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Notes Sur L’Histoire


D’Égypte
Jusqu’à la fin
De La Période Pharaonique

Par
Dr. MHAMED IBRAHIM ALY
Avec la colaboration
De
Dr. Nivin Tolba
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L’Histoire de l’Egypte

1- Les sources et la Dation

La construction d’une chronologie de l’histoire politique et


sociale de l’Egypte antique serait aujourd’hui impossible
sans l’aide de certains documents de référence rédigés
durant l’antiquité ou dans les périodes qui ont directement
suivit l’extinction de la civilisation Egyptienne.

On pense encore aujourd’hui, et peut de choses viennent


prouver le contraire, qu’un grand nombre de savoirs
multiples étaient détenus par les temples des différents
cultes. Ces savoirs incluent l’Histoire de la civilisation
Egyptienne dont beaucoup de prêtres firent allusion lors de
la visite de voyageurs et historiens Grecs sans en révéler
toujours le contenu.

Toutefois, ces documents, quand ils n’étaient pas issus de


traditions orales, ne passèrent pas les différentes guerres,
pillages et différentes formes d’inquisitions des périodes
troubles de la fin de l’antiquité méditerranéenne ainsi que
l’éclosion du Moyen Age.
3

Quand certains documents nous sont quand même


parvenus, ils ne sont que parcellaires ou fort mal conservés.
Il faut donc recouper plusieurs sources, les replacer dans
leurs contextes et déceler les modifications tentées de
manipulation de l’histoire.

Les sources de l’histoire égyptienne


La Pierre de Palerme

Ce monument est aujourd'hui exposé au musée de Palerme


(Sicile, Italie, Europe). Comme le papyrus de Turin, ce
bloc de diorite noire représente un désastre pour
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l'égyptologie. D'un grand bloc de 2.1 m. de longueur et 60


cm. de hauteur, il nous reste seulement cinq petits
morceaux. Quelques petits fragments sont également
conservés au Muséum Petrie à Londres et au musée du
Caire. Nous ne savons pas exactement la provenance
originale de ce monument qui regroupe quelques
événements majeurs de la période prédynastique jusqu’au
règne du Pharaon Neferirkare (2477 – 2467 av. JC, Ve
dynastie).

Les 2e et 3e ainsi que les 4e et 5e registres donnent les noms


et les événements importants des huit rois de la I ère dynastie
et les neuf rois de 2ème dynastie. Cette chronologie accorde
bien avec l’histoire de Manéthon; ce qui signifie, semble-t-
il, que ce dernier a consulté un document sûr et net pour
diviser les rois de la période pharaonique en dynasties.

La liste royale de Karnak

Cette liste a été rédigée sur les murs d’une chambre du


bâtiment, connu sous le nom Ax mnw, construit par le roi
Touthmôsis III de la XVIIIème dynastie. Cette chambre,
nommée « la chambre des ancêtres » est aujourd’hui
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conservée au musée du Louvre à Paris. Il s’ait d’une liste


des 62 roi à compter du premier Pharaon jusqu’à
Touthmôsis III (1504 – 1450 av. J.-C). chaque nom est
précédés par la notion nsw « le roi ». Cette liste à le grand
avantage d’indexer le nom des Pharaons de la Seconde
Période Intermédiaire (Dynasties XIII à XVII), période
pour le moins troublée. La liste en question est moins
impotente que celle d’Abydos du fait qu’elle s’appuyé sur
la tradition et non par sur les documents historiques.

La liste royale d’Abydos

Toujours en place dans le temple de Sethi Ier (1291 – 1278


av. JC), elle montre Sethi Ier et son fils (le futur Ramsès II)
devant la liste des souverains d’Egypte.

Cette liste omet volontairement les souverains de la


Seconde Période Intermédiaire ainsi que la période
amarnienne (1350 – 1334 av. J.-C.). Il est à noter que la
reine Hatshepsout (1498 – 1483 av. JC – XVIIIe dynastie)
est également absente de cette liste.
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Une copie de cette liste (réaménagée sur 3 lignes au lieu de


2) existe dans le Ramsèsseum, elle est connue sous le nom
de « Liste des rois d’Abydos » et est conservée au British
Muséum à Londres.

La liste de Saqqara

Cette source est en effet un des murs de la tombe d’un


certain Tjnery fils de Pa-ser, qui était le chef des travaux et
le scribe royale sous le règne du roi Rams~es II. Ce mur,
conservé au musée du Caire (CG 34516), est décoré en
deux registres. Le premier, ce qui nous concerne, est abîmé,
et représente, à droit, le dieu Ptah et, à gauche, le défunt et
devant ils, on voit deux ranges des 47 noms royales à partir
7

du sixième roi de la Ière dynastie, Mer-pa-pen. Du fait


qu’ils sont venus de la Haute Egypte, cette liste a
évidemment négligé les cinq premiers rois de la dynastie
car ils n’étaient pas, selon la documentions de la basse
Egypte, des rois légitimes.

Le canon Royale de Turin

La plus importante est un papyrus rédigé sous le règne de


Ramsès II conservé au Musée de Turin, sur lequel
Champollion fut le premier à travailler, et qui porte une
liste organisée par dynasties allant des origines au Nouvel
Empire.
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Il fut compilé aux environs de 1200 av. J.-C et est écrit en


hiératique très fin. Après avoir appartenu au roi de
Sardaigne, il fût transporté et très mal entreposé.
Aujourd’hui, le canon de Turin devrait être la référence
majeure sur l’histoire Egyptienne, malheureusement il
s’agit pour l’instant d’un mélange subtil de puzzles et de
casse-têtes qui seront peut-être, un jour, résolut. Il est à
noter aussi que le canon de Turin comporte la particularité
de conserver la durée des différents règnes en années, mais
également en mois et, parfois, jours.

Il s’agit d’un document essentiel pour toutes les


informations que l’on peut exploiter de lui.

Le registre de Manéthon

Manéthon, un prêtre Égyptien, que Plutarque nous décrit


comme un des deux conseillers du Pharaon Ptolémée Ier
Sôter (305 – 282 av. JC), compila différentes sources
provenant de temples. Toutefois, son importance ne réside
pas dans la quantité d’informations qu’il a pu transmettre,
son registre n’ayant jamais été retrouvé, mais plutôt du
découpage qu’il effectua concernant les différentes
périodes égyptiennes, classant celles-ci en « maisons de
pouvoir », ou bien Dynasties, en partant de l’unification de
l’Egypte jusqu’à la mort du dernier souverain Egyptien
Nectanébo II (360 – 343 av. JC)
9

Manéthon découpa l’histoire politique égyptienne en 30


dynasties, et les divers correcteurs ajoutèrent la XXXI e et
XXXIIe dynastie à ce découpage pour tenir compte de la
période Perse, Macédonienne, ainsi que celle des
Ptolémées, ce qui pousse l’histoire égyptienne jusqu’en 30
av. JC, mort de Cléopâtre VII (51 – 30 av. JC), devenue
aujourd’hui célèbre à la vue de l’œuvre cinématographique
et littéraire qui lui a été consacrée.

Mais le registre de Manéthon ne nous a jamais été transmit


directement. Il est cité par de nombreux historiens antiques
(Josephus, historien du Ier siècle, Sextius Julius Africanus,
historien du IIIe siècle), mais sa dernière utilisation connue
est celle faite par un patriarche Byzantin en IXe siècle. Il est
fort probable que, comme de nombreux documents
référencés à Byzance, le registre de Manéthon fût détruit
durant la terrible destruction de la citée.

Le problème majeur posé par le registre de Manéthon est


donc la fiabilité des citations que l’on ne peut confronter
avec l’original. Il est donc impossible de définir où les
corrections des « réviseurs » s’arrêtent. De plus, ceux-ci
n’ont pas reprit l’intégralité du registre de Manéthon. Nous
ne pouvons donc en connaître que ce qui a été alors
sélectionné.
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Le Calendrier Solaire
Toutes ces sources compilées et recoupées, corrigées, ne
donnent pas forcement une chronologie juste pour de
multiples raisons. Il est possible que les anciens Égyptiens
aient commencé par utiliser la lune comme une méthode de
datation, pendant la période préhistorique. En découvrant la
contradiction entre cette méthode lunaire de calcul et le
passage du réel temps, ils ont commencé à chercher une
nouvelle manière de datation dès le début de la III ème
Dynastie.

Pour quelques savants, l’utilisation de cette nouvelle


méthode de calcul, ou le calendrier solaire, a commencé
sous le roi Djer (Ière Dynastie). Comme évidence, ils ont
interprété une plaquette d’ivoire attribué au règne de ce
dernier roi. D’après eux, la plaquette représente (Sothis)
sous forme d’une vache couchée portant entre ses cornes
une pousse de plante qui symbolise l’année. Ils ont incliné
de voir que ces signes indiquent le premier rapprochement
entre l’apparition héliaque et le commencement de la
nouvelle année.

Mais, il est bien connu que les Égyptiens ont remarqué que
l’apparition héliaque de l’étoile Sothis convient au jour
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même de l’arrivée de l’inondation du Nil à Memphis, la


capitale et le centre d’administration de l’Egypte unie. Ce
jour a été choisi pour commencer la nouvelle année qui a
eu lieu, d’après le calendrier Julian, le 19 juillet (ou environ
un mois plus tôt d’après le calendrier Grégorien). Les
anciens Egyptiens ont divisé l’année en trois saisons de
quatre mois de trente jours (360 jours). La première saison

était la saison de l’inondation Axt, la seconde était la

saison de germination et de croissance prt, et la

troisième était la saison de la moisson Smw. Ils


ont aussi ajouté à leur année 5 jours, connus par “les jours
épagomènes” pendant lesquels ils célébraient les
anniversaires d’Osiris, Isis, Seth, Nephtys et Horus.

Par le temps, l’utilisation de cette méthode a créé un


problème majeur, puisqu l’année solaire réelle est 365 jours
et 6 heures. Le décalage d’un ¼ de jour chaque année a
éloigné graduellement entre les deux phénomènes. Ce ¼
jour par an a créé un décalage d’un jour tous les quatre
années et un mois tous les 121¼ années, ce qui ne peut pas
être corrigés qu’après une période de 1456 années (ce
qu’on appelle une période sothiaque). La coïncidence du
premier jour de l’année et du lever de Sothis a été
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enregistrée en 139 Après. J.-C. Par conséquent, c’est


possible, d’après ce qui est mentionné en dessus, d’établir
des dates précises pour cette coïncidence pendant la période
pharaonique qui a eu lieu en 1317 (la première année de
règne de Seti I), en 2773 et en 4323 av. J.-C.

En effet, on ne s’incline pas de considérer la date de 4323


av. J.-C. comme la première année du calendrier solaire
Égyptien, puisque les signes archéologiques prouvent que
le développement de la civilisation n’était pas suffisant à
cette période. D’autre part, la date de 2773 av. J.-C. est
préférée être le commencement du calendrier même s’il est
plus en retard que le règne de roi Djer. La connaissance du
phénomène du lever de Sothis ne veut pas nécessairement
dire que le calendrier solaire avait été adopté. Il paraît
raisonnable de supposer que, au moins, jusqu’à la fin de la
2ème Dynastie le calendrier lunaire était en usage. Alors il
a été remplacé par le nouveau calendrier pendant le temps
de Djoser.

Toutefois, le cycle solaire a ce « défaut » qu’une année ne


fait pas exactement 365 jours, mais plutôt 365¼ jours; ce
décalage est minime mais représente environ 6h d’une de
nos journées… ce qui au bout de 3000 ans de civilisation
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provoque de sérieux décalages. Pour corriger cela, nous


avons adopté, tous les 4 ans, une année dite : bissextile, qui
comporte 366 jours au lieu de 365, ce qui rattrape la
journée perdue en 4 ans…

Les Egyptiens ne disposaient pas d’un tel système de


correction qui ne fût implanté qu’en 238 av. J.-C pendant le
temps de Ptolémée III (246 – 222 av. JC). Mais le
calendrier officiel n’avait que peut d’importance pour les
habitants, se fiant plutôt au rythme des crues du Nil et des
récoltes, toutefois les dates et années consignées dans les
temples et papyrus officiels dépendent bien de ce calendrier
erroné…

De la Préhistoire à l’Histoire

 Cadres Généraux

L’Egypte présente une unité géographique : une longue


bande de terres cultivables dont la largeur ne dépasse guère
40 km, étirée sur plus de 1000 km depuis Assouan et la
frontière nubienne au Sud jusqu’à la Méditerranée, entre le
plateau libyque et la chaîne arabique.
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A l’Oldowayen, il y a un million d’année, jusqu’à la


période historique, c’était l’endroit d’Afrique orientale le
moins impropre à la vie.

 La formation

Le début du peuplement devrait dater de la fin de la période


pluviale abbassienne, au Paléolithique moyen, c’est-à-dire
vers 120 000-90 000 avant notre ère.

 Les premiers habitants

Durant le pluvial abbassien la culture acheuléenne se


diffuse probablement dans les zones occidentales. La fin de
l’Acheuléen marque une révolution technique nette : le
passage du biface à l’éclat. Cette période s’étend jusque
vers 30 000 av. JC et correspond aux civilisations
moustérienne et atérienne à l’économie de chasse.

 Chasseurs et agricultures

Une civilisation naît au Paléolithique moyen vers 45 000


avant notre ère et disparaît au Paléolithique récent vers 20
000, le Khormusien (du nom de Khor Musa, non loin de
Ouadi Halfa). La désertification des zones sahariennes
semble avoir poussé les hommes vers la vallée. Ce groupe
combine la nourriture de la savane (bœuf sauvage, antilope,
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gazelle) et le produit de la pêche. C’est à cette époque que


se fondent dans la vallée du Nil les éléments de la future
civilisation des pharaons.

Entre 15 000 et 10 000, la culture du Dabarosa prend le


relais du Khormusien et le passage au microlithe
s’accomplit avec le Ballanien. Parallèlement en Nubie le
Gemaïen a remplacé le Halfien pour arriver à la culture
qadienne où l’on trouve traces d’une tentative
d’agriculture qui ne survécut pas au tournant du Xe
millénaire (le réel passage se fera au milieu du VIe
millénaire peut-être sous l’influence du Proche Orient). Le
type de sépulture et le matériel retrouvé dans les tombes
appréhendent un style de vie présentant de nombreux points
communs avec les civilisations du Néolithique.

 Vers le Néolithique

La coupure essentielle entre Préhistoire et Histoire se fait à


la charnière du VIIe et du VIe millénaire, période mal
connue qui sépare l’Epipaléolithique du Néolithique. Tout
semble concourir à une modification radicale de la
civilisation. Une nouvelle période su pluviale favorise
l’élevage et l’agriculture, les techniques du tissage (lin), de
poterie et de vannerie.
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L’armement se perfectionne : fines pointes de flèches en


silex poli, harpons d’os. L’organisation de la société se fait
sur une base agricole : l’habitat se fixe sous forme de
fermes destinées aussi bien à l’élevage (bœufs, chèvres,
porcs) qu’à la culture (silos conservant le blé et l’orge).

Les sépultures s’installent hors du monde des vivants, à la


limite des terres cultivables. Le mort reçoit des offrandes
alimentaires et emporte avec lui mobilier et armes.

L’exploration des sites néolithiques est loin d’être achevée,


ce qui ne permet pas de démontrer s’il existait un clivage
entre le Nord et le Sud du pays. Les sites du Nord
possèdent une industrie de la pierre supérieure (armes,
vases) alors que les sites du Sud se distinguent par la
qualité de la poterie incrustée et rouge à bord noir. Mais ces
différences sont peut-être dues au hasard des découvertes.

Si toutefois on postule pour une réelle séparation, on peut


penser que le processus d’unification se serait fait en quatre
étapes, des débuts du Chalcolithique à l’époque thinite.

 Le prédynastique " primitif "

La première étape, le prédynastique "primitif ", du milieu


du VIe au milieu du Ve millénaire, voit le dernier stade de
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l’évolution du Fayoum A dans le Nord et du Badarien


(d’après le site de Badari) dans le Sud.

Les populations du Fayoum vivaient davantage de la pêche


et semblaient posséder une meilleure technique dans la
fabrication des vases de pierre et des armes et outils en
silex.

On remarque, durant cette période, une amélioration du


mobilier et du matériel agricole ainsi qu’une évolution
sensible des pratiques funéraires. Le défunt est enterré à
l’abri d’une peau animale et sa tombe prend un aspect de
plus en plus architectural. Les formes plastiques naissent :
les céramiques du Nord atteignent un stade très achevé, des
objets d’or et d’ivoire apparaissent (peignes, cuillères à
fard, figurines, bijoux, amulettes à figures humaines ou
animales).

Le prédynastique ancien

Vers 4 500 avant notre ère, l’Amratien, deuxième étape du


processus d’unification, se fait sans modifications
profondes. Elle correspond à la première phase connue du
site d’El-Amra à environ 120 km au sud de Badari, en plein
cœur de cette région qui, d’Assiout à Gebelein, recèle les
gisements prédynastiques les plus riches. Cette phase a
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pour correspondant, 150 km encore plus au sud, la première


occupation du site de Nagada (dite Nagada I).

La céramique connaît une double évolution : dans la forme


et dans le décor, avec des motifs géométriques tirés du
règne végétal et animal peints ou incisés.

La vallée s’ouvre sur l’extérieur par besoin de matières


premières : en Nubie, probablement par caravanes, à
l’Ouest en passant par les oasis, au bord de la mer Rouge,
dans le Sinaï…

L’exploitation des carrières, localisées dans des zones


éloignées des terres cultivées, oblige les Egyptiens à
organiser de véritables expéditions au cours desquelles ils
doivent s’assurer le contrôle des lieux d’extraction et des
voies de transit. Cette contrainte déterminera l’un des
aspects majeurs de la politique extérieure des pharaons afin
de garantir ces zones contre les incursions de peuples
étrangers.

La vaisselle de pierre trouvée à El-Amra prête à penser que


les relations entre les groupes culturels du Nord et du Sud
se sont intensifiés.
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 Le Gerzéen

La découverte de la culture d’El-Gerzeh a permis de


déterminer une troisième période, le Gerzéen, qui
correspond à la seconde phase de Nagada (ou Nagada II).

Par rapport à la culture précédente (l’Amratien), le Gerzéen


diffère par la production d’une céramique qui développe
des motifs stylisés : géométrisants pour reproduire des
thèmes végétaux ; naturalistes pour représenter la faune
(autruche, bouquetins, cervidés). De plus, les poteries et les
palettes de fard s’animent de personnages et de barques
transportant des emblèmes divins.

Les tombes deviennent des répliques des demeures


terrestres comportant meubles, amulettes, figurines et
objets d’apparat décorés de thèmes représentant des
animaux (lions, taureaux et bovidés, hippopotames,
faucons…) qui symbolisent les divinités.

La quatrième étape mesure l’influence du Nord sur le Sud


jusqu’à produire une culture mixte, le prédynastique récent
(Nagada III), qui précéda immédiatement l’unification du
pays et que l’on situe aux environs de 3 500 à 3 150 av. JC.
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Ainsi, les données archéologiques montrent que le passage


de la Préhistoire à l’Histoire est le résultat d’une lente
évolution et non d’un brusque bouleversement.

 L’unification politique

Le débat sur la constitution de la civilisation pharaonique


est loin d’être clos. D’un côté, les sources égyptiennes
semblent parler d’un triomphe du Sud sur le Nord. D’un
autre, les données archéologiques permettent de suivre
l’influence croissante des cultures du Nord sur la Moyenne
et la Haute Egypte.

La documentation directe est essentiellement constituée de


palettes. Objets votifs, elles sont de deux types. Le premier
est fait de figures zoomorphes simples, le contour de la
palette représentant le corps de l’animal (tortues, poissons,
hippopotames…). Le second commémore des événements
et combine des figurations symboliques et des notations
historiques dans lesquelles l’homme apparaît.
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La Période Thinite

 Les premiers rois

Les deux premières dynasties (3150-2700) qualifiées de


thinites par Manéthon, du nom de leur ville d’origine
supposée, This, non loin d’Abydos, commencent avec Aha.
On n’en connaît que ce que nous révèlent la Pierre de
Palerme et les tombes trouvées à Memphis et à Abydos.

Si Aha ne fait qu’un avec Narmer, c’est lui qui a fondé la


ville de Memphis et qui a introduit le culte du crocodile
Sobek dans le Fayoum ainsi que le culte du taureau Apis.
On suppose qu’il a organisé le pays nouvellement unifié en
menant une politique de conciliation avec le Nord. Si son
règne fut pacifique, il inaugure une série de guerres qui
mèneront ses successeurs contre les Nubiens et les Libyens
et entreprend le commerce avec la Syro-Palestine.

Le règne de Djer amplifie la politique extérieure du pays :


expéditions en Nubie jusqu’à Ouadi Halfa, peut-être en
Libye et au Sinaï. Il poursuit l’organisation du pays sur le
plan économique et religieux, fonde le palais de Memphis
et se fait inhumer à Abydos. A en juger par le mobilier
funéraire trouvé dans les tombes de ses contemporains, son
règne a dû être prospère.
22

 La fin de la dynastie

Le successeur de Djer, Ouadji (Serpent) mena une


expédition vers la mer Rouge, dans le but probable
d’exploiter les mines du désert oriental.

Den (Ousaphaïs chez Manéthon), le quatrième roi, a laissé


le souvenir d’un règne glorieux et riche. Il mena une
politique extérieure vigoureuse tournée vers le Proche-
Orient et une politique intérieure active. Il est le premier à
ajouter à sa titulature le nom de " roi de Haute et de Basse
Egypte (nysout-bity).

Le règne de Den est évalué à près d’un demi-siècle, ce qui


explique la relative brièveté de celui de son successeur
Adjib , suivi par Selerkhet puis par Qaâ qui clôture la Ire
dynastie.

 La IIe dynastie

Le pouvoir semble s’être déplacé vers Memphis. Les trois


premiers rois de la IIe dynastie se font enterrer à Saqqara :
Hotepsekhemoui (" les Deux Puissants sont en paix "),
Nebrê (" Rê est (mon) maître ") et Nineter (" celui qui
appartient aux dieux "). Les successeurs de Nineter ,
Ouneg et Senedj ne sont guère connus que par les listes
royales et des inscriptions sur vases provenant de la tombe
23

de Djoser. Il se pourrait que leur pouvoir se soit limité à la


région memphite. Le dernier a été contemporain du roi
Peribsen dont on connaît la sépulture à Abydos, que lui
aménagea son successeur local Sekhemib (" l’homme au
cœur puissant "). Ces éléments invitent à penser que les
relations entre les deux royaumes se sont détériorées vers la
fin du règne de Nineter.

Les choses changent avec Khâsekhemoui (" les Deux


Puissants sont couronnés ") qui réunifie le pays, et entame
une vigoureuse politique de construction. A la suite de
Manéthon, on arrête la période thinite à son règne sans
raison particulière.

Statue de Khâsekhem provenant de Hiérakonpolis.

Schiste. Musée du Caire


24

La dynastie est déjà davantage memphite que thinite et le


règne de Khâsekhemoui voit la fin des affrontements entre
le Nord et le Sud ainsi que la mise en place définitive des
structures économiques, religieuses et politiques du pays.

 La monarchie thinite

L’essentiel des institutions est déjà en place. Le principe de


la transmission du pouvoir par filiation directe sur lequel
repose l’institution pharaonique fonctionne déjà. De même,
le roi porte désormais les trois noms qui constituent la base
de la titulature : le nom d’Horus qui exprime la nature de
l’hypostase du dieu héritier du trône, celui du roi de Haute
et Basse Egypte (nysout-bity) et, depuis le roi Semerkhet,
un nom de nebty qui est probablement le reflet de la
carrière du prince héritier antérieure à son couronnement.

L’organisation de la maison royale est désormais ce qu’elle


sera dans les siècles qui suivent. Le palais, construit en
brique, abrite en même temps les appartements privés, le
harem, et l’administration. Le roi assume théoriquement
l’ensemble du pouvoir et est assisté par de hauts
fonctionnaires. Une double institution, la chancellerie de
Basse Egypte et celle de Haute Egypte, se charge par
l’intermédiaire de scribes, du recensement, de
25

l’organisation de l’irrigation et tout ce qui touche au


cadastre. Elle s’occupe de la collecte des taxes et de la
redistribution des biens qui sont versés à des " trésors " et
des " greniers " spécialisés dans les céréales, les troupeaux,
la nourriture en général. Ces organes du pouvoir central
traitent avec des rouages locaux qui sont répartis en
provinces que les Grecs ont appelées " nomes ".

Il n'y a aucune évidence de la division administrative en


Egypte pendant les périodes pré-dynastiques et archaïques.
Alors le symbole des nomes est apparu pour la première
fois dans le pyramide-complexe de Djoser et dans le
Temple de la Vallée de Seneferou à Dahshour. Les

Egyptiens appelaient le nome ou la « zone »: ,

, , or spAt ; pendant la période amarnienne,

le terme qaH est employé.

Les nombre des nomes, qui était 22 nomes pour la Haute


Egypte et 20 pour la Basse Egypte, avaient été sous la
responsabilité des nomarques.

On ne sait rien de l’organisation militaire du pays mais on


peut supposer que le système en vigueur par la suite est
déjà en place. On peut se faire une bonne idée de
26

l’architecture d’après les représentations de forteresses, le


plan de la partie fortifiée d’Abydos ou l’enceinte archaïque
de Hierakonpolis.

Pour l’architecture civile, on est réduit essentiellement aux


pions de jeux représentant des maisons et aux
représentations des façades de palais trouvées dans les
tombes. Ces dernières constituent la principale source
d’information de l’art thinite : objets d’ivoire et d’os, la
" faïence égyptienne ", la céramique et les vases en pierre.
La petite statuaire est abondante et variée. La grande
statuaire, elle, est encore rugueuse et figée.
27

L’Ancien Empire

2635 à -2140

L'ÂGE CLASSIQUE

Après la fin du règne de Khâ-sekhem-ouy, l'Egypte a


commencée une période de stabilité politique interne et de
paix extérieure. Cette époque, généralement appelée
l’Ancien Empire, a durée quasiment un demi-millénaire.
L’Ancien Empire est considéré comme le premier âge d'or
de la civilisation égyptienne. Il s'agit en effet de la plus
longue période de stabilité politique que l'Egypte ancienne
ait connue.

Pendant la période en question, l'art atteint une


perfection qu'il ne retrouvera plus qu'au cours des Moyen et
Nouvel Empires. Ainsi sont posés les grands thèmes de la
littérature classique égyptienne, les canons artistiques en
matière de peinture et de sculpture, mais aussi le
perfectionnement du système administratif qui perdurera
près de trois millénaires.

En outre, cette époque est nommée également « l'âge des


pyramides » du fait que la forme pyramidal était l’aspect
28

générale des tombeaux royaux ; ou « l'Empire memphite »


dans la mesure où la capital de l’état était Memphis.

L’Ancien Empire,(environ de 2700 à -2200 av. J.-C.), se


compose, selon les égyptologues orthodoxes, de quatre
dynasties :

La IIIe dynastie (2700-2625 )

La IVe dynastie (2625 -2510 )

La Ve dynastie (2510 – 2460 )

La VIe dynastie (2460 – 2200 )

À cette époque sont construites les premières pyramides :


la pyramide à degrés de Saqqarah, et les trois pyramides du
plateau de Gizeh. Il s'agit aussi d'une période d'expansion
territoriale avec, la conquête du Sinaï par Djéser et la
conquête de la Nubie par Pépi Ier.

La capitale se situe à Memphis, à la pointe Sud du Delta.

Memphis est le nom de la capitale du premier nome de


Basse-Égypte (Inb HD : « La muraille blanche »). Le site se
trouve aujourd'hui près des villes de Mit-Rahineh et
d'Helwan, au sud du Caire.
29

Le nom Memphis est la déformation grecque du nom


égyptien de la pyramide de Pépi Ier (VIe dynastie), Mn-nfr.

La ville était fondée par le roi Ménès et fut la capitale de


l'Égypte durant tout l'Ancien Empire. Memphis est sous la
protection du dieu Ptah, le patron des artisans, dont le
temple était l'Hwt-kA-PtH, le « château du ka de Ptah ».

La IIIe dynastie

Avec la IIIe dynastie (2700 à -2630) commence l’Ancien


Empire. Cette période est mal connue. La liste des rois
donnée par Manéthon diffère de celle du papyrus de Turin
de même que la Pierre de Palerme dont toute la dynastie est
en lacune.

Les objets découverts donnent un seul nom soit celui


d'Horus soit le Nswt bity et jamais les deux ensemble. Il est
difficile de déterminer le nombre des rois de cette dynastie
ainsi que l'ordre de succession de ces pharaons. Parce qu'un
pharaon peut avoir deux noms : le nom d'Horus sur un
monument et le nom de Nswt bity sur un autre. Comme
Nebka dont le nom d'Horus est Sanakht.

La liste des pharaons attribues à cette dynastie sont :

 Djoser, l’Horus Netery-Khet


30

 Sekhem-khet
 Nebka
 Djoserti ou Djoser(i)teti
 Nebkarê ( ?) ou Néferka(rê)
 Houni
 Un pharaon du nom d’Horus Zahedjet attend d’être
identifié à un des pharaons précédents.
 Djoser et Imhotep(2680-2660)


 Il est le fondateur de la III dynastie. Djoser a
promu l’architecture en pierre : sa pyramide lance un
nouveau type architectural qui sera adopté par ses
successeurs jusqu’à la fin du Moyen Empire.
 Le roi comme son vizir sont plus connus par leur
légende que par les données historiques. Imhotep,
grand prêtre d’Héliopolis, prêtre-lecteur, architecte
en chef sera divinisé à la Basse Epoque.
 Il succède à Nebka. Manéthon l’appelle
Tosorthros (Sesorthos) et lui compte vingt-neuf ans
de règne alors que le papyrus de Turin lui en compte
dix-neuf ans.
31

 Les monuments de son règne ne le désignent que


sous son nom d'Horus NTr ir xt qui signifie le corps
divin. Mais Le nom de Djéser apparaît seulement à
la XIIe dynastie sur une statue que Sésostris II dédie
à son ancêtre Djeser qui veut dire le sacré. Ce nom
était employé à la fin de l'Ancien Empire et pendant
la première période intermédiaire. Ainsi que dans le
papyrus Westcar qui est antérieur à la XIIe dynastie.
 Il est le fils de Khâsekhemoui et Ny-MAat-Hp.
Djeser était probablement le frère cadet de Nebka.
 Le nom de ce roi était associé avec les noms de
trois dames : Ny-MAat-Hp, Int-kA.s et htp-Hr-Nbty. La
première dame était l'épouse de Khaasekhemwy et la
mère de Djeser. Les deux autres dames étaient des
filles de Djeser. En 1911, E.Schiaparelli a découvert
un fragment en pierre comportant des représentations
des dames accompagnées par le text: sAt nswt Int-kA
.s, MAAt Hr Htp-Hr-Nbty. Donc Intkaous était la fille
royale tandis que Hotep-Her-Nebty était " celle qui
voit Horus".
 De même, M. Ibrahim avait découvert en 1986,
une stèle près de la pyramide à degrés, sur laquelle
ces deux dames portaient les mêmes titres. Le titre de
" celle qui voit Horus" n'était pas porté que par
32

l'épouse du roi. On peut supposer que Hotep-Her–


Nebty était la fille du dernier roi de la seconde
dynastie. Elle a épousé son demi-frère Djeser pour
légitimer son accession au trône. Ce qui confirme
que le fondateur de la IIIe dynastie est Djeser.
 Au début de son règne il réside près d'Abydos où
il commence la construction d'un tombeau à Beit
Khallaf. La reine Nimaâthâpy, appelée « Mère des
enfants royaux » sous Khâsekhemoui sera qualifiée
de « Mère du roi » sous Djéser. Le règne de Djéser
voit l’apparition du premier vizir connu : Menka.
 Une stèle, datant du règne de Ptolèmé V, trouvée
dans l'île de Sehel située au Sud d'Assouan, évoque
une famine qui a frappé l'Égypte en l'an XVIII du
règne de Djéser, famine qui dura sept ans (la stèle de
la famine). Djeser renforce l’administration de l’état
et est le premier roi à avoir la maîtrise de la
péninsule du Sinaï dont ses ressources minières
(cuivre, turquoise) passent sous contrôle de l’Égypte.
Djeser laissa un si prestigieux souvenir que c’est à
son nom que fut rédigé un apocryphe à l’époque
ptolémaïque.
 Djeser a mené une campagne en Nubie. Il a fait
construire un temple à Héliopolis. La statue de
33

Djéser est la première statue de taille naturelle.

 Imhotep: (Imouthes en grec) dont le nom en


égyptien ii m Htp signifie « celui qui vient en paix ».
Son œuvre architecturale la plus connue est le
complexe funéraire qu'il édifie à Saqqarah pour
Djéser et la plus ancienne pyramide à degrés du
monde.
 Imhotep apporte à l'Égypte quelques innovations :
 La généralisation de l'utilisation de la pierre
comme matériau de construction des temples et
tombeaux funéraires, alors qu'ils étaient construits
auparavant de briques de terre cuite. De plus,
l'invention de la pyramide à degrés comme tombeau
(« demeure d'éternité ») du roi.
 Sur le socle d'une statue du roi Djéser, découvert
dans l'enceinte de la pyramide à degrés à Saqqarah
(aujourd'hui au musée du Caire), il est présenté
comme « Le chancelier du roi de Basse-Égypte, le
premier après le roi de Haute-Égypte, administrateur
du grand palais, noble héréditaire, grand prêtre
d'Héliopolis, Imhotep, le constructeur, le sculpteur.»
 Au Nouvel Empire Il était ensuite associé à Thot,
dieu de la connaissance et de l'écriture. À la Basse
34

époque, il est divinisé et adoré surtout à Deir el-


Bahari. Il était considéré à Memphis comme le fils de
dieu Ptah. Plus tard encore, il reçoit le titre de dieu
memphite, reléguant Ptah à la seconde place.
 Les grecs le considèrent le dieu égyptien
Asclépios à cause de son habileté comme médecin. À
Philae, un temple lui est consacré près de celui de la
déesse Isis.
 La tombe d'Imhotep n'était pas découverte. Elle
devait se trouver près du Sérapéum de Memphis près
duquel sont découverts des souterrains renfermant les
momies d'ibis, babouins et faucons animaux sacrés à
Imhotep.

Sekhemkhet

L'Horus Sekhemkhet successeur de Djeser est bien sûr


le Nswt bity Djoserti ou Djoser(i)teti des listes de
Saqqarah et du papyrus de Turin qui lui accordent six ans
de règne. Manéthon lui accorde sept ans de règne. Il laisse
35

une pyramide inachevée à Saqqarah à cause de la brièveté


de son règne. Son nom était trouvé sur les mines de
turquoise d'Ouadi Maghara dans l'ouest de Sinaï.

Nebka

D'après Manéthon, cette dynastie comprend neuf rois de


Memphis. Elle commence par Necherophes (Necherochis).
Celui-ci est le roi Nebka. Bien que ce nom soit perdu de la
liste de Manéthon, il est mentionné dans le papyrus
Westcar. De même que sur la pierre de Palerme mais en
semi-lacune. Selon laquelle il aurait régné vingt-huit ans
comme Djeser.

Selon la pierre de Palerme, ce roi avait régné dix huit


ans. Durant son règne, les recensements traditionnels
avaient lieu avec régularité (dès la IIe dynastie) tous les
deux ans, auxquels étaient ajouté les dénombrements de l'or
et des pâturages, opérés huit fois durant son règne.
36

En l'an 13, il a construit un temple en pierre. En l'an 16,


il a érigé une statue en cuivre pour Khasekhemoui. En l'an
18, c'était le lancement ou la construction d'un navire. La
tombe de Nebka n'était pas découverte. Djeser l'avait peut-
être englobée durant la construction de son complexe
funéraire.

Toujours d'après Manéthon, Nebka était le fils du dernier


pharaon de la IIe dynastie et la reine Nimaâthâpy.
Toutefois, nous n’avons pas, jusque ce jour, aucun indice
pour le confirmer.

Quelques spécialistes croient qu'Horus Sanakht et Nebka


étaient deux rois différents de cette dynastie. Manéthon
compte six ans de règne pour le roi Sanakht. Nebka aurait
alors régné avant Djéser et Senakht après. Contrairement à
Djéser, peu de témoignages subsistent de ces deux règnes
supposés.

Le nom d'Horus du roi Nebka peut-être Sanakht. Le nom


de ce dernier est mentionné sur les sceaux trouvés à
37

Eléphantine tandis que le nom de Nebka est cité dans les


mines de turquoise à Ouadi Maghara en Sinaï. La tombe de
Sanakht n'était pas découverte mais elle doit se trouver à
Saqqarah à l'ouest du complexe funéraire de Djéser où les
empreintes de sceaux portant son nom étaient découverts.
Il a épousé Initkaes, une fille de Khâsekhemoui et
Nimaâthâpy.

 La fin de la IIIe dynastie

La fin de la dynastie est aussi peu connue que le début


de la dynastie. Par manque de documents explicites, les
archéologues suggèrent un ordre de succession fondé sur
l’évolution architecturale de la sépulture royale. On a
découvert sur le site de Zaouiet el-Aryan, à mi-chemin
entre Gizeh et Abousir, deux pyramides.

Khâba:

La pyramide méridionale de Zaouiet el-Aryan s’inspire


nettement de celle de Djoser et de Sekhemkhet à Saqqarah.
38

Il est attribué à l’Horus Khâba que l’on a rapproché du roi


Houni qui serait le dernier roi de la dynastie.

Nebka(rê) ou Néferka(rê):

Si Houni était le dernier roi de cette dynastie, donc


l’autre constructeur de la pyramide (nord) de Zaouiet el-
Aryan était selon les graffitis, l’Horus Nebka(rê) ou
Néferka(rê). Il était représenté dans la liste des rois de la
IIIe dynastie.

Houni:
39

Houni place son nom dans une cartouche au moment où


les rois inscrivaient leurs noms dans des srh. Son nom est
mentionné dans la liste royale de Saqqara et le papyrus de
Turin qui lui accorde un règne de 24. ans. Il était le dernier
roi de cette dynastie

La pyramide de Houni à Meidoum


40

La IVe dynastie (-2630 à -2510)

Le changement le plus important pendant cette dynastie


c'est le transfert de la nécropole royale du sud de Zaouiyet
el Aryan à Dahchour et Meïdoum avant son retour au nord
dès le règne de Chéops.

Cette période est bien connue par les pyramides de


Dahchour et de Gizeh. Le nombre de pharaons appartenant
à cette dynastie est incertain. Selon Manéthon, elle
renferme huit, le papyrus de Turin en lacune, en compte
neuf.

Snéfrou:

C'est le fondateur de la IVe dynastie.

Manéthon l’appelle Sôris et lui donne vingt-neuf ans de


règne. Le papyrus de Turin lui en compte vingt-quatre ans.
41

Les sources citent qu'il eut un règne long peut-être 40 ans et


glorieux et sera pris pour modèle par les rois du Moyen
Empire. Ce pharaon était divinisé pendant le Moyen
Empire.

Il est le fils d’Houni et d’une épouse secondaire


Meresânkh Ire. Sa mère n'était pas du sang royal. Pour
légitimer son accession au trône, il épouse sa demi-sœur
Hétephérès Ire, fille de Houni qui sera la mère de Khoufou
(Chéops) qui lui succède et une autre femme, dont le nom
n’est pas connu, mais dont il aura deux enfants Ka-Néfer et
Ânkhhaf.

Hétephérès Ire est célèbre par la découverte de sa


tombe à l'est de la grande pyramide de Chéops. Celle-ci
livra un magnifique mobilier de l'Ancien Empire ainsi
qu'une magnifique collection de bijoux ayant appartenu à la
reine.

Il est le seul roi auquel on puisse attribuer trois pyramides.


Il se fait construire au moins trois pyramides : une sur le
site de Méïdoum, abandonnée pour le site de Dahchour où
il en a deux. Celui du nord est nommé "la pyramide rouge",
celle du sud est la pyramide rhomboïdale appelée ainsi à
cause de la double pente de ses faces.
42

Il a envoyé des expéditions maritimes en Nubie d'où il


ramena 7000 prisonniers et 200000 têtes de bétails. Il a
notamment envoyé des expéditions terrestres au Sinaï où il
fut représenté au Ouadi Maghara. Ou bien en Libye, au
cours de laquelle 1100 hommes et 13000 bestiaux furent
capturés. Ces expéditions montrent la bonne organisation
de l'armée et de l'administration centrale. Sous son règne, il
a fait parvenir du Liban le bois de cèdre chargés sur 40
bateaux.

Le culte de ce roi est concentré sur la petite pyramide à


degrés à Eléphantine, Edfou, el-Koula, Ombos, Abydos, le
Seila et Zawiyet el Mayitin. Celle de Seila date du règne de
Snefrou puisqu'on a trouvé une stèle et une statue portant
son nom.

 Chéops

Chéops, en égyptien Khoufou, abréviation de xnm xw .f


wi (Khnoum me protège), est le deuxième pharaon de la
IVe dynastie. Manéthon l’appelle Souphis Ier et lui compte
43

soixante-trois ans de règne. Le papyrus de Turin a une


lacune pour son nom, mais lui en compte vingt-trois ans.

Il est le fils et le successeur de Snefrou. Sa mère est la


reine Hétep-Hérès Ire. Avec ses quatre épouses, il a dix
enfants dont Hétep-Hérès II qui épouse ses frères Kaouab
Ier et Djédefrê (le roi suivant) ; sa troisième femme
Khâmernebti Ire épouse ensuite Khéphren.

En dehors des successeurs de Khoufou sur le trône


d'Horus qui établirent leur propre monument funéraire,
presque tous les membres de cette famillle royale se firent
construire leur tombeau au voisinage immédiat de la grande
pyramide de Chéops à Gizeh. Le site de Gizeh, dominé par
les pyramides de Chéops et de ses successeurs, reste la
nécropole par excellence de la IVe dynastie.

A l'est de sa pyramide, se trouve trois pyramides de ses


reines. Chéops aménagea aussi une sépulture pour sa mère
Hétep-Hérès Ire après que sa tombe originelle à Dahchour
eut été pillée en l'an 15 de son règne. La tombe de la reine à
Gizeh était découverte en 1925 par Reisner. Le mobilier
funéraire de la reine est exposé au Musée égyptien du
Caire.
44

La réputation de Chéops nous vient surtout par ses


réalisations architecturales, entre autre pour avoir fait
construire la grande pyramide de Gizeh, dont la
construction prit vingt années, nécessitant 20 000 ouvriers,
et considérée de nos jours comme la perfection en terme de
technique de construction et d'architecture des pyramides
égyptiennes.

Comme le rapportent Hérodote (qui a visité l'Égypte 22


siècles plus tard) et les contes du papyrus Westcar (Nouvel
Empire), à l'inverse de son père, le pharaon Snéfrou,
Chéops était considéré comme un pharaon cruel et injuste
envers son peuple. Cette mauvaise réputation provient sans
doute du fait que l'on imaginait mal un tel édifice être
construit autrement que par des esclaves, dans la sueur et la
souffrance. Elle remonte à la première période
intermédiaire lorsque l'autorité du roi était en question.

Mais les découvertes récentes, ont révélé une ville des


artisans et ouvriers à Gizeh. Il apparaît que ceux-ci étaient
bien nourris et soignés.

Il a construit une statue royale colossale de 7 mètres


d'hauteur. Il a consacré l'ouverture de la bouche à une autre
statue en or. On n’à découvert qu'une seule minuscule de 9
45

cm de hauteur, trouvée en Abydos est en ivoire portant le


nom du roi.

Khoufou construisit également des


temples, en particulier, il entama la
construction du temple d'Hathor à
Dendérah et on a retrouvé dans les
fondations du temple de Bastet à Bubastis
des éléments d'un monument à son nom.
Son culte funéraire est attesté durant l'époque Saïte. Il était
populaire pendant l'époque Romaine. Chéops eut des fils
Kaouab et Djedefrê.

Les pyramides de Gizeh


46

Kaouâb

Kaouab Ier ou Kawab est le fils aîné du pharaon


Chéops et de Mérititès Ire. Il épousa sa sœur Hétep-Hérès II,
qui lui aurait donné plusieurs enfants.

Kaouâb, le prince héritier, décéda avant son père. Son


mastaba fut découvert à l'est de la pyramide de Chéops, à
Gizeh (Mastaba 7110-7120). La construction d'une
chambre funéraire pour sa femme Hétep-Hérès II y a été
commencée, mais n'était pas achevée. Hétep-Hérès
survécut à Kaouab de nombreuses années et choisit une
autre tombe.

Djédefrê (ou Didoufri)

Il est le successeur de Chéops. Après la mort de


Didoufri, il accéda au trône. Il épousa sa sœur Hétep-Hérès
II, fille ainée de Chéops, qui était l'épouse de Kaouâb. Il
était le second fils de Chéops de son épouse principale
Meritites.
47

Il n'a laissé que peu de traces de son court règne, qui est
placé entre les trois rois de la dynastie, Chéops, Chéphren
et Mykérinos. Selon le Canon de Turin, il a régné 8 ans
tandis que Manéthon lui accorde 63 ans. Sa personnalité et
son règne sont obscurs. On le connaît également sous le
nom de Rédjédef pour honorer Rê (Rê étant dieu, son nom
est placé devant).

Il est le premier à porter dans sa titulature le nom de


" fils de Rê " en développant l'affirmation de l'importance
d'Atoum face à Rê. C’est de son règne que date le premier
exemple de sphinx royal. (Conservé au Musée du Louvre).
Il quitte Giza pour se faire enterrer à Abou Roach. Son
complexe funéraire est sur le site d'Abou Roach , au nord
du Caire.

Certains voient en Djédefrê le même personnage que le


fameux magicien Djédefhor du conte du papyrus Westcar
bien qu'un personnage du même nom ait un mastaba
aménagé sur le plateau de Gizeh. Dans ce conte célèbre de
la littérature égyptienne antique, ce fils de Chéops fait venir
à la cour le magicien Djedi qui, après un certain nombre de
tours destinés à réjouir le cœur de Chéops, lui annonce sous
forme de prédiction la naissance future de trois enfants
mâles conçus par Rê et qui régneront sur le trône... mais ne
48

sont pas de sa descendance. Cette prophétie est censée


annoncer l'avènement de la Ve dynastie.

La tête de la statue de Djédefrê

Chéphren

Chéphren est le nom grec du pharaon Khafrê. Il est le


quatrième pharaon de la dynastie. Il avait épouse
Meresankh II, fille cadette de Chéops ou Meresankh III,
fille d'Hetephérès II et veuve à la fois de Kaouab et de
Didoufri. Chéphren est le petit-fils de Snefrou et fils de
Chéops. Sur le Papyrus de Turin, il est appelé Khâef Rê #A
49

.f Ra "Rê l'élève", son nom d'Horus wsr ib "au cœur fort".


Il fit construire la seconde grande pyramide du plateau de
Gizeh.

Manéthon lui accorde soixante-dix ans. Tandis que les


recensements bisannuels donnent une durée de vingt-cinq
ans.

C'est le quatrième roi de la IVe dynastie. Il était le fils


de Khoufou. Contrairement à ses prédécesseurs, le
complexe pyramidal de Chéphren est le mieux conservé,
que ce soit la pyramide, son temple haut, sa chaussée
montante et le temple bas. C'est de ce dernier, ainsi que du
temple du sphinx, que proviennent de nombreux fragments
de statues de Chéphren dont une complète est exposée au
musée du Caire. Chéphren est représenté assis sur le trône
d'Horus, coiffé du némès et la tête protégée par le dieu
faucon. Cette statue en diorite est obtenue d'une expédition
envoyée aux carrières de Chéphren dans la Basse Nubie.

C'est la seule parmi les très nombreuses statues du roi


dressées dans ses trois temples de Gizeh.

C’est de son règne que date le sphinx royal de Gizeh.


C'est l'image de Chéphren. Cette statue rend le nom du roi
eternel.
50

Le sarcophage royal était en granit, fut découvert par


Belzoni en 1818. Il était violé et trouvé vide. Il conserve le
titre de fils de Rê en développant l’affirmation de
l’importance d’Atoum face à Rê.

La statue de Chéphren au Musée Egyptien

Baefrê:

Selon le papyrus de Turin et Manéthon, le successeur de


Chéphren, était Baefrê. Manéthon lui accorde un règne de
vingt-deux ans tandis que le papyrus de Turin lui attribue
quatre ans seulement. Ce roi n'existe ni dans la liste royale
d'Abydos ni celle de Saqqarah.
51

Menkawrê

Il était le successeur immédiat de Chéphren et son fils de


Khamernebti Ire. Il était nommé par Hérodote Mykérinos.
Menkawrê mn kAw Ra signifie "Stables sont les kas de Rê".
Selon le Canon de Turin, Menkawrê avait régné 28 ans
tandis que Manéthon lui accorde 18 ans. Les détails de sa
vie étaient inscrits par Hérodote. Khamernebti II était
l'épouse de Menkawrê avec laquelle il est représenté dans
une statue groupe provenant de son temple de la vallée.

Il est le constructeur de la troisième grande pyramide à


Gizeh. Malheureusement, sa momie, son sarcophage en
pierre et son cercueil ont disparu lors du naufrage du bateau
qui les transportait en Angleterre. Lors de sa mort, il a
laissé son temple funéraire inachevé.

Shepseskaf
52

Son nom Spss kA .f signifie " noble est son ka ". Le fils
de Mykérinos, Shepseskaf, achève le complexe funéraire
de son père mais se fait enterrer à Saqqarah. Il est le dernier
roi de la IVe dynastie, celle des grands bâtisseurs. Le
papyrus de Turin lui accorde un règne de quatre ans.

Il a épousé Khentkaous, la fille de Djedefhor. Elle est


nommé dans sa mastaba en forme de sarcophage à Gizeh,
la mère de deux rois de la Haute et la Basse Egypte se
référant à Sahourê et Neferirkarê. Elle possède deux
tombeaux, l'un à Gizeh et l'autre à Aboussir.

Shepseskaf prend un édit pour protéger les domaines


funéraires de ses prédécesseurs. Manéthon, qui nomme
Shepseskaf Séberchérès, lui accorde sept années de règne,
le papyrus de Turin lui en donne quatre.

Il était le seul roi de l'Ancien Empire qui abandonne la


forme pyramidale. Il a construit un mastaba en forme du
sarcophage nommé" mastaba pharaon" à Saqqarah sud.
Enfin, Selon le Canon de Turin, le successeur de
Shepseskaf est Djedefhor de la liste du Ouadi Hammamat
ou il précède Baefrê. Et un autre nomme Ratosis. On ne sait
pas leur lien de famille avec Menkawrê.
53

La Ve dynastie (2510-2460)

La suprématie héliopolitaine

D'après le papyrus westcar, le magicien Djedi prédit


à Chéops que sa descendance sera éloigné du trône au
profit d'une nouvelle dynastie d'origine divine. Les trois
premiers rois de cette dynastie étaient les enfants de Rê. La
Ve dynastie comporte neuf rois. Elle semble avoir ouvert
l’Egypte sur l’extérieur, vers le Nord et vers le Sud. Les
reliefs du temple funéraire du successeur d’Ouserkaf,
Sahourê, montrent des représentations de pays vaincus et
le retour d’une expédition maritime, probablement à Byblos
avec des prolongements dans l’arrière-pays syrien. On lui
prête également une campagne contre les Libyens.

Ouserkaf et les premiers temps de la Ve dynastie

Ouserkaf est le premier souverain de la Ve dynastie. Il


succéda à Shepseskaf et précéda Sahourê.

Il est le fils d'un prêtre d'Héliopolis, Néferhétep et de la


princesse Néferhétepès II. Il aurait alors épousé
Khentkaous Ire, fille de Mykérinos et veuve de Chepseskaf,
54

légitimant ainsi son accession au trône. Dans cette


hypothèse elle lui aurait donné deux fils, Sahourê et
Néferirkarê, qui tous deux règneront à sa suite.

Son nom de Nswt bity Wsr kA .f "son ka est puissant". Le


nouvel ordre des choses est exprimé dans le nom d’Horus,
iry mAat, " celui qui met en pratique Maât. Le pharaon se
considère comme celui qui remet en ordre la création.

Ouserkaf est surtout connu pour avoir édifié pour la


première fois un temple solaire à Abousir, site situé au nord
de Saqqarah inaugurant ainsi une série de sanctuaires dédié
au dieu Rê que l'on croit conçus sur le modèle du grand
temple du dieu à Héliopolis. C'est ce même site d'Abousir
qui sera choisi par ses successeurs comme nécropole
royale.

Les temples solaires apparaissent dès la Ve dynastie et


disparaitront avec elle, ils se situent entre Gizeh et
Aboussir. Chaque roi de cette dynastie avait construit son
propre temple deux seulement ceux d'Ouserkaf et de
Niousserê ont été découverts et fouillés.

Ouserkaf lui, fit bâtir son complexe funéraire à Saqqarah


à l'est du complexe funéraire de Djéser. Peu de
représentations du roi sont connues à ce jour. On citera
55

notamment une tête d'un colosse, portant le némès, qui était


autrefois érigé dans la cour cérémonielle de son complexe
funéraire ainsi qu'une autre tête d'une statue du roi, cette
fois portant la couronne rouge, découverte dans son temple
solaire en Abousir.

Cependant les études récentes faites sur les complexes


funéraires de la fin de la IVe dynastie comme celles
effectuées sur le site de sa propre pyramide, tendent à
prouver qu'Ouserkaf aurait épousé Néferhétepès, fille de
Djédefrê avec laquelle il conçut l'héritier du trône Sahourê.
On conjecture ainsi qu'il serait plutôt le fils de Khentkaous
Ire et de Chepseskaf.

C’est également sous son règne que dateraient les


rapports de l’Egypte avec le monde égéen.

Sahourê

sAHw Ra

Il est le second souverain de la Ve dynastie . Il


succéda à Ouserkaf et précéda Néferirkarê Kakaï. Selon la
56

Papyrus de Turin, il avait régné quatorze ans tandis que les


Annales de Palerme lui accordent douze ans.

Il a construit son temple solaire à Abousir. Les


représentations de son temple funéraire à Abousir, montrent
les villes conquises. Le retour de l’expédition commerciale
de Byblos et les relations syriennes. Il avait mené une
campagne contre les libyens.

La Pierre de Palerme mentionne l'expédition


commerciale au pays de Pount décrite sur les reliefs de son
temple funéraire. Le pays de Pount est situé entre l'Est de
Soudan et le nord Eretria. L'Egypte avait emporté de Pount
le myrrhe, l'encens, les produits exotiques comme
l'électrum, l'or. L'ivoire, l'ébène, la résine, et la peau de
panthère. Son nom était inscrit dans les mines de Sinaï au
Ouadi Maghara.

Sahoure s'est occupé du sud et la preuve c'est l'existence


d'une stèle portant son nom dans les carrières de diorite
d'Abou Simbel et d'empreintes de son sceau à Bouhen.

Le règne des successeurs immédiats de Sahourê,


Neferirkarê-Kakaï, Rênéferef, Chepseskarê, est peu
connu.
57

Néferirkarê

Est le troisième souverain de la Ve dynastie. Il succéda


à Sahourê et précéda Chepseskarê. Il est le fils de
Khentkaous et frère de Sahourê selon le papyrus Westcar.
La pierre de Palerme lui attribue dix ou douze ans de règne.
Il a construit un temple funéraire à Abousir ou il a préservé
les archives administratives.

L'importance considérable dans l'économie des


productions à destination funéraires est révélée par les
archives administratives du temple funéraire du roi
Neferirkarê-Kakaï à Abousir. Si l'administration royale y
conserve un droit de regard, ce vaste circuit de l'économie
grève de plus en plus les moyens de l'État. Il a aussi
construit un temple solaire à Abousir.

Un décret d'exemption de taxes découvert en Abydos,


remonte à son règne. Ainsi qu'à Bouhen, on a trouvé des
empreintes de sceaux à son cartouche. En l'an 11 de son
règne, le roi a fait construit d'un bateau dans son temple
solaire ainsi que deux autres bateaux de cuivre de huit
58

coudées de long. L'une était la barque matinale et l'autre la


barque du soir.

Shepseskarê

Ce souverain aurait succédé à Néferirkarê et précédé


Néferefrê. Son nom Spss kA Ra signifie " noble est le ka de
Rê". Manéthon lui accorde sept ans de règne. Le seul
monument qui assure son existence est un scarabée.

On n'a pas encore identifié avec certitude l'emplacement


de son complexe funéraire même s'il est probablement situé
en Abousir. En effet un peu au nord du complexe
pyramidal de Sahourê se trouvent les vestiges d'une autre
pyramide inachevée qui peut appartenir à Chepseskarê.

Néferefrê

Il est un souverain de la Ve dynastie pharaonique. Il


aurait succédé à Chepseskarê et précédé Niouserrê. Son
nom d'Horus était Nfr kAw qui signifie "beau d'apparition".
59

Son nom de Nswt bity Néferefrê est incertain, il pourrait


être nfr ra qui signifie "Rê est bon". Manéthon lui accorde
vingt ans de règne ce qui parait peu vraisemblable.

Néferefrê entama l'édification de son complexe


funéraire en Abousir qu'il n'eut pas le temps d'achever.

Niouserrê

Il succéda à Néferefrê et précéda Menkaouhor. Ny wsr Ra


signifie "Celui qui appartient à la puissance de Rê."Il était
probablement le fils de Neferirkarê. Il épousa Repoutneb
qui lui donna trois filles qui étaient enterrées près de la
pyramide du roi.

Niouserrê se fit aménager un temple funéraire édifié à


Abou Gourab, retrouvé presque complet et donnant une
idée de ce que devait être son modèle héliopolitain. Ainsi
qu'un temple solaire à Abousir. Son complexe funéraire est
l'un des plus complets.
60

Selon les scènes trouvées dans son temple solaire, il a


célébré une fête-sed ce qui prouve qu'il a régné une
vingtaine d'années.

Ce roi avait mené une campagne en Syrie-Palestine et en


Libye. Il avait envoyé une expédition au Sinaï. On a
découvert son nom sur les objets dans le temple de Byblos.

Menkaouhor

Succédant à Niouserrê et précédé Djedkarê Isési, ce roi


n'utilise pas le nom de Rê dans son nom mais dans son
second cartouche Ikaouhor, on voit le nom d'Horus qui a
remplacé Rê. Son nom Mn kAw Hr signifie "Stable sont les
apparitions d'Horus".

Sous son règne, un certain changement intervient. Les


fonctionnaires provinciaux et ceux de la Cour ne sont plus
61

nécessairement choisis parmi les membres de la famille


royale et gagnent en puissance et en autonomie, minant
progressivement l’autorité centrale.

Il a envoyé des expéditions aux mines de Sinaï. Il


n'était pas enterré à Abousir. On ignore l'emplacement de
son temple solaire et de son complexe funéraire. Sa
pyramide était située à Dahchour ou à Saqqarah où on lui
rendait un culte durant le Nouvel Empire. Sur le site de
Memphis était découverte une statue portant son nom.

Djedkarê Isési

Les noms de roi +d kA Ra , « = " Eternel est le ka de


Rê". » et Izézi, sont employés indifféremment pour
désigner le roi. Le papyrus de Turin lui attribue vingt- huit
ans de règne et Manéthon lui attribue quarante quatre ans.
Ce roi a célébré la fête Sed parce qu'un vase en albâtre du
musée du Louvre mentionne cet événement.
62

Izézi prend ses distances avec le dogme héliopolitain. Il


ne construit pas de temple solaire et se fait enterrer à
Saqqara-sud, plus près de Memphis. Sa pyramide a
conservé sa momie bien que le sarcophage fut détruit.

Durant son long règne, il mène une politique extérieure :


mines du Sinaï et d’Abou Simbel, Byblos et le pays de
Pount. On trouve son nom sur des empreintes de sceaux à
Bouhen et en Nubie. L’accroissement du pouvoir des
fonctionnaires continue. Les vizirs de l’époque, dont le plus
célèbre, Ptahhotep, connu par son Enseignement, ont laissé
de riches tombeaux.

Les archives découvertes sur le site qui datent pour la


plupart du règne de Djedkarê Isési successeur de
Menkaouhor, mentionnent l'existence du temple solaire du
roi qui est nommé Akhet Rê, c’est-à-dire l'Horizon de Rê. Il
est le dernier souverain de la dynastie à édifier un tel
sanctuaire dont on n'a pas encore retrouvé l'emplacement.
63

Ounas

est le dernier souverain de la Ve dynastie. Il aurait


succédé à Djedkarê Isési et précédé Téti. Son nom d'Horus
est wAD tAwy qui signifie "celui qui rend prospère le Double
pays". Il eut un long règne. Le papyrus de Turin lui attribue
trente ans de règne et Manéthon lui attribue trente trois ans.

Il a construit sa pyramide à Saqqarah dont les


premières traces des textes des pyramides ont été
retrouvées. Son complexe funéraire est l'un des plus
conservés de Saqqarah.

Il avait mené une expédition à Eléphantine. Il avait des


activités en Libye, en Asie, le Liban et Byblos.

On arrête généralement la période classique de


l’Ancien Empire à son règne, la décadence de la première
Période Intermédiaire débutant avec la VIe dynastie.
64

La VIe dynastie (2460 à -2200)

Le passage de la Ve à la VIe dynastie s'était effectué sans


aucune difficulté. Les hauts fonctionnaires qui travaillaient
sous le règne d'Ounas ont servi durant le règne de son
successeur

L’Ancien Empire est à son apogée mais les féodalités


menacent le pouvoir central. S’y ajoute une nouvelle
menace : l’absence d’héritier mâle.

Téti

La statue de Teti dans son temple funéraire


65

C’est le premier roi et le fondateur de la VIe dynastie.


Téti monte sur le trône et, afin de légitimer son pouvoir,
épouse la fille d’Ounas Ipout qui lui donnera Pépi Ier. Son
nom d'Horus sHtp tAwy qui signifie "celui qui pacifie le
double pays". Ce qui prouve qu'il réunit les deux terres. Il
pratique une politique de pacification et d’alliance avec la
noblesse et continue les relations internationales. Manéthon
l’appelle Orthoès et lui compte trente ans de règne. Le
papyrus de Turin a une lacune sur son nom.

Il est le gendre d’Ounas de la Ve dynastie et lui succède


sur le trône. La capitale est à Memphis. Il maintient
pendant son règne des relations commerciales avec Byblos.
Il avait mené des expéditions pour extraire l'albatre de
Hatnub.

Il édifie sa pyramide (52 m) au Nord-Est du complexe


de Djéser à Saqqarah avec deux pyramides plus petites
pour les reines Ipout et Khouit (ou Kaouit). Il épouse aussi
Ouretimès. Il a plusieurs enfants : Pépi Ier, Seshseshat II
(Ouatet-Khétor), qui épouse Mérérouka, le vizir et chef des
prêtres de la pyramide de Téti, et Ânkhesenpépi Ire qui
épouse son demi-frère Pépi Ier
66

Il était le premier roi à être associé au culte d'Hathor à


Dendara. Son nom était découvert dans le temple d'Abydos
et le temple de Dendara.

Il meurt assassiné, peut-être au profit de l'usurpateur


Ouserkarê.

Ouserkarê

Il succède à Téti. Manéthon ne le mentionne pas. Il


passe du règne de Teti au règne de Pepi. Son nom Wsr kA Ra
signifie "stable est le ka de Rê".

Il pourrait s'agir du roi Ity ou Itii, dans ce cas son règne


aurait été parallèle à celui de Téti.

Le fait que le nom d'Ouserkarê apparaît entre Téti et


son fils Pépi Ier peut indiquer qu'il y avait co-régence
pendant la minorité de Pépi Ier ou qu'Ouserkarê en aurait
profité pour usurper le trône à la mort de Téti. Selon
67

Nicolas Grimal, Ouserkarê a partagé la charge de régent


avec la veuve de Téti, la reine Ipout au nom du jeune
successeur au trône.

Pépi Ier

Son nom d'Horus est mry tAwy "l'aimé de deux terres".


Son nom de fils de Rê mry ra "l'aimé de Rê". Il monte sur le
trône très jeune et a un long règne d’au moins quarante ans.
Une conspiration dans le harem dans laquelle était
impliquée l’une des femmes du roi. Elle laisse supposer que
son règne ne fut pas facile. Elle échoue, et Pépi confie le
règlement de l'affaire à Ouni.

Il mène une politique de présence en ordonnant de


grands travaux dans les principaux sanctuaires de Haute
Egypte : Dendera, Abydos, Eléphantine, Hiérakonpolis.

Pépi épouse successivement les deux filles du


nomarque d’Abydos, Khoui AnkhesenMerirê I et
68

AnkhesenMerirê II dont il a deux fils qui deviennent


pharaons : Mérenrê Ier et Pépi II. Sa tombe se trouve à
Saqqarah, c'est à l'intérieur que fut trouvé les textes des
pyramides.

er
La statue de Pépi I
69

Souverain énergique et entreprenant, il règne plus d’un


demi-siècle. Le règne de Pépi Ier ne marque pas de rupture
avec les temps heureux et stables que l'Égypte connaissait
depuis les débuts de l'Ancien Empire.

Secondé par des ministres compétents et efficaces,


comme le célèbre Ouni, qui nous a laissé son
autobiographie dans son tombeau d'Abydos, le pharaon sait
assurer sécurité et prospérité à son peuple.

Hors d'Égypte, plusieurs expéditions militaires


énergiques sont menées contre les aAamou, peuplades
bédouines qui menacent les frontières nord-est du royaume.
Les relations commerciales entre le royaume pharaonique
et les pays étrangers (Nubie, Byblos) restent florissantes.

Cependant, l'époque heureuse de Pépi Ier voit se


poursuivre la montée en puissance des hauts fonctionnaires
provinciaux, commencée sous la Ve dynastie. Les hautes
charges de l'État, en particulier celle de nomarque, ont de
plus en plus tendance à devenir héréditaires, sous la
pression de leurs détenteurs. Le poids politique croissant
face au pouvoir royal de ces lignées familiales de hauts
fonctionnaires est illustré par le mariage de Pépi Ier.
70

Le pharaon, pour affirmer son pouvoir sur la Moyenne-


Égypte, épouse les deux filles de Khoui, haut personnage
noble de la ville d'Abydos. Le fils de ce dernier, Djaou,
deviendra le vizir de Mérenrê Ier puis Pépi II.

Ses deux statues, qui sont les premières statues en


cuivre connue en Egypte ancienne, sont conservées
actuellement au Musée égyptien.

Mérenrê Ier

Son nom de nswt bity Mry n Ra "l'aimé de Rê". Selon


Manethon, ce roi avait régné sept ans. Il est le fils de la
première épouse de Pepi Ier .

L’expansion vers le Sud

Le fils de Pépi Ier, Mérenrê Ier, était le corégent de son


père et poursuit sa politique: exploitation des mines du
Sinaï, des carrières d’Eléphantines, de Hatnub et de Nubie.
71

Il garde le contrôle de la Haute-Egypte et mène des


campagnes en Syro-Palestine et en Nubie.

Il avait construit sa pyramide à Saqqarah sud. Il était


nécessaire que l'Egypte soit en paix avec les autres pays
pour importer le bétail, le bois, l'ivoire, l'ébène et pour
extraire les pierres. A sa mort, son demi-frère Pépi II lui
succède alors qu’il n’est âgé que de dix ans.

Pépi II

Son nom de Nswt bity est Nfr kA Ra qui signifie le ka de


Rê est beau. Ce roi, fils de Pépi Ier était trop jeune (6 ans)
lorsqu'il succéda à son demi-frère Mérenrê Ier, c'est pour
cela que sa mère Ankhesenmérirê II et son oncle Djaou
prennent la régence.

Il a été au pouvoir extrêmement longtemps (on lui


prête 94 années de règne et plus de 100 années de vie).
Selon le papyrus de Turin, il a régné quatre-vingt-dix ans.
C'est l'un des derniers membres de la VIe dynastie et sa
72

mort marque la fin de l'Ancien Empire. Il a fait construire


un complexe funéraire à Saqqarah-sud.

Pépi II épouse Neith, sa demi-sœur, fille


d'Ânkhnesmérirê II. Le très long règne de Pépi II, au moins
soixante-dix ans, quatre-vingt-quatorze selon la tradition,
semble s'inscrire dans la continuité de la politique menée
par les pharaons de la VIe dynastie. Il a construit trois
pyramides des reines, une pour Neith le second pour Ipout
et une troisième pour Oudjebten sont ruinées comme celle
de leur époux.

Neith était la fille de Pepi Ier et d'Ânkhnesmérirê II. Elle


épousa son demi frère Mérenrê Ier puis Pepi II. Elle était la
fille du roi, l'épouse royale et la mère de roi (Mérenrê II).

Mérenrê avait déjà confié la conduite d'expéditions en


basse Nubie à Hirkhouf, gouverneur d'Éléphantine et
directeur de tous les pays étrangers du Sud. Hirkhouf avait
atteint la région de la troisième cataracte du Nil, le pays de
Iam, et obtenu la soumission à l'Égypte des chefs tribaux
locaux. De ces pays, les Égyptiens faisaient venir des
produits précieux tels que l'or, l'ivoire, l'encens, le bois
d'ébène.
73

Le jeune Pépi II, dès le début de son règne, est fasciné


par ces contrées méridionales aux richesses merveilleuses.
Il y renvoie Herkhouf, en l'an 2 du règne. Ce dernier nous a
laissé dans son tombeau d'Éléphantine la reproduction
d'une lettre du pharaon reçue durant son retour vers
l'Égypte. Il lui apporte un nain, étonnant présent
qu'Herkhouf ramène de son voyage à la cour de Memphis.

Devenu adulte, Pépi II garde un intérêt constant pour la


Nubie, où il envoie Pépinakht surnommé Héqaib, le
successeur d'Herkhouf, mener deux opérations de
pacification contre des tribus rebelles. Sous son règne se
poursuit la colonisation égyptienne des oasis du désert
occidental- Dakhla, Kharga, Selima qui mènent vers la
Nubie.

Au nord, les relations commerciales déjà très anciennes


entre la ville cananéenne de Byblos et l'Égypte sont
maintenues. En Égypte même, le long règne de Pépi II
s'étire sur plusieurs décennies sans que le pays connaisse de
troubles majeurs. Depuis plusieurs règnes déjà, les
nomarques, gouverneurs des provinces, transmettent leur
charge à leurs fils. Ils forment ainsi des dynasties de
dignitaires solidement établis que le pharaon ne peut plus
74

révoquer et avec qui il doit composer. Sous Pépi II, cette


situation a pris le caractère du fait accompli.

De plus, certaines institutions religieuses locales sont


devenues assez influentes pour obtenir de Pépi II des
exemptions totales d'impôts, ce qui affaiblit encore le
contrôle royal sur le pays.

On peut penser que la longévité exceptionnelle et la


légitimité de Pépi II contribuent, au fil de son règne, à en
faire un souverain respecté de ses sujets et donc un roi
auquel les nomarques doivent conserver une loyauté au
moins officielle.

La tradition veut que Pépi II ait gouverné durant 94


ans. Cette longévité entraîna une crise de succession.

A la fin de son règne, l'Égypte entre dans une période


de troubles politiques et d'anarchie qui signe la fin de
l'Ancien Empire.

Mérenrê II
75

C'est un pharaon de la VIe dynastie. Il succède à Pépi II.


Son nom mry n Ra signifie " l'aimé de Rê". Il est le fils de
Mérenrê Ier et Neith. Ce pharaon précède la reine Nitocris.
Il était mort assassiné.

La liste royale d’Abydos mentionne ce roi qui n’aurait


régné qu’un an et serait l’époux de Nitocris qui, selon,
Manéthon, fut la dernière reine de la VIe dynastie.

Nitocris (ou Nitokris)

Elle est la première pharaonne qui ait laissé des traces


dans l'Histoire de l'Égypte antique. Certains égyptologues
voient en elle Neith, l'une des femmes de Pépi II. Elle
aurait succédé à son époux assassiné, Mérenrê II, et aurait
régné durant six à douze années.

De nombreuses légendes courent sur cette femme


mystérieuse, notamment parce que son règne marque la fin
de l'Ancien Empire. En fait, il est peu probable que Nitocris
soit directement impliquée dans la chute de l'Ancien
Empire ainsi que le long règne de Pépi II qui a épuisé le
pays et causé de graves dégâts.
76

Une légende raconte qu'elle aurait entraîné dans sa


mort les meurtriers de son époux ; noyant ces meurtriers
après un magnifique banquet auquel ils étaient invités, elle
se serait ensuite suicidée.

Manéthon mentionne cette reine « Il y eut une femme


Nitocris qui régna ; elle était plus courageuse que tous les
hommes de son temps, et c'était la plus belle de toutes les
femmes ; elle avait le physique d'une blonde aux joues
roses ».

D'après la liste royale d'Abydos, c'est Netjerkarê qui lui


aurait succédé.
77

La société et le pouvoir

L’Ancien Empire se termine par une période confuse


durant laquelle la désagrégation de l’administration centrale
s’accélère. Celle-ci est comparable à une pyramide au
sommet de laquelle se trouve le roi qui, en fait, ne traite que
les affaires militaires et religieuses. Pour l’essentiel, il
passe par le vizir (TAtj).

Au début de l’Ancien Empire, la fonction de vizir est


confiée à des princes de sang. Le vizir est en quelque sorte
le chef de l’exécutif et a compétence dans presque tous les
domaines.

A la même époque apparaît le " Chancelier du Dieu "


qui se charge des expéditions aux mines ou aux carrières,
des voyages commerciaux à l’étranger et qui se voit
attribuer une troupe armée. Signe d’affaiblissement du
pouvoir central, la charge de vizir est dédoublée sous Pépi
II de façon à coiffer séparément la Haute et la Basse
Egypte.

Du vizir dépendent 4 départements de l’administration


auxquels s’ajoute l’administration provinciale :
78

1-Le Trésor, c’est-à-dire le " Double Grenier " gère


l’ensemble de l’économie et reçoit l’impôt.

2-L’agriculture est subdivisée en deux ministères : le


premier s’occupe des troupeaux à travers deux " maisons ",
le second est chargé des cultures proprement dites : le
" service des champs " et celui des terres gagnées par
l’inondation.

3-Le département des archives royales conserve les titres de


propriété et tous les actes civils (contrats et testaments)
ainsi que les textes des décrets royaux.

4-Le département de la justice applique les lois.

A côté du gouvernement, l’administration locale repose


sur le découpage du pays en nomes dont l’administrateur
est avant tout chargé de l’entretien de l’irrigation et de la
conservation des domaines. C’est elle qui connaît
l’évolution la plus sensible durant l’Ancien Empire : la
charge des nomarques devient héréditaire en fait.

lmhotep, déjà connu pour sa sagesse et sa science, fit


choisir à son royal maître le site admirable de Saqqara, qui
dominait la capitale et ses palmeraies, et d’où l’on découvre
aussi a perte de vue la riante vallée vers le sud et la
79

naissance du Delta vers le nord. Erigeant de nombreuses


bornes et stèles au nom du roi, l’Horus Neterykhet, et des
deux filles royales Hetephernebty et Inetkaes- dont on
parlera ci-dessous, il délimite en ce site une aire de 15 ha.
suivant un rectangle de 544 m sur 277, soit cent fois la
superficie du fameux monument de brique crue de Nagada.
Voulut-il rappeler le style traditionnel des façades à redans
de ce type en entreprenant la construction de cette immense
enceinte bastionnée et à redans ? II semble bien plus
probable, étant donne la réduction considérable de la
superficie de ce tombeau de Nagada par rapport à celle du
« Mur blanc » de Ménès, noyau fortifie de la première
Memphis, que ce soit ce dernier que le génial architecte ait
voulu figurer dans ses proportions intégrales pour
l’enceinte de Djoser. II sut y transposer magistralement
dans la pierre, considérée comme indestructible,
l’architecture de brique crue à redans de son modèle. II mit
ainsi en œuvre un très beau calcaire blanc tire des carrières
de Tourah, sur l’autre rive du Nil, qu’il disposa suivant les
principes de la construction de brique crue, par assises
réglées de 0,26 m environ a la moitie inférieure, et de 0,28
a 0,40 m vers le haut. Quant à la répartition assez
irrégulière des quatorze simulacres de portes fermées parmi
les bastions de l’enceinte, elle laisse supposer que celle-ci
80

était la réplique fidèle d’une autre enceinte, où ces portes


avaient chacune une fonction effective qui détermina
normalement leur place respective.
81

La Première Période Intermédiaire

L’effondrement

On appelle le siècle et demi qui sépare l’Ancien du Moyen


Empire «Première Période Intermédiaire» : c’est un terme
qui ne veut rien dire et tout dire. La notion de période
«intermédiaire» n’est, historiquement, pas recevable : toute
période est un lien entre deux états d’une civilisation. Les
Egyptiens eux-mêmes n’ont pas considéré cette époque
comme une rupture dans leur histoire. Bien au contraire.
Non seulement il n’y a pas eu de véritable interruption dans
le gouvernement, mais en plus c’est sa forme
institutionnelle même que revendiquent des dynastes
locaux qui ne souhaitent qu’une chose récupérer à leur
compte le pouvoir qui a échappé des mains des souverains
memphites.

Les limites chronologiques de la Première Période


Intermédiaire sont aussi un problème. On s’accorde
généralement pour considérer qu’elle s’achève lorsque
Montouhotep II Nebhépetrê, un prince thébain qui se
voyait, lui et ses ancêtres, non pas comme nomarques mais
comme souverains légitimes d’Égypte, mena à bien la
82

réunification des deux royaumes qui avaient recouvré


l’indépendance des premiers temps. Cette coupure, si elle
correspond à un fait politique indiscutable, n’est pas
conforme à l’historiographie égyptienne, que ce soit celle
des princes thébains ou celle de Manéthon qui repose sur
un découpage en dynasties. La fin de l’Ancien Empire n’est
pas non plus facile à déterminer : est-ce la période de lente
décadence de l’autorité royale, qu’il faut faire remonter au
règne de Pépi II, l’effondrement de la VI° dynastie au
moment de la difficile succession de Nitocris ou la crise qui
s’abat vers cette époque sur l’Égypte?

Manéthon fait de la vue dynastie une description qui trahit


le désarroi de ses sources : «soixante-dix rois en soixante-
dix jours» - une formulation peut-être faite par jeu sur le
numéro de la dynastie pour en souligner le caractère
éphémère, à moins qu’il ne s’agisse d’une métaphore
jouant sur le chiffre soixante-dix, qui représente le nombre
des forces créatrices de la cosmologie héliopolitaine... Les
Egyptiens, eux, sont quasiment muets sur cette période
sombre. Le seul témoignage qui en soit connu est une
œuvre littéraire, à l’évidence apocryphe, qui nous est
parvenue par un unique manuscrit : un texte qui place dans
la bouche d’un nommé Ipouer un tableau apocalyptique des
83

exactions commises de son temps. Ces Lamentations, que


l’on a rapprochées du genre de la «prophétie », révèlent par
leur ton et le choix des éléments présentés leur intention
politique. L’état du pays que dresse Ipouer en regrettant
l’ordre qui régnait auparavant montre les ravages que
provoque la faiblesse du pouvoir et la nécessité d’avoir un
roi fort, qui ne peut être que celui dont la fin de la
prophétie, malheureusement perdue, devait annoncer la
venue.

«Voici que des événements se sont produits, qui n’avaient


jamais existé depuis la nuit des temps : le roi a été renversé
par la populace ! Oui, celui qui avait été enterré en tant que
Faucon, on l’a arraché de son sarcophage! Le caveau de la
pyramide a été violé ! Voici qu’on en est arrivé à ce point
qu’une poignée d’individus qui n’entendaient rien au
gouvernement a dépouillé le pays de sa royauté.»

Le sacrilège est double : non seulement on a privé le pays


de son roi, donc de la garantie du maintien de l’ordre établi,
mais encore on a dépouillé les générations précédentes de
leur survie en détruisant le corps du roi défunt. C’est, sans
jeu de mots, toute la pyramide de l’univers qui s’écroule
l’Égypte est devenue le «monde à l’envers», c’est-à-dire
84

qu’elle est la proie du chaos qui la guette à chaque fois que


l’hypostase du démiurge - le pharaon - manque à son devoir
ou disparaît... Derrière la phraséologie, il y a un fond de
réalité, dont on possède par ailleurs des témoignages
indirects. On a voulu voir dans cette crise qui s’abat sur
l’Egypte une révolution sociale. C’est improbable, dans la
mesure où ce n’est pas une nouvelle forme de
gouvernement qui en est sortie : l’ancien système a été
maintenu, comme il le sera par la suite à chaque nouvelle
«période intermédiaire ». Les événements relatés par Ipouer
ressemblent plutôt à une révolte des couches les plus
déshéritées de la société provoquée non pas par le
sentiment d’une injustice sociale, qui eût été totalement
étranger à l’esprit du système, mais par une cause
extérieure à l’Egypte, qui a trouvé un terrain favorable dans
un pays affaibli. La fin du IIIe millénaire a connu, en effet,
une période climatique de type sahélien qui a
particulièrement frappé l’Afrique orientale. En Égypte, la
disette s’est trouvée amplifiée par la carence de
l’administration centrale. On peut supposer que celle-ci fut
inapte à contraindre les nomarques devenus plus ou moins
indépendants dans leur province à maintenir en état les
canaux d’irrigation, indispensables pour assurer une bonne
répartition de la crue, à supposer que celle-ci n’ait pas déjà
85

été insuffisante plusieurs années de suite. Une constatation


vient étayer cette théorie en même temps qu’elle illustre la
fragilité de la notion de «période intermédiaire» il
semblerait que la famine, en tout cas les troubles qui l’ont
accompagnée, se soient limités à la vallée du Nil. La ville
agricole de Balat, dans l’oasis de Dakhla, et sa nécropole
voisine, par exemple, ne connaissent ni destruction ni
interruption à la fin de la vie dynastie.

Cette période critique n’a pas dû durer plus d’une ou deux


générations. Mais la violence qu’elle a engendrée ne s’est
pas calmée tout de suite ; elle a même persisté relativement
longtemps, si l’on en croit les regrets qu’exprime face à des
faits semblables le roi d’Hérakléopolis, en qui on voit
généralement Khéty III, dans l’Enseignement qu’il donne à
son fils, presque un siècle après

Les protestations d’innocence de Khéty III montrent que


lui-même ne pouvait pas, encore longtemps après la
période des troubles, contrôler totalement ses troupes. La
famine n’a pas non plus disparu en une année, et l’on
s’aperçoit que ces générations affamées et violentes ont
marqué durablement les Egyptiens. Une autre difficulté est
venue aggraver l’état du pays : la situation extérieure. On
86

ne possède aucune attestation d’activité de l’Égypte, de


quelque nature que ce soit, avec ses partenaires de l’Ancien
Empire ni en Syro-Palestine, ce qui veut dire que le
commerce avec Byblos et la Méditerranée orientale avait
cessé, ni dans le Sinaï, où l’exploitation des mines est
abandonnée. Pis encore, les Bédouins «habitants-des-sables
» contre lesquels Ouni guerroyait naguère envahissent le
Delta vers la fin de la VIII’ dynastie. Du côté de la Nubie,
les choses ne vont guère mieux : il n’y a, apparemment, ni
expéditions ni échanges, et la civilisation du Groupe-C peut
se développer en dehors de l’influence égyptienne.
Les héritiers

La VIIIe dynastie est moins fictive que la vile. Sur les dix-
sept rois que l’on peut lui attribuer, au moins cinq des noms
fournis par les listes royales reprennent le nom de
couronnement de Pépi II : Néferkarê. On en a déduit qu’il
s’agit de certains de ses fils ou petits-fils. C’est peut-être le
cas de Néferkaré Nébi, Khendou et Pépiséneb. On connaît
un peu les derniers rois de la dynastie grâce à des copies de
décrets pris en faveur de la famille du vizir Chémay de
Coptos. Le seul roi que l’on identifie avec précision est
Qakarê Aba auquel le Canon de Turin n’accorde que deux
ans de règne et que l’on place en quatorzième position dans
87

la dynastie. On a retrouvé sa pyramide à Saqqara-sud, à


proximité de celle de Pépi II. Bien que de petites
dimensions, elle continue la tradition memphite, puisqu’elle
est, elle aussi, inscrite.

Vers cette époque, c’est-à-dire approximativement 2160-


2150 avant notre ère, la situation n’est pas fameuse. Le
Delta est aux mains des envahisseurs venus de l’est, que les
Égyptiens désignent sous le nom générique d’«Asiatiques
». Le pays échappe à peu près complètement à l’autorité
des rois de la VIIIe dynastie, dont le pouvoir doit se limiter
à la région de Memphis. En Haute-Egypte, Thèbes n’est
pas encore la capitale du 4e nome, et ses princes, les
successeurs d’Ikni, en sont à jeter les bases de leur futur
royaume. La Moyenne-Égypte, elle, fait sécession autour
des princes d’Hérakléopolis, la capitale du riche et fertile
20e nome de Haute-Égypte, Nennesout, Ier « Infant royal»,
aujourd’hui Ahnâs el-Médineh, qui occupe une position
stratégique dans les échanges entre le Nord et le Sud sur le
Bahr Youssouf, un peu au sud de l’entrée du Fayoum. Cette
province, que sa position protège des invasions venues du
nord, a bénéficié dé l’accroissement des échanges dû à la
colonisation de la Nubie. Le pouvoir que s’arroge son
prince, Méribrê Khéty le, ne semble pas être contesté par
88

les autres nomarques, puisqu’on trouve son nom jusqu’à


Assouan. Il fonde une dynastie, la IXe de Manéthon, qui ne
dure guère - une trentaine d’années, de 2160 à 2130
environ -, mais donne une certaine légitimité à la Xe qui lui
fait suite. Les noms de couronnement que se choisissent les
rois d’Hérakléopolis - Méribrê, Néferkarê, Nebkaourê - les
posent en successeurs de la lignée memphite. Ils en gardent
peut-être le siège administratif, puisque Aba s’est fait
enterrer à Saqqara où la Mission allemande de Hanovre et
Berlin a retrouvé une nécropole contemporaine qui prouve
l’activité du site. Saqqara est peut-être encore nécropole
royale à la Xe dynastie, puisque la tradition place la
pyramide de Mérikarê à proximité de celle de Téti. Mais ce
ne sont là que des suppositions, car on ne connaît de ces
rois que leurs noms, et l’on ne sait comment interpréter les
rares données fournies par l’archéologie. On a trouvé, par
exemple, à Dara, à proximité de la ville moderne de
Manfalout, c’est-à-dire au débouché de la piste du Darb et-
tawil qui conduit à l’oasis de Dakhla, toute une nécropole,
manifestement royale. En son centre trône une pyramide
appartenant à un roi Khoui, que l’on place, sans aucune
certitude, dans la VIIIe dynastie. La reprise des fouilles de
Dara, entreprises jadis par l’Institut Français d’Archéologie
89

Orientale du Caire, éclaircira peut-être cet épisode de


l’histoire de la Moyenne-Égypte.

Hérakléopolitains et Thébains

La Xe dynastie, qui a une existence plus longue, puisqu’elle


atteint presque un siècle, est moins obscure. Son fondateur,
à nouveau un Néferkarê, serait donc le septième du nom. Il
est appelé sur un graffito de Hatnoub MéryHathor, «aimé
d’Hathor », ou, peut être plus vraisemblablement, Merbrê,
ce qui le rattacherait plus étroitement à la tradition
memphite dont il se réclame. Son successeur commence à
avoir maille à partir avec ses voisins du Sud, qui
entreprennent à leur tour la conquête du pouvoir. Car,
depuis l’effondrement du gouvernement memphite, les
provinces, dans un premier temps, avaient joué un jeu
d’alliances avec ou contre le pouvoir légitime. Puis elles
s’étaient mises à tenter plus ou moins leur chance, en tout
cas à conforter leurs positions respectives. On ne croit plus
aujourd’hui à l’existence d’un royaume abydénien, ni
coptite, que la position un peu excentrique de Coptos au
débouché du Ouadi Hammamat rendait plausible. La
famille du vizir Chémay que nous évoquions plus haut fit
90

très tôt alliance avec son voisin thébain : au moment de


l’affrontement entre Hérakléopolitains et Thébains. C’est
ce que nous apprend l’autobiographie d’un certain Ankhtifi,
chef du 3e nome de Haute-Égypte, Héfat, aujourd’hui
Mo’alla, à une quarantaine de kilomètres au sud de Louxor.

Ankhtifi est donc nomarque d’Hiérakonpolis et fidèle au


souverain d’Hérakléopolis qui doit être Néferkarê VII. On
remarque que ses titres sont fortement enracinés dans la
tradition memphite et hors de proportion avec la taille de sa
province : que le prince d’Hiérakonpolis soit à la fois
général en chef, chef des prophètes, des interprètes et des
régions montagneuses (c’est-à-dire des Affaires étrangères)
et chancelier du roi de Basse-Égypte, confirme pour le
moins la taille réduite du royaume hérakléopolitain. Un
autre trait est frappant : autant Ouni mettait en avant ses
titres nationaux, autant Ankhtifi se sent d’abord chef de sa
province : il n’est pas gouverneur d’une région, mais
simplement chef de trois nomes. Et encore, il ne devient
nomarque d’Edfou qu’après en avoir dépouillé Khoui qui
était allié à Thèbes. Là encore, il y a une disproportion
entre les termes utilisés, qui relèvent de la phraséologie
royale, et la réalité de ce qui tenait plus de tractations
diplomatiques que d’un véritable maintien de l’ordre.
91

L’essentiel des combats a lieu autour d’Ermant, la ville du


dieu Montou, au coeur de la Thébaïde. Cela donne la
mesure du pouvoir des gens de Thèbes qui ont formé
alliance avec Coptos : pressés sur leur propre territoire par
les troupes des trois premiers nomes de Haute-Égypte, ils
refusent le combat. Le texte ne nous donne pas l’issue de
ces affrontements, interrompus sans doute par la famine, à
moins qu’Ankhtifi, peu soucieux de relater ses revers, ait
consacré la fin de son autobiographie à évoquer son oeuvre
de paix. Un échec de sa part est assez probable, même si
l’achèvement de sa tombe laisse supposer qu’il n’a pas
personnellement été vaincu.

Son adversaire est le fondateur de la dynastie thébaine, le


prince Antef I", qui se proclame roi sous le nom d’Horus de
Seherou-Taoui, «Celui qui a ramené le calme dans les Deux
Terres », un nom que reprendra un demi-millénaire plus
tard l’autre réunificateur originaire de Thèbes : Kamosé.
Cet Antef Ier n’est pas le fondateur de la lignée thébaine,
qui a compté avant lui deux princes. A l’origine se trouve
un premier Antef, qui est, comme son successeur
Montouhotep Ier, nommé dans la liste royale de la
«Chambre des Ancêtres » de Karnak en tant que nomarque.
92

Il devait être contemporain de la fin de la VIIIe dynastie, à


laquelle il fait allégeance, peut-être déjà par opposition au
pouvoir montant d’Hérakléopolis. Cet Antef est l’objet
d’un culte sous Sésostris III en tant que fondateur de la
dynastie, tout comme Montouhotep Ier qui reçoit même un
nom fictif d’Horus : tépy-â, «l’ancêtre » Montouhotep Ier
est le père d’Antef Ier qui s’est proclamé «chef suprême de
la Haute-Égypte» avant de se déclarer roi.

Après sa victoire probable sur Ankhtifi, Antef Ier est maître


du Sud - au moins, de Coptos, Dendara et des trois nomes
commandés par Hiérakonpolis. Son successeur, Antef II
ouahânkh, reprend la lutte avec Hérakléopolis, où Khéty III
est monté sur le trône. Elle a cette fois pour théâtre la
Moyenne Égypte, que les Thébains cherchent à arracher
aux rois du Nord.

On suit assez bien l’histoire de la Moyenne-Égypte tout au


long de ces combats grâce aux renseignements que
fournissent les nécropoles des trois provinces clés que sont
les 13e, 16e et 15e nomes de Haute-Égypte. Le 15e a pour
capitale Hermopolis d’où le dieu Chou était supposé avoir
soulevé le ciel ; ses princes sont enterrés à El-Bercheh, à
quelques kilomètres au nord de Mellaoui. Leurs dix
93

tombeaux permettent de reconstituer une véritable dynastie


qui prétendait descendre des rois memphites, et que l’on
suit depuis Aha II, contemporain du roi Khéty III, puis
Djéhoutynakht I à III, qui céda le pouvoir sous le règne du
roi Néferkarê à Ahanakht, qui lui-même eut pour
successeur Djéhoutynakht IV. Ce dernier assista à la lutte
entre Khéty III et Antef II Ouahankh, à laquelle il ne paraît
pas avoir participé. On ne suit l’engagement du nome du
Lièvre que vers 2040, au moment de la conquête finale par
Montouhotep II.

Le nomarque d’alors, Néhéri, qui détenait également la


charge de vizir, commande l’une des deux divisions
hérakléopolitaines. Il se borne à protéger sa province avec
l’aide de ses fils Kay et le futur Djéhoutynakht V, qui lui
aussi restera si bien en paix avec Thèbes que sa famille
gouvernera encore Hermopolis sous le règne de Sésostris
III !

La situation est à peu près la même dans le nome voisin de


l’Oryx, le 16e et le plus au nord, dont la nécropole se trouve
à Béni Hassan, en face de la ville moderne de Minieh. Ses
princes, dont la lignée était apparentée à celle du 15e nome,
restent neutres, puis deviennent pro-thébains avec Baget
94

III, contemporain de Montouhotep II. Cette attitude porte


ses fruits, puisque le pouvoir reste entre les mains de la
même famille après la conquête thébaine.

La province d’Assiout, elle, est plus directement au cœur


des affrontements. On suit son histoire depuis les environs
de 2130, avec le prince Khéty Ie, dont le nom dit assez la
loyauté envers le pouvoir hérakldopolitain. Il se targue
d’avoir protégé son nome de la famine en ayant procédé à
des distributions de vivres, et même d’avoir gagné des
terres cultivables par une politique d’irrigation judicieuse.
Son successeur Téfi II fait de même, tout en menant la lutte
contre Thèbes pour le compte du roi Khéty III, et la
province atteint un grand degré de prospérité sous le règne
de Mérikarê, qui met en place le prince Khéty II : celui-ci,
en effet, fait restaurer le temple d’Assiout et entretient une
armée non négligeable.
L’opposition entre le Nord et le Sud n’est donc pas une
guerre constante, mais plutôt un état de paix précaire, grâce
auquel chaque camp essaie de consolider ses positions. Les
temps de famine et de troubles sociaux sont loin, et le
vainqueur réunifiera un pays qui a déjà retrouvé ses forces.
95

Revenons à la dynastie hérakléopolitaine. Nous avons vu


plus haut que Khéty III évoque les combats pour la
possession de This dans l’Enseignement qu’il donne à son
fils Mérikarê. Mais il est plus préoccupé par la situation du
nord de l’Égypte dont il mène à bien la libération en
chassant les Bédouins et les Asiatiques. Il reconstitue
l’organisation en nomes sous l’autorité de l’ancienne
capitale, alors qu’auparavant, « le pouvoir d’un seul était
aux mains de dix », restaure les canaux d’irrigation et
envoie des colons à l’est du Delta. Pour ce qui est du Sud, il
conseille à son fils la prudence, et de se contenter d’être un
bon gestionnaire qui assure la prospérité de ses sujets : «
Qui a chez lui du bien ne fomente pas de trouble, car le
riche ne saurait être dans le besoin.» Il l’encourage à
reconstituer les forces de son royaume, sans négliger
d’entretenir une armée puissante, dans l’attente d’un
affrontement probable avec Thèbes.

Khéty III est le dernier grand roi d’Hérakléopolis. Sa


politique si sage à l’intérieur de son royaume ne semble pas
avoir eu beaucoup de succès à l’extérieur. A. Mariette
découvrit en effet en 1860, dans la chapelle funéraire
d’Antef II qui se trouve dans la nécropole thébaine d’el-
96

Târif, une stèle sur laquelle le roi de Thèbes relate sa


conquête de la Haute Égypte
«J’ai agrandi les frontières méridionales [de mon royaume]
jusqu’au nome d’Ouadjet [le 10e de Haute-Égypte] (...). J’ai
pris Abydos et sa région tout entière. J’ai ouvert toutes les
forteresses du nome d’Ouadjet et j’en ai fait la porte [de
mon royaume].»

On sait par ailleurs, grâce à la découverte faite dans le


sanctuaire d’Héqaib à Éléphantine d’une statue le
représentant vêtu du manteau de la fête-sed, que son
autorité s’étendait jusqu’à la Première Cataracte et peut-être
sur une partie de la Basse-Nubie, ce que confirmerait
l’expédition conduite par Djémi de Gebelein jusque dans le
pays de Ouaouat. Lorsqu’il cède la place à Antef III,
Thèbes est maîtresse de toute la Haute-Égypte jusqu’au sud
d’Assiout. C’est là que se livrent les derniers combats qui
aboutissent à la réunification finale du pays conduite par le
fils d’Antef III, Montouhotep II, qui ouvre ainsi le Moyen
Empire.
97

LE MOYEN EMPIRE

Les premiers temps de l’unité

Montouhotep II prend la succession d’Antef III vers 2061.


Quand il monte sur le trône, sous le nom de Séânkhibtaouy,
«Celui qui vivifie le coeur des Deux Terres », son pouvoir
s’étend de la Première Cataracte au 10e nome de Haute
Égypte, c’est-à-dire qu’il est encore limité au nord par celui
des princes d’Assiout. Une paix armée s’est établie entre
les deux royaumes ; elle est interrompue par la révolte du
nome thinite, qui, durement éprouvé par une nouvelle
famine, bascule dans le clan hérakléopolitain. Montouhotep
prend Assiout, traversant sans coup férir le 15 e nome. C’est
la chute d’ Hérakléopolis.

Proclamé définitivement roi des deux terres d’Égyptes sous


le nom de Nebhépetrê, le Fils de Rê Montouhotep affirme
son origine en adoptant comme nom d’Horus Netjérihedjet,
«Divine est la couronne blanche». Son autorité n’est
cependant pas définitivement assise sur l’ensemble du pays,
et la pacification dure plusieurs années. On découvre à cette
98

occasion que l’oasis de Dakhla, dans le désert occidental,


servait déjà de refuge aux opposants politiques.
Montouhotep les y pourchasse. Il récompense la fidélité des
princes de l’Oryx et du Lièvre en les laissant en place et
maintient partout ailleurs en Haute Égypte les féodalités
locales, sauf à Assiout. Il coiffe tout le reste du pays par des
contrôleurs thébains qui surveillent tout particulièrement
Hérakléopolis, redevenue une province, et le nome
d’Héliopolis. II déplace la capitale à Thèbes, crée un poste
de « gouverneur du Nord» et rétablit les anciens
chanceliers, ainsi que la charge de vizir, dont on connaît les
trois titulaires au cours de son règne : Dagi, Bebi et Ipy.
L’ensemble de ces opérations dure vraisemblablement
jusqu’en l’an 30 de son règne. La réunification est alors
achevée, et il prend en l’an 39 un nouveau nom d’Horus
Sémataoui, « Celui qui a unifié les Deux Terres ».
Unificateur, il est aussi un grand constructeur : il poursuit
les travaux de restauration entrepris par Antef III à
Eléphantine dans les temples d’Héqaib et de Satis. Il
construit également à El-Ballas, Dendara, Elkab, dans le
temple d’Hathor de Gebelein, où il fait représenter la
soumission du Nord, et à Abydos, où il fait faire des
adjonctions au temple d’Osiris. Il embellit les sanctuaires
de Montou de Tôd et d’Ermant et se fait édifier dans le
99

cirque de Deir el-Bahari un complexe funéraire dans un


style dérivé de ceux de l’Ancien Empire.

Dans le même temps, il renoue avec la politique extérieure


de l’Ancien Empire en conduisant une expédition à l’ouest
contre les Libyens Tjéméhou et Tjéhénou et, dans le Sinaï,
contre les nomades Mentjiou. Il met ainsi les frontières du
pays définitivement à l’abri d’un retour des Asiatiques qu’il
poursuit jusque dans le Litani. Il tente de retrouver en
Nubie la puissance qu’atteignait l’Égypte à la fin de la
VIème dynastie, au moins pour l’exploitation des mines et
l’entretien des pistes. La prise de Kourkour, en particulier,
garantit les anciennes voies caravanières. Mais la Nubie
reste indépendante malgré la reconquête de certaines zones
comme Abou Ballas et les expéditions que conduit le
chancelier Khéty, à qui il a confié l’ensemble des pays du
Sud. On connaît deux de ces expéditions : la première en
l’an 29 et la seconde en l’an 31, qui a mené les Egyptien
jusqu’au pays de Ouaouat. Le résultat est plutôt le contrôle
que l’occupation réelle d’une partie de la Nubie, jusqu’aux
environs de la Deuxième Cataracte.

Montouhotep Il meurt après cinquante et un ans de règne,


vers 2010, laissant à son deuxième fils Montouhotep III
100

Séânkhtaouief, « Celui qui vivifie ses Deux Terres », un


pays prospère et organisé. Montouhotep III est assez âgé
lorsqu’il monte sur le trône, et il ne gouverne l’Égypte que
pendant douze ans. Il continue de la mettre en valeur en
poursuivant le programme de construction entrepris par son
père Abydos, Elkab, Ermant, Tôd, Éléphantine et, bien sûr,
Thèbes-ouest où il consacre une chapelle à Thot et se
construit à proximité de Deir el-Bahari un tombeau qu’il
n’aura pas le temps d’achever.

Il conforte également la position égyptienne dans le Delta


oriental, prenant en cela la suite des souverains
hérakléopolitains. Pour assurer la protection des frontières
contre les incursions des « Asiatiques», il fait édifier des
fortifications. Ce système de défense sera poursuivi tout au
long du Moyen Empire, mais, pour les Égyptiens, il en
reste l’initiateur avec Khéty III, comme en témoigne le
culte qui leur est rendu à tous deux plus tard à Khatâna. Il
renoue également avec une autre activité, dont la condition
était la reprise en main préalable de la Basse Nubie opérée
par son père. Il envoie en l’an 8 une expédition de trois
mille hommes conduite par Hénénou qui se rend de Coptos
au Ouadi Gâsus, non sans avoir fait creuser en chemin
douze puits pour assurer le ravitaillement en eau des futures
101

expéditions entre la Vallée et la mer Rouge. L’expédition


s’embarque pour le pays de Pount, d’où elle rapporte, entre
autres, de la gomme arabique. A son retour, on reprend
l’extraction de pierres dans le Ouadi Hammamat.
Still Here
La chance a voulu que l’on découvre un témoignage
particulièrement intéressant sur la fin de ce règne, en
apparence si prospère : la correspondance d’un nommé
Héqanakht, qui était prêtre funéraire du vizir Ipy à Thèbes.
Retenu loin de son domaine, il adresse toute une série de
lettres à sa famille, qui gère ses terres pendant qu’il n’est
pas là. Ces documents ont été retrouvés, à Deir el-Bahari,
dans la tombe d’un certain Méseh, lui-même lié à Ipy. Ils
contiennent toutes sortes d’indications sur la répartition de
ces propriétés, le fermage, les redevances, un inventaire des
biens daté de l’an 8 de Montouhotep III, etc., - autant de
sources précieuses sur l’économie et le droit de l’époque.
Mais Héqanakht évoque également des troubles et un
commencement de famine qui aurait frappé la Thébaïde.

A la mort de Montouhotep III, vers 1998/1997, en effet, la


situation du pays est confuse. Le Canon de Turin place là
«sept années vides », qui correspondent au règne de
Montouhotep IV, dont le nom de couronnement
102

Nebtaouiré, « Rê est le maître des Deux Terres», indique


peut-être un infléchissement de la politique vers un retour
aux valeurs de l’Ancien Empire. On sait par un graffito du
Ouadi Hammamat (qui le nomme d’ailleurs simplement
Nebtaoui), qu’il envoya en l’an 2 de son règne une
expédition de mille hommes pour rapporter des
sarcophages et rechercher de nouveaux puits dans le désert
oriental, ainsi qu’un port plus favorable sur la mer Rouge :
Mersa Gawasis, qui sera définitivement installé sous
Amenemhat II comme point de départ des expéditions vers
Pount.
103

La XIIe dynastie

Amenemhat Ier

L’expédition envoyée par Montouhotep IV est commandée


par son vizir, Amenemhat. On considère généralement que
celui-ci ne fait qu’un avec Amenemhat Ier qui lui succède.
Une seule inscription associe sans équivoque les deux rois,
de façon à laisser supposer une corégence qui est peut-être
purement fictive (Murname 1977, 227-228). De toute
façon, Montouhotep IV est le dernier représentant de la
famille des princes thébains, et Amenemhat I" ouvre une
nouvelle dynastie, comme le confirme le nom d’Horus qu’il
choisit ouhem-mesout, «Celui qui renouvelle les naissances
», c’est-à-dire le premier d’une lignée. Malgré ce
changement affirmé, il ne semble pas y avoir eu de solution
de continuité dans le pouvoir. La transition se fait toutefois
avec quelques heurts : il y a eu au moins deux autres
prétendants au trône, un Antef et un nommé Ségerséni en
Nubie, contre lequel Amenemhat a probablement eu à lutter
dans les premières années de son règne. Les attaches avec
la XIème dynastie ne sont malgré tout pas rompues : les
fonctionnaires, comme les nouveaux souverains, continuent
de s’en réclamer. Peut-être même cette succession n’avait-
104

elle rien de choquant, dans la mesure où il n’est pas


impossible que le mode successoral ait autant reposé sur le
choix que sur le sang chez les princes thébains. Amenemhat
confirme la nouvelle orientation idéologique prise par
Montouhotep IV en adoptant comme nom de couronnement
Séhétepibrê, « Celui qui apaise le coeur de Rê ». Son nom
propre, Amenemhat, « Amon est en tête », annonce le
programme politique qui conduira, à travers ce retour à la
théologie héliopolitain, à la forme syncrétique Amon-Rê,
sur laquelle va se fonder le pouvoir des nouveaux pharaons.
Lui-même n’est pas thébain, mais originaire de Haute-
Égypte. Il est le fils d’un prêtre nommé Sésostris,
«L’homme de la Grande Déesse», qui sera considéré à la
XVIIIème dynastie comme le véritable fondateur de la
XIIème dynastie, et d’une certaine Néfret, originaire
d’Éléphantine.

Comme ses prédécesseurs de la Vème dynastie, le nouveau


souverain a recours à la littérature pour faire circuler des
preuves de sa légitimité. Il utilise la forme de la prophétie
un récit prémonitoire qui est placé dans la_ bouche d’un
certain Néferti, un sage héliopolitain qui présente certaines
ressemblances avec le Djédi du Papyrus Westcar. Comme
lui, il est appelé à la cour par le roi Snéfrou, sous le règne
105

duquel est censée se dérouler l’histoire. Le choix de


Snéfrou ne procède pas des mêmes raisons dans les deux
œuvres au début de la XIIème dynastie, le vieux roi est
devenu, comme nous l’avons vu, le modèle de la royauté
débonnaire dont on peut se réclamer. Néferti dresse un
tableau sombre des derniers temps de la XIème dynastie,
qui, curieusement, concerne surtout le Delta oriental et dont
la conclusion annonce la venue d’Amenemhat évoqué sous
le surnom d’Amény :

«Héliopolis ne sera plus le berceau d’aucun dieu. Un roi


viendra il sera du Sud et s’appellera Amény. Ce sera le fils
d’une femme du premier nome du Sud, un enfant de
HauteÉgypte. I1 recevra la couronne blanche et prendra la
couronne rouge : il réunira les Deux Couronnes et
apaisera les Deux Dieux avec ce qu’ils veulent.» (Néferti
XIIe - XIIIe)

Ainsi se trouve légitimée la passation de pouvoir entre


Héliopolis, berceau de la monarchie de l’Ancien Empire, et
Thèbes. Cette volonté de se concilier le Delta oriental
recouvre probablement une certaine réalité Amenemhat Ier a
construit à Bubastis - le lieu où Néferti exerçait son
sacerdoce -, Khatâna et Tanis (Posener : 1969,39). Mais
106

même si l’administration accepte le changement, le


nouveau roi doit entreprendre, peu après son accession au
trône, une expédition vers Éléphantine. Il place à sa tête
Chnoumhotep Ier nomarque de l’Oryx. Celui-ci remonte le
Nil avec vingt navires et pousse peut-être jusqu’en Basse-
Nubie où devaient se trouver des partisans de Ségerséni.
Amenemhat I" fait également une tournée d’inspection
jusqu’au Ouadi Toumilât, où il fait construire des
fortifications, les « Murs du Prince ». Roi bâtisseur, il fait
faire à Karnak de grands travaux, dont il reste un naos en
granit, qui a dû abriter une statue cultuelle, et des statues.
Peut-être est-ce lui qui fonde le temple de Mout, au sud de
l’enceinte d’Amon-Rê? On suit sa trace à Coptos, dans le
temple de Min qu’il décore en partie, à Abydos, où il
consacre un autel en granit à Osiris, Dendara où il offre une
porte, en granit aussi, à Hathor, et enfin, plus significatif
encore, dans le temple de Ptah de Memphis. II se fait ériger
une pyramide à Licht, à une cinquantaine de kilomètres au
sud de Memphis.

Surtout, il réorganise l’administration. En premier lieu, il


transfère la capitale de Thèbes en Moyenne-Egypte en
fondant une nouvelle ville à proximité de Licht qui lui
servira de nécropole. Il la baptise Imenemhat-itjitaoui,
107

«C’est Amenemhat qui a conquis les Deux Terres» -, nom


que les Égyptiens raccourciront en Itjitaoui. Comme jadis
Montouhotep II, il récompense les nomarques qui ont
favorisé son ascension en les confirmant dans leurs
charges, comme ceux de l’Oryx. D’un côté il renforce leur
pouvoir en remettant en vigueur d’anciens titres, et d’un
autre il le limite, soit en remplaçant carrément des
gouverneurs en place - à Éléphantine, Assiout, Cusae -, soit
par de nouvelles mesures cadastrales. Chnoumhotep II de
Béni Hassan nous apprend en effet qu’il fixe un nouveau
découpage par villes à l’intérieur des nomes (Urk. VII
27,13). Il répartit également les territoires en fonction de la
crue et rétablit la conscription militaire.

L’an 20 de son règne constitue un tournant important : il


associe au trône son fils aîné, Sésostris, inaugurant ainsi
une pratique qui sera systématique pendant toute la XIIe
dynastie. Cette association coïncide avec un renouveau de
la politique extérieure : le dauphin joue le rôle du bras de
son père, qui lui délègue le soin de l’armée, probablement
dans l’intention de faire connaître son futur successeur aux
nations étrangères auxquelles celui-ci devra s’imposer. Le
procédé aura une grande importance à l’époque ramesside,
lorsque l’Égypte luttera pour la suprématie sur le Proche-
108

Orient. Pour l’heure, les efforts du roi se portent sur la


Nubie. Une première campagne mène en l’an 23 les
Égyptiens à Gerf Hussein et aux anciennes carrières de
diorite de Toshka. Une seconde, en l’an 29, permet une
pénétration encore plus profonde jusqu’à Korosko, et même
au-delà, avec la fondation du fortfrontière de Semna sur la
Deuxième Cataracte. Les Égyptiens sont aussi présents à
Kerma, où l’on a trouvé une statue du nomarque d’Assiout,
Hâpydjéfa - même si cette découverte ne prouve pas
qu’Hâpydjéfa ait été le gouverneur de Kerma (Vercoutter :
1987, 158) ; bien au contraire : on peut supposer qu’elle y a
été apportée plus tard, vraisemblablement sous le règne de
Sésostris I". Du côté du Proche-Orient, le général
Nysoumontou remporte en l’an 24 une victoire sur les
Bédouins, qui assure la sécurité de l’exploitation des mines
de turquoise de Sérabit el-Khadim dans le Sinaï, tandis que
les relations diplomatiques reprennent avec Byblos et le
monde égéen.

C’est au retour de Sésostris d’une campagne menée au-delà


du Ouadi Natroun contre des opposants réfugiés chez les
Libyens qu’éclate une crise : Amenemhat Ier est assassiné
vers la mi-février 1962 à la suite d’une conspiration ourdie
109

dans le harem. Sans doute la succession n’était-elle pas


aussi assurée que le laissent croire des documents datés
simultanément des deux souverains. Sésostris I er monte
certes sur le trône, mais l’affaire est suffisamment trouble
pour que la littérature officielle s’en empare à travers rien
moins que deux œuvres qui, comme la Prophétie de
Néferti, deviendront au Nouvel Empire les classiques
scolaires les plus répandus de l’idéologie royale.

Le premier texte est un roman qui raconte les tribulations


d’un fonctionnaire du harem nommé Sinouhé. Il faisait
partie de la suite de Sésostris lorsque, au retour de la
campagne de Libye, il entend par hasard l’annonce que l’on
fait au jeune prince de l’assassinat de son père. Il prend
peur. Est-ce d’avoir entendu ce qu’il n’aurait pas dû? Est-ce
pour une raison plus obscure? Il traverse le Delta vers l’est,
franchit l’isthme de Suez et finit par arriver en Syrie. Là, un
de ces Bédouins récemment soumis à l’Égypte l’accueille
et l’adopte. Les années passent et, après de nombreuses
péripéties, Sinouhé se retrouve chef de tribu, respecté et
puissant. Mais la nostalgie le mine, et il demande sa grâce,
que Sésostris lui accorde. Il revient au pays, retrouve les
enfants royaux et mourra parmi les siens. Ces aventures
picaresques servent de toile de fond à l’expression du
110

loyalisme d’un serviteur égaré qui rentre dans le droit


chemin. Les deux temps forts du Conte de Sinouhé sont
l’éloge qu’il fait auprès du prince syrien du nouveau roi et
la réponse qu’il envoie au pharaon, après avoir reçu la
permission de rentrer :

« Le serviteur du palais, Sinouhé, dit : "En paix donc


! Il est excellent que cette fuite, qu’a faite dans son
inconscience cet humble serviteur, soit bien comprise
par ton ka, ô dieu parfait, maître du Double Pays,
l’aimé de Rê, le favori de Montou, seigneur de
Thèbes. Amon, seigneur des trônes du Double Pays,
Sobek, Rê, Horus, Hathor, Atoum et son Ennéade,
Soped, Néferbaou, Semsérou, 1’Horus de l’Est, la
Dame de Bouto - qu’elle enserre ta tête ! -, le
Conseil qui est sur les eaux, Min-Horns qui habite
dans les déserts, Ouréret, dame de Pount, Nout,
Haroêris, et les autres dieux, seigneurs de l’Égypte
et des îles de la Très Verte, puissent-ils donner la vie
et la force à ta narine, puissent-ils te fournir de leurs
largesses, puissent-ils te donner l’éternité sans fin et
la durée sans limite ! Puisse la crainte que tu
inspires se répercuter par les plaines et les monts,
111

tandis que tu auras subjugué tout ce que le disque du


soleil entoure dans sa course ! C’est la prière de cet
humble serviteur pour son maître, maintenant qu’il
est sauvé de l’Amenti.

«Le maître de la connaissance, qui connaît ses


sujets, il se rendait compte, dans le secret du palais,
que cet humble serviteur avait peur de dire ces
choses, et c’est en effet une grave affaire que d’en
parler. Le grand dieu, image de Ré, rend prudent
celui qui travaille pour lui-même. Cet humble
serviteur est dans la main de quelqu’un qui prend
soin de lui : oui, je suis placé sous ta direction. Ta
Majesté est l’Horus qui conquiert, tes bras sont plus
puissants que ceux de tous les autres pays (...).

«Pour ce qui est de cette fuite qu’a faite cet humble


serviteur, elle n’était pas préméditée, elle n’était pas
dans mon coeur, je ne l’avais pas préparée. Je ne
sais pas ce qui m’a éloigné de la place où j’étais. Ce
fut comme une manière de rêve, comme quand un
homme du Delta se voit à Éléphantine ou un homme
des marais en Nubie. Je n’avais pas éprouvé de
crainte, on ne m’avait pas persécuté, je n’avais pas
112

ouï de parole injurieuse, mon nom n’avait pas été


entendu dans la bouche du héraut. Malgré cela mes
membres frémirent, mes jambes se mirent à fuir et
mon coeur à me guider : le dieu qui avait ordonné
cette fuite m’entraîna. Je ne suis pas non plus raide
d’échine : il est modeste l’homme qui connaît son
pays; car Rê a fait que ta crainte règne en Égypte et
ta terreur en toute contrée étrangère. Que je sois
donc à la cour ou que je sois en ce lieu, c’est
toujours toi qui peux cacher cet horizon, car le soleil
se lève à ton gré, l’eau dans les rivières, on la boit
quand tu veux; l’air dans le ciel, on le respire quand
tu le dis. (...) Que Ta Majesté agisse comme il lui
plaira on vit de l’air que tu donnes. Puissent Rê,
Horns, Hathor aimer ta narine auguste dont Montou,
seigneur de Thèbes, désire qu’elle vive éternellement
!"» (Lefebvre : 1976, 18-20.)

Histoire morale d’un fonctionnaire repenti et pardonné


parce qu’il a su rester loyal, le Conte de Sinouhé est l’une
des œuvres les plus populaires de la littérature égyptienne.
Plusieurs centaines de copies nous en sont parvenues, à peu
près autant que de l’Enseignement d Amenemhat P’un texte
113

sur le modèle de l’Enseignement pour Mérikarê, et dont le


but est moins d’expliquer l’assassinat d’Amenemhat I" que
d’affirmer la légitimité de son successeur.

Contrairement au Conte de Sinouhé, l’Enseignement n’est


connu que par des versions dont la plus ancienne ne
remonte pas plus haut que la première moitié de la xviiie
dynastie Senmout, l’homme de confiance de la reine
Hatchepsout, en était, entre autres, un grand lecteur. Cela
n’exclut pas, bien entendu, la possibilité que cette oeuvre
ait été composée au cours du règne de Sésostris i<‘ à des
fins de justification. Mais la façon dont les faits sont
relatés, l’insistance sur la corégence et les principes de
gouvernement donnent une valeur d’archétype à ce texte,
qui expliquerait que sa diffusion soit surtout attestée à
partir de Thoutmosis III. Avant de raconter sa propre mort,
le roi donne, comme jadis Khéty III, de sages conseils à son
successeur :

« Garde tes distances envers les subordonnés, qui ne


sont rien et aux intentions desquels on ne prête pas
attention ! Ne te mêle pas à eux quand tu es seul, ne
fais confiance à aucun frère, ne connais aucun ami.
Ne te fais pas de client : cela ne sert à rien. Lorsque
114

tu te reposes, garde-toi toi-même, car l’on n’a pas


d’ami le jour du malheur ! J’ai donné au pauvre et
élevé l’orphelin, j’ai fait parvenir celui qui n’avait
rien comme celui qui avait du bien, et celui qui
mangeait ma nourriture, voilà qu’il complote ! Celui
à qui j’ai tendu la main, voilà qu’il en profite pour
fomenter des troubles ! Ceux que vêt mon lin fin,
voilà qu’ils me regardent comme un paillasson !
Ceux que oint ma myrrhe, voilà qu’ils me crachent
dessus! Les images vivantes qui m’ont été attribuées
- les hommes - ils ont ourdi contre moi un complot
inouï et un grand combat, comme on n’en a jamais
vu ! »

Le thème de l’ingratitude humaine n’est pas ici un souvenir


de la Première Période Intermédiaire, mais plutôt un rappel
de la révolte des hommes («les images vivantes qui m’ont
été attribuées») contre leur Créateur. Le roi, ainsi assimilé à
Rê, transmet son pouvoir à son successeur, comme le
démiurge le fit jadis lorsqu’il se retira dans le ciel, dégoûté
à jamais de ses créatures.

La prise de pouvoir de Sésostris Ieème n’entraîna


cependant aucun trouble et son long règne de quarante-cinq
115

ans fut pacifique ; cela ne permet pas pour autant de


prétendre que c’était lui le bénéficiaire du complot...
Comme Amenemhat I il bâtit beaucoup : dans trente-cinq
sites, sans compter sa pyramide, construite à Licht, au sud
de celle de son père. Parmi ceux-ci, on retiendra le
Fayoum, auquel il est le premier à s’intéresser. Lui qui se
réclame de la tradition héliopolitaine en adoptant comme
nom de couronnement Néferkarê reconstruit en l’an 3 de
son règne le temple de Rê-Atoum d’Héliopolis. Il y met en
place en l’an 30, à l’occasion de sa première fête jubilaire,
un couple d’obélisques en avant du pylône. Son activité
s’est étendue aussi au temple d’Amon-Rê de Karnak : de
1927 à 1937, H. Chevrier a pu reconstituer, à partir de blocs
réemployés par Amenhotep III dans le IIIe pylône, un
kiosque de fête-sed aujourd’hui exposé dans le musée de
plein air du temple.

Le monde extérieur

À l’extérieur, Sésostris I" poursuit l’action commencée


pendant les dix dernières années de règne de son père. Il
achève la conquête de la Basse-Nubie en l’an 18 et installe
une garnison à Bouhen, sur la Deuxième Cataracte. Il
contrôle le pays de Kouch, de la Deuxième à la Troisième
116

Cataracte, ainsi que l’île de Sal, et entretient des relations


commerciales avec Kerma. Le point le plus extrême où l’on
ait retrouvé son nom est l’île d’Argo, au nord de Dongola.
Dans le désert oriental, l’exploitation des mines d’or situées
à l’est de Coptos se poursuit, ainsi que l’extraction de
pierres dans le Ouadi Hammamat : il en aurait tiré des blocs
pour soixante sphinx et cent cinquante statues, chiffres qui
correspondent bien à son activité de bâtisseur. Il exploite
également les carrières d’Hatnoub, au moins à deux
reprises, en l’an 23 et en l’an 31. A l’ouest, il s’assure le
contrôle des oasis du désert de Libye, en particulier de la
liaison entre Abydos et Kharga. Il maintient les frontières
orientales du pays de façon à protéger le travail dans les
mines de Sérabit el-Khadim dans le Sinaï. Les relations
commerciales avec la Syro-Palestine conduisent les
Égyptiens jusqu’en Ougarit.

Cette politique extérieure porte ses fruits sous le règne


d’Amenemhat II qui succède à son père après une courte
association au trône de deux ans. Il règne pendant presque
trente ans. En Nubie, la conquête est provisoirement
terminée. Amenemhat Il avait participé en tant que prince
héritier à une expédition pacifique conduite par Amény, le
nomarque de l’Oryx. La paix continue sous son règne,
117

comme elle continuera sous celui de Sésostris II. Il fait


exploiter les mines d’or et de turquoise par des princes
locaux sous contrôle égyptien, et le seul fait militaire que
l’on puisse relever est l’inspection de la forteresse de
Ouaouat par l’un de ses officiers. Il organise également à la
fin de son règne une expédition vers Pount.

C’est surtout au Proche-Orient que l’Égypte commence à


jouer un grand rôle. On en a retrouvé en 1936 la trace dans
le dépôt de fondation du temple de Montou à Tôd : quatre
coffres contenant un « tribut » syrien de vaisselle d’argent,
dont un élément au moins est de type égéen, et des
amulettes de lapis-lazuli, venant de Mésopotamie. Même si
ce que les Égyptiens appelaient « tribut » n’était, le plus
souvent, que le fruit d’un échange commercial, ce dépôt de
fondation témoigne de l’importance des relations
extérieures sous le règne d’Amenemhat II. La présence
égyptienne est attestée à Ras-Shamra par une statuette
d’une fille d’Amenemhat II, à Mishrifé et à Megiddo, où
l’on a découvert quatre statues du nomarque memphite
Djéhoutyhotep. On a même trace d’un culte de Snéfrou à la
XIIème dynastie dans la région d’Ankara. C’est sous
Sésostris II que Chnoumhotep, le nomarque de l’Oryx,
reçoit les « Hyksôs » Abisha et sa tribu qu’il a fait
118

représenter sur les murs de sa tombe de Béni Hassan. Ce


fait est important, car il montre que les relations ne sont pas
à sens unique : l’Egypte s’ouvre aux influences orientales,
qui commencent à être sensibles dans la civilisation et l’art.
On a retrouvé, par exemple, de la céramique minoenne à
Illahoun et dans une tombe d’Abydos, tout comme il
existait alors en Crète des objets égyptiens. Toute une
main-d’oeuvre afflue également en Egypte, important de
nouvelles techniques et ouvrant la voie à une lente
infiltration qui aboutira à la mainmise « asiatique» sur le
pays le moment venu. En attendant, l’Égypte donne le ton à
Byblos, dont les chefs autochtones prennent d’eux-mêmes
des titres égyptiens, utilisent les hiéroglyphes et des objets
manufacturés sur les bords du Nil.

L’apogée du Moyen Empire

Après une corégence de presque cinq ans, Sésostris II


succède à son père, pour une quinzaine d’années. Son règne
est éclipsé par celui de son successeur Sésostris III, le
principal prototype du légendaire Sésostris. C’est pourtant
Sésostris II qui entreprend une oeuvre dont son petit-fils
119

Amenemhat III tirera les bénéfices : l’aménagement du


Fayoum, qui n’était sous l’Ancien Empire qu’une zone
marécageuse qui servait de lieu de pêche et de chasse, avec
pour centre Crocodilopolis. Cette grande oasis, située à
environ 80 kilomètres au sud-ouest de Memphis, avait de
quoi offrir de nouvelles terres. Sésostris II entreprit de
canaliser le Bahr Youssouf qui se déversait dans le futur lac
Qaroun en construisant une digue à Illahoun et en lui
adjoignant un système de drainage et de canaux. Le projet
ne sera achevé que sous Amenemhat III, mais ces grands
travaux ont provoqué un nouveau déplacement de la
nécropole royale qui, après être remontée à Dahchour avec
Amenemhat II, s’installe à Illahoun. A l’est de son
complexe funéraire, le roi a créé un lotissement destiné à
accueillir les ouvriers engagés dans ces grands travaux.
Le site de Kahoun est la première ville artificielle que l’on
ait découverte en Égypte, l’autre exemple le mieux
conservé étant le village d’artisans de Deir el-Médineh, qui,
lui, date pour l’essentiel de l’époque ramesside. Pendant
longtemps, ce fut même le premier exemple connu
d’urbanisme. Depuis, les fouilles d’Amarna, puis de l’oasis
de Balat et d’Éléphantine ont apporté un jour nouveau sur
les constructions civiles.
120

Les principales caractéristiques, que l’on retrouve à


Amarna et Deir el-Médineh, sont l’isolement et la
fermeture de cette ville d’environ 350 sur 400 m. Elle est
entourée d’une enceinte de briques crues percée de deux
portes, une par quartier. Le quartier occidental devait être le
plus aisé : les maisons y sont plus spacieuses et mieux
aménagées. A l’est, au contraire, on compte plus de deux
cents habitations, qui ne dépassent jamais trois pièces.

La ville n’a pas livré que son plan : on a retrouvé des lots
de papyri dans les maisons et aussi dans le temple
d’Anubis, qui était situé au sud. Les textes qu’ils
contiennent sont très divers et témoignent d’une réelle
activité artistique, économique et administrative. Ce sont
des oeuvres littéraires des hymnes royaux, l’Histoire de
Hay, des épisodes du Conte d’Horus et Seth, un traité de
gynécologie et un traité vétérinaire, un fragment d’un
ouvrage mathématique, des documents juridiques, pièces
comptables et archives de temples qui couvrent toute la
XIIème dynastie. Il ne faut pas en déduire pour autant que
Kahoun servit de capitale à Sésostris II : Deir el-Médineh a
fourni un matériel littéraire bien plus considérable sans
avoir jamais joué de rôle politique.
121

Lorsque Sésostris III monte sur le trône, il doit affronter un


problème auquel son arrière-grand-père Sésostris I" avait
déjà donné un commencement de solution en divisant la
charge de vizir : celui des féodalités locales qui détenaient
un pouvoir parfois peu éloigné de celui du roi, comme le
montrent le luxe des tombes de Béni Hassan ou l’activité à
Hatnoub de la famille des Djéhoutyhotep. Il choisit de
mettre radicalement fin au pouvoir de ceux qui
redevenaient peu à peu des dynastes locaux en se fondant
sur une tradition familiale parfois plus ancienne que celle
dont se réclamait le roi. Il supprime purement et
simplement la charge de nomarque, à une seule exception
près : Ouahka II d’Antaeopolis, qui restera en place jusque
sous Amenemhat III. La nouvelle organisation place le
pays sous l’autorité directe du vizir en trois ministères
(ouâret) : un pour le Nord, un autre pour le Sud, et le
troisième pour la «Tête du Sud», c’est-à-dire Éléphantine et
la Basse-Nubie. Chaque ministère est dirigé par un
fonctionnaire aidé d’un assistant et d’un conseil (djadjat).
Celui-ci transmet les ordres à des officiers qui, à leur tour,
les font exécuter par des scribes. Les conséquences de cette
réforme sont doubles la perte d’influence de la noblesse et,
par contrecoup, l’ascension de la classe moyenne que l’on
suit à travers la prolifération des ex-voto qu’elle consacre à
122

Osiris à Abydos. Le roi lui-même développe sa province


d’origine en entreprenant la construction d’un temple de
Montou à Médamoud.

Le provincialisme amorcé à la Première Période


Intermédiaire atteint son sommet au Moyen Empire, et l’on
peut suivre à travers les nécropoles des capitales de nomes
l’histoire du pays. A Assiout, par exemple, nous avons déjà
rencontré Téfibi lors des campagnes qui opposèrent
Hérakléopolitains et Thébains, son fils, mis en place par
Mérikarê, puis le nomarque Khéty 1. Il faut ajouter à cette
liste deux personnages importants du Moyen Empire :
Mésehti, à cheval sur la XIème et la XIIème dynastie, dont
les cercueils portent une des versions les plus importantes
des Textes des Sarcophages, et Hâpydjéfa, le contemporain
de Sésostris I" dont nous avons déjà suivi la trace jusqu’à
Kerma. Il a reconstruit le 13ème nome, ruiné par la guerre
contre Thèbes, et laissé dix contrats funéraires qui sont une
source très précieuse pour l’étude du droit.

La nécropole d’Assouan, déjà florissante à la vie dynastie,


est encore brillante sous Amenemhat Ier avec Sarenpout Ier
et sous Amenemhat II avec Sarenpout II. Il faudrait encore
mentionner Gebelein, El-Bercheh, avec le tombeau de
123

Djéhoutyhotep, qui vécut jusque sous Sésostris III, Qau el-


Kébir, surtout Béni Hassan, dont la grande époque se situe
sous la XIIème dynastie avec la lignée des Chnoumhotep,
et Meïr, la nécropole de Cusae, dont le dernier nomarque
connu est Khâkhépetrêséneb, contemporain de Sésostris II.

La longue paix des deux règnes précédents en Nubie avait


encouragé les tribus soudanaises à s’infiltrer au nord de la
Troisième Cataracte. Là encore, Sésostris III prend des
mesures énergiques. Il commence par faire agrandir le
canal que Mérenrê avait fait creuser à la VP dynastie à
proximité de Chellal pour faciliter le passage des navires
dans les rapides d’Assouan. Puis, il l’utilise en l’an 8 de
son règne, à l’occasion d’une première expédition contre
Kouch. Il y en aura encore une deuxième, en l’an 10, et une
troisième, en l’an 16. En l’an 19, les Égyptiens remontent
en bateau jusqu’à la Deuxième Cataracte. Les campagnes
de l’an 8 et de l’an 16 permirent de fixer à Semna la limite
méridionale de leur autorité. Elle est renforcée par une
chaîne de huit forts de brique crue entre Semna et Bouhen,
dont Sésostris III construit ou reconstruit, les Égyptiens ne
faisant pas de différence dans les inscriptions
commémoratives entre les deux, Semna-ouest et est
124

(Koumna), ainsi qu’Ouronarti, qui sont les meilleurs


exemples d’architecture militaire qui nous soient parvenus.

On ne connaît qu’une seule campagne de Sésostris III en


Syro-Palestine, contre les Mentjiou : elle conduisit les
Égyptiens à affronter les populations de Sichem et du
Litani. On arrive toutefois à se faire une certaine idée au
moins des adversaires extérieurs de l’Égypte grâce à
plusieurs lots de textes d’exécration, trouvés en Nubie et
dans la vallée. Ce sont des figurines d’envoûtement ou,
plus simplement, des tessons de poterie, sur lesquels était
inscrit le nom des ennemis que l’on voulait conjurer. Ces
envoûtements étaient pratiqués de façon institutionnelle,
lors d’une fondation : les supports, après avoir subi un rite
manuel destiné à les briser, étaient enfouis, de façon à être
prisonniers de la construction qui les étouffait
physiquement - comme le roi écrase les Neuf Arcs figurant
les nations voisines de l’Égypte sous ses pieds quand il est
assis sur son trône -, ou cloués à l’extérieur de la zone que
protège l’envoûtement. Ces listes sont précieuses, mais leur
rôle en fait des témoignages historiques peu fiables : il est
plus utile au ritualiste de mêler les adversaires du moment à
d’anciennes listes périmées depuis longtemps afin d’assurer
la plus grande universalité possible à la conjuration que
125

d’en dresser un état parfaitement à jour. Cela dit, ces listes


confirment les sources plus directes, et l’on y voit figurer,
pour la Nubie, les Kouchites, les Medjaou, les habitants de
Ouaouat, les Nehesyou ou les Iountyou. Pour la Palestine,
les renseignements sont plus vagues, malgré une grande
abondance de noms, parmi lesquels on retiendra Byblos,
Jérusalem, Sichem et Askalon.

La politique extérieure de Sésostris III suffit à assurer


l’autorité de l’Égypte autant en Nubie, où Amenemhat III
consolide la frontière à Semna, qu’au Proche-Orient :
Amenemhat III, comme son successeur, sont honorés et
respectés de Kerma à Byblos, et sous son règne l’Égypte
accueille une nombreuse main-d’œuvre orientale de
paysans, de soldats, d’artisans, attirés autant par son
rayonnement que par les emplois que crée la mise en valeur
du pays. Pendant quarante-cinq ans, en effet, Amenemhat
III mène l’Égypte au sommet de la prospérité. La paix
règne à l’intérieur comme à l’extérieur; la mise en valeur
du Fayoum va de pair avec le développement de l’irrigation
et une intense activité dans les mines et les carrières. Dans
le Sinaï, l’exploitation des mines de turquoise et de cuivre
connaît une intensité jamais atteinte. De l’an 9 à l’an 45, on
ne compte pas moins de 49 inscriptions à Sérabit el-
126

Khadim et 10 dans le Ouadi Maghara et le Ouadi Nash. Les


camps saisonniers des mineurs sont plus ou moins
transformés en installations permanentes, avec maisons,
fortifications, puits ou citernes et nécropoles. Le temple
d’Hathor de Sérabit el-Khadim est agrandi et les lieux
défendus contre les attaques des Bédouins. Ces
constructions seront poursuivies par Amenemhat IV. Les
expéditions aux carrières sont également nombreuses : à
Tours, dans le Ouadi Hammamat, à Assouan et à proximité
de Toshka.

Cette activité économique se traduit par de nombreuses


constructions qui font du règne d’Amenemhat III un des
sommets de l’absolutisme d’Etat. Outre l’achèvement de
Semna et la construction du temple de Kouban en Nubie, il
se consacre au Fayoum, auquel son nom restera attaché
encore à l’époque gréco-romaine : il y sera en effet adoré
sous le nom de Lamarès. On a retrouvé à Biahmou deux
colosses de granit reposant sur une base de calcaire le
représentant assis. Il embellit le temple de Sobek à Kiman
Farès, construit une chapelle de Rénénoutet, la déesse des
moissons, à Medinet Madi. Surtout, il se fait élever deux
pyramides l’une à Dahchour, l’autre à Hawara. A proximité
de cette dernière se trouvent les vestiges de ce qui fut son
127

temple funéraire et que Strabon a décrit comme un


labyrinthe.

Le Fayoum reste la préoccupation première d’Amenemhat


IV qui succède à son père vers 1798, après une courte
corégence. C’est peut-être lui qui fait achever le temple de
Qasr es-Sagha, à huit kilomètres au nord du lac Qaroun. Il
termine la construction , du temple de Medinet Madi
commencée par Amenemhat III. Ce sanctuaire, consacré à
«la vivante Rénénoutet de Dja », la future Thermouthis, et
Sobek de Chédit, comportait alors une petite salle
hypostyle servant de pronaos et s’ouvrant sur trois
chapelles associant les deux divinités à Amenemhat III et
IV. Il sera agrandi et redécoré encore beaucoup plus tard :
jusque sous le règne d’Hadrien.

La fin de la dynastie

Amenemhat IV règne un peu moins de dix ans et, à sa mort,


la situation du pays tend à nouveau à se dégrader - un peu
d’ailleurs pour certaines des raisons qui ont causé la fin de
l’Ancien Empire. Sésostris III et Amenemhat III ont régné
chacun environ un demi-siècle, ce qui n’a pas manqué de
128

provoquer des difficultés successorales. Est-ce la raison


pour laquelle le pouvoir échoit, comme à la fin de la Ve
dynastie, à une reine, Néfrousobek, «La beauté de Sobek »,
qui est, pour la première fois dans l’histoire égyptienne,
désignée dans sa titulature comme une femme-pharaon? Ce
serait une soeur (et épouse?) d’Amenemhat IV. On lui
attribue la pyramide nord de Masghouna, au sud de
Dahchour, celle du sud appartenant probablement à
Amenemhat IV. Si cette attribution est correcte,
Néfrousobek n’a pas utilisé sa pyramide, ce qui confirme
que le court règne de trois ans que lui accordent les listes
royales s’est peut-être terminé de façon brutale. Mais rien
ne permet de l’affirmer : la XIIIème dynastie, avec laquelle
on fait commencer la «Deuxième Période Intermédiaire»,
paraît être une suite légitime - par le sang ou le mariage - de
la XIIème, au moins pour ce qui est de son premier roi,
Sékhemrê-Khoutaoui. Et d’ailleurs rien ne vient donner
l’impression d’une coupure brutale comme celle qui a
marqué la fin de l’Ancien Empire jusqu’à ce que les
Hyksôs se rendent maîtres de l’Égypte, c’est-à-dire pendant
presque un siècle et demi, le pays ne s’effondre nullement,
ni à l’intérieur ni à l’extérieur. On a plutôt l’impression que
c’est seulement le pouvoir central qui est en crise, dans une
civilisation dont le classicisme reste constant.
129

La Deuxième Période Intermédiaire

Au cours de la deuxième période intermédiaire (vers 1800-


1550 avant notre ère), l’Egypte fut, au moins en partie,
gouvernée par des souverains étrangers connus dans les
sources grecques sous le nom de Hyksôs et dans les
documents égyptiens sous le nom de Heqaou-khasout
(« souverains des pays étrangers »).

L’origine de ces Hyksôs a fait couler beaucoup d’encre.


Autrefois, une origine hourrite a parfois été envisagée mais
cette hypothèse est définitivement écartée aujourd’hui, les
auteurs préférant désormais situer le berceau des Hyksôs au
Levant. Ces auteurs se fondent notamment sur l’étude de
l’onomastique.
130

Les circonstances de l’arrivée en Egypte et de l’accession


au pouvoir de ces Asiatiques sont difficiles à déterminer. Si
les fouilles menées à Avaris, la capitale des Hyksôs, dans le
Delta oriental, ont révélé que des Cananéens étaient
installés sur ce site depuis le Moyen Empire et ont aussi
mis en évidence une forte croissance de population
d’origine asiatique vers la fin de la treizième dynastie et le
début de l’époque hyksôs, il n’est cependant pas possible
de déterminer si les premiers souverains Hyksôs étaient
issus de la population installée dans le Delta depuis le
Moyen Empire ou bien s’ils faisaient partie des nouveaux
venus.

Ces « souverains des pays étrangers » constituent la


quinzième dynastie, dont l’étendue du pouvoir semble
s’être limitée au Delta oriental, comme le suggère l’étude
de la céramique, même s’il est possible qu’ils soient à un
moment parvenus jusqu’à Thèbes. D’après Manéthon, un
prêtre de l’époque ptolémaïque qui a écrit, en grec, une
histoire de l’Egypte, cette quinzième dynastie comprenait
six souverains : Salitis, Bnon, Apakhnas, Apophis, Iannas
et Assis. Le papyrus de Turin, datant du règne de Ramsès
II, répertorie, lui aussi, six Hyksôs, mais seul le nom du
dernier d’entre eux est conservé : Khamoudi. Par ailleurs,
nous possédons une inscription d’un roi Seker-Her
provenant d’Avaris, ainsi que plusieurs objets aux noms de
Khayan et d’Apophis. Il est possible, au vu de la
ressemblance entre les deux noms, que le Khayan des
inscriptions égyptiennes soit la même personne que le
Apakhnas de Manéthon. Ces divers documents permettent
de reconstruire avec quelque vraisemblance la fin de la
quinzième dynastie : Khayan - Apophis - Khamoudi,
Seker-Her étant probablement un des prédécesseurs de
Khayan. Le début de la dynastie reste pour sa part
problématique et différents noms, attestés sur des
scarabées, ont été proposés par les égyptologues.
131

A l’époque où le Delta était aux mains des Hyksôs, la


région de Thèbes était, elle, gouvernée par une dynastie
locale, la dix-septième dynastie, dont les souverains
tentaient d’agir dans la continuité des rois du Moyen
Empire et de la treizième dynastie. Ce sont ces souverains
thébains de la dix-septième dynastie qui vont expulser les
Hyksôs d’Egypte.

Le dernier roi de cette dynastie, Kamose, va en effet partir


en guerre contre Apophis, comme nous l’apprennent deux
stèles qui relatent ses exploits. La guerre contre les Hyksôs
se poursuit sous Ahmose, le successeur de Kamose. Nous
possédons sur cette guerre le témoignage d’un soldat qui a
participé aux campagnes du roi : Ahmose, fils d’Abana. Ses
prouesses sont racontées dans sa tombe, à El-Kab, dans un
texte où il parle de la prise d’Avaris puis du siège de
Sharouhen, une ville au Sud de Gaza où s’étaient
probablement réfugiés les Hyksôs. La prise d’Avaris, vers
1550, marque la fin de la domination Hyksôs en Egypte et
le début du Nouvel Empire : Ahmose est le premier roi de
la dix-huitième dynastie.
132

Le Nouvel Empire

La 18ème Dynastie

Enchaînement des Rois


1- Ahmose 2- Amonhotep
3- Thoutmosis I 4- Thoutmosis II
5- Hatshepsout 6- Thoutmosis III
7- Amonhotep II 8- Thoutmosis IV
9- Amonhotep III 10- Amonhotep IV
(Akhenaton)
11- Toutânkhamon 12- Ay
(Toutankhamon)
13- Horemheb
133

AHMOSE I
(1552 - 1526 av. JC)

iaH ms Nb pHtyw ra

Avec la fin du Moyen Empire les troupes Asiatiques


immigrées, qui ont infiltré à travers les frontières
Égyptiennes pendant le temps d’Amenemhat III (la
tombe de Khonomhotep à Bani Hassan), ont uni et
gagné le contrôle sur le Delta oriental. Alors les chefs de
ces troupes ont gouverné la plupart du pays pendant la
15ème et la 16ème Dynasties sous le nom le Hyksos ou
« ¡qAw XAswt » qui signifie « les chefs des pays
étrangers ».

Considérant les noms de ces chefs et leurs portraits


survivants, les envahisseurs paraissent principalement
être Sémites ; mais il n’y a aucune raison de supposer
qu’ils appartiennent à une notion de race ou de
provenance bien définie. C’est possible cependant que la
majorité de ces troupes étaient appelé le " aprw " qui ont
venu originairement de Mésopotamie en traversent le
134

Tidris et la rivière d’Euphrate pour être coloniser a


Byblos. Après ces troupes ont déplacé de Byblos pour
s’implanter en Égypte ; mais c’est improbable qu’ils
l’auraient pu faire sans quelque résistance de la part des
Égyptiens. Lutter a dû avoir lieu, et emporte ce qui
paraît être une victoire relativement facile.

Les Hyksos a dû avoir le renforcement de partisans


nombreux, bien compétents, et bien-aimés qu’ils ont
occupé finalement le Delta et établissaient leur nouveau
capital qui a été appelé Avaris ou @wt wart.

Ayant contrôlé complètement une grande partie du pays,


les Hyksos l’ont gouverné avec une main ferme.
Imposant des impôts lourds sur les gens des régions
occupées et rassemblement les tributs des royaumes
vassaux au sud. Ils se sont aussi plongés dans le système
politique qui exprime dans le même temps l’identité de
leur propre culture.

Ils ont inscrit les noms de leurs rois dans des cartouches
et ont adopté le titulature Égyptien royal. Adorant la
déesse Syro-palestinienne aAnate-aAstarte, ils ont
assimilé le dieu Égyptien Seth avec Baâl-Reshef et
135

Teshub pour être le dieu principal d’Avaris. La présence


des Hyksos a aussi laissé des marques dans la
civilisation égyptienne.

Les innovations technologiques de cette période étaient


innombrables, en particulier dans le champ de la guerre.
Par exemple, les Egyptiens connaissaient le cheval mais
il n’était pas harnaché jusqu’à le temps de l’hyksos.
L’Égypte a aussi dû aux troupes la création des armures
avec nouvelles techniques de fonctionnement du bronze.

Le conflit entre les Égyptiens et les rois Hyksos, qui ont


formé la 15ème Dynastie, a commence quand Taâa I, un
des princes Thébains, est monté sur le trône. Sa femme
était Tetisheri, la grand-mère d’Ahmose, qui a été révéré
après sa mort. Taâa I était succédé par Sqenenrê " Taâa
II " qui s’est marié d’Ah-Hotepe I, la mère d’Ahmose.
Son fils Kamose a repris les hostilités contre le Hyksos.
Après la mort de Kamose, son frère Ahmose est venu au
trône soit en 1570, 1560, ou 1552 A.C d’après les
calculs astronomiques. Son règne a duré pour
approximativement 25 années selon Manethon. Sa
momie était trouvé à la cachette de El-Deir El-Bahari,
maintenant à la Musée Egyptien mais pas exposer.
136

Sans aucun doute l’origine de la dix-huitième Dynastie


n’est pas connue mais il paraît accepter
vraisemblablement l’opinion de Monsieur A. Gardiner
qui affirme qu’ils sont venus de Habu à la rive ouest de
Thèbes. A. Gardiner a dépendu de l’existence du mot
l’iaH dans les noms d’iaH ms (Ahmose) et iaH Htp (Ah-
Hotep),.. Etc. De l’autre côté, la signification du mot en
question est la " lune ". C’est dans le même temps un
des représentations du dieu Thot qui a été adoré prés
d’Habu dans un temple Ptolémaïque connu par "Qasr el
Agouz".

Ahmose a repris la guerre de la libération contre le


Hyksos dans la onzième année de son règne. Après
avoir capturé Memphis et Avaris, il a écrasé les troupes
Asiatiques de Sharohen, en Palestine.
137

Haut de la stèle de donation (Harari, ASAE


1959, pl. II).

C’était l’étape définitive de la guerre d’Ahmose qui a eu


lieu dans la 16 ème année de son règne. Nos sources de
ces guerres sont la stèle de Kamose qui a été trouvé au
temple du Karnak et la tombe d’Ahmose fils d’Ibana à
El-Kab. Dans l’année 21 de son règne, Ahmose a mené
une campagne pour atteindre la région Djahy en Syro-
Palestine et peut-être jusqu’à l’Euphrate.

Débarrassant de l’occupation, Ahmose I étais capable de


réorganiser le pays et le système administratif. Il a
encouragé les gouverneurs locaux qui avaient supporté
138

la cause Thébain dans la dix-septième Dynastie tel que


Ahmose fils d’Ibana, le maire d’El-Kab. La nouvelle
administration repris en main l’irrigation et le système
fiscal laissé par le Hyksos. Le pays devenait prospère
une autre fois.

Ahmosis entrepris de reconquérir la Nubie jusqu’à ce


qu’il ait atteint l’île de Sai au sud de Buhen. Installer
une stèle, maintenant dans le Musée Égyptien, dans le
temple d’Amun-ré à Karnak, Ahmose I a commémoré
ses exploits aussi bien que les exploits de son mère Ah-
hotpe I. De cette stèle nous savions que les contacts
avec la Proche Orient ont été maintenus.

Suivant la tradition de ses ancêtres comme grands


entrepreneurs, ce roi a rouvert les carrière de Tura, dans
la Vingt deuxième année de son règne, peut-être en vue
de la construction d’un temple de Ptah a Memphis et
d’un autre, a Louxor, qui aurait été le « harem
méridional » d’Amon. Il a aussi construit des additions
au temple d’Amon-Rê à Karnak et le temple de Monthu
à Armant. Parmi les autres constructions qui ont été
attribuées à lui, deux cénotaphes en brique ont été
construit à Abydos: un pour son grand-mère Tetisheri et
139

l’autre est pour lui-même. Après sa mort, il a été entré à


Dra Abu El-Naga ; et il devenait un objet d’un culte
funéraire dans son cénotaphe d’Abydos simultanément
avec Tetisheri.

Nous avons mentionné trois femmes qui ont joué un rôle


très important pendant les guerres de la libération et
établir la Nouvelle Empire. La première était Tetisheri,
qui a été considéré comme l’ancêtre de la lignée royale
et recevait un culte a la 18ème Dynastie. Elle a vécu
jusqu’à l’époque de son fils, auquel elle est associée sur
une stèle conservée aujourd’hui à l’Université Collège
de Londres. Ahmose rendait un culte sur la stèle qu’il a
dédiée dans sa chapelle funéraire d’Abydos. Elle a
possédé un cénotaphe et un domaine funéraire dans les
deux Abydos et Memphis.

La deuxième femme qui est devenue l’objet du culte


posthume était Ah-Hotep I, la mère d’Ahmose qui meurt
dans la première ou deuxième année du règne de son
fils. Sur la stèle élevée par Ahmose à Karnak elle a été
représentée comme celle qui avait accompli les rites et
pris soin d’Égypte. Elle a veille sur ses troupes et les a
protégées ; celle qui a pacifié la Haute-Égypte et a
140

chassé les rebelles. Ce texte peut être une indication


d’un grand rôle jouée par cette reine pendant le temps de
son mari, ou, comme régent pour son fils comme il était
trop jeune pour gouverner dans la première année de son
règne seul.

Ahmose Nefertari, l’épouse d’Ahmose, était la dernière


reine qui avait un culte thébain jusqu’à ce que la
coutume ait été ranimée dans le temps de Herihor
(c.1080 A. J). Elle survit à son mari comme elle a été
mentionnée dans une inscription de la première année de
Thoutmosis I. Ahmose Nefertari était le personnage clef
du début du Nouvel Empire. Elle a renonce en l’an 18
ou 22 d’Ahmose a la fonction de Deuxième Prophète
d’Amon et a reçu une dotation qui maintient la
propriété du ‘Domaine de l’Epouse Divine’ (pr Hmt-nTr).

A la mort de son mari, elle assure la régence pour son


fils Amonhotep I, trop jeune pour régner. Entre-temps,
elle a été associée aux grands événements du royaume,
et son nom apparaît sur les monuments de Sai à Toura.
Apres sa mort, Ahmose-Nefertari était défie à Deir El-
Madinah où elle est mentionnée dans au moins 50
141

tombes et sur plus de 80 monuments à partir du règne de


Thoutmosis III jusqu’à la fin de la XXème Dynastie.

Le Roi Ahmose I avait indubitablement mené une


politique prospère pour restaurer l’unification du pays et
ses liens avec les autres nations. Il a fondé un état fort
afin que ses successeurs aient été capables de dominer la
Proche Orient pour un demi-millénaire.
142

AMONHOTEP Ier
(1526-1506 av. JC)

Imn Htp HqA wAst ©sr KA ra

Avant de parler du roi d’Amonhotep et de son temps, il


paraît que nous devons traiter le problème de la date de son
accession. Le Papyrus Ebers, un des célèbre papyri
médicaux, a mentionné que le soulèvement hélicoïdal
d’étoile Sirius a été observé dans le neuvième jour du
troisième mois de l’été, la neuvième année du règne
d’Amonhotep. Considérant la place que la phénomène a été
observés, cette date peut se produire en 1537 (si c’était à
Memphis) ou 1517 av. J.-C. (si l’astre avait été vue à
Thèbes). Nous pouvons dire qu’Amonhotep I est monté sur
le trône en 1546 ou 1526 non plus av. J.C.

Comme nous avons dit, Amonhotep I était le fils d’Ahmose


I et d’Ahmose-Nefertari. Donc c’était naturel qu’il soit
monté sur le trône d’Égypte sans aucun problème. Malgré
son nom d’Horus, KA waf tAw ‘le Taureau qui subjugue les
pays’ et son nom de Nbty « aA nrw » ‘Qui inspire un grand
143

effroi’, il paraît qu’Amonhotep avait emporté une politique


paisible tant à l’intérieur qu’à l’étranger. Le compte de la
campagne Nubien inscrit dans la tombe d’Ahmose fils
d’Ibana et d’Ahmose fils Nekhbet qui ont été deux grands
commandants de l’armée, qui devrait être compris qu’il
n’est probablement guère plus qu’un raid. À propos du
même sujet, il est su qu’Amonhotep avait nommé un
homme a appelé Tury comme le vice-roi de Kush.

Relief de calcaire (provenant de Karnak, Brooklyn Museum of Art)

À ce temps, le royaume de Mitanni a commencé à paraître


comme un nouveau et un grand pouvoir dans le Proche-
Orient. Cependant, nous n’avons pas aucune évidence
d’activité militaire contre eux, bien qu’ils aient été listés
entre les ennemis d’Égypte.
144

À cause de la stabilité des situations politiques et


économiques pendant le règne d’Amonhotep I, L’Égypte a
continué faire un grand progrès dans les deux termes
artistiques et architecturaux. Néanmoins, c’est regrettable
que nous ne puissions pas terrasser le développement
artistique dans la sculpture, depuis que la plupart des
statues d’Amonhotep ont été faites pour lui comme un roi
déifié pendant le règne de Thoutmosis I.

Comme Amonhotep I était un entrepreneur, il paraît que, le


premier temple de la Nouvelle Empire en Nubie a été élevé,
pendant son autorité, par le vice-roi de Kusch, Tury, à l’île
de Sai. A part de ce temple, nous savons que la majorité des
constructions de ce roi avait été enlevée ou démantelée par
ses prédécesseurs pour fournir plus d’espace pour leurs
travaux.
De ces bâtiments nous pouvons mentionner:

1- Un pylône de brique était construit dans la région du


Karnak. Ce pylône a été démoli dans le temps de
Thoutmosis III pour construire un autre en de pierre.
Ce peut être le premier pylône toujours élevé en
Égypte.
145

2- Une chapelle de l’albâtre faite par Amonhotep I et


complété par Thoutmosis I. Les blocs de cette
chapelle ont été trouvés par l’architecte Français H.
Chevrier entre 1922-1927, réutilisés comme matière
rassasiante à l’intérieur du 3ème pylône
d’Amonhotep III.
3- Ces deux marques et quelques autres blocs de pièces
ont trouvé dans le 3e pylône, nous fait croire
qu’Amonhotep a dû construire un temple pour Amon
à Karnak.
4- Un sanctuaire en briques crues pour Hathor à Deir el-
Bahari. Il a été démoli par Hatshepsout pour
construire son temple mortuaire.
5- Il paraît que son nom a été associé avec quelques
autres constructions à Abydos, Éléphantine, El-Kab
et Kom-Ombo.

Le règne d’Amonhotep avait aussi témoigné l’invention de


la clepsydre par un homme appelait Amenemhat. Le
document le plus important de la médecine Égyptiennes a
été rédigé sous son règne. C’est le papyrus Ebers qui a été
trouvé a Louxor et est aujourd’hui conservé a la musée de
Leipzig. Il paraît aussi que le livre de l’Imy dwAt "ce qui est
146

dans la pègre" avait atteint sa dernière version dans le


temps d’Amonhotep I.

Après 21 années de règne, Amonhotep est mort et a été


enterré dans une tombe creusée dans Draa Abū el-Naga
dans la rive ouest de Thèbes. La place précise de cette
tombe est encore inconnue, à travers lui était parmi
quelques autres tombes inspectées pendant le temps de
Ramasses IX. Une liste complète de ces tombes qui avaient
souffert d’une série de vols a été enregistrée dans le
Papyrus d’Abbott, mais le papyrus n’a pas donné de
description exacte pour localiser la place exacte de cette
tombe. En tout cas, nous pouvons dire qu’Amonhotep I
étais le dernier roi pour être enterré à Draa Abū el-Naga. Il
était aussi le premier de séparer la tombe du temple
funéraire, une tradition qui sera suivie par tous ses
successeurs. La momie d’Amonhotep I, maintenant dans
Musée Le Caire, avait été déplacée de sa tombe pendant les
20 e et 21 e dynasties, avec les autres momies royales, de la
cachette de Deir el-Bahari où il a été trouvé en 1875. Le x-
rays de la momie de ce roi qui est encore enveloppée dans
ses pansements et linceuls, a montré un homme d’environ
48 années. La momie est couverte avec son masque et des
fleurs.
147

THOUTMOSIS Ier

(1506-1493 av. JC)

©Hwty-ms aA-xpr-kA-Ra

La généalogie de la 18e Dynastie


148

Relief représentant Thoutmosis I, provenant du temple d’Hatshepsout à Deir el-

Bahari, Musée d’Hildesheim.

C’est clair de la généalogie du premier demi de la 18e


Dynastie que, le prince de la couronne ou l’héritier mâle
légitime, le fils d’Amonhotep I, Amenmese, mort avant son
père. Un homme, qui était probablement le fils
d’Amonhotep I par une concubine, est monté au trône sous
le nom de Thoutmosis I. Pour légitimer son accession, il a
épousé sa tante, Ahmose; la soeur d’Amonhotep I. Comme
pour ses affaires étrangères, nous savons que l’armée
Égyptienne a atteint, pour la première fois, sous l’ordre de
ce roi l’Eurphrates où il installa une stèle frontière sur ses
rives. Thoutmosis I a aussi mené une campagne contre la
Nubie jusqu’à la troisième Cataracte.
149

Pour parler de Thoutmosis I comme un entrepreneur, nous


pouvons dire que son nom a été associé avec l’inauguration
des premiers travaux de la pierre connus à Karnak, quand il
a transféré le sanctuaire dans le vrai temple. Le temple
d’Amon-Rê au Karnak s’est trouvé dans la région
originairement entre le soi-disant Ax mnw (la salle des fêtes
de Thoutmosis III) et le sanctuaire de Philip Arrhidaeus.
Cette région a dû inclure les bâtiments des périodes
antérieures.

Sur les murs de sa tombe à Cheikh Abdel Qurenah,


l’architecte de Thoutmosis I, nommé Ineni, décris les
constructions qu’il a accomplies pour son roi. Il a construit
deux clôtures mure pour séparer la place sacrée du
sanctuaire de toutes autres constructions. Le premier peut
être entré à travers une barrière dans le milieu d’une grande
façade consiste en deux tours; chacun est décoré par deux
drapeaux perches. Devant cette façade, connue comme le 4e
Pylône dont la base a été construite du grès, deux
obélisques du granite ont été élevés. Seulement l’austral est
encore dans place jusqu’a maintenant. À travers la barrière
principale située dans le milieu de cette façade, nous
entrons un vaste couloir de l’hypostyle qui avait été couvert
150

par bois de construction. Ce toit a été supporté par les


colonnes papyriformes. Suivre ce couloir, Ineni a ajouté un
autre pylône (maintenant c’est le 5e). Traverser sa barrière,
défendu sur le flanc par deux drapeau-perches, nous
trouvons un court entouré par une colonnade qui a pu
incorporer les colossales statues Osirienne de Thoutmosis I,
construit de grès et a embelli avec calcaire.

Comme pour la tombe de Thoutmosis I, nous savons aussi


que l’architecte Ineni sympathique a été commandé trouver
une place cachée pour la tombe de sa majesté. Donc, il a
abandonné le cimetière de Draa Abu el-Naga et a trouvé
une nouvelle place appelé " la vallée des Rois " où la
première tombe a été creusée pour ce pharaon. Nous avons
mentionné au-dessus que le livre funéraire, connu comme
l’Imy dwAt a été complété pendant le règne d’Amonhotep I,
nous pouvons ajouter maintenant qu’il a été enregistré pour
la première fois sur les murs de la tombe de Thoutmosis I.
À l’intérieur de cette tombe, un sarcophage vide qui porte
son nom a été trouvé. Il paraît que la momie de ce roi a été
transférée, pendant le temps de sa fille Hatshepsout dans sa
tombe dans la Vallée des Rois où un autre sarcophage,
aussi dans son nom, a été découvert. Finalement, la momie
de Thoutmosis I a été trouvée dans un troisième sarcophage
151

dans la cachette Deir el-Bahari. Ce sarcophage, maintenant


dans Le Musée du Caire CG61025, a été usurpé, 400
années plus tard dans la XXIème Dynastie par Pinedjem.
152

THOUTMOSIS II (1493-1479 av. JC)

©hwty-ms-nfr-xaw aA-xpr-n-Ra

Thoutmosis I est mort sans laisser un héritier mâle, parce


que la reine Ahmose lui a porté une fille nommé
Hatshepsout. Les anciens Égyptiens n’étaient pas en faveur
de l’autorité de femmes. Comme un fils de Thoutmosis II
épouser son demi sœur Hatshepsout qui avait le sang royal
pur pour légitimer son accession au trône ! Comme un fils
de Thoutmosis II épouser son demi sœur Hatshepsout qui
avait le sang royal pur pour légitimer son accession au
trône. Hatshepsout lui a porté une fille nommée Neferura.
Thoutmosis II s’est aussi été marié à Isis qui l’a porté un
fils nommé Thoutmosis qui était devenu plus tard
Thoutmosis III. Thoutmosis II avait conservé l’empire
laisser par son père avec deux campagnes: un dans la Nubie
et l’autre au sud de Palestine. Après une période courte de
règne, Thoutmosis II est mort et a été enterré dans une
tombe dans la Vallée des Rois mais plus tard, sa momie a
été transférée à la cachette de Deir el-Bahari avec son père.
Maintenant sa momie est exposée dans la salle de la momie
au Musée Égyptien.
153

HATCHEPSOUT

[1478-1458 av. JC]

@at-Spswt-Xnmt-Imn mAat-kA-Ra

Tête de Hatshepsout
Musée du Caire

Thoutmosis II est aussi mort - probablement de maladie-


sans laisser un successeur légitime. Pourtant, il a été suivi
par son fils, Thoutmosis III qui a peut-être épousé sa demi-
154

sœur Neferure pour accéder au trône. Comme il était trop


jeune pour gouverner par lui-même, Hatshepsout, sa tante
sa, belle-mère, exerçait une régence. Les évidences de sa
régence sont inscrites sur une stèle dans la tombe rupestre
de l’architecte Ineni (qui était aussi l’intendant des greniers
d’Amon jusqu’à le règne de Thoutmosis III) à Cheikh Abed
el-Qurena sur la rive ouest à Thèbes.

En l’an 2 ou 3 de sa règne, Hatshepsout avait couronné


comme une femme-roi, avec une titulature complète ¡At-
Spswt-Xnmt-Imn « Celle qu’embrasse Amon, la première
des femmes », mAat-kA-Ra «Just est le ka de Rê ». Elle était
représentée comme un homme; aussi connu à son nom par
le pronom suffixe ‘ f’ au lieu de ‘ s’. Considérer comme
l’héritier légitime de son père Thoutmosis I, elle a
complètement ignoré Thoutmosis II et son règne en
inventant une corégence avec son père Thoutmosis I. En
outre, pour supporter son droit dans le trône d’Égypte elle a
inventé l’histoire de la " Naissance Divine" qui décore son
temple funéraire à étaient El-Bahari. C’est un genre de la
propagande politique qui a eu lieu auparavant pendant les
deux l’ancien et Moyen Empires mais dans la forme de
prophéties mais Hatshepsout était la première d’utiliser
l’histoire de la "Naissance Divine" pour montrer au gens
155

qu’elle était fille divine du dieu Amon-Rê par Reine


Ahmose. Cette scène a été représentée sur les murs de la
colonnade du nord dans la deuxième terrasse du temple de
Deir el-Bahari.

La stèle d’Israël
(Musée du Caire)
Au commencement, nous pouvons voir, du sud à nord, le
dieu Amon annonçait, à l’Ennéade, son intention d’avoir un
fils de son sang et écharner pour gouverner la terre
d’Égypte sur sa part. le dieu Thot lui recommande la reine
Ahmose, épouse de Thoutmosis I, pour être la mère du
nouveau roi. Alors la prochaine scène montre le dieu Amon
156

qui rencontre la reine, dans la forme de Thoutmosis I, lui


annonce qu’elle donnera la naissance à une fille nommé
¡At-Spswt-Xnmt-Imn. Ensuite, le dieu Khnoum, le dieu
potier, façonne sur sa roue l’enfant et son Ka. Après, une
scène qui représente la reine Ahmose enceinte, elle est
représentée donnant la naissance à son enfant par aide de
quelques déesses. Alors Amon ordonne Thot et Hathor
d’éduquer sa fille. La scène suivante représente la
purification d’Hatshepsout pour être présenté aux dieux de
l’Ennéade. Ensuite elle est intronisée par Amon et reçoit les
couronnes et les titres royaux. Après qu’être proclamé roi
par les dieux, Hatshepsout doit encore être couronné par les
Égyptiens. Ici, son père humain l’introduit devant la Cour,
la désigne l’a acclamé comme héritier. Une fois sa
titulature proclamée, elle subit un rite de purification
supplémentaire.
157

Statue cube de Senmout et Neferourê

Bien sûr, Hatshepsout ne serait pas capable d’être proclame


comme un roi dans la présence de Thoutmosis III sans le
support de plusieurs figures proéminentes, le premier d’eux
était Senenmout qui était né à Armant. Il était un ‘ porte-
parole ‘ pour la reine en même temps que majordome de la
famille royale et aussi l’architecte. Il a surveillé le transport
et érection des obélisques dans le temple d’Amon-rê à
Karnak, aussi bien que la construction de son temple
funéraire. Il y avait un bavard rancunier qui suggère qu’il
158

avait des relations intimes avec la reine, peut être parce


qu’il faisait l’éducation de sa fille Neferura. Il a disparu
après la mort de Neferura, dans la onzième année du règne
d’Hatshepsout; il entreprit un rapprochement avec
Thoutmosis III. Senenmout avait deux tombes pour lui-
même; un à Deir el-Bahari et l’autre à Cheikh Abd el-
Quranah.

Nous ne devons pas oublier de mentionner un autre


membre important du court de Hatshepsout. C’est le
chancelier Nehsy qui a mené une expédition à Pount dans
la neuvième année du règne de la reine. Cette expédition a
duré approximativement trois années. Il a été enregistré en
grand détail sur les murs du temple funéraire Hatshepsout,
donc c’était la première documentation illustrée d’une
expédition à Pount. Les scènes décrivent l’arrivée de cinq
bateaux égyptiens Envoyer à Pount, chargé avec de toutes
les marchandises égyptiennes, sous l’ordre de Nehsy. Il
paraît que la mission a commencé le voyage de Thèbes vers
la côte de la Mer Rouge à Pount À leur arrivée, Nehsy a été
reçu par le souverain de Pount, nommé "Parehou", suivi par
sa grosse femme "Aty".
159

Les monuments connus d’Hatshepsout.

1 - Il n’y a aucun doute que le monument le plus important


d’Hatshepsout son temple funéraire à Deir el-Bahari.
Comme il a été appelé, ©sr Dsrw Imn « Saint des Saints
d’Amon », ce n’était pas seulement temple pour son culte
funéraire, comme un roi de la Haute et de la Basse Égypte,
mais c’était aussi un temple consacré à Amon-Rê et une
place pour enregistrer sa naissance divine, donc le temple
avait trois fonctions. Il a été construit par son grand
architecte Senenmout qui a inspiré son décor du temple
funéraire de Roi Nebhepetre Montohotep II. Senenmout
donc a construit le temple en terrasses successives pour être
en harmonie avec le cirque naturel de la falaise. Dans le
même temple, Hatshepsout a consacré une chapelle pour le
culte funéraire.

La chapelle rouge de Hatshepsout


160

2 - à part cela au-dessus de qui est mentionné, la reine a


construit la " Chapelle rouge" qui a été réutilisée comme
une matière rassasiante à l’intérieur du Troisième Pylône
plus tard. C’était soi-disant dû à la couleur de son bloque en
quartzite bien que le cours inférieur soit fait de granite noir.
Cette chapelle a été consacrée à Amon-Min. Chaque bloc
porte une scène complète; cela prouve que les blocs ont été
inscrits avant qu’ils aient été élevés.

3 - D’après les scènes de la première terrasse de son


temple, nous savons que Hatshepsout a consacré deux
Obélisques de granite Rose d’Assouan couvert en électrum,
dans la seizième année de son règne, devant le cinquième
pylône à Karnak, seulement celle du nord est encore a Situ.

4 - Hatshepsout a reconstruit le huitième Pylône en pierre


au lieu de brique-crue.

5 - Dans le temple de Louxor, elle a élevé, avec


Thoutmosis III, le lieu saint du triple pour la triade
Thébaine. Peut-être ils sont démantelés et sont reconstruits
plus tard par Ramasses II dans son premier court ouvert sur
le côté occidental du chemin de l’entrée.
161

6 - Le sphinx d’Hatshepsout est un des chef-d’œuvres du


Musée Égyptien est fait du basalte noir; il y a un autre, fait
de granite rouge, dans le seulement Metropolitan Museum
d’Art.

7 - Elle avait des temples a Nubie: a Buhen, Wadi Halfa, et


Qasr Ibrim.
8 - Il paraît aussi qu’elle a aussi construit un temple pour la
déesse Satet à Éléphantesque.

Speus Arthmidus

9 - Elle a courbé deux temples dans les montagnes près de


Bani-Hassan (la 16e nome de la Haute Égypte). Le premier
temple, se localisait a Batn-el-Baqarah, a été consacré à la
déesse Bekhet représentait comme lionne. Ce temple,
162

nommée ¡wt mn (le temple de Men), a été découvert par


A. Fakhry en 1938-9. Le deuxième temple, nommé " le
temple de la dame d’Inet ", est su dans les temps Gréco-
romains comme " Speus Arthmidus " (maintenant c’est
Stabel Anter).

Finalement, Hatshepsout a disparu dans l’année 1458 ap J.-


C nous ne savons pas ce qui vraiment s’est passé à elle.
Hatshepsout avait deux tombes. La chambre de
l’enterrement de la première tombe, creusée dans la Vallée
des Rois, a été supposée pour être localisé directement sous
le sanctuaire de son temple funéraire. Cependant, le dessin
a dû être changé à cause de la qualité mauvaise du roc de la
mère. Elle a ordonné à son architecte de creuser un autre
dans une place alors appelé Seket Taqet Zied qui n’est pas
loin de la Vallée. Pourtant, la momie de cette reine n’a
jamais été trouvé.
163

THOUTMOSIS III (1479-1425)

©Hwty-ms-nfr-xprw Mn-xpr-Ra

Statue du roi recomposée


numériquement de deux
fragments, l’un au Musée du
Caire l’autre au Metropolitan
Museum.

1- l’Accession :
Nous avons mentionné ci-dessus que Thoutmosis III est un
fils de Thoutmosis II d’une femme secondaire nommée
Isis. Peut-être il s’est été marié à Neferurê, la fille de
Thoutmosis II et Hatshepsout. Après la mort de son père,
164

Thoutmosis III était trop jeune pour gouverner seul,


Hatshepsout est donc devenue régent. Ils ont gouverné
ensemble approximativement trois années; ensuite
Hatshepsout a usurpé le trône et avait couronné comme un
roi. Après la disparition de la reine en question, Thoutmosis
III a récupéré son trône en 1458 av. J.C., il a mené un
programme politique qui a fait de l’Égypte le maître
incontesté de l’Asie Mineur et de la Nubie. Pour s’établir
comme un roi légitime contre la fiction de la naissance
divine d’Hatshepsout, Thoutmosis III a aussi essayé de
fortifier sa place sur le trône en inventant l’Histoire de la
Sélection Divine. Il nous dit que pendant une procession
divine, la statue du dieu Amon, porté par les prêtres, est
arrêté devant l’enfant Thoutmosis III quand il était parmi
l’audience. Cet acte du dieu a été interprété comme une
sélection divine pour cet enfant pour être le nouveau roi.
Cette histoire a été enregistrée dans sa Salle des fêtes à
Karnak où Thot est vu annoncer l’assemblée des dieux le
décret d’Amon-Rê par lui Thoutmosis III a été fait Pharaon.

2- les Affaires Etrangères :


Immédiatement après qu’il eût regagné le trône,
Thoutmosis III doit faire face a une révolte des principautés
asiatiques, coalisées autour du prince de Qadesh sous
165

l’influence de pouvoir déjà levé de Mitanni. Le roi égyptien


a dû entreprendre au moins dix-sept campagnes pour
arriver a maîtriser la situation. L’Empire Mitannien
constituait des dépouilles du domaine du roi babylonien
directement Cet Empire atteint son apogée au XVe siècle.
Son noyau se situe entre le Tigre et l’Euphrate, il s’étend
sur la Syrie et le Kurdistan au nord pour atteindre la région
palestinienne. C’est le lieu d’affrontement avec l’Égypte
depuis Ahmose, parce que les Egyptiens aimaient de
repousser le plus loin possible les « Asiatiques »
susceptibles de menacer les frontières.

De l’autre côté, Mitanni, Mitanni, de l’autre côté, a


entrepris de mettre les Égyptiens dans des luttes locales
contre les cités syriennes pour assurer que l’Empire
Mitannien n’a pas été menacé directement affrontement
entre les Egyptiens et les Mitanniens se déroule en cinq
étapes, que l’on peut suivre a travers les Annales que
Thoutmosis III fit graver dans le temple de Karnak. Le but
de ces textes est à la fois commémoratif et pratique. Ils ont
présenté les faits dans un style dramatique; accompagnée
d’un état, campagne par campagne, du butin rapporté par
les armées égyptiennes et consacré à Amon-Rê. D’après ces
annales, Thoutmosis III a commencé à compter son règne
166

de sa première année de la corégence avec Hatshepsout,


comme si elle n’était jamais là. Aussitôt qu’il est devenu le
roi seul d’Égypte il a lancé une campagne pour ré-conquérir
Retjenu. Il a mis le siège pour sept mois devant la ville de
Megiddo qui finit par tomber dans ses mains alors il a
continué au-dessus vers le débouché portuaire traditionnel
de l’Égypte sur la Méditerranée. Il a organise cette
conquête pendant les trois campagnes suivantes, de l’an 22
a l’an 24 de son règne, en conduisant chaque année une
tournée d’inspection pour assurer la collecte des tributs dû
des villes conquises.

La quatrième campagne était dans la vingt-cinquième année


de son règne où il a commémoré ses campagnes en
aménageant au temple d’Amon-Rê à Karnak à l’est de sa
salle des fêtes un véritable ‘jardin botanique’, nommé Ax
mnw. Il a enregistré noms et scènes de la flore et de la
faune qu’il avait apporté de villes conquises. C’était une
continuation à la description de la flore et de la faune de
Pount dans le temple funéraire de directement et du temple
d’Hatshepsout à Deir el-Bahari.

Pendant sa cinquième campagne qui a eu lieu entre les


vingt-neuvièmes et les trente-deuxièmes années de son
167

règne il a négocié avec Djahy (la plaine Côtière de


Palestine) où les troupes Égyptiennes l’avaient occupé dans
la cinquième campagne.

Dans la sixième campagne, les Égyptiens sont arrivés en


Syrie par la mer. Ils sont remontes jusqu’à Qadesh, mais la
région d’Ardata s’était probablement révoltée contre les
Égyptiens, donc, et afin d’éviter de nouvelles révoltes,
Thoutmosis III a eu recours à une politique que reprendrait
Rome plus tard. Il a emmené à la Cour d’Égypte trente-six
fils de chefs. Ils ont été gardés comme otages et élevés a
l’Egypte avant d’être renvoyés dans leurs pays prendre la
succession de leurs pères, donc pour éviter par la suite les
révoltes et pour assurer leur Royauté.

La septième campagne était contre Ulloza qui a mené à la


soumission des ports Phéniciens.

La huitième campagne, a eu lieu dans la trente-troisième


année de son règne, était un affrontement direct qui a
commencé avec le Mitanni. Thoutmosis III a traversé
l’Eurphrates et a installé une stèle comme celle de
Thoutmosis I. il a aussi pu traverser le Tigre. Il a pillé le
Sud de la terre de Carchemish, et puis revenu sur l’Oronte a
168

la hauteur de Niya, qui marquait désormais la limite


septentrionale de l’influence Égyptienne.

Les neuf campagnes suivantes seront consacrées à essayer


de réduire les forces mitanniennes en Naharina et pour
supprimer les révoltes contre l’Égypte. Sa campagne
définitive dans Djahi était dans quarante-deuxième année
de son règne. Pour ses activités militaires dans le Sud, nous
savons qu’il avait lancé seulement une campagne Nubien
dans la cinquantième année de son règne qui a mené à
l’expansion de l’empire aussi loin que la Quatrièmes
Cataracte dans le Sud.

Les dernières années du règne de Thoutmosis III étaient


plus paisibles: La suprématie égyptienne est provisoirement
reconnue au Proche-Orient et les relations avec la mer Égée
cordiales. Pourtant, Thoutmosis III n’était pas seulement un
grand guerrier, il était aussi un entrepreneur actif. En
premier lieu de tout, il a joint les deux obélisques
d’Hatshepsout à l’intérieur d’un coffre en grès, il a beau
martelé son nom de presque tous ses monuments, de façon
à la condamner à la pire des morts, celle de l’oubli. À cause
de ces grandes victoires, la mémoire de Thoutmosis III a
été durée pour le long temps. Nous pouvons mentionner ici
169

que l’histoire de la pris de Joppa par le célèbre général


Djehuty a été enregistrée sur le Papyrus Harris 500.
Il expose la façon dont le général prit le port
d’approximativement, la moderne Jaffa, grâce a un
subterfuge qui appartient à la littérature mondiale. Ayant
tue le prince d’approximativement venu en ambassade,
Djehuty a capturé la ville en dissimulant deux cents soldats
dans des paniers.

3- Les monuments importants de Thoutmosis III.

1- Thoutmosis III a élevé le sixième Pylône à Karnak


qui porte des attachements de son triomphe à
Megiddo. Il a aussi élevé le septième Pylône.

2- Il a placé un haut lieu de l’aboiement du granite rose


à l’est du sixième Pylône qui a été détruit plus tard.
Philippe Arrhidaeus l’a replacé avec une copie
exacte qui a survécu dans situ.

3- Il a enregistré ses Annales derrière le sixième Pylône


- sur qui. il avait enregistré ses campagnes près le
sanctuaire de la barque sacré.
170

4- Il a construit sa Salle des fêtes (Ax mnw) à l’est du


sixième Pylône. C’est la place où le roi a reçu le
pouvoir divin à l’occasion de son Fête Sed. Il a
consisté essentiellement en quatre sections. Dans le
coin sud-ouest de la Salle du fête se trouve la Salle
des Ancêtres enregistrant une liste des rois plus tôt
(62 rois) de Mena jusqu’à Thoutmosis III. c’est un
des sources importantes de l’histoire Égyptienne,
maintenant au Musée du Louvre à Paris, mais il y a
un jet placé dans situ maintenant. Aussi dans l’Ax
mnw, nous pouvons trouver le ‘jardin botanique’
décrit au-dessus.

Frise du "jardin botanique", Mariette, Karnak, 28.


171

5- Aussi, Thoutmosis III a créé le lac sacré et quatre


obélisques à Karnak (deux devant le septième
Pylône), (et deux au-delà de ce de Thoutmosis I).

6- Thoutmosis III avait aussi construit une chapelle


d’Hathor à Deir el-Bahari, maintenant dans le Musée
Égyptien.

7- il a aussi construit un haut lieu triple pour la triade


Thébaine à temple Louxor avec Hatshepsout.

8- il avait des bâtiments a affrontement Habu, Esna,


Kom Ombo, Armant, Dendera, Heliopolis, Nubie et
Bani Hassan.

Après sa mort, Thoutmosis III a été enterré dans la Vallée


des Rois. La chambre de l’enterrement est dans la forme
d’une cartouche royale. Son décor prend la forme énorme,
un papyrus déroulé inscrite avec le Livre de ce qui est dans
la Pègre dans la forme complète et dans un état de
conservation excellent. Sur un des piliers de la chambre de
enterrement nous trouvons le roi allaité par Isis représenté
comme un arbre avec une poitrine parmi les branches (sa
mère a aussi été appelée Isis). Aussi nous trouvons les
172

figures de 741 divinités différentes de la Pègre sur les murs


de la chambre qui précède la chambre de l’enterrement La
momie du grand soldat et entrepreneur, Thoutmosis III, a
été déplacée plus tard à la cachette de Deir el-Bahari où il a
été trouvé en 1875.

La tombe de Thoutmosis III dans la Valée des Rois.


En haut, le roi et Isis sur une barque.
En bas à droite, Isis figurée sous forme d'arbre allaite le roi.
173

AMONHOTEP II

(1425-1401)

Imn-htp-nTr-HqA-Iwnw aA-xprw-Ra

Relief de calcaire provenant de Karnak,


Musée de Berlin

Pour éviter tout conflit entre ses fils, Thoutmosis III a


associé au trône deux ans avant sa mort Amonhotep II. Il
était son fils de sa seconde épouse nommé Hatshepsout II
174

Mérirê. Thoutmosis a laisse le souvenir d’un grand roi, qui


a devenu vite légendaire. Donc, Amonhotep II était capable
de conserver la prospérité et le pouvoir de l’Égypte. Son
principal titre de gloire était une force physique hors du
commun qu’il avait testé dans trois campagnes syriennes.
La première était dans la troisième année de son règne. La
chute de Qadesh avec laquelle cette campagne a terminé,
n’a pas réglé la situation de la rébellion de Naharin: deux
nouvelle expéditions sont directement dirigées contre le
Mitanni, ces campagnes ont eu lieu dans la septième et la
neuvième années de son règne.

Amonhotep II a construit plusieurs hauts lieux et des


temples à la Nubie et en Égypte. Il avait des constructions à
Karnak, Medamud, el-Tod, and Armant. Il avait un temple
funéraire a lui-même qui ne nous est pas parvenu.

Sa tombe dans la Vallée des Rois est forte peu décorée. Sur
ses murs est un exemplaire complet du livre de l’imy dwAt.
Quand la tombe a été excavée en 1898, Victor Loret a
retrouve outre que la momie intacte d’Amonhotep II ce de
13 autres personnes. Neuf d’eux étaient des rois et des
reines qui y avaient été mises a l’abri des pillards a la
XXIème dynastie par le Grand Prêtre Pinedjem.
175

Finalement, nous pouvons mentionner qu’Amonhotep II est


représenté sur un bloc de granite rouge, maintenant dans le
jardin du musée de Louxor sur le côté de la main droite sur
chemin de l’entrée. Sur ce bloc qui a été trouvé en 1927
parmi les blocs rassasiants du 3e pylône de temple de
Karnak Amonhotep II montre sa capacité comme un archer
en conduisant plusieurs flèches à travers une cible du
cuivre attaché à une perche en montant par un plein galop
dans son char. Les états du texte accompagnés que ce roi a
insisté sur cuivre plutôt que cible en bois. Depuis qu’il était
si beaucoup de plus fort qu’hommes normaux, ses flèches
ont traversé droit bois comme si c’était papyrus.
176

THOUTMOSIS IV

(1401-1390)

©Hwty-ms Mn-xprw-Ra

Il était le fils d’Amonhotep II et la Reine Tiaa. Sa femme


était la Reine Moutemwia, mère d’Amonhotep III. Le
pouvoir lui est échu vraisemblablement à la suite du décès
prématuré d’un frère aine auquel il était destiné. Il a été
élevé à Memphis, et comme il n’était pas le vrai héritier, la
prêtrise d’Héliopolis l’a aidé à monter au trône en créant un
oracle pour lui; c’était la stèle du Rêve qui s’était installé
entre les pattes du Sphinx. Le Sphinx a été couvert avec le
sable du désert qui s’était installé entre les pattes du
Sphinx. Le Sphinx a été couvert avec le sable du désert que
le vent accumulé jour après jour contre son corps. Or le
jeune prince aimait a chasser sur le plateau de Giza, et il lui
arrivait de faire la sieste du Sphinx qui représentait le dieu
Rahorakhti. Le dieu lui a promis la royauté s’il clarifiait le
sable accumulé autour de son corps. Donc, Thoutmosis fit
désensabler le dieu et en retour le Sphinx l’a alloué le trône
qu’il avait promis.
177

Les relations entre l’Égypte et le Mitanni ont changé


pendant son règne pour le Mitanni s’était menacé par
l’empire Hittite de Tudhaliyas II donc, les Mitanniens et les
Égyptiens ont fait termes qui étaient acceptable à les deux
réceptions, dans ça le Mitanni a permis l’Égypte pour
garder la Palestine et une partie de la côte Méditerranéenne
en échange avec le Mitannien de contrôler la nord du Syrie.
Aussi, Thoutmosis IV a demandé la main en mariage de la
fille du roi Mitannien Artatama I.

Décoration du char de Thoutmosis IV


178

Thoutmosis IV a continué la construction d’un temple


consacrée par Amonhotep II a proximité du Sphinx; il a
aussi laissé un dépôt de fondation qui contient sa cartouche
dans le temple de Ptah à Memphis. Cette activité était peut-
être le résultat d’un désir de contrebalancer la puissance de
Thèbes et ses nobles et le clergé d’Amon-Rê à Karnak. Il a
été enterré dans la Vallée des Rois. Plus tard, sa momie a
été transférée à la cachette royale de la tombe d’Amonhotep
II, et maintenant exposait dans le Musée Égyptien.

En 1989, une stèle porte le nom de Thoutmosis IV a été


trouvé devant l’Obélisque au temple de Louxor. Ce peut
être de bonnes évidences au sujet d’activités de
constructions de ce roi dans l’emplacement avant
Amonhotep III.
179

AMONHOTEP III

(1390 – 1352)

Imn-Htp-HqA-wAst Nb-mAat-Ra-stp-n-Ra

Amonhotep III était le fils d’une concubine de Thoutmosis


IV, Moutemouia, dans la quelle on a voulu voir a tort la
fille d’Artatama Ier, le roi de la Mitanni. Etant le seul fils
male de son père, il a succédé son père sur le trône. Mais
comme il n’était pas d’un sang royal pur, il a dû trouver
une façon de légitimer sa règne. Il a suivi la tradition
180

utilisée auparavant par la reine Hatshepsout en inventant


l’histoire de la naissance divine qu’il a enregistrée sur les
murs d’un des chambres du temple de Louxor. De toute
façon, il a régné premièrement avec sa mère comme régent,
quand il n’avait que douze ans. Dans la deuxième année de
son règne, il s’est marié, Tiy, une fille de Yuya et Tuya qui
étaient d’Akhmim. Yuya était officier de la charrerie, "
Maître des haras ". On a suppose qu’il etait parent de la
reine mère Moutemouia, ce qui ferait de lui un oncle
d’Amonhotep III.

Pour inventer l’histoire de la naissance divine, il devait être


supporté par les prêtres d’Amon, donc il leur a dû
beaucoup, et donc il a consacré le temple de Louxor à un

des aspects fertiles d’Amon, nommé


Imn kA Mwt.f « Amon est le taureau de sa mère » pour
assurer la loyauté des prêtres à lui et c’est la deuxième
raison qui l’a fait construire son temple.

Reine Tiy a enfanté à Amonhotep III six enfants: le


premier, Thoutmosis qui est mort pendant le règne de son
père; alors Amonhotep IV venait aussi bien que quatre
filles. La Reine Tiy était un des femmes qui ont joué un
rôle important dans l’histoire à la fin dix-huitième
181

Dynastie. C’était dû à sa forte personnalité et sa longévité,


comme elle a survécu à son mari et morte seulement à la
huitième année du règne de son fils. En fait, elle était la
première personne d’exploiter le rôle de la femme royale
(la grande Epouse du Roi : Hmt nsw wrt). Elle était à cote
de son époux comme la personnification de Maât et par
conséquent dans les grands festivals religieux. Elle se
faisait représenter en Sphinx. Amonhotep III a aussi
consacré à elle un temple entre la seconde et la troisième
cataracte. En outre, elle a joué un rôle important dans la
politique extérieure d’Égypte et s’est occupé du pays dans
les premières années du règne de son fils.

Notes historiques d’ensemble du règne d’Amonhotep.

1- le règne d’Amonhotep III est marqué par la paix. Le


seul acte de guerre est une campagne dissuasive dans
la Nubie dans la cinquième année de son règne (peut-
être un de ses commandants qui le menait). il avait
des fortes relations avec le Proche-Orient et dans le
bassin méditerranéen. Notre source d’information sur
la politique extérieure est le prétendu "les lettres
182

d’aAmarna". Un ensemble de 379 tablettes


découvertes par une paysanne en 1887 a cote du
palais royal d’el-aAmarna portant des textes rédigés
en cunéiformes contiennent la correspondance
d’Amonhotep III et IV avec les rois du Proche-
Orient.

2- Il s’était aussi marié à deux filles des rois de Mitanni


(Suttarna II, Tushrattta).

3- Amonhotep III était un des plus grands constructeurs.


Ses constructions ont été interrompues partout dans
les deux l’Égypte et la Nubie où il a consacré un
temple au culte de lui et sa femme à Soleb, en
association avec Amon, une tradition qui était
largèment suivie par les rois de la dix-neuvième
Dynastie.
A- dans la Basse-Égypte, il construit a Heliopolis et
Bubastis. Il commence aussi les travaux du
Serapeum (Les premières catacombes connues
pour les animaux sacrées date de son règne:
dans Saqqara et Betosiris).
B-A Thèbes, comme il est mentionné au-dessus, il
ordonna la construction du Temple de Louxor. Il a
183

installé plus de 600 statues de Sekhmet dans le temple


de Mut d’Asherou à Karnak où il a établi le 3e Pylône.
Aussi nous pouvons dire à lui qu’il est le fondateur du
2e qui a été complété assurément par Horemheb. En
outre, les mensonges du scarabée approchent le lac
Sacrés sont venir de son temple Funéraire. Finalement
c’est possible que les 14 colonnes dans le milieu de la
Grande Salle Hypostyle à Karnak puissent aussi être
conçues pendant le règne d’Amonhotep III, si nous le
comparons avec les ceux semblables de temple Louxor.

Une clepsydre (horloge a eau)


a- Dans la cachette de Karnak lequel a été trouvé sous
le court du huitième Pylône, Georges Legrain a
184

découvert une clepsydre (horloge a eau) daté de son


règne, maintenant dans le Musée Egyptien.

b- aussi dans le Musée Égyptien, nous avons un des


stèles funéraires d’Amonhotep III, originalement
localisé dans son temple funéraire. Il est connu sous
le nom " Stèle d’Israël ", parce que le nom d’Israël a
mentionné sur son autre face qui a été inscrit par le
roi Merenptah de la XIXème Dynastie.

c- À El-Malqata, près Madinet Habou à l’ouest de


Thèbes et pour sa femme, il a probablement construit

un palais et dédié un bateau nommé xa


Itn.

d- De son temple funéraire qui a été démantelé par


Mérenptah pour fournir des pierres pour son propre
temple, nous avons seulement les 2 statues colossales
connu comme les colosses de Memnon. Leur
maçonnerie a été coupée, par son célèbre architecte
Amonhotep fils de Habou d’El-Gebel el-Ahmer près
d’Héliopolis.
185

4- Pendant le règne d’Amonhotep III l’art a atteint un


haut degré de perfection rarement comparé. Les
techniques extraordinaires ont paru dans
l’architecture et la sculpture pour rivaliser avec les
dimensions communes et les nouveaux types
inventés avec une finesse et délicatesse et haute
qualité qui les ont faits chefs-œuvres.

5- Une des grandes figures sous le règne d’Amonhotep


III était Amonhotep fils de Habu. Il est venu
d’Athribis (moderne Banha) dans le Delta. Il a
commencé sa carrière comme un scribe dans le Court
du roi. Ses talents administratifs ont résulté en les
186

promotions nombreuses jusqu’à ce qu’il en ait atteint


quelques-uns des plus hauts bureaux dans le pays.
Ses activités du bâtiment portent le témoin à son
génie et grandes responsabilités comme ‘directeur de
tous travaux royaux’. Il a été adoré finalement, avec
Imhotep, comme un dieu de guérison. Dans l’époque
Ptolémaïque, une chapelle a été consacrée au deux
derrière le temple Deir el-Bahari.

6- Amonhotep III a célébré le Fête Sed trois fois: dans


les 30e, 34e, et 37e années de son règne. Quand il est
mort dans les trente-neuvièmes années de son règne,
il a été enterré dans a l’ouest de la Vallée de des rois
qui est appelés aussi ‘ Wadi el-Quroood ‘. Sa tombe
a été volée dans la Vingt et unième Dynastie mais sa
momie a survécu avec les autres corps royaux
empaquetés ensemble dans la tombe d’Amonhotep
II.
187

AMONHOTEP IV/AKHENATON Néferkhépérourê

Imn-Htp-nTr-HkA-wAst Nfr-xprw-Ra-wa-n-Ra

Ax n Itn

Après sa mort, Amonhotep III a été succédé par son fils de


la reine Tiy, Amonhotep IV, comme l’héritier légitime
aîné, Thoutmosis, mort sans régner. Sa corégence avec
Amonhotep III est discutée. Épousant sa cousine Néfertiti,
la fille d’Ay et Tiy II ; Par conséquent elle était la grande
fille de Yuya et Tuya. Cette famille Akhmimic a joué une
partie très importante dans les affaires internes et étrangère
à la fin de 18ème Dynastie. Amonhotep IV était accompagné
par sa femme, Néfertiti dans les cérémonies religieuses, de
même que c’était le cas avec Tiy. Les artistes officiels ont
représenté le couple royal des le début dans des scènes
familiales jugées jusque-là trop intimes pour être montrées.

C’était seulement dans la deuxième année de son règne


qu’Amonhotep IV a replacé Amon-Rêpar Aten, et
188

changeait son nom à Akhenaton. A cette étape, il n’y avait


aucun conflit ouvert avec la prêtrise d’Amon-Rê a qui le
pouvoir avait été fortifié grandement dans le temps
d’Amonhotep III. Cependant nous pensons que l’influence
politique excessive de la prêtrise Thébaine était une des
choses qui a forcé Amonhotep IV à couper ses liens avec
Amon-Rê. Nous pouvons assurer que cette ‘ nouvelle
vague ‘ d’Akhenaton a été dirigé fondamentalement vers la
prêtrise Amon-Rê.

Bas-relief au musée du Caire.


189

C’est seulement dans la deuxième année de son règne, il


avait entrepris un programme de construction traditionnel,
après avoir ouvert les carrière à Gebel el-Silsila il a
construit un temple pour Aton à l’est de Karnak en utilisant
les blocs appelé par Talatate- qui sont décorés avec une
technique qui a été caractérisée par le style réaliste et vif.
Plus tard ces blocs ont été utilisés par Horemheb pour
bourrer le neuvième et le dixième Pylônes (14000 blocs ont
été découverts jusqu’à maintenant). Représentant une
source inestimable pour la connaissance de l’histoire des
cultes Antoniens.

Aten était un des aspects du soleil, nommément, son


Disque. C’est clair que la dix-huitième Dynastie a été
marquée par la montée du culte Heliopolitan. Peut-être cela
a été lié avec l’importance de Héliopolis elle-même,
comme il a été le centre de l’éducation des princes avec
Memphis. D’après le mythologie Heliopolitan, la création
et conservation de vie a été concentré autour de Rê. Il vaut
mentionnée que, le grand Hymne à Aten, inscrit sur le mur
de la tombe d’Ay à el-aAmarna, a souvent été comparé à
Psaume 104.
190

Aton, n’était pas, cependant, nouveau dieu dans la religion


égyptienne. Il a été mentionné dans l’histoire de Sinuhy
(Dynastie XIIème) pour représenter le disque du soleil. Aton
a aussi été cité plusieurs fois dans le Livre des Morts. Il a
commencé à être la figure principale de Rê pendant le
temps de Thutmoses IV. En outre, le bateau qu’Amonhotep
III avait fait pour sa femme Tiy était appelé xa Itn.

Dans la quatrième année de son règne, le roi et la reine ont


visité l’emplacement du futur capital qui avait été révélé

par Aton lui-même et serait appelé Axt Itn


(l’Horizon d’Aten). L’année suivante il a fondé son
nouveau domaine là, c’est approximativement 10 km. au
sud de Mallawi. C’était un endroit vierge, le roi le marque
de quatorze ‘stèles frontière’ = onze sur la rive orientale et
trois sur la rive occidentale. Après, il a changé son nom à
Akhenaton qui signifie (Agréable à Aton).

L’originalité d’Akhenaton était à changer les rayons du


Disque en une réalité physique, la manifestation tangible du
créateur dans la gamme de l’homme commun. Il a fourni
ainsi une image facile à appréhender et évite le détour par
un clergé, seul capable de servir d’intermédiaire entre les
191

hommes et leur dieu, dans un contraste complet à Amon, le


dieu caché. Donc, le roi était l’essentiel et seul
intermédiaire entre l’espèce humaine et le disque, il a été
représenté comme l’objet d’adoration aux entrées aux
tombes de ses hauts fonctionnaires. Akhenaton a
transformé le disque lui-même dans un pharaon céleste en
écrivant son nom dans une cartouche comme son propre:

Anx @r-Axty xay m Axt m rn.f m Sw nty m Itn


« L’Horus vivant des deux horizons, le vénéré dans
l’horizon, dans son nom comme Shou qui dans Aton »
Après, il a fait des modifications:

Anx Ra HkA Axty xay m Axt m rn.f m it-Ra ii m Itn


« Le vivant Rê le souverain des deux horizons, le vénéré
dans l’horizon, dans son nom comme Ra qui arrive comme
Aton »

C’est certainement excessif pour parler de monothéisme


depuis cette concentration sur Rê qui n’a pas empêché tout
autre dieu. Dans les cartouches nous voyons aussi, Horus et
Shou. Donc, nous pouvons supposer qu’Akhenaton a
192

commencé une nouvelle conception du disque solaire qui


contenait trois dieux à l’intérieur de lui. Ce programme de
réforme religieuse paraît n’avoir eu aucun effet sur la
population, pour deux raisons de base:
- la première est que la cour se confine à Akhenaton
donc la population n’a guère l’occasion d’apprécier le
nouveau culte.
- La seconde, le culte ne correspond pas aux structures
de la société : le peuple continue à vivre sur les bases
religieuses traditionnelles, et les invocations à Amon ont
été retrouvées dans le village des ouvriers à el-aAmarna
lui-même. Akhenaton aussi et sa famille ont continué à
honorer Osiris et Maât.

A côté de ces deux raisons de base, il y avait aussi les


prêtres Amon-Rê qui ne laissaient pas Aton d’annuler leur
dieu si facilement, donc, ils ont commencé à lutter contre
ce roi hérétique.

La construction de la ville d’Akhenaton a eu lieu entre les


cinquième et sixièmes années de son règne. L’inscription
sur les quatorze stèle - frontières donne les dimensions du
domaine et contient un serment : Celui de ne pas dépasser
les limites de la ville. Cet engagement, qui définit
193

seulement les limites du domaine, a été interprété a tort


comme l’expression de la volonté royale de ne plus sortir
Akhenaton.

Dans la douzième année de son règne, La reine Tiy,


accompagné par Baketaton, a rendu visite au court
d’Amarna, ou elle s’installe. Cette même année, marque le
mort de Meketaton. Après la douzième année Néfertiti
disparu et un de ses filles, Meritaton, la remplacent dans les
cérémonies auprès du roi.

Les trois années de la fin du règne sont troubles : les


persécutions anti-amoniennes ont impliqué marteler les
noms du dieu sur les monuments. Le très même destin qui a
attendu Akhenaton et Aton quelques années plus tard.

On ne sait pas s’il y avait de la co-régence entre Akhenaton


et Smenkhkaré ou pas. Smenkhkaré lui-même est mal
connu, et beaucoup de données le concernant sont
contradictoires. Son nom sA Ra est Neferneferu Aton et il
était encore le nom de Néfertiti, donc ce peut-être autre
nom de Néfertiti ou Meritaton.
194

La reformes religieuse à des effets dans deux domaines


surtout : l’économie et l’art. Akhenaton ferme certains
temples, ou tout au moins limite leurs activités, et rattache
les biens cléricaux à la Couronne. La première conséquence
est un accroissement de la centralisation administrative et
de son bras exécutif, l’armée. La mise à l’écart des
instances locales rend plus difficile l’action de
l’administration, et tout un système de corruption et
d’arbitraire se met en place.

Dans la littérature, on continue à enseigner les genres


traditionnels, et les écoliers apprennent toujours l’histoire
de Sinuhy, mais sous l’influence de la nouvelle idéologie,
une plus grande liberté apparaît dans les œuvres
contemporaines. Le trait le plus marquant de cette reforme
littéraire est l’introduction de la langue parlée dans les
textes officiels.

Dans le domaine de l’art, des le règne d’Amenemhat III


l’idéalisme officiel tendait accéder le pas a un réalisme plus
sensuel qui n’hésite pas a souligner-les du corps par des
techniques comme celle du ‘drape mouille’.
195

Il y a aussi une évolution de la mode, plus « modernes » qui


se traduit par de nouvelles coiffures, de nouveaux
costumes, et aussi de simples détails stylistiques :
l’inclinaison de l’œil dans l’orbite et l’évitement des lignes
qui produira les fameux yeux « en amandes »
d’Akhenaton. On note volontiers aussi les plis du cou, les
oreilles percées. On peut le voir dans les statues colossales
qui sont trouve au Karnak et maintenant, il est dans le
musée du Caire.

Akhenaton radicalise la tendance pour lui-même et sa


famille des sa deuxième année de règne en poussant le
réalisme jusqu’à la caricature. Encore, l’image de la famille
omniprésente dans toutes les scènes, surtout celles du culte
d’Aton. Finalement, on doit mentionner qu’on retrouve
entre 1904-1914 dans l’atelier du sculpteur Thutmoses, sur
le site d’Amarna, plusieurs ébauches, moulages et portraits
de la famille royale, comprenant la célèbre tête de Néfertiti
(Musée de Berlin).

Après approximativement 14 années de règne, Akhenaton


est disparu et enterré, en théorie au moins, à el –Amarna, sa
momie n’a jamais été trouvée.
196

TOUTANKHATON/TOUTANKHAMON

Détail d’un siège au musée du Caire.

L’histoire de l’Égypte est devenue très sombre à la fin de la


période Amarienne surtout les relations entre Akhenaton et
ses successeurs. Le retour à l’orthodoxie ammoniures se
fait probablement sous l’influence du Divin Père Ay qui
guide les pas du jeune Toutânkhamon, qui était le seul
197

héritier male. Peut-être il était un cousin ou neveu Père il a


dû légitimer sa demande au trône en épousant l’une des
filles du roi, Ankhesenpaaton (later ‘Ankhesnpa-Amon)
c’était à l’âge d’environ neuf. Il paraît que la résidence à ce
temps-la était à Memphis, et le palais de Malgata comme
résidence royale temporaire a Thèbes. A la quatrième année
de son règne, le jeune Roi a change son nom de
Toutânkhamon (l’image vivant d’Aton) a Toutankhamon
(l’image vivant d’Amon). Il prend un édit de restauration
des cultes qui décrit longuement l’état misérable auquel les
errements d’Amonhotep IV ont réduit le pays. Cet édit est
affiche au pied du troisième Pylône dans le temple de
Karnak.

Toutankhamon commençait la construction de son temple


funéraire a Medinet Habou, dont subsistera seule une statue
colossale du roi (plus tard usurpé par Horemheb)
maintenant survit. Il construit a Karnak (il a dédié deux
statues d’Amon et Amonet dans le court de la sixième
Pylône). AU temple de Louxor, il a complète les reliefs de
la colonnade d’Amonhotep III qui a été termine plus tard
par Horemheb.
198

Toutankhamon meurt, a environ dix-neuf ans, après neuf


années sur le trône, et a été enterré dans une petite tombe
dans la vallée des Rois. Cette tombe qui avait été
découverte en 1922 par Howard Carter a tiré
l’imagination populaire, spécialement lorsque les
égyptologues s’est rendu compte que ces magnifiques
trésors funéraires été seulement une collection qui était
hostile jeté dans sa tombe (constitue en partie des
dépouilles de ses deux prédécesseurs). Quelques-uns du
matériel funéraire de Meritaten a été trouvé dans sa tombe.
Maintenant le trésor occupe une grande partie dans le
deuxième étage du Musée Egyptien. L’examen de sa
momie a révèle une blessure dans la région de l’oreille
gauche qui a fait croire qu’il est peut-être mort d’une
hémorragie cérébrale. il était peut-être la fin de la lignée
d’Ahmose. Son épouse, Ankhesenamon n’avait pas produit
d’héritiers. Sa veuve supplie le roi hittite de lui envoyer un
de ses files pour l’épouser et en faire le Pharaon d’Égypte.
Mais le fils qu’il a envoyé, le Prince Zennanza, qui
n’arrivera jamais. Ankhesenamon épouse peut-être le vizir
de son défunt mari, Ay, que l’on voit dans la tombe de
Toutankhamon pratiquer sur la momie du roi le rite de
l’ouverture de la bouche, qui incombe traditionnellement au
fils, donc à l’héritier.
199

AY

(1327-1323)

It-nTr-iy xpr-xprw-Ra ir-MAat

Ay était le fils de Yuya et Tuya. Ay devient maître des


haras sous le règne d’Amonhotep IV. Il paraît possible qu’à
ce temps, il y avait trois des grands personnes dans le palais
royal : Ay, Horemheb et Ramasses, devenu Ramsès Ier. Ay
et les deux autres personnes. Ces hommes qui étaient de
grands commandants de l’armée ont un accord de
gouverner un après l’autre et commencer avec l’âgé.

Ay figuré dans la tombe de Toutânkhamon.


200

Ay ne règne que pendant quatre ans. Il a consacre un


temple rupestre a Min a Akhmim. Il a construit un temple
funéraire pour lui-même à Medinet Habou. Ay avait une
tombe à el-aAmarna mais il est mort, il a été enterré dans
une autre tombe, faite pour lui comme un roi, dans la
Vallée Occidentale des Rois (Wadi el-Qurood).

La tombe d’Ay.
On voit Osiris sur le mur de gauche.
En face, extrait du livre de l'Amdouat avec les babouins représentant
les heures de la nuit et diverses divinités.
D'où "la vallée des singes".
201

HOREMHEB

(1323-1295 B.C.)

@r-m-Hb mry-n-Imn +sr-xprw-Ra stp n Ra

Horemheb a commencé sa carrière politique sous


Toutankhamon comme le porte-parole du roi dans les
affaires étrangères ; c’est lui qui mène une campagne
diplomatique auprès des gouverneurs nubiens. Comme le
grand commandant en chef de l’armée, Horemheb qui
entreprend une campagne de « démonstration » en Palestine
aux cotes de Toutankhamon. Il a commencé à élever une
tombe pour lui-même à Saqqarah, mais c’était laisse pour
être utilisé par sa femme Moutndjmet quand il a nommé
pour être le roi d’Égypte.

Auprès d’un grand guerrier, Horemheb est en effet un


grand constructeur après son accession. A Medinet Habou
il agrandit pour lui-même le temple funéraire d’Ay. Au
Gebel el-Silsible il a consacre un spéos a Amon et Thot. A
202

Karnak, peut-être il commence la salle hypostyle et élevée


trois pylônes, la IIème, les IXème et Xème, qu’il bourre avec
les talatates, du temple d’Aten.

Horemheb s’est fait rajouter l’uraeus a posteriori dans son


tombeau de Saqqarah

Il fait élever une stèle au pied du Xème pylône de Karnak,


portant le texte d’un décret qu’il prend pour remettre en
ordre le pays. Le pouvoir juridique est reparti entre le vizir
de Thèbes et celui de Memphis. La dualité du pays se
retrouve également dans l’armée, dont les cadres sont
refondus et repartis en deux circonscriptions militaires : le
nord et le sud.
203

Au Temple de Louxor il avait complété les scènes sur la


colonnade d’Amonhotep III avec Toutankhamon. Après sa
mort, Horemheb a été enterré dans sa tombe à la Vallée
des Rois. Sa tombe conserve le souvenir de l’époque
Amarienne par la mode des costumes et un certain style.
Elle innove aussi sur le plan technique peinture sur plâtre
ou enduit. Elle apporte aussi de nouveaux thèmes : elle
contient le premier exemplaire du livre des portes, l’un des
grands « livres » funéraire royaux de l’époque ramesside.

D’après ma Théorie, le successeur de Horemheb était un


autre Général militaire, nommé Ramasses, originairement
du Delta qui a fondé la XIXème Dynastie et l’époque
Ramesside.

Amon protégeant Horemheb


204

LES RAMESSIDES

1- Ramsès Ier et l’origine de la XIXe dynastie

La famille de Ramsès Ier n’est pas de sang royal. C’est une


lignée de militaires originaires du Delta oriental,
probablement de la région de Qantir. Le roi Ramsès Ier lui-
même est un ancien officier, qui fut vizir avant d’être roi
sous le nom de Pa-rê-messou ou Rê-messou. On peut
supposer que, devant la puissance politique qu’il
représentait, Horemheb a choisi de l’associer au trône avant
de mourir. Ramsès Ier a épousé une fille de militaire
également, Satrê, qui lui donne un fils, le futur Séthi Ier.

Ramsès Ier affirme par son nom d’Horus d’Or sa volonté de


continuer l’œuvre d’Horemheb : il est smn mAat xt tAwy
205

«Celui qui confirme Maât à travers les Deux Terres». En


même temps, il consacre la nouvelle orientation politique
du pays en choisissant un nom de couronnement qui
souligne la relation privilégiée avec Rê qu’exprime déjà
son prénom, Ra ms sw, « Rê l’a mis au monde» : mn pHty
Ra, mn pHty Ra «Stable est la puissance de Rê ». Il va même
plus loin, et affirme le primat de la théologie
héliopolitainne en se plaçant sous l’invocation d’Atoum
dans son nom de Nebty : « Celui qui a été couronné roi,
l’élu d’Atoum ».

La conséquence la plus importante de la révolution


amarnienne est, en effet, que le pouvoir ne se réfère plus à
Thèbes, mais à Memphis, et cet autant pour y retrouver les
racines de la théocratie que pour éviter de donner à
nouveau au clergé thébain un poids qui ne pourrait
conduire qu’à un nouvel affrontement. Cela n’empêche pas
Ramsès Ier, dans les deux courtes années que dure son
règne, de participer au programme décoratif de Karnak,
bien qu’il consacre plutôt ses efforts à Abydos, avec une
chapelle et un petit temple que son fils achèvera.

La brièveté de son règne empêche d’évaluer correctement


les conséquences immédiates de cette politique. Mais on a
206

l’impression, à considérer la tombe qu’il s’est fait


construire dans la Vallée des Rois (VdR 16), d’un retour en
arrière. Si la seule décoration en est le Livre des Portes, sur
le modèle d’Horemheb, le mobilier funéraire (BM 854 et
883) est, lui, plus proche du début de la XVIIIe dynastie
que du style qu’illustrera son fils.
207

2- Séthi Ier

Lorsque Séthi Ier lui succède, il est déjà associé au trône,


probablement depuis le début du règne de Ramsès Ier qui lui
a fait jouer un rôle proche de celui de vizir et surtout de
général en chef chargé de la politique extérieure. Cette
association est vraisemblablement née du souci qu’auront
tous les Ramsès d’éviter les problèmes successoraux qui
ont conduit la XVIIIe dynastie à sa perte. Séthi Ier insiste
longuement sur cette association en mettant en avant les
rites de piété filiale qu’il accomplit à Abydos pour son
père.

La politique antérieure.

Séthi Ier poursuit également l’œuvre de restauration


intérieure, qu’il replace dans un contexte historique
légitimant sa propre lignée : il se fait représenter, dans son
temple funéraire d’Abydos, en train d’adorer en compagnie
208

de son fils et successeur Ramsès II les cartouches des


pharaons qui l’ont précédé. La liste, qui comprend
soixante-seize noms, commence à Ménès et s’arrête à Séthi
Ier. Elle établit le canon de l’historiographie officielle pour
la XVIIIe et le début de la XIXe dynastie, soit, dans l’ordre
Ahmosis, Amonhotep Ier, Thoutmosis 1er, Thoutmosis II,
Thoutmosis III, Amonhotep II, Thoutmosis IV, Amonhotep
III, Horemheb et Ramsès Ier. On voit que tous les rois
d’Amarna ont été gommés, de la même manière que leurs
noms ont été effacés des monuments. Mais il y a une autre
absente : Hatshepsout qui, malgré tous ses efforts, reste
considérée comme une usurpatrice. Cette liste sera reprise
telle quelle (en ajoutant au fur et à mesure les nouveaux
rois) jusque sous le règne de Ramsès III.

Le roi en question maintient également le lien privilégié qui


unit sa famille au Nord : le décret qu’il prend pour le
temple de Bouhen en l’an 1 de son règne est daté de
Memphis. Il possède également un palais à Qantir. Mais il
ménage Thèbes, qui reste la capitale. Cette volonté apparaît
dans sa titulature : il est @r kA nxt xay m wAst sanx tAwy
l’Horus «Taureau puissant qui vivifie les Deux Terres après
avoir été couronné à Thèbes ». Il se concilie toutefois les
deux centres religieux en faisant alterner dans les épithètes
209

qui suivent son nom de couronnement, Menmaâtrê,


«Souverain de Thèbes » et «Souverain d’Héliopolis », de
même qu’il fait suivre son prénom, Séthi, soit de « aimé
d’Amon » ou de « aimé de Ptah ».

Cette politique d’équilibre se traduit par la promotion du


dieu Seth d’Avaris et la construction - ou la reconstruction -
à Héliopolis du sanctuaire de Rê, dont témoigne
vraisemblablement un modèle votif de ce temple au nom de
Séthi Ier provenant de Tell el-Yahoudiyeh. Dans le même
temps, il entreprend à Karnak la construction d’une partie
de la salle hypostyle, qui sera achevée par Ramsès II, et
d’une autre salle hypostyle, en Nubie cette fois : celle du
temple du Gebel Barkal, dont la dédicace date de sa 11 e
année.

Les affaires extérieures.

La grande œuvre de son règne, qui ne dure que quatorze


ans, est la politique extérieure. N’a-t-il pas d’ailleurs choisi
comme nom de nebty, « Celui au bras fort, qui renouvelle
les naissances et repousse les Neuf Arcs » ? L’héritage
amarnien était lourd, malgré la reprise des activités en Asie
210

sous Horemheb et Ramsès I", dont on a retrouvé trace à


Be(th-)San près du Jourdain dans le dépôt de fondation du
temple que Séthi I" construisit après sa première campagne
militaire. On peut dire que, en gros, toute la Palestine est
hostile à l’Égypte, qui ne conserve que les forteresses de
Be(th-)San, Reheb et Megiddo.

Il prend la route de l’Asie dès sa première année de règne.


Il part de Tjel et remonte jusqu’à Raphia. En route, il doit
lutter contre les Chosou, probablement basés à Raphia,
pour la possession des neuf puits qui jalonnent la piste. Il
prend Raphia et Gaza en Canaan. De là, il envoie une
colonne vers Be(th-)San et Reheb, qui sont attaqués par une
coalition d’Hamath et de Pella, à laquelle des bandes
d’Apirou prêtent main forte dans la montagne. Pendant que
l’armée de Rê se porte vers Be(th-)San, celle d’Amon
marche sur Hamath, et celle de Seth sur Yenoam. Ensuite,
les Égyptiens remontent encore vers le nord, prennent Acre
et Tyr et s’avancent dans le Liban. Au retour, ils
s’emparent de Pella.

Séthi Ier profite des acquis de cette campagne pour en


organiser une autre l’année suivante, qui le conduit jusqu’à
211

Qadech. La pacification temporaire du pays d’Amourrou


lui permet d’organiser une troisième campagne, cette fois-
ci contre les Libyens. Mais il faudra une quatrième
expédition en Asie pour que l’Égypte parvienne au moins à
restaurer son image au Proche-Orient. On a peu de détails
sur cette expédition contre les Hittites. Les Egyptiens
s’assurent le contrôle de la Syrie. Leur influence s’arrête au
sud de Qadech, qui retrouve son rôle traditionnel de ville
frontière. Le roi Mouwatalli passe un accord de paix avec
son rival. Cet accord ne durera pas, mais il permet à chacun
de refaire ses forces.

Plus près de l’Égypte, les activités avaient déjà repris sous


Ramsès le’ dans les mines de turquoise du Sinaï. Séthi 1"
en continue l’exploitation. Il facilite également l’accès aux
mines d’or du désert d’Edfou en aménageant, en l’an 9, les
puits du Ouadi Mia et du Ouadi Abbad. En Nubie, il
poursuit la mise en valeur de celles du Ouadi Allaqi, sans
rencontrer d’obstacle, si l’on excepte une campagne de
pacification d’Irem attestée par une inscription de Qasr
Ibrim.
212

Les monuments de Séthi Ier

1- Séthi Ier restaura les temples traditionnels et les


inscriptions des pharaons du pré-aAmarna. Il a ré-sculpté
les noms et scènes d'Amon mortaille par Akhenaton. Dans
les grands centres religieux de Thèbes, Memphis, et
Héliopolis, des nouveaux temples ont été élevés et ceux qui
existés ont étendu. Parmi le dernier était le temple de Seth à
Avaris qui était bientôt devenir la nouvelle résidence du
Delta des souverains Ramesside. A Karnak, Séthi a
continué la construction de la Grande Salle Hypostyle
commencée par Horemheb.

2- Son hypogée de la Vallée des Rois (VdR 17) est l’un des
plus complets du point de vue des livres funéraires et de la
décoration, avec, en particulier, un splendide plafond
astronomique. Son style, très caractéristique, reste encore
assez proche, par la finesse et la sensibilité du modelé, de
l’art amarnien. On retrouve ces deux qualités dans le
temple funéraire que le roi s’est fait construire à Ghournah ;
mais c’est surtout à Abydos que l’on peut apprécier la
subtilité et la grâce de l’art de Séthi Ier, dans son autre
temple funéraire et l’Osireion, le tombeau d’Osiris, qu’il a
213

fait édifier à proximité.

L’occupation du site remonte au moins à la période


nagadienne, et nous avons vu qu’Abydos est depuis
toujours l’une des grandes villes saintes de l’Égypte. Séthi
Ier réunit dans un même enclos à la lisière des terres
cultivées au sud-est de la ville le tombeau supposé d’Osiris
qu’il reconstruit et son propre temple funéraire.

Le temple funéraire affecte la forme d’un L, le sanctuaire


proprement dit étant perpendiculaire à l’enfilade des cours
et des salles hypostyles. Il est construit en calcaire fin sur
des fondations de grès. Un pylône en grès (1) aujourd’hui
détruit, œuvre de Ramsès II, donnait accès’ à une première
cour (2), elle aussi détruite. Une rampe axiale menait à
travers un portique à la deuxième cour (3), qui constitue
l’entrée actuelle du temple. La décoration du portique du
fond est de Ramsès II. On le voit en train d’offrir Maât à
Osiris et Isis, les dieux locaux, auxquels est associé Séthi
I". Une longue inscription dédicatoire raconte comment
Ramsès II acheva le temple de son père et évoque l’époque
où celui-ci l’associa au trône.
214

Le Temple d’Abydos. La partie du temple qui reste en bon état


commence au portique
215

3-RAMSES II (1279-1212 av. J-C)

Ra-ms sw mry Imn Wsr-MAat-Ra stp n Ra

Ramsès II succède à son père en 1279. C’est certainement


le pharaon le plus connu de l’histoire de l’Égypte. Il est
devenu un symbole de la civilisation Egyptienne. Son règne
est de loin le plus glorieux et aussi le mieux connu : en
soixante-sept ans d’exercice du pouvoir, il a couvert la
vallée du Nil de monument et laissé dans l’histoire du
Proche-Orient une trace ineffaçable.

Les affaires extérieures.

Des la deuxième année de son règne, Ramsès II doit


affronter un raid des pirates Chardanes, qu’il défait en
combat naval et incorpore a son armée.

Dans la quatrième année de son règne, c’était la première


campagne de Syrie. L’année suivante, les Egyptiens
repartent de Pi-Ramsès, la nouvelle capitale dans le Delta
216

oriental. Ramsès II est avancé dans la vallée de l'Oronte et


avait atteint presque Qadesh, qui redevenue le lieu
affrontement entre les deux empires (Égypte et les Hittites).
Il s’y déroule l’une des batailles les plus célèbres de
l’histoire du Proche-Orient ancien.

Ramsès II a considère cette bataille le plus haut fait


militaire de son règne, et avait documenté sur les murs de
plusieurs de ses temples : a Abydos, en trois endroits
différents du temple d’Amon-Rê à Karnak, deux fois a
Louxor, au Ramesseum et enfin a Abou Simbel. Il y a aussi
plusieurs comptes survivant de la bataille écrits sur les
Papyrus (Rafie, Sallier II, et Chester Beatty III verso). Au
total, treize versions au moins, combinant trois modes
littéraires (poème, bulletin et représentation) font de cette
bataille le fait militaire égyptien le mieux documente.
Arrivant a Qadesh, Ramsès II tombé sur quelques espions,
envoyé dehors par le roi Hittite qui l'a informé que l'énergie
s'était retirée au nord dans la direction d'Aleppo. Sans
attendre les dernières deux divisions de son armée (son
armée est composée de 4 divisions : Amon, Rê, Ptah et
Seth), le roi passa le gué avec la division d'Amon, laissant
la division de Ré à quelque distance. Le roi Hittite avait tiré
son armée dans dissimulation derrière Qadesh.
217

Approchant de la ville, Ramsès installait son camp au nord-


est de Qadesh et ici il savait de quelques captifs de la
proximité dangereuse de son ennemi. Avant qu'il pût agir,
les chars hittites ont attaqué et mis en déroute la deuxième
division de son armée. Abandonné par ses hommes, le roi a
tourné vers Amon pour l'aidait. Avec la réaction rapide et la
bravoure personnelle du pharaon, les Égyptiens ont joint
avec une petite bande de troupes de la maison et un
renforcement d'auxiliaires, Ramsès était capable de faire
tourner la bataille en faveur de l'égyptiens et l’hittite étaient
forcé à répéter derrière les barrières de Qadesh. Ramsès II
s'est retiré après avoir accompli ce qu'il a décrit comme une
victoire, qui n'en était pas une : il avait seulement réussi à
sauver son armée.

Ramsès II devait faire face à l’ouest à des incursions


libyennes. Il édifiaient une chaîne de forteresses de Rakotis
à Mersa règne pour contrôler les déplacements des
nomades. Dans le vingt unième de son règne, il signe avec
Hattusili III le premier traite d’état a Etat de l’Histoire, une
copie du quel était conserve dans les deux capitales. Le
texte original de la version égyptienne était grave sur une
tablette en argent.
218

La copie est reportée sur deux stèles, l’une à Karnak,


l’autre au Ramesseum. Ramsès et Hattusilis s’engageaient à
ne plus se faire la guerre et à s’aider réciproquement s’ils
sont attaques par des tierces puissances, et aussi
s’accordaient l’extradition de leurs réfugiés politiques
réciproque. Des relations personnelles se nouent entre les
deux familles régnantes. Les membres de chaque familles
changeaient lettres et présents. Ramsès II épouse même
deux princesses hittites : la première dans l’an 33 de son
règne l’événement est commémore par une stèle au temple
d’Abou Simbel. Dans l’an 44, il épousa sa deuxième
princesse Hittite.

Dans le Sud,-rien ne vient troubler la paix, sauf une révolte


d’Irem en l’an 20, durement réprimée, puisque le roi en
ramena 7 000 prisonniers, et un raid que le vice-roi Sétaou
dut mener contre les Tjéméhou, les Libyens de la Marma-
rique, en l’an 44. La domination égyptienne s’étend sur
toute la Nubie, dont les mines d’or alimentent le Trésor.
Ramsès II assoit son pouvoir en développant les
installations_ existante et en faisant construire plus de sept
temples entre la Première et la Deuxième Cataracte, que les
efforts de la communauté internationale ont sauvés de la
219

montée des eaux du lac Nasser après la Seconde Guerre


mondiale.

La politique antérieure et les monuments de Ramsès II

Parmi le plus important de ses femmes, était Néfertari, Isis


Nofret, Bent ânat et Mâat Neferarê. Ramsès II avait
approximativement 52 fils (plus de 100 enfants) sa tombe a
été redécouverte récemment par Kent Weeks dans la Vallée
des Rois. Un des plus célèbres de ses fils était
Khâemouasset, le prince-archéologue et restaurateur des
monuments Memphite. Il était prêtre-sem puis un haut
Prêtre de Ptah À Memphis. À Saqqarah, il a commencé la
petite galerie du Serapeum dans la trentième année du
règne de son père. Il est mort dans la cinquante-cinquième
année du règne de Ramasses et laisse Merenptah comme le
nouvel héritier.

Ramasses II a célébré quatorze Fête Sed et meurt après un


des plus longs règnes qu’ait connus l’Égypte. Il a laisse le
pays au sommet de sa puissance et l'influence
internationale. Il a été enterre dans la vallée des rois. Après,
Pinedjem I l'a enterré dans la tombe de Séthi I. finalement
220

Ramsès XI a déplacé sa momie à la cachette Deir el-Bahari,


maintenant il est exposé dans le Musée Égyptien.
Ramsès II fait disparaître les dernières traces de l’épisode
amarnien en laissant démolir les temples à Néfertari (el-
‘Amarna) et réutilisant les blocs pour agrandir la ville
d’Hermopolis Magna sur la rive opposée.

Il a dédié le Ramesseum sur la rive ouest de Thèbes comme


son temple funéraire- ‘Demeure des Millions d’Années
unie a Thèbes, le ‘tombeau d’Osymandyas’ de Diodre- qui
se survire de modelé a Ramsès III pour son temple de
Medinet Habu. Il a aussi agrandi le Temple Louxor en
construisant une avant-cour et un pylône qu’il flanque de 2
statues assises et deux obélisques. Il a encore usurpe 4
statues debouts d’Amonhotep III devant cet pylône.

A Karnak, il a complété la Grande Salle Hypostyle, un des


miracles du monde ancien, il a aussi continué le décor de ce
couloir avec les scènes religieuses et les scènes de ses
batailles en Syrie-Palestine, contre Libyens et Hittites. Il a
aussi construit l'avenue de sphinx Criocéphales. Cette
avenue et la grande statue de Ramsès II et sa fille, ‘Bnt
anAt’, plus tard été usurpé par Pinedjem. Finalement, il a
complété et modifié le temple de son père à Abydos.
221

A Beit el-Wali, à 50 km au sud d’Assouan, il fait creuser au


début de son règne un spéos comprenant une avant-salle,
une salle à deux colonnes et un sanctuaire consacré à
Amon-Rê et aux divinités locales. Ce temple, aujourd’hui
reconstruit à côté de celui de Kalabsha, contient bon
nombre de scènes militaires.

Le roi fait aménager en l’an 30 un autre spéos à Derr, sur la


rive orientale du fleuve. Ce temple, «La maison e Ramsès-
Mriamon dans la maison de Rê », est consacré à Rê «
Maître du ciel » et à Amon-Rê de Karnak. Il est plus déve-
loppé que celui de Beit el-Wali : deux hypostyles en
enfilade, probablement précédées d’une cour et d’un
pylône, donnent accès à un triple sanctuaire. On y célébrait
un culte des statues de Ramsès II associées à Rê-Horakhty
et Ptah.

Quinze ans plus tard il consacre un autre temple à Gerf


Hussein, sur la rive occidentale : la « Maison de Ptah »,
construite par le vice-roi Sétaou. C’est un hémi spéos, dans
lequel on adore Ptah, Ptah-Tatenen et Hathor, associés à
Ramsès « le Grand Dieu » : une allée de sphinx
criocéphales conduit à un pylône qui donne accès à une
222

cour à péristyle contenant des colosses osiriennes. La face


occidentale de cette cour constitue un second pylône qui est
sculpté dans la façade de la montagne. On le franchit pour
accéder au sanctuaire proprement dit qui est précédé d’une
salle à colosses osiriaques. C’est là le plan des temples
d’Abou Simbel qui sont construits entre l’an 24 et l’an 31
et consacrés, le grand au roi associé Amon-Rê, Ptah et
Hora_kh_ty,_le petit à la reine Néfertari associée à Hathor.

Le temple de Ouadi Es-Sebou


Après un premier pylône, dont il ne reste pas grand chose, s'ouvre la
première cour.
L'allée centrale est bordée par 6 sphinx à tête humaine, portant la

double couronne.
223

À Ouadi es-Séboua, Ramsès II restaure le temple construit


par Amonhotep III qui avait été endommagé par les persé-
cutions atoniennes et construit un autre temple, consacré à
Rê et à lui-même divinisé. En réalité, il s’agit d’un culte de
son « image vivante en Nubie », qu’il installe également à
Akcha, en l’associant à celui d’Amon et de Rê. Ce culte a
un parallèle en Égypte dans celui des statues du roi qui
étaient disposées en avant des temples et étaient l’objet
d’une adoration selon un rituel propre, avec des
installations particulières. Il ne s’agissait pas réellement
d’une divinisation du roi, mais de son adoration en tant
qu’hypostase divine : le culte ne s’adressait pas à un
individu, mais à la manifestation de la divinité qu’il
représentait. Le principe en est dérivé de celui que nous
avons évoqué à propos de la « Demeure des Millions
d’Années » : il crée une solidarité mutuelle entre le dieu et
le roi qui consolide leur statut réciproque.

Ramsès Il construit également à Amara-ouest, qui est un


endroit stratégique, puisque c’est là que débouche la route
de Sélima qui permet la jonction entre le Soudan et Doun-
koul. Il termine la construction de la ville fondée par Séthi
1", « la Maison de Ramsès-Mriamon », qui sera à la XX’
dynastie le siège du gouvernorat de Kouch. Au nord-est de
224

la ville, il fait édifier un temple orienté nord-sud et


consacré à Amon-Rê et aux dieux de la Cataracte, auxquels
il est lui-même associé.

Sur les murs de la salle hypostyle, on retrouve, parmi les


représentations traditionnelles de pays soumis à l’Égypte,
une liste de nations vaincues qui est reprise telle quelle du
temple d’Amonhotep III à Soleb et dont une bonne partie
ne correspond plus aux réalités de l’époque. Le fait que le
roi ait eu recours dans ce temple à un procédé qui est de
même nature que l’envoûtement exécratoire que nous
avons évoqué à propos des figurines de l’Ancien et du
Moyen Empire puisqu’il revient à établir de façon
archétypale un pouvoir non limité dans le temps, laisse à
penser qu’Amara-ouest constituait alors la limite
méridionale de l’empire égyptien, son limes africain, si l’on
peut risquer un tel anachronisme.

L’extension de l’«Empire » égyptien de la Cinquième


Cataracte à la Syrie du Nord a certainement été l’une des
raisons profondes de l’abandon de Thèbes comme capitale,
trop excentrée par rapport aux nécessités de la politique
extérieure, au profit d’un site du Delta oriental, plus proche
des voisins asiatiques et des origines de la famille royale.
225

Paradoxalement, l’emplacement de cette capitale est connu


avec certitude depuis moins de vingt ans.

On l’a cherchée à Tanis, Péluse, Silé, etc., jusqu’à ce que


M. Hamza découvre, dans les années trente, un palais
ramesside à Qantir et que L. Habachi propose d’y voir la
capitale de Ramsès II. Les recherches menées depuis plus
de dix ans par l’Institut Archéologique Allemand du Caire
sous la direction de M. Bietak ont montré que Pi-Ramsès
était en réalité à Tell ed-Dabâ, à proximité de Faqous, c’est-
à-dire sur le site de l’ancienne Avaris, et que la Stèle de l
An 400 que nous évoquions plus haut commémorait la
reprise du site probablement à la fin du règne d’Horemheb,
puisqu’on y a retrouvé des éléments d’architecture à son
nom.

Séthi ler y construit un palais, dont on a retrouvé quelques


vestiges, mais c’est Ramsès II qui décide d’en faire sa capi-
tale et entreprend la construction de la ville proprement
dite. Le rôle international de Pi-Ramsès est confirmé par la
réception qui y est faite, en l’an 21, de l’ambassade de paix
hittite. Il y a plus qu’un souci diplomatique dans ce choix
qui permet au roi de prendre quelque distance avec Thèbes
en renforçant les liens qui unissent la royauté à Héliopolis
226

et Memphis. Pi-Ramsès restera la capitale jusqu’à la fin de


l’époque ramesside, et presque tous les pharaons, à l’image
de Ramsès II lui-même, y ajouteront des constructions. Le
site sera abandonné au profit de Tanis à la XXIP dynastie,
sans doute à cause d’un déplacement de la branche
pélusiaque du Nil, et servira de carrière de pierres pour la
construction de la nouvelle capitale.

L’extension de l’ « Empire » égyptien de la Cinquième


Cataracte a la Syrie du Nord a certainement été l’une des
raisons profondes de l’abandon de Thèbes comme capitale,
trop excentrée par rapport aux nécessites de la politique
extérieure, au profit d’un site du Delta oriental, plus proche
des voisins asiatiques et des origines de la famille royale.
Cet capitale, nommé Permesès, localise peut-être a Tell el-
Dabâa a proximité de Faqous ; c'était aussi le site d'Avaris.
En plus, Bietak a montré que la stèle de l’an 400
commémorait le rétablissement de la ville à Tell
développant Sethi I construit un palais mais Ramsès II qui
décide d’en faire sa capitale et entreprend la construction de
la ville actuelle Peramsès. Il y a plus qu’un souci
diplomatique dans le choix de Peramsès comme capitale =
il a aussi permis au roi de permis au roi de le distancer de
227

Thèbes et renforçant les liens entre la royauté et les villes


d’Héliopolis et Memphis. Peramsès restera la capital
jusqu'à la fin de l’époque ramesside et il a été abandonné
dans la vingt-deuxième Dynastie où le site a été utilisé
comme une carrière de pierre pour la construction de la
nouvelle capitale.

L’Empire

La difficile succession de Ramsès II


La dynastie ne survivra pas plus d’une génération à Ramsès
II. La montée sur le trône de Merenptah ne semble pas
avoir posé de problème, étant donné qu’il avait été désigné
du vivant de son père, dont il n’était que le treizième fils,
né de la reine Isisnéfret, qui avait eu avant lui trois garçons.
Il règne un peu moins de dix ans et a d’une autre Isisnéfret
un fils, Séthi Mérenptah, le futur Séthi II.

Merenptah conserve Pi-Ramsès comme capitale, mais


accroît le rôle de Memphis, où il se fait construire un
palais, travaille au temple de Ptah et s’aménage un temple
destiné à assurer son culte funéraire. On a trace de son
activité aussi au port d’Héliopolis et à Hermopolis où il
228

achève peut-être le temple commencé par Ramsès II. Il


consacre à Es-Sirirya, au nord de Minieh, un spéos à
Hathor « Dame des deux brasiers » et construit un autre
sanctuaire rupestre au Gebel el-Silsile. Peut-être a-t-il édifié
un temple à Deir el-Médineh ? Il usurpe en tout cas
l’Osireion d’Abydos et le sanctuaire que Montouhotep II
avait consacré à Hathor de Dendérah. Il se construit
également un temple funéraire avec les matériaux
provenant de la destruction de celui d’Amonhotep III à
Thèbes avant d’être enterré dans la Vallée des Rois (TT 8).

Le grand événement de ce règne a trait à la politique


extérieure. En Asie, Merenptah bénéficie encore des effets
du traité égypto-hittite de l’an 21 de Ramsès II. Il fournit
même du blé aux Hittites, frappés par la famine. La
frontière entre les deux empires s’est maintenue aux
alentours d’une ligne Damas-Byblos, et l’Égypte conserve
ses garnisons de Syro-Palestine. Merenptah est toutefois
contraint de monter une expédition contre Askalon, Gezer
et Israël. Il doit également mater une rébellion dans le pays
de Kouch. Cette révolte paraît avoir été à nouveau
fomentée par les Libyens de Marmarique.

La Libye commence en effet à jouer un rôle grandissant en


229

Méditerranée. Déjà Ramsès II avait dû se garder de


tentatives de la part des Chardanes en établissant une
chaîne de forts vers l’ouest. Ces populations étaient
arrivées depuis presque un siècle sur le territoire des
Tjéhénou avec d’autres, venues de la Méditerranée,
poussées par les vagues indo-européennes vers le sud. Il y
avait les Libou, futurs éponymes du pays, et les
Mâchaouach qui recevaient le renfort de certains de ces
peuples indo-européens en quête de nouveaux territoires :
Akaouach, Chakalach et Tourcha, venus des côtes
d’Anatolie et des îles égéennes, et que les Égyptiens
désignaient sous le nom générique de «Peuples de la Mer».
Ces populations fédérées tentent un raid contre l’Égypte à
la fin de l’an 5 de Merenptah. Leur attaque surprend les
Égyptiens qui ne réagissent qu’au bout d’un mois. Ils
arrivent à les repousser, tuant 6000 soldats et faisant 9000
prisonniers. Ces chiffres montrent l’importance de
l’affrontement, qui n’est qu’une première tentative. La
seconde vague viendra vingt ans plus tard, sous le règne de
Ramsès III.

Les quinze dernières années de la dynastie sont très


confuses, et le récit qui en a été donné après coup sous
Sethnakht et Ramsès IV n’éclaire guère la situation par le
230

tableau volontairement assombri qu’il en donne. A la mort


de Merenptah éclate la crise de succession prévisible du fait
du trop long règne de Ramsès II : la disparition successive
des princes héritiers et l’attribution du pouvoir à
Merenptah, qui ne venait qu’en treizième position, amène,
à la génération suivante, des conflits entre collatéraux.

C’est l’un d’eux qui prend le pouvoir, un nommé


Amenmès, qui serait le fils d’une fille de Ramsès II
inconnue par ailleurs, Takhâyt. Il épouse lui-même la reine
Tiâa, qui lui donne un fils, le futur Siptah. Ce roi aurait
régné cinq ans, si l’on en croit le Papyrus Salt 124, mais,
dans la mesure où il a été considéré par la suite comme un
usurpateur, il est assez difficile de suivre sa trace sur les
monuments. Il s’attribue en effet des constructions de ses
prédécesseurs, mais son propre successeur y efface à son
tour son nom ! Sa tombe dans la Vallée des Rois (VdR 10)
est inachevée et volontairement détériorée. On possède
pour cette période une source de renseignements assez
fiable : les archives que l’on a pu reconstituer de la
communauté des artisans de Deir el-Médineh.
L’approvisionnement du village, assuré par le
gouvernement, est alors irrégulier, et des troubles éclatent
en Thébaïde.
231

Les usurpations

Amenmès est remplacé au bout de cinq ans par Séthi II,


héritier légitime de Merenptah, qui, lui, règne six ans et
semble maintenir le pays dans un calme relatif. Si l’on n’a
pas de trace d’une politique extérieure, on doit toutefois
noter que les mines de Sérabit el-Khadim sont en activité. Il
conduit un programme de constructions plus énergique en
paroles qu’en actes, mais qui a quand même laissé des
traces à Hermopolis, où il termine la décoration du temple
de Ramsès II, et à Karnak, sous la forme d’un temple-
reposoir dans la première cour du temple d’Amon-Rê et de
diverses adjonctions au temple de Mout.

Il épouse trois reines, ce qui ne simplifie pas sa succession.


La première est Takhat II. Elle ne paraît pas lui avoir donné
d’héritier. La deuxième, Taousert, lui donne un fils, appelé
comme son père Séthi-Mérenptah. Malheureusement,
l’enfant meurt avant son père, et c’est le fils de la troisième
reine, le prince Ramsès-Siptah, qui monte sur le trône.
Comme il est trop jeune pour exercer le pouvoir, sa belle-
mère Taousert prend la régence du pays. La légitimité du
jeune roi ne semble pas avoir été mise en doute par
232

l’administration : les graffiti laissés par des officiers


égyptiens en Nubie se réclament de lui. Il règne sous la
double tutelle de sa belle-mère et du chancelier Bay, « qui a
établi le roi sur le trône de son père ». Ce personnage a
laissé un aussi mauvais souvenir que Taousert dans la
mémoire des Égyptiens. Scribe royal de Séthi II, il séduit,
si l’on en croit la tradition, sa veuve qui fait de lui le Chef
du Trésor tout entier. Sa position est suffisamment élevée à
la Cour pour qu’il se fasse aménager une tombe dans la
Vallée des Rois (VdR 13). On considère généralement qu’il
était d’origine étrangère, et que c’est donc de lui que le
Papyrus Harris I parle, en termes peu flatteurs, lorsqu’il
évoque l’anarchie de son temps.

«L’Égypte était à la rue : chacun était à soi-même sa propre


loi. Car il n’y avait pas eu de gouvernant de nombreuses
années durant, avant l’époque des "autres" : l’Égypte était
divisée entre notables et maires de villages, et chacun
égorgeait son prochain, riches comme pauvres. Puis vint
une autre lignée pendant les années "vides". larsou, un
Syrien, y était associé comme notable. Il mit le pays tout
entier, comme administrateur sous sa coupe l’un et l’autre
s’étaient acoquinés pour voler les gens ! Et on faisait subir
aux dieux le même traitement qu’aux hommes : les
233

offrandes n’étaient plus consacrées dans les sanctuaires.»


(P. Harris I 75,2-6.)
Le nom de Iarsou, qui peut se comprendre en égyptien
comme «celui qui s’est fait lui-même» : le ‘self-made man’,
serait une façon dérisoire de désigner Bay tout en lui
refusant l’existence posthume qu’accorde le simple fait de
prononcer le vrai nom de quelqu’un. Ce procédé est courant
dans les textes politiques : nous le verrons lors de la conspi-
ration ourdie contre Ramsès III. Les années «vides» dési-
gnent le temps où le pouvoir est considéré comme vacant,
puisque occupé par une lignée usurpatrice.

Au bout de trois ans, Siptah change le nom qu’il portait en


montant sur le trône, Ramsès-Siptah, en Merenptah-Siptah
(Drenkhahn : 1980, 15.) Il meurt trois ans plus tard, et est
enterré lui aussi dans la Vallée des Rois (VdR 47), où son
cartouche, d’abord enlevé, a été remis. Son temple
funéraire, probablement inachevé, est perdu. Taousert règne
alors peutêtre deux années, et si son règne paraît moins
riche que ne le suggère Théophile Gautier, elle est présente
dans le Sinaï et en Palestine et construit à Héliopolis et,
bien sur, Thèbes, où elle se fait édifier un temple funéraire
au sud du Ramesseum et une tombe dans la Vallée des Rois
(VdR 14).
234

Cette dernière sera usurpée et terminée par Sethnakht, après


que le creusement qu’il avait entrepris de la tombe 11, qu’il
se destinait à l’origine, avait fait déboucher accidentel-
lement les travailleurs dans la tombe 10 voisine, celle
d’Amenmès. Sethnakht déclare avoir chassé l’usurpateur
(KRI V 671,10-672,14), et le Papyrus Harris I le donne
comme le réorganisateur du pays. Le changement de
dynastie n’a pas dû se faire de façon très brutale, puisque
Sethnakht laisse en place le vice-roi de Kouch Hori fils de
Kama, qui avait, il est vrai, été nommé par Mreneptah-
Siptah et non par Taousert. Mais il conserve également son
homonyme, le vizir Hori. Sethnakht ne règne que deux ans.
Le fils qu’il a de la reine Tiymérenaset, « Tiy aimée
d’Isis », et qui va lui succéder, sera le dernier grand roi du
Nouvel Empire.
235

Le Pharaon de l'Exode.

Le sujet problématique de l'Exode des fils d'Israël de


l'Egypte préoccupe plusieurs chercheurs sur le plan
strictement religieuse, historique et politique à la fois. Cette
affaire ne concerne pas les Juifs et les Chrétiens seulement
attendu qu'elle est mentionnée dans la Bible mais plutôt les
Musulmans d'autant plus qu'elle est mentionnée dans le
Coran. Elle concerne, également, les Arabes à titre
particulier parce qu'elle est en rapport avec le conflit arabe -
israélien et la revendication des Juifs qu'ils ont droit dans le
territoire palestinien dû à leur existence en Egypte dés le
début des époques pharaoniques. Ils se réfèrent, également,
sur cette affaire dans leur prétention qu'ils (les Juifs) sont
les fondateurs de l'ancienne civilisation égyptienne.
Au commencement, il faut confesser que ce que nous
présenterons ici n'est qu'un essai qui admet l'affirmation ou
la négation à la lumière des nouvelles preuves découvertes.

Hélas, les sources archéologiques de l'Egypte Ancienne ne


nous fournissent aucune information concernant le sujet en
question. Tout ce qui nous est parvenu est mentionné dans
l'Ancien Testament et dans le Coran. Ainsi les savants ont
déployé des efforts en essayant de dévoiler cette énigme et
236

de connaître qui est le Pharaon de Moïse. Quelques - uns


ont prétendu que c'est la reine Hatshepsout. D'autres ont
dit qu'il est le roi Ramsès II. Selon le troisième groupe de
chercheurs, le Pharaon de l'Exode est le roi Mineptah.

La première opinion doit être rejeté dans le fond et la forme


car :
 Il est connu, selon le Coran, que le Pharaon de
l'Exode était un homme et que sa femme lui a
demandé d'adopter l'Enfant Moïse pour être leur
fils1.
 Il est, aussi, mentionné dans l'Ancien Testament que
: " Alors un nouveau roi, qui n’avait pas connu
Joseph, se leva sur l'Egypte "2. Ce verset biblique
affirme, à son tour, que le Pharaon de Moïse est venu,
longtemps, après le prophète Joseph au degré qu'il ne
le connaissait pas. Si on reconnaît, aussi, que Joseph
était contemporain des Hyksôs à la fin de la
deuxième période intermédiaire, l'Exode aurait dû
avoir lieu longtemps après la chute de la dix -
huitième dynastie où a eu lieu le règne de la reine
Hatshepsout.
1
" La femme de Pharaon a dit : Il est la fraîcheur de mes yeux et des tiens ! Ne le
tuez pas ! Peut - être nous profitera - t - il, ou bien le prendrons - nous pour enfant
? Mais ils ne pressentent rien ", (El-Qassas/9).
2
Ex. 1:8
237

 De plus, il est mentionné dans l'Ancien Testament


que les Égyptiens ont obligé le Peuple d'Israël aux
travaux corvées pour l'édification de deux villes
servant comme entrepôts Pitôm et Pi-Ramsès : Ainsi
il est dit : " On lui imposa donc des chefs de corvée,
pour le réduire par des travaux forcés, et il bâtit pour
le Pharaon des villes - entrepôts, Pitôm et Ramsès ".
Il est connu que Pr- Ra msw était la capitale des
Ramessides qui furent les rois de la dix-neuvième
dynastie c'est-à-dire elle fut construite deux cent ans
environ après la chute du règne de la reine
Hatshepsout. Ainsi il est impossible d'accepter
qu'elle soit le Pharaon de Moïse aussi bien que
n'importe autre roi de la dix-huitième dynastie. Il est
mémorable que cette idée soit consolidée par les
Juifs qui essayent d'affirmer leur existence en Egypte
avant le début du Nouvel Empire.

En ce qui concerne la deuxième opinion, il affirme que le


Pharaon de Moïse est Ramsès II. L’égyptologue anglais
Kent Kitchen va encore plus loin en disant que l'Exode a eu
lieu dans le premier tiers du règne de ce roi. Pour répondre à
cette hypothèse, il est indispensable de passer en revue des
238

événements dés le début en essayant de les préfigurer selon


ce qui a été attesté dans l'Ancien Testament et dans le Coran.

Avant la Naissance de Moïse, le Pharaon d'Egypte a reçu


une prophétie lui annonçant qu'il perdra le règne d'Egypte
après l'avènement d'un nouveau-né du peuple d'Israël. Il
ordonna ensuite de massacrer tous les nouveaux-nés de ce
peuple. Durant ces circonstances, Moïse est né ; et sa mère a
craint pour lui du meurtre, Dieu lui a révèle de l'allaiter, de
le mettre dans un coffret puis de le jeter dans la mer3.

Le coffret renfermant le bébé s'est déplacé avec le courant


des eaux du fleuve jusqu'à son arrivée au palais du
Pharaon4. La femme du Pharaon fut attachée de l'enfant en
convaincrant son mari de l'épargner peut - être qu'il leur soit
utile ou qu'ils le prennent fils. Ainsi, on distingue que ces
deux mariés avaient besoin d'adopter un garçon ce qui nous

3
"Nous révélons à la mère de Mûssa. Oui, allaite-le et quand tu craindras pour lui,
jette - le sur la mer : Ne crains rien, ne t'afflige pas. Nous te le rendrons : il sera
parmi les Envoyés. La tente du Pharaon le recueille afin qu 'il devienne leur
affligeant ennemi. Voici, Pharaon, Hamân et leurs troupes étaient des coupables "
(El-Qassas/ 7-8), "Quand nous avions révélé à ta mère ce qui lui fut révélé : Oui,
pose- le dans une caisse, et pose - la sur la mer, la mer le posera sur la rive. Mon
ennemi - son ennemi ! - s'en saisira -J'ai répandu sur toi un amour de moi, pour que
tu sois élevé sous mes yeux " (Taha/ 38-39)
4
Et puisque le Nil coule du Sud au Nord, cela prouve que la mère de Moïse habitait
un endroit situé au Sud de la résidence du roi qui était conformément en Basse -
Egypte ou d'une manière plus précise à Pi Ramsès ( Pr - Ramsw ).
239

éloigne de penser à Ramsès II qui fut connu par le nombre


considérable de ses enfants.

Moïse fut élevé dans la maison du Pharaon jusqu'il devint


jeune musclé. Il s'est piqué un égyptien de sa main et il
l'abattu. Il est donc possible de prévoir son âge à cet
événement d'environ quelque et une vingtaine d'années.

Moïse s'est enfuit ensuite à la terre de Madian où il a


épousé la fille de Su'aib et où il y a resté dix ans. A ce
moment-là et comme la majorité des Envoyés, Moïse a
reçu le Message de Dieu ayant quarante ans environ. Il
retourna en Egypte accompagné de Sa famille en passant
dans la presqu'île de Sinaï. Là, Dieu Lui a adressé la parole
: " Le Seigneur dit : J'ai vu la misère de mon peuple en
Egypte et je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs de
corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu
pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter
de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays
ruisselant de lait et de miel, vers le lieu du Cananéen, du
Hittite, de l'Amorite, au Perizzite, du Hivrite et du Jébusite
"5 .

5
Ex. 3:7-8.
240

Moïse a, ensuite, entré en Egypte où il a rencontré le


Pharaon. Il lui a proposé d'embrasser la nouvelle religion et
de permettre l'Exode du Peuple d'Israël déjà mentionné
dans l'Ancien Testament : " Le Seigneur dit à Moïse : Le
Pharaon s'obstine ; il refuse de laisser partir le peuple. Va
vers le Pharaon dès le matin, quand il sortira pour se
rendre près de l'eau. Attends-le au bord du fleuve. Et le
bâton qui s'est changé en serpent, prends- le en main. Dis
au Pharaon : Le Seigneur, le Dieu des Hébreux, m'avait
envoyé te dire : Laisse partir mon peuple pour qu 'il me
serve au désert".

Le Pharaon a refusé de convertir la religion de


Moïse et d'envoyer le peuple d'Israël avec lui. Dû à son
orgueil, l'Egypte fut attaquée d'innombrables afflictions qui
augmentaient de plus en plus lorsque le Pharaon devenait
de plus en plus têtu. D'après ce qui a été mentionné dans
l'Ancien Testament, les eaux du fleuve changèrent en sang
puis les grenouilles se sont répandues dans le pays suivies
des moustiques, des poux et des mouches qui entrèrent en
masse dans tous le pays. Tous ces fléaux n'ont encouragé le
Pharaon qu'à débordement.
241

Dieu a fait mourir tous les bestiaux des Égyptiens et


le peuple fut attaqué par les abcès. Malgré tous ces
désastres, le Pharaon n'a pas cessé d'être opiniâtreté. Dieu a
envoyé par suite le tonnerre et la grêle violente. Le feu
s'abattit sur la terre et dans les champs. Les criquets
sauterelles ont envahi le pays et ont mis fin à tout ce qui est
vert sans rien laisser ni sur les arbres ni dans les herbes des
champs partout en Egypte. Les ténèbres opaques régnèrent,
enfin, sur le territoire égyptien pendant trois jours. Dieu a
fait mourir tout ce qui était vierge en Egypte dés le
Pharaon au bétail. C'était un cri énorme partout dans le
pays tel qu'il n'y en eut jamais vu avant. Les Égyptiens
demandèrent au Pharaon de faire partir le peuple d'Israël
parce que le pays dépérit.

Passant en revue de ces calamités dont l'Egypte fut


affligées peu de temps avant î'Exo4e du peupk 4'Israël,
nous nous trouvons à ce propos des événements politiques,
économiques et sociales stables sur tous les plans et qui ne
sont pas opportuns à tout ce qui est connu concernant le
règne de Ramsès II en Egypte et qui a duré soixante-sept ans
environ. Durant ce long règne, l'Egypte était un État
souverain, puissant et stable. Le fait que Ramsès II célébrait
la fête-sed le confirme. La dernière célébration de cette fête
242

a eu lieu en l'an soixante - sept du règne de Ramsès II, c'est-


à-dire, peu avant sa mort. Grâce à cette stabilité, le roi a pu
édifier et construire de sorte même que ses monuments
couvrent le pays jusqu'à nos jours en long et en large.

Moïse sortit, enfin, de l'Egypte accompagné du peuple


d'Israël mais suivit du Pharaon et de ses soldats. Moïse
frappa les eaux du fleuve avec son bâton. Le peuple
d'Israël y a traversé pendant que le Pharaon, ses soldats, ses
cavaliers et ses chars se sont noyés. Ce fut l'événement
mentionné d'une manière implicite dans l'Ancien
Testament. " Le Seigneur en ce jour - là, sauva Israël de la
main de l'Egypte et Israël vit l Egypte morte sur le rivage
de la mer ".

Plus d'importance est accordée au Pharaon lui - même dans


le Coran : " Aujourd'hui, nous te faisons parvenir à ta
maturité afin que tu sois un Signe pour tes successeurs.
Voici, les humains, pour la plupart, sont inattentifs à nos
Signes ". Ainsi il est sûr que le Pharaon de l'Exode est mort
noyé ce qui réfute l'opinion de Kitchen qui dit que l'Exode
a eu lieu dans le Ier tiers du régie de Ramsès II. Ajoutons,
aussi, que la momie de ce roi est partie en France où elle
fut, soigneusement, examinée. Cet examen n'a pas eu pour
résultat la découverte d'aucune preuve affirmant la noyade
243

de Ramsès II. L'accusation qui prétend que le Pharaon de


Moïse est Ramsès est, par conséquent, niée.

Arrivant, finalement, à la troisième opinion qui


assure que Merenptah était le Pharaon de Moïse. On sait que
ce roi fut le treizième fils et le successeur de Ramsès II.
Cette hypothèse dépende sur le seul monument égyptien qui
mentionne le nom d’Israël. C’est une stèle, connue par ‘la
stèle d'Israël’, au Musée Égyptien au Caire. Sur ce
monument qui a été originalement faite par le roi
Amonhotep III (XVIIIe dynastie) et réutilisée par le roi
Merenptah (XIXe dynastie), il est mentionné que ce dernier
roi a périt le peuple d'Israël et qu'il a extirpé leur origine.
Ainsi la question qui se pose : A-t-il anéantis l'origine du
pays d'Israël ou seulement la communauté de ce peuple ? En
retournant au texte de la stèle en question, on trouve que le

terme ‘Israéliens’ est inscrit avec le déterminatif


désignant ainsi un groupe du peuple et non plus un pays ou
une ville ou un état ou alors le scribe a du utilise le

déterminatif ou . En outre, l'expression ‘a extirpé


leur origine’ suggère qu'il a périt leur ligne descendante.
244

Or, nous sommes capable par suite de rapprocher ce


sens de l'idée du massacre des nouveaux-nés israéliens par
le Pharaon car ils sont l'origine de ce peuple. S'il les a
massacré, il a donc vraiment anéantis leur origine. Mais, la
durée du règne de Merenptah ne supporte plus tous ces
événements qui commencent dés la naissance de Moïse, sa
fuite de l'Egypte, puis son retour après une dizaine d'années
environ, l'Exode du peuple d'Israël et la noyade de
Pharaon.

On sait que Merenptah régnait seulement 19 ans.


C'est, probablement, lui qui a tué les fils d'Israël, qui a
élevé Moïse et qui l'a traité comme fils. L'Exode a eu lieu,
peut-être, sous le règne de son successeur le roi Séthi II ou
bien sous le règne d’un de ses successeurs.

L'Ancien Testament affirme que Moïse n'est pas


retourné en Egypte qu'après la mort du Pharaon sous le
règne duquel il a tué l'Égyptien. " Au cours de cette longue
période, le roi d'Egypte mourut. Les fils d'Israël gémirent
du fond de la servitude et crièrent. Leur appel monta vers
Dieu du fond de la servitude". Cette dernière opinion est,
probablement, la plus vraisemblable. Le sujet du Pharaon
de l'Exode reste pourtant l'un des secrets les plus éclatants
245

et qui a hésité l'esprit des spécialistes dans le domaine de


l'histoire ou de la religion ou même de la politique.
246

La Troisième Période Intermédiaire

1- La 21e dynastie

La Carte du Delta

(ii) Pharaons, guerriers libyens et grands prêtres

Selon un mythe permanent de l’idéologie égyptienne, la


sécurité el la prospérité sont assurées quand le roi Joint les
couronnes du Nord et du Sud, quand il réunit les Deux
Terres. De fait, durant les périodes que les égyptologues
247

appellent des «Empires », l’Egypte, unie et tranquille à


l’intérieur, n’a rien à craindre des peuples environnants et
fait reconnaître sa puissance hors de ses frontières, au-delà
des déserts qui l’entourent comme en amont de la 1 ère
Cataracte. Assurément, (les crises politiques, aboutissant de
temps en temps à des changements de dynastie, se
produisent. La société, les institutions administratives se
transforment.

Des tendances nouvelles apparaissent dans les conceptions


religieuses, dans la littérature, dans les arts sacrés el
profanes. Mais les luttes de pouvoir et les changements en
cours ne perturbent pas la cohésion fondamentale du
régime. L’administration reste docile el efficace.

Captifs, colons militaires, domestiques ou courtisans, les


barbares qui sont introduits au bord du Nil servent le
pharaon. Les éclipses des capacités d’intervention
diplomatique el militaire sont passagères. Les constructions
de temples et de tombes par lesquelles sont assurés l’équi-
libre de l’univers et la survie posthume des individus
aboutissent à de grandioses réalisations. Des monuments
sont encore là sur le sol égyptien qui concrétisent les
Empires aux yeux des modernes : les pyramides érigées au-
248

dessus de la plaine memphite, le complexe immense du


temple de Karnak avec les temples et les hypogées qui
couvrent les deux rives de Thèbes.

Il y eut d’autres moments, fort longs, où même ‘si la fiction


théologique de l’union des Deux Terres subsiste dans le
discours protocolaire, l’administration ne relève plus, dans
la réalité, d’une seule monarchie. Entre la Méditerranée et
la Cataracte, il y a deux, trois «seigneurs du double pays».
L’appartenance des sujets à la « maison » d’un prince ou
d’un dieu prime le service du roi. En ces temps-là, le
royaume affaibli se rétracte à tel point que les étrangers
interviennent en maîtres dans ses destinées; Le partage du
pouvoir se prolonge en division territoriale. Des dynasties
régionales coexistent et s’affrontent jusqu’au moment où
une d’entre elles rétablit l’unité du pays. Telles sont les
périodes que les égyptologues appellent, d’un terme neutre,
«les périodes intermédiaires ». Le mot « décadence » ne
rendrait que partiellement compte du processus. Il y a,
certes, déclin du centralisme monarchique, mais les
institutions nées de la crise maintiennent, à travers les
conflits, les formes et valeurs fondamentales de la culture
égyptienne, non sans des transformations d’où sortira la
culture spécifique de l’Empire qui suivra.
249

Une Première Période Intermédiaire avait suivi l’Ancien


Empire, le temps des bâtisseurs de pyramides. Une
Deuxième avait suivi le Moyen Empire, l’«âge classique»
de l’Egypte ancienne. Une Troisième commença avec la fin
du Nouvel Empire. Ce Nouvel Empire, le plus «impérial»
de tous, avait vu les Thoutmosis et les Aménophis faisant
régner leur domination de la quatrième cataracte du Nil
jusqu’à la Syrie. L’extraordinaire hérésie imposée par
Akhenaton, un signe s’il en fut de l’absolutisme de
Pharaon, n’avait aucunement affecté l’institution
monarchique ni l’économie générale du royaume.

Ramsès le Grand. Un apogée, le grand exemple

De 1290 à 1224, le pays avait connu ces heures de


puissance qu’évoquera le long règne de Ramsès II dans la
tradition même des Egyptiens et dans notre propre
historiographie. Au terme d’une lutte épique, une paix
solennelle avait stoppé l’avance de l’empire hittite vers le
sud, consacrant l’appartenance de Canaan et de la Jordanie
à l’Egypte et permettant de maintenir les liens
250

immémoriaux qu’elle entretenait avec le port libanais de


Byblos. Sous la direction du «fils royal de Koush».
L’administration de la Nubie quasiment dépeuplée et
l’exploitation de ses gisements aurifères s’exerçaient sans
troubles majeurs. Un reseau de forteresses, jusqu’à Marsa
Matrouh, surveillait les mouvements des nomades de
Marmarique et de Gyrénaïque, les Mechouech et les Libou
(éponymes, via les Grecs, de la Libye), tentés de venir faire
paître leurs bœufs dans les prairies du Delta.

La documentation abondante dont nous disposons sur les


épouses de Ramsès II, sur sa vaste progéniture, sur ses
vizirs et sur les hauts fonctionnaires qu’il nommait pour
diriger l’armée, les services, les domaines des dieux, ne fait
pas apparaître que des oppositions actives aient perturbé
l’omnipotence de Pharaon ni la marche des affaires. Bien
au contraire, cette documentation témoigne de la
subordination respectueuse, voire dévote, de tous à l’égard
du roi. Le maître peut se permettre une fastueuse économie
monumentale en faveur des dieux majeurs et des petits
dieux locaux, tout en contrôlant par ses agents le
patrimoine temporel des divinités. Amon-Rê, seigneur de
Thèbes, roi des dieux et patron de la | dynastie précédente,
conserve sa primauté morale : à Karnak, Ramsès «aimé
251

d’Amon», couvre de vastes tableaux religieux et militaires


les parois des bâtiments érigés par ses prédécesseurs. Tout
au long de l’Egypte, de Napata à Balamun et surtout dans
les deux capitales traditionnelles — Héliopolis et Memphis
— les temples existants sont embellis. De nombreux
édifices, «Châteaux de millions d’années» et temples des
dieux « de Ramsès », se multiplient, consacrés à
l’exaltation conjointe des divinités et du souverain dont de
formidables colosses matérialisent la grandeur surhumaine.
A la triade impériale — Amon (Thèbes), Rê (Héliopolis).
Ptah (Memphis) — Ramsès ajoute, presque sur un pied
d’égalité, le dieu Seth, figure ambiguë de la violence
inhérente aux rythmes cosmiques et vitaux, et il fonde une
quatrième capitale, Pi-Ramsès, sur le cours inférieur de la
Branche pélusiaque, englobant la vieille ville d’Avaris,
centre d’un culte de Seth et lieu d’origine des ancêtres du
roi. En un temps où la | défense des possessions asiatiques
était une préoccupation majeure, l’endroit qui avait été la
base d’où les Hyksos venus de Phénicie avaient jadis
dominé l’Egypte, était stratégiquement et économiquement
le meilleur lieu où fixer le centre de l’Empire. Les confins
nord-est du Delta dont la dynastie < précédente ne s’était
pas trop souciée entrent brillamment dans la grande
histoire. On verra comment cette «Maison de Ramsès» a
252

été pratiquement rasée, mais comment les vestiges de ses


temples, exportés à Tanis, à Bubastis et ailleurs, témoignent
toujours de ses grandeurs. Ses temples, en beauté comme
en dimensions, étaient à l’égal des œuvres de Ramsès qui
subsistent en Nubie (Abou Simbel) ou à Thèbes (le
Ramesseum, son «Château de millions d’années» en face
d’Amon de Karnak). Ramsès était roux comme Seth et
quand il adjoignit à son prénom d’avènement—
Ousennaâtrê — le qualificatif « élu-de-Rê », il s’assimilait
au dieu courageux que le soleil avait choisi pour repousser
le dragon Apopi et garantir ainsi la marche de la nef
céleste. Il n’en était pas moins l’Horus-aimé-de-Maât
etRamsès-aimé-d’Amon. Force guerrière et, justes
équilibres, sa personne cl ses actes pieux avaient régi
l’Egypte et préservé l’Empire, faisant culminer l’ordre idéal
pharaonique.

Lorsque mourut Ramsès le Grand, au terme d’un règne de


soixante-sept ans, sa capitale était devenue la principale
résidence de Pharaon et des compositions littéraires
vantaient encore ses sanctuaires, ses colosses divins et le
charme d’y habiter.
253

Les Ramsès : une lente crise en progrès

Quelque cent quarante ans plus tard, Ramsès III cherche


dans son temple thébain de Medinet Habou à donner de sa
personne une image identique à celle de Ramsès II. Les
choses pourtant avaient bien changé, en dépit des
apparences protocolaires et d’une activité constructrice qui
ne fat pas négligeable. Le pays et son empire n’ont pas
trop: souffert d’une crise qui avait confusément porté au
pouvoir une triarchie mal unie et singulière: un jeune
pharaon, une reine devenue pharaone et un maître du palais
d’origine asiatique. Ramsès Ut (1193-1162 av. J.-G.)
recouvre quelques bases urbaines en Canaan. Cependant,
sous les successeurs de Ramsès II, une fraction ou tribu de
bédouins sédentarisés sur le bord du Delta qui s’était
soustraite aux rigueurs de la domination égyptienne, vivait
les premières étapes d’un aventure qui l’amènerait plus tard
à fédérer, en une alliance avec Dieu,; les tribus sœurs
installées en Canaan, à noyauter cette terre promise, puis à
évincer les principautés urbaines et à construire un État.

Cette aventure, qui n’en était confusément, obscurément,


qu’à ses premières étapes, ne constituait pas une menace
très perceptible quand Ramsès III reçut le choc de deux
254

agressions qui mirent sérieusement l’Egypte en danger. Des


populations venues de la Méditerranée portèrent un coup
mortel à l’Etat hittite et aux principautés vassales de Syrie
et durent être stoppées à la fois sur les routes venant d’Asie
et aux embouchures du Delta; parmi eux les Philistiûs qui
n’allaient plus déloger de la côte méridionale de Canaan.
Les Libyens dont une invasion massive avait été refoulée
sous Merenptah, fils de Ramsès II, submergèrent, jusqu’aux
abords de Memphis, toute la moitié occidentale du Delta.
Ramsès III se mit en campagne contre ces hordes, mais en
dépit des récits épiques et des images pittoresques qu’il a
laissés, Libou et Mechouech furent sans doute loin d’être
anéantis en Libye même; Les nombreux guerriers capturés
par les vainqueurs furent transportés, avec femmes et
enfants, sur les confins orientaux du Delta. Encadrés par
leurs chefs coutumiers, mais soumis aune égyptianisation
linguistique délibérée, ces agresseurs venus de l’ouest,
désormais soldats de Pharaon, maintiendraient la sécurité
du côté de l’est.

Les assez nombreux papyrus du règne invitent à, en tracer


une image bien triste: abus de pouvoir, grève des ouvriers
chargés de l’aménagement des tombes royales, complot de
cour fomenté dans le harem contre la vie du roi. La piété de
255

Ramsès lit n’était pas en défaut. La compilation des fonda-


tions- et donations qu’il fit faire aux temples, telle qu’elle
fut établie après son décès, montre que la générosité du roi
privilégia considérablement Amon sur Rê et sur Ptah en
matière de terrains, de troupeaux, de personnels et de four-
nitures.

Les sept rois qui survivent le pieux et obscur Ramsès IV,


fils aîné de Ramsès III, préfixent tous le nom de Ramsès à
leur nom de naissance, référence manifeste aux deux
glorieux devanciers. L’ordre qu’évoque cette domination va
être de plus en plus illusoire, même si les formes
protocolaires épigraphiques laissent longtemps intouchée
l’autocratie providentielle du « maître des Deux Terres ».
L’Egypte conserve la Nubie, mais du côté de l’Asie elle se
rétracte dans ses frontières : après Ramsès VI, les
expéditions menées au Sinaï proche pour extraire des
turquoises prennent fin. L’Egypte n’est même pas
mentionnée dans le Livre des Juges, souvenir des chefs
hébreux qui s’imposaient localement en Canaan, tandis que
les principautés philistines se renforçaient et que l’espace
entre l’Egypte et la Transjordanie était abandonné à de
nouvelles peuplades nomades. Le récit d’Ounamon mon-
trera rétrospectivement à quel point le crédit de l’Egypte
256

s’était amoindri à Byblos. L’Egypte n’a plus les/moyens de


l’aire une politique de puissance.
.
Cette paralysie résulte de difficultés intérieures dont les
inscriptions de Karnak et les papyrus thébains font saisir les
aspects divers. La vallée du Nil souffre d’un problème de
subsistance : le prix du blé augmente fortement et les
ouvriers de la nécropole royale font grève pour réclamer
leurs versements. L’insécurité commence à toucher Thèbes
dès la fin du règne de Ramsès III, lorsque des «ennemis»,
Libyens infiltrés, rebelles ou brigands, empêchent déjà le
travail dans la montagne thébaine. Nouvelle augmentation
du blé sous Ramsès VU. Des pillards locaux s’attaquent aux
tombes royales et on dérobe dans les magasins des
sanctuaires sous Ramsès IX, puis sous Ramsès XI : misère,
relâchement des sentiments religieux, carence de la police
générale dans la capitale. Un signe sûr de faiblesse globale:
l’activité monumentale devient insignifiante dans les
temples : de Ramsès V à Ramsès IX, on surcharge ou
complète de dédicaces les bas-reliefs existants. Le peu de
statues qui nous sont parvenues de ces rois montre, contre
toute attente, que des sculpteurs qualifiés subsistent, et
innovent.
257

Un certain temps, le marasme ne paraît pas avoir déséqui-


libré la haute administration qui reste, de Ramsès III à
Ramsès VI, entre les mains des mêmes hommes. Bien que,
par une commodité simplificatoire, les historiens incluent
toute la XXe dynastie dans le Nouvel Empire, on
conviendra que le mot « empire » sonne désormais de plus
en plus faux et qu’une «période intermédiaire» a commencé
quand sous les trois derniers Ramsès on voit, à travers les
monuments des grands prêtres d’Amon, se développer un
processus fatal pour l’ordre pharaonique. Héritier d’une
famille qui cumulait depuis plusieurs générations la
direction des prêtres et des biens d’Amon, le premier
prophète Amonhotep fait graver à Karnak une scène
familière le plaçant presque sur le même plan et le même
pied que Ramsès IX, et il participe en son propre nom aux
embellissements de monuments. Sous Ramsès XI, une
guerre civile aboutira à son expulsion momentanée et à
l’intervention du fils royal de Koush Panehsy qui gouverne
la Thébaïde et s’en va combattre en Moyenne Egypte et
dans le nord. L’absence de sources concernant Memphis et
le Delta empêche de dire quels étaient les parties et les
enjeux de cette guerre, mais les textes thébains du temps
attestent les mouvements de Mechouech et de Libou:
colons militaires du Delta en rupture de ban ou Libyens
258

sauvages infiltrés après coup? Là encore on ne saurait


trancher. Ces barbares ne paraissent pas avoir fait souche
durable à Thèbes (l’onomastique tout égyptienne des
générations ultérieures de Thébains le suggère). En
revanche, la vraisemblance géographique donne à penser
que la plus grande partie du Delta, de la Moyenne Egypte,
des Oasis devait être passée sous le contrôle des Libyens.
.
On se battait autour du pontificat d’Amon. Le gouverneur
de Koush guerroyait en Egypte au.lieu de gérer sa province.
Des guerriers d’origine étrangère battaient la campagne.
Dans ce tumulte, le roi Ramsès XI ne semble plus guère
qu’un nom. L’équilibre des pouvoirs, le rapport entre les
forces morales et réelles étaient subvertis.

«Renouvellement»

En l’an 19 de Ramsès XI (vers 1080 av. J.-C.), un équilibre


est en passe de se rétablir, idéalement, lorsqu’on inaugure
un comput des années, non plus en fonction de l’avènement
de ce roi, mais à partir de «l’an 1 du renouvellement des
enfantements », expression pour nous ambiguë qui ne
proclame pas l’avènement d’une nouvelle famille régnante
259

mais un programme de nécessaires récréations, une


réformation de l’ordre universel, une restructuration totale.

C’est alors qu’un certain Hérihor, homme si nouveau


qu’aucune de ses inscriptions ne mentionne son père, va
cumuler durant six ans tous pouvoirs dans le Sud (1080-
1074 av. J.-G.): pontife d’Amon-Rê, généralissime des
armées, gouverneur de Koush et vizir, ‘sa femme Nedjmet
étant supérieure du harem d’Amon. Son apparentement à
des chefs libyens est probable (plusieurs de ses fils portent
des noms libyens). Les bas-reliefs et inscriptions
dédicatoires gravés dans le temple de Khonsou à Karnak
illustrent comment ce puissant grand-prêtre et condottiere
empiète de plus en plus sur les privilèges canoniques de
Pharaon. Au départ, premier personnage de Thèbes,
iconographiquement aussi grand que le Ramsès — comme
Amonhotep avant lui—il se retrouve représenté sur pied
d’égalité avec les dieux, costumé en Pharaon. Sans
toutefois se doter d’un prénom solaire, ce qui lui aurait
conféré la royauté totale, il se dit «fils d’Amon» et entoure
dans des cartouches son nom et son titre de « premier
prophète d’Amon ». A Thèbes, c’est lui qui rend le culte et
qui reçoit les rescrits d’Amon, sans la médiation du vrai roi.
260

Cette promotion d’un militaire, devenu un «presque-roi»,


porte-parole et mandataire du Roi des dieux, représente tout
uniment les aboutissements d’une lutte pour le contrôle de
l’énorme temporel du dieu et d’une longue réflexion
théologique amorcée quatre siècles plus tôt sur les rapports
du démiurge avec la nature et l’humanité. Amon-Rê
transcende et englobe Loua les dieux, la création entière
émane de 1m. Sa volonté, exprimée oraculairement par les
mouvements de sa barque processionnelle détermine les
décisions des pouvoirs terrestres. Propriétaire d’un univers
qu’il crée et maintient, il dispose d’un dominion direct sur
les biens et les, personnes. A ras de terre, cela signifie que
«la Maison d’Amon». i.e. son capital et les familles qui en
assurent la gestion et vivent sur ses bénéfices, dépendent
dogmatiquement et pratiquement du dieu et de son premier
mandataire et échappent au contrôle réel de l’administration
centrale qu’assuraient Pharaon et ses délégués classiques. A
partir de la XXe dynastie, cette situation se reflète à Thèbes
par la primauté croissante, dans le cursus des notables, des
fonctions cléricales et bureaucratiques entrant dans
l’organigramme de la «Maison d’Amon» sur celles qui les
rattachent au service du roi. Ce transfert de pouvoir sera
profondément intériorisé. Les oracles d’Amon, de Moût et
de Khonsou vont légiférer sous les XXIe-XXIIe dynasties
261

pour grands et petits, vivants et défunts. La volonté du


Primordial disposera du Nord aussi bien que du Sud.

Le «renouvellement» correspond manifestement dans le


Sud à l’instauration durable d’une «théocratie » où
l’initiative royale est reléguée au profit de la volonté divine
et de l’autorité exécutive du premier prophète. La
documentation est. trop pauvre pour qu’on puisse dire ce
qui avait pu se passer dans le Nord entre la cour des
derniers Ramsès, les troupes de Libyens, les notables des
villes et les gestionnaires des biens d’Amon. Au moins sait-
on que cette renaissance s’y traduisit par l’établissement
d’un nouveau pouvoir, tandis qu’une nouvelle capitale
entrait dans l’Histoire : Tanis, aujourd’hui Tell San el-
Kagar.

Le rapport d’Ounamôn, notre seul témoin à ce jour, est un


roman historique, reposant censément sur les expériences
récentes d’un fonctionnaire thébain, subordonné de Hérihor
et qu’Amon-Rê avait envoyé au Liban pour y acquérir du
bois de marine. Récit d’aventure fertile en anecdotes, il a
été manifestement composé pour édifier: Amon y tient le
premier rôle, exerçant sa maîtrise sur les divers potentats de
ce monde et sur les destinées de son serviteur. Or,
262

Ounamon nous apprend qu’Amonrasonther a placé à Tanis


comme administrateurs de sa terre de Basse Egypte un
certain Smendès — que son nom désigne comme originaire
de Mendès, non loin de Tanis — et une certaine Tentimen.
De leur résidence portuaire, ces régents agissent comme
correspondants commerciaux du dieu de Thèbes. Du
Pharaon lui-même, il n’est pas question.

Une énumération de villes, incluse dans un document


pédagogique rédigé quelque temps auparavant,
l’O’nomasticon d’Amenemopé, fournit la plus ancienne
mention de Tanis et la dernière mention de Pi-Ramsès, qui
perdra bientôt sa fonction de résidence royale. Les facteurs
naturels et humains qui, en quelques décennies, allaient
rendre loisible le démantèlement de Pi-Ramsès et ceux qui
avaient poussé Amon à choisir la grande butte sableuse de
San pour y installer durablement ses mandataires ne
pourront, faire l’objet que de conjonctures, tant que nos
connaissances sur la paléogéographie de la région et sur les
premières occupations de San et des sites voisins seront ce
qu’elles sont3.11 apparaît pour le moins que la fonction
stratégique offensive de Pi-Ramsès était périmée dans le
contexte international et que le site surélevé de Tanis, plus
ou moins cerné par les marais du Bas-Delta et desservi par
263

la Branche Tanitique, constituait une place de sécurité et un


débouché portuaire assurant les communications de
l’Egypte avec l’Asie.

La dynastie tanite

En l’an 7 de la «renaissance», un nommé Piânkh succède à


Hérihor dans tous ses pouvoirs (1074-1070 av. J.-C.). Cet
autocrate, sans père avouable lui non plus, gouverne la
Thébaïde au nom d’Amon, mais sans empiéter sur les
prérogatives formelles de Pharaon. Lorsque disparut
Ramsès XI, le comput de la Restauration sortit de l’usage.
Ce fut alors le régent du Nord qui monta sur le trône des
Deux Terres. Du long règne de « Smendès-aimé-d’Amon »
(1069-1043 av. J.-G.) dont l’historien Manéthon fit le
premier d’une XXIe dynastie «tanite», on ne possède, hélas,
que peu de traces. 11 fut reconnu dans Thèbes, ordonna de
Memphis des travaux au profit du temple de Louqsor (de sa
propre autorité semble-t-il et sans se référer aux ordres
d’Amon), et sa tombe fut sans doute installée à Tanis.

A cette phase, Thèbes n’en demeure pas moins le foyer


familial et moral des deux pouvoirs, elle va même
constituer le modèle selon lequel se développera la jeune
264

résidence septentrionale. Du vivant de Smendès, on trouve


au sommet de la société cléricale de Thèbes un homme fort
et deux grandes daines dont les splendides cercueils ont été
retrouvés dans la fameuse «cachette royale de Deir el-
Bahari». Pinedjem fils de Piânkh lui a succédé comme
grand prêtre et généralissime. Son épouse principale,
l’Adoratrice d’Hathor Hénouttaouy, est la fille d’un roi qui
ne peut guère être que Ramsès XI. Auprès d’eux, la reine
Nedjmet, veuve de Hérihor et belle-mère de Piânkh, sœur
d’un roi qui est sans doute Smendès, conserve son
influence. Par leurs ascendances et leurs descendances, ces
trois personnalités constituent une sorte de pivot à partir
duquel vont se répartir dignités et responsabilités.

Pinedjem et Hénouttaouy font souche de grands prêtres et


généralissimes. De Masaharté à Psousennès II, ces pontifes
gouverneront au nom d’Amon, sous la suzeraineté
nominale de Pharaon, la quasi-totalité de la Vallée, depuis
la Basse Nubie jusqu’en Moyenne Egypte où la forteresse
de Teudjoï (El-Hibeh) est renforcée pour contrôler le
passage du Nil. Bastion protégeant le Sud contre les
menaces venues d’aval —les Libyens sans doute —,
Teudjoï sera aussi la base d’où plus lard certains grands
265

prêtres partiront reconquérir leur siège de Thèbes sur les


opposants locaux.

Comme toute épouse de grand prêtre, les deux associées de


Pinedjem sont «premières grandes supérieures du harem
d’Amon » et président la corporation des dames thébaines
qui participent, au culte et aux prébendes d’Amon.
Cependant, les femmes de la famille se répartissent des
fonctions répondant à des conceptions théologiques
nouvelles. Depuis le début de la XVIIP dynastie, une fille
de roi remplissait auprès d’Amon la fonction rituelle
d’Epouse ou Adoratrice du Dieu et si elle devenait la sœur-
épouse d’un roi, elle cumulait ces deux attributs. Le grand
prêtre Pinedjem marie sa fille Maâtkarê au dieu de Thèbes
mais, signe bien conforme à la prééminence d’Amon sur
les pouvoirs humains, désormais ^Adoratrice d’Amon
n’épousera officiellement personne d’autre que Dieu et,
dotée d’un prénom mystique, recevra mi statut quasiment
pharaonique.

Autre innovation singulière de la vision théocratique : la


famille royale d’ici-bas est comme transcendée par une fa-
mille souveraine permanente, celle que forment Amon,
Moût et Khonsou. La continuité du pouvoir sera garantie
266

par la procréation, la naissance et l’avènement du dieu-fils,


prototype du roi, réactualisés annuellement dans les
«temples de naissance» ou mammisi. Nedjmet,
Hénouttaouy à Thèbes, Moutnedjmet à Tanis, joueront le
rôle de «mère divine de Khonsou l’Enfant».

Mariés ensemble, un des fils et une des filles du couple


Pinedjem-Henouttaouy deviendront le pharaon Psousennès
et la grande épouse Moutnedjmet, qui prendront possession
de Tanis à la mort de Smendès, tandis qu’un fils de
Nedjmet connaîtra un règne éphémère comme pharaon
associé. H s’agirait d’Amenemnisout — le bien nommé
puisque baptisé «Amon est le Roi» — qui fut corégent de
notre Psousennès.

A travers une documentation où manquent divers chaînons


généalogiques assurés et dont trop de synchronismes entre
rois et grands prêtres sont imprécis, on entrevoit au moins
comment, avec Pinedjem, la fonction sacerdotale
amonienne finit par digérer la fonction royale. Héritier
direct de Piânkh, beau-père d’Amon, époux d’une reine,
s’associant la veuve du quasi-roi Hérihor, Pinedjem
franchit une étape que le précédent homme fort n’avait pas
franchie : en cours de route, transmettant le pontificat et le
267

commandement militaire à ses fils, il adopte la totalité des


attributs d’un roi et coexiste avec Smendès, puis avec
Psousennès, son propre fils. En ce dernier on constate une
coalescence inverse du pontifical et du royal. A Tanis,
plusieurs inscriptions monumentales et maints objets
précieux fabriqués pour sa personne incluent, dans un
protocole royal fort canonique par ailleurs, sa fonction de
«premier prophète d’Amon-Rê roi des dieux».
Amenemopé, son successeur, fera de même.

Sur les statues que Psousennès surcharge de ses cartouches,


comme sur les pièces familières ou funéraires qu’il
emportera avec lui dans sa tombe, Psousennès se réclame
presque exclusivement du patronage d’Amon, Moût et
Khonsou, qu’il invoque dans trois petits hymnes gravés
dans son caveau. La dévotion thébaine, de rigueur à Tanis,
procédait sûrement de la même ferveur qui animait
Ounamon: un grand officier de Psousennès était dénommé
«Pharaon est rassasié en présence d’Amon», une
proclamation mystique!

Ce Psousennès mourut au terme d’un règne d’au moins


quarante-sept ans et fut inhumé dans un des caveaux princi-
paux du tombeau familial qu’il avait bâti dans un coin du
268

téménos d’Amon et où il reposa jusqu’en 1940 de notre ère.


Son ministre Oundebaounded, originaire de Busiris, reçut
en son temps la sépulture dans une chambre secondaire du
bâtiment, d’où il ne fut dérangé qu’en 1946. Le sort ultime
des proches du roi demeure problématique.

Un caveau latéral était destiné au prince héritier Ramsès-


Ankhefenmout: le cercueil était vide en 1939, les nom et
images du prince arasés, l’entrée de la chambre murée. Le
second caveau principal, jumeau de celui du roi, était fait et
décoré pour la grande épouse Moulnedjmet dont on ignore
si elle l’occupa jamais ; il fui retouché pour accueillir le
pharaon Amenemopé (993-984), qui y prit place et y
demeura jusqu’en 1940. Des tombes furent aussi
construites pour recevoir les sépultures de cinq ministres au
moins de Psousennès et d’Amenemopé. Il ne nous en reste
que des débris retrouvés dans la maçonnerie du caveau du
Libyen Chéchanq III.

L’installation définitive de la sépulture des rois et de leurs


proches dans le temple de Tanis est un événement
extraordinaire. Depuis 1650 av. J.-C., les pharaons et la
plupart de leurs ministres avaient fait faire leur tombe à
Thèbes. La rupture d’une habitude vieille de six siècles ne
269

peut seulement s’expliquer comme la réponse à un


problème de sécurité et de communication. Elle s’inscrit
dans un dessein politique délibéré de transformer le siège
tout provincial de Smendès en un équivalent de l’antique
ville d’Amon.

A la fois pharaon et premier prophète d’Amon, Psousennès


1 apparaît comme le fondateur des grandeurs de Tanis,
celui qui la modela en une métropole vouée aux cultes de
Thèbes. L’enceinte qui détermina le téménos d’Amon pour
toujours, énormes masses de briques impliquant la disposi-
tion d’une abondante main-d’œuvre, date de son règne,
ainsi que la délimitation du saint des saints nucléaires du
grand temple. Les premières inscriptions qui témoignent de
l’existence du temple de Khonsou-Néferhotep et du temple
de Moût sont aux cartouches de Psousennès. Dès lors,
Tanis prétendait offrir une copie de Kamak et méritait déjà
le surnom de «Thèbes de Basse Egypte» qui lui sera
explicitement donné plus tard.

Les titulatures de la grande épouse Moutnedjmet, du prince


Ramsès-Ankhefenmout, du généralissime Oundebaounded
et de divers personnages dont les tombes furent
démembrées pour bâtir le caveau de Ghéchanq III sont élo-
270

quentes : les fonctions dirigeantes afférentes au service


rituel et à la gestion des patrimoines d’Amon, Moût et
Khonsou sont, comme en Haute Egypte, réparties entre
membres de la famille régnante et quelques dignitaires
influents. Le litre de «général de la Maison d’Amon-Rê»
atteste que les forces de l’ordre et la force de travail que
pouvait mobiliser le pontife et roi tanite se confondaient
partiellement avec celles du dieu suprême.

Les lambeaux de textes et de décors parvenus des caveaux


privés illustrent comment survivent néanmoins le protocole
de la cour ramesside et une administration relevant directe-
ment de Pharaon. Une scène y montrait Psousennès
présidant la remise à un ministre d’une collection de ces
lourds colliers formés de piécettes d’or dont deux
exemplaires ont été trouvés sur sa propre momie. On
rencontre installés dans le Nord un grand chambellan de
Pharaon, un directeur du trésor de Pharaon, un directeur de
ses greniers, un secrétaire à la correspondance de Pharaon,
un majordome du seigneur des Deux Terres et le
gouverneur de la Forteresse de la Mer, aux attributions
policières et douanières.
271

La présence d’un directeur des artisans du roi, coexistant


avec une direction des trésors et ateliers d’Amon, de Moût
et de Khonsou, suggère que les vaisselles et bijoux qui
acompagnaient les défunts de Tanis furent fabriqués les uns
grâce aux moyens propres du roi, d’autres par les
techniciens et sur les ressources des dieux. Nous ne
sommes guère plus renseignés pour l’instant sur les
structures du royaume amonien du Nord. Psouseimès,
Amenemopé, et Siamon après eux, furent reconnus par le
grand prêtre héréditaire de Memphis et les lignées sacer-
dotales qui contrôlaient les patrimoines divins de cette ville
et de sa banlieue, selon des rapports analogues à ceux qui
les liaient au pontife et au clergé de Thèbes. Il arrivait que
le pharaon du Nord s’en aille siéger à Memphis et même
qu’il pousse jusque dans la capitale du Sud. On peut
présumer que les services centraux étaient au moins en
partie localisés à Tanis, succursale administrative
autocéphale du temple de Karnak et porte des
communications avec l’Asie.

Pi-Ramsès ne fut pas, semble-t-il, désertée d’un seul coup :


deux éclats de pierre prouvent que, vers la fin de la
dynastie, les rois tanites, Siamon et Psouseinès II, y
dédièrent encore des monuments à leur cartouche. Mais
272

déjà commençaient le démantèlement de certains de ses


temples et le déménagement de plusieurs des splendides
monolithes qui l’ornaient. D’une grande salle de granit rosé
érigée sous Siamon, les éléments des parois retrouvés
réemployés dans le sanctuaire de San ont été retaillés dans
des soubassements, des bases d’obélisques, des montants
de porte au nom de Ramsès II. Des statues et des sphinx du
Moyen Empire, enlevés de la ville de Seth, furent, sous
Psousennès I, puis sous Siamon, apportés chez Amon et
surchargés de leurs cartouches.

Des temps d’incertitude

L’utilisation de la proche Pi-Ramsès comme carrière de


calcaire et comme fournisseur de grands monuments de
granit et de grès silicifié reflète que les capacités des
gouvernements du Nord et du Sud à mobiliser la Lroupe et
les corvéables nécessaires à la remise en exploitation de
Tourah, du Gebel Ahmar et d’Assouan étaient limitées. Il
est bien évident, d’autre part, que même au moment, qui
semble marquer l’apogée de la XXIe dynastie, le temps de
Pinedjem 1 et de Psousennès, les ressources dont
disposaient les princes étaient loin d’être aussi abondantes
qu’au Nouvel Empire: quantitativement, les « trésors »
réunis de Psousennès, d’Oun-debaounded et d’Amenemopé
273

ne font pas le poids comparés à ceux d’un Toutankhamon


et le recours à l’argent, non à l’or, pour fabriquer le cercueil
métallique de Psousennès peut être interprété comme un
indice de pénurie.

Dans les tombeaux tanites, un certain nombre d’« anti-


quités » en tout genre — des talismans de pierres dures plus
ou moins anciens, un brasero au nom de Ramsès II, deux
objets d’origine mésopotamienne— était incorporé dans la
parure personnelle ou le mobilier des défunts, pièces qu’on
imagine prélevées sur les collections d’Amon ou du roi. Le
couvercle magnifique de la cuve de Psousennès n’est autre
qu’une des trois couvertures sous lesquelles avait reposé, à
Thèbes, Merenptah fils de Ramsès II; la cuve elle-même
doit pareillement venir de la Vallée des Rois. Le
sarcophage anthropoïde est usurpé sur celui d’un notable du
début de la XIXe dynastie, mais dont le nom a été
irrémédiablement surchargé. Celui d’Oundebaounded avait
appartenu à un troisième prophète d’Amon thébain appelé
Amonhotep. Plusieurs des canopes dépareillés qui furent
entreposés dans l’antichambre de Psousennès (et qui
pourraient bien avoir contenu les viscères de Siamon et de
Psousennès II) proviennent sûrement de tombes privées de
Thèbes : l’un d’eux avait appartenu à Ouset, célèbre vizir
274

de Thoutmosis III. On découvre ainsi un lien bien singulier


entre la capitale du Sud et la capitale du Nord : récupérant
les pièces grosses et petites dans les syringes et hypogées
ravagés par les voleurs, les Thébains en firent cadeau au
pharaon tanite. La recherche d’économie faite sur la
matière première et la main-d’œuvre ne constitue pas une
explication plausible pour rendre compte de ces
exportations à longue distance. On imaginera plutôt que
rois et prêtres de la nouvelle Thèbes reconnaissaient une
valeur religieuse, voire magique, aux reliques du grand
passé de l’ancienne Thèbes.

Un tableau par trop réducteur ne convient guère à l’his-


torien. La reconnaissance du roi tanite par le clergé thébain,
l’identité absolue du panthéon des deux capitales, les
échanges matrimoniaux et culturels qui ont pu les unir ne
peuvent faire illusion. L’omnipotence universelle d’Amon
ne saurait nous dissimuler les faiblesses de ses prophètes, la
précarité de la XXIe dynastie et la perpétuation des facteurs
d’insécurité qui avaient ruiné la XXe dynastie. Les rivalités
pour la possession des prébendes sacerdotales ainsi que les
convoitises de la force armée libyenne engendrèrent
manifestement des crises. Base du pontife et généralissime
de Thébaïde dans la région d’Héracléopolis où les
275

Mechouech s’implantaient, El-Hibeh dut être souvent en


état d’alerte. Déjà à la fin du règne de Smendès,
Menkheperrê fils de Pinedjem avait dû conquérir de vive
force le trône pontifical. 11 est frappant de constater à quel
point fut modeste l’activité monumentale des souverains de
Thèbes, y compris celle du roi Pinedjem: réinscriptions de
statues anciennes, surcharge de parois, stèles
commémoratives à Karnak et à Médinel Habou.

Les œuvres les plus conséquentes des grands prêtres sont la


réfection d’enceintes autour des temples et l’érection de
forteresses bâties au long de la vallée. Les procès-verbaux
tracés sur certaines momies de souverains anciens montrent
que le sécurité de ces divins cadavres requit sans
interruption les soins de l’administration sacerdotale.
Depuis le temps de Hérihor jusqu’au pontificat de Pinedjem
11. Elles furent inspectées, restaurées, déplacées dans des
bières d’occasion. Quatorze d’entre elles obtinrent, pour
finir, un asile définitif dans la Vallée des Rois, au sein de
l’hypogée d’Aménophis II et une vingtaine d’autres se
trouvèrent regroupées dans la « tombe 320 » au-dessus du
cirque de Deir el-Bahari où le fameux temple
d’Hatshepsout étale ses splendeurs. Cette « cachette royale
276

» fut partagée par les corps de Pinedjem 1 et Pinedjem II


qu’accompagnaient au total sept membres de leur famille.

Selon la plus récente reconstitution qui ait été proposée de


l’histoire de la cachette royale, ce vaste hypogée collectif
aurait été creusé par le grand prêtre Pinedjem II,
contemporain de Siamon, pour assurer à sa famille une
sépulture facile à surveiller et abriter définitivement les
dépouilles des anciens (famille de Pinedjem 1 comprise).
Dans le même temps, on aurait aménagé plusieurs
tombeaux refuges au nord du temple d’Hatshepsout, dont
l’immense Bab el-Gousous, « deuxième trouvaille de Deir
el-Bahari», où les sépultures de cent cinquante-trois
personnes, dont plusieurs enfants et petits-enfants du grand
prêtre Menkheperrê, auront été regroupées en une seule
opération7. C’est dire que l’insécurité menaçait la
tranquillité des morts et devait affecter aussi les vivants.

Dans le Nord, l’enceinte massive de Tanis, les dédicaces et


les dépôts de fondation, les mobiliers funéraires du roi et de
son général permettent d’imaginer que le règne de Psou-
sennès fut au moins tranquille. On ne sait rien malheureuse-
ment de la .diplomatie du grand Tanite ni d’éventuelles
activités à l’étranger des archers que commandait Ounde-
277

baounded. Mais on sait par la Bible que, dans le même


temps, il se passait de l’autre côté de l’isthme de Suez
beaucoup d’événements décisifs qui allaient compter dans
l’histoire humaine. C’est durant le long règne du bâtisseur
de Tanis que les Philistins, consolidant leur puissance en
terre ferme, se heurtent à la résistance de Saùl, le premier
roi d’Israël, et qu’ils sont refoulés par David (1010-970)
qui transporte ses assises d’Hébron à Jérusalem. L’Egypte
n’est pas présente dans les récits que le Livre de Samuel
donne de ces exploits, même quand il évoque les rezzous
du jeune David dans la Nord-Sinaï, ou plutôt elle n’y
apparaît que sous la forme d’un esclave égyptien enlevé par
les Amalécites bédouins et sauvé par David (I Sûmuel
XXX, 9-15). Un peu plus tard, des précautions furent prises
par la cour tanite : dépossédé par David, le jeune Hadad,
héritier d’Edom en Transjordanie, fut recueilli, établi et
marié à une princesse égyptienne (I Rois XI, 14-22).

Notre connaissance des quatre ou cinq rois qui, après


Psousennès, constituent la suite de la XXIe dynastie, est
remplie d’inconnues. On note que ni la reine Moutnedjmet
ni le prince Ankhefenmout ne reçurent la sépulture que
Psousennès leur avait réservée, ce qui invite à imaginer de
mauvaises querelles de succession. Amenemopé, qui monta
278

sur le trône, fait assez piètre .figure : la tombe qu’il s’était


fait d’abord préparer est une chambre exiguë et son trésor
funéraire est fort pauvret comparé à celui du roi précédent.
En quelque dix ans, peut-on croire, les moyens de la
monarchie s’étaient fort amoindris. D est loin d’être sûr que
les souverains ultérieurs aient appartenu à la même lignée:
l’Osorkon qui suit Amenemopé pourrait bien être un
premier parvenu de la famille des grands chefs de
Mechouech qui fondera un peu plus tard la XXIIe dynastie.

Siamon «fils d’Amon» (978-959), reconnu par les grands


prêtres de Thèbes et de Memphis, paraît avoir disposé de
quelque puissance : l’énorme chapelle de granit dont il dota
le grand temple de Tanis et les constructions dont
témoignent plusieurs dépôts de fondation chez Amon et
chez Moût répondent à cette impression. La Bible fournit
des informations sur sa politique extérieure: Pharaon donna
sa fille comme épouse à Salomon et céda au monarque
hébreu, comme dot de la princesse, la place philistine de
Gézer dont il s’était emparé ({Rois IX, 16-24). Ces circons-
tances fournissent la mesure des moyens du Tanite :
capable au moins de porter la guerre dans la proche Asie,
Siamon au rebours des souverains du Nouvel Empire
consentait à marier une princesse égyptienne à un étranger
279

et, pour sceller une alliance, rétrocédait une conquête


d’importance stratégique... La destinée finale des Tanites
pourrait avoir été catastrophique : ce qui nous est resté du
mobilier funéraire de Siamon lui-même et de Psousennès
II, retrouvé dans l’antichambre de Psousennès I, montrerait
que les derniers héritiers de Smendès furent inhumés par
une cour qui ne disposait même plus de faïenciers qualifiés.

Visiblement,-depuis le temps de Psousennès, la domination


réelle des provinces avait progressivement échappé pharaon
tanite puis au pontife thébain. Descendants ( captifs
implantés dans le Delta ou envahisseurs plus récemment
infiltrés, les guerriers libyens détenaient la force rée] La
principale tribu, celle des Mechouech (communément
appelés Ma par abréviation) imposait sa prédominance a
autres colonies militaires et aux ethnies mineures, et les
grands chefs des Ma intervinrent peu à peu dans les affaires
de Tanis, de Memphis et d’Héracléopolis où une «grande
forteresse des Mechouech» fut installée face au bastion
amonien de Teudjoï. Vers 950, le grand chef Chéchanq.
issu d’une lignée de cinq grands chefs de Ma, pouvait
s’offrir le luxe de promener à Thèbes sa victorieuse armée
de faire soumettre à l’avis oraculaire d’Amon, par le
pharaon en personne, l’institution d’un culte de son père
280

Nimlot I en Abydos. Sur les images qui le représentent,


seul nom, le titre tribal et la plume fichée dans sa coiffure
dénote le Libyen. Chéchanq, sinon le gros de ses troupes,
était dans sa tenue vestimentaire et ses croyances,
pleinement acculturé. Un splendide pectoral d’or et de
lapis montrant Amon-Rê bord de sa barque solaire avait été
fait pour « la protection c grand chef des Ma, le chef des
chefs Chéchanq fils du grand chef Nimlot».

Les premiers chéchanquides : un retour de puissance

Une fois Ghéchanq reconnu à Thèbes comme pharaon, la


puissance réelle, celle des contingents libyens, et la
puissance morale que définissent ensemble le modèle royal
et l’oracle d’Amon sont réunies. La mainmise d’une caste
guerrière dynamique sur les métropoles, et les campagnes,
l’adhésion des clergés et les qualités personnelles, sans
doute, des deux premiers pharaons méchouech, permettent
un rétablissement de l’ordre. Durant un siècle environ,
l’Egypte redevient une puissance, ce que manifestent les
œuvres monumentales de Chéchanq 1 (945-924), de son
fils Osorkon 1 (924-889) et de son arrière-petit-fils
Osorkon II (874-850). Une éclipse de la personne royale
281

correspondant au règne de Takelot 1 (889-874) ne paraît


pas avoir eu de conséquences déterminantes.

A l’extérieur, Chéchanq Ier opéra d’abord contre lés


bédouins du Nord-Sinaï et, se réservant d’affaiblir le
royaume hébreux, alors à son apogée, il donna, asile à
Jéroboam, ce jeune conducteur de travaux dont, un oracle
compromettant aurait fait un opposant à l’autocratie
salomonienne (I Rois XI, 40). Le retour de ce Jéroboam, à
la mort de Salomon (930 av. J.-C.), provoque le schisme
entre les tribus, entre Juda et Israël, entre Jérusalem et
Samarie. En 925, une importante armée égyptienne,
incluant des auxiliaires recrutés en Nubie et en Libye,
parcourut la Philistie, les deux royaumes hébreux et le
Négeb. Une énorme stèle fut érigée dans la forteresse
Israélite de Megiddo et, au retour, un relief fut gravé sur le
nouveau portique de Karnak, montrant Amon accordant la
victoire à Ghéchanq et lui livrant les localités soumises.

Ce retour massif des forces égyptiennes en Asie laissa un


souvenir dramatique dans la mémoire de Juda, De la chro-
nique perdue de ses rois, le Livre des Rois (I, XIV, 25-27)
retient que «la cinquième année de Roboam, le roi
d’Egypte Shishak monta contre Jérusalem. Il prit les trésors
282

de la Maison de Jahvé et les trésors de la Maison du Roi, il


prit tout. Comme il avait pris les boucliers d’or qu’avait fait
Salomon, le roi Roboam fit à leur place des bouchers
d’airain ». Se référant aux actes du prophète Shemayah, le
Livre des Chroniques (II, XII, 1-11) précisera que Dieu,
parlant par la voix de cet inspiré, obtint de Roboam et de
ses ministres qu’ils se repentissent de leurs excès : comme
par rachat, la livraison à l’Égyptien de richesses
accumulées dans Jérusalem sauvait la capitale et ses
dirigeants de l’extermination. L’histoire de l’enlèvement de
l’Arche d’Alliance par Ghéchanq n’est qu’une affabulation
modeme10. La campagne asiatique de Chéchanq enrichit le
trésor égyptien. Durant les cinq années qui suivirent,
Osorkon 1 put offrir aux dieux de fabuleuses quantités d’or,
d’argent, de lapis, sous forme de tabernacles, d’idoles et de
vaisselles (le seul naos d’Atoum à Héliopolis utilisait 1996
kg d’or et 1287 kg. d’argent). Le contrôle de la Nubie put
contribuer à cette richesse de l’État, comme aussi la relance
des échanges avec l’Asie : des statues de Chéchanq 1 et des
deux Osorkon ont été découvertes dans le temple de
Byblos.

C’est à la fin du règne de Chéchanq 1 que, pour la première


fois depuis Ramsès III, fut envisagé un agrandissement
283

considérable du grand temple de Karnak. Le grand prêtre


Ioupout son fils fil rouvrir les carrières de grès à Silsileh
pour ériger, en avant du pylône antérieur’, une vaste cour à
péristyle, vouée à servir de «Château de Millions
d’Années» au souverain. On eut le temps d’ériger les deux
lourdes colonnades latérales, le «portique des Bubastites»
et d’en commencer la décoration (la façade de grès ne
semble pas avoir été réalisée).

Le même Ioupout construisit pour Amon un beau temple


dans Teudjoï. A Memphis, un autre «Château de millions
d’Années» fut établi et le grand prêtre de Ptah améliora
l’atelier où étaient embaumés les Apis. Les autres villes du
Nord, Héliopolis, Bouto, Phemouphis, Athribis, ne furent
pas négligées par les premiers Ghéchanquides. Mais c’est
principalement dans les deux foyers dynastiques, le
précédent, Tanis, et le nouveau, Bubastis, qu’on recueille
les témoignages les plus frappants de la renaissance due
aux premiers rois libyens.

Manéthon caractérise sa XXIIe dynastie comme


«bubastite», ce qui signifie que la capitale du «grand chef»,
avant son élévation à la royauté, était fixée dans la «
284

Maison de Bastet», antique cité et carrefour fluvial sur le


cours moyen de la branche pélusiaque. Dans son protocole,
Chéchanq 1 se dit parfois «fils de Bastet»; Osorkon II et
plusieurs de ses successeurs feront de même. Sous les
XXIIe et XXIIIe dynasties, Bastet, lionne redoutable et
chatte bienveillante, prendra place parmi les patrons de
l’Etat et gagnera de l’importance dans les dévotions
individuelles. Osorkon 1commence à Bubastis la réalisation
d’un monumental programme d’embellissements
qu’Osorkon II poursuivra : portes formidables de granit,
grands chapiteaux, colonnades palmiformes, porche
jubilaire. Dans le même temps, le culte de la lionne et de
son fils Mahès, le lion farouche, se développe non loin de
là, à Taremou, que les Grecs appelleront Léontopolis.

Tanis fut maintenue dans son rang de centre de prestige


royal. Deux grands sphinx transportés et un gros fragment
de corniche y rappellent l’oeuvre de Chéchanq I dans le
temple d’Amon. Osorkon 1 fit travailler chez Moût.
Osorkon II déploya sur le site une activité comparable à
celle de Psousennès 1 et aménagea son «Château de
Millions d’Années» dans le complexe d’Amon. Une large
façade fut dressée à l’ouest, un kiosque palmiforme à l’est.
Au rythme des travaux entrepris à Tanis, Bubastis et
285

Léontopolis, la démolition et le déménagement de Pi-


Ramsès déchue allaient grand train. La masse des murs et
des colonnades de ses édifices sacrés était construite de fin
calcaire blanc. Portes monumentales, hypostyles aux
colonnes monolithes, colosses et obélisques avaient été
taillés dans les roches apportées d’Assouan, le granit rosé et
parfois le granit noir. Le grès silicifié, jaune, rosé, brun-
rouge, extrait du Gébel Ahmar, avait servi à d’autres portes,
à certaines statues. Dans les matériaux avaient été
incorporés, sous Ramsès lui-même, des éléments prélevés
sur des temples de l’Ancien et du Moyen Empire. Tout cela
allait être finalement recyclé entre l’époque de Smendès et
le temps des derniers Chéchanquides. Enormes blocs
venant de porches démantelés, tambours de colonnes
démontées, pierres de taille gravées de beaux reliefs,
architraves et frises sciées et même des colosses débités,
des obélisques tronçonnés, constituent le gros œuvre des
temples et des caveaux tanites. Conservés intacts, cinq
paires d’obélisques et au moins huit colosses furent dressés
devant les façades du grand temple. De nombreuses images
de Ramsès, d’autres de Merenptah et de Ramsès III ainsi
que de merveilleuses statues des souverains des XIIe et
XIIIe dynasties qui avaient orné Avaris prirent place chez
Amon, Moût et Khonsou.
286

Si l’on songe qu’après les derniers Libyens et jusque sous


les Ptolémées, les pierres furent de nouveau recyclées sur
place lors de remaniements à grande échelle, on ne
s’étonnera pas que beaucoup d’entre elles racontent toute
une aventure. Ainsi, la cuve du sarcophage du prince
Hornakht, fils d’Osorkon II, est façonnée dans le morceau
d’une formidable architrave qui devait dater du Moyen
Empire et avait été surchargée par Ramsès II. Sur les
colosses, statues, obélisques et colonnes monolithes qui,
laissés en l’état, furent simplement réinstallés pour orner
les façades et les cours des temples de la Thèbes du Nord,
les titulatures magnifiques de Ramsès II furent
généralement conservées sans retouches, d’autant plus
qu’Osorkon II et d’autres Ghéchanquides après lui
adoptèrent le même prénom, Ousermaâtrê, que l’illustre
devancier. Cependant, les béliers colonnes palmiformes qui
furent réparties entre Tanis et Bubastis ont été minutieuse-
ment retouchés aux cartouches d’Osorkon II. De plus, le
nom du dieu Seth s’y trouve effacé et recouvert par ceux
d’Amon ici, de Mahès là. Ces dernières modifications sont
un indice d’une transformation qui commençait à affecter la
religion durant le IXe siècle. Seth, sous l’influence de la
religiosité osirienne et du culte de l’enfant Horus, perdait sa
287

qualité de combattant de Rê pour devenir un indésirable


total, un démon exclusivement mortifère et malfaisant.

Naturellement, l’ordre restauré par le jeune régime au profit


des dieux et des hommes bénéficia aux morts. Le dernier
défunt à avoir pris place dans la Cachette royale de Deir el-
Bahari fut précisément un contemporain de Ghéchanq I.
Des tombes furent construites dans l’enceinte du
Ramesséum pour les Adoratrices et les grands dignitaires
de Thèbes. L’usage de placer les caveaux des personnalités
souveraines dans les sanctuaires urbains prospéra: le roi
thébain Harsiésis, corégent d’Osorkon n, fut enterré près
d’Amon primordial à Médinet-Habou (dans un sarcophage
à tête de faucon, comme le fut, à Tanis, son devancier
Ghéchanq II). La tombe du grand prêtre memphite
Ghéchanq, fils du même Osorkon, puis celles de ses
descendants prirent place dans l’enceinte du temple majeur
de Rah. On sait qu’une reine de la période a été retrouvée à
Léontopolis.

L’incertitude règne sur le lieu de sépulture initial des


premiers pharaons méchouech. Le prénommé
Héqakheperrê-Chéchanq, qui était abrité dans
l’antichambre de Psousennès,. est presque certainement un
288

fils d’Osorkon 1 qui, après avoir été grand prêtre d’Amon à


Thèbes, connut un bref règne personnel comme pharaon.
D’autre part, quelques objets rescapés suggèrent que parmi
les corps regroupés chez Osorkon II se trouvaient les
momies d’Osorkon I et de Ta-kelotl. Parmi les débris
échappés aux pillages dans le sépulcre de Ghéchanq III
subsistaient des fragments de canopes de Chéchanq I. Ces
données font imaginer qu’à des moments de trouble ou lors
de réductions du quartier funéraire royal on aura regroupé
les restes des premiers rois libyens. Sans exclure que leurs
sépultures premières se soient trouvées ailleurs — à
Thèbes, à Bubastis? —, on notera à Tanis l’existence, à
côté des bâtiments intacts et identifiés, de trois caveaux
arasés et anonymes. Il est établi en tout cas qu’Osorkon II
fil réaménager pour lui-même le grand tombeau qui jouxte
celui de Psousennès et en fit décorer les quatre pièces de
calcaire d’admirables extraits polychromes du Livre des
Morts.

Le morcellement progressif de l’Egypte et de la


monarchie

Les réalisations monumentales et le rayonnement d’un


Ghéchanq I ou d’un Osorkon n supposent évidemment une
289

gestion efficace. Cependant, cette efficacité était plus


conjoncturelle que structurelle. Les Méchouech, vainqueurs
des héritiers de Pinedjem et de Psousennès, ont imposé de
l’ordre en donnant au royaume un regain d’énergie. Us
n’ont pas restauré l’ordre pharaonique véritable et l’unité
profonde des Deux Terres. Au contraire, ils consacrent un
morcellement de l’Etat en principautés patrimoniales que
rassemble la reconnaissance d’un seul roi et une
coopération empirique. Au Nouvel Empire, le vizir, le
directeur des services centraux, des années, des sacerdoces
et les gouverneurs des provinces étaient choisis et nommés
par le roi. Transmettre ses fonctions à ses enfants était,
certes, le vœu de chacun; l’hérédité des charges et
bénéfices ne jouait pas automatiquement. Ce régime se
maintint peut-être quelque temps sous les premiers Tanites
mais, comme on l’a vu, au long de la XXIe dynastie, la
Haute Egypte fut gouvernée, sous le couvert de l’oracle
d’Amon-Rê, par une ligné patrilinéaire de premiers
prophètes. Memphis jouissait d’une autonomie comparable
et les seigneurs libyens que le «chef des chefs Ghéchanq»
fédérera, contrôlaient Héracléopolis et les villes de Basse
Egypte. Sous les XXIIe-XXIIIe dynasties, le territoire reste
politiquement démembré. Honorés du titre de «grand chef
des Ma» (ou d’autres ethnies), des fils royaux et des chefs
290

de guerriers cumuleront régionalement la direction des


soldats et celle des prêtres. Les «grands chefs des Libou»
étendront leur souveraineté sur les bords occidentaux du
Delta et chacune des principales villes du Nord — à
l’exception de Tanis et de Bubastis, fiefs royaux — obéira
à son « grand chef des Méchouech».

Ne pouvant penser fonctionnariser les guerriers dont ils


tenaient la force, les premiers souverains de la XXII e
dynastie tendirent à assurer leur prédominance par un
système d’apanage: en principe, les gouvernements de
Thèbes et d’Héracléopolis seront confiés à un fils du roi
lui-même. Il fallait cependant compter avec l’aspiration
héréditaire, avec l’autonomie acquise de la Thébaïde, avec
l’indépendance des clans libyens. A Thèbes, lors de chaque
ouverture de succession, l’oracle divin et les groupes de
pression pourraient être sollicités par au moins deux
prétendants: le fils du roi régnant et le fils du prince décédé.

Les pharaons du Nord contractèrent des liens avec le Sud


en plaçant leurs enfants dans le clergé d’Amon et en
mariant leurs filles aux dignitaires thébains. Une certaine
Mehytem-ouskhet inaugure la tranquille séquence des
Épouses d’Amon de souche chéchanquide, doni la plus
291

illustre est Karomama. Néanmoins, l’histoire du pontificat


amonien est celle d’une crise, larvée au début, puis
belliqueuse et qui aboutira à mie sécession. Au départ,
loupout fils de Ghéchanq I, premier prophète d’Amon,
généralissime des armées de Haute Egypte et grand chef
des Ma, gouverne le Sud en fidèle délégué de son père.
Après lui, c’est un fils d’Osorkon 1 et de la fille du dernier
Tanite qui devient pontife et gouverneur militaire :
Chéchanq. qui deviendra Chéchanq II. Ensuite, deux autres
enfants d’Osorkon I, louwelot puis Smendès, régnent sur
Thèbes, mais ignorent quasiment l’existence de Takelot I.
Après quoi, c’est un fils du précédent pontife et roi
Ghéchanq qui hérite.

Passant le sacerdoce à un de ses fils, cet Harsiésis en vient


à assumer la plénitude des attributs royaux dans le domaine
méridional et va coexister paisiblement un certain temps
avec Osorkon II. Ce dernier paraît avoir voulu ressaisir le
contrôle total de l’Egypte: son aîné Ghéchanq devient
grand prêtre de Memphis ; un cadet, Nùnlot, est installé à
Héracléopolis, puis à Thèbes. Une inquiétude transparaît
dans le testament politique soumis par lui à Amon dans son
temple de Tanis : il faudrait que les frères s’entendent entre
eux. Takelot II (850-825) succéda normalement et son fils
292

Osorkon vint relayer Nimiot comme gouverneur du Sud.


Grâce aux longues inscriptions que ce grand prêtre Osorkon
grava sur le portique des Bubastites, on sait qu’une
rébellion générale secoua le Nord et le Sud vers 836 av. J.-
C. Le prince dut mener campagne pour maintenir ses droits.
Il envoya les opposants au bûcher, fut expulsé de nouveau,
revint, proclama une amnistie. Survivant à son père, il sera
plusieurs fois expulsé au profit de concurrents et reviendra
encore, tandis que le gouvernorat d’Héracléopolis sera
disputé entre un de ses frères et un descendant d’Osorkon
II.

Ces querelles s’entremêlaient à une autre compétition qui


affectait maintenant la dignité royale elle-même. Sept ans
après que Chéchanq III (825-773) eut inhumé Takelot
auprès d’Osorkon II. un certain Pétoubastis — dont
Manéthon fait le fondateur d’une nouvelle dynastie «tanite»
— s’était proclamé roi, avec titulature complète et ère
régnale propre. Les différentes principautés du Delta,
Memphis. Héracléopolis, reconnurent, selon les moments,
tantôt Chéchanq 1D, tantôt Pétoubastis (818-793). A
Karnak, on voit que les deux concurrents successifs du
grand prêtre Osorkon vieillissant, Harsiésis II et Takelot,
sont ralliés à Pétoubastis et qu’Osorkon de retour est un
293

fidèle de Chéchanq III. Années confuses: un ‘général


Pachedbastet, fils de Chéchanq III, date une dédicace par
les cartouches de Pétoubastis. A un moment, celui-ci s’est
associé à un certain loupout. L’Egypte qui possède deux.
Voire trois rois, ne semble pas encore coupée
territorialement en deux royaumes. Bien que Manéthon ait
fait de Pétoubastis un roi «tanite», aucun souvenir de cet
anti-roi n’a encore été trouvé dans la capitale amonienne du
Nord. En revanche, Chéchanq III commença au moins la
décoration du propylône d’Amon (qui resta inachevée),
remania l’ensemble du quartier funéraire royal et se
construisit un petit caveau dont, la pièce principale fut
parée de belles scènes évoquant les renaissances d’Osiris et
les transformations nocturnes du soleil. Ainsi, la tradition
domiciliant à Tanis, auprès d’Amon, la dernière demeure
des rois, allait se maintenir jusqu’à la fin de la période
libyenne (un ou’ deux inconnus occupèrent un caveau
supplémentaire, grossièrement appuyé contre une paroi
d’Osorkon).

Durant la période qui suivit, la pagaille paraît bien avoir


abouti à une division de l’Egypte en deux monarchies.
Dans le Sud est attestée une série de souverains qui ajoutent
à leur nom Tépithète «fils d’Isis» et dont le mieux connu,
294

Osorkon III, cumula un temps les attributs royaux et la


fonction de premier prophète, bâtit de petits édifices
couverts de fins bas-reliefs de style nouveau à Karnak et
plaça sa fille Chépenoupet comme Adoratrice. Reconnu à
Hennopolis et à Tehneh, il contrôlait la Moyenne Egypte. A
Memphis et dans le Delta sont. attestés deux «fils de
Bastet»: Pami, puis Chéchanq V (767-730) qui entreprit à
Tanis l’élargissement du temple de Khonsou. L’ampleur du
bâtiment dont les vestiges ont été retrouvés dans la
maçonnerie du Lac Sacré construit au IVe siècle et la
qualité des reliefs de tradition ramesside qui l’ornaient,
contrastent singulièrement avec la faiblesse politique du
roi. Chéchanq V, en effet, n’est que le souverain nominal
d’un conglomérat assez lâche d’Etats pratiquement
souverains. Entre Teudjoï, frontière du royaume
méridional, et Memphis que gouverne une dynastie de
grands chefs des Ma, la région d’Héracléopolis constitue un
généralat qui relève tantôt du Thébain, tantôt du pharaon
bubastile. Dans toul le Delta, les principautés des «grands
chefs des Ma» forment autant de royaumes, d’étendue et de
puissance variables; ces royaumes se transmettent
normalement de père en fils, quille au grand chef à
batailler, si nécessaire, contre des compéti-teurs. A l’ouest,
s’est constitué, sous l’hégémonie du grand chef des Libou,
295

un puissant domaine dont Sais est la capitale et qui sera un


foyer de la réunification de l’Egypte. Cette subdivision de
l’Egypte en États autonomes va finalement être aggravée et
consacrée, si l’on peut dire, par de nouveaux morcellements
de la dignité royale elle-même. Vers 725, entre Assouan et
la Méditerranée, on comptera cinq pharaons. Thèbes, où
des conquérants soudanais avaient supplanté les derniers
Chéchanquides, reconnaissait Piyé roi de Koush. En
Moyenne Egypte, Hennopolis, puis Héracléopolis, étaient
sièges d’une royauté. Héritier de Ghéchanq V, Osorkon IV
règne dans l’est du Delta et détient, Tanis et Bubastis mais
rencontre un compétiteur en un certain loupout II qui
occupe Léontopolis et Natho et est reconnu par le chef de
Mendès. Deux princes héritiers sont, apanages, l’un à
Athribis, l’autre à Pharbaethos. La fonction royale est ainsi
galvaudée et apparemment désacralisée : le dévot Piyé
constate, écœuré, que sur quatre roitelets un seul observait
les tabous inhérents à cette fonction en matière de pureté
sexuelle et d’alimentation.

A cette date, nous sommes entrés dans une période de


liquidation d’où les Deux Terres démembrées sortiront
réunies, à travers les affrontements mouvementés de trois
puissances en expansion : un royaume égyptien adossé à la
296

Libye et à la Méditerranée, celui de Sais, et deux empires,


celui des princes égyptisés de Koush et celui des Assyriens
dont la formidable machine de guerre et d’exploitation, de
conquête en conquête, s’affermit sur le Liban, la Judée et la
Palestine.

Le «grand chef des Libou et grand chef des Méchouech»


dont le siège principal est à Sais, gouverne fermement, à
l’Ouest, plus du tiers du Délia. Il est à même de recruter des
auxiliaires en Libye et s’est emparé de Memphis, capitale
fondamentale et carrefour stratégique. En face, vers l’Est, la
monarchie chéchanquide de Tanis et Bubastis ne compte
guère, amoindrie qu’elle se trouve par l’autre pharaon de
Léunlopolis el par l’indépendance des «grands chefs des
Ma», tandis que la menace assyrienne se précise sur ses
arrières. Au Sud, venue de Napata, sanctuaire d’Amon-Rê
et jadis métropole avancée de la colonie égyptienne de
Kouch, une dynastie soudanaise qui se reclame avec
ferveur du patronage du roi des dieux a remplacé les
Ghéchanquides et s’est rendue maîtresse des oasis
méridionales et de la Thé-baide. La princesse éthiopienne
Aménirdis, fille de Kachta, a été adoptée par Ghépenoupet,
fille d’Osorkon III, comme son héritière dans les fonctions
d’Épouse d’Amon. Vers 730, le Kouchile a étendu son
297

protectorat jusque sur les deux petits pharaons qui, l’un à


Hermopolis, l’autre à Héracléopohs, se partagent la
Moyenne Egypte. L’empire kouchite et la puissante
principauté de l’Occident sont confrontés. Tefnakht de Sais
entraîne trois des mini-pharaons et presque tous les
potentats libyens à la conquête du Sud. L’Éthiopien Piyé
l’oiiire-alliiqiie : il réussit à disloquer la coalition et à
refouler Tclii,iklil dans son domaine de l’Ouest. Partie
remise: le fils de Tefnakht, Bocchoris (720-715) sacralise
en s’attribuant la illimité royale la puissance effective du
domaine saite; membre unique d’une XXIVe dynastie, il
domine à Memphis, est reconnu à Héracléopohs et pousse
même jusqu’à Tanis. Le successeur de Piyé, Ghabaka (716-
702), dont Manéthon fera le fondateur d’une XXVe
dynastie «éthiopienne», reconquiert l’Egypte entière. La
cruelle mise à mort de Bocchoris n’empêche pas une
nouvelle monarchie saïte, la XXVIe dynastie, de se
constituer peu après et de disputer bientôt Memphis aux
Kouchites. Certaines principautés des Méchouech
survivent, vassales ou adversaires des conquérants. Dans
l’état actuel de la documentation, on peut croire que les
pharaons locaux de Moyenne Egypte disparaissent. On
verra, en revanche, qu’il s’en maintient encore dans l’orient
du Delta. Cette compétition entre Sais, Tanis et Koush se
298

complique avec l’intervention de l’Empire assyrien qui


touche les marches arabiques de l’Egypte vers 720, et va
réussir par deux fois à s’annexer la basse vallée du Nil. Le
vainqueur, aux meilleurs moments du règne de Taharqa
(690-664) — qui enrichit Thèbes. Memphis, Athribis, el
même Tanis de beaux monuments — paraissait devoir être
la dynastie éthiopienne. Les expéditions d’Assar-liaddon
(671) puis d’Assourbanipal (667) enlevèrent Memphis,
repoussèrent en Nubie les armées soudanaises et placèrent
sous protectorat assyrien, outre le royaume saïte, les petites
monarchies, les principautés, les gouvernorats, autonomes
dont les faiblesses rivales et la multitude faisaient l’impuis-
sance diplomatique et militaire de l’Egypte. Impuissance
calamiteuse: en 664, l’Éthiopien Tanoutamon reprend
Memphis, écrase et tue Néchao de Sais, obtient l’obédience
de certains -chefs du Delta. La riposte éclair
d’Assourbanipal aboutit au sac de la ville d’Amon, cité de
tout temps inviolée.

Le lendemain du désastre, le plus modeste mais le plus


central, le plus compact et le seul égyptien des trois
royaumes conquérants, va rapidement retourner la situation
grâce au savoir-faire du fils de Néchao I, Psammétique I,
quatrième représentant de la XXVIe dynastie. Vassal fort
299

nominal et allié d’une Assyrie brusquement en déclin, il


renforce les solides contingents de l’Ouest par une force de
frappe inédite que constituent les hoplites venus d’ionie et
de Carie. Il rallie puis élimine les chefferies libyennes du
Delta, s’impose à Memphis et refoule par la force les
Kouchites au-delà de la basse Nubie, vassahse le général-
gouverneur d’Héraclépohs pour étendre, avec son aide, le
pouvoir saïte sur Thèbes. En 656, la vieille Ghépenoupet,
fille de Ryé, adopte comme son héritière dans les fonctions
d’Épouse d’Amon Nitocris, fine de Psammétique.

Saïs surclassait désonnais Tanis et Bubastis. La déesse


Neith, sa déesse, prenait place parmi les figures majeures
du panthéon royal. Les rivaux heureux des Chéchanquides
installèrent leurs tombes dans la ville d’où leurs lignées
étaient parties. Dépolitisée si l’on peut dire, Tanis ne fut
plus que la capitale du Nome Tanite et cette Thèbes du
Nord un sanctuaire, parmi les autres, qu’Amon le chef
nominal du panthéon possédait en Basse Egypte. La ville
de Smendès, de Psousennès, d’Osorkon II et de Péloubastis
n’en avait pas moins résisté jusqu’au bout. Au plus fort de
sa puissance, le grand Kouchite Taharqa y avait laissé sa
signature, une longue inscription commémorative et une
belle effigie de granit. Cependant, entre les mainmises des
300

Éthiopiens dévots d’Amon sur Tanis, une série de petits


souverains y avaient prétendu, entre 715 et 656, tenir le
rang de pharaon: Geme-netkhonsoubak qui occupa aussi
Héliopolis, Pétoubastis II qui fut peut-être reconnu un
instant à Memphis et affronta les rigueurs assyriennes,
l’Horus Seânkhtaoui et le prénommé Néferkarê qui sont
également attestés à Athribis (où le second paraît avoir été
corégent de Psammétique). A ces noms obscurs qu’on peut
lire sur quelques blocs réemployés dans le Lac Sacré,
s’accroche le souvenir des derniers instants de la Troisième
Période Intermédiaire. Ces fragments témoignent en même
temps de l’émergence de nouvelles tendances de la culture
égyptienne: les reliefs méplats gravés sous Geme-
nefkhonsoubak, Seânkhtaoui et Néferkarê ne procèdent
plus des traditions ramessides et chéchanquides ; ils
pastichent résolument des modèles beaucoup plus anciens.

Au Soudan, on a supposé que les éléments du clergé


d’Amon qui auraient émigré au début de la XXIIe dyn. se
seraient constitués en principauté indépendante dont le
centre est Napata. Il est plus vraisemblable, toutefois, que
les souverains de ce nouveau royaume aient été simplement
des Soudanais. L’Egypte est donc plus divisée qu’elle ne
301

l’a jamais été, mais un double mouvement de centralisation


va se faire sentir.

Vers 751, Piankhi prend le pouvoir à Napata, au Soudan.


Son nom n’indique pas nécessairement une origine
égyptienne, et on pense même, à présent, qu’il doit se lire
Peye. Les Egyptiens toujours peu nombreux en Nubie se
sont fondus dans la population soudanaise et c’est un
peuple de purs Soudanais que gouverne Peye qui, d’après
les noms de ses ancêtres, paraît ne rien devoir à l’Egypte.
C’est pourquoi la dynastie qu’il fonda ainsi est souvent
appelée la dynastie « éthiopienne ». Peye-Piankhi va
essayer de conquérir l’Egypte en partant du Sud. A l’autre
bout du pays, dans le Delta, le prince de Saïs, Tefnakht, a
commencé à refaire l’unité du pays autour de lui. Il semble
qu’il ait plutôt procédé par persuasion que par conquête
brutale. Il fait reconnaître son autorité par les dynastes
locaux et, moyennant cette reconnaissance, les confirme
dans leurs pouvoirs en tant que vassaux. Tefnakht ayant
unifié de la sorte la Basse Egypte, pénètre en Moyenne
Egypte où il va se heurter à Peye parti du Sud.

Nous ne connaissons la lutte entre le Nord et le Sud que par


un seul document, la stèle dite de Piankhi, qui nous donne
302

la version « sudiste » des événements. Cette source est très


partiale ; Peye-Piankhi se vante d’avoir entièrement vaincu
Tefnakht et d’avoir reconquis toute l’Egypte, jusqu’aux
confins maritimes du Delta. En fait, s’il est vraisemblable
qu’il ait repoussé Tefnakht et ses vassaux de Moyenne
Egypte et qu’il ait repris Memphis, il est en revanche
douteux qu’il soit allé plus loin.

En effet, aussitôt après sa prétendue victoire, non seulement


Peye-Piankhi rejoignit sa capitale Napata, ce qui déjà paraît
étrange mais par surcroît nous avons la preuve que Tef-
nakht était resté maître dans le Delta, quelques années après
la prétendue conquête éthiopienne. Quoi qu’il en soit,
Tefnakht est le fondateur de la XXIVe dyn. qui ne comporte
que deux rois : Tefnakht et Bocchoris. Elle règne dans le
Nord alors que Peye-Piankhi avec la XXVe dynastie éthio-
pienne, règne dans le Sud, son pouvoir s’étendant peut-être
jusqu’à Memphis. XXIVe et XXVe dyn. sont parallèles, et
l’unification n’a pu se faire.

Dans le Nord, Bocchoris succéda à son père Tefnakht. Il


passe pour avoir été un législateur mais nous savons peu de
chose à son sujet, si ce n’est qu’il suscita en Palestine une
révolte contre les Assyriens et qu’il appuya ce soulèvement
303

par un détachement égyptien, qui fut battu, d’ailleurs, par


l’armée assyrienne. Lui-même fut tué lors de la conquête
du Delta par l’armée éthiopienne de Shabaka.

Dans le Sud, Shabaka, successeur de Piankhi, gouverne


l’Egypte certainement jusqu’à Thèbes et peut-être jusqu’à
Memphis. A Thèbes, la divine adoratrice d’Amon était
maintenant de descendance soudanaise. Shabaka, d’ailleurs,
abandonna Napata pour s’installer à Thèbes. C’est de là
qu’il entreprend la conquête de la Basse Egypte à laquelle
Piankhi avait renoncé.

Il semble qu’il ait réussi son entreprise mais nous n’avons


aucun détail sur cette conquête au cours de laquelle Boc-
choris fut tué. La conquête achevée, Shabaka s’installa dans
le Nord, et à l’inverse de Tefnakht et de Bocchoris il ne
chercha pas à s’opposer à l’Assyrie. La XXIVe dyn.
disparue, la XXVe règne seule sur l’Egypte tout au moins
nominalement, car il semble que le pays n’ait jamais été
entièrement pacifié.

Shabataka puis Taharqa succèdent à Shabaka. Tous deux


reprirent une politique d’action en Asie et favorisèrent les
304

révoltes de la Palestine contre l’Assyrie. Mais leur politique


ne fut pas plus heureuse que celle de Bocchoris et ce fut
miracle que l’armée assyrienne, après avoir vaincu la
coalition palestinienne, ne prît pas Jérusalem et ne détruisît
pas l’armée égyptienne (il semble qu’une épidémie de peste
ait forcé les Assyriens à renoncer au combat).

Pour surveiller la situation en Méditerranée, Taharqa fut


obligé, comme ses prédécesseurs, de s’installer en Basse
Egypte, et il semble qu’il ait résidé à Tanis. Il était alors
trop éloigné de la Haute Egypte pour pouvoir efficacement
la gouverner mais il fit un effort pour s’assurer au moins de
la fidélité du Sud. Rompant avec la tradition, il ne laisse
plus tous les pouvoirs au clergé d’Amon, mais en confie
une partie à un « Gouverneur du Sud » : Montouemhat,
ainsi, nous voyons le pouvoir spirituel délibérément séparé
du pouvoir temporel, pour des raisons politiques.
305

Les conquêtes assyriennes.

Première conquête (671 av. J.-C.).

Sa mésaventure de Palestine n’avait pas guéri Taharqa, et


de Tanis il continua à susciter des révoltes en Assyrie. En
671, Assarhaddon roi d’Assyrie, se décida à attaquer
directement l’Egypte. Evitant le Delta où étaient groupées,
sans doute, les forces égyptiennes, il traversa le Sinaï et
marcha sur Memphis qu’il prit. Il se retourna ensuite vers le
Delta qu’il saisit à revers et qu’il soumit. Taharqa réussit à
se réfugier à Thèbes d’abord, puis, Assarhaddon menaçant
cette ville, il remonta la vallée vers le Sud, tandis que
Mentouemhat s’empressait de reconnaître la suzeraineté
assyrienne pour éviter la prise de Thèbes. Assarhaddon
quitta rapidement l’Egypte, ne laissant que quelques
troupes derrière lui. Taharqa profitant de ce départ souleva
contre les Assyriens les gouverneurs locaux qui s’étaient
soumis lors de la conquête, et reprit Memphis.

Deuxième conquête (666).

Assarhaddon étant mort, Assourbanipal, son fils, reprend la


lutte contre l’Egypte. Il y avait trois ans à peine que
306

Taharqa avait achevé de reconquérir l’Egypte. En 666,


Memphis tombait de nouveau, et cette fois l’armée
assyrienne poussa jusqu’à Thèbes qu’elle prit. Les dynastes
du Delta qui s’étaient révoltés contre les Assyriens en 671
furent déportés à Ninive.

Taharqa mourut peu de temps après sa défaite, laissant le


pouvoir à son neveu, Tanoutamon, qui fut couronné à
Napata. Comme son oncle, Tanoutamon réussira à soulever
l’Egypte contre les envahisseurs asiatiques, mais sa
reconquête sera aussi brève que celle de 671.

Troisième conquête (664).

Chassés une deuxième fois d’Egypte, les Assyriens ne


tardèrent pas à y revenir. Vers 664 ils battirent Tanoutamon
et le rejetèrent en Haute Egypte. Thèbes fut prise pour la
seconde fois et cette fois pillée. Réfugiée au Soudan, la
dynastie éthiopienne ne régnera plus en Egypte, mais elle
survivra pendant plusieurs siècles dans la région de Napata-
Mèroé, où elle gouvernera un peuple qui n’a plus rien
d’égyptien, la langue en est purement africaine et l’écriture
même diffère des hiéroglyphes bien que l’influence égyp-
307

tienne soit encore très forte. Cet Empire maintiendra son


indépendance jusqu’en 350 après J.-C.

La XXVIe dynastie et l’expulsion des Assyriens (663-525


av. J.-C.). —

L’évolution de la situation politique générale et le


déplacement de l’axe des civilisations que nous avons
signalé au début de ce chapitre se précisent de plus en plus.
Le rôle que les Méditerranéens étaient appelés à jouer dans
ce nouveau monde, et qui existait en puissance dès la
première invasion des Peuples de la Mer, se dessine
maintenant avec netteté. L’Egypte, impuissante à se libérer
seule des Assyriens, va s’appuyer sur les Grecs qu’elle
emploie comme mercenaires.

Cet appui n’ayant pas suffi à la protéger de l’Asie elle


acceptera avec indifférence, la conquête d’Alexandre.
L’Egypte renonce ainsi à son passé d’indépendance mais,
avant que la perte de sa liberté ne soit un fait accompli, elle
connaîtra encore une période de grandeur grâce aux pha-
raons de la XXVIe dyn. Cependant, il faut bien souligner le
fait que, dès cette époque, l’Egypte, privée des ressources
308

de l’Afrique lointaine, ne doit plus sa puissance à son


armée propre, mais à l’emploi de mercenaires étrangers qui
seuls sont capables, d’une part de protéger l’Egypte des
puissants Empires asiatiques, et d’autre part de maintenir
dans l’obéissance les propres sujets du pharaon.

Psammétique I (663-609 av. J.-C.), le premier pharaon de


la XXVIe dyn. est un prince de Saïs dans le Delta, où il a
succédé normalement à son père Nékao. C’est un
descendant lointain de Tefnakht, prince de Saïs lui aussi, et
fondateur de la XXIVe dyn. : Psammétique a donc des
droits à la couronne. Dès le début de son règne il s’appuie
sur les mercenaires grecs ; grâce à eux il chasse les
Assyriens d’Egypte et les poursuit jusqu’en Palestine. En
653 le pays est certainement libéré, la lutte aurait donc duré
une dizaine d’années.

Simultanément et toujours avec l’aide des Grecs,


Psammétique est venu à bout des dynastes locaux qui se
partageaient la Basse Egypte. Il peut alors entreprendre la
réorganisation du royaume tout entier. En Haute Egypte,
Mentouemhat est toujours gouverneur de Thèbes où il est
resté depuis les rois éthiopiens. Psammétique, après des
négociations, fait adopter sa propre fille Nitocris, par la
309

divine adoratrice d’Amon qui est encore une princesse


d’origine soudanaise. Puis, son influence établie et
renforcée, il installa deux nouveaux gouverneurs, l’un au
Sud, à Edfou, l’autre en Moyenne Egypte, à Hérakléopolis.
C’est le premier essai cohérent qui ait été tenté pour mettre
fin à l’indépendance anarchique de la Haute Egypte à
l’égard du pouvoir central.

L’unité de l’Egypte est refaite. Il est possible que la


conquête assyrienne, en redonnant l’exemple et les
bienfaits d’un pouvoir central puissant, ait contribué à la
restauration de l’unité égyptienne. Cette unité cependant
n’a rien de comparable à ce qu’elle était aux grandes
époques de l’histoire égyptienne. Ce sont des étrangers, des
mercenaires grecs, qui assurent la puissance de
Psammétique sur ses propres sujets. C’est encore aux Grecs
qu’il doit d’avoir rétabli la puissance militaire égyptienne
contre les Asiatiques, ce sont eux qui encadrent son armée.
Et la flotte égyptienne a été réorganisée sur le modèle grec.
L’économie intérieure du pays elle-même est transformée
par l’établissement de colonies grecques. C’est donc
seulement en reniant ses propres traditions que l’Egypte a
pu s’adapter aux nouvelles conditions de vie du monde
antique.
310

Nêkao (609-594), fils de Psammétique I, succéda sans


difficulté à son père. Comme celui-ci il s’appuya sur
l’étranger. Il rouvrit ou tout au moins commença les
travaux de réouverture du canal de la mer Rouge, ouvrage
qui devait joindre la mer Rouge à la Méditerranée. C’est la
préfiguration du canal de Suez. Il fit exécuter également,
par des marins phéniciens à sa solde, le périple de
l’Afrique.

Sa puissance étant fermement établie en Egypte, Nékao ne


résista pas à la tentation de reprendre la politique
égyptienne traditionnelle vis-à-vis de l’Asie. Il ne voyait
pas que les temps avaient changé, et que l’Egypte ne
possédait plus une puissance suffisante pour s’opposer aux
Empires fortement centralisés de l’Asie. La situation avait
d’ailleurs évolué une fois de plus dans le Proche-Orient.

L’Assyrie jusque-là prédominante avait perdu l’hégémonie


au profit de la Perse et de Babylone qui s’étaient alliées.
Profitant de la lutte entre Perses, Babyloniens et Assyriens,
Nékao pénétra en Asie avec une armée, il battit le roi de
Juda à Megiddo, soumit la Palestine et la Syrie et poussa
jusqu’à l’Euphrate. Arrivé à cet endroit il se heurta à
311

Nabuchodonosor, fils du roi de Babylone. L’armée


égyptienne fut battue à Carchémish.

Heureusement pour Nékao, Nabuchodonosor, rappelé dans


sa capitale par la mort de son père, ne put exploiter son
succès. Nékao qui avait pu rentrer sans encombre en
Egypte profita des troubles intérieurs de la Babylonie pour
susciter une coalition contre Nabuchodonosor, mais celui-ci
ayant pacifié ses Etats en vint facilement à bout et reprit la
Palestine. Sur la fin de son règne, il semble que Nékao ait
renoncé à lutter contre Babylone, sur terre tout au moins,
car la construction d’une flotte avec l’aide des Grecs
semblerait indiquer qu’il ait eu l’intention de reprendre la
lutte par mer. Sa mort survint avant qu’il ait eu le temps de
mettre ses projets à exécution.

Sur le successeur de Nékao : Psammétique II (594-588),


nous avons peu de renseignements sauf qu’il mena une
expédition au Soudan jusqu’à la deuxième cataracte, sinon,
ce qui est vraisemblable, jusqu’à la quatrième, et qu’il fit
un voyage en Phénicie. Il ne semble pas que la conquête du
Soudan, entreprise d’ailleurs avec l’aide des contingents
grecs et asiatiques, ait été de longue durée.
312

Apriès (588-568), qui succéda à Psammétique II, entreprit


une lutte contre les Phéniciens et mit le siège devant Tyr,
sans succès d’ailleurs. Vers 570 une intervention
malheureuse en Libye va amener la fin de son règne. Les
Libyens en effet ont fait appel à lui contre les Grecs établis
à Cyrène. N’osant pas employer ses mercenaires grecs dans
un conflit où des Grecs sont engagés, Apriès envoie une
armée égyptienne en Libye et celle-ci est battue. Profitant
sans doute du mécontentement soulevé par cette aventure,
Amasis, le général qu’Apriès avait chargé de calmer la
révolte, se met à la tête du soulèvement contre son roi. Le
sort entre Apriès et Amasis semble avoir été longtemps
incertain et il dut y avoir une période pendant laquelle ils se
partagèrent le pays, puis Amasis réussit à avoir le dessus et
évinça définitivement Apriès.

Amasis (568-525), bien que son usurpation ait sans doute


été favorisée par les sentiments xénophobes de la
population, se garda bien de mécontenter les Grecs. Ceux-
ci, comme sous les autres rois de la dynastie, constituent
l’essentiel de son armée. Nabuchodonosor ayant repris la
lutte contre l’Egypte, Amasis livra un combat qui semble
avoir été malheureux mais qui ne fut pas suivi d’une
invasion de l’Egypte. Les historiens grecs affirment
313

qu’Amasis prit l’île de Chypre, mais nous n’avons pas de


documents égyptiens confirmant cette conquête. A la fin de
son règne, les Perses qui n’ont cessé de s’étendre, menacent
tout le Proche-Orient ; pour se protéger Amasis s’allia avec
Crésus, roi de Lydie, ainsi qu’avec Sparte et Babylone.
Malheureusement pour lui, ses alliés s’effondrent un à un
devant l’armée perse, la Lydie est prise d’abord, puis c’est
le tour de Babylone. Les Perses vont maintenant se tourner
contre l’Egypte, mais Amasis meurt et c’est son successeur
Psammétique III que Cambyse rencontre et bat à Péluse,
malgré les mercenaires grecs (525 av. J.-C.).

La XXVIe dyn. qui disparaît avec la défaite de Péluse, avait


réussi à refaire une Egypte unie et prospère. L’œuvre
intérieure des pharaons de cette dynastie mériterait d’être
étudiée de près. Par un déplacement judicieux des
fonctionnaires, ils ont réussi à reprendre en main
l’ensemble du pays. Aussitôt profitant de la prospérité
retrouvée l’Egypte connut une véritable renaissance artis-
tique, ce fut véritablement le « chant du cygne » de la
vieille Egypte.
314

La Première Domination Perse (XXVII® dynastie, 525-


405 av. J.-C.).

Battue à Péluse, l’armée égyptienne s’était repliée sur


Memphis, mais elle s’avéra incapable même d’empêcher la
prise de la ville. Cambyse maintint d’abord Psammétique
III à la tête du gouvernement, mais le souverain égyptien
tenta bientôt un soulèvement contre les envahisseurs et la
révolte ayant échoué, il fut contraint au suicide.

La XXVIIe dyn. est constituée par les souverains perses,


Cambyse tout d’abord, qui acheva la conquête de l’Egypte
et atténua, peut-être, le régime de pillages et de rapines que
l’armée perse faisait subir au pays, Darius ensuite, qui,
reprenant la tradition des rois indigènes, fit construire un
temple à El-Khargeh, et organisa l’exploitation économique
de l’Egypte (il acheva le canal de la mer Rouge entrepris
par Nékao).

Les Egyptiens semblent avoir subi avec impatience le joug


des Perses. Vers 486, ils tentèrent une révolte dans le Delta.
Darius mourut avant d’avoir pu réprimer ce soulèvement,
mais Xerxès qui lui succéda en vint facilement à bout. Les
315

Egyptiens d’ailleurs, ne se découragèrent pas et, sous


Artaxerxès une nouvelle révolte éclata dirigée par Inaros,
dynaste libyen et Amyrtêe, prince de Saïs. Une flotte athé-
nienne appuyait les insurgés.

Grâce à l’appui des Grecs, les Egyptiens réussirent à battre


l’armée perse qui s’i réfugia à Memphis. Le triomphe égyp-
tien devait être de courte durée, dix-huit mois après cette
défaite locale, les Perses reprenaient le combat et battaient
les Egyptiens. Inaros fut exécuté et les Athéniens obligea
de se retirer. Amyrtêe réussit néanmoins à se maintenir
dans le Delta et Darius II ne parvint à rétablir le calme
qu’en adoptant une attitude conciliante en Egypte.

9. Les XXVIIIe, XXIXe et XXXe dynasties et la fin de


l’indépendance de l’Egypte (405-341 av. J.-C.).

Malgré l’œuvre conciliante du satrape perse en Egypte, les


Egyptiens n’ont pas renoncé à la lutte. Un fils ou un petit-
fils de l’insurgé de 460, Amyrtêe, qui porte le même nom
que son ascendant, dirige la révolte qui éclate vers 410. Le
nouvel Amyrtêe, prince de Saïs, est également un
descendant des pharaons de la XXVIe dyn. Il tient d’eux
des droits non négligeables au pouvoir. On ne connaît pas
316

les détails de la lutte contre les Perses, qu’entreprend


Amyrtêe si ce n’est qu’en 404, après une lutte de six ans,
l’Egypte est de nouveau libre.

La XXVIIIe dyn. que fonde Amyrtêe ne comporte qu’un


seul pharaon : son fondateur, dont on ne sait autant dire
rien, sauf qu’après avoir libéré l’Egypte il régna sur tout le
pays. Il semble en effet que les conquêtes étrangères aient
eu au moins le résultat de mettre fin à l’anarchie chronique
qui divisait l’Egypte.

Plus heureuse que la XXVIIIe dyn. la XXIXe qui lui


succède, compte quatre souverains. Nêphê-rites 1 (398-
392), son fondateur est originaire de Mendès dans le Delta.
Comme ses prédécesseurs de la XXVIe dyn. il fonda son
pouvoir sur l’amitié avec les Grecs et conclut une alliance
avec Sparte. On sait d’ailleurs peu de chose de soc règne
qui fut très court. Son successeur Achoris (392-380),
reprend une politique active en Asie et participe à une
coalition contre la Perse. Cette coalition fut d’ailleurs
vaincue, mais Achoris, grâce à ses mercenaires grecs,
parvint à éviter une nouvelle invasion de l’Egypte. De ses
deux successeurs Psam-mouthis et Nêphéritès II on sait
seulement que des révoltes intestines éclatèrent et que le
317

dernier fut détrôné par le prince de Sèbennytos qui fonda la


XXXe dyn.

La XXXe dyn. est la dernière dynastie indigène


indépendante. Son fondateur, Nectanêbo 1 (378-360), a dû
prendre le pouvoir en s’appuyant sur le clergé de Sais. II
semble que, contrairement à la politique de ses devanciers
immédiats, il se soit passé de l’aide des Grecs, tout au
moins au début de son règne. Grâce à un concours heureux
de circonstances, et aux fautes de ses ennemis, il parvint à
empêcher les Perses de reconquérir l’Egypte.

Ceux-ci avaient pourtant réussi à pénétrer jusqu’à la région


de Memphis. Grand constructeur, il restaura de nombreux
temples qui témoignent encore d’un goût assez sûr. Son
fils, Têos (361-359), fut associé au trône du vivant de son
père. Conformément à une habitude devenue loi inéluctable
pour les Egyptiens qui ne sont plus assez forts pour résister
seuls à l’Asie, il rechercha les alliances avec les Grecs, que
son père avait abandonnées.

Grâce aux hoplites Spartiates et aux mercenaires athéniens


dont il s’était assuré le concours, son armée redevint très
forte et il en profita pour lancer une expédition en Asie.
318

Malheureusement, après de brillants succès initiaux, des


dissensions éclatèrent à l’intérieur de l’armée et Téos, trahi
par son frère qu’il avait laissé en Egypte, n’eut plus d’autre
ressource que de s’enfuir auprès du roi des Perses, tandis
qu’un usurpateur, Nectanébo II, son propre neveu,
s’emparait du pouvoir.

Nectanêbo II (359-341) était à peine monté sur le trône


qu’il se trouva aux prises avec un soulèvement populaire,
parti, semble-t-il de la région de Mondes, et qui avait peut-
être été suscité par un descendant des rois de la XXIXe dyn.
Nectanêbo ne vint à bout de la révolte qu’avec l’aide des
Grecs. Comme son grand-oncle, il fit bâtir ou rebâtir de
nombreux temples. Mais l’Egypte ne devait pas jouir
longtemps de la paix que Nectanêbo avait restaurée.

La Seconde Domination Perse (341-333 av. J.-C.).

En Asie,le nouveau roi perse Artaxerxès III-Ochos était


décidé à reconquérir l’Egypte. Il mit sur pied une énorme
armée et, dès 351, il se lança à l’attaque. Nectanêbo avait
encadré l’armée égyptienne de mercenaires Spartiates et
athéniens qui parvinrent tout d’abord à repousser l’armée
d’Ar-taxerxès-Ochos. Mais celui-ci reprit bientôt ses
319

préparatifs d’invasion et, en 341, il attaqua de nouveau, par


mer et par terre, avec des moyens considérables pour
l’époque (Artaxerxês met en ligne plus de trois cent mille
hommes et trois cents trières alors que Nectanêbo ne
dispose que de cent mille hommes). Cette fois le courage
des mercenaires grecs ne suffit plus à arrêter l’armée perse.
Memphis est rapidement prise et Nectanébo doit s’enfuir en
Haute Egypte. Il parvint à s’y maintenir encore deux ans,
mais une seconde campagne perse acheva la conquête de
l’Egypte tout entière, et on ne sait pas comment finit
Nectanébo, le dernier roi égyptien indépendant.

La fin de la Deuxième Domination Perse et la conquête


d’Alexandre. — La Seconde Domination Perse, d’ailleurs
très courte (elle ne dura que neuf ans), est moins bien
connue que la Première. Il semble que le pays et les
habitants aient beaucoup souffert sous l’occupation des
troupes d’Artaxerxès-Ochos et de ses successeurs : Arsès et
Darius III Codoman. Aussi n’est-il pas étonnant de voir des
insurrections éclater. La plus importante est celle de
Khabbash, prince du Delta qui prit la titulature royale et
réussit à se maintenir quelques années dans la région de
Memphis sans, d’ailleurs, parvenir à libérer l’Egypte.
320

La libération allait venir des Grecs. En 333, Alexandre bat


Darius III Codoman à Issos et, peut-être appelé par un
Egyptien, le grand conquérant pénétrait, en 332, en Egypte
comme un libérateur.

L’histoire de l’Egypte proprement dite s’achève par la


conquête macédonienne ; des souverains grecs puis
romains présideront à ses destinées, il n’y aura plus jamais
de pharaons indigènes.

La conquête d’Alexandre n’est pas un accident, elle était


rendue inévitable, comme le sera la conquête romaine, par
l’équilibre des forces en présence. L’Egypte était
maintenant partie intégrante du monde méditerranéen qui
ne pouvait ni ne voulait se désintéresser d’elle. Plus forte,
plus jeune peut-être aussi, elle aurait pu encore garder son
indépendance en s’appuyant sur son territoire africain, mais
nous avons vu que les dernières dynasties indigènes ont été
incapables de ressusciter l’antique force égyptienne et
qu’elles n’ont pu prolonger un peu leur existence, en face
des immenses Empires asiatiques, qu’en s’appuyant sur des
troupes grecques. Cela explique en partie pourquoi non
seulement l’Egypte accepta volontiers la conquête
321

d’Alexandre, mais encore pourquoi, renonçant à toute son


originalité, elle s’hellénisa avec une telle facilité. Ce n’est
qu’en Thébaïde, autour du centre religieux que formait le
temple d’Amon, qu’un peu du vieil esprit d’indépendance a
survécu.

C’est de là en tout cas que partiront les rares révoltes contre


les souverains étrangers. Mais ces révoltes n’ont aucune
portée, la civilisation égyptienne est morte, même si elle se
survit encore dans les temples pendant plus de huit siècles,
jusqu’à leur fermeture par Théodose à la fin du IVe siècle
de notre ère (Edit de 391).

Beaucoup de ces temples, en effet, édifiés ou restaurés par


les souverains lagides et les empereurs romains restent des
foyers de culture égyptienne et les textes qui couvrent
abondamment leurs parois sont particulièrement précieux
pour l’étude de la religion pharaonique.

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