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Zia Céalis, Rose Mélot Chesnel

Le millénaire de Rome
Commentaire de documents

La vie civique de Rome est rythmée par les fêtes religieuses et la fondation de
Rome en est un événement central. En 248 de notre ère, cette célébration prend une
autre ampleur puisqu’il s’agit du millénaire de la fondation mythologique de la Ville
par Romulus en 752.

En cette occasion, l’empereur Philippe l’Arabe organise de grands jeux et fêtes


pendant toute l’année. Cependant, le contexte est plus que tendu. Les menaces
externes sont nombreuses (notamment derrière le Rhin où les Alamans menacent
l’empire, à la frontière du Danube où ce sont les Goths qui prennent des territoires,
et enfin en Arménie où l’empire Parthe attaque directement l’empire romain). Le
contexte politique interne n’est pas plus apaisé : entre 235 et 248, 7 empereurs se
succèdent, nombre d’entre eux acclamés par l’armée après une révolte. Les
célébrations du millénaire sont dans ce contexte une manière de renforcer l’image de
la ville, de l’empire et de l’empereur, l’occasion de les présenter comme éternels.
Nous avons peu de sources sur ce millénaire, mais les quelques-unes existantes sont
très diverses, autant par la nature que par le point de vue défendu. Et c’est
quelques-unes de celles-ci que nous allons étudier.

Tout d’abord, nous avons trois récits à vocation historique. Le premier est
extrait des “Trois Gordiens”, un chapitre de l’Histoire Auguste. Cet ouvrage est une
histoire des empereurs, de 117 à 285, dont on ne connaît pas les auteurs. Cette partie
plus particulièrement traite des empereurs Gordien I, II et III, qui ont régné de 238 à
244, c'est-à-dire juste avant le millénaire. L’Histoire Auguste a été traduite en
français par André Chastagnol en 1994.
Le deuxième document est issu de la Chronique de Jérôme, source très
importante sur l’Antiquité. Il s’agit d’une Chronique universelle, en fait écrite en
arménien par Eusèbe de Césarée, qui retrace l’histoire du monde d’Abraham à 325.
Jérôme l’a ensuite traduite en latin et l’a complétée jusqu’en 380. C’est un outil
incontournable pour avoir une chronologie de l’histoire antique, bien que biaisée. En
effet, elle a été écrite par un chrétien, qui défend l’idée que les chrétiens étaient un
peuple supérieur aux autres. Notre passage parle du millénaire organisé par les
Philippes.
Le troisième texte est un extrait du Chronographe de 354, encore un texte
majeur pour dater les événements de l’Antiquité. C’est un calendrier latin, proche de
ce qu’on pourrait appeler un almanach, écrit entre 332 et 354 et commandé par un
aristocrate romain chrétien. Non seulement il relate des événements dans une
chronique mondiale et romaine, mais il contient également de nombreuses
informations sur les commémorations de la religion traditionnelle et celles des
communautés chrétiennes ainsi que sur les mouvements célestes, les empereurs,

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consuls et hauts dignitaires. Notre extrait est une brève description du règne des
Philippes.
Deux inscriptions sont ensuite intéressantes pour mener notre étude,
puisqu’elles célèbrent des gagnants des jeux ayant eu lieu lors du millénaire de
Rome. La première est une inscription en latin retrouvée à Rome célébrant Publius
Septimius Felix, un athlète. Elle a été retranscrite dans le Corpus Inscriptionum
Latinarum, paru en 1876. La seconde est une inscription grecque cette fois,
retrouvée à Athènes et recueillie dans le Inscriptiones Graecae et célébrant le héraut,
artiste orateur, Valerius Eclectos.
Le sixième document est un extrait du Talmud de Babylone. Le Talmud est un
ouvrage judaïque expliquant comment interpréter la Torah et organisant la vie et les
pratiques des juifs. Il existe deux Talmud, celui de Jérusalem et celui de Babylone,
celui dont nous vient l’extrait étudié. Cet extrait est plus particulièrement dans le
tome VI, Nézikin et dans le chapitre intitulé “Navoda Zara” / “Abodah Zarah”
présentant les cultes étrangers comme des idolâtries.
Il faut noter que la Chronique, le Chronographe, l’extrait du Talmud de
Babylone ainsi que les deux inscriptions ont été traduites en français par Nony et
Loriot dans leur ouvrage La crise de l’empire romain paru en 1997.
Le dernier document textuel est une blague tirée du Philogelos, le plus ancien
recueil de blagues retrouvé en Occident. Il a été écrit en Grec au III ou IVème siècle,
la seule certitude étant qu’il a été écrit après le millénaire de Rome, puisqu’une
blague est sur cet événement. Est c’est bien entendu cette blague que nous allons
étudier.
Enfin, les derniers documents sont des pièces de monnaie éditées et frappées
en 249, en l’honneur du millénaire de Rome. Elles représentent pour la plupart à
l’avers Philippe, le commanditaire des pièces, et de l’autre côté, un bestiaire et des
symboles représentant la puissance de Rome.

Ces documents sont donc variés, de la description à vocation historique à la


moquerie. Certains documents ont été écrits au moment des faits, d’autres bien plus
tard. Les auteurs sont grecs, chrétiens, ou juifs. Par contre, les seuls documents
romains ne sont pas des récits mais des productions par des autorités, véhiculant
donc un discours officiel. Nous n’avons pas dans ce corpus de document pour savoir
comment les Latins ont vécu ces célébrations. Dans quelle mesure ces sources
très variées éclairent-elles le déroulement et la réception des
célébrations du millénaire de Rome organisées pour magnifier un
empire en réalité fragile ?
Tout d’abord, ces jeux fastueux permettent de rendre hommage à la ville
divinisée, mais en même temps permettent de glorifier l’empereur et l’empire. Cela
est d’autant plus utile dans un contexte de crise et de fragilité.

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I. Jeux et fastes en l’honneur de la Ville entre tradition et


exceptionnalité.

A. Des jeux riches : variété et faste des célébrations du millénaire.

- “concours” (agôn, doc.b, l. 5) dans les domaines artistiques et sportifs


- gladiateurs pour des combats en couples + contre des animaux
peut-être, “que Philippe offrit tous” (doc. a, l.5)
- Valerius Eclectos (doc.e) est un héraut (artiste de scène) très reconnu et
participe aux jeux du millénaire → concours de théâtre.
- “gladiateurs du fisc” : meilleurs gladiateurs.
- tout s’organise dans la ville de Rome
- Colisée (“les spectacles de l’amphithéâtre” doc.a, l.8)
- Champ de Mars (“jeux théâtraux” doc.b, l.2) donc scène et
représentations théâtrales
- Circus Maximus (“Grand cirque” doc.b, l.2, courses de chars et chasses)
- Théâtre de Pompée (doc.b, l.3) a une grande importance dans la ville :
lien à un consul renommé et portée religieuse avec ses chapelles :
représentations théâtrales (Hécatonstyle : grand portique du théâtre de
Pompée)
- “le peuple resta sans dormir trois jours et trois nuits” (doc.b, l.3) + incendie
du théâtre de Pompée et son Hécatonstyle (doc.b) : image d’une excitation,
d’un bazar intense de ces jeux

B. La Ville divinisée éternelle mise à l’honneur.

- ce qu’on fête, c’est le millénaire de la fondation mythique de Rome, donc les


divinités liées à la ville sont les plus sollicitées
- (monnaies) temple de Vénus et de Rome = temple de Roma aeterna,
on l’appelle aussi Templum Urbis, association entre Vénus (AMOR) et
Rome (ROMA) dans deux chapelles juxtaposées, lien à la fondation
mythique de Rome avec Vénus comme ancêtre de Iule (Ascagne) fils
d’Enée et fondateur de la dynastie d’Albe-la-Longue dont est issue Rhéa
Silvia, la mère de Romulus et Remus
- il y a eu des sacrifices dans ce temple et ailleurs pour les divinités
protectrices de la ville de Rome (Flora incluse sûrement) “que Philippe
[...] fit tuer pour les jeux séculaires” (doc.a, l.5-6) / l’incendie du théâtre
de Pompée est peut-être lié à une cérémonie
- sur les pièces aussi, rappel du mythe fondateur avec la louve et
Romulus et Remus, symbole de Rome
- millénaire et jeux séculaires = renouveau, nouveau pacte avec les dieux
(Saeculum Novum sur les pièces), l’empereur refonde la ville sur le schéma du
Phénix qui renaît de ses cendres (Saeculum Aug[usti], siècle de l’empereur)

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C. Les dates des jeux variables et irrégulières.

- “jeux séculaires” (expression utilisée dans l’Histoire Auguste doc.a et le


Chronographe doc.c) couplés au jubilé de Rome (anniversaire de la fondation
de Rome) (derniers “jeux séculaires” = en 207) donc un événement
doublement important (peu de “jeux séculaires” sont attestés dans les sources,
et le millénaire ne peut être fêté qu’une seule fois)
- les jeux séculaires ont lieu tous les 110 ans (soit un saecula), ils
représentent la durée maximale d’une vie humaine et sont donc signe
de régénération (Loriot et Nony), les précédents avaient eu lieu en 204,
sous Septime Sévère.
- Philippe l’Arabe est accusé de placer la date des jeux séculaires pour en
tirer profit. Ils auraient dû avoir lieu en 314. Mais organiser des
événements comme ceux ci : prend symbolique de régénération + façon
de dorer son image face au peuple
- ”Ne t’en fais pas, au prochain jubilé du millénaire, c’est toi qui
gagneras” (doc.g, l.2-3), “trompeur de sa tromperie” (doc.f, l.3-4) :
“celui qui l’a vu l’a vu ; celui qui ne l’a pas vu ne le verra plus” (doc.f,
l.4-5) = en théorie les jeux jubilatoires arrivent une fois dans ta vie,
d’où la dernière expression qui est retrouvée associée à d’autres jeux
séculaires, donc c’est un grand événement => en réalité les empereurs
prennent des libertés sur la chronologie
- Ici, c’est bien un millénaire : 1000 ans après la fondation mythique de
Rome (cf. “Ils célébrèrent à Rome les vrais jeux séculaires” doc.c, l.2)

II. Des célébrations de la puissance et de l’influence de l’empire.

A. L’organisateur des jeux : l’empereur honoré dans son rôle.

- c’est une prérogative de l’empereur, en tant que magistrat, d’organiser ces jeux
- tête de l’empereur sur les monnaies : classique pour les empereurs, c’est un
média de communication impériale (de propagande), parce que les monnaies
sont diffusées loin et utilisées presque quotidiennement
- ici l’empereur Philippe l’Arabe a la tête radiée, c’est-à-dire cernée de
rayons, à l’image de Sol-Hélios (symbole d’éternité et de renouveau - le
lever du jour)
- les pièces de monnaies ont vraisemblablement été frappées avant le
millénaire, afin qu’elles soient déjà en circulation lorsque celui-ci a lieu
(cf article de Chastagnol)
- visage associé à l’envers à des animaux : lion (force, Jupiter), cerf
(longévité)

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- + visage de la femme de Philippe, Marcia Otacilia Severa (+ a le titre


d’Augusta, comme la plupart des impératrices de Rome), ce qui est
assez rare sur les monnaies => associée à l’envers à un hippopotame,
donc symbole de fécondité => Mater Patriae, association à la
renaissance de Rome à la fin du millénaire ? mère du co empereur
Philippe, associé à son père
- congiaire de la part des empereurs = don gracieux à la ville, 350 deniers, ça
fait partie de la tradition dans le rôle des magistrats (donc de l’empereur et
son fils Philippe) => on ne sait pas si ce congiaire a été donné spécifiquement
au moment des jeux, ou si c’est simplement une précision dans la présentation
de leur règne (doc.c)

B. L’ascendance de Rome, ville impériale influente.

- production de monnaies qui sont ensuite diffusées dans l’empire, comme tout
grand événement dans l’empire avec l’association du templum Urbis /
animaux avec l’empereur Philippe l’Arabe (IMP PHILIPPUS AUG)
- les animaux du bestiaire viennent de plusieurs des régions de l’espace dominé
par l’empire romain au IIIe siècle cf diaporama => un empire étendu, qui a les
moyens de capturer des animaux sauvages, en apprivoiser, et les ramener à
Rome, ce qui suppose de longs voyages
- les athlètes et artistes ne viennent pas seulement de Rome non plus :
- Publius Septimius Felix (doc.c), tria nomina donc citoyen romain,
vainqueur d’un concours au millénaire
- Valerius Eclectos (doc.d) grand voyageur, grec (“bouleute de
nombreuses autres cités” l.2-3), artiste (héraut) très connu qui a gagné
beaucoup de jeux et concours, donc c’est un invité prestigieux à Rome
- On insiste sur la faveur des dieux dans le doc.c : “A la présence de la Mère des
dieux” (Cybèle, divinité née à Rome par interpretatio romana au IIIème siècle
avant notre ère) => les jeux plaisent aux dieux, et les concours sont très
prestigieux

C. La persévérance du millénaire dans les mémoires écrites.

- On en parle dans
- le Talmud de Babylone : ça veut dire que ça a quand même impacté et
interpellé les sociétés judaïques
- Philogelos, c’est une blague donc elle se repose sur une évidence
partagée (ici, quand on fait référence au millénaire de Rome, on sait
que la tension qui a potentiel de faire rire l’interlocuteur est le fait que
les célébrations étaient irrégulières dans le temps) => le millénaire de
Rome fait partie des imaginaires hellénophones postérieurs (mais on
n’a pas de date précise)

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- inscription à Athènes, en grec => on peut supposer que les victoires


d’Eclectos sont dans un ordre relativement chronologique, donc le fait
que suivent “des victoires dans une trentaine de concours” note de
l’éditeur indique que cette inscription est assez postérieure au
millénaire => on s’en rappelle à travers les vainqueur des concours
- diffusion des monnaies après le millénaire, la communication persévère dans
le temps autour de la figure de Philippe, (dans ces documents, on n’a pas
toutes les monnaies éditées à l’époque du millénaire)

III. La crise romaine du IIIème siècle en filigrane du millénaire.

A. Des regards critiques portés sur les célébrations.

- “ils observent encore une autre fête à Rome”, Talmud : la fête est considérée
comme de l'idolâtrie.
- + pas de respect pour les lois et la fréquence des cérémonies. Phrases Talmud
“le calcul du maître est une falsification. Le frère de notre seigneur est le
faussaire. Quel profit tirera le trompeur de sa tromperie et le faussaire de sa
falsification ?” → est ce que la phrase ne serait pas intentionnellement
alambiquée pour montrer combien rien n’est fixé ni clair ?
- “Celui qui l’a vu, l’a vu ; celui qui ne l’a pas vu ne le verra plus.” : formule
solennelle toujours la même pour faire référence à l’exceptionnalité des jeux
séculaires. Mais Talmud et Philogelos s’en moquent puisque l’événement a
lieu plusieurs fois dans une vie (le dernier a eu lieu 44 ans auparavant) : “Ne
t'en fais pas. Au prochain jubilé du millénaire, c'est toi qui gagneras.”
(Philogelos). Comme dit plus tôt, évidence partagée.
- Passage Talmud : très critique et biaisé. “Description fantaisiste du héraut”
dans commentaire de l’éditeur.
- En tout cas, montre que des critiques montent dans des régions normalement
dominées par Rome. L'idolâtrie et les fastes excessifs selon Le Talmud,
l’irrégularité et la façon d’utiliser les fêtes à son intérêt propre pour les deux
documents.

B. En parallèle du millénaire, des frontières impériales menacées.

- “Gordien les destinait à son triomphe persique ; mais ce vœu qu’il avait fait en
faveur du peuple ne fut pas exaucé” (doc.a, l.6-7) : en effet, il est mort à la
suite de blessures dûes à la bataille de Misiche face aux Perses. Premier
empereur qui meurt des suites de blessures de guerre. Son règne : première
fois que Rome est dans des batailles défensives et pas offensives.
- Menaces extérieures : Alamans à la frontière rhénane (surtout dans les années
230), Goths autour du Danube qui prennent beaucoup de territoire, mais
surtout les Parthes (Perses) : nouvelle dynastie Sassanide qui menace

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grandement Rome et tente de gagner des territoires en Mésopotamie. Philippe


l’Arabe doit d’ailleurs payer un lourd tribut et donner l’Arménie aux Parthes
pour que la paix revienne.
- Ces échecs et demi-succès rendent la position de l’empereur instable : il ne
parvient pas à protéger son empire et à gagner des batailles, or c’est de là qu'il
tire une grande partie sa légitimité => les jeux apparaîtraient alors comme un
moyen de contrebalancer ces difficultés militaires

C. Un climat politique très tendu en conséquence.

- “Gordien les destinait à son triomphe persique ; mais ce vœu qu’il avait fait en
faveur du peuple ne fut pas exaucé, car c’est Philippe qui les exhiba” :
Explication brève chronologie Maximin le Thrace - 2 Gordiens - Gordien III -
Philippe l’Arabe.
- “Les deux Philippes ont régné 5 ans 5 mois 29 jours.” (doc.c, l.1) : règnes
courts caractéristiques de ce siècle. “Les deux Philippes” : père et fils
co-empereurs, pour légitimer le fils et s’assurer une succession, pratique
également normale. Au vu des événements durant tout l’empire, technique qui
s’avère très peu efficace => des usurpations quand même.
- “Le faussaire”, “l’imposteur” : Talmud, serait pour désigner des empereurs
tous usurpateurs ? Gordien I et II sont des usurpateurs.
- “L'aîné est tué à Vérone, le plus jeune à Rome au camp de la garde
prétorienne” : Philippe l’Arabe assassiné par Trajan Dèce après une bataille
entre eux deux à Vérone. Son fils est assassiné par la garde prétorienne qui
avait changé de camp pour Trajan Dèce.
- époque de l’“Anarchie militaire” : l'armée domine le Sénat car elle dans les
faits qui choisit qui est l’empereur, souvent issus de l’armée, qui sont pour la
plupart usurpateurs, font des coups d’Etat. Ex : Philippe l’Arabe, préfet du
prétoire, dans l’armée, rang équestre
- Même en 248 : plusieurs usurpateurs (Pacatianus, Jotapianus, Silbannacus,
Sonsianus) et en 249 Trajan Dèce est proclamé empereur : vraiment une
période trouble → jeux permettent à Philippe de redorer son image dans ce
contexte, et les documents ayant tous été rédigés après 249 et la chute de
Philippe l’Arabe, il est possible qu’ils aient une lecture téléologique des faits

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Nous nous demandions dans quelle mesure ces sources très variées éclairent
le déroulement et la réception des célébrations du millénaire de Rome. Ces
célébrations fastueuses et riches sont organisées pour magnifier un empire et ses
empereurs en réalité fragiles. Malgré l’insistance sur la faveur divine, la puissance
éternelle de Rome et l’influence étendue de la Ville sur l’empire, des critiques
émergent et laissent apparaître la crise du IIIème siècle à Rome.
Après ce jubilé, de nombreux écrivains déplorent l’absence de jeux séculaires.
Les prochains et derniers ne sont organisés qu’en 404 par Flavius Honorius.
Certaines sources chrétiennes, dans leur lecture eschatologique de l’histoire romaine,
analysent ces difficultés comme l’annonce du déclin inéluctable de Rome.

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Bibliographie

BADEL Christophe et INGLEBERT Hervé, “La crise du IIIème siècle (249-274)”,


Grand Atlas de l’Antiquité romaine, Autrement, Paris, 2015, pp.104-105.

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prince et la Cité. Pouvoir impérial et cérémonies publiques (Ier siècle av. - début du
IVe siècle apr. J.-C.), Presses Universitaires de France, 2005, pp. 273-308.

CHASTAGNOL André, “Les fêtes décennales de Septime Sévère”, Bulletin de la


Société Nationale des Antiquaires de France, 1984, pp. 91-107.

CLAVEL-LEVEQUE Monique, “Conclusion. Symbolique festive et visions du


monde”, L'empire en jeux. Espace symbolique et pratique sociale dans le monde
romain, Paris, CNRS Éditions, 1984, p. 124-128.

DESTEPHEN Sylvain, “Chapitre 1. L’Empire menacé (235-306)”, L'Empire romain


tardif. 235-641 après J.-C, Paris, Armand Colin, 2021, p. 19-43.

EVERS Cécile, Pierre BASTIEN, “Le buste monétaire des empereurs romains”,
L'Antiquité classique, n°69, 2000, pp. 554-557.

NONY Daniel, LORIOT Xavier, La crise de l’Empire romain (235-285), Armand


Colin, 1999

TURCAN Robert. “Le millénaire de Rome au Grand Cirque : un cas de condensé


symbolique”, Journal des savants, 2014, n°2, pp. 151-163.

PAVIS D'ESCURAC Henriette, “Siècle et Jeux Séculaires” Ktèma : civilisations de


l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques, n°18, 1993, pp. 79-89.

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