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26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

Débuts de l'écriture en
Mésopotamie
Les débuts de l'écriture en Mésopotamie se
produisent entre 3400 et 3000 av. J.-C., et sont
avant tout documentés par des tablettes d'argile
provenant de sites du sud mésopotamien, en
premier lieu Uruk, la principale agglomération de
la période. Cette écriture archaïque, documentée
par un corpus de plus de 5  000  textes, est
couramment appelée «  proto-cunéiforme  »,
car elle est l'ancêtre de l'écriture cunéiforme qui Tablette administrative proto-
se développe en Mésopotamie et dans le Proche- cunéiforme relative à la distribution
Orient ancien, mais s'en distingue par sa graphie de rations. Provenance inconnue,
plus linéaire et son absence ou quasi-absence de phase Uruk III (v. 3200-3000 av. J.-
signes phonétiques. La connaissance de cette C.). British Museum.
écriture archaïque a considérablement progressé à
la fin du xxe siècle grâce aux travaux d'une équipe
de l'université libre de Berlin en charge de
l'édition des textes archaïques d'Uruk, même si
ces avancées sont loin d'avoir dissipé toutes les
zones d'ombre ou établi le sens de tous les signes
archaïques.

Le proto-cunéiforme est un système d'écriture ou


Plaque en pierre, un des deux
de proto-écriture reposant sur un ensemble de
« monuments Blau », avec une
signes numériques, qui renvoient à des systèmes inscription en signes archaïques,
métrologiques divers, employés en fonction de ce rapportant peut-être une vente de
qui était quantifié (objets discrets, surfaces, terre. Provenance inconnue, v. 3000
volumes, durée), et de signes logographiques (un av. J.-C. British Museum.
signe = un mot) qui ont pour beaucoup une
origine pictographique (des dessins de la chose
qu'ils désignent). Les textes sont essentiellement de nature administrative  ; ils
enregistrent des mouvements de biens entrant ou sortant des magasins des
institutions de l'époque, les quantifiant et indiquant les personnes et bureaux
impliqués dans ces opérations. D'autres tablettes sont des inventaires de signes
organisés de façon thématique, ancêtres des listes lexicales caractéristiques de la
tradition littéraire mésopotamienne.

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Il est généralement admis que l'écriture a une


origine comptable. Elle serait créée en premier
lieu pour les besoins de l'administration qui se
développe considérablement dans les derniers
siècles du IVe  millénaire  av. J.-C., durant la
période d'Uruk récent, considérée comme le
moment d'apparition de l’État et des villes (la
«  révolution urbaine  »), et donc des institutions
administratives et des instruments de gestion et
de comptabilité. Sont identifiés plusieurs
instruments de comptabilité et d'enregistrement
de l'information qui semblent avoir servi de Tablette en écriture cunéiforme
précurseurs à l'écriture  : des jetons de archaïque concernant la vente d'un
comptabilité (ou calculi), des bulles-enveloppes champ et d'une maison. Shuruppak,
d'argile les contenant, et des tablettes numériques v. 2600 av. J.-C. Musée du Louvre.
sans pictogramme qui semblent être une
évolution des précédentes. L'invention de
l'écriture est généralement mise au crédit des Sumériens qui vivent dans les cités du
Sud de la Mésopotamie dans les phases les plus antiques de l'histoire, mais il n'y a
aucune certitude à ce sujet, étant donné que les plus anciens textes écrits n'ont pas
pour vocation de transcrire une langue et ne contiennent quasiment pas d'indices sur
la langue parlée par ceux qui les ont écrits.

L'apparition de l'écriture est un événement qui a eu un impact considérable sur les


sociétés humaines, même si elle n'a pas forcément été perçue comme révolutionnaire
au moment de son invention. Elle sert traditionnellement à marquer le basculement
de la Préhistoire à l'Histoire, même s'il faut plutôt caractériser le changement qui se
produit à cette période par l'ensemble des évolutions politiques, sociales et culturelles
qui sont liées à la « révolution urbaine ». L'écriture s'étoffe progressivement au cours
du IIIe  millénaire  av. J.-C., qui voit le développement de l'écriture cunéiforme à
proprement parler, caractérisée par ses signes en forme de « coins » ou de « clous »,
et son association de signes logographiques et phonétiques, rapprochant l'écriture de
la langue parlée, ce qui permet notamment son adaptation à différentes langues
(sumérien, akkadien, élamite, éblaïte, etc.).

Les précurseurs de l'écriture


Les recherches sur les origines de l'écriture dans le Proche-Orient ancien ont identifié
un ensemble d'instruments administratifs non-linguistiques qu'elles considèrent
1, 2, 3, 4
comme des « précurseurs » de l'écriture , témoignant d'un contexte plus général
5
de développement des techniques d'information . Ce sont des supports qui
comportent des symboles ou signes transmettant une information. Ils ont à tout le
moins préparé le terrain pour l'invention de l'écriture et ont pu servir d'inspiration au
moins pour l'aspect de certains signes. Ils ont été identifiés sur des sites

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archéologiques datés de plusieurs siècles, voire de


millénaires, avant l'apparition de l'écriture, et
pour la plupart ils coexistent avec elle par la suite.
Les études se concentrent néanmoins surtout sur
les changements qui s'opèrent durant le
IVe millénaire av. J.-C., celui de la période d'Uruk
(v. 3900-3200/3100 av. J.-C.), et plus
précisément l'Uruk récent (v. 3600/3500-
6
3300/3200 av. J.-C.) , lui-même subdivisé entre
les phases d'Uruk VI, d'Uruk V (v. 3500-
3350 av. J.-C. selon la fourchette retenue par la Le Moyen-Orient durant la seconde
7
Cuneiform Digital Library Initiative, ou CDLI ) moitié du IVe millénaire av. J.-C.
8
et d'Uruk IV (3350-3200 av. J.-C. ). (époque de l'« expansion
urukéenne »).

Les jetons

Les jetons ou calculi sont de petits objets en argile et en pierre attestés dans à peu
près tous les sites de la période précédant l'apparition de l'écriture au Proche-Orient,
peut-être dès les alentours de 8000 av. J.-C. Ils sont au cœur des études de Denise
Schmandt-Besserat sur l'origine de l'écriture, et à sa suite ils sont généralement
considérés comme des instruments de comptabilité. Les plus anciens sont sans décor
(jetons «  simples  »), ceux de l'époque d'Uruk (jetons «  complexes  ») disposent en
revanche de marques et incisions, dont certains rappelleraient des signes du
répertoire proto-cunéiforme. Leurs formes sont diverses (coniques, ovales, arrondis,
etc.). Certains ont des trous servant à les enfiler, d'autres sont inclus dans des bulles
d'argile. Tous les exemples retrouvés ne sont probablement pas des outils de
comptabilité, certains ayant été dégagés en dehors de tout contexte administratif
9
plausible, notamment des tombes d'enfants . Dans d'autres contextes en revanche
l'usage comptable est probable et le lien avec les premières tablettes écrites semble
manifeste. Les jetons restent en usage durant les périodes postérieures, jusqu'à la
10
première moitié du Ier millénaire av. J.-C. .

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Jetons simples mis au jour à Jetons provenant de Tepe


Jarmo, v. 7000 av. J.-C. Musée du Gawra, v. 5000-
Louvre. 4500 av. J.-C., Penn
Museum.

Jetons de Jetons de comptabilité de


comptabilité mis formes diverses : jarre, tête
au jour à Suse, v. de bélier, pain et objets non
3800- identifiés. Suse, v. 3800-
3100 av. J.-C. 3100 av. J.-C. (Suse II)
(Suse II) Musée Musée du Louvre.
du Louvre.

Jetons de comptabilité mis au


jour à Tello (Girsu), v. 3500-
2900 av. J.-C. Musée du Louvre.

Les bulles-enveloppes

Les «  bulles  » ou «  enveloppes  » d'argile sont liées aux jetons. Il s'agit de «  boules
d'argile sphériques, creuses, qui contiennent un certain nombre des jetons précités,
11
qui ont également été imprimés sur la surface extérieure scellée des boules   ».

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Beaucoup ont également sur leur surface des impressions de sceaux et des encoches
numériques. Les plus anciennes remontent au milieu du IVe  millénaire  av. J.-C.
(phases Uruk VI/V), dans des contextes précédant directement le moment où
apparaît l'écriture. Elles ont été retrouvées à Uruk, Tell Brak, Habuba Kabira, Djebel
Aruda, Chogha Mish, Tepe Yahya, Tepe Sofalin, et surtout à Suse (184 exemplaires).
Leur usage est là encore généralement interprété comme comptable et numérique,
puisqu'elles doivent servir à accompagner le transfert de biens : en rompant la bulle
afin d'examiner son contenu, on vérifie qu'aucun bien n'a été perdu lors du transfert.
Mais le fait est que la plupart ont été retrouvées intactes. Dans certains cas plus
précisément étudiés pour Suse, le contenu des bulles et celui des marques imprimées
sur leur surface correspond, ce qui a conduit Pierre Amiet à proposer que la bulle
fonctionne comme une sorte d'enveloppe qu'il n'est pas forcément nécessaire de
rompre pour en vérifier le contenu (du moins tant qu'il n'y a pas de litige). Les bulles
12, 13, 14, 15
restent également en usage durant plusieurs millénaires .

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Deux bulles d'argile, une complète avec une Bulle-


empreinte de sceau à sa surface, l'autre brisée avec enveloppe
les jetons visibles. Musée de l'Institut oriental de brisée et ses
Chicago. jetons de
comptabilité,
période d'Uruk
récent,
provenant de
Suse, Musée
du Louvre.

Deux bulles d'argile avec impressions de


sceaux-cylindres, période d'Uruk récent,
provenant de Suse, Musée du Louvre.

Les tablettes numériques

Les tablettes dites «  numériques  » apparaissent au même moment ou un peu plus


tard que les bulles d'argile scellées (elles coexistent dans des niveaux archéologiques),
dans les mêmes endroits  : Uruk, Habuba Kabira, Djebel Aruda, Mari, Ninive,
Khafadje, Chogha Mish, Suse, etc. Les spécialistes les datent de la période
correspondant au niveau V du secteur de l'Eanna d'Uruk (ou «  Uruk V  », v. 3500-

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3350 av. J.-C.). Les tablettes numériques se différencient des bulles par le fait qu'elles
ne contiennent pas de jetons, mais sont des morceaux d'argile aplatis sur lesquels des
jetons sont imprimés ou des signes numériques sont inscrits, souvent accompagnés
d'impressions de sceaux. Ces mêmes signes se retrouvent sur des bulles d'argile, ce
qui rend difficilement contestable le lien entre les deux, et il est admis que les signes
numériques dérivent des jetons imprimés sur les bulles-enveloppes, certains signes
numériques au moins ayant été faits par l'impression de jetons dans de l'argile. Les
signes faits à l'aide de calames sont des ronds ou des entailles/encoches plus ou
moins épais et allongés, ce qui indique qu'ils renvoient à des systèmes de numération
différents, manifestement les ancêtres de ceux de l'époque proto-cunéiforme. Mais ils
16, 17, 18
sont mal compris, chaque site semblant présenter des variantes propres . Les
sceaux imprimés sur les tablettes permettent manifestement d'identifier les
institutions ou individus impliqués dans la transaction, voire les produits
19
concernés .

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Tablette numérique en Tablette Tablette d'argile


gypse provenant de numérique avec deux types de
Basse Mésopotamie. provenant de signes numériques
British Museum. Khafadje. Musée et l'empreinte de
de l'Institut deux sceaux-
oriental de cylindres. Suse,
Chicago. niveau II, Uruk
récent. Musée du
Louvre.

Deux tablettes d'argile avec différents types


de signes numériques et des empreintes
de sceaux-cylindres. Suse, niveau II, Uruk
récent. Musée du Louvre.

Les tablettes numéro-idéographiques

À Uruk et en Iran (Suse, Godin Tepe) ont été trouvées quelques tablettes comprenant
des signes numériques accompagnés d'un ou deux signes idéographiques. Elles ont
été surnommées par Englund tablettes «  numéro-idéographiques  ». Les
pictogrammes représentent des objets discrets, donc des produits (et pas de
personnes ou d'institutions)  : moutons, jarres, fruits, produits textiles. Elles sont
datées des niveaux précédant l'apparition de l'écriture proto-cunéiforme (Uruk V,

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niveau 17 de l'Acropole de Suse). Il s'agirait d'une évolution des tablettes numériques,


et du chaînon manquant entre les systèmes numériques évoqués précédemment et les
20, 17, 21
premières tablettes écrites .

Les sceaux-cylindres

Sans être intégrés dans la chaîne des instruments de comptabilité ayant servi
d'antécédents aux premiers textes écrits, les outils de scellement apparaissent
systématiquement dans les contextes des précurseurs de l'écriture, et sont souvent
imprimés sur des bulles-enveloppes et des tablettes numériques. Ils sont peut-être
élaborés en Susiane. Depuis l'époque néolithique, des sceaux-cachets se retrouvent
sur divers sites du Proche-Orient, mais l'époque d'Uruk voit une évolution
fondamentale se produire avec l'apparition des sceaux-cylindres, qui les remplacent
au moins à partir de l'époque d'Uruk moyen (au milieu du IVe  millénaire  av. J.-C.).
Comme leur nom l'indique, le motif du sceau est gravé sur un cylindre, de façon à être
déroulé sur une surface d'argile en répétant le motif plusieurs fois. On les retrouve sur
des bulles-enveloppes, des tablettes, aussi des bulles d'argile servant à sceller des
sacs, des jarres ou des portes. Ils fonctionnent comme une «  signature  » du
responsable de la transaction ou du stockage, et dans certains cas leur impression
pourrait servir d'accusé de réception. Ils représentent une institution, un bureau ou
un individu, certains comportant des symboles ou emblèmes qui semblent identifier
un organisme précis, mais dont l'identité reste quasiment impossible à
22, 23
déterminer .

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Sceau-cylindre en calcaire et son


impression  : le roi et son acolyte
nourrissant un troupeau sacré,
période d'Uruk final. Musée du
Louvre.

Sceau-cylindre en jaspe et son impression : chimères Bulle d'argile mise au


(«  serpopards  ») et aigles à tête de lion. Musée du jour à Ninive,
Louvre. originellement fixée
sur un nœud fermant
un contenant,
imprimée d'un sceau-
cylindre représentant
une ronde
d'animaux. British
Museum.

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Tablette numérique Revers d'une


avec empreinte de tablette de
sceau-cylindre comptabilité de
représentant une Djemdet-Nasr
scène de tissage. (Uruk III),
Suse, niveau II, Uruk imprimée d'un
récent. Musée du sceau-cylindre à
Louvre. motifs
d'entrelacs.
Ashmolean
Museum.

Scénarios d'évolution vers l'écriture

La mise en relation de ces différents outils de comptabilité et d'administration a


progressivement abouti à l'idée selon laquelle ceux-ci auraient constitué des
précurseurs de l'écriture, ce qui a conduit à l'élaboration de scénarios évolutifs
concluant que l'écriture mésopotamienne avait une origine comptable, ou du moins
gestionnaire.
24 25
À partir les années 1960, Maurice Lambert et surtout Pierre Amiet sont, sur la
base de la documentation de Suse (phase II), les premiers à établir un lien entre les
jetons, les bulles-enveloppes et les tablettes numériques en tant que témoignages de
systèmes de comptabilité précédant l'apparition de l'écriture, et donc les premiers à
13
considérer les jetons et bulles comme des instruments comptables . Une autre étude
capitale dans la compréhension des origines de l'écriture effectuée sur la base de la
documentation de Suse est celle d'A. Le Brun et F. Vallat à partir d'un sondage
stratigraphique mettant clairement en évidence l'antériorité des jetons associés à des
bulles d'argile (niveau 19), avant l'apparition des signes numériques sur les bulles
(niveau 18), avant les tablettes numériques qui apparaissent tandis que les bulles se
raréfient (niveau 17), précédant le niveau au cours duquel apparaissent les signes
pictographiques dits « proto-élamites » (niveau 16, séparé du précédent par un hiatus
26
chronologique de durée indéterminée) . En revanche à Uruk le contexte
archéologique est trop incertain pour clairement établir que les tablettes numériques
sont plus anciennes que les premiers textes comportant des pictogrammes, même si
27
c'est le plus probable .

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À la fin des années 1970, Denise Schmandt-Besserat développe les propositions


d'Amiet et commence à élaborer un scénario évolutif qui relie les jetons, les tablettes
numériques et les premiers textes écrits, afin de démontrer l'origine comptable de
28 29
l'écriture au Moyen-Orient . Elle produit un traitement systématique en 1992 , qui
prend une importance considérable dans les études sur l'origine de l'écriture, avant
30
d'en donner une version synthétique . Elle propose des interprétations sur les
fonctions comptables des différents types de jetons, et identifie spécifiquement et
clairement le passage des instruments de comptabilité à l'écriture. Selon elle il existe
des similitudes visuelles évidentes entre au moins une cinquantaine de signes
primitifs écrits et les jetons «  complexes  » (décorés). Cela implique donc que les
premiers sont dérivés des seconds, tandis que les signes numériques seraient dérivés
des jetons « simples » (non décorés). Les jetons seraient des instruments comptables
employés depuis plusieurs millénaires, qui à l'époque d'Uruk se complexifient par
leur forme comme par leur usage, notamment en étant intégrés dans des bulles et
imprimés sur celles-ci. Le fait d'imprimer les jetons rend leur inclusion dans une bulle
progressivement inutile, aussi ils disparaissent et sont remplacés par des signes les
représentant. La bulle, quant à elle, s’aplatit en une tablette au maniement plus
commode qui comporte pourtant autant d'informations.

Ces travaux ont relancé les réflexions sur l'origine de l'écriture, en suscitant de
31, 32, 33
nombreux débats . Les spécialistes des premiers textes écrits ont admis que les
systèmes numériques de la première écriture dérivent des instruments de
comptabilité qui la précèdent. Mais dans l'ensemble ils ont rejeté les interprétations
de Schmandt-Besserat sur la fonction des différentes formes de jetons, ainsi que son
scénario évolutif du jeton au signe écrit, considérant que ses démonstrations
34
présentent des incohérences, et surtout qu'elles manquent de preuves . Son analyse
intègre notamment une partie des jetons qui n'ont probablement pas eu une fonction
comptable. En outre, les ressemblances visuelles qu'elle identifie entre les jetons
complexes et les signes non-numériques de la première écriture sont pour la plupart
jugées peu convaincantes. Cela indique qu'à quelques exceptions près les inventeurs
des premiers signes non-numériques ne se sont pas inspirés des jetons. En tirant les
conclusions des apports de ses travaux aux études sur l'origine de l'écriture, Englund
considère que :

« Bien que l'archéologue ait été critiquée pour avoir surinterprété à la


fois la systématisation et la différenciation iconique de ces petits objets
en argile, il ne fait aucun doute qu'au moins un sous-ensemble
composé de plusieurs de ses artefacts géométriques simples représente
les précurseurs de l'écriture en Mésopotamie, et donc que le
35
cunéiforme commença par des signes numériques . »

En fin de compte, le lien le plus évident qui ressort de ces différents travaux est la
mise en évidence de la filiation entre les bulles-enveloppes contenant des jetons et les
tablettes comportant des signes numériques, par l'intermédiaire d'autres procédés
successivement mis au point : les bulles sont d'abord employées pour comptabiliser à

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l'aide de jetons, puis on prend l'habitude d'imprimer des jetons et des signes dessus,
et ensuite les jetons disparaissent, la bulle est aplatie pour devenir une tablette
contenant des signes numériques. Ces tablettes numériques constituent elles-mêmes
un stade intermédiaire entre les systèmes comptables précédant l'écriture et les
premières tablettes proto-cunéiformes. Cette chaîne évolutive est probablement à
compléter en y intégrant les quelques tablettes «  numérico-idéographiques  » qui
17
semblent précéder directement l'apparition de l'écriture .

Le site de Tell Brak en Syrie du nord a également livré deux petites tablettes ou
étiquettes comprenant des signes pictographiques zoomorphes associés à ce qui
semble être des signes numériques. Leur contexte archéologique est incertain mais
semble proche de celui de l'invention de l'écriture. Elles dateraient donc de la période
d'Uruk récent, mais leur place exacte dans la chaîne d'évolution vers l'écriture est à
déterminer  : elles pourraient représenter une tradition pictographique locale
36, 37
différente de celle de la Basse Mésopotamie, voire un antécédent à l'écriture . En
l'état actuel des connaissances le nord de la Mésopotamie et la Syrie n'ont assurément
livré que des tablettes numériques pour ces périodes, et semblent rester à l'écart des
évolutions conduisant à l'apparition des premiers signes écrits telles qu'elles
38
ressortent de la documentation des sites situés au sud, notamment Uruk et Suse .

Étiquettes
pictographiques de Tell
Brak, attribuées à la
période d'Uruk récent.
Reproductions
exposées au British
Museum.

Le premier système d'écriture présente une différence fondamentale avec ses


précurseurs puisqu'il y ajoute de nombreux nouveaux éléments, les codifie et les
intègre dans un ensemble novateur, selon Woods :

«  La première écriture, que nous pouvons définir comme la


représentation univoque de la parole, emprunta des symboles
provenant d'outils administratifs préexistants et de traditions
artistiques, ajouta de nombreux éléments nouveaux, et codifia et
intégra l'ensemble dans un système qui était fondamentalement
39
différent des systèmes de communication qui la précédaient . »

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Le développement des outils de comptabilité semble en fin de compte participer d'une


dynamique d'innovations dont relève également l'apparition de l'écriture, qui aboutit
40
à la mise en place de systèmes symboliques élaborés à des fins gestionnaires . Il est,
en outre, possible d'élargir les sources d'inspiration de la première écriture aux
systèmes de représentation visuelle de l'époque d'Uruk. Selon Cooper :

«  Le proto-cunéiforme puise d'une part dans le système fruste de


notation numérique des jetons, et d'autre part dans une longue
tradition de représentation picturale et symbolique connue notamment
41
par l'art glyptique . »

Les liens entre, d'une part, les premiers signes écrits et, d'autre part, les sceaux-
cylindres et leurs images en particulier ont donc été interrogés : les deux participent
d'une même volonté d'enregistrer des informations, et d'une réflexion sur la manière
de représenter les choses, et aussi l'abstrait et l'intangible. Il y a probablement des
42, 43, 44
influences réciproques .

Les textes proto-cunéiformes


Le système d'écriture archaïque qui apparaît en Mésopotamie dans la seconde moitié
45
du IVe millénaire av. J.-C. est couramment surnommé « proto-cunéiforme » , car il
est l'ancêtre du cunéiforme mais s'en distingue par plusieurs aspects. Il est connu par
des tablettes provenant majoritairement du site d'Uruk, regroupées en deux
ensembles qui reflètent deux stades de son évolution, appelés d'après les niveaux
stratigraphiques du site-témoin, Uruk IV (3350-3200 av. J.-C.) et Uruk III (v. 3200-
3000 av. J.-C.). Selon une estimation effectuée par G. Selz en 2020 à partir des
données relatives aux textes cunéiformes numérisés par la Cuneiform Digital Library
Initiative, au moins 1 861 textes et fragments attribués à la phase dite Uruk IV sont
46
connus, et 4 882 textes et fragments attribués à l'Uruk III .

Découverte et historique des études

Les tablettes archaïques de l'époque d'Uruk sont d'abord découvertes sur le marché
des antiquités issu de fouilles clandestines. Provenant probablement du site de
Djemdet Nasr, elles sont acquises par les fouilleurs allemands actifs sur le site de Fara
(Shuruppak) en 1903 puis en 1915. D'autres tablettes issues de fouilles illégales sont
acquises par le marchand d'antiquités J. E. Géjou en 1915, d'autres sont vendues à
47
d'autres marchands d'antiquités, au Musée du Louvre ainsi qu'au British Museum .
Les premières tablettes issues de fouilles régulières proviennent du site de Djemdet
48
Nasr fouillé par des Anglais à partir de 1925 et sont étudiées par S. Langdon . À
partir de 1928, après d'autres découvertes éparses, les fouilles allemandes du site de
Warka, l'antique Uruk, mettent au jour des milliers de tablettes de l'époque d'Uruk
dont les textes sont contemporains de ceux de Djemdet Nasr et d'autres

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manifestement plus anciens. Ces tablettes sont


étudiées par Adam Falkenstein qui entame leur
publication dans Archaische Texte aus Uruk
49
(1936) . Un des élèves de Falkenstein, Hans J.
Nissen, entame dans les années 1970 un projet
d'édition et réédition des tablettes d'Uruk, dans
une série qui reprend le nom Archaische Texte
aus Uruk (ATU), alors que des textes d'autres
provenances paraissent dans la série des
Materialen zu den Frühen Schriftzeugnissen der
Voderen Oriens (MVSO). Cependant, si ce travail
collectif, mobilisant notamment —  en plus de Tablette proto-cunéiforme issue de
Nissen — R. K. Englund, P. Damerow, J. Friberg, fouilles clandestines, probablement
M. Green et J.-P. Grégoire, fait considérablement à Djemdet Nasr, vendue par Géjou
progresser la compréhension de ces premiers au Louvre en 1924.
témoignages de l'écriture en Mésopotamie, de
nombreuses zones d'ombres demeurent encore et
les significations de nombreux signes et de textes sont discutées entre les
50, 51, 52, 53
spécialistes .

Datation et périodisation

La fin du IVe millénaire av. J.-C., période des tablettes proto-cunéiformes, est divisée


en Mésopotamie entre deux phases archéologiques et, également en référence aux
couches archéologiques, fouillées dans le secteur de l'Eanna d'Uruk  : d'abord la
période d'Uruk récent, coïncidant avec les niveaux VI, V et IV de l'Eanna, puis la
54
période de Djemdet Nasr, coïncidant au niveau III de l'Eanna, qui lui succède . La
césure entre les deux est traditionnellement placée autour de 3100 av. J.-C., mais des
études récentes reposant sur le carbone 14 effectuées à partir de restes de charbon du
niveau IV de l'Eanna sembleraient plutôt indiquer qu'elle se produit aux environs de
55, 56
3300 av. J.-C. . Les datations sont approximatives, et d'une manière générale la
chronologie de la période est très discutée et de nombreuses incertitudes ne peuvent
57
être levées .

La plupart des tablettes proto-cunéiformes ayant été retrouvées à Uruk, leur


périodisation est établie en fonction de celle de l'Eanna. Mais il est compliqué de les
dater en fonction de la couche archéologique dans laquelle elles ont été exhumées par
les archéologues  : des «  contaminations  » se sont produites entre les différents
niveaux et la plupart des tablettes ont été retrouvées hors de leur contexte originel de
rédaction (voir ci-dessous). En outre, dans les anciens rapports de fouilles, les lieux
de trouvaille sont souvent répertoriés de façon imprécise. En conséquence, pour dater
les tablettes, les spécialistes se reposent avant tout sur des critères paléographiques
(les formes des signes, l'aspect des tablettes), qui permettent de définir au sens large
58, 59, 60
deux périodes correspondant aux phases IV et III de l'Eanna . Cette méthode

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est d'autant plus utile que les chronologies des autres sites ayant livré des tablettes
contemporaines ne sont pas forcément plus claires et il est souvent très difficile pour
cette période de faire coïncider des niveaux archéologiques de sites différents (les
61, 62
tablettes étant du reste un des éléments de datation) .

Si, par convention, la date de 3200 av. J.-C. est couramment retenue comme date de
l'invention de l'écriture, les analyses récentes sur la datation des niveaux d'Uruk
45
évoquées ci-dessus incitent à la faire remonter plus haut dans le temps . Les
propositions de datation dépendent aussi de la définition donnée à l'écriture par les
63
uns et les autres (voir plus bas) . Englund (en 2015) propose une date autour de
3350 av. J.-C. pour l'apparition des signes non-numériques marquant la naissance du
53 64
proto-cunéiforme , Nissen (en 2016) aux alentours de 3300 av. J.-C. , Glassner (en
65
2020) une invention de l'écriture au cours du xxxive siècle av. J.-C. .

Schématiquement, les différentes tablettes proto-cunéiformes sont rangées dans deux


catégories, suivant le classement opéré en 1936 par A. Falkenstein au regard des
critères paléographiques des tablettes. Elles sont dénommées en fonction des phases
archéologiques générales de l'Eanna d'Uruk auxquelles elles correspondent, et il n'y a
66
généralement pas lieu d'affiner la chronologie en sous-périodes . Sont donc retenues
67, 68, 60
deux phases de l'écriture proto-cunéiforme  :

Uruk IV : il s'agit des tablettes qui sont les premiers témoins de l'écriture proto-
69
cunéiforme, datées de la période d'Uruk tardive . Les tablettes sont de petite
taille, les signes sont constitués de lignes continues, droites ou courbes. Il n'y a
aucune indication qu'un stade antérieur de cette écriture ait existé : les tablettes
d'Uruk IV sont directement précédées chronologiquement par les
« précurseurs » vus plus haut, et représentent selon toute vraisemblance le
2
stade le plus ancien de l'écriture . La Cuneiform Digital Library Initiative retient
pour dates de cette période la fourchette allant de 3350 av. J.-C. à
8
3200 av. J.-C.
Uruk III : il s'agit des tablettes présentant un profil plus complexe, témoignant de
l'essor de l'écriture voire d'une série de réformes : le nombre de signes du
répertoire augmente considérablement, les traits sont plus brefs, les formes
sont moins arrondies et plus linéaires, le format des tablettes devient plus
70
sophistiqué, des conventions d'écriture apparaissent . Ces tablettes sont
69
contemporaines de la période archéologique dite de Djemdet Nasr . La
Cuneiform Digital Library Initiative retient pour cette phase la fourchette 3200-
71
3000 av. J.-C.

Provenance

La grande majorité de la documentation proto-cunéiforme provient du secteur


monumental de l'Eanna d'Uruk : environ 5 000 textes et fragments datés d'Uruk IV et
72
III . Leur contexte de découverte permet rarement de les attribuer à une période
précise : après avoir perdu leur usage administratif, beaucoup ont en effet été mis au

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rebut ou ont servi de matériau de remblayage lors


du remaniement de constructions. Ils ont ainsi été
retrouvés au milieu d'autres débris (tessons de
poteries, restes d'animaux) dans les fondations de
constructions. Néanmoins les groupes de textes et
fragments retrouvés à un même endroit forment
généralement un ensemble cohérent, ce qui
indique qu'ils proviennent probablement d'une
73, 74, 75
même archive .

Localisation des sites principaux de


Mésopotamie méridionale des
périodes d'Uruk et de Djemdet Nasr.

Les constructions du niveau


IV de l'Eanna.

Les constructions du niveau


III de l'Eanna.

Les autres lieux de trouvaille majeurs sont Umma (Tell Jokha, issus de fouilles
76
clandestines ) pour 425  textes et Djemdet Nasr (nom antique inconnu) pour
77 78
242 textes datant de l'époque d'Uruk III . D'autres tablettes proto-cunéiformes de
79 80
l'Uruk III ont été mises au jour sur le site de Tell Uqair , à Kish , peut-être à Larsa
81 82
(Tell Senkereh) , deux tablettes de Tell Asmar , des textes de provenance inconnue,
issus de fouilles clandestines et du marché des antiquités, notamment une archive de
83
85 textes peut-être pillés à Uruk ou Djemdet Nasr et réunis dans une collection et
80  tablettes dispersées dans des collections particulières, publiées conjointement
84
(MSVO 4) .

Supports

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Pour les premiers textes écrits comme pour les précurseurs de l'écriture, les habitants
du sud de la Mésopotamie ont employé de façon privilégiée les matériaux les plus
abondants de leur région, qui sont également utilisés pour la construction et les
objets  : l'argile et le roseau. L'argile sert à façonner les supports de l'écriture, qui
prennent avant tout la forme de tablettes, après avoir aussi servi à faire des bulles-
enveloppes. Même si l'argile est de loin le matériau le plus courant, quelques textes
sont toutefois écrits sur des tablettes de pierre et il est possible que d'autres supports
85
périssables aient existé . Le choix de ce support qui résiste bien à l'épreuve du temps
est à l'origine d'une grande quantité de documentation conservée pour le proto-
cunéiforme, quantité remarquable en comparaison des premières écritures d'autres
86
régions du monde . L'instrument qui permet de tracer les signes dans l'argile fraîche
est fabriqué à l'aide d'une tige de roseau taillée : le calame. Durant la période de mise
au point de l'écriture, les formes de ce calame se sont sans doute diversifiées et, avec
le temps, deux configurations finissent par s'imposer : les calames dont l'embout est
taillé en biseau qui impriment des marques cunéiformes pour les signes non-
numériques et ceux dont l'embout est taillé en rond qui impriment des marques
87
circulaires ou semi-circulaires pour les signes numériques .

Les plus anciennes tablettes proto-cunéiformes dérivent manifestement des tablettes


numériques et ont un format simple : elles sont petites, écrites sur une seule face et
comprennent un nombre limité d'informations. Les reçus de transactions préservent
cette forme peu élaborée. Plus tard, apparaissent des tablettes plus grandes et plus
complexes divisées en plusieurs cases organisées en rangées ou colonnes, écrites sur
88
leurs deux côtés .

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Tablette Tablette administrative Tablette administrative


administrative rectangulaire, divisée en en calcaire, Uruk III,
carrée, Uruk III, cases et rangées, Uruk III, provenance inconnue.
Djemdet Nasr. provenance inconnue. Musée du Louvre.
Musée de l'Institut British Museum. Liste de noms propres
oriental de Chicago. Enregistre la distribution sur un registre de
de bière, représentée par personnel (?).
le signe KAŠ, un vase
dont l'intérieur est
hachuré. Cinq types de
signes numériques sont
employés.

D'autres tablettes d'argile sont bien plus simples : il s'agit de simples « étiquettes ».
Elles sont appelées ainsi parce qu'elles sont percées d'un trou indiquant qu'elles
89
étaient attachées par une corde à un contenant . Des inscriptions sur des vases ont
également été découvertes.

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Étiquette avec le signe Fragment de vase avec


EN, Uruk III, inscription proto-
provenance inconnue. cunéiforme, mis au jour à
Musée du Louvre. Djemdet Nasr (Uruk III).
Ashmolean Museum. Les
deux signes à gauche
sont KAŠ «  bière  » et
DUG «  vase  », ce qui
indique le contenu du
vase  ; les deux signes à
droite sont la séquence
ENa NEa, probablement
un titre ou une profession,
le possesseur du vase.

Nature des textes

Textes administratifs

La grande majorité des textes proto-cunéiformes sont de nature administrative, de


90
l'ordre d'environ 85 % .

Les tablettes de l'époque d'Uruk IV, proches des tablettes numériques antérieures,
sont généralement petites et écrites sur un seul côté, portent un nombre
d'informations limité, sont concises. Elles associent souvent quelques signes
numériques à des pictogrammes, en une seule entrée. Il s'agit d'identifier une
transaction avec le produit, la quantité et la personne ou le bureau administratif qui
reçoit ou expédie le bien. Dès l'époque Uruk IV apparaissent cependant des tablettes
plus complexes  : divisées en cases et colonnes, elles enregistrent plusieurs
transactions, une par section. Certaines incluent, au revers, des notations numériques
récapitulant les quantités enregistrées au recto avec l'identification des produits et
des bureaux responsables. L'époque d'Uruk III voit une complexification de ce type

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de tablettes, présentant des récapitulatifs plus développés. Les tablettes tendent à


devenir plus grandes, écrites sur plusieurs colonnes, et sur les deux côtés. Les
étiquettes — attestées pour les deux phases — qui sont probablement attachées à des
produits se singularisent par le fait qu'elles ne comprennent aucun signe numérique,
mais uniquement des logogrammes indiquant le contenu ou le bureau responsable du
91
bien auquel elles sont attachées .

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Tablette administrative Tablette administrative d'Uruk


d'Uruk IV, avec quatre III, Djemdet Nasr. Ashmolean
encoches valant Museum. Comptabilisation
chacune 1 (signe de ration, ici le côté verso qui
numérique N01), de consolide les données
92
droite à gauche les figurant au recto   : le signe
pictogrammes KAŠ de gauche associant la tête
«  bière  », UDU et l'écuelle indique
«  mouton  », et un autre « versement/dépense » GU7,
de sens inconnu l'épi à sa droite signifie
(ZATU762). Pergamon «  orge  » ŠE  ; à droite les
Museum. nombres en système de
décompte des céréales, le
grand cercle valant 60 (N45)
et les encoches valant
chacune 1 (N01).

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Tablette administrative Tablette administrative de


représentant des l'époque d'Uruk III, Djemdet
comptes de produits Nasr. Ashmolean Museum.
servant à fabriquer de la Opération comptable
bière  ; dans la case en complexe, avec décompte
haut à gauche, la de rations, notamment en
combinaison de deux grains, dans plusieurs cases
signes KU.ŠIM semble au recto (sur la
désigner une personne photographie) et au verso
ou un bureau en charge récapitulatifs des données
94
d'une brasserie car elle pour chaque produit .
se retrouve sur d'autres
tablettes comptabilisant
de la bière et des
produits servant à sa
93
production . Uruk (?),
Uruk III. Musée du
Louvre.

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Tablette administrative de
l'époque d'Uruk III, Djemdet
Nasr. Ashmolean Museum.
Calcul et addition des aires
de cinq champs. Chaque
colonne concerne un des
cinq champs, les domaines
sont additionnés puis divisés
en trois parties  ; deux parts
(donc 2/3 du domaine) sont
attribuées à l'EN
(«  Seigneur  »), un haut
fonctionnaire (voire le
dirigeant de l’État), et le
reste (1/3) est réparti entre
cinq autres personnages
importants, dont l'un est
peut-être l'épouse de l'EN
95, 96
(SAL.EN) .

Les tablettes administratives proto-cunéiformes sont des instruments de


comptabilisation de mouvements de produits, plus ou moins complexes. Selon le
résumé qu'en donne Nissen :

«  Les textes traitent de la livraison à un magasin central et de la


distribution de produits agricoles de toutes sortes, donc de denrées
alimentaires au sens large et d'autres matières premières, ainsi que de
la gestion du personnel et de la main d’œuvre. Dans quelques cas, on
parvient à identifier les récepteurs comme de hauts fonctionnaires […].
Pour le moment, nous ne savons rien de ceux qui livraient les denrées,
bien que cela eût un grand intérêt pour la reconstruction du système
97
économique . »

Ces textes semblent réalisés par des sortes de bureaux, des sections de
l'administration en charge d'une tâche précise, comme un magasin à céréales. Ils
peuvent enregistrer des totaux sur de longues périodes, pour servir à un contrôle de

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situation, et peut-être dans un but prévisionnel, par exemple savoir quelle quantité de
98
grains mettre de côté pour les prochaines semailles .

Ces documents remplissent en fin de compte des objectifs semblables à ceux auxquels
étaient destinés leurs précurseurs (jetons, bulles-enveloppes, tablettes numériques), à
savoir faciliter la gestion du flux ininterrompu et de plus en plus important de
produits gérés par les magasins et bureaux administratifs des institutions
urukéennes. Mais elles le font manifestement de façon plus complète. Les tablettes
administratives ne semblent pas documenter d'autres préoccupations et cela explique
pourquoi elles ne fournissent pas beaucoup d'informations sur la structure
99
administrative de leur époque .

Listes lexicales

Les tablettes non-administratives proto-cunéiformes sont rangées dans la catégorie


des listes de signes ou listes lexicales. Elles constituent environ 15 % du corpus connu,
cependant elles sont très inégalement réparties entre les deux phases  : elles
90
constituent seulement 1 % du corpus Uruk IV contre 20 % du corpus Uruk III , ce
qui témoignerait d'un développement de ce type de tablettes durant cette seconde
100
période .

Comme leur nom l'indique ces textes sont des listes ou plutôt des inventaires de
signes, énumérés les uns à la suite des autres, suivant un principe thématique, car ils
98, 101
sont unis par des liens sémantiques . Ces listes peuvent être regroupées en
plusieurs catégories générales en fonction de leur thème, qui sont souvent connues
par plusieurs exemplaires : les listes de lieux/villes, les listes d'animaux, les listes de
102
plantes et de produits manufacturés et les listes de personnes/professions . Cela
donne des tablettes aisément identifiables par leurs caractères externes  : elles sont
constituées de petites cases organisées en colonnes, comprenant chacune un signe ou
un groupe de signes, accompagné du signe numérique de base du système
103
sexagésimal S (N01) .

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Liste de noms de lieux, Djemdet Liste de suidés


Nasr. British Museum. Parmi les (ŠUBUR),
premières de la liste se trouvent Uruk.
des villes bien connues telles Pergamon
qu'Ur, Nippur, Larsa et Uruk. Museum. Il
L'ordre dans lequel elles s'agit d'un des
apparaissent pourrait refléter exemples de
une hiérarchie mythologique ou listes
104
cultuelle . d'animaux, les
autres
énumérant des
bovidés, des
poissons et
des
105
oiseaux .

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Liste de vases, Djemdet Nasr. Liste de personnes (Lu2 A),


Ashmolean Museum. Il s'agit version composite réalisée
d'une des listes les plus par R. Englund à partir des
107
attestées. La première section exemplaires retrouvés .
de la liste, attestée ici,
comprend des signes dérivés
de celui de la jarre,
différenciés visuellement par
les signes tracés à l'intérieur
du pictogramme, qui
permettent de les distinguer
en fonction de leur contenu.
Les premiers signes semblent
désigner des contenants de
106
produits laitiers .

Les listes de personnes comprennent notamment une liste de professions et fonctions


qui semble organisée suivant un principe hiérarchique  : la première fonction listée,
celle de NÁM.EŠDA, est, selon Nissen, celle du personnage le plus important à
l'époque. Viennent ensuite d'autres personnes dont le nom de la fonction débute par
le signe NÁM, signifiant «  chef  », les responsables de domaines liés à
l'administration, qui semblent énumérés l'un après l'autre en fonction de leur
importance. Cette liste pourrait donc donner des indications sur l'organisation
101
administrative de l'époque, qui serait déjà imposante et diversifiée .

Ces listes comprennent souvent des signes qui ne sont pas attestés dans les tablettes
administratives, ce qui pourrait refléter une volonté de spéculation savante, auquel
cas une partie des signes qui s'y trouvent sont en quelque sorte fictionnels. Mais ce
108
point est discuté . Elles semblent bien se focaliser sur l'environnement de l'époque
et ses usages économiques. Elles sont probablement employées pour enseigner
l'écriture et ses signes pour la rédaction de tablettes administratives. Mais elles
109
servent sans doute aussi à autre chose . Il est constaté que les signes ne sont pas
arrangés l'un après l'autre de façon aléatoire, mais suivant un principe de
classification déterminé  ; par exemple un ordre hiérarchique/honorifique semble
exister dans certains cas (liste des personnes, liste des villes). Cela suppose une

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réflexion préalable sur l'ordre de rédaction des signes dans ces listes. W. von Soden a
proposé en 1936 qu'elles servent à enregistrer et à mettre en ordre le monde, idée qui
98, 70
a convaincu certains spécialistes, mais pas tous . Elles sont quoi qu'il en soit à
l'origine d'un type d’œuvre lexicographique caractéristique de la tradition littéraire
mésopotamienne, dont plusieurs des compositions canoniques découlent des listes de
98
l'époque d'Uruk .

Un de ces textes se singularise. Il s'agit de la Liste du tribut (ou Liste de mots C), qui
combine divers types de signes (nombres, animaux, produits). On a pu y voir la plus
110
ancienne œuvre littéraire connue ou plus simplement un guide de référence rapide
111
récapitulant les éléments les plus employés dans le système de listes .

Les caractéristiques du proto-cunéiforme

La forme des signes

Entre les tablettes de la phase Uruk IV et celles de la phase Uruk III se produit une
évolution graphique importante. Celle-ci est liée à la manière dont les scribes
impriment leurs calames dans l'argile fraîche afin de tracer les signes de façon plus
efficace. Cette manière tend à faire disparaître les formes arrondies au profit de lignes
112
droites . Ainsi que l'explique Nissen :

« La caractéristique des textes du niveau IV est qu'après avoir fait une
empreinte oblique dans la surface de la tablette, le stylet est ensuite tiré
de façon à permettre au scribe de produire des lignes courbes en plus
de lignes droites. La technique change à l'étape suivante du niveau
archaïque III quand le stylet est imprimé de manière à ce que seules
des lignes droites puissent être produites en divisant les anciennes
lignes courbes en séries de lignes droites. Cela donne aux signes la
113
forme abstraite anticipant l'aspect du cunéiforme ultérieur . »

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Comparaison de la
graphie de deux signes
proto-cunéiformes UDU
« mouton » (à gauche) et
KAŠ «  bière  » (à droite)
sur des tablettes des
deux phases  : en haut,
phase Uruk IV avec
formes arrondies ; en bas,
phase Uruk III avec
réduction des courbes et
plus de sections en lignes
droites.

Cette évolution, qui se poursuit aux périodes suivantes, a pour conséquence le fait que
les signes de l'écriture mésopotamienne perdent progressivement leur aspect
pictographique, ce que l'on désigne comme une perte de l'iconicité. Ils deviennent
plus schématiques, constitués uniquement de lignes droites, constituant de courts
segments, avant de prendre par la suite leur aspect cunéiforme caractérisé par la
marque de forme triangulaire réalisée lorsque la pointe du calame, taillée en biseau,
est plantée dans l'argile. De ce fait, en observant les signes de l'écriture cunéiforme il
114, 115
n'est plus possible de déceler leur origine pictographique quand ils en ont une .
L'évolution de la graphie entre les phases d'Uruk IV et III témoigne peut-être d'une
prise de conscience des scribes que l'écriture est autre chose qu'un dessin et qu'elle
peut potentiellement enregistrer de nombreuses choses. Ainsi, ils s'attachent

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davantage à développer le répertoire de signes et à mieux différencier ceux-ci en


recourant plus à l'abstraction. Cela, même s'ils n'ignorent pas l'aspect esthétique de
70
l'exécution des signes .

Les signes numériques et la métrologie

Une soixantaine de signes environ sont de type


116
numérique et métrologique . Ils sont aisément
repérables par leur forme arrondie (curviformes),
ils sont constitués de cercles ou de demi-cercles
de tailles variées. Ainsi que le décrit Englund :

«  Ils ont été imprimés profondément


dans la surface de l'argile avec l'extrémité
Tablette de comptabilité de
de deux calames ronds de diamètres
provenance inconnue, période Uruk
différents. En règle générale, les
III. British Museum. Plusieurs cases
impressions du plus large des calames de décompte de céréales, avec
représentent des nombres ou des emploi de signes numériques du
mesures plus grands, ceux des plus petits système Š pour l'orge, et du
calames des nombres et des mesures de système Š’’ (cercles traversés par
l'échelle inférieure des systèmes deux lignes) pour une autre céréale,
117
numériques qu'ils représentaient . » probablement le blé.

Les tablettes proto-cunéiformes présentent


différents systèmes numériques, probablement dérivés de ceux employés auparavant
dans le système des bulles, des jetons et des tablettes numériques. Les travaux de J.
Friberg, P. Damerow et R. Englund ont permis de faire progresser leur
compréhension. Il semble que chaque type de chose à quantifier réclame un système
numérique spécifique. Un même signe a une valeur différente en fonction du système
dans lequel il est employé et donc en fonction de l'objet auquel se rapporte ce
système. Ces systèmes numériques peuvent être sexagésimaux (base 60, qui s'impose
comme le système courant en Mésopotamie par la suite), ou « bisexagésimaux » (avec
un incrément de 2), tout en intégrant çà et là des éléments décimaux (base 10). Le
système sexagésimal de base (S) sert ainsi à quantifier les objets discrets (humains,
animaux, produits laitiers et textiles, poissons, objets en bois et pierre, vases), un
système sexagésimal dérivé (S') compte certains types d'objets (animaux morts, jarres
contenant certains types de liquides). Le système bisexagésimal de base (B) sert à
compter d'autres objets discrets qui relèvent apparemment du système de rations
(produits céréaliers, fromages, poissons frais), le système bisexagésimal dérivé (B*)
sert à compter d'autres produits de rations non clairement identifiés (des poissons ?).
Viennent ensuite les systèmes de mesure, notamment le système de base pour les
surfaces des champs (GAN2), celui employé pour le temps et les unités calendaires
(U4), ceux servant les mesures de capacité de grains (Š, Š', Š’’, Š*), correspondant

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chacun sans doute à un certain type de céréale ou produit céréalier (orge, malt d'orge,
blé, orge broyée). La fonction du système de base appelé EN en raison de son signe de
118
base reste indéterminée .

Comparaison de trois systèmes de numération proto-cunéiformes.


Système sexagésimal S (objets discrets)

Symbole

1/2 ou
Valeur 36000 3600 600 60 10 1
1/10

Système de mesure de capacité de céréales ŠE Š (orge)

Symbole

Valeur 1800 180 60 6 1 1/5 1/10

Système bisexagésimal B (produits de rations)

Symbole

Valeur 7200 1200 120 60 10 1 1/2

Les signes non numériques

L'émergence de l'écriture se caractérise par l'apparition de signes non numériques,


qui sont fondamentalement des logogrammes, c'est-à-dire des signes qui indiquent
un mot. Ainsi, un signe peut désigner une chose tangible, notamment de l'orge, des
roseaux, du poisson, une montagne, la bouche, une chose intangible comme la parole
120
ou la voix, ou encore une action, comme prendre, aller, parler .
121
Le proto-cunéiforme comprend un corpus de plus de 1 500 signes non numériques ,
mais employés de façon très inégale : plus de 500 ne sont employés qu'une fois, 600
autres moins de dix fois, et environ 100  signes sont employés plus de dix fois, dont
deux (ENa et GALa, des noms de personnes ou bureaux) apparaissent plus de
122
1 000 fois chacun . D'importantes évolutions ont lieu entre la période d'Uruk IV et
celle d'Uruk III  : le nombre de signes du répertoire explose, ce qui témoigne d'une
grande capacité d'innovation et d'une volonté d'enregistrer les opérations avec plus de
70
détail .

La signification des signes proto-cunéiformes est généralement comprise grâce à la


connaissance du système cunéiforme postérieur, quand il est possible d'identifier un
signe proto-cunéiforme comme l'ancêtre d'un signe cunéiforme. En particulier, le fait

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26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

que les listes de signes élaborées à l'époque


d'Uruk aient été copiées et transmises durant les
siècles suivants permet de faire des
correspondances. Mais le sens de beaucoup de
123
signes reste encore opaque .

L'origine des signes est également discutée. Pour


Englund, la majeure partie des signes est d'origine
pictographique —  des signes figuratifs, des
dessins représentant et désignant des choses Tablette administrative provenant de
réelles. Cela semble au moins être le cas pour Tell Asmar, phase Uruk III. Musée
l'époque Uruk IV. Il est possible de distinguer de l'Institut oriental de Chicago.
différents types de signes pictographiques  : ceux Sont notamment visibles dans la
qui représentent l'objet en entier, ceux qui ne case en haut à droite les
représentent qu'une partie de celui-ci. Ce dernier pictogrammes de l'orge ŠE (en
type signifiera néanmoins la totalité (pars pro forme d'épi) et du temple E2 (en
toto) de l'objet  : par exemple, une tête d'animal partie sur la tranche), celui du
pour désigner un animal. Un pictogramme pourra roseau GI est visible dans la case
également représenter une action, par exemple la en bas à gauche. Le signe répété
main représente l'action de donner ou recevoir, dans les cases en haut à gauche et
un contenant (jarre, vase ou panier) pourra en bas à droite constitué d'une
désigner son contenu (lait, beurre, céréales voire forme quadrangulaire allongée avec
125, 126
une ration) . Mais assez rapidement, et au des rayures, SANGA, désigne un
moins à l'époque Uruk III, un nombre non administrateur, et pourrait
négligeable de signes est totalement abstrait. représenter selon Englund un
Nissen en dénombre 98. Il souligne aussi que peu instrument de calcul employé par
119
de signes picturaux sont naturalistes, mais sont les comptables urukéens .
déjà très abstraits. Ce qui l'amène à considérer
que le proto-cunéiforme n'est pas pictographique
127
et puise dans des codes graphiques préexistants . En effet, l'origine ou du moins
l'inspiration de plusieurs signes proto-cunéiformes a pu être identifiée dans d'autres
instruments administratifs ou des représentations figurées de l'époque d'Uruk  : des
jetons, des cachets, des motifs figurant sur des sceaux-cylindres et d'autres bas-
128
reliefs, notamment des représentations d'emblèmes divins .

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La porosité des limites entre l'art et


l'écriture à cette période se retrouve
dans ce sceau-cylindre de
provenance inconnue, qui a pour
motif principal un taureau, associé à
des pictogrammes représentés sous
forme artistique : le soleil levant
(UD), le soleil couchant (SIG), la
fête religieuse (EZEN) et l'emblème
de la déesse Inanna (MUŠ3). Cette
séquence peut être interprétée
comme signifiant « fête de l'étoile du
matin et du soir », c'est-à-dire une
fête d'Inanna, qui est identifiée à la
124
planète Vénus . Ancienne
collection Erlenmeyer - Berlin.

Un signe dérivé d'un symbole religieux  :


l'étendard divin de la déesse Inanna, devenu le
logogramme MUŠ3 désignant la déesse. De
gauche à droite  : sur le vase d'Uruk  ; sur un
sceau-cylindre ; copie d'après une tablette de la
phase Uruk IV ; copie d'après une tablette de la
phase Uruk III.

La majeure partie du corpus est constituée de signes dérivés des précédents. En effet,
plutôt que d'inventer de nouvelles formes, les scribes urukéens ont privilégié la
création par modification de formes existantes. Cela se fait notamment par la

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combinaison de deux signes : par exemple, l'association de la tête (SAG) et de l'écuelle


(GUR) qui équivaut à « ration » donne le sens de « versement/dépense (de ration) »
(GU7). Autre exemple : le signe désignant la ville de Larsa, ville du Dieu-Soleil, est la
combinaison du signe du soleil (U4 ou UD) et de celui désignant une installation
cultuelle (AB), ce qui renvoie clairement à la divinité tutélaire de la ville. La création
de nouveaux signes peut aussi se faire par une différenciation graphique à partir d'un
seul signe, notamment au moyen de hachures, de doublement, de représentation en
miroir, etc. ; ainsi le signe de la tête hachuré au niveau de la bouche signifiera cette
partie du corps, le signe du mouton hachuré signifiera une agnelle. Tout un ensemble
de signes est ainsi dérivé de celui signifiant la jarre (DUG), pour désigner des choses
qu'elle pouvait contenir dans les magasins des institutions. Cela démontre que
l'écriture fait rapidement l'objet d'un processus d'abstraction et de nouvelles
inventions, tout cela étant en bonne partie déterminé par la recherche de signes plus
127, 129, 130
aisément traçables dans l'argile . Le système proto-cunéiforme repose sur
un groupe de signes de base fréquemment employés qui servent de modèle pour
d'autres signes dérivés. Ces derniers peuvent n'être employés que très rarement  :
dans des contextes ayant présidé à leur création et leur utilisation ponctuelle, ils n'ont
laissé aucune postérité. Cela reflète le fait que les habitudes d'écriture semblent varier
selon les bureaux, ce qui explique que certains signes soient couramment employés
dans des textes produits au même endroit, mais jamais ou presque jamais dans
131
d'autres contextes .

Exemples de signes logographiques proto-


cunéiformes, graphie Uruk III (à partir de
dessins de R. Englund).

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Les signes logographiques peuvent aussi être employés suivant le principe du rébus,
de façon à renvoyer le lecteur à un terme homonyme pour lequel il n'existe pas de
signe, notamment des abstractions. Ainsi, dans le système cunéiforme postérieur, le
signe du jardin SAR est employé pour désigner l'action d'écrire, sar en sumérien. Cela
permet donc une évolution vers la constitution d'un ensemble de signes phonétiques
(phonogrammes), des syllabogrammes puisqu'ils représentent une syllabe. Ainsi le
132
signe de l'eau A sert aussi pour la syllabe [a] . Déterminer si cet aspect de l'écriture
cunéiforme est déjà présent dans le proto-cunéiforme est problématique et a fait
l'objet de nombreuses discussions, notamment parce que cela renvoie à la question de
savoir si la langue parlée par les scribes des époques d'Uruk IV et III est ou non le
sumérien (voir plus bas). En effet, pour comprendre le son dérivé d'un signe, il faut
forcément savoir dans quelle langue ce dernier est prononcé. La majeure partie des
spécialistes du proto-cunéiforme considère, à l'appui d'un nombre limité d'exemples,
que le principe du rébus à partir d'une lecture en sumérien de certains signes est
présent dans des textes en proto-cunéiforme. Mais même en admettant cela, ces cas
sont très rares, et le système proto-cunéiforme est considéré comme essentiellement
non-phonétique. Il repose sur des signes logographiques, renvoyant à des choses
telles qu'un mouton, de la bière, un champ qui peuvent être lus dans n'importe quelle
langue. Il est généralement admis qu'il n'a pas pour but (ou pour but principal) de
transcrire une langue parlée et a fortiori de reproduire des
2, 133, 134, 135, 136, 137
phrases .

« Mise en page » des tablettes

Les textes administratifs décrivent des opérations économiques de façon concise. Ils
sont organisés autour de signes numériques accompagnés de logogrammes. Ils
identifient l'objet de l'opération (par exemple « 5 jarres de bière », « 10 moutons »,
«  un champ (d'une surface) de 16 bùr  », etc.) ainsi que la personne ou le bureau
138
impliqué .

Concernant leur «  mise en page  », les tablettes de l'époque d'Uruk IV sont


généralement simples, contenant souvent une seule entrée, mais des séparations en
lignes et colonnes apparaissent aussi. Elles sont rarement écrites sur leurs deux côtés.
En revanche, il n'y a quasiment plus de tablettes à une seule entrée à l'époque d'Uruk
III, durant laquelle se développent des procédés visant à entrer le plus d'informations
possibles sur une tablette, notamment pour rédiger des documents récapitulatifs.
Cela passe par divers procédés conduisant à un compartimentage plus complexe des
tablettes, suivant une grande variété de modalités. Chacune des différentes entrées
est isolée dans une case, et les cases sont organisées en rangées ou colonnes  ;
certaines cases sont subdivisées de manière à rajouter des informations. Certaines
lignes séparant les rangées de case sont redoublées, parfois hachurées, de façon à
faire apparaître plus clairement les séparations. La majorité des tablettes comprend
plus de trois de ces lignes de cases, et elles sont souvent écrites sur les deux faces.

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Quand il y a des récapitulatifs, ceux-ci sont disposés au revers, après les opérations
individuelles qu'ils additionnent. Il y a des différences entre les sites, puisque les
139
tablettes provenant d'Uruk sont plus complexes que celles de Djemdet-Nasr .

Chaque case forme une unité cohérente qui fournit une information complète. Le tout
associant signes numériques et logogrammes  : les signes numériques sont écrits en
premier (en haut), tandis que les logogrammes peuvent être placés de façon
arbitraire, même si les signes représentant les choses décomptées ont tendance à être
140, 141
inscrits juste après les signes numériques les dénombrant .

Tablette administrative de petit Petite tablette administrative de


format sans compartiment, Uruk IV, l'époque d'Uruk III, enregistrant
Uruk. Pergamon Museum. Le signe la distribution de rations, à
DUG « jarre » est visible au milieu. compartimentation irrégulière.
Musée du Louvre.

Tablette administrative de
Petite tablette administrative de Djemdet l'époque d'Uruk III
Nasr, divisée en cases sur trois lignes, enregistrant des rations
arrangement irrégulier. Ashmolean quotidiennes, dont les
Museum. cases sont organisées en
trois rangées. British
Museum.

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Tablette administrative
complexe de l'époque
d'Uruk III.
Enregistrement de
rations distribuées
durant cinq jours,
chaque ligne
correspondant à un jour
(le signe du jour figure
à gauche avec des
signes numériques),
chaque case à une
opération. Les lignes
sont clairement
identifiées par un
redoublement du trait.
British Museum.

Quant au sens d'écriture et de lecture, il ne semble pas uniformisé non plus. Nissen
relève que l'orientation des pictogrammes indiquerait qu'à l'intérieur des cases les
142
signes sont de façon préférentielle lus à la verticale, de haut en bas . Les habitudes
des spécialistes les ont souvent conduits à représenter les tablettes dans une
orientation différente de celle dans laquelle elles étaient originellement lues, ce qui
explique que les pictogrammes ont l'air « renversés » (le signe de la tête avec le visage
vers le haut plutôt qu'à droite)  : pour en retrouver le sens originel, il faut les faire
143
tourner de 90° dans le sens des aiguilles d'une montre . Bien souvent la séquence
d'écriture et de lecture des cases qui sont alignées se fait de droite à gauche, et on
142
passe d'une rangée à l'autre de haut en bas . Mais il n'y a pas d'unité et les
144
dispositions des cases et les sens de lecture sont variables . S'observent différents
types de situations et donc de mises en page, suivant la complexité du document
administratif, qui va du traitement de données basique enregistrant de petits
mouvements de biens jusqu'au document synthétique reprenant plusieurs opérations
145
et se terminant par des totaux .

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Les listes lexicales ont une mise en page propre qui est rapidement identifiable,
146
notamment par leurs cases alignées de forme allongée débutant par le chiffre 1 .
Elles ont un ordre de lecture uniforme, le passage d'une case à l'autre se faisant de
147
droite à gauche et de haut en bas .

Quoi qu'il en soit, étant donné que les signes sont souvent agencés de façon aléatoire
et qu'il n'y a pas (ou quasiment pas) de signes phonétiques, les textes de tablettes
148, 149
proto-cunéiformes n'ont pas vraiment de syntaxe . Ces documents sont certes
des instruments d'enregistrement d'informations plus efficaces que les autres,
notamment par leur capacité à rapporter plusieurs informations en même temps.
Cependant, il reste nécessaire d'avoir une connaissance de leur contexte de rédaction
150
pour bien en comprendre le contenu . La rareté des racines verbales et l'absence (à
une possible exception près) de texte narratif dans le corpus fait que le système proto-
cunéiforme a pu être décrit comme un aide-mémoire. Un texte dans ce système n'est
pas forcément destiné à être lu, il nécessite en tout cas que le lecteur connaisse déjà
les grandes lignes des informations qu'il va lire. C'est ce qui explique les difficultés
rencontrées pour le comprendre une fois ces éléments contextuels oubliés. Ce n'est
151, 152
pas non plus un système destiné à enregistrer des informations nouvelles . Cela
explique aussi pourquoi il n'est pas possible de transférer les principes de
compréhension du système cunéiforme sur son ancêtre proto-cunéiforme, car de
123
nombreux changements se sont produits entre les deux .

Selon la manière dont le résume N. Veldhuis :

« Les signes archaïques sont capables d'enregistrer des biens, des titres
professionnels et une variété de systèmes métrologiques. Les textes
n'enregistrent pas les événements administratifs de manière narrative
mais utilisent la disposition de la tablette (colonnes, recto et verso)
pour indiquer les relations entre les éléments, les totaux et les
personnes impliquées. À cet égard, le cunéiforme archaïque (du moins
dans les décomptes les plus complexes) ressemble plus à un tableur
153
moderne qu'à un système d'écriture moderne . »

Une écriture ou une proto-écriture ?

La définition de ce qu'est une écriture est discutée, avec deux extrêmes, d'un côté une
vision selon laquelle c'est un système de signes conventionnels d'intercommunication
entre humains, de l'autre une vision selon laquelle ne mérite ce qualificatif qu'un
63, 2
système cherchant à reproduire le langage et la parole, donc une phrase parlée .

Si on s'en tient à la première acception, le proto-cunéiforme est sans contestation


2
possible une écriture , et il est même possible de considérer que les tablettes
63
numériques sont déjà une forme d'écriture .

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Mais si on se tient à l'autre approche, celle de l'écriture en tant que représentation de


la langue, étant donné que les liens entre le proto-cunéiforme et le langage sont au
mieux ténus, cela inciterait à remettre en cause son statut d'écriture à proprement
parler. C'est ce que fait P. Damerow, pour qui le proto-cunéiforme est une «  proto-
écriture  ». L'écriture à proprement parler ne se met selon lui en place que dans le
3
courant du IIIe millénaire av. J.-C., avec le développement des signes phonétiques .

Le contexte et les causes de l'invention

La période d'Uruk récent : une époque « révolutionnaire »

La période d'Uruk récent, ou plus largement la


seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C., est une
période riche en changements, souvent
rassemblés sous l'expression de «  révolution
urbaine  », ou de période de formation de l’État,
donc une phase caractérisée par l'apparition de
structures politiques plus complexes que par le
passé, et d'agglomérations qui ont un caractère
154
urbain ou « proto-urbain » . Elle est également Tablette administrative d'Uruk III (v.
marquée par des innovations techniques et 3200-3000 av. J.-C.),
développements économiques : développement de enregistrement d'une livraison de
l'agriculture irriguée, de l'araire à semoir, des produits céréaliers pour une fête de
chariots à roue, de l'artisanat de la laine, de celui la déesse Inanna. Pergamon
de la céramique avec l'introduction du tour de Museum.
potier, de nouveaux procédés architecturaux,
155
etc. .

L'écriture proto-cunéiforme reflète ce contexte riche en créativité, et le fait qu'elle soit


avant tout documentée à Uruk, la principale agglomération de la période (souvent
présentée comme « la première ville »), n'est pas une coïncidence fortuite. Selon G.
Selz :

«  Le phénomène urukéen a reçu beaucoup d'attention en tant


qu'exemple précoce d'un État émergent. Dans quelle mesure cet État
est considéré comme une organisation entièrement centralisée
contrôlant les institutions bureaucratiques, juridiques, militaires et
religieuses est en grande partie une question d'interprétation.
L'émergence de l'État dans le sud de la Mésopotamie fut clairement liée
au processus d'urbanisation et au développement d'Uruk en tant que
centre qui fonctionnait comme le pôle administratif et politique dont
dépendaient hiérarchiquement d'autres sites. Cela coïncide avec la

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spécialisation progressive et la division


du travail, ce dont témoignent le mieux
les archives proto-cunéiformes de la
156
période d'Uruk récent . »

Ainsi selon le scénario proposé par Nissen, la


région d'Uruk connaît un processus de croissance
démographique, provoqué par des changements
écologiques, avec une organisation spatiale
centrée sur Uruk, qui est la tête d'un réseau
d'agglomérations dans son arrière-pays, qu'elle
administre. Pour faire face aux difficultés liées à
cette organisation administrative d'une nouvelle
ampleur, des instruments de contrôle et de
5
gestion sont développés . Sceau-cylindre représentant des
bovins et des huttes en roseau,
La période d'Uruk récent a souvent été présentée surmonté d'un bélier accroupi en
comme une époque de « révolutions » : révolution alliage cuivreux. Période d'Uruk
urbaine, révolution managériale, révolution du récent, Ashmolean Museum.
travail, etc. D'importants changements ont
manifestement lieu dans l'échelle des productions
et des échanges. Chronologiquement, les tablettes proto-cunéiformes se situent à la
fin de ce phénomène. Les plus anciennes sont datées pour partie de l'époque d'Uruk
IV, la dernière phase de la période d'Uruk récent. Les plus récentes, et la majeure
partie d'entre elles, datent de la période d'Uruk III, correspondant à la période
archéologique dite de Djemdet Nasr. Cette phase voit un reflux de l'influence
urukéenne, après d'importants changements ayant affecté l'architecture du quartier
de l'Eanna d'Uruk, des abandons de sites, et diverses évolutions dans la culture
matérielle. Tout cela indique une période de changements, si ce n'est de crise
157, 158
structurelle .

Les tablettes proto-cunéiformes fournissent également des informations sur la société


de leur temps : elles sont certes peu utiles pour comprendre l'organisation politique
159
de la période , mais les listes de métiers et de fonctions permettent d'identifier une
hiérarchie sociale et la présence de personnages encadrant l'économie de
160
l'époque   ; elles attestent de la présence d'une administration économique en
développement, avec des gestionnaires, les premiers scribes, et des bureaux
77
spécialisés   ; les documents administratifs fournissent également des informations
sur le culte religieux, notamment par la présence du signe d'Inanna, la déesse
161
tutélaire d'Uruk, dans les tablettes de cette cité .

Un instrument d'administration et de contrôle

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La théorie dominante postule une origine


comptable à l'écriture, qui est née de la numératie,
développée à partir des systèmes de numération
qui se mettent en place avant son invention et qui
améliorent leur capacité à enregistrer des
informations jusqu'à aboutir progressivement à la
mise en place d'un nouveau système plus efficace.
Le but est donc de constituer un outil
d'administration en mesure de répondre aux
besoins liés à la gestion des institutions qui se
développent durant la période d'Uruk et gèrent
une organisation sociale et économique bien plus Tablette administrative avec
162, 163, 164
complexe que par le passé . En effet la impression de sceau-cylindre,
majorité des textes proto-cunéiformes sont de provenant sans doute d'Uruk,
nature administrative, enregistrant des période Uruk III, Metropolitan
transactions de produits et indiquant l'identité de Museum of Art..
personnes ou bureaux de l'administration, tandis
que les listes lexicales fournissent des inventaires
165
de ces mêmes biens et administrateurs . Selon B. Lafont :

« Ce qu'illustrent d'abord les premiers textes, ce sont principalement le


décompte et la gestion des denrées, du bétail, de la force de travail, des
terres agricoles, ainsi que des unités de temps et d'espace dans
166
lesquelles ces éléments pouvaient être répartis . »

De plus la structure formelle et la sémantique de cette écriture dérivent


167
manifestement de son origine et de ses usages administratifs . C'est en fin de
compte une réponse à des problèmes entraînés par le fait que la société est devenue
168
plus « complexe » . Ainsi que résumé par C. Woods :

«  En Mésopotamie, l'invention de l'écriture représenta une solution


plus globale à un certain nombre de problèmes administratifs et
comptables posés par une bureaucratie de plus en plus complexe,
problèmes qui étaient abordés un par un, mais seulement de façon
partielle, par des instruments antérieurs. Ces dispositifs administratifs
préhistoriques antérieurs, qui étaient également des produits de la
période d'Uruk tardive, comprennent les sceaux-cylindres, les bulles
d'argile solides, les tablettes numériques, les compteurs d'argile
susmentionnés —  généralement appelés jetons  — et des enveloppes
d'argile. Chacun servait de moyen de contrôle et de surveillance du flux
de matériaux, de marchandises et de main-d'œuvre. Bien que l'écriture
ait plus souvent complété plutôt que remplacé ces outils, elle a fourni
un moyen beaucoup plus solide, efficace et flexible d'enregistrer et
169
d'organiser les données . »

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Le contexte immédiat de l'invention de l'écriture est donc manifestement comptable,


170
mais en allant plus loin il prend une coloration politique . M. Hudson a insisté sur
le fait que le développement des instruments de comptabilité et des techniques
comptables s'accompagne de celui d'instruments de découpage du temps, de poids et
mesures, de prix, donc de diverses pratiques de standardisation voire de planification,
formalisant les rapports économiques, et mettant en place une «  technologie de
contrôle social  » (l'expression est reprise de C. Lamberg-Karlovsky) au service des
171
institutions pour leur permettre de coordonner l'usage de leurs ressources . En
cherchant à analyser les intentions des acteurs de l'époque, selon G. Algaze on peut
voir dans la façon dont les administrateurs urukéens traitent les travailleurs serviles
qu'ils emploient (considérés dans les documents comptables à peu près de la même
manière que les animaux du cheptel des institutions) une volonté de « domestication
du travail humain  », et plus généralement la tentative des élites de l'époque de
consolider leur emprise sur la société et ses ressources :

«  En bref, à la fin de la période d'Uruk, les innovations cumulatives


dans les modes de collecte, de traitement et de transmission des
connaissances à travers le temps et l'espace ont fourni aux décideurs du
sud de la Mésopotamie et aux institutions urbaines pour lesquelles ils
travaillaient un flux de données économiques variées et fiables, du type
qui est nécessaire à la formation, au maintien et à l'expansion efficace
d'économies et de groupes sociaux à grande échelle. Plus important
encore, ces données ont permis aux élites d'Uruk d'employer le travail
et les biens disponibles là où ils étaient le plus nécessaires afin de
maximiser leurs revenus, d'étendre leur pouvoir et de consolider la
172
stabilité du système social qu'ils étaient en train de transformer . »

Il en résulte que l'invention de l'écriture n'est généralement pas vue comme


l'aboutissement d'une tentative de représenter graphiquement le langage humain, par
le biais de pictogrammes représentant des mots. Cette ancienne interprétation est
aujourd'hui caduque car les caractéristiques du proto-cunéiforme ne vont pas dans
173, 174
son sens . Pour Englund, «  en tant que système administratif, le proto-
cunéiforme sert avant tout à communiquer et enregistrer des données
175
administratives  », même si de façon secondaire il a pu entretenir des liens avec le
langage et servir au développement d'une littérature avec les listes lexicales (surtout
173
datées de la phase Uruk III) .

Des visions alternatives ont été proposées, en particulier par J.-J. Glassner qui
critique tant l'hypothèse de l'origine pictographique que celle de l'origine comptable
de l'écriture, et considère que celle-ci n'est pas totalement indépendante de la langue
176
parlée dès les premiers temps . Sans susciter l'adhésion des spécialistes des débuts
177
de l'écriture , ce type de critique de l'approche dominante contribue à mettre en
évidence le fait que la première écriture ne peut être réduite à son volet comptable.

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Elle développe rapidement d'autres fonctions et implications, visibles en particulier


dans les listes lexicales et marque une évolution cognitive majeure, une nouvelle
178
vision de l'espace et du temps (voir plus bas) .

Les premiers scribes et la diffusion de l'écriture

L'écriture semble avoir été une invention soudaine, peut-être le fait d'un seul
individu, travaillant dans un bureau d'une institution d'Uruk et déjà versé dans les
techniques comptables, afin de disposer d'un système d'enregistrement d'information
plus efficace, une solution permettant d'unifier et de simplifier les différents
179
instruments alors employés (bulles, jetons, tablettes numériques) . Cet outil
sophistiqué est ensuite approuvé et accepté par ceux qui travaillent dans ces bureaux,
car il est vu comme la solution à leurs problèmes, et se diffuse. Mais sans modifier ce
constat on peut également envisager l'écriture comme le produit d'un effort collectif,
accompli par plusieurs générations de gestionnaires qui ont élaboré sur plusieurs
millénaires des instruments d'enregistrement de l'information de plus en plus
180
efficaces .

Avec l'émergence de l'écriture, les spécialistes de la numératie des époques


antérieures deviennent les premiers scribes, ce qui introduit un changement dans
77
l'organisation administrative . Néanmoins aucun signe ne semble exister pour
désigner un scribe, spécialisé dans l'écriture, comme c'est le cas pour les périodes
postérieures de l'histoire mésopotamienne. En ces temps de début de l'écriture, les
personnes sont avant tout désignées par leur fonction administrative, et à ce stade il
n'existe manifestement pas encore de personnes qui sont spécialisées dans l'écriture.
Ceux qui écrivent les premières tablettes sont donc les mêmes administrateurs que
par le passé, à cela près qu'ils ont à leur disposition un nouvel outil pour exercer leurs
181
fonctions : l'écriture .

L'écriture semble se diffuser à partir d'Uruk, site qui a livré de loin le plus grand
nombre de tablettes proto-cunéiformes. Mais pour l'époque d'Uruk III des tablettes se
retrouvent sur plusieurs sites du Sud mésopotamien, tels que Tell Uqair, Djemdet
Nasr, Umma, Tell Asmar. Néanmoins on n'en trouve pas de trace dans les sites de la
sphère d'influence urukéenne, que ce soit dans le nord de la Mésopotamie, ou en
Susiane où se développe l'écriture proto-élamite. Cela reste à expliquer : la fin de la
période d'Uruk se marque par un reflux de l'influence du sud mésopotamien, et donc
des contacts moins poussés avec les régions voisines  ; des systèmes de comptabilité
182
alternatifs ont pu exister en plus du proto-élamite .

La transmission des savoir-faire administratifs, donc de l'écriture, entre les


183
générations, se fait selon Nissen au sein des institutions d'administration . En tout
cas le fait que les pratiques de l'écriture connaissent une évolution importante durant

https://fr.wikipedia.org/wiki/Débuts_de_l%27écriture_en_Mésopotamie 43/63
26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

l'époque d'Uruk III et soient relativement homogènes sur les différents sites pourrait
indiquer l'existence d'une sorte de corporation de scribes ou d'une centralisation de
70, 184
l'enseignement de l'écriture .

N. Veldhuis a tenté de reconstituer la manière dont se déroulait l'apprentissage du


185
proto-cunéiforme . Certaines tablettes retrouvées semblent avoir eu une fonction
scolaire, pour l'apprentissage des signes et aussi du calcul. Les listes de signes ont
probablement servi pour l'enseignement de l'écriture, car c'est une de leurs fonctions
principales durant les périodes postérieures. Elles contiennent certes de nombreux
signes qui ne sont pas employés pour la rédaction de textes administratifs, mais cela
devait servir à permettre d'envisager des situations inédites qui surviendraient et
devraient être enregistrées sur des tablettes administratives. Elles reflètent aussi le
186
fait que l'enseignement de l'écriture est dès cette période relativement strict .

Une invention des Sumériens ?

Depuis la découverte des premières tablettes en écriture proto-cunéiforme, une des


questions récurrentes relatives à celle-ci est de déterminer si elle a été inventée par
des Sumériens, c'est-à-dire des personnes parlant le sumérien, le «  peuple  » auquel
on attribue traditionnellement les inventions essentielles à l'origine de la civilisation
187
mésopotamienne . Cela renvoie également à la «  question sumérienne  », qui
consiste à savoir depuis quand les Sumériens sont présents dans le sud
mésopotamien (et d'où ils sont arrivés), et aussi aux questionnements sur
l'hypothétique présence de populations antérieures aux Sumériens dans la région, qui
n'a jamais été démontrée. Il est du reste probable que plusieurs langues coexistent à
188, 189
l'époque d'Uruk .

Donner une réponse à cette question avec certitude est impossible en l'état actuel des
connaissances. D'abord parce que, comme exposé ci-dessus, l'écriture proto-
cunéiforme n'a pas pour objectif de transcrire une langue parlée, et le corpus connu
comprend au mieux quelques occurrences de signes phonétiques. De plus, tenter de
reconstituer la phonologie du sumérien pour les périodes plus récentes est déjà une
affaire complexe, alors le faire pour une période aussi reculée relève de la gageure, ce
qui rend l'exercice encore plus complexe. Des tentatives anciennes d'identifier des
séquences en sumérien dans les textes proto-cunéiformes ont tourné court, devant la
difficulté de se mettre d'accord sur le sens d'un texte complexe, et aucun nom de
personne en sumérien n'a été identifié. L'un des plus éminents spécialistes du proto-
cunéiforme, Englund, a toujours maintenu qu'il était impossible d'affirmer que des
190, 191
Sumériens ont rédigé ces textes . Il est du reste possible que l'écriture proto-
cunéiforme ait été inventée dans un contexte où plusieurs langues étaient parlées, et
que le fait qu'elle ne renvoie pas à l'une d'entre elles en particulier en faisait un outil
192
utilisable par des personnes parlant ces différentes langues .

193

https://fr.wikipedia.org/wiki/Débuts_de_l%27écriture_en_Mésopotamie 44/63
26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

193
Mais d'autres travaux, comme ceux de T. Krispijn , ont mis en avant des textes
plaidant en faveur d'un proto-cunéiforme rédigé par des gens parlant le sumérien. En
tout et pour tout, une dizaine voire une quinzaine de cas d'écritures phonétiques en
sumérien (avec les rébus) seraient identifiables dans les textes de cette période. Mais
194, 195
c'est encore débattu .

La position de la majorité des spécialistes est cependant que le sumérien est bien le
langage en arrière-plan derrière les plus anciens textes écrits en Mésopotamie, ou du
53, 194
moins un des langages parlés par les premiers scribes mésopotamiens .

Une innovation majeure

L'invention de l'écriture est couramment présentée comme un tournant capital dans


l'histoire humaine, qui permet de conserver plus d'informations que par le passé, de
les transmettre au sein de la société, et aussi pour les générations futures, jusqu'aux
historiens modernes qui disposent grâce à elle d'un nombre plus important de
196
données à analyser . En ce sens, elle est couramment considérée comme marquant
le passage de la préhistoire à l'histoire. Cela peut être tempéré par le constat que
l'écriture n'est jamais qu'une innovation parmi d'autres qui se produisent durant
l'époque de la « révolution urbaine », mais tout de même une des plus significatives.
Selon M. Liverani :

« L'origine de l'écriture a également été considérée comme marquant le


début de l'histoire au sens propre du terme, à cause de l'idée dépassée
qu'il n'y aurait pas d'histoire avant que des sources écrites ne soient
disponibles. Mais maintenant qu'une telle idée est considérée comme
simpliste ou fausse, nous pouvons toujours considérer l'écriture
comme le point culminant le plus évident et symbolique de tout le
197
processus . »

Sur la longue durée, il est indubitable que l'écriture introduit d'importants


changements pour les sociétés humaines. Elle est ainsi un instrument révolutionnant
la communication et d'enregistrement des informations, qui se diffusent plus
facilement dans l'espace et dans le temps. Selon G. Buccellati :

«  L'écriture en est venue à servir de banque de mémoire


supplémentaire, mais - et c'est là une différence cruciale par rapport à
la mémoire humaine - une banque dans laquelle les individus
pouvaient puiser ce qu'ils n'avaient pas apporté personnellement. C'est
l'aspect essentiellement impersonnel du phénomène de l'écriture  : la
communication de l'information, la transmission du savoir est devenue
198
possible sans contact personnel, sans communication face-à-face . »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Débuts_de_l%27écriture_en_Mésopotamie 45/63
26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

L'impact et la perception de cette invention durant l'époque d'Uruk finale sont


discutés. L'écriture proto-cunéiforme est au début un outil de gestion qui reste proche
dans ses usages de ceux déjà existants (jetons, bulles-enveloppes, tablette
numériques). Il est donc possible que son apparition n'ait pas été perçue sur le
162
moment comme une révolution . Mais son potentiel à enregistrer plus
d'informations que les autres est rapidement compris, comme en témoigne le fait que
des documents administratifs de plus en plus complexes soient développés dès les
199
premiers temps . Algaze considère qu'avec l'écriture les entités politiques du Sud
mésopotamien urukéen ont entre leurs mains un instrument qui rend leur
administration encore plus efficace et complexe que celles des régions voisines (où, en
plus de l'absence d'écriture, les sceaux semblent bien moins employés), ce qui
constitue à ses yeux un « avantage compétitif » pour cette région (au même titre que
200
l'agriculture irriguée à hauts rendements et le réseau de transport fluvial) .

Moins prosaïquement, il y a diverses raisons supplémentaires de ne pas relativiser


l'importance de cette invention dès cette période, au regard des changements
201
culturels et intellectuels qu'elle permet . Comme l'ont notamment mis en avant les
travaux de Jack Goody, l'invention de l'écriture porte en germe des évolutions
cognitives significatives, une révolution intellectuelle, visible notamment dans les
178
listes de signes . Selon B. Lafont :

«  Les conséquences de l'écriture sur les processus cognitifs, ses


potentialités pour déployer de nouveaux moyens de communication
ont provoqué une modification de la perception du monde chez ceux
qui l'avaient inventée. Elle a permis que se développe un système de
pensée différent et a progressivement donné à ses utilisateurs de
nouvelles manières, non seulement de se projeter dans le temps et dans
l'espace, mais aussi d'entreprendre une réflexion sur le monde et son
202
organisation . »

Selon J.-J. Glassner l'invention du cunéiforme constitue une «  aventure


intellectuelle » d'une grande ampleur, qui se prolonge durant les siècles suivants :

« Elle a conduit la société mésopotamienne à penser différemment son


rapport au monde et à elle-même, par l'instauration de critères
rationnels, puis politiques, permettant à l'homme d'exercer un pouvoir
sur les choses, voire sur les forces surnaturelles qui sont à l'abri de
203
l'histoire et pourtant si historiques . »

Le proto-élamite
Autour de 3000 av. J.-C. (3100-2900 av. J.-C. selon la fourchette retenue par la
204
Cuneiform Digital Library Initiative ) se développe, dans le sud-ouest iranien, une
autre sorte d'écriture : le proto-élamite. C'est également le nom donné à la culture qui
se développe à cette période, désignée ainsi parce qu'elle semble être un antécédent

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de la civilisation de l'Élam qui occupe ces mêmes régions par la suite (civilisation
proto-élamite). Ce système est avant tout documenté par des tablettes mises au jour à
Suse (phase III), qui sont également les plus complexes, mais d'autres ont été
retrouvées sur des sites d'Iran (Tell-e Malyan, Tepe Yahya, Tepe Sialk, Tepe Sofalin,
205, 206
Shahr-e Sokhta, etc.) .

Tablettes proto-élamites de Suse.

Il s'agit d'un système intégralement administratif (deux tablettes pourraient être de


nature métrologique ou mathématique), concernant essentiellement des activités et
207
produits agricoles , comprenant des signes numériques, des signes pictographiques
représentant des objets, et des signes abstraits, la valeur des signes étant souvent
208
énigmatique .

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Comme on l'a déjà souligné, le site de Suse a fourni une documentation capitale pour
la compréhension des précurseurs de l'écriture (jetons, bulles-enveloppes, tablettes
numériques et numéro-idéographiques), mais pas d'exemplaire de tablette proto-
cunéiforme. Ce site aurait donc suivi une évolution similaire à Uruk, mais sans l'étape
décisive. Reste à savoir quand la coupure entre les deux évolutions s'effectue.
L'opinion générale est que le système est inspiré du proto-cunéiforme, qui lui serait
donc au moins légèrement antérieur. Mais cela reste discuté, car au-delà des signes
numériques et de quelques idéogrammes les deux systèmes sont très différents. Il est
donc possible que les deux soient des « écritures-sœurs » apparues chacune de leur
côté, constituant deux évolutions différentes à partir des tablettes numériques et
numéro-idéographiques, attestées à Suse comme à Uruk, précédant directement
209
l'apparition de l'écriture . L'emploi de signes numériques et de séparateurs entre
lignes similaires dans le répertoire Uruk IV et le proto-élamite sembleraient indiquer
qu'il y a des contacts entre les scribes des deux sites jusqu'à la fin de l'époque d'Uruk
210, 211, 212
IV, et le signe de Suse apparaît dans la liste de villes de la phase Uruk III .

L'écriture proto-élamite a été employée durant une période brève. Après cela
l'écriture n'est plus attestée en Élam pendant un bon demi-millénaire. Après quoi
l'écriture cunéiforme y apparaît. Il n'y a manifestement aucun successeur à ce
213
système , même s'il est parfois envisagé que certains de ses signes soient repris
dans une écriture développée en Élam autour de 2200-2100 av. J.-C., l'élamite
214
linéaire .

Du proto-cunéiforme au cunéiforme
Après la période des tablettes proto-cunéiformes
qui s'achève au plus tard autour de 3000-
2900 av. J.-C., les développements de l'écriture
dans la première moitié du
e
III   millénaire  av. J.-C., s'ils sont pauvrement
documentés, sont néanmoins clairs dans les
grandes lignes  : les signes en forme de coins ou
clous qui ont donné son nom à l'écriture
cunéiforme se généralisent, et l'écriture se dote de
signes phonétiques qui transcrivent des syllabes.
Les principaux sites de Basse
Cette phase correspond à la période des dynasties Mésopotamie durant la période des
archaïques (abrégé DA), dans ses sous-périodes dynasties archaïques.
DA I (v. 2900-2750), DA II (v. 2750-2600) et DA
215, 216
IIIA (v. 2600-2500) .

Depuis la phase d'Uruk III les signes quittent la forme de lignes courbes, pour être
165
constitués de lignes droites, ce qui leur donne un aspect de plus en plus abstrait .
Comme on l'a déjà souligné, c'est lié au fait qu'il était plus simple d'inciser des lignes

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droites que de tracer des lignes courbes dans de l'argile. La phase d'Uruk III voit aussi
se diffuser l'usage de calames à l'extrémité taillée en biseau, qui vont donner une
forme de clous aux signes tracés dans les tablettes, donnant l'aspect cunéiforme qui
sert à distinguer l'écriture mésopotamienne antique. Le processus de
«  cunéiformisation  » de l'écriture semble achevé au moment de la rédaction des
tablettes d'Ur datées des alentours de 2750-2700 av. J.-C. L'abstraction de l'écriture
se poursuit et dans les tablettes de l'époque de Fara (l'antique Shuruppak, v. 2600-
2500 av. J.-C.) les signes sont constitués de lignes dont l'extrémité est en forme de
clous, qui ne permettent généralement pas de reconnaître le pictogramme qui en est à
217
l'origine . Les calames à l'extrémité arrondie sont cependant encore en usage pour
écrire des signes numériques jusqu'aux derniers siècles du IIIe  millénaire  av. J.-C.,
116
quand ils sont remplacés par des signes numériques cunéiformes .

La première moitié du IIIe  millénaire  av. J.-C. voit également se produire un


ensemble d'évolutions qui vont rendre l'écriture mésopotamienne de plus en plus
phonétique et lui permettre de transcrire la langue parlée, donc des phrases. Comme
vu précédemment, il est possible que des signes proto-cunéiformes aient été lus de
façon phonétique, mais quand bien même ce serait le cas ils sont très minoritaires
dans le corpus connu. L'écriture proto-cunéiforme ne se préoccupe pas de rendre une
langue, agençant les signes logographiques dans un ordre aléatoire. Autour de 2750-
2700 av. J.-C. les corpus d'Ur et d'Uruk datés du DA I comprennent en revanche un
certain nombre de signes phonétiques, sous la forme de déterminatifs phonétiques
qui visent à préciser le sens d'un logogramme, et qui renvoient sans équivoque à du
sumérien. On trouve par exemple dans le corpus d'Ur le suffixe /-a/ servant à
transformer des verbes en noms (forme souvent traduite par un participe passé) : la
séquence ZIG3-GA, décomposée en un premier signe compris comme la racine ZIG3
«  s'élever/se lever  » et un second signe GA servant de complément phonétique
218, 152
ajoutant ce suffixe /-a/, sera comprise en sumérien zig3.a «  levé(e)  » . Le
développement de l'aspect phonétique de l'écriture cunéiforme se poursuit durant les
siècles suivants, et cela semble en bonne partie lié à son adaptation à l'autre langue
couramment parlée dans le Sud mésopotamien à cette période, l'akkadien, dont les
débuts s'observent en particulier dans les textes d'Abu Salabikh datés des alentours
219
de 2600-2500 . La syntaxe des textes est également adaptée à ces évolutions,
puisqu'au milieu du IIIe  millénaire  av. J.-C. les signes sont arrangés dans l'ordre
linguistique correct et non plus de façon aléatoire. L'évolution se décèle dans les
textes d'Abu Salabikh et apparaît clairement dans ceux de Girsu, qui datent surtout
219
des premières décennies du siècle suivant . Il s'agit donc sans équivoque possible
d'une « écriture » dans toutes les acceptions du terme, adaptée pour écrire une langue
220
orale .

De plus, le cunéiforme étoffe progressivement son répertoire  : toujours utilisé


principalement pour des besoins administratifs dans les tablettes archaïques d'Ur (v.
2750-2700), il commence aussi à être employé pour enregistrer des actes de vente de
terre (les «  anciens kudurrus  », sur pierre, v. 2900-2500), puis d'autres types de

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26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

transactions, des rituels religieux ainsi que des compositions littéraires (hymnes,
textes sapientiaux) à Shuruppak et à Abu Salabikh (v. 2600-2500), et des inscriptions
commémorant les actes pieux ou militaires des souverains et de l'élite dans les textes
221
de Girsu . Les spécialistes de l'écriture, les « scribes » (en sumérien dub-sar, mot
composé des termes signifiant « tablette » et « écrire ») apparaissent dans les textes
de l'époque, avec l'existence de diverses dénominations témoignant de hiérarchies et
de spécialisations au sein de ce groupe. Leur savoir-faire est donc désormais
222
assurément reconnu .

«  Monuments Blau  »  : deux Fragment d'inscription


pierres gravées de sur pierre, transfert de
provenance inconnue, propriété d'une terre,
comportant des signes provenant de Kish, v.
archaïques et rapportant sans 2600-2500 av. J.-C.
doute une cession de terre, (DA IIIA). Ashmolean
datables approximativement Museum.
de la période 2900-2700 av.
J.-C. British Museum.

Vase en pierre
Tablette administrative, Liste lexicale de inscrit voué à la
compte d'un versement professions, Shuruppak, déesse Inanna par
d'argent pour le v. 2600-2500 av. J.-C. Aka-Enlil, chef des
gouverneur. Shuruppak, v. (DA IIIA) Pergamon marchands.
2600-2500 av. J.-C. (DA Museum. Nippur, v. 2600-
IIIA). British Museum. 2500 av. J.-C. (DA
IIIA). Metropolitan
Museum.

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Inscription sur
pierre du roi Ur-
Nanshe de Lagash,
v. 2500 av. J.-C.  :
commémoration de
la construction d'un
temple, avec un
passage
comprenant une
incantation. Musée
du Louvre.

Références
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2. Englund 1998, p. 42.
3. Damerow 2006, p. 7-8.
4. Woods 2010, p. 45.
5. Nissen 2016, p. 43-44.
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Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie, vol. XIV, 2015,
p. 462-463 (dont figure 3) : 3600-3300 av. J.-C.
7. Par exemple https://cdli.ucla.edu/search/search_results.php?
SearchMode=Text&ObjectID=P235768
8. Par exemple https://cdli.ucla.edu/search/archival_view.php?ObjectID=P000742
9. Englund 1998, p. 46-47.
10. Selz 2020, p. 194-195.
11. « This imprecise (yet widely used) term refers to spherical, hollow, clay balls that
contain a certain number of the aforementioned tokens, which were also
impressed on the sealed outside surface of the balls » : Selz 2020, p. 196.
12. Englund 1998, p. 48-49.
13. Woods 2010, p. 46.
14. Dahl 2013, p. 241.
15. Selz 2020, p. 196-197.

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26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

16. Englund 1998, p. 50-51.


17. Woods 2010, p. 49.
18. Dahl 2013, p. 241-242.
19. Selz 2020, p. 195.
20. Englund 1998, p. 51 et 53.
21. Dahl 2013, p. 242.
22. Englund 1998, p. 43-45.
23. Selz 2020, p. 178-181.
24. Maurice Lambert, « Il y a 5 000 ans, les Pourquoi l'écriture est née en
Mésopotamie », Archéologia, no 12 « Pourquoi l'écriture est née en
Mésopotamie »,‎septembre 1966, p. 24-31.
25. Pierre Amiet, « Il y a 5 000 ans, les Élamites inventent l'écriture », Archéologia,
no 12 « Pourquoi l'écriture est née en Mésopotamie »,‎septembre 1966, p. 16-23.
Pierre Amiet, « Comptabilité et écriture archaïque à Suse et en Mésopotamie »,
dans Anne-Marie Christin (dir.), Écritures. Systèmes idéographiques et pratiques
expressives, Paris, Le Sycomore, 1982.
26. Alain Le Brun et François Vallat, « Les débuts de l’écriture à Suse », Cahiers de la
DAFI, vol. 8,‎1978, p. 11-59 ; abrégé dans François Vallat, « Le Matériel
épigraphique des couches 18 à 14 de l'Acropole », Paléorient, no 4,‎1978, p. 193-
195 (lire en ligne (http://www.persee.fr/doc/paleo_0153-9345_1978_num_4_1_42
21))
27. Englund 1998, p. 56.
28. Denise Schmandt-Besserat, « An Archaic Recording System and the Origin of
Writing », SyroMesopotamian Studies, vol. 1,2,‎1977, p. 1-32.
29. (en) Denise Schmandt-Besserat, Before Writing, Austin, University of Texas Press,
1992 (2 vol.).
30. Schmandt-Besserat 2022.
31. Englund 1998, p. 53-55.
32. Dahl 2013, p. 240-241.
33. Woods 2010, p. 46-49.
34. Par exemple (en) Peter Damerow, « Bookkeepers invented scripture: review of
Schmandt-Besserat's Before Writing 1992 », Rechtshistorisches Journal, vol. 12,
no 6,‎1993, p. 9–35 ; (en) Robert K. Englund, « Compte-rendu de Denise
Schmandt Besserat, How writing came about, 1996 », Written Language and
Literacy, vol. 1,‎1998, p. 257-261 (lire en ligne (https://cdli.ucla.edu/staff/englund/p
ublications/englund1998b.pdf)) ; Glassner 2000, p. 87-112.
35. « While the archaeologist has been faulted for over-interpreting both the
systematization and the iconic differentiation of these small clay objects (Englund
2004 : 26 n. 4), there can be little doubt that at least a subset consisting of many
of her simple geometrical artefacts represents the precursors of writing in
Mesopotamia, and therefore that cuneiform began with numerical signs. » :
Englund 2011, p. 33.

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26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

36. (en) Irving L. Finkel, « Inscriptions from Tell Brak 1984 », Iraq, vol. 47,‎1985,
p. 187-189.
37. Philippe Talon et Karel Van Lerberghe (dir.), En Syrie, aux origines de l'écriture,
Turnhout, Brepols, 1997, p. 197.
38. (en) Philippe Quenet, « The Diffusion of the Cuneiform Writing System in Northern
Mesopotamia: The Earliest Archaeological Evidence », Iraq, vol. 67, no 2,‎2005,
p. 31.
39. « The first writing, which we may define as the unambiguous representation of
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traditions, added many new elements, and codified and integrated the whole into a
system that was fundamentally different from the communicative systems that
preceded it. » : Woods 2010, p. 45.
40. (en) Kristina Sauer, « From Counting to Writing: The Innovative Potential of
Bookkeeping in Uruk Period Mesopotamia », dans Philipp W. Stockhammer et
Joseph Maran (dir.), Appropriating innovations: Entangled knowledge in Eurasia
5000-1500 BCE, Oxford, Oxbow, 2017, p. 12–28.
41. « The proto-cuneiform draws on the one hand from the rude system of numerical
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symbolic representation known especiallt from glyptic art. » : Cooper 2004, p. 77.
42. (en) Holly Pittman, « Towards an Understanding of the Role of Glyptic Imagery in
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Ferioli, Enrica Fiandra, Gian Giacomo Fissore et Marcella Frangipane (dir.),
Archives Before Writing, Rome, Ministero per i Beni Culturali e Ambientali, 1994,
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71. Par exemple https://cdli.ucla.edu/search/archival_view.php?ObjectID=P471695
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92. Englund 1998, p. 115 fig. 38.
93. Englund 1998, p. 187-188 fig. 73.
94. Englund 1998, p. 198-199.
95. Englund 1998, p. 206-207.
96. Lafont 2017, p. 64.
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98. Nissen 1997, p. 24.
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100. Englund 1998, p. 86-88.
101. Nissen 2016, p. 39-40.
102. Englund 1998, p. 90.
103. Englund 1998, p. 82-84.
104. Englund 1998, p. 92.
105. Englund 1998, p. 94.
106. Englund 1998, p. 95 et 98.
107. Englund 1998, p. 104 fig. 32.
108. Taylor 2013, p. 296-297.
109. Selz 2020, p. 200-202.
110. Englund 1998, p. 99.
111. Selz 2020, p. 203.
112. Nissen 1997, p. 28-29.
113. « Characteristic of the Level IV texts is that after making an oblique imprint into the
surface of the tablet the stylus then is drawn out enabling the scribe to produce
curved lines in addition to straight ones. The technique changes to the following
stage of Archaic Level III as the stylus is imprinted in a way that only straight lines
can be produced dissolving the former curved lines into series of straight ones.
This gives the signs the abstract shape anticipating the look of later cuneiform. » :
Nissen 2016, p. 37.
114. Cooper 2004, p. 85-86.
115. Woods 2020, p. 33-35.
116. Woods 2020, p. 35.

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117. « These were impressed deep in the clay surface with the butt ends of two round
styli of different diameters. As a rule, impressions of the larger stylus represent
larger numbers or measures, those of the smaller styli numbers and measures
from the lower scale of the numerical systems they represented. » : Englund 2011,
p. 38.
118. Englund 1998, p. 111-120.
119. Englund 1998, p. 112 n.245.
120. Woods 2020, p. 36.
121. Liste des signes du répertoire proto-cunéiforme sur le site de la CDLI :
https://cdli.ucla.edu/tools/SignLists/protocuneiform/archsigns.html
122. Damerow 2006, p. 6.
123. Taylor 2013, p. 292.
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130. Glassner 2000, p. 168-177.
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133. Cooper 2004, p. 89.
134. Damerow 2006, p. 1-2 et 5-6.
135. Veldhuis 2012, p. 4.
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139. (en) M. W Green, « The Construction and Implementation of the Cuneiform Writing
System », Visible Language, vol. 15, no 4,‎1981, p. 349-356 (lire en ligne (https://jo
urnals.uc.edu/index.php/vl/article/view/5325/4189)).
140. Englund 1998, p. 57 n. 112.
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144. Englund 1998, p. 58-59 fig. 17:2-3.
145. Nissen 2016, p. 40.
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147. Englund 1998, p. 82.
148. Cooper 2004, p. 80-81.

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149. Damerow 2006, p. 4-6.


150. Nissen 2016, p. 42.
151. Taylor 2013, p. 292-293.
152. Woods 2020, p. 43-44.
153. « The archaic signs are capable of recording commodities, professional titles, and
a variety of metrological systems. The texts do not record administrative events in
a narrative fashion but use the layout of the tablet (columns, obverse and reverse)
to indicate the relationships among items, totals, and persons involved (see Green
1981). In this respect, archaic cuneiform (at least in the more complex accounts) is
more like a modern spreadsheet than a modern writing system. » : (en) Niek
Veldhuis, « Cuneiform: Changes and Developments », dans Stephen D. Houston
(dir.), The Shape of Script. How and Why Writing Systems Change, Santa-Fe,
School of Advanced Research Press, 2012, p. 4.
154. Lafont 2017, p. 59-61 et 82-83.
155. Lafont 2017, p. 61-66.
156. « The Uruk phenomenon has received much attention as an early example of an
emergent state. To what extent this state is seen as a fully centralized organization
controlling bureaucratic, legal, military, and religious institutions is largely a matter
of interpretation. The emergence of statehood in southern Mesopotamia was
clearly intertwined with the process of urbanization and the development of Uruk
as a center that functioned as the administrative and political hub from which other
settlements depended hierarchically. This coincides with progressive
specialization and division of labor, as best evidenced by the proto-cuneiform
records of the Late Uruk period. » : Selz 2020, p. 218.
157. Lafont 2017, p. 102-103.
158. Selz 2020, p. 219-220.
159. Camille Lecompte, « L'époque de Jemdet Nasr dans la plaine alluviale », dans
Martin Sauvage (dir.), Atlas historique du Proche-Orient ancien, Paris, Les Belles
Lettres, 2020, p. 49.
160. Selz 2020, p. 214-215.
161. Selz 2020, p. 208-209.
162. Nissen 2016, p. 46-47.
163. Lafont 2017, p. 71-72.
164. Woods 2020, p. 29-30.
165. Veldhuis 2012, p. 5.
166. Lafont 2017, p. 72.
167. Damerow 2006, p. 7.
168. Cooper 2004, p. 94.

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169. « In Mesopotamia the invention of writing represented a more comprehensive


solution to a number of administrative and bookkeeping problems posed by an
increasingly complex bureaucracy, problems which were addressed individually,
but only in part, by earlier devices (Nissen 1986, 323–326). These earlier,
prehistoric administrative devices, which were likewise products of the Late Uruk
period, include cylinder seals, solid clay bullae, numerical tablets, the
aforementioned clay counters – typically referred to as tokens – and clay
envelopes (Figure 2.2). Each served as a way to control and monitor the flow of
materials, commodities, and labor. Although writing more often complemented
rather than replaced these devices, it provided a vastly more robust, effective, and
flexible means of recording and organizing data. » : Woods 2020, p. 29.
170. Matthews 1997, p. 19.
171. (en) Michael Hudson, « The Role of Accounting in Civilization's Economic
Takeoff », dans Michael Hudson et Cornelia Wunsch (dir.), Creating Economic
Order: Record-keeping, Money and the Development of Accounting in the Ancient
Near East, Bethesda, CDL, 2004, p. 1-22.
172. « In short, by the end of the Uruk period, cumulative innovations in the ways
knowledge was gathered, processed, and transmitted through time and space
provided southern Mesopotamian decision makers and the urban institutions they
worked for with a flow of varied and reliable economic data of the sort that is
necessary for the formation, maintenance, and effective expansion of large-scale
economies and social groups. More important, these data allowed Uruk elites to
deploy available labor and goods where they were needed most in order to
maximize their revenues, extend their power, and shore up the stability of the
social system they were in the process of transforming. » : (en) Guillermo Algaze,
« Initial Social Complexity in Southwestern Asia: The Mesopotamian Advantage »,
Current Anthropology, vol. 42, no 2,‎2001, p. 213.
173. Englund 1998, p. 29.
174. Damerow 2006, p. 4.
175. « As an accounting system, proto-cuneiform served above all to communicate and
store administrative data. » : Englund 1998, p. 29.
176. Glassner 2000, p. 279-293.
177. (en) Robert K. Englund, « Compte-rendu de Jean-Jacques Glassner (trad. Zainab
Bahrani et Marc Van De Mieroop), The Invention of Cuneiform: Writing in Sumer,
2003 », Journal of the American Oriental Society, vol. 125, no 1,‎2005, p. 113-116
178. Lafont 2017, p. 76-77.
179. Taylor 2013, p. 291.
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185. Niek Veldhuis, « How Did They Learn Cuneiform? Tribute/Word List C as an
Elementary Exercise », dans Piotr Michalowski et Niek Veldhuis (dir.), Approaches
to Sumerian Literature: Studies in Honour of Stip (H.L.J. Vanstiphout), Leyde et
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195. (de) Jan Keetman, « Sumerisch auf Tafeln der Schriftstufe Uruk III », dans Ilya
Arkhipov, Leonid Kogan et Natalia Koslova (dir.), The Third Millennium : Studies in
Early Mesopotamia and Syria in Honor of Walter Sommerfeld and Manfred
Krebernik, Leyde, Brill, 2020, p. 341-376. Dans le même ouvrage ce sujet est
également abordé par Aage Westenholz, « Was Kish the Center of a Territorial
State in the Third Millennium? — and Other Thorny Questions », p. 699-701.
196. Buccellati 1981, p. 3-4.
197. « The origin of writing has also been considered to mark the beginning of true and
proper history, because of the old-fashioned idea that there is no history before the
availability of written sources. But now that such an idea is considered simplistic or
wrong, we still can consider writing the most evident and symbolic culmination of
the entire process. » : (en) Mario Liverani, « Historical Overview », dans Daniel C.
Snell (dir.), A companion to the ancient Near East, Malden et Oxford, Blackwell,
2005, p. 5.
198. « Writing came to serve as an additional memory bank, but - and this is a crucial
difference with respect to human memory - a bank from which individuals could
draw what they had not contributed personally. This is the essentially impersonal
aspect of the phenomenon of writing: the communication of information, the
transmission of knowledge came to be possible without personal contact, without
face-to-face communication. » : (en) Giorgio Buccellati, « The Origin of Writing and
the Beginning of History », dans Giorgio Buccellati et Charles Speroni (dir.), The
Shape of the Past: Studies in Honour of Franklin D. Murphy, Los Angeles, UCLA
Cotsen Institute of Archaeology, 1981, p. 12.

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199. Taylor 2013, p. 291-292.


200. Algaze 2001, p. 212-213.
201. Englund 1998, p. 16.
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Égypte, au Proche-Orient et en Chine / Emergence of the state and development
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216. Camille Lecompte, « L'époque dite Dynastique archaïque I-II », dans Martin
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Séries de publications de textes


Archaische Texte aus Uruk (ATU), Berlin ;
Materialen zu den Frühen Schriftzeugnissen der Voderen Oriens (MVSO),
Berlin.

Voir aussi

Articles connexes
Liste de langues par première écriture attestée
Écriture cunéiforme
Période d'Uruk
Mésopotamie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Débuts_de_l%27écriture_en_Mésopotamie 62/63
26/02/2023 01:36 Débuts de l'écriture en Mésopotamie — Wikipédia

Sumer
Uruk
Suse (Élam)

Liens externes
(en) Cuneiform Digital Library Initiative (CDLI) (http://cdli.ucla.edu/)
Photographies et copies de tablettes archaïques, listes de signes proto-
cunéiformes ;
(en) [1] (http://cdli.ucla.edu:16080/wiki/index.php/Proto-cuneiform) [2] (http://cdli.
ucla.edu:16080/wiki/index.php/Proto-cuneiform_Version_II) Pages sur le proto-
cunéiforme, par Robert K. Englund (Wiki du CDLI).

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