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MARIE - CHRISTINE HELLMANN

L'ARCHITECTURE
GRECQUE

2
Architecture religieuse et funéraire

Ouvragepublié avecle concours


du Centrenationaldu livre
~JW

Maquette: Odile Houis


--
--=
LE S MANU ELS D'ART ET D'A RCHÉOLOG IE ANTIQ UES

Collection dirigée par Gérard Nicolini

ISBN: 2-7084-0763-5
ISSN. 1264-1723
© 2006, Éditions A et J Picard
82, rue Bonaparte, 75006 Paris
Commercial@editions-picard.fr

egard
Som maire

Introduction 7 5. Les sanctuaires gre cs, dé finition et typologie __ 145 Les tomb es «m acé donienn es» - Les hypo gées à accès
Planches couleurs 9 7. Le sanctuairegrec,origineet localisation, 745 depui s le sol
Définitio n - Loca lisatio n 5. Tombeaux construits au niveau du sol et au-dessus, 3 08
2. Typologiedessanctuairesgrecs,755 Des création s monum entales - Le type du mausolée
l'RE~IIÈRE l'ARTIE
l; élément natu rel : niches, grott es et végétat ion - Les sanc-
L'archit ect ur e religieuse tua ires de taille modes te ou moye nne - Les gra nd s san c- 9. Les nécropoles __ 317
tuaires - Les sanctuaires de Dé méte r et Corè 7. Localisation et organisation spatiale, 377
1. Les temples grecs, redécouverte et définitio ns 18 2 . L'eau dans les nécro
p oles, 32 6
7. Une histoire du goût: la redécouverte, l'étude et la restauration 6. La délimitation et l'organisation spatiale
des sanctuaires 175 Abréviations bibliographiques _____ _ ___ 329
des temples grecs, 78
De l' Italie à la G rèce - Uétud e du temple d'Apo llon à 7. La délimitation:fermetureet ouverture,775 Repères chronologique s 333
Bassae , du X \ "I I I'" siècle à nos j our s - De perpétuelles Born es, barr ières et pér ibo les - Les entrées
déco uvertes 2. L'o1ganisationde l'espace,786 Cartes ___ _ _ _________ _ _ ___ 336
2. Le temple grecou des temples grecs ?, 28 La relation tem ple-autel - Où sont les axes ?
3. Axialité et symétrie, 796 Index 339
2. La naissance des temples grecs 35 En ma rche vers la plan ification ort hogo nale - Les sanc- 7. Textes et inscriptions,34 7
tua ires en terrasses 2 . Noms de personnes, de !'A ntiquité et des temps modernes, 347
7. La théorie du m éga ron , 3 6 4. Le cheminemen t : les voiessacrées,208 3. Noms de lieux, 342
2. La genèsedu temple periptére, 43
4. Glossaire indexé, 357
7. Les monum ents des sanctuai res 212
3. L'évolution des temples grecs 50
7. Lesportiques, à toutfaire, 2 72 Crédits photographique ~ ----- - -- - -- 357
7. L'époque archaïque, 50 Différentes fonctions des portiq ues - Le port ique
Les templ es-oikos - Les templ es péript ères - Les temples à d'incubation
banqu ettes - Pro po rtions et di visions particuli ères 2. Salles de banquets et locauxd'hébergement,278
2. l' époque classique, 73 3. Les monumentsvotifset commémora tifs, 232
Le can o n doriqu e - Les surviv ances archaïque s - Les Des co lonn es en to ut ge nre - Les exè dr es - Q uelques
réalisati ons athénie nn es : le Parth énon , le temple d'Athéna monum ents de victoire
Nik è et l'Ér ec hth eio n 4. Les bâtimentsd'initiation à des mystères,240
3. l 'époque hellénistique, 9 6 5. Les installations hydrauliques,249
Le petit form at - L'ère d es te mpl es ioniqu es el des temples Que ls types d'installations ? - Les sanctuaires les mieux
corinthi ens pourvus en ea u
4. l es transfertsde temples, 708
5. Les " trésors", des co.!Jres-forts en tout genre, 777 DEUX IÈME l'ARTIE
Des sort es de chap elles - Des fosses et des troncs à L'archi tec tur e fun érair e
offrand es

122 Quelle architecture pour quelles sépultures ? ______ 274


4. Les autels grecs
7. Importance des autels, 722 8. Tombes de héros , tombes de grands hommes 275
2. Les formes élémentaires, 727
3. Les autels ronds et les autels creux de type bothros, 728 7. Les cultes «héroïques", 2 75
4. Les autels quadrangulaires, 737 . 2. L'évolution de l 'hérôo n , 28 7
Le mod èle sim ple - Les aute ls de type ionien - Les dispo- 3 . Tumulu s et marqueursde tombes , 287
Socles, naïskoiet co lonn es - Tzmmli et tomb es circulaires
sitifs pour hécatomb es
4. Les grands monuments funérairessouterrains,292
5. Le décor des autels, 737
Les bordure s - Les aute ls à triglyphes

SOMMAIRE 5
4 SOMMAIRE
« I.Jarchitecture grecque est née
dans les sanctuaires et pour les sanctuaires».
Georges Roux,
dans Temples et sanctuaires,Lyon 1984, p. 153.

INTRODUCTION
Remerciements

Translittérations.
Abréviations.Légendes

Après un pr emier tome paru en 2002 et consacré , information , en plusieur s langues qui n'utili sent pa s
comm e il se deva it, aux « princip es de la construc- forcément les mêmes caractèr es, auginente d'a nnée
tion», le sujet de ce deuxième tome du manu el en année, tandis que sa diffusion devient de plu s en
· touchent à l'arch itectur e sont donn és, à la pr emi ère occ un ·ence, en grec et en
Les mo ts grecs qm _ _ . . __ d'Architecturegrecquedeman de quelques lignes d'ex pli- plu s malai sée, même par les canaux électroniques.
. - t·10n, avec un e traducti·on . Les autr es mots grecs sont en ge neral. s11np lemenl trans htteres,
trans 1Jttera _ en cation. U ne situation aussi difficile à maîtri ser ne doit pas
italique, de même que certai ns mots étr~g ers. Néa nm oins,_un term e an tique (ago ra, par ex. ) ou etran - Il paraissait a priori évident qu e les monument s condamn er a priori le princip e d'un manu el d'h istoire
ger passé dan s l'usage français courant n est pas _m is en 1tal1que. . _ . . des sanctua ires devaient être présentés en priorit é, de l'architectur e grecque antique. Au contraire, seul
Il n'existe pas de normes unanimement admi ses ~our la tran,shtte 1ati~ n d ~s m ots grecs, la soupl_es,s~ puisque les temples et tous les édifices installés à un livre imprimé , toujour s disponibl e et plu s facile à
règne. Pour le grec ancien, j e m'en suis donc ~en_u e ~ ce qui ma _paru etre I usage_ auto~r de_m 01, J ai proximité ou à l'entrée de sanctua ires (prop ylées, manier qu'un ordinateur, pourrait aider à mieux gérer
toutefois translittéré le kappa en C quand il s agit d un mot ti·ad1tionn ellem ent 01th ogi aph1e de celte autels, portiques ...) sont les marques les plus visib les et l'arr ivée continue de cette mas se d'informations et de
mani ère (exemple : Cnossos, Héraclès ), et en K, suiva nt l'usage grec el ang l_o-saxo n, _qu and le nom ou les plu s significatives de la civilisation et de l'art grecs, mieux s'y retrouver, en exposant les traits majeurs de
Je term e est moin s banal. Pour le grec mod ern e, il m 'a paru no rm al de cho 1s1r, co ntr ai rem en t aux habi - pour les archéologues comm e pour le grand public . cette architecture, rep lacés dans leur cadre socio-
tudes des biblioth écaires, un e translitt ération ph onétiqu e qui respecte l'iotac ism e, do nt l'a ncienn eté est Mais !'A ntiquit é se laisse mal diviser en catégories cultur el et leur évolution historique, depui s la fin du
bien établie. simpl es, elles ne sont pas séparées par des cloison s mond e mycé nien jusqu 'à la romanisation.
Sauf cas parti culiers qui sont préci sés, la tradu ction des tex tes anciens e_st _la mi enn e, a_~ rès co °:p a- étanches. I.Jarchitecture religieuse grecque s'avère En ex cluant le saupoudrage superficiel et interm i-
raison avec les trad uctions français es qui pourrai ent ex ister. Dans les textes ep 1grap h1ques, J a1 utilise les indi ssociab le de l'architectu re funéraire, et pas seule- nable, ne seront donc étudiés ou signa lés ici qu' un
signes critiques consacrés par une longu e traditi on: ment en raison de l'ex istence de temples-tombeaux, nombr e limité de bâtiments jug és «incontournab les»,
[...]: lacunes dans la pierre, texte éventu ellement restitué, tel le fameux Ma usolée d'Ha licarnass e, ou de ces parce qu'ils reflètent depui s longt emp s l'es sence de
(...) : additions ou correction s. m on um ent s fun éra ires qui reçoivent un cult e l'ar chitecture grecque. Et nous leur en avons adj oint
héro ïqu e. Au tota l, nomb reux sont les bâtiment s qui d'a utr es, souvent moins connus ou même nouvelle-
Les quelques abréviations emp loyées sont courant es el aisément co mpr éhens ib les. ressorte nt en m ême temps de ces deux domain es ment mis au jour , mais qui nou s semb lent tout aussi
En voici quelques-unes : toujours prêts à s'entrecroiser, celui de la religion et importants: soit qu 'ils témoignent de certaines parti-
EN S BA: Eco le nationale sup érieur e celui du funérair e, et les sanctuair es du monde grec cular ités ou du caractère région al de cette architec-
ASCS: American School of Classical Studi es
des Bea ux-A rts, Paris. ont en co mmun avec les nécro pol es de renfermer des ture, de sa diversité dans son unit é, soit qu'il s'agisse
BnF: Bibliothèque nationa le de Fran ce, Paris
aut els, des installation s hydrau liques, parfois mêm e de découvertes assez récentes qui donn ent de l'art
BSA: British School of Archaeo logy ex po .: ex position
des salles de banqu ets ou des exè dr es ... grec une autre vision que celle report ée d'un manue l
ca: circa,env iron ibid : dans le m ême ouvrage
Encore plus que pour mon précédent volume, la à l'autr e, par l'effet d'une sorte de pieuse tradition.
cat.: catalogue H.: hauteur
pr éparatio n de ce tome 2 ex igeai t de faire de s choix. Les monuments grecs - faut-il le rappel er - sont
cf.:comparer L.: longue ur
Voilà un bon mom ent qu 'il n'est plus pensab le de faits pour être regardés plutô t que pour être lus, et un
c. r.: compte rendu larg. : large ur
vo uloir inclur e dans un livre imprim é - fût-il en ouvrage d'a rchitecture doit être un e incitation à
coll. : collection max . : max imum
plusieurs volumes et, de plu s en plu s souv ent, collec- regard er. Si j'ai inévitabl em ent eu tendance à pri vilé-
DAI: Deutsches Archaologische s In stitut op. cit.: ouvrage cité gier les nombreux sites dont j' ava is un e expérience
tif - la totalité de l'information dont un chercheur ou
diam.: diam ètre prof.: profond eur personn elle, j'ai souvent aussi consu lté les collègues
un étudiant pourrait avoir besoin. D'une part , le
dim.: dimensions s. d . : san s d ate travaillant dans des lieux ou sur des sujets qui
nombr e des constructions qu'il faudrait théorique -
EFA: École française d'Athènes s. v.: sub verbo, renvo i à un e no tice ment prendr e en compt e ici peut être estimé à m' étaient moins familiers , pour éviter de fausser mes
EFR: École française de Rome Supp l. : Supp lément ana lyses.Je tiens en particu lier à rem ercier pour leurs
plusieurs milli ers, sans mêm e tenir compte de celles
trad. : tradu ction dont la fouille ou la publi cation n'e st pas assez avan- av is Bernard Ho ltzmann, Mad eleine Jost , Yvette
cée , et, d'autr e part, le nombr e des monograph ies ou Mori zo t, de l'Un iversité Paris X-Nanterre, et
Les légendes des figures sont toujours donn ées dan s le même ordr e : loc alit é, no m du m onum ent ; des article s qui les concern ent est tout aussi élevé. Marianne Hamiaux , du Mus ée du Louvre . Je suis
désignation de la figure; date s'il y a lieu. Ajouton s-y les rapports de fouilles provisoire s, en également très reconnaissant e à tous ceux qui m 'ont
général vite remis en cause; le poids de tout e cette confié des illustrations originales; on trouvera à la
Les dates avancées s'entende nt norma lem ent avant J -C., sauf dan s qu elqu es rar es cas où l'è re chré -
tienne sera mentionn ée.

7
6
analytique d'archit ect ur e du mond e grec», qui paraît
pag e des « crédits photographiques" , les noms. de
tous les deux ans dan s la Revue archéologique des PUF
plusieurs collègues et amis, auxquel s s aJ_out
_ece lm de
mon oncle Gérard Viliare, dont les cliches ava ient depuis 1992 (il est éga lem ent int errogeab le sou~
forme de base de donn ées cumulative, à l'adr esse :
déjà enrichi le tom e 1.
j'assum e les choix parfoi s délicats et même http: // web.mae.u -par islO.fr / bul larchi /) . Les rich es
doulour eux qu'il a fallu opére r parmi les co nstru c- fonds de p lusieurs biblioth èqu es spécia lisées ont été
tions et les sites, sachant que d'autr es archéo logu es les abondamment cons ult és, à commencer par ce ux de la
auraient pr éférés différents. De la même façon, les Ma iso n de l'a rch éo logi e et de l'ethno logie-René
lecteurs ne trouv ero nt pa s, dan s ma bibli ograp hie, la Ginouvès (CNRS -Pari s X -Nanterre), de ['Éco le
totalité des titres que j 'a i lus et dont ils aur aient sans normal e sup érieure (U lm ), de la Maison de l'O rient et
doute attendu la mention. Mais il était hors de ques - de la Méditerran ée j ea n Pouilloux (C RS -U niv ersité
tion d'aligner ici pour chaqu e templ e ou chaqu e Lyon II), de l'Institut national d'histoire de l'a rt
tombe la bibliogr aphi e exhaustive. Seu les la ou les (aiici~nnement biblioth èqu e Ja cqu es Doucet , Par is),
publication s qui me para issaie nt fond amental es des Ecoles fran ça ises d'Athènes et de Rome, et de
devai ent être donn ées dan s ce manu el, d'a utant que l'In stitut archéo logique allemand (DAI , Athènes el
bien souvent le renvo i à un gTos travail réce nt, qui Rome). Je remerci e tou s les directeurs de ces institu-
rassembl e tout e la bib liographie ant érieur e, me tions et les biblioth éca ires, qui m'ont toujours donné
dispensait de rappe ler celle-ci en déta il. L'essenti el les facilités nécessa ires et ont prêté l'ore ille à mes
était de mettre fin à des affirmation s aujourd'hui fréquentes demand es d'a chat.
dépa ssées et d'act uali ser les con naissances, sans Enfin , j'ai un e delle toute particu lière envers les
oublier que celles-ci se renouvellent constamment et éd itions Picard: Mme Pasini -Picard et son équipe , qui
que les pages écr ites dans ce tome 2, comme ce lles ont une fois de plus mis leur expé rience sans pareille
publi ées dan s le tome 1, ne peuvent rep résenter qu'un au service d' un e éd ition de qualité, et, bien sûr,
état des lieux au moment de l'impr ession du livre . Gérard ico lini , qui a toujours veillé à suivre et
encourager l'ava ncement de ce livr e.
À l'instar du tome I paru en 2002, la rédaction de Pl. 1. Olympie. façade est du temple d.Héra. Vers 590.

celui-ci repose pour une gra nd e part sur l'ex ploitation Marie -Christine H ELL~IANN
approfondi e des titres résum és dan s le « Bulletin CNRS. Ui\ l R « Archéologies cl Sciences de l'Antiquilé•,
Université de Paris X-Nanterre

Pl. Il. Poséidonia. temple de Poséidon. Vue latérale. Deuxième quart du v• siècle.

8 9
IJARCHITECTUREGRECQUE
Pl. Ill. Sélinonte, temple E d'Héra. Vers 460
Pl. V Athènes, Parthénon. Angle interne de l'entablement.

Pl. VI. Athènes. Acropole. La face ouest de l' Érechtheion,


Pl. IV Naxos, sanctuaire de Déméter à Sangri. Façade du « Télestèrion » archaïque restauré .
avec l'angle du baldaquin des caryatides et la colonnade nord du Parthénon.

70 77
Pl. VII. Rhamnonte , les colonnes inachevées du temple classique de Némésis,
à côté du mur en appareil polygonal du temple de Thémis .

Pl. IX. Éphèse, Artémision hellénistique. Tambours de colonnes


remontés.

Pl. X. Delphes, Colonne des Naxiens. Élévation restaurée. Vers


570-560. Envoi de Rome d'A . Tournaire.

Pl. VIII. Priène, temple d'.Athéna. Colonnes de la péristasis

72 73
Pl. XIV. Didymes, Apollonion hellénistique. Bases de colonnes du pronaos.

Pl. XI. Pergame. Grand autel. Deuxième quart du 11• siècle. Pl. XII. Tènos. maquene du sanctuaire de Poséidon et d'.Amphitrite.

Pl. XV. Cyrène, nécropole nord. Tombes rupest res à façade dorique.
Pl. XIII. Lindos. restauration de l'acropole. Envoi de Rome de P Domenc.

74 75
p R E M È R E p A R T E

Architecture
Pl. XVI. Rhodes. necropo1e
de Rhod1ni La façad e
d' entree a demi-colonnes appliquees
d d s p olemees • s,ecle
de la tombe ,te e
religieuse

Deuxième mo1t1édu iv" siècle.


mnonte, nécropole. Soubassement du monument funéraire de 0,oge1ton
Pl. XVII. Rha

74

76
Chapitre 1. Les temples grecs, redé-
couverte et définitions

artistes europ ée ns ont donc pu admirer les formes


des templ es de Pa estum , d'Agrigente, de Ségeste
de Sélin ont e ... et long er ce qu 'on appe lait alorsà
Syrac use le « templ e d e Minerv e» , cet Athénaion Fig. 2. Ath ènes, la porte de l'ago ra romaine. D'après J.-D . Le Roy, Fig. 3. Némée, ruine s du temple de Zeus. D'après R. Chandler et al,
Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce..., 1770 2• éd., vol. 2, lonian Antiquities ...11,1797. chap. V, pl. XV.
doriqu e du ve siècle, incorpor é dans le Duomo pl. 4.
(fig. l ). Certes, comm e leurs successeu rs du XIX'
siècle, ils o nt aus si remarqu é des restes de
muraill es ou d e th éâ tres, dessiné des tombeaux
mai s, partout, les templ es ont retenu leur atten'. montrent bien à quel point il demeure im prégné
tia n en pri orit é. Leur caract ère monumental des vieilles théories esthétiques accordant un e
vo ulu par les cités gr ecqu es et leur s constructeu~ importance primordiale au pa ysage (fig. 2).
pour en faire les symb oles pr estigieux et durables Même s'i l vise lui aussi à établir un modèle grec4,
de la pui ssa nce de la cité (1t611. tç, polis), n'est pas il sera inévitablement l'o bjet de critiqu es de la
seul en ca use. Avant tout, les architectes en part de deux confrères anglais qui, à la même
voy age retro uva ient là des décor s et des éléments époqu e, ont chois i de faire des rel evés aussi pr éc is
d' ar chit ec tur e qu ' ils connai ssaient, transformés, qu e systé matique s, pour définir un modèl e repro -
d ans les gra nd s édifi ces rom ains, ainsi que dans ductibl e ju squ e dans les détails des modénatures:
les réali sations de la Renai ssan ce et de l'architec- le peintre J ames Stua rt et l'architecte Nicholas
tur e néo -class iqu e . En s' impr égn ant de ces modè- Reve tt, envoyés en 1751 à Athènes par l'a ristocra-
les - qu 'ils ne di stingu aient pas encore des cons- tique Society of Dilettanti , créée à Londre s en
tru ctio ns ro m aines -, ils pouv aient alors espérer 1734 pour l'encouragement des bea ux-arts. Les
Fig. 1. Syracuse, temple dorique
d'Athéna. Colonnes et fr ise de crée r leur p ro pr e sty le et dev enir , à leur retour quatre magnifiqu es volumes des Antiquities of
métopes -tr iglyphes intégrées dans
la cathédrale.
1. Unehistoiredu goût: d an s le ur p ays, d es a rchit ectes renommés. AthensMeasuredand Delineared,paru s à Londr es de
Lor squ ' il relève les restes de couleurs sur les 1762 à 18165 , font la part belle aux temp les,
la redécouverte,
l'étudeet la templ es d e Sicile, Jak ob lgn az Hittorff est très surtout le tro isième, qui donn e des dessins d'a r-
clair sur ce po int: « Le principal but de mes chitecture doriqu e propres à l'imit ation et const i-
restaurationdes templesgrecs étud es, qu 'e lles eusse nt pour obj et les monuments tue un véritab le rése rvoir de motifs déco ratifs. Ce
antiqu es ou m odern es, a toujour s été de chercher vaste travail descriptif finit par dépasser le cadr e
4. F. POUSIN, L'architecture mise en
d es élé me nts à m e servir avec utilité dans la de !'A ttiqu e puisqu e d'autres archit ec tes reprodui -
De l'Italie à la Grèce scène,Essai sur la représentationdu
1
ca rri ère pr atiqu e de l'a rchitectur e » • sent à leur tour, dans la foulée, les monuments de modèlegrecau XVlll ' siècle,Pari s 1995.
Au XV I 11e siècle, les repr ése ntation s dites pitto- l'As ie Mineure, du reste de la Grèce {fig. 3), ou, à 5. Trad u ction française d e 1808 à
C'est seulement à partir de notre XVI 11° siècle, 1822, p endant q ue paraît The
resqu es, où les ruin es vues en perspective sont nouv ea u, de Grande-Grèce et de Sicile6. Les
lorsque !'Antiqu ité est perçue comm e un Âge d'o r UneditedAntiquities of At/,ens,
simpl e m e nt in sé rées dan s un pa ysage, sont co nsé qu enc es en sont toujour s visible s en Comprisingthe ArchitecturalRemainsof
qu'il convient d'imiter en tou s points , qu e des
enco re pr édo min antes, même si la démarche de Ang lete rr e comme en France ou en Allemagne: Eleusis, Rhamnus,Sunium and
architectes commencèrent à vouloir ob serve r de Thoricus,Londre s 1817.
G abri el Dum ont , ve nu à Paestum en 1750 en si les copies plus ou moins fidèl es du petit
près les temp les des anci ens Gr ecs, san s se 6. R. CHANDLER,N. REVETI et al.,
Monum ent de Lysicrate (fig. 4) se sont multi -
contenter de la lectur e du De architectura de co mp agni e de J. Germain Souffiot, n'a rien de /011ianA11tiq11ities!-V, Londr es 1769-
L Hittorff(7792-7867),un architect
e du pliées, les prop ylées, dont la façade rapp elle un 1797; (Co llectif) The Antiquitiesof
Vitruve. Mais, jusqu 'à la gu erre d' Ind épendan ce co mmun avec le coup de crayon si dramatique
XJX'siècle
, cat. ex po. Paris 1986, templ e dorique {fig. 5), et en généra l les citations Atlzensand OthersPlacesin Greece,
p. 319-323. qui se termina par la constitution d' un état gr ec, d'un Piran èse ; sa publi cation des trois templesdu Sicily, etc., Supplementary to the
de templ es (une porte, des colonnes, un fron -
2. j. G. SOUFFLOT,Suite deplans, en 1830, les expéd itions en Orient restèrent un e site, sur d es planch es en géom étral, est déjà Antiquities of Athens by Stuart and
ton ...), se rencontrent à peu près partout7 , parfois Revett, Londres 1830.
coupes,profils,élévations géométrales
el aventure rare et difficile. Le voyag e cu ltur el pr esqu e rigour euse 2 . En 1758, lorsque Juhen-
perspectivesde troistemplesantiques,tels même avec le puissant galbe des co lonn es remar - 7. D. WIEBENSON, Sourcesof Greek
posait nett ement moins de probl èmes en Italie du David Le Ro y livr e 3 ses Ruines des plus beaux Fig . 4. Athènes, Monument de Lysicrate, élevé en 335-334.
qu'ilsexistaienten 7750dansla bour- qu é très tôt dans la« Basilique » de Paestum 8 . RevivalArchitecture,Londre s 1969.
gadePoesto ..., Paris 1764. Sud et en Sicile, où les multipl es temples élevés monuments de /.a Grèce,il veut présenter les carac-
Bien que les co lonnes ioniqu es ou cor inthi en- 8. 0. MERTENS,Zur Enlstehung d er
3. Nouve lle éd ition traduite et par les colons grecs éta ient pour la plupart mi eux tères des édifi ce s dans le but de comprendre Entas is griechischer Sau len, Bat!tron,
nes puiss ent être elles aussi des sources d'inspira -
comme ntée: J.-D. LE ROY, TheRuins l'é volution historiqu e de l'architecture, mais ses FestscliriflH. Drerup,Saarbrücken
accessib les et avantageusement conserv és. Au tion pour no s architectes, il apparaît clair ement, 1988, p. 307-3 18; H ELLMANN 2002,
of theMostBeautiful Monuments of
Greece,intr. by R. Middleton, tran si. siècle des Lumières, qu'ils fussent ou non mem - planch es de relevés sont moins nombreuses que dès la redéco uverte des temples gr ecs, qu e l'o rdr e p. 186- 188.
by D. Britt, Los Angele s 2004. bre s de l'Académ ie de France à Rome , bien des ce lles régies par un dispositif scénograp hique, qui

1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉFINITIONS 79


78 AR CHITECTURE RELIGIEUSE
H é phaisteion, ou enco re la colo d
-~ • . nna e de B le ch emin 1°, et sur tout po ur exc iter des convo iti-
pa1 ois ap res avo ir parco uru l'Italie d _assae,
surtout rete nu le te m p le d'it « d e ' Neonttuils ont ses . Ca r si un gro up e d'amo ur eux sin cè res d e l'a rt
. et d u géni e grecs s'in stalla d an s le sec teur p end ant
Pa es tu m (pl. II ), et ce ux d'A .· P ne» a
Séges te . guge nte ou de les ann ées 1811-1812, ce n 'éta it p as seul em ent
p our en releve r tou s les r estes dan s d es carn ets
. Ce goût marq ué po ur le templ e do.· 1 scrupul eusem ent tenu s 14, on voulait au ssi en sou s-
s1qu e ·d - - nque cas-
' cons , ere comme la quintessence du . . tra ire d es bl ocs sculpt és pour enri chir les co llec-
ni-ec, cu Imm

·
e ra vers la fin d u X IXe •· 1 1 geme
1 A lI s1ec e, orsque tion s occi d ent ales (de m êm e qu e les sculptur es
tes d e mand s auront pub lié sans ie .
. tar d 1es resul- orn an t le te mpl e d'A ph aia à Égin e furent alors
a ts e le ur s fructu e uses foui lles d'0 l . ac qui ses p ar le prin ce d e Bavière). À la déc harge
pendant les qu e lles l'é tud e des temp les d Zeymp1e , d e ces «a ntiqu aires» qu 'éta ient C arl H aller vo n
d 'H ' · - - - euset
. e 1~ avait e te confiée à Wilhelm Dorpfeld H alle rstein , Ot to vo n Stack elb erg, C h arl es-
Bie n su~•-ava nt lui , d 'a utr es d essinateur s ou archi R ob ert Cocke rell et leur s compagn on s, il faut
tec tes s e lai e nl d éjà pen chés sur les restes du rapp ele r qu e tout es ces fouill es étaient effec tuées
~emple d e Zeus, les mi eux armés pour le mesurer à leur s frais et qu 'ils av aien t b esoin de qu elqu es
eMtai1t. - les m e mbr es d e l'Expe' d'ti' 1 on française. de sour ces d e revenu s, qu and le m écén at n' y suffisait ~i',•.

. 01 ee, sur p lace e n 1829. Mai s son dégagement p as. Les m on ogra phi es qui suivir ent ont égale- ~":~~~;;;~.·-,f/11::-ti'°{§e
'C:,- ::_~:"_'.i~;;.;;~~)7:'~
' esl_a mco mpl e t ju squ 'a ux gi·andes campagnes de m en t un e fon ction autant alim ent aire qu 'a rti s-
,i;,f
$-~ _:-;~;:,rf'-",,; ·.·
fo uill. es a lle. m. a nd es o uv e rtes en 1875, qu1 . ont tiqu e, un p oint d e vu e qui est très p erceptibl e
aussi a 6o uli _a la d éco uv e rte du te mpl e d'Héra, un
d es p_Iusa nc ie n s d e Grèce, maill on essentiel d'une
?1sto 1r~ de l'~r_c~itecture gi·ecqu e10 (infra,p. 56-
d an s l'o uvrage gra nd in folio publi é p ar le p eintr e
Stac kelberg en 1826, Der Apollotempel zu Bassaein
Arcadien,qu i sac rifie toujour s aux im ages d e style
p .L.:3::::
~1tr1i l~,
Fig . 6. Olympie, temple de Zeus.
:i8). C est prec1semenl à Olympie que Déirpfeld pi tto resq ue, alors que l'o uvrage tardi ve m ent livr é
Les ruines vues de l'est, avec la
JeLme débutant, se forma à l'a nal yse rigoureus~ p ar Coc kere ll sur le m êm e sujet 15 montr e d es mosaïque hellénistique dans l'en-
des ves tiges architecturaux, ca r ces fouilles d'en- sou cis plu s m odern es : apr ès le d écès pr ém atu ré, trée et une colonne remontée à
n er le templ e de Bassae en 1819, dan s le m êm e l'angle nord -ouest.
vergure, qui réunirent un gi·and nombr e d'archi- en G rèce, d e H aller, archit ecte co mm e lui et p eu
espri t de recu eil et d'inve nt aire de s form es qu e
tectes
. et d 'a' 1-c h eo
· 1ogues, se vo ulaient scienti- ava re d e minu tieux d essin s ann otés, il utilisa un
Stuart et R eve tt (fig. 7), mai s en tenant compt e
fiqu, es _· e lle s n ' o nt pa s se u le m ent per mis d e ses ca rn ets en y ajoutant d es vu es r estaur ées en
d es tra vau x de ses pr éd écesse urs et en cherchant
d ha ppliqu e r à grande éc h elle la m éthode strntigra- éléva tion et en coup e . S' il est assez compl et, l'e n-
toujour s d es parall èles d an s les temples attiqu es et
sembl e du d oss ier reste tout d e m êm e subj ectif et
P iqu_e,e lles o nt en co re vu la mi se au po int d'une p éloponn ésien s 16. Pui s, ce fut le tour de la section
tec_hrnqu_e pr éc ise d e re levés e l d 'é tud e des blocs, p eu m ét ho diqu e, pui squ e Coc kerell n'a p as h ésité
d ' archit ec tur e d e ]'Exp édition scientifiqu e de
à p arfo is co rri ge r , selon ses pr éfé ren ces, les Mo rée, m enée par Abel Blou et. Cett e fois, il n'e st
9~1- a fait d e l'o uvrage sign é par Di:irpfeld une
refe re . nce durable. e n mal.!e . - re d e monographie nomb re ux cro qui s très pr éc is de H aller. plu s qu estion d e voy ages d' arti stes, la rech erch e
D an s le sillage d e cette assoc iation dirigée p ar
~rch1tect ur a le11_A p a rtir d e là, le temp le de Zeus de m od èles d éco ratif s p asse au second p lan et
H aller, c'est T h om as. L. D onald son qui vin t d essi-
a Olympie (fig. 6) fut in év ita ble m e nt rega rdé par
les ge· n e- i.a tio · n s su ccess iv es d 'a rch éo logues
co mm. e le te mp Ie d o nqu . e can o niqu e le plus
p arfa it re pr ése ntant d e so n espèce1 2_ '

L'étu d e du temple d'Apollon à Bassae


du XVI IIe " 1e a
siec , nos jours '
-9-r-•,i}:<t;
.
13. Liste non exhaustive des voya-
Fig 5. W Déirpfeld · Mê m e si la publi cat ion d 'O ly mpi e est to ujours geurs et savants dans K. T ZORTLI,
lavis. · ' proiet de propylon à l'ant ique . Encre, unl' m od èle du ge nr e, avec ses plan ches grand in The temple of ApolloEpiko11rios , A Jo11r·
fi0 lO d e ph otogrn phi es et d e d ess ins à éche lles 11ey thro11
gh lime and space,Athènes
2000; voir surtout U. PANNUT I, i l
sta
d nd .ardi sées , 1·1 11,e n d e m e ur e pa s moi ns que tempiodi ApolloEpiko11rios a Bassai
epu: s le XV III e siècle les rai so ns co mme les (Phigalia),Memoriedella Accademia
mani_eres d' é tud·1e r e t d ' a na 1yse r les te mp les grecs Nazionaledei Lincei,vol. XV I, 8,
~-. V~!ir l'an alyse de la notion d'a 'C Rome 1971.
ont evo lué .
, . iq ue e ul le ur p re·r·
d.1ss1quc, en archiLcc Lurc co rnm cg: dor
dan s Je::, _,u1Lrcs arL'i, dan s le ca l erence Il -t· . 14. G . Roux, Karl Haller von
1 emerge nce d'u n . . 61 . par ic1pe alor s à Le cas du temp le d 'Apo llon Ép ikou rios (le Ha/lerstein, le temple de Bassae,
<:xpo.Di e 1;riec/1i.1 cl,e l<lawk, Ide~oder ven la e m th d
Wtrkl,cl,keil, M:, ye n ce ~00 ~. g rec : da ns l'espr,·l
·
d u x ixc s1..ecly e · u· temp le «. Seco urab . le " ) a- Bassae pres - de P h iga lie est un e Strasbourg 1976.
I(). ()fytt1jii
e ~()()I, p. 1:1 7•1. a uslérilé vont d e pa· . e, ou rigueur et 111ustrat
_ 1on exe mp l · .
a 11e e ces c h an gements. De sa
d 15. C. R. CocKERELL, The Temples of
SIJrlOIII
1r avec rat ion i- . Jupiter Pa11helleni11sal Aeginaa11dof
1__1. W. _l li11t1•1-1
-.1.11d:in s Oly 111J1
ia, /Jie cc mon um en l idéal . . . a isme et pu reté, red eco uve rte e n 1~ 155 d ans 1a so litud e mo nta- ApolloEpicuriusal Bassae11earPhigalia
- . ne saura it et re qu d .
l .rJ?'ln1111I'der lJfm t/1:111deul\d1e11H · ; pc n pt è rc, avec les . e on qu e et gne_use d e l'Arcadie, a lors que se ul Pausan ias en in Arcadia, Londr es 1860.
1}{ , l l l,
'ft111\tlll!l'! t11A11v:mhun 14 /Ji; 1c.1 ,. . . 1 proporlio ns ado t ·
V s1cc c, celui d e l'âge cl .. · avait parl é, avec admi ration (PériégèseVIII 41 16. Voir The A11liq11iliesof Atheus and
llr11u , H,-1lin /8(U11
/1•11li111iiln J ,1 ,-1 ass1c1ue· co 1nmP ees
'J
' au 7· 9 ), ne té moigne n t p lus qu e tro is dess ins de, l'ar'. 0t hers Places in Greece,Sicily, etc. (op.
ttllJ V, J' cas pour les. c· d',f",ces exa min és ' e c est le
cil. note 6), Londr es 1830, p. 3- 18,
12. Vo11J>· 7,1 7.0, JHHII l:1 1l11l i,,11 d1· les a rch itcc lcs d e . . ..
.. pa ssage en C rè
· par presq ue tous
li
c. 111 . frança· is J oac h.1111
. tec te Boc h e r : u n pla n et d eux Fig. 7. Bassae, temple classique d'Apollon Épikourios. Vue générale des ruines . Dessin Th. L. Donaldson avec 10 planches.
" { iUlfl/1 ",
e ffe t priv ilég ié le p. li _ ce. s ont en elevat
. 1o ns resta u 1•e·es. C o mm e l' e-d 1·fi1ce eta
. it plu tôt dans The Antiquities and Others Places in Greece ... 1830, pl. 5.
ar i e no n, le T h ése io n- b ien conse rvé , ce Ia su ffi1t p our en faire co nn aître

21
(J 1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉFINITIONS
AH ' 111'1'1-:
C l'UHI• : IU-:Ll G IEU SE
Fig. 9. Bassae. temp le classique
d'Apollon Épikourios. Façade princi -
pale restaurée. Envoi de Rome de
D. Lebouteu x, 1853.

(, ·t'

1 1 ., 111

J'

enco eae
r e lrnt. ~ -~ le pr; ae raérarion el d'étude d' un tem ple ant ique éta it déj à à pe u près té s'était préocc upée de reco nstruir e les monu-
r1F-: - f 1miere: - ruqne- ae transformer le codifié: avant les dessins cotés de quelqu es blocs m ents de !'Acro pole d'Athènes, en comm ençant
~~e: '1e - c,.Jlaen p~ . .ne Blouet.lui, sélectionnés, il fallait en livre r un plan, des coupes par le petit templ e d'At héna Nikè (en 1835 -1836),
"1alt "'Ticr,reloin de po ·ou-ù.ffranchir de la et des élévations, da ns l' « état actue l » de la rui ne po ur des raisons ava n t tout idéo logiqu es : il
tradition
f
et~ autontés ::,r::,rl'<WT,•~=
~U-•~=•

. eme S
'il puis dans son « état resta uré» - no us dir ions co nve nait, pensai t-on , de débarrasse r ce h aut lieu
na rde-..é dam la ulla de Ba=e aucun éœule- plutôt, auj ourd'hui, restitué, car ce n'éta it qu'un e du gé nie et de la beauté anti ques de ses additi ons
m"'Tit P'1 r les e-<1UX de plme. il a restirué un proposition sur le papier-, avec un comme ntaire postérie ur es, ju gées ba rb ares et déca dentes, p our
tem~le d'Apollon aussi hypethre que ré lait celui justificatif. Il arrivait que les deux états, celui de la lui re ndre son splendid e état classiqu e 22. Quand
d,: Stackelbe rg et que le sero nt ce ux dessinés en ruine et ce lui de la restitutio n, figurent sur la P. Kavva dias vou lut éte ndr e les restaur ations au-
,,1•11,11;, · , Christi
-an H ansen,
_ par un architecte dan o 15
1/Hf, méme planc he, mais ils étaient alors clairement de là d'A thènes et de !'A ttiqu e, le choix du templ e
I JI· llf, ~ v,111 ~ (,ff u ,~ 'fll(; o.tir,n ~ ~urtr,ut 1· pui s par le Françai s Lebouteux en 1853 alors différenc iés par des couleurs appropriées. Après d'Apo llon à Bassae s'imp osa de lui-mêm e. Non
",;•( (fllr/ r, Il( • ",1•111filf•111 pl11
~ ~llf:r(; ~(; 'rn ~(;r j/ (;: ~u '!I est maintenant établi que la cons~ctio n avo ir été approfondi e et quas i nor malisée pa r seulement il éta it attribu é au même archit ec te qu e
d~f(I(Il~ • d ' ;1,1r1r,111N1•,,~1111 mpli1·r1: qui régna/t alo; s c~it uniformément couverte d'un plafond en W. Dërpfe ld, cette méthode reste aujou rd' hu i le Part hénon, Ictinos, mais, co mm e la p éristasis
,_,.,,,~ 11,,,1111 -11<11•1: , 1111,<11,,-... 1, .. s·1 , . _, 1
~ er:re ~ caissons. En cette périod e 1830- 1835, valab le dans ses pr inc ipes, même si, au sein des était presq ue enti ère ment debout et qu'un grand
1 n , ll "' · ' 1ùl(;nuu(; de la 1idee d u.ne pol yc hr omie généralisée des temples
Jili,Y'.l111,1,d1· dt·s !t·rnpleN a prin cipa l ·ment foca- monographies arc hitectu rales de la fin du nom bre de blocs gisaient ép ars à l'intér ieur , il
lI~( 1il tl t' 11tl1111t·11tn· lt:s a 111l(, ·s 182.5 cl 1880' H 1 grecS, qui vena it tout juste d'être lancée par Jakob xx• siècle, le comme ntaire s'est considérab lemen t suffi sait de re m on ter les qu elqu es co lonn es
lttll l'Nl qu e de pui s le d ébut ·'u XIX" .. ' le I._ Hittorff
. , rencon t ra il
· d e tout e façon une forte allongé, à côté d' un catalogue des blocs (en manq uantes et, sur tout, de réasse mbl er sur un e
' , u Siec e res1stan ce N' t •
Jusqu aux ll ll11ées l!J~O au Lill 1· . · aya n guere remarqu é de co uleurs de ssins et en clichés photographiq ues) deve nu certa ine ha uteur les mur s de la cella, avec ses
, • ivre, aucun article
tra 1tll11tcl LIil lem1Jle o-r 'C ne p . sur les fragme n ts d e Bassae (co n trair ement à autant que possible exhaustif, car il est à prése nt colonn es engagées, pour obte nir un ensemble
17' 1r1/1é~l(ll1111 ' tfp Alu,t,. II . , • , o ouva1l se perm ettre
·" iP11fiJi,i" 1 H aller qu·1 ·t d -- sous -tendu pai· l'éventualité d'une restauration aussi symbo lique qu 'imp osan t (fig. 10). À ce tte
1111ls IIU .I. /1· ,r,el suiv.. pl. 1 11:IO. \ (·v,tt I h ypoth èse d ' un e ouve rtur e ce ntral e ' vi es p1eces fraîch em ent so rties de
\/11/1aussi F. L. L t 1c111u-; 111, Lille c u11s e to,t ; l'exe rcice para issa it aussi nécessa ire t: rre),, Blou et et ses co llaborat eurs se so nt conten- concrète, sinon d'une reconstructio n, qui suppose date, l'e mpirisme et l'imp rov isation du XIXe siècle
111r hru l11gie philh ellè 11e : les relevés
qu e les d iscussion s sur ce suJ·et furent . tes d un e re st aurati on très discrète m ent co lor ée une analyse spéciale par un groupe d'ex perts . ava ient progress ive ment fait place à un e théo rie
t~1
~rhiter tur aux de /'ex péditiun scicn- . •, .,,, p . d ' pa ss1on- sur les moulur es. '
1ue de ~lurfr ( IH~!J- 18:ltt). La
t1!1< 11ees . . arl 1e un e inl erpr élali on très discutabl Pendant toute la seconde moitié du de la res taur atio n et à des techniqu es plu s réflé-
Grèce Cl/ révulte. cal. expu . par J. Stuart, d 'un pa ssage d e Vitruve (; • Qu a nd Denis Lebout eux choi sit ce temp le x1x• siècle, les Envois de Rome et que lques chies, qui avaient été appliqu ées en pr emi er lieu
Burdeaux/ /laris. l!HHi,/J· i.o-HI. pour son « Envoi de Ron1e », 1·1vou 1a1·t
d. accomplir
Arclutec/ura Ill, 2, 8: l' hypèthr e est consid éré i/ travaux du même genre furent effectués en se lors de la reco nstru ctio n du Tréso r des Athéniens 22 . f. M ALLOUCHOU
-TUFANO, The
1 se • Restoration of AncientMonumentsin
18. 1I EIU l 1\ NN ~0 0 ~, p. ~~!! -~:JO. co mm e une vé ritab le ca tégo rie de t 1 istingu er des autres architectes de l'Aca démie à De lph es, entre 1903 et 1906. En plus de la
d' ) . emp es, parmi pliant aux mêmes méthodes et, en gé néra l, aux Greece(7834-7939), The Workof the
19. M .-C I,. J-I El.1.~11\NN , Les o u vert u- de France qu·1 , .. •
autr es , el fond ée sur des raisons d' esth éti ue • ' , n e s etaie nt pas encore aventurés même s a priori. Victime de son isolement géogra - distinctio n des nouve lles pierr es ajout ées et de la Archaeological Society at Athe11S
and the
re s d es lui ts, ou retour sur le te mp le
co mm e de « sentim ent » l'id e· e q au-dela de I Attique ou de l'île d'É . M . ·1 phique et de quelques particu larités déro utantes réve rsibil ité de l'opérat ion, un des pr in cip es Greek Archaeological Service[en grec ,
hypèlhr e, HA W!.1
3, p. 73-Y0. ,.. _ . . _ '. qu e Ies temple s visait P 1 . gme. ais I ne avec résumé angl.j, Athène s 1998,
g1 ecs ava ient un unpeneux b . d' as e moms du d • (infra,p. 79), le temp le classique de Bassae semb le fond ament aux de ce qu 'on appe lle déso rm ais
20. H ELl.~11\ NN ~00 2 , p. :JO/. .. . _ . esom un 1arge tr il . . mon e a produir e un p . 26 et sui v.
ecla11age par le haut eut un succès dont l'ampl eur ava ongina l Accom - d' l'« anasty lose » est la remise des blocs errant s à
2L_Pa,·1s-Home-Atl,è11es, le vuyageeu • ·1 · pagne un bref m émo ire toutefo is avo ir été un pe u dé laissé, ju squ'à ce que 23. Pour la distin ction exacte e ntre
G,ecedes ardutectesfrançais aux xu ,('el peut .surp rendre auJiourd' hui · A.. l' epoq- ou , paraphra se ses pr édécesseurs son d . la Soc iété archéo logiq ue grec qu e décidât des leur place exacte, ce qui supp ose d'en faire reconst ructio n, restauratio n et ana ·
siècles.ca l. ex po. Paris 19 82
ue contem- c ti , oss 1er ne
KI' po..ra_ me • où les ·
. , «se nt ime n ts » insp ire n t la on ent que neuf planches sobrement a uar ellées fouilles co mpl émenta ires en 1902, liées à un pro- d'a bord un inve ntaire compl et, débouchant sur stylose , cette d ern ière inspirant la
p. 224-229. ' C h arte de Ven ise, vo ir H . SCHMIDT,
mefiance et ou I obs ervation autant que po ssible et,_ sans surpnse, acquises à l'hypéthrieq (fig 9)21 gra m me de resta urat ion éta lé sur p lu sieur s leur identificatio n 23. Il n 'e mp êche : réalisée sans Wiederaufbau,Stutlgart 1993, sur tout
Des la seconde moitié du xvme .. 1 I' . . . cette étude pr éa lable, la restaurat ion pai·tielle du p. 39.
siec e, exerc ice années, ju squ'en 1908. Dès sa fond atio n , la Soc ié-

ARCHIT ECTURE RELI GIE USE


1. L ES TEMP LES GRECS , REDÉ COUVERTE ET DÉFINITIONS 23
consult és sur les pi erres dété rior ées et sur la
dan ge reus e défo rm ation de la structur e. Leur s
proposition s d e restauration radicale, par un
d émont age du temple depui s les arc hit raves, suivi
d 'un remontag e depuis la crépis,ont été soumises
à un com ité international. Bien conscient qu e la
tec hn o logie actue lle devi endra vite obso lète à son
tour, ce lui-ci a jug é qu'une int ervention plus limi -
tée comporterait moins de risqu es 27.
En at tendant cette nouv elle et nécessa ire ana-
sty lose, l'é difi ce a été reco uv ert en 1987 d'un
vaste d ais prot ecte ur en mat é riau x synth étiques,
m aint enu p ar d es câb les pa ssant sur d es pylônes
{fig. 12). Quand bien même il paraît avoir rempli
sa fon ction , qui était de mettre fin à la dégrada-
tion de la pierre, ou au moins de la ralenti r, le
comb le du parado xe a été atteint avec cette tent e.
En e ffet, pour pré server l'ave nir de monuments
inscrits au patrimoine mondial et qu e les touristes
d es siècles futur s doivent pouvoir conte mpl er ,
p end ant qu e les enfants seront instruits sur place
par leur s maîtr es, un certain nombre de temples Fig. 11. Bassae. le temple classique d'Apollon Épikourios consolidé par des étais . en 1978.
grecs sont d e toute façon à prés ent int erdit s d'ac-
cès et m ê m e, parfois , d 'a pproch e. Si les monu -
m ent s d e I' Acropo le d'Ath èn es - qui ne sont plus
gu ère authentiques puisque tant de leur s pierr es
sont neu ves - p euv e nt encore être observés et
photographi és à quelques m ètre s d e distance, ce
n' est provisoir em ent plus le cas du temp le d e
Bassae , insé parable de son voi le blanc - un e
m erv eille d e l'es thétique moderne pour les uns,
qua lifiée d e « tente d e cirque» par quelque s
autr es 28 , qui regret tent à bon droit qu e l'o n ne
pui sse plu s sentir la profond e int égra tion de ce
temple dan s son en vironn e ment. Du moin s, en
quittant Bassae, les indéfectib les amoureux de s
ruin es romantiques, ou à p eine remont ées dans
un éc rin d e verdure, pourront -ils toujour s s'a rr ê-
ter à Pérac h ora ou à Rhamnont e, où la situ ation
est diffé rent e .
Il n'e n reste pa s moin s qu 'e n ce début du
XXIe siècle, les temples grecs , souv e nt dis simulés
d erri è re d es éc hafaudage s ou de s prot ec tions
parti e lles, sembl ent d e plu s en plu s échapper, non
seulem ent aux tou ristes - alors m êm e qu 'ils sont Fig. 12. Bassae. le temp le class ique d 'Apo llon Épikourios sous sa te nte protectrice.
•-l1-I.. tl,hJI lit;:,. 1. i•11 J I
..1,4~~
•_j_, :t~fl -.U ,.'.dl\fj..:.lff~. • un e co mpo sa nt e esse ntiell e d e l'éco no mi e touri s-
tiqu e, el que le nombr e des visiteurs doit justifier
"P..nfilant ltl~ '1 utnmrn Jt - -. •=
''<ifl L'-
-~ ~•1n1..
en-
rn.1E · ,rr é. 'lÉ:.<:nE • u1ptt at .a et/a e U..'-.'<ll., les so mm es énorm es englouties dans les rest aura-
.1,n~<;:rit; . au Bnt 1:,b v u ~um , -'ar c h 1tecte tion s-, mai s auss i, parfois , aux arc h éo logu es. Car compréhensibles au public, sont devenus le but
· B. Dm~muur rava1llait dep ui 1')' '7 a- une les av is d e ces d erniers sur tel ou tel temple , à la quasi obligé de toute fouille nouvelle, comme de
, , L.
fois pointu s et di verge nt s, n ' int é resse nt pas l'a ménagement d e tout site dégagé autrefois.
munulÇ'apme f'-Xhauwv e d u monurnentL<, ce lle-là
toujour s les ex p erts (architectes et infograph es, Même des sites ju squ 'ic i très peu restaurés font
mt:mt: qw aurait dû preceder la rest auration 27. Résum és dan s Bullarchi 1998 ,
l4. W Il. Uwsw" ,1<, .lifetropolzlan
IÇ'P.cque. Englobant les recherches sur le sanc- ing é nieur s civils, géo logu es, techniciens chimi s- aujourd'hu i l'objet de campagnes d 'anast y lose. n' -167-469 .
.vfmeu.m.i /urbes-~. .'\J,:w York. PJl'.l De nombr euses co lonnes se dressent maintenant
l'ffl. p. L0,1-L'.!7 ,u~rP. du Mont Kotilion, voisin, et sur les états tes ....) qui d e nos jour s int erv ienn ent régulière - 28. G. GR U BEN, Tempe! und
m ent sur les ruin es, en di sposa nt aussi de revues à Épidaure, et à Olympie , où le temple de Zeus Touristen, Über Anasty lose und
'15 ., l .( J( Jf'/.1( j!J<J(,.f .c ll'.Xlf• vol. / J anteneur s au temple cla.:;sique d'Apollon, dont la Rekon slruktion , Kunst Cl,ronik12,
l'I l ,ll111:1ra11on,1br1ndanrr· vol. : ,.1 date de construction est désorma is fixée entre 429 parti culi ères et de colloques le plus souv ent était resté dans un état suggestif des séismes, un
Nuremb erg, déc. 1997, p. 657-665.
1J 11111 I'!(· ,·dll(·•: , 1 /Jill!.
d WI, l'imposante p ub licatio n am érica in e ne ut co nfid enti els29 . La conservat ion , la restauration de ses fûts a été remonté sur 10,52 m de hauteur
29. Par ex .: les revues Conservation
'J.l,. \iV<JIJ Jl•r J/.IJ ,•~ PJ'Vi
C<:p<:ndant voi r le jou r qu 'e n l!J!Jli, et so u/ la {selon le cas, partielle ou plus comp lète) et la mise peu avant les Jeu x O lympiques de 2004 , en and Ma11a geme11Iof Arcl,aeological
Sites,
en valeur d es monuments, qu ' il faut aussi ren dr e important du calca ire d e Bulgarie pour compléter Londr es, et Arkos, Milan.

24 ARCHfTE CTURE REUGfEUSE


1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉF INITIONS 25
Fig. 13. Agrigente. les ruines du De perpétuelles découvertes
temple d'Héraclès dans la végéta-
tion. Sur les sites, la plupart des visiteurs n'ont
guèr e conscience que l'archéologie de la civilisa-
tion grecque n'es t pas une science figée et que la
poursuit e incessant e des fouilles entraîne toujours
la découverte de nouveaux temples, dont la
description est vite diffusée par tous les moyens
modern es. Trois exemp les récents illustrent cette
constante progression de la discipline ; ils suggè-
rent aussi qu'aucune synthèse ne pourra jamais se
targu er d'êtr e définitive.

/';
,k
__.J.--.-?
1-----
1


1

les fragments des tambours et en couronnant le des essences végétales par un paysagiste (fig. 13).
tout d'une lourde copie moderne (12 tonnes) d'un Selon leur d egré comm erc ial, les nombreux
chapiteau antique; non loin de là, le Philipp eion ouvra ges de vulgar isation qui sont proposés à 15
possède maintenant jusqu 'à trois colonnes debout l'e ntrée de ces sites 0\1 des musées tiennent plus Fig. 14. Mitropolis de Thessalie ,
temple d'Apollon. Plan. Milieu du
(fig. 6 et 329). Si l'esth étique de ces remontages, ou moins compte des recherches menées par les v1•s. Dessin M. Korrès dans
mêlant pierres neuves et blo cs antiques, est spécia listes. On ne saura it alors ignorer les En Thessalie, où l'architecture religieuse reste Excavating Classical Culture 2002,
toujours matière à discussions , il est indéniabl e brochur es où les temp les grecs sont entière ment mal documentée, en partie faute de publication p. 114.
qu'ils permettent de mieux mesurer l'impact restitués, parfois sur un e feuille tra nsparente qui des fouilles anciennes , fut exhumé à partir de Fig. 15. Poséidonia-Paestum,
visuel d'un monument ruin é, qui gît à terre. se superpose aux ruines, celles-ci pouvant déjà 1995 à Mitropolis un temple de cent pieds de temple d'Héra. Face inféri eure
Surtout, n'oublions pas que ces longue s et pati en- être en partie restaurées 3 1. Si la val idité de ces long, un hécatompédon(éKm6µrrdiov). Il est relati- sculptée d'un chapiteau de la
tes campagnes de recon struction ont pour rangée médiane. Éch. 1 15. D'après
images est souvent contestab le dans le détail, il vement bien conservé (fig. 14 et infra,p . 61), y Mertens 1993, f ig. 56b.
premier avantage d'autoriser la validation des faut admettre qu 'un temple grec reco nstruit compris la statue de culte en bronze d'Apollon et
hypothèses de restitution et de mieux compren- ju squ 'aux acrotères, et délicate ment peint, est la les tuiles polychromes de type corinthien qui. la
dre les méthodes antiques de chanti er, en faisant forme qui parl e le mieux à l'espr it comm e aux protégeaient, tandis que l'arc hitrave et la fnse
découvrir des particularit és techniques qui sens, surtout à notr e épo qu e, où la cultur e clas- manquaient, sans doute parce qu'e lles devaient
avaient pu échapper jusqu 'alors aux spécialistes30 . sique a tendance à se perdre. À ces ouvrages pour être en bois 33 . Des chaînages en bois parcouraient
Si l'état des temples le permet , ils peuvent le grand publi c peuvent être assoc iés des livres aussi les murs en briques , qui s'élevaient sur des
30. Commencée en 200 1, la recon s- encore participer à une mise en scène nocturne , à visées plus scientifiques, dans lesquels sont orthostates en grès. La longue cellaà deux nefs
truction du temple de Léto au par des sons et des lumièr es dont la qualité tech-
Lélôon de Xa nth os (architecte en étalées à loisir des restituti ons aqu arellées très ouvrait par deux portes sur une péristasisde 5 x 1_l
chef: D. Laroche ), dont un nombr e nique et artistique, sinon pédagogique, est indé - détaillées de sanctuair es et de villes compl ètes, où colonnes non cannelées en bas, portant des chapi-
très élevé de blocs est conservé, a niable (à ]'Acropo le d'Athènes, ou sur la colline les temp les se détac hent32 . Même si le public teaux doriques à l'échine entièrement sculptée de
déjà fait apparaître, par ex., qu e les des temples d' Agrigente ). Finalement , pour les ciblé est alors plut ôt celui des lecteurs cultivés, l fleurs de lotus et de palmettes. Cet unicumdate du

:l•l
fûts de la galerie péript ère étaient à 1
la fois galbés el penché s ver s le autorités responsables de leur préservation et de voire des arch éologues prof essionn els, l'idée qui milieu du v ie siècle ou peu avant, soit le moment
1 1
centre du monument. leur gestion, les templ es grecs sont un e pièce anime tous ces travaux est celle-là même qui était de la pétrification de l'architecture, lorsque les
31. En Grèce, voir les astucieu x parmi d'autres d'un « parc archéologique», où la déjà présente dans les « Envois de Rom e», au ordres dorique et ionique n'étaient pas encore
guides avec recon stitution s des
éditions Muses , Athène s ; en Italie,
ceux des éditions Vision, Rome.
32. Voir par ex. les restitution s du
temp le de Zeus_à Ol ympi e, de
construction d'un dépôt pour les blocs et d'un
musée pour abriter les pierres sculptées, comme
les maquettes des édi fices (ou leur image sur des
bornes interactives ), la recherche des meilleures
0
XIX siècle. Bien que le systè me de ces travaux
académiques n'existe plu s depuis longtemps,
chacun d'entre nous attend toujour s de voir un
1

1 ---,1.~----.;.~~
• '--r - =-=;•-
· -r clairement différenci és, comme le montrent bien
ses chapiteaux décorés, qui ne trouvent ~e ~aral_-
lèles qu'à la «Basilique» ou temp le d Hera a
temple grec restauré au maximum , tel que dans Poséidonia (fig. 15), de l'autre côté de la m~r
!'Artémision d'Ephèse et du ,=,=='= ===; ,~0 =======;;; ,oc,t1
. / U ., "'..'!'' 33. B. G. I NTZESI LOGLOU dans Exca-
aires de parking et le tracé du cheminement selon ionienne 34 . Cette découverte autorise par conse-
Mausolée d'Halicarn asse dan s !'Antiquit é, en imaginant les fidèles et les prêtres vati11
g ClassicalCulture 2002, p. 109-
A. C OU TI N, j. -C l. G O LV IN, Le Monde les angles de vue, donnent matière à des concer- qui s'avancent entre les ex-voto et la fumée des quent à relancer un vieux débat: pouvons-nous 115; GRU BEN 200 1, p. 119-122.
des Sept Merveilles, Paris 2000. tations et des débat s aussi importants que le choix être sûrs que l'échine de nombreux chapiteaux 34. 2002, p. 141-142.
sacrifices ... HEU .MANN

14

26 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉFINITIONS 27


Fig. 18. Messène, temple-oikos
d'.Artémis donnant sur le portique
ouest de la cour de l'.Asclépieion.
Plan avec des bases, une table (2)
et un tronc à offrand es (3). D'après
A. Orlandos, Praktika 1962, pl. t,.,

Fig. 19. Argos, temple d'A phrodite.


Façade rest ituée. M ilieu du v" s.
D'après M. Piérart et G. Touchais,
Argos, 1996, p. 56.

0 2

18

En remontant vers le nord, dan s la péninsule


du mont Atho s, un sanctuaire \Taisemblable ment
consacré à Hélio s, d 'aprè s les trouvailles, est en
cours de fouilles depuis 1990 l6 au nord-ouest de
la ville moderne de Néa Roda, près du site de
"'°'
"" l'antique Sanè, colonie d' Andros, el d'Our anopo-
"''' lis, fondée par un frère de Cassandre en 315. Un
Pronaos
simple bàtiment in anlis, construit au dernier

ln ut1"1
. . ...
Amph1prottyle Périptère
quart du vi e siècle et refait à l'époque hellénis-
tique, surprend par le motif d'hexagones qui
19
couvre la face externe de ses murs, un décor à
17 coup sûr d'inspiration cycladique 3;_ on loin de
là, un édifice sacré élevé au I\ "' siècle est pour le parce qu'un e enfilade de colonnes est perçu e ju xta posées mais adossées ou reliées par un mur
dorique s n'était pas peinte, à l'imitation de ces moins original: son vestibule prostyle donne sur comm e une synopsisde l'architecture grecque. mito yen, est beauco up plus rar e : deux exemp les
motifa que l'on voit sculptés ailleurs? un sékos(<JTJKôç } qui s'ouvre à l'est par une porte Pourtant, depuis la fin du XIXe siècle, la en ont été relevés en Crète, tous deux de dat e
Au contraire du tem ple thessalien, l'édifice imposante, et il existait encore deux autres ouver- plupart des manuels d'art grec qui présentent un e hellénistique et dédiés à deux divinités différen-
dégagé depub 1999 à Prassidaki en ÉHde35, sous tures, dans les murs ouest et sud. {;entrée ouest série de plans types de temples comm encent à tes, à Sta Lénika pr ès d'Olonte et à Aptéra 39 .
une végétation dense, ne bri lle pas vraime nt par est même complétée par trois degrés pour just e titre par illustrer un e forme plus dépouillée C'est peut-être ainsi que se présentait le « temple
!>On originalité, mais confirme que le Péloponnèse descendre à l'intérieur du sékos.,réservé à un culte {fig. lï }. double » d'Asclépios et des Létoïdes , remarqu é
a bien joué un rôle majeur dans le développe- qui utilisait un banc. une table à offrandes el En effet, dan s le sanctuair e d'Apollon à par Pausanias à Mantinée {VIII 9, 1), et finale-
ment du temple dorique "canonique» (infra., toutes sones de vase . i le plan n'e t pas en soi Delph es, la première recon struction quasi ment l'Érechth eion entre aussi dans cette catégo-
p. ï5 J. Ses dimensions (14,ïO x 33 30 m au stylo- atypique pour un temple. la pré ence de plu ieurs comp lète d'un monument grec, le Trésor des rie. Quoiqu 'en pensent quelques architectes -
bate / le rangent à côté de l' H éphaisteion entrées, dan de murs différents. pourrait faire Ath éniens {fig. 142 et infra.,p. 116) donne à voir arch éologues , le très original temp le-oikos
d'Athènes, mais il a été conçu de la même pen er à un parcours riruel infra. p. 2-10 . depui s 1906 l'é qu ivale n t d'un de ces petits tripartite d'Artémis qui s'ouvre par un long côté
manière que le temple de Zeus à Oi}mpie, situé à templ es qui con sistent banalement en une cella sur un e colonnad e de l'Asclép ieion de Messène 40
faible distance à ,·ol d. oiseau: derrière une colon- {en grec naos,vaôc;} précédée d'un e sorte de vesti- {fig. 18) n'a aucun rapport avec les temples égyp-
nade périphérique de 6 x 13 supports, le corp 2. Le temple grec, bule, le pronaos {rrpôvaoc;). Mai s d'autres éta ient tiens ou orientaux à trois cellae; il fait plut ôt
songer à un e de ces grandes exèdre s hellénis-
central eSI cfüisé en un pronaoset un opisthodome dépourvu s de pronaos et se comp osaie nt ju ste
35. X.. _.-\_ 'SL Eu au1Jing
R_l._ç.,{'JGLl:...
encadrant une cella parcourue par dem: rangée ou des templesgrecs? d'une salle {01.Koc; , oikos) fermée par un mur percé tiqu es qui donn aient couramm ent sur un
Clo.nita/ Culiurt 2fJ(J2. p. 2"/• 22 . de cinq colonnes fi . 16 . Le uournilles adjacen- d'une porte, un modèle très simp le qui remonte à portiqu e, exè dre qui aurait été divisée, ici, avec 38. D RERUP 1969; Thasos 2000 ,
deux rangées distyles in anlis. p. 143-IH.
36 . E. B. TS!G.>
.RIDA clans Aruim t tes. les crampons en Z. le r;·le de terres cuite i le goût holue au !!Té de mode et de pres· l'époque géométrique, comme on peut le voir très
Car le type le plus comm un de temple-oikos 39. S POR.'i 200 2, p. 266 .
\ L Papen readal the 6th
.\laJ-.Ldrmia architecturales et la profondeur de l'opi tho dome . ions ociales, une idée ·ex-prime néanmoins tôt dans les Cyclades 38 - d'oû le premier état du
fnll:m. Sympmium held in Tlu.,.ralrmiki
, est certaine ment celui dit à façade in antis depuis 40. E.-A. CH LEPA , The Artemision and
un peu supérieure à celle du prrmaos.tout cela avec con tance depui le .'\Till e iècle : dans templ e d'H éraclès à Thasos , dépourvu de the Oikoi of the West Stoa of the
7996. 1999 . vol. IL p. 1235-124 6 en
grec. suggère une consnuction au début du \ -e siècle pronaos - et surtout en Crète {fig. ï7, 80). Le la classification vitruv ienn e des temples (De Asklepieion at Messene,Ath ènes 200 1
l'~sprit _du public cultivé, un temple grec est
37. 1999. p. 413. pour ce temple dédié à Athéna. templ e à doubl e oikosou à cellaejum elles, non pas Architectura III, 2, 1-8), dont la terminologie (en grec).
GR L'BES necessa 1rement up po é périptère, peut-être

28 ARCHITECI1JRE RELIG IEUSE 1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉFINITIONS 29


Fig. 20. Magnésie du Méandre, m ais qu elqu es-un s tra hissent un e nette ·influence (fig. 72, G). Ma is dans tous les cas, le dipt ère,
temple de Zeus Sôsipolis. grecqu e et il a dû avo ir accès à des tra ités d'archi- défini par Vitruve (III 2, 8) comm e ayant au
Façades avant et arrière restau -
rées . Début du 11• s. D'après
tec tur e helléni stiqu es, où devaie n t déj à être signa-
lés différen ts plans de tem p les grecs. C'es t pour-
moins hui t co lonnes en faça de, concrétisait une
•••••••••••••
Magnesia 1904, fig. 151, et
qu oi il nomm e, co mm e autre typ e de plan à accès
vision amb itieuse qu e ses pro moteurs (des grou-
• •
~
F.KRISCHEN,Die griechische Stadt, pes aristocra tiqu es, des tyra ns, des dyn astes ...)
1938, pl. 24. frontal, le templ e prosty le, où des colonn es, en n'a vaient généra lem ent p as les mo yens de mener
• •
généra l au nombr e de qu atre, sont alignées sur
tout e la large ur de la façade d'e nt rée . Les prosty-
à bien, mêm e en laissant traîn er les travau x . D'où,
san s dout e, le succès qu e ren contra progr essive- • I= 1 •
les hexasty les son t p lus rares 43 ; ce sont souvent
des templ es qui n'o nt pas été élevés périptères par
manque de pl ace, ou parce qu' un pronaoshexa-
ment le procé dé plu s m odeste mais encor e m ajes-
tu eux du p seud o-dipt ère, pratiqu é d epui s
l'é poqu e arch aiqu e (templ es d'A rtémis à Corcyre,
•• • • • • • • • • • • • •
=I
e 11
i '
style a été aj outé à u n état anté rieur (ainsi, dans la fig. 23): l'es pace entr e la cella et la péristasis est
ph ase hellén istiq ue du temp le d'Apo llon Pythien alors élargi co mm e p our fair e place à un e
à Gortyne ). L'espace du pronaos pe ut alors se seco nd e rangée de fûts, qui ne sera tout efois
réd uir e à une étro ite gale rie deva nt la porte, j amais maté rialisée (infra, p . 105).
co mm e au dern ier te m ple de D ionysos à Y ria de
Naxos, mais non dans ce lui de Zeus Sôsipolis à
En définitive, les Grecs ne paraissent pas avoir
construit des templ es réellement atypiqu es, qui
_)illlU '---- ~i~_ ...L..
:1
:.J.._
/ ul ' ~\ '---"'- _ _

Magnés ie du Méa ndre, disty le in antis à l'a rrière n'e ntr ent pas dan s un e de ces deux catégori es : les
(fig. 20). Il ar rive aussi que cette co lonnad e de périp tères et les non -péript ères. Avec un e colon-
,·o 20 )0 ~
façade se reto urne sur les longs côtés, avec un ou nade sur la façade d' entr ée et sur un seul des
deux supports dans le pro longement des murs longs côtés, le temp le d 'A théna au Cap Soun ion
(fig. 121 et 240). Ma lgré l'opin ion de Vitruve, le est souvent donné co mm e un cas exce ptionn el46 Fig. 21. Agrigente, temple dit de Junon Lacinia. Plan. Vers 450. D'après Mertens 1984, annexe 27b.
genre amp hiprosty le, c'est-à-d ire prosty le à l'ar- (fig. 24), alors qu e cette co nfigu rati on ne
rière comme à l'avant, n'est qu'une var iante du correspond en réal ité qu 'à un p éristyle tronqu é 47 ,
précéde nt et ne pe ut co nstituer un type à lui seul,
dans la mesure où il demeure peu cour ant et très
pour un templ e tout au plu s non canoniqu e48 . Les
pseud o-périp tères ne constitu en t p as davant age
un e catégo rie « diff éren te», co mm e le croit
î &!) ~ ~ ~
1-!J~ \!! 1'!1
local isé, prin cipa lem ent en Attiq ue à l'âge clas-
sique et dans les zones sous influe nce attique Vitru ve (IV 8, 6), mais un e va riant e de la formul e Li]
@ @ @ @ @ @ @@
(infra,p. 90 et fig. 108-109). à co lonn ade périph ériqu e. Au strict sens vitruvien

• ~
À
w
du term e, ce sont des temp les où les support s ont a,
Le temp le pé 1;ptè re, à co lonn ade périphé- 0,
~
rique ou péristasis (rcepicrmcrtç), a manifeste ment été réduit s à des demi -colonn es en venant se @@ @@ @ @ @@

la préférence de Vitruve, qui le voit a priori comp- coller co ntre la face ex tern e du mur de la cella, de
ter« six co lonnes sur ses faces antér ieu re et posté- sorte qu e la ga lerie ambul ato ire a disparu . Il s'agi t
rieure et onze avec les co lonnes d'ang le sur ses
longs côtés» (III 2, 5)H. Mais cette proportio n
pri nc ipa lem en t d'un e form e ro maine sur podium ,
visible au 1°' siècle av. n . ère dan s le templ e
i
n'est commune que pour des temp les hellénis- rectangu laire de T ivo li, dans celui de Portunu s à
tiques (infra, p. 97), comme ce lui d'Athé na à Rome, ou enco re dans la Ma ison carr ée de
Fig. 22 . Athènes, temple de Zeus Olympi en. Plan restitué de l'état hellénistique. D'après Travlos
Priène (ion ique, au tro isième quart du iv e siècle, Nîm es49 . L'époqu e grec qu e n'a connu qu 'un seul 1971, fig. 524.
dem eure commod ément admi se: les mur s laté- fig. 318 et p l. V III ) ou le te m p le A de
raux du naos se pro lon gent pour enc adr er deux l'As clép ieion de Cos {dorique, au seco nd quart du
colonnes , ou p lus, devant la port e d' entr ée 11• siècle, fig. 275). Elle n'est pas rep résentative du
(fig. 19). La formu le à deux colonn es entr e les canon do rique d e la pér iode class ique, qui
ant es rester a toujour s la plus pri sée, en accord suppose des façades hexasty les et tre ize co lonnes, ~
...=r,=;;•.;i
-1 ·..
çi·---- .
avec le goût hellénistiqu e pour les petits form ats
(fig. 122), ju squ 'à pr écé der parfois des plan s inh a-
au lieu de onze, sur les longs côtés {fig. 21 et infra,
p. 75).
===r=;=====~=~=;.====;.
1 1 c'=lïë=" 1
1 _,__ _ I_ CQ ..•

bitu els pour la cella: dans le san ctuaire hellénis- En Asie Mine ur e, dès le v1• siècle, on voulut . .....
--
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
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.....
1 1 1 1 1 1 1 1

\. • • •
tiqu e de D éméter et Co rè à Priène, le large enri chir la péristasisen la do ub lan t. Les forêts de
pronaosdistyle in antis m ène à un e petite pièce de
dépôt sur la droit e et, ve rs la gauche, à un e cella
hautes colonn es ion iqu es des tem p les d'Apollon
à Did ymes, d'A rtémis à Ép hèse et d'Hé ra à
..... -
.....
••••••••••

.... ~ ·...· .
l
41. R UMSCHEID 1998, p. 15 1- 157 en L, très larg e ma is peu profond e, dont un e Samos illustrent de faço n frappan te ce plan
(d 'a pr ès W iEGAND, SCHRADER 1904). 1 1 1 1 1 1
pa rtie des murs est longée par un podium pour dipt èré5, qui fut copié en Grèce co ntin entale,
1

42. R OESCH 1984, p . 179- 180 ; @ .' •1n1111r1


·[
L AUTER 1986, p. 189.
des statues de culte 41 (fig. 22 9). Un nombr e de dans l'O lympi eion doriqu e (fig . 70) élevé à 46. Pa r ex . da n s G JNOUVÈS 1998,
43. R oux 1961, p . 39 1-392. H . Kn e ll
a rendu pro style h exasty le le te mp le
colonne s in antis supérieur à deux ne sera j am ais
bana l, et le temp le-oikosd'A mphiaraos à Oropos ,
Athènes sous Pisistrate le J eun e avec des petits .IJ:. p . 45 n o te 155, où l'o n pa rle d 'un
«ptéronen gamma ou en L ».
côtés déj à triptères, donc à trn is rangées de colon-
d 'A pollon Patroo s à At hèn es : 47. P. G ROS, Au rea Te m pla,
où l'on en trait par un e façad e doriqu e hex astyle nes, comm e son successeur hellénistique (fig. 22).
]dl 109, 1994, p. 2 17-231. Recherches sur l'architecture religieuse
entr e deux antes à dem i-colonn es accolées 42 ne Le form at dipt ère avait même été progra mm é de Rome... BEFAR, 23 1, 1976,
44. Tra d. P. Gro s, éd. CUF
laisse pa s d'é tonn er (fig. 370). en Sicile, à Sélinonte, où les travaux de l'A pollo- p. 101, 144.
45. C h . H ôCKER, s. v. Dipt eros, Der Fig. 23 . Corcyre, temp le d'Artémis. Plan pseudo-diptère. Vers 590-580. D'après H. Schleif, Korkyra 1,Der Artemistempel,
Neue Pau/y III , Stu ttga rt -Weim ar Assurém ent , Vitruv e se fond e avant tout sur nion furent toutefois interrompu s ava nt la mise 1940, p. 70. 48. G OETTE 2000, p. 37-41.
1997, col. 684-686. des édifice s roma ins qu'il avait sou s les yeux, 49. LAUTER 1986, p. 189- 190.
en p lace de la second e rangée de co lonn es

30 ARC HI TECTURE RELIGIEUSE 1. L ES TEM PLES GRECS, REDÉCO UVERTE ET DÉFINITIO NS 37


Fig. 24. Sounion. emple d'A héna.
Plan rest itu é, seconde moitié du Fig. 26 . Agrigente, Olympieion.
v" s. D'après Tra los 1988, fig. 530. Plan restitué. v" s . D'après

---
Koldewey, Puchste in 1899, p. 154.
Fig. 25. Épidaure . temple L. Plan
pseudo-périptère. rest itué.
Première moitié du 111•s. D'aprè s
- - - - - - - - - -- Fig. 27 De lphes , monoptère des
Sicyoni ens. Rest itution de l' éléva-
Roux 1961, pl. 65.

• • 4 1
tion et du plan. Vers 580. D'après
8ommelaer 1991, p. 121 fig. 41

• 4~ • p• • • • • • • • • • 1
~

• [i]-- - --
1
~
~
••~ • • • • • • • • • •
1
1
1

• - - - - - - - - - - - --
• • • 50 100M

•• •
0
•• •
5 10
M
• •
pseudo-pé riptè re : le temple ioniq ue L d'É pi-
26

daure, daté de la première moitié du III e siècle par


24 sa techn ique et son ornementatio n {fig. 25).
Ailleu rs on a préféré s'e n tenir à quelques de mi-
colon nes adossées à un des murs de la cella

1 1 1
{Érechtheion, temp les hellénistiques d'Arté mis à
Louso i ou de Létô et d'Apo llon au Létôo n de
î
;;
C
1 1 1 1 1 1 1 1 1
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1
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1 Xanthos, fig. 122) ou, en Occide nt, à des p érista- "
li)
1
1 1 1 1 1 1 1 _J 1 1 seis factices, des sortes de pseudo-pét- iptères au
(/4
·:-·
l~ I 1 ~ ~ .
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sens large: dans la seco nd e moitié du vie siècle,

j
.·.• ··.•
~ \ ~I .
\\ .;.
~ I:
1-

r-
au temp le B 2 de Métaponte, la gale1;e n'a pas été
1-
supprimée mais des murs-écrans relient les colon-
ï ï.:;t .
tt ,
nes doriques sur tro is côtés po ur les b·ansform er
t
1
I
1
I
1
1
1
1
I
II
1 1
en demi -co lonn es 50 , un e or iginalité qui sera
,- ,- i i 1l 1l ~ complétée et mieux sb·u ctur ée au ve siècle dans le
lourd O lympi eion d'AgTige nte {fig. 26). 429 - - ---, •
Vitru ve met aussi à part les templ es monoptè-
1 res - c'es t ainsi qu 'il nomm e ceux qui sont
dépour vus de cella derrière la colonn ade périph é- ~ ~------~ @-- -,~
1/C lor'll! .-.· li Sll rique {IV 8, 1). Il sembl e les croir e nécessair e-
.. .,.·. . ... .. ·.·.· ment circulaires, sans doute parce qu 'il songe à
~!!li~
~
1~ ~ I . 50. D. M ERTENSdan s Neue
1 1 1 1 1
des exe mpl es de son temp s, à Rome co mm e en ,
1 1 _[ 1 _l N Forsc/11111ge11
1976, p. 173-175.
1 1
1 1
1
1
1
1 1 Grèce 5 1. Dédié en 19 av. J.- C., le monopt ère de
1 _[ _J 51. S. R A~IBALDI, Mouopteros,Le
Rome et d 'Augu ste sur !'Ac rop ole d'A thènes52,

+
edicolecirculari 11
ell'architettura
dont les füts co pient pr écisém ent ceux de l'Ér ech- de/1'/talia Romana, Bologne 2002
(rev ient aussi sur les antécéde nts
theion (fig. 113), co mm e un e référence à un passé grecs, et rapp elle que Vitru ve est le
tant admir é, est un parfait repr ése ntant de cette seul auteur ancien qui emp loie le
catégo rie peu répandu e avant l'âge hellénistiqu e. term e monopteros).
À la période archaiqu e, les Gr ecs paraissent avo ir 52. W. BINDER, Der Ro111a-A11 g11
st11
s
Mouopterosau/ der Akropolis in Atheu
d' abord pri sé les monopt ères rectangu laires, tel 1111
d sein typologischer Ort, Stuttgart
celui offert par les Sicyo niens dans le san ctuair e 1969; P. B ALDASSAIUU, Sebastoi Sotèri,
d'Apollon à Delph es (fig. 27), ou enco re celui Edilizia 111011
11111
e11tale ad Ate11edura11 te
0 2. 4
il •Saecu/11111Augustum », Rom e 1998,
10 dont les faces à troi s et cinq colonn es se dr essaient p. 45-63.
devant le dipt ère d'H éra à Sam os53 . Mais ces 53. BO~IMEI... AER 1991, p. 12 1- 122;
édifices étaient d'a bord de somptu eux ba lda- 27 K YRIELEIS 1981, p. 82.
25

32 ARC H ITECTURE RELIGIEUSE


1. LES TEMPLES GRECS, REDÉCOUVERTE ET DÉFINITIONS 33
Fig. 28. Délos , tholos de l'agora
des Compétaliastes. Élévation resti-
tuée. Dessin B. Sagnier, RA 2000,
p. 201.
Chapitre 2. La naissance
des temples grecs
;...... ..;
; : : :

Depuis le xrx • siècle la question de la genèse


Fig. 29. Lefkandi, « Hérôon 11. Vue
des temples grecs n'a cessé d'être étu diée et rééla- perspective restituée. Ép. protogéo-
borée, dans des livres ou des articles qui emprun- métrique. D'après Coulton, Catling
tent en général l'un à l'autre. Le caractère totale- 1993, pl. 28.
ment spécu latif des études du xrx• siècle et de la
première moitié du xx • était inévitable en raison
du nombre très faible d'édifices de l'âge géomé-
trique (ca 1050-700) et archaïqu e (700-480), sacrés
ou non , qui étaient alors connus. Au fur et à
mesure qu'ils devenaient plus nombr eux et que
les études architecturales étaient menées avec
davantage de rigueur, les deux anciennes théories
Il couramment admises, celle du mégaron(µéyapov)
et celle d'une influence primordiale de l'architec-
ture égyptie nn e sur l'architecture grecque, ont été
mises à mal. James J. Coulton les avait encore
reprises à son compte dans un livre de référence
publié pour la première fois en 19771 et réédité en
quins destinés à l'exposition de statues, de même corinthi ens, dan s le cadre d'un programme de 1982, où il écrivait qu'entre « 1100 et 700 il
que les rotondes ou tholoi(0611.oc;,
pl. 0611.ot
), dont construction qui remont e au 11• siècle (fig. 178). n'existe pas d'architecture monumenta le en
le nombre ira croissant à partir du rv• siècle, Et il est tout à fait normal que la tholosmonop- Grèce », sans se douter qu'il allait un jour publier
qu'elles fussent ou non monoptères. Les trois plus tère à quatre colonn es élevée sur l'agora des l'architecture du grand édifice protogéométrique
fameuses tholoi grecques, celles de Delphes, Compétaliast es à Délos (fig. 28) soit un temple, de Lefkandi (fig. 29), fouillé entre 198 1 et 1984, et
d'Épidaure et d'Olympi e (fig. 150, 395, 329), ne vou é aux Lares Compitales55 , puisqu 'il apparaît que le temple d'Anô Mazaraki, daté des années
sont très probablement pas de véritables temples, que les temples ronds doivent plutôt être consi- 700 (fig. 47), serait révélé à peu près au même
et d'une manière générale, les temples ronds sont dérés comme une spécialité romaine, adoptée en moment. Même si les anciennes théories appa-
restés très rares à l'épo que grecque. Une tholos Italie dès la fin du 11• siècle, de pr éférence avec raissent aujourd'hui inadéquates, les archéologues
54 . H. BANK.EL, AA 1997, p. 51-71; découverte autrefois à Cnide a longtemps été une ordonnance corinthienne. Avec le temple de classiques hésitent toujours à les remettre en ques-
Io. , Knidos , das Triopion , Macht der
Architektur2004, surtout p. 100-103.
donnée pour un monopt ère dorique abritant la Vesta à Tivoli, l'influence grecque est surtout tion. Non seulement le «modè le » égypt ien ne
55. Cl. H ASENOHR , RA 2000, p. 201 ;
célèbre statue d'Ap hrodite sculptée par Praxitèle, sensible dans les édifices aux alentours du Forum cesse de fasciner, mais plusieurs travaux de
Constructionspubliques2001, p. 337- or de nouvelles fouilles54 ont montré que le petit romanum,et le temple d'Hercule Victor au Forum spécialistes parus entre 1995 et 2005 continuent
340 . podium de cette rotonde se trouvait bien Boarium, en marbre pentélique, est à coup sûr de présenter le mégaron, mycénien ou même
F. RAKOB, W. D. HEILMEYER,
56 . surmonté d'une cella.Destinée au culte d'Athéna
Der Rundtempelam Tiber in Rom, celui qui rappe lle le mieux les tholoigrecques, ne anatolien, comme prototype principal du temple
Mayence 1973 (dit nagu ère temple
et non à celui d'Aphrodi te, en face d'un petit serait-ce que par ses colonnes à bases de type grec 2 . éminemment politique que représente la cons-
de Vesta). aute l, elle était en réalité ornée de chapiteaux attique 56 . Dans cet essai de bilan ne seront exa minés truction d'un temple, puisque ces édifices sont
que les aspects proprement architecturaux de la apparus à proximité des villes, au vm• puis au
genèse des temples grecs, étant bien admis que début du vn• siècle, au fur et à mesure qu'émerge
la notion de polis. Certes, à cette date, l'ex istence 1. COULTON 1982, chap. « The
cette question ne se pose pas uniquement en Problemof Beginning», p. 30.
termes de plan ou de murs. Elle touche aussi à d'un temple n'implique pas vraiment celle d'un e
2. Par ex.: GRUBEN 2001; BIETAK
celle de la continuité topographique des cultes polis, tout au plus celle d'une comm unauté. Il n'en 2001 ; contraR. MARTIN, L'art gre~
depuis l'époqu e mycénienne, alors que les cas où demeure pas moins que dans le courant du Paris 1994, p. 79-81.
cette continuité est attestée sans hiatus demeurent vII• siècle et au vr• siècle, c'est au sein des cités 3. MAZARAKIS-AINIAN 1997, p. 338-
que des temples imposants ont été dédiés à la 339.
à l'heur e actuelle rares et parfois difficiles à inter -
4. A. M. SNODGRASS, ArchaicGreece,
préter3. En outre, dans les années 1980, les histo- divinité poliade, que l'on espérait protectrice. Le TheAge of &perimen~ Londres 1980;
riens qui enquêtaient sur les 01igines de la cité- culte n'était plus laissé à l'initiative d'un chef F. de POLIGNAC, La naissance de la cité
état en Grèce 4 ont mis l'acce nt sur l'acte local, comme c'était le cas auparavant; fruit d'une grecque,Paris 1995.

34 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 2. LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS 35


abouti au plan périptère ou, pour de p etits bâti-

-- rn
ments, à la solution amp hip rosty le. En 1981, dans
un article de synth èse qui a fait dat e, A. Mallwitz
n'inn ova it don c pas en écrivant que c'é tait là un e

r:
évidence. Il suffisait, selon lui, de regard er le plan
d'un templ e périptère classiqu e pour réaliser que
la colonn ade sur plusieur s côtés ne pouvait pas .. ,. r •
être de concep tion très ancienn e 7 : la cella du .
templ e grec canoniqu e (fig. 88), pr écédée d'un
pronaos distyle in antis, est p erçue comm e la
·, ~-
11
-
- - - \_,;='
I'
,,
descend ante dir ecte de cette salle du pal ais mycé- ,.
nien qu'Homère appelle un mégaron, et le péri-
i"

L
'..,. @ style du t y être aj outé. Pour tan t, dan s son ouvra ge
• Q l, ~ fond ateur paru en 1969, auqu el Ma llwitz se réfé- 0
"' rait , H . Dr erup ava it déj à conclu qu'aux vme et
· 1·'· 0


vue siècles le plan rec tangulaire à façade ouverte 0 0 ,: 0

in antis était relativement peu courant 8. ,'


H . Dr erup ava it alors pr éconisé l'a bandon du a) Dimini b) Dimini ,, 1

term e mégaron, et d'autr es savants veulent aussi


l'év iter pour les constru ctions de l'époque néoli-
thiqu e et de !'Age du Bronze 9, en raison de sa 1'

large ambi valence. Alors qu'en grec classiqu e il


o--==--==--=
= --- 2m désigne un lieu intérieur , dans le cadre d'un culte
à mystères (infra, p . 248 ), p our H omère il s'ap- c) Sesklo
30 pliqu e non seuleme nt à la salle principale du
palais, mais à n 'imp orte quel abri ou habitation , y Fig. 32. Plans de maisons néol ithiques à Dimini et à Sesklo; éch. variées. Dessins E. 0stby dans
Fig. 30. Tégée, site du temple compri s un e écur ie, ou encore un e hutt e. Même Bietak 200 1, p. 20 fig. 5.
d'Aléa. Plan des deux édifices absi-
daux élevés avant le périptère
7. La théorie du m égaron si l'o n reco nn aît aujourd 'hui que le mond e décrit
dans les poè mes homériqu es est un amalgame,
rectangulaire des années 600, dont
seuls sont conservés les stylobates . En quoi consiste la théor ie du mégaron6, aux qui renvo ie n ettement moins à l'âge mycénien
des colonnades intérieures. Dessin o_ngm:s très allemandes, mai s qui a finalement qu'à la pér iode p end ant laquelle ils ont été
E. 0stby dans Bietak 2001, p. 25
0 Clfcule dan s toutes les langu es europ éennes, et composés, le rxe (?) ou le vm• siècle, le term e
fig. 12.
surtout en grec mod ern e? En supposant qu'il n'y mégaronest resté lié 10 au plan de la grand e salle de
Fig. 31. Mycènes, « mégaron" du eut pas de rée lle ruptur e techn ique et culturelle réception du palais mycénien, à la suite des pub li-
palais. Plan restitué suivant les entre_l'ère mycé nienne (ca 1450- 1150) et le début cations de H. Schliemann et W. Dêirpfeld. Les
fouilles de la f in du xIx• s. D'après
de l'Age du Fer (soit l'é poque protogéométriq ue), archéologues n'o nt cepend ant pas manqu é de
Mazarakis-Ainian 1997.pl. XI.
elle recon naît le protot ype du plan de la plupart relever qu e celui-ci dérive de tout e façon d'un
des _temples du mond e grec archaique dans la type de plan de maison encore plu s ancien, mis
partie prmcipa le du palais mycé nien, telle qu'elle en œuvre en Grèce dès le Néo lithiqu e (par exe m-
s'est
. conse rvee · sur 1es acropo les de Mycènes, de ple à Dimini et à Sesklo, fig. 32) et courant au n•
h
Tirynl e et de Pylos: une grai1de salle rectangu- millénaire, ju squ 'e n Anatolie. La salle mycé-

---
Ill •
0
•5
laire à foyer ce n tral , cerne. par les supports d'une nienn e, et les quelqu es templ es po stérieurs qui lui
ouverture dans le toit plat, est accessible pai· un resse mbl ent peu ou prou , ne repr ésentent finale-
31
vestibule pre·ce'd e· d ' un porc he encad re. par la ment que la vers ion élaborée de ce plan univ ersel
5. 0 STBY 1995a; M. J OST dans p rolongation des longs mu rs, avec deux colonnes de base, rendu p lus monum ental par quelques N
DefiningA11cie11t Arkadia, Acts of the entre les extrémités des murs (fig. 31). Effective· colonn es intérieures et la prolongation des longs
Copenl,agenPolis Centre6, T h . H EINE volont é commun e, ces temp les exigeaie nt la mise
me nt' no us avo ns vu e t nous verrons que nom bre mur s latéra ux en façade. Mais alors que le plan

--- 1 ---
N IELSEN,j. ROY éd ., Cope nh ague en commun des ressources, pour un e entreprise
1999, sur tout p. 206-2 16; de _templ es grec s, ams1 • . que la plup art des rectangulaire semb le être le seul attesté pendant a
G. NORDQUIST, Ea rly Cult in the . . C démesurée par rapport à la tai·11e d es
souvent
l'âge mycénien, où le plan absidal subit une
a
cites. .e proce '(t ·esors », se comp osent d'un e salle recta ngulaire
Sanctuary of Athena Alea at Tegea , . ssus a pu être suivi pour l'Arcad·1e, éclipse momentanée 11, il n' a pas paru gênant à
Arca d, a, ClassicalArcliaeology1999 en particu 1~er sur les sites de Lousoi, Psilikorphi , ozkos) pr écédée d'un pronaostantôt fermé tantôt
Fig. 33. Empo rio de Chios, Megaron Hall. Plan et restitu -
p . 282-284 . '
G?rrs , Asea, Orchom ène, Bassae et Aliph eira, à pr ostyle ou délimité par deux murs qui ; rolon- certains archéologues d'app eler aussi mégaronun e tion isométrique . Vers 700. D'après Boardman 1967.p. 32, 7, MALLIVITZ198 1, p. 60 1.
6. Ce r tain s_asp ec ts d e ce tte qu estion,
Tegee enfin , dans le san ctuaire d'Aléa, où le culte gent_t (c fei ux d) e la salle, avec ou sans colonn es in con struction absida le, pourvu qu'e lle soit allon- et Mazarakis A inian 1997. fig. 373. 8. D RERUP 1969 .
en particulier « la co ntinuité des an zs 1g. 17 Comm l''d • d' gée et pourvu e d'un por che en façad e, comm e le
croya ~ces et des pratiq ues », ont été ~p?araît dès les ann ées 900, avant d'ê tre con cré- 1· - . d · e 1 ee un e évo lution régu- 9. Ain si P. DARCQUE, B CH Suppl. 19,
a bor d es pa r A. SCHNAPP- tis~ dam deux édifices absidaux à pot eaux de 1er ebl . es plan s de l'a rchit ect ur e religie use Mégaron A de Th ermon (fig. 44). En somme , sur 199 0, p . 21-41.
GOURBEILLON, Du mégaro n aux sem ait a p riori t' f · plusieurs millén aires, tout édifice de plan rectan - 10. Par ex. chez C. W EICKERT, Typen
bo1S,qm se sont succédé entr e la fin du vme et le . • sa is aisante pour l'esprit le der arc/,aischen
Architektur in
pr emi ers temp les? U n état des lieux raisonn ement fut - . ' gulaire ou simp lement allong é, subdivi sé en
Public et p rivé dans la Grèceancienne: , pr emier ~uart du V II e siècle (fig. 30), pui s ont cédé pou sse P1us lom. On imagina Griechenland und Kleinasien,Augsburg
lzeux,conduites,pratiques(Ktema, 23), la place a un périptère rectangulaire à l'ex trême que pour agrandir le modèle basique de l' oikos à plusieur s pièces, avec ou sans absid e sur un petit 192 9, p. 72.
Stras bo urg 1998, p. 289-300.
fin du v11• ou au début du vre siècles. pronao .
s, des architectes ont dû un3.our e' d I'fier une côté, est très souv ent qualifi é de mégaron ou est dit IL D RERUP 1969; MALLW
ITZ 198 1,
ga 1en e tout autour et c'est . . ,. mégaroïd e (megaron-like), a fortiori s'il possède p. 610.
' ams1 qu ils auraient

36 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
2, LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS 37
quelques colonnes à la hauteur du porche d'en- son contenu et sa position non loin d'un s
Fig. 35. Mycènes, acropole . Plan du
trée, mais également si sa façade d'entrée est du tuaire d'Athéna dont l'autel remonte au; templ e hellénistique const ruit en
type fermé (un point de vue systématique en siècle) il se~ait sans doute de demeure à un chef biais sur un angle du vestibule et
Sicile)12• Une illustration parmi d'autres de cette local, de meme que le Lower Megaronrepéré un du porche du mégaron mycén ien .
tendance: à Emporio de Chics, un bâtiment Adapté de Chr. Tsountas, Praktika
peu plus bas devait lui aussi, à la même date 1886, pl. 4 .
rectangulaire à colonnade axiale des années 700 avoir pour fonction principale l'habitationl3. '
est dénomm é MegaronHall depuis sa mise au jour Malgré la grande imprécision du terme son
sur les pen tes de l'acro pole (fig. 33), or d'après emp loi perdure de manière conve ntionnel]: , par

Fig. 34. Tirynthe , plan du palais


mycénien et de l'édific e rectangu -
laire T (hachuré) superposé au
mégaron. D'après U. Jantzen éd.,
Führer durch Tiryns 1975, fig. 24 .
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habitud e, pr esqu e autant que l'hypoth èse du Building T) qui reprend pour partie les fondations
• mégaronmycénien comm e prototyp e des temples du grand « mégaron» précédent (fig. 34), en lui
grecs. Puisqu e très peu de lieux de culte mycé- empruntant un support vertical au centre de sa
12. Cf K. WER NER, The Megaron niens ont été identifiés avec certitud e - ces struc- pièce principale, ainsi qu'un seul support situé
During the Aegean and Anatolian Bronzy 0 ture s ne sont ni monumentales , ni uniformes 14 -, entre les deux murs latéraux du porche , élargis
Age, A Study of Occurrence, Shape, par des banquettes. Toutefois, sa date exacte était
Architectural Adaptation, and Function
il a paru d'autant plus normal de faire dériver les
Studies in Mediterranean Archaeology templ es du I°' millénaire de la parti e la plus impo- discutée: en l'ab sence de matériel probant , cette 14. M. B. C OSMOPOULOS, Greek
108, J onse red 1993 : la gr a nd e nex i- 0 sante du palais mycénien 15 • réplique en réduction de la première salle parai s- Mysteries 200 3, p. 1-24.
bilit é du te rm e ex pliqu era it so n sait avoir été bâtie dès le XIIe siècle, pour rester en 15. Récap itul ation par E. 0 STBY
empl oi durabl e, ju squ 'en archéologi e
Seul le « mégaron» myc énien de Tirynthe dan s BIETAK 2001 , surtout p . 20 et
classiqu e. semblait avoir été reconv erti en temple, d'après usage pendant l'époq ue géométrique 16. Au fond suiv.
13. BOARDMAN 1967 , p . 3 1-34, 40 - un e hypoth èse généralement accept ée . Apr ès la de la cour sur laquelle ouvre le mégaronmycénien, 16. U . jA NTZEN éd ., Führer durch
42, 249 ; M AZARAKIS AINIAN 1997 destruction du palais ver s 1200 , fut construit la présence d'un autel dans son axe prouve que Tiryns, Ath ènes 1975, p. 96;
p. 197-198. , M AZARAKIS -AINIAN 1997, p. 159- 16 1.
un édifice très allongé (6,90 x 20,90 m, dit celui-ci remplissait un e double fonction , à la fois

38 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 2. LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS 39


Fig. 37. Andros, Zagora. Plan du
temple archaïque élevé au sud-est
du bât iment H 19. Adapté
d'A. Cambitoglou et al.,
Archaeological Museum of Andros,
Guide ta the Finds from the
Excavations of the Geometric Town
at Zagora, 1981 , pl. 11.

Fig. 38. Pérachora, trou vé dans


l'Héraion. Plan d'un modèle en
terre cuite, Musée national
d'Athènes n° 16684. Début du
v11• s. Éch. 1:4. D'aprè s
H. G. Payne, Perachora, 1940, pl. 9.

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nie d<t•Jrimhe ~ d2m " oorrl
fol1)
1
'-Il V1i !WJ li-' ';/-fk:11v-:mµ11t <; #;f.f<J,J <:r ;.;,. ~1
pr~ent lâ où on éœ rerrou,·és. sans
1191li ~~ l11'fY#JI/ 41,l"'"Jm1,111ilt1 ffl!;n/..~ r~r Il:
rprue,les nsi es des œm es les plus anciens
'Ici/Ill- #1d1hAl1J)fj/l'fJN ltry;1i~l'inmb:'l..<,r1.
, du umtinem grec _ one lomnemps seni d'argu-
il t,.~ w~ml;.;m,itVMibl1-<111;,fo d'1.tede l'&fif,u.: 37
ment en faveur du migaron mycénien comme
au ,w•siede,
ltè~ 1)1-1;tbfot1,e
,, o.<111
prototype. Parmi les quatre modèles de l'Héraion
t11 rir</à11d1e,<m sàvalt dl111.1is l<.,ngu..-mp~
de Pérachora, le principal L cons. 0,356 m) est relevant du typ e mégaron.Le mod èle d'_Argos a
((U't111tèmple périptèredtr fa prL'1niL'Te moiti: du
constitué d'une pièce à mur de fond en abside, même servi de référence pour recons~tu er _les
tW siècle av11lt étê' édifié sur l'&.cropole de
qui laisse supposer un toit en cro upe, et la porte édifices d'autres sites. Sur l'ac ropole d Aige:ra,
Mycènes, en em piétimt pàr un cfoses angles sur
d'e ntré e est encadrée par deux petits départs de l'anti que Hyper ésia, les. ma~gres vestiges du:
l'e ntrée du mégaro n mycénien (fig. 35), C'est dan s
murs dont au moins celui de gauche fait face à bâtim ent A, d 'é poque geometi· 1que, ~ou_rent e
ses fondations qu'f1vaient été remployée s des
une base où subsistent deux « moignons » cylin- parti e sous un temp le B de la fin du ,':' . s1ecle. En
pièces d'un temp le archaique, dont l'impl antation
drique s, d'o ù la restitution d'un porche avec deux raison du plan de ses fondations, 1ed1fic: A fut
ne pou vait pas être très éloignée , si elle n'e st pas
colon nes gém inées de chaque côté 21 (fig. 38). restitué comme un oikos quadra ngu laire a antes
identique 17 : des blocs de corniche sans mutul es,
17. N. L. KLEI N, AlJSA n, 1997,
D'ap rès le style de ses orneme nts peints, ce (fig. 39), copie de la maqu ette argienne, avec des
des morceau x de reliefs sculptés (datés ca 620-600
p. 2,17-322; FEI..SCII 2001. mod èle a été daté de la pr emière moiti é du Vlll' murs de briques sur un socle de mo:llons , et
par leur style) el de tuiles, enfin un fragment de
Thèse d'H . G A LLET DE
18. siècle, ou même de la fin du IX' siècle, soit bien malgré l'absence de matériel votif géometnqu e, il
stylobat e entaillé d'une lunul e. Celle-ci a dû être
SANTEIUŒ, Délos jJTi111.iti
ve et archaique avant un autre mod èle d' oikos, haut de 0,54 m, a été interpr été comme le prem ier temp le, ouve r~
(BEFilR 180), Paris 1958, p. 90-9 1. cre usée pour favoriser la man œ uvre de mise en
provenant de l'H éraion d'Argo s. Avec les deux à l'es t d'un e divin ité féminin e24_ Mais auJOllf~
19. A. FARNOUX, Les Mycéniens, pla ce d'un min ce fût en bois (diam. ca 0,55 m),
Dossiers d 'archéologie195, jujJ. -aoûl support s de son porche , placés dan s l'axe des '
hui d'auti·es archéo logues pens ent que ce serait
plus probabl ement à l'intérieur qu'à l'extér ieur de
1994, p. 112-119. petites antes de la salle rectangulair e, cette pièce ' la résidence d'un chef, dans une z~ne d'ha-
plutôt
ce temple des années 600, dont il est impos sible
20 . A. CAMB ITOGLOU et al., Zagora2,
de décider s'il était déj à péript ère ou n'était qu'un datée du premier quart du v11 ° siècle (toujours bitat25, comme à Delphes où les fomlles des
At h èn es 1988, p. 239; MAZAR AKIS
oikosin antis. d'apr ès son décor peint, faute de contexte strati- années 1990 . ont montré qu e la zone au_x alen-
A INIAN 1997, p. 171 el sui v. {av ec la
bib. ). graphiq ue) est surmont ée d'un toit en bâtière à tours du templ e archaiqu e d'Apo llon était occu-
On n'en saurait dire autant à Délos, où l'ex is-
21. H. G. PAYNE, Peraclwra,the tence de restes mycéniens sous plusieurs bâti- très forte pente22 (fig. 57).Ju squ'aux ann ées 1990, pée auparavant par des maisons. .
Sanctuaries of Hera Akraia and
ments du sanctuai re d'Apollon est bien connue. ces deux mod èles ont presque unan imement été De toute façon, il n'est null eme nt certain que
Limenia, Oxford 1940, p. 30-37,
pl. 9 a-b. Les arch éologues croya ient 18 que l'édifice très cons idérés comme les réduction s de temp les ces maquett es représentent des temples ou
d'Héra réellement constru its. On s'y référa it - et ·
doivent êti·e compris com me d es image s d'arc
' h1- Z4 . W. ALZ I NGER, Klassische
22. 59°, d'ap rès SCHAlTNEI\ 1990, allongé, de plan trapézoïda l, qui s'étale en par tie
p. 22-26, n° l.
sous !'Ar témision archaïque et son successeur on s'y réfère toujours 23- pour imagin er les débuts tecture sacree• ; en 1aire
c · d es mo dèles réduit s . de. Archiiologi
e 1988, p. 20-23.
23. GRUBE N 200 1, p. 28. de l'architecture religieuse en Grèce, les temp les maisons pai·ait _ p lus conva mcan
· t · On a ams1 . 25. M AZARAK IS Al NIAN 1997,
hellénistique (fig. 36), devait être un temp le p. 164-165.
ainsi reconnus étant bien sûr considérés comme relevé que la grosse majorit é des cinqu ante-ti·o1s
38

40 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 47
2. LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS
Fig . 39 . Aige ira, édifice A de l'ac ro- mod èles rece nsés en 1990, tous datables des d'Héra Akraia à Pérac hora. Et, pour finir, sa
pole. Restitution isométr ique .
comme les fûts grecs, ont des proportions très
époqu es géo m étrique ou archaïqu e, a été trouvée reconstituti on a été contestée: la base en face du
Éch. 1:200 . D'après Mazarakis- massives, alors qu'il est désormais avéré que les
Ainian 1997. fig . 249 .
dan s des san ctuair es d'H éra, où était mis en avant mur latéral gauche n'es t pas dans son axe et pour - plus anciennes colonnes grecques en pierr e
son rôle d e maîtresse de la maison, et c'est dans rait supp orter les restes de statuettes féminines étaient aussi fines que les poteaux de bois qui les
Fig. 40. Samos, trouv é dans cette optiqu e qu 'ils ont dû être offerts en ex-votoà
l' Héraion. Modèle en calcaire d' une
gémin ées plut ôt que de colonn es, de sort e que cet ont précédées 31. Dans cette architecture conçu e
maison ovale, ca 650-550 . D'aprè s
la déesse 26 . La typologie de ces maquettes, en oikosserait finalement priv é de porch e28 ... pour l'intérieur, les supports en façade d'un bâti-
Schattner 1990, fig. 508 (n° 38) . céramiqu e ou en pierr e, est var iée, mais elle se ment ne sont pas courants, comme dans ces
compr end mi eux en les plaçant dan s le cadre de chapelles -reposoirs à toit plat qui ont des piliers à
l'ar chitecture dom estiqu e: à côté des oikoicarrés 2. La genèse la fois à l'intérieur et en périphérie 32. Les édifices
ou recta ngu laires à an tes cour tes ont été recen- égyptiens péript ères, ou plus exactement à déam -
sées, en par ticulier à Samos, des mini atures de du templepériptère bulatoire de piliers, sont tout aussi rares, et en
mai sons-tour s et d e m aiso ns absidales, ou encore général la galerie n'e xiste que sur trois côtés, par
ovales, à ouver tur e sur un long côté (fig. 40), Pour expliqu er la con stru ction de grands exemple dans le temple sud de Bouhen et celui
comp ara bl es à l'habitat visibl e en Ioni e (à templ es périp tères, à mur s en pierres bien dres- de la XVIIIe dynastie à Medinet Habou. La
!'An cienn e Smyrne ) à la même date, mais non au sées, dès la pr emière moiti é du vue siècle dan s le séquence chronologique s'oppose de toute façon
grand temple de l'H éraion de Sam os. Il n'est nord- est du Péloponn èse (infra, p. 56), un e théorie à l'hypothè se d'un rôle joué par l'architecture des
alors plu s permi s de recon n aître avec assurance a longtemp s eu cours , en compl ément de celle qui Pharaons dans la conception des temp les grecs.
dan s la terre cuite d' Argos la maquette d'un voulait un e évolution à partir du mégaron myc é- Après quelques contacts établis entre la Crète
pr emier templ e d'H éra qui aur ait précédé le nien : ce sont les monum ent s égypti ens qui minoenne et l'Égypte 33, des liens entre le monde
périptère archaiqu e27, m ême si un e belle maison aurai ent influencé l'a rchit ecture grecque. grec et les Égyptiens ne sont réellement attestés
pouvait très bie n symb oliser tout temple ou La théo rie égypti enn e est pour le moin s qu'à partir de la XXVIe dynastie, soit le milieu du
demeure de la déesse H éra (infra, p. 47). Quant au ancienn e, pui squ 'e lle remonte aux ann ées 1800, VII e siècle, quand des mercenaires ioniens et
modèle absidal d e Pérachora, sa date vient d'être quand Edm e J omard parti cipa à la commi ssion carien s sont entrés au service de Psammétique rer
39 abaissée des an nées 800 au dé bu t du v 11e siècle, scientifique d'Égyp te, pour en publi er à son (selon Hérodot e II, 153-154), et que des commer-
0 5
d'apr ès celle déso rm ais assignée au dépôt votif retour un e monum entale Description. Elle se çants samiens les ont suivis. Or, à cette période,
répandit progress ivement et culmin a au début du des temples ou des grands édifices périptères
xxe siècle. En effet, lorsqu 'o n connai ssait encore avaient déjà été construits en Ionie et en Grèce
si peu de templ es grecs déclarés «primitifs», il continentale, principalement en utilisant du bois
parai ssait évident qu'il fallait chercher des proto - et de la brique, plutôt que de la pierre.
types en Égypte, où la techniqu e du travail de la Toutefois, en Ionie, l'histoire du temp le péii-
pierre fut déve lopp ée très tôt à grand e échelle, ptère ne se présente plus comme on le croyait
pour des réal isations gigant esques placées sous le dans les années 1980. Le premier temple d'Héra
signe de l'é ternit é. r..:influence de la sculptur e à Samos , dénommé Hécatompédon(infra, p. 70)
égyptienn e sur la sculptur e grec qu e étan t généra- depuis les travaux d'E. Buschor publiés entre
lement admi se, l'hyp othèse d'un e influence simi- 1930 et 1933, a longtemps passé pour le plus
laire en architectur e a séduit avec constan ce les ancien périptère grec (fig. 41), construit au vme
archéologues29 . siècle34. En l'abs ence de plaques ayant vraiment 28. B. M ENADIER, The Sixth Century
Alors que l'acce nt a maintes fois été mis sur pu faire fonction de stylobate, l'hypothèse d'une Temple and the Sanctuary and Cult of
1
'>·:\ des similitud es, ju gées frapp antes, entr e l'archi- colonnade en bois fut tout de même progressive- Hera Akraia, Perachora, Greece,Di sse rt.
7 Uni ve rsity of Cincinnati 1995
tecture des Ph araon s et celle des Gr ecs, à bien y ment abandonnée , et c'est à son successeur du (rés um é : Bull archi 1998, n° 220);
., .
(.
regard er ces ressembl ances p araissent tout de milieu du vue siècle qu'une péristasisa été attri- M. W EBER, AA 1998, p. 365-377.

même sup erficielles. Les véritabl es points buée, à poteaux en bois posés sur des bases circu- 29. C OULTON 1982, p. 3 1 et sui v. ;
BI ETAK 200 1 (communication
commun s sont rar es: ce sont la taille progr essive laires retrouvées à proximité ou assez loin du d' E. 0 stb y, surtout p. 30-3 1).
fi des blocs et l'usage de scellements en queue temple . Mais en suivant des remarques 30. j. -CI. G OYON,j.-CL. G OLVIN et
d' arond e - encore que les queues d'arond e égyp- d'A . Mallwitz, les doutes les plus sérieux ont été al , La co11S
truction pharaonique, du
jetés sur l'existence de deux temples successifs et MoyenEmpire à l'époque gréco-romaine,
---- tienn es, généralement en boi s, ne sembl ent pas Pari s 2004, p. 305-306 .
avoir servi de crampon s comm e en Grèce , car même , pour finir, d'une péristasis35 . Car les dalles

-==~=~
)
31. H ELLMANN2002 , p. 133- 137.
elles n'étaie nt mises en pla ce que pr ovisoirement, situées près des faces sud et surtout est de
32. G. H AENYdans BIETAK 200 1,
pour renfor cer les joint s lors de la pos e30. Quoi l'« Hécatompédon», très dissemblables et travaillées p. 89-106 (kio sque de Sés ostri s l " à
qu'on en ait dit, les colonn es doriqu es archaiqu es en surface de manière négligente , ne conviennent Karnak ).

ne rapp ellent qu e vaguem ent certain es colonnes guère pour un stylobate; quant aux trois bases 33. A. KARETSOU éd. , KPHTH -
AITl"nTOE , n0Àma1111<oi& :apoi
égyptienn es (à Karnak, dans les salles sokariennes invoquées, de hauteurs et de diamètres différents,
rpiwv z i..lieruOv, cal. expo. Hiradion
des ann exes de l'Akh éménou, ou encore à Deir l'une n'a pas été exposée aux intempéries et 2000.

26. SCHATI NER 199 0 (à la suit e 1


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el-Bahari), parfois qualifi ées de « protodoriqu es »
sous prétex te qu' elles sont à pans coup és au lieu
d'ê tre cann elées, et se terminent par un pseudo -
devait être abritée à l'intérieur , dans l'alignement
d'une colonnade médiane, tandis que les mortai-
ses rectangulair es creusées dans les deux autr es
34. Dan s C OULTON 1982, p . 31, et
en co re dan s LAWRENCE 1996, p . 63,
alo rs qu e l'id ée av ait été rej etée dan s
d ' l. Tri anti ); cf ID. dan s Maquettes f-- -1- K YRIELEIS 198 1.
architecturalesantiques, Dossiers d 'ar- chapiteau seulem ent fait d'un abaque carr é, sans sont mieux indiquées pour une stè_le que pour les 35. M ALLWITZ 198 1, p. 626;
chéologie 242 , av ril 1999, p . 36-4 1. échine, pour port er un entablement sans frise. poteaux en bois d'une péristasis.A Samos il n'y H . KI ENAST,Saule und Gebiilk 1996,
27. BILLOT 1997, p. 38. Ces fûts rectilign es, et non légèrement coniques aurait donc jamais eu qu'un seul « Hécatompédon», p. 16-24.
40

42 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 2. LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS 43


Fig . 41. Samos, Héraion.
Fig. 43. Samos , Héraion.
Restitutions hypothétiques de
I' Hécatompédon1(en haut)
et Il (en bas). Dessins G. Gruben
dans Kyrieleis 1981, p. 80 .
1• • . . .
Restitution du premier diptère et de
son autel dans leur environnement,
vers le deuxième tie rs du vI• s.:
1. portique du nord -oue st, 2. porte
nord, 3. puits, 4. Voie sacrée,
Fig. 42. Éphèse, Artémision. Plan
10 M
5. trésors (?), 6. Édifice sud. Adapté
du périptère du v111•s., avec un
de Kuhn 1985, p. 302 .
baldaquin pour la statue de cu lte , le
tout englobé dans le diptère dit de eeeeeeaeeee ee••••• \ \0,3
Crésus (milieu du v1• s.). Dans l'axe,
. \ '.

: 1ê:: ::: : : : : : : :(1l ~


une fondation archaïque dite \
Hécatompédon(sans doute l'autel
du diptère de Crésus) et l'autel à )\ Q
cour, du Iv" s. Dessin A. Bamme r
dans Ephesos, der neue Führer,
••••• •• e • • •e••• · ••• ~ \ 4
1995, p. 49.

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le dipt ère suivant, construit vers 53 0 à une qui s'est avéré être un e reprise, quasiment à
distance de 40 m à l'ouest, avec des fondations l'identique, d'un état archaique41, les fouilleurs
42 placées sur un lit de sab le et des éléments reliés grecs ont déco uvert un e construction également
par des scellements méta lliques, deux techniques rectangulaire (21,40 x 7,30 m), orientée nord- sud
plusieurs fois rénov é au cours de sa longue vie, au l'hypoth èse qu 'e lles auraient d'abord appartenuà connues en Égypte, au mo ins en partie 39 . Enfin, et divisée en trois parties. Larges de 0,55 m, les
minimum deux fois, avant d'étre suppl anté par un état antérieur qualifi é de «pré-périptère• car les Sam iens n'av aient-i ls pas adopté la coudée mur s de cette structure étaient très légèrement
un grand temple diptère. dépourvu d e murs , ce qui a poussé à le restituer égyptienne de 0,523-525 m, selon Hérodote (II , elliptiqu es et inclinés vers l'intérieur . Tout autour
Alors que l'Héraion de Samos, où un e stoa à co mme une cou r découverte avec un baldaquin 168)? Si les Ion iens n'ont pas empru nté aux se trouvaient quelques bases qui furent interpr é-
colonnade de façade en bois apparaît dès la fin du au centre 3ï , un dispositif aux origines probable- Égyptiens le dess in du temp le périptère, les tées comm e les restes d'un e colonnad e courb e sur
VII e siècle, ne semble don c pas avoir conn u de ment orienta les, qui réapparaîtra à travers les conta cts qu'ils ont noués avec leur pays au un pe tit côté, ju gée dans un pr emier temp s
péristasis avant les années 575-560, de surcroît maje stueux temples archaïques à cour de vue siècle ont peut-être laissé des traces dans ces contemp ora ine des murs, de sorte que le bâti-
dans un diptère, c'est désormais vers le sanctuaire Did ymes et d 'Éphèse (fig. 116 et 126). magnifiques réalisations. ment fut appelé MégaronB, par référence au
d'Artémis à Éphèse qu'il faut se tourner pour S' il n'y a pas lieu d'invoquer une influence Mais le périptèr e ion ien, lui, doit être un e Mégaronabsidal A, élevé au nord-ouest de B dans
trouver , enchâssés dans le dipt ère de Crésus , les égy ptienne sur ces prem ières constructions trouva ille loca le, indépenda nte du périptère tel un e ph ase antér ieur e. D'apr ès le maté riel
restes d'un périptère (fig. 42) que l'éq uip e autri - d 'Éphèse, en revanc he H. Kienast tient à conser· qu'il se prés ente en Grèce continenta le, si l'o n en ramassé, B fut considéré comm e un pr emier
chienne en charge de ce secteur depuis 1987 dat e ver aux Égyptiens un rôle majeur à Sarnos . Il
38 jug e par les découvertes faites depuis les années templ e d'Apollon, de la périod e prot ogéo mé-
39. j.-C l. GoYON,j. -CL. GOLVIN,
1980. triqu e42. Bien que la séquence stratigraphiqu e de op.cit. note 30, p. 232 , 305-306.
du vme siècle, par la céra miqu e d'un sondag e36 . estime que la conception du premier diptère
Il faut tout d'a bord aban donner l'idée, expo- Sotiriadis parû t très tôt suspecte, cette datati on fut 40. La grosse bib. est do nn ée et
36. A. BAMMER, Les sanctuaires Ses dimensions sont sans prétentions: avec 4 x 8 d'H éra (fig. 43) ne pourrait pas se comprendre
d'Artémis, Le Mondede la Bible 64 sée dan s tous les ma nu els antér ieurs à 1995, que acceptée et répandu e. Qu elques-uns avaient bien résumée par M.AZAfü\KlS-AlNIA N
mai-juin 1990, p. 10-16; BAMMER:
colonn es en bois posées sur des bases en schiste sans l'e mprunt à l'Égy pte de l'idée du gigantisme, 1997, p. 125- 135, et fig. 40-4 1.
le soi-disant« MégaronB » du sanctuaire d'Apollon comm encé à suggérer que les bases de pierre de
M uss 1996, p. 33-38. vert, qui entourent une cella renfermant un e struc- qui suppo se un chantier emp loyant des équipes 41. H EU.MANN2002 , p. 98.
à Thermon serait un des j alons de l'histoire du la « péristasis» pourr aient app artenir à un e
37. A. BAMMER,Mykene und der ture rectangula ire elle-même cernée d'une sorte cons idéra bles et tech niqu ement performantes. Ce 42. DRERUP1963, p. 14-lï (1x• s.).
ephesische Peripteros , Studi di archeo- temp le grec périptère, au xe ou au IXe siècle . Il est nouvelle phase 43 , mais il a fallu attendr e la réou-
de baldaquin à six colonn es, il ne mesu re hor s dipt ère frapp e à coup sûr par son caractère mon~- 43. M >\LLWITZ 1981, p. 62 1-624, et
logiain onoredi Gustavo Traversar~ vrai que la mise au jour du site, entamée en 1898 verture de la fouille en 1992 pour y voir plus G. Ku HN, AM 108, 1993, p. 29-47.
M. FANOSANT!éd., Rome 2004 tout que 13,50 x 9,40 m. Ce serait donc là le plu s mental , puisqu'il occ up e une surface 25 foissupe- clair 44. Alors que le MégaronA est resté debout
vol. 1, p. 29-45. ' ancien temple périptère du monde grec. Qui plus 1;eure à ce lle de l'« Hécatompédon». Les blocsY et repris e en 1912, a livré un enchevêtrement 44. 1. A. PAPAPOSTOLOU, Mélanges
complexe 40 (fig. 44). À l'intérieur et sous le pendant toute la pério de mycénienn e, qui a vu la S. Dakaris [en grec], Dôdôni26,
38. H . KlENASTdans BIETAK200 1, est, comm e ces colonnes sont implan tées plus sont admirab lement travai llés, pour bon nombre transfor mation de cette résidence, le MégaronB a J annin a 199ï, p. 328-346.
p. 35-39. niveau d'un temple helléni stique C très allongé,
profondément que les mur s de la cella, on a émis à l'a ide d'un tour à pierre. Il en va de même pour

44 2. LA NAJSSANCE DES TEMPLES GRECS 45


AR CHITECTURE RELIGIEUSE

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Fig. 46. Lefkandi , « Hérôon ». Plan
1 fi ,, 1
1 ,, 1 deuxième quart du VII 0 siècle par un aut re directem ent sur le rocher. À 1,80 m du mur, sur de l'état fouillé: 1. vestibule,
1 il e, 2. salle principale , 3. et 4. les deux
temple , cette fois rectangu laire 47 , l'édifice A avait les longs côtés et devant l'abside , court une gale-
\ u (v le
A: Mégaron A. été rapporté à la prem ière moitié ou au milieu du rie à pot eaux de bois, implantés dans le sol à des
pièces qui précèdent
l'abside 5. Première moitié du xe s.
1 11 1
L~-= 1 B: Mégaron B. vm0 siècle et reconstitué sur le modèle de la distances inégales . À l'intérieur , derrière les D'après Coulton, Catling 1993,
1 mythiqu e hut te de lauri er qu 'Apo llon aura it vantaux de bois qui ouvrent d'abor d sur un vesti- pl. 38.
C: Temple C.
1 0 t \ élevée à Delphes, selon la tradition (Pausanias X, bule, les angles d'une pièce presque carrée
i {li 1
45

Fig . 44. Thermon. sanctuaire d'Apollon . Situation du pseudo-Mégaron B (en 5, 9). D 'o ù le nom de Daphnéphoreion (ou: (8,30 x 8,80 m) accueillent un foyer et des plates -
N 1 C \ traits hachurés) par rapport au periptère archaïque C (en tirets) et aux édifices « temple porteur de laur ier») donné par l'éq uip e formes en briques. Puis vient la salle principa le,
1 1 absidaux datés de l'HR, dont le Mégaron A. Adapté de Mazarakis-Ainian 1997. suisse, qui imagina des murs en rameaux de longue de 22 m, où une fosse contenait quatre
L--- -- - - -- - fig. 40.
laurier entre lacés, alors qu'il est aujour d'hui établi squelettes de chevaux sacrifiés ainsi que les restes
Fig. 45. Érétrie, sanctuaire d'Apollon Daphnéphoros . Les édifices absidaux et qu'ils étaient en terre crue . Étant donné son incinérés d'un homme (dans une amphore en
l'autel F devant l'Hécatompédon D. Adapté de S. Verdan dans AntK 44, 2001, emplacement, dans un sanctuaire où les ex-votoet bronze , avec ses armes) et ceux d'une femme,
p. 85.
44 les restes de banquets remontent aux ann ées 800, inhum ée dans un cercueil en bois avec ses bijoux
il est tout de mêm e possibl e que ce bâtiment, d'or. À la suite, deux petites pièces à peu près
peut-être d'habitation seigneuriale, ait eu aussi carrées sont séparées par un corridor qui mène à
dû en réalité être construit aux alentours du une fonction cultu elle. Celle -ci doit égale ment l'abside , où ont été repérées onze fosses circulai-
0 Dans la foulée, le petit édifice absidal baptisé
XI siècle, après la destruct ion d'un petit habitat l}aphnéphoreion,au sein du sanctua ire d'Apo llon à être envisagée pour un autr e petit édifice absidal res . Restituée sous un hypothétique toit de
mycénien au XII 0 siècle : ce type particuli er de Erétr ie, fut aussi recon sidér é 45 . Son plan et ses au sud de «A», orienté vers l'autel rond lié à chaume sur lit d'argi le, la haute charpente était
plan rectangulair e, avec des mur s un peu incur- l'Hécatompédon de la secon de moitié du porté e par un e mince colonnade axiale en bois .
dimen sions mod estes (6,50 x 9,75 m) n'en font
vés, se voit aussi ailleurs après la fin de l'occup a- vme siècle. Le matériel découvert, homogène , a permis de
pas un unicum(fig. 45). À côté d'un bâtiment absi-
tion mycénienn e. Le réexamen des trouvai lles a Dans tou s les cas, il n'est pas étonn ant que le dat er le monum ent entre 1000 et 950; très briè -
dal très allongé, dit Hécatompédon D, trois cons-
pu faire écarter son interprétation comme un plan curvi ligne, qui est à l'origine celui d'un e vement en place le temps d'une génération, il fut
truct ions ovales (B, C, E) voisinent au nord du
temple d'Apollon , pour envisager plutôt une maison ou d'un atelier, ait été repris pour un e ensuite démant elé, remblayé et recouvert d'un
pseudo-Daphnéphoreion, appe lé aujo urd 'hui plus
grande dem eur e qui abrita des sacrifices d'ani- construction plus proprement religieuse . énorme tumulus auprès duquel se forma ensuite
prudemment «é difice A » ou «é difice l ». Si la
maux et des banquets ritu els. Elle fut toujours L'ambiguït é fondamentale de ce plan a été ample- une nécropole. Sa destination exacte a été contro-
date et la fonction de l'édifice E restent incertai-
dépourvue de péristasis,puisque les bases qui la ment démontrée par deux imp ortantes trouvailles versée. L'idée pr évaut que ce ne serait pas dès
nes, C devait être un atelier de bronzi er élevé,
cernent appartienn ent à un dallage situé dans une faites à partir des ann ées 1980: en Eubée, dans la l'origine le monument funéraire d'un coup le prin -
comme B, dan s le courant du vrne siècle46.
couche stratigraphique postérieur e à la couche de nécropole de Lefkandi pr ès d'Érétiie, et dans les cier, mais la résidence d'un de ces local chieft.ain
L'édifice A diffère de ses voisins par des trou s de
destruction du Mégaron B, datée de la fin du mont agnes au nord du Péloponnèse, à Anô qui se partagèrent le monde grec après la chute 47. MALLW ITZ 1982, p. 633-634, l'a
poteaux circulaires calés de part et d'autr e des
rxe siècle au plu s tard. Peut-être ces bases ont-elles Mazaraki près de Rakita. de l'empire mycénien . Une fois mort, ce riche exclu de la liste des périp tères, alors
murs, les troi s autres poteau x à l'in tér ieur que P. Aub erson l'avait restitué ainsi
soutenu les pote aux de boi s d'une construction devaient auss1· a,·der a· supporter la charpente, et Orienté est-ouest, le lon g édifice absidal de «prince » aurait été enterré avec son épouse dans en s'inspirant de l' Hécatompédon de
45. Résum é dans MAZARAKJ S- légère, au cours d'un e br ève p ério de interm é-
AINIAN 1997, p. 58-62, 102-105, et deux, enfin, sont dan s la prolongation des petites Letkandi 48 (ca 14 x 50 m hors tout; fig. 29 et 46) leur demeure - selon une coutume répandue Samos (rectification dan s Erétrie
fig. 104-105. diair e entre la destruc tion de B et la construction possède des murs à peine incurv és vers l'ex té- dans d'autres civilisations guerrières -, dès lors 2004, p. 234-235) .
~nt':s de 1~ façade. À coup sûr plus anc ien que 48. COULTO N, CATLI NG 1993.
46. S. VERDAN,Ant!( 45, 2002, du temple péript ère C vers 625-620, un e périod e rieur, en briqu es crues (L. 30-50 cm, larg. 30 cm, considér ée comme étant celle de l'ancêtre d'un
1Hecatompedon absidal des années 725 (?), que sa Recension par St. H ILi.ER, Gnomon
p . 13 1 et 133-140; Erétrie2004, qui ne connut sans dout e pas d'autre lieu de culte épais. 10 cm) sur un socle de mo ellon s en ma rbre clan , dont les membres furent enterrés alentour 73, 200 1, p. 24 1-245; résumé dans
p. 228-233. qu'un autel. longueur et sa relation avec un aute l rond dési-
gris, large de 0,60 m et haut de ca 1,20 m, pos é pendant deux siècles, pour profiter de son pres - Érétrie2004, p. 299-30 1.
gnent comme un temple, et qui fut remp lacé au

46 ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE 2. LA NAISSANCE DES TEMPLES GRECS 47


tige. Le n om d' hérôon, couramment
Fig. 48. Anô Mazaraki (Rakita).
donn é à l'édifice depuis sa publica- te mple absidal d'Artémis. Trois
tion, est discutable dans la mesure où bases (face supérie ure et profil)
,-- les fouilleur s n'ont pas retrouvé les de la galerie périptè re. D'après
' M . Pétropo ulos dans Mazarakis-
·~~/ traces d'un véritab le culte, mais il Ainian 1997, f ig. 252.
, -,
( . '. faudrait le pr endr e au sens large,
'.. ...· )

pu isqu e le term e est fréquemment Fig. 49 . Délos, Héraion. Plan du


t emp le du v11• s. conservé dans
emplo yé pour tout e sépulture d'un
/ '\ .' défunt de haut ran g, «héroïsé» (infra,
le tem ple postérieur. D'après
EAD XI, Le sanctuaire e t les cultes
·• . .,'
,.. p . 28 1). Il est ind éniable qu'a priori, du Mont Cynthe, 1928, p. 151.
, ·,
_

, 1 mal gré l'a bsence de restes d'activité


, I
,
I I
I
domestiqu e, le monum ent protogéo-
I

I
I
I
I
' -..' métriqu e de la Toumba de Lefkandi a
I
I
I
I plu tôt les tra its de l'habitat d'un
I
I
I leader49 . Apr ès l'e ntr ée dan s la grande
I I
I I salle, qui pouvait servir à des réuni-
I

I
I ons, un dépar t d 'esc alier est possible; .-0=--==- .ê=M=.,c;cc,
,=,,=,.
=,oc;cc
, ,=o.,
1 ,0 1'

I
I on a donc suggé ré de reconstituer

• /'...
..
, l'e nsembl e avec un e galelie et une
I I
I I doubl e série de co mp artim ents à 48
I
I / l'étage , pour la sph ère p1;vée, comme
chez les Iroqu ois ou en Amazonie, à Th ermon, au premier H éra ion d'Arg os comme ,

LZJ
/ :. __,:
l'a bside étant dévo lue au stockage des
, . semb le-t-il, à celui de Délos, ou encore à Y ria de
I
,' : ~·:
• • •••
denr ées et des biens que devaient Naxos, à Éph èse 5 1... Tout au fond de l'épin gle à
I
contenir des j ar res fichées dans les cheveu dessinée par des mur s en p etites pierres et
·- ---~-'--'-'..__
'· •• /
_ _) I
,' 0 fosses. L'idéologie véhiculée par la en pisé sur un socle d'ortho states gro ssiers, un
perso nn e du che f, qui était aussi mur de refend réalise un petit adyton (èiô'U'tov),

1771
_
0 ,)
investi d'un rô le religieux, pourrait première occurr ence d'un e pièce ferm ée qui se
exp liqu er qu 'un e telle form e, entou- retrou vera dan s de nombr eux temp les archaïqu es
. r:,1,,i~ (infra, p. 71). Les multip les tuiles de typ e corin-

LLlJ
rée d'un e imp osa nte vérand a, aurait

:__;'[_J / I .,'
inspir é aux siècles postérieurs les
concepteur s des temp les.
À ce j our , le plu s ancien temple à
thien et laca nien retrouvées dans le secteur lais-
sent imaginer des réfections successives de la
couvertur e, sans doute initi alement en chaum e

M /~
,.
, ~
..
,..vr:l péristyle exté lieur du continent grec, sur un matelas d'argi le.
datable vers la fin du V l 11• siècle ou le De telles déco uvertes sont à ce j our encore
débu t du v u• d'a pr ès la stratigraphie, exce pt ionn elles par leur s dim ensions et, à
~
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--~--
•-~ •·~: - - -
est l'édifi ce d oub lement absidal Lefkandi, par les divisions int ernes52 , tandi s que 3m
.. ~~ • _,:~ leur appa rence ex térieure rapp elle celle d'un e
fouillé depui s 1979 à Anô Mazaraki
49
d' Achaï e50 . Au-d essus de quelques cabane, comm e il en existait dans le qu artier nord
d'Érétrie ou à Orop os au Vill e siècle, également
..
( \
'v'
• - 0, / restes mycé niens, la natur e des dépôts
votifs o rient e ve rs un san ctuaire avec une péristasis53 . Il sembl e donc peu ju stifié
0 5
d'Art émis, en fonction ju squ'aux âges de voir dans la galerie péript ère, à la suite de spontané ment, comm e un lointain rapp el des
prot obyza ntin s, ma lgr é le séisme H. Drerup 54 , un e form e symb oliqu e de bald aquin bald aquins royaux de l'Orient, de même, peut-
d est ru cteur du te mpl e d ans la à la mode orientale, destinée en pr emier lieu à être, que le premier état du templ e d'Héra à
pr emière moitié du 1v• siècle av. n. hon orer et à distingu er l'é difice agrandi de cette Délos, rapp orté au vu• siècle d'apr ès les offrand es
ère. Mesu rant 11 x 34,40 m hors tout manière. En Grèce contin ent ale, la péristasis avait associées56 . Conservé par piété au sein du second 51. N. HELLNER, RA 200 4, p. 69-78.
Fig. 47. A nô Mazaraki (Rakita), temple absidal d'Artém is. Plan (fig. 47), il est orienté au nord-est, où certainement d'a bord un rôle pratiqu e : prot éger H éraion , c'étai t un très petit templ e de plan trapé- 52. Cf toutefois un édifice absidal à
rest itué d' après les foui lles. Vers 700. D'après M . Pétropoulos les mur s en briqu es contr e la pluie et consolider zoïdal (max. 2,87 x 3,40 m), dont une profond e cinq pièces fouillé dans la Toumbade
49. J.-P . CRIELAARD,j. D IUESSEN , The Hero 's un por che pro style est pr écédé de
dans G/i Achei e l'identità etnica degli Achei d'Oc cidente Thessalon ique, en fonction de la fin
Home, Topoi4, 1994, p. 25 1-270; E. Greco éd., 2002, p. 152. · cinq p iliers en hémicycle, posés sur le toit, obt enir un e meilleur e résistance aux pous- banqu ette pour disposer des offrandes longe le
du XII' au déb ut du X' s.:
A. COUCOUZELI,Arc hitecture, Power, and des bases plus gro sses qu e celles des sées latéra les 55 . La remarqu e va ut po ur mur de fond (fig. 49), et neuf bases h·onconiqu es S. ANDREOU, K. KOTSAKIS, AEMTh
ldeology in Dark Age Greece, A New
Interp retat ion of the Lefkand i Toum ba quar ante et une colonn es qui tour- l'«Hérôon» de Lefkandi auta nt que pour le templ e en marbr e, trouvées à pro ximité ou réutilisées 7, 199 3, p. 279-284.
Buildin g, Classical Archaeology 1999 , p. 126 -129; naient autour des longs côtés et de d'Anô Ma zaraki, où la galerie est bien périptère, dans les fond ations de l'Héraion daté de la fin du 53, A. MAZARAKIS AINIAN,
MAZAR AKIS-AINlAN 1997 , p. 54 -55. v,e siècle, ont pu supp orter une péristasisen bois E, cavating Classical Culture2002 ,
l'ab side oppo sée . Mais en l'a bsence même si ses lignes ne sont pas continu es sur un e p. 149-178.
50 . Rapp orts de M. Pétropo ulos (en grec) résu-
d 'u n véritab le stylo bat e con tinu, des extrémités. Bien sûr, si ces colonn ades étaient de 3 x 4 ou 4 x 4 colonn es. Le tout rapp elle égale-
més dans MAZARAKIS-AINIAN 199 7, p. 72-73 et 54, D RERUP1969 , p. 128.
fig. 252-253 ; dans Bullarchi 1996, n° 16 1, et chaque colonn e ou pilier en bo is s'ap- en première intention fonctio nn elles, elles contr i- ment les débu ts du sanctuair e d'Athéna à Milet, 55, MAZA RAKIS-A.!NL-1.N 1997 , p. 278,
2000 , n° 235. Voir surto ut M. l'ETROPOULOS, puie sur un e base en pôrosou en grès buaient aussi à rendr e un édifi ce plus imp ression- où le templ e archaïqu e a englobé un état du 389-390.
Th e geometric temp le at Ano Mazaraki
lissé (fig. 48), un pro cédé isolant lié à nant, ce qui est le but recherché po ur un lieu de vm • siècle57 simpl ement fait d'un e statue de culte 56, GD n° 101, d'aprè s A. Pw\ SSART,
(Rakita ) in Achaia ..., Gli Achei e l'identità etnica EAD X I, 1928, p. 145- 184 .
degli Achei d'Occidente, Atti del Convegno l ntern. di la «pétrification » progr essive de l'ar- pouvoir. En revanc he, l'é tat pr imitif du templ e sous un bald aquin , sembl e-t-il.
Studi, E. GRECOéd., Paestum 200 2, p. 143- 164. 57, H ELD200 0, p. 6-10, 35-45 .
chitecture archaique, qui se voit aussi d'Artémis à Ép hèse {fig. 42) se comp rend mieux,

48 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 2. LA NAISSANC E DES TEMPLES GRECS 49


Chapitre 3. l] évolution Fig. 51. Délos, temple de Léto. Vue
des faces nord et ouest, mêlant le
marbre et le grès. Vers 540.

des temples grecs

Fig. 50. Corcyre, sanctuaire de


de la façade d'e ntr ée ... Ces zones d'ombre ne faci-
Mon-Repos . Une des gargouilles
léonines du temple ardlaïque litent pas le travail des arc héologues, tant et si
d'Héra. D'après G. Dontas dans bien que quelques -uns de ces édifices demeurent
Neue Forschungen 1976, p . 124 . pratiqu ement inédits. Par exem ple, le plan d'un
grand temple d'H éra construit vers 630 dans Je
sanctuaire de Mon-Repos à Corfou n'est toujours
pas déterminé avec assurance, tandis que les trois
phases de son toit en terre cuite sont documentées
(fig. 50 et infra, p. 56).
À l'inverse, un terrain aussi mouvant a favo- la péristasisen pierre a commencé doucement à se l' Ancienne Smyrne ont-ils été publiés à deux
risé les enchainements ténus sinon périlleux d'hy- diffuser, depui s le Péloponnèse. reprises, alors que celui d'Athéna à Gonnoi en
pothèses, parmi lesquelles celle d'un temple du Thessalie attend toujours un e étude explicative de
Yli e siècle sur ]'Acropole d'Athènes semb le toute- la datation avancée (milieu ou seconde moitié du
Les temples-oikos
fois l'une des moins mal fondées. La façon dont Vll e siècle ?) pour le plan elliptique de ses fonda-
Thucydide (I, 126) et Plutarque (Solon 12, 1-2) Puisqu e les dimensions et l'apparence exté- tions, qui portaient sur un socle de petites pierres
rapportent une dramatique tentative de putsch rieure des premiers temples ne diffèrent guère de des murs de briques , ornés de métopes en terre
par Kylôn révèle l'existence sur ]'Acropole, dans celles des maisons d'habitation 3, la persist ance à cuite peinte 8 .
les années 635-630, d'un autel et d'une statue en l'âge archaique du plan curvi ligne, foncièrement À côté de cet important substrat curviligne,
7. L'époquearchaïque bois d'Athéna. En admettant que le site de l'autel dome stiqu e, ne surprend pas . Dans la mesure où depuis le milieu du vm• siècle jusqu'au v1•la très
3. Voir supra,p. 47, et MAZARAKIS
d'Athéna n'a jamais dû varier, les archéologues les formes absidales ou ovales ont alors généra le- grosse majorit é des temples-oikos est maintenant AlNlAN 1997 , p. 268 et suiv .
ont choisi d'abriter cette statue, non sous un ment été supplant ées par le plan rectangulaire, rectangulaire. Ils peuvent comprendre une seule 4. A. KALPAXIS, Früharchaische
Si les contours de l'archit ecture religieuse simp le baldaquin, mais dans un petit temp le, avec qui prédomin e à partir de l'âge mycénien (supra, pièce, deux ou même trois pièces, et se différen- Baukunst in Griechenland und
grecq ue commencent à se préciser au Vle siècle, le d'autres objets remarquables de la fin du p. 46) pour faciliter l'align ement de l'habitat et cient par leur façade d'enh·ée, qui est tantôt du Kleinasien, Athènes 19ï6 ; S. Hl LLER,
Apsidenbauten in griechischen
tab leau des temp les bâtis aux v111 e et vn • siècles, Vll e siècle. À cette chapelle, supposée remonter à un e meilleur e insertion dan s les agglom érations, type dit fermé, tantôt ouverte, lorsqu 'une ou deux H eiligtüm er, FremdeZeiten 1996, Il ,
lors du passage du Géométrique Récent (770-700) la première moitié du Yli e siècle, appartiendraie nt c'est par tradition que le plan curviligne a été colonnes se trouvent encadrées par la pro longa- p. 27-53.
à la premi ère ph ase archaique, est encore assez deux bases en pôros,distantes de 3,30 m et prises conserv é pour un nombre non négligeab le d'é di- tion des murs latéraux. 5. BOMMELAER1991, p. 229 n° 336
flou. Dan s les années 1975-1980, A. Mallwitz La catégorie fermée est de loin la plus (dit « trésor archàique anonyme »).
dans les fond ations du « Vieux temp le» du fices de sanctuair e4, aussi bien des temples que
déplorait déj à 1 que les constructions les plus courante aux vme et vue siècles, la porte pouvant 6. j. M. FOSSEY, Topography and
Vle siècle, au sud de l'Érec hth eion 2 (fig. 100,2). des autels, des lieux de réunion ou, peut- êh·e, des Populationof AncientBoiotia, !,
anciennes subsistent en nombr e insuffisant, et que Leur interprétation comm e supports pour des trésors, comm e ce petit bâtiment absidal ant é- être percée aussi bien dans un long côté (en Chic ago 1988, p. 236.
leur classement souffre de plusieurs handi caps. colonn es en bois est corroborée par la com parai- rieur au milieu du Vl e siècle, mis au jour au sud du Crète : à Olont e, puis à Gortyne dans le premier 7. Old Smyrna 1998, chap. IL
Pour une grande part de cette docum entation , ni son avec les bases au pourtour du temp le d'Anô temple d'Apollon à Delphes 5 (fig. 141). Quelques Pythion 9, de la seconde moitié du Vll e siècle, 8. B. H ELLY,Gonnoi ! , La cité et son
la dale, ni la forme, ni même la fonction (templ e Mazaraki, et ces bases étaie nt vra isembl ablement templ es ont été clairement planifi és en abside: à fig. 53) que dans un angle (pour l'oikos A de histoire,Amsterdam 19ï3 , p. ï2- 74.
Mai s les terres cuites architecturales
ou maison, ou encor e salle de banquet ?) ne sont en position distyle in antis à l'entrée du naos, Asiné vers 750, à Érétrie (fig. 45), à Tégée, où les Pallantion , daté de la fin du vu• siècle), avant que so nt dat ées des années 500 par
assurées . Lor sque les fouilles sont antérieures à d'a près des exe mpl es du VII e siècle repé rés en deux édifi ces ab sidau x en clayonnag e sur l'ouv erture sur un petit côté ne devienn e la E. VAN BUREN, GreekFictile
1960, les datations, propo sées dan s une fourch ette Grèce contin ental e, plut ôt qu'au sein d'un temple poteaux, élevés vers 720-700 puis ver s 700-650, norme 10. Ce groupe de temp les fermés , éventue l- Revetment in the ArchaicPeriod,
Londres 1926, p. 38 -39 .
large, sont pr esque toujour s relatives ou fond ées fermé, selon le type diffusé en Crèt e (infra, p. 67). mesurent respectivement 7 m et 12 m de long lement pourvus d'un pronaos, est spécialement
9. RI CC!ARDI 1991 (phas e 1: un oikœ
sur des comparai sons stylistiqu es, vite remises en Plusieurs point s sont tout de même moins (fig. 30), à Para limni de Béotie6, où un « adyton» bien représenté vers 600 ou même avant en pr esqu e carré, à toit plat ).
question, tandi s que dans le cas de fouilles récen- incertains. Les murs des temp les archaïque s fait pendant au porche in antis. Mais à l' Ancienne Arcadie: non seuleme nt avec Pallantion A, mais 10. Construit vers 540 avec un e
tes la dat e est souve nt calée dans une vague étaient principalem ent mont és en pôros, ce Smyrne , l'ex istenc e d'un premier temple aussi par le temp le d'Artémis au Mont Kotilion port e latérale , le temple-oikos de Létô
(fig. 54), le temple A de Ptolis-Mantinée et, sans à Délos est un e exception : H .
propo sition «ve rs 700 » ou « vers 600» . Et la calcaire tendre, donc facile à tailler, disponible un d'Ath éna, daté vers 690, est seulement déduite de GALLET DE SANTERRE,EAD 24,
mauv aise conservation des pr emiers temples , peu partout en Grèce, sauf dan s les Cyclades où restes observés sur le site des templ es ultérieurs, doute , le premier naos d'Apo llon à Bassae, daté 1959, p. 37-72.
parfois réduit s à des tuiles et à quelques blocs de le marbr e omniprésent s'es t tout de suite impos é et c'est la présence, à proximit é, d'un e maison comme le temple sud du Mont Kotilion des 11. 0 STBY 1995a; N. KELLY, Th e
l'é léva tion , errant s ou en remploi, ne permet pas sur les chantiers, pour des bâtim en ts entiers ou absidale attribuée par hypoth èse à la pr êtresse années 620, par ses terres cuites architecturales 11• Archaic Templ e of Apollo at Bassae,
1. MALLWITZ 198 1, p. 600. Hesperia64, 1995, p. 22ï -277, contra
toujours de connaître leur empl ace ment , leur pour un e parti e seulement des mur s (dans le (fig. 52), qui a poussé à la reconstitution d'un En Crète , à côté de simples chapelles (à
2. . NYLA ' DER, OpAt!t 4, 1962 , COOPER 1996, p. 4-7, 59-64 , 94-95
p. 3 1-ÎÎ; 1-1 I\WIT 1999, p. 95 -98 ; plan , leurs dim ensions , ni l'al lure exacte de leur Létôon de Délos, fig. 51 : à la ba se, aux angles et temple rectangulaire à angle s arrondis sur l'ar- Vrokastro , à Kavousi ) et de temples tripartites (à (différences résum ées dan s Bullarchi
H m :rz MA ' N 2003, p. 4-0-42. façade arrière (en croupe, ou avec tympan ?) ou au couronnement des mur s en grès), pendant que rièreï. Au moin s les templ es successifs de Axos et Phaïstos ), dominaient les temples-oikos 1998, n' lïï et lï8) .

50 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 3. IJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 57


prost yle. Enfin, en Sicile, les temp les-oikos Fig. 53. Gortyne, temple d'Apollon
simpl es, à façade fermée, ont eu n ettement la

\
Pythien. Plan de l'état 1,contenant
pr éférence depuis la seconde moitié du vue une fosse pour offrandes.
Deuxième moitié du v11•s.
siècle 14 • D'après Shaw 2000, pl. 8.15c.
Au même moment, les temp les-oikos à pronaos
ouvert const ituent enco re un groupe relativement Fig. 54. Plans restitués des
temples de Pallantion A (peu avant
restr eint . Il est vrai que pour bien des templ es la 600) et d'Artémis au Mont Kotilion
forme exac te de la façade d'entrée n'est pas assu-
.. _.. _. - .. rée et n'est restituée in antis ou prostyle que par 0 .75
(vers 600). D'après 0stby 1995a,
fig. 171.

B;O~{ij
,

..---·
.. ....
......
............
,...
.
rapprochement avec d'autres édifices, dont l'état
de conservation est un peu moins médiocre. On a
Fig. 55. Délos, Oikos des Naxiens .
Restitution de l'état du début du
n•• ' .~ • généra lement admis que les temples de la zone vI• s., contre un angle des propy-
culturelle argivo-corint hienne aura ient plus ou lées archaïques. À l'est le temple
G, peut-être de l'époque géomé-
moins resse mblé au modèle peint trouvé à trique. D'après Gruben 1997,
l'Héra ion d'Argos, qui ne représente pourt ant pas fig. 22.
à coup sûr le premier temp le d'H éra (fig. 57 et
supra, p. 42) . Dans ce gro up e, en tout cas, le
premier temp le d'Apo llon à Égine, que des chapi-
teaux et la forme d'autres blocs suggèrent de
dat er par comparaison au début du vre siècle, a
été restitué in antis, alors que le mystère plane sur
l'emplacement de ses fondations 15• Le site et les 14.45
dimen sions du premier temp le-oikosd'A pollon à 0 5.00 10.00M .
Corinthe, édifié dans les années 675-650 d'après D.G. 1986 • G.8 . 1995
la céramique du remb lai, n e sont pas mieux
53

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11j1 1-11 1h..111h-l Ili-li 1 ,, .. h l 11, 1, •11· "", 1, ph11t1t •111• · ri, l.1 hu du \ï ll . d'apr ès le fouille s g-ermano-grecque s enrrepnses . , 13. GR UBEN 1997, p. 264-265.
otl,1, h 1, plu . ., ., rut d, ou d •pot dl' fondauo n
. dessusdun,
annee I9 ï 0 ont nu s au JOUf . au- . d' 14. Pour ces édifices qualifiés de
t constiruee 20m
. .un
· 10
U1:· Il , t:111d1 li'" ' J,, d I Oik o couch e m, ·ceruenn e umquemen megaronpar les archéologu es italien s,
, 1,, , ,,,11, ou • euut de ot d' ofirand ' quatr e remples imbnqu_es voir ROMEO1989 .
du ym• s1ec. 15. H OFFELNER 1999 {la datation de
cce 1vem ent date àu d eb ut . l'A ., «ve rs 600», semble un peu
· d '1'" fi"' 5fi maissa KOTILION
u qu au d U XI e quart u =>' • haute ).
ou -rait .a coup sur · :Par un proi:.;;,
54 55

3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 53


Fig. 59. Kalapodi, sanctuaire
d'Apollon et d'Artémis. Plan resti-
tué des temples A et B au v11 • s.;
tous deux contiennent des foyers.
Vers l'est, autel (?) rectangulaire de
la fin de l'époque mycénienne.
Adapté de Mazarakis-Ainian 1997,
fig. 61.

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830-820, une caba ne en poteaux de bois, suivie Milet, un long oikosà toit plat , daté par la céra-
vers 700-650 par deux temples A et B très allon- mique des années 620-600 20 : son pronaosprofond
gés, à murs en briques crues sur socle de pierres encadre bien deux colonnes en bois , mais elles
(fig. 59). Une colonn ade axiale devait soutenir le étaient implanté es l'un e derrière l'autre (fig. 60 et
toit du vaste temple A (au nord , dédié à Apollon ), 165).
auquel on accédait par un large seuil en pôros Progressivem ent, à partir du VIe siècle, la
Fig. 56. Yria, sanctuaire de Dionysos. Coupes transversales restituées sur les
Fig. 58. Pérachora, Héraion. Plan restitué du premier temple d'Héra Akraia et de servant de base à deux colonnes en bois, tandis pr éféren ce ira sans conteste aux oikoi à pronaos
quatre temples successifs, depuis le début du v111• s. jusqu'aux années 580-
550. D'après Gruben 1997, p. 264.
son autel, entre la falaise au nord et le port au sud D 'après Ch Pfaff Corinth que le temple B (au sud, appartenant à Artémis ), distyles in antis ou (moins souvent) prostyles. On
2003, p. 120. . . ,
plus petit et légèrement trapézoïdal, s'ouvr ait par peut le constater dans tout le monde grec, y
un porche tétrastyle prostyle également en bois; compris dans les colonies fondées au bord de la
détruits tous deux vers 600-580, ils furent rempla- mer Noire: à Bérézan par exemple, un téménosdu
connus 16 , mais il est supposé in antis comme celui cés par des périptères à leur tour victimes du feu milieu ou de la fin du VIe siècle renfermait un
suivant ) 18, il présentait vers 600 un fronton à autel et un temple in antis d'Aphrodite 21. Même si 20. H ELD 2000 révise l'ancienne
16. R. F. RHODE S, The Earli est de Mycènes ou comme le premier temple d'Héra dé~or peint sur sa façade est, que l'o n a rappro- vers 480. Au vue siècle, l'entr ée du templ e
Greek Architecture in Corinth and les Cyclades apprécient la formule in antis,à Kéos étu de d'A. MALLWITZ, lstMitt 18,
the 7th-Century Temple on Templ e Akraia à Pérachora (fig. 58). Celui-ci est dat é de la ch e~ de celle du temp le-oikos d'Apo llon à d'Apo llon à Kalapodi ressemblait donc à celle 1968, p. 87-134.
Hill, Corinth2003 , p. 85-93. seconde moiti é ou de la fin du vue siècle par les que l'on restitue pour le premier temple rectan- comme dans le second Héraion de Délos et le
Connthe. Près de l'a ntiqu e Hyampo lis en 21. V. V. N AZAROV, Vestnikdrevnej
17. Ch. Pr AFF, Corinth2003, pièces qui lui sont attribuées, et par ses fondations gulaire d'Apollon à Érétrie, d'après l' Hécatompé - temple dorique de l'île de Despotiko pr ès de istorii,Moscou 2001, p. 154- 165 [en
Phocide, la fouille d'un sanctuaire rural situé non Paros, puis dans le petit temple d'Artémis au russe].
p. 119-121. très allongées qui semb lent avoir été reprises, don de Samo s (rappelons que tous deux sont
18. Nemea2004, p. 155-156 .
loin -~e la modern e Kalap odi a fait surgir ces Délion de Paros (au début du ve siècle22 ), cette 22. SCHULLER 1991, surto ut p. 88 et
toujours sans crépis,par son successeur de la fin du d;~'.e _res années un e succession inint erro mpue aujourd 'hui privés de péristasis, contrair ement à suiv. (l'étude du temple de
19, R. F ELSCH , Espacesacrificiel 199 1, VIe siècle 17. Quant au premier temple de Zeus à ce que supposait leur pr emière publi cation , région a toujours partag é avec le Péloponnès e un
p. 85-91 ; FELSCH 2001 ;
d ed1f1ces sacrés , cons t rmts - ou reconstruits• Despotiko, analysé ici p. 95-96, a été
Némée, plu s petit que celui du rve siècle (dim. : cf-p. 43). Néanmoins, un e autre so~ution avait été certain goût pour les entr ées prostyles. Alors que comp létée par I. Kouraio s, qui le
cf M AZARAKJS AI NIAN 1997, ju squ'au ve ~iècle'9 . Non loin d'un autel (?) de la le templ e-oikosd'Apollon à Sicyone , du deuxi ème date vers 500) .
p. 137-140. 10,10 x 36,30 m, contre 22 x 45 m pour le fin de la penod e mycénienn e fut dr essée, vers choisie pour le temple archaïqu e d'Athéna à

3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 55


54 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 60. Milet, vieux temp le Les templ e s p éript ères
d'Athé na. Resti tut ion du plan et de
Le n ord d u Pé lopon nèse, où avait déjà été b"ti Fig. 61. Égine, premier temple
la faça de, ve rs 620-600. Éch. 1:100.
D'ap rès A. Mallwitz, ls tMitt 1968, [?] vers 700 le_pér iptère ellip tiq ue d'A ·nô M azarak_a 1a
d'Apha ia. Élévations restituées de
la façade et d'une face latérale.
fig. 26. vu se suc_ceder tout au long du v 11c siècle d'au; es Deuxième tiers du v1• s. D'après
te m p les a co lon nade pé rip hériqu e pour 1 E.-L. Schwandner, Der altere
l' . _ . , esque1s Porostempel der Aphaia auf
u sage de la p ierre etait en core limité. Vitruve Aegina, 1985, p. 109.
rap porte (IV 1, 3) qu e l'ord re doriqu e vit le .
d ans l'H eraion
" · d'"-
n...rgos, ma is la maigreur ~m
des
1 1
restes d'un temp le à murs en briqu es - ne sont
co n servés qu ' un e longue po rtion de stylobate
po rtant quatre marques de co lonn es, et un
support tronconiq u e en pôros po ur des fûts sans
~

L2J do u te en bo is, surmontés d e chapiteaux


d0 1-·igues 26 - ne permet pas de le date r avec assez
de précision entre la première mo itié et la fin du
0
VII siècle; en revanche, une péristasisde 6 x 14
~
co lonnes, autour d'une cella à entrée distyle in
~ antzs, paraît aujour d 'hui ass u rée, po ur un édifice
mesurant 18,26 x 46,55 m à l'arête du stylobate27_
Alors que les deux temples élevés entre ca680
et 650 à Cor inthe et à Ist h mia sont très sembla-
b les pai- leur tec hnique de construct ion, celui de
Poséidon à Isthmia (fig. 62 ) était le seul à possé-
der une galerie de 7 x 18 co lon nes, supposées en
bo is comme l'arc hi trave, faute d'en avoi r retrou-
vé le moindre fragment 28 . Ses m urs étaient
23. San s doute prosty le, d 'apr ès montés sans orthostates ni scel lements, en
E. 0S TBY, Delphes 200 0, p . 246-248 . parpaings isodomes dont les longue urs différaient
24. 0S TBY1995a, p. 306 et suiv. parfo is. Le flou qu i règne sur ses parties supérieu-
, Der iiltere
25. E.-L. SCHWANDNER res, appai·emment peu doriques, contraste avec la
Porostempelder Aphaia auf Aegina,
Berlin 1985 .
restitution aisément menée de son toit en tuiles de
26. P. AMANDRY, Ob servations sur
terre cu ite, du type dit « protocorint hien » par les
les monum ents de l'H éraion spéc ialistesW. Enfin, à Corcyre, co lon ie de
d'Argos, Hesperia 2 1, 1952, p . 222- Corinthe, le temple d'Héra situé dans le parc de
~74; N. -~ ELLNER,RA 2004, p . 69-
18 : la p1ece fragme ntair e gé néra le- Mon-Repos 30 do it remonter aux années 630
m ent pr ise pour un tambour de d'après le sty le des gargou illes léoni nes et de~
colo nn e doit p lutôt être un e base antéfixes en terre cuite de son toit, vite refait à
po ur supp orter un potea u en b ois.
deux repr ises (fig. 50 ) ; p lusieurs sortes de
27. BILLOT 1997, ann exe .
28. BRONEER 197 1, p. 3-55;
tambours de co lonnes, des fragments d' un chapi·
qu art du v ie siècle, est toujour s insuffisamm ent
E. GEBHARD, Greek Sancluaries 1993 tea u dor ique, de triglyphes et d' un seul fronton
p. 159 et suiv.; EAD., Th e Archaic '
conn
. .ku23, _ ce lu_i d 'A_rt ém is Kn ak ea
- t·1s a- 15 m
P s111 orp h124 pres d e T egée fut édifié ve rs 560- l~isse~t sup poser un pér iptère éga lement allongé,
Templ e at lsthmi a, Techniqu es o f
Co nstruction , BIETAK2001, p. 4 1-61. d ap res sa tranc hée de fondation réutilisée par
55 0 pro s~: le tétrasty le, tout en marbr ~ pro venant
29. H ELLMANN2002, p. 299-30 0. son successe ur (19 80 x 43 m). Il faud rait alors
d: s_ carn eres v01smes, à Do lian a. A la même p· . ,
30. En attend ant un e pub lication im agi n er comme un frère d u te mpl e C
p enod e le san ctuai re d 'A ph aia à Éoine s'es t d t· Kéos. Ce sont les états successifs du tem pl e de
d étai llée, vo ir G. DONTAS, d' t I o· oe d 'Apo llon à T hermon 3 1, semb lab lement coiffé, ses pr o port ions étirées (6 x 16 supports , non
Denkm aler und Geschicht e eines _un emp e tr ès ma ssif, à court p orche pr osty le Dion ysos à Yria qui illustren t le mi eux les exp éri-
vers 625-620, d'un to it en croupe à l'aiTière et centr és sur les dalles d'un stylob ate me surant
kerkyraisch en Heiligtum , Neue tetra style d evant un e cella p resqu e carr ée m enant bo.rd é d 'a n te"fi1xes a- tetes,
- m ent ation s des arc hi tectes : l'éta t 1, du débu t du
Forsdwngen 1976, p. 12 1-133; au-dess us de plaqu es de 18,76 x 50,01 m ) et des chapiteaux en galette
à un profo n d adyton25 (fig. 61) ; un e frise dor iqu e v m • siècle, n'a qu' un e colonn ade ax iale en b ois,
1. STR0M, Acta Archaeolog ica 59, metopes en terr e cuite (fig. 63). port és par des fûts initi alem en t en boi s, aux qu els
Co penh agu e 1988, p. 187-189 . aut onom e fa1sa1t le tour co mp let d es mur s et trou- ma is l'é tat 2, de la seco nd e m oitié du m êm e
Toujours dans le nord d u Pé lopo nn èse, le répond ait un enta b lem en t en bo is -, ma is il était
31. GRUBEN 200 1, p . 34-35. vait un répond ant dan s la frise int ern e du pronaos.
temp le construi t à Tégée dans les an nées 60032 égalem ent pai·couru p ai· un e do uble colo nn ad e siècle, s'e st élargi ju squ 'à une div ision en qu atre
32. 0S TBY 1995a, surtout p. 338 et En Occ ident , ce genr e de configu ra tion ne se voit nefs par un e tripl e colonn ade, exce pti onn elle,
n 'a p as laissé d e traces de sa péristasis restituée int érieur e (fig. 64 et pl. I). Avant d 'ad opter
fig. 174; voir aussi supra, fig. 30. qu e d an s le temple M d e Sélinont e, un oikos avec 6 x 18 co lon nes, m ars . long' sekos
· son tres - simpli fiée da n s la pre m ière m oitié du v11 • siècle
aux pr esqu e tous ce tte trip artit ion de la cella, d'où
33. MALLWITZ 197 1, p. 137-148. C'est exce pt ionn ellem ent bipartit e, res tituabl e avec mur s en b riqu e s cru es et b O1s. rece_lait. un do' uble en un e doub le colonn ad e (état 3), dont les
un d es ra res temp les arc haïqu es résu ltaient d eux nefs latéral es qui magnifia ient la
un e façad e d 'e ntr ée pro style ou distyle in antis stylobate intér· sup ports en bois sont devenu s de majestue uses
assez bi en dat é par la céramiqu e,
(fig. 206 ). · ieur en m ar b re,' po rte ur de co lon· statu e d e culte dans une larg e nef centra le, les
mais on pe nse aujourd 1 hui qu'il nades en bois colonn es can n elées d ans l'é tat 4, au d euxiè m e
deva it être initialem ent d édié à Zeus Les tâto nn em en ts d e l'o rdr e doriqu e débutant d_ . aussi· grac iles
. qu 'aérées. D até de la cellae des temp les archaïqu es on t d 'abord été divi-
le culte d'H éra s'é tan t installé dans ' 6 5
oet enm e 00- 90, le templ e di t d 'H éra à sées en deux p ar un e co lon nad e m édian e, visibl e qu art du v1• siècle 34 (fig. 56 ).
p euve n t êtr e suivis, on le vo it, dan s tou s ces 33 Lors qu e les Gr ecs ont fait le ch oix du m onu -
le sanctuaire dans le courant du v• s. _Y1:1Pi: d evrait donc être re lié à la tra ditio n de au ssi bien dan s l' Hécatompédon de Samo s qu e dans
seulement: voir U. SINN dans temp les-oikos, ma is il est in d én iable qu 'ils sont T egee : i 1 a bien co m enta l, à par tir du début du v 1• siècle, en pren an t
BIETAK200 1, p. 63-70. mi eux illustrés pa r les temp les péript ères. .. nserve. d es tra its fon ciè rement la «Basilique» de Po séid on ia (fig. 87), ou en cor e 34. GRUBEN2001, p. 366-378 (Sangri
arch arqu es - p ar sa petite . crépis à deux d egrés, dans le tem ple-oikos d'Apo llon à Kar th aia de l'initi ative de co nstrui re d e gra nd s temp les en tiè- et Yria).

56 ARC HITECTURE RELIGIE USE 3. IJ ËVOLUTION DES TEMPLES GREC S 57


Fig. 62. lsthmia, premier temple de
Poséidon. Plan restitué en noir,
Fig. 65. Corcyre, temple d'Art ém is.
comparé au plan du temple clas-
Partie centrale du fronton est. Vers
sique, en tirets. Entre ca 680 et
590. D'après G. Rodenwalt, Korkyra
650. D'après Broneer 1971, pl. 3.
Il, 1939, pl. 1.
Fig. 63. Therm on, temple C
Fig. 66. Syracuse, temple
d'Apollon. Coupe restituée sur l'en - d'Apollon. Restes de la colonnade
tablement et le toi t . Vers 625-620. périphérique. Début du v1•s.
D'après 1. Beyer, AA 1972, p. 201.

Fig. 64. Olympie, temple dit


d'Héra. Plan. Vers 600-590. D'après
Mallw itz 1971, p. 139.

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62

rement en pierre , les formes doriques deviennent


de mieux en mieux compréhensib les, grâce au
rôle clé joué par Corinthe à travers les périptères
de ses deux colonies occidentales, Corcyre et
Syracus e. Ce n 'es t pas un hasard si les premiers
frontons sculptés appartiennent à !'Arté mision de
Corfou (fig. 65 et 23 ). Vers 590, ce monument de
pôros avait déjà adopté la double colonnade inté-
65
rieure, mai s son pronaos est plu s profond que son
op isthodome et sa larg e crépis(22,40 x 47,60 m)
exigeait jusqu'à 8 x 17 co lonnes, aussi massives l'Olympieion de Syrac use, très semblab le au
que serrées 35 . Une impression de puissance se temp le d'Apollon élevé dan s la presqu'île
dégag e de l'e nsemble, tout de même moins lourd d'Ortygi e, pu is au troisième quart du v1• siècle
et moins trapu que l'entablement et les 6 x 17 dans le temple C de Sélin onte. Entre-temps, vers
colonnes monolithes de l'Apo llonion de Syracuse 550-540, la cité de Corinthe s'était décidée à
qui , il est vrai, doit plus à des entr eprises locales éd ifier son pr emier temple d'Apollon périptère,
qu'à une possible influence de sa cité-mère36 toujours b ien conservé au-dessus de l'ago ra.
(fig. 66). Ce temple, le pr emier périptère occiden- Son stylobate de 21,49 x 53,82 m , sur une crépis
tal tout en pierre à l'extérieur (seuls les supports à quatre degrés , ne supporte que 6 x 15 colon nes
intern es de la cella.,très fins, sont restés fidèles bien espacées (davantage sur les petits côtés),
au bois), se distingue d 'a bord par une double mais son originalité est ailleurs: alors que le
colonnade sur sa façade d'entr ée, un e particula- pronaosest légèrement moins profond que l'op is-
rité sicilienne qui se retrouvera ve rs 560 dans thodome, la longue cella éta it divisée par un
mur plein en deux salles dissymétriques, qui
pr éfigurent l'a m énagement du « Vieux temp le»
de !'Acro pole d'Athènes et du Pré -Parthénon
(fig. 67 et infra, p. 84-85). À côté, l'Apo lloni on
fmanc é entre 514 et 505 par les Alcméo nid es à
Delphes, après la disparition d'un premier périp- sés, sur un e crépisnéan moins à un seul degr é38 .
tère où le bois était encore présent 37, fait presque Venu du Péloponn èse sinon de l'Arcadie , le goût
figure d'a ttardé, si l'on considère ses très grosses pour les proportion s classiques (n: 2n + 1) sera
colonn es périphériques qui cont ras tent avec les accepté assez tôt un peu partout. On les remarque
délicats supports internes d'une cella enco re très autour des ann ées 500 dans des édifices dor iques
37. BOMMELAER 1991, p. 181-183;
étirée . aussi géographiquement éloignés que le pr emier FELSCH 2001, p. 7 (date vers 590,
35. G. RODENWA LT, H. SCHLEIF, templ e de Poséidon au Sounion , à cellatripartit e, non du V II ' s., le temple qw brûl a
KorkyraI, Der Artemistempe4Berlin Car, à la même époque, des traits « cano-
vers 548).
1940. niqu es» ont déjà fait leur apparition. Dès le troi- celui d'Athéna à Poséidonia-Paestum 39 , dont la
38. 0srnY 1995a, surtout p. 327 et
36. GULUNI 1985, p. 433-434 et sième quart du v1• siècle, le temple d'Orchomène division était h·ès différe nte (fig. 68 : un profond suiv.
pl. V; D. MERTENS, Stiule und Gebiilk en Arcadie s'était ento ur é de la première gale rie pronaosioniqu e donnait accès, par une port e enca- 39. GOETTE2000, p. 2 1-23;
1996, p. 26-30, et MERTENS 1996, dr ée d'esca liers, à une longue cellasans opistho-
p. 323-325. périp tère à 6 x 13 colonn es (en bois, toujours avec F. KRAUSS,Die Tempe!von PaestumI,
dom e ni adyton), enfin , sans doute, dans le Der Athena-Tempe4Berlin 1959.
des murs en briqu es cru es) et entr axes standardi-

58 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 59
3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS
Fig. 67.Athènes, plan restauré de Fig. 68. Poséidonia, plan du temple
!'Acropoleau début du v• s., avant d'Athéna et de son autel.
l'attaque perse: .
1_" Vieux temple ,, d'Athéna Pohas,
f Éch. 1:400. Vers 500. D'après
F Krauss, Oie Tempe/ von Paestum
1, Der Athena-Tempe/, 1959, pl. 1.
2. Pré-Parthénon,
3 Vieux propy/on, Fig. 69. Égine, le second temple
4. Citerne, d'Aphaia. Vers 500.
5. « Édifice B,,,
6. Sanctuaire d'Athéna Nikè,
7. Fontaine à l'emplacementde
I'Asclépieion.
Adapté de Travlos1971, fig. 71.

\\ 68
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69

« Parthénon primit if», construit dans le pre mier ment pour la Basilique de Poséidonia , fig. 87),

l
1 l.--- •.
tiers du vi e siècle à l'emp lacement du platea u de
!'Acropo le où s'élèvera plus tard le Part hénon
(infra, p. 83). En revanche, si le seco nd temp le
mai s avant que s'imp osât le pronaosdistyle in antis
et son pendant symétrique à l'arrière, les cellae se
tro uvaie nt pr écé dées ou termin ées d'a utres
/ d'Aphaia à Égin e4° présente déjà, vers 500 ou au manières: aux porc hes prostyles, éventu ellement
/ ' / début du v 0 siècle, la plupart des caractères de
l'ordre dorique évo lué - avec ses dime nsions
à retours, répond ait quelquefois à l'autr e extré-
mité un adyton (infra,p. 73). Dan s le secteur nord -
calcu lées par simple multip lication d'un module, est de Cyrè ne, un impr essionnant templ e de Zeus
8' et l'espace tripartite de la cella,qu i renferm e deux (ca 32 x 70 m), daté entre 500 et 480 d'apr ès ses
/ niveaux de colon nades -, sa péristasis n'était chapiteaux et ses proportions, présente un e p éri-
composée que de 6 x 12 colonn es sur un stylobate stasisde 8 x 17 colonn es doriq ues et deux colon-
.. , mesurant 10,52 x 38,345 m, pe ut-être en raison nes in antis au pronaos, contr e trois à l'opistho -
' \ dom e41. Il arrivait même que le pronaoset la salle
de la place chichement comp tée sur le terrain
\ 1 (fig. 69 et 218). po stérieur e soient réduits à leur plus simp le
?=--~~-- "'50------,_.;; \ \ 1 Ces mul tiples variatio ns remarquées au cours expr ession , tandi s que l'espace de la cella pouvait
du v1° siècle, et enco re peu après 500, mon trent être divisé par un ou plusiew-s mur s, dans le cas
40. f U I\TWANGLER 1906; B ANKEL
bien que les arc hitectes crée nt toujour s sans de l'Apollonion de Corinth e et dan s cet édifice au
1993.
carcan nor matif. No n seulement les galeries centr e de ]'Acrop ole d'Athènes que les inscrip- 4 1. L. B ACCHIEW, JI Tempio di Zeus
pé riptè res vont de 5 x 11 colonn es (à Mit:ropolis tions app ellent le « Vieux temp le» (archaios néos) Olimpio a Cirene, Cirenaica1998,
d'Athéna, construit dans la second e moitié du p. 23-34.
de Thessalie, fig. 14) à 9 x 18 colonn es (uniqu e-

3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 61


60 AR CHITECTURE RELIGIEUSE
- - - - - - - - - - - 7.33 ·-- - - - - - - - - - - _
0 0 0 2)-,
- -------· -- 224 --- - --- - ·--·
- 38 -- ; - --- - - 1'17 - -- --- ·- 1-39 -
0

0 0 0 0 0 0 0 0
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0 0 • H,2, ·· · - ·- --- .. ·- ·-- .. -- - 0
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337
0 O 0 Q_Q 0 O_ 0 0 01
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-------- ----- - ---- ----

•~m........,........,
__ ~_ ___,
10m
- · • • • - • 145 • - .. .. · _4)9_
--------------------
Fig.70 : Athènes, templede Zeus Olympien. Plans restituésd . . . · -- · - · - 137- · - · · - - _4]1___________ _________ _ _
fin), quiluisuccéda vers 515. D'aprèsTi:i
lle-Kastenbein1994, P~-~em1ertemple de poros (en nrnr)et du premierdiptère(trait

v ie " 1 42 (
. ~iec e fig, 67) : à sa modest e cella était
était couv ert, le dipt ère didym ée n semble avoir
42. H OLTZMANN2003 , p. 75-79, av ec adJ_omt,ouvrant vers l'arrière, un groupement de
été mis en rout e à partir des ann ées 55047, sans ,oo . ,oo 1~0,.. ...
la longue et comp lexe littérature
antérie ure.
tr01s chambres dont la destination n'est pas clai
dout e pour fair e co ncurr ence aux réalisations de
"
(d_épôt d'offrand es, ou lieux de culte pour d: :
43. T ôLLE-KA.STENBE
IN 1994. heros ancestraux? ). Sam os et surt out d 'Éph èse, où les Lydiens avaient
44. ClarosII , 2003, p. 169- 170 187- voulu un Ar témi sion hypè thr e et octasty le, à
188. ' En bas de !'Acropole, l'uniformité n'était pas
non plus de mise dans le sanctuaire de Ze vmgt co lonn es sculp tées sur les longs côtés,
45. Voir suprap. 31, et en général Œ . ITT a~q~el Cr ésus eut à cœ ur d e co ntribu er par la Fig.71. Samos,seconddiptère
GRUBEN 200 1, p. 348-365, 380 -400 , ymp1en, où un antique temp le en pôros ceint
avec la bib. récente. ded1cace p erso nn alisée d e qu elqu es fûts48 d'Héra.Détaildu chapiteauà oves
de 8 x 16 col_o~nesdoriques (fig. 70), avait dG faire des fûts de la rangéeinterne.Vers
46 , KYRIELEIS198 1, p. 63-78; place sous P1s1stratele Jeune à un successeur deux (fig. ~2)_. Si les templ es dipt ères, co mm andités par dipt ère (fig. 72), avant l'intervention des porte, le temple d'Apollon édifié vers la fin du
500 . D'aprèsO. Reuther,Der
H . KlENAST, D er N iedergang des des re?1mes oliga rchiqu es ou tyranniqu es de l'âge Carthaginois qui m it fin aux travaux, au plus tard VIII e siècle, ou plutôt le début du v n e, à Halieis
Temp els des Th eo doros, AM 113, f01s pl~s ~and, calqué sur les énormes di tères Heratempef von Samos, 1957,
l998 , P· 111-138; !o ., Excavating caractenstiques de l'Asie_ M ineure43• D epms P. 1e archa1que, qui vo ulai ent p eut-être s'inspir er de en 40950. A priori plus original, à cause de ses {fig. 73), pouvait être à la fois un espace de culte fig.Z 43.
.
ClassicalCulture2002, p. 3 17-322. li ~~em1er ".'rtémision d'Ephèse, périptère d ès l'archit ectur e oriental e et de ses inn ombrab les atlant es et de ses hauts mur s-écrans dans les et de banqu ets rituels dans deux pièces, complé-
e st ~amten~nt admis que le premier colonn es, sont restés rares, c'es t bien par ce que entr eco lonnements, l'O lympieion d'Agrigente tées par un e zone de stockage , d'après la natur e
d 1ptere sa m1en aurait été l'œuvre de 1ep~qu e geométrique (fig. 42), d'autres péristaseis
Théodoros, et l'arc hit ecte Rhoiko s ont emergé en Ionie pendant tout le VIe siècl À ~ette _grandil oqu ence eut pour ranço n des chan- (fig. 26) dénote pourtant aussi l'influence des des trouvailles 53. À Y1ia de Naxos, les états II et
aura it été responsable du second.
C!~ro_s, -où le temple archaïque d'Apollon a:ait ti_ers mtermin ables ... quand ils n 'ét aient pas arrê- diptères ioni ens hyp èthres 51. Contrairement à la III du temple de Di onysos comportaient à
47. GRUBEN 2001, p. 396 et suiv.: le deJa ete doriqu e, il ne reste rien d'une périst . tes par la chut e du tyran , co mm e sembl e-t-il à coûteu se formul e diptèr e, qui ne sera conservée dessein un foyer dan s l'axe médian et des
prem ier D idy meion est daté sa ns
simpl ement suppo see, - 1a largeur restituaszs
- d' apres I' en tr ee
· d u port de Naxo s, où le cadr ' e de la porte
' que dans qu elqu es reconstructions tardives , c'est banquettes le long des mur s {fig. 56).
ass ur ance par son décor scu lpt é d e ée
550 à 520 env . ' ~e sa cella (8,30 _m) et l'importante longueur de en marbr e du templ e d 'Ap ollon sub siste depuis le plan pseudo-dipt ère qui sera promis à un bel Les banqu et tes int éri eure s ma çonn ées 54
50. A. PESCHLOW-BINDOKAT,Die
1 les ann ées 5 30, alor s qu e sa péristasis doubl ée sur avenir (infra, p. 105). étaien t susceptibl es de plusieurs destinations, non
48. Voir BAMMER,M uss 1996, p. 45-
- autel rectangulaire associé44
- . Ma·is a_ D'd
i ymes ou Steinbrüche von Selinunt, Ma yence
6 1. I.:existence dans ce temple de
a Samos, comme à Ephèse, l'existence d'une les ~eux petits cô tés (fig. 81), à l'imitation du exclusives l'un e de l'autr e, et malaisée s à distin- 1990 , p. 33 et suiv.
ch.ap1teaux ornés de rosett es, sou vent
double galerie de hautes colonn es ioniques t d~ptere de Polycrat e, n'avait jamai s pu être ache- guer sans trouvailles déterminant es à proximit é : 51. KOLDEIVEY-PUCHSTE IN 1899;
m1se en doute , a été confirmée par la vee49_ Les temples à banquettes HELLMANN 2002 , p. 209-2 10;
~r~uva ille d'un fraF'ent appartenant bi en éta bJie45_ Vers 575-560 l' h. es des offrandes, ou des restes de repas . Au fond
- d , arc itecte M. VONDERSTEIN,jdl 115, 2000 ,
a_I ang le int e rn e d un ch ap itea u Th eo oros avait offert à !'H éra d S Il n'e st d one pas etonnant
- qu 'a u même Dans les sanctuaires de la Grèce classiqu e, les d'un templ e ou sur un e seule portion de mur ce p. 37-77.
di ago nal de la pr em ière rangée: d' - e amos un sont le plus souvent des socles à offrandes
A. ÜH NESORG, D as Prob lem der ipt ere de 8 x 21 colonnes (fig· 43) ., malh eureu- moment , en Gr èce m é tropo litain e seu l salles de banquets sont pour la plupart des cons- 52. MAZARAKISAlNIAN 1997,
Eckkapite lle, Ne ue Forschungen zum sem ~nt mal fon~ é, il dut être remplacé vers 530 l'Olympieion pisi strat iqu e relève d e' cette truction s distinctes, à l'arc hi tecture spécifiq ue (templ es de Kavou si, de Dréros, Héraion I, p. 390-39 1.
arc h a1schen Artemistempel von tendance
. au co Jossa 1, mais. avec des co lonnes (infra, p. 224), une situatio n qu i ne prévalait pas temple G et Létôon de Délos). Mais si les 53. MAZARAKISAlNLA.N1997,
Ephesos , Koldewey-Gesellschaft über die pa : 1ouvrag e qu avait voulu le tyran Polycrate: à p. 162- 164.
41· TagungfarAusgrabungs pe1~e ~lu_sgrand, quoique triptère sur les deux donques et un e con traction • . e. Le gout
angu lair • auparavant, lors de la confus ion primitive des banqu ettes, planes et profondes, longent entière -
wissenschafl 54. MAZARAKIS Al NL>\N1997 ,
und Bauforschung,Berlin 2000, petits cot:s _et garn i de g colon nes à l'arrière (fi . po~r les masses imposantes a tout efois trouv é un fonctions. Deux édifices témoignent , ch acun à m ent plu sieur s murs , en association avec un p. 280-28 1.
Karl sruhe 2002 , p. 48-56. meilleur
71), celu1-c1 ne put être term ine·46 L
h - · argement
g .. écho en O cc1·d ent. C omm enc é à la fin du leur manière, de ces liens profonds entr e un e salle foyer, il faut songer à des repas assis ou couchés. 55. Un exemp le probable à Asinè ,
49. GRUBEN 200 1, p. 371-375.
ypet hr e, au contraire de l'Héraion de Samos qui v1• s1ecle
. . '
l'Apoll • d .
omon onqu e ou « temple G » de banq uet et un lieu de culte 52. Grâce à ses Alors que les lieux de culte à banquettes pour vers la fin du vme s.: MAZARAKIS
d e Selmonte ava 1·t _. . . s'installer sont très rares en Grèce continentale 55 , AINIAN 1997 , p . 162.
apparemm ent ete proJete quatre étroits compartiments qui ont chacun leur

62 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 63
truction qui prédominent sur le continent au l"
À cette date un édifice Q, étroit et très long, car
C G F mill énai re ont fini par y pénétrer , la Crète a Fig. 74. Kommos, sanctuaire.
fait de plusieur s pièces en enfila de, bordait le
toujours formé un mond e à part. Les différentes Restitution isométrique de la
sanctuaire au sud; d'après les nombreux restes de 2° phase du temple B, au v111•s.,
ph ases du site de Kommos, dans la Messara
céramique et d'amphores il devait répondre à des face à deux autels. D'après Shaw
montrent _qu e jusqu'à l'E mpir e romain, le poid;

2000, pl. 1.31.
•• des traditions locales et les influenc es d'autres
besoins de stockage. Après l'abandon partiel du

n



1
1,
zones d e la Méditerranée - Égypte, Proche-
Ori~nt - restent perceptibles dan s cette région.
A Komn:os (un site dont le nom antique n'est
lieu vers 600, un autel H et un édifice F (dont
l'usage ne semble pa s avoir été religieux ) ont
encore été construits vers 550-500, mais c'est
Fig. 75. Kommos, sanctua ire. Plan
restitué de l'état hellénistique.
D'après Shaw 2000, pl. 1.80.

l!:J
seulement vers 375-350 qu'un nouveau temple -

.. .. • 1 1 pas assuré )~6, ce sont trois temples et leurs oikos C, de dim ens ions supérieures (ca 9,00 x
• annexes qui ont successiveme nt recouvert des

...
11,50 m), a surgi au même endroit, en remployant
• •
... restes du Minoen Récent. Dépourvus de nature à la fois des blocs d'époque minoenne et d'autres
proprement religieuse, ceux-ci ont juste permis
...
• . une réutilisation commode des matériaux. Après
provenant du temple B .
Associé à d'autres autels et bâtiments cultuels,
D


- - •• E la désertion du site vers 1250 et un hiatusde plus
de deux siècles, apparut vers 1020 un petit temple
A, mesurant 5,54 m du nord au sud , entre 4 et
6,70 m d'est en ouest. Peut-être hypè thre (car il
le temple C connut aussi plusi eurs transforma-
tions. Sous un toit désor mais en bâtièr e, deux
colonnes dans l'axe de la porte à antes doriques

• • n' y a pas de traces de supports internes ), il pour-


encadrent un foyer, devant un e base de statue(s)
intégrée à une large banquette continue (fig. 75).
•••• rait conserver les restes d'une banquette à l'inté-
rieur; un nouveau sol, datable vers 875 et portant
Dan s les cinq phases de réfection qui ont suivi, les
trouvailles montrent toujours des banquets
des figurines votives, appartient à un second état. rituels, ju squ'à la désertion du temple vers 160-
En partie fondé sur les murs de son prédécesseur, 170apr.J.-C. Entre-temps, vers 150-50, un édifice
le temple B lui succéda vers 800, bénéficiant de rectangulair e A 1, sans supports intérieurs, ava it
réfections importantes en 760, puis à nouveau en été accolé à sa face nord, égale ment pour servir à
650. Long de 8,08 m pour une large ur de 6,40 m, des banquets, alors qu e la fonction de l'édifice
sous un toit sans doute plat, le temple B possédait hellénistique B, installé contre l'angle nord-est
un foyer et des banquettes intérieures pour des d'A 1, reste incertaine, à cause de ses deux portes
repas assis, dont subsistent plusieurs pièces de ouvrant sur deux pièces non commun icantes.
i 22
vaisselle. Derrière le large pilier placé en travers Enfin, à la périphérie est du sanctua ire, un bâti-
72
de l'entrée est - qui demeurait toujours ouverte, ment tardo-hellénistique E fut muni d'une
comme dans le temple A -, une base remployée banquett e à l'extér ieur, le long du mur de l'e n- o I oo 2 oo ,co •oo ,oo.
roiÈ PN W SHi.W · GÎul. l.&""' BIANCO ltll
Fig. 72. Sélinonte. Plans comparés de l'âge minoen, portant trois pierres dressées trée; de la pièce principale, qui a des chances
des temples C (3° quart du v1• s.), (Tripillar Sltrine), rappelle les sanctuaires phéni-
D (vers 540-530), E (vers 460), plusieurs temp les ou édifices de ce type existaient d'avoir été une cuisine, on passait dans une petite
74
F (vers 530-520), G (commencé à la ciens à bétyles (fig. 74). Plusieurs bâtiments sont annexe rajoutée - elle pourrait avo ir servi de
en Crète, une particularité que certains ont voulu
fin du v1•s.). D'après Dinsmoor associés au temple B: un aute l situé dans son axe, dépôt. couchés, qui participaient aux sacrifices accom-
1950, p. 79.
exp l,~quer ~ar l'organisation sociale et politiqu e
voisin d'un foyer double, un grand éd ifice rectan- En dehors de Kommos, existaient en Crète à plis sur les multipl es autels, les fo_yersintérieur s
~e 1ile,_qm a _longtemps été accaparée par un e
Fig. 73. Halieis, plan des fouilles du ehte aristocratique. Même si les styles de cons- gulaire Z, qui a servi lui aussi pour des repas, l'époque grecque plusieurs autres benclzed-sanctua- fixes étant destinés à la cuisson, A Kommos les
temple d'Apollon. Peu après 700. avant d'être ruiné vers la fin du v1 11c siècle. ries57, pour des convives tantôt assis, tantôt banquets doivent sans dout e être reliés à une
Dessin F.C. Cooper dans
Mazarakis-Ainian 1997, fig . 245.
_,-, .l
-/....,.......
. ·. ·_·...·-
'.

Cour Cour

ü G Bâtiment E

56. J. K. SHAW, The Architecture of


the Templ es and Other Buildings ,
SHAW2000, p. 1-100.
57.j. K. SHAW,Ritual and
Deve lopme nt in the Greek
73 Sanctuary, SHAW2000, p. 669-73 1.
75

64 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 65
Fig. 76. Dréros, Delphinion. Coupes
restituées du temple. 2• moitié du Fig. 78. Prinias, plan des fouilles
v111•s. Proposition de S. Marinatos, des temples A et B. v11• s. D'après
BCH, 1936, pl. XXXI. L. Pernier, AsAtene 1, 1914, p. 27.

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Fig. 77. Dréros, Delphinion.
Restitution axonométrique du
\ cP
\
temple et de ses annexes bule ou d'une pièce à l'arrière, mais une péristasis \
(dépôts?). Proposition de est excl ue, tant et si bien qu'aucun temple périp-
Mazarakis-Ainian 1997.fig. 459.
tère ne fut envisagé dans l'île avant l'arr ivée des 1
Romains. 1
Entre deux hauteurs de la Crète orientale,
dans la parti e nord de l'agora de Dréros, une rue
à degrés montait vers une terrasse où fut mis au
jour en 1935 un temple -oikos (7,20 x 10,90 m)
ouve rt au nord / nord -est, à proximité immédiate 1
1
d'un gro up e de pièces , peut -être d'habitation ou
de stockage. Implantés sur un terrain en pente,
ses murs en pierre calcaire renfermaient un foyer 1
rectangulaire (0,94 x 1,47 m) très légèrement 1
désaxé, encadré par deux co lonnes ou piliers en
bois; au fond, dans l'an gle sud-ouest de la salle, 1
un socle haut de 0,95 m portait des vases mêlés à 1
des terres cuites et, à sa gauche, devant un bassin
posé sur le sol pour faire office de table d'offran- 1
1
des, un autel rempli d'ossements et de cornes de
chevreaux serva it de support à des statues en 1
bronze martelé de la triade Apollon -Artémis- 1
Létô, dont le style autorise une datation de l'en-
semble (confirmée par celle des plus anciens
tessons) dans la seconde moiti é du Vill e siècle58.
La prem ière restitution proposée (fig. 76) s'inspi- 1
rait manife stement du modèle en terre cuite de
l'Héraion d'Argos : l'e ntr ée était placée face au 1
i
tradition syro-ph énicienn e, clairement percepti-
foyer, dont la fumée était évacuée par l'ouvertu re
h·iangulaire du toit à partie centrale très pentue,
'\ \ ___
_-_-_-_---
==~ i
60. L. PERNIER,Templi arcaici su!Ja
ble à travers certa ins traits peu bana ls des temples Même si ce type de couverture en bâtière n'était - --- - - -- - ·-·- - - - ·------- -·- - ·- ~ - - - ·- ·- ·-·- Pate la di Priniàs , AsAtene 1, 1914,
p. 18- 111; !o., AJA 38, 1934, p.
A et B: derri ère une baie d'entr ée sans fermeture pas inconnu en Crète, I. Beyer fut plus convain- 171- 177; voir aussi BEYER1976,
des offrandes étaient dépos ées devant le Tripilla~ cant en restituant un toit plat traditionne l, percé p. 2 1-42 et MAUWlrz 1981, p. 619-
Shrine. Toutefois, quelque s siècles plus tard, le 62 1. Reprise des fouilles : G. RIZZA,
d'un petit lantemeau 59 . En conserva nt un e entrée Priniàs, la città arcaica sulla Patela,
temp le C possédait un e porte à double battant et axiale (ce qui semb le être la règ le en Crète ), une grand bâtim ent rectangu laire à foyer cenh·al, Le temple A de Prinias est c~lèbre par son in La tranz_itione
da/ Miceneoal/'Alto
58. S. MARJNATOS, BCH 60, 1936, deux colonnes axiales à l'inté rieur, repr enant banquett e intérieure a finalement été replacée le remp lacé au Vil e siècle par un temp le A, consh·uit décor sculpté, non par son plan. A ce jour, dans Arcaismo,Dai pa/.aa.oalla città, Atti del
Conuegnointernaz.ionale,Roma 7988,
p. 214-256. Derni ère mise au point: ainsi un plan déj à visible au VIII e siècle à Dr éros, long du mur nord, dont l'épaisse ur à la base était à côté d'un édifice B lui aussi orienté vers l'est le monde grec, c'est le plus ancien qui soit aussi Rom e 1991, p. 33 1-347; L. VANCE
M. d'ACUNTO,Il tempio di Dreros: et qui a perdur é avec des variantes. Cet oikos supérieure à celle des autres (fig. 77).
il cuita e la « cucina de l sacrificio», (fig. 78). Ces bâtiments A et B ont été publiés h·ès richement orn é, alors même que les temp les WATROUS, Crete and Egypt..., Post-
basique - dont la façade est normal ement fermée, crétois sont et resteront toujours très sobres. Le Minoan Crete,Proceedingsof the First
ArchStorAnt9- 10, 2002-2003, p. 9-62. Au centre de la Crète, à Prinias - l'a ntiqu e tôt, mais les fouilles sur ce platea u ont repris Colloquiumon Post-MinoanCrete,
59, BEYER1976, p. 13-20; plutôt que muni e d'un por che à un e ou deux ~/ ~énia -, un lieu de culte minoen fut réocc upé réce mm ent, afin de pouvoir préciser certa ins style de ce décor, qui h·ahit un e influen ce venue UniuersityCollegeLondon, 7995, BSA
MAZARAKJS AlNIAN 1997, p. 2 16-218. colonn es in antis - peut être augm enté d'un vesti- a I epoque géométriq ue et au vme siècle par un points 60 . de Syrie du Nord, fonde la date attribuée au Studies2, 1998, p. 75-79.

66 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 67


Fig. 79 . Prinias, templ e A. Deux
mai s elle est à pr ésent con fortée par J'exist
d ,un p1.11.er sem blable à l'e nti·ée du temple B ence
propos it ion s de restit utio n de la
façade d 'ent rée : en haut par d Fig. 81. Port de Naxos, temple
L. Pernier, en bas par 1. Beye r. Komm os. Le « schém a Dr éros » est aussi celui de d'Apollon. Plan restit ué. Vers 530 .
D'après Ma llw itz 1981 , p . 619 . D'après Gruben 20 01, p. 373.
l'é dific_e B de Prinia s, cette fois tripartite car trè:
Fig. 80 . Lisses , temple d 'Ascl épios. allonge (18,50 x 6,50 m): un vestibule fermé
Plan restitué. Ép. tard e-helléni s- perm et d 'e ntr er d ans un e salle qui contient un
tique . Adapté de Shaw 2000 , grand foye r au centi-e, et une porte percée dans le
pl. 8 .13.
mur arrière mèn e à un e deuxième pièce - une
sorte d' adyton, si l'o n y voit un temp le, à peu près
contemp orai n du pr emi er. Cet te interprétation
cour am men t admi se - d'a utant que le plan tripar-
tite se reto uve vers la fin du V il e siècle dans le
temp le dit de Rh éa à Phaistos 61 - a toutefois été
cont_estée par _A. Maza.rakis Ainian, pour qui
Pn111as B serait la demeur e d'un prin ce, anté-
rieure au temp le A 62 . Cai· il n'y a nuJle trace d'ob-
j ets votifs, mais des meuJes sont apparues, ainsi
qu e des j ai-res à reliefs dai1s la pièce arrière;
sur tout, le maté riel assoc ié à un groupe de
maisons qui se mb len t co ntem pora ines de B
remon te à la de rni ère pér iode min oenne et à la
phase protogéo métri qu e, un e date à laquelle
l'ex istence d' un temp le conç u sur ce plan serait
Sm
inatte ndue. La place de réunio n prévue devant
les édifices A et B, comm e à Zagora d'Andros
devant la demeur e H 1963, pourrait encore accré·
79
diter l'hypo thèse d'un bâtiment qui abritait des
repas en commun .
_ _._ ..__.___. ___11_..__
Bien qu e l'a rchitectur e sacrée de Crète ait
aussi ado pté d'a utres sortes de plans, aux rv0-111 •
siècles le templ e au sud de l'agora de Latô
repr end celui de Prini as A, mais avec un pronaos

T ferm é et sans foyer n i banq uettes (sur ca 6,50 x

\
Banc 10,15 m). Enfin, le schéma rectanguJai re simple
,.._
<X)
visible à Dr éros et dans Komm os C fut conservé
"' Stat ue
dans le temp le tarda-hellénistique d'As clépios à
Drai n
Lissas (fig. 80), sans foye r centra l mais toujours
-f+,+,+
--1-- -+- --+- --+- --+- -
avec des banqu ettes intérieu res 6 ·1. Ce type de plan
était aussi appr écié non loin de la Crète, sur une
r------ 10 .3 1 -----.!
terrasse de la colline de Koukoun ariès à Pai·os où
61. V. LA ROSA, Per la Feslos di età
~ S .OO IOO OM des banquettes longent la face interne des ~ur s
o~
.G~
.Ï~sta-;s~:W~G:--~0~
.19~9~5~---• 1 · ·
arcaica,Studi in memoria di d'un temp le d 'Athéna : daté par la stra tigraphie
L. Guerrinz;Studi miscellanei 30 des ann ées 700, c'ét ait un oikos recta ngulaire (ca
Rome 1993, p. 63-8Z '
80
62. MAZARA KJS AlNIAN 1997,
6,40 x 9,50 m) à toit plat, soutenu pai· deux colon-
p. 224-22 6. nes dans l'axe d' une large porte65. fig. 69, et temp le d'Apo llon à Naxos, fig. 81), soit anciens, avant tout par Homère qui, dan s l'Iliade
63. A. CAMBITOGLOU Zagora
templ e A : un p eu avant ou apr ès 625. La des lieux où l'e spa ce au sol était mesuré), voire (XX III , 124), a décrit le bûch er funéraire de
Andro s, Archaeology23, 1970, 303-p. Proportions et divi sions parti culi èr es 6 x Il (temple sud de Kalapodi, templ e d'Athéna Patr ocle comm e « mesurant cent pi eds dans un senset
309 ; M,\ZARAKJ S AINIAN 1997 compl exité des frises alliées à des rond es-bosses a
p. 171- 172. ' suscité plusieurs essais de restitution, mais il est à Kart haia, premier Apo llon ion de Cyr ène), le dans l'autre». Mais l'app ellation est pur ement
64. P. DUCREY, 0 . PICARD, BCH 94 très prob able qu'un e des frises courait à la base Périptères ou non, les gra nd s temp les tout comb iné avec des propor tions tourn an t mod erne dan s presque toutes les pub lications où
1970, p. 56 7-590; SHAW2000, , archaïqu es étaient en général nettement moins autour de 1 : 2. Il n'e n rest e p as moins que l'al- le mot app araît68 , et seul l'un des plu s anciens
p . 702-703 . des mur s, en plu s de celle qui les couronn e.
larges que longs (avec des pro portio ns de 3 : 8, ou longement et l'é troitesse, qui facilitent aussi la monum ents de !'Acropo le d'Athènes est attesté
I, li culto di Atena a
65. D. SCHILARD
Comm e à Dr éros, ce templ e était couvert d'un
toit plat sur un e cella rectangul aire, don t le foyer au moms de 2 : 5), sur tout lorsque leur façade pose d 'un e ch arpe nt e simp le, éventu ellement épigr aphiqu ement comm e hécatompédon, dan s
Koukoun aries..., in Le Cicladi e il d'ent · farmait
• · un por che encadr é par des murs
mo11doegeo, Seminario di studi, Roma c~ntra! était flanqu é de deux colonn es ou poteaux _ ree sans supp orts int ern es, sont des signes indubit a- cette Hekatompedon-Inschrift (IG 13, 4) très lacu-
lateraux 66 C t
7992 , Rome 1996 , p. 42 et suiv.
desaxes ; des restes de blocs en calcaire font resti- _ . _ · er es, un nombr e non négligeab le de bles d'archaïsme, comm e nous avons pu le cons- naire, aussi délicate à interpr éter qu'à dater 69 : il
66. D RERUP 1969, type dit pen pteres fut proj eté dan s la second e moitié du tater à maintes reprises. se pourrait que le mot désigne ici non un bâti-
Antenlanghaus. tuer un _ba~c le long du côté sud -ouest. I. Beyer
avait reJete la proposition faite par Pernier, à vi• siècle et autour de 500 sur un plan rama ssé67 Plusieurs tem ples archaïqu es passent aussi ment compl et, mais l'espace de la cella dans le 68. R. T ô LLE- KASTENBEIN, jd/ 108,
67. W. WüRSTER, Dor ische 1993, p. 43 et suiv.
d'où une périStasis de 6 x 12 colonn es («VieW: pour êti·e longs de 100 pieds. Très pri sé des Pré-Parthénon, en cours de construction au début
Peripteraltemp el mit gedrungenem parti: _des maigres restes d'un e dalle, de replacer templ 69. G. NEMETH, j d/ 108, 1993, p. 76-
Grund riss, AA 1973, p. 200-2 1I. un pilier en travers de l'e ntrée du p ronaos (fig. 79), , _e » d'A th ena
- p o Iias su r !'Acro pole
archéologu es, le term e Hécatomp édon était au du v• siècle (infra, p . 84). 8 1; trad. da ns H OLTZMANN2003,
d A th enes, second temple d'Ap haia à Égin e, cont raire rare ment empl oy é p ar les auteur s p. 85-87.

68 ARCHITECTURE RELIGIEUS E
3, I1ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 69
3-4.5~

1 1 1 1 1 1 7 1 1
Palatine à Métaponte. Mai_ssi la fond ation plane
1 1 1 Il 1 7 7 I' 1 1 1 1 1 I
/
1 1 1 1 1 en face de l' Artémision d'Ephèse fait penser à un
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l'---'
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\ I
./ o.9f:t!.
\
\
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I
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(
\ ) ) 1() I'---'
hécatompédon,avec sa surface de 33 x 16 m envi-
~ ron (fig. 42), il s'agit bien plus probab leme nt, à cet
en dro it, de l'autel du premier diptère que d'un
r--.. ~I ,,----.. templ e archaïque, qui sera it orien té au sud 73.
'---' ~I â

n u
'----' Quelques autres exemp les po ur raient être
! g1 r--.. '·" A § ln 10 lo.3,. 0~
~' ~ avancés - dont le premier O lympieio n d'Athè nes
~
Ir-- (fig. 70), qui présente, non pas une longueur, ma is
1- '·"' ~ Ir ·~

1J un e largeur de 100 pieds attiques au stylobate ;


I'---'
...
'-. L,

; Y.\ ..... '·" '


'-'
,. peut-être do ivent-i ls être rattac hés, comm e l'a
~
~
. . :li;
:! - proposé R. To lle-Kasten bein, à l'in térê t des archi-
1,.,---., ....
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'·" '·" 0.:37 0
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0.73 1 . .,
3 :
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Ir--
I'-..-,
tectes grecs des temps arc haïque et classiqu e po ur
les spécu lations mathématiques et pour la valeur
1-
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l o.eM1/o
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I"---'
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!'----' n r-1,
'----' §
1-
symbolique des nombres.
Dans la pratique, l'a llongement de n ombreux
'
'-.l., 0,61 0.61 0.67
•.~ il 087 067 .. ,
~

'----' 1-
templ es archaïques est en partie dû à la pr ésence
d'un adyton, littéra lement: « le lieu où l'on ne se
1-
glisse pas». Les arc héo logues ont cou tume de
/C--- (""\ ,. .
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\ ) '·" 1(
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1
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1 1 1 7 1
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)
1 1
I
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\ ;) 1,,----..1-
1\
désigner par ce terme une pièce située au fond
d'un temp le, à laquelle seuls les desserva nts du
1 1 1 1 , 1
1 1 1 1
1 1 I 1 1 1 I
culte peuve nt accéder, normaleme nt en passa nt

$ ,, pa r la cella. Cette p ièce intérieure se distingue


do nc de l'op isthodome, constr ui t à la m ême place
mais accessib le par l'extérieur (fig. 88). Ains i qu' il
Fig. 82. Makistos, temple d'Athéna. Plan restitué. Vers 530. D'a , A N k · arrive souvent, l'usage moderne diffère de celui
pres · a assis, The Architecture of the Temple of Athena at Makistos, 2004, pl. n des anciens Grecs 74 , pour qui l' adytonadoptait des
form es arc hitectura les diverses. Non seulement il
po uvait constituer un lieu de dépôt ou de stoc-
Le chiffre 100 ne correspondait certainement kage dans un habitat, mais la partie la plus recu-
qu 'à un e ap proximation pour Homère, qui lée du temple oraculaire de D idymes, son adyton,
voulait exprimer par là un e dimension gigan- était une grande cour hypèthre, isolée de l'exté-
tesque , hors du commun. Tout au contraire, lors- rieur, tandis qu'au sein du temp le d'Apo llon à
qu'un archéologue l'appliqu e aujourd'hui à un
temple, il a dû calculer au pr éala ble le pied utilisé,
pour s'assurer que la longueur du monument est
Claros l' adyton ab ritait la «source» sacrée dans
un e crypte (fig. 375), variante du lieu souterra in
d'où émanait le souffle prophétiq ue, dans le
0 D 0,__ __ L_ _ _ _L_ _ __J 3m

bien_d'e nviron 100 pieds, un e marg e de plusieurs temp le d'Apollon à De lphes.


d1zames de cm restant acceptable. Il n'es t pas sûr I; adytoncomme pièce intérieure, conçue po ur
Fig. 84. Kombothékra, temple d'Artémis Limnatis. Plan
que l'appellation soit justifi ée pour le prem ier conserve r des images cultue lles ou, le p lus
superposant des cours de briques à l'état fouillé. v1• s.
temp le de l'Héraion de Samos, dont la longueur souve nt, po ur servir de dé pôt, est attes té depui s le D'après U. Sinn, AM 1981, p. 51.
exacte n'est pas détermin ée (ca 32,86 m; supra, haut-archaïsme pour des temp les de tous types, et
P· 43). Elle semble l'être davantage pour le sans _association privi légiée à un culte en particu-
temple d'Anô Mazaraki et pour les temp les qui se lier. A ce j our le plus anc ien adytonconnu est celui
sont succédé aux vrn• et v11 ° siècles dans le sanc- situé au fond du temp le d'Anô Mazaraki, vers 700
tua ire d'Apo llon Daphnéphoros à Érét1ie 70 : tous (fig. 47); son tracé en arc de cercle ra pp elle celui sur 5,80 x 12,40 m un pronaos, un e cella et un
m:s urent entre 34,40 et 35 m de long, soit à peu des absides qui ter mi ne n t des éd ifices un peu plu s adyton. Empil ées sur un socle de pi err es, des
70. Érétrie 2004, p. 102, 232- briqu es larges de 0,30 m constituent le modul e de
233, 236-237. pres 100 pi_e_ds ioniques de ca 0,35 m. Un peu plus anc iens, à Thermo n comme à Lefkan di , où un e
73. M. WEISSL,Kont extual isierung
~ard,_au m1heu du VI 0 siècle, le temple d'Apo llon fonction de stockage est assur ée (fig. 46). l; adyton la pr emière ph ase (fig. 84), alors que dan s la im Artemision vo n Ephesos,
71. B. l NTZESILOGLOU AD 49
1994 (1999), B' I, p. 33 1-333;' a Mitropo lis de Thessalie pourrait avoir mesuré du prem ier temp le d'Apo llon à Bassae, construi t second e, vers 500, la façad e d'entr ée en pierr e Hephaistos 21/ 22 , Brè me 2003-2004,
Io., ExcavatingClassicalCulture 100 pieds dor I·ques, pmsq· ue son sty lobate est long vers 620, fut complété par un petit opistho- sera surm ont ée d'un e frise dorique à triglyph es p . 169-200.
2002, p. 109- 115. 74. M . B. H OLLINSHEAD,«Adyto n »,
de, ca32
. ~ 71, tan d 1s
' qu e vers 500 ce lm• d u temple dome75 (fig. 83) : au bout du comp te, les adytons très éh·oits, sans contr action aux angles mais à
72. A. NAKASSIS, The Architecture « opisthodomos », and the Inner
of t~e Templeof Athena at Makistos, d'A th-en~ a Mak istos atteignait 32,94 m (fig. 82), ne sont pas rares dans cette région, vers la m ême troi s métop es au-dessus de la port e élargie. Room of the Gr ee k Templ e, Hesperia
Athe n es 2004 [en grec, réswné c est-a-dire éga lemen t l 00 pie
. d s donq. ues, un chif-
. épo qu e. Par mi les templ es à adyton,dépo urvus de I; adyton de Komboth ékra est ferm é, comme il se 68, 1999 , p . 189-218.
ang l.) ;J. et B. FORSÉN, E. fre correspondant -a ce 1u1· de l' euthynterza
- • péristasis,se rangent le templ e B de Pallan tion 76, doit, alors que ceux de Bassae et de Pallantion Cl 75. COOPER 1996, p . 8 1-86, 97.
0STBY, T he Sa nctuary of Aghjos Fig. 83. Bassae, temple archaïque
Elias ..., DefiningAncien/Arkadia d'Apol lon. Restitut ion isométrique. Vers (32 ,54 m) du templ e tarda-archaïq ue élevé avec 6 les états arc haïq ues des temples de Tégée et de étaient ouverts, à p eine isolés par des colonnes , 76. 0 STBY 1995a, p. 294 et suiv., et
fig. 172 (adyton à pe rle désaxée) .
(Actsof the CopenhagenPolis 575. Dessin N. Kelly, Hespena 1995, x : 4 ï2colonn es sur la colline d 'Hag hi os Élias à Zeus à Né m ée, le te mpl e d 'H éra Akra ia à comm e dan s les deux phases du templ e de
77. Ch. PFAFF,Corinth2003, p . 119-
Centre6), Th. H EINE N IEL.SEN p. 245. A sea' E It l'1 d Pérac hora et ce lui , m oin s connu, d 'A rt émi s Némée où l' adyton était en réalité un e crypte
]. ROY éd ., Cope nh ague 1999'. d'Athé.n a ~ Pa ~. u Sud ,_le_stylobate du temple 12 1 (Pérac ho ra); U . SINN, AM96,
p. 169- 177. d . oseidoma faisait lui aussi 100 pieds Limn atis à Kom bo thékr a 77 qui , anc ré au débu t de (fig. 85) dans laquelle on descendait , donc un e 198 1, p. 25-71 (Komb oth ékra, près
onqu es de 0,328 m, comm e celui des Tavole l'âge archaiqu e sur un e petite terrasse, possè de installation chthoni enn e. Il en allait de même, d' Ol ympi e).

70 ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE


3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 77
Fig. 85. Némée, temp le de Zeus.

[- - ! ' ~ ---- ·= . -- -
Coupe longitudinale restituée, - .- .. · -·
--

J
~
l
'
montra nt I' adyton. État du 1v" s.
D'après B. H. Hill, The Temple of !
-~
1
1
Zeus at Nemea, 1966, pl. VIII.
~- -&._.~- - ,_
-
Fig. 86. Brauron, te mple d'Artémis.
Plans des état s restitué et fouillé.

Il
Début du v• s. Dessin 1.Travlos !
dans Neu e Forschungen 1976, 1 1 ~ I - '1
p. 203.
1

111
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I! Fig. 87. Poséidoni a, la « Basilique»


vue du haut du temple de
Poséidon.
templ e archaïqu e d'A pollon Zôster à Halai thodom e. Un e solution mixte fut retenue au
,.'1 Aixonid ès, et celui d'Ar témis à Brauron, fig. 86, ye siècle pour le temp le E, qui possède à la fois un

··•
1
1
•''
la
:
puis, au IV 0 siècle, dans les temples d'Ar témis à
Hal ai Arap hénidès et d 'A pollon Pythi en à
Ikaria 78), en Béotie (dans le templ e archaïque
adyton et un opisthodome (fig. 72), mai s au tour-
nant des ann ées 500, le temp le d'H éraclès à
Agrigente fut le premier, en Occident , à substi-
1 ~ ,. .~ '
lii
•.-·,
-. d'Arté mis à Aulis), en Locrid e (au v• siècle, dans tuer un opisthodome à l' adyton traditionn el.
1
1 • • :.:·
le grand périptè re d'Apo llon à Kalapodi, avec un
opisthodome en plus de l' adyton), en Pho cide
C'é tait bien là un e étape. Car c'est sans
cont este la concurrence de l'opisthodom e -
1
1
1 11:·=. Ill •
~

.... ••,.:-'.
(templ e d'A pollon à Delphes), en Épir e (templ e
oraculaire de Dodone, templ e de Spathari 79), en
pouvant également conserver des archives, un
trésor, ou même servir de banque - qui entraîna
1
1 1~
: Th essalie (templ e d' Apoll on à Mitrop olis). S'il est la rar éfaction de l' adyton dans le monde grec.
( ·- resté rare en Asie Min eure, les habitants des îles Comme l'adyton, l'opisthodome a lui aussi souf-

•••• 1
1
Il

~

l'appr éciaient. À l'éta t IV du templ e de Dionysos
à Yria et à celui d'Athén a à Koukoun ariès de
Paros, accru au 1v 0 siècle d'un adyton, il faut main-
tenant adjoindr e un templ e archaïqu e fouillé à
fert, à partir du rve siècle, de la tendance gén érale
au raccour cissement des temples (irifra,p. 96). S'il
a surv écu, il ne repr ésente alors que la rénovation
d'un état ancien (dans la pha se hellénistiqu e de
0
10 l'Olympi eion d'Ath ènes), quand il n'a pas été
20 1. T .
Kythnos, dont les offran des pr écieuses accro-
M 19-7 4 chées aux mur s ou ran gées sur des étagères de am énag é dan s un bâtiment cultuel lié à des
78. T RAVLOS1988, p. 85-89 (!k a ria,
l' adyton80 pro uvent, s'il le fallait encore, que cette mystères, comm e l'Anaktoron de Samothrac e auj. Di o nysos ), 2 11-215 (H alai
86
pièce d'accès réservé avait prin cipalement un e (irifra,p. 242). Ar aph énid ès, auj. Lo ulsa ), 4 6-477
fonction de dépôt ou de « trésor ». Enfin , les cons- (H alai Ai x onidè s, auj . Vo uli agm éni).

tructeurs d'Itali e du Sud et de Sicile avaient pr évu 79. E .-L. SCHWANDNER, Sp àth ari,
selon Pausanias (VII 27, 2), dans le templ e
~' Afüéna construit « le long de la route qui mène Même s'il est effectivement très pr ésent dans à maintes repri ses un adyton, dan s des temp les qui 2. L'époqueclassique Saule und Gebiilk 1996 , p. 4 8-55 .
80. ArchaeologicalRep ortsfor 2002-
le Péloponn èse, auqu e l se raccroc hent du pomt . vont de la fin du Vil e à la pr emière moiti é du 2003, Lo ndr es 2 00 3 , p. 75-76
a la ville de Pellène » : il cont enait une statu e attri-
de vue culturel aussi bien l'île d 'Égi ne (avec le ye siècle 81. Proj etée dan s un pr emier temp s avec (te mpl e d até du v 11' s. p ar
buée à Phidia s, en sorte que « les gens de Pellène A. Maza raki s Ain ian ).
premier
. templ e d'A p h aia
· ) que Cyrè ne (avec son un opisthodome, la «Basiliqu e» de Poséidonia Le canon dorique
disent aussi qu'il y a un adyton con sacré à Ath éna 81. S. K. THALMANN,The Adyton in
vieux
. temple d' Apo lion ), l' adyton n'est pas toute- (fig. 87) fut finalement construit e avec un adyton, À partir du deuxi ème quart du v• siècle, la
qui s'étend ju squ'aux profond eurs de la terr e e~ fois une excl · ·t · - ' uve the GreekTemples of South /ta/y and
' usivi e geographiqu e, Il se retro mais à l'inverse le gra nd templ e G de Sélinont e gro sse majorit é des temples doriques se ressem- Sicily, Di sse rta tion Berk e ley 1976.
que cet adyton est sous le socle de la statu e» (t;ad d ans toute la G ·· A .
CUF ). . rece, en ttiqu e (dans le dipt ère était bouclé au début par un adyton (comm e aux ble d'un e mani ère tout à fait frappante . Plusieurs 82 . M ERTENS1984; M. W.j o, ES,
tar d o-archaique d z spécialistes82 ont tenté d'exp liquer ces ressem- AJA 105, 20 01, p . 675-7 13 .
e eus 0 lympi en à Athèn es, le templ es C et F), qui fut ouv ert par la suite en api s-

72 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 73
du kosmos (Kocrµoç), perçu comme le • mon
Fig. 88. Olympie. temple de Zeus. ordonné». de
Fig. 89. Poséidonia, temple de
Plan restitué. Dessin E. 0 st bY
d'après OlympiaIl, 1892.
Sur une crépishabituellement à trois d . Poséidon. Façade principale.
. egres Deuxième quart du ves. Envoi de
ces temp 1es d onques sont périptères '
, avec6 Rome d'H. Labrouste.
co lonnes en façade, co ntre 13 sur les longs - .
A- 1•· t- . 1 lia d 1.v1see
m eneur, a ce
. - cotes,
en trois nefspardeux
fines colonna des sur deux niveaux est en d .
ca ree
par un prona~set un opistho dome symétriques,de
d1mens1ons egales. Il est clair que l'opisthodom e
fut créé comme pendant exact du pronaos, ce •
lui permettra de supplanter progressivementq:
vieil adyton tout en co nservant ses fonction s
(supra, p. 73). on seulement ces pièces avantet
arrière sont toutes deux distyles in antis , mais l'en-
semble ne donne plus l'impression de flotter dans
la périslasis,car leurs antes sont alignéessurl'axe
de certaines colonnes, par exemple chaque
deuxième colonne à partir de l'angle sur lesfaça-
des du temple de Zeus à Olympie (fig. 88).Les
lignes des murs qui sépare nt la celladu pronaos et
de l'opisthodome ont également en relation
axiale avec des colonne de la galerie. Unepartie
de ce formules avait déjà été utilisée à l'âge
archaïque , dans le cadre d'une lente évolution:
vers 600 -590, la profondeur de l'opisthodomede
l' « Héraion » d'Olympie (fig. 64) était un peu
supérieure à ce lle du pronaos,les extrémités des l'ensembl e est stu qu é et peint suivant de s règ les deux espa ces, et par la manière dont le probl ème
longs murs de la cellaéta ient encore simplem ent également invariabl es, destiné es à marqu er les du triglyphe d'angle a été résolu: les entraxes tous
coffrées de planche protectrices, et c'est la saillie hori zontal es et les vertica les: sur un fond blanc égaux sont alliés à un e dilatation des deux m éto-
fo1mée par ce revêtement qui, traduite dansla les bandes rouges doivent contraster avec le bleu pes de l'entrecolonnement angulaire. Cette
pierre, est à l'origine des pilastres d'ante caract é- noir, qui est nécess airement la cou leur des trigly- option rare fut surto ut mise en pratique en
risés. Plus d'un siècle après ces tâtonnements, le ph es et des mutules. Occident, au lieu du rétrécissement des deux
projet architectural d'un temple suppose désor· Il n'y a pas lieu de s'é tendr e davant age sur le derniers entraxes, classique en métropol e.
mais la soumission à une série de conventions,de temple de Zeus à Olympie, bâti entre 472 et 456; Finalement, le temple le plus proche de l'é di-
règles (c'est le «canon» proprement dit) à la fo~ dans le pr écé dent tome de ce man uel nous avons fice d'Olympie est sans conteste celui élevé peu à
simples el cohérentes. Ce sont elles qui définis - montr é co mment il illu stre le canon dorique peu à Isthmia, après l'incend ie, vers 470-450, de
sent des rapports piivilégiés entre les différente s dep uis la publication des gran des fouilles alle- l'a ncien temple de Poséidon. Ayant d'a bord
parties el dimensions, unies dans l'adoptiond'un mand es, en 1892. En reva nch e, s'il est un fait conservé une seule colonnade axiale à l'intérieur ,
module de base. impor tant mi s en lumière depui s le derni er quart il reçut un e double colonnade à deux niveaux
ur le sty lobate, où chaque colonne est du x.xesiècle , c'est qu e l'application de ce cano n après un nouv el embrasement en 390 85 . Si cette
centrée sur une dalle, un temple doriquecano- n'a j am ais été aussi str icte qu'on a vo ulu le faire division de la cellaen trois nefs ne se retrouv e pa s
nique 83 doit avoir en principe des entraxeségaux. croire. En dépit de multiples et rée ls points dans le temple classique de Poséidon au cap
En élévation, les 20 cannelures à arêtes vivesdes comm un s, peu de temples sont vraiment du Sounion , c'est simpl eme nt en raison de la peti-
fûts se poursuivent jusqu'au collet du ch~piteau, même modèle que ce lui de Zeus à O lympie - qui, tesse de sa terrasse, qui a conduit à un plan
blances en supp osa nt que tous ces temples dont les filets ho rizo ntaux marquent le departde lui-même, ne connaissa it pas encore les entraxes resserré où des supports étaient facultatifs.
avaient été conçus à l'ai de d'un e sér ie de mani - l'échine de même haute ur que l'abaque au· standardi sés, pourtant déjà mis en œ uvre au !;architecte s'est alors contenté de reprendre les
pulation s prop ort ionn elles relative m ent simpl es, dessus. ' Dan s l'e nt ab lement, l'architrave lisse v1• siècle dans le péript ère d'O rchomèn e en proportions de l'é difice précédent, resté inachevé
porte une frise de métop es alternant avecdes Arcadi e. après un début de chantier vers la fin du
le module préa lablement défini pouvant être la
Bien qu 'é tant cern é de 6 x 13 co lonnes, le v i e siècle, où il éta it déjà entouré de 6 x 13 colon-
largeur du triglyph e, une valeur qui se retro uv e triglyphes, à raison d'un triglyphe par entre~olon;
neme nl el d'un autr e rigoureusement plaœdan Grand templ e d'A pollon à D élos n'es t qu'un ne s. Comme à Olympie, le nouveau templ e du
un peu partout dans l'é lévatio n de la façade
exe mpl e non canonique parmi d'a utr es . Au Sounion 86 (fig. 90) possède un pronaoset un opis-
co,mm e dans le plan. Bien sûr, il ex iste toujour s l'axe d 'u ne co lonn e (fig. 89), ce qui posaitu~
mom ent où les Élêe ns bâtissaient leur grand iose thodome sym étr iqu es, mai s ici l'espace entre la
des templ es qui n' entr ent pas dans un tel schém a prob lè m e aux angl es, réso lu d e d.iverses manie·
offrande à Zeus, les D éliens entamaient pour péristasiset les deux colonnes de l'opisthodom e
arithmétiqu e, mai s il est ind én iable que lorsque res. Sous la corniche débordante, les mutules,ces 84. Voir GD 13 et F. CüURBY,EAD
· de gout· Apo llon le seul péript ère de l'île sacrée, j amais est plu s profond qu e du côté du pronaos.
les multiple s calculs concor dent, tout es les parties plaques recta ngulair es ornées de rangees . 12, 193 1, p. 1-106; FRAISSE,LLiNAS
vraiment achevé, malgr é une reprise des travaux Aujourd'hui redressé sur son promontoir e 1995, p. 5 13-522 .
du templ e se répond ent. C'est par cette concor - Les doiv ent tout aussi impl acab lement êtreaxees
' - e une correspon· vers 300 84 . Il diffère surtout du temple d'O lympie rocheux, le temple de Poséidon au Sounion avait 85, E. GEBHARD,F. F. P. H EMANS,
danc e, qui fait apparaître l'harmo nie math éma - sur un triglyphe el un e me 1op , d été daté des an nées 440 par W. B. Dinsmoor 87 et
par les deux co lonn es du pronaos,qui n'ont pas le Hesperia 67, 1998, p. 1-15.
tique ju sque dan s les moindr es détai ls, que l'ar- danc e qui se retrouve d ans l'écartement es attiibuê au même conce pteur qu e l'H éphai steion . 86, GOETIE 2000, p. 26-3 1.
83. Analyse détaillée dan s le t. l
_ . . E fin en dessous même écarte m ent qu e celles de l'opisthodom e, par
de ce manuel : HEL~IANN2002 chitecte pou vait se targu er d'avo ir atteint la g argouilles leo nmes de 1a sima. n ' un e frise doriqu e continue qui court dans ces Din smoor pensait qu e cet architecte anonyme 87, DINSMOOR1950, p. 179- 182.
p. 124-130. , les des frontons,
symmetria. Le templ e est alors l' im age manif este des acrotères qui orne nt 1es ang

3, L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 75


74 AR CHITECTURE RELIGIEUSE
d'Ath én a, domin e le secteur de ]'Agora en Fig. 91. Athènes, temple .
compensa nt des dim ensio ns exiguës par un état d'Héphaïstos. Plan avec essai de
détermination de l'unité de mesure
de conservation assez exce ptionnel88 . D'après les (0,3225 m ?) par J. de Waele,
différences techniqu es relevées dan s son plafond BABesch 1998, p. 88 (d'après
et dans le profil d e certai nes moulur es, le chantier T 1.Travlos).

l
de ce temple sembl e avo ir été arrêté pendant la
guerre du Pélopon n èse (qui débuta en 431} et
repris ensuit e. En tout cas, le style de ses reliefs
rapp elle ceux du Parthéno n, dont il reproduit -- --~
aussi l'agencement int é1ieur malgré une cella ~·::'
étro ite, tout en se cont entant de dix-huit métopes
~
.,
N -•l,i"'
r!li._,ffi:
--- 38'

.---.---.---.-
•• 1

sculptées à l'extérieur de la péristasiset d'un _____


_ ; --

p lafond à caissons en boi s sous une toiture en


terre cuite. Les entrax es de sa galerie à 6 x 13
colonn es sont égaux, comm e au cap Sounion et
au temp le de Némésis à Rhamnonte, où les antes
sont éga lement alignées sur les troisièmes colon- ''
.1.

nes de s longs côtés. Mais au temple du Sounionle ____ _ 104 ' l 103 3t4'l --
pronaos et l'op isthodom e sont tout à fait symé-
triques, tandis qu e le pronaosde l'H éphaisteion est
plu s profond que l'op isthodom e, à l'inverse du
Némésion où fut conservée la vieille idée d'un
opisthodome un peu plus profond que le pronaos .
La même formu le se retro uve au temp le d'Athéna
à Prass idaki en Élide, qui avait lui aussi un prédé-
cesseur (fig. 16).
Dan s le secte ur rembla yé de Rhamnonte, ce
choix fut peut-être aussi motiv é par l'existence
d 'un petit temp le co nstruit après 480 pour
Thémis, en appar eil pol ygo nal lesb ien de calcaire
bleu (fig. 92 et pl. VII }, du même type oikosque le
temp le arc haïqu e de émésis, en pôros.Le grand
temple classique 89 se différencie par son marbre
d'origi n e local e, à l'except ion du toit en
Pentélique, et avant tout par les 6 x 12 colon~es
de sa p érista.sis,aux canne lures juste amorcees,
soit un plan court déjà connu au V ic siècle (supra,
p. 68) et finalement surpassé par le Métrôon
Fig. 90 . Sounion, colonnes redres- d'Olympie, qui reç ut vers 400 un e ga lerie rédui~e
sées du te mp le classique de
Poséidon.
à 6 x 11 colonnes. Dépourvu de co lonn ades mte-
rieures à cause de ses dim ensions restreintes
aurait ensuite pour suivi son œ uvr e avec le
(fig. 348), le Némés ion ne portait pas non plus de
pr emier état du temp le d'A rès sur l' Agora
sculp tures architectura les, au co ntrai re de
d'Athènes (infra, p. 109), et aurait terminé cette
l'H éraion classique d' Argos, auqu el l'architecte
série de temple s cousins avec celui de Némésis à
argien Eupolémos n'avait éga lement accor dé que
Rhamnonte , dan s les années 436 -432. Une
proposition qui laisse aujourd'hui sceptiqu e, car 6 x 12 colonn es90 - tant il est vrai que le plan
plusieurs traits distinctifs se manifestent dan s ces canoniq ue à 6 x 13 colonn es n'a pa s été réguliè-
architectures en marbre , même si toutes relèv ent rement repris dans le Péloponn èse après 450.
bien d'un esprit attique, ne serait-ce que par l'in- Terminé vers 400-390 par des entr ep reneurs qui
troduction de moulures ioniques et d'une frise pourrai ent bien être attiques, d' après leurs
ionique continue dans le pronaosde trois de ces marqu es gravées et les moulur es du déco r, en
88, TRAVLOS 1971, p. 26 1-273;
L AWRENCE 1996, p. 129- 133 . temples, qui ressemblent tous plu s ou moins au divers marbr es import és, le prin cipal temple
89. M. M. MILES, Hesp eria 58, 1989, Parthénon, mais avec des dimensions réduites d' Argos se pliait à des traditi ons à la fois attiques
p. 22 1 et suiv.; l'ET RAKOS 1999 , concrétisées dans les façad es hexa styles. et régionales. Sur un gros œ uvr e en pierres loca-
p. 220-246. Fig. 92 .
les, l'éléva tion aurait port é un e sér ie de grandes
Toujours dénommé Théseion dans l'urba -
90. Roux 196 1, p. 57-62; Ch. PFAFF, métopes sur les seules façades est et ouest (ce
Tl,e Argive HeraionI, Tl,e Arcl,itecture nisme moderne, à cause de la pré sence de Thésée
of tl,e ClassicalTemple of Hera,ASCS dans son décor sculpté , l'Héphaisteion (fig. 91 et serait l'unique templ e du Péloponn èse orné de
(Athènes ) 2003. cette façon), combinée à un e autr e série plus
211), qui abritait les statues d'Héphaistos et
petite sur les entab lements intern es de l'opistho-

76 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 3. 11ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 77


C-g,_%, etdéO'\ é CE
,1'"',;)é Cf'.ICLé
t.. P-éStitut iO'ce, a "aç,éé et èt.. ~ ri avait ges particularités.. Depuisl'édifica-
Fig. 94. Himère. temple de la
cla-1 vèrs C C Déssir W -'ce;:,fcer uon cf ~p (e ~"Héraclès à • . ente. vers 500, Victoire. Plan peu après 480.
d'aorêS- D-. Merter:~. 1-fer--~ogeres la fa.ça.de d emree est magnifiée par r acf . Éch. 1:400. Restitué avec recherche
i !:)00, i:, :t. d' cali - . gonctioa

••
. un - es [ er a plusieurs degrés en nombre du module par Mertens 1984,
p. 69.
~parrd , et a piristasis la plus courante est compo-
see. e 6 x 14 colonnes ' un chiffre tre·s rare en


Fig. 95. Agrigente, vue du temple
---------- )9,'-6
Grece propre, ~ù il est utilisé uniquement dans de la Concorde. Troisième quart du
v" siècle.
~es re~onstructions, en écho à un état anté-
neur (mfra, p. 79). La cellaà trois nefs générées
P;"' d eux c?lo~ades intérieures superposées
n emportera Jamats I adhésion; elle ne se voit que
~ans (~ te~pj~ dit de eptune (ou: de Poséidon}
• ••
a ~ose1dorna (fig. 89 et pl. II), celui qui reflète le
mi eux au deuxiè m e quart du V" siècle les tendan-
ces p éloponn és ienne s, par sa ressemb lance
mar_qu~e avec le templ e d e Zeu s à Olym pie, sans
les 10n1smes si fréquents en Occident. Ailleurs
que ce soit dans le temp le A de Sélinonte, ou dan~
le curieux temp le D de Métaponte 92, encore
pourvu de 8 x 20 co lonnes ioniq ues vers 470
(fig. 93 ), c'est la trad itionne lle abse nce de 94

supports internes quj prévaut. Elle est souvent


compensée par l'insertion d'escaliers tournants de
part et d 'a utr e de la porte de la cella,runsi dans les
temp les de «Junon Lacirua » (fig. 21) et de la
Concorde à Agr ige n te, ou dans celui élevé au
pied de l'acropo le d'H imère pe u après la victoire
de 480 sur les Car thaginois (fig. 94 ). Ce périptère
co mm ém orat if, d' un e co nceptio n très ratio nnelle
et régu lière, pourrrut avoir inspiré l'arc hitecte du
tem ple d 'Ath éna aujourd' hui englobé dans la
ca~édrale de Syracuse 93 (fig. 1). Il reste que le
gout des Siciliens pour les périptè res classiques a
cuJminé dans la série de temp les, tous en calcaire
tendre loca l, et de dimensio ns moye nnes par le
recours à 13 colonnes seuJement sw- les longs
côtés, qui se sont succé dé à partir de 450 dans la
va ll~e- d'Agr ige nte. Ce lui de Ju non ou Héra
Lacm1a fut le p rem ier, il se mbl e avo ir servi de
modèle au templ e de la Co ncor de (fig. 95; sans
rapp ort avec la déd icace origi n elle, ce nom date
de la ro man isatio n), suivi par ce lui des Di oscures, 95
encore régi par des p rop ortions simp les, enfin par
le templ e d 'H ép haistos 94, commencé vers 430 et
resté inachevé après la destruction d e la cité en tes fois envisagé 95 que le pl an très allongé et les 6 font que reproduir e le système archaïque, en terre
406 / 05 . x 15 colonn es du temp le classi qu e d'Apo llon à cuite 96 . C'es t aussi la piété et le souci de la conti -
Bassae ne sera ient qu'un e citation du pr estigieux nuit é religieuse, lié à la volonté de s'inscrire dans
Les survivances archaïques temple des Alcméo nid es à Delph es, avec des l'immu able, qui expliqu ent qu'après la destruc-
dimensions rédui tes d' 1/3 . Mrus point n'é tait tion des deux pr emiers péript ères de Kalapodi en
91. M ERTENS 1984 , p. 55-65 (avec . En rea - I'lte,
- d ans plu sieur . s templ es, les dévia- besoin d'a ller cherch er au lo in le mod èle. 480 (supra, p. 55), seul un grand temple d'Apollon
la bib. ant érieur e), 193- 195 . Il a subsista au nord. Il avrut été édifié au milieu du
tions pa r rapp ort au canon classiqu e peuve nt s'ex- Découvert tout de suit e au sud du templ e clas-
souvent été con sidéré comm e un dame et du pronaos. Ce dernier était acce ssible
seco nd temple d 'H éra. p_hqu er par le resp ect qu 'inspira it un e ph ase anté- sique (fig. 96), l'éta t archaiqu e du templ e de v• siècle avec 6 x 14 colonnes sur les ruin es de
par u~e rampe_ à l'e st, comme dans le temple de rieur..e. Comm e Jes arc h Itectes . _ . nt
92. M ERTENS 1996, p. 33 0. grecs etaie Bassae est certes dépo ur vu de péristasis, m ais son son pr édécesseur , où le culte avait été mruntenu
Z~us a Olympie et celui du 1v• siècle à Delph es, fonc1erement co nservat eurs et qu e toute conse- .
93. P. M ARCON I, Himera,R om e plan est quasi sup erp osa bl e à celui du v• siècle : il grâce à un e escharaet une banquette votive . 95. Par ex . dans KN ELL 1983 , p. 226
lm_aussi conçu par un archit ecte péloponn ésien , cra tion _à la div·m1·te- d evait . 1mpera
. , tive m ent êti·e et n. 123 .
193 1 ; Th. V AN C OM PERNOL LE le préfigure par son allonge m ent , son orientati on Toujour s vers 480, dans cette Arcadie qui
Spmtharos de Corinth e. 96. N .J. KELLY, Hesp eria 64, 1995,
AntCl 58, 198 9, p. 43-5 1; M ER~ENS respectee
.. ,
un e c1'0 1· s qu , un templ e de l'é poque au nord et surt ou t la même division en pronaos, parais sait inno vant e au v1• siècle, le sékos du
1984, p. 65 -78, 195- 196. En_Occident , où les templ es ont toujour s été p. 227-277.
archa1que
. était rum · e- sa reco nstru ctio n avrut lieu naos, adyton (ouve rt à l'es t) et un opisth odom e templ e d'Athéna à Alipheira, demeuré en
94 . M ERTENS 1984, p . 98- 124 127- proJetes san s acc ept er m écaniqu em ent les éven- 97. Ü RLANDOS 1968, et derni ère
130, 198-2 02. ' bien souv ent sinon à l' 1'd ti d . réduit. De plu s, les ant éfixes et les tuiles d'ég ou t briqu es cru es sur socle de pierres , s'accrochrut an alyse par 0STB Y 1995a, p. 364 et
tuelles influence s de la m étropol e, le canon ard ant .' . ,_ en qu e, u m oms en • ·t, allange-97 suiv.
g pom partie l etat précé dent . On a m run- de la toitur e en m arbr e du templ e classiqu e n e au type ferm é, anorma 1ement etro1

78 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 79
Fig. 9:ZA lipneics, 1emple d'A1l'é'1<!.
d 1 pB , S! 'Oe ~éé.13-
?iesI :It...'!Î0'.1
!ÎO, . 'e·s .!30. :::rwes (xe-ioos
-1990. ~~- 33 31 5 ~

(5,20 x 23,10 m) et sans trace de division interne, dance avec ceux du temple archaï que. Et si le
derrière une péristasisde 6 x 15 colonnes (fig. 97). dernier temple d'Athéna Aléa à Tégée a bénéficié
Dans le sanctuaire de Delph es s'exprimait aussi vers 3.J.5-335 d'une cella très innovante, sans
un sérieux conservatisme , qu 'il n'est pas néces- doute sous l'impulsion de Scopas, il n'en reste pas
saire de chercher à justifier par le cara ctère oracu- moins que les 6 x l.J. colonnes de son plan
laire du lieu, comme on l'a parfois écril Lorsque allongé , sur 19,16 x .J.7,52m relèvent aussi d'un
le temple d'Apollon eut à nouveau besoin d'être archaïsme, comme s'il fallait rappeler son pré dé-
reconstruit98, à partir du deuxième quart du cesseur de la fin du Yli e siècle99.
1v• siècle et jusque dans les ann ées 33 0, l'arclti- En Sicile, où les péristaseisclassiques dressent
tecte se contenta de repr endre les fondations de le plus souvent 6 x l.J.colonnes , le temp le d' Héra
l'édifice détruit, en prolongeant à peine son sékos à Sélinonte possédait vers .J.60une galerie de 6 x
déjà très élancé et sans l'aligner sur la position des 15 colonnes encore bien lourdes, autour d'une
98. Bo ~rnEL-\ER 1991, p. Jï7-182.
6 x 15 colonnes de la galerie (fig. 1-J.l). Seul le fine cella,qu.i aboutit à un adytondoublé d'un opis-
99. KlŒLL 1983, p. 226 -228;
profil de ses chapiteaux doriques porte bien la thodome (fig. 72 et p. 73), comme à Kalapodi à la N. j. NO!ù\ L-\S, The Temple of
marque du iv e siècle, alors que les proportions même période. Il est vrai qu'à Sélinonte nous Athena Alea at Tegea, AJA 88, 1984,
avons également affaire à une reconstruction : le p. 169-194 .
des nouveaux fûts ont été calculées en correspon-

80 3. l.JÉVOLUT!ON DES TEMPLES GRECS 87


Fig. 98 . Lacres Épizéphyrienne ,
temp le de Marasà. Plan restitué ,
avec une fosse-trésor au centre .
Troisième quart du v• s. D'après ® ® I® ® ~ ® .@',, @ @l i@ 1@ @ @ @: @ @ @
Gullini 1985, pl. Ill. 1 1 1
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temple d'Héra qui s'offre aujourd'hui aux touri s- pr évus dès l'o rigin e. L'hypo thèse est toutefois peu
te_s(pl. III ) représente une nouvelle phas e d'un prob able 102, connai ssant l'habitude grecque de
ozkosEl, élevé dans la première moitié du v1• frure avan cer les chan tiers par à coup s, ainsi que
siècle, et dont les dimensions coïncident avec les disparit és frappant es entre le groupe formé
celles de la cellade l'état E3100_
p~ le Parth énon et les Prop ylées d'un e par~
Les temples ioniques d 'Occident ne se l'Er echth eion et le templ e d'Ath éna Nikè d'autre
t~naient pas en retrait du mouvement. À Lacres part. De tout e façon , même si Périclès était
Epizéphyri enne, celui du lieu-dit Marasà, qui doit membr e de plu sieur s commi ssions architectura-
dater du troisième quart du ye siècle d'apr ès ses les, sa mort en 429 a entr aîné la dispersion de sa
scul_p~res et ses motifs décoratifs , a pourtant été gard e rappro chée d'arti stes et d'amis, parmi
resti~e avec une péristasisde 6 x 17 fûts (fig. 98), lesquels Phidi as, qui avait peut être déj à quitté
ou meme en dernier lieu de 7 x 17 colonne sl0J.
!'Acrop ole en 438 . Même si quelques interrup-
tion s et retard s sont intervenu s, l'impulsion avait
Les réalisations athéniennes: été donn ée avec assez de force pour que les
le P~rthénon, le temple d'Athéna Nikè travaux fussent pour suivis malgr é tout, l'ordre
et l'Erechtheion doriqu e et sa rigueur cédant cette fois la place au
Fig. 99. Athènes, l'entrée de
mani érism e ioniqu e. !'Acropole en 1861, avec les
L'ensemble élevé sur l' Acropo le d'Athènes
En réalité, ce qui unit tous ces édifices c'est Propylées éventrés, le temple de
dans la seconde moitié du y e siècle continu e à
qu:aucun n'a surgi tel qu el de l'e sprit d'un 'génie Parth énon un troisième templ e, qui succéda it à longu eur à la crépislaissent supposer 12 ou 13 Nikè remonté, et des constructions
bon _droit d'êt;e c~nsidéré comme la réussite postérieures. Envoi de Rome de
creat eur. Tous sont des reconstruction s inscrites un premier péript ère en pôros, appe lé par les lourd es colonne s, contre 6 en façade, sommées de
su~re1:1e de I architecture grecque classique , L. Boitte.
s~ns surpris e dans la continuit é, pour /emplacer archéologu es allemands Urparthenon («Parthénon chapit eaux en galette; des métopes en marbre de
grace ~ la perfection de son travail et la qualité de
d autr es monuments qui, ju geait-on , ne pouvaient primitif ») ou encore Architektur H (d'après l'ini- !'Hy mette, décorées ou nues, garnissaient soit le
son decor sculpt é, alliées à des proportions idéa-
pas totalem ent disparaîtr e. Le réex amen minu- tiale du mot Hécatompédon), et plus récemment à pourtour du bâtiment, soit son pronaosseulement.
les. Le~ _quatre monuments qui appartiennent à
tieux des nombr eux bloc s trouv és au XIXe siècle un autr e, dénomm é « Pré-Pru·thénon » (fig. 100). Au-dessus des frontons aux couleurs crues, occu-
cette penode se répondent aujourd'hui encore sur
~ans les prem ières fouil1es de !'Acropole a permis Le premier état du Pré-Parth énon fut détruit alors pés par des compositions léonines encadrées de
le pla~eau rocheux. Une fois que Cimon avait fait
a Manolis Korrès de pr ésenter dans les dernières qu'il venait ju ste d'être amorc é, et son second état serpe nts, la sima, terminée par des volutes aux
apla~rr et agrand ir le terrain, le stratège Périclès -
:nné es du xx• siècle un tableau très plausib le des avait adopt é le marbre pent élique - c'était une angles, était aussi en marbre de !'Hymette .
plu sieurs sources écrites donn ent son nom - . _
100. GULLINI 1985, p. 431 et
·t - reus etats successifs des temples d'Athéna , sur le lieu grand e et imp ortante nouveaut é, favorisée par la Afin de faire pièce à cette « Architecture H »,
s1 a « pr~pos er au peuple de grands projets de
pl. Il -III. du Parthénon péricléen et au nord de celui-cii03. proximité de ces carrières très productives. les fils de Pisistrate auraient fait construire plus au
construct10n, et les plans d'ouvrag es dont l'exécu-
101. CüSTABILE1997. Le dossier était extraordinairement embrou illé Des blocs dispersés d'architecture et de sculp- nord , dans la seconde moitié du v1• siècle, un
tion ferait intervenir tous les métiers et exigerait
102. G. ZINSERLING,Perikles- ~ar des fouilles à la manière ancienne, dif-ficilesà ture, très majoritairement en pôros,ont été rassem- autre bâtiment en pôros pour Athéna Polias,
Parthenon-Phidias , BERGER 1984, beaucoup de temp s» (Plutarqu e, Vie de Périclès,
evaluer, qui plus est dans un terrain remb layé blés pour reconstituer le « Parthénon primitif». Il dénomm é le « Vieux temple » dans les inscrip -
p. 26-29. 12~13; trad. A.-M. Ozanam). Les détails du projet
avant d'.êlre_très encomb ré (fig. 99). Loin de clari- aurait été élevé dans le premier tiers du v1• siècle tions. Ses fondations sont toujours visibles au
103. M. K üRR.È S dan s ECONOMAKIS qm proc èdent d'un rema rqu ab le calcul idéolo'.
1994, p. 37-48, et dans Kult und · terpre· tations
fier la situation , les m . contra d'1cto!feS
. - ou, plus probablement, a pu être dédié à centre du plateau (fig. 67 et 100) et le musée de
gigue et politiqu e pour la gloire d 'At hènes
Kultbauten 1997, p. 218-243. des archéologues n ' avaient· c,ait
• que la comp liquer
Athéna vers 566-565 , au moment de la réorgani- !'Acro pole conserve ses frontons sculptés dans le
H_OLTZM ANN 2003, p. 73-81, consi- r;stent flo~s, de sorte que nou s ne savo ns pas s'il d ava ntage Il fa t
dere toutefois cette thèse comme s agissait reellement d'un programme unitair e de .. · u ren d re 1ust1ce
. . a. Wilhelm
. sation des Panathénées -, là où se dresse mainte- marbr e de Pru·os, suivant une nouvelle mode.
Dorpfeld
p- . . po •
ur avoir 1e premier compris que Après 508, quand la démocratie fut instaur ée,
« non démontrée ».
longue haleine, où les quatre monuments étaien t nant le Parthénon péricléen, mais avec une orien-
encl es et ses amis avaient étab li sur le site du tation très légèrement différente. Ses ca 46 m de les travaux au gigantesque Olympi eion tyran-

82 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 83
Fig. 100. Athènes, Acropole. Plan
des états successifs des temples
d'Athéna.
< Fig. 101.Athènes, Acropole. Plans
superposés du Pré-Parthénon (en
noir) et du Parthénon (en grisé).
1. Emplacementde l'autel D'après B. H. Hill, AJA 1912, pl. 9.
d'Athéna,
2. Emplacement du temple Fig. 102. Athènes, Acropole. La
d'Athéna au v11•siècle, dévastation perse et l'incendie du
3. « Vieux temple" d'Athéna, Pré-Parthénon en 480. D'après
4 et 5. Érechtheion (deux états), M. Korrès, Vom Penteli zum
6. Emplacement du périptère Parthenon, 1992, p. 51.
archaïqueen pôros (« Architecture
Hll), .
7. Naïskoset autel d'Athéna Ergane
dans la galerie nord,
8. Emplacement du premier Pré-
Parthénon(vers 500),
9. Emplacement du second Pré-
Parthénon,
10. Parthénonde Périclès.
Remployés dans la muraille nord,
des tambours du Pré-Parthénonet
des architravesdu «Vieux temple"·
1
et dans la muraille sud, pièces 1
remployéesde I' « Architecture H "· r ----
1

Éch. 1:1000.Adapté de M. Korrès


dans Kult und Kultbauten1997. f
1
1 r---
p. 226. L ____ ~

nique furent arrêtês et le nouveau pouvoir voulut rent \'Acropole en 480, les 6 x 16 colonnesdela
sans doute lancer en compensation un grand périslasis du Pré -Parthénon étaient montées
proj et sur \'Acropo le, qui surpassât les deux jusqu'aux troisièmes tambours et le toichobate
temples antér ieurs. Le chantier du premier Pré - était en place (fig. 102). ne telle dévastation
Parth énon a dû commencer vers 500, selon devait rester inscrite dans la mémoire collective;
M. Korrès, en extrayant des pierres des mêmes c'est pourquoi des tambours et des piècesde la 106. De l'a bondant e bib liographie
carrières de pôrosqui avaient été auparavant solli - crépisde ce Pré-Parthénon, qui portent destraces sur l'architecture du Parthéno n on
d'incendie, ont été remployés de manièretrès retie ndra surtout F. PENROSE , The
citées pour l'O lympi eion. Mais la victoire de Princip/es of Athenian Arcl,itecture,
Mar athon ent raîna un e modification du projet, et visib le dans le mur nord de \'Acropole, avecdes Londr es 185 1, A. ÜRLANOOS , 'H
91 5
la restes del' «Architecture H »I0 . apx1reKTOVIKl/ TOÛFlap0evfi!VOÇ,
104. B. H. HILL, Th e Older si les dim ensions du nouveau templ e, hexasty le et 102 At hè nes 1977, el les mu ltip les co ntri -
so Après de lo ngu es années tournée~ versce
se Parthenon , AJA 16, 1912, pl. 9. non octasty le comm e l'Olympieion, furent un butio ns de M. Korrès à l'occas ion de
105. M. KORRES,FromPenleliconlo peu réduit es {23,60 x 66,90 m , co ntr e 3 1,30 x passé tragique, il fallait pouvoir manifesterde la res tauration du monum ent,
92 menti onn ées dan s l'exce llente
thePartheno14Athènes 1995. Sur les manière éclatante et durabl e la puissanceretrou·
93 pa'.ticularités de ce rempl oi, d'e sprit
76,80 m dans la première phas e), il fut désormais Le Parthénon 106 pas se d e n os jour s pour « le tecture des Cyclades 107, et il constitue un « trésor » synth èse de HOLTZMANN 2003. Voir
19 matérialisé dans le marbr e pent élique 10·1 (fig. 101). vée d'Athènes. Alimentés par les fonds lespl~ surd im ensionné plutôt qu 'un temp le propr em ent surtout , dans TOURNIKIOTIS 1994 , les
1deologique plutôt qu'économique, templ e gr ec» par exce llen ce, alors qu 'il n'es t p. 56-97 et 137-167.
A,. v01r R. D1 CESARE , La storia mu rata, variés les travaux au Parthénon ont été lanc es
19
Il est probab le que c'est T hémistocle qui, inqui et gu ère ca noniqu e, ni m ême co mpl ètem ent dit (infra, p. 118). Il est clair qu 'Ictinos , son prin -
Note sui significato del riutilizzo di en 447, so it très peu de temps après la paix 107. H ELLMANN2002, p. 179-18 1.
94 materiali architettonici nel mura di
devant la menace perse, décida la suspe nsion du doriqu e. Ses par ties h au tes sont animées d e cipal arch itecte, n 'a j amai s vo ulu s'é loign er de la Pour les « raffinements » du
13• cinta dell'Acropoli di Atene, chant ier pour donner la ptiorité à la flott e et à conclue avec les Perses. nombr eux ioni sm es p eut -être hérit és de l'archi - trad ition : tout comme celles du Télèstériond'É leu- Parthéno n , vo ir ibid., p . 187-191.
NumAn tCl 33, 2004, p. 99-134. l'archit ectu re défensive. Quand les Per ses ravagè-

7i 3. L'EVOLUTION DES TEMPLES GRECS 85


84 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 104. Athènes, Parthénon.
Restitution perspective de l'angle
sud-ouest devant l'opisthodome.
D'après A. Orlandos, H àpxm :KTO -
VLK,j mû napeevwvoc; , 1977. 11,
fig. 274.

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1
1997. p. 3T--U.
Kultbauterr;; rais.= à:e rappelenru.e le Panhénon. était tout sim.-
t• .. I" 1" I" 1111 " ttH" I" • 11

86 ARCHITECTURE RELI GIEU SE.


3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 87
Fig. 105. Athènes, Parthénon.
Façade ouest restituée. D'après
A. Orlandos, " H DPXLTE:KTOVLKT/ TOÛ Fig. 106. Athènes . Acropole. Les
napeevwvoc;.1976, 1,pl. 5. Propylées de Mnésiclès et, à
droite, le temple d'Athéna Nikè,
derrière des murail les postérieures.
Élévation restaurée. Envoi de Rome
de L. Boitte, 1863.

Fig. 107. Athènes, Acropole. Le


sanctuaire d'Athéna Nikè, son nais-
kos et ses autels vers 450-440; au
nord, les propy lées archaïques.
Restitution de Mark 1993, fig. 12.

-=~ = == ====

un aute l rond. Et pu isqu'il fallait abso lum ent petits côtés, ajout ées aux trente deux métopes doivent correspo ndr e, à l'intérieur d'un mur de
éviter que le naossemb le trop étro it pour la statue décor ées sur chaque long côt é. péribole au tracé gross ièreme nt trapézoïdal , et
d'Athéna , le Parth énon était plus large que tous D 'apr ès ses compt es de construct ion, conser- non loin de deux petits autels monolith es, les
les temple s constru its à la même époqu e, grâce à vés sm un tota l de 15 ann ées, l'arc hitecture du restes d'un simpl e naïskoslargement ouvert, à assi-
huit colonnes serrées sur les front s est et ouest, Part h énon fut achev ée e n 438-437, quand ses d'orth ostates en pôros autour de la base,
contre dix-sept sur les long s côtés. Assuréme nt, Mn ésiclès mit en rout e les nouv eaux Prop ylées, et conservée in situ, de la vieille statue que les
les proportions devenaient ainsi canoniqu es (n: il fallut attendr e ju squ'en 433-432 pour qu'elle fût Athéniens avaient emportée en fuyant l'ava nce
2n + 1). Mais , comm e les façades octasty les des
comp létée par la scu lptur e. Même si celle-ci est perse (fig. 107 et 169). La régularisation de la
gran ds templ es antérieurs de Zeus à Athènes et à
absente des Prop ylées (fig. 106 et infra.,p. 182- terrasse qui suivit, en coupant l'aile droit e des
Cyrène, celles du Parthénon sont surtout à l'un is-
183), ce monument participe du même esprit que Propy lées de Mnés iclès, ne permettait pas de
son des dipt ères ioniens, à un moment où la
le Parth énon , par son amp leur, par les propor- dégager suffisamm ent de place sur le bastion
norme , pour les templ es doriqu es du contin ent,
tions des colonnes et par l'intégration des deux pour un temp le périptère, d'où le choix du plan
s'inscrit dan s un e façade hexasty le - un e norme
ordr es, enfin par son ori entation, puisque son axe amphipro style, manifestement très à la mode en
néanmoins appliqu ée pour les colonnades du
médian a été calc ulé pour être parallèle à celui du Attique dans la seco nd e moitié du v• siècle. Alors
pronaoset de l'opisthodom e du Parth énon . Parth énon. que des templ es arc haïqu es autr efois restitués
Le Parthénon est le seul édifice doriqu e où la
Sur un e ava ncée à droite de ces Propylées, amphiprosty les - celui d'A rtém is Knak éatis pr ès
sculptur e - la statue d'Athéna dan s la cella
d'où la vue s'étendait vers la mer, le sanctuaire de Tégée, ou celui d'Athéna à Lindos - sont
comme le décor extérieur - tient un e place tell~
d'Athéna Nikè (« la victo ire») avait été reconstruit aujourd'hui considérés par les spécialistes comm e
que le plan et l'élévation du monum ent ont été
dans la foulée des éd ifices voisins. I. Mark a prostyles, ce plan équip e trois beaux cousins
calculés en fonction des rond es bosses et des
exposé de façon convaincante comme nt le attiques du dern ier temp le de Nikè, tou s en
reliefs (fig. 105). Cette profond e union de l'archi-
temple amp hip rosty le, qui vient de bénéficier au marbre pentélique . Il n'e n sub siste que de maig -
tecture et de la sculptur e perm et de comprendre
tomnant de notre xx1• siècle d'une troisième res traces, mai s ils sont de propo rtion s semblabl es
de petites irrégularités dan s la crépisainsi que des
légères différ ences entre les porch es est et
anasty lose, représenta it le quatrième état d'un à celui de l'Acro pole 113, et les bases des colonnes
107
110 sanctuaire déjà bien fréquenté dans sa première de ces quatr e temples ioniqu es tétrastyles sont
ouest , et c'est pendant la pha se finale qu'il fut
ph ase, vers le milieu du v 1• siècle 112 . Après la très proch es des bases de l'É rechth eion, qui enca-
décidé d'amplifi er la part du décor sculpt é, en
110. M. KORRES, Der Plan de s destruction , par les Perses, d'un pr emier autel et drent si éléga mm ent un e scotie entr e deux tore s. les ann ées 435-430 115 . Commencé dan s les 113. M. KORRES, Ein Beitrag zur
Parth enon, AM 109, 1994, p. 53- 120. élargissant un peu le pronaos pour remplacer la Kenntni s der attisc h-ioni schen
d'un abri à pot eaux de bois pour la statu e de Le plus ancien pourrait être le naos dédié à années 424-423, après l'interruption du chantier Arc hit ektur, Siiule und Gebiilk 1996,
111. S. A. POPE, Financing and frise de métopes nu es et de triglyphes, initiale-
culte, le hiéron survéc ut avec un autel en matériau Artémis Agrotéra au bord de l'Ilissos, au sud de des Propylées , et terminé vers 418, si l'on consi- p. 90- 113.
Design , the Deve lopm ent of the ment pr évue sur les deux petit s côtés du sèkos,par
Pa rth enon Program and the fragile et ne fut pas réaménagé ava nt le milieu du l'Olympi eion. Transformé en église, mais pr esque dère ses pro cédés techniques semblables à ceux 114. TRAVLOS1971, p. 112- 120;
un e longue frise ioniqu e, jugée plu s apte à célé- GRUBEN200 1, p. 202.
Parth e non Buildin g Accounts ,
brer la gloire d'une cité hégémonique. Cette frise
v • siècle, dat e très probabl e du décret JG, I3 35, entièrement détruit dès 1778, il est connu par les de l'Érecht heion 116 et le style à coup sûr postpar -
MiscellaneaMediterranea,R. Ross 115. M ARK 1993, p. 82 et 84.
qui confia it à l'a rchit ecte Callicratès la respo nsa· dessins assez pr écis de Jam es Stua rt 114, par thénonien de ses reliefs, le temple amph iprostyle
H OLLOWAYéd. , Pro vidence 2000, des Panath énées, qui supposait la mise à disposi- 116. A. ÜRL<\NDOS,No uvelles obser-
p. 61-69.
tion de fonds supp lémentair es 111, est venu e
bilité de clôtur er le sanc tuaire, d'y mettre des quelques blo cs en relief de sa frise en marbre de de Nikè est un peu plus court que celui installé
vatio ns sur la construction du te mple
112. MARK 1993. port es et, surtout, de constru ire un « temp le et un Paros et par la céra miqu e recueillie pr ès de ses près de l'Ilissos, car il a été privé non seulement d 'Ath éna N iké, BCH7l -72, 1947-
comp léter les quatorz e métop es réalisées sur les
aute l en pierre ». C'est à cette pha se III que fondations, qui suggère un e mise en plac e dans de pronaos mais aussi d'opistho dome , pendant 1948, p. 38.

88 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
·3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 89
ces orientales se juxtaposaient au style grec.
Précédant quelques édifices hellénistiques de ce Fig. 109. Sidon, sanctua ire
d'Echmoun. Plan du podium avec
r- --------- 1
type (infra, p. 99), un temp le-tombeau amphi- l'emplacement des temples ancien
' '' pro style tétrastyle fut constr uit vers 370-350à et nouveau, un autel et le propylon;
Limyra en Lycie (fig. 391), à peu à la même date coupe sur le nouveau temple et
face interne du propylon.
que le temple du sanct u aire phénicien Éch. 1:400 . D'après R. Stucky,
d'Echmoun, à Sidon 12 1 (fig. 109). Alors qu'à l'in- -- 1·-~ ZOPV2002, p. 81 et 83.
0 0
térieur de la cella carrée quatre colonnes se 1
situaient à l'évidence dans la traditio n assyrienne, 010
par leurs bases à gros tore et leurs chapiteaux à
têtes de taureaux opposées, les quatre chapiteaux
ioniques des façades arboraient le même collier
d' anthémion (avSɵwv) qu 'à l'Ér echtheion, sous
un e sima à palmettes et rinceaux . 1- 0
Dernier édifice postpéricléen de !'Acropole,
0
l'Érechtheion a dû être mis en chantier près de la
muraill e nord vers 422 (d' ap rès les sources écri-
tes). Il fut arrêt é en 413 après la défaite des
Athéniens en Sicile, puis terminé de 409 à 406
environ 122 • C'est à la fois le plus traditionnel et le
plus original de cet ensemble, car il devait réunir
plusieurs cultes appart enant aux ongmes
Fig. 108. Athènes, Acropole. Le
sanctuaire d'Athéna Nikè et l'aile
sud-ouest des propylées, à la fin du
vesiècle. Restitution de Mark 1993,
que sa cella,qui mesure à peine 3,78 x 4,15 m,
n'est ferm ée que par trois grilles accrochées aux
pilastres d'ante et à deux piliers médians, pour
mythiques d 'Athènes, établis dans ce secteur, e~
en même temps , remplacer le « Vieux temple»
archaïque d'Athéna Polias. Les textes anciens ne
l'appe llent d'ailleurs que très rarement et juste sur
IJ
fig. 17.
mieux laisser mettre en lumi ère la statue de culte le tard Érechtheion («maison d'Érechthée »).Son
(fig. 108). Plusieur s blocs de deux temples amphi- nom classique et officiel était bien « temple
prostyles qui se dressaient un p eu plus loin, d'Ath éna Polias» ou « templ e dan s lequel se
respectivement sur l' Aréopage et dan s le secteur trouve l'antique statue », tandis que sa tribune
d'Arnbélokipi , ont été découverts, parmi lesquels

·~ ~ l
dominée par des car yatides s'app uie sur les 1 __
de superbes chapiteaux angulair es, nécessaires
sur ce genre de façade. Monté lui aussi en marbr e
fondations du « Vieux temple », une position -
concrètement symbo liqu e. Il se distingue encore
pentélique, en utilisant le même genre de cram-
pons en doubl e T, le temple des Athéniens à
Délos con stitue un e variante originale et sans
lendemain de ce type, cette fois hexastyle, sur une
crépisà quatr e degr és : si son pronaoscomportait
quatre piliers , ouvrant sur un e vaste cella et rappe-
par une ornementation tout à fait raffinée, ajou-
tant des incrustations d 'or et de verres de couleur
à des frises de palmettes en couronne ment des
murs et des fûts, dans une sup erpos ition éblouis-
sante de moulures finement sculptées (fig. llO),
qui se pours uivent dan s toutes les parties de l'édi-
\c 111 1 1 17
111 1 1 1 Il Il
11 1 Il 11 1
\ 1
1 1 1 1
Il' 1 Il 7
11 Il 1
11 1 Ill Il
1111 1111 1
ll
.
(.J 1 11 11 111 1111 Il TI
lés sur la face arrière par quatr e pilastre s, l'ordre 'l Il 1 1
fice. Néanmoins, ce temple aux frontons vides ne 11 111 11 1
était ici dorique 117• Resté longtemp s méconnu, le ---.. 1 Il 11111 Il
connaissait pas d'a utr e scu lpture architecturale .! 111 1 1 1 1 Il
temple ioniqu e de Triptol ème dan s l'Éleusinion \ 111 1 1 1
qu'une frise de petits personnages en marbre Il I l 1 1
d'Athènes est désormais également restitué tétra - 111 1 1 Il
blanc (com me tout l'édi fice), détachée sur un 1
style amphiprostyle 118 •
fond en pierre bleu-no ir d'Éleusis. Il
Il paraît has ardeux de s'accroc her à l'hyp o-
Ayant souffert de multipl es dégra dations tout 7
thèse, encore très répandu e parmi les archéolo-

'
au long du xrx • siècle, il nous est parvenu en 1 1
117, F. COURBY, EAD 12, 1931, gues classiques, qui faisait de Callicratès un archi- L.C
mauvais état, vidé de tout son aménagement inté-
2< partie, et GD 12. tecte hor s pair , invent eur du plan
rieur, d'où l'importan ce des indications donn ées
118. M. MILES, The Athenian Agora amphiprostyle 119, en supp osa nt qu 'il l'a ur ait
XXXI , The City Eleusinion,Princeton par ses comptes de construction transcr its sur la
impo sé au temple des Athéniens à Délos, tout en
1998. pierre, et par la relation, même peu claire, de
collaborant au Parth énon de Phidias et en répa-
119, Comme le fait M. K O RRÈS dans ~ausanias, qui nous a aussi transm is le nom classique. Cette salle ava it été consacrée à Athéna appendice désaxé au sud , pour signaler la tombe
(entre autres ) Al9HNAI , an6 n/v rant une parti e de la muraille de !'Acropol e ...
Erechtheion (PériégèseI, 26, 5-27, 1). Le montage Poliaspour recevoir sa statue archaique en boi s du pr emier roi de ]'Attique , Kékrops ,_q~e- l'on
lda uuc,j enozr/ éwç u,jµepa , Athènes Peut-être invent é dan s les Cyclades - mai s la
2000, p. 2-45. sembl e pour le moin s comp lexe, lorsq u'on d'olivier, finalement déposée ici après avoir tran- disait située en ce lieu (infra, p. 277). Precede e au
restitution du templ e A de Paros, databl e par ses
120. G. GRUBE N, Der Burgtempe l regarde ses quatre faces tellement différentes, sité par une pièce du « Vieux temple » restée nord d'un por che ioniqu e, impressionnant par les
moulures des années 530-52 0, comm e amphi-
A von Paro s, AA 1982, p. 197-229. sou~ l'e ':1boîtement de plusieur s toits plus ou debout malgré les destructions perses, de sorte dim ensions de ses colonn es, l'entrée dans cette
prostyle hexasty le n' est pas assez assurée 120 -, ce
121. R. STUCKYet al., Das Eschmun- rr:01~s bien raccordés. Privé de tout pronaoset qu'elle avait longtemps pu servir au culte. La salle ouest se faisait par une porte haute de 4,88 m
Heiligtum von Sidon, Bâle 2005. plan est toujour s resté rare en Grèce, avant d' être
d opis tho~om e (fig. lll ), il compre nd d'abord partie orientale de l'Érec hth eion éta it séparée par (fig. 112), dont le décor fascinant a servi de
122. PATON , STEVENS 1927 ; exporté, sans dout e par ce qu'il était embl éma -
2003, p. 163- 175.
~ne salle a façade hexastyle prostyl e tour née vers un mur plein de la salle ouest, à laquelle la mod èle à un e foule d'architectes de notre temps ,
H OLTZMANN tique de la grécité, dans des zones où les influen-
1est, donc a prion comp arab le à un templ e très tribune des caryat ides était accroc hée tel un pour orner leurs propr es créations. Sa division en

90 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. IJËVOLUTION DES TEMPLES GRECS 97
1).004

-
2 ,11• .....,.1. 212~
Fig. 111.Athènes, Érechtheion .
Plan restitué. D'aprèsTravlos 1971,
fig. 280.

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trois pièces a·es1 q1ùme h~"JX>Ùlêse de resrirurion mémoire do héros Éœœmée il3jia.p. - 1 - le
parmi d"autres:il est vrai que. calquéesur celle de smn-enir de sa dh-parition éœiE:~ gir&:eà.
la partie ouest du« \ïeux temple•. œne division une om-ermre carrée dam Jeum. a:Je pkfimd'..pe:ir
perme1 de suine les indications de Pansauia,. On où était passée. disait--on..lai furn:fœde Pœéidon..
assigne donc la pièce principale à raucel de L'emplzœmenr qn"elle avcit fr2ppéfuir mzrquf
~oséidon. maître initial de r Attique. associé à sur le dallage par mr amel cremc,. qrri Izissm
Erechthée. cinquième descendant de Kékropset entrevoir une crypte mmeus:e. C est ici,. dans leS"
peu à peu confondu avec lui. Les deux plus peti- profondeurs du rocher, où l'on pouvait égal~ment
tes, accolées, devaient contenir respectivement accéder depuis la pièce nord-oue& de l'Erech-
l'autel du héros Bourès (fils de Poséidon selon theion, qu'était tapi le grand serpen t d'Athéna, à
Hésiode, et ancêtre de la famille des Étéobouta- la fois gardien et, en quelque sorte, figuration du
des, qui avait le privilège d'exerce r la double héros Érichthonios ...
prêtrise d'Érechthée et d'Athéna ) et celui L'hypothèse d'un pré-Érechtheion , plusieurs
d'H éphaistos, qui importuna Athéna avant d'en- fois formulée, ne peut être acceptée sans restric-
gendrer l'enfant Érichthonios, élevé par Athéna tion , car l'agencement originel de ces cultes
et assimilé à Érechthée . Il de vient alors clair que ancestraux reste inconnu 123 et aucune informa-
la fonction du porche nord n'était pas seulement tion ne peut être tirée des blocs ou fragments de 123. Voir la propo sition de H URWIT
bâtiments antérieurs , réutilisés sans ordre dans les 1999, p. 145, et fig. 115.
te,e n 19 7, p. 22. esthétique, c'était aussi et d'a bord le lieu de

3 . UÉ VOLlITION DES TEMPLES GRECS 93


Fig. 112. Athènes, Érechtheion. La
porte nord vue à travers la colon -
nade du portique. Fig. 114. Athènes, Érechtheion. Le
baldaquin des caryatides.
Fig. 113. Athènes, Acropo le. Restes
d'une colonne du monop tère de Fig. 115. Athènes. l'.Érechtheion vu
Rome et d'Auguste. par Louis Cassas, au xv111•s.

114

fondations du temple, suivant la coutum e dan s les


d'Athéna et un aute l de Zeus Herkeios · il était
sanctuaires. Mais l'imp ortance primordial e de ces
possible d'e~trer dans cette annexe p:Udeux
cultes est aussi prou vée par un enclos le
portes de l'Erechtheion, dont l'une ouverte au
Pandr~seion (du nom de Pandrose, une des filles
niveau inférieur de son mur ouest. Ce qui est sûr,
de Kekro ps), qui renferma it l'olivier sacré
c'est que la présence de toutes ces dépendances,
sur un terrain qui n'était pas plat, a contraint les
architectes de ménager un fort changeme nt de
nive au au sein de l'Érec hth eion . Pour atteindre le
porche nord en partant des caryatides et en
contournant la façade est, il fallait ainsi descendre
de plus de 3 m à l'ang le nord-est de l'ense mble.
Vallure actue lle de la façade ouest est trom-
peuse (pl. VI) : ses cinq fenêtres à mi-hauteur
remontent à la restauration augustéenne, consé-
cutive à un incendi e et menée conjointement
a~ec la construction du monoptère de Rome et
d Aus-uste, dont les colonnes s'i nspir ent de celles
d: l'.Ere_chtheion, pour se réclamer de l'idéologie
veh1culee par Athéna Polias (fig. 113 et suprap. 115
33_).Auparavant, seuls des parapets sur mont és de
grilles reliaient les colonnes de la face ouest, sans
doute parce que les aute ls que contenait cette une variante maniérée, où le tombé très étudié de marqué de nos jour s qu'autrefois , où elles voisi-
partie dégageaient des fum ées ex igea nt une leurs draper ies tient lieu de cannelures, tand is que naient avec tant de sculptures votives et d'autels
bonne. venti lati on 124. Les fin s JOurs
• en tna · ng1e leur couronne d'ove s suggère un chap itea u min eurs. Même lorsqu'e lles possédaient encore
perces dans la partie basse des murs nord et sud (fig. ll 4). Sans cesse copiées depuis l'Antiq uité 125, leurs bras qui maintenai ent une phiale à libations,
Participaient aussi·, s'ils sont antiques
. a_ l'aeration
. . largement diffusées dans l'Emp ire romain avant leur forte pr ésence charne lle tend à faire généra-
du monum ent. ' de deven ir une véritab le marqu e de fabrique de lement oublier qu'elles sont d' abord les gardien-
En saillie. face au Pa r th enon,
• . caryati.des
124. G. Roux dans Templeset sanc-
tuaires 1984, p. 164.
iu 1es six
bald aqum sud repr ésentent un des phares de
art grec, pr esque au même titre qu'un aligne-
l'architecture néo-grecque dans nos villes moder-
nes, elles accroc hent immédiatement le regar d
par le contraste qu'elles forment avec l'env iron-
nes d'un tombeau-hérôon.Elles éclipsent toujours
quelque peu la légère architrave ionique qu'elles
soutienn ent, sous un toit plat au plafond creusé de
125. Pour l'histoire du motif des
caryatides, voir H EU .MANN 2002,
ment de colonnes ioniqu es. Elles en constituent nement dorique de ['Acro pol e - un contraste plu s caissons comme celui du porche nord. Ce décor, p. 202-208.

94 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
3. lJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 95
avant d'être tran sposée à la fin du 11• siècle en

i / ~o
Italie, où elle conn aîtra un certain succès, dans de
mu1tip - h os 129 .
. les ec
Les archéologues et les historiens se sont
Fig. 117 Létôo n, temple de Lét ô .
Plan rest itu é, avec la gr ille modu-
laire. Éch. 1:300 . Mi lieu du 11• s.
Dessin E. Hansen, RA 1991,
w~ p 335.
s plusieurs fois interr ogés sur les raisons de cet effa-
J/,f. l/f , 1/f, J/f ,
cement des grand s tem ples. Elles sont sans doute
d'abord politiques et sociales : à p artir du mom ent
~~~~~~~~~~~~~~~@~~ où la cité ne ressent ait plu s le besoin de man ifes-
··············
~~
ter sa cohésion par la constru ction de temp les
monumentaux, mais cherchait plutôt à asseoir
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j-~1-.
~ ~ ~ ·-·. F'l· ~ _j-::.
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son prestige en mu ltipliant des édifices de specta- ', ~-- -


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1
: : : :-::--l--------------
--- cle ou d'éducation , et à procl amer sa puissance
par des mu railles aussi techniqu ement évoluées
qu'esthétiques, il était inévitable qu e l'architec-
ture religieuse entr ât dans un e ph ase de désaffec-
V. .' "
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- -t7-.

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..............
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tion. Ce phénomène est généra l et a fait passer au
~ ~
~-
- •- ~ ~

~~~~~~~~~~~~ ~ ~ ~~ ~ ~ second plan les particularités loca les, si frappan -


tes aux siècles pr écé dent s. -,- ~
Dès le 1v • siècle, en Grèce métrop olitaine et
en Asie Mineure, c'es t la péristasis à 6 x 11 colon -
nes, conti·e 6 x 13 ou à la rigue ur 6 x 12 colon nes
auparavant, qui a la faveur des architectes et des ~ ~ . - ~ ~
/,o
cités. Choisi déj à à Ol ympi e pour le Métrôon , ce 1
·- '
", I::,
~ ~ ·- .~ ~ ' ..._
plan se reti·o~ve vers 375-370 dan s le temp le
r,; ~ - - ~ ~-
d'Asclépios à Epid aur e 130 , mesurant 11,76 x 23,15 -- --
Fig. 116. Éphèse , A rtémisi o n. Plans
rest it ués du grand temple hellénis- m au stylobat e et dépourvu d'o pisthodome {fig. ?. ~ Ja -==-. = c.- 7- ~
certes recherché et coûteux, avait pour prin cipal s ~ .. J~ ~ -- ,_,
tique et de son autel. D'après
A. Bam mer, Die Archit ektur des avantage d'alléger le poids de la couvertur e. Et le
3. L'époque 153), comm e celui de Déméter à Lépr éon {fig.
118) ou de Dionysos à Érétr ie, ainsi que dan s le
- ·- r · • - ~ ~

?. ~ ·- . c -. - 7. ~
jü ngeren Artemision von Ephesos,
1972, p. 8 .
par apet sur lequel elles se dressent est perçu hellénistique grand temple de Gortys d'A rcadie 131, tous trois de ~ ~-- - - ·----,- - ·- -~ -
-
- ~ ~
comm e un podium qui les met en valeur, par sa peu postérieurs au temple prin cipal d'É pidaure. ,- -
hauteur qui atteint 1,77 m, alors qu'il matérialise Vers la fin du iv e siècle, l'op isthodome subsiste __ ,
- - -

·--
-- ~ ~
l -


avant tout un abaton (infra,p. 178), dan s lequel les Le petit format encore dans le gra nd temple du sanctuaire de 129. Roux 196 1, p. 224-252; GROS
prêtres pouvaient tout de même entr er par un Trézène, avec des dim ensions très réduit es, mai s 1996, p. 131- 133.
escalier depui s la salle ouest. Désormai s l'espri t créat if n'a plu s guère cours. pour la première fois l'espace en tre le pronaos 130. Roux 196 1, p. 389 -39 1
(ra pp elle qu e ce p lan , qu i app araît à
Rien d'étonnant, donc , si le gros pro gramm e Pour les temples-oikos aussi bien que pour les distyle in antis et la péristasis est beaucoup p lus Cyrè n e dès le d ébut d u VI' s., n e
de conservation des monuments de !'Acrop ole a p érip tères, les Grecs para isse nt préférer les important que celui ménagé sur les auh·es faces, il 8 x 12 colonn es, un autre templ e ne possédait que d ev ien t co u ra nt qu 'a u IV' s.).
débu té en 1979 p ar le chantier de l'Érech- reco nstructions - à Thermo n, le temp le archaique atteint la valeur de deux entreco lonn ements, 6 x 9 colonnes, une proportion équivalente à 2: 3, 131. H. KNELL, Lep reo n, d er Temp e!
theion 126 . Le bâtiment avait été lourd ement fragi- d'Apollon fut alors refait tel un e copie archaisante contre un seul ailleurs 132 . No n loin de Stratos qui restait tout de même supérieure à celle du d er D em eter, AM98, 1983, p . 113-
147; Érétrie 2004, p. 190;
lisé par maintes interve ntions, surtout dans le (supra, p. 45), tandis qu'en Asie Mineure, les d'Aca.rnanie, où le templ e de Zeus s'e n tenait plan pra tiquement carré (8 x 10 m) adop té au R. Gi NOUVi:S,BCH 80, 1956,
porche nord et du côté de la tribu ne sud, privée diptères du v i e siècle ont ju ste été un peu agran- aussi, vers 330, à 6 x 11 colonn es {fig. 119), tout 1er siècle av. n. ère par le templ e nord de Kourno p . 105- 109 (Gort y s).
d'un e caryatide à la deman de de Lord Elgin, qui dis (fig. 116)-, ou encore les cop ies plus ou moins en conservant l'o pisthodome classiqu e, le templ e pr ès du Cap Ténare 136 . Cet oikos sans pronaos ni 132. WELTER 194 1, p. 37 et pl. 20.
fit aussi enlever la colonne de l'angle nord -est. fidèles de modèles du v e et sur tout du iv e siècle, d'Aphrodite à Kassopè n'al ignait qu e 6 x 10 opis thodome pourrait bien refléter des influences 133. F. CO URBY, C h. PICARD,
Cela s'est passé un siècle avant les restauration s Recherches archéologiques
à Stratos
souvent avec une légè re rédu clio n 127. Déj à prisées colonnes, pour un e cella limitée à 6,20 m de long venues de l'ouest de l'Adriatique, puisque les d'Acarnanie, Paris 1924 (à co mpl éter
effectuées par Nikolaos Balano s en prônant , avec au moment de l'a rchaïs me finissant, les propor- sur 4,60 m de large 133 . Il en allait de même au 6 x 7 colonn es qui le cernaient étaient apparem- avec la C hr oni qu e du B CH 125,
l'accor d des archéologues les plu s éminent s, des tions ramassées (supra, p. 68) l'e mp ortent mainte- temple d'Art émis Iôlkias à Démétrias, pourt ant ment de type toscan. 200 1, p . 888) ; W. H OEPFNER, Haus
méthodes qui allaient se révéler dévastatr ices und Stadt 1994 , p. 144- 145.
nant part out, d'o ù un e diminuti on du nomb re des plus vaste, mais de toute façon la Thessalie a Si les 6 x 8 colonn es ioniqu es et le plan égale-
pour les pierres. Tandi s que les p ittore sques 134. A. BATZIOU-EFSTATHIOU,
colonn es sur les longs côtés et, sur tout, la dispari- toujours eu tend ance à se distingu er, pui sque le ment presque carr é {20,07 x 23,39 m) du temple Dimitrias[en grec ], Ath èn es 200 1,
dessins des voyage urs du xv m • siècle montr ent tion pro gressive de l'o pisthodome, dans l'ordre vieux temple doriqu e de Ph ères fut rebâti vers de l'Héra cleion de Th asos 137 sont don c bien p. 30; E. 0 STBY, D er d orisch e
des personn ages ju chés entre deux koraiou dépla- dorique comm e dan s les form es ioniqu es 128. En 300 en lui acco rdant des dim ension s monum en- typiques de cette époque, l'adjonction d'un péris- Tem pe ! vo n Ph erai , OpAth 19, 1992,
p. 85- 113.
çant des morceaux à proxi mité (fig. 115), il n'es t même temp s, peut-être pour comp enser ce rétré- tales (14,44 x 30,73 m au stylob ate), derrière tyle à un simpl e oikos archaique, restauré par la 135. H abituellem en t rapp o rt ée à la
désorm ais plu s po ssible d'a dm irer que de loin cissement, on tente de mettre en valeur la façade 6 x 12 colonnes 134 • De l'a utr e côté de la mer Égée, suite, paraît exceptionn elle et ne peut s'expliquer fin du ure s., la co nstructio n
leur s moulages, si différents du patchwork des principale du temp le en l'éloigna nt du pronaos, les 6 x 11 colonn es doriques du temp le d'Ap ollon que par le remaniement compl et de ce sanctu aire, rho dienne a été res taurée de dive rses
mur s où les fragme nts antiqu es côtoient les blocs manières, vo ir en dernier lieu
alors que la face arrière de la cella est au contraire Pythien sur l'acrop ole de Rh odes entoura ient un e à la même date {fig. 254). Partout ailleurs, on avait W. H OEPFNER,Der Kolossvon Rhodos,
modern es. En ob servant la désolan te dégradat ion rapp rochée de la péristasis (fig. 117). Pour finir, la longue cellaprécédée d'un profo nd pronaos, et sur remarqu é que la suppr ession de la péristasisétait Mayen ce 2003, p . 34 et suiv. Pour le
126, ECONOMAK.1
S 1994, p. 136- 149 . des modèles derri ère un e vitre du mu sée voisin, péristasis ira même ju squ'à se coller aux mur s de un moyen simpl e pour construire des temples te mp le d e Perg am e, daté ve rs 270 :
127. Voir pa r ex . F. FELTEN,
l'acropole de Pergame, le tem ple d'Athéna Polias RADT 1999, p. 159-160.
le visiteur cont emp ora in ne peut ressen tir qu'une la cella en faisant disparaîtTe la galerie de circula- sans cesse plus petits. Même la Grèce d'Occident
G riec hi sch e H ei ligt üm er in helleni s- a dû se contenter de 6 x 10 colonn es 135 . La 136. Lo utsa: T RAVLOS1988, p. 211-
tischer Ze it, Fremde Zeiten 1996, t. 2, impr ession faussée - mais c'était le prix à payer tion ; cette formul e pseud o-périp tère fut inaugu- ne nou s a laissé que deux périptères post-clas-
propension au rétrécissem ent est parfois allée 213 ; Koum o: j. et F. E. WI NTER,
p. 139- 158. .pour la con servation de ce pur j oyau de l'archi- rée au templ e L d'Ép idaur e (fig. 25), qui ne siques, l'un à Taurom énion (un hexastyle néan- AJA 87, 1983, p. 3-10.
encore plus loin. À Loutsa en Atti que, alors que le
128. KNELL 1983 . tectur e grecqu e. mesure que 7,96 x 13,53 m aux sub struc tions, moins de bonn es dim ensions : 10,60 x 22,20 m) et 137. Roux 1979, p. 202-205.
lieu de culte le plus important é tait ento ur é de

96 ARCH ITECTURE RELIGIEUSE 3. IJÉVO LUT!ON DES TEMPLES GRECS 97


Fig. 118. Lépréon , temp le de
Déméter . Restit ut ion du plan et de Fig . 119. Strates , temple de Zeu s.
l'élév ation. Mi lieu du 1v" s. D'après Elévation et coupe sur l'ordre ext é-
rieur. 111"s. D'après F.Courby,
H. Knell, AM 1983, fig. 12 et 13.
Ch. Picard, Recherches archéolo-
0 giques à Stratos d'Acarnan ie, 1924,
pl. VII.

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l'~utre à ~rimisa , où . le temple archaïqu e d~ns le sanctuair e de Poséidon et d'Am phi trite à que les temples amphip rosty les sont toujour s mais aussi, peut-être, par référence au modèle
d Apollon , d abord en boi s, fut recon struit avec 8 Tenos, le templ e du débu t du 11° siècle 139 monté restés peu bana ls (supra, p. 90). Au début du m• ath énien. Pour la même raison, le plan amphi-
x 19 colonnes 138. D'un e mani ère générale, le sur un e plate-form e qui couvrait ca 13 x i7 45 m siècle, si le Dodékathéon de Délos se pr ésentait prostyl e bénéficia alors d'un petit succès du côté
renoncement à la péristasisconnut d'autant plu s était à pe·me P1us gran d que son autel, et sans ' son' bien hexastyle amphipro style (et pri vé d'opistho- de l'Orient, jusque sur des sites où l'architecture
de fave~r qu'il allait de pair avec le recour s gran- soub assement original à sept degrés, il faisait dome), sur l'île de Rh odes le templ e d'Ath éna à grecque ne pouvait être qu'hétérodoxe (supra,
dissant a des portiqu es en bordure des sanctu aires encore plu s pâle figure entr e un e fontaine monu· lalysos (fig. 121) était simpl ement pro style 140 , p. 90): en Syrie séleucide, sur l'acropole du
138. P. PELAGA TTI, Kôkalœ 22-23, (infra,p. 214) ; le goût profond des Gr ecs pour les mentale et un porti·que aussi. 1arge qu ,.mter mma-. comme d'autr es templ es h ellénistiqu es de la ville Djebel Khal ed, celui qui entrait dans la ville par
Palenn e 1976-1977, p. 547-548 (sous colonnade s pou vait don c continuer d'êtr e assouvi la port e principal e devait tout de suite apercevoir 140. M. LfVADIOTTI, G. Rocco, Il
l'église Sainte-Catherine de ble (fig. 120 et pl. XII). Sa restitution hésite entre de Rhodes et de Camiro s ; seul le nou veau templ e tempio di Athan a Polias a Jaliso,
Taonnine ) ; M ERTENS 1996 , p. 339. à grande éch elle, pui squ 'il suffisait de jet er un les plans amph ipro · sty 1e et p ros tyle mais la d'Athéna sur l'ac rop ole de Lind os adopta un plan un templ e dorique amphiprostyle sur podium , Rhodes,2400 ans..., Actes du colloque
139. É TIE NN E, B RAU N !986 , large regard autour du templ e pour apercevoir second e formul e perm ettrait . d e mieux
. ' le centrer doublement tétrasty le, évid emm ent par manqu e dont les proportions (13 x 20 m, dont 13 x 14 m scientifique de Rhodes 7993 [titre en
p. 93-106, 162- 165. des enfilad es de colonn es. Au cœur des Cyclad es, pour la cella) étaient aussi peu canoniqu es que grec], Athènes 1999, t. 1, p. 109-118.
tout en s'accordant à la mod e d u m oment , tan d"1s de place pour un p éristyle sur cet étroit plateau -

98 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 3. IJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 99


un mod este mais très soigné édifice in antis à
Mégara Hybla ea, ainsi que le naïskosB de l'acro-
pole de Sélinonte, mais avec une largeur de 15 m
(contr e 39,50 m de longu eur ) le temple du
promontoir e de Camar ina était sans doute plutôt
tétrastyle in antis 142 . C'est aussi parce qu'i l était
peu encombrant que le plan à façade distyle in
antis a été facilement exporté de tous côtés, y
compris au Koweït, dans l'établisseme nt militaire
séleucide d'Ikaros, où furent élevés vers la fin du
111• siècle deux temples, dont l'un de tradition
ionique tout à fait grecque 143 (fig. 140).
~-·
...
v· Dan s la formule prostyle les temples doriques
hexastyles sont restés peu communs: on songe au

120
,0
--
--- F:::::·::::::::::::::::::::::::::::
-------------------
::::::
::::::::::::::::::::::::::::
:::j
-
temple en calcaire d' ~théna Pronaia à Delphes, à
ceux d'Art émis à Epidaure, d e Despoina à
Lykosoura . Ce genre de façade sem ble avoir été
plus spécia lement recherchée en Attiqu~ au
1v• siècle, ju sque dans le porche de Philon à Eleu-
sis et dans le Monument chorégique de Nicias.

,g- TempleA (létO)


L'ordre ionique était peut-être aussi concerné,
puisque le deuxi ème temple d'Apollon Patrôos
sur l' Agora d'Ath ène s, autrefo is restitué avec
n quatr e colonnes entre les antes, est désor mais
I considéré comme un écho du porche prostyle
hexastyle de l'Érechtheion, en raison du retour
l~ ~ / que sa crépis dessine sur les long s côtés 144 .
luiTI 1
Ailleurs, c'est clairement le prostyle tétrnstyle qui
domin e, au point qu'à Cos, entr e la seconde
Temple E (Artémis) moitié du 111• siècle et le 11• siècle, deux petits

~~ ~ 7 1 1
temples jumeaux de ce type, dédiés à Aphrodite,
furent même érigés côte à côte dans le secteur du
port, sur un haut podium et au sein d'un téménos
péristyle où l'on entrait par deux propyl ées téh·a-
styles corinthi ens 1·15 . Un ensemb le aussi scénogra-
phique ne pouvait manquer d'impressionner les
visiteurs qui débarquaient.
Dans tous ces cas de figure, l'a bsence de
============aà lllm
colonnade périphérique permettait d'élargir la
cellades temp les et d' éventue llement y loger une
121 base pour la ou les statues de culte, une solution
volontiers adoptée à cette époque, entre autres au Fig . 123. Lykosoura, temple de Despoina. Plan des fouilles.
Fig. 120. Ténos, sanctuaire de Poséidon et d'Amphitrite. Plan au 1•' s. apr. J.-C. 1. fontaine -exèdre o
..., ..-. , -,..... Ulm
....,., temple d'Artémis Limnatis près de Messène s. D'après B. Léonardos, Praktika
Fin du 1v" - début du 111• 142. l. CORREA M ORALES, NumAntC/
2. temple, 3. autel monumental, 4. bâtiment pour les pèlerins?, 5. portique, 6 et 7. exèdres ' 1896, pl. 2. 29, 2000, p. 188-205 (temple B ou
8. bâtiment pour un groupe statuaire impérial. Dessin J.-P Braun dans tespace grec, EFA/P~ris z~ (fig. 134) et dans celui de Despoina à Lykosoura « d'Empédocle » à Sélinonte , autre-
1996, p. 143. (fig. 123), où quah·e statues hautes de 5 m, dont fois restitué prostyle tétrastyle par
122
Hittorf Q; Bullarchi,RA 2002 , n° 204
deux assises, occupa ient l'espace sur 8 m 146 . En et 205.
Fig. 121. lalysos, temple d'Athéna Polias. Plan. Fin du 1v" s. Dessin M. Livadiotti et G. Rocco dans
Presenza italiana 1996, p. 45. même temps, par l'effet d'une tendance généra le, 143. Voir infrap. 110, et o. C ALLOT
schémas, qui correspondent finalem ent au stan· la hauteur de la cella a été augme ntée, jusqu 'à dans L'Arabie préis/amiqueet son envi·
Fig . 122. Létôon, le petit temple d'Artémis entre le périptère dédié à Apollon et le temple de Létô à dard du temple hellénistique type, avaient le correspondre parfois à sa longu eur 1'17. rormement... , Actesdu colloquede
l'ouest. Seconde moitié du 11• s. D'après Dossiers d'archéologie 239, déc. 1998, p 56. Strasbourg,7987, Leyde 1989,
doubl e avantage de mettre l'accent sur la façade Parmi tous ces temples sans péristasis,certains p. 127-143.
d' entrée et de n'occ up er qu 'un minimum de surpr ennent par une origina lité parfois mal expli- 144. H. K NEL L,jd/ 109, 1994,
place, ce qui pouvait être très commod e dans des cable. Elle pou vait être du e à un e h·ansformation p. 2 17-237.
villes peu à peu toutes soum ises aux contrainte s du plan, comme à Iaitas où le temp le archa ique 145. M. LI VADIOTf I dans Preseru:.a
celles des six colonnes de façade, très trapues et ita/ia11a1996, p. 112-116.
de l'urbani sme orthogonal. Étaient par exe mple d'Aphrodit e, qui possédait sur 7,20 x 17,80 m un
largement espacées 141. 146. Sur la dat e du temple de
distyles zn antis le temple d'Isis dont la façade a pronaosfermé, un e longue cella et un adyton,vit au Lykosoura (fin du ive s.-déb ut du
Apprécié sans di sco ntinuit é depuis l'ar-
été redressée sur les hauteur s de Délos et celui dernier quart du ive siècle sa part ie centrale divi- IIIe s., plutôt que Ile s.), voir JO ST
141. G. CLARKE, Mediterranean chaïsme, le naïskosdistyle in antis a gagné partout 1985, p. 175.
d'.Artémis au Létôo n de Xanthos (fig. '122). En sée par un mur transversal plein, pour y créer une
Archaeology16, Sydney 2002, p. 116- du terrain à partir du ive siècle, avec pour seul 147. K NELL 1983 , p. 229.
12 1. Sicile, où les nouveau x temp les sont de toute petite pièce de fonction inconnu e, où l'o n entrait
véritab le concurrent le naïskosprostyle. Ces deux 148. ROMEO 1989, p. 44 et pl. XV ,5.
façon rar es aux 1v• et me siècles, ont été signalés par un couloir latéral 148 . . . Rien de comparab le à

700 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


707
3. IJÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS
Fig. 124. Lousoi , temple d'Artémis.
Plan restitué. Vers 300. D'après antis devant un e spacieuse cella où tr· .
G. Ladstatter dans Forschungen in .i ona1~au
1 centre, Ia b ase de la statue de la d ' Fig. 126. Didymes, temple hellénis-
der Pe/oponnes, 2001, p. 145. , c eesse, tandis
qu au ,ond, un grand adytonoccupait . . 10 20 30 40 50 1 tique d'Apollon. Plan restitué.
60 70 80
- a peu presla 100 M
D'après Th. Wiegand dans Didyma
Fig. 125. Claros, temple hellénis- mem e surfac e que le pronaos.La face m·t d 1, 1941.
tique d'Apollon. Détail de la crépis 1ongs murs de la cellaétait scande' e de .erne ~
ouest, en 1955. . _ cmq petits ti!~ri]ri][j]llJfi!ti!ti!lilti!ll]fj]fj]fi!fi!ti!•fi] Fig. 127. Labraunda, temple de
murets termmes par des demi-colonnes d .
onques· ri] ri] fi!fj]fj]fi!riJtilriJti!ti!~ti!lilriJlilti!ti!lillillil Zeus. Restitution de la façade prin-
sur la _face externe, autant de pilastres donques
• ' cipale. Milieu du ive s. D'après
1eur repondaient, auxquels s'ajoutaient des pilas- ~~ P. Hellstr6m dans Hecatomnid Caria
lil and the lonian Renaissance, 1994,
tres très aplatis le long des murs transversa
n riJ Ill
r -
A ssurement, cette manière de structurer la cella
~ li1 1
r-Tl
p. 37.

sembl e assez péloponnésienne, si l'on se souvient


L-- -------
5 1am
du temple d 'Héra à Olympie, du temple classiqu e lil fj] LJ..j ti! lil fj] lil
d'Apollon à Bassae, ou encore de celui de Zeus· ti!~ ti! ti! lil et]
Némée . Ce qui est nettement plus inattendu c:
124
sont les ?-alerie~ fermées par des murs le Iong,des
fj] li! Il
faces lat er~es. A cause des proportions des chapi- ti! ti! ti!ti!ti!ti!ti!ti!ti!ti!ti!~lilti!lillillilti!ti!lil
teaux de pilastres extérieurs, inférieures à celles ti!ti!ti!ti!ti!ti!lilti!ti!ti!ti!lilti!lillillil~lil
des chapiteaux intérieurs, les archéologues autri-
chiens ont imaginé ici des toits en appentis, à une
hauteur moindre que ceUe du corps central, si
bien que la restitution de l'ensemble fait songerà 126

une basilique ... Mais dans queUe mesure cette


restitution insolite n'a -t-elle pas été inspirée par
celle, très sché matiqu e, que R Vallois proposa
naguère pour le temple attico- ionique de
Délos 151?

L'ère des temples ioniques


et des temples corinthiens

Pour toutes ces constructions religieuses l'or•


dre dorique est resté le favori, surtout lorsque les
dimensions étaient modestes. Il a même subsisté
sans difficulté en Asie Mineure , dans des sanc-
tuaires à temple moyennement imposant (sur la
terrasse supérieure de l'Asclépieion de Cos, ainsi
que pour le temple d'Athéna à Pergame ), mais
aussi pour des réalisations grandioses. Les respon-
sables du hiéron d 'Apollon à Claros ont fait
reco uvrir un premier périptère, du vie siècle, par
l'Aphrodision de Délos 149, fondé peu avant I fi un édifice dorique (fig. 125) mis en chantier au m•
d rve-- 1 an siècle - sur 25 ,16 x 46,285 m, c'était le plus vaste
_u , s1e~ e _par Stésiléos en bordure d'un quar-
149, Ph. BRUNEAU,&cherches sur les ~er d habit atio n . Il comprenait en face d'un aute l de la formule à 6 x 11 co lonnes -, et au premier
cultesde Délosà l'époque hellénistique et quart de ce même me siècle les habitants d'ilion .c._-·-- -- ------------------ · ---··-·------·
à l'époqueimpériale(BEFAR 217) a fron~ons un petit temple-oikos (4,13 x 7,04 m)
ont également fini de reco~struire pour Athéna 127
1970, p. 334-34 l. ' one?te au sud, qui ne se composait que de deux
150, ]OST 1985, p. 48-49; LAUTER parties : une cellaet un pronaos~errne · 1egerement
• - un grand périptè re doriqu e à 6 x 12 colonnes
1986, p. 196, à corriger avec les
p!u s profond, renfermant des banquettes en (l6,40 x 35,70 m), dont l'ordre et le décor sculpté, paraître encor e plus maj estueux. À Éphèse 153, au tout aussi étonnan te salle à deux colonnes corin-
résultats des fouiJles autrichiennes: 153, A. B,\MMER,Die Architekturdes
pierre. Est-ce le caractère privé de ce cult . un peu plus récent que les murs , sonnent à l'évi- troisième quart du rve siècl e, le soubassement du thiennes, inaccessible depuis sa porte défendue
G. LAosTATTER,Der Artemistempe l i- e qw jüngerenArtemisionvon Ephesos,
vo n Louso, , Forschungenin der e:p rqu e 1e recours à un plan archaïsant, dence comme des citations du Parthénon 152. Au nouvel Artémision (fig. 116 et pl. IX ) fut par un seuil à 1,46 m au-dessus du sol. La salle à Wiesbaden 1972. Placés en haut des
Peloponnes( Oster.Archiiol.Institut, Létôon de Xanthos, le temple d'Apollon fut à son surhaussé par un podium à dix degr és, en même deux colonnes, réservée au clergé , s'ouvrait par fûts ioniq ues par A. Bammer et
Sonderschriften38), V. MITSOPOUWS-
de_pourvu ~e _colonnes mais non d'ornement, U. Muss (voir HEU.MANN2002 ,
LEON éd., Athènes 200 1, p. 143-153. grace au sedwsan~ appare il trapézoïdal de ses t~; recon str uit dorique au ne siècle (fig. 122), à temps que les dimension s en plan du temple trois portes qui dominaient du haut de vingt- p . 203 fig. 29 1), les tambours figurés
151. FRAISSE, LLINAS 1995, p. 491 murs de marbre ? Egalement datable des années co e ~~ deux temples ionique s. étaient accrues. La phase hellénistique de quatre mar·ches la cour non pavée, peut-être à de l' Artémision ont maintenant été
fig. l ( GD 42 ou pseudo-Kératôn ). 300 d'apr ès le matériel trouvé dan s les fondations . S1 1ordre don·que pouvait. etre
- perçu comme l'Apollonion didyméen 154,qui se traîna in ach evée cause de l'étendue de sa superficie (21,71 x redescendus, avec de bons argu-
sohde ments , par B. WESENBERGdan s Der
152, j. DE LA GENIÈRE, Claros , REA de l'adyton, le temple d'Art émis à Louso1· , . et ancien , car evocateur
- , . .-
de la supenonte depuis la fin du rve siècle av. n. ère jusque sous 53,63 m). Les consultants de l'oracle parve naient Kosmasder Artemis vonEphesos,
1998, p . 235-268; ROSE 2004, avec d'A d. i5o th
a , emenne , il n' en es t pas moins vrai que ce sont
, _ rca 1e est un cas que l'o n peut qualifier l'Emp ire, reste unique parmi les diptères (fig. 126 à cette cour - entouré e de murs culminant à U. Muss éd ., Vienne 200 1,
une n ouve lle datation (Il' s.) du d abord les templ · . p. 297-313.
temple d'Ilion, toutefois contestable: d etrange. Sa?s prédécesseur sur le site, son corps d. . es wmques de toutes formes et et pl. XIV ). En plus des cent hui t colonnes 25 m, décorés de pilastres et d'une frise complexe
, rmens1ons qui étaient chez eux en Grèce de 154. W. VOIGTLÀNDER, Derjüngste
voir la mise au point de D. HERTEL,
AA 2004, p . 177-205.
aux proport10ns allongées (10,30 x 31,75 m
fig. 124) éta it fait d'un pronaostétrastyle dorique i~ b~~t. Les diptères archaiques d'Éphèse et de
i ymes ont donc été remontés de manière à
ioniques de sa péristasisredoublée, le Did ymeion
en enserrait douze autres dans son pronaos (dit
- par deux couloirs voûtés.
Mais les Grecs ne se sont pas contentés de
restaurer ou reconstruire. Commencé au troi-
Apollontempelvon Didyma, JstMitt
Beihefl 14, Tübingen 1975; AKURGAL
1987, p. 84-85, 98 et suiv.
pour cette raison dodécastyle ), qui précédait une

702 ARCHITECfURE RELIGIEUSE


3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 703
. de6
lor squ'un petit opis thodo me et une galene
Fig. 130. Téos, sanctuaire de
8 co lonn es en marbre (fig. 127) furent a· t· . x Dionysos . Plan restitué du temple.
.k . . JOU esaun ol'"'"'c-''-.---'-,~---"''""Om"---~
l2n\ 1 l10m --
IJOm -.Jl:.Om
temp le-oz·os zn antzsdéjà ex istant en pi 1 ----:::::::::::::::::;i Fin du 111
• s. Dessin D. M. Uz dans

~ ==
.__.....,:::::
.... ~ === ----z==,c::
-
, . . ' erre ocale Hermogenes 1990, p. 52.
Loperation fut donc réalisée très peu d · Il
. e temp s
avant
__ la .constructio. n du temple po1· 1ade de
Pnene, et a peu pres à la même époque
A.t · . . d'E. h
d
que ans
=====c..JL- J-J'--'----L.J..-,__,__~_,._,-
.............. \i
1e nouve 1 l'\.l. ho-
~~~
em1s10n
. p èse , où un .
op1st
dom e semb le avoir succédé à l'adytond 1•· 11
~ Ill Il
• · 1s· · . . . e etat
anteneur ' - A vrai dire ' etant réduit a·l'encadre- \il Il
Ill Il1
m ent d e deux co lonnes in antis,l'opisthodomed
Pri èn e_donn e l' im~ression de n'être que symbo~
Ill
[lL ____ _ L
hqu e, JUSte pour faire pendant à un pronaos intro- 1---1
duit par trois marches et très profond - ce quiest 1 1
1 1
un trait constant en Asie Mineure. Ce pronaos 1 1
1 1
menait à trois autres degr és devant le largeseuil
d 'une porte à lourds battants, manœuvrés sur des
chemins de rouJement en bronze insérés dans le
I__ J
dallage en marbre de la cella(fig. 128). Tou~dans
ce temple de Priène, paraît ramassé: la cellavide
de tout support, et même l'étroite péristasiJ, dont
les 6 x 11 colonnes étaient disposées selonun
maillage strictement axial el symétrique. Néan-
=-.g '28. ::>ne,ie~emoled'l\ héna moins. cette apparence compacte mettait bienen
Su· ,e dallage oe la cella les traces valeur un décor très achevé el d'inspirationtradi-
sième quart du f\'e siècle, le temple d'Athéna à
ou dlemi de roulernem de la
Priène 155 avait été conçu par l'architecte Pythéos tionnelle. deptuS les bases de type éphésien donc
oor.:e
pour illustrer à la fois les tyles dorique el 10mque. archaïsantes JU.Squ·aux multiples k)·mations
" ig. '29. Priene. temple d'Athéna 10mque. et szmas' nnceaux, qui sutIDontaiem des
ur un e crépisà trois degrés , a petite cellaesl as o-
9es itution de l'angle de l'entable-
men; D'apres Wiegand. Schrader ciée à un opisthodome (fi . 31E1• cette salle qui chapiœaux foncierement équilibrés, embléma-
ugue dt ·ordr ionli1ue du JV'' siècle '.fig.?9et un livre (DeArchitecturaVII, pr ae f. 12). Son orne- 15 sur les longs côtés, donnait naissance à une
1904 fig. 7t. était de règle dans les temples doriqu du conu
nen t depu· le ,-, iècle , rupra.p. ï4,. m:rn, ' éu pl è'JII ment ation l'a parfo is fait co mp are r au temp le bâti péristasis aussi ample et « digne» qu 'u n vrai
( vers le derni er quart du IVe siècle à Kasta bos de diptère, tout en permettant d'économiser une
introduite dai l . édifie
ou :r snr Carie pour la guérisseuse Hémithéa 158. Cet seco nde rangée de support s. Il est toutefois
et
édifice avait reçu une péristasisà 6 x 12 co lonn es certain qu 'Hermogénès s'est contenté de promou -
ioniqu es et un pronaos profond barré de deux voir un modèle qui existait déjà aux temps
colonn es corinth ienn es, mais les proportions archaïques, ainsi dans le temple d'Artémis à
allongées de sa cella et le sty le de ses moulures Corfou comme dans le temple ioniqu e de
rappe llent davantage ceux du temp le d'Asclépios Métaponte, entour é de 8 x 20 colonne s (fig. 23 et
à Epidaure. Les resse mblances sont netteme nt 93). Fina lement, attribuer encore à Hermogénès
plus étToites entre le temp le d'Ath éna à Priène et la pat ernité du temple ioniqu e quasi miniature de
celui, plus réce nt (il est de la fin du II siècle ), de ,c Zeus à Magn ésie, construit au plu s tard au début
Dionysos à Téos, qui ne s'écarte du type de du IIe siècle sur un proj et prostyle tétra style à
Priène que par un haut soubassement et un esca- l'ava nt et distyle in antisà l'arrière 161, sembl e rele-
lier sur la façade principale l59 (fig. 130). ver d'un j eu un peu vain (fig. 20).
L'ordre ionique d'Asie Mineure était égale - Quoi qu'il en soit de ses origines, le pseudo-
ment attendu dans le temple d'Artémis à diptère ionique rencontra un franc succès à l'est
Sardes 160 , qui semble avoir été créé et agrandi de !'Égée. On l'avait vu dès les années 300 -280
dan s le siècle suivant la mort d'Alexandre le dans le petit temple d'Aphrodite à Messa 162 de
Grand , même si la colonnade pseudo-diptère Lesbos, avant qu'il réapparaisse dans des temples 158. j. M. CoOI<, W. H.. PwmlER,
de bonne s dimensions , depuis celui d' Alabanda T7uSanctuaryof Hemitlua tU Knstaho
s,
date seulement du début de la période antonine Cambridge 1966, SUI10111 p. ï7- IS6.
(après 138 apr. n. ère ) quand des tendances jusqu'au Smintheion de Chrysè en Troade
159. O. ~ üz, The Tomple of
conservatrices marquèrent le retour à des goûts (30, 70 x 48,70 m au stylobate )163. Il a survécu Dionysos a1 Teos, Hemwgma 1990,
d'inspiration hel1énistique (fig. 131 et 256 ). En dans les provinces orientales du monde romain, p. 51-61.
oû quelques réalisations talentueuses font claire- 160. W. H OE~ER, Hemwgma 1990,
effet, Vitruve (III 2 6, et 3, 8-9) associe le plan p. 3-7; GRLllEX 2001, p. 432-439.
pseudo-dipt ère à l'Asie :'viineure tardo-hel1énis- ment référence à des modèles bel1énistiques. ous
161. ,',[agnesia1904.
tique et surtout à H ermogénès, qui en aurait été Auguste, la cité d' Aphrodisias en Carie ajouta une
162. W. H OEPFXERdans Hmnogma
l'inventeur, au point d écrire sur cette disposition péristasisde 8 x 13 colonnes au noyau du temple 1990, p. 7-8.
adoptée dans les années 200 au temple d'Artémis d'Aphrodite, juste composé d'un pronaos, d'un 163. C. ÔZGG'SEL, Oas H eiligrum
à Magnésie du Méandre {fig. 132), car il jugeait vestibule et d'une cella;il devint donc un pseudo- des Ap ollon Sminth eus ... , Studia
diptère très proche du «canon» ionique vitruvien, Troica 13, 2003, p. 261-291.
que l'installation de 8 colonnes en façade, contre

3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 705


dorique
_ sur. le Forum triangulaire de pompe1 ..166
ou, toutefois, les nouve lles modes venues d , ' symétriqu e du chapiteau corin thi en. Le choix du
e 1est Fig. 133. Aizanoi, temple de Zeus .
d e Ia M e.d 1terranee
. . ,
n ont pas dissuadé 1 corinthi en repr ése nt ait un e innovation p ar Plan restitué. 11•s. apr. J.-C. Adapté
, . es cons- rapport aux dipt ères d 'As ie Mineure qui ont serv i
tructeurs d e s en temr aux habitudes local D' , par W. Hoepfner de R. Naumann,
• · - - es.au de modèles à l'Olympieion, mais leurs hautes Der Zeustempel zu Aizano i, 1979.
cette crépisa quatre degres coupée par
. , un 1arge crépis et leur s spacieux pronaoin'ont pas non plus
escalier sur la façade d entrée un peu co Fig. 134. Messène, temple
_ ' mmeà été imités à Athènes, où il fallait de toute façon d'Arté m is Limnat is. Restitution de
Rome ou, vers 75 av. n. _ère, le temple ionique de
réutilis~r le soubassement et même le pl an à la façade. Seconde mo itié du 111•s.
Portunus au ForumBoarzumcombinait la pl · . D'après Ph. Le Bas dans Theme lis
. • . a1· d anune- adyton de l'état antérieur (fig. 22 et 70).
tne etrusco- 1t 1que u bâtime nt sur podiuml67 1999, p. 115.
Est-ce parce que la sculpture des chap iteaux
avec l'h abi llage ps eudo -périptère déjà proposé
corinthi ens faisait peut-être trop grimper le coût
rne siècle en Grèce, dans le temple L d'Épida;~ de ces réalisations , toujours est-il que nous ne
(fig. 25 ).
connaissons pas d 'autres templ es corin thiens de
Dans le même temps, le style corinthien date hellénistique en Grèce continenta le. En
traçait peu à peu son chemi n, par petites Gran de-Grèce, l'édifice découvert à San Leuc io
touches 168 • Peu apr ès le milieu du iv • siècle près de Canosa, qui est à ce jour le plus ancien
Scopas avait créé p our la cella du temple de Tégé; temp le occidental à périptère cor inth ien (il est
une série d e chapiteaux corinthiens très touffu s daté de la première moitié du u • siècle), est un
sous une frise à rin ceaux, mais ensuite, la dat; ensembl e éclect ique dont les chapiteaux cor in-
précise de l'apparition de colonnes corinthiennes thiens figurés s' inscr ivent dans u n étonn an t
à l'extérieur d'un temple n'est pas aisée à déter- mélange des tro is ordres 171• Apr ès l'essai précur-
miner. La redécouverte en 1988 du temple seur ma rqu é au iv e siècle par le temp le
d'Artémis Limnatis et Lap hria, sur la pentesud- d'Hémithéa à Kastabos - ionique à l'extérieur,
131 est du mont Ithome près de Messène, a confrrmé mais nanti de deux colonnes corinthiennes au
Fig. 131. Sardes, temple d'Artém is. les grandes lignes de la restitution proposéepar pronaos(supra,p. 105) -, les que lques rares autres
Détail des bases du pronaos. par l'ordonnance générale comme par les propor - Philippe Le Bas, qui le vit en 1843: sur 10,60x temp les corinthiens du monde grec , qui deme u-
.
tians des differentes partie. s des ch ap i·t eaux 164. 16,70m, c'était un édifice à pronaoscorinthien rent assez mal connus, se trouvent tous en Asie
Fig. 132. Magnésie du Méandre,
temple d'Artémis . Restitution d'une Sous Had rien ou même un peu plu s tard, c'est disty le in antis (fig. 134), databl e par les profilset Mineure. Nous avons déjà évoqué le temp le ron d
face latérale et de la façade par toujours la tradition qui fit retenir cette formu le à les moulures en tre 250 et 200 169. En descendant corinthien de Cn ide (supra,p. 34), précurse ur, au Om 10 20 30
J. Cierge!, en 1843. D'après
H. d' Espouy, G. Seure, Monuments Aizanoi, en la concrétisant dan s un grand temple au 11° siècle, c'est sous le règne d'Antiochos IVde Il° siècle, d'une lignée très italienne. Entamé dans
antiques relevés et restaurés à 8 x 15 colonnes ioniqu es (fig. 133), dédié à Zeus Syrie, grand ad mi rateur de Zeus, que débutala 133
Paris, s. d., pl. 24. et Cybèle, alors même qu e le temple de Rome et reconstruction en marbre pentélique de
d'Auguste construit à An cyre, peu après 25 av. l'Olympieion d'Athènes, désormais diptère sur
n. ère, était déj à un pseud o-dipt ère corinthien, les longs côtés et triptère sur les façadesavantet
richement orné à tous les niveaux 165. arrière 170, grâce à des colon nes voulues corin-
Ce plan pseudo-dipt ère se retrouve également thiennes (fig. 135) par Cossutius, un architecte
en Occident , dans la deuxiè me phase du temple italien qui avait souhaité profiter du caractère

164. D. THEODORE SCU,La restitu-


tion de l'Aphrodision: certitudes el
perplexités, AphrodisiasPapers,
Ch. ROUECHÉ,K T. ERJMéd.,JRA
Suppl !, 1990, p. 49-65.
165. R. NAUM ANN,DerZeustempel zu
Aizymo~Berlin 1979; D. l<RENCK.ER,
M. SCHEDE,Der Tempe!in Ankara,
Berlin 1936. Plus généralemen~ voir
GROS1996,p. 160 el suiv.
166.J. K. DEWAELE, B. D'AGOSTINO
et al, Il tempiodoricodelForotriango·
larea Pompe~Rome 2001.
167.J.-P. ADAM,Le temple dePortunus
au Forum Boarium(coll. EFR, 199),
Rome 1994.
168. Analyse globale dans
171. O . D ALLY, Canosa,Località San
R. SCHENK, Der korinthischeTempe!bis
Leucio, Untersuchungen 1:u
1:umEndedesPrinzipatsdes Augustus,
vom 6. biszum
Akkulturatio11spro1:essen
Espelkamp 1997.Voir aussi
2.Jahrhundert v. Chr.am Beispieleines
HELLMANN 2002, p. 169 et suiv.
daunischenHeiligtun4Heidelberg
169. LAUTER 1986, p. 194 et fig. 64; 2000 (où est abaissée la date de
P. THEMELI S, Kernos17, Liège 2004, construction prop osée par
p. 152-154. P. Pensabene dans une publication
134 de 1990).
170. TôLLE·KASTENBEIN1994.
132

106 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


3. IJ ÉVOLUTION DES TEM PLES GRECS 107
Sur !'Agora d'Ath ènes sont toujours en place nant à cet édifice et remployés dans un mur tardi-
les fondation s de trois temples qui peuvent être vement élevé à proximité, proviennent du temple
rapportés au v 0 siècle, d'apr ès la facture de _la d'Athéna au cap Sounion, donc à 45 km de
grande majorit é de leurs blocs. Et pourtant, ils !'Agora d'Athènes. Enfin, entr e le Portiqu e du
portent des le_ttres_de po_se ~'~liur e augustéen ne milieu et l'Od éon d'H éro de se voient les vestiges
ou du moins 1mpenale, a cote de repnses {dans du « temple sud -ouest», manifestement construit à
les scellements, en particuli er), de réparations ou l'ép oqu e romaine avec les blocs d'un e colonnade
d'ajouts que leur technique date de la même dorique {fig. 138) pris à plus de 40 km d'Athènes,
époque. Dan s le secteur nord -oue st, un périptère sur un bâtiment de Thorikos lié au culte de
dorique he xasty le était dédié à Arès, se lon Déméter et Corè. Cette fois, contrairement à ce
Pausanias {I, 8, 4), mais il a été établi que les pier- qui s'est passé pour bâtir le temple d'Arès, le
res de sa superstructure {fig. 137) proviennent du démontage sur le site d'o rigin e ne fut pas
temple classique d 'At hén a Pallénis, dont les comp let, puisque des pièces du temple d'Athéna
fondations et la crépis{16,35 x 36,25 111 ) ont été (dont un chap iteau ionique, facilement reconnais-
découvertes en 1994 à Stavros, entJ·e !'Hymette et sable avec ses grosses volutes et ses ornements
le mont Pentélique 17 6. À l'ang le opposé de
peint s) ont été retrouvées au Sounion, et des
!'Agora, les fouilleurs américains ont aussi repéré tambours d'une colonn ade dont les cann elures
les restes d'un « temple sud-est», à profo nd sont seuleme nt amo rcées sub sistent en plac e sur
pronaoshexastyle, soit un plan de type hellénis- le stylobate conservé à Thorikos (fig. 343 et
tico-romain; des chapiteaux et des fragments de
• colonnes ioniqu es en marbre d'Agriléza , apparte-
p. 249). À ces transferts de temples s'ajoute le cas
de l'autel de Zeus Agora ios, édifié vers la fin du

Om 10 20
Fig. 137.Athènes, Agora, temple
1 1 Il Il 1 1 1 1
d'Arès. Lit supérieur et élévation
restituée de deux blocs de l'enta -
blement, avec des lettres de pose.
D'après M. H. Mc Allister, Hesperia
Fig . 136. Lag1na, temple d ' Hécate . Plan restitué. 11•s. 1959, p. 18.
Adapt é par W. Hoepfner d 'A . Schober, Der Friesdes
Hekate ,ons von Lagma, 1933, p. 16.
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'' ,
après 171. C'esl enco re dans cetle zone géogra - ' '~ ,
phiqu e que plusieurs temples corinthiens furent '' ,,
,
', .... _ ,✓
entr epri s grâce au financement de l'empereur
-11:
Fig. 135. Athènes, temple de Zeus Olympien. Les restes
de la colonnade hellénistique.
bâtisse ur , qui témoignait ainsi de la grandeurel
de la puis sance d e Rome .
------------~--✓~-------0 ,-+'l:::
~====~--=~~-" ---
A 1375 A 2277
4. Les transferts t:c=c:!::=::::t====
0
=== <•. so

la première moitié ou vers le milieu du 11° siècle,


par un architect e apparemment sous influence
de temples
alexandrine, le temple de Zeus à Olba de Cilicie ~

172. Ch. BôRKER, Die Datierung des


semble être resté inachevé, si l'o n en ju ge d'après Vexist ence de « lem pies voyageurs» - c'eStla
Zeus-Tempels von Olba-Diokaisareia
in K.ilikien, AA 1971, p. 37-54; l'interruption du proc essus des cannelures lï'2, un trad uclio n d es expressio ns anglo-saxonne'.,
D. WANNAGAT dans Bul/archiRA problème dont n'a heureusement pa s souffert le Jtinerant Templesou Wandernde "' ,emre
,1, / -
n'esl mate·
2002, n° 200.
modeste H ékateion de Lagina, élevé sur un plan rielle menl bi en illustrée qu'en Attique sousle
173. A. SCHOBER,DerFriesdes · · ph1qu es ~
HekateionsvonLagi11a(1st.Forsch.2), pseudo -diptère vers la même dat e, avec 8 x 11 Haut -Empire, mais qu elques textes ep1gra.
Berlin 1933. colonnes autour d'un pronaoset d'un e cella tous ·
m ontr ent que les Grecs pratiquaien · t depms . . g·
lon
174. R ADT 1999, p. 122. deux pre sque carrés 173 {fig. 136). Toujour s en Lemp s un peu part out, ces d emon - tages smv1s
. . de
1
175. A. PETRONOTJS,« Wandernde » Car ie, le temp le corinthien de Mylasa a dû pr écé- d é m é ~agements , qui se mbl ent toutefois :~~: 1 176. M. H. Mc Al.LISTER,Hesperia
Tempe! !, LTHAH [Mélanges u u '-t'
N. Ko11toléo11],
Athènes 1980, der de peu celui de la terrasse médian e du restés p eu banal s 175.Les raisons de ces proce u u u u u u u u u
28, 1959, p. 1-64; !\ILKORRÈS,Hôros
so nt difficiles à ce rner et leurs moda!y I es pratiques 50 10, Athènes 1992-1998,p. 83-104 [en
p. 328-330 (avec les références gymnase de Pergame, un prostyle tétrastyl e qui ======CM. grec].
épigraphiques ). pourrait remonter à la fin du ier siècle ou peu po sent de multipl es que stions.

3. VEVOLUTION DES TEMPLES GRECS 709


708 AR CHIT ECTURE RELIGIEUSE
Fig. 138. At hènes , Agora . Restes rv• siècle sur la colline de la Pn yx puis dépl ac é au bl ocs réc up érés au Pir ée sur le terrain d l'
d e Phil on . e arsenal Fig. 140. Failaka (Kowei t ), fo rte -
du « temp le sud-ouest » : blocs 1er siècle de n . ère sur l' Agora (fig. 139), san s ses
doriques rapportés de Thori kos . D 'a p rès les sourc es épigra phiqu es 1 ress e d ' lkaros. Resti tuti on de la
agrafes origin elles. . .
On avance général ement comm e expli ca tion ges» d ' e' d'fi 1· . u x g:i·ecs ne sont
I ces re 1g:ie
' es «voya- façade du te m ple A. Prem ière
Fig . 139. Athènes , Agora . Autel de m oitié du 111 • s. D'apr ès
. ti . .Ili d p0 liftant
Zeus Agoraios , recons t ruit à de ces dép lacements un souci de restaur ation reli- p3as 0 u3 n2e0 iln ve_n on Ja.I e . 'espri ~ romains. Vers K. Jeppe sen, lkaros 3,
l'époque roma ine. gieuse m anifesté par August e, lor squ ')l m '.t en 3 - , a v1lle d e P hom1kè en Epire a • t The Hellenist ic Settlement

œ uvre un re m odelage du ce ntr e d A th en es. l ' ora c 1e d e D odon e sur l'opp ortunit é d'un m errogé
,
The Sacred Enclosure ..., 1990,
f ig . 84.
, even-
Ajoutons-y que d es monum ent s grecs , plu s ou tu e l d ep lace m ent du temp le d'Ath éna RO{"
moins en ruin es depui s le p assage d es tro up es d e C e lui du templ e d e D ém éter et Corè à Tana :~
Sylla, repr ésentai ent pour les R omain ~ d ~s s_tocks se mbl e bi e n avo ir été réalisé par les habifa'u ts
de mat ériaux économiqu es et faciles a reutih ser, ve rs la fin du m• siècle, en trans férant le templ~ CA
d'où (par exempl e) le rempl oi, dans les fonda - d epm s les faub our gs (un e situation habituelle
tions du templ e d'Arès comm e d ans ce lles d e p our les sanc tuair es d e ces deux déesses voir
quelques autr es bâtim ents ro m ain s d 'A th èn es, d e infr a p . 169) à l'irlt érieur de la cité. Puis, ver~ 196
c'est le te mpl e d 'A th éna à Pépa.réthos, dans m~
d e Sk o p élos, qui fut transf éré avec son autel.
Pourqu oi to ut es ces o p ératio ns ? Le naosétait-il en
m au vais état, un e reco nstructio n était-elle inévita- 3.00

b le ... Peu t-ê tr e vo u lait -on aussi favoriser le culte


e n re nd ant le te mpl e plus accessible, ou en le AM+ EV
p rotégeant? Cette d e rni ère motivation a été envi-
sagée p our te n te r d e co mpr endr e le transfertdu
sanctuaire d e la d éesse prot ectrice d'Ikaros (l'ac- DZ

tu e lle Faïlaka ), un acte relaté dans 1111e lettre DY DU


gravée sur une stè le ve rs la fin du 111• siècJeli8, Si
l'e m p laceme n t origi n el du sanctuair e n'est pas DV DX
conn u , les deux te m p les A et B, à pronaos distyle r···- · ·· ·· · · · --······· ····-----·-

in antis, ont été retro u vés dan s un grand enclos ____________ _ _ _ ___ _;_ ___ __:; Sm
fortifié où ils co h abi ten t avec des maisons, et leur
impl antation bizarre m ent très désaxée, faceà des
a utels coincés contre le mur d'e nceinte, pourrait
s'expliquer par le fait qu 'ils n'avaient pas été
élevés primitiveme n t sur ce site (fig. 140}. fondations ou du m o in s le soub asse m ent d 'un de l'Altis d 'Ol ympie les construc tion s embl éma-
À partir de tous ces exe mpl es assurés, l'idée temple, sans pièces d e l'élévatio n . Ai n si, lors qu e tiqu es de dix cités doriennes , Pausani as les qu ali-
d'un « déménagement» a parfo is été suggérée les fond atio ns d 'un p etit p ériptère d o riqu e, d ata - fia d e « trésors , d e mê m e qu e, à D elph es aussi,
face à quelques situations énigmati ques, quand bles du mili eu du rv• siècle, o n t ét é rep érées h o rs certairls Grecs ont fait des trésors à Ap ollon » (VI
des fouiJJes approfondies n 'ont pu dégager que les de la cité de Kassopé en Épir e , sans la m o irldr e 19, 1 : en grec 0ricraup6ç, thèsauros180) . Ceux de
138 trace de la sup erstru ctur e ou d e sculptu res, on D elph es étaien t d éjà fam eux d ans !'Anti qui té, si
s'est deman dé 179 si ce templ e d 'A ph ro dit e n 'ava it l'on en croit des vers d'E ur ipid e (Andromaque,
pas été dém on té pi erre p ar p ierr e p our être 1092-95).
remont é ailleur s, au m ome n t où la fond a tio n d e Effecti vem en t, les « trésors» fure nt avant tout
Nicopolis d ans le m ême sec teur , en 30 av. n . ère, érig és dans de s san ctuaires panh elléniqu es (infra, 179. Haus und Stadt 1994,p. 144-145.
entraîna l'ab an don du site d e Kassop é. Pour vé ri- p. 167) par les multipl es villes du mond e grec, 180. Mais ce n'était pas le seul nom
fier cette hypo th èse, il reste m a in te n ant à tr ouve r comm e des instruments de mi se en valeur. C 'es t donnépar les Anciens à ce genre
le nouvel empl ace m ent d e l'é di fice . .. ce qui frapp e à Delph es, où les trésors dissémin és d'édifice: voir en généralL. DYER ,
Olympian Treasuries and Treasuries
(fig. 14 1) par plus d'u n e tren tain e, sinon un e in General,JHS25, 1905, p. 294-
quarant ain e de cités (sans compt er ceux d ont les 313; M. RuPs, Thesauros,A Study of
5. Les «trésors», fon d ation s ont été détru ites po ur faire place à la the Treasury Buildings as Found in
GreekSanctuaries, DissertationJohn
ter.rasse du gra n d templ e d 'Apo llon ), ca mpo- Hopkins Univ. 1986.
177• . DE :\ ~~RIA dans L'fll>7it miri- des coffres-fortsen tout genre saient un pa ysag e arc hitectural d 'un e rare cliver- 181. Étude de l'architecture et du
dionalttl l'Epirt dans l'AntiquitiIV. _ ________________________ _.,ité, xécé d - p d es mur s d soutènemen à.-!;. ô1 des..tr.és.o _rs
_delphiques dans_ _____ ~ _.
_;.__________ n= ~odu
Adt:s
ren ~ Il~ rolloqu,
1002;P. intmiationaldt
CAB ANES, · , 1 JACQUE MIN 1999, surtout p. 141-150,
Des sortes de chapelles chaque tournant d_e l:t Vme sacr~e et sur a plutôtque dans E. C. PAR TIDA , The
j.- L. LAMBOLEY éd., Paris2004,
p. 328 et suiv. {Phoinikè ); ter.rasse de Marmana . A part leur taille modeste, Treasuriesat Delph~An Architectural
L. MiGEOITE, Lessouscriptions Dans plusieurs sanctuaires imp ortants s'éle- les trésor s offerts à grand prix par les Cyrénéens, Study,Jon sered 2001.Voir aussi
. . . . , . H. BOSING,Das Athener SchatQZaus
publiquesdanslescitésgrecques, Genève vaient en position avantageuse des petits bâti- les S1phm ens, les Crud1ens , les Marseillais, les in Delphi, Marburger Winckelmann
1992, n° 28, p. 75-76(Tanagra
).
ments conçus à l'image d'un temple-oikos, afin Ath éniens - pour ne citer que les plus célèbres - Programm, Marburg 1992, et
178. K jEPPESEN, lkaros3, Tht n'ont guère de points communs tant leurs maté- D: LAR OCHE!. M.-D. NENNA ,_Deux
HellenisticSettlement,Tht Sacred d'abriter les offrandes qu'il fallait soustraire à la
' , . tresors archaiques en paros a
Enclosurein theBarlyHellenisticPeriod, ~upidité des homm es en même temp s qu'aux riaux, leurs colonnes et leur decor ~fièrent, Delphes, in BoMMELAE R 1992,
Aarhus 1990. mtempéries. En voy ant alignées sur une ter.rasse créant volontairement la nouveauté 181• A la rela- p. l09-124.

770 ARCHITECTURE REUGIEUSE 3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 777


Fig. 141. Delphes, sanctuaire
d'Apollon. Plan schématique à
l'époque roma ine: à l'exception de
B lie bouleutérion ?) les petits oikoi
distyles in antis, ou sans colon nes,
sont des trésors . A = tr. des
Athéniens, C =tr. des Cyrénéens,
S = tr. des Siphniens, T = tr. des
Thébains. Dessin D. Laroche, EFA.

Fig. 142. Delphes, le trésor des Athéniens vu de la « voie sacrée». Peu Fig . 143. Olympie, trésor de Sicyone. Restitution de la façade et d'un long côté.
après490. Peu après 480. Dessin W. Dôrpfeld, Olympia Il, 1892, pl. 28.

0
ceux qui ne pouvaie nt pas rest er en plein air -, se trouvaient des sortes de châsses, l'une, en
provenant souvent de victoi res à la guerre ou aux bron ze, ayant été offerte par Myron . À Delphes,
concours, mais ils servaient aussi, plus gé néra le- où les trésors de Cori nth e et de Marseille regor-
ment, de remise pour les insb·um ents de culte. geaient littéralement de dons, la dédicace du
Plus original est le cas d'Eudoxos d'Argos qui, trésor des Cnidiens loue les « belles offrandes» 186
vers270, offrit à Apo llon dix bo ucliers recouverts qu'il prot égeait. S'il est bien probable que les
tive austérité, tempé rée par des détails décoratifs , Les trésors de Delph es et d'O lympi e ont été de bronze et damasquinés, fabr iqu és à ses frais trésors ont paru moins nécessaires lorsque les
des trésors doriques de Cyrène et d'Athène s princ ipal ement construits au v1• siècle et dans la pour l'épreuve de course en arm es au conco urs donat eurs, surto ut des particuliers, se mirent à
(fig. 142), s'opposa it l'ex ubérance des mou lures et première moitié du v • (encore plus tard à des Pythia184 ; dans l'intervalle les Delphiens pr éférer les sculptures installées à l'air libre, ou 184. Corpusdesinscriptions
de
182. La datation du trésor des des chapiteaux abo ndamment sculptés des trésors Delph es, grâce à Attale rer de Pergame ) 182, pour DelphesIV, 27, 1. 7-19.
Ath éniens après Marath on a été s'étaient engagés à lui trouver un thèsaurospour abritées dan s des enclos, des port iques et toutes
ioniques. En revanc he, à Olympie, les trésors en des raisons autant, sinon plus, politiqu es que reli- 185. T. HOJ..SCHER, l thaki 2001,
contestée en raison de certains traits
pôros, moins nombreux et serrés l'un à côté de entreposer ces merve illes . .. En somm e, c'éta it un sortes de salles fermées 187, trois stratèges cyré- p. 143-152.
encore archaïq ues de l'é difice, qui gieuses, les dédicant s vou lant faire étalage de lieu de « dépôt pour des statu es, des richesses et néens de la seconde moitié du rv• siècle ont
ont pu faire envisager une construc• l'autr e au même niveau , étaient uniformément 186. BOMMELAER 1991, p. 141-142.
leurs richesses et concurrencer leurs voisins. Le des objets sacrés», suivant la ju ste définition du enco re offert à Apo llon, près des prop ylées de
tian en plu sieurs étapes. Mais doriqu es, si bien que seuls les hauts toits en terre 187. C'est le cas pour le groupe de
P. Ama ndr y a éta bli que la base au plus anci en des trésors sera it celui offert à lexicographe Hésychiu s. Pas de doute pour les son grand sanctuaire de Cyrène, un bel oikos à statues familiales offertes par
cuite polychrome typiques des colonies occiden-
sud du trésor , qui porte une dédi- Delp hes par le tyran Kyp sélos, déj à au vue siècle, trésors d'O lympi e 185 (fig. 144) : selon Pausanias porte et frise doriq ues (fig. 145), qu'une inscrip- Daochos de Pharsale à Delphes,
cace marathonienne sous un group e tales pouvaient attirer le regar d. Le trésor des vers 330: le monume nt n'est désor-
statuaire, est bien co ntemp oraine du
mais ensuite les Corinthi ens le firent consacrer à celui de Géla contenait bien des statu es, ce qu e tion destine à la conservat ion du butin de guerre,
Sicyoniens se détachait alors en arbora nt, au- mais plus restitué comme un enclos
trésor et que tous deux sont po sté- nouv eau, par un e dédicace à leur nom 183 . D'après confirme la présence d'un e gran de base à l'int é- et qui peut être rapproc hé du trésor, un vérita ble ouvert au sud, mais comme une salle
rieur s à 490: BCH 122, 1998, dessus d'un e frise dorique soulignée de bleu et de
les restes matérie ls, les sourc es littérair es et rieur. Les trésors d'Épid amn e, de Mégare et de chef d'œ uvre des mathémati ques grecques, dédié fermée à murs en briques crues.
p. 75-90. rouge, un toit en tuiles de marbre, assemblé peu Voir A.J ACQUEMIN, D. LAROCHE,
épigraph iques , la fonction prin cipal e des thèsauroi Métaponte avaient assuréme nt la même destina- par les Cyré néens à Delp hes vers 330-320, donc
183. Sur ce trésor ma l discernabl e, avan t le toit également en marbre du temp le de BCH 125, 2001, p. 305-332.
voir BOMMELAER1991, p. 153- 154 . Zeus (fig. 143). était la conservation de ces h·ésors mobili ers qu'é- tion, tandis que dans celui des Sicyoniens (élevé à la même épo que 188. 188. STUCCHI 1975, p. 95-99;
taient les ex-voto - grands et petit s, en tout cas peu après 480, c'é tait le plus réce nt de la terra sse) BOMMELAER 1991, p. 155-158.

772 AR CHI TECT URE RE LIGIEUS E


3. L'EVOLUTIO N DES TEMPLES GRECS 173
Car ces bâtiments de dépôt et d'exposition, où
les offrandes étaient visibles à travers les grillesdu
prodomoset la porte laissée ouverte dans la jour-
née, constituaient souve nt en eux-mêmes de
luxu euses « offrandes monumentales», d'autant
plus impr essionnantes qu'e lles étaient si possible
placées bien en vue. Exceptionne llement orné
avec ses deux caryatides et ses frontons bie~
remp lis, sa frise sculptée et ses moulures à tous les
niveaux, réalisées en marbres de différentes origi-
nes (fig. 146), le trésor offert vers 525 par les
Siphniens 189 était sans conteste le visage ostenta-
toire d'une cité. Hérodote en était conscient, lui
qui rapporte que Siphnos s'était enrichie grâce
aux ressources de ses mines d'or et d'argent, par
lesquelles avaie nt également été financés, à la
même époq ue, un prytanée et une agora «en
marbre blanc» (III , 57-58). Il n'est pas non plus
indiff érent de relever que le trésor des
144
Athéniens 190, fort bien situé au milieu et sur un
Fig. 144. Olympie , la terrasse des
trésors et son mur de
soutènement; au premier plan,
l'autel d'Héra.

Fig. 145. Cyrène, sanctuaire


d'Apollon. Façade rest ituée du
trésor des stratèges. Seconde
moitié du 111"s. D'après Stucchi
1975, p. 98 fig. 87.

-----r
~-.~
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...,:._;
-

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:! i!l:1--- - L--- ~ -1----1
VOIE S.ACl?.ÉE
1

189. DAUX,HANSEN1987. ___ _I----- 1 --

190. J. AUDIAT, FD II, Le Trésordes Fig. 146. Delphes, trésor de Siphnos. Façade ouest restituée, sans les sculptures tympana les et une partie de la frise ionique. Vers 525.
Dessin E. Hansen dans Daux, Hansen 1987. fig. 136.
Athéniens, 1933.
L.-=== = ·=-=-=-==iJ--1-
c=:-:= ===1.c =-··=--=---=-=- = =1.c==== b= = == =~
145

774 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 3. VEVOLUTION DES TEMPLES GRECS 775


(fig. 280,, fut
Fig. 148. Samos, Héraion.
S = trésors supposés.
1. Portique nord-ouest,
2. Entrée nord,
i) •.•" P,< r( ,,"1<' µ:-:,~cil

f>fti~ cf• rl e,;


'.Ut
llliimuimr
l 3. Édifice nord,
4. Grand autel,
5. Second diptère d' Héra (super-
Én cfép'ide q'î e1 iIIll!IIÙii!na posé en partie au premier),
crurrnlaie:n; L OIIc!iom 6. Portique sud,
de Ddphes d'-Ôf ·mpie sua- c-rent. I' ~ tertce
esor-aé ot de~ au Illl!n:- 7. Cales pour un bateau,
d'une série de «trésors types"' , dus - des architec:- mum. c ux cie l'Rérakleion t du mont Cvmbe
8. Édifice sud,
9. Bassin.
tes qui don n ent le sentiment d'avoir appliqué des
recettes simples , surtout apres le milieu du
fig. 306'1. mais non tout le groupe des cinq bâti- D'après H. Kyrieleis, Greek
ments qui entourent en arc. de cercle les temples Sanctuaries 1993, p. 128.
VT" siècle. Car ce genr e de chap elle était le plus
d'Apollon ((fig. 1-1-7 : les fouilleurs français lesont Fig. 149. Delphes, tholos de
souvent un recta ngle proche du carré, à vestib ule app elés «trésors» par comparaison avec ceu.x Sicyone. Élévation et plans resti-
distyle in antis, quand il ne se limitait pas à un e tués. Vers 580. D'après Bommelaer
d'O lym pie ), car la co lonnade axiale des «trésors•
chambr e unique ou augmen tée d'un vesti bule 4 et 5 les re ndai t peu propres à des banquets.
1991, p. 41.
fermé , tel le trésor des Thébain s à Delphe s 192 • Ce
De fait, il sub siste dan s plusieurs sanctuaires
dernier détonne à plus d'un titre , car il était aussi
doté d'une fenêtre à l'arrière , ce qui favo risait les
un nombre non négligeable d'édifices suscepti- 5
ble s, d 'apr ès leur plan et leur situation, d'avoir fait
intrus ions, bien que l'architecture des thèsauroidût
fonction de trésor. Mais cela reste une simple
a priori dissuader les voleurs par des grilles et de
hypothèse. Après W B. Dinsmoor , la plupart des
hauts emmarchemen ts en façade, comm e ceux du
savants n 'exclut pas que sur !'Acropole
trésor de s Athéniens.
d'Athè nes, les petits bâtime nts doriques en pôros
À partir de ces constatations , les archéologu es
dat és des deuxième et troisième quarts du
ont souvent cherché à repérer des trésors dans
VI" siècle puis sent être d es tréso rs 195, offerts dans
d'autre s sanctuaires, mai s il faut reconnaître que
ce sanctuaire purement athénien par de riches
leur image reste brouillée . Alors que le sanctuaire
familles d ésire uses de se faire valoir; on ignore
panhellénique d'Isthmia ne semble pas avoir
toutefois où s'é levaie nt ces constructions dont
connu d'édifice-tréso r, la majorité des neuf bâti-
témoignent d es frontons soign eusement peints (le
ments alignés sur la face sud du sanctuaire de
« fronton de l'o livier», le « fronton de l'hydre•, le
148

Fig. 147. Délos . sanctuaire


« fronton ro uge» ). À Poséidonia, plusieurs édifices
d'Apollon. Les « trésors » vus du
sud-o uest, entourant en quart de distyles in antis, aux alentours de la Basil!que ou
cercle les trois temples d'Apollon. du temple de Posé idon, sont de bon s ca~d1dats ~u
En bas à gauche, l'Aut el de cornes .

l
titre de trésors. Strabon avait remarque des nazs-
Maquette EFA.
koi à Samos: en conséquence, dans le secte ur
nord-est de l'Héra ion, près de la voie sacrée,
plusieurs oikoi arc haïqu es, in antis sur les deux
petits côtés opp osés, sont suppos és depui~ (ong-
temps par les fouilleurs alleman ds avo ir ete des

191. Sur le tréso r des Athéniens


comme « monum ent national »
Schatz:/lduser pour les nombreuses offrandes en
ivoire ou en bois , tandis que le statut du temple C
et celui de l'« Édifice nord » restent incertains 196
j
d'Athènes , peut-être en référence au (fig. 43 et 148). Constru it au milieu du VI 0 siècle
temple des Alcm éonide s, voir
R. N EER, The Ath enian Treasury at
en forme de temp le ion iqu e à deux nefs aboutis-
Delphi and the Materia l of Politics, sant à un adyton, le Nordbau a parfois été inter-
ClassicalAntiquity 23, April 2004, prété comm e un second temple d'Héra qui , par
p. 63-94.
rapport aux gran d s dipt ères su ccess ifs du
192. J. -P. MI C HAUD, FD Il, Le Trésor
de Thèbes,1974. v1° siècle, sera it plutôt un « temple-trésor} ' ·
193, G. Roux, Les quatre grands Cette dénomination a été propo sée 191 lorsque N
sanctuaires panhelléniq ues, Doss. plusieurs temp les d'un sanctuaire sont consacrés à M
"'
archéologie
45, 1980, p. 20-35; BIR GE
la même divinité et qu e certains renferm ent, en
et al 1992, p. 185- 186, d'où Nemea
2004, p. 135- 150.
194. HELL MANN 1992, p. 300-303.
J plus d'une ou p lusieur s statues en mat ériaux
rares, des étagè res où étaient entr epo sés les vases,
196. H. K YRIELEIS, GreekSanctuaries
195, H URlvrr 1999, p. 115-116; les bijoux d'or, d'a rgent ou de bron ze, ainsi que 1993, p. 130 et suiv.
B OLTZMANN 2003, p. 72-75 (relève les statuettes régu lière m ent offertes à la divinit é. 197. G. Roux, Trésors, templ es,
les difficultés de leur datation ).
À Délos, le temp le des Ath éniens pouvait en tre r tholos, Templeset sanctuaires1984,
surtout p. 154-162.
dans cette catégor ie, grâce à sa bas e int érieure en
149

776 ARC HI TECTURE RELIGIEUSE


3. l? ÉVOLUTIO N DES TEMPLES GRECS 177
dorique de Sicyone (fig. 149), édifiée vers 580, ont
Fig. 150. Delphes,_th~los de
Marmaria. Ordres inteneur et exté-
été remplo yés dans les fondations du trésor
rieur, détails du dallage. Vers 380- consacré ensuite par les mêmes Sicyoniens : mais
370 . Dessin K. Gottlob dans FD Il, est-ce suffisant pour assurer qu'il y avait une
Le sanctuaire d'Athéna Prona,a,
continuité dans la fonction? Vers 380-370, une
1925, pl. 26.
nouvelle tholos à péristyle fut construite sur la
terrasse de Marmaria, à partir des calculs sophis-
-- -------------- --- -- f- --- tiqués de Théodoros de Phocée 199. Derrière les
vingt colonnes doriques très élancées de la péris-
-- ---r-t» ___ --- - --- -- -- tasis, l'espace disponible dans la cella était très
i• réduit par une longue base en calcaire gris-bleu,
1
qui supportait à la fois des colonnes corinthiennes
1 adossées et, probablement, des statues ou des
offrandes entre ces supports quasi tangents aux
1
murs (fig. 150). Huit socles d'acrotères - chose
exceptionnelle pour une tholos- rythmaient les
huit pans de la toiture, dans son premier état (fig.
151). Si l'on s'accorde à voir dans ce mon umen t
tout en marbre pentélique, très finement trava illé,
une consécration des Athéniens à leur patronne
z
Athéna, pour illustrer d'une manière indirecte
z 11- --+- tttl
leur programme politique, la destination exacte
11 de la tholosdelphique reste mystérieuse, celle de
1 trésor paraissant tout de même plus convaincante
que celle d'un temple, dont le plan serait inhab i-
tuel200. Et comment faut-il interpréter le temp le
en calcaire 201 élevé sur la même terrasse au
rve siècle, alors que le vieux temp le d'Athéna en
OH
,,.,._ pôrosétait toujours en usage (fig. 308,2) ? Aucun
aute l ne semb le être associé au nouveau naos,sa
porte ionique à trois baies qui permet d'e ntrer
dans la cella est d'un type unique (fig. 159), et le
socle à statues tardivement ajouté au fond de cette
cella a pu en remplacer un autre, antérieur ...
Quant à la rotonde d'O lympie , ce « bâtiment à
galeiie périphérique», comme l'appelle Pausanias
(V 20, 9), c'était à la fois un monument dynas-
tique de victoire, imaginé pour abriter les statues
de la famille de Ph ilippe de Macédoine (infra,
p. 240), et, accessoirement, un «trésor», mais ce
n'était en aucun cas un temp le.
Fig. 151. Delphes, sanctuaire de Marmaria. Vue restituée de
Des fosses et des troncs à offrandes la tho los, sans ses acrotères ni le fleuron central. Aquarelle
de K. Gottlob, en mai 1962. Dessin EFA.
'
rl:1 ~ i-
"1" 1' ' ,
1 1 1 -; 1 Toutefois, le mot thèsaurospouvait aussi s'ap-
pliquer, en grec ancien, à des coffres-forts beau-
coup moins encombrants, dispersés dans certains 199. G. Roux, CRAI 1988, p. 290-
sanctuaires. Ces coffres pour l'argent étaient de 309; BOMMEL>\..ER 1991, p. 65-68;
D . L"-ROCHE, La tholos de Delphes ,
p our les o ffrand es (on a parl é à bon droi_t ~•une deux sortes, toujours inamovib les mais de struc- forme et destination , in BOMMELAER
fer à cheval pour des statues - d'où son nom tures très différentes 202. 1992, p. 207-223.
courant dans les inventaires, et très rév élateur , de «banqu e» ). Le tout était également protege par
Que lques temp les posséda ient des fosses 200. Temp le des Vents, ou trésor
« temple aux sept statues » -, et à Lindos , un e les grill es qui barrai ent les entrecolonnementsdu dans un sanctuaire des vents, pour
d'une capacité respectab le, à paro is habillées de
grande inscription datab le de l'année 99 donn e pronaos et d e l'opi sthodom e (fig. 105)- . A.J acquem in et D. Laroche, en
pierres et couvertes d'une dalle circulaire ou partie à cause de l'orientation au sud
des détails sur le trésor d'offrandes cont enu dan s Pour tout es ces rai son s, la fon_ction_de
. ·e· A maintes rectangu laire, impossib le à soulever sans l'aide de cet octogone inscrit dans un
le temp le d'Athéna Lindia198. Il est clair que sur plu sieur s rotond es reste controv eise , cercle (dans BOMMEL>\..ER 1992,
d'un palan . Elles dissimulaient, en plus de la
l' Acropole d'Athènes , où un autel d'Ath éna était repris es des arguments on t e e invoques pour
T
menue monna ie, des offrandes précie uses de
p. 216-221).
,'
consid erer comm e d es tresors
- _ évidemmenl
. . 1991, p. 68-70.
201. BOMMEL>\..ER
associé au « Vieux temple » d'Athéna Polios, mais taille mo deste. Quatre ont été retrouvées en
198. J. SHAWA, The Greek Temple as non au Parthénon, celui-ci a d'abord été conçu atypiqu es - les deux tholoide Delphes, ains1V,que 202. G. KAMINSKI , Thesauros,
Museum: the Case of the Legendary . Au de' but de la me Crète, dans le temp le d'Apollon Pythien (fig. 152) Untersuchungen zum antiken
Treasure of Athena from Lindos, AJA comme l'écrin d'une statue sans fonction 1e Ph 1.li ppewn
. d'Olymp1e.
tit tholos et dans le temp le du vu e siècle 203 sur l'acropole Opferstock,jdl 106, 1991, p. 63-181.
109, 2005, p. 423-442. cultuelle, doub lé à l'arrière d'une chambre -forte sacr ée d e Delphes , des blocs de la pe e

3. L' ÉVOLUf!ON DES TEMPLE S GREC S 719


778 AR CHIT ECTURE RELIGIEUS E
pôros, qui en ta illait les fond ations, mesurai!
Fig. 152. Gortyne, temple d'Apollon particuli er dans les sanctuaires d'Asclépio s et de
2,70 x 1,18 m , sa p ro fond eur atteignait au moins Fig. 154. Athènes , sanctuaire
Pythien. Coupe sur la fosse-tresor héros gu érisseur s. Car les coffres-forts sout errain s d'Aphrodite Ourania. Coupe sur le
dans la cella. D'après L. SavIgnoni, 1,10 m sous le d allage du templ e et une mosaïque
de ces divinités se rempli ssaient prin cipalement tronc . D'après K. N. Kazamiakis,
MonAnt 18, 1907.fig. 23. surm on tée d 'u n serp ent de bronze en guise de Haros 1990-1991, p. 38.
avec la m asse d'es pèces accumul ées dan s les
gardi en orn ait so n co uvercle (fig. 153).
Fig. 153. Épidaure, temple tronc s à offrand es, dont la gra nd e capacit é
d'Asclépios. Plan restitué, montrant Parmi les thèsauroi enterrés dans un temple ou
permettait la constitution d'un véritable trésor
la fosse-trésor dans la cella. à prox imi té, ce ux de Sicile et d'Italie du Sud
. - • ~- •• •• . • 1; . ••• --~ - •.... . mon étaire , sous un couv ercle sécuri sé. Ils étaient
D'après Roux 1961, pl. 28. : : : .. .....:.... . . . form ent un gro up e à pa rt. Dans le sanctuaire souvent installés pr ès d'un aut el, ou dan s un
d 'As clép ios à Agr ige nt e, la fosse-thèsauros,repéra- édifice sacré - dans le manteion (µa v1Etov ) du
b le à so n lourd co uve rcle, était placée dès la fin sanctuair e d'Ap ollon Pythée n à Argos, le tronc se
du ive siècle d ans un petit édifice (4,5 x 8,50m) combin ait avec un e table à offrand es (fig. 360,
non loin de l'ang le nord -est du temple206 _À III ). On les voya it beaucoup plu s rarement à l'in-
Loc res Ép izéph yrienn e207, un coffre monolithe, térieur d 'un te mpl e (d ans celui d'A rt émis à
qu e l'o n sup pose avo ir été prot égé par un édicule Messène, fig. 18) ou dan s son p orche d' entr ée
en bois, cac hait sous son couvercle circulaire (comm e le tro nc dédié p ar le sacristain d'un sanc -
p esa nt 1180 kg un tréso r de monnaies d'or et d'ar- tuaire d'Ér étrie209) , pui squ e les fidèles ne sont pa s
ge nt, m êlé à des tablettes en bro nze qui consti- censés, en prin cip e, p én étrer dan s un temp le. Un
tuaient les archives finan cières du temple de Zeus des derni ers tron cs dégagés au centr e d'Ath ènes,
O lympi en, datées des an nées 350-250. Un peu inscrit au nom d'A phrodit e Ou rania, se compo-
p lus loi n, au sein du temp le du lieu-dit Marasà sait de deux gro s blo cs qu adrangulair es à cavité s
2 3 m
(fig. 98) et dans le sanc tuair e de Perséphone du communi can tes 2 IO (fig. 154), m ais les tronc s cylin-
secte ur de la Man nella, existaient encore deux driqu es semblables à des autels moulur és et sculp -
152 autres co ffres quadr angu laires208 ; en outre, à tés d'un serp ent-gar dien en relief étaie nt peut-être héros bienfaisant et guérisseur à l'époque hellé-
Ca ulo nia, la cité vo isine, un couvercle circulaire encore plu s no mbr eux . O n en avait dissémin é nistique, occupait pratiquement le centre de
de Gortyne, ainsi que dans les Asclépieia de Lisso~ d' un po ids approx im atif de 580 kg gisait près dans tous les sanctuair es de D élos, comm e sur les l'agora , avec un autel circulaire à degrés, la base
et de Lébéna; d'autre s temples d'A pollon_ (a d' un tem p le d or iqu e. Il n'es t pas douteux que l'on agora s d'autres cités: à Th asos, le petit san ctuair e de la statue du boxeur divinisé, et un tronc à
Corinth e, à Cyrène ...) ou d'Asclépios (celui d'Ep i- vo ulait, par ces dispositifs si compliqués à dépla- de l'extrao rdin aire athl ète Th éogé nès211, mu é en offrandes en marbre.
daure , ainsi que le templ e de la terrasse B de Cos ) cer, restre ind re l'accès au trésor de la divinité.
contenai ent aussi dans leur naos un e ca isse Mais il était nette ment plus fréquent, surtout à
ma çonn ée. La fosse était en pr incipe désaxée 20 \ par tir du ive siècle, d'a percevoir dans certains
et celle de l'op isthodome du temp le de Psoph ,s sanctuai res d es tltèsauroidu typ e tronc à offrandes,
en Arcadie avait pour parti cularité d'être divisée tr aversés d' un e fent e à portée de main. Ils
en deux chamb res. Dans le temp le d'Asclépios à rec ue illaien t ainsi dans leur cuvette intérieure
Épidaur e205, cette fosse rectangulair e à paro is en l'écot que d eva ient ve rser les consultants, en 209. D . KNOEPFLER, Le tr on c à
offrandes d'un néocor e éré lrien,
AntK 41, 1998, p. 101- 116 (co mpl ète
l'articl e d e G. Kamin sk.i cité en n ote
202).

-
210. K. N. KAZAMIAKJS, Horos8-9,
Ath èn es 1990-1991, p. 29-44 [en

• 1• • 1• 1• 1• 1• •• gr ec].
211. Thasos2000, p. 73-76.

203. Nouve lle restitutio n pa r


M. d' ACUNTO, Il santu ario pr o toa r-
caico sull'ac rop oli di H aghios
~ .,,., ~· i: ,:,· .~,..r

loanni s, AsAtene 80, n . s., 2002/ 1,
p. 19ï-200.
204. Voir M . E. GORRINI, M . MELFI,
Arch éologie d es cultes gué risseur s...,
Kernos 15, Liège 2002, surt out
-
p. 260-264; et les tab leaux dans
M. MELFI, Il van o del thesaur6snel
santuario di Asclepio a Lebena ,
AsAtene76-ï8, n. s. 60-62 1998-2000
(2001}, p. 281-314.

• • •••
1

205, Roux 1961, p. 118-119. • 1•


206. D E MIRO 2003, p. 34-3ï.
207. COSTABILE 1992, sur tout
p. 15-35.
208. Pour un e autr e int erpr étation
d e ces deux fosses qu adra ngulaires,
voir infra, p. 141. L_ _ ___________ ___ _ _ _________ _
153

3. L'ÉVOLUTION DES TEMPLES GRECS 72 7


720 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
À quand remontent les plu s anciens autels
Chapitre 4. Les autels fixes3, ceux qu 'Homère déclarait « bien cons-
truits», en pierres (Iliade I, 448)? Au sein de
l'Héraion de Samos, une série stratifiée d' au
fut suivi d'un autr e, érigé vers 700 en même
temps que le premier temp le : il était rectangu-
1a.i.re, a- ton dahans
· de petites pierres peut-être
reco_uvertes de briqu ess.
moins trois autels rectangulaires (fig. 156) anté- A cause de cette omnipr ésence des autels un
rieurs à l' Hécatompédona été mise en évidence sanctu aire grec n'a fréquemm ent consisté q~' en
dont le premier pourrait date r du xe siècle - san~ un autel ; erné de born es ou d'un péribo le. Le
assurance, toutefois 4 . En Crète, l'autel de l'acro- templ e n y fut parfoi s érigé que fort tard ou
pole de Gortyne devrait remonter au vm e siècle même carrément sous l'Empir e. À Milet il a :Unsi
(infra, p . 132), tandis que dans le sanctuaire fallu attendr e l'époque romaine pour q~'Apollon
d'Artémis Orthia à Sparte, un pre mier autel de ~ elphim os reçût un templ e, peut-être p arce que
moellons assemb lé vers le milieu du vm e siècle l 1mportance de son autel était suffisammen t

1.Importance la victime sur l'a utel, suivie de la consommation


du reste de s chairs par les fidèles, au cours d'un Fig. 156. Samos, Héraion. Les trois
des autels banquet (infra,p. 222). premie rs autels rectangulaires.
En somme, la présence d'un autel suffisait
pour s'assurer la protection divine. C'est pour-
~ i';J è-,_
ci
D'après E. Buschor, H. Schleif, AM
1933, fig. 1-2.

•~
La première construction d'un sanctuaire grec
était normalement un autel (fig. 155). Selon les quoi des aute ls appare illés ont parfois même été '8 Fig. 157. Cami ros, Panthéon,

conceptions religieuses des Grecs c'est en effet encastr és ou aménagés dan s des portions de J /,z, t_emple et autels autour de l' agora.

r
, .:t
rempart, comme les fouilleurs français ont pu le 1 2 ,,
,, Ep. hellénistique. D'après
l'autel (proµoç, bômos ) qui est indi spe nsab le au W. Hoepfner, AA 200 1, p. 4 77.
Ô°d)
culte, alors que le temple n'est à proprement constater à Thasos 1• Lorsque aucun autel n'a été
r /

~~
parler qu'une grande «maison » (vaoç, naos, de la déco uver t dans un sanct uaire (les fouilleursn'en -
.,.1-.-...u..--- 3
même famille que vairo, habiter), qui abrite la ont pas retro uv é près du temple d'Apollon à Mot...

statue de la divinité. Ce temple constitue souvent Bassae, par exemple), il vaut don c mieux ne pas i
un dépôt sinon un «tréso r » (supra,p. 118), tout en co nclur e à son absence. Soit nul vestige n'en est
servant de faire-valoir à la cité qui l'a financ é, parv enu jusqu'à nous, soit les sacrifices ont dû
mais il n'est pas nécessaire au rite du sacrifice qui, être rapidement accomp lis sur un foyer tempo- 156

seul, per met de communier véritablement avec rair e2.


les dieux, grâce à la consécration d'une partie de

Fig. 155. Tènos, sanctuaire de


Poséidon et d'Am phitri te.
Axonométrie du grand aute l et mur de bordure en n
t!t~"i
:: [d
Téménos pour les
déta il de ses différentes parties.
Adapté de Braun, Étienne 1986, divinités locales
table d'autel
pl. 27. 0[1000000 0
- -- - --- · = ==
- ===l
AUTE L S
frise à bucranes _=:]:io C=:J I HEuos I o
prolhysis

•• •

• •
~
a
N

(fJ D

• PANTHÉON
annea u
6) po ur
un animal
AGO RA

fondations
~

3. D. W. Ru rr , Reflectio ns on the

~--
Deve lopm ent of Altars in the Eighth
Ce ntury B.C., GreekRenaissance1993,
p. 101-107 (avec un e grosse bib.).
4. K YRJELEIS 198 1, p. 85.
0
5. R. M . D AWKI s, The Sanctuaryof
Artemis Orthia at Sparta, Londres
l. BCH 126, 2002, p. 519-521. 1929; Y.wr s 1949, p. 108-109.
2. EDLU N D 1987, p. 137-138. 157

4 . LES AUTELS 123


122 ARCHIT ECTURE RELIGIEUS E
reconnue,
_ . mais aussi_ parce que le Delph·rnion -
etait d e toute. _ façon
, eclipsé par le rayonne mentdu Fig. 159. Delphes, temple en
grand d1pt ere d Apo llon Didyméen, au sud d calcaire de Marmaria. Restitution
' ·· ._ L p e 1a de la triple porte d'entrée et de ses
cite. or sque ausan ias visita l'Altzs d'Ol . grilles. Vers 365-360. Dessin
n
( ,--- · - ·
erzegese _ , V 13 15)
- , une procession mensuelle ympre J. Blécon dans FO Il, Le temple en
d evait faire le tour de soixante-ne uf a· so·1Xane-
t calcaire, 1977, pl. 95.
. 6 __ _
~1x aut els , dont_ la grande ma_ionte n'était pas liée
a un te mpl e mais formait un lieu de culte en ·
SOI.
Sur le ch e min qui mène à l'hippodrome, où le
cult e d'Art é mis était cons idéré comme secon-
dair e par rapport à celu i de Zeus ou d'Héra, un
.,r. p e tit aut e l rectangulaire du début du v• siècle
portait _ le no~ de la déesse peint en rouge i;
1 ent o ur e d e SIX bornes, il fut remplacé à l'ère
\ \ '

\
imp éri a le par un nouvel autel. Selon Pausanias

\\\
<l
\ (VI 20, 11), ce m êm e hippodrome avait aussi l'ex-
clu sivit é d 'un aut e l éph ém ère construit à chaque
,,
,,,,
,,
~
\ Olympiad e, e n briques crues crép ies à l'exté-
,,,, i;s-
o:~~ :
J ' \ 1ieur . . . Quant à l'île d e Rhodes , elle était réputée
\\\\ \ 1 p o ur ses sa n ctuair es h ellénistiques qui se conten-
" tai e nt d 'un ou d e plusi eur s aut els, à défaut de

\
\\
\\,, \ -· a \ \ :·a. te mpl es . S'il n 'y avait qu 'un aute l au Panthéon de

\\-~o
·-
la cité d e Rh o d e , le sanctuaire trouvé à Camiros

\. était plu s co mpl ex e (fig. 157), composé d'un


t)
\ :~o . . . ;
\
\ gr and aut e l dan s un e cour fermée en bordure
'i d 'un téménosplu s import ant, où étaient concentrés
.uH :-- . ~• 17'-l , l
1 . . . \ ,; '. :: d es ex-voto, ta ndi s qu e sur un e autre face de
•·
(', o,
. ' \ _j l'ago ra un p é rib o le rectangulaire regroupait des
. . / \-,..~ a ut e ls d édi és à d es divinit és locales , dont Hélios8.
G é n é ral e m e nt d é pourvus de temp le, eux
_C:~: // . \ . a ussi, les sa nctu ai res d es Muse s, ou « musées»
&.
. / \
1\ (µou crëiov , mouseion), po ssé daient toujours au
. //\ \ o··:
,, m o ins un a ut e l. Au pi ed de ]'Hélicon , près de
•'
q \ ·J$ Th es pi es 9 , le Val d es Mus es ne comprenait au
1 ·•·
111 c siè cle qu 'un aut e l rec tangulaire (ca 5,80x
., 9,80 m a u so ub asse m e nt) d evant un long portique
' à d e ux n e fs e t co lo nnad e ionique en façade
. 1 (JOx 96,6 0 m), et un pe tit th éâtre un peu plus loin
\ (fig . 158). U n mouseion d 'un autre genre, voué à la
·.__- 1000 -- p oés ie fun é rair e, av ait été institué à Théra versla
\ fin du 111c siècle o u le début du u•, d'après la
\
lo ngu e in sc ription dit e « testament d'Épiktéta»,
qui pr esc rivait d e fond er un enclos où, à côté
Fig. 158. Thespies, Val des M uses. Autel et portique dans d 'un e b ase p o rtant les statues des défunts héroï-
• s. Dessin P Bonnard, BCH
le sanctuaire des Mu ses. 111 sés, d e vai e nt s'é le ve r un autel et une salle pour
1954, p. 30.
d es banqu e ts 10.
6. MALLWJTZ
1972, p. 83; la proces- Qu a nd bi e n m êm e la re lation temple-autel
sion peut être suivie dans
A.JACQUEMIN, Olympie200 1, gouvern e la topographie d e la majorité des sanc·
p. 183-213. tuaire s (infra, p. 186), d 'un bout à l'autre du
7. H. GROPENGIESSER dans Early mond e grec ont constamment été fondés des
GreekCult 1988, p. 125-126. aute ls qui peuv e nt ê tre qualifiés d'autonomesll_
8. W. HOEPF NER, AA 2001, p. 477.
Le Grand aut e l dit d e Zeus à Pergame ou celurde
9. G. Roux, BCH78, 1954, p. 22-48.
Po sé id on au cap Monodendr i près de Milet en
10. P. BOYANCt, Le cultedesMuses
chezlesphilosophesgrecs,BEFAR 141, sont de s exemp les auss i co nnu s que les autels de
1937,p. 330 et suiv.; plusieurs sanctuaires chtho niens (infra,P· l?O ).
A. W IITENBURG, Il testamento di Mais c'e st surtout en Crète et sur quelques sites
Epikteta,Trieste 1990 (à corriger avec
Ph. G AUTHIER, REG 1991,p. 508). des Cyclades à l'époque archaïque que l'impor·
11. MERTENS 1984, p. 190. tance primordiale des aut els est frappant_e.Dans
cet espace géograph iqu e restreint, les petits sanc-

124 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 4. LES AUTELS 725


Fig. 160. Olympie, temple de Zeus. tuair es ju ste faits d 'un autel délimit é sont aussi
Restes d'une tuile percée du toit.
classification typologique des aute ls grecs. Les
Dessin W. Dôrpfeld , Olympia Il,
banals que les foyers installés à l'int érieur même analyses synthétiques success ivement proposées
1892, fig. 10a. des temples , aussi bien sous la form e d'un objet par C. G. Yavis en 1949, M. C. Sahin en 1972 et
1 ··-·r mobili er qu 'e n assemblant des bloc s quadrangu- D. W. Rupp en 1974 sont toutes les trois assez
lair es, co mm e dans le templ e d'Arès et théoriques, les deux dernières études ne concer-
1
d'Aphrodit e à Sta Lénik a, à Kommos (fig. 74 et nant de tout e façon qu'une seule catégor ie d'au-
75) ou dans le templ e de Dion ysos à Yria de
~ tels. Un coUoque tenu à Lyon en 1988 sur le
Naxos (fig. 56) . Au total , la proportio n de temples thème de L'espace sacrificiel dans les civilisations
ou de bâtiments d'un sanc tuair e grec qui abri- méditerranéennes de !'Antiquité n 'a pas réussi à
taient un autel était à coup sûr élevée, ne serait-ce mettre les spécialistes d'accor d, non plus que les
qu e par ce que nom br e de ces autels étaient pages dévo lues aux aute ls dans le Dictionnaire
simpl ement destinés, suivant l'usage ancien, à méthodique de l'architecturegrecqueet romainecoor -
brûl er de l'encens, à recevo ir des céré ales, des donn é par R. Ginouvès 16, qui a laissé en susp ens
<- - 62 -
gâteaux et des galettes, ou enco re des offrandes plusieurs questions relatives au culte. Dans ce
liquid es, pour les divinités souterrai nes. Et lors- domain e les distinctions chrono logiq ues ne sont
qu'un autel à feu pérenne était enferm é dans un pas toujour s significatives, et il paraît à l'év idence
édifice sacré, les architectes avaie nt pr évu diffé- plus difficile de s'ente ndr e sur la nomenclature, le
rents exuto ires pour la fum ée 12. Puisque les Grecs vocabulaire descript if et le classement des aute ls
n'étaie nt nu llemen t gênés par des plafon ds noir- que sur ceux des temples, sans doute parce que
cis eUe pouvait toujours s'échapp er par la porte, l'avis de Vitruve , qui tient lieu d'autorité pour les Fig. 162. Délos, sanctuaire de
surt out lorsq ue celle-ci était élargie (à Delphes, le temples de !'Antiq uité grecque et romaine, fait l'Archégète. Vue de I' eschara, en
temple en calcaire d'Athéna possédait une triple défaut quand il s'agit de décrire des autels. Leur 1961.
moellons (à Kalapodi et à l' Archégésion de Délos,
porte sur haussée et toujour s ouverte, grâce à une morphologie est aussi p lus variée, d'où des déno- fig. 162) ou, de façon plus étudiée et mieux cons-
clair e-voie, fig. 159), ou même enca dr ée par des minations certainement trop nombreuses. Ajou- truite, par des dalles dressées et enfoncées dans le
fenêtres (au Parthénon et ailleurs), mais des jours tons-y des mentalités et des conceptio ns linguis- sol, au centre du Delphinion de Dréros comme
pratiqu és dan s les mur s (à Égine) étaie nt aussi tiques qui diffèrent sensib lement d'un pays à dans une salle de banquet du sanctuaire d'Aliki à
appréciables qu e des tuiles percées (fig. 160) ou, l'autre: dans les actes du colloque international Thasos (fig. 301), afin de protéger le feu du vent
mieux encore, un lant ernea u, comm e il en exis- de Lyon, Roi. Étienne a ju gé le terme d' «a utel et empêcher les cendr es de se répandre au loin. À
tait plu sieurs à D élos 13• monumental » aussi peu satisfa isant que celui d' proximit é du temple archaïque B de Kommos ,
Sans méconnaître l'intérêt des cultes domes- «autel à cour» (fig. 161), en pointant le manque une escharaétait, chose inhabituelle, dédoublée en
tiques et ancestraux, nous ne nous attard erons pas de rigueur de ces expressions conve ntionn elles, deux compartime nts 17(fig. 74).
ici sur les autels impl antés dans la cour d'une mais dans le même volum e des collègues alle- Au-de là de I' eschara,la forme naturelle de l'au-
maison , ou plaqu és contre un de ses murs exté- mands les emp loient sans gêne appare nte, et ils tel est la conséque nce d'un entassem ent ou de
rieurs. Les rares exemp les d'aute ls domestiq ues continuent aujourd'hui à par ler de Monumental- l'accumulation, et les cendres des bêtes sacrifiées
appareill és remontent tout au plus à la première altii.reou de Hofaltii.re, tant il est vrai que dans aussi bien que les moellons pouvaient être entas-
moitié du Ne siècle : à Colophon, dans la cour de chaque pays l'usage des termes traditionne ls reste sés.
deux maisons, quatre dalles ont été réunies et bien comm ode. Il n'est rien resté du célèbre autel de cendres
(.
remplies de terre, com me à Halieis , où deux Dans ce manuel il a paru nécessaire de privi - d'Olympie 18, fondé par Héraclès, ou du moins
blocs de calca ire stuqu é ont été signa lés dan s une légier des notions qui ne prêtent guère à l'é qui- par les Héraclides. Selon Pausanias (V 13, 8-11),
mai son de la ville bass e, porta n t le mot« H éro(s) » voque, en allant du plus simpl e au plus compl exe son ellipse atteignait 125 pieds pour 22 pieds de
répété à côté du nom des Di oscur es 14. Pour le et en privil égian t les principes co nstru ctifs, haut, soit enviro n 37,50 x 7 m. Les animaux
reste , quand bien même le culte domestique est même si le décor et les accesso ires ne peuvent étaient sacrifiés sur sa crépisà degrés avant d'être
déjà très anciennement attesté, l'imm ense majo- être négligés. brûlés au sommet de la montagne de cendres, sur
rité des trouvailles d'é poqu e tarda-classique ou une plate -forme (la 1tp68ucrtç,prothysis)où les offi-
hellénistiqu e se réduit à des brûl e-pa rfum s et à ciants arrivaient par des marches taillées directe-
des aute ls mini atures mobil es en terre cuite (les 2. Lesformes ment dans la cendre, rendue compacte par un
arulae), éventu ellement à des autels monolith es de apport d'eau de !'Alphée. Parmi toutes les restitu-
12. G. Roux dan s Espacesacrificiel '--<:::~} taill e plus impr essionnante, des blo cs cylin- élémentaires tions qui en ont été proposées, celle de l'archi-
199 1, p. 300-302. driqu es ou, moins souv ent, quadrangulair es, dont tecte Hans Schleif est la plus souvent reproduite 19
13. HELLMANN2002, p. 291-293, Fig. 161. Samoth race, autel monu mental dit autel à cour. il subsiste de multiples exe mplair es à Délos 15, Même si l'on peut contester qu 'il s'agi t réelle- (fig. 163), au point que son caractère hypoth é-
301 et not e 22. Rest itution axonomét rique. Vers 340-330. D'après
K. Lehmann, D. Spittle, Samothrace 4, Il, The Altar Court,
dans des maisons, dans les ru es ou dan s la nécro- ment d'architectur e, il n'est pa s possib le de pass er tique est généralem ent omis. Le nombre et la 16. YAVIS 1949; M. C. SAHIN, Die
14. L. B. HOLLAND,Hesp eria 13, Entwicklung der griecl,ischen
1944, p. 124 (Colophon ); 1964, frontispice. pole - et, bien sûr, dans des sanctu aires ... En sous silence le foyer au niv eau du sol ou eschara forme de ses degr és d'accès, par exemp le, sont Monumentalaltiire,Bonn 1972; R UPP
M . H.j AMESON,lthaki 200 1, p. 197- outr e, qu'ils soient ind épen dants ou aménagés (foxcipa), un type d'aute l très simpl e u tilisé dans tout à fait inconnus. 1974; G INOUVÈS1998, p. 48-53. j e
202 (Hali eis). dan s des pièce s d'une unit é dom estiqu e, les sanc- n 'ai pas pu étud ier à tem ps la typo lo-
un grand nombr e de sanctuair es, ou encore à l'in- Dans d'autres sanctuaires , l'autel de cendres,
15. M .-Th. LE DI NAHET, Aut els gie d'A . ÜHNESORG, lonischeAltiire,
tuaires avaient égalem ent besoin de tables à térieur d'un édifice, comme c'étai t déj à le cas plus petit que celui d'Olympie et dépourvu de Berlin 2005, p. 3-7.
m o no lith es et monolithoid es d e
D élos, Espacesacrificiel199 1, p. 109- offrandes (1:pci1t eÇa, trapé<11,;fig. 195 et infra, dans la salle principal e du palai s mycé nien, le surélévation, était entour é de moellons . l; autel 17.SHAW2000, p. 27 et p l. 1.3 1.
120. No us re viendron s sur l'a llu re du p. 148). « mégaron» (fig. 31 et supra, p . 36). Lorsqu e ce d'Apollon Maléatas à Épidaure était dans ce 18. YAVIS 1949, p. 210-213.
culte dome stiqu e dans un autr e tome
d e ce manuel.
Ces tentatives de définition pr éalable nous n'était pas un ban al réchaud ou un gril mobile, groupe ; particuli èrement ancienne, sa structure 19. H. SCHLEIF,]dl 49, 1934, p. 150-
entraî nent sur un terrain très mouvant, celui de la I' escharafixe était délimitée par un cer cle de petits suivait un dessin vaguement ovale, tandis que 151, fig. 8-9.

726 ARCH ITECTURE RELIGIEUSE


4. LES AUTELS 727
celle de l'autel de Ze s au mont Hymettefo -
_,, l rmait Fig. 165. Milet, sanctuaire
t tme ~orte u cnc os quadrangulaire20{fig.164). Ce d'Athéna. l.'.enclos de l'autel sous
dNniN rappdlc I' ·nclos du sanctuaire d'Athénaà le temple classique, au nord du
'r lie! , rn1 1111,,utcl a ntasse ment oval de pierres temple archaïque. D'après Held

rl'r pr,qur t,,rd o s~·o m ' Lrique, fut préservé à da~ 1~ 0('>- ! o- o ~ 2000, p. 67.

fltr hffrq11
r fW t ttn mur d'enceinte carré mllIU·
• JI ( . • ,
d 1111 p01Ir fig. 16.5). Tous les matériaux étaient
p,111111 111rlang, ~, ro mm e sur un des deux
rlu mont Lvcée, occup é sur environ o ~\1 ,1
lianwn ·, par un amonc ellement artificiel
li <'n Tl' . , t d !!ro es p ierres, dont Je
n m m1t, '!' siècle-' .En Occident
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grand appare il de calcaire sur remp lissage, est la l'o uest26 : peut-être un autel de cendres se trou-
plus antique structure retrouvée par les fouill eur s, vait-il à l'intérieur de cette enceinte? En plu s du
::: datable de la seconde moitié du vu e siècle par les vieil autel ova le de cendres dans le sanctuaire
trouvailles dans son bourrage, à l'est de la façade d'Athéna à Milet, quatre autres monuments circu-
orientale du temple d'Apollon et à une trentaine laires, avec une seu le entrée donnant sur un
de mètres de la «source » primitive. En supp osa nt bothrosou un petit autel rond, sont en partie
~ qu'on y accédait par des degrés, cet aute l a ju ste- comparables à celui de Did ymes: le sanctuaire de
-- ---------- ment été rapproché du « Mon um ent ro nd » de l'Ana.x, dédi é dans la première moitié du v• siècle
sur l'ago ra de Cyrène, peut -être une petite
Didymes, d'un diamètre un peu supé rieur, situ é
exactement dans l'axe m édi an du sèkos primitif. enceinte de Paros, très restituée et mal datable 2ï ,
Daté vers la fin du v1 1° siècle au plu s tard par la enfin , à Délos, le sanctuaire du Tritopatôr et celui
céramique, il est co n sid é ré co mm e un aut el en dédié aux Nymphes, tous deux datés vers 400
raison de la pr ése nce d'osse m ent s d' animaux à (fig. 238). Au total, toutefois, les aut els ronds cons-
cet end roit, et son mode d e pr ése rvation au truits sont plutôt imputables au haut-arch aism e ou 26. TU CHELT 1991, p. 18-21; ID., ()JI,
c:mrœ ru:= cfure moment de la co nstruction du temple helléni s- mêm e au Géométriq ue R écent 28, comme en 69, 2000, p. 315 et suiv.

~ ;r,_~
,.!~/4 ? i/JJ
... régn'.Jîerest
ées œnéres. et
[e rësuftat namrel ce
=
[es escfto:rai. e. p ancienn es
tique d'Apollon est aussi très signifi catif: c'est un e
terrasse en arc de cercle d ev ant la façade est du
témoigne encore le cas du sanc tuaire d'Apollon
Daphn éphoros à Érétrie où, en plus de l'autel
27. A. SANTUCCI, Cirenaica1998,
p. 521-537; ÜH NESO RG, Espacesacri-
1.:; r, î4e;_c,r, ~ c,,,,~ ~ fidel 1991, p. 122 et pl. XXV!b (à
aÏres de sacrifie~ étaient enrocrrêes e pi~ - les temple, qui po ssédait alors de s esca liers d 'a ccès circ ulaire de l'aire sacrificielle nord, un aute l rond Paro s, avec des cram pons en T:
ç 7AIV/ffft-M/,IUMVi J.,(, C« ,r,f.crr,
!c h , r,;-i. ~ r,m,;c lWl'.t. fi MT-.C.>1 autels c:ircuiaiœs co t:rui renvoient à un ho ri- en position rad iale autour du Rundbau {fig. 167). par é de pierres sèches et em pli de mo ellon s fut époqu e classique? ).
1.4, (: 1, • c,,1. f!1<At<;ll:P,.,if)( )'.i. zon trè. reculé. Dans Ie , ccuaire e Claros. dont Mais tandis que l'a utel de Claros était p lein , ce lui élevé dans l'axe du long édifice absidal, avant 28. Remarque dej. DE LA G EN IÈRE,
, r~ r,~-1P,i,1':irl',k r ~ ;7 M
::i..:r ,11v. roccnp~tî on rem on te à la pério de proto géomé- de Didymes était composé d'un mur annulair e, d'être englobé à l'âge archa ique dans un autel ClarosIl , 2003 , p. 200-203.
29. Érétrie2004, p. 232-233, 239.
trique b, un autel rond (diam . ca 6,20-6,30 m), en coupé d'un e entr ée à l'e st et d 'un e autre à quadrangulaire 29 {fig. 45).

12ft 729
4. LES AUTELS
Fig. 166. Délos, sanctuaire
d'Apollon. Essai de reconstitution Fig. 167. Didymes, sanctuaire
de l'aute l de cornes et de son envi- d'Apollon. Restitution du premier
ronneme nt. D'aprè s Bruneau, diptère, construit vers 550-520
Fraisse 2002 , fig. 33. 1--------------------------·
-----·..,;.
----~---------~: ~
devant un autel rond. Adapté de

...... ..... . .
Gruben 2001, p. 400 fig. 303.
1 ~ -----------------------; .I

: · :.·-. Fig. 168. Priène, sanctuai re de


1 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 1 è Déméter et Corè. Reconstitution du

t ,,.~:f~ -;-~~:;J
-~-J~~-~===-H-
bolhros carré. D'après Wiegan d,
Schrader 1904, fig. 123.

1 • • • • • • • • •
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un «pu its » chemisé par des cylindres en terre


cuite, qui sert à recevoir des offrandes 3 1. Lorsque
le bothrosest maçonné et muni d'une couverture,
l'entourage de la cavité est le plus souvent lui-
même circulaire. Mais il existait aussi de
nombr euses fosses à peu près carrées, comme
dans le sanctua ire des divinités chthoni ennes de
Priène, où les épa isses parois du bothros(fig. 168),
profond de 2 m, couvraient une surface hors tout <- -- -- • - •• - - - 2..!>5 - - --- --- --- •
de 2,98 x 2,85 m, qui pouvait être protégée par
des dalles jointe s sur trois tympans 32 . Des dimen-
sions aussi importantes n'étaient pas courantes;
même si, à Agr igente, le diamètr e du soub asse-
ment de deux aute ls ronds 33 dépassait les 5 m, les
autels évidés sont demeurés la plupart du temps
des installations modestes.

4. Les autels
quadrangulaires 168

Ils deviendront peu à peu les plus cour ants, haut eur avait été placé près de l'angle nord -est du
allant parfois jusqu'à supp lanter la forme circu- naïskosde la déesse, qui faisait face à l'autel prin-
laire. À Claros , l'antiq u e aute l rond d'Apo llon fut cipal, lui aussi monolithe et en pôros {fig. 169),
finalement démante lé et recouv ert, entre le mais cette fois rectangulaire 35 . Les autels tout
milieu et le dernier quart du v1° siècle, par un entiers comp osés de blocs appareillés n'étaient 31. B. OTTO, Die hohen Rundalt are
autel rectangul aire mesurant 6,05 x 14,85 m, pa s non plu s banals . Plus souvent, des plaque s im Demeter-Heiligtum von
d'orthostates, mont ées sur une plinthe ou sur une Herakleia in Lukani en, Ithaki 2001,
précédé de quelques degrés en marbre 34 . p. 19 1- 196.
Ce genre d' autel rond, entière ment au-dessu s tif désigne prin cip alement la fosse cre usée pour crépisà un , deux ou trois degrés sur la face ouest, 32. R UMSCHEID 1998, p. 156
du niveau du sol, se distingu e de ceux où un e les libations aux morts et aux héros, mais il peut entourai ent le rocher, une maçonnerie grossière, fig. 140.
cavité centra le s'enfon ce dans la terre, afin de Le modèle simple
aussi signaler la composante chthoni en ne du ou encore de la terre tassée, comm e dans une 33. Sur le nombr e élevé des autels
faire parv enir des offrand es aux puis sances sanctuai re d'un e divinit é olympienne (Héra , Vautel quadrangul aire se voit partout, son seconde phase de l'aut el rectangulaire en pôros circulaires à Agrigente, vo ir
souterraines . En effet, l'analyse comparati ve des M. G. VANARIA, Gli altari di
ff 10n~sos...)30 . La forme la plu s simpl e du bothros plan étant en princip e celui d'un rectang le, bien . d'Athéna Nikè, qui avait finalement été agrandi à Agrigento, QjladerniMessina7, 1992,
sanc tuaires de Déméter et Corè montr e (infra, ne fait pas appe l à l'architecture; on le voit bien plus rarement d'un ca rr é. Sur l' Acropo le l'aide d'un assemblage en briques crues renfer- p. 11-24.
p. 170) qu 'a ux divinit és sout errain es éta ien t dans le sanctuaire de Déméter à H éra clée de d'Athènes, dans l'état du sanctua ire d'A théna mant de la terre. Le cœur du monum ent était 34. ClarosII , 2003, p. 184- 187.
30. Y AVIS 1949, p. 92-95, rappelle
que la distinction ent re autels chth o- normalement assigné s des autels-fosses rond s du même quelquefois vide ou, à l'oppos é, cachait 35. M ARK 1993, p. 53-55 et n. 41,
Lucanie : ~ù _la moitié supér ieure d'un gros vase Nikè databl e du milieu du v0 siècle, un autel fait
niens et ouranie ns n'est pas stricte . type bothros(~60poc;).Depui s Homère, ce disposi- renver se, a tete enfon cée dans le sol, voisine avec un e construction plus ancienne, que le conserva- p. 67-68.
d'un bloc de pôrosde 0,94 m de côté sur 0,47 m de

730 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 4 . LES AUTELS 737


F,g 16&.Ather',èS,SMètt-a1re
d'AthéM Nil<e.Côupe rest,t ée sur
le Miskôs en pôrôs et son autel
rMnolithe. Vers 450-440. Dessin
D. Giraud dans M. Brouscan, The
Monuments of the Acropolis, 1997,
fig. 47.

Fig. 170. Messène, Asclépieion.


Restitution de l'autel en face du
temple central. Dessin A. Orlandos
dans Neue Forschungen 1976,
p. 34.

0 1
cl
·-=t··ee=•-~1-~--
=· =+= === ~ -' M
169

Fig. 171. Syracuse, autel de


Hiéron 11.111•S.
170

17,30 x 3,54 m pour l'autel d'Orchomè ne Les autels de type ionien


tisme religieux interdi sait de faire disparaître ; assez tôt soulign é par des chiffres imposants. Un d'Arcadie42 . L'autel érigé par Hi éro n II (269-215) La série ionienne des autels monumentaux,
c'est ainsi que dans l'Amp hiara ion d'Oropos, aut el long de 13 m et large de 2,20 m aura it été près du théâtre de Syracuse, un e ville d'o bé- qui a pris corps dans le courant du vre siècle, se
l'autel rectangulair e du 1v• siècle contena it les app uyé dès le v111 e siècle co ntr e un mur de dience corinthienne, était néan moins le seul à différencie de la série péloponn ésienn e par des
restes de deux petits autels du ve siècle 36 . Dispo - terrass e de l'acropo le de Gortyne 40 , associé au posséder deux petits esca liers à chaque extré mité, proportions plus ramassées . Au cap Monodendri
sée sur la table de tous ces autels, une plaque en temp le construit plus haut ; au ive siècle, un rema- sans dout e à cause de ses dim ensions hors pr ès de Milet, un aute l fut consacré vers 540 à
métal amovible permettait d'év iter que le feu niement porta à 20 m la longu eur de cet autel, normes43 : il s'ét irait ju squ'à 195,85 m pour un e Poséidon , juch é sur une terrasse mesurant ca
n'abîme la surfa ce de la pierre, surtout celle du dont la superstructure n'est pas connue. Toutefois, largeur de 20,85 m, dont 5 m pour la seule prothy- 11 x 9,50 m 45 , Malgré sa mauvaise conservation
m arbr e, un matéria u spécia lement fragile 37. les aute ls habituell ement qualifiés de « monumen - sis(fig. 171) ! Il surpassait donc de loin l'autel situé A. von Gerkan a pu lui restituer un mur et tout
Lorsque cette table n'était pas lisse mais grossiè- taux» ne devinrent véritab leme nt comm un s qu'à en face de l'O lympieion d'Agr igente , qui faisait ca autour , couronn é d'un kymation ionique et orné
36, ROESCH 1984, p. 180 et fig. 5. rement piqu etée en creux, c'est un end uit protec- partir du v1• siècle. Dans les sanctuai res du 54,5 x 17,5 m. Le souci du prestig e ne suffit pas à de grosses volutes aux angles (fig. 172), tandis qu'à 42. BIRGE et al, 1992, p. 18-31 (à
teur périodiqu ement renouve lé qu'il faut suppo- Péloponnèse, ces aute ls se trouva ient parfois expliquer l'ex istence de tab les aussi démesuré- l'ouest quelques march es mènent à la table sacri- Némée, constructio n en plusieurs
37. YAVIS 1949, p. 132, 165. temps).
38. A. ÜHNESORG,Espacesacrificiel ser, selon des indications données à plu sieur s privés de plate-forme sacrificie lle (contrairement ment allongées, il est probab le qu'elles devaient ficielle (3,22 x 1,90 m) précédée d'un e petite
43, Ü. PUCHSTEIN,j d/, 1896, p. 53-
1991, p. 126; H ELLMANN 1992, p. 76. reprise s dans les compt es des admini stra teurs de à celui de l'Asclép ieion à Messè ne, qui mesurait servir à faire griller un e gra nd e masse de viand es, plat e-form e. Normalement, tous ces autels ioniens 54; L. KARLSSON,OpRom 21, 1996,
39, C. PARIS!PRESICCE,Espacesacri- Délos38 . Mais en Cyrénaïque, le probl ème de la 12,67 x 5,28 m avec sa prothysis,fig. 170), de sorte voire l'offrand e d'un e hécato mb e pour un maxi- étaient englob és dans un mur protecteur plus ou p. 83-87.
ficiel 199 1, p. 164- 165 et pl. LI ; sur protection fut réso lu à partir du d ébut du moin s élevé, mais pour le reste ils pouvaient 44. L. PERNIER, Il tempioe l'a/tare di
les autels à compartiments, co nnu s à
qu'ils éta ient nettement plu s longs que larges, un mum de convives. C'es t sans doute dans ce but et
rv• siècle par des foyers amovibl es en terre cuite, adopt er plusieur s form ules. Ce que certains Apolloa Cire11e, Rome 1935, p. 61-
Cyrène dè s le VI' siècle, mais égale- rapport adopté dès le deuxi ème quart ou le milieu pour canaliser le sang des victimes qu'une rigole 70.; C. PARIS! PRES!CCE,Espace sacri-
ment ailleurs, voir F. CHAMOUX, insérés dan s les compartim ents évidés de certa ins du v11 • siècle devant le temp le de Posé idon à avait été taillée dans la deuxième assise du regro upent sous le terme d' « autels à cour» -un ficiel 1991, p. 160.
Cirenaica1998, p. 139. aute ls, et de s plaques réfracta ires de même Isthmi a41 . Il arrivait donc que la longueur de l'au- premier autel d'Apollon à Cyrène; plusieurs fois groupe à vrai dire bien peu homog ène- com- 45, A. VONGERKAN , Der
40, G. RIZZA, V SANTA MARIA matièr e pouvai ent revêtir le plan sacrificiel du
SCRINARI, Il santuariosull'Acropolidi
tel dépassât la large ur du temp le en face de lui. reconstru it ou modifié dep ui s le milieu du pr end d'abord le « trône d' Amyclées » aux envi- Poseido11a ltar bei Kap Mo11ode11dn;
grand aute l d'Apoll on 39 , Berlin 1915; Y.WIS 1949, p. !02 et
Gortina 1, Rome 1968. Les fondations de l'autel classique de Poséidon à v1• siècle, il fut agra ndi et embe lli avec des rons de Sparte, conçu selon Pausanias (III 18, 9- fig. 60; W. KOENIGS,Bauglieder aus
41. BRONEER1971, p. 55-56, 98-101, Même si beaucoup d'autels quadrangul aires l'i sthm e m esur ent 40,58 x 2,42 m, co ntr e plaques de marbre imp orté, afin de mesurer 19) par Bathyclès de Magnésie , vers la fin du Milet II, JstMitt 30, 1980, p. 65 et
103. se limitaient à de faibles dimensions, ce plan fut 41,60 x ca 3 m pour celui de Zeus à Né mée et 22,08 X 5 m 'l4 _ vre siècle au plus tard, d'après son décor de suiv., fig. 8.

732 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 4. LES AUTELS 733


Fig. 172. Cap Monodendri, sanc-
tuaire de Poséidon. Restitution d'un
angle du mur d'enceinte de l'autel.
Vers 540. D'après A. V. Gerkan,
Milet 1, 4, 1915, pl. 25. (s,z-o) -

a o o o o o o o
0 0 0 0 0 0

).

46. Sur cette œ u vre étrange d'arch i-


tecte-sculpteur, vo ir R. M ARTIN, RA
1976, p. 205-218, T OMLINSON 1992,
et A. FAUSTOFERRI, Il tronodi
Amyklai a Sparta, Bathyklesal servizio
delpotere,Pérouse 1996.
palmette s et de fleurs de lotus d'un style indubit a- la mer Égée, à Samothrace, fut élevée vers 340-
47. La reco n stitut ion présentée d ans
U. Muss, A. BAMMER et al, Der Altar blement ionico -samien. Superposé à un hérôon 330 un e haut e encei nte autour d'une longue
desArtemisionsin Ephesos(Farsch.in funéraire de Hyakintho s, il était fait de deux tab le, sur l'e mpla cement d'un autel p lus ancien;
Ephesos,XII, 2), Vienne 2001, a été parties principal es, un e cour rectangulaire à 173 174
contestée à bon droit , l'a ut el m o nu - cet Altar Court49 n' est rien d'autr e que la version
m enta l archaique , associé au temp le enceinte en colonn ade autou r d'une sorte d'aut el doiique de nos monuments ion iens (fig. 161). Fig. 173. Amyclées . « trône
d e Crésus, n 'étan t probab leme nt pas et, au-dessus, un e statue colossale d'Apo llon 46 . Si Au bout de cette lignée ionienne émerge le d'Apollon». Chapiteaux ioniques en
situé sous l'autel du 1vc s.: vo ir
G. K üHN, Gb'ttingische gelehrte
l'ensemble reste très malaisé à reconstituer de Grand autel de Pergame, constru it à partir des conso le. Dessin par E. Fiechter, Jdl
Anzeigen255, 2003, p. 197-226, et manière convaincante, à cause de ses trois séries années 170-160 50 au-dessus d'un édifice absidal,
1918, pl. 8 n° 40, et essai de resti-
M. WEISSL, Hephaistos21/22, Br ême de colonnes et de chapiteaux, liées à un décor tution du trône par E. Buschor, AM
2003-2004, p. 169-200. sur 35,64 x 33,40 m, et jamais totalement achevé. 1927. p. 19.
sculpté qui comprenait aussi bien des caryati des Cette vieille dénomin atio n d'« aute l » pour le plus
48. R ésum é el références da n s
H ELLMANN 2002, p. 218-219. que des frises continu es (fig. 173),le plan rappelle célèbre monument de Pergame a été maint es fois Fig. 174. Éphèse, Artémision.
tout de m ême celui du gra nd autel de l'.élévation restituée du mur d'en-
49. K. LEHMANN,D. SPITrLE, contestée, tant il semb le difficile, sinon impossi- ceinte du grand autel. Deuxième
Samothrace4, II , The Altar Cour~ !'Artémision d'É ph èse, construit dan s la second e ble, d'amener les an imaux d'un sacr ifice en haut moitié du 1v"s. D'après A. Bammer,
Prin ceto n 1964. moitié du rve siècle, sans dout e sur le mod èle d'un d'un e telle table d'o ffrand es. De toute façon, le Oas Heiligtum der Artemis von
50. Sur la d a ta tio n diffi cile du Gran d état premier: ici, un mur à colonnad e ioniqu e Ephesos, Graz 1984, fig . 77.
au te l, vo ir G. DE LUCA, W. RADT , bâtiment n'a-t -il pas pour principal e raison d' être
Pergarnenische Forsch. 12, Sondagenim intérieure et extérieur e (fig. 174) fermait sur trois l'exposition d'un e débauche de hauts -reliefs et de Fig. 175. Cos, Asclépiei on.
Fundamentdes GrossenAltars, Berlin côtés une cour dall ée (31,90 x 16,67 m), dont le statues (pl. XI)? Arguant du caractère à coup sûr [.'.élévation restituée du grand autel,
1999, un do ssier rés um é par Fr. quatrième côté pourr ait avo ir été occupé par des déta ils de la façade et coupe.
QUEYREL, La d atat ion du Grand allégoriqu e de la Gigantomachie et de plu sieurs D'après Schazmann 1932, fig. 22.
aute l de Pergame, Studi ellenistici16, bases à offrandes et des petits autels désaxés 47 . rondes-bosses, plusieurs savants voudraient donc
B. VIRG ILIO éd ., Pise 2005, p. 20 1- L'autel d'Ath éna à Priène a suivi, ainsi que ceux y voir avant tout un monument commémoratif de
210, et Io. , L'Autel de Pergame,Images d'Artémi s à Magnésie du Méandre et d'As clépios
et pouvoir en Grèced'Asie,Paris 2005. la victoire d'E um ène II sur les Ga lates 51.
à Cos (fig. 175), tou s abond amm ent ornés de L'interprétation n'est pas incomp atib le avec le
51. Voir en dernier lieu
W. H OEPFNER, AA 1996, p. 115-134, sculptures autour d'un e «co ur » quelqu efois maintien dan s la catégor ie des autels ioniens, à
et RADT1999, p. 168-180. surélevée par un socle à degrés 48 . Plu s au nord de con dition d'a dm ettre l'extrême compl exité du
175

734 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 4. LES AUTELS 735


Fig. 176. Cos, restes de l'autel de
Dionysos, avec sa rampe d'accès.
11• S.

,oo

52. V. KASTNER , The Architecture Fig. 177. Samos, Héraion.


of the Great Altar of Pergamon, Restitution en coupe du grand
Pergamon,Citadelof the Gods, Grand aute l de Pergame, peut -être dédié aux maigr es, mais à l'aid e de sa reconstruct ion autel. Vers 575. D'après H. Schleif,
Arcliaeological
Record,Literary AM 1933, p. 209.
Douze dieux et à Eumène II divinisé. Car l'esca- romain e en marbr e et par analogie avec d'autres Les dispositifs pour hécatombes
Description,and ReligiousDevelopmen~
H. KOESTER éd., H arrisburg 1998, lier en travers du podium menait à une cour aute ls ioni ens, c'est enco re la vieille restitution
5. Le décordes autels
p. 137-161. initialement pr évue péristyle (mais restée inach e- des années 1930 qui en donne la meilleure Aux autels monum entau x pouvaient être
53. l.Jinspiration est très probabl e, vée), dont les fûts géminés faisaient écho à la image 56 , celle de deux mur s épai s bloquant un adjoints des dispositifs pour faciliter les sacr ifices D'une manière générale le décor était davan-
selon LAUTER1986, p. 206.
péristasistout autour du podium , et au milieu de escal ier qui conduisait à un e longue table en d'animaux. Sur l'esplanad e deva nt l'aute l de tage présent sur les bordures latérales des autels
54. ÜINOUVÈS1998, p. 53 n. 249.
cette cour consacrée au héros Télèphe, l'aut el serpe ntin e, où les cendres s'acc umulai ent l'Héracleion de Thasos, a été conservé entre deux que sur leur corps. Celui-ci était normalement
55. R. ÉTIENNE,Sanctuairegrec 1992,
p. 298-302 (contraN. STAMl'OLIDI S, sacrificiel était bordé de murets sur trois côtés qui (fig. 177). I.Jextrémité des mur s en pôrosportait des dalles en gneiss un anneau de fer où passait la souligné en bas et en haut par une moulur e, plate
Espacesacrificiel1991, p. 290-296 ; paraissent avoir porté un baldaquin, d'apr ès des antes caractér isées - le chapiteau de pilastre longe d'un animal promi s au sacrifice, et à ou curvi ligne, sculptée ou seulement peinte.
cf LAUTER1986, p. 206-207, pl. 26a). figuration s mon étaires52. reconstit ué par H. K.ienast est même exception- Cyrène, une base carrée entre l'aut el et le temple
56. H. SCHLEIF,AM 58, 1933, p. 174- Avec ses colonnades enserrant un large esca- d'Apollon garde la marque d'un anneau semb la-
210 (autel VII ); H . KiENAS T, Espau
nell ement orné, par un e sup erpos ition d'oves et Les bordures
sacrificiel1991, p. 99-102; ID., AA lier à la mani ère des gra nd s propylées de de vo lutes peint es sur plus d ' 1,50 m de haut. ble. Mais l'organisation d'h écato mbes exigeait de
1992, p. 180-182, et Excavating Lindos 53, l'autel de Perga me, qui possède son D'où la dénomination d'« autel à antes», elle aussi passer à une autre éche lle . Dans le sanctuaire Les bordures d'autel en forme de fronton
C/assicalCulture2002, p. 322: des
blocs qui doivent appartenir à l'esca-
propre téménos , entre aussi dan s le groupe que fréqu emment e mployé e pour le monument d'Apollon à Claros 60 , quatre rangées nord-s ud, étaient courant es, en particuli er pour les tables
lier primitif ont été retrou vés, d'autr es archéologues dénomment plus précisé - samien, ainsi que pour deux autres aute ls réalisés assez irrégulières mais bien parallèles, de blocs allongées. Lorsque le triangle du fronton n'était
permettant d'écarter la restitution de ment « autels monum entau x en TT» (pz). à Cn ide dans la première moiti é du 11" siècle57 remployés - soit une centa ine au total - ont été pas découpé, ses lignes appara issaient en relief
H . Walter qui imaginait un autel de
cendres , à côté de l'arbuste lygos,
I.Jexpression «en TT» peut s'app liquer54 aussi bien (fig. 178) et pour un groupe d'autels de différentes réparties vers la fin du 11° siècle entre le nouv el sur un parapet recta ngulair e ; dans tous les cas, les
dan s une cour entourée de parapets au podium, comme à Pergame, qu'aux barrières tailles bien représenté dans les Cyclades, depuis autel et le temple hellénistique d'Apollon, en trois angles du fronton pouvaient être marqu és
(Das griechischeHeiligtum, dargestellt ou mur s de bordur e de la tab le, qui tentent de l'é poque archaique jusqu 'au 11e siècle, malgré une arasant quelques petits monuments antérieurs par des palmettes ou des volutes redressées. A la
am Heraionvon Samos,Stuttgart 1990,
p. 130 fig. 146). retenir les cendres bala yées par des coups de disgrâce au ve siècle. Plusieurs exemplaires en ont (fig. 180). Ces blocs généra lement rectangulaires fin du v ie siècle, le petit autel d'Apollon au cap
57. H. BANK.EL, Knido s, AA 1997, vent. Malgré une ressemblance formelle, ces été dénombrés à Délos 58 : il s'agit de l'autel de étaient creusés au centre d'une cavité pour un Zôster (dim. en plan 2,55 x 4,25 m), pourvu d'une 60. j. DELA.ÜENIÈRE,Gioma/a
p. 51-71: petit autel du temp le rond autels à bordure s sur les côtés ne dérive nt pas des !'Artémis ion archaique, d'autres autels édifiés anneau en fer, seul visib le aut refois au sol, qui prothysismais non d'un e crépis,possédait ce genre Martin 2001, p. 79-84; EAD., Claros
et grand autel d'Apollon Karneios , à trônes en pierre , ainsi qu'o n l'a récemment vers 500 dans le secteur du prytan ée, et même permettait d'attacher et de tuer plus aisément les d'ornements 63, qui se voit au IV0 siècle sur l'autel II, 2003, p. 189-193.
orthostates (pour le décor , voir
Ch. BRUNS-ÜZGAN,jd/ 110, 1995, proposé à propos de l'aut el de Diony sos à Cos 55 celui de Dionysos près du théâtre. Vers 100 av. bovins. La bonne conservation du dispos itif de l'Héraion de Délos, sur celui du sanctuaire 61. O. BINGÔLdans Asia Minar
Studien54, Bonn 2005, p. 167.
p. 266-273). (fig. 176). Situés face au temp le d'Apollon à n. ère, le grand autel (10,77x 10,46 m aux fonda- clarien autor ise les comparaisons avec des trou- d'Asclépio s à Aliph eira (2,18 x_5,36 mau x fonda-
62. D. PANDERMALI S, Dion, Athènes
58. R. ÉTIENNE,Espacesacrificiel Delphes, l'aut el de Chias et son escalier (fig. 182) tions) du sanctuaire de Poséidon et d'AmphitTite vailles semblables faites sur l'esp lanade deva nt le tions, fig. 181)64, ou encore à Egine (fig. 190) et à 1998, p. 50-51 ; ID., Excavating
199 1, p. 78-79; ID., Phôs Kykladikon
!MélangesN. Zapheiropoulot
se rattachent à cette catégorie de monuments , à Tènos 59 (fig. 155 et 179) renou e avec l'impulsion grand autel d'Arté mis à Magnésie du Méandre 61, Paros, cette fois avec des doubles volutes en S sur ClassicalCulture2002, p. 99-100 (sans
datation, el un nombre total de bases
N. STAMBOLIDIS éd., Athènes 1999, dont le plu s ancien doit être l'autel d'Héra à orig ine lle venue d'A sie Mineure, c'est elle qui ainsi qu'à Dion: à l'ouest de l'a utel monumental les frontons latéra ux. variant de 33 à 36).
p. 232-253; ID. et Ph. FRAISSE, Samo s, qui faisait partie du même programm e de exp liqu e le pod ium coupé par un esca lier et agré- de Zeus Olympien (long de 22 m), trois rangées Sans y ajouter nécessairement des frontons,
BCH 113, 1989, p. 45 1-466; ID. et 63. Y1\VIS 1949, p. 104.
construct ion que le premier diptère, vers 575. menté d'une frise à bucran es et rosettes sur guir- de bases en calcaire, porteuses d'w1 annea u en l'idée de terminer les angles des autels par des 64. A. PLA.SSART,EAD XI, 1928,
J.-P. BRAUN, BCH 119, 1995, 65
p. 63-87. Dan s l'axe du temple, les puissantes fondations lande, un bel ensemb le complété aux deux extré- bronze, laissent bien imaginer un total d'a u moins volutes vena it peut-être de la région de Milet , p. 205; ÜRLANDOS 1968, p. 182-198.
59. ÉTIENNE,BRAUN 1986, p. 107- de ses murs de flanquement dessinaient déj à un mités par des groupes statuair es de ]'É ph ésien trente-trois bases, régu lière ment espacées sur où ont été mises au j our plusieurs volutes d'angle 65. W. KOENIGS,fstMitt 30, 1980,
125, 170-175. TT, sur 38,40 x 18,70 m. Les vestiges sam iens sont Agasias. plusieurs rang ées62_ à spires enrou lées vers le haut, pour enserrer une p. 56-91.

736 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 4. L ES AUTELS 737


Fig. 178. Cnide, terrasse _supérieure
du sanctuaire. Plans restitues du
temple rond d'Athéna et de son
autel. Première moitié du 11•s.
D'après H. Bankel, AA 1997.P- 61.
0 5 H
Fig. 179.Tènos, sanctuaire de
Poséidon et d'Amph1tnte. .
Restitution du Grand autel en pi.
Vers 100 av. n. ère. D'après
Étienne, Braun 1986, pl. 28.

. --- .
~~~~ -
. ,. ·

-------
--- .

178

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1

~-- ·- --:-

7 - Fig. 180. Claros, sanctuaire d'Apollon. Préparation de sacrifices en masse. Esquisse Fig. 181. Alipheira, aute l d'Asclépios. Restitution d'un e face latérale et vue
de J. Rougetet dans Giornata Roland Martin 2001, p. 82. en perspective. ive s. D'après Orlandos 1968, p. 188 fig. 126-127.

lfr
1
~

palmette. Datées ju ste ap rès les volutes de Myous, romaine6 6. Enfin, l'autel hellénistique de Dém éter
1
qui sont rapportées au milieu du vie siècle, les à Pergame reprend le principe des «corn es»

..__J
-

1J1 J
plus connues sont celles qui se dr essaient aux
quatre angles de la grande terrasse supportant
l'autel du Cap Monodendri (fig. 172), tandis que
celles du Delphinion de Mi let sont un peu plu s
ioniqu es aux angles, mais sur une simple table
basse, à peine rehaussée par deux degrés. Une
variante luxueuse de ce modèle avait été réalisée
à Cyrène, où un des longs autels à degrés de
récentes (vc siècle). Les paires de vo lutes qui l'agora porte des parap ets entièrement cernés
- - couronnaient le grand autel offert par les habi- d'un e fine moulure lesbique, qui enserre les
- -
tants de Chios à l'Apo llon de Delphes sont égale-
ment à spires ascendant es, mais cette fois elles
palmettes développées sur les « cornes »67
(fig. 183).
[!ï1 s'élancent en un mouveme nt oblique (fig. 182). Il Sur des autels rectangulaires de taille modeste
.___Ll
1
,Û 1 faut croire que les donat eur s tenaient à ces sortes
de «cornes», retro uvées en multipl es pair es de
ou moyen ne, dont les petits côtés de la table était
bordés de coussinets cylindriques, les extrémités
-+- styles différents, qui témoignent des éta ts succes- des cylindr es étaient parfois ornées de volutes
sifs de cet autel. Déjà remarqu é par H érodote (II, ioniqu es à spir es descendantes. Non loin de
135), il pourrait être antérieur a u temple !'Agora d'Athènes, l'autel dédié vers 197-196 à
~- ~ - =-__y(
~ \"
d'Apollon financé par les AJcméo nides, puisque Aphrodite Hégémon è, à Dèmos et aux Grâces 68 ,
son axe est légèrement déca lé par rapport à celui est un exemplair e très réussi de cette série dont le 66. D. L~ROCHEdans Espacesacrifi-
ciel 1991, p. !03-!07; BOMMELAER
du temple, une position qui demeura inchang ée mod èle doit être ancien , si l'on considère de 199 1, p. 173-174.
lors de sa reconstruction comp lète au y e siècle nombr euses représentations vasculaires d'autels, 67. BOHTZ1981, pl. 55 (Pergame ) ;
(date des pierres conservées), suivie d 'une dat ées des vie et ve siècles. Sur !'Acropole STUCCHI 1975, p. 62-63 (Cyrène).
m!'u es
nouvelle réparation de l'a utel à l'époq u e d'Athènes, les bordures du petit autel en pôros 68. TR AVLOS 1971, p. 81.

179

4. LES AUTELS 739


738 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
mentaux en Sicile, à escal ier frontal et décor de
d'Athéna Nikè pourrai ent avoir f~t p ar ~e _du
grosses vo lut es sur les pa rapets latéraux. Le Fig. 184. Akrai, sanctuaire
même group e (fi1g. 16 ,
9) mai s celm du_ temenos
. .
.. e d'Apoll on sur l'ago ra de Cyrene etait m on um en t de Mégara Hy blaea 71 se dégage du lot d'Aphrodite. Reconstitution d'un
parapet d'autel « éolique ». Seconde
ai·ch aiqu _ b ·d . p ai· le ca ractère plasti qu e de ses chapiteaux moitié du v1• s. Dessin R. Carta
.· . al gr·âce a ses or m es en
un peu pu1 s 011gm , . « éo liqu es », très étirés en longueur (1,84 m) afin dans L. Bernabé Brea, Il tempio di
coussin s aplatis, termin ées par des chapiteaux Aphrodite di Akrai, 1986, fig. 46.
, 1·ques,,69 surmont és d'un abaque (fig. .194).- de co nstitu er chaqu e fois un parapet complet,
«eo1 alors qu' à l'A phrodision d'A krai (fig. 184) et à
Leur ressemblan ce avec un chapit ea~ p: m t a Fig. 185. Syracuse, sanctuaire
l' Athénaion de Syrac use (fig. 185), chacun des d'Athé na. Essai de reconstitution
volut es ve rtic ales déco uve rt sur 1 Ac 1opa le d'u n aut el à parapets « éol iques ».
parapets d'a ut el est un mu ret rectangulaire orné
d'Athènes suggère un e fa b n·ca tion ve.rs, le milieu Dessin R. Carta dans P Orsi,
au centr e d 'un motif identique de chapiteau, dont Monumenti antichi dei Lincei 25
du VIe siècleïo, un e datation qui dev;ait egalement
les éléga nt es vo lut es verticales se prolongent en S 1918, col. 713-714. '
convenir pour un petit gro upe d autels manu-
vers les ai1gles . Sculpté de do ubles volutes d'un
sty le t.rès différe nt , de part et d'autre d'une feuille
ax iale, le p ara p et trouvé sur le site de
Fig. 182. Delphes , autel de Chias.
Coupe restituée sur le corps de
l'Apo llon ion de Syracuse ne pe ut être associé à la
l'aute l. Éch. 1:60. Dessin co nst.ruct.ion du temp lei2 et devrait constituer une
D. Laroche, Espace sacrificiel 1991, répliqu e inn ovan te d 'un modè le archaïque, peut-
pl. 21. être au début du V0 siècle, comme le parapet.à
Fig. 183. Cyrène, agora. Face laté- deux palm ettes ax iales provena nt du téménos de la
rale restituée d'un des autels Malophoros à Sé linont e 73 . Même si aucune
d'Apollon. D'après Stucchi 1975, b ordur e d 'a ut el co mparabl e n'a encore été décou- 185
fig . 48 .
ver te en Asie Mineure, la pr ésence de ce décor (fig. 186)i4 . Da ns la foulée, il a été
assur ément d'or igin e mi crasiat.ique n'est qu'un proposé d'attr ibuer les trois plaques
t.rait. parmi d'a utr es du fort. courant ionien qui du «trô ne» conservé au Museum =-
s'est. imposé, à l'âge archaïque , en Cyrénaïque et of Fine Arts de Boston à un bothros
en Sicile, sur la base d'éc hang es commerciauxet locrien analogue, cre usé dans le
culturels. sanctuaire de Persép h one à la
Quelle que fût. la co mpo sition du décor, c'est Manella 75. Mais d'aut res archéolo-
m anifeste m ent. l'Itali e du ud et la Sicile qui ont gues n'o nt pas manqu é de faire
recherché à t.o ut pri x l'o rnem ent. S'il en fallait valoir qu'un pa reil dispos itif sera it
un e preuve suppl ém ent.aire, elle est apportée par sans para llèle au-dess us d'u ne cav ité
les beaux reliefs sculpt és des années 460 appelés à paro is consb·uites 76. Au rebo urs, les
« t.rône Lud ov isi » et. « t.rône de Boston», apparus fouilles de Lac res ont livré un autre botlzros
à Rome respect iveme nt. en 1887 et 1894.À cause maçonné du même genre , cette fois circ ulaire et
des dimensions d'u n bolhros carré, dans la cella du porteur d'un lour d couvercle, qu i ne pe ut êb·e
temple de Marasà à Loc res Épizéphyrienne, qu'un b·onc ferm é (tlzèsauros) po ur dissim uler le
probablement. dédié à Aphrodite (fig. 98),_on a trésor et les arc h ives du te m p le de Ze us
gé néra leme nt. ad mi s qu e cette fosse hab1lleed: Olympien (supra, p. 120). Les deux préte ndu s
pier res d evai t. porter un parapet. en n compose, «trônes» faisaient sans doute bien fonct ion de
d'après leur s m esur es concordantes, des tr01s parapets d'autels, mais no n sur un bot h ros-tro ne,
panneaux en marbr e thasien du « t.rône Ludov1s1• et il vaud rait la peine de cherc her leur s sub stru c-
182
tions ailleurs sur le site de Lacres . Le nom d'« autel à triglyphes » vient de la frise
74, ROLLEY1994, p. 314. Lo ngte mp s
doriqu e pla cée enb·e le socle bas et un couronne- contestée, l'authenticité de ces trois
Les autels à triglyphes ment profil é. Si l'on met à part les pièces d'angle, pièces n e fait aujo urd 'hui plu s guè re
les t1iglyph es courants, minces et étroits, ne sont d e d oute .

Parmi les autels recta ngu laires, bo rdés ou non qu 'un revêtement dont la face arrière a été laissée 75, A . ÜH NESORG, Nochmal der
« Bostoner Thron », Nürenberger
69, Sur cette appe llation peu ju sti- de frontons, un gro upe bien doc um enté et aisé- brut e ou à peine travaillée, conb·airem ent aux Bliitter,:urArc/1iiologie 14, 1997-1998,
fiée, voir H ELLMANN2002, p. 165-
168 (p arm i les régions qui ont ment reconn aissable est celui des autels dits « à triglyph es visibl es en haut des templ es. p . 119-138 : ju ge le d écor d e p alm et-
tes et vo lut es authentiqu e.
adopté ces chap iteaux, ajouter déso r- triglyphes» . Le typ e re m onte au v1° siècle et se N éanm oins, c'es t peut-être bien pour rappeler la
ma is la Cyréna ique). 76. COSTABILE 1992, surt out
conservera ju squ 'à l'é p oqu e h elléni stiqu e, en gr·and e archit ectur e que les bâtisseurs ont le plus p. 111- 113.
70. PURCARO2001, p. 37-45. Grèce contin entale aussi bien qu 'e n Occ id en t, où souv ent donn é à ces monuments des proportions 77. N . H ARDWICK, A Trig ly ph A ltar
71. P. AUBERSON, Le parape t éol ique il a été introduit par le biais d'un e imp ortant e allong ées et impo santes. L'autel qui fut dressé au o f Corinthian Typ e in a Sce ne of
d'un autel d e Mégara H ybl aea,
MélangesP Collart1976, p. 21-29 colonie de Corin the, Syra cuse. On a remarqu é me siècle sur la terrasse du temple de l'Héraion Med ea on a Lu canian Calyx-
J<.rater..., NumAntC/ass28, 1999,
(avec les renvo is à Akrai et à que la présence d'un autel à triglyph es dan s un e d'Argos mesurait 17 x 2,40 m (pour 20 b·iglyphe s p. lï9-20 1.
Syrac u se; aj oute r une trouvaille
scène peinte sur des vases italiotes à figur es et 19 m étopes sur le grand côté, conb·e 3 trigly- 78, Roux 1961, p. 62-65, 400-
réce nte à Léontinoi ). Voir aussi
MégaraHyblaea2004, p. 43ï. rouges suffisait pour situ er l'action dans le nord ph es et 2 métop es sur le petit côté), des chiffres 402 {co mpl ète ID., BCH7 7, 1953,
p . 116-123, m ais do it être modifié
72, G. C ULTRERA,MonAnt41, 1951, du Péloponn èse 77, ce qui pro uve bien qu e le typ e jug és habitu els pai· G. Roux ï8, qui mentionn e
avec RUPP 1974, p. 103-109, qui
col. 761-762, fig. 23. devait déj à être considéré p ar les Anciens co mm e encor e dans cette catégorie l'autel du sanctuair e pr éfè re un plan en n po ur l'autel
73. E. GABRICI, MonAnt32, 1927, associé à la Ca rinthi e. d'Art émis Knak éatis en Tégéatide (à la fin du d'A rgos ).
fig. 29-33 et pl. 22.
183

4. LES AUTELS 747


740 ARCHITECTURE RELIGIEUS E
v1• siècle?), des p1eces éparses sur l'agora
Fig. .
· · · hyrienne
. 186. Locres Ep1zep .
, hrodite a Marasa.
: --...-------- d'Argos, significatives d'un aute l de ce type (vers
le milieu du v • siècle), et un aute l du rv• siècle
sanctuaire d Ap r Ludovisi sur les sans degrés d'acc ès (11,53 x 2,10 m ) à
1I
fondations du bt:;~e
Restitution du re ~ Dessin
33_34,
D. Mertens, ~o ·. M Guarducci).
Mégalopolis, non loin du Thersilionï 9 ([ig. 187).
Le modèle de base pouvait être enr ichi. A l'est du
1985, p. 6 (d apres .
temple d'Héra Akraia à Pérachora ont été repérés
les restes d'une table d'autel longue de ca 7,10 m,
au centre de laquelle un bloc perforé recevait des
offrandes liquides 80 ; non seulement l'autel, qui
doit remonter à la fin du v1•siècle, alterne trigly-
phes et métopes, mais il fut partiellement envi-
ronné dans la première moitié du rv• siècle d'une
sorte de baldaquin ioniqu e tétrastyle (fig. 188).
À ce jour, cette adjonction rare ne se retrouve
qu'autom des très long_s autels d'Asclépios et
d'Apollon Maléatas à Epidaure 81, et peut-être
encore autour des autels de Zeus à Némée et
d'Apollon à Halieis, puisque la découverte de
blocs quadrangulair es à proximité a fait envisager
que tous deux - dépourvus de triglyphes! -
auraient eux aussi possédé un tétrastyle, dans une
f;:;;½~ phase ultérieur e. Le déco r linéaire dorique a
0~~z.:u-:--:--P-~
-,7.'r'_;:_:--==--=iim77J7ll?A'~
/ même été miniaturisé sur des reliefs votifs épidau-
//,
/ riens qui reprodui sent un autel à h·iglyphes , sur
;, ' un petit autel provenant du Quartier des potiers à
Corinthe82, et sur des autels circulaires hellénis -
tiques de Némée et d'Ol ymp ie83 . >-+,f-H • ,.++ ++ +------+-----i-----_:'.jJ M [Tl [ /

188
Fig. 188. Pérachora, sanctuaire
d'Héra Akraia. Restes de l'autel à
triglyphes bas et de son baldaquin.
D'après Yavis 1949, p. 206.

Fig. 189. Corcyre, restes de l'autel


à triglyphes bas d'Artémis, coupé
au sud par un monastère. Plan,
élévations des longs côtés et du
côté nord, coupe. Dessin H. Schleif,
Korkvra 1, 1940, p. 64.

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~-r,.1-,- .,---,- ..1-,..-
•> T''T t.) T"J~•-' -r•1--y-â1 -,.- .. 1.,.- b,--,- 'i-l"f

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1
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..
1
. i; An;?ÇIDl~ ~ t
----J.-1_, . __J
1
79. E. A. G ARDNER et aL, Excavations
at Megalopolis,7890-7897,Londres
1892 , p. 51-52; YAVlS1949, p. 138-
139 et 204-205.
80. La restitution de H . PLOMMERet
F. SALVIAT, ABSA 6 1, 1966, p. 207-
215, a toutefois été contestée par
7 RUPP 1974, p. 13- 19.
d .,.,,..,i::J° t _ ,.__,_, _._, ~t'~,
....L ____ 1prn .T 81. V. LAMBRINOUDAKIS , Praktika
A 1981, p. 160- 179.
(, . 1- 7~•

s 82. A. N. SrtLLWELL, CorinthXV , 1,


r, The Potters QJ,arter,Princeton 1948,
A p. 67-68, 77-79 n° XVII, pl. 25 A.
NORO
7. 83. Nemea2004, p. 86 et 178;
F. ADLER et aL, OlympiaII , Die
·: .. = : · ~\.-- .·. 205 Ba11d e11
kmiiler, Berlin 1892, p. 164
D' rèsYav•s1949,p n. 9, pl. 95.8.
1 hes bas Plan et élévation. ap
Fig. 187 Mégalopol•s, restes de l'autel monumental à tng yp . 189

4 . L ES AUTELS 143

142 ARC HITECTURE RELIGIEUSE


Fig. 190 . Égine, petit autel à trigl y-
Gr èce de l'Ou est: à Poséidonia (3,65 x 3,30 m),
phes. Restitution isométrique .
Éch. 1:25. D'après Hoffelner 1996,
fig. 25 .
pr ès du temp le D de Sélinon te, et en miniature à
Syrac use 86 . Co mm e les aut els monum entaux de
Chapitre 5. Les sanctuaires, définitions
typ e ion ien étaient aussi appr éciés dans les colo-
Fig. 191. Sélinonte, le temple A et
son autel. Plan et coupe dans l'axe.
Vers le mi lieu du v1•s. D'après
Mertens 1984, annexe 27
nies occidentales, des triglyp hes ont été plaqués
sur les grands au tels devant l'Athénaion de
Syra cuse, devant le temp le L d'Ag rigente (15,37x
et typologie
8,10 m aux fondat ion s), celui d'Apo llon à
M étapont e et le temp le A de Sélinonte87. Si le
socle est peu élevé en Gr èce continentale - d'où
le nom cour ant, pour les francophones, d'«autels
à h·iglyph es bas» -, il n'e n va pas de même en
Occid ent , où les tables po uvai ent êh·e précédées
de p lusieurs d egrés menant à la protlzysis, ce qui J. Le sanctuairegrec, terrasse en hauteur (Bassae), un sommet (le mont
donn ait un plan en n pour les autels d'Agrigente Kynor tion à Épidaur e, la Larissa jouxtant Argos,
et de Sélinont e D. Vers le mi lieu du ve siècle, le origineet localisation le mont Lycée en Arcadie) ou encore des rochers
plan en T de l'autel A de Sélinonte (fig. 191) abrupt s, dans la montagne (à Delphes, fig. 192) et
paraît uniqu e, m ême s'il rapp elle vaguement celui lorsqu'ils s'avancent en guise de promontoire (au
de l'autel du cap Monod endri: le large escalier Définition cap Souni on, fig. 193). La seule découvert e d'un
abouti ssait à un e table bordée de frontons laté- Le principal term e grec pour un san ctua ire, point d'eau pouvait suffire à rendre un site sacré,
1
hiéron(i.ep6v), ne désigne rie_n de, plu s q~ ~n heu sur tout hors d'une ville (infra,,p. 249).
consacré à une divinité. Ce heu n a pas ete cho1s1 C'est ainsi que certains lieux géographiques
par les homm es mais par la divi_nité elle-mê~ e, ont paru aux Grecs plus spécialement adapt és à
dont la présence se laisse entr evo ir da~ s les p~1t1- recevo ir telle ou telle divinité. Nombr e de
cularités de certains paysages. Un bois peut etre temp les voués à Artémis se trouvent dans des
considéré comm e sacré (à Ol ympi e), un croise- lieux sauvages et humid es, et si un sanctuaire de
ment de roul es maritim es ou terr estres {à Zeus Aph ésios fut créé sur une colline près de
Pérachora, à Isthm ia), un col, un plateau ou une Mégare, en le dotant d'un petit temple et de

Fig. 192. Delphes, vue générale

•••••••••••••• du sanctuaire d'Apollon par le sud,


prise d'hélico ptère en 1988 .

--~ /
1111111~I ____,__
l l_ ---11.L
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,o 10 JO M

191

84. H. SC HLEIF et aL, KorkyraI, Der


Artemistempe4 Berlin 1940 , p. 62-69
(avec une série d'exemples); En deh ors du Péloponn èse, d'imp ortants
A. Ü HNESORG , Espacesacrificiel 199 1, raux sur un e ordo nn ance doriq ue com plète,
p. 122- 123. autels à triglyph es ont été exhum és à Co rcyre, longue de 6,91 m au stylobat e.
85. Égine: H OFFEL NER 1996, p. 33-
coloni e de Corinth e (daté vers 600, celui du Il restera toujours un certain nombr e d'« autels
37, fig. 25 (vers 490-470 ); Délos, temp le d'Art émis a conservé un e partie de ses 24 à triglyp hes » hypothétiques, sachant que l'exis-
autel GD 23 C: Espace sacrificiel199 1, triglyph es alternant avec 23 métopes à moulu re
p. 79 et pl. Xe (fin du V' s.). tence d'un autel de ce typ e pe ut être sup posée
peinte, sur environ 25,40 x 2,31 m en plan, chaqu e fois que sub sistent sur un site des pièces
86. H. L AUTER, RM 83, 1976, p. 233-
259 ; ibid. 9 1, 1984, p. 33-37 (autres fig. 189), ainsi qu'à Paros (au moins 5 triglyph es de triglyph es errantes, qui n e peuvent êh·e assi-
références dans les n. 19-20 el dans en longueur , à la fin du y e siècle)84 . Il en existait gn ées à un au cun ent ablem en t d'un grand
l'article de N . H ardwick, supra, de plus petit format à Égine, où seuls les angles
n. 77). édifice 88 , a fortiori s'il s'agit d 'un e simpl e plaque
portent des triglyph es (fig. 190), à Délos85 et en de revê tement.
87. 0. ME RTENS, Espace sacrificiel
199 1, p. 190- 19 1 et pl. LIV.
88. R UPP 1974, p. 309, et voir l'hy-
pot hèse de Ch. PFAFF, Corinth 200 3,
p. 13 1- 132.

144 ARCHITECfURE RELIGIEUSE 745


5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE
Fig. 193. Cap Sounion, le sanctuaire
classique de Poséidon surplombant o._______ ~5O:____ __ ____::IOOm Géométrique Récent (770-700), était le téménos Fig. 194. Cyrène, téménos
la mer; au nord, la ville fortifiée. ('téµevoç, pl. 'tEµÉvll), un enclos sacré de dimen- d'Apollon sur l'agora. Fragment de
D'après Greek Sanctuaries 1993, bordure décorée d'un autel. Vers le
p. 105 . sions souvent modestes, ne renfermant qu'un
milieu du vies. D'après Purcaro
autel, pour des sacrifices suivis d'un repas en 2001 , p. 40.
commun 3 , D'autres constr uctions furent peu à
peu ajoutées aux autels : un temp le, souvent - car
le sanctuaire doit auta nt que possible donner à
voir, et même impressionner - , parfoi s aussi
quelques bâtiments courants dans ce genre
d'espace, des salles de banquets, des portiqu es,
des monum ents votifs ... Mais il arrive fréquem-
ment, surt out dans des régions comm e la
Macédoine ou la Th essalie, que les restes archi- .>-
tecturaux des sanctuaires demeurent maigr es4, ; - ~-
car ce sont avant tout la masse et le caractère des
offrandes, bien plus que les constructions , qui
perm ettent de ju ger de l'imp orta nce et du rayon- \...........
- ·---
.....
nement d'un sanc tuair e.
Il n'est donc pas éton nant que les pr emières
traces de constructions religieuses dans un téménos
- -- - -
',
--_ ___
__ :::::.,_;, ----'_

ou dan s un hiéron5 soient rares et fragiles. En


recensant les sanctua ires de date géométrique mis
au jour en Argo lide, un e région riche en témoins d'impureté. Nécropoles et sanctuaires se sont
fort anciens , R. Hagg a concl u que le culte devait donc progressivement séparés. Le témoignage de
y être réduit « at an open-air altar for burnt offe- Thuc ydide (I, 8; III, 104) concorde avec les
rings»6 et qu'il faut attendre le VIIe siècle pour fouilles à Délos: après un premier transfert sous
entrapercevo ir des bâtiments interp rétables avec Pisistrate, les Athéniens procédèrent à deux puri-
assuran ce comme des temples, si l'on exce pte un fications dans la seconde moitié du ye siècle, de
temp le absidal à Asiné, dat é « peut-être vers 750 » sorte que le contenu de toutes les tombes délien-
d'apr ès la céramiq ue assoc iée, rapportée au nes - celles qui se trouvaient dans les sanctuaires,
Géométrique Récent. Sur !'Acropo le d'Athènes, et les autr es - fut rassemblé et enfoui dans une
où très peu d'o bjets post-mycéniens sont anté- fosse commune de l'île de Rhénée . Seules subsis-
rieurs aux ti·ouvailles de céra miqu e et surtout tèrent, dans le sanctuaire d'Apollon, une tombe
d'ex-voto en bron ze datés du Géométr iqu e Récent, de l'He lladique Récent appelée « Thèkè», et dans
c'est à un petit temple remontant à la pr emière le sanctuaire d'Artémis le «signe » funéraire des 3. Ch . SOURVINOU-INWOOD,Ear ly
Sanctuaries, the Eight Centur y and
moitié du VIIe siècle, plutôt qu'au v me, que l'on Vierges hyp erboréennes, identifié par Héro dote Ritual Space , GreekSanctuaries 1993,
attribue deux bases de colonnes en pôros,trouvées (IV , 34), enfin les quelques restes exhumés dans p. 1-7.
non loin d'un aute l d'Athéna , dans un sanctua ire l' Archégèsion. À partir de ces opérations athé- 4. Voir par ex. P. MARZOLFF,Antik e
niennes il fut interdit non seulement de mourir à Stadt ebau und A rchit ektu r in
encore prot é&é par les vieux remparts des ann ées The ssalien , dans La Thessalie, QJli1
1<e
1250-12007. A Ol ympi e le culte est attesté dès le Délos mais aussi d'y naître, en vertu de la même annéesde recherches archéolo
giques,
XIe siècle, par toutes sor tes d'o bjets et de figurines exigence de pur eté. 7975-7990, Bilans et persp ectives, Actes
La séparation entr e espaces sacrés et habitat du colloque international,Lyon, 799 0,
en bron ze (car le métal éta it alors très rare, donc Athène s 1994, t. II , p. 255-2 76.
précieux) qui remontent surt ou t au IXe siècle, n'a été, elle aussi, que lentement définie et maté- 5. Po ur la di stincti on entr e ces deux
mais ils trahissent un e dévotio n d'a bord indivi- rialisée, au point que la façon dont les sanctuaires term es vo ir H ELL~1ANN1992, p. 171:
duelle, au point qu'aucun temple ne fut construit caractérisés (c'est-à-dire, ici: possédant un autel et téménosdésign e un e « p o rtion d e
territoire déco upée» et n'avait pas à
sur ce terrain avant les années 600-5908 . Un un temple ) se sont éten dus aux dépens des habi- l'origine une valeur religieuse,
secteur de l'agora de Cyrène a connu un déve- tation s représe nte un chapitre encore maigrement con trairement à hiéron.
loppem ent analogu e: vers 620-600 y fut dr essée docum enté, et par conséquent parfois contro- 6. R. H AGG, G eom etri c San ctuar ies
versé. À Delph es, au contraire de ce qui s'est in th e Argo lid, PolydipsionArgos,
une enceinte (12,64 x 13,67 m) contenant des BCH Suppl. 22, 1992, p. 9-35.
offrandes à Apo llon Arc hégète et un petit autel , passé ailleurs , le sanctuaire d'A pollon s'est
7. Voir supra,p. 50 , et H OLTZMANN
rempla cé vers le milieu du vi e siècle par un aute l installé peu avant la fin du IXe siècle sur une petite 2003, p. 37-38, 40-42 .
1 rectangulair e à bordur es déco rées (fig. 194), mais agglomération 10. Mais sur plusieurs sites de la 8. M ORGAN 1993, surtout p . 25 et
multiples salles (fig. 310), c'est parce que les mer Égée, la construction d'un temple dans son suiv.
co~comit~nte d'une grande qu an tité d'objets un temple-oikosn 'y vit le jour que dans la second e
l. Sur les vieux cultes d e so mm et sommets éta ient aisément voués à Zeus, dieu de votifs et d un autel sugge're l''1d ee
- qu ' un e d.1vm1 . ·t·e sanctuaire est allée de pair avec l'abandon ou le 9. PURCARO 2001, surtout p . 39-4 1.
vo ir F. DE POLIGNAC, Pelop onnesia~
moitié du ive siècle 9 .
la pluie et dieu ouranien par exce llen ce. a vou lu la transformation d'un ·t . déplaceme nt d'une zone d'habitat, où le culte 10. En att endant la publi catio n de
Sanctuaries2002, p. 119- 122, et À l'exce ption de tombes mycéniennes qui ont
sur tout MULLER 1983. _Touj~ur s d~s un espace délimité, afin que les véritable tu . 2 s· ' s1 e_sacre e~ un était rendu discrètement, dans la sphère priv ée (à J. -M. Lu ce voir Cl. ROLLEY,D elph es
, . sanc aire · 1 1on en cro it les poemes parfois bénéficié d'un culte dans les sanctuai res d e 1500 à 575 av. J. -C ., Olympia
2. ED LUND 1987, p. 134 -140; fideles s 1mpregnent concrètement de la diffé- Zagora d'An dro s, à Koukounariès de Paro s, à
homenqu es, confirmés sur ce point par les résul- de l'âge archaïque, ou encor e des tombes 2002, p. 273-279.
M AZARAKISAI NIAN 1997 , p. 307 et rence, essentielle, entre le domain e sacré et leur tats des . fouilles, la forme habi·tu eeIl d 9premœn. Phaïstos ...) 11. On sait maint enant que pendant 11. F. DE P OLIGNACdan s P/acingthe
«héroïqu es» (infra,p. 277), les morts ne sont pas
SUlV.
humble monde profane (infra,p . 175), l'existence sanctuaires grecs sûrement identi' fi1es, - a.. par t·ir du tout le Ier millénaire, et pas seulement au début de Gods1994, p. 86 et sui v.
tolérables dans un hiéron, qui doit êti·e exempt

146 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 147


5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE
p. 126).. Enfin, les sanctuaires aménagés par une
Fig. 195. Priène, Maison 22. Plan
avec un sanctuaire dans les pièces /;/ ,,1 1
1
Fig. 197. Foce del Sele, Héraion .

0
association cultu elle dans un quartier d'habitation ,/ / / 1 Plan de la zone A, phase luca-
au nord. Ép. hellénistique. D'après , , /
nienne. Dessin J. Rougetet dans
sont plus rares: à ~riène, au moins deux pièces I / / i
/ '\
Wiegand, Schrader 1904, fig. 166. -✓
donn ant sur la partie nord de la cour à pastasde / -' ,
,'
(
/
\
\
Sanctuaires et sources dans
\ /'Antiquité, Naples 2003, p. 98.

/ / /,/ ,,_,è \ \
Fig. 196. Olympie, atelie r de la Maison 22 semblent avoir été vouées au culte \
\
Phidias. Plan restitué. v• s. D'après
J. de Waele dans Bathron,
Festschrift Drerup, 1988, p. 391.
1 E PO,: 01 KO:.!:
d'Alexandre le Grand, avec une salle de banquet
dans l'une et un socle maçonné pour des statues I /
/

,' ,'
//
\
1

)
\
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1
1
, // , /
1

/
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dans l'autre, derrière un e table à offrandesl2 / /

\
/',/ 1

··.=~
(fig. 195).
/ 1' /' lr-------1 1


()
/ /
Bolhros 1
• Il est par ailleurs bien étab li que les sanctuai- /
/ ,' / ,/ I
1

res ont vo lontiers conservé des activités artisana-


I // / 1
1

' les liées au culte, ou encore aux chantie rs de cons-


truction. Pour les époques géo métriq ue et
/ ,I~//
,
/
;'./
/
/

Il
I
I
/ 1
1
1
1 \
.~

archaique ce sont surtout des restes d'ateliers / '/'I/


C 1
\
\
\

....
/ ,' I 1
, / /

U
\
métallurgiques 13 qui ont _été découverts, par ,I / '
"Thesauros" \
autel B \
exemp le à Tégée, ou à Erétr ie, non loin du /
',

ITC
J]
/
1

ID
1
temple d'Apollon (supra, p. 46), alors que les 1
'' ''
ate liers de chantier étaient le p lus souvent éphé-
'' autel A ' ',
1
mères et n'ont pas nécessairement laissé des ' 1
"Temple Majeur"

E3
1
traces. Toutefois, le plateau de l' Acropole 1
' '·'
. "' . d'Athènes et ses flancs sud -ouest portent les 1
1
Edifice 1
marques des chantiers couverts (epyacmip1ov,pl. 1
carré 1
epyacmipta ) qui pourraient avoir été implantés ici 1
au v• siècle, à l'occas ion des grands travaux où
0~==~55...=~l~O==~loi;;5 ==~20 m étaient engagés aussi bien des bronziers, pour [ ____
__
_J
assemb ler la statue d'Athéna, que des marbriers
et des charpentiers 14. Malgré sa brève période
195
d'utilisation, le spacieux ate lier (14,57 x 32,18m
avec son vestibule; fig. 196) qu e Phid ias fit édifier
!'Âge du Fer, le culte est parfoi s resté intégré à la non loin du temp le de Zeus à Olympie 15, pour y
vie quotidi enn e, comm e aux temp s mycéniens où fabriquer la statue colossale du dieu, était consti- 0
les pratiqu es cultu elles étaient confinées dan s des tué de solides murs de briques posés sur un socle -cc -r -
palais et dans des maisons, dont une pièce renfer- d'orthostates, et la pièce principale, où se cires-
mait un e banqu ette et (ou) des table s pour des saient des échafaudages en pierre , était couverte
offrandes. Un aute l découvert dans une maison d'un toit en tuiles de terre cuite d'une qualité hors
d'H alieis est un témoin parmi d'autres de cette entre autres, les fours de potiers qui ont produit méme que des lieux sacrés pouvaient s'élever en
pair. D'autres artisanats étaient envisageables
persistance du vieux culte dom estique (supra, les tuiles du temp le de Zeus au 1v 0 siècle 16 , et en bordur e d'une agora, il était toujours possible de
dan s les sanctuaires: à Némée ont été retrouvés,
partant d'un édifice carré de l'Héra ion de Foce trouver, surtout dans les sanctuaires imp ortants,
del Sele, qui a certainement servi d'ate lier de des édifices à fonction civique, comme le pryta-
tissage pour les étoffes rilu elles de la déesse née et le bouleutèrion qui ont été englobés dans le
(fig. 197), à la phase lucanienn e, G. Greco 17 a pu sanctuair e d'Apollon à Délos. Ce genre de bâti-
faire valoir l'ex istence d' édifices ou de salles ment était de toute façon nécessaire lorsqu'un
ayant sans doute eu la même fonction, dans d'au- vieux sanctuaire est devenu fédéral: c'est ce qui
tres lieux . s'est passé dans celui d'Apollon à Thermon , fina-
[Q] Dans un e civilisation où le public et le sacré lement érigé au rang d' «ag ora sacrée» de la
'
'--- - - -.J '

interfèrent consta mment, la distinction entr e sympolitie des Étoliens, avec une pr~babl e salle

~
de réunion tout au sud 18 (fig. 199). A Didym es 16. Nemea2004, p. 54-57, 17l.
espace civique et espace sacré, que nos esprit s
aussi, l'épigraphi e témoigne de l'existence d'un 17. G. GRECO, D es étoffes pour
12. RUMSCHEID 1998, p. 93-98. moderne s recherc h ent d'une manière aussi systé- H éra , Héra 1997, p. 185- 199 .
13. G. C. NORDQUIST dans :----: matique qu'arbi tra ire, était également mal tran- prytanée et d'un conseil des Anciens , pr ès du 18. 1. A. PAPAPOSTOLO U d an s Phigos
Peloponnes
ian Sanctuaries2002, ~---~ sanctuaire d'Apollon 19 . [Mélanges S. Dakaris],Ioannina 1994,
p. 149- 158 (bib. réca pitul at ive dans
chée. Il suffit de regarder les plans successifs de
sa n. 40 ) ; C. MORGAN, Early Greek !'Agora d'Athènes (fig. 198) pour voir comm ent Mais il est pr évu que les édifices civiques ne p. 509-522 (en grec ).
States Beyond the Polis, Lo ndr es-New soient étudiés que dans un prochain tome de ce 19. A. REHM, Didyma Il , Die
l'espace pub lic - matér ialisé autant par des voies J115chrifie11,
Berlin 1958, n° 32, 34, 39.
York 2 001 , p. 149- 153 (« The economic manu el, et celui-ci ne s'attar dera pas non plus,
rotesof sanctuaryautlwrities»). de circulation que par des bâliments officiels - a 20. Pour les autels et, bien plu s rar e-
tenté par à-coup s de repousser les lieux de culte, pour les mêmes raisons, sur les lieux de culte inté- m en t (à Pergame ), les templ es plac és
14. G . Z IMMER, Werkslatlba uten des 20
fünften Jahrhund erls, Die griechische toujours de dim en sion s modestes, vers la bordur e grés à des édifices de specta cle ou d'éducation . dans des gymnases, voir en dernier
Polis, Architekturund Politik, Il nous faudra encore mettre à part les péri- lieu S. ANEZ!Rl, D. D AMASKOS,
ouest ou encore au sud -est, là où se situait l'Éleu- Stadtisc h e Kulte im h elleni stisc hen
W. H OEPFNER, G. ZIMMER éd., mètres consacrés par les Grecs à des divinités
T ü binge n 1993 , p. 94-101. sinion ; néanm oins, la voie sacrée des pro cessions Gy mn asion , Das hellenistisc/1e
(infra,p. 208) n'a jamais cessé de traverser cette «étra ngères». Car ces sanctuaires , dont la fré- Gymnasion,D. KAH, P. Sc HOt:z éd.,
15. MALLWITZ 1972, p. 255-264 (vers Berlin 2004, p. 247-27 1.
430 ). agora, libre de constru ctions en son centr e. De quentation ne fit que croître après le m • siècle,
196

5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 749


748 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 198. Athènes, !'Agora vers 500. sont de conception avant tout non hellénique, Fig. 200. Érétrie, lsieion. Plan resti-
Dessin 1.Travlos dans J. M. Camp, l'architecture grecque n'y constituait le plus tué. 2• moitié du 11• s. D'après
Der Agora von Athen, 1989, fig. 21. Ph. Bruneau, Le sanctuaire et le
AGORA souvent qu'un habillage, à la rigueur un e
A c_ulte des divinités égyptiennes à
Fig. 199. Thermon, sanctuaire première phase remaniée ensuite. Ph. Bruneau Erétrie, 1975, fig. 7.
d'Apollon. Élargissement hellénis- l'avait remarqué en étudiant l'Iseion d'Érétrie, où
tique. D'après 1. Papapostolou, Fig. 201. Délos, sanctuaire syrien .
des cours et des annexes de type domest ique
Phigos [Mélanges S. Oakaris/, A. escalier d'accès,
1994, f ig. 39. entourent un petit temple-oikos {fig. 200), ainsi B. propylées,
qu'au Sarapieion C de Délos, qui reçut au C. cour des chapelles orientales,
1er siècle une allée de sphinx, marque très claire D. cavea du théâtre cultuel
E. terrasse, '
de son égyptianisation 21. Comme en Égypte, ce F.bassin,
genre de sanctuaire nécessitait une très bonne M. mosaïque devant l'exèdre de
alimentation en eau, une particularité qui se Midas.
P grand portique,
retro uve, mais à un moindre degré, dans Fin de l'ép. hellénistique. D'après
plusieurs lieux de culte orientaux imp lantés en GO, fig. 79.
Grèce. Leur forme limite, la plus ancienne, était
représentée en Crète par des sortes de « trônes
d' Astarté» taillés dans le rocher, ou encore par
des pierres sacrées, ces béty les à trois piliers 22 .
Mais bien plus tard, à la fin de l'époque hellén is-
tique, l'important sanctuaire syrien aménagé sur
les hauteurs de Délos offrait derrière des propy-
lées grecs des éléments très orientaux {des chapel-

-- - --- --- -· - - \
·i
:
1
les, des bassins, des salles à banquettes intérieu-
res, un théâtre sacré ...), de part et d'autre d'une
200

longue terrasse {fig. 201) où l'on croit discerner la


marque de modèles rhodiens - pour le portique
.\ ···
de soutènement et son exèdre médiane, dans
l'axe de la caveaau-dessus - revus par des Italiens,
'\ eux aussi amateurs de théâtres soigneusement
1
articulés avec des portiques (infra,p. 208).
FontaiS:, \

Localisation

r-·-
198
Depuis les années 1965, et plus spécialement
depuis une série de travaux menés en Grèce
! }> ! ·--- r --- 1 d'Occident, les archéologues comme les histo-
0 10 20
riens des religions ont pris l'habitude de distin-
1
guer des sanctuaires urbains, péri-urbains {ou, par
i
------l- - --~-- --- -·----j anglicisme: extra-muraux) et extra-urbains ou
suburbains 23 . Même lorsqu'une cité n'était pas
encore véritab lement organisée en polis, ces trois
~ -- -· -
sortes d'imp lantations valaient déjà pour les N- ----
premiers sanctuaires du vm e siècle : ils pouvaie nt
-- --~
être situés à l'intérieur d'une agglomération, à
proximité immédiate ou encore aux alentours.
201
Mais une fois la polis instituée cette répartition
prenait un autre sens, car les sanctuaires assument
toujours, sans conteste, une fonction «po litique». pend ant l'archaïsme, la valeur commun autaire
21. Ph. BRUNEAU,Le sanctuaireet le
Au sein de la ville, ils permettent aux citoyens des sanctuaires urbains apparaît aussi à l'occas ion cultedes divinitéségyptiennesà Érétrie,
d'acq uérir le sens d'une rée lle communauté, de synœcismes tardi fs : lorsque la cité de Leyde 1975,p. 123-125; pour Délos
voir GD 91 et 100, et plus générale·
rassemblée dans les fêtes de la divinité poliade Méga lop olis fut cons tituée au 1v• siècle, de ment M. BOMMAS, Heiligtwn und
comme dans le culte des divin ités secondai res, nouvea ux sanctuaires y furent créés, parmi Mysterium,Griechen land und seineiigyp-
tandis que les sanctua ires péri-urbains et extra- lesquels des doublets de ceux de la chôra24 (infra, tischenGiitter,Mayence 2005.
22. SPORN2002, p. 295-296 (à
urbains qui sont sous sa dépendance manifestent p. 179). Phalasarna et à Kommos).
au grand jour la puissance de la cité, indissociab le Toutefois, les différentes localisations des
23. EDLUND1987,surtout p. 41-42.
de son territoire, la chôra (xropa).C'est dans ce temples doivent également être replacées et inter-
24. M. JOST dans DefiningAncient
cadre qu'ont été projetés des monuments impres- prétées dans leur cadre régional . On mettra à part Arkadia, Acis of the CopenhaguePolis
1 j 1 s10nnants, parfois très décorés, qui devaient les rares sanctuaires «ne utres» car fédéraux, et à Center6, Th. H. NIELSEN,j.ROYéd.,
__ ______: --- -
[__ . .. ___l, __ 1 ___ _____ _ j_
_ _ __ _.L. 1 _____ IL_ ce titre nécessaire ment situés hor s de l'agglomé- 1999, p. 231-31.
accroître la visib ilité de la cité. Déjà très nette
199

5. LE S SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOG IE 15 1


150 ARCHITECTURE RELIGIE USE
ancrée la consc ience de leur rôle s b .
. . d 1 de
ym orque
1ia1son, ans ces régions où les a 1 • . Fig. 204. Locres Épizéphyrienne.
100 m . gg omerations
0 so nt re 1ative ment peu importante s t d" . Plan de la ville et situation de ses
. e rspersees sanctuaires (A: Aphrodision).
E n Argolide, en plus des cultes géo ·t . ·
• • 1 d me nques D'après M. Barra Bagnasco dans
reperes sur es eux acro poles de l'A . d I Greci in Occidente, cat. expo.
_. .. , spis et e la
Lai rssa, et du hzeron d Aphrod,·te • 1 • Venise, 1996, p. 251.
• . rmp ante à
Argos. meme au moms depuis la fin du VII' srec .. I
e
plusieurs sanctua ires ont été créés très t· t , 1, '
. . . o a ex-
teneur
. de la ville, manifestement pour un,.fi1era
1
plame sous la tute lle argienne: à 10kmd'Argo s
la terrasse en b locs cyclopée ns de l'Héraio~
remonte au p lus tard aux années 700 et 1
.
A rgiens . ail , es
1_nst_ èrent l:ur propre culte d'Apollon
sur la De1'.·a~a peu pre~ vers la même date,après
avoir opere une mam -mise sur le territoire
Fig. 202. Calydon,Laphrion. État du d'Asiné et son temp le d'Apollon Pythéen,qui
11•s. Principaux monuments: remontait au v 111c siècle 26_
ration la plus pro che - celui d'A pollon à D elphes,
A. temple d'Apollon,
B. temple d'Artémis, par exemple, était gé ré par les représentant s d'un Cependant, en règle générale, les sanctuaires
C. propylon, rassemb lement de douze peuples, l'am phictioni e. urbains se trouvent disséminés dans les différents
J. grande stoa à niches-exèdres, En Étolie et en Achaïe 25 , les premiers temp les quartiers de chaqu e ville, et si une acropole
K. sanctuaire(?).
D'après E. Dyggve, Das Laphrion élabor és au v1 1• siècle sont tous extra -urbains, émerge dans le paysage, un temple sinon
von Kalydon,1948, pl. 39. éventuellement près de voies de communication plusieurs ont inévitab leme nt été érigés sur ce
ou près de la côte (on pense à ceux d 'Anô « ommet » (àKpa, acra ) de la cité. À moinsd'étre
Fig. 203. Paros,plan du secteur de
Paroikia antique. D'après Maza.raki, de Thermon , de Calydon , fig. 202 ) ; du à des initi atives privées comme l'Asclépieion
D. Berranger, Recherchessur /'his- même si des temples suburbains ou urbains ont d'Athène ou l'Aphrodision de Délos, les culies
toire et la prosopographiede été construits ici par la suite, les plus anciens lieux les plus récents vont alors se heurter au manque
Paros.., 1992, pl. 2.
de culte ont toujours été entr etenus, tant était de place di ponible et devro nt pour la plupart

0 250 1250m

S1nctu1lre

6""'~
du

S1nctu1lr1
?EUSHYPATOS
S1nctu1lr1
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HONT
KOIJNADOS

d'EILITHYE

HIKROBOYNO
p
• Ch1p1l11
HAGIOSGEORGIOS

Gtolh
d'ARCH
ILOQUE

- -- .______
·----- -:.. _
N

25, S. H OUBY-N I EL.SEN, Sacred


Landscapes of Aetolia and Achaea
. Rempart
s'implant er en bordure des mura illes sinon à Sur tout, les gi·and s sanctuaires de dieux ou de
Foundations and Destruction, NikopoÙ/ .)nllqua héro s gué risseurs se sont d'autant plus rarem ent
and Northwestern Greece, The distance de la ville, dans une pos ition exce n-
Archaeological Evidencefor the City trique, même si des hab itations les entour en t installés en ville qu 'ils avaient beso in d'un e super-
Destructions, theFoundationof parfois. La re mar qu e ne va u t pas seulem ent pour ficie appr écia ble et d'un bon approvi sionn ement
N1kopol,s and theSynoecisnsJ. ISAGER en eau pour leurs dive rses installation s (infra,
éd., Copenhague 2001, p. 257-275. les sa~1ctua ires des divini tés étrangères (à D élos,
26·, M.-F._BILLOT ou à Erétr ie), mais auss i pour dive rs sites co mm e p. 262 ) : si l'Asclépieion de Paro s est à faible
, Apollon Pythéen
et I Argolide archaïque, Archaiogno sia le hiéronde Zeus Me ilichios retro uvé con tre un e distance de la cité (fig. 203), celui de Cos est situé
1- ASKLEPIEI0N
6, Athènes 1989-90, p. 35-98 · 2- Sanctuaire d"AP0LL0N partie de la mur aille de Rh ~des, ou le naïskosqui à 5 km et celui d'Ép idaure a dû s'éloign er ju squ 'à
M. l'I ÉRART, G. TOUCHA IS, A~gos,une l- Houlln ITHESH0PH0RI0N)I
v,/t grecquede 6000 ans, Paris 1996, utilise com me mur de fond l'e nce inte classiqu e au 12 km . En Asie Min eur e, les sanctuair es de la
Grand e Mère Cybèle, un e déesse de la végé tation 27. 2000, p. 50.
p. _5 et 33. nord du sanctua ire de Posé idon au Souni on 2ï . GOETIE

203

752 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 753


AR CHITECTURE RELIGIEUSE
1111
l l l l
"

Il
N


I •
Fig. 205. Métaponte , les deux "
colonnades des Tavole Palatine. ""
aux rites bien peu grecs, ont été contraints de liés au tracé de la murai lle; certains sont situés
Troisième quart du vI• s.
demeurer pr ès des portes urbain es 28 ( infra, dans l'aire urb aine, co ntre la face nord-est de
p. 173), de même que, en Grèce métro politain e et cette ce intur e de murs, d'autr es sont juste de l'au- - ~- -~ -- --- ------------
dans les colonies, les nombre ux sanctuaires de
Déméter ou ceux d'autr es divinit és chth onien nes.
C'est sans dout e parce que leur s rites devaient
tre côté des mur s, tel l' Aphrod ision, inauguréà
dessein dès les années 600 derrière la façade
m ar itim e30 (fig. 204). À 4 km au nord-ouest de
f+H -t-1-t-+-----+--------l
·--
- ·J
rester secrets, dan s une arc hitecture particulière, Métaponte, un temple d'Héra, appelé depuis des 0 1 2 3 4 5 10 20 m
qu'ils ont été fondés de pr éférence co ntr e les lustres TavolePalatinepar les habitants (fig.205),a
muraille s ou ju ste en dehors, parfoi s même carré - succéd é au troisième quart du v1• siècle à un autel
ment en po sition extra-urbaine, comm e dan s le près du neuve Bradano, co mm e une «image• des Fig. 206. Sélinonte, le temple M et son autel. Élévation latérale et plan restitués. vI• s. D'après L. Pompeo, Il complesso
cas d'Éleusis (infra,p. 169). En effet, c'est la cité périptères qui ve nai ent alors d'être élevés en architettonico del Tempio M di Selinunte, 1999, fig. 8.
d'Athèn es qui admini stre dir ectem ent tous ses bordure de l'ago ra de la ville, et un peu plus loin,
sanctuaires extra- urbain s, pour marqu er ainsi la à San Biagio della Venella (un cours d'eau proche
bordur e de son terr itoire: ceux de Brauron de de plus ieur s so ur ces), le pr emier édifice cultuel
Rhamnont e, du Sounion , et ce lui d'Él e~s is, parait• rem o nte r au d erm.er quart du VIIe s1..ec1e31. 2. Typologiedes à l'air libre, des sanctuaires rupestres de Théra
qu'elle s'éta it finalement appropr ié ... Lors des Sur le territoire d e Poséidon ia, à JOkm au nord utilisent des niches d'une manière plus originale,
grandes fêtes les pro cessions cheminai ent donc de la ville, le sa nctuaire d'H éra créé à l'embou- sanctuairesgrecs puisqu'ils ont été logés dans d'anciennes can·ières
par une voie sacrée entr e le Brauroni on de chur e du neuve Sele (fig. 197) avait également aplanies en terrasses 34 .
!'Acropol e d'Athènes et Brauron , entre l'É leusi- pour principale mi ssion de revendiquer une place Bien conn u en Arcadie 35 , le culte dans des
28. Par ex . celui de Priène, co incé nion d'Athènes et Éleusis, tout en rencontrant sur pour les co lons grecs et de monumentaliserla
L'élément naturel: grottes était aussi tout particulièrement répandu
entre l'enceinte et un qu artier d'habi -
leur route des petits téménè agrestes, d ont le fronti ère rep rése nt ée par le petit neuve. C'est niches, grottes et végétation en Crète, mais seule la grotte de !'Ida, consacrée 33, K. GLOWACK.I, AJA 106, 2002,
tation: RUMSCHEID 1998, p. 98-99.
rayonnement était nettem ent plus local (infra, encore dan s ce but qu e fut édifié au VI' siècle,à Partout ont existé sur la longu e dur ée des à Zeus, attirait des fidèles de tous côtés36. La p. 294.
29, Voir en général EDLUND 1987, 34, N. G!All.ELISet M. ANTKOW I.AK
avec plusieur s exemp les. p. 211). l'o uest du neuv e Sélinos et à la limite du territoire sanctuaires très simple s, qui sont parfois qualifi és plupart de ces antres n'ava ient pu acquérir qu'un
dans Thera 1997, p. 47-61 et 185-187.
30, Cl. SABBIONE, Santuar i di Loc ri En Occident les sanctuair es péri -urbain s et de la co lon ie sélinontin e, un singulier temple- de «rustique s» ou d'« agrestes». En plus des grot- rayonnement régional sinon local, surtout ceux La ville du Pir ée connaissait aussi les
Epizefiri, gli spazie e i luogh i, / Greci suburbains rev êtaient une importan ce tout e oikos, pr écé dé d 'un esca lier large de 24 m q~i tes d'Apollon et de Pan (fig. 207), les niche s creu- voués à Pan et aux Nymphes, situés à Thasos, en niches cultuelles creusées dans d'an-
zn Occtdente,Santuaridella Magna ciennes carrières: M. LANGDON, AD
spéciale, car il fallait affirmer la pr ése nc e grec qu e abo utissait à un e spacieuse plate-forme occute sées dans la falaise nord de l'A cropo le d'Athènes Attique et dans le Parnasse.... Nombre de ces
Greciain Calabria,Na ples 1996, 55, 2000 (Mélétès,A), p. 248.
p. 19-21. sur le territoir e indigène, si po ssible dès la fond a- par un a utel m onum en tal (fig. 206). Sans prece· peuvent entrer dans cette catégorie, Des inscrip- cavernes avaient été visitées dès le Néolithique ou 35, Par ex ., pour la grotte de
tion de la colonie ou peu après 29 . Sans aller tions découvert es dans cette zone par O . Broneer du moins l'époque mycénienne, lorsqu'elles D éméte r Mélaina pr ès de Phigalie ,
3L E. DEJ ULIIS, Metaponto , Bari dent ni paral lèle en Sicile, le complexe du temple
2001, p. 86-96, 96-107 (cf HELLMANN ont permis d'identifier un sanctuaire d'Éros et avaient attiré l'atte ntion par l'allure jugée étrange vo ir F. A . COOPER,]oumalof Field
2002, p. 311), 138-157.
j_usqu'au cas original du Lacinion , isolé sur un cap M a quasiment la même orientation que le Archaeology8, 1981, p. 133-134.
d'Aphrodit e33 , où le type des ex-voto attac hés dans de leurs stalactites qui, guidant l'écoulement de
a 12km de Crotone tout en étant le prin cipal lieu schéma orthogo nal du secte ur d'habitation d: la 36, Pour les grottes crétoise s, vo ir
32, L. POMPEO, Il complessoarchitetto- les niches dénote une fréquentation populaire, l'ea u ont contribué à créer des bassins. Même
nzcodel TempioM di SelinunteAnalisa de ~ulte de la ville, d'autre s temples jouai ent Manuzza et pourrait bien faire partie du meme P. FAURE, Cretan Studies4, 1994,
depuis le milieu du y e siècle jusqu'à l'époque lorsq~ 'elles étaient dédiées à Pan , le dieu sauvage p. 77-83; SPORN 2002, p. 218-223
tecnicae storiadel monumento' ~amfestei:nent un rôle prot ecteur. On le voit bi en programme concerte - d' ur b amsme. 32.
(Ida) et 346-348.
Turin / Florenc e 1999. ' romaine comprise. Fonctionnant en grande partie par exce llence , ces grottes ont souvent été h·ans-
a Lacres Epizéph yrienn e, où les sanctuair es sont

754 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 755


ARCHITECTURE RELlGIEUSE
grottes qui form aie nt un sanctuaire d N
es ymphes
ou nymphaion (vuµqia'iov)40 étaient hab·tu Il
1 e ement Fig. 208. Vari, grotte de Pan et de s
. • • _
mi eux approv_ 1s10nn Nymphes. Coupe sur la paroi inté-
. . ees en eau · En serv1ce
. depuis
rieure nord-est, montrant l'escalier ,
les te mp s pr eh1sto nqu es, la source qui coule dans une niche, un autel et Archédèmo s
le flan c nord -ouest de !'Acropo le d'Ath' lui-même avec ses outi ls en mains .
. . enes, ves. D'après G. Schéirner
ap p e 1ee success ive ment Emp édo puis Cie d
·t· psy re, H. R. Goette, Die Pan-Gr~tte von
a e e reco nnu e comm e étant un n'Ym '"h . Vari, 2004, dépl. 4.
d' _ b . r azon,
ap res un e orn e inscrite découverte non loin41 ___
.-

Cette borne re m ont e à la première moiti. d ·


e-- 1 d . eu
V s,ec e, ate a 1aqu elle la grott e fut régularisée
par des mur s et où les bouches d'eau aboutirenJ
d ans un bass in d e pui sage rectangulaire, devant
un e pl ate-forme pavée pr écé dée de quelques
degrés (fig. 209). D ès lors la source fut transfor-
m ée en une krènè (Kp~vri), c'es t-à-dire un réservoir
'
L ~• ·

-- \ ,.__ __.,---

/ d 'ea u m aço nn é (infra, p. 254), plusieurs fois .'/


i•1

f
resta ur é par la suite. Sur le flanc rocheux de la
La n.ssa d'Ar gos 42 , un aména gement comparable ,~
1 lh_
' I

d 'époq ue ro m aine mais lié à un e grande terrass~ 1 \!''r


de techniqu e enco re hellénistique, ne sauraitêtre
qu' un nymphée , lui aussi. Plus au ord, près de
1 ,_
M iéza en Macédoine , dans un e zone verdoyante ·.,
et bien irrigu ée, le nymphée où Aristote enseigna /

comprenait p lusieurs grottes naturelles donnant


sur une falaise , où étaie nt age ncés un portique et
d 'autr es insta llatio ns43 . Sur l'acro pole de Rhodes
les grott es étaient taillées dan s le rocher, regrou-
pé es et parfoi s re liées entre elles par des passages,
av ec des cha mbr es en partie souterraines44, toutes
creusées de niches à offran des. Si ces ensembles
,_ 1 TPATl'IO[
1067
ont parfo is serv i de citern es du temps des
Romain s, c' était sans doute à l'or igine de simples
37. HELLMANN2002, p. 267 fig. 357. Fig. 207. Athènes , falaise nord -oues t de !'Acropole. Grone- sanctuaires des ymp hes, tels que l'Italie du Sud
38. Voir L'antre corycien l, BCH sanctuaire de Pan, façade et cou pe . D'après Travlos 1971, et la Sici le en co nn aissaie nt éga lement. Au sud du
Suppl. 7, 1981, et li , BCH Suppl. 9, fig. 536.
1984, surtout p. 404 el suiv. (autres
temp le de D ém éter réutilisé dans la chapelle de
grottes sacrées en Attique el hors San Biagio à Ag rige nt e 45, deux grottes ont j,'
d'Attique) ; plus généralement, pour d'abord co nstitué un sanctuaire rupestre dédié à .i
les grottes aménagées des Grecs, voir
H. LAVAGNE, Opero sa antra, Recher- une nym p he (?) avant d'êt re investies au v• siècle
~ .ri.-~✓.
formées par l'app ort d'é léments d 'a rchit ectur e. par le cult e d e D éméte r et Korè, grâce à la créa-
.

-~,,,;;,~
~"':*
"-.2~-
/ ;:
chessur la grotteà Rome de Sylla à
Hadrien(BEFAR 272), 1988, p. 60 el Sans aller ju squ 'à la voût e dièdr e en gra ni t de tion de ga ler ies pour mieux amener l'eau et de
suiv. -..,..__,
-- ___ ----"
· -~) o;;
~vîr
· .-- _- _-__-__ c ~ .
l'antr e du mont Cynth e, à D élos 37, elles pouva ient bass ins en pierr e pour la recevo ir. De même, tout 0
39. G. SCHÔR NER, H. R. GOETTE,
Die Pan-Groue von Vari, Mayence aussi être divisées en plu sieurs pièces par des d e suit e au no rd -o uest des mur s de Lacres
2004. ~urs, à la façon d'un templ e, de sorte que (fig. 204 ), la Gro tta Ca ru so était articulée en
40. HELL~1AN , 1992, S. V. vuµ$afo v. 1espace couvert devant l'e ntr ée éta it ann exé pour niches et a rasse mbl é, à sa ph ase ultime, l'eau
41. PARSONS1943, p. 232-233 ; le culte 38 , avec un ou des autels, des sta tues, un d 'un e sour ce d ans un gra nd bassin central, où l'on
TRAVLOS 1971, p. 323-331.
arbre pour accro cher des ex-voto, etc. Au ve siècle, desce nd ait par d es deg rés; tro uvés dans le secteur
42. W. VOLLGRA FF, BCH 82, 1958,
surtout p. 516-519(identification à
dans la région de Vari, le Th érée n Archédèmos co mm e ex-voto aux ymph es, plusieurs petils rer el agrémenter un hiéron47 . Qu elqu es divinités, forêts en ce qu 'ils se situent pr écisément à la
corriger avec P. MARCHETfl BCH tailla des degrés d'a ccès, un e figur e assise identi - m odèles en terre cuite de gro ttes semi-circulaires surtout féminin es, affichaient un e légère préfé- limit e entre le cu ltivé et le sauvag e, dans cette 47. Platon n'est pas le seul à l'avoir
117, 1993, p. 215 el n. 26 à 28). souligné: Lois VI, 761 c.
fiée avec la Mère de s Dieux, un autel, des niches rec reusées au d éco r archit ectura l diversifié, rence pour les jardin s (Kf1noç, kèpos, pl. Kiinot) : en zone troublante car interm édiaire entr e deux
48. JG II-III 2, 2613 et 2614 (cf le
43. K. RHOMIOPOULO U, Levkadia das pour des bas-relief s et son propr e portrait dans para isse nt :-ep ro duir e ce ge nre de« fontaine» mi- témoignent ces bornes « du jardin des Muses» mond es49. Composé d'esse nces vaiiées, tout bois jardin des Nymphes, suprap. 156);
antikeMiëza,Athènes 1999, p. 12.'15_
un e grotte consacrée à Pan et aux Nymph es39 (fig. natur elle, mi -artificielle 46 . retrouvées au cent re d'At h ène s, ains i qu e l'ex is- sacré du mond e grec corresponda it d'abor d à un TRAVLOS 1971, p. 291 fig. 379.
44. E. F. RlcE, ABSA 90 1995
p. 383-404. ' ' 208). Elle reçut en suite un mur de sout ènement Sur plu sieur s de ces sites, en particulier à tence non loin de là, entr e l' O lymp ieion et groupe d'ai·br es qui furent ensuite entretenus, 49. D. E. BIRGE,SacredGroves in the
éve ntu ellement en remp laçant des arbres et Ancient GreekWorld,Dissert. Berkeley
45. C. ZOPl'I, Siciliaantiqua 1 2004 interne et même un abri couv ert de tuil es à l'e n- Mi éza et sur l'a crop ole de Rhod es, une végétali_on l'Ilissos, d' un sanct uair e « d 'Ap h ro dite aux 1982; Bois sacrés 1993 (voir surtout
p. 41-79. ' ' trée, où un j ardin avait déj à été plant é par abo nd ant e ajoutait au charm e des lieux. Certains jardin s »48. Destin és à la cu ltu re de fleurs ou ar bust es devenus trop vieux . Des anal yses ont les contributions de F. Graf et
46. 1 Ninfei di Locri Epizefiri, Archédèmos. auteurs o nt vo ulu ratta cher à un ancien culte dela même d'arbr es fruitiers , ces petits j ardins et ces permis de repérer la trace de cyprès dan s vingt- Ch.J acob); E. KRENN, Heilige
Arch,tellura,culti erotici, sacralità delle Haine im griechischen Altertum,
_ En fait, la grotte dite de Pan à Vari était prin - natur e les par cs, les jardin s et les bois sacrés qui parcs peuplés d'animaux (napaôetcroç, paradeisos), trois fosses de plantation, datab les du y e et Akten des 6. Oster.Arc/1iiologe11ta
ges,
acque, F. COSTABILEéd., Catanzaro
l99l ; P. DANNER, Tonmodelle von cipal ement _un lieu de culte pour les Nymph es, se déplo yaient dan s ou en lisière de multiples appartenant à des sanctuaires nécess itaient un surtout du N ° siècle, creusées entre le temple et Graz 7994 (1998), Th. LORENZel al.
50 éd., p. l 19-121.
Brunnen~nlagen aus der Magna ~ont les fideles deva ient d'abord se purifier dan s sanctuair es d e tout e tai lle mais il faut admettre système d'irrigation. Les bois s~crés (èiÀ.croç,a/sos), les oikoi du sanctuair e de Zeus à Némée
Grecia, Ojh69, 2000, p. 35-75. ' (fig. 210), confirm ant ainsi des vers d'Eurip ide et 50. Nemea 2004, p. 185-186.
1eau de deux bassins (infra, p. 270). Ailleur s, les qu 'un cadr e de verdur e servait avant tout a- déco· eux, diffèrent à la fois des j ardins et des vér itab les

756 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOG IE 757


de Pindare, en accord avec un e phrase de
Pausanias (II 15, 2): « autour du temple de Zeus à
Némée il y a un alsosde cyprès, et c'est là, dit-on,
qu'Opheltès fut tué par le serpent» . Un bois sacré
de lauriers et d'oliviers était égale ment connu par
la tradition littéraire (Stace, Théb.,XII , 487-509)
près de !'Autel des Douze dieux sur !'Agora
d'Athènes (fig. 211), où les arc héologues ont
remarqué des fosses qui peuvent être associées à
une conduite d'eau ; en revanche, autour du
temp le d'Héphaïstos, on doit juste supposer
qu'un antique alsos avait pr écé dé le creusemen~
au Ill e siècle, de trous quadrangu laires pour de
larges pots en terre cuite contenant des arbustes,
sur trois côtés et deux rangées 5 1. Peut-être faut-il
encore voir dans les sept trous de plantation
rectangulaires (ca0,70 x 0,60 m, pour une profon-
deur de 0,40 m), mal espacés au nord du temple
d'Ascl épios à Corinthe, les représentants symbo-
liques d'un autre alsos52 . Même si ce genre d'ini-
tiative avait bien des fondements religieux - à
A- A l'aune du règlement des années 400, qui interdi-
I sait de couper les arbres du bois de cyprès «dans

I le téménoset à l'extér ieur du téménos»d'Asclépios


I
à Cos 53 -, il n'est pas contestable que les Grecs
étaient sensibles à ce que nous appe lons aujour-
d'hui l'e nvironnement paysagiste de l'architec-
ture.
Mais les restes archéo logiques de bois sacrés
0 sont aujourd'hui maigres sinon inexistants, alors
209 que de multiples textes littéraires ou épigra-
Fig. 209. Athènes, falaise nord-
ouest de !"Acropole. La Clepsydre
et son bassin de puisage, coupe et Fig. 211. Athènes, l' Héphaisteion vu
plan. Vers 470 -460. D'après Travlos CD de la terrasse des temples de
1971, fig. 430. !"Agora, au milieu des plantations
phiques en mentionnent pour presque toutes les puisque au moment de la visite de Pausanias, au
modernes qui prolongent les arbus-
Fig. 210. Nèmèe, sanctuaire de divinités, et p lus spécia lement pour Apo llon, u• siècle de n. ère, il englobait une douzaine de tes antiques.
Zeus. Plan restitué, montrant le Artémis, Poséidon et Asclépios (à Épidaure et à tréso rs, deux temples et d'autres lieux de culte,
temple de Zeus devant son autel
allongé (1). les t rous de plantation
Cos). Ils étaient surtout localisés en nombre dans dont un hérôon arboré, toutes sortes d'aut els et
de cyprès 12) et les bornes (horo1) le Péloponnèse, et en Asie Mineure cinq sanc- d'ex-voto m onum ent aux ... Mais au moins ju squ'à
au nord de la série des oikoi, les 0
tuaires oraculaires extra-urbains en posséda ient: la fin du vu • siècle av. n. ère il ne renferm ait
bains (3) à l'ouest du xénon.
~ Didymes et à C laros en Ionie, à Grynéion en qu 'un nombr e très limité de construction s, et c'est
D'après S. G. Miller, Nemea,
Eolide, à Alexandrie de Troade et à Saura en alors l'aspect boisé qui dominait largement dans
A Guide, 1990, p. 34.
fB Lycie. Pour Pausanias, un alsosavait en commun ce vallon, où l'on distinguait d'abord un olivier
avec un hiéronla présence d'une clôture; il arri- sauvage dont les branc hes servaient à confection-
@
•·[JI[ll.
OIKOI

vait par conséquent qu'i l devînt un enclos inter- ne r les couronn es pour les concour s55 . Tout cela
:. : ?
..- dit, et même dépourvu d'entrée, c'est-à-dire sans suggè re qu'un bois sacré se définissait prin cipale-
la moindre exception pour quiconque à l'inte r- ment par ses éléments naturels, les arbr es, tandi s
diction d'entrer (infra,p. 179). L' alsosest généra le- qu'un e anim ation par des statues ou des monu-
ment positionné à côté ou autour d 'un sanctuaire, ments, non nécessaire a priori, doit plutôt faire
dont il fait ainsi par tie, afin de re ndre le hiéron envisager un e pha se postérieure.
plus plaisant. Il pe u t lui aussi inclur e des statues À Did ym es où il y avait, selon Strabon (XIV
51. H. A. T HOMPSON,Hesperia2 1,
1952, p. 50, et ibid., 22, 1953 , p. 46; (en prior ité) et qu elqu es co n stru ct ion s, à 1 5) un « riche alsos intérieur et extérieur », le
54, À la suite de Pausanias, le m ot
O. B. T HOMPSON,The Garden of commencer par un ou deux temp les, un autel, d'eux'ième peut être en parti e assimilable à ce altis est gé néraleme nt considéré
Hep haistos, Hesperia 6, 1937, paradeisossitué entre les sanctuaires d'Apollon et com m e une altératio n d'alsos:vo ir le
p. 396-425.
bien plus rare m ent un tom b eau, un e piste de
co mm entaire de M. Cazev itz au livre
course... non loin, dans plu sieurs cas, d'un e d'Art émis: deux inscriptions des ann ées 100 de n. V de la Descriptionde la Grèce( CUF,
52. R OEBUCK 195 1, p . 4 1 et plan A.
source ou d' un amé nage m en t hydra uliqu e. ère sign alent que ses puits, canalisations, réser- 1999 ), § JO, 1, p. 146.
53. F. SOKOLOWSKJ,Lois sacréesdes
citésgrecques,Paris 1969, p . 250-252, I1Altis d'O lym pie 54 (fig. 212) éta it le plu s voirs et fontain es ont été réparés ou compl étés, et 55. U. SINN dans BIETAK2001, p. 66
n° 150. un e autr e du m • siècle de n. ère nou s appr end que (Pa us. V 15, 3).
complexe et le plus éte ndu de ces bois sacrés,
210

758 ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 759


=-c._L,_
;; DE CE
11
,r-oE- L=E-.-_ire:= :::L
L.."L='Cêl= E p;-,S;ÇE
î Fig. 214. Péristéria (île de
Salamine), sanctuaire de Dionysos.
Plan et restitution. D'aprè s Chron.
== du BCH 2000, p. 788.
- c z-z_ sç:re.;c. srp1E
art--ccrilar;
_F.a:ar.srac::cr rr:ecnaue:
œ ,,w;-.rr;. OESSirae: P. 5aav
œrs - Reux, Oe:iphe;s,son orac!E
&: $E diEUX. 1976. p. 135

0 2M.

45 0. que les fouilleurs one dégagés derrièrel'autel


le plus ancien ,;_ A Delphes. le laurierquise trou-
vait selon la tradition dans l"ad)lon du iemple
d'Apollon {fi . 213 semble a,·oir été un arbre
sacré isolé. comme l'oth;er collé à l"Érechtheion.
qui fait aujourd'hui encore partie intégrante du
pa~· e de L.\cropole. étant conservé et re~ou-
,·elé de énération en énération pl. Vf. A la
limite. l"arbre naturel fut parfois même remplacé
par un olide arbre en métal. tel le palmierde
!'Eurymédon à Delphe ou celui e_nbronze , qui
a, ·ait été dédié à l'Apollon de Délo nonloinde
e palmiers acré bien réel ...

Les san ctuair e s de taille mo deste


ou mo yenne
C'e t en Crète que le petits sanctuaires ,
implement faits d'un autel, parfois sanspéribole
,; ible, ou ju te d'un temple-oikoslié à un autel,
om trè largement majoritaires. Avec le site de
mur de périb ole, pouvai en t n'occ up er qu 'un e Par os60 (fig. 235). Pour finir, le pl an axial aur a
Gonvne le anctuaire de Kommos est un des
; a 1g 1~e-·sup erfi~~e. L e hiéron d e Di on ysos à parfois la régularité de la cour p éristyle d'un e
le paradeisos co ntena it un autel d e Tych è 56 . Le rare , qu1 forme un grand complexe, où de multi·
e11ste11a, dans l ile d e Sa lamm e n' était co mp osé habi tatio n , form e illustrée par le téménosde Zeus à
pie alle de banquets côtoient toutes sortes de
lauri er sacré lié à la source origin elle, qui e dr e - d~e d' une font ain e à bassin , d'un' naïskos pr écé d é D odone : le ch êne qu e Zeus habitait, disait-on , est
sait d ans l'e nce int e du tem p le d'Apollon bâtiments, parfoi mal interprétables, qm sont touj our s resté la composa nte prin cipale d'un
un auvent au-d essu s d'un so cle p our d es offran -
Didym éen, n'é tait peut-êlre lui au i que le reli- Yenu 'ajouter au temple et à plusieursautels (fig. sanctuai re ora culaire certainem ent très anc ien, où
d: s, et d'une pet ite co ur59 (fig . 214). À D élos, au
quat d'un a/sas.De mêm e, à amo , la lé end e ~- . debut du v ie siècle, le téménos de l'A rchégète était un min uscule temple-oikos (4,2 x 6,5 m) ne fut
~ii. T cm:rr 19ï3. p. 92-94, n° 3, 7, m':tt.ait en avant le gatilier (le lygos
, en grec ) qui vit Dan l'ensemble du monde grec, les sanctui!l· con sh·ui t qu 'au d ébu t du 1v• siècle, pr esqu e
~entré sur u~1e eschara d an s un e cour , qui fut
" n aJtre H éra au sein d'u n bo quel acré, et pou ait res à peine architecturé ont légion, et passeule- comm e un acce ssoire plaqué conh·e le mur de 59. B CH 124, 2000, p. 787-789
ou.B.. .hl"RIEl..ElS,
GrcckSanctun.ries nsu,te bord ee d e portiqu es (fig. 380), alors qu e
les fidèle à e Oageller avec e ti e lor du fe ri- ment dan des zone reculées comme l'Arcadie. péribo le, transfor mé ensuite en p éristyle (fig. 215 (= GD 37, du Ill ' s.).
1993.. 135. v: ' ~ 490-480 les lignes droit es et l'ax ialit é étaie nt
va] an nuel - mai il n 'e mp êche que ce ont le Le enclo sacrés, qui e contentent de disposer et 240). Un plan similaire était visible sur l'agora 60. SCHULLER 1991, pl. 2, 1.
5R. Ch. il OY dans BCH Suppl I, deJa mieux resp ec tées dan s le m od es te D élion de
J!C. .2ô3-.2 6.
0 restes d'un tronc de rrenièvre, daté entre ï50 et quelqu bâtiments dan une cour, derrière un

5. L ES SANCTUAIRES, DÉFINI TIONS ET TYPOLOGIE 161


150 .A:RCHITECTOIΠll.ELIGIEU E
Fig. 215. Dodone, téménos de
Zeus. Vue restituée de la cour le schéma de la cour à colonnades domine les
péristyle entourant le chêne et le compositions hellénistiques. r-----,,.
__________
________
_
temp le de Zeus. État du 111•s. Parce que ce genre de sanctuaire devait mettre
Dessin B. Charisis dans S. Dakaris, L,
en valeur la puissance des princes, il a parfois eu
Dodona, 1993, p. 16.
recours à des schémas originaux. Autour des
Fig. 216. Délos, Samothrakeion, années 1985 furent dégagés dans un téménosde la
Mo nument de Mithridate. ville basse de Limyra, en Lycie, les restes d'une
Restitution du plan et de la façade. 1
Dédié en 102-101. D'après
rotonde à toit en pavillon en trompette, sur un
F.Chapouthier, EAD XVI, Le sanc- podium carré de 14,66 m de côté, le tout restitué
tuaire des dieux de Samothrace , avec une hauteur de 29,32 m, soit 100 pieds
1935, fig. 55-56. attiques 66 . Le style des chapiteaux ioniques et de
l'acrotère acanthisé, ainsi que le beau décor
sculpté de ce monument d'exécution très soignée
suggèrent une date dans le deuxième quart du
me siècle, d'où l'interprétation de l'éd ifice comme
une sorte de naosdédié à Ptolémée II, tuteur de la '
''
région, qu'il dut protéger au moment de l'incur- 1

sion des Galates, au début du me siècle. Sculptés i


'
en relief en haut du podium, des boucliers renfor-
cent l'idée de commémoration d'une victoire l
1
(infra, p. 314), et la découverte d'importantes '
sculptures en ronde -bosse à proximité laisse
penser que les statues de membres héroïsés de la
t(___
__[-------------------~
====::::::
famille royale étaient conservées dans la cella
derrière la colonnade, un peu à la manière du '-- ----------- ,,~----- ----------"
140,.,
Philippeion d'Olympie (fig. 217 et infra, p. 240).
Enfin, la superpos ition d'un soubasseme nt carré
et d'une structure circulaire n'est pas sans rappe-
ler le parti choisi pour le phare d'Alexandrie,
œuvre ptolémaïque par exce llence. Fig. 217. Limyra, Ptolémaion. Plan
restitué de la tholos sur podium.
Parmi les sanctuaires de taille moyenne qui
Deuxième quart du 111•s. Dessin
tuaire pour Ptolémée III, co ntenant des sont plus anciens, celui d' Aphaia au nord de l'île par une rampe et une place pavée de son autel à G. Stanzl, RA 1991, p. 321.
«temp les» non encor e localisés63 ; pom l'heure d'Égine 67 devait se contenter d'une terrasse degrés, la colonne votive et des bases pour des
n'a été identifiée qu'une niche à offrandes semi- rocheuse où la place était chichement mesurée, offrandes, tandis que les pièces destinées au loge-
circulaire cre usée dan s le roc, le long du chemin de sorte qu'aucun bâtiment ne pouvait largem ent ment ou à l'accueil temporaire (?)étaient toujours
qui mène au temple d'Apollon Karneios. Comme s'y étaler. Vers les années 600, on imagine sur rejetées hors de l'enceinte, au sud-ouest et au sud.
les inscriptions abusent alors du terme hyperbo- cette terrasse un petit temple-oikos in antis, face à En fait, la restructuration visait surtout à mettre
lique naos,l'ensemble risque d e n'être guère plus un aute l allongé, non loin de la faille au bord de en valeur le temple, dont l'orientation a été légè-
impr essionnant que le Monument de Mithridate la falaise où ava it disparu, selon la légen de, cette rement décalée vers le sud pour qu'il apparaisse
Eupator à Délos, sur la terrasse du divinit é venue de Crète, mais dès 570-560, le mieux centré, avec une façade d'entr ée parall èle
Samothrake ion 6'1 : le naosqu 'un pr être offrit ici en terrain fut occupé par un temple prosty le tétras- aux murs des propylées et les trois autres côtés 66. BORCHCHARDT1990, p. 79-84;
parallèles aux murs du péribole. Ce sanctuaire de j. BORCHHARDT,RA 1991, p . 309-
102-101, pour abriter la statue du roi divinisé en tyle aux proportions très trapues. Entre la grotte 322; no uvelle restitution du toit dans
=~~--~---'-----'--- 5m
Dionysos et entouré d e médaillons de ses d'Aphaia au nord et l'autel rectangulaire, une renommée avant tout locale, qui bénéficia d'un G. STANZL,The Ptolemaion at
sphinge se dressait sur une colonne ionique haute des tout premiers essais d'organisation de Limyra, Appearanceand Essence,
proches, n'éta it qu'un édifice rectangu laire ouvert Refinementsof ClassicalArchitecture
:
216
sur un long côté, où deux colonnes ioniques in de 12,55 m, bien visible depuis le premier propy- l'espace , n'a pas survécu longtemps à la main- Curvature , L. H ASELBERGER éd.,
antis supportaient un fronton (fig. 216). lon (fig. 258) auque l était accolée, comme si elle mise athénienne sur l'île, au milieu du v• siècle. Univ. of Philad elphia 1999, p . 155-
61. Dodon e: S. l. DAKARIS,AntK de Mégalopolis, ou encore dans le téménosdit de Sans prétendre drainer des fidèles de partout, 171, d'o ù H EU.MANN2002, fig. 32 1
Le plus vaste de ces enclos pourrait être l'en- faisait partie du même ensemble, une série de
Beihefi 1, 1963, p. 35 et suiv.; et 40 1.
Mégalopolis: AW2002, p. 375-386;
Zeus près de l'agor a de Priène 61. semble situé au nord de la ville de Pergame, à pièces de service ou de logeme nt, à l'extér ieur du le sanctuaire d'Artémis à Brauron, sur la côte est
67. fuIUWANGLER1906;
Priène: R UMSCHEID 1998, p. 6 1 Dans ce groupe où le téménosne renf erme que l'est du hiéron d'Ath éna. Identifié par les sanctuaire. Après l'incendi e du temple vers la fin de !'Attique, était tout de même d'un e superficie E.-L. SCHWANDNER,Der iiltere
fig. 43. peu de monuments , il faut aussi ranger les sanc- et d'une importance sup érieures à celles du témé- Porostempelder Aphaia auf Aegina,
Allemands- sans certitude réelle - comme le du v1• siècle, la reconstruction n'intervint pas
62. La bib. sur ce sujet esl abon- tuaires fondés à dat e hellénistique, surtout en nos d'Aphaia à Égine. En confront ant les restes Berlin 1985; BANK.EL 1993.
dant e; vo ir d'a bord Chr. H ABICHT, centre local du Herrscherkult,le culte du souvera in, avant l'agrandis seme nt du téménosvers l'ouest, de
Méditerranée orienta le, pour rendre un culte aux dégagés et les indications fournies par un décre t 68. ITO 2002, p. 60.
Gottmenschentumund griecltische
Stiidte, il a été organisé par étapes autour d'une cour manièr e à doubler par des remblais la superfic ie
souverains. Ils ne sont pas nécessairement muni- athé nien du milieu du m • siècle69, il est clair que 69. TRAVLO
S 1988, p. 55 et suiv.;
Munic h 1970 2' éd. péristyle 65 , plus probablement à partir du règne disponible et, surtout, à régu lariser l'espace, qui j. MYLONOPOULOS,
63. I G, XII 3, 464; W. H OEPFNER, cipaux, et plusieurs nous sont uniquement ou d'Eum ène II (donc après 197) que sous Attale 1er. devint rectangu laire 68 . Pourtant, vers 500, la ce sanctuaire était centré sur un autel (dont l'ap- f. BUBENHEIMER,AA 1996, p. 7-23.
Thera 1997, p. 42-43. principalement connus par des occurrences parence demeure inconnue ) dans l'axe duquel fut
Aux quatre galeries initiales ont été peu à peu composition du sanctuaire n'a pas fondamentale- 70. C'est en réalité une résurg en ce
64. GD 94, d'après F. CHAPOUTHIER, épigraphiques, qui ne signalent parfois que la constr uit le temple de la déesse. Ses fondations de la nappe phréatique , p eu
EAD XVI, 1935, p. 13-42. adjointes des pièces, un lon g cou loir à degrés et ment changé, il ne contient qu'un nombre mini- profonde : accessib le par que lques
consécration d'un autel dans un téménos62 . Dans surtout une niche cultuelle, agrandie à l'époque mal de monuments (fig. 218): un temp le - cette dominent du côté ouest un point d'ea u, appe lé degrés, la mare a été entourée de
65. E. BOEHRJNGER,Alt. Pergamon
IX, 1937; A. F. WENSLER,AA 1989, la ville de Théra, une inscription faisait savoir romaine, d'où un e ind éniab le ressemblance avec fois périptère , mais avec seulement 12 colonnes « source sacrée» par les archéologues 7°, qui blo cs en pôros(BCH 86, 1962,
p. 33-42; RADT 1999, p. 245 -248. qu' Artémidoros de Pergè avait offert un sanc- s'écoule vers la rivière Érasinos et doit être à l'ori- p. 679).
l'Hérôonde Calydon (fig. 393). Tant il est vrai que sur les longs côtés (supra,p. 68 et fig. 69) -, séparé

762 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 763


Fig. 218. Égine, sanctuaire
d'Aphaia.
1. seco nd temple, Fig. 219. Brauron, sanctuaire
2. autel à degrés, devant la rampe d'Artémis. Plan restitué. v• s.
i'
du temple, D'après Travlos 1988, fig. 58.

...... ., .! 1--:--;~--; -~;--: --I


3. second propylon,
4. bases,

-~
5. colonne de la sphinge, .-.-----.-
.
6. habitations ,
7. ateliers.
i.
Vers 500. D'après H. Walter, Agina,
1993, fig. 60. ·~ _::
~ ..,
•~~ -

10 20m
1, ,, 1 11111111111!

gine de la création du hiéron, au VII e siècle. Le Les grands sanctuaires


temple devient in antis ou pro style dan s sa À Brauron ne fut toutefois pas aménagé un
seconde phas e, au début du v• siècle {fig. 219), théatron(0éa-rpov) pourvu d'un bâtiment de scène,
mais cesse d'être le point focal du sanc tuair e un type d'é difice qui trouvait parfois sa place dans
quand fut élevée au dern ier quart du v 0 siècle la un de ces quatre sanctuai res appe lés «panhe llé·
grande stoa en TT, dont deux branches s'ouvrent niques » par les histor iens modernes. Les Grecs
sur des oikoiservant de salles de banqu ets, en plus s'y réunissaient pour rivaliser dan s des concours,
d'un e petite chambr e-dépôt. On y entr ait par
l'ouest, après avoir enjamb é le cours de l'É rasinos
grâce à un large pont en dalles de pôros.La face
un moyen de faire taire momentanément leurs
incessants con flits. C'é tait le cas d'O lympi e {fig. \
220) et de Delph es, mais aussi des sanc tuaires de
nord de cette stoa est séparée par un passage d'un

'
Poséidon à !'Isthm e et de Zeus à Né mée, même
autre portiqu e, qui conservait des ex-voto.Au sud-
s'ils sont à pr emière vue mo ins impress ionnants
est du templ e un petit édifice à vestibule pourrait
et moin s compl ets qu e les deux premiers. Il est
correspondre à un trésor, et les pièces dans son
vra i que la catégor ie «panhe lléniqu e» n'est pas 0 ,o 20 30
prolong ement , qui restent à fouiller, ont été quali- M
architectura le; la création de fêtes fréquentées par
71. HURW
IT 1999, p. 195-196. fiées de « mai sons sacrées» (lepal. oi.Kiat, sing.
tous les Grecs, au-delà du simpl e cad re d'une cité
72. Princip es exposés dans G. Roux, iepà oiKia, hiéraoikia). Parmi elles on peut suppo -
Les quatr e gran ds sanctuaires ou d'un e confédération, relève d 'un acte à la fois
panh elléniqu es, Doss. archéologie
ser une mai son des pr êtresses ou des fillettes au
45, religieux et poli tiqu e: des amb assa deur s, les théo·
1980, p. 20-38; M.J OST, Aspectsde La service de la déesse ; la localisation de cette oikia
vie religieuse en Grèce..., Paris 1992,
res, ann onçaient partout les qua tre festivals ou
reste dout euse, alors que son existence est assurée
p. 200 el suiv. Eleusis était aussi un con cour s success ifs {en alternance sur une 776 pour qu 'il soit progressiv ement recon~u 582-580, soit près d'un siècle après la construc-
sanctua ire panh ellén ique, mais
par l'épigraph ie (infra, p. 227). Un gymna se, un e
périod e de quatre ans) auxqu els des athlètes et comme le siège de festiva ls intern ation aux, tr~~ tion du premier temp le d'Apollon _etde son autel,
uniq ueme nt po ur le culte à mystè res palestre et des écuries, pour des concours, sont à
(infra, p. 241). des pèlerins étrang ers étaient invités à particip er, tourné vers l'Italie du Sud. Nous avons vu qu a dans un petit sanctuaire trian~lai'.e; enfin, vers
chercher un peu plus loin. Ce sanctuaire pos sé- pendant un e trève sacrée 72.
73. C. R O LLEY, Les gra nd s sanctuai - Delph es, où Apo llon reçut des offrandes avant '73 ce fut le tour des jeux de Nemee, alors que le
dait en plus un e annexe sur !'Acropole d'Athènes,
res panh ellén iques, Greek Renaissance Aucun sanctua ire ne fut d'e mbl ée commun à 800, le pr emier temple en pierre ne fut é!evé qu: ~ul;e remonte ici au v11 • siècle. Il s'agissait
j uste composée d'un portiqu e et de deu x salles
1983, p. 109-114. tous les Grecs 73. Même si le culte est ancienne· vers 650-590 {?)dan s un secteur ju sque la destm e toujours, à l'origine, de cérémon ies funèbres en
74. H . K YRIELEIS, Zu den Anfange n accolées, car un temp le n' était pas considér é
ment attesté à 0Iympie 74, le site n'eut d 'abord à l'habit at, et c'es t à la suite de la pr emière Guerre l'honneur d'un «héros» local, que l'on suppo~ait
des H eiligtum s von Olympia , comme nécessaire dan s ce simpl e app endice du
Olympia 2002, p. 213-220. qu'un rayonn ement péloponnésien sinon arca· sacrée qu e furent inaugur és des conc_our~, ;ers enseveli sur place. Si Apo llon avait suppl~nte le
sanctuaire attique 71•
dien, et il fallut attendr e la fondation des j eux en 586 -582. Le festival d'Isthmia dut être mstitue en serpent Python à Delphes , Pélops et son epouse

764 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


5. LES SANCTUAIRES, DÉFIN ITIONS ET TYPOLOG IE 765
. 20 Olymp .ie, plan du
Fig. 2 : . l'époque
sanctuaire a
romaine .
l . palestre,_
2. Léonida1on,
3 Philippe1on,.
· le d'Hera,
4. temp des trésors,
5. terrasse
6 _Métrôon, tolémaïq ue
7 monument p d'Écho,
devant le portique
8 Pélopion,
• 1 de cendres ,
9. aute I de Zeus.
10. tempe llwitz 1972.
D'apres Ma

hes vue du théâtre


Fig. 221. Delp ' · e d'Apollon.
en haut du sanctua 1r

Vi __tre à gradins
- ' dé un th 400
ea
c siècle, a prece suivi d e . anctuaire de
Fig. 222. lsthmi\~poque romaine.
- vers , - Poséidon. Plan a dans Greek
recti lignes dr<:,sse_llurs n'y ont retrou~e Dessin F. Hema ns 155.
N b . mais les 1am e
.· » comme a- O lymp1e sanctuaries 1993, p.

t
ams, _ .
aucune « hote lleue_ de Némée (voir le
O
u dans le sanctu~~e - P 229-231), qm
L . t 1 ,1.enon, . ,
' onidaion e e . les annees
e vu depms
' tait encore pour - t comp lexe
0 50 100m e , etonnan
6 e--d 1 325-300 d_un ·eux: son plan, exce p-
balnéaire, he aux J b . indépendant,
tion nel _pour u nsalles amquadran~ 1aires .
combinait deux un systeme de
face par
longées sur une l' alime ntait une
_
reservou · .s, dont eau d compaitim. · ents
, - Olympie, tandis l' ccue1·1des théores Piscine enca drée de .eux grâce a- d es
Hipp odamie étaient hono~e~ j:un e héro s fondt , cessaire pour _a s installations
ains i que 1~ ne - compns d_e face à des réservés aux ab lut10ns,g des mur.s77
'à Némée le sanctua1re7) fut réorganisé lors e et des visiteurs lcul~es pour faireO En effe~ 1 - le Ion +
qu Oph eltès (infra,p. 27 - a la création d'un bassins p aces . la laine du sanc-
teur . qui entram ult de hydrauliques, ca mes (infra, p. 25n). stade, un (fig. 371). Au con trall'~,. ~ra it ju squ 'aux - • ......._,_____1S rn M I A
l'institution des Jeux, ,_ !'Isthme c'est le c e . h rs nor ' d ·ent u
besoms o D I hes passe ru aJestre)avec tuaire de l'Isth°: e, qm ign d 'Oly mpi e et
d
premier sta e '.75 et qua
(«le lutteur ») qUJses d' em-
. , t
Mélikertès-Palaimon . Olympie et e p rnn ase (ou une ~t des locaux trésors, caracte n stique; mps archaiqu es
hipp odrome,d un _gy ent des bruns t Isthmia surtout de De lphes au_x te·e relativement
blée impose. . en lus des e' d'fi 1 ic
es hab1-- ' tramem ' D I hes e )
75 MORGAN 1993. . , un e piste en mais seuls e P__tre (fig. 221, (supra,p. 113) est res e
,- ' 'aménagement
d'
un
76. E GEBHARD, GreekSancluarres Sm ce g,me de ""d~s~es ,~ctuaim, ,d,pd d 'hébergeme nt , eillir d'un thea_ aJement des
• · lS4-177; EAD., The tuellement rencontres banquets, on atten vide j usq u a I d t du précé dent,
1993, p. f Panhe llenic Garnes
pouvaient s'en~rgu comprenai~nt eg Le stade nouveau stade au su -e~cle (fig. 222). ans Klassische
'a - des sacrifices et ppropnee
des . , a· des concours Parce qu e leurs }eux 77. S. G. MILI..ER d 253-258; B!R GE
~t~:
p.
~~l;us,Olympia2002,
228-229 .
dtes C
une architecture a ecois musicaux,
]
ép reuv es m u sica turé
et artistiquehs. s dès le
es en deux p ase vers la fm u
He-n.sses
. d iv• s1e
- d'offra nd es en
tout ge m e,
- Arc/1iiologie
el aL 1992.
1990, p.

on
athlétiques, équestres et ' que Iqu 1, , .
d'Isthm1a ' 76 struc 222

766 5. LES SANCTVAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 76


ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE
Fig. 225. Amphipolis, le
Thesmophorion (B) implanté contre
la face externe de la muraille nord
(A= porte).
D'après Lazaridis 1997, fig. 12.

I
Il
___ __
cr\11I
....___ ! i
Lh
i
J

-
F19,223 -
E'p-idaure, sanctuaire d'Asclépios. Élévation restaurée de la partie centrale. Envoi de Rome d'A. Defrasse, 1891.
Il ----L1
Delphes - en pr emier lieu - et Olympie étaient
de toute façon les plus riches et les plus brillants l' Amp hiaraion d'Oropos ava ient lieu tous les autre hors les murs, plu s important (infra, p . 171).
de ces sanc tuair es, au point que G. Roux a pu quatre ans à partir de 33 1 des concours mus icaux Assuré ment, les liens de Déméter avec l'agricul-
qu a lifier par co mp araiso n l'a rchitecture de et athlétiques, mai s au sein de ce petit vallon les ture et le retour cyclique des semailles ju stifient
!'Isthm e et d e émée de « banale et de faible «grands Amphiaraia» devaie nt se contenter d' un en pa rtie le choix d'empl acements excentrés,
valeur »ï8 _ théâtre et d'un espace en contrebas de la longue aussi loin des habitations que des n écropoles,
À l'épo qu e hellénistique, d'autres sanctuaires stoa,pour les cours es à pied (fig. 370), en p lus d'un mais il faut aussi comp ter avec la discrétion
qu e les qu atre de la périod e initiale ont pu accé- hippodrom e non retro uvé 80 . recherchée par ce genre de culte, qui pouvait
der à un statut international et accueillir égale- mieux s'isoler sur une pente.
ment des co ncours dont on briguait les couron- Les sanctuaires de Déméter et Corè Qua nd il n'est pas clairement identifié par des
nes: ceux d'Asclép ios à Ép idaure (fig. 223) et à inscriptions, de la vaisselle destinée à des repas, et
Cos, celui d'A pollon à D élos, et même les sanc- Connus sous le nom de Thesmoplwrionlorsque des figurin es votives d'un type p articuli er,
tuair es très provin ciaux de Zeus à Dodone et à leurs fêtes étaient norma lement réservées aux enfouies dans le sol tête en bas, un lieu de culte
Dion ... Tout en n'ayan t jamai s pu rivaliser sérieu- femm es81, alors que les «mystères» qui se dérou- des deux déesses symb olisant la fécondit é de la
80. B. PETRAKOS,T h e Amph iarae ion
sement avec les pr emiers, ils furent alors parfois laient dans certains d 'e ntr e eux (infra, p. 240 et terre peut donc être supp osé à partir de son of Oropos [en grec] , Archaiologia
mieux lotis qu' eux . Délos, qui offrait aux 11'- 1" suiv.) étaient accessibles à tous , les sanctuaires de emp lacement, quand s'y ajoute un ensembl e de (At h ènes ) 39, av ri l-juin 199 1,
p. 2 1-30,
siècles, vers le nord de l'île, un stade, plusieurs Déméter et Corè ont des spécificités qui les distin- traits architecturaux.
81. Mais selon A. M. ARDOV!NO
gy mn ases ou pa lestres et un hippodrome, guent de ceux des divinit és ouraniennes. Si la vieille thèse de F Robert, qui voulait dans Miscella11ea di Studi in onore di
auxq uels s'aj outait un théâtre dan s la ville même, D'ab ord par leur situation topographique, démontrer la « spécialisation chth onienn e des Piero Or/andin,;Mi lan 1999 , p. 169-
pouvait en remontr er à émée et, surtout, à puisqu'ils sont le plu s souvent péri-urbains ou roto ndes» doit être nu ancée, il n'en reste pas 182, l'exame n des offrande s dan s
les sanctuaires hors les murs de Gé la
l sthmi a. Toutes ces constructions - pour autant mêm e extra-urbains: c'est la position de nom - moins permis d'opp oser (supra, p. 130) l'autel et de Paestum laisse penser que d es
qu 'un hipp odrom e grec, habituellement sans breux sanctuair es de D éméte r et Corè mis au jour plein, qui laisse monter la fumée des viand es vers hommes o n t pu partic iper aux
cadr e arc hit ectural , pui sse être rangé dans la caté- en Sicile82 et en Grande-Grèce, parfois sur deux le ciel, et l'autel évidé de typ e bothros,destiné à T h esmop h o ries de Paestum,

ou trois _sites d'une m ême ville (Agrigente, Géla, « rassasier et apa iser les puissances souterrai- 82. M.-T h . LE DI NAHET,Sanctuai res
go rie d es « co nstru ction s ,,ï9 - supposaient de ch th o nie n s d e Sicile, Templeset sanc·
po uvoir di spo se r d 'une co nsidérab le surface Lacres Epizéphyrienn e ...), co mme po ur ceux de nes »85 . Dans les sanctuaires de Déméter et Corè tuaires 1984 , p. 137-152,
plan e, d e sorte qu 'e lles débordaient inévitable- Thasos (fig. 224), d' Amphipo lis83 , de Dion, de la pr éférence pour les autels circulair es creux 83, LAZARIDIS1997 , p. 26-29.
ment des limi tes du sanctuair e. À l'inverse, les ex· Pella, de Paro s, d'Égin e ... Lorsqu 'ils sont intra- apparaît comm e un phénomène général, qui n'est 84. S. G. COLE, De m eter in ihe
vota statuair es qui commémo raient une victoire muros ils ne se trouvent que par exception au pas limité à une période chronologique, puisque An cien( Greek C ity and ils Countr y
Side , Placingthe Gods 1994,
aux j eux étaient auta nt que possible concentrés centre de la cité (à Thèbes ) ou sur une acropo le (à dans sa phase hellénistique le hiéronde Déméter à p. 199-2 16,
dan s l'es pace central, à des emp lacements bien Lépréon, à Mytilène ), car ils préfèrent géné rale- H éraclée de Lucanie a continu é de multipli er les 85. ROBERT 1939, surtout p. 163
visibles (infra, p. 233 ). Il en allait de même pour ment une insta llation loin de l'agitation de l'agora autels ronds et des puits à offrandes86 . Seuls et suiv.
les div ers monuments dédiés par les souverains et des autres sanctuaires . Ils apprécient d'être qu elques sanctuaires chth oniens d'Occiden t 86. B. ÜTIO, D ie ho h en Rundaltare
autant que possib le près d' un e porte de l'e nceinte admettent des autels pleins: le grand sanctuair e im Demeter- H ei ligtum von
de Macédoin e et leurs successeurs - Philippeion Herak leia in Luk an ien, lthaki 2001 ,
d'Olympi e, portiques -, puisque la main-misesur (fig. 225), et contre une pen te ou même en sud de Déméter et Corè à Agrigen te avait pour p. 191-196,
!~auteur, ainsi qu'i l a été constaté à Co rin the, à particularité de regro uper les autels les plu s variés 87. Ét ud e d e ces au te ls, à l'air lib re
les sanctua ires panh elléniqu es fut un des moyens
Erétrie et, en Asie Mineu re, à Cnide, Sam os, (fig. 226), quelques-un s sont quadrangul aires et ou dans un e ence inte peut-être
privilégi és par ces princ es pour unifier la Grèce co u verte , p ar C . ZOPPI, Gli edifici
Priène84 .. à Pergame enfin, où le san ctua ire de pleins, d'autres, de plan rond ou carré, sont
arcaicidel santuariodelle divinità ctonie
78. G. Ro ux, L:arch itecture à sous leu r tute lle.
Déméter, d'abord situé hors des mu railles, fut percés d'un trou central pour des offrand es liqui- di Agrigento,Problemi di cronologiae di
De lp hes, un siècle de découv ertes Au total , d ans un hiéron panhe llénique} les
Delphes2000, p. 182. Cf toutefoi s les
Fig. 224. Thasos, plan général de la ville avec ses sanctuai- englobé dans la ville lors de leur agran dissement, des ou des restes de sacrifices8ï. Venclos de la architettura,Alessandria (Ita lie) 200 1,
res. Dessin M. Wurch-Kozelj et T Kozelj. Thasos 2000, édifices nécessaires pour des j eux et pour l'heber· p. 124-126. Voir au ssi la note 33
reco nstitutions pub liées dan s Nemea favorisé par Eumène II (infra, p. 202). Cyrène se Ma loph oros à Sélinonte (fig. 227) juxtapose aussi
2004,
fig, 12. ge ment formaient un ensembl e à multiples facet- p. 13 1.
distingue par l'existence d' un petit sanctuaire un grand autel rectangulaire et, devant les propy- 88. E. GABRJCI, Notizie degli sca vi,
79. La quest ion de s édifices de spec- tes, qui occupait nettement plus de place que dans
urbain des deux déesses (d'a bord pris pour le lées (donc à l'extér ieur du péribole), un large Monumenti antichiAc. Lincei 22,
tacles et d'éducatio n sera traitée dan s les nombreux autr es sanc tuaires , moins irnpor·
un autre tome de ce manue l, tombeau du héros-fon date ur , fig. 285) et d'un autel évidé 88 semblable à ceux d'Agrige nte, Rome 1927, col. 1-4 19.
tants où avaient aussi été instaurés des jeux. Dans
'

768 5. L ES SANCTUAIRES, DÉFINI TIONS ET TYPOLOGIE 769


AR CHITECTURE RELIGIEUSE
0 20m .
r·- -
/ . ~J~J"--,__
a- '\
- - V~sièclo
o V"siècle
Cl IV"siècle
A
Fig. 228. Épidaure, enceinte Y Plan
des fouilles de 1989. 1v"s. D'après
E. Lembidaki dans Acts of the Fifth
lntern. Congress of Peloponnesian
I- :•~- • Il\ . Studies, Peloponnisiaka Suppl. 22,
t. 2, 1997. p. 307.
// -i~ll .\ TEMENOS_L.----
---ï

/.~~~ ~(;~-,-:\
~ 1·1 _I : fonda tions
! ~ -._d~t-=~ ~~ _
1
/
~ DE LA
MALOPHOROS

'I. 1 inachev~s
---- --,
I •
l
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.-- - ====-i
1 ,.·-
Temple 1
1 I
1 ( D ioscures) 1
I ~ --· · ·
I
\
J
I \
1

I
\
227
I
I
Templ e Il I
I
\ Fig 226. Agrigente , sanctuaire de Déméter et Corè près de la porte V.Plan
schématique . Dessin Y. Montmessin dans Temples et sanctuaires 1984, p. 145

! f
(d'après P Marconi).

Fig. 227. Sélinonte, sanctuaire de la Malophoros . Plan schématique . Dessin


Y.Montmessin dans Temples et sanctuaires 1984, p. 148. ==--==--,,=,=,~--11xi1-1
• autels à table Q autelscreux

'- ·--... limite tle la zone fouilléepar P. Marconi

226

Toutefois, le mégaron était une véritable crypte femmes (fig. 330). Dans tous les cas il fallait
tandis que pour le culte des deux déesses à particularit é de ces sanctuaires : même si le culte sur d'autres sites, comme Thessalonique et Cnide pouvoir disposer de cavités dan s le sol, et les trois
Priène, la fosse construite est de plan carré y était pratiqué en plein air, les fidèles étaient (pour la katabasis, une descente dans les ténèbres, fosses carrées {dont deux contenant des osse-
(fig. 168 et 229 ). souve nt soustraits à la vue par un mur qui cernait suivie d'une remontée vers la lumi ère du ciel ?)95 . ments d'animaux ) qui ont été reconnues contr e
Étant admis que ces cavités étaient indispen- une instal latio n à demi-enterrée. Ils se réunis- On comp rend alors que d'autres sanctuaires des les fond ations du porch e de ce Télestèrion97,
sables dans les sanctuaires de Déméter et Cor è la saient dan s ce qu e les Grecs appe laient volontiers Grandes déesses aient opté pour différents édifi- étaient peut-être bien ces puits à offrandes que
compos ition d'un grand nombre d'entr e eux re,sta un mégaron, terme am bival ent92 qui s'applique ici ces couverts, afin de mieux préserver le secret des des auteurs tardifs dénommaient mégara, sans
toujours minimal e, un autel et une ou plu sieur s à un lieu kryptos (Kpu1m\ç), «caché », convenant rites et la ségrégation des sexes, préférables lors doute par exte nsion du sens de mégaroncomm e
89. SPORN 2002, p. 238-239.
pierres à cupules pour déposer des céréa les bien pour la comp osa nte eschatologique d'un des Thesmophories. Le hiéronqui était installé sur bâtiment pour des mystères 98 .
pouvant suffire. Dans ces cond itions, c'est très culte à mystè res. A Lykoso ura en Arcadie, le les pentes de l'Acrocorinth e96 offrait aux fidèles, En plus de ces lieux pour des cere monies
90. M. LILIMBAKI-AKAM ATI, To
0eaµ6q,op,ov TT/Çll fJ,J.aç, Athène s probab lement un sanctuaire de Déméter qui a été mégaronde Despoina, fille de Déméter, était un sur la terrasse du bas, une multitud e de petites secrètes, et toujours sans planification ni même
1996. mis au jour, avec ses cavités ou ses fosses sur un e salles de banquets (fig. 297) où chaq ue famille sembl ant d'o rdre, ce type de sanctuaire possédait
encl os constru it sur un terrain en pente (fig. 342),
91. I. ANDREOU,Le sanctuaire de hauteur d 'É leutherna en Cr ète, au ' lieu-dit pouvait se retrouver à part pour des repas, après le plus souvent une chapelle sinon deux, lorsque
Dourouti ... , L'lllyrieMéridionaleet
de sorte qu e les visiteurs passant plus bas ne 95. HEU .MANN]992, p. 260.
!'Epiredans/'AntiquitéIV, Actesdu W Ellinika89 . Au derni er quart du rve siècle, on ne pouvai ent pas épier la cérémoni e qui se déroulait les sacrifices et les déd icaces sur la terrasse Déméter et sa fille Corè-Perséphone, qui passait 96. BOOKIDIS, STROUD 1997.
colloqueinternationalde Grenoble,oct. pouvait apercevoir dans le Thesmophorion de Pella derr ière ses mur s d 'o rtho states93 . De fait, les médian e; à ce niveau, un bâtiment trapézoïda l sous terre les mois de l'an née où le cycle de la 97. K. CLINTON dans Greek
2002, P. CABANES,j.- 1. 1AMBOLEY qu'un autel complété par des petits bothroicreusés divisé en trois pièces et contenant un bothrosa végéta tion se reposait, demandai ent des templ es Sanctuaries1993, p. 113-114.
éd., Paris 2004, p . 570-581. enclo s hyp èthres sont tellement typiques des divi-
dan s le rocher9°, et comme son niveau était infé- nités souterrain es qu'i ls se rencontrent aussi dans succédé à un e structu re arc haïque quadrangu- distincts. Comme le grand sanctuaire à la bordur e 98. D éve loppement et référe n ces
92. Pour d'autres sens voir supra, dans ROBERT 1939, p. 210-226;
p. 36 el suiv. rieur à celui du sol situé à l'extérieur du mur d'en- les sanctuaires de Dionysos ou d'Asclépios, des laire, peut-être hypèt hr e, destinée à des cérémo- sud d'Agrigente99 , le hiéronde Déméter hors les
WHIT E 1993, p. 98-99.
93. ]O ST 1985, p. 177. ceinte, l'accès devait être assuré par des ramp es. dieux dont le côté chthonien est toujours resté nies. Mais ces constructions de Corinthe ne murs de Cyrène, protégé par un mur de p éribole ,
99. La publication premièr e
94. E. LEMBIDAKI , Chthonic Remontant aussi au ive siècle, le sanctua ire de vivace; on songe par exemp le à l'enceinte Y pouvaient réunir que quelques dizaines de renferm ait lui aussi depuis l'époqu e archaïque d'Agrig ente par P. Marconi (1933)
Sanctuaries in the Epidauros Déméter à Dourouti en Épire peut être rapproché d 'É pidaur e (fig. 228 ), un rectang le divisé en deux pe: sonnes, soit bien moins que le vaste Télestèrion un e série de petits bâtiments à chambre uniqu e, do it désormais être comp létée sinon
Asklep ieion: An Ex emp le [en grec], rectifiée avec ce lle d 'E. D E MIRO,
de celw de Pella, car il se composait d'un premier parties, élevé peu après le milieu du IVe siècle, d'Eleusis; il est vrai que ce dernier abritait les dits naoi dans des inscriptions locales. En partant Agrigento!, I santuari urbani,L'area
Acts of the Fifth Intem. Congress
of
PeloponnesianStudies,Argos-Nauplia mur circulaire ouvert, autour d'un deux ième lorsque l'Asclép ieion connut sa première phase initiations lors des fêtes panhell éniques d e de leur étude, on a pu rappe ler 100 qu'au moin s un sacratra il tempiodi Zeus e Porta V,
1995, Peloponnisiaka Suppl 22 muret qui cernait une fosse en dessinant un Déméter et Corè qui, au-de là des Thesmophories naosou naïskosp our Déméter et Corè est attesté à Rom e 2000.
Athènes 1996-1997, l. 2, p. 305-325. monumentale 94 . 100. WHITE 1993, p. 40, 101-104.
second couloir circulaire 91. C'est là une autre primitives, ne concernaient plus uniquement les Athènes (en plus d'un temple pour Triptolème), à

770 ARCHITECTU RE RELIGIEUSE 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 771


Fig. 229. Priène, sanctuaire de
Déméter et Corè. Plan des fouilles, 40
_,.,..----;<-j:'(
;. ·.;.-0·. ·..
à l'est un temple barlong à pronaos
distyle in antis et deux pièces _,.,,/
..k·
annexes H et G IL = bothros carré).
D'après Wiegand, Schrader 1904,
fig. 119.
-· · ------ - · - -- ~ ------ - - -· · - - - - - -- · ·· • --· - - - ____
0
' , -· - ---· · · --- ---~:
c~<C22;)/{t
Fig. 230. Pergame, plan du sanc-
tuaire de Déméter restauré. Deux
portiques encadrent au nord et au
sud la terrasse où le temple fait
face à son autel. Adapté de Bohtz
1981, pl. 43.

•· · 41 01 ,, 'i !
t0

229

DEMETER-TEMPEL

M
~~=-: r
2 3 5 ~

CD] [I] Fig. 231. Pergame, sanctuaire de


Déméter. Coupe restaurée est-
ouest montrant le temple et ses
portiques. D'après Bohtz 1981,
pl 56.
..
,o

104. BOHTZ 198 1 ; RADT 1999 ,


10 lS 20m p. 180- 186.
(site de GD 123 ?). À Pergame, où le culte de ceux qui occupaient un e colline étaient reliés par 105. L. E. R OLLER, ln Searc/iof Cod
230
Déméter paraît remonter à la première mo itié du des escaliers taillés dans le roc 106. Mais en dehors the Mother,the Cult of Anatolian Cybe/e,
Uni v. of C ali fomi a Press 1999,
IV0 siècle 10\ une terrasse qui bénéfic iait d'un e de la Phr ygie on n'offrait que rarement à la déesse sur to ut p. 119 et suiv.; R UMSCHEID
Rhamnon te, à Érétrie, à Iasos, à Priène (fig. 229), l'é poqu e classique , en incorporant un ou deux citerne et d'une fontaine à bass in fut progress ive- un h·ône imp osant , installé en haut de quelqu es 1998, p. 98-99 .
Cnid e et Pergame, à Cnossos... ou encore en portiqu es, ou encor e des installations hydrau- ment agran die tout au long du Ill e siècle, en calant m arches, comm e à Samos où les sanctuaire s de 106. A. E RDOGANdan s Les cultesdes
Cyb èle sont nombr eux et div ers, pr ès des cités phocéennes,
Ét. massaliètes6, A.
Oc cident: aux sites d'Agr igente et d'Hé loros peut liqu es . Un Thesmophorion nécess itait de toute un portique et une série de grad ins cultu els H ERMARY,H. T RtZINY éd., Aix-e n·
être aj out é celui de Sélinonte, où Déméter façon des point s d'eau pour se purifier, puis pour d'abord du côté nord, puis un autre po rtiqu e à mura illes et, en particuli er, du Thesmophori on 107. Prove nce 2000, p. 16-23 .
Malopho ros était honorée dans un temp le les repas 1ituels 102, d 'où les krènaisignalées dans sous-sol dem i-ente rré au sud, en analemma Apr ès un e ph ase archaique également peu monu - 107. V. Y ANNOULI, Les sanct uaires
d'abord du type oikos fermé, reconstruit au v1° les sanc tuair es de Dém éte r et Corè à Cyrène, à (fig. 230). Le propylonà l'est ouvrait sur la gran de m entale, attestée dans le Péloponn èse 108, ceux qui de Cy b èle dan s la ville de Sam os,
Les culteslocauxdans les moudesgrecet
siècle avec un pronaoset un adyton(fig. 227). Qu 'ils Pergam e, à Agrigente, les puits ou les citernes cour où des aute ls faisaient face à un pet it temple furent établis en Grèce contin ental e se sont assez romain,Actesdu colloquede Lyon 2007,
fussent ou non pourvus d'un pronaos, ces temp les trouvés un peu partout (infra, p. 252)... La multi- (fig. 231), qui fut augmenté d'un imposa n t prostôon vite hellénisés, en pr ésentan t des similitud es avec Lyo n 2004, p. 115- 128.

ét~ient souve nt élevés en matériaux de qua lité p licat ion de s équ ipements est évidente en Occi- sous l'Emp ire, une pé riode où bien d 'aut res enri- les sanctuaires de Déméter. Fond é vers le dernier 108. J. DE LA GENIÈRE, CRAI 1986,
quart du ye siècle à partir d'un group e de pièces p . 29-48 . Plus gé néra lem ent , sur l'in -
tres mo yenn e. De p lus, ils éta ient hab ituellement dent103, et encore davantage en Méditerranée chissements furent encore déc idés.
tro du ctio n de ce culte phr ygie n en
101.Qu elques except ions : le gra nd
de faibles dimensions 101et dépourvus de péristasis, En Asie Min eure, les sanc tuaires de Cy bèle acc olées, le téménos dégagé à Saro s pr ès de Grèce, vo ir E. VIKELA,Arch.Eph140 ,
templ e sous la chape lle de San
orienta le, où ces sanctuaires sont plus fréquem-
ce qui a pou ssé certains archéo logues à les consi - sont longte mps restés en acco rd avec les origines Tanagra pourrait alors être le plu s anci en des 200 1 [2003 ], p. 4 1-71 [en grec ].
Biagio à Agrige nte, et ce lui du sanc- ment de date postérieure à l'arc haïsme. Le
tuaire de Déméter à Cos, étro it et dérer non pas comm e de simpl es lieux de culte Thesmophorion me n tion né par des inscriptions ph rygienn es de la Gra nd e m ère 105. Ces simpl es san ctuaires grecs de la Grand e m ère anato- 109. M . )(,\GORARI-G LEISSNER, AW
très long (6 x 24 m: C h. KANTZIA lienn e 109. 2003, p. 49 1.497.
mais plutôt comm e des salles multifonctio nne lles he llén istiques de Dé los compre nait, en plus d'un sites de plein air, sans tem ple, reg roup aien t des
dans Archaeologyin the Dodecanese, Si le Métrôon d'Ol ympie est un péript ère sur 110. M ALLWITZ 1972, p. 160- 163
S. DI ETZ,1. PAPACHR ISTODOULOU vouées en particulier à l'exposition d'offra nd es e~ mégaron,un tamieion(i:aµlELOv) où étaient déposés bassins, des petites pl ates-fo rm es po ur les offrn n- (vers 400 ?).
éd., Co penh ague 1988 , p. 179- 18 1). à des réuni ons pour des mystères. des et surt ou t des ni ches dans lesqu elles étaien t plan ram assé, à 6 x 11 colonn es110, tandis que le
divers objets, préc ieux ou no n, ainsi qu'un néôko - 111. La questio n de la form e d'un
102. W HITE 1993, p. 144-147. parfois sculptés des reliefs, ou des naïskoimini atu- M étrôon de !'Agora d'Ath ènes se compo sait (à tem ple antérieur de la Métèr,sur
Si la maj orité de ces sanctuaires de Déméter et rion (vEwKc\pwv) pour loger un desservant du
103. V. H INZ, Der Kult vonDemeter res, quand ils n 'é taie n t p as couver ts p ar des l'é poqu e helléni stiqu e, du moin s 111) d'un e l'e m p lace m ent de l'an cien bo11/e11tè
·
~ orè n'occup aient qu'un e petite sup er ficie garnie culte; naguère ide ntifié à tort avec un grand riond 'A th ènes, est l'o bjet de di scus-
und Koreauf Si?,ilienund in derMagna auvents en bois, pour mi eux protége r la statue de modeste cella pr écédée d'un pronaos, c'est peut-
Grecia,Wiesbaden 1998 (avec un e d un e_architectur e médiocre, surto ut à la ca mp a- éd ifice à cour pér istyle co nstrui t à l'angle nord- sions sans fin, vo ir en dernier lieu
la déesse assise. À Ph océe, où ont été loca lisés êh·e bien parce que ces templ es étaient origin elle- P. VALWANIS, AM 117, 2002, p. 22 1·
synth èse sur les tra its spéc ifiques de gne, il sembl e que d'un e manière généra le ils ouest d u sanctua ire d'Artém is (infra, p. 226), ce
ces sanctuaires). ju squ'à cinq san ctuaires en pl ein air de Cybèle, ment dédiés à un e auh·e Mère des dieux , tradi - 255.
soient devenu s plu s monum entaux à p art ir de sanctua ire devait être situé plu s à l'écart du cenb·e

772 5. LES SANCTUAIRES, DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE 773


ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 232. Mamurt-Kale h, temple de
Cybèle. Façade restituée, sans ses
acrotères d'angle. 111•s. D'après
Chapitre 6. La délimitation
A. Conze, P.Schazmann, Mamurt -
Kaleh, Jdl Ergiinz. 9, 1911, pl. V.

et l'organisation spatiale
des sanctuaires
1. La délimitation: pl. opo1), des sortes de stèles ju ste dégro ssies sur
au moin s un e face qui, en plus de l'abr éviation
fermeture et ouverture HO , révélait parfois le nom du dieu propriétair e2 ,
Un horos de l' Amphiaraion d'Oropos porte un
texte qui éclaire bien sa raison d'être: « Il est
Bornes, barrières et périboles interdit à tout particulier de construire à l'inté-
Un domaine qui appartient à un dieu ou à un rieur du terrain délimité par les bornes » 3. Celles-
héros supposait expr essément un e délimitation, ci pouvai ent être reliées par une ou deux pièces
pour tracer la frontière entr e le sacré {à l'intérieur ) de bois horizontales formant barrière , mais la
et le profan e (à l'ex térieur), le pur et l'impur . plup art du temp s seule une ligne imaginaire
Lorsque les limites d'un san ctuair e n'ont pas été passait d'un e borne à l'autre, quand ce n'était pas
retrouvées cela ne signifie point qu'e lles étaient un e corde ou même un fil de laine, tel celui qui
absentes, car aux yeux des Gr ecs elles n'avaie nt interdisait l'entrée dans le sanctuaire de Poséidon
pas besoin d'ê tre clair ement matérialisées par une Hippias près de Mantin ée (Pausanias, VIII 10,
architecture, un symb ole suffisait 1• C'est pourq uoi 1-5).
tionnellement confondu e en Grèce avec Gè ou en n autour d'un foye r, alors qu'à Pella, un sanc- de nombr eux san ctuair es - surt out les plus On pouvait aussi se contenter d'un aligne-
Rhéa . TI faudrait la distingue r, au moins j usqu'à tuaire commun à Aphrodite et à la Mère des anciens, mais aussi celui d 'Asclépio s à Épidaure - ment de pierres à peine taillées qui, pour le
112,A. HER.~L.\RY, De la mère des leur assimilation, de cette Métèr étrangère venue dieux contenait un très petit temple-oikosdans la n'étaient entour és qu e de born es (opoç, horos, malheur des archéologues, disparai ssent encor e
dieux à Cybèle et Arté mis..., Agathos de l'est 112, dont les sanctuaires hellénisés ont eu cour, entourée de toutes sortes de pièces et de
Daimon,Mytheset cuit~ BCH Suppl
38, 2000, p. 193-203.
tendan ce à se cacher derrière des murs qui portiques 114. Dans le même temps les sanctuaires
113, S. D ROUGOU, AEMTh IOA,
rapp ellent plutôt les schémas de l'ar chitecture de la Métèr en Asie Mineure ont adopté peu à peu
1996,p. 41-54. domestique. À Vergina-Aigai 113, les multiples un e allure plus classique: dans les monts boisés
114. L.-1.Z..\RJDIS
199ï, p. 45; espaces du sanctuaire de Cybèle étaient distribu és au sud-est de Pergame à Mamurt-Kaleh, un petit
The
M . LIU~!B.-\Kl-1\KA_\UTI, autour d'une cour centrale; l'une des pièces , temple dorique 115 distyle in antis, exceptionnelle-
Sanctuaryof theMothn-of the Godsand
Aphroditeat Pella,Thessalonique longée par une banquette, est en demi sous-sol, et ment flanqué de deux grandes bases à I avan~un
2000 [en grec]. l'édifice le plus vaste, divisé en deux salles, dissi- autel et des portiques furent dédiés à Cybèle par
115,A. C ONZE, P. SCHAZ~L.\i,1', mulait un bothrosdans un angle . Mais ce hiéronne Philétairos {fig. 232), fondateur au m• sièclede la
Mamurt-Ka/eh,Ein Tempelder
Gottermutter unweitPergamon,
Jdl
renfermait pas de temple, no n plus que le petit dynastie des Attalides.
Ergiinz 9, 191l. sanctuaire d'Attis à Amphipolis, fait d'un édifice

1. Cf EDLUND 1987, p. 37 («The


importanceof a boundary lies in its very
existenceand not in the way it is marked
concretely through walls or boundary
stones»), p. 137-138.
2. Par ex., six bornes marquées H O
retrouvées dans un vieux sanctuaire
rural de !'Attique: H . R . GOETIE,
Fig. 233. At hè nes, Agora. Les restes de l'enclos des dix Héros éponymes, AM l 10, 1995, p. 235 et suiv.
un exemple de mu r d 'e nclos à poteau x et barres horizontales . Mil ieu du rv• s. 3, IG VII , 422.

774 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 775


ARCHITECTURE RELIGIEUS E
Fig. 234. Délos, mur de péribole_
Fig. 235. Paros, Délion. Plan des
est, vu de l'extérieur du sanctuaire
restes du sanctuaire, au ye s.
d'Apollon. 1. temple-oikos d'Artémis ,
1 ~
i ' 2. espace dallé devant l'autel en n
l \ '
(3), 4. autel de moellons,
1 \ @' ' '-- 5. terrasse, 6. salle de banquet
" . \. , ' \.\ nord, 7. entrée du téménos,
\ :' \ .\ ''-- ' _ ''-. -•.
8. poste du gardien (?). Éch. 1:200.
D'après O. Rubensohn, Das De/ion
von Paros, 1962.

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plus aisément que les bornes. Ces derni ères ont tru it et continu n'ayant jam ais été considéré
toutefois été mises au j our en nombr e sign ificatif, comme indispensab le. UAltis d'Olympie ne fut
mais souvent errant es, comm e à Did ymes où les apparemment ento uré d 'un péribole digne de ce
bornes qui ont été con servées sont de date hellé- no m que forllar d {infra.,p. 180), alors que celuidu
nistique4. Il faut distingue r ces lwroi de stèles p lus sanctuaire d 'Apo llon à Delphes fut l'objet de
travaillées, qui port aient un texte relati f au d roit p lusieurs transformatio ns, réparations et agran·
d'asyle dan s le hiéron; ce genr e de stè les pour d issemenls, to ut comme le péribole du hiéron
circon scrir e un sanctuaire est attes té dans d'Apo llon à D élos {fig. 234) où divers bâtiments
l'Égypte ptolémaïqu e 5 . rapprochés - surto u t de porti ques, dès le
Sur !'Agora d'Athènes, l'e nclos quadrangu - vie siècle - o nt ren du inu tiles des portions de
laire qui renfermait l'a utel des Douze dieux 6 illus- murs, sur plus ieurs faces. Pour les sanctuaires de \,. -::_ - - --
tre un stade interm édiaire entr e le systè me ouvert faible étendue il était plu s facile de construire un
des born es et celui, ferm é, du mur d'e nceinte. péribo le q uad rangu laire, comm e celui du Délion
Fond é sous Pisistrate le J eun e, ve rs 522-521, l'e n- de Paros 8 qui, dans les ann ées 500, fut délimité ---
- --:::.. ...:.

clos était fait de pot eaux en pierre encast rés dans par un m ur large d e 0,80 m, pour la plus grande
,. ..-.•,
un soubassement en pôroset main tenu s par des part en gne iss, el do nt la hauteur devait être au
par apets; ils furent renfor cés au moment d e sa mo ins éga le à ce lle d 'un homm e {fig. 235). Dans
restauration vers 425, quand on posa un pave - le sanctuaire de Dodone, c'es t seulement au
ment sur le sol, initialement en terr e batt ue, et iv e siècle qu'un mur en appareil isodome a
une autre rénovation suivit dan s le tro isièm e succé dé à un e sér ie de trépieds portant des chau·
quart du iv e siècle. Toujour s sur !'Ago ra, au m ilieu d ro ns en bro nze, di sposés autour du chêne habité au ve siècle, tenait lieu, elle aussi, de mur de péri- tifs 12, identifiables par leur architecture et aussi,
du iv e siècle, l'e nclos des dix H éro s éponym es pa r Ze us {fig. 240). Dans ces conditions, on bole partiel pour le sanctuaire {fig. 236), mai s qu elqu efois, par un e inscription qui notifiait avec
des tribu s ath énienne s {fig. 233) assembl ait tro is perço it bi en l'o riginalité du nouveau mur de péri- cette fois avec deux p ortes, au nord et au sud IO_ le mot abaton{èi~a-cov, pl. èi~a-ca)cette interdiction
4, T UCHELT 1973, p. 24-25. de pénétrer, sous peine de sacrilège. Deux de ces
barr es en bois perp endicu laires à des poteaux en bo le de !'Ac ropole d 'A th ènes, tel qu'il fut réalisé De toute façon , m ême s'il bén éficiait d'une
5, K. j. RI GS BY, Asylia, Territorial téménèdéliens sont triangu lair es; l'un fut tardiv e-
lnviolabilityin theHe/lenistic Wor/d pierre fichés sur un socle et recou ve rts d'un au vc siècle: non seulement il était assez hautet entrée monum ent ale ou s'il éta it dépourvu d'un
Univ. of Ca liforni a Press 1996 ' péribol e continu , aucun sanc tuaire grec n'é tait m ent englob é dans des constr uction s du quarti er
c~ap:ron . Aup aravant déjà , le m êm e ge nr e so lide po ur faire de ce plateau rocheux une véri·
surtout n' 220 à 222. '
ouvert aux visiteur s en p erm anence. Il était nord, et l'autre dans un portique de l'agora des
d amenageme nt avait été choisi pour des encl os table fort eresse m ais il devait en même temps
6, T RAV LOS 1971, p. 458-461; toujours soign eusem ent contr ôlé par les pr êtres, Itali ens. Leurs mur s toujours respect és se compo-
L. M . G ADBERY, Hesperia61, 1992, voués à un culte héroïque , en particuli er l' Hérôon réa ffirm er so n ' cara ctère sacré par le remploi
p. 447-489. qui n'a utorisaient l'accès qu e cer tain s jour s dan s sent de quelqu es assises de pierres couronnées de
argien des Sept contr e Th èbes, dont la clôtur e de {fig. 100), nettem ent visible d'e n bas, de blocs
1992. l'ann ée". Cette restriction inhérente à la limit e est chaperons, comm e pour deux autres structures
7, PARIE NTE pot e8:.
ux à barri ères a été retrouv ée, cette fois sans récup érés dan s les ruin es du « Vieux temple_» 10. GIRA 1991.
encore mieux p erce ptibl e par le biais de ces petits déliennes en forme de segment de cercle UD
8. SCH ULLER 1991,p. 81-83 et pl. 2. socle' {fig. 379). d 'Ath én a et sur le chantier interrompu du Pre·
{fig. 237), visibles de part et d'autr e du portique li. HURWlT 1999, p. 54.
MANN 2003, p. 93-95. Voir
9. H_OLTZ _Les lignes de murs appar eillés percés d'au Parth énon 9 . La pui ssant e mu_raille étendue so~s enclos à mur bas définis comm e « int erdit s d'e n-
d'Antigon e, mai s seul l' abaton sud contient un 12. GD n' 63 et 71.
aussisupra,p. 84 et n. 105. trée». Délos concentr e plu sieurs de ces dispo si-
mom s un e porte sont plus rar es, un péribol e con s- Pisistrate autour de la cité d'Eleusis, et renforce e

776 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 777


ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 236. Éleusis, sanctuaire. Plan
restitué du site du temps de
Périclès.
1. porte nord,
2. télestèrion,
3. porte sud, ACROPOLE
4. « maisonsacrée».
D'après Travlos 1988, fig. 157.

50 100 1 11".-.r
t,Qt
1979
>==±=±==k=±=è=========l M

237

Fig. 237. Délos, abaton semi-circu-


Il arrivait toutefois qu'un enclos sacré, ceint laire au nord du sanctuaire
tombeau de l'H elladique Récent, certainement prêtresses, qui pénétraient dan s les bois sacrés d'un mur sans la moindre baie, fût interdit à d'Apollon.
siège d'un culte (infra,p. 275). Les petits sanctuai- d'Arcadie consacrés à des divinité s féminines et quiconq ue car assimil é au séj our des morts.
Fig. 238. Délos, monument circu-
res triangulaire s existaient également ailleurs , en int erd its a u sexe opposé, selon Pausanias, D'après Pausanias (VIII 38, 6), il y avait sur le laire dédié aux Nymphes. D'après
particulier à Athènes 13 • Au cimetière du Céra - VIII 31, 8 et 36, 6). Cette particu larité explique mont Lycée « un téménosconsac ré à Zeus Lykaios, Yavis 1949, p. 201.
mique , trois born es inscrites (au lieu d'une clôture pourquoi, sur ]'Acropole d'Athènes, le podium sans entr ée pour les hum ains. Ce lui qui enfreint
en briqu es crues dans l'état originel du vre siècle) quadrangulaire au sud de l'É rechtheion, sur- cette défense et y pénètre doit cesser de vivre
déclaraient abaton le téménos des Tritopatres monté des célèbres caryati des, était bien un dans l'année: on dit encore ceci, que tout ce qui
(fig. 449), les « pères au 3° degr é» - les arrière abaton signalant la proximité de la tombe du roi entre à l'intér ieur de l'enceinte, bêtes sauvages
grands-pères, ou, plus généralement, les Kékrops (p. 91 et 277) : l'o uvertur e qui coupait le aussi bien qu 'êtres humains, ne fait point d'om-
ancêtres-, et à l'angle sud-ouest de l' Agora, un muret du côté nord-est devait n'être que symboli- bre ». Il faut apparemment ranger dans le même
enclos triangulaire de la fin du v 0 siècle, désigné quement rituelle (pour favoriser le dépôt d'offran- group e fatal « un bois sacré de médiocres dimen-
comme un sanctuaire par l'épigraphie , est de fait des? ), en raison de la haute moulure qui court sur sions, entouré d'une haute clôture» (Pausanias
un abaton.Quoi qu'on en ait dit, il est peu proba - tout le côté au-dessus du dernier degré et en rend VIII 31, 5), situé derr ière le temple de Zeus
ble que la figure géométriq ue du triang le ait l'accès malais é 16. Pour la même raison, il est Philios dans le péribole des Grandes déesses à
revêtu une valeur sym boliqu e, puisque l'on permis de considérer comme des abatale Monu- Mégalopolis, car« l'entrée n'y est pas permi se aux 238 o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100an
connaît aussi des périboles quadrangulair es sans ment du Tritopatôr et celui dédié aux Nymphes, êtres hum ains».
entr ée, à l'image du Léokoreion , dans le secteur vers 400, par la même famille athénienne des Parmi tous ces abata, rares sont ceux qui
nord-ou est de !'Agora d'Athènes 14. Mais la Pyrrhakides, respectivement sur une place de renferma ient plusieurs petits monuments . Les
fouilles ont confirmé la description donn ée par Les entrées
présence fréquente de ces zones interdites sur un e Délos ( GD n° 85) et près du réservo ir de l'Inopos
place ou du moins un lieu de passage n'est pas (GD n° 92, fig. 238 ). Ce sont toujours des petites Pausanias de ce téménos interdit app arte nant à Qu and un péribol e était interrompu par une
indifférente, le site est choisi de la même façon ence intes circulaires dont le mur et ouvert cerne Zeus, au sommet du mont Lycée , où se trouvait entr ée, elle était plus ou moins élaborée, et un e
que pour les hérôa- qui pouvaient d'ailleurs cons- un bothrosménagé dans le dallage, et peut-être un aute l ou un tertr e de cendr es, précédé de simpl e ouverture, sans réel cadre architectural ,
tituer eux-mêmes des abata, à l'exe mple de l' hé- deux enceintes de type semblab le, restituées à socles à offrandes et de deux colonn es doriqu es était toujour s possibl e. À Samos , où les proces-
rôonde Poséidoni a (fig. 384). Cyrène et à Paros, entrent-e lles dans la même port ant des aigles. Mais seul le même Pausanias sions arrivaient par l'es t dans l'Héraion , le
13. l<NIGGE1988, p. !03-105 (le La présence d'une port e dan s un abatonn'est catégorie (supra, p. 129). Le fait qu'un abatonne (VIII 30, 2-3) nous laisse im aginer la transposi- pr emier état de l'entrée nord se composait juste
triangle est à pointe tronquée ); paradoxale qu'à premiè re vue . Si un compte de soit pas toujours hermétiquement clos peut aussi tion de l'e nsembl e sur l'agora de Mégalopolis: de deux bases antithétiques pour des ex-voto, car
G. LALONDE, Hesperia37, 1968,
construction de Délos, par exe mpl e, en exp liqu er en partie que, dan s les inscriptions d~ dans cette rép liqu e, également «interdit e» , le ce n 'éta it qu'une entrée secondaire (fig. 43, 2),
p. 123-133.
1;1entio~n: l'existence 15, il faut comprendre que l'Asclépi eio n d'É pidaure , le terme soit senti péribole de pierres contenait des autels et deux encore moins travaillée que celle du Délion de
14. S. BATTINO,ASAtene79, 200 1,
1mterd1ct10n de franchir le mur n'éta it pas abso - tables d'offrand es, en plus de deux aigles et d'un e Paros , où un seuil long de 2,35 m (fig. 235, 7)
p. 55-82. comme un synonyme de hiéron et appliqué au 17. j OST 1985, p. 179-183 et 22 1-222.
15. HELL>.!ANN
1992, p. 22-24. lue,_ puisque certaines catégories de personnes portique où dormaient les malades , après a~mr statue 17• Pour les besoin s du culte, il fallait bien, porte les traces du système de fermetur e d'un e
, Excavating
18. H.J. KIENAST
16. PATON,STEVENS1927, pl. 28; avaient de toute façon qualité pour entrer dans un toutefois, que qu elqu es-uns aient pu pénétrer pair e de vantaux man œuvrés vers l'extérieur 18 • Il C/assicalCulture2002, p. 322;
satisfait aux rites préalables à la consultation
HOLTZMANN 2003, p. 174. lieu interdit , à commencer par des prêtres (ou des dan s l' abaton... n'a jamai s paru nécessa ire de prévoir pour SCHULLER199 1, p. 83.
(fig. 294).

178 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 179


Fig. 239. Samothrace , Propy/on de Fig. 240. Dodone, téménos de
Ptolémée Il. Façade corinthienne Zeus . Plans au début du m• s. et
restaurée. Peu avant 275. D'après vers 200. D'après S. Dakaris,
Frazer 1990, pl. LXXXIV. Dodona, AntK Beiheft 1, 1963,
fig. 7-8.

Fig. 241. Cap Sounion, sanctuaire


de Poséidon. Restitution du plan et
d'une façade du propylon (avec une
salle de banquet mitoyenne). Fin du
v• s. D'après Goette 2000, pl. 16.

Quelques pa lais minoens (à Cnossos, à


Phaistos ) étaient déjà aérés, en liaison avec un
gra nd escalier, par de larges baies que des murs
prolongeaient de part et d'autre, tout en enca-
drant un ou plusieurs supports vert icaux 22. Si les
ent rées des sanctuaires grecs arc haïques sont en
généra l mal conn ues car ob litérées par une phase
chaque sanctuaire un vrai propylon (npémuÀov, désormais placé dans son axe 20 (fig. 240). Il était ultérieure, ce plan en H, très caractéristi que, s'y
pl. nponuÀa), c'est-à-dire une installation protec - rarissime qu'un grand sanct uair e fût privé d'un retrouve ou a pu y être restitué plusieurs fois, à
trice en avant de la porte d'e ntr ée. Le propylon monument auss i important, qui marquait une bo_n dro it. Sur la terrasse du sanctua ire d'Aphaia
minimal, comme celui qui commandait l'accès au étape cap itale dans le parcours des processions. à Egine, après le vieux propylondésaxé des années
petit sanctuaire d'Aphrodite au bord de la Voie C'est peut -être la configuration en terrasses du 560 (fig. 258), dont l'ouverture était limitée à
sacrée d'Éleusis (fig. 282, 1), ne comprenait qu'un hiéron d 'Apollon qui a entraî né, à Delphes 3,50 m, celui qui suivit devait clairement partic i-
auvent, mais en grec, le mot est le plus souvent (fig. 141), la présence de plusieurs entrées simples per à la régularisation de l'espace du sanctua ire :
synonyme de npon'ÛÀata ou prop ylées, ces au lieu de propylées. Le fait que le sanctuaire il est désorma is pe rpendic ulaire à l'axe du seco nd
entrées monumenta les 19 qui doivent mettr e le d'O lympi e n'ait reç u un mur de péribole à deux templ e d'Apha ia, tandis que son mur médian est
visiteur en cond ition, afin qu'il prenne conscience modestes propyla que sous l'Empire s'explique aligné à desse in sur celui du nouveau pé rib ole
de son passage dans une zone réglementée , car sans doute avant tout par son statut international. {fig. 218). Avec ses mur s stuqués pei nts en rouge,
19, Une seule synthèse, celle de
j. R. CARl'ENTER, The Propylonin sacrée. En conséquence, depuis l'âge archaïque, En contrepar tie, le Pélopion, qui constituait avec sous des frontons, et un e baie encadrée de bois23 ,
Greekand HellenisticArchitecture
, les façades in antis ou prosty les des prop ylées l'aut el de cen dr es un des noyaux du sanctuaire, ce deuxième propylonadoptait dès les ann ées 500
Dissertation Univ. of Pennsylvania
rappellent celles d'un temple (fig. 5 et 239 ), et possédait dès le iv e siècle de très beaux propylées la formul e distyle in antis sur les deux faces, qui
1970,à réactualiser avec, par ex.,
H. v. HESBERG,Formenprivater même sans sculptures tympanales, elles ont doriqu es2 1, à quatre colonnes sur la face externe sera la plus app réciée dans tout le monde grec
Repriisentationin der Baukunstdes 2.
toujours eu une fonction plus décorative qu e et deux suppo rts in antis sur la face interne - classique.
und 7.Jahrlwnderts v. Chr.,Cologne-
Weimar-Vienne 1994, p. 4-10, 26-27, protect rice - au contra ire des portes de villes, c'éta ient les plus anciens de ce type (fig. 220 et Cette dispos ition est en effet visible partout,
et catalogue; Th. HAGN, Das grie- prévues dans les murai lles. Logiquement, des infra, p. 277). Il est notable que dans ce cas le depuis la « zone sacrée» d' Istros ju squ'en Sicile
chische Propy lon, Definilion und
propylées ont alors peu à peu été installés au propylonne se trouvait pa s à l'e ntr ée du sanctuaire où, toutefois, le propylon du sanctua ire de Déméter
D okumentation einer
Denkmalergruppe, Classical pourtour d'autres lieux que les sanctuaires: les d'O lympi e mais devant sa zone la plus impor· Ma lop horos à Sélinonte2 '1 est pratiqu ement carré
Archaeology 1999, p. 184- 186. agoras, les palais de Macé doine, les gymnases ... tante, un peu comme à l'Acrocori nthe, où le {fig. 227), sans tra ces de porte ni de mur médians
20. J. VOKOTOPOULOU,Dodone et Le choix d'un propylon n'était nu llement lié à propylonfut dressé en haut de l'esca lier en pierre sur le dallage, malgr é son style plut ôt atticisant.
les villes de la Grande-Grèce el de Ailleurs, le plan en H comprend de pr éférence 22. LAWRENCE1996, fig. 23 et 29.
la Sicile, La Magna Greciae i grandi la taille du sanctuaire, puisque même le téménos qui avait déjà traversé la partie basse du san~- 23. fuRTIVANGLER 1906, p. 75-85,
Santuari dellaMadrepatria,Alti del miniature de Zeus à Dodone, qui ne renfermait tuaire d es deux déesses chthoniennes, parce qu il trois baies médianes fermées par des grilles, 15 1- 153 .
TrentunesimoConvegnodi Studi su/la
qu'un arbre, un temple-oikoset une stoaen Il, sera fallait bien signifier l'a rr ivée sur la terrasse comm e on peut le voir au cap Souni on {fig. 24 1), 24 . M. M ILES, AJA 102, 1998, p. 35-
Magna Grecia,Taranto7997 (1992), où la constru ction en contrebas du templ e de
enrichi dans sa dernière phase (vers la fin du médiane, ce lle où se dérou laient le culte et ses 5ï (vers 420).
p. 63-90.
me siècle) à l'aide d'un imposant propylontétras- Poséidon se fit en deux temps 25 : comm encée vers 25. GOETTE2000, p. 24-25 (contra
21. M ,\I.LWITZ 1972, p. 120-124, sacrifices (supra, p. 171). TRAVLOS1988, p. 404).
134- 135. 450-44 0 en pôros,elle ne fut achevée en marbre
tyle à retours, à l'image de la façade du temple 241

780 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 787


AR CHITECTURE RELIGIEUS E
plusieurs projets sans cesse revus26. Décalés de
l-
27° par rapport à l';mpr~se du propylonarchaïque, 7 -i
ils permettaient d appre h end er d'un seul cou i-
-+- -i
d'œi l l'ensemble des mo num ents de l'Acropol:, r ~ I t?ll ' ~ T C\)I l@l --- T
en commençant par la façad e ouest du ~
n I
Part hénon, sous son me illeur angle. Surtout, alors
que le ~isposi_tifpré~é dent27 n' était peut-être que
j
1:.:: ---
'V
\
1 L.
J
distyle m antis, p lutot que tétrastyle (fig. 242), la 1
·/::J '
nouve lle structure tout en mai·br e tire son effet de ,- -
façades prosty les hexasty les, laissant voir cinq ,:1 JI 1 ILJI f<.
3111 f•:J/ t
baies internes. Deux po rtes piétonnes ont été
ouvertes de chaq ue côté de la rampe dallée par
-
0 0 0 fl
= 0- 0 0
laque lle les processio ns travers aient solennelle-
ment l'édifice, et cette allée large de 21 m était
bordée pai· des colon nes ioniqu es qui tranchent ..
-
tl 55
\ 0

sur les façades restées doriq ues - comme il fallait


s'y atte ndre (fig. 243). En plu s de ce recours
:h
1- -j

• fj
~ ...... -
1
L_
exceptionne l à deux ordres différents, dans la
conti nu ité du Parthé non, le programm e initial
'
~

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IT'~ ~m- ~
1 1 1

vo ulait s'inscr ire dan s la gra nd eur par une - = ..,


r-
~

l94 Z
no uveauté: en jo uant sur les axes, le plan en croix °'"-' ...3 ( . 1\. r,...
,,;
1

,_ r-
ento ur ait le corps central avec plusieurs ailes ou a=
1,1 1 1 .,,.
7

Fig. 242. Ath ènes , Acropole. -- C


- ~
~
salles latérales symétriques, à l'usage du person- t-- 3 L ....
Hypoth èse de restitution du propy-
.....
--- -
lon archaïque. D'après G. Ph. qu'après le chanti er des propylées athéniens de ne l de service , ou encore pour des banquets. Mais "" -
1n ,~ 1
Stevens , Hesperia 1946, p. 84. l'architecte Mn ésiclès, dont furent imitées ici les à cause de la guerre du Pélopo nn èse qui inter- 1,... ' -l
J_ ____ _ 1 a=
__l
façades à trois métopes et deux triglyp hes au- rompit les trava ux, seu le la salle nord-ouest put ---
dessus de l'entr ecolonn ement central élargi.
Cette part icularité de la frise doriqu e, liée à la
être réalisée à cette fin, précé dée d'un portique
cette fois tristyle in antis (infra, p. 222), tandis que
1
1
1-
--~ - -i
1
1

'
nécessité d'assurer une largeur suffisan te à la la salle sud-ouest est restée am putée {fig. 244).Si
ramp e processionn elle, n' était pas la seule origi- p lusieur s déta ils stru ctu re ls de l'œ uvre de
nalité des prop ylées installés entre 437/ 36 et M nésiclès (fig. 245) se retro uvent sur des propy- 10 m

433/3 2 à l'entr ée de !'Acro pole d'Athènes, après lées postérieurs, en attendant sa copie pratique-

Fig. 244 . Athènes , propylées de


Mnésic lès. Plan. D'après J. de
deux terrasses qu'un propylon distyle inhabitu el, W aele, The Prop yfaia of the
ment confo rme da ns les Gra nd s pro pylées
Acropo lis in At hens, The Proj ect of
roma ins d'É leusis28, l'a djonction d'un e salle de beaucoup plu s large que profond , fut ajout é vers Mn esikles, 1990, fig. 25 .
banq uet à un propylon n'était p as en soi un e idée la fin du iv e siècle en haut de l'escalier proce s-
vra iment origina le, puisqu 'e lle ava it déj à été sionn el du sanctuaire de Déméter et Corè à
matérialisée à l'entr ée du sanctuaire de Dionysos Corinth e32, de manière à encadrer quatr e degr és
à Y ria de Naxos 29 . Mais sur !'Acro pole d'Athènes dan s ses murs latéraux . Dans les Prop ylées de
elle pr enait un carac tère bien plus monum ental, Mn ésiclès un chan gement analogue de niveau
qui explique sa fréqu en te repri se ailleur s, et avait été trait é avec nettem ent plus de maj esté,
26. T RAVLOS 1971, p. 482 et sui v. d'a bord au cap Sounion . d'un e façon qui sera réadapt ée dan s d'autre s
(ave c la ri che b ib. ant érieur e) ; monum ents hellénistiques, vastes et en saillie, où
À pait ir du ive siècle les prop ylées devienn ent
T. T ANOUL.\S, AM 107, 1992,
p . 199-2 15 ; H OLTZMANN2003, de plus en plus nom breux. Le goû t pour les faça- les p ortes intérieures ont fréquemm ent été suppri -
p . 145- 154; W. B. D INSMOOR and des doubl ement distyles in antis persiste, comm e mées. Les prop ylées nord d'Épidaur e, hexastyles
W. B. DI NSMOORj r., The Propylaia to .... 28. G IRAUD 199 1.
the AthenianAkropolisII : The Classical "'
.,; à l'H éracleion de Th asos 30, où l'entr ée a toutefois amphip rosty les et pr écédés d'un e rampe des
29. GRUBEN 199ï , p. 397 fig. 70.
Building, A. NO RRE DI NSMOOR ed., été rendu e plu s propi ce aux fêtes par l'ajout deux côtés (fig. 247), ont été orn és de colonn es
30. Thasos2000, fig. 94.
ASCS, Prin ceto n 2004. postérieur de très larges escaliers, de part et d'au- ioniqu es à l'extérieur et corinthi enn es à l'inté-
31. U n propylon simpl e, tri style, à
27. Le propylond es ann ées av. 490 tre des propylées en H {fig. 254). Ailleur s, les 1ieur33, mai s à la même période la rich esse déco- l' A rt émi sion d e Th asos: Thasos2000 ,
d em eur e mal co nnu: alor s qu e
plans son t variés. Parfo is la simpli cité prime, en rati ve des ch apit eaux corinthien s était déj à fig. 43; S. E NSOLI, 1 Pro p ilei Greci
W. B. Din smoor le vo yait d éj à
exploit ée sur la façade principal e du Propy lon de d el San tuario di A p o llo a C iren e ...,
m on um enta l, à cinq port es {d ans pr évoya nt des colonn es sur un e seule face: L ibyaAntiqua n. s. 1, 199 5, p. 61-71.
The Propylaia to the Athenian Akropolis toujours à Th asos, mai s cette fois à l' Artémision Ptolémée II à Samothra ce34, dont le plan rapp elle
I ; The Predecessors, Prin ce ton 1980 ; 32. BOOKIDIS, Sm ou o 1997, p. 2 19,
(fig. 246), à Cyrène, où un aligne ment tétrasty le celui des prop ylées épidauriens , malgr é l'étroi-
cfH URWIT 1999, p . 130 el fig. 108), TT 1990
226-227 , 29 3 .
d 'autre s aut eurs pr é fèr ent un e h yp o- doriqu e sous fronton fut offert dan s la second e tesse de sa baie médian e, large de 2 m à peine 33. R o ux 196 1, p . 25 2-274 (1" mo itié
thèse moins élaborée, ainsi moitié du me siècle dan s le sanctuaire d'Apollon (fig. 239). En marbre tha sien , l'édifice ajoutait à sa du m ' s.).
1. M. SHEAR,j H S 119, 1999, p. 86- Fig. 243. Athènes, propylées de Mnésiclè s. Coupe sur l'axe médian .
127 ; cfH OLTZMANN200 3, fig. 49 . Dess in T Tanoulas dans Kuft und Kultbauten 1997, p. 162. par un pr être31, et c'es t également pour racc ord er fonction d'entr ée celle d'un pont , puisqu 'il fran - 34. FRAZER1990.

782 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 783


ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE
Fig. 247. Épidaure, sanctuaire
d'Asclépios. Plan restitué des
propylées nord. Première moitié du
111• s. D'après Roux 1961, pl. 73.

Fig. 248. Samothra ce, propylon de


Ptolémée Il. Face latérale restituée,
avec coupe sur le pont. Peu avant
275. D'après Frazer 1990, pl. 35.

247

246

Fig. 245. Athènes, propylées de Mnésiclès. Angle sud-est


face au Parthénon.

Fig. 246. Thasos, propylon de !'Artém ision. Axonométrie et


plan restitués. 1v"s. Dessin T Kozelj, Thasos2000, fig. 43.

245

chissait un torrent à l'aide d'une voûte (fig. 248 ) - 35 1 et 344 par un e dédicace d'Idri eus gravée sur
la première de ce type à Samothrace . l'architr ave. Alor s qu e le propylondu sanctuaire de 248
I..:Asie Mineure, qui connaissa it à peine ce Déméte r à Pergam e se distinguait en combinant
genre de bâtim ent avant le iv e siècle, finit par en un e face qui enserre dix degrés, pour rattraper
devenir grand amateur. Quasiment identiqu es, un e différenc e de niv eau, et une autre distyle, à lend emain 36 . Le vieux style dorique a encore l'ava nt et distyles in antis à l'arr ière, coupés par
avec leurs appareils de murs très réguliers et leurs chapiteaux palmiforme s (fig. 249), la bordure du tenu bon à Claros, où le dernier état des propy - une triple porte au milieu à Claros {fig. 250 et
36. Déméter: BOHTZ 198 1 et lli\DT
colonnes ioniqu es devant les trois baies du mur lzièron d'Ath éna Nikèphoros avait bénéficié d'un lées est datable de la première moiti é ou du 262), et tous deux offraient aux visiteurs, sur leur 1999, p. 182 fig. 129 (dispo sitif
médian, les deux propylée s qui donnaient accès propylon à deux étages - l'un dorique et l'autre milieu du r•r siècle 37, d'apr ès le profil de ses côté droit , une ou plusieurs spacieuses exèdres, restauré ) ; Athéna: V. KASTNER dan s
en guise d'aire de repos. Quant aux grands Mac/,t der Architektur2004 , p. 132- 143
au sanctuaire de Zeus à Labraunda 35 (fig. 271) ioniqu e, à frise sur balustrade - qui, tout en moulur es et une certaine ressemblan ce avec les (façade remontée au Pergamonmu -
diffèrent surtout par les ornements floraux des prop ylées athéniens du sanctua ire d'Apo llon à propylées de Lindos , édifiés peu avant le milieu seum de Berlin).
rappe lant l'é léva tion du portique coudé de ce
35 . K.jEPPE SEN, LabraundaI, l, Tlte chapiteaux d'ant e. Le propylonest doit être légère- Délos ( GD 5), qui sont dat és du milieu du du me siècle sur un pal ier au sommet d'un 37. ÉTIE NN E, V ARÈNE, 2004 , surtout
sanctuaire, n' en constitua it pas moins une fausse
Propylaia,Lund 1955. ment postérieur à celui du sud , bien dat é entre 11e siècle: tous deux sont pro styles tétrasty les à impressionnant esca lier de trente cinq marches, p. 15-78.
façade en avancée, d'un type unique et sans

784 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 6. LA DÉLIM ITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 785
larges de 20 m, ils surpassa ient tous les autres par
Fig. 250. Claros, sanctuaire
leur longue façade dorique à dix colonnes in antis.
d'Apollon. Restitution des propy-
Cette façade d'apparat, comp létée par des avant- POl
lées, face latérale est et face princi-
corps tétrasty les à retours (fig. 25 1), couronnés de pale. Première moitié du 1er s. av.
frontons et ouvrant sur des salles latérales symé- n. ère. Dessin P.Varène, CRAI
1995, p. 503.
triques 38, éta it séparée par un profond espace des
cinq portes médianes, qui donnaient sur une cour Fig. 251. Lindos, acropole.
péristyle. Restitution des grands propylées.
Peu avant le milieu du 111
• s. Adapté
Dans la Grèce intégrée au mond e romain, qui de Dygg ve 1960, p. 331.
privilégie les modèles de l'âge classique, la pour-
suite de la construction de propylées montre que
!'.imp ortance accordée à cet édifice ne faiblit pas.
Etablie en large saillie sur le mur ouest de l'agora
romaine d'Athènes, la grande porte dédiée à
Athéna Archèg étis vers 11-9 av. n. ère (fig. 2),
d'après son architrave insc1ite39, reproduit à sa
manière les Propy lées de Mnésiclès, en se conten-
tant de quatre colonnes en façade . Inv ersement, à Sm

Éleusis, les Petits Propylées consacrés après


54 av. n. ère 40 présentaient à l'int éiie ur du sanc-
tuaire deux hautes caryatides , com me un lointain
écho de l'Érecht heion, tandis que dans une large "
;:;, ~
avant -cour à l'extéiieur la porte était précédée t li 5/8
t
' ~

d'une sorte de baldaquin sur un tétrastyle coiin- ~ l/ 6 ~I


1/7=;=--
/ •-
thien (fig. 252 ). Ces Petits Propylées succédaient à
un propylondoiique de la fin du v• siècle, déjà
M. assez original: il était distyle in antis du côté exté-
~ = ~E- 3ë
E ., : 'EE"Ec"
00
, 3ë
;E=
1
===~ . Iieur seulement, par oppos ition aux deux colon-
nes détachées en saillie à l'intérieur.

2. L'organisation
', 1
de l'espace
----- --- --- ---- ' 1
~
La relation temple-autel
Vimplantation des autels constitue le premier
vecteur de l'organ isatio n de l'espace sacré - non
. ....., seu lement parce que l'a utel était primordial,
, ,r comm e nous l'avo ns vu, mai s aussi parce que le 250
1 0 ;

N IÎi parcours des processions lui éta it subordonn é. Le


cortège mensuel des prêtres d'O lympie, qui
\ i-;-
j devait sacrifier sur p lusieurs dizaines d'autels du
temps de Pausanias (supra,p. 124), tenait compte
de deux aute ls situés dans le stade; il apparaît
ainsi que ce stade, dont la ligne de départ oiigi-
nelle était beaucoup plus près de l'a utel de cend-
M.
res, éta it cons idéré com me intégré au sanc-
tuaire41, ce qui n'était pas toujours le cas ailleurs.
s.
Lorsqu'un temp le est aussi prése nt, au fil des
siècles son aute l va tendre à s'aligner sur l'axe
Fig. 249. Pergame, propylon de Déméter. Façade est et
38. DYGGVE1960, p. 155- 184;
plan restitués. Premier tiers du 11• s. D'après Bohtz 1981, médian du naos. C'est m ême à partir de cette
GR UBEN 2001, p. 454-455. Voir aussi
infra, p. 206 .
pl. 45. constatation que le Rundbau, construit dans l'axe
39. TRA VLOS 1971, p. 28-33.
du templ e de Didym es au v1• siècle, a été inter·
40. H. H ôRMANN, Die inneren
prété comm e un autel (supra,p. 129). Si l'autel est
Propyliien vonEleusis, Ber lin/ Leipzig rectangu laire, sa face principal e est normal ement
1932 (approuvé par GIRAUD 1991). parall èle aux petits côtés du temple; toutefois, à
41. Roi. ÉT I ENNE dan s Sanctuairegrec Claros, le grand autel archaique d'Apollon n'est 10 20m
1992, p. 294 et n. 7. 251
pa s exacte m ent parall èle à la façade est du

786 ARCHIT ECTURE RELIGIEUSE 6. LA DÉLIM ITATION ET !.?ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 787
Fig. 252 . Éleusis, Petits propylées.
Vue restituée de la face exte rne.

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Aprè s 54 . D'après H. Hërmann, Die
inneren Propvlii en von Eleusis,
1932, pl. 35.

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templ e42 , et l'état archaïqu e de l'H éra ion de mais cette ligne n'est pas fixe : selon l'édifice, elle
Samos mont rait le mêm e ge nre de dév iation . Le coïn cide avec le lever du soleil aussi bien au sols-
para llélisme est devenu pour ain si dir e constant à tice d 'hiver qu'au so lstice d 'été, donc en couvrant
l'époq ue hellénistiqu e, y co mpri s d ans un e tout l'arc so lsticie l. Plu tarq ue (Num 14, 4) et
nouvelle phase de l'autel de Claros, au rn• siècle. Lucien (De Domo6) affirment que les temples sont
Par exception , les deux grand s autels rectangu lai- d irigés vers l'est préc iséme nt d'ap rès le jour de la
res construits au centr e du sanctuaire urb ain de fête d e la d ivin ité co ncernée, ce qu'il est quasi
Métapo nte43 font face à deux templ es A et B imposs ible de véri fier. Il sembl e que les excep-
toujour s désaxés dan s leur deux ième ph ase, au tions à la« règ le » (qui ex istait déjà, rappelons-le, Fig. 253 . Métaponte , plan de l'a ire
cour s de laquelle le temp le A est deve nu paral - dans l'a rchitectu re or ientale) ont été un peu plus sacrée . D'après D. Me rtens, AA
Kavou si dès l'époq ue géom étriqu e, et le templ e tian au sud pr éférabl e pour la circulation d'un 1985, p. 648 .
lèle, comm e le temp le B, à la rue qu i lon ge le nombr euses aux époqu es ar chaïqu e et hellénis-
sanctuaire au sud-ouest (fig. 253)... Suivan t la tiqu e46, en tenant co m pte du fait qu e l'orientation d'Ap hrodite à Axa s dès la phase arc haïque). édifice à l'autr e, tandi s qu 'à Délos, c'est égale-
form ation du terrai n, il arriv e aussi - mais bea u- pr emi ère d 'un templ e a gé néra lement été conser- De tout e façon , comm e les arc hitectes grecs ment la form e de la terra sse au pied du mont
coup plus rarement , par exe mp le à l'H éracleion vée d'une ph ase à l'au tre . Les MégaraA et B, ainsi ne para issent avoir accord é qu e peu d'i mp ortance Cyn the qui p eut ju stifier l'ouvertur e au sud du
de Th asos (fig. 254) - qu e les ax es du templ e et qu e le templ e C du sanctuaire d'Apollon à à un e bonn e répartition de la lumi ère dans les templ e d'H éra. Finalement , le goût hellénistique
de l'aute l soient perp endi culaires. T herm on s'e n tienn ent to ujours à l'axe nord-sud temp les, il n'es t gu ère probab le que l'orientation pour un e organisation axiale et symétriqu e des
11organisation de l'espa ce sacré est encore (fig. 44 ). Le templ e archaïqu e d'A rtémis Laph1ia ait été dictée par le souci d'obt enir un éclairage san ctuaires a parfois entraîn é des orientations
42. LA G ENIÈRE 1998, p. 24 1,246; suffisant. En revanc he, sur plusieur s sites, les inh abitu elles : sur le site de l'Asclépeion de Cos,
Claros II , 200 3, p. 169-170. cond itionn ée par un autr e facteur , l'o ri- à Ca lydon est orienté au sud , de même que celui
entation des temples. Il est bien connu qu e le de Zagora d 'And ros (fig. 37), qui se contente de déviation s de l'es t doiv ent s'expli qu er pa r des le templ e ioniqu e de la terrasse m édiane est bien
43. D. MERTENSda ns Storia della
Basilicata 1, L'a11t
ichità, a cura di Parth énon tou rne le dos au x Prop ylées d e suivre l'o rient ation m aj eur e de l'habitat géomé- contra int es climatiqu es ou topograp hiqu es. En tourn é vers l'est, dan s l'axe de son autel plu s
D. ADAMES TEANU,Rome 199 9, Mnésiclès afin de respecter l'orientat ion astron o- triqu e . En Cr ète, sur un e quin zaine de temples Achaïe, l'o rien tat ion nor d -est / sud -ou est du ancien (ce fut la pr emière structur e con struite
p. 25 1 et suiv. dans le hiéron, fig. 275), mai s le templ e doriqu e de
44. H . N1SSEN,Das Templum,Berlin
miqu e vers le soleil levant. Étud iée très tôt par exa m inés par J. W. Sha w47 , neuf regardent vers temple d'A nô Ma zarak i sera it du e, selon le
F. Penro se, pui s dans le cadre de l'histoire des fouilleur , à la direction des for ts ven ts qui souf- la terr asse sup érieur e fut ensuite orient é au nord-
1869; ID., Orientation, Studien zu l'es t (dont les état s A-B-C du temp le de Kommos,
Geschichte der Religion, Berlin 1906- religion s44 , la question de l'ori entation des flent dans le secte ur et risqu aien t, autr ement , est, afin d'ê tre placé dans l'axe d'un escalier
les édifices A et B à Prin ias, le temp le archaïque
19 10. d'endom m ager les mur s48 . En Cr ète, l'ouvertur e monum ental et surplomb er le pa ysage, san s autel
temples grecs a pâti d'un e longu e périod e de de Phai stos, le gra nd templ e de Lata aux 1v•-
45. DINS~!OOR 1950, p . 49 .
désintérêt , mais depui s peu elle retient à nouv ea u au nord du tem ple de Dr éros pour ra it être liée à en face qui aur ait barr é la vue.
111• siècles, ce lui d'A p ollon à Go rtyn e dès la phase
46. S. C. H ERBERT,Th e Ori entatio n
l'atte n tion de quelques arch éo-astronom es. la supe rficie restre in te du terrain , ou encore à la À vrai dir e, toutes sortes de particul arités loca - 48. M. PETROPOULOS dan s Gli Achei
of Greek Templ es, Palestine I, le temp le hellénistico-rom ain d' Asclépios à e l'identilà etnica degli Achei
volonté de le tourn er vers le cen tre civiqu e, les p euvent aider à compr endr e pourqu oi un
E.,pforationQgarterly 116, Londr es D'ap rès les calculs de H. N issen, comp létés par Lissas), qu atre sont tourn és ve rs le nord (dont, d'Occidente, Alti del Convegno Jntern. di
198+, p. 31-3+. l'agora. À Delp hes, l'étro itesse de la terrasse de templ e grec ou un tr ésor ne s'ouvr e pa s au soleil Stud,; E. GRECOéd., Paesturn 200 2,
ce~ d: W. B. Dinsmoor ·15, il est adm is qu e pr ès aux v111 •-v11• siècles, les templ es de Dr éros et de
47. H,fü 2000, p. 70+-705. Mar maria dans le sens no rd -sud ren dait l'orienta- leva nt. Toujou rs à D élo s, les tro is templ es p. 155 .
de 15 Vodes temp les grecs sont axés est-ou est l'acro pole de Gortyne) et deux vers le sud {à
'

788 ARC H ITECTURE RELIGIEUSE


6. L A DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 789
d'Apollon sont tournés vers l'ouest, mais l' Oikos
·,
' ' des Naxiens a fini par s'ouvrir à la fois au nord et
' ' ·'
V / à l'ouest (fig. 255) : ce n'est sans doute pas seule-
ment pour mieux s'offrir aux visiteurs arrivant
par le port sacré, mais avant tout pour être dirigé
vers le Monument à abs ide ( GD 39), qui a les
meilleures chances d'avoir abrité le vénérable
Autel de cornes agencé par Apo llon , selon la
légend e49 . Le point focal du hiéron d'Apollon
étant constitué par ce Kérâton, son emp lacement
exp liquera it encore l'orientation au sud-est du
temple attico-ioniq ue GD 42 et au sud/s ud-ou est
des «trésors» 2 à 4, pour encadrer en segme nt de
cercle les trois temp les et, au-de là, !'Aute l de
cornes (fig. 147). Dans le Péloponnèse, et surtout
en Arcadie, un certain attac hement à l'axe nord-
sud est manifeste, les temples pouvant alors s'ou-
vrir au nord ou au sud , avec quelques déviations
."-,, vers l'est ou l'ouest (dans les temples succe ssifs
d'Apo llon à Bassae, ceux d'Artémis au mont
\ Kotilion et à Kombothékra, ou les temples
\ d'Alipheira et de Prassidaki 50) . En Occident, les

) calculs effectués sur cinquante-trois monum ents


ont révélé que la Sicile avait gardé une plus
grand e fidélité à l'orientation traditionnelle vers
l'est, alors qu'en Gran de Grèce se dessine un e
Il / tendance à dévier vers le sud -est. Peut-être faut-il
/ ' y voir une influence du monde italiqu e, puisque
/ / les temples étrus qu es étaie nt pour la plupart

/
/
// /
/
orientés au sud 51 ? En revanc he, l'or ientation à
l'ouest caractérise les grands temp les d'Arté mis
en Asie Mineure, à Sardes (fig. 256) comm e à
Éphèse et à Magnésie du Méandre. Au moins
pour ces deux derniers, O. Bingo! a tenté de relier
/ / cette disposition à l'é piph anie de la déesse 52 . En

:;
/ ·-/
/
80 effet, les façades occ identales de ces deux temples
possédaient un fronton percé de trois baies desti-
/ / nées, d'après un e inscription de Magnésie
évoquant certa ines fêtes d'Artém is, à l'app arition
/ \
/ des statues cultu elles. Si l'o n comp are les obser-

Il vations astro n omiqu es, le ca lendri er et les


donn ées archéologiqu es, l'axe des temples paraît
être en rapport avec les ph ases de pleine lun e, qui
/ /
command aient l'épiph anie en éclairant la statue
// ,,./ 10 20 30 m
de la cella par les baies du tympan , aux quelles
s'ajoutaient les ouvertu res du plafond et du haut
Fig. 255. Délos, zone longeant le port sacré: sanctuaire
d'Apollon (au nord), portiques et agora des Déliens (au
49. BRUNEAU,FRAISSE2002 (voir
supra,p. 130 ).

/
11/
!?-/ vers la porte de Zeus
de la porte. La déesse pouvait alors briller de tout
sud). Essai de restitution du plan à la fin de l'époque hellé-
nistique ; on remarque que le grand temple d'.lipollon a été
50. U. SINN, Artemis in the
Sa nctuar y on Mount Koti lio n
l'éclat de son revêteme nt d'or , à travers le cadre ouvert à l'est, une erreur dictée par l'habitude. Envoi de (Phigalia ), PeloponnesianSanctuaries
Rome de C. Lefèvre, 1910. 2002 , p. 193-198: mai s le temp le
du port ail (fig. 257). Néanmoins, si le Métrôon
nord du mont Koti lion, à côté de
Fig. 254. Thasos, plan restitué du Thersilocheion (75) et de l' Héracleion hellénistiq ue: d'O lympi e s'ouvr e lui aussi à l'ouest, c'est sans celui d'Artémis, est orienté à l'est.
76. propvton et autel, 77. temple, 78. galerie est , 79. édifice aux oikoi, 80. cour et puits. (81 : arc de Carcalla). dout e parce que cette orientation avait pour avan- 51. A. F. AVEN!, G. R OMANO, Sugli
Dessin M . Wur ch-Kozelj, Thaso s 2000, fig. 94. tage de p erm ettre à la Métèr de ne pas se détour - orientamenti dei !empli in Magna
Grecia e in Sic ilia, RArcheo24, 2000,
ner du centre du sanctuaire et de faire face au p. 15-22 .
vieux temple d'H éra. 52. 0. BINGôL, Epiphanie an den
Pour la même raison qui pri vilégie l'orienta- Artemistempe ln von Ephesos und
tion des templ es vers le soleil levan t, les sacrifices Magnesia am Maander, 700jahre
iisterreichischen
Forschungenin Ephesos,
s'offraient normal ement sur l'a utel face à l'est, le Akten des Symposion, Wien 7995
prêtre ayant le dos tourn é au temple de la divinit é (1999 ), H . fRIESINGER,
F. KRINZINGERéd. , p. 233-240.
concernée, dont la statue (si elle est axiale) est

790 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGAN ISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 797


ARCH ITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 256. Sardes, temple d'Artémis. censée survei ller le déro ulement des op · ti'
Plan restitué du projet hellénis- ~ 1il fjJ ~, . , . . era ons. dissocié, le temple siégea nt sur la p ériphérie
Au sem de I orga m satio n générale de l'espace du
tique. D'après W. Hoepfner, tandis que l'aut el occupe le centre (dans des sanc-
Hermogenes 1990, p. 4. bil/ sacnfi _ce cette _relation temple-a utel a évolué au fil
tuair es anciens, dont le Délion à Paros, ou
[jJ" [jJ" ljJ des s1ecles,
_ _ swvant. des schéma . s que B· Bergqwst•
Fig. 257 Magnésie du Méandre, l'Héracle ion à Thasos), probablement à cause de
a tente a plusieurs repri ses de mettre
l'antériorité de l'autel, comme à O lympie où les
temple d'Artémis . Restitution de la
~" ~ riJ - ·d 53 I
ev 1 ence : son ana yse structure lle l'a conduite à
en
façade ouest. Vers 200 . D'après temp les d'H éra et de Zeus se conte nt ent d' enca -
Magnesia 1904, fig. 32. penser qu e les sanctuaires a.rchaiqu es seraient drer le vieil autel de cendres, qui demeura
bea uco up m oin s désordonnés qu'il n'y paraît. toujours le fond em ent du culte.
~ ri']
Admettons avec elle qu e le temp le et l'autel
constituent la basic area, séparée de l'entrée p;
~ ~
Ou sont les axes?
une secondary _area regroupant la grosse majorité
des constructions non essentie lles; on le voit bien Il faut bien sûr mettr e à part les sanctuaires de
~□~ dan_s l'Hér~i~n de Samos, entre autres (fig. 43). divinités chthoniennes, qui donn ent plus nette-
~ ~ Mais quantite de sanctuaires, de superficie rédu- ment l'impression d' être pol yce ntriques, sans
ite, étaient dépourvus de « zone secondaire », et il axes clairs, lorsqu'ils ajoutent à un ou plusieurs
~ ~ faut égaleme n t tenir compte des rare s cas où un petits templ es un lieu pow- les réunions cultuelles,
1 temple, co nsac ré à plusiew-s divinités, avait en où sont alors h éb ergés les autels-fosses nécessai-
face de lui plusieurs aute ls ou foyers: le temple C res au riluel {à Agrigente aussi bi en qu'à Éleusis,
1
'7 p
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-= de Kommos a reçu deux autels en plus de l'autel fig. 226) . 1,

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creux et du foyer double que possédait déjà le Dan s le sanctuaire des Grands dieux de 11 ,,.
I_L_ .. __ J.:
temp le B (fig. 74), tandis qu'au début du m• siècle Samothrac e, dont la phase la plus brillante date
le sanctuaire des Douze Dieux de Délos, le de la périod e hellénistiqu e, la configw-ation escar-
Dodékathéon, avait fini par regrouper jusqu'à pée des lieux s'opposait à toute velléité de plani-
cinq aute ls vaguement alignés sm deux rangs. En fication, si bien qu e les édifices ont été regroupés
(iJ (iJ (iJ ~ (iJ t'.i)' définitive , qu e ce soit en Grèce continental e ou en les un s à côté des autres, parfoi s en parallèle, mais
Occident, les rec h erc h es planificatrices de plus souvent en oblique (fig. 259). Au contraire, la
(iJ t:ill B. Bergquist paraissent souvent théoriques et trop grande majorit é des vieux sanctu aires, qu'ils
(iJ (iJ (iJ (iJ 1il [iî (iJ riJ
I systématiques, allant jusqu'à go mm er l'indéniable soient p etits (Dodon e), d e taill e moyenne

uIT 0
tendance archaïq ue à l'irr égu larité. Il est sûr,
toutefois, qu'à cette époque l'entr ée est souvent
en position ob liqu e par rapport à l'axe du couple
lemple -aute l, comme l'illustrent les deux états
success ifs du sanct u aire d'Aphaia à Égine
(Héraion d'Argos ) ou plu s étendu s, donne plutôt
le sentiment d'un manque de composition direc-
trice54. Ils continueront au fil de s siècles à rece-
voir librem ent de nouv elles const ru ctions ou des
bases de statues sans vraiment en intégrer ni
(fig. 258). Si ce coup le est la plupart du temps à même aligner les volumes, un e par ci, une autre
peu près au centre du terrain, il peut aussi être par là. On le voit bien à Olympie où, malgr é les Fig. 258. Égine, sanctuaire
256 d 'Aphaia. Plan restitué , vers 560
trésors plac és à peu pr ès en parallè le sur une
(en pointillé, l'état postér ieur).
terrasse et quelques monum ents qui ont tardive - angle stratégique du nord-ouest (fig. 260). Alors D'ap rès H. Walter, Agina, 1993,
ment jou é sur des axes (fig. 220), l'e nsemble que les prop ylées de Mnésiclès mélangeaient les fig. 57.
apparaît toujours pour le moins désordonné. Le deux ordres, les deux monuments principaux,
sanctuaire d 'A pollon à D élos l'était un peu successivement d'o rdre ionique puis doriqu e,
moins: à la relative disper sion du v1° siècle, soit la étaient à la fois séparés et reliés par des statues et
période de la domination naxi enne (fig. 288), a d'autr es ex-voto, devant la colonnade de la chalco-
succédé un essai de regroupement au moment de thèque, qui se trouvait également dans le champ
l'hégémoni e athénienne, dans la seconde moitié de vision de tout entrant. On comprend que
du v 0 siècle (fig. 255). À la mêm e période, guidés certains arch éo logu es aient entrevu dans la
par leur vision politique , les Athéniens avaient conception classique de !'Acropole d'Athènes une
aussi imprim é à leur Acropo le une planification volonté de faire transparaître l'ordre de l'univers ,
monumentale cohérente, la premi ère du genre le kosmos, selon la pensée fondamentalement
(supra, p. 88). Non seulement l'axe médian des géométi·ique d'Anaximandre 55.
propylées de Mnésiclès passait par celui des Ailleurs, lorsque la place manqua it et qu'il
restes du « Vieux temple», assez éloigné, mai s il fallait vite répondre aux sollicitations ponctuelles ,
les « éléments secondaires» ont tendu à déborder 54. C'est sur ce goût per sista nt po ur
était parallèle à celui du Parthénon, en sorte que la « libre disposition » qu'insiste
chaque visiteur, qui venait d'adm irer sur sa droit e des limites d'un hiéronencombré, par exemp le à G. P. LAVAS, Altgriechisch es Temenos,
le précieux temple de la Victoire , pouvait balayer Gortys d'Arcadie (fig. 368) et surtout à De lphes, Baukiirper und Rau111bildu11g, Zuri ch
53, B. BERGQUI ST, The Archaic Greek où la terrasse d'Attale 1er s'est accrochée en 19ï4.
d'un large coup d'œil l'ensem ble du p latea u, du
Temenos,A Study of Structureand 55. 1. N. ARVANITIS, Di e periklei sche
Function,Lund 1967; EAD., The mur de péribole nord à celui du sud, depuis travers du péribol e est, contre lequel avait été
Akropolis und die Anfànge der
Archaic Greek Temeno s in Western l'écrin des anciens cultes héroïques, l'Érech- accolé auparavant le trésor des Cyrénéens 56 EKHNOrPA<l>IA , Kult und Kultbauten
Gr ee ce, A Survey and two Inquiri es theion, ju squ'à la plate-forme du Parthénon, (fig. 261). Loin d'êti"e le fruit d'une imagination 1997, p. 195-208.
Sanctuairegrec1992, p. 109-152. ' 56. jA CQUEMIN 1999, p. 248 et suiv.
surélevée de quelques degrés et aperçue pru· son débridée , comme on l'a souvent prétendu, l'im-
257

792 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 793


6. LA DÊLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES
mense restauration aquare llée de Delphes que Fig. 260. Athènes, Acropole. Vue
l'architecte Prix de Rome Alb ert Toumaire livra perspective restituée. Ép. augus-
en 1894, h érissée de statues et de monuments en téenne. D'après G. Ph. Stevens,
Hesperia 1946, p. 74.
tout genre entassés sur un terrain en pente, coupé
par un mur de sou tènem ent après l'autr e, devait Fig. 261. Delphes, le sanctuaire
assez bien reproduire la réa lité du hiéron au tour - d'Apollon. Maquette de D. Laroche
et S. Alemda r, 1992, EFA.
nant de l'ère chr étienne; elle contra stait avec l' al-
lure plus étale du sanctuaire d'Apo llon à Délos,
où la zone plane et longtem ps marécageuse entr e
le Néôrion et le mur de p éribole orienta l resta
toujours vide de constructions 57.
Pour ne rien simplifi er, la plup art des sanc-
tuaires d'un e certaine étend ue étaient gouvernés
par une distinction, m ême non matérialisée, entre
un téménos primordial, c'est-à- dir e un couple
templ e et aute l, et le terrain plu s vaste qui l'en -
globait avec d'autr es constructions , le téménosau
sens large. Cet agrandissement progressif du
noyau initial est aisé à suivr e à Olympie 58 et dans
le sanctua ire de Poséidon au Sounion, entre
autr es (fig. 193). Au fil des siècles on vit même
parfois dans un sanctua ire plusieurs temples
consacrés à la même divinité, élevés en parallèle
à des dates différentes : à Délos, la présence de
trois temp les d'Apollon (sinon quatre, en aj outant
l'Oikos des Nax iens !) est assuréme nt à mettre au
compte des changeme nts politiques, mais le voisi- se partager un seul hiéron. Le grand temple
nage serré de tous ces naoi suggère que cer tains d'Apollon à Claros était parallèle à celui
aient remp li en pr emier lieu un e fonction de d'Artémis, très proche (fig. 262); mieux, au
templ e-trésor5 9 (supra,,p. 118). Il était encor e plus Létôon de Xanthos ce sont les temp les de la
banal de voir des temples de divinit és différentes triade Létô, Apo llon et Artémis qui, côte à côte,

Fig. 259. Samothrace. sanctuaire des Grands dieux. Plan restitué, au 1•' s. de n. ère. Principaux monuments: 6. dédicace milésienne, 7. salles de banq~et s, . n
11. portique ouest, 12. monument de _la Victoire, 13. théâtre, 14. Altar Cou~, 15. Hieron, 16. Hall of the Votive Gifts, 17. _Hall of the Choral Dancers, 2\u~;o~~ n;
22. «sacristie», 23. Anaktoron, 24. ded1cacemacedonienne, 25. « aire théatrale », 26. Propylon de Ptolémée Il, 28 . petite rotonde dorique . Dessin J.
Lehmann 1998.
57. Paris-Rome-Athènes,le voyageen
Grècedes architectesfrançais aux Xlx' et
xx' siècles,cat. expo . Paris 1982: voir
les Envois de Rome «De lphes » et
« D élos».
58. U. SINN, GreekSanctuaries1993,
p. 88- 109.
59. BRUNEAU,F RAISSE 2002, p. 79.
261

6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAJRES 795


194 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
siné et enterré à Delphes près du temple
Fig. 262. Claros, les
temples d'Artémis et
d'Apollon (on a même dernièrement proposé
d'Apollon et leurs d'identifier l'autel de cet hérôonavec un massif
autels, en léger déca- allongé 62 sur la terrasse d' Attale 1er). Toutefois
lage par rapport à l'axe
dans la plaine centrale de Délos, moins resserrée'
des propylées. Plan L
des fouilles de 1960 et ]'Artémision et son enceinte ont pu s'agrandi;
1988, par P Varène et sans peine dans l'an gle nord -ouest du hiéron
J. Rougetet, Cahiers de d'Apollon, contrairement au sanctuaire de Létô
Claros 1, 1992, p. 106.
la mère des jumeaux divin s, qui est toujours resté N
en marge du péribole principal, sur une majes-
tueuse terrasse à laquelle une bordure de lionnes
en marbre conférait un air de voie sacrée ---------------------
(fig. 264 ).

,, \
3. Axialité et symétrie
En marche vers
la planification orthogonale
Dans les sanctuaires, en raison du goût gran-
Por1a
"MARINA"
.. ~:F~
-
·,,
dissant pour les lignes droites, le recours à des

\\
Por1a
portiques pour marquer la séparatio n ou rempla- "S IRENA"

cer une partie de péribole est devenu peu à peu


une constante . La stoa coudée êlevée par les
' \ axiens à Délos dès le vi e siècle, pour fermer les
\\\', côtés ouest/sud-ouest du hiéron d'Apo llon, fait
figure d'exception, à une date où cet espace
\ \ 1
n'était pas encore encadré sur ses autres faces
'\ \ (fig. 255 ), et il faudra attendre le 111• siècle pour
-- '°~_,.._..,__,............,
.. que la stoa des axiens trouve un répondant dans
le long portique d'Antigone construit au nord-est
du hiéron, mais sans composition symétrique. Au
dernier quart du v• siècle, dans le sanctuaire
formaient une composition tripartite (fig. 122) d'Artémis à Brauron, le premier exemp le connu
orientée vers le sud60, tandis que dans la plaine de de portique en n a donné naissance à une cour 263
Poséidonia-Pa estum trois temples sont venus peu semi -fermée , qui laissait encore le temple se
Fig. 263. Poséidonia-Paestum. Plan
à peu s'insérer presqu e en parallèle, respective - placer librement (fig. 219) ; enfin, dans le vieux de la ville à l'époque républicaine,
ment dédiés, du sud au nord , à Héra , Poséidon et sanctuaire d'Apollon à Thermon, deux très longs montrant l'alignement des trois
temples principaux, en noir. Dessin
Athéna (fig. 263). portiques parallèles (de 164 et 173 m) ont dessiné
D. Theodorescu dans Klassische
Autre cas de figure, celui des sanctuaires une vo ie bordée d'exèdres liée à l'entrée sud, en Archaologie 1990, p. 92.
imbr iqués les un s dans les autres, lorsqu'une divi- même temps qu'un autre portique long de 185 m
constituait le cordon sud du sanc tuaire, peut-être Fig. 264. Délos. l'allée des lionnes,
nité occupe la majeure parti e des lieux et laisse un menant au temple de Létô et au
peu de place à d'autres dieux ou héros qui, de dès les années 300 63 (fig. 199). sanctuaire d'Apollon.
toute façon, étaient également honorés là depui s À ce rythme, l'axialit é, la symétrie et les
longtemp s. De nos j ours ils ne sont pas toujours angles droits sont graduellement devenus les
faciles à reconnaître, sans même parler du fait concepts directeurs pour la compos ition de la
60. J. DESCOURTILS,Xan thos el le qu'ils compliquent le chemineme nt: à la surfa ce majorité des sanctua ires. Mais l'évo lution n'a
Létôon au 11' s. a. C., dan s Les cités de !'Acropole d'Athènes, le visiteur était ainsi jamais été régulière, car les Grecs, qui se méfient
d'AsieMineureoccidentale au Ifs. a. C.,
A. BRESSON,R. DESCATdir., obligé de contourner plusieurs petits sanctua ires de la rigid ité, ont jou é avec soup lesse des décala-
Bordeaux 200 1, p. 213-224. dotés chacun de murs et d'une porte. Lorsque ce ges, comme sur l'acro pole de Lindos où le
61. Essai de situation dans n' étaient pas des enclos interdits du type abaton, nouveau temp le d'Athéna, qui n'était de toute
j ACQUEM IN 1999, pl. l. ces sanctuair es «seco ndair es» ne renfermaient façon plu s qu'un édifice seco nd aire dans l'ense'.11
-
62. A. j ACQUEM I ' , D. LAROCHE, souvent qu'un autel, à l'image de celui de Zeu s à ble du hiéron,dévie de l'axe des gran ds propylees
RA 1990, p. 216-221. Connu grâce à
Pausanias, X 24, 5, l' hérôonde Didymes, 9u d'Arté mis à Olympie (supra, (fig. 276). Ce positionnement en biais du temp!e:
Néopto lème aura it alors eu ici une p. 124)... A Delphes, d'après la trad ition, un par rapport à l'axe du propylon,a longtemps ete
forme monumentale , différente de privilégi é par des arc hit ectes amoureux de
son aspect premier.
certain nombre de sanctuaires étaie nt même plus
63. 1. A. PAPAPOSTOWU,Phigos
anciens que celui d'Apollon 61 : le téménosde la longues enfilades de colonnes en perspec~v:;
[Hommages à S. Dakarisj,Jo annina Terre-mère, celui de Poséidon, de Dionysos, ou désormais, après le rv• siècle, le visitew- qw pe~: -
1994, p. 509-522 [en grec]. encore celui du fils d'Achille, Néopto lème, assas- tre dan s un sanctuaire verra le temple de prefe· 264

796 6. LA DÉLIMITATIO N ET L'ORG ANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 797


ARCH ITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 265. Magnésie
du Méandre, plan de
!'Artémision et de
l'agora, avec les
tracés directeurs.
Dessin W. Hoepfne r
d'après Magnesia
50
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Fig. 266. Messène, Asclépieion.
Plan à l'époque romaine.
A. Salle d'assemblée,
B. propylon,
11.Hérôon,
E. bain,

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1904. 11· ··· ··· ······-··- !\ __JII ";:
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Z. Grand temple dorique et son
autel,
!: li K. Artémision.
D'après Themelis 1999, p. 60.
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rence par sa façade d'entrée 64 ou, à la rigueur, par m • siècle, ait d'abord été pris au moment de sa téménos de Zeus Sôter à Mégalopo lis, le plus Les sanctuaires en terrasses
un de ses longs côtés perpendiculaires à l'axe découverte pour une agora, largement ornée de ancien des sanctuaires grecs organisé à la manière Toutes ces tendances s'expriment également
64. Dans le sanctua ire d'Apollon des propylées, un point de vue choisi à Claros 65 statues 67 (fig. 266). Malgré un bain à proximité, d'une cour péristyle fermé e68 . Toutefois, le temp le sur la terrasse supérieure de l' Asclépieion de
Pythios à Rhod es, le temp le est face et déjà esquissé auparavant à Égine (fig. 218). cet Asclépie ion semble avoir été moin s centré y était encastré au fond du plus vaste des quatre Cos 69 (fig. 275). Bien plus complexe que celui de
aux propylées , mais sans êt re tout à
fait d ans leur axe: W. HOEPFNER,
Ensuite, les architectes iront ju squ' à planifier de que les autres sur les cures médical es; le culte du portiques à colonnades doriques, une formu le Messène, cet Asclépieion créé au rv• siècle n'a
Der Kolossvon Rlwdos,Mayence 2003, nouveaux sanctuaires semb labl es à des agoras dieu principal y est indissociable de celui de presque identique à celle du téménos dit de Zeus réellement pris corps qu'à partir du m •, pour
p. 35, et infra.,p. 206 . fermées par des colonn ades sur trois ou quatre plusieurs héros (infra, p . 281 ), pendant près de l'agora de Priène, cette fois avec deux constituer un parfait exemple de « sanctuaire en
65. Voir ÉTIENNE,VARÈNE2004, côtés, dans un plan d'urbani sme de type hippo - qu'Artémis, Déméter et les Dioscures se parta- terrasses» - un e expression qui est courammen t
surt out p . 148, pour l'exp lication du
portiques seulement (fig. 267). En effet, dans les
léger dé ca lage de l' axe des propylées
daméen. Complété par une agora où le templ e geaient les abords de la cour, finalement comp lé- sanctuaires créés ou restructurés à la période emp loyée p ar les archéologues, alors qu'elle
de C laro s par rapport à celui du de Zeus est en situation décalée, l' Artémision tée au nord par un sanctuaire du culte imp érial. hellénistique, le temple est encadré au minimum recouvre en réalité des situations assez diverses.
temp le d 'Apo llon. de Magnésie du Méandre (fig. 265) n'est qu'un Du point de vue topographique, le plus remar- par deux ou trois portiques en 11, et les architec- Composées de pierres de remblai retenu es
66. Développe ment dans ITO 2002, exemple parmi d'autr es de ces lieux créés à partir 68. U. W. GANS, U . KREILINGER,
surt out p. 67 et suiv.
quable est certa inement la place du « couple tes ont essayé de faire déboucher l'entrée sur une par des murs de soutène ment, les terrasses super -
The Sanctuar y of Zeus Soter al
d'un strict maillage géométrique6 6, et il est bien temple et aute l » au centre de la cour, ainsi que sa sorte de parvis dans l'axe du temple, selon un posées en retrait sont aujourd'hui encore une
67. F. FELTENS,H eiligtümer oder Megalopo lis, Pelopon11
esian Sanctuaries
Ma rkte ? AntK26, 1983, p. 84- 106; compréhensible que l'Ascl épieion de Messène, position axia le face aux propylées est. Un tel parti schéma qui annonce les compositions majeures sorte de marque de fabrique du paysage monta- 2002, p. 187-191: peu après 340.
THEMELIS 1999, p. 58 et suiv. remodelé en cour péristyle à partir de la fin du pris est rare et ne se retrouve que dans le petit de l'Empire romain. gneux de la Grèce et de la Turquie. Dès les 69. SCHAZMANN1932, p. 37.

198 .ARCHITECTURE RELIGIEUSE 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 199


Fig. 267. Priène, la stoa sacrée (au nécessita d'aménager une terrasse spéc ialeï2
nordi, l'agora et, à l'est. le téménos (fig. 269), qui recouvrait les subsh ·uctions sud du
dit de Zeus, avec son temple
tétrastyle et son autel. D'après
naos, profondes de plus de 7 m. Elle était soutenue
Wiegand, Schrader 1904, pl. 13. ••• l.• ••••••• par ce que les archéologues appe llent le « mur
polygona l », couronné à l'origine par cinq assises
et un parapet, avant d'être en partie masqué, dan s
/
son secteur le plus en vue, par le portique ioniqu e
qu'édifièrent les Athén iens vers 480-470 (fig. 270).
Parce qu'il fallait toujours corriger la forme natu-
relle du terrain, d'autres murs de soutèn ement

···!J~ ~~
············-·-- ---- -·--·-····--·-

-....-,
archaiques filaiënt en contrebas, et chaque trésor
était mêm e accessib le par une toute petite plate- /
/

forme particulière. En plus des rares escaliers et,

j ~ -~
surtout, des rampes qui essayaient de guider un m
tN• i• cheminement sinueux, des surfaces avaient été 50

!J .. 1 1 LI aplanies artificie llement hors du péribole: à


l'ouest, maintenue par des murs de la fin du
40

• v1° siècle, la terrasse dite de l' « Hermei on» fut 30


divisée en deux par un refend et bordée d'esca-
liers sur les petits côtés, tandis que sur le péribo le
est, en face du temple du 1v• siècle qu'elle domi-
I
I 20

10

nait, la terrasse vou lue par Atta le l"' était un 0


ouvrage pour le moin s comp liqu é, surmontant
une exèdre voûtée. Avec le temps, les abords du
templ e d'Apo llon - le seul terra in suffisamme nt
long et large, sur plus de 80 x 45 m - se sont
transformés en un lieu d'ex position lTès app récié
pour les ex-votoles plus prestigieux , de préférence
très hauts (fig. 261 et 319), pour en faire des
années 700 dan s les Cyclades (Paros, Délos ...), médian e de l'H éra ion a été élargie et bordée ouvrages phares. Au moment de l'arrivée des 268
puis en Asie Mineur e (Néandria, Ancienn e d'un e sorte de salle hyposty le à l'est, ainsi que Romains tous les niv eaux, parfois entreco up és, Fig. 268. Argos, Héraion. Plan à
Smyrne ...), de nombr eux téménèont été fondés sur étaient occupés de manière compacte, et seul l'époque classique.
d'un autre portique au sud , compl été par un haut
1. Vieux temple d'Héra,
une terras se coupant un e pente et faisant ainsi et large mur d' analemmaen gradins - un procédé 2. portiques,
office de podium , de manière à rendre le temple rare dans le monde grec, qui disparaît après le 3. salle hyposty le,
mieux visible sur trois côtés. Par la suite, ce sont 1v• siècle 71.L'escalier allait finalement mener à un 4. temple classique d'Héra,
5. édifice ouest.
parfois plu sieurs terrasses qui ont été agencées à nouv eau temple (achevé vers 400-390 seulement, 6. portique sud.
coups de rembla yages successifs, dont le cubage supra p. 76) au centr e de cet espace, en même D'après Coulton 1976, p. 216.
peut être très import ant, afin de donner le maxi- temps que les lignes des port iques archaiques
Fig. 269. Delphes, vue de la
mum d'ampleur à un sanctuaire. au nord furent régularisées par plus ieurs gradins, terrasse sous le temple d'Apollon.
Parmi tous ces sanctuair es développ és en aussi commodes que ceux du portiqu e sud pour
terrasses, l'Héraion d'Argo s70 est, en Grèce conti- accueillir les passants qui vou laient suivre le
nentale, le plu s anci enn ement architecturé déro ulement des concours. Au 1v• siècle, ce sont
(fig. 268 ). La pr emière plate-form e, constituée à nouveau des portique s qui furent constru its plus
d'un gros assemb lage de typ e cyclop éen, y fut à l'ouest.
taillée orthogonal e dès les années 700, pour l'ins- La compos ition du site de Delp hes est à la fois
tallation d'un templ e, dan s un secteur dallé. comparab le à celle d' Argos et tout de même diffé-
À partir de 600 la terrasse en contr ebas, jusqu 'a- rente . Les murs de soutènement étaient indi spen-
lors seulement destinée aux sacrifices sur l'autel, sables dans ce site très pe ntu sur un e faible éten-
fut longée par deux portiqu es qui se sont succ édé du e, mais, en définitive, le recours à de s portiques
au nord et au nord- est, reliés par la principal e y demeura limité. Apr ès la réalisation de terrasses
rampe d'a ccès au templ e, pui s, vers la fin du par combl ement, dès l'é poque myc énienn e,
v ie siècle, un grand hestiatorion à cour péri style suivie de la destruction d'un petit habitat géo mé-
(!'«Édifice ouest », fig. 302) occupa la zon e infé- triqu e, le ter rain fut rembl ayé pour p erm ettre au
rieure. Déjà utiles pour clôtur er des sites de plai - sanctua ire d'Apollon de s'installer sur des plat es-
nes, les portiqu es seront désorm ais quasim ent formes déjà bien constituées. En même temp s,
70. BILLOT1997. indi spensable s dans les sanctuaire s en terra sses, vers le sud -est, le hiéron d'At héna prenait po sses- 72. Voir E. H ANSEN,Autour du
71. P. AMANDRY dans Ét. argiennes, qu'i ls soient ado ssés à des murs de soutènement sion d'un e autre terrasse, plu s étro ite. Dan s la temp le d'Apollon , dans BOMMELAER
BCH Suppl 6, 1980, p. 242, el 1992, p. 125-149, et plus gé nérale-
TH. BECKER,op.cit. note 75 (p. 26 1- ou qu'ils en fassent partie intégra nte. Entr e le second e moitié du v1• siècle, la constructio n du
ment BOMMELAER 199 1.
28 1: «Stufenstüt;onauem»). milieu et le troisième quart du v• siècle, la terra sse temple offert par les Alcméonides à Apollon

6. LA DÊLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 20 7


20 0 ARCH ITECTURE RELIGIEUSE
Fig. 270. Delphes , le se faisait aussi p ar un tracé en zig-zag, les édifices Fig. 271. Labraunda, sanctuaire de
mur en appareil poly- Zeus. Plan général. D'après
gona l et la colon-
de Labraunda étaient toutefois moins nombreux
P. Hellstr6m, Klassische Archaologie
nade du portique et mieux alignés (un signe des temps?), cepen- 1990, p. 244.
des Athéniens. dant que l'articulation était assur ée par plusieurs
escal iers ind épe ndant s, qui longeaient les murs Fig. 272. Halicarnasse, terrasse du
Mausolée. Restitution axonomé-
des terrasses . trique. Dessin K. Jeppesen dans
Les impr essionnant s sanc tuair es hellénistiques P. Pedersen, The Maussolleion at
de Pergame, de Cos, Cnide, Camiros et Lindos ne Halikarnassos 3, 1991, fig. 89.

seraient donc, en définitive, que la descendance


et la consécratio n d'une longue lignée. Il est vrai
que, dès les époques arc haïqu e et surtout clas-
sique, quelques sanctuaires grecs ont jou é sur les
escaliers pour passer d'une terrasse à l'autre75,
Néanmoins, comme ils succédaient à des rampes
souvent sinu euses, ils restaie nt ignorants des axes
et des perspectives; d'ailleurs, ces escaliers
n' étaient pour la plupart que de modestes degrés
de technique peu soignée, souv ent mal calculée
(Héraion d' Argos, At h én aion archaïque de
Lindos ). Sur les pentes de l'Acrocorin the, le
grand escalier en blocs de calcaire qui traverse
depuis la fin du v0 siècle la majeure partie du
sanctuaire de Déméter et Corè 76 atteint bien envi-
ron 29 m de long, pour une largeur moyenne de
2,90 m, mais ses multiples paliers (fig. 297) ne
coïncident pas exactement avec les trois terrasses
irrégulières, ils permettent ju ste d'entrer dan s une
série de bâtiments non alignés. À Labrau nda, la
liaison entre les différents niv eaux n' était mani-
festement pas encore le fruit d'une réflexion
expérime ntée: puisque les effets de l'arc hitecture
271
en terrasses ont éga leme nt été exp loités dans le
petit sanctuaire d'Artémis à Amyzon, dont le
temp le (non le propylon) porte un e dédicace d'Eum ène II , à trois niveaux bordés de colonna-
d'Idrieus, et dans la ville d'Halicarnasse, où la des doriqu es et réunis par des rampes ou des
l'étage ment permettait à chaque visiteur d'entre- terrasse du Mausolée était au premier plan souterrains, témo igne d'une bell e largeur de vue.
voir en per spective le plan et la comp osition (fig. 272 et infra, p. 3 12-313), tout port e à croire Son portiqu e sup érie ur en TT,autour d'une cour,
globale du sanctuaire, centrée sur le grand temple que la dynastie des Hécatomnides a jou é un rôle fait tout de suite songer à la scénographie qui s'est
73. P. H ELL.5 TRôM, Th e Archit ect ural périptère. majeur dan s la diffusion de cet agenceme nt 77, épanouie dans le Dod écan èse, où les architectes
La yo ut of H eca tomnid Lab raund a, A Labraunda , sur le flanc du mont Latmos dont les avantages sont maint enant connus. ont envisagé plus systématiq uement un cadre
RA 199 1, p. 297-308; Th. THIEME,
Arc hit ectura l Remain s of Arc haic
où le sanctuaire de Zeus fut le pr emier d' Asi~ Le m e siècle représente alors un tourna nt. aussi monumental qu'homogène pour leur s sanc-
Labray nda , Grands ateliers1993 , Mineure réparti sur plu sieurs paliers, les C'est toute la ville de Pergame, et pas seuleme nt tuaires en terrasses. Et s'ils ont parfois négligé les
p. 47-55. fouilleurs suédois ont émis l'hypot hèse que sa lignes axiales et la frontal ité, en préférant se
ses sanctuaires ou ses gymnases, qui a dû s'ac-
74, A. WESTHOLM, LabraundaI, 2, planification aurait été inspir ée de celle qui régis- soumeth'e à des imp ératifs topographiq ues, c'était
17ze Architectureof the Hieron, Lu nd commoder d'un relief accidenté, en s'accroc hant
1963. sait le site de Delph es à l'âge classique. Au départ, à des terrasses pre sque toutes de faible éten due pour mieux profiter de l'ouverture sur le paysage
75. Th. BECKER, Griechische ce sanctuair e carien se contentait d'un petit ou étroites, retenues par des murs très élevés et et obtenir des effets de perspective.
Stufenanlagen,Untersuchungen zur nombre d'é lévatio ns, dont un simp le temple munis d' épais contreforts (fig. 273). Le sanctua ire Sur une pente à quelques kilomèh·es de la ville
Architektur,Entwicklungsgeschichte, ioniqu e in antis érigé dans un e première zone
Funktion und Repriisentation,Münster d'A théna Polias Nikè ph oros, le plus ancien, n'e st de Cos, au milieu d'un bois de cyprès origine ll~-
2003, surto ut p. 5- 108 aplani e, vers 520-500 73 . Tout changea pendant la qu'une grande cour ou une place pér istyle irrégu· ment voué à Apo llon Kyparissios, l'Asclé pieion ' 9
(« Terrassentreppen
"). périod e hécatomn ide, entre 360 et 340, sous les lière, où le temple a été comme repo ussé vers la se réduisait dans la seconde moitié du IV 0 siècle à
76. BOOKJDIS,Smouo 1997, sur tout règnes de Mausol e puis de son frère ldrieus: sur bord ure; il est toutefois ind éniable qu 'à défaut un autel et un point d'ea u. O n construisit devant
p. 94-98, 293.
la plu s élevée de cinq terra sses successives, la cella d'esca liers, ce sanctuaire et son temple sont uni s à lui, vers 280, un tem ple ioniqu e distyle in antis
77. P. PEDERSEN, Perga m on a nd the du templ e de Zeus reçut un péristy le ionique et
Ioni an Renaissance, IstMitt 54, 2004, la terrasse trapézoïdale du Grand autel, plus bas, auqu el fut adjoint , en parallèle à sa face sud , un
surt out p. 429-431. J e rem e rcie le hiéron prit un e allure gran diose derrière ses par une h-iangulation subti le 78 (fig. 274). Si le bâtime nt carré à deux pièces acco lées devant un
P. Hellstrüm pour m'avoir commun i- soutènements, entr e deux propylées, un portique sanctuaire de Déméter est un rectangle régulier , portique, qui pourr ait êh·e un lieu d'incub ation
qué son articl e « Sacred arc hit ect ur e
et plusi eurs salles de banquets, le tout sous un fermé au sud par un très long portique à deux (infta, p. 263). En même temps comm ença l'am é-
and Kar ian id entity ", à paraîtr e
dans les actes du co lloq ue Die Karer gra nd monument funéra ire (fig. 27l )i4 . Même si niveaux (fig. 230), son propylonn'est ni dan s l'axe nagement de la terrasse sup érie ur e (A), qui sera ... 79. SCHAZMANN1932; Presenza
und die Anderen (Berlin 2005 ).
78. RADT 1999, p. 167.
un e stoa était positionn ée ici comm e celle des
Athéniens à Delph es, et si l'approche du temple
du temple, ni même dans celui de la terrasse. agrandi e et ne prendra sa forme définitiv e qu' au / 272
italia,w 1996, p. 163- 171 (avec bib. ) ;
GRUBEN2001, p. 440-449 .
En fait, seule la conce pti on du gy mna se milieu du 11• siècle (fig. 275). C'est alors que

6. 203
202 ARCHITECTURE RELIGIEUSE LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES
I.:organisation du sanctuaire occidenta l de la
cité de Cnide 80 n'a pu être éclairc ie q~e dan s les
dernières années de notre x.xesiècle. A l'est, par
une voie droite depuis la ville, on atteignai t cette
zone grâce à un propylond'apparat daté du début
du m 0 siècle, en forme de petite stoa à quatre
colonnes ioniqu es in antis, mais les édifices mis
au jour sur tro is terrasses appart ienn ent à un
\
pro gramme de rénovatio _n_ plus récent, du
n° siècle. Sur le palier supeneur, un group e de
mod estes bâtiments parallèle s éta it dominé par
une tholoscorinthi enne, en réalité un temple rond
d'Athéna axé sur un petit aute l en I1 (fig. 178),
puis venait une étroite terrasse «interm édiaire»,
ju ste destinée à un naïsko: e_n face d'un a~t_el et
reliée à la vaste terrasse med1ane par une sene de
gradins, qui servaient appare mm ent de tribun e
Fig. 273. Pergame, restauration de la ville haute à l'époque romaine. Envoi de Rome d'E. Pontremoli, 1895 . pour les j eux en l'honn eur d'Apo llon Karn eios.
En effet, c'est à ce dieu était qu 'était consacré le
prin cipal des deux temples -oikos du niveau
médian, p lacé dans l'axe d'un grand autel de type
ionien , décoré sur plusieurs assises. Enfin, un
beau pétiptère à 6 x 11 colonnes doriques, ento u-
rant un profond pronaos et un pseudo-opist ho-
dome fait de demi-colonnes adossées, occupait la
terra sse du bas, toujours en parallèle avec les
temples ou naïskoi constrnits plus haut et la ligne 0 100 m
des différents mur s de soutènement.
275 Fig. 275. Cos, Asclépieion. Plan
général à l'époque romaine.
D'après Schazmann 1932, pl. 37

Fig. 276. Lindos, acropole. Plan


schématique à l'époque hellénis-
tique. D'après [Univers des
formes, La Grèce hellénistique,
1970, fig. 419.

PlAN RESTAVRF
~ 1 FCHFl.l.f DF
o 005 P.M
Fig. 274. Pergame, plan restauré de la ville haute à l'époque romaine. Envoi de Rome d'E. Pontremoli, 1895.

l'étro ite terrasse médiane (B), enri chie san s ordr e panorama sans entrav e. Mais , tout en bas, la
d'un e salle de réunion , d'un e exè dre et d'un autel terra sse inférieur e (C) ne pouv ait apparaître
refait, se trouva quelque p eu éclipsée, car un esca- comm e le pend ant de la terra sse A que par la
lier monum ental à deux volées en part ait, désaxé, pr ésence d'un portiqu e symétriqu e en rr, car elle
pour atteindre un e plat e-form e qu' on aurait pu était dispo sée en oblique par rapport au reste du
croire conçue à l'époqu e roma ine. Entouré sur sanctuaire et, malgré des prop ylées, ses deux
trois côtés par un portique profond de 6 m, un esca liers d e tran sition , forcément désaxés,
temple péript ère à 6 x 11 colonnes doriqu es ava it faisaient piètre figure sous celui qui menait au 80. H. BANKEL, Knidos , d as
été édifié bien au centre de cet esp ace et dans templ e périptèr e. Triopio n, Macht der Ardiitektur2004,
p. 100-113.
l'axe de l'escalier, pour perm ettre de jouir du
276

6. LA DÉLIMITATION 205
204 ARCHITECTURE RELIGIEUSE ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES
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Fig . 2TI Camiros, sancw aire de j_
l'acropole. Restitut ion axonomé-
triq e. Fin du 111 • s. Dessin L Calio
dans Santuari e luoghi di cuita
nelf'l talia antica, 2003 , p. 54 .

0
Dan s le même secteur géograp hiqu e, et dès la un temple isolé d'Athéna Polias à un très long
première moitié du m• siècle, l'île de Rhodes portique dorique (196,74 m). Cette stoa sert à
s'était fait une spéc ialité de l'urbani sme et de la soutenir la terrasse supérieure, où le temp le est
construction de sanctuaires sur des terrasses, en décentr é mais néanmoins parallèle en son axe au
jouant encore davantage qu'à Cos sur les mont ées portique {fig. 277), qu'un escalier médian traverse
par des escaliers monumentaux . Vouée au culte de part en part 82 . Sa position rappe lle l'acro pole
très tôt, l'acropo le de Lindo s avait été aplanie de la cité de Rhodes, admirab lement réorgan isée

~;r
V,·'"
sous la tyrannie de Cléobule, entr e le deuxi ème et au ue siècle en paliers reliés par des degrés: la
le troisième quart du VIe siècle 81, afin d'accu eillir terrasse du téménos d'Apollon Pythien 83 y sur-
un petit temple prostyle d'Athéna, décal é par plombait la zone où étaie nt implant és côte à côte
rapport à un très large escalier d'entrée (7,50 m), le stade, l'o déon et le gymnase, ce qui justifiait
que la configuration peu favorable du terrain bien l'épithète 0ea-rpoet8 éç, « semb lab le à un
avait obligé à tailler en biai s dan s le roc. Après théâtre», donnée à la ville selon Diodore (XIX
l'ince ndi e de l'acropo le en 392-391, le temple ne 45, 3 et XX 83, 2). Au cours de sa restauration
fut réédifié que vers 300, en prélude à un e effectuée peu après 200, le temple d'A pollon s'est Fig. 278. Préneste, sanctuaire. Restitution isométrique . Vers 100 av. n. ère. Fig. 279. Délos, sanctuaire syrien. Restitution isométrique de l'état vers 100 av.
D'après H. Kahler, Das Fortunahe iligtum von Palestrina Praeneste, 1978, fig. 3. n. ère. Dessin M. Schmid dans Will 1985, fig. 47.
restructuration unitaire du sanctuaire en trois même trouvé légèrement désaxé par rapport à
terrassements, qui prit corps à partir de la l'escalier d' entrée, ce qui permetta it de faire voir
première moitié du m • siècle (fig. 276). Le recour s en même temp s le bassin monum ental creus é sur
81. DYG GVE 1960, modifi é par
E. LIPPOLI S, ASAtene 66-67, n. s. 48- massif à des colonn ades qui soulignent et encad- sa droit e.
49, 1988- 1989 (1993), p. 97-156; rent les changements de niveaux était la clé d'un Il est probabl e qu e les nombr eux commer-
PreseTlZflitaliana 1996, p. 52-59. impact visuel saisissant depuis la mer (pl. XIII). portail d'accès au sanctuaire et cache des fontai- On a beaucoup insisté sur les traits italiques
çants italiens qui croisaient en mer Égée, contri-
82. L. M . C ALIÔ, Presen<11italiana Comme à Cos - et, peu après, à Camiros -, l'es- nes symétriques dans un portique, devant lequel du sanctuaire de Préneste, en particuli er sur son
1996, p. 60-65; ID., Il santuario di buant ainsi à asseoir la force économiq ue de
Camiro ..., Oria.onti 2, Rom e 2001, calier d'accès est au milieu du grand portique des Rhodes, finalem ent peu gênée par la proclama- deux ramp es opposées mènent au centre de la imp lacab le symétrie associée à la frontalité et sur
p. 85-107; ID., La scuola architetto- propylées (fig. 251), tandis que le temp le n'est tion de Délos comme port franc , ont aussi servi terrasse IV , où un long portique s'incurve symé- la fabrication en opus caementiciumde tous ses
nica di Rodi e l'ellenismo italico, murs, au point d'occulter parfois la présence de
Santuari e luoghi di cuüo nell'ftalia
visible qu'une fois l'entrée dépassée, étant encas- d'interm édiair es pour le transfert des modèles b·iquement en deux hém icycles, de part et d'autre
antica, L. Q UILICI éd., Rome 2003, tré dans un angle de la cour péristyle. Celle-ci culture ls de la Grèce de l'Est vers l'Occ ident. d'un escalier monumental. Au-dessus, derrière plusieurs principes de l'arch itecture hellénistique:
p. 53-74. faisait partie du même complexe que le grand Avec son ouverture sur l'environn ement naturel , neuf chambres voûtées à colonnes ioniques , la cette large utilisation des colonnades en perspec-
83. G. KO NSTANTINO POULOS, portique, pour abriter un aute l (non retrouvé ) en la scénographie rhod ienne a manifestement terrasse V soutient partie llement la cour (ca 100 x tive, alliée à ce jeu sur les axes et les changements
KlassischeArchii.ologie
1990, p. 209-
son centre et des salles de banquets à la périphé - inspiré, autant sinon plus que celle de Pergame, 50 m) du niveau VI, où le visiteur arrive aussi par de niveaux, est pourtant tout à fait frappante 85 .
212; PreseTlZfl
italiana 1996, p. 12-20.
rie. les arch itectes des majestueux sanctuaires tardo- des degré s dans l'axe . Ceinte d'une porticus triplex L'ordonnance des terrasses de Prén este laisse
84. F. fASOLO, G. GULLI NI, Il santua-
rio della FortunaPrimigeniaa Comme celle de Pergame, l'a cropo le de républicains du Latium, surtout celui de la à deux nefs, qui préserve la vue sur Antium, la même supposer que les substructions de la
85. G . GULLIN I, Terrazza, edificio,
Palestrina,Rome 1956; la datation Camiros s'é lève à plus de 100 m au-dessus du FortunaPrimigeniaà Préneste 84 . Ses sept terrasses cour autorise la montée par un escalier encadré terrasse inférieure de Camiros pourraient avoir uso dello spazio, dans Architecture et
vers 160-150 (pour des raison s tech- été semblab lement décorées d'une série d'arca-
niques ) a été abaissée vers 110- 100 niveau de la mer, en une succession de terrasses artificielles {fig. 278) découpent la p ente d'une d'arcades vers une cavea sommée d'un portique société
, de l'archaïsmegrecà lafin de la
par F. COARELLI dan s 1 santuari del un peu moins abruptes qu'à Lindos . Sans doute à en demi -cercle (porticus absidata), lui-même des, derrière deux rampes symétriques pour républiqueromaine,Rom e 1983,
colline depuis la fin du 11e siècle, sur un plan cette p. 119-189 (contraH. L.~UTER,
Lazio in età repubblicana,Rom e 1987, la suite du séisme de 227-226, qui provoqua la fois tout à fait axial. Alors que les deux premières surmonté d'une tholosdans l'axe, où se dressait la amener les animaux. Car si les Romains ont fait Bemerkungen zur spathe llenistischen
et dans Urbanisticaed Arcl,itettura
dell'anticaPresnete,Palestrina 1989, chute du Colosse de Rhodes, le sanctu aire fut en pa~t~:1t du bas ne sont que d'étroits supports, statue de la déesse. un grand usage de ces sb·uctures courbes, en les Baukun st in Mittelitalien,Jdl 64,
p. 115-135. reconstruit vers la fin du m e siècle en superposant mettant au premier plan, il n'en reste pas moins 1979, surtout p. 415 et suiv.).
la tro1S1eme terrasse possède en son centre le

206 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 6. LA DÉLIMITATION ET !.?ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 207


Fig. 280. Delphes, sanctuaire
d'Apollon. Le trésor des Athéniens
vu du sud; au premier plan, le
dallage de l'actuelle « voie
sacrée».

6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 209


Fig. 281. Le tracé de la voie sacrée
Athènes-Éleusis (en noir).
vaient à peu près glisser dans des ornières
1. Aute l des Douze Dieux sur affouillées dans le roc, la grande masse des parti-
!'Agora d'Athènes . cipants circulait à pied. C'est pour le confort de
2. mo num ent funéraire de cette pompèque les Athéniens décidèrent en 422 -
Pythionikè,
3. sanctuaire d'Aphrodite.
421 de jeter une passerelle spéciale au-dessus du
4. pont. Rheitos 95 , un ruisseau qui devait déboucher dans
D'après Travlos 1988, fig . 228. le golfe d'Éleusis. Au moins jusque là, le parcours
coïncidait avec celui de la voie sacrée Athènes-
Fig. 282. Voie sacrée Ath ènes-Éleu-
sis. sanctuaire d'Aph rodite . Delphes empruntée par les Pythaïdes, ces proces-
1. propv lon. sions qui partaient de la cour pavée du sanctuaire
2. salle de banquet. d'Apollon Pythios, à côté de la «fontaine»
3. temp le.
4. « maison des prêtres ».
Clepsydre et en bordure de la voie panat hé-
5. voie carrossable. naique au nord -ouest de l'Acropole 96 . En plus des
6. maison de garde (?), nombreux monuments funéraires ou religieux qui
7. ruisseau. ja lonnaient la voie, au dire de Pausanias (I, 36-
D'après Travlos 1988, fig. 231.
38), un petit sanctuaire d'Aphrodite avait été
fondé après le Pythion de Daphni, soit à peu près
à mi-route 97, sur une terrasse au pied d'une falaise
creusée de niches pour les offrandes. Adossé à la
face ouest du mur de péribole, le minuscule naïs-
kosde la déesse n'était pas plus grand que le peu
banal propylonà auvent intérieur (fig. 282), et un
espace quadrangulaire entre les deux pouvait
servir de cadre à des repas, avec son portique et
ses citernes façonnées en bouteille dans la roche.
0 5000 10000 J .T. Mais parmi les annexes situées hors de l'enclos,
M. 1984 de part et d'autre de la voie sacrée grossièrement Fig. 283. Voie sacrée Milet -
aménagée, la prétendue « maison des prêtres» a Didymes. téménos. Plan restitué.
281 Vers 530-525. D'après K. Tuchelt et
dû être affectée d'une manière plus générale à placées au vr• siècle à proximit é de la rout e. IJun e al., Didyma, Ill 1, 1996, annexe 9.
l'hébergement (infra.,p. 227). d'entre elles, un e belle tomb e rup estre isolée, était
En Asie Mineure, la voie sacrée ouverte pour gardée par deux statues de lions couchés, sans
la procession annuelle des Milésiens, qui gagnait laisser deviner qu'un long couloir , un vestibul e et
Didyme s depuis le vieux sanctuaire d'Apo llon une chambre rectangulai re avaient été taillés dan s
Delphinios, le plus important de la cité, a profité le roc 99 . Environ à mi-chemin , au passage d'un
de plusieurs études récentes. Plutôt que de longer col, la voie était reliée par un e rampe à un téménos
la côte en barques - ce qui était la solution la plus mes urant enviro n 90 x 40 m (fig. 283), en
:3 simple -, on avait jugé préférab le de tracer à l'in- surp lomb sur une pente 100. Dépourvu de templ e, 95. M.-Ch. H ELLMANN, Choix d'ins-
térieur des terres, dès le vr• siècle, une route il renfermait, entre deux oikoi utilitair es ou desti- criptio11sarchitecturales
grecques , Lyon
1999, p . 28-29 n° 5 (= JG 13 , 79).
longue de 24 km et large de 6 à 7 m, qui ne fut nés à des repas préparés sur un foyer, un e base en
96 . P ARSONS 1943, p . 237-238.
régu larisée et dallée du côté du Didymeio n que h émicycle portant au moins dou ze statu es,
97. S. W rn E, Arch.Eph1910, co l. 35-
sous Trajan. Après être passée devant un sanc- complétée à l'ava nt par un p arapet surmont é de 45; TRAVLOS 1988, p . 177-185.
tuaire d'Artémis, riche en installations hydra u- six sphin ges. Daté des ann ées 530-525, cet 98. TuCHELT 1991, p. 38-39; !o., Ôjh
/ ensemble bien garni intrigue autant , sinon plus , 69, 2000 [2002], p .3 11-356.
liques (infra.,p. 271), la pompè se dirigeait vers le
sud pour contourner le grand temple par l'ouest, que la tom be aux lions: leurs riches commandi - 99 . E. FORBECK, H . HERES, Das
Lowengrabvon Milet, Berlin 1997.
pendant que les hauts degrés du Didymeion taires, des aristocrates milésiens, auraient-ils aussi
100. K. TuCHELT et aL, Didyma Ill 1,
étaient commodément utilisés comme sièges par en partie financé la voie sacrée, pour en faire un Ein Kultbezirk an der heiligenStrasse
les spectateurs 98 . Au départ, peu après la porte instru ment au service de leur prop agan de pe rson- von Milet nachDidyma, Ma yence
nelle? 1996.
sacrée de Milet, que lques sépultures avaient été

....-,.~ :_:...:,_
.

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282

270 AR CHIT ECTURE RELIGIEUS E 6. LA DÉLIMITATION ET L'ORGANISATION SPATIALE DES SANCTUAIRES 277
nts
s

Fig. 285. Delphes, sanctuaire d'Apollon . Restitution du portique d'Atta le 1°'. Fin du 111•
s. Dess in O. Callot dans FD Il, La terrasse d'Attale !•', 1987. pl. IV.

bord er avec comm odité un e section d'un sanc-


tuaire. En O ccident, où un pr emier état de la stoa
nord de l'ago ra de Mégara H yblaea, à piliers de
bois sur bases de pierre, est supp osé être de peu
antériem à 6505 , un curi eux édifice sacré, dit
« stoa en U » , a été déco uvert à Lac res Épi zéph y-
rienne au sud du site de Centoca mere6 (fig. 204).
Dan s sa première ph ase, qui remonte à la fin du
vue siècle ou au débu t du V IC, un étroit portique
raccordai t deux files latérales de sept pièces
devant lesquelles ca m aient des supports en bois.
Par la suite, vers le milieu du vie siècle, le
portique aurait reçu deux rangées de colonn es et
le nombr e des salles fut augme nté ju squ 'à onze
unités, pour créer un e sorte de cour cen tral e où
plusieurs centaines de bothroi ont été en fonction
ju squ'au milieu du rve siècle, période de destruc -
tion de la« stoaen U » (fig. 286 ). Des fragm ents de
vases inscrits suggè rent que ce compl exe subm -
bain devait être dédié à Aph rodite; muni es d'un Fig. 286. Locres Épizéphyrienne. Reconstitut ion des deux
auvent continu devant leur s portes désaxées, les phases de la « stoa en U » : A. lin vu• ou début du v1• s.,
B. vers le milieu du v1• s. D'après G. Gullini dans
petites salles latérales étaient adaptées à des Costamagna , Sabbione 1990, fig. 309-310.
banquets (infra,p. 222 ). En Asie Mineure, la stoa
de la zone sud de l'H éraion de Samos, qui s'éte n- 5. MégaraHybtaea200+, p. +32-+35
(un second état, avec élargissement,
dait sur 70 m avec ses cinquante- qu atre poteaux est daté de la seconde moitié du
en bois répartis sm deux rangées (fig. 148,6 et \~1• s.).

287), est datab le de la seco nd e mo itié du 6. G. Guw:-.1 dans LocriEpizefirii,


Alti del sediœsimoConvegnodi Studi
Vll e siècle, donc un peu avant la stoa sud de
su/ta Magna Grecia,Taranto79ï6
Didymes, plus petite et rédui te à une seule nef . ( 1980 ), p. +36-+39 ; CosrA_\l~G:-.A,
En Grèce contine ntale, la date du portiqu e nord S,\BBIO:,iE 1990, p. 211 et suiv. Les
JT E j.......::::î:::Jo::±rr5 archéologues italiens , comme les
de l'Héraio n d'Argos a été desce ndu e aux années Allemands, parlent de plan • en U •
600 ou au débu t du Vle siècle, il serait donc de là où les Français disent • en n • (pz).
peu anté riem au p ortiqu e (dit «É difice») nord- 7. KYRJELEI S 1981, p. 95-96;
T UCHELT 1991, p. 19 fig. 27.
est8, également à deux nefs quoique assez peu
profond (fig. 268 ). Dès la seco nd e moitié du 8. BILLOT 1997, p. 32 -33 .

7. LES MONUMENTS DES SANCTIJAIRES 273


Fig. 287. Samos, stoa sud de
l'Héra ion. Bases intérieures (en Fig. 288. Délos, sanctuaire
haut) et extérieures (en bas) pour d'Apollon. Plan vers 500. Dessin
des poteaux en bois. Seconde Y Famine dans H. Gallet de
e B OUL E U TÉRI ON
moitié du vu• s. D'après G. Gruben, U:.:.::J Santerre, Délos primitive et
AM 1957, p. 57.
Ï. 0 g:, AU TE L S
archaïque, 1958, pl. E.

Fig. 289. Rhamnonte, sanctuaire de


Némésis. Vue générale restituée,
montrant un portique en bordure
de la terrasse, devant une citerne
couverte. Dessin K. lliakis,
Archaiologia (Athènes) 39, 1991,
p. 36.

288

44,1-+

'0 100 cm
-lt111
1!iittl--t--+---+---1-+---+---+-+---+----t

VI• siècle, les Naxiens ont per fectionn é ce modè le


fut édifiée dans le dernier quart du 1v• siècle la
grâce à un portique en angle légère ment obtus, prem ière stoa à deux niveaux de deux ordres
implant é sur du rembl ai au sud-ouest du hiéron différents, également de plan coudé 10. On a plus
d'Apollon dé lien , pour con stitu er ainsi une
rarement pris le parti, moins esthétique, de juxta-
manière de place (fig. 288) . Il en allait de mê me
poser deux portiques, comme dans l'état clas-
sur l'acrop ole de Sélinonte, où la stoa coud ée
sique du sanctuaire de Poséidon au cap Sounion
élevée devant le temple principal (C) doit être
(fig. 193), où la stoanord, à deux nefs, fut pro lon-
datée apr ès le milieu du VI• siècle, lorsque toute
gée à angle dro it du côté ouest par un autre
cette partie oriental e de l'acro pole bénéficia de tous ces avantages devaient être appréc iés. doriques en façade (fig. 259, 11) éta'.ent doubl ées
portique, plus court et fait d'une seule nef 11.
gran ds travaux de terrassement9 . Ce genre de Ju squ'au bout, jusqu'au passage de la Grèce ~ans par une colon nad e axiale à se1~e supp or t~
Il est toutefois certain que la prem ière fonc-
monum ent exigea it des moyen s financiers d'au- l'orbite roma ine, c'est avant tout pour cette raison ioniq ues, encadr é~ par un e der~u-colonn e a
tion de tous ces portiques n'était pas tant de
tant plu s imp ortants qu 'il faisait souvent office de que furent construits des portiques (fig. 289): chaque extrém ité. A peu pr ès au meme mo~ ent,
marq uer un e limite que de proposer un toit aux
soutènem ent à l'ar rière; cela peut en partie expli- autant que poss ible étendus et profon ds, donc a dès le troisième quart du m • siècle, le portiqu e
visiteurs. Le mur de fond de chaq ue stoa ferme le
quer que des portiqu es furent agréés à la fois par
sanc tuaire sans échapp ato ire - ce qui revena it deux nefs 12, dans les sanctua ires comme sur les dédié par An tigone Gonat as sur 120 ~ au no rd
les Naxiens, spécialistes de la lourd e constru ction agoras. du hiéron d'Apollon à Délos recourait egalem: nt
pa rfois à interdire les points de vu e sur un magni-
en marbr e aux v u•-vr• siècles, et par un e colonie à deux ordres différents 13, tandis que ses avan cees
fique paysage -, mais à l'inverse, une colonna de À défaut de pouvo ir en garnir de toutes par ts
sicilienn e florissante. latérales relèvent d'un schéma resté peu courant ,
suggère aussi' l'ouverture. Alors que la majorité leur antique Acropo le sacrée, les Athé niens n'ont
La longu e histoire des stoai en L, si pratiques pas manqué d e les mul tiplier en con tre bas. car il avait le tort de cumul er des probl è~ es d'an-
des fidèles devait se contenter de dresser des 12, COULTON 1976.
pour form er un ang le, dans le cadre d'un e pla ni- gle, interne et e_xtern e. Inaugur é à Athenes _d ans
9. 0STBY I 995b, p. 85 et sui v.
tentes à proxi mité du san ctuaire, po uvoir passer Disposant d'un peu p lus de place, le san ctuaire 13. F. COURBY , EADV, 19 12,
fication centrip ète d'un hiéron, ne faisait que la stoa de Zeus Eleuth èriosl4, ce type de portiqu;, p. 1-45.
10. COULTON 1976, p. 269 et 271.
la nui t dans un portiq ue, s'y reposer sur un des des Grands dieux de Samothrace fut majes tueu-
comm encer. C'es t dans l'étroi te terrasse pr ès du parfois dit à paraskènia (fig. 29 0) parce qu il 14. COULTON 1976, p. 81-85, 196
11. GOETTE 2000, p. 25-26.
bancs qui coure nt p arfois le long des murs, suivre sement bordé à l'ouest pai· une stoa longue d'en-
port de Pérac hora, en face du templ e d'H éra, que rapp elle des fronts de scène à deux ailes, a servi fig. 23.
ainsi les processio ns lors des fêtes solenne lles, viro n 104 m, do nt les trente-tro is colonn es

274 AR CHIT ECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUM ENTS DES SANCTUAIRES 275
Fig. 290. Deux portiques à paraské- Sur !'Acrop ole d'A th èn es, devant la façade arri ère Fig. 292. Delphes, portique des
nia : Athènes , stoa de Zeus, et du Parthénon , le b âtim ent qu e les inventaires Athénie ns. Coupe restituée .
Délos, Stoa d;c..ntigone.Adapté de Vers 480-470. D'après
Coulton 1976, fig. 23. nomment à partir des ann ées 375 chalcothèque ,
P.Amandry, FD Il, La colonne
10 20 30 40 50 ou «dépôt de bron zes», était un e large salle des Naxi ens et le portique des
Fig. 291. Délos, salle hypostyle. fermée à six support s dan s l'axe , pr écédé e d'un A théniens, 1953, fig. 6.
Façade restituée. Dernière décen-
portique à dix -huit colonn es peut -être inspiré de
nie du 111•s. D'après R. Vallois,

.J
G. Poulsen, EAD Il, Suppl., 1914, la stoa delphiqu e, afin de pr ésent er les plus
pl. Il. impressionnant es des arm es et d'autres objets en
.. ' ,._,
métal , dispos és sur des ra yonnag es 20 .
Certaines fonctionnalit és surtout propres aux
portiqu es élevé s sur les pla ces publiques ont
d'abord été exploit ée s dan s un dom aine sacré .
On savait depui s longt emp s qu e le stoïcisme est
290 né vers 300, lorsqu e Zénon de Kition discourait
en arpent ant la Stoa Poikilè de !'Agora d'Ath ènes
(Diog ène Laërte 7, 5), m ais c'es t récemm ent qu 'a
été id entifi é, d an s la région d e Miéza en
Macédoin e, le portique du Nymphaionoù Aristote
dispensait son enseign em ent à Ale xandr e et à
quelques j eun es gens bien nés, selon Plutarque
(Alex. 7, 4). Le mur de fond de cette petit e stoa
ioniqu e coud ée avait été co mmod ément taillé
dans la falaise 21.

Les portiques d'incubation


Reste le cas du portiqu e d'incub ation qui, si
l'on en cro it la litt ératur e sp éciali sée, serait
--
indispensable dans les sanctuair es d'Ascl épios et
plus généralement de héro s gu érisseur s. Le dieu
ou les héros médecins devai ent y apparaître en pas une norme architectura le. Elle pouv ait même
song e aux con sult ant s end ormis , pour leur être pratiquée dans des grottes (dan s le sanctuair e
20. L. LA FOLLETTE , Th e
pour qu elqu es comp ositions hellénistiqu es (à du temple de l'H éraion d 'Argos 17 (fig. 268, 3) ou, donn er la gu érison à leur réve il, ou au moin s leur de Trophonios à Lébadée ), et des sourc es Chalcotheke on the Athenian
Lind os et sur l'agora de Th asos), et même pour la sur un e plu s gran de surface, ju ste à côté du sanc- en indiqu er le m oye n 22 . Tous ces san ctuaires antiques placent l' abaton de l' Asclépieion situé Acropo lis, Hesp eria 55, 1986, p. 75-
création d'un e étonn ante fontaine-exè dr e dans le 87 ; HOLTZMANN2003, p. 196- 198.
tuaire d'Apo llon à D élos. Bien qu e cette sorte de avaient en effet choi si d'imit er autant qu e po ssible près de Tithorée dans le prodomosdu temple,
sanctuaire de Posé idon et d' Amphi trite à T ènos 21. Ph. P ETSAS, Praktika 1968 (1970),
gra nd e basiliqu e, co uve rte d 'un lant ern eau l'Asclépieion d'Épid aur e, qui ne s'est rée llement comme celui de l' Asclépie ion d'Athènes , alors p. 65-71; pour l'ensembl e du
(fig. 32.5). Q uant au portiqu e à soixa nte-quin ze (fig. 29 1), ne soit pas vra iment un po rtiqu e à nos développ é qu 'a u ive siècle, lorsqu e furent con s- même que le portique orie ntal de ce dernier est Nymphaion de Miéza , voir supra,
olonn s doriqu s sur chaque face, qui ferm ait au yeux, elle était pour tant désignée co mm e « stoa» truits le templ e d'As clépio s (vers 375-370) et, peu divisé en deux nefs et bien alimenté en eau p. 156.
sud sur 169,96 x 1.5,20 rn le hiérontèniote (fig. 120 après, la stoa monum ent ale qui le compl ète au (fig. 365). 22. E. A. ARMPIS, 1.Jorganisation des
dans les co mpt es des admini strat eurs du hiéron Asclépieia , Au temps d'Hippocrate,
t pl. X TT), il r pr oduit vers la fin du 11° siècle 15 un délien, à cause de ses mul tipl es co lonn es intérieu- nord (fig. 293 ). On s'acco rd e désormai s à recon - Certes , les bas-reliefs 25 trouvés dans quelques Médecineet société en Grèceantique,
rnod I rar : avant la stoa médian e de l'Ago ra res et de la pr ésence d 'un e co lonn ade-abri en naître dan s cette stoa le « dortoir » qu e les inscrip- Asclépieia, alliés aux inscriptions d'Épidaure, souli- A. V ERBANCK-PlÉR ARD éd., cal.
s, ' st sur l'a rop ole de Mol ykreion en exp o. Mu sée Ro)'al de Mari emont
façade 18. tions d'Épid aur e app ellent abaton (dénomination gnent la nécessité de l'incubation, toujours précé-
1998, p. 165-180.
1u'a p1 a rut pour la pr emière fois un Il faut mettre à part les portiqu es, de dim en- confirmée par Pausani as, II 27, 2), en rais on de sa dée d'une offrande de gâteaux et du sacrifice d'un
23. V. LAMBRJNOUDA KIS dan s
po rtiqu à doubl fa c de part et d'autr e d'un mur sion s rédui tes, où étaient ex posés des ex-voto partition en deux nefs dan s le sens de la longu eur , animal , consumé dans un bothros.Mais ils ne GINOUVÈS1994, p. 226, 230, et clans
médian, parallèlement à un templ e datable de la (surt out du butin de gue rr e), et ceux qui conser- et de son assoc iation avec un bain (infra, p. 267). montr ent nul cadre architectural , si bien que Excavating Classical Culture2002,
s ond moilié du IV" siècle 16. Il est vrai que ce p. 219-224.
vaient les offrand es de par ticuliers. C'é tait sans Il a été éta bli que ce portiqu e reco uvrait un abri l'identification de plusieurs portiques comme
san tu,tir cô lier de T ènos disposai t d'un e vaste 24. ROEBUCK 195 1, p. 55-56;
doute la raison d'ê tre d'un e banqu ette, profo nd e du vre siècle en m atériaux lége rs, lorsqu e le san c- incubatoir es reste conjecturale. Sur de nombreux S. B. ALESH IRE, The Athenian
15. É ll ENN E. U l\ 1\ UN H)H(i. p. l 1i-
l,l0, li ti- lii. sup erl1cie au ol et qu 'un portiqu e aussi remar- de 37 à 40 cm, dans la stoa du Thesmoplwrion de tuaire app artenait enco re à Ap ollon Mal éatas et sites, soit aucun portique n'a été retrou vé - dans Asklepieion,The People,their
IG, CUULI\ JN Wi (i, p. 1(i l -1(i~. quabl e perm ettait d'emb ellir la façade maritim e. Thasos, mais il arrivait aussi qu e des statues et des que l'eau d'un pui ts vo isin, bord é d'un petit le petit Amphiaraion de Rhanmonte , les malades Dedicatiomand the Inventories,
Am sterd am 1989, surt out p. 30-31;
17, Ul l.LOT l99i . p. ,11 (• Édifice Aulr e intérêt de tou ces portiques largement stèles gravées soient dr essées ju ste dev ant la bassin, était sans dout e déj à co nsidérée comm e ne pou vaient être traités que sur la banquette M. W ACHT, s. v. « Inkub atio n •,
Est »). Po ur d'au tres fo11ctio11
s poss i- ventilés, qui pr ése rvaient du soleil ou de la plui e : colonn ade de façade. Un e place bien en vu e dan s curative 23 ; il fut suivi d'un e autr e construction en coudé e d'un petit édifice carré (fig. 295), ouvert Reallexikonfor Antike und Christentum
bles des salles h •po sl)'lcs, en ils étaient susceptibl es de réunir les parti cipan ts à XVIII , Stuttgart 1998, sur tout
1
bordure d u11e agura 1 voir le san ctuaire était alors pr éférable, c'es t pourquoi briques cru es, avant le nou ve au « dortoir » dans sur une face26 -, soit celui qui devait servir à l'in-
col. 182-226.
.J.-F. 130 MMELAEll
,.J. DE$ OUI\TILS, des banqu ets, même lorsqu e la ou les nefs la stoa ioniqu e dédiée par les Ath éniens ve rs 480- lequel la division en deux n efs allongée s devait cubation n'a pas été reconnu avec certitude: dans
25. Reproduits par ex. clans
La snife hypostyle d'A,gos (ÉtPélop 10). n'ét aient pas compl étées par w1e série de pièces 470 à l'A pollon de Delph es fut adossée au mur répondr e à un souci de séparer les sexes - les Asclépieia de Trézène , de Gortys d'Arcadie, de K.-V.VONE! CKSTEDT, Das Asklep ieion
199-1. p. 45--16. ouve rtes dans le mur de fond - les oikoi dont polygonal de la terrasse du templ e, et sa colon- puisqu e l'incubation exig eait un e abstinence Léb éna en Crète , de Cos (supra, p. 207), de im Pirtius (Antike Sttitte und Museen
18. H ELLMANN 1992, p. 389 parlent tan t d 'inscrip tions - , spécialement age n- Griechenland75), Ath ènes 2001.
(GD50 ). nade heur eusement très aé rée ne pouvai t pas sexuelle -, ou en cor e de réserve r la partie arri ère, Pergame enfin (fig. 36 7), où l' existence de
cées pour ces repas qui suivaie nt les sacrifices 26. B. P ETRAKOS, T a IEpÔ TT]Ç
19. P. AMA NDRY, FD li. ln co/01111 e ~ê~er l'exame n des orn ements de navi res aj outés fermée, au somm eil et la parti e avant aux ablu- plusi eurs lieux d'incubation est probable ... Si l'on 1ɵEolÇ cnov Paµ vo\.lvra, Archaiologia
des Na.tiens el le Portique desAthé11i
e11s, (infra, p. 224). Mais des repas p ouvaie nt encore a _1arm ement accroc hé sur ce mur de fond , par tions (fig. 294) . Tout efois, plusi eur s auteur s ont a longtemp s soutenu que l' Asclépieion de (Ath ènes) 39, avril-juin 1991,
1953 ; K UHN 1985, p. 269-28ï. être pri s dan s w1e salle hypo style, en con tre bas Messène n'avait peut-être rien de thérapeutique , p. 60-61.
l'mterm édiaire de lattes en bois 19 (fig. 270 et 292 ). rapp elé24 que le rite de l'incubation n'impo sait

276 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 277


Fig. 293. Épidaure, Asclépieion.
Plan rest itué de la partie cent rale.
1. portique d' incubation,
2. temple d'Asc lépios,
3. tholos,
4. édifice pour banquets,
5. tem ple d'Artém is.
Adapté de Seiler 1986, p. 73.

1n l
~

r 0 '
50m

294
Fig. 294. Épidaure, Asclép ieion. Le
port ique d'incubation en cours de
restau ration, en 2005.
c'est en parti e à cause de l'impo ssibilité d'y situer mètèrion et d 'une exèd re dé di és à Apollon,
l'incubation (infra, p . 267). Dans le sanctuaire Asclépios et Hygie 29 . Fig. 295. Rhamnonte, Amph iaraion.
Vue resti tuée du dortoir, précédé
d'Asclépios hors les murs d'Agrigente, le portique
de stèles à reliefs. Dessin K. lliakis,
ouest (92 m), divisé en plu sieurs chambr es de Archaiologia (Athènes) 39, 1991,
dimension s inégales, a peut-être servi à la fois 2. Salles de banquets p. 60.
pour des banqu ets et pour l'hébergement (infra,
p. 227), et l'on supp ose que l' abaton occupait la et locaux d'hébergement
partie médian e, divisée en deux par des pilastres --=--===
-
__- - -
et plus longu e que les chambr es latérales, du Puisque le culte imp lique un sacri fice suivi
portique nord -ouest, auqu el était associée une d'un repas en com mun avec la divin ité, il faut
grande citern e27• On s'a ccord e aussi à penser que toujours s'at tend re à tro uver dans un _sanctuaire
dans l' Asclépi eion de Corinth e, l' abaton a les des lieux voués aux banqu ets rituels. A l'époque
meilleures chance s d' être situé au niveau supé- géométrique ces rassem bleme nts conviv iaux se
rieur du portique ouest, qui englob e un pui ts tenaient en plein air, un e pratiq ue qui a dur able-
aménagé dans un e pièce lustrale (infra, p. 264). ment coexisté avec le recours à des structures
Sous le th éâtr e à la bordur e nord de temp ora ires, ces tentes évoq uées par plusieurs
l' Amphiaraion d'Oropo s (fig. 370), contr e un e lois sacrées et, à une échelle netteme nt plus gran-
pente , un portiqu e très allong é à deux nefs diose, par Callixène de Rh odes pour l'extraordi-
(110,15 m), dit koimètèrion (Kotµ11'IT1Pl0v ) ou « lieu naire symposion (cruµn6cnov) de Pto lémée II 30,
27. D E Mm o 2003, p . 50-54 . pour dormir », avait des mur s longé s par des dans le secteur des pal ais d'Alexa nd rie: haute
28. ROEBUCK195 1, sur tout p. 55; banquettes de pierre, très probablem ent pour le d'environ 20 m, la tente du souverain pouvait
ROESCH 1984, p. 183 . confort des malad es, tandi s que les deux salles accueillir cent trente convives allongés, sous un
29. BROCAS-D EFLASS
! EUX 1999, aux extrémit és perm ettai ent de sépar er les plafond à caissons de bois luxue usement peints,
p. 71. hommes et les femmes, tous ceux qui souhaitaient
30. Ath éné e V , 196 c- 197c.
soutenu par des colonn es à orn ements végétaux.
dormir enroulés dans un e peau de bélier tout Aux tout pr emiers temp s des sanctuaires, certains
Restituti on en co uleur par
M . PFROMMER, Alexandria, lm juste sacrifié, dans l'attente de la visite oniriqu e templ es ont pu servir de cadr e à des repas31
Scliatten der Pyramiden, M aye nce d'Amphiarao s28 . Et il faut imaginer le même (supra,p. 63), avant que la fonction d ' hestiatorion
1999, p. 69-71.
genre de dispositif lié à l'eau en Grèce du Nord, (ecrnm 6pwv) prenn e pr ogressivement son auto-
, The Setting of
31. M. S. G OLDSTEIN dans les bâtim ents non conserv és de l'important
the Ritual Meal in GreekSanctuaries: nomi e. Car c'est dès la fin du vue siècle, et surtout --~
600-300 B. C., U ni ve rsity of Asclépieion de Véria, où une inscription des au cour s du vie, que des locaux spécifiques pour
Ca lifomi a, Berk eley 1978 . années 131-130 signal e la construction d'un enkoi- les banqu ets furent conçus et dissémin és dans
295

218 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 219


Fig. 296. Kommos, sanctuaire.
Restitution isométrique montrant Fig. 297. Acrocorinthe, sanc-
l'inté rieur du temple C, de la salle tuaire de Déméter et Corè.
·1- - -t- --,·--· ---- Plan vers 400. D'ap rès
A 1 et de l'é difice B. D'après Shaw
2000, frontispice. Bookidis, Stroud 1997, pl. 4.

t--1- 1

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- 1

. 1
i
1.

cha que hiéron32, un peu partout mai s souvent en très inférieur es aux autres (entr e 0,80 et l m de jamai s été érig é en véritab le règ le: le
bordure.
long, contre un peu m oins de 2 m en mo yenne Samothrakeion délien, dont l'inventaire signale 9
Les banqu eteurs mang eaient et buvai ent habi- pour un lit), ne pouvai ent recevo ir que des lits en bois , pou vait en accue illir 13, et
tuellement en reposant sur leur coude gauche, enfants accompagnant leur s m ères ou des servi- l'Asclépieion de Trézè ne jusqu 'à 6138 (fig. 298) -
selon un usage aristocratique venu du Proche- teurs assis, qui éta ient parfoi s aussi occupés dans bref, toujo ur s un nombr e impair de couc hes.
Or ient33. En Grèce, les édifices pour banqu ets en un e ann exe où paraît avo ir été installée la cuisine. Avec 11 lits, la longueur in terne mo ye nne d'une
pos ition assise sont rares et parfoi s d'int erpr éta- Dans ce sanctua ire féminin , où l'o n n'imagine pas salle, normalement rec tangulair e ou presque
tion incertaine, dans la mesure où une banqu ette qu e les place s assises aient pu être rése rvées à des carrée , atteigna it ju squ'à 6,50 m , la porte d'e ntr ée
courte et étroite pouvait fort bien n'être en réalité hétaïre s (comme cela pouva it être le cas ailleurs), étant située sur un lon g côté et parfois désaxée,
qu'un socle à offrandes. Dans l'île de Crète, si il existait m êm e des salles plu s longues et plus pour insérer sans difficulté la dernière couche;
conservatr ice, la faible profondeur des banquett es étro ites que les autres, qualifi ées par les fouilleurs c'est une des raisons qui ont fait interpréter
(0,44 m) du temp le B de Kommos 34 , bâti vers américains de sitting rooms. comm e un e salle de banquets à 17 lits l'ai le nord -
800, laisse supposer la persistance d'une vieille
La surface restreint e (ca20 m 2 au sol, sur un ouest des Propyl ées de Mnésiclès 39 (fig. 244). Les
tradition de banqu ets assis, abandonnée quand plan plutôt trapézoïdal ) et le nombr e de lits (KÀi- couches, qui n'é taient pa s nécessairement de
fut construit au 1v• siècle le temple C, dont les
vm , sing. div 11, klinè) des salles de l'Acrocorinthe longueu r identique d ans un e m êm e sa lle,
banquettes intérieures sont assez profondes pour
les rend ent surtout compara bles aux salles de pouvaient form er un e banquette contin ue maçon-
32. Toutefois, à ce jour, o n n'en a la position couchée, tout comme celles de son
pas décou vert en Arcad ie. réception des habitation s priv ées, ou encore à née (Acrocorinthe ), ou en pierre (Théarion ,---~---. ~. 38, F. CHAPOUTHIER, EAD 16, Le
voisin, l'édifice Al (fig. 296). Au nord de la ville
33. J.-M. D ENTZER, Le motif du des salles de banqu ets civiques, comme dan s la d'Égi ne, Hestiatorion doubl e d e Pérachora 40 , sanctuairedes dieux de Samothrace,
de Théra, il semble qu'un e grotte cultue lle, appar- 1935; WELTER 1941, p. 31-35 .
banquetcouchédans le Proche-Orient et Stoa sud de !'Agora d'At h ènes. En effet, selon fig. 299). Toutefois, sauf dan s les sanc tuaire s
le mondegrecdu Vif au I v' siècle avant tena nt à un sanctua ire rupestre, ait été destinée à 39. TRA VLOS 1971, fig. 618-619;
B. Bergqu ist, qui a analysé un e longu e liste de orientaux où la tradition imp osa it l'u sage de
j.-C. (BEFAR 246), 1982. des banquets assis35. La quest ion se pose aussi Fig. 298. Trézène, Asclépie ion. Plan resti_tué de l'édifice H O LTZMANN 2003, p. 151- 153, et
dining roomsidentifiés avec certi tud e, ou simp le- banqu ettes 41, on préférait les lits mobil es en bois, pour banquets. Vers 300. D'apres C_h.Borker , Festbankett fig. 136 (p. 148).
34. SHAW 2000, p. 699-700. pour le sanctuaire de Déméter et Corè sur les
ment supposés te!s37, le standard à 7 lits plac és le dont les pieds étaient po sés sur un e p linth e ou, und griechische Architektur, 1983, fig. 13. 40. H OFFELNE R 1999, p. 135-172
35. N. GIALLELIS , Thera 1997, pentes de l'Acrocorinthe 36 où, principa lement à (Égine , vers 520); R. A. T OM LINSON,
p. 47-61. long des murs , toujour s tête contre pied, fut peu à parfois, assujettis dan s des cav ités du dal lage
part ir du v • siècle, ont été rassemb lées sur une Sympotica1990, p. 95- 10l ;
36. N . B OOKID IS, GreekSanctuaries peu supp lanté (mais jamai s totalement ) par celui (Brauron ), lorsqu e ces lits ne possédaient pas des Ch. PF AFF, Corinth2003, p. 130- 131
terrasse de nombreus es salles de banquets, indé -
1993, p. 45-6 1; BOOKIDI S, STROUD à 11 lits, tout aussi ancien. Le petit type à 7 lits support s en briques ou en pierr e (Asclépieion de (dernière datation avancée : vers la
1997. pendantes ou mito yennes (fig. 297). Elles conte- fin du IV' s.).
demeur era privil égié pour les salles de banqu ets Corinthe 42 ) . Les sols souillés par les débris des
37. B . B ERGQU IST, Sympotica1990, naient de 5 à 9 lits - en généra l 7 -, mais certai- 41. WILL 1985, p. 114- 119.
p. 37-65.
privée s, alors que dans les sanctu aires c'est le repas exigeaient des nettoyages: au minimum , un
nes banquettes pr ès de l'entrée, de dimensions 42. R OEBUCK 195 1, p. 51 et suiv.
modèl e à 11 lits qui pr édomin e, m êm e s'il n'a balayage sur la terre battu e (Acrocorinthe) ou,

220 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. L ES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 22 7


Fig. 299. Pérachora, Héraion. Plan
restitué de I' hestiatorion double .
Après 500. D'après R. A .
Tomlinson, ABSA 1969, p. 167.

500 IXIO<m

_______
J
1
4
301

Fig. 300. Égine, sanctuair e d'Apollon. Restit ution du


Théarion. façade et plan. Vers 520. D'après Hoffelner 1999,
mieux, des j ets d'ea u sur les sols de galets pris p. 165.
nord paraît avo ir reçu un e second e file de colon-
dans du morti er (Délion de Paros 43 , Pérachora, ne s46 (fig. 28 6). De mêm e qu e l' oikos du Fig. 301. Thasos, sanctua ire d'Aliki. Plan restitué des deu x
Trézène) et sur les véritables dallages (Brauron ), Samothrakeion de D élos, la sall e de banquet édifices pour banquets: au sud , vers 500; au nord, deux
dont certains possédaient un exuto ire. Quant états entre 530 et 465. Dessin M . Wu rch-Kozel1, Thasos
adjointe au corp s central des Propyl ées de 2000, p. 163.
aux pièce s ann exes, qui devaient tenir lieu d'of- Mnésiclès, qui devi endra aus si une « Pinaco-
fice, de bain ou de dépôt (à l'Acroco rinth e), elles thèq ue », profita it d'un e façade à colonnade
n 'éta ient guère courantes . La série de cuisines
dégagées à l'arr ière d'un e de ces « grand es salles
de banqu ets» signalées par Strabon dans le sanc-
(fig. 244 ) qui procurait à la fois un e bonne venti-
lation et un dégagement. Sur plusieurs sites, deux ~~ ---0 48. Ch. BôRKER, Festbankettund grie-
salles juxta p osées ont été reliées par un porche à chischeArchitektur(Xenia 4),
tuaire de Poséidon et d' Amphih·ite à Tènos 44 300 Constance 1983.
colonnade en façade: entrent dan s ce groupe le
reste donc un e curio sité, autant que le plan et les 49. Th.a.sas2000, p. 96-97, 145. Un
Théarion d'Égine {avec un porche à cinq colon- grand édifi ce comparable a été
dim ensions (24,30 x 10,80 m) de cet hestiatorion de Crotone, où !'Édifice H est fait de quator ze
nes, fig. 300 ), l'Hestiatoriondoubl e d'H éra Akra ia Poséidonion env iron six salles à 11 lits, la stoa reconnu par 1. Kouraghios dan s le
tèniot e, composé de deux salles inégales et d'un sanctu aire de Mand ra sur l'île d e
à Pérachora et, au sein du sanctuaire d'Aliki à ionique de l'Asclép ieion d'Athènes renfermait pièces semb lables à port es désaxées (fig. 313}'.
couloir. Desp oti ko pr ès d e Paros :
Thasos, deux bâtiments de la fin de l'arc haisme quatre salles à 11 couches (fig. 365 ), tandis que dispo sées syméh·iquement autour de la c?ur , ~om Archaeological
Reports 2002-2003,
Tout en affirmant qu'il « n'ex iste pas d' hestiato- 98 lits au total 51. Dans le quartier du Ceram1que
(fig. 30 1}; dans tous deux, c'e st surtout la deux branch es de la stoa en TT de Brauron abri- Lo ndr es 2003, p. 77.
43. SCHULLER 1991, p. 85-87 {à porte riontype », G. Rou x a tout de même relevé à ju ste d'Athènes, un e grande cour rectangulaire péris-
d ésaxée et 7 lits).
présence d'une eschara au centre du comparti- taient respectivement six et quatre salles, toutes 50. AMANDRY 1952, p. 231-254;
titre « l'association habitu elle d'un portiqu e et C. A. P FAFF,AJA 98, 1994, p. 314.
ment de gauche, le plus vaste, qui fait songer à à 11 couches sauf la dern ière, pr évue pour 9 tyle, le Pomp éion , avait_ été placée_ vers 400 le
44. ÉTIENNE, BRAUN 1986, p . 47 el d'un e ou plu sieurs salles de banqu ets »45. Elle est 51. R. A. TOMLINSON,jHS 89, 1969,
suiv ., p. 165- 170. des lieux pour banquet s47. Mais à partir de couches (fig. 2 19). Enfin , la colonn ade pou vait long de la voie sacrée d'Eleusis 52, ~nnc1palement
visible dès la première phase de la « stoaen U » de p . 106-112 {Épidaure ); F. SEJLER, Un
45. G. Roux, Sa lles de banqu ets à l'épo que classique la faveur est allée aux rangées aussi se retourn er pour dessiner une cour péris- pour conserv er le matériel nécessmre aux proces- complesso di edifici pubbhc1 ne!
D élos, Ét. détiennes,BCH Suppl. 1,
Centocamere à Lacres, vers la fin du vu• ou le
de multipl es chambr es sem blabl es. Ce sont alors tyle : après !'É difice ouest de l'H éraio n d'A rgos, sions impo rtantes dans ses six chamb:,es \fig. 304 Lac ini o a Capo Colonna , Crotone
, .
1973, p. 525-554. début du vr• siècle; lorsqu'un peu plu s tard les Atti del ventitreesimoCorwegnodz Stud,
p arfois plus d'un e dizaine de ch am bres qui ont qui présentait ce plan dès la fin du v1• siècle 50 et supra,P· 208 }, mais leurs sols m~sa'.ques ou en su/la Magna Grecia,Taranto7983
46. Cü STAMAGNA, SABBIONE 1990, deux bran ches latéral es sero nt prolongées pour
p. 2 16. été alignées au fond d'un portiqu e48 : à Thasos, (fig. 302 ), il se r etro uvera ve rs 30 0 dans cailloux les destinaient également a I accueil des {1986), p. 231-242.
passer de six à onze oikoi de chaque côté, chacun
47. Thasos2000, p. 162- 164.
l'édifice aux oikoi de l'Héracleio n (fig. 254, 79) l' Asclépieion d e Trézène, d an s le pr étendu officiels qui prenaient part a~ _banqu:t~ des 52. W H OEPFNER, KerameikosX, Das
avec une port e désaxée, le portiqu e de raccord au compr enait cinq salles à 17 lits cha cun e49 et le Pompeion,Be rlin 1976.
«gymna se» d' Épidaur e (fig. 303} et au Lacinion Panath énées. Construite sans d1v1S1onmteneure,

222 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. L ES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 223
Fig. 302. Argos, Héraion. Plan resti-
mais entourant un autel du Vl 0 siècle, la stoa
tué de l'Édifice ouest. Fin du v1•s.
D'après Ch. B6rker, Festbankett coudée de !'Édifice Ede l'Asclépieion d'Épidaure
0 10 20m
und griechische Architektur, 1983, (fig. 293,4) est considérée comme une salle de
fig. 10. banquet en raison d'une canalisation pour
Fig. 303 . Épidaure, grand édifice
évacuer les eaux usées, et de cavités dans le
pour banquets, ancienneme nt dallage pour bloquer les pieds des lits53 .
«gym nase» . Plan restitué. Fin v• s.- Dénommé dans les inscriptions « stoa près du
début du 1v".D'après Ch. B6rker, Poséideion » parce qu'i l était parcouru d e
Festbankett und griechische
Architektur, 1983, fig. 17.
Il
• • •••••••••••••••••••• plusieurs rangées de colonnes, le bâtiment rectan-
Ill Ill gulaire de Délos que nous appelons Salle hypo-
Fig. 304. Athènes, Pompéion. Plan
Il Ill
•••••••••••••• style est nettement plus original, il y a tout lieu de
restitué. Vers 400. D'après Travlos
1971, fig. 602. Il
penser que le mobi lier indispensab le pom les
~
N banquets célébrés lors des Poseideiaétait disposé
Ill Ill

• N
,, • I contre ses fûts. Au rv• siècle, peut-être le gran d
édifice à cour péristyle découvert dans le sanc-

' !l tuaire d'Eukleia à Vergina avait-i l le même usage,


à moins qu'i l faille rechercher les traces de repas
Ill Ill Ill !!•
,, • Il
••••••••••••••• dans les trois petites pièces, précédées d'un
portique, qui jouxtaient le temp le de la déesse,
peu représentatiP 4 •
b Malgré les tentatives des arc héo logues pour
0 'Om
• • • • • • • • • dégager quelques traits communs à ces salles, il
ne faut donc pas compter sur une norme, encore
302 moins sur une évo lution continue 55 . Tout au plus
303
pouvons-nous relever que la nécessité d'augmen-
ter régulièr ement le nombre des salles de
1
l'l t
·······.
11
üh•• .
11
• \
banquets a dû contribuer au goût sans cesse crois-
sant pour les cou rs péristyles. Néanmo ins, toutes
les salles de banq uets n'éta ient pas quadra ngu lai-
res. On a découvert que des repas étaient aussi Fig. 305. Labraunda, Andrôn A. Restitution de la façade, projetée par rabattement de la diagonale du
organisés dans des grottes, à Isthmia (deux paires carré . Milieu du 1v"s. D'après P Hellstrbm dans Le dessin d'architecture dans les sociétés antiques,
de grottes entièrement taillées ont été fouillées, au Actes du colloque de Strasbourg, 1985, p. 157.
nord-est du temp le de Posé idon et près du théâ-
tre56), à Théra (supra, p. 220) et dans la spacieuse
« grotte des prêtres » en lisière du sanctuaire
d'Apollon à Cyrène. D'autres convives avaient doute pour une statue in stallée devant la place
fait le choix de banqueter en position assise dans d'honne ur. P. Hellstrom a propo sé de voir ici un
53. V. LAMBRINOUDAKIS,Excavati11g
des rotondes 5ï : la plus connue est celle de ['Agora nouvea u modè le hérité des origines orientales et ClassicalCulture2002, p. 216-219.
d'Athènes, mais les tholospour des beuveries assi- aristocrati ques du banqu et, rompant avec le style 54. C h . SAATSOGLOU-PAI.IADÉLI,
ses étaient tout autant indispensab les dans le dém ocra tiqu e adopté en Grèce depui s l'âge AEMTh IOA, 1996, p. 55-68 [en
archaïqu e pour ce genre d'édifice. Pourtant, au- grec].
Cabireion de Thèbes (infra, p. 246). Un sanc-
dessus de l'Andrôn A, la terrasse ouest du temp le 55. Co mm e l'a supp osé Er. WILL,
tuaire de Képoi, dans la presqu'île de Taman, Banqu ets et salles d e b anqu ets d an s
renfermait une grande tholosà galerie péristyle et de Zeus (fig. 271) est bordée par un « Édifice aux les cul tes d e la G rèce et d e l'E m p ire
deux entrées opposées, qui pourrait avo ir eu la oikoi» d'un p lan déjà bien connu , à deux salles romai n , MélangesP. Col/art1976,
p. 353-362 .
même destinat ion conviv iale que des salles carrées j uxta posées et pr écédées d'un portiqu e,
56. E. R . GEBHARD, Caves an d C uits
rectangulaires autour de la cour à colonnades où ma is à cause de leurs entr ées non désaxées elles al th e Isth mia n San ctuary of
se trouvait la tlwlos58. De toute façon, les salles de ne pouvaient contenir respectivement que 10 et Pose id on, Pelopomzesian Sanctuaries
6 lits, au lieu des 11 et 7 attendu s. 2002 , p. 63-74 (v<-1vc s.).
banquets quadrangulaires ne sont pas non plus
La possibilité d'introduir e un certain nombr e 57. F. COOPER, S. M ORRIS, Oinin g in
d'un type uniforme: celles du sanctuaire de Zeus Round Buildin g, Sympotica1990,
à Labraund a, construites vers le m ilieu du de lits d'un e longu eur adéquate ne suffit don c p. 66-85 (en ex cluan t les tholoid e
0
IV siècle, ne resse mbl ent guè re aux locaux des pas pour assurer l'identification d'un e salle de D elph es et d'E p idaur e).
autres sites, et sans les déd icaces de deux d'entre banqu et, et des indices compl émentair es s'avè- 58. SEILER 1986, p. 115- 119 (fin du
°-d ébut du 11°s.).
111
elles où se lit le mot andrôn (èiv6prov),syno nyme rent n écessaires. Dan s ces conditions on com-
59. I'. H ELLSTRÔM d an s Le dessin
d' hestiatorion,ces tro is bâtiments du type oikos à pr end bien que l'interpr étation dem eure souvent d'architecturedans les sociétésantiques,
prodomos distyle in antis aur aient été pr is tout natu- hypot hétique, a fortiori si la fouille n'a pas mis au Actesdu colloquede Strasbourg7984,
j our du matériel carac téristique (récipients, restes j. -F. BOMMELAERéd ., Str as bo u rg
rellement pour des petits temp les ou des trésors 59 1985, p . 153- 165; lo. , H ellenistic
(fig.305), d'autant que les façades des AndrônesA de repas) ou des inscriptions qui orientent de Arc hi tec tu re in Lig ht of Late
20 30 40 pr éférence vers un lieu convivial. Si le simpl is- C lass ical L, b ra und a, Klassische
M. 1966 et B possèdent un fronton, un e porte ax iale et un e
sime Heart Building de Pérachora , autr efois pris Archiiologie1990 , p. 243-252.
304
grande niche au fond de la p ièce pr in cipale, sans

224 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUM ENTS DES SANCTUAIRES 225


Fig. 306 . Délos, sanctuaire de Zeus Fig. 308. Delphes, terrasse de
et d'A th éna au m ont Cynth e. Plan Marma ria. Plan restitué.
restitué . Dessin R. Pahlke dans 1. Édifice archaïque: salle de
H. v. Hesberg , Formen privater banquet?,
Repriise ntation, 1994, fi g . 21 c. 2. temp le en calcaire d'Athéna,
3. t holos,
307. Samothra ce, Hall of the Votive 4. deux t résors,
Gifts. Vue perspecti ve rest itu ée. 5. te m ple en tuf,
Dernier tiers du v• s. D'après 6. grand autel d'At héna,
K. Lehmann , Samothrace, A Guide, 7. pet its édifices archaïques.
1955, fig . 33 . Dessi n D. Laroche dans Marmaria,
le sanctuair e d'Athéna à Delphes,
1995. h. t. 5a.

0 50m
l...L.Li...J..JJ...J...J..J..,_l_ ___ J __ ~ - -

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~
de trésor 62 (supra, p. 116 et fig. 288 ). Enfin , dan s ble presque carr é du v • ou du rv• siècle, où une
'-'- -'-'- -'--~-'--'-_.__,
10
____ _
20 m
__J la partie nor d du sanctuaire d'Ap ollon à Delph es, série de pièces symétriques ouvre sur une petite
la lesché des Cni diens éta it d'abord - au vra i sens cour péristyle pourvue d'une margelle de puits
du term e - un « lieu de réu nion po ur des palab- (fig. 309), a été reconnu comme le Théokoléôn ou
306 res », mais cet édifice rectangu laire, aux mur s Th éékol éôn que Pausanias mentionne pour des
décorés de pe intures devant des sup ports int ern es pr être s66. Mais ce genre de plan typique de l'ha-
en bois, aura it pu faire égaleme nt office d' andrôn bitat a-t-il été adopt é partout, et où commence le
ou de salle de banq uets, d 'après des lex icogra- risqu e de confusion avec une maison banale ?
.. ---- -- ~
phes63. Dan s le sanctuair e d'Aphaia à Égine, quelques
Tant d'incertitu des incitent finalem ent à se pièces collées depui s le v • siècle contre la face
tourn er vers cette catégor ie arc héo logiqu e qu e les extern e du péribole, qui contiennent des petits
fouilleurs dénom ment « m aisons des prêh·es» . En bains 6ï (fig. 218 et infra,p . 263), pourraient avoir
effet, plusieur s sava nts ont re marqu é qu e cer tains été utilisées par le personnel du culte, mais pour
de ces locaux se co n fond en t avec des salles de tout es ces installations situées juste à côté d'un
banquets, quand ce n' étaie nt pas des sortes d' hô- sanctu aire, un e fonction de refuge , ou simpl e-
telleries. Pour N. Bookid is et quelques autres, la ment d'accueil pour des participants aux fêtes, ne
v· prétendu e « maison des prêtres » sur la terrasse de
Marmaria à De lph es {fig. 308, 1), comp osée de
saurait être exclue. Sur !'Acropole d'Athèn es, à
défaut d'avo ir pu attribuer avec assurance un toit
"~ - deux pièces carré es ouvr ant sur un e an tichambr e à la pr êtresse d'Ath éna, les archéologues ont
commun e devait être un hestiatorion du mêm e parfois imagin é de la loger en compagnie de ses

l. v . -~-
.t type que ceux de Pérachora ou d 'Aliki à Th asos. j eun es suivant es, les Arrhéphores, dans une petite
,.. ,,.--: 11absence de dallage ne va pas co nh·e cette int er- pièce barlongu e à porche peut-être distyle, qui
1
·, pr étation, plu s co nva in ca nt e qu e ce lle qui jouxt e une cour au nord du plateau 68... 11idée est
propose d'y voir un atelier de marbri ers amput é a priori plus convaincante que celle de I. Travlos,
30 7 au moment de la co nstructio n du templ e en qui voulait voir des logements de prêtres dans la
calcaire de Ma rm aria, en raiso n d'un e épai sse mai son rural e de Vari en Attique et dans celle 62. GR UBEN 1997, p. 32 1-323, 396-
couche de mar bre en po ud re tro uvée sur le sol de voisine du temple d'Apollon au cap Sôster, alors 402.
pour un temple d'H éra Akr aia, est bien un hestia- du mont Cynth e (fig. 306 ). Pour G. Roux, le soi- terre battue 64. que tou tes deux ont livré des trouvailles caract é- 63. B OMME LAER 1991, p. 202-203;
torionà deux porte s, ce serait un des plu s anci ens, ristiques d'un e unit é domestique, sur un plan à R. A . T OM LINSO ' , ABSA 75, 1980,
disant Hall of Votive Gifts, élevé en un point straté- Il faut reco nn aître qu e l'ex istence de « mai- p. 224-228 .
datable des ann ées 580-57060. Par comparai son giqu e du san ctu aire des Gra nd s Di eux de sons des prêtres » est d'a bord attestée par des pastas69 . Et Travlos lui-même reconnaissait que
64. N. B OO KIDI S, BCH 107, 1983,
avec la tholos d'Olympie dédiée à un héro s Samoth race (fig. 307), deva it aussi être un hestia- sources littéraires ou épigrap hiqu es, plu s rar e- devant le sanctuaire d'Aphrodite à la sortie de p. 149- 155; B OMMEL~E R 199 1, p. 70-
(fig. 309 ), des banqu ets liés à un culte héroïqu e torion, en raison de son sol étanche et du socle ment par l'archéo logie. U n déc ret athénien du Daphni, l'habitation comprenant une cour où l'on 71 (Edifice rectangulair e 44).
ont été imaginés récemment dans l' oikosrond du large de 0,90 m qui en fait le tour, certain ement III° siècle, qui énum ère les co nstru ctions du sanc- enh·e par un vestibu le (fig. 282 ) pourrait bien 65. j. M YLONO POULOS,
F. Bu1 mN H EIMER , AA 1996, p. 16.
sanctuaire de Santa Ven era, prè s de Poséidonia afin de support er des lits61. Toujour s à D élos, où tuaire d'Art émis à Brauron , parle d'un e habita - avoir été affectée au logement des hôtes de
(infra,p. 273). À Délos, l'Hestiatorionde s habitants le vieil Oiko s des Naxiens pouv ait fort bien être à tion de cette sorte, avec des chambr es à l'é tage; passage, plutôt qu'à celui des seuls prêtres 70. 66. M ALI.WITZ 1972, p. 266-268 .
67. F UilTWANGLER 1906, surt out
60. Ch. P FAFF, Corinth 2003, de Kéos, vu par Hérodote (IV, 35), doit vrais em- la fois un templ e et un hestiatorion, G. Grub en a on a suggéré d'y voir un e des pièces de la stoa En réalit é, l'architecture domestique n'était
p. 94-95.
p. 129- 130. blablement être reconnu dans le Pseudo- propos é de voir des salles de banqu ets dan s les coudée, mais rien n 'es t m oins sûr 65 . Parce qu 'elle pas seule en cause. Si l'on en croit la desoiption, 68. H O I.TZMANN 2003, p. 194- 196.
61. Mai s K UH N 1985, p. 194- 197, es t Thesmophorion ( GD 48) pr ès de l' Artémi sion, deux bâtiments pr esque carr és ( GD 43 et GD 44, est rattachée d'o ffice, par pr éso mpti on , à l'ar chi- par Pausania ~ (X 34, 7), du sanctuaire d'Athéna 69. TR AVLOS 1988, p. 448, 466
all é plu s loin en enl evant toute qui oppose deux salles presqu e carrées de part et Kranaia à Elatée , les desservants du cult e
à décor d'hexagon es) et à porte désaxée , qui tecture dom estiqu e, la catégo rie « maison des fig. 588, et p. 478-479.
colonn ade à cette sall e de banquet
de Samothr ace, et en descendan t sa d'autre d'une cour péristyle, une dispo sition très continuent la branch e nord -ou est du portique des prêtres (ou : des pr êtr esses)» est flottant e et pouv aient aussi résider dans des s~l ~s qui joux - 70. L TR AVLOS, Praktika 1937,
date à la fin du v • s. proche de celle de s deux chambres symétrique s Naxiens, san s exclur e un e fonction con comitante d'id entification mal aisée. À Ol ympi e, un ensem- taient un portique : « Le sanctuaire a ete construitsur p. 25-33 .

226 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 227


Fig. 311. Olympie, restes de la
colonnade du Léonidaion. La partie
centrale est une adjonction
d'époque impériale

:,~·
l 1
·. ,,.

309

Fig. 309. Olympi e, Théokoléon (à


dr.) et Hérôon (à g .). Plan des
ruines. D'après Olympia Il, 1892,
pl. 11. cette colline, il y a des portiques et des habitations seul plan au sol, éventue llement accru d'un étage
Fig. 310. Mégare, sanctuaire de ___ g __ __
-- derrièrecesportiques,où habitent ceux dont le devoir est similaire, ne va toutefois pas sans difficulté.
Zeus Aphésios. Plan restitué de ~ de servir la déesse, et en particulier le prêtre». Cet Sous l'E mpir e, Pausanias a effectivement
l'époque grecque. Dessin a exemple a été utilisé pour assimiler certaines parlé du Léonidaion d'Olympie (V 15, 1-3), situé
H. Athanassiadou, BCH 1983, installations du sanctuai re de Zeus Aph ésios {les ju ste à l'ex térieur de !'Alti>,comme d'un logement
p. 174.
pièces H2, H 4 et I ; fig. 310), entre Még are et pour des hôtes de marque. Était-ce déjà à cette fin

-
0
a

----JI
J~
77
Corinth eï 1, à des loge ments de prêtres ... ou de
visiteurs, sans excl ure, évidemm en t, un e fonction
de salle de banqu et
que Léonid as de Naxos fit constru ire, au dernier
tiers du rve siècle, cet imm ense édifice à peu pr ès
carré {74,80 x 81,08 m), dépourvu d'étag e mais
.. a j;:C/
uû lt
\~ b w """"'l.: Il n' est donc pas étonn ant qu e quelques bâti· entour é d'un e nobl e galerie de cent trente huit

~ 1:9
Hl Ill
ments ann exes de sanctuair es, pri s autr efois pour colonn es ioniqu es {fig. 220 , 2, et 311) ? La recons-
1
CT=D ~ • 1
des « maisons de pr êtres», soient aujourd 'hui titution du plan de la phase initiale a révél é,

~
- 7 1 D
t__.1.--
\ • h considérés comm e des hôtelleries destinées aux autour de la cour péristyle dorique, une multipli -
10 visiteurs, surtout s'ils illustrent à peu pr ès la cité de salles de banqu ets à entrée désax éeï3 , pour
J -----=::JI

- - - maigre phr ase que Thu cydid e nous a laissée au trois cents dix lits au total. Les grandes salles à dix
sujet du katagôgion (rnwy wyw v) dans l'H éraion neuf lits du côté est étaient chacune pr écédées
~~
e
ltfi5
ce ---... de Platées, décrit en 426 comm e un édifice carr é d'un agréable vestibule, alors que sur les autr es
• ~
Il « de 200 pieds de côté, avecdes chambrestout autour en côt és étaient aménagés des groupements de
Il 1 c-- ~ '
- ..
__J .- bas et en haut » (III 68, 3). Dans son essai de
synthèse consacré aux hôtelleries du mond e grec,
quatre petites salles pour sept lits, ayant un vesti-
bule commun. Si le Léonidaion a été conçu à

it:l
,1 L. Kray nak a soulign é la forte tend ance des l'origin e pour des banquets, comm e d' autres
aO \\ archéologues à se fier au m odèle de Platées pour édifices à cour péristyle, rien n 'emp êche qu'il ait
1 N
reconn aître des hôt elleries en Gr èce an cienn e, à pu aussi loger des hôtes de temps à autre, dès
\' e
côté de quelques san ctuair es ou en ville, ne serait- l'époqu e gTecque. Avec ou sans «hôtels» appro- 71. M ULLER 1983,
<--
ce que par ce qu e « la p ersistance du pl an de base à priés, il est tout à fait probable que les sanctuair es 72, L . H. KR AYNAK, Hostelleriesof
imp ortant s aient héb ergé des personnalit és, AncientGreece,Dissertation U niv. of
courcentrale pour une hôtellerie aux p ériodes romaine, California, Berkeley 1984, p. 164.
byzantine et turque [les khan s ottomans] montre que certains pèlerins et des athlètes , dans des bâti- 73. M ALLWITZ 19ï2, p. 246-254;
0 s IOm ,
ments qui ne leur étaient pas destinés, primitive -
celui de Platéesn'était pas atyp ique» 72. S'en tenir à ce W. H O EPFNER dans Basi/eia 1996,
H.A, p. 36-40.
310
ment et principal ement

228 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 229


7. LES MONUM ENTS DES SANCTUAIRES
À Épidaure, une constructio n carrée de la fin Fig. 314. Némée, Xénôn. Vue resti-
du rve siècle, mise au jour entre le théâtre et tuée en perspective. D'après Birge,
l'Asclépieion, fut interprétée com me un katagô- Kraynak 1992, p. 121.
gion en raison de son plan qui rappelle d'une
certaine manière celui de Platées, puisque des
cham bres de différentes tailles y donnent sur
quatre cours péristy les 74 (fig. 312 et 363,12).
!.;accès y est relativement restre int, par deux
porches d'entrée qui mènent l'un à la cour nord-
ouest et l'autre à la cour sud-ouest, la première
permettant de passer par des corridors dans la
cour nord-est et la seconde dans la cour sud-est.
Mais un mur transversal continu divisait le bâti-
ment en deux moiti és non communicantes, peut-
être pour séparer les hommes et les femmes, ou
des groupes caractérisés, car l'existe nce d'un
étage reste do uteuse, en l'absence de publication
déta illée. Il est vrai qu'av ec soixante-dix chamb-
res au seul rez-de -chaussée , dépourv ues de
dallage , sur une surface d'environ 76,30 m de
côté, l'édifice serait déjà le plus important katagô-
gion de Grèce, une fonction d 'a utant plus vrai-
semblab le que le soi-disant «gy mnase» voisin
devait être, pour sa part, un hestiatorion(fig. 303).
De toute façon, on attendait d'un important sanc-
tuaire de héros guérisseur une capac ité suffisante
d' hébergement, pour les consultants et pour leur
famille, puisq ue tout le monde ne pouvait ni ne
devait passer la nuit dans un portique d'i ncuba-
tion.
Sur ces bases - la rech erc he d'un « type
Platées», et la nécessité de loger en bordure de
certains sanctuaires les visiteurs qui affluaient-, des grandes fêtes, la plupart des nombreux visi-
les archéologues ont tenté d'identifier d'autres teurs ne trouvaient probab lement de place que
hôte lleries, avec des raisonnements plus ou moins sous des tentes ou des baraques légères mo ntées à
convaincants. En Occ ident, dans le téménos l'extérieur du péribo le 77. Dans un sanctuaire,
d'Héra Lacinia à Crotone 75, un édifice rectangu- chaque bâtiment ressemblant à une maiso n
laire (K) des rv c-m c siècles, dont la vaste cour pouvait aisément se transformer en auberge occa-
pé ristyle est circonscrite par tro is ailes à oikoiet sionnelle, à côté de portiques souvent mués en
un portique coud é, pourra it bien être un katagô- dortoirs (supra, p. 214). En effet, sachant qu e le
gion (fig. 313), lui aussi. En Arcad ie, l'interpréta- plan autrefois choisi po ur le katagôgionde Platées conservées les traces des supports d'un toit à
tion demeure p lus hypothétique pour les vestiges est susceptible d'a utres destinations 78, plu sieurs doubl e pente, serait à deux niveaux (fig. 314).
pa rtiellement dégagés d'une grande maison au portiques ou éd ifices allongés attire nt désor mais Élevé à la hâte en briqu es crues et mat ériaux de
77. M. P. DILLON, ZPE 83, 1990,
sud-est de l'Asclépieion du bas à Gorlys, où les l'attention des arc héologues à la recherche d' hô- rempl oi, pendan t ou peu aprè s le derni er tiers du
p. 74-88.
313 cham bres semb lent nombreuses et un iformes, et telleries. Datée du début du 111° siècle, la très rve siècle, le bâtiment a été détruit puis vite 78. En raiso n d e la prox imil é de
74. P. KAVVAD IAS, Tô iepôv WÛ pour ceux d' un ·bâti ment sur les pentes du mont longue Stoa sud (près de 165 m) de l'a ncienn e reco nstruit vers 235, avant une destru ction défini- l'agora e t de la d éco uve rt e d 'un e
Fig. 312 . Épidaure, Asclépieion. Détail des salles du katagô- agora de Corinthe était bo rdée à l'arr ière, sur tive tout aussi rapid e. D'abord pris pour un tabl e à m esur es, l'édifice d e Kassopè
Aadry,riov, At hèn es 1900, p. 162- Lycée, dont les pièces donnent l'impress ion d'en-
gymn ase ou, plus pr écisément, pour un xyste81 à
165 ; L. H . KRAYNAK , Th e gion. qu e S. Dak aris int erpr était comme
tourer une cour sur au mo ins LTois côtés, le tout deux niveaux, d' un e file de pièces toutes sembl a- un katagôgionest pr ése n té co mm e un
Ka tagogio n al Ep idauros, A Rev ised
Pla n, ArchaeologicalNews 16, 199 1, Fig. 313. Crotone, sanctuaire d'Héra Lacinia. Plan restitué mesurant ca 38 x 20 m, peut-être sur deux bles, précédées chaque fois d'un vesti bul e muni cau se de ses proportions allong ées (19,78 x m arch é dan s Haus und Stadt 1994,
p. 1-8. du secteur près de l'entrée, le long de la voie sacrée. niveaux76. d'un puits, où ont été retro uvés (entre autres) des 85 ,89 m), il est app elé aujourd 'hui xénôn (çévrov), p. 126- 132.
H . hestiatorion, d'apr ès l'un des term es emp loyés par les auteurs 79. 0 . BRONEER, Corinth I, 4 : The
75. M. d ' A RRIGO, Il katagogion,un
K: katagôgion, En j~geant a priori que des locaux conçus restes d'amph ores, de coup es à bo ire et des flûtes; South Stoa and ils Roman Successors,
edifi cio Ira il pubbli co e il pri va to,
T: temp le. comm e des hôtelleries éta ien t indi spensables O. Broneer y a donc vu un compl exe servant à anciens pour une hôtellerie 82 , en tenant compt e 1'1ince to n 1959 : C OULTON 1976,
Ricerche su/la casa in Magna Greciae in
Sicilia, Alti del Colloquio,Lecce7992, Ép. hellénistique. D'après F Seiler dans / Greci in dans la plup art des san clu aires, des iden tifications la fois d' hestiatorion au rez-de-chaussée et d'hôtel- d'un faisceau d'indi ces : sa situation à la limite sud p. 57 fig . 13 et p. 228-229.
F. d 'ANDRIA, K. MANNING éd ., Un iv. Occidente, Santuari della Magna Grecia in Calabria, 1996, aléatoires ont en core été proposées sur d'autres lerie à l'étage 79. À Né mée, les fouilleurs amér i- du sanctuaire (fig. 210), en bordure de la p1inci- 80. BIRGE et al 1992, p. 99- 187;
di Lecce 1996, p. 89- 107; F. SEILER, p. 257.
pal e rou te d'accès, sa division en quator ze pièces Nemea2004, p. 110-116.
sites (Aulis, O rop os ... ). Du coup, on a parfois cains80 on t an a lysé d e la m ême faço n un e
Sa n tuari a Crotone e nella 81. J. D ELORME,Gymnasion,Étude sur
Croto niat id e, / Greciin Occidente, perdu de vu e que la construction de locaux spéci- construction de plan rec tangu laire, divisée longi- où l'o n entrait par cinq port es au sud et au moin s les monumentsco1l sacrésà l'éducationen
Santuari della Magna Greciain fiques pour l'hébergement n'est pas attestée en tudinalement en deux par ties acco lées: à l'avan t deux au nord, enfin la trouvaill e de vaisselle Grèce(BEFAR 196), 1960, p. 65-67.
Calabria,Nap les 1996, p. 250-258. domestique et de lamp es, qui donn ent à penser
G~èce avant la mention du katagôgionde Platées, on ne trouvait qu'un rez-de-chaussée, sous un toit 82. L. H . KRAYNAK,op. cil., n. 72,
76. j OST 1985, p. 182 el 208. «testimonia».
s01t dans la deuxième moitié du yc siècle. Lors en appentis, tandi s qu e la pa rtie arrière, où sont qu'on y man geait, buvait et dormait.

230 ARCHI TECT URE RELIGIEUS E 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAlRES 231
Des colonnes en tout genre
, Si les . bases de ces colonnes n'occupa1en1
qu ,une faible surface . au sol ' du moins le ta

sstues
-

-~
--~ - ~-~

~
1
qu elles supportaient pouvaient-elles
_ s'e'leverau- 1
c.-
dessus du lot commun. A la longue liste de ces
monuments
, ,
hyperboliques
_
déià
J
1Acropole -~ Athe nes, M . Korrès a pu ajouterun
connus sur ~
11
1
Il 1 1
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~
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::: :::: - ;:::!

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il.
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nouveau p1h~r ~tta hd e, du même type que celui
V :: ~:
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.y: JI~ - ,.. ""'
qui se dressait a ga uche des Propyléess1_Colléà
l'angle nord-est du Parthénon, de manière à haus- ~
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1
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C> -,.:1,1
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.........,
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ser un quadrige en bron z_epratiquement jusqu'à


- --.,
~ r
-
7
son architrave (fig. 316), il se trouvait donc non
loin. de l'endr_oit . o_ù_ le chef d'état-major • IJ Cr IJ ~--i, Il 1
Calhmachos avait fait en ge r, peu après la bataille
de M~rathon, une co lonn e ionique portantune
1 r
1
N ikè 8~. Largement répandue (à Délos, Delphe s, 1 1

nu ~
Olympie ...), la mode de ces colonnes à Nikè 1 1

co nlr aste avec la relative rareté des colonnes


ioniques porteuses d'une grande sphinge, une •~11~PA~~~
~~y
"'

~--;-TH.H
0

btntPOlo l 1
formu le originaire des Cyclades 86. À la colonne
haute de 9,90 m sans son monsl.re, consacréevers 1
i 1 =p
n
~

570 par les ax iens en contrebas du templ e 1 1 1

d'Apollon à Delphes (pl. X), peuvent être adjoin-


1
Fig. 315. Athènes, Acropole. Vue de l'arrière du Parthénon, avec des degrés encombrés d'ex-voto tes au minimum trois co lonnes repérées sur 1

D'après G. Ph. Stevens, Hesperia Suppl.3, 1946, frontispice . !'Acropo le d'Athènes, trois dan s le hiéro n f--- 1
1
1
d'Apollon délien, deux sinon trois à Thasos, deux
à Égine, une autr e à Cyrène ... Le symbolisme
1'
1
1
.. .,
funéraire de la sp hin ge lui permettait d'être -·. - ·- -- ····· ··· ····-·· ...! . ... .. _J.. - - ...L J. [_J. X"'I,,;;- --- -- -- ··· . ·····-
parfois liée à un cult e héroïque , comme dans
3. Les monumentsvotifs l'Archi loc heion de Paros, dont la colonne ioniqu e
M

et commémoratifs portail probablement aussi un e sphinge (fig.400).


Tous les chapiteaux ioniqu es votifs remontentà
Fig. 316. Athènes. Acropole. Restitution du monument attali de à l'angle nord-est Fig. 317. Delphes, sanctuaire d'Apollon. Restitution de la base du Char des
du Parthénon. Dessin M. Korrès. Delphes 2000, p. 323. Rhodiens et du serpent de la colonne de Platées, devant l'autel et le temple
l'archaisme; en tout cas, aucun de ceux quionl d'Apollon. 1v"s. Dessin D. Laroche, BCH 110. 1986, p. 305.
Les offrandes dan s les sanctuaires pouvaient
prendre les formes les plus variées, y compris été retrouvés à Délos n'est poslérieur au milieudu
celle d'un temple. On sait que le lourd temple de \'1 ° siècle 8ï .

Zeus à Ol ympi e n' était rien d' autre qu'un ex-voto Dans le sanctuaire de Zeus à Olympie, la ikè
par un chap iteau sculpt é de s m êmes moulures rarement fait plac e à des supports végétaux ,
triomphal des Éléens, qui vo ulai ent proclamer en marbre saisie en vo l par le sculpteur Paionio s,
que le chapiteau d'ant e du templ e d'At héna Polias comme cette co lonn e aux tambours enrobés
par là leur main -mise sur le sanctuaire el surpas- pour être offerte vers 425-420 par les habitantsde
à Priène , soit un e frise de palm ettes entre un d'acanthes qui , vers 300, fut surmontée de tro is
ser les habitants de Skillonle, car ceux-c i avaient Messène el de aupacte en souvenir de leur
kymationlesb iqu e et un kymationionique, co mpl é- « dans euses» autour d 'une pierre-omphalos
offert vers 600-590 à Zeus un pr emi er temp le, victo ire, était fixée sur un pilier triangulairehaut
de 9 m dont les éléme nts ava ient été orgueilleu- tés par des ramea ux d'acanthe 90. C'est pourtant (oµ<)laÀ.oç;) sous un trép ied, pour une ha uteur
repris ensuite par H éra . Bien plu s tard, le Grand une autr e formule qui fut cho isie au mili eu du total e de 13 m ... une originalité attique, à pe ine
autel de Pergame fut sans dout e lui aussi constr uit sement1 emp ilés devant l'e ntr ée même du templ e
lie siècle, au bord de la terrasse du même sanc- surpassée par le triple serpent de la colonne de
pour commémorer un e victoire, celle d'Eumène de Zeus 88 . C'était en réalité la copie du monu ·
tuaire de Priène (fig. 318), où un pilier fait d'assi- Platées, étrange variante du fût torse. Une fois
ment élevé à Delph es avec un e statue en bronze,
II sur les Ga1ates (supra, p. 134). ses hautes et basse s devait attei ndr e 13 m avec sa que ce genre de monum ent était term iné , encore
83. D . D OEPNER, Stei11e und Pfeiler Toutefois, même si les magnifiqu es chaud rons comme le sanctuaire d'A pollon en connaîtra fallait-il qu'il soit vu. À Delphes , la pr éférence fut
8 statue sous un chap iteau « en sofa», grac ieuse-
for die Giitter,Weihgescht11kgattu11ge11en bronze étaient sûrement des sign es impr es- d'autres par la suite, sur maints piliers ~- '.lus don c donn ée aux abords du temp le d'Apollon
in westgriechischt11Stadtheiligtiimern, ment orné d'une femme -rinceau et de différent es
large, plus imp osante, la base du char d Heh~ s
Wiesbaden 2002. sionnants de la victoire et de l'exce llence, la palmettes dans des enh·elacs d'acanthes 91. Il faut (fig. 319), peu à peu encombrés par toutes sortes
majorité des offrandes ex po sées pr ès d'un temple dressé par les Rhodiens devant le tem.pe d'o ffrand es, alors que les administrateurs y
84. M. KORRES dans Delphes2000, descendre ju squ'a u petit san ctuaire de Zeus Sôter
p. 320-325. ou d'un aute l ne pr ése ntait aucun caractère d'Apollon à Delphes (fig. 317) était, au 1v' siecle, avaient longt emp s pr éservé de l'espace vide pour
~ Mé?alopolis pour trouver un agence ment plus 90. M. TIEDE, AM 195, 1990,
le plus ancien pilier véritab leme nt monumental , 91
85. M. KORRES , Recenl monumental. Il s'agissait aussi bien de statues etud1e de ce ge nr e d'offrande: deux ba ses de les sacrifices et pour le passage des visiteurs ' . p. 213-258.
Discoveries ..., ECONOMAKJS 1994
juste posées sur un e bas e monolith e, de stè les à suivi par la érie des piliers attalides où, entre des Pour mi eux se faire remarq uer dans un sanc-
p. lï4-179; HOLTZMANN 2003, , statues équestres ont été' .restituées de part et d'au- 91. RUMSC HEID 1998, p. 135-138,
moulures les assises hautes alternaient avecdes
p. 68-69 el 185. reliefs parfoi s encastrées dans les degré des ' ·t n tre de la façade du temple et align ées sur elle 92, tuaire renomm é, à partir du deuxième quart du fig. 120 el 121.
temples (fig. 315) et des propylées, que de cippe as i e basse , pour porter soit des statues, s01 u me siècle qu elques co lonnes votives sont dev e- 92. U . W. GANS, U. K.REILINGER
86. Récapitulation par dans un e forme de composition sym étriqu e qui d ans Pelopo1111esian
Sa11ct11aries2002,
B. HOLTZMANN , BCH\ 1.5,1991, - ces stèle rectangulaire aniconiques, couron- quadrige . Devant la multiplication dense de ces nues jum elles, suivant une mode qui semb le du e
sera très recherc hée partout p end ant la période p. 190.
p. 15I el suiv. monuments honorifique , tous les moyensfurent
nées d'un chapiteau à profi.1en cavet, qui se ont impéria le. à une initiative alexa ndrine. Cai· le plus grand et
87. FRAIS SE, LUN AS 1995, p. 338. , • ]'a,tielltion· la 93. Détruis sur les piliers et les
multipliée dan certain anctuaires d'Italie du jurré bon pour tenter d atorer · Quant aux fûts, ils pou vaie nt être lisses ou le plus ancien de ces monuments avait été install é co lonnes en général dans
88. M ALL\\1TZ 1972,p. 34-39 hauteur du pilier ,, ou son décor. À un empl~~~ j ACQUBIIN 1999, p. 131 el suiv.
(St11atlich
e Siegesa>1atheme). ud à partir du 2c quart du Vl c iècle 3, en même . suwa ~é_corés de plusieurs façons, surtout à Delph es93. à Ol ympi e enh·e 278 et 270 devant le portique
ment inconnu de l'Hènrion de amas,on m .. d'Éc ho (fig. 220, 7), par les soins de l'amiral 94.j ACQUE
MIN 1999, p. 25 1-252.
89. H. POMTO\\ , Die Paioni os-Nik e temp que de colonne ou des pilier votif , plu _ .. __1 - teJ11111leS eanmom s, les sim pl es cann elur es droit es ont
in Delphi.]dl3ï, 1922, p . .5.5-122. nornbre,1x n Gr ' ce métrnpolitain e. au JJ' · ecle deux pilier guadrawn.uaires

7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 233


Kallikratès 95_ Il se composait d'u n lo 1
N (20,08 m ), augmenté à chaq ue extré mi~f l~c e
,- une

t
co 1onne h au t e d a peu près 8,30 m avec sa plinthe
et une
. base de type . asiatique
. (fig· 320), tan d'1s que
SUI chaque chapiteau wniq u e on d'1st'mgua1t .
.
r espect
- _ivement les statues en bron ze e d
Pto 1emee II et de sa sœur -épo use Arsino ' U
. ~ ITT
entrepnse
_l d e déification se révé lait ici dans tout
son ec at, puisque les statues des souverai ns indis-
solublement associés étaient axées sur les angles
des templ es d e Zeus et d 'H éra, le couple divin par
exce!lence, tout en faisant pendant aux statues
macedom enn es abritées dans le Philippeion ·
O
jo;==<== =--t===-..,.,.;j2S METI.ES l' autre bout du sanctuaire. Des pièces d'arc hitec- 'a
ture appartenant à un monum ent tout à fait
318 semb lable sont conservées au M usée gréco-

Fig. 318. Priène, sanctuaire


d'Athéna Polias. Le temple en face
de son autel et du propvlon; bases
commémoratives au sud.
romain d'Alexandrie ; laissées en partie inache-
vées, elles témo ignent d 'un projet peut-être conçu
m\
,,,:,,,:,;J
.

•,:.,•:
:•
,
Adapté de Wiegand, Schrader 1
1904, pl. 9.

~~
Fig. 319. Delphes , sanctuaire
d'Apollon. Plan de la région devant
le temple.

I
'
1. autel d'Apollon,
2. Mur de soutènement de la
terrasse du temple,
3. temple d'Apo llon,
4-5. trésors,
6. base dite des habitants de
Corfou, ;i/'{i
7. t répieds syracusains, 320
8. offrandes du v• s
9. bâtiment de Dao~hos Fig. 320. Olympie, sanctuaire de Zeus . Base, tambour et
10. colonne aux acanthe's chapiteaud'une des colonnes de la dédicace ptolémaïque.
11. pilier du Char des Rhodiens Vers 278-270.
12. terrasse d'Attale 1••. '
Dessin_D. Laroche, L'espace grec, Fig. 321. Delphes, monument d'Aristainéta. Élévation des
Cent cinquante ans de fouilles de • s. D'après F.Courby, FD Il, 3, La terrasse du
fragments. 111
l'Ecole française d'Athènes, 1996, temple, 1927,p. 257.
p. 137.
1 321

8 ! [l 11
dans le secteur des pala is par le m êm e arc h itecte Les exèdres

•••
~97
. ,' '
qui œuvra à O lympie 96. Il est vrai qu'en Égypte
les colonnes très élevées s' inscrivai ent tout natu-
rellement dans la tradition des obélisques, de
sorte que bien avant la gigantesque « co lonne
U n e des origin alités d e la dédicace p tolé-
maiq u e d'O lym pie était l'insertion d'un e exè dr e
en fer à cheva l au mili eu du socle. C 'es t à p ar tir
'' .' Pomp ée», toujours debout dans la vi lle d e la fin du iv e siècle qu e les san ctuai res les plu s
d'A lexandrie sans sa statue d e Dioclétien des fréq uen tés, sur tout ceux d'A p ollon et d 'As clépios,
colonnes isolées avaient été dressées de ci, d; Ià97. on t en tre p ris d'of frir aux visiteur s le confort de

• Sur le modèl e d e l'offrande d'O lympie d'autres


sanctuaires reçw-ent aussi d es co lonnes jume lles,
différen ts b ancs auton om es en pierr e 99, pour la
p lup ar t en d emi -cercle réguli er, outr epa ssé, ou en
96. M. P FROMMER, lm Schattender
de préférence ion iques, mais cette fois elles fure n t fer à chev al (fig. 322), à côté d 'un nombr e n on
Pyramide,1,Mayence 1999, p. 60-61.
réunies pa r un socle court et par un e arc hi trave nég ligea bl e d 'exè dr es rectangulaire s ou en TT. À 97, Voir par ex . les «aiguilles» de
dont la corni che portait les statues. À De lp h es, ces l'é p oqu e arch aïqu e, l'île d e D élos avait b én éficié Cléopâtre et la colonne Pomp ée
d 'un e série de banqu ettes qui longe aient comm o- dessinées au XVIIIe s. :
c~nsécratio ns furent effectuées pe n dant le tro i- Louis-François Cassas,1756-7827,
95. W. H OEPFNER, Zwei sieme quart du 111e siècle pa r des partic uliers, en d ém en t le mur arrière du portiqu e d es Naxien s et dessiuateur-voyageur,
cat. expo.,
0
Ptolemaierhauten,Das
Ptolemaierweihgeschenk
in Olympia und
[l D commençant par ce lle d'Aristainéta (fig. 321), sa p ro longatio n vers le nord , ain si qu e les qu atre Mayence 1994 , p. 199-205.

19 SU1v1e par le mo n ument de C h arixénos et même faces du templ e d e Létô, m ais cette expé rim en ta- 98 . j ACQUEMIN 1999, p. 334.
em Bauvorhabenin Alexandria,AM J. 30
Beiheft, 197 1. peu apr ès, par un mon u ment à trois co lon nes e~ tion archi tectu rale assez réussie est restée sans 99. Essai de synth èse dans TH ÜNGEN
1994.
319 marbre, de la famill e de Lykos et de D ioklès 98. lend em ain . Il est éta bli qu 'un e n ouve lle sor te de

234 ARCHITECTURE RELIGIEUS E


7. LES MONUM ENTS DES SANCTUAIRES 235
surer la visibilité de toutes ces « petites architectu- dra ient un e exè dr e semi-circulaire, le tout Fig. 323. Delphes. exèdre rectangu-
res», dont le nomb re s'est consi déra blement derrière un e façade illusionni ste de portiqu e laire devant les trépieds syracu-
sains. Élévation. plan. coupes.
accru à l'époqu e hellénistiqu e. dorique à avant-corps latéraux 104 (fig. 325). Première moitié du 111 • s. D"après
Mais certain es bases de statues en demi -cercle F.Courby. FD Il. 3. La terrasse du
n'ont pas été articul ées avec un ban c, elles illus- Quelques monuments de victoire temple, 1927,fig. 208.
trent juste le goût de ces siècles pour les lignes
Fig. 324. Délos, trois exèdres à
courbes, tandis que le banc d'a utr es ensemb les Qu ant aux cales monum entale s pour des navi- antes près l'entrée nord-est du
statuaires s'avère nettement plus esthétique que res, elles étaient nettement plus rare s que tous ces sanctuaire d'Apollon. Fin du 11• ou
fonctionnel. Devant la grande base en hémicycle début du 1•r s.
supp orts et ces sièges de luxe. Même si, dans
disposée au bord de l'a llée du Sarapieion de l'H éra ion de Samos, des rangées de pierres
Memphis 102 c'est ui:ie plinth e qui éta it collée, non avaient été agencées dès la seconde moitié du
un véritable banc. A pro ximit é de la nécropo le et vne siècle (fig. 148,7) afin d'y main tenir un
du temple de Nectanébo, le pharaon divini sé pris batea u 105, c'est surtout à par tir de la fin du
pour le père d'A lexa ndr e, cette base n'é tait pas ive siècle et prin cipalement au m0 que l'intérêt
une banale exèdre mai s bien un monument de pour les objets comm émoratifs d'un e victoire
propagande dyna stiqu e, qui sembl e avoir porté
les statues de deux ou trois m embr es de la famille
des Ptolémées, au milieu des plus émin ents philo-
sophes et poètes, assis ou debout. Dan s le hiéron
d'Apollon à Delphes, les pr ésentoir s pour des
cycles de statues, qui foisonnaient dans le secteur
accessible par l'e ntr ée sud -est, corres pondaient
parfois à des niches, car la configuration du
terrain rendait nécessa ires les mur s de soutène-
ment103 (fig. 261). Et l'exèd re du monum ent
ptolémaique d'Olympi e n'éta it pas la seule à faire
partie d'un e co nstru ctio n plu s import ante,
puisque le sanctuaire de Poséidon et d' Amphitr ite
à Tènos s'e norgu eillissait d epui s la fin du
1v 0 siècle ou le début du 111° d'un éto nnant unicum,
une fontaine dont les deux bassins carrés enca- 323

de théâtre - , et c'e t eule ment par la suite


qu 'e lle ont em·ahi le agoras tout en devenant
de offrande privée . L"exèdre construite au
m• iècle dan un sanctuaire de Caunos par
Proto · nè 100 con titue donc enco re une excep·
tion ; a,·ec la propre carue en bronze de I artiste
dan l'a, e du banc en demi-cercle, et quatrebases
en aillie alentour ponant le carues, également
en bronze. de e paren a,·ec deux amis c était
un de premie ex emple de ce groupes fami-
liaux qui ,·ont prédominer à partir du II" iècle.
Le recours aux exèdre a quelquefois favorisé
dïmrênieu x rem-oupemen a, ·ec de colonnes
YOti, ·e . Au ier "ècle a,·. n. ère. dans le sanctuaire
d·.-\pollo n à laro fig. 262 . non eulement les
propylée étaient flanqué de la plus grande
xèdre monumentale connue elle aneirnait 8 m
de I n au premier dem-é de rhémicycle ), mais 102.j. -Ph. LAUER, Ch. PICARD,Les
n p U\ 11Îl admirer. une ro · le Ire franchi
, statuesptolémaïquesdu Sarapieionde
Memphis,Paris 1955 ; A. SCI·IMIDl"
une b e de colonne placée à ï.15 m de on ante CO LI NET , Hefi.e des archiiologischen
n rd- t : elle étaie swmomée de la rame de Seminarsder Universitiit Bern 14, 1991,
I lêmai ~-qui prie une pan importante aux affai- p. 58-60.
re de I it · en même tem , que . Iénippo paur 103. j. ~CQUEM IN 1999, p. 140.
le~uel une lonne i nique semb lable a,-ait été 104. ET I ENN E, B RAUN 1986, p. 73-91,
159- 162.
ont ' mrer ux -ièges en œe prè - de r !rle sud-esr du temple princi·
, (llll , . 105. KYRIE LEIS 1981, p. 88-90.
P'1 · etun une manière mme une aurre d'as·

7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 23 7


Fig. 325. Ténos, sanctuaire de
Poséidon et d'Amphitrite.
Restitution axonométrique de la
fontaine-exèdre. Fin du 1v"ou début
du 111•s. D'après Étienne, Braun
1986, pl. 8.

Fig. 326. Samothrace, Néôrion.


Coupes longitudinale et transver-
sale restituées. Dessin J. Kurtich
dans Lehmann 1998, fig. 50-52.

<;ranit
l=:~r'.ii::f;i

~/4! Çine_iss 0 10 /1. .

c::=:::J
MaTbr e

327
Fig. 327 Délos, Néôrion
(« Monument des taureaux»). Plan
de l'extrémité nord, montrant la
base pour une proue de navire. Fin
du 1v" s. D'après R. Vallois , Les
constructions antiques de Délos:
Documents, 1953, pl. V.

Fig. 328. Samothrace, restitution


hypothétique du monument de la
Victoire. Début du 11•s. D'après
H. Knell, Oie Nike von Samothrake,
1995, fig. 64.

106, Sur cette interprétation, voir navale s'est concrétisé dans les sanctuaires 106 . Un À défaut de bateaux comp lets, on pouvait
H. KNELL, Die Nike von Samothrace, bâtiment allongé, comme le Néôrion(vcùÎptov) de célébrer un e victoir e en déposant dan s un sanc-
Darmstadt 1995, p. 82-101; sur les
dédicaces naval es de toutes sor tes,
Délos ou celui mis au jour plus récemm ent à tuaire des ornements d e poupe, les stylidès
vo ir K. BRINGMANN,Gebenund Samothrace 107, a pu entourer un bateau réel (cri:-uÀ.i8cç,
sing. cri:uÀ.iç
) - peut -être exposés à
Nehmen,Monarchische Wohltiitigkeit (fig. 326); pour la bonne conservation de la 328
und Selbstdarstellungim Zeitalterdes
Delphes dans une sorte de trésor 1° 9, l'oikosà l'est
Hellenismus,Berlin 2000, p. 65 et
galère, tous deux étaient largement ventilés par de la terrasse d'Attale 1er-, ou encore dédier des
suiv. plusieurs sortes de baies (portes et fenêtres à proues et des poupes scu lpt ées. Toujours à
107. LEHMANN 1998, p. 109-111; claire-voie, lanterneau). Le Néôrion de Samothrace, c'est sur une base en calcaire de
D.J. BLACKMAN,Ship Dedication s in Samothrace (13,86 x 28,93 m) était divisé en deux statues chryséléphantines de la dynastie macédo- lll. Ph. W. et K. LEHMANN,
Sanctuaries, lthaki 2001, p. 207-212. Rhodes ainsi taillée, abritée dans une spacieuse sanctuaire d'Athéna à Lindos, au pied duquel un e
par une rangée de colonnes que reliaient des nienne, le Philippeion d'Olympie 113 fut installé SamothracianReflections,Princeton
108. G! NOUVÈS1993, p. 200-20 1. niche 110, que se dressait depuis le début du autre portion de navire est toujours bien visible, 1973, p . 192-196 (d'autres fragment s
grilles, pour former d'un côté un passage et de u• siècle la spectaculair e «V icto ire», désormais sculptée en relief dans le rocher 111. Portant un e volontairement entre l'entrée du sanctuaire de de monuments navals ne viennent
109. Hypothèse d'A.jACQUEMIN et
D. LAROCHE,RA 1990, p. 2 18-221. l'autre un espace de présentation du navire, calé assemblée sans tête ni bra s au mu sée du Louvre. statue d'Athéna, le monum ent naval de l'agora de Zeus et son point névralgique, le Pélopion, non pas d'un sanctuaire: par ex., ceux du
sur des blocs au lit supérieur creusé. ~édifice pa lais de Démétrias et de l'agora de
llO. Bien que très ré pandue , l'idée Si son montage a pu êh·e reco nstitu é assez préci- Cyrène, rapporté le plus souvent au début du loin des vieux trésors alignés sur la terrasse de Thasos ); 1. SCHMIDT,Hellenistis che
que la niche devait être comp létée délien, lui, rappelle sans conteste le schéma du sément, en dévoilant son meilleur effet de trois- 1er siècle av.J.-C. 112, annonce la récup ératio n à 1'Altis, comme pour les distancer (fig. 220,3). Le Statueubasen,Francfort 1995.
par un bassin alimenté en eau ne Hiéron de Samothrace 108 : derrière un profond quarts gauche pour qui regar dait vers le haut du grande échelle, par les Romains , de ce mod èle fait qu'un pavot de bronze surmontait le toit, 112. A. L. ERMETI, L'Agoradi Cirene
concorde pas avec les re marqu es de s
déco uvreurs: M. H AMIAUX, Muséedu porche à colonnes, une salle étroite et allongée théâtre de Samothrace (fig. 259, 12 et 328), il n'en des ateliers de Rhod es ou de Cos. selon Pausanias (V, 20, 9), n'autorise pourtant pas III I JI monumentonavale(Mouografie
Louvre, L es sculpturesgrecquesIl , Paris recevait le navire, entouré d'une galerie de circu- di ~rciœologialibica16), Rome 1981,
va pas de même dans les autres sanctua ires où ont Parmi les offrandes de victoire, les rotondes à y voir une sorte d' hérôon, car au-delà de _so~ p. 60-70 (avec les documents compa-
1998, p. 27 et suiv.; EAD., La lation suré levée, tandis qu'au fond une pièce à
Victoire de Samothrace, étude tech- été découverts les restes de navires sculptés en sont restées aussi peu banales qu e les monuments symbolisme funéraire cet acrotère central etait ratifs).
nique de la statu e, MonumentsPio~ deux portes latéra les renfermait une base trapé - ro1;-de-bosse: entre autres, dans l' Asclépieion navals. Commandité par Philippe II après la d'abord le décor d'un cercle de serrage des ll 3. MALLWITZ 1972, p. 128-133;
83, 2004, p. 61-129. zoïdal e, sans doute pour une proue (fig. 327). d'Epidaure et dans celui de Cos, comme dans le bataille de Chéronée en 338, pour y faire fixer les chevrons. Mais la présentation, sur un socle en GINOUVÈS1993, p. 194-196.

238 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. L ES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 239


une vaste salle hypostyle quadr angu lair e, un plan

DO
118
sans conteste d'origine égyptienne (fig. 330);
sousles fondations , les restes d'un pseudo-,négaron
mycénien trahissent l'exi stence d'un culte ancien, • • D D

n:
mais dont rien ne garantit qu'il s'adressait déjà à
A
Déméter119. Des murs datable s de la fin du Vil e ou • •
du début du Vic siècle permettent de restituer le
premier Télestèrion,rectangulaire et donnant sur
une très petite pièce du type adyton.Celle-ci pour- • •
rait alors constituer le « Saint des Saints», le
noyau précieuseme nt conservé lors des phases
d'agrandissement postérieures. En effet, dans la
• • D D

seconde moitié du VIe siècle, alors que le retentis-


- _f!._5-; sement du culte de Déméter et Corè s'éta it
transporté au-delà d'Éleusis, la construction du
temps de Solon disparut pour faire place à un
édifice deux fois plu s ample, une salle (25,30 x O O O
27,10m) à trois portes précédées d'un porche à B D
dix colonnes doriques. A l'intérieur, cinq rangées
de cinq colonnes soutenaient le toit et les fidèles
prenaient place sur des gradins le long des murs,
sauf du côté du porche et sur la moiti é du mur
sud, occupée par l' adyton-anaktoronqui renfermait • • • • •
peut-être les hiéra, les « objets sacrés» promis à
l'ostension. Si l'on essaie d'interpr éter les récits • • • • •
des auteurs anciens, il se pourrait que les mystè-
res aient compr is la représentation d'un drame
sacré, où le rapt de Perséphone éta it suivi de s
retrouvailles avec sa mère, et l'initi ation aur ait
commencé hors du Télestèrion, pendant la recher-
che rituelle de la fille perdue, dans les ténèbres, à




• 0:


• • • •
la lueur de torches 120 . Le sanctuaire fut égaleme nt
entouré d'une imposante muraill e (fig. 236 ), qui
laissait à l'ex térieur un enclos où une grande
«maison sacrée» (c'est le terme vague adopté C
par les archéo logues), construite au milieu du
v111c_siècle, fut remplacée par deux petits temples-
ozkozsuccessifs. Le schéma de la grande salle E J .T.
20 JO .o\O !9~0
hypostyle à gradins sera rep1is pour toutes les 0 !Mol•lo
autres phases de ce Télestèrion,bien que le recours
à ce genre de plan soit resté exceptionne l pour Fig. 330. Éleusis, Télestèrion.Plans restitués des états successifs.
·''f,, I
~ , - ,I l'architecture religieuse, car il a finalement été A. sous Solon.
considéré_ c~mme plus adapté à des réunions B. sous Pisistrate,
c1V1ques. A Eleusis, le premier Télestèrion, détruit C. sous Cimon,
D. le projet d'lctinos.
par les Perses, fut reconstruit au deuxième quart E. fin du 1v"siècle.
du vc siècle sur un plan plus allongé, sans porche, Dessin 1.Travlos, Arch. Veneta21-22. 1998-1999, p. 13.
ê:amre,
e: avant d'être rapidement démantel é pour matéria-
r aeI>émétera~. oienqù liser un proj et très monumental élaboré par
pr a...mon a rm 2=ne aYa:ncé. il fut conduit
•an
~ctinos, s'il faut en croire Strabon et Vitruve .
A d~faut de pouvoir faire preuve d'originalité, dessus de l' anaktoronmédian, ce qui laisse suppo-
'yJUT des i:Jlennenreux••li Cet saru doUlf ser un toit à quatre pans, en pavillon, supporté
celw qui allait devenir l'architecte du Parthénon
JJ<Jurr~uoi.au con trair e de s fidèles qui n'enrrenl par les sept rangées de six colonnes (fig. 331).
1 avait choisi d'agrandir, mais son projet fut légère-
pax dam un temp le gre c mais se ras emblentP:' Prévue dès le gouvernement de Périclès, l'adjonc -
ment modifié lorsque la responsabilité en
d UJI autel en plein air, les candidats et lesuuae. tion d'un nouveau porche prostyle ne fut pourtant
mcomba à d'autres architectes. Les quatre côtés 118. TRAVLOS1988, p. 92 et suiv.
au1' mysteres se réunissaient dans un edtfice entamée qu'au milieu du rve siècle et terminée
· h pan! du sékos,tous porteurs de gradins à l'intérieur, ont 119. M. B. COSMOPOULOS, Greek
f1•rn1<·,pour rester entre eux tout en ec. ap par Philon d'Éleusis, l'architecte de l'arsenal en Mysteries2003, p. 1-24.
maintenant atteint 52 m de longueur et trois
aux r~gar d s indiscrets , avant d'en ressortlfrrani· œentre eux ont été percés de deux ouvertures.. pierre élevé au Pirée . 120. Interprétation de
La situation était a priori différente au nord Ch. SOURVINOU-[NWOOD , Greek
lr1rm 1•'!i. Selon Plutarque Vir de Périclès13 7) Xénoklès de Mysteries2003, p. 25-49.
L plu s connu de ces édifices est le Télis'.~ Ch0 larges se ch;ugea de poser un ' lanterneau
' de la mer Égée, où les falaises escarpées de
31 au-
t 1 '! , 'h l usis. Depuis l'époque de Pisistrate, c · ·

7. L ES MONUMENTS DES SANCTUAIRES


24 7

i\j, If 'If• t·IJIII <J:JJ• I' 1


Samothrace protégea ient un étroit vallon voué à un plan qui n'est p~s sans rappeler celui du
un antique culte des Grands dieux (une triade premier Télestèriond'Eleusis, du temps de Solon .
locale préhellénique, parfo is identifiée avec Accolée au mur sud de l'Anaktoron, une petite
Déméte:, _Per~éphone-Corè et Ha dès), auxquels salle rectangulaire est une hiéra oikia (d'après le
avaient ete adJomts les Cabires, progressivement nom marqué sur des tuiles), une « maison sacrée»
assimi lés aux Dioscures, protecte urs de tous ceux qui conservait, dans le sol ou encastrés dans les
qui affrontaient les dangers de la mer. Si la colo- murs, les plaques portant les noms des initiés .
nisation de l'île fut essentiellement menée par des Vers le sud de l' Anaktoron, l'édifice appe lé
Samiens, on a pensé à _la participatio n conjointe Hiéronest de proportions semblables à celui-ci.
d'un groupe venu de !'Eolide, parm i lesquels des Son état actuel remonte aux années 325, mais il
habitants de Lemnos, une île anciennement fut allongé au lie siècle grâce à un profond porche
connue eour son important Cab ireion (infra, à double colonnade hexastyle surmontée d'u n
p. 244). A l'époque he llénistique, une fois fran- fronton sculpté, à la manière d'un temp le. Percés
chie l'entrée est du sanctuaire de Samothrace d'une petite porte sur chaque long côté, les murs
(fig. 259 et 332 ), les visiteurs devaient vite remar- en bel appare il pseudo-isodome de marbre
quer trois bâtiments rectanguJaires, très rappro- thasien doub lé de calcaire, couronnés d'une
chés, où se distinguaient plusieurs portes 121• architrave et d'une frise dorique, ne laissaient pas
Deux d'entre eux ont été dénommés respecti- soupçonner qu'à l'intérieur (fig. 334) la partie sud
vement Anaktoron et Hiéron par les fouilleurs, était absidale, et encore moins qu'au vie siècle se
d'après des textes littéraires et des stèles inscri- trouvait déjà à cet emplacement une modeste
tes 122 . Orienté au sud -est, l'Anaktoron (littérale- construction absidale, agrandie à l'époque clas-
ment: « l'espace des chefs ») mesure 13,3 x 28,7m sique. L'état hellénistique est le plus grandiose,

.L et date de la même période que la roto nde offerte grâce à son da llage de marbre, ses murs stuqués,

-
par la reine Arsinoé, soit le début du 111° siècle. incisés et peints selon le « Style d'appare il», et ses
li Fig. 333. Samothrace, sanctuaire
Trois portes s'ouvrent dans son mur sud-oues~ plafonds à caissons de divers types, sans supports
des Grands dieux. Hypothèse de
donnant par quelques marches sur un sol en terre intérieurs malgré la vaste portée 123 . La nuit, après comment utilisait-on l'eau d'un ruisseau, qui arri- reconstitution de l'inté rieur de
- r·, ---.,' o -,~ battue où avait été pratiqué un bothroscirculaire, des cérémonies à l'extérieur , éclairées par des vait ici par une condui te à travers l' euthyntéria? l'anaktoron. D'après K. Lehman n,
DES SOVS DESSVS pour des offrandes. Dans la partie nord, une cloi- torchères fichées dans des pierres, les initiés En pos ition centrale, le Hall of the Choral Samothrace, A Guide, 1955, fig. 18.
e son délimite une sorte d' adyton, donc une zone à restaient assis sur deux rangées de bancs, devant Dancers12'1 est à la fois le plus grand (il est long de
l'accès réservé (fig. 333). On suppose que les une eschara carrée . Ma is à quoi servait exactement plus de 20 m) et le plus ancien de ces bâtiments
initiés, ou les futurs initiés, devaient s'asseoir sur l'abside, qui évoque vaguement une grotte, et rectanguJaires, ayant été construit vers 340 à l'ini-
les bancs en bois installés le long des murs, entre
Fig. 33 1. Éleusis, Télestèrion. Détails de l'entablement. Ép. classique . Envoi de Rome de les pilastres qui rythmaient les parois (fig. 259,23),
V. Blavette, 1884.

Fig. 332. Samoth race, sanctuaire


des Grands dieux. Partie centrale, à
la fin du 11•s.:
A. Hieron,
B. Altar Court,
C. Hall of the Votive Gifts,
D. Hall of the Choral Dancers
[ancienne restitution],
1. !
E. théât re,
F.monument de la Victoire
G. port ique ouest, ·
x. aute l archaïque,
y. canalisation.
D'après Ph. W. Lehmann,
Samothrace Il, 1, The Hieron, 1969,
fig. 369.

121. L EHMANN1998 ; K. CLJNTON


dans GreekMysteries2003, p. 61 et
SUI V.

122. Qui, toutefois, ne se rapp ortent


pas à co up sûr à ces édifices : vo ir
123. Ph. W. LEHMANN,Samothrace
K. CLJNTON,GreekMysteries2003,
III , l, theHieron,Prin ceton 1969;
p. 61 et n . 43. Ma is si le mot hiéron
H ELLMANN2002, p. 246-247,
s'a pp lique habitu ellement à un sanc-
fig. 338.
tuaire compl et, il pe ut aussi, plu s
rarement, désigne r un de ses bâti- 124. LEHMANN1998, p. 73-78 (dit
ments : H ELLMANN1992, p. 170-171. auparavant « téménoshypèthre», il
Fig. 334 . Samothrace, Hiéron. Vue perspective rest ituée de l'intérieur.
serait tout de même co uve rt.
D'après Ph. W. Lehmann, Samothrace Ill, 1, The Hieron, 1969, pl. CVI .

242 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 243
[es_ sa!Ies cf ass_embiêei civiques. Dr.ise-.err crois cf amant qUë la. principale d:ïvi:rr:i:Œ
honm:é"e prfa
. de ~ ran !rées de colonnes romques_ le de Thèbes était un Cabiœ accomp«grré cf an
efu_par u..'" "' -
• 1 corps cen traI ,fi<r
ru o· 337' était enca dre par . un j eune ho=e (son fils è)Tcependant que Ie téménos
par che a- douze colonn es doriq ue s en p aras ., de Déméter Cabiria et de Corè avait été fondé un
devant l'entrée à deu..xbai es, et une sorte
. de com-
.. peu plus loin, certaine ment pour Tes fe= es, qui

-+-=-
~ -.{ dor postene • · ur qui dessert quatre petites p1eces
interpre· te-es co=e
.
des adytons. Le . porche
.ère sont de hauteur mom e que a
dr et 11a
étaient exclues du Cabireion. Sur le site du
Cabireion les offrandes remontent au x• siècle,
mai s les premières constructions permanent es en
H partie am . ,- - d
. traie , qui s'élève Jusqu a L9 m, et ou _ es
Partie cen
·s sont restitués daris les nefs late rales.
banc en bol - · fu
- . ar un incendie vers 200 de n. ere, il t
Derrwt p- - . d l'' d· =
remp 1ace par une nouvelle phase redwte . - •e e d1·
fice sur la terrasse méridionale , qw tem01gne e
la longévité de ces mystè res. _ _ _
ia

BeauCoup moins renomme que les prece- . al 0 0 0 0


dents, e t de fréquentation avarit tout d rég10n
fi . e
d'après ses nombreuses offrarides e ~es 0 0
C
0
animales ou de bergers , le Cabirei on b~otien e_st
situé à quelque distan ce à l'ouest de 1:1ebe s. pre s
de Toespies 12tt_ Un ruissea u et d1: am ~nag em e~ts ~ /2
rnrdranliqnes canalisations . bassms . ate rn es lais-
~ enrrevorr lt:rrrporu:.nce de e= ~ cnlte..
r !:'
B.
L-2.
"~=-=af!,
-
otlrr&e. où e c2ére- ,,eg est
:·arœte CO!.i.ÇE!-â- (I a:

=ç ~ -377:5 î'a:Jr:?.
cr . ::>a-s
'=c. 3ë5_ S3-o:-r3:e . =-i3 8 :ES b"'37:E ::le..; :553 ::e :S:r ~ -:-:JS -:rES=S ::L :aesET O-
- ::07:::l.:l:ia, ;;,: ::e a -:3:a::e ±, rr=r.:yo-, --a /. if ~ "lD'3 -=g. 333 . ~ -tsn:er:r :.:iJ:E ~-933e =5:-:_i=:- '~ 23:- _ - ~-::-Eia....e
.!..
~ . i e-53!'.. .3085 ~ l .1'1.
. --3~ . 5:>-::e . ::ess - 4-..J:C' ::a-s ,...i.:: L?jt= ~:l- -::s:J . - . :31:J - -:a- fi= 3SSS.=
3 -e l87 s: • ..e
S3---u::-r3:3 - . 1= - 3TS 7 :S , "332 , :i l. X:.. 31 ~ 1]D œs or- - 3:3--?7:JP-.
r--as 2l3g : v::iir =,;i . 2:i:3 , 1, . ~ 3 3 - _V Bc lli, 1\--::-i. lr:n:'32 1-
77. ~"933-33. o. 17.

-=,g. 333 . reg r:n Œ T ' èoas ,


C 3 blB iO, .?13:
î je, 13 0 7 :!SB
uam·e de Philippe II, au-dessus d'un état
diam.. intérieur 3 m et à m odénarure dorique sur 50 3 V. 'l. àœ - 10 3 pr. . àœ.
ar chaïqu e.. Après un laro-e propJ•lon ionique du D'après Haydar. M3llwi:: 197B,
un mur plein., e..x:îstaitdéj à ,·er la fin du n ""siècle;
côté nord (fig. 335), l'intérieur était diüsé en deux pl. 21.
elle a été interprétée par hypothèse comme un
parties , dont le pavement était percé d'une escha.ra
lieu de culte béroïque 126.
et d'un bath.ras.Avec ses mur s en marbr e qui
itué sur deux terrasses face à la mer, le
montaient jusqu 'à 4 m de hau teur , le monum ent
Cabir eion de Lernn os, dont l'état de conservation
aurait-il été le cadre des danses d'un drame sacré
laisse à désirer, n'es t encore qu 'imparfai temeot
(plut ôt que de l'initiation proprement dite ),
publi é 12i. Sa pr emière ph ase, dégagée sur la
comme le suggèrent les reliefs sculptés, en frise et
terrass e sud , sous le sol en terre battue d'un té/,es-
au fond des caissons de plafond, qui sont à l'ori-
tèrion romain remonte à la fin du vrn• siècle ou
gine de son nom actuel ? À proximit é imm édiate
au début du ~l e - ce qui en ferait le plus ancien
fut élevé au début du m• siècle l'Arsinoeion.
des lieux d'initiatio n. Là aussi, il s'agit d'un
Recouvran t un « péribole double » rapporté à la
première moiti é du 1v• siècle et lié à un autel de espace rectarigulaire (6,40 x 13,50 m) accessible
moellons adjacent, cette tholoshaute de 14 m sans par deux port es. Sur au moin s tro is côtés, une
le toit, d'un diam ètre exté rieur de 20,22 m à I' eu- banqu ette en terr e cuite recevai t un e cinquan·
thyntéria, devait également jou er un rôle dans les taine de personn es réuni es auto ur d'un e
mystères, même s'il demeure peu clair. L'absence esclzarapour parti ciper à des libation s ou des
de supports intérieurs (fig. 336), sur un espace banquets , à en ju ger d'a pr ès les nombreux vases
d'environ 200 m 2, la rend propre aux rassemb le- retrouvés au sol. Entretenu ju squ 'à sa destruction
ments (ou aux danses? ), et le couronnem ent violente dans la seconde moiti é du 11e siècle, ce
125. Mc CREDIE, Roux 1992 ; premier télestèrioneut un succe sseur sur la terrasse

---
W. H OEPF NER, AA 200 1, p. 4ï5. conique du toit, qui était creux, pouvait malgr é
son étroitesse fonctionner comme une cheminée, nord dès les ann ées 200, lorsq ue l'île fut occupée
126. Mc CREDIE, Roux 1992, p. 262-
2ï2 . peut-être pour l'évac uation de s fumées d'un par Philippe V de Macédoine , dont la famille 1 -- ·---
était très attachée au sarictuaire de Samothrace . 128. I.:article d'A. SCHACHTER dans
12Z L. B ESCHI, Arcluolog ia Veneta21- petit autel intérieur , mobile 125. Au-dessus de GreekMysterics200 3. p. 112-142, ne
22 , 1998 -1999, p. 11-25.
l'Arsinoeion , vers l'est, une autre tholos, très petite Cette fois, les belles proportions (32,90 x 45,50 m) rend pas plus claire l'ob scure m on_'.'·
et la planimétrie rappellent l'é difice d'Él eusis et graphie de Hn DER, M A!.LlmZ 1918.
338

244 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. LEs MONUMENTS DES SAJ\CIU.A.IBES 245
Fig. 339. Lykosoura, sanctuaire de ·1 en a un, à coup sûr important, derrière le théâ-

\
Despoina. Plan restitué: 1 y qui était lui~mêm; un s1mp · 1e s1ege
-- d' ass~m-
1. temple, tre,
2. gradins, blées en plem air. S1 1anaktoronest un local d 1m-
3. portique, tiation plausible, il faut toutefois tenir compte de
4. autels,
5. bois sacré,
sa date récente .
6. mégaron. Plus généralem ent, à quoi pouvait bien serv ir
Adapté de P Orlandini, ASAtene un tltéatron,au sens premi er du terme: « un lieu
1969-1970, p. 345. pour regarder », dépourvu de bâtiment de scène
Fig. 340. Acrocorinthe, sanctuaire pour des grands spectacles dramatiques ou musi-
de Déméter et Corè. Le théâtre, caux, et garni d'un petit nombre de grad ins 131?
vue isométrique. D'après Bookidis, ·:. À ]'Amphiaraion d'Oropo s (fig. 370), alors que
Stroud 1997. fig. 37.
quelques degrés en pôrosavaient été dressés dans
\ .. •
]es années 400 au-dessus de l'aute l pour faciliter
]a participation aux sacrifices, ce théatron fut
détruit au iv e siècle pour faire place à un éd ifice
mieux dimensionn é, en bordure nord du site, où
,,

""
]es consultants pouvaient suivre plus commodé-
ment le drame sacré du héros gué risseur

0 10 20 40 M
'.-;
" _;'/,.
_
/ -~-,
---\··
'\ ._
Amphiaraos. Dans le sanctua ire des Grands
dieux de Samothrace, où le théâtre cultuel ne fut
~ construit qu'au lll e siècle, les archéologues ont
. 'c·
pensé qu'auparavant les visiteurs se réunissaient
339 autour d'une aire circulair e de la seconde moitié
du y e siècle, située après l'entrée (fig. 259,25) -
elle possédait bien un autel en son centre, mais les
gradins qui la bord ent sont très étroits et ne
conviennent qu'à la position debout 132 . Il est
manifesteque, selon les lieux, l'autel, le temple et
le théâb·e cultuel étaie nt associés de div erses
manières. À Lykosoura en Arcadie, dix degrés
rectilignes ont été imbriqu és en bas de la pente
d'une colline du sanctuaire de Despoina
(fig. 339) : s'ils jouaient à coup sûr un rôle
pratique de soutènement, il est aussi très possible N

340
que des fidèles y prenaient place pour voir en
face d'eux, à certa ines grandes occasio ns, un
prêb-e ou un desservant sort ir par la porte percée
dans la face latéra le sud du temp le 133 . A un e
\
pierre ne daterai ent que de la fin du vie siècle. Ce à laqu elle s'est ajout ée au 11° siècle une stoaocci- échelle encore plus mod este, le théâtre du sanc-
sont des structures circulaires à mur s de moellons dentale (fig. 338). Succédant à un e tholostransfé- tuaire de Déméter et Corè à Corinthe, qui ne
de dimensions plutôt faibles (diam. max. 6,30 m)'. rée en haut de s gradins du théâtre, un anaktoron comprenait que six gradins rectilignes et peu
qui permettai ent à une vingtaine de personnes recta ngulair e (le nom est connu par une inscrip- profonds, creusés dans le roc de la terrasse supé- -- '
assises sur une banqu ette intérieure de se rassem - tion postérieure) fut édifié vers 200 derri ère le rieure vers les années 300, pour 85 personnes au
bler autour d'une eschara, manife stement pour maximum (fig. 340), semble avoir été conçu en
podium de l'orchestra; il reçut un porche prostyle
manger et boir e, si l'on considère les vases mis au ioniqu e à la fm du 1er siècle av. n . ère. et, à l'ar- connexion avec un e sorte de chapelle, sur la
jour. Ces tholoifurent plusieurs fois refaites, trans- même terrasse 134 . Fig. 341. Naxos. sanctuaire de Sangri. Plan restitué du
rière , une ence in te renf ermant un e fosse à 131. Sur la difficile distinction entre
formées ou déplac ées; dans tous les cas elles télestèrion, sous les ruines d'une église. D'après «v rai » théâtre et« théâtre cultuel»,
offrande. Mais c'est seulement à la période Ces architectures peu banales, tantôt G. Gruben, AW2002, p. 388. voirj.-Ch. MORETII, RA 2004,
rappellent un modèle plus ancien de construction
romaine que le théâtre fut agrandi et entour é d'un complexes, tantôt d'un e simplicit é d éro utante , p. 94-95: recension de NIELSEN
ronde, destinée à des repas rituels dès la fin du
129. A. MAzARAKlS AI NIAN, New mur d' analemma,pendant qu e l' anaktoron,détruit posent d'autant plus de qu estions qu'il reste à 2002.
vne s., à Lathouréza en Attique 129 . Non loin de la 132. ROESCH 1984, p. 180-183
Evidence for the Study of the Lat e sous Sylla, fut reconstruit sur un autre schéma. établir que des cérémonies d'initiation étaient
Geometric-Archaic Settlemenl at tholossud fut édifié vers la fin du ve siècle un bâti- (Oropos ); LEHMANN1998
Présentes d'un bout à l'autre de la longue exis- réellement célébrées dans tous les sanctuaires des prétendu «te mple » archaïque de Déméter à (Samothrace ).
Lathouriza ..., Klados,Essaysin Honor ment à peu près rectangulaire, également avec
of}. N. Coldstream,BICS Suppl. 63, tence du sanctuaire thébain ces tlwloi ont certai- Cabires. Le Cabire ion (ou: Samothrakeion) de Sangri de Naxos (pl. IV) comme un télestèrion 133. P. ÜRL~NDINI,Considerazioni
une banquette intérieure pour des sortes de
1995, p. 143- 155 (corrige SEILER nement j oué un rôle de ~remier plan dans le Délos ne consistait qu'en un bâtiment de plan paraît fondée 136 . Dépourvu d'au~el_ associé.' cet sui Megaron di De spo ina a Licosura,
1986). beuveries . Un peu plus tard, sont apparus un e ASAteneNS 3 1-32, 1969-1970,
déroulement du culte, qui avait peut- être aussi barlong (une salle de banquet ?) dont l'e ntrée, édifice à deux portes sur un long cote (chose mha-
130. Essai d' interprétation de ces nouvelle tholos au-dessus du théâtre et un bâti- p. 343-357.
besoin (à partir de l'époque hellénistique ) du précédée d'un portique , donnait sur une terrasse bituelle pour un temple de cette date , qui s'ouvrn
vases, et du culte en général: ment absidal en bas. Les plus grands travaux 134. BOOKJDIS,STROUD1997,
M. DAUMAS , Cabiriaca,Rechercl,essur «théâtre» et de son podium, lequel n'avait rien occupée par un autel circu laire creux, en normalement avec un e seule porte sur un petit
l'iconographiedu cultedes Cabires,Paris
datent du me siècle, parmi lesquels des adduc- 135
p. 256-270.
d'un bâtiment de scène. Souvent ornés de motifs rnarbre ; on ne voit pas bien comment pouvait côté) est parcouru d'une colonnade axiale qui ne 135. GD n' 93, p. 22 1-222.
1998, complété dans Topoi12- 13/2, tions d'eau, un théâtre cultuel comprenant un
2005, p. 85 1-881. végétaux, certains vases à boire cabir iqu es 130 figu- ~tre pratiqué ici un culte à mystèr es, en plusieurs laisse aucun e place à une statue de culte (fig. 341), 136. G. GRUBEN, AW2002 ,
grand podium dans l'orchestra,et une stoa au sud,
rent des danses, des courses, devant des rochers: etapes. En revanche, la récente identification du tandis que le toit en tuiles de marbre légèrement p. 39 1-397.

246 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 247
été achevé, avan t d'être en partie démonté sous
Auguste pour un e réutilisation de ses _pièces sur
]'Agora d Ath èn es, dans le temple dit du sud-
ouest (supra.,p . 109). La reprise des travaux sur le
site depuis 199.J. vise à clarifier ce plan, qui pour-
rait être celui d'un til.estérion,
car l' Hymne à Déméter
lie cette déesse à Thorikos, et une borne du témé·
nosdes deux déesses a été crouvée à I intérieur de
ce monume nt à deux encrées. ~lais cene disposi -
tion entraîne une aucre interrogation: l'exis tence
de deux ou crois portes. dan un édifice sacré
]aisse+eUe oéces airemeot supposer un parcours
rituel lié à des mystères ? Des indices supplémen -
taires seraient alors attendus. comme ceux visi-
bles dans le sanctuaire de :\"éa Roda supra,p. 28 ).
Il vaut mieux, en tout cas, exclure des cultes
mystériques les baies placées côte à côte, du
genre de ceUes qui régissaient l'ac cès au temple

-- de Zeus à Livadie 141 ou au «s anctuaire anonyme


n »l42 (18.J.5X 13,95 m) de l'As clépieion
daure, vers la fin du IV" siècle : un vestibule à
d ' Épi-

prostôon ionique ouvrait ici par une hi pie porte sur


une grande salle, certes alimentée en eau, mais
dépourvue de tout bothros(fig. 363,7 ).

5. Les installations
hydrauliques
Fig. 344. Delphes, la fontaine de la
source Castalie vers 1845. Dessin
La valeur sac rée d e« l'ea u pri m o rdi ale», régé- d' E. Landron.
nératrice par le simpl e fait d 'être issu e des profo n - tuair es ne po ssédaient pas seulement deux, mais
;'~ ✓%~ 0~ ~ at',Œt:Cff &:fa',a'? c:m:;i-- deurs, a été trop souve nt an a lysée p ou r qu ' il faille tro is con structions primordiales, car au temple et
1"'1"«1"· ~ c,§rér;-.0nte:t rit: :n:eJ.. & c"ac
y revenir 143 . Nombr eux so n t les sa n ctu air es, d e à l'a ut el il faut bi en souvent ajouter une installa-
~~ ,..~'ifGn -eipar..esdo .. daœ Ie Wm Smu- és..• toutes tailles et pour diffé re nt es di vini tés , qui tion hydrauliqu e ou , pour être précis, un aména-
twv) é'Tlfun q , a. pr, ~ Cn.. &, P.œe. pcis - r· olïs se éérobe G les rites y furent créés pr ès d 'un e so ur ce o u du m o in s un e gem ent architectural autour du point d'eau origi-
J/f, L Li:,% , "· propr,~ d'y reconnaître le Samo- 141. G. Roux, Museum Helveticum 17,
seraient la « répliqt!e de ceux cfÊiemis. selon eau souterrain e : no us avo ns d éj à évo qu é ce ux d e n el, rar ement laissé à l'état naturel' 46 . Il est clair 1960, p. 175-184.
thri!œfr,n attestf par une inscription 137.
Pausanias. VIII 3 L , . un m:eu:aron a bien été Brauron (supra, p. 163), d e Cl aros, d e C yrèn e, qu e !'Art émision sur le rivage d'Au lis, par exem- 142. Suppo sition d'E. LEMBIOAKI
If,, tr~ rites initiatiques, qui visaient aussi à dégagé à Lykosoura i.39 _ non loin du temple de sans même compt er D elph es (fig . 344), Épidaur e, ple, s'est constitué autour d 'un arbre et d 'un dans Excavatiug ClassicalCulture
entrainé!" l'individu dans une communa uté plus le Létôon de Xantho s enfin , établi dan s un marais aut e l liés à une résurge nc e, qui fut ens ui te 2002, p. 133- 136; contraRoux 196 1,
Desp oina. Rapporté an:x UI"-n" siècles d"après le
6u müfns dose, utilisaient de s constructions qui p. 277-279 (qui y voyait un sanctuaire
type des multiples bloc conservés. ce migaronoù où les grenouille s étaient rein es ... Les Grec s habill ée d 'orthostates pour former un bassin où hypèthre , à façade dorique ).
tai~ient clairement allusion au passage dans l'au- l'on sacrifiait des animaux était un enclo rectan- considéraient comm e encor e plu s m e rv e illeus e la l' on descendait par une demi-douzaine de 143. Entre autres par J. RUDHARDT,
dela , Plusieurs inscTiptions trouvées à Callatis au Le thème de l'eauprimordialedaus la
gulaire cerné par des murs à ortho tate : accessi- présence d'eau saum âtr e à l'int é rie ur d es te rre s, marches, et c'est en direction de ce bassin sacré
bMd de la mt-r . aire, nou s renseignent sur' les mythologiegrecque , Berne 1971.
ble par deux escaliers latéraux. il se coUait à la qui leur suggérait la pro x imit é d e la m e r, l'eau par qu'un long temple-oikosfut finalement orienté, au
ltCtivités d'une association dionysiaque; le texte le 144. ] OST 1985, p. 132-133.
pente du terrain, barrée en haut par un porti que excellence. Dans le Péloponn èse , ce fut l'origin e v 0 siècle 147 (fig. 345 ).
plus anciE.-n, qui remonte au m • siècle, traite du 145. PATON, STEVENS 1927, p. 313,
à parapets massifs , entre des demi-co lonnes du sanctuaire d e Po sé id o n Hippies, qui ne I.:eau était de toute façon indispensable dans 487, 490-491; M. CHRJSTOPOULOS,
fin1tncement du lieu de culte, un naos qui n'es t en
d oriq ues adossées à des refends (fig. 342). comprit jamai s qu'un templ e-abaton pr ès d'un un hiéron, et d éjà près de l'enh·ée, pour que Poseidon Erechtheus and Erechtheis
J!J'/,M. 1,. LAWAU, (f;.,,~ (Jrct!: r~1tlitl q~'une grotte a ~ énagée, faite d 'un e «gale- Thalassa, Ancient Cult Practicefrom the
I.:encl os d e Lykosoura est assez intrigan t pour point d'eau et, plus loin , un stad e et un hippo· chacun puisse en premier lieu être débarrassé de
My1/Ntt 1'/,l!IH, p. 7111J 1, rlù crüuseü ?n form e d arc, d 'un e grand e port e et EpigrapliicalEvidence[Actesdu colloque
ju stifier un e nou ve lle étu d e a rchitec tural e, de drome pour de s jeux 144 N 'oub lion s pas non plu s toute souillur e (p iacrpa, miasma) éventue[ Ie et
J!J/;, l,m 1//11/1,11, 1S1,y Mhw/1 gtac
tld111J dü voulùs 1, 1·1H, c'es l-à-dir e d'un ensemb le souter - d'Athènes, 799 7],R. HAGGéd.,
1111•t l lat/11N 11, ::, C11/lat/ 1 et tm/111
m êm e qu ' un grand é di fice du v• siècle à que dans l'ang le sud -ou est de l'Érec h th e ion, l'ou - redevenir ainsi pur (Ka8ap6ç, katharos).A cet Stockholm 1994, p. 123- 130.
r1tin vo uté, co mm e on en conna issait à l'époq ue
r/11m , A. A Vl<AM(•d,, llwan· sl l!JIJIJ, Thorikos, connu d epui s lo ngte mp s. Traditionnel- verture carr ée d'un e margelle au-dessus d'une en droit l'ea u était gén éralement contenue dans 146. GLASER1983, p. 177 («Der
JJ, ~fW ::011, . ,,1.1;~r,+l, a1J !JO,
d 1tn s les tomb es thra ces el macédoniennes (infra Brunnenim Heiligtum»).
lem ent dénomm é « te mpl e» o u « édifice <lori· citerne permettait certains jours d'ent endr e, se lon d es vasques sur pied et des bassins en tout
sa11la,, VII 1 ;;7, 1 IO;
WU, l'1111
p . 203 -2% ). On peul en rapproc her le témoi'. 140 147.j. THREPSIAOIS , AD 17, 1961-62,
que » , cette sorte de portiqu e doubl e se caracté- Pausanias (I 26, 5), les vagues bruis santes de la genrel4 8, mai s aussi, parfois, dans des puits , des
M.,JIi'it d1111s(/rrl'k My,tcrlcr ~oo::, g nagü d e Pau sani as, qui révèle que de s mystères Chronikap. 138, fig. 1.
I' · 1,14 14!1 (1t11 1lyst· la 11·stil11li1111 rise par deux colonnade s à qu ator ze supports et «mer» (8aÀacrcra,thalassa) de Po séidon, premier citernes et des fontaines placés à côté de_s propy·
en l' honn eur d es Grande s dé esses se d érou laient 148. Pour les grands périrrhantèria
d'A. 0 1tl ,AN l! UH, llrthfl/,I, JIii ~, retours aux angles, de part et d 'a utre d 'un mur maître de !'Attique, qu'il avait abo nd amment lées, à l'intér ieur comme à l'ex térieur (à Eleusis, à (rr€ptppavr,ipta, sing. rr€ptppav-
JI, 14~ 11,1). dan s plu sie urs mégara, un terme qui ne peut dési-
médian dont les extrémités dessinent des antes arrosée de son élément 145 . Dans son essai de Rhamnont e, dans le sanctuaire d 'A rtémis à r,iptov) archaïques en marbre, ces
140. 'f' 1t,w w .~ 11/HH,JI, ,1:11, 1111:1445;
gn er, dan s un le i cont ext e, qu'une construction de vasques soutenu es par des figurines
perpendiculaires, et sur chaque long côté l'entre- synthèse sur les fontaines et les puits monumen- Lousoi ... ). On lit donc sans surprise dans un
pl11111111·rtlli,·1 11v1·rn· lui publié pr éfé renc e sout errain e ou du moin s surbais sée et et souvent, une colonnette centrale,
N lir j!IJII l!JIHi, I'· ~,.
d1111 enclose, de façon à so ustraire les fidèles aux
colonnement cenh·al est élargi pour enser rer un taux de la Grèce antique, Fr. G laser avait donc de d écret de la fin du rne siècle la proposition d'arné · v~irj. DUCAT, BCH88, 1964, p. 577-
seuil (fig. 343 ). Cet unicum n 'a manifestement pas bonnes raisons d'écrire que beaucoup de sanc- nag er un point d 'ea u à Orchomène en Béotie: 606.

248 AI\ Clll'l'l •:c ru1u; I\ELJGIEUSE


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 249
lavables et les. récipients mis à contrib ution, une c'était de l'ea u vive, contrairement à l'eau
remarque qw vaut pour toutes les séries de sali a ante des citernes , toujours soupçonnée par
de banquets situées à proximité d'u _es st gn - . M .
d' 151 - n pmnt les Anciens d'être prom pte a croupir. ais tout
eau A Thaso~, l~s puits ouverts respective- en la jugeant moin s salubre, les Grecs ont
AULIS

L ment devant les ozkozdu Poséidonion à J'arn"


.
.
d
'
d u Thersilocheion et dans une cour triangul ·
ffl
-~
JUSte au su des oikoi de l'Héracleion 152relevaient
des mêmes motivations, mais ce dernier se distin-
fré uemment rassembl é ce qu'ils app elai en t
l'«:au du ciel » dans des réservo irs, en ve illant à
rendre leurs parois étanches par la pose d'un
enduit hydrauliqu e de qualité. Les archéo logues
g_uait_ par l'existence très probable d'un monop- ont constaté que les citernes étaient p lu s
tere_a col?nnes doriques , posées sur le dallageen nombreuses au sud d'un e lign e passant par
gneiss qw entourait les parois du puits (fig.254). Athènes, alors que dans des régions où la pluvio-
TEMPLE D'ARTÉMIS
Certains sanctuaires très fréquentés nécessi- sité étaitjugée suffisante on n e se préoccupait pas
taient enco re plus que d'autres une abondante tant de recueillir la moindre goutte tombée d'en

0;· ~imentation en eau: ceux qui étaient thérapeu- hautl55_ Il semble, aussi, que des citernes furent
tiques, ou oraculaires (infra,p. 261), ainsi que les creusées plus volontiers à partir de l'époq ue hellé-
sanctuaires panhelléniques , qui attiraient réguliè- nistique, sans doute pour subvenir à des beso ins
rement les foules. Dès l'épo que mycénienne, la sans cesse accrus, qui ont pu entraî n er un appau-
vrissement progressif de la nappe phréatique 156.

,~
PORT ~ plaine d'Olympie avait été préservée des débor-
i : . ANTIQUE ~
c,1 !!1 :
dements saisonn iers du C ladéos et de !'Alphée Dans la ville d'Ath ènes, co mm e la source
\\5 0

SOU RCE
par une digue de détournement et un barrage, Clepsydre (fig. 209) n'était pas accessib le depuis
le plateau fortifié de I' Acropo le (du moins à
AMÉNAGÉE mais ensuite il a fallu gérer une nappe phréatique
6=Ï généreuse. Dès le premier concours en 704,des l'époque grecque), celui-ci était abre uvé par les
~ / MAISONS
û puits ont été mis en fonction près des installations eaux de ruissellement, rassemblées à partir des
: ' sportives, donc essentie lleme nt dans les secteurs années510-480 grâce à une conduite qui suivait le
est et sud -est, au point que les fouilleurs ont pu sens de la pente, ju squ'au nord -est des propy lées
dénombr er sur p lusieurs siècles plus de deux archaïques.C'est là que se trouvait un e grande
cents puits dont la majorité était éphémère, puis- citerne de plan trapézoïdal (fig. 346), co uv erte
qu'i ls n' ont servi que pendant le temps des festi- d'un toit-terrasse en bois soutenu par deux piliers
vités, ou même seulem ent pen dant une partie de et précédée d'une chambre de décantation du
cette période 153. Le nombre des puits est allé même type 157. Puis, après sa démolition, ce sont
croissant ju squ'a u ve siècle, en liaison avec la de banales citernes « en bouteille », à co l étra nglé,
qui furent ouvertes dans la roche au nord du
. ··... · .· : . :' \>
J r
l?ôl
faveur dont bénéficiaient alors les jeux, mais
~~~10____ .,;,,
20M
progr essive ment ils sont devenus plus ou moins Parthénon. Selon plu sieurs archéo logu es, l'ex is- ; . - .· ...
;:---~~----'.'":.J.

Fig. 345. Aulis, sanctuaire inutiles grâce à la mise en place d'un réseau de tenced'un réservoir archaique de bonne capa cité
d'Artém is. Plan. D'après canalisations qui apportait l'eau dep uis la rivière laisse supposer qu'une garn ison statio nnait alors
J. Threpsiadis, AD 1961-1962 Fig. 346. Athènes, entrée de !'Acropole. Plan restitué au début du v" s : 1. Propylon archaïque,
Chron. p. 138. ' C ladéos jusqu e dans le sanctuai re proprement dit. sur !'Acropole d'Ath ènes; il est vrai que d'un e
« .. _.plaise
au peuple , afin que ceux des citoye ns 2. édifice absidal, 3. citerne.
Auparavant, celu i-ci n' était pratiquement manière généra le, parce qu 'e lles offraient un
qw font un sacrifice dan s le san ctuair e de Ze En haut, coupe sur la citerne. Dessin T.Tanoulas dans M. Brouscari, The Monument s of the
alimenté que par de l'ea u apportée d'ailleurs, refuge aux habitant s en cas de siège, les acropo les Acropolis, 1997, fig. 150.
. . utilisent de l'eau potabl e , de co ru tr uIT
Meilichios _us
e dans de grands réc ipients. À Némée, où au moins ont été spécialement bien pourvu es en citernes,
un e_krene [fontaine,
_t_ d ou puits?] dans le sanctua· 1re deux puit s avaient été forés à côté du temple et de surtout quand les puits faisaient défa ut sur le
ou a co e u sanctuair e, là où on jug era que c'est
la meilleure place»l49_ l'aute l de Zeus, la forte consommation du bain et plateau sommital et que les sources cou laient
de l'hôte llerie (supra, p. 231) éta it aggravée par habituellement sur les versants. Dans l'île
. En effet, aux exige nces du culte - les purifi ca- !aire (10,20 x 17,40 m), à deux escaliers opposés
celle de l'hippodrome et de ses écuries, et tous d'Égine, le petit plateau de la falaise où fut fondé
tions avant le sacrifice, et les lustration s150 _ descendant vers le fond, fouillée en contre bas du
venait pouvaient profiter à partir de la fin du rv• siècle le sanctuaire d' Aphaia présent e, contre la base de 155. M.-Ch. HELLMANN, Veau
_ . s'ajou ter la consommation J·ournal"1ere d es' d:un profond réservoir à trois compartiments, la colonne du sphinx (fig. 218), la bouche d'une temple de l'acropo le de Camiros. Mise hor s des citernes et la salubrité , textes
pelenns , et les ateliers artisanaux (des ateliers d d'usage au moment de la construc tion de la el archéo logie, GINOUVÈS1994,
dun e capacité totale de 135 m3, qui fonctionnait citerne ronde adjacente à un bassin de décanta- p. 273-282.
tissage, des tuiliers , des bronziers ... ) qui opérai en:
comme un puits tout en rec evan t aussi de l'eau tion ovale; elle recevait les eaux rejetées par les longue stoa (fig. 277), elle fut remplacée par une 156. G. ARGOUDdan s G!NOUVÈS
149. IG VII 3169, trad. G. Argoud. souvent
_ _ .dans les sanctuaires , surtout aux epoques-
guidée par un e canalisatio n en te rre cuite 154. citerne de capacité plu s généreuse creusée sous
150. GINOUVÈS1962, p. 299-318; geometrique et archaïque, n'éta ient pas moins pentes du toit du second temp le d'A phaia,jusqu 'à 1994, p. 281.
S. G. COLE, Th e Uses of Water in une conduite en pierre qui partait de sa faça de cette stoa, dont le toit offrait une surface consé- 157. PARSONS1943, surtout p. 224-
gourmands en eau. Ces deux domain es, le sacré
Greek Sanctuaries, Early GreekCult
1988, p. 161-165. et l_e pr_ofan e, n; p euvent pas être nettem ent Quels types d'installations ? nord158. De leur côté, les fouilleurs danois ont qu ent e d'éco ulement - comme tant d'autr es toits 225; HURWIT 1999, p. 124;
T. TANOUUS,AM 107, 1992,p. 129
retrouvé plusieurs dizaines de cite rn es dan s le de templ es ou de portiques voisins de temple s.
~1stmgues dan s I usage des installation s hydr au-
151. R. A. TOMLINSONdans
Sanctuaire grec 1992, p. 344. liques . Même si les b an qu ets abrit és da
ns
L: choix de ces aménagements hydrauliqu es sanctuaire d'Athéna à Lindos , pr ès des propyl ées Plusieurs pièces de la stoade Camiros contenaient
et suiv.
158. fuRTWANGLER 1906, p. 86-87
152. Roux 1979, p. 210; Thasos l'hestzatorzon
. . d
e Pérachora étaient bien ritu 1 ne dependait pa s du seul déterminisme naturel, et de la grande stoa,ainsi que sur la terrasse infé- des margelle s pour puiser dan s cette citerne, sans el pl. 2.
2000, p. 96-97, 141et 145. RA,,.., . es, de multipl es facteurs ent ra ient en lign e de rieure159. Même si elles sem blen t princ ipal em ent la m ettre à sec puisqu 'elle pouvait aussi desservir 159. DYGGVE1960, vol. 2, p. 375-
_. _ . iomlm son avait raison de rappel er que l'in- 384.
153. Voir A. MALLW ITZ, X L Bericht compte. On sait qu e les Grecs accor daient une ressortir d'un e technique hell éni stiq u e et ]a ville, en compl ément de fontaines situées plus
überdie Ausgrabungen in Olympia, ~eret d~ la double-apsidalcisternvoisine (fig. 349) 160. G. KONSTANTINOPOULOS,
eta1t d abord pra tiqu e, les banqu eteur s aya nt pl~s grande valeur à l'ea u des sour ces - et par là- romaine, d'après leur appare il en pierres de taille bas dont un bel édifice à bassin longé par des ArchaiaR},odos [en grec], Athènes
Frühjahr 7977 bis Herbst 798 7, Berlin-
New York 1999, p. 186 el suiv. grand besoin d'eau en perm anen ce pour leur meme aux fontaines - ainsi qu' à l'e au des puits, enduites et leur couverture vo ût ée 1 certai n es de~i -colonn es doriqu es (fig. 347), tout pr ès du 1986, surtout p. 171-177, et L. C,\LIO
154. Nemea2004, p. 133- 135.
car leur ongme
· · 1eur conférait natur ellement un temp le d'Apollon 160. Les sanctuaires qui occu- dans Presenzaitalia11a1996, p. 62
boi sson comme pour nettoyer largement les sols pourraient remonter à l'époq ue ar ch aïq ue, un e
· . E n plu s, elles circulaient,
caractère chtho Ilien paient des terrasses contr e des pent es étaient et 64.
datationplus assur ée pour un e citerne rectangu-

250 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 251


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES
, d os blocs de pôros auxque ls était co llé,
=z; ~~ ew , •t '
. .
occi·dentale ' un escali.er en pierre qw
.
à l'extrenu e
·t d'y descendr e pour pw ser, ou curer le
Pennettai . s installation s camp 1-eme ntaires ·
on
t
fond.Plus1eur 1 , , d
encore sUJ .VI. dan s l'H éraion pendant a peno e
mace omenne (un puit s' un aq ueduc, un e autre
' d .
citerne.. , 165)· .
,
Neanmo m
· s, à cause de la natur e sens, ibleme nt
lus« 1a.igu .. e» des ci'tern es , qui étaie nt ega . lem en t
P , · tre moins sûres que les
, , , ts et les
pm
- Cl supposees e
,
fontaines,
. ail
elles
r dan
étaient
s les
plu
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tôt co ns1derees
ctuaires, qu e les
com
G me
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- ____J__-----,,..---l:_
-___,______!____l_~~________:_:__:_---=-------:...--"---'
g des pis- e
ont tOUJOUr
.
. s appr écié de p ouvo ir fond er et eve-
lopper dans des zones hyd rat é_es pa r un e napp e
-

phrea , ti'que d'un e taille satisfaisant e.. Le_ cas de.


l'Héraion de Samos n'est nullem en ~,1 ~01e: p armi
s trois puits qui rem on te n t deJa au haut -
archaism
se .. e, l'un d'e nti·e eux ' placé près d e la stoa
d recueillait l'ea u filtrée par une co uche de
su , l - 166 B -
sable dans un bass in rec ta ngu a1re .. ien
conservé, il laisse voir des mur s co nstrmt s avec
soin et percés en car ré d'un dispositif de tro p-
plein.

Fig. 348. Rhamnonte, sanctuaire de


Némésis. Plan restitué, montrant
les trois citernes autour du temple
classique. D'après Pétrakos 1999,
fig. 105.

.T , ... F . GLA.SiA. Fig. 349. Pérachora, Héraion.


Citerne à double abside en contre-
bas de I'hest iator ion double.
Fig. 347. Camiros, fontaine dorique
près du temp le d'Apollon. Élévation
et plan. D'après Glaser 1983, également concernés , qu'il s'agisse d'un petit
fig. 180. du grand te mpl e, avec un e p rofond eur rédui~e
hiéroncomm e celui d'Ap hrod ite pr ès de Daphni (diam . 4,30-4,80 m , prof. 5,60 m) mais en pre-
(fig. 282), dan s lequel plusieurs citern es en form e voya nt un revê tem ent de cim ent hydraulique. En
de bouteille, de capacité limitée, ont été repé- Sicile, les citern es éta ient qu asiment de règle dans
rées161, ou d'autr es sanctuaires plus étendus. En les sanctuaires d e D ém éter et Corè : à Agrigente,
Béotie, la fouille du sanctua ire d'Apollon Ptoïo s, le sanctuair e co nservé sous la chapelle de San
fondé sur trois terrasses à proximité d'une source , Biagio en po ssédait deux, et deux autre_s leur ?nt
a dégagé une longue citern e divisée en sept cham - été ajout ées par la suite du cô té nord , ams1qu un
bres m açonn ées, non loin d'un réservoir relié à petit ba ssin relié à un e cour, tandi s que le sanc:
un bas sin de pui sage pla cé à un niveau infé- tuaire pr ès de l'église Saint -Nico las utilisait lw
rieur162. Dan s le san ctuair e de Né mésis à aussi de s citern es et des ba ssins 164 ,
Rhamnont e on avait cherché des pui ts, mais la Sur tous ces sites les dim ensions moyennes
pauvr eté de la napp e sout errain e a pou ssé au d'une citern e éta ien/ normalement infériew-es à
creusement de troi s citern es 163. La premièr e celles du pr incipa l rése rvoir de l'H éraion ~e
(fig. 348 ), qui est située devant la stoa no rd et Pérachora . Ce sanctuair e a été fourni en eau des
161. S, W 1DE, ArcltEph1910, remonte à l'époq ue archa iqu e, était alimentée par les vm•-v11 • siècles par un e source et par un
col. 35-43, une conduit e souterra ine qui amenait l'eau de « bassin sacré », mai s apr ès le réam énag ement du
162, J. D UCAT, C hroniqu e du B CH plui e de fort loin; elle ne mesur e que 2 x 3,50 m
89, 1965, p. 908-910,
hiéronau VI° siècle le Sacred Pool eut pour succes-
en plan , mai s sa profond eur dépa sse les 25 m et il seur, à un autre emp lacem ent, une longue citerne
163, P ETllA KOS 1999, p. 205-209, était possible d' y descendr e à l'aide d'encoc hes
272-274. à double abside (21,40 x 4,20 m, prof. ca 4,60 m,
pour les pieds pratiqu ées dans deux parois. En
164, V. HJNZ, Der Kult von Demeter fig. 349 ) qui receva it p ar des can alisations les
und Kore au/ Sizilien und in der Magna surfac e elle ressembl ait à un e fontaine, couverte
eaux de ruissellement des terrasses supér ieures, l65. R. A. TOMLINSON, ABSA 64,
Grecia,Wiesbaden 1998, p. 76-77, 90- d'un édicul e à auvent reposant sur deux colonn es,
9 1. Le sanctuair e de San Biagio apr ès leur passage dans un bassin de décantation. 1969, p. 157-164; lo,, Peracho;a,
ce qui n' était pa s le cas de s deux autr es citerne s, dans Sanctuaire grec1992, P· 3_9
profitait aussi de l'eau app ortée à Une file médiane de onze pili ers portait sa
une fontaine proche par des galeries cette fois cylindriqu es, forées à l'entrée du hiéron et 343.
couverture, et ses parois, qui s'incl inaient légère- 166. KYRJEL EIS 1981, p. 90-91.
souterrain es : voir supra, p. 156. (diam. ca 1,35- 1,70 m, prof. 2 1,80 m) et à l'ou est 349
ment vers le haut , étaient constituées par sept

252 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUM ENTS DES SANCTUAIRES 253


3,75 m), entouré d'un mur d'enceinte à large Fig. 351. Tégée, krènè d'Athéna
\., .... h 11.-60 colonnade de façade, doit dater de la seconde Aléa. Plan et coupe. D'après

moitié du v1• siècle ou du début du ve, d'aprèsla Ch. Dugas, Le sanctuaire d'Athéna
s Aléa à Tégée au 1V'siècle, 1924,
technique de ses fondations et l'appareil des

l1d 1
fig. 26 et pl. 81.
murs. Situé en dehors du hiéronmais à sa limite
1 !1 PV1T5 1 ce puits répondait à des usages aussi bien reli
!1 11 ! gieux que profanes. Une inscription des années
1 400 (ID 69) a tenté de les préciser, en reprenant
l 1. !
")
"l_ ; i ! des formules éga lement emp loyées dans d'autres
0 sanctuaires et dans le règlement dü des astyno-
-r~ I.. ~
mes de Pergame: « ne rien laver au-dessus du
~ i~ puits, ne pas se baigner dans le puits, ne jeter dans
~ 1~
.;. 0 .5 le puits aucune ordure ni rien d'autre», sous
i iei ; '------~ =__; • ·~ peine d'amende 169 . D 'après la position centrale
~I i
"'. ! 1
1s r t_·. d'une colonne, posée sur le troisième degré de
"\ " l'escal ier, le toit est restituab le en pavillon, et sa
1:.,..,
•----,--~--
~ ..
• •
--='----.!e._--
11,j 2
• - •.!e._
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i •
··· ··· · ··· ··· · · ·P'
~
;

réfection, rapportée par un compte épigraphique


,0 .5 M : du n• siècle, était certai nement motivée par le
souci de prévenir les risques de contamination de
l'eau . Du point de vue typo logique, la Minoède
Délos peut être aisément rapprochée de la krènè
rectangulaire du v • siècle (?) dégagée au nord-est
du temple d'Aléa Ath éna à Tégée 170 (fig. 351):
quatorze marches conduisent à son bassin réduit
(1,50 x 1,50 m), et la sixième en partant du haut
porte un trou d'écoulement pour le trop-plein.
D'autres puits, à coup sûr cultuels avant tout,
pourraient être plus anc iens. Il est fort probable
que celui qui a été percé à travers le dallage de la
péristasis sud du temp le classique d'Apollon à
Kalapodi lï l succédait à un creusement antérieur,
que l'on aura voulu conserver. Devant l'entrée du
sanctuaire d'Éleusis, c'est un puits à la fois public
et sacré, le Kallichoron, qui marquait depuis
l'époque de Pisistrate l'aboutissement de la Voie
Fig. 350. Délos, krènè Minoé. Plan et façade restituée .
D'après F. Courby, EADV, Le portique d 'Ant igone, 1912,
sacrée venant d'Athènes 172. Afin de protéger sa
fig. 147-148. large margelle et son pavement circulaire, sur
167. Voir la th èse inédite de
leque l les femmes étaient censées danser avant les
L. CHEVALIER,Les puits dans le monde
grec: recherchessur les usagesprofaneset mystères, il avait été eng lobé dans un curieux
religieuxde l'eau souterraine(Univ. mur absidal à trois portes, munies d'un battant
Paris X, 200 1), p. 15 1-165.
(fig. 352 ), et c'est seu lement quelques dizaines de que les puits monumentaux. Toutefo is, même si rep résentai ent moins de travail et posaient moins
168. Pour la Minoè ( GD 30), dont le
nom n'a rien à voir avec l'époque
mètres plus loin que fut élevé à la fin du ve siècle lespublicationsarch éologiques font fréqu emm ent de problèmes techniques que la construction
À Délos c'est toute l'île qui était, et reste
minoenne , vo ir F. COURBY,EAD V, un propylon à deux colonnes in antis vers l'exté- état de «fontaines», il y a lieu de dout er que les d'une fontaine, qui était d'autant plus compliquée
1912, p. 103 et suiv. ; V ALLOIS 1968 , aujourd'hui, bien pourvue en puits. Dans la qu'elle se hewtait en général à la question du
rieur (fig. 236 ). On comprend mieux, dans ces Grecsaient pu leur donn er la pr éférence dans les
p. 192-193. plain e du sanctua ire d'Apollon, où ils repré sen-
conditions, l'unicum que constitue un des deux sanctuaires.Dans la mesure où le mode d'alimen - transport de l'eau. Il n'est pas indifférent de rele-
169. Récapitulation dans H ELLMANN tent le seul mode d'approvisionnement , on en a
1992 , p. 239, et dan s Handbookof puits (fig. 353 ) découverts dans le sanctuaire tationde nombreux points d'eau habill és n'a pas ver que ce sont les tyrans du v1• siècle, promo -
relevé jusqu'à quatorze ou quinze, parfois de
A_ncientWtzterTechnolog:y, d'Athéna à Ilion 173 : son emp laceme nt - entre le pu être établi, faute d'avoir retrouv é des condu i- teurs d'importants chantiers qui devaient satis-
0. WIKANDER éd., Leyde 2000 , grandes dim ensions, les plus récents étant entiè-
temp le hellénistique et son autel, dans leur axe - tes (ou, plus simplement, d'avoir pu mener des faire les besoins élémentaires de la population
p. 567 (ajouter une in scr iption du rement maçonnésI 67. Le plus remarquable est
même genre récemm enl trouvée à est inhabitu el, et il éta it sommé d'une originale recherchesapprofondies ), il ne faut pas espérer tout en procurant du travail, qui ont tenu à privi-
sans conteste celui dénommé KrènèMinoèdans les
Lindos ). petite tholosà claire-vo ie sur un muret, qui servait aboutir à un recensement stat istique fiable de légier des fontaines et même des aqueducs souter-
170. Ch. D UGASet aL, Le sanctuaire
comptes des administrateurs sacrés de l'île, et
simplement à le signaler et le protéger, car pour Y toutes les sortes d'installations hyd ra uliqu es rains dans des cités comm e Athènes, Samos, et
d 'ALéaA théna à Tégée au W siècle, « Fontaine Minoé » dan s la littératur e archéolo-
puiser il fallait desc endr e dans un tunnel souter- grecques.Mais il y a de bonnes raisons de penser que lques autres . De toute façon, non seulement
Paris 1924 , p. 69 -71. gique 168 . Cette krènè est identifiable avec le puits
171. R. FELSCH dan s Espacesacrificiel rain, selon une coutume liée à une légende que le compte des puits et des citernes était sup é- les anciens Grecs devaient s'adapter aux ressour-
presqu e carré {fig. 350) visible près de l'angle locale ...
1991, p. 87.
nord- est du portique d'Antigon e, où il était placé rieurà celui des véritab les fontaines dans les espa- ces du secteur mais ils ne partageaie nt pas notr e
172. GIRAUD 199 1, p. 19-47. Qu 'elles fussent articu lées par un mur avec ces sacrés, même dans les sanctuaires guéris- distinction hydrogéologique entre une inst_al lation
sous la protection des Nymphes, d' apr ès la
173. ROSE 2004, p. 56-57 (d' après une source ou - plus souv ent - associées à des seurs (infra,p. 26 1). N'oublions pas que le forage utilisant un e nappe aquifère et celle qm offrait
découv erte d'un relief qui les désigne comme
W. Diirpfeld ). L a dat e de la petite
tholosest controversée: helléni stiq u e, «minoïd es». Ce Nymphaion,dont l'esca lier à onze
canalisations qui apportaient l'ea u d'un lieu et le chemisage d'un puits - d'ailleurs non ob liga- l'eau d'une source: dans les d eux cas 174, l' ensem- 174. R. T ôLI..E-KASTENBEIN, Der
ou romaine ? degrés mène à un bassin de puisage profond (4 x ~a~fois très éloigné, la plupart des fontaines toire: la plupart des puit s étaient ju ste cre usés ble formé pai· le bassin de puisage, qu'il fût au- Begriff Krene , AA 1985, p. 45 1-470;
eta1ent des constructions plus impr essionnantes H ELLMA NN 1992, p. 233 et suiv.
dans le roc, sans même un enduit d' éta nch éité - dessus du sol ou situé à un niveau inférieur, et son

254 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 255
Fig. 352. Éleusis, entrée du sanc-
tuaire à l'époque d'Hadrien. Plan GRANDS PROP Y LÉES Fig. 354. Delphes, fontaine des
restitué, montrant le puits
Kallichorontoujours conse rvé, à
gauche des grands propylées.
••• Muses. Plan. D'après F Courby,
FD 11, La terrasse du temple, 1927.
fig. 132.
D'ap rès Giraud 1991, fig. 47.

Fig. 353. Ilion, sanctuaire d'Athéna


Élévation et coupe restituées de
l'éd icule au-dessus du puits.
D'après W. Dorpfeld, Trojaund
Ilion, 1902, p. 229.

1 1 1 1 i 1
1 t 1 1

entourage étaient appelés krènè. Dans les articles


ou les monographies de langue française, la
traduction quasi automatique du terme antique
par «fontaine» peut donner l'impression trom-
peuse que les sanctuaires grecs abondaient en
fontaines distribuant l'eau de sources intarissa-
bles, là où un examen p lus poussé révè le
fréquemment un dispositif artific iel, puisant dans
une nappe phréatique assez près du sol.
Il est vrai que les plus anciennes fontaines
0 5 10 15 sacrées el profanes des Grecs se confondaient
r::=:=:::::E==:=iaaaa==
======= ·M 6 . Z I PO 1984
souvent avec des grottes naturelles, où la part
d'exécution architecturale était relativement peu
352
poussée, comme l'illustrent la Clepsydre à
Athènes ou la Castalie rupestre à Delphes,
(fig. 344). Et bien d'autres fontaines étaient
simplementdu type à degrés et bassin profond (la
fontainedes Muses à De lphes, fig. 354), un type
connu depu is l'époque mycénienne 175 mais très
---------------------~?~}
\_=_=-:.;- peu répandu après le ive siècle, au contraire du
bassin qui présente l'eau au-dessus du niveau du
i sol,sous une ou plusieurs bouches. Si une couver-

r
1
ture protectrice était depuis toujours de règ le,
souventgrâce à un portique devant ou alentour,
ce n'est que sur le tard que certains de ces bassi ns
de puisage ont été encastrés dans une niche (à
l'Asclépieion de Cos, par exemp le). Avec le
0 ·6 0
temps les fontaines se sont mu ltipliées, elles son t
devenues de plu s en p lus élaborées et spectac u- 175, La hènè mycénienn e où l'o n
laires,en jouant sur les co lon n ades 176• Mais cette desce nd ait par un escalier en bois, le
long de la paroi nord de l' Acrop ole
constatation va ut pr in cipa lement en te r ra in d'Athènes, n'eut qu'une co urte durée
Fig 355. Lykosoura, fontaine au pied de l'acropole. Plan.
public. Car, comme à la période arc haïq ue, on D'après A. Orlandos, ArchEph 1911, p. 201. de vie : 0. BRONEE R, Hesperia8,
,.oott
construisit à date hellénistiq ue et augustéenne 1939, p. 317-433.
nettement plus de nouve lles fontaines sur les 176. Ce n'est pas ici le lieu de s'éten-
dre longue ment sur la typo logie des
agoras et aux carrefo urs urbains que dans les fontaines, ni sur leurs techniqu es
sanctu ·
. aires où, sans do ute autant par co nserva- d'alim enta tion: en raison de leurs
liens privilégiés avec des places,
353 tismereligieux qu e par commodité, les ad min is-
nous y reviendr ons dans un autre
trateurs se sont d'abo rd app liqués à en trete nir ou tome de ce manuel.

256 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 257
à une fontaine plus ancienne qui se trouva it en
contrebas, toutes deux étant précédées d'une
grande cour dallée devant un bassin-réservoir
(fig. 357), où des bou ches offraient l'ea u 182. Dans
le sanctuaire propr eme nt dit, on se servait de
l'eau des fontain es Cassôtis {à deux bassins, ju ste
en haut du templ e d'Apollon ) et Kema {à bassin
bien dallé, entre le théâtre et le stade, fig. 358 ) 183,
d'une fontaine à degrés et bassin profond dite des
Muses, fig. 35.i, sur la terrasse du mur polygonal,
non loin d'une prétendue « source de Gâ », enfin
d'une autre fontaine à l' Asclép ieion, derrière le
trésor des Athéniens {grâce à un aqueduc venant
du nord). Encore plus haut, l'aménagement du
stade avait entraîn é la destruction d'une fontain e
de date archaique, au bassin protégé par un
porche à colonnes doriques in antis. À Cyrène,
dans un autre sanctuaire oracu laire d'Apollon,
plusieurs monum ents hydrauliques dépendants
des eaux de la terrasse supérieure ont été édifiés
le long de la voie sacrée 184, entre le dernier quart
du iv e siècle et le courant du Ill e. Mais le nombre
358
F, :: 3:7- ..,.,.~~ ;..;>,;:~ z;._e,00 P:.an
si;
~
Fig. 358. Delphes. fontaine Kerna.
;J;.';BY-? ',:,n~ r~ ri;e~rt 6 WJJ.6
-à restaurer , éventuellement agrandir. ks -anci_ r·-·-----
- -----·--··----·--··---··
-···-·-···-
-··-····--·-·-··---·
---·-----····---·-·········
-··----·-----····-·····
·--··-·-·--·-- Plan. D'après Glaser 1983, fig. 187
,--#<">r /4~ ' ' 'P-3. ,g ·04
m~mumentsl77.
Fig. 359. Cyrène, sanctuaire
;.;; ~:; y~ ~ -... ·'J ~ ry;:</-ls!..a1~ En fin -d cpmpte , la liste -des -créauw.s i:relre- d'Apollon. Restitut ion de la façade
, pj-.,-~
év
~ t ~Cr:=~ . ~ ç.~rkst:;!-
?'~~~f-.~ ~ ·~~ · ;if-<;,'ef.>,~"
ni.sliqu-es~ ~1,ivs.--rP' · t~ h:ingœ. ~ 1. -pi"" ~ ·- ,· et du plan de la fontaine dorique.
f?,ii~,:;- 1~-r~ . cik l.y \.Wffilffl.. ~ .\.11' lce,cli~ '1U..~ D'après Stucchi 1975, _fig. 116.

cillJ iiinélliaii .:.,!J,'~5J rru . m,e ~ T:rrmurec


rfg;3:rfE3, ai.~11 ~~~fü 11 ~m. n: œœr-
voirsu ,-'élevê:sénihlë'.dat~ u _, " siècle; .a.méme.-

177. S. AGUSTA-BOULAROT, Fontaines


et fontaines monumentales en Grèce
de la conquête romaine à l'époque
flavienne: permanence ou renou-
veau architectural?, Constructions
publiques200 1, p. 167-236. 182. Pour la description de la
178. A. ÜRLANDOS,ArchEpl,19 11, Castalie , son arc hitectur e et sa tech·
p. 200 et suiv. nique, avec d'importantes comparai-
sons, voir P. fu'vlANDRY,
179. WELTER 194 1, p. 30 el pl. 17 c. Ét. delpMques,BCH Suppl IV , 1977,
180. A. BALL.AN D, Le Nymphée du p. 179-228.
Létôon, Doss.d'archéologie 239 , 183.J P OUILLOUX ,.G . Ro ux, La
d éc. 1998, p. 56-57 (mai s c'est à to rt fontai ne Cassotis , Enigmesà Delphes,
que la salle de cu lte a longt emp s été Pari s 1963 , p. 79-101.
interprétée comme un « nymph ée
romain »). 184. S. ENSOLI V ITTOZZI, [ riforni ·
m enti idri ci de l Santuario cireneo di
181. Résumé s d ans BOMMELAER Apo llo dal IV secolo a. C. alla fine
199 1, p. 8 1-84 (Castalie ), 204-206 dell'età tolemaica, Scrilli di Antichità
(Cassôtis), 2 13-215 (Kema ), 2 15 (au in memoriadi SandroStucchi(Studi
stade ), 230 (Mu ses), 233 Misce/lanei 29), Rome 1996,
(Asclépi eion ). 359 p. 79-110.
357

258 ARC HI TECTURE RE LIGIE USE


7. L ES MONUM ENTS DES SANCT UAIRES 259
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f ig. 361.Trézène. Asclépieion. Plan de la sect ion du péribole longée par la fo nta ine. un puit s et des canalisations. Ép. hellénist ique. D"après Welte r _ pl. 11.
1941

tuaire, où il redistribuait l'ea u. Contr ôlé de p lace Fig. 362. Paros, Asc lépieion. Coupe
<":>
% en place grâce à des regar ds qui desce ndai ent sur le bassin (0) au pied de la
0 jusqu'à 13,50 m ou même 14,20 m, ce tunn el falaise et sur l'autel (A). D'après
O. Rubensohn, AM 1902, pl. 11.
-......._,,J·
-. ................................ paraît avoir été compl été par un e condui te qui
allait encore chercher l'ea u d'un e autr e sour ce,
plus vers l'est. Dans le sanctuaire de Zeus à
O 10
~
S
m.....::=.:: = === 20m
$1 • Némée, le bain et l'hôtellerie recev aient égale-
ment l'apport d'une source grâce à un tunn el-
-~<';W~w
1
! . 1
aqueduc voûté 189 . La ville de Syracuse ne se
! :
Fig. 360. Argos, sanctuaire contentait pas non plu s de plu sieur s puits pr ès de ·"Jt<::·!,•.,".. s';_~ ~: • : j'
d'Apollon Pythéen sur l'Aspis . ses sanctuaires, c'était même la seule du mond e
1.citerne, 11.portique ouest. -t-+-+--+--+--+--+---+--t--+--, ••
- '
,, . ' •
1 -· ,.,

Ill. salle de consultation,


des fontain es de Cyrène n'atte int pas celui de Ces différent s modes de disb·ibution de l'eau grec alimentée par des galeries sup erp osées , de H,l)l "' · • ~

IV. autel et gradins , Delphes : ici, la sour ce originelle côtoyait un e étaient habitu ellement reliés, on l'a vu, à des sorte qu'un de ces quatre aqu edu cs doubl es, celui
V. terrasse classique , fontaine à bassin servant à purifier les bœufs canali sation s en terre cuite ou à des conduit es en du Ninfeo, semble avo ir desserv i le san ctuair e
VI. éd ifice hel lén istique périst yle à destiné s au sacrifice, puis, à un niveau inférieur, pierr e, éventu ellement p ourvu es de bassins ou de d'Apollon 190. On conn aissait sur un e petite partie 189. Nemea2004 , p. Il7-l 19.
la citerne .
Dessin Y Rizakis dans M . Piérart , les prop ylées grecs du m• siècle paraissent avoir pots de d écantation . Cette techniqu e déjà du réseau athénien ce genr e de tunn els sup erp o· tandis que la fondatio n du sanctuaire est datable
190. S. CowN Boum ER,
VaJimentation en eau de la colo nie
G. Touchais, Argos , une ville été flanqu és de qu atre bou ches, enfin, une anci enne s'est vite généralis ée, comm e on peut le sés,qui communiquai ent aussi par des rega rd s en par l'app areil de son mur d'enceinte des années grecq ue de Syracuse ... , MEFRA 99,
grecque de 6000 ans, 1996, p. 32 . fontain e à long portiqu e doriqu e (fig. 359) précé - constater au sanctu aire de la Malophoros à forme de puits d'accès verticaux, mais la raison 1987, p. 661-69 1 ; R.J. A. WILSON,
300 av. n . ère.
dait celle à cinq colonnes doriqu es entre deux Sélinont e, où une conduit e en pierre, contempo- Aqued ucts and Water Supply in
d'être de ce dispositif, où le tracé des deux gale- En plus des ablutions que tout culte demande , Gree k and Roman Sicily, in Cura
antes, dédiée près du temple d'Apollon par un raine du temp le élevé p eu apr ès le milieu du ries n'est d'ailleurs pas en parfaite co rrespon - l'eau était tout spécialement omniprésent e dans Aquarum Sicilia, Proceedingsof the
prêtre nomm é Philothal ès. v1• siècle (fig. 227), am ène l'eau venant de la dance, demeure peu claire 191. 70th lntem. Congresson the Historyof
les sanctuaires de héros ou de dieu guérisseur, WaterManagementand Hydraulic
Bon gré mal gré, les Anciens furent le plus source sur la colline de Gagg era en passant entre pour des lavages aussi bien thérapeutiques que Engineeringin the Mediterranean
souvent contraints de recourir à des combin ai- l'autel et ce temp le, adjacent à un bas sin 186. Les sanctuaires purificateurs, avant ou après la consultation du Region,Syracuse7998, BaBescl,Suppl
sons de deu x ou trois sortes d'installations En revanche , même si les Gr ecs ont maîtrisé 6, G. C. M. j ANSENéd., Leyde 2000 ,
les mieux pourvus en eau dieu 193. En dehors des grands ensemble s d'Épi- p. 5-36.
hydrauliques, aussi bien des citernes que des puits très tôt le creusement des galeries ou des tunnels daure , de Cos et de Pergame, la plupart des 191. Résumé dans K. GREWE,L icht
ou des fontaines - br ef, des krènai.Dans le sanc- souterrain s, dans lesquels l'e au circu lait par des Par leur nature même, certaines divinit és du Asclépieia n'avaient qu'un intérêt local et ne sont am Ende des Tunnels,Plannung und
tuaire d'A pollon Pythéen sur l'Aspis 185, une des canalisatio ns en terr e cuite 187, le recours à ce panthéon grec exigeaient plu s qu e d'autr es la Trassienmgim antiken Tunnelbau,
plus conn us que par des testimoniaécrits. Sur
deux acropo les d' Argos, l'o rifice rétréci d'une genre d'aqueduc , ma çonn é ou simplement taillé présence d'eau et d'installation s hydrauliqu es : Ma yence 1998 , p. 55-57.
Roux 196 1, p. 66-70. plusieur s sites dont la fouille n'a pas été achevée,
185. petite citerne (2 x 3,25 m) apparaît non loin de dans le rocher, est resté pour le moin s rare dans Asclépios, Apollon, ainsi qu 'Art émis, déesse de la 192. I. J ENKJNS, Cnidus , Anatolian
186. D. MERTENS et aL, Selinus I, Die
des sanctuaires d'Asclép ios ont tout de mêm e été Arclweology7, Londr es 200 1, p. 7-8, et
l'autel principal , à côté d'un portique à deux nefs les sanctuaires. Celui qui dessert Ép idaure a pu nature sauvage où se cachai ent des lieux humides
Stadt und ihreMauern, Mayence supp osés, car des essais de recensement ont ibid.8, 2002, p. 9- 10.
2003, p. 235 .
d'époque classique. Plus à l'est, un édifice fut être exp loré sur un e longueur de 171,50m 188. que fréquentaient aussi les Nymph es, compagn es monb·é qu' à défaut de dédicaces nommant le 193. R. G!NOUVÈS
, Veau dan s les
187. R. Tô LLE-l<ASTENBEIN,Antike
constru it à date hellénistiqu e au-dessus d'un e Large de 0,60 m et hau t de 1,60 -1,70 m sous un d'Artémis (supra,p. 156). Par exe mpl e, un sanc · sanctuaires m édic aux , GI NOVVÈS
citerne recta ngul aire (7,50 x 9 m) dont la couver- guérisseur il est légitime de songer à un Asclépieion 1994, p. 237-246 .
Wasserkultur,Muni ch 1990, p. 50 et somm et voûté il fut foré dans la roc he tendre
suiv. La tec hniqu e pourr a it être
tuaired'emblée attr ibu é à Apo llon et aux Muses après la découverte de plusieurs installations
ture était port ée par vingt piliers de calcaire sur pour capter, ~ar plu sieurs au tres petits tunnels, 194, A. SEMERIA,Per un censimento
d'origin e orienta le. fut exploré à Cn ide dès les ann ées 1858-1859 hydrauliqu es dan s un téménos, ou même seule- degli Ask.lep ieia de lla Grecia conti-
quatre rang ées (fig. 36 0); elle communiquait - l'ea u des sources situées au nord-est du sanctuaire
188. R. PEPPA-DELMOUZOU,New
chose courante en Grèce ancienn e et facilement
mais la reprise des travaux sur le site en 1997 ment si des points d,eau existent· a- proXImI
· ·t-194
e . nentale e delle isole, Annali della
Archa eo logicaJ Evidence for th e (au niveau de la chape lle Haghia An na) et l'ame- suggère déso1mai s d'y voir plutôt un Nymphaion192 : En effet, les sanc tuair es qui sont certainement
Scuolanonnalesuperioredi Pisas. III ,
Water Supp ly and Drainage System observable dans les maisons de Délos, entre ner, un e fois décantée dans des petits bassins, 16-4, 1986 , p. 931-957. En dernier
of the Ask.lepieion at Ep idauro s, dans une région de sources et de grott es, c'est un médicaux sont tous situés dans des zones bien lieu, voir J. RIETHMÜLLER , Asklepios
,
autres - par une conduite avec un puits , de sorte ju squ'à un grand réservoir d'époque hellénis- Heiligtiimerund Külte, H eide lberg
KlassischeArchiiologie1990, p. 553 - ensemble de trois salles dont la princ ipale s'ouvr e irriguées (Asclépieia de Trézène, fig. 361, Cos et
554. Voir aussi V. LAMBRINOUDAKIS, que les deux eaux , souterraine et de ruisselle- tique, lui aussi voûté (fig. 363,2 ), situé presque à 2005 , et M. MELFI, 1 santuaridi
supran. 23 . · ment, se mélangeaient, afin de ne rien perdre. fa~_une colonnade dorique sur un e cour dotée Pergame ), près de sources abondantes (Amphi a- Asclepio in Grecia(Studia Archaeologica
mi-chemin entr e la colline et le nouveau sanc- a I epoque romaine d'une citerne en bouteille raion d 'Oro po s, de Rh amnonte, Asclépieia 14 1), Rome 2006 .
'

260 .ARCHITECTURE RELIGIEUSE


7, LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 261
terrasse médian e (fig. 275), sur laqu elle s'élevait
un prob able autre «dortoir», le bâtiment carré
auquel était accolé , à l'arrière, un réservoir d'eau
où l'on descendait par quelques degrés. C'est
dans ce cadre finalem ent très fonctionnel que le
sanctuaire de Cos s'est tourné vers la pratique de
la médecine hipp ocratique, au contra ire du sanc-
tuaire d'Épidaure, où l'irrationne l a toujours
primé. Les installa~ons hydrauliques n'ont cess_é
d'y prendre une importance croissante depms
l'époque où Apollon, père d'Asclépios, éta it
considéré comme le premier guérisseur . Dès les
années 500, l'ea u de la montagne était dirigée
:-:s..._~=:-- 3\1 ~:$ST$-~
vers la plaine d'Épidaure (fig. 363) par un réseau
::-.::.e. d'aqueducs dans de hauts tunnels souterrains
(supra,p. 261), après plusieurs pha ses de décanta-
tion; en plus de multipl es bassins ou de vasques
et d'un vieux puits sous I' abaton, hors d'usage à
partir du iv e siècle, ce système avait été comp lété
au sein du sanctuaire par deux autres puits, dont
un près des propylées, par de multiples conduites
d'eau, jusqu e dans le bâtiment qui servait aux
banquets cultuels, enfin par des fontaines. Elles
étaient inscrites dans un m ême programme de
construction du milieu du 111c sièc le, au nord -est
0 0 0
du hiéron: l'u ne est d'un type cla ssiqu e, à petit
portique de quatr e colonnes en faça de (fig. 364),
tandis que l'autre se distinguait par un vestibule et
un petit couloir d' accès, sans doute pour donner Sm
l'illusion d'un dispos itif so uterrain, plus propre à
impressionner 201.
364

Fig. 364. Épidaure, à l'est de


l'Asclépieion, fontaine dorique. Plan
restitué. D'après Roux 1961, p. 287

Fig. 365. Athènes, Asclépieion.


Plan restitué au 1°'s. den. ère.
D'après Travlos 1971, fig. 171.

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q'un Qurç e au b<,>rqQÇ-la mçr, <;lem$.11~que le a;,,..'-Ul cr1.mcinm ~aire- ':.ure onca:me"' • Il! a:

195. TRAHO~ 19,1, p. 573.


196. L. PER:·1ER,L. BA.-..;;n, Guida
çelui qeLéb ' na Hlh_Et &i l~ . ·mçtuaire de Poséidon
et d'A,mphitritç à nn<.>, po .é dait w1e grnnde
fontaine à bassins, transformée ensuite en
méme été dermère~enc dmi::.qu'- V"clia. sur=
terras ..--e inférieure e !a colline· 9' • un espace
rectangulaire, d'abord pris pour une a ora. devait
Ü()
degliscavi italiani in Greta, R.pme nymphée par la mise en eau de on e ·èdre êu·e en réal ité un Asc.lép1eion orienté au sud.
1947.
médiane (fig. 325), çette créatio n architecturale Ao-rémenté d'une fontaine monumentale où
197. GL\SER 1983. p. 177.
tissée de difficultés techniques se justifiait, certes , débouchait l'eau de la source éponyme Hyélé,
198. DE ~IRQ 2003, p. 32-33, 45-.J.6, par sa valeur esthétique, mais aussi parce que le
53-54 . qui venait d'une pente de l'acropole et fut canali-
dieu de la mer se manifestait içi comm e médec in. ée au 1u• siècle, il a été ceint de portiques au
199. G. Tocco ScIAREw dans Velia
Studien I, Neue Forschungenin Velia, À côté d'un templ e el d'un ou de plu sieurs début du u• iècle, d'une manière qui rappelle
Akten des KongressesRom 7993, autels, les fontain es, les puits el les ba ssins étaient
F. KRINZINGER,G. Tocco éd., as ez la terrasse inférieure de l'Asclépieion de
Vienne 1999, p. 61-65.
par conséquent de règle dan s el près de ce type Cos 200 . Le portique en n de Cos était peut-être
200. SCHAZMA'iN1932, surtout p. 5 1
et suiv., 58-60; G!NOUVES 1994,
p. 240-241.
de hiéron, au point que « pre squ e la moitié des
krènai de sanct uair es se trouvent dan s des
Asclépieia»,selon un comptage réce nt 1D 7 , Ceux de
de tin ê à l'accueil de malades . qui pouvaient
profit er d'une fontaine et de plusieurs puits carrés
concentré dan le mur de outèneme nt de la
\,~~. 201. Roux 1961, p. 284-292;
V. L,1.,\JBRINOUDAKIS,
l:eau médicale
à Épidaure, GINOUVÈ.51994,
p. 225-236.
365

262 ARCHITECfURE RELIGIEUSE

7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 263


Fig. 367 _Pergame,Asclépieion.
0 100 200 Plan schematique à l'époque
300 m
romaine. D'après i= Cimok
Pergame, 1997,p. 75_ ·

0 ~
0

0
\ Fig: 368-_Gortysd'Arcadie, sanc-
tuaire_inferieur d'Asclépios. Plan de
s1tuat1on.D'après R. Ginouvès
L'établissement thermal de G;rt
d'Arcadie, 1959, pl. 1. vs

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Stoa Nord

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Bassin roc heux
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tl '"f.\ ~
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Apt d'incubation
--ç, Temple d'Asclepios

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - -· 0 0
Maison à ptristyle

Centre de traitement

r :::.,:!ll
::+ .o

Fig. 366. Corinthe. Asclépieion de MAISON MOOERNE


Lerna. Plan restitué du niveau supé-
rieur. Ép. hellénistique. Dessin de Pour sa part l' Asclépieion d'Athè nes était des consultants? ). Cette fontaine, qui faisaitfaceà
J. Travlos dans Roebuck 1951, des portiques, fut ensuite reliée par un dallageau Î -- ,
plan B.
nettement plus simpl e. Une source dans la paroi
bassin plus petit d'une autre fontaine, elle aussi
q
méridionale du rocher de l' Acropole, dev enu e
une krènècarrée dès le vi e siècle, avait favorisé le adjacente au rocher.
développement dan s ce secteur d'un sanctuaire Corinthe possédait un groupement d'ouvrages
des Nymphes , occupé par Asclépios au derni er bien plus imposant, sur le plateau de la source
quart du ve siècle, dan s le cadr e d'un culte priv é Lerna, où Asclépios s'est senti chez _lui dès le
204
réorganisé par la suite en culte civiqu e. Pour v e siècle, en succédant à Apo llon . A la fin du
pallier le tarissement de cette krènè,le nouvea u iv e siècle, un remaniement d'esprit symétrique
culte dut alors recourir à un autre filet d'eau qui aboutit à la création d'un téménosà portiquessur
sort du rocher plus à l'est, dan s un e petite caverne deux niveaux, liés à différentes krènai plus ou
artificiellement arrond ie à l'arrière du grand moins comp lexes. Le puits carré pour lustrations
portiqu e à deux nefs élevé (selon l'ép igrap hie) creusé au bout de l' abaton fut en définitive
vers la fin du ive siècle ou le début du 111e donc remplacé, le long de la rampe d'accès sud, par ·, SONDAGES 1955
1 il
bien après le pe~t templ e-oikos prostyle ~t son une grande fontai ne à banquettes de part et d au·
autel (fig. 365). A ce captage fut par la suite tre de deux co lonn ades (fig. 366); s'y ajoutaitu~e
adjoint un réservoir d'ea u à l'ex trémit é ouest du krènè plus petite au sud-est du temple, à avm,cee
portiqu e, une simple fosse reco uvert e d'un tétras- disty le in antis. En contr·ebas, l'antique caV1te~e
202. A. VERB ANC K-PI ÉRART dans tyle en bois vers les anné es 300 202 . la sour ce publiqu e d e Lerna avait été recreusee
KernosSuppl. IO, Liège 2000, p. 329- pour être convertie en un e fontaine n:io_n'.11:1
_enlal;
332 (contre l'interprétation de cette Tout cela paraît relativement mod este et,
fosse-réservoir comme un bothros somme toute, assez comparab le à ce que l'on (dit e Spring Hou.se) avec un acces pnv1legieP0_ .
sacrificiel). les cons ul tants d' Asclép ios, qui bénéficiaient
_ici
discern e dans un Asclépieion très mal conservé,
203. M. MELFI,Il complessodel
celui de Paros 203 . Dan s le courant du rve siècle il de réservoirs d e très gran de capacité, peut-etre
PYTHION ASKLEPJEJONa Para
AScAtene80, ser.III, 2 - Torno I ' fut également créé au pied d'u ne paroi roche~se pour une hydrothérapie dont le détail nous
2002 12003],p. 32ï 360. ' (fig. 362), où l'ea u d'un e source avait été rassem- échappe.
204. R OEBUCK 1951.
blée dans un bassin profond (pour l'imm ersion
368

264 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7, LES MONUMENTS DES SANCI1JAIRES 265


F1.9· 369· Gortys d'Arcadie, bain .
· · D'apres
hellénistique. Plan restitue.
Ginouvès 1962, fig. 153·

i t

1 '

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C
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~; .·Ji/' 10 210 30 40 50 60 70 80m

Fig. 370. Oropos, Amphiaraion.


incorporé un puits du VI0 siècle, creusé à côté d e Plan restitué. D'après Roesch 1984,
or igin el fut remod elé vers le milieu du me siècle p. 174.
l'autel de cendr es, là où Apo llon s'était installé en et devint un import ant étab lissement therma l
descendant de sa colline. Ce puits éta it relié à un (fig. 369). Après l'e ntr ée à l'es t et un déshabill-
bain {Àou 1pov, loutron), où aboutissait aussi un e lo ir (B), o n y trouvait des pièces de serv ice et
conduite gui perm ettait à une statue en bronze plusieurs salles chauffées par des coulo irs souter-
d'Asclépios, placée devant so n temple, d 'o ffrir à rains, où l'air chaud circulait à partir d'un e pièce
tous l'eau bienfaisante qui retomb a it de sa main de cha uffe et d 'un foyer. Une rotonde tenait lieu
dansun bassin rond , comme d'un e fonta ine ... Ce d'étuve sèche {la petite salle E, sans eau), un e
«bain d'Asclépios » ex istait en fait dès l'âge autr e était ga rni e d'une couron ne de neuf niches
archaigue, en briqu es crues, comme le pre mi er (G) formant des cuves maçonnées, dont la partie
étal du portique d 'incubat ion (supra, p. 217). basse était rempli e d'ea u chaude pour des bains
Mêmesi c'est la visite oniriqu e du dieu qui repr é- ass is, tandis qu e la grande salle centra le (C), en
7 & 9 \Oms
5 6
0 3 4 sente à coup sûr « l'acte thérapeut iqu e prin cip al », partie éga lem ent chauff ée et nantie d'une
ainsi que l'a fait remarque r V Lambrinoudakis, fontaine, servait aux lavages partiels sur des
l'omniprésence de l'ea u dans ce genre de sa n c- vasq ues, à côté de trois baignoires en comparti-
tuaire, dès l'entrée et jusqu e sous la form e de ments, pour de véritab les bains collectifs par
bains, ne peut s'ex pliqu er qu e par la va leur à la imm e rsion. Sans surpr ise, des découvertes
. . t · t ·t une krènèà fois hygiénique et curat ive, non pa s se ulement
Institu é dan s la pr emière m oitié du IY 0 siècle particu lièrem ent imp ortan ' e ~1 61 Mais com parabl es ont été faites dan s d'autres sanctuai-
decrrés d esce ndants, au nord de I ensem e. des cathartique, accordée à l'ea u.
en dehor s de la ville, l'Asclépieion de Pergam e a res d 'As clépio s. Jusqu'aux années 1980 celui de
o· k • · bassin pour
la tran sfo rmation d e cette reneen . , er Cette interpr état io n s'impose à Gortys
tiré parti d'un e zone au ssi étendu e qu e bi en irri- Véria en Mac édoin e était principalement connu
. · ' intervenu· qu au 1 s. d'Arcadie, où furent success ivem ent créés deux
guée. Son extens ion a été m ax im ale so us bain s par imm ersion n a pu . ' d'cale par d es in scriptions, dont l'une mentionne un e
- d se pr écisa la vocation me i sanctuaires d'Asclépios. A lors qu e le plu s ancien ,
I'Empire 205, quand la voie sacr ée et le propylon de d e n . ere, qu an . d 1 ·eurs struc- « fontain e abondante », et c'est plus récemment
l'époque grecque sont devenu s un e ru e à co lon- du sa nctuair e, qui s'es t agi·and1 e P us1 sur le plateau sup érieur , ne co mport ait qu 'un qu'ont été mis es au jour des insta llations balnéai- 207. R. MART IN, H. METZGER , BCH
portique et un bassin alim ent é par un e co nduit e, 64-65, 1940-1941,p. 280-282;
nade et de larg es propyl ées à avant -cour tures ve rs l'est. _ . t franchi res d 'é poqu e helléni stique, remaniées sous R. GI NOUVÈS, L'établissement t/,ermal
{fig. 367). Dan s la partie est de la cour, qui es t D'autres sa n ctua ires d' Asclepios on. ns à côtéd'un templ e, le sanctuaire du ba s (fig. 368) l'Empir e 208. Même la cour de l'Asclépie ion de de Gortysd'Arcadie(ÉtPélop2), Paris
205. 0. ZIEGENAUS, G. DE LUCA, Alt. t - t' on de bains, sa possédait un portiqu e à deux n efs (d ' in cub atio n,
alors bordé e d'un grand portique à troi s bran ches, lus tôt le pas p o ur la cons w c 1 - la période Mes sène , où il est difficile de b·ouver un lieu d'in- 1959.
PergamonXi , Das Asklepieion,l. 1 à 3, P
Berlin 1968, 1975, 1981; RADT 1999, le noyau du sanctuaire consistait en plu sieu1:s atten dr e ce lle d e ve- n·ta 61e s thermes a d' en- lmaussi ?), non loin d e ce qui éta it d ès la fin du
207 cubation , était assoc iée sur sa face sud {fig. 266) à 208. BROCAS-DEFI..ASSIEUX 1999,
p. 220-242(et bib. complémentaire). nt de bonn es im IV' siècle un vér itable bain d o nt la piscine était p. 72-73,d'après AD 32, 1977, p. 225,
points d'eau , des sources ou des puit s progr ess i- romaine , do nt les restes so I vé que un établiss ement de bains ouvert à la fin du el 35, 1980, p. 399-401.
206. V LAMBRI 'OU DAKISdans . Nous avons re e rem l' l'
vement aménagés, dont l'un éta it visib le dan s la sion s à Cos, enb ·e autœs. d'É .d re206 avail . Pie par eau du torrent Gortynios, qu 'a ppor - 1v0 siècle, qui comprenait une piscine et des 209. THEMELIS 1999, p. 90-91 (bàâ-
Excavating ClassicalCulture2002,
p. 219-223. cella du vieux temple d'Asclépios, et un autre, le portiqu e d ' in cubation p1 au taitun canal. Situé contr e un p etit temp le, le bain pi èces dall ée s, don c étanches 209. ment E).

266 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 267


et d'installer une canalisa tion totalement étanche
qui transporterait
th __ les eaux. usées par le nord, 0 2 3 4 5 M, Fig. 372. Cyrène, bain grec. Plan:
f 1 1 1 1 A et B, salles rondes à cuves abri-
d :vant_ le _ eatre et le portiq ue. Les prescriptions
tees dans des niches .
tres mm_utieus_esde tous ces contr ats d'adjudica- C et D, salles à baign~ires-sièges.
tion, qui trahissent une vérita ble obsession des E, entrée; ·
fuites et des infiltrations, visaie nt à garantir en F; bassin alimenté par un canal.
D apres_R. Goodchild, Kyrene und
li] li] tout temps le fonctionneme nt op timal des cons- Apollon,a, 1971, fig . 18.
salleest tructions hydrauliq ues de l'A mphiaraion, dont la
salleouest Fig. 373: Le Pirée, bain grec du
densité était telle qu'aux deux bains , à la fontaine
Serange,on. Plan et coupes sur la
et à plusieurs canalisatio ns venait s'ajouter en p1sc1ne_et sur une rotonde. D'après
- ~ avant du quartier domestique une horloge à eau Ginouves 1962, fig . 757 et 158.
1
Il qui ressemb lait à un puits carré en appareil
"'
~
~
cr
piscine
isodome.
"'
"
> Quantité de bains grecs ont maintenant été
";·
11
identifiés, de différents types. Avec ou sans circu-
'il lation souterraine de l'air chaud, tous ignorent
0 1 2 10m
réservoirs canal1sat1ons encore l'hypocauste à la romaine, sur pilettes de
372
briques, et la séq uence organ isée des salles chau-
des 212,mais la plupart ne sembl ent pas présenter
Fig. 371. Némée, bain hellénistique. un caractère sacré ni être en rapport avec un CCHtJll. ; ..... _._ ...... .z-_:;,--=,_ ..._ ..::;..._
: ·~
Plan restitué, montrant dans la salle sanctuaire (à Délos, à Érétrie, à Taposiris Magna
ouest une piscine encadrée par Fondé à la fin du v• siècle non loin de la mer
deux petites pièces à cuves le long et autour d'un e sour ce, par laquelle le devin et ... )213. Les sanctuaires panhelléniques se distin-
des murs. D'après Nemea 2004, méd ecin Amphiar aos aurait surgi de terre, guaient une fois de plus, car leurs établissements
p. 120.
l'Amphiarai on d'Oropos se pr ésentait comme un de bains, qui pouvaient être ind épendants (en
sanctuaire tout autant oracu laire que thérapeu - deux grandes sal les à émée, fig. 371) ou être
tique. Il fut très populair e en Attique, surtout partie prenante d'un gymnase (à Delphes, à
pendant les années 335-322, dates de l'occupa- Olympie ), devaient d'abord contribuer à la prop-
tion athénienne 210. Plusieur s stè les inscrites ret é d es ath lètes et des nombreux visiteurs (supra,
remontant à cette période 211mentionn ent à l'aid e p. 166-167). À l'ex térieur du sanctuaire d'Aphaia
de maint s détails technique s des travaux sur des à Égine, contre le mur de péribo le est et tout près
aménagements hydrauliqu es de ce site, manifes - du propylon,deux petites sal les qui contiennent un
tement dan s le cadr e d'un programme ayant pour bassin pour le lavage des pieds et trois baignoires
but de promou vo ir le culte (fig. 370). On compte peu profondes, sans arrivée ni départ d'eau,
une krènè(sa réfection a valu en 333 des louanges étaient int égrées dès le ve siècle à un groupement
210. ROESCH1984, d'après
,'0 Oplfinoçmiro iepov
B. PETRAKOS à Pythéa s, un magistrat athénien responsable du de pièces dans lesquelles ont pu loger des prêtres-
wû 'Aµ,Pwpàov,Athènes 1968. service des eaux ) et un loutron ou bain des ses ou m êm e des hôtes de passage (fig. 218), mais
211. G. ARGOUD, In stallations homme s, pour lequel avait aussi été construit un tout cela n'avait rien à voir avec une installation
hydrauliqu es de l'Amphi araion cu ltu elle ou thérapeutique. On ne sait trop
d'Oropos , Acles du 3' Congrèsin/em. long drain d' évac uation en pierre, qui partait d' un
sur la Béotie antique, Montr éa l 1985, pont non retro uvé et aboutissait du cô té du bain comment interpréter les bains construits vers la
p. 9-24, et surtout B. PETRAKOS,Oi des femme s. Le pr emier bain doit correspondre à fin du 11e siècle ou le début du 1er dans l'enceinte
Émypa,Pèçwû Opwnov, Athènes 214
l'ensembl e couvert (4,60 x 8,90 m) vo isin de la du sanctuaire d'Héra Lacinia à Crotone , sur
1997.
fontaine à réservo ir carré (1,75 m de côté) qui décision de sénat de la ville dev enue colonie
212. Sur le passage du bain grec au
bain romain , et le rôl e central de la englobait la sour ce sacrée, au sud du grand aute l : romaine, mais il est peu probab le qu'une grande
Campanie , vo ir J-DE L~JNE, Sorne salle chaude (caldarium) et une baignoire collec-
Ob servatio ns on the Transition from
ce bassin rectangu laire, à dallag e strié pour préve-
Greek to Rom an Balhs in Hellenistic nir les glissements , était flanqu é de deux autr es tive aient été réservées au seul personnel de
ltaly, Medilerranea11Archaeology 2, bassins , tandi s que le bain des femmes a été loca- se rvice.
Sidne y 1989, p. 111-125, et Au sud-est du sa nctuaire d'Apo llon à Cyrène,
G. G. FAGAN,Th e Genesis of the lisé à l'extré mité est du portiqu e d'incubation ,
Roman Publi c Bath, Recent sous des therm es romains à hypocaust e. En le long de la vo ie sac rée, six grottes avaient été
Approaches and Future Dir ections,
même temp s, il imp ortait d'e ndiguer le torrent taillées dan s la falaise, à un e dat e qui reste discu-
AJA 105, 2001,p. 403-426.
qui long eait le sanctuaire au sud et cou lait d'ou est tée, pour offrir des réservo irs et des alignements
213. M. H OFFMANN,Griechische
Biider, Munich 1999, surt out en est, en séparant la zone sacrée d'un quarti er d e sièges-ba ignoires, sous des niches_ qm
p. 53-55. d'habitation. Ce torr ent était sujet à des débord e- rec ueillai ent les affaires des baigneurs. Mis en
214. Ce bain encor e mal connu a été ments saisonn iers, qui pouv aient emp êcher l'uti li- re lation (sans certitude, tou tefois) avec une stèle
analysé par H. BROISÈ, V. J OLIVET, du ive siècle qui enjoint de « descendre dans le
Musama II, Les bainshellénistiques sation du bain des homm es en cas de crue au
(coll. EFR, 344), 2004, p. 91-95. print emps et à l'automn e, car son orifice d'éva- Nymphaeum d'A rt émi s» afin de se puri?er,__c:t
215. STUCCHI 1975, p. 478 et suiv. cuation était alors recouv ert et l'ea u sale refou- ensembl e de ca 15 x 20 m (fig. 372) est reguher·
Vensemb le app artenait à un particu-
lée ... D'où la nécessité de monter des mur s des m ent qualifié de « bains ritue ls» par les archéolo- [IUr'[ JUl'l lA P 1 3 CI# l OC B COUP! ,ul'l LA AOTDHt.t: RI
lier, ma is il correspond bien à ce
soutènement , à droit e et à gauch e du torrent, dans gues 215. C'est d'ai lleur s à cette installation que des
qu'o n attend d'un sanctua ire des
Ny mphe s. un appareil à carreaux et bouti sses très résistant, arc héo logues alleman d s se sont re eres
-r - pour

373

268 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES 269


proposer d' interpréte r co mm e des baignoires
basses, p lutôt que co mm e des bassins pour une
aspersion purificatrice, les deux réservoirs taillés
dans une autre grotte dé di ée aux nymphes, celle
de Vari en Attique 216. Toutefo is, la grotte de Vari
constitue un petit san ctuair e rura l très différent
des gTottes de Cyrène et ses installations ne sont
pas comparab les à ce lles des sanctuaires guéris-
seurs, ceux d' Asclépios ou d'un autre héros, au
sein desquels cul te et bains étaie nt intimement
liés . Il devait en être ai nsi au centr e du Pirée, où
des grottes ont été taillées dans le rocher afin de
dégager deux rotondes pour des cuves et une
piscine. En y ajoutant un aute l d'A pollon, le tout
constituait le sanctuaire d u héros Sérangos, ce
Sérangeion (fig. 373) dont pa rlent plusieurs
auteurs anciens 21ï .
Par rapport aux cu ltes guér isseurs, les sanc-
tuaires oraculaires étaient encore plus habituelle-
ment situés hors de la vi lle. Le rô le joué par l'eau
374

Fig. 374. Didymes, muret autour


d'un des puits près du temple
d'Apollon.

Fig. 375. Claros, temple d'Apollon.


Les voûtes au-dessus de I'adyton
souterrain.

Fig. 376. Delphes, le temple


d'Apollon du 1v"siècle, vu du nord-
dans la mantique explique que ce rtains furent ouest.
À C laros, o ù les Ioni ens ont app récié de
fondés près d'une source, et, d'abord, ceux disposer dès leur arri vée d'un e eau généreuse, le
d'Apollon. l:état origine l du sanctuaire d'Apollon temp le helléni stiqu e d 'A pollon ren ferm ait sous
à Didymes, qui remonte aux VII 1" -v1 I" siècles, son sèkos un di spositif exce ptionn el, un adyton
n'était formé que d'une simp le sou rce entourée re la tive m en t bi en co nse rv é . Desce nd an t du
sur trois côtés de murets en briques ilH; ce pet it pronaos par un doub le esc alier, les pèlerin s
lieu de culte, certa inement déjà oraculaire, fut devaie n t se tenir d an s un e sorte de salle d'attent e,
englobé dans une longue cour, pré lude à l' adyton qu i p récé dait la cryp te où le prop hète avait po ur
postérieur, Pour comp léter la source, p lutôt que prem ière mi ssion de pui ser de l'e au à la krènè
de multiplier les citernes, les administrateurs du sacrée - c'éta it en réa lité un puit s carré , situé au-
sanctuaireont préféré rechercher des puits. Les dess us d 'un e nappe peu profond e, dans l'ang le
fouilles en ont mis plusieurs en év idence (fig. 374), sud-o uest 220. D ans un e phase postérieure , appa-
dontle plus ancien se trouve devant la façade est remme nt augustée nn e, ces deux salles ont été
dutemple d'Apo llon, non loin de son aute l rond co uve rtes par d es vo ûtes (fig. 375) et la deuxiè m e
(fig. 167). À proxim ité immédiate du hiéron fut racco ur cie. U ne telle mise en vale ur de l'eau
d'Ap~llon, le sanctua ire d 'Artém is Pyt hi è acco r- so u te rra ine n 'a vait pas été ju gée nécessaire dans
dait a ses prêtresses le titre to ut à fait j us tifié le san ctuair e d 'Apo llon Ptoïos près d'Akr aiphi a,
d'«hydrophores». Ca r dès sa fondat ion vers 700 où l'o racle étai t in spir é par la résurge nce app arue
216. Voir suprap. 156 el note 39; surune longue falaise roc heuse au bord de la vo i~ dans une gro tte pr ès de laqu elle fut élevé au
sacrée 219 ·1 · - · 218. TUCHELT1991, p. 18-21.
dimensions des bassins de Vari, , • 1 compr enait u ne se n e de q uatre
. 111° siècle un grand temp le, tan dis qu'un e eau
reliés par une conduite : 0,585 x 219, TUCHELT 1991, p. 25-38 ;
0,98 m el 1,22 x 1,92 m, pour une bassins alimentés par des rigo les ou des ca n alisa- abond ante co nduit e par des canal isations venant K. TUCHELT,RA 1991, p. 89-91.
profond eur supérieure à 0,50 m. h~ns venant de trois puit s, aux qu els on t succé dé de citern es (sup ra, p. 252) et d'u n puits desser- 220. ClarosII, 2003, p. 13, 198.
217.TRAV LOS 1988, p. 343 et d autres points d'ea u après l'assèc hem ent d es va it la terra sse inf érieur e de ce sanctuai re 221. P. GUILLON,Lestrépiedsdu
fig. 439. premiers puits. Ptoion(BEFAR 153), 1943.
reno mm é 221.

270 ARCHITECTURE RELIGIEUSE 277


7. LES MONUMENTS DES SANCTUAIRES
rement dallée, tandis que la dernière, où se tenait
la Pythie (fig. 213), était en légère dénivellation223 D E u X È M E p
- d'où, peut-être, le nom de mégarondonné par A R T E
Hérodote (VIII, 140-141) à cette cellade Delphes
(fig. 376), en alternance avec adyton.
Finalement, devant un regroupement d'instal-
lations hydrauliques supérieur à la moyenne, il
convient toujours de songer aux besoins accrus
qui caractérisent les sanctuaires orac ulaires ou
thérapeutiques. Le hiéron d'Apollon Pythéen à
Argos, sur le flanc sud-ouest de l'Aspis 224, possé-
dait depuis la fin du VI e siècle une salle de consul-
tation rectangulaire, où l'on arrivait par une série
de gradins en haut desquels était creusé un puits.
Dans les siècles qui ont suivi furent mis en service
d'autres accès à l'eau (p. 260 et fig. 360), et même
une fontaine alimentée par un réservo ir placé
plus haut, d'où la proposition de G. Roux de
reconnaître dans l'édifice à péristyle, au-dessus de
la grande citerne à piliers, l' abaton d'un

Fig. 377 Éphyra, Nékyomantéion.


Plan restitué. D'après S. Dakaris,
The Antiquity of Epirus, s. d.
Asclépieion .. . Bien sûr , cette simple hypothèse
nécessiterait d'être étayée par des documents
complémentaires, mais elle paraît a priori plus
digne d'attention que celle d'un oracle à
l'Héraion de Pérachora, affirmée par Srabon.
Même si aucune trouvaille archéologique n'est
Architecture
On a relev é à maintes reprises que le nombre

funéraire
venue la confirmer, elle a rencontré un certain
des fontaines sort de l'ordinaire à Delphes (supra, écho en raison de la richesse durable du sanc-
p. 258), mais que les liens entre les différents tuaire en aménagements hydrauliques, une
captages ne sont pas toujours évidents. Il est richesse que le rituel du bain de la statue d'Héra
désormais acquis qu'une conduite, probabl eme nt ne suffit pas à expliquer (supra, p. 252-253).
issue de Kerna (en passant par Cassôtis ?), circu- À l'inverse, il est maintenant admis que doit
lait sous les fondations du temple d'Apo llon pour être écarté de la liste des sanctuaires oraculaires le
amener l'eau jusqu'en bas du sanctuair e, en soi-disant Nécromanteion ou Nékyomanteion
suivant le tracé d'un e faille rocheuse. Selon la d'Éphyra, dégagé sur une colline à Mésopotamon
tradition, le terrain était occupé à l'origine par un en Ép ire. Selon le fouilleur, cette construction
oracle de la Terre mère (Gâ), dont le fils, le polygonale (ca 62,40 x 46,30 m, fig. 377), datable
222. J. R. H ALE,). D EN BOER etaL, serpent Python, devait aussi garder la source, par sa technique vers 300, devait suggérer l'au-
AJA 106, 2002, p. 261-262; contrala
géomorpho logie de Delph es publi ée
avant d'être supplanté par Apollon. Or, d'après delà, le royaume d'Hadès et de Perséphone 225.
BCH 83, 1959, p. 258-274 . les analyses d'une équipe américaine, le temple Car derrière ses murs dont l'épaisse ur atteint par
223. P. AMANDRYdan s Oracles et d'Apollon aurait été construit sur du calcaire bitu- endroit s ju squ'à 3,30 m, le cou loir à chicanes en
prophétiesdans !'Antiquité,Actes du meux, dans un secteur où les failles géologiques
colloquede Strasbourg7995, son centre dessine une sorte de lab yrint he,
J. -G. HEITZ éd., Strasbourg 1997, ont eu pour conséquence de légères émissions, comp lété par trois portes solidement fermées à
p. 271-28 1. sur le côté sud de la cella,de gaz d'hydrocarbures , l'aide de battants revêtus de métal et par une
224. W. VOLLGIW' F, Le sanctuaire parmi lesquels l'ét hylène, un gaz euphorisant et chambre souterraine, interprétée comme une
d'ApollonPythéenà Argos(ÉtPélop 1), narcotique 222 . Effectivement, plusieurs auteurs crypte où devaient apparaître aux consultants les
1956, surtout p. 35-42; Roux 196 1,
p. 66-70. anciens rapportent que pour prophétiser, la ombres des morts. Mais on a pu faire valo ir qu'un
225. S. I. D AKARJS,The Antiquity of Pythie devait boire de l'ea u de Cassôtis avant de tel espace faisait davantage penser à une rési-
Epirus,Athènes, s. d. [vers 1970 [. s'asseoir au fond du temple d'Apollon sur un
dence rurale fortifiée, pour assurer grâce à sa tour
226. É. fOUACHE, FR. QUANTIN, trépied, près d'un « trou de la terre» d'où s'échap-
Représentations et réa lité géogra- centrale l'exp loitation et la protection d'un terri-
paient des exha laisons inspiratrices: serait-ce là
phique de l'e ntré e des enfers de toire agricole 226 . La prétendue crypte plafond
Th esprôtie, La nature et ses représenta- l'explication de ce phénomène qui intriguait tant
porté par quinze arcs clavés n e serait alors rien
tions dans !'Antiquité,Actes du colloque les archéologues? L'intérieur du temple
de l'ÉNS Fontenay-Saint-Cloud7996, d'autre qu'une citerne creusée dans le roc,
d'Apollon ne ressemblait pas non plus à celui des
Ch. CUSSETéd., Pari s 1999, p. 29- comme on en connaît d'autres à la même époque
61 ; D. ÜGDEN, Greekand Roman autres temples, la cellaétait divisée en au moin s
dan s la région, pour perm ettre aux habitants un
Necromancy,Princeton 200 1, p. 19-2 1. trois parties dont seule la première avait été entiè- accès ind épendant à l'e au.

272 ARCHITECTURE RELIGIEUSE


Introduction Quelle architecture pour Chapitre 8. Tombes de héros
quelles sépultures ? tom bes de grands' hommes

Fig. 378 . Locres Épizéphyrienne,


tombes sous tuiles. Restitution .
pierr e ou encor e de grand es tuiles arc-boutées2 7.Les cultes«héroïques» par un e in script ion data bl e du mili eu du
D'après Kurtz, Boardman 1971, (fig. 378), et lor squ e leur s paroi s étaient habillées vie siècle, A. Pariente a dr essé un e liste non
fig. 81. de p etites pierr es ou de da lles verticales, les Dans certaines régio ns de Grèce, pe nd ant un e exhau stive des hérôa qui remontent aux temp s
tomb es à fosse sont assimil ables aux «tombes à brève période qui pai-t de la fin de l'é poqu e pro to- 6
pr em iers , pour conclur e que ces installations
ciste», qui conti enn ent différentes sortes de cof- géoméh·ique, des sépultur es ab and onn ées de étaient en généra l assez frustes. Ce type d' hérôon
fres en pierr e. N éanmoin s, même lorsqu'elles !'Âge du Bronze ont pu recevo ir un culte 1, est un enclo s hyp èthre , d'un e sup erficie très varia-
sont de bonn es dim ensions et admirablement comme à Thorikos au Vll 0 siècle, su r le site d 'un e ble, parfoi s arbor é et dé limité par des pot eaux à
peint es3, ces tomb es sout err ain es ne relèvent pas tombe de l'Helladiqu e Récent II 2 . Ce tte vénéra- barri ères ou par un mur , qui peut alors le rendr e
à propr em ent p arler de l'ar chitectur e, tout au plus tion pour des tomb es mycé nien n es à chambr e ou abaton (supra, p. 176). Comme il supp ose l'attesta-
d'un e architec tur e minim ale. à tholos, perçues aux époq ues géo métr ique et tion matérielle d'un culte , un ou des dispositifs
Ce sont donc les tomb es de construction archaique comm e des « monu ments re liquaires» sac rificiels sont attendu s : une eschara (plus
élaborée, les « m onum ents funérair es» propre- évocateurs d'un passé p restigieux, sur tout lors- souvent qu 'un bômos), dont il ne reste souvent
ment dit s qui seront étudi és dan s les pages qui qu'elles étaient ferm ement co nslruil es el de taille p our seuls témoin s que des cendr es\ un bothros
suive nt. Leur s dénomin ations sont pour le moins impressionnante, pouvait êt re liée à la fond ation pour envoyer le sang des victim es sacrifiées dans
vaii ées, tant il est vrai qu e l'archit ecture funéraire de sanctuaires, fondation qui fut éve ntu ellem ent le sol. Les tables à offrand es et les lits pour les
grecqu e se distingu e d e l'ai·chitec tur e religieuse, accompagnée ou même pr écé dée d'un culte funé- banqu ets cons écutifs aux sacrifices étaient moin s
dont la typo logie est relative m ent simp le, par son raire. Ce phénomène est to utefo is lo in d 'êt re courant s, de même que les statues des héros . Une
refus de la standardi sation, qui peut conduire le général - c'est ainsi qu e la fond atio n de l'H éraio n tomb e est réellement présente dans la plup art de
propri étaire de la tomb e ou sa famille à recher- d'Argos fut suivie, et non p récé d ée, de la red é- ces stru ctur es, mais un cénotaph e n 'est pas
cher des form es peu banales, les mieux suscepti- couverte de tombes helladiques 3 . Il do it égale- toujour s clairement perceptible, à la façon de cet
bles de perp étuer un e m ém oire qu e l'on voulait ment être distingué de la réuti lisation, à pa rtir du Hérôondes Sept sur l'agora d'Argos, réduit à des
évidemm ent glorieuse4 . À partir de l'époque 1v• siècle, de certaines tombes à tholos mycé nien- potelets carr és entourant sans ordre un e fosse 1. La bi bliogra ph ie sur cette
hellénistiqu e, ce tte ar chit ec tur e difficile à classer nes\ qui reçurent alors de no uvea ux aménage- remp lie de cendr es (fig. 379). À D élos, au qu estion est vaste. Voir sur tout
s'est illustrée ava nt tout dan s les Cyclades et à la ments. vie siècle, le san ctuaire de l'Archégète Anios ne C. M. ANTONAC CIO, An Archaeologyof
1. Pour toutes ces notio ns voir en Ancestors: TombCult and Hero Cult in
géné ral GINOVVÈS 1998, p . 54
périph érie du mond e gr ec, pu isqu e le luxe funé- l1âge archaïque a vu la naissan ce d' un autr e compr ena it qu 'une cour délimitée, où un e escha ra Early Greece,Lanham -Londr es 1995.
et suiv. raire attiqu e avait été vigour eusement freiné en genre de culte funéra ire, dans un m onum ent de (ca 6 x 9 m) remp lissait un e enceinte circulaire à 2. H . MVSSCHE et al, AntCl 34,
2. Pour les « tomb es so us tuiles ))' qui 317 par les mesur es de D ém étrios de Phalère, l'agora qui renferm ait la dépouill e du héros 196 5, p. 5-46 .
Qu 'elles soient isolées ou compri ses dans le côté d'un puits et, peut-être, d'un autre autel, le
exis tai ent dan s tout le m ond e grec après avo ir atteint au ,ve siècle u n degré jugé fondateur de la cité, à moins qu e ce lle-ci ait dü se 3. BILLOT199ï , p. 11 n. 6.
d epui s la fin de la pér iod e arch aïque, tissu lâch e d'un e nécrop ole, la grosse majorité des tout en bordur e d' un bât iment allongé qui devrait
exc essif, à en cro ire les con temporai ns. contenter d'une sépu ltu re fictive, du cé nota ph e 4. Sous un tumulus, les tomb es
vo ir KVRTZ,BOARDMAN 197 1, p . 97,
tombe s du m ond e grec n' étaient que de simples avoir servi à des banq uets8 (fig. 380).
190 , 192 et suiv., et ci-dessous L'interdiction frappa j usqu'à des marq ueurs tradi- an cienn es pe uvent alors passer po ur
fosses excavées dans la terre ou dans le rocher d'un ou de plusieurs perso nn ages mythiqu es, Mai s il arr ive qu e les fouilles n'aient retrouvé «macé doniennes » : vo ir
note 21. tionn els tels que les co lon nes, les stèles dépassant
pour recevoir dir ectement le cadavre. Parfois, considérés comme des protec teurs loca ux 5 M ais qu e l'é tat secondair e d'un hérôon, qui deva)t C . H UGUENO T, La réutilisation des
3. Co mm e en Macédoi ne : voir par
trois coudées ou façonn ées en naïskos, les hauts si les publications archéo logi qu es regorge nt de édifices fun éraires he lladiqu es à
ex .J. VOKOTOPOVLOV, o, TatpryKoi l'inhumati on avait été réa lisée dans un cercueil de pr ése nt er pr im itivemen t un autr e aspect. A
vases en pierr e du typ e lécy th e, tant et si bien que l'é po que hellén istiqu e, NumAntCl,
wµ/301TT/ÇAivewç , Ath ènes 1990 lieux de culte pour un « héros», lége nd aire ou Ol ymp ie fut dégagé au nord de l'ate lier de
[en grec ]. boi s ou de pierre - ou, plu s rarement, un sarco- les débauc hes mon um enta les et sculp tées ont
32, 200 3, p. 81-140 .
phage - , à la rigueur dans un e longue amph ore (moins souvent) historiqu e, les critères de reco n- Phid ias un bâtiment qua drangul aire ouvert à 5. R. MARTIN, Recherches sur l'agora
4. FEDAK 1990 , p . 3-5 (sur les con sé- alors disparu de l'Attiq ue5 . naissance d'un hérôon restent m an ifestement flot- grecque BEFAR lï4 , 195 1, p. 194 -20 1.
qu ences d e la selfglorification,surtou t ou tout autr e cont enant en terr e cuite (sur tout l'ou est pai· un e colonna de (fig. 309), un e tholos
en Asie M in eure ).
Toutefois, avant d'en ar river à ces mo num ents tants. De toute façon, bien qu e ce voca bl e soit à 6. P/\IUE 'TE 1992.
pour les j eun es enfant s), tandi s qu e la crémation , tang ente à un e enceinte carrée y abritait un autel-
5. Sur la situ ation ava nt et après 3 17,
funéra ires, il sem ble indi sp ensab le de faire le tour l'origine religieux et tout à fait étrange r à la termi - 7. Ana lyse dans G. ECKROTH, The
plus ou moin s répandu e selon les lieux et les esclzaraen terre cuite qui porte, gravé dan s l'en-
vo ir SCHOLL 1994 et des tomb es dites «h éroïqu es» . M êm e si certaines nologie de l'ar ch itec tur e, il es t auj ou rd ' hui SacrificialRituals of Greek Hero-Cults
R. H. W. STICHEL, AA 1992 , p. 433- périodes, abouti ssait au rassemb lement des cen- duit en lettres de l'ép oqu e hellénistique tardive, le (Kernos, Suppl 12), Liège
ne renferm aient aucun reste, p ar l'at testation d'un s?uvent employé comm e synonym e d e « mau so-
44 0 (int erpr éta tion du passage de dr es du mort dan s tout e sort e d'urn e 1• Les fosses mot « Héros », plu sieurs fois répété. On a propo sé 2002 (insiste égalem ent sur le carac -
Ci cé ron, Leg.II , 27, 66 ). culte elles tienn ent à la fois du sacré et du lee», pour désigner le tomb ea u d 'un homm e tère très hétérogè ne du gro up e des
pou vaient être couv ertes avec des plaqu es de domaine funéra ire. que se tenaien t ici, depui s le ve siècle, des «hé ros», qui o nt par co nséquent
important, sans même qu 'un cu lte lui so it ob liga- banq uets ritue ls liés au culte du devin lama s, différents type s d'autels).
loll'ement associé. mai s il faud rait alors envisager un e ph ase anté- 8. Pour ce san ctuaire ( GD ï 4), voir
Dans une telle situation, c'es t l'é p igra p hie qui rieure, plus légère, po ur cet lzérôon 9. aussi supra, p. 129 .
permet de partir sur des bases solid es. À l'o cca- En Gr èce con tinentale, l' hérôonle plus connu TZ 19ï 2, p. 26ï-269 ;
9. MALLWI
Ch. WACIŒR, Das Gymnasion in
sion de l'examen des vestiges de I' Hérôon argi en est celui de Pélops , rep éré grâce à la relation de Olympia, Geschichte und Funktior,
des Sept contre Thèbes, identifi é av ec certitud e Pa usan ias (V 13, 1-4) au centr e du sanctuair e Würzburg 1996 , p. 80 et suiv.

274 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE

8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 275


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Fig. 381. Némée, Hérôon
d'Opheltès. Vue perspective resti-
tuée. D'après S. G. Miller, Nemea
A Guide, 1990, fig. 35. ,

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d'Olympie, entr e les d eux templ es m aj eur s autour duquel l'Asclép ieion s'est développé à
Fig. 379. Argos, Hérôon des Sept contre Thèbes. Plan. Éch. 1:75. Milieu du v1•s. Dessin K. Kolokotsas dans Pariente 1992, pl. 35. (fig. 220, 8). Le cénotaph e fut co nstitu é au l'époque hellénistique 12 •
ye siècle sur un tumulus daté de la fin du III 0 La plupart de ces hérôaont bénéficié d'une
millénaire, en tenant co mpt e de l'a band on du longue vie, quitte à être transformés. Le balda-
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secteur entre le 11° millénaire et le v11 • siècle 10.
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Composé de rembl ais qui co ntenaie nt des ce n-
quin des Caryatides de l'Érechtheion s'élève à
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dres, des ossements d'anim aux et d es cé ramiqu es
moitié au -dessus du tombeau du roi mythique
Kékrops (supra,p. 91), un cénotap he qui se trou-
.=';491 remontant ju squ' au Bron ze Réce nt , ce tertr e de vait à l'origine dans un téménos,et les hauts murs
'"' plus de 30 m de diam ètre fut plant é d 'a rbr es, dans sur lesquels se dressent ces j eunes femmes porteu-
une enceinte trap ézoïdal e dot ée d 'un impo sant ses de libations aux morts (des choèphores) 13
propylondorique (supra, p. 180). En bordur e sud - rappellent les parapets du Léokoréion de !'Agora
ouest du sanctuaire de Zeus à N ém ée , un e struc - d'Athènes, un autre vieux tombeau attique conçu
ture hypèthre destinée au héro s Oph eltès était 10. MALLWITZ 1972, p. 134-137, à
lui aussi comme un abaton. De l'autre côté de compléter par A. j ACQUEM IN,
semblable au Pélopion, selon les te rm es de la l'Érechtheion {fig. 382), la partie orientale du Pausanias, témoin de la religion
description de Pausania s (II 15, 3) (fig. 381). grand porche nord recouvre et signale !'emplace- grecque dans le sanctuaire
M R M GI &11
Plusieurs phases se sont succé dé depui s le tertr e d'Olympie, Olympie2001, p. 181-213
ment du rocher où disparut le roi Erechthée, (avec renvoi à H. KYRIELEIS, ibid.,
du v1• siècle, qu'il faut san s dout e mettr e en liai- foudroyé par Zeus à la demande de Poséidon ; p. 59-63).
son avec la création des j eux panh elléniqu es 11. devenu ainsi un héros, il demeurait sous le 11. S. G. MIUER,The Shrine of
D'abord entouré de simpl es pierr es brut es, l' hé- dallage, dans une cavité aménagée en crypte et Opheltes and the Earliest Stadium
rôond'Opheltès fut vite agrandi pour recevoir une of Nemea, Olympia2002, p. 239-
que l'on gagnait par un souterrai n, à proximité de 250; Nemea 2004, p. 124-132.
enceinte curviligne puis trap ézoïda le, autour d e plusieurs autels qui servaient aux rites exigés par 12. M. SAPOIUTI, I.:Heroon di
quelques bases, d'un arbre et d'un alignement tous ces cultes origine ls 14• En descendant vers le Ippolito a Trezene, ASAteneSI,
rectangulaire qui devait représent er la tombe du ser. Ill , 3, Tomo 1, 2003, p. 363-390.
Péloponnèse, le téménosaux murs bien liés que
héros. Comme à Olympie , un e entr ée avait été 13. A. ScHOLL,XOH<t>OPOI,Zur
l'on voyait au nord-est du forum romain de Deutung der Korenhalle des
ménagée dans le mur bas du péribole . Enfin , un C01inthe fut créé au vzesiècle sur l'e mplacement Erechtheion,Jd/ 110, 1995,
autre hérôonpéloponn ésien du m ême type nous de tombes protogéomét1iques; refait au rve siècle, p. 179-212.
• 2'15 "'0 5
~'.t connu gr_âce _à _Pausanias {II 32, 1-4) : ce lui cet Heroon of the Crossroadssurvécut jusqu 'à la 14. HOLTZMANN 2003, p. 164-165,
171-173. Voir aussi supra.
Hippolyte a Trezene, qui doit correspondre au destruction de Corinthe en 146 15• Dans les envi-
lémén os polygonal, renfermant un monticule la 15. C. K. WIWAMS ,j. Mc!NTOSH,
Fig. 380. Délos, Archégésion . Plan de la fouille. v1•s. D'après RA 1941, p. 11. rons de Sparte, un bothrosmarqua le début d'un j. E. FISCHER , Hesperia 43, 1974,
Slatue du héros salvateur et un petit tem~le, culte au vm • siècle, sur un tertre où se voyaient p. 1-6.

276 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE


8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 277
Fig. 384. Poseidonia, agora.
Lhérôon, dit sacellum, dans son
péribole. Vers 520-510.

Fig. 385. Cyrène, agora. Plan resti-


tué du sanctuaire de Déméter et
Corè, anciennement monument de
Battos. D'après Stucchi 1975
fig. 93. '

1
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382
384
Fig. 382. Athènes, Érechtheion.
Ruinesde la face latérale est, avec
déré comme un vér itabl e sanc tuaire pour deux (fig. 384). D'après les vases en bronze qui co nte -
le parapet des caryatides a_usud et, divin ités, ainsi que l'écr ivit Isocra te (10, 63). naient du miel, et les autres offrandes en dépôt
au nord, le porche voué à Erech- Les hérôa assur és ne sont pourtant pas nom- sur une table de pierre dans sa chambr e in té-
thée. Envoi de Rome de J. Tétaz,
breux, surt out quand la dénomination n'est due rieure, c'éta it un cénotaphe pour un cu lte
1847
qu'aux seuls foui lleur s, qu i ne peuvent justifier le héroïque datable des années 520-510 20 , so it la
Fig. 383. Érétrie, Hérôon à la porte terme en se référant à des auteurs anciens ou à même période qu e la «Bas iliqu e», ou temp le
de l'ouest. Plan restitué, avec les d'Héra, du sanctuaire sud . Il est probab le que cet
des inscriptions. C'est pourquoi deux monuments
bâtiments périphériques construits
entre le v11•et le milieu du v1•s. eub éens récemment publ iés com me « hérôon» hypogée était d'abo rd reco uv ert d'un tumulus
D'après P Auberson, K. Schefold, n'onl pas de _points co mmun s. À l'intérieur des dont la disparition a pu entraîn er le recours à u~
Führer durch Eretria, 1972, fig. 12. murailles d'Erétrie, l'« Hérôon à la porte de mur de péribole et la pose sur l'hypogée d'une
I'o uest» 17 n'est qu'un triangle équilatéral de dalles seconde couverture en grandes tuiles de calca ire.
C'était une façon de rendre plus monum ental e la
qui recouvre un petit enclo s funéraire formé au
début du v11e siècle, autour de la sépulture d'un traditionnelle tombe à fosse co uv erte de tuiles qui é ·-~··
20. U. KRoN,jdl 86, 1971, p. 117-
148; E . G RECO, D. ÎH EODORESCU,
Poseidonia-Paestum II , L'Agora
ancêtre de haul rang incinéré vers 720 (fig. 383). dessinaient un toit à doub le pent e, un mod èle (coll. EFR 42), 1983, p. 25-33;
Un cu lte fut bien organisé ici ju squ'à l'âge clas- bien répandu dans les nécro pol es de cette zone M. CIPRIANI dans Gli Aclzei e l'iden-
siqu e, en utili sant un e fosse à offrandes, ai,nsi dès le vie siècle21. Même si aucu n nom d'un héros tità elnicadegliAchei d'Occidente,
Atti
del Convegnointern.di Studi,
qu'un éd ifice pour des repa s rituels. Mais on n _en fondateur de Poséidonia ne peut êt re avancé - le 385 E. GRECO éd. , Paestum 2002, p . 378
sau rail dire autant du grand bâtiment protogeo- souvenir dut s'e n perdr e assez vite -, il faut bien (avec assimilation du héros fonda-
teur à H éracl ès).
mét1ique appe lé « Hérôonde Lefkandi », dont le voir ici un sanctuaire deve nu abatonpar l'absence un e crypte peuvent convenir pour tout culte de 21. Sur les tombe s « a la capuccina»,
tumulus fut le point de départ d'un e nécropole qm d'entrée, dans le péribole comme dans l'hypogée. type chth onien, qu 'il soit funéraire ou adressé à qui coex istaient en Campani e avec
s'est éten du e alento ur (supra, p. 47). ~e cas_ de l' oikistès était plus comp lexe à une divinité (supra, p. 170), la présence , dan s cet les tombes en forme d e caisso n à toit
D ans les co lonie s, où le héros ne pouvait être Cten:, ou un enc los circu laire (diam. 8,60 m) plat, voir STEINGR,ÜlER2000,
enclos hyp èthr e entour é de hauts murs , de deux p. 95-96.
un ar istocrate ou un ro i, - le tombeau att11-·bue· a- l'oi- degage dans la parti e ouest de l'agora fut long- gran des statues des déesses, sur un e base en arc 22. L. BACCHIELLI,Il santu ario d i
383 kistès l'arc hégè te ou ancêtre com mun héroïsé, a tempsqualifié à tort de tholoset considéré com m e de cercle (fig. 385), a plutôt fait pencher pour un D em etra e Kor e n ell' Agorà di
j oué 'un rôl e cap ital sur l'agora, autour de !~quelle le cénotaphe du roi Battos , fondateur de la ville Thesmoplwrion . Le «vé ritable» tombeau de Battos Cirene durant e l'e tà tol emaica ,
Alessa11driae il mondoellenistico-
des vestiges de !'Âge du Bron ze, int erpr étés chaq ue cité s'est o rga nisée 18. La ,rorm~ on gme!l~ en 631._En même temp s, un petit cercle de pier- - dont Pindare pr écise dans sa y e Pythiquequ'il romano,Il Centenariodel Museo Greco-
16. ÎOMLINSON 1992. du monum en t de G lauk os, dont I mscnption a ete resvoisin fut supp osé être la to mb e d 'un pr êt re de
comme l'ancien palais de Ménélas et d'H élène 16. était honor é sur l'agora - correspon drait alors, en Romano,Atti del Il Congresso
17.C. BERARD, EretriaIII , L'Hérôonà
Même s'il n'était pas centr é sur un tomb eau fictif conse rvée dans un e ga 1ene· d e l'agora de Delphes, O nymastos. Mais à la suit e d e bordur e orientale de cette agora, à un tumulus lnternazionalel talo-Egiziano,
la portede l'ouest,Bern e 1970; Érétrie · d' utres Alessandria7992, Rome 1995,
2004, p. 172-175. à l'instar de l'Am ycleion (fig. 173), le M énélaion Tha sos 19 n 'es t plu s perceptible, mais a . S.. Stucchi, les fouilleurs ita lie ns 22 pr éfè rent détruit pui s remplac é par un autre à la fin du p. 128-135.
18. C. M. ANTONACCIO, lui était comparabl e en comprenant vers la fin du
' S
sites sont plus parlants. ur agoial' - de Poséidoma . auJourd'hui Y reconnaître le sanctuaire urb ain de v e siècle 23. 23. L. GASPERINI,Cu!ti di eroi
Colonizati on and the Ürigins of v ie siècle, sur un e terrasse ceint e d'un mur , un e fut déco uverte en 1954 un e con stru ction de~i- Déméter et Corè qui, si l'o n suit l'Hymne VI de En Sicile, à Mégara Hyblaea , l'interp rétation fondatori: Battosin Ori ente, Tarasin
Hero Cul~ AncientGreekHero Cult, 55 m et creusee Callimaque, e·tai·t re 1·1e- par des process ions au Occidente, Miscella11ea grecae romana
R. H AGGéd., Stockholm 1999, sorte de chapelle, remplac ée au ve siècle. sout err aine, me surant 3 ,85 x 3 , d «héro ïqu e» est par·ticulièr ement douteuse. Dans 21, Rom e, 1997, p. 1-15.
p. !09-12!. I..:existence d'un autel à sacrifices montr e qu e dans le rocher sur trois côtés, tandis que la faça.e sanctuaire extra-murosdes deux déesses. Tout en un îlot à la bordur e nord-ouest de l'agora 24 , un 24. MégaraHyblaea2004, p. 419-421,
19. Thasos2000, p. 69-70. l'ensemble, si peu architecturé fût-il, était co nsi- visibl e était fer m ée par des blocs de travertin admettant que des dispositifs de lib atio n re liés à espace archaïque est pr ésenté par hypo thèse, fig. 421.

278 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 279


proximité, il est sûr qu e l' hérôonde Kinéas ava it
Fig. 386. Mégara Hyb_laea,,ag?ra. été projeté, lui aussi, avec un grand souci de visi- Fig. 388. Messène, monument
Plans restitués: à droite " 1he- f_unéraire K3 dans le gymnase.
bilité.
rôon », à gauche un exemple de lot
occupé par une famille. Dessin
·--
~,...~~~
1r.~t
:~~·S'.
~/ Elevat1onrestituée de la face nord.
Ep. hellénistique. Dessin J. lto dans
H. Tréziny dans Giornata Martin
2001, p. 61. 2. L'évolution ·:u,!.1111., P Themelis, Heroes and Hero
Shrines in Messenia, 2000, p 129_
,.
Fig. 387. Aï Khanoum, Hérôon ?e
Kinéas Plan de l'état 1, restitue. ..
de l'h érôon
Dernier quart du iv" s. D'après A,

••
.-
Khanoum 21, 1973, pl. 72.
Ces antiqu es hérôa ont parfois été eng lobés
• dans un imp ortant bâtiment civique, pour le
protéger, comme à Mégare où (toujours selon
'"HERÔOH'" Pausanias, I 43, 3-4) certains hérôa ont été
~

- ---
surmontés par la salle du Conseil ou par les arc hi-
ves du prytanée . Mais, surtout, la constructio n de
nouveaux tomb eaux a pu puiser son inspiration

-
dans les modè les de s siècles précédents.
En effet, à la longu e, le statut héroïque fut
aisément conféré à tout personnage ayant m érité
la reconnaissance de la cité - auss i bien des indi- ~
vidus morts à la guerre que des hommes poli-
tiquesde haut rang , des strat èges, des ath lètes , des 1 -
LOT DE LA MAIS ON 23, 10 - 11
-----

............
,......
"'"
artisteset, pour finir, des bienfaiteurs caractérisés,

1·1 __LJ e!-~------·--·1


~ i I:;!
/--~~:-
PHAS!: l
PHASE 2 à qui les honn eurs funèbres furent décernés aux
11• et I°rsiècles28, dans le mêm e esprit qu e pour les
386 héros fondateurs, autour d'un tomb eau autant
que possible hors du commun. En honorant la
~==,,;;::;;: ·_
1
-•
d'une amphore attique (fig. 386) ; du côté de mémoire immortelle de ces trépassés, la commu - i
l'agora, trois blocs d'un seu il, creusés de six cupu- nauté civique pensait que leur bienveillance . .,;_

1li •-11
, •<), ,{·
les, s'exp liqu eraient par des nécessités rituelles.
Plutôt qu'un hérôon sans tom be, l'ensemble est
rejaillirait sur le gro up e tout entier, par tra nsfert
de leurs insignes qualités 29 . Thucydide a rapporté
r _.-·7\·•.··;
,1_ : .)'·
aujourd ' hui interprété comme un lot de terre (V 11, 1) comment, après sa mort en 422, le géné- m _ .
matérialisé puis sacralisé, peut-être pour devenir ral spartiate Brasidas fut héroïs é par les habitants
le lieu d'un culte au sol ou à la propriété
foncière 25.
d'Amphipolis; enterré à l'issue de funérailles
publiques«à l'entrée de l'agora , il fut considéré

Ailleurs le culte du premier chef a pu persister comme un nouvel oikistès», dont la tombe à fosse 2m

p lus clairement, jusque dans les fondations mili- entourée d'une clôture 30 fit disparaître les édifices
taires hellénistiques. Situé dan s une grande cour construits à la mémoire du véritab le fondate ur
de la ville d' Ai Khanoum , non loin des propy- l'Mhénien Hagn on. Au 11° siècle, le gé néraÎ
lées 26 l' Hérôonde Kinéas a été identifié par une Philopoemen fut honoré de la mêm e manière par
et à sa fam ille, d'après les inscriptions gravées sur
stè le inscrite trouvée sur place, qui mentionneun l~s habitants de Méga lopo lis: il reçut le pr ivilège un e colonne gisant à pro ximit é. Un monument
« téménos de Kinéas ». Il connut au moins trois dune tombe sur l'agora, d'un téménos co nt ena nt
près du bouleutèrion était celui de dix Messéniens
états successi fs, toujours en brique s crues, à partir un bel autel en marbre blanc, et l'institution de
Jeux31_ qui co mbattirent pour leur cité, et trois autres
du d ern ier quart du iv e siècle. Dans son pre~i~r tombeaux, utilis és entre le Ill e s. av. n. ère et le
état, long de 15,30 m, c'était un e petite cel/aprece- _ _Cette nouvelle catégo rie d e cu ltes héroïques 1er siècle de l'E mpir e, étaient situés dans le
dée d'un pronaos, et le sous-sol renfermait, en etait exceptionn ellement bien représent ée à
gy mn ase, alor s assim ilable à une agora. Le 28, Ph. GAtrrHiER, Les citésgrecques
et
M · 32 leursbienfaiteurs,BCH Suppl. XII,
pleine terre, un sarcop ha ge dont un angle du _ ess_ene _' où le comp lexe de l'Asclép ieion fut pr emi er, qui renfe rm ait sept tombes à ciste, 1985, p. 60 et suiv.
, . perce- d' un on•fice
co uvercle etrut i où subsislall edifieapres la fin du Ill e siècle sur un terrain déj à pr enait la forme d'un autel rectangulaire à antes, 29. Sur ce trans fert, voir les commu -
10 M l'empre int e d'un co nduit pour des libation~-Ce occupé auparavant par des sanctuaires . U n autel orn é de sculptures, le deuxième était une cham- nications publi ées dans Ancient Greek
détail a été rapproché du texte d'une loi sacreede archaïque et un templ e arasés ont été reconnus bre quadrangulaire sur trois degrés, pour quatre
HeroCult,Proceedingsof theFifih
lntern.SeminaronAncien/Greek Cult,
387 Sélinonte, qui pr éc ise qu e le culte _rend~!aux dans 1\ cour de cet Asclépieion, tand is qu e les tombes, et dan s le soubassement carré de la Giiteborg7995(1999), R. HAGGéd.
. d' tres ntes a eur tracesd un culte archaïque de Leukipp os et de ses
25. M. GRA S, H. TR ÉZINY dans ancêtres co nsistera, parmi au .' d chambr e du troisième tomb eau étaient imbri- 30, Il doit s'agi r d'une tombe retrou-
GiornataMartin2001, surtout p . 59- 1 filles subsistaient dan s le sanctuaire de D ém éte r et
depuis des déc enni es, comme « l' Hérôon d e di str ibu er du vin « introduit par le tmt e: qu ées huit tombes à ciste, sous un toit conique à vée assez récem ment, contenant une
1
tomb e »27. Cet hérôon de Kinéas (fig. 387
63. Un tel culte serait toutefois sans boîte -ossuaire en argent et une
Lamis », du nom du guide des colons mort à ) des Dioscures, qui fut réo rgan isé au mili eu du courbe concave couronn é d'un chapiteau corin-
parallèle. 1 1v• siec
-- 1e pour la fondati on de la ville. Les couron ne d'olivier en or (au musée
26. P. BE RNARD éd., Fouillesd'Aï Thapsos , peu avant l'ac te fondateur. Dan s ce ensuite exhaussé sur une gran de terrasse, ,se~: thi en et d'une statue en bron ze (fig. 388), un peu d'Amphipolis ) : L AZARIDIS 1997,
KhanoumI (campagnesde 7965, 7966, . ' t ans rappe1er 1en :~~exessacrées à l'Asclépieion ne manqu ent pas, p. 83 fig. 42.
rectangle de la superfici e d'un lot de terre (ca un e concept ion qm n es P;15s . (fi 2n). à la manière du Ptolémaion de Limyra . Le
7967, 7968), Rapportpréliminaire,
Paris 1973, p. 85-102. 120m 2), divisé en deux dans le sens de la ronnement du Mausol ée d Halicarnasse if'd' n un ~ont de toutes sortes. Au sud , c'es t l'Hérôont:,,, tombeau du général Épaminondas fut élevé dans
31.] OST 1985, p. 540.
32. P. TH EM ELIS, Heroesand Hero
longueur, trois bothroi carrés, limit és par des M êm e à une éche lle plus modeste que ce _e l ~. d l enbole rectangulair e autour de deux tombes l'Hiérothysion, entr e l'Asclé pieion et le stade;
27. L. DUBOIS,CRAI2003, , - 1 d périptère, e evea Shrinesin Messenia [en grec , résumé
p. 114-115. dalles, étaient répartis sur le sol en complément autre « mau solee » a co onna e a ees, qui est attribué au sculpt eur Damophon enfi n , à l'ext rémité sud de celui-ci, se dressait un en angl.), Athènes 2000.

280 ARC HITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 28 7


naïskos doriqu e tétra style (fig. 389), peut-être
'-
1 _;;_ l' Hérôonde la glorieuse fam ille des Saithida s33. Ce Fig. 391. Limyra, Hérôon. Face laté-
rale restituée. Vers 370-350.
...,._ serait alors un témoignage supp léme ntair e de la
"- Kr ;- - ~ t- t- l- t- t-
.................... t-
,- '-
-
~
relation fondamentale entre les j eux et la mort.
D'après J. Borchhardt, Die
Bauskulptur des Heroons von

111 m _1111 -,m·1mJi


Les inscriptions révèlent que le phénom ène Limvra, 1976, fig. 25 .

m1 iil 1111··m 1m
If l lii[
mi 1
de l'h éroï sation, d'abord réservé par la cité à des
1 ~ ~ personnalités plus ou moins assimi lées aux ancê-
\::::;:;:;;:;' 0000
tres ou « h éros fondateurs », a pu concerner pour
finir tout défunt, qui aura souhaité se faire cons-
truir e (personn ellement ou par sa famille) son
propr e hérôon. Au fil ~u- te~ps , le terme se ~ou-
vera en effet applique a n importe quelle sepul-
tur e34_ Le mot f\proç, « héro s» , qui appara issait
déjà sur des reliefs fun érair es en Ma_cé do_ïn~hell~:
nistique, se lira ensmte en Asie Mmeme JUsqua
l'inflation, sur des monuments imposants comme
1 sur de s stèles. Dans cette zone, maintes inscrip-
389 1
tion s fun éraires gr ecqu es des u e-lll e siècles apr.
J-C. (sur des aut els, par exemple ) mentionnent
Fig. 389. Messène, hérôon_au_bout
du stade. Face latérale rest1tuee.
D'après P.Themelis, Heroes and
Hero Shrines in Messema, 2000,
p. 105.

Fig. 390. Cos, Charmyleion.


Restitution de la façade, coupe et
plan au niveau du rez-de-chaussee.
Vers 300 _Dessins o. Callot dans
FD Il, La terrasse d'Attale 1er, 1987,
pl. 68.

1
1
1
1
1
1
1
1 unhérôo 11
, mot désorm ais ga lva ud é, qui peut a.lo rs
_J._____ 1 _ pouvait être divisé en deux cham bres jumelles
''"· désigner aussi bien un grand ensembl e dans un
dot ées chacune d'une porte, et la façade de l'étage
péribole qu'un édicule, un e tomb e rup estre o u sup érieur, sou s un toit peut-être en pavi llon, a été
une chapelle contenant des sa rco ph ages 3·5. E n rec on stitué e avec deux colonnes ioniques entre
tout cas, sous l'Empir e, so n empl oi ne sous-
des pilasb·es, sous fronton. La position de cet

-
~
entend plus que des honn eur s aie nt été rendu s au
défunt.
Mais auparavant, si les hérôa hellénistiqu es
hérôon dans un jardin dédié aux Douze dieux, où
il cô toi e d'autres construct ions, montre que
Charm ylos a fond é un culte auque l il était lui-
r.i d'Asie Mineure se prése nt ent so us des form es
m êm e associ é, apr ès sa mort. Le tout rappe lle à la
~ariées, ils veulent toujo ur s plu s o u m o in s
fois le sanctuaire des Muses institué par le testa-
,) evoquer un bâtiment remarquabl e, et surtout un m ent d'Épiktéta. à Théra (supra,p. 124), dans un
33. Selon P. Them elis, qui date l' hé- temple. Dans l'île de Cos, le Cha.rm y leion - a..insi enclos comprenant un hérôon encad ré par les
roonde l'époque augus téenne, alors 35.J. KUHI NSKA, Les monumentsjimé-
1
nomm é d'après son propri étair e, Ch a rm y los, statues des défunts, et le tombeau de l'aimable raires dansles i11scriptio11S
grecquesde
que F. A. Cooper le restitue fim le- 1 1 1

ment amphiprostyle et construit au


II ' s., d'après son style arc hitectural !~
= 1~
connu par une inscription des ann ées 300 av.
n. ère, trouvée à pro ximit é - entr e dans cette
Pythionikè, à qui son an1ant Ha.rpaJe offrit sur la l'Asie Mineure, Varsovie 1968, p. 26 et
suiv.
et ses multip les raffinements 36 route d'Éleusis un téménosfunéraire à trois terras-
série (fig. 390). Son pr emi er niv eau compr end 36, P. SCHAZMANN,jd/ 49, 1934,
(Symposiumfor International ses, où se dressait au minimum un temp le-oikosà p. 110-127; G. Roux, FD II,
Collaborative
Studieson Ancien/ douze compartiments sout errain s (d es sort es d e colonnes ioniques, qui impressionna par sa taille La terrasse d'Attalel", 1987, p. 111-
Messene,J.ITO éd., LJapon] 2002, locu/i)de part et d'autr e d 'un larg e couloir ce ntral· 114, pl. 68 (pense que le rez-de-
p. 40-42). en haut d'un 1· • •d b . ' Pausa.nias (I 37, 5), ap rès avoir choqué de nom- chaussée formait une salle uniqu e) ;
34. M . GUARDUCCI, Epigrafiagreca
.. esca 1e1, murn e a.ncs-repo soir s, le br eux concitoye ns qui n'acceptaient pas la provo - KADER 1995, p. 201-202.
III , Rome 1967, p. 152-153. deuxieme niveau, un rez-de-chau ssée sur élev é , cante « h éroïsa.tion » d'une courtisa.ne37. 37. SCHOLL 1994, p. 254-266.
390

282 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 283


40
Fig. 392. Athènes, prem ier cime- Trysa est d'un autr e style, mais date aussi du
tière. Le tombeau d'Heinrich rve siècle. Il compr enait la tombe -maison d'un
Schliemann. 1892.
prince in connu , dan s un téménos rectangu laire (ca
22 x 26 m ) ; le mur h aut d'environ 3 m était orné
à l'int érieur et à l'ex térieur , auto ur de la porte
impre ssionnant e, d 'un e frise aux sujets révéla-
teurs d 'un e cultur e mixt e, sculptée sur deux assi-
ses de l'a pp areil isodom e, et dont le style autorise
une dat ation vers 38 0. Pour le culte, un socle
quadrangulair e taill é pr ès du mur nord pouvait
servir d'aut el, et un bâtim ent léger en bois, dans
l'angl e sud -est, était p eut-être vou é aux banquets.
M êm e si aucun e ins cription ne nous renseigne
sur le monum ent qui dominait la colline du théâ-
tre de Mil et, il p ourrait bien s'agir aussi d'un
hérôon, pour la famill e d 'un éminent Milésien41_
Comm ent expliqu er autr ement ce comp lexe, daté
par la céramiqu e et le sty le de l'arch itecture de la .. .. . . .
fin du 11• siècle ou du début du r0 ': une cour
bord ée de multipl es bâtim ents , dont des salles de
banqu ets et un portiqu e ioniqu e long de 34 m,
magnifi e un tumulus d e 15 m de diamètre , qui
recou vr e un e chambr e fun érair e voûté e, pour six
sépultur es . Il sembl e qu e la seule ouverture de
cette cour ferm ée, qui profitait aussi de deux citer- Fig. 393.Calydon, Hérôon . Plan restitué . 11• s . Adapté d' E
. . yggve
o
F.Pousen,
I K. Rhoma1os, Das Heroon von Kalydon, 1934, pl. v ·
nes pour acco mplir les rites nécessaires, était Fig . 394. Calydon, Hérôon . Restitution en .
pr éc isément co nstitu ée par le dromosd'accès à la dre nord. D'après E. Dyggve F Po 1 /erspect,ve de la grande salle et de l'exè-
1934, fig . 104. ' · u sen, · Rhoma,os, Das Heroon von Kalydon,
chambr e fun éraire.
Si ces tomb eaux hors pair étaient pour la
plupart situés en position isolée et bien visible d'un «Hérôon. de Démosthène » à Ca lauri e•I4 -
dan s la ville, ou à proximit é imm édiate, par .d.fi 'o u Saint -Paul au centre de la ville de Ph 1·1·
un e 11ce quadrangulaire à co ur pér isty le a · t · tr ipp es et un
exe mpl e dev ant la porte d e la villé 2, l'intégration ·t -- ee
merprete comme tel dans les ann ées 19 au e est englob é dans un pan des mu railles de
Déjà aux v• et ive siècles, l'héroïsation systé- 40 , a_ Kasso pè en Epir e45 D t · ·
au sein d 'un e néc rop ole n'é tait pourtant pas d
cause e son plan très sem blable à l . d e ., · a es respectivement du m e
matiqu e des dynastes lyciens, au sud de l'Asi e l'H," _ ce u, e
ex clu e. À peu pr ès à 200 m au sud de la cité de ' eroon de Calydon. Mais sa situa tion pr ès d e et du IV s1ecle (mais sans certitude) ·1
nent . .. , I s surpr en-
Min eure , avait don né n aissanc e à plusieur s Cal yd on, un nomm é Léo n 43 avait choisi d'être 1~gor a, avec des salles de banqu ets e t un e ta ble . pru 1eur position au sein d'une cité. Les
monument s qui voulaient élever un défunt au- hon oré à partir du u• siècle co mm e un «héros» et arch eo!o~ es les ont attribués à un p ersonnag e
d_oITrandes,pourrait tout aussi bien sugg érer un
dessus des simpl es mortels, selon un e coutum e un « nouv el H éra clès» - d 'apr ès des inscriptions batiment civique ou enco re un ru . co ns1de:·e comme le fondate ur de la ville, mais
38. H ELLMANN
2002, p. 206, d'après locale d'o rigine orienta le (infta, p. 310). Inspir ée à trouv ées sur pl ace-, dan s un gro upement de ' n e nage m ent
BORCHHARDT 1990, p. 75-78, 127, pour une association cultu elle. sans qu un culte continu soit attesté à cet empla-
170-171. la fois du baldaquin de l'Érechth eion et du pièces qui co uvr e environ 35 x 45 m {fig. 393), en ce ment.
On admettra qu'à défaut d 'un e inscripti on qui
39. Le la mbe au fut achevé un an Monument des Néréides à Xa nth os {fig. 437), un e rapp elant à la fois un gy mna se et une grande mentionne explicitement un héros, l'identifi ca- . Dan s_tou s l~s. cas, à l'âge archai°que comme
après la mort de Schliemann, surve- manière de temple amphiprostyle fut mont ée demeur e à cour péristy le, ju squ e dans la présence
nue en 189 1. Il avait lui-même choisi tion comme hérôon d'un édifice ou d 'un ensembl e pru la swte , la vieille théorie de la «spéc ialisation
vers 370-360 sur un e terrasse de Lim yra, l'an - d'un e citern e alim entée par les eaux de ruisselle-
son site (architecte, Ernst Ziller). de constr~clions des époqu es class iqu e ou hellé- chth _o~1e_nne des rot?ndes ~, ne se vérifie guère
40. W. ÜBERLEIT
NERdans cienne Zemuri . Il renfermait dans son haut socle ment de la toitur e sept entrionale . Ouverte par un nistique necessite au · l - pow 1_architecture d un lzerôon,conti·aireme nt à
la chambre funérair e du dynaste Péricl ès, auque l d' moms a pr ese nce co njoint e
BORCHHARDT 1990, p. 71-74; propylon doriqu e au nord , face à la ville, la cour uhn e lomb_eet de restes d 'un cult e institu tionn el un e idee_qu : F. Robert ne fut ni le premier, ni le
Th. MARKSTEINER, Trysa,Eine un culte était rendu sur l'aute l installé devant la sacant qu'il , · t , ,
Zentrallykische Nieder/assung im Wandel
était entour ée de plusi eurs sa.Iles, dont la princi- dei-n,er a defen~r : . L_e plan circulaire n'est pa s
façade nord, aux pieds des caryatides des petits l'h n exis e pas d archit ec tur e stand ru·d
der Zeit, Siedlungs-,Architektur- und pal e, au ce ntr e de la face nord, servait à des réuni- commun aux heroa sureme nt identifiés comme
~r:ulr érôond'un grand perso nn age. Tout au plu s
kunstgeschichtlicheStudienzur côtés, symbol es de l'au-de là, et d 'une statue-acro- on s cultu elles. On s'y tenait sur des banquettes, 1-on reconnaître e d tels; tout au plus contiennent- ils assez souvent des
Kultur/andschafiLykien ( Wiener tère du héro s Persée triomphant 38 {fig. 391). Si d l . . ' 11 acco r avec les aut eur s
Forschungen 5),
zur Archiiologie, sous des médaillon s d e dieux ou de héros, et en e_~ publication de l'Hérôon de C al d terti-es et sw-tout des fosses à offrandes circulaires.
Vienne 2002. son architecture sur podium relève tout à fait du présence des troi s statu es érig ées sur une base au prefere Y on, un e
ciel nce pour deux modèles: ce lui du téménos à Il, ~st pourtant_ bien possible que la gran de tholos
m ême schéma et des m êmes intentions
41. W. MüLLER-WIE NER, ls!Mitt35,
1985, p. 16-23 («Heroon I ») ; KADER «héroïqu es», le magnifique tombeau de marbre
fond d'une exè dre , devant une tab le d'offrandes ouvert comm
du lombea' . e aux temp s pr emi ers, e t ce lui ~ ~p,d~ur e, cei~te de vingt-six colonn es doriqu es
(fig. 394 ). Alors qu e la pièce de l'ang le nord-ouest u evocateur d'u t 1 ,. a l _ext en~ur {dram . à l' euthyntèria:21,82 m) et
1995, p. 209-21!.
construit en 1892 en haut du premier cimetière non entouré d l n emp e, qu d so it ou
42. Voir L. ROBER
T, HellenicaXIII,
Paris 1965, p. 165, et l'exemp le de d'Athènes pour Heinri ch Schliemann , le fouilleur
était utilisée pour de s banqu ets, d'après les traces
visib les sur son sol en pierre, la voûte de la cham-

w
ontpu être h e_ onn es. Mais d 'a utr es schéma s
_c o,s,s, comm e celui de la tomb e d e
enn ch1~ d une colonnade int érieure à chapiteaux
connthi ens (fig. 293,3), ait représenté pour les
l' liérôond' Apollônios devant la porte de Troie (fig. 392), avait plutôt pour modèle un bre fun éraire, occ up ée pa r deux lits-sarcophages typ macedon,en » Al
de Métropo lis d'Ionie : REG 117, Anc~ens le cénotaphe du h éros guérisseur
trésor dorique d'Olympi e mixé avec le temple de pierre, se trouvait sous cette exèdre rectangu- caraclérisés par un . • ors q~e ces hypog ées 44. WELrER1941, p. 51-52, pl. 44;
2004, p. 654 . Asclep10s, dont plusieurs textes tardifs situent le
d'Athéna Nikè, sur son ba stion39... laire en forte saillie sur le mur de l' hérôon,comme manife stement d t~ ~o~te clavee. e t très so ign és, KADER1995, p. 209.
43. E. ÜYGGV E, F. POULSE
N, es mes a · 1· sépulcre à Épidaure. F. Robert avait insisté sur la
K. RHOMAJOS, Das Heroonvon Dégagé au XIXe siècle par les Autri chiens pr ès le propylonvois in . lement constr . . _ un e e ite, so nt habituel - 45. G. GOUNARJS , E. GOUNARJ,
Uits a la i- ·t d ' double nature d'Asclé pio s46, honor é tel un dieu Pl,ilippo,;Archaeological
Guide,
Kalydon,Cope nhagu e 1934; KADER du village de Gjêilbaschi, et remonté en p artie à C'est justement l'abse nce appar ente de toute hellénistique {infra im1 e un e ' n écropo le
1995, p. 205 -207. dru1s son temple d'Épidaure mais toujours consi- Thessalonique 2004, p. 75-78; Haus
Vienne, l'« Hérôon» en bordur e de la nécropo le de tombe qui fait auj ourd' hui douter de l'existence euxa été en . '. p. 294 et 32 4), l un d' entr e und Stadt 1994, p. 141-144.
pai tie cons ervé dan s la basiliqu e d éré comme un mortel héroïsé, en particulier
46. ROBERT1939, surtout p. 259 et
dans son sanctuai re d'Athènes. Il avait aussi SU! V.
pointé le fait que les comptes de construction de porteà la contestation, la désignation d'un monu-
cette rotonde : _entre ,les an nées 370 et 340, l'ap- ment comme ltérôondemand e donc à être argu- ~~- ~ 97. Pergame,édifice dit
pellent thymele (SuµEÀ.17),un terme qui signifie mentée.Le doute peut aussi affleurer lorsque des eroon de Diodoros Pasparos.Plan
restitue._1•'s. D'après Kader 1995
«a ut e l » ou «foye r ». Or ses fondations en pôros inscriptions mentionnent un cu lte pour un p. 227 /19.2. '
sans doute accessib les d':puis le dallag e à losange~ citoyenhéroïsé, dont les archéologues ont alors
p ar un esca lier ou une ech elle en bois, dessinent recherchéle lieu de commémoration. Vers 69 av. Fig_.398. Schémade montage d'un
n. ère, plusieurs décrets de Perga.me ont in stitu é na1skos apulien. D'après E. Lippolis
__
un laby rinthe d'anneaux co nc entrique s qui dan,sRom,scheGraberstrassen
conduisent à un bothros(fig. 395). En prolongeant un culte pour un insigne bienfait eur de la cité, Munchen 7985 (1987) •
la thèse de F. Rob e rt, G. Roux a propo sé de voir DiodorosPaspa.ros48, qui continua d'être honor é H. v. Hesberg, P.Zank~r éd
fig. 32.
d ans la thymélè le « tombea u fictif » du médecin par des fêtes après sa mort. Mais est-ce bien son
thessalien, devenu un h éros chth onien après son hérôonque les fouilleurs allemands ont id entifié au
ch âtiment fatal par Zeus, et F. Seiler lui a emboité nordde la terrasse de D ém éter, dans un secteur
le pas 47 . Avec ses phia les à œufs sculptées sur les d'habitation? En l'absence de tombe à cet emp la-
cinquante-deux métopes extér ieures, des lys, des cemen~l'interrogation est légitime . Il est ju ste
pavots et des acanthes surgissant en haut-relief assuréque l'état originel de l'édifice aujourd'hui
d ans les ca issons des p lafo nd s, et même un désignécomme « Hérôond e Diodoros Pas paros»
serpent so rtant d'une feuille d'aca nth e, la symbo- doitdater de la prem ière moitié du 1er siècle et
liqu e funéraire raffin ée du d éco r (fig. 396)de ce queson odéon perm etta it des aud ition s musicales
monument en marbre, dressé en un point central (fig.396), tand is qu e des réunions cu ltu e lles se
déroulaientdans la sa.Ile voisine à l'est, devant 397
du hiéron d'Épida.ure, plaide en faveur de cette
interprétation. Quand bien même cette tholos fut unestatue placée dans une abside . Mais il reste à
or ientée vers l'est, comme la majorité des démontrer que la statue est bien ce lle de
temples, e lle ne saurait être un véritable naos DiodorosPaspa.ros...
circu la.ire. Pausanias ne lui a d'ailleurs pas
accordé ce nom , lui qui l'a simplement qualifiée
d '« éd ifice rond» (II 27, 5). 3. Tumulus
Pour ne pas apparaître comme une hypothèse
rapide ou un ab us de lang age, qui ouvrirait la
etmarqueursde tombes
395 Toutes les sépu ltur es grecques et tous les
Fig. 395 Épidaure, tholos.Vue des
épitym~ia
o~ monuments de surface (Émtuµ~ta,
couloirs circulairesen fondation. smg. Em rnµp1ov), quelle que fût leur taille
n'étaient pas nécessairement surmontés d~
Fig. 396. Épidaure, musée. Restes
~arqueursou _d~ signes. Les sèmata (cniµma, sing.
du mur de la cella et de colonnes
des ordres extérieur et intérieur. mwa)qui o~l ete retrouvés , ou qui sont figurés sur
desvases,eta,enl des plus vari és, a lla.nt du petit
tertre- le signe funéraire minimal - à la plate-
fo_rmesur degrés, en passant par la colonne el la
stel~plus ou moins travaillée. Certains signes
funera1res_ a~paraissaient m ême sur de grands
tertresartific,els,ces tumuli (sing. tumulus) qui, de
,. ,,'
toutefaçon, sont déjà eux-mêmes d'imposants 1
marqueurs de tombes. 1 1
I '\- ~• .,..
,(
.,;1
., ,. 1
, ~ ' , 48. C. P.J ONES,Chiron4, 1974,
Socles,naïskoiet colonnes .
. .fl l
,.,
:'/ •.
",/
.,,•) p. 183-205; W. R ADT, DasHeroondes
' ' ' DiodorosPasparos (Alt. PergamonXV,
sinPlusi_eursrégions du monde grec ont ten u à se 398 1), 1986, avec un e nouvelle datation
avgulan_s~r.Sur les pentes d es collines de Cnide par C. MEYER-SCHLICHTMANN,
fstMitt42, 1992, p. 287-297;KWER
al1ent
ete placés à dat e hellé ni stiqu e d es grands 1995, p. 211-212; RADT1999,
moellons irr égu liers, somm ées d'une plaque qui
soces en pierre s appare, ·11 ·
ees, renfermant d es p. 250-251.
h bres fu · ·
carn tena it lieu de table d'offrandes, lors des funérai lles
ét. neraires ou de larges niches. Ils 49. D. BERG ES, He/lenistische
aientcouronnés . t . f et des cérémo ni es de commémoration . Plus au Ru11daltiire Kleinasiens,
. . sui ro is aces par un ha.ut mur sud, à plu sie urs di zaines de km à l'o uest Fribourg / Brisg. 1986, p. 12-26.
quientouraitun t 1 . .
b· . au e cy 1mdnque à guirlandes d'Alexandrie, les n écropol es de Plinthine et de 50, LE DINAHET 1989, p. 21-23.
ienrn1sen vale • ·1· 19 '
funér. , u, au m, ,eu · ; s' il serva it au cu lte Marina El-Alan1ein 51 ont conservé in situ toutes 51. 0. CALLOT, Nécropolis
2001,
a1re,1autel ava·t · • p. 111 ; W. A. DASZEWSKJ, CRAI
décoratifPl . '' aussi un ra ie de «s igne » so rt es de marquew-s qu'il faut aussi imaginer dans 1993, p. 401-418, et ID., La nécro-
Rhé. d. us simplement, dans la n écro pole de la cité qui leur a fourni des mod èles: aux n e et pole de Marina El-Alamein,
nee, es massifs qu d gu1 so Nécropolesetpouvoir, Idéologie,
pratiques
accumulés au-d a ran air es avaient été 1er siècles av. n. ère, c'étaient des autels à cornes,
47. Ro ux 1961, p. 131-200; !o. dans et i11terprétations
, Actesdu colloquede
McCREDIE, Roux 1992, p. 205-211;
plusieursdall es~us de fosses, à partir d'une o u des stè les ou d es sculptures sur des bases carrées Lyon 7995,S. MARC HEGAY el al éd.,
SEILER1986, p. 72-89. es iecouvertes par des ass ises d e à d egrés et, sous l'E mpir e, jusqu 'à des p iliers et Lyon 1998, p. 229-241.
396

286 ARC HITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMBES DE HÉROS, TOM BES DE GRANDS HOMMES 28 7
de 30 coudées (soit 9 m) portant une
1 ne
coon . ~
. - de 7 coudées (2 m), devait etre comparable Fig. 400. Paros,Archilocheion.
sirene _ . , Façaderestituée. D'après
. -ff.::ih:'l}'.r)~ -,_-..; _j_•_ . t enclos funerrure autour d une co lonne
c?- - - . .i.>
- .---
~~ ''-- •fll'. ~.- ..,....,_
a ce 56
monumentale,retrouvé à Ikaria . P lus simple -
A. Ohnesorg, M 1982, p. 288_

Fig. 401.Athènes, Céramique.


'._) _ -• . ~ ,,'..b - men,t le dernier avatru· de ce modèle fut la colon- Tumut,et marqueurs du v11• s. (en
, kioniskos
nette(KtovicrKOt; ) qui, à la période hellé- c.,des canaux pour libations).
~-- nistiq
ue, se dressait seule sur tant de tombes D après Knigge 1988, p. 27.
--, attiques.
"-<,,

Tumuli
et tombes circulaires
Souvententourés à la base d'un cercle de pier -
res plusou moins grosses, qui sert à dessiner une
limite, et non à retenir la terre accumulée 57, les
tumuliconstituent un e catégorie de tombeaux très
anciennementadopt ée dan s l'ensemble des civi li-
~_j - ~-_L-,---'--,---'--~,---'--,---'--- ;.____'c-. --,}, sations méditerranéenn es. Dan s le monde grec ils 1
1

-------
."'.....
1
. nepeuventdésigner qu 'un e sépu ltur e importante, i
~ --,~ _L;__,::-
--1--.::.......:
..L_i- _.1-:-,--=--J_
_ T--:L...71--'--~1_,_-:-T:------T-~-r.-::- .. .. ~ ....__.. ainsiqu'en témoigne la transformation du grand :
. ! ":.--~..... édifice protogéométriqu e de Lelkandi en un .J
1
1

monumentfunéraire, quand il fut recouvert d'une


toumba qui devint le point de départ d 'une nécro -
pole(supra, p. 48).
400

Fig. 399. Rhamnonte, péribole


funéraire de Hiéroclès. Façade
-
restituée. Fin du 1v"s. D'après nettes, des vases en pierre et toutes sortes de
Pétrakos 1999, p. 389.
des colonn es à ter minaison sculptée, ainsi que de
véritables pavi llons pour des banquets. Il faut sculptures, un e table à offrandes, des stèles figu·
ajouter à ce lot, parmi les rares trouvailles de rées ou - plus rar ement, et surtout dans le dernier
surface récupérées à Alexandrie même , des naïs- quart du iv e siècle - un naïskos.
koi52. Les co lonn es doriques ou ioniques, normale-
Conçu po ur enca drer les statues des défunts, ment surmontées d'une statue ou d'un objet en
le naïskosest un véritab le édicule, tantôt miniatu - pie1Te (une jeune fùle , un animal, un vase, un
401
risé, tantôt de gra nd es dimensions, de façon à trépied ...), n'étaient pa s non plus des marqueurs
suggére r la richesse par le nombre et le style des banals; elles contribuaient aussi à l'héroïsation Le tumulusétait déjà bien connu en Gr èce dan s la foulée des lois de Solon, qui proscrivaie nt
pièces assembl ées, en principe un fronton plus ou priv ée, en élevant un défunt au-dessus des autres. proprepeu avant l'Helladique Moyen, et surt o ut l'exp ression excessive du deu il, ou même dan s le
moin s profond , souten u par une paroi postérieure Au v1° siècle, dans le monde égéen ainsi qu'en dansle monde mycénien, au -dessus de tombes à ca dr e de la réorganisation civique de Clisthène,
et deux colon nettes prosty les, ou encore deux Grande -Grèce, les élites ont donc parfois opté coupoleparfois célèbres, à commence r par le que ce genre de constr uctio n a fin alement été mal
avancées à demi-co lonnes. Très diversifié à pour une colonne, symbo le des victoires rempor- •lrésord'Atrée» à Mycènes. À l'âge archaïque, la vue? La mode du tumulus a néanmo ins resurgi
54
Tarente (fig. 398) où, en concurrence avec de s tées au sta de ou lors de concours , comme Irad 1honde ce genre de tombe à tholospr écé dée avec le tombeau collectif de Maratho n, comm an-
stèles, des vases en pierre et même des petites monument funérair e. Une épigramme gravée sur d'undromosne s'est maintenue qu'en Thessalie (à dit é par un gouvernement démocrati que qui avait
tholoi, il surmo nte la majorité des tombes impor - le fût ou sur le chapiteau, au moment de son érec· Pharsale, à Krannon) el dans le nord de la Grèce rep1is à son compte le vieux sym bole élitiste59 .
tantes à partir du dernier quart du rv• siècle, le tian ou plus tard, représentait pour le ~ort un peut-être en liaison avec les pratiques funéraire~ Après 338, au lendemain de la bata ille de
52. A. ADRIAN!,Repertoriod'arte naïskos est bien représenté sur les vases italiotes, honn eur supplémentaire . Si le chapiteau 10mque lhram(infra,p. 295). En Attique, vers 700, des Chéronée, d'importants nive llements dan s le
dell'EgiUo greco
-romano,série C, qui se sub stituent à lui sur les tombes dès la fin du de la colonne plantée à Paros sur la tombe tumuli traversés par un canal pour les lib atio ns cimetière du Céramique entraînè rent la dispari-
vol. 1-11, Palerme 1966, p. 1i2, ontrecouvertles tombes à fosse (fig. 401), un e
117-120. premier quart du rve siècle 53. Il n'empêc he que le héroïque (un cénotaphe?) du poète Archi_loque tion de la plupart des vieux tertres ou monu- 56. SCHOLL1994, surtout
type doit être originaire de Grèce m étropo litaine, remonte sans conteste au VIe siècle, l'inscnptiOn '.ec
hmquecaractéristique de la do min atio n des m ents. À leur place fure nt montés des tumuli que p. 239-254.
53. STEINGI\ÂIIER2000, p. 98 et
suiv. ; A. PONTI\ANDOLFO et al, où il pou vait se voir sur le mur prin cipal des p lus qui identifie la sépulture fut gravée au iv• ou au ehtes ariStocratiques qui, en reproduisant les signalait une cour te colonn ette, sorte de rapp el 57. W. KOENIGS,R1mdbauten 1980,
Semata e naiskoi nella ceramica belles tomb es familiales attiqu es, celles dites à 111• siècle, quan d la co lonn e fut incluse dans une ntuel .s fune·ra1·1·es 11ero
- ..1ques rapport és par
nosta lgique des coutumes archaiqu es.
p. 38-39.
italiota, ArchStorAnt 10, 1988,
p. 181-202. «péribol e» (fig. 451-452). Caractér isées par leur sorte de petit temp le doriq ue prosty le
55
(fi~-
_
400). ~omern(lliade ~III, V. 245 et suiv. ), pr éfè rent Le phénomène se retrouve ailleurs, à des
58. W. KOENIGS,Rundbauten1980,
p. 46-49.
54. E. P. McGOWAN,Tomb Marker mur d'enceinte sur tro is côtés, la partie ouverte Le concept de la chape lle ou du pér ibole he~ un~ d sonnais la cremat1on à l'inhumation. Par goût degrés divers. D'u ne maniè re générale, les tumuli 59.J. WHITLEY, The Monuments
_ . .. . •t · u 11• s1eclea
and Tumi ng Post, Funerary Columns étant occupée par des sépultu res, ces tombes co lon ne funerarre sera remteipre e a . / laconcurrenceelles ont fait sans cesse agran- semblent moins fréquents en Italie du Sud 60 thal Stood Before Marathon, Tomb
in the Archaic Period, AJA 99, 1995,
monum entales étaient en généra l dominées par Messène, dans l'Hérôon 11 (supra, P· 28l),_apres ir c:s tumuli(qui mesur ent entr e 6 et 10 m de qu'en Grèce. En revru1che ils ont toujours été Cult and Hero Cult in Archaic
p. 615-632. 'exception en diametre) 1 Altica, AJA 98, 1994, p. 213-230;
55. A. ÜRLANDOS,Praktika1960, un e haute stèle à roset tes dans l'es pace ce ntra l. avoir distingué que lques tom b es d ' auxque s ont succédé vers 600 des prisés au bord de la mer Noire où, dans la gran de U. KN1GGE,Rundbauten 1980,
Attique au IVe siècle. Ce lle de l'orateur Isoc~ate, structure
,.
s re t 1. -
c angu aires a murs de briqu es
AA 1982,
p. 255; A. ÜHNESORG, Elles exp osaient divers signes sur leur mur de nécropole d'O lbia Ponti qu e, fond ée dès le p. 57-76.
p. 270-290. · d'Athènes dune pariaiscou · d' '
façade (fig. 399), comm e des cipp es, des colon- mort en 338 et h ono ré à la sortie ronnes une fiise do1iqu e 58 . Est-ce deuxième quart du v1°siècle, des tumuli app arais- 60. STEINGRÀBER 2000, p. 97.

288 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMB ES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 289


Fig. 402. Bélévi, tumulus. Plan de les plus courants avec les tombes rup estres, d'Éphèse, non loin du n;::uso lée de Bélévi, un
l'intérieur. v1• s. D'après S. Kasper, pui squ e le Gran d tumulus de Gor dion en Phrygie tumulustrès remarquabl e {fig. 402), atteignant
AA 1975, p. 226. est assigné par dendrochronologie aux années au rayon 32,7 m - soit 100 pieds de 32,7 cm -,
74062. Autant sinon plus que les Phrygiens, les possédait un couloir _de 25 m _taillé dan s le
Lydiens eurent à cœ ur de donner l'exe mp le aux
Grecs en élevant d'énormes masses dan s des
marbre, qui se termm ait en esca lier deva nt un e
pièce carrée, pr écédant une chambre funéra ire
T
champs tumulaires . Au nor d de Sardes, le plus petite et presqu e inaccessible à cause de la
tombeau du roi Alyatte (610-560), père de Crésus, médiocre ouverture qui tenait lieu de porte. Si ce
avait derr ière sa crépis« une circonférence de six
stades et deux plèthres, pour un diam ètre de
tumulusa été interprété depuis le XIX e siècle
comme un hérôoncénotap h e, c'est parce que des
1
treize plèthr es», selon la descript ion d'Hérodote libations y étaient apportées depuis le som m et,
(I, 93), soit respectivement l.ll5 et 355 m, avec rites d'un culte funéraire dont témo ignent aussi 4 .7 J

un e hauteur de 61,50 m mesurée de nos jours63_ des restes d'offrand es d'animaux et de céramique
2 m KOI!
Blottie au plus profond du remblai, la chambre (datés entre le milieu du Vl 0 siècle et la fin du rv•)
édifiée dan s la première moitié du v1° siècle, en retrouvés au bout du dromos.
gros blocs de calcaire et de marbre ap pareillés, L'Asie Mineure a égaleme n t développé très 404
0 3 6 9m éta it précédée d'un étro it vestib ule. tôt le degré ultime du tumulus, c'est-à-d ire sa pétri- Fig. 404. Corfou, tombeau de
...-...+-----<
Les tombes à chambr e sous tumulus,normal e- fication complète. Outre les tumuli dont la base Ménécratès. Vers 600. Dess in
ment en position excentrée pour ne pas avoir à était ceinte d'un cercle de pierres et ceux qui à la grande tombe circulaire E 161, sur plate - W. Koenigs dans Rundbauten 1980,
p. 43.
supporter un poids trop lourd de terre, étaient possédaient un véritab le socle à plusieurs assises forme, la seule tombe ronde de la nécropo le nord
tout aussi courantes en Bithynie et en (comme à Bélévi), d'autres ava ient des mur s de Cyrène {dite N 1, fig. 403) repr ésente la Fig. 405. Athènes, Céramique.
Paphlagonie, depuis le vi e siècle jusqu'à l'épo que entièrement en pie1Tes appare illées supportant seconde phase d'une tombe familiale initialem ent Élév at ion restituée du « Mo nument
imp ériale64. La plupart de ces tumuli micrasia- un toit, qui portait en généra l lui auss i un rectangu laire , qui fut ento urée vers la fin du rond"· Vers 550 -540.
Dessin W. Koenigs dans
tiques cachent des dispositifs constru its en pierre, «marqueur » du genre stèle ou statue. Le tumulus rv• siècle d'un mur et d'un toit circulaires, riche- Rundbauten 1980 , annexe 1.
plus souvent que des cham br es excavées. Ceux pétrifié, souvent appe lé « monument rond» dans ment ornés 69 . Il pourrait s'agir, en réalité, d'une
sent à la fin du v ie siècle et comportent fréquem- de !'Ancien ne Smyrne ont pour particularité de la littérature archéo logique, était bien déve lopp é forme monumentale des plus antiques tombes de
ment un e seme lle ou un cercle de pierres, au- recouvrir des sarcophages ou des cistes; de même en Carie dès l'âge archaique, avec un toit pyra- Cyrène, puisqu e ici les tumuli à couronne d'o r-
dessus de toutes sortes de tomb eaux, surtout à que ceux de la région de Larissa ils sont sommés midant au-dessus d'une chambre voûtée en porte- thostat es, disséminés dans la chôraà une distance
l'époqu e hellénistique61• Plus au sud, en Asie par un poteau, une sorte de champign on phal- à-faux6i, un type traditionne l de con struc tion qui de 1,5 ou 2 km de la cité 70, ont pr écédé les bien
Mineure occidentale, les tumuli ont constitué lique ou un e stèle, plutôt que par des grands vases persistera aux périodes classique et hellénistiq ue plu s fameu ses tombes rup estres (infra,p. 302).
depui s un e date reculée les monuments funérair es comm e en Attiqu e65. Isolé sur un e colline à 12 km jusque dans les régions avo isinantes . C'est ainsi En Grèce métropo litaine , les plus connues de
qu'au nord du port de Lindos à Haghios ces tombes circulaire s construites entièrement au-
Milianos, fut montée dans la première moitié du dessus du sol sont aussi les plus anciennes. Après
111•siècle (?) une tombe isolée, dite de Cléobu le, le cénotaphe de Ménécratès à Corfou {diam . ca
faitesimplement de trois assises pseudo-isodomes 4,70 m), dat é vers 600 par son inscription
(H. 1,60 m) autour d'une chamb re intérie ure à (fig. 404), un Rundbau plus décoré fut édifié vers
klinè,sous la voûte en porte -à-faux 68. Par rapport 550-540 au Céramique d'Athènes (fig. 405), suivi

--
61. Voir Tombes tumulairesde /'Agedu 66. S. K ~SPER,AA 1975, p. 223-232;
Fer dans le Sud-Est de l'Europe, Actes Ôjh 15, 1976-77, BeibL p. 127- 180.
du Il ' colloque internationald'archéolo- 67. A.-M . CARSTENS,Sepulc hral
giefan éraire, Tulcea , 1995 (2000 ), et Architecture on th e Halik ama ssos
les résum és d e P. Dupont dans Penin sula, ClassicalArchaeology1999,
Bullarcl,i RA 2000, n° 273-275 . p. 109-111.
62. St. W. MANN! 'G, B. KROMERet 68. DYGGVE1960, p. 487-489, et
al, Science294 [2 1.12.200 1], p. 2532- L~urER 1986, p. 214 et pl. 27b.
2535 .
69. A. SANTUCCI, Tahun a-Windmill
63. Ch. R ATTÉ, Lydian Contribu- Tomb , Tomb a dei du e Conjugi,
tions to Archaic East Gr eek Tom ba 1 : la grande Tomba
Architecture, Grandsateliers 1993, Circolare della Necro poli Nord di
surtout p. 1-3; en général voir Cire ne , QgadALibya18, 2003,
f EDAK 1990, p. 56-63 .
p. 183-204.
64. W. HOEPFNER, AM86 , 197 1, 70. J. D ENT,Burial Pra ctices in
p. 125- 139 (à Bese lver, un e tombe du Cyrenaica, Cyrenaicain Antiquity,
111• s., à chambre voûtée en berceau ).
Cambridge7983, G. BARKER,
65. H. PHILIPP, Archaische Graber j. LLOYD ,j. REYNOLDSéd. , Oxford
in O stionien, lstMitt 3 1, 198 1, 1985, p. 327-336; STUCCHI 1987,
p. 149-166. p. 3 16-3 17 (avec d'autres exemples ).
Fig. 403. Cyrène , nécropole nord. Tombe c ircula ire 1, contenant une to m be re c ta ngu laire , p lus an cienne .
405

ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMB ES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMM ES


297
rototype de toutes les tombes taillées dans le
atte ndr e l'analyse du phénomèn e de la voûte Fig. 407 Lefkadia, Grande tombe
;.ocher et où l'on pén ètre par la façade, à Pétra
clavée en Grèce et la constitution d'un véritab le dite du Jugement. Coupe sur la
aussi bien qu'à Cyrène. Là auss i, les aménage-
corpus de ces tombes, surtout après les éblouissan- chambre funéraire, montrant le mur
ments intérieurs sont variés. arrière du vestibule. D'après
tes découvertes, par Manoli s Andronikos, des
Ph. Petsas, 0 taphos tôn
tombes de la famille roya le macédonienne à Lefkadiôn, 1966, p. 25.
74
Les tombes «macédo niennes> • Vergi~a , pou~ que l'existence d'un type spéci-
Fig. 408. Vergina, « tombe
fique a la Macedome soit vraiment admis et que
En Macédoine , un ce rtain nombre de Rhomaios ». Restitution axonomé-
des tentatives de clair e définition d'un trique. Dessin A. M. Kountaras AM
tombeaux, à la fois dissimulés et rendus visibles «sta nd ard » soient publi ées. 2003, p. 357 .
par le sèma que constitue un terh-e artificie l,
comprennent une chambre funéraire (8aÀ.aµoç,
thalamos ) de plan plus souvent carré - ca 3 m de
côté - que rectangulair e {fig. 406), et dont les
murs en pierre s d'assise {habitu ellement en
calcaire) sont sommés d'une voûte en berceau
clavé, un système radiant qui permet de neutrali-
ser les poussées de la terre accumu lée (fig. 407).
Ce genre de tombeau a été mis au jour et identi-
fié comme étant prob ab lement « ma cédo nien »
dès le dernier quart du XIX e siècle, par les
FrançaisL. Heuzey et H. Daumet, mais il a fallu

Fig. 406. Lefkad ia, Grande tombe 407


dite du Jugement. Les murs peints
de la chambre funéraire. Dernier
quart du 111"
s. D'après Ginouvès
de quelques autres dont, vers la fin du rv 0 siècle, 4. Les grands monuments
1993, p. 137 le «monument funéraire de la 3e born e» 71. C'es t
le seul qui, avec un tombeau très sem blable à funérairessouterrains
Mégare, semble combiner le mod èle du tumulus
pétrifié et celui de l'enclo s funéraire attique à trois l.Jexamen des vestiges, en para llèle à la lecture
murs . Même s'il est toujour s resté peu banal , ce des nombr euses publications spécia lisées, montre
plan circulaire s'est perpétué dans tout le monde qu e le terme génér iqu e d'hypog ée, ou tombe
hellénistique et même romain, sous un e forme « située sous le sol», reco uvr e des réalités très
basse qui évoque vaguement un tambourin. différentes 73 . Conshëlites en pierres appare illées,
71. W. KOENIGS, Rundbauten1980, Quant aux tumuli macédoni ens, dépourvus à les tombes « mac édoni enn es» étaient cachées
p . 11-54 (avec un e large bibliogra - la base de tout mur circulaire en pierre, ils
phi e sur les tumulz), et A. MALLWITZ, sous un tumulus - un amoncellement de toute
ibid., p. 99- 125; P. V ALAVAN IS, «Das pouvaient recouvrir aussi bien plu sieurs tombes à façon traditionne l dans la région - et leur porte
stolze rund e Denkmal », ciste qu'une tombe à chambre ou un e tombe avait été clos e fermement, toute visite étant
Bem er kung en zum Gra bmal am drit-
ten H a ros, AM 114, 1999, p . 185-205.
voûtée du type « mac édoni en ». Sans dout e exclue sauf pour un e nouvelle inhumation. Au 408
Mais la restituti on de ce tomb ea u commandée par un diadoqu e du me siècle, la contra ire, les hypogées de Cy rénaïque ou
(reproduite dans H ELLMANN2002, grande toumbade Vergina, haut e de 12 m pour un d'Alexandrie éta ient des excavatio ns dans le
fig. 400) reste in certai ne.
diamètre supérieur à 100 m (alors que le diam ètre rocher visib les de l'extér ieur et accessibles d'en
72. S. MILLER, H ellenistic Buri al
Tumuli in Macedonia, dans First moyen des tumuli mac édoni ens avo isine les hau t, ~our des visites comme pour de nou velle~
InternationalSymposiumSeuthopolis, 40 m), dissimulait un cénotaphe attribué par dépos itions. Mais lorsque l'hypogée est creuse
« Burial Tumuli in the South East of
certa ins à Alexandr e, les tumuli primitiv ement dans un e falaise, souve nt avec un e façade
Europe», K{l<fln/ak7993, Veliko 74. M. ANDI\ONIKOS, Vergiua,the
Tarnovo 1994, vo l. !, p. 77-80. accumul és au-dessus de la tomb e à ciste de soigneuse ment sculpt ée, il vaut mieux parler de Royal Tombsaud the A11cieutCity,
73. Pour le classeme nt des hypogées, Perséphone ainsi que les tombes macédoni enn es tombe rupestre, un e catégo rie très ancienne et Athènes 1984. Pour le rapport fonda -
vo ir entre autr es SAI\TRE-FAUI\IAT de Philippe II et du Prin ce 72. mental entre les tombes « macédo-
200 1, p. 52 et suiv.
largement repr ésent ée en Asie Mineure - ce qui niennes» et la voûte en berceau
ne ju stifie pas de cherc her dans cette zone le clavé, vo ir H ELLMANN2002,
p. 270-27 1.

292
ARCHITECTURE FUNÉRAIRE
8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 293
la b elle port e ouvragée en p ierre, plus rarement
Fig. 409 Lefkadia, tombe B, de
Lyson et Kalliklès. Plan de la cham- en bois stuqué, l'ensemb le veut probablement
bre et dessin de la porte d'entrée. rappeler l'entr ée des templ es et, partant , la façade
Fin du 111•s. - milieu du 11•s. à propylonde certains palais macédoniens.
D'après K. Rhomiopoulou, Lefkadia,
das antike Mieza, 1999, p. 39. La plupart de ces tomb es éta ient individuelles,
mai s elles ont pu deve nir familiales à partir du
m e siècle finissant, com m e le montr e la mise en
place, sur le sol stuq ué et parfois peint de l'unique
chambr e fun éra ire, d 'un ou de plusieurs lits en
b o is pr éc ieux , ou en pi erres maço nn éesi6_
Lorsqu'elles n' éta ient pas justifiées par la déposi-
tion du défunt, enve loppé dans un linceul, certai-
nes klinai étaie nt en réal ité des sarcop hages, dont
la face prin cipal e avait été sculp tée à l'imitation
d'un lit, et ces lits-sarcophages pouvaient voisiner,
dans qu elqu es rares cas, avec des trônes et des
coffres, destin és à accuei llir les restes incinérés.
Peut-être, en fait, ces meubles pr écieux pou-
va ient-ils aussi évoq uer les salles de banqu ets, où
410
éta ient conv iés de leur viva nt les membres de
l'é lite? À partir du milieu du 111• siècle, ont quel- Fig. 410. Sveshtari, tombeau des
quefoi s été substituées aux lits funéraires des caryatides. Développement du
niche s mural es pour recevoir des urn es, ainsi ments (ils proviennent de chapiteaux doriques, de décor de la chambre funéraire.
Milieu ou deuxième quart du 111•s.
dans la tomb e de Lyson et Kalliklès (c'est la corniches à mutules et d'une base de co lonn e)79.
D'après M. Cicikova, A. Fol,
tombe B de Lefkadia, en usage de la fin du m• Toutefois, si la voûte clavée fut probablement T. lvanov, The ThracianTomb near
siècle au m ilieu du II •), où trois murs étaient divi- conçue comme une réponse dynamique et the village of Sveshtari, 1986.
sés par deux rang ées de vingt-deux niches au pratique au besoin de poss éder des sépu ltur es
Fig. 411. Kanzalak, tombe
75, Pour les tombe s « macédonien- total, ferm ées par des plaqu es en terre cuite toujoursplus grandes et de facture très soign ée, il Chouchmanetz. Plan. v• s. (?)
nes », vo ir en général B. GOSSEL, (fig. 409 ). La décoration pouvait êb·e très recher- n'est peut-être pas nécessaire d'y voir une Dessin H. Krondeva et S. Goshev,
Makedonisc
he Kammergriiber,Berlin Ta/anta1998-1999, p. 51.
chée, sur la façade sculpt ée et stuqu ée, et surtout volonté, qui sera it de toute façon secondaire, de
1980, MILLER1993, p. 1-12, 101-103
(à partir de la Tombe B de Lefkadia ) à l'int érieur ï7, où les mur s et les plafonds étaient représenter ainsi la voûte céleste étoi lée 80 .
et la thèse de C. H UGUENOT,La peints en sty le d'appareil , en treco up é de frises ou Il n'est pas non plus certain que l'espr it du
tombeaux Éroteset la tombe
d'Amaryntlws... (Université de de panneaux figurés, de couronnes, etc. Toute type funéraire dit « macédonien » ait rée llement
Lausan ne, 2005, à paraitr e dan s la cette apparence bien ouvragée est formée peu germé en Macédoine. Un peu plus au nord, en
série Eretria). après le milieu du 1v • siècle, en fait vers 340, date Thrace, de très nombreux tombeaux reflètent le
76. L .\ZARIDIS 1997, p. 68-72: dan s de la plu s ancienne des tombes « macédonien- pouvoir des princes locaux. Ils ont été consb-uit s
les tomb es 1 et 2, d' Amphipo lis,
deux lits en blocs de pôrosstuqu és et nes» retrouvées non piJlées, celle d'Eurydice, sous tumulus dès le v 0 siècle semb le-t-il, mais
peints forment un angle. m ère de Philipp e II , à Vergina. surtout au 1v • et au 111° siècle - leu rs datations
77. En plu s de MILLER1993, voir Ma lgré leur d énomination, les tombeaux demandent néanmo ins à être justifiées, tous ces
maintenant deux sup erb es tombes 79. G. KARAMITROU-M ENTES
IDI,
peintes près de Th essalon ique
« mac édoniens » ne sont pas vraim ent courants en monuments ayant été retrouvés pillés 81. Précédés
AEMTh 2, 1988, p. 19-25; EAD.,
(M. TSIBIDOU-AVLON ITI, The Même si un ensemb le de traits communs se Macé doine, puisque leur construction sophisti- d'une fosse sacrificielle pour des céré moni es Aiani, Archaeological
Guide,Athènes
MacedonianTombsat Plwinikas and dégage , il n'en reste pas moins que, dan s le détai l, qu ée ex igeait des mo ye ns financ iers imp ortants et cultuelles, qui suggèrent l'id ée d'une héro ïsation, 1996, p. 29.
AyiosAthanasios in the Area of
Thessaloniki,Athènes 2005 [en grec, chaque tombeau dit «mac édoni en» est uniqu e 75. les soins d'un bon arc hit ecte, un géo mètre capa- ils sont de plusieurs sortes: ceux à co rridor 80. Cf le concept platonici en du ciel
voûté (Phèdre 247 b-c).
rés. anglais et italien]), et la tomb e Le dromosou couloir d'acc ès peut être en pente ou ble de ca lcu ler les proportions et les divisions de donnant sur une ant ichamb re suivie d'une cham -
dite « aux palmettes», près de 81.j. BOUZEK,1. ÜNDREJOVA,
en escalier, taillé dans le sol rocheu x ou à p aro is la façade en rapport avec la largeur de la cham- bre de plan tantôt quadrangulair e, tantôt circu- Thracian Ortl er, Studia Hercynia8,
Lefkadia (K. RHOMIOPOULOU,
H. BRECOULAKJ dan s Co/orin Ancient assemblées en pierres. Il arrive toutefois qu'il soit bre, ains i qu'avec les cercles de l'intrados et de laire, à coupole en pierres ou (moins souvent) en Pragu e 2004, p. 121-152, avec la bib.
Greece,The Rote of Co/orin Ancient absent (à moins qu'il n'ait pas été remarqu é par l'ex trados de la voûte, le plus souvent en repre- briques cuites, enfin ceux qui rappellent plutôt le déta illée, dont M. ROUSSEVA,
Greek Art and Architecture(700-37 ThracianCult Architecture,Jambol
B. C.), Proceedings of the Conference
held
les fouilleurs? ), m êm e s'il est norm alem ent nant le pied attiq ue de 29,6 cm 78. Il est vrai qu'a- type dit «macé doni en». Si les façades de ces 2000.
in Thessaloniki,2000 [2002], attend u . Ce n'est pas le cas de l'antichambr e ou vant l'adopt ion de cette voûte à clé, des essais tombeauxsont en généra l simpl es, sans décor, les 82. M. CHICHIKOVA,Le système
M. A. Tl VEIUOS, D. S. TSIAPHAKJ 411
prothalamos(rrpo0aÂaµoç) qui, lor squ 'elle existe, avaient déjà été effectu és en Macédoine pour chambressont pour la plupart peintes selon les décoratif dan s la peinture mural e en
éd., p. 107-116). Pour les décor s de Thrac e, AncientMacedoniaVI, Papers
plafond à l'imit ation d'un dais-balda - est dans le même axe et couverte par la même rendr e plu s monumentales les tombes à ciste. Par règlesdu MasonryStyle, qui atteint le sommet de readat the sixth Inten,. SymposiumHeld
quin, en Macé doin e puis à voûte que la chambr e (fig. 408) - lorsqu'on n' a exe mpl e, la pr écieuse tombe A d'Aianè (ca 4 -~ son évolution au début du 111• siècle dans la supp orter un entablement dorique 82. Les hypo- in Thessaloniki 7996 ( 1999), vol. 1,
Alexandrie , vo ir plusie urs articles pa s choisi un plafond horizontal. Au bout, ce p. 333-344; EAD., s.v. Svestar i,
d'A.-M. GUIMIER-SORBETS , dont:
4 m), datée par la céram iqu e de la seconde moitie grande tombe à coup o le de Kazan!~ , tand is gées les plu s anci ens et les plus remarquables ont
Enciclopediadel/'ArteAntica, Seconda
Les décors de plafond dan s les vestibule est parfois perc é d'une entr ée simpl e, du v0 ou du début du 1v• siècle au plus tard, et qu'au milieu ou au deux ièm e quart du rn • siècle été réperto riés dans le bassin de Kazanlak , riche Snppl. 7971-7994, V, Rom e 1997,
lomb es hellénistiques d'Alexan dri e, mais en généra l la tombe bénéficie d'une façade certa inem ent dévo lue à un m embr e d'un e famille le_tombeau de Sveshtari est certaine ment le plus de plu s de mille tumuli83 . Celui d'Ostrusha p. 505-507.
Nécropolis2003, p. 589-629.
monumentale, à demi-colonne s plus fréquem- princi ère, était couv erte d'un toit plat fait de original (fig. 410), grâce à un d éco r arc hit ec tural rassemble plu sieur s chambres, dont une circu- 83. G. KlTOV, Tomb es monum enta-
78. 1. DIMAKOPOULOS, les thraces , Archéologia
338, Dijon ,
Makedonisc he Kam mergrab er,
ment doriques que ioniques, accompagné es d'un longu es dall es soutenues par des poutr es et une aussi bien sculpté que peint, dominé par dix laire, en combinant d'une mani ère unique des oct. 1997, p. 28-35; G. K!TOV,
Geometrie und Bemessung , AM 118, entabl ement et souvent d'un fronton, dont le colonne non cannelée, le tout parai ssant sur- caryatidesinspirées du motif traditionnel de la élém ents thra ces, grecs (dans les caissons de D. DIMITROVA,Ta/anta30-31, 1998-
2003, p. 350-382. somm et dépasse le niveau de la voûte. Autour de mont é d'un édicul e dont on a reh·ouvé des frag- 1999, p. 31-54.
femme-rinceau, qui donnent l'impr ess ion d e plafond p eint s) et m ême achéménides (avec un

294 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE


8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 295
Fig. 412. Vergina, tombe" Bella 1». celui des modèles sous tumulus, puisqu'elles de type axial, où l'escalier d'accès, la cour et la
Façade dorique. D'après AM 2003, contiennent, après un court dromos,une , deux ou chambre funérair e sont autant que possib le sur le 7
p. 369. trois chambr es voûtées (fig. 413), où des lits funé- même axe. Dan s le groupe « à péristyle», certa i- 1
1
7
1
raires sont taillés et des niches pratiquées dans les nes salles accessibles par la cour - qui pouvait
paroi s, pour être ferm ées avec des dalles87_ Au être cernée aussi bien par des colonnes libr es que
contraire, en Grèce du Nor d-Ouest , la façade par des demi-colonnes plaquées, ou par des
architecturale illu sionni ste est habituellement
absente.
II y a tout lieu de penser que le tombeau du
piliers - ont des mur s percés de loculi tout en
servant au culte funér aire, tand is qu'une chambre
abritant une klinè funèbre en pierre possède une
0
grand Alexandre était lui aussi du genre macédo- façade nettem ent plu s monumentale, à trois
nien. Le j eun e conquérant étai t mort au loin en portes ouvrant sur un vestib ule. Les tombes 1 et 4
323, mai s sa dépouill e fut d'a bord rapatriée à de la nécropole de Moustafa Kamel (ancienne-
Memphis pour y être enseve lie « selon l'usage ment Moustafa Pacha) conslituent des exem ples
macé doni en » (d'a pr ès Pausanias I 6, 3), avant frappants de ce groupe, la tombe 1 (fig. 414 et
d' être finalement dép osée par les soins de 457)étant centrée sur un e cou r pseudo-péristyle à
Ptol émée 1er dan s la ville d'Alexandrie. Un péri- demi-colonnes doriqu es, où trois baies surve illées
énorme sarcophage, fait de deux pierres seule- bole dit Sôma ou Sèma y renfermait les tombes par des sphinx en calca ire juchés sur de hauts ---, - ~::
ment et posé sur un socle de trois degrés )84 . Alors royales, que Ptolémée IV rasse mbla un siècle plus socles conduisent à des salles aux murs déco up és
que Slavchova Mogila est une tombe à anticham- tard en un seul mnèma ou « monument de en alvéoles90. La cour des hypogées du groupe \.
\ \ ..
\ '-!' - .:::=---::..:J
- 1
bre et chambre voûtées , rapportée à la pr emière mémoir e», dan s le secte ur de s palais (selon «à oikos»connait égale ment un e façade privilé- /

moitié du rve siècle, le tombeau du tumulus Strabon , XVII 1, 8). Pour A. Acuiani 88 le mnèma giée, ouvrant par l'int erm édiaire d'un vest ibul e
'- :-,-- ___ /
/
/

Chouchmanetz (fig. 411), qui remont erait à la d'Alexan dr e ne serait en fait qu'un e restructura- sur une salle à fonction cultuelle, d'après des \ ,
première moitié du v• siècle (?), possède mêm e tion du sèma initial , qui pourrait correspondre à la banquettes latéra les autou r d'un autel, puis sur
une colonne ionique à l'entrée de son anticham- plus ancienne tombe monumentale d'Alexandrie, une chambre prin cipal e ou sur un e alcôve suré le-
.zr ·-
) <... )-7,
I
bre voûtée en berceau , et un e autre de style assemblée en gros blocs d'al bâtre. Seule l'anti- vée,dans laquelle le lit de pierre, plein ou cre usé I
"•j- ✓ _ 1
dorique archaïque au milieu de la chambre circu- chambr e de ce tomb eau uniqu e en son genre sur en sarcophage, et ses coussins eux- mêmes en / ~:!-:.~~
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laire, d'un diam ètre et d'une haut eur de 4 m sous le site a été retrouvée, dans les cimetières latins pierre étaient aussi fineme nt peints que le plafond / / '\ 1
(° / . \ I
une coupole en porte-à-faux. Ce genre de juste à l'est de la ville hellénistique, un e position et la fiise en haut des murs 91, qui vou laient imit er / \ I
Cl) 1
84. J. VALE VA, The Painted Goffers of coupole était depuis toujours une caractéristique choisie à dessein, à proximité des murailles et du un appareil de pierre (tombe 2 de Moustafa < I
the OstrushaTomb, Sofia 2005. I
des voûtes thraces , et au moins jusqu 'au me siècle, principal axe routier est-ouest. Enterré à l'origine
85. Haus und Stadt 1994, p. 141-144
même lorsqu 'elles sont en segment de cer cle, sous un tumulus (avec d'autres tombes ?), ce
Kamel, fig. 415; tombe de Mafrousa ).
Cette division des hypogées alexandri ns en
~----------1______
_____________________
J 1

(Kas sop é) ; F'EDAK1990 , p. 110-I 12, 1 - :


fig. 146-147 (Basse-Selce ) ; Éretria elles étaient de préfér ence mont ées en tas de mnèma devait être divi sé en deux espaces inté- deux catégories reste utilisée par les spéc ialistes, _J _j
m <
2004, p. 291-295: cinq tombes, dont charge , sans blocs radiant s ni véritable «clé». rieurs, derrière une porte à encadr ement dorique
une , très riche , peuplée de figurin es
en terre cuite d'É rot es vo lan ts.
En plus de ce recours systématique à un e dont les moulur es suggère nt un e date dans le
Fig. 413. Béroia, tombes jumelles
86. F'EDAK1990, p . 95 (tomb e
vraie voûte clavée, la tombe plu s propr ement courant du 111c siècle. S'il n'était pas destiné à de type macédonien. Plan. D'après
d' Alkestas , à Terrnessos ). Une carte « mac édo nienn e» se distingue alors par un e Alexandre le Grand lui-même, héros épon yme de Brocas-Deflassieux 1999, p. 53.
de diffu sion des tombes • macédo - façade architecturale à ordres engagés, de dim en- la cité, il ap parte nait sans doute à un important
niennes » a été publiée d ans
STEINGRABER2000 . sions supérieures à celles de la chambre elle- dignitair e ptol émaiqu e.
87. MILLER 1993, p. !02; même (fig. 412), et embellie par un décor éclec-
M. LILIMBAKI-AKAM ATI, Rock-Gut tique qui devait à tout prix avoir un fort impa ct Les hypogées à accès depuis le sol
ChamberTombsof Pella [en grec] , visuel, même s'il était finalement soustrait à la
Athènes 1994; BROCAS-DEFLASSIEUX
1999, p. 52-53 : à Véria, deux vue. Entr e la seconde moitié du rv• siècle et le La cité d'Alexandr ie éta it avant tout célèbre
tombes de « typ e mac édonien », milieu du ue siècle, soit la période de la conquête pour ses multipl es hyp ogées, tout à fait polymor-
rendues jum elles par un mur
mitoyen.
macédonienne, arrêtée par les Romain s à Pydna , phes. Les plu s soignés ont été creusés dans le roc
88. A. ADRIAN! (a cura di
le type se répand dans les zones placées sous l'in- aux m 0 et Il e siècles en prolongeant, sous les appa-
N. Bonacasa e P. Minà ), La tombadi fluence politiqu e de la Macédoine, dont l'é lite renc es d 'un déco r architectura l hellénisé, des
Alessandro,Realtà, ipotesiefantasie, tenait manifestement à cette forme aristocratique structure s égyptiennes traditionnelles, comme
Rom e 2000. Voir aussi
A. M. CHUGG, Alexandrele Grand, de sépulture: en Épire et en Illyrie, à Égine, en celles relev ées dans la nécropole de Thèbes 89. Ils
le tombeauperdu, Londre s 2004 -2005, Eubée 85, aux bord s de la mer Noire (à Callati s et sont organ isés autour d'un e cour qui, contraire- 90. A. ADRIAN!,La nécropole de
et Th. MAVROJANNIS, La tradizione dans le Bosphore ), en Asie Min eure 86 et en Itali e
littera ria sui sêma,la topografia e i
ment à l'adaptation visible en Cyrénaique, est ici MoustafaPacha,Annuairedu Musée
du Sud (infra,p . 306). À ce jour , on en a invento - à ciel ouvert, ce qui nécess itait un mur de couron- gréco-romai11
d'Alexandrie, 1933- 1935
mod elli sepo lcra li della « necrop oli
(1936) ; VENIT 2002, p. 50-6 1.
rea le » di Alessandria, ASAtene81, rié plus d'une centaine en Grèce. Pendant cette nement haut de 1,5 à 3 m, afin de protéger cet
S. III , 3, 2003, t. 1, p. 435 -473: 91. Sur la fonction symbo lique de ce
analyse le sens particulier, ici, du
phase de diffusion se développent des variantes, y espace du sab le qui s'accumulait. d éco r, voir A .-M. GUIMIER-SORBETS ,
mo t sèma. compris en Macédoine même où est apparu au Dans un e étude fondatrice parue en 1919, supranote 77, el: Architecture
89. W. A. D ASZEWS KI, The Ürigins me siècle un nouveau type de tombeau, tandis R. Pagenstecher a proposé de classer les hypo- et d écor fun éra ire, d e la Grèce
à l'Égypte , Identitéset culturedansle
of H ellenistic H ypog ea in que la mode des tombes véritablement «macé do- gées comp lexes d'Alexandrie en deux catégories, mondeméditerranéen antique (Mélanges
Alexa n dria, Aspektespiitiigyp
tischer
Kultur, Festschrifi
for E. Winter, niennes» déclinait dans la région . Sont désormai s ceux à cour péristyle et ceux à oikos,soit des plans , Ch. MOLLE!\,Fr. PROST
F Croissa11t)
appréciées les tombes rup estres à façade architec- éd. , Pari s 2002, surtout p. 167 ;
M . MI NAS,j. ZEIDLEI\éd., Mayence respectivement de type centrifuge, avec des salles A .-M . GUIMIER-SORBETS,
1994, p. 52-68. turale dorique, dont l'agencement est inspir é de Fig. 414. Alexandrie, nécropole de Moustafa Kamel. Plan de la tombe 1.
recta ngulair es dispos ées tout autour de la cour, et M.-D. NENNA, Le lit funérair e ...,
D'après A. Adriani, Repertorio d'arte, serie C, 1963, pl. 48 fig. 181. Nécropolis2003 , p. 367-374, 533-575.

ARCHITECTURE FUNÉRAIRE
8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 297
Fig. 417.Alexandrie, nécropole de
Gabbari. Axonométrie de la tombe
B8. Ech. 1:100. Dessin O. Callot
dans Nécropolis 2001, p. 155.

-------
-ra• __-

3 4 5
~

415

Fig. 415. Alexandrie,


nécropole de Moustafa 2002 par M. Venit à tout es ces tomb es : « the thea-
Kamel. Coupe et plan de la ter of the dead». Le classe ment traditionnel en
tombe 2. D'après
deux gro up es a aussi l' inco nvé nient de masquer
A. Adriani, Repertorio
d'arte, serie C, 1963, les points co mmun s : l'esca lier d'accès couvert se
pl. 52 fig 189. p ro longe norm ale m en t par un couloir aboutissant
à la co ur quadr angula ire, où se trouve un autel,
Fig. 416. Alexandrie,
souven t aussi un puits (fig. 457), et les plafonds


nécropole de Chatby,
hypogée A. Façade de la des ch ambres fun é ra ires pr éfère nt la voûte
chambre à kfinè. D'après surb aissée à la vo ûte m acé donienne en berceau,
E. Breccia, La necropofi di
Sciatbi, 1912, pl. IV sans d oute par so umission aux techniques de
co nstru ctio n loca les, ce lles-là mêmes qui pous-
saient à l'e mpl oi de toutes sortes de voûtes en
pierre dans le co n tex te fun érair e égyptien, et qui
app osa ient sur les templ es un fronton en segment funéraires collectives, pend ant que de nouve lles
de ce rcl e. volées d'escaliers (fig. 416) sur gissa ient p our
Au sein du quarti er moderne de Gabbari, desservir un étage apr ès l'a utre, pa rfois sur plu s
416 plu sieur s diza ines de tomb es collectives fouillées de 10 m. Dans Ioules les néc ropo les d'A lexa ndri e tence à La Can ée, dès la fin du IVe siècle, d'en-
en 1997-98 d ans la néc rop ole ouest (infra,p. 325) et alentour, la maj orité des loculi, ouve rts p rog res- sembl es à loculi éga lement numérotés et ferm és
même s'ils sont les premi ers à reconn aîtr e qu 'e lle co mpr enn ent d es ense mbl es impr essionnan~- sivement les uns au-dessus des autres da ns les par des port es sur montées de corniche s, doit s'ex- 95. Des exemp les au musée du
est peu satisfaisante. Car beau coup de tomb es Les sall es et les co ur s où des loculiont été creuses :aUes (fig. 457), servaien t pour un seul co rp s (ils Louvre : ROUVERET2004, p. 29-92.
pliqu er par les contacts étro its entr e la Cr ète et
sont d'un type mixte (dont l' hypog ée A de eI:1ent alors profond s de 2 m en m oye nn e, sur ca 96. S. MARKOU KI, V. NANIOU·
I..A
sur qu atre à sept ran gées sup erpo sée_s ~e sont l'Égy pt e 96 . Des loculi étaient assurément connu s KJNDELI,AD 37, 1982 (1990), A',
Chatb y, fig. 416, peut- être le plu s anci en à ca rac- co mpl ètement enchevê trées au fil des ge~eratio~s 0,10m de côté), d'autr es, plu s grand s, devaient en Arcadi e, derrière des façades monum ental es Mélétès, p. 7-118 [en grec].
92. VENIT 2002, surtout p. 26-34. tère monum ental et décor illusionnist e, vers le recevoir plusieurs inhum at ions. Tous éta ient obtu -
success ives, qui vo nt ju squ 'à un e occupation chre- (fig. 420), mais il est bien plu s probab le que c'est 97. BCH 92, 1968, p. 76 et suiv.
93. Plan et restitution coloriée dans début du lll 0 siècle92) et, sur tout, chacune veut tienn e94. Le point de départ était simple: un rés par des dalles scellées au mo rtier ou au plâtre, (Chytri et Marion , au 11• s.)
M. PFROMMER,Alexandriaim d'Ale xandrie que le go ût pour les loculiest venu
donner l'impression d'êt re uniqu e. La tombe 3 de hypo gée à esca lier de scendant ver s une cour,_sur parfois peintes (à l'é poqu e pt o lémaïqu e) d 'un e 98. Pour le Charmyleion de Cos,
SchattenderPyramiden,Mayence aux habitan ts de Cyrène et de qu elques îles méri-
1999, p. 97 fig. 133-134. voir suprafig. 390 ;
Mou stafa Kam el diffère des au tres par les fosses à laqu e lle donn e un e cha mb re qui a~cueille, fausse fenêtre ou d'un e fausse po rte doriqu e à dionales. En effet, on en connaît à Ch ypre 97, à M.-Th. COUILLOUD, EAD 30, Les
94. j. -Y.EMPERE URdans les Actes plantation s qui occupent la maj eure parti e de la derri ère des demi-co lonn es, un lit funebre en deux battants (fig. 418), dans un enca dr em ent en fiméraires de Rhénée,1973,
11101111111ents
du colloque Alexandrie,une mégapole
Cos , à Rh énée, à Samos (mais sous forme de
vaste cour (fig. 458), au fond de laque lle se dr esse pi err e ou - à partir de la pr emière moitié d~ stuc mouluré qu i connai ssait au ssi les frontons p. 237-240(31 loc11li allongés, sur
cosmopol ite (Cahiersde la villa Kérylos, compartime nts const ruit s, et non d'alvéoles creu- deux niveaux); K. TSAKOS , AD 32,
9), Paris 1999, p. 29-39 ; 0. CALLOT , une façade à demi -colon nes enca dr ant troi s ba ies 1°' siècle av.J. -C . - un sarcop hage. Puis, nécesSile appliques
· 95, sans d out e pour rapp eler un naïskos.
sées dan s le roc her)98 , et surtout à Rhodes , dans 1977, B2, p. 295 fig. 20 (Kato Phonia
M.-D. NENNA,l;archil ecture des réelle s et deux fausses portes 93 - recherch ée faisant loi , d 'autre s sall es ont été ouvertes sur lo~s Il fautcroire que les Gr ecs d 'Al exa ndri e ava ient plusieurs nécropoles (fig. 419) comme dans la près de Samos).
2001, p. 43-160 ;
tombes, Nécropolis
[les mêmes] dans Nécropolis2003, depu is toujours en Égypte , autant que les «j ardin s les côt és de la cour des loculi ont été aménages adopté très tôt cette pr atiqu e fun érair e, qui végétat ion du quartier de Rhodini (tomb e dite 99. V. PATSIADAdans D. BERGES,
p. 85-109; 0. CALLOT , ibid., d'O siris», cette vér itable mise en scène de la mort Die R1111daltiir
e a11sKos11ndRlwdos,
partout joint s à que'iqu es niches qui recueillaient permettait d'inhum er un grand nombr e d e « des Ptolémées », pl. XVI) et au fond de
p. 347-366. Berlin 1996,_p. 95 et pl. 64, 1 ;
justifie bien le sous-titre de l'étud e consacr ée en , s cm. erall'es
. . et a- d e venu
. .•··ab les chambres
des urne personnes dans un espa ce restreint , car l'e xis- l'Arc hokr a.teion de Li m 99 / o- 'J , )
0
Fig. 418. Alexandrie, nécropoles.
Fausses portes de locu/i. D'après
A. Adriani, Repertor io d 'arte, serie
C, 1963, p. 116. Fig. 420. Phigalie, tombe rupestre
à locu/i et façade en forme de
Fig. 419. Rhodes, site de temple. Ep. hellénistique.
Korakonéro.Deux loculi funéraires.

418

hellénisés, tant et si bien qu e dans les néc ropoles


de Myra, de Caunos et de Term essos, d e vé rita - corde pas avec l'aspect extér ieur, pur décor
év ocat eur de l'architecture religieuse ou d'un
bles façades de templ es dor iqu es ou ioniqu es,
sous fronton, ont été taillées d ans le roc, d eva nt grand bâtiment représentatif 108. Elles sont rares 103. fEDAK 1990, p. 96-98;
en Gr èce continentale : dans le Péloponn èse on A.V SCHWEYER , Les Lycienset la
une modeste chambr e habitu ellement occ up ée mor~ une étuded'histoiresociale( Varia
par une klinè en pie1-re 103. À cô té de déco rs n 'en a signalé qu'à Aliphe ira et à Phigalie AnatolicaXIV), Istanbul/ Paris 2002,
(fig. 420), de date hellénistique 109, quatre autres pl. 26-27.
du même genr e relevés dan s la p é nin sul e
subsistent en Illyrie , dont une gran de tomb e très 104. CARSTENS
2004, p. 52-58.
d'Halicarnasse, un unicum se vo it dans le sec teur
104 étonnante, à Basse-Selce, à façade planifiée en 105. E. HASPEI..5,
Hig!,/andsof
de Turgutreis : la chambr e rup estre, destin ée à Phrygia,Princeton 1971, p. 155-157
demi -cercle et ornée de demi-colonn es
trois étroites fosses, est pr écé d ée d 'un large (11' S.?).
ioniques 110.
porche distyle dont les deux antes so nt posées sur 106. CAVALIER
2003.
des palles de lion, comm e da ns un templ e du Rien de comparab le avec Cyrène, où des
107.H . YII .MAZ, Die Felsgriiber von
tombes furent creusées en grand no mbr e dans la Patara, Akten desII. Jnternationalen
ye siècle à Emporia de Chi as, alors qu e l'ar chi-
pente des collines, dès l'âge archaïque et par Lykien-Symposions,Wien 7990,
trave à deux fasces et le chapit ea u d 'a nt e trouv ent j. BORCHHARDT , G. DOBESCHéd .,
tradition jusqu 'à l'époq ue romaine, qui vit encore
des parallèles au ive siècle en C arie et à Pri ène. Vien ne 1993,II , p. 87-96.
des imitations archaïsantes des façades les plus 108. GINOUVÉS1998, p. 19 (mais il
des loculi, si possible étagés, s'est transportée Un phénomène identiqu e d 'hellénisa tion a été
chambr e unique qui était depuis toujours la plus anciennes 111. Coupées vertica lem ent dans la faut admettre que l'exp ression
ju sque dans les gran des tom bes rupestres de constaté en Paphl agoni e, en C a ppad oce , ou « fausse façade» se justifie mal
répandue. À partir du iv e siècle, la nécropole roche, sous une terrasse aplanie, les façades des
Pétra, en passant par les hyp ogées à loculi des encore en Phrygie, pr ès de la cité de Mida s 105. Il puisque la façade existe bel et bien,
proche de la voie sacrée de Mi let (supra,p. 211) tombes les plus simp les ne montre nt qu'un e seule d'où l'ail. Fassadengriiber pour cette
nécropo les hellénistiques autour de J éru salem, est récemment app aru qu e, mêm e à X anù1os, il
présente des chambres creusées dans le roc et porte à cadre mo uluré, ou deux à quatre portes catégorie de tombes).
qui proc èdent clairemen t d'un couran t alexa n- existait plusieurs lomb es rup estres h ellénisée s,
précé dées d'un pa lier au bout d'u n dromosen juxtaposées, autrefo is fermées par un e dalle de 109. ÜRLANOOS1968, p. 203-232;
drin , avec leur cour à ciel ouvert et leur modéna - mais la mauvaise qualité du mat ériau lycien a X. ARAJ'OJANNI dans Olympia2002,
esca lier: de plan ova le ou plutôt carré (ca2 m de pierre, ce qui po urrait rappe ler les ma stabas p. 323-324.
ture tantôt grecque, tantôt égypt ienn e 10°. contramt de recourir à des faça des faites d 'é lé-
long ) à ang les arrondis, elles possèdent un renfon- égyptiens. Mais à l'avant d'a utres tomb es des 110. N. CEKA,Les constructions
100. BONATO1999; SARTRE-fAURlAT Il faud ra attend re la période tardo-hellénis- ~ents rapportés, plaqu és contr e la paroi 106. Enfin ,
cement dans le sol, pour préserver les corps_de colonnes très trapues, à chapiteaux dor iques, sép,ùchrales des cités illyriennes,
2001, p. 91. tique ou même impé riale pour que le système des a Patara, ce genre de Felsgrab er semble avoir été Mo1111me11t et 9, Tira na 1975, p. 35-54;
l'humidité tout en facilitant leur introd uction. A la ioniq ues ou même «éo liques» (fig. 421), comp o-
101. FORBECK2003. loculi se retrouve un peu plus au nord , à l'inté rieur surtout prisé à partir de l'é poque imp érial e - pour LAUTER1986, p. 213 et pl. 136
même date, à l' intér ieur des zones sous influence autantque leur datation soit assur ée 107. sent deux sortes de façades: tantôt elles sont {vers 300).
102. Par ex. dans les nécropoles des nécro poles qui entou rent Milet 101. Il est vrai
autour de Limyra: J. BORCHHARDT , lyc ienne, les décors initia lement indigènes des alignées pour constituer un p orc he, p arfo is 111. La classification de
que dans ce secteur géograp hiqu e, com m e dans . Ces tombes monumentales sont souvent dites
Die Steine von Zemur~Vienne 1993.
toute l'Asie Mineure, c'es t la tomb e rup estre à
façades de tombes, composés d' imitations de surmonté de niches destinées à des stèles ou des J. S. CASSEI..5,The Ceme teries of
•a fausse façade » (d'après l'angl. falsefa çade Cyrene, PBSR 23, 1955, p. 1-43, est
po utres en bois entrecro isées 102 , se sont peu à peu tomb 1l car leu - statues, tantôt elles se dressent distyles in antis
• r arnenagement int érieur ne s'ac - à comp léter avec STUCCHJ 1975,
sous une épaisse architrave et un fronton, comm e surto ut p. 38-43, 70-73,149-174.

ARCH ITECTURE FUNÉRAIRE

8. T OMBES DE H ÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMM ES 307


Fig. 423. Rhodes, néc ropole de
Fig. 421. Cyrène, nécropole nord.
Rhodini, Les fausses baies de la
Façade d'une tombe rupestre à
tombe «corinthienne» . 11•s.
chapiteaux à volutes verticales.
Fig. 424. Lindos, Archok rateion.
Fig. 422 . Cyrène , nécropo le nord.
Façade resti tuée et plan de l'inté -
Tombe N 178, à demi -colonnes
rieur:
doriques. Ép. hellénistique.
1. vestibule,
2. salle de culte ,
3. accès à la crypte,
4. vestibule devant le tombe au
5. tombea u, '
6. montée au podium,
7 banquette.
Éch. 1:200. Après 225.
D'ap rès Dyggve 1960, fig. XIII.

421
112. R. A . T OM LINSON,

•• •
False-Façade Tomb s at

•••
Cyrene, AB SA 62, 1967, à l'e ntrée d' un temp le (pl. XV). Aux périodes
p. 241-256; he llénistique et romaine, ces formes basiques se
L . BACCHIE LLI, L a
sont comp liquées. Devant une fa.ça.de qui peut
Tomba delle « Cari atidi »
ed il decorativismo
nell'architettura tardo -
ellenistica di Cirene,
associer, entre des dem i- ou des quarts de colon-
nes aux angles , de fines colonnes doriques ou
çL
0,iadALibya 11, 1980, ioniques sous une frise toujours dor ique (fig. 422),
p. 11-34 . et peut même introduire des caryatides, ou un
113. D'où les mét opes étage à pseudo-portique 112 , s'étend souvent une
peintes de la« tomb e de
la Balançoire» : cour dé limitée qui tient lieu de jard in, tandis que
R OUVERET 2004, p. 93- dans l'a nticha mbre couverte, elle-même parfois
126 (avec une restitution déco rée d'une frise dorique 113, des banquettes
de l'a rchitecture).
accuei llaient les visiteurs à l'occas ion des repas
114. Voir par ex.
L. B ACCHI ELLI, L a fun èbres . Une fois la porte franc hie, certains
Tomb a di Th anatos hypogées se contentaie nt d' un couloir, mais d'au- c..2.2.m.
nella Necrop oli Sud di
Cire ne, LibyaAntiqua
tres multipliaient les chambres po ur les inhuma-
tions de famill es entières, en un résea u descen- 424
n. S. 2, 1996, p. 27-30
(11
•-1" s.). dant loin dans la falaise, qu and elles ne
115. Petites synth èses conservaien t pas des urnes (plus rarement ), voire était traditionne llement très ouverte sur l'exté-
par P. M. FRASER , rieur. Parmi les hypogées comp lexes, un unicuma
Rlwdian Funerary des sarco ph ages, à l'époq ue romaine. Sous la
Monuments,O xford roc he, qu elques tombes I M repre naient même des été découvert à Hag hia Tria.da, où quatre caryati-
1977 ; H. L AUTER, éléments d'un e véritab le demeure à cour péris- des soutiennent l'entab leme nt dori qu e d'u n
Hellenistische
Sepulchralarchitektur tyle. D'o rigine alexa nd rin e, comm e on l'a vu, ce plafond voûté 116 • Les monum ents ronds ne sont
auf Rhodos, Archaeo logy m odèle part iculi er d' hypogée s'est diffusé pas non plus incon nus (à Hag hios Mi lianos,
in the Dodecanese, p. 291), ni ceux de plan car ré, tel l'étra nge
S. DI ETZ,
p rogress ivemen t dan s les zones intégrées à l'em-
pir e ptolémaiqu e: la Cy rén aïqu e, Chypr e (dans la «Ptolémaion », long de 29,50 m sur chaque côté, 2
!. P A.PACH RJSTOOOULOU
éd., Copenh ague 198 8, nécro pole nord d e Néa- Pap hos), la Palestine orné de dem i-colonnes sous un toit probablement
p. 155- 163; pyramidal (pl. XVI ). Il est daté du 11e siècle envi-
B. P ATSLADA, Po8taKTJ (supra, p. 300) et la Syrie.
îO$ l KT\ DPX lt EKîOV l Kf\, Peu de tombes des iv e ou m e siècles sont ron par son socle taillé dans la masse roc heuse, i
dans Rhodes, 2400 ans, conservées dans l'île de Rh odes, mais celles que une techniqu e déj à empl oyée aup arava nt pour le
La cité de Rhodesdepuissa
fondation el jusqu'à sa l'on y construi sit à partir de l'âge tard o-classique so~bassement du mauso lée de Bélévi pr ès
prisepar les Turcs,Acles sont d'un e extrao rdi na ire var iété 115 , sous l'in- d'Ephèse (infra, p . 3 13). Mais on accé dait aux
du colloquescientifiquede tombes rhodienn es de p ré férence p ar un e façade
Rhodes, 7993 [1999; titre
fluence conju guée de l'a rchit ectur e funéraire
en grec], vol. A, d'Asie Min eur e et de celle d'Alexandri e - et rupestre. La fausse façade de la tomb e de Rh odini
116. BCH 106, 1982, p. 6 14 fig. 149 .
p. 127- 136. 422 p eut-être même d'Italie du Sud, puisque Rhod es dite «corinthienn e» (ue siècle, fig. 423) est alors

8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES 303


ARCHITECTURE FUNÉRAIRE
Fig. 426. Canosa, hypogée
.._~
-- . . -·. ~-:_?._·
__ - ~r
-_·:~$r
-~-~
:-::-.;
~:.:.i_
;d.-,--.~_,_-~_-:_.
éclipsée par un autre unicum, l' Arc hokrateion de Lagrasta Il. Plan, élévation restituée
:>~\
:.~:•c/:~~~=-·· >- ~ ' Lindos, dont une salle intérieure a été percée de de la façade et coupe longitudinale .
;_
-
'-~_.,:)::
~~~~;<{~
~:--
.-'\:.t-~,2:~-" f[ loculi success ifs pour la famille d'Archokratès Ép. hellénistique. D'après
E. Lippolis dans Romische
. , __, ...
~--- .,~- prêtre d'Ath éna Lindia en 225. Très visible depui~
l'acropo le, sa façade large de ca22,50 m n'évoque
Graberstrassen, München 1985,
:~:.·?: ~ H. von Hesberg, P Zanker éd.,
.· -~~. pas d'emblée le domaine funéraire mais un véri- 1987, fig. 37.
....
-·.:.:,.:_..;. tab le bâtiment de scène à deux niveaux, une frons
Fig. 427. Tarente, deux hypogées
scaenae pour passer dans l'autre mon de ll7 hellénistiques. Coupe transversale
(fig. 424 ), comme dans certaines nécropo les et plan de la chamb re. D'après
d'Alexandri e ou de Cyrène, et sa te1Tasse impra- Catalogo del Museo nazionale
archeologico di Taranto 1, 3, 1994,
ticab le porte quatre aute ls ronds qui sont pure- fig. 18 et 19.
ment décoratifs, au contraire de ceux très
communs à Cnide (supra,p. 287) et dans le reste
de l'île de Rhodes.
Vers la fin du ne siècle , un e fois que son hellé-
/ ?.•. nisation était bien amorc ée, Pétra la nabatéenne
;((r-;
~ se mit à multiplier les tombes à façade taillée dans
(:-:/- des falaises de grès aux cou leurs chatoyantes .
Pour célébrer la lichesse de leurs propriéta ires
-~ -:-< ·"
,,;-_·.·· certaines se sont pliées à un e influence de l'archi-
426
tecture alexandrine , sur plu sieurs niveaux
couronn és par des fronton s qui peuvent être de
type classique , b1isé ou en demi-cercle, enfin par Khaznéh, le« trésor du phara on », haut de 40 m 119
des édicule s ou des pavillons monoptères 118• (fig. 425). D'autr es tomb es ont suivi, plu s de six
Dans la second e moiti é du 1er siècle av. n . ère, la cents au total, ju squ'à la pr emière moiti é du
façad e la plu s élégamment élaboré e, avec des 11e siècle de n. ère; leur déco r est peu à peu
reliefs et des éléments d'architecture, est celle du devenu plus sobr e, même s'il demeure parfois _
.,___, __,,~
célèbr e tomb eau (un cénotaphe? ) appe lé la hellénisant, jouant sur des colonn es ou des demi-
colonnes, des niches et des frises, doriqu es ou
(fp~ ioniques. Qu'i ls soient à façad e sculpt ée ou , au
-l- contraire, sans façad e décor ée, et même simp le-
Fig. 425 . Pét ra, tombeau de la ment à fosse ou à puit s, pr esqu e tou s les
« Khaznéh "· Façade, plan du niveau tombeaux de Pétra se trou vent divi sés à l'int érieur
inférieu r et coupe longitudina le.
en loculi et sont éventu ellement associés à un e
Seconde moitié du 1•' s. D'après
G. R. H. Wright, Ancient Building salle de banqu ets.
Technology Il, Materials, 2005 , À l'autre bout de la Médit erranée, en Italie du
fig. 131. Sud, toutes sortes d'hypog ées co-existaient aussi à
i======l====='======le=== =c±=== ==+~~
J 0 20 l'époque hellénistiqu e. Ils manif estent la pers is-
tance de coutum es indig ènes mê lée s à des
courants venus d'Épir e et de Mac édoin e, au point
que quelques-un es de ces tombe s d'aristocrates
hellénisés - toujour s inhum és, san s recours à la
crémation - sont décor ées de peintur es, en géné -
ral dans un « style d'appar eil » qui sou ligne le
schéma constructif.
l;Apu lie est spécialem ent bien pourvue en
hypogées monum entaux , dispersés autour des
noyaux urbains , sur tout le terr itoire et le long des
117. D YGGVE1960, voies principales, où ils accompagnent d'autres 119. Sur la date de la Kaznéh, voi r
p. 49 1-504 . tombes 120 . Ils étaient rareme nt signa lés par un par ex . R. W ENNING dan s Neue .
118. Belles ph otos et Forsclumgenzur hellenistischen
Plastlk,
sèmaimposant, comme la colonnade à fronton qui Kolloquimn zum 70. Geburslagvon
bib. dan s L. NEHMÉ,
FR. V ILLENEUVE , surmontait la façade pr incipa le de l'hypogée G. Da/trop,G. ZIMMERéd., Kathol.
Universitat EichsUitt-lngol stadt ,
Pétra, métropolede
l'Arabie antique, Paris
Lagrasta 2 à Canosa (fig. 426 ) ; si tous compre n- 0 2003, p. 141- 164.
nent un dromosd'accès, en pente ou en esca lier,
1999, surtout p. 5 1 et 120. En géné ral , vo ir
suiv. Sur la difficulté les plus commun s n'ont qu'une petite cella,car le j. -L. 1.AMBOLEY, Les hypogées indi -
d'un e typo -chrono lo- vestibule n'existe habitue llement que pour gènes ap uliens, MEFRA 94 , 1982,
gie de ces tombes, p. 91-148, et STEINGR,\BER2000
voir les remarque s de
desservir par des portes doriques plusieurs cham - (passage de la tombe a grotticellaà
J 0
2f "l===I== ===±==='= ==='== =< A-<-
j. S. McKENZIE,]RA .5 0 bres, disposées de manière variée. Même si la 2m . la tombe a camera ).
17, 2004, p. 559-568. majorité de leurs tombes sont à ciste ou à sarco- 427

305
8. TOMBES DE H ÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES
304 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE
des tombes mac édoniennes ou alexandri nes, '
li.J'
Fig. 428. Arpi, tombe de la r --+ ::)
celles de Naples sont directement accessibles en
-~"-::":>·-_••
Méduse. Plan. Début du 111• s. ,, 1
D'après M. Mazzei, L'ipogeo della franchissant une façade à demi-colonnes (fig. 429) ::~
,,. f •::: --::---::----,_;,
Medusa e fa necropofi, 1995, p. 95.
d'où un escalier descend vers la chambre funé- ~.::
l T- -- -- ------------- - ----- ---- -- ------ -----f
raire dans laquelle un grand nombre de sarco- \
1 .l.--,
~t---- ;--------- -- ------------------- 1---- J:
ha;es se présentent comme des lits en pierre \ t

Peinte (fig. 430). Ces lits de pierre pour l'ex po si-


1--{
(-1 ----- ( ·1
~on du cadavr e, !'Anato lie les con naissait dès le
v1e siècle, don c bien avant leur apparition dans
les tombes lycienn es, macédoniennes ou alexan-
drines, et c'est sans doute à partir de leur utilisa-
tion dans les hypogé es tarentin s que cette
coutume s'est diffusée jusqu'en Campanie. Dans
la via dei Cristallini, le vico Traetta et d'autres
voies de Naples, les hypog ées ont été trouvés
groupés par quatre ou cinq unités non communi -
cantes, fermées un e fois pour toutes par une porte
1
1
axiale. Surtout, alors que chaque chambre funé-
1
L ---1:,,-
raire était couverte d'une voûte surbaissée, les
vastes dromoien escal ier du groupe de la via dei '1/, // / / / /;
;; / //// /////
Cristallini font bande à part ave c leur plafond en { //// ///// ////// 1

bâtière à poutres de pierres appar entes, comme ////////////// ,I ////~

c'était généralement la règle en Campan ie.


1
L -- ·-l,-

t1 0

Fig. 429. Naples, tombe C du groupe de la via de!


Cristallini. Coupe, élévation et plan de la façade. Ep. he llé-
nistique. Relevé S. T. M., Rome, dans L'Italie méridionale et
phage, les nécropol es hellénistiques de Tarent e se d'Arp i, une ville aussi importante et tournée vers /espremières expériences de la peinture hellénistique,
A. Rouveret éd., 1998, p. 104.
distinguent par des chambres souterraines taillées l'Adr iatiqu e que Canosa, quelques tombes 124 429
dan s le roc ou construites, où l'on descend par d érivent plus manif estement encore de l'art
121. Catalogodel Museo nazionale
des degré s sur un petit côté, sous une couverture macédonien, malgré l'absence de tumulus. Au Fig. 430. Naples. tombe C du groupe de la via dei
archeologico di Taranto, E. LIPPOLIS Cristallini. Coupe longitudinale. Relevé S. T. M ., Rome, dans
éd., Tarente 1994: t. !, 3, p. 19-37, de dalles plates qui possède parfois un soutien début du Ill e siècle, l'hypogée dit des amph ores et
l:Jtalieméridionale et les premières expériences de fa pein -
et t. III , !, p. 69-100 (par central autour duqu el s'articulent, à partir de la celui de la Nikè (peinte sur le fronton de l'en trée) ture hellénistique. A. Rouveret éd ., 1998, p . 106.
G. A. Maruggi ).
fin du rve siècle et surtout aux Ill e et li e siècles, des reste nt encore très proches du modèle macédo-
122. G. I.JARAB , Taras11, 199 1,
p. 19-40; EAD., MEFRA 103, 1991,
klinai-sarcophag es rép ar ties comme pour un nien basique, tandis que la riche tomb e de la
p. 457-497. banquet 121 {fig. 427). Il faut également mettre à Mé du se était singul ière à plus d'un titre (fig. 428).
123. E. L!PPOLIS, Organizzazion e part la tombe de Vaste en Messapie, où deux Son dromosaboutissait à un vestib ule précédé de
delle necropoli e struttura soc iale chambres voûtées contiguës étaient pr écédées quatre fûts, dont les chap iteaux figurés portaient
nell' Apulia ellenistica, due esempi:
Taranto e Canosa , Rô'misch e d'une cour sans doute hyp èthr e, décorées de un e arc hitra ve dorique et un fronton stuqu é, puis
Griiberstrassen,H. v. H ESBERG, deux frises sculptées au-dessus de quatre caryati- la p orte ouvra it sur un e pièce ornée d'un pave-
P. ZANIŒRéd., Munich 1987, surtout
p. 150-154 ; Principi, imperatori,
des aux seins nus. Toujours dans le courant du ment à emblèma mo saiqu é, les lits-banqu ettes étant
vescovi,duemilnanni di storia di me siècle, l'hypog ée Palmieri de Lecce était de placés dan s deux chambres latéra les voûtées en
Canosa,R. CASSANOéd., cal. ex po. conception plus classique, avec son profond esca- berceau, comme la pr emière pièce. Cette succes-
Bari 1992, Venise 1992, p. 203-212
(les trois hypogée s du fonds
lier creusé dans le banc rocheux, qui débouchait sion de trois chambr es voûtées communicant es
Lagrasta ). sur un vestibule rectangulair e ouvrant en croix sur un plan en T, inconnu e dans l'architecture
124. M. MAZZEI, Arpi, L'ipogeode/ln sur trois chambres, elles aussi à frise sculptée 122 . funéraire de Macédoine mais présente dan s l'ha-
Medusae ln necropoli,Bari 1995; Ce plan cruciforme est mieux documenté en bitat macé donien de luxe 125 , fut sembl ablement
EAD., I.Jipogeo della Nike di Arpi ... ,
ArchStorAn~9-10, 2002-2003 , p. 153- Daunie , où ont été fouillées une série de tombes adopt ée au 111" siècle dans le tombeau aux carya-
158; STEINGRABE R 2000 , p. 3-77. à plan imétrie simple, couvertes d'un toit à double tides de Sveshtari, pr ès de la capita le du royaume
125. Voir plus généralement pente mais parfois sans antichambr e, et des gétique (fig. 410).
H . P. l SLER, Einflüs se der makedo-
tombes-hypogées à façade monumentale, surtout Un ensemble tout aussi original a été repéré à
nischen Palastar chitektur in SiziLie n,
Basileia 1996, p. 252-257 (pour Arpi , dans la zone de Canosa 123 : la plus grande d'entr e Néapolis de Campanie, où des sépulcres fami-
p. 255-256 ). elles, la tombe Lagrasta 1, se composait au milieu liaux creusés dans le tuf, ve rs la fin du rvc siècle et
126. Synth èse réc ente, bien illustrée, du me siècle d'un très long dromosoù des portes la pr emière moiti é du me, rappe llent par certains
par L BALDASSAREdan s l 'I talie méri-
dionale et lespremières expériencesde ln
encadrées par des demi-colonnes annonçaient trait s les structures observables en d'a utres points 10
peinturehellénistique(co ll. ÉFR 244 ), plusieur s chambres , précédées ou non d'une anti - de la Méditerran ée, mais sans que se dessine clai- 5
0
A. ROUVERETéd., 1998, p . 95- 162. chambre, soit neuf pièces au total. Dans la région rement le circuit des influ ences 126 . Au contraire 430 ~_.:'.
0~
_50
~~- - _;_--~---~ -- +---f--- - -- ------- -----, m

306 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8. TOMBES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES


-,- T Pergame131, peut-être comme_ ~n é: ho à la vie ille
coutume lycienn e de la sur elevat1o n des sarco-
phages.
Dans tous les cas, il est clair qu e la créativité
alliée au goût pour le lux e doit être cherchée
ailleurs.

Des créations monu mentales

En Attiqu e, dans la seco nd e moitié du


1v• siècle, l'affaiblissement de l'idéal démocra-
+ tique et l'exemple de la dyn astie ma cé doni enne
ont donné naissance à qu elqu es monum ents fun é-
raires hors du commun, ju squ 'a u co up d'arrêt
signifié par Dém étrios de Phal ère. Nombre d 'e n-
tre eux ne sont plus connus qu e p ar d es m entions

V
2_. M
~- littéraires, avant tout grâce à Pau sa.ni as (I 36, 3-38,
6), qui les vit }e long de la Voie sa.crée mena.nt
d'Athènes à Eleusis. Il sembl e qu e les reliefs
+ sculptés et les group es statua.ires y tenai ent un e
grande place et qu e les temples-tombeaux,
comme celui de l'hétaire Pyt hionik è, éta ient l'ex-
ception132(supra,p. 283 ), à côté des naïskoidont le
mieux conservé, trou vé à Ka.l lith éa en 1968, à
côté des Longs Mur s, a été rem ont é au mu sée du
Pirée, dont il est maint enant l'un des fleuron s 133. 433
Le monum ent de Nikèra.tos et d e so n fils
..L
Polyxènos, des métè qu es origin aires d 'Istros en Fig. 433. Alipheira, tombeau E.
mer Noire, ava it fière allure, en m onta.nt à 8,30 m Restitution. 1v•s. D'après Orlandos
,.,
~ deux degrés, éta it par ticulièrement soign é, avec
1968, p. 236.
d de hauteur: certes, ce genre de profond naïskos ses co lonnes ioniques prostyles qui sout enai ent,
...L..L Fig. 434. Sikinos, temple -tombeau
sur un socle, contenant des stat ues en ronde- au lieu d'u n fronton caractéristiqu e de la plupart dit « Hérôon "· Vue perspective
bosse, était répandu au ive siècle dan s tou s les des naïskoi,un toit plat à antéfixes, comm e pour restituée. Première moitié du 111•s.
0.73 5 de n. è. D'après 1.Travlos, AJA
K.K.
cimetières attiques, el mêm e dans le Pélopo nn èse rappe ler les couvertures de l'habitat. Le tomb eau
f-- 2,15 1969, fig. 1.
i.AJ . (fig. 433), mais ce lui de Ka.llithéa, au-d essus de de Ka llith éa. a été gé néra lement daté de la
Fig. 431. Rhénée, monument de Tertia Horaria. Élévation rest ituée . Fig. 432 . Paros. né cropole . Sarcophage à trois bustes . Ép. impériale.
Fin du 11• s. - début du 1•' s. Dessin K. Kolokotsas dans EAOXXX, D' après O. Rubensohn , Jdl 1935 , p . 67.
Les monuments funéraires de Rhénée, 1973, p. 227.

5. Tombeaux construits au sur to ut le pourtour médit erran éen à partir de la


période hellén istiqu e. Mais ce n'était souvent
niveaudu sol et au-dessus qu'un m on um ent d e petite taille, différent du
gro up e qui s'est const itué dan s les Cyclades et en
Aux v1• et ve siècles, les sarcophag es monoli- Cyrénaïque à l'é p oqu e hellénistique tardive, et
thes en pierre éta ient encore rares en Grèce. principalement so us l'E mpir e, lorsque des sarco·
Qu'il s soient nu s ou porteurs d'un déco r architec - ph ages se so nt progressivement substitués à des
stè les sur des so cles à degrés 128. Ils sont alorseux:
tural soigné (composé de co lonnettes, de frises
mou lurées ou de frises doriques ), la plupart des m êm es parfoi s insta llés sur un e sorte de pod!uma
------
exe mpl aires retro uvés ont été pro duits dans des degrés déco ré d'un e frise dorique apphquee, de ---
secteur s géogra phiqu es bi en préc is: !'Ioni e, pi lastres d 'a ng le et de demi-colonnettes; sur le
127. L Hl TZL, Die griechisclten Paro s, et sur tout la Sicile (dans les nécropo les faîte du sarcophage était placée un e base rectan:
Sarkophageder arcltaischenund klassi· d' Agrigente, de Géla, de Mégara, de Syrac use, de g ulaire ou un socle surmont é d'une stèle (ainsi a
,,., . H aria1 29
Cam arin a .. .) 127. Alors que ces cercue ils de pierre
schenZei~J onsered 1991.
Rhén ée, pour le monum ent d e 1ertia ?r : 131. K. T UCHELT, Js!Mitt 29, 1979,
128. STUCCH I 1975, p. 81 fig. 75,
p. 182 fig. 174-175. n'é taient normalement pas visib les, étant enfer- fig. 431) ou m ême d'un buste, à Cyrene et_a p. 309-316.

129. L E DI NAHET 1989, p. 30. més dans une tomb e, le type du sarcop hage Paro s 130 (fig. 432) . II n'es t toutefo is pas certain 132, SC HOLL 1994.

130. Pour Cyrène voir infrap. 310; expo sé sur un soub assement a dû app araîtr e en qu e l'idée d e ce genre d e mo n tage revienne, 133, G. STEI NHAUER, Ta µw1µeia mi
lable date
Paros : 0 . R UBENSOH , ,] dl 50, 1935, Gr èce dès le vie siècle, d'après des représenta- aux Cyclades, car un sarcop h age _semb . ' e ro apxmo?.oy1K6µouoeio wu
p. 66-67. n e,paui, Athènes 1998, p. 83-84.
t10ns sur des vases, et il sera de plu s en plus pr isé des années 130 par l'ép igra phi e, provient d
434

308 ARCHITECTURE FUNÉRAIRE 8, TOMB ES DE HÉROS, TOM BES DE GRANDS HOMMES 309
mode lycienne, décoré de moulures et de frises
Fig. 435 Suni el Abiad (environsde
Cyrène).tombe-oikos à deux espa- fl
superposées138. n'emp êche, qu'après l' Hérôon à
ces. Plan, façade, détail des moulu- caryatides amp h1prostyles qu un autre dynaste se
res. D'après Stucchi 1975, p. 71. fit ensuite construire sur un e terrasse de Limyra,
sans doute par un architecte loca l (fig. 391), le
type du temple-tombeau s~r podiu _~ ne fut plus
recherché en Lycie avant I ere 1mpena le .
Un peu plus près du monde grec, le grand
monument bâti à Halicarnas se vers le milieu du
1ve siècle, pour la gloire éterne lle du satra pe
Mausole, trahit lui aussi des affinités variées,
puisque l'architecture d'un temple ionique fut ici
plaquée sur des schémas anciennement adoptés
en Carie et dans les env iron s, sinon en Perse et en
Égypte. À Sardes, dès la seconde moitié du
VI' siècle, un soubassement à sept degrés suppor -
tait une chambre funérai re rectangulaire taillée à
l'image de celle de Cyrus à Pasargades, le tout
sous une pyramide 139. Si l'id ée du toit pyramida l
n'a pas forcément été empru nt ée à l'É gypte et a
pu être spécialement appréciée dans l'univ ers
perso-lydien, on s~t tout de même que les liens
entre la Carie et l'Egypte remontent au milieu du
second e moitié du rve siècle en raison de l'ama- été rapportés au Il e siècle grâce aux moulures v11 • siècle (supra, p. 43). Or, dès l'époque
zonomachie sculptée et peinte en haut de son bien formées du cad re d'une porte. Destinés à archaïque, des nécropoles cariennes ont rassem-
socle, sous une corniche, ce qui pourrait bien une douzaine de cadavres en mo yenne, ils étaient blé de grands socles carrés su rm ontés d'une pyra -
s'ex pli quer par une influ ence du Mausolée compartimentés à l'intérieur par un plancher et mide à degrés 140 .
d'Hali carnasse. parfois divisés en longue ur par un mur de refend Les socles de ces vieilles tombes car ien nes (à
En Grèce continentale et dans les îles, il faut (fig. 435), qui contrib ue à l'é quilibre d'une Teichioussa,entre autres ) renfermaient plusieurs
attend re le Bas Empire pour voir des temples - couverture en dalles de pierres, assemblées avec chambres funérai res précédées d'une anti cham -
tombeaux du type oikosà porche distyl e in antis une faible pente. Le plus souvent, visible sur toute bre, où l'on arrivait par un long cou loir bouché
ou prostyle, apparentés à ceux qui étaie nt alors la longueur du faîte, un large socle portait des après la dernière utilisation. De la même façon, à
courants dans les nécropoles de Lycie, Pisidie et stè les, des statues et avant tout des bustes fémi- la hauteur de la crépisdu Mausolée d'Halicarnasse
Cilicie aux 11•-m• siècles de n. ère. Sans doute nins , iconiques ou aniconiques, selon une
élevé dans la premi ère moiti é du Ill e siècle de pratique locale qui paraît remonter au ive siècle.
n. ère, le soi-disant Hérôon de la petite île de C'est encore le même modèle de socle quadran-
Sikinos (fig. 434 ) n'est comparable qu'à gulaire qui se trouvait au som met de sortes de Fig. 436. Xanthos, acropole.
l'«Hérôon» roma in proch e de la limit e ouest du sarcophages géants taillés dans le rocher. Restitution axonométrique d'une
tombe-maison dite « édifice G » ou
sanctuaire d'Apo llon à De lph es. Ce derni er, qui
« hérôon ». Vers 460. Dessin
devait lui aussi conserver des sarcophages dan s Le type du mausolée P.Coupel, Fouilles de Xanthos Il,
les deux chambres voûtées aménagées sous sa 1963, fig. 16.
cella 134, fait moins songer aux chambres funérai- En plus des chap elles, avec ou sans colonnes
Fig. 437. Xanthos, Monument des
res macédoniennes qu'au standard du temple - sur la façade d'entrée, le monde hellénisé a connu Néréides. Coupe transversale resti-
tombeau romain dans le monde médit erran éen. des temples -tombeaux à gale1;e périptère, dont le tuée Vers 390-380. D'après
En effet, dès le I 1• ou le ,er siècle av. n. ère, Monument des Néréides, à Xanthos, est le Coupel, Demargne 1969, pl. 96.
lj,
quantité de chape lles rectangulaires avaient été premier exemp le caractér isé, vers 390-380.Dans i 1
134. A. FRANTZ , H. A. THOMPSO,
j. TRAVLOS, AJA 73, 1969, p. 397-422
(Sikinos); pour l'«Hérôonouest» de
Delphes, dit « Hérôonde Blum », voir
construites dans les nécropo les de Cyrène et prin-
cipaleme nt des ale ntours (Zawani , Suni el
une région particulièrement riche en monuments
funéraires d e toutes sortes, il emprunte à des 1
BOMMELAER 1991, p. 221. Abbi ad, Messa), parfois même en les installant traditions hétérogè ne s. Comme il a été établi
135. STUCC HI 1975, p. 73 el suiv. au-dessus de tombes à façade rupestre. D épour - depuis longtemp s, il a pour ancêtres les multiples
(«tombaa tempietto»). vues de colonnes et plus allongées que les naïskoi pi liers fun éra ires lyciens, qui se dressaie~t_sur
138. COUPEL, DEMARGNE 1969;
136. Belles photos dans J. -M. BLAS des sanctuaires, ces chape lles aux murs en appa- l'acropol e de Xanthos et ailleurs dans la regwn'. pour le décor, voir HELI..MANN 2002,
DER OB LÈS, Libyegrecque,romaineet ainsi que les tombes -maisons indigènes, qm
byzantine,Aix-en-Provence 1999
reil isodome sont entourées d'une crépisfactice, p. 214-215.
p. 162-163, 187. ' uniqu ement orne mentale, à deux ou trois degr és consistaient en une maison de plan rectangulaire 139. Ch. RArrt, JstMitt42, 1992,
p. 135-161; et surtout]. BOARDMAN,
137. H . METZGER , Fouillesde Xanthos coup és sur un petit côté par la porte d'entrée, que à poutres p étrifiées (fig. 436), substituée au sarco- Persiaand the West,Londres 2000,
III , L'Acropole
lycienne,Paris 1963, surm ont e un fronton nu 135. Ces édifices ne ph age 137. Toutefois, c'est bien un temple 10mqu e p. 19-84.
p. 49-61; P. DEMARG NE,Fouilles de
XanthosV, Tombes-maisons, tombes peuvent être datés que d'après leur décor; par tout à fait grec, à 4 x 6 co lonnes, por_te et pihers 140. H. LAUTER dans Architectureand
rupestreset sarcophages,
Paris 1974, exempl e, les deux temp les-tombeaux de Snibat -el d'ante rappe lant par maints détai ls l'Erechthe_wn Societyin HecatomnidCaria, Boreas
p. 18; FEDAK1990, p. 65 et suiv. 136 Suppl. 17, Uppsala 1989, p. 51-62.
Awila , à l'est d'A pollonia de Cyrénaïque, ont (fig. 437), qui fut élevé sur un haut podium a la
437

370 8. TOMB ES DE HÉROS, TOMBES DE GRANDS HOMMES


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AR CHITECTURE FUNÉRAIRE

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