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L’OBÉLISQUE D’HERMAPION
(AMMIEN MARCELLIN, RES GESTAE, XVII, 4, 17-23)*
Ammien Marcellin, historien latin du IVe siècle après J.-C., livre dans
ses Res Gestae un témoignage des plus étonnants et des plus curieux. Au
sein du livre XVII, relatant les événements qui se déroulent à Rome pen-
dant les campagnes militaires de Julien en Gaule (automne 357-printemps
358), Ammien fait allusion à l’érection d’un obélisque dans le Circus
Maximus. Cet événement est le point de départ d’une longue digression
(XVII, 4, 1-23), qui se termine par la traduction grecque de l’inscription
hiéroglyphique d’un obélisque également dressé dans le Cirque (XVII, 4,
17-23)1. Nous présentons ci-dessous la traduction de ce passage:
XVII, 4, 1. Tandis que l’on commençait à restaurer les Gaules, tou-
jours sous la préfecture d’Orfitus2, on dressa un obélisque dans le Circus
Maximus3; puisque le moment est opportun, je vais en dire quelques
mots. 2. Il est une ville fondée dans des temps reculés, jadis célèbre pour
l’imposante masse de ses remparts et ses cent portes d’entrée, et que ses
fondateurs nommèrent pour cette raison Thèbes Hécatompyles. (3-5: ré-
cit d’événements de l’histoire de Thèbes). 6. C’est dans cette ville, au
milieu d’immenses bassins et de diverses constructions de pierre portant
la représentation de divinités égyptiennes, que nous avons vu plusieurs
obélisques, certains renversés et brisés, que d’anciens rois, après avoir
dompté des nations à la guerre ou portés par la prospérité de leur souve-
raineté, ayant sondé les filons des montagnes même auprès des habitants
les plus éloignés de la terre, ont fait tailler et dresser, et ont dédiés aux
dieux suprêmes de leur religion.
7. Un obélisque est fait d’une pierre très dure en forme de borne, il
s’élève graduellement jusqu’à une grande hauteur, et, pour imiter un
rayon, il s’amincit peu à peu, passant d’une base carrée à un faîte étroit,
poli par la main d'un artiste. 8. Quant aux nombreux signes symboli-
ques, appelés hiéroglyphes, que nous voyons gravés partout, c’est l'anti-
que autorité d'une sagesse primordiale qui les a enseignés. 9. En effet,
en sculptant toutes sortes d'oiseaux et de bêtes sauvages, même d’un
autre monde, ils montraient que les promesses faites ou assumées par les
rois atteignaient très largement la mémoire du temps qui suit l’époque
de leurs succès. 10. Car ce n'est pas comme aujourd’hui, où un nombre
déterminé et facile de lettres exprime tout ce que l’âme humaine peut
concevoir, qu’écrivaient les anciens Égyptiens, mais les lettres servaient
chacune à un nom et à un verbe particulier; quelquefois elles expri-
maient des phrases entières. 11. Voici deux exemples pour comprendre
ce système: par le vautour, ils expriment le mot «nature», parce que les
sciences physiques nous apprennent que l’on ne peut trouver aucun mâle
parmi ces oiseaux; et par l’image de l’abeille fabriquant le miel ils dési-
gnent le roi, montrant par ce dessin qu’un chef doit posséder comme
qualités innées et l’aiguillon et la douceur, et il en va ainsi pour beau-
coup de signes4.
12. Et puisque les flatteurs, qui selon leur habitude gonflaient l'or-
gueil de Constance5, murmuraient sans cesse que lorsque Octavien
Auguste avait fait transporter de la ville égyptienne d’Héliopolis deux
obélisques, dont l’un se trouve au Circus Maximus, l'autre au Champ de
Mars6, il n’avait osé ni toucher ni déplacer celui qui a récemment été
amené, effrayé par les difficultés liées à sa grandeur, que ceux qui
l’ignorent apprennent que si ce prince ancien, après avoir fait transporter
d’autres obélisques, a laissé celui-là intact, c’est parce que, consacré au
Dieu Soleil en offrande particulière et dressé au milieu du sanctuaire
inaccessible d'un temple ambitieux, il dominait cependant comme le
sommet de l’ensemble7. 13. Mais Constantin8, qui y attachait peu d’im-
4
Ces deux exemples se retrouvent chez Horapollon, cfr B. VAN DE WALLE, J. VER-
GOTE, Traduction des Hieroglyphica d’Horapollon, dans Chronique d’Égypte, 35 (1943),
p. 50, 11a «[Ce qu’ils signifient en dessinant le vautour] (…) La mère, parce qu’il
n’existe pas de mâle dans cette espèce d’oiseaux»; p. 86, 62 «[Comment ils représentent
le peuple qui obéit au roi.] Quand ils veulent représenter le peuple qui obéit au roi, ils
peignent une abeille. Car seule parmi les animaux, cette espèce a un roi que suit toute la
multitude des abeilles, de même que les hommes obéissent au roi. Étant donné <la bonté>
du miel et la force du dard de cet animal, ils laissent (ainsi) sous-entendre que le roi est
clément mais en même temps énergique quand il y va <de la justice> et de l’administra-
tion.»
5
Constance II: 337-361 après J.-C.
6
Respectivement dressés aujourd’hui sur la Piazza del Popolo (obélisque flaminien)
et sur la Piazza di Montecitorio.
7
Ammien Marcellin a raison de souligner le caractère exceptionnel de cet obélisque,
aujourd’hui Place Saint Jean de Latran. C’est en effet le plus grand obélisque conservé de
nos jours (entre 32 et 33 m après sa restauration), et il fut dressé seul à l’extrémité est du
temple d’Amon à Karnak, dans le sanctuaire oriental, en tant qu’obélisque unique, et non
en tant que membre d’une paire comme le voulait la tradition.
8
Constantin Ier le Grand: 306-337 après J.-C.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 53
9
Soit l’obélisque du Vatican, amené à Rome sous Caligula, l’obélisque de la Piazza
della Trinità dei Monti, érigé à Rome entre la fin du Ier siècle après J.-C. et le IVe siècle
après J.-C., et les obélisques de Santa Maria Maggiore et du Quirinal, dont la date précise
de déménagement n’est pas connue (peut-être la fin du Ier siècle après J.-C.).
54 B. LAMBRECHT
14
Pour une reproduction du texte tel qu'on le lit dans le manuscrit, cfr C. CLARK,
L. TRAUBE, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, I, Berlin, 1963 (1ère
éd. 1910), p. 112.
15
ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 134, 140 n. 3; G. SABBAH, Ammien Marcel-
lin. Histoire. II (Collection des Universités de France), Paris, 1970, p. 171 n. 39; E. GAL-
LETIER, J. FONTAINE, Ammien Marcellin. Histoire. I (livres XIV-XVI), (Collection des Uni-
versités de France), Paris, 1978 (2e éd.), p. 41-43.
58 B. LAMBRECHT
16
Cfr ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 139-142.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 59
A. Question de méthode
Le premier à avoir réalisé scrupuleusement une telle étude est Adolf
Erman18. Après avoir relevé dans l’exposé des titulatures royales une
structure équivalente entre la face nord de l’obélisque et la face sud
d’Hermapion, ainsi qu’entre la face sud de l’obélisque et la face indéter-
minée d’Hermapion, Erman tente de mettre en vis-à-vis les textes hiéro-
glyphiques et grecs des faces correspondantes, la première ligne de la
traduction d’Hermapion traduisant la colonne de droite sur l’obélisque,
la deuxième ligne la colonne centrale, et la troisième ligne la colonne de
gauche. Il constate une grande ressemblance entre les expressions de la
face sud d’Hermapion et de la face nord de l’obélisque. En ce qui con-
cerne la face indéterminée d’Hermapion, il en retrouve quelques élé-
ments dans la face sud de l’obélisque, mais souligne d’importantes diffé-
rences, et ne trouve du reste pas de parallèle à la face est d’Hermapion.
Quant aux inscriptions secondaires, il reconnaît dans la traduction grec-
que des expressions connues de l'égyptien, sans réussir à identifier pré-
cisément les légendes sur l’obélisque de la Piazza del Popolo.
17
Leçon retenue par les éditions modernes du texte.
18
ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 133-161.
60 B. LAMBRECHT
que nous venons de faire, nous avons dès lors cherché quels éléments
avaient amené Hermapion à traduire de la sorte les expressions égyptien-
nes en grec.
Dans la suite de l’article, nous étudierons le contenu des inscriptions
de chaque face de la traduction grecque, en rapport avec les inscriptions
de la face correspondante de l’obélisque. Comme nous l’avons déjà noté,
la première ligne de la traduction d’Hermapion correspond à la colonne
de droite sur l’obélisque, la deuxième ligne à la colonne centrale, et la
troisième ligne à la colonne de gauche. Sauf indication contraire, les for-
mules égyptiennes mises en parallèle avec les formules grecques se si-
tuent au même endroit au sein de la colonne et de la ligne. Nous considé-
rerons séparément la traduction grecque des inscriptions principales de
l’obélisque, à savoir les colonnes de texte hiéroglyphique, et la traduc-
tion des légendes19.
19
Nous nous basons pour le texte égyptien sur l’édition d’Abdel-Kader SELIM, Les
obélisques égyptiens. Histoire et archéologie (Supplément aux Annales du Service des
Antiquités de l’Égypte, Cahier 26), Le Caire, 1991, I, p. 222-236, II, p. 145-159 (= SELIM,
Les obélisques égyptiens), et sur celle de K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions, I-II,
Oxford, 1975-1979, I, p. 118-120, II, p. 476-478 (= KRI), que nous avons vérifiées et
corrigées lors d’un séjour à l’Academia Belgica de Rome en mars 1999.
62 B. LAMBRECHT
20
Hypothèse de Claude Obsomer.
21
Pour un inventaire de tels monuments, cfr G. LEFEBVRE, Le dieu ÊJrwn d’Égypte
dans Annales du Service des Antiquités de l’Égypte, 20 (1920), p. 237-242 (= LEFEBVRE,
Le dieu ÊJrwn d’Égypte); ID., Deux inscriptions grecques du Fayoum. I. Encore le dieu
ÊJrwn dans Annales du Service des Antiquités de l’Égypte, 21 (1921), p. 163-165; ID.,
Un bas-relief du dieu ÊJrwn dans Annales du Service des Antiquités de l’Égypte, 24
(1924), p. 89-90.
22
P. PERDRIZET, C.r. de W. Dittenberger, Orientis graeci inscriptiones selectae, sup-
plementum Sylloges inscriptionum graecarum, dans Revue des études anciennes, 6
(1904), p. 159.
23
Par exemple Strabon, XVI, 4, 2 et XVII, 1, 21, 26, et Pline, Nat. Hist., VI, 165;
pour l’ensemble des attestations, cfr A. CALDERINI, Dizionario dei nomi geografici e topo-
grafici dell’Egitto greco-romano, II, Milan, 1973-1977, p. 228.
66 B. LAMBRECHT
24
Ex. 1, 11.
25
H. CAZELLES, J. LECLANT, art. Pithom, dans H. CAZELLES, A. FEUILLET (dir.), Dic-
tionnaire de la Bible. Supplément, VIII, 1972, col. 1-4 (= CAZELLES, J. LECLANT, art.
Pithom).
26
D. REDFORD, Le Wadi Tumilat, dans L’Égypte du Delta. Les capitales du nord. Dos-
siers d’Archéologie, 213, 1996, p. 51.
27
Cfr par exemple la stèle de Pithom de Ptolémée Philadelphe (Caire, C.G. 22183) =
Urk. III, 93, passim, et Edfou VI, 50 (VIII).
28
D. REDFORD, Exodus I 11, dans Vetus Testamentum, 13 (1963), p. 407 (= REDFORD,
Exodus I 11); CAZELLES, LECLANT, art. Pithom, col. 4.
29
D. REDFORD, art. Pithom, dans Lexikon der Ägyptologie, IV, 1984, col. 1054-
1055.
30
D. REDFORD, Exodus I 11, p. 407; CAZELLES, LECLANT, art. Pithom, col. 4.
31
P. PERDRIZET, C.r. de W. Dittenberger, Orientis graeci inscriptiones selectae,
supplementum Sylloges inscriptionum graecarum, dans Revue des études anciennes, 6
(1904) p. 160.
32
LEFEBVRE, Le dieu ÊJrwn d’Égypte, p. 243.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 67
™ g±
p¢sa
35
M. MÜLLER, Zur Obeliskenübersetzung des Hermapion, dans Orientalistische
Literaturzeitung, 17 (1914), p. 353-354 (= MÜLLER, Zur Obeliskenübersetzung).
36
E. LÜDDECKENS, Demotisches Namenbuch, I, 8, Wiesbaden, 1988, p. 578-583.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 69
fulázav/ kektjménov?
t®n A÷gupton
roglyphique, où l’on trouve par contre les termes m-snt-r sÌnwt nt pt, mn
wÌ r wb n pr R¨ «semblablement aux piliers du ciel, stable et durable à
la cour du temple de Ré».
kaì polutimßsav toùv ên ¨Jlíou pólei qeoùv ânidruménouv «et
qui a comblé d'honneurs les dieux dont les statues se dressent à Héliopo-
lis» correspond à l’idée de satisfaction des dieux que l’on trouve dans
l’expression égyptienne Ps∂t Ìtp-tí Ìr ír.f «l’Ennéade des dieux étant
satisfaite de ce qu’il a fait», au sein de laquelle figure le signe hiérogly-
phique du dieu; l’idée des statues dressées à Héliopolis semble corres-
pondre aux signes qui suivent le cartouche-prénom, à savoir bw ˆIwnw.
Le verbe grec rare ânidrúw est attesté au passif chez Dion Cassius (Dio
Cass. 37, 34): tò ãgalma tò toÕ Diòv… ânidrúqj37, mais apparaît plus
couramment sous sa forme simple ïdrúw, dans le sens de établir, dres-
ser, consacrer un temple ou une statue, même si l’objet concerné n’est
pas précisé. Le terme «statue» peut donc être sous-entendu en grec, et il
n’est pas nécessaire de le chercher dans l’inscription hiéroglyphique.
Ωn ÊJliov file⁄, «qu’Hélios aime» n’a pas de correspondant dans la
colonne de gauche de la face nord selon Erman. Cette expression semble
cependant être la traduction de deux mots consécutifs dans l’inscription
égyptienne mry et R¨. Ces mots appartiennent en réalité à deux expres-
sions différentes: mry est en effet le verbe qui accompagne bw ˆIwnw
(«celui qu’aiment les âmes d’Héliopolis»), tandis que R¨ fait partie de la
formule mí R¨ «comme Ré». On peut supposer que le traducteur a cru
reconnaître dans les derniers signes hiéroglyphiques la formule mr(y) R¨
«qu’aime Ré», bien que l’ordre des signes eût été inversé par anté-
position respectueuse du nom de la divinité.
Ωn ÊJliov file⁄
37
Thesaurus Graecae Linguae, II, 1954, col. 796, s.v. ânidrúw.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 71
pattes. Devant ses pattes, on discerne mal un signe arrondi de petites di-
mensions. Kenneth Kitchen, tout comme Orazio Marucchi et A. Erman,
y voit le héron bnw dans le signe 38, qui se lit Îwt-bnw, un des noms
de la ville d’Héliopolis39. Sur l’obélisque cependant, l’oiseau ne semble
pas avoir les plumes effilées à l’arrière de la tête qui caractérisent le hé-
ron, et sa queue est plus longue. Abdel-Kader Selim avance l’hypothèse
qu’il s’agisse du jabiru du Sénégal, l’oiseau b, accompagné du pot à
encens 40. La queue du jabiru est néanmoins également bien courte, et
le petit signe devant l’oiseau est plutôt arrondi que quadrangulaire41.
Bien qu’il soit tentant, vu la traduction d’Hermapion et le fait que l’obé-
lisque provienne d’Héliopolis, d’identifier l’oiseau au héron bnw, ac-
compagné du signe nw, cette lecture n’est pas absolument sûre. Il n’est
pas impossible qu’Hermapion, ou son interprète, ait eu également des
difficultés à reconnaître le signe hiéroglyphique, et ait opté pour cette
version.
˜ç oï qeoì hw±v xrónon êdwrßsanto, «à qui les dieux ont accordé
le temps d’une vie» correspond à l’idée exprimée par la formule égyp-
tienne dí.(w) ¨nÌ ∂t «doué de vie (soit-il) éternellement!», où les dieux
n’apparaissent cependant pas. Cette expression est à comprendre en
égyptien sans doute sous la forme d’un souhait, tandis qu’elle est inter-
prétée en grec comme une affirmation42.
La traduction grecque omet donc certainement l’épithète égyptienne
«aux grandes victoires», et ne répète pas, contrairement à l’inscription
hiéroglyphique, le nom d’intronisation et le nom personnel du pharaon.
une fois à Ré (cfr supra première ligne de la face sud), traduit ailleurs
par ÊJliov. On peut envisager que le signe hiéroglyphique de la divinité
a à cet endroit été confondu par l’interprète. Il n’est donc pas exact,
comme le pensait Erman, que ÊJrwn désigne indistinctement sur l’obé-
lisque de la Piazza del Popolo Atoum, Ptah-Tjénen et Seth43. L’identifi-
cation d’Atoum à ÊJrwn dans la traduction d’Hermapion est donc pro-
bable.
basileùv oîkouménjv ¨Raméstjv: «le roi Ramestès» traduit, nous
l’avons vu, le cartouche contenant le prénom du pharaon, mais qui se si-
tue plus loin dans l’inscription hiéroglyphique. Dans l’expression s’est
glissé, au lieu du ¨Jlíou pa⁄v que l’on attendait, oîkouménjv «de la
terre», qui pourrait rendre de façon synthétique le titre égyptien Nswt-
bíty «le roi de Haute et Basse Égypte» et trahir une contamination de la
formule grecque despótjv oîkouménjv que l’on trouve plus loin dans
la même ligne.
Ωv êfúlazen A÷gupton toÕ ãllou ∂qnouv nikßsav «qui a protégé
l'Égypte et vaincu les peuples étrangers» n’a pas de correspondant exac-
tement au même endroit sur la colonne de l’obélisque, mais traduit pres-
que littéralement le «nom de Nebty» situé avant les deux cartouches,
Mk-Kmt, W¨f-Ìswt «qui protège l’Égypte et soumet les pays étrangers».
Ωn ÊJliov file⁄ «qu’Hélios aime» pourrait correspondre à Mr(y)-
ˆImn «Méryamon», deuxième partie du nom personnel du pharaon, ou à
Stp.n-R¨, deuxième partie du nom d’intronisation. Dans chaque hypo-
thèse, une erreur se serait glissée dans la traduction. La première formule
égyptienne correspondrait en effet à Ωn ‰Ammwn file⁄ ou âgap¢ç et la
seconde Ωn ÊJliov proékrinen. Peut-être s’agit-il de nouveau d’une
forme de traduction raccourcie de deux expressions égyptiennes.
˜ç polùn xrónon hw±v êdwrßsanto qeoí «à qui les dieux ont ac-
cordé une longue durée de vie» évoque la formule égyptienne du souhait
de vie éternelle, sans correspondant dans l’inscription hiéroglyphique au
même endroit, après les deux premiers cartouches royaux.
despótjv oîkouménjv ¨Raméstjv «maître de la terre» semble, tout
comme ci-dessus, désigner en une seule expression les deux cartouches
royaux du bas. Despótjv oîkouménjv traduit littéralement Nb-twy «le
maître des deux terres», qui introduit le cartouche royal. ¨Raméstjv est
un des éléments constitutifs du cartouche-prénom du pharaon.
aîwnóbiov «qui vit éternellement» correspond à dí.(w) ¨nÌ ∂t «doué
de vie (soit-il) éternellement!».
L’épithète égyptienne «qui procure la joie dans Héliopolis depuis
qu’il est roi» est omise par Hermapion.
43
ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 141.
74 B. LAMBRECHT
pt, «le ciel». La formule égyptienne «son maître» fut dès lors tra-
duite par «le maître du ciel». Notons que l’erreur grecque pourrait aussi
être due à la traduction du pluriel par un singulier, «les maîtres du ciel»
ayant été rendu par «le maître du ciel». Les expressions étant consécuti-
ves, peut-être peut-on voir simplement dans la traduction grecque une
lecture rapide et simplifiée du texte égyptien.
Ωn oï qeoì
êtímjsan/êgénnjsan
Ωn oï qeoì êtímjsan
45
W. SEYFARTH, Ammiani Marcellini rerum gestarum libri qui supersunt, I (Biblio-
theca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Leipzig, 1978, p. 111.
46
M. MÜLLER, Zur Obeliskenübersetzung, p. 354, n. 1 (où le verbe est écrit êxén-
njsan).
78 B. LAMBRECHT
tifier l’original égyptien sur l’obélisque que pour les lignes d’in-
scriptions, d’autant plus que les légendes ne sont pas insérées dans le
texte grec sur les faces correspondantes. Ces légendes semblent donc
être réparties de façon arbitraire sur certaines faces et en début de certai-
nes lignes, et peut-être peut-on envisager une «redistribution» de co-
piste.
47
De la mise en parallèle de la traduction grecque avec l’original égyptien, il ressort
clairement que légei fait en effet partie du début de la traduction de l’obélisque (comme
le publient V. GARDTHAUSEN, Ammiani Marcellini Rerum gestarum libri qui supersunt, I
[Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana], Leipzig, 1874, p. 120
et ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 138), et non du titre qui introduit cette traduction,
comme cela apparaît dans C. CLARK, L. TRAUBE, Ammiani Marcellini Rerum gestarum
libri qui supersunt, I, Berlin, 1963 (1ère éd. 1910), p. 112; J. ROLFE, Ammianus Marcel-
linus, I (The Loeb Classical Library), Londres et Cambridge, 1950, p. 326; G. SABBAH,
Ammien Marcellin. Histoire, II (livres XVII-XIX), (Collection des Universités de France),
Paris, 1970, p. 49; W. SEYFARTH, Ammiani Marcellini rerum gestarum libri qui super-
sunt, I (Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana), Leipzig, 1978,
p. 110.
80 B. LAMBRECHT
dedÉrjmai soi
Légei
p¢san oîkouménjn
ÊJliov
Ωn ÊJliov file⁄
metà xar¢v
48
ERMAN, Die Obeliskenübersetzung, p. 156.
49
Thesaurus Graecae Linguae, II, 1954, col. 1823, s.v. âpróskopov.
50
K. SETHE, Bíov âpróskopov, dans Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Alter-
tumskunde, 52 (1915), p. 128-129.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 81
IV. Synthèse
51
J.-C. GRENIER donna à l’École Pratique des Hautes Études à Paris en 1990-1991 un
cycle de conférences sur les obélisques de Rome; pour un compte-rendu de ce séminaire
J.-C. GRENIER, Les obélisques de Rome, dans Annuaire de l’École Pratique des Hautes
Études. Section des Sciences Religieuses, 99 (1990-1991), p. 151.
82 B. LAMBRECHT
les deux textes a toutefois révélé que la version grecque, dans sa quasi-
totalité, traduisait incontestablement l’inscription hiéroglyphique, et que
le texte grec d’Hermapion ne se limitait pas aux formules protocolaires,
mais que certaines expressions rares et propres à l’obélisque étaient
même rendues très littéralement.
Des différences apparentes entre le texte grec et l’inscription hiérogly-
phique peuvent en réalité s’expliquer par une corruption du texte grec,
par des confusions de signes ou mauvaises coupures de mots, ou encore
par le désir du traducteur de livrer un texte grec lisible, en fondant par
exemple plusieurs expressions égyptiennes en une phrase grecque
continue (cfr face indéterminée, deuxième et troisième lignes, et face est,
première ligne). À trois reprises seulement, le texte grec diverge de
l’original hiéroglyphique, et l’on ne retrouve pas, à emplacement égal,
l’expression égyptienne qui pourrait être à l’origine de la traduction
d’Hermapion: face sud, deuxième ligne «kaì ktísav t®n loip®n
oîkouménjn»; face indéterminée, première ligne «˜ç polùn xrónon
hw±v êdwrßsanto qeoí»; face indéterminée, deuxième ligne «âneíka-
stov». D’autre part, alors que le texte grec, dans sa très grande majorité,
traduit l’inscription de l’obélisque, on remarque par contre que de nom-
breux titres royaux et formules égyptiennes n’apparaissent pas dans la
traduction d’Hermapion. Il semble dès lors que l’interprète n’a traduit de
l’inscription hiéroglyphique que les éléments qu’il reconnaissait ou qu’il
était capable de rendre en grec, et qu’il n’a pas identifié ou su traduire
les cartouches du deuxième pharaon mentionné en égyptien, à savoir
Séthy Ier.
dant que l’érection de cet obélisque unique fut un événement tout à fait
exceptionnel, souligné dans les inscriptions même du monument (l’ex-
pression tÌn w¨ty revient trois fois), et représenté entre autres sur de
nombreux scarabées commémoratifs54. Par ailleurs, alors que, sur des
obélisques «jumeaux» dressés de part et d’autre d’un pylône, les ins-
criptions sont généralement symétriques, les êtres animés regardant sur
chaque face vers l’entrée du temple, les inscriptions de l’obélisque du
Latran convergent vers le centre du fût, les deux colonnes latérales re-
gardant la colonne centrale55. Si l’obélisque flaminien fut un jour dressé
seul à Héliopolis, ce serait donc dès lors faute d’avoir eu le temps de
tailler son jumeau, et non parce qu’il fut conçu comme un obélisque uni-
que. Enfin, Kitchen envisage également qu’un fragment d’un obélisque
de Séthy Ier dans la carrière de Gebel Simaan (c’est-à-dire Gebel Gulab),
en face d’Assouan, pourrait appartenir au jumeau de l’obélisque de la
Piazza del Popolo. Mais cette carrière est une carrière de grès, alors que
l’obélisque flaminien est en granit56.
On ne peut toutefois pas exclure que l’obélisque qui formait une paire
avec celui de la Piazza del Popolo attende encore d’être découvert en
Égypte. Les récentes campagnes de recherche sous-marines menées à
Alexandrie à proximité du fort de Qaitbey par le Centre d’Études
Alexandrines et l’IFAO, dirigées par Jean-Yves Empereur, ont ramené à
la surface trois fragments d’obélisques inscrits au nom de Séthy Ier.
Deux sont taillés dans de la calcite et contiennent des représentations du
pharaon faisant des offrandes aux divinités d’Héliopolis (no inv. 2001+
2026 a-b et no inv. 2500)57. Ces fragments, compte tenu de leur matériau,
ne peuvent appartenir au jumeau de l’obélisque de la Piazza del Popolo,
taillé dans du granit. Le troisième fragment est en granit rouge d’As-
souan; sur deux faces, le pharaon est représenté en animal séthien, un
sphinx à tête de «tapir», et sur les deux autres faces, il est figuré en
sphinx à face humaine devant une divinité. De par sa taille, il est impos-
54
C. DESROCHES-NOBLECOURT, À propos de l’obélisque de Saint Jean de Latran et
d’un sanctuaire en vogue à Karnak à la fin de la XVIIIème dynastie. Nouveaux exemples
de scarabées commémoratifs de la XVIIIème dynastie, dans Annales du Service des Anti-
quités de l’Égypte, 50 (1950), p. 259-263, fig. 3.
55
R. ENGELBACH, The Direction of the Inscriptions on Obelisks, dans Annales du Ser-
vice des Antiquités de l’Égypte, 29 (1929), p. 25-30; J. YOYOTTE, À propos de l’obélisque
unique, dans Kêmi, 14 (1957), p. 81-82, fig. 1 et 2.
56
K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions. Translated and Annotated. Notes and Com-
ments, I. Ramesses I, Sethos I and Contemporaries, 1993, p. 97; ID., Ramesside Inscrip-
tions. Translated and Annotated. Notes and Comments, II. Ramesses II, Royal Inscrip-
tions, 1999, p. 332; Lexikon de Ägyptologie, V, 1984, col. 1279, s.v. Steinbruch.
57
J. LECLANT, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 1996-1997, dans Orien-
talia, 67 (1998), p. 319.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 85
sible que l’obélisque auquel ce fragment appartient soit celui que nous
recherchons58. Mais il est probable que d’autres fragments reposent en-
core dans les fonds marins d’Alexandrie, arrachés à leur site d’origine
pour embellir la nouvelle ville, ou stationnant dans le port dans l’attente
d’être embarqués vers Rome ou Constantinople59. Les fouilles de Rome
n’ont de leur côté jamais livré de traces d’un tel monument, qui par
ailleurs n’apparaît pas dans les sources classiques.
Mais le fait que le texte grec d’Hermapion soit très proche du texte
hiéroglyphique de l’obélisque, sans toutefois correspondre parfaitement,
permet-il de penser que la traduction s’applique à l’obélisque qui for-
mait avec lui une paire dans l’Antiquité? Différentes paires d’obélisques
sont parvenues jusqu’à nous, même si les obélisques jumeaux sont
aujourd’hui séparés. C’est le cas par exemple de l’obélisque de Louqsor
et de son compagnon à Paris, des «aiguilles de Cléopâtre», aujourd’hui
à Londres et à New York, ou des deux obélisques d’Hatchepsout à Kar-
nak, l’un in situ, l’autre fragmentaire couché près du lac sacré. La com-
paraison des inscriptions des obélisques de Ramsès II, de Paris et de
Louqsor, ne révèle pas de marquante similitude de contenu et de forme.
L’énoncé des titulatures, variant sur chaque face, ne se retrouve pas dans
la même disposition pour l’un et pour l’autre obélisque, et l’on ne peut
qu’observer quelques expressions semblables, ou idées récurrentes, pres-
que inévitables dans une telle abondance de formules. Seule la décora-
tion est similaire, le pyramidion étant laissé nu et la partie supérieure du
fût gravée d’une scène représentant Ramsès faisant des offrandes à
Amon-Ré. Par contre, les obélisques de Londres et de New York, aux
noms de Touthmosis III et Ramsès II, présentent non seulement une dé-
coration semblable, mais aussi des inscriptions très proches. Sur leurs
faces sud, et surtout pour la colonne centrale gravée par Touthmosis III,
des expressions quasiment identiques se répondent. Les colonnes centra-
les des trois autres faces n’offrent pas de parallèles évidents entre elles.
Les colonnes latérales, dues à Ramsès II, permettent quant à elles des
rapprochements frappants dans l’exposé des titres du pharaon. Sur la
paire d’obélisque d’Hatchepsout à Karnak, on observe également une
identité presque parfaite entre les inscriptions conservées et lisibles du
fragment couché près du lac, et de l’obélisque encore in situ. Ces trois
exemples ne permettent évidemment pas de tirer de conclusion sur le
contenu des inscriptions des obélisques jumeaux, mais on peut néan-
moins observer que, lorsque les inscriptions sont semblables (comme sur
58
J.-Y. EMPEREUR, Alexandrie redécouverte, Paris, 1998, p. 74-75, 79.
59
À propos de l’obélisque de Constantinople, abandonné sur les plages d’Alexandrie,
voir la lettre 59 de l’empereur Julien aux Alexandrins en 361 après J.-C.
86 B. LAMBRECHT
71
W. PEREMANS, Sur le bilinguisme dans l’Égypte des Lagides, dans Studia Paulo
Naster Oblata, II. Orientalia Antiqua (Orientalia Lovaniensia Analecta, 13), Louvain,
1982, p. 143-154.
72
W. PEREMANS, Le bilinguisme dans les relations gréco-égyptiennes sous les Lagides
dans Egypt and the Hellenistic World. International Colloquium Leuven, 24-26 mai 1982
(Studia Hellenistica, 27), Louvain, 1983, p. 263-280.
73
W. CLARYSSE, Egyptian Scribes writing Greek, dans Chronique d'Égypte, 68
(1993), p. 187.
74
J. QUAEGEBEUR, Le roman démotique et gréco-égyptien (Les civilisations orientales.
Grandes oeuvres, 22), Liège, 1987, p. 7.
75
W. PEREMANS, Le bilinguisme dans les relations gréco-égyptiennes sous les Lagides
dans Egypt and the Hellenistic World. International Colloquium Leuven, 24-26 mai 1982
(Studia Hellenistica, 27), Louvain, 1983, p. 263.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 89
solaire qui serait par bien des points le dieu d’Aurélien, l’amène à penser
qu’Hermapion aurait donné une «traduction» des textes de l’obélisque
du Circus Maximus gratifiante pour Aurélien à l’occasion de la copie
qu’il effectua pour que ces inscriptions soient reproduites sur l’obélisque
des Jardins de Salluste. La traduction d’Hermapion daterait donc selon
lui du règne d’Aurélien. Remarquons que même s’il est probable que la
copie des inscriptions sur l’obélisque des Jardins de Salluste et leur tra-
duction grecque par Hermapion sont deux opérations liées qui témoi-
gnent d’un même intérêt pour l’inscription de l’obélisque de la Piazza
del Popolo, rien ne permet cependant d’affirmer qu’elles sont contempo-
raines.
80
Étude réalisée à la Bibliothèque de l’Archiginnasio de Bologne, à l’occasion d’un
séjour au Collegio dei Fiamminghi, de novembre 1997 à juin 1998.
81
Entre autres A.R. BARRILE, Ammiano Marcellino. Istorie, I (Prosatori di Roma),
Bologne, s.d., p. 377 n. 12; J. ROLFE, Ammianus Marcellinus, I (The Loeb Classical
Library), Londres et Cambridge, 1950, p. 327 n. 6; J. MATTHEWS, The Roman Empire of
Ammianus, Londres, 1989, p. 462.
82
P.A. BARGAEUS, Commentarius de obelisco ad sanctiss. et beatiss. D.N.D. Syxtum
V. Pont. Max., Rome, 1586, p. 28-31.
83
A. ROCCHA, Bibliotheca apostolica vaticana, Rome, 1591, p. 20-21; A. KIRCHER,
Obeliscus Pamphilius, Rome, 1650, p. 149-151; D.J. MARSHAM, Canon chronicus
aegyptiacus, ebraicus, graecus et disquisitiones, Leipzig, 1676, p. 458-461.
92 B. LAMBRECHT
Ce n’est qu’en 1587 que l’on découvre, lors des fouilles du Circus
Maximus, les deux obélisques qui y avaient été jadis transportés, l’un par
Auguste, l’autre par Constance II. Le pape Sixte V ordonne leur restau-
ration et leur réérection. Celui de Constance est dressé en 1588 sur la
Place Saint Jean de Latran, et celui d’Auguste est érigé peu après, en
1589, devant la porte flaminienne, sur la Piazza del Popolo. Par la suite,
une dizaine d’obélisques furent redécouverts, restaurés et transportés en
divers endroits de Rome. Dès lors, les lecteurs d’Ammien Marcellin
peuvent entreprendre d’identifier l’obélisque concerné par la traduction
grecque d’Hermapion. Des deux obélisques exhumés au Circus Maxi-
mus, quel est le uetus obeliscus auquel fait allusion Ammien Marcellin?
Ce dernier ne précise ni le pharaon constructeur, ni l’empereur à l’initia-
tive duquel le monument fut transporté à Rome. Les commentateurs dis-
posent de renseignements complémentaires, mais totalement erronés,
fournis par Pline l’Ancien, qui prétend que «cet obélisque que le divin
Auguste fit dresser dans le Circus Maximus fut taillé par le roi Psemet-
nepserphreos, sous le règne duquel Pythagore séjourna en Égypte»
(N.H., XXXVI, 71). Ils peuvent également lire les inscriptions latines
apposées sur la base de chaque obélisque lors de leur arrivée à Rome,
l’une par Auguste (obélisque de la Piazza del Popolo)84, l’autre par
Constance II (obélisque du Latran). La seconde atteste l’origine thébaine
de l’obélisque du Latran85.
Certains, à la lecture de Pline, affirment qu’Ammien Marcellin dési-
gne l’obélisque amené par Constance et aujourd’hui dressé place Saint
Jean de Latran. Le qualificatif uetus se rapporterait à l’obélisque le plus
ancien en tant que monument égyptien. Ce «vieil» obélisque est l’œuvre
de Ramsès, comme on le lit dans la traduction d’Hermapion: il ne peut
dès lors correspondre à l’obélisque amené par Auguste, qui aurait été
taillé, selon Pline, par Psemetnepserphreos, contemporain de Pythagore
et donc postérieur à Ramsès. De plus, cet obélisque est l’objet principal
du récit d’Ammien Marcellin, qui ne mentionne que rapidement l’obélis-
que d’Auguste86. Mais d’autres, à la suite de Michele Mercati, sont con-
vaincus qu’Ammien Marcellin considère l’obélisque en tant que monu-
ment romain, et que uetus s’applique au premier monolithe amené dans
le Circus Maximus, c’est-à-dire celui transporté par Auguste et qui se
84
Corpus Inscriptionum Latinarum, VI, 701 = Inscriptiones Latinae Selectae, 91.
85
Corpus Inscriptionum Latinarum, VI, 1163 = Inscriptiones Latinae Selectae, 736.
86
Entre autres A. ROCCHA, Bibliotheca apostolica vaticana, Rome, 1591, p. 17;
D.J. MARSHAM, Canon chronicus aegyptiacus, ebraicus, graecus et disquisitiones, Leip-
zig, 1676, p. 457; M. GIBERT, Observations sur l’obélisque interprété par Hermapion,
dans Mémoires de littérature de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 35 (1770),
p. 69.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 93
89
J.F. CHAMPOLLION, Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, Paris,
1828, p. 186-224.
90
K.O. MÜLLER, Handbuch der Archäologie der Kunst, Stuttgart, 1878, p. 270-273.
91
L.M. UNGARELLI, Interpretatio obeliscorum urbis ad Gregorium XVI Pontificem
Maximum, I, Rome, 1842, p. 67-106.
L'OBÉLISQUE D'HERMAPION 95
92
O. MARUCCHI, Gli obelischi egiziani di Roma dans Bullettino della Commissione
archeologica comunale di Roma, 4e série, 24 (1896), p. 88, p. 145-173 et 250-259; ID.,
Gli obelischi di Roma, Rome, 1898, p. 53-54, pl. III et IV.