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D. Ugolini, C. Olive, J.

Grimal - Agatha

Paru dans :
Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon (P.C.R. 1993-1999) (J.-L. Fiches dir.)
Lattes 2002, p. 346-370. (Monographies d'Archéologie Méditerranéenne, 13).

23. AGATHA
Agde (Hérault, France)

par Daniela UGOLINI*


avec la collaboration de Christian OLIVE**
et le concours de Jean GRIMAL***

INTRODUCTION

Agde est connue surtout pour son passé grec, alors que les phases ultérieures ont peu retenu l’attention
des exégètes. Les fouilles archéologiques en ville et à la périphérie de l’agglomération, les recherches
sur le territoire, les études cadastrales et les analyses historiques ont toujours mis l’accent sur le carac-
tère grec de son occupation, de son implantation urbaine et de son développement à travers les siècles.
Sur tous ces sujets la bibliographie est désormais importante.
Tout ce qui concerne l’époque romaine a été considéré comme la “suite logique” de la destinée du
comptoir massaliète. Si la question n’a pas fait l’objet de recherches particulières, on a généralement
retenu que la domination romaine s’est imposée sans heurts majeurs et sans rupture de continuité. Or,
on verra que l’archéologie met en évidence un flagrant manque de données pour la période qui va du
milieu du Ier au Ve s. apr. J.-C. Cette lacune sera peut-être comblée par les recherches futures, mais
pour l’instant il semble bien qu’Agde ait subi le même sort que bon nombre de sites indigènes de la
région, qui sont abandonnés en tant que tels lorsque l’organisation de la Province est un fait accompli.
Dès lors — et presque exclusivement sur la base de découvertes sub-aquatiques —, on peut envisager
qu’un hameau — peut-être lié à la permanence du port (ou d’un débarcadère) — ait pu continuer à
fonctionner sur la rive gauche du fleuve, mais il est actuellement improbable que le site ait pu connaî-
tre un développement en tant qu’agglomération secondaire romaine.
On ne sera pas étonné de voir que, dans le cadre de cette enquête, de longs chapitres sont consacrés
aux périodes antérieures à l’époque romaine. Ce choix a été dicté par la nécessité de rendre compte
d’une évolution dont l’origine est ancienne et qui ne peut être appréhendée sans le support de l’infor-
mation concernant le passé grec du comptoir d’Agde.

* Chargée de recherche au CNRS, Centre Camille Jullian, UMR 6573, Aix-en-Provence


** Ingénieur, Service Régional de l’Archéologie du Languedoc-Roussillon, Montpellier
*** Enseignant retraité, Président du Groupe de Recherches Archéologiques d’Agde

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D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

Agde

Fig. 1 : Agde, centre ville. Localisation des découvertes archéologiques sur le cadastre. (Plan et DAO de C. Olive
1995, mis à jour en 2001). Dans les cercles noirs : emplacements assurés ; dans les cercles gris : localisation sur la
base des noms de rues.

1 : Rue Honoré Muratet, Ancienne Poste ; 2 : Bas de la Rue du 4 septembre ; 3 : Impasse Molière ; 4 : Rue du 4 spetembre, Des-
cente de la Poudrière ; 5 : Rue du 4 septembre, Tour de la Glacière ; 6 : Rue du 4 septembre ; 7 : Carrefour de la rue Jean-Jacques
Rousseau ; 8 : Rue Jean Roger n° 27 ; 9 : Rue Jean Roger n° 29 ; 10 : Rue Louis Bages, Maison du Coeur de Ville ; 11 : Cour du
Chapitre de Saint-Etienne ; 12 : Cloître de Saint-Etienne ; 13 : Rue Louis Bages / rue Perben ; 14 : Square Picheire ; 15 : Rue de la
Halle n° 11 ; 16 : Rue de la Halle ; 17 : Rue du Plan Boudou ; 18 : Rue Perben, anc. propriété L. Bessière ; 19 : Place François
Conesa ; 20 : Rue Haute ; 21 : Rue Blanqui ; 22 : Rue Michelet ; 23 : Rue de la Maîtrise 24 : Place des Aires 25 : Rue Littré, anc.
propriété Charvet ; 26 : Rue Littré ; 27 : Plan Sainte Cécile ; 28 : Rue de la Casemate ; 29 : Rue de la Ville ; 30 : Impasse Terrisse ;
31 : Rue Terrisse ; 32 : Rue Saint-Vénuste ; 33 : Quai des Trois Frères Azéma ; 34 : Pont ; 35 : Place Molière ; 36 : Rue de la Pla-
cette ; 37 : Place de la Glacière ; 38 : Impasse Picpaille ; 39 : Rue de Lassus ; 40 : Rue de l'Amour, en face Rue du Bourg ; 41 :
Rue de l'Amour n° 8 ; 42 : Rue de l'Amour ; 43 : Rue de l'Amour, entre Rue du Bourg et Rue Saint-Simon ; 44 : Rue de l'Amour,
axe de la Rue Saint-Simon ; 45 : Eglise Saint-Sever ; 46 : Rue Jules Ferry ; 47 : Eglise Saint-André ; 48 : Au-delà du pont ; 49 :
découvertes diverses dans le lit de l'Hérault ; 24 : Surveillance de travaux d’édilité (C. Olive, 1996).

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D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

1. SOURCES

1. 1. Textes

Les textes, pourtant relativement nombreux, souvent cités et


repris, concernant l’unique établissement grec du Languedoc
mentionnée par les sources antiques n’ont pas vraiment été
étudiés dans leur ensemble jusqu’à une date récente (mais
voir Sagnes 1971 pour la liste des sources et maintenant Ro-
piot 1997). Ils composent un corpus qui couvre une période
chronologique très longue : depuis l’Antiquité grecque, en
passant par l’époque romaine et, pour finir, médiévale.

1. 1. 1. Textes grecs et d’époque romaine

Les premières mentions remontent au IIIe


s. av. J.-C., mais les plus nombreuses ap-
partiennent à la période de la conquête
romaine. Les sources les plus anciennes
sont conservées indirectement.
• Dans les “Ethniques”, Etienne de Byzan-
ce (Ve s. de n. è.) écrit qu’Agáthe est une
ville des Ligures ou des Celtes. Il ajoute
que dans l’“Europe” de Scymnos (seconde
moitié du IIIe-première moitié IIe s. av.
J.-C.) Agáthe est considérée comme une
ville des Phocéens et qu’Eudoxe (de Rho-
des, IIIe s. av. J.-C.) mentionne une
Agáthe qui serait la nôtre. Toujours selon Etienne de Byzan-
ce, Timosthène, amiral de Ptolémée II (vers le deuxième Fig. 2 : Coupe schématique du sol naturel
de la colline d’Agde au contact avec l’Hé-
quart du IIIe s. av. J.-C.), auteur d’un “Stadiasme”, l’appelle
rault. (D’après Aris 1976 : fig. 1).
Agathé Tyche (“Bonne Fortune”), ce qui amène le compila-
teur à des considérations sur le type d’accent qu’il convien-
drait de placer sur Agáthe, qui serait dans ce cas un adjectif
(“bonne”) et deviendrait Agathé.
Etienne de Byzance rapporte encore que Philon (de Byblos,
Ier s. de n. è.) connaissait une “autre” ville ainsi nommée
chez les Ligures et située sur le “Lac Ligystien”, mais, de
toute évidence, il est encore question d’Agde sur l’Hérault.
• Le Pseudo-Scymnos dans la seconde moitié du IIe s. av.
J.-C. , dans sa “Description de la Terre”, 208, affirme que les
Phocéens de Marseille, après avoir colonisé les villes d’Em-
porion et de Rhodè, occupèrent Agáthe (cf. Scymnos chez
Etienne de Byzance).
• Strabon (IV-1, 5-6) est l’auteur qui, à l’époque d’Auguste,
donne le texte le plus long et le plus circonstancié. Agde se
trouve citée sur la liste des villes dont Marseille s’est fait des
remparts : les villes d’Ibérie (Emporion et Rhodè) défendent
Marseille des Ibères, Rhoen (Rhodanousia ?) et Agáthe la
protègent contre les Barbares de la vallée du Rhône, alors que
Tauroeis, Olbia, Antipolis et Nikaia la protègent contre les
Salyens et les Ligures qui habitent les Alpes. Un peu plus loin
(IV, 1, 6), Strabon précise qu’Agde est une ville de Marseille.
• Le géographe Ptolémée II, 10, 2 (IIe s. de n. è.), dans le ca-
dre de la description de la côte, place Agáthe entre l’embou-
chure de l’Hérault et le Mont de Sète et en donne la longitude
(22°15') et la latitude (42°50'). Un peu plus loin, dans le
même ouvrage, il décrit Agde et Blascon (Brescou) comme
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étant deux îles situées “au-dessous” de la Narbonnaise et


attribue à Agde des mesures de longitude (22°30') et de lati-
tude (42°10') légèrement différentes.
Peu de textes latins ont préservé le souvenir d’Agde.
• Pline l’Ancien, Hist. Nat., III, 5 (Ier s. de n. è.), l’appelle
Agatha en précisant qu’elle avait appartenu à Marseille.
• Pomponius Méla, De Chorographia, II, 5, 80 (Ier s. de n. è.)
se contente de la localiser sur l’Hérault.
On retrouve ici la même chronologie que pour les sources
grecques. Après le Ier s., Agde disparaît des textes latins de la
période romaine, si ce n’est sa mention laconique dans le dic-
tionnaire géographique de Vibius Sequester (De Fluminibus,
fontibus, lacubus.... quorum apud poetas fit mentio, 9), écrit
au IVe ou Ve s. de n. è. qui reprend des sources plus ancien-
nes.

1. 1. 2. Textes chrétiens de l’Antiquité tardive et médiévaux

Agde ne figure pas dans la Notitia Galliarum 1. Les textes se 1 NOTITIA GALLIARUM. In : Monumenta
multiplient à partir du Concile de 506 (Conc. Gall., I : 192) Germaniae Historicae, Auctores Antiquissimi,
— tenu à Agde même —, lorsque apparaît la Civitas Aga- éd. Th. Mommsen, Berlin 1877-1919, 15 vol.
thensium.
• Grégoire de Tours (H.F., VI, 2) l’appelle Agathae Urbs et
note qu’il y avait là un port sous contrôle wisigothique. Il
mentionne aussi l’église d’Agde et les reliques de saint André
qu’elle conserve (Glor. Mart., 78, MGH, SRM, I, 2 : 90-91) :
s’il est question ici de la basilica Saint-André, on notera que
celle-ci se trouvait hors les murs et que c’est l’édifice chrétien
agathois le plus anciennement connu.
• On trouve une autre mention chez Julien de Tolède (Histo-
ria Wambae 13, MGH, SRM, V : 513) et, enfin, si l’on suit le
continuateur de la Chronique de Frédégaire (MGH, SRM, II :
177-178), la ville aurait été brûlée en 739 par l’armée de
Charles Martel.
• Une note du cartulaire d’Agde (Terrin 1969 : 57, n° 50)
mentionne une donation faite en 824 à l’“église” de Sainte-
Marie “infra muros” et un texte de 872 (Cartulaire de l’église
d’Agde, B.N., latin 9999, f° 14) appelle “église” Saint-E-
tienne qui serait en fait la cathédrale déjà érigée à son actuel
emplacement à l’époque carolingienne ; enfin un troisième
texte regroupe sainte Marie, saint Michel, saint Pierre et saint
Etienne au sein d’une “église”. Il est vraisemblable qu’il
s’agisse de la cathédrale Saint-Etienne.

1. 2. Inscriptions

1. 2. 1. Textes en caractères grecs

• Depuis une date inconnue, un bloc cylindrique de basalte


grossièrement taillé (haut de 63 cm et d'un diamètre de
45 cm), était posé au sol, dans un coin de la cour du presby-
tère attenant à l'église Saint-Sever (fig. 1 : 45). Il porte des
caractères grecs sur deux lignes :
ΟΕΥ (ou ΘΕΥ)
ΧΑ

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R. Aris, qui le signala pour la première fois (dans lettre ma-


nuscrite de 1948 ; Aris 1956 : 10-12), le croyait d'époque
grecque. La bibliographie le concernant indique habituelle-
ment qu'il a été découvert “sous” l'église, ce qui n'est pas le
cas. Aucun contexte archéologique ne vient donc appuyer
l'idée qu'il remonte à une date ancienne. D'un autre côté, les
cinq lettres incisées de façon sommaire, qui constituent le
texte complet, n'ont pas vraiment de sens à elles seules (Gal-
let de Santerre 1959 : 112 ; Lugand 2001 : 139 et fig. 29) et il
n'y a pas à retenir l'hypothèse d'un effacement partiel dû à
l'usure. Enfin, la forme du bloc est curieuse et on comprend
que R. Aris ait eu du mal à lui trouver une fonction (tambour
de colonne ? autel ? cippe ?). L'authenticité de cette inscrip- 2 Les archives sont formelles sur le fait que le
tion, comme son antiquité, sont loin d'être évidentes. terrain destiné à l’Hôtel de ville a été acheté
après cette date ... Encore, Dupuy, l’inventeur
• En creusant les fondations de l’ancienne Mairie (aujour- de la pierre (1648), qui en a fait un croquis
d’hui Maison du Coeur de Ville, fig. 1 : 10), on aurait mis au dans un document manuscrit ( ΑΔΡΗ,
jour en 1648 un “fragment d’autel” en basalte aujourd’hui ΜΗΤΡΑΣΙ ΚΑΙ ΔΙΟΣΚΟΡΟΙ), en aurait signalé
perdu portant l’inscription (Bonnet 1905 : 209-212) : la découverte au Seigneur de Peiresc, érudit
ΑΔΡΗ ΜΗΤΡΑΣΙ ΔΙΟΣΚΟΡΟΙ
provençal décédé en 1637, soit 11 ans avant
Kaibel (IGI, 2514) la transcrit différemment : l’exhumation de l’inscription ! La pierre se
… µητρασι και Διοσκοροισ trouve mentionnée pour la première fois dans
et J. Spon a proposé de lire ΑΡΗΙ à la place de ΑΔΡΗ. On un ouvrage scientifique (H.G.L.), qui ne cite
peut la traduire par « (“Hadré”, ou –selon la lecture de J. pas le signalement de Dupuy mais la copie
Spon – “à Arès”) aux déesses Mères et aux Dioscures » et effectuée par un certain Mabille. La pierre
l’on a proposé de la dater des IIIe-IIe s. av. n. è. Toutefois, de ayant disparu rapidement après sa découverte,
on est en droit de considérer cette inscription
nombreuses incohérences accablent le contexte comme la
avec circonspection ... (Renseignements et
date de la découverte, au point que l’on se pose la question de recherche en cours de J. Grimal : voir Grimal
son authenticité 2. 1996).
• Du “fond d’un sondage” effectué rue Louis Bages (ancienne
rue des Accoules : fig. 1 : 13), en bordure du square de l’an- 3 Confiée au Laboratoire de Nancy pour res-
cienne Mairie (Aris 1939 : 98 ; Aris 1981), “parmi les restes tauration, la pièce a disparu du Musée d’Agde
d’incendie d’une habitation” ou sur les déblais de fouilles au début des années 1970. De plus, les négatifs
(Ugolini in Lugand 2001 : 127) furent trouvés sept fragments des photographies faites à Nancy lors de la
d’une feuille de plomb inscrite — haute de 8 cm et compor- restauration ont également disparu du Musée
tant 250 caractères —, aujourd’hui perdue 3. La feuille, haute de Nancy … (Aris 1981).
de 8 cm et comportant 250 caractères, avait été plusieurs fois
repliée et roulée en cylindre. Le texte très mutilé n’a pas été 4 D’après Aris 1939 : 99, les fragments de la
déchiffré : ceux qui l’ont vu ont considéré qu’il était écrit en
feuille de plomb ont été confiés au Pr. Bon de
ionien et que l’inscription pouvait dater des IVe-IIIe s. av.
Montpellier, qui à son tour les a transmis au Pr.
J.-C 4. Le texte donné par R. Aris (1981) est le suivant : A. Grenier du Collège de France, chargé du
ΑΓΑΘΗ
déchiffrement. Bien des années plus tard, R.
ΔΙΧΑΙΡΕΙ ΣΚΥΤΕΥ (avec sigma lunaire). Aris (1981 : 52) affirme que L. Robert fut le
premier savant à voir le document : il détermi-
1. 2. 2. Inscription latine na qu’il s’agissait d’une lettre privée écrite en
caractères ioniens non cursifs et sans intervalle
• (C.I.L., XII, 4281, tab. III, Di ; FOA, XXV, Lk) Cippe funé- entre les mots qui pouvait être datée du IVe s.
raire en marbre (lieu de découverte inconnu) qui est la seule av. J.-C. Les quelques mots lisibles ont fait
inscription romaine connue à Agde : supposer qu’il y était question de cuir ou de
DIS MANIBUS cordonniers, mais ni L. Robert, ni M. Lejeune
(également consulté) ne réussirent à établir un
MAGIAE HELPIDI
texte cohérent. Quant à sa date, J. Jannoray
C. SILIUS (1955 : 344, note 1) penchait pour le IIIe s. av.
FAVENTINUS J.-C.

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CONIUGI
BENE MERENTI
FECIT
LOCUM DONAVIT
ARIANIUS SEVERUS
Dis Manibus / Magiae Helpidi / C(aius) Silius / Faventinus /
coniugi / bene merenti / fecit / locum donavit / Arianius Se-
verus.
Aux dieux Mânes, C. Silius Faventinus a fait pour sa digne
épouse Magia Helpis ; Arianius Severus a donné le lieu.
D’après les remarques de M. Christol à propos de l’évolution
épigraphique des inscriptions funéraires nimoises
(in Fiches 1996c : 91 sq.), il est vraisemblable que
notre document date de la fin du Ier ou du IIe siè-
cle après J.-C. O. Hirschfeld (C.I.L., XII, 4281) a
supposé, d’après Bormann, qu’elle pourrait pro-
venir de Rome.

1. 2. 3. Inscription chrétienne

Au Grau d’Agde, dans l’église de Notre-Dame


(ad Grado monasterium sanctae Mariae : H.G.L.,
V, c. 316), attestée dès le Xe s., est conservée une
inscription (Février 1960 et 1989) d’après laquelle
la vierge Rinilo fundabit hoc templum. On aurait
alors consacré un autel et bâti des oratoria. P.-A.
Février a proposé de dater ce texte des VIe-VIIe s.

1. 3. Toponymie

Le toponyme est fixé depuis les plus anciennes


sources et n’a subi que peu de modifications jusqu’à la gra- Fig. 3 : Agde et le delta de l’Hé-
phie actuelle (Hamlin 2000). rault d’après J. Picheire (d’après
Agáthe signifie en grec “bonne” et il n’y a pas à retenir l’hy- Picheire 1978 : fig. p. 8).
pothèse, souvent avancée, selon laquelle l’appellation entière
serait Agathé Tyche, qui se base sur une unique attestation, de
surcroît indirecte et d’une extrême imprécision (voir supra, 1.
1. 1).
F. Benoit pensait à un toponyme indigène rhabillé à la grec-
que (Benoit 1965).

2. HISTORIQUE DES RECHERCHES

Mentionnée par les sources antiques, historiens et érudits se


sont intéressés très tôt à la ville et, pendant trois siècles, les
problèmes majeurs seront la localisation exacte de l’Agde
ancienne et la date de “fondation de la colonie”.

À la demande des Consuls d’Agde, Jean Gibrat, maistre aux


artz et Régent des Escolles rédige en latin, dès 1609, un mé-
moire sur l’histoire de la ville, qu’il traduit rapidement en 5 Les deux rédactions sont conservées aux ar-
français à l’usage des Agathois 5 . On y apprend, non sans chives de la ville : liasse 16, n° 494. En 1840
étonnement, qu’à cette époque certains érudits pouvaient elles furent retrouvées et recopiées par un
croire qu’Agathopolis était Montpellier. J. Gibrat remet de membre de la Société Archéologique de Bé-
l’ordre en recourant à Ptolémée, qui décrivait Agde comme ziers, M. Reclus : c’est la version française de
une île (ce qui de fait excluait Montpellier) et, sur la base de M. Reclus qui a été publiée par E. Baret
Strabon et Pline, en affirme déjà l’origine massaliète. L’au- (1939).

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D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

teur s’émeut ensuite que d’aucuns puissent avoir imaginé


que, lors de l’arrivée de saint Sever, Agde était une “bicoque
misérable et déshabitée […] car il (me) sera très aisé de re-
boucher la pointe de ce brocard …” grâce à des manuscrits
plus anciens 6 qui affirment, au contraire, qu’Agde était alors 6 Il s’agit ici du Bréviaire d’Agde de l’évêque
“une ville fort riche et peuplée ; mais à cause des ruines très
Jean de Vesc daté de 1510, dont un exemplaire
grandes qu’elle avoit souvent souffertes, ressembloit alhors est conservé à la Bibliothèque Nationale, et
une bourgade”. Suit la liste des malheurs subis par la ville : d’un vieux cayer, qui n’est pas parvenu jus-
brûlée par le vandale Genséric ; saccagée par l’alaman Hymé- qu’à nous, écrit par un certain Nicolas Combal
ric ; ruinée de fond en comble par Attila ; brûlée et rasée par duquel on ignore tout (fin du XVIe siècle). Ce
Charles Martel. J. Gibrat relate encore le Concile de 506 et ne sont donc pas des documents de première
fait une digression sur saint Sever, originaire de Syrie, qui main, mais des compilations ou des descrip-
fonda un monastère. tions antérieures d’un siècle.

On peut dire que dès 1609 le canevas de l’histoire d’Agde est


tissé et d’un ouvrage à l’autre reviendront, avec parfois
7 B. de Jourdan (1824), suivi par la plupart des
l’ajout de quelques précisions, les mêmes traits marquants.
Les historiens postérieurs essaieront surtout de dater la “fon- historiens, notamment F. Villard (1960) et H.
dation de la colonie” 7. Gallet de Santerre (1962), proposait -550 ; C.
Jullian préféra -450 ; alors que J. Jannoray
Du point de vue archéologique l’emplacement exact d’Agde (1955) la repoussa au -IVe siècle. Dès 1947,
posait problème. Les découvertes ayant été rares sur la colline émerge l’hypothèse d’une fondation en deux
temps : une première fois par les Phocéens,
jusqu’à une date récente, se met en place le “mystère
plus ou moins en même temps que Marseille,
d’Agde”, que l’on ne pouvait se résoudre dans ces conditions et une seconde fois 100 ou 150 ans plus tard
d’extrême indigence documentaire à localiser sous la ville (Gaches 1947). Cette idée fera du chemin et
actuelle. Aussi, É. Bonnet (1905), qui cherchait désespéré- sera âprement débattue. A. Nickels (1976) l’a
ment les traces de l’“Agde phocéenne”, s’est fait l’écho de adoptée, en admettant l’existence d’un établis-
l’opinion, alors répandue auprès des érudits, selon laquelle le sement “phocéen” dans la seconde moitié du
comptoir se trouvait non pas sous la ville actuelle mais au VIe s. en milieu indigène, mais une fondation
Cap d’Agde, là où la tradition populaire situait la ville coloniale massaliète seulement vers la fin du
d’“Embounnes”, depuis longtemps disparue 8. Ve-début du IVe s. av. J.-C.
Il faudra attendre les années 1930 et les recherches de R. Aris
et G. Claustres pour qu’Agde retrouve enfin la localisation 8 Déjà la carte de Cassini montrait des ruines
qui a toujours été la sienne : en 1938, lors de l’installation du en ce lieu et le signalement de diverses trou-
réseau du gaz de ville, ils remarquèrent aux bords des tran- vailles d’amphores, poteries diverses et mon-
chées creusées à cette occasion de la céramique “gallo-ro- naies dans la campagne environnante ont fina-
maine” et, surtout, préromaine. lement conforté l’hypothèse que la ville
Dès lors le problème d’Agde était résolu : partout sous les d’Agde se trouvait bien à Embonne. De plus,
constructions modernes se trouvaient les vestiges antiques, tout près et à l’abri de la presqu’île basaltique
dont les plus anciens remontent au VIe s. av. J.-C. (Aris qui se termine au Cap, se trouve l’étang de
1939). Luno (aujourd’hui partiellement transformé en
port de plaisance), qui, d’après les érudits, au-
rait été autrefois ouvert sur la mer et aurait pu
Parallèlement, dès la fin des années 1930 et jusque dans les constituer pour les bateaux le refuge le plus sûr
années 1950, M. Prat-Puig et R. Aris s’intéressent au passé de toute cette côte en cas de tempête. C’est là
chrétien de la ville par des sondages notamment autour des que C. Lenthéric (1876) situait le “bon
églises Saint-André et Saint-Sever. Les recherches à Saint- mouillage” de l’Île d’Agde et faisait débarquer
André seront poursuivies, à la fin des années 1980, par N. les premiers colons phocéens.
Houlès (1987a et b).

Dès le début des années 1970, l’apport scientifique de l’acti-


vité archéologique menée par A. Nickels a été déterminant.
Outre la fouille de la nécropole périphérique du premier âge
du Fer au Peyrou (Nickels 1989), il effectua une série de son-
dages stratigraphiques au centre ville (fig. 1 : 9, Nickels

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D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

1976 ; fig. 1 : 18, Nickels 1995 ; fig. 1 : 3, Nickels 1980 ;


Barruol 1981 : 507) et une fouille d’urgence (fig. 1 : 14 :
Massy 1992 : 123-124) qui ont été autant de jalons dans la
connaissance du site, sa chronologie, ses aspects mobiliers et
immobiliers et qui constituent aujourd’hui la base incontour-
nable de toute approche de la ville antique. Plus récemment
(1998-1999), après la démolition d'un îlot d'habitation, une
fouille programmée (sous la direction de D. Ugolini) a eu lieu
Place F. Conesa (fig. 1 : 19).

Les études sur la géographie et le territoire commencent seu-


lement dans les années 1960, lorsque R. Aris et J. Picheire
(Aris 1960) publient leurs réflexions sur le parcellaire urbain
qu’ils supposent d’origine antique. En 1964, M. Guy identifie
le premier cadastre grec d’Agde (voir infra, 6. 3.). Ces re-
cherches, poursuivies par M. Adgé, P. Ambert, J. Benoit, M.
Clavel, encore M. Guy, A. Nickels et D. Garcia, contribue-
ront, par des approches diverses et avec des résultats souvent
controversés, à étoffer l’étude, toujours en cours, de l’évolu-
tion de la ville et de son paysage.

3. SITE ET SITUATION

3. 1. Facteurs naturels

Agde occupe une table basaltique sur la rive gau- Mermian C7 C10 C11
Saint-Michel
che du fleuve Hérault, dont l’embouchure se trouve

La ine
Flo

rols
dele
y de Fabricolis
ou

Ma
ren
t-J

Pome
actuellement environ 3,5 km plus au sud. La butte

g-
sa
on

c
M

constitue un relief d’une dizaine de mètres d’alti- C4 Héra


ult
C12

Rieu
tude, légèrement en pente d’est en ouest (donc vers
M
ort
La
M
le fleuve). on
éd

re
Lors de la construction du pont actuel, R. Aris a pu
faire quelques observations sur l’aspect antique de
la colline (Aris 1970) : les travaux d’installation de
Bagnas
la culée rive gauche (fig. 1 : 34) ont mis en évi- C2 Béziers
C16
Ch. du Peirou Ri
eu
dence une stratigraphie de plusieurs mètres, consti- Mor
E

t
D

tuée uniquement d’alluvions (sables et argiles rou-


G
A

Sept-Fonds
ges), qui recouvrait, dès la cote -7 m et jusqu’à la
cote -9 m, une “couche archéologique” de sable
riche en mobilier. Comme à quelques mètres de ce
“sondage” a été mise à nu la coulée basaltique sur Mont Saint-Loup

laquelle est bâtie Agde et comme un sondage dans


le sous-sol d’une maison voisine en bordure de la Fig. 4 : Possibles chemins de
rue avait permis de retrouver des couches archéologiques à la desserte de la ville d’Agde pour
cote +3 m, R. Aris a proposé une coupe de cet endroit tel les époques protohistorique et
qu’il devait se présenter au début de la période historique romaine. (Plan repris et simplifié
(Aris 1970 : fig. 1 ; ici : fig. 2). d’après Adgé 1995 : fig. 16).

Le paysage qui devait autrefois exister autour du site est dif-


ficile à restituer. Si Ptolémée (voir supra, 1. 1. 1.) décrit Agde
comme une île, nous sommes obligés de retenir qu’au moins
à l’époque romaine la présence de l’eau devait être beaucoup
plus importante qu’aujourd’hui. Les propositions faites par
nos prédécesseurs ne font pas l’unanimité, mais celles de nos
contemporains non plus. On résumera ici les termes de cette
question âprement débattue, qui a donné lieu à une très ample
bibliographie (dont on ne rappellera que les titres principaux).

8
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

1) Pour E. Desjardins (1885 : 157), le littoral languedocien


était une véritable mer intérieure formée par une suite ininter-
rompue d’étangs navigables (depuis le Rhône jusqu’à l’Aude)
et séparée du large par le cordon littoral (voir également Len-
théric 1879). Selon cette hypothèse, Agde, qui se trouvait
donc au bord de cette mer intérieure, jouissait de communica-
tions faciles d’un bout à l’autre du Golfe du Lion. En 1943,
sur la base des textes antiques et à la suite des travaux de E.
Desjardins, apparaît – clairement formulée pour la première
fois – l’hypothèse suivante sur le paysage d’Agde antique
(Picheire 1943 ; ici fig. 3 ) :
- le bras principal de l’Hérault est le même qu’au-
jourd’hui ;
- le bras occidental (l’Ardaillon) se détache un
peu au sud de Bessan, traverse une zone maréca-
geuse (le Clot de Vias) et se jette dans la mer ;
- le bras oriental (le Rieu Mort) part du méandre
que le fleuve fait juste au nord de la ville, passe au
nord de la butte et arrive dans la zone maréca-
geuse entre les étangs du Grand et du Petit Ba-
gnas, d’où il coulerait vers la mer.
2) Les propositions d’appréciation du paysage
languedocien antique de E. Desjardins ont rencon-
tré l’opposition de plusieurs chercheurs (Galtier
1958, Denizot 1959 et 1961, Pineau 1965) qui
considéraient que le colmatage des étangs était
chose faite déjà pendant l’Antiquité. Plus récem-
ment, le recours à de nouvelles techniques d’in-
vestigation a permis d’avancer que le Golfe Nar-
bonnais jusqu’à l’Hérault a subi de profondes mo-
difications échelonnées dans le temps : si les cor-
dons littoraux existent bien avant l’époque ro-
maine, ils ont néanmoins subi des variations dues
à l’ensablement et à l’ouverture des graus qui ont
pu jouer sur l’étendue et le niveau des étangs (voir
en dernier : Verdeil 1990 ; Ambert 1993a). Ces
études concernent essentiellement le Narbonnais
et apportent peu de renseignements sur la région
héraultaise, mais il en résulte que l’Hérault for- Fig. 5 : Cadastre urbain antique
mait un delta et son bras oriental se jetait dans l’étang du Ba- d’Agde : réseau V (d’après Nick-
gnas qui devait communiquer avec celui de Thau au moins au els 1981 : fig. 11).
Moyen Âge, lorsque – par les lagunes – on pouvait atteindre
le Rhône.
3) M. Adgé (1995) a proposé récemment une approche basée
sur l’analyse d’un grand nombre de cartes et de documents
d’archives notamment des XVIe-XVIIe siècles, qui apporte
des compléments à l’hypothèse de J. Picheire (1943) : l’exis-
tence des trois bras de l’Hérault est retenue pour la Protohis-
toire et l’Antiquité, mais on considère qu'ils devaient être
bien plus larges ; par conséquent, Agde est isolée sur son île.
4) P. Ambert (1995) a étudié la question du point de vue géo-
logique et en a conclu qu’il n’y a jamais eu un bras oriental
de l’Hérault offrant des possibilités de navigation entre Agde
et l’étang de Thau et que seule une action humaine de creu-
sement (possible, mais non vérifiée) du couloir des Sept-
Fonds (lit supposé du bras oriental) pourrait justifier une mise
en eau de cet éventuel “bras oriental”.

9
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

En dépit donc d’un dossier particulièrement touffu, le pay-


sage d’Agde antique ne peut être défini avec précision et il ne
reste qu’une seule certitude : avant les travaux d’assainisse-
ment médiévaux, modernes et contemporains, Agde se trou-
vait dans un milieu très fortement modelé par l’eau. Le fleuve
et ses débordements réguliers, les étangs et la mer contri-
buaient à créer un paysage où les seules éminences étaient
celle de la butte d’Agde et celle du Mont Saint-Loup, qui
pouvaient apparaître au moins pendant une bonne partie de
l’année comme des îles.
Cela suffit probablement pour expliquer les affirmations du
géographe Ptolémée, mais ne donne pas de crédit à l’hypo-
thèse ancienne et toujours répétée (depuis Desjardins 1885)
selon laquelle une circulation “maritime” protégée était pos-
sible, depuis le Rhône et jusqu’aux Pyrénées, dans une sorte
de mer intérieure, séparée du large par un cordon littoral in-
terrompu par des graus.
La colline, seule éminence dans une plaine inondable, est si-
tuée légèrement à l’intérieur des terres (3,5 km de la côte) et
domine de peu l’Hérault.
Les possibilités portuaires du site, proche de la mer mais à
l’abri et grosso modo à égale distance de Marseille et d’Em-
porion, ont été sans doute déterminantes. De plus, Agde se
trouve à la sortie d’une vallée aux possibilités agricoles et
minières (notamment dans la région de Cabrières) certaine-
ment importantes. D’autre part, l’environnement basaltique a
permis le développement d’une industrie de meules rotatives
dès au moins le IIe siècle av. J.-C.
Mais, plus encore que dans des raisons économiques, l’instal-
lation d’Agde en ce lieu précis trouve sa pleine justification
en tant que réponse au souci massaliète de protection : protec-
tion de ses routes maritimes certainement et, si l’on en croit
Strabon, surtout protection de ses réseaux contre des Indigè-
nes apparemment peu conciliants. 9 La découverte de quelques amphores étrus-
ques et grecques dans le lit de l’Hérault, en
3. 2. Communications amont d’Agde (Saint-Thibéry ; Usclas-d’Hé-
rault), a été interprétée de diverses façons : M.
3. 2. 1. La voie fluviale Feugère (1992 : 23) pense à des dépôts funérai-
res, alors que D. Garcia (1993 : 86 ; 1995b :
L’Hérault a constitué la principale voie de communication 152) y voit le témoignage de transports flu-
d’Agde, qui pouvait ainsi facilement se relier à la côte sans viaux. Sans entrer dans un débat qui, faute de
documents suffisants, ne peut être tranché, sou-
s’y exposer. Plus délicate paraît l’exploitation du fleuve en
lignons quand même que des amphores isolées
tant que voie de communication vers l’arrière-pays, au-delà (car dans aucun des cas répertoriés il ne s’agit
d’Agde ou de Bessan : son petit gabarit et son régime torren- d’épaves) peuvent n’être que de simples rejets
tiel ont sans doute limité les activités dans ce sens, qui de- dans le fleuve, après consommation du conte-
vaient avoir un caractère saisonnier et ne pouvaient employer nu.
que des bateaux de faible tirant 9. Sur la navigabilité de l’Hérault voir maintenant
Il faut encore ajouter que jusqu’ici on n’a identifié aucun ves- V. Ropiot (1999 : 43), qui envisage la possibi-
tige du port, dont on ignore l’emplacement (voir infra 5. 2. lité de remonter le fleuve jusqu’à Aumes. Il
5) . reste le problème de la Pansière (sorte de bar-
rage en très grands blocs de basalte) qui crée
3. 2. 2. Les voies terrestres un plan d’eau nécessaire au fonctionnement du
Moulin (100 m au nord du rempart, construit
au XIIIe s.). Il est possible que cet obstacle
L’identification des voies terrestres de communication pose (sans doute accentué au Moyen Âge) aujour-
encore plus de problèmes, sans compter la difficulté que de- d’hui majeur, exploite en fait un enrochement
vait constituer le franchissement de l’Hérault, dont il ne reste naturel, à un endroit où le fleuve fait un coude
aucun vestige archéologique. aigu. Dans ce cas, la remontée du fleuve aurait
Pour ce qui concerne le réseau préromain, on n’a rien de été impossible sans son contournement.

10
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

précis. La mythique voie Héracléenne n’ayant pas jus-


qu’ici, à Agde comme ailleurs, une réelle consistance ar-
chéologique, on peut imaginer qu’elle a desservi Agde, mais
il n’y a aucune donnée concrète à l’appui de l’hypothèse 10. 10 D. Garcia (1995b : 153) propose de recon-
La voie Domitienne, dont le tracé aurait calqué celui de la naître un tracé “ancien” de la voie est-ouest
voie Héracléenne, passe à quelque 10 km au nord d’Agde et passant par Agde, qui se confondrait avec celui
est actuellement la seule route ancienne dont l’existence de la voie Héracléenne, et qui serait à distin-
fasse l’unanimité. guer du tronçon de la Domitienne par Cessero-
La voie romaine de Cessero à Segodunum (Rodez), qui re- Saint-Thibéry. S’il est vraisemblable qu’Agde
joignait la Domitienne à Saint-Thibéry et longeait la rive grecque ait pu être jointe par des chemins ter-
restres, le réseau préromain que la tradition
droite de l'Hérault vers l'intérieur des terres, est représentée appelle “voie Héracléenne” a sûrement varié
sur la Table de Peutinger. Il est possible qu'il ait existé jus- au gré des déplacements des sites habités,
qu'à la mer un prolongement de cet important axe de com- voire de la praticabilité des terrains dans cette
munication nord-sud. zone marécageuse. Le dossier recueilli par M.
Le très épais dossier publié récemment sur les chemins de Adgé (1995) l’atteste très largement, même
desserte de la ville (Adgé 1995) fait le point notamment sur pour des périodes beaucoup plus récentes).
tout ce que les archives peuvent enseigner depuis l’époque
médiévale, mais ne fournit que quelques menus indices pour
les époques précédentes. À titre indicatif, voici les plus im-
portants de ces chemins, tous attestés au XVIIe
siècle et parfois au Moyen Âge, dont certains
pourraient être protohistoriques ou romains (fig.
4).

• Les chemins de la rive gauche :


- vers Florensac par la plaine (C7) ;
- vers Marseillan par le pont de Prade (C12), dont
le diverticule dit “chemin de la Magdeleine”
(C10) parfois, dans les plans, “de Florensac” est
vraisemblablement parmi les plus anciens (à la
Magdeleine on aurait des traces du IVe s. av. J.-C.
-?- et plus sûrement d’époque romaine d’après
Adgé 1995 : 129) ; à la Grange Rouge il se divise
et donne à droite le chemin de Montagnac et à
gauche celui de Florensac : différent du précédent
(C7) puisqu’il passe par les coteaux et par le
sommet de l’oppidum du Mont-Jouy, il est possi-
ble qu’il s’agisse d’un chemin ancien ;
- le chemin de Pomerols (C11) actuelle C. D. 32
d’Agde à Florensac longe la tombe protohistori-
que du Rec des Bragues (Rouquette 1976) ;
- le chemin du Peyrou (C16) permet une liaison
directe entre la ville et le tènement où se trouvent
trois nécropoles (du premier Age du Fer ; colo-
niale et les cinq tombes romaines qui se trouvaient
d’ailleurs au bord de ce chemin).
Fig. 6 : Cadastre urbain anti-
• Les chemins de la rive droite : que d’Agde : réseau N
- le chemin de Touroulle (C4) aboutit, après le (d’après Nickels 1981 : fig.
franchissement de l’Hérault, à la chapelle Saint-Laurent de 10).
Touroulle où ont été observés des vestiges médiévaux (cime-
tière), mais où apparemment se trouvait aussi une nécropole
de l’Antiquité tardive (tombes en bâtière). Outre des témoins
abondants d’époque gallo-romaine, la découverte d’une anse
d’amphore étrusque pourrait attester une fréquentation proto-
historique (Adgé 1995 : 132). De plus, ce site se trouve à 600

11
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

m de la nécropole des Vignes Vieilles (Grimal 1972) et est au


sud de la Monédière ;
- le chemin de Béziers par Vias (C2) est orienté et rectiligne :
il est probablement d’époque romaine.

Presque tous ces chemins, anciens ou moins anciens, traver-


sent des terrains bas et des zones inondables. Des travaux
menés par E. Gomez dans la campagne d'Agde (1999-2001),
ont mis au jour un chemin daté des IIe-Ier s. av. J.-C. desser-
vant l'important domaine viticole de Saint-Michel-du-Bagnas
(Lugand 2001 : 150, notice 64d) et un autre chemin longeant
une nécropole à incinération du Ier s. de n. è. au lieu-dit La
Crouzette (Lugand 2001 : 151, notice 65). Sur les routes et
chemins de la région agathoise voir aussi Lugand 2001 : 63-
70.

4. CHRONOLOGIE DE L’OCCUPATION

La première installation humaine sur la colline d’Agde se fait


11
après le milieu du VIe s. av. J.-C. 11 . Le site connaît un déve- Nickels 1995 : 92-93 proposait un laps de
loppement rapide où l’influence grecque est évidente. Le Ve temps de plus d’un demi-siècle entre les pre-
s. av. J.-C. est relativement peu représenté. Sans doute beau- mières traces d’occupation humaine et les
coup plus importante à tous points de vue a été la phase qui premières importations (vers le milieu du VIe
débute vers la fin du Ve s., voire dans la première moitié du s.). En l’état actuel, il semble que rien ne s’op-
IVe s. av. J.-C. pose à une chronologie plus serrée. Dans la
bibliographie, on trouve signalée la présence
Un autre moment important se situe entre la seconde moitié
d’un habitat du Bronze Final III au lieu-dit
du IIe s. et la fin du Ier s. av. J.-C., lorsque Agde connaît de Belle-Île, qui se trouve à quelque 100 m au
nombreuses réfections urbaines et, du point de vue mobilier, nord-ouest du site antique et sur la rive droite
témoigne d’une part de ses liens avec Marseille et d’autre part de l’Hérault (Jully 1978 : 9 ; voir aussi Jully
avec Rome. Cette phase semble se terminer à l’époque augus- 1983 : 1234). Les quelques fragments cérami-
téenne ou légèrement avant (?), lorsque d’importants réamé- ques sur lesquels s’appuie l’existence de cet
nagements laissent supposer un sursaut économique à l’om- hypothétique site proviennent tous du lit du
bre de la conquête romaine. Il se peut qu'un quartier d'habita- fleuve. Des surveillances récentes à l’occasion
tion se développe entre le Ier s. av. J.-C. et le Ier s. ap. J.-C. de réaménagements urbains sur la rive droite
du fleuve, juste au-delà du pont, n’ont livré
au sud de la ville, à l'extérieur du rempart. En effet, des fosses
aucun indice dans ce sens et aucune occupation
et des tronçons de murs ont été observés lors de sondages antique n’y a été relevée (Rens. C. Olive).
ponctuels Rue de l'Amour (Olive 1983 ; fig. 1 : 39-40 et 42-
44).
Dès le milieu du Ier s. de n. è., les traces archéologiques de
l’occupation agathoise disparaissent presque totalement et ce
n’est qu’au cours de l’Antiquité tardive (Ve-VIe s.) que la
présence humaine redevient forte et très bien attestée, sans
doute sous l’égide de la création d’un évêché.

5. TOPOGRAPHIE DE L’AGGLOMÉRATION

5. 1. Organisation générale
5. 2. Réseaux

Les limites de la ville sont relativement bien connues : la ta-


ble basaltique (4,25 ha), en légère pente d’est en ouest, pré-
sente sur tous les côtés des ruptures assez marquées, qui sont
soulignées par la fortification sur trois côtés et, à l’ouest, par

12
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

le fleuve 12 . C’est à l’intérieur de l’enceinte, dont le tracé a 12 Il faut souligner qu’il n’y a aucune certi-
peu varié au cours des siècles, que s’est primitivement déve- tude sur l’existence de l’enceinte antique du
loppée la ville. côté du fleuve. Voir infra chapitre 5. 2. 1.

L’existence d’une trame urbaine antique a été pressentie par


R. Aris et G. Claustres dès 1939 (Aris 1939 : 95-96) qui ont
reconnu, dans le coeur de la ville actuelle, le noyau de cette
première organisation (“plan en damier des villes gallo-ro-
maines et des colonies grecques”) et jeté ainsi les premières
bases de l’étude topographique. R. Aris et J. Picheire revien-
dront plus tard sur la question de façon plus approfondie
(Aris 1960), alors que M. Guy (1964), par l’analyse des pho-
tographies aériennes, confirme les hypothèses et y ajoute
l’observation d’un cadastre rural ayant la même direction que
le plan urbain. Ces recherches, déjà avancées, ont été reprises
et complétées par A. Nickels (1981) avec de nouvelles obser-
vations. On décrira brièvement les quatre systèmes orthogo-
naux mis en évidence par ce chercheur.

• Le système vert présente une direction de 46° E (Nord Lam-


bert) : perceptible dans toute la ville, il est particulièrement
bien attesté au sud-ouest, à l’ouest et au nord-est. Les traces
conservées au centre sont peu nombreuses et quel-
ques rues modernes en reprennent les directions
(rue Molière, nord de la rue de la Ville, rue de la
Glacière, rue Littré), (fig. 5).
• Le système noir est de direction 37° E : ses tra-
ces sont assez bien réparties dans la ville et bon
nombre de rues modernes reprennent ses direc-
tions (rue Terrisse, rue de la Maîtrise, rue Cassan,
impasse Molière, rue de la Ville, rue Blaqui, rue
d’Embonne), (fig. 6).
• Le système bleu, à 43° E, est présent dans toute
la ville, mais peu de tronçons de rues s’y rappor-
tent (rue de la Casemate, rue Terrisse, rue du Plan
Baudou, ouest de la rue Saint-Vénuste, rue Mura-
tet), (fig. 7).
• Le système rouge, à 40° E, est le plus vaste et lui
appartiennent les limites les plus nombreuses (rue
Terrisse, rue Saint-Vénuste, rue Perben, rue Mo-
lière), (fig. 8).
Les plans induits par les trames noire, bleue et
rouge (dont l’orientation est très proche) présen-
tent de grandes similitudes entre eux : ils com-
prennent une partie centrale quadrangulaire déli-
mitée par des quartiers qui respectent les direc-
tions du rempart, un réseau orthogonal de rues,
une rue centrale nord-sud et un aménagement de
l’espace immédiatement périurbain (voir fig. 9).
Fig. 7 : Cadastre urbain antique
Quant à la chronologie de ces systèmes, les quelques élé- d’Agde : réseau B (d’après Nickels
1981 : fig. 8).
ments observés en stratigraphie faisaient supposer à A. Nick-
els que le plan vert existait au moins depuis la fin du IVe s.
av. J.-C. et que la trame rouge (ou la noire) avait été utilisée
dès la fin Ve ou le début du IVe s. av. J.-C.).
Au vue des stratigraphies mises au jour jusqu’à présent, il est
improbable que l’un de ces plans soit “romain”, par contre les

13
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

fouilles de la Place Conesa, actuellement en cours d’étude,


permettront certainement de dire si parmi ceux-ci il y en a un
de l’Antiquité tardive, voire médiéval.

5. 3. Edifices publics

Jusqu’en 1999, le seul monument public signalé à Agde avant


l’apparition des églises était la fortification. Hors de la ville,
au sud, un édifice (temple ?) péri-urbain du Ier s. av. J.-C.
pourrait avoir existé au bord de l’Hérault. Des fouilles récen-
tes au centre de la ville (Place Conesa) ont permis de mettre
au jour un édifice public d’époque grecque.

5. 3. 1. La fortification

A. Nickels a effectué deux sondages sur son


tracé, l’un à la limite sud de la ville (fig. 1 : 9)
et l’autre à la limite nord (fig. 1 : 3). D’après
ces sondages et l’étude des parcellaires, A.
Nickels proposait une enceinte coloniale lon-
gue de 850 m englobant une surface de 4,25
ha (fig. 9). On soulignera ici que l’on ne dis-
pose d’aucun renseignement archéologique
concernant le tronçon de la courtine longeant
le fleuve et que, par conséquent, son tracé
comme son emplacement sont hypothétiques.
Seules les observations de la rue Roger, dont
on trouvera ci-après un résumé, sont publiées
(Nickels 1976).

Les états reconnus rue Roger


• L’ “ouvrage A”, parement avant du rempart,
est de largeur inconnue puisque les façades de
la rue Roger s’y superposent, mais on en con-
serve cinq assises. Le mobilier lié à sa cons-
truction et à son fonctionnement laissent envi-
sager qu’il a été construit dans le courant du
IIe s. av. J.-C., vraisemblablement vers le mi-
lieu ou dans la deuxième moitié du siècle
(présence d’amphores italiques et campa-
nienne A).
La fondation se compose d’éclats de basalte
de toutes tailles compactés. L’assise de ré- Fig. 8 : Cadastre urbain antique
glage (l’euthynteria, qui s’intercale entre la d’Agde : réseau R (d’après Nickels
fondation et la partie aérienne) est haute de 0,74 m et com- 1981 : fig. 9).
prend de gros blocs (longs de 1,20 m) grossièrement équarris
et irrégulièrement disposés en parpaings et boutisses.
L’élévation compte quatre rangées de blocs larges de 0,70/
0,75 m en appareil rectangulaire, où les assises hautes de
0,60 m succèdent à d’autres hautes de 0,50 m. Quelques blocs
sont disposés en boutisses. À l’arrière, un blocage de moel-
lons de basalte consolidait le tout.
• L’ “ouvrage B”, partie arrière de l’ouvrage A, s’appuie, en
profondeur, sur des blocs de basalte de grandes dimensions
appartenant à une fortification plus ancienne parallèle à la
précédente. De grands amas d’argile à peu près stérile laissent
penser que son élévation était en adobes. Le mobilier associé
à l’ouvrage permet de dater cette première enceinte de la se-
conde moitié du IVe s. av. J.-C. (amphores massaliètes, atti-

14
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

que …). Aucun état romain ou médiéval de la fortification n’a


été observé ici.

Les états au nord de la ville


Dans le jardin de l'ancienne Poste (Rue Honoré Muratet ; fig.
1 : 1), en 1950 R. Aris a fait des observations archéologiques
au pied du rempart. On ne conserve aucune note manuscrite
à propos de cette opération, mais on sait que le mobilier con-
servé provient de deux horizons stratigraphiques distincts
(entre –2 m et –1,50 m ; entre –1,50 m et –1 m) qui appar-
tiendraient au plus tôt à l'Antiquité tardive (Ugolini in Lu-
gand 2001 : 123).
Au bas de la rue du 4 septembre (fig. 1 : 2), on a signalé dès
1960 un tronçon visible de la fortification “grecque”: l’en-
ceinte présentait ici plusieurs états, dont l’un avait un appa-
reil rectangulaire irrégulier que l'on datait “d’épo-
que grecque”. Dans le même tronçon, apparaissait
un appareil plus régulier et plus petit daté “d’épo-
que hellénistique et romaine” (Aris 1960 : 130).
Cette portion du rempart (fig. 10) a disparu et on
sait, grâce aux fouilles de l'impasse Molière, que
tous les états visibles avant la destruction apparte-
naient au Moyen Âge, les fortifications grecques se
trouvant décalées vers l'intérieur de la ville.
Au fond de l'Impasse Molière (fig. 1 : 3), A. Nick-
els a effectué une fouille de sauvetage (Nickels
1980) suite à l'effondrement du tronçon de rempart
médiéval dont il a été question ci-dessus. Les re-
cherches ont mis au jour les vestiges de la fortifica-
tion grecque sur 14 m2 à l'arrière du rempart médié-
val (côté centre ville).
Au contact du substrat basaltique, une couche d'ar-
gile, riche en vestiges d'origine anthropique date les
premières traces d'occupation peu après le milieu
du VIe s. av. J.-C. L’ouvrage C occupe ensuite la
quasi totalité du secteur exploré. Orienté et limité
au nord par un parement de blocs de basalte (35-
40 cm), le comblement est formé de blocs de taille
plus petite noyés dans de l'argile. Large plus de
3 m., il était conservé sur 1,60 m de hauteur. La
fondation présentait des blocs de basalte longs de
70-90 cm noyés dans l'argile. À l'avant, le rempart
C semblait s'appuyer sur la Structure D, matériali-
sée par un mur large de 20 cm, flanqué d’une ma- Fig. 9 : La fortification antique
çonnerie massive dessinant un saillant perpendiculaire au selon Nickels 1981 : fig. 12.
mur C. Interprétée comme un ouvrage défensif parallèle au
rempart C, la Structure D pourrait correspondre à une tour.
Le profil des couches et l'absence de liens entre l'ouvrage C
et l'ouvrage D ont fait penser que ce dernier était plus an-
cien, mais l'impossibilité de bien en dégager le plan et à dé-
faut de disposer de lots de mobilier suffisants pour en établir
l'exacte chronologie, l'idée reste hypothétique. Sur l'ensem-
ble décrit ci-dessus, est construit le mur B2, daté entre la fin
du IVe s. et le début du IIIe s. av. J.-C. : épais plus d'1 m, il
était construit en très gros blocs de basalte, parfois grossiè-
rement équarris, mesurant entre 50 et 60 cm, soigneusement
agencés et noyés dans l'argile. Le mur B1, large plus d'1 m,
est construit en blocs non équarris de toutes tailles et formes
formant un parement rectiligne, parallèle à l'ouvrage A1.

15
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

L'ouvrage A1, large de 1,15 m au moins, est la dernière forti-


fication observée, encore utilisée au Ier s. av. n. è. mais dont
la date de construction n'a pas pu être précisée. De direction
sud-ouest/nord-est, ce tronçon était construit en grands blocs
de basalte disposés en parement.
Pour terminer, on soulignera qu'ici (fig. 1 : 1-3) on a des
traces archéologiques de tous les remparts de la ville, depuis
le VIe s. av. J.-C. jusqu'au Moyen Âge, mais aucun état ne
correspond au Haut Empire romain.

Le tronçon longeant le fleuve


Près de la salle du Chapitre (quai des Trois Frères Azéma,
ancien quai du Chapitre ; fig. 1 : 33), on a signalé un “gros
mur sans mortier” parallèle à la berge du fleuve (fig. 11), in-
terprété soit comme un vestige du rempart grec, soit comme
un mur de terrasse au bord du port (Aris 1960 : 130, fig. 4-5 ;
Aris 1976 : 10, fig. 5) 13 . En fait, il s'agit plutôt d'un quai du 13 Voir également J. Sagnes (1961, fig. 5) pour
Moyen Âge, qui était sans doute en fonction avant la création une localisation plus précise de cette décou-
du quai du XVIIIe s. verte.
Il n'y a donc aucun élément concret à l'appui de l'existence
d'une fortification le long du fleuve.

5. 3. 2. L’édifice grec de la Place Conesa

De découverte récente (1999), cet édifice, qui longe la rue


d’Embonne (fig. 1 : 19), a été construit dans le courant du IVe
s. (au-dessus des vestiges des habitations du Ve s.) et a été
reconstruit au début du IIIe s. avec un appareil plus monu-
mental. Un seul côté a pu être incomplètement observé, ce
qui fait que l’on en ignore les mesures exactes. Il est constitué
d’un très long mur (plus de 10 m), en très grands blocs de
basalte équarris qui borde une rue. À l’extérieur, côté rue, une
banquette d’étanchéité isole de l’humidité la partie inférieure
du solin. À l’intérieur, trois murs perpendiculaires délimi-
taient quatre espaces différents : il s’agissait de deux pièces
rectangulaires présentant des sols en dur constitués d’éclats
de basalte compactés dans de l’argile et, entre les deux piè-
ces, un espace de circulation en dalles taillées de basalte ; au
sud, se trouvait un dernier espace au sol en terre battue. L’édi-
fice, qui couvrait une surface de plus de 200 m2, a été aban-
donné vers -100 et sa fonction demeure incertaine.

5. 3. 3. L’église Saint-André

Siège du Concile de 506, l’église Saint-André (dite aussi par-


fois “basilique”), hors les murs, est le bâtiment chrétien le
plus anciennement connu (fig. 1 : 47). D'après la tradition,
elle aurait abrité les reliques de saint André. Une colonne ap-
partiendrait à l’église primitive (Ve s. ?). À proximité se trou-
vait un monastère fondé par saint Sever.
Lors de sondages récents à l’extérieur de l’église, sont appa-
rus deux murs parallèles longs de plus de 7 m et distants de
2,60 m : il peut s'agir d'une chapelle funéraire associée à la
première basilique (Houlès 1987a et b).

16
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

5. 3. 4. L’église Saint-Sever

L’édifice gothique (1499) a remplacé celui d’époque romane


remontant peut-être au XIIe siècle (fig. 1 : 45), mais lors des
travaux de restauration en 1953, R. Aris mena des fouilles qui
lui permirent de découvrir qu’il avait existé un bâtiment en-
core plus ancien (peut-être l’église Saint-Martin de la tradi-
tion). Il découvrit, dans le sous-sol, deux murs parallèles dé-
limitant un espace “en forme de nef” où apparurent sept sar-
cophages en pierre d’un travail très fruste : malgré l’absence
de mobilier, ces sépultures datent vraisemblablement du VIe
ou VIIe s.
Aux alentours de l’édifice existait un cimetière “païen” et
paléo-chrétien (Picheire 1978 : 170).

5.3.5. La chapelle (?) Saint-Jean

Dans les faubourgs est de la ville, a été découvert un cime-


tière (VIe-VIIe s.) sans doute lié à l'existence d'une église ou
d'une chapelle Saint-Jean, aujourd'hui disparue (Aris 1956 :
7-8).

5. 3. 6. La question du port

Si aucun vestige ne permet à l’heure actuelle de localiser le


(ou les) port(s) d’Agde antique, il est néanmoins certain qu’il
(s) a (ont) existé et que l’absence de données concrètes, jointe
à la difficulté d’appréhender le paysage antique, ont laissé
libre cours aux hypothèses les plus diverses depuis le XIXe
siècle.
Placé dans un premier temps tantôt au bord des étangs de Lu-
no et de Saint-Martin (Lenthéric 1879 : 213), ou à la Conque
(Id. : 221 ; Aris 1974, fig. 1), ou simplement au Cap d’Agde
(Aris 1939 : 88), le port est ensuite situé sur le fleuve, à Agde
même (Aris 1960 : 99). On a pensé à l’existence de plusieurs
ports : l’un maritime (au Cap) et l’autre fluvial (en ville),
avec éventuellement de petits ports secondaires “sur l’île
d’Agde” (Aris 1962). À l’appui, ont été évoqués, d’une part,
le “gros mur sans mortier” parallèle à la berge du fleuve si-
gnalé en ville le long du Quai du Chapitre (fig. 1 : 33 et fig. 14 Le contexte archéologique de cette décou-
11) 14 , mais aussi des tronçons de “quais romains” qui au- verte n’a pas pu être appréhendé dans le détail
raient été découverts à Rochelongue (Sagnes 1961 : 10) dont et sa chronologie reste vague, mais — d’après
on ne connaît ni l’emplacement exact, ni l’aspect, ni les rai- les observations de R. Aris (1970 : 10, fig. 5)
sons d’une telle chronologie. et les informations données par M. Guibal
Évidemment, les découvertes subaquatiques ont contribué à (1894) — ce quai, qui mesurait quelques cen-
donner corps à l’idée d’un port fluvial, dont l’existence, mal- taines de mètres, bien que très délabré et dé-
gré tout, n’est pas à mettre en doute, mais il faut souligner sormais insuffisant, était encore en fonction
que les découvertes de bord de mer au Cap d’Agde sont lorsque le quai du XVIIIe s. fut construit. Il y a
nombreuses et que, lors du creusement du port de plaisance donc à parier que cet aménagement est plutôt
du Moyen Âge récent (voire déjà moderne)
actuel (étang de Luno) plusieurs épaves ont été détruites
qu’antique.
(Gallia 31, 1973-2, 488 ; voir aussi Ropiot 1999 et à paraî- La découverte de quelques amphores dans le
tre). lit de l’Hérault au lieu-dit “La Plagette” (non
représenté sur notre fig. 1, mais juste à l’avant
5. 3. 7. Un édifice péri-urbain ? du point 1) a fait supposer que le port grec se
trouvait ici, au nord du rempart de la ville an-
À 1,7 km en aval de la ville (lieu-dit le Saint-Christ) le lit de tique. Aucun vestige archéologique ne con-
l’Hérault a livré un chapiteau ionique (fig. 12), 8 tambours firme pour le moment cette hypothèse.

17
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

lisses et cannelés 15 de colonnes en calcaire ainsi que des 15 Au moins un de ces tambours cannelés a
fragments de sol en béton, de tuiles, de pierres taillées en reçu un revêtement en mortier qui couvre les
grand appareil et de fragments de “mosaïque” (Gallet de San- cannelures.
terre 1964 : 488 ; Jully 1978 : 13). Ces documents, datables
stylistiquement du Ier s. av. J.-C., ont fait supposer à R. Aris
(1970 : 9) qu’il pouvait s’agir d’un sanctuaire des marins
d’Agde au bord du fleuve, alors que D. Fonquerle pensait à
un temple d’Artémis. Plus tard, R. Aris (1987 : 16) a aban-
donné l’idée du temple au profit de celle d’une maison hellé-
nistique. D. Garcia (1995b : 148-149) a repris l’hypothèse
d’un lieu de culte préromain qu’il imagine “de frontière” (à la
limite méridionale des terres agricoles), soit sur la rive gau-
che entre Notre-Dame du Grau et la chapelle Dauret ,soit sur
la rive droite au lieu-dit l’Île. En fait, la liste des objets dé-
couverts à cet endroit, où la berge du fleuve forme une large
boucle provoquée par le courant, compte 4091 entrées (Fon-
querle 1999 : 217) de nature et de chronologie très disparates
(depuis le Bronze Final - ? - jusqu’à l’époque moderne 16 ) : 16 Ainsi, par exemple, l’étude récente d’une
on notera avec intérêt qu’aucune des pièces mentionnées par “ciste” en cuivre a montré qu’elle est proba-
D. Fonquerle (de quelque époque que ce soit) n’a un carac- blement moderne (Bérard-Azzouz 1997 : 59,
tère cultuel marqué. n° 69), alors qu’elle était datée de 750 av. J.-C.
D’après Mme O. Bérard-Azzouz, Conservatrice du Musée de (Fonquerle 1999 : 215-216, fig. en haut de la p.
l’Éphèbe, où se trouve l’essentiel des découvertes faites en ce 214).
lieu, la présence des fragments de sol mosaïqué est un argu-
ment en faveur de l’existence, non loin de là — peut-être à
proximité de la source qui se trouve sur la rive gauche de
l’Hérault, à côté du pont de l’Autoroute —, d’un édifice dont
les gravats de destruction auraient été rejetés dans le fleu-
ve 17. 17 Nous remercions très chaleureusement
Mme O. Bérard-Azzouz pour ce renseigne-
5. 4. Habitat ment oral du 19. 11. 1999, ainsi que pour les
vérifications dans les archives du Musée
5. 4. 1. L’habitat grec qu’elle a bien voulu effectuer à notre de-
mande.
Les traces de l’occupation grecque ancienne concernent tout
le périmètre englobé par le rempart, mais on ne dispose d’au-
cun plan complet.
• Les recherches menées en bas de la rue Perben (fig. 1 : 13)
par R. Aris ont mis au jour un ensemble bâti de forme qua-
drangulaire datable probablement des IVe-Ier s. av.
J.-C./début Ier. s. ap. J.-C. et un tronçon de rue dallée du Ier s.
av. J.-C. (?) (fig. 13).
• Les sondages d’A. Nickels à la rue Perben et au square Pi-
cheire (fig. 1 : 18 et 14) ont mis au jour des murs et des espa-
ces en bordure d’une rue, sans doute appartenant à un habitat
qui s’implante au VIe s. dans les sondages de la rue Perben,
alors qu’au square Picheire les éléments les plus anciens re-
montent au début du IVe s. av. J.-C.) et subsiste jusqu’à
l’époque d’Auguste ou légèrement plus tard (première moitié
du Ier s.). La rue dallée reconnue par R. Aris a été également
observée au Square Picheire.

18
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

• Les travaux effectués récemment Place Conesa (fig. 1 : 19)


ont exhumé des ensembles d’époque grecque s’échelonnant
entre la fin du VIe et le début du Ier av. J.-C.

Les murs de la première moitié du IVe s. av. J.-C. mis en


évidence à la rue Perben (Nickels 1995) respectent une di-
rection de NL-38°E ou NG-39° et s’insèrent dans les trames
noire ou rouge reconnues par A. Nickels (1981). Dans le
courant de la seconde moitié du siècle, apparaissent des
murs dont la direction est maintenant NL-46°E
(ou NG-47°E = NG 43°O) et s’intègrent dans le
plan vert de A. Nickels (1981). Les réfections ob-
servées pour la seconde moitié du IIIe et pour le
IIe s. av. J.-C. n’affectent pas les directions éta-
blies précédemment.

• D'autres vestiges d'habitations ont été partielle-


ment observés dans des sondages à La Placette
(fig. 1 : 36), rue Saint-Venuste (fig. 1 : 32), au
Plan Sainte Cécile (fig. 1 : 27) et à La Glacière
(fig. 1 : 37a). Dans tous les cas il s'agissait de
l'occupation grecque (bâti perdurant jusqu'au mi-
lieu du Ier s. ap. J.-C.).

• L'existence d'un espace funéraire des IIe-Ier s.


av. J.-C. à proximité de l'église Saint-André (fig.
1 : 47) indique que l'on se trouve ici à l'extérieur
de l'habitat.

5. 4. 2. L’habitat romain

L’occupation romaine n’est plus vraiment attestée


à partir du milieu du Ier s. ap. J.-C.
Entre la fin du Ier av. J.-C. et cette date, des traces
en ont été mises au jour notamment au square Pi-
cheire, où les niveaux d’époque augustéenne – et
peut-être tibérienne – sont importants, mais aucun
plan des structures de cette époque n’est complet,
ni même compréhensible. D’autre part, lors des recherches Fig. 10 : Relevé schématique d’un
menées au bas de la rue Perben, on a mis au jour des “restes possible tronçon “grec” de la forti-
pavés d’une rue romaine” et d’une maison (Aris 1981) : il fication d’Agde, au bas de la rue du
s’agit sans doute – comme au square Picheire, où l’on a ren- 4 Septembre (d’après Picheire
contré la même rue – de vestiges d’époque augustéenne ou 1978 : 12).
légèrement postérieure (voir supra, 5. 4. 1).
On sait également que pendant cette période l’habitat pourrait
franchir le rempart : des fosses du Ier s. av. J.-C. et des ni-
veaux en place sont signalés rue de l’Amour (Olive 1983 ;
Nickels 1985 : 402) (fig. 1 : 39-40). Un mur bâti sans mortier,
conservé sur une hauteur de 44 cm et large de 65 cm, paral-
lèle à l’alignement des façades (Olive 1983 : 3-4 et fig. 4-5),
date également du Ier s. av. J.-C. (fig. 1 : 42-44, fig. 14).
On ne dispose que de très rares éléments concernant l’habitat
postérieur au milieu du Ier s. ap. J.-C. : seulement quelques
monnaies et quelques fragments de céramiques, mais de la
mer (épaves) et du fleuve proviennent des amphores de Béti-
que, de Brindes, de Byzacène et gauloises (Fonquerle 1976)
qui devaient être destinées tout au moins à des villas de la
région.

19
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

5. 4. 3. L’habitat de l’Antiquité tardive

En dehors des silos datables des Ve-VIe s., voire des Xe-XIe
siècles, nombreux en ville et dont quelques-uns ont été
fouillés au square Picheire et impasse Molière, et de deux
tronçons de murs découverts sous l’église Saint-André, les
seuls éléments bâtis de cette phase ont été observés lors des
fouilles de la Place Conesa 18 , mais des niveaux non mieux 18Fouille programmée sous la direction de D.
caractérisés ont été également relevés à la Glacière (Jully Ugolini (1998-1999).
1978 : fig. 36) et, rue de l’Amour, ont été observées des fos-
ses (du Moyen Âge ou de l’Antiquité tardive ?).

Le quartier de la Place Conesa


Après un très long hiatus chronologique 19 , les premières 19 L’abandon de la phase grecque se situe ici
traces de l’Antiquité tardive (Ve s.) correspondent à de vers -100.
grands creusements de forme irrégulière qui percent les ni-
veaux d’abandon de la phase précédente. Il s’agit de carriè-
res pour l’extraction de l’argile exploitant les sédiments ré-
sultant de la fonte des adobes des murs grecs (fig. 15). Ces
fosses sont rapidement comblées au moment où le quartier
est investi par l’habitat. Un ensemble bâti, incomplet mais
relativement articulé, comprend au moins une maison à plu-
sieurs pièces donnant sur une cour, en bordure de l’actuelle
rue d’Embonne (fig. 16). Dans cette habitation avait lieu une
importante activité liée au traitement des céréales : une des
pièces présentait encore une grande meule en basalte. La
durée de vie de ces espaces, détruits par un incendie, a été
sans doute courte (peut-être un siècle) et le quartier n’a pas
été reconstruit avant le XIIe s.

5. 5. Installations spécialisées

On ne dispose d'aucun indice d'activités spécialisées se dé-


roulant dans la ville grecque, même si la décou-
verte de meules rotatives en basalte inachevées
dans des niveaux des IIe-Ier s. av. J.-C. a fait
penser à R. Aris qu'il pouvait s'agir des traces
d'un atelier de tailleurs de meules, voire d'une
carrière de basalte. D'un autre côté, la mise au
jour d'une amphore massaliète contenant des
résidus de poissons a fait supposer qu'Agde
pouvait avoir été un producteur de garum.
Les données sont plus concrètes pour l'Antiquité
tardive. Vers la fin du Ve s., directement dans
les couches d'abandon/démolition d'époque
grecque, le travail du fer est attesté Place Cone-
sa (fig. 1 : 19), où ont été découvertes des ins-
tallations spécialisées qui ont été de courte du-
rée : une fosse sub-ovale de petite taille et peu
profonde est un bas-fourneau (résidu ferreux sur
le fond). Le dispositif était complété par une
Fig. 11 : Relevé schématique du
petite fosse en forme de 8 couché, un demi dolium de récu- supposé “quai grec” le long du
pération calé dans une fosse et un trou de poteau de forme Quai du Chapitre (d’après Aris
rectangulaire. Le comblement du dolium présentait un sédi- 1970 : fig. 5).

20
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

ment noir, granuleux (limaille ?), mélangé à beaucoup de


charbons. Un peu plus tard, cette zone a été exploitée pour
l'extraction de l'argile résultant de la fonte des adobes des
élévations des murs grecs. De grandes fosses ont été alors
creusées dans ce but : elles ont des profondeurs va-
riables et ont en commun des formes irrégulières,
des grandes tailles et des comblements riches en
mobilier archéologique qui ont permis une datation
précise (fin Ve-première moitié du VIe s.) (Ugolini
2000 : 41-44 ; Priolet 2000).
Dans la campagne, on signalera la production pré-
coce (dès au moins le troisième quart du IIe s. av.
J.-C.) d'amphores gréco-italiques et italiques (Saint-
Michel-du-Bagnas) : des fours de potiers ont été
fouillés récemment par É. Gomez sur un site rural
sûrement voué à la viticulture (Lugand 2001 : 150
et ss). D'autres établissements agathois ont livré des
traces concrètes d'activités viticoles qui devaient
être intenses dans tout le territoire.
De longue date on connaît les carrières de basalte
du Cap d'Agde et on sait que la fabrication de meu-
les rotatives a été très importante sûrement dès le
IIe s. av. J.-C.

5. 6. Nécropoles

5. 6. 1. Protohistorique et coloniales

Plusieurs nécropoles pré-romaines sont connues


autour de la ville.
• Pour le premier âge du Fer (VIIe s. av. J.-C.), la
petite nécropole du Bousquet (6 tombes), 3 km au
Fig. 12 : Chapiteau ionique du Ier
nord-est de la ville, a été découverte en 2000 par É. Gomez et s. av. J.-C. trouvé dans le fleuve,
immédiatement fouillée par F. Mazière et É. Gomez. à 1,7 km en aval de la ville, au
lieu-dit “le Saint-Christ” (d’après
• La plus connue et la plus grande (au moins 171 sépultures) Garcia 1995 : fig. 5).
est celle du Peyrou (VIIe s. av. J.-C.), à 500 m au nord-est de
la ville, qui ne correspond pas à un habitat attesté à Agde
même (Nickels 1989).
• Toujours au Peyrou, après un très long laps de temps, plu-
sieurs dizaines de tombes datées entre le IVe et le IIe s. av.
J.-C. aux rites funéraires très divers se superposent ou cô-
toient celles du VIIe s. av. J.-C. (Nickels 1983 ; Lugand 2001
: 145-146).
• Près du domaine de Maraval, au Petit Bagnas, des tombes à
dalles, sous tuiles et à incinération (date ?) ont été signalées à
proximité d'un habitat rural occupé depuis le IIe s. av. J.-C.
(Lugand 2001 : 156).
• Au Cap d'Agde, au lieu-dit Plos de Saint-Martin, on aurait
trouvé en 1852 des sépultures du IIe ou du Ier s. av. J.-C. (Al-
liez 1862 ; Aris 1987 : 15 et note 36).

21
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

• Toujours au Cap d'Agde, au lieu-dit Plateau de la Grande


Conque, on a trouvé deux tombes du III ou IIe s. av. J.-C.
(Aris 1974 : 12 et 14).

5. 6. 2. Romaines et de l’Antiquité tardive

• Au Peyrou, en marge des nécropoles antérieures (voir ci-


dessus), cinq tombes à incinération datées par le mobilier vers
40-50 de n. è. ont été fouillées au bord du chemin du Peyrou
(Olive 1980). En partie bouleversées par les travaux agrico-
les, les couvertures n’ont pas été conservées (juste quelques
fragments de tegulae au-dessus de la T. 156). Un des loculi
exploitait un creux naturel dans le basalte, alors que les autres
n’ont pu être clairement individualisés. De nombreux clous
dans les tombes 153, 155 et 156 font envisager la présence de
coffres en bois lors de l’incinération. Dans un cas, les os inci-
nérés étaient déposés dans une urne (T. 154).
• Non loin de ces tombes, en 1960 a été découvert un buste
féminin sculpté, peut-être funéraire, daté entre la fin du Ier
av. J.-C. et la première moitié du Ier ap. J.-C., qui attesterait
l’existence d’une pratique funéraire typiquement romaine,
exceptionnelle en Narbonnaise (Garcia 1996).
• Sur la colline agathoise, un espace funéraire autour de
l’église Saint-André a restitué deux tombes à incinération de
la fin du Ier s. av. J.-C. (fouilles de Prat-Puig en 1938 ; Hou-
lès 1987 : 113) auxquelles s’en ajoutent deux autres fouillées
plus récemment (Massy 1992 : 124) 20, (fig. 1 : 47). 20 D. Garcia (1995 : 148) retient l’existence
• Quant à l’inscription funéraire latine (voir supra, 1. 2.), son d’un deuxième espace funéraire grec sous
lieu de découverte (et donc l’emplacement sépulcral) est in- l’église Saint-Sever sur la base de la décou-
connu et il reste la possibilité qu’elle n’ait pas été découverte verte du cippe inscrit (voir supra, 1. 2.) et de la
à Agde, mais qu’elle y soit parvenue par le biais du marché présence d’un sarcophage en calcaire (et non
en basalte) qui (d’après R. Aris 1956 : 12) se-
antiquaire.
rait typologiquement proche d’un exemplaire
• Pour le Bas-Empire finissant et l’Antiquité tardive, de grec trouvé à Marseille, rue du Tapis-Vert. Le
nombreuses sépultures ont été découvertes dans et autour de rapprochement entre le sarcophage d’Agde et
l’église Saint-André. Les premières observations sont consi- celui de Marseille suggèrerait une datation
gnées par B. de Jourdan (1824), qui signale la découverte – haute (époque archaïque), mais R. Aris précise
cinquante ans plus tôt – dans la maison presbytériale (au- bien que le sarcophage a été utilisé à l’époque
chrétienne et l’on peut ajouter que rien n’indi-
jourd’hui cour de l’école Notre-Dame) de tombes “formées
que qu’il s’agisse d’une réutilisation.
de pierres grossièrement taillées” et d’un cercueil en plomb.
Une note manuscrite de R. Aris datée du 2 novembre 1938
(publiée par Houlès 1987b : 108) mentionne la découverte
de deux sarcophages du côté nord de l’église, entre la rue
Hoche et la place Gambetta. En 1939, M. Prat-Puig a fouillé
35 tombes dans l’actuelle cour de l’École Notre-Dame : 2
incinérations, plusieurs tombes en bâtière et des sarcophages
(Houlès 1987b : annexe 1).
• Un espace funéraire de l’Antiquité tardive est également
attesté à Saint-Sever, où l’on a mis au jour plusieurs sarco-
phages des VI-VIIe s. (fig. 1 : 45).
• Dans le cloître de Saint-Etienne, on a découvert des sarco-
phages (date ?), ainsi que près de la porte de l’ancien cime-
tière de Saint-Etienne, dans le sous-sol des maisons (Aris
1956).

22
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

• Deux sarcophages de l'Antiquité tardive ont été découverts


près de la porte d'Embonne (fig. 1 : 20) (Jully 1978 : 37).
• Une tombe en coffre de tuiles du IVe s. – apparemment
isolée – a été découverte sous le bâtiment du Crédit Agricole
(Houlès 1987b : 119-120, annexe 2 ; ici : fig. 1, n° 11).
• R. Aris (1956 : 1) fait état de l’existence de tombes en bâ-
tière de tuiles découvertes sous les tours lors de la démolition
des remparts (1848).
• Au lieu-dit Saint-Jean, qui évoque l'existence d'une église
ou d'une chapelle hors les murs, dans le faubourg oriental de
la ville, ont été découvertes des sépultures de l'Antiquité tar-
dive (VI-VIIe s.) (Aris 1956 : 7-8).
• Au Cap d'Agde, en liaison avec le domaine rural d'Em-
bonne, on a mis au jour un espace funéraire utilisé surtout au
cours de l'Antiquité tardive (Lugand 2001 : 161 et fig. 73).
• Dans la campagne agathoise, É. Gomez a fouillé récem-
ment (2001) plusieurs tombes à incinération du Haut Empire
en bordure d'un chemin au lieu-dit La Crouzette (Lugand
2001 : 151, notice 65).

6. LE TERRITOIRE

6. 1. Essai de définition

On doit à M. Guy la première proposition d’identification du


territoire d’Agde (Guy 1964). Dès lors, les essais successifs –
outre quelques modifications de plus ou moins grande impor-
tance – ont tendu à démontrer l’ancienneté et la grécité origi-
nelle du parcellaire agathois.
La définition du territoire d’Agde, d’abord grec (la chora),
passe forcément par l’analyse des propositions en présence et
par l’examen des possibilités réelles de dater la situation
d’origine ainsi que les changements intervenus au cours des
siècles, jusqu’à la reconnaissance d’un territoire qui serait le
sien (ou non) à l’époque romaine. Dans le cadre de ce travail,
on se bornera à présenter l’état de la question et à quelques
réflexions d’ordre général.

La première et fondamentale question est : Agde a-t-elle eu


un territoire au sens que l’on attribue à ce mot dans le cadre
de la colonisation grecque ? Répondre d’emblée par l’affir-
mative est un dangereux raccourci, car cela ne peut aller sans
quelques notions sur le statut de la ville massaliète. Or, on l’a
vu, Strabon met l’accent essentiellement sur la fonction mili-
taire de cette fondation. À cela s’ajoute le fait que la surface
occupée n’a jamais dépassé 4 ou 5 ha, ce qui est décidément
trop peu pour une colonie de type classique 21, mais qui peut 21 G. Barruol (1974) a envisagé la possibilité
bien correspondre à la taille d’un établissement militaire ou d’une colonie de peuplement et l’idée a été
d’un comptoir. Donc, pour ce que nous en savons, Agde pour- retenue par M. Clavel-Lévêque (1982), mais le
rait ne pas avoir été, au moins pendant une certaine période, développement principal de cette hypothèse est
une colonie de peuplement au sens strict, ce qui semble ex- celui de D. Garcia (1995).
clure la mise en place d’un système d’exploitation des terres à
grande échelle, mais cela ne signifie pas que l’établissement

23
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

n’a pas bénéficié d’un territoire vivrier. C’est cette hypothèse


qui a été retenue par A. Nickels en 1981.

6. 2. Terroirs et ressources

Élément fondamental pour la vie des hommes, l’eau douce est


omniprésente dans l’Agathois : le fleuve, des sources et de
nombreux ruisseaux constituent un réseau hydrique abondant
et bien réparti autour de la ville.
La coulée de lave, qui culmine au Mont Saint-Loup (altitude
113 m), sur laquelle est placée la ville s’étend largement sur
la rive gauche de l’Hérault, au sud et sud-est, entre l’étang du
Bagnas et la mer. Ces terrains paraissent peu propices à
l’agriculture, mais ils se prêtaient peut-être au pâturage.
D’autre part, l’exploitation du basalte (carrières) a laissé des
traces importantes notamment à Embonne. Le long du littoral,
devait se trouver une large bande marécageuse qui a pu être
exploitée pour l’extraction du sel, voire pour la pêche lagu-
naire, mais ces activités n’ont laissé aucune trace concrète.
Sur la rive droite de l’Hérault (et sur les deux rives au nord
d’Agde) on rencontre des terrains bas, encore inondables et
caractérisés par les dépôts d’alluvions : avant les travaux de
drainage, il est improbable qu’ils aient été exploités pour
l’agriculture, mais l’élevage, voire la chasse, devaient y être
possibles.
Les terres à réelle potentialité agricole se trouvent
sur les premières terrasses (altitudes env. +10 m)
longeant l’Hérault, mais elles sont relativement
loin de la ville : les plus proches se trouvent à en-
viron 4-5 km, sur la rive gauche.
En substance, les terroirs autour d’Agde antique
étaient diversifiés, mais l’environnement immé-
diat n’était sans doute pas marqué par l’agricul-
ture qui ne pouvait s’exercer qu’à partir d’une
certaine distance. Par contre, la ville pouvait tirer
profit d’autres activités (trafics par voie d’eau,
exploitation du sel et du basalte, pêche, élevage)
économiquement intéressantes, sans compter les
mines de la région de Cabrières dont l’exploita-
tion est sûre à partir de la seconde moitié du IIe s.
av. J.-C.
Fig. 13 : Croquis de situa-
6. 3. Organisation tion des vestiges observés
par R. Aris rue Perben/rue
6. 3. 1. Le réseau centurié grec Louis Bages (d’après Jully
1978 : fig. 39).
Du point de vue des réalités cadastrales, le travail “fondateur”
est celui de M. Guy (1964), qui identifiait un réseau “colonial
grec” à 42° E s’étendant de la ville à la rive septentrionale de
l’étang de Thau jusqu’à Mèze, selon un module d’environ
200 m.
Depuis, de nombreuses recherches ont donné lieu à une im-
portante bibliographie. On rappelle ci-après les hypothèses en
présence.

• J. Benoit (1978) a proposé pour sa trame “rouge” (à 50° O,


mais qui est la même que celle de Guy 1964), attribuée à la
colonie et dont il observe la bonne conservation notamment
vers Marseillan et l’étang de Thau, un module de 210 m.

24
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

• Pour M. Clavel-Lévêque (1982) ce parcellaire (à 42°-43° E)


s’étendrait, dans le sens nord-sud, de la voie Domitienne au
littoral et, dans le sens est-ouest, de Balaruc-Poussan à la
basse vallée du Libron. La mesure retenue est maintenant le
stade attique (de 177,6 m sur un pied de 29,6 cm) et la chro-
nologie proposée est large : Ve-IIe/Ier av. J.-C.
• J. Benoit (1985) est revenu sur la question en refusant les
indications métrologiques de M. Clavel-Lévêque et en propo-
sant un développement de cette cadastration en deux étapes
successives : 1) une phase archaïque au cours de laquelle
Agde engloberait un territoire d’environ 100 ha entre la ville
et le Mont Saint-Loup selon une orientation non précisée
(peut-être à 42° E ?) ; 2) une phase plus tardive (?) et plus
ample (jusqu’à Mèze) qui n’aurait pas obéi à un plan prédé-
terminé, mais qui aurait été développé à partir des pôles habi-
tés.
• En 1990, M. Clavel-Lévêque a modifié les contours du ca-
dastre rural qu’elle avait primitivement proposés (cf. Clavel-
Lévêque 1982) : le réseau comprendrait la D 32 d’Agde à la
Clape et à l’étang de Luno et la D 51. Ce réseau organiserait
le paysage littoral, les étangs du Bagnas et de Thau jusqu’à
Marseillan et même à Mèze. Au nord, les traces en seraient
perceptibles jusqu’à une ligne Florensac-Pomerols-Loupian.
À l’ouest, le réseau s’étendrait sur la rive droite de l’Hérault
entre Vias et Bessan. En quelque sorte, il serait limité par le
cadastre Béziers B (à 32°3 E) 22 . Organisé selon un carré de 22 Pour les limites du cadastre B de Béziers,
base construit sur un stade de 600 pieds (de 29,6 ou 27,5 m), voir en dernier M. Clavel-Lévêque (1995 : 43
le parcellaire pourrait avoir comme mesure un carré de 180 m ss.).
de côté (sur un pied de 29,6 m) ou de 210 m (sur un pied de
27,5 : Benoit 1978 ; Nickels 1981). La chronologie est éga-
lement révisée : entre le IIIe s. et le début du Ier s. av. J.-C.,
notamment en raison des liens que ce parcellaire entretien-
drait avec le cadastre Béziers B.
• A. Pérez (1990a et 1995 : 144) suggère que ce cadastre
s’étendrait bien au-delà des limites du réseau Béziers B, ce
qui enlève un argument majeur à la chronologie proposée par
M. Clavel-Lévêque en 1990. De plus, ce chercheur fait re-
marquer que “rien ne prouve” que ce parcellaire (à 42° E) est
grec tout en s’étonnant de l’ampleur d’un tel système (25 000
ha) en considération de la taille modeste du comptoir aga-
thois. Après avoir examiné les traces de ce cadastre au-delà
des limites supposées par M. Clavel-Lévêque et après en
avoir trouvé dans le Biterrois, à Béziers même et jusqu’à Lo-
dève, A. Pérez conclut que ce réseau est biterrois (Béziers E)
et républicain (entre 49 et 35/-36). Mais, par la même ana-
lyse, A. Pérez met en évidence un autre cadastre, hellénique
et orienté à 41° E, selon un stade ionien de 210 m, circonscrit
à la plaine et s’étendant à l’est d’Agde jusqu’au Mont Saint-
Loup et aux abords septentrionaux immédiats.
• A. Nickels (1981 : 44) a mis en évidence l’existence autour
de l’habitat de divers systèmes parcellaires directement liés
aux fortifications de la ville et conformes aux directions ren-
contrées en ville (37°, 40°, 43°, 46° E, selon le Nord Lam-
bert) : l’extension de cette organisation périurbaine est per-
ceptible sur une distance de 126-128 m de l’enceinte (fig. 9).
Ces limites coïncident au sud avec l’emplacement des églises

25
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

Saint-Sever et Saint-André ; au nord et à l’est, elles sont ma-


térialisées par un canal rectiligne quasiment parallèle à la for-
tification. Ce réseau couvrirait une surface de 10 ha subdivi-
sée en lots de 100 pieds (de 27,5 cm) de côté, représen-
tant un peu plus de 7,5 ares. Comme pour la ville, les
réseaux à 37°, 40° et 46° semblent fonctionner dès le
IVe s., alors que celui qui est à 43° – plus difficile à da-
ter – serait peut-être le plus récent.
• Les travaux menés récemment sur le site d’Embonne
(Pomarèdes 1992) ont conduit à reconnaître ici le pro-
longement de l’une des cadastrations urbaines d’Agde,
celle qui est à 45-46° E (c’est-à-dire le plan vert), qui
aurait structuré le plateau de la Clape et les massifs du
Mont Saint-Loup et de Saint-Martin jusqu’au rivage,
c’est-à-dire dans une zone où ont été observées les plus
anciennes traces d’occupation. Ce territoire serait re-
membré entre la fin du IIe s. et le début du Ier s. av.
J.-C., lorsque apparaît une orientation architecturale à a
30° E, matérialisée par de puissants bâtiments construits
à cette époque et qui sera respectée pendant les six ou
sept siècles suivants.
• Par l’application de deux systèmes théoriques diffé-
rents (la méthode dite “des polygones de Thiessen” et
celle dite “du plus proche voisin”) et par l’ajustement
des données aux contraintes paysagères, archéologiques
et chronologiques, D. Garcia (1995 : 149-150) élabore
une liste des agglomérations périphériques à la ville et
de leurs territoires supposés et occupés au moment de la
supposée fondation coloniale (première moitié du IVe s.
av. J.-C.). Par recoupements, est obtenu en négatif “un”
territoire d’Agde dont l’extension (entre la basse vallée
de l’Orb sur la rive gauche à l’ouest, la voie Domitienne
au nord et Marseillan à l’est) ne correspond à aucune
des cadastrations relevées et reconnues jusqu’à présent.
Par cette approche est défini un espace “colonial”
(20 000 ha, qualifié de chôra politiké), qui serait réparti
en 1500 kléroi dont la surface serait un multiple du car- b
ré de base, soit 6,4 ha (établis sur les 10 000 ha de terres
cultivables selon la métrologie proposée par M. Clavel-
Lévêque).
• Enfin, M. Guy (1995) a distingué, à la périphérie
d’Agde et englobant la nécropole du Peyrou, un parcel-
laire qui serait antérieur à la fondation d’Agde pour des
raisons diverses (et notamment à cause de la nécropole
indigène du premier âge du Fer).

Pour conclure, on soulignera qu’il n’y a accord ni sur


l’ampleur, ni sur les limites, ni sur la chronologie du
territoire qu’il conviendrait d’attribuer à Agde au cours
des siècles. De surcroît, la multiplication des proposi-
tions laisse perplexe.
De tout cela, on peut peut-être retenir qu’après l’organisation Fig. 14a-b : Coupe (a) et plan (b)
d’une ceinture vivrière autour de la ville d’une dizaine d’hec- du mur du Ier s. av. J.-C. parallèle
tares déjà dans le courant du IVe s. av. J.-C., le territoire aux façades actuelles du côté sud de
d’Agde a pu s’agrandir plus tard – entre le IIIe et le milieu du la rue de l’Amour (fig. 1, point 16
Ier av. J.-C. – selon des modalités qui restent à définir. c). (D’après Olive 1983 : fig. 4-5).

26
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

6. 3. 2. Les réseaux centuriés romains

Les chercheurs sont d’accord sur le fait qu’Agde à l’époque


romaine n’a pas eu un cadastre propre. Petit à petit (ou en une
seule fois ?), et sans doute au moins dès la chute de Marseille,
son territoire a été englobé dans des réseaux centrés sur d’au-
tres sites et notamment sur Béziers (le Béziers E, à 42° E,
postérieur à 49 av. J.-C. ; le Béziers C, à 27° O et 26°3 O,
d’époque octavienne ; le Béziers D, à 23°30 E, augustéen ; le
Béziers A, à 1°30 O, d’époque impériale) et la zone montpel-
liéraine (le réseau Cessero-Forum Domitii à 35° E, de la se-
conde moitié du Ier s. av. J.-C. : Pérez 1990 et Pérez 1995 ; et
le réseau Montpelliérais B à 42°-44° O, d’époque impériale).
Toutefois, M. Clavel-Lévêque (1990) suppose qu’Agde aurait
connu, au moins pendant un temps (entre la deuxième moitié
du Ier av. J.-C. et le Ier s. ap. J.-C.), la “permanence d’une
entité restreinte” qui n’aurait complètement disparu qu’à
l’époque impériale, lorsque son territoire est totalement inté-
gré dans le cadastre Béziers A, dont l’implantation sonnerait
définitivement le glas de l’indépendance agathoise. Pour A.
Pérez (1995), le temps de l’autonomie serait achevé dès la
chute de Marseille, lorsque Agde est insérée dans le réseau
Béziers E.
Rappelons encore combien les traces d’occupation sont té-
nues dans l’Agde d’époque impériale, au point que l’on se
demande si Agde a existé en tant que telle pendant cette lon-
gue période.

6. 4. Habitat rural

6. 4. 1. D’époque grecque

Il est difficile de faire le point sur les établissements de plus


ou moins grande envergure qui pourraient appartenir à la
chora grecque de la ville. Les données publiées sont rares et
imprécises, très ponctuelles ou succinctes. Certains sites que
l’on trouve mentionnés dans la bibliographie ne sont pas si-
tués précisément et l’on ne sait à quelle date les attribuer 23 . 23 Ainsi, par exemple, aux sites apparaissant
De plus, les problèmes que pose la définition même du terri- sur la liste établie par D. Garcia (1995 : 154-
toire originel font que la tentative est quelque peu vaine et, de 155) sont attribuées des chronologies que l’au-
toute façon, hors sujet dans le cadre de ce travail. teur ne justifie pas.
On dira simplement que les principaux indices d’un territoire
grec d’Agde ne concernent que les deux derniers siècles
avant le changement d’ère.
En effet, c'est pour cette période que les données sont concrè-
tes grâce à des fouilles récentes. Il n'est pas sans intérêt de
souligner que le domaine de Saint-Michel (au bord de l'étang
du Bagnas) a été actif dès le milieu du IIe s. et sûrement jus-
qu'au changement d'ère (fouilles de É. Gomez : Lugand
2001 : 150, fig. 57-62) : outre les traces des activités vitico-
les, le site a restitué des fours de potiers ayant cuit des am-
phores gréco-italiques et italiques (Dr. 1A), qui sont les plus
anciennes produites en Languedoc et même en Gaule.
D'ailleurs, dans le cadre des activités rurales, la viticulture
semble avoir alors occupé une place particulièrement impor-
tante, comme en témoigne aussi le domaine des Barrettes,
bâti vers la fin du IIe s. et abandonné vers la fin du Ier s. av.

27
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

J.-C. (fouilles de É. Gomez : Lugand 2001 : 147, fig. 50-51).


Par contre, le domaine d'Embonne, même s'il a restitué des
vestiges d'activités agricoles, semble davantage lié aux carriè-
res de basalte et à l'élaboration des meules dont de nombreu-
ses pièces, correspondant à tous les stades de la fabrication,
ont été recueillies (Lugand 2001 : 156-162).

6. 4. 2. D’époque romaine

Comme on vient de le voir, les chercheurs sont


d’accord sur le fait qu’Agde n’a pas bénéficié à
l’époque romaine d’un territoire propre. Il est
donc inutile de répertorier ici des sites appartenant
à des cadastrations non agathoises, sans compter
le fait que l’imprécision des chronologies, ne
permet pas vraiment de distinguer ce qui est sû-
rement romain de ce qui en fait pourrait appartenir
à la dernière phase de l’occupation de la chora
grecque.
Ainsi, par exemple, le site d’Embonne, à 4 km au
sud-est d’Agde et à 700 m de la côte, connu pour
ses carrières de basalte (Aris 1963), est occupé
depuis la deuxième moitié du IIIe s. ou la pre-
mière moitié du IIe s. av. J.-C. (tombes -?-). Des
fouilles récentes, menées à proximité de l’actuel
Musée de l’Éphèbe, ont mis en évidence un pôle Fig. 15 : Fosse d’extraction
d’occupation de la seconde moitié du IIe s. av. J.-C. qui serait d’argile de l’Antiquité tardive
relié à Agde par un cadastre orienté à 45-46° E (Pomarèdes (Place F. Conesa, fouilles D.
1992), correspondant à la trame verte mise en évidence pour Ugolini 1999). (Cliché D.
la ville. Vers 100, un changement important affecte le bâti qui Ugolini).
est désormais orienté à 30° E (Pomarèdes 1992 : 53) jusqu’au
début du Moyen Âge, ce qui ne correspond pas — ou du
moins pas exactement — à des directions relevées en ville, ni
à aucune des cadastrations reconnues pour le Biterrois ou le
Montpelliérais de l’époque romaine. La permanence de ces
traces à travers les siècles fait supposer l’existence d’une
structure forte qui pourrait remonter à la phase grecque … ou
au début de l’époque romaine.

7. SYNTHÈSE

Unique site du Languedoc où les sources mentionnent un éta-


blissement grec, les textes les plus anciens sont tous indirects
et basés sur la compilation d’Etienne de Byzance. En fait, les
sources sûres de langue grecque (Pseudo-Scymnos, Strabon,
Ptolémée) remontent toutes, au plus tôt, à la période de la
conquête romaine. On notera avec intérêt que, chronologi-
quement, la dernière mention littéraire d’Agde date environ
du milieu du IIe s. de n. è. et qu’elle est en langue grecque,
alors que les textes latins d’époque romaine sont d’une éton-
nante pauvreté et ne citent plus la ville dès le milieu du Ier s.
de n. è.

Les sources ne rapportent aucun fait historique qui aurait im-


pliqué Agde. Tout au plus précisent-elles son cadre géogra-
phique et le fait que c’était une ville de Marseille.
À ce propos, le témoignage de Strabon, bien que tardif par
rapport à la date de fondation admise pour la colonie, est pré-
28
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

cieux parce qu’il transmet un détail important sur le rôle que


Marseille a attribué, peut-être dès le début, à ses comptoirs –
dont celui d’Agde – : ils devaient servir à la protéger des In-
digènes 24. Il n’est donc pas question, d’après ce texte, d’ex- 24 Agde était donc un poste militaire, une for-
pansion “commerciale” massaliète au sens propre, mais de
teresse contre les Barbares de la vallée du
sécurité et d’ailleurs non nécessairement (ou non seulement) Rhône (et non contre les Ibères, comme on lit
maritime. Il va sans dire que l’on ignore tout des tensions souvent, sur la foi de mauvaises traductions et/
entre Grecs et Indigènes qui auraient motivé l’établissement ou interprétations …).
de ces forteresses et, d’ailleurs, rien n’indique que cela s’est
fait en une seule fois, ni que Marseille a été véritablement le 25
maître de tous ces centres 25. On pourrait toutefois en trouver Ainsi, Emporion et Rhodè ont frappé mon-
une justification dans l’insécurité manifeste qui caractérisait naie, ce qui implique une certaine autonomie
les liaisons maritimes et terrestres entre l’Italie et l’Espagne par rapport à Marseille, mais il est vrai que
l’on ne peut dire la même chose pour les fon-
au cours du IIe s. av. J.-C., notamment dès la création des
dations de Gaule méridionale. D’autre part, on
provinces romaines hispaniques 26. sait que ces dernières n’ont pas été toutes
Malgré tout, s’il faut admettre qu’Agde avait surtout une créées en même temps : il faut donc admettre
fonction militaire, il est surprenant de constater qu’elle n’est des chronologies échelonnées, mais non né-
jamais mentionnée à l’occasion des quelques faits de guerre cessairement des rôles différents. Et il y a le
particulièrement retentissants au cours desquels elle aurait pu cas un peu particulier de Béziers.
jouer un rôle d’une certaine importance, ne serait-ce que
comme base des opérations. Ainsi, Agde n’apparaît ni au 26 En particulier, les sources rapportent les
moment de la traversée de la Gaule par l’armée d’Hannibal,
attaques subies par des magistrats romains qui
ni au cours des événements qui aboutiront à la création de la
se rendaient en Espagne : en 189 (Tite-Live,
Transalpine, au point que l’on ne sait comment – à travers XXXVII, 57) et en 173 (Tite-Live, XLII, 4).
elle – Marseille continuait à étendre son bras sur le Langue-
doc.
Ce qui est certain, d’un point de vue archéologique, c’est
qu’au cours des deux siècles avant le changement d’ère – et
notamment à partir de la deuxième moitié du IIe s. av. J.-C. –
Agde a connu une certaine “splendeur”, dont le fameux éphè-
be en bronze pourrait être le témoignage le plus éclatant 27 . 27 Quelle que soit la date que l’on veut bien
Cette période d’apogée économique (et probablement aussi attribuer à cette statue (récemment on a propo-
stratégique et politique) se caractérise par la domination abso- sé la fin du IVe s. av. n. è.), il paraît improba-
lue des produits italiques, avec la seule exception, sans doute ble qu’elle soit arrivée à Agde avant la
significative, de la circulation monétaire qui laisse une place deuxième moitié du IIe s. av. n. è.
prépondérante aux frappes massaliètes 28 . Ainsi, du point de
vue des liaisons commerciales maritimes, on remarquera que 28 Aux listes de Richard 1979, il faut ajouter
la grande majorité des amphores trouvées dans les eaux les monnaies encore inédites issues des fouilles
d’Agde est d’origine italique (les massaliètes sont nettement du square Picheire (1988) : il s’agit d’un lot
moins nombreuses) et que les lingots de cuivre et de plomb, assez important (une vingtaine) composé es-
issus des fouilles sous-marines, les accompagnaient 29. sentiellement de bronzes massaliètes au tau-
reau cornupète et de quelques monnaies en
Si l’implantation urbaine est ancienne et suit un plan ortho- argent de la République.
normé qui reste quasiment figé jusqu’à nos jours, il est beau-
coup plus difficile de dire si Agde a pu bénéficier d’une vraie 29 Notons encore que certains lingots de
chora. Rien n’indique que la fondation massaliète s’est ap- plomb et de cuivre proviennent sans doute
puyée sur une colonie de peuplement. Comme on l’a vu, les d’Espagne (Bouscaras 1964 ; Sagnes 1971).
études foisonnantes sur la question ont donné lieu à des pro-
positions parfois contradictoires et la diversité des approches

29
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

méthodologiques n’a pu venir à bout du problème. Le “mys-


tère d’Agde” de ce point de vue reste entier. On dira simple-
ment que les données disponibles permettent d’entrevoir le
territoire dont Agde a pu bénéficier entre le IIe et le Ier s. av.
n. è. Cela ne va pas sans poser la question de la cohabitation
avec Rome, dans une région où les intérêts italiques sont pa-
tents depuis la fin du IIIe s. Des accords ont dû présider au
développement évident d’Agde pendant cette période. On
peut alors évoquer l’alliance entre Rome et Marseille, qui a
pu jouer à plein pendant ces deux siècles, dans un profit réci-
proque. On peut encore envisager qu’entre la conquête de
l’Espagne et l’achèvement de la mainmise romaine sur le
Languedoc, Agde ait joué un rôle important comme base des
trafics entre les deux Péninsules, en tant que représentant de
Marseille et alliée de Rome, avant que le port de Narbonne ne
prenne définitivement le relais.

Du point de vue historique, on n’a strictement aucun rensei-


gnement sur le devenir de la ville et sur les éventuels chan-
gements de statut, voire de fonction, qui seraient intervenus
au cours de l’époque romaine. On peut juste dire qu’il n’y a
pas eu d’installation d’une colonie romaine.
Les études cadastrales tendent à montrer qu’Agde a pu béné-
ficier d’une autonomie relative jusqu’en 49 ou, selon les
chercheurs, jusqu’à la première moitié du Ier s. ap. J.-C. Cette
imprécision chronologique est gênante, car elle empêche
d’évaluer le poids qu’a pu avoir la chute de Marseille sur le
destin d’Agde. Mais, parallèlement, il faut noter aussi que,
dès le milieu du Ier s. ap. J.-C., les traces archéologiques de
l’occupation de la ville se font extrêmement rares, au point
que l’on se demande si Agde a continué à être une agglomé-
ration. De menus indices plaideraient en faveur d’une relative
30
continuité, mais l’absence d’inscriptions 30 , d’édifices, de On a vu plus haut (supra, 1. 2. 2.) que l’uni-
nécropoles, voire même de mobilier du Haut-Empire 31, laisse que inscription romaine connue à Agde pourrait
supposer que le site avait perdu tout intérêt “international”. dater du Ier ou du IIe s. ap. J.-C. et qu’elle pro-
Le déplacement des trafics maritimes vers le port de Nar- vient vraisemblablement d’ailleurs.
bonne et la proximité de Béziers suffisent sans doute à en
expliquer les raisons. En ce sens, on peut dire qu’Agde a 31 Quelques monnaies impériales des IIe et IIIe
connu alors un sort analogue à celui de bon nombre d’agglo- s. : Richard 1979 ; des fragments céramiques de
mérations indigènes de la région. Toutefois, les découvertes cette période se rencontrent dans des contextes
subaquatiques, notamment d’amphores des Haut- et Bas-Em- de l’Antiquité tardive ou médiévaux, mais ils
pire, montrent que la circulation des biens dans ce secteur sont néanmoins peu nombreux, comme l’attes-
n’était pas complètement interrompue et que le port d’Agde a tent les découvertes de la Place Conesa.
pu continuer à fonctionner, au sein d’un hameau très localisé,
pour l’approvisionnement des villas qui parsèment un terri-
toire qui n’est plus le sien et qui est inséré dans celui d’autres
cités.

Contrairement à ce qui se passe pour d’autres villes de la ré-


gion comme Narbonne ou Béziers, l’émergence de la Civitas
Agathensium de l’Antiquité tardive est un phénomène nou-
veau, sans liens évidents avec le passé, du moins pour ce que
l’on en sait actuellement. Il faut en effet attendre plusieurs
siècles avant qu’Agde n’acquière à nouveau une certaine im-
portance.

30
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

La création de l’évêché au Ve s. semble alors avoir été déter-


minante. On sait qu’à cette date les évêchés correspondent à
peu près au territoire d'une ancienne civitas romaine. Dans le
cas d’Agde et de sa région, qui — on l’a vu — ont appartenu
au territoire de Béziers pendant toute l’époque romaine, cela
pose la question de la naissance de ce nouveau diocèse, dis-
tinct de celui de Béziers et qui est le plus petit du sud de la
Gaule, ainsi que celle de la définition de ses limites géogra-
phiques. 32 Concilia Antiqua Gallia, 1629, T. 1, pp. 160-
La ville apparaît très active pendant environ deux siècles. Le 175 et G. de Catel, Mémoires de l'histoire du
concile de septembre 506 s'est tenu dans la basilique Saint- Languedoc, Toulouse, Pierre Bosc, 1533, p.
André 32 d’Agde, sous la présidence de Césaire d'Arles, et a 477. Des raisons matérielles peuvent peut-être
compté trente-cinq évêques (ou mandataires) — dont So- expliquer le fait inhabituel que le concile se soit
phronius, l’évêque de la ville — venus des terres occupées tenu dans la basilique : il s’agissait probable-
par les Wisigoths (Bordeaux, Bourges, Aquitaine et Pro- ment de l’unique édifice suffisamment vaste
pour accueillir une telle manifestation et/ou il
vence). L'église Saint-André est donc la première à être citée
n'y avait peut-être pas encore de bâtiment pour
dans les sources. le siège épiscopal à cette date, car il y a la pos-
Au cours de cette période, églises et monastères sont cons- sibilité que Sophronius ait été un évêque itiné-
truits à la périphérie de la ville 33 , mais l’habitat urbain n’a rant.
restitué que peu de traces puisque la seule demeure connue
est de découverte toute récente (Place Conesa, fouilles 1998- 33 Saint-Sever (sous le vocable Sainte-Marie ?),
1999). On peut juste rappeler encore quelques silos de cette serait aussi ancienne que Saint-André d’après les
époque et quelques tombes. Il est intéressant de relever, d’une récits hagiographiques et l’archéologie atteste la
part, que les quartiers de la Place Conesa et de la Glacière, présence d’un cimetière à cet endroit. On rappel-
pourtant centraux, sont rapidement abandonnés (courant VIe lera également le templum et les oratoria du VIe
s. ?), après une destruction par le feu au moins dans le cas de ou VIIe s. de Notre-Dame du Grau. Quant à la
la Place Conesa, et que les sondages de la rue de l’Amour cathédrale Saint-Étienne (Sainte-Marie ?), les
(hors remparts) ont donné une stratigraphie analogue. Il faut premières mentions sont d’époque carolingienne
alors envisager une contraction certaine de l’occupation ur- (824), à moins qu’elles ne concernent en fait
baine, un phénomène d’ailleurs commun à bon nombre d’au- Saint-Sever.
tres villes de l’Occident germanique.
34
En 824, donation est faite à l’église Sainte-
L’occupation postérieure, en l’état actuel des recherches,
Marie “infra muros” (Terrin 1969 : 57, n° 50).
n’est attestée que par des documents concernant les édifices
ecclésiastiques et c’est par incidence que l’on apprend l’exis-
tence d’une enceinte à l’époque carolingienne 34 (grecque ? 35 Dans le premier, le vicomte d’Agde cède à la
de l’Antiquité tardive ? carolingienne ?). On mentionnera cathédrale Saint-Étienne (? ou Saint-Sever ?,
néanmoins que le quartier de la Place Conesa accueille vers sous l’appellation Sainte-Marie) une villa appe-
le Xe-XIe s. de nombreux silos, qui sont manifestement ins- lée Saint-André avec son église, ses terres, vi-
tallés dans un terrain vague, ce qui porte à croire que la réoc- gnes, cellis et cimeteriis et son territoire (Mar-
cupation du centre ville est un phénomène relativement ré- tène, Thesaurus novus anecdotorum, T. 1, col.
cent. On peut donc envisager qu’au cours des siècles qui sé- 179). Entre 1074 et 1083, la comtesse Ermen-
parent l’abandon de l’habitat de l’Antiquité tardive (VIe s.) et garde et son fils Bernard Aton donnent à l'église
l’installation des silos aux Xe-XIe s. la ville n’ait pas connu Sainte-Marie un terrain et des maisons qui se
situent à l’extérieur de la porte nord de la ville
une intense occupation, ou alors que celle-ci ne concernait
(Cartulaire de la ville d’Agde, C p. 91 - D. p.
que des zones périphériques par rapport au noyau primitif, 92). La date de ce dernier document et l’empla-
selon un schéma peut-être de type polynucléaire. C’est cement des lieux qui sont légués à l’église
d’ailleurs ce qui transparaît de deux actes de donation (l’un “Sainte-Marie” rendent improbable le fait qu’il
du Xe s. et l’autre du XIe s.) 35 qui dessinent un habitat orga- s’agisse ici de l’église de Saint-Sever (géogra-
nisé autour ou à proximité des églises. Dans cette optique, il phiquement à l’opposé) : il doit s’agir de la ca-
faudra établir si les silos des X-XIe s. de la place Conesa thédrale Saint-Étienne, nommée sous son ancien
peuvent éventuellement être interprétés comme les celliers du vocable.

31
D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

pôle cathédral.
Ainsi, à défaut de données concrètes sur l’occupation du cen-
tre ville pendant cette longue période, il est particulièrement
difficile d’évaluer l’impact d’événements forts, pourtant si-
gnalés par les sources de l’époque et systématiquement repris
par tous les ouvrages sur l’histoire de la ville, comme la prise
par le roi Wamba (en 673), l’invasion sarrazine (en 725) ou la
mise à sac par Charles Martel (en 737), qui n’ont laissé au-
cune trace archéologique reconnue.

L’habitat civil médiéval semble n’investir le centre de la ville


qu’au XIIe s., du moins sur la base des fouilles de la Place
Conesa, qui — rappelons-le — en dehors des églises, sont les
seules à avoir restitué des vestiges de cette période, et c’est en
1173 que Louis VII le Jeune autorise l'évêque à fortifier tant
la cathédrale que la ville (civitas) 36. 36Gallia Christiana, éd. 1739, T. VI, col. 326-
Dans l’état actuel de la documentation et en considération du 328.
fait que ce siècle comme le suivant sont partout caractérisés
par une forte augmentation démographique, on peut peut-être
envisager alors une dynamique d’occupation allant de la péri-
phérie vers le centre ville, par regroupement autour de 37 Pour la rédaction des paragraphes sur l’Anti-
l’église cathédrale, que l’on fortifie alors rapidement (“la Ci- quité tardive et le Moyen Âge, nous avons béné-
té”). Si cette enceinte médiévale laisse à l’extérieur les pôles ficié du concours de Melle Carole Puig (Docto-
périphériques anciens c’est sans doute parce qu’ils étaient peu rante, Université de Toulouse) qui nous a autori-
peuplés, même si le burgum est déjà mentionné à cette épo- sés à utiliser les résultats de ses premières re-
que. En 1356, le “bourg” est fortifié et on peut supposer que cherches sur les textes concernant l’Agde de
l’agrégation de ces quartiers au nouveau centre urbain s’est cette période. Nous l’en remercions chaleureu-
produite rapidement (entre 1173 et 1356) 37. sement.



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D. Ugolini, C. Olive, J. Grimal - Agatha

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