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DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE DE L'ART
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DICTIONNAIRE •.f ^,r


D'HISTOIRE DE L'ART
JEANP
-E
IRREN
/ÉRAUDAU
PRÉFACE DE PIERRE GRIMAL
Membre de l'Institut

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


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ISBN 2 13 038584 2
Dépôt légal- Ire édition : 1985, mars
@ Presses Universitaires de France, 1985
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
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PRÉFACE

Personne, oupresque, nepeut résister au charmeparticulier des dictionnaires : sans doute,


ils sontfaits pour être consultés, commodément, chaque mot, chaque « lemme», commel'on dit,
étant sagement rangé à saplace; mais ils sont aussifaits pour la lecture, et c'est à ce moment
que leur charme opère : ils offrent une image du mondefaite depièces et de morceaux, une
image brisée, commesur certains tableaux surréalistes (et autres), la succession alphabétique
suggère des rapprochements tantôt cocasses tantôtprofonds, commelorsque hylozoïsme précède
hymen et qu'eden suit edelweiss. Ceplaisir, le dictionnaire que nousprésentons lefournit
abondamment : il est agréable, par exemple, de voir que les épées voisinent avec les éperons
(les mots eux-mêmes nousposent des questions, leur analogie est-elle uneparenté, et les objets
qu'ils désignent ne présentent-ils pas entre eux des ressemblances?), que le faîtage n'est pas
éloignédefantaisie, et que,par conséquent, la rigueurstricte d'une charpenté (déjà lesRomains
symbolisaient par l'assemblage des poutres l'idée d'une Nécessité universelle) laisse pourtant
place, dans le monde, à ce qui ne veutpas connaître d'autre loi que le plaisir d'un moment.
Ainsi se déroule, comme un sentier au printemps, ce Dictionnaire d'histoire de l'art
où l'auteur a rassemblé ce que l'art humain nous offre de plus remarquable, dans tous les
domaines, de l'architecture à la peinture, à la sculpture, mais aussi au costume, au mobilier,
auxjardins, à la céramique,à Vorfevrerte, età d'autresactivités, aussi, imaginéespar l'ingéniosité
deshommes, occupésàfaçonner, embellir, modifier demillefaçons ceque leur offrait la Nature,
depuis le temps où ils ont imaginé d'enflammer, à volonté, des morceaux de bois, de chauffer
desfosses oùils cuisaient des récipients de terre glaise, demodelercette terre,pour la commodité
ou la beauté, d'éclater despierres qui devinrent ainsi des outils, de dresser des troncs d'arbres
pour soutenir le toit de leurs cabanes et de disposer les éléments du toit de la manière qu'ils
jugeaient la plus harmonieuse. Jean-Pierre Néraudau nous livre cette longue galerie d'histoire.
Il n'ignore pas que cefut au désir du beau, de l'ornemental, du gratuit, que les produits de
l'activité humaine durent de se transformer. Bien qu'il soit un latiniste fort savant, et que
Lucrèce n'ait aucun secret pour lui, il sait que ce n'est pas seulement le besoin, le souci de
l'utile, quifut le moteur de la civilisation, mais, comme l'a montré naguère Jacques Cauvin,
dans un livre plein de science et de profondeur!,le résultat d'un rêve humain, obstinément
poursuivi. Unrêvedebeauté, undéfiàl'impossible, quifait, ditJacques Cauvin, que«l'invention
del'aviationn'apasétéleait, àl'origine, d'ingénieurssoucieuxd'améliorernosmodesdetransports
mais demultiples « bricoleurs » revivant le mythedIcare '».
Ce Dictionnaire est, avant tout, un musée de l'imagination — créatrice — pour
reprendre un mot célèbre. L'histoire du costume (que l'ony trouvera) prouve à quelpoint les
hommes (et lesfemmes) ontpris depeine à se vêtir de la manière la plus incommode quifût,

i. Jacques Cauvin, Lespremiers villages de Syrie-Palestine, du IXe au VIle millénaire avant J.-C., Lyon,
1978.
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chaquefois qu'ils n'étaient pas soumis à l'esclavage du métier quotidien. Et quand il s'agit de
se nourrir, on pourrait penser que les instruments pour le faire seront, comme nous disons,
essentiellement «fonctionnels ». Mais il n'en est rien. Lisons l'article « Fourchette », et nous
verrons que cet objet, qui nous semble indispensable, n'a surgi que très tardivement, et dans une
circonstancepresquecomique : parce quela modedes«fraises »autourducourendait incommode
l'usage,jusque-là exclusif, de la cuillère! Et cela nesaurait manquer deprovoquer deprudentes
réflexions sur les causes qui régissent les hommes.
Ondécouvrepeu àpeu, sous la diversité des choses, que les arts sont mutuellement complé-
mentaires, et qu'il existe, entre eux, de subtiles liaisons, de telle manière qu'ils s'organisent
ensystème. Unphilosophe a, naguère, méditésurce«systèmedesbeaux-arts »; sesraisonnements
et ses démonstrations sont vérifiés, ici, par des exemples multiples, que l'on découvrira bientôt.
Jean-Pierre Néraudau a pu, grâce à l'étendue de ses connaissances, jeter des ponts, souvent
inattendus, entre les arts, mais aussi entre eux et la littérature. Il est précieux, par exemple,
deconstaterquelesallégorieschèresàcertainesécolesdepeinturecorrespondentàunstyled'éloquence
et à des modesd'expression généraux à tel outel moment.
CeDictionnaire a été résolumentpensé dans un cadre historique : les objets, lesformes,
les mots vivent, au cours du temps. Il y a des naissances et des morts : est-il rien deplus
étrange que le destin des goussets! Les vicissitudes des «jours de souffrance » nepeuvent être
comprises que si l'on a une maîtrise parfaite de la langue dans sa substance historique, cette
connaissance que nous voyonss'amenuiser autour de nous. La lecture de bien des articles contri-
buera à rendre à notre temps ce sens de la continuitéfrançaise, aujourd'hui enpéril. Nous ne
pouvons oublier queJean-Pierre Néraudau est, essentiellement, un « classique », qu'il a appris
les langues anciennes, qu'il a longuement entraîné son esprit à comprendre des « structures »,
phrases latines ougrecques, compositions littérairesfrançaises, qu'il entendleparler deJoinville,
celui de Rabelais, ceux de Racine, de Voltaire, et les autres, qu'il a étéformé à en ressentir la
saveur, comme, en certains pays, on demande aux maîtres de chais de distinguer, au parfum,
les crus et les années. C'est toute cette expérience de la sensibilité, des sensibilités humaines
qu'il apporte ici.
Ajoutons qu'il nes'estpas contentédepuiser desconnaissances dans les ouvragestechniques,
mais qu'il a tenu à s'assurer unefamiliarité directe avec les arts, visitant assidûment les
expositions et les musées. Bien des articles sont le résultat decette expériencepersonnelle et d'une
réflexion continue sur ces admirables moyens de communication entre les hommes que sont les
œuvresd'art. Acelangage, ceDictionnaire apporte unvocabulaire, unegrammaireet unestylis-
tique. Quepeut-on souhaiter d'autre ?
Pierre GRIMAL,
Membredel'Institut.
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AVANT-PROPOS

La moindre difficulté que nous avons rencontrée dans la réalisation de cet


ouvrage n'a sans doute pas été de lui chercher un titre qui en révélât toutes les
intentions. Ce titre idéal, ce serait en fait un long manifeste; faute de pouvoir
figurer en lignes serrées sur la couverture du livre, le voici devenu cet avant-propos.
Undictionnaire
C'est bien un dictionnaire qui est ici présenté, puisqu'il offre une suite de
mots définis par une brève formule. Qui, devant un fauteuil, aura oublié ce qu'est
l'accoudoir et ce que sont les accotoirs trouvera ici réponse à son hésitation. De
même sont définis le plus précisément possible les mots qui désignent les différentes
composantes d'une charpente, d'une voûte, les procédés de la gravure, de la
sculpture, de la peinture... En ce sens, c'est un dictionnaire qui repose sur la règle
ancienne des grammairiens : « On ne dit pas, mais on dit. » De ce côté précis et
savant procèdent aussi les indications bibliographiques données à la fin de l'ouvrage.
Chaque notice est conçue comme le point de départ d'une recherche dont elle
trace les grandes lignes. Pour ne pas surcharger l'ouvrage et ne pas l'égarer dans
les méandres de multiples biographies, les noms d'artistes ne sont pas répertoriés;
seuls figurent les grands mouvements artistiques (impressionnisme, cubisme, fonc-
tionnalisme, pop'art...).
Les mots retenus ont été rangés par ordre alphabétique. Or cet ordre, règle
première de bien des dictionnaires, établit en fait, par la succession impromptue
de mots que rien ne relie, un suprême désordre. On peut y trouver, comme
P. Grimai, une saveur surréaliste; on peut s'amuser à construire une phrase avec
les mots d'une page : canon, aux sens de « pièce d'armure » et de « bas ornés de
dentelles », devra s'accommoder d'une canonnière, d'un canotier et de la partie
d'une voûte appelée «canton ». La voûte gothique sera en compagnie d'un ouvrage
fortifié, des marquis de Molière, des mariniers de Manet et de Renoir. La fantaisie
est ici à la fois accentuée et corrigée par les astérisques qui parsèment les textes
comme autant d'étoiles qui invitent aux errances à travers le livre. Aucun urba-
nisme cohérent n'a jamais placé des abattoirs dans le proche voisinage d'une abbaye.
Cependant, des abattoirs le lecteur est renvoyé à des arcades, à des colonnes et à des
fontaines qu'il retrouvera dans les abbayes, comme il les retrouvera sur les places
monumentales. Mais il ne s'agit plus ici de fantaisie, car les premiers abattoirs ont été
conçus comme des monuments de prestige parés d'une architecture qui faisait
accéder leur fonction utilitaire à la noblesse des édifices publics et célébrait la gloire
du régime capable de doter une capitale de tels établissements. C'est donc l'histoire
qui légitime la promenade à travers les mots.
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D'Histoire
Ce dictionnaire repose, en effet, sur une volonté délibérément historique.
Toutes les fois qu'il a été possible de le faire, les définitions sont suivies d'un exposé
qui rappelle l'origine des formes et leur évolution à travers les temps. Nous avons
insisté sur leur retour périodique et conçu ce livre comme unjardin des arts tel que
le XVIIIesiècle et le XIXe, à son imitation, ont conçu lesjardins. Se promener dans le
parc de Versailles, au parc Monceau ou dans les parcs de Davioud, c'est rêver de
l'Egypte devant une pyramide ou un obélisque, de la Chine devant une pagode, de
la Grèce et de Rome devant un temple d'Amour, du MoyenAgedevant une arcature
gothique, c'est s'imaginer « bon sauvage » devant une cabane, ou vertueux ermite
devant une chaumière, ou encore Suisse des montagnes devant un chalet. C'est,
en un mot, traverser l'espace et le temps. Cette conception des jardins n'est évi-
demment pas un phénomène isolé qui n'enseignerait rien d'autre que lui-même.
C'est un fait de civilisation qui témoigne, au XVIIIe siècle, des recherches d'une
société fragile pour se donner d'autres valeurs, et il faut lire Bernardin de Saint-
Pierre et Rousseau pour comprendre la cabane tapie au fond dujardin, ou la ferme
et la laiterie qui, à quelques pas du château, fournissent le lait frais. De même,
les parcs de Davioud et la définition d'un pittoresque populaire sont une réflexion
politique aux abords de l'ère industrielle et une méditation philosophique sur la
place que la nature y conservera.
De plus, pour qu'il y ait une pagode dans un parc au XVIIIe siècle, comme
il y a des potiches chinoises dans les salons des châteaux, il faut que l'Occident
connaisse l'Orient et s'y intéresse, il faut que les relations commerciales et diploma-
tiques aient rendu possible l'épanouissement d'un goût qui peut leur préexister, de
même qu'il a fallu découvrir Pompéi et Herculanum pour que le goût de l'antique
fût alimenté par des objets et des œuvres authentiques. Ce réseau serré de causes et
d'effets, le lecteur le trouvera sans cesse suggéré au détour d'une explication; il sera
invité par les astérisques à en suivre les mailles. Sur son chemin, il trouvera ici ou là
des citations littéraires; elles sont là non point pour souscrire aujugement de Voltaire
qui disait qu' « un dictionnaire sans citations est un squelette » (Lettre à Duclos,
ii août 1760), mais parce qu'elles imposent la certitude que la littérature n'est pas
dissociable des productions artistiques, et qu'inversement les arts sont une autre
réponse aux questions que tente aussi de résoudre, dans le même temps, la littérature.
Del'art. Lechoix desartsplastiques
C'est à l'art, en effet, que ce dictionnaire est plus spécialement consacré, ou,
du moins, s'emploie-t-il à retrouver l'histoire générale de la civilisation par l'inter-
médiaire de l'art. Un choix s'imposait dans la variété immense de la création
artistique. Ce choix, nous l'avons d'abord voulu classique, en prenant l'acception
minimale de l'expression « beaux-arts ». Le lecteur trouvera donc des notices
sur l'architecture, la peinture, la gravure et la sculpture. Il n'en trouvera pas sur la
danse et la musique. Ce choix fut une amputation, et d'autant plus douloureuse
que les arts retenus ont été influencés par la musique et la danse, surtout par leur
forme unifiée qu'est l'opéra-ballet. A lire la rubrique « Jardins », on pourra se
dire que ceux de Versailles reprennent l'ordonnance féerique des grands spectacles
dont ils furent le cadre, et que les œuvres partout répandues sont souvent la pétri-
fication des motifs chantés, dansés et représentés dans le continuel opéra que fut le
début du règne de Louis XIV. On pourra regretter de ne pas trouver les paroles et
la musique des ballets des quatre Saisons ou des quatre Eléments dont les person-
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nages statufiés ornent aujourd'hui le parterre d'eau de Versailles. Mais il fallait


choisir, et nous nous sommes restreint aux arts plastiques, aux arts qui, au terme
d'un affrontement physique entre un homme et une matière, créent une œuvre
tangible. Ontété écartés aussile cinémaet la photographie, pour uneraisonvoisine, et,
aussi, parce qu'ils font appel à des techniques nouvelles indépendantes des tradi-
tions séculaires dont nous voulions marquer l'évolution. Toutefois, nous avons
signalé le moment où les arts traditionnels se rencontrent avec les arts nouveaux,
le cinétisme sculptural, par exemple, ou les orientations que prit la peinture après la
découverte de la photographie.
Les arts « mineurs »
En compensation à ces renonciations, les arts dits « mineurs »ont été accueillis
ici : la céramique, la ferronnerie, la numismatique, la joaillerie, la tapisserie, la
verrerie... Nous y avons ajouté le mobilier et le costume, inséparables témoins de
l'histoire politique et de l'histoire de l'art. Les connaître, c'est aussi savoir décrire
les personnages que présentent les tableaux et les intérieurs qui les entourent, c'est
savoir que le décroché des accotoirs d'un fauteuil est une manière de faire place aux
robes à paniers, et que celles-ci sont l'expression d'une prépondérance aristocratique
et féminine dont l'architecture exprime, dans le même temps et avec ses moyens
propres, l'orgueilleuse affirmation.
Leplaisir desavoir, oucommentsavoirleplaisir
Promenade dans unjardin, disions-nous, mais aussi promenade dans un musée.
Le visiteur d'un musée se sent souvent profane parce qu'il ne sait pas comment et
quoi regarder. Il peut être immédiatement sensible à l'élégance d'une œuvre, à
l'harmonie d'un coloris, à la souplesse d'une forme, mais il ne dépasse pas l'émotion
• subjective et s'aveugle, par ignorance, sur la valeur d'autres œuvres qui méritent à
tout le moins un regard. Nous avons ici la prétention de préserver cette émotion
et cette subjectivité en les ancrant dans un savoir, afin qu'elles deviennent fondées
dans la connaissance et qu'en retour la connaissance devienne une émotion.
La vie dusavoir
Avrai dire, ces choix et ces intentions sont des réponses à la question la plus
inquiétante que pose un dictionnaire à qui entreprend d'en écrire un. Il ne la pose
pas d'entrée dejeu, mais peu à peu, au fur et à mesure que s'accumulent les rubriques
et qu'éclate en tesselles infimes la mosaïque du monde. Qu'est-ce qu'un diction-
naire ? Serait-ce une manière de tombeau du savoir ? La mémoire figée de la
mort? Une suspension du mouvement qui le voue à être dépassé par la vie à
l'instant même où il se constitue ? L'auteur est-il comme un homme qui dit « il est
midi »sans savoir qu'alors qu'il le dit il est midi et quelques secondes ?Il ya peut-être
quelque chose de macabre dans la volonté d'interrompre le vécu, de dresser un
bilan, d'imposer des règles, tout comme si l'on écrivait ses mémoires. Nous avons
voulu effacer cette impression de mort par divers apports grâce auxquels cet
ouvrage fût un livre en même temps qu'un dictionnaire, une célébration de la vie
en même temps qu'un répertoire de ses productions.
Le plaisir de savoir est un de ces apports. Il en est d'autres. Objectif par prin-
cipe, un dictionnaire n'échappe jamais à la subjectivité, surtout s'il est l'œuvre
d'un seul. Les opinions politiques de Littré sont sensibles dans son savant ouvrage,
et Adeline ne cache pas dans le sien ses goûts académiques. Aussi avons-nous
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décidé de ne pas censurer la subjectivité, les goûts personnels et les expériences


artistiques.
Lesartsappliqués
Autre aspect de la vie que cultive ce livre, l'attention aux techniques. L'oeuvre
d'art est le résultat d'une lutte, et le beau repose en grande partie sur l'équilibre
entre la volonté créatrice et la résistance de la matière. Il y a de l'ingéniosité, de la
peine et de la sueur dans toute œuvre d'art; il y a le feu des fours dont la chaleur
mouille le front des céramistes et des verriers, il y a les échafaudages où grimpent
les architectes des cathédrales... Le lecteur verra donc comment se fabriquent toutes
choses, une tapisserie, unvitrail, un service de table... Il nesera pas capable de réaliser
ces œuvres, il aura seulement une idée de leur difficulté, et il pourra s'il le désire
recourir pour en savoir davantage aux ouvrages cités dans la bibliographie.
La vie et les arts
Il verra aussi comment les besoins de la vie suscitent l'invention artistique, et
comment, inversement, la création artistique suscite, modifie et affine les besoins. La
soupière est un clair exemple de cette double dialectique : elle apparaît au
XVIIIe siècle, quand l'étiquette devient plus légère et que l'aristocratie prend plaisir
aux soupers intimes. Quel plus grand plaisir que de se servir soi-même dans une
soupière qu'un valet a portée sur la table, un valet qui peut dès lors se retirer!
Mais nous n'aurions, en nous en tenant là, fait encore qu'une investigation
du passé. Et ce savoir, pour pittoresque qu'il fût, ne suffirait pas, s'il n'invitait
aussi à porter un autre regard sur notre vie actuelle. On peut certes rêver d'une
société sans mémoire, d'un homme qui serait un « voyageur sans bagage », délivré
de son passé et du passé collectif, tout neuf pour un avenir neuf. L'expérience
prouve que ce rêve est un leurre, que la vie s'épanouit difficilement dans les villes
nouvelles où elle manque de la chaleur d'un passé séculaire, ce passé fût-il composé
d'autant de larmes et de sang que de rires et de bonheur. Ce passé que, plus que
jamais, les historiens analysent, qui, plus que jamais, suscite une floraison de livres
à grand succès, n'est pas seulement un refuge hors de notre temps; il en est une
composante. L'art montre bien qu'il est à nos portes, et qu'il est prêt à revivre à
la moindre demande pour fournir les multiples répertoires des formes artistiques.
Est-il besoin d'insister sur ce point en une année où l'on projette d'ouvrir un accès
au musée du Louvre à l'abri d'une pyramide de verre ?
Présent, le passé est aussi une extraordinaire invitation à valoriser la vie.
Qu'on trouve dans les fouilles entreprises à l'emplacement futur de cette pyramide
des tessons de poterie médiévale, et les archéologues, les restaurateurs, les historiens
se penchent sur eux avec respect et enthousiasme. Pourquoi ne pas penser que
nos objets les plus quotidiens ont au regard de l'histoire la même irremplaçable
valeur ? Que notre vie est en soi un irremplaçable moment de la vaste aventure
de l'histoire humaine ?
L'étymologie
C'est par ces remarques que nous justifions la présence dans ce dictionnaire
de l'étymologie. L'origine et l'histoire des mots sont plus qu'une recherche érudite
et le constat d'étrangetés parfois plaisantes. Elles donnent le sens exact des mots,
mais l'évolution sémantique les écarte souvent de leur acception originelle.
L'étymologie ne suffit donc pas à justifier tel ou tel emploi précis, à l'exclusion de
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tout autre. C'est par convention souvent qu'on réserve tel mot à tel objet, car il est
important pour la communication entre les hommes de même langue que tous
emploient le même mot pour le même objet, et important aussi que les acceptions
soient clairement définies afin d'être justement traduites dans les langues étrangères.
Mais l'histoire des mots est intéressante parce qu'elle permet de prendre possession
des choses dans leur instantanéité comme dans les arcanes lointains de leur origine.
Il n'est pas question de défendre ici un nominalisme philosophique, en affirmant que
l'objet n'existe que dans le mot, ou idéaliste, en soutenant que le mot et l'objet
sont de toute éternité liés. La nécessité la plus évidente qui les lie est la longue
histoire qu'ils ont parcourue ensemble. Les Parisiens se promènent aujourd'hui
dans le Forum des Halles; le vieux nom latin de la place publique est accolé à un
mot d'origine francique! Quel plus clair raccourci de plusieurs siècles d'histoire
peut-on imaginer ?
Varron était, au temps de Cicéron, un savant lexicographe. Il écrivit une
somme considérable intitulée Les Antiquités. A la parution des Antiquités humaines,
Cicéron lui écrivit : « Etrangers dans notre propre ville, nous errions comme des
visiteurs, et tes livres nous ont, en quelque sorte, ramenés chez nous, de façon à nous
faire enfin reconnaître qui et où nous étions. C'est toi qui as exposé l'âge de notre
patrie, la chronologie; toi, les lois du culte; toi, les sacerdoces; toi, les règles dans la
paix et dans la guerre; toi, les noms des sites, des quartiers, des localités; toi, l'étymo-
logie, les catégories, les fonctions, l'étiologie de toutes les choses divines et humaines »
(Académiques, I, 3).
L'art est une des choses humaines, et ce dictionnaire serait réussi, s'il offrait
un fil permettant de ne pas errer comme des visiteurs dans notre civilisation, s'il
nous ramenait chez nous et nous aidait à reconnaître qui nous sommes. Le propos de
Varron était d'affirmer la spécificité romaine perdue dans le cours des guerres
civiles ou égarée dans les mirages orientaux. Le nôtre, aujourd'hui, après des siècles
d'histoire, ne peut être si limitatif, mais ce qu'enseigne l'histoire de l'art, plus
clairement que l'histoire générale, c'est peut-être une unité européenne peu à peu
constituée dans le domaine artistique, une créativité supranationale qui, sans
offusquer l'originalité de chaque nation, la faisait servir à une communauté
culturelle.
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Liste des disciplines et des abréviations utiliséespour les signaler


Arch. Architecture Hérald. Héraldique Rel. Reliure
Arm. Armes Jard. Jardins Sculpt. Sculpture
Cér. Céramique Joail. Joaillerie Ser. Serrurerie
Cost. Costume Mob. Mobilier Tap. Tapisserie
Des. Dessin Numis. Numismatique Théât. Théâtres (archi-
Div. Divers Orf. Orfèvrerie tecture des)
(commun à plusieurs Pap. Papiers Tis. Tissus
disciplines) Peint. Peinture Ver. Verrerie
Fer. Ferronnerie Phot. Photographie
Grav. Gravure Pier. Pierres précieuses

Sources iconographiques
Apart quelques schémas spécialement réalisés pour ce dictionnaire, les illustrations
proviennent d'une part d'ouvrages anciens :
Perrault, Dixlivres d'architecturede Vitruve, 1673—Le Muet, L'art debienbâtir, 1681
—d'Aviler, Cours d'architecture, 1694 —Fréart de Chambray, Parallèle del'archi-
tecture antique et de la moderne, 1702 —Frézier, La théorie et la pratique de la coupe
despierres, 1738 —Le Vuloys, Dictionnaire d'architecture, 1770;
d'autre part d'ouvrages plus récents publiés aux PUF :
P. Levêque, La Grèce, collection« Nouspartons pour...», ire éd. 1961, 6eéd. 1979
—P. Verlet, Les meublesfrançais du XVIIIe siècle, Ire éd. 1982
Collection « Que sais-je ? » : J. Adhémar, La gravure, n° 135, Ire éd. 1972,
2e éd. 1980 —M. Beaulieu, Le costume antique et médiéval, n° 501, Ire éd. 1951,
5e éd. 1974; Le costume moderne et contemporain, n° 505, Ire éd. 1952, 5e éd. 1977
— M. Déribéré, La couleur, n° 220, Ire éd. 1964, 4e éd. 1980 — P. Grimai,
L'art desjardins, n° 618, Ire éd. 1954, 3e éd. 1974 —D. Huisman, L'esthétique
industrielle, n° 957, Ire éd. 1962, 3e éd. 1971 —G. Janneau, Les styles du meuble
français, n° 1492, Ire éd. 1972 —J.-C. Moreux, Histoire de l'architecture, n° 18,
Ireéd. 1941, 13eéd. 1981 —J. Rudel, Techniquedelapeinture, n°435, Ireéd. 1950,
6e éd. 1983; Technique de la sculpture, n° 1773, Ire éd. 1980 —H.-J. Schubnel,
Lespierresprécieuses, n° 592, Ire éd. 1968, 3e éd. 1984 —P. Verlet, L'art du meuble
à Paris au XVIIIe siècle, n° 775, Ire éd. 1958, 2e éd. 1968.
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ABAQUE cle sous le nom d'écran*, et au xvie sous


n. m. Du grec,a6aÇ, planche, tablette, par celui de garde-vue*. La forme et la matière
l'intermédiaire du latin abacus (mot attesté suivent les modes du mobilier; le choix de
auXIIIe siècle). la matière dépend des sources de lumière,
de la luminosité et de l'intimité souhaitées
Arch. - Tablette qui couronne le chapiteau* et de l'effet décoratifrecherché. Auxixe siè-
d'une colonne* et le renforce pour sup- cle, l'opaline* et la porcelaine* coiffent les
porterl'architrave*. Présentdans lesordres* lampes à pétrole; au début du xxe, les tissus
antiques, l'abaque est un élément important épais atténuent l'éclat des premières am-
de l'architecture médiévale. De l'époque poules électriques; depuis, le papier, le mé-
romane au xvie siècle, il est traité diverse- tal, l'osier... sont utilisés. V. Céladon.
ment (carré au XIIesiècle, polygonal ou cir- 3. Cost. - Le mot désigne une visière en
culaire au xIIIe) ; il présente sur le chapiteau forme de demi-lune appliquée sur le front
une saillie qui va diminuant. Pendant la pour se protéger de la lumière (voir l'auto-
Renaissance*, on revient à la forme de
l'abaque antique, carré et simple dans l'or- portrait de Chardin dit «à l'abat-jour vert »
dre dorique*, mouluré dans l'ionique*, in- au Louvre).
curvé dans le corinthien*.
Pour l'architecture médiévale on emploie ABAT-SONS ou ABAT-SON
plus couramment le mot tailloir* bien que n. m. invar.
son emploi métaphorique en architecture Arch. - Chacune des lames de bois, insérées
date du xvie siècle, et qu'il désigne seule- obliquement dans les ouvertures d'un clo-
ment un abaque carré. cher* et destinées à diriger vers le sol le
son des cloches*. Ils sont recouverts de
ABAT-JOUR plomb ou d'ardoises; on en fait aujour-
n. m. invar. d'hui en béton.
1. Arch. - Ouverture en forme de soupirail
destinée à éclairer des lieux en sous-sol et ABATTANT
dont l'embrasure est taillée en biseau. n. m. Participe substantivé du verbe abattre.
Fenêtre dont l'embrasure s'évase pour lais- Mob. - Partie mobile d'un meuble (secré-
ser pénétrer plus de lumière. Dispositif taire*, bureau*) qui, levée, le ferme, et,
adapté aux fenêtres des prisons* pour em- abattue, forme une tablette. La vogue
pêcher les relations avec l'extérieur sans tota-
lement offusquer la lumière (cf. Stendhal, très grande du secrétaire à abattant sous
La Chartreuse de Parme, chap. XVIII). V. Sou- Louis XVI a fait qu'on appelait, par méto-
pirail. nymie, « abattant » le meuble muni de ce
dispositif.
2. Mob. - Réflecteur placé sur une lampe
pour en rabattre la lumière. Certains abat- ABATTOIR
jour de bureau sont réglables pour per- n. m. Dérivé de abattre.
mettre de diriger la lumière sur le travail
! en cours. Le mot apparaît en ce sens au Arch. - Etablissement aménagé pour l'abat-
xixe siècle, mais l'objet est connu au xive siè- tage des bestiaux, la préparation et le
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contrôle sanitaire des viandes. Le mot appa- chaires sont régulièrement munies de cette
raît en I806, quand Napoléon décide de sorte de dais*, en général fait de bois, et
supprimer à Paris les «tueries »ou «échau- qui suit l'évolution des styles, prenant en
doirs » où se pratiquait auparavant l'abat- particulier sous l'influence du baroque* des
tage. Six abattoirs sont alors construits à la formes tourmentées et servant de support à
périphérie de la ville. Les architectes allient des groupes sculptés (anges annonçant le
lafonctionnalité àlamonumentalité, comme Jugement dernier par exemple).
on le voit sur les dessins de F. Bélanger pour
l'abattoir de Rochechouart : autour de ABBATIAL
l'échaudoir s'ordonne un ensemble monu-
mental scandé par des arcades* et orné de adj. Formésur lelatin ecclésiastique abbatia,
fontaines* et de colonnes*. En 1865-1866, abbaye.
Napoléon III confie à Baltard les nouveaux Arch. - Qualifie un bâtiment appartenant à
abattoirs de Paris; ils sont élevés en dehors une abbaye*, plus couramment le logis de
de la ville, à La Villette. Là encore l'archi- l'abbé et l'église* (en ce sens son emploi
tecte ne sacrifie pas le prestigieux à l'utili- s'est substantivé, et l'on dit une «abbatiale »
taire :les échaudoirs forment un quadrillage pour une église abbatiale).
de rues; les halles métalliques du marché
aux bestiaux s'inscrivent entre deux pavil- ABBAYE
lons néo-classiques, qui leur font commedes n.f. Latin ecclésiastique abbatia, dérivé du
propylées monumentaux, et une rotonde
conservée des barrières de Ledoux. La mot araméen abba, père, passé en grecpour
Ille République ajoute à cette monumen- désignerdieu.
talité une fontaine gigantesque. Les progrès Arch. - Au vie siècle, saint Benoît donne le
de l'industrialisation et l'expansion démo- nomd'« abbé»ausupérieur d'un monastère
graphique urbaine ont nécessité dans les et depuisonappelle «abbaye»unmonastère
grandes villes un agrandissement des abat- dirigé par un abbé ou une abbesse. Les pre-
toirs du xixe siècle. Ceux de La Villette, mières abbayes sont donc bénédictines. Il
détruits, ont été remplacés par une structure faut qu'un monastère soit érigé canonique-
de béton et de métal qui aurait abrité les ment en abbaye pour mériter cette appel-
salles d'abattage, les resserres pour les vian- lation. Al'exemple du monastère du Mont-
des, les bouveries, bergeries, porcheries et Cassin fondé en 529 par saint Benoît, les
toutes les installations modernes destinées à monastères se multiplient en Occident selon
la préparation de la viande, si, en cours de un plan type dont le plan de Saint-Gaal
construction, ils n'étaient déjà parus trop (IXe siècle) montre les divers éléments.
étroits. Une décision nouvelle a accentué Une abbaye est bâtie sur un domaine, et elle
l'éloignement desinstallations loin dela ville, vit en principe en autarcie. Elle doit donc
à Rungis, où elles ont pu s'étaler à l'échelle grouper des bâtiments destinés à la gestion
voulue par la population de Paris. L'archi- de son domaine, à la vie monastique et aux
tecture fonctionnelle des abattoirs avait eu pratiques du culte. D'autre part, les abbayes
comme théoricien Tony Garnier pour ceux ont eu longtemps une double fonction d'hô-
de La Mouche à Lyon. tellerie* et d'hospice*, pour laquelle elles
- 666. disposent de bâtiments distincts de ceux
réservés aux moines. Les bâtiments conven-
ABAT-VENT tuels sont distribués autour du cloître*, ré-
servé à la promenade et à la méditation; il
n. m. invar. est situé dans le prolongement du transept*
Arch. - Cylindre en forme de mitre en tôle ou del'église*, etsurlui donnent la salle capitu-
en terre placé au-dessus de l'orifice extérieur laire*, où se réunit le chapitre autour de
des cheminées* pour détourner les courants l'abbé, le réfectoire*, parfois une biblio-
d'air qui pourraient gêner le tirage. thèque* qui sert en même temps de chauf-
Parfois utilisé comme synonyme d'abat- foir. En général, à l'étage se trouve le dor-
son*. toir*, relié à l'église par un escalier* afin
defaciliter le mouvementdesmoinespourles
ABAT-VOIX offices de nuit. Séparés de cet ensemble, se
distribuent les bâtiments utilitaires, puis
n. m. invar. l'hôtellerie et l'infirmerie réservées aux hôtes
Arch. - Couronnement d'une chaire* à prê- de passage.
cher destiné à diriger la voix du prédicateur L'art roman* donne aux abbayes bénédic-
vers les fidèles. C'est au xvie siècle que les tines une signification mystique; elles sont
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unesorte d'« arche desalut », et le cimetière verses vicissitudes dont peu sortiront in-
qui les entoure, réservé aux moines en prin- tactes. Au xixe siècle,les abbayes ont été ré-
cipe, s'ouvre parfois aux grands personnages parties en nouvelles congrégations et parfois
qui veulent reposer en terre bénite. Les ab- reconstruites. Au xxe siècle, Cîteaux et l'ab-
bayes de Cluny (fondée en 910) et de Beu- baye du Mont-Cassin illustrent la rencontre
ron (près de Sigmaringen, fondée au XIesiè- des traditions et des techniques modernes
cle) témoignent du savoir ésotérique des bâ- dont la sobriété se plie à la spiritualité.
tisseurs qui, par une mise en œuvre des 230, 780.
théories pythagoriciennes du nombre, ins-
tallent en un langage chiffré une image Abbaye en commende (du latin in commendam,
terrestre de la perfection. de commendare, à la garde de) : abbaye
Cluny réforme le système monastique et de- confiée à un prêtre ou même à un laïc qui
vient l'abbaye chef d'un certain nombre n'est pas tenu d'y résider, et qui délègue ses
d'abbayes qui, dès lors, s'appelleront des pouvoirs à un prieur, tout en touchant les
prieurés*. L'ordre devient riche, de par les bénéfices de l'abbaye. Cette pratique, née
productions de son travail et les donations très tôt au sein de l'Eglise, s'est modifiée au
qu'il reçoit. Aussi une double réaction va Moyen Age quand les souverains et les sei-
marquer au xie siècle un retour à l'austérité gneurs distribuent des bénéfices ecclésias-
dela règle. tiques, qu'ils avaient sous leur patronage,
D'une part, la vocation de l'érémitisme fait à des clercs et à des laïcs. L'Eglise ne put
naître l'ordre des Chartreux; d'autre part, interdire que cette pratique, qu'elle avait
l'ordre bénédictin va se réformer de l'inté- inventée, devînt courante à partir du
rieur à l'instigation de saint Bernard. L'ab- xvie siècle jusqu'à la Révolution.
baye de Cîteaux est le centre de ce mouve- Abbaye chef d'ordre : abbaye principale d'un
ment qui répond au faste clunisien*. Les ordre comportant plusieurs autres abbayes.
abbayes cisterciennes* qui vont naître de ce L'abbaye de Cluny est la seule de l'ordre;
retour à l'austérité s'installent dans deslieux les maisons qui dépendent d'elle sont des
très arrosés —car la règle insiste sur la pré- prieurés*.
sence à la fois utile et symbolique de l'eau
vivequi coule, dans le cloître, d'un lavabo*, Abbaye mère : abbaye dont certains membres
devenu un motif architectural spécifique de se détachent pour fonder d'autres maisons
l'art cistercien; elles portent d'ailleurs un obéissant aux mêmes règles et appelées ab-
nom lié à ce lieu (Clairvaux, Fontenay, Sil- bayes ou prieurés.
vacane). Le plan canonique est conservé,
mais la décoration disparaît des monu- ABOUT
ments : il n'y a plus de peintures ni de dal- n. m. Deà bout. Sur « about » onformera le
lages ornés. Bien que le gothique*, inventé verbe abouter,Joindre bout à bout.
à Saint-Denis, soit utilisé formellement et
symboliquement, car l'abbaye cistercienne Div. - Extrémité d'une pièce de bois coupée
se veut un chant lumineux à la gloire de à l'équerre afin d'être ajustée à une autre
Dieu, les vitraux* ne sont pas figuratifs ni pièce.
brillamment colorés. L'abbaye, sans façade,
sansclocheràsonéglise, car celle-ci, réservée ABRASIF
aux moines, n'a pas à annoncer les messes n. m. Dérivé du verbe abraser (du latin
au-dehors d'elle, est un monde clos sur
lui-même. abrasus, enlevéenrasant).
Après le Moyen Age, la prolifération des Div.- Matière pulvérulente (poudre, émeri)
ordres mendiants et l'extension du principe permettant en usant par frottement la sur-
delacommende* (voirci-dessous) modifient face d'une pièce de la nettoyer et de la polir
l'idéal monastique. Les guerres de Religion à la main et à la machine.
éprouventbonnombred'abbayes, sansd'ail-
leurs ruiner lesrichesses accumulées àtravers ABSIDE
les siècles. Même Cîteaux, centre de l'idéal,
nécropole de la famille ducale capétienne, n. f Du grec à^îç, à<Jn8oç, roue, voûte,
etmaisonmèredeplusdetrois centsabbayes, par l'intermédiaire du latin absis.
est touchée par la décadence. Les bâtiments Arch. - Enfoncement de forme circulaire ou
médiévaux sont souvent remplacés au polygonale ménagé derrière le chœur* d'une
= XVIIIesiècle par des demeures presque pala- église*. L'origine de l'abside est dans la basi-
tiales, qui seront à peine achevées quand la lique* romaine. Elle est généralement à
Révolution les videra et les soumettra à di- l'orient de l'église et est elle-même souvent
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creusée de petites absides, les absidioles*. procédé de l'automatisme*, du symbo-


Elle est en demi-cercle dans le style roman, lisme...) mais sans recourir à la figuration.
polygonale dans le gothique (ou carrée par- Cet art retrouve la magie de l'art primitif,
fois dans le style anglais, cathédrale de Salis- par une démarche inconsciente et aussi par
bury). La chapelle* qui y est aménagée est des influences recherchées (calligraphie chi-
en général consacrée à la Vierge (dans les noise ; cultures folkloriques). Par le Bauhaus*
églises qui ne lui sont pas consacrées). l'art abstrait envahit aussi l'architecture et
Mondrian précise clairement le passage :
ABSIDIOLE « Dans la peinture imitative, les peintres ont
fait une grande révolution et sont arrivés au
n. f Diminutifdeabside. stade de la peinture non représentative de
Arch. - Petite abside greffée sur l'abside ou l'objet. Ils ont trouvé des éléments nou-
placée au terme d'un collatéral* ; les absi- veaux avec lesquels s'ouvre aujourd'hui le
dioles sontsouvent aménagées enchapelles*. problème de l'architecture de demain. »
- 346, 526, 671, 713, 776.
ABSORBANT ACADÉMIE
adj. Participe du verbe absorber. n. f Du grec AX(.'O"fJ{.lLx, jardin où ensei-
Peint. - Qualifie une toile* préparée pour gnait Platon et qui désignait dans l'Antiquité
une peinture à l'huile* ou un papier prévu l'écolephilosophique elle-même.
pour une aquarelle* dont le grain ou le 1. Div. - La première société à prendre ce
défaut d'encollage ne permet pas d'étendre nom fut fondée en 1462 par Marsile Ficin
parfaitement les couleurs. Si le support ab- sous le patronage de Laurent le Magnifique.
sorbe la couleur, l'intensité des teintes Il s'agissait d'offrir à un groupe d'humanistes
s'estompe. un cadre indépendant de l'influence sco-
lastique où l'on pût travailler à la redécou-
ABSTRAIT verte de la philosophie grecque. Au xvie siè-
adj. Du latin abstractus, entraîné à l'écart; cle, les académies se multiplient et se diver-
au sensphilosophique moderneen latin tardif. sifient à travers l'Italie. Le mouvement
gagne la France au xvie siècle (Académie
Div.- Qualifie l'art non figuratif. L'appella- de Poésie et de Musique de Baïf, protégée par
tion est un peu sommaire mais elle est pra- les Valois), et surtout au XVIIe siècle où il
tique et elle s'est imposée àunpublic souvent est récupéré par la Monarchie absolue.
dépassé par les conflits de tendances si nom- Après l'Académie française (1636), dans le
breux entre les artistes qu'ils donnent aux domaine artistique sont créées en 1655l'Aca-
non-initiés une impression de byzantinisme. démie royale de Peinture et de Sculpture,
Kandinsky, qui fut l'initiateur de cet art dont les premiers prix sont envoyés à l'Aca-
en 1910, conteste l'expression de « peinture démie de France à Rome, créée en 1666, et,
abstraite » et précise : « A mon avis, le en 1671, l'Académie d'Architecture. Elles
meilleur terme serait art «réel », puisque cet avaient le privilège de l'enseignement et
art juxtapose au monde extérieur un nou- édictaient des règles très contraignantes.
veau monde de l'art, de nature spirituelle. Ainsi un artiste peintre devait, pour être
Un monde qui ne peut être engendré que membre agréé, présenter une œuvre; il avait
par l'art. Un- monde réel. » La correction dès lors le droit d'exposer au Salon et devait
est provocante en même temps qu'éclai- en principe présenter dans les six mois un
rante. L'art abstrait est un art d'où la figu- morceau de réception qui lui permettait
ration est absente, soit qu'elle ait subi une d'être élu académicien. Supprimées par la
transformation qui la rend méconnaissable, Convention en 1793 à cause de leurs attaches
soit qu'elle ait été éliminée. La plupart des monarchiques, elles devinrent en 1795 une
tendances artistiques de la fin du xixe siècle classe de l'Institut de France, liées à la litté-
et du début du xxe eurent des représentants rature, puis indépendantes en 1803. De-
avancés que tenta la non-figuration; le puis 1816 elles forment l'Académie des
cubisme* par exemple eut Mondrian, le Beaux-Arts.
surréalisme* Klee et Miro... Kandinskyveut 98.
évoquer des états d'âme et il croit en la
valeur des couleurs, qu'il emploie symboli- 2. Peint. - On appelle «académie »une figure
quement, et des formes; il poursuit la même masculine ou féminine peinte ou dessinée
quête que les surréalistes et avec des moyens d'après un modèle* nu* et n'entrant pas
analogues (traduire le subconscient avec le dans un tableau.
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ACADÉMIQUE de son éclat plaisent à Chippendale* qui en


adj. fait un large usage, suivi presque immédia-
Div. - Conforme aux normes établies par tement par les ébénistes français, Jacob en
particulier;lestyle LouisXVIl'utilise même
l'Académie. L'adjectif a pris une acception pour les sièges. Sous l'Empire s'affirme l'en-
péjorative : il connote un manque d'inspi- gouement pour ce bois qui se prête à la
ration, unexcèsdansl'emphaseouleconven- monumentalité un peu rigide du mobilier et
tionnel. Cette valeur procède de la vocation qui s'allie si bien aux ornementations de
même des académies lors de leur création. bronze. Le Blocus continental survient qui
V. Académisme. interrompt lesimportations et contraint ébé-
nistes* et menuisiers* à recourir aux bois
ACADÉMISER indigènes. Certains sont teintés jusqu'à lui
v. tr. ressembler, ou, commele châtaignier, pren-
Div. - Donner aux figures un caractère aca- nent ensepatinant un ton rouge. La Restau-
ration préfère les bois fruitiers clairs et il
démique, c'est-à-dire conventionnel. faut attendre le style Troubadour* pourque
l'acajou revienne à la mode avec d'autres
ACADÉMISME bois foncés. On délaisse et on revient tour à
n. m. tour à l'acajou de la fin du xixe siècle à
Div. - Néologisme créé en 1876 par l'écri- aujourd'hui où il est utilisé, surtout en pla-
cage, pour les meubles inspirés des meubles
vain-critique d'art V. Cherbuliez pour dési- anciens, et presque abandonné par les sty-
gner un attachement excessif aux normes listes modernes, pourquiil est trop pompeux.
académiques et adopté par le Dictionnaire de
FAcadémie en 1932. Par récurrence on ap-
plique aujourd'hui ce mot à l'esprit acadé- ACANTHE
mique ancien. Les académies de l'Ancien n.f. Dugrec axavGoç, par l'intermédiaire du
Régime s'étaient donné pour fin de définir latin acanthus, plante àgrandesfeuilles.
le beau* absolu, et elles le trouvaient dans Arch. et Mob. - Motif ornemental caracté-
l'imitation del'antique. Lapuissancedeleur ristique de l'ordre* corinthien*. L'archi-
monopole rendait difficiles les innovations. tecte Callimaque, au ve siècle avant notre
Au XIXe siècle, l'Académie des Beaux-Arts ère, en aurait eu l'idée en voyant sur une
est encore le bastion du conformisme (voir tombe une corbeille recouverte d'une tuile
le Salon des Refusés); elle perd cependant enroulée comme la feuille d'acanthe. Ce
peu à peu ses prérogatives et sa mainmise motif, qui figure essentiellement aux chapi-
sur l'enseignement de sorte qu'aujourd'hui teaux*, a été repris par l'art roman, qui
l'académisme n'est plus qu'une attitude in- stylise la feuille, et par l'art classique* et
dividuelle.
baroque*, de la Renaissance* au xixe siècle,
--* 15, 32, 198, 437- qui retrouve les formes antiques.
ACAJOU ACCOLADE
n. m. Duportugais acaju, lui-même emprunté n. f Dérivé du verbe accoler; action d'em-
au dialecte tupi, qui désigne le fruit de brasser en mettant les bras autour du cou.
r anacardier.
Mob. - Le nom d'acajou a été donné à plu- Arch. - Par analogie, forme d'un arc créé
sieurs arbres de la même espèce, mais de . par la réunion de deux talons* caractéris-
genres différents, qu'on trouve au Brésil, tique du style gothique* tardif. '
d'où les Portugais l'exportèrent aux Indes
et en Afrique. Ils fournissent un bois dur, ACCOTOIR
rouge-brun, diversifié de veines dont la dis-
position, utilisée par les manières de tailler n. m. Dérivé du verbe accoter (latin accubi-
l'arbre, fait distinguer l'acajou chenillé, tare, de cubitus, coude).
moucheté, flambé, moiré, ronceux, tigré, Mob. - Partie d'un siège sur laquelle on pose
uni, veiné. Au XVIIIe siècle, l'essor du com- les coudes. L'accotoir comprend la tête d'ac-
merce maritime l'introduit en Europe; c'est cotoir, supportée par le support d'accotoir,
le madagaony du Honduras dont on fait des lié au siège ou au pied, et la manchette*,
meubles massifs mais qu'on utilise surtout partie souvent garnie de velours. On dit
en placage* et en marqueterie*. La beauté aussi bras*, et, par confusion, accoudoir*.
chaleureuse de ses couleurs et la somptuosité V. Fauteuil.
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ACCOUDOIR vait d'accueillir les ressources de l'acier;


n. m. Dérivé du verbe accouder, dérivé lui- elle le fit dès les années 1930 en utilisant
mêmedecoude (latin cubitus). l'acier inoxydable pour les groupes monu-
Arch. et Mob. - Partie d'un meuble sur la- mentaux, et, après 1935, l'acier Corten,
quelle on peut poser les coudes pour s'ap- presque noir, et qui prend une patine assez
semblable à la rouille.
puyer en avant. On peut considérer comme Enfin dans le cadre de vie structuré et orné
un accoudoir la barre d'appui d'une fe- par l'acier s'intègre le mobilierd'acier qu'on
nêtre, le haut d'une balustrade*... Apropos fait aujourd'hui.
d'un siège, « accoudoir » ne se dit exacte-
ment que d'une voyeuse*, munie d'une 32, 376>479, 670.
partie rembourrée recevant les coudes.
V. Chaise. 2. Grav. - Gravure obtenue par la technique
del'eau-forte* surune planched'acier. L'ar-
ACCUSER tiste trace son dessin sur la planche chauffée
qu'il retrempe avant d'opérer le tirage*.
v.tr.
Peint. - Accentuer le contour d'une forme ACIÉRAGE
en le soulignant d'un trait. n. m. Dérivé d'acier (XVIIIe siècle).
ACHROMATISME Grav. - Procédé consistant à recouvrir une
plaque de cuivre d'un dépôt léger de fer par
n. m. Composéde a privatif et de chroma- galvanoplastie* ; le métal devient ainsi aussi
tisme (dugrec xpojjia,couleur). résistant que l'acier et l'on peut multiplier
Peint. - Décoloration résultant du mélange les tirages* sans l'user.
à certaine dosedes couleurs* primaires* ou
d'une couleur primaire et de sa couleur ACROTÈRE
complémentaire*. On obtient théorique- n. m. Du grec àxptoxrjptov, par l'intermé-
ment du blanc, en fait ungris. diaire du latin acroteria.
Arch. - Motif sculpté, figure ou motif orne-
ACIER mental, qui décore le sommet et les angles
n. m. Du latin tardif aciarum, dérivé de d'un fronton* ; en ce sens s'emploie pour les
acies, pointe (en particulier pointe d'arme). monuments antiques. Se dit aujourd'hui des
i. Div. - Alliage de fer et de carbone à faible dés*, analogues aux socles* des acrotères
teneur carbonique. Selon sa composition et antiques, engagés de distance en distance
dans les balustrades* servant de couronne-
les métaux qu'on y mêle, l'acier a des pro- ment* aux édifices.
priétés et des aspects variés. La production
de l'acier s'est développée au cours du
xixe siècle et a modifié considérablement ACRYLIQUE
l'architecture. L'acier remplace le fer* à adj.
partir des années 1890 après le succès rem- Peint. - Qualifie une peinture employant
porté par la galerie des machines construites des liants à base de résines synthétiques qui
pour l'Exposition* de 1889. Une architec- sèchent plus rapidement que l'huile et de-
ture fonctionnelle et de plus en plus affran- meurent insensibles à l'humidité. Lesmêmes
chie des problèmes traditionnels des pous- résines peuvent entrer dans la composition
sées s'est définie grâce à lui. desvernis*.
Ala fin du XVIIIe siècle l'engouement pour
l'acier dont onpressentait les possibilités s'est ■-»- 110, 158.
manifesté dans la bijouterie* ; en France,
de la fin du règne de Louis XVI jusqu'au « ACTION PAINTING »
Second Empire, on porta des diadèmes, des n. m. Expression anglaise composéedeaction
colliers... en grains d'acier. et duparticipe duverbe to paint, peindre.
L'acier inoxydable obtenu par addition de
chrome et de nickel est utilisé largement en Peint. - Appellation donnée par le critique
orfèvrerie*; sa souplesse permet la repro- Harold Rosenberg en 1952à un mouvement
duction des formes traditionnelles aussi bien pictural américain représenté parJ. Pollock
que les formes épurées du design*. en particulier. Cette « peinture d'action »
La sculpture, très liée à l'architecture sur- donne à l'acte créateur une part essentielle,
tout depuis les recherches du Bauhaus, se de- tant au projet conscient du peintre qu'à
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son inconscient et aux mouvements de son de services qui font songer à ceux qu'offre
corps. Le drip painting* est une de ses tech- une gare*; on parle alors d' « aérogare ».
niques. Souvent les peintres disposent leur L'essentiel de la recherche contemporaine
toile au sol pour mieux libérer les possibi- sur les aménagements a porté sur les ma-
lités de leurs mouvements. L'appellation nières de relier les pistes de l'aérodrome à
action painting a remplacé celle d' « expres- l'aérogare et d'agencer celle-ci par rapport
sionnisme abstrait »*. à celles-là. L' « aérogare » est devenue ce
-»• 283. que furent les gares* au xixe siècle : un
exploit symbolisant le progrès de la civilisa-
ADOSSÉ tion technique, qu'il faut à la fois inclure à la
vie normale et faire ressentir comme excep-
adj. Participe duverbe adosser. tionnel. Les nécessités propres à l'aviation
Arch. - Qualifie un élément solidaire d'un (nécessités techniques et commerciales : il
mur ou d'un support vertical. faut faire décoller et atterrir des avions; il
faut prévoir des services de police, de
douane) doivent être accordées aux désirs
ADOUBEMENT technologiques et idéologiques. Des ter-
n. m. Dérivé du verbe adouber, issu d'une rasses accessibles depuis l'aérogare permet-
forme hypothétique du francique, dubban, tent à des visiteurs de contempler, comme
dans le sensdefrapper. un spectacle, les installations de l'aéroport;
Arm. - Le chevalier, après avoir reçu ses des magasins et desservices publics transfor-
armes, était frappé par son parrain. Le mot ment les aérogares en villes hors de la ville,
désigne la cérémonie de remise des armes en villes sur lesquelles s'ouvrent des portes
menant ailleurs, vers les avions. Les grandes
et du baptême dans l'ordre de la chevalerie, aérogares françaises (Orly, Roissy, Mari-
et l'équipement du chevalier. V. Armure. gnane...) sont des monuments de béton*,
d'acier* et de verre*, inspirés des grandes
ADOUCIR réalisations menées aux Etats-Unis pendant
v. tr. Dérivédel'adjectifdoux (latin dulcis). l'entre-deux-guerres.
1. Arch. - Raccorder avec un adoucisse- AFFAISSEMENT
ment* deux parties d'architecture.
2. Peint. - Atténuer ce que les coloris* ou n. m. Dérivédeaffaisser.
. les contours* ont de trop prononcé, en rup- Arch. - Accident dû à un mouvement de
ture d'harmonie avec les fonds par exemple. terrain ou un vice de construction et provo-
3. Div. - Polir* un métal avant dele dorer*. quant un abaissement des assises d'un édi-
V. Estomper. fice.
On appelle « essai d'affaissement » la me-
ADOUCISSEMENT sure de la consistance d'un béton* frais.
n. m. Dérivé du verbe adoucir.
Arch. - Surface courbe assurant le raccord
AFFICHE
entre deux surfaces de saillie différente; on n.f. Déverbal du verbe afficher, signifiant au
le trouve par exemple entre un mur et un MoyenAge«fixer ».
plafond*... Grav. - Feuille écrite ou imprimée fixée sur
un mur ou sur un édicule prévu à cet effet
AÉROGARE pour annoncer quelque chose au public. Les
n. f Composédupréfixe aéro- (grec <x7]p)air)
premières affiches, manuscrites, étaient sur-
et degare. tout religieuses; leur avenir fut transformé
par l'usage de la gravure sur bois. Au
Arch. - Partie d'un aéroport destinée à l'ac- xvie siècle les affiches restent religieuses mais
cueil des voyageurs à leur départ ou à leur participent aussi à la propagande politique,
arrivée. Le mot « aéroport » avait lui-même en particulier pendant les guerres de Reli-
remplacé le mot « aérodrome ». L'évolution gion (on disait alors « placards »). Aux
sémantique traduit l'attitude de la civilisa- xviie et XVIIIesiècles, elles sont surtout réser-
tion vis-à-vis de l'aviation. L'aérodrome est vées à la publication des spectacles et à la
un ensemble de pistes et de hangars ; puis un publicité pour le recrutement; leur influence
souci nouveau en fait un lieu d'accueil, de est d'ailleurs limitée par l'interdiction d'affi-
passage, voire de séjour bref. Dès lors,!' « aé- cherdans lesrues. C'est surtout au xixesiècle
roport » doit comporter un certain nombre que l'affiche prend, dans la vie littéraire,
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politique et artistique, une place de premier L'emploi de ce participe est une extension
plan. La liberté de plus en plus grande d'une acception héraldique*.
accordée à la presse, ou prise par elle, le
droit d'afficher acquis entre 1845 et
enfin les progrès matériels font de l'affiche AGATE
la plus populaire des estampes*. Rouchon n. j. et adj. Du grec 'A/ccttjç, rivière de
avec la mise au point d'un procédé au Sicile près de laquelle on la trouvait.
pochoir* qui permet la polychromie, puis I. Pier. (n. f.). - Variété de calcédoine* ca-
l'importation en 1866parJules Chéret de la ractérisée par la disposition concentrique de
chromolithographie* connue en Angleterre couches diversement colorées ; elle porte par-
déterminent la grande évolution del'affiche. fois dans ses cristallisations des dessins natu-
Les plus grands peintres s'y essayent, Puvis rels, elle est alors dite « mousseuse » ou
de Chavannes, Toulouse-Lautrec, Bonnard, « arborisée ». Selon la coloration de ses
Vuillard, Picasso, Paul Colin, Jacques Vil- fibres, elle peut être « jaspée » ou « san-
lon... Depuis 1925 les affiches sont surtout guine ». En glyptique* on distingue les
photographiques. Elles sont devenues un agates qui présentent plusieurs couches su-
phénomène primordial de la civilisation perposées et de couleurs variées (onyx*,
moderne et de la société de consommation;
leurs couleurs, leur format de plus en plus sardonyx*, par exemple) des agates mono-
grand, leurs textes énigmatiques ont envahi chromes comme l'opale*. L'agate était tra-
les rues et les stations de métro; c'est une vaillée dès l'Antiquité en camées* ou en
nouvelle expression optique qui ne cherche intailles* et elle le fut à nouveau à partir
plus seulement à informer mais à influencer de la Renaissance*. Le Moyen Age, en
lejugement. Les fantasmes de la civilisation effet, ne pratiqua pas la glyptique, il uti-
s'y expriment librement (érotisme, aven- lisait l'agate à la fabrication d'objets divers
ture, violence...). Tributaire à l'origine des (vases*, hanaps*, coupes*, coffrets*, sa-
modèles de la peinture, l'affiche est aujour- lières*, écritoires*, aiguières*, cabochons*).
d'hui envahie par la photographie et agran- Au XVIIIe siècle une agate d'Auvergne a
die enposter. Elle est àl'origine du pop'art*. donné de petits objets de vitrine*. C'est
l'époque de la vogue des objets* de vertu,
- 356, 455, 597, 617, 625, 711, 748, 876. en particulier des nécessaires*, pour lesquels
on taillait des œufs d'agate rouge qu'on
AFFINAGE enfermait dans des résilles d'or. L'agate
taillée était utilisée au Moyen Age pour
n. m. Dérivé du verbe affiner (rendre fin). étendre la peinture des enluminures*.
I. Div. - Opération consistant à débarrasser 2. Ver. (adj.). - Qualifie un verre* vénitien
les métaux des impuretés qu'ils contiennent. comme on en faisait au xve siècle à l'imi-
2. Ver. - Opération consistant à éliminer les tation de l'agate, ou un verre* blanc conçu
bulles d'air contenues dans le verre*. au xixe siècle par Baccarat.

AFFOUILLEMENT AGRAFE
n. m. Dérivé du verbe affouiller, lui-même n.f. Dérivé du vieux motgrafe, crochet, em-
composédupréfixe ad- et du verbefouiller. prunté à Fancien haut allemand.
Arch. - Dégradation d'une pile de pont* ou 1. Arch. - Pièce de fer ou de bronze à deux
d'un quai sous l'effet des eaux courantes. crochets, ou en double queue d'aronde* qui
sert à maintenir en place deux éléments
d'une même assise ou deux éléments super-
AFFRONTÉS posés. C'est un procédé de consolidation
adj. Participe du verbe affronter. utilisé de l'Antiquité jusqu'au xixe siècle.
Clefde voûte dont les ornements en volutes
Sculpt. - Se dit de deux figures animales ou « agrafent » les moulures* d'un arc* ou
monstrueuses disposées symétriquement soit d'une plate-bande*.
front contre front, soit de part et d'autre 2. Cost. - Par analogie, crochet de métal
d'un motif central (personnage, « arbre de destiné à réunir deux pans d'un vêtement;
vie »). C'est une disposition fréquente dans elle découle de la fibule antique. L'agrafe
l'art roman*, dont l'origine remonte sans qui retient les deux pans d'un manteau* est
doute à l'Asie Mineure (personnage de Gil- ditefermait*.
gamesh, brandissant les doubles dépouilles
des monstres qu'il a vaincus). - 318.
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AIGUE-MARINE AILE DE PONT


n. f Emprunt auprovençal; aiguë est dérivé Arch.- Mur soutenant les berges d'un fleuve
du latin aqua, eau. Le nom de cette pierre pour protéger les culées d'un pont* contre
est donc « eau de mer». les chocs des eaux ou des péniches.
Pier. - Béryl* bleu transparent. Très appré-
ciéedans l'Antiquité, cette pierre était taillée AILE DE THÉATRE
ou gravée (intaille de la Fille de Titus au Arch. - Partie latérale de la scène* où se
Muséedu Louvre). trouvent les châssis et où se tiennent les
- 25. personnels de service.
AIGUIÈRE AILERON
n. f Empruntauprovençal aiguiera, issu du n. m. Dérivé de aile.
latin aquarius, aquaria, qui concerne l'eau. Arch. - Partie décorative de forme concave
Div. - Récipient sur pied destiné à contenir et terminée parfois en volute qui forme
de l'eau pour le service de la table; il était adoucissement* entre l'élément horizontal et
souventaccompagné d'un bassinqui recueil- l'élément vertical d'une même façade; son
lait l'eau qu'on versait sur les mains des emploi est constant sur les façades des églises
convives: C'est une pièce essentielle de la de la Renaissance* et des styles baroque*
vaisselle* du Moyen Age au xixe siècle et etjésuite*.
elle était traitée de manière à figurer sur les
dressoirs*. Les métaux précieux (argent*,
cuivre*, étain*), lespierres dures (le cristal* AIRAIN
deroche en particulier) enétaient la matière
habituelle, mais on en fit aussi en or* et n. m., du latin tardif aeramen fait sur le
en vermeil*. On en trouve parmi les réali- latin classique aes, aeris, bronze.
sations des faïences* les plus prestigieuses V. Bronze.
(Nevers, Rouen, Moustiers...). Au xixe siè-
cle, les cristalleries de Baccarat en ont pro- AIS
duit de fort belles. L'aiguière se distingue de
la carafe* par son pied et son anse. n. m. Du latin axis, mêmesens.
-► 318. 1. Arch. - Planchette de bois.
2. Rel. - Planchette utiliséejusqu'au xve siè-
AIGUILLETTE cle pour les plats d'une reliure.
n.f. Diminutifdeaiguille (XIIIe siècle). AISSELIER
Cost.- Tresse ou cordon qui passait dans des n. m. Dérivé de ais, par l'intermédiaire de
œillets et permettait de fermer en les laçant aisseau (synonymedebardeau*).
ou en les nouant différentes pièces du cos-
tume. Leurs extrémités étaient munies de Arch. - Pièce de charpente* oblique soula-
ferrets* plus ou moins précieux. geant la charge imposée à l'entrait* par
unejambette*.
AILE
n. f Dulatin ala, aile. AJOUT
Arch. - Partie latérale d'un bâtiment, ayant n. m. Déverbal deajouter.
généralement sa propre toiture. Elle peut Sculpt. - Elément surajouté au noyau* d'une
être située àl'alignement du corps principal, oeuvre, de façon visible ou non.
ouformer aveclui unangle, elleestdite alors
« aile en retour ». ALAIZE
n. f Laize est un ancien mot dérivé du latin
AILE DE MOULIN latus, large, et signifie largeur; le mot
Arch.- Châssissoutenant une toile qui capte « alaize » provient d'un mauvais découpage de
la force motrice du vent et la transforme en « la laize ».
: mouvement rotatif destiné à entraîner les Div. - Pièce de bois étroite ajoutée à une
meules qui écrasent le grain. autre pour l'agrandir.
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ALANDIER ALCÔVE
n. m. Composésans doute sur landier. n.f. Empruntéàl'espagnol alcoba, lui-même
Cér. - Foyer placé à la base d'un four et pro- empruntéàl'arabeal-qoubba,petitechambre.
duisant la chaleur nécessaire à la cuisson Div. - Le mot, apparu au XVIIIe siècle, dé-
des pièces de céramique*. Unfour comporte signe l'enfoncement ménagé dans le mur
plusieurs alandiers qui permettent de régler d'une chambre pour recevoir un lit* et
la température et le milieu gazeux. qu'on peut dissimuler à l'aide de rideaux.
Au XVIe siècle, les précieuses y recevaient
ALBARELLE leurs amis qui y prenaient le nom d' « alcô-
n.f. Ondit aussi albarello (n. m. albarelli vistes ». Le lit placé sur une estrade, la
aupluriel), mais ondevraitplutôt dire albe- balustrade* qui le séparait de la pièce et
rello, qui est le motitalien, dérivédealbero, les éléments architecturaux qui en enca-
arbre. draient l'entrée la faisaient paraître un
sanctuaire. Le XVIIIe siècle fait de l'alcôve
Cér.- Vasecylindrique enfaïence*, enforme un boudoir* maniéré et libertin muni de
de fût (comparé à un tronc d'arbre) tourné glaces* et de sofas*. Au xixe, on la ferme
d'une seule pièce. C'étaient des vases de par des portes, après avoir renoncé au trai-
pharmaciequ'on fabriqua d'abord àFaënza, tement majestueux que le Premier Empire
puis danslesateliers d'autres villesitaliennes, lui avait donné.
en particulier d'Urbino. Ils furent diver-
sement décorés selon les divers ateliers; la ALETTE
beauté de leur facture en fit des objets de
collection (le Louvre en conserve un signé n. f. Autre orthographe de ailette (diminutif
d'un maître italien). deaile, du latin ala).
Arch. - Mur latéral de remplissage encadré
ALBÂTRE par des colonnes* ou des pilastres* et placé
entre l'embrasure d'une baie et son ouver-
n. m. Dugrec, &À&oGatTpoc,;mêmesens, par ture; sur un trumeau l'alette est la partie
l'intermédiaire dulatin alabaster. comprise entre l'embrasure et la colonne
Div. - Nom donné à deux espèces minérales ou le pilastre; sur une balustrade*, c'est la
distinctes : l'albâtre gypseux, chaux sulfatée- partie latérale comprise de chaque côté du
compacte, très blanche et translucide, sou- piédestal* entre le socle* et la tablette*.
vent employée en sculpture pour sa taille
facile (spécialement en Angleterre, à l'épo- ALEXANDRINISME
que gothique*); l'albâtre calcaire, chaux
carbonée compacte, blanche et veinée de n. m. Substantifcréé sur l'adjectifalexandrin,
rouge, de jaune ou de brun, dit aussi « al- originaire d'Alexandrie d'Egypte.
bâtre oriental ». On emploie l'albâtre au Div. - Historiquement l'alexandrinisme est
MoyenAgesoit pourde petits objets sculptés un mouvement artistique dont le foyer est
(lampes*, statuettes*, coupes*) soit pour Alexandrie et qui, à partir du me siècle
fermer les baies de certaines églises (le mo- avant notre ère transforme l'héritage de la
dèle remonte à Ravenne). Grèce classique. L'alexandrinisme est un
art de vivre fondé sur le goût de la nature
ALCAZAR dans tous ses aspects (caricatures, préciosité
n. m. Transcription d'un motarabe signifiant dans la traduction de la beauté, expres-
«lepalais ». sionnisme dans celle de la douleur). Cet
art est par rapport au classicisme* grec une
Arch. - Palais fortifié des rois maures, dont sorte de maniérisme* ou de baroquisme*. Il
l'exemple est surtout connu par l'Espagne est repris par les Romains et c'est lui que
(Cordoue, Ségovie, Séville et Tolède). On révélèrent les fouilles de Pompéi et d'Her-
donne ce nomà des établissements de plaisir culanum au xvme siècle qui était d'autant
(théâtres* ou cafés*-concerts) ornés dans un plus prêt à l'accueillir qu'il avait, comme
style plus ou moins authentiquement mau- l'a écrit M. Praz, l'esprit alexandrin. Le
resque et lancés au xixe siècle sous l'impul- style Louis XVI* en est tout imprégné; il se
sion d'un orientalisme* qu'encourageait la manifeste dans les décorations florales, dans
colonisation. V. Alhambra. le goût de la nature, dans la mièvrerie de la
sensibilité, dans un certain plaisir de vivre.
L'Ecole de David réagit contre cet art, fémi-
nin sous certains aspects, lui oppose la viri-
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lité de ses Horaces et infléchit dans un sens ALLÉGORIE


« romain »le néo-classicisme*. n. f Du grec &À . À1JYOpLa: (de àXXoç, autre,
- 699. et &y' ope:Ú(¡), parler), manière de parler en
termes autres que les termes propres; par
l'intermédiaire du latin allegoria.
ALHAMBRA
n. m. Div. - Figure ou groupe de figures repré-
sentant en peinture ou en sculpture des
Arch. - Transcription d'un mot arabe signi- personnages incarnant des abstractions et
fiant « la rouge » et désignant le palais des souvent reconnaissables à des attributs*. Ce
rois maures de Grenade. La colonisation peut être une vertu ou un vice, un sentiment
des pays arabes entraîna au début du ou une idée, un âge ou une occupation de
xxe siècle un goût du décor musulman qui la vie, une collectivité comme un pays ou
donna ce nom à des music-halls, notamment une ville. L'allégorie est fréquente dans
à Paris. V. Alcazar. l'art, du Moyen Age à nosjours. Lajeunesse
conversant avec la mort (sur les danses
macabres médiévales), l'amour, le sommeil
ALIGNEMENT ou la maladie tombant sur les hommes (sur
n. m. Formésur le verbe aligner, dénué M
/ Z- les illustrations* des traités moraux ou des
mêmedeligne. œuvres anciennes, comme les Métamorphoses
Arch. - Limite latérale d'une voie publique d'Ovide, ou contemporaines, comme le
fixée par l'administration. Cette limite im- Roman de la Rose), les vertus théologales dans
la statuaire gothique*, les vertus royales,
pose aux façades d'être situées sur le même dans les décors des résidences royales et
plan; elle répond à la fois à des exigences princières du xvie au xixe siècle (par exemple
pratiques (en particulier pour la circulation la décoration du Salon du Roi, à l'Assem-
dans les rues) et esthétiques. L'alignement blée nationale, due à Delacroix, 1833) ou
rompt avec l'espace spontané de l'urba- dans les monuments funéraires (voir les
nisme* médiéval et répond à une organi- statues et les reliefs de la crypte des Inva-
sation rationnelle de l'espace urbain. On lides, à la gloire de Napoléon Ier), les gran-
dit qu'un bâtiment est « à l'alignement » deurs républicaines (comme la Liberté gui-
quand il est construit sur la même ligne dant lepeuple de Delacroix, ou la décoration
qu'un autre, ou sur la limite fixée pour la des édifices de la IIIe République), des
voie.
sentiments (comme la Mélancolie de Dürer,
1514) ou des pays (comme la France assis-
ALISIER tant Marie de Médicis, dans la série consa-
crée à la reine par Rubens, au Louvre au-
n. m. Aloi d'origine gauloise. jourd'hui, ou la Grèce expirant sur les ruines
Mob. - Bois indigène dur, employé en me- de Missolonghi de Delacroix, Musée de Bor-
nuiserie* dès le XIIIe siècle, et en ébénis- deaux) sont des exemples épars qui mon-
terie* au XVIIIe. trent la fécondité du procédé et sa longévité.
La peinture moderne n'ignore pas l'allé-
ALLÈGE gorie; les peintres ont parfois traduit dans
leur style les œuvres antérieures; ainsi Odi-
n. f Déverbal de alléger (XIIe siècle). lon Redon vers 1870 et P. Caufield en 1964
Arch. - Pan de mur compris entre le sol et ont donné leur version de la Grèce expirant...
l'appui d'une fenêtre; il est moins épais que de Delacroix, tandis que Cézanne copiait
lesmursdel'embrasure*. Lesallèges portent sa Libertéguidant lepeuple. Picasso a pratiqué
parfois des décors, arcatures* aveugles dans l'allégorie (Enterrement de Casagemas, 1901,
les fenêtres gothiques, bas-reliefs* dans les Musée d'Art moderne à Paris), et la re-
fenêtres du xvie siècle. construction formelle du cubisme* donne
souvent à des portraits* ou à des scènes de
genre* une généralisation abstraite qui re-
ALLÉGIR joint l'esprit de l'allégorie. C'est vrai aussi
v. tr. D'un verbe de latin tardif alleuiare, de la déconstruction des formes pratiquée
par l'art moderne; ainsi le Cri d'E. Munch
formésur le classique leuis, léger. (Galerie nationale à Oslo, 1893) peut être
Arch. - Diminuer l'épaisseur d'un membre regardé comme une allégorie de la peur,
d'architecture ou de charpente*. On écrit tout autant que l'est le Masque de la peur
aussi «élégir ». de P. Klee (collection particulière, 1932).
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Dans le vocabulaire de la critique d'art*, ALUMINIUM


l'allégorie est plus ce que la rhétorique ap- n. m. Mot formé vers 1812 par l'Anglais
pelle une personnification, qu'elle soit par Davy sur le latin alumen, alun.
métonymie (« Argos vous tend les bras, et
Sparte vous appelle », Racine, Phèdre), par Div. - Métal blanc, très léger et de couleur
synecdoque (« Les vainqueurs ont parlé, légèrement bleutée. Il est aujourd'hui lar-
l'esclavage en silence obéit... », Voltaire, gement employé dans l'architecture (revê-
l' Orphelin de la Chine), ou par métaphore tement de toitures, de façades), dans l'équi-
(« Sur les ailes du temps la tristesse s'en- pement ménager, dans l'orfèvrerie* et la
vole », La Fontaine, La jeune veuve). (Ces bijouterie*, et dans la sculpture*.
remarques sont inspirées par Lesfigures du
discours, de Fontanier, d'où viennent les AMARANTE
exemples.) Quant à l'allégorie rhétorique, n. f. Du grec &f.L-xpa.V1"OC;, qui neflétrit pas.
la pensée médiévale y était habituée par
les nombreuses interprétations qu'on don- Mob. - Variété d'acajou* de teinte rouge
nait de la Bible et des textes anciens; elle vineux tirant sur le violet (on l'appelle aussi
savait discerner sous telle histoire un sens « bois violet »), importé de Guyane et intro-
caché par la narration immédiate. Les clés duit dans la menuiserie* et l'ébénisterie*
de lecture que nous avons souvent perdues françaises par Cressent, ébéniste du Régent;
permettraient de lire autrement que nous ne on en fit au XVIIIe siècle des meubles, petits
le faisons bien des oeuvres du Moyen Age (des écrans*) ou plus importants (des mobi-
et de la Renaissance* (on n'a jamais bien liers complets) mais il fut surtout utilisé en
compris le sens qu'a voulu donner Dürer à marqueterie*.
sa Mélancolie; on a compris au xixe siècle
seulement le sens des fresques du palais AMBOINE
Schiffanoia à Ferrare, grâce à Warburg n. m. Bois de Malaisie ainsi nomméde l'île
et son Iconologie). d'Amboine (Moluques).
242. Mob. - Bois très dense, dur, de couleur
allant du blanc rosé au jaune brun. La
ALLEMANDE (A L') loupe* d'amboine fut utilisée dèsleXVIIIesiè-
lac. cle. Après les plagiats du X1Xesiècle et les
vaines tentatives de renouvellement du mo-
Arch. - Qualifie un rideau de scène* d'une bilier au début du xxe, un mouvement de
seule pièce qui se relève dans les cintres*. décorateurs revint à l'amboine, comme à
d'autres bois précieux, au momentdel'expo-
ALOI sition des Arts décoratifs* en 1925.
n. m. Déverbal de l'ancien verbe aloier (latin AMBON
alligare, lier à), faire unalliage.
Div.- Proportion de métal précieux contenu n. m. Du grec afxêcov, rebord, puis tribune.
dans un alliage; on dit aujourd'hui titre*. Arch. - Dans les premières basiliques* chré-
L'aloi des monnaies*, dans les boutiques tiennes, chaire* et tribune* placées aux
des changeurs, était autrefois vérifié au son deux extrémités du cancel* et destinées à
qu'elles rendaient sur une table garnie d'ar- la lecture de l'évangile et de l'épître. L'am-
doise (table* de change). bon prit au cours des siècles une monumen-
talité de plus en plus imposante et fut finale-
ALTERNANCE ment remplacé dans le cours du XIIIe siècle
par lejubé* et la chaire.
n. f. Dérivé de alterner, latin alternus,
alternatif. AMBRE
Arch. - Succession de motifs différents se n. m. Emprunt à l'arabe 'anbar, ambre gris,
répétant sur un rythme régulier. Le mot par l'intermédiaire du latin médiéval ambar.
s'emploie surtout pour les rangées de sup- Pier. - Pierre* d'origine minérale de couleur
ports verticaux, alternance de colonnes* et variant du rougeâtre au jaune. C'est une
de pilastres*, par exemple, ou de colonnes pierre dure travaillée dès l'Antiquité comme
et de piliers*. l'ivoire*. Au Moyen Age on l'utilise en
orfèvrerie*; au XVIIe siècle à cet usage
s'ajoute l'incrustation* dans le mobilier*.
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On en fait aujourd'hui des colliers*, des cathèdres* médiévales traduisent une autre
boîtes* et surtout des coffrets à cigarettes. sociétéquelesbergères* duXVIIIesiècle, etles
commodes* Boulle* un autre monde que
AMBULANTE les meubles noirs rehaussés de couleurs
n. f. Féminin substantivé du participe am- orange et violet de Poiret, à l'époque des
bulant. arts déco*. V. Mobilier.
Mob. - Nom donné au xvme siècle aux - 38 bis, 173, 272, 448, 700.
tables* pliantes ou brisées qu'on pouvait AMORTIR
facilement déplacer.
v. tr. Du latin pop. admortire, rendre
ÂME commemort, avecévolution ausens deaffaiblir.
n. f. Du latin anima, dans un emploi Peint. - Atténuer l'intensité d'un ton ou
métaphorique. d'une couleur.
Sculpt. - Noyau en bois ou en fer sur lequel AMORTISSEMENT
on modèle une statue* en cire*, en plâtre*
ou en métal*, ou sur laquelle on fixe des n. m. Formé sur amortir.
feuilles de métal martelé, selon une tech- Arch. - Elément décoratif placé au sommet
nique très répandue dans la statuaire mé- d'une élévation pour marquer l'achèvement
diévale. de l'axe vertical de la composition. V. Pi-
gnon, Pinacle, Pyramidon.
AMÉTHYSTE
n.f. Dugrec iyLèQuaroç, quidissipe l ivresse, AMOURETTE
par l'intermédiaire du latin amethystus; n.f. (bois d').
XIIesiècle.
Mob. - Bois exotique importé des Antilles.
Pier. - Variété de quartz violet d'origine Dur et de teinte brun rouge, il est utilisé en
orientale (Ceylan, Birmanie) ou occiden- tabletterie* et dans l'ébénisterie* de pré-
tale (France en particulier) dont on a fait cision (cannes, archets).
depuis le Moyen Age des objets* d'art
(coupes*, vases*), des bijoux*, des orne- AMPOULE
ments incrustés dans les meubles. On peut
la graver. Dans l'Antiquité elle passait pour n. f Du latin ampulla, diminutif de am-
prendre une couleur de vin, ou, selon les phora.
mages, pourdissiper l'ivresse. Elle préservait Ver.- Fiole à ventre bombéservant à conte-
des maléfices, si l'on y gravait le nom de nir des parfums. Le mot désigne surtout les
la lune et celui du soleil. Les collections flacons de verre liturgiques contenant les
royales comportaient de nombreux objets huiles cultuelles, et en particulier celui qui à
en améthyste, aujourd'hui au Louvre. Reims contenait l'huile consacrée utilisée
- 25. pour les sacres des rois et qu'on connaît sous
l'appellation de « sainte ampoule ».
AMEUBLEMENT
n. m. Dérivé de meuble par l'intermédiaire ANAMORPHOSE
du verbe ameubler aujourd'hui tombéen désué- n. f Mot savant créé sur le verbe grec
tude. Le mot est attesté au XVIe siècle. àvajjioptpw, transformer.
Mob. - Fait de placer des meubles, ou en- Peint. —Dessin ou peinture déformé par un
semble des meubles qui garnissent une mai- jeu volontaire des lois optiques et qui reprend
son, ou un appartement ou une pièce d'une sa forme quand il est regardé dans un miroir
habitation. L'étude de l'ameublement est cylindrique ou conique ou sous un angle
un chapitre de l'histoire d'une civilisation; précis. La technique de l'anamorphose a été
elle s'y traduit dans ses moindres péripéties mise au point au xvie siècle par Léonard de
politiques, sociales et économiques. Comme Vinci et Dürer et considérée comme une
l'a écrit Alain : « L'ameublement est un art science secrète. Elle résulte des découvertes
intermédiaire entre l'architecture et le vête- sur l'optique et la perspective* et permet
ment. Le meuble représente la forme hu- la mise en œuvre des idées philosophiques
maine absente et déjà, selon leur style, les sur l'être et le paraître et des méditations
fauteuils forment une certaine société » religieuses sur la vie et la mort. C'est ainsi
(Leçons sur les Beaux-Arts). Et de fait les que la plus spectaculaire des anamorphoses
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a été glissée dans les Ambassadeurs de Hol- chasseurs que se dégage le goût pour la
bein (1533, Londres National Gallery) où représentation animalière en elle-même.
la forme étrange placée devant les deux L'école française du XVIIIe siècle l'associe
ambassadeurs se révèle, si le tableau est aux virtuosités du trompe-l'œil*. Les ta-
regardé d'un point précis, une tête de mort, bleaux*, les estampes*, les tapisseries* re-
disant la vanité dissimulée des grandeurs présentant des animaux envahissent alors
terrestres. Du XVIe au xixe siècle l'ana- les salons, et, sous forme miniaturisée, en
morphose a été pratiquée mais le plus sou- cette époque où l'on raffole des bibelots*,
vent comme une curiosité permettant de des animaux en porcelaine* occupent les
cacher des scènes érotiques ou des traite- vitrines* et les étagères* (la manufacture de
ments narquois de l'iconographie officielle. Meissen était spécialiste des petits animaux
Le surréalisme* y est revenu. exotiques ou domestiques). Au xixe siècle
- 59- le goût pour les animaux répond au goût
plus général pour les forces puissantes de
ANCRE la nature; la sculpture qui, jusque-là, avait
eu surtout à traiter les chevaux des statues
n. f Du grec ayxupa, par l'intermédiaire du royales ou les animaux ornant les parcs,
latin ancora, ancre marine; l'emploi dans accueille le monde animalier comme une
la langue del'architecture est analogique. spécialité; Barye (1795-1875) s'est fait une
Arch. - Pièce de fer forgé qui relie un mur gloire plus par ses animaux sculptés que
à une charpente* horizontale et empêche par ses aquarelles ou ses études; Fremiet
l'écartement du mur; elle peut aussi empê- (1824-1910) et Pompon (1855-1933) ont
cher l'écartement de deux murs ou le déver- exprimé la noblesse du monde animal. Le
sement d'une cheminée*, ou assurer l'équi- xixe siècle a pratiqué aussi la peinture
libre de la poussée des voûtes*. Les formes d'animaux domestiques, les boeufs de labour
sont variées (en S, ou en forme de rinceau) ; par exemple (voir certaines œuvres de Rosa
elles peuvent être noyées dans la maçonnerie. Bonheur, 1822-1899, et de Millet, 1814-
1875). L'art animalier a encore au xxe siècle
ses spécialistes (Guyot, Laure Devolvé...).
ANDRIENNE - 146, 301, 568-
n. f.
Cost. - Titre d'une comédie de Térence ANTE
donné comme nom à une robe*, dite aussi n. f Du latin antae, piliers aux côtés d'une
battante*, volante*, ou à la Watteau*. porte.
Cette robe créée au début du XVIIIe siècle * Arch. - Pilastre* qui dans les temples an-
témoigne de l'influence du théâtre sur la tiques prolonge le mur latéral de la cella;
mode*. il présente en façade un socle* et un chapi-
teau*, dit «chapiteau d'ante », qui est orné
ANGLET selon l'ordre* du monument. Plus généra-
n. m. Diminutifdu mot angle. lement pilastre placé aux jambages* d'une
porte ou aux encoignures d'un édifice.
Arch. - Cavité en forme d'angle droit qui
sépare les bossages. ANTEPENDIUM
ANIMALIER n. m. Mot latin tardif, de ante, devant, et
pendium, formé sur le verbe pendeo, être
adj. Dérivé de animal (XVIIIe siècle). suspendu.
Div. - Qualifie l'art de représenter des ani- Arch. - Devant* d'autel* en métal pré-
maux et de traduire leur spécificité. Cet cieux, pierre sculptée, bois peint ou étoffe
art apparaît au XVIe siècle dans l'atelier brodée; on disait aussi frontal*. Au xme siè-
du peintre flamand Snyders (1579-1657) cle les antependia furent remplacés par des
qui fonde une tradition dont procèdent retables*, plus visibles, parce que placés
en France Desportes (1662-1743), Oudry sur l'autel.
(1686-1755), Christophe (mort en 1759)
et J. B. Huet (1745-1811). Cet art est lié ANTIPHONAIRE
dans son origine aux scènes de chasse*
nécessitant des études préparatoires et aux n. m. De l'adjectif antiphonarius (grec
natures mortes* au gibier. C'est de l'atten- x\rrLrpwv0ç), de àv-rt, en réponse, et çcovr),
tion aux chiens des meutes et aux proies des voix qui répondà unchant.
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Div. - Qualifiait un livre contenant les an- sion. L'appareil peut être régulier ou irré-
tiennes de la messe (introït, offertoire, com- gulier selon que les éléments forment ou
munion), puis fut employé substantivement non des assises régulières; il est dit « à joints
pour désigner ce livre. Les antiphonaires vifs » si ses éléments sont posés les uns sur
ont été le lieu idéal des plus belles enlumi- les autres sans mortier. Selon la manière
nures* médiévales. dont les pierres sont taillées et disposées
l'appareil peut être « en harpe » (quand les
APLAT pierres sont placées alternativement en car-
reau* et en boutisse*), « réticulé » (si les
n. m.Deà- etplat. pierres sont taillées en losange), « en épi »
Peint. et Grav. - Teinte étendue unifor- (quand les pierres sont alternativement in-
mément. clinées de droite à gauche). Quand les arêtes
des pierres sont abattues obliquement de
APLOMB manière que la surface du mur présente des
saillies, l'appareil est en bossage* ; si les
n. m. Nomformé àpartir de la locution « à pierres sont taillées en pointe, il est en
plomb » (fil àplomb). diamant*.
Arch. - Verticalité d'un mur assurée par le
fil àplomb. Sedit aussiàproposdesstatues* ; APPARTEMENT
l'aplomb est assuré si la verticale passant n. m. Emprunt à l'italien appartamento,
par le centre de gravité tombe au milieu de dérivé de appartare, séparer. Ensemble de
la base de la statue.
pièces, généralement deplain-pied,formant le
APPAREIL logement d'unefamille dans une maison.
Arch. - C'est la marquise de Rambouillet
n. m. Dérivé d'un motde latin populaire lui- qui introduisit en France le principe de
mêmeformésur le latin classique apparatus, l'appartement dans l'hôtel* qu'elle fait
action depréparer. construire, vers 1604, rue Saint-Thomas-du-
Arch. - Le mot désigne la préparation et Louvre; elle fait placer l'escalier au bout du
l'assemblage d'une maçonnerie. L'appareil bâtiment central, obtenant ainsi une enfi-
résulte de la forme, de la disposition et de lade* de pièces. Mlle de Scudéry, qui a
l'agencement des matériaux. Si l'on utilise décrit, dans LeGrandCyrus,la Marquise sous
des pierres de grande dimension taillées le nom de Cléomire, écrit : « Elle s'est fait
d'équerre, on a un « grand appareil »; si faire un palais de son dessin, qui est un
les pierres sont de dimension moyenne, des mieux entendus du monde, et elle a
l'appareil sera dit « moyen » et il sera trouvél'art defaire enuneplacedemédiocre
« petit » si les pierres sont de petite dimen- grandeur un palais d'une vaste étendue. »
Lecentre decet appartement est la chambre
bleue oùla Marquise reçoit ses amis. Leplan
enenfiladeserarepris durant toutleXVIesiè-
cle jusqu'à Versailles. On distingue les
« grands appartements », réservés aux ré-
ceptions et à la vie officielle du roi, des
« petits appartements », consacrés à sa vie
privée. Au xvme siècle, le plan en enfilade,
qui fait que les pièces se commandent réci-
proquement, ne paraîtra plus « le mieux
entendu du monde » et la chambre cessera
d'être le centre de l'habitation. On cher-
chera alors un plan centré sur le salon*
et permettant l'intimité des appartements
privés.
APPENTIS
n. m. De l'ancien verbe appendre (lat. ap-
pendere, suspendre).
Arch.- Toit à un seul versant prenant appui
d'un côté sur un mur et soutenu de l'autre
Exemples d'appareil par des poutres qui prennent appui sur ce
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mur ou au sol. On appelle par extension AQUAMANILE


« appentis » le bâtiment couvert d'un tel n. m. Mot composé du latin aqua, eau, et
toit. d'un dérivé demanus, la main.
APPLIQUE Orf. - Aiguière* destinée au lavage des
mains soit dans la liturgie, soit dans la vie
n.f. Déverbal du verbeappliquer. profane; c'était une pièce de dinanderie*
Div. - Ornement fixé sur la paroi d'un mur ou d'orfèvrerie* qui pouvait revêtir les
ou d'un meuble dans un but décoratif. Il formes les plus diverses, surtout animales.
s'agit le plusfréquemment d'un candélabre*
à un ou plusieurs bras, en bronze ou en fer; AQUARELLE
s'il se rattache au mur directement par sa n.f. Empruntà l'italien acquarella, couleur
tige, on l'appelle bras*, mais on l'appelle détrempée.
plaque* s'il est fixé par une plaque de
métal. La mode, apparue au xve siècle, n'a Peint. - Peinture à la détrempe dans la-
jamais cessé; les luminaires en applique ont quelle les couleurs sont appliquées sur un
suivi les formes des différents styles. papier ou un carton. Les couleurs del'aqua-
En ferronnerie on appelle « applique » tout relle sont comme celles de la gouache* à
ornement placé sur le cadre d'un balcon*, base d'eau gommée (eau additionnée de
d'une grille* ou d'une serrure*. gomme arabique pour l'aquarelle), mais
elles sont transparentes et ne comportent
APPRÊT pas de blanc, car on utilise le blanc du
papier. Les débuts de l'aquarelle remontent
n. m. Déverbal duverbeapprêter. aux enluminures* médiévales; on l'utilise
Toute opération tendant à modifier la na- peu ensuite sauf pour des lavis* (Dürer, par
ture ou l'apparence d'un objet pour le faire exemple) ou des miniatures (Holbein). Au
servir à une fin précise ou le rendre plus XVIIIe siècle, quelques peintres dont Frago-
beau. nard la mettent à la mode et obtiennent
qu'elle soit acceptée à l'Académie*. A la
1. Peint. - Préparation d'une surface (mur, suite de Turner, qui emploie un papier au
toile*, papier*...) pour qu'elle puisse rece- préalable mouillé de manière à obtenir des
voir une peinture. tons fondus, le xixe siècle utilise beaucoup
2. Tis. - Modification de l'aspect d'un tissu l'aquarelle, et la technique est très repré-
(gaufrage* par exemple) pour le rendre sentée dans la peinture moderne.
plus riche, ou de sa nature pour accroître - 1, 85, 102, 247, 465.
ses usages (le rendre infroissable, imper-
méable...). AQUATINTE
527. n. f Emprunt à l'italien acqua tinta, eau
3. Ver.- Matière fusible placée sur le verre* teinte.
pour préparer l'application de la peinture Grav. - Procédé de taille-douce* analogue
à l'émail (on dit aussi fondant). à l'eau-forte* : la plaque de métal vernie où
l'essentiel du dessin a été gravé est nettoyée
APPUI puis couverte par endroits de poussières de
n. m. Déverbal du verbeappuyer. résine qu'on y fait adhérer en la chauffant.
L'acide attaque là où il n'y a pas de résine.
Arch. - Tablette couronnant l'allège d'une Ce procédé permet d'imiter les lavis* (d'où
baie; il peut être surmonté d'une barre* son nom). Il apparaît au XVIIIe siècle dans
d'appui ou d'une balustrade* ; il est souvent l'œuvre de Jean-Baptiste Le Prince (1734-
mouluré. 1781) et chez Goya dans ses Caprices (1799).
On appelle « meuble d'appui » un meuble
sur lequel on peut s'appuyer (buffets*, bas
d'armoire*...). Les lambris* d'appui sont AQUEDUC
ceux qui garnissent un mur à hauteur d'ap- n. m. Dulatin aquae ductus, conduitd'eau.
pui, dans les salles à manger par exemple Arch. - Ouvrage d'art destiné à conduire
où ils protègent les murs à hauteur des dos- l'eau d'un point à un autre. Al'époque mo-
siers de chaises. derne, les aqueducs sont la plupart du temps
des canalisations souterraines. Les aqueducs
aériens, qui furent une des grandes réussites
de l'architecture utilitaire romaine, néces-
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sitent un support formé par des arcades*. ARASER


A Montpellier, entre 1753 et 1766, l'ingé- v. tr. Composédea- et du verberaser.
nieur Pitot construisit l'aqueduc Saint-Clé- Arch. - Rendre parfaitement horizontale la
ment, aboutissant dans la promenade du surface supérieure d'une maçonnerie. Les
Peyrou à un bassin monumental (V. Châ- arcs sont arasés lorsque l'extrados* de leurs
teau d'eau), et inspiré du pont du Gard. Les claveaux* forment un plan horizontal.
aqueducs antiques ont beaucoup inspiré la
peinture et la littérature; tout voyageur a
célébré la succession des arches qui scandent
la campagne romaine; tous les artistes qui ARBALÈTE
ont séjourné à Rome ont peint de diverses n.f. AuIVe siècle, Végèce, dans son Résumé
façons ou ont dessiné quelques-unes de ces d'histoire militaire (II, 15), évoque une
arches qui rendent expressifle plat paysage, arme hybride pour laquelle il crée le mot
ou pénètrent dans Rome comme autant hybride arcuballista (de arcus, arc, et
d'arcs* triomphaux (voir en particulier Pi- ballista, machine de jet) ; de ce mot dérive
ranèse). Le pont du Gard a eu la même arbalète.
fortune, depuis qu'il a fait s'écrier à Rous-
seau : « Que ne suis-je né romain! » 1. Arm. - C'est la plus perfectionnée des
(Confessions, VI). armes* de jet. Elle comporte un arc, plus
court et plus rigide que l'arc traditionnel,
ARABESQUE monté sur un fût de bois, l'arbrier*, qui
donnera souvent lieu à une ornementation
n. f Emprunt à l'italien arabesco, qui précieuse (incrustation* d'os, de nacre,
avait au XVIe siècle le sens de « arabe » et d'or), comme les fusils*. La flèche, ou car-
de « arabesque »; cette seconde acception reau*, est courte et épaisse. L'arbalétrier
Prévautenfrançais. tire la corde en arrière jusqu'à ce qu'elle
Peint. et Sculpt. - Ornement peint ou sculpté s'accroche sur la tête d'un pivot, nommé
composé de lignes ou de feuillages* entre- noix*, disposé sur le fût; il place le carreau
lacés dessinant des sinuosités et à l'exclusion devant la corde et le libère grâce à une
detoute représentation anthropomorphique. détente située sous l'arbrier et jouant sur
L'origine est à l'évidence chez les Arabes la noix. Ainsi l'arbalète peut-elle rester
pour qui l'aniconisme est un dogme, mais armée sans causer de fatigue à son utilisateur,
on trouve dans l'Orient antique, et même contrairement à l'arc qu'il faut maintenir
dans l'art gréco-romain, pourtant attaché bandé. Connue pendant la première croi-
à la représentation de l'homme et du réel, sade, l'arbalète était une arme redoutable,
une décoration similaire, de même au haut au point que le Concile de Latran, en 1139,
Moyen Age dans l'art des miniaturistes* défendit de l'utiliser contre les Chrétiens.
irlandais. Del'arabesque, proprement mau- Cet interdit n'empêcha pas qu'on ne cessât
resque et des motifs antiques, que l'histoire de chercher à en améliorer l'efficacité (la
interdit d'appeler de ce nom, les artistes flèche avait une portée de 150 m) ; et cette
de la Renaissance* ont fait une synthèse efficacité dépendait surtout de la tension
dans les grotesques*. L'arabesque s'intègre de la corde. On adjoignit d'abord au haut
ensuite aux divers styles. de l'arbrier un étrier permettant de passer
- 585. le pied et de fixer ainsi l'arme au sol ; l'arba-
létrier passait la corde dans un crochet
ARASE attaché à sa ceinture et la tendait en se
relevant. Mais les progrès techniques rem-
n. f Déverbaldearaser. placèrent de plus en plus la force physique
Arch. - Pierre destinée à combler un vide par des dispositifs ingénieux dont le plus
dans un mur et à l'araser. répandu est le cric* ou cranequin* : il
permet de bander la corde en manoeuvrant
une manivelle qui commande une roue
ARASEMENT dentée; le système permettait d'user de
n. m. Dérivé du verbe araser. l'arbalète en étant à cheval. Un système de
treuils et de poulies, joint au principe de
Arch. - Action d'araser. Face supérieure l'étrier, s'appelait moufle*. Il fut mis au
horizontale d'une assise de maçonnerie. point au xve siècle, alors que bientôt les
Assise de forme particulière permettant de armes à feu allaient supplanter les armes de
repérer l'horizontale dans une construction jet. L'arc des arbalètes fut selon les époques
sur terrain irrégulier. fait de bois d'if, de corne ou d'acier. Sa
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forme était très élégante; elle fut plus tard (colonnes*, piliers* ou corbeaux*) sur les-
reproduite dans le mobilier. quels est reportée la poussée de la voûte*.
-+ 264. L'arc est déterminé par un ou plusieurs
arcs de cercle; la face inférieure des cla-
2. Mob. - Pendant la Régence* et la pre- veaux forme l'intrados* qui définit son
mière moitié du règne de Louis XV*, la tracé. On classe les arcs suivant ce tracé :
forme en arbalète est donnée souvent à la
partie inférieure de la ceinture des tables* —l'arc en accolade formé de quatre por-
ou des sièges*. tions d'arc de cercle qui ont la forme d'une
accolade, c'est-à-dire de la réunion de deux
ARBALÉTIER talons* (on l'appelle parfois « arc en ta-
lons »). Il apparaît dans le gothique* tardif
n. m. et reste en faveur pendant la Renaissance* ;
Arch. - De porteur d'arbalète, par analogie —l'arc en anse de panier est formé de trois
de forme entre l'arc de l'arbalète et la forme arcs de cercle dont celui du milieu est tracé
triangulaire de la ferme* d'une toiture, le sur un cercle de rayon supérieur aux deux
mot est devenu un terme de charpenterie autres cercles qui sont symétriques (utilisé
désignant les parties obliques d'une ferme pendant la Renaissance*) ;
qui forment les versants du toit*. Les arba-
létiers sont assemblés à leur base dans l'en-
trait* et à leur sommet dans le poinçon*.
On dit aussi « arbalétrier ».
La pièce qui double l'arbalétier, dont la
base part sensiblement du même point de
l'entrait, mais dont la tête est assemblée
plus bas dans le poinçon, est dite sous-
arbalétier* ; elle peut être courbe.
ARBALÉTRIÈRE
n.!
en anse de panier
Arch. - Féminin de arbalétrier, porteur
d'arbalète, créé pour désigner une archère* —l'arc en mitre a pourintrados deuxdroites
par laquelle on pouvait tirer à l'arbalète. inclinées formant un angle (on dit aussi
V. Château. « arc en fronton ») ;
ARBRIER
IL.fit.
Arm. - Nom dérivé de arbre pour désigner
le fût de bois de l'arbalète*.
ARC
n. m. Dulatin arcus. en mitre
Arch. - Construction formée par un assem-
blage de pierres — claveaux* ou vous- —l'arc en ogive formé de deux segments de
soirs* —prenant appui sur deux supports cercle se rejoignant en formant un angle
plus ou moins aiguselon que les deux centres
sont placés à l'intersection de la base et de
la courbe, en dehors de la base ou, de part
et d'autre de l'intersection, très rapprochés
l'un de l'autre; on obtient dans le premier
cas un arc en ogive équilatérale, dans le
second un arc en lancette, dans le troisième
un plein cintre brisé. On trouve ces formes
dans le gothique* ;
A, voussoirs - B, sommier - C, contreclef - D, clef —l'arc en plein cintre a pour intrados un
. a, douelle d'intrados - b, douelle d'extrados demi-cercle; il est caractéristique de l'art
c, tête - d, lit en coupe roman* ;
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en plein cintre
—l'arc en tiers-point est un arc brisé dont
les centres de courbure coïncident avec les
points d'appui et dont le rayon est égal à
l'espacement de ces points;
brisé surhaussé
— l'arc trilobé formé de trois portions de
cercle qui apparaît dans le roman* tardif et
le gothique*.
ARC-BOUTANT
Participe d'un ancien verbe bouter, d'origine
francique, signifiant «pousser ».
Arch. - Arc rampant qui, en « poussant »
brisé en tiers-point contre les reins des voûtes combat leur
—l'arc brisé est obtenu par deux segments poussée; il est lui-même calé par un contre-
fort*. Les arcs-boutants sont une création
de même rayon et dont les centres différents du gothique*, au XIIesiècle; leur découverte
sont placés sur une ligne horizontale; il a fut provoquée par la fragilité de certaines
l'avantage d'exercer une moindre poussée églises (Vézelay en particulier manqua de
que le plein cintre; s'effondrer) et le désir d'élever plus haut la
—l'arc déprimé a pour tracé une droite nef des églises. Organe utilitaire d'abord,
raccordée aux points d'appui par des quarts l'arc-boutant devint de plus en plus saillant
decercle; jusqu'au xve siècle, se répéta parfois en
—l'arc outrepassé a pour intrados un seg- plusieurs volées, et se couvrit de décorations
ment de cercle supérieur à un demi-cercle; qui l'allégèrent de plus en plus.
le centre du cercle est alors plus haut que la ARC DE TRIOMPHE
ligne des points d'appui (fréquent dans l'art
musulman). n. m. Du latin triumphus, cérémonie célé-
brant le retour d'un général victorieux.
Arch. - Monument commémoratif parti-
culier à l'architecture romaine, l'arc de
triomphe dans sa forme la plus simple
consiste en une arche en plein cintre enca-
drée de deux pylones* ornés de colonnes*.
Cette structure devient lemotifcentral d'une
outrepassé travée* rythmique dans les arcs à trois
arches. Ce monument a hanté les pouvoirs
— l'arc surbaissé a pour intrados un seg- politiques de la Renaissance* au xixe siècle;
ment inférieur à un demi-cercle; le centre il a la vertu double de mettre en valeur une
en est plus bas que les points d'appui; pénétration et de transformer en lieu triom-
phal le lieu auquel il donne accès. Les
portes* des villes aux xvie et XVIe siècles
ont repris cette double virtualité qui, de
plus, travestissait toujours la ville ouverte
par la porte en une image de Rome et le
souverain en une réplique des empereurs.
surbaissé A côté des portes réelles, on a élevé des
—l'arc surhaussé a un intrados en demi- quantités d'arcs éphémères célébrant des
entrées royales ou de grandes fêtes monar-
cercle prolongé par des droites qui le rac- chiques. Ainsi Rubens a dessiné un arc de
cordent aux supports; triomphe qui fut ensuite construit pour la
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réception aux Pays-Bas du gouverneur espa- ries* d'un cloître* constituent une arcature.
gnol l'infant Ferdinand (Maison de Rubens Le style gothique* a utilisé les arcatures
à Anvers). La Révolution française en a fait comme motif ornemental, soit les arcatures
grand usage dans ses grandes mises en scène àjour (dont les baies sont ouvertes) soit les
des fêtes, mais elle n'en ajamais construit de arcatures aveugles (dont les baies comblées
durable. L'Empire alaissé au contraire deux sont soulignées sur un mur par leurs arcs
arcs, celui du Carrousel et celui de l'Etoile. et leurs supports).
Thème favori de l'architecture* éphémère,
l'arc de triomphe n'a pas dépassé parfois ARCELET
le stade de l'estampe et des dessins, tel le
grandiose arc imaginé par Dürer pour n. m. Diminutifformésur arceau.
l'empereur Maximilien Ier, en 1515. Cost. - Cercle de fer en forme d'arc qui
soutenait les cheveux desfemmesau xviesiè-
ARCADE cle. V. Attifet et Coiffure.
n.f. Empruntfait au XVIe siècle à /'italien ARCHE
arcata, dérivédearco, arc.
Arch.- Ouverture libre ouverte dans un mur n.f Dulatin arca, coffre.
et couverte par un arc* dont les supports, Mob.- Coffre* à couvercle bombé en usage
colonnes*, pilastres*, piliers*, reposent sur au Moyen Age jusqu'au XVIe siècle; on
le sol. L'arcade est définie par l'arc qui la offrait souvent auxjeunes mariés une arche
couvre, on parle d'arcades en plein cintre* contenant leurs cadeaux de mariage.
pour les arcades romanes*, d'arcades en
arc* brisé, en anse de panier... On trouve ARCHE
des successions d'arcades autour des places* n. f. Dérivé d'un pluriel neutre arca formé
à l'époque gothique* ; elles sont fréquentes fautivement sur le latin arcus, arc, et pris
dans l'architecture ultérieure (arcades des pourunféminin.
places du règne de Louis XIII, place Royale
à Paris, place Ducale à Charleville..., ar- Arch. - Baie prenant naissance au sol et
cades de la rue de Rivoli). Elles ouvrent sur couverte d'une voûte* généralement en ber-
des galeries* qui servent de promenoirs. ceau; le mots'emploie pour les ponts* ou les
arcs* de triomphe.
ARCADIE
n.f. ContréeduPéloponnèse (grec Apxo::o£o::), ARCHE-BANC
devenue dans la pensée antique le lieu para- n. f Mot composé de arche* et de banc*
disiaquepar excellence. utilisé dans le Midi, aux XVIe, XVIIe et
Div. - Depuis les Bucoliques de Virgile, les XVIIIe siècles pour désigner le meuble qu'on
pastorales* sont situées dans un pays imagi- appelait dans le Nord« banc à coffre ».
naire nomméArcadie (par exemple Arcadia, Mob.- Banc* monté sur un coffre, avec dos-
de Sir Philip Sydney, 1590), ou décrit par sier* et accotoirs*. On écrit aussi arche-
rapport à l'Arcadie mythique des Anciens. banc (des archebancs).
Du xvie au XVIIIesiècle, elle est le pays ima-
ginaire qui fait le décor des pastorales des ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE
peintres. Les Bergers d'Arcadie de Poussin
donnent le ton à toute une tradition qui Arch. —Etude récemment mise à la mode en
invente un paysage* de rêve de préférence Occident et qui tend à traiter les édifices in-
au paysage réel. AuXVIIIesiècle, lesjardins* dustriels comme des monuments d'intérêt
qui sont inspirés par la littérature et la archéologique équivalent à celui des monu-
peinture n'échappent jamais à cette nos- ments historiques. A. Malraux, dès 1934,
talgie; il y a, dans le parc du marquis de écrit :«Lafabrique quiest encoreseulement
Girardin à Ermenonville, une prairie ar- une sorte d'église des catacombes doit de-
cadienne. venir ce que la cathédrale était, et les
hommes doivent voir en elle, au lieu des
ARCATURE dieux, le pouvoir humain luttant contre la
terre » (Destin de l'homme). Les cités*-
n. f. Dérivé de arc. Le mot est attesté seule- ouvrières, les gares*, les halles*, les grands
ment àpartir du XIXe siècle. magasins*, les usines*... doivent être clas-
Arch. - Suite de baies couvertes par un arc*. sés comme monuments du travail humain.
L'ensemble des baies qui entourent les gale- Le colloque international tenu à l'Eco-
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musée* du Creusot en 1976 a précisé les Art de construire et d'aménager les édifices.
règles de cette archéologie. La destruction La définition de l'architecture en Occident
des Halles de Baltard à Paris est par rapport remonte au Dearchitectura de Vitruve qui fut
à ce mouvement un contresens qu'on a souvent traduit au xve et au xvie siècle, en
compensé a posteriori par la récupération particulier par Alberti. Après Vitruve, les
d'un des pavillons placé à Nogent-sur- humanistes définissent les critères de l'archi-
Marne. tecture, la solidité, l'utilité et la beauté, fai-
sant de cette pratique àla fois une technique
ARCHÈRE et un art. L'architecture est liée au corps hu-
main dont elle doit reproduire l'harmonie
n. f Formésur le latin arcus, arc. et l'équilibre. Vitruve expliquait que les
Arch. - Fenêtre ouverte dans les murailles colonnes* étaient renflées en leur milieu
d'un château*. On appelle « jour en ar- pouréviter l'impression qu'elles divergeaient
chère », une ouverture en forme de fente sous le poids de l'édifice, comme un muscle
destinée seulement à donner de la lumière. se contracte sous l'effort. Avant la redé-
couverte de Vitruve l'architecture médié-
ARCHES vale appliquait les mêmes critères et en
particulier inscrivait ses monuments reli-
n.f. pl. gieux dans l'ordre cosmique qu'ils imitaient ;
Ver. - Fours accessoires entourant le four* elle savait tirer parti des membres obliga-
de fusion et correspondant avec lui par des toires (les contreforts* par exemple) pour
ouvertures, dites « lunettes » par lesquelles les transformer en ornements (par l'adjonc-
elles récupèrent la chaleur perdue. tion de pignons* ou de clochetons*). La
Renaissance* redécouvre une architecture
ARCHÉTYPE à la mesure de l'homme et non à celle de
n. m. Du grec &pxÉ"t'UITOC; (de ap'/av, être le Dieu, et pose la question qui reste encore
premier), et TÛTZOÇ,marque, empreinte, puis
posée aujourd'hui : que faire de la troisième
modèle. exigence de Vitruve, la beauté ? une résul-
tante de l'harmonie entre les parties ? une
Div. - Modèle iconographique ancien ou parfaite adéquation à la finalité de l'œuvre
idéal servant de modèle aux représentations bâtie ? ou un je ne sais quoi ajouté par les
du même sujet; par exemple l'image de ornements ? La réponse à cette question
l'empereur romain est dans l'iconographie distingue les styles architecturaux du xve au
religieuse, dès l'art paléo-chrétien et encore xixe siècle et détermine les tendances clas-
dans l'art médiéval, l'archétype du Christ sique* ou baroque*, rococo* ou néo-clas-
en gloire. sique*. Au xixe siècle les matériaux nou-
On appelle « archétype » le plâtre* moulé veaux, le fer*, la fonte*, le verre*, l'acier*,
sur un bas-relief* de pierre ou de bronze. le béton* orientent l'architecture vers un
avenir coupé de son passé. Le rationa-
ARCHITECTE lisme l'emporte sur tout idéalisme, et l'ar-
chitecture se veut fonctionnelle et belle
n. m. Du latin architectus, qui traduit le de sa nudité. De cette rupture, malgré
grec cXPxyrÉx:rCùv, littéralement maître char- Le Corbusier, et les réalisations spectacu-
pentier (deAPXETV,être lepremier, et TÉXTCOV, laires du xxe siècle (gratte-ciel* ; villes*
charpentier). Le mot entre dans l'usage au neuves comme Brasilia...), l'architecture
début du XVIe siècle, sous l'influence de semble mal remise et encore incertaine des
l'italien architetto; on disait auparavant formes à donner à l'habitat d'une popu-
maître d'œuvre* oumaître-maçon. lation grandissante sans cesse mais toujours
Artiste qui conçoit un édifice et en surveille formée d'individus qui se retrouvent mal
la réalisation. La fonction de l'architecte dans le gigantisme.
acquit progressivement une dignité artis- - 9, 32, 38 bis, 48, 69, 91, 105, 113, 115,
tique au cours du xvne et du XVIIIe siècle. 118, 129, 157, 166, 188, 207, 250, 261, 273,
293, 540. 302, 306, 307, 329, 347, 350, 376, 384, 436,
438, 447> 503, 516, 533, 534, 546, 549, 593,
ARCHITECTURE 622, 623, 630, 648, 703, 769, 778, 792, 794,
n. f. Du latin architectura, dérivé de ar- 828, 86o,863.
■ chitectus. Le mot apparaît en France au
début du XVIe siècle par l'intermédiaire de
l'italien architettura.
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ARCHITECTURE BALNÉAIRE tique de celle de ces fêtes, à la fois onirisme


Architecture adaptée aux stations balnéaires vécu et exaltation romaine. Les pompes
maritimes. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle funèbres travestissaient de la mêmemanière
les bains de mer sont considérés comme leséglises oùelles étaient célébrées. LaRévo-
un traitement médical. Dèsledébut dusiècle lution française reprit àla monarchie l'usage
suivant la mode apparaît des bains pris des architectures provisoires, en les laïcisant,
pour le sport ou le plaisir. La première mais en en gardant la double orientation;
station balnéaire, Dieppe, ouverte en 1809, ainsi voit-on dans Paris des montagnes, des
donne le modèle que les chemins de fer, rochers, des sources qui évoquent une Ar-
qui mettent Paris à portée de la Manche, cadie* rêvée, et des pyramides*, des tem-
vont contribuer à multiplier. Certaines sta- ples*, des obélisques*, des arcs de triomphe
tions, commeDieppe et Boulogne, s'ajoutent qui répètent le goût antique mis à la mode
à des localités existant déjà, d'autres sont par les néo-classiques* et devenu le porte-
créées de toutes pièces, comme Deauville parole de la vertu et de la liberté retrouvées.
lancée par le duc de Morny. Pour celles-ci Le Premier Empire pétrifiera ces rêves de
un urbanisme* original est adopté : il faut pierre (arc du Carrousel, arc de l'Etoile).
le long de la mer une promenade d'où par- - 34.
tent à la perpendiculaire des rues bordées
de maisons. Ces stations deviennent au
xixe siècle des lieux de villégiature familiale ARCHITECTURE THERMALE
et mondaine; elles s'équipent d'établisse- Architecture appliquée aux établissements
ments de bains, d'hôtels* et de casinos* de bains thérapeutiques oud'eaux naturelles
traités avec le même luxe qu'on trouve dans et auxvilles quisedéveloppentautour d'eux.
les stations thermales. La différence ici est L'usage de « prendre les eaux » est ancien,
dans l'urbanisme* régulateur et dans la mais c'est au cours du xixe siècle surtout
profusion des villas* privées. Autant l'urba- que se créent des stations; jusqu'à la fin
nisme dit l'ordre, autant les constructions du XVIIIesiècle les traitements se faisaient à
privées disent la frivolité et le désordre; domicile. L'exemple des thermes d'Aix-en-
l'éclectisme* s'ébouriffe dans les villas con- Provence construits sous Louis XIV atteste
çues comme des fermes, des châteaux forti- la permanence d'installations depuis l'An-
fiés, des édifices néo-gothiques... La mer, tiquité; mais c'est en France un exemple
dont Michelet a célébré les mystères sau- rare, alors qu'en Angleterre, dès 1724, sont
vages, est dans ces stations plus la ligne de construites àBath lesinstallations monumen-
fond d'un décorque l'élément qui l'organise. tales organisées par un urbanisme* savant.
- 6IO. Une des premières stations aménagées au
xixe siècle est Bagnères-de-Luchon (1848-
ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE 1852); un néo-classicisme* tardif y mul-
tiplie les colonnes* doriques*, les fenêtres
n. f. thermales* et un décor luxueux. Le ton
Ensemble des constructions provisoires éle- est donné : il n'y aura pas d'architecture
vées pour célébrer l'entrée d'un souverain spécifique mais une organisation des thèmes
dans une ville, des fêtes ou pour entourer une appliqués aux grands hôtels*, aux grands
pompe funèbre. Les entrées royales au magasins* et aux gares*. L'ostentation dé-
xvie siècle suscitaient l'élévation d'arcs* de ploie les façades marquées de l'éclectisme*
triomphe somptueux auxquels les grands qui règne à la fin du siècle et des essais de
artistes du temps collaboraient; cette habi-
l'art nouveau* et de l'art déco* au début
tude se maintint jusqu'au xixe siècle. Les
du xxe. L'intention monumentale s'affirme
fêtes royales suscitaient aussi une floraison dans l'appellation de «palais »qu'on trouve
de monuments symboliques (par exemple par exemple à Nice (Palais de la Méditer-
les temples d'Amour et de Félicité pour le ranée) devenue à partir du XVIIIe siècle
mariage de Louis XIII et d'Anne d'Au- déjà une station hivernale ;organisée comme
triche en 1612). Cette architecture était une les stations thermales, elle devient comme
sorte de travestissement de l'espace habituel
elles le cadre fastueux des fêtes offertes aux
en espace sacré, avec toujours une rémi-
touristes aristocrates et riches.
niscence de la Rome impériale. Ainsi J. Mar-
tin qui avait traduit Vitruve et Le Songe de ARCHITRAVE
Poliphile participa-t-il aux constructions qui
marquèrent en 1549 l'entrée d'Henri II à n.f Emprunt à l'italien architrave, signi-
Paris; sa double orientation est caractéris- fiant maîtresse-poutre (ony reconnaît le nom
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de la poutre, en ancienfrançais tref, et le ARÊTIER


préfixearchi-, dugrec&PXe.:LJ',êtrelepremier). n. m. Dérivé de arête (XIVe siècle).
Arch. - Poutre horizontale, à l'origine en Arch. - Intersection géométrique de deux
bois (dans l'art grec archaïque), puis en pans de couverture, en particulier de deux
pierre ou en marbre, qui repose sur les cha- berceaux*. L'arêtier dans le style gothique*
piteaux* des colonnes* ou des pilastres* et est souvent souligné par un bandeau* ou
les réunit. L'architrave constitue l'élément par des nervures*.
inférieur de l'entablement* ; elle est en gé-
néral simplement ornée pour ne pas nuire ARGENTURE
à la frise*.
n.f. Dérivé de argentformé au XVIIe siècle.
ARCHIVOLTE Div. - Mince couche d'argent déposée à la
n.f. Empruntfait au XVIIe siècle à Fitalien surface d'un objet de bois ou de métal.
archivolto, mais il existait un mot de latin L'argenture a été pratiquée sur le mobilier
tardif, archiuoltum dérivé sans doute de en liaison parfois avec la dorure*. Pour les
l'ancienfrançais arvolt (arc, et volt, parti- pièces d'orfèvrerie* on recourt aujourd'hui
cipe issu dulatin uolutus, courbé). à l'électrolyse, de même que pour les glaces*
Arch. - Moulure* couronnant l'extrados* qui sont aujourd'hui argentées au lieu d'être
comme autrefois étamées.
d'un arc* ou d'une voussure* dont elle
épousele profil*. Lesarchivoltes couronnent -+ 267.
les arcs en plein cintre ou les arcs brisés de
l'architecture romane*;ellessecompliquent ARGILE
de baguettes* et de découpures dans le style n. f Dulatin argilla.
gothique*. L' « archivolte retournée » est Cér. et Sculpt. - Nom générique de terres
une mouluration prolongée de manière à grasses plastiques et consistantes, de con-
former un cordon* ou un crosset*.
texture grenue et dont la couleur varie du
ARCOSOLIUM blanc au gris foncé. L'argile est la base
commune à tous les arts de la céramique*,
n. m. Du latin arcus, arc, et solium, sarco- tant à la faïence*, au grès* qu'à la porce-
phage. laine* (le kaolin* en étant une variété).
Arch.- Niche en arc creusée dans un mur et Détrempée et façonnée à la main ou au
abritant un cercueil. Ce type de tombe est tour*, l'argile subit une dessiccation au so-
fréquent dans les catacombes chrétiennes, leil ou au four et selon la température de sa
parfois utilisé dans les églises*. cuisson offre un aspect différent qui tient à
sa plus ou moins profonde vitrification. Pour
ARDOISE dissimuler son aspect et la rendre étanche,
on lui applique selon les cas un vernis*,
n.f. Etymologie incertaine. un émail* ou un engobe*. En sculpture,
Arch. - Pierre schisteuse se débitant en lames l'argile est employée pour le modelage* des
minces, d'une teinte gris bleuté, qu'on uti- maquettes*.
lise pour la couverture des toits* en les po- - 485.
sant à recouvrement. La partie visible de
chaque lame peut former un rectangle, un ARMATURE
losange, ou une écaille. Cette dernière forme
est utilisée pour couvrir les tourelles* et les n.f. Du latin armatura, armure, sens que le
toitures circulaires. L'ardoise est aussi un mot aj«usqu'au XVIe siècle; au XVIIe siècle,
matériau employé en sculpture. il prend des acceptionsfigurées.
1. Div. - Assemblage de pièces de bois ou
ARÊTE de fer* servant à soutenir les éléments d'un
ouvrage de maçonnerie, une statue*, un
n.f vitrail* et, notamment, depuis le xixe siècle,
Arch. - Intersection de deux surfaces et par- le béton*, dont l'armature est aujourd'hui
ticulièrement de deux berceaux* de même en acier*.
section. La rencontre des berceaux forme 2. Sculpt. - Bâti intérieur de bois ou de métal
des arêtes saillantes d'où le nom de « voûte* sur lequel s'effectue le modelage* d'une
d'arêtes » donné à ces voûtes. esquisse* ou d'une maquette*.
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ARME à ranger des objets usuels, le plus souvent du


n.f. Le neutre collectif arma du latin clas- linge. C'est un des plus anciens meubles
sique a donnéceféminin. connus; il est cité dès le XIIe siècle mais à
Arm.- Tout instrument destiné à sedéfendre propos des églises* et des monastères* où
ou à attaquer. On distingue les armes défen- l'armoire est une sorte de placard aménagé
dans l'épaisseur d'un mur. C'est d'une sa-
sives (armure*, bouclier*) et les armes cristie que provient la première armoire
offensives. Celles-ci sont de cinq types : connue, celle d'Obazine dans la Corrèze
armes de choc : tels la massue, le casse- (xne siècle). Le meuble proprement dit se
tête, les haches...; armes d'hast (du latin développe et se laïcise surtout à partir du
hasta, lance) : composéesd'un feremmanché xve siècle. Il sera jusqu'au milieu du xxe siè-
sur un fût et dérivées souvent d'instruments cle un des meubles essentiels de la maison;
agricoles, lance, pique, hallebarde*, per- il suit l'évolution des styles, et, selon les
tuisane; elles sont maniées à deux mains; époques et les régions, ses pieds, ses portes
armes dejet, javelot, arbalète*, arc*, cata- et leurs chambranles*, et ses frontons* ont
pulte; elles sont lancées à la main ou au des formes variées et portent des décora-
moyen d'un système bandé; armes de main, tions en sculpture ou en marqueterie*.
dont on se sert pour assommer, trancher ou Vers 1840le meuble fusionne avec la psyché*
piquer, tels le glaive*, l'épée*, le cime- pour donner l'armoire à glace. Les appar-
terre*...; armes à feu, dont le projectile est tements modernes, plus bas de plafond que
lancé par l'explosion depoudre, arquebuse*, jadis et munis de placards, accueillent de
fusil*, pistolet*... plus en plus rarement les armoires.
Bon nombre des armes donnaient lieu à un Armoire de gage :dans les provinces surtout,
travail artistique qui signalait le rang de leur armoire offerte à sa fiancée par son préten-
propriétaire : cela est vrai des armes portées dant et décorée de symboles amoureux :
par les cavaliers. Elles étaient particuliè- cœurs unis, pigeons se becquetant...
rement ornées quand elles étaient réservées - 700.
aux tournois ou aux parades.
-v 264, 449, 722. ARMOIRIES
ARMES n. f. pl. Dérivé du verbe ancien armoyer,
orner d'armes* héraldiques*.
n.fpl. Hérald. - Emblèmes* appartenant en propre
Hérald. - Pièces de blason qui servent de dis- à une famille ou à une communauté. De
tinction à une famille, à des villes... V. Ar- par leurs couleurs et leurs formes, les ar-
moiries. moiries sont en elles-mêmes un motif déco-
- 495- ratif. Elles figurent sur toutes les oeuvres
d'art dont elles marquent la possession,
ARMET depuis le château (elles ornent le fronton
des portes) jusqu'à la vaisselle.
n. m. Déformation sous l'influence du mot
arme de l'espagnol almete, lui-même dérivé ARMURE
dufrançais helmet. Mêmefamille queheaume.
Arm. - Forme de casque*. n.f. Du latin armatura, armement.
1. Arm.- Ensemble des pièces qui protègent
les combattants au Moyen Age. Dela fin de
l'Antiquité au XIIIesiècle, on perfectionne la
cotte* de mailles qui remplace la broigne*
dont la forme, la plus complète est le hau-
bert*. Jusque-là on appellera l'ensemble de
Armet l'armement adoubement*. Peu à peu aux
mailles on substitue de petites plaques, dites
ARMOIRE plates*, qui renforcent la protection contre
les armes de choc; on obtient ainsi la cotte
n. f. Du latin armarium (lui-même dérivé à plates dite brigandine*. Aux plates on
de arma au sens de ustensiles), petit meuble substitue progressivement des pièces rigides
derangement,parfois bibliothèque. en acier superposées à la maille et rivées à
Mob. - Meuble peu profond, haut et large, elle. Dansle courant duxvesiècle lesplaques
fermé par une ou deux portes, intérieure- articulées et ajustées remplacent totalement
ment garni de tablettes ou de tiroirs, destiné les mailles; c'est alors qu'on peut parler
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d'armure. L'armure complète était dite valerie française qui, pour trop s'y tenir,
harnois* plain, harnois blanc, quand l'acier perdra de grandes batailles comme celle
qui la composait était poli, ou harnois noir, de Crécy.
quand il était noirci aufeu. Faite sur mesure, Tout ce lexique, comme celui qui décrit les
pesant jusqu'à 30 kg, cette armure coûtait parties du casque et les armes, témoigne
fort cher. Pluslourde detoutes était l'armure de l'importance primordiale de la cheva-
de joute, renforcée spécialement du côté lerie armée dans l'Europe médiévale; des
gauche qui recevait, dans les tournois, l'as- mots sont empruntés aux vieilles langues
saut del'adversaire. Enmêmetempsqu'une germaniques, comme aux langues euro-
défense le harnois plain était un emblème péennes contemporaines, l'italien, l'espa-
social; les chevaliers en recevaient certaines gnol, ou parfois même à l'arabe. D'autre
pièces dans la solennité de l'adoubement. part un grand nombre de mots définissent les
Aussi l'armure pouvait-elle être un objet pièces de l'armure ou du casque* par ana-
d'art dontl'acier était ciselé ouincrusté, sur- logie (métaphores fréquentes). Il arrive aussi
tout quand elle était destinée aux parades. que- les pays étrangers empruntent un mot
A la fin du xve siècle, l'armure maximi- à la France; c'est le cas de « harnais »
lienne, dite simplement « maximilienne » emprunté au XIIIe siècle quand la chevalerie
(du nom de l'empereur Maximilien Ier qui françaisejouissait de son plus grand prestige.
en inaugura le type), dont l'acier renforcé - 264, 318, 379.
de cannelures offre une grande résistance,
couronne un siècle de perfectionnements,
àunmomentoùlesarmesàfeuvontchanger
totalement la stratégie de la guerre et rendre
inutile l'armure. Aussi au xvie siècle, s'al-
lège-t-elle, et devient-elle de plus en plus
luxueuse, tendant même par le travail du
métal à ressembler au costume civil. Fran-
çois Ier qui prolonge l'esprit chevaleresque
jusqu'à se faire adouber solennellement à
Marignan, porte encore l'armure et ses
descendants aussi. Henri IV la porte encore
ainsi que Louis XIII, mais Louis XIV n'en
portera pas. Seule demeurera dans l'équi-
pement militaire jusqu'au xixe siècle la
cuirasse*.
Le grand harnois comportait une centaine
de pièces protégeant l'ensemble du corps;
les principales sont : pour la tête, l'armet* ; Armures
pour le cou, le gorgerin* ; pour les épaules, XIVe siècle époque
les épaulières*, plaques articulées surmon- Louis XII
tées de chaque côté d'un rebord en saillie
appelé buffe*, et destiné à dévier la gifle 2. Tis. —Par extension de sens, dans la
de la lance adverse sur le cou; pour la poi- technique du tissage, façon d'entrecroiser
trine, le plastron* ; pour le dos, la dossière* ; les fils de trame* et les fils de chaîne*. Il
le canon* d'arrière-bras et le canon d'avant- existe de nombreuses armures, les plus cou-
bras, de part et d'autre de la cubitière*, rantes sont : l'armure toile qui consiste à
qui protège le coude, protègent les bras; à passer alternativement le fil de trame au-
la taille, la braconnière* protège les hanches dessus d'un fil de chaîne et au-dessous du
et porte des basques métalliques, les tas- suivant; le mouvement se répète avec un
settes*, protectrices du haut de la cuisse; décalage au rang suivant; l'armure serge :
la cuisseelle-mêmeestcouverteducuissard*, le fil de trame chevauche plusieurs fils de
le genou de la genouillère* et lajambe de la chaîne; c'est le flotté. Cette armure est
grève* ; enfin les solerets* couvrent les obtenue par le décalage des flottés; on
pieds. obtient ainsi un effet d'oblique (diagonales,
Ainsi équipé, le chevalier devait monter à chevrons) ; l'armure satin, dont les flottés
cheval aidé d'un écuyer; si, pendant la plus longs que dans la précédente sont aussi
bataille, il en tombait, il nepouvaitsans aide décalés; les irrégularités créées par le croi-
se relever. L'armure est le symbole d'une sement des fils de trame et de chaîne étant
éthique guerrière, héroïque et individuelle, plus rares, la pièce obtenue est lisse et bril-
dont la séduction hantera longtemps la che- lante. D'autres armures sont appropriées à
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des effets spéciaux (damassé*, broché*, Un corps de bâtiment est dit « en arrache-
velours*). ment » quand il est en saillie sur le corps
principal.
ARQUEBUSE
n. f Emprunt à l'allemand Hakenbüchse, ARRIÈRE-BEC
mousquet à crochet (le crochet servait àfixer n. m.
l'arme, très lourde, sur unchevalet). Ondisait Arch. - Eperon protégeant la pile d'un pont*
aussi « bracquebute », ou « coulevrine à du côté de l'aval.
main».
Arm. - Arme à feu en usage de la fin du ARRIÈRE-CHŒUR
xve siècle (Commynes signale son impor- n. m.
tance dans les guerres de Louis XI contre
Charles le Téméraire) jusque vers 1570, où Arch. - Second chœur* placé derrière le
elle fut remplacée par une arme de même maître-autel* de certaines églises* ; il est
principe, le mousquet*. Elle a du vieux en général réservé aux religieux (ou reli-
bâton à feu, qu'elle perfectionne, et du gieuses) cloîtrés; il est séparé du maître-
fusil* qui, à la fin du XVIe siècle, rempla- autel par une grille* ou une cloison.
cera le mousquet, la crosse et le canon. La ARRIÈRE-VOUSSURE
mèche, d'origine orientale, est la caracté-
ristique du premier mécanisme — qu'on n.f
appelle platine* — de l'arquebuse : faite Arch. - Voûte* couvrant l'embrasure inté-
de laine ou de chanvre et trempée dans rieure d'une baie; elle prend appui sur deux
une solution de poudre ou de salpêtre, elle lignes directrices de tracé différent. On
doit, étant allumée, être mise en contact distingue l'arrière-voussure de Marseille qui
avec de la poudre dont l'explosion fait partir est en plein cintre sur le devant et concave à
la balle. Cette mèche est prise dans un élé- l'arrière; l'arrière-voussure de Montpellier
ment en forme de S, le serpentin*, qui, en est en plate-bande à l'arrière; l'arrière-
basculant, la met en contact avec la poudre voussure de Saint-Antoine est sur base
contenue dans une cavité, appelée bassi- horizontale.
net*. Ce système, qui nécessitait la proxi-
mité d'un feu, fut remplacé en Allemagne, ARSENAL
en I5l7, par la platine à rouet : une roue
dentée, tournant rapidement sur un mor- n. m. Emprunt à l'italien arzanà, désignant
ceau de pyrite, produisait une étincelle en- l'arsenal de Venise, issu lui-même de l'arabe
flammant la poudre. La France utilisa la dâr-sinâ'a, maison où l'on construit (sans
platine à mèchejusqu'au milieu du XVIesiè- doute même étymologie que darse).
cle. Les crosses des arquebuses étaient sou- Arch. - Etablissement où l'on construit les
vent décorées d'incrustations* d'os, d'ivoire vaisseaux de guerre, et par extension éta-
ou de métaux précieux qui dessinaient des blissement où l'on construit le matériel
motifs floraux ou figurés. L'arme doit une d'artillerie. Les arsenaux remontent en
réputation de mauvais aloi à l'image de France au xive siècle pour le premier type,
Charles IX arquebusant les protestants de- au xvie pour le second.
puis une fenêtre du Louvre, pendant les
massacres de la Saint-Barthélemy. ART
ARRACHEMENT n. m. Du latin ars, artis.
Div. - Ensemble des moyens et des règles
n. m. Substantifdérivé du verbe arracher. permettant d'atteindre à la réalisation d'un
Arch. - Coupure verticale irrégulière d'une objet défini. Adresse à manier ces moyens
maçonnerie. Elle peut être provoquéepar un et ces règles. Œuvres obtenues par la mise
accident, mais elle est d'ordinaire voulue, en œuvre adroite de ces moyens et de ces
en ce cas le mot désigne dans une construc- règles. L'art est un des problèmes majeurs
tion les pierres réservées, dites «pierres d'at- que l'homme se soit posés à lui-même. Le
tente », destinées à faciliter la liaison de définir précisément et définitivement est
deux portions de mur construites à des une gageure; on ne peut que tourner autour
époques différentes (V. Harpes). On ap- de cette notion et de celles qu'il connote,
pelle « arrachements d'une voûte* » les dont la plus embarrassante est celle de
premières retombées d'une voûte engagée beau*. Les réflexions sur l'art commencent
dans un mur. surtout à l'époque de la Renaissance* et
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sont alors tributaires des ambiguïtés de ART DÉCO


l'héritage romain laissé par Vitruve pour ce n. m.Abréviationde«art décoratif»apparue
qui est de l'architecture, et de Pline l'An- aprèsle' xposition desArtsdécoratifset indus-
cien pour l'ensemble des beaux-arts. L'art triels modernes, tenue à Paris en 1925.
pour les Romains imite la nature; c'est sa Div. - Mouvement artistique né au début
seule raison d'être et sa justification. Est dusiècleet qui toucheà toutes les formesde
belle l'œuvre qui fait illusion au point qu'on ladécorationintérieureetdel'architecture*.
croit qu'elle est vraie; les chevaux peints Issu de l'Art nouveau* il corrige ses motifs,
par les grands maîtres grecs faisaient, dit-on, devenusmièvresetmaniérés,sousl'influence
hennir les vrais chevaux et là était le critère
de la beauté. Mais cette mimésis, plus qu'une ducubisme*, del'art nègre et d'un retour à
copie, était une manière d'exprimer le réel, l'esprit simple du néo-classicisme*. L'expo-
de le faire comprendre, d'en révéler les sition installe les ensembles* créés par diffé-
infinies richesses. L'art est lié jusqu'au rents artistes dans des pavillons où la pein-
xixe siècle au naturel et on retrouve dans ture intervient comme décor. Le mouve-
Le Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac des propos ment réunit d'anciens adeptes de l'Art
qu'il a empruntés à Delacroix et qui restent nouveau et des artistes moins anciens (ainsi
ceux de Pline l'Ancien. Dans sa fonction pour l'architecture, Charles Plumet, Tony
révélatrice l'art est une manière de science Garnier, et Le Corbusier). Les créateurs
qui participe à l'élucidation du monde. De
veulent toucherlesclients richesetretrouver
l'Antiquité, l'Occident a hérité aussi les ré- la valeur qu'on accordait au XVIIesiècle à
flexions morales associant l'art au luxe et à l'œuvre originale;Jean Dunantredonnevie
la décadence morale, réflexions qui retrou- fugacement aux laques* précieuses; on re-
veront avec Rousseau une nouvelle vie. vient aux bois riches (palissandre*, loupe*
Enfin, toujours dans la tradition ancienne, d'amboine*...); on retrouve le galuchat*
l'architecture* restera l'art principal et in- pour gainer ou marqueter les meubles..
discutable jusqu'au xvme siècle; les arts La ferronnerie* (Raymond Subes), la ver-
purement décoratifs ne parviendront qu'au rerie* (Lalique), la décoration* 0ules Le-
xixe siècle à se faire reconnaître. leu), la mode* même (Paul Poiret) suivent
Toutes ces réflexions n'éclairent que l'art
ce mouvement luxueux. Dès sa formation
inspiré de l'Antiquité; elles ne rendent pas (la présence de Le Corbusier à l'exposition
compte des arts non imitatifs, ceux de de 1925le montre bien),le mouvementpor-
Rome même, à partir du me siècle de notre tait en lui-même une tendance au fonction-
ère, de l'époque romane*, de l'époque go- nalisme* qui triomphera bientôtet trouvera
thique* et de toute l'époque moderne. Les à s'exprimer dans les nouveaux meubles
Romains redoutaient l'art et l'avaient civi- suscités par le progrès (pick-up incorporé,
lisé en l'intégrant à un système de pensée machine àcoudre...).
cohérent avec l'ensemble des valeurs de la -> 32, 60, 114, 152, 153, 258, 849.
civilisation. Or l'art moderne, s'il imite la
nature, le fait dans un esprit prométhéen, ART NOUVEAU
non pour imiter ses créations mais pour n. m.
concurrencer sa créativité. Ce que redou-
taient les Romains les artistes d'aujourd'hui Div. - Mouvement artistique dont la forme
le font, ils recréent leur propre monde et en France fut un des aspects d'un mouve-
abandonnent celui qui tombe sous les sens; ment international (modern style, style Li-
ils ne cherchent pas à en révéler la beauté berty...) qui réagit contre lespastiches* dela
mais l'insuffisance. Sur l'art moderne pèse la fin du xixe siècle. Il se développa environ
connaissance des facteurs psychanalytiques, entre 1885 et Ig10. L'exposition de Nancy,
sociologiques et idéologiques qui, avec Marx, en 1894, révèle le mouvement que l'Ecole
Freud et l'iconologie*, en ont modifié l'ap- locale avait particulièrement nourri de ses
proche. Dès lors l'art s'affirme comme le expériences, et le constitue. Les artistes
manifeste de ce que Malraux appelait prônent un retour à la nature dans la déco-
l' « anti-destin » de l'homme, l'expression à ration comme dans l'architecture; les ser-
la fois désespérée et orgueilleuse de sa liberté. res*, les bow-windows* en symbolisent par-
V. Histoire de l'art, Critique d'art, Es- faitement l'esprit en mettant la vie au
thétique. contact de la nature. Une galerie ouverte à
38, 39, 68, 196, 198, 210, 276, 283, 294, Paris par Samuel Bing en 1896 et baptisée
320, 321, 322, 323, 347, 349, 354, 515, 549, «Art nouveau »donna son nom au mouve-
579, 655, 689, 754, 783, 824, 878. ment. La recherche du naturel aboutit assez
rapidement à l'artificiel, nourri des em-
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prunts aux grâces des estampes* japonaises. vidualités pathétiques dont la littérature
Les femmes ondoyantes comme des fleurs (Baudelaire, Verlaine, Rimbaud...) comme
prirent bien vite des souplesses maniérées la peinture (Modigliani) donnent des exem-
qui lassèrent les créateurs eux-mêmes. Cer- ples. De cette vision de l'artiste inspiré et
tains artisans de l'Art nouveau seront les irréductiblement autre dérivent les artistes
théoriciens de l'Art déco*. De grands noms modernes, créateurs-démiurges d'un uni-
ont illustré le mouvement, Emile Galle ini- vers nouveau. A la promotion du génie
tiateur de la verrerie* imitée de la verrerie créateur furent associés à la fin du xixe siècle
japonaise, Lalique, Hector Guimard, qui les créateurs des arts décoratifs qui jusque-là
donne à Paris ses entrées de métro*... n'avaient pas eu droit de cité dans le monde
- 32, 114, 187, 257, 416, 498, 599, 717, des beaux-arts.
748, 876. - 90, 276, 294.
ARTS LIBÉRAUX
Dulatin artes liberales, arts dontla connais- ASCENSEUR
sance convient à unhommelibre. n. m. Néologisme créé par l'ingénieur Léon
Ensemble des sept arts qui formaient l'édu- Edouxpour l'Exposition universelle de 1867,
cation des hommes libres dans l'Antiquité; d'après le latin ascensum (du verbe ascen-
on distinguait le triuium (grammaire, rhéto- dere, monter).
rique, dialectique) et le quadriuium (arith- Arch.- Appareil permettant de faire monter
métique, géométrie, astronomie, musique). une cabine contenant un certain nombre de
Les allégories* des arts libéraux sont fré- personnes. Les ascenseurs furent d'abord
quentes dans l'architecture* religieuse de- installés dans les grands hôtels*, les grands
puis l'époque carolingienne où elles parti- magasins* et les hôtels* particuliers. Le
cipent avec leurs attributs* à l'ornement château de Saint-Cloud en comportait un.
et au didactisme du monument. Les ascenseurs hydrauliques inventés par
Edoux furent remplacés vers I8go par les
ARTISTE ascenseurs électriques. Ils avaient le style
des immeubles où ils étaient installés; ainsi
n. m. etf. Du latin médiéval artista, dérivé vers 1900 on leur donnait parfois la forme
du latin classique ars, au sens de maître ès d'une chaise à porteurs de style Louis XV
arts. ou Louis XVI, selon le style de l'immeuble.
Désigne une personne qui pratique en pro- Le décor à l'ancienne apprivoisait quelque
fessionnel un des beaux-arts. La distinction peu une des conquêtes du modernisme; au
entre l'artiste et l'artisan est récente. Elle cours du xxe siècle, ils prirent la forme fonc-
ne commence à s'esquisser qu'au XVIesiècle tionnelle qu'on leur connaît.
quand certains peintres* réussissentà échap- - 658.
per à la contrainte des maîtrises, et par là
même à la nécessité qui leur était faite de
tenir boutique pour vendre leurs produc- ASSEMBLAGE
tions, en devenant « peintres ordinaires du n. m. Dérivé du verbe assembler; la base
roi ». La création des Académies* fortifie la du mot est l'adverbe latin simul, ensemble.
spécificité des artistes. Toutefois les con- I. Mob. - Mode de réunion et d'ajustage
traintes académiques font d'eux encore de deux pièces de bois. Depuis le XIIIesiècle
d'habiles praticiens dont on apprécie plus les assemblages se sont multipliés; il en
la virtuosité à traiter un sujet, en imitant la existe une quarantaine; parmi eux, les plus
nature, que le talent inventif. L'aura presti- courants : assemblage à tenon et mortaise;
gieuse qui entoure aujourd'hui les artistes à enfourchement; à tourillons, en queue
et les marginalise est une invention du d'aronde; à rainure et languette, à coupe
xixe siècle. Balzac, dans Le Chef-d'œuvre in- d'onglet.
connu, révèle les tourments romantiques du
peintre affronté à la nature. Mais c'est sur- 2. Sculpt. - Technique sculpturale apparue
tout à partir des impressionnistes* que le au xxe siècle et consistant à assembler des
talent des artistes passe avant le sujet qu'ils objets préfabriqués ou de rebut industriel
traitent et que la valeur de l'œuvre procède en les ajustant par la soudure ou l'arc élec-
de l'originalité de leur vision plus que de sa trique. Cette pratique permet d'échapper
référence au vrai. L'image des artistes mau- aux formes pleines de la sculpture tradition-
dits, isolés par leur génie de la foule qui ne nelle etdedonnerauxœuvresundynamisme
les comprend pas, se démultiplie en indi- mouvementé qui est la dernière conquête
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remportée par les sculpteurs sur l'inertie de


la matière.
ASSIETTE
n. f. D'un mot latin populaire reconstitué
assedita manière d'être assis, puis manière
de placer les convives à table, d'où ensemble
de plats et enfin au XVIe siècle récipient dans
lequel la nourriture est servie.
Orf. et Cér. - Pièce de vaisselle* plus ou
moins creuse dont le fond est encadré d'un
bord auquel il est relié par le marli*. Elle
apparaît au xvie siècle dans sa forme plate
et complète l'usage de l'écuelle*. Au Chapiteau dorique*
XVIIe siècle apparaissent les premières as- A, astragale - B, gorgerin nu*
C, échine* en quart-de-rond ornée d'oves*
siettes creuses importées d'Italie par le car- D,tailloir*
dinal Mazarin et appelées parfois « maza-
rines ». D'abord en étain* ou en métal pré- Moulure soulignant le bord supérieur des
marches* d'un escalier*.
cieux, les assiettes sont faites de faïence*
et de porcelaine* à partir de la fin du 2. Mob. - Moulure composée de perles très
XVIIe siècle. Aujourd'hui, on en fait de utilisée dans la ceinture* des sièges* à
verre* ou de plastique* dur; on leur cherche l'époque de Louis XVI.
des formes épurées conformément à la ten- 3. Fer. - Cordon composé d'anneaux de
dance générale des goûts. cuivre ou de fer placé en haut des barreaux
d'une grille* ou d'une rampe*.
ASSISE
n.f. Dérivé du verbe asseoir. ATELIER
Arch. - Rang de pierres, de briques ou de n. m. Dérivé de l'ancienfrançais astelle (issu
parpaings de même hauteur posés les uns à lui-même du latin astella, ou assella, copeau
côté des autres. Une ou plusieurs assises de de bois).
• matériau ou de hauteur différant de ceux des Div. - Local où travaille un artiste, seul,
autres assises forment une chaîne*. ou entouré de ses élèves; par extension en-
ASSOMMOIR semble d'un maître et des élèves qui colla-
borent à ses œuvres. La similitude de mot
n. m. Dérivé du verbe assommer. pour désigner le local des artistes et celui
Arch. - Nom que l'on donne à l'ouverture des artisans traduit la confusion des deux
permettant unjet de projectiles sur les enne- notions qui dura jusqu'au xvne siècle. C'est
mis dans les châteaux* féodaux; elle peut alors que disparaissent les ateliers-boutiques
être pratiquée dans le couvrement du pas- et que les artistes disposent d'un local où
sage entre la porte et la herse*, ou être en créer. Très tôt ce fut pour les peintres une
surplomb en avant et au-dessus de la porte. tentation de représenter l'acte créateur et
Le mot est ignoré de la langue médiévale. de se représenter eux-mêmes dans leur acte
Par un emploi métaphorique, le mot désigna créateur. Saint Luc qui passait pour avoir
au xixe siècle les débits de boisson et Zola peint un portrait de la Vierge et qui devint
en fit le titre d'un de ses romans. de ce fait le patron des peintres figure dès
le xve siècle sur des oeuvres qui le repré-
ASTRAGALE sentent au travail (Van der Weyden, par
n. m. Dugrec àaTpàyaXoç, os du talon. Le exemple, Musée de l'Ermitage). Le peintre
mot est introduit au XVIe siècle par l'inter- dans son atelier est un sujet pratiqué du xvie
médiairede Vitruve. au XVIIIe siècle; Vermeer lui donne sa plus
belle expression avec Lepeintre dans son atelier
i. Arch. - Moulure* convexe à profil demi- (Kunsthistorisches Museum de Vienne), où
circulaire, placée à la base des chapiteaux* l'acte créateur est associé à la gloire et à la
antiques et de certains chapiteaux gothi- Hollande. Au xixe siècle, l'importance des
ques* ; ils peuvent être lisses ou ornés d'une ateliers est un phénomène social dont ren-
• série de perles* rondes ou oblongues. Il est dent compte L'atelier du peintre de Courbet
très employé dans l'ordre ionique et le (1855, Louvre) et L'atelier des Batignolles de
corinthien. Fantin-Latour (1869, Louvre). A la fin du
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siècle se multiplient les ateliers pittoresques la moitié de l'étage inférieur. Le « faux


nichés au sommet des immeubles ou sur la attique » est un piédestal* qui rehausse un
butte Montmartre. entablement*.
- 327.
ATTREMPER
ATHÉNIENNE v. tr. Composé du préfixe ad- et du verbe
n. f Emploisubstantivé del'adjectif. tremper.
Mob. - Meuble mis à la mode à la fin du Ver. - Chauffer un four graduellement jus-
règne de Louis XVI*. Il est formé d'un qu'à sa plus haute température. L'opéra-
trépied*, en forme de cariatides* ou de tion s'appelle «attrempage ».
gaines* terminées par des griffes*, qui sup-
porte soit un plateau, soit une vasque; il ATTRIBUT
peut servir de console*, de jardinière* ou
de cassolette*. Le bronze pour les pieds, la n. m. Du latin attributum, ce qui a été
malachite* pour la vasque sont les matières attribué.
les plus utilisées. La forme du meuble, imi- Arch., Peint. et Sculpt. - Objet symbolique
tée de l'antique, lui vaut son nom. V. Grec, qui caractérise un personnage ou une allé-
Etrusque, Néo-classicisme. gorie* ; le caducée est l'attribut de Mercure,
le gril celui de saint Laurent, le soleil celui
ATLANTE de Louis XIV. Séparé du personnage qu'il
caractérise, l'attribut devient symbole* ou
n. m. Du nom latin Atlas, Atlantis, titan emblème*.
qui soutenait le ciel sur ses épaules. En architecture, l'attribut définit la desti-
Arch. - Nomdonné par analogie à des caria- nation d'un édifice; sa présence dans la
tides* masculines figurant des hommes de- décoration d'une pièce signale la fonction
bout ou à genoux et qui supportent un en- de cette pièce (voir au Grand Trianon,
tablement*. Ce motifantique a été retrouvé l' « antichambre de la chapelle » où l'on
au XVIesiècle (atlantes supportant le balcon reconnaît qu'elle fut d'abord chapelle à la
de l'hôtel de ville de Toulon, par P. Puget, frise qui conjugue des épis de blé et des
1655) et au XVIIIe siècle. On dit aussi grappes de raisin, symboles de la commu-
télamons. nion sous les deux espèces).
En peinture, en sculpture, les attributs per-
ATTIFET mettent d'identifier immédiatement les per-
sonnages. Au XVIIIesiècle, ils prennent par-
n. m. Formé sur le verbe attifer, lui-même fois l'autonomie de sujets de natures mortes
composé de l'ancien verbe tiffer, de racine (voir les Attributs des sciences, des arts et de
obscure, semblant désigner lefait de separer. la musique, peints par Chardin, Musée du
Cost. - Bonnet* s'avançant en pointe sur le Louvre, et les commentaires de Diderot,
front porté au xvie siècle par les femmes; Salons, 1765, 45, 46, 47) ou de motifs déco-
les veuves le portaient noir; il était monté ratifs renvoyant plus largement à des idées;
sur un arcelet* et soutenait unvoile tombant le style Louis XVI* fait ainsi grand usage
parfois jusqu'aux talons. Catherine de Mé- des attributs dits « rustiques » (ruches
dicis le porta, après la mort du roi, jusqu'à d'abeilles, paniers, instruments aratoires,
sa propre mort, en faisant le symbole de la faucilles, serpes qui renvoient au goût de
fidélité du souvenir. V. Coiffure. la nature sauvage et cultivée, voir jardins)
et des attributs dits «sentimentaux » (cœurs
percés d'une flèche, torches, oiseaux se
ATTIQUE becquetant, carquois, couronnes de roses).
n. m. De l'adjectifgrec àzzixôç,, substantivé. - 80s.
Arch.—Petit étage supérieur réduit à un quart
de l'ordre* et réservé dans l'architecture AUBE
grecque à des inscriptions. Les Romains lui n.f. Du latin alba, blanche, abréviation de
donnent une plus grande hauteur (en parti- l'expression tunica alba.
culier au-dessus des arcs* de triomphe).
L'attique est très utilisé pendant la Renais- Cost. - Tunique en lin blanc portée à Rome,
sance*. On donne ce nom aussi au dernier puis au haut Moyen Age par les laïcs et les
étage d'une façade qui est destiné à cacher prêtres. Vers le vie siècle elle devient exclu-
le toit; il a en général une hauteur égale à sivement liturgique. Jusqu'au xvesiècle, elle
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est ornée de deux orfrois*, un devant, un gras ou une encre spéciale; les épreuves
autre derrière, et au bas des manches d'un sont ensuite tirées comme dans la litho-
orfroi appelé parure ou parement*. graphie*.
- 132,812.
AUTOMATE
AUMUSSE n. m. Du grec aÙT6{A<xToç, qui se meut soi-
n.f. Etymologie incertaine. même; mot créé par Rabelais, 1532.
Cost. - A l'origine cape à capuchon portée Div. - Figure humaine ou animale munie
aux XIIIe et xive siècles par les hommes d'un mécanisme qui lui permet d'imiter la
et les femmes, et tout particulièrement par vie. Les automates semblent avoir toujours
les membres du clergé pendant les céré- hanté l'imagination des civilisations. Il sem-
monies, pour se protéger du froid. Le capu- ble que dès le XIIIe siècle les jardins* de
chon comportait des bandes tombant sur Robert d'Artois en aient comporté qui assu-
la poitrine; par simplification progressive raient aux visiteurs des surprises renouve-
il ne resta plus qu'une courte cape qui, en lées. Cependant en Occident les premiers
peau de martre ou en petit-gris, est devenue automates connus apparaissent au XVIIe siè-
l'insigne des chanoines. cle en liaison avec les progrès de l'horlogerie
Dans le costume royal, l'aumusse est une à Augsbourg et Nuremberg; ils se propagent
calotte portée sous la couronne. V. Barrette, à travers l'Europe. C'est un Français qui en
Camail. est le premier spécialiste au XVIIIe siècle,
-v 132, 812. Jacques de Vaucanson. Son Joueur de flûte
qui interprétait douze pièces, son Canard
capable d'avaler un grain de blé et de le
AUTEL digérer ont eu une renommée mondiale.
n. m. Déformation de l'ancien mot alter, du Les Droz, père et fils, ont été également
latin altare (ordinairement au pluriel alta- célèbres avec l'automate représentant un
ria, enlatin classique). garçonnet capable d'écrire une lettre (créa-
tion du père) et celui qui représentait un
Arch. - Table consacrée sur laquelle est dessinateur qui aurait fait le portrait de
célébré le rite de la messe. Il avait au Moyen Marie-Antoinette. L'Angleterre et l'Alle-
Agelaformed'une table oud'un tombeau, et magne ont aussi des créateurs. Partout, les
contenait les reliques d'un saint, à moins automates sont des prodiges de virtuosité
que ces reliques ne fussent placées sous lui. technique, fabriqués, semble-t-il, sans le
Jusqu'au Concile de Vatican II, l'autel souci prométhéen de créer la vie, mais dans
était situé sur un socle auquel on accédait le même esprit qu'on fabriquait des meubles
par trois marches. A l'époque gothique* mécaniques, par goût de la technique ca-
l'autel perd de sa simplicité et devient un pable de transformer la vie en une sorte de
édicule orné de retables* ; pendant la Re- féerie. Au xixe siècle ce sont les poupées*
naissance*, il prend des proportions monu- qui sont dotées d'un système (poupées par-
mentales; le style baroque* le surcharge de lantes inventées vers 1820 par J. Waelzel,
dorures*. Il ne retrouvera sa simplicité perfectionnées par Edison vers 1867) ; enfin
qu'au xxe siècle. au xxe siècle les poupées qui marchent appa-
raissent vers 1926. Mais le Romantisme
AUTOCHROME avait déjà pressenti le fantastique* des auto-
mates. Hoffmann, illustré musicalement par
n. f Composésavant dugrec aùxdç, soi-même, Offenbach, retrouve le rêve de Pygmalion :
et de XpwfL<X,couleur. serait-il possible d'inventer la vie ? La cyber-
Phot. - Procédé de photographie en couleurs nétique donne l'illusion que la réponse à
inventé par les frères Lumière au début du cette question pourrait être positive, réponse
xxe siècle; œuvre obtenue par ce procédé. qui a l'ambiguïté de l'hybris; cette vie re-
créée par l'homme ne viendra-t-elle pas
finalement à bout de son créateur apprenti-
AUTOGRAPHIE sorcier ?
n. f Dérivé de autographe (grec OCÙT6Ç,soi- - Ï91. 271, 575-
même, et YPcXptELV,écrire).
; Grav. - Procédé qui permet le report sur
une pierre lithographique d'un dessin fait
sur un « papier de report » avec un crayon
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AUTOMATISME sant desoi, l'autoportrait aséduit les peintres


n. m. Dérivé deautomate. de Léonard de Vinci à Picasso. -
Div. - Procédé pratiqué par les surréalistes* - 598, 730.
et consistant à laisser au corps et à la main
une autonomie non contrôlée par la raison AUVENT
afin de libérer les pulsions de l'inconscient. n. m. Issu d'un mot celtique désignant sans
C'est aussi un procédé de l'action painting*. doute la corne de taureau (on en plaçait à la
AUTOPORTRAIT porte des maisons pour assurer leur pro-
tectl*on).
n. m. Composé de auto- (grec <XÛT6Ç, soi- Arch. - Couverture en surplomb, fréquem-
même) et deportrait. ment en appentis, devant une baie ou une
Div. - Portrait* peint ou sculpté par lequel façade. Lorsqu'il est en charpente de fer et >
l'artiste se représente lui-même. On distin- vitré, il prend le nom de marquise*.
guera les autoportraits placés par un artiste
dans une composition dont il n'est pas le AVANT-BEC
sujet des autoportraits véritables qui sont à n. m.
eux-mêmes leur propre sujet. La première
manière est habituelle aux peintres depuis Arch. - Eperon protégeant la base des piles
la Renaissance* ; par exemple Dürer figure d'un pont*, du côté de l'amont, en brisant
en compagnie d'un ami au centre du Martyre le courant.
des dix mille, 1508 (Kunthistorisches Mu-
seum, Vienne) ; Vélasquez est à un angle AVANT-CORPS
des Ménines (1656, Prado à Madrid)... n. m.
L'ambiguïté du procédé est grande : quel
est le sujet du Martyre desdix mille ?Une scène Arch. —Partie d'un bâtiment en avancée
de massacre ou la révélation par un nou- par rapport aux éléments contigus; ce peut
veau Dante de l'enfer terrestre ? Et celui être un bâtiment ou un artifice de compo-
des Ménines ? Le portrait d'une infante, ou la sition donnant plus d'importance à certaines
réflexion d'un peintre sur le crépuscule parties de l'élévation ou à l'avant-corps lui-
d'une monarchie dont les souverains appa- même. La façade du château de Versailles
raissent dans le flou d'un reflet, ou une donnant sur le parc comporte trois avant-
réflexion sur les grandeurs du peintre ca- corps qui semblent les piédestals des statues
pable de révéler la profondeur historique ? des mois qu'ils supportent.
Plus ambigu encore est l'autoportrait traité
pour lui-même ; les peintres ont souvent cédé AVANT-COUR
à cette tentation suprêmement narcissique, n. f Du latin tardif curtis, altération de
avec l'alibi d'abord du connais-toi toi-même
qui fonde la sagesse retrouvée pendant la cohortis, génitif de cohors, désignant à la
Renaissance, puis comme mode d'expres- fois une cour de ferme et la suite d'un
sion de soi. L'autoportrait prend toutes les magistrat.
formes que prend le portrait; il peut être Arch. - Cour* de château* précédant la
conjugué avec un autre portrait, ainsi Ru- cour d'honneur dont elle est séparée par
bens se peint avec sa femme pour dire leur une grille*, un fosséou un emmarchement*.
amour (Alte Pinakothek, Munich), Largil- Le château de Versailles, sous l'Ancien Ré-
lière étale largement sa réussite sociale et gime, comportait à hauteur de la statue de
familiale en se peignant avec sa femme et Louis XIV, érigée àsonemplacement actuel
sa fille (Louvre) ; il peut être travesti (Durer sous Louis-Philippe, une grille qui séparait
s'est peint en Christ, 1500, Alte Pinakothek, l'avant-cour de la cour d'honneur comprise
Munich; Rembrandt en costume oriental, entre les ailes des ministres.
1631, Petit Palais à Paris...) ; mais sa forme
préférée est l'étude du visage seul qui va AVANT-LA-LETTRE
chez certains jusqu'à la névrose (Rem- loc. adj.
brandt a laissé une centaine d'autopor-
traits; Van Gogh a multiplié les siens Grav. - Qualifie une épreuve* qui n'a pas
entre 1885 et 1890). Quête de soi, projection encore reçu les indications écrites d'auteur,
d'angoisses avec au fond étalement complai- d'éditeur, de titre.
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AVERS
n. m. Du latin aduersus, tourné vers l'avant.
Mot refait au XIXe siècle sur le modèle de
revers.
Numis. - Face d'une médaille* ou d'une
monnaie* qui porte l'effigie ou le motif
principal. On dit aussi droit*.

AXONOMÉTRIE
n. f. Du grec &Zwv, à^ovoç, axe, et métrie,
suffixesignifiant mesure.
Arch.- Représentation graphique d'un bâti-
ment permettant d'associer sur une même
feuille des vues en plan, en.coupe et en élé-
vation. Une seule de ces vues est un géomé-
tral*, c'est-à-dire que les dimensions et les
angles sont respectés, les autres respectent
les dimensions, mais les angles ne sont pas
Axonométrie conservés.
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BABOUCHE BADIGEON
n.f. Del'arabe babuch, empruntéaupersan. n. m.Etymologieinconnue.
Cost. - Pantoufle d'origine orientale, plate, Peint. - Couleur à base de chaux dont on
sans talon ni quartiers; elle peut être en cuir enduit les murs.
de couleur ou en soie et elle porte des bro-
deries* d'or et d'argent. Connue en France
dès le XVIIIe siècle, elle est encore portée BAGUE
aujourd'hui comme chaussure d'intérieur, n. f. Emprunt à un mot néerlandais
faite d'une matière moins précieuse qui (XIVesiècle).
imite son luxe oriental.
1.Joail. - Anneau porté au doigt. AuMoyen
BACINET Agecet anneau portait le cachet* qui servait
de signature; il pouvait être de matière pré-
n. m. cieuse. Pendant la Renaissance* la bague
Arm. - La forme bassinet qu'on trouve aussi devient un bijou orné de motifs décoratifs
signale son rapprochement avec bassin, du divers et sert de monture à des pierres* fines.
latin tardif bacchinon ; nom donné par méta- 2. Arch.- Par extension :moulure* depierre
phore à un casque*. servant de ceinture, en particulier au fût
- 318. d'une colonne* dont elle dissimule lesjoints
des tambours (très utilisée pendant la Re-
naissance*).
BAGUETTE
Bacinet n.f Empruntfait à l'italien bachetta (dans
le sens de baguette portée par les officiers)
au XVIesiècle. Par analogie :
BADELAIRE Arch. et Mob. - Moulure* convexe à profil
n. m. L'origine du mot est inconnue; il est le demi-circulaire, utilisée en architecture*
développement du mot « base », qui avait le (généralement unie) et en menuiserie* (dé-
mêmesens et qu'on entenddans uneautreforme corée souvent de feuilles* ou de perles*).
du mot « bazelaire ». On peut dire aussi
« baudelaire ».
BAGUETTE D'ANGLE
Arm. - Sorte de cimeterre* à lame courte,
courbe, et munie d'un seul tranchant; il fut n.f
en usage du XIIe au xve siècle et fut remplacé Arch. et Mob. - Moulure* placée sur un
par le braquemart* puis par la dague*. angle pour éviter les arêtes vives fragiles et
C'est une arme d'origine orientale. dangereuses.
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BAHUT grâce à l'alimentation en eau des appar-


n. m. Etymologie inconnue. tements* et l'usage de la tôle* émaillée et de
la céramique*. Les baignoires modernes
1. Mob. - Coffre* usuel au Moyen Age, par- prennent diverses formes, souvent fantai-
fois monté sur pieds, et orné de pentures* sistes (en cœur, ronde...).
et de sculptures.
2. Arch. - Par analogie de forme, mur bas 2. Arch.- Loge* de théâtre* située au rez-de-
portant une arcature*, une grille* ou un chaussée, à peine surélevée par rapport au
pan* de bois, ou mur placé derrière une parterre*. Son ouverture grillagée ou pour-
balustrade* et bordant un chéneau*. vue de rideaux permettait de voir sans être
vu, sa forme renflée lui vaut son nom. Ces
BAIE loges jouent un grand rôle dans le climat
romanesque des intrigues politiques ou
n. f Participe de l'ancien verbe bayer, être amoureuses aux XVIIIe et xixe siècles. On
ouvert,pris commesubstantif. les supprime aujourd'hui de l'architecture
théâtrale.
Arch. - Ouverture pratiquée dans un mur
pour former une porte ou une fenêtre. La BAILE
baie comporte en général un chambranle*
et un remplage* ; cependant on trouve des n. m. Du latin baculum, bâton; le mot a
« baies libres » n'ayant ni l'un ni l'autre, en par extension désigné une palissade faite de
particulier dans les portiques* à arcades*. pieux.
Les « baies aveugles »sont de fausses ouver- Arch. - Basse-cour* située entre deux en-
tures simulées pour faire symétrie avec une ceintes d'un château* féodal.
porte ou une fenêtre réelle, pour animer
un mur nu.
BAISER-DE-PAIX
BAIGNEUSE n. m. Du latin basiare, baiser, et pax, la
n. f. Féminin substantivé de l'adjectif bai- paix.
gneur, latin balneator, de balneum, bain. Div. - Petite plaque en ivoire ou en métal
1.Cost.- Bonnetfémininporté auXVIIIesiècle sur laquelle est représentée une scène de la
au moment du bain. Passion inscrite dans un motif en forme
2. Mob. - Nomdonné à une chaise longue*, d'autel*. Dans la liturgie catholique le
sans doute parce qu'on s'y allongeait après prêtre le fait embrasser par les fidèles en
le bain. signe de réconciliation entre les hommes.
Ce rite, apparu en Angleterre au XIIIesiècle,
remplaça le baiser effectif entre les fidèles
BAIGNOIRE jusque-là pratiqué. L'objet, qu'on appelle
n. f. Formé sur baigner, du latin tardif aussi simplement une « Paix », est un objet
balneare, sebaigner. d'orfèvrerie* entouré de cadres précieux
i. Mob. - Cuve en forme de vaisseau où l'on et décoré de pierres* ou d'émaux*. Le rite,
se baigne. L'histoire de la baignoire est tri- après être devenu désuet, est aujourd'hui
butaire des mentalités et des techniques. redécouvert; on le remplace parfois par le
serrement de mains entre les fidèles.
Au Moyen Age, elle est une cuve ronde, en
bois (cuvier) d'usage courant. L'ascétisme
pudibond issu de la Contre-Réforme et BAJOYER
l'usage du bain comme traitement médical n. m. Dérivéde bajoue.
font régresser l'hygiène au XVIesiècle. Il ya Arch. - Massif de maçonnerie latéral d'un
peu de baign( "res à Versailles; du moins sas d'écluse. Murconsolidant les berges d'un
sont-elles en marbre. L'on en fait aussi en
cuivre, en plomb ou en tôle. Pour préserver fleuve aux abords d'un pont* pour éviter
la température de l'eau, on les doublait de l'affouillement des culées*.
linges comme on le voit sur le tableau où
David a peint l'assassinat de Marat, mort BALANCIER
dans une baignoire en sabot*, où l'on pou- n. m. Dérivé de balance (latin tardif bilanx,
vait s'asseoir et travailler. Auxixesiècle, tous balance à deuxplateaux).
les châteaux* et les hôtels* particuliers ont
leurs salles de bc.ins avec baignoires souvent i. Div. - Pièce d'une pendule dont l'oscil-
encastrées dans un entourage de bois. lation régularise le mécanisme. Il est muni
L'usage s'en généralise progressivement d'un ressort au XVIIe siècle. Les balanciers
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peuvent porter un décor (ornements di- BALDAQUIN


vers; tête en forme de soleil). n. m. Emprunt à l'italien baldacchino,
2. Numis. - Machine, inventée au xvie siècle dérivé de Baldacco, nom de Bagdad, et dési-
à Augsbourg, permettant de frapper les gnant une étoffe de soie. Le mot est connu
monnaies. Il fut amélioré au début du dès le XIIe siècle en France; cette étoffe somp-
xixe siècle par Gingembre; la presse moné- tueuse était utilisée pour draper les dais*
taire le remplace aujourd'hui. surmontant les trônes* des souverains et les
autels* religieux et leur donna son nom.
BALCON 1. Mob. - Dais soutenu par quatre colonnes*
n.m.Empruntfaitàl'italien balconeen1567 et dominant un lit* ; quand le dais est fixé
par Philibert Delorme (Arch., VIII, 20). au plafond ou au mur, on lui garde son
nom. Le mot baldaquin prit cette acception
Arch.- Plate-forme portant une balustrade* au xvie siècle quand la mode italienne se
placée en encorbellement* devant une ou répandit en France. Au XVIIe siècle on pré-
plusieurs baies d'une façade. Il peut être féra le dais au baldaquin.
supporté par des consoles* en pierre ou des 2. Arch. - Le baldaquin protégeant dans les
potences* en fer ou en bois; la balustrade cérémonies le saint sacrement donna nais-
peut être également en pierre, en fer ou en sance, quand on le fixa à demeure dans les
bois. Au début de la Renaissance* on com-
mence d'ouvrir les tourelles* et les échau- églises, à une forme architecturale dont la
guettes*, mais les balcons en saillie appa- meilleure illustration est le baldaquin du
raissent seulement à partir d'Henri IV; Bernin à Saint-Pierre de Rome pour lequel
ornés par une ferronnerie* de luxe ils par- le pape Urbain VIII dépouilla de ses
ticipent à l'animation des façades sous bronzes le Panthéon.
Louis XIII (place des Vosges à Paris). Sous
Louis XIV, cour de marbre du château BALÈVRE
de Versailles, les balcons sont de préférence K.y. Composéd'unpréfixe d'originefrancique
en pierre, mais la ferronnerie revient à la signifiant « mauvais »et de lèvre.
mode sous Louis XV. Le style rocaille*
contourne à l'infini les balustrades et les 1. Arch. - Jonction irrégulière des pierres
consoles. Le néo-classicisme* les traite selon sur le nu* d'un mur.
son goût strict. Au xixe siècle le balcon est 2. Sculpt. - Bavures* laissées sur une fonte*
un des ornements les plus constants des aux points dejonction desdifférentes parties
grands immeubles* bourgeois du Second du moule*. On dit aussi bavure.
Empire et de la IIIe République; soutenus
par des consoles en pierre, ils sont disposés BALLE
au premierétage, restél'étage noble pendant
une partie du siècle, et à d'autres étages n. f Emprunt à Vitalien palla, balle àjouer
de la façade, alternant les courbures de leur (XVIe siècle) ; désigne ensuite divers objets
ferronnerie. Aujourd'hui le goût des façades ronds.
plates et simples a fait disparaître les fer- 1. Cér. - Masse de pâte, de forme arrondie,
ronneries en surplomb; on préfère les ter- qui est très homogène, provenant de la frag-
rasses* incorporées fermées souvent par des mentation du ballon*.
plaques de verre* fumé. 2. Grav. - Tampon servant à encrer les
Dans les théâtres*, étage de la salle, en sur- planches*.
plomb ou non, ouvert vers la scène* ; aux
plus élevés de ces balcons on donne le nom
de galeries*. BALLON
- 169. n. m.Del'italien pallone, grosse balle.
Cér. - Masse de pâte qui est malaxée avant
BALCONNET l'emploi et divisée en portions, les balles*.
n. m.Diminutifdebalcon*.
Arch.- Garde-corps* en faible saillie devant BALUSTRADE
une baie*. n.f Dérivédebalustre (italien balustrata).
Arch. - Apartir du xvie siècle qui emprunte
à l'Italie les mots balustre* et balustrade,
on appelle « balustrade » une clôture* à
hauteur d'appui formée d'une rangée de
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balustres posée sur un socle* et couronnée


par un appui. Aintervalle régulier les ba-
lustres sont remplacés par un massif de
maçonnerie, le dé*, comportant parfois des
alettes*. Ces clôtures sont placées au bord
d'une terrasse*, d'un escalier*, d'une ga-
lerie*. Par extension on appelle « balus-
trade » tout garde-corps*, même s'il est
formé par un mur plein ou décoré d'orbe-
voies* comme on en trouve au Moyen Age.
L'utilisation des balustrades est grande dans
l'architecture classique*; on en place aussi
au sommet des bâtiments pour dissimuler la
toiture. Par imitation de l'architecture les
ébénistes* mirent des balustrades en bronze
ou en cuivre au-dessus des meubles (on les
appelle « galeries »). AVersailles, le lit du
roi était séparé de l'espace où avaient accès
les « grandes entrées » par une balustrade
d'argent que les revers de la fin du règne
contraignirent à remplacer par une balus-
trade de bois.
- 169.

BALUSTRE
n. m. Empruntfait au XVIesiècle à l'italien
balaustre, mêmesens. Cemotvient lui-même
du grec (îaXaûcmov par /'intermédiaire du
latin balaustium,fleur degrenadier.
Arch. et Mob. - Petit support en répétition
dans les balustrades*, généralement formé
d'un piédouche*, d'un corps et d'un chapi-
teau*. La forme la plus courante dite « en
poire » présente une panse*, renflée comme
l'est la fleur du grenadier, et un col. Mais
d'autres formes existent; le corps peut com-
porter deux éléments en poire, ou être formé
d'une gaine et d'une panse, ou présenter
un corps fin à plusieurs renflements. Au
xvie siècle on fit même des balustres qua-
drangulaires. En architecture on utilise des
balustres de pierre, de marbre ou de bois
selon la destination de la balustrade. Pour Balustres
le mobilier, le balustre est utilisé couram- a, piédouche - b, chapiteau - c, panse galbée en
quart-de-rond - d, panse galbée en quart-de-rond ren-
ment au Moyen Age comme support ou versé - e, panse galbée en demi-cœur - f, panse galbée
comme élément de grille* en bois fermant en tore - g, col galbé en cavet - h, gaine - i, filet.
certains meubles ou les chœurs* et cha-
pelles* de certaines églises* (on l'appelle
en ce cas « balustre de fermeture ») ; on le BAMBOCHADE
retrouve aux siècles suivants, au pied des n. f. De l'italien bambocciata, formé sur
tables* sous Louis XIV, comme support le nombamboccio, petit homme,pantin.
d'accotoir* des fauteuils* sous Louis XVI,
et très couramment dans les meubles pro- Peint. - Composition représentant des scènes
vinciaux. champêtres, populaires ou grotesques, et
Auxxviie et XVIIIesiècles on donnait par sy- mettant en scène des paysans, des bouffons,
necdoque le nom de « balustre » à la balus- des ivrognes dans des cabarets... Le peintre
trade qui protégeait l'alcôve* royale ou hollandais Pieter VanLaer (1592-1642),sur-
princière de la foule des courtisans. nomméBamboccio (Bamboche, en France),
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peignit des scènes de ce genre pendant son Banctourné (outourni) : banc muni d un dos-
séjour romain (1626-1638). Le réalisme de sier basculant qui permettait de s'asseoir
la misère y côtoie parfois le sens du paysage le dos ou les pieds au feu; il fut en usage
(Repas pendant la chasse, Musée des Offices). jusqu'au xvie siècle.
Ce genre, en marge des grands thèmes 2. Ver. - Banc à bardelles : banc à deux bras
historiques ou paysagistes*, fut souvent re- (dits bardelles) sur lesquels le verrier roule
pris par la suite (Sébastien Bourdon, 1616- sa canne en façonnant sa pièce.
1671, en peignit au début de sa carrière,
par exemple Les Mendiants, au Louvre ; Pira- BANCELLE
nèse en commit quelques-unes avant ses
grandes compositions pré-romantiques...). n. f Dérivé debanc*.
Mob. - Banc long et étroit en usage dans les
BAMBOU cuisines ou dans les cabarets* ; on donne
n. m. Mot malais. aussi ce nom à un banc léger destiné à une
seule personne; la bancelle fut en usage au
Mob. - Connu en France dès 1604 pour dési- Moyen Age et jusqu'au XVIesiècle.
gner un gros roseau qu'on importait pour
faire des cannes. Au cours du XVIIIe siècle BANCHE
la vogue des jardins* et le retour à la sim-
plicité mirent à la mode les meubles de n. f Dérivé de banc désignant une sorte de
bambou qu'on fabrique encore aujourd'hui, banc en terre durcie qu'on trouve au bord de
. selon d'autres styles. la mer ou sous la mer. Par extension :
Arch. - Grand côté du moule* en bois ou
BANC en métal dans lequel on coule du béton* ou
n. m. Motempruntéaugermanique. du pisé* ; le contenu du moule quand il est
durci, constitue une « banchée ». Le procédé
1. Mob. - Siège long et étroit, avec ou sans qui consiste à «bancher » (couler* le béton*)
dossier, permettant à plusieurs personnes est dit « banchage ».
de s'asseoir côte à côte. C'est une pièce
essentielle du mobilier* médiéval, souvent BANDE
associée à d'autres usages (bahut*, coffre*).
Jusqu'au XVIesiècle, il est très utilisé dans la n. f Mot d'origine germanique signifiant
vie privée (il est fixé dans le manteau de la « lien ».
cheminée), publique (parlement, théâtre...), Arch. - Moulure* plate en faible saillie déli-
et religieuse. Le sens du confort lui fait mitée par deux autres moulures parallèles
préférer ensuite la banquette* et le canapé* offrant une saillie plus forte.
et on ne trouve plus de banc hors du mobi-
lier campagnard. BANDE DESSINÉE
Apartir du XVIesiècle on dispose des bancs n.j.
dans les jardins*; en pierre ou en marbre,
ils participent à l'ornementation monumen- Grav. - Histoire racontée par une suite
tale. Auxixe siècle, ces bancs dejardins sont d'images présentant successivement les sé-
faits de supports en fonte*, travaillés au quences narratives et les dialogues ou les
goût dujour (style «nouille »enparticulier) réflexions des personnages dans des phylac-
et portant des lattes de bois; ils entrent aussi tères* qu'on appelle plus simplement « bul-
dans le mobilier urbain* et offrent sur les les ». C'est un dessin à la plume ou au pin-
grands boulevards* et les places* des haltes ceau qui est photographié puis gravé sur
pour le repos. Le xxe siècle recourt au zinc. Le principe du récit en scènes juxta-
ciment* pour créer des bancs aux formes posées se trouve dans la peinture et la sculp-
simples et pures. ture antiques; la plus ancienne peinture
Bancd'église : rangées de sièges placées dans romaine raconte de cette façon un combat
leséglises à partir de la fin du xvie siècle. militaire; la colonne Trajane est une longue
Banc dœ ' uvre : banc placé dans les églises bande dessinée pétrifiée, mais les phylac-
face à la chaire et réservé aux marguilliers tères y manquent (de mêmela broderie* de
et aux membres des conseils de fabrique la reine Mathilde). C'est précisément quand
(ces conseils créés au début du xive siècle on put faire figurer sur la même image le
étaient chargés dedresser la liste despauvres dessin et le texte qu'apparut la bande des-
secourus par le curé d'une paroisse; les sinée. Cela se fit au milieu du xixe siècle, et
marguilliers, antérieurs à ces conseils, en le genre eut pour ancêtres les illustrations
devinrent les dignitaires). desjournaux satiriques. Des premiers essais
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réalisés en Occident ressort pour sa qualité BANDÈGE


l'histoire de La Famille Fenouillard due à n.f. Etymologieobscure.
Christophe (1889). Le genre va s'affiner au
contact du cinéma dont les techniques de Mob. - Plateau double, avec ou sans pieds,
découpage et d'illustration des images par utilisé sous le règne de Louis XIV et par
un texte sont proches des siennes. Les Etats- la suite pour présenter des porcelaines*.
Unisjouent un rôle capital dans ce processus
avec les comicstrips qui d'emblée ouvrent la BANQUETTE
bande dessinée aux adultes, tandis qu'en n. f. Dérivé de banc* par l'intermédiaire du
France elle reste réservée aux enfants (la languedocien banqueta (XVe siècle).
Bécassine de J.-P. Pinchon paraît en 1905). 1. Mob. - Siège de pierre ménagé le long
Après les guerres, les dessinateurs reflètent d'une embrasure*, puis petit banc* canné
les arts picturaux contemporains. Zig etPuce ou rembourré, sans dossier, avec parfois
d'Alain Saint-Ogan (1925) présente un des- des accotoirs*. Il apparaît à la fin du
sin inspiré par l'esthétique des arts déco*, xive siècle sous le nom de « banquet » (dé-
et le Tarzan d'Harold Foster doit beaucoup rivé de banc) et prend place, sous le nom
aux recherches contemporaines sur le primi- féminisé de « banquette » dans les salles de
tivisme (1929). Tintin et ses aventures do- billard* (« banquette de billard »), dans
minent largement le marché de l'entre- les embrasures (« banquette d'ébrasure ou
deux-guerres. Après la seconde guerre la de croisée »), sur la scène de théâtre* où
bande dessinée est devenue un phénomène des privilégiés disposent de banquettes jus-
culturel; narrative, elle soutient l'intérêt par qu'en 1759; à cette date, grâce à l'acteur
sa trame tout en exprimant les rêves ou les Lekain, aidé par le comte de Lauraguais,
refus profonds de la société (Astérix de Gos- elles disparaissent. A la fin du XVIIIe siècle
cinny et Uderzo) ; satirique, elle caricature on dispose des banquettes au parterre*.
les ridicules du temps (Rubrique à brac de
Gotlib; œuvres de Dreyer...). Le fantas- 2. Arch. - En architecture militaire, gradin
tique, la science-fiction, la mythologie, l'éro- accolé au parapet d'un rempart* pour per-
tisme, la guerre et l'aventure, tout est désor- mettre de tirer sans être vu. Par analogie :
mais dans ces albums. 3. Jard. - Palissade d'arbustes taillés à hau-
- 231. teur d'appui dont on laisse de place en place
dépasser quelques têtes en boules; c'est un
BANDE LOMBARDE ornement des jardins* « à la française* ».
n.f. BAPTISTÈRE
Arch. - Pilastres* peu saillants engagés dans n. m. Du grec pa7maT7]piov, formé sur
un mur extérieur en répétition et réunis à P<x7rrtÇeiv : immerger. Bâtiment où l'on ad-
leur sommet par une frise d'arceaux* ; c'est ministrait le baptême par immersion.
un organe de renforcement jouant le rôle
des contreforts* et transformé par les ar- Arch. - Alors que le baptême primitif était
ceaux en motif ornemental. On les trouve administré dans une eau vive (mer, rivière),
dans l'architecture romane*. Synonyme : dès le IVesiècle s'installe l'habitude de l'ad-
lésène*. ministrer dans une piscine* creusée dans
une dépendance de l'église*. Une archi-
BANDEAU tecture originale est alors créée à côté de
l'église, mais distincte d'elle, car, avant
n. m. Emploi imagé du mot « bandeau ». d'être baptisé le catéchumène n'avait pas
encore été exorcisé des influences démo-
Arch. - Moulure* unie, large, peu saillante, niaques. Cette architecture, issue des ther-
placée sur une surface verticale ou autour mes* païens et des mausolées* impériaux,
d'une arcade*. L'architecture gothique* a consiste généralement en une colonnade*
souvent décoré les bandeaux de feuillages* ronde entourant la piscine et supportant
et leur a donné une forte saillie destinée souvent une voûte*. Le toit en coupole*
surtout, à l'extérieur, à écarter les eaux de retombe sur les murs de plan polygonal,
pluie. L'architecture de la Renaissance* plan symbolique car le polygone, passage
souligne extérieurement par des bandeaux du carré, signe de la terre, au cercle, signe
compliqués de corniches* la distribution du ciel, définit le passage qu'est le baptême,
intérieure des étages*. tandis quele nombre8 (7, nombredu temps,
+ l, celui du tout) l'inscrit dans l'éternité.
Fréjus, Aix, Riez conservent des baptistères
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des premiers siècles. Mais les plus célèbres sont supprimées par le fondeur ou le sculp-
sont ceux de Pise et de Florence. Peu à peu teur lui-même.
on prend l'habitude de baptiser les enfants, 4. Numis. - Traces laissées sur le flan* moné-
et non plus seulement les adultes, et de taire; on dit plutôt « barbilles ». V. Balèvre,
remplacer l'immersion totale par les rites Couture, Ebarber.
d'affusion (on dit aussi infusion) ou d'asper-
sion. Le baptistère devient alors inutile; BARBEAU
le baptême se célèbre dans l'église sur les
fonts baptismaux*. n. m. Dérivé de barbe (XVIIe siècle) ; nom
donné au bleuet à cause de ses « barbes ».
Cér. - Fleur utilisée pour le décor des porce-
BARBACANE laines* et désignée sous ce nom de préférence
n. f Etymologie obscure,peut-être déformation à « bleuet ».
d'un motpersan.
Arch. - V. Château. BARBETTE
n. f Diminutiffait sur barbe, par métaphore
BARBE parcequela barbetteformaitcommeunebarbe.
Cost. - Voile qui cachait le cou et le bas
n. f Dulatin barba. du menton et que portaient du XIIe au
1. Cost. - Le port de la barbe est lié à tant xve siècle les femmes âgées et les veuves.
d'éléments qu'on ne s'étonne pas qu'il varie Elle se fixait derrière les oreilles. Associée au
à travers les temps au gré d'un hasard qui couvre-chef*, elle forme la guimpe*. Elle
semblecapricieux. Ellepeutêtre unemarque était obligatoire pour les religieuses qui,
de virilité à certaines époques, et les visages dans certains ordres, la portent encore.
glabres passent alors pour efféminés; en V. Gorgias, Mentonnière.
revanche, quand la mode est au visage
glabre, la barbe passe pour être de mauvais BARBIÈRE
aloi. Leshommesfurent glabres duXIIesiècle n. f Dérivé du latin barba, la barbe.
au xvie siècle, mais ils portaient alors les
cheveux longs. Avec les Valois les cheveux 1. Cost. - Pièce d'armure protégeant le men-
raccourcissent et paraît la barbe qui se porte ton, synonyme de bavière*.
jusque sous Louis XIII. Le roi avait de 2. Div. - Plat à échancrure généralement
beaux cheveux qu'il laissa pousser et ne en faïence* utilisé quand on se rase.
porta pas la barbe, mais la moustache*. 3. Mob. - Petit meuble apparu au xixe siècle
L'ampleur des perruques sous Louis XIV et réservé au matériel de rasage (miroir et
ne s'accommode d'aucune autre pilosité, et barbière au sens de plat) ; monté sur un
les hommesrestent glabres. On voit réappa- piétement* léger, il est parfois muni d'un
raître la barbe sous Louis-Philippe, d'abord tiroir.
sousformedefavoris, puisdecollier complet.
La moustache à l'impériale* qui fait la BARBOTINE
coquetterie de Napoléon III va avec un n. f Dérivé du verbe barboter (XVIe siècle).
visage glabre. C'est sous la Ille République Le verbe s'écrivait auparavant « bourbeter »
et jusqu'à la fin du xixe siècle que la barbe debourbe.
abondante devient de rigueur. Aujourd'hui
que la tyrannie des modes venues d'en haut Cér. - Pâte céramique réduite à l'état de
est moins forte, la barbe est un accessoire bouillie qui sert à coller les parties appli-
laissé à la préférence de chacun. Par ana- quées sur la masse principale d'une faïence*.
logie, pièce de dentelle* qui tombait des On peint à la barbotine quand on y mélange
bonnets* féminins aux XVIeet XVIIIesiècles. des émaux* colorants. La barbotine sert
2. Grav.- Par un emploi métaphorique, mé- aussi par la technique du coulage* à la
tal que laisse le passage du burin* ou de reproduction de certains modèles*. On don-
la pointe sèche* sur la planche à graver. Ces nait ce nom au xixe siècle à une pièce décorée
particules sont supprimées soigneusement de motifs végétaux en haut reliefou peints de
par le passage de l'ébarboir* ; elles sont façon à offrir un aspect rugueux et épais.
conservées pour la pointe sèche. On dit
: aussi «barbure ».
3. Sculpt. - Traces laissées sur les pièces fon-
dues par les interstices du moule*; elles
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Mars 1985 — N° 30 167
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