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DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE DE L'ART
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ISBN 2 13 038584 2
Dépôt légal- Ire édition : 1985, mars
@ Presses Universitaires de France, 1985
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
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PRÉFACE
i. Jacques Cauvin, Lespremiers villages de Syrie-Palestine, du IXe au VIle millénaire avant J.-C., Lyon,
1978.
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chaquefois qu'ils n'étaient pas soumis à l'esclavage du métier quotidien. Et quand il s'agit de
se nourrir, on pourrait penser que les instruments pour le faire seront, comme nous disons,
essentiellement «fonctionnels ». Mais il n'en est rien. Lisons l'article « Fourchette », et nous
verrons que cet objet, qui nous semble indispensable, n'a surgi que très tardivement, et dans une
circonstancepresquecomique : parce quela modedes«fraises »autourducourendait incommode
l'usage,jusque-là exclusif, de la cuillère! Et cela nesaurait manquer deprovoquer deprudentes
réflexions sur les causes qui régissent les hommes.
Ondécouvrepeu àpeu, sous la diversité des choses, que les arts sont mutuellement complé-
mentaires, et qu'il existe, entre eux, de subtiles liaisons, de telle manière qu'ils s'organisent
ensystème. Unphilosophe a, naguère, méditésurce«systèmedesbeaux-arts »; sesraisonnements
et ses démonstrations sont vérifiés, ici, par des exemples multiples, que l'on découvrira bientôt.
Jean-Pierre Néraudau a pu, grâce à l'étendue de ses connaissances, jeter des ponts, souvent
inattendus, entre les arts, mais aussi entre eux et la littérature. Il est précieux, par exemple,
deconstaterquelesallégorieschèresàcertainesécolesdepeinturecorrespondentàunstyled'éloquence
et à des modesd'expression généraux à tel outel moment.
CeDictionnaire a été résolumentpensé dans un cadre historique : les objets, lesformes,
les mots vivent, au cours du temps. Il y a des naissances et des morts : est-il rien deplus
étrange que le destin des goussets! Les vicissitudes des «jours de souffrance » nepeuvent être
comprises que si l'on a une maîtrise parfaite de la langue dans sa substance historique, cette
connaissance que nous voyonss'amenuiser autour de nous. La lecture de bien des articles contri-
buera à rendre à notre temps ce sens de la continuitéfrançaise, aujourd'hui enpéril. Nous ne
pouvons oublier queJean-Pierre Néraudau est, essentiellement, un « classique », qu'il a appris
les langues anciennes, qu'il a longuement entraîné son esprit à comprendre des « structures »,
phrases latines ougrecques, compositions littérairesfrançaises, qu'il entendleparler deJoinville,
celui de Rabelais, ceux de Racine, de Voltaire, et les autres, qu'il a étéformé à en ressentir la
saveur, comme, en certains pays, on demande aux maîtres de chais de distinguer, au parfum,
les crus et les années. C'est toute cette expérience de la sensibilité, des sensibilités humaines
qu'il apporte ici.
Ajoutons qu'il nes'estpas contentédepuiser desconnaissances dans les ouvragestechniques,
mais qu'il a tenu à s'assurer unefamiliarité directe avec les arts, visitant assidûment les
expositions et les musées. Bien des articles sont le résultat decette expériencepersonnelle et d'une
réflexion continue sur ces admirables moyens de communication entre les hommes que sont les
œuvresd'art. Acelangage, ceDictionnaire apporte unvocabulaire, unegrammaireet unestylis-
tique. Quepeut-on souhaiter d'autre ?
Pierre GRIMAL,
Membredel'Institut.
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AVANT-PROPOS
D'Histoire
Ce dictionnaire repose, en effet, sur une volonté délibérément historique.
Toutes les fois qu'il a été possible de le faire, les définitions sont suivies d'un exposé
qui rappelle l'origine des formes et leur évolution à travers les temps. Nous avons
insisté sur leur retour périodique et conçu ce livre comme unjardin des arts tel que
le XVIIIesiècle et le XIXe, à son imitation, ont conçu lesjardins. Se promener dans le
parc de Versailles, au parc Monceau ou dans les parcs de Davioud, c'est rêver de
l'Egypte devant une pyramide ou un obélisque, de la Chine devant une pagode, de
la Grèce et de Rome devant un temple d'Amour, du MoyenAgedevant une arcature
gothique, c'est s'imaginer « bon sauvage » devant une cabane, ou vertueux ermite
devant une chaumière, ou encore Suisse des montagnes devant un chalet. C'est,
en un mot, traverser l'espace et le temps. Cette conception des jardins n'est évi-
demment pas un phénomène isolé qui n'enseignerait rien d'autre que lui-même.
C'est un fait de civilisation qui témoigne, au XVIIIe siècle, des recherches d'une
société fragile pour se donner d'autres valeurs, et il faut lire Bernardin de Saint-
Pierre et Rousseau pour comprendre la cabane tapie au fond dujardin, ou la ferme
et la laiterie qui, à quelques pas du château, fournissent le lait frais. De même,
les parcs de Davioud et la définition d'un pittoresque populaire sont une réflexion
politique aux abords de l'ère industrielle et une méditation philosophique sur la
place que la nature y conservera.
De plus, pour qu'il y ait une pagode dans un parc au XVIIIe siècle, comme
il y a des potiches chinoises dans les salons des châteaux, il faut que l'Occident
connaisse l'Orient et s'y intéresse, il faut que les relations commerciales et diploma-
tiques aient rendu possible l'épanouissement d'un goût qui peut leur préexister, de
même qu'il a fallu découvrir Pompéi et Herculanum pour que le goût de l'antique
fût alimenté par des objets et des œuvres authentiques. Ce réseau serré de causes et
d'effets, le lecteur le trouvera sans cesse suggéré au détour d'une explication; il sera
invité par les astérisques à en suivre les mailles. Sur son chemin, il trouvera ici ou là
des citations littéraires; elles sont là non point pour souscrire aujugement de Voltaire
qui disait qu' « un dictionnaire sans citations est un squelette » (Lettre à Duclos,
ii août 1760), mais parce qu'elles imposent la certitude que la littérature n'est pas
dissociable des productions artistiques, et qu'inversement les arts sont une autre
réponse aux questions que tente aussi de résoudre, dans le même temps, la littérature.
Del'art. Lechoix desartsplastiques
C'est à l'art, en effet, que ce dictionnaire est plus spécialement consacré, ou,
du moins, s'emploie-t-il à retrouver l'histoire générale de la civilisation par l'inter-
médiaire de l'art. Un choix s'imposait dans la variété immense de la création
artistique. Ce choix, nous l'avons d'abord voulu classique, en prenant l'acception
minimale de l'expression « beaux-arts ». Le lecteur trouvera donc des notices
sur l'architecture, la peinture, la gravure et la sculpture. Il n'en trouvera pas sur la
danse et la musique. Ce choix fut une amputation, et d'autant plus douloureuse
que les arts retenus ont été influencés par la musique et la danse, surtout par leur
forme unifiée qu'est l'opéra-ballet. A lire la rubrique « Jardins », on pourra se
dire que ceux de Versailles reprennent l'ordonnance féerique des grands spectacles
dont ils furent le cadre, et que les œuvres partout répandues sont souvent la pétri-
fication des motifs chantés, dansés et représentés dans le continuel opéra que fut le
début du règne de Louis XIV. On pourra regretter de ne pas trouver les paroles et
la musique des ballets des quatre Saisons ou des quatre Eléments dont les person-
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tout autre. C'est par convention souvent qu'on réserve tel mot à tel objet, car il est
important pour la communication entre les hommes de même langue que tous
emploient le même mot pour le même objet, et important aussi que les acceptions
soient clairement définies afin d'être justement traduites dans les langues étrangères.
Mais l'histoire des mots est intéressante parce qu'elle permet de prendre possession
des choses dans leur instantanéité comme dans les arcanes lointains de leur origine.
Il n'est pas question de défendre ici un nominalisme philosophique, en affirmant que
l'objet n'existe que dans le mot, ou idéaliste, en soutenant que le mot et l'objet
sont de toute éternité liés. La nécessité la plus évidente qui les lie est la longue
histoire qu'ils ont parcourue ensemble. Les Parisiens se promènent aujourd'hui
dans le Forum des Halles; le vieux nom latin de la place publique est accolé à un
mot d'origine francique! Quel plus clair raccourci de plusieurs siècles d'histoire
peut-on imaginer ?
Varron était, au temps de Cicéron, un savant lexicographe. Il écrivit une
somme considérable intitulée Les Antiquités. A la parution des Antiquités humaines,
Cicéron lui écrivit : « Etrangers dans notre propre ville, nous errions comme des
visiteurs, et tes livres nous ont, en quelque sorte, ramenés chez nous, de façon à nous
faire enfin reconnaître qui et où nous étions. C'est toi qui as exposé l'âge de notre
patrie, la chronologie; toi, les lois du culte; toi, les sacerdoces; toi, les règles dans la
paix et dans la guerre; toi, les noms des sites, des quartiers, des localités; toi, l'étymo-
logie, les catégories, les fonctions, l'étiologie de toutes les choses divines et humaines »
(Académiques, I, 3).
L'art est une des choses humaines, et ce dictionnaire serait réussi, s'il offrait
un fil permettant de ne pas errer comme des visiteurs dans notre civilisation, s'il
nous ramenait chez nous et nous aidait à reconnaître qui nous sommes. Le propos de
Varron était d'affirmer la spécificité romaine perdue dans le cours des guerres
civiles ou égarée dans les mirages orientaux. Le nôtre, aujourd'hui, après des siècles
d'histoire, ne peut être si limitatif, mais ce qu'enseigne l'histoire de l'art, plus
clairement que l'histoire générale, c'est peut-être une unité européenne peu à peu
constituée dans le domaine artistique, une créativité supranationale qui, sans
offusquer l'originalité de chaque nation, la faisait servir à une communauté
culturelle.
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Sources iconographiques
Apart quelques schémas spécialement réalisés pour ce dictionnaire, les illustrations
proviennent d'une part d'ouvrages anciens :
Perrault, Dixlivres d'architecturede Vitruve, 1673—Le Muet, L'art debienbâtir, 1681
—d'Aviler, Cours d'architecture, 1694 —Fréart de Chambray, Parallèle del'archi-
tecture antique et de la moderne, 1702 —Frézier, La théorie et la pratique de la coupe
despierres, 1738 —Le Vuloys, Dictionnaire d'architecture, 1770;
d'autre part d'ouvrages plus récents publiés aux PUF :
P. Levêque, La Grèce, collection« Nouspartons pour...», ire éd. 1961, 6eéd. 1979
—P. Verlet, Les meublesfrançais du XVIIIe siècle, Ire éd. 1982
Collection « Que sais-je ? » : J. Adhémar, La gravure, n° 135, Ire éd. 1972,
2e éd. 1980 —M. Beaulieu, Le costume antique et médiéval, n° 501, Ire éd. 1951,
5e éd. 1974; Le costume moderne et contemporain, n° 505, Ire éd. 1952, 5e éd. 1977
— M. Déribéré, La couleur, n° 220, Ire éd. 1964, 4e éd. 1980 — P. Grimai,
L'art desjardins, n° 618, Ire éd. 1954, 3e éd. 1974 —D. Huisman, L'esthétique
industrielle, n° 957, Ire éd. 1962, 3e éd. 1971 —G. Janneau, Les styles du meuble
français, n° 1492, Ire éd. 1972 —J.-C. Moreux, Histoire de l'architecture, n° 18,
Ireéd. 1941, 13eéd. 1981 —J. Rudel, Techniquedelapeinture, n°435, Ireéd. 1950,
6e éd. 1983; Technique de la sculpture, n° 1773, Ire éd. 1980 —H.-J. Schubnel,
Lespierresprécieuses, n° 592, Ire éd. 1968, 3e éd. 1984 —P. Verlet, L'art du meuble
à Paris au XVIIIe siècle, n° 775, Ire éd. 1958, 2e éd. 1968.
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unesorte d'« arche desalut », et le cimetière verses vicissitudes dont peu sortiront in-
qui les entoure, réservé aux moines en prin- tactes. Au xixe siècle,les abbayes ont été ré-
cipe, s'ouvre parfois aux grands personnages parties en nouvelles congrégations et parfois
qui veulent reposer en terre bénite. Les ab- reconstruites. Au xxe siècle, Cîteaux et l'ab-
bayes de Cluny (fondée en 910) et de Beu- baye du Mont-Cassin illustrent la rencontre
ron (près de Sigmaringen, fondée au XIesiè- des traditions et des techniques modernes
cle) témoignent du savoir ésotérique des bâ- dont la sobriété se plie à la spiritualité.
tisseurs qui, par une mise en œuvre des 230, 780.
théories pythagoriciennes du nombre, ins-
tallent en un langage chiffré une image Abbaye en commende (du latin in commendam,
terrestre de la perfection. de commendare, à la garde de) : abbaye
Cluny réforme le système monastique et de- confiée à un prêtre ou même à un laïc qui
vient l'abbaye chef d'un certain nombre n'est pas tenu d'y résider, et qui délègue ses
d'abbayes qui, dès lors, s'appelleront des pouvoirs à un prieur, tout en touchant les
prieurés*. L'ordre devient riche, de par les bénéfices de l'abbaye. Cette pratique, née
productions de son travail et les donations très tôt au sein de l'Eglise, s'est modifiée au
qu'il reçoit. Aussi une double réaction va Moyen Age quand les souverains et les sei-
marquer au xie siècle un retour à l'austérité gneurs distribuent des bénéfices ecclésias-
dela règle. tiques, qu'ils avaient sous leur patronage,
D'une part, la vocation de l'érémitisme fait à des clercs et à des laïcs. L'Eglise ne put
naître l'ordre des Chartreux; d'autre part, interdire que cette pratique, qu'elle avait
l'ordre bénédictin va se réformer de l'inté- inventée, devînt courante à partir du
rieur à l'instigation de saint Bernard. L'ab- xvie siècle jusqu'à la Révolution.
baye de Cîteaux est le centre de ce mouve- Abbaye chef d'ordre : abbaye principale d'un
ment qui répond au faste clunisien*. Les ordre comportant plusieurs autres abbayes.
abbayes cisterciennes* qui vont naître de ce L'abbaye de Cluny est la seule de l'ordre;
retour à l'austérité s'installent dans deslieux les maisons qui dépendent d'elle sont des
très arrosés —car la règle insiste sur la pré- prieurés*.
sence à la fois utile et symbolique de l'eau
vivequi coule, dans le cloître, d'un lavabo*, Abbaye mère : abbaye dont certains membres
devenu un motif architectural spécifique de se détachent pour fonder d'autres maisons
l'art cistercien; elles portent d'ailleurs un obéissant aux mêmes règles et appelées ab-
nom lié à ce lieu (Clairvaux, Fontenay, Sil- bayes ou prieurés.
vacane). Le plan canonique est conservé,
mais la décoration disparaît des monu- ABOUT
ments : il n'y a plus de peintures ni de dal- n. m. Deà bout. Sur « about » onformera le
lages ornés. Bien que le gothique*, inventé verbe abouter,Joindre bout à bout.
à Saint-Denis, soit utilisé formellement et
symboliquement, car l'abbaye cistercienne Div. - Extrémité d'une pièce de bois coupée
se veut un chant lumineux à la gloire de à l'équerre afin d'être ajustée à une autre
Dieu, les vitraux* ne sont pas figuratifs ni pièce.
brillamment colorés. L'abbaye, sans façade,
sansclocheràsonéglise, car celle-ci, réservée ABRASIF
aux moines, n'a pas à annoncer les messes n. m. Dérivé du verbe abraser (du latin
au-dehors d'elle, est un monde clos sur
lui-même. abrasus, enlevéenrasant).
Après le Moyen Age, la prolifération des Div.- Matière pulvérulente (poudre, émeri)
ordres mendiants et l'extension du principe permettant en usant par frottement la sur-
delacommende* (voirci-dessous) modifient face d'une pièce de la nettoyer et de la polir
l'idéal monastique. Les guerres de Religion à la main et à la machine.
éprouventbonnombred'abbayes, sansd'ail-
leurs ruiner lesrichesses accumulées àtravers ABSIDE
les siècles. Même Cîteaux, centre de l'idéal,
nécropole de la famille ducale capétienne, n. f Du grec à^îç, à<Jn8oç, roue, voûte,
etmaisonmèredeplusdetrois centsabbayes, par l'intermédiaire du latin absis.
est touchée par la décadence. Les bâtiments Arch. - Enfoncement de forme circulaire ou
médiévaux sont souvent remplacés au polygonale ménagé derrière le chœur* d'une
= XVIIIesiècle par des demeures presque pala- église*. L'origine de l'abside est dans la basi-
tiales, qui seront à peine achevées quand la lique* romaine. Elle est généralement à
Révolution les videra et les soumettra à di- l'orient de l'église et est elle-même souvent
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son inconscient et aux mouvements de son de services qui font songer à ceux qu'offre
corps. Le drip painting* est une de ses tech- une gare*; on parle alors d' « aérogare ».
niques. Souvent les peintres disposent leur L'essentiel de la recherche contemporaine
toile au sol pour mieux libérer les possibi- sur les aménagements a porté sur les ma-
lités de leurs mouvements. L'appellation nières de relier les pistes de l'aérodrome à
action painting a remplacé celle d' « expres- l'aérogare et d'agencer celle-ci par rapport
sionnisme abstrait »*. à celles-là. L' « aérogare » est devenue ce
-»• 283. que furent les gares* au xixe siècle : un
exploit symbolisant le progrès de la civilisa-
ADOSSÉ tion technique, qu'il faut à la fois inclure à la
vie normale et faire ressentir comme excep-
adj. Participe duverbe adosser. tionnel. Les nécessités propres à l'aviation
Arch. - Qualifie un élément solidaire d'un (nécessités techniques et commerciales : il
mur ou d'un support vertical. faut faire décoller et atterrir des avions; il
faut prévoir des services de police, de
douane) doivent être accordées aux désirs
ADOUBEMENT technologiques et idéologiques. Des ter-
n. m. Dérivé du verbe adouber, issu d'une rasses accessibles depuis l'aérogare permet-
forme hypothétique du francique, dubban, tent à des visiteurs de contempler, comme
dans le sensdefrapper. un spectacle, les installations de l'aéroport;
Arm. - Le chevalier, après avoir reçu ses des magasins et desservices publics transfor-
armes, était frappé par son parrain. Le mot ment les aérogares en villes hors de la ville,
désigne la cérémonie de remise des armes en villes sur lesquelles s'ouvrent des portes
menant ailleurs, vers les avions. Les grandes
et du baptême dans l'ordre de la chevalerie, aérogares françaises (Orly, Roissy, Mari-
et l'équipement du chevalier. V. Armure. gnane...) sont des monuments de béton*,
d'acier* et de verre*, inspirés des grandes
ADOUCIR réalisations menées aux Etats-Unis pendant
v. tr. Dérivédel'adjectifdoux (latin dulcis). l'entre-deux-guerres.
1. Arch. - Raccorder avec un adoucisse- AFFAISSEMENT
ment* deux parties d'architecture.
2. Peint. - Atténuer ce que les coloris* ou n. m. Dérivédeaffaisser.
. les contours* ont de trop prononcé, en rup- Arch. - Accident dû à un mouvement de
ture d'harmonie avec les fonds par exemple. terrain ou un vice de construction et provo-
3. Div. - Polir* un métal avant dele dorer*. quant un abaissement des assises d'un édi-
V. Estomper. fice.
On appelle « essai d'affaissement » la me-
ADOUCISSEMENT sure de la consistance d'un béton* frais.
n. m. Dérivé du verbe adoucir.
Arch. - Surface courbe assurant le raccord
AFFICHE
entre deux surfaces de saillie différente; on n.f. Déverbal du verbe afficher, signifiant au
le trouve par exemple entre un mur et un MoyenAge«fixer ».
plafond*... Grav. - Feuille écrite ou imprimée fixée sur
un mur ou sur un édicule prévu à cet effet
AÉROGARE pour annoncer quelque chose au public. Les
n. f Composédupréfixe aéro- (grec <x7]p)air)
premières affiches, manuscrites, étaient sur-
et degare. tout religieuses; leur avenir fut transformé
par l'usage de la gravure sur bois. Au
Arch. - Partie d'un aéroport destinée à l'ac- xvie siècle les affiches restent religieuses mais
cueil des voyageurs à leur départ ou à leur participent aussi à la propagande politique,
arrivée. Le mot « aéroport » avait lui-même en particulier pendant les guerres de Reli-
remplacé le mot « aérodrome ». L'évolution gion (on disait alors « placards »). Aux
sémantique traduit l'attitude de la civilisa- xviie et XVIIIesiècles, elles sont surtout réser-
tion vis-à-vis de l'aviation. L'aérodrome est vées à la publication des spectacles et à la
un ensemble de pistes et de hangars ; puis un publicité pour le recrutement; leur influence
souci nouveau en fait un lieu d'accueil, de est d'ailleurs limitée par l'interdiction d'affi-
passage, voire de séjour bref. Dès lors,!' « aé- cherdans lesrues. C'est surtout au xixesiècle
roport » doit comporter un certain nombre que l'affiche prend, dans la vie littéraire,
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politique et artistique, une place de premier L'emploi de ce participe est une extension
plan. La liberté de plus en plus grande d'une acception héraldique*.
accordée à la presse, ou prise par elle, le
droit d'afficher acquis entre 1845 et
enfin les progrès matériels font de l'affiche AGATE
la plus populaire des estampes*. Rouchon n. j. et adj. Du grec 'A/ccttjç, rivière de
avec la mise au point d'un procédé au Sicile près de laquelle on la trouvait.
pochoir* qui permet la polychromie, puis I. Pier. (n. f.). - Variété de calcédoine* ca-
l'importation en 1866parJules Chéret de la ractérisée par la disposition concentrique de
chromolithographie* connue en Angleterre couches diversement colorées ; elle porte par-
déterminent la grande évolution del'affiche. fois dans ses cristallisations des dessins natu-
Les plus grands peintres s'y essayent, Puvis rels, elle est alors dite « mousseuse » ou
de Chavannes, Toulouse-Lautrec, Bonnard, « arborisée ». Selon la coloration de ses
Vuillard, Picasso, Paul Colin, Jacques Vil- fibres, elle peut être « jaspée » ou « san-
lon... Depuis 1925 les affiches sont surtout guine ». En glyptique* on distingue les
photographiques. Elles sont devenues un agates qui présentent plusieurs couches su-
phénomène primordial de la civilisation perposées et de couleurs variées (onyx*,
moderne et de la société de consommation;
leurs couleurs, leur format de plus en plus sardonyx*, par exemple) des agates mono-
grand, leurs textes énigmatiques ont envahi chromes comme l'opale*. L'agate était tra-
les rues et les stations de métro; c'est une vaillée dès l'Antiquité en camées* ou en
nouvelle expression optique qui ne cherche intailles* et elle le fut à nouveau à partir
plus seulement à informer mais à influencer de la Renaissance*. Le Moyen Age, en
lejugement. Les fantasmes de la civilisation effet, ne pratiqua pas la glyptique, il uti-
s'y expriment librement (érotisme, aven- lisait l'agate à la fabrication d'objets divers
ture, violence...). Tributaire à l'origine des (vases*, hanaps*, coupes*, coffrets*, sa-
modèles de la peinture, l'affiche est aujour- lières*, écritoires*, aiguières*, cabochons*).
d'hui envahie par la photographie et agran- Au XVIIIe siècle une agate d'Auvergne a
die enposter. Elle est àl'origine du pop'art*. donné de petits objets de vitrine*. C'est
l'époque de la vogue des objets* de vertu,
- 356, 455, 597, 617, 625, 711, 748, 876. en particulier des nécessaires*, pour lesquels
on taillait des œufs d'agate rouge qu'on
AFFINAGE enfermait dans des résilles d'or. L'agate
taillée était utilisée au Moyen Age pour
n. m. Dérivé du verbe affiner (rendre fin). étendre la peinture des enluminures*.
I. Div. - Opération consistant à débarrasser 2. Ver. (adj.). - Qualifie un verre* vénitien
les métaux des impuretés qu'ils contiennent. comme on en faisait au xve siècle à l'imi-
2. Ver. - Opération consistant à éliminer les tation de l'agate, ou un verre* blanc conçu
bulles d'air contenues dans le verre*. au xixe siècle par Baccarat.
AFFOUILLEMENT AGRAFE
n. m. Dérivé du verbe affouiller, lui-même n.f. Dérivé du vieux motgrafe, crochet, em-
composédupréfixe ad- et du verbefouiller. prunté à Fancien haut allemand.
Arch. - Dégradation d'une pile de pont* ou 1. Arch. - Pièce de fer ou de bronze à deux
d'un quai sous l'effet des eaux courantes. crochets, ou en double queue d'aronde* qui
sert à maintenir en place deux éléments
d'une même assise ou deux éléments super-
AFFRONTÉS posés. C'est un procédé de consolidation
adj. Participe du verbe affronter. utilisé de l'Antiquité jusqu'au xixe siècle.
Clefde voûte dont les ornements en volutes
Sculpt. - Se dit de deux figures animales ou « agrafent » les moulures* d'un arc* ou
monstrueuses disposées symétriquement soit d'une plate-bande*.
front contre front, soit de part et d'autre 2. Cost. - Par analogie, crochet de métal
d'un motif central (personnage, « arbre de destiné à réunir deux pans d'un vêtement;
vie »). C'est une disposition fréquente dans elle découle de la fibule antique. L'agrafe
l'art roman*, dont l'origine remonte sans qui retient les deux pans d'un manteau* est
doute à l'Asie Mineure (personnage de Gil- ditefermait*.
gamesh, brandissant les doubles dépouilles
des monstres qu'il a vaincus). - 318.
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ALANDIER ALCÔVE
n. m. Composésans doute sur landier. n.f. Empruntéàl'espagnol alcoba, lui-même
Cér. - Foyer placé à la base d'un four et pro- empruntéàl'arabeal-qoubba,petitechambre.
duisant la chaleur nécessaire à la cuisson Div. - Le mot, apparu au XVIIIe siècle, dé-
des pièces de céramique*. Unfour comporte signe l'enfoncement ménagé dans le mur
plusieurs alandiers qui permettent de régler d'une chambre pour recevoir un lit* et
la température et le milieu gazeux. qu'on peut dissimuler à l'aide de rideaux.
Au XVIe siècle, les précieuses y recevaient
ALBARELLE leurs amis qui y prenaient le nom d' « alcô-
n.f. Ondit aussi albarello (n. m. albarelli vistes ». Le lit placé sur une estrade, la
aupluriel), mais ondevraitplutôt dire albe- balustrade* qui le séparait de la pièce et
rello, qui est le motitalien, dérivédealbero, les éléments architecturaux qui en enca-
arbre. draient l'entrée la faisaient paraître un
sanctuaire. Le XVIIIe siècle fait de l'alcôve
Cér.- Vasecylindrique enfaïence*, enforme un boudoir* maniéré et libertin muni de
de fût (comparé à un tronc d'arbre) tourné glaces* et de sofas*. Au xixe, on la ferme
d'une seule pièce. C'étaient des vases de par des portes, après avoir renoncé au trai-
pharmaciequ'on fabriqua d'abord àFaënza, tement majestueux que le Premier Empire
puis danslesateliers d'autres villesitaliennes, lui avait donné.
en particulier d'Urbino. Ils furent diver-
sement décorés selon les divers ateliers; la ALETTE
beauté de leur facture en fit des objets de
collection (le Louvre en conserve un signé n. f. Autre orthographe de ailette (diminutif
d'un maître italien). deaile, du latin ala).
Arch. - Mur latéral de remplissage encadré
ALBÂTRE par des colonnes* ou des pilastres* et placé
entre l'embrasure d'une baie et son ouver-
n. m. Dugrec, &À&oGatTpoc,;mêmesens, par ture; sur un trumeau l'alette est la partie
l'intermédiaire dulatin alabaster. comprise entre l'embrasure et la colonne
Div. - Nom donné à deux espèces minérales ou le pilastre; sur une balustrade*, c'est la
distinctes : l'albâtre gypseux, chaux sulfatée- partie latérale comprise de chaque côté du
compacte, très blanche et translucide, sou- piédestal* entre le socle* et la tablette*.
vent employée en sculpture pour sa taille
facile (spécialement en Angleterre, à l'épo- ALEXANDRINISME
que gothique*); l'albâtre calcaire, chaux
carbonée compacte, blanche et veinée de n. m. Substantifcréé sur l'adjectifalexandrin,
rouge, de jaune ou de brun, dit aussi « al- originaire d'Alexandrie d'Egypte.
bâtre oriental ». On emploie l'albâtre au Div. - Historiquement l'alexandrinisme est
MoyenAgesoit pourde petits objets sculptés un mouvement artistique dont le foyer est
(lampes*, statuettes*, coupes*) soit pour Alexandrie et qui, à partir du me siècle
fermer les baies de certaines églises (le mo- avant notre ère transforme l'héritage de la
dèle remonte à Ravenne). Grèce classique. L'alexandrinisme est un
art de vivre fondé sur le goût de la nature
ALCAZAR dans tous ses aspects (caricatures, préciosité
n. m. Transcription d'un motarabe signifiant dans la traduction de la beauté, expres-
«lepalais ». sionnisme dans celle de la douleur). Cet
art est par rapport au classicisme* grec une
Arch. - Palais fortifié des rois maures, dont sorte de maniérisme* ou de baroquisme*. Il
l'exemple est surtout connu par l'Espagne est repris par les Romains et c'est lui que
(Cordoue, Ségovie, Séville et Tolède). On révélèrent les fouilles de Pompéi et d'Her-
donne ce nomà des établissements de plaisir culanum au xvme siècle qui était d'autant
(théâtres* ou cafés*-concerts) ornés dans un plus prêt à l'accueillir qu'il avait, comme
style plus ou moins authentiquement mau- l'a écrit M. Praz, l'esprit alexandrin. Le
resque et lancés au xixe siècle sous l'impul- style Louis XVI* en est tout imprégné; il se
sion d'un orientalisme* qu'encourageait la manifeste dans les décorations florales, dans
colonisation. V. Alhambra. le goût de la nature, dans la mièvrerie de la
sensibilité, dans un certain plaisir de vivre.
L'Ecole de David réagit contre cet art, fémi-
nin sous certains aspects, lui oppose la viri-
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On en fait aujourd'hui des colliers*, des cathèdres* médiévales traduisent une autre
boîtes* et surtout des coffrets à cigarettes. sociétéquelesbergères* duXVIIIesiècle, etles
commodes* Boulle* un autre monde que
AMBULANTE les meubles noirs rehaussés de couleurs
n. f. Féminin substantivé du participe am- orange et violet de Poiret, à l'époque des
bulant. arts déco*. V. Mobilier.
Mob. - Nom donné au xvme siècle aux - 38 bis, 173, 272, 448, 700.
tables* pliantes ou brisées qu'on pouvait AMORTIR
facilement déplacer.
v. tr. Du latin pop. admortire, rendre
ÂME commemort, avecévolution ausens deaffaiblir.
n. f. Du latin anima, dans un emploi Peint. - Atténuer l'intensité d'un ton ou
métaphorique. d'une couleur.
Sculpt. - Noyau en bois ou en fer sur lequel AMORTISSEMENT
on modèle une statue* en cire*, en plâtre*
ou en métal*, ou sur laquelle on fixe des n. m. Formé sur amortir.
feuilles de métal martelé, selon une tech- Arch. - Elément décoratif placé au sommet
nique très répandue dans la statuaire mé- d'une élévation pour marquer l'achèvement
diévale. de l'axe vertical de la composition. V. Pi-
gnon, Pinacle, Pyramidon.
AMÉTHYSTE
n.f. Dugrec iyLèQuaroç, quidissipe l ivresse, AMOURETTE
par l'intermédiaire du latin amethystus; n.f. (bois d').
XIIesiècle.
Mob. - Bois exotique importé des Antilles.
Pier. - Variété de quartz violet d'origine Dur et de teinte brun rouge, il est utilisé en
orientale (Ceylan, Birmanie) ou occiden- tabletterie* et dans l'ébénisterie* de pré-
tale (France en particulier) dont on a fait cision (cannes, archets).
depuis le Moyen Age des objets* d'art
(coupes*, vases*), des bijoux*, des orne- AMPOULE
ments incrustés dans les meubles. On peut
la graver. Dans l'Antiquité elle passait pour n. f Du latin ampulla, diminutif de am-
prendre une couleur de vin, ou, selon les phora.
mages, pourdissiper l'ivresse. Elle préservait Ver.- Fiole à ventre bombéservant à conte-
des maléfices, si l'on y gravait le nom de nir des parfums. Le mot désigne surtout les
la lune et celui du soleil. Les collections flacons de verre liturgiques contenant les
royales comportaient de nombreux objets huiles cultuelles, et en particulier celui qui à
en améthyste, aujourd'hui au Louvre. Reims contenait l'huile consacrée utilisée
- 25. pour les sacres des rois et qu'on connaît sous
l'appellation de « sainte ampoule ».
AMEUBLEMENT
n. m. Dérivé de meuble par l'intermédiaire ANAMORPHOSE
du verbe ameubler aujourd'hui tombéen désué- n. f Mot savant créé sur le verbe grec
tude. Le mot est attesté au XVIe siècle. àvajjioptpw, transformer.
Mob. - Fait de placer des meubles, ou en- Peint. —Dessin ou peinture déformé par un
semble des meubles qui garnissent une mai- jeu volontaire des lois optiques et qui reprend
son, ou un appartement ou une pièce d'une sa forme quand il est regardé dans un miroir
habitation. L'étude de l'ameublement est cylindrique ou conique ou sous un angle
un chapitre de l'histoire d'une civilisation; précis. La technique de l'anamorphose a été
elle s'y traduit dans ses moindres péripéties mise au point au xvie siècle par Léonard de
politiques, sociales et économiques. Comme Vinci et Dürer et considérée comme une
l'a écrit Alain : « L'ameublement est un art science secrète. Elle résulte des découvertes
intermédiaire entre l'architecture et le vête- sur l'optique et la perspective* et permet
ment. Le meuble représente la forme hu- la mise en œuvre des idées philosophiques
maine absente et déjà, selon leur style, les sur l'être et le paraître et des méditations
fauteuils forment une certaine société » religieuses sur la vie et la mort. C'est ainsi
(Leçons sur les Beaux-Arts). Et de fait les que la plus spectaculaire des anamorphoses
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a été glissée dans les Ambassadeurs de Hol- chasseurs que se dégage le goût pour la
bein (1533, Londres National Gallery) où représentation animalière en elle-même.
la forme étrange placée devant les deux L'école française du XVIIIe siècle l'associe
ambassadeurs se révèle, si le tableau est aux virtuosités du trompe-l'œil*. Les ta-
regardé d'un point précis, une tête de mort, bleaux*, les estampes*, les tapisseries* re-
disant la vanité dissimulée des grandeurs présentant des animaux envahissent alors
terrestres. Du XVIe au xixe siècle l'ana- les salons, et, sous forme miniaturisée, en
morphose a été pratiquée mais le plus sou- cette époque où l'on raffole des bibelots*,
vent comme une curiosité permettant de des animaux en porcelaine* occupent les
cacher des scènes érotiques ou des traite- vitrines* et les étagères* (la manufacture de
ments narquois de l'iconographie officielle. Meissen était spécialiste des petits animaux
Le surréalisme* y est revenu. exotiques ou domestiques). Au xixe siècle
- 59- le goût pour les animaux répond au goût
plus général pour les forces puissantes de
ANCRE la nature; la sculpture qui, jusque-là, avait
eu surtout à traiter les chevaux des statues
n. f Du grec ayxupa, par l'intermédiaire du royales ou les animaux ornant les parcs,
latin ancora, ancre marine; l'emploi dans accueille le monde animalier comme une
la langue del'architecture est analogique. spécialité; Barye (1795-1875) s'est fait une
Arch. - Pièce de fer forgé qui relie un mur gloire plus par ses animaux sculptés que
à une charpente* horizontale et empêche par ses aquarelles ou ses études; Fremiet
l'écartement du mur; elle peut aussi empê- (1824-1910) et Pompon (1855-1933) ont
cher l'écartement de deux murs ou le déver- exprimé la noblesse du monde animal. Le
sement d'une cheminée*, ou assurer l'équi- xixe siècle a pratiqué aussi la peinture
libre de la poussée des voûtes*. Les formes d'animaux domestiques, les boeufs de labour
sont variées (en S, ou en forme de rinceau) ; par exemple (voir certaines œuvres de Rosa
elles peuvent être noyées dans la maçonnerie. Bonheur, 1822-1899, et de Millet, 1814-
1875). L'art animalier a encore au xxe siècle
ses spécialistes (Guyot, Laure Devolvé...).
ANDRIENNE - 146, 301, 568-
n. f.
Cost. - Titre d'une comédie de Térence ANTE
donné comme nom à une robe*, dite aussi n. f Du latin antae, piliers aux côtés d'une
battante*, volante*, ou à la Watteau*. porte.
Cette robe créée au début du XVIIIe siècle * Arch. - Pilastre* qui dans les temples an-
témoigne de l'influence du théâtre sur la tiques prolonge le mur latéral de la cella;
mode*. il présente en façade un socle* et un chapi-
teau*, dit «chapiteau d'ante », qui est orné
ANGLET selon l'ordre* du monument. Plus généra-
n. m. Diminutifdu mot angle. lement pilastre placé aux jambages* d'une
porte ou aux encoignures d'un édifice.
Arch. - Cavité en forme d'angle droit qui
sépare les bossages. ANTEPENDIUM
ANIMALIER n. m. Mot latin tardif, de ante, devant, et
pendium, formé sur le verbe pendeo, être
adj. Dérivé de animal (XVIIIe siècle). suspendu.
Div. - Qualifie l'art de représenter des ani- Arch. - Devant* d'autel* en métal pré-
maux et de traduire leur spécificité. Cet cieux, pierre sculptée, bois peint ou étoffe
art apparaît au XVIe siècle dans l'atelier brodée; on disait aussi frontal*. Au xme siè-
du peintre flamand Snyders (1579-1657) cle les antependia furent remplacés par des
qui fonde une tradition dont procèdent retables*, plus visibles, parce que placés
en France Desportes (1662-1743), Oudry sur l'autel.
(1686-1755), Christophe (mort en 1759)
et J. B. Huet (1745-1811). Cet art est lié ANTIPHONAIRE
dans son origine aux scènes de chasse*
nécessitant des études préparatoires et aux n. m. De l'adjectif antiphonarius (grec
natures mortes* au gibier. C'est de l'atten- x\rrLrpwv0ç), de àv-rt, en réponse, et çcovr),
tion aux chiens des meutes et aux proies des voix qui répondà unchant.
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Div. - Qualifiait un livre contenant les an- sion. L'appareil peut être régulier ou irré-
tiennes de la messe (introït, offertoire, com- gulier selon que les éléments forment ou
munion), puis fut employé substantivement non des assises régulières; il est dit « à joints
pour désigner ce livre. Les antiphonaires vifs » si ses éléments sont posés les uns sur
ont été le lieu idéal des plus belles enlumi- les autres sans mortier. Selon la manière
nures* médiévales. dont les pierres sont taillées et disposées
l'appareil peut être « en harpe » (quand les
APLAT pierres sont placées alternativement en car-
reau* et en boutisse*), « réticulé » (si les
n. m.Deà- etplat. pierres sont taillées en losange), « en épi »
Peint. et Grav. - Teinte étendue unifor- (quand les pierres sont alternativement in-
mément. clinées de droite à gauche). Quand les arêtes
des pierres sont abattues obliquement de
APLOMB manière que la surface du mur présente des
saillies, l'appareil est en bossage* ; si les
n. m. Nomformé àpartir de la locution « à pierres sont taillées en pointe, il est en
plomb » (fil àplomb). diamant*.
Arch. - Verticalité d'un mur assurée par le
fil àplomb. Sedit aussiàproposdesstatues* ; APPARTEMENT
l'aplomb est assuré si la verticale passant n. m. Emprunt à l'italien appartamento,
par le centre de gravité tombe au milieu de dérivé de appartare, séparer. Ensemble de
la base de la statue.
pièces, généralement deplain-pied,formant le
APPAREIL logement d'unefamille dans une maison.
Arch. - C'est la marquise de Rambouillet
n. m. Dérivé d'un motde latin populaire lui- qui introduisit en France le principe de
mêmeformésur le latin classique apparatus, l'appartement dans l'hôtel* qu'elle fait
action depréparer. construire, vers 1604, rue Saint-Thomas-du-
Arch. - Le mot désigne la préparation et Louvre; elle fait placer l'escalier au bout du
l'assemblage d'une maçonnerie. L'appareil bâtiment central, obtenant ainsi une enfi-
résulte de la forme, de la disposition et de lade* de pièces. Mlle de Scudéry, qui a
l'agencement des matériaux. Si l'on utilise décrit, dans LeGrandCyrus,la Marquise sous
des pierres de grande dimension taillées le nom de Cléomire, écrit : « Elle s'est fait
d'équerre, on a un « grand appareil »; si faire un palais de son dessin, qui est un
les pierres sont de dimension moyenne, des mieux entendus du monde, et elle a
l'appareil sera dit « moyen » et il sera trouvél'art defaire enuneplacedemédiocre
« petit » si les pierres sont de petite dimen- grandeur un palais d'une vaste étendue. »
Lecentre decet appartement est la chambre
bleue oùla Marquise reçoit ses amis. Leplan
enenfiladeserarepris durant toutleXVIesiè-
cle jusqu'à Versailles. On distingue les
« grands appartements », réservés aux ré-
ceptions et à la vie officielle du roi, des
« petits appartements », consacrés à sa vie
privée. Au xvme siècle, le plan en enfilade,
qui fait que les pièces se commandent réci-
proquement, ne paraîtra plus « le mieux
entendu du monde » et la chambre cessera
d'être le centre de l'habitation. On cher-
chera alors un plan centré sur le salon*
et permettant l'intimité des appartements
privés.
APPENTIS
n. m. De l'ancien verbe appendre (lat. ap-
pendere, suspendre).
Arch.- Toit à un seul versant prenant appui
d'un côté sur un mur et soutenu de l'autre
Exemples d'appareil par des poutres qui prennent appui sur ce
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forme était très élégante; elle fut plus tard (colonnes*, piliers* ou corbeaux*) sur les-
reproduite dans le mobilier. quels est reportée la poussée de la voûte*.
-+ 264. L'arc est déterminé par un ou plusieurs
arcs de cercle; la face inférieure des cla-
2. Mob. - Pendant la Régence* et la pre- veaux forme l'intrados* qui définit son
mière moitié du règne de Louis XV*, la tracé. On classe les arcs suivant ce tracé :
forme en arbalète est donnée souvent à la
partie inférieure de la ceinture des tables* —l'arc en accolade formé de quatre por-
ou des sièges*. tions d'arc de cercle qui ont la forme d'une
accolade, c'est-à-dire de la réunion de deux
ARBALÉTIER talons* (on l'appelle parfois « arc en ta-
lons »). Il apparaît dans le gothique* tardif
n. m. et reste en faveur pendant la Renaissance* ;
Arch. - De porteur d'arbalète, par analogie —l'arc en anse de panier est formé de trois
de forme entre l'arc de l'arbalète et la forme arcs de cercle dont celui du milieu est tracé
triangulaire de la ferme* d'une toiture, le sur un cercle de rayon supérieur aux deux
mot est devenu un terme de charpenterie autres cercles qui sont symétriques (utilisé
désignant les parties obliques d'une ferme pendant la Renaissance*) ;
qui forment les versants du toit*. Les arba-
létiers sont assemblés à leur base dans l'en-
trait* et à leur sommet dans le poinçon*.
On dit aussi « arbalétrier ».
La pièce qui double l'arbalétier, dont la
base part sensiblement du même point de
l'entrait, mais dont la tête est assemblée
plus bas dans le poinçon, est dite sous-
arbalétier* ; elle peut être courbe.
ARBALÉTRIÈRE
n.!
en anse de panier
Arch. - Féminin de arbalétrier, porteur
d'arbalète, créé pour désigner une archère* —l'arc en mitre a pourintrados deuxdroites
par laquelle on pouvait tirer à l'arbalète. inclinées formant un angle (on dit aussi
V. Château. « arc en fronton ») ;
ARBRIER
IL.fit.
Arm. - Nom dérivé de arbre pour désigner
le fût de bois de l'arbalète*.
ARC
n. m. Dulatin arcus. en mitre
Arch. - Construction formée par un assem-
blage de pierres — claveaux* ou vous- —l'arc en ogive formé de deux segments de
soirs* —prenant appui sur deux supports cercle se rejoignant en formant un angle
plus ou moins aiguselon que les deux centres
sont placés à l'intersection de la base et de
la courbe, en dehors de la base ou, de part
et d'autre de l'intersection, très rapprochés
l'un de l'autre; on obtient dans le premier
cas un arc en ogive équilatérale, dans le
second un arc en lancette, dans le troisième
un plein cintre brisé. On trouve ces formes
dans le gothique* ;
A, voussoirs - B, sommier - C, contreclef - D, clef —l'arc en plein cintre a pour intrados un
. a, douelle d'intrados - b, douelle d'extrados demi-cercle; il est caractéristique de l'art
c, tête - d, lit en coupe roman* ;
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en plein cintre
—l'arc en tiers-point est un arc brisé dont
les centres de courbure coïncident avec les
points d'appui et dont le rayon est égal à
l'espacement de ces points;
brisé surhaussé
— l'arc trilobé formé de trois portions de
cercle qui apparaît dans le roman* tardif et
le gothique*.
ARC-BOUTANT
Participe d'un ancien verbe bouter, d'origine
francique, signifiant «pousser ».
Arch. - Arc rampant qui, en « poussant »
brisé en tiers-point contre les reins des voûtes combat leur
—l'arc brisé est obtenu par deux segments poussée; il est lui-même calé par un contre-
fort*. Les arcs-boutants sont une création
de même rayon et dont les centres différents du gothique*, au XIIesiècle; leur découverte
sont placés sur une ligne horizontale; il a fut provoquée par la fragilité de certaines
l'avantage d'exercer une moindre poussée églises (Vézelay en particulier manqua de
que le plein cintre; s'effondrer) et le désir d'élever plus haut la
—l'arc déprimé a pour tracé une droite nef des églises. Organe utilitaire d'abord,
raccordée aux points d'appui par des quarts l'arc-boutant devint de plus en plus saillant
decercle; jusqu'au xve siècle, se répéta parfois en
—l'arc outrepassé a pour intrados un seg- plusieurs volées, et se couvrit de décorations
ment de cercle supérieur à un demi-cercle; qui l'allégèrent de plus en plus.
le centre du cercle est alors plus haut que la ARC DE TRIOMPHE
ligne des points d'appui (fréquent dans l'art
musulman). n. m. Du latin triumphus, cérémonie célé-
brant le retour d'un général victorieux.
Arch. - Monument commémoratif parti-
culier à l'architecture romaine, l'arc de
triomphe dans sa forme la plus simple
consiste en une arche en plein cintre enca-
drée de deux pylones* ornés de colonnes*.
Cette structure devient lemotifcentral d'une
outrepassé travée* rythmique dans les arcs à trois
arches. Ce monument a hanté les pouvoirs
— l'arc surbaissé a pour intrados un seg- politiques de la Renaissance* au xixe siècle;
ment inférieur à un demi-cercle; le centre il a la vertu double de mettre en valeur une
en est plus bas que les points d'appui; pénétration et de transformer en lieu triom-
phal le lieu auquel il donne accès. Les
portes* des villes aux xvie et XVIe siècles
ont repris cette double virtualité qui, de
plus, travestissait toujours la ville ouverte
par la porte en une image de Rome et le
souverain en une réplique des empereurs.
surbaissé A côté des portes réelles, on a élevé des
—l'arc surhaussé a un intrados en demi- quantités d'arcs éphémères célébrant des
entrées royales ou de grandes fêtes monar-
cercle prolongé par des droites qui le rac- chiques. Ainsi Rubens a dessiné un arc de
cordent aux supports; triomphe qui fut ensuite construit pour la
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réception aux Pays-Bas du gouverneur espa- ries* d'un cloître* constituent une arcature.
gnol l'infant Ferdinand (Maison de Rubens Le style gothique* a utilisé les arcatures
à Anvers). La Révolution française en a fait comme motif ornemental, soit les arcatures
grand usage dans ses grandes mises en scène àjour (dont les baies sont ouvertes) soit les
des fêtes, mais elle n'en ajamais construit de arcatures aveugles (dont les baies comblées
durable. L'Empire alaissé au contraire deux sont soulignées sur un mur par leurs arcs
arcs, celui du Carrousel et celui de l'Etoile. et leurs supports).
Thème favori de l'architecture* éphémère,
l'arc de triomphe n'a pas dépassé parfois ARCELET
le stade de l'estampe et des dessins, tel le
grandiose arc imaginé par Dürer pour n. m. Diminutifformésur arceau.
l'empereur Maximilien Ier, en 1515. Cost. - Cercle de fer en forme d'arc qui
soutenait les cheveux desfemmesau xviesiè-
ARCADE cle. V. Attifet et Coiffure.
n.f. Empruntfait au XVIe siècle à /'italien ARCHE
arcata, dérivédearco, arc.
Arch.- Ouverture libre ouverte dans un mur n.f Dulatin arca, coffre.
et couverte par un arc* dont les supports, Mob.- Coffre* à couvercle bombé en usage
colonnes*, pilastres*, piliers*, reposent sur au Moyen Age jusqu'au XVIe siècle; on
le sol. L'arcade est définie par l'arc qui la offrait souvent auxjeunes mariés une arche
couvre, on parle d'arcades en plein cintre* contenant leurs cadeaux de mariage.
pour les arcades romanes*, d'arcades en
arc* brisé, en anse de panier... On trouve ARCHE
des successions d'arcades autour des places* n. f. Dérivé d'un pluriel neutre arca formé
à l'époque gothique* ; elles sont fréquentes fautivement sur le latin arcus, arc, et pris
dans l'architecture ultérieure (arcades des pourunféminin.
places du règne de Louis XIII, place Royale
à Paris, place Ducale à Charleville..., ar- Arch. - Baie prenant naissance au sol et
cades de la rue de Rivoli). Elles ouvrent sur couverte d'une voûte* généralement en ber-
des galeries* qui servent de promenoirs. ceau; le mots'emploie pour les ponts* ou les
arcs* de triomphe.
ARCADIE
n.f. ContréeduPéloponnèse (grec Apxo::o£o::), ARCHE-BANC
devenue dans la pensée antique le lieu para- n. f Mot composé de arche* et de banc*
disiaquepar excellence. utilisé dans le Midi, aux XVIe, XVIIe et
Div. - Depuis les Bucoliques de Virgile, les XVIIIe siècles pour désigner le meuble qu'on
pastorales* sont situées dans un pays imagi- appelait dans le Nord« banc à coffre ».
naire nomméArcadie (par exemple Arcadia, Mob.- Banc* monté sur un coffre, avec dos-
de Sir Philip Sydney, 1590), ou décrit par sier* et accotoirs*. On écrit aussi arche-
rapport à l'Arcadie mythique des Anciens. banc (des archebancs).
Du xvie au XVIIIesiècle, elle est le pays ima-
ginaire qui fait le décor des pastorales des ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE
peintres. Les Bergers d'Arcadie de Poussin
donnent le ton à toute une tradition qui Arch. —Etude récemment mise à la mode en
invente un paysage* de rêve de préférence Occident et qui tend à traiter les édifices in-
au paysage réel. AuXVIIIesiècle, lesjardins* dustriels comme des monuments d'intérêt
qui sont inspirés par la littérature et la archéologique équivalent à celui des monu-
peinture n'échappent jamais à cette nos- ments historiques. A. Malraux, dès 1934,
talgie; il y a, dans le parc du marquis de écrit :«Lafabrique quiest encoreseulement
Girardin à Ermenonville, une prairie ar- une sorte d'église des catacombes doit de-
cadienne. venir ce que la cathédrale était, et les
hommes doivent voir en elle, au lieu des
ARCATURE dieux, le pouvoir humain luttant contre la
terre » (Destin de l'homme). Les cités*-
n. f. Dérivé de arc. Le mot est attesté seule- ouvrières, les gares*, les halles*, les grands
ment àpartir du XIXe siècle. magasins*, les usines*... doivent être clas-
Arch. - Suite de baies couvertes par un arc*. sés comme monuments du travail humain.
L'ensemble des baies qui entourent les gale- Le colloque international tenu à l'Eco-
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musée* du Creusot en 1976 a précisé les Art de construire et d'aménager les édifices.
règles de cette archéologie. La destruction La définition de l'architecture en Occident
des Halles de Baltard à Paris est par rapport remonte au Dearchitectura de Vitruve qui fut
à ce mouvement un contresens qu'on a souvent traduit au xve et au xvie siècle, en
compensé a posteriori par la récupération particulier par Alberti. Après Vitruve, les
d'un des pavillons placé à Nogent-sur- humanistes définissent les critères de l'archi-
Marne. tecture, la solidité, l'utilité et la beauté, fai-
sant de cette pratique àla fois une technique
ARCHÈRE et un art. L'architecture est liée au corps hu-
main dont elle doit reproduire l'harmonie
n. f Formésur le latin arcus, arc. et l'équilibre. Vitruve expliquait que les
Arch. - Fenêtre ouverte dans les murailles colonnes* étaient renflées en leur milieu
d'un château*. On appelle « jour en ar- pouréviter l'impression qu'elles divergeaient
chère », une ouverture en forme de fente sous le poids de l'édifice, comme un muscle
destinée seulement à donner de la lumière. se contracte sous l'effort. Avant la redé-
couverte de Vitruve l'architecture médié-
ARCHES vale appliquait les mêmes critères et en
particulier inscrivait ses monuments reli-
n.f. pl. gieux dans l'ordre cosmique qu'ils imitaient ;
Ver. - Fours accessoires entourant le four* elle savait tirer parti des membres obliga-
de fusion et correspondant avec lui par des toires (les contreforts* par exemple) pour
ouvertures, dites « lunettes » par lesquelles les transformer en ornements (par l'adjonc-
elles récupèrent la chaleur perdue. tion de pignons* ou de clochetons*). La
Renaissance* redécouvre une architecture
ARCHÉTYPE à la mesure de l'homme et non à celle de
n. m. Du grec &pxÉ"t'UITOC; (de ap'/av, être le Dieu, et pose la question qui reste encore
premier), et TÛTZOÇ,marque, empreinte, puis
posée aujourd'hui : que faire de la troisième
modèle. exigence de Vitruve, la beauté ? une résul-
tante de l'harmonie entre les parties ? une
Div. - Modèle iconographique ancien ou parfaite adéquation à la finalité de l'œuvre
idéal servant de modèle aux représentations bâtie ? ou un je ne sais quoi ajouté par les
du même sujet; par exemple l'image de ornements ? La réponse à cette question
l'empereur romain est dans l'iconographie distingue les styles architecturaux du xve au
religieuse, dès l'art paléo-chrétien et encore xixe siècle et détermine les tendances clas-
dans l'art médiéval, l'archétype du Christ sique* ou baroque*, rococo* ou néo-clas-
en gloire. sique*. Au xixe siècle les matériaux nou-
On appelle « archétype » le plâtre* moulé veaux, le fer*, la fonte*, le verre*, l'acier*,
sur un bas-relief* de pierre ou de bronze. le béton* orientent l'architecture vers un
avenir coupé de son passé. Le rationa-
ARCHITECTE lisme l'emporte sur tout idéalisme, et l'ar-
chitecture se veut fonctionnelle et belle
n. m. Du latin architectus, qui traduit le de sa nudité. De cette rupture, malgré
grec cXPxyrÉx:rCùv, littéralement maître char- Le Corbusier, et les réalisations spectacu-
pentier (deAPXETV,être lepremier, et TÉXTCOV, laires du xxe siècle (gratte-ciel* ; villes*
charpentier). Le mot entre dans l'usage au neuves comme Brasilia...), l'architecture
début du XVIe siècle, sous l'influence de semble mal remise et encore incertaine des
l'italien architetto; on disait auparavant formes à donner à l'habitat d'une popu-
maître d'œuvre* oumaître-maçon. lation grandissante sans cesse mais toujours
Artiste qui conçoit un édifice et en surveille formée d'individus qui se retrouvent mal
la réalisation. La fonction de l'architecte dans le gigantisme.
acquit progressivement une dignité artis- - 9, 32, 38 bis, 48, 69, 91, 105, 113, 115,
tique au cours du xvne et du XVIIIe siècle. 118, 129, 157, 166, 188, 207, 250, 261, 273,
293, 540. 302, 306, 307, 329, 347, 350, 376, 384, 436,
438, 447> 503, 516, 533, 534, 546, 549, 593,
ARCHITECTURE 622, 623, 630, 648, 703, 769, 778, 792, 794,
n. f. Du latin architectura, dérivé de ar- 828, 86o,863.
■ chitectus. Le mot apparaît en France au
début du XVIe siècle par l'intermédiaire de
l'italien architettura.
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d'armure. L'armure complète était dite valerie française qui, pour trop s'y tenir,
harnois* plain, harnois blanc, quand l'acier perdra de grandes batailles comme celle
qui la composait était poli, ou harnois noir, de Crécy.
quand il était noirci aufeu. Faite sur mesure, Tout ce lexique, comme celui qui décrit les
pesant jusqu'à 30 kg, cette armure coûtait parties du casque et les armes, témoigne
fort cher. Pluslourde detoutes était l'armure de l'importance primordiale de la cheva-
de joute, renforcée spécialement du côté lerie armée dans l'Europe médiévale; des
gauche qui recevait, dans les tournois, l'as- mots sont empruntés aux vieilles langues
saut del'adversaire. Enmêmetempsqu'une germaniques, comme aux langues euro-
défense le harnois plain était un emblème péennes contemporaines, l'italien, l'espa-
social; les chevaliers en recevaient certaines gnol, ou parfois même à l'arabe. D'autre
pièces dans la solennité de l'adoubement. part un grand nombre de mots définissent les
Aussi l'armure pouvait-elle être un objet pièces de l'armure ou du casque* par ana-
d'art dontl'acier était ciselé ouincrusté, sur- logie (métaphores fréquentes). Il arrive aussi
tout quand elle était destinée aux parades. que- les pays étrangers empruntent un mot
A la fin du xve siècle, l'armure maximi- à la France; c'est le cas de « harnais »
lienne, dite simplement « maximilienne » emprunté au XIIIe siècle quand la chevalerie
(du nom de l'empereur Maximilien Ier qui françaisejouissait de son plus grand prestige.
en inaugura le type), dont l'acier renforcé - 264, 318, 379.
de cannelures offre une grande résistance,
couronne un siècle de perfectionnements,
àunmomentoùlesarmesàfeuvontchanger
totalement la stratégie de la guerre et rendre
inutile l'armure. Aussi au xvie siècle, s'al-
lège-t-elle, et devient-elle de plus en plus
luxueuse, tendant même par le travail du
métal à ressembler au costume civil. Fran-
çois Ier qui prolonge l'esprit chevaleresque
jusqu'à se faire adouber solennellement à
Marignan, porte encore l'armure et ses
descendants aussi. Henri IV la porte encore
ainsi que Louis XIII, mais Louis XIV n'en
portera pas. Seule demeurera dans l'équi-
pement militaire jusqu'au xixe siècle la
cuirasse*.
Le grand harnois comportait une centaine
de pièces protégeant l'ensemble du corps;
les principales sont : pour la tête, l'armet* ; Armures
pour le cou, le gorgerin* ; pour les épaules, XIVe siècle époque
les épaulières*, plaques articulées surmon- Louis XII
tées de chaque côté d'un rebord en saillie
appelé buffe*, et destiné à dévier la gifle 2. Tis. —Par extension de sens, dans la
de la lance adverse sur le cou; pour la poi- technique du tissage, façon d'entrecroiser
trine, le plastron* ; pour le dos, la dossière* ; les fils de trame* et les fils de chaîne*. Il
le canon* d'arrière-bras et le canon d'avant- existe de nombreuses armures, les plus cou-
bras, de part et d'autre de la cubitière*, rantes sont : l'armure toile qui consiste à
qui protège le coude, protègent les bras; à passer alternativement le fil de trame au-
la taille, la braconnière* protège les hanches dessus d'un fil de chaîne et au-dessous du
et porte des basques métalliques, les tas- suivant; le mouvement se répète avec un
settes*, protectrices du haut de la cuisse; décalage au rang suivant; l'armure serge :
la cuisseelle-mêmeestcouverteducuissard*, le fil de trame chevauche plusieurs fils de
le genou de la genouillère* et lajambe de la chaîne; c'est le flotté. Cette armure est
grève* ; enfin les solerets* couvrent les obtenue par le décalage des flottés; on
pieds. obtient ainsi un effet d'oblique (diagonales,
Ainsi équipé, le chevalier devait monter à chevrons) ; l'armure satin, dont les flottés
cheval aidé d'un écuyer; si, pendant la plus longs que dans la précédente sont aussi
bataille, il en tombait, il nepouvaitsans aide décalés; les irrégularités créées par le croi-
se relever. L'armure est le symbole d'une sement des fils de trame et de chaîne étant
éthique guerrière, héroïque et individuelle, plus rares, la pièce obtenue est lisse et bril-
dont la séduction hantera longtemps la che- lante. D'autres armures sont appropriées à
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des effets spéciaux (damassé*, broché*, Un corps de bâtiment est dit « en arrache-
velours*). ment » quand il est en saillie sur le corps
principal.
ARQUEBUSE
n. f Emprunt à l'allemand Hakenbüchse, ARRIÈRE-BEC
mousquet à crochet (le crochet servait àfixer n. m.
l'arme, très lourde, sur unchevalet). Ondisait Arch. - Eperon protégeant la pile d'un pont*
aussi « bracquebute », ou « coulevrine à du côté de l'aval.
main».
Arm. - Arme à feu en usage de la fin du ARRIÈRE-CHŒUR
xve siècle (Commynes signale son impor- n. m.
tance dans les guerres de Louis XI contre
Charles le Téméraire) jusque vers 1570, où Arch. - Second chœur* placé derrière le
elle fut remplacée par une arme de même maître-autel* de certaines églises* ; il est
principe, le mousquet*. Elle a du vieux en général réservé aux religieux (ou reli-
bâton à feu, qu'elle perfectionne, et du gieuses) cloîtrés; il est séparé du maître-
fusil* qui, à la fin du XVIe siècle, rempla- autel par une grille* ou une cloison.
cera le mousquet, la crosse et le canon. La ARRIÈRE-VOUSSURE
mèche, d'origine orientale, est la caracté-
ristique du premier mécanisme — qu'on n.f
appelle platine* — de l'arquebuse : faite Arch. - Voûte* couvrant l'embrasure inté-
de laine ou de chanvre et trempée dans rieure d'une baie; elle prend appui sur deux
une solution de poudre ou de salpêtre, elle lignes directrices de tracé différent. On
doit, étant allumée, être mise en contact distingue l'arrière-voussure de Marseille qui
avec de la poudre dont l'explosion fait partir est en plein cintre sur le devant et concave à
la balle. Cette mèche est prise dans un élé- l'arrière; l'arrière-voussure de Montpellier
ment en forme de S, le serpentin*, qui, en est en plate-bande à l'arrière; l'arrière-
basculant, la met en contact avec la poudre voussure de Saint-Antoine est sur base
contenue dans une cavité, appelée bassi- horizontale.
net*. Ce système, qui nécessitait la proxi-
mité d'un feu, fut remplacé en Allemagne, ARSENAL
en I5l7, par la platine à rouet : une roue
dentée, tournant rapidement sur un mor- n. m. Emprunt à l'italien arzanà, désignant
ceau de pyrite, produisait une étincelle en- l'arsenal de Venise, issu lui-même de l'arabe
flammant la poudre. La France utilisa la dâr-sinâ'a, maison où l'on construit (sans
platine à mèchejusqu'au milieu du XVIesiè- doute même étymologie que darse).
cle. Les crosses des arquebuses étaient sou- Arch. - Etablissement où l'on construit les
vent décorées d'incrustations* d'os, d'ivoire vaisseaux de guerre, et par extension éta-
ou de métaux précieux qui dessinaient des blissement où l'on construit le matériel
motifs floraux ou figurés. L'arme doit une d'artillerie. Les arsenaux remontent en
réputation de mauvais aloi à l'image de France au xive siècle pour le premier type,
Charles IX arquebusant les protestants de- au xvie pour le second.
puis une fenêtre du Louvre, pendant les
massacres de la Saint-Barthélemy. ART
ARRACHEMENT n. m. Du latin ars, artis.
Div. - Ensemble des moyens et des règles
n. m. Substantifdérivé du verbe arracher. permettant d'atteindre à la réalisation d'un
Arch. - Coupure verticale irrégulière d'une objet défini. Adresse à manier ces moyens
maçonnerie. Elle peut être provoquéepar un et ces règles. Œuvres obtenues par la mise
accident, mais elle est d'ordinaire voulue, en œuvre adroite de ces moyens et de ces
en ce cas le mot désigne dans une construc- règles. L'art est un des problèmes majeurs
tion les pierres réservées, dites «pierres d'at- que l'homme se soit posés à lui-même. Le
tente », destinées à faciliter la liaison de définir précisément et définitivement est
deux portions de mur construites à des une gageure; on ne peut que tourner autour
époques différentes (V. Harpes). On ap- de cette notion et de celles qu'il connote,
pelle « arrachements d'une voûte* » les dont la plus embarrassante est celle de
premières retombées d'une voûte engagée beau*. Les réflexions sur l'art commencent
dans un mur. surtout à l'époque de la Renaissance* et
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prunts aux grâces des estampes* japonaises. vidualités pathétiques dont la littérature
Les femmes ondoyantes comme des fleurs (Baudelaire, Verlaine, Rimbaud...) comme
prirent bien vite des souplesses maniérées la peinture (Modigliani) donnent des exem-
qui lassèrent les créateurs eux-mêmes. Cer- ples. De cette vision de l'artiste inspiré et
tains artisans de l'Art nouveau seront les irréductiblement autre dérivent les artistes
théoriciens de l'Art déco*. De grands noms modernes, créateurs-démiurges d'un uni-
ont illustré le mouvement, Emile Galle ini- vers nouveau. A la promotion du génie
tiateur de la verrerie* imitée de la verrerie créateur furent associés à la fin du xixe siècle
japonaise, Lalique, Hector Guimard, qui les créateurs des arts décoratifs qui jusque-là
donne à Paris ses entrées de métro*... n'avaient pas eu droit de cité dans le monde
- 32, 114, 187, 257, 416, 498, 599, 717, des beaux-arts.
748, 876. - 90, 276, 294.
ARTS LIBÉRAUX
Dulatin artes liberales, arts dontla connais- ASCENSEUR
sance convient à unhommelibre. n. m. Néologisme créé par l'ingénieur Léon
Ensemble des sept arts qui formaient l'édu- Edouxpour l'Exposition universelle de 1867,
cation des hommes libres dans l'Antiquité; d'après le latin ascensum (du verbe ascen-
on distinguait le triuium (grammaire, rhéto- dere, monter).
rique, dialectique) et le quadriuium (arith- Arch.- Appareil permettant de faire monter
métique, géométrie, astronomie, musique). une cabine contenant un certain nombre de
Les allégories* des arts libéraux sont fré- personnes. Les ascenseurs furent d'abord
quentes dans l'architecture* religieuse de- installés dans les grands hôtels*, les grands
puis l'époque carolingienne où elles parti- magasins* et les hôtels* particuliers. Le
cipent avec leurs attributs* à l'ornement château de Saint-Cloud en comportait un.
et au didactisme du monument. Les ascenseurs hydrauliques inventés par
Edoux furent remplacés vers I8go par les
ARTISTE ascenseurs électriques. Ils avaient le style
des immeubles où ils étaient installés; ainsi
n. m. etf. Du latin médiéval artista, dérivé vers 1900 on leur donnait parfois la forme
du latin classique ars, au sens de maître ès d'une chaise à porteurs de style Louis XV
arts. ou Louis XVI, selon le style de l'immeuble.
Désigne une personne qui pratique en pro- Le décor à l'ancienne apprivoisait quelque
fessionnel un des beaux-arts. La distinction peu une des conquêtes du modernisme; au
entre l'artiste et l'artisan est récente. Elle cours du xxe siècle, ils prirent la forme fonc-
ne commence à s'esquisser qu'au XVIesiècle tionnelle qu'on leur connaît.
quand certains peintres* réussissentà échap- - 658.
per à la contrainte des maîtrises, et par là
même à la nécessité qui leur était faite de
tenir boutique pour vendre leurs produc- ASSEMBLAGE
tions, en devenant « peintres ordinaires du n. m. Dérivé du verbe assembler; la base
roi ». La création des Académies* fortifie la du mot est l'adverbe latin simul, ensemble.
spécificité des artistes. Toutefois les con- I. Mob. - Mode de réunion et d'ajustage
traintes académiques font d'eux encore de deux pièces de bois. Depuis le XIIIesiècle
d'habiles praticiens dont on apprécie plus les assemblages se sont multipliés; il en
la virtuosité à traiter un sujet, en imitant la existe une quarantaine; parmi eux, les plus
nature, que le talent inventif. L'aura presti- courants : assemblage à tenon et mortaise;
gieuse qui entoure aujourd'hui les artistes à enfourchement; à tourillons, en queue
et les marginalise est une invention du d'aronde; à rainure et languette, à coupe
xixe siècle. Balzac, dans Le Chef-d'œuvre in- d'onglet.
connu, révèle les tourments romantiques du
peintre affronté à la nature. Mais c'est sur- 2. Sculpt. - Technique sculpturale apparue
tout à partir des impressionnistes* que le au xxe siècle et consistant à assembler des
talent des artistes passe avant le sujet qu'ils objets préfabriqués ou de rebut industriel
traitent et que la valeur de l'œuvre procède en les ajustant par la soudure ou l'arc élec-
de l'originalité de leur vision plus que de sa trique. Cette pratique permet d'échapper
référence au vrai. L'image des artistes mau- aux formes pleines de la sculpture tradition-
dits, isolés par leur génie de la foule qui ne nelle etdedonnerauxœuvresundynamisme
les comprend pas, se démultiplie en indi- mouvementé qui est la dernière conquête
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est ornée de deux orfrois*, un devant, un gras ou une encre spéciale; les épreuves
autre derrière, et au bas des manches d'un sont ensuite tirées comme dans la litho-
orfroi appelé parure ou parement*. graphie*.
- 132,812.
AUTOMATE
AUMUSSE n. m. Du grec aÙT6{A<xToç, qui se meut soi-
n.f. Etymologie incertaine. même; mot créé par Rabelais, 1532.
Cost. - A l'origine cape à capuchon portée Div. - Figure humaine ou animale munie
aux XIIIe et xive siècles par les hommes d'un mécanisme qui lui permet d'imiter la
et les femmes, et tout particulièrement par vie. Les automates semblent avoir toujours
les membres du clergé pendant les céré- hanté l'imagination des civilisations. Il sem-
monies, pour se protéger du froid. Le capu- ble que dès le XIIIe siècle les jardins* de
chon comportait des bandes tombant sur Robert d'Artois en aient comporté qui assu-
la poitrine; par simplification progressive raient aux visiteurs des surprises renouve-
il ne resta plus qu'une courte cape qui, en lées. Cependant en Occident les premiers
peau de martre ou en petit-gris, est devenue automates connus apparaissent au XVIIe siè-
l'insigne des chanoines. cle en liaison avec les progrès de l'horlogerie
Dans le costume royal, l'aumusse est une à Augsbourg et Nuremberg; ils se propagent
calotte portée sous la couronne. V. Barrette, à travers l'Europe. C'est un Français qui en
Camail. est le premier spécialiste au XVIIIe siècle,
-v 132, 812. Jacques de Vaucanson. Son Joueur de flûte
qui interprétait douze pièces, son Canard
capable d'avaler un grain de blé et de le
AUTEL digérer ont eu une renommée mondiale.
n. m. Déformation de l'ancien mot alter, du Les Droz, père et fils, ont été également
latin altare (ordinairement au pluriel alta- célèbres avec l'automate représentant un
ria, enlatin classique). garçonnet capable d'écrire une lettre (créa-
tion du père) et celui qui représentait un
Arch. - Table consacrée sur laquelle est dessinateur qui aurait fait le portrait de
célébré le rite de la messe. Il avait au Moyen Marie-Antoinette. L'Angleterre et l'Alle-
Agelaformed'une table oud'un tombeau, et magne ont aussi des créateurs. Partout, les
contenait les reliques d'un saint, à moins automates sont des prodiges de virtuosité
que ces reliques ne fussent placées sous lui. technique, fabriqués, semble-t-il, sans le
Jusqu'au Concile de Vatican II, l'autel souci prométhéen de créer la vie, mais dans
était situé sur un socle auquel on accédait le même esprit qu'on fabriquait des meubles
par trois marches. A l'époque gothique* mécaniques, par goût de la technique ca-
l'autel perd de sa simplicité et devient un pable de transformer la vie en une sorte de
édicule orné de retables* ; pendant la Re- féerie. Au xixe siècle ce sont les poupées*
naissance*, il prend des proportions monu- qui sont dotées d'un système (poupées par-
mentales; le style baroque* le surcharge de lantes inventées vers 1820 par J. Waelzel,
dorures*. Il ne retrouvera sa simplicité perfectionnées par Edison vers 1867) ; enfin
qu'au xxe siècle. au xxe siècle les poupées qui marchent appa-
raissent vers 1926. Mais le Romantisme
AUTOCHROME avait déjà pressenti le fantastique* des auto-
mates. Hoffmann, illustré musicalement par
n. f Composésavant dugrec aùxdç, soi-même, Offenbach, retrouve le rêve de Pygmalion :
et de XpwfL<X,couleur. serait-il possible d'inventer la vie ? La cyber-
Phot. - Procédé de photographie en couleurs nétique donne l'illusion que la réponse à
inventé par les frères Lumière au début du cette question pourrait être positive, réponse
xxe siècle; œuvre obtenue par ce procédé. qui a l'ambiguïté de l'hybris; cette vie re-
créée par l'homme ne viendra-t-elle pas
finalement à bout de son créateur apprenti-
AUTOGRAPHIE sorcier ?
n. f Dérivé de autographe (grec OCÙT6Ç,soi- - Ï91. 271, 575-
même, et YPcXptELV,écrire).
; Grav. - Procédé qui permet le report sur
une pierre lithographique d'un dessin fait
sur un « papier de report » avec un crayon
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AVERS
n. m. Du latin aduersus, tourné vers l'avant.
Mot refait au XIXe siècle sur le modèle de
revers.
Numis. - Face d'une médaille* ou d'une
monnaie* qui porte l'effigie ou le motif
principal. On dit aussi droit*.
AXONOMÉTRIE
n. f. Du grec &Zwv, à^ovoç, axe, et métrie,
suffixesignifiant mesure.
Arch.- Représentation graphique d'un bâti-
ment permettant d'associer sur une même
feuille des vues en plan, en.coupe et en élé-
vation. Une seule de ces vues est un géomé-
tral*, c'est-à-dire que les dimensions et les
angles sont respectés, les autres respectent
les dimensions, mais les angles ne sont pas
Axonométrie conservés.
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BABOUCHE BADIGEON
n.f. Del'arabe babuch, empruntéaupersan. n. m.Etymologieinconnue.
Cost. - Pantoufle d'origine orientale, plate, Peint. - Couleur à base de chaux dont on
sans talon ni quartiers; elle peut être en cuir enduit les murs.
de couleur ou en soie et elle porte des bro-
deries* d'or et d'argent. Connue en France
dès le XVIIIe siècle, elle est encore portée BAGUE
aujourd'hui comme chaussure d'intérieur, n. f. Emprunt à un mot néerlandais
faite d'une matière moins précieuse qui (XIVesiècle).
imite son luxe oriental.
1.Joail. - Anneau porté au doigt. AuMoyen
BACINET Agecet anneau portait le cachet* qui servait
de signature; il pouvait être de matière pré-
n. m. cieuse. Pendant la Renaissance* la bague
Arm. - La forme bassinet qu'on trouve aussi devient un bijou orné de motifs décoratifs
signale son rapprochement avec bassin, du divers et sert de monture à des pierres* fines.
latin tardif bacchinon ; nom donné par méta- 2. Arch.- Par extension :moulure* depierre
phore à un casque*. servant de ceinture, en particulier au fût
- 318. d'une colonne* dont elle dissimule lesjoints
des tambours (très utilisée pendant la Re-
naissance*).
BAGUETTE
Bacinet n.f Empruntfait à l'italien bachetta (dans
le sens de baguette portée par les officiers)
au XVIesiècle. Par analogie :
BADELAIRE Arch. et Mob. - Moulure* convexe à profil
n. m. L'origine du mot est inconnue; il est le demi-circulaire, utilisée en architecture*
développement du mot « base », qui avait le (généralement unie) et en menuiserie* (dé-
mêmesens et qu'on entenddans uneautreforme corée souvent de feuilles* ou de perles*).
du mot « bazelaire ». On peut dire aussi
« baudelaire ».
BAGUETTE D'ANGLE
Arm. - Sorte de cimeterre* à lame courte,
courbe, et munie d'un seul tranchant; il fut n.f
en usage du XIIe au xve siècle et fut remplacé Arch. et Mob. - Moulure* placée sur un
par le braquemart* puis par la dague*. angle pour éviter les arêtes vives fragiles et
C'est une arme d'origine orientale. dangereuses.
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BALUSTRE
n. m. Empruntfait au XVIesiècle à l'italien
balaustre, mêmesens. Cemotvient lui-même
du grec (îaXaûcmov par /'intermédiaire du
latin balaustium,fleur degrenadier.
Arch. et Mob. - Petit support en répétition
dans les balustrades*, généralement formé
d'un piédouche*, d'un corps et d'un chapi-
teau*. La forme la plus courante dite « en
poire » présente une panse*, renflée comme
l'est la fleur du grenadier, et un col. Mais
d'autres formes existent; le corps peut com-
porter deux éléments en poire, ou être formé
d'une gaine et d'une panse, ou présenter
un corps fin à plusieurs renflements. Au
xvie siècle on fit même des balustres qua-
drangulaires. En architecture on utilise des
balustres de pierre, de marbre ou de bois
selon la destination de la balustrade. Pour Balustres
le mobilier, le balustre est utilisé couram- a, piédouche - b, chapiteau - c, panse galbée en
quart-de-rond - d, panse galbée en quart-de-rond ren-
ment au Moyen Age comme support ou versé - e, panse galbée en demi-cœur - f, panse galbée
comme élément de grille* en bois fermant en tore - g, col galbé en cavet - h, gaine - i, filet.
certains meubles ou les chœurs* et cha-
pelles* de certaines églises* (on l'appelle
en ce cas « balustre de fermeture ») ; on le BAMBOCHADE
retrouve aux siècles suivants, au pied des n. f. De l'italien bambocciata, formé sur
tables* sous Louis XIV, comme support le nombamboccio, petit homme,pantin.
d'accotoir* des fauteuils* sous Louis XVI,
et très couramment dans les meubles pro- Peint. - Composition représentant des scènes
vinciaux. champêtres, populaires ou grotesques, et
Auxxviie et XVIIIesiècles on donnait par sy- mettant en scène des paysans, des bouffons,
necdoque le nom de « balustre » à la balus- des ivrognes dans des cabarets... Le peintre
trade qui protégeait l'alcôve* royale ou hollandais Pieter VanLaer (1592-1642),sur-
princière de la foule des courtisans. nomméBamboccio (Bamboche, en France),
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peignit des scènes de ce genre pendant son Banctourné (outourni) : banc muni d un dos-
séjour romain (1626-1638). Le réalisme de sier basculant qui permettait de s'asseoir
la misère y côtoie parfois le sens du paysage le dos ou les pieds au feu; il fut en usage
(Repas pendant la chasse, Musée des Offices). jusqu'au xvie siècle.
Ce genre, en marge des grands thèmes 2. Ver. - Banc à bardelles : banc à deux bras
historiques ou paysagistes*, fut souvent re- (dits bardelles) sur lesquels le verrier roule
pris par la suite (Sébastien Bourdon, 1616- sa canne en façonnant sa pièce.
1671, en peignit au début de sa carrière,
par exemple Les Mendiants, au Louvre ; Pira- BANCELLE
nèse en commit quelques-unes avant ses
grandes compositions pré-romantiques...). n. f Dérivé debanc*.
Mob. - Banc long et étroit en usage dans les
BAMBOU cuisines ou dans les cabarets* ; on donne
n. m. Mot malais. aussi ce nom à un banc léger destiné à une
seule personne; la bancelle fut en usage au
Mob. - Connu en France dès 1604 pour dési- Moyen Age et jusqu'au XVIesiècle.
gner un gros roseau qu'on importait pour
faire des cannes. Au cours du XVIIIe siècle BANCHE
la vogue des jardins* et le retour à la sim-
plicité mirent à la mode les meubles de n. f Dérivé de banc désignant une sorte de
bambou qu'on fabrique encore aujourd'hui, banc en terre durcie qu'on trouve au bord de
. selon d'autres styles. la mer ou sous la mer. Par extension :
Arch. - Grand côté du moule* en bois ou
BANC en métal dans lequel on coule du béton* ou
n. m. Motempruntéaugermanique. du pisé* ; le contenu du moule quand il est
durci, constitue une « banchée ». Le procédé
1. Mob. - Siège long et étroit, avec ou sans qui consiste à «bancher » (couler* le béton*)
dossier, permettant à plusieurs personnes est dit « banchage ».
de s'asseoir côte à côte. C'est une pièce
essentielle du mobilier* médiéval, souvent BANDE
associée à d'autres usages (bahut*, coffre*).
Jusqu'au XVIesiècle, il est très utilisé dans la n. f Mot d'origine germanique signifiant
vie privée (il est fixé dans le manteau de la « lien ».
cheminée), publique (parlement, théâtre...), Arch. - Moulure* plate en faible saillie déli-
et religieuse. Le sens du confort lui fait mitée par deux autres moulures parallèles
préférer ensuite la banquette* et le canapé* offrant une saillie plus forte.
et on ne trouve plus de banc hors du mobi-
lier campagnard. BANDE DESSINÉE
Apartir du XVIesiècle on dispose des bancs n.j.
dans les jardins*; en pierre ou en marbre,
ils participent à l'ornementation monumen- Grav. - Histoire racontée par une suite
tale. Auxixe siècle, ces bancs dejardins sont d'images présentant successivement les sé-
faits de supports en fonte*, travaillés au quences narratives et les dialogues ou les
goût dujour (style «nouille »enparticulier) réflexions des personnages dans des phylac-
et portant des lattes de bois; ils entrent aussi tères* qu'on appelle plus simplement « bul-
dans le mobilier urbain* et offrent sur les les ». C'est un dessin à la plume ou au pin-
grands boulevards* et les places* des haltes ceau qui est photographié puis gravé sur
pour le repos. Le xxe siècle recourt au zinc. Le principe du récit en scènes juxta-
ciment* pour créer des bancs aux formes posées se trouve dans la peinture et la sculp-
simples et pures. ture antiques; la plus ancienne peinture
Bancd'église : rangées de sièges placées dans romaine raconte de cette façon un combat
leséglises à partir de la fin du xvie siècle. militaire; la colonne Trajane est une longue
Banc dœ ' uvre : banc placé dans les églises bande dessinée pétrifiée, mais les phylac-
face à la chaire et réservé aux marguilliers tères y manquent (de mêmela broderie* de
et aux membres des conseils de fabrique la reine Mathilde). C'est précisément quand
(ces conseils créés au début du xive siècle on put faire figurer sur la même image le
étaient chargés dedresser la liste despauvres dessin et le texte qu'apparut la bande des-
secourus par le curé d'une paroisse; les sinée. Cela se fit au milieu du xixe siècle, et
marguilliers, antérieurs à ces conseils, en le genre eut pour ancêtres les illustrations
devinrent les dignitaires). desjournaux satiriques. Des premiers essais
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des premiers siècles. Mais les plus célèbres sont supprimées par le fondeur ou le sculp-
sont ceux de Pise et de Florence. Peu à peu teur lui-même.
on prend l'habitude de baptiser les enfants, 4. Numis. - Traces laissées sur le flan* moné-
et non plus seulement les adultes, et de taire; on dit plutôt « barbilles ». V. Balèvre,
remplacer l'immersion totale par les rites Couture, Ebarber.
d'affusion (on dit aussi infusion) ou d'asper-
sion. Le baptistère devient alors inutile; BARBEAU
le baptême se célèbre dans l'église sur les
fonts baptismaux*. n. m. Dérivé de barbe (XVIIe siècle) ; nom
donné au bleuet à cause de ses « barbes ».
Cér. - Fleur utilisée pour le décor des porce-
BARBACANE laines* et désignée sous ce nom de préférence
n. f Etymologie obscure,peut-être déformation à « bleuet ».
d'un motpersan.
Arch. - V. Château. BARBETTE
n. f Diminutiffait sur barbe, par métaphore
BARBE parcequela barbetteformaitcommeunebarbe.
Cost. - Voile qui cachait le cou et le bas
n. f Dulatin barba. du menton et que portaient du XIIe au
1. Cost. - Le port de la barbe est lié à tant xve siècle les femmes âgées et les veuves.
d'éléments qu'on ne s'étonne pas qu'il varie Elle se fixait derrière les oreilles. Associée au
à travers les temps au gré d'un hasard qui couvre-chef*, elle forme la guimpe*. Elle
semblecapricieux. Ellepeutêtre unemarque était obligatoire pour les religieuses qui,
de virilité à certaines époques, et les visages dans certains ordres, la portent encore.
glabres passent alors pour efféminés; en V. Gorgias, Mentonnière.
revanche, quand la mode est au visage
glabre, la barbe passe pour être de mauvais BARBIÈRE
aloi. Leshommesfurent glabres duXIIesiècle n. f Dérivé du latin barba, la barbe.
au xvie siècle, mais ils portaient alors les
cheveux longs. Avec les Valois les cheveux 1. Cost. - Pièce d'armure protégeant le men-
raccourcissent et paraît la barbe qui se porte ton, synonyme de bavière*.
jusque sous Louis XIII. Le roi avait de 2. Div. - Plat à échancrure généralement
beaux cheveux qu'il laissa pousser et ne en faïence* utilisé quand on se rase.
porta pas la barbe, mais la moustache*. 3. Mob. - Petit meuble apparu au xixe siècle
L'ampleur des perruques sous Louis XIV et réservé au matériel de rasage (miroir et
ne s'accommode d'aucune autre pilosité, et barbière au sens de plat) ; monté sur un
les hommesrestent glabres. On voit réappa- piétement* léger, il est parfois muni d'un
raître la barbe sous Louis-Philippe, d'abord tiroir.
sousformedefavoris, puisdecollier complet.
La moustache à l'impériale* qui fait la BARBOTINE
coquetterie de Napoléon III va avec un n. f Dérivé du verbe barboter (XVIe siècle).
visage glabre. C'est sous la Ille République Le verbe s'écrivait auparavant « bourbeter »
et jusqu'à la fin du xixe siècle que la barbe debourbe.
abondante devient de rigueur. Aujourd'hui
que la tyrannie des modes venues d'en haut Cér. - Pâte céramique réduite à l'état de
est moins forte, la barbe est un accessoire bouillie qui sert à coller les parties appli-
laissé à la préférence de chacun. Par ana- quées sur la masse principale d'une faïence*.
logie, pièce de dentelle* qui tombait des On peint à la barbotine quand on y mélange
bonnets* féminins aux XVIeet XVIIIesiècles. des émaux* colorants. La barbotine sert
2. Grav.- Par un emploi métaphorique, mé- aussi par la technique du coulage* à la
tal que laisse le passage du burin* ou de reproduction de certains modèles*. On don-
la pointe sèche* sur la planche à graver. Ces nait ce nom au xixe siècle à une pièce décorée
particules sont supprimées soigneusement de motifs végétaux en haut reliefou peints de
par le passage de l'ébarboir* ; elles sont façon à offrir un aspect rugueux et épais.
conservées pour la pointe sèche. On dit
: aussi «barbure ».
3. Sculpt. - Traces laissées sur les pièces fon-
dues par les interstices du moule*; elles
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73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme
Mars 1985 — N° 30 167
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