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Sorbonne Université

Faculté des Lettres

Master de Sciences humaines et sociales

Mention
PHILOSOPHIE

Parcours

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE,
METAPHYSIQUE, PHENOMENOLOGIE

Responsable du parcours :
M. le Professeur Emmanuel CATTIN

Année universitaire
2022-2023
Équipe de formation

Thomas AUFFRET, Maître de conférences, Histoire de la philosophie ancienne


Vincent BLANCHET, PRAG
Vincent CARRAUD, Professeur, Histoire de la philosophie moderne
Emmanuel CATTIN, Professeur, Métaphysique et idéalisme allemand
Raphaël EHRSAM, Maître de conférences, Histoire de la philosophie allemande
Jean-Baptiste FOURNIER, Maître de conférences, Histoire de la philosophie
allemande
Philippe HAMOU, Professeur, Histoire de la philosophie britannique
Tobias HOFFMANN, Professeur, Histoire de la philosophie médiévale
Suzanne HUSSON, Maître de conférences, Histoire de la philosophie ancienne
David LEFEBVRE, Professeur, Histoire de la philosophie ancienne
Élise MARROU, Maître de conférences, Philosophie générale et philosophie
contemporaine
Dominique PRADELLE, Professeur, Histoire de la philosophie contemporaine
Laurence RENAULT, Maître de conférences, Histoire de la philosophie moderne
(en délégation à PSUAD)
Marwan RASHED, Professeur, Histoire de la philosophie ancienne et de la
philosophie arabe
Claude ROMANO, Maître de conférences habilité, Métaphysique

Professeur invité pour l’année académique 2022-2023 :


Alberto FRIGO, Professeur associé à l’université de Milan, Italie.

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Attendus et objectifs de la formation

L’histoire de la philosophie, dans ses différentes langues et traditions,


impose à la philosophie ses arguments et ses problèmes. L’objectif de cette
formation est de permettre aux étudiants de se former aux arguments et aux
problèmes par leur compréhension intrinsèque mais aussi par l’accès à leur
histoire, par l’étude des différents types de textes et de corpus au moyen desquels,
selon des enjeux variables, cette histoire s’est faite et continue de se faire.
Ce parcours s’étend des Présocratiques à la philosophie contemporaine,
selon une quadruple périodisation : Antiquité, Moyen Âge, philosophie
moderne, philosophie contemporaine. Cet empan rend la formation sensible à
l’évolution sur un temps long des problématiques philosophiques ainsi qu’à la
diversité des méthodes, jusqu’à la phénoménologie et à l’herméneutique. Un
enseignement de philosophie arabe permet d’ouvrir l’horizon des étudiants
intéressés en direction d’une tradition philosophique non-occidentale, tout en
soulignant l’influence de cette tradition sur les pensées philosophiques classiques.
Au cours des deux années du Master, la formation progresse en allant de
l’approfondissement des acquis en philosophie générale et en histoire de la
philosophie à l’initiation aux méthodes et aux objets contemporains de la
recherche en histoire de la philosophie. Elle se fait notamment en préparant un
mémoire qui constitue la trame principale de la seconde année du Master.

Offre de formation

La formation comprend trois grands types d’enseignements qui sont


constitutivement articulés :

1) Deux cours de tronc commun, en Master 1 uniquement. Le premier est


composé de deux semestres d’enseignement, chaque semestre portant sur une
thématique du parcours. Une notion, un couple de notions, une question relevant
de la tradition philosophique et en particulier de l’histoire de la métaphysique sont
suivis dans leur évolution, leur invariance, leur structure. L’objectif est de parfaire
et d’approfondir la connaissance des grandes questions philosophiques, de donner
les moyens de ressaisir chacune dans son horizon et ses attendus propres. Le
second, composé de deux semestres également, est un cours de méthodologie de
l’histoire de la philosophie, qu’accompagne un TD. L’objectif de cet
enseignement de deux semestres est de procurer une formation aux techniques et
outils philologiques, historiographiques, bibliographiques et informatiques
nécessaires à la rédaction des mémoires.

2) Les TD de lecture de textes philosophiques en langue étrangère (grec,


latin, allemand, anglais, italien selon les années). Il ne s’agit pas de cours
d’apprentissage de ces langues, mais de véritables lectures de textes
philosophiques dans leur langue originale, traduits et commentés, qui requièrent
donc un bon niveau de langue. Le TD peut être lui-même, le cas échéant, enseigné
dans la langue concernée (allemand, anglais, italien). Les textes étudiés sont
parfois accessibles en français, comme ils peuvent faire l’objet d’une traduction
inédite. Dans certains cas, une articulation avec les thèmes des séminaires permet
aux étudiants une approche plus complète des auteurs. Ces TD sont communs aux
deux années du Master. L’objectif de ces TD d’1h30 hebdomadaire est d’offrir
aux étudiants, au terme des deux années, une approche autant que possible
indépendante des traductions des œuvres des auteurs étudiés en langue étrangère.
3
3) Des séminaires de recherche. Huit séminaires (neuf en M1) qui se
rapportent aux différentes spécialités sont proposés : philosophie antique,
philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive, philosophie arabe, philosophie
médiévale, philosophie moderne, histoire de la philosophie britannique, histoire
de la philosophie et des sciences (M1 seulement), philosophie contemporaine
(deux séminaires annuels au choix en M1, un séminaire en M2), métaphysique et
idéalisme allemand. Les séminaires sont consacrés à l’étude et à l’interprétation
des textes majeurs de l’histoire de la philosophie. Dans le cadre de ces séminaires,
diverses formes d’enseignement se complètent : cours magistral, travail en
commun, discussions. Des exposés d’étudiants avancés, de doctorants et d’invités
extérieurs permettent aux participants de prendre connaissance des différents
aspects de la pratique de la recherche scientifique. La validation des séminaires de
Master 1 peut prendre la forme de la rédaction d’un petit mémoire, d’un examen
oral ou d’examens écrits ; en Master 2, le séminaire principal donne lieu à la
rédaction d’un mémoire plus ambitieux. Ces travaux représentent un premier
exercice de rédaction d’une étude scientifique et permettent de se familiariser avec
les méthodes d’analyse et d’exégèse des textes philosophiques.

En première année (M1), les enseignements obligatoires comportent donc à


chaque semestre :

1) Un tronc commun constitué de deux éléments :


– un cours magistral portant sur les thématiques du parcours ;
– un cours magistral et un TD d’initiation aux méthodes de la recherche.

2) Un TD de langue étrangère et de lecture de textes philosophiques.

3) Trois séminaires :
– un premier, choisi dans la liste des séminaires spécifiques du parcours
Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie, définit en principe
l’orientation de l’étudiant pour l’ensemble de son Master ;
– un deuxième séminaire, lui aussi choisi dans la liste des séminaires
spécifiques du parcours Histoire de la Philosophie, métaphysique,
phénoménologie ;
– un troisième séminaire, choisi dans la même liste des séminaires
spécifiques du parcours, ou parmi les séminaires de même niveau offerts dans les
autres parcours de la mention Philosophie de Sorbonne-Université, ou encore
dans certaines autres mentions délivrées à la Faculté des Lettres de Sorbonne
Université.

En seconde année (M2), l’étudiant rédige un mémoire d’une centaine de


pages sous la direction d’un enseignant-chercheur. Ce premier travail de
recherche donnera lieu, de préférence à la session de juin, à une soutenance de
quarante-cinq minutes à une heure devant son directeur et un autre enseignant-
chercheur. L’étudiant suit d’autre part un TD de lecture de textes
philosophiques en langue étrangère et quatre séminaires :
– le premier séminaire est obligatoirement celui du professeur qui dirige le
mémoire, ou celui qu’indique le directeur de mémoire si lui-même n’assure pas de
séminaire en M2, en cohérence impérative avec le domaine de recherches dont
relève le mémoire ;

4
– le deuxième séminaire est lui aussi choisi dans la liste des séminaires
spécifiques du parcours Histoire de la philosophie, métaphysique,
phénoménologie ;
– le troisième séminaire est ou bien un séminaire également choisi dans la
liste des séminaires spécifiques du parcours Histoire de la philosophie,
métaphysique, phénoménologie, ou bien un séminaire d’un autre parcours de la
mention Philosophie de Sorbonne-Université (Philosophie politique et éthique ;
Esthétique et philosophie de l’art ; Philosophie de la connaissance et des
sciences), ou bien un séminaire d’autres mentions de la Faculté des Lettres de
Sorbonne-Université, ou enfin un séminaire d’histoire de la philosophie ou de
métaphysique d’un autre établissement d’enseignement supérieur reconnu par le
Master Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie (Paris I,
Paris X, École Pratique des Hautes Études, ENS, ENS LSH) ;
– le quatrième séminaire (UE 6) n’est pas nécessairement un « séminaire » :
il implique d’assister, au moins deux fois par semestre, à un séminaire, à une
conférence, à une journée d’études ou à un colloque, qui soient organisés par l’ED
V, l’équipe de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité (UR
3552, dir. Vincent Carraud), le Centre de recherche sur la pensée antique Léon
Robin (UMR 8061, dir. Jean-Baptiste Gourinat) ou par une autre équipe de
recherche, en accord avec le directeur de mémoire (par exemple les Archives
Husserl, ENS, dir. Dominique Pradelle). La simple présence, dûment attestée,
suffit à valider l’UE 6.
Il est vivement recommandé aux étudiants de prendre l’avis du professeur
directeur du mémoire principal pour s’orienter dans le choix des autres séminaires
en fonction de leurs objectifs de formation à la recherche.

La réunion de rentrée du Master « Histoire de la philosophie,


métaphysique, phénoménologie » pour l’année académique 2022-2023 aura
lieu le mercredi 7 septembre 2022 à 16h (amphi à déterminer).

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Parcours-type : Histoire de la philosophie, Métaphysique, Phénoménologie

Master I

M1 Ects Intitulé des UE H. CM H. CM H. TD H. H. eq


S1 hebdo. semest hebdo TD TD
re sem.
3 UE1 Cours de tronc commun 1 1,5 19,5 29,25
Cours portant sur une des
thématiques du parcours
3 UE2 Cours de tronc commun 2 1,5 19,5 29,25
Méthodologie de l’histoire de la
philosophie
3 UE3 TD lié au CTC 2 1,5 19,5 19,5

3 UE4 Textes philosophiques en 1,5 19,5 19,5


langue étrangère (anglais, grec,
allemand, latin)
6 UE5 Séminaire 1* 1,5 19,5 29,25

6 UE6 Séminaire 2** 1,5 19,5 29,25

6 UE7 Séminaire 3*** 1,5 19,5 29,25

Tot 30 7,5 97,5 3 39 185,2


al 5

Total heures étudiants : 136,5h

M1 Ects Intitulé des UE H. CM H. CM H. TD H. H. eq


S2 hebdo. semest hebdo. TD TD
re sem.
3 UE1 Cours de tronc commun 1 1,5 19,5 29,25
Cours portant sur une des
thématiques du parcours
3 UE2 Cours de tronc commun 2 1,5 19,5 29,25
Méthodologie de l’histoire de la
philosophie
3 UE3 TD lié au CTC 2 1,5 19,5 19,5

3 UE4 Textes philosophiques en 1,5 19,5 19,5


langue étrangère (anglais, grec,
allemand, latin)
6 UE5 Séminaire 1* 1,5 19,5 29,25

6 UE6 Séminaire 2** 1,5 19,5 29,25

6 UE7 Séminaire 3*** 1,5 19,5 29,25

Tot 30 7,5 97,5 3 39 185,2


al 5

Total heures étudiants : 136,5h

* À choisir dans la liste :


Histoire de la philosophie antique (Thomas Auffret/David Lefebvre)
Histoire de la philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive (Suzanne
Husson)

6
Histoire de la philosophie arabe (Marwan Rashed/Cristina Cerami)
Histoire de la philosophie du Moyen Âge (Tobias Hoffmann)
Histoire de la philosophie moderne (Alberto Frigo/Vincent Carraud)
Histoire de la philosophie britannique (Élise Marrou/Philippe Hamou)
Histoire des sciences et de la philosophie moderne (Philippe Hamou)
Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel Cattin)
Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique Pradelle/Claude
Romano)

**À choisir dans la liste * ci-dessus.

***À choisir dans la liste * ci-dessus ou parmi les séminaires de même


niveau offerts dans les autres parcours de la mention Philosophie de
Sorbonne-Université ou parmi d’autres mentions délivrées à la Faculté des
Lettres de Sorbonne-Université.

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Master II

M2 Ects Intitulé des UE H. CM H. CM H. TD H. TD H. eq


S3 semaine semestre semaine semestre TD
7 UE1 Séminaire 1* 1,5 19,5 29,25

6 UE2 Séminaire 2* 1,5 19,5 29,25

6 UE3 Séminaire 3** 1,5 19,5 29,25

5 UE4 Textes philosophiques 1,5 19,5 19,5


en langue étrangère
(anglais, allemand, italien,
grec, latin)
4 UE5 Projet de mémoire lié
à l’UE1

2 UE6 Séminaire adossé à 12 18


l’EA et à l’UMR

Total 30 4,5 70,5 1,5 19,5 125,25

Total heures étudiants : 90h

M2 Ects Intitulé des UE H. CM H. CM H. TD H. TD H. eq


S4 semaine semestre semaine semestre TD
4 UE1 Séminaire 1* 1,5 19,5 29,25

4 UE2 Séminaire 2* 1,5 19,5 29,25

4 UE3 Séminaire 3** 1,5 19,5 29,25

3 UE4 Textes philosophiques 1,5 19,5 19,5


en langue étrangère
(anglais, allemand, italien,
grec, latin)
14 UE5 Mémoire lié à l’UE1

1 UE6 Séminaire adossé à 12 18


l’EA et à l’UMR

Total 30 4,5 70,5 1,5 19,5 125,25

Total heures étudiants : 90h


Total master : 453h étudiants

* À choisir dans la liste :


Histoire de la philosophie antique (David Lefebvre/Marwan Rashed)
Histoire de la philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive (Suzanne
Husson/Thomas Auffret)
Histoire de la philosophie arabe (Marwan Rashed)
Histoire de la philosophie médiévale (Tobias Hoffmann)
Histoire de la philosophie moderne (Vincent Carraud)
Histoire de la philosophie britannique (Philippe Hamou)

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Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique Pradelle)
Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel Cattin)

** Au choix :
Un des séminaires de la liste * ci-dessus ;
Un séminaire d’un autre parcours de la mention Philosophie de
Sorbonne-Université
Un séminaire d’une autre mention de la Faculté des Lettres de
Sorbonne-Université (avec l’accord du directeur de mémoire) ;
Un séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre
établissement (sous réserve de conventions interuniversitaires, à vérifier lors des
inscriptions pédagogiques), avec l’accord du directeur de mémoire. La liste
suivante est limitative :
– Université Paris I Panthéon-Sorbonne (R. Barbaras, J. Benoist,
Ph. Büttgen, A. Charrak, Franck Fischbach) ;
– Université Paris Nanterre (C. Berner) ;
– École Pratique des Hautes Études, Ve section (O. Boulnois, C. Grellard) ;
– École Normale Supérieure (D. Arbib, D. Cohen-Levinas).

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Inscriptions et contrôle des connaissances
Lors des inscriptions pédagogiques, nécessaires pour passer les examens et,
par conséquent, pour obtenir les UE du master, les étudiants ont le choix entre une
inscription en régime de contrôle continu et une inscription en régime de
« dispense d’assiduité ».
Le régime de contrôle continu est le régime normal. L’inscription en régime
de « dispense d’assiduité » est une inscription dérogatoire qui peut être accordée
sur décision du directeur de l’UFR aux étudiants :
- ayant une activité professionnelle ;
- ayant des enfants à charge ;
- inscrits dans deux cursus indépendants ;
- handicapés ;
- sportifs de haut niveau ;
- engagés dans la vie civique ;
- élus dans les Conseils.
Les étudiants qui répondent à l’une de ces conditions doivent faire la
demande d’une inscription en régime de « dispense d’assiduité » (comprenant
tous les justificatifs), auprès du secrétariat de l’UFR un mois au plus tard après la
date du début des cours à chacun des semestres. Si la situation de l’étudiant
l’exige (maladie, changement de contrat de travail, etc.), le délai d’un mois pourra
être repoussé.
L’étudiant s’inscrit dans le groupe « dispensés d’assiduité » lors de ses
inscriptions pédagogiques et produit les justificatifs nécessaires. En l’absence de
ces derniers, le secrétariat inscrira l’étudiant en régime de contrôle continu et
l’affectera à un groupe de TD.

Les inscriptions pédagogiques se font chaque semestre.

Conformément aux modalités de contrôle des connaissances adoptées par le


Conseil d’administration, toutes les UE de master sont évaluées en régime de
contrôle continu intégral et ne font donc pas l’objet d’une session de
rattrapage.

Ce contrôle continu peut prendre des formes différentes qui seront précisées
par l’enseignant responsable de l’UE (exercice sur table, interrogation orale,
exposé, petit mémoire, etc.).
Les étudiants dispensés d’assiduité valident leurs UE en participant au
dernier examen de contrôle continu organisé par l’enseignant ou en lui remettant
un travail préalablement défini par l’enseignant. Les étudiants inscrits dans ce
régime dérogatoire doivent donc prendre contact avec l’enseignant pour
connaître les contenus du cours ainsi que les modalités d’évaluation. Les
étudiants étrangers inscrits dans les programmes d’échange, notamment
ERASMUS, sont soumis aux mêmes conditions de contrôle des connaissances.
Les étudiants ayant un handicap peuvent bénéficier de mesures particulières lors
des épreuves. Les évaluations des UE de master peuvent avoir lieu durant la
période de cours comme durant la période d’examens définie par le calendrier
universitaire voté au Conseil de la Faculté.
Pour le calcul de la moyenne de chaque semestre, la note de chaque UE est
affectée d’un coefficient égal au nombre d’ECTS (European Credits Transfer
System) de l’UE.

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Le passage de Master 1 en Master 2 est conditionné par l’obtention
d’une moyenne annuelle supérieure ou égale à 10/20 (éventuellement après
compensation entre les deux semestres de M1).

En Master 2, la remise du mémoire doit avoir lieu en juin ; elle peut


éventuellement être différée au mois de septembre. Les dates de dépôt des
mémoires :

 Session de juin : le jeudi 8 juin 2023 en double exemplaire au secrétariat de


l’UFR (avec une copie informatique sur la liste memoires :
philo@listes.parissorbonne.fr)

 Session différée : le lundi 4 septembre 2023 selon les mêmes modalités.

Ces dates seront également indiquées dans l’ENT et affichées au secrétariat.

La soutenance du mémoire a lieu devant un jury composé d’au moins deux


enseignants-chercheurs, dont le directeur de recherche.

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Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires
2022-2023
Programme M1

Tronc commun

1/ Thématiques de l’histoire de la philosophie

Semestre 1.
Cours. M1PHHI11 Emmanuel CATTIN

Doctrines du non-être

Le cours étudiera quelques-unes des grandes doctrines du non-être dans la


tradition.

Parménide, Fragments. Poème, trad. fr. Magali Année, Paris, Vrin, 2012 et
trad. fr. J. Beaufret, Paris, PUF, « Quadrige », rééd. 1996.
Platon, Parmenides, éd. J. Burnet, Oxford, Oxford Classical Texts, t. II,
1984. Parménide, trad. fr. L. Robin et J. Moreau, Paris, Gallimard, « Bibliothèque
de la Pléiade », rééd. 1981, ou A. Diès, Paris, Gallimard, rééd. 2006.
Plotin, Traité 9, trad. fr. P. Hadot, Paris, Livre de Poche, 1999, et Traité 10,
trad. fr. Fr. Fronterotta (Traités 7-21, Paris, Flammarion, 2003).
Damascius, Traité des premiers principes, éd. et trad. fr. L. G. Westerink et
J. Combès, Paris, Les Belles Lettres, 1986sq.
Maître Eckhart, Traités et sermons, trad. fr. A. de Libera, Paris,
Flammarion, 1992.
Hegel, Wissenschaft der Logik, Das Sein, Hamburg, Meiner, 1999. La
Science de la Logique, L’Être, trad. fr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 2015.
Schelling, Die Weltalter. 1811/1813, Sämtliche Werke, Nachlaßband, hrsg.
v. M. Schröter, 1946 (en ligne). Les Âges du monde, trad. fr. P. David, Paris, PUF,
« Épiméthée »,
Heidegger, Was ist Metaphysik? Wegmarken (GA 9), Frankfurt,
Klostermann, 1996. Qu’est-ce que la métaphysique ? trad. fr. R. Munier, Paris,
L’Herne (Cahier de l’Herne Heidegger), et trad. fr. H. Corbin, Questions I, Paris,
Gallimard, 1990.

Semestre 2.
Cours. M2PHHI11 Claude ROMANO

L’interprétation en philosophie et dans les sciences humaines

Ce cours abordera les questions qui se posent à l’historien de la philosophie


quand il s’agit de comprendre et d’interpréter un texte, en convoquant les
principales tentatives pour poser la question de l’interprétation philo-
sophiquement, de Schleiermacher et Dilthey à Donald Davidson et Charles
Taylor, en passant par Heidegger et Gadamer.

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Bibliographie :
Collingwood, R. G., Toute histoire est histoire d’une pensée :
Autobiographie d’un philosophe archéologue
Danto, Arthur, « L’interprétation profonde », in L’assujettissement
philosophique de l’art, trad. fr., Paris, éd. du Seuil, 1993.
Davidson, Donald, Enquêtes sur la vérité et l’interprétation, Nîmes, éd.
Jacqueline Chambon, 1993.
Dilthey, Wilhelm, Introduction aux sciences de l’esprit, 1883, trad. de S.
Mesure, Paris, éd. du Cerf, 1992.
_ Introduction à l’étude des sciences humaines, Paris, PUF, 1942.
Gadamer, Hans-Georg, Vérité et méthode, trad. fr., Paris, éd. du Seuil, 1996.
Heidegger, Martin, Être et temps, trad. d’E. Martineau, Paris, Authentica,
1985.
Ricœur, Paul, Du texte à l’action, Essais d’herméneutique, II, Paris, éd. du
Seuil, 1990.
_ Ecrits et conférences, 2, Herméneutique, Paris, éd. du Seuil, 2010.
Rorty, Richard, « La recherche comme recontextualisation : un modèle anti-
dualiste de l’interprétation », in Objectivisme, relativisme et vérité, trad. fr.,
P.U.F., 1994.
Schleiermacher, F. D. E. Herméneutique, trad. de C. Berner, Paris, éd. du
Cerf, 1987.
Shustermann, R. Sous l’interprétation, trad. fr., Paris, éd. de l’Éclat, 1994
Taylor, Charles « L’interprétation et les sciences de l’homme », in La
liberté des modernes, P.U.F., 1997.
Thouard, Denis, Herméneutique contemporaine. Comprendre, interpréter,
connaître, Paris, Vrin, 2011.
Wittgenstein, Ludwig, Recherches philosophiques, trad. fr. Paris, Gallimard,
2004.

Recueil de textes :
Critique et herméneutique dans le premier romantisme allemand, textes de F.
Schlegel, F. Schleiermacher, F. Ast, etc., éd. de D. Thouard, Presses
Universitaires du Septentrion, 1996.

2/ Méthodologie de l’histoire de la philosophie

Semestre 1.
Cours. M1PHHI20 Vincent BLANCHET

Systématicité et historicité de la philosophie : Kant, Schelling, Hegel

Au moment d’entreprendre le second cycle de sa formation académique et


de se consacrer pleinement à l’étude de l’histoire de la philosophie, un doute se
fait peut-être plus insistant que les autres : philosopher requiert-il nécessairement
la fréquentation des œuvres passées et leur apprentissage ? Corrélativement, à
quelles conditions l’activité de l’historien de la philosophie s’avère-t-elle
philosophique ? Si ces questions commandent tous les problèmes
méthodologiques ultérieurs, il semble pourtant impossible de les trancher sans les
reconduire à une autre difficulté, plus radicale : l’histoire de la philosophie est-elle
rationnelle ? Pour le dire autrement : la succession des figures historiques de la
pensée philosophique met-elle en œuvre un principe intelligible dont la
conscience qui accomplit leur recollection pourrait reconnaître la vérité ? Le cours
13
se proposera ainsi de conjoindre deux questions. Il s’agira, d’une part, de se
demander si l’on peut philosopher sans étudier la philosophie et si cette étude doit
être considérée comme l’exercice de la pensée ou comme son préalable. D’autre
part, et plus profondément, il s’agira de questionner la rationalité et le sens, c’est-
à-dire aussi la direction, qui pourraient régir le déploiement historique de la
philosophie.

Bibliographie indicative :

1. Littérature primaire
KANT Emmanuel, Critique de la raison pure, Méthodologie
transcendantale, trad. A Renaut, Paris, Flammarion, 2006.
KANT Emmanuel, Logique, Introduction, trad. L. Guillermit, Paris, Vrin,
1989.
SCHELLING Friedrich Wilhelm Joseph, Œuvres métaphysiques (1805-1821),
trad. J.-Fr. Courtine et E. Martineau, Paris, Gallimard, 1980.
SCHELLING Friedrich Wilhelm Joseph, Introduction à la philosophie, trad.
M.-Ch. Challiol-Gillet et P. David, Paris, Vrin, 1996.
HEGEL Georg Wilhelm Friedrich, Phénoménologie de l’esprit, Préface et
Introduction, trad. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 2006.
HEGEL Georg Wilhelm Friedrich, Leçons sur l’histoire de la philosophie,
Introduction, Bibliographie, Philosophie orientale, trad. G. Marmasse, Paris,
Vrin, 2004.

2. Littérature secondaire
BOURGEOIS Bernard, Hegel. Les actes de l’esprit, Paris, Vrin, 2001.
COURTINE Jean-François, Schelling. Entre temps et éternité. Histoire et
préhistoire de la conscience, Paris, Vrin, 2012.
HEIDEGGER Martin, Schelling. Le traité de 1809 sur l’essence de la liberté
humaine, trad. J. Fr. Courtine, Paris, Gallimard, 1977.

TD. M1PHHI30 Vincent BLANCHET/ Alberto FRIGO

Conçu comme une introduction au travail de recherche, ce TD a pour but de


présenter et de justifier l’essentiel des contraintes formelles qu’impose la
rhétorique savante. Comme toute discipline académique, la recherche en
philosophie obéit à des exigences autant littéraires que scientifiques. Le discours
philosophique apparaît d’autant plus libre qu’il donne à voir lui-même en toute
clarté les conditions de sa propre légitimation.

Semestre 2.
Cours. M2PHHI20 Raphaël EHRSAM
Perspectives méthodologiques en histoire de la philosophie : écrire
l’histoire des métaphysiques du libre-arbitre

Notre objectif au sein de ce cours sera d’explorer la diversité des méthodes


possibles en histoire de la philosophie. Nous veillerons, dans cette perspective, à
examiner les attendus et enjeux de l’histoire internaliste des systèmes, ceux des
entreprises comparatistes, ceux de la mise en lumière des phénomènes de
continuité et de discontinuité en histoire de la philosophie, ceux de l’histoire de la
philosophie centrée sur l’étude des sources (« majeures » comme « mineures »),
14
enfin ceux des travaux soucieux d’écrire l’histoire de la philosophie en la tissant
avec d’autres enquêtes historiques connexes (histoire des sciences, histoire
politique et sociale notamment).
Nous mesurerons l’intérêt et les procédures typiques des différentes voies de
l’histoire de la philosophie en nous attachant en particulier à déterminer comment
elles peuvent aboutir à écrire très diversement l’histoire des métaphysiques du
libre-arbitre.

Bibliographie indicative sur les méthodes en histoire de la philosophie


ALQUIÉ Ferdinand, Qu’est-ce que comprendre un philosophe, Paris, La
Table ronde, 2005
BOURDIEU Pierre, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997
BRÉHIER Émile, La philosophie et son passé, Paris, PUF, 1940
CERUTTI Patrick, Histoire de la philosophie. Idées, temporalités et
contextes, Paris, Vrin, 2018 (en particulier les textes suivants : BELAVAL Yvon,
« Continu et discontinu en histoire de la philosophie », p. 309-322 ; GARBER
Dan, « Vers une histoire antiquaire de la philosophie », p. 353-373 ; GENTILE
Giovanni : « Le cercle de la philosophie et de l’histoire de la philosophie », p. 73-
86 ; SKINNER Quentin, « Signification et compréhension en histoire de la
philosophie », p. 215-274)
FOUCAULT Michel, L’archéologie du savoir (1969), Paris, Gallimard,
1982
GOLDSCHMIDT Victor, « Remarques sur la méthode structurale en
histoire de la philosophie »
GUÉROULT Martial, Histoire de l’histoire de la philosophie (t. I : En
Occident, des origines jusqu’à Condillac, Paris, Aubier-Montaigne, 1984 ; t. II :
En Allemagne, de Leibniz à nos jours, Paris, Aubier-Montaigne, 1988 ; t. III : En
France, de Condorcet à nos jours, Paris, Aubier-Montaigne, 1988)
GUÉROULT Martial, Philosophie de l’histoire de la philosophie, Paris,
Aubier-Montaigne, 1979

Principaux textes abordés


ANSELME de CANTORBERY, La liberté du choix, tr. M. Corbin in L’œuvre de
S. Anselme de Cantorbery, Paris, Cerf, 1987
ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, tr. J. Tricot, Paris, Vrin, 1990
ARISTOTE, Les Politiques, tr. P. Pellegrin, Paris, Flammarion, 2015
ARISTOTE, Métaphysique, tr. J. Tricot, Paris, Vrin, 1991, 2 vol.
AUGUSTIN, Le libre arbitre, tr. S. Dupuy-Trudelle, in Les Confessions.
Dialogues philosophiques, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1998,
p. 411-551
DESCARTES René, Méditations métaphysiques. Objections et réponses,
Paris, Flammarion, 1979
EPICTETE, Entretiens, tr. E. Bréhier in Les Stoïciens, t. II, Paris,
Gallimard, 1962, p. 801-1105
KANT Emmanuel, Critique de la raison pure, tr. A. Renaut, Paris,
Flammarion, 2001
KANT Emmanuel, Critique de la raison pratique, tr. J.-P. Füssler, Paris,
Flammarion, 2003
HEGEL Georg Wilhelm Friedrich, Phénoménologie de l’esprit, tr. B.
Bourgeois, Paris, Vrin, 2006
HEGEL Georg Wilhelm Friedrich, Encyclopédie des sciences philosophiques III.
La philosophie de l’esprit, tr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 1988
15
HOBBES Thomas, De la liberté et de la nécessité, tr. F. Lessay, Paris, Vrin, 1993
HOBBES Thomas, Léviathan, tr. de l’anglais Gérard Mairet, Paris,
Gallimard, 2000
LUTHER Martin, Du serf arbitre, tr. G. Lagarrigue, suivi de ERASME
Désiré, Diatribe : Du libre arbitre, Paris, Gallimard, 2001
NIETZSCHE Friedrich, Par-delà bien et mal, tr. P. Wotling, Paris,
Flammarion, 2000

TD. M2PHHI30 Philippe HAMOU et Vincent BLANCHET

Certains collègues, enseignant ou non à la Faculté des lettres de Sorbonne-


Université, présentent leurs recherches en cours en mettant en évidence la
méthodologie qui les a permises, les apories qu’ils ont surmontées et les résultats
auxquels ils sont parvenus.

Lecture de textes philosophiques en langue étrangère


(TD à choisir parmi cinq langues)

Grec

Semestre 1. M1PHLAN1 et semestre 2. M2PHLAN1 Marwan RASHED

Lecture d’Aristote, Métaphysique, Livre Lambda

Nous lirons, au long du S1 et du S2, le livre Lambda de la Métaphysique


d’Aristote. Nous nous attacherons, pour ce faire, à en restituer le texte grec en
revenant aux plus vieux manuscrits byzantins, aux commentateurs antiques et aux
traductions médiévales arabes et latines. Ce sera l’occasion de s’initier à la lecture
des manuscrits grecs anciens (paléographie) et aux méthodes de l’édition critique
des textes philosophiques (ecdotique), dont les grands principes seront expliqués,
chemin faisant, au cours du séminaire. On produira ainsi un texte de Lambda plus
fidèle à l’intention d’Aristote que celui des cinq éditions critiques existantes à ce
jour (Bekker, Bonitz, Christ, Ross, Jaeger) – sans parler des traductions en
vigueur qui en dépendent passivement –, qui permettra de ressaisir dans sa forme
originale l’intention d’Aristote dans ce livre, important entre tous, de la
Métaphysique.

Le texte grec, les images des documents anciens et la bibliographie


pertinente aux analyses seront fournis en cours. Pour une excellente étude récente
(avec bibliographie à jour), voir Aristote, Métaphysique, Livre Lambda,
présenté et traduit par F. Baghdassarian, Paris, 2019.

Latin

Semestre 1. M1PHLAN4 Tobias HOFFMANN

Lecture de Jean Buridan, Commentaire de l’Éthique à Nicomaque

https://moodle-lettres.sorbonne-universite.fr/moodle-
2022/course/view.php?id=377
16
Nous lirons des extraits du livre VI du Commentaire de l’Éthique à
Nicomaque de Jean Buridan († 1358). Dans ce texte, Buridan examine les vertus
intellectuelles, surtout la prudence, c’est-à-dire la sagesse pratique.
Le texte du commentaire est celui de l’édition de Paris, 1513 (réimpression
Francfort-sur-le-Main, Minerva, 1968). La lecture de ce texte exige une
connaissance de base de la paléographie latine médiévale, connaissance qui sera
acquise dans ce TD.
Le texte sera fourni en début de semestre. Il est aussi dès à présent
disponible sur Moodle.
Ce TD présuppose la connaissance du latin, mais non de la paléographie.

Bibliographie
Medeiros Ramos, Aline. John Buridan on the Intellectual Virtues. Thèse de
doctorat, Université du Québec à Montréal, 2022.
https://archipel.uqam.ca/15415/1/D4149.pdf

D’autres indications bibliographiques se trouvent dans la bibliographie de


cette thèse.

Semestre 2. M2PHLAN4 Ide LÉVI

Préceptes moraux et volonté divine : Duns Scot, Ockham, Grégoire de


Rimini

Ce TD sera consacré à la lecture de textes d’éthique tirés du Commentaire


des Sentences de Duns Scot (v. 1265 – 1308), d’Ockham (v. 1287 – 1347) et de
Grégoire de Rimini (v. 1300 – 1358). La question transversale qui permettra de
les aborder sera celle du statut méta-éthique des préceptes moraux fondamentaux
et de la source de leur autorité : en particulier, correspondent-ils selon ces auteurs
à des vérités pratiques objectives et nécessaires s’imposant comme telles à tout
intellect et à toute volonté (divins ou humains), ou s’agit-il de lois morales
librement instituées par la volonté divine ?

Textes principaux :
- Jean Duns Scot, Ordinatio III, d. 37, q. un. (in Opera omnia, X, éd. B.
Hechich, B. Huculak, J. Percan, and S. Ruiz de Loizaga,Typis Vaticanis,
2007, p. 271 – 291).
- Guillaume d’Ockham, Reportatio II, d. 15. (in Opera philosophica et
theologica, V, éd. Gedeon Gál et Rega Wood, St. Bonaventure, New York,
The Franciscan Institute, 1981, p. 338 – 358).
- Grégoire de Rimini, Lectura super Primum et Secundum Sententiarum, II,
d. 34 – 37, q. 1 (éd. Trapp & Marcolino, VI, Berlin / New York, Walter de
Gruyter, 1985, p. 219 – 280, extraits).

Ce TD présuppose la connaissance du latin.


Les questions disputées à traduire seront fournies en début de semestre.

Allemand

Semestre 1. M1PHLAN2 Jean-Baptiste FOURNIER

17
Edmund Husserl, Die Idee der Phänomenologie, leçons de 1907

L’Idée de la phénoménologie est un cours charnière dans l’histoire de la


phénoménologie. Husserl y présente à ses étudiants une version remaniée de cette
discipline par rapport aux Recherches logiques, en un sens qui signale déjà le
« tournant transcendantal » dont les Idées directrices de 1913 seront
l’aboutissement. Le cours, donné à Göttingen en 1907, se présente comme une
introduction à la méthode phénoménologique en vue du célèbre cours sur la
perception que Husserl donnera au semestre suivant et qu’on connaît sous le
titre Ding und Raum, Vorlesungen 1907. S’y trouvent expliqués et construits les
principaux concepts de la méthode phénoménologique, et en particulier la
distinction entre l’attitude naturelle et l’attitude phénoménologique. Découvrir ce
texte dense et synthétique en allemand constitue une étape essentielle de la
découverte de la phénoménologie ou de l’approfondissement de sa
compréhension.

Une bibliographie plus détaillée sera donnée au début du semestre, mais,


selon votre connaissance de la phénoménologie, vous pouvez déjà (dans l’ordre) :

1. Lire le texte en français (L’Idée de la phénoménologie, trad. A. Lowit,


Paris, PUF, 1997) et en allemand (Die Idee der Phänomenologie,
Hamburg, Meiner, 1986).
2. Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien la phénoménologie, la lecture
des Idées directrices pour une phénoménologie (trad. J.-F. Lavigne, plus
récente que celle de P. Ricoeur qui demeure cependant excellente) peut
être très bénéfique pour s’y introduire.
3. Pour ceux qui seraient déjà familiers avec Husserl, la lecture
des Recherches logiques, en particulier de la sixième, est évidemment
bénéfique, ainsi que celle du cours Chose et espace de 1907.
4. Enfin, pour situer ces textes dans la genèse de la phénoménologie
transcendantale, vous pouvez consulter l’ouvrage de J.-F.
Lavigne, Husserl et la naissance de la phénoménologie, Paris, PUF, 2005.

Semestre 2. M2PHLAN2 Vincent BLANCHET

Heidegger, « Die Gefahr »

Le cours se propose de traduire et de commenter l’une des conférences de


Brême de Martin Heidegger, la troisième, intitulée « Die Gefahr ». Au centre du
propos se trouve l’essence de la technique. La proximité que cette conférence
entretient avec le premier chapitre des Essais et conférences, et plus généralement
avec la première partie de cet ouvrage, sera l’objet d’une attention particulière ;
cette proximité implique également la lecture du recueil dans sa totalité.

Bibliographie indicative
1. Littérature primaire
HEIDEGGER, Martin, « Die Gefahr », Bremer und Freiburger Vorträge,
Gesamtausgabe, Bd. 79, Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, 2005, p. 46-
67.
HEIDEGGER, Martin, Vorträge und Aufsätze, Bd. 7, Frankfurt am Main,
Vittorio Klostermann, 2000.

18
2. Littérature secondaire
CATTIN, Emmanuel, Sérénité. Eckhart, Schelling, Heidegger, Paris, Vrin,
2012.
FRANCK, Didier, Le nom et la chose. Langue et vérité chez Heidegger, Paris,
Vrin, 2017.
SCHÜRMANN, Reiner, Le principe d’anarchie. Heidegger et la question de
l’agir, Paris, Seuil, 1982.

Anglais

Lors de chaque semestre, deux cours sont proposés (l’un étant fait directement en
anglais, plus orienté vers la recherche, l’autre prenant la forme d’un cours de
traduction et de commentaire de textes, sur le modèle de l’épreuve de textes en
langue étrangère à l’agrégation) :

Semestre 1. M1PHLAN3

Cours 1. Raphaël EHRSAM

Titre : Strawson, métaphysique descriptive et limites du sens.

Présentation :
Peter Frederick Strawson (1919-2006) fut l’un des principaux philosophes
britanniques du siècle dernier, collègue et interlocuteur de John Austin à Oxford,
et l’un des artisans du regain d’intérêt pour la philosophie transcendantale et la
métaphysique. En manière de dialogue avec la notion quinienne de
« l’engagement ontologique » des théories, Strawson nomme « métaphysique
descriptive » l’effort pour déployer l’ontologie implicite dans nos manières
ordinaires et scientifiques de décrire et d’expliquer la réalité. Or, selon lui, la
réflexion transcendantale kantienne constitue, paradoxalement, la meilleure voie
possible pour mener à bien le programme d’une métaphysique descriptive. En
effet, se demander quelles sont les conditions de l’expérience et de la
connaissance, cela revient pour Strawson à déployer les concepts et principes
minimaux sans lesquels nous ne pouvons pas nous rendre intelligible la moindre
conception. Dans ce cours, nous nous concentrerons sur le texte de Strawson
intitulé The Bounds of Sense (1966), afin de comprendre comment le programme
théorique formulé dès Individuals en 1959 trouve son aboutissement dans une
discussion de la Critique de la raison pure. Nous serons, à cette occasion, amenés
à mettre en lumière les difficultés d’un texte lui-même soucieux de ménager, dans
l’anglais philosophique, une place à certains concepts cardinaux de philosophie
allemande. Ce cours sera enseigné exclusivement en anglais.

Bibliographie :

Texte étudié dans le cadre du TD :


STRAWSON Peter Frederick, The Bounds of Sense: An Essay on Kant’s
Critique of Pure Reason, [1966], Londres, Routledge, 2004

Textes principaux de Strawson (en anglais) :


STRAWSON Peter Frederick, Introduction to Logical Theory, Londres,
Methuen & Co, 1952
19
STRAWSON Peter Frederick, Individuals: An Essay in Descriptive
Metaphysics, Londres, Methuen & Co, 1959
STRAWSON Peter Frederick, Logico-Linguistic Papers, Londres,
Methuen & Co, 1971
STRAWSON, Peter Frederick Strawson, Subject and Predicate in Logic
and Grammar, Londres, Methuen & Co, 1974
STRAWSON Peter Frederick, Freedom and Resentment and Other
Essays, Londres, Methuen & Co, 1974
STRAWSON Peter Frederick, Scepticism and Naturalism: Some Varieties,
Londres, Methuen & Co, 1985
STRAWSON Peter Frederick, Entity and Identity, Oxford, Clarendon
Press, 1997

Traductions et textes de Strawson en français :


STRAWSON Peter Frederick, Les individus [1959], trad. A. Shalom et P.
Drong, Paris, Seuil, 1973
STRAWSON Peter Frederick, Etudes de logique et de linguistique, trad. J.
Milner, Paris, Seuil, 1977
STRAWSON Peter Frederick, Analyse et métaphysique, Paris, Vrin, 1985

Littérature secondaire et autres textes


AUSTIN John Langshaw, Quand dire c’est faire [1962], traduction G. Lane,
Paris, Seuil, 1970
AUSTIN John Langshaw, Ecrits philosophiques, trad. L. Aubert et A.-L. Hacker,
Paris, Seuil, 1994
BENOIST Jocelyn et LAUGIER Sandra (dir.), Langage ordinaire et
métaphysique : Strawson, Paris, Vrin, 2005
FREGE Gottlob, « Sens et dénotation » [1892], in Ecrits logiques et
philosophiques, trad. C. Imbert, Paris, Seuil, 1971, p. 102-126
KANT Emmanuel, Critique de la raison pure, trad. A. Renaut, Paris, GF-
Flammarion, 2001
QUINE Willard Van Orman, Du point de vue logique [1953], trad. S. Laugier
(dir.), Paris, Vrin, 2003
QUINE Willard Van Orman, « Le mythe de la signification » [1958], in La
philosophie analytique, Paris, Minuit, Cahiers de Royaumont, 1962, p. 139-187
RUSSELL Bertrand, « Sur la dénotation », in Ecrits de logique philosophique,
trad. J.-M. Roy, Paris, PUF, 1989, p. 203-218

Cours 2. Élise MARROU

David Hume, An Enquiry concerning Human Understanding

Nous travaillerons sur An Enquiry concerning Human Understanding de


manière suivie et dans son intégralité. À chaque séance, nous proposerons une
traduction et un commentaire d’un extrait de chacune des sections de An Enquiry
concerning Human Understanding qui seront à préparer d’une semaine sur
l’autre.

Édition recommandée:
HUME David, An Enquiry concerning Human Understanding, Oxford/New
York, Oxford University Press, coll. Oxford World Classics, 2000 (réimp. 2008).

20
Littérature secondaire (une bibliographie plus précise sera distribuée à
chaque séance correspondant à chacune des sections) :
BAILEY Alan et O’BRIEN Dan, Hume’s Enquiry Concerning Human
Understanding. A Reader’s Guide, Londres/New York, Bloomsbury, 2006.
HAMOU, Philippe, avec Claire ETCHEGARAY, Lire L’Enquête sur
l’entendement humain de Hume, Paris, Vrin, 2022.
MILLICAN Peter, Reading Hume on Human Understanding: Essays of the
First Enquiry, Oxford, Clarendon Press, 1002.
O’SULLIVAN Michael, An Analysis of David Hume’s An Enquiry
Concerning Human Understanding, Londres, Routledge, 2017.

Semestre 2. M2PHLAN3

Cours 1 : Élise MARROU

Wittgenstein, Lecture on Ethics & Lectures and Conversations on


Aesthetics, Psychology and Religious Belief.

Ce recueil que nous nous proposons de retraduire dans son intégralité


regroupe des leçons et conversations qui portent successivement sur l’esthétique,
la méthode freudienne et la croyance religieuse. Ce sont des notes qui ont été
prises et collectées par les étudiants de Wittgenstein à Cambridge entre 1938 et
1946. Nous partirons d’une nouvelle traduction de « Lecture on Ethics », puis
nous traduirons et commenterons les leçons sur l’esthétique, l’ambivalence des
jugements portés par Wittgenstein sur la démarche de Freud et enfin le statut que
le philosophe viennois accueilli à Trinity College accorde à la croyance et la
certitude religieuses.
L. Wittgenstein, Lecture on ethics, edited with commentary by Edoardo
Zamuner, Ermelinda Valentina Di Lascio, and D. K. Levy, Chichester, West
Sussex, UK: John Wiley & Sons, 2014.
L. Wittgenstein, Lectures and conversations on aesthetics, psychology and
religious belief, compiled from notes taken by Yorick Smythies, Rush Rhees and
James Taylor, edited by Cyril Barrett, Oxford: B. Blackwell, 1967.

Littérature secondaire
BARRETT, Cyril, Wittgenstein on Ethics and Religious belief, Oxford
(GB); Cambridge (Mass.) : B. Blackwell, 1991.
BOUVERESSE, Jacques, La Rime et la raison, Paris, Minuit, 1973.
DIAMOND, Cora « Wittgenstein on Religious Belief », dans Religion and
Wittgenstein’s Legacy, Aldershot, Ashgate, 2005.
DONATELLI, Piergiorgio, Wittgenstein e l'etica, Roma: G. Laterza & figli,
1998.
FRANKS, Paul, « Talking of Eyebrows: Religion and the Space of Reasons
after Wittgenstein, Rosenzweig and Diamond », dans Religion and Wittgenstein's
Legacy, éd. par D.Z. Philips et Mario von der Ruhr, Ashgate, 2005.
-, « Everyday speech and revelatory speech in Rosenzweig and
Wittgenstein », Philosophy Today, vol 50, n°1, avril 2006.
KENNY, Anthony, what is Faith? Essays in the Philosophy of Religion,
Oxford, Oxford University Press, chapitre 7, « John Henry Newman on the
Justification of Faith », p.89-109.
MALCOLM, Norman, Wittgenstein: a Religious Point of View?, publié
avec une réponse de Peter Winch, Londres, Routledge, 1993.
21
- « The Groundlessness of Belief », ch. 6 de Contemporary Perspectives on
Religious Epistemology, R. D. Geivett and B. Sweetman (dir.), Oxford, Oxford
University Press, 1992
PHILIPPS Dewi Z. / Mario von der RUHR (ed.), Religion and
Wittgenstein's legacy, Aldershot, Ashgate, 2005
PRICHARD, Duncan, Epistemic Luck, Oxford, Oxford University Press,
2005
DOI : 10.5840/jpr_2004_18
- « Is “God exists” a “hinge proposition” of religious belief? », International
Journal for Philosophy of Religion, 47, 2000, p. 129-40.
-, « Epistemic relativism, epistemic incommensurability and Wittgensteinian
epistemology », dans A Companion to Relativism, Steven D. Hales (dir.), Oxford,
Blackwell, 2011.
PUTNAM, Hilary Putnam, Renewing Philosophy, Cambridge Mass.,
Harvard UP, 1992.

Cours 2 : Jean-Baptiste FOURNIER

Peter F. Strawson, Individuals

L’ouvrage de P. F. Strawson, Individuals, est une œuvre centrale de la


philosophie analytique anglo-saxonne, et ce cours constitue à ce titre une
introduction à cette branche de la pensée du XXe siècle. Mais c’est aussi une
œuvre d’une grande ambition, puisque Strawson y reformule ce qu’il considère
comme « le problème de Kant », à savoir celui des conditions de l’objectivité. Le
problème de Strawson est en effet de savoir à quelles conditions nous pouvons
formuler des énoncés portant sur des « particuliers » susceptibles d’être identifiés
et réidentifiés par une communauté intersubjective. Or, la prinicpale condition
pour qu’une telle identification soit possible est que les objets considérés puissent
être situés dans un cadre spatio-temporel unique dans lequel chacun puisse
recevoir une position déterminée. Seules les définitions intégrant une telle
position dans le cadre spatio-temporel peuvent être véritablement univoques.
Qu’en est-il alors, dans un second temps, des expériences, comme l’expérience
sonore, dans lesquelles le rapport à l’espace ne va pas de soi ? Une objectivité
peut-elle y être décelée ? De même, dans le cas des personnes, notre schème
conceptuel usuel fonctionne-t-il ? Comment ces dernières sont-elles identifiées ?
Nous nous interrogeons donc sur le sens et la portée du reformatage analytique de
la question transcendantale.
Pour vous préparer à ce cours, qui consistera en une lecture suivie du texte
en langue anglaise, en particulier des trois premiers chapitres, rien de tel que de
lire l’ouvrage intégralement en anglais ou en français, selon votre niveau de
langue. Il est important de bien avoir saisi les thèses de l’auteur, donc il ne faut
pas hésiter à le lire en français pour isoler la difficulté de la langue.
Texte : P. F. Strawson, Individuals, London, Routledge, 1959 ; traduction
d’A. Shalom et P. Drong : Les Individus, Paris, Seuil, 1973. Parmi la littérature
secondaire assez fournie sur Strawson, je vous recommande en outre le petit
ouvrage de S. Laugier et J. Benoist, Langage ordinaire et métaphysique :
Strawson, Paris, Vrin, 2005.

Italien

Semestre 1. M1PHLAN6 Vincent BLANCHET


22
Gramsci, « Il moderno Principe ».

Le cours se propose de traduire et de commenter un texte issu du treizième


cahier de prison d’Antonio Gramsci, en lequel la réflexion politique de Gramsci,
notamment sur la formation de la « volonté collective », se constitue en dialogue
avec Le prince de Machiavel.

GRAMSCI, Antonio, «Il moderno Principe», Nel mondo grande e terribile,


Antologia degle scritti 1914-1935 (éd. G. Vacca), Torino, Einaudi, 2007.

Semestre 2. M2PHLAN6 Vincent BLANCHET

Pareyson, Verità e interpretazione.

Le cours se propose de traduire et de commenter certains passages du livre


de Luigi Pareyson, Verità e interpretazione.

Bibliographie indicative :
1. Littérature primaire
PAREYSON, Luigi, Verità e interpretazione, Milano, Mursia, 1971.

2. Littérature secondaire
RICONDA, Giuseppe, «Esistenzialismo, ermeneutica e pensiero tragico»,
Paradigmi, n. 28, 1992.
TOMATIS, Francesco Pareyson. Vita, filosofia, bibliografia, Brescia,
Morcelliana, 2003.
CONTI, Ermenegildo, La verità nell’interpretazione. L’ontologia
ermeneutica di Luigi Pareyson, Torino, Trauben, 2000.

23
Séminaires

(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)

Philosophie antique

Semestre 1. M1PHHI51 Thomas AUFFRET

La méthode chez Platon

On s’attachera à étudier dans leur détail les différents procédés dialectiques


à l’œuvre dans les dialogues de Platon en se fondant, d’une part, sur les
indications explicites de Platon à cet égard, et en les confrontant, d’autre part, à
leur application effective au sein des différentes discussions. On étudiera ainsi un
certain nombre de lieux classiques du corpus platonicien touchant la méthode
hypothétique, l’analyse et la synthèse, la division, le paradigme, les différents
types de définition, etc. A l’exemple de l’Aristote des Topiques, on prêtera
également une attention toute particulière à la forme dialoguée privilégiée par
Platon, et l’on s’interrogera sur la signification et les implications de ce choix
d’exposer sa philosophie exclusivement au moyen de ce que l’on a pu jadis
qualifier, à juste titre, de « drames dialectiques ». Ce faisant, on se propose de
définir les éléments d’une méthode proprement platonicienne. Il s’agira, en
somme, de tenter d’éclaircir les relations qu’entretiennent, au sein de la
spéculation platonicienne, dialectique et philosophie.

Bibliographie élémentaire :
Victor Goldschmidt, Les dialogues de Platon. Structure et méthode
dialectique, Paris, 19632.
Victor Goldschmidt, Le paradigme dans la dialectique platonicienne, Paris,
1947.
Paul Kucharski, Les chemins du savoir dans les derniers dialogues de
Platon, Paris, 1949.
Richard Robinson, Plato’s Earlier Dialectic, Oxford, 19532.
René Schaerer, La Question platonicienne. Étude sur les rapports de la
pensée et de l’expression dans les dialogues de Platon, Neuchâtel, 19692.
Julius Stenzel, Plato’s Method of Dialectic, translated and edited by D. J.
Allan, Oxford, 1940.
Jules Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris,
2001.

Semestre 2. M2PHHI51 David LEFEBVRE

Sur l’hylémorphisme d’Aristote

Le terme d’hylémorphisme, de formation assez récente, s’est imposé


comme une étiquette commode pour désigner chez Aristote la distinction entre la
matière et la forme et leur inséparabilité, en particulier, mais pas seulement, celle
de l’âme et du corps. Il est utilisé pour distinguer son ontologie du dualisme
platonicien et des doctrines de la participation, d’un côté, et des monismes
matérialistes, d’un autre. Le terme peut également s’appliquer à toute philosophie
qui emploie une distinction analogue, comme, dans l’Antiquité, le stoïcisme. On
peut aussi considérer que Platon utilise une forme d’hylémorphisme et Aristote
24
estime que l’atomisme distingue un moment matériel et une détermination
formelle ; on devrait donc parler d’hylémorphismes au pluriel. Chez Aristote, le
fait que l’usage de ce terme soit courant ne signifie pas que le sens de la doctrine
aristotélicienne ainsi désignée soit clair. C’est en fait tout le contraire : cette
distinction est-elle relative et peut-on l’utiliser à différents niveaux de
détermination (pour le composé, mais aussi pour la matière et pour la forme) ou
bien désigne-t-elle des termes absolus ? La matière doit-elle être comprise dans un
sens fonctionnel ou réaliste ? Est-elle une fonction utilisée à une fin de pure
connaissance ou bien a-t-elle un contenu ontologique ? En quoi consiste l’unité,
l’union ou l’identité des deux termes ? Autant de questions cruciales s’il est vrai
qu’Aristote semble avoir fait de la solution aux apories de la participation
platonicienne l’un de ses principaux succès théoriques. Comment comprendre
concrètement cette théorie dans le cas d’un artefact et dans le cas d’un être
vivant ? Où est la forme ? Où est la matière ? Enfin, dans le cas des animaux,
comment concilier l’hylémorphisme et le cardiocentrisme, thèse aristotélicienne
selon laquelle le principe de l’animal (son âme) est localisé dans le cœur ? Telles
sont quelques unes des questions qui seront examinées dans le cadre de ce
séminaire à travers l’étude de textes extraits de la Métaphysique (principalement
des livres Z, H et Θ) et de la physique (De l’âme, Petits traités d’histoire
naturelle, Mouvement des animaux, Génération des animaux). L’objet du
séminaire sera de clarifier le sens de l’hylémorphisme aristotélicien, comparé à
ses principaux concurrents en amont et en aval, ce qui conduira à s’intéresser à la
postérité de l’hylémorphisme aristotélicien dans l’école péripatéticienne. La
connaissance du grec n’est pas requise ; les textes seront utilisés en traduction ou
retraduits ; une bibliographie détaillée sera distribuée pour chaque partie du cours.

Bibliographie indicative
1. Textes
Aristotle’s Metaphysics, A Revised Text with Introduction and
Commentary, by W. D. Ross, 2 vol., Oxford, Clarendon Press, 1970 (1924).
Métaphysique, Présentation et traduction par M.-P. Duminil et A. Jaulin,
Paris, GF-Flammarion, 2008.
Aristotelis De anima libri III, rec. Aurelius Förster, Academiae Litterarum
Hungaricae, Budapest, 1912.
De anima, Books II and III, with certain passages from book I, Translated
by D.W. Hamlyn, with a report on recent work and a revised bibliography by
Christopher Shields, Oxford, Clarendon Press, 2002 (1968).
2. Études
Bostock, D., Aristotle, Metaphysics, Books Z and Η, Oxford, Clarendon
Press, 1994.
Gill, M.-L., Aristotle on Substance, The Paradox of Unity, Princeton,
Princeton University Press, 1989.
Rapp, C., Aristotle, Die Metaphysik, Die Substanzbücher (Ζ, Η, Θ), Berlin,
Akademie Verlag 1996.
Scaltsas, T., Charles, D., Gill, M.-L, Unity, Identity and Explanation in
Aristotle’s Metaphysics, Oxford, Clarendon Press, 1994.
Sharples, W.-R., « The Hellenistic Period: What happened to
hylomorphism? », in Ancient Perspectives on Aristotle’s De Anima, ed. by G. van
Riel & P. Destrée (…), Leuwen, Leuwen University Press, 2009, p. 155-166.

25
Philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive

Semestre 1. M1PHHI52 Suzanne HUSSON

La maladie de l’âme entre médecine et philosophie

L’Antiquité, ayant fait de l’âme le siège de toutes les facultés vitales et pas
de la seule conscience, établissait un lien spontané entre les affections du corps
propre et celles de la pensée ; néanmoins la question se posait de savoir dans
quelle mesure le traitement de la maladie de l’âme passe par le corps (et relève
donc avant tout de la médecine) ou par la seule pensée (cette tâche revenant alors
au philosophe). Nous étudierons quelques étapes de ce dialogue entre médecine et
philosophie en partant de passages significatifs du corpus hippocratique pour en
venir à la question de leur influence sur Platon et sa description des rapports entre
l’âme et le corps dans le Timée, ainsi sa constitution du philosophe comme
analogue du médecin. Les stoïciens, pour qui l’âme, à l’inverse de Platon, est de
nature à la fois corporelle et intégralement rationnelle vont être amenés à
concevoir les passions comme des maladies dont la cause et la cure sont
rationnelles : ils vont ainsi à la fois contester et radicaliser la conception
platonicienne qui, au contraire, sera réaffirmée par Galien, dans toutes ses
dimensions.
L’assistance à ce séminaire n’impose pas la connaissance du grec, les textes
étudiés seront mis à la disposition des étudiants.

PREMIERES INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

Sources médicales (directement disponibles en français)


Hippocrate, Œuvres Tome II, 3e partie : La Maladie sacrée, éd. J. Jouanna,
Paris, Belles Lettres, 2003. L’ancienne traduction de Littré est disponible sur le
site Archive.org
https://archive.org/details/BIUSante_34859x06/page/663/mode/2up
Galien, L'âme et ses passions, trad. de Les Passions et les erreurs de l'âme ;
Les Facultés de l'âme suivent les tempéraments du corps, trad. V. Barras, T.
Birchler, A.-F. Morand, Intr. J. Starobinski, Paris, Belles Lettres (coll. « La Roue
à Livres »), 1995.
Galien, Œuvres. Tome IV : Ne pas se chagriner, éd. et trad. V. Boudon-
Millot-J. Jouanna-A. Pietrobelli, Paris, Belles Lettres, 2010.

Sources philosophiques
Platon, Timée
Cicéron, Tusculanes III, IV
Sénèque, De la colère

Littérature secondaire
Devinant, J., Les troubles psychiques selon Galien: Étude d'un système de
pensée, Paris, Belles Lettres, 2020.
Fillion-Lahille, J., Le De Ira de Sénèque et la philosophie stoïcienne des
passions, Paris, Klincksieck, 1984.
Pigeaud, J., La maladie de l'âme. Étude sur la relation de l'âme et du corps
dans la tradition medico-philosophique antique, Paris, Les Belles Lettres, 1981.

26
Semestre 2. M1PHHI52 Suzanne HUSSON

Récit de soi et définition de soi : le moi de Plotin à Saint Augustin

La pensée de Saint Augustin est l’une des étapes essentielles dans la


constitution du moi tel que l’entend l’individu moderne, bien qu’elle lui soit, à
maints égards, étrangère. Pour comprendre ce qui s’y joue, il est utile
d’appréhender les transformations qu’Augustin apporte à l’appréhension
platonicienne de soi, telle que nous pouvons la trouver chez Plotin. Deux angles
d’approche seront adoptés : dans un premier temps, celui du récit de soi : dans
quelles circonstances et dans quel but le philosophe, dont la vocation est de penser
et écrire l’universel, est-il amené, non seulement à s’exprimer à la première
personne et ainsi mais à exposer son individualité et en faire le récit ? Pour Plotin
nous partirons du Traité 6 et pour Augustin, bien évidemment, des Confessions. Il
s’agira dans un deuxième temps de comprendre comment ce récit de soi s’intègre
dans le cadre général d’une conception du moi qui en définit les conditions de
possibilité et les limites.

PREMIERES INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

Plotin, Traité 6 (Ennéades, IV, 8), Traité 49 (Ennéades V, 3), Traité 53


(Ennéades, I, 1). Saint Augustin, Confessions, La Trinité X-XII, Le Maître XI,
38-XIV 46

Littérature secondaire
Aubry, G., « Conscience, pensée et connaissance de soi selon Plotin : le
double héritable de l’Alcibiade et du Charmide » Études platoniciennes, 4, 2006-
7.
Dixsaut, M. ; Morel, P.-M., La connaissance de soi : études sur le traité 49
de Plotin, Paris, Vrin, 2002.
Morel, P.-M., « Individualité et identité de l’âme humaine chez Plotin »,
Cahiers Philosophiques de Strasbourg 8, 1999, p. 53-66.
Études Platoniciennes III, L'âme amphibie, Études sur l'âme selon Plotin,
Paris, Belles Lettres, 2006.
Bermon, E., Le « cogito » dans la pensée de Saint Augustin, Paris, Vrin,
2001.
Marion, J.-L., Au lieu de soi : l'approche de saint Augustin, Paris, PUF,
2008.
L’assistance à ce séminaire n’impose pas la connaissance du grec.

Philosophie arabe

Semestre 1. M1PHHI56 Marwan RASHED

Rêve et songe dans l’Islam classique : des Parva Naturalia d’Aristote


aux fondements philosophiques de la prophétie

Les doctrines de la prophétie des philosophes islamiques ont déjà beaucoup


retenu l’attention des modernes – sans elle, on ne comprend guère, à l’âge
classique, celle d’un Spinoza. Le séminaire entend approfondir l’ensemble du
dossier, en revenant sur plusieurs textes fameux des grands philosophes arabes et
en présentant deux textes inédits, en cours d’édition, récemment découverts – dont
27
un nouveau fragment arabe des Parva naturalia d’Aristote que l’on montrera être
le point de départ du passage le plus célèbre sur la prophétie d’al-Fārābī (m. 951).
Nous étudierons, pour commencer, les principales discussions grecques sur la
question des songes prémonitoires : Aristote, Artémidore et les débats
néoplatoniciens. Nous passerons ensuite à la première réception arabe de ce
corpus, à savoir chez al-Kindī (IXe siècle) et un adaptateur/commentateur
anonyme des Parva Naturalia d’Aristote (qui pourrait être al-Kindī lui-même).
Nous étudierons ensuite l’intéressante réélaboration du matériaux kindien dans
deux ouvrages d’al-Fārābī, Les principes des opinions des habitants de la cité
vertueuse et la Constitution politique ; enfin, dans le dernier volet du séminaire,
on étudiera la doctrine du songe prophétique de deux penseurs importants du
début du XIe siècle, Avicenne et Abū al-Farağ ibn al-Ṭayyib. Un texte jusqu’ici
inconnu permettra de comprendre plus en profondeur l’antagonisme bien connu
entre ces deux penseurs.

Bibliographie
– A. Bertolacci, « The metaphysical proof of prophecy in Avicenna », in A.
Palazzo e A. Rodolfi (eds), Prophecy and Prophets in the Middle Ages, Florence,
2020, pp. 39-75
– A. Elamrani-Jamal, « De la multiplicité des modes de la prophétie chez
Ibn Sīnā », in J. Jolivet et R. Rashed, Études sur Avicenne, Paris, 1984, p. 125-142
– O. Lizzini et J.-B. Brenet, Avicenne (?) Épitre sur les prophéties, Paris,
2018
– C. Martini Bonadeo, « La rivelazione, la profezia, il profeta e la sua
facoltà immaginativa nelle opere di Abū Naṣr al-Fārābī », in A. Palazzo e A.
Rodolfi (eds), Prophecy and Prophets in the Middle Ages, Florence, 2020, p. 5-38
– F. Rahman, Prophecy in Islam. Philosophy and Orthodoxy, Londres, 1958
R. Walzer, « Al-Fārābī’s Theory of Prophecy and Divination », Journal of
Hellenic Studies 77, 1957, p. 142-148

Semestre 2. M2PHHI56 Cristina CERAMI

La nature et le monde dans la pensée arabe classique

Le séminaire est consacré aux différentes conceptions du monde et de la


nature élaborées au sein des principaux courants de la pensée arabe médiévale. En
intégrant la théologie islamique, le Kalām, dans l’histoire de cette pensée, il
s’agira d’étudier les fondements philosophiques de ces différentes conceptions :
leurs théories de la causalité, de la matière et du vivant, notamment. Nous
étudierons ces doctrines à partir de certains textes capitaux, tels que la
Philosophie première d’al-Kindī, Les Principes des existants d’al-Fārābī ou
encore Les Opinions des théologiens islamiques (Maqālāt al-islāmiyyīn) d’al-
Ashʿarī. Nous verrons que l’ensemble de ces auteurs partagent, dans leur effort
théorique, un certain nombre de questions massives : comment définir l’action
divine, comment articuler cette action avec la causalité naturelle, ou encore
comment évaluer la capacité humaine d’agir par rapport à ce double niveau de
causalité. Cette étude permettra de voir jusqu’à quel point le découpage classique,
qui oppose la philosophie d’héritage grec, la falsafa, à la théologie musulmane,
empêche de saisir la richesse des élaborations intellectuelles en terre d’Islam. Elle
montrera, en revanche, que l’ensemble des auteurs étudiés, en partageant les
mêmes questionnements, doivent être placés dans une seule et unique histoire de

28
la rationalité. La connaissance de l’arabe n’est pas un prérequis. Des textes en
traduction française seront distribués en classe.

Bibliographie:
P. ADAMSON & R.C. TAYLOR (éds), The Cambridge Companion to Arabic
Philosophy, Cambridge University Press, Cambridge 2005.
– AVERROES (Ibn Rušd), Destruction de la Destruction, Présentation, traduction
de l’arabe et notes par Taïeb Meriane, avec un essai doctrinal par Gerhard
Endress, Vrin, Paris 2022.
– A. DHANANI, The Physical Theory of Kalām, Brill, Leiden, 1994.
– AL-FARABI, La politique civile ou les principes des existants, texte, traduction
et commentaire par A. Cherni, Beyrouth, Albouraq, 2011.
– D. GUTAS, Pensée grecque, culture arabe. Le mouvement de traduction gréco-
arabe à Bagdad et la société abbasside primitive (IIe - IVe/ VIIIe - Xe siècles).
Traduit de l’anglais par Abdesselam Cheddadi, Paris, Aubier, 2005.
– R. RASHED & J. JOLIVET (éds.), Œuvres philosophiques et scientifiques d’Al-
Kindī, vol. II, Métaphysique et Cosmologie, Brill, 1998.
– D. URVOY, Histoire de la pensée arabe et islamique, éd. du Seuil, Paris 2006.
– H.-A. WOLFSON, The Philosophy of the Kalam, Harvard University Press,
Cambridge (Mass.)-London (England) 1976.

Philosophie du Moyen Âge

Semestre 1. M1PHHI53 et semestre 2. M2PHHI53 Tobias HOFFMANN

La métaphysique de Jean Duns Scot

https://moodle-lettres.sorbonne-universite.fr/moodle-
2022/course/view.php?id=575

La métaphysique de Jean Duns Scot († 1308) est une des contributions les
plus innovatrices et influentes de la pensée médiévale. La conception de la notion
d’étant comme univoque lui a permis de concevoir la métaphysique comme
science des transcendantaux, conception qui a eu une influence capitale sur la
pensée de l’âge classique et au-delà. Ce cours, qui s’étend sur les deux semestres,
proposera une lecture attentive des textes qui portent sur les piliers de la
métaphysique scotienne.
Au premier semestre, nous étudierons sa théorie du sujet de la métaphysique ;
sa conception de la délimitation de la métaphysique par rapport à la théologie ;
son argument élaboré pour l’existence et l’unicité de Dieu, Premier Principe.
Le deuxième semestre sera voué à l’étude de sa théorie des attributs divins tels
que la simplicité, l’infinité, l’intellect et la volonté ; sa théorie de concepts
univoques qui sont communs à Dieu et aux créatures, à la substance et aux
accidents ; sa thèse de l’indispensabilité de tels concepts univoques à notre
connaissance de Dieu.

Textes requis :
Les textes étudiés dans ce cours seront fournis en début de semestre, à
l’exception du texte suivant, qu’il est recommandé d’acquérir personnellement :
Duns Scot. Traité du premier principe. Paris : Vrin 2001.

29
Bibliographie :
Aristote, Seconds Analytiques I, 9–10 ; I, 28
Averroès, Grand Commentaire aux Seconds Analytiques I, 70 et I, 100
—, Grand Commentaire à la Physique I, 83 et II, 22
Avicenne, Métaphysique du Shifā’ I, ch. 1–2, ch. 5
Jean Duns Scot, Ordinatio prologue, partie 1 ; partie 3
—, Ordinatio I, distinction 3, partie 1, q. 1–3
—, Ordinatio I, distinction 8, partie 1, q. 3
Jean Duns Scot, Questions sur la Métaphysique, prologue ; livre I, q. 1 ;
livre VI, q. 4
—, Traité du Premier Principe
Porphyre, Isagogè
Thomas d’Aquin, Commentaire à la Métaphysique, prologue
—, Commentaire du ‘De Trinitate’ de Boèce q. 5, a. 4

Boulnois, Olivier. « Analogie et univocité selon Duns Scot : La double


destruction, » Les études philosophiques 3/4 (1989), 347–369.
—, Être et représentation : Une généalogie de la métaphysique moderne à
l’époque de Duns Scot (XIIIe–XIVe siècle). « Épiméthée. » Paris : Presses
Universitaires de France, 1999.
—, « Preuve de Dieu et structure de la métaphysique selon Duns Scot »,
Revue des sciences philosophiques et théologiques 83 (1999), 35–52.
Cross, Richard. Duns Scotus on God. Aldershot: Ashgate, 2004.
—, « The Modal Framework of Duns Scotus’s Argument for the Existence
of a First Cause », dans Giorgio Pini (dir.), Interpreting Duns Scotus: Critical
Essays. Cambridge : Cambridge University Press, 2022, p. 44–58.
Gilson, Étienne. Jean Duns Scot : Introduction à ses positions
fondamentales. « Études de philosophie médiévale 42 ». Paris : Vrin, 1952.
Hoffmann, Tobias. « Henry of Ghent’s Influence on John Duns Scotus’s
Metaphysics », dans Gordon A. Wilson (ed.), A Companion to Henry of Ghent.
Leyde : Brill, 2011, p. 339–367.
Honnefelder, Ludger. La métaphysique comme science transcendantale :
entre le Moyen Âge et les temps modernes. Traduction par Isabelle Mandrella,
révisions par Olivier Boulnois, Jean Greish et Philippe Capelle. « Chaire Étienne
Gilson. » Paris : Presses Universitaires de France, 2002.
Pini, Giorgio. « Before Univocity: Duns Scotus’s Rejection of Analogy »,
dans Giorgio Pini (dir.), Interpreting Duns Scotus: Critical Essays. Cambridge :
Cambridge University Press, 2022, p. 204–222.

Philosophie moderne

Semestre 1. M1PHHI54 Alberto FRIGO

La vie entre deux : la philosophie moderne et l’invention du sentiment de


mortalité (1580-1778)

Le séminaire s’efforcera d’analyser les moments marquants de l’invention


moderne du sentiment de mortalité. L’analyse heideggérienne de « l’être pour la mort »
(Sein zum Tode) permettra d’esquisser les axes d’une recherche généalogique qui vise à
reconstituer comment les auteurs modernes, de Montaigne à Rousseau, ont abordé ce
savoir sui generis qu’est le « se savoir mortel ». Il faudra définir le statut de ce savoir
(acquis ou inné, intellectuel ou relevant d’une passion, objet d’une intuition première ou
issu d’une démonstration). Il conviendra en outre de répertorier les stratégies adoptées par
30
les auteurs modernes pour l’isoler (récit fictionnel, analyse différentielle de l’animal
humain et des autres vivants non humains, déduction métaphysique). Enfin, nous
soulignerons le rôle joué par les modèles théologiques dans l’émergence d’une pensée
philosophique du sentiment de mortalité (par ex. la condition d’Adam avant et après la
chute). Cette enquête sur la longue durée permettra d’isoler des filiations inattendues (de
Descartes à Condillac) et de reprendre à nouveau frais des comparaisons bien connues
(c’est le cas de Montaigne et Rousseau).

Une bibliographie détaillée sera distribuée au début du cours.

Indications bibliographiques
Montaigne, Essais, livre III.
Descartes, Méditations métaphysiques, méd. VI ; Passions de
l’âme ; Abrégé de musique.
Malebranche, Recherche de la vérité ; Entretiens sur la mort.
Condillac, Traité des sensations, Traité des animaux.
Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les
hommes ; Émile ou de l’éducation, livres I-IV ; Rêveries d’un promeneur
solitaire.

Semestre 2. M2PHHI54 Vincent CARRAUD

Questions cartésiennes

Le séminaire prendra pour objet des questions cartésiennes qui ont été
considérées, par les contemporains ou les commentateurs, comme des difficultés,
voire des contradictions, de la doctrine cartésienne, en physique, en métaphysique,
en morale et en théologie :
— « La matière assume successivement toutes les formes dont elle est
capable » ;
— la « vraie logique » ;
— les « trois merveilles » ;
— la conscience inutile ;
— l’ontologie peut-elle être cartésienne ?
— la morale provisoire et la probabilité ;
— les « lois de la charité » ;
— la connaissance intuitive de Dieu.

Le séminaire fera également droit à certaines des difficultés proposées à


Descartes par Frans Burman le 16 avril 1648 et aux réponses de Descartes
(Responsiones Renati Des Cartes ad quasdam difficultates ex Meditationibus ejus,
etc., ab ipso haustae, AT V, 144-179), connues sous le titre d’Entretien avec
Burman (édition, traduction et annotation de Jean-Marie Beyssade, Paris, PUF,
1981).
Une bonne connaissance de l’œuvre de Descartes est requise.

Bibliographie primaire :
Descartes, Œuvres, publiées par Charles Adam et Paul Tannery, nouvelle
présentation par Pierre Costabel et Bernard Rochot, 11 vol., Paris, Vrin-C.N.R.S.,
1964-1974, réédition en format réduit, Paris, Vrin, 1996, ou, pour les volumes
publiés, René Descartes, Œuvres complètes, sous la direction de Jean-Marie
Beyssade et Denis Kambouchner, t. I, III, IV-1 et 2, t. VIII-1 et 2
31
(Correspondance, édition et annotation de Jean-Robert Armogathe), Paris,
Gallimard, coll. Tel, 2009 s.

Le séminaire indiquera aux étudiants les principaux titres de la bibliographie


secondaire consacrés aux thèmes abordés au fur et à mesure des séances.

Histoire des sciences et de la philosophie classiques

Semestre 1. M1PHHI59 Philippe HAMOU

La campagne copernicienne de Galilée. Science, théologie, rhétorique

Galilée ne s’est engagé publiquement en faveur du système copernicien qu’à


partir des années 1610, fort des découvertes télescopiques exposées dans son
Sidereus Nuncius, et de son nouveau statut de philosophe à la cour des Médicis.
Historiquement cette « campagne copernicienne » s’est déployée en deux temps
1610-1616, et 1624-1632, et, en dépit des ressources rhétoriques et
argumentatives exceptionnelles mobilisées par le savant Florentin, s’est soldé par
un double échec cinglant – la mise à l’index du De Revolutionibus en 1616 ; le
procès et la condamnation de Galilée en 1633 à la suite de la publication l’année
précédente du Dialogue sur les deux grands systèmes du monde.
Dans ce cours nous suivrons Galilée dans ses deux campagnes
coperniciennes à partir d’une lecture attentive des lettres et écrits coperniciens des
années 1613-1615, la Lettre à Ingoli de 1624 et quelques extraits du Dialogue.
Nous nous attacherons à en dégager les enjeux scientifiques, épistémologiques et
théologiques. Nous nous intéresserons aux procédures argumentatives et à
l’heuristique dialogique mises en œuvre par Galilée. Nous accorderons enfin une
attention particulière aux circonstances du procès de 1633 qui, par sa symbolique
dans l’histoire de la modernité, et par ses implications théologico-politiques,
constitue un objet de réflexion philosophique à part entière.

Textes sources
Galilée, G. : Écrits coperniciens, éd. Ph. Hamou et M. Spranzi, Le Livre de
Poche, 2004 (contient la traduction des lettres à Castelli, à Christine de Lorraine, à
Ingoli, et des Considérations sur l’opinion coperniciennes, ainsi qu’un important
dossier contextuel.
Galilée copernicien édité par M. Clavelin, Albin Michel 2004 (une
anthologie de textes qui recoupe seulement en partie le précédent, avec les lettres
Dini et les lettres sur les taches solaires).
Galilée, G. Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, trad. R.
Fréreux et F. De Gandt, Paris Point Seuil, 2000.

Littérature secondaire (indicative)


Nous renvoyons ici à la bibliographie raisonnée du volume Écrits
coperniciens, à laquelle l’on pourra ajouter 1/ au titre des ouvrages généraux sur
Galilée, l’ouvrage de Fabien Chareix : Le mythe Galilée, PUF 2002, 2/ sur les
relations entre Galilée et l’Eglise, William R. Shea, Maríano Artigas, Galileo
observed, Science and the Politics of Belief, Science History publications/USA
Sagamore Beach, 2006; Richard J. Blackwell, Behind the Scenes at Galileo’s
Trial: including the first English translation of Melchior Inchofer’s Tractatus
syllepticus, University of Notre Dame Press, Notre Dame, Indiana, 2006 ; et pour
32
les lecteurs hispanisants, Antonio Beltrán Marí, Talento y poder, Historia de las
relaciones entre Galileo y la Iglesia católica, Laetoli, Pamplona, 2006.

Histoire de la philosophie britannique

S1 M1PHHI50 Élise MARROU

David Hume : Scepticisme et méthode expérimentale dans le Traité et


l’Enquête

Dans ce séminaire, nous nous proposons d’interroger le sens du scepticisme


au prisme de la méthode expérimentale de raisonnement adoptée par Hume,
successivement dans A Treatise of Human Nature et dansAn Enquiry concerning
Human Understanding.

Éditions de référence:
HUME David, A Treatise of Human Nature, edited by David Fate Norton
and Mary J. Norton, Oxford/New York: Oxford University Press, 2000.
HUME David, An Enquiry concerning Human Understanding, Oxford/New
York, Oxford University Press, coll. Oxford World Classics, 2000 (réimp. 2008).

Il sera possible de consulter également:


HUME David, A Treatise of Human Nature, edited by L. A. Selby-Bigge,
2nd ed. revised by P. H. Nidditch, Oxford: Clarendon Press, 1975.
HUME David, An Abstract of A Treatise of Human Nature, 1740, reprinted
with an Introduction by J. M. Keynes and P. Sraffa, Cambridge: Cambridge
University Press, 1938.
HUME David, An Enquiry concerning Human Understanding, edited by
Tom L. Beauchamp, Oxford/New York: Oxford University Press, 1999.

Littérature secondaire:
AINSLIE, D.C., Hume’s True Scepticism, Oxford: Oxford University Press,
2015.
AINSLIE, D.C., and BUTLER Annemarie (eds.), The Cambridge
Companion to Hume’s Treatise, Cambridge: Cambridge University Press, 2015.
BAILEY Alan et O’BRIEN Dan, Hume’s Enquiry Concerning Human
Understanding. A Reader’s Guide, Londres/New York, Bloomsbury, 2006.
BRAHAMI Frédéric, Le Travail du scepticisme, Montaigne, Bayle, Hume,
Paris, PUF, 2001.
-, Introduction au Traité de la nature humaine de David Hume, Paris, PUF,
2003.
DELEULE Didier, Hume et la naissance du libéralisme économique, Paris,
Aubier Montaigne, 1979.
DELEUZE Gilles, Empirisme et subjectivité, Paris, PUF, 1953.
FOGELIN, R.J., Hume’s Scepticism in the “Treatise of Human Nature”,
London: Routledge and Kegan Paul, 1985.
A Defense of Hume on Miracles, Princeton: Princeton University Press,
2003.
Hume’s Skeptical Crisis, Oxford: Oxford University Press, 2009.
HAMOU, Philippe, avec ETCHEGARAY Claire, Lire L’Enquête sur
l’entendement humain de Hume, Paris, Vrin, 2022.
33
MALHERBE Michel, La Philosophie empiriste de David Hume, Paris,
Vrin, 1976.
-, Kant ou Hume, Paris, Vrin, 1980.
MILLICAN Peter, Reading Hume on Human Understanding: Essays of the
First Enquiry, Oxford, Clarendon Press, 1002.
NORTON David Fate (éd.), The Cambridge Companion to Hume,
Cambridge, Cambridge University Press, 1993.
O’SULLIVAN Michael, An Analysis of David Hume’s An Enquiry
Concerning Human Understanding, Londres, Routledge, 2017.
RUSSELL, P., The Riddle of Hume’s Treatise: Skepticism, Naturalism, and
Irreligion, Oxford: Oxford University Press, 2008.
-, The Oxford Handbook of Hume, Oxford: Oxford University Press, 2016.
SCHMITT, F.F., Hume’s Epistemology in the Treatise: A Veritistic
Interpretation, Oxford: Oxford University Press, 2014.
STANISTREET, P., Hume’s Scepticism and the Science of Human Nature,
Aldershot: Ashgate, 2002.
STERNFELD Robert, « The Unity of Hume’s Enquiry concerning Human
Understanding », The Review Of Metaphysics, 3/2, 1949, p. 167-188.
WRIGHT, J. P., 1983, The Sceptical Realism of David Hume, Minneapolis:
University of Minnesota Press.

S2 M2PHHI50 Philippe HAMOU

L’existence du monde extérieur : Réalisme, scepticisme, et idéalisme


dans la pensée anglaise classique de John Locke à Mary Shepherd.

Comment pouvons-nous être assurés que notre perception nous représente


un monde réel hors de nous et non simplement les fictions de notre esprit ?
Comment rendre raison du postulat réaliste de sens commun selon lequel il existe
bien un monde d’objets substantiels, doué d’une existence indépendante de notre
perception – un monde dont on puisse dire qu’il existe à la fois hors de nous et
sans nous (soit dans les deux sens de la locution without us)?
Ces questions, qui appartiennent à l’arsenal de la pensée sceptique
classique, prennent une acuité particulière dans la philosophie britannique des
XVIIe et XVIIIe siècle, lorsqu’avec Berkeley et Hume, la voie des idées de Locke
devient l’arme d’une critique sceptique ou idéaliste dirigée contre le réalisme
même dont Locke s’était fait le défenseur résolu dans l’Essai sur l’entendement
humain.
Dans ce cours nous essaierons de mettre en évidence tenants et aboutissant
de ce débat à trois voix, entre réalisme, idéalisme et scepticisme, à travers
quelques textes choisis de la triade classique Locke/ Berkeley/Hume. Une partie
substantielle du cours sera cependant consacrée à la manière dont ce débat se voit
repris et tranché en faveur du réalisme dans les Essays on the existence of an
external Universe de la philosophe écossaise Mary Shepherd – une auteure dont le
travail philosophique, récemment redécouvert, constitue l’une des plus subtiles
critiques de l’idéalisme de Berkeley et du scepticisme de Hume.

Textes sources
Locke Essai sur l’entendement humain, en particulier livre IV. Chapitre xi
Berkeley Principes de la connaissance humaine ; Trois dialogues entre
Hylas et Philonous, in Berkeley Œuvres I et II, dir. G. Brykman, Paris PUF, 1985
sq.
34
Hume, Traité de la nature humaine I, trad. Michel Malherbe, Paris Vrin
2022.
Shepherd, Mary Essays on the Existence of an External World, éd. A.
Lolordo, Oxford, 2020. Des extraits seront fournis.

Autres sources primaires


Reid Thomas, An Inquiry into the Human Mind and the Principles of
Common Sense, Derek R. Brookes (ed.), University Park: Pennsylvania State
University Press; trad. fr. Malherbe, Recherches sur l’entendement humain
d’après les principes du sens commun, Vrin 2012.

Mill, John Stuart “Sir W. Hamilton's view of the different theories


respecting the belief in an external world.” in An examination of Sir William
Hamilton's philosophy and of the principal philosophical questions discussed in
his writings, vol. 1 chap. 10, London 1865.

Littérature secondaire (bibliographie indicative et préliminaire)


McCracken, Charles, « Knowledge of the Existence of Body», The
Cambridge History of Seventeenth-Century Philosophy, vol. 2, p. 624-648, 1998.
Hamou, Philippe “Le Monde sans nous, réflexions sur le réalisme des
modernes », Bulletin de la Société française de Philosophie, 2019

Sur Locke et la connaissance sensitive

Forest, Denis. « L'existence des choses hors de nous comme objet de


connaissance : Locke, Essay, IV, XI », Revue philosophique de la France et de
l'étranger, vol. 128, no. 4, 2003, pp. 421-433.
Newman Lex, « Locke on Sensitive Knowledge and the Veil of
Perception », Pacific Philosophical Quarterly, vo1.85, No.3, p.273-300,
September 2004.
Rickless, Samuel, Locke’s sensitive knowledge : knowledge or assurance ?
http://samrickless.com/files/Research/LockeSK.pdf
Soles, David « Locke' s Account of the Reality of Knowledge », South west
Philosophy Review: the Journal of the South Western Philosophical Society, vol.
1, p.42-54, 1984.
Vinciguerra, Lucien, « Que signifient nos perceptions ? Locke,
l'anamorphose et le miroir, Methodos [En ligne], 16 | 2016
Woozley, Antony, «Some Remarks on Locke's Account of Knowledge »,
Locke Newsletter: An Annual Journal of Locke Research, p. 7-17, Spring 1972.
Ayers, Mackie, Yolton, et al. Idées, Perception et réalité, études sur Locke,
éd. et trad. P. Hamou, Ithaque 2021.

Sur Berkeley

Berlin, Berkeley’s theory of the external world, in


https://berlin.wolf.ox.ac.uk/lists/nachlass/berkeley.pdf
Brunton, J. A. “Berkeley and the External World.” Philosophy, vol. 28, no.
107, 1953, pp. 325–41. JSTOR.
Winkler, K. Berkeley, an interpretation, chap. VII, Oxford, Clarendon, 1989

35
Sur Hume

Price, Henry Habberley (1940). Hume's Theory of the External World.


Greenwood Press. (http://www.hist-analytic.com/Price1.pdf )
Dicker G. “Hume on the External World “, The Oxford Handbook of Hume,
Edited by Paul Russell, Oxford, OUP, 2016

Sur Shepherd

Atherton, Margaret (1996). Lady Mary Shepherd's case against George


Berkeley. British Journal for the History of Philosophy 4 (2):347 – 366.
Atherton, Margaret, “ Reading Lady Mary Shepherd” , The Harvard Review
of Philosophy 13/2, Fall 2005, 73-85
https://doi.org/10.5840/harvardreview20051327
Bolton, Martha Brandt (2019). “Lady Mary Shepherd and David Hume on
Cause and Effect”. In Eileen O’Neill & Marcy P. Lascano (eds.), Feminist History
of Philosophy: The Recovery and Evaluation of Women’s Philosophical Thought.
Springer. pp. 129-152.
Boyle Deborah, “Shepherd on Mind, Soul and Flesh”, Journal of the
History of Philosophy, vol. 58, 2020, JSTOR
Folescu, Marina, “Shepherd on the Role of proofs in the knowledge of first
principles”, Noûs 2021
Rickless, Samuel. “Shepherd and Berkeley”, in The Oxford Handbook of
Berkeley, ed. S. Rickless, Oxford, 2022
–––––, “Is Shepherd’s pen Mightier than Berkeley’s word”, British Journal
for the History of Philosophy, 2017.

Philosophie contemporaine

M1PHHI55 et M2PHHI55

A. Semestre 1 Dominique PRADELLE

Interprétations phénoménologiques de l’empirisme humien

Ce cours sera consacré aux interprétations phénoménologiques de la


pensée de Hume. On sait que l’image traditionnelle de Hume a été forgée par
Kant, tant dans la « Discipline de la raison pure » de la première Critique qu’au
début des Prolégomènes à toute métaphysique future : Kant lisant Hume
exclusivement à partir de l’Enquête sur l’entendement humain, il y voit
essentiellement la mise en question de la nécessité de la connexion causale, ce
contre quoi il élabore sa notion du synthétique a priori, en particulier de la liaison
causale comme possédant une validité universelle et nécessaire. Dans un texte très
incisif, le disciple de Husserl Adolf Reinach met en question cette lecture
kantienne : il conteste essentiellement l’assimilation que fait Kant des relations
entre idées mathématiques à une connexion analytique, ainsi que la confusion
entre la nécessité des connexions d’essence et la nécessité modale de la
connaissance. Plus largement, Husserl conteste le point de départ de la lecture
kantienne : c’est à partir du Traité de la nature humaine qu’il faut lire Hume pour
avoir une image complète de sa pensée, et non simplement à partir de l’Enquête ;
partant du premier, Husserl lit ainsi chez Hume un essai radical de philosophie
purement immanente qui met en suspens toute extériorité pour faire retour aux
36
données absolues de la perception interne, avant d’interpréter l’existence des
chioses extérieures comme des constructions ficitves de l’imagination ; il
s’attache ensuite à mettre en évidence les présuppositions ininterrogées de cette
démarche sceptique – nominalisme ou refus des objets généraux, méconnaissance
de l’intentionnalité et de la nature de l’intuition.

Indications bibliographiques
David HUME, An Enquiry concerning Human Understanding, éd. bilingue
M. Malherbe, Enquête sur l’entendement humain, Paris, Vrin, 2008.
—, A Treatise of Human Nature, éd. Selby-Bigge & Nidditch, Oxford,
Clarendon Press, 1978; trad. fr. Ph. Baranger et Ph. Saltel, Traité de la nature
humaine, Paris, GF-Flammarion, 1995.
Immanuel KANT, Kritik der reinen Vernunft, trad. fr. Critique de la raison
pure, Delamarre-Marty, Paris, Gallimard, 1980 (Folio) ou A. Renaut, Paris, GF-
Flammarion, 2006.
—, Prolegomena zu jeder künftigen Metaphysik, trad. fr. L. Guillermit,
Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme
science, Paris, Vrin, 1986/93/2012.
Edmund HUSSERL, Logische Untersuchungen, II. Untersuchung: « Die
ideale Einheit der Spezies und die neueren Abstraktionstheorien », Hua XIX/1,
Fünftes Kapitel, §§ 32-39; trad. fr. H. Élie et alii, Recherches logiques, tome II/1,
2

Paris, Puf, 1969 , pp. 216-247.


—, Erste Philosophie, Band I, Kritische Ideengeschichte, Hua VII, 22-
25. Vorlesung ; trad. fr. A.-L. Kelkel, Philosophie première, tome I : Histoire
critique des idées, Paris, Puf, 1970, pp. 219-260
—, Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendentale
Phänomenologie, Hua VI, §§ 23-24, trad. fr. G. Granel, La crise des sciences
européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976.
Adolf REINACH, « Kants Auffassung des Humeschen Problems » (1911),
in Sämtliche Werke, München-Hamden-Wien, Philosophia Verlag, 1989; trad. fr.
D. Pradelle, « La conception kantienne du problème de Hume » in REINACH,
Phénoménologie réaliste, Paris, Vrin, 2012, pp. 227-267.

Semestre 2 Dominique PRADELLE

Rationalité, téléologie, monde de la vie, pensée transcendantale

L’objet de ce séminaire est de mener une étude approfondie du dernier


grand texte de Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie
transcendantale. Husserl y renonce-t-il véritablement au rêve d’une philosophie
comme science rigoureuse, à l’idée de fondation transcendantale de la
philosophie ? Ou ne fait-il que réaffirmer sa foi dans le projet fondationnaliste et
le rationalisme non objectivisme, contre les dangers du scientisme, de
l’objectivisme et de l’irrationalisme qu’il pouvait entrevoir à l’époque qui lui était
contemporaine ? On sera ainsi conduit à examiner le dégagement du monde de la
vie, la déconstruction de l’activité idéalisante des sciences, la lecture téléologique
de l’histoire de la philosophie et la reformulation de la philosophie
transcendantale.

Bibliographie
Edmund HUSSERL, La crise des sciences européennes et la
phénoménologie transcendantale, trad. fr. G. Granel, Paris, Gallimard, 1976 ;
37
Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendentale
Phänomenologie, éd. W. Biemel, Husserliana VI.
—, Philosophie première, I : Histoire critique des idées, trad. fr. A. L.
Kelkel, Paris, Puf, 1970 (la traduction ne comprend pas les textes
complémentaires) ; Erste Philosophie, I, Kritische Ideengeschichte, éd. R. Bœhm,
Hua VII.

B. Semestre 1 et 2 Claude ROMANO

L’authenticité

_ 1er semestre : la naissance de l’authenticité personnelle à l’époque


romantique (II) : Emerson, Thoreau, Nietzsche

Il s’agira au premier semestre de poursuivre les analyses initiées l’an


passésur l’avènement de l’idéal d’authenticité personnelle à l’époque romantique.
L’idée d’authenticité articule deux dimensions : tout d’abord, celle d’une vérité
sur soi-même qu’il s’agit d’atteindre ou plutôt de faire dans sa vie elle-même ;
ensuite, celle de libre épanouissement de soi ou de réalisation personnelle, ouvrant
sur un perfectionnisme moral. Nous nous attacherons au premier semestre à trois
figures majeures dans l’histoire de ces notions : Emerson, Nietzsche et Thoreau.

Bibliographie :
Emerson, Ralph Waldo, Essays and Lectures, The Library of America,
1983.
_ Essais : Nature, Confiance et autonomie, Cercles, L’Âme suprème, etc.
Paris, Michel Houdiard, 2010.
_ Essais : Histoire, Compensation, Expérience, Destin, Paris, Michel
Houdiard, 2017.
Nietzsche, Friedrich, Œuvres philosophiques complètes, éd. de G. Colli et
M. Montinari, Paris, Gallimard, XIV volumes.
Thoreau, Henry David, Walden ou la vie dans les bois, trad. de L. Fabulet,
Paris, Gallimard, « L’imaginaire », 2022.
_ Essais, trad. de N. Mallet, Paris, Le Mot et le Reste, 207.
_ Journal, trad. fr. de B. Matthieussent, Paris, Le Mot et le Reste, 2018.

_ 2e semestre : l’authenticité : questions théoriques


Au second, nous quitterons les questions historiques pour examiner la
possibilité même d’une pensée de l’authenticité à la lumière de la philosophie de
la seconde moitié du XXe siècle et du XXIe.

Bibliographie :
Davidson, Donald, Paradoxes de l’irrationalité, chap. « Duperie et
division », L’éclat, 1992.
Lawlor, Krista, « Knowing What One Wants », Phenomenology and
Phenomenological Research, LXXIX, n°1, Juillet 2009, p. 47-75.
Larmore, Charles, Les Pratiques du moi, Paris, PUF, 2004.
Mele, Alfred R., Self-Deception Unmasked, Princeton University Press,
2001.
Moran, Richard, Authority and Estrangement: An Essay on Self-Knowledge,
Princeton University Press, 2001 (trad. fr. de Sophie Djigo, Autorité et aliénation,
Vrin, 2014).
38
Ricœur, Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Le Seuil, 1990.
Romano, Claude, L’identité humaine en dialogue, Paris, Le Seuil, à paraître
en novembre 2022.
Sartre, Jean-Paul, L’être et le néant, Paris, Gallimard, 1943.
Taylor, Charles, Le malaise de la modernité, Paris, Le Cerf, 2015.
Voeltzel, Nicolas, Repenser l’authenticité. Essai sur Charles Taylor et
Charles Larmore, Paris, Classiques Garnier, 2021.
Williams, Bernard, Vérité et véracité : essai de généalogie, trad. de Jean
Lelaidier, Paris, Gallimard, 2006.

Métaphysique et idéalisme allemand

Semestres 1 et 2. M1PHHI57 et M2PHHI57 Emmanuel CATTIN (les deux


semestres sont indépendants).

De l’intériorité

Le séminaire étudiera certaines difficultés liées à l’intériorité, sa constitution


et la description de son contenu, dans la tradition métaphysique.

Saint Augustin, Les Confessions, trad. fr. A. Solignac, E. Tréhorel et G.


Bouissou, « Bibliothèque augustinienne », t. 13 et t. 14, Turnhout, Brepols, rééd.
1992.
Sainte Thérèse d’Avila, Le Château intérieur ou les demeures de l’âme,
Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », trad. fr. Claude Allaigre, 2012.
Leibniz, Discours de métaphysique. Monadologie, éd. M. Fichant, Paris,
Gallimard, 2004.
Hegel, Phänomenologie des Geistes, Hamburg, Meiner, 2011. « Das
Gewissen, die schöne Seele, das Böse und seine Verzeihung », p. 415sq.
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, « Le for intérieur. La belle âme. Le mal
et son pardon », trad. fr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, rééd. poche, 2018 (p. 716-
757).
Edith Stein, Endliches und ewiges Sein, VII, « Das Abbild der Dreifaltigkeit
in der Schöpfung » et Anhang II. « Die Seelenburg », Edith Stein Gesamtausgabe,
Bde. 11/12, Freiburg, Herder, 2006.
Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie
phénoménologique, trad. fr. J.-Fr. Lavigne, Paris, Gallimard, 2018.
L’Être fini et l’être éternel, trad. fr. G. Casella et F. A. Viallet,
Nauwelaërts/Les Belles Lettres, 1972.
Jean-Louis Chrétien, L’espace intérieur, Paris, Minuit, 2014.

39
Intitulés des cours,
travaux dirigés et séminaires 2022-2023

Programme M2

Séminaires
(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)

Philosophie antique

Semestre 1. M3PHHI11 David LEFEBVRE

Questions sur l’intellect chez Aristote

L’intellect ou l’intelligence (νοῦς) occupe une place centrale dans la


philosophie d’Aristote à tel point qu’un terme propre a été forgé pour en désigner
l’étude : la noétique. Une place centrale mais cependant toujours périphérique.
Sans relever d’aucune partie du système aristotélicien, il se rencontre à la frontière
de chacune : aux limites de la physique (ou encore de la psychologie et de la
biologie), aux limites de la philosophie première (ou de la théologie), aux limites
également de l’éthique, aux limites et à la fin des Analytiques. Sans lui donner un
rôle cosmologique aussi explicite que ses prédécesseurs, Aristote cherche
cependant à faire une place à ce principe qui trouve son origine chez Anaxagore et
sera utilisé après lui par Platon. Le statut qu’Aristote accorde à l’intellect (qu’il ne
faut pas identifier à une intelligence intuitive) reflète la nouvelle configuration
générale de sa philosophie et ses propres difficultés, que son premier successeur,
Théophraste, discutera longuement. Sans préjuger de l’unité de cette noétique, le
séminaire examinera dans leurs contextes les discussions aristotéliciennes sur
l’intellect : l’intellect patient et agent (ou producteur) dans le traité De l’âme,
l’intellect pratique et théorique, l’intellect qui est « chacun » d’entre nous, comme
un soi noétique, dans l’Éthique à Nicomaque, l’intellect divin de Métaphysique Λ,
l’intellect « qui vient du dehors » de la Génération des animaux ; à chaque fois,
l’intellect « commande » et doit rester « sans mélange », mais il doit aussi penser
une matière. Ces intellects sont-ils différents ? Quel rôle Aristote leur fait-il
jouer ? Les textes seront lus en traduction et éventuellement retraduits ; la
connaissance du grec n’est pas requise ; une bibliographie détaillée par chapitre
sera distribuée.

Bibliographique indicative
1. Textes
Anaxagoras, The Fragments, Introduction, Text, and Commentary by
D. Sider, Sankt Augustin, Academia-Verlag, 2005 (1980).
Aristotelis De anima, rec. A. Förster, Budapest, 1912.
Aristote, De Anima, Translation, Introduction and Notes by R. D. Hicks,
Cambridge, 1907. L’Appendice contient les fragments sur l’intellect de
Théophraste.
De l’âme, Traduction nouvelle et notes par J. Tricot, Vrin, 1988 (1934).
Métaphysique, Traduction de J. Tricot, Vrin ou de M.-P. Duminil et A.
Jaulin, Flammarion (en particulier Λ 7 et 9 et Θ 9, 1051a21-33 et 10).

40
Seconds Analytiques, Traduction de P. Pellegrin, Flammarion (en
particulier II, 19).
Éthique à Nicomaque, Traduction J. Tricot, Vrin (en particulier les livres
VI et X, chap. 7-9).
Éthique à Eudème, Traduction V. Décarie, Vrin, 1991 (en particulier VIII,
2).

2. Études
Burnyeat, M., Aristotle’s divine intellect, Marquette University Press, 2008.
Caston, V., « Aristotle’s Two Intellects: A modest Proposal », Phronesis,
44, 3, 1999, p. 199-227.
De Corte, M., La doctrine de l’intelligence chez Aristote, Essai d’exégèse,
Paris, 1934.
Delcomminette, S., « Qu’est-ce que l’intelligence selon Platon ? », Revue
des Études Grecques, 127, 2014, p. 55-73.
Frede, M. « La théorie aristotélicienne de l’intellect agent », in Romeyer
Dherbey, G. (dir.), Corps et âme, Paris, Vrin, 1996, p. 377-390.
Gregorić, P. & Pfeiffer, Ch., « Grasping Aristotle’s Intellect », Documenti
e studi sulla tradizione filosofica medievale, 26 (2015), p. 13-31.
Hamelin, O., La Théorie de l’intellect d’après Aristote et ses
commentateurs, Paris, Vrin Reprise, 1981 (1953).
Laks, A., « Les fonctions de l’intellect », Methodos [En ligne], 2/2002.
Louguet, C., Murgier, C., Guyomarc’h, G., (éd.), Aristote et l’âme
humaine. Lectures de De Anima III offertes à Michel Crubellier, Louvain,
Peeters, « Aristote. Traductions et études », 2020.
Menn, S., « Aristotle and Plato on God as Nous and as the Good », The
Review of Metaphysics, 45, 3, 1992, p. 543-573.
Moraux, P., « A propos du νοῦς θύραθεν chez Aristote », in Autour
d’Aristote, Louvain, Peeters, 1955, p. 255-295.
Nussbaum, M. C. & Rorty, A. O. (eds.), Essays on Aristotle’s de Anima,
Oxford, Clarendon Press, 1992 (en particulier F. Brentano « Nous Poiètikos.
Survey of Earlier Interpretations », p. 313-342, et L. A. Kosman « What does the
Maker Mind Make », p. 343-358).
Sharples, W.-R., « Peripatetics on Soul and Intellect », in Sorabji, R. &
Sharples, W.-R., (eds.), Greek and Roman philosophy, 100BC to 200AD, Londres,
Institute of Classical Studies, 2007, p. 607-620.

Semestre 2. M4PHHI11 Marwan RASHED

L’ontologie du dernier platonisme : la physique de Platon

Ce séminaire explorera l’ontologie, souvent peu connue, du dernier Platon,


en prenant sa physique comme ligne directrice, telle qu’elle s’exprime tout
particulièrement dans le Timée. L’étude de nombreux textes tirés de cette œuvre,
présentés en traduction inédite, permettra d’approcher les notions, encore mal
comprises des spécialistes, d’Idées-Nombres, d’Un et de Dyade indéfinie. Ces
résultats permettront, dans un second temps, d’aborder la question de la nature et
des enjeux de la théodicée platonicienne.

Bibliographie
F. M. Cornford, F. M., 1937, Plato’s Cosmology, Londres, 1937
K. Gaiser, Platons Ungeschriebene Lehre, Stuttgart, 1963
41
L. Robin, La théorie platonicienne des idées et des nombres d’après
Aristote, Paris, 1906
L. Robin, Études sur la signification et la place de la physique de Platon,
Paris, 1919
A. E. Taylor, A Commentary on Plato’s Timaeus, Oxford, 1928.

Philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive

Semestre 1. M3PHHI12 Suzanne HUSSON

L’épistémologie de Plotin

Comment comprendre que Plotin ait situé au sommet de la connaissance des


états de pensées explicitement non-propositionnels dont on se demande s’il faut
ou non les qualifier de mystiques ? S’ils impliquent l’abandon de la raison
discursive, comment peut-il encore être question à leur propos de vérité ? Pour
tenter de répondre à ces questions nous allons revenir sur la réponse plotinienne
aux débats épistémologiques concernant le critère de vérité et la conception de la
connaissance. Mais la réponse plotinienne aux sceptiques et aux stoïciens est-elle
encore pertinente pour les dernières étapes du cheminement de l’âme ou bien ne
faut-il pas plutôt concevoir une modification des concepts de vérité et de
connaissance ?
L’assistance à ce séminaire n’impose pas la connaissance du grec.

PREMIERES INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES


Plotin, Traité 2 (IV, 7) Traité 9 (Ennéades, VI, 9), Traité 28 (Ennéades IV,
4), Traité 49 (Ennéades, V, 3).

Littérature secondaire
Dixsaut, M. ; Morel, P.-M., La connaissance de soi: études sur le traité 49
de Plotin, Paris, Vrin, 2002.
P. Hadot, Plotin ou la simplicité du regard, Paris, Études Augustiniennes,
1989, rééd. Gallimard « Folio Essais », 1997.
O’Meara, D., Plotin, une introduction aux Ennéades, Fribourg/Paris,
EDF/Cerf, 1992.
Narbonne, J.-M., La Métaphysique de Plotin, Paris, Vrin, 1994.
Rist, J.M. Plotinus, The Road to Reality, Cambridge, 1967.
Kühn, W., Quel savoir après le scepticisme ? Plotin et ses prédécesseurs
sur la connaissance de soi, Paris, Vrin, 2009.

Semestre 2. M4PHHI12 Thomas AUFFRET

Autour du Contre les astrologues de Sextus Empiricus

En dépit de son importance, le traité rédigé contre les astrologues par Sextus
Empiricus à la fin du IIe siècle reste, encore aujourd’hui, relativement négligé. Sa
critique de la méthode et des présupposés théoriques des « Chaldéens » constitue
pourtant le dernier maillon d’une longue tradition philosophique, particulièrement
vivante à l’époque hellénistique, dont les traités Du destin et De la Divination de
Cicéron laissent également entrevoir toute la richesse. La polémique contre les
prétentions astrologiques chaldéennes et leur déterminisme a en effet concerné
l’ensemble des écoles philosophiques hellénistiques dans la mesure où, à la
42
croisée de la logique, de la physique et de la cosmologie, elle se situe au cœur du
« double labyrinthe » leibnizien, de la liberté et du continu. Après avoir replacé la
critique de Sextus dans le cadre de son ouvrage Contre les professeurs, on tentera
de reconstituer dans son détail le débat hellénistique dont il constitue le témoin
tardif mais précieux. C’est seulement à cette condition que l’on pourra, en retour,
saisir toute la spécificité de la critique néo-pyrrhonienne présentée par Sextus, et
ses attendus proprement épistémologiques.

Bibliographie élémentaire :
Sextus Empiricus, Contre les professeurs. Traductions sous la direction de
P. Pellegrin, Paris, Points/ Seuil, 2002.
Sesto Empirico, Contro gli Astrologi a cura di Emidio Spinelli, Bibliopolis,
2000.
A. A. Long et D. Sedley, Les philosophes hellénistiques I-III. Traduction
par Jacques Brunschwig et Pierre Pellegrin, Paris, GF, 2001.
Cicéron, Traité du destin. Texte établi et traduit par A. Yon, Paris, Belles
Lettres, 1933.
Cicéron, De la Divination / De Divinatione, édition et traduction de José
Kany-Turpin, Paris, GF, 2004.
Jules Vuillemin, Nécessité ou contingence. L’aporie de Diodore et les
systèmes philosophiques, Paris, Minuit, 1984.

Philosophie arabe

Semestre 1. M3PHHI16 et Semestre 2. M4PHHI16 Marwan RASHED

La théologie rationnelle à Bagdad au Xe siècle : Abū Hāshim (888-933)

Abū Hāšim al-Ǧubbā’ī (888-933) est le théologien rationnel le plus brillant


de sa génération. Maître de l’école de théologie de Bassora monté à Bagdad où il
a enseigné et polémiqué avec les Aristotéliciens de la capitale, il est l’auteur d’un
système philosophique qui a laissé une empreinte durable sur la tradition. Son
« invention » la plus célèbre, la doctrine des modes, ou états, qui préfigure les
ontologies modales du XVIIe siècle (Descartes et Spinoza en particulier) lui a valu
une reconnaissance hors des cercles de la théologie rationnelle, et ce dès les
premiers temps (Avicenne). Passé ce coup d’éclat ontologique célèbre, on sait
toutefois assez peu des maintes doctrines philosophiques de cet auteur, qui n’ont
jamais été rassemblées dans une monographie. Tout indique pourtant que la
doctrine des modes est loin d’être le seul champ dans lequel il a innové. L’objet
du séminaire, qui se déroulera sur deux semestres, sera de travailler à une telle
monographie. On accordera, certes, beaucoup d’attention à la doctrine des modes,
mais, loin de la considérer comme un objet détaché de tout contexte, on tentera
surtout de la replacer dans l’ensemble du système philosophique d’Abū Hāšim,
dont on s’attachera à montrer la consistance. On verra en effet à l’œuvre une
tendance générale de fond à adopter, sur les nœuds les plus embrouillés légués par
la tradition philosophique grecque et arabe, une attitude « intuitionniste », au sens
de Jules Vuillemin, consistant dans la neutralisation du principe du tiers-exclu
lorsqu’il s’appliquerait à l’infini.

Bibliographie
– A. Alami, L’ontologie modale. Étude de la théorie des modes d’Abū
Hāšim al-Ğubbā’ī, Paris, 2001
43
– al-Shahrastani, Livre des religions et des sectes, I, traduction avec
introduction et notes par D. Gimaret et G. Monnot, Leuven, 1986
– R. Frank, « Abu Hashim’s Theory of “States”. Its Structure and
Function », in id., Early Islamic Theology: the Mu‘tazilites and al-Ash‘arī,
Farnham / Burlington, 2007, étude V
– R. M. Frank, Beings and Their Attributes. The Teaching of the Basrian
School of the Mu‘tazila in the Classical Period, Albany, 1978
– D. Gimaret, « La théorie des aḥwāl d’Abû Hâšim al-Ğubbâ’î d’après des
sources aš‘arites », Journal Asiatique 257, 1970, p. 47-86
– D. Gimaret, « La notion d“impulsion irrésistible” (ilğā’) dans l’éthique
mu‘tazilite », Journal Asiatique 259, 1971, p. 25-62
– D. Gimaret, « Matériaux pour une bibliographie des Ğubbā’ī », Journal
Asiatique 264, 1976, p. 277-332
– D. Gimaret, Théories de l’acte humain en théologie musulmane,
Paris/Leuven, 1980
– D. Janos, Avicenna on the Ontology of Pure Quiddity, Berlin/New York,
2020
– J. R. T. M. Peters, God’s Created Speech, Leiden, 1976
– M. Rashed, « Abū Hāshim al-Ğubbā’ī sur le langage de l’art », Histoire
Épistémologie Langage 36, 2014, p. 85-96
– M. Rashed, « Sur quelques théories philosophiques du rire, d’Aristote à
Descartes », in Ph. Büttgen et J.-B. Rauzy, La longue durée, pour Jean-François
Courtine, Paris, 2016, p. 57-76.
– M. Rashed, « Abū Hāshim al-Ğubbā’ī et l’infini », in Miroir de l’amitié.
Mélanges offerts à Joël Biard, sous la direction de C. Grellard, Paris, 2017, p. 75-
108
– M. Rashed, « Chose, item et distinction : l’“homme volant” d’Avicenne
avec et contre Abū Hāšim al-Ğubbā’ī », Arabic Sciences and Philosophy 28,
2018, p. 167-185.
– M. Rashed, « Abū Hāšim al-Ǧubbā’ī, algèbre et inférence », Arabic
Sciences and Philosophy 30, 2020, p. 191-228
– J. Thiele, « Abū Hāshim al-Jubbā’ī’s (d. 321/933) Theory of ‘States’
(aḥwāl) and its Adaptation by Ash‘arite Theologians », in Sabine Schmidtke (ed.),
The Oxford Handbook of Islamic Theology, Oxford, 2016, p. 364-383
– J. Vuillemin, « Trois philosophes intuitionnistes : Epicure, Descartes,
Kant », Dialectica 35, 1981, p. 21-41
– J. Vuillemin, Nécessité ou Contingence. L’aporie de Diodore et les systèmes
philosophiques, Paris, 1984

Philosophie du Moyen Âge

Semestre 1 M3PHHI13 Tobias HOFFMANN

Le mal selon Thomas d’Aquin et ses sources

https://moodle-lettres.sorbonne-universite.fr/moodle-
2022/course/view.php?id=372

Ce cours consiste en une lecture attentive de quelques articles des Questions


disputées sur le mal de Thomas d’Aquin, avec une attention particulière aux
sources de sa pensée chez Aristote, Augustin, Pseudo-Denys l’Aréopagite,
Avicenne et Pierre Lombard. Les thèmes discutés sont la nature du mal, la cause
44
du mal, le rôle de la volonté dans un acte de péché, l’ignorance comme cause du
péché, l’akrasia, le péché de l’ange (c’est-à-dire l’hypothèse du mauvais agir dans
les conditions psychologiques idéales).

Textes requis :

Les textes étudiés dans ce cours seront fournis en début de semestre. Ils sont
aussi dès à présent disponibles sur Moodle.

Bibliographie :

Aristote, Le mouvement des animaux, 7


—, Éthique à Nicomaque VII, 1–5 ; VII, 8–9
Augustin, Manuel (Enchiridion) 4.14; 8.23
—, La Cité de Dieu XII, 6–7
Avicenne, Métaphysique du Shifā’ IX, ch. 6
Pierre Lombard, Sentences II, distinction 34
Pseudo-Denys l’Aréopagite, Les noms divins IV, ch. 18–35
Thomas d’Aquin, Commentaire aux Sentences II, distinction 34, q. 1, a. 2
—, Questions disputées sur le mal q. 1, a. 1–3 ; q. 2, a. 1–3 ; q. 3, a. 6–9 et
a. 12–13 ; q. 16, a. 2 et a. 5

Brock, Stephen L. « Dead Ends, Bad Form : the Positivity of Evil in the
Summa Theologiae », dans Jeffrey Hause (dir.), Aquinas’s Summa theologiae :
A Critical Guide. Cambridge : Cambridge University Press, 2018, p. 29–46.
Chappell, T.D.J. Aristotle and Augustine on freedom : two theories of
freedom, voluntary action, and akrasia. New York : St. Martin’s Press, 1994.
Hoffmann, Tobias. Free Will and the Rebel Angels in Medieval
Philosophy. Cambridge : Cambridge University Press, 2021.
Jensen, Steven. Sin : A Thomistic Psychology. Washington, D.C. : The
Catholic University of America Press, 2018.
Kent, Bonnie. « Transitory Vice : Thomas Aquinas on Incontinence »,
Journal of the History of Philosophy 27 (1989), 199–223.
Kent, Bonnie, et Ashley Dressel (2016). “Weakness and Willful
Wrongdoing in Aquinas’s De malo », dans M. V. Dougherty (dir.), Aquinas’s
Disputed Questions on Evil : A Critical Guide. Cambridge : Cambridge
University Press, 2016, p. 34–55.
Maritain, Jacques. « Le péché de l’Ange », Revue Thomiste 56 (1956), 197–
239 ; Œuvres complètes, tome 10, p. 975–1044.
McCluskey, Colleen. Thomas Aquinas on Moral Wrongdoing. Cambridge :
Cambridge University Press, 2017.
Wippel, John F. « Metaphysical Themes in De malo, I », dans M. V.
Dougherty (dir.), Aquinas’s Disputed Questions on Evil : A Critical Guide.
Cambridge : Cambridge University Press, 2016, p. 12–33.

45
Semestre 2 M4PHHI13 Tobias HOFFMANN

La sagesse pratique selon Thomas d’Aquin et Guillaume d’Ockham

https://moodle-lettres.sorbonne-universite.fr/moodle-
2022/course/view.php?id=373

La sagesse pratique (phronēsis, prudentia) est une notion clé dans l’éthique
d’Aristote et de ces héritiers intellectuels. Dans ce cours, nous étudierons la
réception de la théorie aristotélicienne de la sagesse pratique chez Thomas
d’Aquin et Guillaume d’Ockham. Les deux auteurs transforment, chacun à leur
manière, la conception aristotélicienne de la sagesse pratique : Thomas l’enrichit
d’éléments empruntés au stoïcisme et au néoplatonisme et l’insère dans sa théorie
de la loi naturelle ; Ockham, quant à lui, écarte d’elle les présupposés affectifs.

Bibliographie :

Aristote, Éthique à Nicomaque VI, 1–7, 12–13


Guillaume d’Ockham, Commentaire aux Sentences III, q. 12
—, La connexion des vertus
Guillaume d’Ockham, Quodlibet III, q. 16,
Thomas d’Aquin, Commentaire de l’Éthique à Nicomaque livre VI
—, Somme de théologie I-II, q. 57, a. 5–6 ; q. 58, a. 4–5 ; q. 65, a. 1 ; q. 94,
a. 2
—, Somme de théologie II-II, q. 47–51

Adams, Marilyn McCord. « Scotus and Ockham on the Connection of the


Virtues, » dans Ludger Honnefelder, Rega Wood, and Mechthild Dreyer (dirs.),
John Duns Scotus: Metaphysics and Ethics. « Studien und Texte zur
Geistesgeschichte des Mittelalters 53. » Leyde, New York et Cologne : Brill, 1996,
p. 499–522.
Deman, Thomas. « Le ‘précepte’ de la prudence chez Thomas d’Aquin »,
Recherches de théologie ancienne et médiévale 20 (1953), 40–59.
Hibbs, Thomas S. Virtue’s Splendor: Wisdom, Prudence and the Human
Good. New York: Fordham University Press, 2001.
Hoffmann, Tobias. « Prudence and Practical Principles », dans Tobias
Hoffmann, Jörn Müller et Matthias Perkams (dirs.), Aquinas and the
Nicomachean Ethics. Cambridge: Cambridge University Press, 2013, p. 165–183.
—, « Duns Scotus and William of Ockham », Cambridge History of
Moral Philosophy. Cambridge : Cambridge University Press, 2017, p. 181–191.
—, « Incontinence et progrès moral chez Thomas d’Aquin », dans
Danielle Lories et Laura Rizzerio (dirs.), Le jugement pratique : Autour de la
notion de Phronèsis. « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie. » Paris : Vrin,
2008, p. 233–261.
King, Peter. « Ockham’s Ethical Theory », dans Paul Vincent Spade (ed.),
The Cambridge Companion to Ockham. Cambridge : Cambridge University Press,
1999, p. 227–244.
Lottin, Odon. « La connexion des vertus chez saint Thomas d’Aquin et ses
prédécesseurs », dans Psychologie et Morale aux XIIe et XIIIe siècles, tome 3/1.
Louvain : Abbaye du Mont César ; Gembloux : J. Duculot, 1949, p. 197–252.

46
—, « La connexion des vertus morales acquises de saint Thomas
d’Aquin à Jean Duns Scot », dans Psychologie et Morale aux XIIe et XIIIe siècles,
tome 4. Louvain: Abbaye du Mont César; Gembloux: J. Duculot, 1954, p. 551–663.
Osborne Jr., Thomas M. « Thomas and Scotus on Prudence without all the
Major Virtues: Imperfect or Merely Partial? », The Thomist 74 (2010), 165–188.
Payer, Pierre J. « Prudence and the Principles of Natural Law: A Medieval
Development », Speculum 54 (1979), 55–70.
Westberg, Daniel. Right Practical Reason: Aristotle, Action, and Prudence
in Aquinas. « Oxford Theological Monographs 33 ». Oxford: Clarendon Press,
1994.
Wood, Rega. Ockham on the Virtues. West Lafayette, Indiana: Purdue
University Press 1997.

Philosophie moderne

Semestre 1. M3PHHI14 Vincent CARRAUD

Questions pascaliennes

Le séminaire traitera de diverses questions pascaliennes, à l’occasion du 4e


centenaire de la naissance de Pascal et pour préparer les étudiants aux colloques
principaux qui lui seront consacrés (Clermont-Ferrand, 23-25 mars 2023 ;
Sorbonne, 19-21 juin 2023), en particulier :
— interprétation philosophique du Mémorial ;
— l’Entretien de Pascal et Sacy : une interprétation de Montaigne ;
— vérité et charité ;
— miséricorde et justice ;
— médisance ;
— subtilité et supposition métaphysiques ;
— impossibilité, incapacité, disproportion.

Bibliographie primaire :
Pascal, Œuvres complètes, présentation et notes de Louis Lafuma, Paris,
Seuil, 1963.
Pascal, Œuvres complètes, texte établi, présenté et annoté par Jean Mesnard,
Paris, Desclée de Brouwer, 4 tomes parus en 1964, 1970, 1991 et 1992.
Pascal, Discours sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été
trouvés après sa mort parmi ses papiers, restitués et publiés par Emmanuel
Martineau, Paris, Fayard / Armand Colin, 1992 ; réédition Caen, PUC, 2022.

Le séminaire renverra également à d’autres éditions et donnera les


indications nécessaires à la bibliographie d’autres auteurs au fur et à mesure de
leur étude, ainsi que la bibliographie secondaire.

Semestre 2. M4PHHI14 Vincent CARRAUD

Questions pascaliennes

Le séminaire prolongera celui du 1er semestre en traitant de diverses


questions pascaliennes, à l’occasion du 4e centenaire de la naissance de Pascal et
pour préparer les étudiants aux colloques principaux qui lui seront consacrés
(Clermont-Ferrand, 23-25 mars 2023 ; Sorbonne, 19-21 juin 2023), en particulier :
47
— le dessein de Pascal : une apologétique de la douceur ;
— la vraie religion : saint Augustin ;
— la vraie religion : Pascal ;
— l’ennui ;
— la présence ;
— l’unité ;
— l’amitié.

Bibliographie primaire :
Saint Augustin, De la vraie religion, Paris, Desclée de Brouwer,
Bibliothèque augustinienne, t. 8, 1982 et traduction d’Antoine Arnauld (1656) in
OC XI (disponible sur Gallica).
Descartes, Œuvres, publiées par Charles Adam et Paul Tannery, nouvelle
présentation par Pierre Costabel et Bernard Rochot, 11 vol., Paris, Vrin-C.N.R.S.,
1964-1974, réédition en format réduit, Paris, Vrin, 1996, ou, pour les volumes
publiés, René Descartes, Œuvres complètes, sous la direction de Jean-Marie
Beyssade et Denis Kambouchner, t. III et t. IV-1 et 2, t. VIII-1 et 2,
Correspondance, édition et annotation de Jean-Robert Armogathe, Paris,
Gallimard, coll. Tel, 2009, 2018 et 2013.
Pascal, Œuvres complètes, présentation et notes de Louis Lafuma, Paris,
Seuil, 1963.
Pascal, Œuvres complètes, texte établi, présenté et annoté par Jean Mesnard,
Paris, Desclée de Brouwer, 4 tomes parus en 1964, 1970, 1991 et 1992.
Pascal, Discours sur la religion et sur quelques autres sujets qui ont été
trouvés après sa mort parmi ses papiers, restitués et publiés par Emmanuel
Martineau, Paris, Fayard / Armand Colin, 1992 ; réédition Caen, PUC, 2022.

Le séminaire renverra également à d’autres éditions et donnera les


indications nécessaires à la bibliographie d’autres auteurs au fur et à mesure de
leur étude, ainsi que la bibliographie secondaire.

Histoire de la philosophie britannique

Semestre 1 M3PHHI10 Philippe HAMOU

Locke et la conduite de l’entendement

La « conduite de l’entendement est le titre d’un petit ouvrage posthume que


Locke avait initialement songé à intégrer à l’Essai sur l’entendement humain.
C’est aussi le sujet d’une préoccupation ancienne et majeure de Locke, dont les
premiers linéaments sont exposés dans une série d’essais manuscrits. Le plus
important, « Of study », retranscrit dans l’ancienne biographie de Locke par Peter
King, puis par J. Axtell dans l’édition des Educational Writings, n’a jamais été
traduit en français. L’enjeu de ces textes est de prendre en charge la question
« normative » des saines pratiques pour diriger l’esprit sur la voie de la
connaissance, et pour remédier à ses déviances naturelles ou pathologiques. En
somme, on peut lire ces recherches comme la « partie pratique » de la doctrine de
l’entendement : une sorte de vademecum de l’enquête rationnelle, mettant l’accent
sur les vertus et les vices épistémiques.
Ce séminaire, directement enté sur un travail de recherche et de
traduction in progress, entend prendre en charge cet ensemble de textes et de
réévaluer leur importance au regard du projet philosophique de Locke, dont
48
l’intention pragmatique a souvent été remarquée sans être entièrement élucidée.
Nous nous attacherons aussi à lire ces textes à la lumière des recherches récentes
sur l’épistémologie des vertus et l’éthique de la croyance. L’étroite connexion des
problématiques normatives et descriptives nous conduira à lire de près certains
chapitres de l’Essai, notamment ceux consacrés aux pouvoirs et opérations de
l’esprit, à la liberté, à la croyance, l’enthousiasme et l’erreur.

Textes primaires (lecture requise)


Locke John, manuscript “Of study” (1677 March 26-early May) Bodleian
Library, MS. Locke f. 2, pp. 85-89, 84-85, 87-88, 89-93, 106-114, 116-132.
Retranscrit dans The educational writings of John Locke: a critical edition /
with introduction and notes by James L. Axtell. – Cambridge: University Press,
1968. – xiv, 442 p. (p. 405-422). Le texte anglaise sera fourni sur moodle.
Locke, John, An Essay concerning Human Understanding [1689-1704], P.
Nidditch ed., Oxford: OUP, 1975 Trad. française: Essai sur l’entendement humain
trad. P. Coste [1700-1753], éd. P. Hamou, Paris : Le Livre de Poche, 2009,
chapitres II, xiv, II, xxi et livre IV, chapitres xv à xx.
Locke, John The Conduct of the Understanding, edition critique
P. Schuurman (doctoral dissertation, Keele, 2000 (disponible sur ce lien. )
Trad. française : De la conduite de l’entendement [1706], trad. Yves
Michaud [1975], Paris : Vrin, 2008.

Lecture complémentaire
Locke, John Some Thoughts Concerning Education, in The educational
writings of John Locke, Cambridge 1968, trad. fr. Comapayré, Paris Vrin 2010
(Quelques pensées sur l’éducation)

Littérature secondaire (indicative)


Buickerood, James G., ‘The Natural History of the Understanding: Locke
and the Rise of Facultative Logic in the Eighteenth Century’, History and
Philosophy of Logic, 6 (1985) 157-190.
Dacome, L. “Noting the Mind: commonplace books and the pursuit of the
self in eighteenth-century Britain, JHI, 65, 2005
Alain Firode, « Méthode et raison dans De la conduite de l’entendement de
Locke », Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], vol. XII-n°5 | 2014
Goyard Fabre, S., John Locke et la raison raisonnable, Paris, J. Vrin, 2000
Hamou, Philippe, ‘Locke : « Aimer la vérité pour elle-même »’. Archives de
Philosophie, 2018,
Kallich, Martin, The Association of Ideas and Critical Theory in Eighteenth-
Century England. A History of a Psychological Method in English Criticism, The
Hague: Mouton, 1970.
Neill, Alex, ‘Locke on Habituations, Autonomy, and Education’, Journal of
the History of
Philosophy, 27 (1989) 225-245.
Ong, S.J., Walter J., Ramus. Method, and the Decay of Dialogue. From the
Art of Discourse to the Art of Reason. Cambridge, Mass.: Harvard University
Press, 1983.
Passmore, ‘Locke and the Ethics of Belief’, Proceedings of the British
Academy, 64 (1978) 185-208.
Shapiro, Barbara J., Probability and Certainty in Seventeenth-Century
England. Princeton : Princeton University Press, 1983.

49
Thébert, A. « Locke et la discipline de l’entendement », Philosophical
Enquiries : revue des philosophies anglophones – décembre 2014, n° 3 – Dossier
« Locke (II) » http://www.philosophicalenquiries.com/numero3Thebert.pdf
Vienne, Jean-Michel, Expérience et raison, Les fondements de la morale
selon Locke, 1991
Wolterstorff, N. John Locke and the Ethics of Belief, Cambridge 1996
Wright, John P., ‘Association, Madness, and the Measures of Probability in
Locke and
Hume’, in: Christopher Fox, ed., Psychology and Literature in the
Eighteenth Century.
New York: AMS Press, 1987
Yeo, Richard, Yeo, Richard (2003). “John Locke’s ‘Of study’ (1677):
Interpreting an unpublished essay”. Locke Studies 3:147-165.
–––, “John Locke’s New method of commonplacing: managing memory
and information, Eigteenth century thought”, reprinted in Anstey, Locke Critical
Assessments, Routledge 2006, vol. 4.

Philosophie des vertus (et des vices) épistémiques


Sosa, Ernest, Virtue Epistemology: Apt Belief and Reflective Knowledge,
Volume 1, Oxford, Clarendon Press, 2007
Zagzebski, Linda Trinkaus, 1996, Virtues of the Mind: An Inquiry into the
Nature of Virtue and the Ethical Foundations of Knowledge, Cambridge:
Cambridge University Press.
Cassam, Quassim “Vice Epistemology”, The Monist, Volume 99, Issue 2,
April 2016, Pages 159–180, https://doi.org/10.1093/monist/onv034

Semestre 2 M4PHHI10 Philippe HAMOU

Bernard Williams. Vérité et Authenticité

Ce cours proposera une introduction à la lecture de l’œuvre de Bernard


Williams (1929-2003), l’un des philosophes britanniques les plus marquants du
XXe siècle. Williams est surtout connu pour sa critique des conceptions
objectivistes de la morale qui soutiennent qu’il est possible de découvrir un
standard de la vérité morale indépendant de la perspective particulière de chaque
individu. Sa défense d’une forme de relativisme éthique d’inspiration
nietzschéenne est articulée à une critique virulente tant du conséquentialisme
utilitariste que de l’idéal kantien d’impartialité morale. Elle s’appuie sur l’idée
selon laquelle le bien vivre est associé à la recherche d’une forme d’authenticité
dans la poursuite d’un projet individuel, soutenu par ce que Williams appelle des
« désirs catégoriques » et s’exprimant nécessairement dans un certain contexte
normatif historiquement déterminé. Cette conception de la moralité explique
également que les accomplissements moraux ne soient pas immunisés contre la
contingence, ou ce que Williams appelle la ‘fortune morale’. Un autre pan de
l’œuvre de Williams, illustré dans ses travaux sur Descartes et dans son livre
Vérité et Véracité, touche à la question de l’objectivité dans les sciences –
objectivité dont le but est de s’approcher le plus possible de la description de ce
qui est là de toute façon, de manière absolue, indépendamment du point de vue
humain. La conscience de la contingence des processus par lesquels nous pouvons
parvenir à une telle description, et celle des valeurs ou des vertus épistémiques qui

50
s’attachent à cette recherche sont compatibles pour Williams avec l'idée d'une
vérité unique vers laquelle les humains tentent de progresser.

Après quelques séances introductives, le cours sera consacré chaque


semaine à la lecture et discussion d’un article ou d’un chapitre d’ouvrage. Le
recueil de ces textes choisis sera déposé sur moodle (il est à noter que certains
d’entre eux, non encore traduits, seront donnés en anglais). Le cours requiert donc
des étudiants qu’ils acceptent de consacrer un certain temps chaque semaine à la
lecture préparatoire du texte discuté en séance, et il réclame aussi une
participation orale active en séance, qui comptera notablement dans l’évaluation
finale.

Principales œuvres de Bernard Williams


1972: Morality: An Introduction to Ethics, Cambridge: Cambridge
University Press.
1973 Problems of the Self, Cambridge: Cambridge University Press, 1973.
(collection of papers)
1978: Descartes: The Project of Pure Inquiry, London: Pelican.
1981: Moral Luck, Cambridge: Cambridge University Press. (collection of
papers)
1985: Ethics and the Limits of Philosophy, London: Fontana. (trad. fr.)
1993: Shame and Necessity, Berkeley: University of California Press.
(collection of papers)
2002: Truth and Truthfulness: An Essay in Genealogy, Princeton: Princeton
University Press.
2005 The Sense of the Past: Essays on the History of Philosophy,
Cambridge: Cambridge University Press, 2005 (collection of papers).
2005 Philosophy as a Humanistic Discipline, Princeton: Princeton
University Press (collection of papers)
2014 Essays and Reviews, 1959-2004, 2014 (collection of papers)

Traductions françaises
La fortune Morale, trad. fr. J. Lelaidier, PUF, 1994 [recueil composé à partir
de textes issus notamment de Williams 1973 et Williams 1981]
L’éthique et les limites de la philosophie, Gallimard, trad. par M.-A.
Lescouret, 1990 (trad. de Williams 1985).
La honte et la nécessité, trad. J. Lelaidier, Paris, PUF, 1997 (trad. de
Williams, 1993).
Vérité et Véracité, trad J. Lelaidier, Paris Gallimard, 2006 (trad de Williams
2002).

Recueil d’études
Thomas, Alan (dir.) Bernard Williams Contemporary Philosophers in Focus
Cambridge, CUP 2007
Heuer, U., and G. Lang (eds.), 2012, Luck, Value and Commitment: Themes from
the Ethics of Bernard Williams, Oxford: Oxford University Press

Philosophie contemporaine

Semestre 1. M3PHHI15 Dominique PRADELLE

L’idée de Dieu en philosophie transcendantale et en phénoménologie


51
L’objet de ce séminaire sera de suivre le développement de la pensée
théologique une fois qu’elle s’arrache à la nécessité des preuves de l’existence de
Dieu et se recentre à la fois sur le sens qui appartient à l’Idée de Dieu et la
modalité de la relation de l’homme à Dieu. De ce point de vue, nous partirons de
la théologie transcendantale kantienne, telle qu’elle s’élabore du point de vue de
la raison pratique (et non plus théorétique), ainsi que de la croyance ou foi
rationnelle entendue comme modalité du rapport à Dieu, et des postulats de la
raison pratique. À partir de là, nous étudierons les transformations que Husserl
fait subir aux thèses kantiennes dans les quelques textes qu’il a consacrés aux
thèmes théologiques. Puis nous envisagerons les transformations de la pensée
théologique dans les pensées de Levinas et Heidegger. D’une part, quel est le sens
de l’Idée de Dieu chez Levinas ? est-elle identique à l’Idée de l’autre ou d’autrui
comme tel, ou bien est-elle au fondement de notre ouverture à autrui ? D’autre
part, quel sont le sens et la place du thème du dernier Dieu dans la pensée du
second Heidegger, au sein d’une méditation de l’histoire de l’Être ?

Indications bibliographiques
Immanuel KANT, Critique de la raison pure, trad. fr. A. Delamarre et
F. Marty, Paris, Gallimard, 1980 ; trad. fr. A. Renaut, Paris, Aubier-
Montaigne, 1997, GF-Flammarion, 20063 ; Kritik der reinen Vernunft, in Kants
gesammelte Schriften, 1. und 2. Auflage, herausgegeben von der Königlich
Preußischen Akademie der Wissenschaften, 1900 sqq., Georg Reimer, puis Walter
de Gruyter, Ak. III-IV.
Edmund HUSSERL, textes théologiques traduits dans ALTER n° 28 : La
religion, p. 279-352.
Martin HEIDEGGER, Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis)
[Contributions à la philosophie (sur l’Ereignis)], éd. F.-W. von Hermann,
Frankfurt am Main, Klostermann, 1989, GA 65, VII. « Der letzte Gott », §§ 253-
256 ; trad. fr. F. Fédier, Apports à la philosophie. De l’avenance, Paris,
Gallimard, 2013.
Emmanuel LEVINAS, De Dieu qui vient à l’idée, Paris, Vrin, 1982.
—, Liberté et commandement (1953), repris en Livre de poche.
—, Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (1974), repris en Livre de
poche.

Semestre 2. M4PHHI15 Dominique PRADELLE

Scientificité et historicité

Ce séminaire sera centré sur l’idée d’historicité des sciences et de la


rationalité scientifique. Si ce thème de l’historicité, non seulement du savoir
scientifique, mais encore de la forme même de la rationalité scientifique et de la
compréhension de son sens, est une caractéristique de l’épistémologie française
depuis Duhem jusqu’à Foucault en passant par Bachelard et Koyré, nous
voudrions ici explorer le versant allemand de l’élucidation de ce motif. Tout
d’abord chez Husserl, dans le célèbre § 9 de la Krisis, où il thématise le « violent
changement de sens » qui affecte la compréhension du sens de la rationalité
physicienne et de son rapport aux mathématiques avec Galilée. Mais surtout chez
Heidegger, dans le cours La question de la chose – qui, sous couvert d’une
interprétation de l’Analytique des propositions fondamentales de la Critique de la
raison pure, présente une investigation de l’historicité de la rationalité
52
physicienne –, mais également dans les textes consacrés à la science dans les
Beiträge zur Philosophie (Contributions à la philosophie. Sur l’Ereignis) et le
volume Leitgedanken zur Entstehung der Metaphysik, der neuzeitlichen
Wissenschaft und der modernen Technik (Pensées directrices sur la genèse de la
métaphysique, de la science contemporaine et de la technique moderne). Si la
compréhension du sens de la rationalité et de la scientificité est sujet à des
mutations, est-on nécessairement conduit à un relativisme apparenté à la position
de Kuhn ? Ou bien peut-on échapper à un tel relativisme en mettant au jour la
logique interne de telles mutations épistémologiques ?

Indications bibliographiques
Edmund HUSSERL, Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die
transzendentale Phänomenologie, Husserliana Bd. VI, §§ 8-9 ; trad. fr. G. Granel,
La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris,
Gallimard, 1976.
Martin HEIDEGGER, Die Frage nach dem Ding, Pfullingen, Neske, 1962,
puis Klostermann, GA 41 ; trad. fr. O. Reboul & J. Taminiaux, Qu’est-ce qu’une
chose ?, Paris, Gallimard, 1971, partie B, p. 67 sqq.
—, Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) [Contributions à la
philosophie (sur l’Ereignis)], Klostermann, GA 65, §§ 73-80 ; trad. fr. F. Fédier,
Apports à la philosophie. De l’avenance, Paris, Gallimard, 2013, p. 68-94.
—, Leitgedanken zur Entstehung der Metaphysik, der neuzeitlichen
Wissenschaft und der modernen Technik, Dritter Teil, GA 76, éd. Claudius Strube,
Frankfurt/Main, Klostermann, 2009 ; trad. fr. dirigée par Dominique Pradelle,
Pensées directrices. Sur la genèse de la métaphysique, de la science et de la
technique modernes, Paris, Seuil, 2019.
—, « Wissenschaft und Besinnung », in Vorträge und Aufsätze, Pfullingen,
Neske, 1954 ; trad. fr. André Préau, « Science et méditation », in Essais et
conférences, Paris, Gallimard, 1958.
—, « Die Zeit des Weltbildes », in Holzwege, 1950, GA 5, éd. F.-W. von
Hermann ; trad. fr. W. Brokmeier, « L’époque des conceptions du monde », in
Chemins qui ne mènent nulle part, Paris, Gallimard, 1962.

Métaphysique et idéalisme allemand

Semestres 1 et 2. M3PHHI17 et M4PHHI17 Emmanuel CATTIN (les deux


semestres sont indépendants).

Métaphysique et mystique

Le séminaire étudiera l’ensemble des difficultés phénoménologiques posées


par la confrontation de certains aspects de la tradition métaphysique avec la
tradition dite mystique, non seulement chrétienne, celle de la théologie mystique,
mais d’abord grecque, celle des Mystères.

Platon, Banquet. Phèdre. Trad. fr. L. Robin, Paris, Gallimard,


« Bibliothèque de la Pléiade », 1940-42, nombreuses rééd.
Christoph Riedweg, Mysterienterminologie bei Platon, Philon und Klemens
von Alexandrien, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 1987.
Éd. des Places, « Platon et la langue des Mystères », Études platoniciennes
(1929-1979), Leiden, Brill, 1981.

53
André-Jean Festugière, Contemplation et vie contemplative selon Platon,
Paris, Vrin, 1978.
Jeanne Croissant, Aristote et les Mystères, Liège-Paris, Droz, 1932.
Walter Otto, Dionysos, trad. fr. P. Lévy, Paris, Gallimard, 1992.
Pierre Boyancé, « Sur les Mystères d’Éleusis », Revue des Études grecques,
1962, t. 75, n° 356-358, p. 460-482 (disponible en ligne).
Walter Burkert, Les Cultes à Mystères dans l’Antiquité, trad. fr. B. Deforge
et L. Bardollet, Paris, Les Belles Lettres, 2003.
André-Jean Festugière, La Révélation d’Hermès Trismégiste, Paris, Les
Belles Lettres, rééd. 2006.
André Jean Festugière, L’enfant d’Agrigente, nouvelle édition revue et
augmentée, Paris, Cerf, 2006.
André-Jean Festugière, Hermétisme et mystique païenne, Paris, Aubier-
Montaigne, 1967.
Plotin, Traité 9 (VI, 9), trad. fr. P. Hadot, Paris, Éd. du Cerf/Livre de Poche,
1999. Traité 38 (VI, 7), trad. fr. P. Hadot, Paris, Éd. du Cerf /Livre de Poche,
1999. Traité 50 (III, 5), Paris, Éd. du Cerf/Livre de Poche, 1999.
Proclus, Éléments de théologie, trad. fr. J. Trouillard, Paris, Aubier, 1965.
Jean Trouillard, La Mystagogie de Proclus, Paris, Les Belles Lettres, 1982.
Hegel, Vorlesungen über die Geschichte der Philosophie, Frankfurt,
Suhrkamp, Bd. 19 (K.-L. Michelet), 1998 ; Leçons sur l’histoire de la
philosophie, trad. fr. P. Garniron, « Les néoplatoniciens », Paris, Vrin, t. IV, 1975.

Pseudo-Denys l’Aréopagite, Les noms divins. La Théologie mystique, trad.


fr. Ysabel de Andia, Paris, Cerf, « Sources chrétiennes », n° 578 et 579, 2016.
Œuvres complètes du Pseudo-Denys l’Aréopagite, trad. fr. de M. de
Gandillac, Paris, Aubier, 1980.
Ysabel de Andia, Denys l’Aréopagite. Tradition et métamorphoses, Paris,
Vrin, 2019.
Vladimir Lossky, Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient,
Paris, Cerf, 2005.
Maître Eckhart, Traités et sermons, trad. fr. A. de Libera, Paris, GF, 1993.
Vladimir Lossky, Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître
Eckhart, Paris, Vrin, 1998.
Jean Gerson, Sur la théologie mystique, trad. fr. M. Vial, Paris, Vrin, 2008.
Sainte Thérèse d’Avila, Livre de la vie, trad. fr. J. Canavaggio ; Le Château
intérieur ou les demeures de l’âme, trad. fr. Claude Allaigre, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 2012.
Marcel Lépée, Sainte Thérèse d’Avila. Le réalisme chrétien, Paris, Desclée
de Brouwer, « Études carmélitaines », 1947.
Marcel Lépée, Bañez et sainte Thérèse, Paris, Desclée de Brouwer, 1947.
Marcel Lépée, Sainte Thérèse mystique, Paris, Desclée de Brouwer, 1947.
Jean-François Lavigne, « Les vécus de l’oraison et la phénoménologie de
l’intentionnalité », Teresianum, n° 66, 2015 (1-2), p. 283-305 (disponible en
ligne).
Saint Jean de la Croix, Cantique spirituel, trad. fr. J. Ancet et J. Canavaggio,
Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2012.
Œuvres complètes, trad. fr. A. Bord, Paris, Desclée de Brouwer, 2016.
Jean Baruzi, Saint Jean de la Croix et le problème de l’expérience mystique,
Paris, Alcan, 1931.
Edith Stein, Voies de la connaissance de Dieu. Science de la croix, trad. fr.
C. Rastoin, Paris, Ad Solem/Cerf/Éd. du Carmel, 2014.
54
Leibniz, Trois dialogues mystiques, Paris, Vrin, 2003.
Jean Baruzi, Leibniz et l’organisation religieuse de la terre, Paris, Alcan,
1907.
Hegel, Phänomenologie des Geistes, Hamburg, Meiner, 2011. « Das
Gewissen, die schöne Seele, das Böse und seine Verzeihung », p. 415sq.
Phénoménologie de l’esprit, « Le for intérieur. La belle âme. Le mal et son
pardon », trad. fr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, rééd. Poche, 2018 (p. 716-757).
Schelling, Die Weltalter, Sämmtliche Werke, Nachlaßband, 1946. Les Âges
du monde 1811-1813, trad. fr. P. David, Paris, PUF, « Épiméthée », rééd. 2014.
E. Benz, Les sources mystiques de la philosophie romantique allemande,
Paris, Vrin, 1968.
Hans Urs von Balthasar, « Christliche ‘Mystik’ heute », in Der Weg zum
Quell. Teresa von Avila, Düsseldorf, Patmos Verlag, 1982, p. 11-51.
Jean-Louis Chrétien, « La parole perdue et retrouvée », in Le Discours
mystique entre Moyen Âge et première modernité, t. I, dir. M. Ch. Gomez-Géraud
et J.-R. Valette, Paris, Honoré Champion, 2019, p. 495-518.

Lecture de textes philosophiques en langue étrangère


(TD à choisir parmi cinq langues)

Grec

Semestre 1 M3PHLAN1 et semestre 2 M4PHLAN1 Marwan RASHED

Lecture d’Aristote, Métaphysique, Livre Lambda

Nous lirons, au long du S1 et du S2, le livre Lambda de la Métaphysique


d’Aristote. Nous nous attacherons, pour ce faire, à en restituer le texte grec en
revenant aux plus vieux manuscrits byzantins, aux commentateurs antiques et aux
traductions médiévales arabes et latines. Ce sera l’occasion de s’initier à la lecture
des manuscrits grecs anciens (paléographie) et aux méthodes de l’édition critique
des textes philosophiques (ecdotique), dont les grands principes seront expliqués,
chemin faisant, au cours du séminaire. On produira ainsi un texte de Lambda plus
fidèle à l’intention d’Aristote que celui des cinq éditions critiques existantes à ce
jour (Bekker, Bonitz, Christ, Ross, Jaeger) – sans parler des traductions en
vigueur qui en dépendent passivement –, qui permettra de ressaisir dans sa forme
originale l’intention d’Aristote dans ce livre, important entre tous, de la
Métaphysique.

Le texte grec, les images des documents anciens et la bibliographie


pertinente aux analyses seront fournis en cours. Pour une excellente étude récente
(avec bibliographie à jour), voir Aristote, Métaphysique, Livre Lambda,
présenté et traduit par F. Baghdassarian, Paris, 2019.

Latin

Semestre 1. M3PHLAN4 Tobias HOFFMANN

55
Lecture de Jean Buridan, Commentaire de l’Éthique à Nicomaque

https://moodle-lettres.sorbonne-universite.fr/moodle-
2022/course/view.php?id=377

Nous lirons des extraits du livre VI du Commentaire de l’Éthique à


Nicomaque de Jean Buridan († 1358). Dans ce texte, Buridan examine les vertus
intellectuelles, surtout la prudence, c’est-à-dire la sagesse pratique.
Le texte du commentaire est celui de l’édition de Paris, 1513 (réimpression
Francfort-sur-le-Main, Minerva, 1968). La lecture de ce texte exige une
connaissance de base de la paléographie latine médiévale, connaissance qui sera
acquise dans ce TD.
Le texte sera fourni en début de semestre. Il est aussi dès à présent disponible
sur Moodle.
Ce TD présuppose la connaissance du latin, mais non de la paléographie.

Bibliographie
Medeiros Ramos, Aline. John Buridan on the Intellectual Virtues. Thèse de
doctorat, Université du Québec à Montréal, 2022.
https://archipel.uqam.ca/15415/1/D4149.pdf

D’autres indications bibliographiques se trouvent dans la bibliographie de


cette thèse.

Semestre 2. M4PHLAN4 Ide LÉVI

Préceptes moraux et volonté divine : Duns Scot, Ockham, Grégoire de


Rimini

Ce TD sera consacré à la lecture de textes d’éthique tirés du Commentaire


des Sentences de Duns Scot (v. 1265 – 1308), d’Ockham (v. 1287 – 1347) et de
Grégoire de Rimini (v. 1300 – 1358). La question transversale qui permettra de
les aborder sera celle du statut méta-éthique des préceptes moraux fondamentaux
et de la source de leur autorité : en particulier, correspondent-ils selon ces auteurs
à des vérités pratiques objectives et nécessaires s’imposant comme telles à tout
intellect et à toute volonté (divins ou humains), ou s’agit-il de lois morales
librement instituées par la volonté divine ?

Textes principaux :
Jean Duns Scot, Ordinatio III, d. 37, q. un. (in Opera omnia, X, éd. B.
Hechich, B. Huculak, J. Percan, and S. Ruiz de Loizaga, Typis Vaticanis, 2007, p.
271 – 291).
- Guillaume d’Ockham, Reportatio II, d. 15. (in Opera philosophica et
theologica, V, éd. Gedeon Gál et Rega Wood, St. Bonaventure, New York, The
Franciscan Institute, 1981, p. 338 – 358).
- Grégoire de Rimini, Lectura super Primum et Secundum Sententiarum, II, d.
34 – 37, q. 1 (éd. Trapp & Marcolino, VI, Berlin / New York, Walter de Gruyter,
1985, p. 219 – 280, extraits).

Ce TD présuppose la connaissance du latin.


Les questions disputées à traduire seront fournies en début de semestre.
56
Allemand

Semestre 1. M3PHLAN2 Jean-Baptiste FOURNIER

Edmund Husserl, Die Idee der Phänomenologie, leçons de 1907

L’Idée de la phénoménologie est un cours charnière dans l’histoire de la


phénoménologie. Husserl y présente à ses étudiants une version remaniée de cette
discipline par rapport aux Recherches logiques, en un sens qui signale déjà le
« tournant transcendantal » dont les Idées directrices de 1913 seront
l’aboutissement. Le cours, donné à Göttingen en 1907, se présente comme une
introduction à la méthode phénoménologique en vue du célèbre cours sur la
perception que Husserl donnera au semestre suivant et qu’on connaît sous le
titre Ding und Raum, Vorlesungen 1907. S’y trouvent expliqués et construits les
principaux concepts de la méthode phénoménologique, et en particulier la
distinction entre l’attitude naturelle et l’attitude phénoménologique. Découvrir ce
texte dense et synthétique en allemand constitue une étape essentielle de la
découverte de la phénoménologie ou de l’approfondissement de sa
compréhension.

Une bibliographie plus détaillée sera donnée au début du semestre, mais,


selon votre connaissance de la phénoménologie, vous pouvez déjà (dans l’ordre) :

Lire le texte en français (L’Idée de la phénoménologie, trad. A. Lowit,


Paris, Puf, 1997) et en allemand (Die Idee der Phänomenologie, Hamburg,
Meiner, 1986).

Pour ceux qui ne connaîtraient pas bien la phénoménologie, la lecture


des Idées directrices pour une phénoménologie (trad. J.-F. Lavigne, plus récente
que celle de P. Ricoeur qui demeure cependant excellente) peut être très bénéfique
pour s’y introduire.

Pour ceux qui seraient déjà familiers avec Husserl, la lecture


des Recherches logiques, en particulier de la sixième, est évidemment bénéfique,
ainsi que celle du cours Chose et espace de 1907.

Enfin, pour situer ces textes dans la genèse de la phénoménologie


transcendantale, vous pouvez consulter l’ouvrage de J.-F. Lavigne, Husserl et la
naissance de la phénoménologie, Paris, PUF, 2005.

Semestre 2. M4PHLAN2 Vincent BLANCHET

Heidegger, « Die Gefahr »

Le cours se propose de traduire et de commenter l’une des conférences de


Brême de Martin Heidegger, la troisième, intitulée « Die Gefahr ». Au centre du
propos se trouve l’essence de la technique. La proximité que cette conférence
entretient avec le premier chapitre des Essais et conférences, et plus généralement
avec la première partie de cet ouvrage, sera l’objet d’une attention particulière ;
cette proximité implique également la lecture du recueil dans sa totalité.

57
Bibliographie indicative :
Littérature primaire
HEIDEGGER, Martin, « Die Gefahr », Bremer und Freiburger Vorträge,
Gesamtausgabe, Bd. 79, Frankfurt am Main, Vittorio Klostermann, 2005, p. 46-
67.
HEIDEGGER, Martin, Vorträge und Aufsätze, Bd. 7, Frankfurt am Main,
Vittorio Klostermann, 2000.

Littérature secondaire
CATTIN, Emmanuel, Sérénité. Eckhart, Schelling, Heidegger, Paris, Vrin,
2012.
FRANCK, Didier, Le nom et la chose. Langue et vérité chez Heidegger, Paris,
Vrin, 2017.
SCHÜRMANN, Reiner, Le principe d’anarchie. Heidegger et la question de
l’agir, Paris, Seuil, 1982.

Anglais

Lors de chaque semestre, deux cours sont proposés (l’un étant fait directement en
anglais, plus orienté vers la recherche, l’autre prenant la forme d’un cours de
traduction et de commentaire de textes, sur le modèle de l’épreuve de textes en
langue étrangère à l’agrégation) :

Semestre 1. M3PHLAN3

Cours 1. Raphaël EHRSAM

Cours 2. Élise MARROU

David Hume, An Enquiry concerning Human Understanding

Nous travaillerons sur An Enquiry concerning Human Understanding de manière


suivie et dans son intégralité. À chaque séance, nous proposerons une traduction et un
commentaire d’un extrait de chacune des sections de An Enquiry concerning Human
Understanding qui seront à préparer d’une semaine sur l’autre.

Édition recommandée:

HUME David, An Enquiry concerning Human Understanding, Oxford/New York,


Oxford University Press, coll. Oxford World Classics, 2000 (réimp. 2008).

Littérature secondaire (une bibliographie plus précise sera distribuée à chaque


séance correspondant à chacune des sections) :
BAILEY Alan et O’BRIEN Dan, Hume’s Enquiry Concerning Human
Understanding. A Reader’s Guide, Londres/New York, Bloomsbury, 2006.
HAMOU, Philippe, avec Claire ETCHEGARAY, Lire L’Enquête sur
l’entendement humain de Hume, Paris, Vrin, 2022.
MILLICAN Peter, Reading Hume on Human Understanding: Essays of the First
Enquiry, Oxford, Clarendon Press, 1002.
O’SULLIVAN Michael, An Analysis of David Hume’s An Enquiry Concerning
Human Understanding, Londres, Routledge, 2017.

58
Semestre 2. M4PHLAN3

Cours 1 : Élise MARROU

Wittgenstein, Lecture on Ethics & Lectures and Conversations on


Aesthetics, Psychology and Religious Belief.

Ce recueil que nous nous proposons de retraduire dans son intégralité


regroupe des leçons et conversations qui portent successivement sur l’esthétique,
la méthode freudienne et la croyance religieuse. Ce sont des notes qui ont été
prises et collectées par les étudiants de Wittgenstein à Cambridge entre 1938 et
1946. Nous partirons d’une nouvelle traduction de « Lecture on Ethics », puis
nous traduirons et commenterons les leçons sur l’esthétique, l’ambivalence des
jugements portés par Wittgenstein sur la démarche de Freud et enfin le statut que
le philosophe viennois accueilli à Trinity College accorde à la croyance et la
certitude religieuses.
L. Wittgenstein, Lecture on ethics, edited with commentary by Edoardo
Zamuner, Ermelinda Valentina Di Lascio, and D. K. Levy, Chichester, West
Sussex, UK: John Wiley & Sons, 2014.
L. Wittgenstein, Lectures and conversations on aesthetics, psychology and
religious belief, compiled from notes taken by Yorick Smythies, Rush Rhees and
James Taylor, edited by Cyril Barrett, Oxford: B. Blackwell, 1967.

Littérature secondaire
BARRETT, Cyril, Wittgenstein on Ethics and Religious belief, Oxford
(GB) ; Cambridge (Mass.) : B. Blackwell, 1991.
BOUVERESSE, Jacques, La Rime et la raison, Paris, Minuit, 1973.
DIAMOND, Cora « Wittgenstein on Religious Belief », dans Religion and
Wittgenstein’s Legacy, Aldershot, Ashgate, 2005.
DONATELLI, Piergiorgio, Wittgenstein e l'etica, Roma: G. Laterza & figli,
1998.
FRANKS, Paul, « Talking of Eyebrows: Religion and the Space of Reasons
after Wittgenstein, Rosenzweig and Diamond », dans Religion and Wittgenstein's
Legacy, éd. par D.Z. Philips et Mario von der Ruhr, Ashgate, 2005.
-, « Everyday speech and revelatory speech in Rosenzweig and
Wittgenstein », Philosophy Today, vol 50, n°1, avril 2006.
KENNY, Anthony, what is Faith? Essays in the Philosophy of Religion,
Oxford, Oxford University Press, chapitre 7, « John Henry Newman on the
Justification of Faith », p.89-109.
MALCOLM, Norman, Wittgenstein: a Religious Point of View?, publié
avec une réponse de Peter Winch, Londres, Routledge, 1993.
- « The Groundlessness of Belief », ch. 6 de Contemporary Perspectives on
Religious Epistemology, R. D. Geivett and B. Sweetman (dir.), Oxford, Oxford
University Press, 1992
PHILIPPS Dewi Z. / Mario von der RUHR (ed.), Religion and
Wittgenstein's legacy, Aldershot, Ashgate, 2005
PRICHARD, Duncan, Epistemic Luck, Oxford, Oxford University Press,
2005
DOI : 10.5840/jpr_2004_18
- « Is “God exists” a “hinge proposition” of religious belief
? », International Journal for Philosophy of Religion, 47, 2000, p. 129-40.

59
-, « Epistemic relativism, epistemic incommensurability and Wittgensteinian
epistemology », dans A Companion to Relativism, Steven D. Hales (dir.), Oxford,
Blackwell, 2011.
PUTNAM, Hilary Putnam, Renewing Philosophy, Cambridge Mass.,
Harvard UP, 1992.

Cours 2. Jean-Baptiste FOURNIER

Peter F. Strawson, Individuals

L’ouvrage de P. F. Strawson, Individuals, est une œuvre centrale de la


philosophie analytique anglo-saxonne, et ce cours constitue à ce titre une
introduction à cette branche de la pensée du XXe siècle. Mais c’est aussi une
œuvre d’une grande ambition, puisque Strawson y reformule ce qu’il considère
comme « le problème de Kant », à savoir celui des conditions de l’objectivité. Le
problème de Strawson est en effet de savoir à quelles conditions nous pouvons
formuler des énoncés portant sur des « particuliers » susceptibles d’être identifiés
et réidentifiés par une communauté intersubjective. Or, la prinicpale condition
pour qu’une telle identification soit possible est que les objets considérés puissent
être situés dans un cadre spatio-temporel unique dans lequel chacun puisse
recevoir une position déterminée. Seules les définitions intégrant une telle
position dans le cadre spatio-temporel peuvent être véritablement univoques.
Qu’en est-il alors, dans un second temps, des expériences, comme l’expérience
sonore, dans lesquelles le rapport à l’espace ne va pas de soi ? Une objectivité
peut-elle y être décelée ? De même, dans le cas des personnes, notre schème
conceptuel usuel fonctionne-t-il ? Comment ces dernières sont-elles identifiées ?
Nous nous interrogeons donc sur le sens et la portée du reformatage analytique de
la question transcendantale.
Pour vous préparer à ce cours, qui consistera en une lecture suivie du texte
en langue anglaise, en particulier des trois premiers chapitres, rien de tel que de
lire l’ouvrage intégralement en anglais ou en français, selon votre niveau de
langue. Il est important de bien avoir saisi les thèses de l’auteur, donc il ne faut
pas hésiter à le lire en français pour isoler la difficulté de la langue.
Texte : P. F. Strawson, Individuals, London, Routledge, 1959 ; traduction
d’A. Shalom et P. Drong : Les Individus, Paris, Seuil, 1973. Parmi la littérature
secondaire assez fournie sur Strawson, je vous recommande en outre le petit
ouvrage de S. Laugier et J. Benoist, Langage ordinaire et métaphysique :
Strawson, Paris, Vrin, 2005.

Italien

Semestre 1. M3PHLAN6. Vincent BLANCHET

Gramsci, « Il moderno Principe ».

Le cours se propose de traduire et de commenter un texte issu du treizième


cahier de prison d’Antonio Gramsci, en lequel la réflexion politique de Gramsci,
notamment sur la formation de la « volonté collective », se constitue en dialogue
avec Le prince de Machiavel.

GRAMSCI, Antonio, «Il moderno Principe», Nel mondo grande e terribile,


Antologia degle scritti 1914-1935 (éd. G. Vacca), Torino, Einaudi, 2007.
60
Semestre 2. M4PHLAN6. Vincent BLANCHET

Pareyson, Verità e interpretazione.

Le cours se propose de traduire et de commenter certains passages du livre


de Luigi Pareyson, Verità e interpretazione.

Bibliographie indicative :

Littérature primaire
PAREYSON, Luigi, Verità e interpretazione, Milano, Mursia, 1971.

Littérature secondaire
RICONDA, Giuseppe, «Esistenzialismo, ermeneutica e pensiero tragico»,
Paradigmi, n. 28, 1992.
TOMATIS, Francesco Pareyson. Vita, filosofia, bibliografia, Brescia,
Morcelliana, 2003.
CONTI, Ermenegildo, La verità nell’interpretazione. L’ontologia ermeneutica di
Luigi Pareyson, Torino, Trauben, 2000.

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