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2 02 0 | n o  2 03

no 203 2020

Deux volumes du BSFE sont exceptionnellement consacrés à la publication des


actes du colloque qui s’est tenu au musée de Grenoble les 11 et 12 janvier 2019,
dans le sillage de l’exposition « Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices,
chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes ».
Ce premier volet met à l’honneur la nécropole thébaine en réunissant des
contributions qui puisent dans son matériel funéraire, ses textes et ses décors.

b u l l e t i n d e l a s o c i é t é f r a n ç a i s e d ’é g y p t o l o g i e

no 203 25,00 €
ISSN : 0037-9379

CULTES ET CLERGÉS À THÈBES DES LIBYENS AUX SAÏTES


9 770 037 937907
0 0203
Actes du colloque du musée de Grenoble 11-12 janvier 2019, I

Florence Gombert-Meurice et Frédéric Payraudeau (dir.)

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Bulletin de la Société française d’égyptologie
2020 no 203

i – Nouvelles de la Société 2

ii – Actes du colloque du musée de Grenoble 7


Avant-propos 8
Déroulé et résumés des interventions du colloque 10

Colloque – Première partie


Le clergé à travers la documentation de la nécropole thébaine 23
– Silvia Einaudi – EPHE Paris
Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif : 25
reflet de croyances, pratiques cultuelles et savoir
– Erhart Graefe – Université de Münster
Nouveaux documents du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures 36
de la nuit sur les cercueils des XXVe-XXVIe dynasties et plus tardifs,
et autres textes basés sur les heures
– Raphaële Meffre – CNRS UMR 8167 / Orient & Méditerranée
Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte : particularités locales 48
et apports prosopographiques
– Andrzej Niwiński – Faculté d’archéologie de l’université de Varsovie
Les plus beaux cercueils du monde. Le projet iconographique de l’université 79
de Varsovie : les cercueils de la XXIe dynastie
– Elena Pischikova – South Asasif Conservation Project
Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb (TT 390) 99
in the South Asasif Necropolis
– Francesco Tiradritti – Mission archéologique italienne à Louqsor
Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice, dans la gestion 115
du  pouvoir à Thèbes entre la fin du viiie et le début du viie siècle av. J.-C.

En couverture :  Scène de funérailles. Cercueil extérieur d’Imen-em-Ipet.


Londres, British Museum 22941 (cliché A. Niwiński)

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I – NOUVELLES DE LA SOCIÉTÉ

Comptes 2019

La Société française d’égyptologie n’a pu organiser son Assemblée générale


annuelle au mois de juin 2020. Le report de cette réunion à l’automne ayant
été compromis par la tournure des événements sanitaires, le Bureau a fina-
lement opté pour le vote par correspondance.
Les comptes 2019 ont donc été envoyés aux adhérents, ainsi que les rap-
ports du trésorier et du contrôleur des comptes. Ils sont publiés ci-après.

SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ÉGYPTOLOGIE – COMPTES ANNUELS 2019

COMPTE DE RÉSULTAT
C harges Produits
2018 2019 2018 2019

Cotisations de l’année
Impression BSFE 12 379 13 093 1 055 3 990
antérieure

Cotisations de l’année
38 149 43 836
en cours

Total cotisations 39 204 47 826

Frais liés à l’activité


909 1 137 Vente BSFE 0 277
courante

Loyer, assurance,
0 0 Vente RdE 280 270
redevance Collège

Frais postaux,
800 1 039 Dons 500 235
communications

Frais liés aux réunions 3 313 7 147 Subventions reçues

Charges de personnel 14 329 14 556 Visites, conférences 271 1 967

Charges sociales 9 989 10 154

Frais bancaires 532 657 Produits financiers 0 0

Dotation amortissement 0 0

Total des charges 42 251 47 783 Total des produits 40 255 50 575
Excédent 2 792 Perte 1 996

Total général 42 251 € 50 575 € Total général 42 251 € 50 575 €

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Nouvelles de la Société |  3

BILAN

A ctif Passif

2018 2019 2018 2019

Immobilisations 5 054 5 054 Situation 1er janvier 14 652 12 656

Amortissements – 5 054 - 5 054 Résultat – 1 996 2 792

Immobilisations nettes 0 0 Situation nette 31/12 12 656 15 448

Crédit agricole 28 848 23 362 Charges à payer 1 184 422

CCP et Placements 1 024 981 Facture à recevoir 0 0

Cotisations reçues
Caisse 105 15 16 137 8 488
par avance

Total 29 977 € 24 358 € Total 29 977 € 24 358 €

Rapport de M. Bizien, trésorier de la SFE


« Madame, Monsieur,
Conformément à nos statuts, je vous présente mon rapport de trésorier de l’As-
sociation sur les comptes annuels 2019. Par ailleurs, Monsieur Marc Goujon vous
fera part de son propre rapport de vérificateur des comptes.
Ces comptes 2019 font ressortir un excédent de 2 792 euros alors que nous
avions constaté une perte de 1 996 euros pour l’exercice précédent. Ce résultat
est très encourageant après l’année 2018 au cours de laquelle la plupart des asso-
ciations avaient constaté une réduction sensible de leurs recettes.
Nous examinerons successivement les caractéristiques du compte de résultat
et du bilan à la fin de cet exercice.

Le compte de résultat
Le compte de résultat qui se traduit donc par un excédent de 2 792 euros peut se
résumer de la façon suivante :
– les cotisations de l’année en cours augmentent de 22 % par rapport à 2018,
avec un total de 47 826 euros dont 3 990 euros d’arriérés de cotisations. En 2018, le
total des cotisations encaissées était de 39 204 euros. Ces cotisations représentent
95 % de nos produits ;
– le total de nos charges, d’un montant de 46 612 euros, augmente de 13 %
par rapport à 2018. Ces charges se caractérisent par une stabilité de la plupart
des postes en dehors des frais liés aux réunions qui passent de 3 313 euros à

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7 147 euros. Il convient de noter que cette augmentation est compensée en partie


par des recettes liées à nos manifestations d’environ 1 700 euros ;
– le reste des charges est relativement stable. Les charges se composent essen-
tiellement des frais de personnel (salaires et charges sociales) pour 24 710 euros,
des frais d’impression du BSFE pour 13 093 euros et de diverses charges courantes
pour 2 833 euros.

Le bilan
La situation nette de l’association est de 15 448 euros au 31 décembre 2019. Cette
situation nette représente notre patrimoine net. Il se décompose de la manière
suivante :
– l’actif est uniquement composé de nos disponibilités, essentiellement le
compte courant du Crédit Agricole, pour un montant global de 24 358 euros ;
– au passif les cotisations 2019 perçues d’avance sont en retrait par rapport
à celles encaissées en 2018 au titre de 2019 : soit 8 488 euros contre 16 137 euros.
Toujours au passif, les charges sociales du quatrième trimestre figurent pour un
montant de 422 euros.
La différence entre les postes d’actif et de passif, précédemment décrits,
constitue notre situation nette de 15 448 euros.

Conclusion
Au terme du précédent exercice nous nous montrions relativement inquiets en
raison de la baisse significative des cotisations encaissées (environ 6 000 euros).
Or c’est plus de 8 000 euros d’encaissements supplémentaires que nous consta-
tons en 2019. Cette augmentation permet de dégager près de 3 000 euros
d’excédent. »

Rapport de M. Goujon, vérificateur des comptes 2019


« Conformément à la décision du comité exécutif de la SFE, sur la base des docu-
ments présentés, j’ai procédé à la vérification des comptes pour l’exercice
allant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2019. Compte tenu de la situation
sanitaire en France consécutive à l’épidémie de COVID, cette vérification a été
réalisée aux seules vues des documents comptables présentés par le trésorier,
à savoir le compte de résultat, le bilan et le rapport du trésorier. Aucune
vérification de pièces n’a été réalisée sur place au secrétariat de la SFE. Il résulte
des documents présentés que le total du bilan 2019 se monte à 24 358 euros pour
un montant de 29 977 euros en 2018.
Le compte de résultat 2019 présente un excédent de 2 792 euros pour une
perte de 1 996 euros en 2018.

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Nouvelles de la Société |  5

La situation budgétaire et comptable de la SFE apparaît comme tout à fait


saine, ce qui est d’autant plus méritoire que la période économique difficile que
nous connaissons actuellement pèse sur les comptes des associations. »

Les comptes 2019 ont été approuvés à l’unanimité des votes exprimés
par retour de courrier.

Point publications

Les publications de la SFE ne sont pas trop impactées par le contexte général :
la parution de la RdE 70 (2020) – dont l’impression en Belgique a été repoussée
en raison du contexte – est pour bientôt. Par ailleurs, puisqu’il n’a pas été
possible de recevoir de conférenciers depuis la réunion de février 2020, la SFE
s’est proposé d’accueillir dans le Bulletin les communications du colloque de
Grenoble dont elle avait été partenaire en janvier 2019 et auquel de nombreux
membres avaient pu assister ; ce numéro 203 regroupant la première partie
des communications du colloque se présente donc sous une forme un peu
différente des BSFE habituels et, exceptionnellement, comprend un article
en anglais.
Les interventions de notre réunion zoom du 1er décembre – de Mme Julie
Porchet-Stauder d’une part, MM. Vincent Morel et Jean-Guillaume Olette-
Pelletier d’autre part – seront comme d’habitude publiées dans un prochain
BSFE.

Nouveaux membres

Caroline Bakeland, Marie-Blandine Bost, Serge Bresque, Jean-Pierre Chatellier,


Dominique Denis, Emma Duteil, Mathilde Lechevalier, Erwan Lemaire, Arthur
Lesage, Laurie Martineau, Julia Martínez García, Lenaïg Menguy, Julien Oliva,
Stéphane Radénac, Pierre-Jacques Raybaud, Christine Rivereau, Carla Santori,
Val Sederholm, Xavier Siret, Dorian Vanhulle.

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II – actes du colloque du musée de grenoble

Cultes et clergés dans la société thébaine


des Libyens aux Saïtes

sous la direction de

Florence Gombert-Meurice
et Frédéric Payraudeau

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Avant-propos

Le colloque Cultes et clergés thébains des Libyens aux Saïtes, qui s’est déroulé
les 11 et 12 janvier 2019 au musée de Grenoble a constitué le second volet
de l’exposition Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et prêtres
d’Amon à Thèbes, organisée dans ce même musée en collaboration avec le
Louvre, du 25 octobre 2018 au 27 janvier 2019. Dans l’exposition, les cercueils
thébains de la XXIe dynastie rapportés à Grenoble par le comte de Saint-
Ferriol ont été le point de départ de la mise en valeur du milieu sacerdotal
thébain de la Troisième Période intermédiaire. Le colloque a proposé quant à
lui de poursuivre la réflexion sur la société thébaine des xie - viie siècles avant
J.-C., tournée vers le culte d’Amon, avec des communications traitant des
divers aspects et parfois des spécificités des cultes thébains, de leurs rapports
avec les élites ou le pouvoir royal souvent lointain durant cette période de
partition politique.
Les communications ont porté sur les prêtres et les agents des structures
politiques ou administratives, leurs pratiques cultuelles ou funéraires et
leur expression artistique. L’édition de documents inédits a été favorisée,
combinant approches traditionnelles – documentaire et prosopographique –
et avancées de l’anthropologie sociale. Ces études ont été regroupées en deux
thèmes principaux qui témoignent autant des évolutions de la recherche
égyptologique que des spécificités de la période.
Dans ce premier volume, l’importance de la nécropole thébaine comme
réceptacle des pratiques textuelles des clergés thébains et lieu privilégié de
leur représentation est mise en évidence. Le décor élaboré des cercueils des
membres des clergés thébains dès la XXIe dynastie marque le soin accordé au
matériel funéraire qui prend alors le relais du décor de la tombe (A. Niwiński).
La réapparition de grandes tombes décorées pendant la XXVe dynastie et la
complexité des processus de réappropriation des grands textes funéraires
soulignent de manière symétrique le rôle des lettrés dans cette « renaissance »
(S. Einaudi, E. Graefe, E. Pischikova), tandis que l’image du défunt sur le mobi-
lier funéraire fournit des indices archéologiques et stylistiques susceptibles
d’éclairer le statut des divers membres de l’élite (Fr. Tiradritti, R. Meffre).
Un second volume rassemblera les communications évoquant la place
du clergé dans la société thébaine de l’époque – dont le cadre politique est
souvent défini comme l’État divin d’Amon – à travers son autoreprésentation
et ses activités dans le temple. Les différents processus d’identification à une
catégorie socioprofessionnelle sont éclairés par les données généalogiques
(A. Wütrich, Fr. Jamen), la production littéraire (V. Desclaux) et la statuaire de

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Avant-propos |  9

temple (Fr. Payraudeau). La place particulière occupée par certains membres


du clergé comme les prêtres de Montou (C.M. Sheikholeslami) est également
évoquée, à côté des activités rituelles spécifiques et des évolutions des cultes
(O. Perdu).
Les éditeurs remercient l’ensemble des participants au colloque, qui
ont rapidement répondu présents, le musée de Grenoble qui a soutenu puis
hébergé le colloque dans son cadre magnifique, les institutions de tutelle qui
ont permis la publication de ces actes, le laboratoire Mondes pharaoniques de
l’umr 8167 du cnrs et le département des Antiquités égyptiennes du musée du
Louvre, enfin la Société française d’égyptologie qui a participé à l’organisa-
tion de ces journées et accepté d’accueillir les actes dans le BSFE 1.

Frédéric Payraudeau
Maître de conférences à Sorbonne Université
Centre de recherches égyptologiques de la Sorbonne

Florence G ombert-Meurice
Conservateur en chef au musée du Louvre
Département des Antiquités égyptiennes

1.  Ils sont particulièrement redevables à Laetitia Gallet et aux éditions Khéops, qui ont assuré avec un
sérieux et une bonne humeur jamais démentis la relecture et la mise en page du manuscrit.

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DÉROULÉ ET RÉSUMÉS DES INTERVENTIONS DU COLLOQUE 2

Vendredi 11 janvier 2019, après-midi

France Jamen – Université Lyon 2 – Lumière


Pouvait-on faire carrière à Thèbes, sous la XXIe dynastie ?
Histoire de la mobilité sociale
Cette communication, qui se fonde sur les résultats d’une thèse de doctorat,
s’intéresse à l’ascension sociale dans le contexte d’une société au sein de
laquelle la transmission héréditaire est devenue quasiment systématique. Au
cours de cet examen, des focus seront réalisés sur les parcours professionnels
d’individus bénéficiant de charges dans le domaine d’Amon, dans l’institution
de la Tombe au début de la XXIe dynastie et dans l’armée.
Il s’agira de déterminer si la société thébaine présente des cas de réus-
site sociale hors du commun, à l’aide d’une analyse systématique de don-
nées éparses rassemblées dans un corpus prosopographique agrémenté des
textes et de l’archéologie. Les carrières étaient-elles limitées au domaine des
temples thébains dans le cadre de l’hégémonie du domaine d’Amon ou bien
d’autres perspectives d’évolution, dans l’armée ou dans l’administration cen-
trale, pouvaient-elles être soulignées ?

This paper, based on the results of a doctoral thesis, investigates social promotion in
the context of a society where hereditary transmission had nearly always become the
rule. To this end, focus will be brought on the professional careers of individuals in
charge of offices in the estate of Amun, in the institution of the Tomb at the beginning
of Dynasty XXI, and in the Army.
The question is to decide whether the Theban society shows cases of exceptional
social success, with the help of a systematic analysis of scattered data gathered,
together with additional texts and archaeological data, into a prosopographic
corpus. Were careers limited to the sphere of Theban temples within the hegemonic
frame of Amun’s estate, or could other prospects of change – in the Army or central
Government – be emphasised ?

2.  Quelques communications seront publiées hors BSFE.

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  11

Annik Wüthrich – Université de Münster


L’expression de la filiation à la Troisième Période intermédiaire :
reflet d’une réalité historique ou simple effet de mode ?

L’expression de la filiation est, depuis les premières sources écrites, relati-


vement codifiée : elle met en avant la relation biologique qui unit la mère
et son enfant alors qu’on s’accorde à dire que la relation paternelle se situe
à un niveau social. Or, la documentation de la Troisième Période intermé-
diaire, privée comme royale, témoigne d’un élargissement de la palette des
expressions généalogiques.
Cette présentation s’attachera donc à étudier les modèles de filiations
pour déterminer s’il existe un aspect systématique à leur formulation. On
s’interrogera également sur la portée sociale de ces observations et on tentera
de dégager la signification idéologique de cette nouvelle forme d’expression.

Expressing filiation has been relatively codified ever since the first written sources,
thus highlighting the biological link between mother and child, whereas the paternal
relationship is related to a social standard. However, documentation from the Third
Intermediate Period, both private and royal, testifies to a widening range of genea-
logical expressions.
This paper will therefore focus on studying the patterns of filiation, in order to
seek if their formulations show a systematic aspect. We shall also examine the social
bearing of such observations and try to identify the ideological significance of that
new form of expression.

Vanessa Desclaux – bnf Paris


La commémoration des élites thébaines : les réseaux relationnels mobilisés
dans les appels aux vivants (xie-viie s.)
L’appel aux vivants illustre une certaine mise en scène de l’(auto)-représen-
tation et de la commémoration des élites, dans un formulaire rhétorique
qui peut apparaître comme stéréotypé mais néanmoins ancré dans un Sitz
im Leben renouvelé au cours de son histoire. Il concentre les questions de la
survie, de la mémoire, des cultes et des valeurs idéologiques dans un réseau
relationnel multiple qui s’affirme dès l’interpellation des interlocuteurs et
acteurs attendus. La sollicitation de ces derniers éclaire sur le rapport à la
puissance divine et l’implication ou non du référent royal dans le devenir du
locuteur. Le support de l’inscription donne quant à lui les informations sur un
autre réseau, celui qui entoure le locuteur et le commanditaire de l’artefact,

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souvent distingués par la pratique des dédicaces durant la période des xie-
viie s. L’appel est alors utilisé jusqu’au plus haut niveau de la cour thébaine,
des divines adoratrices et quatrièmes prophètes d’Amon.
Pour mener à bien cette analyse et en percevoir les nuances, nous nous
attacherons plus particulièrement à quelques études de cas sélectionnés en
fonction des bénéficiaires des appels et de leur place dans la société thébaine
de l’époque.

The Call to the living illustrates a kind of staging of the (self)-representation and
commemoration of the upper-class, in a rhetorical form that may look stereotyped but
is nevertheless anchored in a « Sitz im Leben » renewing itself along its time. It this
gathers matters of survival, memory, cults and ideological values within a multiple
relational network asserting itself from the moment the Call is issued to expected
interlocutors and actors. The solicitation of the latter sheds light on the relation to
divine power and the involvement or non-involvement of the royal referent in the
speaker’s future. The medium used for the inscription provides information on ano-
ther network surrounding both speaker and sponsor of the artefact, themselves often
distinguishable through dedications practiced between the 11th and 7th centuries.
The Call is then in use even among upper levels of the Theban Court, divine Votaresses
and Fourth prophets of Amun.
To achieve that analysis and perceive its various shades, we shall especially focus
on a few case studies, selected according to the beneficiaries of the Calls and their
places in Theban society at the time.

Francesco Tiradritti – Université Kore d’Enna


Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice, dans la gestion
du pouvoir à Thèbes entre la fin du viiie et le début du viie siècle av. J.-C.
Haroua vécut entre la fin du viiie et le début du viie siècle av. J.-C. On connaît
de lui huit statues, mais les informations sur sa vie restent maigres. Plus
révélateur est le cénotaphe qu’il se fit creuser dans l’esplanade de l’Assassif,
devant le temple d’Hatchepsout. Son extension considérable suggère que
Haroua devait posséder des ressources économiques importantes. Cette
impression se vérifie dans la qualité de la décoration du monument qui doit
être attribuée, en grande partie, à des artistes d’origine memphite. En 1997,
la découverte par la Mission archéologique italienne à Louqsor d’un ouchebti
de Haroua tenant les insignes de la royauté pharaonique a permis de supposer
que le fonctionnaire était le véritable détenteur du contrôle administratif sur
le sud de l’Égypte, pour le compte des rois de la XXVe dynastie. Des recherches

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  13

ultérieures ont suggéré l’existence d’un mécanisme de gestion du pouvoir


à Thèbes – mis en place par les souverains de la dynastie libyenne et en
fonction pendant au moins un siècle et demi – différent du système envi-
sagé jusqu’alors et selon lequel au sommet du gouvernement était la divine
adoratrice d’Amon-Rê.

Harwa lived between the end of the 8th and the beginning of the 8th centuries BC. Even
though we know eight statues of him, information on his life is rather scarce. More
telling is the cenotaph he prepared for himself: digged in the esplanade of Asasif in
front of Hatshepsut temple, its vastness shows that Harwa must have had significant
economic resources. Such impression seems confirmed by the quality of decorations
in the monument, to be attributed – for a large part at least – to artists of Memphite
origin. The discovery in 1997, by the Italian Archaeological Mission in Luxor, of a
shabti belonging to Harwa holding the insignia of Pharaonic royalty led to consider
him as possibly the real holder of administrative control over South-Egyt on behalf
of the kings of Dynasty XXV. Subsequent research suggested a special mechanism of
power in existence at Thebes, set up by the rulers of the Libyan dynasty, functioning
for at least one and a half century, different from what was thought so far and accor-
ding to which at the top of government was the divine Votaress of Amun.

Anke Blöbaum – Université de Münster


The Saitic Oracle Papyrus revisited. The witnesses list as source for
a deeper understanding of the internal relations of the Theban clergy
The Saitic Oracle Papyrus provides us with important prosopographic infor-
mation about the Theban clergy during the reign of Psametik I. It is now more
than 50 years ago since the comprehensive edition of the text by Richard
Parker had revealed the identity of 50 witnesses signing the oracle decision
by their own hand. Thirty years after the edition Herman De Meulenaere
had collected further information based on the state of knowledge at that
time. Now, more than twenty years later, I think it is time for another go.
The papyrus is in the first place an important source in order to complete
the dossiers of the named priests, their titles and family relationships. But
possibly the witnesses list as such may provide us with further information,
as at least some of the witnesses seem to be grouped according to their sacer-
dotal function. Therefore the structure of the list may reflect hierarchic and/
or functional relations among the priests. Based on some promising results
on the specific representation of Montuemhat in the Saite Oracle Papyrus
the witnesses list shall be subjected to a detailed examination focussing on

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structure and display on the one hand and on correlating the representation
of the individual in the list with those known from other sources. The pre-
sentation will summarize the main results of this analysis considering that a
narrow focus on specific details may reveal a further layer of information of
a well-known text that might lead to a deeper understanding of the internal
relations of the Theban clergy.

Le « papyrus oraculaire saïte » nous fournit d’importantes informations prosopogra-


phiques sur le clergé thébain durant le règne de Psammétique Ier. Il y a maintenant
plus de cinquante ans, l’édition complète du texte par R. Parker révélait l’identité de
cinquante témoins signant la décision de l’oracle, de leur propre main. Trente ans
après la parution, Herman De Meulenaere collectait des informations complémen-
taires sur l’état des connaissances à l’époque. Aujourd’hui, plus de vingt ans après, il
est temps de reprendre cette étude. Le papyrus est en premier lieu une source impor-
tante pour compléter les dossiers des prêtres nommés, leurs titres et leurs relations
familiales. Mais peut-être que la liste des témoins en tant que telle peut également nous
livrer des informations supplémentaires : certains des témoins semblent regroupés
d’après leur fonction sacerdotale et, par conséquent, la structure de la liste est sus-
ceptible de refléter des relations hiérarchiques et/ou fonctionnelles entre les prêtres.
Sur la base de certains résultats prometteurs relatifs à la représentation spécifique
de Montouemhat dans le papyrus, la liste des témoins sera soumise à un examen
détaillé axé d’une part sur la structure et l’affichage, d’autre part sur la corrélation
de la représentation de l’individu dans la liste avec ceux connus d’autres sources. La
présentation résumera les principaux résultats de cette analyse considérant qu’une
focalisation étroite sur des détails spécifiques d’un texte bien connu peut révéler une
strate supplémentaire d’informations, et conduire ainsi à une compréhension appro-
fondie des relations internes au clergé thébain.

Anthony Leahy – Université de Birmingham


The descendants of Patjenfy (TT 128) and the workshops of Edfu
and Thebes in the Saite Period
Patjenfy, mayor of the city, was a notable figure at Thebes in the middle
years of the seventh century BC. The presentation of his family in his tomb
at Sheikh Abd el-Qurna (TT 128) shows that he had the resources and the
status to have two daughters accepted as songstresses in the retinue of the
God’s Wife of Amun at Karnak. Although his great-grandfather held Theban
titles, his more immediate forebears were priests at Edfu and his descendants
were also prominent members of the elite there. This study seeks to deepen

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  15

understanding of this extended family through an analysis of stelae, coffins


and other items of funerary material that are either only partially published
or have not been studied at all. It identifies a number of epigraphic features
that distinguish the scribal and sculptural practices of Edfu in the Twenty-
sixth Dynasty from those of contemporary Thebes. This in turn leads to a
better understanding of interconnections and greater precision in dating.

Patjenfy, maire de la ville, fut une figure marquante à Thèbes au milieu du viie siècle
av. J.-C. La présentation de sa famille dans sa tombe de Cheikh Abd el-Qourna (TT 128)
montre qu’il avait les ressources et le statut nécessaires pour faire accepter deux de ses
filles comme chanteuses dans le cortège de l’épouse divine d’Amon à Karnak. Bien que
son arrière-grand-père ait eu des titres thébains, ses ancêtres les plus immédiats étaient
prêtres à Edfou et ses descendants furent également des membres importants de l’élite.
L’étude cherche à mieux appréhender cette famille élargie à travers une analyse des
stèles, des cercueils et d’autres éléments de matériel funéraire qui ne sont que partiel-
lement publiés ou qui n’ont pas été étudiés du tout. Elle identifie un certain nombre de
caractéristiques épigraphiques qui distinguent les pratiques des scribes et sculpteurs
d’Edfou à la XXVIe dynastie de celles de la Thèbes contemporaine, avec à la clef une
meilleure compréhension des interconnexions et une plus grande précision dans la
datation.

Dimanche 12 janvier 2020, matin

Florence Gombert-Meurice – Département des Antiquités égyptiennes du Louvre


La statue de Karomâmâ, une iconographie en question

La statue de Karomâmâ, adoratrice du dieu Amon à Karnak, n’a pas été


publiée de manière précise et exclusive. Elle a été négligée en tant qu’objet
archéologique, certainement en raison des données ténues dont nous dis-
posons concernant sa découverte, de son inscription qui résiste à une inter-
prétation certaine et de sa beauté hors du commun qui en fait une œuvre
emblématique. Une simple description de la pièce met pourtant en exergue
des détails éclairant son contexte d’origine. La condition est de ne pas les
considérer comme allant de soi, de ne pas se laisser piéger par le fait que
la statue est devenue l’image de l’adoratrice d’Amon par excellence. C’est
ainsi que sa robe enveloppée par les ailes d’un faucon n’a soulevé aucune
interrogation alors qu’elle n’est pas, en réalité, dans la garde-robe habituelle

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des adoratrices d’Amon. De même, rien ne prouve qu’elle ait jamais été
couronnée de deux plumes. Ainsi, libérée de l’emprise esthétique de la statue,
l’analyse de plusieurs éléments saillants de l’iconographie, du texte et de la
technique de cette pièce permet de mieux la rendre à son contexte perdu
et même d’avancer l’hypothèse qu’elle aurait été dédiée par le directeur du
Trésor et chef des chambellans de l’adoratrice Iaentefnakht pour la chapelle
d’Osiris Khenemmaât à Karnak.

The statue of Karomama, the Votaress of Amun in Karnak, was never precisely
and exclusively published. Also, as archaeological object, Karomama still remained
neglected, a fact obviously due to a scarcity of data concerning its discovery, to the
difficult interpretation of its inscription, and to its extraordinary beauty which makes
of it an emblematical work of art.  Evertheless, a mere description of the statue brings
out details that sheds light on its original context, provided one does not take those
details for granted and escapes the trap of Karomama having become the image of
Amun’s Adoratress par excellence. For instance, her dress wrapped in the wings of a
hawk has never been questioned although it does not belong to the usual wardrobe
of a Votaress of Amun. Likewise, there is no evidence that she was ever crowned with
two feathers. Thus freed from the aesthetic grip of the statue, an analysis of a few
elements of its iconography, text and technique allows us to some extent to place it
back to its lost context and even suggests its possible dedication by the Adoratress’s
treasurer Iaentefnakht to the chapel of Osiris Khenemmaat in Karnak.

Laure Bazin Rizzo – Université Paul-Valéry – Montpellier 3 / cnrs, umr 5140


Une égide-menit inscrite à l’effigie de Mout d’origine thébaine
(XXIe-XXIIIe dynasties)

Dans les collections égyptologiques tant muséales que privées, les égides-
menit en bronze appartiennent à la catégorie des œuvres relativement
courantes. Néanmoins, les pièces à épigraphe préservées des attaques du
temps restent rares. Celle-ci, encore inédite, à l’effigie de la déesse Mout
coiffée du pschent, se place sans doute parmi les exemplaires les plus remar-
quables : outre ses indéniables qualités plastiques et la conservation d’une
grande partie de ses dorures, elle comporte une inscription dédicatoire au
nom d’une chanteuse (šmʿy.t) d’Amon et suivante (šmsy.t) « distinguée » de
Mout dénommée Ânmesout. Sans parallèle exact, l’instrument peut néan-
moins être mis en relation avec une série de miroirs en bronze d’origine
memphite dédiés par d’autres suivantes de la déesse ; mais la pièce elle-
même, les titres, les données épigraphiques et l’onomastique ainsi que le lieu

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  17

de provenance indiqué pour l’objet (achat chez un antiquaire de Louqsor au


xxe siècle) suggèrent fortement une origine thébaine et une datation entre
les XXIe et XXIIIe dynasties.

In both museum and private Egyptological collections, bronze aegis-menit belong


to the category of relatively common works. However, only a few have kept their
inscriptions preserved from the attacks of time. The present one, still unpublished,
which bears the effigy of goddess Mut wearing the pschent, takes undoubtedly place
among the most remarkable examples: in addition to its undeniable plastic qualities
and the conservation of a large part of its gilding, it shows a dedicatory inscription
in the name of a singer (šmʿy.t) of Amun and « distinguished » follower (šmsy.t) of
Mut called Anmesut. Having no exact parallel, the instrument can nevertheless be
connected with a series of bronze mirrors of Memphite origin dedicated by other
followers of the goddess ; but the piece itself, the titles, epigraphic data, onomastics
and also indicated place of provenance (purchased from an antique dealer in Luxor
in the Twentieth century) strongly suggest a Theban origin and a dating between the
Twenty-first and the Twenty-third dynasties.

Frédéric Payraudeau – Sorbonne Université


Un dévot de Mout « salvatrice » au service d’Amon

Présentation d’un personnage connu uniquement par les fragments d’un


monument maintenant disparu provenant de Karnak et qui exerça la fonc-
tion de chef des archivistes des greniers d’Amon, celle de prêtre de Mout
et surtout celle, rare, de prophète de Mout-adjer, une forme jusqu’ici non
attestée de la déesse de Karnak.

Presentation of an official who is only known from a now disappeared monument in


Karnak: he was in practice as chief archivist of Amun’s granaries, priest of Mut and,
above all, served in the rare function of prophet of Mut-adjer, a so far unattested form
of the goddess of Karnak.

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Olivier Perdu – Collège de France


L’oracle d’Amon à Thèbes à la lumière de son personnel

Le Nouvel Empire et le début de la Troisième Période intermédiaire sont mar-


qués à Thèbes par le développement des oracles dont Amon reste le principal
acteur. Textes et représentations se font alors l’écho du succès des pratiques
oraculaires et de leur diversification. Par la suite ces témoignages deviennent
de plus en plus rares, ce qui amène à s’interroger sur le sort réservé à ces
usages. Les informations que nous pouvons recueillir sur les Thébains impli-
qués dans l’organisation des oracles permettent néanmoins de répondre à
cette question.

During the New Kingdom and Third Intermediate Period, we note a remarkable
increase in the use of oracles with Amun still as main actor, and texts as well as
representations echoing the success and growing diversity of oracular practices. Such
testimonies then became scarcer, which brings us to wonder what happened with
those practices. However, the information we can gather on the Thebans involved in
organising the oracles allows an answer to the question.

Isabelle Régen – Université Paul-Valéry – Montpellier 3 / cnrs, umr 5140


Chabaka, Amon et Rénénoutet. À propos d’une stèle royale méconnue

Autrefois conservée dans le « makhzan » de la tombe TT 33, une stèle royale


au nom de Chabaka montre le roi présentant des offrandes à Amon et à
Rénénoutet (registre d’inventaire CSA 29/1, no 93). L’objet, fragmentaire
(cintre + 4 lignes), est à peine mentionné dans la littérature. Cette présenta-
tion sera l’occasion de proposer une première édition et une étude in extenso
du document.

Formerly kept within the « makhzan » of Tomb TT 33, a royal stela in the name
of Shabaka shows the king presenting offerings to Amun and Renenutet (Inventory
register CSA 29/1, no 93). The object is fragmentary and therefore hardly mentioned
in egyptological literature. This presentation provides the opportunity to offer a first
edition and full study of the document.

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  19

Cynthia M. Sheikholeslamy – Université américaine du Caire


Montu Priests: Dynastic Legitimation and Religious Ritual

Discussion about the Montu priestly families and the cults of Amun and Osiris
in Twenty-fifth Dynasty Thebes, including the female members of the Montu
priestly families, especially the ḥsyt n ẖnw n Ỉmn.

Discussion sur les familles des prêtres de Montou et les cultes d’Amon et d’Osiris dans
la Thèbes de la XXVe dynastie, ainsi que sur les femmes membres de ces familles, en
particulier les ḥsyt n ẖnw n Ỉmn.

Samedi 12 janvier 2020, après-midi

Silvia Einaudi – ephe, Paris


Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif :
reflet de croyances, pratiques cultuelles et savoir

Dans les tombes monumentales thébaines des époques kouchite et saïte,


l’analyse des relations entre textes et images d’un côté, et architecture de
l’autre, permet souvent d’illustrer quelles étaient les croyances religieuses à
la base des programmes décoratifs, ainsi que les pratiques cultuelles ou les
rites funéraires célébrés au bénéfice du défunt. D’ailleurs, certains éléments
textuels, iconographiques et architecturaux renvoient à des monuments,
voire à des documents-modèles, d’origine très ancienne, ce qui témoigne
d’une recherche savante et approfondie, menée principalement sur les
manuscrits conservés dans les archives de l’époque. À cet égard, la nécropole
de l’Assassif, avec les nombreuses correspondances relevées entre les tombes,
se présente comme un lieu dynamique d’expérimentations et d’interactions,
où les connaissances étaient partagées, transmises et diffusées.

In the monumental Theban tombs of the Kushite and Saitic periods, an analysis of the
relationship between texts and images on the one hand, and architecture on the other,
often enables us to illustrate on which religious beliefs were the decorative programs
based, and what kind of worshipping practices or funeral rites were celebrated to
the benefit of the deceased. Moreover, some textual, iconographical and architec-
tural elements refer to monuments or even model documents, of very ancient origin,
that testify to a learned and thorough research, mainly carried out on manuscripts

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preserved in the archives of the time. In such matters the Asasif necropolis, showing
many interchanges between the tombs, offers a dynamic place of experimentation and
interaction where knowledge was shared, transmitted and spread.

Erhart Graefe – Université de Münster


Nouveaux documents du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures
de la nuit sur les cercueils des XXVe-XXVIe dynasties et plus tardifs,
et autres textes basés sur les heures

Les deux rituels sont des compositions différentes, comme démontré par
Kenneth Griffin, et l’on sait maintenant que ces rituels connus par un bon
nombre de tombes privées de la Basse Époque se trouvent aussi sur les cer-
cueils de type qrsw. On a régulièrement eu affaire à des cercueils dont les
couvercles voûtés étaient décorés à l’intérieur ou à l’extérieur avec des séries
de déesses de l’heure pour les heures du jour et de la nuit et avec de courtes
légendes (avec ou sans le compte des heures et les noms des heures) ; mais
ce n’est qu’en 2010 que des cercueils comportant des extraits textuels des
Rituels des heures ont été publiés. La question se pose alors de savoir, pour les
cercueils sans textes – c’est-à-dire seulement avec les déesses horaires – s’il
s’agit d’une version abrégée des Rituels des heures pour les propriétaires de
ces cercueils. Un examen plus approfondi de ces cas montre que ce ne peut
être vrai dans toutes les représentations des déesses des heures et que l’ar-
rière-plan mental de ces représentations est extraordinairement divers. Des
premiers indices sont donnés par la position des déesses des heures, debout
ou agenouillées, et par celle de leurs bras : le long du corps ou avec les mains
levées en adoration. Seule la première version de représentation est cohé-
rente avec le texte des rituels, puisqu’il est dit que les déesses sont les incar-
nations du dieu protecteur respectif de chaque heure, pour lequel « Elles se
lèvent, elles sont debout » (ʿḥʿ). D’autres figurations de divinités horaires des
tombes et des cercueils/sarcophages, qui appartiennent à d’autres contextes
tels que la « Création du disque solaire », seront évoquées.

These two rituals are differently composed, as proved by Kenneth Griffin, and we are
now aware that both rituals known from a number of private tombs in the Late Period
are also found on coffins of qrsw-type. Already well known were coffins whose arched
lids are decorated inside and outside with series of Hour-Goddesses for day and night
hours, including short legends (with or without the numbers and names of hours). As
late as 2010 a few coffins were published, also inscribed with textual extracts of hourly
rituals. That led to wonder whether the textless coffins, i.e. with Hour-Goddesses

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Déroulé et résumés des interventions du colloque |  21

only, could be considered as a shorter version of hourly rituals in honour of the tomb
owners. However, a deeper scrutiny shows that it cannot be the case of all representa-
tions of Hour-Goddesses and that the mental background of such representations may
vary considerably. To begin with, we notice the position of those goddesses : either
standing or kneeling, arms hanging along their bodies or hands raised in worshipping
attitude. Only the first way of presenting them is coherent with the text of the rituals,
which says the goddesses incarnate the god protecting each hour respectively, for
whom « They stand up, they are standing » (ʿḥʿ). Furthermore, other representations
of hourly divinities in tombs and coffins/sarcophagi, belonging to different contexts,
such as the « Creation of the Sun-disc », will be discussed.

Raphaële Meffre – cnrs umr 8167 / Orient & Méditerranée


Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte : particularités locales
et apports prosopographiques
L’évolution stylistique des statuettes de serviteurs funéraires produites dans
les ateliers thébains après la XXVe dynastie est actuellement bien plus mal
connue que celle de la production memphite de l’époque. L’étude de plusieurs
troupes d’ouchebtis, croisée avec celle des autres monuments appartenant
aux mêmes propriétaires, permet de revoir la datation d’un ensemble de sta-
tuettes. Redatées, ces statuettes apportent des données prosopographiques
nouvelles pour la XXVIe dynastie et viennent compléter notre connaissance
des administrations et clergés locaux. La comparaison de ces statuettes
nouvellement datées à celles mises au jour au cours de fouilles archéologiques
permet également d’identifier un style propre à la production de la région
thébaine durant l’époque saïte.

The stylistic development of statuettes of funeral servants produced in Theban work-


shops after Dynasty XXV is today much lesser known than that of Memphite produc-
tion at the time. The study of several troops, crossed with that of other monuments
belonging to the same owners, allows us to revise the dating of a set of statuettes.
Those related statuettes bring in new prosopographic data for Dynasty XXVI, thus
adding to our knowledge of local administration and clergy. Comparing the newly
dated statuettes with those unearthed in archaeological excavations also enables us
to identify a specific style for the production of the Theban region during the Saite
period.

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Andrzej Niwiński – Faculté d’archéologie de l’université de Varsovie


Les plus beaux cercueils du monde. Le projet iconographique
de l’université de Varsovie : les cercueils de la XXIe dynastie

Après quelques informations générales relatives à la typologie et aux nou-


veaux critères de datation pour les cercueils de la XXIe dynastie, un large
éventail de sujets iconographiques trouvés sur les cercueils sera présenté
– illustré avec les scènes des cercueils documentés jusqu’à présent – ainsi
qu’un aperçu général des travaux prévus.

After some general information about the typology and new dating criteria for the
21st Dynasty coffins, a broad spectrum of the iconographic subjects found on those
coffins will be presented, illustrated with scenes from the coffins so far documented,
and finally a general picture of the planned works.

Elena Pischikova – South Asasif Conservation Project (communication non présentée)


Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb (TT 390)
in the South Asasif Necropolis

The South Asasif Conservation Project has been working in the tomb of
Irtieru (TT 390) since 2006. Clearing and conservation of the false door, two
pillared halls and two burial chambers have provided a mine of information
on the little-known owner of the tomb. This paper will discuss the repre-
sentations of Irtieru throughout the tomb, their iconography, artistry and
theological context. The corpus of Irtieru’s images and their contextual rela-
tionship with the architecture of the tomb, as well as the tomb’s location in
the ritual landscape of the South Asasif necropolis, may add to the discussion
on the role of Chief Attendants to Godwives of Amun and on female influence
during the 26th Dynasty.

Le South Asasif Conservation Project œuvre dans la tombe d’Irtierou (TT 390)


depuis 2006. Le dégagement et la conservation de la fausse-porte, de deux salles à
piliers et de deux chambres funéraires ont fourni une mine d’informations sur la
propriétaire de la tombe. L’article discute des représentations d’Irtierou à travers
son tombeau, de leur iconographie, leur art et leur contexte théologique. Le corpus
des portraits d’Irtierou et leur relation contextuelle avec l’architecture de la tombe,
l’emplacement du tombeau dans le paysage rituel de la nécropole de l’Assassif Sud
peuvent éclairer la discussion sur le rôle de cheffe des suivantes de l’épouse divine
d’Amon et l’influence féminine à la XXVIe dynastie.

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Colloque – Première partie

Le clergé à travers la documentation


de la nécropole thébaine

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif :


reflet de croyances, pratiques cultuelles et savoir

Silvia Einaudi
École pratique des hautes études, Paris

Les tombes monumentales tardives de l’Assassif constituent un groupe homo-


gène d’hypogées caractérisés par de nombreux éléments architecturaux,
textuels et iconographiques communs. L’examen global de leur programme
décoratif – par rapport à la disposition habituelle des textes et des images
dans les hypogées – met en évidence la valeur symbolique et la fonction des
différentes parties des monuments, dans le cadre d’un discours religieux,
funéraire, cultuel et culturel 1.
Pour la compréhension d’une tombe
de l’Égypte ancienne, une lecture
« spatialisée » capable d’intégrer
textes et scènes pariétaux d’un côté, et
architecture de l’autre, est absolument
fondamentale. La décoration contribue
en effet à expliquer et à clarifier le
caractère des pièces, dont elle est
le complément incontournable. On
peut ainsi parler de « rhétorique de
la tombe », où le mot « rhétorique »
évoque une méthode de pensée et de
communication comportant des aspects
stylistiques et personnels : c’est l’art du
discours ou de l’éloquence. Un art que
les concepteurs des tombes de l’Assassif
ont su exprimer sur les parois des
monuments funéraires.

Fig. 1 Plan de la tombe de Pabasa (TT 279)


(dessin D. Ferrero)

1.  Voir S.  Einaudi, «  La rhétorique des tombes monumentales tardives (XXVe-XXVIe dynasties).
Une vue d’ensemble de leurs architectures et de leurs programmes décoratifs », à paraître.

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De manière générale, l’architecture complexe et élaborée des tombes


monumentales tardives, associée au riche programme décoratif, peut effec-
tivement être interprétée comme la transposition d’un long discours méta-
phorique autour du destin de chaque défunt. Ce discours, voire ce récit, se
développe tout au long de la tombe et reflète l’itinéraire vers et dans la Douat,
qui, par étapes et crescendo, conduira l’individu jusqu’à la chambre funéraire
et lui permettra, finalement, de sortir au jour (fig. 1).
Après une phase initiale de transition et de passage – entre monde des
vivants et au-delà – qui caractérise la superstructure, l’escalier et la porte
d’accès, le défunt, dans le vestibule, est introduit auprès des dieux et reçoit les
visiteurs lors des cérémonies religieuses funéraires célébrées dans la nécropole.
Dans la cour a lieu la préparation ou l’initiation du défunt pour le monde
inférieur et les espaces les plus sacrés de son monument. Grâce à une série
de rituels, comme l’Ouverture de la bouche ou l’exposition de sa momie aux
rayons du soleil, il retrouve ses fonctions vitales, il est purifié, pourvu d’of-
frandes et il peut ainsi entamer son voyage effectif : un voyage cyclique d’en-
trée (dans la Douat) et de sortie (au jour) qui a dans la cour son début et une de
ses conclusions possibles 2, sous le signe d’Osiris et du dieu-soleil.
Les premières pièces de la tombe et les appartements qui suivent repré-
sentent respectivement la partie cultuelle, liturgique et funéraire de ce parcours,
où le défunt, bien équipé et magiquement approvisionné, à l’abri des dangers
et pourvu de toutes sortes de connaissances nécessaires, justifié par le tribunal
divin et transfiguré (grâce aux textes inscrits sur les parois), va à la rencontre
des dieux. Il peut alors descendre dans la barque de Rê pour en suivre le voyage
quotidien, et rejoindre Osiris dans sa maison, dans les profondeurs de la Douat.
L’apogée de ce voyage de régénération mystique, plus ou moins long, se
situe dans le caveau : c’est là que le défunt, comme le dieu des morts, s’éveille
enfin de son sommeil et sort au jour dans l’horizon oriental du ciel à la suite
du disque solaire, ou bien part vers le ciel septentrional et les étoiles impé-
rissables. La renaissance s’est faite, le processus de déification s’est conclu.
Le défunt « divinisé » est en compagnie des dieux.
Dans ce cadre, il convient de se pencher sur certains éléments qui
montrent clairement le lien étroit entre décor et architecture, et qui illustrent
en même temps les croyances et les idées religieuses qui en sont à l’origine.
Le premier est l’aspect solaire-osirien, qui joue un rôle primordial dans
les cours des tombes tardives 3. Cet espace, consacré à la présentation des

2.  Le défunt peut également « sortir au jour » dans la chambre funéraire (cf. infra).
3.  S. Einaudi, « Aspects solaires et osiriens des tombes monumentales tardives de l’Asasif », dans
K.A. Kothay (éd.), Burial and Mortuary Practices in Late-Period and Graeco-Roman Egypt. Proceedings of the
International Conference held at Museum of Fine Arts, Budapest, 17–19 July 2014, 2017, p. 105-112.

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif |  27

offrandes et aux derniers rites avant l’enterrement, peut être idéalement


divisé en deux parties : l’une destinée au dieu-soleil, voire à la vie terrestre
(généralement à gauche), et l’autre au dieu Osiris, voire à la vie dans l’au-
delà (généralement à droite). Cette dichotomie est bien soulignée par la pré-
sence de stèles 4, scènes et textes sur les façades (ou les linteaux des portes)
consacrés aux deux divinités (Montouemhat, Ibi, Pabasa, Padihorresnet,
Ânkhhor et Chéchonq) 5.
Comme J. Assmann 6 le remarquait à propos des tombes du Nouvel Empire
post-amarniennes, l’opposition entre Rê et Osiris de chaque côté de l’entrée
de ces monuments peut trouver son parallèle dans les Livres des Morts de
la même époque, qui s’ouvrent normalement avec un ou plusieurs hymnes
au soleil et se terminent avec des hymnes à Osiris. Mais alors qu’Assmann
refusait de voir dans l’opposition entre Rê et Osiris des hypogées post-amar-
niens l’antithèse entre jour et nuit, cette interprétation pourrait pourtant
bien s’adapter aux tombes tardives. Dans celles-ci en effet, Osiris peut aussi
prendre le rôle, traditionnellement attribué à Atoum, de représentant noc-
turne du soleil. Cette association Osiris/Atoum se manifeste, par exemple,
dans la cour de Pabasa, où dans le secteur ouest des parois nord et sud le
défunt est associé respectivement à Atoum et à Osiris, tandis que dans le sec-
teur est des deux parois, il figure dans deux scènes d’adoration à Rê-Horakhty.
En outre, la double connotation solaire-osirienne de la cour est conforme
à ce que l’on trouve dans le premier niveau souterrain de certaines tombes
(en particulier Haroua et Pabasa), où le programme décoratif qui débute à
l’extérieur va s’y poursuivre.
Dans ces hypogées, la partie droite de la (première) salle hypostyle avec
le Rituel des heures du jour marque le parcours que le soleil, tout comme le
défunt qui vient d’entrer dans la tombe, accomplit vers l’ouest, voire vers la

4.  La présence de stèles en façade, décorées avec scènes d’adoration solaire, scènes d’Ouverture de la
bouche et hymnes, remonte à la fin de la XVIIIe dynastie. Aux époques post-amarnienne et ramesside,
stèles et passages d’entrée des tombes thébaines sont souvent consacrés à Rê et Osiris : Fr. Kampp, Die
Thebanische Nekropole. Zum Wandel des Grabgedankens von der XVIII. bis zur XX. Dynastie, I-II (Theben 13), I,
1996, p. 75-77 ; J. Assmann, Sonnenhymnen in thebanischen Gräbern (Theben 1), 1983, p. XIV-XV.
5.  D. Eigner , Die monumentalen Grabbauten der Spätzeit in der Thebanischen Nekropole (DÖAW 8), 1984,
p. 191-192. Dans les cours de Haroua et Karabaskeni/Padibastet une seule stèle est présente, avec
un hymne au dieu-soleil (LdM 15b et 2e heure du jour du Rituel des heures, respectivement). Dans
le cas de Padibastet, cet hymne est suivi d’une brève litanie à Osiris (E. Graefe, « Preliminary Report
on the Usurpation of the Tomb of Karabasken [TT 391] by the High Steward of the God’s Adoratrix,
Padibastet », dans E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin [éd.], Thebes in the First Millennium BC. Art and
Archaeology of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 107). Chez Haroua, on peut envisager, à l’origine,
la présence d’une autre stèle, consacrée à Osiris, à droite du porche d’entrée, qui ensuite aurait été
détruite par l’usurpateur Akhimenrou.
6.  J. Assmann, op. cit., p. XV ; J. Assmann – A. Kucharek (éd.), Ägyptische Religion: Totenliteratur, 2008, p. 813.

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Douat, siège d’Osiris, dont l’image se trouve parfois représentée au fond de


la tombe 7. Le parcours, pourtant, ne s’achève pas là. Ayant rejoint Osiris, le
défunt, à l’instar du dieu soleil dont il suit le parcours, reprend, revigoré, sa
marche vers l’extérieur de la tombe, c’est-à-dire vers la cour, où il veut sortir
à l’aube de chaque jour. Cette deuxième partie du parcours correspond au
secteur gauche de la tombe. Ici, dans la salle hypostyle, les piliers sont décorés
avec le Rituel des heures de la nuit, qui fait allusion au voyage nocturne, aussi
bien du dieu soleil que du défunt, à travers la Douat jusqu’à la sortie matinale.
La cour est donc le lieu où le défunt se prépare à entrer dans le monde
inférieur pour aller à la rencontre d’Osiris 8 et rejoindre les dieux, mais elle
est également le lieu, où, à l’issue de ce parcours, il sort au jour, avec le lever
du disque solaire.
À ce sujet, les correspondances entre les tombes de l’Assassif et l’édifice de
Taharqa près du lac sacré à Karnak sont particulièrement intéressantes. Les
parois de l’escalier (A) de ce monument, consacré à « l’immersion » vivifiante
d’Amon dans les profondeurs de la Douat et à sa sortie en tant que dieu soleil
naissant 9, sont décorées avec une version abrégée de la Litanie de Rê (ou
Litanie du soleil) dite « petite Litanie » 10. En particulier, les formes osiriennes
du dieu figurent à droite (est), associées au parcours d’entrée, et ses formes
solaires à gauche (ouest), associées au parcours de sortie 11. On peut donc
imaginer, comme proposé pour les hypogées de l’Assassif, un double chemin
régénératif d’aller/descente et retour/montée, caractérisé par des aspects
respectivement osiriens et solaires. D’ailleurs, si à l’instar des tombes de
l’Assassif la partie centrale de l’édifice de Taharqa avait une cour, cet espace
serait à considérer comme un endroit-clé de tous ces monuments (avec une
double fonction funéraire et cultuelle), le lieu où le chemin vers la régénéra-
tion du défunt (et du dieu) commençait et se terminait, cycliquement.
La corrélation étroite entre architecture et textes se manifeste aussi clai-
rement dans plusieurs secteurs de la tombe du prêtre-lecteur Padiaménopé,
comme, par exemple, les salles III, IV et XI (fig. 2).

7.  Chez Padihorresnet, ce décor figure sur les piliers de la cour, du fait que la première salle souter-
raine n’est pas hypostyle. Les Rituels des heures du jour et de la nuit sont également attestés dans les
tombes thébaines de Karakhamon et Chéchonq, mais dans ce dernier cas la disposition et l’orientation
des heures est inversée : heures du jour à gauche et heures de la nuit à droite.
8.  À ce propos, J. Assmann considère la cour comme « the place of transition and initiation, purification
and consecration. The rites in the court prepare the deceased to enter the tomb as a sacred place in
complete purity. » (J. Assmann, « The Ramesside tomb and the construction of sacred space », dans
N. Strudwick – J.H. Taylor [éd.], The Theban Necropolis: Past, Present and Future, 2003, p. 51).
9.  R.A. Parker et al., The Edifice of Taharqa by the Sacred Lake of Karnak (BES VIII), 1979, p. 82-83.
10.  Ibid., p. 82-83 ; Cl. Traunecker et al., La chapelle d’Achôris à Karnak, II, 1981, p. 56-61, 129, 138, 145.
11.  R.A. Parker et al., op. cit., p. 30-31, 33-35, pl. 12, 14, 15.

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif |  29

Fig. 2 Plan de la tombe de Padiaménopé (TT 33) : en évidence les salles III, IV et XI

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30  | BSFE 203

F : chambre funéraire
D N Sur la base de leur plan et de
A : antichambre leur décor, presque entièrement
S : serdab V
C : couloir consacré aux Textes des Pyramides,
V : vestibule
D : descenderie
les salles III et IV évoquent une partie
des pyramides à textes (fig. 3). La
salle III comporte des formules sur-
tout relatives à l’ascension céleste du
défunt et à son intégration au monde
divin (TdP 245, 246, 317, 318, 319, 320,
267, 268, 269, 270, 271, 272, 302, 303,
304), formules qui figurent habituel-
lement dans les pièces précédant la
chambre funéraire des pyramides
C
(passage, antichambre et couloir).
Quant à la salle IV, elle a comme objet
la consécration des onguents pour le
A
A’ F F-A x A-S S défunt (TdP 72-76), partie d’un long
rituel d’offrande normalement ins-
crit sur la paroi nord de la chambre
funéraire des pyramides, ainsi que la
Fig. 3 Plan-type d’une pyramide à textes
(d’après B. Mathieu, dans Studies in Ancient
transfiguration –  voire la résurrec-
Egyptian Funerary Literature tion – du défunt (TdP 213-219) évo-
[OLA 257], 2017, fig. 1) quée dans des formules gravées sur
la paroi sud de la même chambre. Par
conséquent, chez Padiaménopé, les salles III et IV reproduisent, dans leur
décor comme dans leur disposition réciproque, le passage/antichambre/
couloir (salle III) et la chambre funéraire des pyramides (salle IV) 12.
Or, si on applique à ce secteur de la tombe la « lecture spatialisée » qui se
base sur la théorie cosmographique de J.P. Allen pour les pyramides inscrites 13
(théorie reprise, entre autres, par B. Mathieu), il s’ensuit que, à l’instar du roi,
Padiaménopé aurait dû sortir de la salle IV, image de la partie orientale de la
chambre funéraire royale/Douat, après avoir reçu les offrandes nécessaires
à sa survie et s’être réveillé. Il pouvait alors passer dans la salle III, emblème

12.  Pour une analyse de ces différentes pièces des pyramides par rapport à leur programme d’inscrip-
tion : J.P. Allen, « Reading a Pyramid », dans C. Berger et al. (éd.), Hommages à Jean Leclant. I. Études pha-
raoniques (BdE 106/1), 1994, p. 5-28 ; B. Mathieu, « Re-reading the Pyramids. Repères pour une lecture
spatialisée des Textes des Pyramides », dans S. Bickel – L. Díaz-Iglesias (éd.), Studies in Ancient Egyptian
Funerary Literature (OLA 257), 2017, p. 376-462 ; Cl. Traunecker et al., « TT 33 – Tombe de Padiaménopé
(Thèbes-ouest) », BAEFE, 2020, p. 5.
13.  J.P. Allen, op. cit., surtout p. 23-28, fig. 5.

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif |  31

de l’horizon-akhet (et réplique de l’antichambre des pyramides), où il deve-


nait un esprit-akh et commençait son ascension céleste, vers l’extérieur de la
tombe, pour enfin sortir au jour et monter au ciel.
Pour ce qui est de la salle XI, elle est ornée de nombreuses formules des
Textes des Pyramides, faisant partie de deux séquences. La première (TdP 226-
243 : parois sud et est) comporte des textes apotropaïques ou conjuratoires
– surtout contre les serpents – qui figurent également sur la paroi ouest (pignon)
de la chambre funéraire d’Ounas, au-dessus du sarcophage du roi 14. Selon la
thèse cosmographique de J.P. Allen, ces formules de protection du pharaon
mort auraient dû être lues en premier, conformément à la direction du voyage
du roi, qui sort de son sarcophage et marche vers la sortie de la pyramide 15.
La deuxième séquence, que j’ai pu identifier comme la « Spruchfolge D »
d’Altenmüller (TdP 593, 356, 357, 364, 677, 365, 373 : parois nord et ouest) 16,
ne figure pas chez Ounas, mais elle est attestée dans d’autres tombes 17. Elle 
comprend surtout des formules « cosmographiques » qui exhortent le défunt
à se réveiller et à se lever, en soulignant sa relation privilégiée avec Osiris
ainsi que le rôle d’Horus dans ce processus de résurrection.
La présence de tous ces textes vient conforter la théorie de Cl. Traunecker
pour qui cette salle, en raison de la présence du gros rocher dans la moitié
nord, serait la réplique de la chambre funéraire d’une pyramide de la
Ve dynastie avec son sarcophage en pierre 18. Plus précisément, la salle XI
devrait être considérée comme l’image de la partie occidentale de la chambre
funéraire royale (là où est placé le sarcophage) et, par conséquent, elle

14.  Il s’agit de la « Sequence H » de Allen (op. cit., p. 9, 17) ou du « Group K – Apotropaia » de H.M. Hays,
The Organization of the Pyramid Texts. Typology and Disposition (PdÄ 31), 2012, p. 107-108. À l’époque tardive,
cette série est attestée également dans les tombes de Montouemhat et Bakenrenef. Pour ces formules de
protection ou conjuratoires : Chr. Leitz , « Die Schlangensprüche in den Pyramidentexten », Or 65 (1996),
p. 392-411 ; B. Mathieu, « Les formules conjuratoires dans les pyramides à textes : quelques réflexions »,
dans Y. Koenig (éd.), La magie en Égypte : à la recherche d’une définition. Actes du colloque organisé par le musée
du Louvre, les 29-30 septembre 2000, 2002, p. 189-197.
15.  J.P. Allen, op. cit., p. 23-25.
16.  H. Altenmüller , Die Texte zum Begräbnisritual in den Pyramiden des Alten Reiches, 1972, p. 49-50 ;
J.  Kahl , Steh auf, gib Horus deine Hand. Die Überlieferungsgeschichte von Altenmüllers Pyramidentext–
Spruchfolge D (GOF IV, 32), 1996.
17.  Pour une liste des sources ayant les formules de la « Spruchfolge D » : J. Kahl , op. cit., p. 16-21. Les pre-
mières attestations de cette séquence remontent au Moyen Empire : cf. le mastaba de Sésostrisânkh à
Licht de la XIIe dynastie (W.C. Hayes, The texts in the mastabeh of Se’n-Wosret-’Ankh at Lish, 1937, p. 3, fig. 1 ;
15 ; J.P. Allen, op. cit., p. 9 : « Sequence K »). À l’époque tardive, à part Padiaménopé, la « Spruchfolge D »
figure seulement dans la tombe de Psammétique à Saqqara (Sq13Sq) (XXVIe dynastie) : L. Gestermann,
Die Überlieferung ausgewählter Texte altägyptischer Totenliteratur („Sargtexte“) in spätzeitlichen Grabanlagen
(ÄA 68), I, 2005, p. 97.
18.  Cl. Traunecker , « La tombe du prêtre Padiamenopé (TT 33) : éclairages nouveaux. I. Le cahier des
charges de Padiamenopé », BSFE 193-194 (2016), p. 62.

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32  | BSFE 203

représenterait l’étape finale, avec l’arrivée dans un caveau fictif, d’un des
parcours funéraires qui caractérisent la tombe de Padiaménopé.
D’autre part, le vrai caveau de la tombe (salle XXII), tout comme celui
de Montouemhat, montre, lui aussi, une connexion étroite entre textes et
images d’un côté, et architecture de l’autre. Il suffira d’ailleurs d’évoquer le
fait que les parois latérales de ces deux chambres funéraires comportent les
images de trente-six génies-gardiens voués à la protection du défunt, gravés
entre quatorze niches qui auraient dû contenir des statuettes protectrices.
La présence de ces trente-six génies-gardiens, normalement figurés à côté
d’Osiris dans la fameuse scène de son réveil 19, laisse entendre que le sarco-
phage du défunt, placé à l’origine au centre de la salle, devait symboliser le lit
funéraire du dieu d’où celui-ci se lève après la mort. Le caveau peut donc être
considéré comme une sorte de reproduction tridimensionnelle de ce tableau,
qui montre concrètement l’association du défunt avec Osiris.
Ce ne sont que quelques-uns des cas où la «  lecture spatialisée  » des
textes – ou plus largement du décor – dans l’espace architectural des tombes
de l’Assassif a donné des résultats intéressants pour la compréhension des
monuments.
De cette analyse, il ressort par ailleurs que le programme décoratif de ces
hypogées, intégré dans un cadre architectural riche d’allusions et d’évoca-
tions anciennes 20, est le fruit d’un processus d’élaboration particulièrement
complexe, conçu par des savants qui avaient certainement recours à des
sources textuelles et figuratives anciennes (conservées dans des biblio-
thèques), mais qui devaient aussi avoir une connaissance précise (et dans
quelques cas directe) des monuments employés comme modèles.

Quelques exemples provenant, encore une fois, de la tombe de Padiaménopé


sont à cet égard particulièrement éclairants. Au-delà des analogies avec les
pyramides à textes, conséquence probable de l’emploi de manuscrits-mo-
dèles anciens, d’autres éléments iconographiques, textuels et architecturaux

19.  Cf., entre autres, la scène dans la dernière salle de l’Osiréion d’Abydos : H. Frankfort, The Cenotaph
of Seti I at Abydos, I-II (EES Memoir 39), 1933, I, p. 68 et II, pl. LXXIV ; et la scène dans la salle du sarcophage
de Moutirdis : J. Assmann, Grabung im Asasif 1963-1970, VI: Das Grab der Mutirdis (AV 13), 1977, p. 90-93 :
S 45. Pour cette scène et le tableau dont elle fait normalement partie : J.A. Roberson, The Awakening of
Osiris and the Transit of the Solar Barques: Royal Apotheosis in a Most Concise Book of the Underworld and Sky
(OBO 262), 2013.
20.  Sur le phénomène de l’archaïsme à l’époque tardive, cf. l’analyse récente d’Olivier Perdu, avec
bibliographie antérieure : O. Perdu, « La tendance archaïsante en Égypte aux époques tardives : art
de la copie ou de l’imitation ? », dans H. Gaber et al. (éd.), Imitations, copies et faux dans les domaines
pharaoniques et de l’Orient ancien : Actes du colloque Collège de France - Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, Paris, 14-15 janvier 2016, 2018, p. 198-273.

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif |  33

renvoient à une série d’édifices qui ont servi d’inspiration (d’une manière plus
ou moins directe). J. Kahl a par exemple montré que le plafond du porche d’en-
trée de Padiaménopé était une réplique de celui de la tombe de Djefaihapy à
Assiout (règne de Sésostris Ier) (Siut I). Il postule l’existence d’un papyrus-mo-
dèle (ou d’un rouleau de cuir), avec une ébauche du schéma iconographique du
plafond, qui aurait été transféré d’Assiout à Thèbes entre la XIIe et la XVIIIe dy-
nastie et utilisé, à l’époque tardive, pour la tombe du prêtre-lecteur 21.
À cette connexion avec Assiout, on peut en ajouter une autre : j’ai pu en
fait constater que l’appel aux vivants de la TT 33, dans lequel Padiaménopé
s’adresse aux générations futures qui visiteront son monument 22, s’inspire de
l’appel aux vivants inscrit dans la tombe d’Itibi (IXe-Xe dynasties) (Siut III) 23.
Dans les deux cas, les sources d’Assiout ont été reproduites d’une manière
assez fidèle ; néanmoins, on observe l’introduction de changements dans le
schéma décoratif du plafond et dans le texte. Ces modifications peuvent s’ex-
pliquer, d’un côté par la nécessité d’adapter l’iconographie à la surface réduite
du plafond de Padiaménopé 24, et de l’autre par la volonté de personnaliser –
on pourrait dire « de thébaniser » – l’appel aux vivants, en introduisant, par
exemple, l’allusion aux suivants du dieu thébain Montou (au lieu des suivants
d’Oupouaout, le dieu d’Assiout) 25. Il ne s’agit pas, en substance, d’une copie
exacte, mais plutôt d’une inspiration, d’une imitation créative (une sorte

21.  J. Kahl , Ornamente in Bewegung. Die Deckendekoration der Großen Querhalle im Grab von Djefai-Hapi I. in
Assiut, 2016, p. 34-38.
22.  Cl. Traunecker , « Abydenian Pilgrimage, Immortal Stars and Theban Liturgies in the Tomb of
Padiamenope (TT 33) », dans E. Pischikova et al. (éd.), Thebes in the First Millennium BC. Art and Archaeology
of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 136-137.
23.  F.Ll. Griffith, Inscriptions of Siût and Dêr Rîfeh, 1899, pl. 11 (ligne en haut) ; H. Brunner , Die Texte
aus den Gräbern der Herakleopolitenzeit von Siut mit Übersetzung und Erläuterungen, 1937, p. 17 (1), 42 (1) ;
M. Lichtheim, Maat in Egyptian Autobiographies and Related Studies (OBO 120), 1992, p. 160-161.
24.  J. Kahl , op. cit., p. 35.
25.  Cette adaptation du texte original d’Assiout au milieu religieux thébain, on la retrouve é­ga­
lement dans la tombe d’Ibi, où est inscrit un « appel aux vivants » très proche de celui-ci. Cependant,
Ibi remplace le nom d’Oupouaout par celui d’Amon ; K.P. Kuhlmann – W. Schenkel, Das Grab des Ibi,
Obergutsverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches Grab Nr. 36) (AV 15), 1983, p. 209 et
pl. 70 ; S. Einaudi, « “Assiout-Thèbes”. Un nouveau témoignage des liens entre les deux villes », dans
Fr. Payraudeau – R. Meffre (éd.), Mélanges à paraître. Le/les auteur(s) de ces modifications et le moment
où ils ont été introduits dans le texte d’Assiout restent inconnus : on peut attribuer la révision de l’ins-
cription du Moyen Empire à Padiaménopé et Ibi eux-mêmes, voire aux prêtres et scribes responsables
du transfert du manuscrit-modèle d’Assiout à Thèbes, ou chargés de sa conservation et de sa copie
dans une bibliothèque thébaine. De manière plus générale, pour ce qui est de la période à laquelle les
manuscrits-modèles ont été transférés d’Assiout à Thèbes (entre le règne d’Amenemhat Ier et celui
d’Hatchepsout), ainsi que des responsables de ce transfert aux diverses époques et des motivations
qui en sont à l’origine : J. Kahl , Siut-Theben. Zur Wertschätzung von Traditionen in alten Ägypten (PdÄ 13),
1999, p. 299-348.

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34  | BSFE 203

d’intericonicité et intertextualité 26) dont on retrouve plusieurs exemples


dans la tombe.
Pour ce qui concerne le cénotaphe de la TT 33, Cl. Traunecker propose de
considérer cette partie de la tombe comme la reproduction de la superstruc-
ture (disparue) de l’Osiréion d’Abydos 27. À l’instar de l’ancienne ville sacrée
où les fidèles auraient pu effectuer un chemin de circumambulation cultuelle
autour d’un hypothétique cénotaphe d’Osiris 28, le couloir de Padiaménopé
serait à interpréter comme « un lieu de pèlerinage de substitution à la dispo-
sition des fidèles thébains » 29. Ceux-ci auraient ainsi pu circuler en procession
autour de la reproduction emblématique du tombeau osirien, à l’intérieur de
l’hypogée du prêtre-lecteur, sans se déplacer à Abydos.
Un autre monument a certainement joué un rôle dans le décor de la TT 33 :
le temple d’Hatchepsout à Deir el-Bahari. Malgré l’état très fragmentaire
des parois latérales de la deuxième salle hypostyle de Padiaménopé, j’ai
pu élaborer une hypothèse de reconstitution de leur décor 30, qui semble
en effet correspondre à celui des parois de la salle des offrandes sud (SHO)
d’Hatchepsout, où figurent deux grands tableaux consacrés à la thématique
des offrandes 31. Dans ce cas, il est difficile de dire si le prêtre-lecteur avait eu
accès à la salle des offrandes de la reine pour copier directement images 32 et
26.  D. Laboury, « Tradition and Creativity Toward a Study of Intericonicity in Ancient Egyptian Art »,
dans T. Gillen (éd.), (Re)productive Traditions in Ancient Egypt. Proceedings of the conference held at the
University of Liège, 6th-8th February 2013, 2017, p. 251-254.
27.  Cl. Traunecker , BSFE 193-194 (2016), p. 62-73 ; id., dans E. Pischikova et al. (éd.), Thebes in the First
Millennium BC. Art and Archaeology of the Kushite Period and Beyond, 2018, p. 126-151, p. 136-145.
28.  Pour l’importance d’Abydos comme lieu de culte et de pèlerinage osirien : A. Effland – U. Effland,
« “Ritual Landscape” und “Sacred Space”. Überlegungen zu Kultausrichtung und Prozessionsachsen
in Abydos », MOSAIKjournal 1 (2010), p. 127-158 ; M. Smith, Following Osiris. Perspectives on the Osirian
Afterlife from Four Millennia, 2017, p. 465-488 ; A. Effland, « “Ich bin hierhergekommen und bitte die
Götter darum, mir Gutes zu gewähren” – Abydos und osirianische Wallfahrtstraditionen », dans
D. Ariantzi – I. Eichner (éd.), Für Seelenheil und Lebensglück. Das byzantinische Pilgerwesen und seine Wurzeln
(BOO 10), 2018, p. 21-32.
29.  Cl. Traunecker , BSFE 193-194 (2016), p. 53.
30.  S. Einaudi, « Le fil rouge qui relie Padiaménopé à Hatchepsout. La formule 607 des Textes des
Sarcophages dans la TT 33 », à paraître.
31.  É. Naville , The Temple of Deir el Bahari. Part IV. The shrine of Hathor and the southern hall of offerings,
1901, pl. CVIII-CXIII.
32.  Le fait que la salle des offrandes d’Hatchepsout était accessible à l’époque est démontré par la
découverte d’une série de tombes à puits (tombes VIII-XIII) aménagées dans le sol de la pièce, datées
entre la XXIIe/XXIIIe et la XXVe dynastie. Certaines de ces tombes ont été utilisées pour l’inhumation
de plusieurs membres de la même famille, appartenant à l’élite sacerdotale thébaine (Z.E. Szafrański,
« Tombs of the Third Intermediate Period on the Upper Terrace of the Temple of Hatshepsut », dans
Z.E. Szafrański [éd.], PAM 24/2, Special Studies: Deir el-Bahari Studies, 2015, p. 183-204 ; Fr. Payraudeau, « La
famille du vizir Pamy et sa nécropole familiale de Deir el-Bahari : un cas d’étude prosopographique »,
dans Fl. Gombert-Meurice – Fr. Payraudeau [éd.], Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses
et prêtres d’Amon à Thèbes. Catalogue de l’exposition au Musée de Grenoble, 2018, p. 64-75).

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Le programme décoratif des tombes tardives de l’Assassif |  35

textes, ou s’il avait plutôt eu recours à un schéma-modèle (Vorlage) 33 peut-être


lui-même dérivé du programme décoratif d’Hatchepsout. Par ailleurs, du fait
que ce décor, avec peu de changements, figure aussi dans d’autres tombes de
l’Assassif (Montouemhat, Ibi et Pabasa), la question devient plus complexe.
Ces quatre personnages ont-ils tous utilisé le même modèle, ou bien une de
ces tombes a-t-elle servi aux autres de source directe 34 ?
En tout état de cause, il apparaît que la nécropole de l’Assassif, avec ses
nombreuses évocations symboliques des monuments anciens et les corres-
pondances relevées entre les tombes, se présente comme un lieu dynamique
de recherche, d’expérimentations et d’interactions, où les connaissances
étaient partagées, transmises et diffusées.
La structure de ces tombes est le résultat d’une conception sophistiquée,
servant de scénario pour les rituels, processions et représentations emblé-
matiques de l’au-delà. Dans ce cadre, s’intégraient des textes et des scènes
(re)découverts dans les bibliothèques et adaptés, réélaborés, contextualisés,
personnalisés afin d’obtenir un produit original, et pas seulement la réplique
fidèle d’un modèle 35.
Les monuments funéraires de l’Assassif nous apparaissent en définitive
comme des anthologies de citations érudites, reprises dans un contexte
cohérent et disposées selon une logique qui ne néglige pourtant pas une inter-
prétation subjective. En effet, les propriétaires des tombes (ou les concep-
teurs de leurs programmes iconographiques) ont voulu montrer leur propre
savoir, en intervenant directement sur la rédaction des textes ou l’élabora-
tion des scènes, d’une manière créative. De cette façon, inscriptions, images
et espace architectural se construisent ensemble en un dialogue harmonieux,
selon les principes d’intertextualité, intericonicité et interarchitecturalité.

33.  W. Schenkel, en se basant sur l’analyse comparée des formules TdP 204, 205, 207, 209, 210, 211, 212
qui font partie des tableaux d’Hatchepsout, Ibi et Pabasa, avance l’hypothèse que les versions de ces
formules chez Ibi et Pabasa remontent à un texte-modèle (Vorlage) qui avait été rédigé pour le temple
de la reine à Deir el-Bahari et qui aurait pu se trouver dans une bibliothèque thébaine. Il exclut donc
une copie directe des inscriptions de la salle des offrandes (W. Schenkel , « Zur Frage der Vorlagen
Spätzeitlicher „Kopien“ », dans J. Assmann et al. [éd.], Fragen an die altägyptische Literatur. Studien zum
Gedenken Eberhard Otto, 1977, p. 417-444).
34.  Comme j’ai pu le montrer, les versions de ce grand tableau chez Ibi et Pabasa omettent certains
détails faisant partie du décor originel d’Hatchepsout (registres d’offrandes dans la partie supérieure
des murs : É. Naville , op. cit., pl. CIX), qui sont en revanche présents dans les versions de Padiaménopé
et Montouemhat (S. Einaudi, op. cit.). Il s’ensuit que le modèle d’origine de ce tableau aurait été partiel-
lement modifié et simplifié pour la tombe d’Ibi, et qu’ensuite Pabasa aurait copié fidèlement le schéma
iconographique de son prédécesseur (Ibi), ou bien son même modèle.
35.  P. Der Manuelian, Living in the Past. Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994,
p. 409 ; J. Kahl , op. cit., p. 283-286 et 318.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour


et du Rituel des heures de la nuit
sur les cercueils des XXVe-XXVIe dynasties et plus tardifs,
et autres textes basés sur les heures 1

Erhart Graefe
Université de Münster

Depuis de nombreuses années, je m’occupe du « Rituel des heures » décrit


pour la première fois en 1969 par Jan Assmann dans sa thèse de doctorat et
appelé par lui « Stundenritual ». Il est attesté d’abord sur le plafond de la
chapelle funéraire de la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari, puis dans les
tombes royales ramessides et principalement dans les tombes privées des
XXVe et XXVIe dynasties ainsi que, plus tard, dans les temples de la période
gréco-romaine. La disposition des versions inscrites et illustrées diffère selon
les catégories des sources mentionnées. Chez Hatchepsout, les vignettes sont
intégrées dans le texte et sont les mêmes pour le jour comme pour la nuit :
la reine, debout, se tourne en adoration vers la déesse de l’heure, également
debout. Les heures tiennent un sceptre-ouas dans une main et dans l’autre un
signe de la vie, portent un disque solaire ou une étoile sur la tête. La reine quant
à elle est toujours coiffée d’une étoile, fait exceptionnel et encore inexpliqué.
Dans certaines tombes royales ramessides, le Rituel des heures est intégré sous
forme de texte dans le décor des grandes voûtes des plafonds : il est connu et
publié sous le titre de « Livre du Jour et de la Nuit ». Dans les tombes tardives,
il est inscrit sur des piliers en dessous d’un champ de vignettes. Pour le jour
comme pour la nuit, les vignettes ont une structure différente de celle de la
chapelle d’Hatchepsout. Les textes eux aussi sont différents sur les deux côtés.
Ceux du côté nocturne sont restés inédits et, une étude approfondie faisant
défaut, ils furent jusqu’à une date récente sommairement considérés comme
des extraits des chapitres du Livre des Morts. Kenneth Griffin a montré en
2017, qu’au plus tard depuis la XXVe dynastie, les textes des heures nocturnes
se décomposent en trois parties : introduction, extraits du Livre des Morts,

1.  Luc Limme a très aimablement accepté de corriger mon manuscrit et de reformuler des phrases
maladroites.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  37

Fig. 1 Cercueil-qrkw de Nespaqachouty, Louqsor (photo ASAE 54)

Fig. 2 Cercueil-qrkw de Nespaqachouty, Louqsor, intérieur du couvercle, détail (photo courtoisie CS)

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hymnes du réveil 2. Les hymnes du réveil ne sont pas encore présents chez
Hatchepsout et manquent également dans certaines tombes de la Basse
Époque. Le fait qu’il s’agisse de deux compositions rituelles différentes pour
le jour et pour la nuit est dissimulé par la représentation symétrique des
vignettes chez Hatchepsout. Dans les tombes à piliers, du côté du jour, le roi
ou le propriétaire de la tombe sont figurés agenouillés, en adoration devant
le dieu-soleil debout. Celui-ci est toujours suivi du dieu gardien de l’heure en
question. Côté nuit, aux heures 2 à 12, les déesses de l’heure se trouvent au
milieu entre deux divinités, à la première heure le propriétaire de la tombe
debout vénère le dieu-soleil, suivi de la déesse de l’heure. Cette inégalité de
la structure des vignettes du côté nocturne entre la première heure et les
suivantes semble être canonique, du moins dans la version du rituel de la
XXVe dynastie, parce que dans les tombes privées à piliers ultérieures elle
est exactement la même. On observe une autre différence entre la version
d’Hatchepsout et les versions des rituels dans les tombes privées : dans le
temple de la reine, les heures du jour se trouvent au sud, dans les tombes, elles
sont au nord. Je reviendrai sur ce fait à la fin de mon exposé.
Avant la communication que C.M. Sheikholeslami publia en 2010, on igno-
rait que des extraits des hymnes des deux rituels figuraient aussi à l’intérieur
de certaines voûtes de cercueils de Basse Époque du type qrśw 3 (fig. 1). Il s’agit
de trois cercueils provenant d’une tombe de famille, à puits, située devant la
chapelle funéraire d’Hatchepsout. Faite en 1932 par Baraize, cette découverte
n’était connue, jusqu’à la parution de la contribution de Sheikholeslami, que
par une notice accompagnée de quelques photographies publiées par Bruyère
en 1956 4 (fig. 2). Dans le cas de ces cercueils, la vignette des deux côtés repré-
sente une déesse de l’heure debout, seule, les bras pendant le long du corps,
intégrée dans le champ du texte. Il est évident qu’ici l’espace beaucoup plus
restreint que sur les piliers a conduit à la réduction et à la standardisation
des vignettes.
On connaît par ailleurs, depuis longtemps, une série de cercueils du type
qrśw de la Basse Époque et des cercueils anthropomorphes qui montrent sur
l’intérieur des couvercles, aux côtés d’une représentation de la déesse du
ciel Nout, deux fois douze compartiments avec des déesses des heures du
2.  K. Griffin, « Toward a Better Understanding of the Ritual of the Hours of the Night (Stundenritual) »,
dans E. Pischikova (éd.), Tombs of the South Asasif Necropolis: New Discoveries and Research 2012-14, 2017,
p. 97-134.
3.  C.M. Sheikholeslami, « The night and day hours in twenty-fifth dynasty sarcophagi from Thebes »,
dans L. Bares – F. Coppens – K. Smoláriková (éd.), Egypt in Transition. Social and Religious Development of
Egypt in the First Millenium BCE, 2010, p. 376-395.
4.  B. Bruyère , ASAE 54 (1956), p. 11-33. Concernant la famille et la datation, voir J.P. Elias, Coffin
Inscription in Egypt after the New Kingdom, 1993 et C.M. Sheikholeslami, loc. cit.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  39

jour et de la nuit, mais sans texte, à l’exception du comptage des heures et


des noms des heures. La question se pose donc de savoir si une telle compo-
sition ne pourrait pas être vue comme une sorte de version économique
(faute d’espace) qui ferait bénéficier les propriétaires des cercueils des deux
rituels horaires du jour et de la nuit. Exemple : un autre des trois cercueils
de Deir el-Bahari déjà cités, celui de Padiamonet 5, montre deux séries de
déesses debout avec des disques solaires ou des étoiles sur la tête et devant
elles seulement une colonne de texte avec le comptage de l’heure, le titre et le
nom du défunt. Il pourrait s’agir d’un abrégé des rituels horaires. Le troisième
cercueil de ce groupe, celui d’Héresnes, est resté inachevé ; le côté nuit pos-
sède des déesses et des textes complets, tandis que du côté jour les colonnes
destinées aux hymnes du rituel des heures sont restées vides 6.
Il existe d’autres contextes avec un cadre d’heures. Le cercueil
Caire CG 41009 7 porte au milieu de l’intérieur de la voûte une représentation
de Nout et sur les côtés les déesses des heures du jour et de la nuit, debout,
avec seulement le décompte des heures. Les divinités adoptent néanmoins
une attitude d’adoration et le compte horaire est suivi de la phrase « Faire la
protection de NN ». Reste à savoir quel est le dieu que les déesses vénèrent
pour demander la protection du défunt, peut-être le dieu-soleil ou Osiris. Il y
a là une correspondance avec une tombe d’Atfih 8 dans laquelle on demande
aux « dieux et déesses qui sont à leur heure » de protéger les morts. Dans cette
tombe, ainsi que sur deux cercueils du Caire 9, les heures ne sont que partiel-
lement désignées par les noms qu’utilisent les Rituels des heures. Existe en
outre un fragment de sarcophage ptolémaïque du Delta 10 sur lequel nous
voyons des déesses du jour debout, avec un disque solaire sur la tête et en pos-
ture d’adoration. Leurs inscriptions commencent par le comptage des heures
et les noms des heures suivis de la phrase « qui te protège, Osiris de + (nom du
propriétaire du sarcophage) ». Parfois les déesses sont debout avec un disque
solaire ou une étoile sur la tête, un bras le long du corps, l’autre bras levé et
tenant un signe ânkh ; parfois elles sont debout avec un sceptre-ouas dans une
main et un signe ânkh levé dans l’autre.

5.  C.M. Sheikholeslami, op. cit. p. 382-383, fig. 2.


6.  La publication de ces versions est sous presse : E. Graefe , « The Ritual of the Hours of the Day on the
Inner Vault of the ḳrśw-Coffin of Nes(pa)qashuty from Deir el-Bahari », PAM 27/2 (2018), p. 143-181 ;
K. Griffin, « The Ritual of the Hours of the Night on the Coffins of Heresenes and Nespaqashuty from
Deir el-Bahari », PAM 27/2 (2018), p. 183-224.
7.  A. Moret, Sarcophages de l’époque bubastite à l’époque saïte Nos 41001-41041 (CGC), 1913, p. 120-121.
8.  G. Daressy, ASAE 3 (1902), p. 171-175.
9.  G. Maspero – H. Gauthier , Sarcophages des époques persane et ptolémaïque Nos 29307-29323 (CGC), 1939,
p. 85-88, pl. 26.
10.  L. Habachi, ASAE 53 (1955), p. 447, provenance Tell en-Naqous.

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Sur un cercueil de Leyde 11 et un autre de Bruxelles 12 les déesses des heures


sont agenouillées en adoration ; sur les cercueils de Deir el-Bahari dotés du
Rituel des heures, elles se tiennent en revanche debout et le texte précise
que « la déesse de l’heure se tient (debout) pour le dieu gardien de l’heure en
question (ʿḥʿ=ś n dieu NN) ». Mais les noms des heures sur les deux cercueils
de Leyde et Bruxelles restent ceux du Rituel des heures, tandis que ceux des
cercueils du Caire répondent à une autre série de noms 13. Un autre sarco-
phage de ce type se trouve à Narni en Italie 14.
Mentionnons enfin, à Milan, un cercueil figurant une Nout nue et deux
fois douze compartiments avec des déesses des heures à genoux, faisant le
geste d’adoration, mais avec un texte 15. Dans ce cas aussi, les noms des heures
du jour sont ceux du Rituel des heures du jour, mais les inscriptions ne sont
pas celles des Rituels des heures du jour et de la nuit. Il est toutefois intéres-
sant de noter qu’ici les textes pour le jour diffèrent à nouveau de ceux pour
la nuit. Du côté jour, les textes commencent par les noms des heures (sans
les compter), du côté nuit, ils débutent par les noms des divinités protec-
trices masculines et par les exhortations à Osiris. En principe, il s’agit des
textes horaires connus par les sarcophages des rois napatéens Aspelta et
Anlamani16. Cependant, chez ceux-ci, les déesses sont debout en adoration et
non agenouillées. Le texte commence sur le côté du jour par le nom de l’heure
suivi de rś.tj Wśỉr « Réveille-toi, Osiris… » et une salutation à lui. L’heure est
ensuite introduite par č̣.t plus le nombre ordinal de l’heure. Č̣.t s’écrit comme
le nom pour « corps ». Dans certains cas, la déesse de l’heure est appelée
« corps (nombre ordinal) de ton fils Horus ». « Corps » a évidemment le sens
d’« incarnation ». Côté nuit, une déesse en posture d’adoration, avec une

11.  Cercueil Leyde, RMO AMM + 5e : M. Raven, De dodencultus van het Oude Egypte, 1992, p. 61. https://
www.rmo.nl/collectie/collectiezoeker/collectiestuk/?object=AMM+5-e.
12.  Cercueil Bruxelles, MRAH E 586 : M.P. Vanlathem, « Cercueils et momies de l’Égypte ancienne »,
dans Guides du Département Égyptien 5, 1983, couverture ; L. Delvaux – I. Therasse , Sarcophages sous les
Étoiles de Nout, 2015, p. 135.
13.  C. Teotino, Die Tages- und Nachtstunden im Tempel von Athribis: zum Stundenritual und den
Stundenbezeichnungen in den griechisch-römischen Tempelkomplexen Ägyptens (SSR 17), 2017, p. 486, Liste B.
14.  Présenté par Anthony Leahy lors de son intervention à Grenoble. Je dois à ce dernier la référence à
D. Manacorda – Fr. F. Mancini, Museo della città in Palazzo Eroli a Narni Catalogo regionale dei beni culturali
dell’Umbria, 2012, p. 183-185 (Edda Bresciani).
15.  E. Graefe , « Die Stundentexte zu Seiten der Nut auf der Innenseite des Deckels des inneren Sarges
Milano E  0.9.40147 eines Pȝ=f-čȝw-(m)-ʿwwỉ-ȝśt Peftjau(em)auuiaset  », ZÄS  145 (2018), p.  111-135  ;
L. Miatello, ENiM 11 (2018), p. 41-133.
16.  S.K. Doll , « The Day Hour Texts on the Sarcophagi of Anlamani and Aspelta », dans W.K. Simpson –
W.M. Davis (éd.), Studies in Ancient Egypt, the Aegean, and the Sudan. Essays in honor of Dows Dunham on the
occasion of his 90th birthday, June 1, 1980, 1981, p. 43-55 ; id., Texts and decoration on the Napatan sarcophagi of
Anlamani and Aspelta, 1981, p. 31 et suiv. ; G. Soukiassian, « Une version des veillées horaires d’Osiris »,
BIFAO 82 (1982), p. 333-348.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  41

étoile sur la tête, s’agenouille, mais le texte commence par le nom d’un dieu
tutélaire, suivi d’une salutation sous un nom qui change à chaque fois. Il ne
s’agit pas du nom de l’heure, mais de celui de la porte du monde souterrain
atteinte à chaque heure de la nuit. L’heure est comptée après le mot śbḫ.t
« porte », et les textes ne commencent pas par un nom d’heure féminin, mais
par celui d’une divinité masculine – bien que les heures soient représentées
comme des femmes comme sur le côté du jour. À la fin de cette salutation, le
cercueil milanais fait référence à une libation et à des graisses ou à des huiles,
les textes des heures nocturnes étant ainsi placés dans un contexte rituel.
Du côté du jour, un tel contexte n’est pas aussi clairement reconnaissable.
Le musée Allard Pierson d’Amsterdam17 possède cinq fragments appa-
rentés du couvercle d’un sarcophage du type qrśw qui représentent environ
un quart de sa taille originale, c’est-à-dire environ la moitié d’un côté, avec
six champs au lieu des douze champs originaux figurant des déesses du jour
debout (la sixième colonne de texte n’est plus suivie de sa déesse) : cette fois
les déesses ont les bras levés en signe d’adoration. À l’extrémité droite, la pro-
priétaire du cercueil se tient debout, un bras levé pour saluer, l’autre pendant
le long du corps. Une colonne de texte devant chacune des déesses commence
par leurs noms, vient ensuite le nombre ordinal de l’heure  (construit en
mḥ(t) + chiffres), suivi de « Osiris » et des noms de la propriétaire du cercueil
et de sa mère. Les noms des heures ne sont pas ceux du Rituel des heures 18.
Je dois à M. Van  Haarlem la référence à une pièce semblable, complète,
conservée depuis quelque temps à la Nelson Atkins Gallery de Kansas City.
Il en existe seulement une photo sur internet 19. Le cercueil a été montré au
public lors d’une exposition à Hildesheim en 1997, mais il n’a été ni reproduit
ni mentionné dans le catalogue.
Dans le passage vers la porte nord de la colonnade orientale du temple de
Philae, les déesses de la nuit debout sont représentées sans être dénombrées,
mais avec leurs noms. Kockelmann et Winter les considèrent comme des divi-
nités protectrices en raison de leur emplacement dans un passage de porte 20.
Il en sera de même dans le temple d’Athribis. À l’origine, les noms des heures
étaient écrits sur les parois des passages des trois portes de l’axe central 21.

17.  W. Van Haarlem, Allard Pierson Museum Amsterdam, fasc. IV (CAA), 1998, p. 50-52.
18.  C. Teotino, op. cit., p. 486, Liste B.
19.  Http://art.nelson-atkins.org/objects/53671/outer-coffin-of-meretites.
20.  H. Kockelmann –  E. Winter , Philae III. Die zweite Ostkolonade des Tempels der Isis in Philae (CO II und
CO II K), 2016, no 62, note 2.
21.  Chr. Leitz – D. Mendel – Y. Masry, Athribis II. Der Tempel Ptolemaios XII. Die Inschriften und Reliefs der
Opfersäle, des Umgangs und der Sanktuarräume (Athribis 2), 2010, I, XXVI - XXVII ; XXX ; XXXIV ; II, p. 436,
II, p. 476 ; III, p. 58, 117 ; C. Teotino, op.cit., p. 473-491.

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Nuit (4 + 8)

Jour (3 + 9)

Fig. 3 Reconstruction des figures des heures sur CG 29306 d’après la description de Maspero (EG)

Sur le sarcophage ptolémaïque de Panehemisis de Vienne 22, dix heures noc-


turnes appartenant aux portes de l’au-delà sont figurées avec des inscrip-
tions et des représentations de dieux protecteurs. Pour deux de ces heures les
champs sont restés vides. Les noms des portes et des dieux-patrons sont pour
la plupart les mêmes que sur le cercueil de Milan, mais l’ordre est inversé :
d’abord le nom de la porte, puis celui du dieu-patron. Sur le sarcophage, il n’y
avait pas de place pour des invocations comme sur le cercueil de Milan ou les
sarcophages des rois napatéens. Néanmoins, il se peut que le même rituel soit
à la base de toutes ces variantes.
Conclusion : dans le cas idéal, les déesses des heures du Rituel des heures
devraient être représentées debout, les bras le long du corps. Lorsque des
noms d’heures autres que ceux couramment utilisés dans le Rituel des heures
sont ajoutés, en particulier avec les bras levés, un autre contexte est à l’ar-
rière-plan. Cependant, nous connaissons aussi au moins un exemple d’une
tombe avec des déesses debout en adoration et les hymnes du Rituel du jour 23.
Dans le cas des représentations à genoux en posture d’adoration et avec seu-
lement les noms des heures des Rituels des heures, il n’est pas sûr que les
Rituels des heures soient inclus.
Il convient d’être prudent et de distinguer divers rituels comportant un
cadre d’heures. Un autre, non encore mentionné ici, est le rituel nocturne
pour protéger le roi 24. Toutefois, s’il n’y a qu’une seule phrase pour exprimer
la protection, il se peut qu’il n’y ait aucune indication d’un rituel particulier.

22.  Chr. Leitz , Der Sarg des Panehemisis in Wien (SSR 3), 2011, § 22.
23.  Tombe secondaire (dans TT 36) d’un certain Psammétique de la famille du Grand majordome Ibi.
Elle sera publiée prochainement par Mareike Wagner ; voir M. Wagner , « New Research in the Tomb
of Ibi (TT 36) », dans E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin (éd.), Thebes in the First Millennium BC: Art and
Archaeology of the Kushite Period and Beyond (GHP Egyptology 27), 2018, p. 177-189.
24.  Publié par A.H. Pries, Das nächtliche Stundenritual zum Schutz des Königs und verwandte Kompositionen.
Der Papyrus Kairo 58027 und die Textvariante in den Geburtshäusern von Dendara und Edfu (SAGA 27), 2009.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  43

Fig. 4 Figures des heures dans la salle du sarcophage de Ramsès VI


(d’après J.A. Roberson, The Ancient Egyptian Books of the Earth, 2012, p. 224)

Les Stundenwachen appartiennent à un genre différent 25 ainsi que les


douze  invocations à Osiris comme dieu-soleil nocturne, récemment
publiées 26. Il existe aussi un autre modèle très différent de représenta-
tions horaires sur la voûte interne du couvercle du sarcophage de Tchai-
Hor-pa-ta (XXXe dynastie, Caire CG 29306) 27 ; il n’est cependant pas visible
aujourd’hui car l’espace entre le couvercle – placé sur des poutres en bois – et
la cuve est trop limité (fig. 3). Selon la description de Maspero, les figures
masculines sont en adoration (quatre pour la nuit, trois pour le jour) alors que
d’autres se présentent comme des momies accroupies (huit et neuf, respec-
tivement). Les figures masculines debout (jour et nuit) ont un disque solaire
à la place de la tête ; les heures de la nuit ressemblant à une momie ont une
étoile sur la tête et un disque solaire devant les pieds, tandis que les heures du
jour ressemblant à une momie ont un disque solaire sur la tête et une étoile
devant les pieds. Dans le texte, les heures de la nuit sont appelées « heures »,
celles du jour « dieux ». Des figures similaires se trouvent au plafond G de la
tombe de Ramsès VI 28 (fig. 4). Dans une autre version du « Livre de la Création
du disque solaire » – notamment au premier registre supérieur sur le mur

25.  H. Junker , Die Stundenwachen in den Osirismysterien nach den Inschriften von Dendera, Edfu und Philae,
1910 ; A.H. Pries, Die Stundenwachen im Osiriskult. Eine Studie zur Tradition und späten Rezeption von Ritualen
im Alten Ägypten (SSR 2), 2011.
26.  J.Fr. Quack , «  Anrufungen an Osiris als nächtlichen Sonnengott im Rahmen eines Königsrituals
(Pap. Berlin P. 23026) », dans V.M. Lepper (éd.), Forschung in der Papyrussammlung Eine Festgabe für das
Neue Museum, 2012, p. 64-65.
27.  G. Maspero, Sarcophages des époques persane et ptolémaïque Nos 29301-29306 (CGC), 1914, p. 238-239.
28.  A. Piankoff, The Tomb of Ramesses VI (BollSer 40, 1-2), 1954, I, fig.  139  ; II, p.  178-180. Manassa
considère les figures à tort comme appartenant au même texte que celui de CG 29306 (C. Manassa, The
Late Egyptian Underworld: Sarcophagi and Related Texts from the Nectanebid Period [ÄAT 72], 2007, I, p. 397-
403 ; 293-294), mais ils appartiennent aux textes étudiés par J.C. Darnell , The Enigmatic Netherworld
Books of the Solar-Osirian Unity. Cryptographic Compositions in the Tombs of Tutankhamun, Ramesses VI and
Ramesses IX (OBO 198), 2004 (voir note 30).

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44  | BSFE 203

Couloir G de la tombe de Ramsès VI ; les deux fois douze figures représentant les heures :

Nuit, Jour,
dans le texte : dans le texte :
« déesses » « dieux »

Fig. 5 Figures des heures du jour et la nuit dans la tombe de Ramsès VI


(d’après A. Piankoff, The Tomb of Ramesses VI, 1954, pl. 178-180)

droit de la chambre du sarcophage de Ramsès VI 29 –, les figures des heures


(une seule série) sont différentes : il s’agit de douze femmes debout dont les
bras pendent devant leur corps et qui semblent toucher une étoile au-dessus
du signe de « l’ombre ». Chacune d’elles porte sur la tête un disque solaire
d’où une rangée de points (en forme de gouttes) coule sur les mains de la
femme qui la suit. Leurs pieds sont alignés à l’opposé de leur visage, c’est-
à-dire que les heures regardent en arrière vers la barque solaire. La version
CG 29306 du « Livre de la Création du disque solaire » dit que les « heures »
(nuit) ou les « dieux » (jour) conduisent le dieu (soleil) sur les chemins de
l’ouest (nuit) pour le laisser entrer dans son disque solaire (jour) (fig. 5). Les
figures du plafond du couloir G du tombeau de Ramsès VI font partie des
textes dits « énigmatiques » étudiés par J.C. Darnell 30 et n’ont rien à voir avec
le « Livre de la Création du disque solaire ». Les figures (masculines) dont la
tête est remplacée par un disque solaire sont décrites comme des dieux qui
protègent les heures ; les figures féminines sont des déesses représentant les
heures qui s’illuminent les unes après les autres et retombent dans l’obscurité
dès que le dieu soleil est passé.
Qu’il me soit permis d’ajouter une remarque d’ordre général : dans la
chapelle funéraire de la reine Hatchepsout, la première heure de la nuit se
trouve dans le tympan à droite (au nord), la douzième heure du jour dans

29.  C. Manassa, op. cit., II, pl. 113. 116 ; I, p. 332 ; A. Piankoff, La création du disque solaire (BdE 19), 1953,
p. 10. 32, texte IV. X, pl. A ; J.A. Roberson, The Ancient Egyptian Books of the Earth, 2012, p. 442-446 ;
Annexe 3, pl. 8 ; 21-22.
30.  J.C. Darnell op. cit., p. 176-188, 212-223 ; pl. 21.24.

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  45

e:

Fig. 6 Schéma de séquence des heures du jour et de la nuit dans les temples, tombes, et cercueils (EG)

le tympan à gauche (au sud) (fig. 6). Cela signifie que le lever du soleil à la
première heure commence du côté sud à l’est et que la course nocturne
du soleil commence du côté nord à l’ouest pour se terminer avec la dou-
zième heure de la nuit à l’est. On a donc l’impression que la course du soleil
dans la chapelle funéraire est orientée vers le lever du soleil et que celui-ci
se déplace d’ouest en est (fig.  7). En 1986, S.  El-Naggar 31 a reconstruit la
séquence de la voûte du tombeau du vizir Bakenrenef à Saqqara, dont les
blocs avaient été dispersés au cours du xixe siècle. En se basant sur LD III, il
a placé les heures du jour du mauvais côté en négligeant la notice de Nestor
l’Hôte (publiée par El-Naggar lui-même) qui avait noté que les heures du
jour étaient du côté gauche, i.e. au sud, comme on lit aussi dans LD I, Text.
Dans LD III, les dessins avaient été montés dans le mauvais sens. Le montage
de la voûte d’Hatchepsout par El-Naggar répète cette erreur. D’ailleurs, la
reconstitution des reliefs de la chapelle funéraire de Thoutmosis III par Ricke
met aussi les heures du jour à droite et non à gauche 32. Ainsi, les voûtes de
Thoutmosis III et de Bakenrenef montraient les heures disposées en principe

31.  S. El-Naggar , « Étude préliminaire d’un ciel voûté de l’hypogée de Bakenrenef (L.24) à Saqqara »,
EVO 9 (1986), p. 15-38.
32.  H. Ricke , Der Totentempel Thutmoses’ III. (BÄBA 3), 1939, pl. 9.

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Fig. 7 Distribution des séquences des heures du jour et de la nuit dans la tombe de Bakenrenef
à Saqqara (EG)

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Nouveaux témoignages du Rituel des heures du jour et du Rituel des heures de la nuit |  47

comme chez Hatchepsout, mais avec la différence que chez Bakenrenef, les
deux séries commençaient toutes les deux à l’est. Dans les tombes privées
tardives à piliers, les heures du jour sont à droite, celles de la nuit à gauche.
La première heure du jour est à droite à l’est, la première heure de la nuit
à gauche à l’ouest. Ici, le mouvement du soleil est donc orienté de l’exté-
rieur vers l’intérieur, d’est en ouest. Sur les cercueils, les premières heures
commencent chaque fois à la hauteur de la tête de Nout, contrairement au fait
qu’en raison de la représentation de la naissance du soleil entre les jambes
de la déesse, les premières heures de la journée auraient logiquement dû
commencer à ce niveau-là, « en bas », et non à la tête, « au-dessus ». S’il y
avait eu à l’origine, sous Hatchepsout, l’idée d’une indication de la direction
de la course du soleil, il s’agissait évidemment du lever du soleil tel qu’évoqué
dans les temples des dieux du Nouvel Empire : la porte du (premier) pylône
était l’endroit théorique du lever du soleil 33. Avec les tombes à piliers de la
Basse Époque, il est plutôt fait allusion à l’illumination de l’au-delà par le
soleil, parce que la course du soleil a lieu dans le sens est-ouest, et vice versa.
Ce n’est probablement pas un hasard si la niche centrale au bout de l’axe cen-
tral de la tombe TT 196 contenait une statue d’Osiris. Chez Bakenrenef l’idée
d’indiquer la course du soleil est-ouest-est est abandonnée. Les cercueils de
la Basse Époque sont schématiquement symétriques, peut-être parce qu’un
cadre architectural leur fait défaut.

Addendum
J’ai remarqué après la rédaction de mon intervention que le cercueil du musée
de Narni présenté par Anthony Leahy pendant le colloque a été déjà traité som-
mairement par E. Bresciani et al., Egitto e Vicino Oriente 26 (2003), p. 41-53. Il est dit
(p. 42), comme je l’ai fait aussi ici, que la déesse Nout du cercueil de Narni avale
et met au monde le soleil. Cependant, Alexandra von Lieven me signale que sur
les cercueils de Narni, Bruxelles, Leyde et Milan c’est la lune (disque rouge avec
croissant jaune ou disque complet en jaune) qui est représentée entre les jambes.
Ainsi, les disques solaire et lunaire forment un cycle intégral avec les heures du
jour et de la nuit.

33.  Voir E. Graefe , OLP 14 (1983), p. 55-79 ; voir les remarques concernant le linteau de Karnak dans
https://www.uni-muenster.de/IAEK/forschen/aeg/proj/laufend/stundenritual.html, „Einleitung“.

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48  | BSFE 203

Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte :


particularités locales et apports prosopographiques

Raphaële Meffre
CNRS - UMR 8167 Orient & Méditerranée

Les ouchebtis thébains de la Troisième Période intermédiaire sont connus par


de très nombreuses statuettes appartenant à un grand nombre de troupes.
Au contraire, pour les époques tardives, seules quelques troupes de la
XXVIe dynastie et du ive siècle avant notre ère ont, jusqu’à présent, été iden-
tifiées. En examinant en détail les statuettes d’époque saïte et en rassemblant
les dossiers de certains personnages dont l’origine thébaine et/ou la datation
saïte n’ont pas encore été repérées, il est néanmoins possible de compléter
le panorama, encore en pointillé, de la production thébaine de cette époque.

Fig. 2 Statuette de Chépénoupet II,


Paris, Louvre E 11159
(© musée du Louvre,
Dist. RMN-Grand Palais/
Christian Décamps)
Fig. 1 Statuette de Montouemhat,
Paris, Louvre E 3512 (© R. Meffre)

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  49

1. Les ouchebtis thébains de la XXVIe dynastie précisément datés


Les rares troupes d’ouchebtis thébains de la XXVIe  dynastie identifiées 1
montrent que ces statuettes se distinguent nettement de celles produites à
Memphis, qui constituent la majorité des statuettes connues. Après quelques
tâtonnements au début de la XXVIe dynastie, les statuettes memphites se
caractérisent par la présence d’une base et d’un appui dorsal ainsi que par
leurs outils « classiques », une houe et un sac sur le côté gauche et un pic à
droite.

1.1. Début de la XXVIe dynastie : les productions du règne de Psammétique Ier

a. Montouemhat et Chépénoupet II
Parmi les productions thébaines du règne de Psammétique  Ier, il faut
replacer plusieurs troupes de statuettes en pierre qui se situent dans la lignée
de la production de la XXVe dynastie. Ici comme ailleurs, le changement
de dynastie n’a pas été le déclencheur d’un changement de style. Ainsi,
pour ne citer que deux exemples bien connus 2, Montouemhat 3 (fig. 1) et
Chépénoupet II 4 (fig. 2) ont bénéficié de troupes d’ouchebtis en pierre 5 alors
1.  Les fouilles de la nécropole thébaine ont livré, notamment dans le secteur de l’Assassif, mais
souvent­ hors contexte, de petites statuettes d’époque tardive dont les propriétaires n’ont pu être
rattachés à une période précise. Nous n’avons de ce fait pas retenu ces statuettes dans notre étude.
Pour ce matériel, voir par exemple E. Graefe, Das Grab des Ibi, Obervermögenverwalters der Gottesgemahlin
des Amun (Thebanisches Grab Nr. 36): Beschreibung und Rekonstruktionsversuche des Oberbaus Funde aus
dem Oberbau, 1990, p. 62-63, fig. 57g-h et pl. 32-33, nos 38-43 ainsi que id., Das Grab des Padihorresnet,
Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, p. 187
et pl. 107, no 403, p. 188-192 et pl. 109-110, nos 410-436.
2.  Par contre, la statuette Londres, UC 38079 attribuée par G.P.F.  Broekman –  à la suite de
H.D. Schneider – à Nesptah B n’appartient pas à ce personnage puisqu’il y est présenté comme le fils
d’une dame Chépensopdet alors que Nesptah B est fils de Neskhonsou. De plus, la statuette n’est pas en
pierre, mais en faïence. Voir G.P.F. Broekman, « On the Administration of the Thebaid during the Twenty-
Sixth Dynasty », SAK 41 (2012), p. 133.
3.  Voir par exemple la statuette Paris, Louvre  E  3512, présentée par J.-L.  Bovot, «  Ouchebti de
Montouemhat, 4e  prophète d’Amon et gouverneur de Thèbes  », dans Fl.  Gombert-Meurice  –
Fr. Payraudeau (éd.), Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes
(cat. d’exp. Grenoble, 25 octobre 2018-27 janvier 2019), 2018, p. 164, no 83.
4.  Voir U. Hölscher , The Excavation of Medinet Habu V: Post-Ramesside Remains (OIP 66), 1954, pl. 21,
D-E ; J.-L. Bovot, Les serviteurs funéraires royaux et princiers de l’Ancienne Égypte, Catalogue du musée du
Louvre, département des Antiquités égyptiennes, 2003, p. 340-341, no 166 ; id., « Ouchebti de Chépénoupet II,
adoratrice du dieu et fille du roi Piânkhy », dans Fl. Gombert-Meurice – Fr. Payraudeau (éd.), op. cit.,
p. 286, no 138.
5.  Une série de petites statuettes (H.  8  cm) en faïence siliceuse à dos plat et sans mains au nom
d’une épouse du dieu et divine adoratrice Chépénoupet a également été attribuée à Chépénoupet II :
U. Hölscher , op. cit., p. 27 et pl. 21, G ; cette attribution a depuis été reprise sans questionnement, ainsi
C. Koch, „Die den Amun mit ihrer Stimme zufriedenstellen”: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im theba-

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50  | BSFE 203

qu’ils sont décédés sous le règne de Psammétique Ier. Comme les statuettes


produites à la XXVe dynastie, ces serviteurs ne possèdent ni appui dorsal ni
base et ne tiennent pas les outils classiques : les statuettes de Montouemhat
tiennent deux houes et un sac tandis que celles de Chépénoupet II ont les
mains vides, ce qui pourrait constituer un trait d’archaïsme inspiré des sta-
tuettes du Moyen Empire. Les statuettes de Chépénoupet II présentent la
particularité de porter l’uræus et d’être coiffées d’un modius rappelant, pars
pro toto, la coiffe à deux rémiges portée par les adoratrices – coiffe qui, si elle
avait été représentée entière, aurait été très fragile et à coup sûr, brisée 6.

b. Nespaqachouty D
La troupe trouvée dans la tombe de Nespaqachouty D (TT 312) est compo-
sée de 377 statuettes funéraires anépigraphes. Leur découverte au bas du
couloir d’accès à la chambre funéraire plaide en faveur de leur attribution
à ce personnage. Nespaqachouty D est connu par plusieurs monuments au
nombre desquels se trouve le papyrus oraculaire de Brooklyn daté de l’an 14
de Psammétique Ier 7. À cette date, lui et son frère 8 sont tous deux installés
dans leurs postes, ce qui laisse penser qu’ils ont effectué la totalité de leur
carrière sous ce règne.
Ces statuettes de petite taille (H. 8,5 cm) sont de facture maladroite, cer-
taines étant même difformes (fig. 3). Toutes disposent d’une base et d’un appui
dorsal peu saillant qui monte en s’élargissant jusqu’à atteindre la largeur du
pan arrière de la perruque dont il se démarque par une incision horizontale ;
leurs outils ne sont pas classiques puisqu’ils se composent de deux houes et
d’un sac. Malgré leur manque d’uniformité, ces statuettes présentent comme
caractéristiques un buste assez large aux coudes bien marqués, des avant-
bras qui ne sont pas représentés en relief et qui paraissent inexistants, ainsi
que des mains qui sortent de la gaine de façon non naturaliste.

nischen Amunstaat von 22. bis zur 26. Dynastie (SRaT 27), 2012, p. 98, no 9. Parmi la vingtaine de statuettes
de cette série, encadrée par celle d’un contremaître anépigraphe et dans l’attitude de la marche, on
dénombre les statuettes Chicago, OIM 15615, 15617, 15618, 15620 et 15635. Concernant leur attribution
à Chépénoupet Ire, et non à Chépénoupet II, voir R. Meffre , « Chépénoupet Ire à Médinet Habou », à
paraître dans un volume de mélanges.
6.  On a aussi émis l’hypothèse que ce modius était destiné à recevoir une couronne rapportée, une
hypothèse qui reste à prouver. Ainsi J.-L. Bovot, Les serviteurs funéraires royaux et princiers de l’Ancienne
Égypte, 2003, p. 340-341, no 166, qui évoque « une couronne amovible, sans doute en métal précieux »,
tout en soulignant que ce détail est tout à fait inhabituel sur les serviteurs funéraires.
7.  Il est en effet le 4e témoin du papyrus : K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit (= ci-après JWIS) IV,
2014, I, p. 220, B.11-12.
8.  Djedonourisiouefânkh est le 42e témoin du papyrus : JWIS IV, I, p. 229, L.12.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  51

Fig. 3 Statuettes mises au jour dans la TT 312 de Nespaqachouty D,


New York, MMA 26.3.163a-d et 1987.73.2 (© Metropolitan Museum of Art)

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1.2. Milieu de la XXVIe dynastie : les productions des règnes de Psammétique II


et d’Apriès

a. Padihorresnet B
Quelques rares statuettes de la troupe de Padihorresnet B 9, propriétaire
de la TT 196 décédé sous le règne de Psammétique II, ont été trouvées dans sa
tombe 10 (fig. 4). Elles devaient avoisiner les 10 cm de haut et présentent des
particularités remarquables. D’abord, elles n’ont pas d’appui dorsal. Le texte
inscrit en lignes est délimité par des incisions ; dans le dos, deux incisions
verticales ménagent une bande vierge entre le premier et le dernier hiéro-
glyphe de chaque ligne. Ensuite, la vue de profil montre que ces statuettes
présentent un réel relief, le torse étant bombé, les fesses haut placées et bien
marquées et le pan postérieur de la perruque présentant une épaisseur cer-
taine. Enfin, les outils se limitent à une houe à droite et à la corde d’un sac à
gauche 11. Le texte du chapitre 6 du Livre des Morts présente des spécificités
observables sur d’autres statuettes d’origine thébaine (voir infra, § 3).

Fig. 4 Statuette de Padihorresnet B appartenant à l’ancienne collection Ch. Bouché


vendue à Paris, Drouot (Th. de Maigret), le 24/10/2012, no 100.

9.  À propos de ce personnage, voir E. Graefe , Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institution
der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), I, 1981, p. 77-82, p. 211
et la synthèse récente de G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 119-120, § 2.3
10.  E. Graefe , Das Grab des Padihorresnet, Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches
Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, p. 184-186 et pl. 103-104, nos 386-401. Certains exemplaires sont apparus
sur le marché de l’art, ainsi une partie supérieure de statuette vendue à Paris, Drouot (Th. de Maigret),
le 24/10/2012, no 100. Je remercie D. Lebeurrier de m’avoir fourni le cliché reproduit ici.
11.  Il semble que cette disposition des instruments aratoires (un outil à droite et seulement un sac à
gauche) soit typique de la production d’ouchebtis du milieu de la XXVIe dynastie provenant des tombes
thébaines. Sur ce point, voir Gl. Janes , Shabtis, a Private View: Ancient Egyptian Funerary Statuettes in
European Private Collections, 2002, p. 155 et G.P.F. Broekman, op. cit., p. 133.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  53

Fig. 5 Statuette d’Ânkhhor, Paris, Louvre N 2734 E (© R. Meffre)

b. Ânkhhor
De nombreuses statuettes d’Ânkhhor 12, propriétaire de la TT 414, décédé
sous le règne d’Apriès, sont connues 13 (fig.  5). Elles montrent une taille
et des caractéristiques similaires à celles de Padihorresnet, avec un torse
de forme trapézoïdale plus bombé encore et le regard dirigé vers le haut.
Sur la plupart des statuettes d’Ânkhhor, le texte, écrit en lignes de petits
hiéroglyphes, occupe un maximum d’espace en débutant à l’arrière de la
perruque. Comme sur les statuettes de Padihorresnet, le texte butte à l’arrière
des jambes contre une fine bande vierge.

c. Nitocris
Nitocris, décédée en l’an 4 d’Apriès, possède des ouchebtis nettement plus
grands que ceux de Padihorresnet et d’Ânkhhor (H. 15 cm). Ils sont pourvus
d’une base et d’un appui dorsal ; sur certains exemples, cet appui dorsal est
disposé sous le pan postérieur de la perruque (Chicago, OIM E 14094 et E 14107)

12.  À propos de ce personnage, voir E. Graefe , Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der
Institution der Gottesgemahlin des Amun vom Beginn des Neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄgAbh 37), I, 1981,
p. 51-52, 90 et la synthèse récente de G.P.F. Broekman, op. cit., p. 120-121, § 2.4
13.  Les statuettes d’Ânkhhor sont particulièrement nombreuses dans les musées et collections parti-
culières. Voir M. Bietak – E. Reiser-Haslauer , Das Grab des ’Anch-Hor, Obersthofmeister der Gottesgemahlin
Nitokris (DÖAW 7), II, 1982, p. 175-176 et pl. 97-116.

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Fig. 6 Statuette de Nitocris, Chicago, OIM E14094 (d’après F.D. Scalf [éd.], Book of the Dead: Becoming
God in Ancient Egypt, cat. d’exp. Chicago, 3 octobre 2017-31 mars 2018 [OIMP 39], p. 321, no 25)

tandis que sur d’autres, il remonte par-dessus la perruque jusqu’au sommet


de la tête (Chicago, OIM E 14098 A) 14. Les statuettes agrippent les outils clas-
siques, à savoir une houe et la corde d’un sac à gauche et un pic à longue
lame à droite. Comme les statuettes de Chépénoupet II, celles de Nitocris
présentent un uræus et un modius qui reflètent la fonction d’adoratrice
de leur propriétaire, à une époque où les ouchebtis royaux ne portent plus
les regalia qui les distinguaient jusque-là des ouchebtis de particuliers 15.
14.  Voir U. Hölscher , op. cit., pl. 21, F et P. Dorman, « Funerary Figure of Queen Nitocris », dans F.D. Scalf
(éd.), Book of the Dead: Becoming God in Ancient Egypt (cat. d’exp. Chicago, 3 octobre 2017-31 mars 2018)
(OIMP 39), 2017 p. 321, no 25.
15.  En effet, dans la deuxième moitié de la XXVIe dynastie, les ouchebtis royaux ne se distinguent plus
de ceux des particuliers par de quelconques regalia. Les ouchebtis de Psammétique Ier (statuette vendue
à Christie’s New York le 11/12/2003, vente Trajan-1314 no 20, inscrite au nom d’un roi Ouahibrê ; contra
N. Reeves , GM 154 [1996], p. 93-95 qui attribue cette statuette à Apriès), Néchao II (H.D. Schneider ,
« Disparate Events of One Time: Two Shabtis of King Necho II, with a Repertory of Royal Funerary
Statuettes of the Late Period (Dynasties 26, 29 and 30) », dans L. Limme – J. Strybol (éd.), Aegyptus Museis
Rediviva: Miscellanea in Honorem Hermani De Meulenaere, 1993, p. 161-165 et N. De Haan, « The Uschebtis
of Pharaoh Necho II (Wehemibre) », Varia Cybeliana 1 [2014], p. 61-64) et Psammétique II (Tübingen 899
au nom d’un roi Psammétique et autres statuettes mentionnées dans E. Brunner-Traut – H. Brunner ,
Die Ägyptische Sammlung der Universität Tübingen, I, 1981, p. 280-281 et par P. Wilson, « A Psamtek ushabti
and a Granite Block from Sais (Sa el-Hagar) », dans C. Price et al. [éd.], Mummies, Magic and Medicine in
Ancient Egypt: Multidisciplinary Essays for Rosalie David, 2016, p. 78-86) portent le némès et l’uræus tandis
que les statuettes d’Apriès (Londres, UC 38082 et G. Daressy, ASAE 2 [1903], p. 237) et d’Amasis (Londres,
UC 38080 et Gl. Janes, op. cit., p. 152-153, no 80) sont coiffées d’une perruque tripartite sans uræus.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  55

Le texte du chapitre 6 du Livre des Morts est disposé en lignes et présente


de nombreuses affinités avec celui des statuettes de Padihorresnet B (voir
infra, § 3) ; sur une statuette au moins, les lignes s’interrompent à l’avant
pour laisser place à une colonne comportant le début du texte (Chicago,
OIM E 14098 A). G.P.F. Broekman a proposé de reconnaître dans les ouchebtis
de Nitocris des réalisations d’ateliers royaux situés en Basse Égypte 16 sans
pour autant fournir de preuve convaincante. Au contraire, cette assertion
est contredite par le fait que les statuettes de Nitocris portent un texte qui
présente les mêmes variantes et graphies inhabituelles que des statuettes de
fabrication thébaine (voir infra, § 3).

1.3. Fin de la XXVIe dynastie : les productions du règne d’Amasis

a. Padineith A
Padineith A, le majordome d’Ânkhnesneferibrê inhumé dans la TT 197 17,
est originaire de Basse Égypte et a été missionné à Thèbes sous le règne
d’Amasis. Ses nombreux ouchebtis, à première vue assez dissemblables, se
divisent en fait en deux séries distinctes.
La première série (fig. 7) est constituée de statuettes de belle facture réali-
sées dans une faïence siliceuse très brillante (H. 13 à 15,5 cm) 18. Elle présente
plusieurs caractéristiques typiquement memphites : la perruque striée au
pan arrière presque plat, l’incision horizontale au bas des pans de la per-
ruque, le sac au décor finement détaillé présentant des bandes horizontales
alternées avec de petits carrés. Sur ces statuettes, le modelé des avant-bras
est visible sous la gaine et les mains qui en émergent sont élégamment dis-
posées sur le torse. Ces statuettes se distinguent néanmoins de la production
memphite de la fin de la XXVIe dynastie par leurs joues et leurs maxillaires
aux formes exagérément rondes et par leurs proportions peu harmonieuses.
Le texte, inscrit en hiéroglyphes clairement gravés, comporte une variante
spécifique : la clause mk wỉ kȝ.tn « “Me voici !’’ direz-vous » est écrite avec la
leçon , qui inclut le pronom dépendant 3e personne
du singulier sw.
16.  G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 134 et n. 90.
17.  À propos de ce personnage, voir E. Graefe , op. cit., I, p. 74-76, p1. 80 et la synthèse récente de
G.P.F. Broekman, op. cit., p. 122-123, § 2.6.
18.  Voir par exemple H.D. Schneider , Shabtis. An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary
Statuettes with a Catalogue of the Collection of Shabtis in the National Museum of Antiquities at Leiden, I, 1977,
5.3.1.120 ; H.A. Schlögl – A. Brodbeck , Ägyptische Totenfiguren aus öffentlichen und privaten Sammlungen
der Schweiz (OBO 7), 1990, p. 251, no 175 ; J.-Fr. Aubert –  L.  Aubert, Statuettes égyptiennes : Chaouabtis,
ouchebtis, 1974, pl. 61, fig. 145 ; Gl. Janes, op. cit., p. 169-170, no 88.

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Fig. 7 Statuettes de la première série de la troupe de Padineith A, New York, Brooklyn Museum


Charles Edwin Wilbour Fund 37.168E-37.171E (© Brooklyn Museum Creative Commons-BY)

L’autre série (fig. 8-9) est constituée de statuettes de facture moins soignée,


à tel point différentes des premières qu’elles semblent avoir été produites dans
un autre atelier 19. Elles ont une perruque lisse, une silhouette aplatie, des mains
disposées de façon peu naturelle sur le torse, des outils peu soignés et sché-
matisés (avec notamment un sac réduit à un carré quadrillé) et enfin un texte
traditionnel rédigé avec des hiéroglyphes gravés sans soin, voire quasiment
illisibles. Certaines de ces statuettes (fig. 8 A-B) 20, d’une quinzaine de centi-
mètres de haut, comportent des détails anatomiques marqués et individualisés,
comme une expression maussade ou au contraire un léger sourire, des avant-
bras visibles sous la gaine, des fesses marquées ; leur texte est peu soigné mais
clairement inscrit. Les autres statuettes de cette série (fig. 9), d’environ 13 cm
de haut et réalisées dans une faïence plus mate, représentent leur propriétaire
souriant, les yeux largement ouverts (presque globuleux). Les avant-bras n’ap-
paraissent pas du tout sous la gaine et les fesses ne sont pas du tout marquées. 

19.  Voir par exemple H.D. Schneider , op. cit., I, 5.3.1.122 et 5.3.1.123 ; J.-Fr. Aubert – L. Aubert, op. cit.,
pl. 61, fig. 146.
20.  Je remercie A. Eberwein de m’avoir autorisée à reproduire les photographies de la fig. 8.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  57

Fig. 8 Deux statuettes de la deuxième série de la troupe de Padineith repérées sur le marché de l’art parisien
(A. vue de face © Studio Sebert ; vues de profil et de dos © R. Meffre ; B. © A. Eberwein)

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Fig. 9 Statuette de la deuxième série


de la troupe de Padineith, New York,
Brooklyn Museum Charles Edwin Wilbour
Fund 37.213E (© Brooklyn Museum
Creative Commons-BY)

Le texte, disposé en lignes et se ter-


minant sur l’appui dorsal, est hâti-
vement tracé, souvent illisible après
la présentation du propriétaire.
L. et J.-Fr. Aubert ont proposé,
du fait de leurs « qualités artistiques
certaines » de reconnaître dans les
ouchebtis de Padineith des pro-
ductions memphites importées en
Haute Égypte 21. B. Peterson – suivi
par H. Schlögl et A. Brodbeck puis
G.P.F. Broekman – a tenté d’expli-
quer la différence de facture entre
les deux séries de statuettes de la
troupe de Padineith en y reconnais­sant une série prototype de fabrication
memphite et une copie de cette série réalisée dans un atelier thébain 22. Cette
hypothèse, pour séduisante qu’elle soit, se heurte néanmoins à deux écueils.
D’abord, la silhouette peu harmonieuse et le gros visage joufflu des statuettes
de la première série ne répondent pas au canon des productions memphites
de l’époque. Ensuite, la variante incluant le pronom dépendant sw au sein de
la clause mk wỉ kȝ.tn est inconnue des statuettes memphites mais elle peut
être rapprochée des exemples thébains du chapitre 6 du Livre des Morts où
l’ouchebti est désigné à la 3e personne du singulier (voir infra, § 3.1). Comme
l’influence memphite est indéniable sur les statuettes de la première série,
on peut raisonnablement penser qu’il s’agit de copies thébaines de statuettes
fabriquées à Memphis. La deuxième série de statuettes, de facture beaucoup
moins soignée, pourrait être la production d’un autre atelier thébain travail-
lant à partir d’une version plus traditionnelle du chapitre 6 du Livre des Morts
et avec une pâte différemment dosée.
Les statuettes de Montouemhat, de Chépénoupet II, de Padihorresnet
et d’Ânkhhor, datées entre le règne de Psammétique Ier et celui d’Apriès,

21.  J.-Fr Aubert – L. Aubert, op. cit., p. 233.


22.  B. Peterson , «  Gesicht und Kunststil: Ein Repertorium der ägyptischen Kunstentwicklung
der Spätzeit anhand von Grabfiguren », Medelhavsmuseet Bull.  12 (1977), p. 32, à propos du no 17 ;
H.A. Schlögl –A. Brodbeck , op. cit., p. 251, à propos du no 175 ; G.P.F. Broekman, op. cit., p. 134.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  59

adoptent une silhouette similaire à celle des statuettes en pierre produites


à la XXVe dynastie, c’est-à-dire sans appui dorsal ni base. Les statuettes de
Padihorresnet et d’Ânkhhor, produites au milieu de la dynastie saïte, se
distinguent néanmoins nettement des productions antérieures à la fois par
leur matériau, une faïence siliceuse brillante de belle qualité, et par leurs
dimensions, qui les font avoisiner les 10 cm de haut (soit plus de deux fois
moins que les statuettes en pierre du début de la dynastie). Les statuettes de
Nitocris semblent annonciatrices d’un changement de silhouette des oucheb-
tis thébains dans le dernier tiers de la XXVIe dynastie, également perceptible
sur ceux de Padineith  A  : les innovations des ateliers memphites (appui
dorsal, base, outils standardisés) semblent alors avoir été en vogue parmi les
grands notables thébains, et donc avoir été adoptées, avec plus ou moins de
bonheur, par les artisans locaux.

2. Statuettes à rattacher à la production thébaine de la XXVIe dynastie


Plusieurs autres troupes, qui n’ont pas encore été repérées comme telles,
peuvent être rapprochées de la production thébaine de l’époque saïte, soit
qu’elles appartiennent à des personnages ayant exercé leurs fonctions à
Thèbes, soit que leur style les rapproche des statuettes thébaines énumé-
rées ci-dessus.

2.1. Fin de la XXVe dynastie - début de la XXVIe dynastie :


le serviteur de la lumière et scribe-tja Horsaiset fils de Taditaset
La production de serviteurs funéraires en faïence a perduré tout au long de
la XXVe dynastie alors même que les plus importants dignitaires thébains
se faisaient sculpter des statuettes en pierre. Les serviteurs funéraires en
faïence d’époque kouchite sont de petite taille et présentent souvent un dos
plat. Des statuettes de ce type ont été trouvées dans les nécropoles thébaines
et à Abydos. Pour ne retenir que deux exemples précisément datés, on
citera les statuettes de la princesse Nestjerrê fille de Roudamon 23 et celles
d’Asetemakhbit fille de Chabaka 24 ; toutes deux sont très vraisemblablement
décédées vers la fin de la XXVe dynastie.

23.  À propos des statuettes de cette princesse, voir R. Meffre , RdE 67 (2016), p. 200-203. Une statuette
de cette troupe a rejoint les collections du Vatican (MGE 55132), voir J.-Cl. Grenier , Les statuettes funé-
raires du Museo Gregoriano Egizio, 1996, p. 75 et pl. XLVI, no 111.
24.  Voir D. Randall MacIver – A.C. Mace, El Amrah and Abydos 1899-1901, 1902, pl. XXXIX ; W.M.Fl. Petrie ,
Shabtis illustrated by the Egyptian collection in University College, London, with catalogue of figures from many
other sources (BSAE 57), 1935, pl. XLII, no 531 ; H.D. Schneider , op. cit., I, p. 226.

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Fig. 10 Statuette d’Horsaiset fils de Taditaset,


Paris, Louvre AF 11968 (© R. Meffre)

Un dénommé Horsaiset fils de Taditaset est connu par plus d’une cin-
quantaine d’ouchebtis, dont cinq au musée du Louvre (fig. 10). Ces statuettes,
d’une hauteur de 9 à 10 cm, n’ont pas le dos entièrement plat mais présentent
un appui dorsal, utilisé comme support d’un texte qui court depuis le sommet
de la tête jusqu’aux talons. Le signalement du propriétaire précise que
celui-ci exerce les charges de serviteur de la lumière (ḥm wn) et de scribe-tja
du domaine d’Amon (sš ṯȝ pr Ỉmn), deux titres qui, associés, le relient au temple
de Karnak :  .
C’est sans doute au tournant des XXVe et XXVIe dynasties qu’il faut replacer
ces ouchebtis, et non à la XXXe dynastie ou à l’époque ptolémaïque comme
cela a été proposé jusqu’à présent 25. En effet, le signalement de leur proprié-
taire peut être rapproché d’une titulature inscrite sur un coffret à ouchebtis
du musée de Turin (ME 2439) 26 dont le propriétaire est présenté comme :

« le prophète d’Amon et scribe-tja du domaine d’Amon Horsaiset, juste-de-


voix, fils du prophète d’Amon Tjenfy (?), juste-de-voix, et né de la maîtresse
de maison Taditaset, juste-de-voix » 27.
25.  Ainsi dernièrement V. von Droste zu Hülshoff et al., Liebieghaus - Museum alter Plastik. Ägyptische
Bildwerke II: Statuetten, Gefässe und Geräte, 1991, p. 185-188, no 88.
26.  A. Fabretti – F. Rossi – R.V. Lanzone , Regio Museo di Torino: Antichità egizie, 1882, p. 345, no 2439.
27.  Copie hiéroglyphique reprise de celle de A. Fabretti – F. Rossi – R.V. Lanzone , loc. cit.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  61

Ce coffret rectangulaire à quatre montants d’angles, en forme de


cercueil-qrsw, est décoré du texte du chapitre 6 du Livre des Morts réparti en
colonnes. Sa forme et son décor l’apparentent au type VIIIb de D.A. Aston 28,
qui correspond aux derniers exemplaires fabriqués à Thèbes au viie siècle
avant notre ère, soit à la fin de la XXVe dynastie et au début de la suivante 29.
C’est donc à cette époque qu’il convient de replacer l’activité d’Horsaiset,
sans qu’il soit possible pour l’heure de le rattacher à une famille connue. En
ce qui concerne l’évolution stylistique des ouchebtis, il apparaît que dès le
viie siècle avant notre ère certaines troupes disposent d’une base et d’un appui
dorsal, qui peut être utilisé comme support de texte. On peut rapprocher des
statuettes d’Horsaiset une troupe de silhouette très comparable au nom d’un
prophète d’Amon dans Ipet-sout Djedmontouiouefânkh 30.

2.2. Milieu de la XXVIe dynastie

a . Le camérier (?) et directeur des chambellans de la divine adoratrice Padimahès


fils de Khaâesenaset
Une troupe de petites statuettes (H.  8-9  cm), dont un exemplaire est
conservé au Louvre (fig. 11), présente une silhouette particulière : elles n’ont
ni base ni appui dorsal, leur perruque est nettement évasée au niveau des
oreilles, leur torse, bombé, et leurs fesses sont bien marquées et haut placées.
Leur texte, peint en lignes, présente leur propriétaire comme
l’Osiris Padimahès.
L’absence d’appui dorsal et de base a amené J.-L. Chappaz, qui a attiré
l’attention sur ces statuettes 31, à proposer de les dater à la charnière des XXIIe
et XXVe dynasties ou éventuellement au ive siècle avant notre ère.
Malgré leur texte peint, et non gravé, leur silhouette générale rappelle les
ouchebtis thébains d’Ânkhhor et de Padihorresnet. Le rapprochement avec
ces statuettes d’époque saïte est d’autant plus probable que le texte du cha-
pitre 6 du Livre des Morts inscrit sur les ouchebtis de Padimahès présente les
mêmes spécificités que celles des statuettes de Padihorresnet et de Nitocris
(voir infra, § 3).
28.  Voir D.A. Aston, OMRO 74 (1994), p. 36 (type désigné comme VIIIa) et id., 2009, p. 372 et 370, fig. 47
(type VIIIb).
29.  P. Marini, EVO 35 (2012), p. 113 (coffret daté de la XXVe dynastie) et id., Rivista del Museo Egizio 1
(2017), p. 9 (coffret daté du viie siècle avant notre ère).
30.  Voir par exemple la statuette Liverpool, World Museum 48.25.25 publiée par Gl. Janes, The Shabti
Collections 6: A Selection from World Museum, Liverpool, 2016, p. 485-486, no 253.
31.  J.-L. Chappaz , Les figurines funéraires égyptiennes du musée d’Art et d’Histoire et de quelques collections
privées (AegHelv 10), 1982, p. 95-98, à propos des nos 117-121.

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Fig. 11 Statuette de Padimahès, Paris, Louvre N 2667.78 (© R. Meffre)

Les statuettes de Padimahès peuvent être rapprochées d’un ouchebti mis


au jour dans le secteur de la tombe de Padihorresnet dans l’Assassif (TT 196) 32.
La silhouette et la taille de ces statuettes sont identiques, si bien que l’on
peut a minima être assuré qu’elles proviennent du même atelier. Les traces
du nom du propriétaire de cet ouchebti au texte très endommagé ont été lues
 ( ). Elles ont été interprétées comme les vestiges du nom
Padiousir. Cette lecture a en fait sans doute été influencée par le signe de l’œil
qui entre dans la graphie du nom d’Osiris. Le mauvais état de la statuette a
empêché de reconnaître le signe de l’œil fardé qui entre dans la graphie du
théonyme Mahès (Mȝỉ-ḥsȝ). C’est en réalité une graphie de l’anthroponyme
Padimahès qu’il convient de retrouver sur cette statuette, qu’il faut attribuer
à la même troupe que la statuette du Louvre. La tombe voisine d’Ibi (TT 36) a
livré un fragment d’ouchebti de la même troupe 33. Les textes inscrits dans la
chambre  IV (R 4) de la TT 36 indiquent que cette partie de la tombe a été uti-
lisée pour abriter les inhumations d’un fils cadet d’Ibi, nommé Psammétique,
et de sa famille, à laquelle appartient Padimahès.

32.  E. Graefe , Das Grab des Padihorresnet, Obervermögensverwalter der Gottesgemahlin des Amun (Thebanisches
Grab Nr. 196) (MonAeg 9), 2003, I, p. 26, 186-187 et II, p. 351-352, pl. 105-106 (P71 403, cat. 402).
33.  Voir R. Meffre , « Les ouchebtis », dans M. Wagner (éd.), Das Grab des Ibi, Obergutsverwalters der
Gottesgemahlin des Amun (thebanisches Grab Nr. 36). Band II (ArchVer), sous presse.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  63

On peut encore attribuer à notre Padimahès un papyrus du Livre des


Morts d’époque saïte conservé au Vatican (MGE 48813) 34 qui présente son
propriétaire comme le camérier (?) (ẖry-tp.f) et directeur des chambellans
de la divine adoratrice (mr ỉmyw ḫnt n dwȝt-nṯr) Padimahès dont la mère est la
maîtresse de maison Khaâesenaset.
Reste à dater aussi précisément que possible le personnage. Le papyrus
ne précise pas le nom de l’adoratrice qu’a servie Padimahès. Néanmoins, la
proximité entre les statuettes de Padimahès et celles d’Ânkhhor et surtout
de Padihorresnet invite à penser qu’il est, comme eux, décédé au milieu de
la XXVIe dynastie, vraisemblablement sous le règne de Psammétique II ou au
début de celui d’Apriès et donc qu’il a servi Nitocris avant d’être inhumé dans
la nécropole de l’Assassif.

b. Pefiou fils de Chépenaset


Une troupe, dont deux petites statuettes d’environ 7,5 cm de haut sont
conservées au Louvre (fig. 12), appartient à un personnage présenté comme
, l’Osiris Pefiou né de la maîtresse de maison Chépenaset 35.
Ces ouchebtis présentent une base mais pas d’appui dorsal. Leur texte est
rédigé en petits hiéroglyphes maladroits ; il se répartit sur tout leur pourtour,
sans même laisser un espace libre au dos. Leurs mains, d’assez grande taille,
ne tiennent pas les outils classiques, mais la corde d’un sac triangulaire qui
retombe sur l’omoplate à droite et une houe avec la corde d’un sac à graines
à gauche.
La silhouette générale, la répartition du texte sur tout le pourtour de la
statuette, perruque exceptée, l’absence d’appui dorsal et les outils atypiques
invitent à rapprocher cette troupe des statuettes thébaines du milieu de la
XXVIe dynastie.

c. Nakhtkhonsou fils de Montouseneb


La documentation fait encore connaître quelques statuettes très sem-
blables à celles d’Ânkhhor qui peuvent être attribuées à une autre troupe.
Ce sont (a) une statuette complète haute de 8,4 cm, au musée d’Aquitaine
de Bordeaux (9095) (fig. 13), (b) un fragment de statuette Macclesfield, West
Park Museum (1841.1977) 36, (c) une statuette au Museum of Fine Arts de

34.  A. Gasse , Les papyrus hiératiques et hiéroglyphiques du Museo Gregoriano Egizio, 1993, p.  39-42 et
pl. XXXIII, no 26 (datation époque saïto-perse ou ive siècle avant notre ère) ; JWIS IV, II, p. 1083, no 613.
35.  Cette troupe a été signalée par J.-Fr. Aubert –  L. Aubert, op. cit., p. 218 sous le nom « Peniou né
de Païset ».
36.  Gl. Janes, The Shabti Collections 1: West Park Museum, Macclesfield, 2010, p. 25, no 18.

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Fig. 12 Statuette de Pefiou fils de Chépenaset, Paris, Louvre E 20139 (© R. Meffre)

Fig. 13 Statuette de Nakhtkhonsou fils de Montouseneb, Bordeaux, musée d’Aquitaine 9095


(© Mairie de Bordeaux, ph. Lysiane Gauthier)

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  65

Boston (72.1746, inédite) et (d) une statuette repérée sur le marché de l’art 37.


Comme celles d’Ânkhhor, ces statuettes ne possèdent pas d’appui dorsal et
sont couvertes d’un texte maladroitement gravé qui débute à l’arrière de la
perruque ; en revanche, leurs pieds reposent sur une base. En comparant les
graphies attestées sur les différents exemplaires de cette troupe, on peut pro-
poser de lire le nom de leur propriétaire 
« l’Osiris Nakhtkhonsou, juste-de-voix, fils de Montouseneb ».

d. La chanteuse d’Amon Taimen fille de Hornakht


Une statuette conservée au Louvre (fig. 14) 38 présente également une
silhouette proche de celle des statuettes de Padihorresnet et d’Ânkhhor.
Son  texte est disposé de façon beaucoup plus aérée puisqu’il se réduit à
3 lignes sur la face antérieure. Il se limite à une présentation de la proprié-
taire : « la chanteuse d’Amon Taimen fille
de Hornakht ». La statuette ne comporte pas d’appui dorsal mais les pieds
sont posés sur une base étroite ; la perruque comme les fesses sont volu-
mineuses à l’arrière. Les outils diffèrent des outils classiques puisque l’on
reconnaît un sac triangulaire pendant sur l’épaule droite (similaire à celui
représenté sur les statuettes de Pefiou) et un pic à gauche.

Fig. 14 Statuette de Taimen fille de Hornakht Paris, Louvre AF 13707 (© R. Meffre)

37.  Vendu chez Christie’s Londres, vente HERCULES-1548, le 02/04/2014, no 52.


38.  Paris, Louvre AF 13707.

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e. Ouchebti anépigraphe fragmentaire mis au jour à Karnak


Un fragment d’ouchebti anépigraphe (fig. 15) a été mis au jour dans le
secteur des chapelles osiriennes de Karnak, sous la voie de Ptah, au cours
des fouilles de la chapelle d’Osiris Neb-djéfaou dirigées par L.  Coulon et
C. Giorgi 39. Sans appui dorsal, il présente un visage rond dirigé vers le haut
et ses grosses mains agrippent une corde de sac du côté gauche et une houe
du côté droit. Ces caractéristiques invitent à le rapprocher des statuettes du
milieu de la XXVIe dynastie mises au jour dans l’Assassif et à lui attribuer
cette datation. Sa découverte à Karnak dans un secteur qui se trouvait à la
XXVIe dynastie en dehors de l’enceinte d’Amon pourrait s’expliquer par la
présence à l’époque saïte d’ateliers de faïenciers dans cette zone qui jouxte
l’enceinte d’Amon au nord 40.

Fig. 15 Statuette mise au jour à Karnak, secteur des chapelles osiriennes, fouilles de la chapelle
d’Osiris Neb-djéfaou, no 132 (© cfeetk/ifao/Mission Sanctuaires osiriens de Karnak)

3. Une « version thébaine » du chapitre 6 du Livre des Morts

3.1. Le texte principal du chapitre 6 du Livre des Morts


Parmi les troupes qui viennent d’être présentées, celles de Padihorresnet B, de
Padimahès et de Nitocris présentent une version inhabituelle du chapitre 6 du
Livre des Morts qui se démarque de la version habituelle (VIIa) non seulement
en désignant la statuette à la 3e personne du singulier, mais aussi en laissant
de côté certaines séquences et en adoptant des graphies inhabituelles.

39.  Fouilles de la chapelle d’Osiris Neb-djéfaou, no 132. Je remercie L. Coulon qui m’a autorisée à publier
cette statuette.
40.  C’est d’ailleurs dans cette zone que se trouve le trésor de Chabaka, en usage à la XXVe dynastie
et dans la première moitié de la XXVIe, lieu de fabrication et de stockage de mobilier liturgique.
Concernant cet édifice, voir dernièrement N. Licitra , BSFE 199 (2018), p. 38-56 et plus particuliè-
rement p.  44, fig.  3 pour la localisation des divers bâtiments du secteur par rapport au tracé de
l’enceinte d’Amon du Nouvel Empire.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  67

– La désignation de l’ouchebti à la 3e pers. sing. :


La séquence

r ỉrt kȝt nb ỉrt ỉm m ẖrt-nṯr


« pour accomplir tout travail à faire là dans la nécropole »
prend la forme

r ỉrt kȝt.f nb <r> ỉrt ỉm m ẖrt-nṯr


« pour accomplir tout son travail à faire là dans la nécropole ».
La clause d’obligation (obstacle clause)

ỉs.tw ḥw sḏb ỉm
« alors la contrainte te sera infligée là-bas »
devient

ỉs.tw ḥw sḏb.f (… ?)


« alors la contrainte lui sera infligée (… ?) ».
La séquence

mk wỉ kȝ.tn
« “Me voici !” direz-vous »
est rendue

mk<.tn> sw
« Le voici ! » 41.

– L’absence systématique des séquences « comme un homme à sa tâche »


après la clause d’obligation et ṯs pẖr après l’énumération des tâches à
accomplir.
– Des graphies inhabituelles :
On notera en premier lieu une graphie inusitée par ailleurs du verbe ḥwỉ.
Au lieu de l’habituelle graphie  , on y rencontre . On peut éventuel-
lement expliquer cette variation du déterminatif par une méprise du rédac-
teur du texte qui servait de modèle pour inscrire les ouchebtis. Ce scribe

41.  Le changement de pronom personnel dans cette séquence sur les statuettes thébaines a déjà été
remarqué par H.D. Schneider , op. cit., I, p. 119.

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aurait confondu le signe , qui entre parfois dans la graphie du verbe ḥwỉ 42,
avec le signe de la tête de vautour  , qui présente également une partie
oblique (le cou) et une partie horizontale (la tête et le bec).
Si elles présentent l’habituelle version VIIa du chapitre 6 du Livre des
Morts, les statuettes de la troupe d’Ânkhhor comportent néanmoins la
graphie pour le verbe ḥwỉ, ce qui les rapproche des statuettes de
Padihorresnet B, de Padimahès et de Nitocris.
On notera également que le bâton sḏb, habituellement écrit  , est systé-
matiquement dessiné avec la fourche vers le haut  . Cette graphie se trouve
également sur les statuettes de la troupe d’Ânkhhor.

3.2. La séquence finale


Le texte des troupes de Nitocris, Padimahès et Padihorresnet B se singularise
aussi par la présence d’une variante d’une séquence finale rare du chapitre 6
du Livre des Morts. Quelques troupes d’ouchebtis remontant au milieu ou
à la deuxième moitié de la XXVIe dynastie trouvées hors de la nécropole
thébaine comportent une séquence finale du chapitre 6 du Livre des Morts
qui se compose ainsi :

Troupe Séquence finale du chapitre 6 du Livre des Morts


Hormaâkhérou
fils de Meretneith
(prov. Saqqarah)
Berlin ÄM 7371
et 289 ; propriétaire
non connu
(éventuellement
le précédent) 43
Horoudja fils
de Khaâesenhâp
(prov. inconnue)
Paounhatef fils
de Héseset 44
(prov. Héliopolis)

42.  Ce signe, qui représente la ceinture et l’arrière d’un pagne, est dérivé du signe hiératique qui rend
le hiéroglyphe  , généralement utilisé comme déterminatif du verbe ḥwỉ. À ce propos, voir D. Meeks,
Les architraves du temple d’Esna (PalHier 1), 2004, p. 229, § 622.
43.  Copie d’après L. Speleers, Les figurines funéraires égyptiennes, 1923, p. 149.
44.  M. Mogensen, Inscriptions hiéroglyphiques du Musée national de Copenhague, 1918, p. 77.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  69

La lecture de cette séquence a été discutée à plusieurs reprises 45 et diverses


traductions ont été proposées, sans qu’aucune soit parfaitement satisfaisante.
Dans l’attente d’une étude détaillée de l’expression ḥwỉ sḏb, qui permettra
sans doute de mieux comprendre ce texte, nous proposons, faute de mieux,
de traduire :
ỉp.tn r wnwt.f nb ḥw.tn sḏb.f ḫft gm.n.f sp
« (puisque) vous (a) êtes dénombrés pour n’importe lequel de ses (b) ser-
vices (c), vous serez chargés de sa tâche (d) dès que l’occasion se présente à
lui (e) ».

(a) i.e. les ouchebtis.


(b) i.e. le propriétaire des ouchebtis.
(c) Le substantif wnwt désigne l’heure, et par extension, l’heure de travail,
le service. Voir à ce propos D. Meeks, Année lexicographique 1 (1977), 1980, p. 90,
77.0932 ; id., Année lexicographique 2 (1978), 1981, p. 96, 78.0977 et id. Année lexico-
graphique 3 (1979), 1982, p. 69, 79.0682.
(d) Le sens de l’expression ḥwỉ sḏb reste à préciser. Nous avons adopté
ici la traduction « être sous le coup de, être frappé d’une obligation, d’une
corvée, d’une tâche », « être chargé d’une obligation, d’une corvée, d’une
tâche », traduction de cette expression généralement admise pour son occur-
rence dans le chapitre 6 du Livre des Morts.
(e) La conjonction ḫft exprime la quasi-concomitance avec un léger
décalage, voire la réaction automatique, entre deux propositions ; voir à ce
propos O. Perdu, RdE 30 (1978), p. 111-114. Le substantif sp a été traduit par
les commentateurs de cette séquence finale du chapitre 6 du Livre des Morts
avec un sens péjoratif qui n’est pourtant pas induit par le contexte. Il nous
semble donc devoir lui conserver sa signification neutre de « fois, occasion ».

Les statuettes de Nitocris, de Padihorresnet B et de Padimahès présentent


une variante de cette séquence finale qui n’a jusqu’à présent pas été isolée
de la précédente par les auteurs qui l’ont commentée46. En confrontant les
versions plus ou moins lisibles sur les statuettes de ces troupes, on peut en
établir ainsi pour chacune le texte standard :

45.  Voir L. Speleers, op. cit., p. 149 ; H.D. Schneider , op. cit., I, p. 146 ; S. Aufrère , GM 73 (1984), p. 62.
46.  Voir J.-L. Chappaz , op. cit., p. 96 et E. Graefe , op. cit., I, p. 184-185.

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Troupe Séquence finale du chapitre 6 du Livre des Morts

Padihorresnet B

Padimahès
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Nitocris

La traduction de cette variante est difficile à établir, le texte lui-même


n’étant pas parfaitement identique sur chaque troupe. Aussi proposons-nous,
faute de mieux :
m-(ḏd) ỉry(.ỉ) mk<.tn> r wnwt nb ḥw.tn sḏb.f ḫft gm.n.f sp
« en disant (a) “(Je) le ferai, (me) voici !” pour n’importe quel service. Vous
serez chargés de sa tâche dès que l’occasion se présente à lui ».
(a) Sur l’ellipse du verbe ḏd dans l’expression m-(ḏd), voir K.  Jansen-
Winkeln, Spätmittelägyptische Grammatik der Texte des 3. Zwischenzeit (ÄAT 34),
1996, p. 400, § 648. Celle-ci est mieux attestée dans l’expression ḥr-(ḏd), voir
id., loc. cit. et O. Perdu, RdE 67 (2016), p. 103-104, n. w.
Les particularités observées dans le texte du chapitre 6 des Livre des Morts
inscrit sur les statuettes de Nitocris, de Padihorresnet B et de Padimahès, qui
incluent non seulement des formulations spécifiques mais aussi des graphies
inhabituelles, suggèrent que ces trois troupes ont été inscrites d’après un
même modèle, éventuellement dans le même atelier. Aussi est-il difficile de
nier la fabrication des ouchebtis de Nitocris dans un atelier thébain47.

4. Les ouchebtis d’époque saïte provenant d’Abydos


Les liens entre Thèbes et la proche Abydos sont constants et très forts depuis
le début du Ier millénaire avant notre ère. Aux XXIe et XXIIe dynasties, les
plus importants des Thébains interviennent dans le culte d’Osiris mais
aussi, éventuellement, se font inhumer dans les nécropoles abydéniennes.
Le pouvoir kouchite a encore renforcé les liens entre les deux villes, si bien
qu’Abydos peut apparaître comme une dépendance de la capitale de Haute
Égypte. Plusieurs représentantes de la famille royale kouchite y ont été inhu-
mées. Dans le même temps, des notables de This, comme les ancêtres de
Nespaqachouty D, accèdent à de hautes fonctions thébaines, notamment le
vizirat, tout en continuant à se faire inhumer sur place.

47.  Contra G.P.F. Broekman, op. cit. p. 134 et n. 90.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  71

Les ateliers abydéniens ont produit des éléments de mobilier funéraire qui
empruntent certaines caractéristiques des ateliers thébains, de sorte qu’on
peut parler d’une influence des ateliers thébains sur ceux d’Abydos. En ce
qui concerne les serviteurs funéraires, les caractéristiques que nous avons
pu mettre en évidence pour un groupe d’ouchebtis thébains du milieu de la
XXVIe dynastie se retrouvent sur certaines statuettes originaires d’Abydos.

4.1. Le prophète d’Amon et scribe de l’offrande divine Montouhotep


Les fouilles de A.C. Mace ont mis au jour à Abydos la tombe 16 C du cime-
tière D 48, une inhumation réunissant un cercueil en bois, des vases
canopes et une troupe de serviteurs funéraires de 9-10  cm de haut ins-
crits à l’avant en une colonne au nom de
(var.  ) «  l’Osiris prophète d’Amon et scribe de
l’offrande divine d’Amon Montouhotep ». D’après ses titres, ce personnage a
effectué sa carrière à Thèbes avant de se faire inhumer à Abydos. Cette troupe
est composée de deux séries de statuettes. Les unes 49 (fig. 16) se caractérisent
par l’absence d’appui dorsal et de base, des fesses haut placées et rebondies,
de grosses mains et des outils non classiques (deux pics et un sac).

Fig. 16 Statuettes de Montouhotep mises au jour à Abydos, Liverpool, World Museum 24.9.00.115,
47.28.30 et 56.21.50 (d’après Gl. Janes, The Shabti Collections 6: A Selection from World Museum,
Liverpool, 2016, p. 444-445, no 231)

48.  Voir D.A. Aston, Burial Assemblages of Dynasty 21-25: Chronology – Typology – Developments (DÖAW 54),
2009, p. 145, no TG579.
49.  Ainsi les statuettes Liverpool, World Museum 24.9.00.115, 47.28.30 et 56.21.50, voir Gl. Janes, The
Shabti Collections 6: A Selection from World Museum, Liverpool, 2016, p. 444-445, no 231.

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Fig. 17 Statuettes de Montouhotep mises au jour à Abydos, Manchester Museum 3263 et 5595
(© Manchester Museum, University of Manchester)

Les autres statuettes 50 (fig. 17) présentent une silhouette semblable mais sont
dotées d’une base et d’un appui dorsal qui monte en s’élargissant jusqu’au
pan postérieur de la perruque dont il se démarque par une incision horizon-
tale. La série sans appui dorsal ni base est très proche de celle des statuettes
thébaines du milieu de la XXVIe dynastie mises au jour dans l’Assassif ; elle
se différencie de ces productions thébaines par une facture plus grossière,
« provinciale », et par sa matière, de moins belle qualité et moins brillante
que les exemplaires thébains.

4.2. Le prophète des Deux Lions et directeur des prophètes de Haute Égypte
Tjanéfer fils d’Herefnounéfer et de Tachéritenaset
Des statuettes funéraires de provenance inconnue mesurant 11 à 13 cm de
haut sont inscrites en une colonne à l’avant au nom du
« prophète des Deux Lions et directeur des prophètes Tjanéfer, en bonne
santé » (fig. 18). Certaines statuettes de cette troupe ont pu être datées de
l’époque ptolémaïque 51, mais leur silhouette au torse bombé, leur regard
dirigé vers le haut et leurs outils non standards nous amènent à privilégier
une datation d’époque saïte. La mention d’un titre de prêtrise des Deux Lions,
Chou et Tefnout, permet d’envisager que le propriétaire de ces statuettes
est originaire d’une ville où ces divinités sont vénérées, les principales étant
Sébennytos dans le Delta et This en Haute Égypte.

50.  Ainsi les statuettes Manchester Museum 3263 et 5595, voir Gl. Janes, Shabtis, a Private View: Ancient
Egyptian Funerary Statuettes in European Private Collections, 2012, p. 380-381, no 210. Je remercie C. Price de
m’avoir fourni et autorisée à publier les photographies de ces statuettes reproduites ici.
51.  Ainsi, H.A. Schlögl – A. Brodbeck , op. cit., p. 322-323, no 241 (statuette Neuchâtel ME Eg. 306).

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  73

Fig. 18 Statuette de Tjanéfer, Paris, Louvre N 2667.34 (© R. Meffre)

Or il existe un cercueil conservé à Saint-Pétersbourg (musée de l’Ermitage


ДВ-779) 52 qui présente son propriétaire comme :

« L’Osiris prophète des Deux Lions Tjanéfer fils du détenteur des mêmes
titres Herefnounéfer, juste-de-voix, et né de la maîtresse de maison
Tachéritenaset ».
Sur une autre titulature inscrite sur le même cercueil, il est présenté
comme :
« L’Osiris directeur des prophètes de Haute Égypte Tjanéfer fils du déten-
teur des mêmes titres Herefou, juste-de-voix ».
Le rapprochement du propriétaire des ouchebtis avec celui du cercueil
est assuré par l’identité des titres : prophète des Deux Lions et directeur des
prophètes sur les ouchebtis et prophète des Deux Lions et directeur des pro-
phètes de Haute Égypte sur le cercueil. À l’appui de cette identification, on
peut ajouter que les statuettes sont arrivées au Louvre en 1826 avec la col-
lection Salt alors que le cercueil est très vraisemblablement entré dans les
collections impériales russes en 1827 avec deux cercueils thébains offerts au

52.  A.N. Nikolaev, ArchOr 83 (2015), p. 1-30.

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74  | BSFE 203

tsar Nicolas Ier par Anastasios Avéroff 53 – ce qui laisse penser que la tombe de
Tjanéfer a été mise au jour à la fin du premier quart du xixe siècle et que ses
objets ont été rapidement dispersés.
Le type de décor du cercueil est bien connu en Haute Égypte, notamment
dans la région thébaine, à la XXVIe dynastie (modèle 3.C) 54. Deux éléments
aident à préciser sa datation : sur les côtés des jambes se trouve un défilé de
vingt divinités et l’image de Nout ailée sur la poitrine porte une coiffure qui
ne se superpose pas au collier-ousekh. Le nombre élevé de divinités dans le
défilé et la non-superposition de la coiffure de Nout et du collier-ousekh sont
autant de caractéristiques des productions du viie et du début du vie siècle
avant notre ère, donc du milieu de l’époque saïte.
Dans le contexte de la Haute Égypte, le titre de prophète des Deux Lions
porté par Tjanéfer renvoie au culte de Chou et Tefnout à This, à proximité
d’Abydos. Or, de nombreux représentants du clergé de This ont été inhumés
à Abydos, ce qui permet d’envisager que c’est dans une nécropole de cette
ville que la tombe de Tjanéfer a été découverte. À l’appui de cette hypothèse,
on soulignera que les ouchebtis de Tjanéfer ont une silhouette et des dimen-
sions très similaires à celles de la série munie d’un appui dorsal de la troupe
de Montouhotep ; on peut ajouter que le texte des ouchebtis de Tjanéfer ne
donne que les nom et titres du défunt, sans mention de sa qualité d’Osiris,
exactement comme certaines statuettes de Montouhotep.

4.3. La statuette Manchester Museum 8073


Une statuette parvenue au musée de Manchester (8073) 55 présente une sil-
houette similaire aux statuettes de Montouhotep avec appui dorsal et à celles
de Tjanéfer : haute de 10,2 cm, elle a un torse large aux coudes saillants et un
visage aux traits outranciers mais nettement dessinés. Au dos, l’appui dorsal
peu saillant monte en s’élargissant depuis une base étroite jusqu’à atteindre
la largeur du pan postérieur de la perruque avec lequel il se confond. Cette
statuette est inscrite en une colonne à l’avant d’un texte difficile à lire à cause

53.  À propos de ce don, voir R. Meffre – A. N. Nikolaev, ZÄS 143 (2016), p. 77. Les deux autres cercueils,
accompagnés de leurs momies, sont le cartonnage de momie au nom de la dame Nairis et un lot de trois
sarcophages emboîtés au nom de Padiaset fils de Hor et de Chepenoun.
54.  Voir à ce propos J.H. Taylor , «  Theban Coffins from the Twenty-second to the Twenty-sixth
Dynasty: Dating and Synthesis of Development », dans N. Strudwick – J.H. Taylor (éd.), The Theban
Necropolis: Past, Present and Future, 2003, p. 115 et R. Meffre , Monuments Piot 94 (2015), p. 51, fig. 45, et
p. 52-53.
55.  Gl. Janes, op. cit., p. 458, no 231. Je remercie C. Price de m’avoir fourni et autorisée à publier les photo-
graphies de cette statuette.

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  75

du mauvais état de conservation de la glaçure. Sa silhouette et ses dimensions


invitent à dater cette statuette de la XXVIe dynastie et à la rapprocher des
exemples abydéniens.

4.4. Pefhéryhésou fils de Djedhor


Il faut peut-être rapprocher de la production des ateliers abydéniens une série
d’ouchebtis au nom de « l’Osiris Pefhéryhésou fils de
Djedhor » (fig. 19). Ces statuettes, d’une hauteur de 10,5 à 11 cm, présentent
une base étroite, mais pas d’appui dorsal. Les volumes du corps sont nettement
marqués, que ce soit au niveau des mains, des fesses, des mollets ou de la
perruque dont le pan postérieur est nettement saillant. Les détails du visage
sont indiqués précisément et en relief. Le texte est disposé en une colonne
courant du haut de la perruque jusqu’aux talons, marquant un léger espace au
niveau de la délimitation entre la perruque et le dos. La plupart des statuettes
de cette troupe sont de provenance inconnue, mais les archives de l’Oriental
Institute de Chicago indiquent que l’exemplaire qui y est conservé (E 9440) fait
partie du lot d’objets issus des fouilles d’Abydos reçu par cette institution 56.
Quoi qu’il en soit, le style de ces statuettes ne s’oppose pas à cette indication
de provenance.

5. Style thébain vs style abydénien : Nespaqachouty D avait-il prévu de


se faire inhumer à Abydos ?
Bien qu’ils présentent certains traits communs, les ouchebtis produits dans
les ateliers thébains et dans les ateliers abydéniens montrent des différences
techniques et stylistiques. La faïence elle-même paraît différer puisque la
pâte utilisée à Abydos est bleu foncé et surtout de moindre qualité par rap-
port à celle des ateliers thébains. Au niveau de la silhouette, on note des
similarités entre les statuettes thébaines et celles, plus frustes, d’Abydos.
Ces constatations invitent à revenir sur les ouchebtis de Nespaqachouty D
trouvés dans sa tombe TT 312 de l’Assassif. La famille de Nespaqachouty est
bien connue comme étant une famille originaire de This, près d’Abydos.
Les générations qui ont précédé Nespaqachouty D ont exercé des charges à

56.  Voir https://oi-idb.uchicago.edu/id/f88c6fc0-2d75-41e7-9075-d9cec6d58f37. Néanmoins, deux sta-


tuettes de la même troupe conservées à Strasbourg sont réputées provenir de Saqqarah (A. Schweitzer
– Cl. Traunecker , Strasbourg, Musée archéologique : Antiquités égyptiennes de la collection G. Schlumberger,
1998, p. 96-97, nos 184-185). Le style de ces statuettes les rapproche plutôt de la production de Haute
Égypte.

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Fig. 19 Statuette illisible, Manchester Museum 8073


(© Manchester Museum, University of Manchester)

Fig. 20 Statuette de Pefhéryhésou, fils de Djedhor,


Paris, Louvre E 10210 (© R. Meffre)

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Les ouchebtis de la région thébaine à l’époque saïte |  77

Thèbes, tout en conservant leur ancrage à This et Abydos 57. La tombe de son


père, le vizir Nespamedou, a été mise au jour dans le cimetière D d’Abydos
(tombe  57), où ont également été découverts des éléments du mobilier
funéraire de son grand-père Nespaqachouty C 58. Néanmoins, la tombe de
Nespaqachouty D est installée à Thèbes. Elle ne se trouve pas dans le secteur
des autres tombes saïtes de l’Assassif, mais en surplomb, installée dans une
tombe préexistante de la XIe dynastie. Le décor en a été totalement repensé,
mais n’a pas pu être terminé pour l’inhumation de Nespaqachouty D : de
larges parties de la tombe ont été laissées inachevées, le décor étant en de
nombreux endroits à l’état d’esquisse ou pas commencé du tout. Cet état
d’inachèvement a amené E. Pischikova 59 à proposer que Nespaqachouty ait eu
pour dessein premier de se faire inhumer à Abydos et qu’il ait changé d’idée
au dernier moment pour venir s’installer dans l’Assassif.
Les ouchebtis mis au jour dans la TT 312 diffèrent des ouchebtis thébains
que nous avons à ce jour pu identifier et rattacher au règne de Psammétique Ier.
Leur piètre qualité et leur forme pataude, voire grimaçante, les rapprochent
en fait nettement des productions d’Abydos, comme les statuettes de
Montouhotep munies d’un appui dorsal ou celles de Tjanéfer. Aussi, dans
l’état actuel des connaissances, peut-on envisager que les ouchebtis mis au
jour dans la TT 312 aient été fabriqués dans des ateliers d’Abydos, éventuel-
lement en vue d’une inhumation sur place, ce qui paraît confirmer l’hypo-
thèse formulée par E. Pischikova.

Conclusion
Les ouchebtis fabriqués dans la région thébaine précisément datés de l’époque
saïte présentent donc des formes diverses et, au moins jusqu’au milieu de la
dynastie, assez éloignées des standards memphites : l’appui dorsal et la base
ne sont pas systématiquement de mise et les outils présentent des formes
variables et non standardisées. Si les statuettes précisément datées restent
peu nombreuses et ne permettent sans doute pas d’appréhender la totalité de
la production des ateliers thébains à l’époque saïte, on remarque néanmoins
qu’un groupe se démarque par son style très spécifique. Ces statuettes sont
caractérisées par leur petite taille (autour de 10 cm de haut), par leur sil-
houette au torse trapézoïdal bombé et aux fesses haut placées ainsi que par un
texte en lignes rédigé en petits hiéroglyphes hâtivement tracés qui occupe un

57.  Ainsi, A. Leahy, GM 35 (1979), p. 33 et 38, n. 18.


58.  Voir ibid., p. 33 et 38, n. 20.
59.  E. Pischikova, MMA Journal 33 (1998), p. 60.

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maximum d’espace, allant même jusqu’à couvrir l’arrière de la perruque. Les


statuettes précisément datées de ce groupe appartiennent à Padihorresnet B et
Ânkhhor, deux contemporains du milieu de la XXVIe dynastie. Enfin, certaines
troupes de statuettes thébaines se singularisent par une version rare du
chapitre 6 du Livre des Morts ; les singularités de leur texte laissent penser
que ces statuettes ont été inscrites d’après le même modèle.
La silhouette de ce groupe de statuettes thébaines semble avoir influencé
la production des ateliers d’Abydos, ce qui s’explique par la proximité géo-
graphique de ces deux villes, Abydos étant devenue aux époques tardives
une « banlieue funéraire » de la métropole de Haute Égypte. Pour autant,
les statuettes abydéniennes ont leur propre style et utilisent une pâte dif-
férente de celle des ateliers thébains, plus foncée et moins profondément
vitrifiée. Les statuettes abydéniennes empruntent aux statuettes thébaines
leur torse bombé, leurs poings ronds bien saillants, leurs fesses haut placées
et leur visage arrondi. Néanmoins, elles se distinguent par un rendu plus
fruste et par un recours plus systématique à l’appui dorsal, qui présente la
particularité de monter en s’élargissant jusqu’à atteindre une largeur égale à
celle du pan postérieur de la perruque, dont il se démarque par une incision
horizontale.

Cette recherche a été menée au sein du projet geshaem qui a reçu un finance-
ment du Conseil européen de la recherche (erc) dans le cadre du programme
de recherche et d’innovation de l’Union Européenne Horizon 2020 (grant
agreement no 758907).

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  79

Les plus beaux cercueils du monde.


Le projet iconographique de l’université de Varsovie :
les cercueils de la XXIe dynastie.

Andrzej Niwiński
Faculté d’archéologie de l’université de Varsovie

Fig. 1 Scène cosmologique. Détail du côté droit de la cuve


du cercueil extérieur de Soutymès. Paris, Louvre N 2610
(© 2015 musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais/Georges Poncet)

Le titre proposé pour cet exposé 1 nous paraît bien justifié. Une palette chro-
matique variée et vive (fig. 1), l’éclat du vernis, mais surtout une grande
richesse de sujets iconographiques : c’est le monde des cercueils à fond jaune
de la XXIe et du début de la XXIIe dynastie. Parmi plus de huit cents objets
connus dans les collections égyptologiques, il est très rare de trouver
deux pièces identiques. Chaque sarcophage est couvert de dizaines de
symboles qui composent des groupes ou scènes souvent étonnants et

1.  Déjà utilisé d’ailleurs dans A. Niwiński, EA&O 48, 2007, p. 29-38.

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Fig. 2 Scène cosmologique. Détail du cercueil d’Imy-seba.


Le Caire, Musée égyptien JE 29659 (dessin A. Niwiński)

complexes (fig. 2), dont l’interprétation nous échappe au premier regard 2.


Les cuves offrent, de même, une riche décoration intérieure (fig. 3). Pendant
plus de cent cinquante ans, de la XXIe au début de la XXIIe dynastie, on observe
un développement progressif de l’iconographie 3 et une multiplication des
motifs repérables. La question se pose de savoir pourquoi l’iconographie de
cette période est si complexe. Je souhaiterais attirer ici l’attention sur les
dix critères à prendre en compte pour que nos recherches dans ce domaine
soient plus efficaces.

2.  Les premiers essais sur l’iconographie religieuse de la XXIe dynastie sont les suivants : N. Rambova,
« The symbolism of the papyri », dans A. Piankoff, Mythological Papyri, 1957, p. 29-65 ; G. Englund,
« Propos sur l’iconographie d’un sarcophage de la XXIe dynastie », dans Acta Universitatis Upsaliensis
(Boreas 6), 1974, p. 37-69 ; B.L. Goff, Symbols of Ancient Egypt in the Late Period. The Twenty-first Dynasty,
1979 ; A. Niwiński, « Untersuchungen zur ägyptischen religiösen Ikonographie der 21. Dynastie (1).
Towards the religious iconography of the 21st Dynasty », GM 49 (1981), p. 47-59 ; id., JEOL 30 (1987-1988),
p. 89-106.
3.  Le développement de l’iconographie des cercueils de la XXIe  dynastie constitue le sujet des
recherches de l’auteur depuis longtemps (A. Niwiński, op. cit., et id., dans C. Uehlinger [éd.], Images as
media. Sources for the cultural history of the Near East and the Eastern Mediterranean (Ist millennium BCE)
[OBO 175], 2000, p. 21-43). Les résultats récents sont ébauchés par A. Niwiński, « De post-Ramessidische
gele kisten. De ontwikkeling van het iconografisch repertoire en de collectie in Nederland », dans
J. Koek (éd.), Mehen. Essays over het oude Egypte, 2018-2019, p. 151-183 ; id., Catalogue des cercueils à fond
jaune de la XXIe dynastie au début de la XXIIe dynastie au musée du Louvre, en préparation.

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  81

Fig. 3 Sémataouy. Fragment du riche décor


de la cuve d’un cercueil intérieur anonyme.
Paris, Louvre E 20043 (dessin A. Niwiński)

Critère no 1 : l’influence des traditions ramessides et le développement


de l’iconographie au début de la XXIe dynastie
La XXIe dynastie a hérité de l’époque ramesside la couleur jaune du fond 4
ainsi que l’arrangement du décor du couvercle qui reflète une idéologie funé-
raire de base. Quand on regarde la partie inférieure du couvercle (fig. 4),
on y voit une momie emmaillotée dans les bandages : il s’agit du défunt.
Au contraire, la partie supérieure du couvercle nous donne l’image d’une
femme ou d’un homme revenu(e) à la vie, les yeux ouverts, la tête ornée
d’une perruque avec des boucles d’oreilles, etc. : il s’agit d’une personne,
qui, par toute une série de rites funéraires magiques, ressuscite à la manière
du dieu Osiris (fig. 5). La momie dans le cercueil n’est plus un cadavre, mais
elle constitue une hypostase du dieu-créateur : Osiris et Rê en même temps.
La décoration intérieure figurative introduite au début de la période post-
ramesside 5 (fig. 6) soutient une telle interprétation et les nouvelles compo-
sitions iconographiques plus complexes 6 (fig. 7-8) tendent au même résultat.

4.  Sur ce sujet : A. Niwiński, LÄ V, 1983, col. 438-440, s. v. « Sarg vom Anfang des Neuen Reiches bis zur
gr.-röm. Zeit » ; id., 21st Dynasty Coffins from Thebes. Chronological and Typological Studies (Theben V), 1988,
p. 12 ; S. Ikram – A. Dodson, The Mummy in Ancient Egypt. Equipping the Dead for Eternity, 1998, p. 228.
5.  Le cercueil de Meryt de la fin de la XVIIIe dynastie, trouvé à Deir el-Médineh (TT 8), est une exception
car il comporte sur le fond de la cuve une représentation de la déesse Nout debout : E. Schiaparelli,
La tomba intatta dell’architetto Kha nella necropoli di Tebe, 1927, p. 28-29. Aucune décoration figurative
intérieure n’est connue à l’époque ramesside.
6.  Il s’agit surtout des compositions cosmologiques « avec Geb et Nout » ainsi que « le grand serpent
sur une élévation » : A. Niwiński, dans C. Uehlinger (éd.), op. cit., p. 33-34 ; id., dans J. Koek (éd.), op. cit.,
p. 158-159 ; id., Catalogue des cercueils à fond jaune de la XXIe dynastie au début de la XXIIe dynastie au musée
du Louvre, en préparation.

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Fig. 4 Partie inférieure
de la couverture de Fig. 6 Pilier-djed.
momie d’Ânkh-ef-en- Détail du décor intérieur
Mout. Londres, British du cercueil extérieur
Museum 24797 de Djed-Maât-iou-es-ânkh.
(© The Trustees Le Caire, musée égyptien
of the British Museum) JE 29660 (cliché A. Niwiński)

Fig. 5 Partie supérieure


de couvercle d’un cercueil
anonyme. Berne, musée
historique AE 10 (d’après
A. Küffer – R. Siegmann,
Unter dem Schutz der
Himmelsgöttin, 2007,
fig. 24)

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  83

Fig. 7 Scène cosmologique avec les divinités Geb, Chou et Nout. Détail du côté droit de la cuve
du cercueil intérieur de Tanet-hereret. Paris, Louvre E 13034 (dessin A. Niwiński)

Fig. 8 Scène cosmologique « avec le Grand Serpent ». Détail du côté droit du cercueil intérieur
de Tanet-hereret. Paris, Louvre E 13034 (dessin A. Niwiński)

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84  | BSFE 203

Critère no 2 : le transfert de la décoration des tombeaux aux cercueils


L’abandon de la décoration des tombes 7 a entraîné un transfert sur les cer-
cueils du répertoire iconographique présenté auparavant dans les salles et
couloirs. Les textes et surtout des vignettes du Livre des Morts, illustrations
symboliques des rituels funéraires, apparaissent sur les parois des cercueils
depuis le début de la XXIe dynastie 8 (fig. 9). Les textes se limitent parfois aux
quelques formules des hymnes solaires. La décoration évoquant plus précisé-
ment les scènes dans les tombes apparaît sur les cercueils de la XXIIe dynastie,
du temps d’Osorkon Ier. À l’intérieur d’un certain nombre de cuves on peut
trouver les motifs qui ornaient avant les plafonds des tombes 9, mais aussi
des représentations des cérémonies de funérailles (fig. 10) qui reprennent
également le modèle connu par les tombes du Nouvel Empire 10.

Fig. 9 Scène solaire. Détail du côté droit de la cuve du cercueil de Pa-neb-Montou.


Paris, Louvre E 13029 (© 2015 musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais/Georges Poncet)

7.  Le tombeau d’Imy-em-seba (TT 65), décoré partiellement sous Ramsès IX, appartient aux dernières
grandes tombes dotées d’un répertoire iconographique riche. Un décor peint dans la TT 68 avait été
exécuté sous la XXe dynastie et quelques inscriptions seulement ont été ajoutées au moment de l’usur-
pation de la tombe par Nes-pa-néfer-her sous le règne de Siamon, à la fin de la XXIe dynastie : Y. Černý,
ASAE 40/1 (1940), p. 235-240.
8.  Une large scène avec la barque solaire triomphant sur Apophis apparaît, par exemple, sur deux cer-
cueils de la Phase I du développement de la décoration, sous la XXIe dynastie : celui de Pa-neb-Montou
au musée du Louvre, E 13029 (A. Niwiński, Catalogue des cercueils à fond jaune de la XXIe dynastie au début
de la XXIIe dynastie au musée du Louvre, en préparation) et celui du grand-prêtre Masaharta, JE 26195,
au musée du Caire (G. Daressy, Cercueils des cachettes royales (CG 61001-61044), 1909, p. 78, pl. XXXVIII).
9.  A. Niwiński, Theben V, 1988, pl. XXIV.
10.  Par exemple, la décoration de la tombe A.18 (I. Rosellini, Monumenti dell’Egitto e della Nubia. II.
Monumenti Civili, 1934, rééd. 1977, pl. CXXVI-CXXIX) comparée aux scènes ornant la cuve du cercueil de
Djed-Montou-iouef-ânkh à Leyde, AMM 18 : R. Van Walsem, The coffin of Djedmonthuiufankh in the National
Museum of Antiquities at Leiden. I. Technical and iconographic/iconological aspects, 1997, p. 313-314, pl. 156-157.

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  85

Fig. 10 Scène de funérailles. Cercueil extérieur d’Imen-em-Ipet.


Londres, British Museum 22941 (cliché A. Niwiński)

Fig. 11 Scène abrégée du Livre des Morts 161. Cercueil d’Imen-em-hat.


Madrid, musée archéologique 15216 (cliché A. Niwiński)

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Fig. 12 Scène abrégée du Livre des Morts 148. Fig. 13 Scènes de l’Amdouat. Détail du côté
Cercueil de Nesi-ta-oudjat-akhet. Odessa, musée droit de la cuve du cercueil de Tanet-ched-Mout.
archéologique 52976 (cliché A. Niwiński) Paris, Louvre N 2612 (dessin A. Niwiński)

Critère no 3 : le principe pars pro toto


« Une partie pour le tout » devient le principe général dans la décoration des
cercueils 11, comme, par exemple, une figure de Thot au lieu de quatre (fig. 11)
et une formule courte pour représenter l’ensemble du chapitre 161 du Livre
des Morts. On peut trouver le même principe à l’œuvre dans les motifs des
vignettes accompagnant les formules 148 (fig. 12), 81 ou 87 du Livre des Morts.

Critère no 4 : l’apparition des motifs de l’iconographie royale


Depuis la fin du pontificat du grand-prêtre Menkhéperrê 12, on repère sur les
cercueils des thèmes iconographiques auparavant connus exclusivement des
tombes royales et des temples. Les motifs répétés des heures 9-12 du Livre de
l’Amdouat sont les plus fréquents (fig. 13), d’abord sur les papyrus funéraires,
et après aussi sur les cercueils, mais des motifs séparés des autres composi-
tions funéraires royales (Livre des Portes, Livre des Cavernes [fig. 14], etc.)
sont aussi représentés. Les scènes les plus typiques des rituels apparaissant

11.  Le même phénomène est observable sur les papyrus funéraires : A. Niwiński, Studies on the illustrated
Theban funerary papyri of the 11th and 10th centuries B.C. (OBO 86), 1989, p. 17-22.
12.  La récupération par le grand-prêtre Menkhéperrê des titres royaux comme co-régent de son frère,
le roi tanite Psousennès Ier, a eu lieu en l’an 48 de son règne, vers 990 av. J.-C. : A. Niwiński, JARCE 16
(1979), p. 57 ; id., BIFAO 95 (1995), p. 352-353.

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  87

sur les cercueils sont l’érection du


pilier-djed, la course du roi, l’offrande
des couronnes, la conduite des quatre
veaux (fig. 15), la consécration des cof-
frets-meret. Dès le commencement ces
motifs ont été modifiés par les artisans
des ateliers et mélangés à d’autres. Le
grand nombre d’images à reproduire
sur la surface très limitée du cercueil
fait naître, dans quelques ateliers,
un phénomène d’« horreur du vide »
Fig. 14 Détail d’une scène du Livre des Cavernes.
Cercueil d’Ânkh-es-en-Mout. Le Caire,
(horror vacui).
musée égyptien JE 29675 (dessin A. Niwiński)

Fig. 15 Scène de « la conduite


des quatre veaux ». Cercueil
extérieur anonyme. Le Caire,
musée égyptien JE 29641
(dessin A. Niwiński)

Critère no 5 : le phénomène de l’horror vacui


Afin de bénéficier de suffisamment de place pour les motifs symboliques,
certains ateliers ont introduit la technique de la miniaturisation, alliée à
la tendance à combler chaque espace libre de petits motifs secondaires 13.
On observe ce phénomène dans la décoration extérieure (fig. 16), mais aussi
intérieure (fig. 17) des sarcophages. Cette façon de décorer a généré en paral-
lèle une réaction de la part d’autres artisans : un groupe de cercueils du début
du xe siècle av. J.-C. apparaissent décorés avec d’anciens motifs ramessides,
sans horror vacui, mais avec une nouveauté : le fond blanc de la décoration
extérieure, surtout des cercueils extérieurs 14.

13.  Sur le phénomène : id., dans J. Koek (éd.), Mehen. Essays over het oude Egypte, 2018-2019, p. 166-167.
14.  Un exemple est offert par le cercueil extérieur de Bouteh-Amon au musée égyptien de Turin,
Inv. 2236 (A. Niwiński, Sarcofagi della XXI Dinastia (CGT 10101-10122), 2004, pl. I-III). L’autre exemple
est le cercueil extérieur de Nes-pa-ouer-chefyt, Fitzwilliam Museum de Cambridge E.1.1822  :
J. Dawson – H. Strudwick , Death on the Nile. Uncovering the Afterlife of Ancient Egypt, 2016, p. 182-189).

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Fig. 16 Exemple d’horror


vacui : détail du couvercle du
cercueil intérieur de Séramon.
Besançon, musée des Beaux-
Arts 2014.0.403
(cliché A. Niwiński)

Fig. 17 Exemple d’horror


vacui : détail du décor intérieur
de la cuve du cercueil
d’In-peh-ef-nakht. Londres,
British Museum 29591
(© The Trustees of the British
Museum)

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  89

Fig. 18 Exemple de la manière d’inscrire horizontalement les couvercles de cercueil.


Couvercle du cercueil intérieur de Séramon. Besançon, musée des Beaux-Arts 2014.0.403
(© Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie)

Critère no 6 : le changement dans la position du cercueil et la façon


d’appliquer le décor
À l’époque ramesside et durant la première partie de la XXIe  dynastie, la
position horizontale du cercueil fut considérée comme classique, parce que
la momie enfermée dedans était posée horizontalement pour participer à
quelques rituels bien connus comme les lamentations d’Isis et de Nephthys et
la procession funéraire. Les inscriptions peintes le long des bords latéraux du
couvercle et les inscriptions latérales courtes étaient ainsi facilement lisibles
par les participants de ces cérémonies de funérailles 15 (fig. 18). Dans la phase
finale du pontificat du grand-prêtre Menkhéperrê et sous le pontificat du
grand-prêtre Pinedjem II, la position classique a changé, devenant verticale.
Cette position était en accord avec le déroulement de la cérémonie finale des

15.  Cette façon de présenter des inscriptions sur les couvercles correspond au type II-A : A. Niwiński,
21st Dynasty Coffins from Thebes. Chronological and Typological Studies (Theben V), 1988, p. 71-73.

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Fig. 19 Exemple de la manière d’inscrire verticalement les couvercles


de cercueil. Couvercle de cercueil anonyme.
Madrid, musée archéologique 18257 (cliché A. Niwiński)

funérailles : l’Ouverture de la bouche. Ainsi les inscriptions écrites le long des


bords du couvercle et les textes latéraux devenaient aisément lisibles quand
le cercueil était posé verticalement 16 (fig. 19). Pendant la période de transition
au milieu de la XXIe dynastie, les deux manières de présenter les inscriptions
sur le couvercle coexistent 17 et l’on peut trouver les deux types de décoration
dans un ensemble de cercueils appartenant à la même personne.

16.  Cet arrangement correspond aux types III-V des couvercles : ibid., p. 76-82.
17.  Il y a aussi des exemples où sont mélangés les éléments de deux positions « classiques », ce qui
produit les types IIB-D : ibid., p. 73-76.

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  91

Fig. 20 Exemple de
composition de la partie
supérieure des couvercles
de cercueils de type II.
Couverture de momie
de Pa-neb-Montou, Paris,
Louvre E 13046
(© 2015 musée du Louvre,
dist. RMN-Grand Palais/
Georges Poncet)

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92  | BSFE 203

Critère no 7 : le changement dans la disposition des mains et du collier


sur le couvercle
Dans le même temps (milieu de la XXIe dynastie, vers la fin du pontificat de
Menkhéperrê), l’aspect général de la partie supérieure du couvercle change
aussi. Auparavant les bras étaient toujours modelés en volume, comme croisés
sur le collier 18 (fig. 20) ; maintenant leur modelé a disparu, les avant-bras sont
devenus invisibles sous le collier et les mains seules sont fixées au-dessus 19
(fig. 21). Bien sûr, des couvercles décorés de façons différentes coexistaient
dans les ensembles funéraires, surtout au milieu de la période. Vers la fin
de la XXIe dynastie, le processus d’une « momification » du couvercle s’est
développé et des motifs de bretelles de momie sont apparus sur le couvercle,
bretelles d’abord peintes partiellement (bretelles courtes) 20 (fig. 22). Sous la
XXIIe dynastie, le motif des bretelles longues devient l’élément le plus carac-
téristique des couvercles 21 (fig. 23).

Fig. 21 Exemple de composition de la partie supérieure des couvercles de types III-V.


Couvercle du cercueil intérieur de Ta-ahouti. Londres, British Museum 24794
(© The Trustees of the British Museum)

18.  Cet arrangement correspond aux types IIA-C : ibid., p. 71-75.


19.  Cet arrangement correspond aux types III-V (A. Niwiński, Theben V, 1988, p. 76-82).
20.  Les « bretelles courtes » apparaissent soit au-dessus des mains entre les pans de la perruque (par
exemple le cercueil de Ched-Khonsou au musée d’art et d’histoire de Genève, inv. 163 : C. Castioni et al.,
Égypte. Images du Musée d’art et d’histoire de Genève, 1977, couverture), soit sous ces pans, dans la partie
basse du collier (par exemple, sur le cercueil anonyme, F.93/10.2c, au musée national des Antiquités à
Leyde, ou le cercueil de Heryt-ouben au musée égyptien du Caire, JE 297388, tous deux inédits).
21.  Il y a de nombreux exemples du motif des « bretelles longues » qui débutent dans la partie supé-
rieure du collier, entre les pans de la perruque, et se terminent dans sa partie inférieure, en se croi-
sant au centre (par exemple, le cercueil extérieur de Djed-Montou-iouef-ânkh au musée national des
Antiquités à Leyde, AMM 18 : R. Van Walsem, op. cit., couverture et pl. 4, 25).

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  93

Fig. 22 Exemple du motif des « bretelles courtes ». Couvercle intérieur de Ta-henef, Londres,
British Museum 24796 (cliché A. Niwiński)

Critère no 8 : la diversité des


ateliers thébains
À côté des sarcophages produits par
des ateliers de haute qualité, on ren-
contre des produits de seconde classe.
Il existe des scènes peintes sans doute
selon des modèles préparés avec la
collaboration de prêtres-théologiens
et d’autres scènes très intéressantes
d’un point de vue iconographique,
mais très atypiques et uniques. On peut
avoir des doutes sur l’origine de tels
objets : sont-ils compatibles avec une
bonne connaissance des conceptions
religieuses ? Nous avons probablement
à prendre en compte l’individualité
Fig. 23 Exemple du motif des « bretelles
artistique ou l’ignorance de l’auteur
longues ». Couvercle extérieur d’Imen-em-Ipet.
Londres, British Museum, inv. 22941  (fig. 24).
(cliché A. Niwiński)

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Critère no 9 : la personnalité des décorateurs des cercueils


et les exemples d’une ignorance de la part des artisans
Il est difficile de justifier autrement que par l’ignorance du décorateur une
scène dans laquelle la momie tourne le dos au dieu (fig. 25) ou, même, de
justifier une variante de la scène de présentation de la défunte par Horus,
dans laquelle ce dernier possède une tête de souris et saisit la porte de la
chapelle. Des scènes de grande qualité réapparaissent cependant vers la fin
de la XXIe dynastie et nous connaissons des décorations magnifiques de cer-
cueils du règne d’Osorkon Ier, avec des motifs du Livre de l’Amdouat (fig. 26)
ou des scènes de funérailles. Il semble cependant que des ateliers de second
rang restaient encore actifs 22.

Fig. 24 Exemple de décor fait dans un atelier secondaire : cercueil intérieur anonyme.
Appenzell, Musée des arts (cliché A. Niwiński)

Fig. 25 Exemple de décor fait dans un atelier secondaire.


Détail du côté droit de la cuve d’un cercueil anonyme. Paris, Louvre AF 9590 (dessin A. Niwiński)

22.  Les exemples sont fournis par les cercueils III.30 au musée ethnographique de Bâle (E. Hornung,
So lebten die Alten Ägypter, 1976, p. 26-27) et un cercueil au musée d’Histoire à St. Gallen (A. Küffer –
R.  Siegmann, Unter dem Schutz der Himmelsgöttin. Ägyptische Särge, Mumien und Masken in der Schweiz,
2007, p. 94-95).

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  95

Fig. 26 Scènes issues de l’Amdouat. Cercueil de Djed-Hor-iouef-ânkh.


Londres, British Museum 22900 (cliché A. Niwiński)

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Critère no 10 : les cercueils produits en dehors de Thèbes


La grande majorité des cercueils, dans tous les musées, proviennent de
Thèbes. Toutefois, il y a des objets de provenance inconnue, issus évidemment
des ateliers secondaires, difficiles à dater. Ils peuvent être les produits de la
XXIe dynastie tardive ou de la XXIIe dynastie et ils ont probablement été
trouvés en dehors de Thèbes 23 (fig. 27). Un ensemble de cercueils de grande
qualité, du milieu de la XXIe dynastie, provient d’Akhmîm, où les modèles
des scènes et les motifs sont légèrement différents de ceux de Thèbes 24
(fig. 28-29).

Fig. 27 Détail du décor d’un cercueil anonyme. Riga, musée national de Lettonie,
inv. AMM D-1636 (cliché A. Niwiński = Niwiński 2014 fig. 47)

Fig. 28 Exemple d’un cercueil de la XXIe dynastie produit à Akhmim.


Côté droit de la cuve du cercueil d’Aa-ef-en-Hor. Paris, Louvre AF 9592
(© 2017 musée du Louvre, dist. RMN-Grand Palais/ Georges Poncet)

23.  Un exemple des cercueils de ce groupe se trouve à Riga, ÄMM D-1636 : A. Niwiński, « The Coffin of
a Theban Priest of the Late 10th Century B.C. (Early 22nd Dynasty) », dans B. Uburǵe (éd.), Ancient Egypt.
The Collection of the Latvian National Museum of Art, 2014, p. 115-157.
24.  Dix cercueils provenant probablement du même atelier ont été identifiés jusqu’à présent
(A. Niwiński, « The 21st Dynasty coffins of non-Theban origin. A family for the Vatican coffin of Anet »,
dans A. Amenta – H. Guichard [éd.], Proceedings. First Vatican Coffin Conference 19-22 June 2013, 1, 2017,
p. 335-348).

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Le projet iconographique de l’université de Varsovie |  97

Fig. 29 Exemple de cercueil de la XXIe dynastie produit à Akhmim. Détail du décor du cercueil


d’Inpou-niout-nakht. San Jose, Musée égyptien RC 612 (cliché. A. Niwiński)

Conclusion
En définitive, pour étudier l’iconographie des cercueils de la XXIe dynastie
et du début de la XXIIe dynastie, on doit prendre en considération un grand
nombre de critères. Le projet que nous avons initié à l’université de Varsovie 25
comprend la réalisation des dessins de tous les motifs et scènes, avec toutes
les variantes possibles. Nous espérons que cette base de données icono-
graphiques sera utile aux égyptologues pour les temps à venir. Nous proje-
tons de rassembler une documentation aussi complète que possible au musée
égyptien du Caire, ainsi que dans un grand nombre de musées en Europe et
aux États-Unis. Nous commençons ce projet à Grenoble – une des capitales
historiques de l’égyptologie (fig. 30).

25.  Le projet no 2017/27/B/HS3/01768 est financé par le Centre national polonais des sciences.

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Fig. 30 Fragment de couverture de momie de la XXIe dynastie. Décor intérieur de la couverture de momie


de Tanetounemyherti. Musée de Grenoble, MG 1993 (cliché du musée de Grenoble)

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru


in her Tomb (TT 390) in the South Asasif Necropolis

Elena Pischikova
South Asasif Conservation Project - American University in Cairo

Recent work in the tomb of Irtieru (TT 390) undertaken by the South Asasif
Conservation Project has added new information to the discussion on the title
šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr, “Great Follower of the Divine Worshiper”, the status of the
“Followers” of Nitocris, their perception, and possible duties.1 TT 390 is only
the second known tomb of a female owner with a similar title. The first one
belongs to Mutirdis (TT 410) who had the title ḥrjt šmst “Overseer of the Female
Followers”.2 A comparison of these two tombs and their decoration may help
to extract the features related to the status of “Female Followers”.
The tomb of Irtieru remained mainly unknown before the South Asasif
Conservation Project started clearing and restoring the tomb in 2006.3 Some
features of the tomb were described and sketched by 19th century visitors.4
The texts on the two doorways and the false door of the tomb were pub-
lished by Karl Richard Lepsius.5 The plan of the still-visible part of the tomb
was recorded by Dieter Eigner and published with three photographs.6 The
present paper is among the first publications of the South Asasif Conservation
Project’s work in the tomb of Irtieru.7

1.  Irtieru’s titles were recorded and discussed in M. Ayad, « The Female-Scribe Itrieru and Her Tomb
(TT 390) in South Asasif », in E. Pischikova (ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis: Art and Archaeology
2015-2018, 2020, forthcoming.
2.  J. Assmann, Das Grab der Mutirdis (AVDAIK 13), 1977.
3.  The South Asasif Conservation Project is an Egyptian-American archaeological team working under
the auspices of the Ministry of Antiquities and directed by the author. The Project was founded in 2006
with the aim of clearing, restoring and reconstructing the tombs of the South Asasif necropolis: the
Kushite tombs of Karabasken (TT 391) and Karakhamun (TT 223) and the Saite tomb of Irtieru (TT 390).
For more information on the work of the Project, see E. Pischikova, Tombs of the South Asasif Necropolis,
Thebes: Karakhamun (TT 223) and Karabasken (TT 391) in the Twenty-Fifth Dynasty, 2014 ; ead., Tombs of the South
Asasif Necropolis: New Discoveries and Research 2012-2014, 2017 ; E. Pischikova – J. Budka – K Griffin (ed.),
Thebes in the First Millennium BC, 2014 ; id., Thebes in the First Millennium BC: Art and Archaeology of the
Kushite Period and Beyond, 2018.
4.  PM I,1, p. 440-441 ; D. Eigner , Die Monumentalen Grabbauten Der Spätzeit in Der Thebanischen Nekropole
(DÖAW 8), 1984, p. 48-49.
5. LD III, 271b, 272.
6.  D. Eigner , op. cit., pl. 26, plan 17.
7.  M. Ayad, loc. cit.

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100  | BSFE 203

The tomb was inaccessible for a long time as it had disappeared beneath
the buildings of a modern village surrounding the tomb’s open court. The
entrance area and the court were completely obscured by a high level of
occupational debris and flood deposits as well as massive “buttresses” built
by the villagers to support the walls of the houses built around the court. The
walls of the pillared halls were partially concealed by over a meter of debris,
blackened by soot and damaged by water and later occupants. Judging by the
graffiti on the walls of the pillared halls and pottery evidence, the tomb was
already extensively reused during the Ptolemaic, Roman and Coptic periods.
Clearing and restoration of the tomb started in 2006. As of today the
archaeological team of the Project has cleared the areas of the Tornische, both
pillared halls, two burial chambers, the central and most of the south parts of
the court.8 Clearing of the court’s porticoes, the Vestibule and the entrance
staircase is still a work in progress. So far, decoration in painted sunk relief
was recorded in the Tornische area, entrance to the Second Pillared Hall,
False Door and the western wall of the Second Pillared Hall. The removal of
soot, mud and a thick layer of crystallized salt revealed well-preserved colors
in many areas, especially the vaulted ceiling of the entrance to the under-
ground part of the tomb. Numerous detached fragments found in the debris
were reinstated in their original locations, but the work still continues.9
Although clearing and restoration of the tomb is still a work in progress,
information collected since 2006 allows to reconstruct the decoration in most
areas and discuss Irtieru’s self-presentation in her own tomb. Irtieru’s collec-
tive portrait consists of nine images.10 Although the imagery was critically
damaged, surviving representations in situ and fragments found in debris
permit to reconstruct their iconography.
The tomb’s decoration and iconography of the images of Irtieru will be
used in this paper as “visual text” to complement the lack of textual evi-
dence on the role and social perception of the “Followers” or “Attendants”
of Nitocris.

8.  The archaeological team of the 2006-2007 seasons included Edwin Brock and Lyla Pinch Brock. The
archaeological team of season 2019: Marion Brew, Katerina Ball, Katherine Bateman, and Catherine
Bishop. Examination of pottery is a work in progress conducted by Julia Budka.
9.  Conservation work in the tomb is being performed by an MoA conservation team led by Abdelrazek
Mohamed Ali.
10.  On self-presentation in Egyptian Art see J. Assmann, « Preservation and Presentation of Self in
Ancient Egyptian Portraiture », in P. Der Manuelian – R.E. Freed (ed.), Studies in Honor of William Kelly
Simpson, 1996, p. 55-81 ; J. Baines , « The Self-presentation of Pepyankh the Middle at Meir: Scandal,
Religious Institutions and Participation, the Next World », in R. Nyord – K. Ryholt (ed.), Lotus and Laurel:
Studies on Egyptian Language and Religion in Honour of Paul John Frandsen, 2015, p. 19-43.

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  101

According to Ayad, the textual evidence is scarce. Only twelve women


bearing this title are known with seven attestations for the title šmst n dwȝt
nṯr and five for the title šmst ʿȝt n dwȝt nṯr in the Twenty-sixth dynasty.11 Most
of them served Nitocris and only two have their own tombs.12 Ayad argues
that the title may be seen as exclusive and their bearers as close associates
of the God’s Wife and should not be translated as “Maidservant”. She sug-
gests that bearers of the šmst title were part of the entourage of the God’s
Wife as her “(Trusted) Follower”, “Guard”, offering personal assistance in the
palace and possibly temple with no religious duties.13 According to Graefe,
the title of šmst indicated more secular responsibilities and unlike the titles
“Singer” or “Chantress” was one without any departmental affiliation in the
clergy of Amun.14 He also states that “Attendant of the God’s Wife of Amun”
may not have been an administrative title either, rather one that declared
personal loyalty and service to the individual God’s Wife of Amun. Li argues
that the “Attendants of the God’s Wife of Amun” may have had very little
cultic responsibilities in the temple of Amun and the title suggested more­
secular responsibilities15. The male version of the title is usually associated
with bodyguard duties16 and translated as “Guard”, “Retainer” and “Follower”17
which supports the suggestion of secular duties for female bearers of this title.
This paper will argue that the “Followers of the God’s Wife” were part of
the Amun clergy and performed religious duties. The presented arguments
are based on art historical evidence.
Art historical information is often overlooked by scholars as inconclu-
sive, yet it should be considered as important as textual information. Art
historical analyses of images may add an important argument to any dis-
cussion and are often used as a “dating criterion”.18 Despite the vast amount
of research on the style of Egyptian art, scholars tend to under-value these
factors in discussing the meanings of titles or establishing the chronology of

11.  M. Ayad, loc. cit.


12.  Ibid. ; J. Li, Elite Theban Women of the Eighth-Sixth Centuries BCE in Egypt: Identity, Status and Mortuary
Practice, 2010, p. 120-125.
13.  M. Ayad, loc. cit., personal conversation at the site on the 28th of May 2019.
14.  E. Graefe , Untersuchungen zur Verwaltung und Geschichte der Institutionen der Gottesgemahlin des Amun
vom Beginn des neuen Reiches bis zur Spätzeit (ÄA 37), 1981, p. 88, 93-94, 96, n. 71.
15.  J. Li, op. cit., p. 44.
16.  St. Quirke , Titles and bureaux of Egypt 1850-1700 BC, 2004, p. 104-105 ; O. Berlev, Общественные
отношения в Египте эпохи среднего царства: социальный слой “царских Hmww”, 1978, p. 206-229.
17.  St. Quirke , op. cit., p. 104, 112.
18.  Bothmer is one of the scholars who outlined the role of stylistic analysis in chronological attribu-
tion of uninscribed sculpture in B.V. Bothmer , « Eyes and Iconography in the Splendid Century: King
Amenhotep III and his Aftermath », in L.M. Berman (ed.), The Art of Amenhotep III: Art Historical Analysis,
1990, p. 84-86.

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102  | BSFE 203

royal and elite families, which are usually based on textual and archaeological
evidence. Analysis of style of carving is still seen by many historians and phi-
lologists as too subjective a process to be considered a fact or a document.19
Usage of iconographic features as supplementary historical dating criteria
is recognized as more valid than stylistic analysis.20 Unfortunately, icono-
graphic research of non-royal images of the Kushite and Saite Period to date
remains sparse.21 Attribution of uninscribed archaizing relief fragments and
sculpture to specific dynasties and reigns often proves to be a difficult task.22
The study case of Irtieru is a contribution to the research on Saite ico-
nography and style as well as to the discussion on the factual value of art
historical attributions and arguments.
Apparently, analyses of female images face an additional challenge. Ayad
notes that most known “textual and iconographic representations of women
were commissioned by their male relatives”.23 With the male perspective
on women prevailing in Egyptian funerary art, two tombs commissioned by
women who had similar titles and possibly performed similar duties, provide
the rare chance of first-hand information on their self-perception. The way
they self-presented themselves could be a reflection of their actual role at the
court of Nitocris or rather the ideal symbolic context of their status. In any case,
19.  B.V. Bothmer’s seminal work on Late Egyptian sculpture is still the most exhaustive argument
against this preconception. See B.V. Bothmer , Egyptian Sculpture of the Late Period: 700 B.C. to A.D. 100, 1969.
See also N. Cherpion, « The Human Image in Old Kingdom Nonroyal Reliefs », in D. Arnold et al. (ed.),
Egyptian Art in the Time of the Pyramids, 1999, p. 112 and N. Grimal (ed.), Les critères de datation stylistiques
à l’Ancien Empire : [Actes de la 2e rencontre internationale consacrée aux critères stylistiques de datation propres à
l’Ancien Empire, IFAO, 10-13 nov. 1994, 1998, although these publications concentrate more on iconography
as a dating criterion than style.
20.  To name a few examples based on Old Kingdom art, N. Cherpion, Mastabas et hypogées d’Ancien Empire :
le problème de la datation, 1989 ; ead., BIFAO 84 (1984), p. 35-54 ; Chr. Ziegler , Catalogue des stèles, peintures et
reliefs égyptiens de l’Ancien Empire et de la Première Période intermédiaire v. 2686-2040 av. J.-C., 1990 ; Y. Harpur ,
Decoration in Egyptian Tombs of the Old Kingdom Studies in Orientation and Scene Content, 1987 ; S. Verma ,
Significance of Identity, Individuality & Ideology in Old Kingdom Elite Tomb Iconography, 2011.
21.  To give a few examples, M. Bietak – E. Reiser-Haslauer , Das Grab des Anch-Hor, Obersthofmeister der
Gottesgemahlin Nitokris (DÖAW 7), 1982 ; R.A. Fazzini, Egypt: Dynasty XXII-XXV, 1988 ; P. Der Manuelian,
Living in the Past: Studies in Archaism of the Egyptian Twenty-sixth Dynasty, 1994 ; E. Pischikova, « Style
and Iconography of the Decoration in the Tombs of Karabasken and Karakhamun: Archaism and
Innovations », in E. Pischikova (ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis, Thebes: Karakhamun (TT 223) and
Karabasken (TT 391) in the Twenty-Fifth Dynasty, 2014, p. 73-92 ; ead., JARCE 31 (1994), p. 63-77 ; E. Russmann,
Relief Decoration in Theban Private Tombs of the Twenty-Fifth and Twenty-Sixth Dynasties: Its Origins and
Development, with Particular Reference to the Tomb of Harwa (TT 37), 1992 ; S.L. Wilson, Aspects of Theban
Tomb Decoration in the Twenty-Fifth and Twenty-Sixth Dynasties, 2004 ; L.M. Leahy, Private Tomb Reliefs of
the Late Period from Lower Egypt, 1988. For royal iconography, see K. Myśliwiek , Royal Portraiture of the
Dynasties XXI-XXX, 1988 ; E. Russmann, The Representation of the King in the XXVth Dynasty, 1974.
22.  For example an « Archaizing stela » discussed by B.V. Bothmer , op. cit., p. 28, No. 24, pl. 22.
23.  M. Ayad, « Women’s Self-presentation in Pharaonic Egypt: ‘one who knows her speech... who
speaks Truth’ », in H. Abdel Basir (ed.), Self-Presentation in Ancient Egypt, Forthcoming, p. 221.

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  103

new finds in the tomb of Irtieru and their contextualization with the tomb of
Mutirdis widen our understanding of a female “Follower” of the time of Nitocris.
This paper will concentrate on the two features of the tombs of Irtieru
and Mutirdis related to the interpretation of their title: the garments worn
by Irtieru and Mutirdis in different scenes and choice of architecture and
decoration for the burial chambers.

Female Garments in the Elite Tombs of the Theban Necropolis


Terminology on the subject is not well established and varies in different
publications therefore, the terms used in the present publication need
definitions.
1. The term “sheath dress” will be used to indicate a traditional, tight
wrap-around dress with over-the-shoulder straps.
2. The term tunic will be used for the outer voluminous dress with a wide
bottom hem line, also called the long voluminous robe. It was sometimes
worn with a shawl. This dress has previously been described as a popular
female garment of the Late Period worn in real life.24
The tight ankle-length dress with straps is a traditional female garment.
It is represented in relief with the top of the dress indicated under the breast.
It has been suggested that the dress itself is a rectangular piece of linen
wrapped around the body and that the two straps over the shoulders are a
separate element tucked under the top of the dress at the front and back.25
So-called sheath dresses were usually worn with tripartite wigs.
L.M. Leahy notes that they were worn by females of all stations, but it was
the only garment worn by goddesses and female relatives of the deceased.
She sees the reason in the fact that it was the most traditional Egyptian out-
fit.26 Leahy’s conclusion that the most conservative garments were reserved
for prominent female figures while subsidiary figures’ attires could have a
more modern twist can be disputed based on the representations of female
figures in the Theban necropolis. Leahy also notes that the long voluminous
robe is always worn with shorter hairstyles, which is also incorrect for the
Theban necropolis.27

24.  L.M. Leahy, op. cit., p. 203-208 ; A. Hallmann, « Iconography of Prayer and Power, Portrayals of
the God’s Wife Ankhnesneferibre in the Osiris Chapels at Karnak », in M. Becker – A.I. Blöbaum –
A. Lohwasser (ed.), Proceedings of the Conference on the God’s Wives of Amun in Egypt during the First
Millennium BC, 2016, p. 211-212.
25.  G. Vogelsang -Eastwood, Pharaonic Egyptian Clothing, 1993, p. 102.
26.  L.M. Leahy, op. cit., p. 197.
27.  L.M. Leahy, op. cit., p. 205.

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104  | BSFE 203

Based on her research on the attires of God’s Wives in Medinet Habu,


A. Hallmann argues that the tunic and sheath dresses were worn by elite
women interchangeably28. This statement is also not supported by the
imagery from Theban elite tombs.
The body of material comprised of the representation of elite women in
Theban tombs suggests a pattern different from the Low Egyptian iconog-
raphy and Theban royal imagery (fig. 1-4).

Fig. 1 Irtieru seated at the offering table.


Lintel of the entrance to the Second
Pillared Hall. Tomb of Irtieru, TT 390
(drawing by Katherine Blakeney. South
Asasif Conservation Project)

Fig. 2 Standing figure of Irtieru.


Detached fragment possibly
from the thickness of the
entrance to the First
Pillared Hall. Tomb of
Irtieru, TT 390 (drawing
by Katherine Blakeney.
South Asasif Conservation
Project)

Fig. 3 Hands of a standing figure of Irtieru


(fig. 2). Detached fragment possibly from
the thickness of the entrance to the First
Pillared Hall. Tomb of Irtieru, TT 390
(drawing by Katherine Blakeney.
South Asasif Conservation Project) Fig. 4 Standing figure of Irtieru.
Detached fragment. Tomb of Irtieru, TT 390
(drawing by Katherine Blakeney. South Asasif
Conservation Project)

28.  A. Hallmann, op. cit., p. 211 ; L. Coulon –  A. Hallmann –  Fr. Payraudeau, « The Osirian Chapels
at Karnak: An Historical and Art Historical Overview Based on Recent Fieldwork and Studies », in
E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin (ed.), Thebes in the First Millennium BC: Art and Archaeology of the
Kushite Period and Beyond, 2018, p. 284.

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  105

Sheath dress

Attributes
Type of
Tomb Location and Additional Reference
Scene
Features
Wedjarenes is
First open court, represented holding E. Russman
Mentuemhat Offering
south wall of statue a lotus flower in her JARCE 34 (1997),
(TT 34) Scene
niche left hand and inhaling fig. 11
its fragrance

First open court, Sacred oil jar with E. Russman


Mentuemhat Offering
south side of west a lotus-shaped lid JARCE 31 (1994),
(TT 34) Scene
wall under the seat fig. 8

Originally in first open


court, south side of
Mentuemhat Offering Sacred oil jar
west wall. Currently Ibid., fig. 9
(TT 34) Scene under the seat
in Cleveland Museum
of Art (49.493)

J. Dümichen, Der
Grabpalast des
Padiamenope Offering
Open court, Tornische Patuamenap in der
(TT 33) Scene
thebanischen Nekro­
polis, I 1884, pl. 17
Lintel of the entrance
Irtieru Offering
to the second pillared LD III, 272b
(TT 390) Scene
hall
J. Assmann, Das Grab
Mutirdis Offering Monkey beneath der Mutirdis
Doorframe of Pylon B
(TT 410) Scene the seat (AVDAIK 13), 1977,
pl. 6,7
Pabasa Offering Sacred oil jar
Open court, north wall Unpublished
(TT 279) Scene under the seat

J. Assmann, Das Grab


des Basa (Nr 389)
Figure of a female
Basa Offering in der thebanischen
Vestibule, north wall relative under the
(TT 389) Scene Nekropole
seat
(AVDAIK 6), 1973,
pl. 9

K.P. Kuhlmann –
W. Schenkel,
Das Grab des Ibi,
Ibi Offering Southern pillared hall, Holding a lotus Obergutsverwalters
(TT 36) Scene east wall flower der Gottesgemahlin
des Amun (T.G. Nr. 36)
(AVDAIK 15), 1983,
pl. 32

Ibi Offering
Open court, south wall Ibid., pl. 44
(TT 36) Scene

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106  | BSFE 203

Ibi Offering
Open court, south wall Chest under the seat Ibid., pl. 49
(TT 36) Scene
Ibi Offering
Open court, south wall Perfume cone Ibid., pl. 68
(TT 36) Scene
M. Bietak – E. Reiser-
Haslauer, Das Grab
Sacred oil jar with des ‘Anch-Hor,
Ankh-Hor Offering
Open court a lotus-shaped lid Oberst-hofmeister
(TT 414) Scene
under the seat der Gottesgemahlin
Nitokris, II (DÖAW 7),
1982, pl. 15

Voluminous Tunic
Attributes
and
Tomb Type of Scene Location Reference
Additional
Features
M. Molinero Polo, in
E. Pischikova (ed.),
Possibly wife
Tombs of the South Asasif
of Karakhamun First pillared hall, Close-
Karakhamun Necropolis, Thebes:
in adoration east side of the cropped hair,
(TT 223) Karakhamun (TT 223)
of Atum, BD 19 north wall sistrum
and Karabasken (TT 391)
Vignette
in the Twenty-Fifth Dynasty,
2014, p. 146, fig. 9.14
False Door,
Irtieru Adoration
second pillared LD III, 271b
(TT 390) of Osiris
hall
Irtieru Two detached
Divine Adoration Sistrum This article, Figure
(TT 390) fragments
Irtieru Detached
Divine Adoration This article, Figure
(TT 390) fragment
Sandstone
Irtieru
Divine Adoration doorframe of Solar hymn? Unpublished
(TT 390)
the first pylon
J. Assmann, Das Grab der
Mutirdis Doorframe of Sistrum,
Divine Adoration Mutirdis (AVDAIK 13), 1977,
(TT 410) the second pylon solar hymn
27, pl. 11
Mutirdis Adoration of Open court, Perfume
Ibid., pl. 20A
(TT 410) Osiris south wall cone
Mutirdis Open court,
Divine Adoration Ibid., pl. 23A
(TT 410) south wall
Ibi’s mother, K.P. Kuhlmann –
Priestess of W. Schenkel, Das Grab des
Ibi Hathor of Open court, Ibi, Oberguts-verwalters der
Sistrum
(TT 36) Dendera, Tairet north wall Gottesgemahlin des Amun
in adoration of (T.G. Nr. 36) (AVDAIK 15),
Anubis 1983, pl. 67

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  107

E. Graefe, Das Grab


des Padihorresnet,
BD 59-63
Open court, Obervermögensverwalter
Padihorresnet Vignette, mother Perfume
pilaster N5, der Gottesgemahlin des
(TT 196) of Padihorresnet cone
south face Amun (Thebanisches
in adoration
Grab Nr. 196). (MonAeg 9),
2003, pl. V12

Padihorresnet
and his parents
Padihorresnet Open court,
in adoration of Sistrum Ibid., pl. V11
(TT 196) north wall
the gods, BD 18
Vignette
M. Bietak – E. Reiser-
Haslauer, Das Grab
Daughter of Ankh-
des ‘Anch-Hor,
Ankh-Hor Hor, Merit-Neith, Stela found Close-
Oberst-hofmeister der
(TT 414) in adoration of in open court cropped hair
Gottesgemahlin Nitokris,
Anubis and Atum
(DÖAW 7), II, 1982, 139,
fig. 54

Comments
1. Irtieru’s image in adoration of Osiris
on the false door is lost (fig. 5). The only
record of it is published by Lepsius.29 The
drawing depicting Irtieru in what looks
like a sheath dress is most probably
incorrect. The figure was already dam-
aged and the copyist must have misread
the carving. The top line of Irtieru’s dress
is designated on the level of her waist-
line instead of under the breast as typical
for sheath dresses. Therefore, it could
not have been a sheath dress. This line
recorded by the copyist must have been
the line of a shawl worn on top of the
tunic dress.
2. The figure of Irtieru shaking a sis-
trum is very fragmentary but the posi-
tion of her hands holding the handle Fig. 5 Remains of the scene of Irtieru giving
leaves no doubt that she was depicted offerings to Osiris. False Door. Second Pillared
with a sistrum. Hall. Tomb of Irtieru, TT 390
(drawing by Katherine Blakeney.
South Asasif Conservation Project)

29. LD III 271b.

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108  | BSFE 203

3. The only female image in the


tomb of Kakhamun was found on top
of the north wall in the First Pillared
Hall. Her name and relationship to
Karakhamun is unclear but she was
represented standing in adoration
with a sistrum. It was suggested that
the scene was Karakhamun and his
wife in adoration of Atum as part of
the BD 19 vignette.30 The standard
BD 19 vignette features N standing
in front of Atum with a wreath on a
plinth placed between them some-
Fig. 6 Female figure with a sistrum
times accompanied by his wife31 (presumably the wife of Karakhamun)
(fig. 6). BD 19 Vignette. East part of the north wall.
Tomb of Karakhamun, TT 223 (drawing
by Katherine Blakeney. South Asasif
Conservation Project)

Conclusions
1. All women in voluminous tunics are represented in a ritual context in
adoration of gods, in three cases holding a sistrum.
2. All women in offering scenes are represented in sheath dresses.
Everybody except for Irtieru and Mutirdis are accompanied by their male
relatives.
3. Based on the representations of women in Kushite and Saite Theban
tombs it can be said that the sheath and tunic dress were not interchange-
able and voluminous tunics cannot be treated as casual modern attire. The
recorded body of material shows that they were associated with different
social and ritual contexts and therefore represented in different types of
scenes. The traditional sheath dress was reserved for offering scenes where a
woman sits at the offering table alone or in the company of her male relative.
Voluminous robes are worn only in ritual scenes were women are presented
in adoration of the gods, sometimes shaking a sistrum.

30. M. Molinero Polo, « The Textual Program of Karakhamun’s First Pillared Hall », in E. Pischikova
(ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis, Thebes: Karakhamun (TT 223) and Karabasken (TT 391) in the Twenty-
Fifth Dynasty, 2014, p. 146, fig. 9.14.
31.  M. Mosher Jr., The Ancient Egyptian Book of the Dead in the Late Period: A Study of Revisions Evident in
Evolving Vignettes, and the Possible Chronological or Geographical Implications for Differing Versions of Vignettes,
1989, p. 671, n. 2

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  109

4. M. Ayad describes sistrum shaking in front of Amun and various gods as


one of the major ritual activities of the God’s Wives and the sistrum as a sym-
bolic life-giving object.32 Sistra also played a part in temple rituals including
the Beautiful Festival of the Valley as represented in Medinet Habu temple
and Osiris Heqadjet chapel.33 Followers of the God’s Wife were most probably
part of the same ritual activities following Nitocris in the temple and festival
processions.
5. The most recent discovery in the tomb of Irtieru adds another piece of
information on the meaning of tunic dresses in the Twenty-sixth Dynasty.
A fragment missing from a stela reconstructed a few years earlier, was dis-
covered in the open court of the tomb of Irtieru during the 2019 season.34
The stela is dedicated to a woman called Irtieru who is represented in ado-
ration of Osiris and Atum. Based on the parallel (stela of Neskhons MMA
25.3.2010) from the Metropolitan Museum, Griffin suggested that the stela
could have been gilded.35 The newly found fragment proves this suggestion
but in a slightly unexpected way. The Metropolitan Museum parallel shows
gilding only on the divine figures of Atun and Ra-Horakhty, their scepters
and the lotus flower presented to Atum. The lower part of the gilded figure
on the recently found fragment is of Irtieru herself in a voluminous tunic. It
can be seen as a visual emphasis on the ritual meaning of this garment and a
symbolic elevation of the woman wearing it in a ritual context.
6. Another garment-related feature elevating the status of the Followers
is the vulture cap, the most characteristic headdress of the God’s Wives.36
Assmann recorded traces of a vulture cap painted on the head of Mutirdis.37
No color was found on the wigs of Irtieru so far, probably due to the condition
of the tomb.
7. Mutirdis and Irtieru form a special group where elite women had a
choice of how to present themselves according to their social status and
actual or “symbolic” duties. The fact that both women present themselves
mainly in voluminous robes and a vulture cap (in the case of Mutirdis) puts
emphasis on their duties related to temple rituals. Visually and contextually
they present themselves as those who followed Nitocris to the temple, sis-
trum shaking in a similar fashion.
32.  M. Ayad, God’s Wife, God’s Servant, 2009, p. 50-51.
33.  Ibid., p. 34.
34.  K. Griffin, « A Stela of the Mistress of the House Irtieru », in E. Pischikova, Tombs of the South Asasif
Necropolis: Art and Archaeology 2015-2018, forthcoming.
35.  H.E. Winlock , BMMA 19/2 (1924), p. 28 ; id., Excavations at Deir el Baḥri: 1911-1931, 1942, p. 97 ; K. Griffin,
loc. cit.
36.  A. Hallmann, op. cit., p. 213.
37.  J. Assmann, Das Grab der Mutirdis (AVDAIK 13), 1977, p. 28, pl. 11.

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110  | BSFE 203

8. Mutirdis was represented at the entrance to the tomb sistrum shaking


in the context of Solar Hymn BD 15h38. Fragments of the entrance structure
in the tomb of Irtieru allow to suggest a similar scene which highlights both
women’s participation in solar rituals.

Architecture and Decoration of the burial chamber


The architecture and theology of decoration of the burial chambers in the
tombs of Irtieru and Mutirdis have a number of unique features that suggest
the exclusive status of the bearers of the title “Follower of the God’s Wife”.

The architecture
The architecture of Irtieru’s burial chamber replicates the chambers of
Amenirdis I, Shepenwepet I and Nitocris, which feature one of the first true
barrel vaults with wedge-shaped voussoirs39 (fig. 7). “The lower parts of the
vaults of Amenirdis and Nitocris consist of two to four corbeled courses with
horizontal imposts and wedge shaped voussoirs with radial joints in the
upper parts of the vault.”40 Irtieru’s burial chamber, although fully carved,
is a unique, meticulously-made imitation of God’s Wives stone masonry. The
eastern and western walls were designed with imitations of four courses of
stone blocks 45-52 cm high and the ceiling of 6 courses of stone.41 The block
imitations even have depths up to 5 cm, visible in the damaged areas. Thin
layers of plaster complete the illusion.
The results of the 2019 season allow to suggest that this feature was of
utmost importance to Irtieru. The architecture and preliminary reconstruc-
tion of Irtieru’s decoration show close connections with the Kushite tombs
of South Asasif. Irtieru’s plan and proportions of the architectural elements
are very close to the tomb of Karakhamun (TT 223).42
Until very recently, the architect of the Project, Dieter Eigner, discussed
the tomb of Irtieru as a later Twenty-sixth Dynasty addition to the necropolis
influenced by Kushite architecture. He yet expected a Saite-style entrance to
the tomb with the staircase on the north-east side of the court and the axis

38.  Ibid., p. 28-29.


39.  D. Arnold, Building in Egypt: Pharaonic Stone Masonry, 1991, p. 200, fig. 4.141.
40.  Ibid., p. 200.
41.  I am grateful to the South Asasif Conservation Project student volunteers Jourdan Miller
(University of Oxford) and Markus Wallas (University of Cologne) for recording the measurements
of the burial chamber.
42.  For more information on the work of the South Asasif Conservation Project in the tomb of
Karakhamun (TT 223) see bibliography in n. 3.

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  111

Fig. 7 Burial Chamber of Irtieru, TT 390


(photo Katherine Blakeney. South Asasif Conservation Project)

changing direction from east-west to south-north in the vestibule. Clearing of


the entrance area of the tomb is still a work in progress but the most recent
results of August 2019 leave no doubts that the entrance staircase was con-
structed along the main axis and leads directly to the court. Ten steps found
in the eastern part of the court may be part of a small “staircase vestibule”
similar to the one in the tomb of Karabasken (TT 291).43 The single axis plan
of the tomb may suggest that Irtieru reused a Kushite tomb. Mariam Ayad
noticed some areas of re-carving on the Tornische doorframe lintel.44 The
matter needs further examination and discussion.
The suggestion that Irtieru re-used an earlier tomb is supported by
research in the tomb of Karakhamun (TT 223), which demonstrated that
Irtieru’s son, Vizier of Upper Egypt Nespakashuty D, started re-inscribing
the tomb of Karakhamun for himself. The name of Karakhamun was cut out in
numerous places on the pillars and walls of the tomb. They were replaced with

43.  E. Pischikova , « Tombs of Karakhamun and Karabasken, 2012-14: Fieldwork », in E. Pischikova


(ed.), Tombs of the South Asasif Necropolis: New Discoveries and Research 2012-14, 2017, p. 37-39.
44.  Personal conversation at the site, September 9, 2019.

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112  | BSFE 203

new name plaques inscribed with the name of Nespakashuty. The plaques
were never carved and plaster and red preliminary lines were damaged in
many cases. Only one plaque contains the full name of the to-be usurper. For
unknown reasons this project was never completed and Nespakashuty moved
his burial place to Deir el Bahri.45

The re-used Kushite tomb already had a finished burial chamber and
another one imitating the burial chambers of the God’s Wives was added to
make it suitable for the bearer of the “Follower of the God’s Wife” title and
highlight her close connection with Nitocris herself.

Decoration of the Burial Chamber


The burial chamber of Irtieru was left unfinished. Remains of preliminary
drawings were found on the southern and northern walls. Despite the unfi-
nished condition of the decoration and its poor preservation it is possible to
suggest that the decoration included the scene of the Awakening of Osiris.
The iconography of the Awakening of Osiris was first attested in the
Osireion of Seti I at Abydos and continued to be represented in royal tombs.
Examples include the tombs of Ramesses VI and IX and Sheshonq III at Tanis.46
This royal scene moves to elite tombs in the Kushite period. It is featured in
the tombs of Padiamenope (TT 33) and Ramose (TT 132).47 The popularity of
the Awakening of Osiris scene in the Kushite period is supported by the fact
that it was part of the decoration of the burial chambers of Tanwetamani
(Ku. 16) and his mother Qalhata (Ku. 5).48
Reconstructing the iconographic program of the burial chamber of
Ramose (TT 132),49 Greco assumed that animal-headed demons holding
knives occupied the lower part of all four walls of the room although they are
partially preserved only on three walls. He argues that although iconograph-
ically associated with the vignettes to BD 144-146 they are included in the
Osirian context. The western wall is occupied by the scene of the Awakening
of Osiris.50

45.  E. Pischikova, BES 19 (2015), p. 501-510.


46.  J.A. Roberson, The Awakening of Osiris and the Transit of the Solar Barques: Royal Apotheosis in a Most
Concise Book of the Underworld and Sky (OBO 262), 2013, fig. 1-4 ; Chr. Greco, « The Forgotten Tomb of
Ramose (TT 132) », in E. Pischikova – J. Budka – K. Griffin (ed.), Thebes in the First Millennium BC, 2014,
p. 178-180, 187.
47.  A. Piankoff, BIFAO 46 (1947), p. 87.
48.  D. Dunham, The Royal Cemeteries of Kush, Vol. I. El-Kurru, 1950, pl. 9-10, 19-20.
49.  Chr. Greco, op. cit., p. 178-180.
50.  Chr. Greco, op. cit., p. 179, fig. 8-1.

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Self-Presentation of the šmst-ʿȝt n dwȝt nṯr Irtieru in her Tomb |  113

Conclusions
This scene did not become a staple of Twenty-sixth Dynasty tomb decoration.
It has an unusually intense presence in the tomb of Mutirdis,51 showcasing
three versions of a bi-partite tableau.52 The second Twenty-sixth Dynasty
elite tomb that possibly featured this scene is Irtieru.53 Remains of a row of
animal-headed demons holding knives and a huge winged sun disc on the
southern wall suggest a decorative program similar to Ramose and Mutirdis.
With the scene of the Awakening of Osiris in the tombs of Mutirdis, Irtieru
and Qalhata, it can be said that the Awakening of Osiris became a favorite in
female tombs of the Twenty-sixth Dynasty and their reflection of the solar
and Osirian unity of the Theban Monumental tombs of the Late Period.54
Considering that Irtieru and Mutirdis had similar titles, it may be seen as
part of their self-perception.
The top part of the tableau in the burial chamber was referenced on the
lintel of the Tornische with the winged sun disk terminating at the western
and eastern horizon and a solar barque carrying the sun disk in the middle
of the lintel. The small size of the barque in comparison with the figures of
the God’s Wives flanking the boat suggests it may have been supported by
the arms of Nun as on the entrance lintel of Pabasa.55
I. Régen noted another decoration peculiarity in the placement of the text
of the Book of Nut on the wall instead of the ceiling in order to relate the end
of the night described in the Book of Nut (§1-4) to the concluding sunrise
scene in the Book of Gates. Mutirdis shares this feature with Padiamenope
(TT 33), Mentuemhat (TT 34) and Pabasa (TT 279).56

51.  J. Assmann, op. cit., p. 14-15, 74 (§4.1.2.3), 82 (§4.3.2.1), 90-93 (§4.4.2.2), and pl. 28, 34b, 41. Only the
third version “Szene 45,” from the south wall of Chamber IV has been preserved in sufficient detail.
52.  J.A. Roberson, op. cit., p. 1.
53.  Assmann mentioned a possibly partial parallel in the tomb of Pabasa which still remains un­pu­
bli­shed. J. Assmann, op. cit., p. 90, n. 73. Lack of information does not allow it to be included in the
discussion.
54.  S. Einaudi, « Aspects solaires et osiriens des tombes monumentales tardives de l’Asasif », in
K.A. Kothay (ed.), Burial and Mortuary Practices in Late Period and Graeco-Roman Egypt, 2017, p. 103-110 ;
for Abydene connections see A. Effland, « ‘…Die Sonnenbarke anzuhalten und die Glieder des Osiris zu
verstreuen für Typhon’: theologische und theurgische Ausdeutung solar-osirianischer Ritualaspekte
in Abydos », in A.H. Pries (ed.), Die Variation der Tradition: Modalitäten der Ritualadaption im Alten Ägypten;
Akten des Internationalen Symposions vom 25.-28. November 2012 in Heidelberg, 2016, p. 201-226.
55.  E. Thomas, JEA 42 (1956), p. 65-79 ; A. Dodson, JEA 88, 2002, pl. 3.
56.  I. Régen, « Le faucon, rtḥ-qȝb.t et le lever du soleil. Trois extraits inédits du Livre de Nout dans l’Asa-
sif (TT 34, TT 33, TT 279) », in Chr. Thiers (ed.), Documents de Théologies Thébaines Tardives (D3T 3), 2015,
p. 217-246.

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114  | BSFE 203

General Conclusions
The exclusive decoration of the tombs of Irtieru and Mutirdis and their
complex theological program should be a reflection of the role and status of
the “Follower of the God’s Wife” and the possibility of a clerical component
to their range of duties. “Followers” most probably participated in temple
rituals and closely followed the God’s Wives. The fact that their appearance
resembled that of the God’s Wives, in the depiction of voluminous tunics,
some variation of vulture caps and sistra in their hands, their position should
have been perceived as among the highest in the God’s Wives entourage.
The newest discovery (August 2019) of the fragment of the sandstone door-
frame of the first pylon is the latest evidence of the visual representation of
Irtieru as a participant of a ritual procession or act (fig. 8).

Fig. 8 Fragment of the sandstone


doorframe of the First Pylon.
Tomb of Irtieru, TT 390
(photo Katherine Blakeney.
South Asasif Conservation Project)

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|  115

Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice,


dans la gestion du pouvoir à Thèbes
entre la fin du viiie et le début du viie siècle av. J.-C.

Francesco Tiradritti
Mission archéologique italienne à Louqsor (mail)

C’est en 1995, lors d’une brève mission de reconnaissance, que j’ai commencé
mes recherches dans ce monument déjà connu comme étant la tombe de
Haroua (TT 37). Mes activités étaient alors conduites sous l’égide des Civiche
Raccolte Archelogiche e Numismatiche de Milan. La complexité des opérations
de fouille, de restauration et d’étude du monument a conduit, en 2003, à la
création d’un organisme scientifique indépendant, la Mission archéologique
italienne à Louqsor (mail), qui a travaillé et travaille toujours en partenariat
avec plusieurs institutions académiques internationales.
Durant ces années, la mail a fait plusieurs découvertes, mais celle qui peut
être considérée comme la plus importante est l’identification d’un discours
qui se développe à travers les textes et les images tout au long de l’axe prin-
cipal du monument. Ce parcours est marqué par six étapes principales et
il mène de la cour au sanctuaire d’Osiris, se développant ensuite à rebours
pour se terminer avec la sortie du monument à la lumière du soleil. Nous
l’avons appelé « Chemin de Haroua » ; il donne une description de l’existence
humaine, conçue comme un voyage qui conduit l’individu de la vie à la résur-
rection, à travers l’expérience inéluctable de la mort 1. Cette découverte a
entraîné une réflexion globale sur la fonction du monument et nous a incités,
en dernier lieu, à le considérer non plus comme une tombe mais comme un
cénotaphe dédié à la statue de Haroua 2.

1.  Description plus approfondie dans Fr. Tiradritti, « Il cammino di Harwa. Un percorso iniziatico
in un monumento funerario egizio della fine dell’VIII secolo a.C. », Mare internum 10, 2018, p. 9-22 et
id., « The Journey of Harwa. An initiatory path in a Funerary Monument of the 8th Century BC. », dans
B. Bryan – P. Dorman (dir.), Proceedings of the Theban Workshop: Tomb Decoration, John Hopkins University,
April 22-24, 2016, à paraître.
2.  L’éventualité que le monument funéraire de Haroua soit un cénotaphe et non une tombe est déjà
évoquée dans Fr. Tiradritti, EA&O 73 (2014), p. 33-46. Pour une brève discussion sur cette hypothèse
voir id., dans B. Bryan – P. Dorman (dir.), op. cit., à paraître.

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Une autre trouvaille importante eut lieu lors de la mission de 1997. Le


but de la campagne était de déblayer la partie centrale de la première salle
hypostyle (H1). Parmi les débris, à une faible profondeur (carré H1.B3), fut
trouvée une figurine funéraire de Haroua (MAIL 1997 R 200), brisée en deux
morceaux (fig. 1). Elle est en calcaire de qualité très fine. La coloration rou-
geâtre de la pierre montre qu’elle a été soumise à une très forte chaleur 3.
À une distance de moins d’un mètre (carré de fouille H1.C3) on avait déjà
trouvé la partie supérieure d’une autre figurine funéraire (MAIL 1999 R 199)
en pierre noire 4. Toutes les deux se trouvaient non loin du centre de la salle
entre les premier et deuxième piliers 5.
Leur position approximative sur l’axe principal du monument cor-
respondait à celle d’un autre fragment de figurine funéraire en calcaire
(MAIL 1996 R 45), récupéré l’année précédente au milieu du passage (P2)
entre la première et la deuxième salle hypostyle 6. Le fragment d’une qua-
trième figurine (MAIL 1998 R 158), cette fois en faïence 7, fut trouvé en 1998
devant la lésène sud-ouest de la première salle hypostyle, encore une fois
dans une position centrale par rapport à l’axe principal du monument.
Le lieu de découverte de la figurine MAIL 1997 R 200 et des autres frag-
ments de figurines funéraires, traçant comme un chemin au milieu des salles,
nous permettent de conclure que lesdites figurines devaient être tombées
des mains de quelqu’un qui les sortait du monument – vraisemblablement
un voleur. Cette hypothèse trouva confirmation en 2001-2002, lorsque les
fouilles atteignirent le soi-disant « appartement funéraire », à savoir une
suite de pièces accessibles par le puits de la deuxième salle hypostyle qui
se termine par deux chambres creusées à 25 m de profondeur. Parmi les
débris de la pièce majeure furent récupérées des dizaines de fragments de

3.  La figurine mesure 19,4 cm de haut et l’inscription hiéroglyphique de huit lignes gravées sur son
corps est une version du chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
4.  Le fragment mesure 11,5 cm de haut et conserve trois lignes d’inscription hiéroglyphique avec le
début du chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
5.  Dans le premier niveau souterrain, nous n’avons pu mener une fouille stratigraphique à cause du
remplissage constitué surtout des débris provenant de l’effondrement de la structure parmi lesquels
il n’était pas possible de distinguer les couches les unes des autres. On a tenu compte seulement des
carrés virtuels dans lesquels la première salle hypostyle avait été divisée pour relever la position des
objets et des fragments de décor issus de la fouille.
6.  Le fragment mesure 14,04 cm de haut et conserve six lignes d’inscription hiéroglyphique avec le
chapitre 6 du Livre pour Sortir au Jour.
7.  Le fragment mesure 4,68 cm de haut. Il est en faïence vert pâle et des traces de hiéroglyphes peints
en noir sont encore visibles sur le corps. Même si on l’avait déjà soupçonné lors de sa découverte,
l’attribution à Haroua a été confirmée par d’autres exemplaires similaires mieux préservés, trouvés
durant la suite des fouilles.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  117

Fig. 1 La figurine funéraire MAIL 1997 R 200 (photo de Giacomo Lovera ;


© 1997 Associazione Culturale per lo Studio dell’Egitto e del Sudan)

figurines funéraires en pierre et des centaines en faïence. Les figurines en


faïence peuvent être regroupées selon deux types. Plus complexe est le cas
des exemplaires en pierre qui, étant sculptés, présentent des caractéristiques
très diverses qui empêchent de les regrouper aisément. Ils partagent pour-
tant tous des éléments archaïsants qui s’accordent bien avec l’époque de leur
production. La fouille des « appartements funéraires » permit de déterminer
l’emplacement d’origine de MAIL 1997 R 200 et des autres fragments de figu-
rines funéraires retrouvés au premier niveau souterrain. Elle confirma que
ces figurines avaient dû être déplacées hors du monument après avoir été
prélevées dans la grande pièce, au fond de « l’appartement funéraire ».

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La présence de ces figurines funéraires en pierre et en faïence aurait pu


conforter l’avis général faisant de la salle de grandes dimensions le lieu de
sépulture de Haroua ; mais cette hypothèse a été démentie par la découverte
de grands morceaux de calcaire – l’un d’entre eux portant le nom de Haroua
peint – dont le seul assemblage possible aboutit à un naos semblable à ceux
qui conservaient les statues de culte dans les temples. Cette évidence et l’ab-
sence d’autres traces d’une sépulture de Haroua nous ont finalement incités
à revoir la fonction du monument et à conclure qu’il s’agissait d’un cénotaphe
dédié à la statue du fonctionnaire. Nous avons pu confirmer cette hypothèse
en achevant l’étude des textes du « Chemin de Haroua » 8.

Au-delà du soin apporté à son exécution, la figurine MAIL 1997 R 200 pos-


sède une valeur tout à fait exceptionnelle car elle tient entre ses mains le
fouet-nékhekh et la canne-âout 9. On avait pensé, lors de sa découverte, qu’il
s’agissait d’une caractéristique unique. Des recherches ultérieures ont montré
cependant qu’on la retrouve sur un fragment de figurine en serpentine
du Museum of Fine Arts de Boston (MFA 72.745) 10 et sur une deuxième statuette

8.  Le terme ḥȝ.t (Wb III, 12.19), qui renvoie au titre du chapitre 151 des Textes des Sarcophages sur la
paroi nord du passage entre la première salle hypostyle et la cour, peut se traduire par « cénotaphe ».
Voir Fr. Tiradritti, Mare internum 10 (2018), p. 18, n. 6.
9.  À vrai dire, je n’avais jamais fait trop attention à la courbe de l’instrument jusqu’à la date du
colloque de Grenoble. Cela démontre une fois de plus que l’on regarde souvent sans vraiment voir.
Pendant la discussion qui a suivi, mon ami Olivier Perdu a attiré mon attention sur ce détail et je tiens
à le remercier vivement pour cette importante correction. L’identification de la canne-âout est déjà
dans R. Meffre , « Les serviteurs funéraires thébains de la Troisième Période intermédiaire », dans
Fl. Gombert-Meurice – Fr. Payraudeau (éd.), Servir les dieux d’Égypte : divines adoratrices, chanteuses et
prêtres d’Amon à Thèbes, 2018, p. 140. Il est intéressant de remarquer que la canne-âout et le fouet-
nékhekh se trouvent aussi dans les mains de la momie du prêtre de Montou et père divin Padiamonet (III)
dont la carrière est datée à la moitié de la XXVe dynastie (700-675 av. J.-C.) : C.M. Sheikholeslami,
« Resurrection in a box: the 25th Dynasty burial ensemble of Padiamunet », dans R. Sousa (éd.), Body,
Cosmos and Eternity New research trends in the iconography and symbolism of ancient Egyptian coffins, 2014,
p. 111-124 ; C.M. Sheikholeslami – S. Ikram, NARCE 210 (2017), p. 24. Padiamonet (III) faisait partie d’une
importante famille thébaine et son père Nespaqachouty (B) détenait le titre de vizir.
10.  Voir Fr. Tiradritti, « Frammento superiore di ushabty di Harwa », dans S. Einaudi – Fr. Tiradritti
(éd.), L’enigma di Harwa, 2004, p. 220. La hauteur du fragment est de 12 cm. Il est entré au Museum of
Fine Arts de Boston en 1872 grâce à une donation de Charles Granville Way (1841-1912) qui l’avait
hérité de son père Samuel Alds Way (1816-1872). Ce dernier l’avait acquis à la vente aux enchères de
la collection de Robert Hay en 1836. La provenance du fragment de la figurine funéraire du cénotaphe
de Haroua est confirmée par la présence dans la collection Hay du fragment en calcaire MFA 72.692
qui faisait partie de la scène du marécage, gravée sur la paroi méridionale de la cour du mo­nument
(E.R. Russmann, « Harwa as Precursor of Mentuemhat », dans H. De Meulenaere – L. Limme [éd.],
Artibus Aegypti. Studia in honorem Bernardi V. Bothmer a collegis amicis discipulis conscripta, 1983, p. 140).
La visite de Robert Hay au complexe funéraire de Haroua et Akhimenrou est d’ailleurs attestée par la
présence d’un plan et d’une vue générale parmi ses manuscrits conservés à la British Library de Londres
(Mss. Add. 29821/83 et 109) : D. Eigner , Die monumentalen Grabbauten der Spätzeit in der Thebanischen
Nekropole, 1984, pl. 11 et 12A.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  119

Fig. 2 Copie de l’inscription hiéroglyphique


gravée sur la figurine funéraire
MAIL 1997 R 200 (dessin Fr. Tiradritti ;
© 2018, Associazione Culturale per lo Studio
dell’Egitto e del Sudan)

funéraire en granit gris, apparemment complète, du musée du Caire


(CG 47828) 11. La figurine funéraire MFA  72.745 tient sans aucun doute le
sceptre-héqa dans la main droite 12. L’exemplaire du Caire a été publié sans
photographie et il n’a pas été possible de vérifier ce détail. Les deux autres
ont dans la main gauche le fouet-nékhekh. Il s’agit sûrement d’exemplaires
du « raïs des oushebtis ».
Les trois figurines de Haroua sont les seules statuettes de particulier
qui représentent le propriétaire avec le sceptre-héqa (ou la canne-âout) et
le fouet-nékhekh entre les mains. Les autres exemples connus de ce type
sont tous attribuables à des rois 13. Ce fait et le titre wr wr.w (« grand des
grands ») qui précède le nom de Haroua sur l’inscription de MAIL 1997 R 200
(fig. 2) m’avaient conduit à suggérer dès 1998 (avant même que je n’apprenne

11.  P.E. Newberry, Funerary statuettes and Model Sarcophagi 1.1 (CG 46530-48273), 1930, p. 244. H. : 20 cm.
12.  La canne-âout et le sceptre-héqa jouissent d’une certaine interchangeabilité – déjà attestée à des
époques très anciennes – et ils peuvent aussi apparaître tous les deux dans les mains d’un personnage
qui possède une certaine autorité : A. Hassan, Stöcke und Stäbe im Pharaonischen Ägypten bis zum Ende des
Neuen Reiches (MÄS 33), 1976, p. 176. Un cas très intéressant est celui de la décoration du sarcophage
de Néferi, retrouvé à Bersha et maintenant au musée égyptien du Caire (CG 28088) : la canne-âout et
le sceptre-héqa y sont reproduits non loin l’un de l’autre (P. Lacau, Sarcophages antérieurs au Nouvel
Empire. Tome II (CGC 28001-28126), 1906, p. 18, Nr. 86, pl. XLV, fig. 321 et p. 18, Nr. 85, pl. XLV, fig. 323) et
ils ont tous les deux une courbure très accentuée. Il faut aussi noter que Néferi était ỉmy-r pr wr (« grand
majordome ») comme Haroua.
13.  Affirmé par H.D. Schneider dans Shabtis. An Introduction to the History of Ancient Egyptian Funerary
Statuettes with a Catalogue of the Collection of Shabtis in the National Museum of Antiquities at Leiden, I,
1977, p.  175. Il mentionne que des figurines funéraires royales avec le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh entre les mains ont été trouvées pour Akhenaton, Toutânkhamon et Séthy Ier. À ma connais-
sance, il y en a au moins un exemplaire d’Amenhotep III au World Museum de Liverpool (M 13937).

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l’existence des exemplaires de Boston et du Caire) que Haroua « had more


power than that deriving from his priestly role and that he could be considered as the
real governor of the Theban region, on behalf of the Nubian king – the most politically
influential person in a state stretching to the First Cataract (a graffito naming Harwa
was found at Nag’esh Sheikh, near Aswan) 14 ». Dans la suite du même article,
j’affirmais aussi que « the vast size of his tomb and the many surviving statues
would also support this hypothesis » et que le rôle joué par Montouemhat et
Padiamenopé dans l’administration de l’État thébain à leur époque devait être
aussi réévalué. Je considérais que les deux fonctionnaires avaient bâti leurs
monuments funéraires à l’ouest (Montouemhat) et à l’est (Padiamenopé) de
celui de Haroua en signe de respect à l’égard de ce dernier, lui attribuant le
statut d’initiateur dans ce que je désignais comme une sorte de « dynastie » 15
de dirigeants qui auraient géré la région thébaine avec l’approbation des
pharaons nubiens. J’avais conscience que l’utilisation du terme « dynastie »
était impropre, puisqu’il impliquait une relation familiale, mais je m’en étais
servi pour mettre en valeur la continuité qui existait dans la succession des
trois personnages.
À vrai dire, lorsque j’avais écrit l’article dans Egyptian Archeology, je n’avais
pas vraiment eu le temps de vérifier mon idée et j’avoue qu’il s’agissait plutôt
d’une intuition motivée par l’enthousiasme d’une découverte récente 16 et
confortée surtout par la grandeur et la situation des monuments dans
la nécropole de l’Assassif, comme par l’existence de plusieurs statues des
trois fonctionnaires. Depuis vingt ans, je poursuis mes recherches dans cette
direction et j’ai pu trouver d’autres indices en faveur de ce que j’avais jadis
affirmé. Ce sont précisément ces indices qui m’amènent aujourd’hui à une
réflexion plus profonde sur l’exercice du pouvoir à Thèbes entre le viiie et le
viie siècles av. J.-C.

14.  Fr. Tiradritti, « Three years of research in the Tomb of Harwa », EgArch 13 (1998), p. 6.
15.  Les guillemets se trouvent déjà dans ibid., p. 6.
16.  J’ai débuté ma conférence à Grenoble avec un dicton napolitain qui, à mon avis, synthétise bien l’at-
titude des archéologues vis-à-vis de leurs découvertes : « Ogni scarrafone è bello a mamma soya » (« Tout
cafard est beau pour sa mère »). On a tous tendance à exagérer ce qu’on trouve pendant nos recherches.
C’est justement contre cela que j’ai dû me battre pendant mes années de recherche dans le monument
de Haroua. Inconscient, je me suis lancé dans un projet qui dépassait les limites de l’existence d’un
être humain et, au fur et à mesure que je fouillais, je me suis trouvé confronté à une réalité qui arrivait
toujours à m’étonner et qui m’a amené à reconsidérer maintes fois ce que j’avais appris sur l’Égypte
ancienne. Les idées que je présente dans cet article ne font pas exception et je pourrais comprendre
qu’elles se prêtent à des critiques. Le cénotaphe de Haroua ne m’appartient pas et n’est pas le « cafard »
du dicton napolitain. Il s’agit pourtant d’un monument étonnant qui pourrait contribuer à parfaire
notre connaissance de l’Égypte ancienne.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  121

La supposition que Haroua était le gérant de l’administration thébaine


s’appuie sur quatre arguments en particulier :
– les dimensions et la qualité de la décoration de son cénotaphe ;
– les huit statues qui le représentent 17 ;
– l’existence des figurines funéraires en pierre et en faïence 18 ;
– le sceptre-héqa (ou la canne-âout) et le fouet-nékhekh entre les mains
d’au moins trois de ses figurines funéraires en pierre 19.
Les trois premiers arguments montrent de façon objective que Haroua
avait accès à de grandes ressources financières et à des privilèges quasi
royaux, le quatrième a une valeur plus subjective 20.

17.  Statue dans l’attitude du fonctionnaire, Assouan, musée de la Culture nubienne, JE 37386 ; statue
acéphale dans l’attitude du fonctionnaire, Le Caire, musée égyptien, CG 48606 ; statue acéphale dans
l’attitude du fonctionnaire, Le Caire, musée égyptien, JE 36930 ; groupe statuaire de Haroua avec ses
parentes dans un naos, Le Caire, musée égyptien, JE 37377 ; statue-cube, Paris, musée du Louvre, A 84 =
N 85 ; statue-cube, Berlin, musée égyptien, 8163 ; statue-cube, Londres, British Museum, AE 55306 ;
statue de Haroua assis derrière Isis et Aménirdis Ire, Londres, British Museum, AE 32555. Une autre
statue de Haroua a été vue par Ebers dans une collection particulière à Louqsor (G. Ebers, ZDMG 27
[1873] p. 137-146). On a aussi voulu attribuer à Haroua la statue sans tête ni jambes du musée égyptien
du Caire CG 902, en se basant sur le fait qu’elle montre le même embonpoint que les autres statues
de fonctionnaire. Dans sa publication de la statue Louvre A 84, O. Perdu (Les Statues privées de la fin
de l’Égypte pharaonique [1069 av. J.-C. - 395 apr. J.-C.], Tome I : hommes, 2012, p. 89, n. 219) propose d’attri-
buer à Haroua un fragment de statue dans l’attitude du fonctionnaire (mis en vente aux enchères par
Christie’s Londres le 21 avril 1999 [Lot 63], puis aperçu à nouveau dans le commerce en 2004). Même si
elle est vraisemblable, son hypothèse invite à la prudence, car le nom du propriétaire ne figure pas sur
les restes de l’inscription ; par ailleurs, des statues similaires sont connues pour d’autres particuliers
contemporains de Haroua.
18.  L’attestation dans un mobilier funéraire de figurines en matériaux différents est une caracté-
ristique typiquement royale. Il semblerait que, à côté des statuettes qui représentaient le souverain
défunt, il y en ait eu d’autres déposées par des personnages qui lui étaient liés de façon particulière et
qui exprimaient ainsi le désir de rester à ses côtés dans l’Au-delà. L’exemple de Toutânkhamon est le
plus parlant avec les grandes figurines en bois qui représentent le roi dans ses atours les plus typiques –
il y en a des douzaines en matériaux, dimensions et exécution variés. Sur quelques-unes est inscrit le
nom du fonctionnaire qui l’a fait réaliser.
19.  Dans une note récente, E. Graefe , GM 257 (2019), p. 6, a soutenu que le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh serrés entre les mains par MAIL 1997 R 200 sont les symboles d’Osiris et que la figurine funéraire
représenterait Haroua dans une « osirianische Pose ». Il convient de ne pas trop prendre en considération
cette opinion qui est fondée d’avantage sur des préjugés que sur des preuves scientifiques. Il est toutefois
étonnant de la voir exprimée par un égyptologue confirmé, qui devrait savoir que le sceptre-héqa et le fouet-
nékhekh sont les symboles du pouvoir dans l’Égypte ancienne, et non les attributs spécifiques d’Osiris.
S’ils se trouvent dans les mains du dieu, ils le sont pour signaler qu’il a été le premier roi d’Égypte (voir
H.D. Schneider , op.cit., p. 66, n. 70). Et même si l’on acceptait l’idée qu’ils soient des symboles osiriens,
il resterait toujours à expliquer la substitution du sceptre-héqa avec la canne-août, vu qu’Osiris serre
invariablement dans sa main le premier, et pourquoi la même typologie n’est pas attestée pour d’autres
particuliers que Haroua.
20.  Bien évidemment les trois figurines tenant le sceptre-héqa (ou la canne-août) et le fouet-nékhekh
ont été commandées par Haroua qui aurait tout à fait pu demander d’ajouter wr wr.w à son nom sur

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Dans le contexte d’un exposé visant à démontrer que Haroua était l’admi-
nistrateur du pouvoir à Thèbes, on doit aussi remarquer que sur trois sta-
tues, il est représenté lisant un papyrus (Assouan JE 37386 et Le Caire
JE 36930 et CG 48606), preuve qu’il avait la capacité d’analyser ce qui était
écrit. L’attitude évoquant ainsi celle d’un personnage en train de méditer
sur une décision qu’il doit prendre, nous laisse penser que cette statue est
celle d’un fonctionnaire en exercice 21. Ces représentations de Haroua trans-
posent en pierre et de façon plus générique le même concept que le titre wr
wr.w de la figurine MAIL 1997 R 200. Certes, puisque les statues ont dû être
produites à la demande de Haroua, leur valeur en tant que preuve de sa fonc-
tion au sein de l’État thébain est aussi à considérer comme subjective ; mais
toutes les considérations sur l’objectivité et la subjectivité des témoignages
sont dépassées par leur nombre et leur variété ; elles nous amènent à penser
que Haroua était le véritable détenteur du pouvoir économique et politique
à Thèbes. Malgré cela, étant donné son titre de grand majordome de la divine
adoratrice Aménirdis Ire, on a toujours eu tendance à affirmer qu’il agissait
selon les ordres de cette dernière, à qui on a souvent attribué des prérogatives
quasi royales 22.
De plus, cette idée s’appuie presque exclusivement sur le fait que les
divines adoratrices avaient leur nom écrit à l’intérieur d’un cartouche. Il n’y
a pourtant pas de véritable preuve que Haroua dépendait d’Aménirdis Ire,

la figurine MAIL 1997 R 200 sans en avoir le droit. On aurait là un geste de vanité d’une personne qui,
même avec du pouvoir, s’arrogerait encore plus d’importance. Remarquons que ce geste est semblable à
l’appropriation des textes au nom du roi Ouahkara Khéty par le grand majordome Néferi déjà men-
tionné. Il les fit copier sur son sarcophage. Voir J.P. Allen, « The Funerary Texts of King Wahkare
Akhtoy on a Middle Kingdom Coffin », dans J.H. Johnson – E.F. Wente (éd.), Studies in Honor of George
R. Hughes, January 12, 1977 (SAOC 39), 1977, p. 1-29.
21.  Dans la description de cette typologie des statues, on utilise la paraphrase « assise à terre de
manière asymétrique » en français (par exemple O. Perdu, op. cit., p. 89), « asymmetric squatting pose »
en anglais (par exemple, J.A. Josephson  –  M. M.  Eldamaty, Statues of the XXVth and XXVIth Dynasties
(CGC 48601-48649), 1999, p. 10) et « asymmetrisch Hockend statue » en allemand (par exemple, K. Jansen-
Winkeln, Inschriften der Spätzeit. Teil III. Die 25. Dynastie, 2009, p. 280 et suivantes). Le papyrus déroulé sur
la jupe et la position soulevée de la jambe gauche empêchent d’écrire – les instruments de scribe ne sont
d’ailleurs pas présents – en laissant au personnage seulement la possibilité de lire et, par conséquent,
de contrôler, prendre des décisions et donner des ordres. Ces caractéristiques font de cette statue
celle d’un fonctionnaire. À ce sujet, il serait intéressant de faire une comparaison entre les person-
nages qui ont choisi de se faire représenter dans cette pose et ceux qui ont préféré l’attitude de scribe.
22.  Un changement de vue est détectable chez M. Ayad, « Gender, Ritual, and Manipulation of Power:
The God’s Wife of Amun (Dynasty 23-26) », dans A. Lohwasser et al. (éd.), Prayer and Power. The God’s Wives
of Amun in Egypt during the 1st Millennium BC, 2016, p. 98, où il est affirmé que les pouvoirs administratifs
de l’État thébain étaient attribués à des membres de l’entourage de la divine adoratrice, ou à des digni-
taires locaux. Bien qu’elle fasse mention de Montouemhat et de Padiamenopé, Ayad évite étrangement
toute référence à Haroua, monument funéraire dans lequel elle travaille depuis presque vingt ans.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  123

même si le nom de cette dernière est souvent inscrit sur ses monuments 23.
Il est probable que le « surintendant du domaine 24 de la divine adoratrice »
n’avait pas l’obligation de soumettre ses propres décisions à l’approbation
de cette dernière et, qu’en tant que grand majordome, Haroua – comme ses
successeurs – ait eu plus de liberté d’action que ce qu’on est enclin à penser 25.
Le fait qu’un lien étroit devait exister entre Haroua et Aménirdis Ire est
attesté par le graffito gravé à Naga’ ech-Cheikh à Assouan où leurs noms
sont associés 26. L’inscription dit « La “Main-du-dieu” Aménirdis, juste-de-
voix, fille du roi Kachta, juste-de-voix (répété deux fois en miroir). Son favori,
son aimé, son serviteur, le majordome Haroua. » Les épithètes qui précèdent
le nom de ce dernier mettent en valeur l’existence d’une certaine affection
entre lui et la divine adoratrice et peut-être que la raison du graffito était
celle d’une dédicace à Amenirdis Ire après sa mort (elle est dite « juste-de-
voix » tout comme son père Kachta). L’endroit se prête bien à une telle dédi-
cace : il s’agit de la limite naturelle entre l’Égypte et la région d’où venait
Aménirdis Ire.
Dans le cadre de cet exposé, le motif qui poussa Haroua à graver cette
inscription a une pertinence secondaire. Plus importante est la proximité
du texte avec la première cataracte : elle suggère que l’influence de Thèbes
s’étendait sur toute la région méridionale et donnait ainsi la même exten-
sion au pouvoir de Haroua. Une confirmation partielle à cette situation vient
de l’inscription gravée sur la statue de Montouemhat qui se trouve au musée
égyptien de Berlin (inv. 17271) 27 ; le fonctionnaire y affirme : « (l. 3) Lorsque
j’étais gouverneur (ḥȝty-ʿ) du nome thébain, l’Égypte méridionale dans sa tota-
lité était sous (l. 4) mon contrôle (litt. « mon siège »). La limite méridionale
atteignait Éléphantine et la septentrionale Hermopolis » 28.

23.  La statue British Museum AE 32555 figure Haroua assis derrière les images de la déesse Isis et
de la divine adoratrice Aménirdis Ire. Il s’agit d’un type de sculpture par lequel le fidèle manifeste sa
piété envers un dieu ou une déesse. Sur l’inscription du côté droit du socle (K. Jansen-Winkeln, op. cit.,
p. 284, 51.38) Haroua se déclare « serviteur » (bȝk) d’Aménirdis Ire qui est nommée « maîtresse » (nb.t).
L’expression ne doit pas être prise à la lettre et n’implique pas nécessairement une dépendance réelle
entre les deux personnages dans l’exercice du pouvoir, à Thèbes. Elle est seulement la démonstration de
la même affection qu’on retrouve sur le graffito de Naga’ ech-Cheikh traité dans le paragraphe suivant.
Statue et graffito utilisent la même phraséologie et sont sûrement postérieurs à la mort d’Aménirdis Ire.
24.  Traduction littérale du titre qu’on a l’habitude de rendre par « grand majordome ».
25.  Sur la possibilité que les grands majordomes de la divine adoratrice aient été les véritables déten-
teurs du pouvoir à Thèbes pendant la XXVIe dynastie, voir G.P.F. Broekman, SAK 41 (2012), p. 113-135.
26.  La publication la plus récente de l’inscription est celle de K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 291 (51.45).
27.  Publiée par J. Leclant, Montouemhat quatrième prophète d’Amon, prince de la Ville (BdE 35), 1961,
p. 58-64, doc. 9. L’inscription est aussi dans K. Jansen-Winkeln, op. cit., p. 459-460 (52.203).
28.  Ibid., p. 460 (5-6).

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La question liée à l’extension du pouvoir de Montouemhat a été examinée


il y a longtemps par Leahy 29. Dans son article, il ne remettait pas en question
la limite méridionale, alors qu’il soulignait les difficultés à envisager pareille
extension au Nord. Leahy fondait ses doutes surtout sur la base du cylindre
Rassam (Londres, British Museum 91026) 30, où Montouemhat est cité en tant
que « roi » (akkadien « šarru ») à Thèbes 31, et Nespamedou à Thinis, qui se
trouve au sud d’Hermopolis. Leahy proposait deux solutions possibles : soit
le contrôle exercé par Montouemhat sur le Nord était purement nominal,
soit la situation décrite par le document assyrien était seulement transitoire
et dérivée d’une dispute entre les familles de Montouemhat et Nespamedou
qui, à l’époque, étaient en compétition pour le vizirat de la Haute Égypte 32.
La seconde hypothèse nous semble la plus acceptable, la statue Berlin 17271
et le cylindre Rassam feraient ainsi référence à une situation géopolitique
« photographiée » à deux moments différents.
Indépendamment de l’étendue du territoire contrôlé, la mention de
Montouemhat sur le cylindre Rassam est une preuve objective de son pou-
voir à Thèbes. Le terme akkadien šarru, signifie d’après Leahy « petty king,
tribal chief » dans le cas des gouvernants étrangers 33 et reprend ainsi le sens
sumérien original 34. Il est indéniable que, dans pareil contexte, šarru trouve
une exacte correspondance avec le wr wr.w de Haroua. Ce dernier est le titre
que les Égyptiens utilisaient pour les « nicht-ägyptischen Fürsten » 35 à partir au
moins du Nouvel Empire et sa traduction par šarru en akkadien est attestée
au moins à partir du traité entre Ramsès II et Hattusili III 36. Dans sa note
récente, Erhart Graefe affirme que l’utilisation de ce terme pour Haroua doit
être attribuée à une « „archaisierende“ Wiederaufnahme » de l’épithète qui
était fréquemment utilisée par les nobles égyptiens du Moyen Empire, sans
donner d’explication supplémentaire 37. Grand connaisseur de cette période,
il a certainement raison de trouver des traits archaïsants dans la graphie
de l’expression ; d’ailleurs, le pluriel obtenu par répétition de trois signes

29.  A. Leahy, « Nespamedu, “King” of Thinis », GM 35 (1979), p. 31-39.


30.  H. Winckler , Sammlung von Keilschrifttexten. Die Keilschrifttexte Assurbanipals III. 1. Lieferung. Bogen 1-5.
Prisma R. M.1. Bruchstücke von B. K 1732, 1895.
31.  Ibid., pl. IV (l. 109).
32.  A. Leahy, op. cit., p. 35.
33.  E. Reiner et al., The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago. Vol. 17.1:
Š, 1989, p. 78.1.
34.  Même si on le lisait šarru, le mot continuait à être écrit en utilisant l’orthographie sumérienne
LUGAL dérivé de l’union des deux pictogrammes qui donnent la locution « grand homme ».
35.  Wb I, 329.16.
36.  Wb I, 329.18.
37.  E. Graefe , GM 257 (2019), p. 6. En alternative, Graefe affirme que l’expression pourrait appartenir
à un « inventaire » du Livre pour Sortir au Jour de l’élite, là encore sans justifier cette affirmation.

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hiéroglyphiques est en effet en accord avec une écriture « à la façon de


l’Ancien Empire » 38. Cependant, Graefe n’amène pas de preuves concrètes
qui permettraient de priver ce titre d’une correspondance avec la réalité
factuelle et, de plus, sa théorie se trouve en contradiction visuelle avec les
insignes du pouvoir que la figurine tient dans ses mains.
Il est indéniable qu’entre le wr wr.w de Haroua et le šarru de Montouemhat
existe une correspondance presque parfaite. La différence, comme je l’ai
évoqué plus haut, réside dans la valeur en tant que preuve dans un contexte
d’étude historique. En ce qui concerne Montouemhat, le titre se trouve sur
un document de chancellerie royale assyrienne (évidence objective) ; dans
le cas de Haroua le titre est gravé sur une figurine funéraire dont la produc-
tion dérive d’une volonté du commanditaire (évidence subjective). Hors du
contexte du dossier de Haroua, la figurine funéraire MAIL 1997 R 200 n’aurait
pas de valeur du point de vue historique. Elle confirme cependant (et avec elle
au moins les deux autres figurines tenant les insignes du pouvoir) les données
objectives évoquées plus haut, aux points 1-3.
Il faut aussi considérer que si Haroua est le seul parmi des milliers de par-
ticuliers à posséder trois figurines de ce type, ce fait constitue une anomalie
qui acquiert un poids sémantique significatif. Intégré aux éléments des points
1-3, cela suggère que Haroua pouvait être le véritable chef de l’administra-
tion thébaine. Il est indéniable que s’il s’arrogea le droit de mettre entre les
mains de ses figurines funéraires les insignes du pouvoir, il avait au moins la
prétention de considérer qu’il en avait le droit.

Avant que les fouilles de son cénotaphe ne commencent, malgré les études
qu’on lui avait déjà dédiées, l’importance de Haroua était sous-estimée et,
même si on lui reconnaissait d’avoir été « le plus célèbre des grands major-
domes (mr pr wr) des divines adoratrices Amenirdis I et Chepenoupet » 39,
on le reléguait au simple rôle d’exécuteur des ordres de ces femmes qui, au
moins à partir de Chépénoupet Ire, étaient identifiées comme les véritables
détentrices du pouvoir sur la Haute Égypte 40.

38.  R.O. Faulkner , The plural and dual in old Egyptian, 1929, p. 8-10.
39.  H. De Meulenaere , LÄ II, 1977, col. 1021-1022. La situation change avec T. Wilkinson, Lives of the
Ancient Egyptians Pharaohs, Queens, Courtiers and Commoners, 2007, p. 291, qui prend en considération les
résultats des premières fouilles et décrit Haroua comme « politically the most influential person in
Thebes, responsible for a territory stretching from Middle Egypt to the First Cataract ».
40.  À ce sujet, il suffit de lire ce que dit la notice du Lexikon der Ägyptologie (M. Gitton – J. Leclant, LÄ II,
1977, col. 800) : « … la divine adoratrice, femme d’Amon, devint un véritable souverain de la région
thébaine et reçut les différents privilèges des Pharaons ; plus que des reines, les é.d. [épouses du dieu]
furent alors de véritables rois. »

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Ce qu’on connaît sur Montouemhat dément clairement cette situation,


car dans son cas la séparation entre les compétences religieuses de la divine
adoratrice et les compétences administratives du quatrième prophète d’Amon
est bien évidente. Sur la base des similitudes qui existent entre Montouemhat
et Haroua (points 1-2 supra) la même situation peut être envisagée pour ce der-
nier. Ou alors il faudrait trouver un autre personnage qui détenait la même po-
sition que Montouemhat à l’époque de Haroua. L’alternative serait d’envisager
une évolution dans la situation politique entre la période de notre personnage
et celle de Montouemhat, changement qui aurait impliqué une dévalorisation
du rôle de la divine adoratrice entre le premier et le second. Malheureusement,
il n’y a aucune trace qui puisse confirmer l’une ou l’autre de ces hypothèses.
Tout cela entraîne une autre considération. À savoir que la gestion du
pouvoir à Thèbes n’était pas liée à un titre spécifique. Un indice en faveur de
cette idée est qu’Akhimenrou, successeur de Haroua en tant que grand major-
dome de la divine adoratrice, n’avait pas autant d’influence. La chose est bien
démontrée par le fait que, au lieu de se faire préparer un monument funéraire
indépendant, il choisit de réutiliser la partie septentrionale inachevée du
cénotaphe de son prédécesseur. Le fait qu’Akhimenrou se soit contenté d’une
« structure parasite » est la preuve évidente que son pouvoir était limité.
Le fait qu’il succéda à Haroua rend aussi indéniable sa contemporanéité
avec Montouemhat. Puisqu’il n’y a pas de doutes que ce dernier était le gou-
verneur de Thèbes, on peut en tirer la conclusion que l’exercice du pouvoir
n’était nécessairement lié ni à la fonction de grand majordome de la divine
adoratrice ni à un autre titre spécifique 41.
Il se peut aussi que la position de grand majordome soit restée vacante
pour une certaine période. Contrairement à ce que De Meulenaere écrit dans
le Lexikon der Ägyptologie (voir le paragraphe précédent), il n’y a pas de preuve
que Haroua ait aussi exercé cette fonction sous Chépénoupet II. Il est bien
possible qu’il ait gardé son titre de façon honorifique et que, seulement à sa
mort, Akhimenrou ait été nommé à sa place. Ce dernier aurait été entre-temps
désigné par le titre ἰmy-ḫnt, qu’on rend normalement par « chambellan » mais
qui, en le traduisant de façon littérale (« celui qui se trouve dans le devant/
dehors »), possède une nuance d’attente qui s’applique bien à la situation. Il
semble aussi qu’être ἰmy-ḫnt devait correspondre au premier échelon dans
la carrière de grand majordome. Ainsi s’expliquerait l’existence de statues
de Akhimenrou où il est mentionné seulement avec le titre de ἰmy-ḫnt. Elles
documenteraient une progression dans sa carrière 42 qui trouve un parallèle

41.  Possibilité aussi évoquée par A. Leahy, op. cit., p. 34.


42.  En suivant une théorie proposée par J. Leclant (JNES 13 [1954], p. 154-155), O. Perdu (op. cit., p. 150)

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aussi chez Haroua. Sur le groupe statuaire Le Caire JE 37377, où ce dernier


est représenté entre son père Padimout et sa mère Nestaouret, son nom est
précédé seulement par l’appellation ἰmy-ḫnt rḫ-nsw 43. De plus, le style de
la sculpture correspond totalement au canon artistique du Moyen Empire.
Cette correspondance presque parfaite ne peut pas être expliquée seulement
sur la base de l’existence d’une veine archaïsante à la XXVe dynastie, il faut
plutôt envisager une appropriation d’un monument plus ancien. L’idée est
renforcée par l’exécution hâtive des inscriptions hiéroglyphiques qui trahit
un ajout postérieur 44. La présence des images des parents, l’appropriation
(due peut-être à des moyens limités pour se faire préparer un mo­nument
original) et l’absence de titres plus importants indiqueraient que le groupe
statuaire appartient à la période initiale de la carrière de Haroua, lorsqu’il
était seulement ἰmy-ḫnt. Un avancement de carrière de ἰmy-ḫnt à mr-pr-wr a
été également supposé pour Pabasa 45.

L’absence d’un titre spécifique pour désigner le gérant du pouvoir


à Thèbes devait être commune au reste de l’Égypte, puisque le titre šarru
du cylindre Rassam se trouve correspondre à nsw dans deux cas (Necho et
Padibastet) et à ḥȝty-ʿ dans deux autres (Bakennefi de Athribis et Pakruru
de Pisopdou) 46. La situation politique confuse de l’Égypte de l’époque devait
aussi être perçue par les Nubiens, c’est en tout cas ce que montre le fragment
de stèle en grès attribué à Piânkhy (les cartouches et l’image du roi ont été
effacés), trouvé dans le temple B 501 du Gebel Barkal et aujourd’hui conservé
au musée national du Soudan à Khartoum (Inv. 1851).
Le centre de la scène est occupé par l’image de Amon-Nebnesoutaouy
assis sur un trône. Il présente la couronne rouge et la calotte-sedenou au roi.
propose l’existence de deux Akhimenrou, le premier chambellan (ἰmy-ḫnt) et le deuxième grand
majordome (mr pr wr) de la divine adoratrice Chépénoupet. Tous les deux seraient fils d’une dame
Mereskhonsou. Le père du premier reste inconnu, celui du second s’appelait Pekiry. De là, O. Perdu
parvient à identifier le premier Akhimenrou avec le fils de Pahérysedjem, propriétaire de la stèle musée
du Caire JE 44268 (H. De Meulenaere – M. P. Vanlathem, REAC 10 [2008], p. 35-40) qui porte lui aussi le
titre de ἰmy-ḫnt. Son hypothèse s’appuie surtout sur des considérations d’ordre stylistique qui cepen-
dant fonctionnent aussi en envisageant une exécution des monuments à deux périodes différentes. Il
serait pourtant plus vraisemblable de dire qu’il n’y a qu’un seul personnage mentionné à deux reprises
avec la même mère, plutôt que deux individus avec deux titres différents.
43.  Pour l’inscription, voir maintenant Jansen-Winkeln, 2009, p. 280 (51.33). Les photos du groupe sta-
tuaire se trouvent dans la base de données accessible via le site de l’ifao (https://www.ifao.egnet.net/
bases/cachette/ck362).
44.  Pour l’appropriation d’une statue de la XVIIIe dynastie à la Troisième Période intermédiaire de la
part du grand prêtre Chedsounéfertoum, voir K. Jansen-Winkeln, SAK 35 (2006), p. 125.
45.  Voir G. Vittmann, Priester und Beamte im Theben der Spätzeit. Genealogische und prosopographische
Untersuchungen zum thebanischen Priester- und Beamtentum der 25. und 26. Dynastie, 1978, p. 101-102.
46.  A. Leahy, op. cit., p. 34.

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Derrière ce dernier se trouve un texte qui occupe toute la partie droite de la


lunette. Il s’agit d’un discours que le roi adresse au dieu :
(l. 17) ḏd=f dἰ n=ἰ ἰmn np.t
(l. 18) ἰr ḥqȝ n ḫȝs.t nb(.t) pȝ-nty tw=ἰ ḏd n=f ntk wr ἰw=f ἰr wr pȝ-nty tw=ἰ
(l. 19) ḏd n(=f) bn ntk wr ἰn b(w) ἰr=f ἰr wr dἰ n=ἰ ἰmn m wȝs.t ἰr ḥqȝ n km.t pȝ-nty tw=ἰ
(l. 20) ḏd n=f ἰr ḫʿ ἰr=f ḫʿ pȝ-nty tw=ἰ ḏd n=f m-ἰr ḫʿ b(w) ἰr=f ḫʿ pȝ-nty
(l. 21) tw dἰ=ἰ ḥr=ἰ ἰr=f nb mn kἰ nḫf pȝy=f dmἰ ἰw-
(l. 22) bn sw m ḏr.t=ἰ ἰn nṯr.w ἰr=w nsw rmṯ ἰr=w nsw
(l. 23) ἰn ἰmn ἰr=ἰ pȝ-nty bwpw nȝ ḥȝty.w ἰr=f ἰn.w n wr-ḥkȝ.t
(l. 24) […]
(l. 17) « C’est Amon de Napata qui m’a donné de (l. 18) gouverner (ἰr-ḥqȝ n ;
litt. “faire le gouverneur de”) chaque terre 47. Celui auquel j’ai dit : “Tu
seras chef (wr) !”, il est devenu chef (ἰr wr ; litt. “faire le chef ”). Celui auquel
(l. 19) j’ai dit : “Tu ne seras pas chef (wr) !”, il n’est pas devenu chef (wr).
C’est Amon de Thèbes qui m’a donné de gouverner l’Égypte (ἰr-ḥqȝ n ; litt. “faire
le gouverneur de”). Celui auquel (l. 20) j’ai dit : [“Tu apparaîtras en gloire (ḫʿ) !”,
il est apparu en gloire (ḫʿ). Ce]lui auquel j’ai dit : “Tu n’apparaîtras pas en
gloire (ḫʿ) !”, il n’est pas apparu en gloire (ḫʿ). (l. 21) Il n’y a pas moyen de
détruire la ville de celui sur lequel je pose (litt. “je donne”) mon regard (l. 22)
même si je ne suis pas dans les alentours (litt. “dans ma main”). Les dieux
peuvent faire un roi (nsw) et les gens peuvent faire un roi (nsw). (l. 23) Moi, c’est
Amon qui m’a fait ! Celui parmi les princes (ḥȝty.w) qui ne me rend pas hom-
mage (litt. “apporter des tributs”), c’est la Grande-de-magie (l. 24) que […] 48. »
Avec ce discours, Piânkhy veut annoncer sa souveraineté presque univer-
selle et proclamer sa légitimité à travers un choix très soigneux de termes
liés à l’exercice du pouvoir : il est le gouverneur (ḥqȝ), les autres sont seule-
ment des rois (nsw). Il est intéressant de remarquer que la valeur de ces deux
mots se trouve ici inversée. Le terme ḥqȝ est générique et en cela il possède
une nuance indéfinie qui lui attribue une supériorité sur nsw, normalement
employé pour le souverain égyptien, qui est spécifique, et par conséquent
utilisé ici pour exprimer un pouvoir plus limité. À la fin du texte, malheureu-
sement mutilé, Piânkhy utilise le terme « princes » (ḥȝty.w) en lui donnant
une valeur négative. Les ḥȝty.w qui ne paient pas de tribut au ḥqȝ se trouvent

47.  L’utilisation du terme ḫȝs.t répond à une vision du monde égypto-centrique selon laquelle toutes
les terres hors d’Égypte étaient « étrangères ». Cette nuance est ici hors de propos étant donné que
l’auteur du texte est étranger. Le choix du terme peut cependant correspondre à une habitude du scribe
et il en révélerait l’origine égyptienne.
48.  G.A. Reisner , ZÄS 66 (1931), p. 92. Maintenant, K. Jansen-Winkeln, Inschriften der Spätzeit. Teil II.
Die 22.-24. Dynastie, 2007, p. 350.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  129

hors de sa sphère d’influence, situation qui rend nécessaire l’intervention de


la Grande-de-magie.
L’aspect le plus intéressant de cette inscription est pourtant la façon dont
Piânkhy exerce sa prérogative à nommer d’autres gouverneurs. Cette faculté
lui vient de l’Amon de Napata et de l’Amon de Thèbes. Le premier lui attribue
le pouvoir sur la Nubie (symbolisé dans l’image par la calotte-sedenou49), le
second sur l’Égypte (symbolisé par la couronne rouge). Les deux dieux lui
attribuent aussi la faculté de choisir et de nommer d’autres personnages dont
la fonction est celle de l’aider dans la gestion de l’immense territoire sous
son contrôle. Dans sa terre d’origine, Piânkhy désigne ou ne désigne pas des
chefs (wr) ; en Égypte, il arrive seulement à installer ou à ne pas installer (litt.
« apparaître en gloire », ḫꜤ) des personnes.
Il est évident que l’auteur de la stèle se trouve confronté à la même
impasse que celui du cylindre Rassam. Se trouvant à décrire la situation poli-
tique d’un pays fragmenté où ceux qui commandaient portent des titres dif-
férents, les Assyriens choisirent de rassembler les gouverneurs sous le terme
générique de šarru ; les Nubiens évitèrent ce problème avec une tournure qui
ne faisait pas référence à une fonction spécifique.
La coexistence de plusieurs titres pour désigner les détenteurs du pouvoir
en Égypte, explicitée de deux façons différentes par les textes assyriens et
nubiens, justifie aussi l’absence d’une qualification semblable pour les admi-
nistrateurs de l’État thébain pour le compte des rois de la XXVe dynastie.
À savoir : Haroua et Montouemhat.
Si l’on admet que Haroua et Montouemhat étaient détenteurs du pouvoir
à Thèbes, il reste à trouver les motivations qui conduisirent à les choisir.
Si pour le deuxième, il peut s’agir d’une « affaire de famille », étant donné que
ces ancêtres comptaient parmi les notables de la ville, la chose n’est pas évi-
dente pour le premier qui apparaît comme un véritable parvenu. De son père
Padimout et de son grand-père Ankhefenamon, seuls les noms sont connus et
cela vaut aussi pour son frère Padimaât, ses fils Padimout et Padimaât, sa fille
Meritamon et son neveu Haroua 50. Même s’il ne fournit pas de connaissances
nouvelles au sujet de la famille de Haroua, un passage du texte gravé sur le

49.  J. Revez , MSG 25 (2014), p. 217.


50.  Les noms du frère et du neveu sont lisibles sur la paroi nord de l’entrée dans la partie souter-
raine du cénotaphe de Haroua. Les représentations des fils sont gravées sur l’architrave de la porte
d’une des pièces secondaires qui s’ouvrent le long de la paroi nord de la première salle hypostyle.
La dame Méritamon, dont le sarcophage se trouve aujourd’hui au musée de Padoue (Museo Civico degli
Eremitani, inv. n. 141), est fille du ḥȝty-ʿ rpʿ Haroua. En l’absence d’un autre personnage avec les mêmes
titres, il est impossible d’identifier le père de Méritamon avec un autre que le grand majordome de
la divine adoratrice, même si le souhait exprimé par G. Vittmann, MSGB 18 (2007), p. 146, n. 35, reste
tout à fait légitime.

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côté gauche de la statue Louvre A 84 semblerait expliquer les démarches qui
permirent à Haroua d’occuper une position prééminente au sommet de l’État
thébain 51 :
(l. 4) ḥȝ-r-wȝ zȝ zš pȝ-dἰ-mwt mȝꜤ-ḫrw ḏd=f ḏd=ἰ n=ṯn ἰw=w n m-ḫt mȝwἰ m ḥḥ n
(l. 5) rnp.wt swr wἰ ḥnw.t=ἰ m ḥwn nḏs sḫnt=s s.t=ἰ m wḏḥ ἰw
(l. 6) ḥb.n wj nsw m nḫn sṯnἰ wἰ ḥr nb tȝ.wy pn ἰr wp.t nb ḥb
(l. 7) .n wἰ ḥm=sn r=s ἰr.n(=ἰ) s.t n bw mȝʿ n zp ḏd(=ἰ) grg ἰm
« (l. 4) Haroua, fils du scribe Padimout, juste-de-voix, il dit : “ Je m’adresse
à vous ! À ceux qui viendront après, à ceux qui seront nouveaux dans des
millions (l. 5) d’années. Ma souveraine m’a rendu grand lorsque j’étais un
‘petit jeune’ et elle m’a promu lorsque j’étais un garçon, (l. 6) tandis que le
roi m’avait introduit quand j’étais encore un enfant et que cet Horus maître
des Deux-Terres m’avait distingué parmi toute la foule. (l. 7) Leurs Majestés
m’ont introduit à cela. Cette chose a été faite véritablement et il n’a pas été
dit de mensonge à ce sujet”. »
Après une formule d’appel à ceux qui vivront dans le futur (c’est-à-dire
à nous aussi !) le texte est une narration rétrospective dont la scansion tem-
porelle est donnée par les termes indiquant l’âge de Haroua. On a ainsi la
séquence à rebours ḥwn nḏs (« petit jeune ») 52, wḏḥ (« garçon ») 53 et nḫn
(« enfant ») 54. Cette formulation puise son inspiration dans les inscriptions
royales dans lesquelles pareille narration constitue souvent l’incipit du
texte. C’est le récit classique de l’avènement au pouvoir du roi avec lequel on
affirme qu’il est prédestiné à régner, avant même sa naissance. On confirme
sa légitimité à travers le choix que le dieu a effectué quand le souverain était
encore enfant et on atteint le climax avec l’intronisation du souverain. Placer
le début de l’histoire avant la naissance permet de proclamer la légitimité
du roi au pouvoir par une emphase. Haroua ne peut se vanter d’aucun droit
dynastique et l’on exagère alors en plaçant le début de sa carrière dans sa

51.  La dernière publication du texte se trouve dans O. Perdu, op. cit., p. 88. Malheureusement, sa tra-
duction, même si correcte dans ses grandes lignes, accorde peu d’attention aux nuances d’âge qu’il
faut attacher aux termes utilisés. Elle manque ainsi de relever la correspondance avec les faits énoncés
qui, même dans le style typique d’exagération de toutes les autobiographies, semblerait décrire une
situation vraisemblable. L’importance de ce passage est remarquée par C. Koch, “ Die den Amun mit
ihrer Stimme Zufriedenstellen”: Gottesgemahlinnen und Musikerinnen im thebanischen Amunstaat von 22. Bis
zur 26. Dynastie, 2012, p. 76.
52.  L’expression est un hapax (Wb III, 52.6), peut-être créée par l’auteur du texte pour donner une tona-
lité de jeunesse à un terme qui indique une personne ayant plus de trente ans (R. Hannig, Ägyptisches
Wörterbuch II: Mittleres Reich und Zweite Zwischenzeit, 2006, p. 1638 {20015}).
53.  Plus précisément « entwöhntes Kind » (ibid., p. 774 {9167}) qu’on peut rendre par « enfant sevré ».
54. « Kleine Kind, klein-kind, Baby (das gesäugt wird, in den Windeln liegt) » (ibid., p. 1322 {16268}).

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  131

petite enfance. Sa promotion acquiert ainsi une nuance de prédestination


qui le met à l’abri de toute critique.
Si on redonne au passage sa suite temporelle correcte, on obtient la suc-
cession suivante des événements :
1) L’Horus maître des Deux-Terres distingue Haroua parmi la foule ;
2) le roi l’introduit ;
3) la souveraine le promeut et
4) le rend grand.
La carrière du fonctionnaire se trouve ainsi répartie en quatre étapes
fondamentales. Il y a tout d’abord à remarquer un petit piège linguistique.
On aurait envie de considérer « cet Horus maître des Deux-Terres » et « roi »
comme des synonymes. Une telle interprétation est pourtant rendue impos-
sible par la première phrase où les deux actions ont le même sujet. De plus,
si les deux termes de la deuxième phrase devaient être considérés comme
synonymes, leur ordre aurait dû être inversé, du plus spécifique au général.
Or c’est ici le contraire, on mentionne d’abord nsw qui vaut pour n’importe
quel roi d’Égypte puis ḥr nb tȝ.wy pn qui est plus spécifique. La confrontation
des termes est identique à celle qu’on trouve sur Khartoum 1851, mais ici nsw
acquiert une valeur plus générale.
Dans ce passage, on a ainsi la description de quatre actions exécutées par
trois sujets différents. La ḥnw.t=ἰ (« Ma souveraine ») est sûrement la divine
adoratrice dont Haroua était le grand majordome. Le ḥr nb tȝ.wy pn (« cet
Horus maître des Deux-Terres ») est à identifier avec le souverain nubien.
Ici les « Deux-Terres » doivent être considérées comme étant l’Égypte et
Kouch, symbolisées par le double uræus sur la couronne des pharaons de
la XXVe dynastie, dans une vision du monde où la première assume la place
de la Basse Égypte et la seconde celle de la Haute Égypte. Il reste à définir
l’identité du nsw qui doit nécessairement être un autre personnage. Puisqu’il
s’agit ici d’une inscription égyptienne, le terme est sans aucun doute utilisé
en pleine connaissance de son sens. Une première solution serait de cher-
cher ce nsw parmi l’un des personnages portant le même titre et mentionnés
par les sources égyptiennes. Une seconde serait d’envisager l’existence d’un
administrateur à Thèbes à l’instar de Montouemhat dans la période suivante.
Le texte de la statue Louvre A 84 donne ainsi une brève description des
étapes principales de la carrière de Haroua. La première est la nomination
effectuée par le nsw que suit une ratification par le ḥr nb tȝ.wy pn. Il y a ensuite
une promotion (sḫnt) et une deuxième nomination (swr), deux décisions
prises par la divine adoratrice. Il faut noter que pour énoncer ces dernières
étapes on utilise des verbes qui trouvent une exacte correspondance avec
deux titres de Haroua : sḫnt = ἰmy ḫnt et swr = wr wr.w ou bien ἰmy-pr wr. Cette

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correspondance ne fait rien d’autre que renforcer l’idée, énoncée plus haut,
que la première fonction devrait correspondre au premier grade dans la car-
rière du grand majordome de la divine adoratrice.
La nomination de Haroua comme grand majordome de la divine adora-
trice semblerait ainsi dériver de la volonté de trois personnes : l’Horus maître
des Deux-Terres, un roi et la divine adoratrice. Il est donc évident qu’il était
un véritable parvenu ayant acquis un très important statut grâce à l’adora-
trice, mais avec le consentement du pharaon nubien et le choix initial d’un
roi 55. Il est bien possible que Haroua ait ensuite exercé cette dernière fonction
avant de la transmettre à Montouemhat.
Un tel mécanisme de gestion du pouvoir aurait répondu au besoin d’avoir
à Thèbes un gouverneur désigné par le pharaon, choisi en fonction de ses
capacités et non à cause de l’importance et de l’influence de sa famille. Un tel
système pouvait éviter ce qui s’était souvent déroulé dans le passé, lorsque la
transmission du pouvoir de père en fils avait produit de vraies rivalités face
au pouvoir royal.
Dans le cas de Haroua, il est probable que sa carrière l’amena d’abord à
devenir le personnage le plus important dans l’entourage de la divine adora-
trice et, seulement dans un second temps, à être nommé administrateur de
l’État thébain. Ce changement de statut n’aurait pas correspondu à l’acquisi-
tion d’un nouveau titre. Un tel exemple trouve un écho dans l’Égypte contem-
poraine où l’on utilise moudir/a (« directeur / directrice ») pour désigner une
personne avec du pouvoir sans que nécessairement cette appellation soit
ajoutée aux documents officiels 56. Le titre nsw, auquel les textes contempo-
rains attribuent une valeur soit spécifique soit générique, peut avoir eu le
même emploi, mais il est aussi envisageable qu’à sa place aient été utilisés
d’autres titres comme wr wr.w, qui exprimait le même concept tout en possé-
dant une nuance archaïsante. L’Égypte moderne vient à notre secours dans ce
cas aussi, avec l’usage de termes tirés de l’administration turque (Bey, Effendi
et Basha) pour s’adresser à des personnes qui ont du pouvoir.
Enfin, il est possible que pendant la XXVe dynastie (et peut-être même
avant), n’importe quel fonctionnaire ait pu détenir le pouvoir administratif
à Thèbes et qu’il n’y ait pas eu de véritable moyen d’identifier cette fonction
à travers les titres. Seules des évidences matérielles et objectives, comme la
taille des monuments (ceux de Montouemhat et de Haroua, par exemple) et
la mention dans des documents officiels – produits par ceux qui se trouvaient

55.  Il faudrait identifier ici le nsw avec un personnage qui avait la possibilité de gérer les affaires de
l’État thébain sous le contrôle du pharaon.
56.  Lorsque nous signons les autorisations avec le Service des Antiquités, nos noms sont précédés par
« docteur » ou bien « professeur » ; sur la fouille, les ouvriers nous appellent moudir.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  133

hors du contexte thébain (cylindre Rassam) – permettraient d’identifier ce


rôle. Cela implique que Nesptah B ne succéda pas à Montouemhat, comme il
a été récemment suggéré 57, mais que ce fut Padiamenopé.
De ce dernier, on connaît au moins douze statues 58 et son monument
funéraire dépasse en taille ceux de Haroua et de Montouemhat. L’absence
d’une appellation spécifique pour indiquer le détenteur du pouvoir à Thèbes
expliquerait très bien le fait que Padiamenopé, comme Haroua, ait continué
à utiliser « prêtre-lecteur-en-chef » (ẖry-ḥb ḥry-tp) sans ressentir le besoin
de s’arroger un autre titre. Padiamenopé n’est d’ailleurs pas le premier
« prêtre-lecteur-en-chef » auquel les documents attribuent une certaine
responsabilité sur Thèbes.

Sur la stèle de la Victoire de Piânkhy, le « Prêtre-lecteur-en-chef »


Padiamonnebnesoutaouy et le général Nubien Pouarma sont envoyés
pour négocier les termes de la soumission de Tefnakht 59. Ce Padiamon-
nebnesoutaouy pourrait très bien être identifié au troisième prophète
d’Amon-Rê et prêtre-lecteur-en-chef Padiamonnebnesoutaouy mentionné
sur le mobilier funéraire d’une certaine Gaoutsechen 60 en tant que grand-
père maternel de la propriétaire. Ce rapprochement a déjà été proposé par
G. Vittmann 61 qui plaçait Padiamonnebnesoutaouy A/B 62 dans le dernier
quart du viiie siècle av. J.-C. La datation rendrait encore plus vraisemblable
que les deux Padiamonnebnesoutaouy soient un seul et même personnage

57.  G.P.F. Broekman, op. cit., p. 116.


58.  O. Perdu, op. cit., p. 124-125. Sur la base d’une similitude entre les statues de Montouemhat et celles
de Padiamenopé, il suggère que les deux personnages étaient contemporains. Malgré tout, on ne peut
envisager que les deux tombes aient été construites au même moment. Il s’agit de travaux qui exigent
des ressources économiques considérables, et il est difficile d’imaginer qu’un particulier puisse y accé-
der sans diriger l’administration de l’État.
59.  N. Grimal , La Stèle triomphale de Piânkhy au Musée du Caire : JE 48862 et 47086-47089 (Études sur la pro-
pagande royale égyptienne) (MIFAO 105), 1981, p. 170, 47*. L’auteur (p. 147, n. 515) voit dans la présence
d’un militaire et d’un prêtre les représentants des pouvoirs temporel et religieux. Bien que cela soit
possible, il est plus vraisemblable de penser que les deux personnages s’étaient rendus chez Tefnakht
en tant que représentants du royaume de Nubie et de l’État thébain.
60.  De Gaoutsechen, on connaît un ensemble de sarcophages (anthropoïde interne : Copenhague,
Ny Carlsberg Glyptotek 1522, M. Jørgensen, Ny Carlsberg Glyptotek. Catalogue Egypt III. Coffins, Mummy
Adornments and Mummies from the Third Intermediate, Late, Ptolemaic and the Roman Periods [1080 BC - AD 400],
2001, p. 204-241 ; anthropoïde externe : musée égyptien du Caire, CG 41063, H. Gauthier , Cercueils
anthropoïdes de prêtres de Montou [CGC Nos  41042-41072], 1913, p. 404-407 ; cercueil en forme de cha-
pelle : musée égyptien du Caire, CG 41018, A. Moret, Sarcophages de l’Époque Bubastite à l’Époque Saïte
[CGC Nos 41001-41041], 1913, p. 187-194) et une stèle (Seattle Art Museum Eg. 32.1 = 48.223, G. Vittmann,
WZKM 70 [1978], p. 5-9).
61.  G. Vittmann , Priester und Beamte im Theben der Spätzeit. Genealogische und prosopographische
Untersuchungen zum thebanischen Priester- und Beamtentum der 25. und 26. Dynastie, 1978, p. 87.
62.  K.A. Kitchen, The Third Intermediate Period in Egypt (1100-650BC), 1986, §§ 482, 487, 517 Table *12:13.

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– dont l’importance est aussi marquée par le fait que Gaoutsechen tient à le
citer sur son mobilier funéraire même s’il était seulement le père de sa mère.
Padiamonnebnesoutaouy serait très bien placé pour être identifié au nsw
mentionné par Haroua dans le texte sur la statue Louvre A 84. On ne connaît
de lui aucun monument, mais cela peut s’expliquer par les hasards de la
recherche archéologique ou par le fait que Thèbes ne connaissait pas encore
la prospérité que lui procura la consolidation du pouvoir kouchite en Égypte.
Il a été récemment affirmé que Thèbes devait déjà être sous l’influence des
rois nubiens au moment de la campagne de Piânkhy en Égypte 63 et on a écrit
que le pouvoir politique était détenu par les divines adoratrices à partir des
derniers rois libyens 64. À la lumière de ce qu’on vient de dire, il semblerait plus
correct d’envisager que ces dernières détenaient le pouvoir religieux et avaient
seulement la possibilité d’exercer un contrôle sur les gouverneurs à Thèbes 65.
Ceux-ci étaient des fonctionnaires autochtones désignés pour cette tâche par
le pharaon, le nsw (celui qui était déjà en charge) et la divine adoratrice.

Entre la moitié du viiie et la deuxième moitié du viie siècle av. J.-C. on aurait


ainsi Padiamonnebnesoutaouy, Haroua, Montouemhat et Padiamenopé au
plus haut niveau de l’administration thébaine. La splendeur et les dimen-
sions des monuments funéraires des trois derniers montrent la richesse de
Thèbes à cette époque. Pour des raisons difficiles à comprendre, mais qui
doivent être liées à la défaite des Nubiens par les Assyriens, la XXVIe dynastie
généra un appauvrissement des régions du sud du pays. Les successeurs de
Padiamenopé ne furent plus en mesure de disposer d’importantes ressources
financières. Il paraît clair qu’après ce dernier, le pouvoir passa aux mains de
grands majordomes des divines adoratrices et que cette charge vint à cor-
respondre à la fonction de gouverneur de Thèbes jusqu’à la fin de la période
saïte. Les monuments funéraires de ces fonctionnaires, même s’ils ont des
dimensions remarquables, ne peuvent pourtant être comparés à ceux de leurs
prédécesseurs.

63.  Fr. Payraudeau, GM 198 (2004), p. 89 et R. Meffre , « Political Changes in Thebes during Late Libyan
Period and the Relationship between Local Rulers and Thebes », dans A. Lohwasser et al. (éd.), Prayer
and Power. The God’s Wives of Amun in Egypt during the 1st Millennium BC, 2016, p. 47-60.
64.  Ibid., p. 51.
65.  Dans le texte de la statue Louvre A 84, la ratification de la nomination de Haroua par Aménirdis Ire
est une condition nécessaire pour atteindre le sommet de l’administration thébaine.

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Le rôle de Haroua, grand majordome de la divine adoratrice |  135

Société d’étude sur l’Égypte ancienne


SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ÉGYPTOLOGIE

Les fondateurs de cette société savante, créée à Paris en 1923 par les égypto­
logues du moment, ont eu dès sa création le souci de « grouper les égypto­
logues et les personnes s’intéressant à l’étude de l'Égypte depuis ses origines jusqu’au
premier siècle de l’Hégire afin de leur permettre d’échanger leurs vues sur toutes
les questions concernant l'Égypte, d’entretenir des rapports tant avec les savants
spécialistes des autres pays qu’avec le public non initié à l’égyptologie et de publier
des travaux relatifs à ses études... » (Statuts 1923, art. Ier).

À une époque où l’on parle beaucoup et souvent de l’Égypte ancienne, les scienti­
fiques ont à cœur de bien informer un public de passionnés que reportages et
publications multiples rendent chaque jour plus complexes.
C’est pourquoi la SFE organise trois rencontres par an au cours desquelles des

spécialistes français et étrangers présentent les recherches en cours et les décou­
vertes de l’égyptologie. Selon l’actualité, la Société propose aussi à ses adhérents des
visites d’expositions et de musées consacrés à la civilisation égyptienne.

Retrouvez­nous sur notre site internet


www.sfe­egyptologie.fr, sur twiter et facebook

Collège de France — Place Marcelin Berthelot, 75231 PARIS CEDEX 05

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publications

n o 2 02
no 202 Octobre 2019 – février 2020

|
O c t obr e 2 019 – f é v r ie r 2 02 0
La Société française d’égyptologie édite
annuellement la Revue d’égypto­logie (RdE),
publication scientifique de renommée
Le Bulletin de la Société française d’égyptologie, qui paraît depuis 1949,
fait le compte rendu des réunions organisées régulièrement par cette
association, et livre le texte complet des communications qui y sont faites
par des chercheurs spécialisés dans les différentes facettes de la recherche

internationale, accueillant des articles


en égyptologie.
Il s’adresse aux personnes qui s’intéressent à l’étude de l’Égypte, de
ses origines à la période copto-byzantine, et les informe sur les derniers
développements des travaux en cours, notamment sur le terrain.

d’égyptologues tant étrangers que français.


Il permet de mettre en relation des professionnels avec un public féru
d’égyptologie, tant en France qu’à l’étranger.

b u l l e t i n d e l a s o c i é t é f r a n ç a i s e d ’é g y p t o l o g i e
De plus, le compte rendu des réunions
organisées par la SFE et le texte complet des
no 202 15,00 €
ISSN : 0037-9379

0 0202
9 770 037 937907

communications paraissent dans le Bulletin


de la Société française d’égyptologie (BSFE).

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Tous les membres sont tenus informés des activités de la SFE et reçoivent
les invitations aux assemblées et aux différentes manifestations organisées
à leur intention, ainsi que le Bulletin de la Société française d’égyptologie (deux
numéros par an). Les membres donateurs et bienfaiteurs reçoivent en plus
la Revue d’égyptologie. Tous les membres se voient attribuer un code personnel
leur permettant de consulter ou de télécharger les anciennes publications mises
en ligne, en version numérique, sur le site internet de la SFE.
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