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Boško I. BOJOVIĆ

Chilandar et les pays roumains


(XVe-XVIIe siècle)

Éditions de l’Association Pierre Belon


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TEXTES DOCUMENTS ÉTUDES


SUR LE MONDE BYZANTIN
NÉOHELLÉNIQUE ET BALKANIQUE

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Sous la direction de :

Hélène Antoniadis-Bibicou
Maurice Aymard
André Guillou
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Boško I. BOJOVIĆ

CHILANDAR ET LES PAYS ROUMAINS


(XVe-XVIIe siècle)
Les actes des princes roumains des archives de Chilandar
(Mont-Athos)

Paris 2008

Association Pierre Belon


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Réalisation :

Diffusion : De Boccard – 11, rue de Médicis, 75006 Paris


http ://www.deboccard.com

© 2010 Asssociation Pierre Belon


Fondation Maison des Sciences de l’Homme
54 bd. Raspail, 75006 Paris

Imprimé en France
ISBN : 978-2-910860-
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I NTRODUCTION

A près la disparition des derniers États balkaniques et de leur seigneurie


devant la conquête ottomane, les monastères du Mont-Athos se voient
privés de leurs protecteurs de toujours. Ce rôle sera désormais assumé par les
princes des pays roumains de Valachie et Moldavie. Vassaux de la Porte otto-
mane, ces princes étaient les seuls à pouvoir assurer la tâche de müteveli, dés-
ormais seuls protecteurs et « nouveaux ktitores » des grandes communautés
hagiorites choyées jadis par les empereurs byzantins, puis par les autres souve-
rains des pays balkaniques. D’autant que ces fondations pieuses sous forme de
ktitorats exercèrent une fonction éminemment politique et religieuse en terme
de légitimation du pouvoir princier. En retour de l’aide qu’elle recevait sous
forme foncière ou financière, ainsi que de la protection dont elle bénéficiait, la
communauté monastique devait assurer un service religieux ad vitam aeternam
de prières pour la santé et la prospérité du prince et de sa famille, ainsi que pour
le repos de son âme lorsqu’il ne serait plus de ce monde. Afin que cette contre-
partie liturgique pût se prolonger par-delà les générations, le prince se devait
d’assurer la pérennité de ses dons par ses héritiers et autres successeurs au
trône. C’est ainsi que ces fondations pieuses prirent forme sur la longue durée.
Les princes roumains confirmèrent ainsi leur protectorat sur l’ensemble des
monastères du Mont-Athos entre le XVe et le XVIIe siècles, période critique qui
vit la disparition des États balkaniques, mais aussi l’apparition de la Russie s’éri-
geant en protectrice des églises et monastères des Balkans.
Fondation dynastique serbe depuis la fin du XIIe siècle, le monastère de
Chilandar allait ainsi bénéficier d’une aide et d’une protection particulièrement
attentive de la part des princes roumains, et notamment de ceux de Valachie,
dès la fin du XVe et jusque dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Nanti essen-
tiellement d’allocations financières, le monastère de Chilandar devait ainsi avoir
les faveurs des princes de Valachie à raison d’une allocation annuelle égale ou
même supérieure à celles des plus grands monastères du Mont-Athos. C’est
du moins ce qui ressort de la documentation disponible aujourd’hui.
A cet engagement politique et spirituel, culturel et idéologique, seule la
sainteté pouvait insuffler un sens, assurer une intention de durée et de
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8 Chilandar et les Pays roumains

continuité. La sainteté est l’institution par excellence – en ce sens qu’elle


transcende la vie à travers le temps – à l’échelle individuelle. Lorsque cette
sainteté s’applique à la personne placée au plus haut échelon de la structure
sociale – un prince, un pontife – elle devient, à longue échéance, un fait de
société marquant.
De toutes les règles destinées à assurer la gestion de la société séculière
et surtout ecclésiastique, le ktitorat est celle qui lie, dans une interdépen-
dance particulièrement étroite et continue, les deux composantes du pou-
voir. Parmi toutes les fondations pieuses des rois et autres princes – qui ont
été à l’origine d’un grand nombre de fondations monastiques, à com-
mencer par celles appelées à leur servir de lieu de sépulture – Chilandar
détient une toute particulière importance.
La continuité dans la perpétuation de la tradition de ktitor n’est d’ail-
leurs pas une question d’ordre juridique. Ce n’est que dans l’esprit litur-
gique que l’on peut considérer cette continuité à laquelle les moines atho-
nites, et notamment ceux de Chilandar, attachaient une importance et une
fidélité toute religieuse.
La logique de continuité qui inspire les références aux ktitors est res-
pectée systématiquement dans tous les actes princiers de notre chartrier.
Les institutions monastiques fondées par la dynastie némanide supposent
une référence quasi systématique aux premiers ktitors, Siméon-Nemanja et
Sava Ier, et quelquefois aux derniers représentants de la dynastie des Bran-
ković. Les références à Mara et à sa sœur la Cantacuzène y ont notamment
pour fonction de signifier nettement la transmission du droit de ktitorat
aux princes de Valachie.
C’est parce que ces ermitages que sont la Tour albanaise et l’église
Saint-Georges 1 n’auront pas été fondés par les dynastes que nous venons
de citer que les références que nous trouvons dans les actes qui leur sont
octroyés, sont d’une portée plus générale : « les bienheureux tsars et princes
d’antan », sans que les noms des fondateurs soient mentionnés, à l’excep-

1. Dans le dyptique (pomenik) de la chapelle (parakklèsion) de St. Georges, Jean Castriote et le


logothète Jonča figurent en tant que fondateurs dudit sancuaire, voir Vera PAVLOVIĆ,
“Рукописи настали у Хиландарском скрипторију 1450-1600 и њихов украс” (Les manus-
crits rédigés dans le scriptorium de Chilandar 1450-1600 et leur décoration), in Huit siècles
du monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 440.
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Introduction 9

tion de l’acte de Neagoe Basarab se référant à son prédécesseur sur le trône


valaque Vlad le Moine, ainsi qu’à Radul le Grand. Ce qui ne peut que
confirmer le fait que les relations de Chilandar et de ses dépendances, la
Tour albanaise en l’occurrence, remontent à l’époque de Vlad le Moine. Si
en effet Basarab le Jeune avait été le ktitor de la Tour albanaise à son
époque, il aurait été mentionné nommément en tant que tel, et non pas
seulement en qualité de père du donateur.
La densité de la documentation publiée dans ce volume, et qui
concerne essentiellement des princes de Valachie, soulève la question de
leur motivation par rapport à cette pratique caritative et liturgique à
l’échelle de pratiquement deux siècles. Au-delà de tout critère quantitatif, le
contenu sémantique de ces documents nous met sur la trace de cet atta-
chement princier exemplaire à la laure athonite de Chilandar. La fréquence
de l’évocation des saints princes fondateurs, la volonté de s’inscrire dans la
droite ligne de leur succession 2, y compris dans le domaine de la pratique
liturgique 3, le fait que deux des dépendances bénéficiant de l’allocation rou-
maine ont également été fondées par des princes, Jean Castriote d’Albanie,
pour la Tour albanaise, et Sava Nemanjić de Serbie, pour l’ermitage de
Karyès, plaide fortement en faveur d’une motivation d’ordre politico-reli-
gieux. Dans le contexte politique, culturel et idéologique de l’époque pou-
vait-il en être autrement ?
Depuis la fin du Moyen-Age le monachisme hagiorite a bénéficié du
parrainage des princes roumains. D’autant plus important depuis la dispa-
rition des Etats balkaniques par suite de la conquête ottomane, ce patro-
nage comprenait essentiellement l’intervention du prince auprès de la

2. B. JOUDIOU, « La signification de l’élection du prince régnant dans les provinces roumaines de


Valachie et de Moldavie (XVe-XVIIe siècles), in Închinare lui Petre Ş. Năsturel la 80 de ani
(Hommage à Petre Ş. Năsturel pour ses 80 ans), Brăila 2003, p. 285-298 ; I. MOLDOVEANU,
« Le règne d’Etienne le Grand et la succession : une perspective idéologique », in Stefan cel
Mare si Sfant. Atlet al Credinţei crieştine, Sfânta mănăstire Putna 2004, p. 415-428 ; The Roma-
nian Principalities and the Holy Places along the Centuries. Papers of the Symposium heid in Bucha-
rest, 15-18 October 2006, Edited by : E. Băbuş, I. Moldoveanu, A. Marinescu, Bucarest 2007,
222 pp. + 14 + 29 + 18 figures.
3. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains. Continuité liturgique et institutionnelle dans les
actes princiers (XVe-XVIIe siècles)”, in Închinare lui Petre Ş. Năsturel la 80 de ani, Brăila 2003,
p. 141-149.
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10 Chilandar et les Pays roumains

Porte, y compris auprès de l’administration locale, ainsi qu’une assistance


substantielle consentie sous la forme de donations foncières et financières,
ainsi que sous celle d’objets concernant la céllebration du culte, de manus-
crits et d’autres objets d’art sacré 4.
Les monastères, les ermitages (et parfois même certains moines à titre per-
sonnel), étaient gratifiés de propriétés foncières, ainsi que d’allocations pécu-
niaires versées annuellement en aspres aux moines qui venaient les recevoir à
la cour du prince. Les donations foncières pouvaient être le fait de particuliers,
essentiellement des boyards avec les membres de leurs familles, mais surtout
les princes de Valachie et de Moldavie 5, dignes successeurs en l’occurrence des
souverains byzantins, serbes et bulgares, pour ne parler que des protecteurs et
donateurs sud-est européens 6.
C’est donc à une riche tradition de patronage royal, impérial et princier,
près de trois fois séculaire, que les princes de Valachie pourront se référer lors
de l’octroi de leurs chartes en faveur de Chilandar. D’autant que les moines de
cette vénérable communauté hagiorite ne manqueront pas d’évoquer leurs
illustres ktitors d’antan en insistant tout particulièrement sur la sainteté des pre-
miers fondateurs, princes et saints, moines, souverains et pontifes, chacun en

4. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos et les Roumains. Recherches sur leurs relations du milieu du XIVe
siècle à 1654, Orientalia Christiana Analecta, Rome 1986, 375 pp. ; I. MOLDOVEANU, « Sfântul
Ştefan cel Mare, protector al Muntelui Athos » (Saint Etienne le Grand protecteur du Mont-
Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mănăstire Putna 2004,
p. 157-178 ; Tania KEMBAROVA, « Pouvoir et prières dans les images byzantines du don »,
RESEE XLVI (1-4), (2008), p. 135-150.
5. T. BODOGAE, Ajutoarele româneşti la mănăstirile din Sfântul Munte Athos, Sibiu 1940, p. 154-
156.
6. B. BOJOVIĆ, P. Ş. NĂSTUREL, “Les fondations dynastiques du Mont-Athos. Des dynastes serbes
et de la sultane Mara Branković aux princes roumains”, Revue des études sud-est européennes,
t. XLI, Bucarest 2003, p. 149-175 ; B. BOJOVIĆ, “La légitimation du pouvoir princier et le patro-
nage roumain sur le Mont-Athos”, in Arta istoriei – Istoria artei. Academicianul Răzvan Theo-
dorescu la 65 de ani, Bucarest 2004, p. 37-48 ; P. Ş. NĂSTUREL, “Réflexions à bâtons rompus sur
« Les Pays roumains et les lieux saints »”, in The Romanian Principalities and the Holy Places
along the Centuries. Papers of the Symposium heid in Bucharest, 15-18 October 2006, éd. :
E. Băbuş, I. Moldoveanu, A. Marinescu, Bucarest 2007, p. 13-21 ; Id., « Oglindiri şi răsfrângeri
athonite asuprae monahismuzeui românesc » (Reflets athonites sur le monachisme roumain),
Tabor 4, Cluj 2008, p. 23-32.
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Introduction 11

son temps 7. Pour ce faire, ils avaient à leur disposition les actes conservés, à cet
effet aussi, dans les Archives du monastère 8.
Grâce à une documentation relativement fournie, puisée directement aux
Archives des monastères athonites, il est possible de suivre tout ou partie de
ces relations inter-balkaniques. Le cas de Chilandar avec ses dépendances pré-
sente un intérêt particulier du fait de l’intensité et de la nature de ces rapports
privilégiés essentiellement avec les princes de Valachie.

7. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains”…, cit. p. 143-147.


8. F. BARIŠIĆ, « Prvi popis grčkih akata na starosrpskom s kraja XIII veka u Hilandaru » (Le pre-
mier inventaire des actes grecs, fait à la fin du XIIIe s., en vieux-serbe), Recueil de Chilandar 7
(1989), p. 27-57). Pour les actes grecs de Chilandar, voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRA-
VARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des origines à 1319, Paris 1998, p. 13-18. Sur les Archives
de Chilandar, voir aussi B. BOJOVIĆ, « Les actes slaves du Mont-Athos et les Archives de Chi-
landar », in Méthodologie d’édition, état et perspectives de la recherche des archives post-byzantines,
Ελληνικο Iνστιτούτο Βυζαντινών και Μεταβυζαντινών σπουδών Βενετίας, Venise 2001, p. 129-
140.
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C HAPITRE PREMIER
L ES FONDATIONS DYNASTIQUES SERBES ET ROUMAINES
DU M ONT -A THOS

AMBITIONS IMPÉRIALES ET ÉVERGÉTISME PRINCIER

Au XIVe siècle le parrainage du Mont-Athos se rattache aux ambitions


manifestement impériales des souverains balkaniques. Au milieu du XIVe siècle
Stefan Dušan (1331-1346 roi de Serbie, puis de 1346 à 1355 empereur serbo-
grec), détient une grande partie des territoires byzantins. L’Epire, l’Acarnanie,
la Thessalie (en 1348), l’Albanie (Croïa est prise en juin 1343) 1, une grande
partie de la Macédoine sont soumises à son pouvoir, notamment après la prise
d’Achrida (Ohrid) en 1345. Après la conquête de Serrès (septembre 1445) 2,
son autorité sur la majeure partie de la Macédoine orientale lui laisse la souve-
raineté sur l’essentiel des biens fonciers des monastères athonites de la Chal-
chidique, ainsi que sur le Mont-Athos même. C’est alors qu’en novembre

1. La charte du roi Stefan octroyée le 26 avril 1358 à la municipalité de Croïa (Croarum) qui n’est
connue que d’après la traduction latine de l’original grec, laquelle figure dans la confirmation des
privilèges de cette ville consentis par le roi de Naples Alphonse V d’Aragon en date du 19 avril
1457, A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, Грчке повеље српских владара. Издање текстова, превод и
коментар (Les chartes grecques des souverains serbes. Edition des textes, traduction et com-
mentaire), Belgrade 1936, p. LX-LXI, supplément, XLI, p. 308-321.
2. C’est notamment après la conquête de cette place importante en Macédoine orientale que
les ambitions de Dušan s’affirment, ainsi qu’il l’énonce dans un acte émis le 15 octobre 1345 :
“fere totius imperii Romaniae dominus” (Š. LJUBIĆ, Listine o odnošajih između južnoga sla-
venstva i mletačke republike (Notices sur les relations entre les Slaves du Sud et la République
de Venise) II, Zagreb, 1873, p. 278), de même que dans un acte grec d’octobre 1345 “κράλης
καὶ αὐτοκράτωρ Σερβίας καὶ ῾Ρωμανίας” (Fr. MIKLOSICH, J. MÜLLER, Acta et diplomata graeca
medii aevi sacra et profana collecta ediderunt, V, Vienne 1888, p. 111 ; Actes de Lavra IV, par
P. LEMERLE, A. GUILLOU, N. SVORONOS, avec la collaboration de S. ĆIRKOVIĆ, Paris 1982,
p. 41-44.
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14 Chilandar et les Pays roumains

1345, le roi Stefan Dušan délivre un chrysobulle général 3 en faveur de tous les
monastères de la Sainte-Montagne 4.
Daté de novembre 6854, indiction 14, ce chrysobulle stipule le souhait que
les moines athonites prient Dieu pour le roi Stefan Dušan, de même :
1 – que la mention du basileus de Constantinople (celui « des Rhomées ») soit
faite dans les prières avant celle du roi de Serbie ;
2 – l’administration du Mont-Athos s’effectuera d’après ses propres règles et
usages ;
3 – tous les biens fonciers athonites situés à Kalamaria, dans la région du Stry-
mon, ainsi que dans d’autres lieux, seront restitués aux monastères athonites
et ne seront plus donnés aux Serbes ;
4 – ces biens fonciers seront exemptés de toutes les charges fiscales et de toutes
les corvées imposées par les autorités impériales ou royales ;
5 – la ville de Hiérissos (voisine de l’Athos) sera administrée par son évêque et
par le Mont-Athos, et non par le képhali (κεφαλή = l’administrateur serbe) ;
6 – les bateaux du Mont-Athos auront le droit de pêcher dans le Strymon sans
obligation fiscale.
7 – aucune révision du cadastre ne sera faite par les autorités serbes ni au Mont-
Athos, ni à Hiérissos et il demeurera en l’état.
8 – aucune obligation fiscale passée, présente ou future ne sera imposée aux
monastères athonites, en contrepartie des prières de ses pieux pères.
Les importantes largesses concédés à l’ensemble des monastères athonites
dans cette charte montrent bien à quel point le roi Dusan tenait à la caution
morale de la Sainte Montagne à la veille de de sa proclamation de l’Emprire.
La conquête d’importants territoires byzantins et les visées impériales de
Stefan Dušan furent à l’origine de la proclamation de l’Empire serbo-grec sur-
venue entre novembre 1345 et janvier 1346 5, ainsi que de son couronnement

3. Cet adjectif appartient à Solovjev-Mošin, dans cette charte conservée au Vatopédi figure le
terme de : “χρυσόβουλλος λόγος”, cf. A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 30, ligne 25 et p. 32,
ligne 49-50. Μιμεῖσθαι τά αγαθά cf. Actes de Lavra III. De 1329 à 1500, par P. LEMERLE,
A. GUILLOU, N. SVORONOS, Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1979, Appendice XIII, p. 210-
211 ; Actes de Lavra IV, cit., p. 35, 42 n. 192 (n° 128 p. 35-39).
4. A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 28-35 (résumé fr. p. 28, dont nous nous sommes inspirés) ;
Actes de Lavra III…, cit., doc. N° 128 p. 35-39.
5. G. SOULIS, « Tsar Stephan Dušan and Mont Athos », Harvard Slavic Studies 2 (1954), p. 125-
139. Dans le chrysobulle délivré à Iviron (janv. 1346), la formule de la signature de Dušan
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 15

impérial le 16 avril 1346 à Skoplje. La légitimité de ce sacre fut confortée par la


présence du patriarche de Bulgarie, de l’archevêque d’Achrida, ainsi que du
prôtos du Mont-Athos 6. On comprend mieux de ce fait le sens de la charte
citée. Si la concélébration des plus hauts prélats des plus importantes Églises
locales des Balkans avec le patriarche de Serbie vise à contrecarrer l’opposition
inévitable du patriarche de Constantinople, le projet impérial de Dušan est ava-
lisé par la plus prestigieuse communauté de monastères orthodoxes, celle du
Mont-Athos qui était pourtant soumise à l’obédience hiérarchique du
patriarche de Constantinople et dont les plus notables monastères étaient des
stavropègies, c’est-à-dire impériales – fondés et parrainées par les empereurs
byzantins. Ainsi Dušan s’assure le concours non seulement des plus impor-
tantes Églises des Balkans après celle de Constantinople, mais aussi et surtout
celui du Mont-Athos dont le prestige et l’influence dans le monde byzantin ont
toujours été considérables, et tout particulièrement en cette époque de déli-
quescence de ce qui restait de l’Empire byzantin en proie à d’incessantes
guerres civiles.
L’émission de ce chrysobulle général pour l’ensemble des monastères atho-
nites survient donc à un moment crucial qui coïncide vraisemblablement avec
la proclamation de l’Empire et précède le sacre impérial de Stefan Dušan.
Daté de janvier 1346 le premier chrysobulle en faveur d’Iviron 7 a la parti-
cularité d’être le seul acte où Dušan s’arroge le titre impérial avant même son
couronnement en avril de la même année. Occupant la troisième position dans
la hiérarchie des grands couvents du Mont-Athos, Iviron avait été fondé en 984
par Tornikios 8, un aristocrate géorgien.

est : “Στέφανος ἐν Χριστῷ τῷ Θεῷ πιστὸς βασιλεὺς καὶ αὐτοκράτωρ Σερβίας καὶ ῾Ρωμανίας”,
A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 40-41, lignes 60-61 ; Actes d’Iviron IV. De 1328 au début du
XVIe siècle, par J. LEFORT, N. OIKONOMIDÈS, Denise PAPACHRYSSANTHOU, Vassiliki KRAVARI,
avec la collaboration d’Hélène MÉTRÉVÉLI, Paris 1995, doc. N° 89, p. 112-116.
6. B. I. BOJOVIĆ, L’idéologie monarchique dans les hagio-biographies dynastiques du Moyen-Age serbe,
Rome 1995, p. 548-549. Le couronnement impérial de Dušan eut lieu quelque cinq ans après
celui de l’usurpateur byzantin Jean Cantacuzène à Dimotique, le 26 octobre 1341.
7. A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 36-41 (rés. fr. p. 36) ; Archives de l’Athos XIX. Actes d’Iviron
IV. De 1328 au début du XVIe siècle, par J. LEFORT, N. OIKONOMIDÈS, Denise PAPACHRYSSAN-
THOU, Vassiliki KRAVARI, avec la collaboration d’Hélène MÉTRÉVÉLI, Paris 1995, doc. N° 89
p. 112-116.
8. Actes d’Iviron I. Des origines au milieu du XIe siècle, par J. LEFORT, N. OIKONOMIDES, Denise
PAPACHRYSSANTHOU, Vassiliki KRAVARI, avec la collaboration d’Hélène MÉTRÉVÉLI, Paris
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16 Chilandar et les Pays roumains

Un mois après son sacre, commence l’émission par Dušan de chrysobulles


en faveur des grands monastères athonites. Après celui (“χρυσόβούλλος
Λόγος”) d’Iviron, cette série de diplômes se poursuit avec celui en faveur de
Vatopédi, délivré en mai 1346 9. Deuxième dans la hiérarchie des couvents
athonites, Vatopédi avait en son temps parrainé la création du monastère
serbe, puisque ses fondateurs Siméon Nemanja 10 et son fils Sava avaient fait
partie de cette confrérie avant de fonder Chilandar en 1198 11. Lors de sa visite
au Mont Athos et au dit monastère, Dušan délivre une autre charte de privi-
lèges et de nouvelles donations en faveur de Vatopédi, en avril 1348 12. Alors
que la plupart des actes grecs de Dušan comprend une signature en grec, cette
charte de Dušan offre la particularité d’être signée en serbe.
La Grande Laure de Saint-Athanase (de nom du fondateur en personne du-
dit monastère et du Mont-Athos), premier couvent dans la hiérarchie athonite,
possede le deuxième exemplaire de la charte de donation générale, émise pour
les monastères athonites avant la fin de 1345. La Grande Laure se voit délivrer
également son chrysobulle de privilèges, de donations (y compris une alloca-
tion anuelle de 300 hyperpères) et d’exemptions fiscales en décembre 1347 13.
1985, p. 13-25 ; Actes du Prôtaton, par Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1975, p. 83-85. Un
Tornikios aurait fondé dans la région de Grévéna le monastère de la Vierge dit de Torniki
(ou), au XIe siècle, P. Ş. NĂSTUREL, « La charte de 1607 du voévode Radul Şerban octroyée à
un monastère aujourd’hui disparu de Roumélie », In memoria lui Alexandra Elian. Omagiere
postumă (ed. V. V. Muntean), Timişoara 2008, p. 202-204).
9. “χρυσόβουλλος λόγος τῆς βασιλείας μου”, A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 75-83 (rés. fr.
p. 75) ; Actes de Vatopédi II. De 1330 à 1376, par J. LEFORT, Vassiliki KRAVARI, Ch. GIROS,
K. SMYRLIS, Paris 2006, doc. 93 p. 198-202.
10. Sur le deuxième prénom de celui qui fut le grand joupan de Serbie (1165-1195), cf.
B. I. BOJOVIĆ, L’idéologie monarchique dans les hagio-biographies dynastiques du Moyen-Age serbe,
Rome 1995, p. 34-35 n. 13 ; A. LOMA, « Der Personenname Nemanja : ein neuer Ausblick »,
ZRVI 45 (2008), p. 109-115.
11. Sur l’acte de fondation, de même que sur les donations de biens fonciers que Siméon et Sava,
ainsi que les souverains serbes ont faits à Chilandar en Serbie, cf. S. ŠARKIĆ, “Pravnoistorijska
analiza Hilandarske povelje monaha Simeona (Stefana Nemanje)” (Analyse juridique et his-
torique de la charte de fondation de Chilandar délivrée par le moine Siméon (Stefan
Nemanja), p. 93-101 ; M. BLAGOJEVIĆ, “Srednjovekovna sela manastira Hilandara na Kosovu
i Metohiji” (Les villages de Kosovo-Métochie appartenant au Moyen Age au monastère de
Chilandar), in Peta kazivanja o Svetoj Gori, Belgrade 2007, p. 102-140.
12. Découverte en 1919, cette charte est publiée par, A. VATOPEDINOS, “Αγιορετικὰ αναλεκτα εκ
του Αρχειου της Μονις Βατοπεδιου”, Γρηγοριος ο Παλαμας III (1919), p. 40-42.
13. A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 116-125 (rés. fr. p. 116) ; Actes de Lavra III. De 1329 à 1500,
par P. LEMERLE, A. GUILLOU, N. SVORONOS, Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1979, doc. N°
128 p. 35-39.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 17

Se référant à un prostagma (πρóσταγμα) délivré antérieurement, ce diplôme fut


émis lors de la visite de Dušan au Mont-Athos à la fin de l’année 1347 14.
Les chartes en faveur d’Esphigménou (avec 4 chartes de Dušan, dont la
première en date d’avril 1346), de Zographou (avril 1346), Philothéou (1346),
Xéropotamou (1346) 15, Saint-Pantéléèmôn (trois chartes, dont une charte en
grec datée de janvier 1348 et deux chartes en serbe datées de juin 1349) 16,
Dochiariou (mars 1349) 17, Xénophon (juin 1352) 18, Kutlumus, sont celles
des autres monastères hagiorites qui conservent un ou plusieurs chrysobulles
de Dušan 19. On connaît vingt-sept chartes de Stefan Dušan rédigées en grec,
dont dix-sept concernant les couvents athonites.
Les chartes de Stefan Dušan octroyés aux monastères de la Sainte Mon-
tagne procèdent d’une importante motivation d’ordre politique et religieux
tout à la fois 20, celle de s’assurer durablement d’une caution liturgique pour
légitimer son pouvoir impérial. Ce dessein de légitimation de la souveraineté,
puis par la suite celui du pouvoir princier, par l’entremise d’une pratique litur-
gique introduite en contrepartie d’un parrainage caritatif et administratif sur
les intérêts fonciers et matériels monastiques se transmettra plus tard aux
princes des Pays roumains. Sous des formes différentes, la continuité de cette
interaction entre pouvoir séculier et monachisme athonite, pratique caritative
et contrepartie liturgique, se perpétuera à l’époque de la domination ottomane
dans les Principautés roumaines 21.

14. Actes de Lavra IV, cit. (S. ĆIRKOVIĆ), p. 42.


15. Actes de Xéropotamou, par J. BOMPAIRE, Paris 1964, n° 25, p. 183-189.
16. Actes de Saint-Pantéléèmôn, par P. LEMERLE, G. DAGRON, S. ĆIRKOVIĆ, Paris 1982, p. 157-167.
17. Actes de Dochiarou, par N. OIKONOMIDÈS, Paris 1984, n° 25, p. 182-184.
18. Actes de Xénophon, par Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1986, n° 29, p. 207-210.
19. A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. 52-115, 126-189.
20. V. MARKOVIĆ, « Ктитори, њихова права и дужности » (Les ktitores, leurs droits et leurs
devoirs), Прилози за књижевност V (1925), p. 100-119.
21. Pour les fondations roumaines, voir Ch. CRONT, « Dreptul de ctitorie în Ţara Româneascâ şi
Moldova. Constituirea şi natura juridică a fundaţiilor din evul mediu » (Le droit de fondation
en Valachie et Moldavie. Constitution et nature juridique des fondations du Moyen-Age),
Studii şi materiale de istorie medie IV (1960), p. 77-116 ; Voica PUŞCAŞU, Actul de ctitorie ca
fenomen istoric în Ţara Româneascâ şi Moldova până la sfârşitul secolului al XVIII-lea (L’acte de
fondation en tant que phénomène historique en Valachie et Moldavie jusqu’à la fin du XVIIIe
siècle), Bucarest 2001, 624 pp. , ainsi que la thèse de doctorat de V. V. MUNTEAN, Organi-
zarea mănăstirilor româneşti în comparaţie cu cele bîzantine până la 1600 (L’organisation
des monastères roumains en comparaison avec ceux de Byzance jusqu’en 1600), Studii Teo-
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18 Chilandar et les Pays roumains

Le formulaire de ces actes est conforme à celui de la chancellerie impériale


byzantine. Par rapport à toutes les différences notables qu’on relève entre les
formulaires des chartes et autres actes serbes et byzantins, les documents grecs
de Dušan respectent la tradition du formulaire byzantin 22. Il en ressort que le
formulaire de la diplomatique slavo-balkanique, dont découle la diplomatique
slavo-roumaine, procède d’une tradition qui lui est propre, incluant d’impor-
tantes influences occidentales et surtout celles provenant de l’Europe centrale.
L’importance de l’apport byzantin fait partie de ces influences extérieures.
Déterminer la part de ces influences « extérieures », ainsi que de celles entre les
chancelleries des pays sud-est européens serait d’un intérêt inestimable non
seulement pour les études de diplomatique, mais aussi pour la connaissance
des institutions, de la terminologie et des représentations du pouvoir dans cette
partie de l’Europe au Moyen Age.
Avec la publication des actes princiers de Valachie provenant des archives
de Chilandar nous souhaitons apporter une contribution conséquente à ces
études.
La part de la mémoire, ainsi que celle de l’histoire, dans les actes de dona-
tion aux monastères sont éminemment significatives. Pour l’historien spécia-
lisé dans la diplomatique médiévale, ces actes représentent des sources de
premier ordre pour une économie basé sur le bien foncier, la régulation fiscale
avec ces exemptions dont bénéficiait l’Eglise et les couvents, ainsi que pour les
rapports privilégiés entre les deux pouvoirs au Moyen Age.
La perpétuation de la mémoire est la contrepartie qui apparait fort explici-
tement dans les clauses de cette documentation. La mention (pamiat) litur-
gique est le véhicule de cette mémoire longue qui s’articule à travers les services
religieux périodiques, annuels et surtout hebdomadaires. Ainsi l’éternité s’ins-
crit dans l’oraison, de même que les actes de donations princières témoignent
d’une manière particulièrement pertinente de l’interaction étroite entre struc-
tures mentales et sociales (entre souveraineté religieuse et juridique 23) – apa-
nage de tout temps et de toute société humaine.
logice XXXVI, n° 1-2, p. 14-92 et n° 3-4, p. 169-220, Bucarest 1984, et aussi en un volume de
154 pages (avec une post-fac en allemand par Ala Elian).
22. M. LASCARIS, « Influences byzantines dans la diplomatique bulgare, serbe et slavo-roumaine »,
Byzantinoslavica III (1931), p. 509-510 ; A. SOLOVJEV, V. MOŠIN, op. cit., p. XCIII, XCVIII.
23. Qui est la première fonction de « la souveraineté magique et juridique » de la société tripar-
tite, cf. G. DUMÉZIL, Mythe et Epopée, 1-3, Paris 1995, p. 10, 18-19, 30.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 19

Le parrainage que les princes roumains, Étienne le Grand (1457-1504) 24,


Neagoe Basarab (1512-1521) 25, Vasile Lupu (1634-1653) 26 et Şerban Can-
tacuzène (1678-1688) 27, affichent en leur qualité de ktitors de l’ensemble sinon
d’un nombre important de monastères athonites renvoie sans doute à cet éver-
gétisme hérité des souverains balkaniques du Moyen Age. Les princes rou-
mains les plus marquants et les plus ambitieux avaient tendance a répandre
leurs largesses sur l’ensemble des couvents du Mont-Athos, dans bien des sanc-
tuaires des Balkans et d’Asie Mineure, ainsi que sur les Lieux Saints de la Pales-
tine jusqu’au Sinaï, sans oublier les Patriarcats historiques du monde
orthodoxe 28.

DES DYNASTES SERBES ET DE LA SULTANE MARA AUX PRINCES ROUMAINS

Après que le monde byzantin des Balkans eut été submergé par le raz de
marée ottoman, les institutions reçues de Rome et de Byzance ne purent se

24. « Protecteur par excellence du Mont-Athos » il fut notamment le donateur des monastères de
Zographou, Vatopédi, Grègoriou, Saint-Paul, ainsi que du Prôtaton », cf. I. MOLDOVEANU,
« Sfântul Ştefan cel Mare, protector al Muntelui Athos » (Saint Etienne le Grand, protecteur
du Mont-Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mănăstire Putna
2004, p. 116) ; P. Ş. NĂSTUREL, op. cit., p. 36 (n. 22), 99-100, 183-187 (n. 25), 249-250, 269-
272, 292.
25. P. Ş. NĂSTUREL, op. cit., p. 75, 55-59, 91-93, 163, 217.
26. Vasile Lupu bâtit dans sa capitale de Jassy l’église monastique des Trois-Hiérarques qu’il dédia
à l’ensemble des couvents athonites, qui se partageaient les revenus de cette église, où furent
déposées les reliques de sainte Parascève qu’il transféra de Constantinople après avoir ren-
floué la trésorerie du Patriarcat œcuménique criblé de dettes, N. IORGA, Byzance après Byzance,
Paris 19923 (Bucarest 19712), p. 73-75, 133, 168-181 ; P. Ş., NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit.,
p. 72, 161.
27. P. Ş. NĂSTUREL, “Remarques sur les documents grecs des princes roumains”, in La Paléogra-
phie grecque et byzantine (Colloques internationaux du CNRS, 559), Paris 1977, p. 489-503
et pl. I-III ; Id., “Réflexions à bâtons rompus sur « Les Pays roumains et les Lieux Saints »”, et
E., BĂBUŞ, “La contribution roumaine à l’historiographie des relations entre les Pays Roumains
et les lieux saints”, in The Romanian Principalities and the Holy Places along the Centuries. Papers
of the Symposium held in Bucharest, 15-18 October 2006, Edited by : E. BĂBUŞ, I. MOLDO-
VEANU, A. MARINESCU, Bucarest 2007, p. 13-21 et 28-29 ; R. GOTHONI, “Mount Athos during
the last centuries of Byzantium”, in Interaction and Isolation in the Late Byzantine Culture,
Stockholm 2004, p. 53-69.
28. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 336 ; The Romanian Principalities and the Holy Places
along the Centuries. Papers of the Symposium held in Bucharest, 15-18 October 2006, Edited by
E. BĂBUŞ, I. MOLDOVEANU, A. MARINESCU, Bucarest 2007, passim.
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20 Chilandar et les Pays roumains

maintenir que dans le cadre ecclésiastique. Parce qu’il avait été l’une des plus
prestigieuses communautés du monachisme chrétien, le Mont-Athos avait
depuis toujours bénéficié des largesses des basileis, des rois et des princes pieux
et soucieux – tout pouvoir ayant une part d’équivoque et d’arbitraire – de voir
leur légitimité cautionnée par l’Église.
La domination ottomane met fin à cette continuité séculaire 29. Privés de
leurs généreux donateurs et protecteurs, les monastères athonites sont voués
à un appauvrissement inéluctable.
La permanence du ktitorat qui s’exprime par le patronage princier roumain
sur Chilandar, principalement sous la forme d’une allocation annuelle, com-
porte aussi des implications d’ordre politique et idéologique. Dans les chartes
princières délivrées en faveur de Chilandar et de ses dépendances sur le Mont-
Athos, le ktitorat se manifeste par des références aux saints et auliques fonda-
teurs de ces institutions pieuses. Ces invocations font état d’une pérennité
ininterrompue entre les anciens et les nouveaux protecteurs des églises et des
communautés monastiques, continuité qui a été maintenue dans le domaine
aussi bien juridique qu’institutionnel. Il s’agit là d’examiner les mécanismes et
motivations de ce parrainage se transmettant de génération en génération dans
la lignée princière, ainsi que ceux de sa transmission aux princes roumains.
Fille du despote de Serbie et épouse du sultan, Mara Branković joua un rôle
déterminant dans la passation du ktitorat princier qui s’opéra au cours d’une
période transitoire de l’histoire sud-est européenne.

Mara Branković – sultane et protectrice des fondations chrétiennes


Née au début du XVe siècle, Mara (Marguerite) Branković fut vers 1432-
33 promise en mariage au sultan Murad II (1421-1451). Elle portait le
prénom, ou sans doute plutôt le diminutif, de sa grand-mère, Mara Lazarević 30,
elle-même fille du prince de Serbie Lazar Hrebeljanović († 1389) et épouse du
magnat Vuk Branković, seigneur de la Macédoine septentrionale, de Skoplje

29. A. FOTIĆ, “Pad Svete Gore pod vlast Osmanlija “ (Le début du pouvoir ottoman au Mont-
Athos), in Druga kazivanja o Svetoj Gori, Belgrade 1997, p. 101-121 ; ID., Sveta Gora i Hilan-
dar…, cit., p. 24-35.
30. DUCAS, Istoria turco-bizantină (1341-1462), édition critique et traduction roumaine par
V. GRECU, Bucarest 1958, p. 257.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 21

et d’une partie du Kosovo et de la Metohija. Ayant survécu quelque trente ans


à son époux, assumant pendant longtemps les affaires de la famille, signant la
première les chartes émises par elle-même et ses fils, elle vécut ses dernières
années sous le nom de moniale Marina 31.
Le prénom Mara fut fort prisé chez les Branković : trois descendantes
encore de cette lignée princière, appartenant aux deux générations ultérieures,
allaient le porter à leur tour. Afin d’éviter toute confusion avec la sultane (tsa-
rine = impératrice) Mara (v. 1418 ?-†1487) bien connue, qu’il nous suffise de
signaler brièvement l’identité des trois autres princesses auxquelles il échut de
porter ce nom.
Il s’agit tout d’abord de la nièce de la sultane, à savoir de Mara, la fille de son
frère le prince Stefan (aveuglé sur l’ordre du sultan le 8 mai 1441) ; décédée
fort jeune († 1495), elle fut l’épouse (1485) du comte Boniface V de Mont-
ferrat qui descendait du basileus byzantin Andronic II Paléologue et d’Irène de
Montferrat 32.
Le prince Stefan Branković eut deux fils, Djuradj (plus tard Maxime,
métropolite de Hongrovalachie, de 1505 à 1508 environ, puis de Belgrade, †
1516) et Jean, despote titulaire de Serbie († 1502), qui eut à son tour deux
filles, une Mara qui épousa le magnat hongrois d’origine croate, Ferdinand de
Frankopan, et sa sœur Jelena (Hélène), mariée au voïévode de Moldavie Petru
Rareş.
Mara s’est appelée aussi la fille du fils cadet du despote Djuradj Branković
(1427-1456), le despote Lazar (1456-1458). Née en 1447, cette deuxième
petite-fille du despote Djuradj portant le même prénom, fut mariée à l’âge de

31. M. SPREMIĆ, Despot Djuradj Branković i njegovo doba (Le despote Djuradj Branković et son
temps), Belgrade 1994, p. 70. Nous mentonnons ici que l’église de Brădet (Valachie)
conserve un portrait, repeint au XVIIIe s., d’une princesse (Ma)ra non attestée dans les
sources, épouse du voïévode Mircea l’Ancien. Rappelons que le portrait du prince Lazar figure
dans l’église monastique d’Argeş (P. CHIHAIA, “Observatii asupra portretelor de la Brădet”
(Observations sur les portraits de Brădet), in Studii şi cercetàri de istoria artei, Bucarest 1960,
n° 1, p. 255, fig. 1 ; M. PĂCURARIU, Istoria Bisericii Ortodoxe Române (Histoire de l’Eglise ortho-
doxe roumaine), Bucarest 1991, 2e éd., p. 317).
32. Fr. MIKLOSICH, “Marija, kći Andjelina i Konstantin Arijanit” (Marie, la fille d’Angélina et
Constantin Arianitès), Rad JAZU 12 (1870), p. 1-9 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit.,
p. 554-555.
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22 Chilandar et les Pays roumains

11 ans en 1459 au prince Stefan Tomašević, dernier roi de Bosnie (1461-


1463) 33.
Mara, la sultane, était le fruit d’un premier mariage du despote Djuradj
(Georges), mariage dont on sait fort peu de choses, si ce n’est la mention en
1408 de l’existence d’une fille aînée, Hélène, dont on perd toute trace par la
suite. L’identité de la première épouse de Djuradj Branković, qui fut la mère
d’Hélène et de Mara, demeure inconnue. Il serait trop long et sans grand inté-
rêt de s’étendre ici sur les spéculations faites autour de ce premier mariage du
futur despote de Serbie 34. Quoiqu’il en soit, Djuradj épousa en secondes noces,
le 26 décembre 1414, Irène 35, fille de Théodore Cantacuzène, vraisemblable-
ment un fils de Mathieu et donc petit-fils de l’empereur Jean IV Cantacuzène.
Afin d’assurer la paix conclue avec les Ottomans, Mara fut donnée en
mariage à Murad II avec pour dot de vastes domaines au sud du despotat,
Dubočica et Toplica, sans compter de très riches présents d’or et d’argent, et
une importante somme en ducats d’or, pour le sultan et ses dignitaires 36. Prépa-
rée en vue de ce mariage et ayant appris le turc, elle fut accueillie, à Andrinople
en septembre 1435, avec force honneurs et garda depuis lors le rang le plus
élevé pour une femme à la cour ottomane, celui de “despina hatun”, parmi les
épouses du padishah. Selon le Chronicon minus de Sphrantzès qui avait eu l’oc-
casion de rencontrer la despina quand il lui apportait les messages d’Hélène
Dragasès, impératrice-mère de Byzance 37, le mariage ne fut pas consommé.

33. F. BABINGER, Mahomet II le Conquérant et son temps (1432-148I), Paris 1954, p. 199 sq.
34. D’après une assertion du Pseudo-Sphrantzès, Mara était la cousine du basileus Jean IV Com-
nène de Trébizonde, de même que celle du dernier empereur de Byzance Constantin XI
Paléologue, ce qui a conduit les historiens a déduire que la première épouse de Djuradj aurait
pu être une sœur inconnue de Jean IV Comnène, cf. B. FERJANČIĆ, “Vizantinci u Srbiji prve
polovine XV veka” (Les Byzantins en Serbie dans la première moitié du XVe siècle), Zbornik
radova Vizantološkog instituta (ZRVI) 26 (1986), p. 181-185, avec bibliographie.
35. Sa sœur Hélène fut mariée à David Comnène, empereur de Trébizonde ; une autre sœur, de
nom inconnu, était mariée au roi de Géorgie ; ses frères, Andronic, qui était le grand domes-
tique de Byzance, puis Georges et Thomas, les deux derniers auront à passer une grande partie
de leur vie en Serbie (M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 63-64).
36. Dont 400.000 ducats au comptant et 20.000 ducats en vêtements et bijoux de mariée, en pré-
sents pour les dignitaires ottomans, selon le dominicain ragusain Jean Stojković dans sa lettre
écrite à Constantinople. Bertrandon de la Broquière parle d’un million de ducats, F. BABIN-
GER, Mahomet II, cit., p. 27sq., Istorija Srpskog naroda (Histoire du peuple serbe), II, Belgrade
1982, p. 241, 242 (M. SPREMIĆ) ; Id., Despot Djuradj…, cit., p. 192-193 n. 79.
37. G. SPHRANTZES, Memorii 1401-1477, ed. V. GRECU, Bucarest 1966, § 78-80 ; D. ANASTASI-
JEVIĆ, Jedina vizantiska carica Srpkinja (L’unique impératrice byzantine serbe), Belgrade 1939.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 23

Doukas affirme cependant que le sultan avait une préférence marquée pour sa
nouvelle épouse, car elle était plus belle et avait “plus d’esprit” 38 que les autres.
Les chroniqueurs ottomans donnent par contre une autre version : Murad II
n’aurait accepté ce mariage qu’à contrecœur et sur le conseil de ses dignitaires.
Que dans ce mariage Mara ait été une sorte d’otage destiné à garantir la bonne
conduite de la Serbie, est chose confirmée par le fait que son frère, le prince Ste-
fan, fut retenu chez les Ottomans pendant un certain nombre d’années 39. Mara
ne renonça pas à sa foi orthodoxe et garda, semble-t-il, auprès d’elle une suite
constituée de ses coreligionnaires. Son influence à la Sublime Porte fut certai-
nement assez considérable, notamment sur son époux 40, mais aussi sur Meh-
med II, qui la considérait comme sa mère adoptive 41 et à qui elle aurait (au dire
de sources plus tardives) appris les rudiments du catéchisme orthodoxe et de la
langue serbe. Le sultan Bayezid II tenait compte, lui aussi, des désirs de la tsa-
rine Mara, surtout en ce qui concerne ses œuvres pieuses 42, ainsi que dans cer-
taines questions ecclésiastiques, politiques et diplomatiques 43.
Après la mort de Murad II (1451), Mara fut autorisée par le nouveau sultan
Mehmed II, à s’en retourner dans son pays avec honneurs et riches présents,
après s’être fait restituer une grande partie de son importante dot en terres,
ainsi que d’autres richesses 44. Le retour de Mara faisait partie du traité de paix

38. DOUKAS, Istoria turco-bizantină (1341-1462), éd. V. GRECU, Bucarest 1958, p. 259, 261.
39. Il fut sans doute confié à l’une de ces écoles pour jeunes princes chrétiens dont un certain
nombre étaient toujours retenus en otages par la Porte à cette époque et parmi lesquels, selon
de la Broquière, les jeunes nobles de Valachie comptaient parmi les plus nombreux, cf.
M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 196, n. 96.
40. Le chroniqueur ragusain, Junije Rastić, rapporte que “Il despota in questo tempo godeva di
tutta la confidenza d’Amuratte, ed appresso di lui per mezzo dell’ imperatrice Marra, sua
figliola, poteva assai”, cf. Chronica Ragusina Junii Restii item Joannis Gundulæ, éd. S. NODILO,
Zagreb 1893, p. 295 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 323.
41. N. JORGA, “Rapports entre l’Etat des Osmanlis et les nations des Balkans”, Revue Internatio-
nale des Etudes Balkaniques I/2, Belgrade 1935, p. 135-136 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…,
cit., p. 322, 362 ; Ruža ĆUK, “Carica Mara” (La tsarine Mara), Istorijski časopis XXV-XXVI
(1978-1979), p. 65.
42. V. BOŠKOV, “Mara Branković u turskim dokumentima iz Svete Gore” (Mara Branković dans
les documents turcs du Mont-Athos), Recueil de Chilandar 5, Belgrade 1983, p. 197.
43. Ruža ĆUK, “Carica Mara”, cit., p. 83-87 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 527, 547-548.
44. F. BABINGER, Mahomet II, cit., p. 86-87. Dans la charte du despote Djuradj délivrée en 1452 à
la Grande Laure du Mont-Athos, figure le nom de Mara : “notre enfant Madame l’impératrice
Mara”, S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici srpskih država srednjeg veka (Les monuments juri-
diques du Moyen Age serbe), Belgrade 1912, p. 503.
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24 Chilandar et les Pays roumains

que son père, le despote Djuradj, avait conclu à l’avènement du nouveau sultan
en 1451 45. Après seize années passées en une réclusion dorée dans le harem du
sultan, accompagnée d’une suite fastueuse et jouissant de l’apanage décerné
par la Porte, Mara retrouva les siens dans la capitale serbe de Smederevo. Les
fiefs de Toplica et Dubočica furent, par la même occasion, restitués au despote
de Serbie. Restant fidèle au vœu qu’elle avait prononcé du vivant de Murad II,
de renoncer au mariage en cas de veuvage et de sa libération “de l’emprise des
infidèles”, Mara déclina la demande en mariage de l’empereur byzantin
Constantin XI 46, veuf depuis 1442, malgré l’insistance de son père, le despote
Djuradj. Elle restera en Serbie quelque six années, avant de repartir en Turquie
accompagnée de son oncle Thomas et de son frère aîné, l’aveugle Grgur (Gré-
goire) après la mort de leur mère, la despina Irène Cantacuzène, le 3 mai 1457.
Ce départ avait pour cause les dissensions et les rivalités politiques survenues
au sein de la famille Branković après la mort du despote Djuradj en 1456.
Mara, Grgur († 1459 à Chilandar sous le nom monastique de Germain) et leur
mère, appartenaient au parti pro-turc, entré en un conflit plus ou moins impli-
cite avec le camp pro-hongrois, dont relevaient le jeune despote Lazar et son
frère Stefan. Mara s’établit dans son domaine de Ježevo (Ezova), qu’elle avait
reçu du sultan dans la région de Serrès 47. Elle y vécut jusqu’à la fin de ses jours
(14 sept. 1487), entourée d’une cour composée de quelques nobles et intel-
lectuels serbes, dont notamment son oncle Thomas Cantacuzène († 1463) et
pendant quelque temps le célèbre copiste et écrivain Vladislav le Grammairien.
En 1469, elle y fut rejointe par sa sœur cadette, Catherine de Cilly, veuve

45. J. PAPADRIANOS, “L’historien byzantin Doucas et les Serbes”, Cyrillomethodianum 1 (1971),


p. 113-117.
46. G. SPHRANTZES, Memorii 1401-1477, éd. V. Grecu, Bucarest 1966, p. 78-82 ; J. PAPADRIANOS,
“The marriage-arrangement between Constantine XI Palaiologus and the Serbian Mara”,
Balkan Studies 6 (1965), p. 131-138 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 363-364.
47. Mara jouissait en pleine propriété des villages de Ježevo (Ezova) et de Mravince (Moravinge),
mais aussi des revenus de la propriété de Doqsonbo, à titre de timar. Quant à la date de son
installation sur ces terres, sa présence à Andrinople étant attestée le 14 nov. 1457, les
recherches d’Irène Beldiceanu plaident en faveur d’une installation plus tardive, cf. Irène BEL-
DICEANU-STEINHERR, “Les illusions d’une princesse. Le sort des biens de Mara Branković”,
Frauen, Bilder und Gelehrte. Studien zur Gesselschaft und Künsten im osmanischen Reich. Fest-
schrift H.-G. Majer, Herausgegeben von Sabine Prätor, Chr. K. Neumann, Istanbul 2002, p. 47-
51.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 25

(mariée en avril 1434) du jadis très puissant baron Ulrich de Cilly. Ayant dû
céder aux Habsbourg la majeure partie des vastes domaines des Cilly, Cathe-
rine se vit bientôt contrainte de vendre sa ville de Zagreb ainsi que les restes
des ses propriétés, avant d’acheter un domaine au Frioul (Fourlanie) et de
s’établir pour quelque temps dans la petite ville de Belgrade. A Ježevo elle était
sous la protection de sa sœur Mara, à laquelle elle devait survivre cinq ans avant
de mourir à son tour en 1492 et d’être enterrée à Konča (Honitsa), près de
Strumica (Stroumitsa) 48.
Mara entretenait une large activité diplomatique, dépêchant ses envoyés
notamment à Raguse, à Venise et à la Porte. En route vers Constantinople, les
diplomates ragusains lui rendaient presque régulièrement visite pour recevoir
d’elle conseils et recommandations. En délivrant ses chartes, elle les scellait du
sceau de son père feu le despote Djuradj portant pour armoiries un casque
fermé sommé de deux cornes de taureau, avec pour légende : “seigneur des-
pote Djuradj”. L’intitulation de ses chartes la désignait elle-même du titre d’im-
pératrice (“tsarine”) 49 et “autocrate” (samodržica). Dans les actes ragusains et
vénitiens elle est le plus souvent désignée comme “imperatrix”, plus rarement
“amirissa” et “madregna del imperador” 50. Dans une charte de 1459, concer-
nant le monastère Sainte-Sophie à Thessalonique, Mehmed II désigne sa belle-
mère, Mara la sultane (amirissa), comme sa “mère”, la “maîtresse des nobles
dames qui croient au Messie” 51.
Cinq documents serbes de Mara ont été publiés par Stojanović 52. Une
charte qu’elle avait délivrée le 21 mai 1466 à Ježevo en faveur des monastères
de Chilandar et de Saint-Paul a été publiée 53, alors qu’une autre, promulguée

48. F. BABINGER, Mahomet II, cit., p. 179, 190, 199-200 ; M. SPREMIĆ, Despot Djuradj…, cit., p. 179,
550.
49. Ahmed pacha Hercegović, dans une lettre aux Ragusains, leur recommandant de continuer
de verser la dîme de Ston à Chilandar et Saint-Paul, rappelle à leur souvenir le contrat conclu
avec eux à ce propos par “l’impératrice Mara”, cf. Lj. STOJANOVIĆ, Stare srpske povelje i pisma II
(Chartes et lettres serbes anciennes), Belgrade- Sr. Karlovci 1934, p. 357.
50. Ruža ĆUK, “Carica Mara”, cit., p. 82.
51. F. BABINGER, Mahomet II, cit., p. 199.
52. Lj. STOJANOVIĆ, Stare srpske povelje i pisma II, cit., p. 196-199 ; R. ĆUK, “O hronologiji pisama
carice Mare upućenih Dubrovniku” (De la chronologie des lettres adressées à Dubrovnik par
la tsarine Mara), Istoriski časopis 24, Belgrade 1977, p. 285-288.
53. Ruža ĆUK, “Povelja carice Mare manastirima Hilandaru i sv. Pavlu” (La charte de la tsarine
Mara pour les monastères de Chilandar et Saint-Paul), Istoriski časopis 24 (1977), p. 103-116.
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26 Chilandar et les Pays roumains

elle aussi à Ježevo et datée du 15 avril 1479, est connue depuis fort long-
temps 54. Des sept documents serbes de Mara, les deux derniers, des chartes
émises en faveur des ces deux monastères athonites, offrent le plus d’intérêt
pour notre enquête. La première (1466) est un acte par lequel Mara lègue deux
de ses villages de la région de Serrès ; la deuxième atteste le droit pour lesdits
monastères de percevoir la dîme de Ston 55.

Les fondations pieuses dynastiques


Alors que Chilandar était, depuis sa constitution, en tant que couvent
serbe, en 1198 par le grand joupan de Serbie Stefan-Nemanja (1166-1196),
qui devait mourir sous le nom de moine Siméon († 1200), la fondation pieuse
par excellence de la maison régnante de Serbie, Saint-Paul était devenu celle
de la famille Branković depuis le milieu du XIVe siècle 56. C’est à ce titre que

C’est une charte de donation des villages de Mravinci et de Ježevo, dont les revenus doivent
être partagés (les 3/5 pour Chilandar et les 2/5 pour Saint-Paul), en contrepartie d’offices
religieux pour le repos de l’âme des membres défunts de la famille Branković. Le revenu fiscal
des deux villages s’élève à 15.520 aspres, cf. Irène BELDICEANU-STEINHERR, art. cit., p. 48.
54. L’étude critique de ce document daté de 1479 (Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica spectan-
tia historiam Serbiae, Bosnae, Ragusii, Vienne 1858, N° CDXLV p. 520-522) semble bien révé-
ler son caractère de faux, même si seule une nouvelle édition pourrait pleinement le confirmer.
Les travaux récents : Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Svetogorci i stonski dohodak” (Les Hagiorites et
la dîme de Ston), ZRVI 22 (1983), p. 183-188 ; S. ĆIRKOVIĆ, “Hilandarska sveća u Dubrov-
niku” (La dîme de Chilandar à Raguse), Nastava istorije (1998), p. 14 ; A. FOTIĆ, “Despina
Mara Branković and Chilandar : between the Desired and the Possible”, in Huit siècles du
monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 98), plaident en ce sens.
55. Faux ou authentique (selon Ruža ĆUK, “Carica Mara”, cit., p. 75-80), de même que dans
nombre d’autres cas de falsification, c’est sur la foi de ce faux (qui aurait pu être forgé vers
1500), que la dîme de Ston fut définitivement attribuée aux deux monastères athonites et
versée régulièrement par la République ragusaine, cela probablement jusqu’en 1806.
56. On connaît 18 documents serbes des archives de Saint-Paul, dont le plus ancien fut délivré
avant 1385, alors que le plus récent est daté de 1580. Dušan Sindik a réuni 17 de ces docu-
ments (l’acte de la moniale Makrine – photographie de la collection Sevastjanov – n’ayant pu
être retrouvé à St.-Paul), dont le plus ancien (acte de Nikola Bagaš) était inconnu jusqu’à cette
publication. Le N° 2 (nov. 1409) est un contrat entre les monastères de Xèropotamou et
Saint-Paul ; N° 3 est une charte (3 oct. 1403 ?) de Stefan-Grgur Branković, avec sa mère Mara
et ses frères, Stefan, Djuradj et Lazar ; N° 4 (3 nov. 1409) est la traduction serbe d’un acte du
Prôtaton à l’intention de St.-Paul ; N° 5 (15 nov. 1410), charte de Djuradj Branković, avec sa
mère Mara et son frère Lazar ; N° 6 (15 nov. 1419), Djuradj et son épouse Irène ; N° 7 (vers
1430), Djuradj confirme la donation du čelnik Radić ; N°8 (1er sept. 1429-31 août 1430),
trad. serbe du prostagma de Jean VIII Paléologue ; N° 9 (fév. 1431), trad. serbe de l’horismos
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 27

Mara, en tant qu’héritière de la lignée des Branković, exerce sur ce monastèrre


son droit de protection hérité des ktitôrs, par son père, Djuradj Branković
(1427-1456), lequel avait reçu en héritage le trône de Serbie après le décès de
son oncle maternel Stefan Lazarević (prince de Serbie depuis 1389, despote
1402-1427), mort sans descendance 57.
Dans les dernières décennies du XIVe siècle, la succession de la dynastie
némanide, dont le règne bi-séculaire (1165-1371) avait si fortement marqué
le Moyen Age serbe, s’opère dans une sourde, mais parfois violente rivalité
entre les plus importants magnats de l’ex-Empire serbo-grec. Après 1371, le
prince Stefan Lazar et le potentat Vuk Branković apparaissent comme les plus
puissants d’entre ces seigneurs. Les laures athonites purent à cette époque
bénéficier des donations d’autres dynastes, parmi lesquels les frères Dragaš
(Dragasès), maîtres de la Macédoine orientale, qui firent ou confirmèrent
d’importantes donations foncières à la Grande Laure, à Vatopédi, à Iviron, au
Rossikon et à Chilandar 58. Les chartes du prince Lazar (†1389) octroient des
terres à l’hospice de Chilandar, en 1379/80 ; puis celles de 1381 confirment les
dons qui avaient été faits au Rossikon, La confirmation du legs foncier, qui avait
été concédé par le seigneur Obrad Dragosaljić, est faite par une charte de 1388,

du despote Démétrios Paléologue ; N° 10 (4 sept. 1434), acte du moine Savatije ; N° 11 (19


jan. 1438) acte de Radoslava de Trepča ; N° 12 (7 avr. 1453), donation de Novak et de son
épouse (inédit) ; N° 13 (6 sept. 1456), charte du despote Djuradj et de son fils, le despote
Lazar, au métropolite de Gračanica, Benedikt ; N° 14 (21 mai 1466), charte de Mara ; N° 15
(1 mars 1469), trad. serbe du contrat entre Esphigménou et St.-Paul (inédit) ; N° 16 (11 nov.
1495), charte de la despotesse Angélina et de ses fils, les despotes Djuradj et Jean ; N° 17
(1480), contrat de démarcation entre Dionysiou et St.-Paul (inédit). Seuls les documents iné-
dits sont édités, tandis que les autres sont donnés sous forme de regestes, avec description
diplomatique et bibliographie, cf. D. SINDIK, “Srpske povelje u svetogorskom manastiru
Svetog Pavla” (Les chartes serbes du monastère de Saint Paul), Miscellanea VI, Belgrade 1978,
p. 183-205 + 16 pl. h.t.
57. B. BOJOVIĆ, « “Le discours d’amour du despote Stefan Lazarevic” (début du XVe siècle) – poésie
spirituelle ou amour platonique ? », in Corrispondenza d’amorosi sensi, Gênes 2006, p. 285-296.
58. Ce dont témoignent les chrysobulles du despote Jean et de son frère Constantin Dragaš de
1377, respectivement pour Chilandar et le Rossikon, puis celui de 1379 et deux de 1380, deux
actes de Constantin délivrés en faveur de Chilandar en 1381, dont le deuxième est signé aussi
par sa mère, la tsarine Eudocie, en plus d’un acte grec de 1393, en faveur de Vatopédi, B. FER-
JANČIĆ, “Vladarska ideologija u srpskoj diplomatici posle propasti carstva 1371” (L’idéologie
princière dans la diplomatique serbe après la ruine de l’Empire 1371), in Le prince Lazar, Bel-
grade 1971, p. 146-148 ; Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Dragaši i Sveta Gora” (La famille Dragasès et
le Mont-Athos), ZRVI 34(2006), p. 41-54 (rés. fr. p. 55-57).
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28 Chilandar et les Pays roumains

et l’attribution d’une dîme de Novo Brdo à Chilandar est connue grâce à un


diplôme du despote Stefan Lazarević, de même qu’une charte de ktitôr en
faveur du Rossikon 59.
Alors qu’à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle le patronage sur Chi-
landar était l’enjeu de l’ascension et du prestige “international” de la dynastie
némanide, la fin du XIVe siècle est marquée par la rivalité entre les deux plus
puissantes lignées serbes de l’époque. En tant que maître des régions centrales
et septentrionales de la Serbie, le prince Lazar eut à faire face à une importante
influence de la puissante famille Branković sur Chilandar, due aussi à la pré-
sence du moine Gérasime Branković au Mont-Athos. Même si la confiscation
des biens fonciers d’un seigneur infidèle à son suzerain était une sanction cou-
rante en Serbie, celle qui fut infligée à Obrad Dragosaljić, y compris sa dona-
tion à Chilandar, dénote une certaine ambiguïté dans les relations entre le
prince et la laure athonite 60.
Dans un chrysobulle non daté, émis probablement entre 1413 et 1427,
“…par les prières de mes saints seigneurs, pères, aïeux et ktitôrs Siméon et
Sava”, le “bien-croyant despote Stefan (Lazarević), seigneur de tous les Serbes
et du Pays danubien” déclare renouveler l’allocation annuelle de 100 livres d’ar-
gent métal (32,8 kg) “à la gloire et en l’honneur de la Mère-de-Dieu de Chi-
landar et de nos bienheureux pères théophores Siméon et Saint Sava”, que
“mon père”, le “Saint prince (Lazar)”, avait jadis attribuée à Chilandar. L’in-
terruption de l’allocation nous renvoie aux décennies de la fin du XIVe et du
début du XVe siècle qui avaient été celles de la difficile consolidation du pou-
voir du despote, ce dont il est fait état dans le préambule du chrysobulle. Le
“grand monastère impérial serbe qui est sur la Sainte Montagne de l’Athos” y
est désigné en tant que patrimoine du “ktitôr le plus familier (proche)”, et plus

59. V. MOŠIN, “Samodržavni Stefan knez Lazar i tradicija Nemanjićkog suvereniteta od Marice
do Kosova” (Le prince autocrator Stefan Lazar et la tradition de souveraineté némanide de la
Marica à Kosovo), in Le prince Lazar, Belgrade 1971, p. 24-27 ; A. MLADENOVIĆ, “Povelje
kneza Lazara Hilandaru i vlastelinu Obradu Dragosaljiću” (Les chartes du prince Lazar à Chi-
landar et au seigneur Obrad Dragosaljić), in Huit siècles du monastère de Chilandar, Belgrade
2000, p. 203-222.
60. M. BLAGOJEVIĆ, “Sekularizacija Hilandarskih poseda u srednjovekovnoj Srbiji” (La séculari-
sation des biens fonciers de Chilandar dans la Serbie médiévale), in Huit siècles du monastère
de Chilandar, Belgrade 2000, p. 55-57.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 29

loin, comme “mon saint monastère” 61. Par un chrysobulle de juin 1411, le des-
pote fait don à Chilandar de villages dans la région de Novo Brdo (Kosovo),
en contrepartie de six adelphata concédés par le monastère 62. Après que l’au-
torité du despote Stefan eut été reconnue par son neveu Djuradj Branković 63,
le protectorat qu’il avait exercé sur la laure dynastique serbe pouvait donc être
restauré en vertu de la succession héréditaire de la souveraineté princière.
La sollicitude des Branković envers Chilandar date néanmoins du milieu
du XIVe siècle, et notamment depuis que le frère aîné de Vuk Branković,
Nikola Radohna, s’y était fait moine sous le nom de Roman, avant 1365. Puis,
ayant embrassé le grand habit (schèma), il prend le prénom de Gérasime, et sa
première mention sous ce nom remonte à 1376/77. En tant que frère du puis-
sant magnat Vuk Branković, le gendre du prince Lazar (†1389), il put intercé-
der à maintes reprises en faveur des grands couvents de l’Athos, la Grande
Laure, Kutlumus, mais surtout Chilandar et Saint-Paul. A son instigation, ses
frères Vuk et Grgur font don en 1365 de plusieurs villages du Kosovo à Chi-
landar ; une donation à Kutlumus est relatée en 1370 par l’higoumène Chari-
ton ; en 1379/80 il reçut 100 onces d’argent métal à titre d’allocation annuelle
de la part du prince Lazar en faveur de Chilandar. Pour la Grande Laure il
obtint de la princesse Milica 100 livres d’argent métal d’allocation annuelle,
alors que vers 1392 il est à l’origine de l’attribution de l’église de la Présenta-
tion (Vavedenie) de la Théotokos à Ibar, avec trois villages et plusieurs
hameaux pour le compte de Chilandar 64. En 1376/77, Vuk accorde à Chilan-
dar le monastère Saint-Georges à Skoplje, après lui avoir fait don des villages
de Gornja et Donja Polimlja, près de Priština. Après avoir accepté la suzerai-

61. Despot Stefan LAZAREVIĆ, Književni radovi (Œuvres littéraires), éd. Dj. TRIFUNOVIĆ, Belgrade
1979, p. 148-149.
62. D. SINDIK, “Srpska srednjovekovna akta u manastiru Hilandaru” (Les actes médiévaux serbes
du monastère de Chilandar), Recueil de Chilandar 10 (1998), p. 78-79.
63. Après dix années de troubles et de conflits sanglants, avec implications dramatiques dans la
guerre civile entre les princes ottomans, celle entre les Branković et les Lazarević prit fin en
1412 par la réconciliation de Djuradj et de Stefan. Le premier réussit à rejoindre la Serbie à
grand-peine depuis Thessalonique, pour être chaleureusement accueilli par son oncle Stefan
qui, étant sans descendance, le désigna comme héritier du trône (M. SPREMIĆ, Despot Dju-
radj…, cit., p. 60-61). L’artisan de cette réconciliation fut la mère de Djuradj et sœur de Stefan,
Mara Lazarević.
64. M. SPREMIĆ, “Brankovići i Sveta Gora” (Les Branković et le Mont-Athos), in Druga kazivanja
o Svetoj Gori, Belgrade 1997, p. 81.
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30 Chilandar et les Pays roumains

neté du sultan, il prit à son compte en 1392 le versement de la dîme de 200


onces (env. 5,5kg) d’argent pour les propriétés foncières de Chilandar qui se
trouvaient sur son territoire 65.
Les descendants de Vuk Branković († 6 oct. 1397 et enterré par son frère
Gérasime au Mont-Athos) subviennent à l’entretien des deux monastères,
malgré les conditions difficiles dans lesquelles se trouvait leur famille après la
perte de la plus grande partie de ses importantes possessions du fait de la
conquête ottomane. C’est ainsi que Chilandar reçoit en 1406 les revenus du
marché de Hoča (dont 100 onces d’argent allouées à l’hospice du couvent), de
même que la propriété de la localité d’Orahovac (en Metohija) 66. Le monas-
tère de Saint-Paul reçoit, quant à lui, à quelques années d’intervalle (entre 1403
et 1408), plusieurs villages, ainsi que vingt livres d’argent par an. Ledit couvent
avait été rétrogradé au rang de kellion (ermitage), avant d’avoir été acheté pour
24.000 aspres et rénové de fond en comble, après 1360, ou au plus tard vers
1380, par Gérasime et Antoine Bagaš (Pagassis), un autre religieux issu d’une
grande famille de propriétaires fonciers de Serbie. Moine de Vatopédi
jusqu’alors, ce dernier vient bientôt s’y installer, et y remplit au plus tard, au
début de 1385, les fonctions d’higoumène. Dès lors, et pour un siècle et demi,
Saint-Paul sera une fondation dynastique de la maison des Branković, “tant que
la puissance des lignées de l’Etat serbe y dominera” et “tant qu’il ne sera pas
déserté par nos frères serbes” 67. Après Gérasime († 3 décembre 1399), le
patronage sur Saint-Paul est relayé par ses neveux, Grgur et Djuradj Branković,
puis par la fille de ce dernier, l’impératrice Mara. C’est ainsi que vers 1405, et
avant de se faire moine à Chilandar (après le 6 octobre 1406), sous le même

65. Sur les nombreuses donations de Vuk Branković à Chilandar, dont il devient le principal ktitor
après 1389, voir M. SPREMIĆ, “Brankovići i Hilandar” (Les Branković et Chilandar), in Huit
siècles du monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 73-80.
66. Dj. BUBALO, “Povelje Mare Branković i sinova joj Grgura, Djurdja i Lazara manastiru Hilan-
daru” (Les chartes de Mara Branković et de ses fils Grgur, Djurdje et Lazar pour le monastère
de Chilandar), Prilozi KJIF, LXV-LXVI (1999-2000), p. 77-105 (avec 3 fac-similés).
67. M. SPREMIĆ, “Brankovići i Sveta Gora”, cit., p. 82-83, 85. En 1389 le couvent de Saint-Paul
comptait 190 moines, alors qu’une trentaine d’années plus tard il n’en avait que 34 essentiel-
lement serbes, D. I. MUREŞAN, “Le Mont Athos aux XVe-XVIe siècles. Autour de quelques des-
criptions d’époque”, in The Romanian Principalities and the Holy Places along the Centuries.
Papers of the Symposium heid in Bucharest, 15-18 October 2006, Ed. : E. Băbuş, I. Moldoveanu,
A. Marinescu, Bucarest 2007, p. 86.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 31

nom que son oncle Gérasime, Grgur († 13 mars 1408) alloue à la fondation
familiale 20 livres d’argent par an, outre plusieurs villages au Kosovo 68. Durant
le despotat de Stefan Lazarević (1402-1427), le ktitorat sur Chilandar est
assumé, selon l’usage, par le souverain de Serbie 69, cependant que les Bran-
ković se tournent vers la fondation de leurs aïeux, le monastère de Saint-Paul.

Le ktitorat des despotes Branković


Djuradj, le futur despote de Serbie (1427-1456), se distingue par de nom-
breux dons aux monastères athonites. Avant son avènement, ses donations se
limitent néanmoins à Chilandar et à Saint-Paul. Après avoir hérité du trône de
son oncle, le despote Stefan Lazarević (1402-1427), Djuradj confirma, selon
la coutume, les donations qu’il avait attribuées aux grands monastères. Ces
allocations étaient considérablement augmentées du fait que les revenus fon-
ciers s’amoindrissaient en raison des pillages, dévastations et autres spoliations
résultant de la progression de la conquête ottomane. C’est ainsi que la Grande
Laure reçoit une allocation annuelle de 60, puis 80 et 100, et enfin 120 livres 70,
entre 1429 et 1439, puis en 1452 71 ; Vatopédi 60 ; Esphigménou 50, en 1429 ;
et Simonopétra 20 livres d’argent 72. Prélevées sur les douanes de Novo Brdo,
avec une interruption de 1439 à 1444, ces allocations ont sans doute été ver-
sées jusqu’en 1455, date à laquelle le plus grand centre minier des Balkans de
cette époque tombe définitivement entre les mains de l’administration otto-
mane.

68. M. SPREMIĆ, “Brankovići i Hilandar”, cit., p. 80-82.


69. M. BLAGOJEVIĆ, “Knez Lazar kao ktitor Hilandara” (Le prince Lazar comme ktitor de Chilan-
dar), in Le Saint prince Lazar, Belgrade 1989, p. 47-61.
70. Alors que Lavra, Vatopédi, Esphigménou sont des couvents grecs, Simonopétra aurait été
habité à cette époque (fin XIVe-première moitié du XVe s.) par des moines bulgares. Il en res-
sort qu’en dehors de Saint-Paul, les Branković ne tiennent pas compte de la composition eth-
nique des communautés monastiques puisque les couvents détenus à cette époque par les
moines serbes (Dochiariou, Grigoriou, Dionysiou) ne sont pas subventionnés,
D. I. MUREŞAN, “Le Mont Athos… ”, cit., p. 85-86.
71. S. ĆIRKOVIĆ, dans Actes de Lavra IV, P. LEMERLE, A. GUILLOU, N. SVORONOS, Denise PAPACH-
RYSSANTHOU, Paris 1970, p. 197-200.
72. Une livre d’argent métal avait la valeur de 8 ducats d’or, cf. M. SPREMIĆ, “Brankovići i Sveta
Gora”, cit., p. 89-90, 92.
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32 Chilandar et les Pays roumains

Après la mort du despote Djuradj († 1456) et la conquête finale du des-


potat serbe en 1459, la tutelle dynastique instituée sur les fondations des Bran-
ković fut relayée par la sultane Mara qui s’était établie en Macédoine orientale,
peu de temps avant la chute de la capitale serbe, Smederevo (Semendria).
Parmi les documents ottomans relatifs à Mara, un certain nombre de
pièces inédites ont été publiés voici quelques années par l’orientaliste yougo-
slave Vančo Boškov. D’autres étaient connues depuis plus longtemps. Le
firman émis par Mehmed II (mars 1459) confirme l’achat légal du monastère
de “la petite Sainte-Sophie”, à Thessalonique, par Mara affranchissant ses habi-
tants des impositions promulguées récemment 73. Dans deux notes du defter
des mukata’a en Roumélie de l’époque de Mehmed II, Mara figure en tant que
copropriétaire des pêcheries du lac de Serrès et propriétaire des villages, pro-
priétés qui furent confisquées et transformées en hass avant l’année de l’hégire
883 (1478). Une troisième mention, incluse dans un defter pour le sangaq de
Kruševac (1570/71) et provenant du defter de 1536 qui reproduit des élé-
ments tirés des recensements plus anciens, confirme les privilèges accordés à
Stepašin, personne de l’entourage de Mara, laquelle y est désignée comme “ma
mère Madame la Despine” 74.
Vančo Boškov a publié sept documents ottomans, avec fac-similés des ori-
ginaux, provenant des archives de Chilandar et de Saint-Paul, qui se rapportent
au patronage de Mara sur ces deux monastères athonites. L’attachement de
Mara à Chilandar découle du fait que ce dernier est demeuré, depuis sa fonda-
tion par les saints Siméon et Sava en 1198, la plus insigne laure placée sous le
parrainage de la dynastie serbe. C’est depuis 1350 que les Branković s’étaient
distingués par d’importantes donations à Chilandar. Le couvent de Saint-Paul,
fondation des Branković, fut racheté au monastère de Xèropotamou pour
24.000 aspres, après 1360, par Radohna Branković et Antoine Bagaš, moine de
Vatopédi, pour devenir un important foyer de rayonnement spirituel et cultu-

73. F. BABINGER, “Ein Freibrief Mehmeds II. des Erobers, für das Kloster Hagia Sophia zu Salo-
niki, Eigentum der Sultanin Mara (1459)”, Byzantinische Zeitschrift 44, Munich 1951, p. 11-
20.
74. M. VASIĆ, “Stanovništvo Kruševačkog sandžaka i njegova društvena struktura u ·XV vijeku”
(La population du sanğaq de Kruševac et sa structure sociale au XVe siècle), in Kruševac kroz
vekove, Kruševac 1972, p. 70-71.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 33

rel habité par des religieux serbes 75. Les Branković étaient donc considérés
comme les ktitôrs de Saint-Paul. En 1447, trois ans à peine après la restauration
du despotat de Serbie (occupé par les Turcs entre 1439 et 1444), le despote
Djuradj avait fait bâtir dans l’enceinte du monastère une église dédiée à saint
Georges 76. Dans ses testaments de 1466 et 1469, Mara désigne comme héri-
tiers de ses biens Chilandar pour les 3/5 et Saint-Paul pour les 2/5 des quotes-
parts 77. Il est intéressant de remarquer que les actes relatifs à ces deux legs
constitueraient la plus ancienne preuve de l’existence de vaqif chrétiens dans
l’Etat ottoman 78.
Les relations qu’entretenait Mara avec Mehmed II étaient excellentes,
même si elle ne se rendait que très rarement à sa cour. C’est sur son initiative
que furent élus les patriarches constantinopolitains Denys Ier le Moréote,
Raphaël le Serbe 79 et Niphon II le Péloponnésien. En tant que l’une des der-
nières descendantes de l’illustre lignée serbe, elle s’était arrogé la protection
des monastères athonites notamment. Aucun autre seigneur chrétien n’avait à
cette époque ni la volonté ni la capacité de s’imposer à Constantinople en tant
que protecteur de la Grande Eglise, la “Mégali Ekklisia” (le Patriarcat œcumé-
nique) à l’instar de Mara.
Consacrant le restant de ses jours à la protection des chrétiens et de l’Eglise
chrétiene 80, Mara intercède avec succès en 1485/86 à la Porte en faveur de

75. Dj. Sp. RADOJIČIĆ, “Feudalna porodica Bagaš iz Vranja” (La famille féodale Bagaš de Vranje),
Vranjanski glasnik 1, Vranje 1965, p. 21 ; Ruža ĆUK, “Povelja carice Mare…”, cit., p. 103.
76. G. SUBOTIĆ, “Obnova manastira Svetog Pavla u XIV veku” (La restauration du monastère de
Saint-Paul au XIVe siècle), ZRVI 22 (1983), p. 207-254.
77. En 1471, Mara fait don à Saint-Paul d’une importante propriété foncière, qu’elle venait de
racheter à Esphigménou pour 30.000 aspres sur l’isthme de l’Athos, V. BOŠKOV, “Mara Bran-
ković…”, cit., p. 193-194 ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar…, cit., p. 185 n. 6.
78. V. BOŠKOV, “Mara Branković…”, cit., p. 197. Il semble que la Porte avait tendance à accorder
à certains legs pieux monastiques le statut de vaqif : Elisabeth A. ZACHARIADOU, “Ottoman
Documents from the Archives of Dionysiou (Mount-Athos), 1495-1520”, Südost-Forschun-
gen, XXX (1971), p. 22-23, 26.
79. Cf. N. JORGA, “Rapports entre l’Etat des Osmanlis et les nations des Balkans”, Revue Interna-
tionale des Etudes Balkaniques I/2, Belgrade 1935, p. 136.
80. L’autorisation de retirer de Târnovo les reliques de saint Jean de Rila, pour les transférer au
monastère de Rila, fut obtenue par l’intervention de la sultane Kera (Kyria) Mara auprès de
Mehmed II : E. TURDEANU, La littérature bulgare du XIVe siècle et sa diffusion dans les pays rou-
mains, Paris 1947, p. 80.
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34 Chilandar et les Pays roumains

Chilandar, à l’occasion d’un litige avec Zographou concernant l’importante


propriété foncière (4.000 dunum ≠ 370 hectares) de Komititsa 81. Alors que le
monastère des Saints-Archanges à Jérusalem avait été déserté par les moines
serbes, elle assura la continuité de la rétribution de la dîme de Ston 82 (que
Dubrovnik avait versée depuis 1333 aux souverains serbes, puis attribuait
depuis 1350 audit couvent de Jérusalem), au profit des monastères de Chilan-
dar et de Saint-Paul 83. Vers 1481, Mara aurait invité le voïévode valaque Vlad
le Moine à assumer la protection des intérêts de Chilandar après sa mort, ins-
taurant ainsi la poursuite du patronage des princes de Valachie sur la laure
serbe. Des allègements fiscaux avaient été déjà accordés à Chilandar par les
Ottomans à la demande du voïévode de Valachie Basarab III le Jeune dit
Ţépéluş (1477-1481) 84.

La transmission du ktitorat
Mais pour quelle raison Mara avait-elle tenu à transmettre le droit de ktitôr
des Branković aux princes roumains, alors que la descendance mâle de son

81. A. FOTIĆ, “Despina Mara…”, cit., p. 97-98 ; Id., Sveta Gora i Hilandar…, cit., p. 175-181.
82. Le montant de cette dîme annuelle était de 500 hyperpères ragusains (≠ 250 ducats d’or) ;
désignée comme “Stonski dohodak” (dîme de Ston), ou encore “Dubrovačka sveća”, elle a
été régulièrement versée jusqu’en 1459, date à laquelle les Ragusains semblent avoir estimé
que leurs obligations contractées en 1333 avaient pris fin avec la disparition du despotat de
Serbie. C’est sur l’intervention de Mara auprès de Mehmed II en 1462, que Raguse reprend
le versement de la dîme en 1465, y compris pour les six années précédentes ; voir à ce sujet,
S. ĆIRKOVIĆ, “Hilandarska sveća u Dubrovniku” (La dîme de Chilandar à Raguse), Nastava
istorije (1998), p. 5-19 ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar…, cit., p. 189-193.
83. Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Svetogorci i stonski dohodak” (Les Hagiorites et la dîme de Ston),
ZRVI 22 (1983), p. 179-188 ; Ruža ĆUK, “Carica Mara”, cit., p. 75-80.
84. La documentation ottomane récemment mise à jour permet de faire reculer les débuts des
relations entre Chilandar et les voïvodes de Valachie jusqu’à 1481. C’est un nišan de Bayezid
II, daté du 5-14 octobre 1481, qui témoigne de l’intercession de Basarab Ţépéluş qui obtint
une importante exemption fiscale pour Chilandar de la part du sultan. Ledit monastère aurait
ainsi été le premier couvent athonite à bénéficier de telles franchises foncières (exemption
d’une moitié de la dîme annuelle pour tous ses métochia), à l’instigation d’un prince roumain,
cf. V. BOŠKOV, “Dokumenti Bajazita II u Hilandaru (Sveta Gora)” (Les documents de Baye-
zid II à Chilandar (Mont-Athos), Prilozi za za orijentalnu filologiju 31 (1982), p. 138-143 ;
V. BOŠKOV, Dušanka BOJANIĆ, “Sultanske povelje iz manastira Hilandara. Regesta i komen-
tar za period 1512-1601” (Les chartes des sultans du monastère de Chilandar. Regestes et
commentaires pour la période 1512-1601), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 176, 204 (avec
fac-similé et transcription en caractères arabes, p. 201, 202-203) ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilan-
dar…, cit., p. 194-195. Voir plus loin, p. 16 sq.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 35

père existait toujours ? Après plus d’un siècle de patronage sur les monastères
athonites, la Maison des Branković n’avait pas quitté la scène politique et inter-
nationale du jour au lendemain, même si après la mort du despote Djuradj en
1456 et surtout après l’occupation définitive de la Serbie par les Ottomans en
1459, elle avait cessé de jouer le rôle important qui avait été le sien dans cette
partie de l’Europe pendant plus d’un siècle, si l’on tient compte de l’ancienneté
de l’illustre lignée.
Que devient la partie de la famille du despote Djuradj qui ne s’est pas rési-
gnée à reconnaître la suzeraineté ottomane ? Alors que Mara, plus tard rejointe
par sa demi-sœur Catherine de Cilly, s’est installée sur ses terres proches du
Mont-Athos, Stefan, le deuxième fils aveuglé de Djuradj, avait dû connaître le
destin peu enviable des réfugiés politiques. De Hongrie en 1459, il arriva à
Raguse dans l’été 1460, avant de s’établir pour quelque temps en Albanie sous
la protection de Skanderbeg 85, dont il venait d’épouser la belle-sœur. Les
temps étaient difficiles en Albanie, comme partout ailleurs dans les Balkans, et
Stefan se retrouva avec sa famille en 1461 chez sa sœur Catherine Cantacuzène
en Autriche. Après l’avoir aidée à régler ses problèmes financiers et fonciers, il
s’établit sur son fief de Belgrade, au Frioul, peu après 1462, alors qu’il s’était
rendu à Venise au cours de cette année-là. Il entretenait des relations avec ses
deux sœurs de l’Empire ottoman, assistant notamment Mara dans sa média-

85. Jean Castriote, le père du célèbre héros albanais Skender-beg, était le fondateur d’une skétè,
située à une demi-heure de marche de Chilandar et désignée comme la “Tour albanaise”.
Ledit ermitage fut acheté à Chilandar par le seigneur albanais (avec ses fils, Staniša, Repoš,
Constantin et Georges), y compris quatre adelphata (άδελφάτα), après 1428, pour 80 florins,
à la condition que la skétè redeviendrait la propriété du monastère après la mort du donateur.
L’un des fils, Repoš, décédé à Chilandar en 1431, fut inhumé dans l’exonarthex du catholicon
du monastère. Jean Castriote, avec ses fils, avait fait don à Chilandar en 1425 de deux villages
(Radostuše et Trebište) avec une église (Actes de l’Athos V. Actes de Chilandar. Deuxième
partie. Actes Slaves, par B. B. KORABLEV, dans йй XIX, N° 1, Petrograd 1915, 95 actes (de 1193
à 1684), N° 81 p. 531-532 ; J. RADONIĆ, « Djuradj Kastriot Skender-beg i Albanija u XV veku
/istoriska gradja/ (Georges Castriote Skender-beg et l’Albanie au XVe siècle /sources histo-
riques/), Spomenik XCV (1942), n° 3). Le premier donateur valaque de la skétè aura pu être
Basarab Ţépéluş (1477-1481), voir S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici, cit., p. 467-468 ;
A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit., p. 247-249), ainsi que l’ermitage de Saint-Sava à Karyès
(charte du patriarche Nicodème de 15 juin 1450, voir D. SINDIK, « Povelje… », cit., p. 100-
116, avec fac-similé), dont les fondateurs furent les seigneurs albanais et serbes. Là aussi les
princes valaques suivent une tradition plus ou moins ancienne.
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36 Chilandar et les Pays roumains

tion à propos de la guerre turco-vénitienne. Il vivait dans le dénuement, béné-


ficiant quelquefois de l’aide charitable de Venise, de Raguse, de la Curie
romaine et peut-être du duc de Milan, Francesco Sforza. Avant de mourir, en
octobre 1476, dans une lettre écrite en vieux-serbe, il avait recommandé sa
famille (son épouse Angélina, ses fils Georges et Jean et sa fille Mara), aux bons
soins de la République ragusaine. Après avoir marié sa fille Mara (grâce au par-
rainage de l’empereur Frédéric III de Habsbourg) à Boniface V de Montferrat,
Angélina se rend avec ses deux fils à Bude, en 1486. Après la mort du despote
titulaire Vuk Grgurović (fils naturel de Grgur Branković), cette dignité était
vacante. Le roi de Hongrie Mathias Corvin l’attribua au jeune Georges (le futur
métropolite Maxime), puis, après la renonciation de ce dernier, à son frère
Jean, qui assuma ce titre jusqu’à sa mort survenue en 1502.
Ayant reçu en Hongrie une partie des terres qui avaient jadis appartenu aux
immenses domaines des despotes de Serbie, les Branković profitèrent de l’amé-
lioration de leur situation financière pour renouer avec leur vocation de pro-
tecteurs du Mont-Athos. Ils accordèrent, le 3 novembre 1495, puis en 1496,
une allocation annuelle aux monastères de Chilandar et de Saint-Paul. Déli-
vrée à l’instigation de l’envoyé de Chilandar, l’ex-prôtos kyr Cosmas, accom-
pagné du starec Joseph, la charte des despotes Georges et Jean (1494-1502),
datée de 1495-1496 (7004), octroie une allocation annuelle de 1.000 pièces
d’or (≠ 52.000 aspres) à ce monastère, alors que Saint-Paul s’en voit attribuer
500 pièces d’or 86. La dernière attribution connue accordée par un membre de
la dynastie des Branković en faveur de Chilandar, est celle de 100 pièces d’or,
allouée par la princesse Hélène, par une charte datée de Bude 87 du 11 juin
1504. Que le despote Jean, homme courageux et entreprenant face aux Otto-
mans, mais ne disposant que de moyens assez limités, n’avait pas l’intention de
renoncer à l’héritage de la couronne de Serbie, c’est ce dont témoigne la charte
qu’il délivra (le 23 juillet 1499) en faveur du monastère athonite d’Esphigmé-

86. Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica, n° CDLXII, p. 539-540 ; S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spome-
nici, cit., p. 533 n° 6 ; Dušanka DINIĆ-KNEŽEVIĆ, “Sremski Brankovići” (Les Branković de Srem
– Sirmium), Istraživanja 4 (1975), p. 40-41.
87. N. NOVOSTRUIEV, “Tri hrisovulje u Hilandaru” (Trois chrysobulles de Chilandar), Glasnik
Srpskog učenog društva VIII, fs. 8 (1869), p. 274-277 ; Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica…,
n° CDLXX, p. 546-548 ; M. SPREMIĆ, “Brankovići i Sveta Gora”, cit., p. 94-96 ; A. FOTIĆ, Sveta
Gora i Hilandar…, cit., p. 187-188.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 37

nou. Acceptant d’assurer les obligations de ktitôr, il promet d’assurer à cette


communauté un subside annuel dans la mesure de ses possibilités. Il ajoute que
si Dieu le “fait seigneur des Serbes”, il s’engage alors à l’aider de l’équivalent de
ce que donnait au monastère son grand-père, le despote Djuradj. Mort sans
descendance mâle, il laissa deux filles, une Mara, mariée plus tard à Ferdinand
de Frankopan, et Hélène qui deviendra l’épouse du voïévode de Moldavie
Petru Rareş 88.
Mais tout cela ne nous permet pas de déterminer de manière satisfaisante
des motifs pour lesquels la sultane Mara avait tenu à transmettre le droit de
ktitôr des Branković aux princes roumains, même si l’on sait qu’à l’époque
(dans les années quatre-vingt), la famille de son frère vivait dans le plus grand
dénuement. Un élément d’explication pourrait peut-être se trouver dans un fait
apparemment anodin survenu sous le règne du despote Djuradj. En 1452,
quelques années après la restauration du despotat (en 1444), une délégation
athonite venue de la Grande Laure avait demandé au despote de reprendre une
dizaine de villages et un marché, qu’il avait précédemment attribués à leur
communauté dans la région de Paraćin (avant 1439), en le priant de leur accor-
der à titre de compensation une augmentation adéquate de la somme que le
monastère percevait annuellement de la part du despote. L’allégation invoquée
était l’insécurité et les difficultés qui en résultaient pour la perception des reve-
nus en raison des incursions ottomanes. Le despote accéda à la requête des
moines et doubla la somme qu’il versait annuellement à la Grande Laure : de
60 elle passa à 120 livres d’argent 89.
Il est possible d’avancer deux interprétations plausibles de cette démarche
inhabituelle, et surtout, apparemment contradictoire avec le droit de succes-
sion, lorsqu’il s’applique aux fondations pieuses 90.

88. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos et les Roumains…, cit., p. 151.


89. S. ĆIRKOVIĆ, dans P. LEMERLE, A. GUILLOU, Actes de Lavra IV, cit., p. 197-200 ; M. Spremić,
Despot Djuradj…, cit., p. 383-384.
90. Plus rare qu’à Byzance, la sécularisation des biens fonciers de l’Eglise serbe constitue une
mesure d’exception pour laquelle il existe fort peu de témoignages et qui s’applique néan-
moins aux situations liées aux conflits d’intérêts politiques en Serbie, M. BLAGOJEVIĆ, “Seku-
larizacija Hilandarskih poseda u srednjovekovnoj Srbiji” (La sécularisation des biens fonciers
de Chilandar dans la Serbie médiévale), in Huit siècles du monastère de Chilandar, Belgrade
2000, p. 51-58.
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38 Chilandar et les Pays roumains

Dans le premier cas, il s’agirait d’un moyen permettant d’assurer la subsis-


tance matérielle et financière des deux monastères athonites placés jusqu’alors
sous la protection des Branković. Le fait que la famille des despotes déchus et
exilés n’était plus à même, dans un premier temps, d’assurer un revenu annuel
aux deux monastères, pouvait constituer en soi une raison suffisante. Les deux
villages de la région de Serrès que Mara avait légués n’offraient que des res-
sources limitées et, en tout cas, insuffisantes pour subvenir aux besoins des
moines, alors que le respect par les autorités ottomanes des volontés de Mara
ne pouvait pas être acquis d’avance, une fois qu’elle aurait quitté ce monde 91.
La législation ottomane offrait, en effet, peu de garanties en ce sens. Il faudrait
pouvoir connaître d’avantage le système foncier et administratif ottoman pour
apprécier jusqu’à quel point la propriété terrienne héréditaire et les exemptions
fiscales dont bénéficiaient traditionnellement les communautés monastiques,
étaient compatibles ou non avec le dispositif juridique ottoman 92. Il est fort
plausible que seule la tutelle d’un prince souverain, fût-il le vassal du sultan, et
surtout justement en tant que tel, pouvait assurer subsistance temporelle et
protection judiciaire aux monastères 93.
La deuxième considération est d’un ordre plus théorique et juridique que
financier et matériel. La Serbie n’étant plus une réalité géopolitique, ses des-
potes titulaires appartenant à la souche Branković ne jouissaient plus de la légi-
timité princière requise pour continuer d’être les protecteurs des
communautés athonites. Exilés à la fois des territoires devenus ottomans et
aussi de Serbie, réfugiés sous la tutelle des ennemis de l’Empire ottoman, leur

91. Irène BELDICEANU-STEINHERR, art. cit., p. 43-59.


92. Fille du despote Lazar (1456-1458) et dernière reine de Bosnie, reconnue par les autorités
ottomanes comme légataire de ses deux tantes, Hélène (Mara) était la dernière héritière des
Branković vivant en territoire ottoman. Ayant acquis une fort mauvaise réputation du fait de
ses intrigues et des procès retentissants qu’elle intenta à plusieurs couvents athonites, ainsi
qu’à Raguse, elle contesta le testament de sa tante Mara en s’efforçant de récupérer les biens
légués aux monastères ; V. DEMETRIADES, Elisabeth A. ZACHARIADOU, “Serbian Ladies and
Athonite Monks”, Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes 84 (1994), p. 35-55 ;
B. I. BOJOVIĆ, Raguse et l’Empire ottoman (1430-1520), Paris 1998, p. 281-283, N° 68, 286-288
n. 310 ; Dj. TOŠIĆ, “Ponašanje bosanske kraljice Mare (Jelene) u izbeglištvu” (Le comporte-
ment de la reine de Bosnie Mara (Hélène), en exil), in Zbornik radova X kongresa Saveza
istoričara Jugoslavije, Belgrade 1998, p. 393-398 ; A. FOTIĆ, “Despina Mara…”, cit., p. 97-98 ;
Id., Sveta Gora i Hilandar…, cit., p. 186 n. 8.
93. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 32, 41 sq., 89 sq., 248, 156, 299-300, 331 n. 16.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 39

protection politique pouvait causer bien des désagréments aux communautés


concernées et même nuire gravement aux intérêts des deux monastères invi-
tés à bien prendre garde de ne pas susciter le mécontentement du sultan. Seule
la protection d’un prince, à la fois vassal et jouissant d’une large autonomie ter-
ritoriale et politique, pouvait leur assurer simultanément une aide financière et
une protection efficace.
Les deux présuppositions ne sont pas contradictoires ; en réalité elles se
confondent et se complètent sans doute. Quoi qu’il en soit, la détention du
droit de ktitôr des monastères athonites présentait une importance considéra-
ble dans le dispositif idéologique des Etats orthodoxes du Sud-Est européen 94.
La transmission de ce droit ancestral par une princesse cultivée, pieuse et
douée d’une force de caractère peu commune, comme c’était le cas de Mara
Branković, n’était pas un élément négligeable. La lignée des Branković n’était
certes point éteinte, mais les descendants mâles de la famille encore en vie
étaient passés au service de Mathias Corvin depuis 1464 95. Vuk, le fils naturel
de Grgur Branković, fut despote titulaire jusqu’en 1484. Le frère de Mara,
Stefan, avait deux fils et tout espoir de les voir jouer un rôle politique ne pou-
vait donc être écarté. La décision de Mara dénote un pragmatisme et un souci
visionnaire portant sur la survie et la sécurité des communautés athonites, mais
elle nous cache sans doute des raisons supplémentaires dont il serait fort inté-
ressant de connaître les motivations.
La transmission du droit de fondateur-protecteur (ktitôr) aux voïévodes
valaques concernant les fondations pieuses des dynasties serbes, parmi les-
quelles Chilandar occupait depuis toujours la toute première place 96, s’opère
par les soins de Mara. Même si cette protection s’exercait à l’encontre de Chi-
landar depuis Basarab III Ţepeluş, c’est-à-dire au plus tard depuis 1481. Se réfé-
rant au protectorat dudit prince, la documentation ottomane de 1481, puis de

94. D. NASTASE, “L’idée impériale dans les Pays roumains et ‘le crypto-empire chrétien’ sous la
domination ottomane”, Σύμμεικτα, IV (1981), p. 219 et aussi note 4.
95. Alors que les noms de Mara et de sa sœur, ainsi que ceux des membres défunts de la famille
sont indiqués dans sa charte pour Chilandar et pour Saint-Paul, afin d’inviter les moines à
prier pour eux, ceux des Branković de Hongrie n’y figurent point (Ruža ĆUK, “Povelja carice
Mare…”, cit., p. 113). Ce qui dénote bien une attitude pour le moins réservée à l’endroit de
ceux des membres de la famille reconnaissant la suzeraineté du roi de Hongrie.
96. P. Ş. NĂSTUREL, “Aperçu critique des rapports de la Valachie et du Mont-Athos des origines
au début du XVIe siècle”, Revue des études sud-est européennes II, 1-2 (1964), p. 16-17.
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40 Chilandar et les Pays roumains

1492, 1506 et 1513 utilise les expressions “müte allik” (dépendant de), et
“Eflāk voyvodasi Çepeluş ve İvlād voyvoda Erkekler Adasinda mezkurlarun ve
ecdādlarinun Filandār adlu manāsttirinun” (…le monastère nommé Chilan-
dar est lié aux voïévodes valaques Ţepeluş et Vlad…), pour désigner les rap-
ports du voiévode valaque avec Chilandar. La même terminologie est, par
ailleurs, employée pour les autres monastères athonites, dont notamment Kut-
lumus. Selon l’ottomanisant serbe Aleksandar Fotić, dans sa thèse de doctorat
récemment publiée, ces expressions doivent être comprises au sens le plus
large, comme désignant une sorte de protection, de tutelle et non pas une ges-
tion ou propriété de droit 97. Cette charge prend pleinement effet dès la mort
(1490/91) de Catherine de Cilly (Cantacuzène), la sœur de Mara, que Vlad
le Moine semble bien avoir considérée comme ayant été la dernière héritière
légitime des ktitôrs serbes.

LES PRINCES ROUMAINS ET LA TRANSMISSION DU DROIT


DE FONDATEUR DES MONASTÈRES ATHONITES

Le chrysobulle que le prince de Valachie Vlad le Moine délivra au mois de


novembre 1492 à la communauté athonite de Chilandar compte déjà une

97. “ Beldiceanu et P. Ş. Năsturel affirment de manière erronée que les Ottomans reconnaissaient
aux voïévodes valaques le statut de mütevelli (N. BELDICEANU, “En marge d’une recherche
concernant les relations roumano-athonites”, Byzantion, L/2 (1980), p. 620-621 n. 6 ;
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 330-331). Il s’agit peut-être d’une erreur de lecture,
car ce à quoi ils se réfèrent n’existe pas dans les actes auxquels ils font référence (P. LEMERLE,
P. WITTEK, “Recherches sur l’histoire et le statut des monastères athonites sous la domina-
tion turque”, Archives d’Histoire du droit oriental III (1948), p. 420-439). Ils y ont, en fait, été
entraînés par l’hypothèse de Wittek, provenant de l’utilisation d’une notion alors non encore
élucidée de “vakif de monastère”, et de la propension à utiliser les termes d’acception la plus
large, comme terme technique juridique au sens le plus restreint, caractéristiques de la charia.
Aucun statut juridique de mütevelli (administrateur) n’était possible. Le voïvode pouvait être
désigné uniquement et exclusivement au sens le plus large, de même que les higoumènes
furent désignés en ce sens. Non pas dans un sens juridique, mais simplement en tant que per-
sonnes ayant à leur charge la gestion des fondations pieuses”, cf. A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilan-
dar…, cit., p. 196 n. 9. Sans entrer dans le vif du sujet, force nous est de constater que Fotić
semble bien avoir lu de manière lacunaire l’article de Lemerle-Wittek, car la mention de
“mütewelli” y figure bel et bien, même si elle est subsidiairement tirée d’un acte ottoman de
1568/69, connu dans sa traduction grecque (εἴναι μετεβέληίίς), pour le monastère d’Esphig-
ménou du Mont-Athos (P. LEMERLE, P. WITTEK, art. cit., p. 429 n. 3).
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 41

appréciable bibliographie, surtout roumaine. Signalé en 1908 par le général


Petre V. Năsturel (qui le connaissait du slaviste Stoica Nicolaescu), mis en
valeur par Emile Turdeanu et, à plusieurs reprises, par les recherches de Petre
Ş. Năsturel, utilisé ensuite par Dumitru Năstase, ce document a été publié inté-
gralement en 1955 par l’historien yougoslave Djordje Sp. Radojičić 98, puis en
1963 par les slavistes roumains Petre P. Panaitescu et Damaschin Mioc 99.
Le préambule de l’acte déclare expressément que Chilandar, appauvri par
suite de la disparition de ses orthodoxes et bienheureux ktitôrs serbes, fut confié
par la princesse orthodoxe et impératrice Mara, arrivée au seuil de la vieillesse
et prête à mourir. Et déclare le prince Vlad, “nous aimant nous à la place de ses
enfants et nous informant au sujet de ce saint monastère, elle nous a prié, à la
place de ses enfants, de ne pas abandonner Chilandar, mais d’en avoir soin, de
lui octroyer aide et d’en devenir ses derniers fondateurs”.
“C’est pourquoi nous aussi” – poursuit le prince de Valachie – “nous avons
accepté de tout cœur le saint monastère après le trépas bienheureux de l’ho-
norable et bienheureuse Dame et impératrice susdite, notre mère Mara, et celui
de sa sœur, Dame Cantacuzène, nous avons accepté d’être appelé ktitôr du
saint monastère et de le gratifier selon nos moyens”.
Le document, un original daté, rappelons-le, de novembre 1492, a soulevé
de ce fait un faux problème de chronologie et d’interprétation à propos de
l’adoption du voïévode Vlad par la sultane Mara et sa sœur Catherine de Cilly,
appelée communément, dans les sources serbes, Katakouzina, la Cantacu-
zène 100.
Tout d’abord, conformément à la chronologie des princes valaques dres-
sée par l’historiographie roumaine, Vlad le Moine a occupé le trône de Vala-
chie une première fois de septembre 1481 et jusqu’avant le 16 novembre. La
couronne lui était disputée par Basarab le Jeune surnommé Ţépéluş (le Petit

98. Dj. Sp. RADOJIČIĆ, “Srpske arhivske i rukopisne zbirke na Sv. Gori” (Les collections anciennes
d’archives et de manuscrits serbes au Mont-Athos), Arhivist 2 (1955), p. 8-9.
99. Qui l’ont inclus dans le corpus des Documenta Romaniae historica, A) Valachie, t. I, Bucarest
1956, document N° 235, où se trouve le texte slave avec traduction roumaine. Pour le com-
mentaire, voir P. Ş. NĂSTUREL, op. cit., p. 125-127 (Voir plus loin notre note 77) ; D. NASTASE,
“L’idée impériale…”, cit., p. 219.
100. Sur elle : D. M. NICOL, The Byzantine Family of Kantakuzenos, Dumbarton Oaks, 1968, p. 216-
219 (et index).
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42 Chilandar et les Pays roumains

Ţépéş, le Petit Empaleur). Puis Vlad réapparaît après le 23 mars 1482, et il gar-
dera le pouvoir jusqu’à son décès en septembre 1495 quand, devenu à son lit
de mort le moine Pachôme, il passa la couronne à son fils Radul le Grand, déjà
associé au trône depuis longtemps. Or Mara, la sultane restée chrétienne de
Murad II, était décédée depuis le 14 septembre 1487.
Sa sœur, ou plus exactement sa demi-sœur Catherine, veuve du magnat
hongrois Ulrich de Cilly, mort en 1456 au siège de Belgrade, apparaît com-
munément dans les sources serbes et, de là, on le voit, dans le chrysobulle
valaque de 1492, sous le nom de “la Cantacuzène”. C’est qu’elle était née du
deuxième mariage de son père Georges Branković : celui-ci, veuf d’une sœur
de l’empereur de Trébizonde Jean IV Comnène, avait épousé en secondes
noces Irène Cantacuzène qui lui donna une fille, ladite Catherine, et deux fils,
Stefan et Lazar. Catherine de Cilly décéda vers 1492, cinq ans environ après
Mara 101.
Si on confronte maintenant la date de décès des deux filles de Georges
Branković avec la chronologie des règnes de Vlad le Moine, on constate que
Mara étant morte en 1487, alors que Vlad régnait déjà en 1482, elle aurait fort
bien pu l’adopter pour fils, elle qui, de son mariage non consommé avec Murad
II, n’avait point eu d’enfant. Nécessairement cette mesure remonte aux années
1482-1487. Il nous paraît douteux que Mara ait pris pareille décision durant le
premier règne de Vlad en 1481, lequel ne dura guère que deux ou trois mois.
Le chrysobulle de Vlad conservé à Chilandar mentionne, on l’a vu, la Can-
tacuzène Catherine, morte vers 1492. La chose implique en soi ou bien un
double choix du prince roumain par les deux sœurs serbes, ou bien la confir-
mation par Catherine de la décision prise naguère par Mara. Il semble plus vrai-
semblable de voir dans le contenu du document roumain la marque d’une
confirmation ultérieure par Catherine de la transmission par Mara au prince
Vlad de ses droits de fondateur : en effet la charte de Vlad mentionne la sultane
pompeusement, et à deux reprises, alors que Catherine ne l’est qu’une seule
fois, et plus sobrement. Si l’interprétation que nous proposons est la bonne,
cela implique qu’il aura existé aussi un acte de Mara adressé au prince de Vala-
chie entre 1482 et 1487 au plus tard, et sans doute aussi un document de

101. Le chrysobulle de Vlad le Moine n’a pu être émis qu’après qu’on eût appris en Valachie que
la Cantacuzène était décédée à son tour.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 43

Catherine de Cilly au même destinataire rédigé entre 1487 et 1492 au plus


tard. Par ailleurs, du chrysobulle de Vlad il semble ressortir que ce dernier ne
devait effectivement assumer la position antérieure des ktitôrs serbes qu’après
la disparition des deux sœurs.
Il est infiniment regrettable que ces deux pièces supposées logiquement par
nous aient péri. Du moins ne les a-t-on pas encore signalées à Chilandar ni ail-
leurs et, logiquement encore, on est en droit de penser que Vlad de Valachie
aura écrit de son côté aux deux sœurs pour les remercier de leur confiance et
leur donner toute garantie que lui et ses successeurs respecteraient leur volonté.
En effet, le chrysobulle de Vlad de 1492 implique aussi “les enfants à moi don-
nés par Dieu, Jean Radul le voïévode et Mircea”. Et cela par deux fois : d’abord
dans le préambule de la charte de 1497, puis dans la stipulation de celle de 1510
où il est question d’une donation annuelle de 5.000 aspres au profit du monas-
tère de Chilandar, somme encore accrue de 500 autres aspres destinés à couvrir
les dépenses des moines qui viendraient du Mont-Athos en Valachie toucher le
secours affecté à leur communauté. Jusque-là tout irait bien et l’on pourrait faire
remonter à ces années-là les premières relations entre Chilandar et la Valachie.
Mais maintenant les choses se compliquent et se nuancent à la lumière d’un
petit document turc publié en 1981 par l’historien yougoslave Vančo Boškov,
et encore ignoré des chercheurs roumains. L’acte, un nišan du sultan Bayezid II,
déclare textuellement ceci : “le voïévode Ţépéluş m’a prié de dispenser de la
dîme les six propriétés de son monastère de Chilandar de la Presqu’île des
Hommes”. Et le sultan d’accorder la faveur sollicitée. Le nišan (lettre) en ques-
tion fut écrit durant la deuxième décade du mois de šaban de l’an 886 de l’hé-
gire, c’est-à-dire entre les 5 et 14 octobre 1481, à Constantinople 102.
A quoi cette date correspond-t-elle, considérée sous l’angle de l’histoire
roumaine ? Selon la chronologie des princes valaque, le trône était alors aux
mains de Vlad le Moine depuis le mois de septembre, mais il allait le céder en
novembre à son rival Ţépéluş, autrement dit Basarab le Jeune, qui régnait
depuis déjà novembre 1477. Nous sommes donc en pleine période de com-
pétition de la couronne valaque par ces deux voïévodes rivaux issus des deux
branches princières l’un descendant de Dan Ier et l’autre de Vlad Dracul, tous
membres de la dynastie fondée au XIVe siècle par Basarab le Grand. Le docu-

102. Voir plus haut, note 54.**


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44 Chilandar et les Pays roumains

ment du sultan Bayezid II d’octobre 1481 a le mérite de prouver aux historiens


des relations roumano-ottomanes qu’à cette date le sultan ne reconnaissait
comme prince légitime de Valachie, c’est-à-dire à sa dévotion, que Ţépéluş. Ce
n’est que plus tard que la Sublime Porte reconnaîtra Vlad le Moine, après qu’il
aura éliminé son cousin.
A la lumière inattendue de ce nišan, on se sent incité à se demander à quel
titre Ţépéluş intervint en 1481 au profit de Chilandar qu’il appelait déjà son
monastère. Mara aura-t-elle voulu transmettre d’abord ses droits ancestraux à
Ţépéluş, pour les annuler et les reporter ensuite sur son rival plus heureux Vlad
le Moine ? Ou bien, dans la foulée de certains de ses prédécesseurs, aura-t-il
continué d’assurer une protection valaque au monastère serbe ; auquel cas Chi-
landar lui aura décerné, selon la tradition, le titre de ktitôr qui l’autorisait à
considérer de droit ce haut lieu athonite comme étant son monastère, sa fon-
dation. L’état actuel de la documentation dont nous disposons ne nous permet
pas de trancher, car les six domaines appartenant à Chilandar et pour lesquels
le prince roumain avait sollicité du Grand Seigneur l’exemption de tout impôt
se trouvaient sur la presqu’île athonite. Car tel est le sens de l’appellation de
« Presqu’île des Hommes » rencontrée plus d’une fois dans les actes ottomans
pour désigner la Sainte Montagne strictement interdite à toute femme.
Ainsi les princes roumains pouvaient-ils se poser en protecteurs de Chi-
landar, parce qu’ils étaient moralement les successeurs de la dynastie serbe des
Branković, elle-même héritière des Nemanjić. Cela de par la volonté délibérée
de Mara et de sa sœur qui avaient choisi Vlad le Moine pour être leur exécu-
teur testamentaire.
Ces deux mots, monastère du voïvode, qui dans le nišan de 1480 de Baye-
zid II soulignent le statut juridique de Chilandar, appellent un bref commen-
taire de notre part.
Tout d’abord, dans un ordre adressé entre les 5 et 14 septembre 1510 au
qadi de Thessalonique, de Serrès et de Zichna par le sultan, il est question de
trois domaines (cifliq) appartenant “au monastère du voïévode de Valachie”,
c’est-à-dire à Chilandar, lesquels acquittaient à un spahi abusif l’imposition.
Cette pièce administre la preuve que Vlad le Jeune (alors sur le trône valaque
depuis février 1510) assura à son tour sa protection au monastère 103, à l’instar

103. Voir plus loin, doc. n° 9.


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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 45

de son père Vlad le Moine et de son frère et prédécesseur Radul le Grand et


que le haut lieu athonite était légitimement le sien en sa qualité de ktitôr par
filiation.
Monastère du voïévode était appelé aussi celui de Kutlumus, toujours sur
l’Athos. Un firman original de Bayezid II émis entre le 29 juin et 7 juillet 1491
– du temps par conséquent de Vlad le Moine et antérieurement au chrysobulle
octroyé par ce souverain à Chilandar, celui de novembre 1492 – rapporte que
le prince de Valachie avait présenté à la Porte une requête au bénéfice de Kut-
lumus sur l’Ile des Hommes et que ce monastère était le monastère dudit
voïévode qui avait sollicité du sultan de se voir accorder la dîme des terres
dont ce couvent était le propriétaire. Le Grand Seigneur octroya alors le
consentement demandé, c’est-à-dire l’exemption pour les moines de la dîme
incriminée 104.
Dans le cas présent, bien sûr, Kutlumus était véritablement le monastère
du prince valaque en tant qu’héritier de ses ancêtres et prédécesseurs qui,
depuis Nicolas-Alexandre, avaient avant 1364, et en échange du titre de “nou-
veau fondateur”, relevé Kutlumus de ses ruines et l’avaient aidé à se dévelop-
per.
Non moins intéressant s’avère encore un firman que Soliman le Magni-
fique octroya entre les 23 et 31 mai 1527 à Kutlumus pareillement. Le sultan y
rappelle comment le prince de Valachie avait sollicité de son grand-père Baye-
zid khan (Bayezid II) et de son père Sélim khan de lui accorder la dîme et les
impôts de terres que Kutlumus possédait dans les districts de Serrès, de Sidé-
rokapsia et de Thessalonique. A cet effet les prédécesseurs de Soliman avaient
donc accordé de “gracieux firmans”. Le même document précise encore que
“maintenant – donc en 1527 – le voïévode de Valachie, la gloire des émirs de
la communauté chrétienne, le voïévode Radul” (Radul de la Afumaţi) avait
demandé à la Porte le renouvellement de ce privilège.
L’acte, un original ottoman, est suffisamment explicite pour nous permet-
tre d’identifier les princes roumains – englobés ici sous la vague et curieuse for-
mule impersonnelle de “prince de Valachie”, formule exprimée au singulier –
qui avant 1527 étaient intervenus auprès des sultans dans l’intérêt des moines

104. P. LEMERLE, Actes de Kutlumus, Paris 1945, p. 234-235 (même page encore dans la 2e édition,
Paris 1988) ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 59-60 et 300-333.
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46 Chilandar et les Pays roumains

de Kutlumus. Examinons-les tour à tour. Sous Bayezid II (1481-1512), il s’agit


peut-être déjà de Basarab le Jeune (Ţepeluş), mais indubitablement de Vlad le
Moine comme de son fils Radul le Grand, l’un et l’autre bienfaiteurs généreux
de divers sanctuaires de la Sainte Montagne, et peut-être même aussi de
Mihnea le Mauvais et de Vlad le Jeune.
Le règne de Sélim Ier (1512-1520) coïncide avec celui de Neagoe Basarab
(1512-1521) qui fut le “grand ktitôr de toute la Sainte Montagne de l’Athos”,
selon l’affirmation même de la Vie (roumaine) de saint Niphon II de Constanti-
nople 105.
Enfin, les premières années du long règne de Soliman le Magnifique (1520-
1566) nous livrent le nom du prince Radul de la Afumaţi (1522-1529, avec
interruptions), respectivement fils et petit-fils de Radul le Grand et de Vlad le
Moine et gendre de surcroît de Neagoe Basarab, dûment attesté du reste par
le firman cité précédemment de 1527.
Ces quelques actes nous font nous demander si toute la lignée des descen-
dants de Nicolas-Alexandre (1352-1369), dans ses deux branches rivales,
n’aura pratiquement pas intercédé en faveur des moines de Kutlumus depuis
déjà la conquête ottomane de la Macédoine au début du XVe siècle.
Les cas attestés pour le moment par les archives ottomanes des deux
monastères de Kutlumus et de Chilandar suggèrent déjà une constatation nou-
velle. C’est que l’on demeure effrayé devant le coût pour le trésor des princes
valaques de pareilles démarches auprès de la Sublime Porte. En effet toute péti-
tion y était traditionnellement accompagnée de présents en l’honneur du
sultan, du grand vizir, et d’autres dignitaires du plus haut rang. Aucun texte ne
nous renseignera sur la nature et le montant de ces générosités : or monnayé,
vêtements précieux, fourrures rares, chevaux de prix, faucons inestimables, etc.
Mais l’on se doit de songer à leur indubitable existence, au nombre des multi-
ples manifestations de la couteuse munificence roumaine en faveur du Mont-
Athos. Les voïévodes devaient à leur rang et à son maintien de faire bonne
figure sans lésiner sur la dépense. De là peut-être le proverbe roumain “Obra-
zul subţire cu cheltuială se ţine” (noblesse oblige, dit-on en français).
Au terme de cette contribution, qui vient préciser certains aspects encore
mal connus des relations roumano-athonites et des rapports établis entre Rou-

105. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 297.


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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 47

mains et Ottomans, on se demandera en quoi elle a répondu à la question de


la transmission du droit de fondateur sur les monastères athonites. Tout
d’abord, elle illustre à notre avis le fait que la souveraineté ottomane s’étendait
effectivement à l’ensemble des communautés athonites. La chute de la Serbie
en 1459 y créa une nouvelle tête de pont qui permit l’exercice d’une certaine
forme de suzeraineté roumaine. Mais les voïévodes valaques, les moldaves
aussi, directement intéressés au sort et à la survie du monachisme athonite au
nom de la foi orthodoxe, ne pouvaient s’immiscer qu’en tant qu’imitateurs et
continuateurs – en général à la demande même des caloyers – des souverains
chrétiens, bulgares, byzantins, serbes emportés dans la tourmente de la
conquête turque, à condition évidemment de ne pas porter atteinte à l’autorité
suzeraine du sultan. Leurs interventions à la Porte furent écoutées bien des fois
favorablement. Le résultat, dispendieux pour le trésor roumain, renforçait
néanmoins le prestige de ces princes aux yeux de leurs peuples et des chrétiens
asservis des Balkans. Pour les princes roumains, conscients de l’idée impériale,
le Mont-Athos, ainsi que l’ont illustré ces dernières années les recherches prin-
cipalement de Dumitru Năstase, était bel et bien un élément fort de ce prestige
dans l’exercice de la souveraineté et de la légitimité des princes roumains en
tant qu’émules et héritiers présomptifs des empereurs de Byzance. Bien des
esprits souhaitaient connaître le bonheur de voir de leur vivant l’Infidèle chassé
par le Roumain du sol chrétien profané et la Divine liturgie reprendre, comme
jadis, sous les ors de la coupole profanée de Sainte-Sophie. Rêve séculaire,
demeuré finalement illusoire.
Ce que nous révèlent aujourd’hui les quelques exemples invoqués de deux
des monastères du Mont-Athos doit être tout pareillement valable dans les cas,
innombrables, des secours fraternels accordés durant des siècles par la Vala-
chie et la Moldavie à la plupart des sanctuaires (monastères et patriarcats) de
l’Orthodoxie orientale, et tout particulièrement balkanique. On ne pourra
jamais dénombrer l’ensemble de ces manifestations disparates. Mais ne nous
a t-il pas été dit “que ta main gauche ne sache pas ce que ta dextre aura donné” ?

Une passation mûrement assumée


Depuis Vuk Branković, au milieu du XIVe, jusqu’à ses descendants directs,
fin XVe début XVIe siècle, la lignée des Branković a quasi systématiquement
assuré protection et soutien matériel aux monastères de Chilandar et de Saint-
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48 Chilandar et les Pays roumains

Paul, en premier lieu, sans parler d’autres couvents du Mont-Athos. Même si


elle ne s’est que très aléatoirement conservée, la documentation disponible à
ce sujet est relativement importante et particulièrement explicite, surtout en ce
qui concerne les donations consentie en biens fonciers et allocations finan-
cières annuelles. Rivalisant avec les empereurs et les hauts dignitaires byzan-
tins, depuis la fin du XIIe siècle les dynastes serbes n’avaient point ménagé leurs
efforts afin d’assurer leurs faveurs aux communautés monastiques. Après avoir
répandu leurs largesses durant plus d’un siècle et demi, les Branković quittent
le devant de la scène, leurs patronages athonites étant désormais presque exclu-
sivement assurés par les princes des Pays roumains. Attestés depuis la
deuxième moitié du XIVe siècle, les allocations, les donations foncières, les
intercessions, fiscales et autres auprès de la Porte 106, des princes et de grands
seigneurs roumains allaient devenir une ressource essentielle de la Sainte Mon-
tagne, et ceci pour plusieurs siècles.
Sur une durée de près d’un siècle et demi, le patronage qu’exerçaient les
Branković sur les grands monastères athonites était néanmoins sujet à des aléas
d’ordre politique et hiérarchique. Si à l’époque des troubles dûs à la dislocation
de l’Empire serbo-grec de Stefan Dušan, des dynastes locaux s’arrogent le droit
de ktitôr sur tel ou tel des monastères de l’Athos, la rivalité qui opposait les deux
plus puissantes familles de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, les Laza-
rević et les Branković, s’appliqua à la laure royale serbe, Chilandar. C’est ainsi
qu’en 1412, lorsque cette compétition se dénoua au profit du despote Stefan
Lazarević, son patronage sur Chilandar devint incontestable, alors que les
Branković durent se contenter jusqu’en 1427 du patronage moins prestigieux
qu’ils exerçaient sur leur fondation particulière de Saint-Paul. Celle de Chilan-
dar restait étroitement liée aux deux saints fondateurs de la dynastie et de
l’Eglise serbe, et ce patronage était associé à l’exercice du pouvoir souverain.
La logique hiérarchique, propre à l’institution monarchique, s’appliqua donc
plus particulièrement au patronage sur Chilandar. Au milieu de ce crépuscule
des institutions médiévales dans les Balkans, le rôle de la sultane Mara apparaît
particulièrement important pour la perpétuation de cette tradition. Médiatrice
privilégiée de l’Eglise auprès de la Porte ottomane, elle ne pouvait favoriser ses

106. P. LEMERLE, P. WITTEK, art. cit., p. 424 sq. ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 32, 41sq.,
89 sq., 210-211, 195, 299-300.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 49

frères passés en Hongrie tant qu’ils demeuraient en dehors de la hiérarchie


séculière dont le pouvoir s’étend alors sur tout le Sud-Est européen. Vassal
ottoman mais héritier des anciens protecteurs roumains, le prince de Valachie
était pratiquement le seul seigneur chrétien dont le patronage sur un monas-
tère athonite pouvait être avalisé par le sultan 107. La transmission aux princes
des Pays roumains du protectorat sur Chilandar était probablement le meil-
leur, sinon le seul moyen suseptible d’assurer une protection aussi bien juri-
dique que substantielle à la laure par excellence de la dynastie serbe. D’autant
que cette conformité s’appliquait tout aussi bien à la tradition liturgique du
monachisme et de l’Église orthodoxe 108.
Milieu XIVe fin XVe siècle est une période transitoire qui vit la disparition
successive de presque tous les Etats sud-est européens héritiers de la mouvance
byzantine. Le Mont-Athos demeure pour sa part la survivance la plus repré-
sentative de sa civilisation monastique, alors que les Pays roumains sont les
plus proches dépositaires de son héritage historique. En tant que derniers res-
capés de la conquête ottomane, les dynastes serbes s’accrochent durant le XVe
siècle aux rapports privilégiés que leurs prédécesseurs avaient entretenus avec
ces foyers de la spiritualité athonite. Facteur de légitimation, de cohésion idéo-
logique et de continuité dynastique 109, le patronage sur les laures athonites
acquiert la force d’un impératif catégorique, quelque chose comme une
planche de salut qui préserve la foi en l’avenir d’un monde meilleur, éternel,
mais aussi bien séculier. Là est la raison pour laquelle le respect de la préséance
temporelle est perçu comme la référence à la hiérarchie immuable de l’Eternel.
C’est ainsi qu’une relève dynastique sous-tend un transfert de patronage
de monastère. Un prince est censé prendre place dans l’eucharistie de la Sainte-
Montagne, aussi bien que dans celle de l’archevêque de son pays. L’ascension
de la Maison des Branković s’accorde avec le concours qu’elle pouvait attribuer
aux laures athonites. Lorsque la dynastie du prince Lazar s’impose à la Serbie
post-némanide, c’est le patronage sur Chilandar que les Branković lui concè-
dent, en se contentant de leur propre laure de Saint-Paul, au pied de l’Athos.

107. Le prince de Moldavie Etienne le Grand, presque constamment en guerre contre le sultan,
n’entrait pas en ligne de compte précisément pour cette raison.
108. Voir supra, p. 23** (La transmission du ktitorat).
109. B. I. BOJOVIĆ, L’idéologie monarchique dans les hagio-biographies dynastiques du Moyen-Age serbe,
Orientalia Christiana Analecta 248, Rome 1995, passim.
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50 Chilandar et les Pays roumains

Une fois que la monarchie serbe fut révolue sur ses terres ancestrales, une nou-
velle hiérarchie l’ayant supplantée, il fallut se conformer au nouvel ordre des
choses, d’autant que la Grande Eglise 110 et la Sainte Montagne assumaient le
destin encouru. C’est là que la logique hiérarchique devait l’emporter sur la
généalogie princière. Le choix est fait lorsque la fin du despotat serbe s’annonce
comme une conséquence de la chute de Constantinople. Mara prend le parti
de l’état de fait, de même qu’elle avait assumé jadis la raison d’Etat par son
devoir de princesse.
S’étant expatriés de Serbie, désormais hors d’atteinte de l’autorité du sultan,
et s’étant placés sous la protection de son ennemi, le roi de Hongrie, ses frères
et neveux pouvaient bien consentir d’importants sacrifices sur leurs faibles
moyens, en s’efforçant de garder leur rang princier et leur tutelle théorique sur
les laures de l’Athos ; ils n’étaient plus en mesure d’exercer une protection
effective sur les fondations pieuses de leurs ancêtres. Désormais ils faisaient
partie d’un autre monde, en raison de l’antinomie abyssale qui séparait les deux
civilisations. En choisissant de rester fidèle à la terre de ses aïeux, Mara dut
renoncer en quelque sorte aux liens du sang qui l’attachaient à sa famille. Par
là même elle prenait le parti de l’esprit, le seul qui pouvait subsister au vu du
destin des vaincus.
L’une des dernières descendantes d’une vieille lignée princière, dont l’as-
cension et le prestige étaient étroitement liés aux patronages qu’elle exerçait
sur les foyers de spiritualité monastique, Mara était bien placée pour savoir que
l’on ne vit pas seulement de pain, de même que les hommes et les lieux de
prière s’accommodent sans peine des largesses des grands de ce monde. En
léguant la protection des foyers de l’esprit aux princes de Valachie 111, par sa
volonté visionnaire, sa sagesse et sa lucidité, elle a sans doute fait plus pour la

110. P. Ş., NĂSTUREL, « Denys II de Constantinople “empereur et patriarche” (1546) », Etudes bal-
kaniques. Cahiers Pierre Belon. Recherches interdisciplinaires sur les mondes hellénique et balka-
nique 4 (1997), p. 135-146 ; P. Ş. NĂSTUREL, D. I. MUREŞAN, “Le Patriarcat œcuménique de
Constantinople aux XIVe-XVIe siècles : rupture et continuité”, Actes du Colloque international,
Rome, 5-6-7 décembre 2005, Paris 2007, p. 319-367.
111. Si les princes de Valachie ont honoré leurs responsabilités de “nouveaux ktitors” en versant
plus ou moins régulièrement une allocation annuelle (obrok) substantielle à Chilandar, leur
tutelle sur ce couvent ne pouvait guère s’exercer lorsqu’il s’agissait du legs pieux de Mara
concernant ses propriétés foncières de Macédoine léguées aux deux monastères athonites,
lesquelles furent par contre “incorporées aux domaines impériaux” dès l’époque de Mehmed
II, cf. Irène Beldiceanu-Steinherr, art. cit., p. 51-59.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 51

mémoire de ses aïeux et l’avenir de son pays, que ses intrépides frères et neveux
qui avaient refusé de subir le sort des vaincus. Et cependant, leurs destins se
rejoignirent d’une certaine manière, de part et d’autre du Sud-Est européen,
dans une perspective lointaine, alors qu’ils étaient inconciliables de leur temps.
Arrivée à un âge avancé, Mara songeait donc à assurer l’avenir des fonda-
tions pieuses de la dynastie dont elle était issue. A qui laisser après sa mort le
soin de veiller sur Chilandar (et sans doute aussi sur Saint-Paul) ? Et c’est alors
qu’elle jeta son dévolu sur le prince de Valachie Vlad le Moine. Maintenant on
ne saurait plus parler en l’occurrence de l’adoption du voïvode roumain par la
sultane serbe, à la suite des judicieuses objections élevées à l’encontre de cette
interprétation proposée naguère encore par plusieurs chercheurs roumains,
dont l’un d’entre nous. Et c’est justement ce terme de dévolu qui, par associa-
tion d’idées, nous fait penser à la notion juridique de dévolution. On le sait, ce
vocable s’applique pour désigner l’attribution d’une succession, ou d’une
tutelle à une personne n’ayant légitimement aucun droit d’héritage. Or c’est
bien le cas du choix que Mara fit de la personnalité du dynaste de Valachie. Par
là, éliminant ses propres parentés serbes frappées d’incapacité du fait de leur
inféodation au roi de Hongrie, aggravée ipso facto par leur hostilité ouverte
envers la Sublime Porte, et sans plus insister sur leur appauvrissement maté-
riel, Mara fit donc le bon choix en s’en remettant à un prince orthodoxe, riche,
et relativement puissant dans le monde des Balkans et qui était, de surcroît,
bien en cour à Istanbul. Ce droit de dévolution, Vlad allait le transmettre tout
naturellement à sa descendance ou à sa parentèle en vertu du principe de la
succession au trône de la principauté danubienne.
Et c’est ainsi que Radul le Grand, fils d’un premier mariage de Vlad le
Moine, accorda sa sollicitude à Chilandar et que son frère Vlad (ou Vlăduţă),
issu d’un second lit, procéda à son tour quand, le 15 mai 1510, il délivra au
monastère serbe du Mont-Athos un chrysobulle s’inspirant de très près de
celui émis par leur père en 1492 : on y relève notamment les phrases concer-
nant Mara et sa sœur la Cantacuzène et l’instituant ktitôr.
Quelle interprétation doit-on donner de la passation du ius patronatus, du
ktitorat sur Chilandar par la sultane Mara au prince Vlad le Moine de Vala-
chie ? Tout d’abord, on doit reconnaître 112 qu’il n’y a pas eu adoption au sens

112. A. FOTIĆ, “Despina Mara…”, cit., p. 94-95.


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52 Chilandar et les Pays roumains

juridique du terme, lequel manque au contexte même du chrysobulle du prince


roumain, comme de ceux émanant de ses successeurs.
Ensuite, il est indispensable de s’en tenir à la rédaction de la charte de
novembre 1492 dans son propre contexte : (Mara) “nous aimant nous (Vlad)
à la place de ses enfants”. Ceci dénote que la princesse serbe éprouvait pour le
voïévode valaque une sympathie, une affection comme elle aurait aimé en avoir
si elle avait eu des enfants à elle 113. C’était aussi un acte d’espérance. Peut-être
Mara avait-elle connu personnellement Vlad venu à la Porte avec le tribut de
la Valachie ; en tout cas elle devait avoir entendu parler de lui favorablement
pour en arriver à le désigner comme susceptible d’être moralement le conti-
nuateur in spe de sa propre famille à elle dans la sollicitude dont Chilandar
(sans doute aussi Saint-Paul) avait impérieusement besoin.
Quant à l’expression “notre impératrice et notre mère Mara” 114, elle
marque, dans l’acte octroyé aux moines de Chilandar par Vlad en 1492, le res-
pect quasi filial, la dévotion de ce dernier envers celle qui tenait la place tradi-
tionnelle des ktitôrs serbes : lui, Vlad, était et demeurait le vassal chrétien de
l’impératrice chrétienne épouse d’un sultan, fût-il décédé. C’est donc là une
formule du plus profond respect. D’ailleurs la documentation turque de 1536
nous livre, on l’a vu plus haut, le témoignage de la révérence d’un noble serbe,

113. Nous utilisons l’édition du chrysobulle de Vlad par P. P. PANAITESCU et D. MIOC, dans Docu-
menta Romaniae Historica A) Ţara Rom., I, Bucarest, 1966, p. 377-379 (texte slave) et trad.
roum, p. 379-380. Le passage en question se lit p. 378 (sl.) et p. 380 (roum.). Autre édition
(avec traduction française), par I. R. MIRCEA, “Relations culturelles roumano-serbes au XVIe
siècle”, Revue des études Sud-Est européennes I/3-4 (1963), p. 416-417. Voir également
G. D. FLORESCU, Divanele domneşti din Ţara Românească (Les Conseils princiers de Valachie), I
(1389-1495), Bucarest 1943, p. 319-320 et tableau généalogique en regard. A noter que le
document déclare expressément que Mara aimait Vlad à la place des enfants (qu’elle n’avait
pas eus). C’est cette formule qui a poussé certains historiens à avancer un peu imprudemment
l’idée d’une adoption de Vlad par Mara, alors qu’en réalité il s’agit d’un choix délibéré par
lequel la sultane chrétienne se décidait à remettre le sort de son monastère ancestral entre les
mains d’un prince roumain. Adoption spirituelle, mais nullement juridique. D’où la poursuite
logique du patronage serbe par le patronage valaque sur la laure de Chilandar. Le tour des
princes de Moldavie allait venir tout naturellement, mais plus tardivement, avec le voïévode
Pierre Rareş, époux, comme il est rappelé plus haut, d’Hélène Branković, une nièce de la sul-
tane Mara. L’atteste le chrysobulle de Rareš de 1533, en faveur de Chilandar : P. Ş. NĂSTUREL,
Le Mont-Athos…, cit., p. 137.
114. Voir note précédente.
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Les fondations dynastiques serbes et roumaines du Mont-Athos 53

Stepašin, envers Mara, “ma mère, Madame la Despine” 115. Et nous tenons à
signaler ici aux historiens telle lettre en grec que le sultan Sélim II adressa au
prince de Valachie Alexandre Mircea au lendemain de la bataille navale de
Lépante (1572), fatale aux Ottomans, pour lui annoncer, à titre de compensa-
tion pour le Croissant, la conquête de l’île de Chypre, et pour l’inviter à la célé-
brer lui aussi par des réjouissances chez lui, en Valachie ; puis pour l’engager à
lever une armée destinée à participer à l’expédition que les Turcs montaient
contre Corfou, en caressant déjà le projet, lit-on dans ce document, de s’em-
parer ensuite de Venise et, enfin, de Rome. Sélim, et c’est le motif pour lequel
nous citons ce document – s’adresse au jeune prince valaque en l’appelant mon
fils et encore mon enfant 116. Nous ignorons si l’usage ottoman dans la corres-
pondance privée des padishahs avait coutume d’user de pareils termes qui font
penser à une sorte de hiérarchie de type familial des Etats et des dynasties
fondée non sur le sang mais sur l’amitié et la subordination structurée à l’ins-
tar de ce que Byzance avait connu autrefois. Seul un ottomanisant pourrait sans
doute se pencher sur la question pour approfondir davantage le type des rap-
ports qui s’étaient établis entre Mara et Vlad le Moine, mais auparavant déjà
entre la sultane et le prince Basarab le Jeune (Ţepeluş) de Valachie. Notre rôle
ne peut que se limiter à soulever le problème, tel que nous croyons l’entrevoir
ici. En attendant, une conclusion s’impose déjà, c’est que la sultane Mara Bran-
ković fit le bon choix en s’adressant à Vlad le Moine de Valachie.

115. Ici-même, supra, p. 8 n. 44.**


116. N. IORGA, Byzance après Byzance, Bucarest, 1971, p. 143 (trad. fr. de la lettre) et note 50 (son
texte grec). L’illustre historien s’appuie sur cette lettre pour parler de “rapports personnels
des sultans avec les princes roumains”, rapports dénotant un “caractère d’affectueuse fami-
liarité”. La lettre, bourrée de fautes d’orthographe et rédigée dans un grec très vulgaire, nous
fait nous demander quelle main l’aura écrite. Un paléographe averti réussira peut-être un jour
à tirer au clair notre question. On peut se demander aussi s’il ne s’agit pas en l’espèce de la tra-
duction d’un texte ottoman.
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C HAPITRE 2
K TITÔR DE C HILANDAR

Attrait du ciel et légitimation du pouvoir princier


Dans l’Europe médiévale, le XIIe siècle fut celui de la création d’institutions
de légitimation du pouvoir. Pour ces institutions parmi lesquelles l’Eglise
détient la place prépondérante, la sainteté est d’une importance primordiale.
Depuis que le modèle antique d’humanité – le héros – a cédé la place au
modèle sacerdotal d’humanité – le saint – ce type d’individuation eschatolo-
gique s’impose en terme de facteur structurant dans la construction du consen-
sus social.
Dans la Serbie des XIIe-XIIIe siècles on assiste à la création successive de
nombre d’institutions ecclésiastiques, monastiques et affiliées, le plus souvent
sur l’initiative du pouvoir princier. Issu d’une royauté d’obédience latine recon-
nue par la papauté à la fin du XIe siècle, ce pouvoir séculier s’oriente vers le
modèle byzantin à partir de la deuxième moitié du XIIe siècle. La possibilité de
pratiquer la liturgie slave et de cultiver une littérature « nationale », est l’un des
facteurs déterminants de cette évolution, ce que confirme l’émergence rapide
d’une littérature et d’un art corollaires aux institutions du pouvoir séculier et
ecclésiastique.
A cet engagement politique et spirituel, culturel et idéologique, seule la
sainteté pouvait insuffler un sens, assurer un souffle de durée et de continuité.
La sainteté est l’institution par excellence – en ce sens qu’elle transcende la vie
dans le temps – à l’échelle individuelle. Lorsque cette sainteté s’applique à l’in-
dividu qui occupe le plus haut échelon de la structure sociale – un prince, un
pontife – elle devient un fait marquant de société, à longue échéance.
Or c’est ce qui se produit à plusieurs reprises en Serbie à des dates très
proches : canonisation du prince-fondateur dynastique, Syméon alias Stefan-
Nemanja (1165-1196 †1200), en 1207/8 1, puis celle du premier archevêque

1. B. I. BOJOVIĆ, L’idéologie monarchique, cit., p. 156-159, 330-349.


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56 Chilandar et les Pays roumains

de l’Eglise de Serbie, Sava Ier (1219-1233), peu de temps après son trépas sur-
venu en 1235.
Ces faits fondateurs sont précédés par l’instauration de nombre d’institu-
tions légitimantes, de caractère ecclésiastique et surtout monastique, législatif,
liturgique, hagiographique et iconographique. Pour ne mentionner que les faits
majeurs de cet ordre, il faut citer la fondation des grands monastères de Studenica
(1186), de Chilandar (1198) au Mont-Athos, de Žiča (1200) – premier siège
de l’archevêque de Serbie – de Mileševa (v. 1228) ; la composition des premiers
Typika (de Chilandar, de Karyès, de Studenica), des offices et des Vies de saints 2,
ainsi que des actes législatifs, chartes fondatrices desdits monastères, ainsi que
le Code législatif (Nomocanon de Sava Ier) régissant la vie de l’Eglise locale 3.
De toutes les institutions destinées à la gestion de la société séculière et sur-
tout ecclésiastique, le ktitorat est celle qui lie, dans une interdépendance par-
ticulièrement étroite et continue, les deux composantes du pouvoir. Parmi
toutes les fondations pieuses des rois et autres princes de Serbie – qui ont été
à l’origine d’un grand nombre de fondations monastiques, à commencer par
celles qui étaient consacrées à être le lieu de leur sépulture – Chilandar détient
une importance toute particulière.
La création de Chilandar marque l’entrée de plain-pied de la Serbie dans
la sphère de l’œcuméné byzantine 4. Fondé conjointement par Stefan-
Nemanja, ex-grand joupan de Serbie et puissant fondateur de la dynastie,

2. Sveti SAVA, “Spisi sv. Save” (Écrits de St. Sava), édition des textes avec introduction de
V. Ćorović, in Zbornik IJKSN 17 (1928), I-LXIII + 254 p. ; Sveti Sava, Sabrani spisi (Écrits
réunis), trad. serbe revue, annotation et introd., D. BOGDANOVIĆ, Belgrade, 1986 ; Sveti Sava,
Studenički tipik. Carostavnik manastira Studenice (Le Typikon de Studenica. Le Tsarostavnik du
monastère de Studenica), postface de Nadežda Sindik, p. 401-418, Belgrade 1992, édition pho-
totypique.
3. Sveti SAVA, Le typikon de Karyès de saint Sava, Editions phototypiques 8, Belgrade, 1985 (avec
édition du texte, introduction de D. BOGDANOVIĆ, et trad. française). Le plus important
monument emprunté au droit byzantin fut le Nomokanon, traduit par les soins de Sava vers
1219, cf. V. ĆOROVIĆ, “Svetosavski Nomocanon i njegovi novi prepisi” (Le Nomocanon de
st. Sava et ses copies nouvellement découvertes), Bratstvo, 26 (1932), p. 21-43. Le Synodikon
de l’Eglise de Constantinople, traduit, soit au début du XIIIe siècle, soit, plus probablement,
pour le concile serbe de 1221, cf. V. MOŠIN, “Serbskaja redakcija Sinodika v nedeli pravosla-
vija” (La rédaction serbe du Synodique du Dimanche de l’Orthodoxie), Vizantijskij vremen-
nik, 16 (1959), p. 369, 392-393.
4. D. BOGDANOVIĆ, V. DJURIĆ, D. MEDAKOVIĆ, Chilandar, Belgrade 1978 ; B. I. BOJOVIĆ, op. cit.,
p. 55-56 ; D. NASTASE, “Les débuts de la communauté œcuménique du Mont-Athos”,
Σύμμεικτα 6 (1983), p. 251-320.
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Ktitôr de Chilandar 57

devenu l’humble moine Siméon, par son fils et successeur Stefan le Premier
Couronné, gendre de l’empereur byzantin et fondateur de la royauté en Serbie,
ainsi que par le fils cadet de Nemanja, le moine Sava, futur premier archevêque
orthodoxe de Serbie, l’avènement de cette institution athonite ne pouvait être
plus solennel 5. Premier lieu de sépulture de son premier fondateur, considéré
comme la première université serbe, vivier de recrutement de la hiérarchie
ecclésiastique, ici tout n’est que solennité et exclusivité, et cela jusqu’à l’expi-
ration du Moyen Age serbe.
Rien d’étonnant, dans ces conditions, que le patronage de Chilandar repré-
sente l’un des enjeux majeurs lors d’une succession dynastique. Entre les insti-
tutions légitimatrices du pouvoir il détenait l’une des toutes premières places.

Patronage et donations dynastiques


Depuis que les fondateurs de Chilandar dotèrent cette laure athonite de
vastes domaines fonciers au Mont-Athos et en Chalcidique 6, ainsi qu’en
Serbie, les souverains du Pays serbe rivalisèrent de générosité en faveur de ce
monastère. Avec les actes de fondation de 1198 et 1199/1200 7 les rois et tsars
némanides attribuent ou confirment de fort nombreuses donations de nature
essentiellement foncière. C’est ainsi que le roi Dragutin est donateur de villages
entre 1276 et 1282 8 ; Milutin offre l’ermitage de Sainte-Parascève à Tmorani,
le monastère de Saint-Georges à Skoplje, confirme en 1282 les donations de
ses devanciers 9 ; Stefan Dečanski fait don de villages en février, en juillet et en
septembre 1327 10. Le tsar Stefan Dušan est l’artisan de nombreux dons et pri-

5. Sveti Sava, Spisi Sv. Save (Les écrits de Saint Sava), (éd. V. ĆOROVIĆ), p. 1-4.
6. Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Le monastère de Chilandar et ses métoques dans la région de l’Athos”,
Zbornik radova Vizantološkog instituta 26(1987), p. 35-67 ; Id., “Hilandar in the Middle Ages.
Origine and an Outline of its History”, Recueil de Chilandar7(1989), p. 7-25.
7. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2…, cit., p. 371-375 ; A. Solovjev, “Hilandarska povelja veli-
kog ùupana Stefana (Prvovenčanog) iz god. 1200-1202” (La charte de Chilandar du grand
joupan Stefan le Premier Couronné de 1200-1202), Prilozi KJIF V (1925), p. 62-89 (avec fac-
similé) ; F. BARIŠIĆ, “Hronološki problemi oko godine Nemanjine smrti” (Problèmes chro-
nologiques concernant la mort de Nemanja), Recueil de Chilandar 2 (1971), p. 31-40, 48-49.
8. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, p. 388-391.
9. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 32 p. 473-476.
10. S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici srpskih drùava srednjeg veka (Monuments législatifs des
Etats serbes médiévaux), Belgrade 1912, p. 397 ; B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N°s 21,
22, p. 445-449.
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58 Chilandar et les Pays roumains

vilèges : villages et terres sont offerts en 1332-1337 11, 1342, 1345, 1346,
1347 12, 1348 13, 1354 14, 1355 15, 1384 ; églises et monastères en 1331-1345 16,
1321-1336, 1336 17, 1338 18, 1342, 1343 19, 1350 ; un inventaire des biens fon-
ciers de Chilandar est confirmé par le même tsar Dušan en 1348 20, lors de l’As-
semblée des moines du Mont-Athos. Le tsar Uroš, dernier Némanide sur le
trône de Serbie, octroie des dons similaires en 1358, 1360 21, 1361 (trois chry-
sobulles), 1365 22, 1366 23 ; l’acte controversé de 1358 lui attribue la dîme de
Ston et de Saint-Démétrius, que Raguse doit verser à Chilandar au cas où le
monastère serbe de Jérusalem 24 cesserait d’exister. Une charte de donation
foncière du patriarche Sava III est délivrée avec l’autorisation impériale en
1361 25.
La période des troubles survenue après la disparition de la dynastie “de
sainte extraction” est marquée par des attributions de dons de la part des mag-
nats régionaux, le despote Uglješa (1370) 26, les despotes Dragaš (Dragasès),

11. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 26 p. 457-458.


12. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 39 p. 498-501.
13. Deux donations : A. SOLOVIEV, Odabrani spomenici…, cit., p. N° 66 p. 132-135 ; et B. Korablev,
Actes de Chilandar 2, N° 37 p. 489-493.
14. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 45 p. 514-515.
15. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 47 p. 519-529 ; A. SOLOVIEV, « B’ci u Dušanovij državi »
(B’ci dans l’Etat de Dušan), Prilozi KJIF VI (1926), p. 181-189.
16. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 24 p. 451-455 ; Spomenici na srednovekovnata i ponov-
nata istoria na Makedonia (Monuments d’histoire médiévale et moderne en Macédoine), I,
Arhiv na Makedonia, Skoplje 1975, p. 351-358.
17. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 27 p. 458-461.
18. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 29 p. 468-469.
19. A. SOLOVIEV, Odabrani spomenici…, cit., N° 63 p. 125-127.
20. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 40, p. 501-505.
21. Trois donations : S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici…, cit., p. 439-440 ; B. KORABLEV, Actes
de Chilandar 2, N°s 51, 53 p. 524-525, 526.
22. Cet acte représente la confirmation de la donation du moine Roman, fils du sébastocrator
Branko, qui est à l’origine de la famille Branković, B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 54
p. 526-528.
23. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 56, p. 530.
24. Ce faux a néanmoins permis à Chilandar de récupérer les 1.000 perpères (≠ 500 ducats d’or
vénitiens) de la dîme due par Raguse aux souverains de Serbie. Cf. B. KORABLEV, Actes de Chi-
landar 2, N° 49, p. 521-523.
25. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 50, p. 523-524 ; D. SINDIK, « Srpska srednjovekovna akta
u manastiru Hilandaru » (Les documents médiévaux serbes dans les archives de Chilandar),
Recueil de Chilandar 10 (1998), p. 20-21.
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Ktitôr de Chilandar 59

Jean et Constantin (1377) 27, beau-père du basileus Manuel II Paléologue, et


Constantin Dejanović, l’impératrice Eudoxie (1378, 1380, 1381 et 1389) 28,
qui marquent leurs ambitions successorales enrayées par la relève dynastique
du prince Lazar.
Les donations du prince Lazar 29 signifient, en tout état de cause, la prise en
compte de cette relève par la laure royale serbe, ainsi que par d’autres couvents
du Mont-Athos. Le patronage concurrent qui se manifeste avec le plus d’insis-
tance en cette période de flottement est celui des Branković, dont l’un des
membres, le moine de Chilandar Roman, intervient en faveur de sa commu-
nauté auprès du tsar Uroš dès 1365 30. Cette interférence significative en
matière de patronage dynastique se manifeste par les chrysobulles de Grgur et
Vuk Branković datés de 1363, 1365/7, 1376 31, 1371-1398 32, dont notamment
celui de 1392 par lequel ce dernier prend à son compte l’acquittement des
charges fiscales de Chilandar envers le pouvoir ottoman 33.
Le martyre du prince Lazar lors de la bataille de Kosovo en 1389 ayant été
consacré comme tel par le patriarche Danilo III, la relève dynastique entérinée
par l’autorité canonique de l’Eglise orthodoxe, le patronage de son héritier légi-
time, le despote Stefan Lazarević (1389-1427) finit par dissiper toute ambi-

26. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 58 p. 532-533.


27. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 60 p. 533-534 ; P. LEMERLE, Actes de Kutlumus, Paris
1945, p. 148-149 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 53.
28. Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica spectantia historiam Serbiae, Bosnae, Ragusii, Vienne 1858,
N° 182 p. 190-193 ; S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici…, cit., p. 446-448 ; B. KORABLEV, Actes
de Chilandar 2, N°s 63, 64, 67 p. 538 (extrait), 538-539, 542-543.
29. En faveur de Chilandar (1379/80), du Rossikon (1380/81), et de la Grande Lavra (1381),
A. MLADENOVIĆ, Povelje kneza Lazara. Tekst, komentari, snimci (Les chartes du prince Lazar.
Textes, commentaires, fac-similés), Belgrade 2003, n° s V-IX p. 129-175. R. MIHALJČIĆ,
« Prilog Srpskom diplomataru. Darovnice porodice Vukoslavić » (Contribution au diploma-
taire serbe. Donations de la famille Vukoslavić), Istorijski glasnik 1-2 (1976), p. 99-106.
30. Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica…, cit., N° 153, p. 171-173 ; B. KORABLEV, Actes de Chilan-
dar 2, N° 54 p. 526-528.
31. Les donations des Branković à Chilandar sont explicitement motivées du fait que leur frère
aîné, Roman, est moine de ce monastère, voir B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N°s 55, 61
p. 528-529, 234-235, 550-551 ; D. SINDIK, art.cit., p. 62-64.
32. Milica GRKOVIĆ, « Hrisovulja Vuka Brankovića Hilandaru, sa prevodom i komentarom »
(Chrysobulle de Vuk Branković pour Chilandar, avec traduction et commentaire), Prilozi
KJIF 43 (1977), p. 59-75.
33. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 72, p. 459-460.
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60 Chilandar et les Pays roumains

guïté touchant la légitimité dynastique. Par un chrysobulle daté entre 1389 et


1395, ce dernier confirme les donations antérieures en faveur de Chilandar, ce
qui en dit long sur l’adhésion de l’Eglise à son autorité patronale et souveraine
tout à la fois. Suivent ses chartes délivrées avant 1402 34, puis celles octroyées
entre 1404 et 1427 35, dont la plus intéressante est celle par laquelle le monas-
tère se voit attribuer, sans doute pour la première fois, une allocation annuelle
de 100 livres d’argent métal prélevée sur la production des mines de Novo
Brdo 36, le principal centre minier argentifère de la région du Kosovo 37.
Être donateur et, à plus forte raison, fondateur de Chilandar, n’était pas
donné à tout un chacun, même parmi les grands de ce monde. En ce qui
concerne le patronage architectural, relatif en particulier aux édifices litur-
giques de première importance, tout se passe comme si seuls les souverains les
plus illustres, couronnés de la couronne des saints, détenait ce privilège insigne.
Le katholikon (église principale), bâti à l’origine par les saints fondateurs, fut
refait de fond en comble par Stefan Milutin (1282-1321), sans doute le plus
méritant des rois némanides, en tant que grand commanditaire des œuvres
pieuses, canonisé sept ans après sa mort. L’exonarthex du katholikon fut, quant
à lui, bâti par les soins du prince Lazar, le héros et martyr de Kosovo.
Lorsqu’en 1427 Djuradj Branković hérite du trône de despote de Serbie à
la suite de son oncle Stefan Lazarević, ainsi que du patronage sur Chilandar, sa
lignée avait déjà perpétué depuis des générations un statut de donateurs secon-
daires certes, mais d’importance majeure, après celui de la maison du prince
souverain. Sans pouvoir rivaliser avec le prestige d’une souche régnante, déte-
nant une importante partie de la Macédoine avec Skoplje, ainsi que la majeure
partie du Kosovo et de la Metohija, depuis la fin du XIVe siècle les Branković

34. Actes concernant la donation de deux villages à Chilandar, B. KORABLEV, Actes de Chilandar
2, N° 69, 71 p. 545-546, 548-549.
35. A. SOLOVIEV, Odabrani spomenici…, cit., N° 103 p. 190-191 ; B. KORABLEV, Actes de Chilandar
2, N° 79, p. 558-560.
36. B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 78, p. 556-558.
37. N. BELDICEANU, Les actes des premiers sultans conservés dans les manuscrits turcs de la Bibliothèque
Nationale à Paris, t. I-II. Règlements miniers 1390-1512. Paris-La Haye 1960-1964, 422 pp. +
78 fac-similés + carte ; B. BOJOVIĆ, « Entre Venise et l’Empire ottoman, les métaux précieux
des Balkans (XVe-XVIe s.) », Annales : Histoire, Sciences Sociales, novembre-décembre 2005,
n° 6, p. 1277-1297.
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Ktitôr de Chilandar 61

représentaient la famille seigneuriale la plus puissante de Serbie après la maison


régnante.
Dernier grand souverain de Serbie (1427-1456), Djuradj Branković fut
aussi le dernier à assurer un patronage effectif et traditionnel sur Chilandar. En
tant que veuve du sultan Murad II et mère adoptive de Mehmed II, sa fille, la
sultane Mara est aussi la dernière princesse serbe ayant exercé une protection
effective sur la grande laure de la sainte lignée traditionnelle. Dernière grande
protectrice des fondations pieuses et de l’Eglise dans un environnement placé
sous administration ottomane, Mara est à l’origine de la transmission du patro-
nage sur Chilandar aux princes de Valachie. Les courageuses tentatives de
patronage des princes éphémères, ainsi que le dévouement des derniers Bran-
ković, devenus despotes titulaires en Hongrie méridionale (à la fin du XVe et
au début du XVIe siècle), sont de portée épisodique, dans les faits d’ordre stric-
tement matériel. Ces initiatives n’en sont pas moins notables dans un sens plus
idéologique et symbolique que pratique et effectif, car elles montrent bien
toute l’importance qui était attachée au patronage sur Chilandar en faveur de
la légitimation du pouvoir princier.
L’examen des documents de donation en faveur de Chilandar permet de
constater une continuité notable en matière de donation venant de la part de
la maison des Branković. Après les actes délivrés entre 1365 et 1392 dont nous
avons fait état plus haut, le XVe siècle est plus particulièrement marqué par leur
souci de faire des donations en faveur de la laure athonite serbe. En 1405 la veuve
de Vuk Branković, Mara, accorde une donation en faveur de l’hospice de Chi-
landar 38. En 1408 Grgur Branković fait don du village d’Orahovica, alors que
Mara avec ses fils, Grgur, Djuradj et Lazar, délivrent une autre charte la même
année 39, toujours en faveur de Chilandar. A la fin du XVe siècle la sultane Mara
octroie une charte à Chilandar en 1479 40, tandis que Vuk Branković (fils illé-

38. Par un horismos, daté du 15 octobre 1406, Dame Mara Branković, avec ses fils Grgur, Djuradj
et Lazar, attribue à l’hôpital de Chilandar 100 onces d’argent métal, S. NOVAKOVIĆ, Zakonski
spomenici…, cit., p. 464 (extrait).
39. Par le biais de deux actes datés d’avant 1408 et 1417, les Branković confirment la donation
du village d’Orahovica, B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 74 p. 552-553 ; S. NOVAKOVIĆ,
Zakonski spomenici…, cit., p. 463.
40. Par un acte daté du 15 avril 1479, Mara confirme l’attribution de la dîme de Raguse à l’inten-
tion de Chilandar et de Saint-Paul, B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 85, p. 566-568.
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62 Chilandar et les Pays roumains

gitime de Grgur) en signe une autre en 1486 41. La despina Jelena Branković fait
don de 100 ducats d’or annuels en vertu d’une charte délivrée à Bude en 1504 42.
Arrivée au crépuscule de sa vie, consciente du caractère irréversible de la
conquête ottomane d’une manière ou d’une autre, la sultane Mara semble bien
avoir transmis le patronage de Chilandar au prince de Valachie. Au terme de
trois siècles de patronage princier serbe Chilandar reçoit maintenant la pro-
tection des princes roumains. Vlad le Moine assume ce prestigieux patronage,
lequel sera désormais relayé par ses successeurs au trône de Valachie 43.

Le patronage des princes de Valachie


La documentation réunie dans les archives de Chilandar permet de suivre
dans ses grandes lignes ce patronage depuis la fin du XVe jusqu’à la deuxième
moitié du XVIIe siècle. L’essentiel de cette institution est constitué d’une allo-
cation annuelle attribuée en aspres que les moines viennent toucher en temps
voulu à la cour du prince. Certaines dépendances de Chilandar bénéficiaient
également d’une allocation 44, qui a pu elle aussi être attribuée à titre person-
nel 45. Les donations individuelles sous forme de biens fonciers, décidées à titre
privé mais avec confirmation par le prince, ne sont qu’occasionnelles, a en juger
d’après la documentation dont on dispose 46.

41. Dans son acte délivré à Kupinovo (alors en Hongrie méridionale) et daté du 20 mars 1486,
le despote Vuk Branković (petit-fils de Djuradj), en accord avec son frère Stefan et le reste de
la famille, déclare prendre en charge le ktitorat de Chilandar, cf. D. SINDIK, art.cit., p. 83-84.
42. Par son acte, daté du 11 juin 1504 à Bude, la despina Jelena Branković accorde une allocation
de 100 ducats d’or par an à Chilandar (B. KORABLEV, Actes de Chilandar 2, N° 88 p. 580-581).
43. Voir supra, p. 29. **
44. Ce sont la Tour albanaise (ledit ermitage fut acheté à Chilandar par le seigneur albanais Jean
Castriote avec ses fils Staniša, Repoš, Constantin et Georges) ainsi que l’ermitage de Saint-
Sava à Karyès (charte du patriarche Nicodème de 15 juin 1450, voir D. SINDIK, « Povelje… »,
cit., p. 100-116, avec fac-similé), dont les fondateurs furent des seigneurs albanais et serbes.
Là aussi les princes valaques suivent une tradition plus ou moins ancienne. Cf. supra, note 65,
infra n. 210.**
45. Higoumène de Chilandar (1525-1526 et 1533), Macaire aurait été le seul après le prôtos
Cosmas a bénéficier d’une allocation personnelle. Il n’est cependant pas certain qu’il soit pos-
sible de l’identifier au célèbre imprimeur Macaire, cf. A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit.,
p. 136-137, 197-198 ; N. SINDIK, Smerni sveštenik mnih Makarije ot Crnije Gori (L’humble
prêtre, moine Macaire du Monténegro), Podgorica 1995, p. 6-13.
46. Les actes notariés de la chancellerie princière relatifs aux biens fonciers sont ceux émis par les
princes : Vlad le Moine, 1488 ; Radul le Grand, 1494 et 1498 ; Alexandre II Mircea, 1569 ;
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Ktitôr de Chilandar 63

C’est donc à une riche tradition de patronage royal, impérial et princier,


presque trois fois séculaire, que les princes de Valachie pourront se référer lors
de l’émission de leurs actes de fondateurs en faveur de Chilandar. D’autant que
les moines de la vénérable communauté hagiorite ne manqueront pas d’évo-
quer leurs illustres ktitors d’antan en insistant tout particulièrement sur la sain-
teté des premiers fondateurs, princes et saints, moines, souverains et pontifes,
en leurs temps respectifs. Pour ce faire, ils avaient à leur disposition les actes
conservés, à cet effet aussi, dans les archives du monastère 47.
En vertu d’une charte 48, délivrée en novembre 1492 (7001) de Bucarest,
Vlad le Moine attribue une allocation annuelle de 5.000 aspres au monastère
de Chilandar, en y adjoignant 500 autres pour les moines qui viendraient cher-
cher cette annuité. Vlad y fait mention de ses fils Radul et Mircea en tant que
garants de l’acte. La principale motivation de cette prise en charge est explici-
tée par la demande faite expressément par Mara de relayer le patronage sur
Chilandar 49.

Mateï Basarab, 1652 et Constantin Brancovan, 30 fév. 1694 (en roumain). Selon l’acte, daté
du 11 juin 1646, du boyard hongrovalaque Poznan, ce dernier fait don à Chilandar de l’église
des Saints-Archange Michel et Gabriel, sise dans la localité minière de Burbi. Dans une lettre
adressée par la Communauté de Chilandar au tsar Ivan IV Vasiljević est formulée la supplique
pour la démarche du tsar auprès du prince de Valachie Alexandre, dans le but d’obtenir pour
le monastère des biens fonciers en Valachie (D. SINDIK, « Srpska… », cit., p. 106, 129).
47. Les archives de Chilandar renferment un inventaire de ses actes écrit en 1299 qui fait état de
dizaines de chrysobulles et autres actes impériaux (F. BARIŠIĆ, « Prvi popis grčkih akata na sta-
rosrpskom s kraja XIII veka u Hilandaru » (Le premier inventaire des actes grecs, fait à la fin
du XIIIe s., en vieux-serbe), Recueil de Chilandar 7 (1989), p. 27-57). Pour les actes grecs de
Chilandar, voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRAVARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des
origines à 1319, Paris 1998, 13-18.
48. Cf. V. BOŠKOV, « Dokumenti Bajazita II u Hilandaru (Sveta Gora) » (Les documents de Baye-
zid II à Chilandar (Mont-Athos), Prilozi za za orijentalnu filologiju 31 (1982), p. 138-143 ;
V. BOŠKOV, Dušanka BOJANIĆ, « Sultanske povelje iz manastira Hilandara. Regesta i komen-
tar za period 1512-1601 » (Les chartes des sultans du monastère de Chilandar. Regestes et
commentaires pour la période 1512-1601), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 176, 204 (avec
fac-similé et transcription en caractères arabes, p. 201, 202-203) ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilan-
dar, cit., p. 194-195.
49. Dj. Sp. RADOJIČIĆ, « Srpske arhivske i rukopisne zbirke na Svetoj Gori » (Les collections d’ar-
chives et de manuscrits serbes au Mont-Athos), Arhivist V/2 (1955), p. 9 (fac-similé) ;
I. R. MIRCEA, « Relations culturelles roumano-serbes au XVIe siècle », Revue des études sud-est-
européennes I/3-4 (1963), p. 416-417 ; P. Ş. NĂSTUREL, op. cit., p. 125-127.
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64 Chilandar et les Pays roumains

Trois chartes successives de Radul le Grand attestent l’attribution de l’al-


location par ce prince.
En mars 1497 à Bucarest, ce prince confirme l’allocation de son père, qui
devrait être versée lors de la fête de la Résurrection 50.
Le 19 avril 1498, nouvelle confirmation en termes similaires, avec la préci-
sion des noms des moines quêteurs, Bessarion et Mardarie 51.
Une dernière charte, celle-là inédite, de Radul le Grand, est délivrée le 7
janvier 1500 et porte les mêmes noms de quêteurs 52.
Dix ans après, le 15 mai 1510 Vlad le Jeune confirme, dans un acte délivré
à Bucarest, l’octroi de l’allocation en des termes semblables 53.
Le 23 août 1517 Neagoe Basarab reconduit l’allocation, par une lettre rédi-
gée à Curtea de Argeş 54, en mentionnant les noms du prohigoumène Léontios
et du moine Mardarie, venus toucher le montant de 7.000 aspres.
La somme est portée, au plus tard en 1525, à 10.000 aspres. C’est du moins
ce que l’on apprend d’un document émis le 30 avril 1525, date de la lettre de
Radul de la Afumaţi faite à Târgovişte 55. Aux 500 aspres d’usage remis aux quê-
teurs Macaire 56 et Jason est adjoint le montant de 800 aspres pour l’hospice de
Chilandar. Au bas du document figure le nom du notaire Trifon.
Les mêmes montants sont consignés dans la charte inédite de Vlad le
Noyé 57, datée du 27 février 1531 à Bucarest et écrite de la main du notaire
(diak) Filéa.

50. Documenta Romaniae historica, B. Ţara Românească, I, Bucarest 1966, N° 271 p. 439-440.
51. Documenta…, cit., I, N° 284 p. 461-462 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 127-128.
52. Il y invite la communauté de Chilandar « à nous inscrire avec les ktitors antérieurs dans le saint
diptyque avec nos parents ».
53. Documenta, II, N° 72 p. 151-153 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 128.
54. Documenta, II, N° 160 p. 304-305 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 128-129.
55. Documenta, II, N° 233 p. 435-436 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 129-130.
56. Macaire Sokolović aurait été higoumène de Chilandar avant son accession au trône du
patriarche de Peć (1577-1574), assertion qui n’a pu être confirmée par les sources contem-
poraines (A. FOTIĆ, « Najpoznatiji Hilandarski ferman » (Le plus ancien firman pour Chilan-
dar), Recueil de Chilandar 10 (1998), p. 300, n. 6).
57. Il y affirme la volonté d’honorer les engagements de ses aïeux et devanciers : « …assumant
(les vœux) des bienheureux seigneurs et tsars d’antan, des aïeux et parents de ma seigneurie,
lesquels établirent les saintes églises et monastères en les fondant et en les bâtissant […] l’im-
périale et sanctifiée laure serbe, le monastère de Chilandar […] qui fut bâti et érigé à grands
efforts par saint Siméon le Nouveau Myroblyte et par saint et thaumaturge Sava… ». Voir
aussi, ci-dessous, p. 49 n. 169.
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Ktitôr de Chilandar 65

L’allocation et les donations afférentes sont confirmées, le 27 avril 1534,


par Vlad Vintilă 58, en vertu du chrysobulle écrit par les soins du logothète
Djura.
Un document daté du 31 décembre 1583, octroyant 3.000, en plus de 300
aspres, en faveur du demandeur, l’higoumène Païsie, écrit par le notaire Dumi-
tru Popovici à Jassy et signé par Pierre le Boiteux 59, est le seul acte conservé à
Chilandar émanant d’un prince de Moldavie.
Délivré le 8 février 1589, le chrysobulle de Mihnea Turcitul témoigne de
l’élévation de l’allocation à hauteur de 15.000 aspres, en plus de 400 autres
pour couvrir les frais de voyage des envoyés de Chilandar 60.
En raison d’une écriture détériorée et à peine lisible, la charte supposée
d’Alexandre Mihnea (1592-1593), octroie une allocation en forte diminution,
puisqu’elle passe à 5.000 aspres.
La charte inédite de Radul Vodă Şerban 61, du 24 juin 1608 62, confirme le
montant de l’allocation de 15.000 aspres versée par Mihnea Turcitul, son père,
tout en portant la somme des frais de voyage à 1.500 aspres. L’acte est écrit par
les soins du logothète Stan à Târgovişte.
En date du 26 novembre 1670, émise à Bucarest par les soins du logothète
Goran, la charte inédite d’Antoine de Popeşti consigne une allocation annuelle
passée à 10.000 aspres.

58. Documenta, III, N° 178 p. 290-291 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 130-131.


59. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 139. Pierre le Boiteux appartient à la dynastie valaque,
ce qui, à nos yeux, inscrit ici sa charte parmi les documents de tradition valaques.
60. Documenta, V, p. 388-390 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 131-132.
61. Il prie les moines de Chilandar « d’inscrire ma seigneurie dans le saint diptyque : Jean Radul
voévode et les parents de ma seigneurie, feue la mère de ma seigneurie Dame Marie, la Dame
de ma seigneurie Hélène et l’enfant bien-aimé de ma seigneurie Dame Ankoutsa, en nous
mentionnant toujours dans vos saintes prières, ainsi que lors de la sainte proscomidie et au saint
autel, alors que de notre part, tant que nous vivrons, nous sommes dans l’obligation d’aider
et de faire la charité en tout temps au saint monastère de la susdite allocation ».
62. Sur une autre donation pieuse du même prince roumain, voir P. Ş. NĂSTUREL, « Hrisovul lui
Radul Vodă Şerban din 1607 către o mănăstioră azi pierită din Rumelia » (La charte de 1607
du voïvode Radul Şerban ocroyée à un monastère aujourd’hui disparu de Roumélie), In
memoriam Alexandru Elian. Omagiere postumă a reputatului istorie şi teolog, la zece ani de la tre-
cerea sa în veşnicie (8 ianuarie 1998), Timişoara 2008, p. 199-204.
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66 Chilandar et les Pays roumains

Une diminution de l’allocation vers la fin du XVIIe siècle semble confirmer


l’extinction de la subvention annuelle que les princes de Valachie versaient
depuis près de deux siècles à Chilandar.
La laure impériale de Chilandar, ainsi qu’elle est qualifiée dans certains de
ces actes, supervisait les attributions et les versements d’allocations en faveur
de certaines de ses dépendances, d’où la présence dans ses Archives de docu-
ments s’y rapportant.
C’est ainsi que Radul le Grand en 1501 et Vlad le Jeune en 1510 accordent
à kyr Cosmas, l’ex-prôtos et hiéromoine de l’église Saint-Elie au Mont-Athos,
respectivement 2.000, puis 5.000 aspres par an 63.
La Tour albanaise est bénéficiaire d’une allocation qui s’échelonne de
1.000, plus 100 aspres en 1512 64, 1.200 aspres en 1525 65, à 3.000, plus 300,
aspres en 1528 66, puis en 1536 (inédit) 67, en vertu des chartes de Jean
(Neagoe) Basarab, de Radul de la Afumaţi, ainsi que de Radul Païsie.
L’ermitage de Saint-Sava, dit aussi celui des Trois-Saints Hiérarques, ou la
Tour de Karyès, est gratifié d’une allocation de 3.000 et 300 aspres, ce dont
attestent les chartes inédites de Radul de la Afumați (22 décembre 1529), de
Vlad Vintilă (24 mars 1532), ainsi que celle de Radul Paisié (23 février 1536),
émises toutes les trois à Tărgovişte.
La fréquence relative de ces actes, la régularité dans l’accroissement des
allocations, la cohérence des formulaires et du contenu de ces documents prin-
ciers, laissent supposer une continuité effective de leurs versements annuels.
A l’examen des documents mis au jour concernant l’attribution d’une allo-
cation annuelle aux monastères athonites, une constatation s’impose : la docu-
mentation de Chilandar témoigne d’une attention toute particulière de la part
des princes de Valachie. C’est du moins ce qui ressort de la fréquence de l’al-
location documentée, ainsi que des montants versés par comparaison avec les

63. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 230-294.


64. Documenta, II, n° 109 p. 223-224 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 135.
65. Documenta, II, n° 234 p. 237-239 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 136.
66. Documenta, III, n° 57 p. 97-98 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 137.
67. Le voévode Radul Païsie demande aux moines « Que le kollyva solennel me soit chanté une fois
par an le soir, avec Liturgie solennelle et collations au réfectoire le lendemain, de même qu’il
est d’usage pour les saints ktitors, ainsi que pour les vénérables empereurs et seigneurs ortho-
doxes ».
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Ktitôr de Chilandar 67

autres grands couvents athonites. En effet, seuls Zographou 68 et le Rossikon


reçoivent une allocation dûment attestée antérieure à 1492. Si la sollicitude des
voïévodes de Valachie est connue avant cette année-là, aucun document n’at-
teste le versement de l’allocation avant cette date. Kutlumus est le seul monas-
tère à avoir bénéficié à un moment donné, en 1514, d’une allocation dont le
montant est supérieur à celui de Chilandar, lequel n’obtiendra pas ce montant
avant 1518, mais au plus tard en 1525. S’il est légitime de supposer que le ver-
sement de l’allocation aux couvents athonites est bien plus régulier que la
documentation dont on dispose, le fait est que celle de Chilandar est largement
plus abondante dans ce domaine. Si l’on est en droit de s’attendre à la décou-
verte de nouveaux documents dans les archives athonites, ceux dont on dis-
pose actuellement permettent de distinguer un certain ordre hiérarchique
respecté par les souverains de Valachie. Par la fréquence d’attribution, ainsi que
surtout, par les montants attribués, cet ordre préférentiel s’aligne globalement
sur la hiérarchie traditionnelle des couvents athonites. A l’exception de Kutlu-
mus dont l’allocation atteint dès 1514 les 10.000 aspres, celle des deux plus
grands couvents, la Grande Laure et Vatopédi, est de 9.000 69 et celle de Chi-
landar est de 5.000 aspres. A cette exception près, l’allocation de Chilandar est
de loin le plus fréquemment attestée dans la documentation ; elle est prati-
quement toujours égale ou supérieure à celle des plus grands monastères 70.

68. Zographou est le monastère qui bénéficiait notamment de la protection des princes de Mol-
davie, N. A. MERDZIMEKIS, « За няколко дарителски надписа от XV век на Молдавския
воевода Стефан VI Велики в Светогорските манастири Св. Григорий и Зограф », Studia
Protobulgarica et Medievalia Europensia. В чест на професор Веселин Бешевлиев, Sofia 2003,
p. 358-364 ; F. MARINESCU, N. A. MERDZIMEKIS, « Sfântul Ştefan cel Mare, şi mănăstirea
Zografu de la Muntelue Athos » (Etienne le Grand, protecteur du monastère de Zographou
du Mont Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mânâstire Putna
2004, p. 179-186 (rés. fr.).
69. Il est vrai que ces deux allocations et leurs montants ne sont que des déductions, aussi fon-
dées soient-elles, alors que nous nous appuyons essentiellement sur la documentation connue
à ce jour.
70. L’intensité des liens entre Chilandar et les Pays roumains est par ailleurs attestée par un nom-
bre considérable de manuscrits de rédaction valaque ou moldave, créés notamment au XVIe
siècle (environ un tiers des manuscrits de cette époque est issu de pays tiers, dont une grande
partie est de rédaction valaque). Trois mss de la fin du XVIe siècle, attribués au moine Mar-
darije du monastère de la Sainte-Trinité en Valachie, font partie de ce patrimoine scripturaire,
cf. Vera PAVLOVIĆ, “Рукописи настали у Хиландарском скрипторију 1450-1600 и њихов
украс”(Les manuscrits rédigés dans le scriptorium de Chilandar 1450-1600 et leur décoration),
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68 Chilandar et les Pays roumains

Le tableau que nous avons dressé est particulièrement explicite à cet égard.
Au point qu’on peut se demander si quelque autre d’entre les nombreux
monastères athonites sous la protection des princes roumains aura jamais
bénéficié de faveurs substantielles aussi systématiques ? Si tel était le cas, ce que
nous croyons pouvoir affirmer, on est en droit de poser cette question dont la
réponse pourra expliquer une telle faveur princière.
Il s’agit en l’occurrence de la perpétuation d’une institution de nature cari-
tative en faveur d’une fondation pieuse traditionnellement marquée par un
patronage dynastique. Après quelque trois siècles de patronage princier serbe,
ce patronage est repris et assuré durant environ deux cents ans par les princes
de Valachie.
Ainsi qu’il était d’usage, l’institutionnalisation d’une subvention en faveur
d’une communauté monastique était compensée par une contrepartie litur-
gique, qui se traduit par l’obligation pour les moines de prier pour les vivants
et les défunts désignés par le donateur, c’est-à-dire lui-même, ainsi que les
membres de sa famille, et ceci aussi longtemps que le monastère existera 71.
Cette pratique de pourvoir à la longévité et à la mémoire eschatologique d’une
lignée princière est singulièrement liée à l’institution dont le sens premier est
de transcender la frontière entre la vie et la mort par la sainteté.
La sainteté en tant que motivation du patronage princier est évoquée avec
insistance et quasi systématiquement dans le texte de ces actes de donation.
Sur les vingt-cinq documents recensés, trois seulement ne comportent pas l’al-
lusion aux saints fondateurs (ktitors) ; cinq portent mention nommément des
saints Siméon et Sava, deux de Mara et Katerina, dix autres celle des saints fon-
dateurs, alors qu’en sept occurrences le prince exprime sa volonté de devenir
le nouveau ktitor. Cette volonté explicitement et implicitement affichée d’as-
sumer la communion et la continuité dans la sainteté est aussi un gage de conti-
nuité dynastique et institutionnelle. Face aux aléas de la vie et à la précarité d’un
pouvoir souvent disputé, le prince avait tout intérêt à investir dans l’éternité,
synonyme de longue durée temporelle.

in Huit siècles du monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 436, 439-440, 444 ; D. BOGDANOVIĆ,
Каталог ћирилских рукописа манастира Хиландара (Catalogue des manuscrits cyrilliques
du monastère de Chilandar), Belgrade 1978, p. 116 ; Irena ŠPADIJER, « Рукописно наслеђе »
(Le patrimoine scripturaire), Manastir Hilandar, Belgrade 1978, p. 120.
71. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains, cit., p. 141-149.
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Ktitôr de Chilandar 69

Dépositaires d’un patrimoine issu d’une époque révolue, restés quasiment


les seuls continuateurs d’institutions démenties par les réalités temporelles, les
princes de Valachie auraient difficilement pu trouver un moyen aussi sugges-
tif pour assurer la légitimation de leur pouvoir. Dans le cas de Chilandar, il ne
s’agit pas seulement d’une institution de sainteté du fondateur à laquelle ils
pouvaient s’associer, mais encore de sainteté princière liturgiquement établie
et partagée par la communauté athonite et donc en quelque sorte universelle.
N’oublions pas que les fondateurs de Chilandar ont été trois princes du sang,
Stefan Nemanja, devenu saint Siméon, et ses deux fils, saint Sava et Stefan le
Premier Couronné 72. Il aurait été difficile de renoncer à être assimilé à de tels
prédécesseurs, de légitimer le pouvoir princier par un aval aussi bien temporel
qu’eschatologique.

72. Ce dernier fut, lui aussi, honoré d’un culte de saint, mais bien plus tardif (en 1629) et de carac-
tère plus local, que celui de ses deux prestigieux précurseurs : L. PAVLOVIĆ, Kultovi lica kod
Srba i Makedonaca (Les cultes des saints chez les Serbes et les Macédoniens), Smederevo
1965, p. 51-56.
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C HAPITRE 3
C HILANDAR ET LES PRINCES ROUMAINS

Continuité liturgique et institutionnelle dans les actes princiers


Alors que le monde byzantin des Balkans fut soumis à la domination otto-
mane, les institutions héritées de Rome et de Byzance ne purent se maintenir
que dans un cadre ecclésiastique et notamment monastique. En tant que l’une
des plus prestigieuses communautés du monachisme chrétien au Moyen Age,
le Mont-Athos avait toujours bénéficié des largesses des basileis, des rois et des
princes pieux et soucieux, tout pouvoir revétant une part d’équivoque et d’ar-
bitraire, de voir leur légitimité cautionnée par l’Église, et perpétuée par les
offices liturgiques.
L’instauration du pouvoir ottoman met fin à cette continuité séculaire 1.
Privés de leurs généreux donateurs et protecteurs, de leurs fondateurs (kti-
tors), les monastères athonites sont désormais livrés à un appauvrissement
inéluctable.
Les princes roumains n’avaient pas le statut de fondateurs et protecteurs
privilégiés d’un couvent athonite particulier (mis à part Kutlumus, considéré
parfois comme la laure du Pays valaque), qui serait confié aux moines de leur
pays, ainsi que ce fut le cas de tant de souverains byzantins, slaves et autres.
C’est aussi, sans doute, pour cette raison qu’ils devinrent les protecteurs de
l’ensemble des communautés athonites, à l’époque de la domination otto-
mane. C’est ainsi que le monastère de Chilandar, avec ses proches dépen-
dances sur le Mont-Athos, eut à bénéficier durant les siècles les plus difficiles
de subventions roumaines importantes versées annuellement, ainsi que de
donations foncières dans les pays danubiens.
Les archives des grands monastères hagiorites renferment un nombre
important de documents souvent inédits, peu ou pas connus, ou insuffisam-

1. A. FOTIĆ, « Pad Svete Gore… », p. 101-121.


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72 Chilandar et les Pays roumains

ment étudiés. Parmi des centaines de chartes et d’actes notariés 2, il nous a été
possible de recenser dans les Archives de Chilandar une trentaine d’actes prin-
ciers roumains datés entre la fin du XVe et celle du XVIIe siècle 3.
Ces documents, que nous avons pu étudier dans les dépôts dudit monas-
tère à plusieurs reprises depuis une bonne quinzaine d’années, révèlent un
remarquable esprit de continuité, aussi bien dans leur forme diplomatique et
philologique, que dans le contenu idéologique et les incidences matérielles du
pieux mécénat assumé par les princes roumains.
C’est ainsi que grâce à une documentation récemment mise à jour la date
des premières relations entre la Valachie et Chilandar, corroborée aussi par
notre documentation, peut être repoussée à 1488, l’année du plus ancien des
actes princiers roumains conservé dans les archives de ce monastère.
Émis par les chancelleries princières, ces actes peuvent être classés en plu-
sieurs catégories.
Les actes princiers délivrés à des particuliers sont des titres de propriété
foncière déposés dans les archives du monastère à l’issue d’une donation fon-
cière 4.
Les chartes émises à l’occasion du versement de l’allocation annuelle aux
moines qui se rendaient à cet effet à la cour du prince représentent la plus
grande partie de ce fonds d’archives. En dehors du nom des moines, quelque-
fois aussi de l’higoumène et d’autres dignitaires athonites, ces documents men-
tionnent ceux de l’entourage immédiat du prince, les boyards membres de son
Conseil.

2. Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRAVARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des origines à 1319,
Paris 1998 ; D. I. SINDIK, « Srpska srednjovekovna akta u manastiru Hilandaru » (Les actes
serbes du Moyen Age au monastère de Chilandar), Recueil de Chilandar 10 (1998), p. 9-133
(rés. fr. p. 133-134) ; A. FOTIĆ, « Zbirka turskih dokumenata manastira Hilandara » (La col-
lection des documents ottomans du monastère de Chilandar), Recueil de Chilandar 9 (1997),
p. 163-171 (rés. angl. p. 171) ; V. I. ANASTADIADIS, Αρχειο της Ι. Μ. Χιλανδαριου. Επιτομές
Μεταβυζαντινῶν εγγράφων, Athènes 2002, 488 pp.
3. B. BOJOVIĆ, « »Le Mont-Athos et les Roumains » de P. Ş. Năsturel et les documents princiers
valaques de Chilandar », Balcanica XVIII-XIX (1987-1988), p. 393-402 ; Id., « Les actes slaves
du Mont-Athos et les archives de Chilandar », in Méthodologie d’édition, état et perspectives de
la recherche des archives post-byzantines, Venise 2001, p. 129-140.
4. Les actes notariés de la chancellerie princière relatifs aux biens fonciers sont ceux émis par les
princes : Vlad le Moine, 1488 ; Radul le Grand, 1494 et 1498 ; Alexandre II Mircea, 1569 ;
Mateï Basarab, 1652 et Constantin Brancovan, 30 fév. 1694 (celui-ci en roumain).
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Chilandar et les princes roumains 73

Les allocations annuelles étaient versées à Chilandar, ainsi qu’aux dépen-


dances de cette grande communauté monastique de la Sainte Montagne.
Ces dépendances, désignées du nom de kellia, c’est-à-dire cellules, ou
plutôt ermitages, sont la Tour albanaise (5 actes), la Tour de Saint-Sava à
Karyès (3 actes), un acte pour l’ermitage des Trois saints évêques thauma-
turges à Karyès et deux actes délivrés nommément, à l’intention de Kyr
Cosmas attaché à l’église Saint-Elie au Mont-Athos.
La plus ancienne des chartes princières émises au profit de Chilandar a été
délivrée en 1492 5 ; le plus récent des actes recensés remonte à 1694. A cette
liste on ajoutera l’acte de la princesse Nedelia de 1686, veuve de Constantin
Şerban de Valachie (1654-1658).
A l’origine de cette donation, qui est la raison d’être de ces actes renouve-
lés durant deux siècles, nous retrouvons la transmission du « droit de fonda-
teur », droit que la sultane chrétienne Mara Branković avait transmis au prince
de Valachie à la fin du XVe siècle.
De quelle manière ce ktitorat a-t-il pu être transmis d’une dynastie à l’au-
tre, c’est là une question somme toute accessoire et sur laquelle on a fort peu
de chance de trouver une réponse précise, ne serait-ce que du fait qu’aucun
document connu à ce jour ne peut l’attester au sens juridique. De même qu’au-
cun autre document de ce genre n’est connu, et n’a sans doute jamais existé,
qui aurait entériné la transmission du droit de fondateur entre les trois plus
importantes dynasties de Serbie qui avaient assuré la haute protection de la
laure serbe de l’Athos, Chilandar, durant près de trois siècles.

5. La documentation ottomane mise à jour récemment permet de reculer le début des relations
entre Chilandar et les voïvodes de Valachie jusqu’à 1481. C’est un nišan de Bayezid II, daté
des 5-14 octobre 1481, qui témoigne de la mansuétude de Basarab III Ţepeluş qui obtint une
importante exemption fiscale pour Chilandar de la part du sultan. Ledit monastère aurait ainsi
été le premier à bénéficier de telles franchises foncières à l’instigation d’un prince roumain, cf.
V. BOŠKOV, « Dokumenti Bajazita II u Hilandaru (Sveta Gora) » (Les documents de Bayezid
II à Chilandar (Mont-Athos), Prilozi za orijentalnu filologiju 31 (1982), p. 138-143 ;
V. BOŠKOV, Dušanka BOJANIĆ, « Sultanske povelje iz manastira Hilandara. Regesta i komen-
tar za period 1512-1601 » (Les chartes des sultans du monastère de Chilandar. Regestes et
commentaires pour la période 1512-1601), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 176, 204 (avec
fac-similé et transcription arabe, p. 201, 202-203) ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar…, cit.,, cit.,
p. 194-195.
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74 Chilandar et les Pays roumains

La continuité dans la perpétuation de la tradition de ktitor n’est d’ailleurs


pas une question d’ordre exclusivement juridique. Ce n’est que dans une
optique liturgique que l’on peut considérer cette continuité à laquelle les
moines athonites, de même que, bien entendu, ceux de Chilandar, attachaient
une importance et une fidélité toute particulière.La continuité de ktitorat qui
s’exprime par le patronage princier sur Chilandar, principalement sous forme
d’une allocation annuelle, comporte bien évidemment des implications d’or-
dre idéologique. Dans les chartes princières qui furent délivrées en faveur de
Chilandar et de ses dépendances sur le Mont-Athos, il s’agit en l’occurrence
des références évoquant les mérites des saints fondateurs de ces institutions
pieuses. Ces évocations font état d’une continuité ininterrompue entre les
anciens et les nouveaux protecteurs des églises et communautés monastiques,
continuité qui a été maintenue aussi bien dans le domaine liturgique que juri-
dique. Il s’agit là d’expliciter les motivations de ce patronage se transmettant
de génération en génération dans la lignée princière.
C’est ainsi que la charte de Vlad le Moine qui, avec ses fils Radul (le Grand)
et Mircea, octroie à Chilandar en novembre 1492 une allocation annuelle de
5.000 aspres 6, est assez explicite à cet égard. « … l’amoindrissement de la bien-
heureuse seigneurie qui avait établi, embelli et entretenu à l’origine… » le
monastère, à savoir : « … les seigneurs serbes et bienheureux ktitors, dont le
dernier fut la bienheureuse dame la tsarine Mara ». Après « le trépas bienheu-
reux de la très honorable et bienheureuse susdite dame et tsarine et notre mère
Mara, ainsi que de sa sœur, la dame Cantacuzène, jadis désignées ktitors du
saint monastère », le prince de Valachie se propose en conséquence d’être dési-
gné en tant que « dernier (c.-à-d. nouveau) ktitor ». Cette prise en charge doit
se transmettre : « …de même aussi nos fils après notre mort doivent faire de

6. Soit environ 37,33 pièces d’or, correspondant à la valeur d’un village et de la dîme d’un vil-
lage. Quant à la plus ancienne allocation annuelle consenti à un monastère athonite et dûment
documentée de la part d’un prince de Valachie, il apparaît que c’est la donation accordée par
le voïvode Alexandre-Aldéa, en date du 9 février 1433, pour un montant de 3.000 aspres. La
somme idoine est octroyée par Vlad le Moine, par un chrysobulle du 24 mars 1490, confirmé
en 1497 par Radul le Grand, puis par Vlad Vintilă en 1533, à Dochεiariou. Un acte daté de
1487 atteste que Vlad le Moine fit aussi un don annuel de 6.000 aspres au monastère russe du
Rossikon. Par un acte émis entre 1488 et 1492, le même prince alloua 4.000 aspres annuels à
Philothéou, cf. P. Ş. NĂSTUREL, op. cit., p. 55, 57,108, 311-313, 177-178, 203-204, 225, 275-
276, 306.
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Chilandar et les princes roumains 75

même en le maintenant avec le pouvoir de leurs parents et aïeux qui leur est
assigné et donné par Dieu ». C’est ainsi qu’est établi le parallèle entre la trans-
mission et la continuité du pouvoir princier et celle de la dignité des « ktitors
antérieurs et bienheureux ».
Cinq ans après, dans sa charte de mars 1497 7, le prince Radul le Grand
confirme l’octroi de l’allocation en évoquant son « …engagement d’être dési-
gné ktitor du saint monastère avec les seigneurs d’antan de sainte mémoire ».
Engagement réitéré le 19 avril 1498 « …afin que nous soyons désigné en tant
que nouveau ktitor avec les bienheureux seigneurs d’antan de sainte mémoire,
nous engageant dans la limite de nos possibilités, selon le commandement de
nos parents ». Dans sa charte du 7 janvier 1500 8, le prince Radul invite la com-
munauté de Chilandar, représentée par le diacre Bessarion 9 et Mardarie, à
« nous inscrire avec les ktitors d’antan dans le saint diptyque avec nos parents ».
Dans sa charte de 1510, le prince Vlad le Jeune (1510-1512) reprend en
substance, et souvent mot pour mot, les leçons des chartes citées, tout en leur
adjoignant une affirmation concernant l’adoption de ses précurseurs par la
princesse serbe Mara Branković : « …nos parents, nos frères et nous avons été
chéris à la place de ses enfants, ce dont le saint monastère fut avisé, nous ayant
désigné en tant que dernier (nouveau) ktitor, c’est pourquoi nous assumons de
tout cœur (la protection) du saint monastère à la suite du saint trépas (…) de
la tsarine et notre mère Mara et de sa sœur la Dame Cantacuzène, en assumant
d’être désigné ktitor du saint monastère (…), avec les bienheureux ktitors d’an-
tan ».

7. Par un acte de la même année Radul assigna au couvent du Rossikon la somme annuelle de
3.000, en plus de 400 aspres, somme portée à l’instigation de l’ex-prôtos Cosmas à 4.400
aspres en tout, aux termes d’un acte du 25 février 1502. Le 31 janvier 1500, le même prince
fait don au monastère de Kaproulié de 3.300 aspres annuels en tout, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-
Athos…, cit., p. 277, 287.
8. Cet acte inédit et inconnu de P. Ş. Năsturel conforte son hypothèse qui associe la donation
annuelle de Radul le Grand, faite en 1499-1500 au monastère de Saint-Paul pour la somme
idoine (5.000, en plus de 500 aspres), au fait que ledit monastère avait été lui aussi une fon-
dation des aïeux de Mara Branković, considérée comme la mère adoptive des princes rou-
mains, cf. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 242-244. Et ici même, p. **
9. A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit., p. 136.
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76 Chilandar et les Pays roumains

Portant la date du 15 mai 1510, une autre charte de Vlad V le Jeune


reprend de manière succincte les termes de celle que nous venons de citer, sans
toutefois mentionner les noms de Mara et Cantacuzène.
Datée du 23 août 1517, ayant pour particularité de porter le montant de
l’allocation annuelle à 7000 aspres 10, en augmentant ainsi de manière signifi-
cative la valeur pécuniaire de la donation princière, la lettre de Neagoe Basa-
rab invite les moines de Chilandar à « faire pour nous de même que pour les
ktitors d’antan de sainte mémoire, de prier pour nous de notre vivant ainsi
qu’après notre mort, tant que le saint monastère existera, de même que vous
vous êtes promis à votre saint lieu… ».
Ayant pour date le 30 avril 1525, la lettre de Radul de la Afumaţi (1522-
1529) accorde la somme de 10.000 aspres 11 « …en allocation régulière que
vous aviez auprès des autres princes qui nous ont précédé ». L’allocation sup-
plémentaire, celle pour l’hospice, est quant à elle élevée de 500 à 800 aspres.
En ce qui concerne les références aux ktitors d’antan, cette lettre princière, rédi-
gée par le notaire Trifon, ne fait que reproduire les termes de l’acte précédem-
ment cité.
Dans sa charte (inédite) du 27 février 1531, le prince de Valachie Vlad
(Vlăduţă) le Noyé (1530-1532) 12, confirme les allocations de son prédéces-
seur, tout en affichant sa volonté d’honorer les engagements de ses aïeux :
« …en assumant (les vœux) des bienheureux seigneurs et tsars d’antan, des
aïeux et parents de ma seigneurie, lesquels établirent les saintes églises et
monastères en les fondant et en les bâtissant (…), l’impériale et sanctifiée laure

10. Kutlumus, « la Grande Laure du Pays roumain », disposait en 1514 d’une allocation de 10.000
aspres, plus 700 pour l’hospice et 500 pour les quêteurs, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…,
cit., p. 58, 59.
11. La Grande Laure de Saint-Athanase aurait perçu de la part de Neagoe Basarab une allocation
annuelle de 9.000 aspres (il en aurait été de même pour Vatopédi), ainsi que respectivement
11.000 et 10.800 aspres en tout de la part de Vlad Vintilă (en 1533). Ce dernier accorda, le 2
mai de la même année, 5.000, en plus de 500 aspres au monastère de Xèropotamou, cf.
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 75 n. 5, 77, 90-94, 172.
12. Aux termes d’un diplôme daté du 25 avril 1531, le même prince accorde au couvent de Kas-
tamonitou une allocation annuelle de 6.000 aspres, plus 600 aspres pour les frais de voyage
des quêteurs. Un autre acte atteste la donation du prince Radu-Mihnea, le 12 mai 1612, de la
somme de 5.500 aspres en tout pour le même monastère, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…,
cit., p. 282, 283. Cf. supra, p. 41, n. 145.**
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Chilandar et les princes roumains 77

serbe, le monastère de Chilandar (…) qui fut bâti et érigé par les grands efforts
de saint Siméon le Nouveau Myroblyte et du saint et thaumaturge Sava… ».
Vlad Vintilă (1532-1535) octroie une allocation d’un montant idoine, avec
en plus 500 aspres de frais de voyage pour les moines envoyés de Chilandar.
Dans son chrysobulle daté du 27 avril 1534, il reprend succinctement les
propos concernant « la grande laure serbe » et ses saints fondateurs Siméon et
Sava, tout en demandant à la communauté des moines que son nom soit
« …mentionné avec les saints fondateurs à l’occasion de toutes les ekphonèses
à l’église et au réfectoire à chaque fois, que la prière pour les morts soit chantée
le samedi après les vêpres, lorsque le dimanche suivant la sainte liturgie est
chantée en cocélébration (s’bor’no), avec kollyva (…) et que nous soyons ins-
crits à la sainte « proskomidie » et dans les saints diptyques de notre vivant, et
qu’après notre mort ma mémoire soit pratiquée ainsi : kollyva en solennité et
sainte liturgie et au réfectoire, ainsi qu’il est d’usage pour les saints tsars, tant
que le monastère existera ». En contrepartie des allocations princières, ces
recommandations liturgiques se terminent par une invocation à « …notre Sei-
gneur et Sauveur Jésus Christ, au Voile protecteur (Pokrov) de Sa Très-Pure
Mère, à saint Siméon le Nouveau Myroblyte, au saint thaumaturge Sava et à
tous les saints ».
C’est après un demi-siècle de silence que notre documentation reprend,
mais cette fois avec un acte du prince de Moldavie Pierre le Boiteux (1574-
1591, avec interruptions) 13. Le seul et unique acte moldave, que nous ayons
pu trouver dans les Archives de Chilandar, est un document émis par ce voïé-
vode de Moldavie issu de la dynastie valaque, daté du 31 décembre 1583. L’al-
location annuelle y est élevée à la hauteur de 3.000 aspres, en plus des 300
remis aux quêteurs de la « …grande laure serbe appelée Chilandar ».
Y a-t-il eu des interruptions dans le versement des allocations annuelles des
princes de Valachie entre 1534 et 1589 14, date à laquelle reprend la série des

13. Le plus ancien acte connu d’un prince de Moldavie attribuant une allocation annuelle à la
Grande Laure est celui de Pierre le Boiteux du 20 février 1579, octroyant 6.000, plus 300,
aspres. C’est par un acte daté du 9 février 1587 qu’il octroie à Simonopétra une aide annuelle
de 5.000 aspres. Un autre acte de ce voïvode attribue à Kastamonitou 5.500 aspres en tout par
an en 1589, cf. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 85, 240, 285.
14. Dans sa relation sur le Mont-Athos, l’higoumène de Chilandar Pajsie (1550) indique le mon-
tant de 300 roubles (≠ 30.000 aspres) pour la dîme annuelle ottomane que le voïvode de Vala-
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78 Chilandar et les Pays roumains

chartes valaques ? Le fait qu’un versement soit alloué dans l’acte de Mihnea
Turcitul (1577-1591), « du seigneur Jean Mihnea le voïvode, fils du voïvode
Alexandre », daté du 8 février 1589, s’élevant à 15.000 aspres, ce qui laisse sup-
poser une continuité plutôt qu’une discontinuité dans les relations entre la
maison princière de Valachie et Chilandar.
Datée du 24 juin 1608, la charte (inédite) de Radul Şerban (1601-1611)
confirme le montant de 15.000 aspres d’allocation annuelle 15, alors que les frais
de voyage s’élèvent désormais à 1.500 aspres contre les 400 de l’acte précé-
demment cité.
Ces augmentations considérables par rapport aux années trente, ainsi que
par rapport à la fin du XVIe siècle, doivent, elles aussi, être prises en compte
dans l’optique de la grande inflation liée à l’effondrement du système moné-
taire ottoman que l’on constate à la fin du XVIe siècle 16.
La terminologie liturgique utilisée dans les chartes princières du
XVIIe siècle est néanmoins très réduite par comparaison avec celles du XVIe
siècle. C’est ainsi que l’expression « la communauté impériale et consacrée
appelée Chilandar » est reprise dans l’acte de Radul Şerban de 1608, ainsi que
celle-ci : « ma seigneurie a assumé l’appellation de nouveau ktitor » ; cette der-
nière formule réapparaît dans la charte (inédite) d’Antoine de Popeşti du 26
novembre 1670.
Une charte, endommagée et très peu lisible, probablement issue d’Alexan-
dre Mihnea (1592-1593), demande une relecture attentive. C’est là un dés-
idératum pour l’avenir.
Le dernier acte princier en faveur de Chilandar figurant dans notre cartu-
laire est celui émis par la princesse Nedelia, veuve de Constantin Şerban
(1654-1658). Faisant don de deux propriétés en Valachie à la communauté de
Chilandar, cet acte daté du 30 novembre 1686 (7194) reprend la formule

chie (en l’occurrence Mircea le Pâtre) versait au profit du Mont-Athos, dont 36 roubles
(≠ 3.600 aspres) alloués à Chilandar, « Récit de l’higoumène Païssius (du couvent de Khilan-
tari) 1550 », Berthe de KHITROVO, Itinéraires russes en Orient, Genève 1889, p. 178-282, cité
par A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit., p. 199.
15. Aux termes du chrysobulle du 6 septembre 1605, Radu-Şerban octroie à Iviron 15.000 aspres,
en plus de 500 d’allocation annuelle. Le 14 juin 1606, il accorde à Dochiariou l’allocation de
10.000 aspres en tout. Le 3 août 1607, le même prince atteste un don annuel de 9.000, plus
700 aspres pour le couvent de Xénophon, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 112, 205,
264.
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Chilandar et les princes roumains 79

consacrée « …saint Siméon le Nouveau Myroblyte et son fils saint Sava, Pre-
mier archevêque serbe et thaumaturge… », pour désigner les fondateurs de la
laure serbe du Mont-Athos.
Les princes de Valachie versaient également une aide substantielle aux
ermitages athonites dépendants du grand monastère serbe ; c’est ce qui
explique la présence des actes relatifs à ces allocations dans les Archives de Chi-
landar. D’après la documentation disponible, cette subvention s’appliquait à
l’ermitage appelé la Tour albanaise, ainsi qu’à l’ermitage de Saint-Sava à Karyès.
Une aide financière fut aussi accordée à un moine, kyr Cosmas 17, attaché à
l’église Saint-Elie.
C’est ainsi que la charte de Radul le Grand « voïvode par la grâce de Dieu
de tout le Pays valaque », datée de janvier 1501, fait état de 2000 aspres, ainsi
que celle de Vlad le Jeune (15 mai 1510) qui stipule 5500 aspres, octroyés à
kyr Cosmas et à l’église Saint-Elie 18. « Chrysobulle rédigé par Teodor à Târ-
govişte », ce dernier document fait mention des « tsars divins et des seigneurs
qui bâtirent et instaurèrent et décorèrent de tout temps depuis les ktitors de
sainte mémoire… », alors que le prince valaque estime que c’est chose
« …digne que nous assumions ce que les seigneurs d’antan bienheureux et de
sainte mémoire ont si bien instauré… », d’autant que ces « honorables sei-
gneurs et ktitors se sont amoindris (raréfiés) ».

16. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 311-313 ; B. BOJOVIĆ, « Entre Venise et l’Empire otto-
man, les métaux précieux des Balkans (XVe-XVIe s.) », Annales : Histoire, Sciences Sociales,
novembre-décembre 2005, n° 6, p. 1277-1297.
17. A l’instigation de l’émissaire de Chilandar, l’ex-prôtos kyr Cosmas, accompagné du starec
Joseph, les despotes Georges et Jean (1494-1502), accordent une allocation annuelle de 1.000
pièces d’or à Chilandar par une charte datée de 1495-1496 (7004), N. NOVOSTRUIEV, « Tri
hrisovulje u Hilandaru » (Trois chrysobulles de Chilandar), Glasnik Srpskog učenog društva
VIII, fs. 8 (1869), p. 274-277 ; M. SPREMIĆ, « Brankovići i Sveta Gora » (Les Branković et le
Mont-Athos), in Druga kazivanja o Svetoj Gori, Belgrade 1997, p. 94-96. La dernière alloca-
tion connue accordée par un membre de la dynastie des Branković en faveur de Chilandar est
celle de 100 pièces d’or, allouée par la Despine Hélène, d’après une charte datée du 11 juin
1504 à Bude, Fr. MIKLOSICH, Monumenta Serbica…, cit., n° CDLXX p. 546-548.
18. Il s’agit de l’ancien prôtos Cosmas, une copie du document se rapportant à Lavra étant réfé-
rencée. Antérieurement un horismos avait été délivré le 29 août 1492 par Vlad le Moine en
faveur de Cosmas, pour l’octroi d’une allocation annuelle de 1.100 aspres en tout. Quant au
scribe Teodor, il s’agit vraisemblablement de Teodor (ou Tudor) de Drăgoeşti, cf.
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 74 n. 3, 246 n. 28, 290-293 n. 19.
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80 Chilandar et les Pays roumains

L’ermitage (skétè), dit « la Tour albanaise » 19, fait l’objet des chartes de
Neagoe Basarab (1512-1521), du 2 août 1512, pour 1.000 aspres d’allocation
annuelle, en plus de 100 aspres pour les frais de voyage ; de Radul de la Afumaţi
(1522-1529), pour 1.200 aspres, outre 1.000 aspres pour l’higoumène
Macaire 20, acte du 16 mai 1525, avec une copie similaire.
Délivré par « Jean Basarab, voïvode de tout le Pays hongrovalaque et danu-
bien, fils du très-bon voïvode Basarab… », le premier de ces diplômes est par-
ticulièrement intéressant puisqu’il se réfère nommément aux fondateurs anté-
rieurs : « …afin que nous soyons ktitor avec nos saints ktitors antérieurs, le prince
Jean Vlad voïvode et Radul voïvode… ». Il s’agit en l’occurrence de Vlad le Moine
et de Radul le Grand, le père du donateur étant Basarab le Jeune (1477-1481).
Dans les deux derniers documents le prince de Valachie demande aux
moines de la communauté concernée « …de nous mentionner avec les saints
ktitors à l’occasion de toutes les ekphonèses à l’église et au réfectoire, que l’of-
fice soit chanté le samedi après les vêpres, et à l’occasion de la liturgie du
dimanche solennellement, ainsi qu’au réfectoire (…) que nous soyons inscrit
à la sainte proskomidie, de même que dans le saint diptyque, les saints ktitors
et les tsars honorables sont mentionnés de leur vivant et après leur trépas… ».
C’est ainsi que le prince Radul affiche son intention d’être désigné comme
« …nouveau ktitor, rénovateur et soustenteur… », dans une charte par laquelle
il octroie cette fois-ci 3.000 aspres d’allocation. Datée du 7 juin 1528 à Târgovişte,
de la main du scribe Koresi, cette autre charte du même prince, adressée à la même
communauté, avant de répéter les recommandations d’ordre liturgique, ce der-
nier se réfère à ceux « …qui furent avant nous souverains, tsars et princes (knezi),
qui disposèrent des biens terrestres avec humilité, en les assimilant aux
(hommes) célestes et en se rendant dignes du royaume des cieux… ».
Ces dernières assertions revêtent une importance non seulement symbo-
lique, mais aussi sémiotique. De même que la pratique liturgique autorise les

19. Ledit ermitage est une fondation de Jean Castriote (avec ses fils, Staniša, Repoš, Constantin
et Georges), achetée au prix de quatre adelphata (ἀδελφάτα) par lui à Chilandar après 1428
pour 80 florins, à la condition que la skétè redeviendra la propriété du monastère après sa
mort. Cf. supra, note 55.**
20. A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit., p. 136-137, 197-198 ; N. SINDIK, Smerni sveštenik mnih
Makarije ot Crnije Gori (L’humble hiéromoine Macaire du Monténégro), Podgorica 1995,
p. 6-13.cf. n. 139
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Chilandar et les princes roumains 81

ktitors d’antan à une assimilation eschatologique, celle de la mention des kti-


tors contemporains permet leur analogie avec les tsars et autres souverains
d’autrefois : « …les saints ktitors et respectables tsars et princes orthodoxes ».
Dans un acte (inédit) daté du 22 décembre 1529, Radul de la Afumaţi
décerne une allocation idoine (3.000 aspres, en plus du 500 pour les quêteurs)
en faveur de l’ermitage de Saint-Sava à Karyès.
On retrouve dans cette charte la notion de transformation des biens tem-
porels en acquis éternels : « …des tsars et seigneurs de sainte mémoire, qui pro-
diguèrent des biens terrestres en les faisant passer de biens terrestres à l’état de
biens célestes… », pieuse opération qui est de nature à associer un prince de
Valachie, non seulement à une gloire intemporelle, mais aussi au prestige des
souverains du Moyen Age.
Le 24 mars 1532, le prince Vlad Vintilă (1532-1535) décerne à l’ermitage
de Saint-Sava (la « Tour de Karyès ») une allocation de 3.000 aspres et 300
aspres pour les frais de voyage des moines quêteurs. Cette fois-ci la référence
aux saints fondateurs est plus explicite « …Nous eûmes en vue les grands
efforts prodigués par les bienheureux et saints pères, saint Siméon, appelé
Nemanja, et saint Sava, qui abandonnèrent toute gloire de ce monde en
empruntant la voie salutaire et étroite de Dieu qui mène à la vie… », même si
l’ermitage de Karyès ne fut en réalité fondé par Sava qu’après la mort de
Siméon-Nemanja. Cette assertion devrait donc se rapporter plutôt à Chilan-
dar qu’à l’ermitage de Karyès. Elle aura pu être reprise d’un acte adressé à Chi-
landar, mais pourrait aussi s’appliquer à la « Tour de Karyès » en tant que
dépendance de Chilandar. La charte précédemment citée de Radul de la
Afumaţi de 1529 porte une notice au verso : « Ce chrysobulle est du voïévode
hongro-valaque Radul, dont un [exemplaire] est dans la grande église du Prô-
taton à Karyès », ce qui montre bien l’usage de détenir un exemplaire de l’acte
dans le monastère et un autre à Karyès.
En l’espace de quelques jours, le 9 et le 23 février 1536 21, le « voïévode
valaque » Radul Pajsie (1535-1545) délivre de Târgovişte, sa capitale, deux

21. Le 26 février 1536, Radul Païsie accorda au monastère de Dochεiariou une allocation annuelle
de 6.000 aspres, en plus de 400 pour défrayer le voyage des quêteurs. Dans une charte datée
seulement du 3 mars, le même prince octroie 5.000 et 500 aspres par an au monastère de
Saint-Paul, l’une des fondations de Mara Branković au Mont-Athos, cf. P. Ş. NĂSTUREL, Le
Mont-Athos…, cit., p. 204, 246-247.
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82 Chilandar et les Pays roumains

chartes (inédites) attestant le versement de deux allocations, la première en


faveur de la Tour albanaise, la seconde pour la Tour de Saint-Sava à Karyès. La
somme de 3.000, plus 300 aspres, est accordée respectivement aux deux
dépendances de Chilandar.
Avant de reproduire en substance les recommandations d’ordre liturgique,
le premier des deux actes se réfère à ceux « …qui furent avant nous souverains,
tsars et princes (…) se rendant dignes du royaume des cieux (…), nous assu-
mons de tout cœur et de bonne grâce d’être le nouveau ktitor, sustenteur et
rénovateur », afin de pouvoir « …être mentionné avec les saints ktitors et hono-
rables tsars et seigneurs orthodoxes », sans pour autant préciser leurs noms.
Le deuxième acte reproduit, presque mot pour mot, la partie concernant
les saints fondateurs Siméon et Sava de l’acte de 1532 délivré en faveur de l’er-
mitage de Karyès, avant de faire mention des chrysobulles émis par les deux
princes fondateurs.
Les deux actes sont contresignés par « Misail le Gramatik (scribe) ».
La logique de continuité qui inspire les références aux ktitors est respectée
systématiquement dans tous les actes princiers de notre cartulaire. Les institu-
tions monastiques fondées par la dynastie serbe supposent une référence
quasi-systématique aux premiers ktitors, Siméon-Nemanja et Sava Ier, et quel-
quefois aux derniers représentants d’une dynastie serbe. Les références à Mara
et à la Cantacuzène y ont notamment pour fonction de signifier nettement la
transmission du droit de ktitorat aux princes de Valachie.
C’est parce que ces ermitages que sont la Tour albanaise et l’église de Saint-
Elie n’ont pas été fondés par les dynastes serbes que les références que nous
trouvons dans les actes qui leur sont dédiés, revètent une portée plus générale :
« les bienheureux tsars et seigneurs d’antan », sans que les noms des fondateurs
soient mentionnés, à l’exception de l’acte cité de Neagoe Basarab, se référant
à Vlad le Moine et à Radul le Grand. Ce qui ne peut que confirmer le fait que
les relations de Chilandar et de ses dépendances, la Tour albanaise en l’occur-
rence, remontent à l’époque de Vlad le Moine. Si en effet Basarab le Jeune avait
été le ktitor de la Tour albanaise en son temps, il aurait été mentionné nom-
mément en tant que tel, et non pas seulement en tant que père du donateur.
Délivrée le 26 novembre 1670 à Bucarest, la charte du « souverain et sei-
gneur de tout le pays Hongrovalaque » Antoine de Popeşti (1669-1672),
octroie une donation de 10.000 aspres annuelles et une somme inconnue
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Chilandar et les princes roumains 83

(chiffre illisible) pour couvrir les frais de voyage. La référence traditionnelle


aux saints ktitors en est absente. La motivation de la donation à Chilandar est
justifiée en termes très généraux : « Tout le peuple chrétien s’y étant éclairé
(sanctifié), pour le bien spirituel et corporel (temporel). C’est pourquoi ma
seigneurie s’est appliqué à être désignée comme nouveau ktitor », etc.
Une liste des boyards membres du Conseil princier, en tant que témoins
et garants de l’émission de l’acte, figure à la fin du document 22.
« Voici les témoins que Ma Seigneurie a mis en place : pan Mareş, le grand
ban du royaume ; pan Radul, grand dvornik ; pan Radul Creţulescu, grand logo-
thète ; pan Şerban Cantakuzène, grand spathair ; pan Hrizea, grand vistier (tré-
sorier) ; pan Ghetzea, grand clucer ; pan Mihai Cantacuzène, grand postelnik ;
pan Panje, grand stolnik ; pan Papa, grand comis et Radul Năsturel, second logo-
thète ; écrit par moi, Goran logothète Olănescul, dans la ville de Bucarest… »
La monographie de Petre Năsturel sur le Mont-Athos et les Pays roumains
fournit une telle richesse d’informations à l’échelle de l’ensemble de la Sainte-
Montagne, qu’elle restera sans doute encore longtemps l’ouvrage de référence
en la matière. Ce n’est que par des études plus poussées portant sur des fonds
d’archives monastiques, et comprenant la publication systématique de docu-
ments valaques, que des avancées significatives pourront se faire désormais.
Cet examen succinct du fonds roumain des archives de Chilandar, conduit
à quelques remarques d’ordre général, avant de pouvoir apporter des éléments
ponctuels d’une étude approfondie des fonds d’archives athonites qui ne
pourra être accomplie qu’accompagnée de la publication de leur ensemble.
Les actes roumains de Chilandar, que nous avons signalés en complément
de l’étude de synthèse de P. Năsturel à l’occasion de sa publication 23, permet-
tent néanmoins d’élargir le champ chronologique de manière significative en
ce qui concerne les relations du monastère serbe avec les Pays roumains. Ce

22. L’énumération des membres du conseil princier dans les actes roumains destinés à l’Athos ne
figure point dans la plupart de ces documents, cf. P. Ş. NĂSTUREL, “Réflexions à bâtons rompus
sur « Les Pays roumains et les Lieux Saints »”, in The Romanian Principalities and the Holy
Places along the Centuries. Papers of the Symposium heid in Bucharest, 15-18 October 2006, Ed. :
E. BĂBUŞ, I. MOLDOVEANU, A. MARINESCU, Bucarest 2007, p. 16-17.
23. B. BOJOVIĆ, « »Le Mont-Athos et les Roumains » de P. Ş. Năsturel et les documents princiers
valaques de Chilandar », Balcanica XVIII-XIX (1987-1988), p. 393-402.
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84 Chilandar et les Pays roumains

qui justifie en soi la présente publication, surtout lorsqu’ils sont inédits, ce qui
est le cas d’une bonne moitié d’entre eux.
L’examen de ces documents des archives de Chilandar issus des chancel-
leries princières des Pays roumains conduit à un certain nombre d’observa-
tions. Comparé aux actes connus à ce jour pour les autres donations roumaines
en faveur du Mont-Athos, il s’agit sans doute du fonds d’archives le plus étoffé
relatif à ce sujet, du moins en ce qui concerne l’attribution de l’allocation
annuelle versée par les princes roumains aux monastères hagiorites. Ce qui
implique une continuité insigne dans les relations entre la laure serbe et les
principautés roumaines, depuis au moins la fin du XVe, jusqu’à la deuxième
moitié du XVIIe siècle. La cohérence sémantique de ses actes, avec des réfé-
rences quasiment systématiques aux fondateurs antérieurs, ainsi que l’impor-
tance des allocations annuelles citées, témoignent du rang fort élevé de
Chilandar et de ses dépendances aux yeux des princes de Valachie. On ne peut
qu’en conclure qu’ils ont fait preuve d’une prodigieuse fidélité aux vœux de la
tsarine Mara Branković et à la transmission du ktitorat des premiers fondateurs
des hauts lieux de la spiritualité orthodoxe.
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C HAPITRE 4
L A CONTINUITÉ D ’ UNE INSTITUTION CARITATIVE

Le patronage sur Chilandar et les donations athonites des princes rou-


mains
Depuis la fin du Moyen Âge le monachisme hagiorite a bénéficié du patro-
nage des princes roumains. D’autant plus important depuis la disparition des
Etats balkaniques, suite à la conquête ottomane, que ce patronage comprenait
essentiellement l’intervention du prince auprès de la Porte, y compris auprès
de l’administration locale, ainsi qu’une assistance substantielle concrétisée sous
forme de donations foncières et financières, ainsi que sous celle d’objets litur-
giques, de manuscrits et d’autres pièces d’art sacré 1.
Les monastères, les ermitages (et parfois même certains moines à titre per-
sonnel), étaient gratifiés de propriétés foncières, ainsi que d’allocations pécu-
niaires versées annuellement en aspres aux moines qui venaient les toucher à
la cour du prince. Les donations foncières pouvaient être le fait de particuliers,
essentiellement de boyards avec des membres de leurs familles, mais surtout
des princes de Valachie et de Moldavie 2, dignes successeurs en l’occurrence
des souverains byzantins, serbes et bulgares, pour ne parler que des protecteurs
et donateurs du Sud-Est européen 3.
L’octroi de chartes en faveur de Chilandar est pour les princes de Valachie
l’occasion de se référer à une riche tradition de patronage royal, impérial et
princier, trois fois séculaire. D’autant que les moines quêteurs de cette com-

1. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos et les Roumains. Recherches sur leurs relations du milieu du XIVe
siècle à 1654, Orientalia Christiana Analecta, Rome 1986, 375 pp. ; I. MOLDOVEANU, « Sfântul
Ştefan cel Mare, protector al Muntelui Athos » (Saint Etienne le Grand protecteur du Mont-
Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei crieştine, Sfânta mănăstire Putna 2004,
p. 157-178.
2. T. BODOGAE, Ajutoarele româneşti la mănăstirile din Sfântul Munte Athos, Sibiu 1940, p. 154-
156.
3. B. BOJOVIĆ, P. Ş. NĂSTUREL, “Les fondations dynastiques…“, cit., p. 149-175 ; B. BOJOVIĆ, “La
légitimation du pouvoir princier…“, cit., p. 37-48. Cf. supra, p. **
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86 Chilandar et les Pays roumains

munauté hagiorite ne manqueront pas d’évoquer leurs illustres ktitors d’antan


en insistant tout particulièrement sur la sainteté des premiers fondateurs,
princes et saints, moines, souverains et pontifes 4, arguant à cette fin des actes
princiers conservés dans les Archives du monastère 5.
La documentation, sensiblement fournie, conservée dans les Archives des
monastères athonites rend possible le suivi de tout ou partie de ces relations
trans-balkaniques. Les actes de Chilandar, avec ceux de ses dépendances,
offrent un intérêt particulier en raison de l’intensité et de la nature de ces liens
privilégiés, essentiellement ceux noués avec les princes de Valachie.

Chilandar et les donations foncières


Le premier document (inédit) qui sous-tend les relations entre Chilandar
et la Valachie est daté de 1488. Vlad le Moine (1481, 1482-1495) y confirme
l’achat d’une propriété située sur la montagne de Răşinari (avec mention des
localités de Suhopole, Žilica et Borescoul), pour Stanilo, Nikola et Dragčej.
En 1494, Radul le Grand (8-15 sept. 1494-avril 1508) confirme les pro-
priétés de Suhodol, à Stoian et à ses fils ; il s’agit encore d’un acte inédit.
Le 15 septembre 1497, Radul le Grand, confirme au joupan Christian la
propriété achetée à Hrăboreşti (y compris les localités de Luponiţa, Kotorouia,
les « selišta » (emplacement de village disparus) de Bodev, Boldeşti) 6.
Le 16 avril 1569 (acte inédit), Alexandre II Mircea (14 juin 1568-1574-mai
1577), confirme la propriété de Grigoriul sur le village de Hăeşti 7.

4. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains”, cit., p. 141-145.


5. Cas unique pour le Mont-Athos, les archives de Chilandar renferment un inventaire de ses
actes dressé en 1299 et qui fait état de dizaines de chrysobulles et autres actes impériaux
(F. BARIŠIĆ, « Prvi popis grčkih akata na starosrpskom s kraja XIII veka u Hilandaru » (Le pre-
mier inventaire des actes grecs, fait à la fin du XIIIe s., en vieux-serbe), Recueil de Chilandar 7
(1989), p. 27-57, ce qui permet de se faire une idée de sa richesse documentaire un ou deux
siècles plus tard. Pour les actes grecs de Chilandar, voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRA-
VARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des origines à 1319, Paris 1998, 13-18. Sur les archives
de Chilandar, voir B. BOJOVIĆ, « Les actes slaves du Mont-Athos « , cit., p. 129-140.
6. Documenta I, N° 278, p. 452-453 (Photocopie d’après l’original, parchemin, sceau appliqué)
7. Documenta Romaniae historica, B. Ţara Românească, VI, Bucarest, n° 143 p. 178-179 (en rou-
main).
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La continuité d’une institution caritative 87

En 1652, Mateï Basarab (1632-1654) confirme à Pârvul une propriété


achetée à Suhodol.
Du 8 novembre 1657 est l’acte en roumain et inédit de donation foncière
faite par la princesse Nedelia 8, veuve du voïévode Constantin Şerban (9 nov.
1654-mars 1658), en faveur de Chilandar.
A la date de février 1694, le chrysobulle inédit de Constantin Brancovan
(28 oct. 1688-24 mars 1714) confirme au négociant Milco de Baia (de Aramă)
la propriété achetée par lui au village de Meria 9, ou Meriş, (en roumain égale-
ment).
C’est le dernier document de cette catégorie, relatif aux donations fon-
cières. Ces actes sont de toute évidence des titres de propriété accordés par des
tiers à ce monastère athonite. S’échelonnant sur plus de deux siècles de dis-
tance, cette catégorie de documents représente toutefois le plus petit volet de
notre cartulaire d’actes valaques délivrés ou déposés à Chilandar en faveur
d’une donation. Il s’agit en l’occurrence d’une documentation en rapport avec
les donations foncières ; les actes relatifs aux donations financières sont de loin
les plus nombreux.

Les allocations de Chilandar et de ses ermitages


La première charte d’allocation de subsides au bénéfice de Chilandar qui
nous soit parvenue est celle délivrée en 1492 de Bucarest par Vlad le Moine.
C’est en novembre 1492 que Vlad le Moine, en son nom et en celui de ses
fils Radul et Mircea, délivra ce premier chrysobulle par lequel il attribue une
allocation annuelle de 5 000 aspres à Chilandar, en plus des 500 aspres destiné
à couvrir les frais de voyage des moines chargés de venir toucher la somme sus-
dite.
La principale motivation de cet engagement en faveur de « Chilandar,
devenu orphelin de la très honorable seigneurie serbe et des bienheureux kti-

8. Après un premier mariage avec Bălasa († 12 mars 1657), le prince épouse Nedelia (Kyriaki).
Traduction roumaine du texte arabe de Paul d’Alep, par Maria-Mathilda ALEXANDRESCU-
DERSCA, Călători străini despre Ţările Române, vol. VI, Ière partie, Bucarest 1976, p. 237.
9. I. MOLDOVEANU, Contribuţice la istoria relaţiilor dintre Ţările Române cu Muntele Athos (1650-
1863), (Contribution à l’histoire des relations des Pays roumains avec le Mont-Athos), Buca-
rest 2002, p. 136.
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88 Chilandar et les Pays roumains

tôrs », est explicitée par la demande qu’en aurait faite expressément la sultane
Mara Branković de relayer (« après la bienheureuse dormition de la très hono-
rable et bienheureuse Dame impératrice et notre mère Mara ») le patronage de
Chilandar (afin que le prince valaque soit « désigné comme le dernier
ktitôr ») 10.
En mars 1497, puis le 19 avril 1498 et enfin le 15 mai 1500 (dans un acte
inédit), Radul le Grand renouvelle et confirme (« nous engageant à donner tant
que nous serons en vie ») l’allocation (de 5 000 + 500 aspres) accordée par son
père et prédécesseur sur le trône de Valachie 11.
Le versement de l’allocation étant fixé en 1492 – à la fête de la Résurrec-
tion, les deux chartes suivantes seront donc émises en mars-avril, respective-
ment en 1497, à Târgovişte, et 1498, à Bucarest. La mention des représentants
athonites, kyr Euthyme et le diacre Bessarion, figure dans ce dernier document.
L’allocation sera désormais versée lors du « Grand Carême ».
La motivation de la donation est explicitée comme suit : « nous avons
accepté de tout cœur d’être désigné comme nouveau ktitôr du saint monas-
tère, avec les seigneurs très-respectables et saintement décédés d’antan, en
nous engageant (à faire) selon nos possibilités et selon le commandement de
nos parents », tout en exhortant les moines de Chilandar : « priez Dieu pour nos
parents et pour nous pécheurs et, si cela est possible en votre saint lieu, inscri-
vez-nous avec les ktitôrs antérieurs dans le saint diptyque, ainsi qu’il en est pour
nos parents ».
Inédite et émise à la Saint-Jean, le 7 janvier 1500, à Târgovişte, la troisième
charte de Radul le Grand porte elle aussi la mention du diacre Bessarion
accompagné cette fois de Mardarie. Quant à l’allocation, son montant reste
inchangé, 5 000 aspres, en plus des 500 aspres destinés aux émissaires de Chi-

10. Dj. Sp. RADOJIČIĆ, « Srpske arhivske i rukopisne zbirke na Svetoj Gori » (Les collections d’ar-
chives et de manuscrits serbes au Mont-Athos), Arhivist V/2 (1955), p. 9 (fac-similé) ;
I. R. MIRCEA, « Relations culturelles roumano-serbes au XVIe siècle », Revue des études sud-est-
européennes I/3-4 (1963), p. 416-417 ; P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta Romaniae His-
torica, B. Ţara Românească, I, Bucarest 1966, n° 235 p. 277-279 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le
Mont-Athos, cit., p. 125-127.
11. P. P. PANAITESCU, D. Mioc, Documenta …, cit., I, n° 271, 284 p. 439-440, 461-462 ;
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 127-128.
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La continuité d’une institution caritative 89

landar. La date de versement de l’allocation est cette fois-ci fixée à la Théo-


phanie (« en apportant cette lettre afin que nous vous donnions pour le saint
monastère ce que nous avons promis »), le 6 janvier.
En contre-partie, le devoir de la communauté est le suivant : « priez Dieu
pour nos parents et pour nous pécheur et, si cela est possible en votre saint lieu,
inscrivez-nous avec les ktitôrs antérieurs dans le saint diptyque, ainsi qu’il en est
pour nos parents ». Moyennant quoi « nous maintiendrons immuablement ce
que nous avons promis au saint monastère, si le Seigneur Dieu nous prête vie
dans nos terres ».
Rédigée le 15 mai 1510 à Bucarest « de la main de Stepan », la charte de
Vlad V le Jeune (fév. 1510-23 jan. 1512) 12, réitère en substance le contenu des
actes antérieurs, renoue pour sa part, moyennant 5 000 + 500 aspres, avec les
engagements de ses proches précurseurs (« ayant vu la lettre et la promesse du
père de Ma Seigneurie ») et ceux plus lointains (« il nous sied de nous dévouer
(semblablement) aux seigneurs d’antan »).
La transmission du ktitorat y est particulièrement soulignée du fait que le
monastère est« devenu orphelin de la très honorable seigneurie serbe et des
bienheureux ktitôrs », ainsi que de « la très honorable Dame et impératrice
Mara qui déjà dans la vieillesse et ayant atteint sa bienheureuse fin, ayant aimé
nos parents, nos frères et nous-mêmes comme ses enfants, en ayant avisé le
susdit saint monastère, avec de douces paroles ayant été sollicité comme ayant
été ses enfants, attendu que le saint monastère était devenu orphelin de la très
honorable seigneurie, de ne pas le délaisser, mais de le patronner, de le chérir
et d’être désigné comme dernier ktitôr ».
« C’est pour cette raison que nous adhérons de tout cœur (au ktitorat) du
saint monastère, après la bienheureuse Dormition de la très respectable et
bienheureuse susdite Dame et impératrice 13 et notre mère Mara, ainsi que de
sa sœur la Dame Cantacuzène, acceptant d’être désignés comme ktitôrs du

12. P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta, II, N° 72, p. 151-155.


13. Impératrice ottomane certes, mais « tsarine » surtout « si l’on définit ici ce tsarstvo comme une
souveraineté orthodoxe, dans la continuité de la basileia byzantine » et « d’une légitimité impé-
riale (byzantine ou serbe) », cf. B. JOUDIOU, « Le règne d’Etienne le Grand et la succession :
une perspective idéologique », in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei crieştine, Sfânta
mănăstire Putna 2004, p. 418, 422, 425, 427.
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90 Chilandar et les Pays roumains

saint monastère en le chérissant autant que nous pourrons, c’est pourquoi nous
nous engageons en faisant ce chrysobulle, afin qu’il soit inaliénable pour le saint
monastère ».
En contrepartie, la communauté monastique est tenue « d’inscrire mon
père Vlad le voïévode et mon frère Radul le voïévode, ainsi que moi-même le
susdit Vlad le voïévode, dans le saint diptyque pour la sainte proscomidie, ce qui
est pour vous de peu de peine et pour nous un grand gain par vos prières. Pour
notre part, tant que nous serons en vie, n’en déplaise à Dieu, d’avoir ce que
Dieu nous a confié, de même que nos fils, après notre mort, maintiennent
(cette allocation) tant que Dieu les maintiendra dans le pouvoir de leurs
parents et aïeux donnés par Dieu. De sorte qu’ils fassent ce que je leur disais en
accomplissant et respectant et confirmant ce chrysobulle, eux-mêmes et tout-
un-chacun que Dieu aura bien-voulu faire lieutenant (namestnik ≠ administra-
teur) du susdit (monastère) ».
C’est par suite d’une erreur de transcription sans doute que l’allocation
pour Chilandar dont elle fait l’objet, fut attribuée à la Tour albanaise.
C’est en vertu d’une lettre notariée datée du 23 août 1517 et écrite à Curtea
de Argeş, que Neagoe Basarab porte le montant de l’allocation à hauteur de
7 000 aspres ; les frais des moines délégués pour cette occasion restent toujours
fixés à 500 aspres 14.
Les noms du « prohigoumène » kyr Léontie (ancien higoumène) et du
moine « starec » Mardarie figurent dans ce document, alors que la date fixée
pour la remise des fonds reste, depuis 1500, la Théophanie (6 janvier). Le nom
du « logothète » dans ce document est pratiquement illisible, alors que Florie
est celui du scribe.
La contrepartie liturgique stipule : « ne nous oubliez pas lors de l’accom-
plisement des saints mystères, en implorant Dieu pour nous pécheur tout en
accomplissant à notre égard ce que vous avez toujours fait en faveur des ktitors
d’antan de sainte mémoire ».
Le montant de l’allocation est de nouveau revu à la hausse en 1525, en vertu
d’un acte délivré par Radul de la Afumaţi (1522-1529, avec interruptions) 15.

14. Documenta, II, n° 160 p. 304-305 ;P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 128-129.
15. Documenta, II, n° 233 p. 435-436 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 129-130.
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La continuité d’une institution caritative 91

Daté du 30 avril 1525, à Târgovişte, ce document de Radul de la Afumaţi porte


le montant de l’allocation à 10 000 aspres (après 25 ans sans changement) ; y
apparaît la donation destinée à l’hospice à raison de 800 aspres, alors que la
rémunération des émissaires reste inchangée. Leurs noms consignés dans ce
document sont ceux de l’higoumène Macaire 16 et du « duhovnik » (père spiri-
tuel) Jason. Le scribe Trifon y a inscrit son nom. Ce document atteste que le
montant de l’allocation a donc plus que doublé.
La contrepartie liturgique est stipulée dans la suite des « ktitors d’antan de
sainte mémoire », de même qu’il s’agit de perpétuer l’usage de « faire commé-
moraison de notre nom de notre vivant ainsi qu’après notre fin, tant qu’exis-
tera le saint monastère ».
Un acte inédit de Vlad le Noyé, daté du 27 février 1530, renouvelle l’allo-
cation annuelle dans les mêmes conditions.
C’est Vlad « fils de Vlăduţă voïévode » (juin 1530-18 sept. 1532) qui est à
l’origine de la charte émise en 1530, à Bucarest. Le montant reste donc inva-
riable (10 000 + 800 + 500 aspres), ainsi que la date des versements fixée, à la
Théophanie ; le nom du scribe est Filéa.
La contrepartie liturgique est précise en toute continuité « avec les saints
ktitors », ainsi qu’il a été d’usage pour les « tsars vénérables », énumérant « ce
qui doit être fait invariablement tant que le monde et le monastère existeront ».
Ce que ne manque pas de faire son successeur Vlad Vintilă, en vertu d’un
acte daté du 27 avril 1534 (l’année est peu lisible), avec 10 000 aspres, en plus
de 800 et 500 17.
Datée du 27 avril, l’allocation est reconduite par le prince Vlad Vintilă (18
sept. 1532-11 juin 1535) ; la date du versement pour le « saint et divin monas-
tère impérial » est toujours stipulée à la « Sainte Théophanie ». La mention de
Gjura « logothète » et celle du scribe (« diak ») Oprea, figurent au bas de la
charte. Le document est pourvu d’un sceau de cire brisé.
La mémoire des premiers ktitors de Chilandar « qui fut bâti et édifié à
grand-peine par saint Siméon le Nouveau Myroblyte et le saint et thaumaturge

16. Higoumène de Chilandar (1525-1526 et 1533), cf. A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit.,
p. 136-137, 197-198 ; N. SINDIK, Smerni sveštenik mnih Makarije ot Crnije Gori (L’humble hié-
romoine Macaire du Monténégro), Podgorica 1995, p. 6-13. Cf. n. 40
17. Cf. Documenta, III, n° 178 p. 290-291 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 130-131.
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92 Chilandar et les Pays roumains

Sava », est mentionnée afin de se référer à la manière dont doivent être accom-
plies les prières demandés en contrepartie de la donation : « que nous soyons
inscrits à la sainte proskomidie et dans le saint diptyque de notre vivant, alors
qu’après notre mort je sois mentionné dans les prières : les kollyva solennelles
et la sainte Liturgie, ainsi qu’au réfectoire, de même qu’il est d’usage pour les
tsars respectables ; ce qui doit être fait invariablement tant que le saint monas-
tère existera ».
Au bas de l’acte une note du logothète Pierre fait état de 6 000 aspres d’al-
location, ainsi que de 1 000 autres pour les frais de déplacement des émissaires,
qui auraient été octroyés par le voïévode Pierre le Boiteux de Moldavie. C’est
sans doute le premier témoignage d’une allocation versée à Chilandar par un
prince de Moldavie. Non datée, cette notice postérieure relative à l’allocation
qui aurait été consentie par Pierre le Boiteux a dû être consignée sur cet acte
alors qu’il était présenté en témoignage des donations antérieures à la cour de
Moldavie, le prince étant en l’occurrence issu de la dynastie valaque.
C’est avec la lettre de Pierre le Boiteux, datée du 31 décembre 1583 à Jassy,
que l’allocation de la Moldavie à Chilandar est confirmée 18. Le fait que le mon-
tant s’élève à 3.000, en plus de 300 aspres destiné aux émissaires (dont l’hi-
goumène Païsie), devrait indiquer que la notice du document de Vlad Vintilă
pourrait se rapporter à une année ultérieure. Il faut néanmoins tenir compte de
la formule : « acceptant d’être à partir de ce jour ktitor dudit monastère, afin
qu’il soit désormais désigné en tant que monastère de notre seigneurie », que
le prince de Moldavie emploie pour signifier son engagement 19, mais qui ne
devrait pas être prise forcément à la lettre. On a bien vu que le montant de l’al-
location au XVIe siècle avait invariablement tendance à croître, du simple au
triple (de 5 000 à 15 000 aspres), entre le début et la fin du siècle. L’inflation
exponentielle de la monnaie ottomane en cette fin du siècle ne pouvait être

18. Ilka PETKOVA, « Grégoire Camblak : l’idée de l’unité orthodoxe », Etudes balkaniques 3-4
(1996), p. 106-108 ; D. NASTASE, « Vulturii bicefali de la mănăstirea Putna », in Ştefan cel Mare
şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mănăstire Putna 2004, p. 74-76.
19. Sur les modèles serbes en Moldavie, voir M. CAZACU, Ana DUMITRESCU, « Culte dynastique
et images votives en Moldavie au XVe siècle. Importance des modèles serbes », Cahiers bal-
kaniques 15 (1990), p. 13-102.
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La continuité d’une institution caritative 93

étrangère à cet état de choses 20. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que cette tendance
allait s’inverser.
Faisant figure d’exception dans notre cartulaire, du fait de sa provenence
géographique, la lettre du voïévode de Moldavie Pierre le Boiteux (1574-1577 ;
1578-1579 ; 2 sept. 1582-août 1591 – dynastie valaque), est écrite sur les indi-
cations du notaire Dumitru Popovici.
Datée du 8 février 1588, de Bucarest et munie exceptionnellement d’une
bulle dorée, la charte de Mihnea Turcitul (1577-1583, 1585-1591) consigne
une allocation portée à 15 000 aspres, alors que la rémunération des envoyés
athonites est, en revanche, réduite à 400 aspres 21. Les 800 aspres destinés à
l’hospice sont sans doute ainsi inclus dans l’allocation du monastère. C’est une
soixantaine d’années après la fixation du montant à 10 000 aspres que cet acte
témoigne d’une deuxième augmentation substantielle de l’allocation octroyée
à Chilandar. Autre innovation par rapport aux actes précédents 22, les noms des
membres du Conseil princier (joupan Iane grand ban royal, joupan Cesar grand
dvornik, joupan Dumitru grand logothète, joupan Miroslav grand vistiar, joupan
Petre grand spathaire, joupan Radul grand comis, joupan Mihaio grand stolnik,
joupan Vladu grand peharnik, joupan Iane grand postelnik, ispravnik Dan vistiar
et Valtan Svesteski logothète) figurant au bas de la charte en qualité de témoins
légaux de l’acte princier.
La motivation est exprimée selon la formule consacrée : « afin que nous
soyons désigné en tant que nouveau ktitor avec les saints ktitors d’antan », alors
qu’il s’agit aussi « d’inscrire ma seigneurie au saint diptyque : Jean Mihnea voïé-
vode, ainsi que feu le père de ma seigneurie, Jean Alexandre voïévode, la mère
de ma seigneurie, Dame Ecaterina, la Dame de ma seigneurie, Dame Neaga, le
bien-aimé fils de ma seigneurie, Jean Radoul voïévode, feu le jeune Jean
Alexandre voïévode, et la fille de ma seigneurie, Dame Irène ».

20. N. BELDICEANU, “La crise monétaire ottomane au XVIe siècle et son influence sur les princi-
pautés roumaines”, Südost-Forschungen XVI (1957), p. 70-86 ; B., BOJOVIĆ, « Entre Venise et
l’Empire ottoman, les métaux précieux des Balkans (XVe-XVIe s.) », Annales : Histoire, Sciences
Sociales, novembre-décembre 2005, n° 6, p. 1291-1297.
21. Documenta, V, p. 388-390 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 131-132.
22. P. Ş. NĂSTUREL, “Réflexions à bâtons rompus sur « Les Pays roumains et les lieux saints »”, in
The Romanian Principalities and the Holy Places along the Centuries. Papers of the Symposium
heid in Bucharest, 15-18 October 2006, Edited by : E. BĂBUŞ, I. MOLDOVEANU, A. MARINESCU,
Bucarest 2007, p. 13-21.
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94 Chilandar et les Pays roumains

Vingt ans plus tard, le 24 juin (1608), à Târgovişte, la charte du voïévode


Radul Şerban (17 sept 1601-15 oct 1601 ; 1602-1611) réitère l’octroi de l’al-
location de 15 000 aspres à Chilandar (désigné comme « communauté impé-
riale »), l’inflation aidant, le montant des frais de voyage des moines
bénéficiaires de l’allocation passe cette fois à 1 500 aspres. Valeur plus que tri-
plée par rapport aux 400 aspres de l’acte précédent et indice supplémentaire
de la situation monétaire de l’époque.
A l’instar de l’acte précédent, les stipulations concernant les prières dont
doivent s’acquitter les moines sont plus explicites (« inscrire ma seigneurie au
saint diptyque : Jean Radul voïévode et les parents de ma seigneurie, feue la
mère de ma seigneurie la Dame Marie, la Dame de ma seigneurie Hélène et
l’enfant bien-aimée de ma seigneurie Dame Ankoutsa ») que dans les docu-
ments antérieurs.
Les noms des témoins, membres du conseil princier sont : « joupan Radul
le clucer, joupan Cernika grand dvornik, joupan Loupoul grand logothète, joupan
Nika grand vistier, joupan Mârzea grand spatar, joupan Bărcan grand stolnik,
joupan Gligorie grand comis, joupan Stanciul grand paharnik, joupan Leca grand
postelnik et ispravnik, joupan Oncie deuxième logothète et moi Stan logothète et
clerc ».
Le 26 novembre (1670) à Bucarest, après un silence de plus d’un demi-
siècle dans notre documentation, une charte du voïévode valaque Antoine de
Popeşti (3 mars 1669-12 fév. 1672), porte le montant de l’allocation à Chilan-
dar à 10 000 aspres annuels.
Moyennant quoi le prince invite les moines à : « inscrire ma seigneurie au
saint diptyque, les parents de ma seigneurie et le fils de ma seigneurie, en nous
mentionnant toujours dans vos saintes prières, ainsi que lors de la sainte prosco-
midie et au saint autel. Alors que de notre part, tant que nous vivrons, nous
sommes dans l’obligation d’aider et de prodiguer miséricorde en tout temps au
saint monastère chaque année de par la susdite allocation, afin que ma seigneu-
rie et les parents de ma seigneurie soient très-honorablement mentionnés ».
Daté de la deuxième moitié, ou de la fin du XVIe siècle, il existe un docu-
ment, inédit, et à peine lisible, qui pourrait avoir été émis par le voïévode
Alexandre Mihnea (1592-1593).
Très peu déchiffrable, on y distingue avec beaucoup de peine le nom d’un
prince Alexandre (Mihnea ? ou Mircea 1592-1593), ainsi que la mention d’un
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La continuité d’une institution caritative 95

montant de 5 000 aspres, mention datée par un notaire de Chilandar, de 1656


(? !). Ce document devra pouvoir être mieux déchiffré un jour à l’aide d’une
lampe à ultraviolet. En attendant, on ne peut que constater que la date suppo-
sée, le nom du prince et le montant de l’allocation ne s’accordent en aucune
façon.

Les dépéndances de Chilandar


Les grands monastères athonites, tels que Chilandar, détenaient de nom-
breuses dépendances abritant des communautés monacales plus ou moins
importantes. Parmi celles dépendant de Chilandar, l’ermitage Saint-Sava à
Karyès, acquit le privilège d’une allocation princière. Même s’il ne devait pas
abriter un grand nombre de moines, le prestige de cet ermitage serbe de
Karyès, fondé par saint Sava, devait justifier ce privilège princier.
La densité de la documentation des archives de Chilandar, celle notam-
ment qui concerne essentiellement les voïévodes de Valachie, soulève la ques-
tion de la motivation de ces princes par rapport à cette pratique caritative et
liturgique s’échelonnant sur près de deux siècles. Au-delà de tout critère quan-
titatif, le contenu de ces documents nous met sur la trace de cet exemplaire
attachement princier à la laure athonite de Chilandar. La fréquence de l’évo-
cation des saints princes fondateurs, la volonté de s’inscrire dans la droite ligne
de leur succession 23, y compris dans le domaine de la pratique liturgique 24, le
fait que deux des dépendances bénéficiant de l’allocation ont également été
fondées par les princes Jean Castriote 25 (pour la Tour albanaise), et Sava
Nemanjić (pour l’ermitage de Karyès), plaident fortement en faveur d’une

23. B. JOUDIOU, « La signification de l’élection du prince régnant dans les provinces roumaines de
Valachie et de Moldavie (XVe-XVIIe siècles), in Închinare lui Petre Ş. Năsturel la 80 de ani,
Brăila 2003, p. 285-298 ; Id., « Le règne d’Etienne le Grand et la succession : une perspective
idéologique », in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mânâstire Putna 2004,
p. 422, 425.
24. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains…, cit., p. 141-149. Tania KEMBAROVA, « Pouvoir
et prières dans les images byzantines du don », RESEE XLVI (1-4), (2008), p. 135-150.
25. Père de Skenderbeg, ce seigneur albanais aurait été marié avec Irène, fille cadète de Lazar
Branković, despote de Serbie (1456-1458), cf. http ://web.genealogie.free.fr/Les_dynas-
ties/Les_dynasties_celebres/Europe_Centrale_et_Orientale/Dynastie_des_Branko-
vitchs.htm
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96 Chilandar et les Pays roumains

motivation d’ordre politico-religieux. Dans le contexte politique, culturel et


idéologique de l’époque, pouvait-il en être autrement ?
Ainsi, de même que les autres monastères de la Sainte Montagne, les
dépendances de Chilandar ne sont pas négligées par les princes de Valachie. Il
s’agit de trois kellia d’anachorètes, dont deux au moins sont des fondations
princières, qui se voient attribuer des allocations annuelles. L’une d’elles au
moins est émise à titre individuel en faveur de l’ancien prôtos Cosmas 26
(cf. infra, docs. N°s 8, 10), mais aussi pour « l’higoumène Macaire » (cf. infra,
doc. N° 13, 14, 15).

Kyr Cosmas et « l’église Saint-Elie »


C’est par une charte datée de janvier 1501, que le voïévode Radul (le
Grand), accorda à kyr Cosmas – établi auprès de l’église Saint-Elie), dépen-
dante de Chilandar, 2 000 aspres annuels (acte rédigé par Teodor à Târ-
govişte).
Le 15 mai 1510, Vlad V le Jeune (1510-1512) renouvelle l’allocation accor-
dée par son prédécesseur à Cosmas 27, tout en portant son montant à 5 000
aspres, en plus des 500 pour les moines quêteurs.

L’ermitage de Saint-Sava à Karyès


Autre fondation princière, l’ermitage de Karyès (« qui se trouve près du
Protâton »), dépendant de Chilandar, bénéficie, lui aussi, d’une allocation subs-
tantielle accordée le 22 décembre 1528 par Radul de la Afumaţi (1522-1529).
Le montant en est fixé à 3000 aspres annuelles, plus 500 aspres pour les moines
qui viendront les toucher, c’est-à-dire la même somme que celle accordée à la
Tour albanaise six mois et demi plus tôt. Cet acte est rédigé par Dumitru « gra-
matik » (scribe) à Târgovişte.
Le 24 mars 1532, Vlad Vintilă (1532-1535), renoue avec la pratique de son
devancier concernant l’ermitage de Saint-Sava à Karyès, en accordant 3 000
aspres annuelles, ainsi que 300 aspres pour les moines qui viendront les tou-

26. Ancien protos, août 1492, cf. Actes du Prôtaton, par Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1975,
p. 142 ; P. S. NĂSTUREL, op. cit., p. 292-295 ; Actes de Kutlumus2, nouvelle édition remaniée et
augmentée par P. LEMERLE, Paris 1988, 431-433.
27. Documenta, II, N° 72, p. 151-155.
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La continuité d’une institution caritative 97

cher (sont nommés le diacre Istratie, “avec les moines de Chilandar”). Délivré
par les soins de Tatul logothète, l’acte est rédigé par Badea diak à Târgovişte.
A l’appui de sa motivation, le document contient une référence historique :
« C’est ainsi que nous comprenons les bienheureux et les saints pères, saint
Siméon, appelé Nemanja, et saint Sava, de quels efforts au profit des saints
monastères ils ont fait preuve ; abandonnant toute gloire en ce monde, ils ont
su se ménager la voie étroite du salut divin qui mène à la vie éternelle ». De
même qu’une importante précision portant sur la manière dont s’effectuait le
versement de l’allocation : « le frère de votre saint lieu, le diacre Istratie, est venu
nous apporter la lettre manuscrite qui est le rouleau du saint père Sava, qu’il a
fait pour ce saint lieu. C’est pourquoi, que les frères émissaires viennent chaque
année avec ceux de Chilandar, le même mois que ceux de Chilandar quand ils
viennent pour leur allocation, afin de percevoir et de porter à ce saint lieu la sus-
dite allocation ».
Le 23 février 1536 à Târgovişte, deux semaines après l’émission de l’acte
en faveur de la Tour albanaise, Radul (Païsie) « fils de Radul », accorde au
pyrgos de Saint-Sava à Karyès 3 000 aspres annuels, de même que 300 aspres
pour les moines qui viendront les toucher. C’est encore Misail « grammatik »
qui s’est occupé de la rédaction de ce document.

Le pyrgos albanais (Arbanaški pirg)


Fondé au XVe siècle par le seigneur albanais Jean Castriote (père de Sken-
der beg) 28 et dépendance de Chilandar, ledit pyrgos (tour) albanais bénéficie

28. La Tour albanaise – ledit ermitage (situé à une demi-heure de marche au sud-ouest du
monastère) fut acheté en viager à Chilandar par le seigneur albanais Jean Castriote (avec ses
fils, Staniša, Repoš, Constantin et Georges), y compris quatre adelphata ( δελφάτα), après
1428 pour 80 florins, à la condition que la skétè redevienne la propriété du monastère après
la mort du donateur. L’un des fils, Repoš, décédé à Chilandar en 1431, fut inhumé dans l’exo-
narthex du katholikon du monastère. Jean Castriote, avec ses fils, avait fait don à Chilandar en
1425 de deux villages (Radostuše et Trebište) avec une église (B. B. KORABLEV, Actes de Chi-
landar 2, N° 81 p. 531-532 ; J. RADONIĆ, « Djuradj Kastriot Skender-beg i Albanija u XV veku
/istoriska gradja/ (Georges Castriote Skender-beg et l’Albanie au XVe siècle /sources histo-
riques/), Spomenik XCV (1942), n° 3). Le premier donateur valaque de la skétè aura pu être
Basarab Ţépéluş (1477-1481), voir S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici…, cit., p. 467-468 ;
A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar, cit., p. 247-249), ainsi que l’ermitage de Saint-Sava à Karyès
(charte du patriarche Nicodème de 15 juin 1450, voir D. SINDIK, « Povelje srpskih patrijaraha
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98 Chilandar et les Pays roumains

des largesses des princes valaques. A commencer par Neagoe Basarab (1512-
1521), dont la charte datée du 2 août 1512 29 atteste l’attribution d’une alloca-
tion de 1 000 aspres par an., en plus de 100 aspres pour le moine Raphaël en
l’occurrence, venu toucher cette aide annuelle. L’acte fait mention, en effet,
d’un engagement qui aurait été conclu antérieurement par les devanciers du
prince régnant « afin d’être nous aussi ktitor, avec les saints ktitors d’antan, nos
seigneurs Ioan Vlad voïévode et Radul voïévode, (qui) sont mentionnés dans
le saint diptyque ».
Selon un acte de Radul de la Afumaţi (1522-1529), daté du 16 mai 1525 30,
cette allocation s’élève à 1.200 aspres, en plus de 1 000 aspres (en faveur de l’hi-
goumène Macaire), accordés au pyrgos albanais. Cet acte est rédigé à
Tărgovişte par les soins du notaire Radul Pădure. Le versement de l’allocation
doit être fait « chaque année après la Théophanie, afin de percevoir l’allocation
de la sainte communauté, ainsi que celle du père Macaire ».
Un acte se rapportant au même versement de l’allocation, mais nullement
identique, est délivré en mai 1525 31, par Radul (de la Afumaţi), accordant au
pyrgos de l’Albanais 1 200 aspres annuelles, de même que 1 000 aspres pour
l’higoumène, le hiéromoine Macaire (toujours délivré à Târgovişte par les
soins de Radul Pădure).
A côté du nom de l’higoumène Macaire, à la différence de l’acte précédent,
figure le nom du moine Jean, mais surtout il n’y est fait aucune mention de l’al-
location accordée à Macaire. Il s’agit manifestement du même higoumène
Macaire dont le nom figure sur l’acte du 30 avril 1525, à Targovişte (cf. supra).
Avec son introduction théologique, absente du premier document, cet acte
s’avère destiné à un usage différent.
C’est le 7 juin 1528 que le même prince, Radul (de la Afumaţi), porte à
3 000 aspres annuels, en plus des 300 aspres pour les quêteurs, cette allocation
au pyrgos de l’Albanais 32. L’acte est délivré à Târgovişte par les soins du notaire
Coresi.
Save, Spiridona i Nikodima » (Les chartes des patriarches de Serbie Sava, Spyridon et Nico-
dème), Recueil de Chilandar 9 (1997), p. 100-116, avec fac-similés), dont les fondateurs furent
des seigneurs albanais et serbes. Là aussi les princes valaques suivent une tradition plus ou
moins ancienne. Cf. supra, note 65.
29. P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta, II, N° 109, p. 223-225.
30. P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta, II, N° 234, p. 437-440.
31. P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta, II, N° 235, p. 440-442.
32. P. P. PANAITESCU, D. MIOC, Documenta, III, p. 97-99.
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La continuité d’une institution caritative 99

La motivation de cette donation est exprimée en des termes convention-


nels : « nous avons accepté de tout cœur et avec une douce résolution d’être
nouveau ktitor, sustenteur et rénovateur ».
Daté du 9 février 1536, l’acte inédit de Radul Païsie (1535-1545), ne fait
que confirmer le montant de cette allocation de 3 000 aspres annuels au pyrgos
de l’Albanais, dit aussi pyrgos de Saint-Georges, en plus de 300 aspres pour les
moines qui viendront les toucher. L’acte est délivré à Târgovişte par les soins
de Misail gramatik (scribe).
La justification de la donation s’exprime en des termes aussi convention-
nels que généraux : « les souverains qui étaient avant nous, tsars et princes d’an-
tan 33, ont disposé avec humilité de leurs biens terrestres ».
C’est parce que ces ermitages que sont la Tour albanaise et l’église Saint-
Elie 34 n’ont pas été fondés par les dynastes que nous venons de citer, que les
références que nous trouvons dans les actes qui leur sont dédiés, sont d’une
portée plus générale : « les bienheureux tsars et princes d’antan », sans que les
noms des fondateurs soient mentionnés, à l’exception de l’acte de Neagoe
Basarab (1512-1521) 35, se référant à Vlad le Moine (1481, 1482-1495) et à
Radul le Grand (1494-1508). Ce qui ne peut que confirmer le fait que les rela-

33. En matière de prestige et de légitimation du pouvoir princier dans le Pays roumains « …les
liens avec les familles liées aux anciens basileis et aux despotes serbes étaient privilégiés… »,
voir B. JOUDIOU, « Le règne d’Etienne le Grand et la succession : une perspective idéologique »,
in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mănăstire Putna 2004, p. 419 n. 8-
10, 422.
34. Il s’agit peut-être de l’église qui aurait appartenu au métoche de Zygou, dédié à Saint-Élie, en
bordure de la Mégalè Vigla, qui marque la limite occidentale du Mont Athos, propriété fon-
cière appartenant à Chilandar depuis sa fondation par Siméon et Sava en 1198 (confirmé par
le chrysobulle d’Andronic II Paléologue, en 1299), voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRA-
VARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des origines à 1319, Paris 1998, p. 57, acte n° 17 (p. 167-
171) ; Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Le monastère de Chilandar et ses métoques dans la région de
l’Athos”, Zbornik radova Vizantološkog instituta 26(1987), p. 62.
35. Marié à Milica-Despina, fille du despote Jean Branković, Neagoe Basarab adopta pour pre-
mier saint patron Saint Sava, ce dont témoigne l’icône de ce saint ayant fait partie d’objets per-
sonnels de ce prince, trouvé dans la skété d’Ostrovul Calimăneştilor, voir S. ANUICHI, « Sveti
Sava u poveljama rumunskih vojvoda » (Saint Sava dans les chartes des voïvodes roumains),
in Sveti Sava. Spomenica povodom osamstogodišnjice rodjenja 1177-1977, Belgrade 1977,
pp. 361-362 ; S. BAZILESCU, « Relaţiile lui Neagoe Basarab cu lumea ortodoxă din afara
graniţelor Ţării Româneşti » (Les relations de Neagoe Basarab avec le monde orthodoxe hors
de la Valachie), Mitropolia Olteniei XXIII (1971), n° 9-10, p. 679.
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100 Chilandar et les Pays roumains

tions de Chilandar et de ses dépendances, la Tour albanaise en l’occurrence,


remontent à l’époque de Vlad le Moine. Si en effet Basarab le Jeune (1477-
1481) avait été le ktitor de la Tour albanaise en son temps, il aurait été men-
tionné nommément en tant que tel, et non pas seulement en tant que père du
donateur.

La Tour albanaise (Arbanaški pirg, Arnvud birġzi, en turc) 36 et Jean Castriote


Une dépendance de Chilandar jouissant d’une faveur particulière fut l’er-
mitage appelé la Tour albanaise (). D’après la documentation dont on dispose,
l’allocation annuelle de cette skèté fut accordée à partir de 1512 pour continuer
à être versée au moins jusqu’en 1544 37.
Quant à l’origine du patronage roumain sur ce lieu de prière et de recueil-
lement, le premier donateur valaque aura pu être Vlad le Moine, et non pas
Basarab Ţepeluş.
Le montant de l’allocation fut de 1.000 aspres, en plus des 100 aspres pour
les frais de déplacement des moines qui vinrent chercher ces subsides à Târ-
govişte en août 1512. En 1525 ce montant fut élevé à 1.200 aspres, en plus des
1.000 en faveur de l’higoumène Macaire 38, responsable de ladite communauté.
Trois ans plus tard, en 1528, l’allocation est chiffrée à 3.000, aspres plus encore
300, par le prince Radul de la Afumaţi (1522-1529). Le même montant est
confirmé par le prince Radul Païsie aux termes de sa charte du 9 février 1544,
octroyée toujours de Târgovişte 39.
Il semble que les faveurs des princes de Valachie se soient appliquées plus
longtemps à la Tour albanaise qu’à l’ermitage de Karyès, qui reçoit son alloca-
tion entre 1528 et 1536 seulement, pour autant qu’il soit possible d’en juger
d’après la documentation connue à ce jour. Il est vrai que la somme versée à
l’ermitage de Karyès est légèrement plus élevée en 1528 (3.500 aspres en tout),

36. V. PETKOVIĆ, « ‘Arbanaški pirg’ u Hilandaru », Arhiv za arbanašku starinu, jezik i etnologiju, I/1-
2 (1923), pp. 197-199 ; A. FOTIĆ, Sveta Gora i Hilandar u Osmanskom carstvu (XV-XVII vek),
Belgrade 2000, pp. 247-248.
37. P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., pp. 130, 135-137.
38. Higoumène de Chilandar (1525-1526 et 1533).
39. B. BOJOVIĆ, “La légitimation du pouvoir princier et le patronage roumain sur le Mont Athos”,
in Arta istoriei – Istoria artei. Academicianul Razvan Theodorescu la 65 de ani, Bucarest 2004,
p. 37-48 ; ID., “Chilandar et les Pays roumains…, cit., p. 146-147.
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La continuité d’une institution caritative 101

ce qui ne peut remettre en cause la position privilégiée de la Tour albanaise en


comparaison d’une institution aussi prestigieuse que celle de Karyès. Parmi les
dépendances de Chilandar, seul kyr Cosmas (demeurant auprès de l’église
Saint-Elie) 40, personnage illustre très en faveur auprès des princes Radul le
Grand et Vlad le Jeune, avait perçu une allocation plus importante, 2.000
aspres en 1501 et pas moins de 5.000 en 1510.
Située à quelques kilomètres de distance de Chilandar, en direction du sud-
ouest, cet ermitage se dresse sur une hauteur ayant vue sur le petit port du
monastère. À l’origine du nom donné à cet ermitage dédié à saint Georges, se
trouve une donation de Jean Castriote (1407-1437), dont le fils Georges allait
devenir l’illustre Skender beg. En 1426, il avait fait don en faveur de Chilandar
de deux villages, Radostuše (Rostuše) et Trebište (près de la rivière Radika, au
nord-est de Debar), avec une église dédiée à la Sainte-Mère de Dieu, à Rostuša.
C’est en 1428 que le seigneur albanais fit acquisition d’un viager sur cette skèté
pour 80 florins, y compris quatre adelphata 41 (adrßçatß) 42. Le contrat d’ac-
quisition fut conclu avec « le hiéromoine Athanase », alors higoumène de Chi-
landar 43. Cet achat de droit viager est fait au nom de Jean Castriote et de ses
quatre fils : Staniša, Repoš, Constantin et Georges. Un deuxième acte relatif au
même achat de viager fut délivré vers 1430, avec les noms de trois fils de Jean
Castriote 44, à l’exclusion de celui de Staniša qui s’était converti à l’islam vers

40. Situé à proximité de Karyès, l’ermitage (kellion) de Saint-Elie devint métochion de Kutlumus
en 1263-1264, pour s’émanciper en 1287 et devenir métochion du même monastère en 1387,
cf. Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Svetogorske kelije i pirgovi u srednjem veku (Les ermitages et les pyrgos
du Mont Athos au Moyen Age), Beograd 1972, pp. 49, 50 n. 114, 53-54, 75, 142.
41. S. NOVAKOVIĆ, Zakonski spomenici, Belgrade 1912, pp. 467-468 ; B. KORABLEV, „Actes de
l’Athos V“, Actes slaves de Chilandar, Vizantijskii Vremennik, 19 (1915), N° 82, I. 27 ;
V. MOŠIN, « Akti bratksog sabora iz Hilandara », Godišnjak Filosofskog fakulteta u Skoplju, 4
(1939-1949), n° 7, pp. 33, 197-199.
42. Ce terme (ἀδελφᾶτον) désigne une rente viagère, pour une ou plusieurs personnes, concédée
notamment à ceux qui faisaient un don foncier, ou pécuniaire, au monastère. Confrontées à
la montée des dangers liés à la conquête ottomane, bien des familles princières et seigneu-
riales devaient ainsi recourir à l’acquisition de ce droit viager destiné a leur assurer une retraite
sûre à l’écart des tumultes du siècle.
43. V. MOŠIN, M. PURKOVIĆ, Hilandarski igumani srednjeg veka, Belgrade 1999, p. 99, 114.
44. Il aurait été marié avec Irène, fille de Lazar Branković, despote de Serbie (1456-1458), cf.
http ://web.genealogie.free.fr/Les_dynasties/Les_dynasties_celebres/Europe_Cen-
trale_et_Orientale/Dynastie_des_Brankovitchs.htm
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102 Chilandar et les Pays roumains

1428 45. L’un de ces fils, Repoš, l’aîné, mort en 1431, fut inhumé dans l’exonar-
thex de la grande église de Chilandar 46. Il se peut qu’il y ait été moine (ou
plutôt sur le point de prononcer ses vœux), à la fin de sa vie. Si Repoš termina
sa vie à Chilandar, vraisemblablement à l’état laïc, ce que le droit viager d’adel-
phaton permettait, en effet, son père Jean Castriote semble bien avoir achevé
ses jours à la Tour albanaise ou à Chilandar, sous la robe de moine 47.
C’est, en effet, dans l’exonarthex de l’église de Chilandar, sur le mur sep-
tentrional, qu’on a pu retrouver l’inscription : « Престави се раб божии
Репош, дукс Илирскии, 6939 » (Ci-git le serviteur de Dieu Repoš, duc d’Illy-
rie, 6939, =1430) 48. De même, dans un manuscrit ayant appartenu jadis à Chi-
landar et conservé au Musée Rumjancov à Moscou, on peut lire : « Сего 2 маиа
престави се Кастриот, мхишки же Иоаким монах » (Ce 2 mai a trépassé Cas-
triote, dans les ordres du dit Joachim le moine) 49.
Quoi qu’il en soit, il apparaît que le grand seigneur albanais avait entretenu
des liens étroits avec l’illustre laure serbe du Mont-Athos, d’où le nom de Tour
albanaise donné désormais à l’ermitage qu’il avait racheté à vie, en faveur de
son fils Repoš et probablement de lui-même, afin de pouvoir s’y retirer, à
l’image de princes et d’autres grands seigneurs qui avaient choisi la réclusion
monastique à la Sainte Montagne. Le fait est que l’acquisition d’un viager sous
cette forme d’adelphaton comprenait aussi le droit à un service religieux en
faveur des souscripteurs de cet engagement. Ce qui expliquerait la mémoire
séculaire des seigneurs albanais sous la forme du nom donné à l’ermitage, la
Tour albanaise.
Aux côtés de celui de Saint-Georges 50, le vocable de Saint-Nicolas 51 appa-
raît dans le document de 1525. Il est possible qu’une autre chapelle ait été

45. M. ŽIVOJINOVIĆ, “Adelfati u Vizantiji I srednjovekovnoj Srbiji”, Zbornik radova Vizantološkog


instituta, 11 (1968), p. 248 n. 38.
46. M. SPREMIĆ, Despot Djuradj Branković i njegovo doba, Belgrade 1994, p. 286.
47. R. GRUJIĆ, “Svetogorski azili za srpske vladaoce I vlastelu posle Kosovske bitke”, Glasnik Skops-
kog naučnog društva, 11 (1937), pp. 81-82 ; V. PETKOVIĆ, art.cit, pp. 197.
48. Lj. STOJANOVIĆ, Stari srpski zapisi i natpisi VI (Inscriptions et notices serbes anciennes), Bel-
grade 1927, n° 10038.
49. R. GRUJIĆ, art. cit., pp. 81-82.
50. Dans le Dyptique (Pomenik) de la chapelle (parakklésion) de St. Georges, conservé dans la
bibliothèque de Chilandar, Jean Castriote et logothète Jonča figurent en tant que fondateurs
dudit parakklésion, voir D. BOGDANOVIĆ, Каталог ћирилских рукописа манастира
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 103

La continuité d’une institution caritative 103

construite par le donateur princier valaque, ce qui expliquerait le fait qu’il se


désigne dans l’acte de donation en tant que « nouveau ktitor, protecteur et
rénovateur » de l’ermitage.
Dans un Vaqif name de 1569, en lieu et place d’ Arnāvud birġāzi on ne
trouve plus qu’un vignoble. Aurait-il pu déjà se trouver en ruines ? Quoi qu’il
en soit, au XVIIIe siècle on retrouve l’ermitage (Arbana{‚ki pirg¢) sur une
lithographie représentant Chilandar avec ses dépendances, exécutée à Moscou
en 1575. La Tour albanaise y est représentée avec son église, sa tour fortifiée,
ses bâtiments adjacents et l’enceinte qui les entourait 52.
En 1671 et 1672 un certain pope Petronije, hadži 53 et membre du conseil
des anciens de Chilandar, figure comme moine résidant dans la Tour albanaise,
à laquelle il fit don d’un livre, tout en payant la réparation d’un autre volume.
Il avait fait un don en 1643 déjà pour la réfection de l’ermitage voisin de la
Sainte-Trinité, de même qu’il fut à l’origine de la construction du parekklision
(chapelle) de Saint-Nicolas à Chilandar 54.
L’ermitage d’origine médiévale, désigné dans les sources comme la « Tour
albanaise » est actuellement en état de ruines. Celles-ci ont été identifiés, étu-
diés et décrites par l’architecte S. Nenadović 55.

Хиландара (Catalogue des manuscrits cyrilliques du monastère de Chilandar), Belgrade


1978, p. 195 ; Vera PAVLOVIĆ, “Рукописи настали у Хиландарском скрипторију 1450-1600
и њихов украс” (Les manuscrits rédigés dans le scriptorium de Chilandar 1450-1600 et leur
décoration), in Huit siècles du monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 440.
51. Situé près de Karyès et dédié à ce saint, Saint-Nicolas était en 1369 métoque de Kutlumus,
voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Svetogorske kelije i pirgovi u srednjem veku (Les ermitages et les
pyrgos du Mont Athos au Moyen Age), Beograd 1972, pp. 44, 48, 143 ; ID., « Најстарији
периор манастира Хиландара и његови преписи » (Le plus ancien Périorismos du monas-
tère de Chilandar et ses copies), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 9-11. C’est d’autre part un
métoque de Chilandar situé dans la région de Mèléai, à proximité du monastère, appartenant
(de même que celui de Saint-Georges), à Chilandar depuis sa fondation par Siméon et Sava
en 1198, Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Le monastère de Chilandar et ses métoques dans la région
de l’Athos”, Zbornik radova Vizantološkog instituta 26 (1987), pp. 38, 44-45. Ce qui devrait
correspondre à la zone où se trouve la Tour albanaise.
52. D. DAVIDOV, « Manastir Hilandar na bakrorezima XVIII veka », Recueil de Chilandar 2 (1971),
pp. 155-158 ; S. NENADOVIĆ, „Hilandarski skit Svete Trojice na Spasovoj vodi“, Recueil de Chi-
landar, 2, p. 109.
53. Hadžija est le titre donné à une personne ayant fait pèlerinage aux Lieux-Saints.
54. O. TOMIĆ, « Hilandarski skit Svete Trojice na Spasovoj vodi », Recueil de Chilandar 9 (1997),
pp. 182 n. 65-68.
55. S. NENADOVIĆ, « Hilandar na grafičkim prikazima XVIII i XIX stoleća », Zbornik zaštite spo-
menika kulture, XVI, Beograd 1965, pp. 105-106 ; la représentation graphique de l’ermitage
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104 Chilandar et les Pays roumains

Attrait du ciel et légitimation du pouvoir princier


La logique de continuité qui inspire les références aux ktitors est respectée
systématiquement dans tous les actes princiers valaques des archives de Chi-
landar. Les institutions monastiques fondées par la dynastie némanide suppo-
sent une référence quasiment systématique aux premiers ktitors, les moines
Siméon (l’ex-grand-joupan de Serbie, Stefan-Nemanja, 1165-1196) et Sava
(futur premier archevêque de l’Eglise de Serbie, 1220-1233), et quelquefois
aux derniers représentants de la dynastie des Branković. Dans les chartes des
princes de Valachie émises en faveur de Chilandar, les références à Mara et à
sa sœur, « la Cantacuzène », y ont notamment pour fonction de signifier la
transmission aux maîtres du Pays valaque de l’engagement de protectorat sur
le monastère 56.
La continuité dans la perpétuation de la tradition de ktitor n’est d’ailleurs
pas seulement une question d’ordre juridique. Ce n’est que dans l’esprit de la
pratique liturgique que l’on peut considérer cette continuité à laquelle les
moines athonites, et notamment ceux de Chilandar, attachaient une impor-
tance et une fidélité toute religieuse.
Si nous nous rapportons à la documentation énumérée, nous pouvons en
déduire que l’allocation accordée à Chilandar fut versée durant près de deux
siècles (1492-1670). Tant la fréquence (en moyenne tous les dix ans), que la
cohérence de cette documentation quant à son contenu, dénotent une certaine
réguralité dans le versement de l’allocation à ce monastère, ainsi qu’à ses
dépendances. Le fait de la présence d’à peine trois actes 57, répartis entre le
début et la deuxième moitié du XVIIe siècle, illustre à lui seul, à la fois l’es-
soufflement, mais aussi le maintien d’une certaine continuité dans le versement
de l’allocation.

est reproduite agrandie dans S. NENADOVIĆ, „Hilandarski skit Svete Trojice na Spasovoj vodi“,
Recueil de Chilandar, 2, p. 109 S. NENADOVIĆ, „Hilandarski skit Svete Trojice na Spasovoj
vodi“, Recueil de Chilandar, 2, p. tb. 7. Voir aussi, Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Svetogorske kelije i pir-
govi u srednjem veku (Les ermitages et les pyrgos du Mont-Athos au Moyen Age), Belgrade
1972, pp. 106-107, 117.
56. B. BOJOVIĆ, P. NĂSTUREL, “Les fondations dynastiques…”, cit., p. 149-175, et ici-même, p. **.
57. Ceux de Radul Şerban (1608), d’Antoine de Popeşti (1670), avec peut-être aussi celui de
1656 (?), cf. supra.
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La continuité d’une institution caritative 105

Avec la généralisation de l’économie monétaire, la contribution annuelle


des princes roumains devient au XVIe siècle, de plus en plus, une alternative à
la donation foncière. Afin de percevoir la somme accordée, une délégation de
moines de Chilandar devait se présenter au jour fixé à cet effet à la cour du
prince de Valachie. Les noms de ces émissaires sont la plupart du temps indi-
qués dans le document relatif au versement de l’allocation.
Le tableau comparatif de la documentation mise à jour relative à l’attribu-
tion de l’allocation en faveur des monastères athonites, que nous avons dressé
ci-dessous, montre bien la singularité de celle octroyée à Chilandar, ainsi qu’à
ses dépendances. Ceci est surtout notable en terme de continuité, de fré-
quence, ainsi que de montant des versements.
C’est en fait le monastère russe, le Rossikon, qui est le seul qui semble avoir
eu une allocation à la fois antérieure et plus élevée que celle de Chilandar, 6 000
aspres en 1487 58. Montant tombé à 3 000 dès 1496-97 59, ce recul constituant
une pratique plutôt inhabituelle dans ce domaine. En 1502, le versement
s’élève à 4 000 aspres 60, alors que Chilandar perçoit depuis 1492 et annuelle-
ment ses 5 000 aspres.
Zographou est néanmoins (mais après Kutlumus aidé par les princes de
Valachie depuis la fin du XIVe siècle) le plus ancien bénéficiaire 61 d’une allo-
cation connue venant de la part d’un prince de Valachie ; elle est datée de 1433,
et d’un montant de 3 000 aspres 62. Le manque de toute autre documentation
ne nous permet pas de savoir si une continuité avait eu lieu en ce sens.

58. Acte du 12 juin 1487, de Vlad le Moine (1481 et 1482-1495), avec une allocation de 6.000
aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 275.
59. Acte de 1495-1496 (7004 – 1er sep.-30 août), de Vlad le Moine, pour 3.000 + 400 aspres,
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 276.
60. Acte de Radul le Grand (1494-1508), daté du 25 février 1502, pour une allocation de 4.000
+ 400 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 277.
61. Laure de prédilection des princes de Moldavie, S. NICOLAESCU, Din daniile lui Ştefan cel Mare
făcute Mănăstirii Zografu de la Sfântul Munte Athos, Bucarest 1938 ; F. MARINESCU, N. MERT-
ZIMÉKIS, « Ştefan cel Mare, si mănăstirea Zografu de la Muntele Athos » (Etienne le Grand et
le monastère de Zographou du Mont-Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt, Atlet al Credinţei
creştine, Sfânta mănăstire Putna 2004, p. 179-186.
62. Acte du 9 février 1433, d’Alexandre-Aldea, pour 3.000 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-
Athos…, cit., p. 177.
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106 Chilandar et les Pays roumains

Docheiariou en revanche bénéficie d’une allocation dont la documenta-


tion témoigne d’une certaine continuité : 3 000 aspres en 1490, 1497 et 1533 63,
6 000 en 1536 64, ainsi que 9 500 aspres en 1606 65.
Kutlumus est le seul à percevoir à un moment donné une subvention sen-
siblement supérieure à celle de Chilandar. C’est qu’il s’agit de la laure valaque
par excellence, ce qui expliquerait cette exception. Octroyé par Neagoe Basa-
rab 66, le document relatif à cette allocation de 10 000 aspres est néanmoins le
seul qui nous soit connu en attestation d’un versement annuel à ce monastère.
La Grande Laure et Vatopédi 67, qui auraient perçu 9 000 aspres de Neagoe
Basarab (les documents idoines ne sont pas conservés), ainsi que surtout, de
toute évidence, 10 000 aspres en 1533 68, sont pour ainsi dire traités pratique-
ment sur le même plan.
Iviron, pour sa part, perçoit 15 000 aspres en 1605 69, encore en vertu d’un
seul document et concernant pour toute cette période les plus grands monas-
tères du Mont-Athos.
Un simple coup d’œil sur le tableau ainsi dressé permet de constater une
cohérence assez évidente quant à l’attribution des allocations par les princes
de Valachie en l’espace de quelque deux siècles. En substance, la plus grande
« densité » de notre documentation se rapporte à la période qui s’étendait
depuis la fin du XVe jusqu’aux années trente du XVIe siècle, avec quelque 50%

63. Actes de Vlad le Moine du 24 mars 1490, pour 3.000 aspres ; celui de Radul le Grand de mars
1497, pour 3.000 + 400 aspres ; celui de Vlad Vintila (1532-1535), du 26 janvier 1533 pour
3.000 + 400 aspres, Documenta, I, p. 357-358, 441-443, Documenta, III, n° 145 p. 231-232,
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 203, 231-232.
64. Acte de Radul Païsie (1535-1545), du 26 février 1536, pour 6.000 + 400 aspres, P. Ş. NĂSTU-
REL, Le Mont-Athos…, cit., p. 204.
65. Acte de Radul Serban (1601 ; 1602-1611), du 14 juin 1606, pour 9.500 + 500 aspres,
P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 205.
66. Acte de Neagoe Basarab (1512-1521), du 7 décembre 1514, pour 10.000 + 700 + 500 aspres,
Documenta, II, n° 130 p. 257-259 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 58.
67. Par déduction : 9000 aspres, Neagoe Basarab, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 75 ;
par déduction : 9.000 aspres, Neagoe Basarab, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 93.
68. Actes de Vlad Vintila (1532-1535), du 12 janvier 1533, pour 10.000 + 1.000 aspres ; et du 27
juillet 1533, pour 10.000 + 800 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 77, 93-94 ;
Documenta, III, n° 143, 164 p. 164-165, 225-227.
69. Acte de Radul Serban (17 sept. 1601-15 oct. 1601 ; 1602-1611), du 6 septembre 1605, pour
15.000 + 500 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 112.
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La continuité d’une institution caritative 107

d’actes issus de cette époque. Des années quarante aux années soixante-dix, le
vide quasiment total quant à la documentation semble bien confirmer une dis-
continuité majeure dans l’attribution des allocations en faveur des monastères
athonites.
L’attribution reprend dans les années quatre-vingt du XVIe siècle en faveur
de Chilandar, à raison de 15 000 aspres s’étend au début du XVIIe siècle en
faveur d’Iviron 70, de Docheiariou et de Xénophon 71, de Saint-Paul 72 et de Kas-
tamonitou 73.
Un acte isolé pour cette période, relatif à une allocation idoine, fut délivré
en faveur de Chilandar en 1670 et semble bien témoigner d’une résurgence de
cette institution caritative.
Même s’il est plus que probable que les résultats de notre prospection ne
peuvent être que très provisoires, l’image d’ensemble qui s’en dégage n’en est
pas moins significative. Ceci est valable non seulement quant aux fluctuations
des versements annuels à l’échelle de toute la Sainte Montagne, mais aussi par
rapport à la hiérarchie respectée à cet égard entre les monastères athonites.
De toute évidence, la place de Chilandar est parfaitement éminente, que
ce soit à la verticale (les montants alloués), ou à l’horizontale (la fréquence des
attributions), par rapport aux autres grands monastères hagiorites. Ceci est
encore plus le cas lorsqu’on prend en compte les donations consenties aux
dépendances de Chilandar, dont témoignent une dizaine de documents appar-
tenant à la première moitié du XVIe siècle.
La densité de la documentation dont nous avons fait état, et qui concerne
essentiellement des princes de Valachie, soulève la question de la motivation
de ces princes par rapport à cette pratique caritative à travers près de deux siè-

70. Acte de Radul Serban du 6 septembre 1605, pour 15.000 + 500 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le
Mont-Athos…, cit., p. 112.
71. Actes de Radul Serban du 14 juin 1606, pour 9.500 + 500 aspres ; et du 3 août 1607, pour
9.000 + 700 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 205, 260, 264 (en 1635 Mateï
Basarab fait état de 9 pièces antérieures, émises entre 1519 à 1620).
72. Acte d’Alexandre-Ilias (1616-1618), du 7 novembre 1616, pour 9.000 aspres, P. Ş. NĂSTU-
REL, Le Mont-Athos…, cit., p. 248 (sous forme de franchise fiscale avec référence à l’allocation
antérieure).
73. Acte de Radu-Mihnea (1601-1602, 1611-1616, 1620-1623), du 12 mai 1612, pour 5.000 +
500 aspres, P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont-Athos…, cit., p. 283 (par l’entremise d’un métoche en
Valachie).
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108 Chilandar et les Pays roumains

cles. Au-delà de tout critère quantitatif, le contenu sémantique de ces docu-


ments nous met sur la trace de cette dévotion princière exemplaire envers la
laure athonite serbe. La fréquence de l’évocation des saints princes fondateurs,
la volonté de s’inscrire dans la droite ligne de leur continuation 74, y compris
dans le domaine de la pratique liturgique 75, le fait que deux des dépendances
bénéficiant de l’allocation ont également été fondées par deux princes, Jean
Castriote, pour la Tour albanaise, et Sava Nemanjić, pour l’ermitage de Karyès,
plaident fortement en faveur d’une motivation d’un ordre politico-
religieux 76. Dans le contexte politique, culturel et idéologique de l’époque, pou-
vait-il en être autrement ?

74. B. JOUDIOU, « La signification de l’élection du prince régnant dans les provinces roumaines de
Valachie et de Moldavie (XVe-XVIIe siècles), in Închinare lui Petre Ş. Năsturel la 80 de ani,
Brăila 2003, p. 285-298 ; ID., « Le règne d’Etienne le Grand et la succession : une perspective
idéologique », in Stefan cel Mare si Sfant. Atlet al Credinţei crieştine, Sfânta mănăstire Putna
2004, p. 415-428 ; R., PĂUN, « Quelques notes sur les débuts des rapports entre la Valachie et
le monastère de Chilandar dans le Mont Athos », RESEE XLVI (1-4), (2008), p. 151-164.
75. B. BOJOVIĆ, “Chilandar et les Pays roumains”, cit., p. 141-149.
76. Tania KEMBAROVA, « Pouvoir et prières dans les images byzantines du don », RESEE XLVI (1-
4), (2008), p. 148-150.
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C HAPITRE 5
A RCHIVES ET ACTES PRINCIERS

LES ACTES SLAVES DU MONT-ATHOS

La proximité des populations et des pays slaves, la présence de moines


d’origine slave dès le XIe siècle, la fondation des monastères russe, bulgare et
serbe (Chilandar, fondé en tant que monastère serbe 1198, sa fondation
remontant au départ à la fin du Xe siècle), les donations de leurs princes et
autres dignitaires aux divers monastères du Mont-Athos, sont à l’origine de
l’existence de nombreuses chartes en vieux-slave, de même que celles rédigées
en grec, mais aussi en turc et en roumain 1, pour la Communauté monastique
de Chalcidique. Le nombre approximatif des chartes slavo-byzantines connues
à ce jour se monte à près de deux cent cinquante actes, établis essentiellement
de la fin du XIIe à la fin du XVIe siècle, sans compter les actes moldo-valaques
en langue slave, dont le recensement est moins avancé que celui des docu-
ments issus des pays slaves.
Faisant partie des 4 ou 5 plus importantes archives du Mont-Athos, celles
du monastère de Chilandar renferment un grand nombre de manuscrits et de
documents, essentiellement en grec et en slave, ainsi qu’en turc.
Le classement des documents est partiel (premier essai, par Sava Hilanda-
rac, archiviste en 1894) 2. Seuls les actes anciens sont classés et répertoriés de
manière plus ou moins satisfaisante (un 2e essai de catalogage a été fait en1983,
ce dernier catalogue comprend des notes au recto des documents) 3.

1. I. MOLDOVEANU, « Aspects of the relations of the Romanian Principalities with Mount Athos
in the light of recent research findings », in The Romanian Principalities and the Holy Places
along the Centuries, éd. : E. Băbuş, I. Moldoveanu, A. Marinescu, Bucarest 2007, p. 53-67.
2. Sava HILANDARACИсторија манастира Хиландара (Histoire du monastère de Chilandar),
Belgrade 1997, p. 154-157.
3. Voir le « Catalogue sous forme de répertoire » : D. I. SINDIK, « Српска средњовековна акта у
манастиру Хиландару » (Les actes serbes du Moyen Age au monastère de Chilandar), Recueil
de Chilandar 10 (1998), p. 9-133 (rés. fr. p. 133-134).
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110 Chilandar et les Pays roumains

Les actes grecs anciens sont classés de 1018 à 1605, avec 171 documents
en tout (actuellement en cours de restauration par une équipe de conserva-
teurs spécialisés de la Bibliothèque Nationale de Belgrade).
Le contenu de trois actes grecs qui ont disparu est connu par des traduc-
tions slaves de l’époque médiévale.
Les actes slaves anciens sont environ 210, dont 157 actes serbes (et deux
actes ottomans rédigés en cyrillique), 31 actes moldo-valaques et 18 docu-
ments russes 4.
La dernière édition importante (Petit et Korablev, incomplète et faite à
partir de fac-similés de mauvaise qualité) de ces actes date de près d’un siècle.
Un certain nombre de documents ont été retrouvés depuis et d’autres ont été
perdus (chartes de Stefan Nemanja et du roi Milutin).
Les documents ottomans 5 sont classés seulement pour le XVe et pour une
partie du XVIe siècle ; leur nombre est estimé à 1700 (une dizaine de boîtes),
pour ceux qui sont antérieurs à la fin du XVIIe siècle. Seuls environ 500 de ces
documents ont été étudiés. Les archives de Chilandar se trouvent parmi les
premières archives athonites ayant attiré l’intérêt des orientalistes.
Les autres documents (XVIIe-XIXe siècles) sont empilés dans des boîtes-
classeurs.
Les documents grecs, plusieurs milliers ? (nombre précis inconnu) sont
rangés dans une vingtaine de boîtes.
Les documents slaves : sont répartis dans une trentaine de boîtes.
Seuls les actes grecs anciens sont en cours de publication (premier volume
paru dans les Actes de l’Athos, édités par Mme. Živojinović, Mme. Kravari et
M. Giros, d’après le dossier Barišić) 6.

4. F. KÄMPFER, « Die russischen Urkunden in Archiv des Klosters Hilandar », Recueil de Chilan-
dar 6 (1986), p. 271-296.
5. Dont 85 actes originaux des sultans ottomans (datés de 1422 à 1600), cf. V. BOŠKOV,
« Султанске повеље из манастира Хиландара » (Les actes des sultans ottomans conservés
dans le monastère athonite de Chilandar 1512-1600), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 169-
213 (rés. fr. p. 213) ; A. FOTIĆ, « Zbirka turkskih dokumenata… », cit., p. 163-171 (rés. angl.
p. 171).
6. Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Vassiliki KRAVARI, Ch. GIROS, Actes de Chilandar I. Des origines à 1319,
Paris 1998.
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Archives et actes princiers 111

Les plus anciens actes ottomans ont fait l’objet d’une thèse de doctorat
récemment soutenue à l’Université de Belgrade et parue depuis 7.
Les autres documents, en slave en particulier, ne sont ni en cours de publi-
cation, ni ne font objet d’études systématiques.
Le meilleur moyen de rendre ces documents accessibles aux chercheurs est
d’organiser leur saisie numérique.
Un tel travail devrait être accompagné d’un classement qui, même som-
maire, permettrait un catalogage et un dépouillement avant de procéder à leur
stockage sur CD-ROM.
Depuis notamment le mois de février 2000, nous avons néanmoins pu
effectuer un examen préliminaire de plus de cinquante chartes slaves des XIIIe-
XIVe siècles, y compris les notices du verso, souvent contemporaines des actes
et qui ne sont pas microfilmées. Nous avons également pu faire quelques prises
de vue d’essai avec un appareil de photo numérique. Les premiers résultats
sont assez encourageants, car ces prises de vue ont dû être faites sans l’apport
d’aucun matériel accessoire, trépied, flash, etc., alors que leur qualité est incom-
parablement supérieure à celle des microfilms existants. La majeure partie de
ces fonds d’archives à dernièrement pu être scannée dans de bonnes condi-
tions et selon la méthodologie que nous avons préconisée 8 suite à nos
recherches et prises de vue de février 2000, y compris les épreuves en recto et
verso. Avec la permission de la Direction du monastère de Chilandar (en date
du 5 août 2008, ce dont nous remercions le Premier Épitrope, le père Meto-
dije et le Conseil sacerdotal des Anciens), un DVD avec les fac-similés des
actes de ce fond d’archives est joint à ce volume.
La photographie des actes de Chilandar commence au milieu du
XIXe siècle (1859-1860 : P. I. Sevast’janov, photographie les actes slaves et 14
actes grecs, photographies conservés dans la Rossiskaja Nacional’naja Biblio-

7. A. FOTIĆ, XV-XVII (Le Mont-Athos et Chilandar dans l’Empire ottoman, XVe-XVIIe siècles),
Belgrade 2000, 498 pp. (résumé anglais, p. 403-411).
8. B. BOJOVIĆ, « Les actes slaves du Mont-Athos et les Archives de Chilandar », in Σεμιναριο
εργασιας. Μεθοδολογια εκδόσης, κατασταση και προοπτικές της ερεγνασ τον Μεταβυζαντινων
αρχειων Méthodologie d’édition, état et perspectives de la recherche des archives post-byzantines),
éd. Ελληνικο ινστιτουτο Βυζαντινων και Μεταβυζαντινων σπουδων Βενετιας et Centre d’études
byzantines, néo-helleniques et Sud-est européennes de l’E.H.E.S.S., Venise 2001, p. 129-140.
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112 Chilandar et les Pays roumains

teka à Moscou). Organisé par l’Académie Serbe des Sciences et des Arts, un
travail plus systématique de saisie sur microfilms avait été réalisé par Anastasi-
jevic (entre 1903 et 1912) ; ce travail concerne tous les actes grecs anciens, y
compris les documents byzantins qui avaient échappé à Louis Petit dans son
édition du début du siècle. En 1930 Ćorović a photographié 32 actes grecs,
dont 19 documents byzantins qui n’avaient pas été vus par Petit. Leurs photo-
graphies ont été répertoriées par V. Mošin dans un catalogue publié par l’Aca-
démie serbe 9. En 1941, F. Dölger a photographié de nombreux actes de
Chilandar (actuellement conservés à l’Académie des Sciences de Bavière). De
1970 à 1975 Matejić a photographié tous les actes grecs de Chilandar (photos
conservées au Centre des Etudes Médiévales de Columbus). De 1977 à 1983
B. Djenić a photographié les actes grecs publiés par Petit, mais il n’a pas vu ceux
photographiés par Anastasijević et Ćorović et publiés par Mošin-Sovre. Les
documents photographiés par M. Boško Djenić sont répertoriés dans un cata-
logue imprimé en cinq exemplaires. En 1983 Djenić a classé ces documents, y
compris les actes slaves, qui ont été répartis entre albums et rouleaux. Ont été
microfilmés les documents slaves et grecs classés jusqu’en 1605, ainsi qu’une
partie des documents ottomans. L’intérêt des microfilms, réalisés antérieure-
ment à ce travail, c’est d’avoir permis la sauvegarde de documents qui ont été
perdus depuis (chartes de Stefan Nemanja avec une bulle d’or et une charte du
roi Milutin, consacrée à la fondation de la Tour de Chrysè). Ces microfilms
sont déposés dans les Archives de Serbie, dans les Archives de SANU ; ainsi
qu’à la Bibliothèque Nationale de Serbie à Belgrade.
Nous avons d’autre part pu faire un examen sommaire de l’état des lieux et
voir surtout dans quelles conditions sont conservés les actes dans ces Archives.
Un certain nombre de chartes sur parchemin sont gondolées et d’autres pliées,
de telle sorte qu’une aide de la part du conservateur est parfois souhaitable
pour les consulter et surtout pour effectuer des prises de clichés dans de meil-
leures conditions. Alors que les actes slaves et grecs du Moyen Age sont conser-
vés et classés dans des conditions relativement satisfaisantes, il n’en est pas de
même pour un grand nombre de documents slaves, néo-grecs, roumains et
ottomans répartis sommairement dans de grandes boîtes en carton.

9. « Katalog fotografskih snimaka dokumenata iz Akademijinog arhiva » (Catalogue des photo-


graphies des Archives de l’Académie),, XLIX, 1939, Belgrade 1940, p. 445-504.
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Archives et actes princiers 113

Ce voyage notamment, ainsi que plusieurs autres depuis, mais aussi avant
celui de février 2000, ont néanmoins permis de faire un état des lieux et des
conditions de travail, ainsi que de pouvoir planifier le travail à venir. Le grand
incendie qui a détruit une bonne partie du monastère en mars 2004 a fort heu-
reusement épargné ses parties les plus anciennes, y compris son plus récent
bâtiment qui abrite la plus grande partie de ses fonds d’archives. La délocalisa-
tion provisoire de ces fonds d’archives à rendu depuis les conditions de travail
sur ces documents fort précaires, mais grâce aux travaux de reconstruction ces
conditions redeviennent plus aisées.
Il apparaît nécessaire de réexaminer les originaux car les microfilms sou-
vent faits depuis environ un siècle ne sont pas toujours de qualité satisfaisante,
sans parler de l’absence des notices portés au verso des actes. Les actes restau-
rés depuis le microfilmage demandent notamment un réexamen car les parties
collées ont souvent révélé des bouts de texte qui étaient restés cachés. C’est
pour ces raisons qu’un “microfilmage” sur support numérique représente la
meilleure solution si l’on veut obtenir un accès optimal à cette documentation.

Les archives de Chilandar


Les Archives de Chilandar renferment 157 chartes serbes 10 (outre 37 actes
délivrés par les princes valaques) 11. Dans d’autres monastères athonites on
connaît près d’une cinquantaine de chartes serbes 12 (toutes n’ont pas été

10. Un inventaire provisoire, à usage interne, des actes serbes est à la disposition des chercheurs
dans les archives de Chilandar :, Arhiv Manastira Hilandara, Mont-Athos 1983. Le plus grand
nombre de ces actes a été publié par : Fr. MIKLOSICH, Monumenta serbica spectantia historiam
Serbiae, Bosnae, Ragusii, Vienne 1858 ; S. NOVAKOVIĆ, Belgrade 1912 ; Actes de l’Athos
V. Actes de Chilandar. Deuxième partie. Actes Slaves, par B. KORABLEV, dans йй XIX, N° 1,
Petrograd 1915, 95 actes (de 1193 à 1684) p. 369-596 ; Lj. STOJANOVIĆ, Старе српске повеље
и писма I-II, Belgrade-Sr. Karlovci 1929 et 1934. Sur l’édition de B. Korablev et sur ses lacunes,
voir M. LASCARIS, “B. Korablev, Actes slaves de Chilandar”, Прилози КЈИФ VI/1 (1926),
p. 139-142 ; Rad. M. GRUJIĆ, “Три хиландарске повеље”, Зборник за историју Јужне Србије
и суседних области 1, Skoplje 1935, p. 1-26.
11. B. BOJOVIĆ, « Le Mont-Athos et les Roumains », cit., p. 393-402.
12. Sur les actes serbes dans les archives athonites : St. STANOJEVIĆ, IО изворима (Histoire des
Serbes au Moyen Age I. Les sources et l’historiographie 1. Les sources), Посебна издања
Српске Краљевске АкадемијеCXXI, Belgrade 1937, p. 42-98 ; cf. “Акти из светогорских
архива” (éd. V. MOŠIN), Споменик СКА XCI, Belgrade 1939, p. 159-260.
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114 Chilandar et les Pays roumains

publiées, présentées sous forme de regestes ou simplement répertoriées). Ce


nombre est provisoire, vu la carence des recherches faites à cet égard dans la
plupart de ces archives.
Pour pallier cet état de choses, une recherche systématique devrait être
entreprise dans les archives du Mont-Athos, en premier lieu dans celles de Chi-
landar, afin de pouvoir dresser un inventaire des chartes en vieux-slave qu’elles
renferment. Parallèlement et à l’aide de la documentation photographique
existante, dont il est nécessaire d’obtenir des tirages et des clichés supplémen-
taires, il est indispensable de procéder à un examen permettant de réaliser la
description détaillée des documents, ainsi que d’établir les regestes de ces actes.
Les informations concernant les actes slaves et grecs du Mont-Athos, pro-
viennent quelquefois d’inventaires anciens ; le plus ancien (Chilandar) est du
XIIIe siècle (exécuté entre 1299 et 1300, il se rapporte à plus de cent actes) 13 ;
certains ont apparemment disparu ; d’autres ont été signalés et photographiés.
Parmi les actes grecs de Chilandar aujourd’hui conservés, trois seulement ne
figurent pas dans l’inventaire de 1299-1300. De la centaine de documents qu’il
comporte, quatorze sont aujourd’hui conservés.
Une liste provisoire des actes slaves, en premier lieu serbes, dans les
archives des autres monastères du Mont-Athos peut être également établie.

Les archives des autres monastères


Les archives du monastère de Saint-Paul renferment 18 chartes serbes
(datées entre 1385 et 1495, et un acte du XVIe siècle) 14.

13. Sur ce document unique, non seulement dans les archives de Chilandar, mais exceptionnel
aussi pour le Mont-Athos, voir A. SOLOVIEV, « Un inventaire de documents byzantins de Chi-
landar », Annales de l’Institut Kondakov 10 (1938), p. 31-47 ; D. SINDIK, « Iz Hilandarskog
arhiva » (Sur les archives de Chilandar), Recueil de Chilandar 5 (1983), p. 69-73 ; F. BARIŠIĆ,
« Prvi popis grčkih akata na starosrpskom s kraja XIII veka u Hilandaru » (Premier registre de
chartes grecques en vieux-serbe de la fin du XIIIe siècle à Chilandar), Recueil de Chilandar 7
(1989), p. 27-57 (rés. fr. p. 57) ; Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, « Запис о грчким повељама манастира
Хиландара » (Une notice sur les chartes grecques du monastère de Chilandar), Recueil de Chi-
landar 9 (1997), p. 9-34 (rés. fr. p. 34) ; ID., Actes de Chilandar I. Des origines à 1319, Paris
1998, p. 13-18.
14. Ed. D. SINDIK, “Српске повеље у светогорском манастиру Светог Павла”, Miscellanea VI,
Belgrade 1978, p. 181-205 (14 fac-similés, 4 sceaux).
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Archives et actes princiers 115

– de Vatopédi 15, dont les archives conservent 14 actes connus 16, les autres
étant répartis dans plusieurs autres monastères athonites.
– de la Grande Laure 17, 12 chartes du XIVe et du XVe siècle (dont deux de
Stefan Uroš, une de Jean Uglješa (1371) 18, deux du prince Lazar, trois du des-
pote Stefan Lazarević, deux du despote Djuradj Branković 19, deux de la
moniale Eugénie – princesse Milica.
– de Grigoriou (une charte du despote Jean Branković).
– d’Esphigménou 20, trois actes (du despote Djuradj, 1430 21, du despote
Stefan, et de la despine Angélina, 1499).
– de Zographou, treize actes 22. dont une charte de Stefan Dušan de 1346.
– de Kostamonitou 23, cinq chartes (une du despote Stefan Lazarević, trois du
despote Djuradj Branković et une du čelnik Radić).
– de Kutlumus, 3 chartes 24.

15. M. LASCARIS « Actes serbes de Vatopédi », Byzantinoslavica 6 (1936), p. 166-185 ; L. MAVRO-


MATIS, « Un acte slave de Vatopédi », Recueil de Chilandar 4 (1978), p. 137-140.
16. M. LASCARIS, Ватопедската грамота на царъ Асеня II, Български Старини, Sofia 1930.
17. Actes de Lavra IV, par P. LEMERLE, A. GUILLOU, N. SVORONOS, Denise PAPACHRYSSANTHOU,
avec la collaboration de S. ĆIRKOVIĆ, Paris 1982, p. 177-200. voir aussi D. ANASTASIJEVIĆ,
“Српски акти Лавре Атонске”, Споменик 56, Belgrade 1922, p. 6-21 ; S. ĆIRKOVIĆ, « Две
српске повеље за Лавру » (Deux chartes serbes pour Lavra), Recueil de Chilandar 5 (1983),
p. 91-100.
18. M. LASCARIS, « Deux “chrysobulles” serbes pour Lavra », Recueil de Chilandar 1 (1966), p. 9-
19.
19. S. ĆIRKOVIĆ, dans Actes de Lavra IV, cit., p. 197-200 ; ID., « Две српске повеље за Лавру », cit.,
p. 93-99.
20. Actes de l’Athos III. Actes d’Esphigménou. par Louis PETIT et W. REGEL, dans ййXII, St. Peters-
bourg 1906, p. 44-46 ; Actes d’Esphigménou, par J. LEFORT, Paris 1973, p. 3 n. 3.
21. P. IVIĆ, V. DJURIĆ, S. ĆIRKOVIĆ, Есфигменска повеља деспота Ђурђа (La charte d’Esfigmé-
nou du despote Djuradj), Belgrade 1989.
22. Actes de l’Athos IV. Actes de Zographou. par W. REGEL, E. KURTZ, B. B. KORABLEV, dans йй, XIII,
St. Petersbourg 1907, p. 160-190. V. MOŠIN, “Akti iz Svetogorskih Arhiva” (Actes des archives
du Mont-Athos), Spomenik SKA XCI (1939), p. 170-192.
23. N. OIKONOMIDÈS, “Ιερι Κωνσταμονιτου. Καταλογος του”, Σύμμεικτα 2 (1970), p. 19.
24. P. LEMERLE, A. SOLOVIEV, “Trois chartes des souverains serbes conservées au monastère de
Kutlumus (Mont-Athos)”, Annales de l’Institut Kondakov 11 (1940), p. 129-146 ; Actes de Kut-
lumus2, par P. LEMERLE, Paris 1988, Appendice II, p. 431-433 ; sur les actes slavo-roumains,
p. 433-436.
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116 Chilandar et les Pays roumains

– de Saint-Pantéléimôn 25, 15 actes, s’échelonnant de 1349 à 1427/3 (dont


quatre de Stefan Dušan 26, deux du prince Lazar, deux des despotes Dragasès
et Constantin, un du despote Jean Uglješa, un du despote Djuradj, ainsi que les
actes des patriarches de Serbie).
– de Simonopétra, un acte serbe 27 et 57 actes moldo-valaques 28.
Nous tenons à souligner que cette liste provisoire et non exhaustive ne peut
donner qu’une idée approximative de la répartition des actes slaves du Moyen
Age dans les archives athonites. Les documents princiers moldo-valaques en
vieux-slave sont fort nombreux mais tardifs (la grande majorité date des XVIe,
XVIIe et XVIIIe siècles). C’est pourquoi nous n’avons tenu compte de ces actes
roumains qu’occasionnellement (notamment pour ceux du Moyen Age). Il va
de soi qu’une investigation plus fouillée relative à ces actes slavo-byzantins per-
mettra d’établir une liste plus exhaustive et un inventaire précis.
Une recherche portant sur les actes slaves conservés dans les monastères
athonites est le complément nécessaire des études athonites, puisqu’il corres-
pond au caractère multi-national du Mont-Athos. Ce travail ne peut qu’ap-
porter de nombreuses informations supplémentaires susceptibles de compléter
celles fournies par les actes grecs des archives de la Sainte Montagne.
Un voyage d’étude que nous avons entrepris en juillet 2005 grâce au
concours de M. Andronic Falangas (de l’Université de Komotini) à permis le
dépouillement d’une douzaine d’actes slavo-roumains non-répertoriés dans les
archives du monastère d’Esphigménou. Les premiers résultats du premier
dépouillement de ces actes, issus des princes de Moldavie en premier lieu,
seront publiés prochainement.

25. Arhimandrit LEONID, “Stara srpska pisma iz ruskog manastira Sv. Pantelejmona u Svetoj
Gori”, Glasnik SUD 7 (1868), p. 231-295 ; Actes de Saint-Pantéléèmôn, par P. LEMERLE,
G. DAGRON, S. ĆIRKOVIĆ, Paris 1982, p. 155-192.
26. V. MOŠIN, “Akti iz Svetogorskih Arhiva”, cit., p. 233-247.
27. St. STANOJEVIĆ, I О изворима (Histoire des Serbes au Moyen Age I. Les sources et l’historio-
graphie 1. Les sources), CXXI, Belgrade 1937, p. 43 ; cf. A. SOLOVIEV, « Actes de Chilandar.
Deuxième partie. Actes slaves publiés par B. B. Korablev, dans йй, XIX, N° 1, St. Petersbourg
1915 (= Actes de l’Athos. V. Actes de Chilandar publiés par le R. P. Louis Petit et B. B. Kora-
blev) », Гласник Скопског научног друштва 3, Skoplje 1928, p. 309.
28. Une première estimation sommaire, faite en 1981, révèle un nombre beaucoup plus grand de
ces actes moldo-valaques dont le plus ancien est daté de 1433, cf. D. NASTASE, « Les docu-
ments roumains des archives du couvent athonite de Simonopétra. Présentation prélimi-
naire », Σύμμεικτα 5, Athènes 1983, p. 373-388.
TABLE DES ALLOCATIONS SELON LES MONASTÈRES ET LES ANNÉES DE LEUR ATTRIBUTION
1400 1490 1500 1510 1520 1530 1540 1550 1560 1570 1580 1590 1600 1610 1620 1630 1640 1650 1660 1670
10.000
MEP_Chilandar:Texte

KUTLUMUS
15141
10.000
LAVRA 9.0002
15333
VATOPÉDI 9.0004 10.0005
23/03/10

15.000
IVIRON
16056
CHILANDAR 5.0007*** 5.0008 5.0009** 10.00010 10.000**11 15.000*12 5.000 15.00013 15.000 ? 15.00014
9:49

CHILANDAR- 16 17
5.000 * 1.200 *
2.00015 3.00018***
DÉPENDANCES * ***
DIONYSIOU 4.00019
PANTOKRATOR
Page 117

XÉROPOTAMOU 5.00020
ZOGRAPHOU 3.000 21

DOCHIARIOU 3.000**22 3.000**23 9.50024


KARAKALLOU
PHILOTHÉOU 4.00025
SIMONOPÉTRA
SAINT-PAUL 5.00026 2.00027 5.00028 9.00029 1.00030
STAVRONIKITA
XÉNOPHON 9.00031 10.00032
GRÉGORIOU
ESPHIGMÉNOU
ROSSIKON 6.00033 3.00034 4.00035
KASTAMONITOU 6.00036 5.00037
PROTATON 3.000
KAPROULLÉ 3.00038
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118 Chilandar et les Pays roumains

Notes du tableau :
1. 1514 (7 déc.), 10.000 + 700 + 500 (aspres) Neagoe Basarab (1512-1521), Documenta, II,
n° 130 p. 257-259.
2. Par déduction : 9000 aspres, Neagoe Basarab, Năsturel, op. cit., p. 75.
3. 1533 (12 jan.), 10.000 + 1000 aspres, Vlad Vintila (1532-1535), p. 77 ; Documenta, III, n° 143
p. 225-227.
4. Par déduction : 9000 aspres, Neagoe Basarab, Năsturel, op. cit., p. 93.
5. 1533 (27 juillet), 10.000 + 800 aspres, Vlad Vintila, p. 93-94 ; Documenta, III, n° 164 p. 164-
165.
6. 1605 (6 sep.), 15.000 + 500 aspres, Radu Serban (17 sept 1601-15 oct 1601; 1602-1611),
Năsturel, op. cit., p. 112.
7. *1492 (nov.), 5.000 + 500 aspres, Vlad le Moine (Radu et Mircea), chrysobulle, Documenta,
I, n° 235 p. 277-379.
**1497 (mars) ; ***1498 (19 avr.), 5.000 + 500 aspres, Radu le Grand, Documenta, I, n° 271,
284 p. 439-440, 461-462.
8. 1500 (15 mai), 5.000 + 500 aspres, Radu le Grand (1494-1508), inédit ; 1510 (15 mai), 5.000
+ 500 aspres, Vlad V le Jeune ; inédit ?; 2 août (1512) à Târgovişte
9. Charte du voévode valaque Jean (Neagoe) Basarab, accordant au pyrgos de l’Albanais (1.000
+ 100) aspres annuels.
**1517 (23 août), 7.000 + 500 Neagoe Basarab (lettre), Documenta, II, n° 72, 160 p. 151-153,
304-305.
10. 1525 (30 avr.), 10.000 + 800 + 500 aspres, Radu de la Afumati, , Documenta, II, n° 233 p. 435-
436.
11. *1530/31 (27 fév.), 10.000 + 800 + 500, Vlad le Noyé (1530-1532) – inédit ;
**1534 (avr. 27), 10.000 + 800 + 500, Vlad Vintila (1532-1535), cf. Documenta, III, n° 178
p. 290-291 ; Năsturel, op. cit., p. 130-131.
12. 1583 (7092, le 31 décembre, à Jassy) lettre du voïévode de Moldavie Pierre le Boiteux (1574-
1577; 1578-1579; 2 sept. 1582-août 1591), 3.000 + 300 aspres (higoumène Païsie), D.I.R.,
XVIe s., A. Moldova, III, (1571-1590), Bucarest, 1953, p. 234-235, doc. n° 290 (seul. en trad.
roum.).
*1589 (8 fév.), 15.000 + 400 aspres, Mihnea Turcitul (1577-1583, 1585-1591), chrysobulle
(à bulle d’or), Documenta, V, 388-390.
13. 1608, 24 juin (7116) Charte du voïévode valaque Radul Şerban (17 sept 1601-15 oct 1601;
1602-1611), octroyant à Chilandar 15 000 aspres annuelles et 1 500 aspres aux moines. inédit
14. 1670 (26 novembre) (7178), à Bucarest, Charte du voïévode valaque Antoine de Popeşti (3
mars 1669-12 fév. 1672), octroyant à Chilandar 10 000 aspres annuelles. inédit
15. 1501 (janv.), charte du voïévode Radul (le Grand), accordant à kyr Cosmas – Saint Elie),
dépendant de Chilandar, 2000 aspres annuels.
16. 1510 (15 mai), 5.000 + 500 aspres, Vlad V le Jeune (1510-1512) à Cosmas ; 1512 (2 août),
1.000 Neagoe Basarab (1512-1521), pyrgos albanais.
17. 1525 (16 mai), Radul de la Afumaţi (1522-1529), 1.200 + 1.000 (à Macaire) aspres, au pyrgos
albanais ; 1525, (mai) Radul (de la Afumati), au pyrgos albanais 1 200 aspres et à Macaire
1000 aspres ; 1528 (7 juin), Radul (de la Afumati), au pyrgos albanais 3.000 + 300 aspres ;
1529 (22 déc.), Radul de la Afumaţi (1522-1529), au Trois-Saints à Karyès, dépendant de
Chilandar, 3000 + 500 aspres.
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Archives et actes princiers 119

18. 1532 (24 mars), Vlad Vintila (1532-1535), à l’ermitage Saint Sava, dépendant de Chilandar,
3000 aspres annuels ; 1536 (9 fév.), Radul Paisie (1535-1545), au pyrgos Albanais, dit pyrgos
de Saint George, 3000 + 300 aspres; 1536 (23 fév.) Radul (Paisie), au pyrgos de Saint Sava à
Karyès 3000 + 300 aspres.
19. 1640 (20 fév.), 4.000 aspres, Matei Basarab (1632-1654), Năsturel, op. cit., p. 150.
20. 1533 (2 mai), 5.000 + 500 aspres, Vlad Vintila (1532-1535), Năsturel, op. cit., p. 172 ; Docu-
menta, III, n° 159 p. 257-258.
21. 1433 (9 fév.), 3.000 aspres, Alexandre-Aldea, Năsturel, op. cit., p. 177.
22. 1490 (24 mars), 3.000 aspres, Vlad le Moine (1481 et 1482-1495) ; 1497 (mars), 3.000 +
400, Radu le Grand (1494-1508), Năsturel, op. cit., p. 203.
23. 1533 (26 jan.), 3.000 + 400 aspres, Vlad Vintila ; Documenta, III, n° 145 p. 231-232 ; 1536 (26
fév.), 6.000 + 400 aspres, Radu Paisie (1535-1545) Năsturel, op. cit., p. 204.
24. 1606 (14 juin), 9.500 + 500 aspres, Radu Serban (1601; 1602-1611), Năsturel, op. cit., p. 205.
25. 1490 (1487 ?, 12 juin), 4.000 + 300 aspres, Vlad le Moine (1482-1495), Năsturel, op. cit.,
p. 225-226.
26. 1499-1500 (7008), 5.000 + 500 aspres, Radu le Grand (1494-1508), Năsturel, op. cit., p. 241-
243.
27. 1501 (28 jan.), 2.000 + 100 aspres, Craiovescu (boyards, Olténie), Năsturel, op. cit., p. 244-
245.
28. 1536-1545 (trad. Roum. non daté), 5.000 + 500 aspres, Radu Paisie (1535-1545), Năsturel,
op. cit., p. 246.
29. 1616 (7 nov.), 9.000 aspres, Alexandre-Ilias (1616-1618),Nasturel, p. 248 (sous forme de
franchise fiscale en référence à l’allocation antérieure),
30. 1639 (26 mars), 1.000 sous (bani), Matei Basarab (1632-1654), Năsturel, op. cit., p. 248-249
(vigile (privelic), paraklis).
31. 1607 (3 août), 9.000 + 700 aspres, Radu Serban (1601; 1602-1611), 264 (énumération de 9
pièces antérieures, en 1635, Năsturel, op. cit., p. 260).
32. 1636 (23 juin), 10.000 sous (bani), Matei Basarab (1632-1654), Năsturel, op. cit., p. 266.
33. 1487 (12 juin), 6.000 aspres, Vlad le Moine (1482-1495), Năsturel, op. cit., p. 275.
34. 1495-1496 (1er sep.-30 août), 3.000 + 400 aspres, Vlad le Moine (1482-1495), Nasturel,
p. 276 (parents, grands-parents = Vlad Dracul).
35. 1502 (25 fév.), 4.000 + 400 aspres, Radu le Grand (1494-1508), Năsturel, op. cit., p. 277 (à
l’instigation de Cosmas).
36. 1531 (25 avr.), 6.000 + 600 aspres, Vlad le Noyé (juin 1530-18 sept. 1532), Năsturel, op. cit.,
p. 282 ; Documenta, III, n° 113 p. 179-180.
37. 1612 (12 mai), 5.000 + 500 aspres, Radu-Mihnea (1601-1602, 1611-1616, 1620-1623),
Năsturel, op. cit., p. 283 (par l’entremise d’un métoche en Valachie).
38. 1500 (31 jan.), 3.000 + 300 aspres, Radu le Grand (1494-1508), Năsturel, op. cit., p. 287
(église de Saint-Nicolas à Kariès).
TABLE DES ALLOCATIONS SELON LES MONASTÈRES ET LES ANNÉES DE LEUR ATTRIBUTION
1400 1490 1500 1510 1520 1530 1540 1550 1560 1570 1580 1590 1600 1610 1620 1630 1640 1650 1660 1670/80 1690
MEP_Chilandar:Texte

1398*** 40 1512*** 42 43 44 45 46
KUTLUMUS 1500 41 1531*** 1546 1560** 1584 1594**
*39
LAVRA

VATOPÉDI 1608**47
23/03/10

1630***
IVIRON 164849
*48
9:49

CHILANDAR 148850 1494**51 156952 165253 168654 169455

DIONYSIOU

PANTOKRATOR 1628**56
Page 120

XÉROPOTAMOU 158557
ZOGRAPHOU
DOCHIARIOU 1593**58 163459
KARAKALLOU
PHILOTHÉOU
SIMONOPÉTRA 1585**60 159961
SAINT-PAUL
STAVRONIKITA
XÉNOPHON 151962 ? 152563 ? 159664 163665 ?
GRÉGORIOU
ESPHIGMÉNOU
ROSSIKON 145766 ?
KASTAMONITOU 158267
PROTATON
KAPROULLÉ
CHILANDAR–D
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Archives et actes princiers 121

Notes du tableau :
39. *1398, Boyard Aldea (Bisa), don des terres à Cireşovul au kellion de Saint Nicolas, higoumène
Jérémie, Documenta, I, n° 19, p. 46.
**1449-1450 (1er sep.-31 août), Vladislav II-(1446-1456), accorde des privilèges, Documenta,
I, n° 100.
***1475/76 (1er sep.-31 août) Basarab le Vieux (1474-1477) confirme (? Mircea l’Ancien
1386-1418) les villages de Giurgiu et Prislop, Documenta, I, n° 151 p. 250-253.
**** 1489 (21 avril-août), Vlad le Moine (1482-1495), confirmation des dons antérieurs,
Documenta, I, n° 74 p. 214 , 342-343.
40. 1500 (11 jan.), Radu le Grand, confirme le village de Dăneşti et la dîme d’Uribăreşti, Docu-
menta, I, n° 297 p. 485.
41. *1512-1521 (fév.-sept.), Neagoe Basarab, confirme Pirdesti à Clociciov et K (don du clucer
Manea), Documenta, II, n° 96 p. 194.
**1512 (20 fév.), Neagoe Basarab, confirme villages, Documenta, II, n° 98 p. 198-199.
***1512-1513 (27 juill.), Neagoe Basarab, confirme villages, Documenta, II, n° 105 p. 208-211.
42. *1531 (mai), Vlad le Noyé, confirme plusieurs villages, Documenta, III, n° 114 p. 182-184.
** 1533 (18 avril), Vlad Vintila (1532-1535), confirme villages après délimitations, Docu-
menta, III, n° 156 p. 249-253 (en roum.) ;
***1535 (5 juin), Vlad Vintila (1532-1535), confirme village Uribăreşti après jugement, Docu-
menta, III, n° 199 p. 333-334.
43. 1546 (27 août), Mircea Ciobanul (1545-1553, 1558-1559), confirme village Uda après juge-
ment, Documenta, IV, n° 214 p. 256-257.
44. *1560-1568 (17 mai), Pierre le Jeune (1559-1566), confirme un taillis à Giorgiu, Documenta,
V, n° 182 p. 196-197 ;
**1561 (1er sep.)-1562 (mai), Pierre le Jeune (1559-1566), confirme village Uda après juge-
ment, Documenta, V, n° 232 p. 252-253 (trad. roum).
45. 1584 (28 août), Patru Cercel (1583-1585), confirme le village Uda, ainsi que le patrimoine
de Lunca, après jugement, Documente, 1952, XVI (1581-1590), n° 184 p. 172-173 (en roum.).
46. *1594 (15 mai), Michel le Brave (1593-), confirme étangs Romoleţ, Fîntînele, Suhaia, après
jugement, D. Mioc, Ş. Ştefănescu, Documenta, XI (1593-1600), 1975, n° 49 p. 65-67 ;
**1599 (17 juin), Michel le Brave, confirme au prêtre Nan etc, village Văleni après jugement
contre moine Iasof de Cutlumus, Documenta, XI, n° 333 p. 458-459.
47. *1608 (15 mars), Radu Serban (1602-1611), confirme don moulin valeur 40.000, Documente
(1601-1610), n° 369 p. 414-415 ; Catalogul, II (1601-1620), n° 236 p. 131 ;
**1609 (7 oct.), Radu Serban (1602-1611), confirme donation, Documente (1601-1610), n°
368 p. 413-414 ; Catalogul, II (1601-1620), n° 316 p. 170.
48. *1630 (14 fév.), Léon Tomşa (1630-1632) confirme le don du monastère de Dealul à Iviron,
Documenta, XXIII (1630-1632), 1969, n° 52 p. 96-97 ;
**1630 (6 juin), Léon Tomşa (1630-1632) confirme don du monastère du spathiaire Stelea
(à Bucarest) à Iviron, Documenta, XXIII (1630-1632), 1969, n° 113 p. 210-211 ;
***1634 (10 juil.), Matei Basarab (1632-1645*) confirme don du monastère (à Bucarest),
faite par Stelea et le métropolite de Hongrovalachie Grégoire, Documenta, XXIV (1633-
1634), 1974, n° 321 (gr)-323 p. 421-428 ;
****1636 (20 mai), Matei Basarab (1632-1649*) confirme au monastère d’Iviron et à Sfinta
Troiţa des terres à Glina (district d’Ilfozi), Documenta, XXV (1635-1636), 1985, n° 287,
p. 316-317.
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122 Chilandar et les Pays roumains

49. 1648 (20 août), Matei Basarab (1632-1649*) confirme donations à Iviron, NASTUREL, Genea-
logia, XI, p. 44 ; Catalogul, VI (1645-1649), 1993, n° 1205 p. 455-458.
50. 1488, Vlad le Moine (1481, 1482-1495) confirmant achat propriété, montagne Roşinari
(Suhopole, Žilica et Boreskoul), pour Stanilo, Nikola et Dragčej, inédit.
51. *1494, Radul le Grand (8-15 sept. 1494-avril 1508), confirmant les propriétés de Suhodol, à
Stoian et à ses fils, inédit ;
**1497 (15 sept.), Radu le Grand, confirmant au joupan Christian la propriété achetée à Hra-
boreşti (Louponica, Kotorouia, selièta Bodev, Bldeşteşti), Documenta I, N° 278, p. 452-453
(Photocopie d’après orig., parch., sceau timbré).
52. 1569 (16 avril), Alexandre II Mircea (14 juin 1568-1574-mai 1577), confirmant la propriété
de Grigoriou sur un village (Haestil), inédit (Documenta, VI, n° 143 p. 178-179 en roumain).
53. 1652, Mateï Basarab (1632-1654) confirme à Pârvul la propriété achetée à Suhodol,
54. Donation de la princesse Nedelja (mar. 8 nov. 1657), épouse du voïévode Constantin Şerban
(9 nov. 1654-mars 1658), inédit.
55. 1694 (fév.), Constantin Brancovan (28 oct. 1688-24 mars 1714) confirmant au négociant
Mirko de Baia (de Aramâ) la propriété achetée au village de Meriş (roum.), inédit.
56. *1628 (6 mars), Alexandre Iliaş (1628-1629 ?*) décide avec l’Assemblé du pays de ne pas
dédier le monastère de Snagov à Pantocrator, Documenta, XXII (1628-1629), 1969, n° 31
p. 51-53 ;
**1629 (13 fév.), Alexandre Iliaş (1628-1629 ?*) confirme le don du monastère de Cascioa-
rele à Pantocrator, Documenta, XXII (1628-1629), 1969, n° 225 p. 441-443 (en roum.).
57. *1585 (21 sep.), Mihnea Turcitul (1585-1591), confirme le don d’un monastère de Colen-
tina, Documente, 1952, XVI (1581-1590), n° 224 p. 212-214 (en roum.) ;
**1594 (2 fév.), juge et 12 jurés confirment le don par le logotet Sibiu d’un domaine à Buca-
rest, Documente, 1953, XVI/VI (1591-1600), n° 113 p. 100-101 (tr. en roum.).
58. 1593 (3 fév.), Alexandre le Mauvais (1592 sep.-1591), confirme le don de terrain à bâtir à
Bucarest, Documente, 1953, XVI/VI (1591-1600), n° 74 p. 64-65 (tr. roum.).
59. 1634 (14 sep.), Matei Basarab (1632-1645*) fait don de son monastère de Slobozia à Dochia-
riu, Documenta, XXIV (1633-1634), 1974, n° 382 p. 506-508.
60. *1585 (mai)-1586 (juin), Mihnea Turcitul (1585-1591), confirme le don de villages à Simo-
nopetra, Documente, 1952, XVI (1581-1590), n° 201 p. 186-189 (en roum.) ;
**1586 (18 juil.-31 août), Mihnea Turcitul (1585-1591), confirme le métoche de Buzăv,
Documente, 1952, XVI (1581-1590), n° 269 p. 258 (en roum.).
61. 1599 (28 août), Michel le Brave (1593-1601), confirme à Simonopetra le monastère de
Mihai Vodă qu’il fait bâtir à Bucarest, Documenta, XI, n° 339 p. 476-483 (en grec).
62. 1519 (1er sept.)-1520 (31 août) Neagoe Basarab, accorde privilèges, Documenta, II, n° 187
p. 356.
63. 1525 (1-7 sept.), Vladislav, dons à Xénophon, Documenta, II, n° D p. 475.
64. 1596 (28 sep.), Michel le Brave, confirme au postelnic David le village de Recica Dabului
après jugement contre Xénophon, Documenta, XI, n° 207 p. 274-277.
65. 1636 (23 juin), Matei Basarab (1632-1649*) confirme au monastère de Xenoch (sic !) au
Mont-Athos, le village de Recica, etc., Documenta, XXV (1635-1636), 1985, n° 320 p. 357-
359.
66. 1457 (6965), 12 juin, Vlad l’Empaleur (1457-1461), accorde différents privilèges à Rossicon,
Documenta, I, n° 116 p. 201.
67. 1582 (14 sep.)-1583 (14 juil.), Mihnea Turcitul (1577-1583, 1585-1591), confirme le don du
mon. Molomoi (près Gergiţa), Documente, 1952, XVI (1581-1590), n° 85 p. 82-83 (en roum.).
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A CTES SLAVO - ROUMAINS


DE
C HILANDAR

E DITION ET TRADUCTION
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DOC. N° 1 [A 22/1]

6996 (?), 11 juillet (1488) de Bucarest


Charte du voévode de Valachie Vlad le Moine (1482-1495) confirmant à
Stănilă, Nicolas et Dragcea et ses fils, l’achat d’une propriété sur la montagne
de Roşiile (Suhopole avec sa localité et Borescul) en Valachie.
Original, inédit, 22 x 17,5 cm. Parchemin.

– M(i)l(o)stïwm(y) b(o)jïwm(y)ô fw(any) vlad(y) voivoda i


g(o)sp(o)d(i)nyô vßsei zemli $grovla|xïiskoi s(¥)ny vlad[a] velikago
vo&evodeô davat(y) g(o)s(podyst)vo mi sïe pove|lhnie g(o)s(podyst)va
mi stanil$ sß s(¥)novi m$ô | nikolaô sß s(¥)novi m$ô i dragqeh sß
s(¥)novi m$ô óko da im(y) es(ty) | s$xapole sß jil(i)c$ô i
boresk$l(y)ô dori gde se $dare $ jil(i)c$ | i planin$ roùïile na
paryn(y)g$ô poneje ü k$piùe | wt[y] manh s(¥)ny barb$lov(y)ô za
ôv*ô koniô i g(o)s(podyst)vo mi im(y) prosti | kon(y)ô tog(o) radï
im(y) dadox[y] i g(o)s(po)d(yst)vo mi da im(y) es(ty) vß oqinœ i vß
| wxabœô tem(y) i deca im(y) i vßn$qetom(y) i prhvn$qetom(y) |
ali stynily sß brata m$ nik$la da es(ty) nad[y] polovin$ô | <…>
nad[y] dr$g(a) polovinaô i po nem(y) | <…> sßmr(y)tyô <…> a vß
vsi prhdali kada nhs(ty)ô Sved[e]telie <…> | manev(y)ô j$pan(y)
nhgoe borqev(y)ô j$pan(y) <…> | velko dvor(y)nik(y)ô j$pan(y) staiko
logoçe<ty>ô <…> | vlad[y] sa v*ôa brataô staiko vistiór(y)ô <…> |
komis(y)ô nhgy i rodhô stratori <…> | xraneô <…> pis(a) vß
nastol(y)ni grad[y] b$k$re\iô m(e)s(h)ca | ül(ïa) ôa{ïô vß lht[o]
#§*r*≈*a*ô ind[i]kta §*

† Par la grâce de Dieu, Ioan Vlad voïévode et seigneur de tout le Pays hon-
grovalaque, fils de Vlad le grand voïévode. Ma Seigneurie délivre cette charte
de ma seigneurie à Stănilă avec ses fils, Nicolas avec ses fils et Dragčej (Drag-
cea) avec ses fils, qu’ils soient propriétaires de Souhopole, avec la localité et Bo-
rescoul jusqu’à leur jonction à la localité et la montagne de Roşiile sur le Parângu 1,
parce que Manea le fils de Barbul les a achetés pour 2 chevaux et que ma seigneurie

1. L’une des cimes des Carpates (2.518m) en Olténie, département de Gorj (peut-être Roşia de
Amaradia aujourd’hui).
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126 Chilandar et les Pays roumains

les dispense du cheval 2. C’est pourquoi ma seigneurie, je le leur ai donné ainsi


en patrimoine et en ohabă (wxabœ) 3, à eux ainsi qu’à leurs enfants, petits-en-
fants et arrière-petits-enfants, mais que Stănilă avec son frère Nicolas soient (pro-
priétaires) de la moitié […] de l’autre moitié aussi après sa […] mort […] alors
que tout sera déposé.
Témoins […] Manea 4 joupan, Neagoe (fils de) Borcea 5 joupan […],
grand dvornik 6, joupan Staiko 7 logothète […] Vlad 8 avec ses 2 frères, Staiko 9
vistiar […] comis, Neag et Rode 10 stratornics […] Hrane 11.
A été écrit en la capitale de Bucarest, le 11 du mois de juillet, l’an 6996,
6 indiction.
e

2. Le voïévode les dispense de l’hommage du cheval, c’est-à-dire de l’obligation de lui offrir un


cheval, usage qui consistait à offrir un cheval à titre d’hommage au prince, cf. O. SACHELARIE,
N. STOICESCU, Instituti feudale din Ţările române. Dicţionar, Bucarest 1988, p. 64-65.
3. ohabă = immunité, propriété inaliénable ; baştina, dispensée d’impôts et d’obligations, pro-
priété patrimoniale, O. SACHELARIE, N. STOICESCU, op. cit., p. 339.
4. Le même que Manea, neveu du joupan Stoica Naneş (?), dans le doc. n° 143 de 1473, Docu-
menta I, p. 555.
5. Neagoe al lui Borcea, membre du conseil princier entre 1464 et 1491, P. P. PANAITESCU,
D. MIOC, Documenta Romaniae historica, B. Ţara Românească, I, Bucarest 1966 (1247-1500),
p. 559 ; N. STOICESCU, Dicţionar al marilor dregători din Ţara Românească şi Moldova, sec. XIV-
XVII (Dictionnaire des grands officiers de Valachie et de Moldavie, XIVe-XVIIe siècles), Buca-
rest, 1971, p. 22 ; G. D. FLORESCU, Divanele domneşti din Ţara Românească (Le Conseil princier
de la Valachie), I (1389-1495), Bucarest 1943, doc. n° CXVI (1487-1488), p. 283-285.
6. Il s’agit manifestement de Pârvul, le grand dvornic, dont le nom figure sur les actes princiers
de ces années, G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. N° CXV, CXVI, CXVII, CXVIII, CXIX,
CXX, p. 282-289 et passim.
7. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., († 1507), p. 251.
8. Seul le nom de Vladislav spătar figure parmi les témoins dans les actes princiers de Vlad le
Moine, G. D. FLORESCU, Divanele, cit., p. 249-352.
9. Staiko din Bucov, gendre et premier conseiller du prince Vlad le Moine, cf. N. STOICESCU,
Dicţionar, cit., 24.
10. Les noms de Neagu et Rodea, stratornics, puis postelnics, figurent dans les actes de 1487-1488,
G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. N° CXVI, CXVII, CXVIII, p. 283-287. Stratornic et pos-
telnic sont synonymes et signifient chambellans.
11. Ecrit des actes princiers de 1486 à 1487, cf. Documenta I, p. 550. Le nom d’un scribe Hran
figure sur un acte de Vlad le Moine daté du 8 septembre 1495, cf. G. D. FLORESCU, Divanele,
cit., doc. n° CLVI, p. 351. Voir infra, notre document n° 5.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 127

DOC. N° 2 [A 22/2]

7001 novembre (1492) à Bucarest


Charte du voévode Vlad le Moine (1482-1495), avec ses fils Radul (le Grand)
et Mircea, octroyant 5.000 aspres par an au monastère de Chilandar (en plus
de 500 aspres pour les quêteurs).
Original, 43 sur 32cm. Parchemin.
Ed. Documenta, I, n° 235 p. 277-379.

– Vßse s(ve)tom$ b(o)j(y)st(y)vnom$ poslhd$e\e pisanïü


rekùom$ô m(i)l(o)sti xo\$ a ne jr(y)tvhô i pak¥ óko m(i)l(o)sti-
nómi | wt(y)ch\aüt(y) se grhsiô i pak¥ bl(a)jen„nïi m(i)l(o)stivïi
óko ti pom(i)lovan„ni b$d[$]ty ókoj[e] i proroq(y)skaa
d($)xonasi\en„naa | $sta g(lago)lüt(y)ô bl(a)jen(y) m$j[y] mil$ei
vßs(y) d(y)ny naslajdaet[y] se g(o)s(pode)viô sïa $bo wt[y]
b(o)j(y)st(y)vnaago pisanïa $vhdev(y)ùeô pak¥ | sl¥ùaxomy proroka
gl(a)golü\a d($)xwmy s(ve)timyô óko $bo sl¥ùite c(a)rïe i
raz$mhiteô nav¥knhte s$dïe koncemy | zemliô vßn$ùite drßje\ei
mnojßstvaô i grßde\ei se w narodhx[y] ezik(y)ô óko dana b¥s(ty)
wt[y] g(ospod)a drßjava vamy | i sila wt[y] v¥ùnógoô raz$mhvùe
$bo óko vßsa vß r$kax[y] b(o)jïix(y) s$t(y)ô i eliko xo\et(y) $bo
kom$jdo wt[y] nas(y) podavaet(y)ô | ny $bo bl(a)jen(y) i
trßbl(a)jen(y)ô ije b(o)godan„noe b(o)g(a)t(y)stvo dobrh rastaqaet(y)ô
i dhlaet(y) vß tainh b(o)govßr$qen„nïi em$ ta|lan(y)t(y)ô óko $bo
$sl¥ùit[y] bl(a)g¥ $bo i slad[y]k¥i wn(y) glas(y) radovanïaô bl(a)g¥i
rabe i vhrnïiô vßnidi vß radost(y) g(ospod)a svoegoô | sïa $bo
sl¥ùavùe podobaet(y) nam(y) vßnimati w zdeùnix[y]ô óko malo-
vrhmen„na i prhxod[y]na s$t(y)ô ókoje i g(lago)let(y)ô | óko vßsaka
slava do vrhmena es(ty)ô podobaùe j[e] nam(y) porevnovatiô
prhjdnimy bl(a)goq(y)stivïimy i s(ve)topoqivùïimy g(o)sp(o)damyô |
ije zemnaa dobrh $str<o>ivùe i sïa dobrh prhprovodiv(y)ùeô simi
zemnïimi n(e)b(e)snaa priwbrht(o)ùe bl(a)gaô i six[y] naslhdo|vaùeô
a zemnaa zemnïimy wstaviùeô Se $bo i azy ije vß x(rist)a b(o)ga
bl(a)govhrnïiô i bl(a)goq(y)stivïiô fw(any) vlad[y] voe|vodaô b(o)jïeü
m(i)l(o)stïü g(o)s(podi)ny vßsei $g„grovlaxïiô i sß
bl(a)godarovan„nïimi mi qedïiô fw(any) radúly voevodaô i mirqa |
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128 Chilandar et les Pays roumains

jelanïemy vßjdelhxwmyô kß vßseq(y)st(y)nïimy b(o)jïimy


cr(y)kvamyô po proroqßskom$ slov$ imje wbrazom(y) jelaet(y)
elen(y) na isto|qniki vod[y]nïeô vidhvùe $bo óko radï naùix[y]
grhxov(y) $maliùe se bl(a)goq(y)stivaa g(o)sp(o)daô ije
b(o)j(y)stv(y)nïeô i s(ve)\enïe cr(y)k(y)vi | vßzstavlóx$ô i
$kraùaax$ô i milovaax$ naipaqeô ije vß s(ve)toi gorh aƒonsthi
s$\ïix[y]ô s(ve)taago je i c(a)r(y)skago | xrama i wbithli
prhs(ve)thiô i prhq(i)sthiô i prhbl(a)gosloven„nhi vladiqice naùoi
b(ogorodi)ci i pr(i)snodhvi marïiô | q(y)stnaagoô i slavnaago eeô
vßvedenïa vß s(ve)taa s(ve)tïix(y)ô monastira zovomaago xilandaraô
$zrhxomy wb(y)si|rhvùa wt[y] bl(a)goq(y)stivïix(y) g(o)sp(o)dax(y)
srßbskïix[y]ô i bl(a)jen„nïix(y) xtitor(y)ô naposlhdok(y) jeô
iz„wstavùoi bl(a)goqß|stivoi g(o)sp(o)jdiô i c(a)r(i)ci mareô kß
starosti $bo dostigùoiô i bl(a)jen„nïi konec(y) wjidaü\oi nas(y)
vßmh|sto svoix[y] qed[y] vßzlübiv(y)ùi i w s(ve)tomy simy viùe-
reqen„nïimy monastir$ izvhstiv(y)ùiô i bl(a)gimi slovesi óko | svoó
qeda pomolivùïiô óko si s(ve)tïi monastir(y) wt[y] bl(a)goq(y)sti-
vïix(y) g(o)sp(o)dax(y)ô wb(y)sirhvùïi ne wstavitiô ny na|zirati i
milovatiô i poslhd[y]nïi xtitori naricati seô sego radï mi
vßsesrßdo vßspriexomy s(ve)tïi monastïr(y)ô | po bl(a)jen„nhmy
prhstavlenïiô vßseq(y)stnoi i blajen„noi viùereqen„noi g(o)sp(o)jdiô
i c(a)r(i)ci i maice naùoiô mareô i se|stre ei g(o)sp(o)jdeô
katak$zineô vßspriexomy nazivati se xtitori s(ve)tom$ monastir$ i
milovati eliko | esmo mo\niô sego radï wbe\axomyô i si naù(y)
xrisov$l(y) sßtvorixomyô óko da es(ty) nepotvoren„no s(ve)tom$
monasti|r$ô eliko re\i vßzmogoxomyô da b$det(y) wb(y)rok(y) na
vßsako lhto s(ve)tom$ monastir$ô as(pri) #e*celexô | i spen(y)za
bratïamy koite doxodit(y) da $zimaüt(y) wb(y)rok(y) as(pri) ôç*ôsïe
eliko rekoxomy óko po silh vßzmogoxomy da | se davat(y)ô wsta-
vixomyô i naùimy s(¥)novomyô viùereqen„nïimy fw(an$) radúl$ voe-
vode i mirqeô don(y)deje i mi jivi esmoô | i b(og)$ $god[y]no
b$det[y]ô imhti namy b(o)govßr$qen„naa namyô takojde i naùi
s(¥)nove po naùoi sßmrßti da tvoret[y]ô dondej[e] | ix[y]
$zdrßjit[y]ô g(ospod)y b(og)y jivex[y]. i vß b(o)godarovan„noi ix[y]
vlastiô svoix[y] rodïtel(y)ô i prhrodïtel(y)ô da a\e wni sice
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 129

Actes slavo-roumains de Chilandar 129

sß|tvoret[y]ô ókoje imy rekoxomyô i isplßnet[y]ô i poqßt$t[y] i


$tvrßdet[y] sßi xrisov$l(y)ô i wni i vßsa(qy)skogo b(og)y izvolit[y]
| biti namhstnik(y) simy viùereqen„nïimyô togo g(ospod)y b(og)y da
poqßtet[y]ô i sßxranit[y]ô i $krhpit[y]ô ije sïa isplßnit[y]ô da |
m$ dast[y] g(ospod)y b(og)y zde zemnaa dobrhô i mirno prhprovodi-
vùiô n(e)b(e)snaa bl(a)gaa pol$qitiô i da spodobit[y] ego | eje
wt[y] desn$ü svoego prhd[y]stoónïaô egoje b$di i namy grhùnïimy
pol$qitiô i sß prhjd[y]nïimiô i bl(a)goq(y)sti|vïimi xtitorïiô
m(o)l(i)tvami prhq(i)stïe vladiqice naùe b(ogorodi)ciô i prisnodhvi
m(a)rïeô i s(ve)tix(y) i b(o)gonosnix(y) wt(y)cyô i vßsex[y] |
s(ve)tix(y)ô ije wt[y] vhka b(og)$ $godivùix[y] i q(y)snïix(y)
inok(y) ije vß s(ve)twmy monastir$ wt[y] naqela i do six[y]ô
potr$div(y)ùix(y) se i po|sl$jiv(y)ùix(y)ô i sß miromy
prhùed[y]ùïix[y]ô i nastoe\ïix[y]ô i biti po six[y] xote\ix[y]
don(y)dej(e) stoit[y] s(ve)ti m(o)nastir(y) amin(y)ô pis(a) noevrïaô
v[y] lht[o] ô#z}aô vß grad[$] b$k$re\(i)Ô |
† fw(any) vlad(y) vwivwda m(i)l(o)stïæ b(o)jïæ g(os)p(o)d(i)ny

† Dans la très sainte Écriture divine (qui nous a été) transmise, il est dit : « Je
veux de la miséricorde et non des sacrifices » 12. Et aussi, de même « que les pé-
chés sont pardonnés aux miséricordieux », de même « bienheureux les miséri-
cordieux car ils obtiendront miséricorde » 13, ainsi que le dit la bouche du pro-
phète comblée de l’Esprit « bienheureux l’homme qui fait miséricorde, car chaque
jour il se délectera dans le Seigneur » 14, ainsi qu’il est écrit dans les divines Écri-
tures. Ecoutons, de plus, le prophète qui parle par le Saint-Esprit : écoutez ainsi,
ô tsars et comprenez, apprenez-le vous, ceux dont la juridiction s’étend
jusqu’aux limites de la terre 15, introduisez les responsables des multitudes et [les]
grands parmi les peuples ; car le règne vous a été donné par Dieu et le pouvoir
par le Très-Haut, étant entendu que tout est dans la main de Dieu, et qu’Il les
dispense entre nous, car il est bienheureux et trois fois bienheureux [celui] qui

12. Matt. 9, 13 ; 12, 7.


13. Matt. 5, 7 ; Luc. 6, 36.
14. Ps. 33, 9 ; 83, 6.
15. La sagesse de Salomon, VI, 1-3.
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130 Chilandar et les Pays roumains

dispose pour le bien de la richesse accordée par Dieu et partage les talents qu’il
a reçus en secret de Dieu, car il sera récompensé par la douce et sereine voix de
la jubilation : « Bien aimé et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur » 16.
C’est ainsi qu’il nous sied d’entendre à nous ici-bas, car les temps sont brefs et
éphémères, comme il est dit, que « toute gloire est éphémère » 17, il nous sied de
nous conformer aux bienheureux seigneurs d’antan et de sainte mémoire, qui
ont ordonné leurs biens terrestres et qui menant tout vers le bien, ont ainsi trans-
formé les biens terrestres en biens célestes, dont ils héritèrent, alors qu’ils lais-
saient les (biens) terrestres aux personnes terrestres.
C’est ainsi que moi qui suis, dans le Christ Dieu, le très pieux et très res-
pectable Ioan Vlad voévode, par la grâce de Dieu seigneur de toute la Hongro-
valachie, avec mes enfants donnés par Dieu, Ioan Radul le voévode et Mircea 18,
désirant œuvrer pour les très vénérables églises de Dieu, semblablement au cerf
qui aspire à la source d’eau (vive), selon le mot du prophète, voyant que du fait
de nos péchés ont diminué en nombre les seigneurs très respectables qui ont
établi, embelli et chéri jadis les églises divines et sacrées qui sont sur la Sainte-
Montagne athonite.
Le saint et impérial temple et la communauté de la Très-Sainte et Très-
Pure et Très-Bénie Notre-Dame la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge Marie,
temple de son honorable et glorieuse Présentation au Saint des Saints (Vave-
denie), le monastère appelé Chilandar, devenu orphelin de la très honorable
seigneurie et des bienheureux ktitôrs serbes, en dernier lieu échu à la très hono-
rable Dame et impératrice Mara dans sa vieillesse et ayant atteint une bien-
heureuse fin, nous ayant aimé et intégré à la place de ses enfants, et ayant avisé
le susdit saint monastère, avec des paroles douces et nous ayant sollicité
comme ses enfants, attendu que le saint monastère est devenu orphelin de la
très honorable seigneurie, de ne pas le délaisser, mais d’avoir soin de lui, de le
chérir et d’être désigné comme le dernier ktitôr.
C’est pour cette raison que nous nous rallions de tout cœur au saint
monastère, après la bienheureuse dormition de la très honorable et bienheu-

16. Matt. 25, 21.


17. Jean 5, 44.
18. Ce dernier, attesté aussi en 1494 et 1497 ne règnera pas ; il meurt sans enfants, cf. D. PLEŞIA,
« Genealogia Basarabilor, sec. XII-XVII », annexe généalogique au vol. Io, Mircea mare voevod şi
domn …, édité par Aşezământul cultural « Nicolae Bălcescu », Rm. Vâlcea,1986.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 131

reuse susdite Dame et impératrice, notre mère Mara, ainsi que de sa sœur la
Dame Cantacuzène 19, acceptant d’être désigné comme ktitôr du saint monas-
tère en le chérissant autant que nous pourrons, ce pourquoi nous nous enga-
geons en délivrant ce chrysobulle, afin qu’il soit inaliénable pour le saint
monastère, pour autant que nous pourrons, qu’il y ait une allocation de 5 000
aspres en tout, soit chaque année, et que la somme versée aux frères qui vien-
dront toucher l’allocation (soit) de 500 aspres. Disant que tout cela soit donné
dans la mesure de nos possibilités, en laissant à nos fils susdits Ioan Radul voé-
vode et Mircea, tant que nous sommes en vie et s’il plait à Dieu de maintenir ce
dont Il nous à investi. De même, que nos fils le fassent après notre mort tant
que le Seigneur Dieu les maintiendra en vie et détenant le pouvoir de leurs
parents et ancêtres accordé par Dieu, qu’ils accomplissent ainsi que je le leur
dis en remplissant, honorant et confirmant ce chrysobulle, que ce soit eux ou
quiconque que Dieu aura bien voulu (choisir) pour être le lieutenant
(namhstnik(y) – vicaire) du susdit, qu’il soit établi, protégé et renforcé afin
de réaliser cela. Que le Seigneur Dieu lui donne les biens terrestres, une vie pai-
sible, ainsi que les trésors célestes, et qu’il soit rendu digne de se tenir à Sa
droite ; puissions-nous pécheurs y accéder aussi, avec les très honorables kti-
tôrs d’antan, par les prières de la Très-Pure Notre-Dame la Mère de Dieu et
Toujours-Vierge Marie, des saints pères théophores et de tous les saints qui se
sont rendus agréables à Dieu depuis des siècles et des vénérables moines qui
se sont dévoués et ont servi, en paix, ceux d’antan et ceux qui ont occupé une
place importante, qu’il en soit ainsi pour tous à l’avenir tant que le saint monas-
tère existera, amen.
Ecrit en novembre, en l’an 7001, en la ville de Bucarest.
† Ioan Vlad voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

19. La généalogie de Mara est présentée par M. POPOVIĆ, p. 215, (thèse de doctorat, sous presse),
sur Vlad le Moine, cf. ibid. p. 111, 154-158, 171.
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132 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 3 [A 22/3]

7002, le 7 juin (1494) à Bucarest


Charte du voévode Radul confirmant à Stoian et à ses fils des propriétés sises
à Suhodol en Valachie (le scribe Jovan).
Original, inédit, 27 sur 19cm. Parchemin.

– M(i)l(o)stïwm(y) b(o)jïwm(y)ô fw(any) rad$l(y) voevoda i


g(o)s(podi)ny vßsei zeml¥ $grwvlaxiskoi s(¥)ny vlad[a] | velikaago
voevodaô davat(y) g(o)s(podyst)vo mi sie povelhnie g(o)s(podyst)va
mi sl$ge g(o)s(podyst)va mi | stoón(y) sßs(y) bratió siô
vlßkan(y) sßs(y) s(¥)n(o)vim(y)ô óko da im(y) es(ty) $ soxodol(y)
wt(y) | peti del(y) polovin$ koliko es(ty) bil(y) del(y)
stan(y)qülov(y) i çaca çlorhül(y) sva | ponej[e] pok$piùe wt[y]
stan(y)qül(y) iz„ var„naô za t* aspriô ta im(y) sœt(y) prava |
w(ty)q(i)na i g(o)s(podyst)vo mi dadoùe kon(y)ô sego radï im(y)
dadox(y) i g(ospodyst)vo mi óko da im(y) wqin$ | i wxab$ nim(y)
i s(¥)novom(y) ix[y] i v„n$qetom(y) i prhv„n$qetom(y) i ni wt(y)
kogoj[e] ne po tß | poreq(e) g(o)s(podyst)va miô Svhdetelie
j$pan(y) dragiq(y) dvor„nik(y) j$pan(y) kr(y)stión(y) biv(y)ùi
dvor(y)nik(y) | j$pan(y) staiko logoçe<ty>ô j$pan(y) t$dor(y) vis-
tiór(y) dan(y)qül(y) komis(y) strospatar(y) | al(y)bß stol(y)nik(y)
d$mitr$ pexar„nik(y) i rad$lß i dragomir(y) strator„nici | i azß
pisax[y] <f>wv(a)n(y) zqƒ≈ƒô vß nastol(y)ni grad[y] b$k$re\iô
m(e)s(h)ca ün(a) z*d(y)niô vß lht[o] #z*v*:Ô |
– ïw(any) rad$l(y) vwevoda zhmlæ $grwvl(a)xiæ
g(o)s(po)d(in)yÔ

† Par la grâce de Dieu, Ioan Radul voïévode et seigneur de tout le Pays hon-
grovalaque, fils de Vlad le grand voïévode. Ma seigneurie a délivré cette charte
de ma seigneurie au serviteur de ma seigneurie Stoian avec ses frères, Vâlkan avec
(ses) fils, afin qu’ils soient propriétaires de la moitié d’un cinquième à Sohodol,
qui était la part de Stanciul et de Fatsa (?) Floreaiul, qu’ils ont achetée à Stan-
ciul de Varna pour 300 aspres. Telle est leur juste part et patrimoine et la volonté
de ma seigneurie et ils m’ont donné … le cheval. C’est pourquoi je leur ai donné
cela, moi, ma seigneurie, aussi en patrimoine et bien patrimonial ainsi qu’à leurs
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Actes slavo-roumains de Chilandar 133

enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, afin que personne n’enfreigne


(la volonté) de ma seigneurie.
Témoins : le joupan Dragič (Dragici) 20, maréchal (dvornik), le joupan Cârs-
tian 21, ancien dvornik, le joupan Staiko chancelier (logofet), le joupan Tudor,
trésorier (vistiar) 22, Dančiul (Danciul) comis, le connétable (strospatar), Albu,
le chef des cuisines (stolnik), Dumitru échanson (peharnik) 23, Radul et Dra-
gomir 24 stratorniks (chambellans), ainsi que moi qui ai écrit Iovan zqƒ≈ƒ 25.
En la capitale de Bucarest, le 7 du mois de juin, en l’an 7002.
† Ioan Radul voïévode, seigneur du pays de Hongrovalachie.

20. Premier conseiller du prince, bien connu à travers d’autres documents, il apparaît dans un acte
princier du 19 avril 1495, pour la dernière fois, G. D. FLORESCU, Divanele domneşti din Ţara
Românească (Les Conseil princier de la Valachie), I (1389-1495), Bucarest 1943, p. 233, 348-
349 ; N. STOICESCU, Dicţionar al marilor dregători din Ţara Românească şi Moldova, sec. XIV-
XVII (Dictionnaire des grands officiers de Valachie et de Moldavie, XIVe-XVIIe siècles),
Bucarest, 1971, p. 20-21.
21. Le nom de Cârstian, le grand dvornic, figure sur l’acte du 4 février 1488, G. D. FLORESCU, Diva-
nele, cit., doc. n° CXVII, p. 285-286.
22. Les joupans Staiko logofăt et Tudor vistiar figurent parmi les témoins sur l’acte du 16 février
1494, ainsi que dans trois autres actes, le nom de Staiko logofăt aussi dans deux autres actes
de la même année, cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. n° CXLVI, CXLVII, CXLVIII,
CXLIX, CLI, p. 332-341, 343.
23. Danciul comis, Albu stolnik et Dumitru peharnic, sont témoins dans trois actes de 1494, cf.
G. D. FLORESCU, Divanele, cit., doc. n° CXLVI, CXLIX, CLI, p. 332-333, 340-343.
24. Les noms des joupans Dragomir fils de Manea et Radul Vintilescul, figurent dans les actes de
1487-1488, cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. n° CLVI, CXX, p. 283-284, 289-290.
25. Nous n’avons pas retrouvé ce nom dans le chartrier du prince Radul le Grand (voir Docu-
menta Rom. Hist. B. vol. I index). Sur les cryptogrammes de la chancellerie valaque, voir
D. P. BOGDAN, Paleografia româno-slavă, Bucarest 1978, p. 278-283 et passim. Le système est
emprunté à Byzance, comme l’est le mot filtă en vieux-roumain, P. Ş. NĂSTUREL, « Slavo-rou-
main filtă < grec byzantin ὑφειλτόν ‘écriture chiffrée’ », Revue des Etudes sud-est européennes
V/3-4 (1967), p. 561-566. On retiendra que d’ordinaire ces cryptogrammes de chancellerie
portent sur le nom et le titre du scribe, comme l’a observé D. P. BOGDAN, op. cit., p. 278. Nous
laissons à quelque chercheur de Roumanie plus sagace que nous, le soin de percer le secret
du cryptogramme du présent document.
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134 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 4 [A 22/3]

7005 mars (1497) à Bucarest


Charte du voévode Radul (le Grand), octroyant 5.000 aspres par an à Chilan-
dar.
Original, 43 sur 31cm. Parchemin.
Ed., Documenta, I, n° 271, p. 439-440, Năsturel, p. 127-128.

– Vß x(ri)s(t)a b(og)a bl(a)govhr„nïi bl(a)goq(y)stiv¥ô i


xr(i)solübiv¥ô fw[any] radúly voevoda s(¥)nß velikaago vlad[a] voi-
vodeô m(i)l(o)stïwmy b(o)jïwmyô i b(o)jïemy bl(a)gïimy proiz„vole-
nïemßô | wbladaœ\$ miô i g(o)s(podyst)v$œ\$ mi vßseó zemleó
o$g„grovlaxïiskoiô i zaplan(y)niskimy stranamy almaù$ i çagaraù$
xer„ceg(y)ô bl(a)goproiz„volixwmyô wt[y] g(ospod)a dan„nï|imy ni
bl(a)gimyô proiz„volenïemy qestnïimy sr[y]d[y]cemyô óko proslaviti
proslavlßùago ni g(o)s(pod)aô se úbo vßspomhn$v(y)ùeô óko mno§i
zemynïimi neb(e)snaa priw|brhtoùœô ókoje b(o)j(y)stv(y)naa pisanïe
sved(e)tel(y)stv$et(y)ô k$plü tvorite don(y)deje trßg(y) es(ty)ô sego
radï porev(y)novaxomyô ij[e] prejde nas(y) biv(y)ùïimyô ije |
zem(y)naa mir„no prhprovodiùeô i paki zem[y]naa zemli wstaviùeô
i kß neb(e)s(y)niimy bl(a)gïimi prilhpiùœ s(e)ô se je i mi zrh\e
i sliùe\e vßjde|lexomy kß qestnom$ monastir$ zovomago
xilan(y)dar(y) xram$ s(ve)thi prhq(i)sthi i prhbl(a)gos(lo)venhi
vl[a]d[¥]qici naùoi b(ogorodi)ci i pr(i)snod(h)vi marïa i qest(y)no
eæ vßved[e]nïa s(ve)taa vß s(ve)tix(y)ô | ponej[e] prïidoùe bratïa
wt[y] s(ve)t(a)go monastira i prinesoùe pisanïe i wbh\anïe moega
rodïtelh vladú voivodeô Sego radï w(ty)ci s(ve)ti mi videx[y]mo |
i primix[y]mo s(ve)ti monastir(y) sß vßsemy $srßdïemy i
wbe\ax[y]mo se da se nazovemo xtitoriô s(ve)tom$ monastir$ sß
prejdnimi s(ve)topoqev(y)ùix(y) g(ospod)aô i $qi|nix[y]mo
wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ô da prixodit(y) bratïa wt[y]
s(ve)t(a)go monastiraô kata godïne na vßskr(y)s(e)nïü x(ri)s(to)voô da
$zimaüt(y) wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ô | po #e*ô aspri i bra-
tïómy krome wb(y)roka spen(y)z$ po ç*aspriô toi se wbe\ax[y]mo
drßjati nepotœknoven„noô da es(ty) wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monas-
tir$ô | i b(o)j(y)stv(y)nimy in„nokomy na potreb$ô eliko es(ty)
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 135

Actes slavo-roumains de Chilandar 135

n$jda s(ve)tom$ monastir$ da se pokreplßt[y]ô namy je da es(ty)


vß vhq(y)n(y)noe vßspominanïeô sïe se wbe\ax[y]mo dokle | smo jivi
$ g(o)s(po)d(e)v$ davatiô a po nas(y) kogo izberet(y) g(ospod)y b(og)y
biti g(o)s(podi)ny vlaùkoi zemliô ili wt[y] naùega sr[y]d[y]q[y]nago
plodaô ili wt[y] naùix[y] sßrod(y)nik(y)ô ili wt[y] ino|pleme-
nik(y)ô kom$ das(ty) b(og)y bl(a)goqestiviô kto ponovit[y] i
$tvrßdit[y] sïi xrisov$l(y) i $tvrßdit[y] wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$
monastir$ô ókoj[e] es(ty) zde vßqinenoô ili | a\e nastavit[y] ego
d(ú)xy s(ve)tïi f e\e i wt(y) viùe prilojitiô to takovago da
pomil$et(y) g(ospod)y b(og)y i $krhpit[y] vß g(o)s(podhv)h egoô i vß
bœdœ\iimy vhceô | da das(ty) em$ g(ospod)y pol$qiti bl(a)gaa eje
$gotova lübe\ïimy egoô ej[e] w desnœæ prhd[y]stoanïa g(o)s(pody)nß
da spod[o]bit[y] ego amïn(y) pis(a) m(e)s(h)ca mar„ta | vß
nastol(y)ni grad[y] trßgovi\$ vß lhto #§{eô :Ô
– fw(any) radúly vwevwda m(i)l(o)st(ï)æ b(o)jïæ g(ospo)d(i)ny

Năsturel, p. 127-128.

† Dans le Christ Dieu, le très croyant, très-honorable et aimant-le-Christ,


Ioan Radul voévode, fils du grand Vlad voévode, par la grâce de Dieu et par le bon-
vouloir de Dieu, détenant et régnant sur tout le Pays hongrovalaque, et sur les
parties d’outre-monts, d’Almaş et de Făgăraş herceg (duc), qui nous furent don-
nés par le doux bon-vouloir du Seigneur, afin que d’un cœur pur nous glorifi-
ions notre Seigneur glorifié. Nous rappelons que nombreux sont ceux qui ont
acquis les (biens) célestes, ainsi qu’en témoignent les Ecritures divines : « Ache-
tez tant que le marché est ouvert » 26. C’est pourquoi nous nous dévouâmes, de
même que ceux qui nous précédèrent, qui ont vécu leur temps terrestre en paix,
en laissant ce qui est terrestre aux terrestres, tout en nous attachant aux trésors
célestes.
Ainsi que nous le vîmes et l’entendîmes, afin de nous dévouer envers l’ho-
norable monastère appelé Chilandar, le temple de la Sainte, Très-Pure et Très-
Bénie, Notre-Dame la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie et (sa) vénérable

26. Ruth, 4, 4.
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136 Chilandar et les Pays roumains

Présentation dans le Saint-des-Saints, alors que vinrent les frères de la part du


saint monastère en apportant l’écrit et l’engagement de mon géniteur Vlad voé-
vode. C’est pourquoi, saints pères, l’ayant vu (lu) nous avons accueilli le saint
monastère de tout cœur en nous engageant à être désigné ktitôr du saint
monastère, avec les seigneurs d’antan saintement décédés, en attribuant l’allo-
cation au saint monastère, afin que les frères du saint monastère [se présen-
tant] chaque année à la Résurrection du Christ viennent recevoir l’allocation
du saint monastère à raison de 5 000 aspres et pour ceux qui viendront la cher-
cher 500 aspres. Nous nous engageons à assurer inébranlablement l’allocation
pour le saint monastère, pour servir à la subsistance des divins moines, pour la
subsistance du saint monastère, de même que pour notre éternelle mémoire.
Ceci nous engage à donner tant que nous serons en vie dans le Seigneur, pour
qu’après nous celui qui sera choisi par le Seigneur Dieu pour être le seigneur
du Pays valaque, qu’il soit de notre souche, ou de notre parenté, ou d’une autre
race, celui qui sera proclamé bienheureux par Dieu, qu’il renouvelle et entérine
ce chrysobulle en renouvelant l’allocation du saint monastère, afin qu’elle
demeure à jamais. Ou bien, s’il était instruit par l’Esprit-Saint de lui attribuer
davantage, qu’un tel reçoive la grâce du Seigneur Dieu en le renforçant et
reconnaissant d’autant dans sa seigneurie, que le Seigneur lui attribue les tré-
sors qu’il a préparés pour ceux qui L’ont aimé, qu’il soit rendu digne de se tenir
à la droite du Seigneur, amen.
Ecrit au mois de mars, dans la ville capitale de Târgovişte, en l’an 7005.
† Ioan Radul, voévode, par la grâce de Dieu, seigneur.

DOC. N° 5 [A 22/4]

7006, 15 sept. (1497) à Bucarest


Charte du voévode valaque Radul (le Grand 1495-1510), confirmant au
joupan Cârstian la propriété achetée à Hrăboreşti.
Original, 29 sur 22cm. Parchemin. Empreinte du sceau de cire.
Documenta, N° 278, p. 452-453.
Facsimilé ; photographie à l’Académie Roumaine, LXXIII/5

– M(i)l(o)stiwm(y) b(o)jiwm(y)ô fw(any) radúl(y) voivoda i


g(o)s(po)d(i)ny vßsei zemliô $g„grovlaxïiskoiô s(¥)ny dobrago i veli-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 137

Actes slavo-roumains de Chilandar 137

kago vlad[a] voevodeô davat[y] | g(o)s(podyst)vo mi sïe povelenïe


g(o)s(podyst)va miô bolhrin$ g(o)s(podyst)va miô j$pan$ kr(y)stión$ô
i sß s(¥)novi m$ô i pastorßk(y) m$ st<oó>n(y)ô | i tep(y)ùaô i sß
s(¥)novimy egoô óko da im(y) es(ty) polovin$ wt[y] xhr„qhô poneje
es(ty) izvadïlß pri d(y)ni <rodi>|telü g(o)s(podyst)va mi ôk}d
ô bolh-
riô i pak(i) pred[y] g(o)s(podyst)va mi izvadï ôv}fô ti bolhri kako
es(ty) k$pil(y) wt[y] bratïe | dobrot$ wt[y] xrabore\i za ç*ôg}fô vß
d(y)ni rodïtelü g(o)s(podyst)va mi | sß pravomy sl$jb$ô i pak(i)
r$n(y)k$l(y) vßs(y) poneje imy es(ty) starai prava wqin$ i pak(i)
l$ponica sva|nkotor$ó svaô i seli\a bodev(y)ô i pol(y) wt[y] vly-
deùe\iô po motr$ô poneje tïó vßse es(ty) stign$l(y) wt[y] | $ika
g(o)s(podyst)va miô radúl[y] voivodeô i $ pestrica qetvr(y)ti del(y)
poneje imy es(ty) k$penaô ali wt[y] tex[y] | wqine \o s$ viùe
pisaneô da es(ty) j$pan(y) kr(y)stión(y) nad[y] polovin$ô a na
dr$g($) polovin$ô da es(ty) | pastorßk(y) m$ stepan(y)ô i tep(y)ùa
i sß s(¥)novi s(i) i g(o)s(podyst)vo mi imy prostix[y] kon(y)ô togo
radï imy dadox[y] i | g(ospodyst)vo miô <…> vßsi da imy es(ty) vß
<…> prhjde <…> | a wqine dastß wstavùimyô a vß nix[y] prhdali
kada nhs(ty)ô i ni wt[y] kogoje nepotßknoveno | poreq(e)
g(o)s(podyst)va miô Sved[e]telïe j$pan(y) barb$l(y) wt[y] kralevaô
j$pan(y) kr(y)stión(y)ô biv(y)ùi dvor(y)nik(y)ô j$|pan(y) prßv$l(y)
velik(i) dvor(y)nik(y)ô j$pan(y) staiko log(o)çet(y)ô dan(y)qül(y)
komis(y)ô t$dor$ vistiór(y)ô stroespa|taryô d$mitr$ pexar„nik(y)
izvoran$l(y) stol(y)nik(y)ô radúl[y] i dragomir(y) strator„nici | i
azß xran(y) pisax[y] vß nastol(y)ni grad[y] b$k($)re\iô m(e)s(h)ca
sep(temvrïa) e}f d(y)nyô v[ß] lht[o] #z}§ |
† ïw(any) rad$l(y) vwivoda zhmlæ $grwvl(a)xïæ g(o)s(po)d(i)ny

† Par la grâce de Dieu, Ioan Radul voïévode et seigneur de tout le Pays hon-
grovalaque, fils du bon et grand Vlad voïévode, ma seigneurie délivre cette charte
de ma seigneurie au boyard de ma seigneurie le joupan Cârstian avec ses fils et
son beau-fils Stoian et à Tepşa avec ses fils. Qu’ils soient propriétaires de la moi-
tié de Hercea qu’ont délimitée aux jours du père de ma seigneurie 24 boyards,
ainsi qu’à l’endroit de ma seigneurie, 12 boyards, comme ils ont acheté aux frères
le bien de Dobrotă de Hrăboreşti pour 13 (florins) aux jours du père de ma sei-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 138

138 Chilandar et les Pays roumains

gneurie pour leur service, en plus de Roncul, car je leur accorde leur ancien et
juste patrimoine, en plus de Luponiţa et Cotoruia (Sva|nkotor$ó) en entier et
les selişte de Bodea et la moitié de Vlădeşeşti (près de la rivière du) Motru (en
Olténie). Parce que tout cela leur est échu de l’oncle maternel de ma seigneu-
rie, Radul voïévode. Et à Pestrica un quart qui leur est acheté, car c’est leur pa-
trimoine, de ce qui est susdit, que le joupan Cărstian ait la moitié, alors que la
deuxième moitié soit à ses beaux-fils Stepan et Tepşa avec leurs fils. Et ma sei-
gneurie les a dispensés (du don) du cheval. C’est pourquoi ma seigneurie leur
accorde aussi […] que tout leur soit accordé en tant que bien patrimonial […]
avant que […] quel que soit celui qui meurt avant les autres, que le bien patri-
monial reste aux autres, alors qu’eux ne l’ont pas remis, et que personne ne puisse
contester sans l’aval ni confiscation au profit de ma seigneurie.
Témoins : le joupan Barbul de Craiova, le joupan Cârstian ancien vornic
(maréchal) de la Cour 27, le joupan Pârvul grand vornic, le joupan Staiko chan-
celier (logofăt), Danciul comis 28, Tudor trésorier (vistiar), Stroe connétable
(spătar), Dumitru échanson (peharnik) 29, Izvoranul stolnic (chef des cuisines),
Radul et Dragomir 30 stratornik (chambellans) et moi Hran 31 qui ai écrit en la
capitale de Bucarest.
Au mois de septembre, le 15e jour, en l’an 7006.
† Ioan Radul voïévode, seigneur du Pays de Hongrovalachie.

27. Les noms du joupan Barbul de Craiova, ainsi que celui de Cârstian, le grand dvornic, des jou-
pans, Pârvul grand vornic, et Staiko logofăt, et de Danciul comis, figurent sur les actes de 1494
et 1495, ainsi que sur la plupart des actes du prince Vlad le Moine, cf. G. D. FLORESCU, Diva-
nele, cit., docs. n° CLI, CLVI, p. 343, 351 et passim.
28. Le nom de Danciul comis figure entre autres dans l’acte du 17 avril 1488-21 avril 1489, ainsi
que dans celui du 8 septembre 1495, cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. n° CXX, CLVI,
p. 289-290, 350-351 et passim.
29. Tudor vistiar, Stroe spătar et Dumitru peharnik apparaisent en tant que témoins dans de nom-
breux documents, notamment à partir de 1491, cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., doc.
n° CXXXIII, p. 312 et passim.
30. Les noms des joupans Dragomir fils de Manea et Radul Vintilescul, figurent sur les actes prin-
ciers notamment à partir de 1487-1488, cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., docs. n° CLVI,
CXX, p. 283-284, 289-290 et passim.
31. De même que notre document n° 1, du 11 juillet 1488, Hrana écrit des actes princiers de 1486
à 1487, cf. Documenta I, p. 550. S’agit-il du même scribe Hran qui figure sur un acte de Vlad
le Moine daté du 8 septembre 1495 ? cf. G. D. FLORESCU, Divanele, cit., doc. n° CLVI, p. 351.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 139

DOC. N° 6 [A 22/4]

1498 (7006, 19 avril) à Bucarest


Charte du voévode Radul (le Grand), octroyant 5.000, en plus de 500, aspres
par an à Chilandar (par les soins du diacre Bessarion).
Original, 36 sur 25,5cm. Parchemin. Traces du sceau de cire.
Ed., Documenta, I, n° 284 p. 461-462.

– ïje vß s(ve)thi gorh aƒwn(y)sthi c(a)r(y)skïe i


s(ve)\(e)n(y)nïe wbithli, monastir$ zovomago xilan(y)daraô xrama je
s(ve)thi prhq(i)sthi | i prhbl(ago)s(lo)v(e)nhi vl[a]d[¥qi]ce naùoi
b(ogorodi)ci i pr(i)snod(h)v¥ marïaô i q(y)st(y)na eó vßved[e]nïó
s(ve)taa vß s(ve)tix(y)ô i q(y)stnhiùom$ wt(y)c$ eg$men$ô | namy
je po d($)x$ s(ve)tom$ w(ty)cy i poshtitel(y) ïje kß bl(a)gimy
jelati k√r[y] e√timïüô i proeg$menomy i s(ve)\en(i)komy i
star„cemyô | i vßsemy óje w x(ri)s(t)e bratïeô ij[e] jiv$\i vß
s(ve)tomy mesto toiô smhreno prinosit[y] poklonenïeô vaùoi
s(ve)tostiô ije | po m(i)l(o)sti b(o)jïwi i vaùimi m(o)l(i)tvamiô
wbretaemimy vß vlaùkoi zemli g(o)s(po)d(i)ny ïw(any) radúl[y] voi-
vodaô i po six[y] w(ty)ci s(ve)ti davamy | $znanïe vaùoi s(ve)t(i)ni
ponej[e] prïide dïókon(y) visariwn(y), i prinese wbiq(y)noe
bl(ago)s(lo)venïeô wt[y] s(ve)t(a)go monastiraô ókoj[e] es(ty) w|biqai
s(ve)tom$ monastir$ô ï eliko bi w potreb(y)ne ve\ex[y] monastir„ske
vßzvhsti namyô mi vßse po redomy dobre raz$mexmoô | sego radï
w(ty)ci s(ve)ti mi sß vßsemy $srßdïemy primixmo s(ve)tïi monas-
tir(y)ô da se nazovemo novïi xtitori sß prej[y]dniô i
bl(a)go|q(y)stivimi s(ve)topoqev(y)ùix(y) g(ospod)aô i wbe\axmo se
eliko bi po silh b$demo mo\niô i po zapovhda naù$ rodïtelüô | i
$qinixmo i mi wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ na vßshko lhto $
veliki pos(ty) po #e*aspriô i spen(y)za bratïamy | koite doxodit[y]
da $zimaüt[y] wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ po ç*aspriô sego
radï w(ty)ci s(ve)ti prïimhte i bl(a)go|darite i m(o)l(i)te b(og)aô
w naùix[y] rodïtelex[y] i w nas(y) grhùnix[y]ô i a\e b$de mo\no
vaùemy s(ve)t(i)niô $piùete ni sß prejdnimiô | xtitoriô $ s(ve)ti
pomhnik(y) ókoj[e] i naùi rodïteliô mi \o se smo wbe\ali
s(ve)t(o)m$ monastir$ nepotvoreno | qemo drßjatiô ako ni das(ty)
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 140

140 Chilandar et les Pays roumains

g(ospod)y b(og)y jivot[y] vß naùi wblas(ti)ô i pak(i) $ sïü vrhme


da prixodit[y] bratïa poslana wt[y] s(ve)t(a)go | monastiraô da
$zimat[y] wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ô i da dones$t[y] i sïü
knig$ da vidimo \o smo wbe\aliô s(ve)t(o)m$ | monastir$ô i
x(risto)s(y) ij[e] vßshkoi bl(a)gosti i mir$davec[y] da ne $liùit[y]
nas(y) greùnix[y] i s(ve)tiix(y) vi m(o)l(i)tvœ k$p(y)no je | i nami
amin(y)ô pis(a) vß nastol(y)ni grad[y] b$k$re\omy m(e)s(h)ca aprïlïa
ƒ}f d(y)ny v[ß] lht[o] #z}§ô :Ô |
– ïw(any) rad$l(y) vwivoda zhmlæ vl(a)xïæ g(o)s(po)d(i)ny

Năsturel, p. 127-128.

† A celle qui est sur la Sainte-Montagne athonite, à la communauté impé-


riale et sacrée nommée Chilandar et au temple de la Sainte et Très-Pure et Très-
Bénie Notre Dame la Mère de Dieu et Toujours Vierge Marie, ainsi qu’à sa vé-
nérable Présentation dans le Saint-des-Saints, au vénérable père higoumène, no-
tre saint-père et appui dans l’Esprit Saint, au cher et bienvenu kyr Eftimi, ainsi
qu’au pro-higoumène, aux prêtres et starec (gérontès, anciens) et à toute la fra-
ternité dans le Christ demeurant en ce saint lieu, offrant humblement (notre)
révérence à votre sainteté, moi qui de par la miséricorde divine et vos prières me
trouve être seigneur du Pays valaque, Ioan Radul voévode.
Je porte à votre connaissance, saints pères du saint lieu d’où est venu le
diacre Bessarion, apportant la bénédiction accoutumée de la part du saint
monastère, comme il est d’usage au saint monastère, afin de nous aviser des
besoins du monastère. Ce que nous avons très bien compris point par point.
C’est pourquoi nous avons accepté de tout cœur d’être désigné comme
nouveau ktitôr du saint monastère, avec les seigneurs d’antan très-honorables
et saintement décédés, en nous engageant (à agir) selon nos possibilités et
selon le commandement de nos parents. En faisant de notre part aussi une allo-
cation au saint monastère, chaque année au Grand Carême, de 5 000 aspres,
ainsi que 500 aspres pour les dépenses des frères qui viennent toucher l’allo-
cation pour le saint monastère. C’est pourquoi, saints-pères, agréez, remerciez
et priez Dieu pour nos parents et pour nous pécheur et, s’il est possible à votre
saint lieu, inscrivez-nous avec les ktitôrs antérieurs dans le saint diptyque, ainsi
qu’il en est pour nos parents. Nous maintiendrons immuablement ce que nous
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 141

Actes slavo-roumains de Chilandar 141

avons promis au saint monastère, si le Seigneur Dieu nous prête vie dans notre
règne. Afin qu’en cette période de l’année viennent les frères envoyés de la part
du saint monastère pour recevoir l’allocation du saint monastère en apportant
cette lettre, afin que nous puissions y voir (lire) ce que nous avons promis au
saint monastère.
Que le Christ, qui est le dispensateur de tout bienfait, ne nous prive pas,
pécheur que nous sommes, de vos saintes prières, amen.
Ecrit dans la capitale de Bucarest, au mois d’avril, le 19e jour, en l’an 7006.
† Ioan Radul, voévode, seigneur du pays de Valachie.

DOC. N° 7 [A 22/5]

7008, le 7 janvier (1500) (Bessarion et Mardarie) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (le Grand), octroyant à Chilandar 5.000
aspres par an.
Parchemin.36,5 sur 33cm. Empreinte du sceau de cire.

– Ije vß s(ve)thi gorh aton„sthi c(a)r(y)sk¥e i s(ve)\enn¥e


wbithli monastir$ zovomago xilan„dar(a)ô xrama je s(ve)thi i
prhq(i)sthi | i prhbl(ago)s(lo)vennhi vl[a]d[¥]q[i]ce naùei b(ogo-
rodi)ci i prisnod(h)vhi marfi, i q(y)st(y)nago e vßvedenïa s(ve)taa
vß s(ve)t¥x(y)ô i q(y)stnhiùwm$ wt(y)c$ | eg$men$ i proeg$menomy
i s(ve)\ennikwmy i star„cemy i vßshmy óje w x(ri)s(t)h bra-
tystv$ô i jiv$\im(y) vß tomy mh|sth s(ve)tomyô smhrenno prino-
simy meƒanïe vaùoi s(ve)tiniô ije po m(i)l(o)sti b(o)jïi i vaùimi
m(o)l(i)tvamiô | wbrhtaemi vß vlaùkoi zemli g(ospodi)ny fwanny
rad$l(y) voevodaô i po six[y] w(ty)ci s(ve)t¥i davamy úznanïe
vaùoi | s(ve)tini poneje prïide dïakony visariwn(y), i mar„darïeô i
prinesoùe wb¥qnoe bl(ago)s(lo)venïe wt[y] s(ve)t(a)go monastiraô i
vß|se potrhbne ve\i monastir„sk¥e vßzvhstiùe namyô m¥ vßse po
redwm(y) dobrh raz$mhx[y]moô i úqinix[y]mo i m¥ wbrok(y) |
s(ve)t(o)m$ monastir$ na vyshko lhto na b(o)goóvlenïe, po #e*aspri
i spen„za bratïamy koite doxoditi da úzimaüt(y) | wbrwk(y)
s(ve)t(o)m$ monastir$ô po,ç* aspri, sego radi w(ty)ci s(ve)t¥i
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 142

142 Chilandar et les Pays roumains

prïimhte i bl(a)godarite i molite | w naùix[y] rwditelex[y], i w


nas(y) grhùnix[y]ô i a\e b$de mo\no vaùei s(ve)tini úpiùete ni
sß prhjde nimi xtïtori ú s(ve)t¥i | pomhnniky ókoje i naùi
roditeliô m¥ \o se smo wbh\ali s(ve)tom$ monastir$ nepotvor„no
qemo dryjatiô ako ni | das(ty) g(ospod)y b(og)y jivoty vß naùei
wblastiô i pak¥ ú sïe vrhme da prixodety bratïa wt[y] s(ve)t(a)go
monastiraô da úzimaüty | wbrwk(y) s(ve)t(o)m$ monastir$, i da
donosety sïü knig$ \o smo wbh\ali da vi damo s(ve)t(o)m$ monas-
tir$ô i x(risto)s(y) ije | vßshkoi bl(a)gosti i mirodavecy, da ne
ne úliùit(y) grhùnix[y] nas(y) s(ve)t¥x(y) v¥ m(o)l(i)t(y)vy k$p„no
je i nami amïny, | pis(a) vß nastol„nwm(y) grad$ rtygovi\$ô
m(e)s(h)ca genar(ïa) z*ô wt[y] adam(a) vß lht(o) #z}iô |
– ïw(a)n(y) radúl(y) vwevoda m(i)l(o)stïü b(o)jïeü
g(o)s(po)d(i)nyô

† A celle qui est sur la Sainte-Montagne de l’Athos, à la communauté impériale


et sacrée nommée Chilandar, le temple de la Sainte et Très-Pure et Très-Bénie
Notre Dame la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie, ainsi que sa vénérable
Présentation dans le Saint-des-Saints. A l’honorable père higoumène, aux pro-
higoumènes, prêtres et anciens (starec) et à toute la fraternité dans le Christ de-
meurant en ce saint lieu, offrant humblement hommage à votre saint lieu, se-
lon la miséricorde divine et vos prières, me trouvant être seigneur du Pays va-
laque, Ioan Radul voévode.
Je porte à la connaissance des saints pères de ce saint lieu d’où sont venus
le diacre Bessarion et Mardarie, en offrant, selon l’usage, la bénédiction de la
part du saint monastère, comme il en est d’usage dans le saint monastère, afin
de nous aviser des besoins du monastère. Ce dont nous avons très bien com-
pris par le menu.
Et faisant de notre part aussi une allocation (wbroky) au saint monastère,
pour chaque année à l’Epiphanie, de 5 000 aspres, ainsi que 500 aspres pour les
frais des frères qui viennent recevoir l’allocation pour le saint monastère. C’est
pourquoi saints-pères, agréez, remerciez et priez Dieu pour nos parents et pour
nous pécheur et, s’il est possible à votre saint lieu, inscrivez-nous avec les kti-
tôrs antérieurs dans le saint diptyque, ainsi qu’il en est pour nos parents. Nous
maintiendrons immuablement ce que nous avons promis au saint monastère,
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 143

Actes slavo-roumains de Chilandar 143

si le Seigneur Dieu nous prête vie dans notre règne. Afin qu’en cette période
de l’année viennent les frères envoyés de la part du saint monastère pour pren-
dre l’allocation du saint monastère en apportant cette lettre, afin que nous vous
donnions pour le saint monastère ce que nous avons promis.
Que le Christ, dispensateur de tout bienfait et de la paix, puisse nous exau-
cer nous pécheur, par vos saintes prières, amen.
Ecrit dans la capitale de Târgovişte, au mois de janvier, le 7e jour, en l’an
7008 depuis Adam.
† Ioan Radul, voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 8

7009 janvier (1501) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (le Grand), accordant à kyr Cosmas et à
l’église Saint-Elie sur le Mont-Athos, dépendant de Chilandar, 2000 aspres
annuels (scribe Teodor).
Original, 50 sur 37cm. Parchemin très endommagé avec trois petits trous à
l’endroit où était attaché le sceau.
Ed., Documenta, II, n° 1 p. 3-4.

– Vß ime o(ty)ca i s(¥)na i s(ve)taago d($)xa troice


edinos$\neô i nerazdel<imhi i molitvami prhqisthi ego bogomatere
vladiqice naùoi bogorodice i prisnodhvhi marie kúpyno je i
vysexy svet¥ixy azy> fw(any) radúly voevoda b(o)jïeü m(i)l(o)stï<ü
vßsee ze>mle vlaùke jelanïe imee <…> <i>je vß s(ve)thi gorh
aƒon„sthi <…> <vßs>hs(ve)thi vl[a]d[¥]q[i]ce naùe b(ogorodi)ce <…>
k√r[y] kozmaô i vßzvhsti namy <…>i s(ve)tïix(y) monastirex[y]
ij<e> <…> proxodet[y] nastoe\ee vrhm<e> <…>dax[y] i thsnotax[y]
<…> <b>l(a)goq(y)stivïix(y) xtitorex[y] <…>\no potß\axwmy se
<…>stavlenïem(y) rodïteló naùe<go> <…>naago k√r(y) kozme <…>raago
$qiteló i kß sp(a)s<enïü> <…> eliko mo<…>mo vß jitïi sem(y)ô
wt[y] b(o)go<…> <…>go nam(y) imhnïaô nagledovat<i> <…>agatiô sego
radï sice qinixwmy da<…> posilat(y) kata godine brat<a…> edino-
goô ili dvaô ili pisa<…>o po bratïax[y]ô ili egda prïim<ety…>
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 144

144 Chilandar et les Pays roumains

wt[y] s(ve)te lavreô ili wt[y] monasti<ra> <…>otlom$sa radï wbroka


mon<…>ogaô m(e)s(h)ca genarïa da da<…m>ertig(y)ô w(ty)c$ proiprot$
k√r(y) <k>ozme po #v* aspriô i s<…>s* aspriô da m$ se tßi <…>
vßsegda kata godine wd[y]nos<ity> <…>a vß negovo mhsto ideje
<…>estv$et[y]ô vß xramh je s(ve)taa <…>vnaago proroka ilïeô se
j<e> <…>ena togovemy proizvolenïiô ideje m$ se pril$qit[y]
jitel(y)stvoô da m$ tßi wb(y)rok(y) wt[y] nas(y) prixodit[y] don-
deje esmi vß nastoe\emy jitïiô i vß b(o)godarovan„noi nam(y)
oblastiô i a\e se pril$qit[y] viùereqen„nom$ w(ty)c$ k√r(y) kozmeô
eje wt[y] zdeù(y)nïix(y) prhitie kß vhqnimy obithlemyô i namy
e\e b$det[y] vrhme jitïa sego proxode\ïiô ideje bl(a)govolit(y)
wn(y) i bl(a)goslovit(y) sem$ mertig$ bitiô ili vß xramh s(ve)taago
proroka ilïiô ili vß inomy s(ve)tïim(y) xrame da m$ b$det[y] sßi
mertig(y) nepotßknoven(y)ô dondeje se wbrh\em(y) vß jitïi sem(y)ô
e\e je i po wd(y)zdeù(y)nïix(y) namy prhùestvïüô egoje bl(a)govo-
lit(y) g(ospod)y b(og)y biti po nas(y) naslhd(y)nik(y) wblasti sei
rekùe vlaù(y)koi zemliô ili wt[y] srßdßqnaago naùego plodaô ili
wd[y] naùix[y] sßrod(y)nik(y)ô ili iny nhktoô em$je dar$et[y]
b(og)y ije vß bl(a)goq(y)stïe jitel„stvovatiô takovaago m(o)limo
gospodemy naùimy fsú(somy) xristomyô i prhq(i)stoü
b(o)gom(a)t(e)rïü i vßsemi s(ve)tïimiô ije b(og)$ wt[y] vhka $godi-
vùïimi $srßdïe i milovanïe imati kß s(ve)tïimy b(o)jïimy
cr(y)k(y)vamyô paqe je kß s(ve)tïimy monastirom(y) ije vß s(ve)thi
gorh aƒwn(y)sthi s$\ïimyô eje es(ty) perivol(y) prhq(i)sthi
b(o)gom(a)t(e)riô i sïe nami sßtvoren„noeô w(ty)c$ proiprot$ k√r(y)
kozmeô ne potvoriti ni $manitiô ny paqe isplßniti i potvrßditi
ideje b$det[y] sßjitel(y)stv$e viùereqen„nïi k√r(y) kozmaô ili vß
xramh s(ve)taago proroka ilïiô ili gde b$det[y] b(og)y bl(a)govo-
lil(y)ô i kom$ b$det[y] wn(y) bl(a)govolil(y) i bl(a)goslovil(y) po
togovem(y) prhùßstvïü wt[y] zdeùnïixyô wt[y] bratïax[y] ije sß
nimy tr$dolübstvovavùïix[y]ô i sß posl$ùßstvovavùïix[y] takovïi
ije sïa viùereqen„naa isplßnit[i] i potvrßdit[i]ô da m$ es(ty)
pomo\nica i pokrovitelnicaô prhq(i)staa i vßseneporoqnaa c(a)rica
i b[o]g[o]rodïcaô i prisnod(h)vaa marïa i zde i vß b$d$\emy vhceô
g(lago)lü d($)ùi jeô i thl$ô i da sßxranit[y] ego wt[y] vrag(y)
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 145

Actes slavo-roumains de Chilandar 145

vidimix[y] i nevidïmïix[y]ô m(o)l(i)tvami vßsex[y] s(ve)tïix(y)


b(o)jïix(y) amïny
pis(a) m(e)s(h)ca gen(varïa) v(ß) lht[o] #z*ƒ*vß trßgovi\$ô
– fw(any) radúl[y] vwevwda milwstïæ b(o)jïeæ g(ospo)d(i)ny
Azy je mnogogrhùnïi ƒewdor(y)ô napisax[y] sïi xrisov$l(y)
povelhnïemy g(o)s(podi)na miô vi je vßseq(y)st(y)nïi ociô em$je sïe
vßr$qen„no b$det[y] i vß nastoe\ee vrhmeô i po six[y] pominaite ne
zabivaü\e i nas(y) vßs(eosve)\en„nïix(y) vaùix[y] m(o)l(i)tvax(y)ô
óko da vaùimy molenïemy pol$qimy izbh\i vhqnïix[y] m$k(y)ô i
spodobimy se wd[y] desn$ü stoónïaô na straù(y)nemy s$d$ô i
vhqnïix[y] bl(a)gy $l$qimyô bl(a)godhtïü prhs(ve)thi troici amïnyô

† Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Trinité Sainte, consubstan-


tielle et indivisible, et par les prières de Sa Très-Pure Mère-de-Dieu, Notre Dame
la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge Marie, avec l’ensemble de tous les saints,
moi, Ioan Radul voévode par la miséricorde divine de tout le Pays valaque, dé-
sire […] qui se trouve sur la Sainte Montagne athonite […] Toute-Sainte No-
tre Dame la Mère de Dieu […] kyr Cosmas 32 et nous a informé […] et le saint
monastère qui est […] passe le meilleur temps […] donne et les privations […]
très honorables ktitors […] engagement de notre père […] (de) kyr Cosmas
[…] maître et vers le salut […] tous […] dans toute leur vie, de Dieu […] […]
nom nous surveillons […] c’est pourquoi nous faisons tout pour que […] en-
voyer chaque année (un frère […] un ou deux, ou écrire par les frères, ou le re-
cevoir […] de la part de la sainte laure, ou de la part du monastère de (K)ut-
lumus pour l’allocation du mon(ast)ère, au mois de janvier qu’il donne […] l’al-
location (…m>ertig(y)) 33 au père proiprotos (proin-protos, ancien prôtos) kyr

32. Ancien protos, août 1492, cf. Actes du Prôtaton, par Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1975,
p. 142 ; P. S. NĂSTUREL, op. cit., p. 292-295 ; Actes de Kutlumus2, nouvelle édition remaniée et
augmentée par P. LEMERLE, Paris 1988, 431-433.
33. Mertig : s’impose en roumain sous la forme mertic (du mot hongrois mérték = poids, mesure)
et revêt deux sens 1. = récipient pour peser les céréales, 2. = payement (ou impôt) en nature,
voir Gh. MIHVĂILĂ, Dicţionar al limbii române vechi (sfârşitul sec. al X-lea – începutul sec. al XVI-
lea) (Dictionnaire de la langue roumaine ancienne (fin du Xe siècle – début du XVIe siècle),
Bucarest, 1974, p. 122, sub voce. Au sens de donation annuelle, mertig (ou mertic) est syno-
nyme d’obroc, terme plus ancien, qui veut dire donation à caractère perpétuel, rente viagère,
mais aussi récipient pour mesures, ration d’entretien pour les militaires et les serviteurs, cf. Ins-
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146 Chilandar et les Pays roumains

Cosmas de 2000 aspres avec 200 aspres, afin que ce […] soit porté chaque an-
née […] toujours, chaque année porté […] en ce lieu ou il […] (demeure) au
temple du saint […] Prophète Elie 34, que […] son bon vouloir, là où il résidera,
que cette allocation lui soit versée de notre part tant que nous détiendrons le
pouvoir qui nous est donné par Dieu. Au cas ou il adviendrait au susdit père kyr
Cosmas de passer de vie à trépas, et que nous soyons là au temps de ce passage,
pour autant qu’il le voudra bien et le bénira, que (cette) allocation (sem$ mer-
tig$) demeure, ou bien pour le temple du saint Prophète-Elie, ou bien pour un
autre saint temple, que cette allocation (mertic) demeure inaliénable. Tant que
nous serons de ce monde, de même que ceux d’entre les nôtres qui nous suc-
cèderont, que le bon vouloir du Seigneur Dieu fera notre héritier de cette contrée
appelée le Pays valaque, qu’il soit de notre lignée, ou bien de notre souche, ou
bien quelqu’un d’autre, à qui Dieu accordera de vivre en grand honneur, nous
le prions par notre Seigneur Jésus Christ, par la Très-Pure et par tous les saints
qui ont été agréables à Dieu depuis des siècles, d’avoir du cœur et de faire la cha-
rité aux saintes églises, de même qu’aux saints monastères, qui se trouvent sur
la Sainte Montagne athonite où est le jardin de la Très-Pure Mère-de-Dieu, ainsi
que ce que nous avons réalisé pour le père proi(n)protos kyr Cosmas ne doit pas
être annulé ni diminué, mais au contraire respecté et confirmé, où que le sus-
dit kyr Cosmas résidera, dans le temple du saint Prophète-Elie, ou bien là où Dieu
le voudra, et à qui des frères qui se dévouent avec lui, d’entre les proches il vou-
dra bien bénir la succession, en obéissance, qu’un tel (successeur) soit confirmé
et admis, que la Très-Pure et Immaculée Tsarine et Mère de Dieu, la Toujours
Vierge Marie, lui soit en aide et protectrice, ici-bas et dans le siècle à venir, c’est-
à-dire pour le corps et pour l’âme, et de le protéger des démons visibles et in-
visibles, par les prières de tous les saints. Amen.
Ecrit au mois de janvier de l’an 7009 à Târgovişte.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce divine.

tituţii feudale din Ţările Române. Dicţionar (Institutions féodales des Pays Roumains. Dic-
tionnaire), coord. O. SACHELARIE et N. STOICESCU, Bucarest, 1988, p. 333, sub voce. Au cours
du temps, mertic allait remplacer obroc, cf. Ibidem, p. 293.
34. Une église dédié au prophète Elie est mentionnée dans les copies du périorismos de Chilan-
dar datées du XIVe siècle et de la période post-byzantine, Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, “Најстарији
периор манастира Хиландара и његови преписи » (Le plus ancien périorismos du monas-
tère de Chilandar et ses copies), Recueil de Chilandar 8 (1991), p. 15.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 147

Moi, le très grand pécheur Théodore 35, j’ai écrit ce chrysobulle sur l’ordre
de mon seigneur. Vous, vénérables pères, qui serez là dans le temps à venir,
priez toujours sans nous oublier dans vos prières sacrées, afin que par vos
prières nous puissions échapper aux tourments éternels, nous rendant digne
de nous tenir à la droite [du Christ] au terrible jugement, recevant les trésors
éternels, par la grâce de la Très-Sainte Trinité. Amen.

DOC. N° 9 [A 22/7]

7018 (1510)
Charte du voévode valaque Vlad le Jeune (1510-1512), accordant au monas-
tère de Chilandar 5000 + 500 aspres par an.
Original, 42,5 sur 39,5cm. Parchemin, traces du sceau.

– Vßses(ve)tom$ i b(o)j(y)st„vnom$ posled$e\e pisanïüô rek„ùom$


m(i)l(o)sti xo\$ a ne jr„tvhô i paki óko m(i)l(o)stïnómi
wch\aüt[y] se grhsiô i paki bl(a)jeni m(i)l(o)stivi óko ti
pom(i)lo|van„ni b$d$t[y]ô ókoj[e] i proroq(y)skaa d($)xonasi\enaa
$sta g(lago)lütyô bl(a)jen(y) m$j[y] mil$ei vßs(y) d(y)nß naslaj-
daet[y] se g(o)s(pode)viô sïa $bo wt[y] b(o)j(y)st(y)v(n)aago pisanïa
$vhdev(y)ùeô paki sliùaxom(y) proroq(y)ska | g(lago)lü\a d($)xomy
s(ve)timyô óko $bo sliùite c(a)rïie i raz$mhite, i naviknete s$dïe
koncem(y) zemliô vßn$ùite drßje\ei mnojßstvaô i grßde\ei se w
narodhx[y] ezik(y)ô óko dana b¥s(ty) wt[y] g(ospod)a | drßjava
vam(y) i sila wt[y] viùnhgoô raz$mhv„ùe $bo óko vßsa vß r$kax[y]
b(o)jïix(y) sút[y]ô i eliko xo\et[y] $bo kom$jdo wt[y] nas(y)
podarovaet[y]ô ny $bo bl(a)jen(y) i trßbl(a)jen(y) ije b(o)godan„noe
b(o)g(aty)stvo dobrh | rastaqaet[y] i dhlaet[y] vß taine
b(o)govßr$qen„nïi em$ talanyt[y]ô óko $bo $sliùit[y] bl(a)gi $bw i
slad[y]kii i wn(y) glas(y) radovanïaô bl(a)gïi rabh i vhr„nii vßnidi
vß rados(ty) g(ospod)a svoegoô sïa $bo sliùav(y)ùe, | pod[o]baet[y]

35. Théodore scribe, le même scribe écrit l’acte accordé à Kaproullè, par le même prince, cf.
D.R.H., I, doc. 298, pp. 486-489 ; P. Ş. NĂSTUREL, Le Mont Athos…, cit. p. 287.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 148

148 Chilandar et les Pays roumains

nam(y) vßnimati w zdeù(y)nix(y) óko malovrhmen„na i prhxwd[y]na


s$t[y]ô ókoj[e] i g(lago)lety óko vßsaka slava do vremen„na es(ty)ô
pod[o]baaùe j[e] nam(y) porevnovatiô prhjdnim(y) bl(a)goq(y)sti-
vïimy i s(ve)topo|qiv„ùïim(y) g(o)spodam(y) ije zemnaa dobrh
$stroiv„ùe i sïa dobrh prhprovodiv(y)ùeô simi zemnïimi, n(e)b(e)snaa
prïiwbrhtoùe bl(a)gaô i six[y] nasledovaùe, i zemnaa zemnïi<my>
wstaviù(e)ô Se | $bo i azyô ije vß x(rist)a b(o)ga bl(a)govhr„nïi i
bl(a)goq(y)stivïiô ïw(any) vlad[y] voivodaô b(o)jïeü m(i)l(o)stïü
g[o]s[po]d[i]ny vßsei zemli vlaù(y)koiô s(¥)ny prhdobrago vlad[a]
voivodeô videx[y] knig$ i wbe\anïe rodï|teló mi g(o)s(pody)s(t)va mi
ije sß mirom(y) kß g(ospod)$ prhùed[y]ùaagoô togo radï jelanïem(y)
vßjdelhxom(y) i miô kß vßseq(y)st„nïim(y) b(o)jïim(y) cr(y)kvam(y)ô
po proroq(y)skom$ slov$ô im„je wbrazom(y) jelaet[y] elen(y) na |
istoq„nikiô vod[y]nïe vidhv„ùe $bo óko radï naùix[y] grhxov(y)
$maliùe s(e) bl(a)goq(y)stïiva g(o)sp(o)daô ije b(o)j(y)st(y)vnïeô i
s(ve)\enïe cr(y)k(y)vi vßstavlóx$ô i $kraùaax$ô i milovax$ô nai|paqe
ije vß s(ve)toi gorh aƒon(y)sthi s$\ïix[y]ô s(ve)taago je i
c(a)r(y)skago xrama i wbithli prhs(ve)thi i prhq(i)sthiô i
prhbl(a)go(slo)ven„nhi vl(a)d(i)q(i)ce naùoi b(ogorodi)ci i pris-
nod(h)vie marïiô q(y)stnaago i | slavnaago eeô vßved[e]nïa vß s(ve)taa
s(ve)tïix(y)ô monastira zovomaago xilan(y)dar(a)ô $zrhxomy
wb(y)sirev(y)ùa wt[y] bl(a)goq(y)stivïix(y) g(o)sp(o)dax(y)
srßb(y)skïix(y)ô i bl(a)jen„nïix(y) xtitor(y)ô naposlhdok(y)
iz„w|stav„ùoi bl(a)goq(y)stivoi g(o)spojdi i c(a)r(i)ci mareô kß sta-
rosti $bo dostig„ùoiô i bl(a)jen„nïi konec(y) wjidaü\oiô i rodi-
teli naùi bratïü naùi i nas(y) vßmesto svoix[y] qed[y]
vßzlübi|v„ùiô i w s(ve)tom(y) sim(y) viùereq(e)nim(y) monastir$
izvestiv„ùiô i bl(a)gimi slovesi óko svoó qeda pomoliv„ùïiô óko si
s(ve)ti monastir(y)ô wt[y] bl(a)goq(y)stivix(y) g(ospod)axyô
wb(y)sirhv„ùïi ne wsta|vitiô nß nazirati i milovatiô i
poslhd„niix[y] xtitori naricati seô sego radï mi vßshsryd(y)no
vßsprïiexom(y) s(ve)tïi monastir(y)ô po bl(a)jen„nhmy prhstavlenïiô
vßseq(y)stnoiô i | bl(a)jen„noi viùereq(e)n„noi g(o)sp(o)jdi i
c(a)r(i)ci i maice naùoiô mareô i sestre ei g(o)sp(o)jdeô
katak$zineô vßsprïexom(y) nazivati se xtitori s(ve)tom$ monastir$ô
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 149

Actes slavo-roumains de Chilandar 149

i milovati eliko | esmo mo\„n„niô sego radï wbe\axwm(y)ô i si


naù(y) xrisov$l(y) sßtvorixom(y)ô óko da es(ty) nepotvoren„no
s(ve)tom$ monastir$ô eliko re\i vßzmogoxom(y)ô da b$det[y]
wb(y)rok(y) na vßsako lhto | s(ve)tom$ monastir$ô as(pri),#e*ô i
spen(y)za bratïa koite doxoditi da $zimaüt[y] wb(y)rok(y) as(pri),ç*
ô
sïe eliko rhxomyô óko po silh vßzmogoxom(y) i wstavixomy da se
davat[y] | i da doid$t[y] bratïa m(e)s(h)ca maió e}ï d(y)n(y) da tai
viùereq(e)ni wbrok(y) $zimaüt[y]ô vi j[e] s(ve)ti i q(y)stnhiùi
w(ty)ci ne b$det[y] vi dosad„no $pisati rod[i]telh mi vlad[a] voi-
vode i bra|t$ mi radúl[a] voivode i mene viùereq(e)nwga vlad[a]
voivoda $ s(ve)tii pomenik(y) vß s(ve)t$ü proskomidïü vam(y) je
mal(y) tr$d[y] nami j[e], mnoga mßzda vaùiim(y) pominanïem(y)ô mi
j[e] don(y)dej(e) wbrh|taemo se vß jiviô i b(og)$ $god[y]no
b$det[y]ô imeti nam(y) b(o)govßr$qen„naa nam(y)ô takojde i naùi
s(¥)nove po naùoi sßmrßti da tvoret[y] don(yde)je ix[y]
$drßjit[y] g(ospod)y b(og)y jivex[y] i vß b(o)godarovan(y)noi vlas-
tiô | svoix[y] rodïtel(y)ô i prhroditel(y)ô da a\e wni sice sßtvo-
ret[y] ókoje imy rhkoxomyô i isplßnet[y] i poqetet[y] i
$tvrßdet[y] sßi xrisov$l(y) i wni i vßsak(y) kogo b(og)y izvolit[y]ô
biti namesnik(y) | simy viùereqenïim(y) togo g(ospod)y b(og)y da
poqe[y] i sßxranit[y] i $krhpit[y] ije sïa isplßnit[y] da m$
das(ty) g(ospod)y b(og)y zde zemna dobrh i mir„no prhprovodiv(y)ùiô
n(e)b(e)snaa bl(a)gaa pol$qitiô i | da spodobit[y] ego eje wt[y]
desnoü ego prhd[y]stoónïaô egoj[e] b$di i nam(y) grhù„nïim(y)
pol$qitiô i sß prhjdnïimi i bl(a)goq(y)stivimi xtitoriô
m(o)l(i)tvami prhq(i)stie | vl[a]d[i]qice naùe b(ogorodi)ci i
pr(i)snod(h)viô m(a)rïe, i s(ve)tiix(y) i b(o)gonos(y)nix(y) wt(y)cy
ije wt[y] veka b(o)g$ $godiv(y)ùi ije i vßsex[y] s(ve)tix(y)ô i
q(y)stnix(y) inok(y) ije vß s(ve)tom(y) monastir$ wt[y] naqela | i
do six[y]ô potr$div(y)ùix(y) se i posl$jiv(y)ùix(y)ô i sß miromy
prhùed[y]ùix[y]ô i nastoe\iix[y] i biti po six[y] xote\ix[y]
don(yde)je stoit[y] s(ve)ti monastir(y) amïnyè |
ispisa se wt[y] r$k$ mnogogrhùnago stepana vß lht[o] ô#z*i*ï*ô
m(e)s(h)ca maió e}ï d(y)n(y) $ grad[$] b$k$re\i : |
– fw(any) vlad(y) vwevwda m(i)l(o)stïæ b(o)jïæ g(os)p(o)d(i)ny
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 150

150 Chilandar et les Pays roumains

† Dans la toute sainte et divine Écriture (qui nous a été) transmise, il est dit :
« Je veux de la miséricorde et non des sacrifices » 36. Aussi, de même que les pé-
chés sont pardonnés aux miséricordieux, de même « bienheureux sont les mi-
séricordieux car ils obtiendront miséricorde » 37, ainsi que le dit la bouche pro-
phétique comblée par l’Esprit, « bienheureux l’homme qui chérit chaque jour,
il se délectera dans le Seigneur » 38, comme on peut l’apprendre dans les écrits
divins. Ecoutons, de plus, le prophète qui parle par le Saint-Esprit, ainsi écou-
tez ô tsars et comprenez, apprenez, juges de la fin du monde, introduisez les di-
rigeants des multitudes et ceux qui sont grands dans les peuples ; car l’Etat (le
pouvoir) vous a été donné par Dieu et le pouvoir vient du Très-Haut, comprenant
que tout est dans la main de Dieu, et qu’il dispense entre nous, car il est bien-
heureux et trois fois bienheureux celui qui dispense pour le bien la richesse ac-
cordée par Dieu et partage les talents qu’il a reçus secrètement de Dieu, car il
entendra la douce et sereine voix de la jubilation : « bien aimé serviteur fidèle,
entre dans la joie de ton Seigneur » 39. C’est ainsi qu’il nous sied d’entendre à nous
ici-bas, car les temps sont brefs et éphémères, comme il est dit, que toute gloire
est éphémère, il nous sied de nous dévouer (semblablement) aux seigneurs d’an-
tan, bienheureux et de sainte mémoire, qui ont ordonné les biens terrestres et,
menant tout à bien, ont ainsi transformé les [biens] terrestres en biens célestes
dont ils ont hérité, alors qu’ils laissaient les (biens) terrestres aux terrestres.
C’est ainsi que moi qui suis dans le Christ Dieu très croyant et très pieux
Ioan Vlad le voévode, par la grâce de Dieu seigneur de tout le Pays roumain, fils
du très-bon Vlad le voévode, ayant vu la lettre et la promesse du père de ma sei-
gneurie, qui est trépassé en paix vers le Seigneur, désirant œuvrer pour les très
vénérables églises de Dieu, semblablement au cerf désireux de la source d’eau
(vive), selon le mot du prophète, voyant que du fait de nos péchés ont dimi-
nué (en nombre) les seigneurs très honorables qui établirent, embellirent et
chérirent jadis les églises divines et sacrées, en premier lieu celles qui sont sur
la Sainte-Montagne athonite, le saint et impérial temple et la communauté de
la Très-Sainte et Très-Pure et Très-Bénie Notre-Dame la Mère-de-Dieu et

36. Matt. 9, 13 ; 12, 7.


37. Matt. 5, 7 ; Luc. 6, 36.
38. Ps. 33, 9 ; 83, 6.
39. Matt. 25, 21.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 151

Toujours-Vierge Marie, sa vénérable et glorieuse Présentation au Saint-des-


Saints, le monastère appelé Chilandar, l’ayant vu devenu orphelin de la très
honorable seigneurie serbe et des bienheureux ktitôrs, en dernier lieu échu à la
très honorable Dame et tsarine Mara 40 déjà dans la vieillesse et ayant atteint sa
fin bienheureuse et ayant aimé nos parents, nos frères et nous-mêmes comme
ses enfants, en ayant avisé le susdit saint monastère, avec de doux propos ayant
été sollicité comme si nous étions ses enfants, attendu que le saint monastère
était devenu orphelin [privé] de la très honorable seigneurie, de ne pas le
délaisser, mais de le couvrir, le chérir, ainsi que d’être appelé son dernier ktitôr.
C’est pour cette raison que nous adhérons de tout cœur au (ktitorat du)
saint monastère, après la bienheureuse dormition de la très honorable et bien-
heureuse susdite Dame et impératrice et notre mère Mara, ainsi que de sa sœur
la Dame Cantacuzène, acceptant d’être désigné comme ktitôr du saint monas-
tère en le chérissant autant que nous pourrons, ce pourquoi nous nous enga-
geons en faisant ce chrysobulle, afin qu’il soit inaliénable pour le saint
monastère, pour autant que nous pourrons, que l’allocation soit (versée)
chaque année de 5 000 aspres en tout. Et que la somme versée aux frères qui
viendront percevoir l’allocation (soit) de 500 aspres. Attendu que tout ceci sera
donné dans la mesure de nos possibilités et que les frères viendront au mois de
mai, le 15e jour, afin de toucher l’allocation susdite.
Qu’il ne vous soit pas importun à vous, saints et honorables pères, d’ins-
crire mon père Vlad le voévode et mon frère Radul le voévode, ainsi que moi-
même le susdit Vlad le voévode, dans le saint diptyque pour la sainte proscomidie,
ce qui est pour vous de peu de peine, et pour nous grand profit de par vos
prières. Pour notre part, tant que nous serons en vie, n’en déplaise à Dieu,
d’avoir ce que Dieu nous à confié, de même que nos fils, après notre mort,
maintiennent (cette allocation) tant que Dieu les maintiendra dans le pouvoir
de leurs parents et aïeux donnés par Dieu. De sorte qu’ils fassent ce que je leur
disais en accomplissant et respectant et entérinant ce chrysobulle, eux-mêmes
et tout-un-chacun que Dieu aura bien-voulu faire lieutenant (vicaire) du susdit,
qu’il soit établi, protégé et fortifié tant qu’il respectera ceci, que le Seigneur
Dieu lui accorde les biens d’ici-bas pour en jouir dans la paix en gagnant les

40. Sur la résidence de Mara à Ježevo dans la région de Serrès (Ephaïta), voir M. POPOVIĆ, p. 112,
n. 446, 447 (thèse de doctorat, sous presse).
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152 Chilandar et les Pays roumains

biens célestes, en le rendant digne d’être à la droite [du Père]. Puisse-t-il l’ac-
corder à nous autres pécheurs, avec les très-honorables ktitôrs d’antan. Par les
prières de la Très-Pure Notre-Dame la Mère de Dieu et Toujours-Vierge
Marie, des saints et des pères théophores et de tous les saints qui se sont rendus
agréables à Dieu depuis des siècles et des vénérable moines qui se sont livrés à
l’ascèse et ont servi, en paix, ceux d’antan et les meilleurs, qu’il en soit ainsi pour
tous à l’avenir, tant que le saint monastère existera, amen.
Ecrit de la main du grand pécheur Stepan 41, en l’an 7018, au mois de mai,
le 15e jour, dans la ville de Bucarest.
† Ioan Vlad, voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 10 [A 22/8]

1510 (7018, 15 mai) à Bucarest


Charte du voévode Vlad (le Jeune), octroyant 5.000 aspres, plus encore 500,
par an à Chilandar pour l’ancien prôtos (proeproty) kyr Cosmas (auprès de
Saint-Elie).
Original, 47 sur 38cm. Parchemin.
Ed. (d’après un facsimilé dont la provenance n’est pas indiquée), Documenta,
II, n° 71 p. 147-149.

– Vß ime w(ty)ca i s(¥)na i s(ve)t(a)go d($)xaô troice


s(ve)thiô edinos$\„nhi, i neraz„delimhiô i m(o)l(i)tvami
pr(h)q(i)sthi ego b(o)gom(a)t(e)re vl[a]d[¥]q[i]ce naùoü b(ogorodi)ci
i pr(i)snod(h)vhi | m(a)rïiô k$p„no je i vßsex[y] s(ve)t¥x(y)ô azy
x(ri)s(t)a b(o)ga bl(a)govhr(y)nhi i xr(i)stwlübiv¥ô fw[any] vlad[y]
voivoda b(o)jieü m(i)l(o)stiü wbladaœ zemlei $grovlaxïiskoüô
ja|lanïe imee kß b(o)j(y)st(y)vn¥m(y) s(ve)t¥m(y) cr(y)k(y)vam(y)ô
i kß inoqeskom$ qin$ô videx[y] bo c(a)r(y)skie monastire, ije sß
velik¥m(y) tr$dom(y) i sß tß\anïem(y)ô wt[y] b(o)j(y)st(y)vnex(y)

41. Sur ce notaire, voir I. R. MIRCEA, « Relations culturelles roumano-serbes au XVIe siècle », Revue
des Etudes Sud-Est Européennes, I, 3-4, 1963, p. 410, note 147.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 153

c(a)rex(y) i g(o)sp(o)dax(y) | wt[y] wsnovanïa vßzdvijenix[y] i


$kraùen„nix[y]ô vß sïó je vrhmena wt[y] s(ve)topoqiv(y)ùix(y)
xtitor(y), wd[y] six[y] wb„sirhv„ùix[y]ô i vß tesnoth mnozh i
skrßbiô b(o)j(y)st(y)vn¥my | prhbivaü\im(y) inokom(y)ô zrh\e je
takovaa c(a)r(y)ska z„danïa wbet(y)ùav(y)ùa i r$ùen„naô
vßses(ve)t(o)m$ b(o)j(y)st(y)vnom$ posled$ü\ee pisanïeô rek(y)ùom$
m(i)l(o)sti xo|\$ a ne jir„tvhô i paki óko m(i)l(o)stinemi
wce\aüt[y] se grhsiô i paki bl(a)jeni m(i)l(o)stivi óko t¥ pomi-
lovan„n¥ b$d$t[y]ô ókoje i proroq(y)ska d($)xa | nasi\en„na $sta
g(lago)lüt(y)ô bl(a)j(e)ny m$j[y] mil$ei ves(y) d(y)ny naslajdaet„ se
g[o]sp[o]d[h]viô sió $bo wt[y] b(o)j(y)st(y)vnaago pisanïa
$vedev(y)ùiô paki sl¥ùaxomy proroka g(lago)lü\a | d($)xomß
s(ve)t¥m(y) óko $bo sl¥ùite c(a)rie i raz$mhite naviknhte s$dïe
kon(y)cemy zeml¥ô vßn$ùite drßje\ei mnojestvaô i grßde\ei se
w narodex[y] | ezik(i)ô óko dana b¥st[y] wt[y] g(o)s(pod)a drßjava
i sila wt[y] viùnhgoô vßsi raz$mev(y)ùi $boô óko vßsa vß r$kax[y]
b(o)jii s$t[y]ô elikaa xo\et[y] $bo kom$jdo | wt[y] nas(y) poda-
vaet(y)ô ny $bo bl(a)jeni i tribl(a)jeniô ije b(o)godan„noe em$
bogat„s<t>vo dobre rastaqaet[y]ô i delaet[y] vß taine b(o)govßr$qen„ni
em$ ta|lan„tyô sirhq(y) m(i)l(o)stineü, óko $bo da $sl¥ùit[y]
bl(a)g¥i i slad[y]k¥ wn(y) glas(y) radovan„nïiô i ves(e)lïe veq„naagoô
bl(a)g¥ rabe i vhr„nii vßnidi vß radost[y] g(o)s(pod)a svoegoô | sió
$bo sl¥ùeaùe pod[o]baet[y] nam(y) vßnimatiô wt[y] zdeù„nix[y]ô
óko malovrhmen„na i prhxod[y]na s$t[y]ô poneje i g(lago)let(y)
b(o)j(y)st(y)vnoe pisanïeô óko vßshkaa slava ql(ovh)k$ do |
vrhmen„na es(ty)ô pod[o]baaùe je namy porevnovatiô prejd(y)niim(y)
bl(a)goq(y)st(i)viimy i s(ve)topoqiv(y)ùimy g(o)sp(o)damyô ije
zemlßn„naa dobrh $stroiv„ùe, i sïó dobrh prhprovodiv(y)ùe | simi
zemlßnimi n(e)b(e)s(y)naa priwbht[y]ùe bl(a)gaaô i six[y] naslhdo-
vaùeô a zemlßn„naa zemlßnnimy wstaviùeô azß je jelanïe
vßjdelhx[y], kß vßshq(y)stn¥im(y) b(o)jiimy | cr(y)k(y)vamyô po
proroq(y)skom$ slov$ im(y)je wbrazom(y) jelaet(y) elen(y) na
istoq(y)niki vod[y]n¥e, sice vßjdelha d($)ùa moó kß g(o)s(pod)$
b(og)$ moem$ô vide je $bo azßô óko radï naùix[y] | grhxov(y),
$maliùe se bl(a)goq(y)st(i)vaa g(o)sp(o)daaô i k„ti<to>r¥e, ije
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 154

154 Chilandar et les Pays roumains

b(o)j(y)st(y)vn¥e i s(ve)\enïe cr(y)k(y)veô vßstavlhx$ i $kraùax$ i


milovax$ô naipaqe j[e] ije vß s(ve)toi gorh | aƒon(y)s(c)hi,
s$\aago perivolh pr(h)q(i)st¥e b(o)gom(a)t(e)reô poneje prïide kß
nam(y), wt[y] s(ve)tie gori wt(y)cy proeprot(y) k√r(y) kozmaô i pri-
nese pisanïe i xrisov$l(y)ô prhvßzlüble|n„naago i bl(a)goq(y)stivaago
brata moego radúla voivodaô i azß videv(y)ùi pisanïe xrisov$l(y),
i se pomisl¥xom(y) i proizvolixom(y)ô eliko po silhô i dar$ daro-
van„nem(y) nam(y) | wt[y] viùnhgo promislaô sßpomagati s(ve)tie
b(o)jie cr(y)k(y)veô naipaqe j[e] ije vß s(ve)thi gorh
aƒon(y)s(c)hiô perivolh pr(h)q(i)stie b(o)gom(a)t(e)reô sego radï
b(o)jiemy nastavlenïemy | i po$qenïem(y) viùepisan„naago w(ty)caô
eliko mo\(y)no kß takovom$ dhl$ pristaxom(y)ô wt[y] qesti kß
tem(y) s(ve)timß mestom(y)ô iz„voli je se nam(y)ô i se eje kß
nam(y) takovom$ | bl(a)gom$ m$j$ô i nam(y) po s(ve)t(o)m$ d($)x$
w(ty)c$ i nastavnik$ô viùereqen„nom$ w(ty)c$ proeprot$ k√r(y)ô
kozm$, eliko mo\„no wt[y] nas(y)ô i wt[y] b(o)godan„naago namy
imhnïe | da m$ se davat[y]ô wbrok(y)ô na vßsak$ letoô po ô#e*ô
as(y)preô i spen(y)z$ po ôç*ô as(y)preô i da doxodet[y] bratïa za
wb(y)rok(y) m(e)s(h)ca maia e}ï d(y)nyô | ideje wn(y)
jitel(y)stv$et(y)ô lübo na koem(y) mestoô ili vß xramh s(ve)t(o)m$
flïe, ili in(y)de vß ino mestoô ideje wn(y) bl(a)govolit(y), do
jivota negovaô i wt[y] zdeù(y)nix(y) | prhitïüô a\e se
pril$qit[y]ô siem$ viùereqen„nom$ w(ty)c$ k√r(y)ô kozm$ô em$je
bl(a)goslovi wn(y) svoim(y) bl(a)goslovenïemyô biti si em$ viùere-
qen„nom$ | wbrok(y)ô ili wt[y] bratió ije sß nim(y)
tr$dolüb(y)stvovav„ùix(y)ô ili potr$div(y)ùix(y)ô lübo na koemy
mest$ em$je wn(y) bl(a)govolit(y)ô da se davat[y] s¥ viùereqen„nïi
| wb(y)rok(y)ô i da m$ es(ty) nepot„voren„noô nam(y) je i rodïte-
lem(y) naùimyô vß vhqnoe vßspominanïeô paki j[e] po eje wt[y]
z„deù„nix[y] naùem$ preùestvïüô egoje bl(a)govolit(y) | g(o)s(pod)y
b(og)yô biti g[o]s[po]d[i]ny vlaù(y)koi zeml¥ô ili wt[y] naùego
srßdeq(y)naago plodaô ili wt[y] naùix(y) sßrod(y)nik(y)ô ili in(y)
nek(y)to wt(y) pravoslav(y)nix(y)ô em$je dar$et[y] b(og)y
gospod[y]stvo | vlaù(y)koô a\e ponovit[y]ô si xrisov$l(y)ô i
isplßnit[y]ô sïe nami wbe\an„noeô da imat[y] pomo\(y) wt[y]
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 155

Actes slavo-roumains de Chilandar 155

x(ri)s(t)a b(og)a i wt[y] pr(h)q(i)stie b(o)gom(a)t(e)reô k$p„no i


wt[y] vßsex[y] s(ve)t¥x(y) b(o)g$ | $godiv(y)ùix(y)ô amin(y)ô a a\e
li k„to drßznet[y] wt[y]eti ili razoriti, sïe nami wbe\an„noe, da
m$ s$ sßprotiv(y)ne s(ve)t¥e strasti g(o)s(pod)a b(og)a spas(a)
n(a)ùego fs(o)u(sa) x(ri)s(t)a | z„de i vß b$d$\ix[y] vhceô i vßmesto
pomo\iô da m$ es(ty) wt[y]mystnicaô pr(h)q(i)sta b(o)gom(a)tiô
k$p„no i vßsi s(ve)tiô i ije po nas(y) isplßnit[y] m$ krasit[y]ô i
$tvrßdit[y] | i $krhpit[y]ô ókoje mi wbe\ax(y)xom(y) se, da
dar$et[y] g(o)s(pod)y b(og)y em$ bl(a)godht(y) svoüô i m(i)l(o)styô
i vß sïómy vhch provodïti vß bl(a)goqestïü i vß pravoslavïü | i
konycß bl(a)gyô i vß b$d$\em(y) vhch jizny vhq(y)n„nïiô i w
desnoü statiô prhstola g(o)s(pod)a b(og)a i sp(a)sa n(a)ù(e)go
fs(o)u(sa) x(ri)s(t)aô sß vßsemi s(ve)timi ije wt[y] veka b(o)g$
$go|div(y)ùimi, amïn(y) :Ô pis(a) se $ b$k$re\i m(e)s(h)ca maia ôe}ïô
d(y)ny v(ß) lht(o) #z*i*ï*:Ô |
– fw(any) vlady vwevwda milwstïæ b(o)jïeæ g(o)s(po)d(i)ny

† Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Trinité Sainte, consubstan-


tielle et indivisible, et par les prières de sa Très-Pure Mère-de-Dieu, Notre Dame
la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge Marie, par l’ensemble de tous les saints, moi
très-fidèle dans le Christ Dieu et aimant-le-Christ, Ioan Vlad voévode par la mi-
séricorde divine détenteur du pouvoir du Pays hongrovalaque ; poussé par ma
bonne disposition en faveur des saintes églises divines et envers la dignité mo-
nacale, ayant vu les monastères impériaux bâtis de fond en comble et décorés
par les divins tsars et seigneurs du temps des ktitors de sainte mémoire, deve-
nus orphelins de ces derniers, les divins moines [s’étant trouvés] dans le besoin
et la précarité qui les habitaient, voyant ces édifices impériaux vétustes et en ruines ;
ainsi que l’enseignent les Saintes Ecritures qui disent : “Je veux de la miséricorde
et non des offrandes, de même qu’au miséricordieux sont pardonnés les péchés”,
et encore “Bienheureux les miséricordieux, car ils seront pardonnés”, ainsi que
la bouche prophétique comblée par l’Esprit dit : “Bienheureux l’homme qui ché-
rit chaque jour, il se délectera dans le Seigneur”. Ayant perçu ces écrits divins,
tout en écoutant le prophète disant par l’Esprit-Saint, “De même que vous obéis-
sez aux empereurs, apprenez à comprendre le Jugement dernier, apprenez, vous
les dirigeants des multitudes, [comme] il en est des peuples et des nations, ainsi
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 156

156 Chilandar et les Pays roumains

que le pouvoir est donné par le Seigneur et la puissance provient du Tout-Puis-


sant, ayant compris cela, comme tout est dans la main de Dieu, ayant voulu nous
aussi faire une offrande, de même que les bienheureux et trois fois bienheureux
qui distribuaient en biens les richesses [à eux] données par Dieu, agissant en se-
cret selon le talent miséricordieusement confié par Dieu, afin d’entendre cette
voix douce et délicieuse de la jubilation et de la joie éternelle, “Serviteur obéis-
sant et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur”. Ayant entendu cela, il nous sied
de savoir que ce qui est ici-bas est éphémère et transitoire, ainsi que le dit la Sainte
Ecriture, que toute gloire humaine n’est que de son temps, il nous incombe d’ex-
celler [à l’image] des seigneurs d’antan bienheureux et de sainte mémoire, qui
ont si bien disposé les affaires d’ici-bas, pourvoyant à tout pour le mieux, trans-
formant les biens terrestres en biens célestes dont ils héritèrent tout en laissant
les biens terrestres aux gens terrestres.
J’ai été saisi par la quête des très vénérables églises divines, selon la parole
du prophète, à l’image du cerf recherchant la source d’eau, ainsi mon âme tend-
elle vers le Seigneur mon Dieu.
Ayant vu pour ma part, qu’à cause de nos péchés se sont amoindris en
nombre les très honorables seigneurs et ktitors qui entretenaient, embellis-
saient et chérissaient en particulier la Sainte Montagne de l’Athos, jardin pri-
vilégié de la Très-Pure Mère-de-Dieu.
C’est ainsi qu’est venu à nous du Mont-Athos le père (ancien) protos (pre-
prot) 42, kyr Cosmas apportant le chrysobulle écrit par mon bien-aimé et très
vénérable frère Radu 43 le voévode. Ayant vu le chrysobulle écrit, nous avons
pensé et consenti à faire une offrande selon nos moyens, afin d’aider selon la
Providence divine les saintes églises de Dieu, premièrement celles de la Sainte
Montagne athonite, jardin de la Très-Pure Mère de Dieu, selon l’enseignement
divin et l’instruction du père susdit, dans la mesure du possible nous adhérons
à une telle œuvre ; de la part de ce saint lieu qui nous échut par la venue d’un
homme si doux et notre père et éducateur par l’Esprit-Saint, le susdit père, le
(l’ancien) protos kyr Cosmas, dans la limite de nos possibilités et de nos biens
donnés par Dieu, qu’une allocation lui soit assignée chaque année de 5.000

42. Preprot : du grec πρώτην πρῶτος. Pour les protoi du Mont Athos, voir Actes du Prôtaton, par
Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1975, 125-129.
43. Il s’agit de Radul le Grand, de même que Vlad le Jeune, tous deux sont fils de Vlad le Moine.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 157

aspres et de 500 aspres pour les frais et que les frères viennent les percevoir au
mois de mai, le 15e jour 44 ; quel que soit le lieu où il (Cosmas) vivra, que ce soit
l’église de Saint-Elie, ou ailleurs, à qui, tant qu’il vivra ; ainsi que ceux d’ici qui
devront, au susdit père kyr Cosmas, le cas échéant, lorsqu’il le bénira de sa
bénédiction, [assurer] la susdite allocation, [pour lui] ou pour sa valeureuse
communauté selon l’endroit qu’il aura bien voulu choisir, afin que la susdite
allocation soit versée effectivement. A nous et à nos parents ira la mention éter-
nelle [de notre nom] dans la prière. Ainsi que, par la suite, ceux d’ici, qui après
notre trépas, seront selon la bénédiction du Seigneur Dieu seigneurs du Pays
valaque, qu’ils soient de notre filiation, ou de nos parents, ou à quelque autre
parmi les orthodoxes, à qui Dieu donnera la seigneurie valaque, qu’ils accom-
plissent [les termes de] ce chrysobulle en renouvelant tout ce que nous avons
promis, afin d’avoir l’appui du Christ Dieu et de la Très-Pure Mère-de-Dieu,
ainsi que de tous les saints qui ont été agréables à Dieu. Amen.
Au cas où quelqu’un oserait violer ou changer ce que nous avons promis,
qu’il ait pour adversaire les saintes douleurs de Notre Seigneur Dieu et Sauveur
Jésus Christ, maintenant et à l’avenir, au lieu de Son secours, que la Très-Pure
Mère-de-Dieu avec tous les saints soit contre lui. Afin qu’après nous soit
accompli, embelli, confirmé et entériné ce que nous avons promis, pour que le
Seigneur Dieu leur accorde sa grâce et sa miséricorde, en les conduisant tous
en ce siècle à la vraie foi, à l’orthodoxie et à une douce fin, et ainsi que dans le
siècle futur [ils soient] conduits à la vie éternelle, à la droite du trône de notre
Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ, avec tous les saints en qui Il s’est
complu. Amen.
Ecrit à Bucarest, au mois de mai, le 15, en l’année 7018.
† Ioan Vlad, voévode par la grâce du Seigneur Dieu.

44. Date de la fête de St. Pachôme, nom que prit le prince Vlad en se faisant moine à son lit de
mort.
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158 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 11 [A 22/9]

7020, 2 août (1512) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Jean (Neagoe) Basarab (1512-1521), accordant
au pyrgos de l’Albanais 1.000 + 100 aspres annuels.
Original, 34 sur 34cm. Parchemin, traces du sceau.

– Ije vß s(ve)thi gorh aƒon(y)sti s(ve)\enïe wbiteli xrama


s(ve)t(a)go i slavnagoô velikom($)q(e)nika i pobhdonosca gewrgiaô
nari|caemi ar„banaù(y)ski piryg(y)ô q(y)stnhiùim(y) s(ve)\enikom(y)
i star(y)cem(y)ô i vßsem$ óje w x(ri)s(t)h bratßstv$ i jiv$\ix[y]
vß s(ve)tem(y) mhsth | tom(y)ô mnogosmereno meƒanïe prinosit[y]
vaùoi s(ve)t(i)ni ije po m(i)l(o)sti b(o)jïei i vaùemi
m(o)l(i)tvami g(o)s(podi)ny ïw[any] ba|sarab(y) voivoda vßsei zem(y)li
$ggrovlaxïiskoi i pod$naviü s(¥)ny prhdobrago basarabe voivode i po
six[y] w(ty)ci s(ve)ti | vhdomo da es(ty) vaùoi s(ve)t(i)niô
ponej[e] bo prïide kß nam(y) wt[y] s(ve)tinh vaùoi star„ca raçaila
sß wbiqnim(y) bl(a)gosloveniem(y) | i eliko bis(ty) wt[y] potreb-
nix[y] ve\ex[y]ô monastir„skix[y] vßzvhstiùe nam(y)ô i mi vßse po
red$ raz$mexom(y) i prïimixom(y)ô | sß vßsem(y) $srßdiem(y)ô
s(ve)t$ü wbithl(y) óko da b$dem$ i mi ktitoriô i sß prhjdnim(i)
s(ve)timi ktitori g(o)s(podi)ny | fw(ana) vlada voivodhô i rad$la
voivode naùemi vß s(ve)ti ix[y] pomenikox[y] pominati se i
$qinismo i mi wbrok(y) s(ve)thi | wbithli ókoj[e] wbrhtosmoô
sßtvorhno i wt[y] rodïtelh mi g(ospody)s(t)va mi basarabe voivode
takojde i mi da da|vamo na vßsak$ godin$ po ô#a*ô aspriô i
spen(y)z$ bratióm(y) prixode\im(y)ô po ôr*ô aspriô i da prïid$t[y]
| m(e)s(h)caô noevria sß naùim(y) si pisanïem(y) i da $zimaüt[y]
viùereq(e)ni wbrok(y)ô s(ve)tom$ monastir$ô sego radï w(ty)ci |
s(ve)ti prïimite i blagodariteô i molite b(og)a w nas(y) i paki da
pomen$ete naùim(y) rwdïtelieô i $piùe|te vß s(ve)tix(y) pomeni-
kox[y] g(o)s(po)d(i)na mi rodï[te]lh g(ospody)s(t)va mi i nas(y) da
poete edin(y) d(y)ny vß ned[e]li vß qetvrßtok(y)ô s(ve)t$ü |
lit$rgïü sß prilevekom(y) i vßseblagi b(og)y ije vß troice poklan-
hemii i slavimi da ni ne liùet[y] | s(ve)tix(y) vi m(o)l(i)t(y)vß
óko da vaùemi m(o)litvami vß mirh prhprovidimo nastoe\ee
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 159

Actes slavo-roumains de Chilandar 159

vrhme i vß grh|d$\ïi vhk(y) c(a)r(y)stvie n(e)b(e)snoe i pol$qim(y)


w x(ri)s(t)h ïsuse g(ospod)$ naùem$ em$je slava vß vhki amin(y) |
pis(a) vß nastolnïi grad[y] trßgovi\e m(e)s(h)caô avg$s(ta) ôv*ô
d(y)n(y) vß ôlht[o] ô#z}kô |
– fw(any) basaraby vwevwda milwstïæ b(o)jïeæ g(o)s(po)d(i)ny

† Il y a sur la Sainte Montagne athonite une communauté presbytérale du


temple du saint et glorieux mégalo-martyr victorieux Georges 45, appelée la Tour
albanaise. Aux vénérables prêtres, aux starec et à toute la fraternité dans le Christ,
ainsi qu’à ceux qui résident dans ce saint lieu, en présentant d’humbles pros-
ternations dans le Christ, en hommage à votre saint lieu, moi, de par la miséri-
corde divine, ainsi que par vos saintes prières, le seigneur Ioan Basarab, voévode
de tout le pays hongrovalaque et du pays danubien, fils du très bon Basarab voé-
vode.
Par ces saints pères nous avons compris que votre saint lieu, d’où est venu
vers nous de votre part, depuis votre sanctuaire, le starec Raphaël, en nous
apportant la bénédiction habituelle, et nous informant de vos nécessités
monastiques. Ayant bien compris tout cela en détail, nous l’avons pris à cœur.
Afin d’être nous aussi ktitor, avec les saints ktitors d’antan, nos seigneurs
Ioan Vlad voévode et Radul voévode, (qui) sont mentionnés dans le saint dip-
tyque ; nous aussi nous avons accordé à la sainte communauté, ainsi que nous
l’avons trouvé établi par le père de ma seigneurie, Basarab voévode, de même
nous versons 1.000 aspres par an, en plus de 100 aspres pour les dépenses des
frères émissaires. Qu’ils viennent au mois de novembre, avec notre lettre, afin
de percevoir la susdite allocation pour le saint monastère.
Acceptez pour cette raison, ô saints pères, rendez grâce et priez Dieu pour
nous, ainsi que pour nos parents, d’inscrire dans le saint diptyque (pomenik) le
seigneur et père de notre seigneurie, ainsi que nous, afin de chanter un jour par

45. Dans le dyptique (pomenik) de la chapelle (parekklision) de St. Georges, conservé dans la
bibliothèque de Chilandar, Jean Castriote et le logothète Jonča figurent en tant que fonda-
teurs de cette chapelle, voir D. BOGDANOVIĆ, Каталог ћирилских рукописа манастира
Хиландара (Catalogue des manuscrits cyrilliques du monastère de Chilandar), Belgrade
1978, p. 195 ; Vera PAVLOVIĆ, “Рукописи настали у Хиландарском скрипторију 1450-1600
и њихов украс” (Les manuscrits rédigés dans le scriptorium de Chilandar 1450-1600 et leur
décoration), in Huit siècles du monastère de Chilandar, Belgrade 2000, p. 440.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 160

160 Chilandar et les Pays roumains

semaine, le jeudi, la sainte liturgie avec le prilevak ; que Dieu le Très-doux que
nous vénérons et glorifions dans la Trinité ne nous prive pas de vos saintes
prières, pour que par vos prières nous puissions demeurer en paix dans les
temps à venir, ainsi que dans le siècle futur au royaume des cieux dans le Christ
Jésus, notre Seigneur, à qui soit la gloire à travers les siècles. Amen.
Ecrit dans la ville capitale de Târgovişte, au mois d’août, le 2e jour, en l’an
7020.
† Ioan Basarab voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 12 [A 22/10]

1517 (7025, 23 août) De Curtea de Argeş


Lettre du voévode Neagoe Basarab octroyant 5.000 aspres par an à Chilandar.
(logothète Sin, notaire Florea)
Original, 38,5 sur 25,5cm. Parchemin.
Ed., Documenta, II, n° 72, 160 p. 151-153, 304-305.

– Ije vß s(ve)thi gorh aƒon(y)scei c(a)r(y)skie s(ve)\enie


wbithli i monastir$ naricaemago xilan(y)dar(a) idej[e] es(ty)
xram(y) pr(h)s(ve)thi q(y)st(n)hi i prhbl(a)g(o)s(lo)venhi
vl[a]d[¥]q[i]cü naùoi b(ogorodi)ciô q(y)st(y)no ei vßvedenïeô
q(y)stneiùom$ | wt(y)c$ naùem$ eg$men$ i s(ve)\enikom(y) i
star(y)cem(y) i diókon(o)mß i vßsem(y) bratiómy eje w x(ri)s(t)h
smhreno meƒanïe sßtvarhet[y] i prinosit[y] vaùoi s(ve)t(i)n¥ô az(y)
$bo ije po m(i)l(o)sti b(o)jïeü i vaùi|mi s(ve)t(i)mi
m(o)l(i)tvami wbretaemi vß nastoe\ei vreme wbladatel(y) i
g(o)s(podi)nß zemlü $g„grwvlaxïiskoe fw[any] basaraba nhgoe voivodaô
i po six[y] w(ty)ci s(ve)ti vedomo da es(ty) vaùoi s(ve)t(i)ni |
ponej[e] bo prïide kß nam(y) wt[y] s(ve)t<in>ü vaùoü w(ty)cy
proeg$men(y) k√r(y)ô lewn(y)tieô i starßc(y) monax[y] mardarieô i
prinesoùe namy wbiq(y)noe bl(a)g(o)s(lo)venieô i bl(a)g(o)s(lo)viùe se
$ nas(y) vßmesto vßsex[y] vas(y) | i vßz„vestiùe nam(y) w
potrhb(y)nix(y) ve\i monastir(y)ske i w vaùem(y) prhbivaniemyô i
mi vßse po red$ dobre raz$mexom(y) i prïimixom(y) sß vßsem(y)
$srßdiem(y)ô sego radï w(ty)ci s(ve)ti sßqinix[y]mo wb(y)rok(y) |
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Actes slavo-roumains de Chilandar 161

s(ve)t(o)m$ monastir$ô aspre #z*[x]ô i da prïid$t[y] bratió i posla-


nici wt[y] s(ve)t(a)go monastira za viùereqeni wb(y)rok(y) kata
godïneô na b(o)goóvleniü da $zimaet[y] wb(y)rok(y) s(ve)t(o)m$
monas|tir$ da es(ty) s(ve)t(o)m$ monastir$ vß $krhplenïeô a namy je
i b(o)godan„ni nam(y) qedi vß vhqnoe vßspominanïeô sego radï
w(ty)ci s(ve)ti prïimite i bl(a)godarite i m(o)lite b(og)a w nas(y)
grhù(y)nix(y) | i ne zabivaite nas(y) vß s(ve)tix(y) vaùix[y]
tainax[y]ô n$ m(o)lite b(og)a w nas(y) grhùnix[y]ô i tvorite i
nam(y) ókoj[e] i s(ve)topoqiv(y)ùix(y) prej[dy]nix[y] x„titoreô i
pri jivot$ i po jivot$ naùem$ | da ni pominaite don(y)deje
stoit[y] s(ve)ti monastir(y)ô ókoje wbe\ali se este s(ve)tini
vaùoüô ókoje vßspominaite i prej[d]e nix[y] s(ve)topoqiv(y)ùix(y)
x„titoriô i x(risto)s(y) ije vß|sakoi bl(a)gosti da ne $liùit[y]
nas(y) grhùnix[y] s(ve)tix(y) vi m(o)l(i)t(y)vyô n$ da es(ty) sß
vaùimi s[ve]timi m(o)l(i)tvami i sß nami grhùnix[y] w x(ri)s(t)h
amin(y)ô i mi greù(y)nii ej[e] sßstavlßùix[y] sin(y) narica|emi
log(o)çet(y)ô i az[y] r$kopisav(y)ùago çlorhô eje napisax[y] vß
div(y)nem(y) mesthô idej[e] es(ty) s(ve)ti monastir(y) naricaemi
$dvor(y) argiù(y)ô m(e)s(h)ca a√g($sta) ôk}gd(y)n(y) vß lht(o) #z*
ke**:ô
|
– ïw(any) basaraby vwevoda m(i)l(o)stïæ b(o)j(i)æ g(o)s(po)d(i)ny

Năsturel, p. 128-129, 139 (n. 33).


† Il y a sur la Sainte-Montagne athonite une communauté presbytérale et
impériale, le monastère appelé Chilandar où se trouve l’église de la Très-Sainte,
Vénérable et Très-Bénie, Notre Dame la Mère-de-Dieu, [l’église] de sa véné-
rable Présentation [au Temple]. A notre vénérable père l’higoumène, aux prê-
tres, aux starec, aux diacres et à toute la communauté, accomplissant dans le
Christ d’humbles prosternations en hommage à votre saint lieu, moi qui par la
miséricorde divine, ainsi que par vos saintes prières, me trouve être depuis
quelque temps souverain et seigneur du Pays hongrovalaque, Ioan Basarab
Neagoe voévode.
Par ces saints pères nous avons été informé sur votre saint lieu, d’où est
venu vers nous de votre part depuis votre sanctuaire le père prohigoumène kyr
Léontie et le moine starec (géron) Mardarie, tout en nous apportant la béné-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 162

162 Chilandar et les Pays roumains

diction habituelle, et nous ayant béni chez nous en vos lieu et place et en nous
informant de vos nécessités monastiques ainsi que de celles de votre lieu de
résidence. Ayant bien compris tout cela dans le détail, nous l’avons pris à cœur.
C’est pourquoi, ô saints pères, nous avons acquitté l’allocation au saint monas-
tère de 5000 aspres, que les frères et les envoyés du saint monastère viendront
toucher chaque année à la Théophanie, afin de recevoir l’allocation du saint
monastère pour la consolidation du saint monastère ainsi que pour la mémoire
(liturgique) éternelle de nous-même et de nos enfants donnés par Dieu.
Acceptez-la pour cette raison, saints pères, rendez grâce et priez Dieu pour
nous pécheurs et ne nous oubliez pas lors de vos saints mystères en implorant
Dieu pour nous pécheurs, tout en accomplissant à notre égard ce que vous avez
toujours fait en faveur des ktitors d’antan de sainte mémoire, faire mention de
notre nom de notre vivant ainsi qu’après notre fin, tant qu’existera le saint
monastère, de même que vous vous êtes consacrés à votre sanctuaire, de même
que vous faites mention des ktitors de sainte mémoire avant eux, et que le
Christ nous exauce en toute douceur, nous pécheurs, par vos saintes prières,
afin qu’il soit avec nous pécheurs par vos saintes prières dans le Christ, amen.
Ainsi que nous le pécheur ayant rédigé ceci, appelé le logothète Sin 46 et moi
le scribe Florea 47, qui ai écrit en un lieu enchanteur qui est le saint monastère
dit de Curtea de Argeş 48, au mois d’août, le 23e jour, en l’an 7025.
† Ioan Basarab le voévode, seigneur par la grâce divine.

46. Sin logothète, actif entre 1501 et 1520 environ, écrit et supervise des actes princiers, cf.
D.R.H. II, Index des noms, p. 528 sub voce.
47. Florea diak : actif entre 1514 et 1534 environ, gramatik (scribe) et diak, cf. D.R.H. II, Index des
noms et D.R.H., III, doc. 24, 31, 60, 115, 175 ; voir aussi l’Index des noms, sub voce. Il peut être
le même que Florea le gramatik et logothète qu’on peut trouver en activité jusqu’en 1550 envi-
ron, cf. D.R.H. IV, doc. 114 (1542), 133, 147, 294 (1550).
48. Curtea de Argeş, ancienne résidence princière – d’où le nom d’ailleurs « la Cour d’Argeş » –
(avec église et nécropole princières), très chérie de Neagoe Basarab qui y fit bâtir sa fameuse
fondation, cf. Pavel Chihaia, Artă medievală, I, Monumente din cetăţile de scaun ale Ţării
Româneşti (Art médiéval. Monuments des anciennes résidences princières de Valachie), res-
pectivement II, Învăţături şi mituri în Ţara Românească (Livres de sagesse et mythes en Vala-
chie), Bucarest, Albatros, 1998.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 163

DOC. N° 13 [A 23/1]

1525 (7033, le 13 avril) à Târgovişte


Lettre du voévode Radul V (de la Afumaţi), (1522-1529) octroyant 10.000
aspres, en plus de 500 pour les quêteurs (Macaire et Jason) et 800 pour l’hos-
pice, par an, à Chilandar (notaire Trifon).
Original, 35 sur 24cm. Parchemin. Traces de sceau.
Ed., Documenta, II, n° 233 p. 435-436.

– Ije vß s(ve)thi gorh, aƒwn(y)scei c(a)r(y)skïe s(ve)\enïe


wbithli, monastir$ zovomago çilan(y)dar(y)ô idej[e] es(ty) xramy
pr(h)s(ve)thi <qystnhi> i prhbl(a)goslovhnhi vl[a]d[¥]q[i]ce naùoi
| b(ogorodi)ci, q(y)st(y)no ei vßvedenïeô q(y)st(y)neiùom$ wt(y)c$
eg$men$, i s(ve)\enikomy i star(y)cem(y), i dïakonomyô i vßsem(y)
bratiómy eje w x(ri)s(t)h s<mhr>eno metanïe sßtvaraemy, i
prino|sit[y] vaùoi s(ve)t(i)neô az(y) $bo m(i)l(o)sti b(o)jïeü i
vaùemi s(ve)timi m(o)l(i)tvami, wbrhtaemi vß nastoe\ïi vrhme,
wbladatel(y) i g(o)s(po)d(i)ny zemlü $g„grovlaxïiskoeô | fw(any)
radúl[y] voevodaô i po six[y] w(ty)ci s(ve)ti vedomo da es(ty)
vaùoi s(ve)t(i)ne, ponej[e] prïide kß namy wt[y] s(ve)t(i)nü vaùoiô
wt(y)cy naùeô i nastavnik(y) vaùoi s(ve)t(i)neô eg$men(y) makarïeô
i | d($)xovnik(y) iswn(y)ô i prinesoùe namy wbiq(y)no
bl(a)g(o)s(lo)venïeô i bl(a)g(o)s(lo)viùe s(e) $ nas(y) vßmesto vßsex[y]
vas(y)ô i vßzvestiùe namy w potrhb[y]nix[y] ve\ix[y] monas-
tir(y)ske, i w vaùem(y) prh|bivanïeô i mi w vßse pot„nk$
raz$mexomy, i prïimixomy sß vßsem(y) $srßdïem[y]ô sego radï, i az[y]
wt[y]ci s(ve)ti wbe\aemy wbiq(y)ni wbrok(y) \o ste imali, pri ini
g[o]sp[o]d[a]ri prhjde | nas(y) biv(y)ùi, i wt[y] g(o)s(pody)s(t)vo
mi takojdere da imat[y] s(ve)ti monastir(y) poô #ï as(y)preô i da
prïid$t[y] bratïó i poslanici wt[y] s(ve)t(a)go monastiraô za viùe-
req(e)ni wb(y)rok(y)ô ka|ta godïneô po b(o)goóvlenïeô da $zimaet[y]
wbrok(y) s(ve)t(o)m$ monastir$ô da es(ty) s(ve)t(o)m$ monastir$, vß
$krhplenïeô a namy je i b(o)godan„ni namy qedï vß vhq(y)noi |
vßspominanïeô a vaùoi s(ve)t(i)ne da prïimiteô i da bl(a)gosloviteô
i da m(o)lite b(og)a w nas(y) grhùn¥ô i da ne zabivaite nas(y) vß
s(ve)tix(y) vaùix[y] tainax[y] | n$ m(o)lite b(og)a w nas(y)
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 164

164 Chilandar et les Pays roumains

grhù„nix[y]ô i tvorite i namy ókoje i s(ve)topoqiv„ùi


prhj[dy]n¥x[y] ktitoriô i pri jivot$ i po jivot$ô naùem$ da ni
pomi|naite don(y)deje stoit[y] s(ve)ti monastir(y)ô ókoje wbe\ali
se este, s(ve)tinh vaùoi, i nar$qili po viùereq(e)ni nastav(y)nik(y)ô
i d($)xovnik(y)ô ókoje vßspo|minaite i s(ve)topoqiv(y)ùix(y) kti-
toriô i x(risto)s(y) ije vßsakoi bl(a)gostiô da ne $liùit[y] nas(y)
grhùn¥x[y] s(ve)t(i)xy vi m(o)l(i)t(y)vyô n$ da es(ty) sß vaùemi
s(ve)timi | m(o)l(i)tvami i sß nami grhùn¥x[y] w x(ri)s(t)h
amin(y)ô i prixode\imy bratiómyô spe(ny)z(a)ô as(y)preô ç*ô i na
bol(y)nic$ô as(ypre)ô w*ôi az[y] triçon(y), ij[e] naqir(y)tax(y)ô vß
trygovi\e | vßspomenite w[ty]ci i s(ve)ti i pisav(y)ùag(o)
m(e)s(h)caô apri<lïa vß> ôa*d(y)ny vß lht(o) #z*l*g*
– ïw(any) radúl[y] vwevwda m(i)l(o)stïæ b(o)j(ï)æ
g(o)s(po)d(i)nyÔ

† Il y a sur la Sainte-Montagne athonite une communauté impériale et pres-


bytérale, le monastère appelé Chilandar où se trouve l’église de la Très-Sainte,
Vénérable et Très-Bénie, Notre-Dame la Mère-de-Dieu et de sa vénérable Pré-
sentation. Au vénérable père higoumène, aux prêtres, aux starets, aux diacres et
à toute la communauté, offrant dans le Christ d’humbles prosternations en hom-
mage à votre saint lieu, moi qui par la miséricorde divine, ainsi que par vos saintes
prières, je suis devenu depuis quelque temps souverain et seigneur du Pays hon-
grovalaque, Ioan Radul voévode.
Par ces saints pères nous avons été avisé [de l’état] de votre saint lieu, d’où
vint vers nous de votre part depuis votre sanctuaire notre père l’higoumène
Macaire avec le père spirituel (duhovnik) Jason, nous apportant la bénédiction
habituelle, et nous ayant béni chez nous en vos lieu et place à vous tous et nous
informant de vos nécessités monastiques ainsi que de celles de votre lieu de
résidence. Ayant bien compris tout cela en détail, nous l’avons pris à cœur.
C’est pourquoi nous aussi, saints pères, nous avons promis au saint monastère
l’allocation habituelle que vous aviez eue des seigneurs qui nous ont précédés,
et aussi que le saint monastère ait de la part de ma seigneurie les 10.000 aspres,
et les frères et les envoyés du saint monastère viendront percevoir la susdite
allocation chaque année après la Théophanie, afin de recevoir l’allocation du
saint monastère pour l’affermissement du saint monastère, ainsi que pour la
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 165

Actes slavo-roumains de Chilandar 165

mémoire (liturgique) éternelle de nous-même et de nos enfants donnés par


Dieu. Acceptez pour cette raison, ô saints pères, rendez grâce et priez Dieu
pour nous pécheurs et ne nous oubliez pas lors de vos saints mystères en
implorant Dieu pour nous pécheur, tout en accomplissant à notre égard ce que
vous avez toujours fait en faveur des ktitors d’antan de sainte mémoire, faire
mention de notre nom de notre vivant ainsi qu’après notre fin tant qu’existera
le saint monastère, de même que vous vous êtes consacrés à votre sanctuaire,
instruits par les susdits maîtres et pères spirituels, de même que vous faites
mention des ktitors de sainte mémore avant eux, et que le Christ nous exauce
en toute douceur, nous pécheurs, par vos saintes prières, afin qu’il soit avec
nous pécheurs par vos saintes prières dans le Christ, amen.
Pour les frères qui viennent le versement (spenza) de 500 aspres, ainsi que
les 800 aspres pour l’hôpital, faites aussi mention de moi Trifon 49 qui ai rédigé
ceci à Târgovişte, au mois d’avril, le 30e jour, en l’an 7033.
† Ioan Radul, voévode par la grâce de Dieu.

DOC. N° 14 [A 23/2]

7033 (1525), mai à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (de la Afumaţi), accordant au pyrgos de l’Al-
banais 1.200 aspres annuels et à l’higoumène, le hiéromoine Macaire, 1.000
aspres (notaire Radul Pădure).
Original, 46 sur 28cm. Parchemin, ruban du sceau.
Ed., Documenta, II, n° 234 p. 437-439.

– Elici d($)xomy b(o)jïimy vodïmi s¥i s$t[y] s(¥)nove b(o)jïiô


ókoje req(e) b(o)j(y)st(y)vni ap(o)s(to)ly em$je vß slhd[y] tek$\eô
ije prav„delübitelieô i bl(a)jenïi wny glas(y) radovanïa qaü\e
$sliùatiô prïidhte bl(ago)s(lo)venïi w(ty)ca moegoô naslh|d$ite

49. Trifon notaire : semble être le même que Triful (deuxième logothète, ispravnik des actes prin-
ciers), actif entre 1526-1528 environ, cf. D.R.H. III, doc. 16, 42, 46, 52, 55, 59, 64 ; D.R.H., IV,
doc. 8 (il rédige un acte octroyé par Radul Païsie au monastère de Saint-Paul sur l’Athos,
1536).
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 166

166 Chilandar et les Pays roumains

$gotovan„noe vam(y) c(a)r(y)stvo wt[y] slojenïa mir$ô vßz„al(y)kax(y)


bo se i daste mi óstiô vßz„jed$dax[y] se i napoiste meô straneny
bex[y] i vßvedoste meô nag„ bex[y] i wdeóste meô bolyn(y) i vß
tem„niciô i posl$ji|ste miô s¥i $bo glas(y) slad[y]qaiùi, bl(a)ga
tvore\imy $sl¥ùati eg(o)ô vßk$pe je i vßniti vß c(a)r(y)stvo
n(e)b(e)s(y)noeô i naslhd(y)nikwm(y) biti bl(a)gim(y) wnem(y), óje
wko ne videô i $xo ne sl¥ùa i na sr[y]d[y]ce ql(ovh)k$ ne vßz¥deô
óje $gotova | b(og)y lübe\ïimy egoô takojde i grhùnie wt[y]silae-
mieô vß wgny veq(y)nïi $sl¥ùati es(ty)ô óko ne sßxran„ùim(y)
g(ospod)a b(o)ga zapoved[y]ô ni je al„qü\aô ni jejd$\aô ni je
bol(y)naô ni vß tam„nici s$\aô ni poshtiv„ùimßô ni |
posl$jiv„ùimßô sïó $bo m¥ pominaü\eô ne podobaet[y] wt[y]lagati
vrhmena ili qas(y)ô ne vhde\e vß kïi qas(y) g(ospod)y naùy prïi-
det[y]ô i vßsako ne gotovix[y]ô i ne im$\e svetil(y)niki svoe
gorh\ix[y], ni b„de\ix[y] wbrh\et„ niô | nœ $bo a\e i teù„kim(y)
brhmenem(y) wdrßjimi esmoô i lütoü strel<oü> grhx[y] radï
$ózvixwm(y) seô nœ g(ospod)y naùy f(s$)s(y) x(risto)s(y) \edrß i
m(i)l(o)stivy es(ty), kß vßsem(y) r$ce prostiraet[y]ô óko wt(y)cy
kß vßzlüblen„nom$ s(¥)n$ô sam(y) bo req(e) vßse|q(y)stnimi i
pr(h)q(i)stimi svoimi $stiô óko ne xo\$ sßmr(y)ti grhù„nom$ nœ
óko wbratiti se em$ i jiv$ bitiô i ne prïidox[y] prizvati
praved[y]nïe, nœ grhù„nii vß pokaanïeô ókoje mnogïi wbithli
pomer$, | dobrodetelïiô dobra je dhla mnogowbraznaô s¥rhq(y)
lübov(y) m(i)l(o)st(i)nh post[y], i vßz„drßjanïeô vhra nadejdaô i
óko mnog¥ grhùnix[y]ô i niz$vlekomix[y]ô m(i)l(o)sr(y)die vßzvo-
dit[y] i mil$et[y]ô i s(¥)nopolojenïa spodoblhet[y] radï | tßqïü
wbra\enïaô ókoje req(e) ne xo\$ sßmr(y)ti grhùnom$ô nœ óko
wbratiti se em$ i jiv$ bitiô i vßniti vß rados(ty) g(ospod)a
svoegoô sego radï i ije prejde nas(y) biv„ùi, vladatelïe c(a)rïeô i
knez(y) sïa sl¥ùe\e zemlßna | dobre vß sßmireni $stroiv(y)ùe i
simi n(e)b(e)s(y)na priwbrhtoùeô i c(a)r(y)stvïe n(e)b(e)s(y)nago
spod[o]biùe s(e)ô ókoje proroky d(a)v(¥)dy g(lago)letyô bl(a)jeni
im„je wt[y]p$stiùe s(e) bezakonïaô i im(y)je prikriùe s(e) grhsiô
bl(a)jeny m$j[y] em$je ne | vßmenit[y] em$ g(ospod)y grhxaô i
paki im(y)je wbrazom(y) jelaet[y] elen(y) na istoq(y)nik¥ vod[y]nïe,
sice jelaet[y] d($)ùe moa k tebe b(o)jeô sice vßjdelex[y] i
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 167

Actes slavo-roumains de Chilandar 167

vßzlübix[y]ô i azy vß x(ri)s(t)a b(o)ga bl(a)govhr„nïi, i b(o)gwm(y)


xranimiô i samodrßjav„ni, fw(any) radúl[y] velikïi | voevwda i
g(o)s(po)d(i)nß vßsoi zemli $ggrovlaxïiskoi i pod$navïüô s(¥)ny veli-
kago i prhdobraago i s(ve)topoqiv(y)ùago fw(ana) radúla voevodeô
priimismo sß vßshm(y) sr[y]d[y]cemyô i bl(a)g¥im(y) proizvolenïe-
myô óko da b$demo novi ktitorïeô | i xranitelïe i wbnovitelïeô
ije vß s(ve)thi gorh aƒwn(y)sthiô perivoló pr(h)q(i)stïe b(ogo-
rodi)ciô s(ve)\en„nïe i q(y)st(y)nïe wbithliô s(ve)t(a)go i slav„nago
velikom($)q(e)nika i pobedonosca gewrgïaô i ije vß s(ve)t¥x(y)
w(ty)ca naùegoô | ar„xïerar(y)xa i qüdotvor„ca x(risto)va nikoliô
naricaemago ar„banaù„ki pir„gyô i $qinismo wbrok(y) s(ve)t¥e obith-
liô #a}sô as(y)priô i w(ty)c$ ig$men$ ïermonax$ makarïü da imat[y]
i wny wbrok(y)ô #a¨ôas(y)prïi | i da prixodit[y] bratió kata godïne
po b(o)goóvlenïe da $zimaüt[y] wbrok(y)ô s(ve)t¥e monastir$ô i
w(ty)ca makarïaô da es(ty) s(ve)thi obithli vß $krhplenïeô a nam(y)
vhq(y)noe vßspominanïeô da se pomhn$emo sß s(ve)timi | ktitoriô i
vßshx[y] vßzglaùenïax[y] vß cr(y)k(y)viô i na trapez$ po vßs$d$ô i
da se poet[y] paraklis(y) vß s$bot$ po veq(e)r„niô i vß nedelüô
litúr„gïü sßbor„noô i na trapez$ i prilevek(y) da se pomen$emo
don(y)deje i stoit[y] s(ve)t¥i monastirßô | ókoje se pomen$et[y]
s(ve)t¥i k„titorie, i c(a)rïe bl(a)goqßstivii po prhstavlenïi ixyô i
azy grhùnïi i myn„ùïiô radúl[y] pßd$re ije naqrßtax[y] sïü knig$
vß stol(y)nïi grad[y] trßgovi\e : vß lht(o) #z*l
*g*
| m(e)s(h)ca maia…
d(y)ny :Ô|
– fw(any) rad$lß vwevwda m(i)lwstïæ b(o)jïæ g(o)sp(odi)ny

Trad. roum., Documenta, II, n° 234 p. 439-440 ; Năsturel, p. 136.

† Ceux qui sont guidés par l’Esprit de Dieu, sont les fils de Dieu, ainsi que
le dit l’Apôtre divin. De même que ce qui en découle, comme l’amour de la jus-
tice ; bienheureux celui qui entendra la voix de la jubilation : « Approchez, vous
les bénis, pour hériter de mon Père du royaume qui vous est préparé depuis la
création du monde ; lorsque j’ai eu faim – vous m’avez donné à manger ; soif –
vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger – vous m’avez hébergé ; j’étais nu –
vous m’avez habillé ; malade et prisonnier – vous m’avez réconforté, ainsi
entendez maintenant la voix très douce et bienfaisante, accédez et entrez dans
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 168

168 Chilandar et les Pays roumains

le Royaume des Cieux, pour être les héritiers de ses trésors que l’œil n’a pas vus
et que l’oreille n’a pas entendus, que le cœur humain n’a pas connus, que Dieu
a préparés pour ceux qui l’aiment » 50.
De même qu’aux pécheurs il est dit : « Dans les flammes éternelles vous
échouerez, ainsi que le Seigneur Dieu l’ordonne pour les impudents, ni l’af-
famé, ni l’assoiffé, ni le malade, ni le prisonnier, vous ne les avez réconfortés ni
servis » 51. Il ne sied pas de tarder, n’ayant pas vu l’heure de la venue de Notre-
Seigneur, ils n’ont point été prêts, n’ayant pas leurs lampes allumées, ils ne se
trouvèrent pas veillant.
Mais Notre-Seigneur Jésus Christ est généreux et miséricordieux, il tend
les mains à tous, de même qu’un père à son fils bien aimé. Disant, lui-même, de
sa bouche vénérable et très-pure : « Je ne souhaite pas la mort du pécheur, mais
je souhaite qu’il se repente et demeure en vie », et « Je ne suis pas venu appeler
les justes, mais les pécheurs au repentir » 52.
C’est ainsi que, dans la mesure de leurs bonnes œuvres, bien des commu-
nautés (familles) pratiquent des vertus diverses, et l’amour des orphelins, la
charité, le jeûne et la modération, la foi et l’espérance.
Même si je péchais beaucoup je fais et chéris la charité et le dévouement,
afin d’accéder au repentir ; ainsi qu’Il est dit : « Je ne veux pas la mort du
pécheur, mais je veux qu’il se repente et demeure en vie, dans la joie de son Sei-
gneur » 53.
C’est pourquoi, en observant cela, les souverains qui étaient avant nous,
anciens tsars et princes, ont disposé avec humilité de leurs biens terrestres, les
assimilant aux (biens) célestes, en se rendant dignes du Royaume des Cieux.
Ainsi que le prophète David le disait : « Bienheureux ceux qui ont renoncé à
l’iniquité, leurs péchés ont été enterrés, bienheureux l’homme pour qui le Sei-
gneur ne tient pas compte de ses péchés » 54. « A l’image du cerf qui aspire à la
source d’eau, ainsi mon âme tend vers toi, Seigneur que je désire et que je
chéris » 55.

50. Matt. 25, 34-41.


51. Matt. 25, 42-46.
52. Luc, 5, 32.
53. Ez 33. 11.
54. Ps. 51, 11 ; 85, 3 ; 103, 10.
55. Ps. 42, 2.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 169

Moi, dans le Christ Dieu, très-pieux, protégé de Dieu et autocrate (samo-


drßjav„ni), Ioan Radul, grand voévode et seigneur de tout le Pays hongrova-
laque et du Pays danubien, fils du grand, très-bon et de sainte-mémoire Ioan
Radul voévode, nous avons accepté de tout cœur et avec douce résolution
d’être le nouveau ktitor, nourricier et rénovateur.
Nous fixons une allocation de 1.200 aspres pour la sainte communauté,
ainsi que pour le père higoumène, le hiéromoine Macaire, une allocation de
1.000 aspres. Que les frères se présentent chaque année après la Théophanie,
afin de percevoir l’allocation de la sainte communauté, ainsi que celle du père
Macaire. Pour qu’ils soient au bénéfice du saint monastère et pour le réconfort
de la confrérie, ainsi que pour notre mémoire éternelle.
Ainsi nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes les
invocations(ekphonèse) à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et
que le paraclision nous soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que le
dimanche lors de la liturgie solennelle, au réfectoire et avec le prilevak, que nous
soyons mentionné (dans les prières), tant que le saint monastère existera, ainsi
qu’il est d’usage pour les saints ktitors et pour les tsars vénérables après leurs
trépas.
De même que moi, l’indigne pécheur Radul Pădure, qui ai écrit cet acte,
dans la ville capitale de Târgovişte, en l’an 7033, au mois de mai, le […] jour.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 15 [A 23/1]

7033 (1525), le 16 mai à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (de la Afumati), octroyant au pyrgos de l’Al-
banais 1 200 aspres annuels et à l’higoumène le hiéromoine Macaire et à Jean
1.000 aspres (notaire Radul Pădoure).
Original, 24 sur 27cm. Parchemin, traces du sceau.
Ed., Documenta, II, n° 235 p. 440-441.

– Ije vß s(ve)thi gorh aƒon(y)stei perivoló prhs(ve)tie b(ogo-


rodi)ciô s(ve)\ennïe wbiteli xram$ s(ve)t(a)go i slav„nago veli-
kom($)q(e)nika i pobedonwsca | gewrgïaô i ij[e] vß s(ve)t(i)xy
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 170

170 Chilandar et les Pays roumains

w(ty)ca naùego ar„xïera<r>„xa i qüdotvor„ca x(ri)s(to)va nikoli miri-


likïiskaagoô arbanaù„ki pir„gyô s(ve)\en„nikwm(y) | i star„cem(y) i
vßsei óje w x(rist)h bratiiô smerhn„no metanïe sßtvaraemy vaùoi
s(ve)t(i)niô azy $bo ije po m(i)l(o)sti b(o)jïei, i vaùimi |
s(ve)t(i)mi m(o)l(i)tvami wbrhtae miry nastoe\ee vrhme wblada-
tel(y)ô i g(o)s(po)d(i)ny vßsoi zemli $ggrovlaxïiskoü i pod$navïüô
ïw(any) rad$ly | voevodaô i po six[y] w(ty)ci s(ve)t¥ vhdomo da
es(ty) vaùoü s(ve)t(i)niô ponej[e] prïide kß nam(y) wt[y]
s(ve)t(i)nü vaù$ô wt(y)cy ig$meny makarïe, i d($)xovnik(y) ïwanßô |
i prinesoù(e) nam(y) wbiq(y)noe bl(ago)s(lo)venïe, i bl(ago)s(lo)viùe
se $ nas(y) vßmhsto vßshx[y] vas(y)ô i vßzvhstiùe nam(y) w potre-
bax[y] vh\i monastir„skïeô i m¥ | vßse po red$ dobre raz$mexwm(y)ô
i primismo sß vßshm(y) $srßdïemy da b$demo ktitori, i wbnovite-
lïe s(ve)tie wbiteliô i $qinismo | wbrok(y) #a}s as(y)priô i w(ty)c$
ig$men$ ïer„monax$ makarïü da imat(y) i wn(y) wbrok(y)ô #a*as(y)priô
i da prixodet[y] bratïa na vßsako lhto po b(o)go|óvlenïü da
$zimaüt[y] wbrok(y) s(ve)tie wbiteli i w(ty)ca makarïaô da es(ty)
s(ve)thi wbiteli vß $krhplenïeô nam(y) je vß vhq(y)noe vßspomi-
nanïeô | da se pomen$emo sß s(ve)timi ktitoriô i vß v„shx[y]
vßz„glaùenïax[y] vß cr(y)k(y)viô i na trapez$ po vßs$d$ô i da se
poet[y] paraklis(y) vß s$bot$ po veq(e)r„niô | i vß ned[h]lü
lit[$]rgïü sßbor„no, i na trapeze prilev„ky, i da se $piùemo vß
s(ve)toü proskomidïüô i vß s(ve)tii pomen„nikßô i da se
pomen$emoô | ókoj[e] se pomhn$et[y] s(ve)t¥i k„titorïe i c(a)rïe
bl(a)goq(y)stivïiô i pri jivot$, i po prhstavlenïiô i azy grhùnïi i
mßnùïi rad$l[y] pßd$re ej[e] naqrßtax[y] | sïü knig$ô vß stol(y)ni
grady trygovi\eô vß lhto ô#z*l*g*ô m(e)s(h)ca maie §}ï d(y)ny :Ô |
– fw(any) rad$l[y] vwevwda m(i)lwstïæ b(o)jïæ g(o)sp(odi)ny

Trad. roum., Documenta, II, n° 235 p. 441-442 ; Năsturel, p. 136-137.

† Il y a sur la Sainte-Montagne athonite, jardin de la Très-sainte Mère de


Dieu, une communauté presbytérale, auprès du temple du saint et glorieux
Mégalo-martyr victorieux Georges et de notre saint père l’évêque et thauma-
turge du Christ Nicolas de Myra en Lycie, la Tour albanaise. Aux vénérables
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 171

Actes slavo-roumains de Chilandar 171

prêtres, aux starets et à toute la fraternité dans le Christ, je fais une humble pros-
ternation devant votre saint lieu. Moi qui par la miséricorde divine, ainsi que
par vos saintes prières, me suis trouvé souverain en paix en ce temps et seigneur
Ioan Radul, voévode de tout le Pays hongrovalaque et du Pays danubien.
Par ces saints pères nous avons été avisé [de l’état] de votre saint lieu, d’où
est venu vers nous de votre part depuis votre sanctuaire notre père l’higoumène
Macaire 56 avec le père spirituel (duhovnik) Jean, nous apportant la bénédiction
habituelle, en nous ayant béni chez nous en lieu et place de vous tous et en
nous informant de vos nécessités monastiques ainsi que de celles de votre lieu
de résidence. Ayant bien compris tout cela en détail, nous avons pris à cœur
d’être ktitor et rénovateur de la sainte communauté.
Nous fixons une allocation de 1.200 aspres, ainsi que pour le père higou-
mène, le hiéromoine Macaire, une allocation de 1.000 aspres. Que les frères se
présentent chaque année après la Théophanie, afin de percevoir l’allocation de
la sainte communauté, ainsi que celle du père Macaire. Pour que cela serve au
bien du saint monastère et au réconfort de la confrérie, ainsi que pour notre
mémoire eternelle.
Ainsi nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes les
ekphonèses à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et que le paracli-
sion soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que le dimanche lors de la litur-
gie solennelle, au réfectoire et avec le prilevak, que nous soyons inscrits à la
sainte proscomidie, ainsi que dans le saint mémento (dyptique), pour être men-
tionnés, ainsi qu’il en est d’usage pour les saints ktitors et pour les tsars véné-
rables, et de leur vivant et après leur trépas.

56. Sur les moines quêteurs, dont le nombre s’élèverait à 2.000, sur les 6.000 moines du Mont
Athos dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, voir A. FOTIĆ, “Najpoznatiji Hilandarski
ferman” (Le plus ancien firman de Chilandar), Recueil de Chilandar 10 (1998), p. 306-308 n.
13 (se référant à Paul Ricot, cf. A. MATKOVSKI, « Патописот на Пол Рико од 1678 до 1690 »,
Македониа во делата на странските патописци 1371-1777, Skoplje, p. 644. Ces chiffres
semblent quelque peu exagérés, même avec un écart de plus d’un siècle et demi, surtout au
regard de ceux (2.246 en 1489 et 1.442 trente ans plus tard, selon un registre ottoman), cités
par D. I. MUREŞAN, “Le Mont Athos aux XVe-XVIe siècles. Autour de quelques descriptions
d’époque”, in The Romanian Principalities and the Holy Places along the Centuries. Papers of the
Symposium heid in Bucharest, 15-18 October 2006, Edited by : E. BĂBUŞ, I. MOLDOVEANU,
A. MARINESCU, Bucarest 2007, p. 85-90. Ces chiffres ne tiennent compte que des moines éta-
blis dans les grands monastères, les estimation de Pierre Belon (1547-1549) pour l’ensemble
de la population athonite s’élèvent néanmoins à 6.000 moines en tout.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 172

172 Chilandar et les Pays roumains

De même que moi, indigne et pécheur Radul Pădure 57, qui ai écrit cet acte,
dans la ville capitale de Târgovişte, en l’an 7033, au mois de mai, le 16e jour.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 16 [BOITE 1]

7036 (1528), le 7 juin à Târgovişte


Charte du voévode Radul de la Afumaţi, accordant au pyrgos de l’Albanais
3.000 aspres annuels, en plus de 300 aspres pour les quêteurs.
Original, 45 sur 36cm. Parchemin, sceau de cire R = 5cm x 2cm.
Ed., Documenta, III, n° 57 p. 87-88.

– Elici d($)xomy b(o)jïimy vodïmi s¥i s$t[y] s(¥)nove


b(o)jïi. ókoje req(e) b(o)j(y)st(y)vn¥ ap(o)s(to)ly. em$je vß
slhd[y] tek$\e. ije prav„delübitelïe. i bl(a)jenïi wny glas(y)
radovanïa qaü\e $sliùati. prïidhte | b(lago)sl(o)veni w(ty)ca
moego naslhd$ite $gotovan„no es(ty) vam(y) c(a)r(y)stvo wt[y]
sl$jenïa mir$. vßzal(y)kax(y) bo se. i daste mi ósti.
vßjded$dax[y] se, i napoiste me. straneny bex[y] i vßvedoste me.
nag„ bex[y] i wde|óste me. bolyn(y) i vß tem„nici. i posl$jiste
mi. s¥i $bo glas(y) slad[y]qaiùi, bl(a)ga tvore\ïm(y) $sliùati
ego. vßk$pe je i vßniti vß c(a)r(y)stvo n(e)b(e)s(y)noe. i
naslhd(y)nikwm(y) biti bl(a)g¥m(y) wnem(y). óje wko ne vide |
i $xo ne sliùa. i na sr[y]d[y]ce ql(ovh)k$ ne vßz¥de. óje
$gotova b(og)ß lübe\ïimy ego. takojde i grhùnie wt[ß]silaemie.
vß wg„ny vhqnïi $sliùati es(ty). óko ne sßxran(y)ùim(y)
g(ospod)a b(o)ga zapovhd[y]. ni je al„qü\a. ni je|jd$\a. ni je
bol(y)na. ni vß tem„nici s$\a. ni poshtiv„ùimy. ni
posl$jivùimy. sïó $bo m¥ pominaü\e. ne pod[o]baet[y]
wt[y]lagati vrhmena ili qas(y). ne vhde\e vß k¥i qas(y)

57. Radul Pădure (de Săcuiani), scribe et logothète, rédige plusieurs actes princiers entre 1525
(D.R.H., II, doc. 245, ispravnik) et 1544 environ (cf. D.R.H., III, doc. 33, 111, 121, 1526-1527,
1532 ; D.R.H., IV, doc. 52, 98, 105, 136, 150, 154, 165, 1538-1544).
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 173

Actes slavo-roumains de Chilandar 173

g(ospod)y naùy prïidet(y). | i vßsako ne gotovix[y]. i ne im$\e


svhtil„nik¥ svoe gore\ix[y]. ni bde\ix[y] wbrh\et„ ni. nœ $bo
a\e i teù„k¥m(y) brhmenem(y) wdryjimi esmo. i lütoü streloü
grhx[y] radï $óz„vixwm(y) se. nœ g(ospod)y naùy. | f(s$)s(y)
x(risto)s(y) \edry i m(i)l(o)stivy es(ty). kß vßsem(y) r$ce pros-
tiraet[y]. óko w(ty)cy kß vßzlüblenom$ s(¥)n$. sam(y) bo reqe
vßseq(y)stnimi i pr(h)q(i)stimi svoimi $sti. óko ne xo\$
sßmr(y)ti grhù„nom$. nœ óko wbra|titi se em$ i jiv$ biti. i
ne prïidox[y] prïzvati praved[y]nïe. nœ grhùnii vß pokaanïe.
ókoje mnogïi wbithli pomer$ dobrodetelïi. dobra je dhla mno-
gowbraz(y)na. s¥rhq(y) lübov(y). | m(i)l(o)st(i)nh post[y], i
vßz„drßjanïe. vhra nadejda. i óko mnog¥ grhùnix[y]. i niz$vle-
komix[y]. m(i)l(o)sr(y)dïe vßz„vodit[y] i mil$et[y]. i s(¥)nopolo-
jenïa spod[o]blhet[y] radï tßqïü wbra\enïa. ókoj[e] req(e) ne
xo\$ smr(y)ti | grhù„nom$. nœ óko wbratiti se em$ i jiv$
biti. vßniti vß radost(y) g(ospod)a svoego. sego radï i ije
prhjde nas(y) biv(y)ùi vladatelïe c(a)rïe. i knez(y) sïa sliùe\e
zemlyna dobre vß symireni | $stroiv(y)ùe. i simi n(e)b(e)s(y)na
priwbrhtoùe. i c(a)r(y)stvïe n(e)b(e)s(y)nago spod[o]biùe s(e).
ókoj(e) proroky d(a)v(¥)dy g(lago)lety. bl(a)jeni imje
wt[y]p$stiùe s(e) bezakonïa. i im(y)je prikriùe s(e) grhsi.
bl(a)jeny m$j(y) em$j(e) | ne vßmenit[y] em$ g(o)s(pod)y grhxa.
i paki im(y)je wbrazwm(y) jelaet[y] elen(y) na istoq(y)nik¥
vod[y]nïe. sice jelaet[y] d($)ùe moa k„ tebe b(o)je. sice vßjde-
lex[y] i vßzlübix[y]. i az(y) vß x(ri)s(t)a b(o)ga bl(a)govhrnïi. i
b(o)gom(y) xranimi | i samodrßjav„ni. fw[any] radúl[y] velikïi
voevoda. i g(o)s(po)d(i)ny vßsoi zemli $g„grovlaxïiskoi i pod$navïü.
s(¥)ny velikago i prhdobrago i s(ve)topoqiv(y)ùago fw[ana] radúla
voevode prïimismo sß vßshm(y) sr[y]d[y]cemß. i bl(a)gim(y) |
proiz„volenïemy. óko da b$demo novi k„titorïe. i xranitelïe i
wbnovitelïe. ije vß s(ve)thi gorh aƒwn(y)sthi perivolh
pr(h)q(i)stïe b(ogorodi)ci. s(ve)\enïe i q(y)st(y)nïe wbithli.
s(ve)t(a)go i slav(y)nag(o) | velikom($)q(e)nika i pobhdonosca
gewr(y)gïa. i ij[e] vß s(ve)tix(y) w(ty)ca naùego ar„xïerar(y)xa i
qüdotvorca x(ri)s(to)va nikoli. naricaemago ar„banaù„ki pir„gy. i
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 174

174 Chilandar et les Pays roumains

$qinismo wbrok(y) s(ve)t¥e wbi|thli ô#g*ô as(y)pre. i spen(y)z$


prixode\im(y) bratiam(y) ôt*ô as(y)pri. i da prixodit[y] bratió
kata godine po b(o)goóvlenïe da $zimaüt[y] wbrok(y). s(ve)t¥e
monastir$. da es(ty) s(ve)thi wbithli vß | $krhplenie. a nam(y)
vhq(y)noe vßspominanïe. da se pomhn$emo sß s(ve)timi k„titori.
i vßshx[y] vßz„glaùenïax[y] vß cr(y)k(y)vi. i na trapez$ po
vßsœd$. i da se poet[y] paraklis(y) vß s$bot$ po veqer„ni | i vß
ned[h]lü. lit$r„gïü sßbor„no. i na trapez$ prilevek(y). i da se
pomhn$emo don(y)dej(e) i stoit[y] s(ve)t¥i monastiry. ókoje se
pomhn$et[y] s(ve)t¥e k„titorïe. i c(a)rïe bl(a)goq(y)stivïi. po
prhsta|vlenïi ixy. da mi se poe ediny d(y)ny $ godi\$ kolivo
sßbor„no veqer(y). i za $tra lit$r„gïa sßbor„no i trapeza. ókoje
tvorit[y] s(ve)t¥m(y) ktitorwm(y). i bl(a)goqystivim(y) i pra-
voslav„n¥my c(a)remy. | i g[o]sp[o]damy. i azy grhùnïi i myn„ùii.
koresi. ije naqrytax[y] sïü knig$ vß stol(y)nïi grady trßgovi\e.
m(e)s(h)ca ünïe ôz*ô d(y)ni vß lht[o] #z*l*§*a*ô
– fw(any) radúl[y] vwev[o]d[a] mil(o)stïæ b(o)jïæ
g(o)s(po)d(i)nyÔ

Trad. roum., Documenta, III, n° 57 p. 88-89 ; Năsturel, p. 137.

† Ceux qui sont guidés par l’Esprit de Dieu, sont les fils de Dieu, ainsi que
l’Apôtre divin le dit. Ainsi que ce qui en découle, comme l’amour de la justice,
du bienheureux qui entendra la voix de la jubilation : « Approchez les bénis de
mon Père pour hériter du royaume qui vous est préparé en récompense de la
paix que vous avez servie ; lorsque j’ai eu faim – vous m’avez donné à manger ;
soif – vous m’avez donné à boire ; étranger – vous m’avez hébergé ; nu – vous
m’avez habillé ; malade et prisonnier – vous m’avez réconforté, ainsi entendez
maintenant la voix très douce et bienfaisante, venez et entrez dans le Royaume
des Cieux, pour être les héritiers de ses trésors que l’œil n’a point vus et l’oreille
n’a pas entendus, que le cœur humain n’a pas connus, que Dieu a préparés
pour ceux qui l’aiment » 58. De même qu’aux pécheurs il est dit : « Dans les
flammes éternelles vous échouerez, pour ne pas avoir observé les commande-

58. Matt. 25, 34-41.


MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 175

Actes slavo-roumains de Chilandar 175

ments du Seigneur Dieu ; ni l’affamé, ni l’assoiffé, ni le malade, ni le prisonnier,


vous ne les avez réconfortés ni servis » 59 ; il ne sied pas de tarder, n’ayant pas vu
l’heure de la venue de Notre Seigneur ils ne furent point prêts, n’ayant pas leurs
lampes allumées, ils ne se trouvèrent pas en train de veiller.
Mais Notre-Seigneur Jésus Christ est généreux et miséricordieux, il tend
les mains à tous, de même qu’un père à son fils bien aimé. Disant lui-même, de
sa bouche vénérable et très-pure : « Je ne souhaite pas la mort du pécheur, mais
je souhaite qu’il se repente et demeure en vie », et « Je ne suis pas venu appeler
les justes, mais les pécheurs au repentir » 60.
C’est ainsi que, dans la mesure de leurs bonnes œuvres, bien des commu-
nautés ont des vertus diverses, l’amour des orphelins, la charité, le jeûne et la
modération, la foi et l’espérance. Même si bien des pécheurs font et apprécient
la charité et se dévouent afin d’accéder au repentir ; ainsi qu’Il dit : « Je ne veux
pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et demeure en vie, dans la joie de
son Seigneur » 61.
C’est pourquoi, en observant cela, les souverains qui étaient avant nous,
tsars et princes, ont géré avec humilité leurs biens terrestres, les assimilant aux
(biens) célestes, en se rendant dignes du Royaume des Cieux. Ainsi que le pro-
phète David le disait : « Bienheureux ceux qui ont renoncé à l’iniquité, leurs
péchés ont été ignorés, bienheureux l’homme dont le Seigneur ne tient pas
compte de ses péchés » 62. « A l’image du cerf qui aspire à la source d’eau, ainsi
mon âme tend vers toi Seigneur que je désire et que je chéris » 63.
Moi, dans le Christ Dieu, très-pieux, protégé de Dieu et autocrate (samo-
drßjav„ni), Ioan Radul, le grand voévode et seigneur de tout le Pays hongro-
valaque et du Pays danubien, fils du grand, très-bon et de sainte-mémoire Ioan
Radul voévode, nous avons accepté de tout cœur et avec une douce résolution
d’être le nouveau ktitor, son nourricier et rénovateur.
Il y a sur la Sainte Montagne athonite, jardin de la Très-Sainte Mère de
Dieu, une communauté presbytérale et vénérable du saint et glorieux, mégalo-

59. Matt. 25, 42-46.


60. Luc, 5, 32.
61. Ez 33. 11.
62. Ps. 51, 11 ; 85, 3 ; 103, 10.
63. Ps. 42, 2.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 176

176 Chilandar et les Pays roumains

martyr et victorieux Georges et de notre saint père l’évêque et thaumaturge du


Christ Nicolas de Myra 64, appelé la Tour albanaise.
Nous lui fixons une allocation de 3.000 aspres, et pour les frères qui se pré-
sentent 300 aspres, et que les frères se présentent chaque année après la Théo-
phanie, afin de percevoir l’allocation de la sainte communauté. Pour que ce soit
pour le réconfort de la confrérie, ainsi que pour notre mémoire éternelle.
Ainsi nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes les
ekphonèses à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et que le paracli-
sion soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que le dimanche lors de la litur-
gie solennelle, au réfectoire et avec le prilevak, que nous soyons mentionné
(dans les prières), tant que le saint monastère existera, ainsi qu’il est d’usage
pour les saints ktitors et pour les tsars vénérables après leurs trépas. Que je sois
mentionné une fois par an (dans les prières) : les collybe solennels le soir, à la
liturgie et au réfectoire le lendemain, ainsi qu’il en est d’usage pour les tsars
vénérables et orthodoxes, ainsi que pour les seigneurs.
Ainsi que moi, le vil pécheur, Coresi 65, qui ai écrit cet acte, dans la ville capi-
tale de Târgovişte, au mois de juin, le 7e jour, en l’an 7036.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 17 [A 23/3]

7039 (1530-1531), 27 février


Charte du voévode valaque Vlad (le Noyé 1530-1532) fils de Vlăduţă,
octroyant à Chilandar 10 000 aspres annuelles, à l’hôpital du monastère 800
aspres et 500 aspres aux moines qui viendront les toucher (Filéa diak).
Original, 47,5 sur 38cm. Parchemin, lacets du sceau.

– Vßsevid[y]c$ i prhbl(a)gom$, ij[e] vß troici slavimom$


b(o)g$ô slav$ i bl(a)godare vßsposïlavimo darovav„ùom$, nam(y) grhù-

64. Sur un kellion dédié à Saint-Nicolas, voir Mirjana ŽIVOJINOVIĆ, Svetogorske kelije i pirgovi u
srednjem veku (Les ermitages et les pyrgos du Mont-Athos au Moyen Age), Beograd 1972,
pp. 44, 48, 143 ; ID., « Најстарији периор манастира Хиландара и његови преписи » (Le
plus ancien périorismos du monastère de Chilandar et ses copies), Recueil de Chilandar 8
(1991), p. 9-11.
65. Le notaire Coresi diak, logothète, rédige plusieurs actes princiers entre 1527-1538 environ,
cf. D.R.H. III, doc. 45, 57, 71, 86, 110, 141, 144, etc. ; D.R.H. IV, doc. 54 (1538).
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Actes slavo-roumains de Chilandar 177

nim(y) svoim(y) rabom(y)ô takovoü | bl(a)g(odh)ty mnogomi wbraziô


wgrhóti se svoix[y] mnogix[y] grhxwv(y)ô kajdo po silh i po pri-
lejanïüô wvi $bw m(o)l(i)tvoe i postomyô | wvi m(i)l(o)stineüô
ini j(e) podrejatele biv(y)ùe sp(a)s$ô ix[y]je izvoli sebe nas(y)
radï vßplßtivi sæô i biv(y) ql(o)v(h)ky i ne po\ede kryv(y) svoi |
izliótiô mir„skaag„go radï sp(a)senïe, simi drev„nie raüô wt[y]vrßze
rwd$ ql(o)v(h)q(y)skom$, egoj[e] prhjde prhstœplenïem(y)
liùixom(y) seô seg(o) | i nam(y)ô ij[e] povhlhnïemy xoth\ïmy pos-
lúùatiô wt[y]vrßzeô n$ neleniv¥m(y)ô i laskrßdimyô nœ
pod(y)vizae\im(y) seô i str(a)stem(y) | ego podrßjatele xoth\im(y)
bitiô ókoj[e] s(ve)ti ‘a p(o)s(to)li, i m($)q(e)niciô vßsækïe tr$dï, i
mœkiô prhtrhphùe c(a)r(y)stvïa radï n(e)b(e)s(y)naag(o)ô | egoj[e]
$lúqiv(y)ùe nasledovaù(e)ô poslhd(y)nim(y) je, elici sïa ne
vßzmoje ni biv(y)ùe pod[y]eti m(i)l(o)stinemi darwv(y)ô wgrhbati
se plytœ|skix[y] str[a]s[t]hx[y]ô s(ve)tom$ d($)x$ sïimi prisvoiti seô
i tom$ sebe simi wbraz[y] c(a)ry i jili\e sßtvoriti po nelœjnom$
ego | slov$ô sïe s(ve)t(a)go bl(a)govhstió sliùe\i $qenïe, eliko po
sile potß\axom(y) seô vsako nh wbleniti s(e) sp(a)senïeô ej[e]
req(e) bla|jeni m(i)l(os)tivi óko ti pomilovani bœdet[y]ô i paki
óko m(i)l(o)stinœ wqi\ait sæ grhsiô seg(o) radï az[y]
bl(a)g(o)v(h)r(y)nïiô i | bl(a)goq(y)stivi, i x(ri)s(t)$lübivi i
bl(o)gom(y) xranimiô ïw(any) vlad[y] voevoda b(o)jïeü m(i)l(o)stïü
g[o]sp[o]d[i]ny vlaù„kiô s(¥)ny velikago i prhdo|brago vlad$ce voevo-
deô porevnovaxwm(y) prhjd(y)nim(y) bl(a)goq(y)st(i)vim(y)
g(o)sp(o)dam(y) c(a)remyô i dedi i rodïtelem(y) g(o)s(po)d(yst)va miô
ij[e] zemna dobrh $stro|iv„ùïi s(ve)tie cr(y)k(y)ve i monastirex[y]ô
wt[y] wsnovanïe sßzdav„ùix[y]ô bl(a)golhpno $krasiv(y)ùix(y) po
six[y] kß b(o)g$ priùed[y]ùix[y]ô pris(y)no|pominaemix(y) pamet[y]ô
zde wstavlßùem(y)ô thm„je i mi vidïxwm(y) s(ev)toe cr(y)k(y)vi i
xrami wt[y] req(e)nix(y) g(o)sp(o)dax(y) wb(y)siriv(y)ùex(y)ô i vß
mnogix[y] n$jdax[y] i tesnotax(y) | wstav„ùix(y)ô i eliko nam(y) vß
nastoæ\e vrhmh g(ospod)y b(o)gy darwvaô potß\axom(y) se
priq(y)stn(i)ci bitiô bl(a)j(e)nim(y) prßvim(y) titwrwm(y)ô b(o)g$
| xwth\$ i sïe tako $stroixwm(y) óko eliko s$t[y] s(ve)ti monas-
tirex[y] vß perivol(y)ô prhq(i)stie b(o)gom(a)t(e)riô ij[e] vß
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178 Chilandar et les Pays roumains

s(ve)thi gorh aƒwn(y)schiô | c(a)r(y)skïe i s(ve)\(e)nnïe velikïe


lavri srßb(y)skieô monastira çilan(y)daraô xramy vßvedenïe
b(ogo)r(odi)ch vß s(veta)a s(ve)t(i)xyô egoje vßzdvigoùe | i
sßzdaùeô sß mnogim(y) <t>r$dom(y) s(ve)ti sïmewn(y)ô novi miroto-
qycyô i s(veti)t(e)ly i q$dotvorec(y) savaô i $qinismo wbrok(y)
s(ve)t(o)m$ | monastir$ô #a*ô as(y)preô i za bol(y)nic$ô \o b$det[y]
za potreb$ bolh\im(y) ôw* ô as(y)preô tere da prïidet[y] bratia kata
| godini, tada prïimit[y] viùereq(e)ni wbrok(y) s(ve)t(o)m$ monas-
tir$ô tere da idet[y] celo do s(ve)ta monastirax[y]ô i bratiam(y)
prï|xode\im(y) spen(y)z$ ôç*ô as(y)preô i da prixodit[y] po b(o)goóv-
lenïeô ókoj[e] viùe rhxom(y) da $zimat[y] da es(ty) s(ve)t(o)m$
monastir$ vß $krh|plenïeô a bratïam(y) vß pi\$ô a mi da se
pomhn$emo sß s(ve)timi ktitoriô vß vßshx[y] vßzglaùenïaxyô vß
cr(y)k(y)viô i na | trapez$ po vßs$d$ô i da se poet[y] paraklis(y)
vß sœbot[$] po veq(e)r(y)nïeô i vß nedhlü let$r„gïa sßbor„no sß koli-
vom(y)ô i pri|lev(y)komy neprhmen„no i da se piùemo vß s(ve)toü
proskomidïüô i vß s(ve)tixy pomenik(y)ô do jivot$ g(o)s(po)d(yst)va
miô i po sßmr(y)ti | g(o)s(po)d(yst)va miô da mi se qinit[y]
pamet[y]ô kolivo sßbor„noô i lïtu[ry]gïaô i trapeza kakono est[y]
wbiq(y)no za bl(a)goq(y)stive c(a)re | tvoriti neiz„men„noô
don(y)dej(e) stoit[y] s(vh)ta i monastirax[y]ô i az[y] grhù(y)nïi i
men„ùïi çil(y)qa ij[e] qir(y)tax(y) sïü knig$ | vß slavni grad[y]
b$k$re\iô m(e)s(h)ca ç(e)r(yvara) ôk}zô d(y)ny vß lhto #z*l*ƒ*:Ô |
– fw(any) vlady vwevwda m(i)lwstï<æ> b(o)jïæ g(ospod)ïn(y) :Ô
______
* Napisano dr$dom(y).

† Celui qui voit tout, le Très-Doux, Dieu que nous louons en la Sainte Tri-
nité, à qui nous devons grâce et reconnaissance de nous avoir fait don à nous,
son serviteur qui est dans le péché, de la grâce multiple, nonobstant ses nom-
breux péchés, tandis que les uns selon leur force et leur zèle, les autres par la prière
et le jeûne, d’autres par les bonnes œuvres, d’autres encore par l’imitation (des
vertus), ont trouvé le salut. Celui qui daigna s’incarner, se faire homme et ne pas
épargner son sang pour nous et pour le salut du monde, ouvrant le paradis an-
tique au genre humain, dont nous nous sommes privés par notre transgression.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 179

C’est ainsi que nous aussi voulons par cette charte faire obédience aux zélateurs
et à ceux qui s’en sont rendus dignes en imitant Sa Passion, de même que les saints
Apôtres et les martyrs ont enduré toute peine et toute souffrance pour le royaume
des cieux dont ils se sont rendus les héritiers. En suivant leur exemple, afin de
faire un don par miséricorde, en se détachant des passions charnelles, afin de
s’approprier l’Esprit-Saint et acquérir ainsi l’image et la ressemblance royales en
s’y associant selon son enseignement véridique entendu depuis la transmission
de sa bonne nouvelle, s’y employant dans la mesure de nos possibilités afin de
ne pas négliger notre salut ; car il dit que les miséricordieux seront bienheureux,
car ils seront pardonnés, de même que les miséricordieux seront délivrés des pé-
chés.
C’est pourquoi, moi le très-pieux, très-honorable, aimant le Christ et pro-
tégé par Dieu, Ioan Vlad voévode, par la grâce de Dieu prince de la Valachie, fils
du grand et très bon 66 Vlăduţă voévode, m’associe avec zèle aux très-honorables
seigneurs tsars d’antan et aux ancêtres et parents de Ma Seigneurie, qui ont si
bien mis en accord les affaires d’ici-bas, en établissant les saintes églises et les
monastères dès leur fondation, en les embellissant merveilleusement selon la
volonté de Dieu à qui ils se rendirent agréables selon le très pieux souvenir de
la mémoire qu’ils nous ont laissée. C’est ainsi que nous aussi avons considéré
les saintes églises et les temples orphelins des susdits seigneurs et accablés de
nombreuses privations et devenus nécessiteux ; dans la mesure du délai que le
Seigneur Dieu nous accordera nous nous emploierons à nous associer à être
en communion avec les bienheureux premiers ktitors. Aspirant vers Dieu nous
instaurons ainsi ceci à la manière des saints monastères du jardin de la Très-
pure Mère-de-Dieu qui sont sur la Sainte-Montagne de l’Athos, à la sainte laure
serbe impériale et sacerdotale, le monastère de Chilandar, temple de la Pré-
sentation de la Mère-de-Dieu dans le Saint des Saints, qui fut édifié et construit
avec bien des efforts par saint Siméon le Nouveau Myroblyte et le saint et thau-
maturge Sava. Nous attribuons au saint monastère une allocation de 10.000
aspres, et de 800 aspres pour l’hôpital et les besoins des malades, ainsi que 500
aspres pour les frais de voyage des frères qui viendront les percevoir chaque
année à la Théophanie pour les verser intégralement au saint monastère, ce

66. Formule courante s’appliquant aux princes défunts.


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180 Chilandar et les Pays roumains

que j’ai dit, afin qu’ils soient au bénéfice du saint monastère et pour le récon-
fort de la confrérie.
Alors que nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes
les invocations à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et que le para-
clision soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que la liturgie solennelle du
dimanche avec les collybe et le prilevak, que nous soyons immuablement inscrit
à la sainte proskomidie et dans le saint diptyque du vivant de ma seigneurie, alors
qu’après la mort de ma seigneurie je sois respectable dans les prières : les col-
lybe solennels, à la liturgie et au réfectoire, ainsi qu’il est d’usage pour les tsars
vénérables, ce qui doit être fait invariablement tant que le monde et le monas-
tère existeront.
Ainsi que moi, le pécheur et vil Filcea 67 qui ai écrit cet acte dans la ville glo-
rieuse de Bucarest, au mois de février, le 27e jour de l’an 7039.
† Ioan Vlad voévode, seigneur par la grâce de Dieu.
Ecrit par Droud.

DOC. N° 18 [BOITE N° 2]

7037 (1528), le 22 décembre à Târgovişte


Charte du voévode Radul (de la Afumaţi), accordant à l’ermitage des Trois-
Saints Hiérarques à Karyès, dépendant de Chilandar, 3.000 aspres annuels et
aux quêteurs 500 aspres.
Original, 47 sur 46,5cm. Parchemin, sceau de cire (R=14cm ; haut. 5,5cm).
Notice au verso : Sei xrisov$lye esty gospodara oungrovlaxsiago
Raduly voevoda, idin esty velikia cerkvi protatona v Karei, « Ce
chrysobulle est du voévode hongro-valaque Radul, dont un [exemplaire] est
dans la grande église du Prôtaton à Karyès ».

– V ime w(tß)ca i s(¥)na i s(ve)t(a)go d($)xa troice s(ve)thi


edinos$\„nhi i nerazdelimhi. i m(o)l(i)tvami prhq(i)sthi ego
b(o)gom(a)t(e)re. vl[a]dïq[i]ce naùoi b(ogorodi)ce. i pr(i)snod(h)vhi
marió. k$p„no j(e) i vßsex[ß] s(ve)t¥ix(ß). az(ß) vß x(ri)s(t)a
b(og)a | bl(a)govhr„nii bl(a)goq(ß)stivii i xr(i)stolübivii. fw(anß)
radúl[ß] voevoda. b(o)jieü m(i)l(o)stiü wbladaœ zem„lei $g„grov-
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Actes slavo-roumains de Chilandar 181

laxiiskoi. jelanie imei kß b(o)j(ß)st(ß)vnim(ß) s(ve)t¥m(ß)


cr(ß)k(ß)vam(ß). i kß inoqeskom$ qin$. | videx[ß] bo c(a)r(ß)skie
monastire ij(e) sß velikim(ß) tr$dom(ß) i sß tß\aniem[ß]. wt[ß]
b(o)j(ß)st(ß)vnex(ß) c(a)rex(ß) i g(o)sp(o)dax„ wt[ß] wsnovanïa
vßzdvijenix[ß] i $kraùen„nix[ß] vßsió je vrhmeno wt[ß] s(ve)topo-
qev(ß)ùix(ß) xtitor(ß). wd[ß] six[ß] | wb(ß)sirhv„ùix(ß), i vß
tesnoth mno§h i skrßbi. b(o)j(ß)st(ß)vnim(ß) prhbivae\im(ß)
inokom(ß). zrh\e j(e) takova c(a)r(ß)ska zdanie wbet[ß]ùav„ùa i
r$ùen„na. vßses(ve)t(o)m$ b(o)j(ß)st(ß)vnom$ posled$ü\e pisanie.
rek„ùom$ | m(i)l(o)sti xo\$ a ne jrßt„vh i paki óko
m(i)l(o)stinhmi wce\aüt[ß] se grhsi. i paki bl(a)jeni
m(i)l(o)stivi óko tïi pom(i)lovani b$det[ß]. ókoj(e) i proroq(ß)ska
d($)xa nasi\en„na $sta g[lago]let[ß]. | bl(a)jen(ß) m$j(ß) mil$ei
ves(ß) d(e)nß naslajdaet„ se g[o]s[po]d[h]vi. sïó $bo wt[ß]
b(o)j(ß)st(ß)vnago pisanie $vedev(ß)ùi. paki sliùaxom(ß) proroka
d($)xom(ß) s(ve)t¥m(ß) g(lago)le\a. óko $bo sliùite c(a)rie i
raz$mhite i navikhte | s$dïe kon(ß)cem(ß) zeml¥ vßn$ùite
drßje\ei mnojestva i grßde\ei se w narodhx[ß] óziky. óko dana
bis(tß) wt[ß] g(ospod)a drßjava vam(ß) i sila wt[ß] viùnhgo. vßsi
raz$mev(ß)ùi $bo. óko vßsa vß r$ka | b(o)jii s$t[ß]. elikaa
xo\et[ß] $bo komojdo wt[ß] nas(ß) podavaet[ß]. nœ $bo bl(a)jen(i)
i trßblajen(i) ije wt[ß] b(o)godan„noe em$ bogat(ß)stvo dobrh ras-
taqaet[ß]. i dhlaet[ß] vß tainh b(o)g$ vßr$qini | em$ talan(ß)ty
sireq(ß) m(i)l(o)stineü. óko da $sliùit[ß] $bo bl(a)gii i slad[ß]ki
wn(ß) glas(ß) radovanie i ves(e)lie veq(ß)n„naago. bl(a)gi rabe i
vhren(ß) vßnidi vß rados(tß) g(ospod)a svoego sió $bo sliùav(ß)ùe
| pod[o]baet„ je i nam(ß) vßnimati wt[ß] zdeù„nix[ß]. óko malo-
vrhmena i prhxod[ß]na s$t[ß]. paqe j[e] i g(lago)lety
b(o)j(ß)st(ß)vna pisanie. óko vßshka slava zemlßna do vrhmena
es(tß). pod[o]baet[ß] je i nam(ß) | porev„novati pr[h]jd[ß]niim[ß]
bl(a)goq(ß)stiviim(ß) i sv(et)opoqiv„ùix(ß) c(a)rïe i g(o)sp(o)dam(ß)
ij(e) zemlßnaa dobrh $stroiv„ùi i sió dobrh prhprovodiv„ùix[ß]. i
simi zemlynimi priwbrht[ß]ùe | n(e)b(e)snaa bl(a)gaa. i six[ß]
naslhdovaùe. a zemlßn„naa zemlynim(ß) wstaviùe. az(ß) je jelanie
vßjdelhx(ß) kß vßseq(ß)stniim(ß) i b(o)j(ß)st(ß)vnim(ß)
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182 Chilandar et les Pays roumains

cr(ß)kvam(ß) po proroq(ß)skom$ slov$ im„je wbrazom(ß) jelaet(ß)


elen(ß) | na <i>stoq„niki vod[ß]nie. sice vßjdelhet[ß] d($)ùa moa
kß g(ospod)$ b(o)g$ moem$. vide je $bo i az(ß) ókoj(e) radi
naùix[ß] grhxov(ß), $maliùe s(e) bl(a)goq(ß)st(i)vaa g(o)sp(o)da i
k„titorie. ij(e) b(o)j(ß)st(ß)vnii i s(ve)\en„nie | cr(ß)k(ß)ve
vßstavlhx$ i $kraùax$. i milovax$. sego radi g[o]s[po]d[ßst]vo mi
sie xrisov$l(ß) g[o]s[po]d[ßst]va mi. s(ve)toü cr(ß)k(ß)v$ i wbithli
ej(e) es(tß) bliz(ß) protatie. idej(e) es(tß) xram(ß) trivßse-
len(ß)skii | s(ve)titelie veliki vasilie i grigorie b(o)goslov$. i
fwan$ zlato$st$. óko da im(ß) es(tß) wbrok(ß) kata godin$. w eliko
dan„noe nam(ß) bogat[ß]stvo wt[ß] b(og)a. i eliko po|silhmo poma-
gati i milovati da m$ se davat[ß] wb(ß)rok(ß) s(ve)t(o)m$ mhst$
na vshko lhto po ô#g*ô as(ß)pri i spen(ß)z$ bratióm(ß) po ôç*ô
as(ß)pri i da doxodet[ß] bratïó | na vrhme da vßzimat[ß] wbrok(ß)
s(ve)t(o)m$ mhst$ viùe req(e)n„no. i da m$ es(tß) nepotvoreno. a
nam(ß) je i roditeliem(ß) naùim(ß) vß vhq„noe vßspominanie paki
j(e) po eje wt[ß] zdeù„nix[ß] | naùem$ priùestviü. egoj(e)
bl(a)govolit(ß) g(ospod)ß b(o)gß. biti g(o)s(po)d(i)ny vlaù(ß)koi
zemli. ili wt[ß] naùego sr[ß]d[ß]qnago ploda ili wt[ß] naùix[ß]
sßrodnik(ß). ili po grhsex[ß] naùix[ß] wt[ß] inople|menik(ß). vide
je $bo i az(ß) ókoj(e) radi naùix[ß] grhxov(ß), $maliùe s(e)
bl(a)goq(ß)st(i)vaa g(o)sp(o)da i k„titorie. da imat[ß] pomo\(ß)
wt[ß] x(ri)s(t)a b(og)a i wt[ß] prhq(i)stie b(o)gom(a)t(e)re. k$pno
j(e) i wt[ß] vßsex[ß] s(veti)telix[ß] | b(o)g$ $godiv„ùix[ß].
amin(ß). a a\e li k„to drßznet[ß] wt[ß]eti ili razoriti sie naùe
naùe mi wbe\an„noe. da m$ s$ sßprotiv[ß]ne s(ve)t¥i strasti
g(ospod)a b(og)a i sp(a)sa | naùego fs(o)u(sa) x(ri)s(t)a zde i vß
b$de\ix[ß] vech i vßmhsto pomo\i da m$ es(tß) wt[ß]mßstnica
prhq(i)staa b(o)gom(a)ti. k$pno i vß si s(ve)t¥. i ij(e) po nas(ß)
isplßnit[i] i $krasit[i]. | i $tvrßdit[i]. ókoj(e) mi wbe\axom[ß]
se. da dar$et[ß] g(ospod)y b(o)gy em$ bl(a)g(o)d(h)ty svoü i
m(i)l(o)sty vß sióm[ß] vhch provod[i]ti vß bl(a)goq(ß)stiü i vß
pravoslaviü i konecy | bl(a)gy vß b$d($)\im(ß) vhce jizny
vhq(ß)nii i w desnoü stati prehstola g(ospod)a b(o)ga i sp(a)sa
naùego f(so)u(sa) x(ri)s(t)a. i sß vßsemi s(ve)t¥mi ij(e) wt[ß]
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Actes slavo-roumains de Chilandar 183

vhka b(o)g$ $godiv(ß)ùix(ß) amin(ß) :Ô | pis(axß) az(ß) d$mitr$


gram(atikß) $ trßgovi\($). m(esh)ca. dek(emvrió) ôk{vô d(ß)n(ß).
wt[ß] adama tek$\i. v[ß] lht[o]. #z*l*z*:Ô
– ïw(anß) radúl(ß) vwevoda mil(o)stïæ b(o)jïæ g[ospo]diny–

Notice au verso : Sei xrisov$lye esty gospodara oungrovlaxsiago Raduly


voevoda, idin esty velikia cerkvi protatona v Karei, « Ce chrysobulle est
du voévode hongro-valaque Radul, dont un [exemplaire] se trouve dans la
grande église du Prôtaton à Karyès ».

† Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Trinité Sainte, consubstan-


tielle et indivisible, et par les prières de Sa Très-Pure Mère-de-Dieu, Notre-
Dame la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge Marie, avec l’ensemble de tous les
saints.
Moi (dans) le Christ Dieu, très-fidèle, très-pieux et aimant-le-Christ, Ioan
Radul voévode, par la miséricorde divine détenteur du pouvoir du Pays hon-
grovalaque ; voulant favoriser les saintes églises divines et la dignité monacale,
ayant vu les monastères impériaux bâtis de fond en comble à grand-peine et
décorés par les divins tsars et seigneurs du temps des ktitors de sainte mémoire,
devenus orphelins de ces derniers, [s’étant trouvés] dans le besoin et [ayant
vu] la précarité des divins moines qui les habitaient, voyant ces édifices impé-
riaux vétustes et en ruines ; ainsi que l’enseignent les Saintes Ecritures, disant :
“Je veux de la miséricorde et non des offrandes » 68, de même que : « Aux misé-
ricordieux sont pardonnés les péchés », et encore “Bienheureux les miséricor-
dieux, car ils seront pardonnés” 69, ainsi que dit la bouche prophétique comblée
de l’Esprit : “Bienheureux l’homme qui chérit chaque jour, il se délectera dans
le Seigneur” 70. Ayant perçu ces écrits divins, tout en écoutant le prophète
disant par l’Esprit-Saint, “De même que vous obéissez aux empereurs, appre-
nez a comprendre le Jugement dernier, apprenez, vous qui guidez les multi-

67. Filcea : petit diak, cf. D.R.H., III, doc. 133, 158, 169, 171-173, entre 1532-1533, logothète
(deuxième ou troisième) en 1535, D.R.H., III, doc. 209, puis gramatik, D.R.H. IV, doc. 17, 31,
87, 149 (entre 1536-1543).
68. Matt. 9, 13 ; 12, 7.
69. Matt. 5, 7 ; Luc. 6, 36.
70. Ps. 33, 9 ; 83, 6.
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184 Chilandar et les Pays roumains

tudes, [comme] il en est des peuples et des nations, ainsi que l’État (le pouvoir)
est donné par le Seigneur et la puissance provient du Très-Haut (Tout-Puis-
sant), en ayant compris cela, comme tout est dans la main de Dieu, ayant voulu
aussi faire un don de notre part, de même que bienheureux et trois fois bien-
heureux sont ceux qui dispensent pour le bien les richesses [qui leur ont été]
données par Dieu, agissant en secret selon le talent miséricordieusement confié
par Dieu, afin d’entendre cette voix douce et délicieuse de la jubilation et de la
joie éternelle : “Serviteur docile et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur” 71.
Ayant entendu cela, il nous sied de savoir que ce qui est ici-bas est éphé-
mère et transitoire, ainsi que le dit la Sainte Ecriture, que toute gloire d’ici-bas
est temporelle, il nous incombe d’exceller [à l’image] des tsars et seigneurs
d’antan, bienheureux et de sainte mémoire, qui ont si bien réglé les affaires d’ici-
bas, pourvoyant à tout pour le mieux, transformant les biens terrestres en biens
célestes dont ils héritèrent, tout en laissant les biens terrestres aux terrestres.
J’ai été saisi de la requête des très vénérables églises divines : selon la parole
du prophète, à l’image du cerf qui aspire à la source d’eau, ainsi mon âme tend
vers le Seigneur mon Dieu.
Ayant vu pour ma part que, à cause de nos péchés, se sont amoindris les
vénérables seigneurs et ktitors, qui entretenaient, embellissaient et chérissaient
les églises divines et sacerdotales. C’est pourquoi ma seigneurie (délivre) ce
chrysobulle de ma seigneurie à la sainte église et à la communauté qui se trouve
près du Protâton 72, où se trouve le temple des trois saints hiérarques, Basile le
Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome, qu’une allocation leur
soit versée chaque année, à titre d’aide et de charité, dans la mesure de la
richesse qui nous est donnée par Dieu, à la mesure de nos forces, que l’alloca-
tion de 3.000 aspres soit donnée au saint lieu chaque année, en plus de 300
aspres pour les dépenses des frères. Que les frères viennent en temps voulu afin
de percevoir l’allocation pour le susdit saint lieu, et que cela soit pour eux irré-
vocable.
Alors de nous et de nos parents, que mention éternelle soit faite dans la
prière. Ainsi que, par la suite, par ceux d’ici, qui nous succéderont selon la béné-

71. Matt. 25, 21.


72. Sur l’histoire de cette institution centrale du Mont-Athos, voir Actes du Prôtaton, par Denise
PAPACHRYSSANTHOU, Paris 1975, p. 114-123.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 185

diction du Seigneur Dieu, pour être les seigneurs du Pays valaque, qu’ils soient
de notre extraction, ou de notre parentèle, ou bien étrangers à cause de nos
péchés, s’étant rendus compte, comme moi, qu’à cause de nos péchés, les véné-
rables seigneurs et ktitors ont diminué en nombre. Afin d’avoir l’assistance du
Christ Dieu et de la Très-Pure Mère-de-Dieu, ainsi que de tous les saints qui
ont été agréables à Dieu. Amen.
Au cas où quelqu’un oserait défaire ou contrevenir à ce que nous avons
promis, qu’il ait pour adversaire les saintes douleurs de notre Seigneur Dieu et
Sauveur Jésus Christ, maintenant (ici-bas) et à l’avenir, et qu’au lieu d’une aide,
la Très-Pure Mère-de-Dieu et tous les saints, lui soient adversaires. Alors que,
si a notre exemple, il accomplit, embellit, confirme et entérine ce que nous
avons promis, que le Seigneur Dieu lui accorde sa grâce et sa miséricorde, en
les conduisant tous en ce siècle à la vraie foi, à l’orthodoxie et à une douce fin,
ainsi qu’au siècle futur [ils soient] conduits à la vie éternelle, à la droite du trône
de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ, avec tous les saints qui lui ont
été agréables. Amen.
Ecrit par moi [le scribe] Dumitru Gramatik 73, à Târgovişte, au mois de
décembre, le 22e jour, de l’année en cours 7037 depuis Adam.
† Ioan Radul, le voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 19 [A 23/4 (6 ?)]

24 mars, 7040 (1532) à Târgovişte


Charte d’un voévode valaque Vlad (dit Vintilă de Slatina 1532-1535), accor-
dant à l’ermitage Saint-Sava, dépendant de Chilandar, 3.000 aspres annuels et
aux moines qui viendront les toucher (diacre Istratie) 300 aspres pour le
voyage (Tatul logothète et Badea diac).
Original, 44,5 sur 30cm. Parchemin, avec traces du sceau.

– Slava i bl(a)godhty bl(a)godhtelü i prhbl(a)gom$ i vß


troici slavimom$ b(o)g$ davùom$ nam(y) takov$ bl(a)goô mnogimi

73. Il s’agit peut-être de Dumitru Foame, actif entre 1525 – 1547 environ, qui est connu comme
scribe, diak, gramatik, logothète, D.R.H., II, doc. 232 ; D.R.H., III, doc. 36-37, 41-42, 52, 55,
61-62, 78, 140, etc. (1527-1535), D.R.H., IV, doc. 79, 152, 237 (1539-1547).
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186 Chilandar et les Pays roumains

wbrazi promislßnikwmy biti <w svoemy spasenie i pokazavi ü raz-


likiü p$ti> | ky pokaanïemy i wqi\enïü sßgrhùenïemy i jelanïü
pa<kibitia i svoixy> bl(a)gy wby\niki bitiô ij[e] dobre pod-
viza<vy>ùim„ sæô i zapovhdi ego sßblüd[y]ùiix[y]ô ókoj[e]
b(o)j(ys)t<yvnoe pisanie reqe pravedyny m$jy mil$ei> | i v(y)sy
d(y)ny naslajdaet sæ g(o)s(podh)viô sice videxwm(y) bl(a)j(e)niix(y)
i <svetiixy wtycy> s(ve)t(a)go s√mewnaô nareq(e)nago nemanhô i
s(ve)titelh sav$ô eliko tr$dï radi s(ve)tiix(y) monastiraô pok<azali
s$ty i vßsak$ slav$ mira sego> | wstavùix[y] b(o)gosp(a)senii j[e]
p$t[y]ô thsniiô vßspriem„ùix(y)ô ij[e] vß vhq„ni jivot[y]
vßvode\iiô vßsakoe j[e] popeqenïe w s(ve)tix(y) cr(y)k(y)vax(y)ô
imev(y)ùix(y) i six[y] eliko moùno tr$dolübnhô $krasiv(y)ùi<yùixy
i svoimi xrisov$li potvrßdivy>|ùix[y]ô po six[y] je
bl(a)j(e)nhiùei g(lago)leô i ws(ve)\enii sava se bo wbitel(y)
bez[y]mlßvn$ wbrhtßô i vßshkim(y) $stavom(y)ô dobriim(y) i kras-
nim(y) potvrßdiv(y) toó $bo nastoe\<ee jitie sego vrhme> |
prhprovodiv(y)ô kß prhmirnii prhùed„ô vßsakie j[e] wbrazi ej[e]
kß pol(y)ziô poslhd(y)niim(y) wstavlßô se $bo mi vidhv„ùeô paqe
j[e] i wb(y)sirenie s(ve)tiix(y) mestex[y] wbl(a)goq(y)stiviix(y) i
s(ve)topoqiv„ùix(y) xti<torexy eliko mo\yn>|w namyô b(o)godanago
imanïe sßtvorixwm(y) pir(y)g(y) s(ve)t(a)go w(ty)ca naùego saviô
ij[e] vß kareóx[y] wbrok(y)ô kata godine ô#g*ô as(y)pri krome
spen(y)zaô a bratiem(y) koi ste doxodite spen(y)za po ôt*<asypri…>
| sïa sßtvorixwm(y)ô ponej[e] prïide brat[y] vaùoi s(ve)t(i)ne,
diókon(y) istratïeô i prinese ni knigi r$kopisanïe ej[e] es(ty)
svitßk(y) s(ve)t(a)go w(ty)ca saviô ej[e] es(ty) vßqinen(y) tom$i
s(ve)t(o)m$ mesteô sego radï da priidete brati<e poslana> | kata
godine sß xilan(y)dar„ciô da $zmet[y] i wt[y]neset[y] tßi
viù(e)req(e)no wbrok(y)ô $ toi s(ve)toe mestoô togda $ m(e)s(h)ca
koi i xila<ny>dar„ci doxodetß za nix[y] wbrok(y)ô vi j[e] w(ty)ce
s(ve)ti pominaite ni vß s(ve)ti va<ùi> | m(o)l(i)tvaô i molite
b(o)ga w nas(y) grhùnix[y]ô óko da vaùemi m(o)l(i)tvami spodo-
bit[y]ô i nas(y) g(o)s(pod)y b(o)gy $l$qiti vhqniix[y] ego bl(a)gyô w
x(ri)s(t)h is($)shô g(ospod)i em$j[e] sß w(ty)cem(y) naùem(y)ô i sß
s(ve)timß d($)xwm(y) vß vhki b<$dety> | az„ je vß x(ri)s(t)a b(og)a
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Actes slavo-roumains de Chilandar 187

bl(a)govhrnii i x(ri)stolübivii fw(any) vintilœ voievodaô sïe


wbe\ax[y]ô i wbrok(y) davati tom$ s(ve)tom$ mesto don(y)deje vß
jivix[y] <…> a po nas(y) kogo iz[y]beret[y] g(ospod)y b(og)y t<…> |
namhstnik(y)ô a\e isplßnitß sïe wbh\anïeô da m$ es(ty) g(ospod)y
b(o)gy pomo\nik(y)ô i prhq(i)sta b(o)gom(a)ti i zde i vß b$di\ei
vhchô a\i li ne isplßnitß da d<asty> | wt[y]vht[y] na straù-
nim(y) s$d$ amïny :Ô i tat$l(y) lwg(o)çet$ô i az[y] mnogogrhùniô
badh diók(y) ej(e) napisax[y] vß stol(y)ni grad(y) trßgovi\(e)
m(e)s(h)ca m(a)r(y)tie ôk}dô d(y)ny vß lht(o) #z*m*<…> |
– fw(any) vlady vwevwda milostïæ b(o)jïæ g(ospod)iny

† Gloire et grâce au dispensateur de la grâce, Dieu le Très-doux que nous


glorifions dans la Sainte Trinité, lui qui nous a accordé tant de faveurs (trésors).
Étant la providence de beaucoup, tu montres comment discerner la voie à pren-
dre pour le salut, vers le repentir et la purification des péchés, vers l’aspiration
à l’existence et à la valorisation de ses trésors ; a ceux qui se dévouent au bien,
il leur a ordonné d’exceller, ainsi que l’écrit divin le dit : « L’homme juste ché-
rit et se délectera à jamais dans le Seigneur » 74.
C’est ainsi que nous comprenons les bienheureux et saints pères, saint
Siméon, appelé Nemanja, et saint Sava, de quels efforts au profit des saints
monastères ils ont fait preuve, abandonnant toute gloire de ce monde, ils ont
su se ménager la voie étroite du salut divin qui mène à la vie éternelle. Ayant
fait preuve de tout leur dévouement à l’égard des saintes églises qu’ils ont
embellies sans se ménager, en le confirmant par leurs chrysobulles dans les-
quels le bienheureux s’exprime. Sava le sanctifié a voué cette communauté à la
quiétude spirituelle (bez’ml’vnou = hésychia), en la dotant de toute une consti-
tution admirable et magnifique, en confirmant cela dans la vie excellente du
temps qu’il y passa, laissant cet exemple pour le bien de ceux qui suivront.
Ayant perçu tout cela, de même que l’appauvrissement des saints lieux des
vénérables ktitors de sainte sépulture, dans la mesure des possibilités que Dieu
nous a offertes, nous fixons l’allocation, en faveur de la Tour de notre saint père
Sava qui se trouve à Karyès, à 3000 aspres par an pour les frais, alors que pour
les frères qui viennent à 300 aspres de frais […].

74. Ps. 33, 9 ; 83, 6.


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188 Chilandar et les Pays roumains

Attendu que le frère de votre sanctuaire, le diacre Istratie, est venu nous
apporter la lettre manuscrite qui est le rouleau du saint père Sava, qu’il a faite
pour ce saint lieu. C’est pourquoi, que les frères émissaires viennent chaque
année avec ceux de Chilandar, le même mois où ceux de Chilandar viennent
pour leur allocation, afin de percevoir et d’emporter dans ce saint lieu la sus-
dite allocation.
Quant à vous, saints pères, priez pour nous dans vos saintes prières en sup-
pliant Dieu pour nous pécheur, afin que par vos prières le Seigneur Dieu puisse
nous rendre digne de nous attribuer ses trésors éternels, dans le Christ Jésus
Notre-Seigneur avec son Père et avec l’Esprit Saint, qu’il en soit ainsi à jamais.
Moi, dans le Christ Dieu, très-croyant et aimant le Christ, Ioan Vintilă voé-
vode, j’ai promis cela, a savoir le versement de l’allocation à ce saint lieu tant que
[nous] vivrons. Alors que celui que le Seigneur Dieu choisira pour être […] le
vicaire (son lieutenant) après nous, pour autant qu’il observera cette promesse,
que le Seigneur Dieu lui prête assistance, ainsi que l’Immaculée Mère de Dieu,
ici-bas et dans la vie future. Au cas où il ne l’observerait pas, qu’il en réponde
au Jugement dernier. Amen.
Ainsi qu’à Tatul logothète, et à moi le grand pécheur Badea diak qui ai écrit
ceci dans la ville capitale de Târgovişte, au mois de mars, le 24e jour, de l’an
7040.
† Ioan Vlad voévode, seigneur par la grâce divine.

DOC. N° 20 [BOITE N° 3]

27 avril, 7042 = 1534


Charte du voévode valaque Vlad (“dit Vintilă”), octroyant à Chilandar 10.000
aspres annuelles, à l’hôpital du monastère 800 aspres et aux moines 500 aspres
pour leur voyage.
Au bas de la charte : note de la main du logothète Pierre, pour 6.000 aspres
annuelles à Chilandar et 1.000 aux moines pour le voyage, offerts par le voé-
vode Pierre (Rareş), de Moldavie (Giura logothète).
Original, 47 sur 46 cm. Parchemin, sceau de cire cassé (R=7cm ; haut. 3,8cm).

Ed., Documenta, III, n° 178 p. 290-291.


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Actes slavo-roumains de Chilandar 189

– Vß seve(to)m$ b(o)j(ß)stßvnom$ poslhd$e\e pisanïe. rek„ùom$,


m(i)l(o)sti xo\$, a ne jrßtvœ. óko m(i)l(o)stinhmi wch\aet sæ
grhsi, i paki bl(a)jenni m(i)l(o)stivïi óko | tïi pomilovani
b$detß. ókoje proroqßska d($)xa nasi\ena $sta g(lago)letß.
bl(a)jenß mœjß mil$ei ves(ß) d(e)nß naslajdaet sæ g(o)s(pode)vi.
sïó $bo wt[ß] b(o)j(ß)stßvnago pisanïe $vh|dhv„ùe. paki sliùaxom(ß)
proroka g(lago)le\a d($)xomß s(ve)timy. óko $bo $sliùite c(a)rie i
raz$mhite, i navikhte s$dï za kon„cemß zemlim(ß). vßn$ùite
drßje\ei mno|jestva, i grßde\ei se w narodhx[ß] óziky. óko dana
b¥s(tß) wt[ß] g(ospod)a drßjavœ vam(ß) i sila wt[ß] viùnhgo.
raz$mhev(ß)ùe $bo óko vßshx[ß] vß r$ka b(o)jió sœt(ß). i eliko
xo\et(ß) úbo komo|jd$ wt[ß] nas(ß) podavaet(ß). nœ $bo bl(a)jenïi
trßbl(a)jen„ni. ije b(o)godanoi b(o)gatßst„vo dobrh rastaqaet(ß). i
dhlaetß vß tainh b(o)g$ vßr$qeni em$ talan„tß. óko $bo | $sliùetß
bl(a)gi $bo slad[ß]ki wn(ß) glas(ß) radovanïa. bl(a)gïi rabe i vhrnïi
vßnidi vß radostß g(ospod)a svoego. sïó sliùav(ß)ùe, podobaùe je
i nam(ß) vßnimati wt[ß] zde|ùniix[ß]. óko malovrhmena i
prhxod„na sœt(ß). ókoje i g(lago)letß. vßshka slava ql(o)v(hqßs)ka
do vrhmena es(tß). podobaù(e) je i namß porev„novati prhjd„nimß
bl(a)goq(ß)stivïim(ß) | i svetopoqiv(ß)ùixß g(o)sp(o)daxß. ije
zemlßnaa dobrh ústroiv(ß)ùe. i sïó dobrh prhprovodiv„ùix[ß].
simi zemlßnimi n(e)b(e)sna priwbrhtùe bl(a)gaa. i six[ß]
naslh|dovaùe. a zemlßna zemnimy wstavlßùe. se je $bo i Azß ije
vß x(ri)s(t)a b(o)ga bl(a)govhrnïi, i b(o)goxranimïi. i
bl(a)goq(ß)stivii i samodrßjav„nïi. ïw(anß) vin(ß)tilœ voevodß. |
naricaemi vlad[ß] voevoda, m(i)l(o)stieü b(o)jieü g[o]sp[o]d[a]rß i
wbladatelß vßsoi zemle $g„grovlaxïiskoi. jelanïe vßjdelhxomß kß
vßseq(ß)stnom$ i b(o)jiem(ß) cr(ß)kvamß. po proroqß|skom$ slovo.
im„je wbrazom(ß) jelaetß. elen(ß) na istoqniki vodnie. sice
jelaetß i d($)ùe moa k„ tebe b(o)je. vidhv„ùe $bo. óko radi
naùix[ß] grhxov(ß), $maliùe sæ | bl(a)goq(ß)stiva g(ospod)a. ije
b(o)j(ß)st(ß)vnii i s(ve)\enïe cr(ß)k(ß)vi vßstavlhxœ i $kraùaxœ.
i milovaxœ. naipaqe, ije vß s(ve)thi gorh aƒon„schi, ij(e) vß
perivoli pr(h)q(i)stie b(o)gom(a)ti | c(a)r(ß)skie s(ve)\enïei
wbithli. velikïe lavri srßb„skie. s(ve)taa monastir$. g(lago)lemi
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190 Chilandar et les Pays roumains

çilandar„. ije es(tß) xram(ß) pr(h)s(ve)thi q(i)sthi i


prhbl(a)g(o)s(lo)venhi vl[a]d[i]q[i]ci naùoi b[ogoro]d[i]ce i
pr(i)sno|d(h)vhi marïe. i q(ß)stnoe æó vßvedenïe vß s(ve)taaxß
s(ve)tixy. egoje vßzdvigoùe i sßzdaùe sß mnogim(ß) tr$dom(ß)
s(ve)ti simewn(ß) novi mirotoqecß. i s(ve)titelß i qüdotvorec(ß)
sava. i $qi|nixmo wbrok(ß) s(ve)t(o)m$ monastir$. #a*. as(ß)pri. i za
bol„nic$, eje b$det(ß) za potrhb$ bole\im(ß) ôw*ôas(ß)prex(ß). tere
da prïidetß bratió kata godoni. da prïimaetß | viùereqen$ wbrok(ß)
s(ve)t(o)m$ monastir$. tere da idet(ß) celo do s(ve)t(a)go monas-
tir$. i bratióm(ß) prixode\im(ß) spen„z$ ôç*ôas(ß)prex(ß), da prïi-
detß bratió na vrhme, po | s(ve)toü b(o)goóvlenïe, ókoj(e) viùe
rhxomß da priimaetß. da es(tß) s(ve)t(o)m$ i b(o)j(ß)stßvnom$
c(a)r(ß)skom$ monastir$. vß úkrhplenïü i vß $strab$. i
q(ß)stneiùimß inokomß | prhbivateliem(ß) vß s(ve)t(a)go mhsto
tom$ vß pi\$ i vß prhbivanïe. a mi je i rodïtelïemß naùimß. vß
vhqnoi vßspominanïe. i da se pomhn$emi sß s(ve)timi xti|tori vß
vßshxy vßzglaùenïa vß cr(ß)kvi. i na trapez$ po vßsœd$. i da se
poetß q(ß)stnii paraklisß vß sœbotß po veqernoi. i vß nedhlü
s$tra da ni se poetß s(ve)taó | lit$r„gïü sßbor„no, i sß kolivomß i
prilev„komß neprhmhn„no. i da ni $piùetæ vß s(ve)toü proskomi-
diü. i vß s(ve)tixß pomhnik$ do jivota naùego. | i po
s(ß)mr(ß)ti naùoi. da mi se qinitß pametß, kolivo sßbor„no. i
s(ve)taa lit$r„gió. i na trapezo kako estß wbiq„no za
blagoq(ß)stivii c(a)rie. tvori|te neizmhno, don„deje stoitß s(ve)taa
monastirß. i po sixß w(tß)ci s(ve)tiixß i b(o)goboazni. molite
b(o)ga i w mnh grhù„nom$ i lhnivago vß | s(ve)tixß vaùixß tai-
naxß. i paki po eje wt[ß] z„deùnixß naùem$ priùestviü. egoje
blagovolitß g(ospod)ß b(o)gß biti gospodarß i wbladatelß | vßsoi
zemle $g„grovlaxiiskoi. ili wt[ß] naùego srßdeqnago ploda. ili
wt[ß] naùixß sßrodnikß. ili inß nhkto wt[ß] pravoslav„nixß
m$jii. | g(o)spodaxß. a\e ponovitß. i $tvrßditß. i sßxranitß sßi
xrisov$lß g(o)spod(ß)stva mi, i isplßnitß sïe naùe wbh\anïe, i
milovanïe. | ili ego nastavitß d($)xß s(ve)tixß a\e i viùe prilo-
jiti, i milovati s(ve)taa monastirß, ókoje es(tß) zde vßqineno.
togo da imatß pomo\ïü | wt[ß] g(ospod)a b(o)ga i sp(a)sa naùego
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 191

Actes slavo-roumains de Chilandar 191

f(so)u(sa) x(ri)s(t)a. i pokrovß wt[ß] pr(h)q(i)stie ego materi. i


wt[ß] s(ve)t(a)go simewna novimirotoqca. i wt[ß] s(ve)t(a)go
q$dotvor„ca sava. i wt[ß] vßshxß | s(ve)tixß ije wt[ß] vhka b(o)g$
úgodiv„ùiixß. i da dar$etß g(ospod)ß b(o)gß bl[a]godetß svoe
m(i)l(o)stß. i vß siemß vhch provoditi vß blagoq(ß)stiü i pravo-
slavïi. i konecß | bl(a)gß vß b$de\iimß vhce. jiznß vhqnoi. i
wt[ß] desnœe stati prhstola g(ospod)a b(o)ga i sp(a)sa naùego
f(so)u(sa) x(ri)s(t)a aminß. ispravnik(ß) bis(ty) güra log(o)çet(ß) |
i naqrßtaxß sïi xrisov$l(ß). r$k$ mnogogrhùnago i men(ß)ùag(o) vß
pisatelie. wprh diók(ß). vß m(e)s(h)ca. april(ió) ôk{zô d(ß)ni.
tek$\ix[ß] lhtom(ß). vß #z*m*v*. |
– ïw(anß) vlad[ß] vwevoda mil(o)stïæ b(o)jïæ g[ospo]d[i]ny.

Năsturel, op. cit., p. 130-131.

† Dans la très sainte Écriture divine (qui nous a été) transmise, il est dit : « Je
veux de la miséricorde et non des sacrifices » 75. Aussi, de même que les péchés
sont pardonnés aux miséricordieux, « bienheureux sont les miséricordieux, car
ils obtiendront miséricorde » 76. Ainsi que le dit la bouche prophétique comblée
de l’Esprit, bienheureux l’homme qui chérit chaque jour, il se délectera dans le
Seigneur ; ainsi qu’on peut l’apprendre dans les écrits divins. Écoutons, de plus,
le prophète qui parle par le Saint Esprit, ainsi apprenez ô tsars, et comprenez,
admettez le jugement de la fin du monde, apprenez, dirigeants des multitudes,
à être au sein des peuples ; car l’État vous fut donné par Dieu et le pouvoir par
le Très-Haut ; comprenant ainsi que tout est dans la main de Dieu, et qu’il le dis-
pense entre nous, car il est bienheureux et trois fois bienheureux celui qui pro-
digue pour le bien la richesse dispensée par Dieu et partage les talents qu’il a re-
çus en secret de Dieu, car il lui sera accordé la douce et sereine voix de la jubi-
lation : « Bien aimé serviteur fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur » 77. C’est
ainsi qu’il nous sied d’entendre à nous d’ici-bas, car les temps sont brefs et éphé-
mères, comme il est dit, que toute gloire est éphémère, il nous sied de nous dé-

75. Matt. 9, 13 ; 12, 7.


76. Matt. 5, 7 ; Luc. 6, 36.
77. Matt. 25, 21.
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192 Chilandar et les Pays roumains

vouer (semblablement) aux bienheureux seigneurs d’antan de sainte mé-


moire, qui ont ordonné les biens terrestres et, menant tout à bien, ont ainsi trans-
formé les [biens] terrestres en biens célestes dont ils héritèrent, alors qu’ils lais-
saient les (biens) terrestres aux terrestres.
C’est ainsi que moi qui suis dans le Christ Dieu le très croyant et protégé
de Dieu, le très respectable et autocrate (samodrßjav„nïi) Ioan Vintilă voé-
vode, dit Vlad voévode, par la grâce de Dieu seigneur et souverain de tout le pays
de Hongrovalachie, désirant œuvrer pour les très vénérables églises de Dieu, à
l’image du cerf désireux de la source d’eau (vive), selon le mot du prophète, de
même mon âme aspire à Toi, ô mon Dieu, voyant que du fait de nos péchés se
sont amoindris les seigneurs très vénérables qui établirent, embellirent et ché-
rirent jadis les églises divines et sacerdotales, en premier lieu celles qui sont sur
la Sainte-Montagne athonite, à l’endroit où se situe la sainte et impériale com-
munauté sacerdotale, la grande laure serbe, le saint monastère appelé Chilan-
dar qui est dans le jardin de la Très-Pure Mère de Dieu, où se trouve le temple
de la Très Sainte et Pure, la Très Bénie Notre-Dame la Mère de Dieu et Tou-
jours Vierge Marie, de sa vénérable et glorieuse Présentation au Saint des
Saints, qui fut bâti et édifié à grand-peine par saint Siméon le Nouveau Myro-
blyte et le saint thaumaturge Sava.
Ainsi, nous attribuons l’allocation de 10.000 aspres en faveur du saint
monastère, ainsi que 800 aspres pour l’hôpital, destinés aux besoins des
malades, pour que les frères viennent chaque année percevoir la susdite allo-
cation du saint monastère, qui doit être acheminée intégralement au saint
monastère. Aux frères qui viendront (seront versés) 500 aspres, que les frères
viennent en temps voulu, après la Sainte Théophanie, afin de percevoir le
susdit, en réconfort et pour les besoins du saint et divin monastère impérial, les
vénérables moines et résidents de ce saint lieu en réconfort et pour résidence,
pour les prières éternelles pour nous et nos parents.
Ainsi nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes les
citations (ekphonèses) à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et que
le paraclision soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que le dimanche la
Liturgie solennelle avec les collybe et le prilevak invariablement, que nous
soyons inscrit à la sainte proskomidie et dans le saint diptyque de notre vivant,
alors qu’après notre mort je sois mentionné dans les prières : les collybe solen-
nelles et la sainte liturgie, ainsi qu’au réfectoire, de même qu’il est d’usage pour
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 193

Actes slavo-roumains de Chilandar 193

les honorables tsars, ce qui doit être fait invariablement tant que le saint monas-
tère existera.
Saints pères, priez aussi pour moi, pécheur et frivole, lors de vos saints mys-
tères, ainsi que pour ceux qui nous succéderont et que Dieu daignera faire sei-
gneurs et souverains de tout le Pays hongrovalaque, qu’ils soient issus de notre
lignée, ou de nos parentés, ou quelque seigneur orthodoxe, dans la mesure où
il confirmera, entérinera et préservera ce chrysobulle de Ma Seigneurie en réa-
lisant intégralement notre engagement et notre charité. Ainsi, que si l’Esprit
Saint lui inspire de verser une contribution et une offrande encore plus impor-
tante. Afin d’avoir aide de la part du Seigneur Dieu et Notre Sauveur Jésus-
Christ et la protection de sa Mère Très-Pure, ainsi que de la part de saint
Siméon le Nouveau Myroblyte et du saint thaumaturge Sava et de tous les
saints qui ont été agréables à Dieu depuis toujours. Que Dieu leur accorde la
grâce de sa miséricorde, qu’ils demeurent dans la piété et l’orthodoxie, avec une
issue bienheureuse dans le siècle à venir de la vie éternelle, afin de prendre
place à la droite du Trône de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ.
Amen.
Ghiura logothète a été chargé de l’exécution (en tant que ispravnik 78 et
scribe) de ce chrysobulle, par la main du grand pécheur et malhabile en écri-
ture Oprea diak 79.
Au mois d’avril, le 27e jour, de l’année en cours 7045.
† Ioan Vlad voévode, seigneur par la miséricorde de Dieu.

78. Le logothète Ghiura (de Stăneşti) : deuxième logothète, D.R.H., III, doc. 141-143 (1526-
1534), rédige plusieurs actes ; voir aussi N. STOICESCU, Dicţionar al marilor dregători din Ţara
Românească şi Moldova, sec. XIV-XVII (Dictionnaire des grands officiers de Valachie et de
Moldavie, XIVe-XVIIe siècles), Bucarest, 1971, p. 60.
79. Oprea diak, actif entre 1529 et 1543 environ, cf. D.R.H., III, doc. 81, 118, 127-128, 146-147,
154, 160, etc. ; D.R.H., IV, doc., 2, 45, 47, 57, 59, 145.
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194 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 21 [A 23/5]

7044, 9 février (1536) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (Païsie 1535-1545), accordant au pyrgos de
l’Albanais, dit pyrgos de Saint-Georges, 3.000 aspres annuels et aux moines qui
viendront les toucher 300 aspres.
Original, 49 sur 36,5cm. Parchemin, ruban du sceau.

– Elici d($)xom„ b(o)jïimy vodimi s¥i s$t[y] s(¥)nove b(o)jïiô


ókoj(e) req(e) b(o)j(y)st(y)vn¥ ap(o)s(to)lyô em$je vß slhd[y]
tek$\eô ije prav(y)delübitelïeô i bl(a)jenii wn(y) glas(y) radova-
nïa qaü\e $sliùatiô prïidh|te bl(a)gosloveni w(ty)ca moego
naslhd$ite $gotovan„no es(ty) vam(y) c(a)r(y)stvo wt[y] sl$jenïa
mir$ô vßzal(y)kax(y) bo se, i daste mi óstiô vßjded$dax[y] se, i
napoiste meô straneny bex[y] i vßvedo|ste meô nag(y) bex[y] i
wdeóste meô bolen(y) i vß tem„nici posl$jiste miô s¥i $bo glas(y)
slad[y]qaiùi, bl(a)ga tvore\im(y) $sliùati eg(o)ô vßk$pe je i
vßniti vß c(a)r(y)stvo n(e)b(e)s(y)noeô i naslhd(y)ni|kom(y) biti
bl(a)g¥m(y) wnem(y) óje wko ne vide i $xo ne sliùaô i na
sr[y]d[y]ce ql(ovh)k$ ne vßz¥deô óje $gotova b(og)ß lübe\iim(y)
egoô takojde i grhùnie w(ty)silaemieô vß wgny vhq„nii $sliùati
es(ty)ô | óko ne sßxran(y)ùim(y) g(ospod)a b(o)ga zapovhd[y]ô ni je
al(y)qü\aô ni jejd$\aô ni je bol(y)naô ni vß tem„nici s$\aô ni
poshtiv(y)ùim(y) ni posl$jiv(y)ùim(y)ô sïa $bo mi pominaü\eô ne
podobaet[y] wt(y)lagatï | vrhmena ili qas(y)ô ne vhde\e vß kii
qas(y) g(ospod)y naù(y) prïidetßô i vßsako ne gotovix[y]ô i ne
im$\e svhtil(y)niki svoe gore\ix[y]ô ni bde\ix[y] wbrh\et„ niô
nœ $bo a\[e] i tej„kim(y) brhmenem(y) wdrßji|mi esmoô i lütoü
streloü grhx[y] radï $óz„vixom(y) seô nœ g(ospod)y naù(y) f(s$)s(y)
x(risto)s(y) \edrß i m(i)l(o)stivß es(ty)ô kß vßsem(y) r$ce prosti-
raet[y]ô óko w(ty)cy kß vßzlüblen„nom$ s(¥)n$ô sam(y) bo reqe
vßseq(y)stnimi i pr(h)q(i)sti|mi svoimi $stiô óko ne xo\$
sßmr(y)ti grhùnom$ô nœ óko wbratiti s(e) em$ i jiv$ bitiô i ne
priidox[y] prïzvati p<rave>d[y]nie, nœ grhùnii vß pokaanïeô ókoje
mnogii | wbithli pomer$ dobrodeteliiô dobra je dhla mnogow-
braz(y)naô s¥irhq(y) lübov(y) m(i)l(o)st(i)nh post[y]ô i vßzdrßja-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 195

Actes slavo-roumains de Chilandar 195

nieô vhra nadejdaô i óko mnogi grhùnix[y]ô i niz$vlekomix[y]ô


m(i)l(o)sr(y)die vß|zvodit[y] i mil$et[y]ô i s(¥)nopolojenïa spodo-
blhet[y] radï tßqiü wbra\enïaô ókoje req(e) ne xo\$ sßmr(y)ti
grhù„nom$ô nœ óko wbratiti s(e) em$ i jiv$ bitiô vßniti vß
radost(y) g(ospod)a svoegoô | sego radï i ije prhjde nas(y) biv(y)ùi
vladatelie c(a)rieô i knez(y) sïó sliùe\e zemlßna dobre vß sßmi-
reni $stroiv(y)ùiô i simi n(e)b(e)s(y)na priwbrhtoùeô i
c(a)r(y)stvïe n(e)b(e)s(y)nago spod[o]biùe s(e)ô ókoj(e) | prorokß
d(a)v(¥)dy g(lago)letßô bl(a)jeni im„je w(ty)p$stiùe s(e) bezakonïaô
i im(y)je prikriùe s(e) grhsiô bl(a)jen(y) m$jy em$je ne vßme-
nit[y] em$ g(ospod)y grhxaô i paki im(y)je wbrazom(y) jelaet[y]
elen(y) na istoq(y)|niki vod[y]nieô sice jelaet[y] d($)ùe moa k tebe
b(oj)eô sice vßjdelex[y] i vßzlübix[y]ô i az(y) vß x(ri)s(t)a b(o)ga
bl(a)govhr„nii i b(o)gom(y) xranimi i samodrßjav(y)niô fw(any)
radúl[y] voevoda i g(o)s(po)d(i)ny vßsoi zemli $g„grw|vlaxiiskoi i
pod$naviüô s(¥)nß velikago i prhdobrago i s(ve)topoqiv(y)ùago
fw(ana) radúl(a) voevwdeô i priimismo sß vßsem(y) sr[y]d[y]cemßô
i bl(a)g¥m(y) proizvoleniem(y)ô óko da b$demo novi k„titorïeô i
xra|nitelïe i wbnovitelieô ije vß s(ve)thi gorh aƒwn(y)sthi peri-
volh pr(h)q(i)stïe b(ogorodi)ciô s(ve)\enie i q(y)st(y)nïe wbithli
s(ve)t(a)go i slav(y)nago velikom($)q(e)nika i pobhdonos„ca gewr(y)gïeô
i ij[e] vß s(ve)tix(y) | w(ty)ca naùego ar„xierar„xa i qüdotvor„ca
x(ri)s(to)va nikoliô naricaemago ar„banaù(y)ki pir(y)gyô i $qinismo
wbrwk(y) s(ve)t¥e obithli ô#g*ô as(y)preô i spen(y)z$ prixode\im(y)
bratiam(y)ô | t*ô as(y)priô i da prixodit[y] bratió kata godine po
b(o)goóvlenie da $zimaet[y] wbrok(y) s(ve)tie monastir$ô da es(ty)
s(ve)thi wbithli vß $krhplenïeô a nam(y) vhq(y)noe vßspominanieô
| da se pomhn$emo sß s(ve)timi k„titoriô i vß vßsax[y] vßzglaùe-
nïóx[y] vß cr(y)k(y)viô i na trapeza po vßsœd$ô i da se poet[y]
paraklis(y) vß s$b(o)t$ po veqer„ni i vß ned[h]lüô lit$r„gie
sßbor(y)noô | i na trapez$ prilivek(y)ô da se pomhn$emo don(y)deje
stoit[y] s(ve)tii monastirßô ókoj[e] se pomhn$et[y] s(ve)tie
k„titorieô i c(a)rïe bl(a)goqestiviiô po prhstavlenii ix[y]ô da mi
s(e) poe edin(y) d(y)nß | $ godin$ kolivo sßbor„no veqer(y)ô a za $tra
lit$r„gia sßbor„no i trapezaô ókoj[e] tvorit[y] s(ve)tim(y) k„tito-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 196

196 Chilandar et les Pays roumains

rom(y)ô i bl(a)goqestivim(y)ô i pravoslav(y)nim(y) c(a)rem(y) i


g(o)sp(o)dam(y)ô i az(y) grhùni i myn(y)ùi | misail(y) gram(a)tik(y)
napisax[y] siü knig$ vß stwl(y)ni grad[y] tr„govi\eô m(e)s(h)ca
çev(r$arïa) ƒ*ô d(y)ny vß lht(o) #z*m*d*:Ô :Ô
– fw(any) radúl[y] vwevwda m(i)lwstïæ b(o)jïæ
g(o)sp(o)d(i)n(y)èÔ

† Ceux qui sont guidés par l’Esprit de Dieu, sont les fils de Dieu, ainsi que
l’Apôtre divin le dit. Ainsi que ce qui en découle, comme l’amour de la justice,
aussi bienheureux est celui qui entendra la voix de la jubilation : « Approchez les
bénis, pour hériter de mon Père le royaume qui vous est préparé depuis la créa-
tion du monde ; lorsque j’eus faim – vous m’avez donné à manger ; soif – vous
m’avez donné à boire ; étranger – vous m’avez hébergé ; nu – vous m’avez ha-
billé ; malade et prisonnier – vous m’avez réconforté, ainsi entendez maintenant
la voix très douce et bienfaisante, venez et entrez dans le Royaume des Cieux,
pour être les héritiers de ses trésors que l’œil ne vit point et l’oreille n’entendit
point, que le cœur humain n’a pas connus, que Dieu a préparés pour ceux qui
l’aiment » 80.
De même qu’aux pécheurs il est dit : « Dans les flammes éternelles vous
échouerez, ainsi que le Seigneur Dieu l’ordonne pour les impudents : ni l’af-
famé, ni l’assoiffé, ni le malade, ni le prisonnier, vous ne les avez ni réconfortés
ni servis » 81. Il ne sied pas de tarder, n’ayant pas vu l’heure de la venue de Notre
Seigneur, ils n’ont pas été prêts, n’ayant pas leurs lampes allumées, ils ne se
trouvèrent pas en train de veiller.
Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ est généreux et miséricordieux, il tend
les mains à tous, de même qu’un père à son fils bien-aimé. Disant, lui-même,
de sa bouche vénérable et très-pure : « Je ne souhaite pas la mort du pécheur,
mais qu’il se repente et demeure en vie » 82, et « Je ne suis pas venu appeler les
justes, mais les pécheurs au repentir » 83.

80. Matt. 25, 34-41.


81. Matt. 25, 42-46.
82. Ez 33. 11.
83. Luc, 5, 32.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 197

C’est ainsi que, dans la mesure de leurs bonnes œuvres, bien des commu-
nautés ont des vertus diverses, amour des orphelins, charité, jeûne et tempé-
rance, foi et espoir.
Même si je péchais beaucoup et, je fais la charité que j’affectionne, de
même que l’abnégation, afin d’accéder au repentir ; ainsi qu’Il dit : « Je ne veux
pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et demeure en vie, dans la joie de
son Seigneur ».
C’est pourquoi, en observant [ces préceptes], les souverains qui étaient
avant nous, anciens tsars et princes, ont disposé avec humilité de leurs biens
terrestres (d’ici-bas), en les appropriant aux biens célestes, en se rendant dignes
du Royaume des Cieux. Ainsi que le prophète David le disait : « Bienheureux
ceux qui ont renoncé à l’iniquité, leurs péchés ont été effacés, bienheureux
l’homme auquel le Seigneur ne tient pas compte de ses péchés » 84. « A l’image
du cerf qui aspire à la source d’eau, ainsi mon âme tend vers toi, Seigneur que
je désire et que je chéris » 85.
Moi, dans le Christ Dieu, très-pieux, protégé de Dieu et autocrator (samo-
drßjav(y)ni), Ioan Radul, voévode et seigneur de tout le Pays hongrovalaque
et du Pays danubien, fils du grand, très bon et de sainte mémoire Ioan Radul
voévode, nous avons accepté de tout cœur et avec une douce résolution, d’être
nouveau ktitor, nourricier et rénovateur.
Il y a sur la Sainte Montagne athonite, jardin de la Très-Sainte Mère de
Dieu, une communauté sacerdotale et vénérable du saint et glorieux Grand-
martyr victorieux Georges, ainsi que de notre saint père, l’évêque et thauma-
turge du Christ Nicolas de Myra de Lycie, appelée la Tour albanaise.
Pour qu’ils soient pour le réconfort de la confrérie, ainsi que pour notre
mémoire eternelle.
Ainsi nous devons être mentionné avec les saints ktitors lors de toutes les
invocations à l’église, ainsi qu’au réfectoire à chaque occasion et que le para-
clision soit chanté le samedi après les vêpres, ainsi que le dimanche lors de la
liturgie solennelle, au réfectoire et avec le prilevak, que nous soyons mentionné
(dans les prières), tant que le saint monastère existera, ainsi qu’il est d’usage
pour les saints ktitors et pour les tsars vénérables après leurs trépas. Que je sois

84. Ps. 51, 11 ; 85, 3 ; 103, 10.


85. Ps. 42, 2.
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198 Chilandar et les Pays roumains

mentionné une fois par an (dans les prières) : les collybe solennels le soir, à la
liturgie et au réfectoire le lendemain, ainsi qu’il en est d’usage pour les saints
ktitors, les tsars vénérables et orthodoxes, de même que pour les seigneurs.
Ainsi que moi, le vil pécheur Misail Gramatik (le scribe) 86, qui ai écrit cet
acte, dans la ville capitale de Târgovişte, en l’an 7044, au mois de février, le
9e jour.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 22 [A 23/6]

23 février 7044 (1536) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (Païsie), accordant au pyrgos de Saint-Sava
à Karyès 3000 aspres annuels et aux moines qui viendront les toucher 300
aspres (Misail Gramatik).
Original, 44 sur 28,5cm. Parchemin, avec traces du sceau.

– Slava i bl(a)godht(y) bl(a)godhtelü i prhbl(a)gom$ô ij[e] vß


troici slavimom$ b(o)g$ dav(y)ùom$ nam(y) takovom$ bl(a)goô mno-
gimi wbrazi promislßnikwm(y) biti w svoem(y) sp(a)senieô | i
pokazavi ü razlikiü p$ti kß pokaónïüô i wqi\enïe sßgrhùenïem(y)ô
i jelanïe pakibitia i svoix[y] bl(a)gy wbß\„niki bitiô ije dobrh
pod(y)vi|zav„ùim(y) seô i zapovhdi ego sßblüd[y]ùiix[y] ókoje
b(o)j(y)st(y)vnoe pisanie reqeô praveden(y) m$jy mil$ei, i vys(y)
d(y)ny naslajdaet[y] se g(o)s(po)d(h)viô sice videxom(y)
bl(a)jeniix(y) | i s(ve)tiix(y) w(ty)cy s(ve)t(a)go simewnaô nareqe-
nago nemanóô i s(ve)titelh sav$ô eliki tr$di radï s(ve)tix(y)
monastire pokazali s$t[y]ô i vßsak$ slav$ mira sego
wsta|viv(y)ùix(y)ô b(o)gospas(y)nïi je p$t[y] thsnii
vßspriem(y)ùix(y)ô ije vß vhq(y)nii jivot[y] vßvode\iiô vßsakoe
je popeqenie w s(ve)tix(y) cr(y)k(y)vax(y)ô imev(y)ùix(y) i six[y]
eliko mo\(y)noô | tr$dolüb„nh $krasiv(y)ùix(y)ô i svoimi xrisov$li
potvrßdiv(y)ùix(y)ô po six[y] je bl(a)jenhiùi g[lago]lüt[y] i

86. Misail, gramatik, actif déjà en 1523, D.R.H., II, doc. 215 ; il l’était encore en 1536, voir notre
acte n° 19 de Radul Païsie pour Karyès.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 199

Actes slavo-roumains de Chilandar 199

ws(ve)\enii savaô sebe wbithl(y) bez(y)mlßv„n$ wbrht[y] i vßsa-


kim(y) $stavom(y) do|brim(y) i krasnim(y) potvrßdiv(y)ô t$ $bo
nastoe\ee jitie sego vrhme prhprovodiv(y)ô kß prhmir„nii
prhùed[y] vßsakie je wbrazi ej[e] kß pol(y)zi poslhd(y)niim(y)
wstavlßô | se $bo i az(y) vß x(ri)s(t)a b(og)a bl(a)govhr„ni i
b(o)gom(y) xranimiô i samodrßjav(y)niô fw(any) radúl[y] voivoda i
g(o)s(po)d(i)nß vßsoi zemli $g„grovlaxiiskoiô s(¥)ny velikago i
prhdobrago radúla voevwdeô | vidhv„ùe paq(e) je i wb(y)sirenie
s(ve)tiix(y) mestex[y] wt[y] bl(a)goqestiviix(y)ô i
s(ve)topoqev(y)ùix(y) x„titorex[y]ô eliko mo\(y)no wt[y] nam(y)
b(o)godan(y)nago imhnieô sßtvorixom(y) pir„g$ s(ve)t(a)go | w(ty)ca
naùego saviô ij[e] vß kareóx[y] wbrok(y)ô kata godineô po ô#g*ô
as(y)priô krome spen(y)zaô a bratióm(y) koix[y] tet[y] doxoditi
wr(y)rok(y) radï spen(y)z$ô po ôt*
ô as(y)pri sego | radï da prixodet[y]
bratie poslana kata godine sß xilan(y)dar(y)ciô da $zimaet[y] i
wt[y]neset[y] viùereqenii wb(y)rok(y)ô $ toi s(ve)toe mesto togai
m(e)s(h)ca koega | i xilan(y)dar„ci doxodet[y] za nix[y] wbrok(y)ô vi
je wt(y)ci s(ve)ti pominaite ni vß s(ve)tix(y) vaùex[y]
m(o)litvax(y)ô i molite b(o)ga w nas(y) grhùnix[y]ô óko da vaùemi
| m(o)l(i)tvami spod[o]bit[y]ô i nas(y) g(ospod)y b(o)gy $l$qiti
vhq„niix[y] ego bl(a)gyô w x(ri)s(t)hô is$shô g(ospod)i naùem(y)ô
em$je sß w(ty)cem(y) i sß s(ve)tim(y) d($)xom(y) slava vß veki
amïn(y) : | i az(y) misail(y) gramatik(y) ej[e] napisax[y] vß grad(y)
tr„govi\eô m(e)s(h)ca çev(yr$arïa) ôk}gô d(y)ny vß lht(o) #z*m*d*:Ô |
– fw(any) radúl[y] vwevwda milostïæ b(o)jïæ g(o)s(po)diny :Ô

† Gloire et action de grâce au dispensateur de la grâce, au Dieu Très-doux


que nous glorifions dans la Sainte Trinité, à celui qui nous a accordé tant de fa-
veurs. Etant la Providence de beaucoup, pour son salut tu lui montres comment
discerner la voie à prendre vers le repentir et la purification des péchés, à aspi-
rer à l’existence et à la valorisation de ses trésors ; à ceux qui se dévouent faisant
le bien, Il leur a ordonné d’exceller, ainsi que l’écrit divin le dit : « L’homme juste
et charitable se délectera à jamais dans le Seigneur » 87.

87. Ps. 33, 9 ; 83, 6.


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200 Chilandar et les Pays roumains

C’est ainsi que nous comprenons les bienheureux et saints pères, saint
Siméon, appelé Nemanja, et saint Sava, de quels efforts au profit des saints
monastères ils ont fait preuve, abandonnant toute gloire de ce monde, ils ont
su se ménager la voie étroite du salut divin qui mène à la vie éternelle. Ayant
fait preuve de tout leur dévouement à l’égard des saintes églises, qu’ils ont
embellies sans se ménager, le confirmant par leurs chrysobulles dans lesquels
le bienheureux s’exprime. Sava le sanctifié a destiné cette communauté à la
quiétude spirituelle (hésychia) en la dotant de toute une constitution utile et
admirable, en la confortant par la vie excellente du temps qu’il y passa, laissant
cet exemple pour le bien de ceux qui suivront.
C’est ainsi que moi aussi, le très-croyant dans le Christ Dieu, protégé par
Dieu et autocrate, Ioan Radul, voévode et seigneur de tout le Pays hongrova-
laque, fils du grand et très-bon Radul voévode ; ayant perçu tout cela, de même
que l’appauvrissement des saints lieux des vénérables ktitors de sainte
mémoire, dans la mesure des possibilités que Dieu nous a offertes ; nous fixons
l’allocation, en faveur de la Tour de notre saint père Sava qui se trouve à
Karyès, à 3.000 aspres par an pour les frais, et pour les frères qui viendront per-
cevoir l’allocation 300 aspres de frais. Pour que les frères émissaires viennent
chaque année avec ceux de Chilandar, le même mois quand ceux de Chilandar
viennent pour leur allocation, afin de percevoir et d’emporter dans ce saint lieu
la susdite allocation.
Quant à vous, saints pères, priez pour nous dans vos saintes prières, en
priant Dieu pour nous pécheur, afin que par vos prières le Seigneur Dieu puisse
nous rendre digne de ses trésors éternels, dans le Christ Jésus Notre-Seigneur,
auquel avec le Père et avec l’Esprit-Saint soit gloire dans les siècles. Amen.
Ainsi que moi, Misail Gramatik (le scribe), qui ai écrit dans la ville de Târ-
govişte, au mois de février, le 23e jour, de l’an 7044.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce divine.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 201

DOC. N° 23 [A 23/7]

(7087), 16 avril 1569 à Bucarest


Charte du voévode Alexandre (II Mircea, 1568-1574) confirmant les droits de
propriété de Gligoriul sur un village de Valachie.
Original, inédit, 44 sur 28,5cm. Papier collé sur une autre feuille ; traces du sceau de cire.

– M(i)l(o)stïü b(o)jïü ïw[any] ali≈an[y]dr$ voevoda i


g[o]s[po]d[i]nß vßsoe zemle $g„grovlaxïiskoe s(¥)nß <velikago i>
prhdobrag(o) mir(y)qev(y) voivoda anepse$ | mixnev(y) voivoda
davat[y] g(o)s(po)d(ys)t(v)a mi sïü povelhnïü g(o)s(po)d(ystv)a mi
gligorülwv(y) i krßqün$lwv(y) sß s(¥)novimy elici im(y) b(o)gß
prip$stit[y] | ókoj(e) da im(y) es(ty) w(ty)q(i)n$ $ pra<…> i $
valedßl(y) i wn$lwv(y) w valei wxße\i i w <…>wr(y) v„sa w
posv$dß za ni j(e) imß | es(ty) star(y) i prav(y) w(ty)q(i)ni i da
<…> i wn(y) za nix[y]ni dobrovole po ni j[e] s(¥)ni nhs(ty) r<…>
negov(y)ô plßt[y] a n$ si dadoùe | v„sa negovi w(ty)q(i)ni ej(e)
<…> gligoromov(y) i krßqeln$lov(y) <…> da xranit[y] i
po|m[i]lovat[i] i po sßmrßt[i] da im(y) <…>nit[y] <…>omßn$
tem(y) radï i sß kletvoü wstar<iti> i $ sßmrßt[y] koe xo\et[y]
stßpat[y]|nem$ pomhn(y) a tog(o) ql(ovh)ka d<a> proklet[y] i da
es(ty) sß i$da i sß ariemß seg(o) radï <…> dadox(y) i
g(o)s(po)d(ystv)o mi ókoj[e] da im(y) es[ty] | vß w(ty)q(i)ni i vß
wb$i nem$ i s(¥)novi i vnoset[y] <…> i prhvznoqitom$ i ni wt[y]
<…> nepotßknoven(y)no po rhq(i) g(o)s(po)d(ystv)a mi | se j[e] i
svedhteli postavlaemß g(o)s(po)d(ystv)a mi q(e)stiti mi pravitelie
<…> drag(o)mir(y) veliki dvor(y)nik(y) | i j$pan(y) radúl[y] veliki
lwg(o)çetß i stan(y) spat[ory] i badh vistiór(y) i mitr<…> i
ivac(y)kw stol(y)nikß | i gon(y)cß pex[aryniky]ô i j$pan(y) st<…>
veliki posthl(y)nik(y) i radúl[y] velik<i…> pis(a) m(e)s(h)ca
ap(rilïa) ô§}ï d(y)nß | vß nastol(ynhmy) grad[h] b$k<$re>\e ej(e)
napisax[y] az(y) vladúl[y] <vß lhto> #z*p*z*wt[y] adam(a) |
– ïw(any) ale≈andr$ vwevwda milostïæ b(o)jïæ g(o)s(po)diny :Ô |
<s>piswkß, ale≈andr$ voevod<e> zaradi, vole, dó l$l$i i vole,
xae iporßÔ na baó,
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202 Chilandar et les Pays roumains

† Par la grâce de Dieu, Ioan Alexandre, voïévode et seigneur de tout le Pays


hongrovalaque, fils [du grand] et très-bon Mircea voïévode, petit-fils de Mih-
nea voïévode, ma seigneurie délivre cette charte de ma seigneurie à Gligoriul
et Crăciun avec leurs fils, pour autant que Dieu leur accorde d’avoir en patrimoine
à Pra[…] 88 et à Valedăl (?) et à Onoul (?) à Valei Ohăešti et à (?) […] tout à
partout pour eux (?) qu’ils aient le patrimoine ancien et légitime et que […] et
lui pour eux de bonne volonté, afin que les fils n’aient […] sa chair à lui alors
qu’ils ont donné tout son patrimoine qui […] Gligoriul et Crăciun […] à pro-
téger et assister, ainsi qu’après la mort a leur […] pour qu’avec la malédiction
vieillisse et dans la mort qui veulent faire [transgresser] ? (stßpat[y]) sa mé-
moire (prière de) que cet homme soit maudit et qu’il soit avec Judas et avec Arius.
Pour cette raison […] j’accorde, ma seigneurie, afin qu’ils aient en patrimoine
et à tous deux et aux fils et apporter […] et exciper (prhvznoqitom$) et que
nous ? de […] soit irréfutablement selon le mot de ma seigneurie et témoins éta-
blis par ma seigneurie, mes honorés et légitimes témoins : […] Dragomir le grand
maréchal de la Cour (dvornik) 89, le joupan Radul le grand chancelier (logothète) 90,
Stan spătar 91, Badea trésorier (vistiar) 92, Mitr[ea] 93 et Ivaşco chef des cuisines
(stolnik) 94, Gonţea peharnik 95, le joupan St[oica] grand chambellan (postelnik) 96
et Radul le grand […].
Ecrit au mois d’avril, le 16e jour, dans la ville capitale de Bucarest, j’écris moi
Vladul (en l’an) 7089 depuis Adam.
† Ioan Alexandre voïévode, par la grâce de Dieu seigneur.
Mention tergale : Lettre d’Alexandre voïévode pour, dól$l$i (de la colline)
i vole, xae [vallée Ohăeşti ?] iporßÔ, à Baia [de Aramă].

88. Le document est très détérioré, ce qui fait que notre traduction est incomplète et parfois inco-
hérente, surtout en raison des lacunes.
89. Dragomir de Luciani, grand vornik de 1568 à 1569, favorit du prince Alexandre Mircea dont
il fut le premier conseiller, cf. N. STOICESCU, Dicţionar…, cit., p. 53-54.
90. Radul Mihăescu, N. STOICESCU, Dicţionar, p. 84.
91. Stan de Corbi (Clăteşti), N. STOICESCU, Dicţionar, p. 89-90.
92. Badea Boloşin de Bădeşti, grand stolnic, N. STOICESCU, Dicţionar, p. 30.
93. Mitrea de Hotărani, N. STOICESCU, Dicţionar, p. 72-73.
94. Ivaşco de Goleşti, N. STOICESCU, Dicţionar, p. 60-61.
95. Goncea, grand peharnik, échanson (1568-1583), seul dignitaire ayant occupé à cette époque
la même fonction aussi longtemps, N. STOICESCU, Dicţionar, p. 62.
96. Stoichiţă (Stoica) de Modruzeşti, grand postelnic (1568-1579), N. STOICESCU, Dicţionar, p. 93.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 203

DOC. N° 24 [BOITE 4]

1583 (7092, le 31) à Yassy


Lettre du voévode de Moldavie Pierre (le Boiteux, 1574-1577, 1578-1579 et
1582-1591), octroyant 3.000, en plus de 300 aspres pour les quêteurs (higou-
mène Païsie), par an à Chilandar (notaire Dumitru Popovici).
Original, 52 sur 27cm. Parchemin. Sceau de cire (R = 11cm, haut. 5,5cm).
Ed. D.I.R., XVI siècle, A. Moldova, III, (1571-1590), Bucarest, 1953, p. 234-235,
e

doc. n° 290 (seulement en traduction roumaine).

– Po neizreqen„nom$ m(i)l(o)sr„dïü i ql(ovh)kolübïü vl[a]dïki


moego slad„kago mi ïs$(sa) x(ri)s(t)a. i po vßsem(i)l(o)stnwm„ ego
bl(a)goótrobïe b¥st(ß) prizrhnïe ego na smhrenïe moe. i postavi mh
naslhd„nika | rodïtelim„ moim„, thm„je i az„. ije vß x(ri)s(t)a
b(og)a bl(a)govhr„nïi, i x(ri)s(t)wlübivïi ïw[anß] petrß voevoda,
b(o)jïeü m(i)l(o)stïü g(o)sp(o)d(a)rß zemli mwl(ß)dav„skoi. piùet[ß]
g(ospo)d(ß)s(tvo) mi vß svhd[e]nïe vßshm„, kako prïidet„ | kß
g[ospo]d[ß]s[t]v[ú] mi, wt[ß] qes(tß)nïi i s(ve)toi gori wt[ß]
q(ß)s(tß)nago i c(a)r(ß)skago i s(ve)\(e)nïa wbithli, i velikïó lavri
srßb„skïó gl(a)g(o)lema xilan(ß)dar„ edeje est[ß] xramß vßvedenïe
prhq(i)sthi b[ogoro]d[i]ce i pr(i)snod(h)vi, | marïe. q(ß)s(t)nhiùïi
vßs(esve)\(e)n„noinokox(ß) i nam„ w x(ri)s(t)æ vßzlüblen„nïi,
ïer„monax[ß]. k√âr(ß) paisïe egúmen(ß) i sß bratïómi mhsta togo. i
vßspomhn$ m(o)l(ß)b(ß)nh g[o]s[po]d[ßstv]$ mi kako da b$dem$ |
xtitori, viùereq(e)n„nom$ monastir$. mi je m(i)l(o)sr(ß)dïem„ dvi-
jimi i povelhnïem„ zapovhdi vodimi. bl(a)govolixom„ prosimoe tom$
isplßniti, i prïimix[ß]mo da b$dem$ | wt[ß] d(ß)neù(ß)nhgo d(ß)ni
xtitori viùereq(e)n„nom$ monastirü, da s(e) zove wt[ß] d(ß)nes(ß)
monastir„ g[os]p[o]d[ß]stva naùego, thm„je i prilojili esmo.
wbrwk(ß) za wkrßmlenïe monastir(y)sko | da se davat[ß]. na svako
godi\i po tri tish\e. as(ß)pri, i trista as(ß)pri spen(ß)§a posla-
nikom„. i wvozi da s(e) davat[ß] na svako godi\i i da sh ne
wt[ß]nime wt[ß] viùereq(e)n„nago monastir(a). | dogde i jivot[ß]
g(ospo)d(ß)s(t)va mi. a\e li bl(a)govolit(ß) g(ospod)ß b(og)ß naù„
ije vß tro(i)ci slavimi, i pr(h)q(i)sta b(o)gom(a)ti i sßtvorit[ß]
sß nami m(i)l(o)stß. da izbavit[ß] ni wt[ß] rßki inoplemenik(ß).
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204 Chilandar et les Pays roumains

i ne | sïó tßqïó viùepisan(ß)na podat[ß]. nœ i mnojaiùïó. a


eg$men(ß) viùereq(e)n„nïi k√âr(ß) paisïe i sß bratïami wt[ß]
req(e)n„nago monastirh, prïimil(ß) g(ospo)d(ß)s(t)v(o) mi. i wbh\ali
sh da ni poüt[ß] | v[ß] p[o]ned[hlßnikß] veqer(ß) paraklis(ß)
pr(h)q(i)sthi, a za$tra $ vtor(ß)nik(ß) s(ve)toi litur(ß)gïü, i sß
koliv$ i sß prilhv„kom„, i na trapezh prilhvok(ß) bratïóm„. i po
$stav$ cr(ß)kov(ß)nom$ mnoga lhta | priglaùat[ß] dori godh s$ wni
jivi. i b$d$\i po nix[ß] inoci. don(ß)deje b$de monastir„. poneje
sïó prïóùa i wbh\aùe sh. i m(o)lim„ sim„ naùim[ß] xris$volwm„,
| egoje b(og)ß izvolit[ß] prïem„ni k$pit[ß] po nas(ß) prhstol$
g[ospo]d[ß]s[t]va mi. ili wt[ß] naùix[ß] dhti ili kogo wt[ß] roda
naùego ili inago kogo. sïem$ naùem$ zapisanï$, nepor$ùen„nom$ biti
| nœ paqe potvrßjden„n$, ili pak(ß) eliko po silh. a pak(ß] kœda
nekü isplßniti naùego wbh\anïó, wt[ß] s$\ix[ß] po nas(ß), tako-
vïi da imaet[ß] dati wt[ß]vht[ß] na straùnïi d(y)nß sœdnïi | nœ
kßda ke imati wt[ß] gde. a pak(ß) kto tam(ß) ke biti eg$men(ß) i
sß bratïómi takojde kßda ne isplßnet[ß] svoe wbh\anïe, takojdere
da s$t[ß] ws$jdeni na strh|ùnam[ß]. i nelicemhr„nhm„,
x(ri)s(to)vhm„ sœdi\i. vhr$ó i povhlhnïem„ g[ospo]d[ß]s[t]va mi
$tvrßdiùe se i zapisaùe se :Ô
pisal(ß) d√mitr√ popoviq(ß) $ ósox[ß] vß lhto #z*q*v*den(ß) l{a.

† Par l’indicible miséricorde et l’amour des hommes de mon doux Seigneur


Jésus Christ, ainsi que par sa miséricordieuse providence au regard de mon hu-
milité, il m’a investi héritier de mon père.
C’est ainsi que moi aussi, dans le Christ Dieu très-croyant et aimant le
Christ Ioan Petre voévode, par la miséricorde de Dieu seigneur du Pays mol-
dave, ma seigneurie écrit, en substance, que vint à ma seigneurie de l’honora-
ble et Sainte Montagne, de la part de l’honorable, impériale et sacerdotale
communauté, la grande laure serbe appelée Chilandar, où se trouve le temple
de la Présentation de l’Immaculée Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie, le
vénérable hiéromoine et notre bien-aimé dans le Christ kyr Païsie, l’higou-
mène, avec les frères de ce lieu, priant ma seigneurie d’être le ktitor du susdit
monastère. Guidé par la miséricorde, en vertu de cet acte, nous avons bien
voulu accéder à cette requête en acceptant d’être à partir de ce jour ktitor dudit
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Actes slavo-roumains de Chilandar 205

monastère, afin qu’il soit désormais désigné en tant que monastère de notre
seigneurie. A cette fin nous avons fait don de l’allocation de trois mille aspres
pour la consolidation du monastère, en plus de trois cents aspres de frais pour
les envoyés, qui seront versés chaque année. Que ceci soit versé chaque année,
sans restriction, pour le susdit monastère, tant que vivra ma seigneurie. Au cas
où le bon vouloir de Notre Seigneur, que nous vénérons dans la Sainte Trinité,
et l’Immaculée Mère de Dieu, nous fera la miséricorde de nous sauver des
mains des étrangers, nous donnerons non seulement le susdit subside, mais
nous l’augmenterons.
Le susdit kyr Païsie avec les frères dudit monastère y ont consenti de la part
de ma seigneurie et ont promis de nous chanter le paraclision les lundis soir et
la sainte liturgie le mardi du lendemain, avec les collybe et le prilevak, en plus du
prilevak pour les frères au réfectoire, en observant cela selon la règle de l’Eglise
de nombreuses années, tant qu’ils vivront. De même que les moines qui vien-
dront après eux, tant que le monastère existera, ils seront tenus d’observer ce
qui est promis, ce dont je les prie par ce chrysobulle qui est le nôtre. Tant que
Dieu voudra bien protéger pour nous le trône de ma seigneurie, ou pour nos
enfants, ou de notre souche, ou de quelqu’un d’autre, que cet acte soit irrévo-
cable et confirmé, même par celui (qui y sera établi) par la violence. Lorsque
celui qui sera après nous ne respectera pas notre engagement 97, qu’il soit jugé
indigne au terrible jour du Jugement dernier. De même que celui qui sera là-
bas higoumène, avec ses frères, au cas ou ils ne respecteraient pas leur engage-
ment, qu’ils encourent la condamnation au terrible et juste Tribunal du Christ.
Corroboré et écrit en tant que serment et charte de ma seigneurie.
Ecrit par Dumitru Popovici 98, à Jassy, en l’an 7092, le 31e jour.

97. I. MOLDOVEANU, « Sfântul Ştefan cel Mare, protector al Muntelui Athos » (Saint Etienne le
Grand, protecteur du Mont-Athos), in Ştefan cel Mare şi Sfânt. Atlet al Credinţei creştine, Sfânta
mânâstire Putna 2004, B. JOUDIOU, « Le règne d’Etienne le Grand et la succession : une pers-
pective idéologique », in Ştefan cel Mare şi Sfânt, Atlet al Credinţei creştine, Sfânta mănăstire
Putna 2004, p. 418-419, 422-426.
98. Dumitru Popovici, diak, rédige des actes princiers (1579-1587 environ), cf. D.I.R., XVIe siècle,
A. Moldova, III, (1571-1590), Bucarest, 1953, doc. 116-118 ; 142-144, 147, 153, etc.
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206 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 25 [BOITE N° 1]

7096 (1589) [8 février 1589 (7097)] à Bucarest


Charte du voévode valaque Mihnea (Turcitul, 1577-1583 ; 1585-1591),
octroyant à Chilandar 15 000 aspres annuels et 400 aspres aux moines pour le
voyage.
Original, 58 sur 45cm. Parchemin, bulle dorée (R=7cm ; haut. 8cm).
(Date peut-être mal lue, s’il s’agit de l’acte du 8 février 7097 (1589), voir
P. Năsturel, p. 131-132).
Notice (contemporaine ?) au verso : господара Иоанна Михне воевода сина
Александра воевода (Du seigneur Jean Mihnea voévode, fils du voévode
Alexandre).
Ed., Documenta, V, p. 388-390.
– Vßses(ve)t(o)m$ i b(o)j(y)st„vnom$ poslhd$e\i pisanïeô
rek(y)ùom$ m(i)l(o)sti xo\$ a ne jryt„veô i pak¥ |
m(i)l(o)st(i)nhmi wch\aetsæ grhsiô I pak¥ bl(a)j(e)n¥
m(i)l(o)stivïi óko ti pom(i)lovan¥ b$det[y]ô ókoj[e] |
pr(o)roq(y)ska d(ú)xonasi\ennaa $sta g(lago)letyô bl(a)j(e)ny
m$j(y) milúei ves(y) d(y)ny naslajdaetsæ g(o)s(pode)v¥ô Sïó
úbo | b(o)j(y)stv„nago pisanïe $vedhv„ùeô I paki sliùaxom(y)
proroq„ska g(lago)le\a d(ú)xom(y) s(ve)tim(y)ô óko $bo sliùite
c(a)rïe | i raz$mhftiô nav¥kneti s$dïe kon(y)cem(y) zemleô
vßn$ùite dryje\ei mnojestvaô i gryde\ei si | w narodhx[y]
ez¥k(y)ô óko dana b¥s(ty) wt[y] g(ospod)a drßjava vam(y) i sila
wt[y] viù(y)nhgoô raz$mhv„ùe $bo óko vysh vß | r$ka b(o)jïe
s$t(y)ô Eliko xo\et[y] wt[y] nas(y) kom$jdo podavaet[y]ô nœ
bl(a)j(e)ny i trybl(a)j(e)ny, ij[e] b(o)godan„noe bogat[y]|stvo
dobre rastaqaet[y]ô i delaet[y] vß tainh b(o)govyr$qenï sem$
tal(a)nytyô óko $bo $sliùit[y] bl(a)gy | úbo i slad[y]k¥ glas(y)
wn(y) radovanïeô Bl(a)g¥ i vhr„ni raba vynidi vy radosty g(ospod)a
svoegoô sïó sli|ùav„ùe p[o]dobaet[y] nam(y) b(og)y vynimatiô
wt[y] zdeù(y)nïe óko malovrhmen„na prhxod[y]na s$t(y)ô ókoj[e]
| i g(lago)lety vyshka slava do vrhmena es(ty)ô pod[o]baùe j[e]
bo nam(y) porevnovatiô prhjde im(y) bl(a)goq(y)st(i)vïi i
s(ve)to|poqiv„ùix(y) g(o)sp(o)dam(y) ij(e) zemnaa dobre ústroiv„ùe
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Actes slavo-roumains de Chilandar 207

sïó dobrh prhprovodïv„ùex[y]ô simi zem„nimi wbrht[y]ùe[y]


b(og)a, i six[y] naslhdovaù(e) a zem(y)na | zemn¥m[y] wstaviù(e)ô
se úbo i azy vy x(rist)a b(o)ga bl(a)govhr„nïi i bl(a)goq(y)st(i)vïi
i xr(i)stolübivïi i samodryjav„nïiô ïw(any) mixnh voivodaô |
s(¥)ny velikago fw(ana) ali≈andr$ voevodeô b(o)jïeü m(i)l(o)stïü
g[o]sp[o]d[a]ry vßsoi zemle úggrrovlaxïiskoi vyjdelht[y]
g(ospo)d(y)s(tv)o mi ky sem$ s(ve)tom$ | i b(o)j(y)stv„nom$ monas-
tiryô wt[y] s(ve)toe gori aƒoniô g(lago)lemago xilon(y)daræ
sryb[y]skaa lavriô ideje xraamß prhs(ve)thi q(i)sthi |
prhbl(ago)s(lo)venïe vl[a]d[¥]q[i]cœ n(a)ùæ b(ogorodi)ce i
pr(i)snod(h)v¥ marïe, q(a)stnoe vßv[e]denïeô óko dokle bl(a)govo-
lit(y) g(ospod)y b(o)gyô wbhtatisæ i mi sß jivimi | da imat(y)
s(ve)t¥ monastiry viùereqena wt[y] nas(y)ô i wt[y] b(o)godanago
nam(y) stejanïe kata godïniô wb(y) ô#e{fô aspriô i bratïem(y)
prixod(i)\i | spen(y)z$ ôu*ô as(y)priô da s$t[y] na potrhb$
s(ve)tom$ monastir$ô i da se nazivamo i mi poslhd[y]nix[y] xti-
toryô sy prhjd[y]nimi s(ve)t¥mi | xtitoriô
Sego radï da prïidet[y] bratïe poslúù(y)niciô po wbiqaet[y]
da úzimaet[y] viùereqen$ wbrok(y) s(ve)tom$ monastir$, nepo-
kolhbimo | don(y)d(e)je búdimo jivi da es(ty) s(ve)tom$
monast(i)ri vy úkrhplenïe a bratïem[y] vy pi\$ô a nam(y) i rodï-
telïem[y] n(a)ùim(y) veq(y)noe vyspominanïe
| Thmje úbo w(ty)ci s(ve)t¥ô m(o)lü vi se sy imenem(y)
b(o)jïü i pr(h)q(i)stoe b(o)gom(a)t(e)ryô da piùeti po
g(ospo)d(y)s(t)vo mi vy s(ve)ti pomhnik(y)ô fw(any) mix[y]nh |
voevodaô i pokoinago rodïtelü g[ospo]d[y]s[t]va miô fw[any]
ali≈an[y]dr$ô voevodaô i m(a)ti g[ospo]d[y]s[t]va mi g[o]s[po]jdaô
ev„katerinaô i g[o]s[po]jde g[ospo]d[y]s[t]va mi g[o]sp[o]jda nhgaô
i | srßdeq(y)n¥ s(¥)ni g[ospo]d[y]s[t]va miô fw(any) radúl[y] voe-
vodaô i pokoinago ml[a]da[go] fw(ana) ali≈an[y]dr$ voevodaô i
dœ\era g[ospo]d[y]s[t]va mi g[o]sp[o]jda erinaô
I pr(i)sno vyspomhn$|ite nas(y)ô vy s(ve)t¥ vaùex[y]
m(o)l(i)tvax(y) i na s(ve)toe proskomidïeô i dokle b$demo
jivix[y] da ni se poet[y], kata nedele vy edin(y) d(y)ny veqery
paraklis(y) | sy kolivom(y)ô zaútra s(ve)ta lit$rgïe sy prilev-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 208

208 Chilandar et les Pays roumains

kom$ô a po naùe prhstavlenïe da ni se poet[y] kata godïneô na


d(y)ny neporoqno veqery sy koli|vom(y)ô a zaútra s(ve)ta lit$rgïe
sy prilevkom(y)ô
Sego radï w(ty)ci s(ve)t¥ prïimite i bl(a)godariteô i
m(o)lite b(og)à w(ty)ca grhù(y)n¥ô
A vi je w(ty)ci | s(ve)ti eg$mene, i b(o)j(y)st(y)v„ni
fnokom(y) syborom[y] liqeô ne wstavlheti nas(y), n$ da ni
$piùeti vy s(ve)t¥ pomhnikyô i vß s(ve)toe proskomidïe |
ókoj[e] viù(e)pisano es(ty)ô a\e k„to ne dryjit[y]sæ da dast[y]
wt[y]vht[y] pred[y] b(o)gomyô A g[ospo]d[y]s[t]vo mi takojdere
zaklinanïemyô postavlhü g[ospo]d[y]s[t]vo mi | kako po symrytïü
g[ospo]d[y]s[t]va miô a\e bl(a)govolit(y) g(ospod)y b(o)gy wbrhta-
tis(æ) w grhsex[y] n(a)ùix(y) s(¥)noveô ili wt[y] rod(y)nik(y)
g[ospo]d[y]s[t]va mi em$j[e] dar$et[y] g(ospod)y b(og)y | biti
wbl(a)datel(y) vlaù(y)koe zemleô a\e li ne sydrßjit[y] i ne
isplynit[y] sïe n(a)ùe wbe\anïeô i ne $tvrydit[y] sïe xrisov$l(y)
g[ospo]d[y]s[t]va miô a t(o)go da es(ty) pod[y] kle|tvúô i da ne
$l$qi w desn(o)my prhd[y]stoanïeô a a\e li sl$qit[y] wt[y]
inhx[y] kolhnorod[y]stvo biti g[o]s[po]d[i]ny vlaù(y)k¥ô a wn(y)
a\e vyzmoj(y)no es(ty) | isplynitiô eje viù(e) wbe\aismo
s(ve)tom$ i b(o)j(y)st(y)v„nom$ xram($)ô a wn(y)da m$ es(ty)
viù(e)r(e)qeni xram[y] vyv[e]denïe pr[e]q[i]stïe b(ogorodi)ce i
pr(i)snod(h)v ¥ marïóô | syposobnici w desnago prhd[y]stoanïeô sy
b(o)gomy wt[y] vhka $godiv(y)ùex(y)ô i da imaty m(o)l(i)tvax(y)
s(ve)t¥x(y) wt(y)cy w x(ri)s(t)e amïnyô
Sei j[e] sv[e]de|telïem(y) postavix[y] g[ospo]d[y]s[t]vo miô
j$pan(y) óne veliki ban(y) kralev„sk¥ô i j$pan(y) Kesary veliki
dvor(y)nik(y)ô i jipany d$mitr$ veliki | logoçet[y]ô i j$pan(y)
mirwslav(y) veliki vistïór(y)ô i j$pan(y) petry veliki spatarüô
i j$pan(y) radúly velik¥ komis(y)ô i j$pan(y) mixaü vel(iki) |
stol(yniky)ô i j$pan(y) vladú velik¥ pexarn¥k(y)ô i j$pany óne
velik¥ postel„n¥k(y)ô i sprav„n¥k(y) dan(e) vistïar(y) f vaz[y]stany
syv[e]\esk¥ | logoçet[y]ô ispisaxwmy Vß nastol(y)n¥ gradú
b$k$re\(y)ô m(h)s(e)ca çer(y)varïe ôi*ô dyn¥ tek$\ïm[y] lhtom[y]
wt[y] adama vy lht[o] #z*q*z*ô
| – fw(any) minh voevoda m(i)l(o)stïæ b(o)jïæ g(os)p(o)d(i)ny
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 209

Actes slavo-roumains de Chilandar 209

† Dans la très sainte Écriture divine (qui nous a été) transmise, il est dit : « Je
veux de la miséricorde et non des sacrifices » 99. Aussi, de même que les péchés
sont pardonnés aux miséricordieux, « bienheureux sont les miséricordieux, car
ils obtiendront miséricorde » 100. Ainsi que le dit la bouche prophétique com-
blée de l’Esprit, « bienheureux l’homme qui chérit chaque jour, il se délectera
dans le Seigneur » 101, ainsi qu’on peut l’apprendre dans les écrits divins. Écou-
tons, de plus, le prophète qui parle ainsi par le Saint-Esprit : appréhendez, tsars,
et comprenez, avisez-vous du jugement de la fin du monde, instruisez les res-
ponsables des multitudes et dans les peuples ; car l’Etat vous a été donné par Dieu
et le pouvoir par le Très-Haut ; comprenant ainsi que tout est dans la main de
Dieu, et qu’il le prodigue à qui Il veut d’entre nous, car bienheureux et trois fois
bienheureux est celui qui prodigue pour le bien la richesse dispensée par Dieu
et partage les talents reçus en secret de Dieu, car il prodiguera la douce et sereine
voix de la jubilation : « Bien aimé serviteur fidèle, entre dans la joie de ton Sei-
gneur » 102. C’est ainsi qu’il nous sied d’entendre à nous ici-bas, car les temps sont
brefs et éphémères, comme il est dit, que toute gloire est éphémère, il nous sied
de nous dévouer (semblablement) aux bienheureux seigneurs d’antan de
sainte mémoire qui ont ordonné les biens terrestres et menant tout à bien, trou-
vant Dieu dès ici-bas pour y trouver leur héritage, alors qu’ils laissaient les (biens)
terrestres aux terrestres.
C’est ainsi que moi qui suis, dans le Christ Dieu, très croyant et très pieux,
aimant le Christ et autocrate (samodrßjav„nïi), Ioan Mihnea voévode, fils du
grand Ioan Alexandre voévode, par la grâce de Dieu seigneur de tout le pays de
Hongrovalachie.
Ma seigneurie désirant œuvrer pour ce très saint et divin monastère de la
Sainte-Montagne athonite appelé Chilandar, la laure serbe, où se trouve le
temple de la Très-Sainte, Immaculée, Très-Bénie, Notre-Dame la Mère-de-
Dieu et Toujours-Vierge Marie, et sa Présentation vénérable ; pour autant que
le Seigneur Dieu daignera bénir ma présence parmi les vivants, que le susdit
saint monastère dispose de notre part, ainsi que de la part de notre descen-

99. Matt. 9, 13 ; 12, 7.


100. Matt. 5, 7 ; Luc. 6, 36.
101. Ps. 33, 9 ; 83, 6.
102. Matt. 25, 21.
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210 Chilandar et les Pays roumains

dance que Dieu nous accorde, 15.000 aspres par an et 500 pour les frais des
frères qui viendront pour les besoins du saint monastère, afin que nous soyons
désigné en tant que nouveau ktitor avec les saints ktitors d’antan.
Que les humbles frères viennent pour cette raison, selon la coutume, afin
de percevoir la susdite allocation du saint monastère, irrévocablement et tant
que nous vivrons, en vue de la consolidation du saint monastère, pour le récon-
fort des frères, ainsi que pour des prières éternelles pour nous et nos parents.
C’est pourquoi, saints pères, je vous implore au nom de Dieu et de la Très
Pure Mère de Dieu, d’inscrire ma seigneurie dans le saint diptyque : Ioan
Mihnea voévode, ainsi que feu le père de ma seigneurie, Ioan Alexandre voé-
vode 103, la mère de ma seigneurie, la princesse Ecaterina, la princesse de ma
seigneurie 104, la princesse Neaga 105, le bien-aimé fils de ma seigneurie, Ioan
Radul voévode 106, feu le jeune Ioan Alexandre voévode 107, et la fille de ma sei-
gneurie, la princesse Irène 108.
Ainsi, priez pour nous lors de vos saintes prières et au moment de la sainte
proscomidie, que le paraklision du soir avec les collybe soit chanté pour nous une
fois par semaine, ainsi que le lendemain la sainte liturgie avec le prilevak, tant
que nous vivrons, alors qu’une prière du soir avec les collybe, suivie le lende-
main d’une sainte liturgie avec le prilevak, nous soit chantée le jour voulu
chaque année après notre trépas. Consentez à rendre grâce et priez Dieu pour
(moi) pécheur, saints pères, pour cette raison.
Ne nous négligez pas, pères, saint higoumène et assemblée de divins
moines, mais inscrivez-nous dans le saint diptyque et à la sainte proscomidie,

103. Alexandre voévode, le père de Mihnea : Il s’agit d’Alexandre II Mircea (selon le nom de son
père, Mircea dit « le Corégent », mort en 1510), prince de Valachie, 1568-1577.
104. Ecaterina, la mère du prince : Catherine Salvaresso, issue d’une famille pérote catholique (du
quartier de Péra à Constantinople), d’origine probablement génoise. Le mariage avait eu lieu
à Constantinople.
105. L’épouse du prince : il s’agit de Neaga de Cislău, d’une noble famille valaque ; mariage remon-
tant à 1582.
106. Radul le fils de Mihnea : Radul Mihnea, futur prince de Valachie (plusieurs fois : 1601, 1602,
1611-1616) et de Moldavie (1616-1619, 1623-1626), mort en 1626.
107. Feu le jeune Alexandre est le premier fils du prince, mort avant 1588.
108. Cette fille Irina (Irène) n’apparaît pas dans la généalogie dressée par D. PLEŞIA, « Genealogia
Basarabilor, sec. XII-XVII », annexe généalogique au vol. Io, Mircea mare voevod şi domn …,
édité par Aşezământul cultural « Nicolae Bălcescu », Rm. Vâlcea,1986.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 211

ainsi qu’il est écrit plus haut. Au cas ou quelqu’un ne l’observerait pas, qu’il en
réponde devant Dieu. Alors que ma seigneurie prête aussi serment, en insti-
tuant par ma seigneurie : que lorsque après la mort de ma seigneurie, au cas où
le Seigneur Dieu daignera désigner nos fils dans le péché, ou bien parmi ceux
qui sont apparentés à notre seigneurie, qui sera souverain du pays valaque, au
cas où il ne respectera pas et n’observera pas ce serment que nous faisons en
n’entérinant pas les termes de ce chrysobulle, qu’il soit maudit et qu’il ne trouve
pas sa place à la droite (du Père). Si par contre il arrive que le seigneur valaque
soit d’une autre lignée, au cas où il observera ce que nous avons promis plus
haut au saint et divin temple, que dans ce cas le susdit temple de la Présenta-
tion de la Très-pure et toujours Vierge Marie le rende digne de se tenir à la
droite de Dieu avec ceux qui Lui ont été agréables depuis les siècles des siècles
et qu’il soit digne de la prière des saints pères dans le Christ, amen.
Ceci en présence des témoins 109 appelés par ma seigneurie : joupan
Iane 110, grand ban de Craiova, joupan Chisar 111 grand vornik, joupan Dumi-
tru 112 grand logothète, joupan Miroslav 113 grand vistiar, joupan Pătru grand spa-
taire 114, joupan Radul grand comis 115, joupan Mihaio grand stolnik, joupan
Vladul grand peharnik, joupan Iane grand postelnik 116, spravnik Dan 117 vistiar

109. Sur la liste des membres du conseil princier dans les actes roumains de l’Athos, voir P. Ş.
NĂSTUREL, “Réflexions à bâtons rompus sur « Les Pays roumains et les lieux saints »”, in The
Romanian Principalities and the Holy Places along the Centuries. Papers of the Symposium heid in
Bucharest, 15-18 October 2006, Ed. : E. BĂBUŞ, I. MOLDOVEANU, A. MARINESCU, Bucarest
2007, p. 16-17.
110. Iane Cantacuzino, frère (?) d’Andronic Cantacuzène et oncle semble-t-il du prince de Vala-
chie, grand ban (1588-1592), cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 64-65.
111. Chisar din Leoteşti, grand vornik (1586-1589), accusé de complot et exécuté en 1596 par
Michel le Brave, N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 44.
112. Dumitru din Cepturi, grand logothète (1587-1589), l’un des principaux boyards de Michel le
Brave dont il fut l’ambassadeur à Vienne et en Transilvanie, N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 57-
58.
113. Miroslav din Râfov, grand vistiar (1586-1589), l’un des boyards de Michel le Brave le plus en
vue, N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 71-72.
114. Pătru din Luciani, grand spataire (1585-1591), N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 78.
115. Radul din Cepari, grand comis (1580-1583), N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 87.
116. Iane (Ianiu) din Bolescu, grand postelnik (1585-1590, avec une interruption en 1587),
N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 64.
117. Dan Danilović (Danilovici), 2e vistiar (1586-1590), c’est dans sa résidence de Bucarest qu’en
1594 le prince Michel le Brave fit masacrer les Turcs de la capitale de la Valachie, ce qui donna
le signal de la révolte anti-ottomane, N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 45-48.
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212 Chilandar et les Pays roumains

et moi Stan Săvescu logothète 118 qui ai écrit dans la ville capitale de Bucarest, au
mois de février le 8e jour de l’année en cours 7097 depuis Adam.
† Ioan Mihnea voévode, seigneur par la grâce divine.

DOC. N° 26 [BOITE N° 5]

7116, 24 juin (1608) à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (Şerban 1602-1608 et 1611), octroyant à
Chilandar 15 000 aspres annuels et 1.500 aspres aux moines pour le voyage
(Stan Logothète) 119.
Original, 51,5 sur 31cm. Parchemin, sceau de cire (R=8cm ; haut. 3cm).
Notice au verso : Foanny Rad$ly, « Jean Radul. »

– Vß kni§h mousiwveô bithistei piùet(y)ô tako g(lago)lety


g(ospod)y adonaiô sliùe fs(rai)lü i vnúùi g(lago)li moi | elika
a\e stejiùe vysego lhta wt[ß] imanïe svoegoô da desetystvúeùi
plemenü livet„skomúô | b(lago)sl(o)venïemy ego erewmyô ókoje
zakona prhj„deô i vy zakonh proseaùeô mnw§¥ m(i)l(o)st(i)nhmi i
\edro|tamiô i b(o)j(y)st(y)v„ni je ap(o)s(to)l¥ô i s(ve)thiùe
ústrwiv„ùex[y] nam(y) na pol„§$ô b(o)gonwsnïi w(ty)c¥ i sp(a)senïe
d(ú)ùix(y) | n(a)ù¥x(y)ô wvi m(o)l(i)tvoœ i b„dhnïemy i postwmyô
wvi m(i)l(o)st(i)nhmi i pokaanïeô wt[y] grhxy wgrhbati sæ, | i
inix[y] mnwgi múk¥ prhtryphùæ da sy xr(i)stwmy
c(a)r(y)stv$et(y)ô Thm„je i azy raby vl[a]dïki mwego f(so)us(a)
x(ri)s(t)a | fw(any) radúly voevwdaô v„núky pokoinagoô fw[ana]
bysœraby voevwdeô b(o)jïe(ü) m(i)l(o)stïeü i b(o)jïemy darovanïemy
| wbladae\o mi i g[o]s[po]d[y]s[t]v$e\o miô vysoi zemli úggrov-

118. Săveşteski : il s’agit du même Stan logothète qu’on a rencontré dans le cas du document
donné par Radul Şerban, voir ci-dessous, document n° 26, pp. 158-160.
119. Inédit, cet acte a déjà été signalé : « On sait encore, mais de façon vague, que le voévode Radu-
Şerban offrit à Chilandar ‘une importante somme d’argent’ en 1608 », cf. P. Ş, NĂSTUREL, op.
cit., p. 133 n. 35.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 213

laxïiskoiô e\e je i zaplanen„sk¥my | stran„namyô amlaùy i çaga-


raù(y) xer„ceg(y)ô sïó vyspomhn$x[y] i g[o]s[po]d[y]s[t]vo miô ókoje
mnw§i b(o)gwvhn„qani | voevwdïô i c(a)rïe ije prhj„de nas(y)
biv„ùæx[y]ô vy c(a)r(y)stvïæ veselhet sæô imali c(a)r(y)stvïe
n(e)b(e)s(y)nago, na|slhdovaùe <…> n(i)\y bo sæ i azy ne tyqïü sïæ
c(a)r(y)stvw ispravitiô nœ w d(ú)ùe sp(a)snoœ ústroiti | Thmje
$my na n(e)bo vyzvwdix[y]ô i jilanïe d(ú)xwm(y) s(ve)t¥my
vyraz$mix[y]ô ky s(ve)t¥my i b(o)j(y)st(y)vnïi cr(y)kvax(y) i mwnas-
tirax[y]ô na|ipaqe ky s(ve)thi monastir$ i velichi b(o)j(y)s(ty)vnïe
cr(y)kvax(y)ô ije vy s(ve)thi gorh aƒonaô c(a)r(y)ska i s(ve)\(e)na
wbithl¥ monastir(y) | g(lago)lemiô çilan„darüô fdej(e) esty xramyô
pr(h)s(ve)thi q(y)st(n)hi i prhb(lago)sl(o)venïe vl[a]d[¥)qïcœ
n(a)ù¥x(y) b(ogorodi)cæ i pr(i)snwd(h)v¥ marïæô | q(y)stnoe eœ
vyvedenïe ij(e) es(ty) s(ve)ta s(ve)tix(y)ô ije b(o)jïe
bl[a]g[o]d[h]tïæ i m(o)l(i)tvami ky b(og)úô thx[y] s(ve)thi sydry-
jit sæ wnoe s(ve)toe mhsto | vys(y) rwd[y] xr(i)stïanysk¥x(y)
prosvh\aet sæô na pol„§ú d(ú)ùev„nïe i thlesnïæô Thm„je i
g[ospo]d[y]s[t]vo mi porev„novaxwm„ | nazvati sæ nwvi xtitor(y)ô i
prilojix[y] g[ospo]d[y]s[t]vo mi s(ve)t(o)m$ mwnastiry viùe rhx[y]ô
na v„shko lhtw kata godin$ | wbrok(y) ô#e{fô aspriô i prixwde\¥my
bratïómy spen(y)z$ po ô#a{çô as(y)priô Thm„je $bo w(ty)c¥ s(ve)t¥
m(o)l(ü) vi se | sy imenemy b(o)jïeô i pr(h)q(i)stœe ego m(a)t(e)ryô
da piùeti po g[ospo]d[y]s[t]vo mi vy s(ve)t¥ pomhnikyô fw(any)
rad$l(y) voevwdaô i rodïtelïe | g[ospo]d[y]s[t]va miô i pokoinoma
m(a)t¥ g[ospo]d[y]s[t]va miô g[o]s[po]jda marïæô i g[o]s[po]jda
g[ospo]d[y]s[t]va mi elinaô i sr[y]d[y]q„na dy\era g[ospo]d[y]s[t]va mi
g[o]s[po]jda an(y)k$ca | i pr(i)snw vyspomhn$eti nas(y)ô vy s(ve)tixy
vaùex[y] m(o)l(i)tvax(y)ô i na s(ve)toe proskomïdïe i na s(ve)toe
jrytyv„n¥k(y)ô a mi je | pri d(y)ni jivwta n(a)ù(e)goô na vyshko
lhto dúj(y)ni s„moô w vysegda pom(i)lovati i pokrhpitiô s(ve)toe
| mwnastir$ sys(y) viù(e)req(e)no wbrwk(y)ô Po wùestvïe
g[ospo]d[y]s[t]va mi egoj(e) bl(a)govolit(y) g(ospod)y b(o)gyô biti
g[o]sp[o]dary vlaù(y)koœ zemlæô ili | wt[y] sr[y]d[y]q[y]nago ploda
g[ospo]d[y]s[t]va miô ili wt[y] syrod(y)n¥k(y) naùix[y]ô ili po
grhsex[y] n(a)ùix(y)ô ili wt[y] inoplhmhnikyô wt[y] pravos-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 214

214 Chilandar et les Pays roumains

lav„nix[y] g[o]spwdarix[y] | m(o)li vi se sy imenemy b(o)jïeô i


pr(h)q(i)stœe eg(o) m(a)t(e)ryô kako da $tvrydïte syi xrisov$ly
g[ospo]d[y]s[t]va miô i da pom(i)l$eti s(ve)t¥ mona|stiry wt[y]
b(og)a danag(o) vamy stejanïe sy qim(y) vi b(og)y nastavit[y]ô
ókoj(e) samy x(ri)s(to)s(y), zapovhdavyô i reqe b$d(e)te
m(i)l(o)stivi ókoj(e) | i azy i proqaaô w semy razdrhùenïe
grhxwm(y)ô da imate vß straùnoe i vtwroe priùestvïeô g(ospod)a
b(o)ga i sp(a)sa | naùego f(so)us(a) x(ri)s(ta)ô i m(o)l(i)tva je i
pokrov(y)ô pr(h)q(i)stïe vl[a]d[i]q[i]cœ n(a)ùi b(ogorodi)ce i
pr(i)snod(h)vi marïæô da prhdvarit ni i spwdobit[y] n¥ | w desnœe
x(ri)s(t)a praved[y]nago s$dïæ statiô i zre\e dr$gy drúga v(e)selimi
liciô vy c(a)r(y)stvïæ n(e)b(e)snhmy v„ vhk¥ vhkomy | amïnyô Se
j(e) i sved[h]telïe postavlhemy g[ospo]d[y]s[t]vo miô j$pany
rad$l(y) klüq(ary)ô i j$pany qernika veliki dvwr(y)nik(y)ô i |
j$pan(y) l$púly veliki lwg[o]çet[y]ô i j$pan(y) nika veliki
vit[y]ô i j$pan(y) mryzh velik(i) spat[ory]ô i j$pan(y) byr(y)kan(y)
velik(i) spol(y)n¥k(y) | i j$pany gligorïe veliki kwmyô i j$pan(y)
stanqül(y) velikïi pexar„nik(y)ô i j$pan(y) leka velikïi
postel(y)n¥k(y)ô i isprav(y)nik(y) j$pan(y) | wan„qh vtori
lwg(o)çet(y)ô i az[y] stan(y) lwg(oçety) syve\(y)sk¥x(y) napisax[y]ô
vy nastwl(y)nïi gradú g(lago)lemagoô trygovi\eô m(e)s(h)caô ünïeô
| ôk{dô d(y)n¥ÒÔ tek$\ago lhtomyô wt[y] adamaô do sego pisanïeô
v lhtw ô#z*r*§*f*ô |
– fw[any] rad[úly] vwev[oda] milwstïü b(o)jïü g(o)sp(o)d(i)nyô

Notice au verso : Foanny Rad$ly, « Ioan Radul ».

† Dans le livre de Moïse il est écrit : c’est ainsi que parle le Seigneur Adonaï :
écoute Israël et apprends ma parole, que tous donnent chaque année un dixième
de leur avoir aux Lévites pour la bénédiction des Juifs. Ainsi que la Loi d’antan,
la Loi exige de prodiguer beaucoup de miséricorde et de largesses. Les apôtres
divins et saints, ainsi que les Pères théophores, ont instauré pour notre bien et
pour le salut de nos âmes, les uns les prières, les veillées et les jeûnes, les autres
les charités et le repentir, pour nous sauver du péché et supporter bien d’autres
souffrances, afin de pouvoir régner avec le Christ.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 215

C’est ainsi que moi aussi, le serviteur de mon Seigneur Jésus-Christ, Ioan
Radul voévode, petit-fils de feu Ioan Basarab voévode 120, par la miséricorde et
le don de Dieu étant souverain et seigneur de tout le pays de Hongrovalachie,
ainsi que des contrées de Zaplanina (d’Outre-Mont) 121, d’Almaş et de Făgăraş
herzog 122, ce que ma seigneurie a eu en vue, de même que de nombreux voé-
vodes et tsars couronnés par Dieu sont dans la jubilation du royaume en ayant
hérité du royaume des Cieux […] que je puisse moi aussi acquérir le royaume
en œuvrant au salut de mon âme. C’est pourquoi j’élève mon esprit vers les
Cieux, tout en adoptant par l’Esprit-Saint le discernement à l’égard des églises
et monastères saints et divins. En particulier à l’égard du saint monastère et des
grandes églises divines qui sont sur la Sainte-Montagne athonite, la commu-
nauté impériale et sacerdotale du monastère appelé Chilandar où se trouve le
temple de la Très-Sainte et vénérable, la Très-bénie Notre-Dame la Mère-de-
Dieu et Toujours-Vierge Marie, Sa vénérable Présentation dans le Saint des
Saints, que par la grâce divine et par les prières à Dieu de ces saints qui résident
en ce saint lieu en s’y consacrant, pour le bien de l’âme et du corps.
C’est pourquoi Ma Seigneurie se dévoue aussi, afin d’être désignée nou-
veau ktitor, Ma Seigneurie, en attribuant au susdit saint monastère chaque
année l’allocation de 15 000 aspres, avec 800 aspres pour les frais des frères qui
viendront les toucher.
C’est aussi pourquoi, saints pères, je vous implore, au nom de Dieu et de
Sa Très-Pure Mère, d’inscrire ma seigneurie dans le saint diptyque : Ioan Radul
voévode et les parents de ma seigneurie, feue la mère de Ma Seigneurie Dame
Marie 123, la Dame de Ma Seigneurie Hélène 124 et l’enfant bien-aimé de Ma Sei-

120. Radul Şerban n’était le petit-fils d’aucun prince, mais un neveu, par sa mère et il descendait
des puissants boyards, cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, pp. 94-95, sub voce ; voir aussi
R. CREŢEANU, « Traditions de famille dans les donations roumaines au Mont-Athos », in
Etudes byzantines et post-byzantines, I, publiées par les soins de E. STĂNESCU et N.-Ş. TANAŞOCA,
Bucarest, 1979, pp. 135-153.
121. Zaplanina = terres ou pays d’Outre-Mont, voir document 4.
122. Hertzegue (hertzeg = duc), duchés de Fârăgaş et Amlaş.
123. Dame Marie, sa mère : c’est elle qui assurait la légitimité du prince qui se réclame neveu de
(Neagoe) Basarab. Elle fut la fille de Neagoe de Coiani, grand ban et d’Anca de Coiani, elle-
même fille de Radul Craiovescu, cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, pp. 73 et 94-95.
124. Il s’agit d’Elina, fille de Udrişte, le ban de Mărgineni, et d’Ana, fille du feu prince Radul de
Afumaţi (et de sa première épouse, Voica), cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 101.
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216 Chilandar et les Pays roumains

gneurie Dame Ancuţa 125, en nous mentionnant toujours dans vos saintes
prières, ainsi que lors de la sainte proscomidie et au saint autel, alors que de
notre part, tant que nous vivrons, nous sommes dans l’obligation d’aider et de
prodiguer miséricorde en tout temps au saint monastère de par la susdite allo-
cation. Celui qui après le trépas de ma seigneurie, selon le bon vouloir de Dieu,
sera le seigneur du Pays valaque, qu’il soit de la souche de Ma Seigneurie, ou
de notre parentèle, ou pour nos péchés (quelqu’un) d’entre les étrangers, ou
issu des seigneurs orthodoxes, je vous implore au nom de Dieu et de Sa Mère
Immaculée, d’honorer ce chrysobulle de Ma Seigneurie et de faire miséricorde
au saint monastère par l’autorité que Dieu vous confie dès que Dieu vous aura
intronisés, car le Christ lui-même l’a ordonné et dit : « Soyez miséricordieux
comme Moi » 126, et ainsi de suite, afin d’avoir le pardon de vos péchés au terri-
ble second avènement de notre Seigneur Dieu et notre Sauveur Jésus Christ,
par les prières et le Voile protecteur de l’Immaculée Notre Dame la Mère de
Dieu et Toujours-Vierge Marie, afin de nous conduire et de nous rendre digne
de nous tenir à la droite du Christ, le juste juge, en nous regardant avec des
visages joyeux dans le royaume des Cieux, dans les siècles des siècles, amen.
Ceci est instauré par Ma Seigneurie en présence des témoins : le joupan
Radul clucer, le joupan Cernika grand vornik, le joupan Lupul grand logothète 127,
le joupan Nica grand vistiaire 128, le joupan Mârzea grand spatar 129, le joupan
Bărcan grand stolnik 130, le joupan Gligorie grand comis, le joupan Stanciul
grand peharnik, le joupan Leca grand postelnik et ispravnik, le joupan Oancea

125. Ancuţa (diminutif du nom Anca) fut l’épouse de Nicolae-Pătraşcu, le fils du prince Michel le
Brave (1593-1601). Radul Şerban avait encore deux enfants, Elina, mariée avec Constantin
Cantacuzène le postelnik, le fondateur de la branche Cantacuzène de Valachie, et un bâtard,
Constantin (dit de Dobreni), qui prendra aussi le nom de Şerban et allait régner en Valachie
(1654-1658) et en Moldavie (1659-1661), cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 158.
126. Luc 6, 36.
127. Lupul din Măgureni et Alexeni, logothète 1590, grand logothète de Radul Şerban 1608-1610
et 1612-1614, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 207.
128. Nica de Corcova, grand vistiar (trésorier), 1602-1610, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 219 ;
P. Ş. NĂSTUREL, « Hrisovul lui Radul Voda Serban din 1607 către o mănăstioară azi pierită din
Rumelia », in Memoriam Alexandru Elian, Timişoara 2008, p. 199-203 ; M. CAZACU, « Nico
de Frastani ou Nica de Corcova : un Epirote au service des princes de Valachie (c. 1560-
1618) », Studii si materiale de istorie medie, XXVI (2008), p. 197-210.
129. Mârzea din Berilesti, grand spătar 1604-1610, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 212.
130. Grand stolnik 1604-1610, N. STOICESCU, Dicţionar …, pp. 32-33.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 217

deuxième logothète 131 et moi Stan logothète et clerc 132, ai écrit dans la ville capi-
tale appelée Târgovişte, au mois de juin, le 24e jour de l’année en cours, depuis
Adam jusqu’à cet écrit, en l’an 7116.
† Ioan Radul voévode, seigneur par la grâce de Dieu.

DOC. N° 27 [A 23/8]

1651-1652 à Târgovişte
Charte du voévode valaque Mateï Basarab (1632-1654) confirmant à Pârvul
la propriété achetée à Suhodol en Valachie.
Original, inédit 46 sur 29,5cm. Parchemin. Sceau sur un papier cousu à la charte.

– M(i)l(o)stïeü b(o)jïeü ïw[any] mateü bas(a)rab(y) voiv[o]d[a]


i g[o]s[po]d[i]nß vßseü zemli $g(y)grovlaxïiskoe davat[y]
g(ospo)d(y)s(t)v(o) mi sïi povelhnïi g(ospo)d(y)s(t)v(o) miô wvim(y)
qovt… prßv$l(y) s(¥)ny bald(o)vin(y) wt[y] soxodol(y) wt[y] goro-
jil(y)ô i sy s(¥)novi elic(i) j(e) | b(o)gy dast[y] ókoj(e) daet[y]
em$ wny $ soxodol(y)ô i $ brebinareô qast[y] nhgoev(y)vat(y) vsaô
wt[y] neg(o)ô i wt[y] ù$m(y)ô i wt[y] vod[y]ô sß brozda vodo-
qic(y)ô i wt[y] vedri\(y) selwv(y)ô i wt[y] premvï… xotarom[y]
soxodolov(y)ô a wt[y] brebinar(y) | wt[y] podoven(y) za xotar(y)
ô§*ôgo qast[y]ô sy vshx[y] po k($)penïi levare e…a iz[y]beret[y] seô
zaneje est[y] pok($)pil(y) perv$l(y) sïa wg(y)nß wt[y] soxodol(y)ô i
wt[y] brebinar(y)ô wt[y] kapren(y) vitersca vodoka vn$ka nßgoev(y)va
wt[y] brebinar(y) za ô#a*as(ypri) goto[vixy] | sy zapes(y) wt[y] pro-
danïeô I pak(i) pok$pil(y) est(y) pyrv$l(y) edin(y) privez(y) za
zvon(o) grad$ soxodol$ wt[y] nat$d[$]r$ vn$k(y) drag(y)mir(y) wt[y]
tßmùe\(y)ô za ôr}≈ô as(ypri) got[ovixy]ô koe prilog(y) bil(y) es(ty)
zalojil(y) wt[y] dhda m($) sa stan(y)ka na drag(y)mir(y) wt[y]

131. Oancea deuxième logothète, apparaît souvent comme ispravnik (exécuteur) des actes prin-
ciers, cf. par exemple, D.I.R., XVII, I, B, Ţara Românească (1601-1610), Bucarest, 1951, doc.
289-292, 296, 299 (1608).
132. Il s’agit de Stan de Săveşti (Săveşteski).
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218 Chilandar et les Pays roumains

kßl(y)nik(y)ô nad[y] prejde | I pak(i) pok$pil(y) es(ty) pyrv$l(y)


edna livada na xße\i kod[y] ry… ïrina d(y)\era nhùkev(a) za ôr*ô
as(ypri) goto[vixy]ô I pak(i) daet[y] pßrv$lov($) pol(o)vin$ <…>
zanej[e] wn(y) est[y] pok($)pil(y) ba\a m$ bal(y)dovin(y) wt[y]
nam$ùa wt[y] soxodol(y) $ chn$ | za ô§*ô wv(y)ciô I pak(i)
pok$pil(y) est[y] baldovin(y) i çrycil(y)ô <…> drag(y)mirov(y) $
sox(o)dol(y) wt[y] nadrygiq(a) i radúl[a] za ôx*ôas(y)pri goto[vixy]ô
I pak(i) wt[y] nar[y]dúl(y) mezi$l(y) g(ospo)d(i)na sili\(y) za
ky\(a) $ sel(o) i edin(y) mest$ dhl$l(y) dobrev(y) $ chn$ | za ôs*ô
as(y)pri goto[vixy] i pak(i) wt[y] na\üra ed[y]na sili\(y) <za> k$kü
$ soxodol(y)ô za ôq*ô as(y)pri goto[vixy]ô I wt[y] narul(y) voinev(y)
ed[y]na sili\(y)ô za dwmyô $ chn$ za ôr}≈ô as(y)pri goto[vixy]ô I
wt[y] namogoae edino | mesto wt[y] nydïna tisev(a)ô as(y)pri ôn*ô
goto[vixy]ô I edin(o) mest(o) wt[y] <…> s(¥)ny moevy i wd[y]
r$k(y)ùü ô≈*ô as(y)pri got[ovixy]ô I pak[i] edin(o) mest(o) wt[y]
na$n(y)g$rhl(y) wt[y] plo\(y)nß radï ed[y]na krav(a)ô i as(y)pri
got[ovixy] ôn*ô I pak(i) pok$pil(y) est[y] pyr(y)v$l(y) wt[y]
nas|vod[y]ka dß\[e]ra nhgoev(y)vat(y)ô ed[y]na sili\(y) za domyô koe
davaet[y] <…> $ \$nheô pod[y] gr$ül(y) sß laùelomyô za ôr}nô
as(y)pri got[ovixy]ô koe sili\(y) bila est[y] pak(i) k$pena wt[y]
nabrat$l(y) wt[y] soxodol(y)ô I pak(i) da es[ty] pßr(y)v$loev(y) |
w(ty)q(i)ny $ brebinariô qast[y] barb$lov(y) vsax(y)ô wt[y] po vßs(y)
xotarom(y) <…> k$p(o)val(y) pßrv$l(y) wt[y] navoina dß\ïra
nhgoev(y)vat(y)ô za ôç*ô as(y)pri got[ovixy]ô koe w<…> bila est[y]
zalojila wt[y] bratiü wt[y] soxodol(y) wt[y] egda prejde v<…> |
I pak(i) pok$pil(y) est[y] wt[y] nastanaô i wt[y] nad$mitr$ô ein(y)
vinograd(y) $ soxodol(y)ô $ lica çlorev(y)ô radï edin(y) vol(y) i
as(y)pri goto[vixy] ôu*ô I pak(i) pok$pil(y) est[y] wt[y] nad$mitr$
wt[y] nh$grin(y)d$ô za ô¶* ô as(ypri) goto[vixy] | I prodadox[y] wni
vsix[y] wt[y] dobrovelhimyô <…> znanïa vshmy megïaùemy wt[y]
gor(y) iz[y] dol(y) i wt[y] wkrystnei mestwmyô Se je $bo i svedï-
telemy postavixomy <…> | j$pan(y) pred[y] vel(iki) dvor(y)nik(y)ô
j$pan(y) radúl(y) vel(iki) log(o)çet(y)ô j$pan(y) <…> j$pan(y)
deik$l(y) sp<…> j$pan(y) radúl(y)… mixaila k<…> j$pan(y) xriza-
pet[y]ô j$pan(y) kostan(y)tin(y) <…> i j$pan(y) | radúl(y) vel(iki)
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 219

Actes slavo-roumains de Chilandar 219

log(o)çety d$mitr$ log(oçety) bodïqü<…> vß <…> gradú trßgo<vi\$>


<…> d(y)ny wt[y] adama vßsego pisanïa vß lht[o] #z*r*≈*– |
ïw[any] mateü voevoda milostïü b(o)jïeü g(o)s(po)diny

† Par la grâce de Dieu, Ioan Mateï Basarab, voïévode et seigneur de tout le


Pays hongrovalaque, Ma Seigneurie délivre cette charte de Ma Seigneurie.
Par ce […] Pârvul fils de Baldovin de Sohodol de Gorožil, avec ses fils, que
Dieu fasse comme accord qui lui est donné à Sohodol 133 et à Brebinar. La part
de Neagoe, en intégralité, que ce soient des forêts, des eaux, avec le gué de
Vodociţa (brozda vodoqic(y) avec la terre de (Vedri\(y) de village, de
premvi… district de Sohodol. Concernant Brebinar, semblablement (wt[y]
podoven(y) à la commune, la sixième quote-part, avec tout le champ acheté
(po k($)penïi Levare), selon le susdit. Pour ce qui a été acheté (réuni) par
Pârvul, ces foyers de Sohodol et de Brebinar, de Kapren 134 Vitersta Vodoka
(kapren(y) vitersca vodoka), le petit-fils de Neagoe de Brebinar, pour 1.000
aspres au comptant, avec l’acte de vente. Pârvul a encore acheté une corde pour
la cloche de la localité de Sohodol, de la part de Natudurou (?), petit-fils de
Dragomir de Timişoara, pour 160 aspres au comptant, lequel fut accordé de la
part de son grand-père, avec Stanco, de Dragomir de Câlnik une autre fois. Puis
Pârvul avait acheté un champ sur H’e èti (?) chez r[…] Irina, la fille de Neagu
(Nieško), pour 100 aspres au comptant. Et puis il a donné la moitié de Pârvul
[…] pourquoi son père acheta Baldovin a Namoša de Sohodol au prix de 6
moutons. Et puis fut acheté par Baldovin et Frăţilă […] de Dragomir à Soho-
dol de Nadrič et Radul pour 600 aspres au comptant. Et puis de Nardoul
Mezioul (?), propriétaire de Silişte pour une maison (? ky\a ?) au village et en
un lieu dit Dialoul (la colline de) Dobre au prix de 200 aspres comptant. Puis
de Našior (?) un emplacement (de village pour) une maison à Sohodol pour
90 aspres au comptant. Et de Narul fils de Voinea un emplacement sili\(y)
pour la maison, au prix de 160 aspres au comptant. Et de Namogae (?) un lieu-
dit de Nedina Tiseva, 50 aspres au comptant. Et un lieu-dit du fils de Moec et
de Roukča, 60 aspres au comptant. Et encore un lieu-dit de Naoungouriel (?)

133. Vallée près de Baia de Aramă en Olténie, I. DONAT et alii, Documente privind istoria Romîniei,
B. Ţara Rominească, veacul XVII (1601-1625). Indicele numelor de locuri, Bucarest, 1960, p. 129.
134. Toponyme à Berislăveşti, dans le district de Lovişte, I. DONAT, Documente…, cit., p. 24.
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220 Chilandar et les Pays roumains

de Plošten 135, pour une vache et 50 aspres au comptant. Pârvul acheta encore
de Nasvodka, fille de Niegoevevat (?), un emplacement de village pour la
maison, qui est donnée […] en $ \$nheô 136 sous Gruiul avec Lašelom, pour
150 aspres au comptant ; laquelle fut ensuite achetée à Nabratoul de Sohodol.
Et puis qu’il soit le patrimoine de Pârvul à Brebinar, toute la part de Barbul, de
toute la commune […] acheté par Pârvul de Navoine fille de Niegoevevat,
pour 500 aspres au comptant, lesquels […] elle avait mise en gage chez les
frères de Sohodol, depuis lors […]. Et puis, fut acheté de Nastan et de Nadou-
mitrou (?), un vignoble à Sohodol, à Licaflorev, pour un bœuf et 400 aspres au
comptant. Et puis, il a acheté a Nadoumitrou de Nieougrindou pour 700
aspres au comptant. Et je vendis tout ce [qui fait partie] du susdit […] au vu et
au su de toutes les limites de la montagne à la vallée et des lieux environnants.
Voici les témoins que nous avons présentés : le joupan Preda, grand maré-
chal de la Cour (dvornik) 137, le joupan Radul grand chancelier (logofăt) 138, le
joupan [Ghinea vistiar] 139, le joupan Diicul sp[ătar] 140, le joupan Radul…,
Mihail k[…], le joupan Hrizea peharnic (échanson) 141, le joupan Constantin
grand postelnic (chambellan) 142 et le joupan Radul grand logothète, Dumitru

135. Ploştina dans le département de Dolj, région de Baia de Aramă, I. DONAT, Documente…, cit.,
p. 107.
136. Du roumain giune « jeune », ici au sens peut-être de jeune marié (?).
137. Preda Brâncovan, neveu du prince Mateï Basarab, grand dvornic (1652-1655), N. STOICESCU,
Dicţionar…, p. 125-126.
138. Radul Cocorescu, l’un des boyards favoris de Mateï Basarab, grand logothète de 1641 à 1654,
N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 153-154.
139. Ghinea Tucala-Brătăşanu, vistiar (1651-1653), Grec de Roumélie, il sera masacré en 1653 au
cour d’un révolte des gardes du palais, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 122-123.
140. Diicu Buicescu, parent du prince Mateï Basarab, grand spatar (1645-1654), destitué par le
prince Constantin Şerban après la mort du prince Mateï qui aurait voulu qu’il soit son suc-
cesseur, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 129-130.
141. Hrizea de Bogdănei, grand peharnik (1651-1653), apparenté à Mateï Basarab par la famille
Nasturel, N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 196-197.
142. Constantin Cantacuzinu, descendant des Cantacuzènes de Byzance, l’un des représentants
les plus notables de l’aristocratie du XVIIe siècle et l’un des dignitaires les plus proches de
Mateï Basarab dont il fut le grand postelnik (1632-1654), il est l’ancêtre de la branche valaque
des Cantacuzènes de Roumanie, l’un de ses fils, Şerban, deviendra prince de Valachie,
N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 135-137.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 221

logothète, Boldici [scribe ?] à […] la ville de Târgovişte le […] jour, depuis


Adam de cet écrit en l’an 7160.
† Ioan Mateï voïévode, seigneur par la grâce divine.
Signature manu propria : Jean Mateï Basarab 143 voïévode 144.

DOC. N° 28 [A 23/9]

1656 (?) Constantin Serban ? (1654-1658)


Charte du voévode valaque Alexandre (Mihnea III ?1658-1659) (fils de Radul
IX Mihnea /bârtard de Mihnea II Turcitul/ : 1601-1602, 1611, 1611-1616 et
1620-1623), octroyant à Chilandar 5 000 aspres annuels.
Original, 45,5 sur 36,5cm. Parchemin. Sceau sur papier cousu à la charte.

– M(i)l(o)stïü b(o)jïeü ïw[any] ale≈an[y]dr$ voevoda i


g[o]s[po]d[i]nß vßswi zemle $g„grovlaxïiskoe s(¥)nß velikago i prhdo-
brag(o) gospod[i]na <…> voevodeô <…>

– ïw(any) ale≈andr$ vwevwda milostïü b(o)jïeü g(o)s(po)diny :Ô

DOC. N° 29 INÉDIT

7178, 26 novembre (1670) à Bucarest


Charte du voévode valaque Antoine de Popeşti (1669-1672), octroyant à Chi-
landar 10 000 aspres annuels.
Original, 49 sur 44cm. Parchemin. Trace de sceau.

– Vß xr(i)sta b(o)ga bl(a)govhr(y)n¥i i bl(a)goq(y)stiv¥i i


xr(i)stolübiv¥i i samodryj<av>n¥iô fw(any) an(y)tonïe voevod[a]

143. N. STOICESCU, Mateï Basarab, Bucarest, 1988, grand bâtisseur d’édifices civils et religieux,
p. 94-125, relations sociales, p. 46-52.
144. A partir de la fin du XVIe siècle les princes roumains prennent l’habitude de signer leur nom,
généralement à l’encre noire, de leur propre main, par-dessus le monograme princier tracé au
cinabre par la chancellerie voïévodale.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 222

222 Chilandar et les Pays roumains

b(o)jïeü m(i)l(o)stïeü i b(o)jï(e)ü | darovanïem„ô wbladatel(y) i


g[ospo]d[a]ry v„soe zemyli úgrovlaxïisk<oi> eje úbo darova sy
vßsæq(y)stn¥iô i bl(a)gowbraz(y)|nïiô i pred(y)poq(i)tann¥iô Sïü
xrisov(úly) g[ospo]d[y]s[t]v[a] miô S(ve)t(o)m$ i
b(o)j(y)st(y)v<nomú m>onastir(y)ô Ije vy s(ve)thi gorh aƒonaô
Cr(y)k(y)vax(y) | i s(ve)\(e)na wbithli g(lago)lemiô Çilan(y)dariô
Idej[e] es(ty) xramyô P<rhqist>hi i prhbl(a)goslovennhiô
Vl[a]d[iqi]ceü naùe i | b(ogorodi)c$ô I pr(i)snod(h)v¥ Marïæô
q(y)st(y)noe eœ vyvedenïeô Fje es(ty) s(ve)t<aa svetixyô> Ije b(o)jïe
bl[ago]d[h]tïæ i m(o)l(i)t(y)vami ky b(ogorodi)c$ô Th | s(ve)thi
sßdryjit„ sæô wnoe s(ve)toe mhstoô Vys(y) rod[y] xris<tïanyskïi
p>rosvh\aet[y] sæô Na pol(y)§$ d(ú)ù<e>v„nïe i teles(y)nïa | Thmyje
i g[ospo]d[yst]v[o] mi porevnovaxomy nazvati sæô Novïix[y] ktitor„ô
<I priloj>ix[y] g[ospo]d[yst]v[o] mi s(ve)t(o)m$ monastir($) v¥ùere-
qen„naô Na vy|shko lhto wbrok(y)ô po ô#f*ô as(y)pri Prixodh\imy
bratïómy za spen(y)z$ po <… asy>priô Thmyje úbo w(ty)ci s(ve)tiô
moli vi se sß | imenem(y) b(o)jïeô I prhq(is)tïü ego m(a)t(e)rœô
da piùeti po g[ospo]d[yst]v[o] mi <vy sveti>x[y] pomhnik(y)ô I
roditelïe g[ospo]d[yst]v[a] miô I s(¥)n$ g[ospo]d[yst]v[a] m[i] | I
pr(i)sno vyspomhn$eti nas(y)ô vß s(ve)t¥x(y) vaùix[y] molitvax[y]ô
I na <prosk>omidïeô I na s(ve)toe jer(y)tyvnik„ô I mi je pri |
d(y)ni jivota n(a)ù(e)goô na v„sæko lhto d$j[y]ni smoô w v<ysegda
pom>ilovati i úkrhpitiô S(ve)toe monastir(y) sßs(y) | v¥ùereqen„no
wbrok(y)ô ∏koj[e] da es(ty) g[ospo]d[yst]v[o] miô F roditelïe
g[ospo]d[y]s[t]v[a] m<i na vyse>q(yst)noe vyspominanïeô I po wùest-
vïe g[ospo]d[y]s[t]v[a] mi | kogo iz[y]beret[y] g(ospo)dy b(o)gœô B¥ti
g[o]sp[o]d[a]rœ zemyli vlaù(y)koeô Ili wt[y] <srydyqynago plo>da
g[ospo]d[y]s[t]v[a] miô Ili wt[y] sßrod[y]nikœ naùeô Ili | po
grhsex[y] n(a)ùix(y)ô Ili wt[y] in„noplemen„nik(y)ô wt[y] pravos-
lav(y)nix(y) g[o]sp[o]d[a]r¥<xy mol>i v¥i sæ sß imenemy b(o)jïemyô
F prhq(i)stïü eg(o) m(a)t(e)ry | da úkrhpiteô F da útvrydite sei
xrisov(úly) g(ospody)s(t)v(a) miô I da po<milúet>i s(ve)t(o)m$
monastir(y)ô wt[y] b(o)ga dan(y)nago vamy steja|nïeô Sy qimy vi
b(o)gœ nastavit(y)ô ∏koj[e] samy x(risto)s(y) zapovhdav(y)ô i reqeô
B$dete m(i)l(o)st(i)vïi ókoj[e] i a<zy i> proqaæô w semy raz-
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 223

Actes slavo-roumains de Chilandar 223

drhùenïe grhxomyô da imate | vß straù(y)noe i v„toroe priùestvïeô


g(ospo)da b(o)ga i sp(a)sa n(a)ù(e)goô f(so)us(a) x(ri)s(t)aô F molitva
j[e] i pokrov(y)ô Pr(h)q(i)stïe vl[a]d[i]q[i]ce naùe b(ogorodi)ceô I
pr(i)snod(h)v¥ marïæô | Da prhd[y]varit[y] n¥ô spodobit n¥ w
des(y)n$ü x(rist)aô Praved[y]nago s$dïæô statiô zre\i dr$g(y) dr$ga
ves(e)limi liciô Vy c(a)r(y)stvïæ n(e)b(e)s(y)nhmyô I vß vhki |
vhkomy aminyô Se je úbo i sv(edh)t(e)lïe postavi g(ospody)s(t)v(o)
m¥ô p(a)n(y) mareù(y) vel(ikïi) ban(y) kralev(y)skiô I p(a)n(y)
radúl[y] vel(ikïi) dvor(y)nik(y)ô i p(a)n(y) rad$l(y) krec$lesk$
vel(ikïi) log(oçety)ô I p(a)n(y) ùer(y)ban(y) | kantakozeno vel(ikïi)
sp(a)t(or)yô F p(a)n(y) xrize vel(ikïi) vist(atory)ô F p(a)n(y) gæcæ
velikïi kl$qær(y)ô F p(a)n(y) mixaü kan(y)takozeno velïkïi post[ely-
niky]ô I p(a)n(y) paanœ velikïi stol(yniky)ô p(a)n(y) papa | vel(ikïi)
kosm[iky] (?)ô i radúl(y) nyst(ú)rel(y) v(elikïi) log(oçety) i napi-
sax[y] az[y] goran(y) log(oçety) wl(y)nesk$ ú gradú b$k($)re\($)ô
m(e)s(h)caô noemy[vrïa]ô k{§ô d(y)niô i wt[y] adam[a] vß l[h]t[o]
ô#z*r*o*i*ô
– fw[any] antonïe vwevo[da] b[o]jïü m[i]l[os]t[ï]ü g[ospodi]ny
zem[le] vlaùkoeô

† Dans le Christ Dieu, Ioan Antonie voévode, très croyant et très pieux, ai-
mant le Christ et autocrate (samodrßjavnyfi), par la grâce et par le don de Dieu
souverain et seigneur de tout le pays de Hongrovalachie, avec (ses) dignitaires,
illustres et très-honorés, fait don de ce chrysobulle de Ma Seigneurie au saint
et divin monastère qui se trouve sur la Sainte-Montagne athonite, aux églises
et à la communauté sacerdotale appelée Chilandar, où se trouve le temple de
la Très-Pure et Très-bénie, Notre-Dame la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge
Marie, et sa Présentation vénérable dans le Saint des Saints ; la grâce divine et
les prières de la Mère de Dieu émanent de ce saint lieu, en éclairant tout le peu-
ple chrétien pour le bien de l’âme et du corps.
C’est ainsi que Ma Seigneurie se dévoue pour être désignée nouveau ktitor
en faisant don au susdit saint monastère de l’allocation de 10.000 aspres par
an, ainsi que pour les frères quêteurs de (…) aspres.
C’est aussi pourquoi, saints pères, je vous implore, au nom de Dieu et de
Sa Mère Immaculée, d’inscrire Ma Seigneurie dans le saint diptyque, les parents
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 224

224 Chilandar et les Pays roumains

de Ma Seigneurie et le fils de Ma Seigneurie, en nous mentionnant toujours


dans vos saintes prières, ainsi que lors de la sainte proscomidie et au saint autel.
Alors que de notre part, tant que nous vivrons, nous sommes dans l’obligation
d’aider et de prodiguer miséricorde en tout temps au saint monastère chaque
année de par la susdite allocation, afin que Ma Seigneurie et les parents de Ma
Seigneurie soient très honorablement mentionnés.
Celui qui après le trépas de Ma Seigneurie, sera choisi par Dieu, pour être
le seigneur du Pays valaque, qu’il soit de la souche de Ma Seigneurie, ou de
notre parentèle, ou pour nos péchés (quelqu’un) d’entre les étrangers, issu des
seigneurs orthodoxes, je vous implore au nom de Dieu et de Sa Mère Imma-
culée, d’honorer et d’entériner ce chrysobulle de ma seigneurie et de prodiguer
miséricorde au saint monastère par l’autorité que Dieu vous confie dès que
Dieu vous aura investi [du pouvoir], car le Christ lui-même a ordonné et dit :
« Soyez miséricordieux comme Moi » 145, et ainsi de suite, afin d’avoir le pardon
de vos péchés au terrible second avènement de Notre-Seigneur Dieu et Sau-
veur Jésus Christ, avec les prières et la protection de l’Immaculée Notre-Dame
la Mère-de-Dieu et Toujours-Vierge Marie, afin de nous conduire et de nous
rendre digne de nous tenir à la droite du Christ, le juste Juge, en nous regardant
avec des visages joyeux dans le royaume des Cieux, dans les siècles des siècles,
amen.
Voici les témoins que ma seigneurie a mis en place : pan Mareş, grand ban
de Craiova 146 ; pan Radul, grand vornik ; pan Radul Creţulescu, grand logothète ;
pan Şerban Cantacuzène 147, grand spathare ; pan Hrizea, grand vistier (tréso-
rier) ; pan Gheţea, grand clucer ; pan Mihaio Cantacuzène, grand postelnik ; pan
Pană 148, grand stolnik ; pan Papa, grand comis et Radul Năsturel 149, second logo-
thète ; écrit par moi, Goran logothète Olănescul 150, dans la ville de Bucarest, au

145. Luc 6, 36.


146. Il s’agit du plus important office princier en Valachie.
147. Şerban Cantacuzino ou Cantacuzène : le futur prince de Valachie (1678-1688).
148. Pană Părdescul, de Părdeşti et Căpreni, cf. N. STOICESCU, Dicţionar …, p. 223.
149. Radu-Toma Năsturel, alors deuxième logothète, fonction qu’il détient entre 1665 et 1672, cf.
N. STOICESCU, Dicţionar…, p. 215.
150. Goran Olănescul (de Olăneşti) : il y avait deux personnages portant le même nom, tous les
deux de Olăneşti (département de Vâlcea). L’un d’eux précise parfois son patronyme : Goran
Stanciovici (le fils de Stanciu), actif pendant les dernières décennies du XVIIe siècle, cf. Şt.
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Actes slavo-roumains de Chilandar 225

mois de novembre, le 26e jour, de l’an 7178 depuis Adam.


† Ioan Antonie voévode, par la Grâce divine seigneur du Pays valaque.

DOC. N° 30 [A 23/10]

7194 (1686), 30 novembre


Donation de la princesse Nedelja (Nedelia), épouse du voévode valaque
Constantin Şerban (Basarab) par laquelle elle fait don de deux propriétés en
Valachie au monastère de Chilandar.
Original, 60,5 sur 44cm. Papier.

– B(o)jïü m(i)l(o)stïü doamßna nedhle a domßnu mïe a rßposa-


tulud[ß] fw(anß) kostan(ß)din(ß) bßsßrabß voevod[a]ô qi a$ çost[ß]
din(ß) mila lu d$mneze$ô domßnul(ß) cßrßi rumßne\i | skriemß
ùi mßr(ß)t$rises(ß)k$ k$ aqestß adivßrat[ß] zapis(ß) al(ß) mïe$ k$m
e$ de a mh binß voeô am„dat[ß] ùi amß miluit[ß]ô k$ amh
dirhptß wqin(ß) timotïelk$ za|pis(ß) an$me techni ùi \eçßne\ïe
kare moùïe mïe dat[ß] de la domnul(ß) mïe$ô fw(anß)
kostan(ß)din(ß) bßsßrabß voevod[a]ô ku mare blestemß ùi açurese-
nïiô Aqhste | moùïi lhmß dat[ß] sven(ß)ted(ß) mßnßstiriô a n$me
xilin(ß)darülu d(ß) karïe xramul(ß) vßvedenïi b(ogorodi)ce lavrid[ß]
s(ve)tago simewna novago mirotoqicaô i s(i)na | ego s(ve)tago savïi
pßr(ß)vago ar(ß)xiepis(ß)k$pa sßr(ß)bßskago i q$dotvor(ß)ca de la
s(ve)ta gora lhmß dat[ß] ùi ómß miluitßô k$ aqhste moùïi
vhn(ß) sß lejïe | moùïeô k$ xßle\e$ ùi k$rïi ùi k$ tot[ß]

Andreescu, « Goran logofătul din Olăneşti şi letopiseţul Cantacuzinesc » (Goran, le logothète


d’Olăneşti et les Annales des Cantacuzène), dans son recueil intitulé Istoria românilor : croni-
cari, misionari, ctitori (sec. XV-XVII) (L’histoire des Roumains : chroniqueurs, missionaires,
fondateurs, XVe-XVIIe siècles), Bucarest, Editions de l’Université de Bucarest, 1997, pp. 95-
117 ; voir aussi D. BĂLAŞA, « Oameni şi fapte din istoria localităţii Olăneşti » (Hommes et faits
dans l’histoire de la localité d’Olăneşti), dans Buridava, Râmnicu-Vâlcea, 4, 1982, pp. 103-107
et suiv. Il est assez difficile d’identifier les deux personnages, comme l’observe Andreescu, op.
cit., p. 103, note 20. Goran Stanciovici (qui ne précise pas toujours le nom de son père) a aussi
travaillé à la chancellerie princière, ce que l’autre ne semble pas avoir fait, Ibidem, p. 103. Il est
donc probable que dans ce cas, on ait affaire à Stanciovici.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 226

226 Chilandar et les Pays roumains

xotar$l(ß) ùi venit$releô qe vor(ß) çi a qelor(ß) ôv*ô sateô qe ma


d[ß] s$s(ß) skreeô kare sßp„tß stßl(ß)piteô | ka sß le çïelor(ß)
date vhn(ß)ô ór(ß)qine sß vakfula den(ß) r$da mßrïe sa le
domnul$d[ß] mïe$ qe mad[ß] s$s(ß) skreeô wri çrate wre nepot[ß]ô
wre qe çhlß de semen(ß)cïe | vaçi ùi va $n(ß)bla ka sß striqe
aqestß danïe a me kare mid[ß] datß de domnul(ß) mïe$ ka sß çïe
açuresit[ß]ô vi blestemat[ß] de domnul(ß) doumuïezeu ku çe qo|rïe
l$d[ß] ùi k$ toat[ß] semen(ß)cïæ l$d[ß]ô ùi sßçïe blestemat[ß] de
ôt*ôiïô wtec(ß) qes(ß) n(ß) la nekïü ùe domßn$l(ß) kare le vada ùi
l(e) vam(ß)l$e dumßneze Açirh domßnß cßrßi | rumßne\i ùi de
ar(ß)vrhsß striqe danïæmh sß çïe blestemat[ß] eu de domnul(ß)
d$mnez ùi aç$resitß ùe vhq(ß) de vhq(ß) sßçïeô A qhste mo|ùïe a
le sv(e)n(ß)ted(ß) mßnßstiriô qe mad[ß] s$ s(ß) skreeô ùi aqhste
zapise lhmß dat[ß] la mßna sven(ß)cïe sal(ß)
ar(ß)xïeman(ß)dret$lud(ß) gavrïel(ß) kare le óste de la sv(e)n(ß)ta
m(ß)nß|stire qe mad[ß] s$s(ß) skreeô sß le çïe danïe derep(ß)tß per$
ùi i toar(ß)ve ù[i] d[e] pen(ß)tr$ kredin(ß)ca a mis[ß] kßlity ùi
amß p$s(ß) ùe peqete kas(ß) trïe de kredin(ß)cßô ùe | aqest[ß]
zapis(ß) lamß skres e$ iwnaù(ß)koô sßn(ß) kßrfd(ß)man(ß) sß\ïe
lht[o] #z*r*q*d*ô m(e)s(h)ca noev(ßrïa) ôl*ô d(ß)neô |
domßna nedhlæ

Par la grâce de Dieu, [moi] la princesse (doamna) Nedelia, [épouse] de feu


mon prince (domn) Ioan Constandin Băsărabă voévode, qui a été, par la grâce
de Dieu, prince (domn) de Valachie. [Nous] écrivons et je témoigne par notre
véritable (authentique) acte (zapis) avoir donné et gracieusement accordé (am
dat şi am miluit), de par notre bonne volonté, notre vrai (légitime) domaine pa-
trimonial et héritage (ocină şi moşie), avec les actes [de propriété], à savoir Te-
geani 151 et Ştefăneşti 152, villages que j’ai reçus de mon prince (domnul meu) Ioan

151. Il s’agit apparemment du village de Tegeani, département d’Ilfov, aujourd’hui disparu. Il avait
appartenu au feu prince Mateï Basarab (1632-1654) et donc il semble logique qu’il soit entré
par la suite dans la propriété de Constantin Şerban, cf. Iolanda MICU, R. LUNGU, « Date noi
privind domeniul lui Mateï Basarab din Ţara Românească » (Nouvelles données concernant
le domaine patrimonial de Mateï Basarab en Valachie), Revista de Istorie, 36, 10 (1983),
p. 1028-1033.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 227

Actes slavo-roumains de Chilandar 227

Constandin Băsărabă voévode, avec de grandes malédictions et anathèmes (cu


mare blestem si afurisenii). J’ai donné ces terres (moşii) au saint monastère de Chi-
landar, la laure de saint Siméon le Nouveau Myroblyte et de son fils saint Sava,
le premier archevêque des Serbes et thaumaturge de la Sainte-Montagne, [mo-
nastère] qui a comme vocable la Présentation au Temple de la Sainte Mère de
Dieu.
Je leur ai donné [aux moines de Chilandar] et je les ai gratifiés de ces
domaines, pour que ceux-ci soient [désormais] leur propriété à tout jamais
(veacinic să le hie moşie), avec l’étang et la rivière [qui traverse le domaine] et
avec tous ses confins (cu tot hotarul) et tous les revenus de ces deux villages sus-
mentionnés, lesquels sont délimités par des poteaux, pour que cela leur soit
donné.
Et qui s’élèvera [contre cette donation], de la lignée (rodul) de Sa Sei-
gneurie, [feu] mon prince susmentionné, qu’il soit frère, neveu ou quiconque
de ses parents, quiconque oserait œuvrer pour détruire notre donation pré-
sente, que [moi] j’ai reçue de mon prince, qu’il soit anathématisé et maudit par
le Seigneur Notre Dieu, avec ses fils et avec toute sa race (seminţia) et qu’il soit
maudit [aussi] par les 318 Pères de Nicée. Et le prince (domnul) que Dieu gra-
tifiera et à qui [Dieu] donnera le trône (domnia) de ce Pays de Valachie et qui
voudrait détruire ma donation, qu’il soit maudit et anathématisé par le Sei-
gneur notre Dieu pour les siècles des siècles.
Ces terres du saint monastère susmentionné et ces actes de propriété
(zapise), je les ai donnés dans les mains de Sa Sainteté l’archimandrite Gabriel,
qui est venu du saint monastère susmentionné, pour qu’ils soient pour eux [aux
moines] une juste (légale) donation …… Et pour faire foi, j’ai signé et j’ai aussi
apposé un sceau pour faire foi. Et cet acte (zapis) je l’ai écrit moi, Ionaşco fils
de Caraiman, qu’on le sache. L’an 7194, au mois de novembre, le 30e jour.
Princesse (doamna) Nedelia

152. Le village de Ştefăneşti peut être toujours un ancien village de Mateï Basarab, mais il n’est pas
localisé, cf. Iolanda MICU, R. LUNGU, « Domeniul lui Mateï Basarab » (Le domaine de Mateï
Basarab), Revista de Istorie, 35, 12, 1982, pp. 1236. Il est difficile de préciser s’il s’agit du village
situé dans le département de Ialomiţa ou de celui qui se trouve dans le département d’Argeş,
près de Piteşti.
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228 Chilandar et les Pays roumains

DOC. N° 31 [A 23/11]

7202, 30 février (1694)


Charte du voévode valaque Constantin Brancovan (1688-1714) 153 confirmant
au négociant Mirko de Baja la propriété achetée au village de Meriş.
Original, 55 sur 39cm. Parchemin. Trace de sceau de cire.

– M(i)l(o)stïeü b(o)jïeü ïw(a)n(y) kostadin(y) bßsßrab(y) voevoda


i g(o)sp(o)d(a)rß v„soe zemle úgrroovlaxïiskoe davat„ g(ospo)d(y)st(vo)
mi sïe povhlenïe g(ospo)d(y)st(vo) mi

de b$k$re\ß :Ô m(e)s(h)ca çevr$arïe danyô l*#z*s*v*f*|


† ïw(any) kostandiny b(o)ji(e)ü m(i)l(o)stiü g(o)s(po)d(i)ny

ùerbany vl(a)d(y) logoç(e)t(y)

153. N. IORGA, Byzance après Byzance, Paris, 19923 (Bucarest 19712), p. 189-205.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 229

GLOSSAIRE

Adelphaton, adr¢çat¢ - ἀδελφᾶτον, rente viagère, pour une ou plusieurs per-


sonnes, concédée notamment à ceux qui faisaient un don foncier, ou pécu-
niaire, au monastère1. Confrontées à la montée des dangers liés à la conquête
ottomane, bien des familles princières et seigneuriales devaient ainsi recourir
à l’acquisition de ce droit viager destiné a leur assurer une retraite sûre à l’écart
des tumultes du siècle.
Aspre, aspri, (άσπρος), tr. aqče – les aspres de l’émission de 1451-1452 étaient
en principe d’un poids de 1,052 gr2, en 1476 le poids de l’aspre varie entre 0,90
gr et 0,70 gr3, entre 1484 et 1487, il est de 0,75 gr4, et au début du XVIe siècle
le poids de l’aspre tombe à 0,69 gr5. Du grec ἄσπρος, blanc, cette monnaie d’ar-
gent turque est frappée depuis Orhan (1326-1359)6. En 14367, une pièce d’or
(ducat ou florin) s’échangeait contre 30 à 40 aspres, en 14628, 1 ducat = 40
aspres et en 1477, il s’échangeait contre 45 aspres9, vers 1485 la valeur de la
pièce d’or avoisine 49 aspres10 ; vers 1506 le taux de change par rapport au

1. Angeliki LAIOU, « Economic Activities of Vatopedi in the Fourteenth Century », in Ἱερά Μονή
Βατοπεδιου. Ιστορια και τέχνη, Ἁθωνικἀ Σύμμεικτα 7, Athènes, 1999, p. 66-52.
2. N. BELDICEANU, P. Ş. NĂSTUREL, “La Thessalie entre 1454/55 et 1506”, Byzantion, LIII
(1983), p. 105.
3. N. BELDICEANU, Les actes des premiers sultans conservés dans les manuscrits turcs de la Bibliothèque
Nationale à Paris, t. I. Règlements miniers 1390-1512, Paris-La Haye, 1960, p. 173.
4. N. BELDICEANU, P. Ş. NĂSTUREL, “Biens du monastère Sainte-Sophie de Trébizonde dans plu-
sieurs bandons du pays à la charnière de la conquête (1461)”, Byzantion, LX (1990), p. 34.
5. N. BELDICEANU, “La crise monétaire ottomane au XVI-ème siècle et son influence sur les prin-
cipautés roumaines”, Südost-Forschungen, XVI (1957), p. 74.
6. G. ELEZOVIĆ, Turski spomenici (Documents turcs), Belgrade, 1952, t. I/1, p. 983.
7. N. IORGA, Geschichte des Osmanischen Reiches, I, Gotha, 1908, p. 473 ; N. BELDICEANU, “La crise
monétaire…”, p. 73.
8. N. BELDICEANU, Actes, t. I, p. 175 ; M. Reèetar, Dubrovačka numizmatika, Historiski dio (La
numismatique ragusaine, partie historique), Sremski Karlovci, 1924, p. 485, n. l.
9. N. BELDICEANU, Actes, t. I, p. 175 sq.
10. N. BELDICEANU, “Biens monastiques d’après un registre ottoman de Trébizonde. Monastères
de la Chrysoképhalos et du Pharos”, Revue des études byzantines, XXXV (1977), p. 189 ;
N. Pere, Osmanlilarda madeni paralar (Les monnaies de métal des Ottomans), Istanbul, 1968.
MEP_Chilandar:Texte 23/03/10 9:49 Page 230

230 Chilandar et les Pays roumains

florin est de 54 aspres11. La valeur d’échange de cette monnaie était, au début


de sa diffusion à Raguse (fin XIVe-début XVe siècle), pratiquement équivalente
à celle du dinar ragusain, mais la valeur de l’aspre allait subir une décroissance
constante dans la deuxième moitié du XVe siècle et surtout au XVIe siècle12.
Diptyque, pomeniky, δίπτυχα, диптихи - mémento, liste des vivants et des
morts d’une famille, d’une église ou d’un monastère, apportée à l’officiant afin
qu’il en soit fait mention à la liturgie et dont on fait systématiquement
mémoire.
collybe, kolivo, κόλλυβον,– les collybes sont des gâteaux sucrés de graines de
froment, bénis lors des fêtes du Christ et en l’honneur des saints, ainsi qu’à l’oc-
casion des offices des défunts. Dans ce cas, c’est soit une simple prière, soit un
office des collybes, dont la composition varie selon le défunt dont on fait
mémoire (laïc, prêtre, moine, évêque) ; la célébration a lieu à la fin de la litur-
gie ou des vêpres, au narthex de l’église, le prêtre se tenant devant une petite
table sur laquelle sont posés des cierges et un plat de collybes, qui seront ensuite
distribués à l’assistance13.
Ekphonèse, vßz„glaùenïa, ἐκφώνησις – conclusion de prière faite à haute voix
et qui marque la fin de la prière récitée à voix basse par le célébrant ; chaque
ekphonèse se termine par un amen14.
Hadžija, titre donné à une personne ayant fait pèlerinage aux Lieux-Saints.
Herceg (xerycegy) - (dux, doux), grand-duc. Hertzegue (hertzeg = duc), duchés
de Fârăgaş et Amlaş. Terme pris à l’allemand herzog.

11. N. BELDICEANU, P. Ş. NĂSTUREL, art. cit., Byzantion LIII (1983), p. 105-106 ; BELDICEANU, “La
crise monétaire…”, p. 73.
12. M. REAŠETAR, Dubrovačka numizmatika, p. 486 ; I. BOŽIĆ, Dubrovnik i Turska u XIV i XV veku
(Dubrovnik et la Turquie au XIVe et au XVe siècle), Belgrade, 1952, p. 309-311.
13. Martine ROTY, Dictionnaire russe-français des termes en ussage dans l’Eglise russe, Institut d’études
slaves, Paris, 1983, p. 54, 86.
14. Martine ROTY, op. cit., Dictionnaire russe-français des termes en ussage dans l’Eglise russe, Institut
d’études slaves, Paris 1983, p. 22.
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Glossaire 231

ohabă (wxabœ), immunité, propriété inaliénable ; baştina15, dispensée d’im-


pôts et d’obligations, propriété patrimoniale16.
Ktitôr, xtitory, κτήτωρ, conditor, patronus, xtitorystvo, patronatus17: fonda-
teur, protecteur, patron18.
paraclision, paraklisy, παράκλησις, - Canon, prière de supplication à la
Vierge19.
Preprot: proiproty, proeproty, du grec πρώτην πρῶτος20, recteur de la com-
munaute du Mont Athos.
Prilevak, prilevaky, du prilivß za ousopùixß, libatio, prilivßkß ou
prilevaky, calyx quo salutem hospitibus propinabant alex., - dans le Code de lois
civiles et ecclésiastiques des Serbes de la région de Danube, imprimé dans la
deuxème moitié du XVIIe siècle, le terme prilevak na trapezah est associé à la
prière donnéε en l’honneur des saints, dont les souverains, canonisés par
l’Eglise de Serbie21.

15. B. I. BOJOVIĆ, Raguse et l’Empire ottoman (1430-1520), Paris 1998, p. 413.


16. O. SACHELARIE, N. STOICESCU, Instituti feudale din Ţările române. Dicţionar (Dictionnaire des
institutions féodales dans les pays roumains), Bucarest, 1988, p. 339.
17. F. MIKLOSICH, Lexicon paleoslovenico-greaco-latinum, Vienne, 1862-1865, p. 1099.
18. « Le terme ktitor accompagne souvent la représentation d’un acte de don dans la peinture
murale (et les mosaïques) byzantines et post-byzantines. Même si le terme « ktitor » a été tra-
duit le plus souvent par « fondateur », sémantiquement et historiquement, on retrouve dans
le mot le sens de possession. Les ktitores – des propriétaires modaux, offrent leurs dons, fina-
lement destinés à Dieu. Les panneaux votifs de Théodore Métochite (Chora), du sébastokra-
tor Kalojan (Bojana), de Stefan Uroš III (Dečani), de Mircea l’Ancien (Cozia) témoignent
des droits, des intentions et de la foi du ktitor. Avec le christianisme, le sens du don s’est
inversé et tout don humain n’est qu’un contre-don à Dieu pour son sacrifice premier » : Tania
KAMBOUROVA, « Le sens du don des panneaux votifs dans le monde byzantin », Byzantion, 78
(2008), p. 261-287 ; voir aussi, C. PAVLIKIANOV, The Medieval Aristocracy on Mount Athos,
Sofia 2001, p. 1-4.
19. Martine ROTY, op. cit., p. 87.
20. Sur les protoi du Mont Athos, voir Actes du Prôtaton, par Denise PAPACHRYSSANTHOU, Paris
1975, 125-129.
21. F. MIKLOSICH, Lexicon paleoslovenico-greaco-latinum, Vienne, 1862-1865, p. 671 ; A. SOLOVIEV,
Glas SKA 157 (1933), p. 110-151.
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232 Chilandar et les Pays roumains

proscomidie, proskomidi•, προσκομιδή, prothèse : préparation des éléments


du sacrifice lors de l’eucharistie dans la liturgie22.
Voïévode (voivoda, vo&evoda, vohvoda) –, du v.-slave, voïska, armée et voditi,
conduire ; équivalent du byzantin στρατηγός ;23 dans les actes en latin : vexilli-
fer, dux. Le terme désigne un chef d’armée en Serbie et Bosnie24 et, à l’époque
turque, un gouverneur administrateur d’une région soumise à un sanġaqbeg.
Du temps de la domination ottomane le mot voïévode fut utilisé en grec
(βοϊβόστα)25 Dans les Pays roumains, voïévode est le titre du prince du pays
(domn, du latin dominus).

22. Martine ROTY, op. cit., p. 106.


23. A.-E. N. TACHIAOS, “Some controversial points relating to the The Life and Activity of Cyril
and Methodius”, Cyrillomethodianum, XVII-XVIII, (1993-1994), p. 60.
24. Dj. DANIČIĆ, Rječnik, t. I, 1863, p. 143, 145, 150-153 ; Rječnik, t. XXI, 1864, p. 277-279 ; K.
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25. Cf. P. ODORICO, avec la collaboration de S. Asdracha, T. Karanastasi, K. Kostas, S. Petmezas,
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T ABLE DES MATIÈRES

Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Chapitre premier
LES FONDATIONS DYNASTIQUES SERBES ET ROUMAINES
DU MONT-ATHOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Ambitions impériales et évergétisme princier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13


Des dynastes serbes et de la sultane Mara aux princes roumains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Mara Branković – sultane et protectrice des fondations chrétiennes . . . . . 20
Les fondations pieuses dynastiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Le ktitorat des despotes Branković. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
La transmission du ktitorat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Les princes roumains et la transmission du droit de fondateur
des monastères athonites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Une passation mûrement assumée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Chapitre 2
KTITÔR DE CHILANDAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Attrait du ciel et légitimation du pouvoir princier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55


Patronage et donations dynastiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Le patronage des princes de Valachie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

Chapitre 3
CHILANDAR ET LES PRINCES ROUMAINS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Continuité liturgique et institutionnelle dans les actes princiers . . . . . . . . . . . . . 71


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250 Chilandar et les Pays roumains

Chapitre 4
LA CONTINUITÉ D’UNE INSTITUTION CARITATIVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Le patronage sur Chilandar et les donations athonites


des princes roumains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Chilandar et les donations foncières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Les allocations de Chilandar et de ses ermitages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Les dépéndances de Chilandar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Kyr Cosmas et « l’église Saint-Elie » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
L’ermitage de Saint-Sava à Karyès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Le pyrgos albanais (Arbanaški pirg) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
La Tour albanaise (Arbanaški pirg, Arnvud birġzi, en turc)
et Jean Castriote. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Attrait du ciel et légitimation du pouvoir princier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Chapitre 5
ARCHIVES ET ACTES PRINCIERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

Les actes slaves du mont-Athos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109


Les archives de Chilandar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Les archives des autres monastères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Table des allocations selon les monastères et les années
de leur attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

Table des allocations selon les monastères et les années


de leur attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

ACTES SLAVO-ROUMAINS
DE CHILANDAR
EDITION ET TRADUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Doc. N° 1 [A 22/1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125


6996 (?), 11 juillet (1488) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de Bucarest
Charte du voévode de Valachie Vlad le Moine (1482-1495) confirmant à
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Table des matières 251

Stănilă, Nicolas et Dragcea et ses fils, l’achat d’une propriété sur la montagne
de Roşiile (Suhopole avec sa localité et Borescul) en Valachie.
Doc. N° 2 [A 22/2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
7001 novembre (1492) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Vlad le Moine (1482-1495), avec ses fils Radul (le Grand)
et Mircea, octroyant 5.000 aspres par an au monastère de Chilandar (en plus
de 500 aspres pour les quêteurs).
Doc. N° 3 [A 22/3] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
7002, le 7 juin (1494) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Radul confirmant à Stoian et à ses fils des propriétés sises
à Suhodol en Valachie (le scribe Jovan).
Doc. N° 4 [A 22/3] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
7005 mars (1497). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Radul (le Grand), octroyant 5.000 aspres par an à Chilan-
dar.
Doc. N° 5 [A 22/4] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
7006, 15 sept. (1497). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode valaque Radul (le Grand 1495-1510), confirmant au
joupan Cârstian la propriété achetée à Hrăboreşti.
Doc. N° 6 [A 22/4] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
1498 (7006, 19 avril) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Radul (le Grand), octroyant 5.000, en plus de 500, aspres
par an à Chilandar (par les soins du diacre Bessarion).
Doc. N° 7 [A 22/5] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
7008, le 7 janvier (1500) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (Bessarion et Mardarie) à Târgovişte
Charte du voévode valaque Radul (le Grand), octroyant à Chilandar 5.000
aspres par an.
Doc. N° 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

7009 janvier (1501) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte


Charte du voévode valaque Radul (le Grand), accordant à kyr Cosmas et à
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252 Chilandar et les Pays roumains

l’église Saint-Elie sur le Mont-Athos, dépendant de Chilandar, 2000 aspres


annuels (scribe Teodor).
Doc. N° 9 [A 22/7] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
7018 (1510)
Charte du voévode valaque Vlad le Jeune (1510-1512), accordant au monas-
tère de Chilandar 5000 + 500 aspres par an.
Doc. N° 10 [A 22/8] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
1510 (7018, 15 mai) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Vlad (le Jeune), octroyant 5.000 aspres, plus encore 500, par
an à Chilandar pour l’ancien prôtos (proeproty) kyr Cosmas (auprès de Saint-
Elie).
Doc. N° 11 [A 22/9] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
7020, 2 août (1512). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode valaque Jean (Neagoe) Basarab (1512-1521), accordant
au pyrgos de l’Albanais 1.000 + 100 aspres annuels.
Doc. N° 12 [A 22/10] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
1517 (7025, 23 août) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De Curtea de Argeş
Lettre du voévode Neagoe Basarab octroyant 5.000 aspres par an à Chilandar.
(logothète Sin, notaire Florea)
Doc. N° 13 [A 23/1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
1525 (7033, le 13 avril). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Lettre du voévode Radul V (de la Afumaţi), (1522-1529) octroyant 10.000
aspres, en plus de 500 pour les quêteurs (Macaire et Jason) et 800 pour l’hos-
pice, par an, à Chilandar (notaire Trifon).
Doc. N° 14 [A 23/2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
7033 (1525), mai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode valaque Radul (de la Afumaţi), accordant au pyrgos de l’Al-
banais 1.200 aspres annuels et à l’higoumène, le hiéromoine Macaire, 1.000
aspres (notaire Radul Pădure).
Doc. N° 15 [A 23/1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
7033 (1525), le 16 mai. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
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Table des matières 253

Charte du voévode valaque Radul (de la Afumati), octroyant au pyrgos de l’Al-


banais 1 200 aspres annuels et à l’higoumène le hiéromoine Macaire et à Jean
1.000 aspres (notaire Radul Pădoure).
Doc. N° 16 [Boite 1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
7036 (1528), le 7 juin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode Radul de la Afumaţi, accordant au pyrgos de l’Albanais
3.000 aspres annuels, en plus de 300 aspres pour les quêteurs.
Doc. N° 17 [A 23/3] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
7039 (1530-1531), 27 février
Charte du voévode valaque Vlad (le Noyé 1530-1532) fils de Vlăduţă,
octroyant à Chilandar 10 000 aspres annuelles, à l’hôpital du monastère 800
aspres et 500 aspres aux moines qui viendront les toucher (Filéa diak).
Doc. N° 18 [Boite n° 2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
7037 (1528), le 22 décembre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode Radul (de la Afumaţi), accordant à l’ermitage des Trois-
Saints Hiérarques à Karyès, dépendant de Chilandar, 3.000 aspres annuels et
aux quêteurs 500 aspres.
Doc. N° 19 [A 23/4 (6 ?)] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
24 mars, 7040 (1532) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte d’un voévode valaque Vlad (dit Vintilă de Slatina 1532-1535), accor-
dant à l’ermitage Saint-Sava, dépendant de Chilandar, 3.000 aspres annuels et
aux moines qui viendront les toucher (diacre Istratie) 300 aspres pour le
voyage (Tatul logothète et Baje diak).
Doc. N° 20 [Boite n° 3] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
27 avril, 7042 = 1534
Charte du voévode valaque Vlad (“dit Vintilă”), octroyant à Chilandar 10.000
aspres annuelles, à l’hôpital du monastère 800 aspres et aux moines 500 aspres
pour leur voyage.
Doc. N° 21 [A 23/5] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
7044, 9 février (1536) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode valaque Radul (Païsie 1535-1545), accordant au pyrgos de
l’Albanais, dit pyrgos de Saint-Georges, 3.000 aspres annuels et aux moines qui
viendront les toucher 300 aspres.
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254 Chilandar et les Pays roumains

Doc. N° 22 [A 23/6] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198


23 février 7044 (1536) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode valaque Radul (Païsie), accordant au pyrgos de Saint-Sava
à Karyès 3000 aspres annuels et aux moines qui viendront les toucher 300
aspres (Misail Gramatik).
Doc. N° 23 [A 23/7] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
(7087), 16 avril 1569 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode Alexandre (II Mircea, 1568-1574) confirmant les droits de
propriété de Gligoriul sur un village de Valachie.
Doc. N° 24 [Boite 4] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
1583 (7092, le 31). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Yassy
Lettre du voévode de Moldavie Pierre (le Boiteux, 1574-1577, 1578-1579 et
1582-1591), octroyant 3.000, en plus de 300 aspres pour les quêteurs (higou-
mène Païsie), par an à Chilandar (notaire Dumitru Popovici).
Doc. N° 25 [Boite n° 1] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
7096 (1589) [8 février 1589 (7097)] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode valaque Mihnea (Turcitul, 1577-1583 ; 1585-1591),
octroyant à Chilandar 15 000 aspres annuels et 400 aspres aux moines pour le
voyage.
Doc. N° 26 [Boite n° 5] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
7116, 24 juin (1608) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Doc. N° 27 [A 23/8] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
1651-1652 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Târgovişte
Charte du voévode valaque Mateï Basarab (1632-1654) confirmant à Pârvul
la propriété achetée à Suhodol en Valachie.
Doc. N° 28 [A 23/9] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
1656 (?) Constantin Serban ? (1654-1658)
Charte du voévode valaque Alexandre (Mihnea III ?1658-1659) (fils de Radul
IX Mihnea /bârtard de Mihnea II Turcitul/ : 1601-1602, 1611, 1611-1616 et
1620-1623), octroyant à Chilandar 5 000 aspres annuels.
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Table des matières 255

Doc. N° 29 inédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221


7178, 26 novembre (1670). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . à Bucarest
Charte du voévode valaque Antoine de Popeşti (1669-1672), octroyant à Chi-
landar 10 000 aspres annuels.
Doc. N° 30 [A 23/10] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
7194 (1686), 30 novembre
Donation de la princesse Nedelja (Nedelia), épouse du voévode valaque
Constantin Şerban (Basarab) par laquelle elle fait don de deux propriétés en
Valachie au monastère de Chilandar.
Doc. N° 31 [A 23/11] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
7202, 30 février (1694)
Charte du voévode valaque Constantin Brancovan (1688-1714) 153 confir-
mant au négociant Mirko de Baja la propriété achetée au village de Meriş.

Glossaire ............................................................................................... 229

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
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