Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Résumé
REB 511993 France p. 63-75
A. Failler, Le patriarche d'Antioche Athanase Ier Manassès (1157-1170). — Moine de Saint-Jean de Patmos, Athanase
Manassès est l'auteur d'un Éloge de saint Christodule. Il devint patriarche d'Antioche, très probablement en 1157, mais il ne put
gagner son siège qu'en 1165. On a conservé un bref extrait de sa Vie (Sinailicus 482, f. 243), qui est édité dans l'article.
Athanase mourut à Antioche le 29 juin 1170, des suites du tremblement de terre qui secoua la ville ce jour-là.
Failler Albert. Le patriarche d'Antioche Athanase Ier Manassès (1157-1170). In: Revue des études byzantines, tome 51, 1993.
pp. 63-75.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1993_num_51_1_1869
LE PATRIARCHE D'ANTIOCHE
ATHANASE Ier MANASSÈS (1157-1170)
Albert FAILLER
θαυματουργού ... , 31' éd., Athènes 1884, p. 134-162. Sur la vie de Christodule de Patmos
et l'ensemble des textes hagiographiques qui s'y rapportent, voir Éra L. Branousè, Ta
αγιολογικά κείμενα του οσίου Χριστοπούλου, ίδρυτοϋ της εν Πάτμω μονής, Athènes 1966. Chris
todule de Patmos mourut en Eubée en 1093; voir P. Gautier, La date de la mort de
Christodule de Patmos (mercredi 16 mars 1093), BEB 25, 1967, p. 235-238. Ses disciples
ramenèrent son corps à Patmos peu après, et la fête de la translation est célébrée le
21 octobre.
6. Voici le texte grec : Σοι γάρ έσμεν αληθώς, καν ήδη των σων, ούτω δόξαν τοις ένθάδε
σοΐς, άποικιζόμεθα πόρρωθεν (Κ. Boïnès, op. cit., p. 161). Dans la note 3, l'éditeur
commente et interprète ainsi le passage : Και έντεϋθεν δηλοϋται δτι ό 'Αθανάσιος ήν συναρίθ-
μιος τη χορεία της άδελφότητος, και δτι το παρόν Έγκώμιον μακράν της μονής διατριβών έγραψε,
πιθανώς δ' έν Κωνσταντινουπόλει. La phrase semble en effet assez claire pour qu'on puisse
conclure qu'Athanase a déjà quitté le monastère. On trouvera chez Éra L. Branousè
{op. cit., p. 62, avec la note 3) une autre interprétation, qu'il me semble difficile de
soutenir.
7. Voici le texte grec Σάββας ούτος ήν ό άοίδιμος, ό και τήσδε της καθ' ημάς μονής κατά
:
καιρόν προστατεύσας έμπειρικώτατα (Κ. Boïnès, op. cit., p. 154). Dans la note 3, l'éditeur
commente
καθ' δν ypovov
ainsi
έγραψε
le texte
τό εις: Έκ
τόν τούτου
οσιον Έγκώμιον.
βεβαιούμεθα, δτι ό 'Αθανάσιος ήν μέλος της άδελφότητος
Η. ούκ έπιδραμόντες τω πράγματι, άλλα κελευσθέντες και ύπακούσαντες (ibidem, p. 135,
avec la note 3).
66 A. FAILLER
2. L'ÉLECTION PATRIARCALE
9. Sinaiticus 482 (1117), f. 243, lignes 6-19 : cf. J. Darrouzès, Fragments d'un
commentaire canonique anonyme (fin xne-début xme siècle), BEB 24, 1966, p. 31.
10. S. N. Sakkos, Ό πατήρ μου μείζων μού εστίν. Β', "Εριδες και σύνοδοι κατά τον φ'
αιώνα, Thessalonique 1968, ρ. 2051011 (Alhon. Vatopedinus 229, f. 28). Sur le «rouleau»
(είλητάριον) dans lequel est conservée cette mention, voir Begestes, nos 1062-1063.
11. PLP, nos 16586-16600; voir aussi l'article de D. P. Paschalès qui est signalé par
le PLP et dont celui-ci reprend d'ailleurs les maigres informations. Ajoutons que la
forme utilisée dans le Vatopedinus est fautive et qu'il faut suppléer un second sigma.
12. Kinnamos : Bonn, p. 21022-21110. Cf. F. Chalandon, Jean II Comnène (1118-
1143) et Manuel I Comnène (1143-1180), Paris 1912, p. 523.
13. Begestes, nos 1038 (26 janvier 1156) et 1041-1043 (12 et 13 mai 1157).
LE PATRIARCHE d'aNTIOCHE ATHANASE Ier 67
14. V. Grumel, La chronologie, Paris 1958, p. 448. Il faut sans doute corriger légèr
ement la dernière donnée : Panteugénos ne peut avoir perdu son titre d 'υποψήφιος qu'a
près le jour de sa condamnation.
15. C'est le cas dans l'ouvrage de Éra L. Branousè (op. cit., p. 62) ou dans les
notices de Ch. A. Papadopoulos ('Ιστορία της 'Εκκλησίας 'Αντιοχείας, Alexandrie 1951, p.
927) et de I. Ch. Kônstantinidès {ThEE, I, 1962, col. 548). La dernière notice contient
d'autres informations inexactes ; en particulier, le rédacteur semble placer à Antioche le
mariage de Manuel Ier Komnènos avec Marie d'Antioche.
16. Cf. F. Chai.andon, op. cit.. p. 445.
17. Voir les références de la note 12.
18. Voir S. N. Sakkos, op. cit., II, p. 1423132 et 15132, p. 1531920 et 157*5, p. 16213 et
1632427. On trouvera l'analyse de ces actes dans les Regestes, nos 1058 a (2 mars 1166),
DO A. FAILLER
25. Face au titre figure la mention marginale suivante : περί αφορισμού θαυμαστόν.
26. Le mot μελαμφόρος (équivalent de μαυροφόρος) désigne le moine par la couleur de
son habit.
27. Dans les Vies de saints, le héros qu'on entend célébrer est nommé fréquemment
le Grand ou le Juste, comme ici ; voir aussi les lignes 10 et 15.
28. En d'autres termes, l'or, qui assouplit l'attitude du moine, joue le rôle de la
trempe, qui assouplit le métal. Telle est du moins l'interprétation la moins gênante. J'ai
opéré la retouche la plus légère, en corrigeant χρυσίον en χρυσίου. L auteur pense sans
doute au vers 651 de Y Ajax de Sophocle : βαφή σίδηρος ώς, έθηλύνθην στόμα («j'ai été
70 A. FAILLER
langue bien aiguisée et très pointue pour parler. C'est pourquoi celui-ci ne
cessait pas d'importuner le Juste.
Et peu après : «Ce n'est pas à cause de la prolixité de cet homme que nous
avons acquiescé à la demande, mais c'est par révérence pour celui qui a dit : à
toute personne qui le demande, donne29. Si tu l'as circonvenu à l'avance,
dévoile-le-nous, sans crainte, ou bien un lien indissoluble te sera imposé, que
la grâce de l'Esprit divin est capable de tisser.» Le Grand prononça donc ces
paroles et d'autres semblables. Ayant jugé qu'il était honteux que l'homme
ait triomphé précisément30, le pauvre moine non seulement ne découvrit pas
le secret, mais jura n'avoir fait aucun cadeau. Dès lors, la Justice se mit
rapidement à la poursuite du parjure.
Et peu après : Le pauvre souhaitait donc être séparé de son corps, mais la
mort n'obéissait pas.
Et après d'autres choses : Le patriarche devint inquiet et se demandait à
part lui ce qui retenait la mort. C'est pourquoi, alors qu'il s'était réveillé au
milieu de la nuit et qu'il adressait à Dieu les hymnes habituels, il se demanda
si ce n'était pas le caractère imparable du lien qui constituait pour l'homme
un obstacle à la séparation d'avec le corps. Au moment donc où il murmura tu
es délié31, la mort aussi, comme muni d'ailes par ce mot, enleva brusquement
l'homme à la vie.
Le texte garde sa fraîcheur et son originalité, bien qu'on ignore quel
était l'objet de la demande du moine.
assoupli dans ma parole comme le fer par la trempe»). Cette réminiscence pourrait
suggérer une correction plus brutale : χρυσί<ω ώς σίδηρ>ον βαφή θηλύνας τον άνρθωπον.
Mais la première formule est d'une belle concision, même si le raccourci paraît auda
cieux. Quoi qu'il en soit, l'auteur de la Vie d'Athanase révèle ici indirectement son
interprétation du vers de Sophocle, qui a été compris de deux manières opposées, si l'on
s'en rapporte aux traductions qui en ont été données, selon que l'effet de la trempe est,
compris comme un durcissement ou un assouplissement du métal.
29. Luc 6, 30.
30. En d'autres termes, le moine regrette d'avoir sollicité l'intervention de son
confrère et de lui avoir payé ce service, et il est honteux d'avoir obtenu satisfaction
grâce à son intercesseur.
31. Cf. Luc 13, 12.
32. Ch. A. Papadopoulos, op. cit., p. 933.
LE PATRIARCHE d'aNTIOCHE ATHANASE Ier 71
33. « And Bohaimond Prayns, having escaped, went to the king of the Greeks ..., and
he came to Antioch, and brought with him the Greek Patriarch whose name was
Athanasius» (Bar IIebraeus, The Chronography of Gregory Abtil Faraj : éd. Ε. Α.
Wallis Budge, I," Oxford L932, p. 289). La tournure de la phrase suggère que le
patriarche Athanase arrivait alors pour la première fois à Antioche. Les mêmes faits
sont rapportés par Michel le Syrien [Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite
d'Antioche (1166-1199), éditée par J.-B. Chabot, III, Paris 1905, p. 326], qui les place
sous l'année 1165; mais on peut concevoir que la fin du paragraphe constitue une
anticipation sur le plan chronologique «Quand ce prince, Bohémond, fut délivré, il
:
s'en alla à Constantinople trouver l'empereur des Grecs dont il était le gendre. Il en
obtint de grandes richesses, revint à Antioche, et ramena avec lui un patriarche grec
nommé Athanasius.» Cf. F. Chalandon, op. cit., p. 531.
34. «Comme celui-ci [le patriarche latin] était irrité contre le patriarche des Grecs
qui était à Antioche, il fit introduire notre patriarche [le patriarche jacobite] en grande
pompe, comme pour humilier les Grecs» (Chronique de Michel le Syrien : J.-B. Chabot,
III, p. 332).
35. Chronique de Michel le Syrien : J.-B. Chabot, III, p. 334-336. Cf. F. Dölger,
Regesten, η» 1487 (ca. mitte 1169), n° 1489 (nov. 1169), n° 1490 (nov. 1169), puis
nos 1505-1507 (avant le 1er sept.), n° 1508 (avant 1172); V. Grumel, Ftegestes, n° 1123
(printemps ou été 1171). Voir aussi F. Chalandon, op. cit., p. 656.
36. Sur ce second épisode de la controverse, voir S. N. Sakkos, op. cit., II, p. 84-91 ;
Idem, Ή έν Κωνσταντινουπόλει σύνοδος του 1170, Θεολογικόν Συμπόσιον, Thessalonique
1967, ρ. 311-352. Pour les actes synodaux correspondants, voir V. Grumel, Regestes,
n"s 1109-1117 (janvier-février 1170).
37. S. N. Sakkos, op. cit., II, p. '85 : Ό πατριάρχης 'Αντιοχείας 'Αθανάσιος δεν εκλήθη,
προφανώς διότι παρεδέχετο την έρμηνείαν της κενώσεως. L'éditeur des Actes a comparé les
listes de signatures des synodes de 1 166 et de 1 170 ; il a vu reparaître le patriarche de
Jérusalem aux deux sessions synodales, tandis que le patriarche d'Antioche, présent à
la première, est absent à la seconde. Il a cherché la raison de cette différence dans
l'attitude respective des deux patriarches. Sur le sens du substantif κένωσις («exinani
tion») dans la controverse, voir Rpgestea, n"s 1062 et 1114.
72 A. FAILLER
5. La mort du patriarche
Albert Failler
C.N.R.S.-URA 186
et Institut français d'Études byzantines