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Zerner Monique. L’abbé Gui des Vaux-de-Cernay prédicateur de croisade. In: Les cisterciens de Languedoc. Toulouse :
Éditions Privat, 1986. pp. 183-204. (Cahiers de Fanjeaux, 21);
https://www.persee.fr/doc/cafan_0575-061x_1986_act_21_1_1407
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parti dans une querelle qui semblait diviser son ordre, au risque
d’être désavoué, zelo Dei accensus, écrit Etienne de Tournai. Epi¬
thète qu’on trouvera fréquemment sous la plume de l’auteur de
YHystoria albigensis. Pourtant Gui des Vaux-de-Cernay est présenté
comme un homme modeste, d’une modestie d’autant plus exem¬
plaire qu’il est illustre, quem ex humili loco sublimitas precipuum, et
ex illustri sanguine humilitas conscientie clarum, et ex utroque hilari-
tas fame commendabilem prédicat et acceptum — le style recherché
d’Etienne de Tournai ne doit pas nous empêcher de retenir le trait.
Qu’un homme de la notoriété et de l’âge d’Etienne de Tournai ait
pris la peine d’écrire ainsi au sujet de Gui des Vaux-de-Cernay
suffirait à prouver son importance, son rayonnement moral, mais
aussi son côté vulnérable, en tout cas au sein de l’ordre12. Or,
Etienne de Tournai se trouvera une deuxième fois dans l’obligation
d’intervenir en faveur de Gui, et ceci dans un contexte beapcoup
plus significatif en ce qui concerne l’avenir. On y reviendra plus loin.
Proche des milieux scolaires durant ces années, l’abbé des
Vaux-de-Cernay était également proche du gouvernement royal. En
1190, après avoir donné quatre arpents de vigne à la communauté,
Philippe Auguste met sous sa protection les moines des Vaux-de-
Cernay et l’abbé, virum religiosum dilectum et familiar em nostrum 13.
Familier, Gui des Vaux-de-Cernay l’était bien, puisqu’il allait faire
partie du petit groupe chargé de disposer du trésor du roi au cas où
celui-ci mourrait outre-mer, avec la reine, l’archevêque de Reims,
l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Victor14. Il est toutefois vraisem¬
blable qu’avec l’affaire du divorce royal, qui éclate en 1193 quand
Philippe Auguste fait enfermer la reine Ingeburg, Gui, comme bien
d’autres, Etienne de Tournai par exemple, s’éloigne de l’entourage
royal. Après les trois donations du roi au monastère en 1187, 1189 et
1 190, il faut d’ailleurs attendre 1209 pour retrouver la marque d’une
faveur de Philippe Auguste dans le cartulaire.
Si Gui des Vaux-de-Cernay a perdu probablement son impor¬
tance auprès du roi, il n’en reste pas moins proche des sphères du
pouvoir puisqu’il a la confiance du pape : Innocent III s’adresse à lui
188 M. ZERNER-CHARDAVOINE
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L’ABBÉ GUI DES VAUX-DE-CERNAY 193
sés ? Rien n’est moins sûr. On ne sait pas dans quelle mesure il a pu
être mêlé au choix de Simon de Montfort comme nouveau vicomte de
Béziers-Carcassonne, après les désistements successifs du comte de
Nevers et du duc de Bourgogne. Mais de fait, c’est son ancien
« parti » qui se reconstitue au lendemain de la prise de Carcassonne
autour de Simon de Montfort. Et très vite il en devint l’âme.
Dès novembre 1209, l’abbé de Cîteaux et Innocent III lui
demandèrent de partir à Carcassonne pour assister le petit groupe de
croisés restés sur place, trois mois après l’élection de Montfort à la
place de Trencavel36. C’est à quoi désormais il allait consacrer ses
séjours dans le Midi, l’aide morale aux croisés. Par la voie de la
prédication si l’on veut, pour reprendre les termes de YHystoria mais
une prédication d’un pasteur à ses ouailles, un pasteur « qui conti¬
nuait toujours à accompagner l’armée » 7, qui n’hésitait pas à partici¬
per aux travaux et aux peines physiques des croisés, à les aider aux
travaux d’un siège38, à la construction d’un pont39, à les exhorter au
combat40, sinon même à les accompagner dans leurs rapines41, ou
plus galamment accompagner la comtesse42. Les faits sont trop
connus pour insister. C’est un homme qui paraît transformé que l’on
découvre.
Mais l’exhortation des croisés s’est très vite doublée d’une véri¬
table prédication de croisade, devenue nécessaire à partir de 1210 : il
était clair en effet que Montfort ne pouvait assurer sa domination
sans l’arrivée de renforts, et pour cela il fallait continuer à prêcher la
croisade en France. Nul n’en fut plus persuadé que Gui des Vaux-de-
Cernay, sinon peut-être l’évêque de Toulouse qui toutefois ne pou¬
vait avoir la même audience que lui. C’est à cette tâche qu’il consacra
le temps qu’il ne passait pas dans le Midi entre 1210 et 1215. On peut
s’interroger sur le style de sa prédication : plutôt qu’à des foules et en
public, on croirait volontiers qu’elle s’adressait à des individus, grâce
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L’évêque de Carcassonne
CONCLUSION
Notes
(1) Petri Vallium Sarnaii monachi, Hystoria Albigensis, publié par Pascal Guébin
et Ernest Lyon, Paris 1926-1939, tomes I, II, III. — (2) Cf. Cahiers 4, pp. 233-234, Y.
Dossat, Pierre des Vaux-de-Cernay, cistercien et correspondant de guerre. — (3) Guébin
(III, XVIII-XXI) pense que Pierre des Vaux-de-Cernay a écrit la préface et les
deux-tiers de l’œuvre au moment du concile de Lavaur en janvier 1213, et distingue
ensuite plusieurs continuations. Même s’il n’y a pas d’allusions aux événements
postérieurs à janvier 1213 dans la première partie de l’œuvre, il me paraît difficile de
soutenir qu’un tel travail ne s’est pas prolongé pendant une bonne partie de l’année
1213, dans un contexte où la défense dé la croisade albigeoise s’imposait tout particu¬
lièrement. — (4) hlf, XVII, 172-177, Paris 1832. — (5) Cf. Merlet et Moutié, Cartu-
laire de l’abbaye de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay de l’ordre de Cîteaux, I, XIX,
Paris, 1857; Aubert (Marcel), L’abbaye des Vaux-de-Cernay, Paris 1931; et surtout,
Guébin III, pp. IX et XII. — (6) Merlet, op.cit. — (7) Ibidem, 1,77. — (8) A. Rhein, La
seigneurie de Montfort en Iveline, Paris 1910, 58. — (9) Cf. une donation de Suger aux
pauperes monachos de sarneio, datée de 1142. — (10) Ibidem, 123. — (11) Lettres
d’Etienne de Tournai, nouvelle édition par l’abbé Jules Desilve, Paris 1893, 227. — (12)
Etienne de Tournai, né en 1 128, mort en 1203, passé par l’école d’Orléans, disciple de
Bulgarus à Bologne, puis étudiant à Chartres, auteur d’une Summa decreti, de sermons
et de lettres, abbé de Sainte-Geneviève à Paris à partir de 1 176, très lié à Guillaume de
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Champagne l’oncle du roi, régent du royaume pendant le séjour du roi en Terre sainte,
élu évêque de Tournai en 1192 pour des raisons politiques, est d’une importance
incontestable (voir l’article du dhge, 15-6). — (13) Recueil des Actes de Philippe-
Auguste, n° 296 et 340. — (14) Ibidem, n° 345; Les Grandes Chroniques de France, éd. J.
Viard, Paris 1930, VI , 192. — ( 1 5) Potthast, 1 045. — ( 1 6) Ibidem, 1 393 et 1 50 1 . — ( 1 7)
Guébin, I, §106. — (18) E. Faral, éd. et trad. Viliehardouin, La conquête de Constanti¬
nople, 1938, §83. Sur tout ceci, voir Zerner-Piéchon, RH, CCLXVII, 1 . — (19) Ibidem,
§95 et 97. — (20) Op. cit., 1,7. — (21) Cf. Zerner-Piéchon, « La croisade albigeoise, une
revanche : des rapports entre la quatrième croisade et la croisade albigeoise », RH,
CCI.XVII, 1,PP-3-18. — (22 ) Op. cit., 244. — (23) Cf. M. Fazy, « Etude historique et
biographique sur Etienne de Tournai d’après sa correspondance », Positions des thèses
de l’Ecole des Chartes, 1906. — (24) Op. cit., 9-10. — (25) H. Martin, « Inventaire des
biens et des livres de l’abbaye des Vaux-de-Cernay au xir siècle », dans le Bulletin de la
soc. de l’histoire de Paris et de P Ile-de-France, 1886, 40-42. — (26) Voir Guébin, III,
III-V. Notons que beaucoup de titres ne permettent qu’une reconstitution assez
hasardeuse du contenu des volumes désignées par le catalogue. — (27) A. Thomas,
« Les miracles de Notre-Dame », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1881. — (28) C.
Bouchet : « Un recueil de miracles de la Vierge », Bull, de la Soc. archéologique,
scientifique et littéraire du Vendômois, 1870, 182-199 et F. Lorin : « Un livre de miracles
aux Vaux-de-Cernay », Mémoires de la soc. archéologique de Rambouillet, 1928, 13-22.
— (29) Cf. Zerner-Piéchon, RH, CCLXVII/ 1, 14-15. — (30) Potthast, 2912. — (31)
mgh, XXVI, 271. — (32) Voir par exemple la chronique de Robert d’Auxerre, à
l’année 1 198, mgh, XXVI, 258. — (33) La manifestatio heresis, dont s’inspire Pierre
des Vaux-de-Cernay pour décrire l’hérésie au début de son ouvrage. — (34) Guébin I, §
155, 156. — (35) Guébin I, § 103. — (36) Potthast, 3822. — (37) Guébin, II, § 317. —
(38) Guébin, II, § 324, siège de Penne, juin 1212. — (39) Guébin, II, § 524, siège de
Casseneuil, 1214. — (40) Guébin, II, § 351, siège de Moissac, septembre 1212. — (41)
Guébin, II, § 510, avec Guy de Montfort, en Rouergue et Quercy, 1214. — (42)
Guébin, II, § 339, 1 2 1 2. — (43) Guébin, II, § 286. — (44) Guébin, II, § 440. — (45) HGL,
V, 1458. Mahul, l’auteur du cartulaire de Carcassonne cite plus de textes, mais qui sont
sans intérêt pour notre propos, l’évêque n’étant présent qu’au titre de témoin. — (46)
HGt., V, n° 37-38, p. 1465. — (47) Ibid., n° 39. — (48) Potthast, 5308 (la lettre est
perdue, seul l’argument est connu). — (49) Guébin, III, IX, n. 8. — (50) Gallia
Christiana, VI, 883. — (51) Bouchard de Marly est l’un des compagnons de la première
heure de Simon de Montfort, qui se trouvait encore aux côtés de la comtesse en 1218,
après la mort du comte. Il avait été fait prisonnier par les seigneurs de Cabaret au
début de la conquête, et avait été délivré un an plus tard. Sa propre mère se trouvait au
siège de Minerve en avril 1210. — (52) Voir Y.M.J.Congar, « Henri deMarcy, abbé de
Clairvaux, cardinal-évêque d’Albano et légat pontifical », Studia Anselmiana, 1958,
1-90. — (53) Ibid. , 69-71. — (54) J. W. Baldwin, Masters, Princes, Merchants, the social
views of Peter the Chanter and his circle, Princeton, 1970. — (55) Guébin, I, § 299.