reçu un finance-
ment du Conseil européen de la recherche (erc) dans le cadre du programme
de recherche et d’innovation de l’Union Européenne Horizon 2020 (grant
agreement no 758907).
Andrzej Niwiński
Faculté d’archéologie de l’université de Varsovie
Le titre proposé pour cet exposé 1 nous paraît bien justifié. Une palette chro-
matique variée et vive (fig. 1), l’éclat du vernis, mais surtout une grande
richesse de sujets iconographiques : c’est le monde des cercueils à fond jaune
de la XXIe et du début de la XXIIe dynastie. Parmi plus de huit cents objets
connus dans les collections égyptologiques, il est très rare de trouver
deux pièces identiques. Chaque sarcophage est couvert de dizaines de
symboles qui composent des groupes ou scènes souvent étonnants et
1. Déjà utilisé d’ailleurs dans A. Niwiński, EA&O 48, 2007, p. 29-38.
2. Les premiers essais sur l’iconographie religieuse de la XXIe dynastie sont les suivants : N. Rambova,
« The symbolism of the papyri », dans A. Piankoff, Mythological Papyri, 1957, p. 29-65 ; G. Englund,
« Propos sur l’iconographie d’un sarcophage de la XXIe dynastie », dans Acta Universitatis Upsaliensis
(Boreas 6), 1974, p. 37-69 ; B.L. Goff, Symbols of Ancient Egypt in the Late Period. The Twenty-first Dynasty,
1979 ; A. Niwiński, « Untersuchungen zur ägyptischen religiösen Ikonographie der 21. Dynastie (1).
Towards the religious iconography of the 21st Dynasty », GM 49 (1981), p. 47-59 ; id., JEOL 30 (1987-1988),
p. 89-106.
3. Le développement de l’iconographie des cercueils de la XXIe dynastie constitue le sujet des
recherches de l’auteur depuis longtemps (A. Niwiński, op. cit., et id., dans C. Uehlinger [éd.], Images as
media. Sources for the cultural history of the Near East and the Eastern Mediterranean (Ist millennium BCE)
[OBO 175], 2000, p. 21-43). Les résultats récents sont ébauchés par A. Niwiński, « De post-Ramessidische
gele kisten. De ontwikkeling van het iconografisch repertoire en de collectie in Nederland », dans
J. Koek (éd.), Mehen. Essays over het oude Egypte, 2018-2019, p. 151-183 ; id., Catalogue des cercueils à fond
jaune de la XXIe dynastie au début de la XXIIe dynastie au musée du Louvre, en préparation.
4. Sur ce sujet : A. Niwiński, LÄ V, 1983, col. 438-440, s. v. « Sarg vom Anfang des Neuen Reiches bis zur
gr.-röm. Zeit » ; id., 21st Dynasty Coffins from Thebes. Chronological and Typological Studies (Theben V), 1988,
p. 12 ; S. Ikram – A. Dodson, The Mummy in Ancient Egypt. Equipping the Dead for Eternity, 1998, p. 228.
5. Le cercueil de Meryt de la fin de la XVIIIe dynastie, trouvé à Deir el-Médineh (TT 8), est une exception
car il comporte sur le fond de la cuve une représentation de la déesse Nout debout : E. Schiaparelli,
La tomba intatta dell’architetto Kha nella necropoli di Tebe, 1927, p. 28-29. Aucune décoration figurative
intérieure n’est connue à l’époque ramesside.
6. Il s’agit surtout des compositions cosmologiques « avec Geb et Nout » ainsi que « le grand serpent
sur une élévation » : A. Niwiński, dans C. Uehlinger (éd.), op. cit., p. 33-34 ; id., dans J. Koek (éd.), op. cit.,
p. 158-159 ; id., Catalogue des cercueils à fond jaune de la XXIe dynastie au début de la XXIIe dynastie au musée
du Louvre, en préparation.
Fig. 7 Scène cosmologique avec les divinités Geb, Chou et Nout. Détail du côté droit de la cuve
du cercueil intérieur de Tanet-hereret. Paris, Louvre E 13034 (dessin A. Niwiński)
Fig. 8 Scène cosmologique « avec le Grand Serpent ». Détail du côté droit du cercueil intérieur
de Tanet-hereret. Paris, Louvre E 13034 (dessin A. Niwiński)
7. Le tombeau d’Imy-em-seba (TT 65), décoré partiellement sous Ramsès IX, appartient aux dernières
grandes tombes dotées d’un répertoire iconographique riche. Un décor peint dans la TT 68 avait été
exécuté sous la XXe dynastie et quelques inscriptions seulement ont été ajoutées au moment de l’usur-
pation de la tombe par Nes-pa-néfer-her sous le règne de Siamon, à la fin de la XXIe dynastie : Y. Černý,
ASAE 40/1 (1940), p. 235-240.
8. Une large scène avec la barque solaire triomphant sur Apophis apparaît, par exemple, sur deux cer-
cueils de la Phase I du développement de la décoration, sous la XXIe dynastie : celui de Pa-neb-Montou
au musée du Louvre, E 13029 (A. Niwiński, Catalogue des cercueils à fond jaune de la XXIe dynastie au début
de la XXIIe dynastie au musée du Louvre, en préparation) et celui du grand-prêtre Masaharta, JE 26195,
au musée du Caire (G. Daressy, Cercueils des cachettes royales (CG 61001-61044), 1909, p. 78, pl. XXXVIII).
9. A. Niwiński, Theben V, 1988, pl. XXIV.
10. Par exemple, la décoration de la tombe A.18 (I. Rosellini, Monumenti dell’Egitto e della Nubia. II.
Monumenti Civili, 1934, rééd. 1977, pl. CXXVI-CXXIX) comparée aux scènes ornant la cuve du cercueil de
Djed-Montou-iouef-ânkh à Leyde, AMM 18 : R. Van Walsem, The coffin of Djedmonthuiufankh in the National
Museum of Antiquities at Leiden. I. Technical and iconographic/iconological aspects, 1997, p. 313-314, pl. 156-157.
Fig. 12 Scène abrégée du Livre des Morts 148. Fig. 13 Scènes de l’Amdouat. Détail du côté
Cercueil de Nesi-ta-oudjat-akhet. Odessa, musée droit de la cuve du cercueil de Tanet-ched-Mout.
archéologique 52976 (cliché A. Niwiński) Paris, Louvre N 2612 (dessin A. Niwiński)
11. Le même phénomène est observable sur les papyrus funéraires : A. Niwiński, Studies on the illustrated
Theban funerary papyri of the 11th and 10th centuries B.C. (OBO 86), 1989, p. 17-22.
12. La récupération par le grand-prêtre Menkhéperrê des titres royaux comme co-régent de son frère,
le roi tanite Psousennès Ier, a eu lieu en l’an 48 de son règne, vers 990 av. J.-C. : A. Niwiński, JARCE 16
(1979), p. 57 ; id., BIFAO 95 (1995), p. 352-353.
13. Sur le phénomène : id., dans J. Koek (éd.), Mehen. Essays over het oude Egypte, 2018-2019, p. 166-167.
14. Un exemple est offert par le cercueil extérieur de Bouteh-Amon au musée égyptien de Turin,
Inv. 2236 (A. Niwiński, Sarcofagi della XXI Dinastia (CGT 10101-10122), 2004, pl. I-III). L’autre exemple
est le cercueil extérieur de Nes-pa-ouer-chefyt, Fitzwilliam Museum de Cambridge E.1.1822 :
J. Dawson – H. Strudwick , Death on the Nile. Uncovering the Afterlife of Ancient Egypt, 2016, p. 182-189).
15. Cette façon de présenter des inscriptions sur les couvercles correspond au type II-A : A. Niwiński,
21st Dynasty Coffins from Thebes. Chronological and Typological Studies (Theben V), 1988, p. 71-73.
16. Cet arrangement correspond aux types III-V des couvercles : ibid., p. 76-82.
17. Il y a aussi des exemples où sont mélangés les éléments de deux positions « classiques », ce qui
produit les types IIB-D : ibid., p. 73-76.
Fig. 20 Exemple de
composition de la partie
supérieure des couvercles
de cercueils de type II.
Couverture de momie
de Pa-neb-Montou, Paris,
Louvre E 13046
(© 2015 musée du Louvre,
dist. RMN-Grand Palais/
Georges Poncet)
Fig. 22 Exemple du motif des « bretelles courtes ». Couvercle intérieur de Ta-henef, Londres,
British Museum 24796 (cliché A. Niwiński)
Fig. 24 Exemple de décor fait dans un atelier secondaire : cercueil intérieur anonyme.
Appenzell, Musée des arts (cliché A. Niwiński)
22. Les exemples sont fournis par les cercueils III.30 au musée ethnographique de Bâle (E. Hornung,
So lebten die Alten Ägypter, 1976, p. 26-27) et un cercueil au musée d’Histoire à St. Gallen (A. Küffer –
R. Siegmann, Unter dem Schutz der Himmelsgöttin. Ägyptische Särge, Mumien und Masken in der Schweiz,
2007, p. 94-95).
Fig. 27 Détail du décor d’un cercueil anonyme. Riga, musée national de Lettonie,
inv. AMM D-1636 (cliché A. Niwiński = Niwiński 2014 fig. 47)
23. Un exemple des cercueils de ce groupe se trouve à Riga, ÄMM D-1636 : A. Niwiński, « The Coffin of
a Theban Priest of the Late 10th Century B.C. (Early 22nd Dynasty) », dans B. Uburǵe (éd.), Ancient Egypt.
The Collection of the Latvian National Museum of Art, 2014, p. 115-157.
24. Dix cercueils provenant probablement du même atelier ont été identifiés jusqu’à présent
(A. Niwiński, « The 21st Dynasty coffins of non-Theban origin. A family for the Vatican coffin of Anet »,
dans A. Amenta – H. Guichard [éd.], Proceedings. First Vatican Coffin Conference 19-22 June 2013, 1, 2017,
p. 335-348).
Conclusion
En définitive, pour étudier l’iconographie des cercueils de la XXIe dynastie
et du début de la XXIIe dynastie, on doit prendre en considération un grand
nombre de critères. Le projet que nous avons initié à l’université de Varsovie 25
comprend la réalisation des dessins de tous les motifs et scènes, avec toutes
les variantes possibles. Nous espérons que cette base de données icono-
graphiques sera utile aux égyptologues pour les temps à venir. Nous proje-
tons de rassembler une documentation aussi complète que possible au musée
égyptien du Caire, ainsi que dans un grand nombre de musées en Europe et
aux États-Unis. Nous commençons ce projet à Grenoble – une des capitales
historiques de l’égyptologie (fig. 30).
25. Le projet no 2017/27/B/HS3/01768 est financé par le Centre national polonais des sciences.
Elena Pischikova
South Asasif Conservation Project - American University in Cairo
Recent work in the tomb of Irtieru (TT 390) undertaken by the South Asasif
Conservation Project has added new information to the discussion on the title
šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr, “Great Follower of the Divine Worshiper”, the status of the
“Followers” of Nitocris, their perception, and possible duties.1 TT 390 is only
the second known tomb of a female owner with a similar title. The first one
belongs to Mutirdis (TT 410) who had the title ḥrjt šmst “Overseer of the Female
Followers”.2 A comparison of these two tombs and their decoration may help
to extract the features related to the status of “Female Followers”.
The tomb of Irtieru remained mainly unknown before the South Asasif
Conservation Project started clearing and restoring the tomb in 2006.3 Some
features of the tomb were described and sketched by 19th century visitors.4
The texts on the two doorways and the false door of the tomb were pub-
lished by Karl Richard Lepsius.5 The plan of the still-visible part of the tomb
was recorded by Dieter Eigner and published with three photographs.6 The
present paper is among the first publications of the South Asasif Conservation
Project’s work in the tomb of Irtieru.7
1. Irtieru’s titles were recorded and discussed in M. Ayad, « The Female-Scribe Itrieru and Her Tomb
(TT 390) in South Asasif », in E. Pischikova (ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis: Art and Archaeology
2015-2018, 2020, forthcoming.
2. J. Assmann, Das Grab der Mutirdis (AVDAIK 13), 1977.
3. The South Asasif Conservation Project is an Egyptian-American archaeological team working under
the auspices of the Ministry of Antiquities and directed by the author. The Project was founded in 2006
with the aim of clearing, restoring and reconstructing the tombs of the South Asasif necropolis: the
Kushite tombs of Karabasken (TT 391) and Karakhamun (TT 223) and the Saite tomb of Irtieru (TT 390).
For more information on the work of the Project, see E. Pischikova, Tombs of the South Asasif Necropolis,
Thebes: Karakhamun (TT 223) and Karabasken (TT 391) in the Twenty-Fifth Dynasty, 2014 ; ead., Tombs of the South
Asasif Necropolis: New Discoveries and Research 2012-2014, 2017 ; E. Pischikova – J. Budka – K Griffin (ed.),
Thebes in the First Millennium BC, 2014 ; id., Thebes in the First Millennium BC: Art and Archaeology of the
Kushite Period and Beyond, 2018.
4. PM I,1, p. 440-441 ; D. Eigner , Die Monumentalen Grabbauten Der Spätzeit in Der Thebanischen Nekropole
(DÖAW 8), 1984, p. 48-49.
5. LD III, 271b, 272.
6. D. Eigner , op. cit., pl. 26, plan 17.
7. M. Ayad, loc. cit.
The tomb was inaccessible for a long time as it had disappeared beneath
the buildings of a modern village surrounding the tomb’s open court. The
entrance area and the court were completely obscured by a high level of
occupational debris and flood deposits as well as massive “buttresses” built
by the villagers to support the walls of the houses built around the court. The
walls of the pillared halls were partially concealed by over a meter of debris,
blackened by soot and damaged by water and later occupants. Judging by the
graffiti on the walls of the pillared halls and pottery evidence, the tomb was
already extensively reused during the Ptolemaic, Roman and Coptic periods.
Clearing and restoration of the tomb started in 2006. As of today the
archaeological team of the Project has cleared the areas of the Tornische, both
pillared halls, two burial chambers, the central and most of the south parts of
the court.8 Clearing of the court’s porticoes, the Vestibule and the entrance
staircase is still a work in progress. So far, decoration in painted sunk relief
was recorded in the Tornische area, entrance to the Second Pillared Hall,
False Door and the western wall of the Second Pillared Hall. The removal of
soot, mud and a thick layer of crystallized salt revealed well-preserved colors
in many areas, especially the vaulted ceiling of the entrance to the under-
ground part of the tomb. Numerous detached fragments found in the debris
were reinstated in their original locations, but the work still continues.9
Although clearing and restoration of the tomb is still a work in progress,
information collected since 2006 allows to reconstruct the decoration in most
areas and discuss Irtieru’s self-presentation in her own tomb. Irtieru’s collec-
tive portrait consists of nine images.10 Although the imagery was critically
damaged, surviving representations in situ and fragments found in debris
permit to reconstruct their iconography.
The tomb’s decoration and iconography of the images of Irtieru will be
used in this paper as “visual text” to complement the lack of textual evi-
dence on the role and social perception of the “Followers” or “Attendants”
of Nitocris.
8. The archaeological team of the 2006-2007 seasons included Edwin Brock and Lyla Pinch Brock. The
archaeological team of season 2019: Marion Brew, Katerina Ball, Katherine Bateman, and Catherine
Bishop. Examination of pottery is a work in progress conducted by Julia Budka.
9. Conservation work in the tomb is being performed by an MoA conservation team led by Abdelrazek
Mohamed Ali.
10. On self-presentation in Egyptian Art see J. Assmann, « Preservation and Presentation of Self in
Ancient Egyptian Portraiture », in P. Der Manuelian – R.E. Freed (ed.), Studies in Honor of William Kelly
Simpson, 1996, p. 55-81 ; J. Baines , « The Self-presentation of Pepyankh the Middle at Meir: Scandal,
Religious Institutions and Participation, the Next World », in R. Nyord – K. Ryholt (ed.), Lotus and Laurel:
Studies on Egyptian Language and Religion in Honour of Paul John Frandsen, 2015, p. 19-43.
royal and elite families, which are usually based on textual and archaeological
evidence. Analysis of style of carving is still seen by many historians and phi-
lologists as too subjective a process to be considered a fact or a document.19
Usage of iconographic features as supplementary historical dating criteria
is recognized as more valid than stylistic analysis.20 Unfortunately, icono-
graphic research of non-royal images of the Kushite and Saite Period to date
remains sparse.21 Attribution of uninscribed archaizing relief fragments and
sculpture to specific dynasties and reigns often proves to be a difficult task.22
The study case of Irtieru is a contribution to the research on Saite ico-
nography and style as well as to the discussion on the factual value of art
historical attributions and arguments.
Apparently, analyses of female images face an additional challenge. Ayad
notes that most known “textual and iconographic representations of women
were commissioned by their male relatives”.23 With the male perspective
on women prevailing in Egyptian funerary art, two tombs commissioned by
women who had similar titles and possibly performed similar duties, provide
the rare chance of first-hand information on their self-perception. The way
they self-presented themselves could be a reflection of their actual role at the
court of Nitocris or rather the ideal symbolic context of their status. In any case,
19. B.V. Bothmer’s seminal work on Late Egyptian sculpture is still the most exhaustive argument
against this preconception. See B.V. Bothmer , Egyptian Sculpture of the Late Period: 700 B.C. to A.D. 100, 1969.
See also N. Cherpion, « The Human Image in Old Kingdom Nonroyal Reliefs », in D. Arnold et al. (ed.),
Egyptian Art in the Time of the Pyramids, 1999, p. 112 and N. Grimal (ed.), Les critères de datation stylistiques
à l’Ancien Empire : [Actes de la 2e rencontre internationale consacrée aux critères stylistiques de datation propres à
l’Ancien Empire, IFAO, 10-13 nov. 1994, 1998, although these publications concentrate more on iconography
as a dating criterion than style.
20. To name a few examples based on Old Kingdom art, N. Cherpion, Mastabas et hypogées d’Ancien Empire :
le problème de la datation, 1989 ; ead., BIFAO 84 (1984), p. 35-54 ; Chr. Ziegler , Catalogue des stèles, peintures et
reliefs égyptiens de l’Ancien Empire et de la Première Période intermédiaire v. 2686-2040 av. J.-C., 1990 ; Y. Harpur ,
Decoration in Egyptian Tombs of the Old Kingdom Studies in Orientation and Scene Content, 1987 ; S. Verma ,
Significance of Identity, Individuality & Ideology in Old Kingdom Elite Tomb Iconography, 2011.
21. To give a few examples, M. Bietak – E. Reiser-Haslauer , Das Grab des Anch-Hor, Obersthofmeister der
Gottesgemahlin Nitokris (DÖAW 7), 1982 ; R.A. Fazzini, Egypt: Dynasty XXII-XXV, 1988 ; P. Der Manuelian,
Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994 ; E. Pischikova, « Style
and Iconography of the Decoration in the Tombs of Karabasken and Karakhamun: Archaism and
Innovations », in E. Pischikova (ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis, Thebes: Karakhamun (TT 223) and
Karabasken (TT 391) in the Twenty-Fifth Dynasty, 2014, p. 73-92 ; ead., JARCE 31 (1994), p. 63-77 ; E. Russmann,
Relief Decoration in Theban Private Tombs of the Twenty-Fifth and Twenty-Sixth Dynasties: Its Origins and
Development, with Particular Reference to the Tomb of Harwa (TT 37), 1992 ; S.L. Wilson, Aspects of Theban
Tomb Decoration in the Twenty-Fifth and Twenty-Sixth Dynasties, 2004 ; L.M. Leahy, Private Tomb Reliefs of
the Late Period from Lower Egypt, 1988. For royal iconography, see K. Myśliwiek , Royal Portraiture of the
Dynasties XXI-XXX, 1988 ; E. Russmann, The Representation of the King in the XXVth Dynasty, 1974.
22. For example an « Archaizing stela » discussed by B.V. Bothmer , op. cit., p. 28, No. 24, pl. 22.
23. M. Ayad, « Women’s Self-presentation in Pharaonic Egypt: ‘one who knows her speech... who
speaks Truth’ », in H. Abdel Basir (ed.), Self-Presentation in Ancient Egypt, Forthcoming, p. 221.
new finds in the tomb of Irtieru and their contextualization with the tomb of
Mutirdis widen our understanding of a female “Follower” of the time of Nitocris.
This paper will concentrate on the two features of the tombs of Irtieru
and Mutirdis related to the interpretation of their title: the garments worn
by Irtieru and Mutirdis in different scenes and choice of architecture and
decoration for the burial chambers.
24. L.M. Leahy, op. cit., p. 203-208 ; A. Hallmann, « Iconography of Prayer and Power, Portrayals of
the God’s Wife Ankhnesneferibre in the Osiris Chapels at Karnak », in M. Becker – A.I. Blöbaum –
A. Lohwasser (ed.), Proceedings of the Conference on the God’s Wives of Amun in Egypt during the First
Millennium BC, 2016, p. 211-212.
25. G. Vogelsang -Eastwood, Pharaonic Egyptian Clothing, 1993, p. 102.
26. L.M. Leahy, op. cit., p. 197.
27. L.M. Leahy, op. cit., p. 205.
28. A. Hallmann, op. cit., p. 211 ; L. Coulon – A. Hallmann – Fr. Payraudeau, « The Osirian Chapels
at Karnak: An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », in
E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin (ed.), Thebes in the First Millennium BC: Art and Archaeology of the
Kushite Period and Beyond, 2018, p. 284.
Sheath dress
Attributes
Type of
Tomb Location and Additional Reference
Scene
Features
Wedjarenes is
First open court, represented holding E. Russman
Mentuemhat Offering
south wall of statue a lotus flower in her JARCE 34 (1997),
(TT 34) Scene
niche left hand and inhaling fig. 11
its fragrance
J. Dümichen, Der
Grabpalast des
Padiamenope Offering
Open court, Tornische Patuamenap in der
(TT 33) Scene
thebanischen Nekro
polis, I 1884, pl. 17
Lintel of the entrance
Irtieru Offering
to the second pillared LD III, 272b
(TT 390) Scene
hall
J. Assmann, Das Grab
Mutirdis Offering Monkey beneath der Mutirdis
Doorframe of Pylon B
(TT 410) Scene the seat (AVDAIK 13), 1977,
pl. 6,7
Pabasa Offering Sacred oil jar
Open court, north wall Unpublished
(TT 279) Scene under the seat
K.P. Kuhlmann –
W. Schenkel,
Das Grab des Ibi,
Ibi Offering Southern pillared hall, Holding a lotus Obergutsverwalters
(TT 36) Scene east wall flower der Gottesgemahlin
des Amun (T.G. Nr. 36)
(AVDAIK 15), 1983,
pl. 32
Ibi Offering
Open court, south wall Ibid., pl. 44
(TT 36) Scene
Ibi Offering
Open court, south wall Chest under the seat Ibid., pl. 49
(TT 36) Scene
Ibi Offering
Open court, south wall Perfume cone Ibid., pl. 68
(TT 36) Scene
M. Bietak – E. Reiser-
Haslauer, Das Grab
Sacred oil jar with des ‘Anch-Hor,
Ankh-Hor Offering
Open court a lotus-shaped lid Oberst-hofmeister
(TT 414) Scene
under the seat der Gottesgemahlin
Nitokris, II (DÖAW 7),
1982, pl. 15
Voluminous Tunic
Attributes
and
Tomb Type of Scene Location Reference
Additional
Features
M. Molinero Polo, in
E. Pischikova (ed.),
Possibly wife
Tombs of the South Asasif
of Karakhamun First pillared hall, Close-
Karakhamun Necropolis, Thebes:
in adoration east side of the cropped hair,
(TT 223) Karakhamun (TT 223)
of Atum, BD 19 north wall sistrum
and Karabasken (TT 391)
Vignette
in the Twenty-Fifth Dynasty,
2014, p. 146, fig. 9.14
False Door,
Irtieru Adoration
second pillared LD III, 271b
(TT 390) of Osiris
hall
Irtieru Two detached
Divine Adoration Sistrum This article, Figure
(TT 390) fragments
Irtieru Detached
Divine Adoration This article, Figure
(TT 390) fragment
Sandstone
Irtieru
Divine Adoration doorframe of Solar hymn? Unpublished
(TT 390)
the first pylon
J. Assmann, Das Grab der
Mutirdis Doorframe of Sistrum,
Divine Adoration Mutirdis (AVDAIK 13), 1977,
(TT 410) the second pylon solar hymn
27, pl. 11
Mutirdis Adoration of Open court, Perfume
Ibid., pl. 20A
(TT 410) Osiris south wall cone
Mutirdis Open court,
Divine Adoration Ibid., pl. 23A
(TT 410) south wall
Ibi’s mother, K.P. Kuhlmann –
Priestess of W. Schenkel, Das Grab des
Ibi Hathor of Open court, Ibi, Oberguts-verwalters der
Sistrum
(TT 36) Dendera, Tairet north wall Gottesgemahlin des Amun
in adoration of (T.G. Nr. 36) (AVDAIK 15),
Anubis 1983, pl. 67
Padihorresnet
and his parents
Padihorresnet Open court,
in adoration of Sistrum Ibid., pl. V11
(TT 196) north wall
the gods, BD 18
Vignette
M. Bietak – E. Reiser-
Haslauer, Das Grab
Daughter of Ankh-
des ‘Anch-Hor,
Ankh-Hor Hor, Merit-Neith, Stela found Close-
Oberst-hofmeister der
(TT 414) in adoration of in open court cropped hair
Gottesgemahlin Nitokris,
Anubis and Atum
(DÖAW 7), II, 1982, 139,
fig. 54
Comments
1. Irtieru’s image in adoration of Osiris
on the false door is lost (fig. 5). The only
record of it is published by Lepsius.29 The
drawing depicting Irtieru in what looks
like a sheath dress is most probably
incorrect. The figure was already dam-
aged and the copyist must have misread
the carving. The top line of Irtieru’s dress
is designated on the level of her waist-
line instead of under the breast as typical
for sheath dresses. Therefore, it could
not have been a sheath dress. This line
recorded by the copyist must have been
the line of a shawl worn on top of the
tunic dress.
2. The figure of Irtieru shaking a sis-
trum is very fragmentary but the posi-
tion of her hands holding the handle Fig. 5 Remains of the scene of Irtieru giving
leaves no doubt that she was depicted offerings to Osiris. False Door. Second Pillared
with a sistrum. Hall. Tomb of Irtieru, TT 390
(drawing by Katherine Blakeney.
South Asasif Conservation Project)
Conclusions
1. All women in voluminous tunics are represented in a ritual context in
adoration of gods, in three cases holding a sistrum.
2. All women in offering scenes are represented in sheath dresses.
Everybody except for Irtieru and Mutirdis are accompanied by their male
relatives.
3. Based on the representations of women in Kushite and Saite Theban
tombs it can be said that the sheath and tunic dress were not interchange-
able and voluminous tunics cannot be treated as casual modern attire. The
recorded body of material shows that they were associated with different
social and ritual contexts and therefore represented in different types of
scenes. The traditional sheath dress was reserved for offering scenes where a
woman sits at the offering table alone or in the company of her male relative.
Voluminous robes are worn only in ritual scenes were women are presented
in adoration of the gods, sometimes shaking a sistrum.
30. M. Molinero Polo, « The Textual Program of Karakhamun’s First Pillared Hall », in E. Pischikova
(ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis, Thebes: Karakhamun (TT 223) and Karabasken (TT 391) in the Twenty-
Fifth Dynasty, 2014, p. 146, fig. 9.14.
31. M. Mosher Jr., The Ancient Egyptian Book of the Dead in the Late Period: A Study of Revisions Evident in
Evolving Vignettes, and the Possible Chronological or Geographical Implications for Differing Versions of Vignettes,
1989, p. 671, n. 2
The architecture
The architecture of Irtieru’s burial chamber replicates the chambers of
Amenirdis I, Shepenwepet I and Nitocris, which feature one of the first true
barrel vaults with wedge-shaped voussoirs39 (fig. 7). “The lower parts of the
vaults of Amenirdis and Nitocris consist of two to four corbeled courses with
horizontal imposts and wedge shaped voussoirs with radial joints in the
upper parts of the vault.”40 Irtieru’s burial chamber, although fully carved,
is a unique, meticulously-made imitation of God’s Wives stone masonry. The
eastern and western walls were designed with imitations of four courses of
stone blocks 45-52 cm high and the ceiling of 6 courses of stone.41 The block
imitations even have depths up to 5 cm, visible in the damaged areas. Thin
layers of plaster complete the illusion.
The results of the 2019 season allow to suggest that this feature was of
utmost importance to Irtieru. The architecture and preliminary reconstruc-
tion of Irtieru’s decoration show close connections with the Kushite tombs
of South Asasif. Irtieru’s plan and proportions of the architectural elements
are very close to the tomb of Karakhamun (TT 223).42
Until very recently, the architect of the Project, Dieter Eigner, discussed
the tomb of Irtieru as a later Twenty-sixth Dynasty addition to the necropolis
influenced by Kushite architecture. He yet expected a Saite-style entrance to
the tomb with the staircase on the north-east side of the court and the axis
new name plaques inscribed with the name of Nespakashuty. The plaques
were never carved and plaster and red preliminary lines were damaged in
many cases. Only one plaque contains the full name of the to-be usurper. For
unknown reasons this project was never completed and Nespakashuty moved
his burial place to Deir el Bahri.45
The re-used Kushite tomb already had a finished burial chamber and
another one imitating the burial chambers of the God’s Wives was added to
make it suitable for the bearer of the “Follower of the God’s Wife” title and
highlight her close connection with Nitocris herself.
Conclusions
This scene did not become a staple of Twenty-sixth Dynasty tomb decoration.
It has an unusually intense presence in the tomb of Mutirdis,51 showcasing
three versions of a bi-partite tableau.52 The second Twenty-sixth Dynasty
elite tomb that possibly featured this scene is Irtieru.53 Remains of a row of
animal-headed demons holding knives and a huge winged sun disc on the
southern wall suggest a decorative program similar to Ramose and Mutirdis.
With the scene of the Awakening of Osiris in the tombs of Mutirdis, Irtieru
and Qalhata, it can be said that the Awakening of Osiris became a favorite in
female tombs of the Twenty-sixth Dynasty and their reflection of the solar
and Osirian unity of the Theban Monumental tombs of the Late Period.54
Considering that Irtieru and Mutirdis had similar titles, it may be seen as
part of their self-perception.
The top part of the tableau in the burial chamber was referenced on the
lintel of the Tornische with the winged sun disk terminating at the western
and eastern horizon and a solar barque carrying the sun disk in the middle
of the lintel. The small size of the barque in comparison with the figures of
the God’s Wives flanking the boat suggests it may have been supported by
the arms of Nun as on the entrance lintel of Pabasa.55
I. Régen noted another decoration peculiarity in the placement of the text
of the Book of Nut on the wall instead of the ceiling in order to relate the end
of the night described in the Book of Nut (§1-4) to the concluding sunrise
scene in the Book of Gates. Mutirdis shares this feature with Padiamenope
(TT 33), Mentuemhat (TT 34) and Pabasa (TT 279).56
51. J. Assmann, op. cit., p. 14-15, 74 (§4.1.2.3), 82 (§4.3.2.1), 90-93 (§4.4.2.2), and pl. 28, 34b, 41. Only the
third version “Szene 45,” from the south wall of Chamber IV has been preserved in sufficient detail.
52. J.A. Roberson, op. cit., p. 1.
53. Assmann mentioned a possibly partial parallel in the tomb of Pabasa which still remains unpu
blished. J. Assmann, op. cit., p. 90, n. 73. Lack of information does not allow it to be included in the
discussion.
54. S. Einaudi, « Aspects solaires et osiriens des tombes monumentales tardives de l’Asasif », in
K.A. Kothay (ed.), Burial and Mortuary Practices in Late Period and Graeco-Roman Egypt, 2017, p. 103-110 ;
for Abydene connections see A. Effland, « ‘…Die Sonnenbarke anzuhalten und die Glieder des Osiris zu
verstreuen für Typhon’: theologische und theurgische Ausdeutung solar-osirianischer Ritualaspekte
in Abydos », in A.H. Pries (ed.), Die Variation der Tradition: Modalitäten der Ritualadaption im Alten Ägypten;
Akten des Internationalen Symposions vom 25.-28. November 2012 in Heidelberg, 2016, p. 201-226.
55. E. Thomas, JEA 42 (1956), p. 65-79 ; A. Dodson, JEA 88, 2002, pl. 3.
56. I. Régen, « Le faucon, rtḥ-qȝb.t et le lever du soleil. Trois extraits inédits du Livre de Nout dans l’Asa-
sif (TT 34, TT 33, TT 279) », in Chr. Thiers (ed.), Documents de Théologies Thébaines Tardives (D3T 3), 2015,
p. 217-246.
General Conclusions
The exclusive decoration of the tombs of Irtieru and Mutirdis and their
complex theological program should be a reflection of the role and status of
the “Follower of the God’s Wife” and the possibility of a clerical component
to their range of duties. “Followers” most probably participated in temple
rituals and closely followed the God’s Wives. The fact that their appearance
resembled that of the God’s Wives, in the depiction of voluminous tunics,
some variation of vulture caps and sistra in their hands, their position should
have been perceived as among the highest in the God’s Wives entourage.
The newest discovery (August 2019) of the fragment of the sandstone door-
frame of the first pylon is the latest evidence of the visual representation of
Irtieru as a participant of a ritual procession or act (fig. 8).
Francesco Tiradritti
Mission archéologique italienne à Louqsor (mail)
C’est en 1995, lors d’une brève mission de reconnaissance, que j’ai commencé
mes recherches dans ce monument déjà connu comme étant la tombe de
Haroua (TT 37). Mes activités étaient alors conduites sous l’égide des Civiche
Raccolte Archelogiche e Numismatiche de Milan. La complexité des opérations
de fouille, de restauration et d’étude du monument a conduit, en 2003, à la
création d’un organisme scientifique indépendant, la Mission archéologique
italienne à Louqsor (mail), qui a travaillé et travaille toujours en partenariat
avec plusieurs institutions académiques internationales.
Durant ces années, la mail a fait plusieurs découvertes, mais celle qui peut
être considérée comme la plus importante est l’identification d’un discours
qui se développe à travers les textes et les images tout au long de l’axe prin-
cipal du monument. Ce parcours est marqué par six étapes principales et
il mène de la cour au sanctuaire d’Osiris, se développant ensuite à rebours
pour se terminer avec la sortie du monument à la lumière du soleil. Nous
l’avons appelé « Chemin de Haroua » ; il donne une description de l’existence
humaine, conçue comme un voyage qui conduit l’individu de la vie à la résur-
rection, à travers l’expérience inéluctable de la mort 1. Cette découverte a
entraîné une réflexion globale sur la fonction du monument et nous a incités,
en dernier lieu, à le considérer non plus comme une tombe mais comme un
cénotaphe dédié à la statue de Haroua 2.
1. Description plus approfondie dans Fr. Tiradritti, « Il cammino di Harwa. Un percorso iniziatico
in un monumento funerario egizio della fine dell’VIII secolo a.C. », Mare internum 10, 2018, p. 9-22 et
id., « The Journey of Harwa. An initiatory path in a Funerary Monument of the 8th Century BC. », dans
B. Bryan – P. Dorman (dir.), Proceedings of the Theban Workshop: Tomb Decoration, John Hopkins University,
April 22-24, 2016, à paraître.
2. L’éventualité que le monument funéraire de Haroua soit un cénotaphe et non une tombe est déjà
évoquée dans Fr. Tiradritti, EA&O 73 (2014), p. 33-46. Pour une brève discussion sur cette hypothèse
voir id., dans B. Bryan – P. Dorman (dir.), op. cit., à paraître.
3. La figurine mesure 19,4 cm de haut et l’inscription hiéroglyphique de huit lignes gravées sur son
corps est une version du chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
4. Le fragment mesure 11,5 cm de haut et conserve trois lignes d’inscription hiéroglyphique avec le
début du chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
5. Dans le premier niveau souterrain, nous n’avons pu mener une fouille stratigraphique à cause du
remplissage constitué surtout des débris provenant de l’effondrement de la structure parmi lesquels
il n’était pas possible de distinguer les couches les unes des autres. On a tenu compte seulement des
carrés virtuels dans lesquels la première salle hypostyle avait été divisée pour relever la position des
objets et des fragments de décor issus de la fouille.
6. Le fragment mesure 14,04 cm de haut et conserve six lignes d’inscription hiéroglyphique avec le
chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
7. Le fragment mesure 4,68 cm de haut. Il est en faïence vert pâle et des traces de hiéroglyphes peints
en noir sont encore visibles sur le corps. Même si on l’avait déjà soupçonné lors de sa découverte,
l’attribution à Haroua a été confirmée par d’autres exemplaires similaires mieux préservés, trouvés
durant la suite des fouilles.
8. Le terme ḥȝ.t (Wb III, 12.19), qui renvoie au titre du chapitre 151 des Textes des Sarcophages sur la
paroi nord du passage entre la première salle hypostyle et la cour, peut se traduire par « cénotaphe ».
Voir Fr. Tiradritti, Mare internum 10 (2018), p. 18, n. 6.
9. À vrai dire, je n’avais jamais fait trop attention à la courbe de l’instrument jusqu’à la date du
colloque de Grenoble. Cela démontre une fois de plus que l’on regarde souvent sans vraiment voir.
Pendant la discussion qui a suivi, mon ami Olivier Perdu a attiré mon attention sur ce détail et je tiens
à le remercier vivement pour cette importante correction. L’identification de la canne-âout est déjà
dans R. Meffre , « Les serviteurs funéraires thébains de la Troisième Période intermédiaire », dans
Fl. Gombert-Meurice – Fr. Payraudeau (éd.), Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et
prêtres d’Amon à Thèbes, 2018, p. 140. Il est intéressant de remarquer que la canne-âout et le fouet-
nékhekh se trouvent aussi dans les mains de la momie du prêtre de Montou et père divin Padiamonet (III)
dont la carrière est datée à la moitié de la XXVe dynastie (700-675 av. J.-C.) : C.M. Sheikholeslami,
« Resurrection in a box: the 25th Dynasty burial ensemble of Padiamunet », dans R. Sousa (éd.), Body,
Cosmos and Eternity New research trends in the iconography and symbolism of ancient Egyptian coffins, 2014,
p. 111-124 ; C.M. Sheikholeslami – S. Ikram, NARCE 210 (2017), p. 24. Padiamonet (III) faisait partie d’une
importante famille thébaine et son père Nespaqachouty (B) détenait le titre de vizir.
10. Voir Fr. Tiradritti, « Frammento superiore di ushabty di Harwa », dans S. Einaudi – Fr. Tiradritti
(éd.), L’enigma di Harwa, 2004, p. 220. La hauteur du fragment est de 12 cm. Il est entré au Museum of
Fine Arts de Boston en 1872 grâce à une donation de Charles Granville Way (1841-1912) qui l’avait
hérité de son père Samuel Alds Way (1816-1872). Ce dernier l’avait acquis à la vente aux enchères de
la collection de Robert Hay en 1836. La provenance du fragment de la figurine funéraire du cénotaphe
de Haroua est confirmée par la présence dans la collection Hay du fragment en calcaire MFA 72.692
qui faisait partie de la scène du marécage, gravée sur la paroi méridionale de la cour du monument
(E.R. Russmann, « Harwa as Precursor of Mentuemhat », dans H. De Meulenaere – L. Limme [éd.],
Artibus Aegypti. Studia in honorem Bernardi V. Bothmer a collegis amicis discipulis conscripta, 1983, p. 140).
La visite de Robert Hay au complexe funéraire de Haroua et Akhimenrou est d’ailleurs attestée par la
présence d’un plan et d’une vue générale parmi ses manuscrits conservés à la British Library de Londres
(Mss. Add. 29821/83 et 109) : D. Eigner , Die monumentalen Grabbauten der Spätzeit in der Thebanischen
Nekropole, 1984, pl. 11 et 12A.
11. P.E. Newberry, Funerary statuettes and Model Sarcophagi 1.1 (CG 46530-48273), 1930, p. 244. H. : 20 cm.
12. La canne-âout et le sceptre-héqa jouissent d’une certaine interchangeabilité – déjà attestée à des
époques très anciennes – et ils peuvent aussi apparaître tous les deux dans les mains d’un personnage
qui possède une certaine autorité : A. Hassan, Stöcke und Stäbe im Pharaonischen Ägypten bis zum Ende des
Neuen Reiches (MÄS 33), 1976, p. 176. Un cas très intéressant est celui de la décoration du sarcophage
de Néferi, retrouvé à Bersha et maintenant au musée égyptien du Caire (CG 28088) : la canne-âout et
le sceptre-héqa y sont reproduits non loin l’un de l’autre (P. Lacau, Sarcophages antérieurs au Nouvel
Empire. Tome II (CGC 28001-28126), 1906, p. 18, Nr. 86, pl. XLV, fig. 321 et p. 18, Nr. 85, pl. XLV, fig. 323) et
ils ont tous les deux une courbure très accentuée. Il faut aussi noter que Néferi était ỉmy-r pr wr (« grand
majordome ») comme Haroua.
13. Affirmé par H.D. Schneider dans Shabtis. An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary
Statuettes with a Catalogue of the Collection of Shabtis in the National Museum of Antiquities at Leiden, I,
1977, p. 175. Il mentionne que des figurines funéraires royales avec le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh entre les mains ont été trouvées pour Akhenaton, Toutânkhamon et Séthy Ier. À ma connais-
sance, il y en a au moins un exemplaire d’Amenhotep III au World Museum de Liverpool (M 13937).
14. Fr. Tiradritti, « Three years of research in the Tomb of Harwa », EgArch 13 (1998), p. 6.
15. Les guillemets se trouvent déjà dans ibid., p. 6.
16. J’ai débuté ma conférence à Grenoble avec un dicton napolitain qui, à mon avis, synthétise bien l’at-
titude des archéologues vis-à-vis de leurs découvertes : « Ogni scarrafone è bello a mamma soya » (« Tout
cafard est beau pour sa mère »). On a tous tendance à exagérer ce qu’on trouve pendant nos recherches.
C’est justement contre cela que j’ai dû me battre pendant mes années de recherche dans le monument
de Haroua. Inconscient, je me suis lancé dans un projet qui dépassait les limites de l’existence d’un
être humain et, au fur et à mesure que je fouillais, je me suis trouvé confronté à une réalité qui arrivait
toujours à m’étonner et qui m’a amené à reconsidérer maintes fois ce que j’avais appris sur l’Égypte
ancienne. Les idées que je présente dans cet article ne font pas exception et je pourrais comprendre
qu’elles se prêtent à des critiques. Le cénotaphe de Haroua ne m’appartient pas et n’est pas le « cafard »
du dicton napolitain. Il s’agit pourtant d’un monument étonnant qui pourrait contribuer à parfaire
notre connaissance de l’Égypte ancienne.
17. Statue dans l’attitude du fonctionnaire, Assouan, musée de la Culture nubienne, JE 37386 ; statue
acéphale dans l’attitude du fonctionnaire, Le Caire, musée égyptien, CG 48606 ; statue acéphale dans
l’attitude du fonctionnaire, Le Caire, musée égyptien, JE 36930 ; groupe statuaire de Haroua avec ses
parentes dans un naos, Le Caire, musée égyptien, JE 37377 ; statue-cube, Paris, musée du Louvre, A 84 =
N 85 ; statue-cube, Berlin, musée égyptien, 8163 ; statue-cube, Londres, British Museum, AE 55306 ;
statue de Haroua assis derrière Isis et Aménirdis Ire, Londres, British Museum, AE 32555. Une autre
statue de Haroua a été vue par Ebers dans une collection particulière à Louqsor (G. Ebers, ZDMG 27
[1873] p. 137-146). On a aussi voulu attribuer à Haroua la statue sans tête ni jambes du musée égyptien
du Caire CG 902, en se basant sur le fait qu’elle montre le même embonpoint que les autres statues
de fonctionnaire. Dans sa publication de la statue Louvre A 84, O. Perdu (Les Statues privées de la fin
de l’Égypte pharaonique [1069 av. J.-C. - 395 apr. J.-C.], Tome I : hommes, 2012, p. 89, n. 219) propose d’attri-
buer à Haroua un fragment de statue dans l’attitude du fonctionnaire (mis en vente aux enchères par
Christie’s Londres le 21 avril 1999 [Lot 63], puis aperçu à nouveau dans le commerce en 2004). Même si
elle est vraisemblable, son hypothèse invite à la prudence, car le nom du propriétaire ne figure pas sur
les restes de l’inscription ; par ailleurs, des statues similaires sont connues pour d’autres particuliers
contemporains de Haroua.
18. L’attestation dans un mobilier funéraire de figurines en matériaux différents est une caracté-
ristique typiquement royale. Il semblerait que, à côté des statuettes qui représentaient le souverain
défunt, il y en ait eu d’autres déposées par des personnages qui lui étaient liés de façon particulière et
qui exprimaient ainsi le désir de rester à ses côtés dans l’Au-delà. L’exemple de Toutânkhamon est le
plus parlant avec les grandes figurines en bois qui représentent le roi dans ses atours les plus typiques –
il y en a des douzaines en matériaux, dimensions et exécution variés. Sur quelques-unes est inscrit le
nom du fonctionnaire qui l’a fait réaliser.
19. Dans une note récente, E. Graefe , GM 257 (2019), p. 6, a soutenu que le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh serrés entre les mains par MAIL 1997 R 200 sont les symboles d’Osiris et que la figurine funéraire
représenterait Haroua dans une « osirianische Pose ». Il convient de ne pas trop prendre en considération
cette opinion qui est fondée d’avantage sur des préjugés que sur des preuves scientifiques. Il est toutefois
étonnant de la voir exprimée par un égyptologue confirmé, qui devrait savoir que le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh sont les symboles du pouvoir dans l’Égypte ancienne, et non les attributs spécifiques d’Osiris.
S’ils se trouvent dans les mains du dieu, ils le sont pour signaler qu’il a été le premier roi d’Égypte (voir
H.D. Schneider , op.cit., p. 66, n. 70). Et même si l’on acceptait l’idée qu’ils soient des symboles osiriens,
il resterait toujours à expliquer la substitution du sceptre-héqa avec la canne-août, vu qu’Osiris serre
invariablement dans sa main le premier, et pourquoi la même typologie n’est pas attestée pour d’autres
particuliers que Haroua.
20. Bien évidemment les trois figurines tenant le sceptre-héqa (ou la canne-août) et le fouet-nékhekh
ont été commandées par Haroua qui aurait tout à fait pu demander d’ajouter wr wr.w à son nom sur
Dans le contexte d’un exposé visant à démontrer que Haroua était l’admi-
nistrateur du pouvoir à Thèbes, on doit aussi remarquer que sur trois sta-
tues, il est représenté lisant un papyrus (Assouan JE 37386 et Le Caire
JE 36930 et CG 48606), preuve qu’il avait la capacité d’analyser ce qui était
écrit. L’attitude évoquant ainsi celle d’un personnage en train de méditer
sur une décision qu’il doit prendre, nous laisse penser que cette statue est
celle d’un fonctionnaire en exercice 21. Ces représentations de Haroua trans-
posent en pierre et de façon plus générique le même concept que le titre wr
wr.w de la figurine MAIL 1997 R 200. Certes, puisque les statues ont dû être
produites à la demande de Haroua, leur valeur en tant que preuve de sa fonc-
tion au sein de l’État thébain est aussi à considérer comme subjective ; mais
toutes les considérations sur l’objectivité et la subjectivité des témoignages
sont dépassées par leur nombre et leur variété ; elles nous amènent à penser
que Haroua était le véritable détenteur du pouvoir économique et politique
à Thèbes. Malgré cela, étant donné son titre de grand majordome de la divine
adoratrice Aménirdis Ire, on a toujours eu tendance à affirmer qu’il agissait
selon les ordres de cette dernière, à qui on a souvent attribué des prérogatives
quasi royales 22.
De plus, cette idée s’appuie presque exclusivement sur le fait que les
divines adoratrices avaient leur nom écrit à l’intérieur d’un cartouche. Il n’y
a pourtant pas de véritable preuve que Haroua dépendait d’Aménirdis Ire,
la figurine MAIL 1997 R 200 sans en avoir le droit. On aurait là un geste de vanité d’une personne qui,
même avec du pouvoir, s’arrogerait encore plus d’importance. Remarquons que ce geste est semblable à
l’appropriation des textes au nom du roi Ouahkara Khéty par le grand majordome Néferi déjà men-
tionné. Il les fit copier sur son sarcophage. Voir J.P. Allen, « The Funerary Texts of King Wahkare
Akhtoy on a Middle Kingdom Coffin », dans J.H. Johnson – E.F. Wente (éd.), Studies in Honor of George
R. Hughes, January 12, 1977 (SAOC 39), 1977, p. 1-29.
21. Dans la description de cette typologie des statues, on utilise la paraphrase « assise à terre de
manière asymétrique » en français (par exemple O. Perdu, op. cit., p. 89), « asymmetric squatting pose »
en anglais (par exemple, J.A. Josephson – M. M. Eldamaty, Statues of the XXVth and XXVIth Dynasties
(CGC 48601-48649), 1999, p. 10) et « asymmetrisch Hockend statue » en allemand (par exemple, K. Jansen-
Winkeln, Inschriften der Spätzeit. Teil III. Die 25. Dynastie, 2009, p. 280 et suivantes). Le papyrus déroulé sur
la jupe et la position soulevée de la jambe gauche empêchent d’écrire – les instruments de scribe ne sont
d’ailleurs pas présents – en laissant au personnage seulement la possibilité de lire et, par conséquent,
de contrôler, prendre des décisions et donner des ordres. Ces caractéristiques font de cette statue
celle d’un fonctionnaire. À ce sujet, il serait intéressant de faire une comparaison entre les person-
nages qui ont choisi de se faire représenter dans cette pose et ceux qui ont préféré l’attitude de scribe.
22. Un changement de vue est détectable chez M. Ayad, « Gender, Ritual, and Manipulation of Power:
The God’s Wife of Amun (Dynasty 23-26) », dans A. Lohwasser et al. (éd.), Prayer and Power. The God’s Wives
of Amun in Egypt during the 1st Millennium BC, 2016, p. 98, où il est affirmé que les pouvoirs administratifs
de l’État thébain étaient attribués à des membres de l’entourage de la divine adoratrice, ou à des digni-
taires locaux. Bien qu’elle fasse mention de Montouemhat et de Padiamenopé, Ayad évite étrangement
toute référence à Haroua, monument funéraire dans lequel elle travaille depuis presque vingt ans.
même si le nom de cette dernière est souvent inscrit sur ses monuments 23.
Il est probable que le « surintendant du domaine 24 de la divine adoratrice »
n’avait pas l’obligation de soumettre ses propres décisions à l’approbation
de cette dernière et, qu’en tant que grand majordome, Haroua – comme ses
successeurs – ait eu plus de liberté d’action que ce qu’on est enclin à penser 25.
Le fait qu’un lien étroit devait exister entre Haroua et Aménirdis Ire est
attesté par le graffito gravé à Naga’ ech-Cheikh à Assouan où leurs noms
sont associés 26. L’inscription dit « La “Main-du-dieu” Aménirdis, juste-de-
voix, fille du roi Kachta, juste-de-voix (répété deux fois en miroir). Son favori,
son aimé, son serviteur, le majordome Haroua. » Les épithètes qui précèdent
le nom de ce dernier mettent en valeur l’existence d’une certaine affection
entre lui et la divine adoratrice et peut-être que la raison du graffito était
celle d’une dédicace à Amenirdis Ire après sa mort (elle est dite « juste-de-
voix » tout comme son père Kachta). L’endroit se prête bien à une telle dédi-
cace : il s’agit de la limite naturelle entre l’Égypte et la région d’où venait
Aménirdis Ire.
Dans le cadre de cet exposé, le motif qui poussa Haroua à graver cette
inscription a une pertinence secondaire. Plus importante est la proximité
du texte avec la première cataracte : elle suggère que l’influence de Thèbes
s’étendait sur toute la région méridionale et donnait ainsi la même exten-
sion au pouvoir de Haroua. Une confirmation partielle à cette situation vient
de l’inscription gravée sur la statue de Montouemhat qui se trouve au musée
égyptien de Berlin (inv. 17271) 27 ; le fonctionnaire y affirme : « (l. 3) Lorsque
j’étais gouverneur (ḥȝty-ʿ) du nome thébain, l’Égypte méridionale dans sa tota-
lité était sous (l. 4) mon contrôle (litt. « mon siège »). La limite méridionale
atteignait Éléphantine et la septentrionale Hermopolis » 28.
23. La statue British Museum AE 32555 figure Haroua assis derrière les images de la déesse Isis et
de la divine adoratrice Aménirdis Ire. Il s’agit d’un type de sculpture par lequel le fidèle manifeste sa
piété envers un dieu ou une déesse. Sur l’inscription du côté droit du socle (K. Jansen-Winkeln, op. cit.,
p. 284, 51.38) Haroua se déclare « serviteur » (bȝk) d’Aménirdis Ire qui est nommée « maîtresse » (nb.t).
L’expression ne doit pas être prise à la lettre et n’implique pas nécessairement une dépendance réelle
entre les deux personnages dans l’exercice du pouvoir, à Thèbes. Elle est seulement la démonstration de
la même affection qu’on retrouve sur le graffito de Naga’ ech-Cheikh traité dans le paragraphe suivant.
Statue et graffito utilisent la même phraséologie et sont sûrement postérieurs à la mort d’Aménirdis Ire.
24. Traduction littérale du titre qu’on a l’habitude de rendre par « grand majordome ».
25. Sur la possibilité que les grands majordomes de la divine adoratrice aient été les véritables déten-
teurs du pouvoir à Thèbes pendant la XXVIe dynastie, voir G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 113-135.
26. La publication la plus récente de l’inscription est celle de K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 291 (51.45).
27. Publiée par J. Leclant, Montouemhat quatrième prophète d’Amon, prince de la Ville (BdE 35), 1961,
p. 58-64, doc. 9. L’inscription est aussi dans K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 459-460 (52.203).
28. Ibid., p. 460 (5-6).
Avant que les fouilles de son cénotaphe ne commencent, malgré les études
qu’on lui avait déjà dédiées, l’importance de Haroua était sous-estimée et,
même si on lui reconnaissait d’avoir été « le plus célèbre des grands major-
domes (mr pr wr) des divines adoratrices Amenirdis I et Chepenoupet » 39,
on le reléguait au simple rôle d’exécuteur des ordres de ces femmes qui, au
moins à partir de Chépénoupet Ire, étaient identifiées comme les véritables
détentrices du pouvoir sur la Haute Égypte 40.
38. R.O. Faulkner , The plural and dual in old Egyptian, 1929, p. 8-10.
39. H. De Meulenaere , LÄ II, 1977, col. 1021-1022. La situation change avec T. Wilkinson, Lives of the
Ancient Egyptians Pharaohs, Queens, Courtiers and Commoners, 2007, p. 291, qui prend en considération les
résultats des premières fouilles et décrit Haroua comme « politically the most influential person in
Thebes, responsible for a territory stretching from Middle Egypt to the First Cataract ».
40. À ce sujet, il suffit de lire ce que dit la notice du Lexikon der Ägyptologie (M. Gitton – J. Leclant, LÄ II,
1977, col. 800) : « … la divine adoratrice, femme d’Amon, devint un véritable souverain de la région
thébaine et reçut les différents privilèges des Pharaons ; plus que des reines, les é.d. [épouses du dieu]
furent alors de véritables rois. »
47. L’utilisation du terme ḫȝs.t répond à une vision du monde égypto-centrique selon laquelle toutes
les terres hors d’Égypte étaient « étrangères ». Cette nuance est ici hors de propos étant donné que
l’auteur du texte est étranger. Le choix du terme peut cependant correspondre à une habitude du scribe
et il en révélerait l’origine égyptienne.
48. G.A. Reisner , ZÄS 66 (1931), p. 92. Maintenant, K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit. Teil II.
Die 22.-24. Dynastie, 2007, p. 350.
côté gauche de la statue Louvre A 84 semblerait expliquer les démarches qui
permirent à Haroua d’occuper une position prééminente au sommet de l’État
thébain 51 :
(l. 4) ḥȝ-r-wȝ zȝ zš pȝ-dἰ-mwt mȝꜤ-ḫrw ḏd=f ḏd=ἰ n=ṯn ἰw=w n m-ḫt mȝwἰ m ḥḥ n
(l. 5) rnp.wt swr wἰ ḥnw.t=ἰ m ḥwn nḏs sḫnt=s s.t=ἰ m wḏḥ ἰw
(l. 6) ḥb.n wj nsw m nḫn sṯnἰ wἰ ḥr nb tȝ.wy pn ἰr wp.t nb ḥb
(l. 7) .n wἰ ḥm=sn r=s ἰr.n(=ἰ) s.t n bw mȝʿ n zp ḏd(=ἰ) grg ἰm
« (l. 4) Haroua, fils du scribe Padimout, juste-de-voix, il dit : “ Je m’adresse
à vous ! À ceux qui viendront après, à ceux qui seront nouveaux dans des
millions (l. 5) d’années. Ma souveraine m’a rendu grand lorsque j’étais un
‘petit jeune’ et elle m’a promu lorsque j’étais un garçon, (l. 6) tandis que le
roi m’avait introduit quand j’étais encore un enfant et que cet Horus maître
des Deux-Terres m’avait distingué parmi toute la foule. (l. 7) Leurs Majestés
m’ont introduit à cela. Cette chose a été faite véritablement et il n’a pas été
dit de mensonge à ce sujet”. »
Après une formule d’appel à ceux qui vivront dans le futur (c’est-à-dire
à nous aussi !) le texte est une narration rétrospective dont la scansion tem-
porelle est donnée par les termes indiquant l’âge de Haroua. On a ainsi la
séquence à rebours ḥwn nḏs (« petit jeune ») 52, wḏḥ (« garçon ») 53 et nḫn
(« enfant ») 54. Cette formulation puise son inspiration dans les inscriptions
royales dans lesquelles pareille narration constitue souvent l’incipit du
texte. C’est le récit classique de l’avènement au pouvoir du roi avec lequel on
affirme qu’il est prédestiné à régner, avant même sa naissance. On confirme
sa légitimité à travers le choix que le dieu a effectué quand le souverain était
encore enfant et on atteint le climax avec l’intronisation du souverain. Placer
le début de l’histoire avant la naissance permet de proclamer la légitimité
du roi au pouvoir par une emphase. Haroua ne peut se vanter d’aucun droit
dynastique et l’on exagère alors en plaçant le début de sa carrière dans sa
51. La dernière publication du texte se trouve dans O. Perdu, op. cit., p. 88. Malheureusement, sa tra-
duction, même si correcte dans ses grandes lignes, accorde peu d’attention aux nuances d’âge qu’il
faut attacher aux termes utilisés. Elle manque ainsi de relever la correspondance avec les faits énoncés
qui, même dans le style typique d’exagération de toutes les autobiographies, semblerait décrire une
situation vraisemblable. L’importance de ce passage est remarquée par C. Koch, “ Die den Amun mit
ihrer Stimme Zufriedenstellen”: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. Bis
zur 26. Dynastie, 2012, p. 76.
52. L’expression est un hapax (Wb III, 52.6), peut-être créée par l’auteur du texte pour donner une tona-
lité de jeunesse à un terme qui indique une personne ayant plus de trente ans (R. Hannig, Ägyptisches
Wörterbuch II: Mittleres Reich und Zweite Zwischenzeit, 2006, p. 1638 {20015}).
53. Plus précisément « entwöhntes Kind » (ibid., p. 774 {9167}) qu’on peut rendre par « enfant sevré ».
54. « Kleine Kind, klein-kind, Baby (das gesäugt wird, in den Windeln liegt) » (ibid., p. 1322 {16268}).
correspondance ne fait rien d’autre que renforcer l’idée, énoncée plus haut,
que la première fonction devrait correspondre au premier grade dans la car-
rière du grand majordome de la divine adoratrice.
La nomination de Haroua comme grand majordome de la divine adora-
trice semblerait ainsi dériver de la volonté de trois personnes : l’Horus maître
des Deux-Terres, un roi et la divine adoratrice. Il est donc évident qu’il était
un véritable parvenu ayant acquis un très important statut grâce à l’adora-
trice, mais avec le consentement du pharaon nubien et le choix initial d’un
roi 55. Il est bien possible que Haroua ait ensuite exercé cette dernière fonction
avant de la transmettre à Montouemhat.
Un tel mécanisme de gestion du pouvoir aurait répondu au besoin d’avoir
à Thèbes un gouverneur désigné par le pharaon, choisi en fonction de ses
capacités et non à cause de l’importance et de l’influence de sa famille. Un tel
système pouvait éviter ce qui s’était souvent déroulé dans le passé, lorsque la
transmission du pouvoir de père en fils avait produit de vraies rivalités face
au pouvoir royal.
Dans le cas de Haroua, il est probable que sa carrière l’amena d’abord à
devenir le personnage le plus important dans l’entourage de la divine adora-
trice et, seulement dans un second temps, à être nommé administrateur de
l’État thébain. Ce changement de statut n’aurait pas correspondu à l’acquisi-
tion d’un nouveau titre. Un tel exemple trouve un écho dans l’Égypte contem-
poraine où l’on utilise moudir/a (« directeur / directrice ») pour désigner une
personne avec du pouvoir sans que nécessairement cette appellation soit
ajoutée aux documents officiels 56. Le titre nsw, auquel les textes contempo-
rains attribuent une valeur soit spécifique soit générique, peut avoir eu le
même emploi, mais il est aussi envisageable qu’à sa place aient été utilisés
d’autres titres comme wr wr.w, qui exprimait le même concept tout en possé-
dant une nuance archaïsante. L’Égypte moderne vient à notre secours dans ce
cas aussi, avec l’usage de termes tirés de l’administration turque (Bey, Effendi
et Basha) pour s’adresser à des personnes qui ont du pouvoir.
Enfin, il est possible que pendant la XXVe dynastie (et peut-être même
avant), n’importe quel fonctionnaire ait pu détenir le pouvoir administratif
à Thèbes et qu’il n’y ait pas eu de véritable moyen d’identifier cette fonction
à travers les titres. Seules des évidences matérielles et objectives, comme la
taille des monuments (ceux de Montouemhat et de Haroua, par exemple) et
la mention dans des documents officiels – produits par ceux qui se trouvaient
55. Il faudrait identifier ici le nsw avec un personnage qui avait la possibilité de gérer les affaires de
l’État thébain sous le contrôle du pharaon.
56. Lorsque nous signons les autorisations avec le Service des Antiquités, nos noms sont précédés par
« docteur » ou bien « professeur » ; sur la fouille, les ouvriers nous appellent moudir.
– dont l’importance est aussi marquée par le fait que Gaoutsechen tient à le
citer sur son mobilier funéraire même s’il était seulement le père de sa mère.
Padiamonnebnesoutaouy serait très bien placé pour être identifié au nsw
mentionné par Haroua dans le texte sur la statue Louvre A 84. On ne connaît
de lui aucun monument, mais cela peut s’expliquer par les hasards de la
recherche archéologique ou par le fait que Thèbes ne connaissait pas encore
la prospérité que lui procura la consolidation du pouvoir kouchite en Égypte.
Il a été récemment affirmé que Thèbes devait déjà être sous l’influence des
rois nubiens au moment de la campagne de Piânkhy en Égypte 63 et on a écrit
que le pouvoir politique était détenu par les divines adoratrices à partir des
derniers rois libyens 64. À la lumière de ce qu’on vient de dire, il semblerait plus
correct d’envisager que ces dernières détenaient le pouvoir religieux et avaient
seulement la possibilité d’exercer un contrôle sur les gouverneurs à Thèbes 65.
Ceux-ci étaient des fonctionnaires autochtones désignés pour cette tâche par
le pharaon, le nsw (celui qui était déjà en charge) et la divine adoratrice.
63. Fr. Payraudeau, GM 198 (2004), p. 89 et R. Meffre , « Political Changes in Thebes during Late Libyan
Period and the Relationship between Local Rulers and Thebes », dans A. Lohwasser et al. (éd.), Prayer
and Power. The God’s Wives of Amun in Egypt during the 1st Millennium BC, 2016, p. 47-60.
64. Ibid., p. 51.
65. Dans le texte de la statue Louvre A 84, la ratification de la nomination de Haroua par Aménirdis Ire
est une condition nécessaire pour atteindre le sommet de l’administration thébaine.
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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice | 135
Les fondateurs de cette société savante, créée à Paris en 1923 par les égypto
logues du moment, ont eu dès sa création le souci de « grouper les égypto
logues et les personnes s’intéressant à l’étude de l'Égypte depuis ses origines jusqu’au
premier siècle de l’Hégire afin de leur permettre d’échanger leurs vues sur toutes
les questions concernant l'Égypte, d’entretenir des rapports tant avec les savants
spécialistes des autres pays qu’avec le public non initié à l’égyptologie et de publier
des travaux relatifs à ses études... » (Statuts 1923, art. Ier).
À une époque où l’on parle beaucoup et souvent de l’Égypte ancienne, les scienti
fiques ont à cœur de bien informer un public de passionnés que reportages et
publications multiples rendent chaque jour plus complexes.
C’est pourquoi la SFE organise trois rencontres par an au cours desquelles des
spécialistes français et étrangers présentent les recherches en cours et les décou
vertes de l’égyptologie. Selon l’actualité, la Société propose aussi à ses adhérents des
visites d’expositions et de musées consacrés à la civilisation égyptienne.
n o 2 02
no 202 Octobre 2019 – février 2020
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O c t obr e 2 019 – f é v r ie r 2 02 0
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De plus, le compte rendu des réunions
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