Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Francfort Henri-Paul. Les nomades installés dans la Bactriane (IIe s. av. J.-C.–Ier s. ap. J.-C.) : nouvelles découvertes.
In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 157e année, N. 4, 2013. pp. 1543-
1576;
doi : https://doi.org/10.3406/crai.2013.95134
https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2013_num_157_4_95134
1. De très nombreuses études ont été consacrées à ces questions, nous pouvons en mentionner
certaines. Sur les sources historiques, notamment chinoises : E. G. Pulleyblank, « The Wu-sun and
the Sakas and the Yüeh-chih migration », Bulletin!of!the!School!of!Oriental!and!African!Studies!
XXXIII, 1970 ; F. Thierry, « Yuezhi et Kouchans. Pièges et dangers des sources chinoises », dans
Afghanistan,! ancien! carrefour! entre! l’Est! et! l’Ouest, O. Bopearachchi et M.-F. Boussac éd.,
(Indicopleustoi, Archaeologies of the Indian Ocean, vol. 3), Turnhout, Brépols, 2005, p. 421-
539 ; C. G. R. Benjamin, The! Yuezhi, Silk Road Studies, Turnhout, Brepols, 2007 ; J. E. Hill,
Through!the!Jade!Gate!to!Rome :!A!Study!of!the!Silk!Routes!during!the!Later!Han!Dynasty,!1st!to!
2nd!Centuries!CE, Charleston, South Carolina, BookSurge, 2009. Sur l’archéologie : K. Abdullaev,
« Nomad Migration in Central Asia », dans After!Alexander.!Central!Asia!before!Islam, J. Cribb et
G. Herrmann éd., Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 73-98 ; Id., « Nomadism in Central
Asia. The Archaeological Evidence (2nd-1st Centuries B. C.) », dans In!the!Land!of!the!Gryphons.!
Papers! on! Central! Asian! archaeology! in! antiquity, A. Invernizzi éd., Florence, Casa Editrice Le
Lettere, 1995, p. 151-61 ; P. Bernard, « Les nomades conquérants de l’empire gréco-bactrien.
Réflexions sur leur identité ethnique et culturelle », Comptes!Rendus!des!Séances!de!l’Académie!des!
Inscriptions!et!Belles!Lettres 1987, fascicule IV (novembre-décembre), p. 758-68 ; H.-P. Francfort,
« Tillya Tépa (Afghanistan) la sépulture d’un roi anonyme de la Bactriane du Ier siècle P.C. », Topoi!
17, 1, 2011, p. 277-347 ; F. Grenet, « Nouvelles données sur la localisation des cinq yabghus!
des Yuezhi. L’arrière-plan politique de l’itinéraire des marchands de Maès Titianos », Journal!
Asiatique! 294, 2, 2006, p. 325-41 ; B. Lyonnet, « Les nomades et la chute du royaume gréco-
bactrien : quelques nouveaux indices en provenance de l’Asie centrale orientale. Vers l’identification
des Tokhares-Yueh-Chi ? », dans Histoire!et!cultes!de!l’Asie!centrale!préislamique.!Sources!écrites!
et!documents!archéologiques, P. Bernard et F. Grenet éd., Paris, CNRS, 1991, p. 153-63 ; C. Rapin,
« Nomads and the Shaping of Central Asia : from the Early Iron Age to the Kushan Period », dans
After!Alexander.!Central!Asia!before!Islam, J. Cribb et G. Herrmann éd., Oxford, Oxford University
Press, 2007, p. 29-72 ; Cl. Rapin, M. Kh. Isamiddinov, M. Khasanov, « La tombe d’une princesse
nomade à Koktepe près de Samarkand », Comptes!rendus!des!Séances!de!l’Académie!des!Inscriptions!
et!Belles!Lettres, 2001, fascicule I (janvier-mars), p. 35-92. Pour un point de vue plus historique et
anthropologique, avec bibliographie antérieure et sources chinoises : X. Liu, « Migration and
Settlement of the Yuezhi-Kushan : Interaction and Interdependence of Nomadic and Sedentary
Societies », Journal!of!World!History!12, 2, 2001, p. 261-292.
2. Outre les catalogues comme ceux de M. Mitchiner, Indo-Greek!and!Indo-Scythian!Coinage,
9 vol., Londres, Hawkins Publications, 1975-1977, ou de R. C. Senior, Indo-Scythian! Coins! and!
History, Vol. 1-3, Lancaster, Pennsylvanie, USA, Londres, Classical Numismatic Group, 2001, Id.,
Indo-Scythian!Coins!and!History, Vol. 4, Lancaster, Pennsylvanie, USA, Londres, Classical Numis-
matic Group, 2006, on pourra se reporter, par exemple, aux travaux suivants : O. Bopearachchi,
« Graeco-Bactrian Issues of later Indo-Greek Kings », The!Numismatic!Chronicle 1990, p. 79-104 ;
Id., « Monnaies indo-grecques surfrappées », Revue!numismatique!6e série, 31, 1989, p. 49-79 ; Id.,
« Nasten, un prince Iranien inconnu entre Grecs et Kouchans », Comptes!rendus!des!Séances!de!
l’Académie!des!Inscriptions!et!Belles-Lettres, 2001, fascicule II (juillet-octobre), 1993, p. 609-11 ;
Id., « Les premiers souverains kouchans : chronologie et iconographie monétaire », Journal! des!
Savants!janvier-juin 2008, p. 1-55 ; Id., « Some observations on the chronology of the Kushans »,
Res!Orientales!XVII, 2007, p. 41-52 ; Id., « Recent coin hoard evidence on pre-Kushana chrono-
logy », Coins,!Art!and!Chronology,!Essays!on!the!Pre-Islamic!History!of!the!Indo-Iranian!Border-
lands, 1999, p. 99-147 ; Id., « Chronologie et généalogie des premiers rois kouchans : nouvelles
données », Comptes! rendus! des! Séances! de! l’Académie! des! Inscriptions! et! Belles-Lettres, 2006,
fascicule III (juillet-octobre), p. 1433-47 ; Id., « L’apport des surfrappes à la reconstruction de
l’histoire des Indo-Grecs », Revue! Numismatique 2008, p. 245-68 ; P. Callieri, « The Sakas in
Afghanistan : Evidence from the Glyptics », dans Central’naja!Azija.!Istochniki!istorija!kul’tura,
E. V. Antonova et T. K. Mkrtychev éd., Moscou, Vostochnaja Literatura RAN, 2005, p. 359-64 ;
J. Cribb, « Money as Marker of Cultural Continuity and Change in Central Asia », dans After!
Alexander.! Central! Asia! before! Islam, J. Cribb et G. Herrmann éd., Oxford, Oxford University
Press, 2007, p. 333-76 ; A. N. Gorin, « Podrazhanie obolam Evkratida s Gorodishcha Kampyrtepa »,
Rossijskaja! Arkheologija 2, 2013, p. 87-91 ; D. W. Mac Dowall, « Numismatic Evidence for a
Chronological Framework for Pre-Kaniskan Art, from Khalchayan to Gandhāra », dans On! the!
Cusp!of!an!Era.!Art!in!the!Pre-Kusana!World, D. M. Srinivasan éd., Brill’s Inner Asian Library,
Leyde, Boston, Brill, 2007, p. 95-117 ; E. V. Rtveladze, « Coins of the Yuezhi Rulers of Northern
Bactria », Silk!Road!Art!and!Archaeology!3, 1993-94, p. 81-96 ; Id., « Parthia and Bactria », dans
In!the!Land!of!the!Gryphons.!Papers!on!Central!Asian!archaeology!in!antiquity, A. Invernizzi éd.,
Florence, Casa Editrice le Lettere, 1995, p. 181-90 ; Id., « Découvertes en numismatique et épigra-
phie gréco-bactriennes à Kampyr-Tepe (Bactriane du Nord) », Revue! numismatique! 150, 1995,
p. 20-24 ; Id., « Monetary Circulation in Ancient Tokharistan », dans After!Alexander.!Central!Asia!
before! Islam, J. Cribb et G. Herrmann éd., Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 389-98 ;
N. M. Smirnova, « O rannykh podrazhanijakh monetam Evkratida », dans Central’naja! Azija.!
Istochniki!istorija!kul’tura, E. V. Antonova et T. K. Mkrtychev éd., Moscou, Vostochnaja Literatura
RAN, 2005, p. 664-80 ; E. V. Zejmal, « Politicheskaja istorija drevnej Transoksiany po numizma-
ticheskim dannym », dans Kul’tura!Vostoka.!Drevnost’!i!rannee!srednevekov’e, Gosudarstvennyj
ordena Lenina Ermitazh, Otdel Vostoka éd., Léningrad, Aurora, 1978, p. 192-214 ; Id., Drevnie!
monety!Tadzhikistana, Dushanbe, 1983. Un essai de vue générale est donné par B. I. A. Staviskij,
La! Bactriane! sous! les! kushans :! problèmes! d’histoire! et! de! culture, Librairie d’Amérique et
d’Orient, édition revue et augmentée, Paris, J. Maisonneuve, 1986, p. 129-139 et p. 255-259 ; pour
le S.-E. du Tadjikistan : D. Dovudi, Denezhnoe!obrashchenie!drevnego!i!srednevekogo!Khatlona!
(V!v.! do! n.! e.! -! nach.! XX! v.! n.! e.), Dushambe, Akademija nauk Respubliki Tadzhikistan. Institut
istorii, arkheologii i etnografii im. A. Donisha, 2006, p. 37-67.
V. A. Gaibov, (« Drakhmi Fraata IV s nadchekankoj (opyt’ istoricheskoj interpretacii) »,
Vestnik!Drevnej!Istorii, 2013), place les monnaies de Phraate IV contremarquées (trouvées notam-
ment à Tillya-Tépa et à Takht-i Sangin) entre 26 et 30 ap. J.-C. et les attribue aux nomades sédenta-
risés en Bactriane.
3. La relation de Zhang Qian, envoyé de la cour des Han qui est passé en Bactriane en 130 av.
J.-C. tend à conforter cette impression en parlant de « petits chefs ». Sur ce texte, voir : F. Thierry,
op.!cit.!(n. 1), p. 421-539.
4. E. A. Davidovich, « The first hoard of tetradrachmas of the Kusana “Heraios” », dans From!
Hecataeus!to!Al-Huwarizmi.!Bactrian,!Pahlavi,!Sogdian,!Sanskrit,!Syriac,!Arabic,!Chinese,!Greek!
and!Latin!Sources!for!the!History!of!Pre-Islamic!Central!Asia, J. Harmatta éd., Budapest, Akadémiai
Kiado, 1984, p. 147-77.
M. Weiskopf, « Heraos Holding the Tyranny », Ancient!West!and!East!11, 2012, p. 105-21 ;
F. Widemann, Les!successeurs!d’Alexandre!en!Asie!centrale!et!leur!héritage!culturel.!Essai, Paris,
Riveneuve éditions, 2009 ; E. V. Zejmal, Drevnie!monety!Tadzhikistana, Dushanbe, 1983. La tenta-
tive de J. Cribb pour l’identifier à Kujula Kadphisès n’a pas reçu l’assentiment général.
5. Voir supra, n. 2 et 4, ainsi que le toujours utile J. M. Rosenfield, The! dynastic! art! of! the!
Kushans, Berkeley, Los Angeles, University of California Press, 1967.
6. D. Schlumberger, « Les descendants non-méditerranéens de l’art grec. I », Syria!37, 1, 1960,
p. 131-66 ; Id., II, Syria!37, 3, 1960, p. 253-318.
7. Voir supra, n. 3.
8. Un état de la question vient d’être récemment donné par P. Bernard, H.-P. Francfort,
G. Lécuyot, B. Lyonnet et L. Martinez-Sève dans les chapitres de G. Lécuyot et!alii, Fouilles!d’Aï!
Khanoum!IX.!L’habitat, Mémoires de la DAFA, Paris, De Boccard, 2013.
9. B. Lyonnet, « Les nomades et la chute du royaume gréco-batrien : quelques nouveaux
indices en provenance de l’Asie centrale orientale. Vers l’identification des Tokhares-Yueh-Chi ? »,
dans Histoire! et! cultes! de! l’Asie! centrale! préislamique.! Sources! écrites! et! documents! archéolo-
giques, P. Bernard et F. Grenet éd., Paris, CNRS, 1991, p. 153-63 ; Id., Prospections! archéolo-
giques!en!Bactriane!orientale!(1974-1978).!Volume!2.!Céramique!et!peuplement!du!chalcolithique!
à!la!conquête!arabe, Mémoires de la Mission Archéologique Française en Asie Centrale, Vol. VIII,
Paris, E. R. C., 1997 ; Id., « Les Grecs, les Nomades et l’indépendance de la Sogdiane, d’après
l’occupation comparée d’Aï Khanoum et de Marakanda au cours des derniers siècles avant notre
ère », Bulletin!of!the!Asia!Institute!12, 1998, p. 141-59.
10. P. Leriche, Fouilles!d’Aï!Khanoum!V.!Les!remparts!et!les!monuments!associés, Mémoires
de la Mission Archéologique Française en Asie Centrale, Vol. XXIX, Paris, Diffusion de Boccard,
1986, fig. 150-161 ; un poignard en fer caractéristique des populations de cette époque y a été égale-
ment trouvé.
11. Publié dans O. Guillaume, A. Rougeulle, Fouille!d’Aï!Khanoum!VII.!Les!petits!objets.!Dessins!
de!A.!Rougeulle!et!G.!Samoun, Mém. D.A.F.A., Vol. XXXI, Paris, De Boccard, 1987, pl. 18, 1.
12. Fouille de Ksirov, voir E. P. Denisov, « Issledovanija mogil’nikov na r. Ksirov (Sargazon)
v Dangarinskom raione v 1980 g. », Arkheologicheskie!Raboty!v!Tadzhikistane!XX, 1980, p. 138-47,
fig. 3.2, p. 145 ; à la fin des années 1970 des boucles d’oreille de Ksirov ont pu être rapprochées de
bijoux semblables de même époque trouvés à Asqalan près de Kunduz (Afghanistan) : E. Denisov,
F. Grenet, « Boucles d’oreilles en or à images de coqs découvertes en Bactriane », Studia!Iranica!
10, 2, 1981, p. 307-14 ; une autre tombe du même site a livré une paire d’anneaux en bronze compa-
rables à ceux de Tillya-Tépa. Il est à noter que J.-C. Gardin a supposé l’abandon dans la plaine
d’Askalan de l’agriculture irriguée, qui prospérait depuis l’âge du bronze et à l’époque perse, de
l’arrivée des Yuzhi à nos jours (J.-C. Gardin, Prospections!archéologiques!en!Bactriane!orientale!
(1974-1978).! Volume! 3.! Description! des! sites! et! notes! de! synthèse, Mémoires de la Mission
Archéologique Française en Asie Centrale, Vol. IX, Paris, E. R. C., 1998, p. 84-85). Les recherches
actuelles de G. Lindström à Torbulaq (Ksirov) tendent à montrer aussi un schéma d’abandon du site
à la même époque.
13. En Europe : dans la région de Rostov, V. Schiltz éd., L’or!des!amazones, Paris, Findakly, 2001,
n° 202, p. 183 ; kourgane sarmate n° 19 de Novokuman, K. F. Smirnov, Pamjatniki!skifo-sarmatskoj!
Des niveaux de ces périodes sont bien attestés sur les sites de
Bactres, Dilbardjin-Tépa14, Emchi-Tépa15 en Bactriane afghane et
sur celui de Dal’verzin-Tépa dans la vallée du Surkhan-Darya
(Ouzbékistan)16. À Takht-i Sangin (Tadjikistan), au confluent du
Pandj et du Vaskhsh, le temple de la ville, dédié à la divinité de
l’Oxus, n’a pas été abandonné au départ des Grecs ; on y a par
exemple récemment fouillé des couches des périodes d’Hélioclès et
de ses successeurs Saka-Yuezhi, sans que le culte fût interrompu :
on y fondait même encore des vasques en bronze inscrites en grec17.
kul’tury, M.I.A., Vol. 115, Moscou, Nauka, 1962, fig. 14, 8, p. 241 ; à Semipalatinsk (fragmentaire)
F. Kh. Arslanova, « Sluchajnaja nakhodka bronzovykh veshchej v semipalatinskom Priirtysh’e »,
Kratkie!Soobshchenie!Instituta!Arkheologii 167, 1981, p. 54-58, fig. 3 ; dans l’art des Xiongnu et
dit sino-steppique, des formes proches ont été découvertes à Derestuy et l’une apparaît dans la
collection C. T. Loo. Enfin, une boucle proche par sa forme, mais dont les têtes de rapace sont
remplacées par des protomés de lion cornu a été découverte dans la nécropole de Tulkhar, kourgane
VII, 3, de la même époque : A. M. Mandel’shtam, Kochevniki!na!puti!v!Indiju, Trudy Tadjikskoj
Arkheologicheskoj Ekspedicii Instituta Arkheologii AN SSSR i Instituta Istorii im. A. Donish AN
Tadzhikskoj SSR, Vol. 5, Moscou, Nauka, 1966, pl. XLV, 7, p. 207. Des plaques de ceinture ajou-
rées à motifs animaliers, découvertes dans les tombes de cette époque en Bactriane, ouvrent aussi
sur de vastes horizons du côté des steppes asiatiques, des Xiongnu : U. Brosseder, « Belt Plaques
as an Indicator of East-West Relations in the Eurasian Steppe », dans Xiongnu! Archaeology.!
Multidisciplinary!Perspectives!of!the!First!Steppe!Empire!in!Inner!Asia, U. Brosseder et B. K. Miller
éd., Bonn Contributions to Asian Archaeology, Bonn, Vor- und Frühgeschichtliche Archäologie
Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn, 2011, p. 349-424.
14. Ce sont les trouvailles monétaires, plus que la stratigraphie et l’architecture, qui attestent
d’une occupation de cette période : B. I. Vajnberg, I. T. Kruglikova, « Monetnye nakhodki iz
raskopok Dil’berdzhina », dans Drevnjaja!Baktrija!1, I. T. Kruglikova éd., Vol. 1, Materialy Sovetsko-
Afganskoj Arkheologicheskoj Ekspedicii, Moscou, Nauka, 1976, p. 172-82 ; Id., « Monetnye
nakhodki iz raskopok Dil’berdzhina », dans Drevnjaja! Baktrija! 3, I. T. Kruglikova éd., Vol. 3,
Materialy Sovetsko-Afganskoj Arkheologicheskoj Ekspedicii, Moscou, Nauka, 1984, p. 125-35.
Cependant, il n’est pas impossible que le temple aux Dioscures de Dilberdjin, attribué par les fouil-
leurs à l’époque gréco-bactrienne, date en fait, pour l’état aux peintures, de l’époque Saka-Yuezhi.
15. Cet intéressant site circulaire, qui se trouve près de Tillya-Tépa, n’a fait l’objet que de
sondages, mais l’époque qui nous intéresse y est incontestablement représentée : I. T. Krouglikova,
Ch. Moustamindy, « Résultats préliminaires des travaux de l’expédition archéologique afghano-
soviétique en 1969 », Afghanistan!XXIII, 1, Spring 1349 (1970), 1970, p. 84-97 ; I. T. Kruglikova,
V. Sarianidi, « La Bactriane ancienne dans l’optique de nouvelles recherches archéologiques »,
Kushan!Culture!and!History, 1971.
16. G. A. Pugachenkova, E. V. Rtveladze, B. A. Turgunov, Dal’verzintepe! kushanskij! gorod!
na!juge!Uzbekistana, Tashkent, FAN, 1978, p. 39-49 et (poterie pré-kouchane), p. 146-150.
17. Une nouvelle tranche de travaux de coopération archéologique franco-tadjike entre l’Institut
d’Histoire, d’Archéologie et d’Ethnologie de l’Académie des Sciences du Tadjikistan et la Mission
Archéologique Française en Asie Centrale (UMR 7041, ArScAn) vient de débuter à l’automne 2014
sur ce site, avec le soutien de la Commission pour les recherches archéologiques à l’étranger du
ministère des Affaires étrangères et du développement international. Pour les trouvailles post-gréco-
bactriennes, qui sont discutées, voir : N. Boroffka, J. Mei, « Technologietransfer in Mittelasien-
chinesische, griechische und skytho-sakische Interaktion in der Gusstechnik », dans Zwischen!Ost!
und! West.! Neue! Forschungen! zum! antiken! Zentralasien.! Wissenschaftliches! Kolloquium! 30.9-
2.10.2009!in!Mannheim, G. Lindström!et!alii éd., Vol. 14, Archäologie in Iran und Turan, Darmstadt,
Verlag Philipp von Zabern, 2013, p. 143-70 ; A. Drujinina, « Gussform mit griechischer Inschrift
aus dem Oxos-Tempel », Archäologische!Mitteilungen!aus!Iran!und!Turan!40, 2008, p. 121-36 ;
Id., « Wohnen im hellenistischen Baktrien – Wohnhäuser in der Stadt Oxeiane (Tacht-i Sangin) »,
dans Alexander! der! Grosse! und! die! Öffnung! der! Welt.! Asiens! Kulturen! im! Wandel, S. Hansen,
A. Wieczorek et M. Tellenbach éd., Regensburg, Verlag Schnell & Steiner GmbH, 2009, p. 177-81 ;
période dans cette région, voir Cl. Rapin, M. Kh. Isamiddinov, M. Khasanov, « La tombe d’une
princesse nomade à Koktepe près de Samarkand », Comptes!rendus!des!Séances!de!l’Académie!des!
Inscriptions!et!Belles-Lettres!2001, fascicule I (janvier-mars), p. 35-92 ; Cl. Rapin, « Nomads and
the Shaping of Central Asia : from the Early Iron Age to the Kushan Period », dans After!Alexander.!
Central!Asia!before!Islam, J. Cribb et G. Herrmann éd., Oxford, Oxford University Press, 2007,
p. 29-72. Les déformations artificielles des crânes de ces populations sont très minoritaires à cette
époque, d’après les études statistiques des anthropologues soviétiques.
20. V. I. Sarianidi, Khram! i! nekropol’! Tilljatepe, Moscou, Nauka, 1989 ; Id., L’or! de! la!
Bactriane.!Fouilles!de!la!nécropole!de!Tillia-tepe!en!Afghanistan!septentrional, Léningrad, Aurora,
1985 ; V. I. Sarianidi, G. A. Koshelenko, « Monety Tilljatepa », dans Drevnjaja! Indija.! Istoriko-
kul’turnye! svjazy, G. M. Bongard-Levin éd., Moscou, 1982, p. 307-18 ; H.-P. Francfort, op.! cit.!
(n. 1), p. 277-347.
21. Une synthèse récente fait le point : U. Brosseder, « Xiongnu terrace tombs and their inter-
pretation as elite burials », dans Current!Archaeological!Research!in!Mongolia.!Papers!from!the!
First!International!Conference!on!« Archaeological!research!in!Mongolia »!held!in!Ulaanbaatar,!
August!19th-23rd, 2007, J. Bemmann!et!alii éd., Vol. 4, Bonn Contributions to Asian Archaeology,
Bonn, Vor- und Frühgeschichtliche Archäologie Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn,
2009, p. 247-80.
22. V. Schiltz, « Les Sarmates entre Rome et la Chine. Nouvelles perspectives », Comptes!
rendus!des!Séances!de!l’Académie!des!Inscriptions!et!Belles-Lettres, 2002, fascicule IV (novembre-
décembre), p. 845-87 ; voir aussi : H.-P. Francfort, op.!cit.!(n. 1), p. 295-296.
23. Tout près de Farkhar, les archéologues soviétiques ont fouillé jadis une sorte de villa
gréco-bactrienne et d’époque Saka-Yuezhi, où ont été trouvés des éléments architecturaux hellénis-
tiques ainsi qu’un atelier de production de figurines de terre cuite post-grec : B. A. Litvinskij,
Kh. Ju. Mukhitdinov, « Antichnoe gorodishche Saksanokhur (Juzhnij Tadzhikistan) », Sovetskaja!
Arkheologija 2, 1969, p. 160-177 ; Kh. Ju. Mukhitdinov, « Goncharnij kvartal gorodishcha
Saksonokhur », Izvestija! Akademii! Nauk! Tadzhikskoj! SSR! Serija! Obshchestvennykh! Nauk! 53, 3,
1968, p. 28.
24. B. A. Litvinsky, « The Bactrian Ivory Plate with a Hunting Scene from the Temple of the
Oxus », Silk!Road!Art!and!Archaeology!7, 2001, p. 137-66. B. Litvinskij attribuait cette plaque à
une époque beaucoup plus récente, au IIIe siècle.
25. J. Ilyasov, D. Rusanov, « A Study on the Bone Plates from Orlat », Silk! Road! Art! and!
Archaeology! 5, 1997/98, p. 107-59 ; J. Ilyasov, « Covered tail and “flying” tassels », Iranica!
Antiqua!XXVIII, 2003, p. 259-325. Ces auteurs proposent une date tardive, pourtant le contexte de la
découverte ainsi que les autres trouvailles de la tombe ne laissent guère de doute, il s’agit bien des
environs du Ier siècle ap. J.-C. : G. A. Pugachenkova, Drevnosti!Miankalja.!Iz!rabot!Uzbekistanskoj!
iskusstvovedcheskoj!ekspedicii, Tashkent, Fan, 1989, p. 126-129 (kourgane n°2), p. 148-152, fig. 72 :
FIG. 3. – Plaque de ceinture en ivoire gravée d’une scène de chasse. Musée archéo-
logique de Douchambé ; provenant de Takht-i Sangin, Tadjikistan. D’après
B. A. Litvinsky, « The Bactrian Ivory Plate with a Hunting Scene from the
Temple of the Oxus », Silk!Road!Art!and!Archaeology!VII, 2001, p. 137-66.
d’une monture était fort utile pour faciliter les gestes de lanciers ou
d’archers lancés au galop, à la guerre ou à la chasse27. La martingale
a été ainsi signalée par O. Bopearachchi sur les monnaies indo-
scythes d’Azès II (25-10 av. J.-C.), cuirassé, équipé de son étui à arc
et de son étendard28 (fig. 5). Mais l’on trouve aussi, sur les tétra-
drachmes d’Héraos, de très beaux exemples d’une martingale! à!
anneaux, qui relie la sangle aux rênes, par un système de passe-
brides original et très élaboré que l’image montre nettement (fig. 6)29.
Au Gandhāra, d’authentiques martingales sont sculptées sur les
harnachements de chevaux de reliefs bouddhiques indo-scythes de
Saidu-Sharif-I et de Panr-I dans le Swāt datés du Ier siècle (fig. 7)30.
Un tour d’horizon rapide montre que l’usage de la martingale s’est
répandu jusqu’à Palmyre, sous l’influence des peuples cavaliers
iranophones, comme H. Seyrig l’avait bien vu sur la stèle de l’archer
Taimarsô31, ainsi qu’à Doura où elle est tracée sur des graffiti32.
Mieux encore, attestant l’origine steppique de l’accessoire, une
martingale est discrètement mais nettement figurée sur les magni-
fiques plaques en or ajourées et incrustées de chasse au sanglier de
la collection sibérienne de l’Ermitage33, dont le mouvement est tout
aussi dynamique que ceux de Takht-i Sangin et d’Orlat. La martin-
gale ne peut pas être confondue avec les rênes, parfaitement visibles
courroie du harnachement dont la position permet de freiner ou même de bloquer les rênes qui
seraient autrement entraînées par tout mouvement vers le haut de la tête du cheval : voir
H.-P. Francfort, op.!cit.! (n. 1), p. 310-316, fig. 29, 30 (monnaies indo-scythes), 31 (monnaie
d’Héraos) ; 36, 38 (à Palmyre), 39 (dans le Gandhāra).
27. Approche de l’histoire de la martingale en Asie centrale esquissée dans H.-P. Francfort,
op.!cit.!(n. 1), p. 309-316.
28. O. Bopearachchi, C. Sachs, « Armures et armes des Indo-Scythes d’après leurs émissions
monétaires et les données archéologiques », Topoi!11, 1, 2001, p. 321-55. Voir cet enrênement sur
une monnaie d’Azès II (ca. 30 av. J.-C. – 20 ap. J.-C.) : O. Bopearachchi, C. Landes et C. Sachs éd.,
De!l’Indus!à!l’Oxus.!Archéologie!de!l’Asie!Centrale.!Catalogue!de!l’exposition, Lattes, Association
IMAGO-musée de Lattes, 2003, n° 223.
29. Ibid., n°168, p. 173 ; E. A. Davidovich, op.!cit.!(n. 4), fig. 1.
30. D. Faccenna, Il!fregio!figurato!dello!stupa!principale!nell’area!sacra!buddhista!di!Saidu!
Sharif! 1! (Swāt,! Pakistan), IsMEO Reports and memoirs, Rome, 2001, pl. 37 et à Panr-I, ibid.,
pl. 129.
31. H. Seyrig, « Sur quelques sculptures palmyréniennes (Antiquités syriennes, 26) », Syria!18,
1937, p. 52-53, pl. III, 4 : cavaliers palmyréniens, archer galopant, « le harnachement est augmenté
d’une pièce qui descend obliquement de la phalère attachée au poitrail et que l’on distingue mieux
sur le relief suivant » ; goryte à droite en arrière de la selle, pl. III, 3 : « Taimarsô fils de Zabdibôl,
archer », stèle funéraire, goryte : « de la phalère du poitrail partent deux pièces : l’une semble
rejoindre la sangle, l’autre le mors » : il s’agit d’une martingale.
32. B. Goldman, « Pictorial Graffiti of Dura-Europos », Parthica.! Incontri! di! Culture! nel!
Mondo!Antico!1, 1999, p. 19-105, B. 1b ; F.2. D’autres paraissent plus difficilement reconnaissables
à Hatra ou sur un relief parthe de Tang-i Sarvak.
33. V. Schiltz, Les!Scythes!et!les!nomades!des!steppes.!8e!siècle!avant!J.-C.!-!1er!siècle!après!J.-C.,
L’univers des formes, Paris, Gallimard, 1994, fig. 78, p. 242-243.
FIG. 5. – Monnaie d’Azès II (quart de statère en or) monté sur un cheval portant
une martingale. D’après O. Bopearachchi, « Indo-Grecs, Indo-Scythes, Indo-
Parthes », dans O. Bopearachchi, C. Landes et C. Sachs éd., De!l’Indus!à!l’Oxus.!
Archéologie! de! l’Asie! Centrale.! Catalogue! de! l’exposition, Lattes, Association
IMAGO - musée de Lattes, 2003, fig. 125a, p. 162.
a b
FIG. 7 a. – Relief gandharien de Saidu Sharif I (Swat). Cavaliers montés sur des
chevaux portant la martingale. D’après D. Faccenna, « The Artistic Center of
Butkara I and Saidu Sharif in the Pre-Kusana Period », dans On!the!Cusp!of!an!
Era.! Art! in! the! Pre-Kusana! World, D. M. Srinivasan éd., Brill’s Inner Asian
Library, Leyde, Boston, Brill, 2007, p. 165-99, fig. 7.27 ©DR.
FIG. 7 b. – Relief gandharien de Panr I (Swat). Cavaliers montés sur des chevaux
portant la martingale. D’après D. Faccenna, Il!fregio!figurato!dello!stupa!princi-
pale!nell’area!sacra!buddhista!di!Saidu!Sharif!1!(Swat,!Pakistan), Reports and
memoirs, Rome, IsMEO, 2001, pl. 129 ©DR.
34. Les ornements Xiongnu de la têtière, de la selle, de l’encolure et de la croupe sont bien
connus par de nombreuses plaques ornées en bronze. Voir par exemple J. F. So, E. C. Bunker,
Traders!and!Raiders!on!China’s!Northern!Frontier, Seattle and Londres, Arthur M. Sackler Gallery,
Smithsonian Institution in association with the University of Washington Press, 1995, pl. I, 1.
35. S. Whitfield éd., La! route! de! la! soie.! Un! voyage! à! travers! la! vie! et! la! mort, Bruxelles,
Europalia-China, 2009 : p. 69, n° 37 (VIIIe siècle), sur un miroir à scène de chasse à cheval du musée
Guimet.
36. Collection du Musée du Louvre, plume et encre brune (21,9 × 19,2 cm), visible par exemple
sur : <http://www.latribunedelart.com/spip.php?page=docbig&id_document=2170>, cliché ©RMN/
Franck Raux ; Gustave Moreau lui aussi copia une miniature moghole, du XVIIIe siècle, et il repro-
duisit la martingale.
37. On pourrait imaginer que la conquête de l’Inde moghole par les Européens aurait permis de
découvrir cet accessoire, que l’Europe de l’Antiquité, du Moyen-Âge et de l’époque moderne n’a
pas connu, autant que l’on puisse en juger.
41. Le processus de fabrication du vin est bien connu dans le monde gréco-romain et dans
l’Orient hellénisé. Les grappes cueillies sont pressées dans une cuve, comme le montrent des reliefs
gandhāriens (voir infra). La fermentation n’est pas montrée dans l’art, naturellement, mais l’étape
suivante, le filtrage apparaît sur les reliefs gandhāriens et à Noin-Ula sur notre tenture. Le vin est
passé dans le colum ou σάκκος (ou ὑλιστήρ), un filtre conique ou ovoïde en textile ou en vannerie,
comme sur les monuments qui nous concernent, suspendu à un trépied (mais le colum peut désigner
aussi une passoire en bronze ou en argent à poignée horizontale, fréquent en archéologie à cette
époque dans notre domaine). Puis le vin filtré est mêlé à de l’eau dans un cratère. Ensuite, à l’aide
d’un cyathus (κύαθος), une louche, le vin coupé d’eau est versé par un échanson dans un gobelet ou
une coupe pour un buveur ou pour une libation. Le cyathus de bronze est aussi un objet fréquent dans
les fouilles et il est représenté sur des palettes du Gandhāra (voir infra). Les Grecs buvaient en
général du vin mêlé d’eau et ils considéraient que boire le vin pur était une coutume barbare,
répandue chez les Scythes (Hdt. VI, 80 par exemple). Par conséquent, nos rois indo-scythes des
palettes du Gandhāra et le souverain Yuezhi de la broderie de Noin-Ula observent vraiment la
pratique grecque de préparation et de consommation du vin.
Dans le monde gréco-romain, les couronnes étaient de simples accessoires des banquets, comme
on le voit sur d’autres palettes. Mais des couronnes composées de fleurs naturelles et de végétaux
par exemple pouvaient être consacrées à une divinité (pour Dionysos : vigne, pampres, raisin) et
dans ce but accrochées à la statue ou au symbole du dieu durant les cérémonies du culte, ou comme
signe de victoire en remerciement au dieu.
42. Je ne connais pas de parallèle pour une enseigne de cette sorte ; un rapprochement pertinent
peut être fait avec les colonnes surmontées d’une statue de lion érigées par Asoka en Inde et par les
colonnes analogues qui encadrent, par quatre, des stupas, réels (comme à Saidu Sharif I dans le
Swāt) ou votifs : D. Faccenna, « Lo stupa a colonne dell’area sacra buddhistica di Saidu Sharif I
(Swāt, Pakistan) » dans Orient!und!Okzident!im!Spiegel!der!Kunst.!Festschrift!Heinrich!Gerhard!
Franz!zum!70.!Geburtstag, G. Brucher, W. T. Müller, H. Schweigert et B. Wagner éd., Graz-Austria,
Akademische Druck- u. Verlagsanstalt, 1986, p. 55-80 ; D. Faccenna, P. Callieri, A. Filigenzi, « At
the Origin of Gandhara Art. The Contribution of the IsIAO Italian Archaeological Mission in the
Swāt Valley Pakistan », Ancient!Civilizations!9, 3-4, 2003, fig. 21, p. 311 ; F. Tissot, Gandhāra,
Paris, Libr. d’Amérique et d’Orient, 1985, fig. 46, 47. L’on peut reconnaître un lion dans ce félin
(voir les lions très minces et comme sans crinière de Mathura et en général les images et statues de
lion kouchan) et par conséquent établir un lien avec le bouddhisme : colonnes asokéennes et posté-
rieures, mais aussi le lion sur un médaillon en or de Tillya-Tépa (V. I. Sarianidi, op.!cit. [n. 20, 1985],
n°25, p. 250 ; ill. 131, p. 188-189). Finalement nous pouvons supposer simplement que ce σημεῖον
symbolise le roi lui-même, mais si nous regardons l’iconographie monétaire de cette époque, nous
constatons qu’il n’y a pas de possibilité de nous référer à un roi défini. Dans tous les cas il n’est pas
possible de reconnaître dans le félin de ce signum le dragon des enseignes plus tardives des Parthes
de l’Asie centrale ou des Romains.
43. J.-C. Gardin, « Les céramiques », dans Fouilles!d’Aï!Khanoum!I!(Campagnes!1965,!1966,!
1967,! 1968), P. Bernard éd., Vol. XXI, Mém. D.A.F.A., Paris, Klincksieck, 1973, p. 121-198,
p. 145-146, fig. 19-20, p. 146 ; et n. 83 : Samarie, Sultantepe, Doura-Europos ; p. 147, n. 85 à
Bégram et à Taxila plus tard ; à Takht-i Sangin : A. Drujinina! et! alii, « Excavations of Takht-i
Sangin City, Territory of Oxus Temple, in 2006 », Bulletin!of!the!Miho!Museum!9, 2009, p. 56-84,
fig. 24, 7 ; voir aussi B. Lyonnet, « Questions on the Date of the Hellenistic Pottery from Central
Asia (Aï Khanoum, Marakanda and Koktepe) », Ancient!Civilizations!from!Scythia!to!Siberia!18,
2012, p. 143-79, fig. 6, n° 8 et 9.
FIG. 10. – Palette du Gandhara (Swat). Scène de filtrage du vin et de boisson. Coll.
partic. Avec l’aimable autorisation de M. et Mme Hirose. Photographie remise
aimablement par J. Pons, I. Kurita.
ainsi que son siège lui-même, sur lequel nous allons revenir.
Curieusement, une palette du Gandhāra en schiste vert censée
provenir du Swāt représente la même scène, mais cette fois dans
un style indo-scythe et en pleine frontalité (fig. 10)44. Le filtrage y
est bien reconnaissable à gauche, un échanson tient un kyathos, un
assistant présente la coupe au souverain debout ; à la droite du
spectateur, sous un porte-éventail, un officier assis en tailleur garde
son épée45. Les détails des galons perlés du costume et les jarre-
tières serrées au-dessus du genou accentuent encore la parenté avec
44. J’exprime mes remerciements à J. Pons et I. Kurita pour avoir attiré mon attention sur cet
objet, ainsi qu’à M. et Mme Hirose pour m’autoriser à en publier une photographie.
45. Une palette proche par son thème et même son style, conservée au Naprstek Museum de
Prague, représente un prince indo-scythe assis sur un coussin et buvant tandis qu’un échanson muni
d’un kyathos lui tend une coupe ; à sa gauche, un personnage debout tient un long objet pointu que
je n’avais pas su identifier à l’époque (« un bâton ou un sceptre »), mais qui pourrait parfaitement
être la longue épée du prince, car on pourrait reconnaître un pommeau à son extrémité supérieure :
H.-P. Francfort, Les!palettes!du!Gandhāra, Mém. D.A.F.A., Vol. XXIII, Paris, diffusion de Boccard,
1979, n° 46-47, p. 43-44, pl. XXIII bas.
46. Il s’agit d’un élément de costume spécifique et rare, probablement en relation à l’origine
avec le cœur de l’Asie ainsi que le montrent de telles jarretières, en or, découvertes dans le kourgane
d’Arzhan-2 en Touva, bien daté des environs de 600 av. J.-C. (K. V. Chugunov, H. Parzinger,
A. Nagler, Der!skythenzeitliche!Fürstenkurgan!Arzan!2!in!Tuva, Archäologie in Eurasien Band 26,
Steppenvölker Eurasiens Band 3, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, 2010, fig. 225, p. 212
reconstitution).
47. M. L. Carter, « Dionysiac Festivals and Gandhāran Imagery », Res! Orientales! IV, 1992,
p. 51-60 ; H. Falk, « Making Wine in Gandhara under Buddhist Monastic Supervision », Bulletin!
of!the!Asia!Institute!23, 2009 [2013], p. 65-78.
48. Comme l’a bien vu Mme Polosmak (N. V. Polos’mak, op.!cit. [n. 39, 2011], p. 112-33) en
opérant le rapprochement avec un vase du Musée de l’Ermitage : K. V. Trever, V. G. Lukonin,
Sasanidskoe! serebro.! Sobranie! Gosudarstvennogo! Ermitazha, Moscou, Iskusstvo, 1987, n°16,
fig. 33 ; voir aussi P. O. Harper, The!Royal!Hunter.!Art!of!the!Sasanian!Empire, New York, The
Asia Society in Association with John Weatherhill, Inc., 1978, n° 25.
49. Sir J. Marshall, Taxila,!an!illustrated!account!of!archaeological!excavations!carried!under!
the!orders!of!the!government!of!India!between!the!years!1913!and!1934,!in!three!volumes, 3 vol.,
Cambridge, 1951 : pl. 170, s n°54, vol. II, n°54, p. 544 h 26 in, Sirkap, bloc I près du « palais » ; au
Swāt, de tels sièges semblent bien avoir été sculptés sur des reliefs d’une frise de Saidu Sharif,
comme trônes de personnages importants coiffés de hauts bonnets « scythes », et dont les pieds
reposent sur des tabourets, dans des scènes de cour : A. Filigenzi, « Narrative Art in Gandhara »,
Ancient!Civilizations!From!Scythia!to!Siberia 9, 3-4, 2003, fig. 50-52, p. 370-371.
50. Publié par V. I. Sarianidi, 1989, op.!cit.!(n. 20), p. 84-86 ; fig. 30, 1.
51. J. Cribb, op.! cit.! (n. 2), p. 353, n°80 ; J. M. Rosenfield, op.! cit. (n. 5), p. 13-14, type II,
pl. n°4, 5 ; fig. 1, p. 14. Cet auteur a exposé (p. 13) de pertinentes remarques sur le portrait royal à
Rome et chez les Kouchans. On ne voit guère qui d’autre que Kujula Kadphisès pourrait être repré-
senté sur ces monnaies émises, rappelons-le à titre d’exemple, après celles des Indo-Scythes qui
avaient délaissé le portrait monétaire en faveur de l’effigie du roi cavalier, mais aussi après celles
d’Héraos qui associait son portrait au droit et son image en cavalier au revers.
52. V. I. Sarianidi, op.!cit.!(n. 20, 1985), ill. 77-79 (tombe 6) ; ill. 88-89 (tombe 4).
53. P. Bernard, R. Besenval, Ph. Marquis, « Du “mirage bactrien” aux réalités archéolo-
giques : nouvelles fouilles de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA) à
Bactres (2004-2005) », Comptes! Rendus! des! Séances! de! l’Académie! des! Inscriptions! et! Belles-
Lettres 2006, fascicule II (avril-juin), p. 1175-1248, fig. 22 ; R. Besenval, Ph. Marquis, « Le rêve
accompli d’Alfred Foucher à Bactres. Premiers résultats des campagnes menées depuis 2004 par la
Délégation archéologique française en Afghanistan et la Mission archéologique française en
Bactriane d’Afghanistan en collaboration avec l’Institut afghan d’Archéologie », dans Bouddhismes!
d’Asie.!Monuments!et!Littératures.!Journée!d’étude!en!hommage!à!Alfred!Foucher!(1868-1952)!
réunie!le!vendredi!14!décembre!2007!à!l’Académie!des!Inscriptions!et!Belles-Lettres!(Palais!de!
l’Institut! de! France), P.-S. Filliozat et J. Leclant éd., Paris, AIBL-Diffusion de Boccard, 2009,
p. 211-42, fig. 10, p. 223 ; un autre apparaît sur un chapiteau de Kara-Tépé près de Termez :
B. Stawiski, op.! cit.! (n. 66), fig. 124 polychrome et fig. 125 ; Id. et B. Ja. Staviskij, Buddijskij!
pamjatniki!Kara-Tepe!v!starom!Termeze, Moscou, Nauka, 1982, fig. 12, p. 41, daté par l’auteur des
IIe-IVe s. ap. J.-C.
54. Xinjiang Uygur Autonomous Region Museum, Xinjiang Institute of Archaeology, Sampula!
in!Xinjiang!of!China.!Revelation!and!Study!of!Ancient!Khotan!Civilization, Urumqi, Xinjiang People’s
Publishing House, 2001, fig. 14, p. 66 ; une date bien trop ancienne (IIIe - début IIe s. av. J.-C.) est
donnée à cette tapisserie, sans arguments solides, par M. Wagner!et!alii, « The ornamental trousers
from Sampula (Xinjiang, China) : their origins and biography », Antiquity!83, 2009, p. 1065-75.
55. Moi,! Zénobie! Reine! de! Palmyre, catalogue de l’exposition, Paris, (18 septembre –
16 décembre 2001), J. Charles-Gaffiot, H. Lavagne et J.-M. Hofman éd., Paris, Skira, 2001, fig. 200,
p. 292.
1988, p. 150-51, fig. 2 ; K. Jettmar, V. Thewalt, Zwischen! Gandhāra! und! den! Seidenstrassen.!
Felsbilder! am! Karakorum! Highway.! Entdeckungen! deutsch-pakistanischer! Expeditionen! 1979-
1984, Mayence, Philipp von Zabern, 1985, p. 23. La question est complexe, car l’utilisation du feu
dans des cérémonies cultuelles n’indique pas nécessairement qu’il s’agisse du culte zoroastrien,
comme l’ont montré de longues discussions à propos des pyrées et des autels à flamme figurant,
parfois même dans des scènes de recueillement, sur des reliefs gréco-bouddhiques (voir note
suivante) ; la prudence s’impose donc.
60. Une première observation de clichés préliminaires nous avait donné à croire qu’il s’agissait
d’une coupe que le personnage de droite pouvait remplir. F. Grenet, op.!cit.!(n. 1), suggère une coupe
zoroastrienne (« âfrînâgân ») ou un brûloir ; il a bien voulu m’indiquer, et je l’en remercie,
les brûloirs en terre cuite, de forme plutôt tarabiscotée, découverts dans des contextes funéraires
La scène dans son ensemble ne peut être interprétée que très provi-
soirement : le personnage de droite, s’il n’est pas un simple officiant
(mais il ne possède aucun attribut sacerdotal), pourrait être de rang
royal, de même que celui qui lui fait face. Les autres hommes pour-
raient être des officiers, des parents ou des alliés d’un roi Yuezhi,
dans une cérémonie (de libation ?) cultuelle, peut-être de légitima-
tion (investiture ?). La scène, qui se déroule dans un extérieur indiqué
par les fleurs et les papillons, évoque aussi immédiatement un rituel
printanier qui rassemblerait des « grands du royaume », comme le
Naurouz, le Nouvel An iranien, ou comme une sorte d’ost au « champ
de mai ». Il convient peut-être aussi d’envisager le cheval dans la
procession comme un animal sacré ou sacrificiel, dans une perspec-
tive indienne ou iranienne au sens large65.
Ces tentures représentent des Yuezhi, nous l’avons rappelé, dans
un style pictural qui s’inspire incontestablement de l’art gréco-romain.
C’est pourquoi il convient encore de les rapprocher non seulement
FIG. 14. – détail des frises des bordures de tapisseries du kourgane n°6 de Noin-Ula.
D’après B. Stawiski, Kunst!der!Kuschan, Leipzig, 1979, fig. 59 ©DR.
69. Parallèle bien remarqué par Mme Polos’mak (op.!cit.![n. 39]). Sur ces figures mythologiques,
voir maintenant, avec la bibliographie antérieure, J. Pons, « From Gandhāran trays to Gandhāran
Buddhist art : the persistence of Hellenistic motifs from the second century BC and beyond », dans
From!Pella!to!Gandhāra.!Hybridation!and!Identity!in!the!Art!and!Architecture!of!the!Hellenistic!
East, A. Kouremenos, S. Chandrasekaran et R. Rossi éd., BAR International Series, Oxford,
Archaeopress, 2011, p. 155-59 ; l’ascendance hellénistique est bien notée, mais l’on peut se
demander si les monstres de reliefs un peu plus récents, comme ceux de l’Ara!Pacis!Augustae, ou
ceux de la cuirasse de la statue de Néron de Bologne ne sont pas aussi à prendre en compte, en plus
de l’autel dit de Cn. Dom. Ahenobarbus, qui est plus ancien.
73. Des vues perspicaces sur le rinceau animé dans H. Seyrig, « Antiquités de la nécropole
d’Emèse », Syria 29, 1952, p. 204-250 ; 30, 1953, p. 12-14, Antiquités!Syriennes!V, 1958, p. 16-24 ;
voir aussi J. M. C. Toynbee, J. B. Ward Perkins, « Peopled Scrolls : A Hellenistic Motif in Imperial
Art », Papers!of!the!British!School!at!Rome!18, 1950, p. 34, commentent ainsi ce soffite : « the!
east-Roman!vine-scroll!of!the!Imperial!age,!some!of!the!outstanding!examples!of!which!are!listed!in!
the!preceding!paragraph,!is!derived!in!its!turn!from!earlier,!local!models,!of!a!decidedly!native,!
non-!classical!character,!is!one!of!the!most!significant!results!of!the!French!excavations!within!the!
precinct! of! the! temple! of! Bel! at! Palmyra.! Found! re-used! in! the! footings! of! a! wall,! which! was!
subsequently!demolished!at!the!beginning!of!the!Flavian!period,!were!a!number!of!soft!limestone!
blocks.!These!blocks,!which!can!hardly!be!later!than!the!end!of!the!first!century!B.C.,!are!carved!in!
relief!with!a!variety!of!decorative!designs,!prominent!among!which!are!vine-scrolls!formed!by!a!
single!stem!looped!alternately!to!right!and!to!left,!with!single!vine-leaves!and!bunches!of!grapes!set!
schematically!within!the!loops.!The!character!of!the!relief!and!the!unusual!mouldings!plainly!imitate!
wood-carving,!while!the!rigorously!geometric!composition,!the!two-dimensional,!black-and-white!
effect!of!some!of!the!scrolls,!and!the!curious!triangular!feature!from!which!many!of!them!spring!are!
all!without!parallel!in!contemporary,!western,!Graeco-Roman!art.!M.!Seyrig’s!suggestion!that!they!
are!derived!from!a!source!still!further!to!the!east,!probably!from!Iran,!with!which!Palmyra!was!
linked!by!trade,!carries!conviction.!These!scrolls!are!without!figures.!A!few!decades!later!the!same!
scrolls!are!found,!this!time!incorporating!birds!pecking!at!the!grapes!and!a!male!bust,!in!the!carved!
ornament!of!the!superstructure!of!the!peristyle!of!the!temple!of!Bel.!The!architectural!context!and!
the! strictly! classical! character! of! the! accompanying! mouldings! confirm! that! the! introduction! of!
figures!must!be!attributed,!like!the!peopled!acanthus-scroll!from!the!same!building!(p.!32),!to!the!
impact!of!classical!models!on!this!native,!eastern!tradition. » Rome ou l’Orient hellénisé au tour-
nant et au début de l’ère chrétienne ? Il est parfois bien difficile de répondre aujourd’hui encore,
malgré de grands progrès. Le rinceau animé au Gandhāra a fait aussi l’objet jadis de certaines études
qui seraient à reprendre aujourd’hui, à la lumière des découvertes du Swāt et de l’Asie centrale, mais
aussi de la Syrie et de la Mésopotamie ; voir par exemple un point de la question assez général
publié récemment : A. Invernizzi, « Remarks on the intercultural encounters in the Hellenized
Orient », Parthica! 14, 2012, p. 89-108. Il serait nécessaire d’entreprendre une étude détaillée et
précise de l’ensemble de ces motifs ornementaux et de leur organisation, de leur origine aussi,
comme l’a fait naguère P. Bernard pour les pilastres de Tépé Zargaran à Bactres, après Schlumberger
jadis pour ceux de Surkh Kotal (P. Bernard, J.-F. Jarrige, R. Besenval, « Carnet de route en images
d’un voyage sur les sites archéologiques de la Bactriane afghane (mai 2002) », Comptes!Rendus!des!
Séances!de!l’Académie!des!Inscriptions!et!Belles!Lettres 2002, fascicule IV (novembre-décembre),
p. 1393-1403).
74. Pour de beaux portraits sur ces tétradrachmes : E. A. Davidovich, op.!cit. (n. 4), p. 147-177 ;
pour le rapprochement effectué entre le portrait des monnaies et l’un de ceux de la sculpture de
Khalchayan : G. A. Pugachenkova, Skulptura!Khalchajana, Moscou, Iskusstvo, 1971.
75. Voir supra.
76. N. V. Polos’mak, « Kurgan dlja lunolikoj », Nauka!iz!pervykh!ruk, 2009, 4, p. 123-126.
77. F. Thierry, op.!cit. (n. 1).
a b
78. Sans être une preuve, la cohérence est bonne pour dater de l’époque de Kujula Kadphisès la
confection des tentures. Par ailleurs, comme ces tentures proviennent jusqu’ici de trois kourganes
différents de shanyu, une répartition de butin n’est pas plus exclue qu’un partage de cadeaux :
victoire sur les Yuezhi ou réception d’épouse(s) ne sont que des possibilités historiques que l’état
des vestiges des tombes ne permet pas de valider ni d’infirmer actuellement.
79. Voir H.-P. Francfort, op.!cit.!(n. 1), n. 200, p. 324.
80. P. Bernard, « De l’Euphrate à la Chine avec la caravane de Maès Titianos (c. 100 ap.
n. è.) », Comptes!Rendus!des!Séances!de!l’Académie!des!Inscriptions!et!Belles-Lettres, 2005, fasci-
cule III (juillet-octobre), p. 929-969.
81. Les laques chinois de Bégram, tout comme ceux de Noin-Ula, et d’autres sites, permettent
de mieux préciser les dates de ces échanges : M. Pirazzoli-t’Serstevens, op.!cit!(n. 39) ; Id., « Les
laques chinois de Begram. Un réexamen de leur identification et de leur datation », Topoi!11, 1,
2001, p. 473-84. A. N. Chistyakova, op.!cit. (n. 39) date des coupelles de Noin-Ula de 9 et 2 av. J.-C.
82. Vus de l’Asie centrale, ces échanges ont été envisagés par bien des auteurs et notamment
B. Ja. Staviskij, « Central Asian Mesopotamia and the Roman World. Evidence of Contacts », dans
In!the!Land!of!the!Gryphons.!Papers!on!Central!Asian!archaeology!in!antiquity, A. Invernizzi éd.,
Florence, Casa Editrice le Lettere, 1995, p. 191-202 ; E. V. Rtveladze, Velikij! Indijskij! Put’.! Iz!
istorii!vazhnejshikh!torgovykh!dorog!Evrazii, Saint-Pétersbourg, Nestor-Istirija, 2012.
83. Je remercie ici G. André, D. Tcheremissine, P. Bernard, O. Bopearachchi, C. Debaine-
Francfort, F. Grenet, N. Polos’mak, J. Pons, A. Rouveret, V. Schiltz, sans qui cette étude eût été
plus imparfaite. Les manques et les défauts sont miens.